1930-1982, De Montevideo À Madrid
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avec laGuy collaboration IEDIA/et deRoger Just DRIÈS FONTAINE 1930-1982 DE MONTEVIDEO A MADRID La France et ses douze Coupes du monde... e R.T.L. Edition - N.E.P. «On dit que le football ne s'apprend PELÉ : pas dans les livres, c'est faux ! » On m'a demandé mille fois d'écrire une préface. Je me suis le plus souvent possible gentiment dérobé. Que voulez-vous, devant une feuille blanche, je suis désarmé. Ce ne sont plus des gouttes de sueur qui perlent sur mon front, mais des petites traces de sang tellement je souffre. Pour moi, c'est parfois plus difficile que de marquer un but. Mais cette fois, en recevant la lettre de Roger Driès, tout m'a soudain paru d'une facilité dérisoire. Comme si les défenseurs s'écartaient devant moi pour me laisser passer. Je n'avais plus qu'à laisser parler mon... pied, pardon mon cœur. Des souvenirs me sont revenus en mémoire : 1977, Cannes, le Festival du film, François Reichenbach, une interview dans ma chambre de l'hôtel Carlton, pour Télé Monte-Carlo, avec Roger Driès au micro. Des questions marquées du sceau du bon sens, humaines, pleines de sensibilité. J'en ai gardé un souvenir vivace d'autant qu'ensuite, j'ai vécu une anecdote qui m'a beaucoup amusé. Je jouais à l'époque aux Etats-Unis, et sitôt terminée cette interview, je devais prendre l'avion pour New York. Il pleuvait à torrents, en ce mois de mai, sur la Côte d'Azur. Il y avait une foule affolée sur la Croisette à Cannes. Plus de taxis pour me rendre à l'aéroport à Nice. Le temps pressait. Roger Driès me proposa de m'amener. Je le revois encore prenant des sens interdits, frisant l'accident pour que je ne sois pas en retard. Las, arrivé sur l'autoroute, des travaux retardaient la circulation. Roger Driès prit de nouveau des risques. Il emprunta la voie défendue à double sens ! A la sortie de l'autoroute, deux motards ! Ils ont arrêté la voiture et demandé au « chauffeur » de se garer. L'un d'eux se pencha à la portière, donna un « coup » de regard circulaire, esquissa un petit sourire en coin et dit à Roger Driès : « J'espère que dimanche soir, dans votre émission, vous donnerez le tiercé que j'ai joué, dans l'ordre, sinon ma femme va me tordre le cou. » Et il nous laissa filer. Il ne m'avait pas reconnu le moins du monde. Il devait certainement se demander ce que faisait ce Noir dans la voiture du speaker de la télévision... Le comble: l'avion eut deux heures de retard! Roger Driès m'a appris que Justo Fontaine avait participé grandement à l'élaboration de cet ouvrage sur l'his- toire de la Coupe du monde et de l'équipe de France. Qu'il sache que depuis 1958, il est resté une de mes idoles. Je n'étais qu'un gosse à l'époque. Je découvrais tout. Je vivais sur un nuage. Le bonheur parfait. Des enfants partout, des amis, des buts, un pays sportif et par-dessus tout ça, Justo Fontaine, un Français, qui réussissait tout ce qu'il entreprenait. J'ai souvent revu les films de cette Coupe du monde en Suède. J'ai été frappé chaque fois par le culot et l'adresse de Fontaine. Je vais lui faire une confidence : après notre victoire avec le Brésil, en demi-finale, nous avons répondu à des tas de questions au micro. Tous mes coéquipiers ont été unanimes à reconnaître que si Jonquet n'avait pas dû quitter le terrain sur blessure, nous n'aurions certainement pas remporté le titre face à la Suède car la France, avec Kopa, Fontaine, Kaelbel, Piantoni, Vincent et les autres, nous aurait causé les pires misères et nous aurions laissé une bonne partie de nos forces vives dans le match. Une joie intense m'a envahi à l'issue de cette partie. Je suis allé toucher la main de Justo et je l'ai embrassé. Peut-être s'en souvient-il... Depuis 1958, nos routes se sont souvent croisées dans les villes où sont organisées les Coupes du monde. Or, curieusement, je n'ai jamais pensé à lui poser la question... En 1986, j'y songerai. Pour réaliser un tel ouvrage aussi complet, aussi riche en recherches et en souvenirs, il fallait une triplette offensive de premier choix. Si Fontaine a décidé de «jouer» avec Guy Kedia, c'est que lui aussi est un vrai professionnel. L'équipier idéal. Car je sais que Justo a toujours eu horreur de la facilité. Il a demandé tellement le meilleur de lui-même à chaque match qu'il a disputé, tellement donné v y l'exemple en se battant sur tous les ballons avec talent et impétuosité, que