Des Attentats Terroristes Commis En Algérie Et En France : « Le Temps De La Terreur »
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Université Jean Moulin Lyon 3 École doctorale : Droit Les réponses de l’Algérie et de la France face au terrorisme islamiste transnational : le traitement juridico- judiciaire, sécuritaire et médiatique des diverses formes de passage à l’acte par Saïd OULARBI thèse de doctorat en Droit Spécialité sécurité internationale et défense sous la direction de Claude GARCIN présentée et soutenue publiquement le 13 novembre 2009 Membre du jury : Franck ARPIN-GONNET, Maître de Conférences HDR, Université Paris 8 David CUMIN, Maître de Conférences HDR, Université Lyon 3 Jean-Paul JOUBERT, Professeur, Université Lyon 3 Claude GARCIN, Maître de Conférences HDR, Université Lyon 3 Jean Olivier VIOUT, Procureur général, Cour d'Appel de Lyon Frédéric RAMEL, Professeur, Université Paris 11 [Avertissement] L’Université Jean Moulin Lyon 3 n’entend donner aucune approbation, ni improbation aux points de vue exposés dans les thèses. Ceux-ci n’engagent que leurs auteurs. [Dédicaces] Thèse dédiée à la mémoire de mon ancien professeur de droit privé, M. Saïd MOHAMED, lâchement assassiné le 16 mai 1993, alors qu’il raccompagnait ses enfants à l’école. M. Saïd MOHAMED, docteur en droit, a fait ses études dans une université française. Il a exercé les fonctions de Substitut Général près la Cour d’Appel de Tizi-Ouzou, puis celles de Procureur Général près la Cour d’Appel de Tlemcen. Comme elle est dédiée à toutes les victimes du terrorisme et à leurs ayants droit de tous les pays du monde. À mon épouse Karima et à mes enfants Roumila, Mounir, Silina et Rayan À mes parents et à mes beaux-parents Pour l’aide et le soutien précieux, qu’ils m’ont apportés tout au long de cette recherche, je tiens à remercier Oussidhoum Youcef, Khalfoun Tahar et son frère Rabah, Ridouh Bachir, Benlemanne Sofia, Senhadji Kamel, Rina Sherman, Kabache Chérif et son fils Omar. Remerciements Mes sincères remerciements vont particulièrement à M. Claude Garcin et à M. François Fellatti ; lesquels m’ont aidé, orienté et soutenu patiemment tout au long de cette recherche. Ces mêmes remerciements s’adressent également à tous les organisateurs – et à leurs intervenants - de séminaires, de congrès, de colloques et autres événements universitaires auxquels j’ai participés tout au long de cette recherche. [Epigraphe] “ Le terrorisme naît de la solitude, de l’idée qu’il n’y a plus de recours, que les murs sans fenêtres sont trop épais, qu’il faut les faire sauter ” (Albert Camus) Introduction générale 1- Les attentats du 11 septembre 2001, perpétrés dans le pays le plus protégé du monde, les États-Unis d’Amérique1 (voir annexe I, page 525), ont apporté la réponse cinglante sur la véritable menace planétaire du XXIème siècle, représentée par le terrorisme islamiste, menace longtemps ignorée par les États des différents continents, qui se cantonnaient dans le rôle facile de spectateurs et d’observateurs d’expériences « d’un genre nouveau » ayant pour théâtre d’opérations, tout d’abord l’Algérie (voir annexe II, page 526), puis la France (voir annexe III, page 527). 2- Le terrorisme islamiste, sévissant dans la grande partie du territoire algérien, a voulu « exporter » sa capacité de nuisance en terre française, qu’il considère toujours comme terre des impies et de mécréants soutenant le pouvoir algérien apostat et apparaissant comme le reflet de l’Occident décadent et immoral. 3- Les membres des groupes islamiques armés (GIA) voulaient « en découdre » avec la France. Ils avaient programmé de la « punir » pour avoir accepté de collaborer et de coopérer avec le pouvoir algérien qu’ils combattaient par tous les moyens. 4- Le terrorisme islamiste est devenu, dès lors, transnational. Il lui suffisait tout juste de franchir les frontières et de porter le « djihad » (la guerre sainte) sur le sol de « l’ennemi d’hier ». Pour ce faire, trois réseaux seront montés pour superviser les différents passages à l’acte, parfois meurtriers et sanglants. 5- Ces deux États, confrontés à ce phénomène, allaient mobiliser tous leurs moyens afin de contrecarrer et de juguler la menace précise et grandissante à même d’ébranler la sécurité des personnes et des biens, de déstabiliser les institutions démocratiques et de porter gravement atteinte à l’économie de ces deux pays ciblés. 6- S’agissant de l’Algérie, elle a, durant cette « décennie noire » (1991–2001), engrangé un capital d’expériences, non négligeable, en matière de lutte antiterroriste. À tel point, qu’elle est souvent citée comme référence par les autres pays qui, à leur tour, étaient confrontés à 1 Le professeur Jean-Paul Joubert - dans son analyse de l’ouvrage intitulé « Hyperterrorisme, la Nouvelle Guerre », signé par François Heisbourg et préparé par l’équipe de la Fondation pour la Recherche Stratégique – a indiqué que les Américains, en ce 11 septembre, venaient de prendre connaissance de leur vulnérabilité et qu’il avait été porté atteinte à la croyance selon laquelle leur territoire pouvait être sanctuarisé. cette même menace terroriste islamiste, lesquels pays pensaient être à l’abri d’un tel phénomène. 