LE MONDE DES LIVRES LE MONDE DES POCHES VENDREDI 5 OCTOBRE 2001

DOSSIER JOHN CLAUDE CENTENAIRE DU NOBEL LE MONDE DES POCHES Alain Robbe-Grillet LE CARRÉ MC KAY DE LITTÉRATURE Raymond Radiguet pages II et III page IV page V pages VI et VII a Robbe-Grillet Portrait d’Alain se commémore A la veille de ses 80 ans déjà tout un programme. C’est celui d’un essai de Kierkegaard, sou- et vingt ans après vent traduit par La Répétition, dont une citation figure en épigraphe du « Djinn », son dernier Robbe-Grillet (3). Dans la seconde partie de l’ouvrage, Constantin roman, Alain Constantius, « auteur » hétérony- l n’aura quatre-vingts ans me imaginé par Kierkegaard – qui qu’en août 2002. Pourtant les célé- Robbe-Grillet combine, venait lui-même de rompre avec brationsI commencent : un numéro Régine Olsen –, raconte son voyage spécial de Critique, un recueil d’arti- dans « La Reprise », à Berlin en 1843, pour tenter de cles et d’entretiens… Mais, plus renouer avec sa fiancée. Le roman étonnant, un roman de Robbe- les thèmes et les figures de Robbe-Grillet se passe dans le Grillet paraît en cette rentrée, alors Berlin de 1949, et une très jeune qu’il n’en avait pas publié depuis qui lui sont chers fille, Gigi, en est l’une des héroïnes. Djinn (1981) et avait annoncé qu’il Mais le jeu sur « Reprise » (de tou- n’écrirait plus de roman et peut- te une œuvre), « Répétition » (de être même plus rien, sauf des films. monde d’objets, ce montage singu- tout un passé de littérature) ainsi Le dernier volume de son autobio- lier qui faisait écrire en 1960 à l’un que la différence faite par Kierke- graphie romanesque (ou fiction de ses cadets : « On n’échappe à la gaard et soulignée par Robbe- autobiographique), Les Derniers banalité absurde de la description Grillet entre « reprise » et « ressou- Jours de Corinthe (1994), apparais- que par la composition. Ainsi le venir » demanderaient à eux seuls sait comme une triste conclusion, choix, la répétition, la place de cha- de longs développements. non seulement de cette trilogie iro- que élément de détail dans un ensem- Si l’on ne connaît pas les livres de Robbe-Grillet niquement appelée « Les Romanes- ble clairement et très habilement con- Robbe-Grillet, que peut-on com- ques » (assez ennuyeuse, sauf si certé viennent-ils donner une valeur prendre à cette histoire d’agent l’on est un « fan » absolu ou si l’on obsessionnelle au réalisme absolu de secret de seconde zone (et de ses fait une thèse), mais de toute une Robbe-Grillet. Tout se passe comme divers doubles) envoyé à Berlin œuvre. si la matière de ses livres se compo- pour une mission dont il ne connaît Or voici La Reprise, qui renoue sait d’éléments bruts de réalité, agen- pas vraiment le sens, égaré entre avec ce qu’Alain Robbe-Grillet a cés rythmiquement dans une durée ses rêves, ses délires et ses souve-

écrit de plus stimulant, il y a quel- qui surgit de leur juxtaposition. (…) nirs, perdu dans une ville divisée en SARAH MOON que… quarante ans : La Jalousie, Le Mais nous sommes dans ce labyrin- secteurs d’occupation et dans un Voyeur, Les Gommes (ce roman-là the, soumis à ses retours, à cette con- dédale familial… un ancien voyage Reprise. Prenons les scènes sexuel- été fait dans le passé et le tire en roman et Tel quel avaient tué la lit- trouve un écho très particulier fusion intentionnelle de miroirs qui avec sa mère… une demi-sœur, les : « Toute l’imagerie érotique de avant pour forger le futur. » térature française. Si l’on aime des dans La Reprise)… Dans ce « nou- ne reflètent que nous et notre chemin peut-être… ? On pouvait se dire la l’auteur est là, souligne Tom Bis- C’est évidemment sur Les Gom- univers d’écrivains plus cohérents, veau nouveau roman », on retrou- (…) » (1). même chose au sujet de L’Amant, hop : cordes, chaînes, feu, gémisse- mes, et sa revisitation du mythe plus singuliers, on retrouvera cepen- ve ce regard sans « alibi, épaisseur Le « labyrinthe » de La Reprise et pourtant beaucoup ont décou- ments de nymphettes suppliciées d’Œdipe, que tous les exégètes dant dans La Reprise les « défauts » et profondeur » qui séduisait traverse toute l’œuvre de Robbe- vert Duras avec ce livre. Toutefois, mais triomphantes. Mais cet érotis- vont se précipiter, avec raison, qu’on a toujours constatés chez Roland Barthes, ces descriptions Grillet, « ressemble à tous ses livres une lecture « innocente » de me convenu est moins pornographie pour analyser La Reprise. Le héros, Robbe-Grillet : un formalisme minutieuses, maniaques, dans les- – réunis », comme le fait remar- L’Amant était possible. On doute que parodie du genre. » En effet, si qui s’appelle d’abord Henri Robin, excessif, un côté « résolution de quelles Robbe-Grillet excelle, ce quer Tom Bishop (2). Le titre est qu’il en aille de même pour La on ne les lit pas comme clins d’œil né à Brest (comme Robbe-Grillet) rébus littéraire », roman pour expli- à tout un univers de mots et d’ima- devient Boris Wallon, puis Wall cation de texte (tout cela consti- ges, elles sont affligeantes. (parce qu’on le prend pour un cer- tuant, finalement, une forme de a Lire La Reprise sans humour et tain Walther), se rapprochant ainsi cohérence, un peu sèche). Mais, sur- sans le sens du jeu est un impossi- du Wallas des Gommes.Lefloudes tout, on s’interrogera sur le lieu et ble défi. Le jeu de Robbe-Grillet est identités, le jeu sur le double, très la date de La Reprise : Berlin, 1949. double (ou peut-être triple, quadru- Comme si l’horloge ple). Le récit lui-même est un jeu intérieure, historique, de piste dans « le Robbe-Grillet tel Josyane Savigneau de Robbe-Grillet (qui John Le Carré, qu’il s’écrit depuis les années évoque son passé au 1950 ». Robbe-Grillet se joue aussi subtil, constant et à retournements STO et ses parents pétainistes dans de ce qu’on lui prépare pour ses multiples, est ce qui fascine le plus Le Miroir qui revient) s’était arrêtée, quatre-vingts ans. Avec La Reprise, dans ce livre, tout comme – ce qui non pas il y a quarante ans, sur le il répond à la fois à la malveillance est courant chez Robbe-Grillet – le Nouveau roman, mais il y a 60 ans, et aux tentatives d’embaumement retour du même objet (par exemple sur une certaine de 1940, – donc d’annulation – dont il va ici une chaussure avec des paillet- sur ce « passé qui ne passe pas » (4). être l’objet, en se commémorant tes bleues) dans divers lieux et lui-même. La riposte est assez bel- diverses situations. Quant à Œdi- (1) « Sept propositions sur Alain Robbe- le. Ce texte contient « toutes sortes pe… les détails sont nombreux (les Grillet », dans L’Intermédiaire, de Philip- d’emprunts plus ou moins étendus à ruines grecques, le peintre Lovis pe Sollers, qui reparaît fin octobre en mes écrits précédents ou à mes films, Corinth, qui rappelle aussi le « Points-essais », Seuil (no E464). explique-t-il dans le numéro d’octo- fameux Henri de Corinthe), parfois (2) « Topologie d’une reprise ou le bre du magazine Lire. Par exemple, trop explicites : la mère de la petite retour de Robbe-Grillet », par Tom Bis- l’homme qui fait semblant de pêcher Gigi (figure parfaite de l’adolescen- hop, dans le numéro spécial de Critique. à la ligne, pour surveiller les alen- te excitant les fantasmes de Robin- (3) La Reprise figure notamment dans le tours, figure déjà dans L’Immortel- Wallon-Wall-Walther), Joëlle Kas- volume Kierkegaard de la collection le. On y trouve même le fantôme de tanjevica, a abrégé son nom en Jo « Bouquins ». livres entiers : Les Gommes, Œdipe Kast… (4) Voir Vichy, un passé qui ne passe pas, roi de Sophocle et le récit de Kierke- On admire l’exploit, le pied-de- d’Henry Rousso et Eric Conan gaard (…). Mais tous ces éléments se nez de début de siècle à tous ceux, (« Folio » histoire). combinent de manière nouvelle. Kier- éditeurs, auteurs et critiques, qui kegaard explique que la répétition ont affirmé depuis vingt ans, pour LA REPRISE reproduit ce qui a été fait tel quel, mieux vendre leur absence de style d’Alain Robbe-Grillet. Claude Mc Kay tandis que la reprise prend ce qui a et de pensée, que le nouveau Minuit, 254 p., 15,09 ¤ (99 F). www.lemonde.fr 57e ANNÉE – Nº 17633 – 7,90 F - 1,20 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE -- VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI L’après L’islam apaisé des musulmans de France 11 septembre b Ils sont plus pratiquants, mieux intégrés et hostiles au terrorisme b C’est ce que révèle un sondage IFOP a Lionel Jospin pour « Le Monde », « Le Point » et Europe 1 b Ils approuvent la laïcité républicaine b L’immense majorité défend, devant juge le terrorisme contraire au Coran b Des mosquées aux élus, l’islam trouve sa place dans la société

l’Assemblée nationale, PLUS PRATIQUANTS que na- nution, de même que le nombre des guère, mieux intégrés, massivement personnes opposées à l’élection la légitimité hostiles au terrorisme : ainsi appa- d’un maire d’origine musulmane raissent les musulmans français, dans leur commune (35 %). d’une riposte selon le sondage IFOP réalisé après L’immense majorité des musul- les attentats du 11 septembre pour mans (90 %) affirment que le terro- AKG/ américaine Le Monde, Le Point et Europe 1. risme est contraire aux préceptes Déjà réalisée en 1989 et 1994 pour du Coran, mais 68 % disent pouvoir SCIENCE a le compte du Monde, cette vaste comprendre que la politique amé- « La France prendra enquête permet d’enregistrer les ricaine au Proche-Orient ait pu évolutions de l’islam français. Ainsi, pousser à bout des extrémistes isla- Cent ans ses responsabilités la pratique religieuse des musul- mistes. Une très large majorité mans est nettement en hausse par (70 %) est favorable à ce que la Fran- au côté des Etats-Unis » rapport à 1994 (36 % de musulmans ce aide les Etats-Unis dans la recher- de Nobel croyants et pratiquants au lieu de che des réseaux terroristes, mais Les premiers prix Nobel ont été décer- a 27 %), mais d’un niveau compa- 23 % seulement seraient favorables Le plan Bush rable à ce qu’elle était en 1989. La à la participation de la France à une nés en 1901. Depuis, plus de sept cents pratique du ramadan progresse elle guerre contre les Etats qui ont aidé personnalités et institutions ont été de relance économique aussi. Ce sondage met en évidence ou hébergé les terroristes. De peti- récompensées par ce prix, qui s’apprête l’apparition d’une classe moyenne tes minorités, surtout parmi les à fêter ses cent ans. Si cette prestigieu- a supérieure dans laquelle les prati- jeunes, ont une bonne opinion de Enquête : la piste quants sont plus nombreux que les Saddam Hussein (22 %), d’Oussama se distinction a accompagné les progrès non-pratiquants. Elle indique que le Ben Laden (12 %), mais aussi d’Ariel de la science, de la littérature, de l’éco- saoudienne modèle de la laïcité à la française Sharon (9 %). Deux musulmans sur nomie et des efforts faits en faveur de est massivement accepté parmi les trois (67 % contre 30 %) n’ont pas la paix, le mode de sélection des lau- Lire nos informations pages 2 à 9, musulmans. De plus, l’islam est de constaté de modification des réats n’a pas empêché les erreurs de notre enquête page 16 mieux en mieux admis par la socié- comportements à leur égard depuis jugement et les oublis. p. 26 et 27 et notre éditorial page 17 té française. La proportion de per- les attentats du 11 septembre. sonnes hostiles à la construction de Lire aussi « Le Monde des livres » f www.lemonde.fr/11septembre2001 mosquées (22 %) est ainsi en dimi- Lire pages 10 et 11 p. VI et VII Plus de liberté En 1944, l’enfer des kamikazes japonais qui mouraient la peur au ventre TOKYO, « Les kamikazes n’étaient pas des terroristes par rapport à la force de déflagration d’un avion de pour les universités de notre correspondant mais des soldats agissant en temps de guerre. Ils transport chargé à ras bord de kérosène. » Les attaques-suicides dont ont été victimes n’étaient pas pour autant des volontaires, commen- La tactique des pilotes-suicides fut-elle néan- ALORS QUE plus d’un mil- les Etats-Unis ont suscité maints rapproche- te l’historien Ikuhito Hata, spécialiste de la secon- moins « payante » ? « Non, estime M. Hata. L’at- a lion et demi d’étudiants des ments avec les kamikazes japonais de la secon- de guerre mondiale. Ils étaient placés sous une taque sur Leyte fut un succès de courte durée. Dans universités font progressivement de guerre mondiale. Les notes manuscrites en telle pression psychologique qu’ils pouvaient diffici- l’ensemble, le taux de réussite des attaques-suicides PITCHAL/SIPA leur rentrée, Jack Lang a présenté, arabe, retrouvées par le FBI, qui auraient été lement se dérober. S’ils avaient refusé, ils auraient ne dépasse pas 15 % à 20 %. Le moral des pilotes jeudi 4 octobre, sa politique pour le vade-mecum spirituel des terroristes respon- été envoyés sur les fronts les plus dangereux. La plu- n’a en outre pas tenu longtemps ; certains, au der- APRÈS LE DRAME DE TOULOUSE l’enseignement supérieur. Le minis- sables de ces attaques, sont empreintes d’un part étaient de jeunes élèves pilotes de simple extrac- nier moment, tentaient de relever leur appareil. » tre de l’éducation nationale a insis- fanatisme religieux qui était loin d’habiter les tion sociale. » Un ouvrage rassemblant les souvenirs des jeu- té sur la nécessité de « libérer les pilotes-suicides nippons. Sans doute, leurs Le Japon eut recours aux attaques-suicides lors- nes filles de Chiran, des lycéennes travaillant à la Dangers initiatives » et d’introduire davan- supérieurs leur avaient-ils promis à eux aussi que la guerre avec les Etats-Unis commença à base, contient d’émouvants témoignages sur les tage de « souplesse ». La mise en le « paradis des héros » mais bien peu des tourner mal. Les pilotes-suicides, qui constituè- derniers jours des kamikazes. Lorsque les jeunes dans le Nord œuvre des modules capitalisables trois mille quatre cent cinquante pilotes qui rent une « unité de forces d’attaque spéciales », pilotes recevaient l’ordre de partir, leur visage Du nitrate d’ammonium – la substance à va multiplier les passerelles entre périrent en précipitant leur avion contre des furent surnommés « vent des dieux » (kamikaze) changeait et on y lisait le désarroi, la peur et la l’origine de la catastrophe de Toulouse – les formations et favoriser la mobi- cibles ennemies étaient partis la joie au cœur. en souvenir de la tempête qui aida les Japonais à résignation. Certains restaient de longues minu- lité en Europe. Le statut des ensei- Dans la ville de Chiran (Kyushu), à proximité repousser les tentatives d’invasion mongole au tes la tête sous leur drap puis ils se mettaient à est stocké dans des conditions dangereu- gnants-chercheurs va être réformé de laquelle se trouvait leur base d’entraîne- XIIIe siècle. « Il n’y avait pas au Japon de tradition rédiger leur testament « officiel » et, en secret, ses par certaines usines du Nord - Pas-de- pour les inciter à s’impliquer dans ment, un petit musée est dédié aux « jeunes d’attaques-suicides , poursuit le professeur Hata. des lettres à leurs parents qu’ils remettaient dis- Calais. C’est l’un des résultats d’une ins- les tâches d’animation et de ges- guerriers qui disparurent au-delà de l’horizon ». Le recours à cette tactique fut décidé lorsque l’état- crètement aux jeunes filles. A l’un d’eux qui pection menée par la Direction régionale tion de projets. Leurs derniers messages montrent que leur major considéra la situation désespérée. La premiè- n’avait laissé aucun message, une lycéenne avait ultime pensée allait à leurs parents, à leur re utilisation de pilotes-suicides eut lieu en octo- demandé son adresse. « Ma demeure est en de l’industrie, de la recherche et de l’envi- Lire page 13 mère ou à la divinité tutélaire de leur village, bre 1944, au cours de la bataille navale de Leyte enfer », lui avait-il répondu. ronnement (Drire) p. 15 rarement à l’empereur au nom duquel cette aux Philippines. On utilisa les chasseurs Zéro avec à f www.lemonde.fr/education guerre était menée. leur bord des bombes de 250 kilos. Ce qui n’est rien Philippe Pons f www.lemonde.fr/toulouse Schneider-Legrand, Une coalition en trompe-l’œil le mariage contesté LE PAYSAGE géopolitique a-t-il 11 septembre, certains n’hésitaient donc, de conclure de nouvelles tiniens, l’Iran, le Pakistan et même vraiment changé ? Le combat pas à déceler un bouleversement alliances. le Soudan. Il n’y a pas jusqu’à la contre le terrorisme est-il devenu le général : la lutte contre le terroris- Les Etats-Unis assemblaient ain- Corée du Nord qui ne souhaitait principe organisateur des relations me international devenait la priori- si, derrière eux, une coalition être embrigadée dans cette affaire. internationales, celui qui reléguerait té des priorités ; elle réorientait les contre le terrorisme islamiste des Pourtant, si rien ne devait plus – ne au second plan la multitude des diplomaties de nombre d’Etats. Les plus éclectiques : y étaient rangés doit plus – être comme avant (le autres conflits, les désordres massacres de New York et de pêle-mêle les alliés européens, 11 septembre) sur la scène interna- d’avant ? Washington imposaient d’ignorer mais aussi la Russie, la Chine, à peu tionale, alors cela n’a guère duré. Au lendemain des attentats du les vieilles lignes de fracture et, près tous les Etats arabes, les Pales- Parce que tout semble, au contrai- re, y retourner à grande vitesse. Et AKG PARIS tout semble indiquer qu’on assiste à un effritement de ladite coalition. MUSIQUE Elle a correspondu à un moment de stupeur et d’effarement devant Aux sources HENRI LACHMANN l’action de ces pirates de l’air, enfants perdus, mais américanisés, LA COMMISSION européenne de la richissime Arabie saoudite. du son arabe devrait mettre son veto, le 10 octo- Elle a manifesté la puissance diplo- Pour entrer dans la compréhension inti- bre, à la fusion entre Legrand et matique des Etats-Unis et, incidem- Schneider, que préside Henri Lach- ment, les talents d’un Colin Powell, me de la musique arabe, aussi riche que mann. Le Monde fait le récit des ce secrétaire d’Etat qu’on disait protéiforme, il existe une somme de tractations en coulisse autour d’un marginalisé au sein de l’administra- quatre mille pages, un travail dirigé par dossier qui marquera l’histoire des tion Bush. Elle a eu un mérite opé- Rodolphe d’Erlanger, achevé en 1930 et concentrations en Europe. rationnel, enfin : celui d’isoler jamais réédité depuis 1959. La Musique l’Afghanistan des talibans – à un arabe, exceptionnel travail de référence, Lire page 19 point tel que le régime du mollah Omar pourrait sombrer avant et « plate-forme d’échanges » selon la Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, même les opérations militaires directrice des éditions Geuthner, repa- 25 ATS ; Belgique, 49 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; Côte d'Ivoi- re, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Espagne, 250 PTA ; américaines contre son protégé, le raît dans cette maison. p.30 Gabon, 900 F CFA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; dissident saoudien Oussama Ben Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, Laden. Mais, au-delà de cela, qui 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3,30 FL ; Portugal International...... 2 Aujourd’hui ...... 26 CON., 300 PTE ; Réunion, 10 F ; Sénégal, 900 F CFA ; n’est déjà pas si mal, mais relève de Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; Tunisie, 1,4 Din ; USA France...... 10 Météorologie-Jeux...... 29 la conjoncture, la coalition corres- (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. Société...... 13 Culture ...... 30 pond-elle à quelque chose de plus Régions ...... 15 Guide culturel ...... 32 E profond ? M 0147 - 1005 - 7,90 F - 1,20 Horizons ...... 16 Carnet...... 33 Entreprises...... 19 Kiosque ...... 34 Alain Frachon Communication...... 21 Abonnements ...... 34 3:HJKLOH=UU\^U\:?b@k@a@f@k; Tableau de bord ...... 23 Radio-Télévision ...... 35 Lire la suite page 17 2 LA CRISE INTERNATIONALE LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001

PARLEMENT le premier débat réaffirmé la volonté de la France de France ne parle que « d’une seule projet suscite de vives réactions par- cain et anglais. L’autorisation de sur- sur la situation internationale après participer aux côtés des américains à voix ».b UN DISPOSITIF de sécurité mi les défenseurs des droits de vol du territoire en cas de conflit est les attentats du 11 septembre s’est la lutte contre le terrorisme b L’ELY- renforcée a été annoncé par le gou- l’homme. b L’ARMEE française n’ap- limitée aux avions de soutien et la tenu à l’Assemblée nationale, mer- SÉE avait demandé aux députés RPR vernement, autorisant la fouille des portera qu’une contribution « a mini- marine mettra a disposition un credi 3 octobre b LIONEL JOSPIN a de ne pas polémiquer afin que la voitures et le contrôle des e-mail. Ce ma » au dispositif militaire améri- pétrolier ravitailleur et une frégate. Les leaders politiques français approuvent un soutien limité aux Américains S’exprimant sur la situation internationale, mercredi 3 octobre à l’Assemblée nationale, Lionel Jospin a affirmé que la France prendrait « toutes ses responsabilités, aux côtés des Etats-Unis ». Cette position n’a pas été contestée, mais la perspective de la présidentielle a pesé sur les débats

ALORS que le Parlement fran- surtout appuyé sur le ministre de née, à l’issue d’une réunion prési- « cohésion nationale », il a ensuite et de restauration, sur un demi-por- rité a permis à la droite d’effec- çais tenait son premier débat con- la défense, Alain Richard, convain- dée par Jacques Chirac (lire formé cet avertissement : « Aucun te-avions » – allusion aux déboi- tuer un retour dans la politique sacré à la situation internationale cu – notamment au vu des sonda- page 3). « Avec ça, Ben Laden va acte hostile à l’égard des musul- res du Charles-de-Gaulle. intérieure… « Pour être fort à l’ex- depuis les attentats du 11 septem- ges – qu’il lui faut maintenir la trembler », ricanait bruyamment mans ne sera toléré dans notre Plus réservé, Robert Hue a fusti- térieur, il faut être fort à l’inté- bre aux Etats-Unis, la politique ligne adoptée depuis le 11 septem- M. Lellouche dans l’hémicycle, pays. Les actes d’inspiration racis- gé « toute attitude dictée par l’es- rieur ! », a lancé le président du intérieure et ses perspectives élec- bre : le gouvernement se veut res- alors que le chef du gouverne- te, antisémite ou les comporte- prit de l’Ouest », s’éloignant un groupe DL, Jean-François Mattei. torales ont rapidement repris ponsable de la sécurité des Fran- ment terminait d’égrener un ments discriminatoires seront pour- peu du discours prononcé, le Tous les orateurs ont rejeté leurs droits, avant même la fin du çais et soucieux de ne pas aban- inventaire de « dispositions » qu’il suivis. » 13 septembre, au siège du PCF, l’amalgame entre terrorisme discours de Lionel Jospin, mercre- donner l’argumentaire de la qualifiait lui-même d’« austères ». Aussitôt le discours terminé, la en signe de solidarité avec le peu- Islam – à l’exception de Philippe di 3 octobre à l’Assemblée natio- défense au président de la Répu- « Vous parlez à tort et à travers sur droite courait se répandre, salle ple américain (Le Monde du de Villiers (MPF), qui a dénoncé nale. Ce ne fut pas vraiment un blique. M. Jospin a décliné une des sujets sensibles ! »,alancé des Quatre-Colonnes : « C’est un 15 septembre). Le secrétaire natio- le « Djihad contre la liberté ».A débat, d’ailleurs, mais plutôt un discours de chef de bureau », sou- nal du PCF a certes estimé que la « échange de vues », selon la for- pirait Maurice Leroy (UDF, Loir- communauté internationale avait mule de Lionel Jospin. Des mots Aussitôt le discours terminé, la droite courait et-Cher). « Un éteignoir ! », grin- « le double devoir d’aider les USA « Nos concitoyens sans passion ni lyrisme, comman- çait Françoise de Panafieu (RPR, à définir une riposte appropriée et dés par la « gravité » de ce se répandre, salle des Quatre-Colonnes : « C’est Paris). « Ah ! Ce n’est pas Tony d’apporter une aide d’urgence aux se posent moment historique, mais pas Blair », soupiraient les chira- réfugiés et au peuple afghan ». d’union sacrée. un discours de chef de bureau », soupirait quiens de l’UDF et de DL. Marie- Mais il s’est « opposé » à une parti- la question : avec Les chahuts de la droite, animés Hélène Aubert (Verts, Eure-et- cipation française à des « des opé- par Pierre Lellouche (RPR, Paris), Maurice Leroy (UDF, Loir-et-Cher). « Un Loir), qui avait vivement critiqué rations militaires “lourdes” aux qui sera-t-il préférable et Jean-Pierre Soisson (app. DL, M. Jospin lors de l’intervention conséquences imprévisibles ».Ila Yonne) au moment où le premier éteignoir ! », grinçait Françoise de Panafieu militaire au Kosovo, tentait cette demandé au gouvernement de d’affronter une ministre rappelait que le projet de fois de le défendre : « Un ministre consulter le Parlement «en budget 2002 « sert la croissance » (RPR, Paris). « Ah ! Ce n’est pas Tony Blair », de l’intérieur ; mais que peut-il amont » de toute décision. situation difficile ? et « poursuit la baisse des faire d’autre ? » Ce discours n’a pas semblé impôts », ont amené M. Jospin, soupiraient les chiraquiens de l’UDF et de DL Dans l’hémicycle, aucun des gêner M. Jospin, qui en connais- Voilà qui va favoriser agacé, à un rappel à l’ordre de can- sept orateurs n’a remis en cause sait, par avance, la teneur. Mati- didat virtuel à l’élection présiden- le soutien à la riposte américaine. gnon s’inquiétait davantage de une saine émulation » tielle : « Nos concitoyens se posent série de mesures d’urgence (lire M. Jospin au député RPR. Mais chacun a posé ses condi- celui de Jean-Pierre Chevène- la question : avec qui sera-t-il préfé- page 4), dont la mise en œuvre Le premier ministre prenait tions. « Nous sommes prêts à nous ment. Mais le chef de file du Mou- Lionel Jospin rable d’affronter une situation diffi- d’un plan Biotox pour lutter con- ensuite le temps de détailler la associer à une riposte dont nous vement des citoyens a retenu sa cile ? Voilà qui va favoriser une tre les risques d’une action terro- position qu’il a adoptée depuis les estimons, a priori, qu’elle doit être plume. « Les Etats-Unis, a-t-il dit, saine émulation. » riste de nature bactériologique ou attentats – et qui pourrait se résu- proportionnée et éviter d’aboutir, exercent un droit légitime en cher- l’adresse de M. Mattei, M. Jospin M. Jospin s’est fait aider du chimique, ou encore l’« accord de mer ainsi : « Aux côtés des Etats- pour les populations civiles, à un chant à renverser le régime des tali- s’est réjoui qu’« un certain hymne ministre des affaires européen- principe » donné aux Etats-Unis Unis, pas derrière ». « Ce n’est pas désastre militaire », a déclaré bans (…) Mais, dans la mesure où libéral [soit] remis en cause pen- nes, Hubert Védrine – auquel l’an- pour le survol de la France par la guerre d’un autre où nous Edouard Balladur, au nom du la France n’est associée ni à la défi- dant cette période ». Puis, plus cas- cien ministre de l’intérieur, Jean- des appareils américains. serions entraînés, a-t-il déclaré, groupe RPR. Valéry Giscard d’Es- nition des objectifs, ni à la mise en sant, à l’égard de M. de Villiers : Pierre Chevènement, a rendu un Cette décision avait été annon- c’est une action nécessaire à laquel- taing (UDF) a souhaité que les œuvre concrète des moyens militai- « Les terroristes ne se réclament hommage appuyé. Mais il s’est cée par l’Elysée, en fin de mati- le nous consacrerons tous nos « alliés » puissent « se contenter res dans [cette] région, il est natu- d’aucune civilisation, ils ont seule- efforts. » Puis, pesant ses mots, d’une mission de courte durée sur rel qu’elle puisse déterminer elle- ment la haine au cœur, la haine dans la perspective d’une riposte le sol de l’Afghanistan » et « se reti- même les formes de son soutien et pour cause. » Dans les couloirs, américaine : « Notre solidarité rer après que les réseaux d’Oussa- qu’elle conserve (…) sa liberté de François Hollande confessait ce s’exerce d’abord avec les Etats- ma Ben Laden aient été effective- jugement, de proposition et d’ac- que M. Jospin pensait tout bas : Unis, la nation alliée à qui nous ment détruits ». Au passage, il tion. » A l’instant où il quittait la « A droite, certains n’ont pas tenu devons la victoire sur le nazisme, le déplorait, ironique, que la France tribune, M. Jospin, soulagé, glis- leur rôle. » peuple ami avec lequel nous parta- ne puisse « compter que sur un sait : « Très bien, Jean-Pierre, très geons l’affirmation de l’idéal démo- seul porte-avions, c’est-à-dire, intéressant ! » Ariane Chemin cratique. » Faisant appel à la compte tenu des délais d’entretien La question sensible de la sécu- et Clarisse Fabre Les interventions des orateurs des groupes Jean-Marc Ayrault Edouard Balladur Jean-Pierre Valéry Giscard (PS) (RPR) Chevènement d’Estaing « Aujourd’hui que les responsa- « La mondialisation, cette mon- bilités apparaissent, nous approu- dialisation tellement décriée, mais (RCV, MDC) (UDF) vons la décision de la France (…) inéluctable, n’est pas seulement « Le retour de la tragédie marque « Même s’il est certainement judi- de répondre favorablement aux économique, financière, commer- le retour du politique. On redécou- cieux pour les Etats-Unis de vouloir demandes américaines de survo- ciale. Elle est aussi politique et mili- vre la fonction originelle de l’Etat qui s’assurer le soutien de certaines frac- ler notre territoire et de coopérer taire. (…) Cela veut dire que la est la protection et la garantie de la tions de l’opposition afghane préala- au plan naval dans l’océan Indien. mondialisation doit être organi- sécurité des citoyens. Nous ne com- blement à leur intervention, il faut (…) Quoi de plus scandaleux que sée. battrons efficacement ce dérègle- souhaiter à nos alliés de se contenter d’entendre un dirigeant d’un S’agissant du concours militaire ment dont le terrorisme est la forme d’une mission de courte durée sur le grand pays européen affirmer une à apporter aux Etats-Unis, la Fran- extrême que si nous savons mobili- sol de l’Afghanistan et de se retirer prétendue suprématie occiden- ce, compte tenu des moyens dont ser sur nos valeurs, celles de la Répu- après que les réseaux d’Oussama tale. C’est injurier le reste du elle s’est dotée en forces d’inter- blique, celles de la nation, commu- Ben Laden aient été effectivement monde. (…) Et je ne peux qu’ap- vention, est en mesure de répon- nauté de citoyens sans distinction détruits, sans chercher à résoudre prouver votre [à Raymond Forni, dre aux demandes qui peuvent lui d’origine, unis par les mêmes droits les problèmes internes de l’Afghanis- président de l’Assemblée nationale] être adressées. En d’autres termes, et par les mêmes devoirs, égaux tan, qui doivent être laissés aux orga- décision de ne pas recevoir votre une responsabilité particulière devant la loi, égaux en chances aussi, nisations humanitaires et internatio- homologue du Sénat italien. (…) peut peser sur elle. (…) Bien enten- ce qui crée à la République d’impé- nales. (…) La France dispose de Bien sûr que la misère, les inégali- du, nous estimons nécessaire rieuses obligations. (…) La crise de moyens militaires spécialisés d’excel- tés, les conflits régionaux mal qu’en pareil cas les objectifs et les l’intégration républicaine, les replis lente qualité. S’il était fait appel à éteints alimentent la radicalité moyens à mettre en œuvre fassent communautaires traduisent aussi eux, et sous réserve de leur emploi politique ou religieuse. (…) Ne l’objet, entre les Etats-Unis et la une crise de la France : comment judicieux, notre réponse devrait être jouons pas les “idiots utiles” aux France, d’une concertation préala- donner envie de devenir Français si positive. (…) Mais la France peut aus- idéologies les plus perverses. (…) ble approfondie. Nous gardons se perdent la fierté et l’amour de la si apporter d’autres contributions. Ce sont les démocraties qui donc notre liberté d’appréciation France ? D’abord celle d’accroître la sécurité aident au développement, pas les et nous sommes prêts à nous asso- La République et l’Etat républi- sur son propre sol. (…) Une coordina- dictatures ! Ce sont les démo- cier à une riposte dont nous esti- cain sont nos meilleurs remparts tion plus étroite de l’action des servi- craties qui défendent les droits mons, a priori, qu’elle doit être pro- face aux périls de l’anomie, l’absence ces de renseignement et de police des plus faibles. Pas les inté- portionnée et éviter d’aboutir, de règles. (…) On est allé trop loin doit être recherchée au niveau euro- gristes ! Ce constat n’épuise pas pour les populations civiles, à un dans la voie de la globalisation libéra- péen. (…) Le gouvernement doit un devoir essentiel du présent et désastre humanitaire. Comme elle le. Partout l’Etat a un rôle régulateur engager une action en profondeur de l’avenir : faire de la mondialisa- l’a déjà montré lors de la crise de à jouer pour contenir les déborde- pour éliminer les zones d’insécurité tion une vraie chance pour les Berlin ou de celle de Cuba, au ments d’une mondialisation sauva- et de non-loi, dont chacun sait qu’el- pauvres. (…) Les Français ont com- temps du général de Gaulle, la ge. (…) Il est temps d’organiser le les existent sur notre territoire. Car pris l’appel [de Lionel Jospin] au France est un allié parfois incom- retour de l’Etat républicain et de fai- la violence conduit à la radicalisa- “patriotisme économique”. Nous mode ou exigeant, mais elle est, et re en sorte que la France pèse sur tion, et la radicalisation est le terreau devons faire front ensemble : gou- les Etats-Unis le savent, un allié Bruxelles pour qu’une réponse, si du terrorisme. Sur le plan internatio- vernement, salariés, consomma- qui sait prendre ses responsabili- possible coordonnée, soit apportée nal, il semble à l’UDF que la France teurs, chefs d’entreprise. Tous tés. (…) à la crise qui vient. (…) Le retour de ait deux influences à exercer. L’une nous avons une responsabilité Le combat que nous menons l’Etat républicain et la construction consiste à tracer fermement la ligne civique en continuant de consom- contre le terrorisme n’est un com- d’une autre Europe, ce sera aussi de séparation entre la lutte contre le mer, de produire, d’investir. (…) bat contre aucune religion, contre une façon d’assurer la sécurité des terrorisme fondamentaliste islami- Défendons la laïcité. Elle nous pré- aucune race, contre aucune Français. que et l’attitude vis-à-vis de l’Islam. munit des communautarismes. culture ; ce n’est pas un combat La voix de la France, face à la crise L’autre est de rechercher activement Cessons d’accoler à ces Français des riches contre les pauvres, du mondiale, doit se faire entendre non l’élimination des affrontements (…) le qualificatif de leur confession Nord contre le Sud, d’une civilisa- seulement en Europe mais aussi au Moyen-Orient. Le moment n’est- ou de leur provenance. (…) Gar- tion contre une autre. N’hésitons dans le monde. (…) La meilleure con- il pas venu pour la communauté dons-nous de transformer cette pas à le dire, c’est un combat pour tribution que puisse apporter la Fran- internationale de définir un « état de crise en laboratoire de la compéti- la civilisation elle-même. (…) C’est ce est de préserver sa relation avec paix » au Proche-Orient, en adop- tion électorale qui nous attend ! un combat du monde entier pour les pays arabes du Maghreb et du tant un document qui reprendrait Les statures d’homme d’Etat ne se la liberté et contre le terrorisme. Proche-Orient pour faciliter le jour tous les accords déjà adoptés par les décrètent pas. (…) Ce temps élec- Nous ne pourrons que nous venu les médiations nécessaires. (…) deux parties ? (…) L’établissement toral viendra bientôt. Mais, réjouir de voir l’Organisation des C’est le retour du politique. Ce de ce nouvel “état de paix” s’accom- aujourd’hui, nous avons une lutte nations unies y prendre toute sa peut être, ce doit être aussi le retour pagnerait de la mise en place de à mener contre le terrorisme. » place. » de la France. » l’Etat palestinien. » LA CRISE INTERNATIONALE APRÈS LE 11 SEPTEMBRE LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 / 3 L’Elysée a invité les députés RPR à ne pas polémiquer avec la gauche LE DÉBAT parlementaire a été Depuis les débuts de la crise mane par certains élus locaux, suivi et, d’une certaine façon, orga- internationale, c’est l’ancien pre- M. Debré a veillé à ce qu’aucune nisé avec soin par l’Elysée. Car il mier ministre Alain Juppé qui, en voix divergente ne s’exprime. En s’agissait avant tout de montrer étroite concertation avec le chef de accord avec l’Elysée, il devrait faire que la France parle d’une seule l’Etat, avait relayé la position des parvenir aux députés RPR une voix. Les sondages réalisés ces der- gaullistes. Mais en l’absence de note de consignes – en cinq niers jours – par BVA pour Paris- M. Juppé, en voyage au Québec, le points – qui leur permettra de tenir Match et la Sofres pour Le Figaro – président du groupe RPR, Jean- un discours cohérent avec l’action donnent une cote de popularité Louis Debré, a désigné Edouard du président : exceptionnellement élevée pour Balladur comme orateur, après plu- – Il est essentiel de rejeter l’amal- Jacques Chirac et, dans une moin- sieurs conversations avec M. Chi- game entre islam et terrorisme ; dre mesure, pour Lionel Jospin. rac, écartant de la tribune, comme – La solidarité de la France à L’équipe présidentielle y voit le des missions parlementaires sur le l’égard des Etats-Unis n’a pas à résultat d’un climat d’union sujet, le député RPR Pierre Lellou- être réaffirmée : elle l’a été par le sacrée. Aussi, le président che, qui fut, il y a quelques années, président de la République lui- veille-t-il à préserver cette image le conseiller de M. Chirac pour les même lors de son voyage à Wash-