l'on se sent obligé de le suivre sur les chemins les plus difficiles. Guy Kedia, habillé en footballeur, serait certainement ce pourvoyeur généreux qui se multiplierait sur le front de l'attaque. Micro en main, il fait bénéficier, en effet, depuis longtemps de ses qualités de reporter à R.T.L., une station dont les trois lettres me font rêver chaque fois à... Paris, capitale du monde, car, comme Joséphine Baker, j'ai deux amours, «mon» Brésil et... Paris. J'ai fréquemment rencontré dans mes déplacements Guy Kedia, que ce soit au Mexique, en Allemagne, au Brésil, en Argentine, en Espagne, en France. En 1978, en Argentine, nous nous étions souvent vus. Je travaillais pour une chaîne de télévision vénézuélienne. Il était venu à l'hôtel qui servait de studio. Si ma mémoire est fidèle, c'est même à lui que j'ai donné à cette occasion ma dernière interview car j'ai dû partir ensuite précipitamment du « Mundial » pour assister à la naissance de ma... fille. R.T.L. était là. Comme d'habitude, présent partout! Cette belle histoire qu'ils vous racontent, amis chers de France, a été écrite avec la plume du cœur. On dit que le football ne s'apprend pas dans les livres. C'est faux. J'ose avouer que cette fois, j'ai découvert des tas de choses merveil- leuses. Ecoutez-les chanter ces belles aventures du football français et du monde, surtout les dernières, celles d'Espagne, les plus jolies de toutes, peut-être de l'histoire de la Coupe du monde... INTRODUCTION gorge déployée par les 50.000 supporters des « Allo R.T.L. ? Ici Guy Kedia, « bleus » a été respectée. Est-ce une prémonition ? Je sens qu'il va se passer des choses... » « J'ai été court dans mon « chapeau ». Je me suis contenté de l'essentiel, à savoir que cette ren- « Mercredi 18 novembre 1981. Il est 20 h 30. contre est la plus importante depuis le France-Bul- Toute la France est « assise » devant la télévision garie de 1977 et que pour espérer terminer deu- ou à l'écoute des radios. Comme la majorité de mes xième du groupe, ce qui nous donnerait le droit confrères, je suis au Parc, blotti dans une cabine d'aller en Espagne, il nous faut vaincre à tout prix, bien trop exiguë, pour faire vivre le plus fidèlement non seulement la Hollande, ce soir, mais également possible aux millions d'auditeurs de R.T.L., « l'évé- Chypre le 5 décembre. Les Hollandais eux n'ont nement ». Dans les studios de la rue Bayard, c'est besoin au pire que d'un nul. S'ils l'obtiennent ils le grand branle-bas. Max Meynier a harangué ses pourront disputer un match d'appui face aux Irlan- routiers. Mais il n'a pas eu besoin de forcer son dais, de l'Eire. talent. Ils sont branchés depuis longtemps. « J'ai tenu à faire remarquer aussi, que fort « Dans la mesure de mes moyens, je vais donc intelligemment, Michel Hidalgo a formé une m'efforcer de respecter un certain équilibre entre équipe très offensive avec notamment en milieu de l'émission « Allo Max » les chansons et le « foot », terrain Michel Platini, le petit Giresse et Genghini. mais se sera difficile. De toute manière avec Max il C'est un risque qu'a pris là le sélectionneur. Il n'y a pas de problème c'est un fana du ballon. fallait oser. Je suis entièrement d'accord avec lui. Alors à nous le... direct intégral ou presque. D'ail- « ...Et c'est parti pour quatre-vingt-dix minutes ! leurs il y a longtemps que pour Bernard Roseau, La délivrance pour tout le monde. Jean-Jacques Bourdin, Eric Gendry et moi, la jour- « La première « vedette » de la soirée sera un... née a commencé. Dès 6 h 35, dans le « Club des coq. Il restera sur la pelouse pendant toute la Clubs » on a entendu les interviews de Michel première mi-temps. Peu soutenue, sans à-coups, ni Hidalgo et d'une partie de « sa bande ». Ensuite accélérations au cours des premières vingt minutes, dans le journal de Jean-Claude Larrivoire, « le par suite de la tactique employée par les Bataves, dossier » de 8 h 10 a été entièrement consacré à qui veulent protéger l'approche des buts défendus cette rencontre France-Pays-Bas. Dans les journaux par Van Breukelen, la partie a haussé d'un ton de 13 h à 18 h on a pu entendre enfin les derniers ensuite grâce à Platini qui par sa vision du jeu, sa échos, les ultimes impressions, celles où l'on est le sûreté technique a réussi enfin à décrisper ses plus fébrile. On l'a ressenti d'ailleurs dans les coéquipers en particulier Janvion dont le déborde- propos tenus par Michel Platini.