7- L’expérience algérienne a fait la « une » des différents titres de la presse écrite disponible en Algérie et à l’étranger, notamment en France. Les chaînes de télévision en ont fait leur « scoop ». Le traitement médiatique sera, dans certains cas, à l’origine de multiples polémiques qui iront alimenter des intellectuels, les Gouvernements de différents États, les Organisations Non Gouvernementales (ONG) et d’autres structures en matière de défense des Droits de l’Homme à propos des auteurs directs ou indirects de massacres individuels et/ou collectifs commis en Algérie. Chacun y allait de ses arguments. Pour les uns, ce sont les militaires et les services de sécurité qui sont à l’origine de la tragédie algérienne. Pour les autres, les islamistes sont les premiers coupables. Où est la vérité ? La thèse proposée tentera d’y apporter les éclairages possibles quant aux commanditaires, instigateurs, auteurs, co- auteurs et complices impliqués dans la survenance de cette tragédie cruelle. 8- L’histoire du mouvement islamiste en Algérie est là pour attester de son rejet de toute démocratie en Algérie. Il a connu ses idéologues, il en a usé et continue à en user, jusqu’à en abuser, c’est-à-dire de passer à l’acte délictuel et/ou criminel, sans scrupule aucun, sans état d’âme, et ce, à des fins de mettre en place l‘instauration d’une République islamique, celle d’un nouveau khalifat, et ce, en passant sur le corps des Algériens et des Algériennes qui voudraient s’opposer à ses desseins funestes. Pour ce faire, ledit mouvement islamiste ne reculera devant aucun moyen pour parvenir à ses fins obscurantistes. 9- Des intellectuels de renom, des médecins de classe internationale, des professeurs émérites, des citoyens issus de différents corps de métiers ont péri devant sa « logique » meurtrière. Les étrangers de toutes nationalités n’ont pas été épargnés dans ses tueries collectives. Même des religieux étrangers sont passés au travers de ses lames. 10- Des écoles, des usines, des salles de spectacles et d’agrément, des établissements scolaires et universitaires, des établissements hospitaliers et pénitentiaires, les différents moyens de transport (trains, autobus, simples véhicules) n’ont pas échappé à sa furie dévastatrice. 11- Même l’aéroport de Dar El Beïda (ex-Maison Blanche), situé à vingt kilomètres de la capitale, Alger, n’a pas fait exception. En effet, une bombe, déposée sous le siège d’un voyageur, dans la salle d’attente, en date du 26 août 1992, a explosé et fait dix morts et cent- vingt-huit blessés. Les auteurs et complices ont tous été arrêtés, parmi eux figurait un pilote de la compagnie aérienne nationale, Air Algérie. La télévision algérienne a pu obtenir et diffuser le film de l’interrogatoire des principaux auteurs et complices de cet acte terroriste osé et spectaculaire, interrogatoire auquel ont recouru et procédé les éléments des services de sécurité algériens. 12- Deux années et quelques mois plus tard, soit le samedi 24 décembre 1994, un Airbus A- 300 d’Air France a été pris d’assaut par un commando de quatre éléments des GIA, lequel commando avait réussi à tromper la vigilance des services de sécurité en exercice au niveau de l’aéroport de Dar El Beïda. Trois personnes qui faisaient partie du voyage (un policier algérien, un diplomate vietnamien et un cuisinier de l’ambassade de France sise à Alger) furent exécutées froidement sous les yeux des autres passagers horrifiés et paniqués, suite au silence des autorités algériennes quant à leurs revendications. Françoise Rudetzki2, dans son ouvrage, en a décrit amplement le déroulement des faits. Il a fallu recourir à l’intervention salutaire des éléments d’élite et rompus dans des opérations délicates du groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) française pour neutraliser les preneurs d’otages, lesquels ayant fait atterrir, le 25 décembre 1994, ledit avion détourné dans l’aéroport d’Aix-En-Provence. La presse écrite et télévisée, de par le monde, en avait fait de larges échos de cet acte terroriste spectaculaire et apparaissant comme le premier signe transnational de ce terrorisme islamiste. 13- Des écrivains, des spécialistes de l’Algérie, des journalistes et des experts de toutes disciplines confondues se sont emparés du débat public et tenté, un tant soit peu, et chacun à sa manière, d’apporter un éclairage sur les événements tragiques vécus par les Algériens et les étrangers présents en Algérie. 14- Ces derniers, selon l’humeur du moment, voire le contexte dans lequel sont perpétrés les attentats, leurs sensibilités politiques et leurs convictions idéologiques ont produit, souvent, des discours contradictoires, ambivalents, subjectifs, amplifiés et surprenants tout à la fois, voire subversifs… L’Algérie était devenue le sujet d’actualité par excellence et tout un chacun y allait du sien pour donner et faire prévaloir sa propre lecture des événements.