HALEY/SIPA d’un exécutif uni. affaires internationales. ington et à New York, mais aussi a PARIS. Le mercredi 3 octobre, à l’Assemblée nationale, Lionel Jospin prononce un discours, trois C’est donc en ce sens que l’Ely- par le rappel de l’article 5 de la semaines après les attentats qui ont frappé les Etats-Unis. sée a préparé la journée de mercre- « D’UNE SEULE VOIX » charte de l’OTAN et la coopération di. D’abord en insistant sur la réu- M. Balladur a rédigé son texte en des services secrets français ; nion qui s’y est tenue, à l’issue du concertation avec le chef de l’Etat. – Le cadre de la lutte contre le conseil des ministres, autour de Jac- L’ancien premier ministre a aussi terrorisme dépasse les nations et ques Chirac et à laquelle ont parti- pris soin d’en exposer la tonalité doit s’exprimer dans le cadre de Lionel Jospin : « La France prendra toutes cipé le premier ministre, Lionel Jos- générale au groupe gaulliste, mer- l’ONU ; pin, et quatre ministres, Laurent credi matin, se félicitant que, dans – Cette lutte suppose des contrain- Fabius (économie), Daniel Vaillant ces circonstances, « la France parle tes sur les libertés individuelles (révi- (intérieur), Hubert Védrine (affai- d’une seule voix ». De plus, les dépu- sion de la législation sur la fouille ses responsabilités, aux côtés des Etats-Unis » res étrangères) et Alain Richard tés RPR ont été invités à ne pas se des véhicules, par exemple) ; (défense). Cette réunion, a indiqué laisser aller aux critiques après l’in- – Le cinquième point n’omet pas Voici les extraits du discours du pre- par les inégalités qui divisent le mon- nazisme, le peuple ami avec lequel Catherine Colonna, porte-parole tervention de M. Jospin. Conscient la politique intérieure et souligne mier ministre à l’Assemblée nationale. de et par les conflits qui le boulever- nous partageons l’affirmation de du président, était « destinée à qu’il peut cependant y avoir des la nécessité d’avoir à la tête du « Notre ambition doit être de don- sent. Mais il faut savoir que la haine l’idéal démocratique. En accord avec faire le point précis de la situation et divergences sur la nature du sou- pays, en cette période de tension, ner à l’union contre le terrorisme un se nourrit de la pauvreté, de la frus- le président de la République, le gou- à coordonner les décisions prises par tien aux Etats-Unis au sein d’un « un homme d’Etat d’expérience, caractère universel. Cette union ne tration et de l’injustice. C’est pour- vernement a souscrit à l’engage- les autorités françaises ». Elle précé- parti traditionnellement non atlan- ayant un dialogue ancien et profond fera pas dispa- quoi cette crise nous renvoie à des ment, pris dans le cadre de l’article 5 dait le débat organisé à l’Assem- tiste, mais aussi invité par le chef avec les pays arabo-musulmans ». raître les ten- questions essentielles sur l’état du du traité de l’Atlantique Nord, de blée nationale, sur les conséquen- de l’Etat à éviter toute stigmati- sions du mon- monde actuel. Comment répondre soutenir la riposte de notre allié ces des attentats du 11 septembre. sation de la communauté musul- Raphaelle Bacqué de. Elle ne vise aux extrémismes, dont on ressent agressé, de la manière que nous juge- pas à imposer de manière diffuse la propagation, y rons appropriée. La France prendra aux peuples compris au sein de notre monde toutes ses responsabilités, aux côtés qui souffrent développé ? Comment éviter que le des Etats-Unis, dans l’œuvre de lon- Le premier ministre défend la « légitimité » d’une riposte américaine d’oublier leurs monde, en se globalisant économi- gue haleine qu’appelle l’éradication VERBATIM souffrances quement, laisse se créer, dans la du terrorisme. Le président des Etats- LIONEL JOSPIN n’a en aucun point dérogé mercre- milieux politiques sur la « légitimité » d’une riposte ou leurs frustrations, de sphère du politique, des vides que Unis a fixé pour objectif à la riposte di à la position commune définie par les pays mem- militaire américaine. L’affaire est close : le recours à la dépouiller leur identité pour fusion- seule la violence viendrait combler ? de son pays l’identification et la puni- bres de l’Union européenne et par ceux de l’OTAN. Il force est « juridiquement fondé », a-t-il dit. ner dans une lutte monolithique. Je ne fais qu’ouvrir, aujourd’hui, ce tion des coupables et, au-delà, le suffit toutefois de comparer son discours, ou ceux de Une telle clarté était plus difficile il y a trois semai- Mais nous ne devons pas accepter débat complexe. Mais j’ai la convic- démantèlement des réseaux terro- la plupart des Européens, avec les propos de Tony nes, avant que le comportement de Washington n’eût non plus qu’une vision critique des tion que la menace terroriste ne doit ristes, grâce à la coopération des Blair la veille pour mesurer ce que cette position com- en partie désamorcé dans la gauche française le responsabilités des Etats-Unis dans en aucun cas relativiser, dans les pays où ils sont implantés. Ce sont là mune occidentale laisse de liberté dans le ton, dans réflexe de méfiance anti-américain ; les Etats-Unis l’histoire récente soit invoquée com- esprits comme dans l’agenda des des objectifs précis auxquels nous l’interprétation, dans le degré d’engagement concret. ont montré qu’ils ne s’engageaient pas dans une me prétexte pour dire : “Ce combat Etats, l’urgence des problèmes mon- pouvons nous associer pleinement. Ecartant toute ambiguïté et tranchant dans le débat riposte brutale et indiscriminée contre toutes les n’est pas le nôtre.” La lutte contre le diaux : la résolution des conflits, Les Etats-Unis, soucieux de construi- en cours, depuis le 11 septembre, jusqu’au sein du incarnations terrestres du « mal ». Elle le sera aussi terrorisme est un impératif com- notamment celui du Proche-Orient, re contre le terrorisme une coalition gouvernement, M. Jospin a attaqué son discours par demain, quand les premières frappes en Afghanistan mun aux démocraties et doit le deve- le respect des droits de l’homme, la internationale sans exclusive, une claire mise au point sur le fond : aucune critique réveilleront les instincts pacifistes. nir pour toutes les nations. Ce n’est progression de la démocratie, le conscients des risques qu’entraîne- des Etats-Unis ne saurait justifier aujourd’hui un man- Quant à la maigreur des moyens militaires mis à la pas la guerre d’un autre où nous développement, l’environnement. raient des formes de représailles qui quement à la solidarité, a-t-il dit en substance ; « le ter- disposition des Etats-Unis, elle marque les limites de serions entraînés, c’est une action » (…) La lutte contre le terrorisme déclencheraient contre eux l’incom- rorisme ne s’explique pas, et se justifie encore moins, par la solidarité affichée : aucune participation à une nécessaire et méthodique à laquelle appelle solidarité et coopération. préhension ou la révolte, ont adopté les inégalités qui divisent le monde et par les conflits qui intervention offensive américaine ne jouit d’un nous consacrerons librement tous Notre solidarité s’exerce d’abord une stratégie de long terme, multi- le bouleversent ». Il a endossé aussi sans réserve la consensus en France. nos efforts. Le terrorisme ne s’expli- avec les Etats-Unis, la nation alliée à forme, dont l’emploi des armes ne position définie au forcing comme celle de la France que pas, et se justifie encore moins, qui nous devons la victoire sur le sera qu’un des volets. » dès le 12 septembre et qui irrite encore dans bien des Claire Tréan représentés à l’Assemblée nationale Robert Hue Jean-François Mattei Philippe de Villiers (PCF) (DL) (non-inscrits, MPF) « Faut-il porter la guerre en « La France doit définir des attitu- « Nous sommes désormais face Afghanistan, au risque de frapper des et adopter des choix : soutien à une internationale terroriste. les terroristes et avec eux tout un sans faille aux Etats-Unis ; renforce- (…) Oui, il s’agit bien d’un choc de peuple qui n’a aucune responsa- ment de la sécurité intérieure ; prise civilisations à travers ce nouveau bilité dans les événements du 11 sep- en compte de l’islam comme des millénarisme suicidaire. C’est le tembre ? (…) On ne peut exclure autres religions dans la stricte appli- Djihad contre la liberté. Après le que les Etats-Unis se préparent à cation de la laïcité. (…) Bien évidem- mur de Berlin, le mur du Djihad des opérations militaires lourdes, ment, la France doit juger souverai- sépare deux mondes, deux civilisa- aux conséquences imprévisibles. nement de la nature et des modali- tions. (…) Il nous faut remettre à Nous y serions pour notre part tés de sa participation éventuelle à plat toute la politique européen- opposés et, a fortiori, opposés à ce une opération militaire. (…) La sécu- ne (…) comprendre que les contrô- que la France y participe d’une rité extérieure et la sécurité inté- les aux frontières ne nuisent pas à façon ou d’une autre. Cette opposi- rieure relèvent d’un seul et unique la liberté de circulation. Ils nui- tion (…) est dictée à la fois par des combat. (…) Nous ne pouvons plus sent aux criminels et ils protègent raisons humanitaires, par la volonté accepter que des armes de guerre les libertés des citoyens. C’est d’éviter de nouvelles tensions régio- comme des lance-roquettes circu- pourquoi, il est urgent : d’abolir nales et internationales et par le sou- lent librement dans notre pays. le traité de Schengen (…) et le trai- ci de ne pas voir l’Amérique se lan- Nous ne pouvons plus accepter les té d’Amsterdam. (…) Il faut cer une nouvelle fois dans une aven- zones de non-droit. Comment déclencher l’opération “Moisson ture qui lui serait au bout du comp- demander l’exemplarité à l’échelle essentielle” dans nos banlieues te dommageable. (…) internationale quand, chez nous, le (…), qui sont devenues des arse- » Je plaide (…) pour la supréma- sentiment d’impunité prédomine ? naux clandestins ; il faut interdire tie de la concertation internationale Une fois pour toutes, nous deman- les mouvements islamistes (…) ;il et de la politique sur la stratégie de dons au gouvernement d’affirmer faut donner à la police et à la jus- recours à la force brutale, sur l’es- le principe que tout délit doit être tice des moyens et une mission prit de vengeance. C’est pourquoi puni. (…) Il n’y pas de guerre de reli- plus large d’investigation et de j’ai proposé, dès le 15 septembre, gions. Les actes commis le 11 sep- sanction : dans ce cadre-là, il faut que notre pays mette toute son tembre ne l’ont pas été au nom de abolir la loi Guigou, qui désarme autorité au service d’une action l’islam, mais contre l’islam. (…) la justice et la police. (…) internationale concertée contre le C’est l’absence d’organisation de l’is- » Il faut adapter notre outil de terrorisme (…), sous l’égide de lam qui a donné la possibilité à des défense. Victime d’un triple sabor- l’ONU et dans une conception agents payés de l’extérieur, aux dage, budgétaire, technique et incluant en même temps des dimen- mafias diverses et variées d’embriga- surtout stratégique, l’armée fran- sions économiques, financières, der, sous couvert de religion, des çaise est devenue peu à peu une diplomatiques et, le cas échéant, hommes en situation d’échec social. sorte de milice humanitaire pro- militaires. C’est du respect et de la Ce n’est pas uniquement par le tout- islamiste. (…) Il faut établir la par- promotion du droit international sécuritaire que nous mettrons fin à ticipation générale des citoyens à qu’il nous faut être exclusivement ce type d’agissements. Il faut traiter la défense du territoire : créer en préoccupés. (…) le problème en amont en offrant à France la garde nationale. Il faut » J’en appelle à la responsabilité tous, quelles que soient les origines donner aux jeunes Français le des Européens. (…) Je pense au et la religion, les moyens de s’ac- sens de la nation et les valeurs de nécessaire développement des initia- complir dans le respect de la Répu- civilisation. Restaurer l’autorité tives des Européens pour avancer blique. (…) L’Union européenne ne de l’Etat : ce qui veut dire ne plus dans un règlement du conflit israélo- peut pas indéfiniment œuvrer pour accepter de flirter avec le crime palestinien. (…) Je pense à une repri- devenir une puissance économique en Corse ; imposer à l’école une se dynamique, dans un esprit nou- et monétaire tout en restant un instruction civique nationale ; veau, du dialogue euro-méditerra- nain diplomatique et militaire. (…) prendre exemple sur l’Amérique néen, pour traiter l’ensemble des Placer sous l’autorité de l’ONU les pour faire rayonner notre culture problèmes, sociaux, économiques, futures actions militaires est le et faire aimer notre drapeau ; ne politiques et de sécurité. (…) C’est à moyen d’éviter les réactions d’anti- donner la nationalité qu’à des la violence et aux injustices intoléra- américanisme, d’associer le plus gens assimilés ; ne plus accepter bles générées par l’actuelle mondia- grand nombre d’Etats possibles et de laisser salir la mémoire de la lisation sous l’égide du capitalisme de démentir toute nouvelle croisa- France et l’honneur de son financier qu’il faut s’attaquer (…). » de pro-occidentale. » armée. » 4 / LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 LE CRISE INTERNATIONALE APRÈS LE 11 SEPTEMBRE L’éventuelle extension des contrôles aux voitures La coopération militaire et à certains sites Internet suscite une controverse annoncée est limitée Ces mesures, critiquées par la Ligue des droits de l’homme, seraient temporaires, assure Lionel Jospin La France ouvre sous conditions son espace aérien

LES MESURES de renforce- perquisition « des sites Internet se d’hui refusée aux policiers et aux ciers ou gendarmes ne peuvent LA COOPÉRATION que la Fran- flottes américaines et britanniques ment de la législation antiterroris- livrant à l’apologie du terrorisme ». gendarmes – sauf s’ils exécutent la plus être considérés comme en ce engageait, en matière militaire, sont très actives – sont dotés de te annoncées par le premier minis- Mercredi, le premier secrétaire du commission rogatoire d’un juge infraction. Ils s’appuient, d’autre aux côtés des Etats-Unis et dont moyens de commandement, tre, mercredi 3 octobre, suscitent PS, François Hollande, s’est à son d’instruction –, en vertu d’une déci- part, sur la jurisprudence de la elle avait accepté la perspective, d’écoute et de communication leur d’ores et déjà une controverse. Lio- tour prononcé pour la fouille des sion du Conseil constitutionnel. Le Cour de cassation, qui a estimé, à lors de la réunion de l’OTAN, le permettant de collecter du nel Jospin a indiqué que le Parle- véhicules, à condition que la mesu- 12 janvier 1977, il avait en effet partir de la fin des années 1980, 12 septembre, au lendemain des renseignement et d’échanger des ment serait saisi en urgence de dis- re soit « limitée dans le temps ». interdit la fouille des véhicules en qu’une voiture ne constituait pas attentats de New York et Washing- informations avec les marines positions législatives visant à ren- A ces dispositions s’ajoute la pos- dehors du contrôle de la justice, au un domicile et qu’elle pouvait ton, a été confirmée publiquement alliées. forcer, de façon temporaire, l’arse- sibilité pour les policiers et pour nom de « la défense des libertés donc être visitée sans la présence mercredi 3 octobre à Bruxelles. Il En ouvrant son espace aérien nal judiciaire dans la lutte contre les gendarmes de procéder, en individuelles ». Il avait confirmé de la personne ou de deux s’agit d’une coopération dans les sous le respect de certaines condi- le terrorisme. « On tombe dans les matière de terrorisme, à des per- cette décision en janvier 1995, lors- témoins, mais uniquement dans le domaines aérien et naval, qui est tions et en enjoignant deux de ses lois d’exception et ce n’est pas quisitions dans le cadre des enquê- cadre d’une procédure de flagrant fondée sur le double principe de la acceptable », a protesté le prési- tes préliminaires et d’effectuer des délit. Après l’attentat du RER en solidarité avec ses alliés, en parti- dent de la Ligue des droits de palpations dans les aéroports, les « On tombe dans juillet 1995, à Paris, des policiers culier les forces armées américano- Polémique sur la fin l’homme, Michel Tubiana. «Le ports maritimes et les lieux publics avaient ainsi exigé à de multiples britanniques, et du respect de sa gouvernement perd ses nerfs. Nous qualifiés de sensibles. les lois d’exception, ce reprises l’ouverture des coffres de souveraineté. du service militaire présenter ces mesures comme provi- « Perquisitionner en enquête préli- voitures, sans que ces interven- Dans le domaine aérien, soires, on sait ce qu’est le provisoire minaire [ce stade de la procédure n’est pas acceptable » tions soient contestées. d’abord. La France instaure une La réforme du service national dans ce domaine », a-t-il ajouté. interdit actuellement toutes mesu- Le contrôle éventuel exercé sur gradation dans le droit de survol s’est invitée au débat. Mercredi Le Syndicat de la magistrature res coercitives de la part des Michel Tubiana (LDH) le courrier électronique provoque de son territoire. Pour des avions 3 octobre, à la tribune de l’Assem- (SM, gauche) manifeste « sa pro- enquêteurs], c’est prendre le risque également l’inquiétude de la Ligue de soutien (ravitailleurs, radars blée nationale, Jean-Pierre Che- fonde inquiétude » et conteste la de lâcher la bride aux policiers et des droits de l’homme. « Sera-t-il volants, avions de reconnaissance vènement a regretté « la suspen- prise dans l’urgence de « mesures aux gendarmes, qui agiront sans que Charles Pasqua, ministre de soumis au contrôle d’un juge ? ou transport), elle reconnaît un sion du service militaire » qui gravement attentatoires aux libertés contrôle réél de la justice », con- l’intérieur, avait tenté de réintro- Va-t-on également ouvrir des lettres droit de survol quasi automatique, « prive » la France d’une « res- fondamentales ». damne M. Tubiana. L’ensemble de duire cette mesure dans la loi manuscrites ? », s’interroge son mais elle exige un préavis pour le source précieuse ». « Notre armée Dimanche 30 septembre, le ces mesures pourrait cependant d’orientation et de programma- président. Au ministère de l’inté- survol par des appareils de combat de terre dont les effectifs ont été ministre de l’intérieur, Daniel faire l’objet d’un amendement au tion sur la sécurité. rieur, on justifie cette démarche (bombardement, attaque au sol ou réduits de moitié (…) n’est pas fai- Vaillant, avait envisagé, sur Fran- projet de loi sur la sécurité quoti- Dans la pratique, policiers et par la menace terroriste, et l’on intercepteurs). C’est une distinc- te pour assurer la garde des points ce 3, d’élargir les possibilités d’in- dienne débattu prochainement au gendarmes parviennent souvent à reconnaît que, en raison des ten- tion que la France avait déjà éta- sensibles sur le territoire natio- tervention des forces de l’ordre. Sénat. Le gouvernement souhaite, contourner l’interdiction. Lors du sions constatées depuis les atten- blie lors de raids américains en nal », a estimé le chef de file du « Il ne serait pas attentatoire aux au préalable, obtenir l’aval de la contrôle d’un véhicule, ils se con- tats du 11 septembre, la période Libye et dont les Etats-Unis se sont Mouvement des citoyens. Philip- libertés que, sous contrôle des magis- majorité sénatoriale de droite. tentent de demander au conduc- d’application de ces dispositions, parfois affranchis. pe de Villiers, président du Mou- trats, les policiers puissent faire M. Jospin a précisé que le texte teur d’ouvrir le coffre. Si la person- si elles sont adoptées, « pourrait vement pour la France s’est ouvrir les coffres des voitures », rendrait possible « des visites de ne obtempère – comme c’est le être longue ». MISSILES EXOCET ET CROTALE « associé » à ce jugement avant avait cité en exemple M. Vaillant. Il véhicule, sur réquisition du par- cas le plus fréquent – et donne Dans le domaine naval, ensuite. de plaider pour la création d’une s’était aussi déclaré favorable à la quet », une prérogative aujour- elle-même accès à son coffre, poli- Pascal Ceaux La France mettra à la disposition « garde nationale ». En guise de des Etats-Unis et de la Grande-Bre- réponse, le premier ministre a tagne un pétrolier-ravitailleur, le rappelé que « le président de la Var, et une frégate, le Courbet, qui République a décidé cette réforme sont actuellement basés dans en 1996 » et qu’à son « arrivée au l’océan Indien. Ces deux navires ont pouvoir, en 1997 », il n’a « pas été Djibouti pour port d’attache. possible de revenir sur cette déci- Armée de missiles Exocet anti- sion ». En revanche, Lionel Jos- surface et de missiles antiaériens pin s’est dit prêt à « revoir certai- Crotale, la frégate escortera le Var nes positions, en particulier sur la pendant ses norias de ravitaillement question de la réserve ». en eau, en vivres, en carburant, voi- re en munitions, au profit de l’arma- da américano-britannique. bâtiments de participer au soutien A ce jour, on compte une soixan- d’une escadre américano-britanni- taine de navires – moitié améri- que en formation, la France se livre cains et moitié britanniques – dans à une coopération qu’on peut quali- la zone, notamment en mer d’Ara- fier d’a minima. Par exemple, le bie, autour des porte-avions Enter- Var, navire de commandement de prise, Carl Vinson et Illustrious. Sont la flotte française de l’océan attendus, les porte-avions améri- Indien, n’est ni placé sous contrôle cains Theodore-Roosevelt, encore opérationnel de l’armada américa- en Méditerranée, et Kitty-Hawk, no-britannique ni intégré à elle. La qui vient du Pacifique. Soit plus de frégate Courbet ne l’est pas davan- trois cents avions, au total, avec, tage. Ces deux procédures suppose- pour le Kitty-Hawk, aménagé pour raient en effet une concertation le besoin, une capacité à mener des préalable sur la définition des actions amphibies et héliportées à objectifs visés et sur la plani- base de commandos spéciaux. fication des actions, qui est une éta- Les deux bâtiments français – pe ultérieure dans la voie d’un qui pourraient œuvrer depuis Dji- éventuel partenariat militaire. bouti, et aussi à partir des Emirats arabes unis ou de Bahreïn où les Jacques Isnard La LCR dénonce un « alignement » sur les Etats-Unis, les Verts se taisent HORS de l’enceinte du Palais- une politique destinée à faire recu- Bourbon, les réactions au débat ler l’Islam en France. « Pour lutter qui s’est tenu mercredi 3 octobre à contre le terrorisme, il faut cesser l’Assemblée nationale sur la situa- d’islamiser la France, affirme le pré- tion internationale – et aux propo- sident du Mouvement national sitions annoncées pour renforcer républicain (MNR). Face à un tel la sécurité – se sont faites rares. danger (…), il faut attaquer le mal à Rares mais vives. La Ligue des la racine et donc inverser la poli- droits de l’homme (LDH) estime ni tique d’immigration et d’islamisa- plus ni moins, dans un communi- tion actuellement pratiquée par le qué, que « le gouvernement perd gouvernement. » son sang-froid » et exprime sa « stu- La Ligue communiste révolution- péfaction » devant la série de mesu- naire (LCR) a, elle aussi, res envisagées pour lutter contre réagi, moins pour s’inquiéter de le terrorisme, alors que les l’impact des mesures de sécurité citoyens peuvent déjà être « étroi- intérieure envisagées que pour tement » contrôlés (voir ci-dessus). dénoncer le soutien de la France « A l’encontre de l’effet d’annonce aux Etats-Unis. Pour Olivier Besan- recherché, les propositions gouverne- cenot, le candidat du parti trots- mentales vont amplifier le sentiment kyste à la présidentielle, l’interven- d’insécurité », souligne la LDH, qui tion du premier ministre «nefait invite les parlementaires à « ne pas que confirmer l’alignement des céder aux sollicitations sécuritaires autorités françaises sur les objectifs du gouvernement. » politiques et militaires de l’adminis- Le Syndicat de la magistrature tration américaine. » « Sous pré- (SM, gauche) ne cache pas, lui non texte d’éradiquer le terrorisme inté- plus, son « effarement ». « En envi- griste, la France prend désormais sa sageant la perquisition des véhicu- place dans le dispositif de guerre les sur simple réquisition du parquet déployé par George W. Bush », en dehors de toute procédure judi- déplore-t-il. M. Besancenot appel- ciaire, en permettant à des vigiles de le à « un vaste mouvement d’opi- procéder dans le métro ou des nion contre le terrorisme et la logi- grands magasins à des contrôles de que de guerre, pour la paix et la sécurité, en développant la sur- justice, les droits sociaux et la veillance des messages électro- démocratie ». niques, ce sont les libertés les plus Un silence surprend, celui des fondamentales que le gouverne- Verts. Le parti écologiste, qui ne ment veut suspendre », dénon- pouvait s’exprimer dans l’hémicy- ce-t-il. Comme la LDH, il s’inter- cle – c’était au tour de Jean-Pierre roge sur « l’efficacité de telles mesu- Chevènement de parler au nom du res pour le démantèlement d’éven- groupe Radical, Citoyen et Vert tuels réseaux terroristes ». (RCV) – n’a pas réagi sur la situa- Si Bruno Mégret met aussi en tion internationale, alors qu’il a doute l’efficacité des mesures contesté, le même jour, la réouver- annoncées, c’est, lui, pour prôner ture du tunnel du Mont-Blanc. 6 / LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 LA CRISE INTERNATIONALE APRÈS LE 11 SEPTEMBRE Washington fait appel à la solidarité de ses alliés Les Etats-Unis ont finalement choisi d’« activer » l’article 5 du traité de l’Atlantique nord, afin de pouvoir recourir aux moyens collectifs de l’Alliance. Le président russe, Vladimir Poutine, multiplie les gestes de bonne volonté envers les pays membres de l’OTAN et les Quinze

