1 Merci À Vous, Gens De Ma Ville Vous Qui L'avez Faite À Mon Goût Si Je M'y
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Merci à vous, gens de ma ville Vous qui l'avez faite à mon goût Si je m'y sens le coeur tranquille C'est toujours un peu grâce à vous. Merci pour tout ce que je trouve Aux quatre coins de mon Paris Pour cette galerie du Louvre Où la Joconde me sourit. Pour la fraîcheur de Notre Dame Où vint prier François Villon Pour séduire une jolie dame Qui logeait près du Petit pont. Merci Monsieur Mansard Et j'ose de la part de Mimi Pinson Vous offrir un bouquet de roses Pour sa mansarde et sa chanson. 1 Merci Jean-Baptiste Molière Pour les beaux soirs que je vous dois. Rideau de velours et lumières Tout comme à Versailles autrefois. Merci Monsieur le roi de France Louis, Charles, Henri de votre nom Le chiffre n'a plus d'importance... Et pour le seizième, pardon. Merci pour toutes ces richesses Dont je rends grâce à ma façon Paris qui valut une messe Peut bien valoir une chanson. de Bernard Dimey 2 3 MERCI A VOUS MR JEAN SABLON 4 Jean Sablon est né à Nogent sur Marne en 1906. Il fait parti d'une famille tournée résolument vers le spectacle, il est en effet le fils du compositeur Adhémar Fabulus Sablon (son père détestant ses prénoms se fait appeler Charles) et il a une soeur Germaine Sablon qui quelques années plus tard deviendra une grande chanteuse française. Il fait ses études au lycée Charlemagne jusqu'à l'âge de 17 ans puis les abandonnera pour jouer aux côtés de Jean Gabin "La Dame en Décolleté" au Théâtre des Bouffes-Parisiens. Puis il jouera dans différentes 5 opérettes, spectacles avant de chanter auprès de Mistinguett dans la revue du Casino de Paris C'est en 1932 que Jean Sablon fait son premier album en duo avec Mireille et c'est le succès entre autre avec "Ce petit chemin", "Fermé jusqu'à Lundi", "Puisque vous partez en voyage" etc... En 1933 Jean Sablon, crée en quelque sorte, le swing en France et travaille beaucoup avec d'excellents musiciens comme Django Reinhardt, André Ekyan, Stéphane Grappelli, Michel Warlop et bien d'autres. C'est en 1936 qu'il révolutionne l'univers de la chanson en utilisant pour la première fois un micro. Tollé général, Sablon n'a pas de voix et se cache derrière son micro. Quelle erreur ! Heureusement de plus en plus de gens comprennent l'intérêt de susurrer des mots d'amour derrière un micro plutôt que de les crier et il reçoit en 1937 le Grand Prix du Disque. 6 Jean Sablon est sacré le meilleur "crooner" français au même titre qu'un Bing Crosby et même plus tard un Frank Sinatra ou un Dean Martin. Il est une énorme vedette aux Etats Unis où engagé de 1937 à 1939 par le directeur de la NBC, il chantera aussi tout les samedis soirs pour la CBS. Vedette en France, il part s'installer en Amérique pendant toute la seconde guerre mondiale. Pressenti pour jouer aux côtés de Gene Kelly dans "Un Américain à Paris" il refuse le rôle sous prétexte (c'est bien américain) que ses dents sont trop longues et qu'il faudrait lui limer. En 1983 il fait ses adieux à la chanson puis comme il aurait aimé le dire, "il tire sa révérence" en 1994. 7 Un grand chanteur / interprête et un grand Monsieur de la Chanson Française disparaît. 8 En 1931, l'éditeur Raoul BRETON, alors compagnon de DAMIA, présente Jean à MIREILLE et à Jean NOHAIN. Auteur, Jean NOHAIN joint son talent à celui de MIREILLE compositrice, pour écrire "L'opérette disquée": "Un mois de vacances". MIREILLE, PILLS et TABET ainsi que Jean, interprètent quelques chansons empreintes d'une fraîcheur inconnue jusqu'alors et marquées par les rythmes anglo-américains. Ces petits chef-d'oeuvres participent du "Renouveau de la chanson française", ainsi que la presse de l'époque le nomme déjà. En témoignent "Les pieds dans l'eau", "C'est un jardinier 9 qui boite", "La partie de bridge" et "Le joli pharmacien". Cette suite de chansons, apparue à une époque où le marché du disque commence à se développer, est commercialisée dans des pochettes illustrées, ce qui est une nouveauté, et bénéficie d'une large publicité par des affiches dont André GIRARD est le créateur. En 1933, Jean enregistre avec le choeur de MIREILLE "Ce petit chemin", qui sera son premier disque à connaitre un grand succès. Deux ans plus tard, les deux complices enregistrent "Fermé jusqu'à lundi" et "Puisque vous partez en voyage" dont le charme demeurera au point de convaincre Françoise HARDY et Jacques DUTRONC de la reprendre 70 ans plus tard. 10 L'amitié entre MIREILLE et Jean ne se démentira jamais et les suivra toute leur vie. 