Le Cardinal Verdier, Archevêque De Paris, 1864-1940
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Le Cardinal VERDIER Archevêque de Paris 1864-1940 DU MÊME AUTEUR Chez le même éditeur : MONSEIGNEUR CHAPTAL Evêque d'Isionda 1861-1943 De la diplomatie à l'Episcopat. Chez d'autres éditeurs : UN PROFESSEUR DE SÉMINAIRE : L'abbé Charles André, ancien secrétaire particulier du Cardinal Verdier. ISSY Le Séminaire et la Compagnie de Saint-Sulpice Notice historique. Photo I'ril lois LE CARDINAL VERDIER Collection "Notre Clergé" P. BOISARD Supérieur général de la Compagnie de Saint-Sulpice Vicaire Général de Paris Le Cardinal VERDIER Archevêque de Paris ,1864-1940 . FLAMMARION, EDITEUR 26, Rue Racine, Paris Droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays. Copyright 1946, by ERNEST FLAMMARION. ' Printed in France 1 AVANT-PROPOS Il est beaucoup trop tôt pour écrire la biogra- phie définitive d'un archevêque qui vient de tenir en France et dans le monde catholique l'une des toutes premières places. C'est bien, si l'illusion ne nous aveugle point, le cas du cardi- nal Verdier, archevêque de Paris. N'a-t-il pas été mêlé pendant plus de dix ans à toute l'histoire de la vie catholique en France? N'a-t-il pas eu à prendre des décisions déli- cates en matière sociale dans les années diffi- ciles qui se sont écoulées de 1936 à 1940? Et ces décisions n'auront-elles pas dans l'ave- nir des répercussions dont il est moralement impossible, à l'heure actuelle, de mesurer la portée et les effets? Durant son épiscopat, ce n'est un mystère pour personne, le cardinal Verdier a exercé une influence profonde !sur l'histoire de son pays et sur les destinées de l'Eglise en diverses régions du monde. Sans jamais intervenir d'une manière intem- pestive dans les affaires publiques, il y a pris, sans le vouloir, une part active dont les pou- voirs constitués ont proclamé plus d'une fois l'opportunité et la bienfaisance. On recourait spontanément à ses conseils, on lui soumettait des difficultés, parce qu'on avait confiance en sa prudence et qu'on le savait désintéressé. Les preuves de son action religieuse et civique doi- vent se trouver, exposées, discutées, peut-être critiquées, dans les archives publiques ou pri- vées. Mais le recul du temps, la liberté d'accès aux sources de l'histoire contemporaine de l'Eglise et de la France, la facilité des relations entre les divers pays manquent trop à l'heure actuelle pour que l'on puisse songer à écrire l'histoire proprement dite du cardinal Verdier. Fallait-il pour autant; garder le silence? De bons juges en la matière se sont prononcés pour la négative. Ils ont estimé qu'il ne fallait pas laisser s'estomper les souvenirs que l'on garde du cardinal Verdier. Ils ont désiré que l'un de ses collaborateurs écrivît de l'illustre prince de l'Eglise une biographie qui, sans doute, serait sujette à révision, mais intéresserait ses con- temporains, perpétuerait le souvenir de son action religieuse et civique, servirait aussi, peut- être, aux historiens de l'avenir, qui, voulant met- tre en relief les caractéristiques des temps actuels, ne pourront pas négliger la puissante personnalité et l'action bienfaisante du cardinal Verdier. Nous nous sommes lais'sé convaincre par leurs raisons, et aussi par l'affection respectueuse et reconnaissante que nous gardons fidèlement à l'illustre défunt. Ce sera notre justification et, au besoin, notre excuse auprès des lecteurs de cet ouvrage. P. B. Le Cardinal VERDIER CHAPITRE PREMIER JEUNESSE ET PRÉPARATION SACERDOTALE Le Carladès : un petit pays situé aux confins de la Haute-Auvergne et du Rouergue. Il est formé principalement des territoires de Vie et de Carliat. Autrefois il fut comté particulier puis duché-pairie. Aujourd'hui il se trouve très iné- galement partagé entre les départements du Cantal et de l'Aveyron : telle est la région qui devait constituer la petite patrie du futur car- dinal Verdier. -Ses parents habitaient à Lacroix-Barrez. Cette localité n'a plus guère que quatre cents âmes à l'heure actuelle. Elle appartient au canton de Mur-de-Barrez. Sa situation géographique la place donc tout au nord du département de l'Aveyron. Elle est limitée à l'ouest par le Gout, et domine à l'est les gorgeis profondes de lia Truyère. C'est à Lacroix-Barrez que naquit Jean- Pierre Verdier, le 19 février 1864. Sa famille, sans être pauvre, était de condi- tion plutôt modeste. Le père de Jean Verdier exerçait le métier ide forgeron. Mais, comme c'est la coutume en bien des régions, il joignait à son occupation principale le travail