BRUXELLES les Quinze, comme avec l’Alliance cette raison qu’elle a choisi nal. Bon prince, il a considéré deurs de l’OTAN, alors que la Rus- improbable et, à l’OTAN, on voit de notre bureau européen atlantique. d’« activer » l’article 5 du traité qu’il était parfaitement normal sie, qui a très vite condamné les plutôt la Russie obtenir un statut Les Etats-Unis ont finalement La liste américaine comporte de l’Atlantique nord, qui énonce que Washington adresse à ses attentats contre New York et spécial, à mi-chemin entre le par- décidé de faire appel à la solidari- une série de mesures identiques le principe de solidarité mutuelle alliés de l’OTAN une liste de Washington et fait connaître sa tenariat actuel et un statut de té active de l’Alliance atlantique. mais, en pratique, Washington a des Etats membres en cas d’atta- mesures concrètes, et il a jugé détermination à se joindre à la lut- membre à part entière. Ils ont présenté, mercredi 3 octo- déjà précisé ses souhaits par des que contre l’un d’entre eux. tout aussi naturel que la Russie te contre le terrorisme, n’a pas Le discours de M. Poutine n’est bre, à leurs dix-huit alliés de contacts bilatéraux, en fonction En réalité, l’article 5 avait de fac- ne soit pas mêlée à ces prépa- bénéficié d’une telle information. pas toujours convaincant sur ce l’OTAN une liste de demandes à des potentialités de chaque pays. to été activé la veille, lorsque les ratifs. Sûr de lui, il a cependant Le chef de l’Etat russe a cepen- point, dans la mesure où il réitère caractère opérationnel, dans le Les capitales des Etats membres dix-neuf ambassadeurs de son opposition à l’élargissement cadre de l’offensive militaire en de l’Alliance devaient faire connaî- l’OTAN avaient conclu que les élé- de l’OTAN (aux Etats baltes), tout préparation contre l’organisation tre leur première réponse jeudi ments de preuves contre le réseau Des aides essentiellement logistiques en paraissant considérer que la d’Oussama Ben Laden et le régi- 4 octobre en milieu de journée. Al-Qaida et son chef Oussama chose n’est pas si importante, sur- me taliban de Kaboul. L’initiative américaine revient à Ben Laden, fournis par Frank Les Etats-Unis ont présenté une demande collective à l’OTAN dans tout si l’Alliance devient cette Cette initiative de Washington une sorte de compilation des Taylor, ambassadeur américain le cadre de l’article 5 de la charte de l’Atlantique nord, à charge pour organisation « plus politique ». a été formulée le jour où le prési- demandes déjà effectuées auprès chargé du contre-terrorisme, chacun des pays membres d’apporter sa pierre à l’édifice. Il s’agit Avec les Quinze, le président dent russe se trouvait à Bruxelles, de telle ou telle capitale, et elles étaient convaincants. Dès lors, le d’une série de mesures plus logistiques qu’opérationnelles, destinées russe a joué la même carte du rap- à la fois pour un sommet entre ont, pour la plupart, un caractère mécanisme de solidarité de à appuyer une intervention militaire éventuelle. Cette liste confiden- prochement, et obtenu partielle- l’Union européenne et la Russie, tenant plus à la logistique qu’à l’OTAN entrait en action. tielle porte notamment sur l’autorisation du survol du territoire natio- ment satisfaction, notamment et dans le cadre de consultations l’intervention militaire propre- Le processus en cours ne doit nal des alliés, la protection des installations américaines dans les s’agissant des relations de sécuri- avec le secrétaire général de ment dite (lire ci-contre). pas être confondu avec une inter- pays de l’OTAN, une coopération dans le domaine de la surveillance té. Les relations entre la Russie et l’OTAN, le Britannique Lord vention militaire conduite sous la et du contrôle de l’espace aérien (par le biais des avions-radars les organes de la défense euro- Robertson. Saisissant cette dou- RAPPROCHEMENT AVEC MOSCOU bannière de l’OTAN et, a fortiori, Awaks, propres à l’armée de l’air américaine, et de ceux qui appar- péenne vont être institutionnali- ble opportunité, Le président rus- L’administration américaine le commandement suprême des tiennent spécialement à l’OTAN), l’échange en matière de renseigne- sées, par une réunion mensuelle se, Vladimir Poutine, a manifesté souhaite toutefois avoir recours à forces alliées en Europe (Saceur) ment ou l’utilisation des centres de transmissions et d’écoute. Pour la entre le Comité politique et de nettement la volonté de son pays certains moyens collectifs de n’est pas sollicité. Au-delà de la première fois depuis 1991, année de la guerre dans le Golfe, les Améri- sécurité (COPS) de l’Union euro- de renforcer la coopération avec l’OTAN et c’est notamment pour question des moyens collectifs de cains ont aussi demandé à leurs partenaires de pouvoir user des péenne et des représentants rus- l’OTAN, la décision américaine dispositifs de ravitaillement en carburant installés en Europe. ses, dans le domaine de la préven- répond sans doute au souci de tion et de la gestion des crises. Tchétchénie : exit les droits de l’homme ! conforter l’Alliance à un moment Ayant longuement développé où celle-ci a du mal à définir son précisé que cette liste « n’a pas de dant obtenu bien des compensa- ses thèses s’agissant de l’identité « Ils ont été inflexibles, c’était à prendre ou à laisser. Le risque était identité dans le monde de l’après- secret » pour son pays, dans la tions lors de son séjour à Bruxel- des méthodes entre combattants qu’il n’y ait pas de déclaration. La version que nous avons obtenue était guerre froide, et alors que la mon- mesure où « l’échange d’informa- les. Comme il le souhaite, les liens tchétchènes et terroristes du le maximum des concessions russes, alors on a accepté. » Ainsi s’expli- tée en puissance de la défense tions » entre la Russie et les Etats- de la Russie avec l’Alliance vont World Trade Center, assuré d’une que, selon plusieurs sources diplomatiques, la disparition pure et sim- européenne est vue par certains Unis est en cours. être raffermis : un groupe de quasi-impunité sur la question de ple de toute mention des droits de l’homme en Tchétchénie dans la comme une menace. Satisfait de cette coopération réflexion associant des experts de la violation des droits de l’homme déclaration commune Union européenne-Russie. Dans le texte provi- Cette journée de mobilisation avec Washington sur le plan politi- l’OTAN et de la Russie va être (voir ci-contre), Vladimir Poutine soire, dont Le Monde a rendu compte dans son édition datée du 4 octo- diplomatique s’est effectuée mer- que, M. Poutine l’est moins sur le constitué, avec pour mission d’en- a pu quitter Bruxelles, mercredi bre, les Quinze soulignaient que le respect des droits de l’homme credi, à la visible satisfaction de plan opérationnel. Cette frustra- visager la relation à long terme soir, avec la confirmation que la devait s’imposer « même dans des situations exceptionnelles telles qu’en Vladimir Poutine. Le président tion s’est clairement exprimée entre les deux parties. crise actuelle renforce le statut de Tchétchénie ». La version finalement adoptée précise que M. Poutine russe, dont la stratégie de rappro- lorsqu’il a rencontré les représen- M. Poutine a émis à ce sujet le la Russie, ainsi que ses perspecti- a « informé » les dirigeants de l’Union de la situation en Tchétchénie, chement avec les Quinze et l’Al- tants de l’Union européenne : le souhait que l’OTAN se « transfor- ves de coopération avec les alors que l’Union européenne a « exprimé son soutien aux efforts des liance atlantique est patente, ne président russe s’est montré me » en une organisation « plus Quinze comme avec l’Alliance autorités russes en vue d’un règlement politique ». Jusqu’au dernier pouvait rêver plus belle occasion ulcéré que l’ambassadeur Frank politique », ce qui pourrait per- atlantique. moment, les deux versions ont été discutées, jusqu’à la victoire totale d’être impliqué dans le combat Taylor ait fourni les fameux « élé- mettre à la Russie, à terme, de l’in- de M. Poutine. – (Corresp.) contre le terrorisme internatio- ments de preuves » aux ambassa- tégrer. Un tel projet semble Laurent Zecchini Depuis 1996, les Américains ont multiplié les tentatives pour neutraliser Oussama Ben Laden WASHINGTON tentative pour tuer le chef du tion avec les services pakistanais Laden, sinon comme leur principal plus de liens avec le terrorisme ; d’Etat des gestes que son pays de notre correspondant réseau Al-Qaida et son état-major par l’échec de la tentative adversaire parmi les organisations ainsi, deux ans auparavant, il avait pourrait faire pour mériter la con- Le procès fait à mots couverts en août 1998 (Le Monde du 3 octo- d’août 1998, qui avait consisté à terroristes, du moins comme l’un livré le Vénézuélien Carlos au fiance des Etats-Unis et ne plus aux services américains après les bre). L’administration Clinton envoyer des missiles de croisière des premiers. Son implication ministre français de l’intérieur, figurer sur leur liste noire. Dans la attaques terroristes du 11 septem- avait alors négocié avec le premier sur un camp où aurait dû se trou- dans une première tentative visant Charles Pasqua. réponse qu’il avait reçue, la deman- bre provoque d’incessantes révéla- ministre pakistanais, Nawaz Cha- ver Ben Laden et qu’il avait quitté, le World Trade Center de de d’informations sur Ben Laden tions sur les efforts entrepris, dans rif, un accord de coopération en fait, une heure avant. Les Améri- New York, en 1993, ne faisait pas arrivait au deuxième rang, après la le passé, pour neutraliser Oussama secrète, en échange de laquelle les cains étaient conscients que cette de doute à leurs yeux. En 1999, la CIA aurait fin des agressions contre les Ben Laden et sur les raisons pour Etats-Unis lèveraient les sanctions maladresse, venant après les atten- Expulsé d’Arabie saoudite en agents de la CIA à Khartoum. lesquelles ils avaient échoué. qu’ils appliquaient au Pakistan en tats meurtriers de Nairobi (Kenya) 1991, déchu de sa nationalité saou- recruté soixante Les Soudanais ont offert d’aller Deux articles du Washington raison de ses essais nucléaires et et Dar es-Salaam (Tanzanie), ren- dienne en 1994, Oussama Ben plus loin que la fourniture d’infor- Post ont apporté, mercredi 3 octo- lui viendraient en aide économi- dait le chef terroriste encore plus Laden vivait alors au Soudan. Un agents des services mations et de remettre le million- bre, de nouvelles informations sur quement. dangereux en augmentant son deuxième article du Washington naire aux Saoudiens, mais ceux-ci cette traque vaine. L’un d’entre Les commandos pakistanais prestige dans le monde arabe et Post révèle que le gouvernement pakistanais ont refusé de prendre le risque de eux, cosigné par Bob Woodward, « étaient prêts à frapper en octo- musulman. Craignant d’échouer soudanais avait proposé aux Etats- l’incarcérer chez eux, et les Améri- l’un des journalistes vedettes du bre 1999 », écrit le Post, mais, le encore s’ils ne changeaient pas de Unis de leur livrer le chef d’Al-Qai- pour abattre le chef cains, selon le Post, n’ont pas beau- quotidien depuis le Watergate, 12 de ce mois, un coup d’Etat mili- méthode, mais n’obtenant pas des da en 1996. Plus exactement, il coup insisté. Selon un ancien colla- raconte que la CIA avait recruté et taire dirigé par le général Pervez voisins de l’Afghanistan l’autorisa- s’était déclaré prêt à le remettre du réseau Al-Qaida borateur de Bill Clinton, l’expul- entraîné au Pakistan, en 1999, envi- Moucharraf renversait le gouver- tion d’agir avec des troupes au sol, aux autorités saoudiennes, le gou- sion de Ben Laden du Soudan lui ron soixante agents du service de nement de M. Charif. Le général M. Clinton et son équipe avaient vernement Clinton estimant qu’il paraissait, à l’époque, de nature à renseignement pakistanais, qui Moucharraf a décidé de mettre fin opté, selon le Post, pour une opéra- n’avait pas de charges suffisantes Le général Elfatih Erwa, ministre l’affaiblir durablement. Le 18 mai devaient entrer en Afghanistan à l’opération, malgré les efforts de tion secrète. pour justifier son extradition et soudanais de la défense et, aujour- 1996, Oussama Ben Laden avait pour y capturer ou abattre Ben Bill Clinton et de ses collabora- Avant les attentats des ambassa- son inculpation devant une cour d’hui, ambassadeur à l’ONU, est quitté Khartoum et rejoint l’Afgha- Laden. teurs. des américaines au Kenya et en américaine. venu discrètement à Washington, nistan. Cette entreprise avait été lancée Le quotidien de Washington Tanzanie, les responsables améri- Le Soudan était alors désireux en mars 1996, pour discuter avec après l’échec d’une précédente explique le choix de la collabora- cains considéraient déjà Ben de montrer qu’il n’avait pas ou deux diplomates du département Patrick Jarreau A New York, George Bush annonce un plan de relance de l’économie NEW YORK A Manhattan, M. Bush a tenté, le revenu ou d’accélérer le pro- fait « dans trois à quatre semai- de notre correspondant comme l’a si bien fait le maire de gramme de baisse sur dix ans de la nes », a déclaré M. O’Neill. A cette Venu, mercredi 3 octobre, pour New York, Rudolph Giuliani, à la fiscalité adopté au printemps. Il somme viendront s’ajouter des la deuxième fois à New York fois de rassurer et d’inciter au sur- prévoit 1 350 milliards de dollars dépenses supplémentaires pour la depuis les attentats du 11 septem- saut. « Les Américains doivent de réduction de taxes en une défense et pour renforcer la sécuri- bre, George Bush a exhorté les savoir que leur gouvernement fait décennie, dont 70 milliards dès té. Le Congrès a, par ailleurs, déjà Américains à reprendre une vie tout pour contrôler la moindre 2002. Une baisse des taxes sur les voté 40 milliards d’urgence pour normale. « Vous ne devez pas vous rumeur, la moindre piste et le moin- bénéfices des sociétés, des crédits New York et la lutte antiterroriste, laisser gagner par la peur de voya- dre scélérat. Par conséquent, les d’impôts pour encourager l’inves- et 15 milliards pour éviter la faillite ger. Emmenez vos enfants en vacan- Américains doivent reprendre leur tissement et un amortissement des compagnies aériennes. ces. Rendez-vous aux compétitions travail, leurs affaires, et ils commen- accéléré des achats d’équipements Dopée par l’annonce du plan de sportives », a-t-il dit. Le président cent à le faire. » informatiques sont aussi au pro- relance, Wall Street a fini sur une américain a annoncé à cette occa- Le président s’est rendu dans gramme. Les chômeurs devraient hausse sensible mercredi soir. L’in- sion un plan de relance de l’écono- une école proche du World Trade obtenir une revalorisation de leurs dice Dow Jones a gagné 1,93 %, mie de 60 à 75 milliards de dollars, Center, évacuée en catastrophe le indemnités. Enfin, Paul O’Neill, le repassant au-dessus du seuil des s’ajoutant aux 55 milliards déjà 11 septembre. Sur le tableau noir secrétaire d’Etat au Trésor, a évo- 9 000 points, et le Nasdaq (indice votés par le Congrès. d’une des classes, un instituteur qué à Washington l’idée de « dons des valeurs technologiques) a Redonner le moral aux consom- avait placé une bande de papier d’urgence nationaux » pour les gagné 5,93 %, sa plus forte progres- mateurs et aux investisseurs est portant les mots « J’aime l’Améri- Etats les plus exposés aux répercus- sion en une séance depuis le indispensable pour éviter de voir la que, parce que… », invitant les élè- sions des attentats. 18 avril. récession prendre de l’ampleur et ves à compléter la phrase. « J’aime Au total, le gouvernement se prolonger. La Réserve fédérale l’Amérique, parce que j’aime la demandera au Congrès d’approu- Eric Leser s’y essaye aussi avec ses moyens et liberté », a écrit M. Bush. ver entre 60 et 75 milliards de dol- a baissé ses taux directeurs, mardi, lars de soutien à l’activité. Ce sera f www.lemonde.fr/eco-américaine pour la deuxième fois depuis le RETROUVER LA CONFIANCE 11 septembre. Le loyer de l’argent La visite s’est poursuivie au Fede- au jour le jour est revenu aux Etats- ral Hall, mémorial érigé à l’endroit Unis, en neuf mois, de 6,5 % à où le premier président des Etats- 2,5 %. Unis, George Washington, a pris Mais l’arme monétaire n’est pas ses fonctions. Accompagné de suffisante pour faire repartir la patrons de groupes prestigieux, croissance. Restaurer le sentiment comme JP Morgan Chase, Coca- de sécurité, redonner foi en l’ave- Cola, AIG, Xerox, AT & T, nir et dans les capacités du pays est AOL Time Warner ou Pfizer, Geor- du domaine du politique. Et, trois ge Bush a donné des précisions sur semaines après les attaques, Geor- les mesures de relance de l’écono- ge Bush s’y attelle. Il recommence mie. « Nous allons donner rapide- même à faire preuve d’humour ment aux gens des raisons de retrou- lors des conférences de presse, se ver la confiance », a-t-il assuré. moquant, à New York, des ques- L’administration envisage de tions des journalistes. nouvelles réductions d’impôts sur LA CRISE INTERNATIONALE APRÈS LE 11 SEPTEMBRE LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 / 7

a QUETTA (nord du Pakistan). Ces femmes afghanes de la province de Bamiyan sont réfugiées au Pakistan, dans la capitale du Baloutchistan, à 70 kilomètres au sud de la frontière afghane. Depuis l'invasion soviétique de l'Afghanistan en 1979, le Baloutchistan a accueilli plus de 500 000 réfugiés afghans et les camps de cette région, située à trois heures de route de Kandahar, siège du mouvement taliban, ont fourni les premiers éléments de la légion talibane. REUTERS, JERRY LAMPEN L’opposition afghane annonce sa coopération avec les Etats-Unis DJABAL UL-SARAJ En échange d’une participation dans la région, considère comme sés à « changer de camp quand (Afghanistan) de ses forces (évaluées à un secret de polichinelle : l’intensi- l’heure aura sonné », notamment de notre envoyée spéciale 15 000 hommes) à une opération fication de l’aide militaire appor- dans les régions orientales de L’Alliance du Nord, l’opposition militaire contre les talibans, l’Al- tée par Moscou à l’opposition Paktia et de Laghman, a-t-il dit. armée aux talibans en Afghanis- liance du Nord compte s’assurer afghane. « La Russie et l’Iran nous Ces ralliements représentent une tan, entretient désormais des une place de choix dans la nouvel- ont, par le passé, soutenus », a-t-il force d’appoint de « dix mille hom- « contacts réguliers, quotidiens et le configuration politique qui dit en réponse à une question sur mes armés » pour l’Alliance, a-t-il sérieux » avec des officiels améri- émergerait en Afghanistan après les fournitures en armement. « Ces prétendu. Un « soulèvement popu- cains afin de préparer « l’offensive la chute du régime fondamentalis- pays ont promis de continuer sur cet- laire » contre les talibans dans qui approche » contre le régime de te. Elle pense que son action, com- te voie si de nouveaux besoins appa- Kaboul est « assez possible », a-t-il Kaboul, a annoncé, mercredi binée avec des frappes américai- raissent. » Les arrivages de maté- ajouté. Mais la prise de Kaboul 3 octobre, l’un de ses dirigeants, le n’est « pas une priorité pour docteur Abdullah. Successeur nous », dit le docteur Abdullah, « politique » du commandant Mas- Un représentant spécial de l’ONU pour Kaboul accréditant la thèse que l’opposi- soud, ce responsable a précisé tion préférerait, dans un premier qu’il avait eu, pour la première fois L’ancien représentant spécial de l’ONU en Afghanistan, Lakhdar Brahi- temps, lancer une offensive dans depuis les attentats du 11 septem- mi, a été renommé à ce poste, mercredi 3 octobre, par le secrétaire géné- le nord du pays, autour de Talo- bre, un « entretien face à face avec ral, Kofi Annan, deux ans après avoir renoncé à y poursuivre sa mission de qan, afin de dégager des routes un représentant américain », qui paix. Cet ancien ministre algérien des affaires étrangères aura, en particu- d’approvisionnement cruciales s’est tenu, « ces derniers jours, hors lier, pour tâche de faciliter l’établissement « d’un gouvernement d’union, pour l’hiver. d’Afghanistan », sans doute à Dou- pleinement représentatif et multi-ethnique », dans ce pays contrôlé à 90 % Mais l’optimisme affiché par le chanbé, la capitale du Tadjikistan par les talibans au pouvoir à Kaboul, selon l’ONU. « Je crois vraiment que le docteur Abdullah masque mal les voisin. moment est venu pour lui de reprendre son rôle », a estimé le secrétaire géné- incertitudes sur le bon déroule- ral. M. Brahimi aura « tous pouvoirs pour les tâches humanitaires et politi- ment du scénario politique esquis- SOUTIEN DE MOSCOU ques des Nations unies en Afghanistan », a déclaré M. Annan. – (AFP.) sé pour l’après-talibans. Des res- Le docteur Abdullah, qui occupe ponsables de l’Alliance ne cachent le poste de ministre des affaires pas leurs réticences face à l’idée étrangères du Front national isla- nes, prendra les talibans en riel militaire de type soviétique en d’un retour en Afghanistan du roi mique uni pour le salut de l’Afgha- tenaille et mènera à leur « éradica- provenance du Tadjikistan, où l’ar- Zaher Chah, exilé depuis 1973. nistan (nom officiel de l’opposi- tion ». Le docteur Abdullah s’expri- mée russe a des bases, se sont mul- Entre l’Alliance du Nord et la tion) n’a pas précisé l’identité de mait devant un groupe de journa- tipliés ces derniers temps. En famille royale, les relations sem- son interlocuteur, se montrant tou- listes, dans la localité de Djabal décembre 2000, alors que les trou- blent des plus délicates. Aussi, tefois très satisfait de l’issue de la ul-Saraj, à 60 kilomètres au nord pes du commandant Massoud se aucune précision n’est fournie sur rencontre. « Nous avons discuté de de Kaboul, à l’issue de l’accord con- trouvaient dans une situation déli- la composition des soixante sièges tous les aspects de notre coopéra- clu à Rome entre différents grou- cate dans le nord de l’Afghanistan, restants au sein du Conseil, qui tion », a-t-il dit, laissant entendre pes afghans antitalibans sur la for- la Russie avait fait parvenir cinq reviendront, selon le docteur que l’Alliance du Nord fournissait mation d’un conseil de 120 mem- nouveaux hélicoptères et une cin- Abdullah, « à des groupements des renseignements sur les cibles bres qui préparerait un gouverne- quantaine de chars à l’Alliance du afghans hors du pays ». « Ce qui est que l’aviation américaine pourrait ment de transition. L’Alliance du Nord. important ici, c’est la question de la frapper. Cette annonce de Nord disposerait dans ce conseil Evoquant un effritement du régi- combinaison ethnique, a-t-il dit, contacts étroits est un tournant. de la moitié des sièges, alors qu’el- me des talibans face aux pressions Pachtounes, Ouzbeks, Hazaras… La semaine dernière encore, les le ne contrôle que 10 % du territoi- extérieures, le docteur Abdullah a, Tous doivent être représentés. » dirigeants de l’opposition afghane re de l’Afghanistan. en outre, parlé d’un « nombre sur- se disaient déçus du peu de répon- Le docteur Abdullah a, par prenant de défections de comman- Natalie Nougayrède dant, côté américain, à leurs offres ailleurs, reconnu pour la première dants » chez l’ennemi. Des chefs de coopération. fois publiquement ce que chacun, militaires talibans seraient dispo- f www.lemonde.fr/afghanistan Le Pakistan voudrait publier les « preuves » américaines Le sentiment que toute cette affaire relève d’une guerre contre l’Islam reste largement répandu

ISLAMABAD tiennent généralement la position talibans, Mollah Mohammad Omar. l’aide des Etats-Unis, Zaher Chah de notre envoyée spéciale adoptée par le président Mouchar- Islamabad semble avoir renoncé veut revenir en Afghanistan comme Jugeant « impressionnantes » les raf, il est tout aussi évident que nul désormais à toute nouvelle interven- une marionnette pour y prêcher le preuves apportées par les Etats- n’est ici réellement convaincu de la tion directe auprès des talibans. christianisme. La nation afghane doit Unis pour lier Oussama Ben Laden culpabilité de Ben Laden ou de son Le général Moucharraf a toute- se rendre compte de ce fait et écouter aux attentats du 11 septembre, le organisation dans les attaques du fois mis en garde les puissances notre avis. Si le peuple refuse d’écou- ministre pakistanais des affaires 11 septembre. Le sentiment diffus étrangères qui s’agitent autour ter, alors nous donnerons des ordres étrangères, Abdul Sattar, a plaidé, que toute cette affaire relève d’une d’une alternative aux talibans en qui seront très durs ». mercredi 3 octobre pour que ces élé- guerre contre l’Islam reste large- affirmant que « toute solution politi- Dans l’attente d’une quelconque ments soient rendus publics. «Le ment répandu. que imposée en Afghanistan [par action militaire, seule à même de Pakistan a un intérêt particulier » à l’étranger] est vouée à l’échec ». Réi- révéler le degré de mobilisation des ce que ses habitants puissent juger PRÉPARER L’APRÈS-TALIBANS térant ses préoccupations sur le Pakistanais en faveur des talibans, par eux-mêmes, a-t-il expliqué en S’adressant mercredi à une réu- futur gouvernement afghan, le prési- Islamabad fait tout pour calmer le substance dans un entretien à la nion conjointe du gouvernement et dent a précisé : « Nous croyons que jeu et pour profiter de sa situation chaîne américaine CNN, tout en pré- du Conseil national de sécurité, le seul un gouvernement largement d’état de la ligne de front, notam- cisant que Islamabad reste « hési- général Moucharraf a pris soin de représentatif et qui tienne pleinement ment sur le plan économique. Afin tant pour prononcer un jugement » noter que toute action en Afghanis- compte des réalités ethniques peut de parer à toute éventualité, Islama- sur l’implication de Ben Laden. tan serait seulement dirigée contre réussir en Afghanistan. » Islamabad bad a demandé, jeudi, aux autorités Les « preuves » ont été fournies « les terroristes et ceux qui leur four- observe avec une méfiance accrue des quatre provinces du Pakistan de au Pakistan, lors d’un long entretien nissent un sanctuaire ». Le président les rapprochements entre l’Alliance mobiliser des milliers de volontaires de l’ambassadrice des Etats-Unis, a rappelé avoir tenté en vain de con- du Nord (l’opposition aux talibans, à des fins de défense civile. Wendy Chamberlin, avec le prési- vaincre l’Afghanistan du sérieux de majoritairement pachtoune, repré- Au plan diplomatique, le Royau- dent Pervez Moucharraf, sous la for- la situation et de promouvoir une sente les minorités tadjikes, ouzbè- me uni a oublié ses griefs contre Isla- me d’une vingtaine de pages de solution à la crise : le gouvernement kes et hazaras) avec les Etats-Unis, mabad, alors qu’elle avait été à la documents qu’Islamabad continue avait envoyé à Kandahar deux mis- la Russie et l’Iran notamment. L’Al- pointe des représailles du Com- d’examiner, a précisé le ministre. Si sions dirigées par le général Mah- liance du Nord bénéficie aussi du monwealth après le coup d’Etat mili- l’opinion publique demeure réticen- mood Ahmad, chef des services de soutien de l’Inde, ennemi principal taire du 12 octobre 1999, qui avait te à la collaboration forcée avec les renseignement (Inter Services Intel- du Pakistan. Enfin, elle accuse régu- porté au pouvoir le général Mou- Etats-Unis, et si les Pakistanais sou- ligence) auprès du chef suprême des lièrement Islamabad d’être le princi- charraf. Tony Blair devait se rendre pal responsable de la poursuite de à Islamabad, vendredi, pour appor- la guerre en Afghanistan. ter son soutien dans la lutte antiter- Le Pakistan se veut d’autant plus roriste. Londres a déjà décidé d’aug- prudent que Mollah Omar s’en menter les budgets de ses program- prend désormais directement à ce mes d’aide au Pakistan. Par ailleurs, pays qui l’a longtemps protégé. la journaliste du Sunday Express, Dans un discours à la radio, le chef Yvonne Ridley, arrêtée le 28 septem- des talibans a affirmé : « Allah le bre en Afghanistan et accusée par tout puissant est avec nous. Vous ver- les talibans d’y être entrée illégale- rez que les Américains vont fuir parce ment, est soupçonnée par Kaboul que, pour Allah, l’Amérique ne vaut d’être « un élément des forces spécia- pas une fourmi. Presque tous, y com- les » anglo-saxonnes, a déclaré jeu- pris le Pakistan, se sont donné la di le ministre taliban de l’informa- main contre nous, mais Allah est avec tion. Londres a démenti, en deman- nous ». Mollah Omar a dénoncé dant la libération de la journaliste. l’éventuel retour de l’ancien roi afghan, réfugié à Rome : « Avec Françoise Chipaux 8 / LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 LA CRISE INTERNATIONALE APRÈS LE 11 SEPTEMBRE « C’était un pays où tout le monde venait... Nous devons changer » Les mesures proposées par l’administration américaine pour lutter contre le terrorisme vont réduire les libertés individuelles. Les Américains sont divisés sur ce sujet, en particulier à New York, qui a fondé sa prospérité sur l’accueil et l’intégration des immigrés, les premiers concernés

NEW YORK défense des droits civiques ou d’im- nais, Indiens, Bengalais, Népalais. tier ont déjà perdu leur travail de porte quelle infraction pourra les téléphone, savoir qui sont mes amis, de notre envoyé spécial migrés, le comité de défense des La plupart sont clandestins. « Ils chauffeurs de taxis, d’employés conduire en prison voire à l’expul- où on va ? ». Un autre Noir améri- Norma, soixante-cinq ans, est avocats pour les droits de l’homme sont effrayés, explique-t-elle. Les dans les restaurants. « L’économie sion. » Le projet de loi sur une cain, Dan, âgé de 38 ans, s’enflam- troublée. Dimanche, elle a voulu sont mobilisés. Le Congrès n’a pas boutiques ont sorti les drapeaux des petits boulots s’est effondrée. » détention illimitée des immigrés me : « Ils veulent répondre au fascis- se changer les idées et aller au encore tranché. « Parler ne prévien- américains en signe de loyauté et Depuis l’attentat, plusieurs centai- la scandalise : « Bush veut faire me par du fascisme. » Pour Mike, dra pas le terrorisme. Nous avons de soutien. Mais les hommes enlè- nes d’immigrés ont été arrêtés. voter une loi qui organise un racis- âgé de 26 ans et fonctionnaire, REPORTAGE besoin que le Congrès nous permette vent leur turban, des femmes leur Monami Maulic n’est pas optimis- me presque institutionnel. » John Ashcroft et ses partisans d’agir », implore John Ashcroft voile. Des enfants ne vont plus à te et le projet de connection entre Alan, un commerçant noir améri- « avaient depuis longtemps voulu La ville meurtrie par A Union Square, une New-Yor- l’école par peur d’être agressés. Il y la police new-yorkaise et le servi- cain, âgé de quarante-huit ans, est ces restrictions. Ils profitent de ces les attentats, à l’heure kaise, grimée comme la statue de a eu des agressions mais les victi- ce d’immigration et de naturalisa- lui aussi inquiet. « Ça commence, événements pour les faire passer. du renforcement de la Liberté, visage poudré de vert et mes ne veulent pas en parler. On se tion l’inquiète. Elle assure que dit-il, par les immigrés et on ne sait C’est facile. Les gens sont tellement la « sécurité nationale » couronne étoilée, fait une repré- sent surveillés. » « les immigrés vont être criminali- pas où ça va s’arrêter. S’ils se met- effrayés. » Cependant, il reste sentation au profit des victimes. Beaucoup d’habitants du quar- sés. N’importe quel incident, n’im- tent à lire mes e-mails, écouter mon confiant. « Ashcroft n’ira peut-être « Depuis quinze ans, je vais dans pas jusqu’au bout », en raison des musée avec son mari. « Dans le des soirées privées habillée comme résistances au sein du Congrès. hall, des agents de sécurité m’ont ça. C’est devenu mon métier. Avec Les nouveaux pouvoirs de police réclamés par M. Ashcroft gouvernement demande que Thomas, âgé de 24 ans et ven- demandé d’ouvrir mon sac. Ils me cette tragédie, j’ai perdu des milliers de tels documents puissent être deur de meubles, vit avec une dan- regardaient. J’ai eu peur. C’est la de dollars. » Elle comprend ce Les pouvoirs de police que communications. La législation produits devant un juge ou un jury seuse, dans le quartier de Park Slo- première fois que je vois ça à New genre de mesures. « On était un demande l’administration actuelle permet aux policiers de pour obtenir l’inculpation ou la pe à Brooklyn. Il est partagé. «Je York. » Brésilienne, Norma a immi- pays où tout le monde venait et américaine pour lutter contre la demander à un juge l’autorisation condamnation d’une personne pense, explique-t-il, qu’il faut abso- gré en 1984 et occupe un emploi c’était OK. Nous devons changer. menace terroriste aux Etats-Unis se de placer sur écoute une ligne dans le cadre de procédures lument tout faire pour éviter une de baby-sitter. Elle n’a aucun dou- On doit être tolérant et confiant. Je répartissent en quatre chapitres : téléphonique. Si la personne visée concernant des faits nouvelle attaque. Les types qui ont te : « Tout ce que le gouvernement ne pense pas qu’on n’arrêtera quel- b Etrangers. Le ministre de la par cette surveillance utilise une ou des projets d’actes terroristes. commis le premier attentat contre le envisage de faire pour notre sécuri- qu’un sur une simple impression de justice, John Ashcroft, a déjà porté autre ligne, une nouvelle demande b Coopération World Trade Center en 1993 té, j’approuve à 100 %. Je ne lui fais culpabilité », dit-elle. à 48 heures, comme la loi le lui doit être présentée. Le police-renseignement. Le vivaient tranquillement à Brooklyn. pas vraiment confiance, mais j’ap- Lisa, âgée de vingt-cinq ans et permet, la durée pendant laquelle gouvernement souhaite que les ministre de la justice veut mettre En ce moment, je ne suis pas d’ac- prouve. » Elle réfléchit : « M’obli- employée dans un bar, se sent un étranger en situation irrégulière écoutes soient autorisées pour une fin à l’interdiction faite aux services cord avec la stratégie militaire du ger à ouvrir mon sac, là je ne suis davantage menacée par une nou- peut être détenu sans être expulsé personne et puissent s’étendre de police judiciaire de gouvernement, est-ce que je vais pas d’accord. » Norma confie à la velle attaque que par une restric- du territoire ni présenté à un juge. à l’ensemble des moyens communiquer aux services devenir pour autant une menace fin de la conversation : « Je crains tion de ses libertés. « Je n’ai rien à Il demande que cette durée puisse de communication utilisés : de renseignement les informations pour la sécurité nationale ? J’exagè- qu’un jour on me pose des ques- cacher, rien à me reprocher. Qu’on être illimitée. La détention serait téléphones fixes ou portables, qu’ils ont recueillies dans le cadre re mais en temps de guerre, on ne tions simplement parce que je suis écoute mes conversations amoureu- placée « sous la supervision d’un messageries Internet. de leurs enquêtes. La justification sait jamais. En fait, je préfère que immigrée. Je ne sais pas, c’est une ses, ça m’est égal. Je suis prête à ce juge de l’immigration », qui ne b Echanges de preuves. de cette interdiction nous renoncions temporairement à probabilité. Pourtant ici, nous qu’on instaure des contrôles dans les serait compétent que pour statuer Les écoutes ou tout autre est d’empêcher les agences nos libertés individuelles plutôt que vivons tous unis, jour après jour. Je rues, bien sûr. L’arrestation d’immi- sur le statut des personnes enregistrement de conversations de renseignement d’engager de voir notre pays bombarder paie mes impôts. Je suis une vraie grés, ça peut créer des injustices, détenues au regard effectués par les services de police des actions contre des personnes l’Afghanistan. » New-Yorkaise. » mais ça a toujours existé. Regardez des lois sur l’immigration. d’autres pays sont sans valeur qui n’ont pas encore été jugées L’attorney general (ministre de en face, les talibans, sont-ils des b Surveillance des devant la justice américaine. Le ou qui ont été relaxées. Dominique Le Guilledoux la justice) John Ashcroft, considéré amoureux de la liberté ? » comme l’un des plus conserva- Chaque matin autour de la teurs de l’administration Bush, n’a 74e Rue et de l’avenue Roosevelt pas perdu de temps. Quelques dans le Queens, Monami Maulic, En Grande-Bretagne, l’intransigeance et le pragmatisme jours après l’attaque contre le âgée de 25 ans, membre de Drum, World Trade Center, il envisage de une association d’aide aux immi- LONDRES tion serait très coûteuse – entre 600 millions et droit d’asile et la liberté de parole. L’immigra- faire adopter une série de mesures grés, rend visite aux commer- de notre correspondant 1 milliard de livres (entre 6,3 milliards et tion ? Le ministre a résumé la nouvelle politique pour lutter contre le terrorisme çants, parle avec les gens dans la « Vos papiers, s’il vous plaît ! » Ce dialogue de 10,6 milliards de francs) – et largement ineffica- du gouvernement en deux formules : il sera (lire ci-contre). Les associations de rue, majoritairement des Pakista- la rue, banal dans la plupart des pays d’Europe, ce contre des terroristes qui n’auraient « intransigeant » avec les trafiquants et « prag- les Britanniques ne l’imaginaient que dans leurs d’ailleurs pas de mal à fabriquer des faux. matique » avec les immigrants économiques. pires cauchemars. Farouchement attachés à « La Grande-Bretagne, a-t-il dit, ne peut pas deve- leur liberté individuelle, et à leur droit à l’anony- DES RÉFORMES DANS TROIS DOMAINES nir une forteresse. » Le système des permis de mat, l’idée qu’un policier pût exiger, en temps La carte d’identité – ou plutôt « la carte de séjour sera assoupli. Ainsi, les immigrants « uti- de paix, de vérifier à brûle-pourpoint leur identi- citoyen » –, dont la police britannique n’aurait de les » – médecins ou enseignants, par exemple – té les choquait profondément. Et puis il y eut le toute façon pas le droit d’exiger la présentation, pourront s’installer plus facilement et les étu- 11 septembre la nécessité, en Grande-Bretagne ce n’est pas pour demain. Le ministre de l’inté- diants étrangers travailler plus rapidement. comme ailleurs, de combattre plus efficace- rieur ne l’a pas retenue parmi les mesures urgen- « Faisons en sorte, a ajouté le ministre, de donner ment le terrorisme. Alors, il sembla que les tes visant à « dissuader et perturber le travail des ter- aux immigrants des moyens d’entrée qui n’obli- esprits étaient en train d’évoluer. roristes » dont il a annoncé les grandes lignes, mer- gent pas les gens à s’accrocher sous des camions Le ministre de l’intérieur, David Blunkett, fit credi 3 octobre, devant le congrès annuel du Parti pour traverser le tunnel sous la Manche. » savoir que la création d’une carte d’identité travailliste à Brighton. La procédure d’extradition, Le droit d’asile ? Sa législation sera durcie. nationale obligatoire était à l’étude. Au fil des qui dure souvent plusieurs années, va être révisée Mais les demandeurs d’asile n’ayant pas com- jours, l’émotion retombant, les opposants au et accélérée. Les institutions financières seront mis de crimes ne seront plus placés en déten- projet donnèrent de la voix et se firent enten- contraintes de signaler toute transaction soupçon- tion dans des centres spécialisés. La liberté de dre d’autant plus facilement que les inconvé- née d’avoir un lien avec une organisation terroris- parole ? Elle ne sera plus sans bornes. La loi nients du projet semblent l’emporter sur les te. Les transporteurs aériens et maritimes devront punira l’« incitation à la haine religieuse ». Tou- avantages. La carte d’identité permettrait, cer- conserver, pour un usage éventuel par la police, tes ces réformes seront proposées au Parle- tes, de traquer plus facilement les immigrants les informations sur leurs passagers et sur le fret. ment avant la fin du mois. clandestins, les faux demandeurs d’asile ou les David Blunkett a, en outre, annoncé des réfor- fraudeurs en tous genres. Mais son introduc- mes dans trois domaines : l’immigration, le Jean-Pierre Langellier L’Allemagne remet en vigueur le « quadrillage informatique » BERLIN te quelque douze millions d’enre- de la responsabilité des ambassa- ristes présumés impliqués dans les de notre correspondant gistrements, ceux des universités, des et des consulats ; d’exiger des attentats du 11 septembre – aurait Le procédé avait donné de bons des caisses d’assurance maladie ou étrangers leurs empreintes digita- déjà remis à la police les dossiers résultats dans les années 1970, lors- encore celui des clients de la com- les, voire d’étendre l’obligation de tous leurs étudiants originaires que toutes les polices d’Allemagne pagnie d’électricité. D’autres aux Allemands eux-mêmes qui du Moyen-Orient. pourchassaient les membres de la fichiers qui, jusqu’alors, demeu- pourraient bientôt être nantis de Les Verts, qui participent au gou- Rote Armee Fraktion (RAF, Frac- raient hors de portée des services nouveaux papiers d’identité. Cer- vernement, n’ont jusqu’à présent tion armée rouge), groupe « anti- tains, enfin, entendent rendre plus pas pipé mot. Officiellement, il n’y impérialiste » qui s’était lancé sévères les contrôles sur les étran- a encore aucun conflit entre les dans l’assassinat et le détourne- Selon le « Berliner gers en instance de naturalisation, composantes de la coalition. La ment d’avions. La police criminelle alors que d’autres parlent de réexa- semaine dernière, comme s’il (BKA) avait alors mis au point une Zeitung », miner le statut de tous les s’agissait de prévenir tout risque, méthode dite du « quadrillage étrangers. Peter Struck, chef du groupe parle- informatique » consistant à accu- l'université Ces mesures encore officieuses, mentaire socialiste, a prévenu les muler toutes les informations pos- dont le détail pourrait être rendu Verts que leur place au sein de la sibles, des plus sérieuses aux plus de Hambourg aurait public au début de la semaine pro- coalition serait en danger s’ils se futiles, sur des suspects avérés ou chaine, suscitent déjà quelques montraient réticents à soutenir potentiels, puis de les croiser avec déjà remis à la police inquiétudes. Nadeem Elyas, prési- une participation allemande à une les fichiers des personnes résidant dent du Conseil central des musul- riposte antiterroriste. La menace en Allemagne. les dossiers des mans d’Allemagne, a ainsi mis en visait spécifiquement une éventuel- Depuis le début de la semaine, garde les autorités contre la « dis- le opération militaire, mais rien psychose antiterroriste aidant, le étudiants originaires crimination » et les « préjudices » n’interdit de penser qu’elle s’appli- quadrillage informatique est de que le climat ambiant pourrait sus- que aussi aux mesures que le gou- nouveau à l’honneur en Républi- du Moyen-Orient citer. Selon le quotidien Berliner vernement va bientôt annoncer. que fédérale. Ironie de l’histoire, il Zeitung, l’université de Hambourg le doit au ministre socialiste de l’in- – où ont étudié plusieurs des terro- Georges Marion térieur, Otto Schily, qui, dans les de police, pourront bientôt leur années 1970, alors qu’il était avo- être accessibles. Depuis le début cat, avait assuré la défense de plu- de la semaine, les experts techni- sieurs des plus célèbres membres ques et politiques se concertent de la RAF. Confronté aux résultats pour étudier les conséquences de d’une enquête qui indique que son ces mesures nouvelles sur la pro- pays a servi de havre aux terroris- tection des données et la sauvegar- tes, le ministre de l’intérieur, de des libertés individuelles. Paral- depuis le 11 septembre, a multiplié lèlement, le ministère de l’inté- les déclarations soulignant sa rieur et de la justice envisage de détermination à mobiliser tous les favoriser l’échange de données moyens nécessaires pour retrou- entre les différents Länder, et, ver leurs complices et empêcher pour cela, d’abolir les textes ou les de nouveaux attentats. Vendredi pratiques qui y font obstacle. 28 septembre, à Bruxelles, Otto Il est aussi question de permet- Schily a proposé l’extension du tre aux autorités policières de se quadrillage informatique à tous les saisir plus rapidement qu’aupara- pays de l’Union européenne. vant de dossiers qui n’en sont Le plan informatique, entré en qu’au stade du soupçon ; d’assou- application lundi 1er octobre, pré- plir le secret bancaire ; de réfor- voit l’examen systématique de mer la procédure d’octroi des visas fichiers administratifs divers, tels qui, contrairement à la France, le fichier des étrangers qui compor- n’est pas centralisée et demeure LA CRISE INTERNATIONALE APRÈS LE 11 SEPTEMBRE LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 / 9 Mis en examen et écroué, conteste avoir participé à la préparation d’attentats en France Il est soupçonné d’être chargé des communications du réseau islamiste dirigé par

