Images Du Nouveau Monde En France
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IMAGE DU NOUVEAU MONDE EN FRANCE Illustrations de couverture : Christophe Colomb montre la Terre à ses marins (voir page 16). Globe Céleste (voir page 103). Marchande de fruits à Lima (Pérou) Lithographie d'Auguste Blanchard vers 1830 Chez Thierry Frères, d'après Masselot Collection particulière. Discipline militaire observée par Outina quand il marche au combat Gravure de Théodore de Bry d'après Jacques Lemoyne de Morgues, 1591 Collection particulière. Dos couverture : Carte géographique Americae sive novi or bis nova descriptio. Carte publiée par Ortelius, Anvers, 1570. Pages de garde : La grande cataracte du Niagara, effet d'hiver Huile sur toile d'Hippolyte Victor Valentin Sebron, 1857 Musée des Beaux-Arts de Rouen, photo Ellebé. Centre d'Etudes Hispaniques Francisco Goya, Castres Directeur d'édition : Paul André Coordination éditoriale : Denise André Conception et maquette : Isabelle Dias e Éditions de la Martinière, Paris, 1995 Tous droits de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays IMAGE DU NOUVEAU MONDE EN FRANCE Ouvrage réalisé sous la direction de Jean-Louis Augé Préface de Jacques Limouzy Avec la collaboration de Michel Balard, Jeannine Baticle, Georges Baudot, Bartolomé Bennessar, Michel Bertrand, Ulane Bonnel, Jean-Paul Duviols, Anne Kroell, Franck Lestringant, Otilia Lopez Fanego, Hubert Michéa, Mireille Pastoureau, Albert Ronsin, Jean-Marie Touratier, Georges Vigne Editions de la Martinière, Paris Centre d'Etudes Hispaniques Francisco Goya, Castres Préface e premier Musée d'art espagnol après le Louvre devait à l'évidence célébrer l'Amérique et d'abord l'Amérique latine en l'année 1992, si brillante pour l'Espagne, pour l'Espagne des Jeux Olympiques, pour l'Espagne de l'Expo- sition Universelle, pour l'Espagne qui revient à l'Europe après une trop L longue absence. Or, la rencontre des deux mondes il y a un demi millénaire est l'événement le plus important de l'histoire de l'humanité. Comment ne pas le ressentir à Castres où depuis plus d'un siècle, à partir des dons prestigieux des Goya, d'acquisitions patientes, de dépôts appréciés des Musées de France s'est constituée une riche collection de peintures et de gravures de toutes les Espagnes, l'Aragonaise, la Castillane, la Sévillane, la Catalane. Du xive siècle à Picasso, chaque époque trouve sa place, avant et après le Siècle d'Or, liée. aux deux dynasties successivement évoquées à Castres, les Habsbourgs et les Bourbons. Depuis notamment le Prado, Le Louvre, Carnavalet, Le Musée des Arts Décoratifs, celui de Versailles, celui des Arts et Traditions Populaires, celui du Nouveau Monde à La Rochelle et grâce au Département des cartes et des plans de la Bibliothèque Natio- nale, grâce au cabinet des estampes et bien d'autres Musées, ont été réunis à Castres d innombrables et précieux témoignages. Il y a cinq cents ans deux moitiés de l'humanité se rencontraient. Certes, cette découverte porte la marque des mœurs du temps et souvent de l'avidité des hommes, mais quel prodige de voir sur une terre que l'on savait ronde depuis peu d'années, réuni l'ensemble du genre humain. Et puis il n'y eut pas que l'or et que l'échange fatal des maladies infectieuses propres à chacun. Voici qu'apparurent en Europe la dinde, la pintade, la pomme de terre, les haricots, la tomate, les piments, l'arachide, le chocolat, le tabac, de nouvelles pharma- copées, et enfin une céréale universelle : le maïs, l'égal du blé de l'ancien continent. L'ambivalence des hommes les conduisit alors comme toujours au meilleur comme au pire. < Voici un temps qui ruissela à la fois de sang et de merveilles. Colomb et Prcry Juan de Marchena dans le jardin du couvent de la Rabida La très belle exposition « La France et la Conquête de l'Amérique » avait alors illustré Lithographie par Adolph Anssel. notre propos au sein du concert des célébrations prestigieuses : que fut pour notre pays 1892 de la vieille Europe, ce nouvel horizon américain? Mirage fabuleux pour beaucoup, @ photo Musée de la Marine. source de profits, de plantes, d'animaux étranges, réduction en esclavage, on ne saurait en clore la liste heureuse ou malheureuse. En fait le vieux monde chercha longtemps à rattacher ce continent inconnu aux sources de la Bible et de l'Antiquité classique sans vouloir accroire un univers vierge et si longtemps parallèle au sien. La cartographie, la première, fit la confusion entre ce que l'on croyait être Cathay (La Chine) avec l'Amé- rique du Nord et l'on sait que Colomb mourut pénétré de cette idée. Très longtemps encore, navigateurs et marchands cherchèrent en vain le détroit entre les Amériques qui permettait de rejoindre l'Océan Pacifique : permanence