11 Jean SABLON demeure dans la mémoire du public comme le premier chanteur français à avoir imposé le micro sur scène. Très amateur de chanteurs anglo-saxon utilisant le micro, c’est en 1933, à l’issue de son premier voyage aux Etats-Unis que Jean comprend la nécessité de restituer sur scène le son de ses émissions radiophoniques et de ses disques. C’est en 1936 qu’éclate à Mogador « le scandale du micro » suivi aussitôt par le même tollé à Bobino. Jean 12 apparaît devant son public et derrière cet étrange appareil d’amplification. Chahuté par certains, Jean SABLON deviendra pour longtemps « Le chanteur sans voix », blagué par les humoristes. Les sobriquets pleuvent tel que : « Jean qu’a le son court », « Sans son ». Egalement, de bons mots circulent : « Germaine SABLON se prend pour Jeanne d’Arc, elle entend des voix, même celle de son frère » ou bien « Jean SABLON se produit à l’ABC, on peut aller l’écouter, on n’est pas sûr de l’entendre ». Ces critiques malveillantes oublient que Jean jouit depuis quelques années d’un statut de vedette et a donc fait ses preuves par la simple force de sa voix. Fait amusant, dès 1937, un quotidien américain loue « sa voix profonde de baryton ». En France, le micro ne s’imposera pas sans difficultés. La chanteuse DAMIA ne dit-elle pas un jour à la vue d’un journaliste lui tendant un micro : « Eloignez cet instrument qui a tué notre métier ». Cependant, la technique fit florès et tous les chanteurs sont à ce titre des émules de Jean SABLON. Il est intéressant de constater qu’avec l’apparition du micro, l’art de la chanson a été révolutionné. Dorénavant, un 13 interprète peut se faire plus confidentiel et suggestif, donnant à chaque spectateur l’impression qu’il s’adresse à lui en particulier, ce qui est plus approprié pour la chanson d’amour que de crier sur scène comme on était obligé de le faire avant le micro. 14 DISCOGRAPHIE DE JEAN SABLON Deux albums que l'on retrouve assez souvent chez les disquaires. Le premier chez Pathé Marconi sortit en 1976 comprend les titres suivants : - Syracuse, Merci à Vous, Reviens, Qui Vivra Verra, la Chanson des Rues, C'est le Printemps, Ciel de Paris, Un seul couvert,please, James, Je tire ma révérence, Rêverie, Laura, La Dame en Gris, Môme de mon coeur, Praline, la Bouillabaisse, Ce n'est que votre main, Madame, Et Mimi, J'ai peur de l'automne, Utrillo, Sur les quais du vieux Paris, J'ai ta main, Sur le pont d'Avignon, Le fiacre, J'attendrai, Mélancolie, Il ne faut pas briser un rêve, Alone, Vous qui passez sans me voir, Puisque vous 15 partez en voyage,Rendez-vous sous la pluie, Je sais que vous êtes jolie, Ce petit chemin. Vraiment un très joli album qui a dû être réédité en compact. Le deuxième album a été édité en 1977 chez Festival Musidisc-Europe et contient là aussi quelques compostions fort intéressantes. - Clopin Clopant, Venez donc chez moi, Quel beau jour pour moi, Il ne faut pas briser un rêve, Insensiblement, La vie en rose, Avril à Paris, Utrillo, Pigalle, Mélancolie, Allez lui dire que je l'aime, Les feuilles mortes, J'attendrai, Rose d'Ispahan, Les gens heureux, Adieu Tristesse, Ces petites choses, La solution, Tout seul, Oui je m'en vais, Tu sais, Amélia, La dernière chanson, Quand Paris. 16 En 1930 Jean se rend à Joinville pour tourner "Chacun sa chance" réalisé par René PUJOL, co-production franco- allemande de la U.F.A. C'est son premier long-métrage de même que pour Jean GABIN. A la sortie du film, il est extrêmement déçu par son apparence physique. Il en naîtra chez lui un sentiment de défiance vis à vis de son image dont il ne se départira jamais et qui le dissuadera de tenter de nouvelles expériences cinématographiques. Ni l'insistance de Gene KELLY, venu spécialement à Paris pour le convaincre d'accepter un rôle dans "Un américain à Paris" (que Georges GUETARY incarnera avec talent) ni les propositions de la BBC, aux fins de 17 tourner l'histoire de sa vie, ne le feront fléchir. Jean, toujours indépendant, se serait mal accommodé d'un long et contraignant contrat avec un producteur, et il préféra préserver sa liberté afin de satisfaire sa passion des voyages. De plus, les vedettes d'Hollywood, déjà à cette époque, sont constamment épiées et leurs vies privées passées au crible. La Compagnie Industrielle Commerciale Cinématographique souhaitera le voir occuper son premier grand rôle, tout en lui permettant de choisir avec Marcel CARNE, scénario et dialogues, mais la guerre fera échouer cette perspective. Il refusera de même de paraître dans "Cancan" et c'est Louis JOURDAN qui le remplacera.