KAMEL DAOUDI a été mis en aurait néanmoins admis connaître lors d’une perquisition à l’apparte- nistan. Selon nos informations, Dja- examen, mercredi 3 octobre à Paris, plusieurs autres membres du grou- ment occupé par le jeune homme mel Beghal, qui est revenu sur ses pour « association de malfaiteurs en pe, dont Djamel Beghal, lui-même, avec Djamel Beghal, boulevard Ken- aveux, lundi 1er octobre (Le Monde relation avec une entreprise terroris- et , l’ancien footbal- nedy à Corbeil (Essonne). du 4 octobre), dans le bureau du te » et « usage de faux documents leur professionnel ayant joué en Alle- Lors de la même opération, du juge Jean-Louis Bruguière, aurait administratifs » par le juge d’instruc- magne, qui a été interpellé à Bruxel- matériel informatique et des docu- mis hors de cause plusieurs des tion antiterroriste Jean-François les le 13 septembre. Selon une sour- ments rédigés en arabe avaient été autres personnes mises en examen. Ricard, et écroué. Agé de vingt-sept ce proche du dossier, ces deux hom- découverts par les policiers. Ils sont Ainsi, Kamel Daoudi, n’aurait ans, Kamel Daoudi avait échappé mes auraient joué un rôle détermi- toujours en cours d’expertise. Kamel jamais, selon lui, participé à la prépa- au coup de filet policier du 21 sep- nant dans son itinéraire qui l’a con- Daoudi, qui a reçu une formation ration d’attentats en France ; il serait tembre au cours duquel sept person- duit à l’islam fondamentaliste. d’informaticien, avait exercé dans une simple relation religieuse. nes, soupçonnées d’appartenir à un un cyber-café d’Athis-Mons (Esson- Kamel Daoudi a connu Djamel réseau islamiste proche d’Oussama VOYAGE EN AFGHANISTAN ne). Il avait été désigné par Djamel Beghal, il y a environ trois ans. Ce Ben Laden, avaient eté interpellées Interrogé sur certains objets Beghal, lors de son interrogatoire à n’est que l’année dernière, que le (Le Monde du 22 septembre). Le – des réveils démontés, des carcas- Dubaï, comme le responsable des jeune homme se serait rallié à un jeune homme avait pris la fuite à ses de téléphone cellulaire – qui, communications du réseau. Il aurait islam radical. Il aurait effectué plu- bord de l’Eurostar. Arrêté le 25 sep- selon les enquêteurs, auraient pu notamment été chargé d’assurer la sieurs séjours en Belgique et en Alle- tembre à Leicester dans le centre de servir de systèmes de mise à feu liaison entre les membres du groupe magne chez Nizar Trabelsi, soupçon- l’Angleterre et de nationalité fran- d’engins explosifs, Kamel Daoudi installés en région parisienne, et né par les enquêteurs d’être l’artifi- çaise, il avait été expulsé vers la aurait contesté en être le propriétai- ceux qui résidaient en Belgique et cier et le « kamikaze » du groupe. Il France dans la nuit du 28 au 29 sep- re. Ces pièces avaient été saisies, aux Pays-Bas, ainsi qu’avec l’Afgha- devait, selon les policiers, faire sau- tembre pour séjour irrégulier sur le ter un engin explosif à l’ambassade territoire britannique. des Etats-Unis à Paris. Kamel Daou- Selon des sources proches de l’en- Un spécialiste de l'informatique ? di se serait aussi rendu plusieurs fois quête, il a refusé de s’expliquer en Angleterre, à Leicester, où il avait devant le juge Ricard. Il s’était mon- Quelles sont les réelles compétences informatiques de Kamel Daou- fait la connaissance d’un dignitaire tré à peine plus loquace devant les di ? Présenté comme « l'expert » du réseau démantelé par la police religieux, Abou Abdallah. Au prin- policiers de la direction de la sur- française, il avait commencé une licence à l'université de Jussieu en temps dernier, Kamel Daoudi s’était veillance du territoire (DST), où il 1995, mais n'avait pas obtenu le diplôme. Féru d'informatique, Kamel rendu en Afghanistan pour y suivre avait été placé en garde à vue, same- Daoudi avait suivi, dès son plus jeune âge, des cours d'initiation à la une formation religieuse et militaire di 29 septembre. Il avait cependant mairie du Ve arrondissement de Paris, où sa famille résidait. En mars dans un camp de Jalalabad. Il y avait MAX NASH / AP contesté toute participation à la pré- 1998, il avait été recruté comme emploi-jeune par la mairie d'Athis- croisé Djamel Beghal pour la derniè- a LONDRES. Les mesures de sécurité ont été renforcées paration d’actes terroristes contre Mons, au cyber-espace de cette commune de l'Essonne. Selon son re fois en juin. autour et dans les aéroports britanniques depuis le 11 septembre. des intérêts américains à Paris, dont entourage, il était cependant loin d'être « un génie de l'informati- Ici, des policiers armés, accompagnés de leurs chiens, est soupçonné le réseau dirigé par que » : il n'était, par exemple, pas capable d'établir une programma- Pascal Ceaux devant l’aéroport de Heathrow. Djamel Beghal. Kamel Daoudi tion, selon la même source ni de « coder des messages ». et Fabrice Lhomme A Paris, première audience du procès de l’« affaire Mamache » LES CROQUIS ont été décou- des preuves ! » Avec le même verts sur les pages d’un carnet, aplomb, le prévenu écarte les accu- saisi lors d’une perquisition effec- sations de « fou de Dieu, capable tuée en 1997 au domicile de Nacer de tout pour sa foi » portées contre Mamache. Sur une dizaine de lui par trois relations, autant de feuilles, l’auteur y détaillait la fabri- « paroles en l’air » et de « déclara- cation méthodique d’un lance- tions suggérées par la DST » qu’il roquettes, en précisant la nature et conteste formellement. l’épaisseur du métal employé, le Et cette mention du « Luxem- diamètre des pièces, leur ordre bourg » griffonnée dans son car- d’agencement… « Ce n’est pas un net, confirmant un renseignement dessin, juste un croquis fantaisiste », des autorités du grand-duché où il corrige M. Mamache, le premier devait se rendre pour « enlever des des vingt-quatre islamistes présu- armes et des explosifs » ? « Une més interrogé, mercredi 3 octobre, énormité dont j’aimerais connaître par la seizième chambre du tribu- l’auteur et les fondements », répli- nal de grande instance de Paris. que M. Mamache. Son innocence, M. Mamache ne Les fondements ? Ils sont réper- cesse de la proclamer, avec un léger toriés à la cote D.7718, celle d’un accent du Sud, tout au long de rapport des autorités luxembour- l’audience. C’est pourtant sur des geoises s’appuyant sur « tout un éléments le concernant que l’affai- faisceau de recoupements de sour- re à laquelle il a donné son nom a ces distinctes », selon lesquelles commencé, le 21 janvier 1997, avec M. Mamache devait enlever « des son interpellation à Nice, à la suite choses », correspondant « proba- de plusieurs mois de surveillance blement » à des armes et à des de la direction de la sûreté du terri- explosifs… Il n’en faut pas plus à la toire (DST). Emprisonné pendant défense pour fustiger, une fois de plus de deux ans, cet électro- plus, « des supputations privées de technicien de quarante ans est accu- sé d’avoir participé, à l’instar des vingt-trois autres prévenus, à une Le dessin d’un association de malfaiteurs « en rela- tion avec une entreprise terroriste » lance-roquettes ? spécialisée dans le trafic d’armes, de voitures et de faux papiers à des- Le prévenu y voit un tination du Groupe islamique armé (GIA) algérien. Agés de vingt-neuf exploit susceptible à cinquante ans, tous Algériens ou d’origine algérienne, les vingt-qua- d’« enflammer tre prévenus sont, en outre, soup- çonnés d’appartenir au Takfir, ce un esprit littéraire » mouvement extrémiste islamiste qui a adhéré en 1999 à la mouvance internationaliste d’Oussama Ben tout élément objectif pour les confir- Laden (Le Monde du 1er octobre). mer ». « On discute dans le vide », Ancien collecteur de fonds pour résume Me Alain Delestre. le GIA, Nacer Mamache aurait ain- Reste ce lance-roquettes, que si acheminé, à partir de 1995, du des experts ont été jusqu’à cons- matériel militaire à destination du truire selon ces « croquis fantaisis- maquis algérien. A-t-il obéi, à cet- tes » dessinés « dans un te occasion, aux ordres de Moham- brouillon », et dont le président du med Kerrouche, l’organisateur et tribunal loue « la bonne efficacité l’« idéologue » présumé du jusqu’à une portée de 150 mètres ». réseau, présent dans le box des Le prévenu, qui aurait tout aussi accusés et déjà condamné à huit bien pu « dessiner une fusée Aria- ans de prison en 1998 pour son ne », y voit au mieux un exploit sus- rôle dirigeant dans un autre réseau ceptible d’« enflammer un esprit lit- islamiste, celui de Mohammed téraire », au pire une expertise réa- Chalabi ? « Je ne le connais pas, je lisée certes à sa demande, mais ne l’ai jamais contacté », assure le dans le seul but de lui nuire, « sur prévenu, qui a toutefois reconnu instruction du juge » antiterroriste avoir vendu en Algérie des voitu- Jean-Louis Bruguière, qu’il accuse res achetées en région parisienne. d’avoir monté un dossier « unique- Derrière lui, Mohammed Kerrou- ment à charge ». che, la barbe soigneusement Le premier substitut du procureur, taillée, confirme. « Tout cela, c’est Michel Debacq, n’en reste pas moins du délire policier », soupire-t-il. persuadé que « les lance-roquettes Comment expliquer, dans ce sont fabriqués par des scientifiques cas, tous les appels téléphoniques comme M. Mamache, engagés dans passés d’une cabine publique de la lutte radicale islamiste à laquelle ils Nice vers la ligne de M. Kerrouche, apportent à tout moment leur sou- alors en fuite à Londres ? « Comme tien ». L’audience devait reprendre, tout le monde, il m’arrive d’appeler jeudi 4 octobre, avec l’audition de d’une cabine, plaide M. Mamache. Mohammed Kerrouche. Le reste est très contestable. Alors, arrêtez de penser et montrez-nous Alexandre Garcia 10 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001

RELIGIONS La pratique religieu- du ramadan, selon le sondage réalisé sur deux échantillons, représenta- tion, a progressé : l’islam est mieux b LA CONDAMNATION DES ATTEN- se musulmane en France est en haus- par l’IFOP pour Le Monde, Le Point et tifs, l’un des musulmans de France, accepté par la société française tan- TATS est quasi unanime chez les se, qu’il s’agisse de la prière quoti- Europe 1, qui permet des comparai- l’autre de la population totale. dis qu’un nombre accru de musul- musulmans, dont moins d’un tiers dienne, de la fréquentation des mos- sons avec des enquêtes menées b L’INTÉGRATION DES MUSUL- mans estime que la laïcité permet à ont constaté une montée de l’hostili- quées ou de l’observation du jeûne en 1989 et 1994. b L’ENQUÊTE porte MANS, loin de pâtir de cette évolu- toutes les religions de s’exprimer. té à leur égard en France. Plus pratiquants, les musulmans de France sont aussi mieux intégrés Réalisé par l’IFOP après les attentats du 11 septembre, un sondage pour « Le Monde », « Le Point » et Europe 1 permet des comparaisons avec des enquêtes menées en 1989 et 1994. Il reflète à la fois le renforcement des pratiques religieuses et l’image plus positive de l’islam dans l’opinion française

C’EST LA GRANDE SURPRISE sonnes interrogées se déclarant sim- quée le vendredi, contre 27 % des de ce sondage, réalisé entre le 22 et plement « d’origine musulmane » Diriez-vous que vous êtes vous-même... POPULATION MUSULMANE Marocains). le 28 septembre, soit très peu de est en baisse, passant de 20 % en b Le jeûne et le pèlerinage. 2001 1 temps après les attentats de New 1989 à 16 % en 2001. 42 42% Ces deux obligations, qui font par- York et de Washington. En pleine L’ancienneté de l’installation en tie des cinq piliers de l’islam (avec MUSULMAN CROYANT 38% période de tensions, à l’heure où l’is- France n’est pas forcément synony- 5 36% la profession de foi, les cinq priè- lam est au centre des débats, l’en- me d’abandon de la foi, même si res quotidiennes et l’aumône léga- 16 37% quête de l’IFOP donne l’image elle s’accompagne souvent d’un MUSULMAN CROYANT le), sont davantage respectées 27 d’une religion musulmane apaisée, déclin de la pratique religieuse. On 42 % ET PRATIQUANT qu’en 1994. Elles font même l’ob- de mieux en mieux acceptée par la constate ainsi que les musulmans 20% jet d’un intérêt nouveau chez les société française, sans qu’elle ait été présents en France depuis moins 24 jeunes générations. 16% obligée, en contrepartie, de perdre de dix ans sont davantage prati- D'ORIGINE MUSULMANE Le hadj, ou « grand pèleri- son âme. Une évolution qu’on pour- quants que ceux nés en France 36 % nage », est généralement considé- rait résumer par cette formule : l’in- (44 % de « croyants et pratiquants » ré comme une préoccupation de tégration sans la sécularisation. chez eux, contre 28 % chez les SANS RELIGION 4% 5 5% fin de vie, le voyage qu’on envisa- Les indicateurs de pratique reli- « natifs »). Cependant, 43 % des 2 1% ge à partir de la retraite. Sans sur- 1% gieuse sont en effet à la hausse. musulmans nés en France se consi- AUTRE RELIGION prise, le sondage confirme que les Qu’il s’agisse de la prière quo- dèrent comme des « croyants » 1989 1994 2001 plus nombreux à l’avoir accompli tidienne, de la fréquentation de non pratiquants, et seulement sont les plus de 55 ans (26 % d’en- la mosquée ou de l’observation 18 % d’entre eux se définissent sim- tre eux se sont rendus à La Mec- Cette année, vous avez jeûné... ? Priez-vous chaque jour ? du jeûne du ramadan, l’islam de plement comme « d’origine musul- que, contre 1 % des 16-24 ans). Il France est davantage pratiquant. mane ». PENDANT TOUT LE RAMADAN 2001 33% OUI est plus étonnant de relever que Au même moment, l’image de la Cette enquête met en évidence 69 % des 16-24 ans affichent leur rappel 31% religion musulmane s’améliore l’apparition d’une classe moyenne 2001 70 % 1994 volonté de faire le pèlerinage dans la population française. supérieure, dans laquelle les prati- « dans les prochaines années », con- rappel Le sondage a été réalisé en deux quants sont plus nombreux que les 60% 1989 41% tre 61 % chez les 25-34 ans et 55 % 1994 volets : auprès d’un échantillon de non-pratiquants. Chez les person- chez les 35-54 ans. On pourrait Allez-vous à la mosquée le vendredi ? 548 personnes représentant la po- nes ayant un niveau d’études supé- 1989 60% dire, en forçant à peine le trait, pulation musulmane résidant en rieures, 39 % se définissent comme 2001 20% OUI que le pèlerinage, qui était une France ; auprès d’un deuxième « croyants et pratiquants »,33% rappel « affaire de vieux », est devenu échantillon de 940 personnes comme « croyants », 19 % comme Vous arrive-t-il de boire de l'alcool ? 1994 16% une « affaire de jeunes », au représentant la population totale « d’origine musulmane » et 9 % moins à l’état de projet… 16% de la France. Deux précédentes comme « sans religion ». En défini- 65 1989 Le jeûne du ramadan reste le 64 61 enquêtes de 1994 et 1989, réalisées tive, les plus pratiquants se recru- 35 39 35 Par rapport au pèlerinage à La Mecque, marqueur identitaire par excel- dans les mêmes conditions et tent aux deux extrémités de l’échel- quelle est votre situation ? lence de l’identité musulmane. Cet- publiées dans Le Monde, permet- le sociale : chez les personnes 2001 rappel te pratique, qui est la mieux respec- tent d’établir des comparaisons n’ayant jamais suivi d’études ou 1994 tée, est nettement en hausse, pas- sur le long terme. seulement des études primaires, et VOUS NE L'AVEZ PAS ENCORE FAIT, sant de 60 % de personnes affir- b 2001 1994 1989 MAIS VOUS COMPTEZ LE FAIRE DANS L’appartenance religieuse. chez les mieux formés. Les moins LES PROCHAINES ANNÉES 58% 55% mant avoir « jeûné pendant tout le La tendance de fond est une affir- pratiquants sont ceux qui ont OUI NON ramadan » en 1989 et 1994 à 70 % mation plus forte de l’identité re- atteint un niveau d’enseignement en % de personnes sondées en 2001. La variable âge trace une ligieuse. 36 % de l’échantillon technique ou professionnel. courbe en « U » : les plus nom- musulman se déclarent « croyants b La prière. Tous les indica- le vendredi », contre 16 % en 1994 hommes affirment s’y rendre, essentiellement d’origine marocai- breux à respecter intégralement le et pratiquants ». Ce chiffre est en teurs semblent montrer l’exis- et 1989. Le nombre de musulmans contre 8 % des femmes. Celles-ci ne, tunisienne ou turque. Dans jeûne sont les plus de 55 ans hausse par rapport à 1994 (27 %), tence d’un mouvement de fond de qui s’abstiennent d’alcool, obéis- sont en revanche plus assidues à la l’échantillon musulman, les plus (84 %) et les moins de 24 ans mais en légère baisse par rapport à « réislamisation », ou en tout cas sant à une prescription coranique, prière quotidienne : elles sont assidus à la prière du vendredi (74 %). la première enquête de 1989 (37 %). de regain de la pratique religieuse, est en légère hausse (64 %, contre 35 % à prier tous les jours, contre sont les Tunisiens (ou les person- L’évolution se confirme à partir des après un léger creux ou une stagna- 61 % en 1994). 32 % des hommes. Les femmes nes nées de père tunisien), suivis X. T. autres réponses. En 1989, 38 % des tion en 1994. 33 % des musulmans La fréquentation de la mosquée sont aussi plus nombreuses à res- des Turcs, des Marocains et des musulmans sondés se déclaraient interrogés affirment prier chaque reste une affaire d’hommes, selon pecter le ramadan (73 %, contre Français, les Algériens étant les e L’intégralité de l’enquête IFOP « croyants » contre 42 % en 2001. jour, contre 31 % en 1994. 20 % une habitude fermement ancrée 68 % chez les hommes). plus sécularisés (seulement 13 % est disponible sur notre site En sens inverse, le nombre des per- vont « généralement à la mosquée dans les mœurs : 29 % des L’islam pratiquant en France est d’entre eux fréquentent la mos- www.lemonde.fr

Etes-vous favorable à l'édification de mosquées en France lorsque les croyants Une meilleure Représentation de l'islam dans le champ politique musulmans le demandent ? en % de personnes sondées POPULATION MUSULMANE POPULATION TOTALE acceptation POPULATION TOTALE ETES-VOUS HOSTILE À L'EXISTENCE DE PARTIS POLITIQUES 100 100 FAVORABLE par l’opinion OU DE SYNDICATS SE RÉFÉRANT À L'ISLAM OUI 79 % 83 % 80 80 À LA QUESTION « Entre les mots 2001 52 % suivants, quels sont les trois qui cor- rappel 74 % 70 % 60 60 respondent le mieux à l’idée que 1994 INDIFFÉRENT vous vous faites de l’islam ? »,22% 1989 68 % 38 % 37 % 46 % des personnes interrogées dans 40 40 l’échantillon « population totale » 18 % 33 % 31 % placent en premier le mot « fanatis- 30 % ETES-VOUS HOSTILE À L'ÉLECTION D'UN MAIRE D'ORIGINE MUSULMANE 20 11 % INDIFFÉRENT 26 % me », contre 37 % en 1994. C’est FAVORABLE DANS LA COMMUNE OÙ VOUS HABITEZ 6% 12 % 22 % peut-être l’information la plus OUI 31 % OPPOSÉ inattendue de notre sondage : le 0 8% 3% 0 2001 35 % OPPOSÉ contexte lié aux attentats n’a pas rappel inversé une tendance de fond, qui 55 % 1989 1994 2001 1989 1994 2001 est une amélioration de l’image de 1994 l’islam dans la société française. 1989 63 % Tous les mots à connotation posi- tive progressent dans les réponses, en % de personnes sondées Entre les mots suivants, quels sont les trois qui correspondent tandis que ceux à connotation Fiche technique le mieux à l'idée que vous vous faites de l'islam ? négative, qui restent majoritaires, construction de mosquées n’est L’enquête menée auprès de sont moins souvent choisis, à l’ex- plus un sujet de polémique. Cette l’« échantillon musulman » met en L’enquête Le Monde-Le Point- POPULATION ception de « rejet des valeurs occi- indifférence, presque majoritaire, évidence une acceptation massive Europe 1 a été réalisée par l’IFOP D'ORIGINE POPULATION dentales » et de « violence », qui est la preuve d’une banalisation de du modèle de la laïcité à la françai- à partir de deux échantillons. Le MUSULMANE TOTALE progressent légèrement. l’islam dans le paysage français. se. 76 % des sondés pensent que ce premier est constitué de 940 per- Les autres questions confirment Sans surprise, les appartenances principe « permet aux croyants de sonnes représentatives de la 2001 rappel 2001 rappel que l’islam est de mieux en mieux politiques jouent un rôle important toutes les religions d’exprimer leur 1994 1994 population habitant en France en % accepté par l’opinion française, y dans l’attitude à l’égard de l’islam : foi » (72 % en 1994). Ils sont plus âgée de 18 ans et plus, selon la compris dans le champ politique. 41 % des personnes proches de la nombreux qu’en 1994 à penser que méthode des quotas (sexe, âge, L’hostilité à l’existence « de partis gauche sont favorables à l’édifica- la laïcité « favorise » l’islam (7 %, profession du chef de famille), JUSTICE 38 17 6 2 politiques ou de syndicats se référant tion de lieux de culte musulmans, au lieu de 4 %) et, symétriquement, après stratification par région et à l’islam » passe de 68 % des répon- contre 24 % pour les personnes pro- moins nombreux à penser qu’elle catégorie d’agglomération. Les LIBERTÉ 22 17 8 6 ses en 1989 à 52 % en 2001. L’évo- ches de la droite et 37 % chez les le défavorise (8 %, au lieu de 11 %). entretiens ont été réalisés par lution est encore plus nette en ce écologistes. La variable âge induit La proposition « Plus on est inté- téléphone, au domicile des per- qui concerne « l’élection d’un maire aussi des différences significatives : gré à la société française, moins on DÉMOCRATIE 11 21 5 3 sonnes interrogées, les 27 et d’origine musulmane » dans la com- 39 % des moins de 35 ans sont favo- est musulman » ne recueille que 28 septembre. mune des personnes interrogées : rables à la construction de mos- 22 % d’approbation (contre 33 % PROTECTION Le deuxième échantillon est DE LA FEMME 9 14 6 5 les réponses hostiles passent de quées ; ce chiffre tombe à 26 % en 1989). A l’inverse, la phrase constitué de 548 personnes âgées 63 % en 1989 à 35 % en 2001. chez les plus de 35 ans. « On doit pouvoir vivre en France en de 16 ans et plus, qui ont déclaré SOUMISSION 6 9 18 24 Sur la question de l’édification respectant toutes les prescriptions de appartenir à une famille d’ori- de mosquées, les réponses favora- LAÏCITÉ À LA FRANÇAISE l’islam » est approuvée par 82 % gine musulmane, habitant en bles stagnent autour de 30 %. Paral- En termes d’appartenance reli- de l’échantillon musulman (contre FANATISME 2 7 22 37 France. L’IFOP a déterminé, à lèlement, les réponses défavora- gieuse, il est intéressant de relever 71 % en 1989). Tout se passe partir des statistiques de l’Insee bles chutent fortement, passant de que les catholiques pratiquants comme si la laïcité était de plus en REJET DES VALEURS sur l’immigration en France et 38 % en 1989 à 22 % en 2001. Là réguliers sont majoritairement plus perçue par les musulmans OCCIDENTALES 1 5 17 12 d’études précédentes, des quotas encore, l’évolution est très nette. (51 %) favorables à la construction comme une chance, ou en tout cas indicatifs (sexe, âge, profession), VIOLENCE 1 2 8 5 L’écart entre réponses « favora- de mosquées (19 % sont d’un avis comme un cadre favorable à l’in- après stratification par région et bles » et « opposées » va nourrir le opposé), les plus hostiles étant les tégration de leur religion dans le catégorie d’agglomération. Les groupe des « indifférents », qui aug- catholiques « non pratiquants mais paysage français. NE SE PRONONCENT PAS 10 8 10 6 entretiens ont eu lieu en tête à mente pour atteindre presque la croyants » (30 % favorables, 28 % tête du 22 au 25 septembre. moitié de l’échantillon (46 %) : la hostiles). X. T. FRANCE LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 / 11

Pour chacune de ces opinions à propos des attentats, pouvez-vous me dire si vous êtes d'accord ou pas d'accord L’immense majorité des musulmans juge

POPULATION MUSULMANE PAS D'ACCORD D'ACCORD le terrorisme contraire aux préceptes du Coran

Un musulman ne peut pas se réjouir Pour 67 % d’entre eux, les attentats du 11 septembre n’ont pas provoqué de montée de l’islamophobie de tels attentats car l'islam condamne ce type d'actes 92 % 4% LA CONDAMNATION des atten- L’attitude des musulmans à premier ministre Lionel Jospin 11 % des 25-34 ans et 8 % des plus tats est massive dans la communau- l’égard de la politique française au (66 %). Du côté des personnalités de 55 ans. té musulmane. Selon l’IFOP, 92 % Proche-Orient est beaucoup plus internationales, la cote de Yasser Après les attentats, plusieurs des personnes de « l’échantillon nuancée : 37 % des musulmans Arafat, le chef de l’Autorité palesti- enquêtes de terrain ont fait état Les auteurs de tels attentats musulman » sont d’accord avec la interrogés se disent favorables à nienne, a baissé par rapport à l’en- d’un accablement et d’une inquiétu- ne peuvent pas se dire musulmans proposition « Un musulman ne peut l’attitude de la France dans le con- quête de 1994 (57 % d’opinions de chez les musulmans de France : car l'islam est une religion de paix 90 % 6% pas se réjouir de tels attentats car l’is- flit israélo-palestinien, tandis que favorables, contre 63 %), comme de nombreuses personnes rencon- et de modération lam condamne ce type d’actes »,et 39 % s’y déclarent opposés. celle de Saddam Hussein, le chef trées par les journalistes disaient seulement 4 % ne sont pas d’ac- A la suite des attentats du 11 sep- de l’Etat irakien, qui ne recueille faire l’objet d’une hostilité accrue cord. Dans le même sens, 90 % des tembre, 70 % des sondés musul- que 22 % d’opinions favorables de la part des non-musulmans (Le musulmans interrogés approuvent mans se disent favorables «à ce (contre 26 %). Monde du 1er octobre). Le sondage On peut comprendre que la la phrase « Les auteurs de tels atten- que la France aide les Etats-Unis nuance cette première impression, politique américaine à l'égard tats ne peuvent pas se dire musul- dans la recherche des réseaux terro- puisque seulement 30 % des person- du Proche-Orient ait pu pousser mans car l’islam est une religion de ristes responsables », tandis que Seul un tiers des nes interrogées affirment avoir à bout des extrémistes islamistes 68 % 21 % paix et de modération » (6 % ne sont 23 % s’y déclarent opposés. En constaté « une modification des atti- pas d’accord). Cependant, 68 % des revanche, l’opinion des musul- interrogés a constaté tudes » à leur égard depuis les atten- personnes interrogées affirment mans est beaucoup plus réservée à tats. Ce qui n’empêche pas 60 % qu’elles peuvent « comprendre que l’égard d’un éventuel engagement « une modification des des musulmans de se dire inquiets 5 millions de fidèles, sans instance représentative la politique américaine à l’égard du militaire de la France : seulement face à une potentielle augmenta- Proche-Orient ait pu pousser à bout 23 % des personnes interrogées attitudes » à son égard tion du racisme à leur égard. b Population. On évalue en L’islam turc, surtout présent des extrémistes islamistes » (21 % approuveraient « la participation De ce point de vue, il est intéres- France à près de 5 millions le dans l’Est de la France, se divise désapprouvent la formule). de la France à une guerre dirigée depuis les attentats sant de relever que les musulmans nombre de musulmans, dont une en trois branches : le Ditib, Cette nuance est à mettre en rela- contre les Etats qui ont hébergé ou sont plutôt moins inquiets que la moitié de nationalité française. ou présidence des affaires tion avec la position des musul- aidé les terroristes »,et69%y population totale sur les possibles Parmi les étrangers, le groupe religieuses, placé sous le contrôle mans sur le conflit israélo-palesti- seraient opposées. Si l’on prend Dans le contexte actuel, Oussa- retombées intérieures d’une action maghrébin est largement du gouvernement turc ; nien. Parmi eux, 78 % se déclarent l’ensemble de la population françai- ma Ben Laden, désigné comme le militaire de la France contre un majoritaire. Les principaux lieux le Milli Görüs, lié au Parti « opposés » à la politique suivie par se, on constate que l’opinion est responsable des attentats du 11 sep- Etat islamique. 83 % pensent que d’implantation sont islamiste de Necmettin Erbakan ; les Etats-Unis au Proche-Orient, et beaucoup plus nuancée et parta- tembre, recueille 12 % d’opinions « cela augmenterait le risque d’atten- l’Ile-de-France (35 %), la confrérie mystique seulement 7 % s’y déclarent « favo- gée : 49 % serait favorables une par- favorables dans l’échantillon musul- tats sur le territoire français » (88 % Provence- Alpes -Côte d’Azur des Süleymanci. rables ». Une position beaucoup ticipation française à une guerre, man. Cela le place toutefois devant dans la population totale), et 78 % (20 %), Rhône-Alpes (15 %) La Fédération française des plus tranchée que celle de la popu- tandis que 49 % y seraient opposés. Ariel Sharon, le premier ministre estiment que « cela pourrait entraî- et le Nord - Pas-de-Calais (10 %). associations islamiques d’Afrique, lation française dans son ensem- Le président Jacques Chirac arri- israélien, qui n’en recueille que 9 %. ner des incidents graves entre les dif- b Mosquées. La France des Comores et des Antilles ble : 50 % de l’échantillon « popula- ve en tête des personnalités dont Les jeunes sont plus nombreux à férentes communautés » (84 % dans compterait plus de (FFAIACA) déclare représenter tion totale » désapprouve la politi- les musulmans ont une « bonne opi- avoir une « bonne image » du mil- la population totale). 1 500 mosquées et salles de prière, plusieurs mosquées « africaines ». que américaine, tandis que 39 % nion », avec 67 % de réponses favo- liardaire saoudien réfugié en Afgha- mais plus des deux tiers L’islam d’Afrique subsaharienne l’approuvent. rables. Il devance (de très peu) le nistan : 18 % des 16-24 ans, contre X. T. accueillent moins de 150 fidèles. est organisé en confréries. Une vingtaine de mosquées b Consultation. peuvent recevoir plus de En novembre 1999, Jean-Pierre Suite aux attentats, êtes-vous favorable ou opposé ... Si la France participait à une action militaire menée à l'encontre 1 000 personnes. Il n’existe que Chevènement, alors ministre d'un Etat islamique, pensez-vous que cela... 5 mosquées « architecturales », de l’intérieur, a lancé une … à ce que la France aide les Etats-Unis dans la recherche des réseaux c’est-à-dire construites « consultation des musulmans terroristes responsables ? spécialement pour cet usage. de France » destinée à aboutir POPULATION POPULATION POPULATION MUSULMANE TOTALE Les autres grandes mosquées à la création d’une instance MUSULMANE 70% sont installées dans d’anciens représentative du culte entrepôts, des friches industrielles musulman. Elle rassemble POPULATION 92% TOTALE ... augmenterait le risque ou des pavillons aménagés. six fédérations, quatre mosquées d'attentats sur le territoire 83 % 88 % b Fédérations. Plusieurs indépendantes et six ... à la participation de la France à une guerre dirigée contre les Etats français ? fédérations nationales affirment « personnalités qualifiées ». qui ont hébergé ou aidé les terroristes ? représenter les musulmans et La consultation devrait organiser, ... pourrait entraîner des fédérer plusieurs mosquées au début de 2002, l’élection POPULATION 23% incidents graves entre les et salles de prière. La Grande d’une assemblée générale MUSULMANE 78 % 84 % différentes communautés Mosquée de Paris, inaugurée en par des représentants désignés POPULATION 49% en France ? 1926, est placée sous le contrôle du à partir des lieux de culte. TOTALE gouvernement algérien depuis 1982 et regroupe des mosquées dont les imams sont rétribués par Alger. Avez-vous constaté autour de Avez-vous plutôt une bonne opinion de… ? Etes-vous favorable à la politique suivie par la France dans L’Association des étudiants vous une modification des le conflit israélo-palestinien ? islamiques de France (AEIF), créée attitudes à l'égard des POPULATION MUSULMANE en 1963, est la plus ancienne des musulmans en France depuis fédérations. Elle est proche les attentats du 11 septembre ? 67 % des Frères musulmans syriens. JACQUES CHIRAC POPULATION POPULATION L’Union des organisations MUSULMANE TOTALE islamiques de France (UOIF) 66 % regroupe plusieurs mosquées, LIONEL JOSPIN dont celle de Lille. Proche des Frères musulmans égyptiens, 57 % OUI 12 % elle organise chaque année 30 % YASSER ARAFAT 24 % au printemps un grand 39 % 34% NON rassemblement au Bourget. 22 % La Fédération nationale des SADDAM HUSSEIN musulmans de France (FNMF), 67 % 34 % 37 % créée en 1985, est dominée 3% 21 % 64 % par les Marocains. Le Tabligh, nsp GEORGE W. BUSH mouvement piétiste et missionnaire fondé en Inde, 12 % est scindé en deux branches en OUSSAMA BEN LADEN France : le mouvement Foi et POPULATION Pratique et le Tabligh wa Da’wa, MUSULMANE 9% OPPOSÉFAVORABLE NE SE PRONONCE PAS dont le siège est à Saint-Denis ARIEL SHARON (Seine-Saint-Denis). Franck Frégosi, chercheur au CNRS, sociologue de l’islam à l’université Robert-Schuman de Strasbourg « Ce qui progresse, ce n’est pas un islam privatif, mais une religion qui s’exprime de manière collective » « Quelle photographie des » Ces pôles distincts confirment révèle ce sondage, c’est l’émer- entre appartenance citoyenne et le ministère de l’intérieur, pour – Comment expliquer ce para- musulmans de France est révé- que l’islam en France demeure écla- gence progressive d’une future éli- appartenance confessionnelle, organiser l’islam sans discri- doxe d’une meilleure intégration lée par ce sondage ? té, pluriel. Plus que jamais, le rap- te musulmane en France. A deux affiliations qui paraissent mination, en respectant le cadre des musulmans dans la société – Il permet de distinguer trois port des musulmans à la religion rebours d’un certain discours sim- complémentaires plutôt qu’anti- républicain. française, à une période où types d’identification à l’islam. Un n’obéit pas à un modèle unique. plificateur, selon lequel les musul- nomiques. – L’image des musulmans l’islam est soupçonné de favori- premier pôle que je qualifierai d’is- – Comment interprétez-vous mans de France ne pourraient – Le modèle de la laïcité à la dans la société française s’amé- ser le fanatisme ? lam spirituel et intellectuel, qui res- la progression des pratiques s’intégrer qu’en renonçant à leur française aurait-il facilité l’inté- liore-t-elle ? – C’est peut-être la démonstra- te relativement stable et confirme religieuses ? foi, l’enquête montre qu’il est par- gration ? – Dans l’ensemble, j’ai l’impres- tion que le travail pédagogique son enracinement. Il est structuré – Tous les indicateurs sont en sion que l’image globale de l’islam accompli par les médias et par les par une identification subjective à hausse. Le respect du jeûne du est encore brouillée. Indéniable- responsables publics, visant à lut- un ensemble de croyances, de ramadan est cependant à prendre « Ce que révèle ment, il faut tenir compte d’un ter contre tout amalgame entre valeurs, mais pas par une pratique. avec prudence, car le mois sacré de “effet Manhattan”. On le voit par islam et terrorisme, porte ses Le deuxième pôle est celui d’un l’islam est un moment d’identifica- ce sondage, exemple dans l’association de l’is- fruits. De plus en plus, les gens islam pieux ou dévot. C’est ce tion communautaire forte. Je suis lam à l’expression “rejet des savent faire la part des choses. Les deuxième type d’appartenance, davantage frappé par la forte pro- c’est l’émergence valeurs occidentales”, qui augmen- musulmans eux-mêmes évitent de celui d’une adhésion en actes à l’is- gression de la pratique quotidien- te. L’opinion est perméable à cer- tomber dans les jugements carica- lam, qui est en net accroissement. ne, c’est-à-dire l’observation des progressive tains discours tels que la vulgate turaux. Parallèlement, ce qu’on peut appe- cinq prières canoniques et la fré- de Samuel Huntington sur le “choc » Malgré tout, j’ai l’impression ler l’islam minimum, ou l’islam quentation de la mosquée. Ce qui d’une future élite des civilisations”. que l’islam pose toujours un peu sociologique, est en nette régres- progresse, ce n’est pas un islam pri- » En même temps, on constate problème aux Français. L’intégra- sion, puisqu’il chute de 8 points vatif, mais une religion qui s’expri- musulmane que 31 % des Français se déclarent tion est effective, mais elle ne s’ac- par rapport à la précédente enquê- me à l’extérieur et de manière col- favorables à la construction de compagne pas d’une vision positi- te de 1994. lective. C’est pourquoi la demande FRANCK FRÉGOSI en France » mosquées, tandis que ceux qui ve de la religion musulmane. L’opi- » On pourrait évoquer un de lieux de culte reste élevée. étaient hostiles sont passés dans le nion accepte un islam du voisi- quatrième pôle, celui de la sortie – Que signifie l’augmentation camp des indifférents. Cette indif- nage, de la proximité, plus char- de l’islam. En additionnant les de la pratique religieuse chez les faitement possible d’être intégré – L’enquête montre que toutes férence elle-même est une maniè- nel qu’un islam abstrait, qui conti- “sans religion” et “autre religion”, musulmans qui ont suivi des à la société française et respec- les composantes musulmanes por- re de dire que l’islam fait partie du nue à inquiéter. Ce qui fait diffi- on obtient 6 %, un chiffre en études supérieures ? tueux des prescriptions musulma- tent un jugement positif sur la laïci- quotidien. De même, 64 % des per- culté, c’est davantage la percep- constante diminution. Si l’on – Il faut sortir du misérabilis- nes. L’intégration est de moins en té, estimant qu’elle ne les empê- sonnes interrogées ne seraient pas tion de l’islam que celle des musul- peut parler d’une « sécularisa- me. On pensait jusqu’ici que l’as- moins vécue sur le mode d’une che pas d’être authentiquement hostiles à l’élection d’un maire mans. » tion », elle ne se manifeste pas cension sociale entraînait pres- pratique honteuse de la religion. croyants, en pensée et en actes. musulman. C’est le signe d’une par une disparition de la référen- que inévitablement un détache- Le sondage décrit la recherche Cette perception vient confirmer intégration dans le cadre local, Propos recueillis par ce religieuse. ment de la religion. Or, ce que d’un équilibre, d’un juste milieu après coup la démarche initiée par dans la proximité. Xavier Ternisien 12 / LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 FRANCE