des mythes et des erreurs qui ne peuvent être corrigés dans la pensée des hommes que par les découvertes successives et l'observation attentive. Toutefois, très tôt, nous sommes surpris par l'acuité des jugements portés par des esprits pénétrants sur le Nouveau Monde et ses habitants. Bien entendu Michel de Montaigne et Bartolomé de Las Casas viennent agrémenter de leur haute figure notre sentiment, l'un dans sa critique lucide et sans illusion du sort que l'on réserve aux nouveaux venus, l'autre par sa défense généreuse de ses « frères Indiens ». La Vieille Europe en pleine Renaissance, sut malgré tout comprendre que ces hommes différents ne l'étaient que par les exigences de la géographie du monde et la controverse de Valladolid ne pose-t-elle pas en fait le problème de leurs droits ? Toutes ces questions et leur problématique nous ont paru suffisamment importantes pour que se tiennent aussi à Castres en juin 1992 des journées d'études sur le thème de « L'image du Nouveau Monde en France ». Des spécialistes en Histoire de l'Art, des Historiens, des gens de Lettres, français et étrangers, ont bien voulu répondre à l'appel du Musée Goya pour approfondir, chacun dans son domaine, les connaissances. C'est donc le fruit de leurs travaux, mais aussi de leurs interrogations, que nous vous livrons ici avec la certitude à la fois de leur excellence et de leur originalité. Rassembler les bonnes volontés dans les domaines différents ne peut que porter plus loin le savoir et ses nuances. Diffuser ce savoir est la règle que s'est fixé le tout jeune Centre d'Études Hispaniques Francisco Goya créé à Castres en 1993, cinq cent un ans après le premier voyage de Colomb. Souhaitons-lui la meilleure des chances et autant d'horizons où «montent les étoiles nouvelles ». Jacques LIMOUZY Ancien Ministre Député du Tarn Le concept d'Amérique et la réhabilitation de Christophe Colomb en France ous savons tous, et Albert Ronsin, auteur d'un livre remarquable que j'ai découvert bien trop tard' l'a rappelé, avec quelles difficultés, quelle lenteur, après quels balbutiements, le concept du «Nouveau Monde» s'est imposé en Europe sur les ruines de l'hypothèse «asiatique» à N laquelle Christophe Colomb semble être resté fidèle jusqu'à la mort. Mais, a s'en tenir à l'Europe occidentale, c'est sans doute en France qu'il a eu le plus grand mal à triompher: le Portugal, l'Espagne, l'Italie, l'Angleterre et même le L'Amérique Lithographie par J.B. Bertrand monde germanique (grâce aux gens de Nuremberg surtout) ont eu une conscience vers 1860 plus précoce de la nouvelle géographie. D'ailleurs, Henri Lemonnier, dans le tome IV Musée du Nouveau Monde de La Rochelle. de l Histoire de France dirigée par Ernest La visse, édition de 1903, l'admettait sans discussion : « Mais il ne parvenait en Europe et en France qu'un écho très affaibli de ces grands faits. Les deux peuples qui y avaient la part principale cherchaient à ne pas divulguer des entreprises dont ils se réservaient jalousement tous les bénéfices...» Il ajoute, il est vrai: «dès le règne de Louis XII, il est question de voyages faits par les Dieppois et les Bretons. » Mais, on le voit, la formulation est vague, exclut toute initiative royale, toute réponse du monde savant et ne se réfère à aucune conscience collective. Il ne semble pas qu'il y ait lieu aujourd'hui de modifier le jugement d'Henri Lemonnier. Constatons en effet que l'édition parisienne de la lettre dite à Luis de Santangel, publiée en 1494 chez Guy Marchand (Epistola de insulis de novo repertis), en latin, comme on le voit, ne semble pas avoir fait sensation en France. D'autre part, si c'est bien à Paris que Mathias Ringman a trouvé la lettre de Vespucci, dite Mundus Novus, imprimée en latin par Félix Baligot à l'initiative du libraire Jehan Lambert, en 1503 ou 1504, c'est bien au groupe du gymnase vosgien de Saint-Dié que revient le mérite de 1 avoir interprétée correctement : et Saint-Dié est au duché de Lorraine et non au royaume de France, Ringman et Waldseemüller sont de culture germanique. Ajoutons que la version italienne de la lettre de Vespucci paraît à Vicence ou Milan dès 1507, la version allemande à Nuremberg dès 1508, alors qu'il faut attendre les années 1515-16 pour qu'en soit donnée à Paris une traduction française. De même, la première édition réalisée en territoire français de la Cosmographiae Introductio a dû attendre les années 1515- 18, à Lyon, et elle a fait l'objet d'une imposture puisque le cartographe français Louis Boulanger, dont les compétences techniques ne sont pas en cause, n'a pas hésité à se présenter comme l'auteur du texte rédigé par le groupe de Saint-Dié, tout en remplaçant la dédicace à l'empereur Maximilien par une autre adressée à l'évêque d'Albi, Jacques 1.