de la terre, et se trouvait à la tête d'une petite exploitation agricole. La mère le secondait en ce dernier tra- vail, et pluis tard les enfants firent de même. Aussi le Cardinal aimera-t-il à rappeler son humble origine, et à préciser que, comme Pie X, il avait été lui aussi, dans son enfance, « petit pâtre de montagne ». Le père de Jean Verdier, très bon chrétien, donnait à ses enfants l'exemple d'une vie droite, laborieuse et religieuse. Il se préoccupait de leur assurer une éducation ferme et un peu austère. Mais il laissait à sa femme le soin de veiller aux détails de cette éducation, et de former, comme une mère sait le faire, l'esprit et le cœur de sels enfants. Aussi le futur archevêque de Paris gar- dait très vivant le souvenir de sa mère. Il ne parlait jamais d'elle sans une profonde émo- tion. « Je doils beaucoup à ma mère, a-t-il écrit dans ses dernières années. Elle avait une foi profonde et un respect touchant pour le sacer- doce. Je me souviens qu'un jour elle nous demanda, à tous ses enfants, de nettoyer la cour et de revêtir nos habits les plus propres pour recevoir dignement un humble curé du voisi- nage. Ce souvenir m'est resté! » Dès ses toutes premières années, Jean Verdier désira être prêtre. « Mon âme, remarque-t-il, n'a paiS connu d'autre goût, et mon esprit n'a jamais caressé d'autres perspectives. Enfant de ,chœur, j'aimais servir tous les jours la Sainte Messe, malgré une tendance à la paresise matinale. » Sa bonne mère l'avait-elle orienté vers l'état sacerdotal, dont elle aurait rêvé pour lui dès sa naissance? Qulques-uns de ses contemporains l'ont pensé, et ils l'ont écrit, mais sans donner la preuve de leur assertion. Aussi, tout en recon- naissant qu'en matière de vocation sacerdotale « la voix d'une sainte mère est presque toujours la voix de Dieu », il faut se borner à remarquer les faits sans chercher à les dépasser. Une chose est certaine : les parents de Jean Verdier eurent vite fait de découvrir en lui le goût des cérémo- nies de l'Eglise et le désir d'être prêtre. Il expri- mait d'ailleurs ouvertement les dispositions de son âme d'enfant, et demandait qu'on lui per- mît de les satisfaire. C'est pourquoi, à peine âgé de huit ans, il fut mis en pension chez un prêtre des environs, le curé de Valon, afin d'y être ini- tié aux premiers rudiments de la langue latine. Jean Verdier passa cinq mois chez cet excellent prêtre. « C'est bien à cet humble curé, écrira plus tard le Cardinal, que je dois mon sacerdoce. Au cours de ma vie, c'est souvent que j'ai revu dams mon souvenir sa vénérable figure, et le site si pittoresque du presbytère de Valon qui abrita mes premières études cléricales. » C'est à Valon, au cours des cinq mois qu'il y passa, que Jean Verdier fit sa première communion, à un âge (on le remarquera) très tendre, vu les usages et la discipline de l'époque. Le bon curé de Valon avait sans doute recon- nu toute la vérité de sa vocation, car, malgré son jeune âge, Jean Verdier fut présenté et inscrit au petit séminaire Saint-Pierre, à Rodez, où il devait rester sept ans. « Je n'y fus pas toujours un élève exemplaire, avouait plus tard le Cardinal. J'étais un bon élève, dit-on, mais un peu parleur, et c'est cette petite tendance qui ne me permit pas de joindre le prix d'honneur ou de sagesse aux prix d'excellence. » Les prix d'excellence, Jean Verdier contracta très vite l'habitude de les ravir à ses camarades. Dès sa première année au petit séminaire Saint- Pierre, bien que très jeune et probablement le plus jeune de sa classe, il se range parmi les meilleurs élèves. L'année suivante, et jusqu'à la fin de ses études, il occupe presque invariable- ment le premier rang, ne le cédant que rarement à des concurrents pourtant redoutables, darus une classe qui compta jusqu'à cinquante-deux élèves, et qui n'en avait pas moins de quarante- huit en rhétorique. En conséquence, à chaque distribution de prix, le nom qui revenait le plus souvent en tête des divers lauréats inscrits au palmarès était celui de Jean Verdier, de Lacroix- Barrez. Le baccalauréat ès lettres vint naturel- lement couronner le cycle de ses études secon- daires. Ces brillants et constants (succès, Jean Ver- dier les devait, sans doute, à son application au travail. Elle fut toujours soutenue et régu- lière. Cependant la vérité oblige à remarquer que l'application du futur archevêque de Paris n'avait rien d'excessif ni de tyrannique. Il ne laissait passer aucune occasion de se reposer ou de se distraire. Ce sera l'habitude de toute sa vie, et peut-être le secret de sa sérénité d'esprit.