L’élection de Michel Charasse à la questure du Sénat Débat consensuel a suscité des divisions dans les rangs socialistes à l’Assemblée nationale L’ancien ministre du budget s’est emparé, contre les recommandations du PS, de ce poste convoité sur les droits des malades Le sénateur (PS) du Puy-de-Dôme Michel Charas- bourg, très convoités pour les avantages maté- contre Jean Besson (Drôme), en bénéficiant de se s’est fait élire, mercredi 3 octobre, à un des riels qu’ils procurent. L’ancien ministre s’est fait l’aide d’un autre baron mitterrandiste, Guy Pen- trois postes de questeur du Palais du Luxem- désigner comme candidat par le groupe PS ne (Français établis hors de France). La droite se soucie des réactions du corps médical

LA CONSTITUTION du nou- gagnant, et, au bout du compte, avaient fait acte de candidature au page sans états d’âme : « Le choix SOIXANTE-TROIS sur près de mesure où leurs conditions d’hospita- veau bureau du Sénat, mercredi c’est un opposant à Lionel Jospin qui sein de leur groupe. Trois d’entre s’est porté sur la personne la plus quatre cents. Après la séance de lisation le permettent, à un suivi sco- 3 octobre, a suscité un climat de représentera le PS à la questure », eux – Gérard Miquel (Lot), Michel apte à remplir la fonction. » M. Mau- mercredi 3 octobre, qui s’est pour- laire adapté délivré au sein des éta- discorde parmi les élus socialistes. a-t-il dit, ajoutant néanmoins que Moreigne (Creuse) et Bernard roy concluait : « M. Besson avait tant achevée à 1 heure, jeudi blissements de santé ». Forts de sept sièges supplémentai- M. Charasse avait mené « une cam- Piras (Drôme) – ont renoncé avant tout pour devenir pape, mais il est matin, les députés ne sont pas près Sans attendre la révision des lois res à l’issue du renouvellement pagne très à gauche » qui aurait l’ouverture du scrutin, mardi, resté cardinal. La décision s’est faite d’avoir terminé l’examen des de bioéthique, Alain Claeys (PS, triennal (Le Monde du 25 septem- « séduit les nouveaux sénateurs ». devant le groupe. Restaient en au cours du grand oral des deux pré- amendements au projet de loi rela- Vienne) a défendu l’insertion dans bre), les sénateurs du PS se sont Le sénateur de la Drôme a aussi lice, outre M. Charasse et M. Bes- tendants devant le groupe. Jean Bes- tif aux droits des malades et à la le projet de loi d’un volet propre divisés autour de l’élection de mis en avant son « éthique », assu- son, Jean-Pierre Demerliat (Haute- son a manqué son intervention. » qualité du système de santé. La dis- au code civil, au code pénal et au Michel Charasse (Puy-de-Dôme) à rant qu’il ignorait le détail des Vienne) et Guy Penne (Français Devant ses collègues, M. Charasse cussion se poursuivra jusque tard code du travail portant sur la prohi- un des trois postes de questeur, avantages consentis aux ques- établis hors de France), lui aussi aurait argué qu’un « sénateur de dans la nuit de jeudi 4 à vendredi bition des discriminations en rai- particulièrement convoités pour la teurs. ancien conseiller de François Mit- poids » était nécessaire face aux 5 octobre. Les parlementaires ont son des caractéristiques généti- prééminence et les avantages terrand à l’Elysée. M. Charasse – deux questeurs de droite – Jean commencé leurs travaux par une ques. Approuvé par le ministre matériels qu’ils procurent. Au ter- AVANTAGES MATÉRIELS qui fit son entrée au Sénat en Faure (Union centriste, Isère) et discussion sur la demande défen- délégué à la santé, cet amende- me d’un impromptu soigneuse- Chargés de la gestion de l’admi- 1981, où il siégea jusqu’en 1988, Serge Mathieu (Républicains et due par Jean-François Mattei (DL, ment a été adopté. Cela a été égale- ment mis en scène, l’ancien minis- nistration du Sénat, les trois ques- avant d’être réélu en 1992 et au Indépendants, Rhône). L’ex-minis- Bouches-du-Rhône) de renvoi du ment le cas de la modification, pré- tre et conseiller de François Mit- teurs disposent à ce titre de bud- dernier renouvellement du 23 sep- tre du budget aurait aussi promis texte en commission. sentée par M. Denis, visant «à terrand s’est fait désigner comme gets considérables (plusieurs mil- tembre – est arrivé en tête au pre- d’« examiner à la loupe les frais Tout en saluant le travail du gou- inclure dans les missions de l’hôpital candidat par le groupe socialiste, lions de francs par an) dont ils mier tour avec 26 suffrages, généraux » du Sénat. « Je doute vernement et des commissions, la réflexion sur les questions d’éthi- en dépit des recommandations de sont les seuls maîtres. Ils bénéfi- devant M. Besson (23), M. Demer- qu’il se montre offensif à l’égard des M. Mattei a estimé que « les solu- que, en vue de garantir le respect la direction du PS, qui souhaitait cient chacun d’un appartement de liat (14) et M. Penne (14). Ce der- sénateurs de droite, a objecté tions proposées ne correspondent en des droits des malades ». Faisant présenter Jean Besson (Drôme). 250 mètres carrés rue Bonaparte, nier a alors appelé à voter pour M. Besson. Nous n’avons pas la rien à la réalité, ni en ce qui concer- référence à l’exemple de l’Espace Son élection à la questure a près du Palais du Luxembourg, et son collègue du Puy-de-Dôme. Le même conception de la politique. » ne la démocratie sanitaire ni pour éthique de l’Assistance publique- ensuite été une formalité, l’élec- d’un autre à Versailles – avec per- partage des rôles entre les deux ce qui est de la responsabilité et du Hôpitaux de Paris, le rapporteur a tion des membres du bureau fai- sonnel de maison. S’y ajoutent barons mitterrandistes s’est révélé Elie Barth système d’indemnisation ». Bernard situé cet amendement dans l’objet sant traditionnellement l’objet une voiture de fonction avec chauf- payant. Le retrait de M. Demerliat, Kouchner, ministre délégué à la du texte : « Encourager les équipes d’un « accord républicain » entre feur et une prime de 18 000 francs sans consigne de vote, a mis hors a PCF : le groupe Communiste, santé, lui a notamment opposé soignantes à s’approprier la démo- les sénateurs de toutes tendances. en sus de l’indemnité mensuelle course M. Besson et assuré le suc- Républicain et Citoyen a obtenu l’ambition du texte de « revoir les cratie sanitaire. » Pour les six vice-présidences, les des sénateurs (36 516 francs net). cès de M. Charasse (43 voix contre une vice-présidence au Sénat, en fondements mêmes de l’éthique Hormis quelques brefs échanges trois postes de questeur et les dou- « Sur un plan strictement matériel, 32). « Ce qui m’a tué, c’est la décla- la personne de Guy Fischer (Rhô- médicale » et de vouloir « équili- vifs, la tonalité générale de la dis- ze secrétaires, le nombre des candi- c’est un emploi intéressant, et, donc, ration de Jean-Pierre Demerliat, qui ne). C’est la première fois depuis brer davantage » la relation méde- cussion sur le titre I du projet de dats est exactement ajusté sur le forcément très convoité », a indiqué partage pourtant mes convictions, 1947 que le PCF obtient une vice- cin-malade. Le ministre a insisté loi, consacré à la démocratie sani- nombre de postes vacants. De sor- Pierre Mauroy (Nord), glissant que déplorait, mercredi, M. Besson. présidence. Avec 23 membres sur le rôle et la représentativité des taire a mis en évidence la conver- te qu’avec 234 suffrages M. Charas- M. Charasse avait « bien préparé M. Penne, en revanche, a joué à la depuis le renouvellement du associations d’usagers du système gence de préoccupations entre les se a bénéficié des voix de plus son coup ». perfection le rôle du lièvre pour 23 septembre, le groupe CRC de santé, dont il souhaite qu’« elles intentions du gouvernement dans d’une centaine d’élus de droite. Pour succéder à Guy Allouche M. Charasse. » dépasse désormais en nombre le puissent mieux se faire entendre. » ce domaine et celles de représen- Déçu, M. Besson a désigné à demi- (Nord), qui ne s’était pas représen- Le président du groupe socialiste groupe du Rassemblement démo- M. Kouchner a également défendu tants de l’opposition, pour laquelle mot l’influence des mitterrandis- té aux élections sénatoriales le du Sénat, Claude Estier (Paris), cratique et social européen, qui en la nécessité de « distinguer la faute se sont notamment exprimés Ber- tes : « Tout le monde me donnait 23 septembre, sept élus socialistes semblait, lui, vouloir tourner la compte 19. de l’aléa, sinon il n’y aura plus de nard Accoyer (RPR, Savoie) et Jean- responsabilité, ni du médecin ni de Michel Dubernard (RPR, Rhône). l’établissement ». La motion de ren- Ce dernier s’est employé à « mettre voi en commission n’a pas été en garde » le gouvernement contre Elisabeth Guigou travaille son atterrissage en Seine-Saint-Denis adoptée. L’examen des amende- le risque de réactions défavorables ments allait pouvoir commencer. des professionnels de santé et des DEUX FOIS, TROIS FOIS par semaine, Elisa- ner l’impression d’être parachutée, mais dési- nombre d’irresponsables politiques [l’]aient ame- médecins au premier chef. « Nous beth Guigou emprunte le chemin de la Seine- rée, « demandée ». née à s’installer dans ce département dans de tel- « DÉMOCRATIE SANITAIRE » souhaitons d’abord que ce texte, qui Saint-Denis. Jeudi 4 octobre, la ministre de Son plus fidèle ami, Bruno Le Roux, député les conditions ». La désignation du candidat du Parmi les amendements adop- comporte d’indéniables avancées, l’emploi et de la solidarité devait être sur place, de Seine-Saint-Denis, ex-maire d’Epinay-sur- PS dans cette circonscription « plurielle et de tés, on peut retenir ceux portant atteigne ses objectifs, a ainsi expli- puis le samedi suivant. Seine, a volé à son secours. Secrétaire national toutes les couleurs » aurait pu être l’« occasion sur la scolarisation des enfants hos- qué M. Dubernard. Il importe pour L’itinéraire a changé. Adieu Avignon, et ses aux élections du PS, il sait que, dans son dépar- de passer du discours aux actes » et de présenter pitalisés, les risques de discrimina- cela que la relation de confiance souvenirs de défaite aux élections municipales. tement, Véronique Neiertz, l’ancienne secrétai- « une jeune issue de l’immigration », juge-t-il. tion posés par les tests génétiques entre le médecin et le malade (…) ne C’est le triangle Bondy, Romainville, Noisy-le- re d’Etat chargée des droits des femmes, est Vexé, il dit aussi avoir appris la décision de sa et l’inclusion de la réflexion sur les se transforme pas en défiance. Si le Sec, la 9e circonscription du « 93 », qui attire décidée à ne pas briguer un nouveau mandat. ministre de tutelle… par la presse. questions éthiques dans les mis- corps médical venait à se retourner aujourd’hui Mme Guigou. On peut désormais l’y La 9e circonscription est idéale : c’est une terre Deux semaines plus tard, la blessure est enco- sions des hôpitaux. Présenté par le contre ce projet, l’intérêt des mala- croiser dans un café, un sandwich à la main, ou de gauche, réservée à une femme depuis 1997, re vive. « On aurait pu s’y prendre autrement », rapporteur du projet de loi, Jean- des comme de la médecine en pâti- bien au stade Léo-Lagrange de Bondy, où elle et facilement accessible depuis Paris. Dès lors, déclare M. Bartolone en fustigeant un « petit Jacques Denis (PS, Meurthe-et- rait. » Une préoccupation avec vient d’inaugurer une piste d’athlétisme, à l’opération peut s’enclencher. Mme Neiertz accord d’arrière-salle de café ». Mais, discipliné, Moselle), au nom de la commis- laquelle M. Kouchner s’est déclaré moins qu’elle ne soit en train de rechercher un annonce, le 16 septembre, qu’elle abandonne il assure qu’il sera « à ses côtés » dans la bataille sion des affaires culturelles, un « tout à fait d’accord ». appartement. son mandat pour raisons de santé. Dès le lende- pour préserver cette circonscription « embléma- amendement affirme un droit pour Huit mois avant les élections législatives, et main, le maire de Bondy, Gilbert Roger, s’il tique » gagnée par les socialistes en 1981. les enfants d’âge scolaire, « dans la Paul Benkimoun sans attendre l’investiture officielle du Parti n’avait pas misé sur elle, fait savoir qu’il serait « C’est un faux départ mais on va l’aider à gagner socialiste, mi-décembre, la ministre tente de très heureux que la ministre de l’emploi repren- le sprint », commente M. Popelin. gagner à sa cause des militants surpris par ce ne le flambeau. « Ce serait un atout fort », ren- La ministre doit se garder de ses alliés. En parachutage brutal en les rencontrant par chérit Pascal Popelin, premier secrétaire de la plus du PCF, bien implanté en Seine-Saint- Alain Lipietz écrit aux Verts petits groupes. Des « visites privées », précise fédération PS du département. « Si les militants Denis, il lui faut aussi compter avec une gauche son entourage, où elle parle d’elle, de ses « origi- socialistes de Seine-Saint-Denis le veulent, je suis très militante. Aux dernières élections municipa- nes modestes », de son « grand-père piémon- prête à être leur candidate aux législatives en les, la liste des Motivé-e-s a, en effet, recueilli me sur son site Internet tais », du départ de la famille pour le Maroc… 2002 », assure aussitôt M Guigou. 12 % des suffrages. Et son arrivée fait grincer Mme Guigou privilégie les contacts, la simplicité, des dents les Verts, qui avaient imprudemment LE CANDIDAT des Verts à l’élection présidentielle, Alain Lipietz, qui et cherche à donner une autre image d’elle. GRINCEMENTS DE DENTS fondé des espoirs sur un candidat issu de leur doit être confirmé ou infirmé dans cette fonction par un vote des mili- Au lendemain des élections municipales il lui « Quel bel enchaînement ! », se réjouit M. Le rang, Jean-Luc Bennhamias, ex-secrétaire natio- tants dans les prochains jours, leur indique dans une longue lettre, fallait impérativement retrouver une terre Roux. « Ce n’est pas Elisabeth qui dit : “je veux nal du parti. « Le travail en bonne intelligence publiée, mercredi 3 octobre, sur son site Internet d’élection. Annoncée dans la Nièvre, les Alpes- aller là-bas”, ce sont les élus locaux qui disent : qui avait été mené localement avec la gauche plu- (www.lipietz2002.net):« Par respect de la démocratie, j’accepterai, si tel- de-Haute-Provence, ou encore dans les Bou- “ça serait bien qu’elle vienne” », ajoute-t-il. Le rielle est un peu abîmé. Si on recase tous les gens le est votre décision, de retirer ma candidature. » Puis il ajoute : « J’ai ches-du-Rhône, Mme Guigou courait le risque scénario serait presque parfait s’il n’y avait un de cette façon, cela augure mal d’un accord natio- maintenu l’exigence de vous consulter pour repartir d’un bon pied. » d’entreprendre un « tour de France » stérile si grain de sable. Claude Bartolone, ministre délé- nal Verts-PS. Et Lang, il va aller où ? », s’agace M.Lipietz voit trois causes à l’« hostilité des médias, relayée hélas par elle ne fixait pas rapidement son choix. « Sept gué à la ville, patron de ce département fabiu- Alain Amédro, secrétaire départemental. quelques-uns d’entre nous », après la « maladresse » qu’il a commise à ou huit circonscriptions m’ont été proposées, y sien, réagit très mal à la précipitation de cette propos de l’amnistie en Corse : « l’inquiétude (…) des lobbies liés au compris Dijon et Lyon », affirme-t-elle. Pour la candidature. Interrogé sur France 3 Ile-de-Fran- Isabelle Mandraud modèle de développement productiviste ; la difficulté des médias (…) à ministre, le plus important était de ne pas don- ce, le 24 septembre, il « regrette qu’un certain et Michel Noblecourt parler du fond ; la réticence de nos alliés (…) à voir se développer un pôle écologiste fort ». Il propose de « clarifier, par une nouvelle lettre aux maires, notre option fondamentale pour la non-violence ». Patrick Balkany, maire de Levallois-Perret, risque de perdre son fauteuil DÉPÊCHES a MEDEF : l’organisation patronale, qui s’est retirée des caisses de la Sécurité sociale depuis le 1er octobre, n’exclut pas de « partici- La justice, saisie par le préfet, lui reproche de ne pas avoir acquitté sa dette vis-à-vis de la commune per à une Sécurité sociale rénovée dans l’avenir », a déclaré son prési- dent, Ernest-Antoine Seillière, lors d’une conférence de presse à Caen, RATTRAPÉ par les juges, préfet des Hauts-de-Seine dès le suivi sa défaite de 1995. Le 7 mai forme, le 27 juillet, par le Conseil mercredi 3 octobre. Le président du Medef a par ailleurs plaidé pour Patrick Balkany (div. d.) n’aura pas lendemain du scrutin. Déclaré 1996, le tribunal correctionnel de d’Etat. Dénonçant devant les juges l’allégement de la taxe professionnelle : « La vraie manière de répon- vraiment eu le temps de savourer comptable de fait des deniers de la Nanterre a condamné M. Balkany administratifs l’acharnement judi- dre à la diminution de l’emploi, c’est par la stimulation de l’investisse- sa surprenante victoire aux élec- commune, le candidat entrait dans à quinze mois de prison avec sur- ciaire dont son client est victime, le ment, qui passe bien entendu par l’allégement de certaines charges et, tions municipales de mars à Leval- la catégorie des personnes inéligi- sis et deux ans d’inéligibilité pour défenseur de M. Balkany, Me Gré- notamment, la taxe professionnelle portant sur la partie équipement. » lois-Perret (Hauts-de-Seine) et bles définies par l’article L. 231 du avoir fait travailler à son domicile goire Lafarge, s’appuie sur cette a SÉCURITE SOCIALE : Elisabeth Guigou n’est « pas opposée » à son retour triomphal en politique. code électoral et ne pouvait donc des employés municipaux. L’ex- dernière décision pour constater des revalorisations d’honoraires pour les médecins en 2002 qui s’ins- Le tribunal administratif de Paris siéger au conseil municipal, estime maire a, en outre, été condamné à que, « s’il n’y a plus de ligne de comp- criraient dans « une démarche de qualité des soins », selon ses propos examinait, mercredi 3 octobre, en le représentant de l’Etat. Une 200 000 francs d’amendes et près te, M. Balkany ne doit plus rien ». dans une interview au Panorama du médecin publiée, jeudi 4 octobre. présence de l’intéressé, un référé mésaventure qui découle directe- de 800 000 francs de dommages et Une analyse que la commissaire « En matière de régulation des dépenses, je considère que nous sommes contre son élection, déposé par le ment des ennuis judiciaires qui ont intérêts à la commune, sommes du gouvernement, Françoise Bar- entrés dans une phase transitoire. Il n’est pas souhaitable que les parte- dont il s’est acquitté. naba, a battue en brèche. Elle a naires conventionnels se trouvent La dette n’est pourtant pas estimé, précisément, qu’en l’absen- dans ce contexte sans possibilités complètement effacée : par deux ce de ligne de compte établie d’évolution », a-t-elle reconnu. jugements de 1997 et 1999, la cham- M. Balkany, jugé débiteur de la a CORSE : « le projet de loi rela- bre régionale des comptes, qui commune, ne remplissait pas les tif à la Corse devrait être définiti- peut remonter au-delà de trois ans conditions d’éligibilité et devait vement adopté avant la fin de – période de prescription pénale –, être invalidé. « En ne faisant rien l’année ou au début de 2002 », a le déclare toujours « comptable de pour rembourser et en dissimulant déclaré le ministre des relations fait » et fixe sa dette restante à une situation qu’en tant qu’ancien avec le Parlement, Jean-Jack 3,4 millions de francs. M. Balkany maire il ne pouvait ignorer, M. Balk- Queyranne, lors d’une rencontre ne rembourse pas et se lance alors any a procédé à une manœuvre gros- avec la presse à l’occasion de la dans un marathon judiciaire, avec sière et indiscutable visant à trom- rentrée parlementaire 2001-2002. des fortunes diverses. Si le premier per les électeurs », souligne-t-elle. L’Assemblée a adopté ce projet jugement est confirmé en appel et La décision du tribunal devrait de loi en première lecture le en cassation, l’arrêt de la Cour des être rendue d’ici au 18 octobre. 24 mai. Le Sénat engage son exa- comptes qui confirmait le montant men le 6 novembre. de la dette est cassé pour vice de Dominique Foing 13 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001

ÉDUCATION La rentrée des uni- mé le ministre de l’éducation nationa- favoriser la mobilité des étudiants en gestion de la carrière des ensei- aux collectivités locales. b A ÉVRY versités, qui s’étale tout au long du le, jeudi 4 octobre. b PARMI LES Europe. b JACK LANG veut par gnants. b LES UNIVERSITÉS NOUVEL- (Essonne), l’université n’a pas rempli mois d’octobre, doit s’effectuer sous NOUVEAUTÉS, le système européen ailleurs inciter les universités à inno- LES, créées au début des années son objectif de démocratisation, mais le signe de la « souplesse » et de la des transferts de crédits, qui sera mis ver. La dimension pédagogique sera 1990, demeurent fragiles, mais elles elle affirme sa vocation scientifique libération des « initiatives », a affir- en place progressivement, devrait par exemple mieux reconnue dans la se sont ouvertes aux entreprises et et sa professionnalisation. Jack Lang veut inciter les universités à multiplier les initiatives pédagogiques A l’occasion de la rentrée de l’enseignement supérieur, le ministre de l’éducation nationale a lancé un appel à la « souplesse ». L’introduction des modules capitalisables devrait favoriser la mobilité des étudiants en Europe. Les taches d’animation des enseignants seront mieux prises en compte

SOUPLESSE. Telle est « la ligne introduites ont permis, dans les éta- versité de Poitiers, passe par une Actuellement, les obligations des générale » fixée pour l’université. En blissements concernés, de faire pro- série de mesures techniques. Certai- enseignants consistent à assurer présentant, jeudi 4 octobre, la ren- gresser le taux de réussite en deux nes sont applicables dès cette ren- 192 heures de travaux pratiques ou trée de l’enseignement supérieur, ans de presque 20 %. trée. Les établissements pourront 128 heures en cours magistral. A ter- Jack Lang devait largement insister La professionnalisation des forma- ainsi transformer les primes pédago- me, une heure en petit groupe pour- sur la nécessité de « libérer les initia- tions connaît des avancées plus nota- giques et administratives en déchar- rait être comptabilisée de la même tives ». Le ministre de l’éducation bles : 182 nouvelles licences profes- ges horaires. Ce qui devrait permet- manière qu’une heure magistrale. nationale a, ces derniers mois, effec- sionnelles sont créées en cette ren- tre aux universités de moduler le Pour prendre en compte l’intégralité tué, dans la plus grande discrétion, trée, portant leur nombre à 377. temps de service des enseignants des nouvelles tâches des ensei- de nombreuses visites, parfois sur- Leurs effectifs doublent, pour attein- pour tenir compte de leurs fonctions gnants, la Rue de Grenelle va réunir prise, dans les universités. Pour dre 9 000 étudiants. Par ailleurs, constater à quel point « elles sont 249 nouveaux DESS ont été créés. vivantes, imaginatives, modernes ». Quant au rapport confié à Blandine Une première année de médecine rénovée Dans ce cadre, la principale nou- Kriegel, professeur de philosophie à veauté est à venir. Encore margi- l’université Paris-X, sur la profession- « La décision de principe est prise. » Jack Lang devait annoncer, jeu- nal, le système européen des trans- nalisation des études de lettres et di 4 octobre, que la transformation de la première année de médeci- ferts de crédits (ECTS en anglais), sciences humaines, le ministre l’at- ne sera effective à la rentrée 2002. Un cursus commun sera proposé qui consiste à réorganiser les forma- tend pour le début 2002. aux étudiants, ouvrant l’accès aux études de médecine, odontologie, tions en modules capitalisables Pour inciter les enseignants à inno- pharmacie, sage-femme, personnel paramédical (infirmières, kinési- (60 crédits correspondant à une ver, en DEUG, un label « équipe thérapeutes, etc.). Les programmes seront rééquilibrés au profit des année universitaire), fera l’objet pédagogique », bénéficiant de cré- sciences humaines et sociales. L’utilisation de l’informatique et une d’un texte d’orientation en décem- dits particuliers, va être créé, à l’ins- connaissance des métiers de la santé y figureront. Pour l’année uni- bre. Ce « système à retombées multi- tar du label « équipe d’accueil » qui versitaire 2001-2002, le numerus clausus a été majoré de 700 places ples », comme l’explique M. Lang, prévaut en matière de recherche. (4 850 au total). doit tout à la fois favoriser la mobili- Les enseignants pourront faire té européenne des étudiants, les valoir leur participation à cette équi- passerelles entre les formations mier vice-président de la Conféren- du même type sont en place. Dans le pe dans leur dossier de promotion. d’animation ou de gestion de pro- un groupe de travail avec les ministè- nationales et la formation continue ce des présidents d’université. même esprit, enfin, la rénovation La transformation du statut des jets. La dimension pédagogique res de l’économie et des finances et des salariés, par la validation des Encore discrets eux aussi, les des DEUG scientifiques, engagée enseignants-chercheurs doit en effet sera, en outre, mieux reconnue dans de la fonction publique. Il devra acquis. L’autorisation de déroger à DEUG expérimentaux bi ou pluridis- dans six universités depuis 1998, être un moyen, selon le ministre, la gestion de la carrière des ensei- aboutir à une réécriture du statut des la loi de 1997 organisant les études ciplinaires, permettant aux étu- commence à porter ses fruits, affir- d’accompagner l’évolution des prati- gnants, une nouvelle voie de promo- enseignants. a été donnée. « Le mouvement est diants de s’orienter vers des par- me le ministère : cours en petits ques pédagogiques. Ce « toiletta- tion étant ouverte aux enseignants enclenché, nous espérons beaucoup cours plus diversifiés, sont désor- groupes, place donnée à l’expéri- ge », qui s’appuie notamment sur qui se consacrent pour une majorité DES CRÉDITS LIÉS AUX RÉSULTATS de la flexibilité que cela va introdui- mais au nombre de quinze contre mentation, premier semestre en les travaux de la commission condui- de leur temps à des fonctions autres Pour mettre en œuvre ces évolu- re », souligne Bernard Belloc, pre- trois à la rentrée 1999. Dix licences tronc commun… les innovations te par Eric Espéret, président de l’uni- que l’enseignement ou la recherche. tions pédagogiques, Jack Lang rap- pelle qu’il s’appuie, pour la prochai- ne année universitaire, sur un projet de budget prévoyant un nombre Dix ans après leur création, les universités nouvelles restent fragiles croissant de créations d’emplois. « Nous retrouvons un taux d’encadre- EN DIX ANS seulement, elles ont érigé des pé à leur démocratisation ? Les avis sont nuan- gies, l’expérience de la semestrialisation des construire. Leurs bibliothèques sont opération- ment des étudiants comparable à celui campus complets, pour accueillir des dizaines cés. « Ce n’est pas à Cergy qu’on aura une uni- études, le lancement de formations pluridisci- nelles depuis peu. Et leur implantation « multi- que nous connaissions avant l’explo- de milliers d’étudiants dans des villes vierges versité d’ouvriers, on ne fera pas la révolution de plinaires ou par l’apprentissage. Ces universi- polaire » exige des moyens humains impor- sion démographique des années de tout enseignement supérieur. Les « univer- ce point de vue, convient René Lasserre, son tés ont en outre poussé loin la professionnali- tants. Par ailleurs, ces établissements ne veu- 1980 », se félicite le ministre. Le pro- sités nouvelles » font désormais partie du pay- président. Nous avons cependant drainé des sation : elle concerne 30 % des formations à lent pas se laisser enfermer dans leur rôle jet de loi de finances pour 2002, jugé sage. Mais l’anniversaire que s’apprêtent à enfants de cadres moyens et de techniciens qui Cergy, qui veut atteindre 45 % dans les prochai- d’université de proximité. Toutes soulignent la « très bon » par la Conférence des célébrer les quatre établissements d’Ile-de- n’allaient pas à l’université il y a quelques nes années. Dans un rapport publié en 1996, le nécessité de développer la recherche (l’univer- présidents d’université, prévoit de France (Cergy-Pontoise, Evry, Marne-la-Val- années. » Les universités nouvelles ont donc Comité national d’évaluation a néanmoins par- sité d’Artois compte ses allocations de recher- créer 1 000 postes d’enseignants lée et Versailles-Saint-Quentin), lors d’un collo- plutôt offert des possibilités d’études, sur pla- lé de « normalité quelque peu décevante ». Les che sur les doigts d’une seule main). Actuelle- (contre 600 en 2001) et 1 000 emplois que organisé à Paris, le 8 octobre, est aussi l’oc- ce, à des jeunes traditionnellement exclus de intéressés en conviennent partiellement : ils ment, 69 % de leurs étudiants sont en premier de personnels ingénieurs, administra- casion de témoigner de leurs fragilités. l’enseignement supérieur. « De ce point de vue, délivrent les mêmes diplômes que les autres. cycle contre 40 % pour la moyenne des univer- tifs, techniciens ouvriers et de service Lors de leur naissance, au début des années le pari est gagné », estime Jean-Jacques Pollet, Peu à peu, tout se passe comme si les « nou- sités. (Iatoss). Dans le cadre de la résorp- 1990, le défi était immense : alors qu’il fallait président de l’université d’Artois, qui compte velles » entraient, sans grand plaisir, dans les tion de l’emploi précaire, jusqu’alors accueillir 20 000 nouveaux étu- 40 % d’étudiants boursiers, la plus forte pro- habits de leurs aînées. « Les universités du cen- « UNE NÉCESSAIRE SOLIDARITÉ » 1 500 emplois budgétaires nouveaux diants chaque année, ils étaient 100 000. Il fal- portion métropolitaine. tre les entraînent malgré elles vers un certain con- Pour rester attractif, chacun compte affir- sont inscrits au budget. Les crédits de lait, d’urgence, répondre à cette explosion. Lio- servatisme », analyse Jean-Jacques Payan, qui mer ses spécialités (l’informatique et les fonctionnement connaissent égale- nel Jospin, ministre de l’éducation nationale, « NORMALITÉ QUELQUE PEU DÉCEVANTE » a présidé à l’élaboration du schéma Université mathématiques à Marne-la-Vallée, la généti- ment un accroissement important et Claude Allègre, son conseiller spécial, enten- Formations ouvertes aux non-bacheliers, du troisième millénaire (U3M) en Ile-de-Fran- que à Evry, l’environnement à l’Université du (+ 7,8 %). Ces moyens devraient daient du même coup mieux insérer l’universi- développement d’instituts universitaires de ce. Après avoir dérogé aux règles communes littoral), mais réclame pour cela un meilleur notamment permettre, selon le té dans son environnement social et économi- technologie… des efforts coûteux ont été enga- de la loi Savary de 1984 en matière de gestion, partage des ressources avec les universités de ministère, de compléter les dotations que. En 1991, dans le cadre du plan Université gés. Ils restent limités. Et butent, en amont, elles ont dû s’y plier depuis 1997. Elles en ont centre-ville. Avec la baisse démographique des universités « chroniquement sous- 2000 sont créées quatre nouvelles universités sur les résultats du système scolaire environ- gardé des habitudes d’ouverture aux collectivi- annoncée tant chez les étudiants que chez les dotées ». A l’avenir, ces crédits seront en Ile-de-France et deux dans le nord de la nant, explique René Lasserre : « L’un de nos tés locales comme au monde économique, et enseignants, les universités traditionnelles ne davantage liés aux résultats des uni- France : Littoral (Boulogne, Calais, Dunker- gros problèmes vient de l’échec au lycée. » L’uni- conservé une culture d’établissement. Leurs vont-elles pas se transformer en pompe aspi- versités. Les missions du Comité que, Saint-Omer) et Artois (Arras, Béthune, versité de Versailles, qui va développer des for- présidents auraient cependant voulu disposer, rante ? En Ile-de-France, la question est épi- national d’évaluation (CNE), chargé Lens et Douai). S’y ajouteront La Rochelle en mations à Mantes-la-Jolie et étudie un projet à quelques années encore, de la souplesse des neuse. « Il y a loin de la reconnaissance de nos d’évaluer les établissements du supé- 1993, et Bretagne-Sud (Lorient-Vannes) en Trappes, indique pour sa part éprouver des dif- débuts. Ils regrettent surtout d’être passés performances à celle d’une nécessaire solida- rieur, seront renforcées. Et, doréna- 1995. Ces huit établissements accueillent ficultés à attirer les jeunes des zones les moins sous la toise d’une répartition trop normative rité », estime René Lasserre. Les universités vant, la signature des contrats qua- désormais 74 000 étudiants. favorisées. des moyens ministériels. Les faire entrer dans nouvelles se disent prêtes à se lancer dans driennaux entre le ministère et les Les quatre universités franciliennes comp- Une autre idée avait présidé à la naissance le droit commun a été une « erreur », convient toutes les réformes prônées par le ministère. universités interviendra après une tent 10 000 étudiants chacune. Si elles n’ont des universités nouvelles : faire autrement. Francine Demichel, directrice des enseigne- Mais, plaident-elles en chœur, « qu’il ne nous évaluation opérée par le CNE. pas désengorgé le centre de Paris comme sou- Les conditions d’études, dans des locaux neufs ments supérieurs. traite pas comme les autres ! » haité au départ, elles ont accompagné le et bien équipés, ont pu y contribuer. Tout com- Car la croissance des universités nouvelles Nathalie Guibert boom des études supérieures. Ont-elles partici- me l’usage précoce des nouvelles technolo- n’est pas achevée. Des mètres carrés restent à N. G. et Luc Bronner 8 000 étudiants A Evry, l’urgence a été traitée, mais la démocratisation est loin d’être acquise supplémentaires ON ATTENDAIT beaucoup de se Mario Betta, les innombrables mission. La présence du Génopole res dans les quartiers difficiles, aux « C’est une de nos priorités, assure b Effectifs. 1 515 000 étudiants l’université nouvelle d’Evry. Pres- centres administratifs, les zones à Evry, destiné à coordonner les Pyramides par exemple. Mais ces Manuel Valls, maire (PS) d’Evry sont attendus dans les universités que des miracles en réalité. Qu’elle industrielles et les quartiers dits efforts de recherche sur la géné- mondes ne vivent pas dans le même depuis mars. Mais les lieux de vie pour la rentrée 2001, soit une permette, comme ses équivalents « sensibles », les bâtiments de l’uni- tique, devrait renforcer cette vo- temps », constate un directeur de ne se créent pas de manière augmentation de 8 000 étudiants d’Ile-de-France, de « désengor- versité nouvelle accueillent aujour- cation. « Cela nous apporte un département. artificielle. Evry n’a que vingt-cinq par rapport à la rentrée d’hui un peu plus de 9 000 étu- élément de distinction, ce qui est L’institut universitaire de techno- ans d’existence », note l’ancien précédente. 591 000 d’entre eux REPORTAGE diants. « N’oublions pas le contexte une chance car nous n’avions pas logie a bien été implanté au cœur conseiller en communication de sont inscrits en premier cycle de l’époque : notre mission pre- une réputation sur laquelle nous du quartier des Passages, un espa- Lionel Jospin à Matignon. (- 10 000 étudiants), 495 000 en L’intégration mière, évidente, était d’éviter l’explo- appuyer », estime Richard Messi- ce de béton jugé « affolant »,y deuxième cycle (+ 7 000) et 225 000 de l’université sion de Paris face à l’afflux d’étu- na, directeur de l’IUP de génie des compris au sein de la présidence. CRÉER UN « VRAI CAMPUS » en troisième cycle (+ 5 000). dans la ville reste diants », souligne André Bailleul, matériaux, par ailleurs vice-prési- Des résidences universitaires figu- Les syndicats étudiants font de 122 000 étudiants sont inscrits encore à faire secrétaire général de l’université. dent (PS) du conseil général de l’Es- rent au cœur de la cité des Pyrami- l’amélioration du cadre de vie une en IUT ou en IUFM (+ 5 000). Traiter l’urgence, d’abord. Ouvrir sonne. Une partie des filières a été des ou des Aunettes. Mais la ren- de leurs priorités. Ce qui suppose, Au total, les étudiants inscrits à des locaux en récupérant des réorganisée. Une branche sciences contre entre la ville et l’université selon eux, de créer un « vrai cam- l’université représentent environ ger » les « aînées » parisiennes en immeubles vacants. Monter des du vivant, qui n’existait pas à n’a pas eu lieu. « On ne sent pas la pus ». Ce qui implique, plus large- 70 % des effectifs du supérieur accueillant une dizaine de milliers filières de toutes pièces. Lancer les l’origine, a été créée. présence des étudiants », constate ment, l’octroi de moyens finan- (2 160 000 étudiants au total). d’étudiants. Qu’elle favorise l’accès premiers laboratoires de recher- Mais, pour autant, l’université Joseph Nouvellon, représentant ciers supplémentaires. Malgré le b Budget. La collectivité des couches populaires, nombreu- che. Et offrir des débouchés cor- nouvelle n’est pas parvenue à rem- de la chambre de commerce et plan de rattrapage lancé par le nationale a consacré 16,2 milliards ses dans la préfecture de l’Essonne, rects aux premiers diplômés, en plir son objectif de démocratisa- d’industrie au sein de l’université. ministère de l’éducation, l’universi- d’euros (106,5 milliards de francs) à l’enseignement supérieur. Qu’el- pleine crise économique. « La pro- tion. Malgré un recrutement local Les « lieux de vie » manquent cruel- té d’Evry reste en effet notoire- en 2000 pour les enseignements le contribue à l’aménagement fessionnalisation s’est imposée à des étudiants – deux tiers d’entre lement, dans une ville que les étu- ment sous-dotée par rapport aux supérieurs. Le financement du urbain de la ville nouvelle d’Evry, nous », explique Bernard Chappey, eux viennent du département –, le diants jugent « triste ». Peu de moyennes nationales. « On se con- ministère de l’éducation nationale conçue au début des années 1970. président de l’université depuis bilan est médiocre. Sa composi- cafés, plus de cinémas depuis de tente de gérer la pénurie », fustige a représenté 62,8 % Qu’elle offre aux entreprises loca- 1996, qui fut également son admi- tion sociologique est proche des longs mois, quelques restaurants, Bertrand Le Bail, délégué UNEF au de ce montant. Cela représente les une main-d’œuvre de qualité et nistrateur provisoire. moyennes nationales, les enfants aucune animation nocturne. conseil d’administration. « Person- en moyenne 42 400 francs une recherche de premier plan. de cadres restant surreprésentés, Même le théâtre, situé à quelques ne n’ose s’attaquer aux universités par étudiant (hors IUT et écoles L’université pouvait-elle accomplir « LIEUX DE VIE » INEXISTANTS les fils d’ouvriers sous-représen- pas du cœur de l’université, n’a les mieux dotées pour nous donner d’ingénieurs universitaires). des miracles ? Dix ans après sa Avec 14 instituts universitaires, tés. La proportion de boursiers, pas su tirer profit de l’arrivée des un peu plus », ajoute un profes- Le budget 2001 de l’enseignement création, le bilan est mitigé. 25 diplômes d’études supérieures autre indicateur d’une éventuelle étudiants. seur. Des moyens d’abord, les supérieur représentait Eparpillés dans la ville nouvelle, spécialisées (DESS) et un dixième démocratisation, n’est pas différen- L’intégration de l’université miracles ensuite. 56 milliards de francs. entre la cathédrale de briques rou- de ses étudiants en apprentissage, te de celle du reste des universités. dans la ville, qui devait constituer ges imaginée par l’architecte suis- elle a, de ce point de vue, rempli sa « On nous pousse à installer nos filiè- un de ses points forts, reste à faire. L. Br 14 / LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 SOCIÉTÉ Explosion de Toulouse : le domicile La cour d’assises du Nord examine les personnalités d’une victime a été perquisitionné LA POLICE judiciaire a procédé, vendredi 28 septembre, à une perquisi- sous influence des membres du « » tion au domicile d’une des victimes de l’explosion de l’usine AZF de Tou- louse. Il s’agit d’un intérimaire de 35 ans, , qui avait été embauché cinq jours avant l’explosion comme manutentionnaire et Les trois accusés ont tenté de minimiser leur rôle dans des braquages sanglants et une tentative d’attentat dont l’autopsie a révélé qu’il portait plusieurs pantalons et sous-vête- ments. Cette particularité a intrigué la police dans la mesure où elle pour- La cour d’assises du Nord, à Douai, qui juge sonnalité de Mouloud Bouguelane et Hocine tophe Caze, Français converti à l’islam. Le second rait établir un lien avec les consignes données aux kamikazes islamistes. depuis mardi 2 octobre les trois rescapés du Bendaoui. Pendant une heure, le premier a fait a également soutenu la thèse du jeune perdu et La compagne d’Hassan Jandoubi a expliqué aux enquêteurs que son ami « gang de Roubaix », a examiné, mercredi, la per- le récit de son itinéraire, sous l’influence de Chris- sous la coupe de « [son] héros », . avait l’habitude de s’habiller ainsi. Selon l’édition du 5 octobre de l’heb- domadaire Valeurs Actuelles, Hassan Jandoubi était en liaison avec des DOUAI exactions du « gang de Roubaix ». « erreur », qu’il « a du mal à expli- ment à la poubelle », lâche-t-elle, milieux islamistes. Il était par ailleurs connu des services de police com- de notre envoyé spécial Mais, à l’occasion de l’examen de quer ». Il dit avoir joué un rôle de sans regarder l’accusé. Quand ce me trafiquant de voitures entre la France et l’Allemagne. – (Corresp. rég.) Tour à tour émouvant et presque personnalité, il se présente comme « simple troufion » dans une guerre dernier lui demande pardon en séduisant par son éloquence, ner- un personnage sous influence, victi- qu’il juge « désastreuse ». C’est l’appelant « maman », Mme Meu- veux et fuyant une fois poussé dans me d’une enfance difficile. pourtant en Bosnie que Mouloud rillon récuse ce terme : « Je ne crois Un vingt-deuxième assassinat ses retranche- Avec une aisance d’élocution qui Bouguelane décidera de s’enfuir, pas que ça vient du cœur. Il a tou- ments, Mou- captive immédiatement l’audience, une fois le « gang de Roubaix » jours été plus ou moins comédien.» loud Bougue- Mouloud Bouguelane se lance dans décimé par la police. Il déclare y en Corse depuis le début de l’année lane est un per- un récit de presque une heure, dans avoir mené une « vie extrêmement « DUMONT, C’ÉTAIT MON HÉROS » sonnage dérou- lequel il alterne accents de sincérité pauvre et difficile » mais passe sous La thèse du jeune un peu perdu et UN EMPLOYÉ de boulangerie a été assassiné, mercredi 3 octobre, à Cas- tant. Des trois et mimiques dignes d’un acteur. silence le braquage à main armée sous influence semble davantage tello-di-Rostino, au sud-ouest de Bastia (Haute-Corse). Il s’agit de la rescapés du « Nº 7 sur 10 » d’une famille d’im- avec mort d’hommes qui lui a valu crédible en ce qui concerne Hocine vingt-deuxièmevictime sur l’île depuis le début de l’année. Fernand Ber- « gang de Rou- migrés algériens brisée par la violen- trois ans de détention dans les geô- Bendaoui. Agé de dix-huit ans au tini, 36 ans, effectuait sa tournée matinale lorsqu’il a été bloqué par une PROCÈS baix » jugés, ce puis l’expulsion du père, il évo- les bosniaques, avant son extradi- moment des faits, l’adolescent avait voiture à la hauteur d’un passage à niveau. Les agresseurs ont tiré à tra- depuis mardi 2 octobre, par la cour que son adoption par un couple tion vers la France. quitté l’école et s’était mis à fréquen- vers son pare-brise des balles de calibre 11,43 et l’ont tué alors qu’il pre- d’assises du Nord, à Douai, c’est lui d’enseignants de l’Avesnois, qui le « Vous avez un réel talent de ter la mosquée de la rue Archimède, nait la fuite. Fernand Bertini était connu des services de police, il avait qui semble le plus fragile et le plus pousseront à passer son baccalau- conteur, on vous écoute avec plaisir, à Roubaix, quelques mois aupara- le même profil que les dernières victimes et le meurtre semble s’inscrire difficile à cerner. Dans le box des réat et à faire des études supérieu- ironise l’avocat général, Luc Fré- vant. C’est là qu’il a rencontré cer- dans une tentative de redistribution des cartes dans le Milieu. Par accusés, mercredi 3 octobre, Hocine res. Inscrit en DEUG de mathémati- miot, à l’intention de l’accusé. Mais tains des gangsters islamistes. Par- ailleurs, le militant nationaliste Cédric Courbey, interpellé samedi Bendaoui sourit et regarde droit ques à Lille, Mouloud Bouguelane ce qui frappe, c’est le décalage avec mi eux, Lionel Dumont, l’autre 29 septembre, a été mis en examen et écroué, mercredi 3 octobre, pour devant lui. A l’autre bout, Omar Zem- délaisse ses études. En 1993, il ren- ce qu’on vous reproche, le décalage converti du groupe, militant de la le mitraillage de la caserne de gendarmerie de Borgo, le 27 septembre. Il miri demeure placide et indifférent. contre Christophe Caze, Français entre ce que vous faites et ce que vous cause musulmane en Bosnie. Hoci- faisait l’objet d’un mandat d’arrêt depuis août 1999 et a été condamné Au milieu, Mouloud Bouguelane, converti à l’islam et chef présumé dites. » Placé devant ses omissions ne Bendaoui se laisse convaincre par défaut le 24 mai 2000 à trois ans de prison pour détention d’armes. tête baissée, triture une mèche de du « gang de Roubaix ». C’est sous et ses contradictions, Mouloud Bou- d’aller sur place et de participer aux cheveux. Presque maigre, de taille l’influence de ce personnage, qu’il guelane perd pied, s’énerve, avant braquages pour répondre au moyenne, le jeune homme de trente décrit comme une « personne d’une de sombrer dans des explications « besoin d’argent de la cause », tout M. Barre poursuivi en diffamation et un ans paraît bien frêle au milieu très grande force psychologique », confuses. La présence d’Omar Zem- en étant attiré par « l’appât du des hommes en armes du Groupe- que Mouloud Bouguelane se tour- miri dans le « gang de Roubaix » ? gain ». Il affirme être resté dans une ment d’intervention de la police ne vers la religion. « Quand je suis Regards désespérés vers ses avocats famille bosniaque à Mostar, fin par une association de harkis nationale (GIPN), qui entourent les rentré dans l’islam, je ne sais pas trop puis silence. La découverte d’un 1995, tandis que Lionel Dumont par- accusés dans la cage vitrée. ce que je cherchais, explique-t-il. manuel d’explosifs à son domicile tait « faire la guerre ». UNE ASSOCIATION de défense des harkis a réclamé, mercredi 3 octo- Tous ont visiblement décidé de J’étais oisif et facilement impression- bosniaque ? « Je sais pas. » A l’audience, le jeune homme au bre, devant le tribunal correctionnel de Rouen, 180 000 francs de dom- faire profil bas et de minimiser leur nable. » Versé au dossier, le témoi- visage juvénile fait preuve d’une mages et intérêts à Raymond Barre. L’association Génération Mémoi- rôle dans les braquages sanglants et gnage d’un ami évoque les change- « UNE VIE PARALLÈLE » immaturité désarmante quand il re Harkis reproche à l’ancien premier ministre d’avoir tenu des propos la tentative d’attentat commise, en ments survenus à l’époque dans le Les zones d’ombre entretenues explique ses motivations. « Pour diffamatoires, le 3 décembre 2000, en assimilant les harkis à des traî- 1996, dans la région de Lille, à comportement et les fréquenta- par Mouloud Bouguelane donnent moi, Dumont, c’était devenu mon tres. Interrogé lors de l’émission « France Europe Express », sur Fran- mi-chemin entre le banditisme et le tions du jeune homme. l’impression d’une face cachée. héros, avoue Hocine Bendaoui. Il y ce 3, à propos des reproches que lui faisaient ses collègues parlementai- terrorisme islamique (Le Monde du Sur les conseils de Christophe « On ne savait pas ce qu’il faisait, on avait aussi l’excitation des combats res de l’UDF, le qualifiant de « harki de Jospin » parce qu’il acceptait 4 octobre). Interrogé pour savoir s’il Caze, il se rend en Bosnie pour avait l’impression d’une vie paral- et des armes. Ce que je voyais dans l’inversion du calendrier électoral de 2002, M. Barre avait répliqué en reconnaît les charges pesant contre défendre la cause musulmane. En lèle », souligne Marie-Thérèse les films, je le réalisais. » stigmatisant ceux qui s’étaient « vautrés » dans la cohabitation. «Ce lui, Omar Zemmiri nie tout en bloc 1994, après deux missions huma- Meurillon, la mère adoptive, venue La personnalité du troisième sont ceux-là mêmes qui ont été les harkis de Mitterrand qui viennent dire et oppose un « non, pas du tout » sys- nitaires, il s’engage dans l’armée témoigner devant la cour d’assises. rescapé du « gang », Omar Zemmi- cela », s’était alors exclamé l’ancien premier ministre. Le jugement a tématique et définitif à chaque fait bosniaque. Incapable de se souve- Avec froideur et détachement, cet- ri, devait être examinée jeudi été mis en délibéré au 10 octobre prochain. – (Corresp.) présenté. Mouloud Bouguelane, nir de la durée de cet engagement te femme déclare avoir définitive- 4 octobre. comme Hocine Bendaoui, reconnaît – « six mois peut-être » –, il affirme ment rompu les liens. « Il m’écrit DÉPÊCHES partiellement sa participation aux le considérer comme une encore mais le courrier va directe- Frédéric Chambon a JUSTICE : dix auteurs présumés de vols à main armée ont été arrêtés, mardi 2 octobre, dans le quartier du Val-Fourré à Mantes-la- Jolie (Yvelines). Agés de 17 à 21 ans, ils sont suspectés d’avoir commis une quarantaine de vols à main armée et de vols avec violence, depuis Au procès de la MNEF, le parquet tente de sauver l’accusation le mois de décembre 2000, dans des établissements de restauration rapide et des supermarchés de la région de Mantes-la-Jolie et du sud MARDI 2 OCTOBRE, le chef de la section est intervenue le 18 octobre 1996. « Il n’est pas de la mutuelle est allée jusqu’à ne pas déclarer des Hauts-de-Seine. financière du parquet de Paris, David Peyron, soutenable en honnêteté que ce document ait été la rémunération aux services fiscaux, dont a PÉDOPHILIE : le directeur d’un centre de loisirs de Thierville avait laissé son auditoire pantois, jusqu’à la fabriqué après cette date », constate-t-il. C’est la M. Strauss-Kahn était entre-temps devenu le (Meuse), soupçonné d’agissements pédophiles, a été interpellé il y présidente de la onzième chambre du tribunal défense qui le lui a fait remarquer. patron. Alors M. Spithakis, catégorique : a cinq semaines, a indiqué, mardi 2 octobre, le maire de la ville, Henri correctionnel de Paris, Sophie Portier, qui Cependant, M. Peyron semble maintenir son « Jamais Dominique Strauss-Kahn [qui avait, lui, Renard, lors d’une réunion à huis clos avec des parents d’élèves. avait relevé qu’on était « quand même un peu accusation. Les documents litigieux ont pu bien déclaré sa rémunération] ne m’a demandé M. Renard a souhaité « briser le silence » en convoquant les parents dans le flou » s’agissant des accusations por- être établis, explique-t-il, pour flouer «un de mettre en place le moindre système de confi- des élèves de 6 à 12 ans qui ont été en contact avec le directeur. tées contre Dominique Strauss-Kahn, prévenu contrôle régional », au demeurant jamais évo- dentialité. » a SANTÉ : un dérivé du cannabis a un effet protecteur sur le cer- de « faux et usage de faux » pour avoir, notam- qué dans le dossier. C’est nouveau. Et ce n’est Le substitut du procureur tente encore quel- veau souffrant de lésions, affirme une étude israélienne menée sur ment, antidaté une lettre justifiant son rôle de que le quatrième mobile désormais avancé ques questions, plus morales que juridiques. des souris, présentée jeudi 4 octobre dans la revue scientifique Nature. conseil dans les négociations entre la Mutuelle depuis le début de l’enquête. De sorte qu’on « Bien sûr, ce n’est pas satisfaisant d’avoir antida- Les chercheurs ont observé chez les rongeurs que la concentration nationale des étudiants de France (MNEF) et ne cesse de s’interroger sur cette accusation té une lettre, dit une fois encore Dominique d’un dérivé du cannabis, un cannabinoïde dénommé « 2-AG », naturel- la CGE, entre 1994 et 1996 (Le Monde du anguille, qui laisse la défense raisonnablement Strauss-Kahn. Mais qui n’a pas signé le bon de lement sécrété par l’organisme, augmentait après un traumatisme du 4 octobre). sceptique devant des pratiques « un tout petit commande de son Frigidaire le jour de sa livrai- cerveau. L’administration du 2-AG a permis de réduire l’œdème céré- Mercredi, M. Peyron a donc voulu « dissiper peu surprenantes ». son ? Je n’avais aucunement le sentiment d’être bral et le volume de l’infarctus chez les souris traitées, tout en accélé- un malentendu » à l’attention de ceux qui ont en infraction. Cette lettre n’était que le reflet de la rant leur récupération clinique. perçu « un certain éloignement de la position du « POURQUOI TANT DE CONFIDENTIALITÉ ? » réalité. » Entamant les plaidoiries, visant l’autre a Les directeurs de centres hospitaliers universitaires ont lancé un parquet avec les réquisitions écrites ». Une litote. Puis, rapidement, l’audience fouille les der- versant du dossier – l’opération immobilière de « cri d’alarme », mercredi 3 octobre, affirmant ne pas disposer de En clair, le représentant du ministère public indi- nières interrogations autour du dossier. la rue Tiphaine –, qui ne concerne pas moyens suffisants pour assurer toutes leurs missions, notamment en que qu’il a pris le dossier sur le tard, que, certes, D’après les cadres de la MNEF, des consignes M. Strauss-Kahn, Me Philippe Lecat, conseil de matière de recherche et d’innovation. Ils s’inquiètent de l’augmenta- la plume est serve, mais que, selon l’adage, la de particulière discrétion avaient été deman- la Mutuelle des étudiants de France (ancienne- tion de leurs activités, non compensée, selon eux, par une croissance parole des magistrats du parquet est libre… dées par Olivier Spithakis, l’ancien directeur ment MNEF), partie civile, stigmatise alors suffisante de leurs budgets. Un élément « nouveau », explique-t-il, est général de la mutuelle, concernant la rémunéra- « Olivier Spitakhis et ses amis », accusés a RELIGION : l’Eglise catholique de France prend position contre le venu le convaincre de ce que l’un des docu- tion de l’ancien ministre. « Pourquoi tant de d’« avoir cambriolé la protection sociale des étu- productivisme agricole et apporte son soutien « à tous ceux qui se ris- ments qualifiés de « faux » reprochés à l’ancien confidentialité ? », demande la présidente. «La diants ».Me Pierre Cycman, pour la Caisse natio- quent à promouvoir un développement de l’agriculture et des espaces ministre – qui a toujours reconnu l’avoir antida- MNEF était très politisée, répond l’intéressé. nale d’assurance-maladie (CNAM), regrette le ruraux respectueux de la nature et de l’homme », dans un document rendu té, mais début 1996 – n’avait pu être écrit après Nous étions en période électorale. Compte tenu « saucissonnage du dossier MNEF ». Réquisitoi- public lundi 1er octobre. Ce texte soutient « des actions alternatives » afin octobre 1996, comme il était jusqu’alors soute- de la personnalité de M. Strauss-Kahn, il me sem- re et plaidoiries de la défense à partir de lundi de « nourrir les hommes de manière équilibrée en quantité et en qualité ». nu par l’accusation. Le document litigieux com- blait de ma responsabilité de donner cette consi- 8 octobre. porte un en-tête avec un numéro de téléphone gne (…), qui était une consigne de discrétion, pas me CORRESPONDANCE à huit chiffres. Or la numérotation à dix chiffres de secret. » M Portier relève que la discrétion Jean-Michel Dumay Une lettre de Bernard Vatier Noyade dans la Sorgue : les parents d’Ovely placés en garde à vue A la suite de notre article intitulé L’activité du bâtonnier de Paris AVIGNON les gendarmes qui mènent l’enquête, Le lendemain, une autopsie était « L’ancien bâtonnier du barreau de représente un temps plein qui le de notre correspondante il s’agit de lever « les incohérences, les pratiquée, le corps de la fillette ne Paris accusé de “prise illégale d’inté- conduit à ne plus exercer au sein La garde à vue des parents de la imprécisions et les contradictions rele- portait plus de trace de strangulation rêts” par un syndicat d’avocats » de son cabinet pendant près de petite Ovely, vingt-trois mois, retrou- vées dans leur première déclaration ». et encore moins de viol (Le Monde (Le Monde du 28 septembre), nous trois années. Aussi, depuis 1984, vée noyée dans les eaux de la Sorgue, C’est ce qu’a confirmé le lieute- du 3 septembre). On concluait alors avons reçu de Me Vatier la mise au l’Ordre a-t-il décidé de verser au le 29 août à l’Isle-sur-la-Sorgue (Vau- nant-colonel Bertrand Soubelet, à une mort par noyade ou hydrocu- point suivante : cabinet du bâtonnier en exercice cluse), a été prolongée de vingt-qua- commandant du groupement de gen- tion. Le titre de votre compte-rendu une indemnité destinée à compen- tre heures, jeudi 4 octobre à Avignon. darmerie du Vaucluse, mercredi au Des analyses complémentaires de d’audience laisse entendre que je ser partiellement le manque à Ils avaient été interpellés par les gen- cours d’une conférence de presse, l’eau contenue dans les poumons de serais accusé devant un tribunal cor- gagner dû à son absence. La déci- darmes, mercredi 3 octobre à l’aube, précisant qu’il s’agit simplement de la victime, rendues publiques mercre- rectionnel pour une infraction péna- sion de principe a été prise par le à Bédarrides, chez un couple d’amis la poursuite normale des investiga- di 3 octobre, confirment que c’est le : la prise illégale d’intérêts. Cette Conseil de l’ordre dans la plus par- qui les héberge depuis le drame. Pour tions. Selon lui, « à ce stade de l’en- bien celle de la rivière où le corps a interprétation se trouve confirmée faite transparence et m’a été appli- quête, les parents ne sont pas sus- été découvert qui s’y trouvait. Le par les nombreux appels téléphoni- quée dans les mêmes conditions pects ». Cinq semaines après la médecin de l’Institut médico-légal ques que je reçois. La réalité est évi- qu’à mes prédécesseurs, comme découverte du corps sans vie de la de Strasbourg, qui a réalisé ces exa- demment tout autre. Il s’agit d’une elle l’est aujourd’hui encore à mes fillette, les enquêteurs ont interrogé mens complémentaires, a identifié procédure civile – qui ne se rappor- successeurs. plus de deux cents personnes. dans le tissu pulmonaire de l’enfant te à aucune infraction pénale – qu’à Le titre de l’article et la taille des Le corps d’Ovely avait été décou- des organismes identiques à ceux travers ma personne des avocats en caractères, en appelant l’attention vert, flottant dans l’eau de la rivière, contenus dans la Sorgue. butte avec l’institution ordinale ont du lecteur sur un délit qui aurait à quelques centaines de mètres du Mais cela n’explique pas comment cru devoir engager. Pour partie, le été commis par l’un de ceux en domicile des parents. Quelques la petite Ovely a pu quitter sa cham- corps de l’article l’établit parfaite- charge du respect de la discipline, mètres plus loin, un employé munici- bre en pleine nuit et se noyer dans la ment, quoiqu’il contienne des me mettent gravement en cause. pal avait trouvé le sac à main de la rivière. Le père, âgé de quarante-six inexactitudes, le journaliste laissant Ils jettent le doute sur la légitimité mère. Sur la foi des premières consta- ans, brocanteur occasionnel, a expli- notamment entendre que j’aurais qui est la mienne comme président tations d’un médecin généraliste de qué aux gendarmes que l’enfant dor- été celui des bâtonniers qui aurait des commissions de déontologie la ville, le parquet d’Avignon avait mait dans un lit à barreaux dont elle perçu les indemnités les plus éle- et comme membre du comité de ouvert, dès le 30 août, une informa- ne pouvait pas sortir seule. vées, alors que j’avais renoncé à lutte contre le blanchiment au sein tion judiciaire pour « meurtre et viol recevoir la totalité de l’indemnité du Conseil des barreaux euro- sur mineur de moins de quinze ans ». Monique Glasberg que le Conseil de l’ordre avait fixée. péens, notamment. 15 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 Les entreprises à risque sous surveillance accrue dans le Nord - Pas-de-Calais Lors d’inspections menées après la catastrophe de Toulouse, la direction régionale de l’industrie, de l’environnement et de la recherche (Drire) a découvert que des entreprises contrevenaient aux règles de sécurité dans la manipulation du nitrate d’ammonium, le produit à l’origine de l’explosion du 21 septembre

DOUAI Quarante et un vont sur le terrain, ment préparé leur visite, avec le Franck Chevet. C’est un choix diffici- dans leur écrasante majorité – ne système était abandonné, il faudrait de notre correspondant régional les neuf autres effectuent des concours de plusieurs collègues du lement contestable. Nous aurions pro- peuvent compter que sur leur surveiller en permanence chaque Dans le Nord - Pas-de-Calais, au tâches plus sédentaires de coordina- siège et d’autres secteurs. « Ce tra- bablement fait le même à l’époque. » connaissance du milieu industriel site classé : « C’est comme si vous moins, la catastrophe de Toulouse tion et d’étude des rapports au siè- vail collectif, discuté en interne et vali- Car il est évident qu’une visite d’une local, leur expérience, leur flair. vouliez mettre un policier derrière aura servi de leçon. Les cinq sites ge, à Douai (Nord). dé par le directeur », est très impor- journée, même à deux, ne permet Lors des visites, parallèlement aux chaque automobiliste pour l’empê- de la région fabriquant ou utilisant Impossible, dans ces conditions, tant, souligne le directeur de la pas de passer une usine au crible. Il contrôles d’installations et de docu- cher de dépasser le 130 », dit-il. du nitrate d’ammonium – la subs- d’assurer un suivi rigoureux des Drire. Il permet aux inspecteurs de faut donc faire des choix ; pratiquer ments, les discussions avec les hom- L’autorisation d’exploitation est, tance à l’origine de l’explosion du ce qu’Hervé Brocard, responsable mes, cadres comme ouvriers, sont certes, une procédure lourde et exi- 21 septembre – ont été inspectés des inspections, appelle « des un aspect fondamental du travail, geante, « mais cela crée du droit ces jours derniers par des fonction- Un débat national sur les sites sensibles frappes chirurgicales très précises et insiste Laurent Chauvel, inspecteur pour tout le monde. Ce contrat passé naires de la direction régionale de rigoureusement ciblées ». Avec les ris- à Lille : « Ils connaissent parfaite- entre l’industriel et le public, sous le l’industrie, de l’environnement et Lionel Jospin a chargé Philippe Essig de l’organisation du débat ques d’erreur démontrés par cette ment la situation, et ce qu’ils vous contrôle de l’Etat, fixe des limites, de la recherche (Drire). Le résultat national sur « Les grands sites industriels à risques ». Né le 19 juillet méthode dans le domaine militai- disent, ou ne vous disent pas, est sou- mais dans les deux sens. Si l’industriel de ces visites, dont le préfet a 1933, M. Essig est un spécialiste des transports ; il a été directeur géné- re… vent très éclairant. » Le « retour entre bien dans ce processus et res- promis une publication rapide, ral de la RATP et président de la SNCF de 1985 à 1988. Il a ensuite été Même ainsi, les moyens humains d’expérience » tiré des accidents pecte les règles du jeu, il dispose révélerait de sérieuses lacunes dans secrétaire d’Etat chargé du logement dans le premier gouvernement de la Drire ne lui ont permis de réa- antérieurs est aussi une arme pré- d’une bonne garantie. Malheureuse- la sécurité de certains d’entre eux. Rocard, en 1988. Lors de sa visite à Toulouse, le 28 septembre, le liser que 80 inspections approfon- cieuse. Au-delà des contrôles sup- Cet épisode est révélateur des diffi- premier ministre avait souligné la nécessité de « mieux maîtriser l’ur- dies et 320 autres contrôles sur plémentaires, l’explosion de Tou- cultés des missions assignées aux banisation autour des sites industriels sensibles sans répéter les erreurs sites plus légers, menés par un seul louse, quand ses causes seront Il est évident qu’une Drire. du passé ». Outre le renforcement des moyens de contrôle et la créa- homme. Ces inspections peuvent mieux connues, amènera certaine- « Nous faisons le maximum avec tion de comités locaux de prévention des risques et d’un plan de pré- être inopinées. C’est évidemment ment dans les « études de danger » visite d’une journée, les moyens dont nous disposons »,se vention des risques technologiques, il avait annoncé « une table ronde le cas pour les contrôles de pollu- des modifications analogues à cel- défend Pierre-Franck Chevet, direc- nationale et des débats régionaux » associant industriels, syndicats, tion. Mais cela n’est pas toujours les intervenues après l’explosion de même à deux, ne teur de la Drire Nord - Pas-de- élus, scientifiques, pour traiter « la question des bâtiments existants possible, ni même souhaitable : silos à Blaye (Gironde), en 1997. Calais. Troisième derrière l’Ile-de- autour d’installations à risques ». « Comment, par exemple, vérifier les permet pas de passer France et Rhône-Alpes pour le nom- opérations de dépotage de l’ammo- 400 VISITES EN 2000 bre de sites industriels sensibles, la niac si aucun camion ne livre ce jour- Les 400 visites (complétées par une usine au crible. région compte 2 062 établissements 2 062 installations classées. Les mieux résister, ensuite, aux pres- là, s’interroge Hervé Brocard. Il 200 contrôles sur dossiers) effec- soumis à autorisation, dont plus de cinquante-cinq sites Seveso à seuil sions et contestations de toute natu- faut que le matériel à inspecter soit tuées par les inspecteurs de la Drire Il faut donc 100 relèvent de la directive Seveso. haut font, néanmoins, l’objet d’un re ou aux accusations en cas d’acci- accessible, ce qui n’est pas toujours Nord - Pas-de-Calais ont donné Parmi eux, 55, dits « à seuil haut », traitement spécial : une « inspection dent, comme à Toulouse, où les ins- le cas. Vous pouvez avoir à consulter lieu, en 2000, à 80 procès-verbaux faire des choix présentent des risques d’incendie, approfondie » menée « au moins pecteurs de la Drire n’avaient pas un document bien précis, souhaiter transmis au parquet pour d’éven- d’explosion et/ou d’émanations toxi- une fois par an » par deux inspec- visité le hangar de stockage de interroger le chef de la sécurité ou tel tuelles sanctions pénales et à 243 ques particulièrement élevés. Pour teurs qui passent « une longue jour- nitrate d’ammonium. « Ils ont pris ingénieur, qui doivent donc être pré- sanctions administratives. La plu- ment, regrette Hervé Brocard, cer- surveiller le tout, la Drire ne dispo- née » dans l’usine. Ces fonction- en compte le système global de sécu- sents. » Les inspecteurs, assermen- part de ces dernières (207) étaient tains ont parfois des difficultés à com- se que de cinquante inspecteurs. naires ont, auparavant, soigneuse- rité, estime, à ce propos, Pierre- tés et qui « disposent des mêmes pou- des arrêtés de « mise en demeure » prendre cette double facette ».La voirs qu’un douanier », ont accès à émis par le préfet et portaient sur remarque vise les industriels autant toutes les parties de l’usine et peu- des négligences n’ayant pas forcé- que les élus ou les associations : les vent interroger qui bon leur sem- ment eu d’impact – comme, par inspecteurs de la Drire ont l’habitu- Faute d’effectifs suffisants, les inspecteurs des Drire se limitent ble. exemple, des contrôles moins fré- de d’offrir une cible aux attaques de Plaintes et alertes diverses sont à quents que ne l’exige la réglementa- ces acteurs aux intérêts divergents. l’origine d’une bonne part de ces tion. Certains industriels sont de « Nous en prenons souvent plein la souvent à une visite rapide de quelques zones sensibles contrôles. Mais, à la différence des bonne foi, mais d’autres rechignent figure de la part des industriels, qui problèmes de pollution, la négli- parfois, reconnaît Hervé Brocard, en veulent moins, et des associations, LA surveillance administrative Or 870 postes de fonctionnaires exploitants eux-mêmes doit être cri- gence pouvant mener à des catas- qui, pourtant, refuse de mettre en qui en veulent plus. C’est très dur, des installations industrielles à ris- sont aujourd’hui affectés à leur tiqué », estime M. Ogé. Mais les trophes majeures – explosion, cause le système actuel : l’exploi- mais c’est sans doute que nous avons que est une idée ancienne. En 1806, contrôle. « Il en faudrait moitié inspecteurs ont parfois manqué incendie ou émanations toxiques tant, premier responsable de la bien fait notre boulot », lance l’un de le préfet de police de Paris ordonne plus », estime Philippe Vesseron, de recul dans l’interprétation de massives – n’est malheureusement sécurité de son établissement, effec- ces fonctionnaires. que, pour les « ateliers, manufactu- directeur de la prévention des ris- données unilatérales. Ainsi, en pas détectable par les riverains. Les tue lui-même son étude de danger res ou laboratoires »,ilsoit« procé- ques au ministère de l’environne- 1989, la Drire de Midi-Pyrénées inspecteurs – ingénieurs des Mines sous la surveillance de la Drire. Si ce Jean-Paul Dufour dé par des gens de l’art, assisté par ment. La Cour des comptes avait estimait imprudemment « la proba- un commissaire de police, à la visite épinglé cette insuffisance d’effec- bilité d’occurrence » d’un accident des lieux à l’effet de s’assurer si l’éta- tifs dès 1996. Elle s’apprête à réité- « très notablement réduite par tou- blissement projeté ne peut point nui- rer ses critiques dans un prochain tes les mesures de sécurité prises et à re à la salubrité, ni faire craindre un rapport, même si 150 postes supplé- prendre ». incendie ». Deux siècles plus tard, mentaires ont été budgétés pour Mais, à la justice qui leur cherche l’enquête sur la catastrophe de 2002. misère après des accidents, les Dri- Toulouse démontre qu’un réel re opposent les 800 procès-ver- contrôle des pouvoirs publics reste « GÉRER L’URGENCE » baux transmis pour la seule année largement théorique. « La France La nouvelle mouture, plus com- 2000 au parquet, à la suite d’infrac- était en retard, elle le reste », a affir- plète et complexe, de la directive tions graves constatées : le plus mé mardi 2 octobre Dominique Seveso, décidée en 1996 et transpo- grand nombre est classé sans suite. Voynet, l’ancienne titulaire du sée dans le droit français en 1999, 15 000 inspections ont été menées ministère de l’environnement, à qui n’a pas facilité la tâche des acteurs. l’année dernière par les inspec- échoit cette responsabilité depuis « Ces inspecteurs sont souvent des teurs des sites classés. Elles ont 1971. gens de qualité mais ils sont obligés donné lieu à 2 450 sanctions admi- Sur le terrain, les Directions régio- constamment de gérer l’urgence », nistratives. Ces dernières sont de nales de l’industrie, de l’environne- constate Frédéric Ogé, chercheur trois niveaux : la mise en demeure ment et de la recherche (Drire) sont au CNRS, spécialiste des usines à par le préfet (2 000) ; la consigna- chargées de l’inspection des sites risque. Les visites se limitent sou- tion de sommes – pouvant attein- classés à risque. Depuis l’explosion vent à une vérification des docu- dre plusieurs dizaines de millions de l’usine Grande Paroisse AZF de ments fournis par l’entreprise et à de francs –, le temps que l’exploi- Toulouse, vendredi 21 septembre, l’inspection rapide de quelques tant régularise sa situation (300) ; ces fonctionnaires vivent comme zones sensibles. Lors de l’inspec- la fermeture administrative (150). une injustice les accusations de tion menée le 17 mai 2001 sur les Le malaise des responsables des laxisme portées à leur encontre, par 72 hectares de l’usine Grande installations classées est ancien. A l’opinion publique mais aussi par la Paroisse AZF, le hangar où était tel point que le ministère de l’envi- justice. La France compte entreposé le nitrate d’ammonium ronnement avait planifié, avant 500 000 installations classées pour n’avait pas été contrôlé. même l’explosion d’AZF, une gran- la protection de l’environnement, Les conclusions des Drire repo- de réunion, le 6 novembre, à Paris. selon la loi de 1976, dont 64 600 sou- sent donc fréquemment sur des Les événements de Toulouse et les mises à autorisation. Et valeurs d’émissions polluantes ou critiques qui ont suivi devraient 1 249 entrent dans le cadre de la des études de danger réalisées par nourrir les doléances. directive Seveso II (1996), enfin les entreprises elles-mêmes. «Le 680 sont répertoriées à haut risque. mythe de l’autosurveillance par les Benoît Hopquin 16 / LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 HORIZONS ENQUÊTE L’hypothèse de la piste saoudienne

OUR l’heure, le monde entier est persuadé que Ben Laden est responsa- ble des attentats qui ont ensanglan- té New York et Washington le 11 septembre. Près de trois semaines après les faits, les Penquêteurs américains affirment qu’ils détiennent des preuves tangi- bles contre le terroriste milliardai- re, actuellement réfugié en Afgha- nistan. Preuves qui seraient actuel- lement communiquées aux alliés des Etats-Unis. En attendant que ces fameux élé- ments à charge contre Ben Laden soient rendus publics, il reste per- mis de se poser certaines questions et d’ouvrir d’autres pistes. Car des points de l’enquête mènent à un groupe terroriste isolé d’Arabie saoudite ayant pour leader idéologi- que Salman al-Awdah, actuelle- ment incarcéré dans les geôles saou- diennes. Pourquoi l’Arabie saoudite ? A cause de la présence des soldats occidentaux en Terre sainte, qui fâche l’opinion arabe depuis plus de dix ans. Lorsqu’il a réuni les oulé- mas pour donner un cadre religieux à la présence des forces occidenta- les en Arabie saoudite lors de la guerre du Golfe, le roi Fahd s’était engagé à ce qu’elles quittent le pays à peine la dernière cartouche tirée. Dix ans après ce conflit armé, les troupes américaines sont toujours là. Une présence jugée d’autant plus déplacée que l’opinion publi- que arabe regrette le parti pris des Américains en faveur des Israéliens dans la nouvelle Intifada et dénon- ce de plus en plus fortement l’em- bargo ainsi que les bombarde- ments anglo-américains sur l’Irak. destinement en Europe et aux Etats- fi » ainsi que par le Hezbollah-gol- Laden lorsqu’il déclarait au lende- tchénie selon leurs familles, qui Pour expliquer le stationnement L’identité Unis. « Un sermon de la mort », qui fe, considéré comme la branche du main des attentats que ceux qui ont déclarent ne plus être en contact de troupes américaines en Arabie appelle l’élite intellectuelle saou- Djihad dans la péninsule. Ce der- mené cette action « l’ont faite pour avec eux depuis qu’ils ont quitté saoudite, il faut remonter jus- saoudienne dienne au sacrifice et au martyre nier groupe avait lancé un ultima- leur intérêt personnel » ? A noter l’Arabie saoudite, il y a deux ans. qu’aux événements de 1979. C’est pour attaquer les Occidentaux et le tum fin avril 1995 aux forces occi- que l’un des deux religieux radicaux Le fait que les terroristes soient l’arrivée au pouvoir à Téhéran de de plusieurs régime des Saoud, accusé de servir dentales, pour qu’elles quittent engagés contre le gouvernement saoudiens peut expliquer que ni la l’imam Khomeyni cette année-là les « croisés ». l’Arabie saoudite. de Riyad, Sfar al-Hawli, fondateur CIA ni le FBI n’aient vu arriver les qui bouleverse la question sécuritai- terroristes Le texte de cette fatwa est particu- Depuis le milieu des années 1990, avec Salman al-Awdah du Mouve- attentats. Avant le 11 septembre, re dans la région. Avec le shah en lièrement frappant. Extrait : « L’op- une véritable opposition à la pré- ment de la résurgence islamique, les Saoudiens n’étaient pas poten- Iran et le régime Saoud à Riyad, les impliqués position doit être menée au premier sence américaine s’est organisée. est également originaire de cette tiellement aussi suspects que la Américains avaient posé à l’époque rang par un groupe de personnes, Une génération de Saoudiens a pu région. grande majorité des autres ressor- les bases de leur politique étrangè- dans les issues de l’élite, qui seraient dispo- se former à la critique contre les for- De son côté, l’Arabie saoudite a tissants arabes. L’Arabie saoudite a re dans le Golfe, baptisée « la théo- sées à tout sacrifier pour la cause. Ce ces occidentales. Nul doute que les refusé d’admettre que ses ressortis- toujours été considérée comme rie des deux piliers » : le pilier politi- attentats du petit groupe devra se préparer à jeunes Saoudiens suspectés dans sants soient impliqués dans ces l’un des plus sûrs alliés des Etats- que en Iran et le pilier financier en affronter la détention, la torture et les attentats du 11 septembre ont attentats. Elle a prétendu que les Unis dans le monde arabe. Quant à Arabie saoudite. 11 septembre même la mort. Il devra être solide- été nourris par ce débat qui fait hommes qui portent ces identités la communauté du renseignement L’effondrement du premier pilier ment déterminé et frapper précisé- rage depuis dix ans dans le royau- sont vivants et se trouvent dans le américain, la plupart des observa- avec le départ du shah d’Iran et laisse penser ment pour que le reste du support me. Golfe. Or, explique un universitaire teurs s’accordent à relever sa l’instauration d’une république isla- s’effondre. Ce groupe n’a pas néces- Car, après avoir un temps hésité qui souhaite rester anonyme, «ily méconnaissance de la situation poli- mique à Téhéran oblige les Améri- que l’Arabie sairement besoin d’être grand. » sur la nationalité des kamikazes, à a des centaines de gens qui portent le tique interne en Arabie saoudite, et cains à accentuer leur aide au royau- Des références que l’on retrouve cause notamment du risque d’utili- même nom et le même prénom dans plus particulièrement des ressorts me des Saoud. Une assistance for- saoudite dans le document qui a servi aux sation de fausses identités, le FBI a cette région, et il faut remonter par- de l’opposition islamiste. C’est aus- malisée dans le cadre de l’US Cen- terroristes du 11 septembre. Les publié sur son site, le 28 septembre, fois jusqu’au grand-père, voire plus si leur incroyable immersion dans tral Command, qui fait de la région abriterait premiers éléments de l’enquête des compléments d’information. La haut, pour distinguer les individus ». la société américaine qui a permis une zone stratégique de premier montrent qu’une partie des terroris- police fédérale note que 7 des Ces hommes auraient-ils pu être aux terroristes de rester discrets ordre pour Washington. des islamistes tes ont habité ou transité en Gran- 19 suspects seraient d’origine saou- en contact avec Ben Laden ? C’est pendant des mois, voire des L’invasion du Koweït par l’Irak, de-Bretagne et en Allemagne. Ces dienne. Sept autres terroristes pour- possible, mais il faut souligner que années. « Ils vivaient comme nous. en 1991, n’a fait que confirmer l’in- prêts deux pays abritent une délégation raient également être de nationali- très peu de Saoudiens sont allés se Ils étaient aimables, prévenants et capacité du royaume à assurer seul du Comité de défense des droits té saoudienne, tant ils portent des battre aux côtés de Ben Laden en ouverts », témoignent les nom- sa sécurité. D’autant qu’une premiè- à frapper légitimes, une association d’oppo- noms typiques du royaume : Afghanistan ou ailleurs. En outre, breux voisins qui les ont côtoyés. re alerte avait eu lieu en 1979. L’Ara- sants saoudiens au régime des Ahmed et Hamza Alghamdi, Fayez Ben Laden, qui a été déchu de sa Ni fiché ni suspect, et formidable- bie saoudite avait alors dû faire les Etats-Unis Saoud. Certains policiers, spécialis- Ahmed… La majorité des terroris- nationalité saoudienne en 1994, a ment inséré dans l’american way of appel aux gendarmes français du tes des réseaux islamistes, soupçon- tes se révèlent donc être d’origine été également renié par le régime, life : qui plus qu’un étudiant saou- GIGN pour reprendre le contrôle nent ce comité de relayer les thèses saoudienne. qui a obligé sa propre famille à faire dien pouvait avoir ce profil avant le de la Grande Mosquée de La Mec- de Salman al-Awdah. 11 septembre ? que, occupée par des terroristes te, en 1992, le cheikh est visé par La contestation en Arabie saoudi- Dernière question : pourquoi la armés. une deuxième pétition signée par te ne s’est pas limitée à la critique Le fait que les terroristes soient saoudiens piste saoudienne n’est-elle pas 107 religieux. Le texte dénonce mais a largement débordé dans la publiquement évoquée par les ÉSULTAT : les milliers de sol- entre autres le soutien qu’il appor- violence. Deux attentats contre des peut expliquer que ni la CIA services de sécurité américains ? dats et civils américains ins- te au roi et exige une véritable indé- intérêts américains ont été commis Parce que ces deux alliés y ont tout Rtallés dans le royaume appa- pendance nationale. ces dernières années. Le 13 novem- ni le FBI n’aient vu arriver les attentats à perdre. S’il apparaît que les raissent comme la seule garantie Aujourd’hui, même le fils de l’an- bre 1995, une bombe contre un auteurs des attentats sont bien des d’apporter la sécurité dans la cien ministre du pétrole, Hani immeuble abritant des conseillers Saoudiens, les conséquences dans région aux yeux des autorités saou- Yamani, auteur du livre Si tu es saou- américains de la garde nationale a Les patronymes Alghamdi et de même. Autrement dit, avoir été les relations entre les Etats-Unis et diennes et de leurs alliés de Wash- dien, milite pour le départ des for- fait 7 morts. Le 27 juin 1996, un Alsheri, soit six terroristes présu- en contact avec Ben Laden à partir l’Arabie saoudite seraient très ington. Riyad a commandé pour ces américaines au profit d’une camion bourré d’explosifs faisait més, retiennent particulièrement de 1994 était considéré par le gou- graves. Les Etats-Unis accueillent plus de 30 milliards de dollars de armée musulmane. « Il existe une 19 morts et 540 blessés dans la base l’attention. Ces noms se rattachent vernement saoudien comme un ges- près de 25 000 étudiants saoudiens matériel militaire aux Etats-Unis véritable irritation au sein même du américaine d’El Khobar, près de à la région d’Assir, en Arabie saoudi- te hostile, voire un signe de haute dans leurs universités. Comment depuis la guerre du Golfe, alors gouvernement concernant la présen- Dahran. Le premier réflexe des te. Ils sont issus de deux clans ara- trahison. Ce qui signifie qu’un Saou- s’y prendront-ils pour surveiller qu’aucun accord de défense ne lie ce américaine, note un observateur Saoudiens fut d’accuser l’Iran. Mais bes, les Hamedi et les Sharahni. Les dien qui approche Ben Laden est tous ces ressortissants, devenus les deux pays. avisé de la scène saoudienne. Quant l’enquête sur l’attentat de 1995 a populations d’Assir n’ont jamais rapidement fiché par les services de soudainement potentiellement aus- Pourtant, dès la fin de la guerre au peuple, une petite minorité seule- permis d’arrêter quatre Saoudiens. vraiment accepté la mainmise des renseignement saoudiens. Lesquels si suspects que les autres Arabes ? du Golfe, de nombreuses manifes- ment perçoit Ben Laden comme le Les yeux marqués et les visages Saoud sur eux. Pour comprendre surveillaient de très près les allées La tension qui naîtrait alors entre tations ont eu lieu en Arabie saoudi- grand méchant loup. » tuméfiés par la torture, ces hom- les raisons de leur opposition, un et venues des visiteurs de Ben les deux pays pousserait les Saou- te contre le parapluie militaire amé- Au début des années 1990, deux mes ont reconnu leur culpabilité petit rappel historique s’impose. Laden en Afghanistan. diens à demander le départ des sol- ricain. Certains opposants ont jeunes oulémas se sont particulière- devant les caméras de la télévision. Lorsque l’actuelle famille royale uni- dats américains, déstabilisant d’un même demandé au gouvernement ment distingués dans la critique du Après avoir été décapité, ce quarte- fie le pays, sa conquête, qui démar- JOUTONS que la moyenne coup l’équilibre fragile des forces de Riyad d’instaurer le service mili- gouvernement en place : Sfar ron de terroristes a été présenté par re du Koweït en 1902, se termine d’âge des dix-neuf suspects, en présence dans la région et fai- taire obligatoire et de mettre sur al-Hawli et Salman al-Awdah ont les services de renseignement saou- dans la région d’Assir, dernière pla- Ala trentaine d’années, indi- sant ainsi chuter le deuxième pilier pied une armée de 500 000 hom- créé le Mouvement de la résur- diens comme proche de Ben Laden ce forte du royaume, prise en 1929. que que les terroristes n’ont pas pu de la politique américaine au mes. En mai 1991, les islamistes gence islamique. Leurs prêches sur et d’Al Masaari, autre opposant au Or les tribus de cette région n’ont se battre en Afghanistan du temps Moyen-Orient, vingt ans après la saoudiens exigeaient, au travers l’absence de démocratie dans le régime. jamais vraiment été intégrées : tous de la présence soviétique. En 1994, chute du premier. d’une première pétition adressée royaume et la présence des « infidè- Pourtant, même les Américains, les postes prestigieux du gouverne- lorsque Ben Laden a été déchu de au roi, une douzaine de réformes les » leur ont valu d’être jetés en pri- qui n’ont pas été autorisés à interro- ment et les richesses du pays ont sa nationalité, certains avaient tout Ali Laïdi législatives, juridiques et militaires. son en septembre 1994. Après leur ger ces accusés, ont remis en cause été partagées entre les clans du juste dix-huit ans. C’est le cas de Dessin Serguei Dans la foulée, les signataires criti- arrestation, un mystérieux la crédibilité de leurs aveux. Les nord. D’où une certaine frustration Satam Al Suquami, d’Ahmed Alhaz- quèrent la plus haute autorité reli- « bataillon des fidèles » a menacé Saoudiens avaient-ils des choses à des tribus du sud, qui s’opposent nawi. Leur intérêt pour les idées de Ali Laïdi est journaliste, gieuse saoudienne, le cheikh Abdel le régime en place et les institutions cacher au point d’écarter de l’en- au pouvoir central, et un recrute- Ben Laden a donc bien été éveillé spécialiste du terrorisme. Aziz Ibn Baz, pour avoir autorisé la occidentales dans le monde. Sal- quête leur allié ? Quant à l’attentat ment facile pour un mouvement en Arabie saoudite. Toutefois, note Il collabore à plusieurs titres présence de troupes non musulma- man al-Awdah a même enregistré du 27 juin, il fut revendiqué par «la d’opposition armée. Est-ce à ces la presse saoudienne, 6 des 19 kami- de la presse française nes en Terre sainte. L’année suivan- une cassette audio qui circule clan- légion martyre Abdoullah al-Houzai- hommes que faisait référence Ben kazes se seraient battus en Tché- et à la télévision publique. HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 / 17 Les limites de la diplomatie européenne 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD – 75242 PARIS CEDEX 05 LES MEMBRES de la troïka européenne sont être, comme l’Amérique, garante de la sécurité ter des gouvernements autoritaires à se réformer Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F revenus de leur tournée de la semaine passée d’Israël, l’Europe ne pourra jamais jouer dans la eux-mêmes. Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). dans le monde arabo-musulman avec la satisfac- région qu’un second rôle. Pourtant, ce n’est pas C’est possible, mais en attendant, la prudence Internet : http: // www.lemonde.fr tion du devoir accompli. D’Islamabad à Téhéran, faire preuve de cynisme que de constater qu’au devrait commander de ne pas tresser des couron- de Riyad au Caire puis à Damas, ils ont tenté de moment où la toute-puissance américaine est nes de laurier au général Pervez Moucharraf, ÉDITORIAL mobiliser leurs interlocuteurs en faveur de la lut- ébranlée, l’Europe a des atouts à faire valoir. comme les membres de la troïka ont cru bon de te contre le terrorisme, dans une région où la soli- Elle incarne les valeurs démocratiques et cultu- le faire. Outre que le très instable « pays des darité en faveur des Etats-Unis ne va pas de soi. relles qui sont le fruit de sa diversité, et sa politi- purs » est engagé dans une course à l’armement Ils ont aussi affirmé les valeurs de l’Europe et sou- que étrangère n’est pas, comme celle de l’Améri- nucléaire avec l’Inde, les convictions du général Vu de France ligné que celle-ci a l’ambition et les moyens de que, la résultante d’une puissance brute, qu’elle pakistanais, pour qui « la démocratie doit être jouer un rôle majeur dans les relations internatio- soit militaire ou économique. C’est ce besoin adaptée à son environnement », doivent faire réflé- UR le fond, l’exercice fut biance, le ton général, en et hors nales. Ce triple objectif a été plus ou moins d’une approche différente des relations interna- chir. En Syrie, d’autre part, il peut sembler inno- sans surprise. A s’en séance : interruptions incessan- atteint selon les pays. Ce voyage, ainsi que celui tionales que les membres de la troïka ont pu cent de requérir l’« expertise de Damas en matière tenir à la lettre des inter- tes sur les bancs de la droite, peti- qui l’avait précédé de quelques jours, lorsque la mesurer à chacune de leurs étapes. A Washing- de lutte contre le terrorisme », sachant que ce pays Sventions, le débat, mer- tes phrases politicardes dans les troïka s’est rendue à Washington, revêt une certai- ton, ils ont, d’autre part, constaté que, dans la cri- a arrêté de signer, depuis 1973, les treize conven- credi 3 octobre à l’Assemblée couloirs et attaques à visées élec- ne exemplarité dans la mesure où il révèle les se actuelle, la « ligne Powell », réputée modérée tions internationales existantes liées au terro- nationale, sur la réponse à appor- toralistes. Ce n’était plus un potentialités et les limites de la diplomatie euro- et multilatéraliste, pour tout dire « européen- risme. ter aux attentats de New York et débat à la hauteur de l’enjeu, péenne, qui pâtit encore d’un manque de ma- ne », semble l’emporter. L’heure diplomatique de En Iran enfin, le message de l’Europe, qui vise à Washington, a été le juste reflet mais une querelleuse réunion turité. l’Europe est-elle donc venue ? aider le camp modéré du président Khatami, de l’échiquier politique national. politicienne. On n’était pas dans Les Quinze, réagissant avec une rare diligence, Dans l’immédiat, des Balkans au Proche- serait plus clair si, comme le soupçonne Washing- A ceci près que de gauche à droi- l’émotion ni dans les affaires du étaient présents sur le terrain dix jours après les Orient, en passant par la conférence de Durban ton, des arrière-pensées commerciales ne te, on a exprimé une solidarité vaste monde ; on était en campa- attentats contre l’Amérique pour délivrer un mes- contre le racisme, l’Europe commence à compren- venaient édulcorer le message des Quinze en de cœur avec les Américains, pas gne, et très hexagonale… sage de concorde entre les mondes occidental et dre que la « diplomatie du réel » suppose d’être faveur des droits de l’homme. Si l’Europe veut toujours unanime en ces lieux, et Il y avait pourtant à réfléchir musulman, lequel n’a été brouillé que temporaire- présent au bon moment, collectivement, et avec montrer que, collectivement, elle apporte une une condamnation sans réserve sur l’attitude de la France dans ment par la « trahison » de Silvio Berlusconi. ténacité. Et de ne pas verser dans l’angélisme… valeur ajoutée sur la scène internationale, elle du terrorisme. Sur ce dernier cette affaire. Matière à s’interro- Curieux attelage au demeurant : le franc-parler Les Européens justifient le rapprochement opéré doit faire preuve de réalisme et de fidélité à ses point, c’est le premier ministre ger sur cette disproportion entre insatiable de Louis Michel, ministre belge des avec des Etats comme l’Iran, la Syrie et le Pakis- principes. qui a donné l’exemple : « Le terro- l’émotion affichée au plus haut affaires étrangères, la diplomatie ondoyante de tan, en postulant que des échanges réguliers avec risme ne s’explique pas, et se justi- niveau de l’Etat (Jacques Chirac Javier Solana, haut représentant de l’Union pour les démocraties européennes vont peu à peu inci- Laurent Zecchini fie encore moins, par les inégalités à Washington et à New York) et la politique extérieure et de sécurité, la prudence qui divisent le monde et par les con- la faiblesse des moyens mis à dis- réfléchie de Chris Patten, commissaire européen flits qui le bouleversent », a dit Lio- position des Etats-Unis (un pétro- chargé des relations extérieures, c’était là une nel Jospin. Dans sa radicalité, cet- lier ravitailleur, une frégate). On « recette » incertaine pour parler d’une même Mondialisation par Pancho te condamnation, là encore, don- sait les Etats-Unis soucieux voix. Pour les interlocuteurs de l’Union, le con- nait la mesure de l’émotion parti- d’agir en toute liberté et de ne cept de troïka reste malgré tout déroutant. culière suscitée par les massa- pas répéter l’expérience du Koso- Le spectacle de Louis Michel et de Colin Powell cres du 11 septembre. vo où la France s’opposa à certai- prenant la parole au département d’Etat, alors Faut-il agir militairement avec nes des cibles, civiles, retenues que Javier Solana et Chris Patten restaient silen- les Etats-Unis ? A cette question, par le Pentagone dans la campa- cieux et comme embarrassés sur un côté de l’es- le premier ministre a donné une gne de bombardements contre la trade, était à lui seul symptomatique de cette diffi- réponse d’une parfaite orthodo- Serbie. On sait que la Grande- culté des Européens à exister collectivement sur xie européenne et déjà plusieurs Bretagne était militairement dis- la scène internationale. Le chef du trio est naturel- fois exprimée par les Quinze : dis- ponible à plus d’un titre : allié pri- lement le ministre des affaires étrangères du pays ponibilité de principe et liberté vilégié, elle est le pays qui a eu, qui assume la présidence de l’Union, mais com- d’appréciation. Dès lors qu’elle après les Etats-Unis, le plus de me la fréquence de ce tourniquet est semestrielle, serait sollicitée par Washington, morts à New York (de deux cents cela signifie que son autorité ne s’affirme, au la France entend pouvoir partici- à trois cents) ; enfin, pure coïnci- mieux, que pendant quatre mois. Comment, dans per à la définition des objectifs et dence, elle est depuis septembre de telles conditions, les chefs d’Etat et de gouver- à la planification des actions. en grandes manœuvres militai- nement du Pakistan, d’Iran, d’Arabie saoudite, Position avec laquelle la droite a, res dans la région. d’Egypte et de Syrie pourraient-ils accorder à grosso modo, manifesté son Mais l’impression générale qui leurs hôtes un crédit politique en rapport avec le accord, cependant que Robert en ressort est celle de l’inexisten- poids économique de l’Union européenne ? Hue, pour le PCF, et Jean-Pierre ce militaire de la France et de D’autant qu’en se succédant en ordre dispersé Chevènement, pour le MDC, fai- l’Europe en tant que telle dans dans la région, les ministres des affaires étrangè- saient part de leurs réserves. une affaire où l’on a proclamé res des Quinze défendent souvent davantage A tout cela, on ne trouverait haut et fort notre émotion et leurs priorités nationales que celles de l’Union rien à redire, sinon pour regret- notre solidarité avec les Etats- dans son ensemble. ter que ce débat soit venu bien Unis. Etait-ce inévitable et sou- tard. Mais il y eut la forme, l’am- haitable ? DES ATOUTS À FAIRE VALOIR Une clarification serait donc la bienvenue. Elle 0123 est édité par la SA LE MONDE suppose de conférer au poste de haut représen- Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani tant pour la politique extérieure et de sécurité un Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; Noël-Jean Bergeroux. statut et des moyens, c’est-à-dire une autorité, en Directeurs généraux adjoints : Edwy Plenel, René Gabriel rapport avec les ambitions extérieures de Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves Romain l’Union. Les Quinze sont-ils prêts à consentir les Directeur de la rédaction : Edwy Plenel abandons de souveraineté que cela suppose ? Directeurs adjoints : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau Directeur artistique : Dominique Roynette ; adjoint : François Lolichon Rien n’est moins sûr. Pourtant, dans toutes les Secrétaire général : Olivier Biffaud ; déléguée générale : Claire Blandin Chef d’édition : Christian Massol ; chef de production : Jean-Marc Houssard capitales qu’ils ont visitées, les membres de la troï- Rédacteur en chef technique : Eric Azan ; directeur informatique : José Bolufer ka ont entendu un message similaire : « Venez, Rédaction en chef centrale : Alain Frachon, Eric Fottorino, Laurent Greilsamer, nous avons besoin de l’Europe. » Michel Kajman, Eric Le Boucher, Bertrand Le Gendre C’est particulièrement vrai au Proche-Orient, Rédaction en chef : Alain Debove (International) ; Anne-Line Roccati (France) ; Anne Chemin (Société) ; puisqu’en Iran comme en Arabie saoudite, en Jean-Louis Andréani (Régions) ; Laurent Mauduit (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Egypte et en Syrie, on souhaite que les Européens Josyane Savigneau (Culture) ; Serge Marti (Le Monde Economie) s’impliquent davantage dans le processus de paix Médiateur : Robert Solé israélo-palestinien afin, essentiellement, d’équili- Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg brer un tant soit peu l’influence américaine. Bien Directeur des relations internationales : Daniel Vernet sûr, ce rôle ne peut être que relatif : ne pouvant Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président

Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994)

dent russe ne manque pas de mon- les camps d’entraînement d’où sont que américaine dans la région – qu’il Le Monde est édité par la SA LE MONDE naie d’échange dans sa relation avec sortis les talibans et les fantassins de s’agisse de l’Irak ou du conflit israé- Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. Une coalition Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, une administration Bush soucieuse Ben Laden. Une partie de l’establish- lo-palestinien. Les dirigeants arabes Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, d’obtenir de Moscou le soutien au ment militaro-politique pakistanais ont tous fait savoir aux Etats-Unis Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. en trompe-l’œil projet américain de bouclier antimis- est intimement liée à ces bandes isla- qu’ils ne pourraient rester dans la siles. Les Etats-Unis doivent déjà à mistes qu’Islamabad utilise dans la coalition si la réponse américaine Suite de la première page Vladimir Poutine un élément-clé de lutte menée au Cachemire indien. aux attentats du 11 septembre ILYA50 ANS, DANS 0123 leur dispositif contre Ben Laden : la Mais nulle part ailleurs qu’au Pro- devait prendre la forme d’une opéra- Les attentats de Washington ont- possibilité de déployer une partie de che-Orient la coalition ne paraît tion militaire contre l’Irak. Tributai- ils convaincu les coalisés de faire pas- leur logistique au Tadjikistan et en plus circonstancielle. En apparence, re de la façon dont la politique amé- Vent de crise économique à Londres ser au second plan leurs intérêts Ouzbékistan, deux pays toujours pas une capitale de la région n’a osé ricaine est perçue dans ces pays, la d’Etat quand ceux-ci ne se confon- dans l’orbite du Kremlin. L’un et dire non à Washington. En réalité, marge de manœuvre des Etats-Unis UN VENT DE CRISE économi- taux placés outre-Manche à un dent pas avec la lutte contre le terro- l’autre sont dirigés par des régimes les hésitations à se ranger active- est ici des plus faibles. En témoigne que et financière souffle dans la rythme accéléré. La crise iranien- risme ? Rien n’est moins sûr. aussi corrompus que dictatoriaux, ment dans la coalition sont nom- cet ultime paradoxe : l’Arabie saou- brumeuse cité de Londres en ce ne, sanctionnée par l’humiliant Le ralliement des Européens est qui ne laissent place qu’à une forme breuses et, souvent, ouvertement dite, régime fondamentaliste absolu début d’automne, tandis que le abandon d’Abadan, a d’autre part sincère mais conditionnel. Il dépend d’opposition : l’islamisme militant… exprimées. Chez les radicaux et terre nourricière de l’intégrisme peuple anglais se prépare à élire sensiblement modifié du point de de l’ampleur que prendra la riposte d’abord, à Damas et à Téhéran. On musulman de par le monde, allié un nouveau Parlement. Les réser- vue financier la structure des américaine. Les services de rensei- RELATION PARADOXALE y rejette la définition du terrorisme politique et militaire de l’Amérique, ves monétaires de la zone ster- importations de pétrole du Royau- gnement européens coopèrent plei- Plus distante, l’association de la communément admise en Europe qu’on aurait cru moralement endet- ling, que gère la Grande-Breta- me-Uni. Il achetait celui de la nement avec ceux des Etats-Unis. Chine à la coalition relève du même ou aux Etats-Unis ; on refuse d’y ran- té du fait que Ben Laden fut l’un de gne, ont baissé de 598 millions de Perse en livres pour le revendre Mais nombre d’Etats du Vieux Conti- genre de calculs. Ce sont ceux d’un ger les attentats – y compris contre ses fils, a refusé son aide militaire à dollars entre le 30 juin et le 30 sep- souvent en dollars. nent ne sont finalement pas si Etat exploitant une situation don- des civils – que peuvent perpétrer George W. Bush. Celui-ci vient de tembre. C’est la plus forte baisse En attendant que d’autres sour- fâchés de voir l’Amérique agir mili- née pour réaliser au mieux ses des groupes comme le Hamas et le sentir le danger, en déclarant – tardi- enregistrée depuis 1945. De nou- ces « sterling » soient dévelop- tairement seule, ou presque, en objectifs. A quelques semaines de Djihad palestiniens. Kamal Kharazi, vement – son attachement à la créa- veau des bruits de dévaluation, pées, il devra se résigner à perdre dehors du cadre de l’OTAN. Le rallie- son entrée dans l’Organisation mon- ministre iranien des affaires étrangè- tion d’un Etat palestinien. d’ailleurs démentis, et en tout cas 200 ou 300 millions de dollars par ment de la Russie est beaucoup plus diale du commerce (OMC), Pékin res, fixe les limites de la participa- Au Proche-Orient comme ail- prématurés, courent dans les an. On n’oubliera pas aussi que le ambigu et assurément plus intéres- veut, à l’intérieur, dans le Xinjiang, tion de son pays à la coalition quand leurs, de la Tchétchénie au Xinjiang, ruelles de la City comme dans le gouvernement travailliste ne béné- sé. Vladimir Poutine est arrivé au pouvoir réprimer en toute tranquil- il déclare : « Comment les Etats-Unis les conflits qui restent déterminants monde entier. ficie plus du plan Marshall, à un pouvoir en « surfant » sur une lité un mouvement autonomiste de pourraient-ils conduire une campa- et qui sont perçus par les intéressés D’où vient le mal ? Des facteurs moment où le remboursement vague d’attentats terroristes qui lui musulmans ouïgours dont on gne internationale pour lutter contre comme « centraux », ceux qui défi- temporaires ont certainement des emprunts américain et cana- ont trop opportunément permis de entendra très vite dire qu’ils sont le terrorisme alors qu’ils soutiennent nissent l’action des Etats restent, joué dans le sens d’une aggrava- dien commence. Si grave que soit relancer les opérations en Tchétché- eux aussi, bien sûr, manipulés par Israël et le terrorisme israélien ? »A pour le moment, ceux de tion de la balance des paiements. la situation, il convient de ne pas nie. On voit bien ce qu’il aurait à des islamistes. Damas, le quotidien Al-Baas, porte- « l’avant-11 septembre ». A cette époque de l’année, les Bri- tomber dans un pessimisme exces- gagner dans un marché informel Telles sont quelques-unes des limi- parole du parti au pouvoir, n’est pas tanniques font leurs provisions de sif. Les réserves monétaires res- avec Washington : sa solidarité acti- tes et des contradictions de cette moins critique de la coalition quand Alain Frachon coton et de tabac. Américains et tent fort importantes. ve dans la lutte contre Ben Laden en coalition contre le terrorisme isla- il écrit très officiellement : « Le terro- Canadiens ont rapatrié leurs capi- (5 octobre 1951.) échange d’une latitude totale dans miste. Pour la former, les Etats-Unis risme israélien dépasse tous les terro- la sale guerre qu’il poursuit au Cau- n’hésitent pas à s’appuyer sur des rismes. » Deux petites phrases qui PRÉCISION case – le feu vert lui étant d’autant régimes ou des pratiques qui, ici et donnent la mesure du sérieux de la 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS plus volontiers accordé que les indé- là, nourrissent, par leur brutalité, l’is- participation de la Syrie et de l’Iran à JEAN-PAUL HUCHON pendantistes tchétchènes ont pu lamisme radical que Washington la coalition washingtonienne… Jean Paul Huchon, président Adresse Internet : http: // www.lemonde.fr avoir le soutien de quelques bandes entend combattre. Encore plus para- Chez les modérés, la méfiance est (PS) du conseil régional Ile-de- Télématique : 3615 code LEMONDE « benladénistes ». doxale est la relation développée de même nature et à peine moins France, nous demande de préciser Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) A peine annoncée sa participation avec un autre pays clé de la coali- voilée. A Amman, au Caire, à Bey- que, contrairement à ce que nous ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) à la coalition, M. Poutine n’eut rien tion, le Pakistan. Le « pays des routh, on n’ose afficher une vraie avons écrit dans Le Monde du de plus pressé que de refuser l’offre purs » est constitutionnellement un solidarité avec les Etats-Unis de 28 septembre, il a « soutenu dès le Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 Index du Monde : 01-42-17-29-89. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 de médiation en Tchétchénie que lui pays intégriste musulman. Ses servi- peur de heurter de front des opi- départ la candidature de Bertrand offrait le président géorgien, ces secrets et son armée protègent nions publiques qui ressentent com- Delanoë à la Mairie de Paris » et l’a Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 Edouard Chevardnadze. Le prési- et appuient les écoles religieuses et me profondément injuste la politi- « appuyé dans sa campagne ». 18 / LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 HORIZONS-DÉBATS Complexité orientale D’une apocalypse par Malek Chebel à l’autre IABLES d’Orientaux : plus la méconnaissance est gran- rain : pour de multiples raisons, le hermétique » des musulmans par Pierre Lory en quelques jours, ils de, plus son degré pathogène est Pakistan est le principal bailleur (comment distinguer entre, d’un ont réussi à illustrer ce palpable. Or un tel Orient ne peut de fonds des sinistres talibans, côté, les talibans – structure poli- OTRE étonnement, en majorité des musulmans, dont Dmot de Lawrence d’Ara- être qu’imaginaire. Car, au-delà leur mentor et leur base arrière, tico-militaire au pouvoir à Kaboul Occident, devant les bien sûr les militants. bie qui les décrivait comme étant même du rôle de bouc émissaire mais, par un étrange paradoxe, il –, et les Pachtouns, les Tadjiks ou séries d’attentats terro- Des convictions analogues en des êtres « de convulsions, de soulè- classique qu’il semble devoir assu- est également le principal allié des les Ouzbeks, qui forment la base Nristes suscités par les milieu chiite (thème du retour de vements et d’illuminations menta- mer bientôt, le monde musulman Etats-Unis. ethnique ?) donne l’impression milieux islamistes, a quelque l’Imam caché) avaient accentué les ». A moins qu’ils ne soient est la preuve cumulée dans le Il est certes malaisé de prendre d’être conflictuel au point d’échap- chose d’à la fois naïf et compré- les effets du charisme de Khomei- « entrés dans le surnaturel », com- temps, et objectivée par les événe- pour cible un pays de plus de per à toute logique. hensible. ny lors de la révolution islamique, me le soutenait par ailleurs Ernest ments actuels, de la violence à 140 millions d’habitants et dont Quel type de parade faut-il De naïf, parce que la colère de vers 1979-1980. Des rumeurs de Renan. Mais étaient-ils moins com- l’état pur. les quelques images, volées ou inventer, lorsque la traque systé- franges entières de populations ce type s’étaient aussi mises à cir- pliqués que par le passé ? Rien Dans ce concert sémantique, autorisées, laissent entrevoir matique des allusions perfides et musulmanes de par le monde culer au moment de la guerre du n’est moins sûr, car ces préjugés l’Amérique, qui cherche un enne- qu’entre le bazar d’armements, des contresens paraît si dérisoire ? était proclamée, écrite, diffusée Golfe. Le combat engagé, pour ne datent pas d’aujourd’hui. Il y a mi insaisissable, profite de la tragé- assez folklorique au demeurant, et Les idées préconçues ou à l’empor- depuis plusieurs dizaines d’an- beaucoup de moudjahidins, est vingt-cinq siècles déjà, Eschyle die new-yorkaise pour se donner la poudrière, la frontière est bien te-pièce sont légion. Dans la per- nées. De compréhensible, car la un mouvement de type millénaris- écrivait dans Prométhée enchaîné : un adversaire sur mesure. Et dans ténue. A ce réel danger d’embrase- ception coulante des auditeurs, décision de s’en prendre à des te. Les conséquences de cet état « La floraison guerrière d’Arabie, la foulée, faire du fondamentalis- ment de l’islam asiatique s’ajou- l’association entre plusieurs civils à défaut d’atteindre l’armée d’esprit sont lourdes. Dans une peuples nichés dans leur citadelle notions distinctes – arabe, musul- ainsi que les moyens adoptés sont telle vision de l’Histoire, il n’est de rocs escarpés, aux abords du man, terroriste –, dès lors que la nouveaux par rapport aux règles pas nécessaire pour entreprendre Caucase, tribus belliqueuses dont Les musulmans d’Europe ont un rôle proximité est contagieuse, nourrit de la loi religieuse, de la charia un combat que le rapport de force un frisson agite les lances acérées. » leur propre fulgurance. « Tous les elle-même. Si celle-ci évoque bel soit favorable aux musulmans ; et L’image que les Arabes, puis les important à jouer. Grâce à leur visibilité, musulmans sont des terroristes » et bien la lutte armée du djihad – peu importe si la lutte entraîne musulmans, donnent d’eux aux relève de ces facilités de langage, mentionnée dans le Coran et dans des catastrophes et des souffran- tiers est souvent liée à leur prédis- ils relativisent les inquiétudes liées plutôt réconfortantes, qui permet- les prescriptions du prophète ces, puisque des combats position pour la guerre, leur goût tent d’isoler et de stigmatiser tou- Mahomet, définie et codifiée au d’apocalypse sont la condition de la conquête. Ils sont souvent à l’islam et circonscrivent la violence te une religion en se fondant sur cours des siècles par les juristes –, même de la restauration de la jus- fort mal compris, trop flattés ses seuls avatars, aussi mons- on aurait du mal à y trouver la jus- tice et de la paix, et que seul Dieu d’être craints, sans pouvoir justi- religieuse à ses seuls auteurs. trueux soient-ils. A Jolo, à Islama- tification du massacre aveugle de décidera en définitive de leur fier ni l’angoisse qu’ils dévelop- bad, à Khartoum et ailleurs, beau- civils en période de paix. issue. pent autour d’eux ni la fascination Ils donnent un visage plus avenant coup de terroristes ont, certes, De même, l’envoi de comman- Cette perspective eschatologi- réelle qu’ils suscitent. On ne dira revêtu le costume de martyr de l’is- dos-suicides représente une radi- que n’est pas éloignée du tout de rien des anathèmes, et des préju- à la religion de Mahomet lam, mais que représentent-ils vrai- cale nouveauté. Le suicide sous l’héritage culturel et religieux de gés tenaces, qui émaillent les qua- ment ? toutes ses formes a toujours été l’Europe occidentale ; elle en est torze siècles d’existence de l’islam. Il faut dire aussi que les talibans interdit, y compris dans le cadre même fort voisine. On peut Aussi, lorsque, aux confins du me musulman un mythe vivant. tent deux autres menaces : la coha- afghans, avec leurs lois obsolètes, du djihad. Les attaques de ce type rappeler combien la ferveur qui « monde civilisé » – dixit Berlus- Pourquoi aussi ne pas stigmatiser bitation explosive de deux gran- leurs femmes entchadorisées et pratiquées à partir du XIe siècle animait les croisades s’inspirait coni –, on entend prononcer des quelques pays exsangues, comme des religions, islam et hindouisme, leur velléités purificatrices, ne par les ismaéliens dits « assas- d’espoirs apocalyptiques : la prise mots comme fatwa, mollah, dji- l’Irak et le Yémen, et réparer l’af- qui ont montré qu’elles n’étaient font rien pour améliorer le travail sins » ont été réprouvées par la de la Jérusalem terrestre had, islamisme, intégrisme ou ter- front de Dar es-Salam ? pas encore pacifiées, et la menace d’explicitation, ni l’argumentaire. majorité sunnite, qui en consti- devenant comme le signe même rorisme, l’oreille est immédiate- Le Pakistan est, mutatis mutan- nucléaire. La prudence est de Comment expliquer qu’en l’an tuait d’ailleurs la cible principale. de l’accomplissement des ment alertée par une éventuelle dis, exemplaire des omissions amé- mise, d’autant que le cauchemar 2001 des pendaisons publiques L’emploi du terme « kamikaze »,à prédictions du livre de saint Jean. réactivation de ce fonds ancien. ricaines, on ne peut plus flagran- continue, relayé et entrenu com- soient encore possibles et qu’elles défaut d’une désignation arabe, Or, voir l’ennemi comme une Péril vert, invasion, barbarie, assas- tes, sur lesquelles repose cette opé- me un feuilleton télévisé par tant se déroulent devant des enfants ? montre combien ce type d’acte incarnation globale des forces du sinats, meurtres, irrédentisme,… ration qui fait du thème biblique d’experts plus ou moins bien inten- Il y a donc des aspects de cet islam est étranger à la culture islamique Mal conduit à nier chez lui tout croisades, tout cela participe du de justice son emblème. Un savant tionnés : guerre chimique, guerre qui sont intolérables. traditionnelle. statut de personne : hommes, fem- même psychodrame. En réalité, dosage est fait entre les impréca- bactériologique, guerre informati- « Pourquoi le terrorisme ? » Faut- Mais alors, que s’est-il passé mes, enfants participent ici tous c’est parce qu’il est méconnu que tions guerrières de l’état-major et que… On a même entendu l’expres- il considérer le phénomène com- pour qu’un tel changement de d’une même nature démoniaque. l’Orient sécrète tous ces maux, et, la Realpolitik imposée par le ter- sion : guerre planétaire. L’« esprit me une cause ou comme une fin ? valeurs éthiques se soit produit à Les massacres épouvantables Et si ce n’était qu’une épaisse la fin du XXe siècle ? L’humiliation qui ont accompagné les croisades fumée qui cache une double incu- de peuples soumis depuis près – introduits d’ailleurs par les exac- AU COURRIER DU « MONDE » dans tous les cas de figure, le peu- sion : homo homini lupus (l’hom- rie. D’une part, l’incapacité des d’un siècle à diverses formes d’ex- tions contre les communautés jui- ple demeurera souverain, il élimi- me est un loup pour l’homme). gouvernants musulmans qui n’arri- ploitation étrangère, le désespoir ves d’Allemagne en 1096 – ont LEPRIX nera puis il choisira ; n’est-ce pas Malheureusement, le bon Dieu vent pas à juguler la contestation d’une jeunesse sans perspective marqué la conscience des popula- DE LA DÉMOCRATIE là l’essentiel ? La démocratie a un n’a pas encore réussi à do- sociale, la paupérisation des mas- de prospérité sociale, est un fac- tions musulmanes du Proche- Olivier Duhamel a lancé dans Le prix, les candidatures sont la mestiquer ce loup en chacun de ses et surtout la corruption de teur évident : comment respecter Monde du 8 septembre, un preuve qu’elle est riche et vivan- nous. leurs élites. D’autre part, la cécité la vie d’autrui, si l’on en vient à « Appel à non-candidatures » te : nul ne s’en plaindra ! Joseph Bronneberg, des pays riches qui, au-delà même haïr sa propre existence concrè- La perspective pour le moins surprenant et qui, Jean-Yves Gosse, Ah Sittard (Pays-Bas) de la lutte idéologique, interprè- te ? Pourquoi ne pas préférer un s’il était entendu, entraînerait l’an- Le Luc-en-Provence (Var) tent ces phénomènes brutaux com- au-delà glorieux dans le paradis eschatologique nulation pure et simple de l’élec- ENGELS me une simple revanche de gueux promis aux martyrs, si le bonheur tion présidentielle à venir… faute CRAUTÉS PROFANES ET LE PAKISTAN dépenaillés sur les nantis. de la vie terrestre devient si illusoi- de l’islam de candidats. L’écrivain José Saramago (Le J’ai lu avec beaucoup d’intérêt, Cette « lutte de classes » d’un re, si même la dignité d’être soi- Certes, on peut regretter – mais Monde du 22 septembre), nous dans Le Monde du 1er octobre, le autre genre signifie-t-elle le refus même semble un bien si peu n’est pas éloignée ce n’est pas nouveau – la pléthore raconte que la religion est « la plus texte peu connu qu’Engels consa- du dynamisme du Nord, qui doit accessible ? de candidat(e)s à la candidature, criminelle des inventions ». cra à l’Afghanistan en 1858 et aux une partie de sa richesse aux tré- L’explication du surgissement du tout de l’héritage mais de là à demander à chacun(e) L’auteur oublie que ce n’est pas ambitions anglaises qui échouè- sors encore enfouis dans le sous- de ces mouvements extrêmes a de « descendre de voiture plutôt uniquement « à cause et au nom rent sur les montagnes de ce sol du Sud ? Telle est la thèse des été exposée à de multiples repri- culturel et religieux que de foncer dans le mur »,ilya de Dieu que tout a été permis et jus- pays ; mais je m’étonne qu’il ait pu antimondialistes. Comment cir- ses par des historiens et politolo- un pas que M. Duhamel franchit, tifié, surtout le pire, surtout le plus situer l’Afghanistan par rapport conscrire la violence terroriste et gues compétents. Il peut être de l’Europe sans état d’âme, dans une démar- horrible et le plus cruel ». au « Pakistan », car, à ma connais- la « traiter » correctement, sans important toutefois de souligner che on ne peut plus réductrice (…). Car en savent quelque chose sance, ni le mot ni le concept que l’onde de choc atteigne irrémé- un fait trop souvent occulté, cons- occidentale ; Parler de « mal français » à cau- également les assoiffés d’argent et n’existaient à cette époque : Empi- diablement les pays musulmans ciemment ou non. L’islam s’ins- se de ce trop-plein de candidats, de pouvoir, les injustes, les oppres- re des Indes, Hindoustan, pays des dits « modérés » ? crit dans un horizon eschatologi- elle en est même c’est aller vite en besogne ; au seurs, les capitalistes, les socialis- Pathans (les Pashtouns), mais sûre- L’islam est à la fois une religion, que : il se veut la dernière religion contraire, l’absence de candidats tes, les national-socialistes, les ment pas Pakistan, puisque le mot une morale, une sagesse humanis- révélée par Dieu, appelée à se fort voisine ou… la candidature unique serait communistes, les racistes, les fut créé par Iqbal, l’idéologue de te et un code social. Pour certains répandre dans le monde entier. un phénomène beaucoup plus nationalistes, les impérialistes. l’Etat musulman séparé de l’Inde, musulmans, il est aussi une Consti- D’après des traditions attri- inquiétant ; la France est une C’est une liste tellement longue vers 1925-1930. tution dont l’applicabilité ne fait buées au prophète Mahomet et Orient jusqu’à l’époque moderne. démocratie dont l’élection prési- et incomplète que les Romains en Jean Loignon, aucun doute, même si elle doit décrivant les « conditions de l’heu- Des aspirations eschatologiques dentielle est un moment fort : étaient déjà arrivés à la conclu- Clamart (Hauts-de-Seine) s’inscrire par la voie des armes. re » (c’est-à-dire les temps der- analogues marquèrent parfois la D’où la nécessité de relire les pré- niers), l’humanité connaîtra vers conquête du Nouveau Monde. ceptes coraniques à la lumière de la fin de son histoire de graves Plus récemment, et de façon beau- ce nous vivons ici et maintenant. convulsions. Un spectaculaire coup moins sanglante heureuse- Tel est le but de la nouvelle inter- renouveau du paganisme la gagne- ment, le traditionalisme catholi- prétation (al-ijtihad al-jadîd) qui, ra. La pratique religieuse s’effon- que du XIXe siècle a ravivé ces thè- aujourd’hui, nous fait défaut. Face drera, les valeurs familiales égale- mes d’une apocalypse guettant le aux bouleversements phénomé- ment. monde matérialiste corrompu par naux de la technologie actuelle, La licence sexuelle sous toute le modernisme. Ces sentiments que vaut, en effet, le propos d’un ses formes, la boisson d’alcool, n’ont pas disparu, ils resurgissent Ibn Taymiyya qui, du haut de son toutes les débauches, s’étaleront de temps à autre au travers de XIIIe siècle moribond, annonce au grand jour. Une guerre sans phénomènes sectaires dont seuls des fins imprécatoires à ceux qui merci opposera les musulmans les dénouements tragiques atti- ne respectent pas l’interprétation restés pratiquants aux forces des rent parfois l’attention des d’un islam crispé et doctrinaire ? païens ; son théâtre principal sera médias. Le volontarisme pédagogique le Proche-Orient, plus précisé- Le monde musulman a servi auquel nous nous sommes raccro- ment la Palestine. Grâce à l’inter- pendant des siècles de repoussoir, chés un moment a-t-il triomphé vention du Christ revenu sur terre d’image inversée de l’idéal que de la réticence de ceux qui regar- et d’un chef envoyé par Dieu – le l’Occident se proposait à lui- dent les musulmans, tous les Mahdi –, l’armée des croyants fini- même. Quatorze siècles de diabo- musulmans, comme d’éventuels ra par investir Jérusalem, qui lisation de la religion de Maho- terroristes ? deviendra le centre spirituel d’une met ont bien entendu marqué les A cet égard, les musulmans d’Eu- humanité réunifiée. esprits. Le ton violemment anti- rope ont un rôle important à Toutes ces données relèvent de musulman du dernier roman de jouer. Grâce à leur visibilité, ils thèmes apocalyptiques assez clas- Michel Houellebecq, ses déclara- relativisent les inquiétudes liées à siques, dont les sources littéraires tions concernant l’islam à la revue l’islam et circonscrivent la violen- peuvent être repérées sans trop Lire le mois dernier en sont un ce religieuse à ses seuls auteurs. Ils de mal. Les théologiens musul- exemple assez tragique. donnent un visage plus avenant à mans du Moyen Age étaient réser- L’horreur inspirée par les atten- la religion de Mahomet. Ils l’ont vés à leur endroit, jugeant parfois tats commis aux Etats-Unis ne fait à plusieurs reprises et ce n’est l’origine de ces récits douteuse et devrait pas faire oublier qu’une pas cette nouvelle crise qui les fera estimant, surtout, leur éventuel telle violence aveugle a été celle changer d’avis. Encore faut-il usage politique dangereux. Cepen- de nos aïeux, qu’elle menace en qu’ils trouvent en face d’eux des dant, leur résonance avec l’épo- permanence de nous habiter, et hommes et des femmes qui soient que actuelle est manifeste. Ces qu’elle peut resurgir avec prêts à voir non pas seulement les récits circulent sous forme de d’autant plus de violence que violences ou les excès (comment livrets bon marché que l’on trou- nous nous persuadons du les nier sans quelque indécence ?), ve en vente dans les librairies contraire. mais des ressources presque illimi- populaires, voire sur les trottoirs tées de générosité et de fraternité. des villes musulmanes. Même s’ils ne sont pas évoqués ouvertement Pierre Lory est directeur d’étu- dans les discours politiques ou des à l’Ecole pratique des hautes étu- Malek Chebel est anthropo- religieux, ils circulent sous forme des, section des sciences religieuses logue et psychanalyste. de rumeurs, et sont connus de la (pensée musulmane). 19 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001

FUSION Sauf coup de théâtre, un DENT de la République et le ministre « les atteintes aux droits de la défen- pas mineures pour Schneider puis- Legrand. b LES PROCÉDURES des ser- avis négatif devrait être donné, le de l’économie sont intervenus per- se ». Les règles de procédure que dans le cadre d’une offre publi- vices de la Commission sont criti- 10 octobre, sur le rapprochement sonnellement pour tenter de faire auraient été modifiées au cours de que d’échange, au mois d’août, qués pour leur manque de transpa- des deux entreprises françaises fléchir la Commission européenne. l’examen de la fusion par la Commis- avant le verdict de la Commission, rence et l’absence d’un corps de doc- Schneider et Legrand. b LE PRÉSI- b LES GROUPES français dénoncent, sion. b LES CONSÉQUENCES ne sont l’entreprise a déjà acquis 98 % de trine clair. MM. Chirac et Fabius plaident la cause de Schneider-Legrand à Bruxelles La Commission européenne envisage de bloquer la fusion des deux groupes français d’équipements électriques pour risque de position dominante. Bercy, l’Elysée et les deux sociétés, qui se retrouveraient fragilisées sur le plan financier en cas de veto, critiquent les dérapages de la procédure

L’EXAMEN, par la commission tente de voler au secours des deux date limite. En réalité, il semble que 3 % du chiffre d’affaires mon- les propositions. Ses engagements au terme de la procédure, on leur de Bruxelles, de la fusion Schnei- champions nationaux. En l’espace surtout qu’il y ait eu un gigantes- dial du groupe, mais réduit, selon stipulent qu’il n’existera plus dit que c’est la combinaison de ces der-Legrand risque de polluer, à de deux jours, le ministre des finan- que malentendu entre la Commis- l’entourage de Schneider, la part aucun chevauchement entre les marchés, distincts, qui constitue long terme, les concentrations ces Laurent Fabius téléphone au sion et la direction de Schneider et de marché pour les produits liti- marchés de Schneider et ceux de un abus de position dominante. d’entreprises en Europe. Sauf commissaire à la concurrence Legrand. gieux, où il y a suspicion d’abus de Legrand, notamment, dans les Mardi 3 octobre, des membres coup de théâtre, un avis négatif Mario Monti. Le président de la Les 15 et 16 septembre, au lende- position dominante. pays, France et Italie, ou sa posi- des cabinets des vingt commissai- devrait être donné, le 10 octobre, République Jacques Chirac télé- main de la remise des engage- Pour M. Lachmann, les « tests tion est dominante. Mais rien n’y res se réunissent à Bruxelles pour sur le rapprochement des deux phone au président de la Commis- ments de Schneider pour respec- de marché » auprès des concur- fait. Ces propositions intervien- examiner le dossier. Les représen- entreprises françaises. Le ministè- sion Romano Prodi. La concurren- ter les règles de concurrence, Hen- rents et des experts seront une for- nent hors délais, estime les servi- tants des commissaires français, re des finances et le groupe fran- ce est une compétence de l’Union, ri Lachmann, le PDG de Schnei- malité, et il pourra au besoin, pen- ces, qui jugent qu’elle ne peut pas Michel Barnier et Pascal Lamy, çais dénoncent, dans cette affaire, mais il explique, en substance, der, pense que la fusion à laquelle se-t-il, fournir une version amélio- les tester. Il règne alors un grand émettent des réserves sur les déra- « les atteintes aux droits de la défen- qu’un refus de la Commission flou. Les avocats des deux sociétés pages de la procédure, estimant se ». Les règles de procédures aurait des conséquences sociales françaises estiment qu’il est d’usa- que les services de M. Monti n’ont auraient été modifiées au cours de en France et industrielles en Euro- Quinze refus en dix ans ge de reformuler des engagements pas communiqué l’intégralité des l’examen de la fusion par la Com- pe. L’Elysée craint une OPA hostile en les améliorant. Pour la Commis- griefs qui devaient conduire à un mission. Les conséquences ne sont de Legrand par un investisseur Seuls quinze projets de rapprochements, sur 1 844 dossiers exami- sion, ces concessions ne lèvent pas refus. Les services de la concurren- pas mineures pour Schneider puis- étranger, Siemens ou General Elec- nés depuis 1990, ont été refusés par la Commission européenne. les doutes. Le 25 septembre, le cou- ce expliquent leur changement de que dans le cadre d’une offre publi- tric. Dans beaucoup de cas, il a fallu faire des concessions. La constitution peret tombe. Les services de la méthode : dans un marché cloison- que d’échange, au mois d’août, de « champions nationaux » donne fréquemment lieu à intervention Commission proposent le rejet du né, il faut certes étudier la situa- avant le verdict de la commission, UN CERTAIN MÉPRIS politique. Ce fut Bill Clinton lors de la fusion Mac Donnell-Douglas projet français. tion produit par produit mais en l’entreprise a déjà acquis 98 % de Dans le même temps, les Boeing (acceptée), le chancelier Helmut Kohl dans l’alliance Kirch- complétant ses gammes – Schnei- Legrand. Revendre ces titres serait rumeurs circulent : M. Monti vou- Bertelsman-Deutsche Telekom – finalement refusée – ou encore le DES AVIS TRÈS PARTAGÉS der est fort là ou Legrand est fai- ruineux pour Schneider, qui, fragi- drait dire non aux Français pour premier ministre suédois Göran Persson dans la fusion avortée Volvo- Le 29 septembre, le comité des ble – le groupe va accroître excessi- lisé, deviendrait une proie facile, garder la mesure avec les Améri- Scania. La Commission reste sereine : « Les champions nationaux, ce neuf Etats membres examine les vement son pouvoir face aux gros- surtout depuis l’effondrement des cains auxquels il a dit non pour la n’est pas notre préoccupation. Notre boulot, c’est de défendre les consom- recommandations des autorités de sistes. marchés financiers. Legrand, sans fusion Honeywell-General Electric mateurs et d’éviter la création de positions dominantes », affirme-t-on la concurrence. Sur la forme, l’Alle- Un problème inextricable qui actionnaire majoritaire – les ou les suédois, dont deux banques chez le commissaire à la concurrence Mario Monti. magne et l’Angleterre affirment n’avait pas été suffisamment expli- familles propriétaires détiennent viennent de renoncer à fusionner. qu’une remise de copie trop tardi- qué en août. On n’est donc plus désormais des actions Schnei- L’Allemand Siemens aurait fait un ve est, en soi, un motif de refus. dans un domaine où il suffit de der –, serait livré à lui même et lobbyisme forcené contre la il travaille depuis près d’un an est rée de ses engagements si les pre- Sur le fond, les avis sont très parta- céder des activités sur les produits devrait faire face à un avenir égale- fusion. Une grande partie des argu- sur la bonne voie. Il a au téléphone miers ne conviennent pas. gés, ce qui est rare. La France, le où il y a position dominante ment incertain. ments que Siemens a fait prévaloir M. Monti et raccroche satisfait : il Ce n’est pas l’avis des services Luxembourg et l’Espagne soutien- – tableaux de distribution, disjonc- L’affolement s’est propagé le pour bloquer la fusion aurait été a un accord de principe pour la de la concurrence dont le ton chan- nent le dossier Schneider. Un pays teurs, supports de câble, équipe- 27 septembre. Schneider doit alors retenue par la commission. Cette fusion de Schneider avec Legrand, ge brutalement. Dans un premier s’abstient et les cinq autres assu- ment en aval des tableaux de distri- informer les marchés que les servi- dernière aurait peu apprécié le sous réserve des résultats des mar- temps, le 19, les services du com- rent que les conditions de concur- bution – pour convaincre la Com- ces de la direction générale de la dilettantisme et un certain mépris chés tests, croit-il comprendre. missaire M. Monti font savoir que rence ne sont pas réunies. Les Fran- mission. En cas de rejet de la concurrence de la commission ont des représentants de Schneider à Schneider-Legrand a le sentiment les retours de tests sont négatifs et çais crient au complot. Selon eux, fusion, ne restera plus que la possi- transmis, la veille, un avis négatif son égard. Le point d’orgue étant d’avoir fait des efforts importants indiquent à l’entreprise que les les règles ont changé. Au début de bilité de saisir la Cour de justice. sur la fusion. Le lendemain, l’ac- la remise des engagements de en France et en Italie : il prévoit de concessions du 14 sont insuffisan- la procédure, on leur demandait tion Schneider ouvre en baisse de Schneider, le 14 septembre, à céder pour 400 millions d’euros tes. Schneider obtient un nouveau de respecter la concurrence pays Jacques Follorou et 20 %. La classe politique française 23 h 45, quelques minutes avant la d’activités, ce qui ne représente rendez-vous, le 24, pour de nouvel- par pays et marché par marché. Et, Arnaud Leparmentier

PROFIL la course présidentielle, au profit de lui offrir une baisse des taux d’in- Les zones d’ombre de la Commission européenne d’Edouard Balladur, M. Lachmann, térêt, M. Lachmann prend la plume L’AMI DU PRÉSIDENT à l’époque patron de la société Stra- et signe, avec Jean-Marie Messier QUE PEUVENT espérer le prési- de Pechiney et d’Alcan, de General leurs concurrents et de bénéficier for-Facom, est l’un des rares à ne – qu’il a recommandé à M. Chirac dent de la République et le minis- Electric et de Honeywell, puis le d’un vrai débat contradictoire, les Que Jacques Chirac intervienne pas faire défection. Tandis que Jac- de revoir, malgré ses anciens pen- tre des finances en téléphonant veto annoncé entre Schneider et groupes découvrent sur le tard sur auprès du président de la Commis- ques Friedmann, PDG de l’UAP, chants balladuriens – une tribune eux-mêmes aux plus hautes autori- Legrand, beaucoup de groupes ont quels critères ils ont été jugés. Pour sion européenne, Romano Prodi, ménage les deux rivaux, lui est clai- remarquée dans Le Monde du tés de la Commission européenne le sentiment que toute idée de Scania et Volvo, qui considéraient pour défendre la fusion Schneider- rement chiraquien. 4 novembre 1995, intitulée, « Ces- mariage leur est désormais interdi- que le marché des poids lourds Legrand, n’est pas pour surprendre. A la fin de l’été 1995, quand le sons de tricher avec les taux ». A ANALYSE te. Pour eux, le risque économique était mondial, l’attention des auto- Jouant, à l’étranger, les VRP de gouvernement d’Alain Juppé com- l’époque, si le jeu de mots ne fait et juridique que leur font courir les rités se porta sur les territoires scan- luxe, le chef de l’Etat aime s’affi- mence à être assailli de critiques, guère rire le gouverneur, véritable Personne ne peut autorités européennes de la concur- dinaves. Pour Pechiney et Alcan, cher comme un défenseur de la cau- M. Lachmann est toujours là, indé- tête de Turc de l’Elysée, il amuse s’aventurer à prédire rence est devenu trop grand, car pour qui là encore l’aluminium est se de grands groupes français. fectible soutien du chef de l’Etat. beaucoup M. Chirac, qui fait appe- sur quel critère sera imprévisible. Aucun cabinet juridi- un produit négocié mondialement, Mais, dans le cas présent, s’il a pris C’est l’un des « visiteurs du soir » ler dans l’après-midi son ami, en jugé un projet que, aucune administration compé- la préoccupation se porta sur une en main ce dossier, c’est aussi parce que le président consulte pour vacances à Val-d’Isère, pour le félici- tente ne peut plus s’aventurer à pré- usine de produits laminés en Alle- que le PDG de Schneider, Henri savoir s’il faut infléchir la politique ter chaleureusement de cette initia- dire sur quel critère sera jugé un magne. De même, les discussions Lachmann, est un ami proche. économique. C’est l’un de ceux qui tive iconoclaste. pour tenter d’infléchir leur juge- projet. lors du mariage entre Carrefour et Avec François Pinault, M. Lach- se disent « effondrés » par la mala- L’anecdote a certes vieilli. Et le ment sur la fusion Schneider- La direction de la concurrence Promodès portèrent sur la part de mann est, en effet, l’une des rares dresse de M. Juppé et qui recom- chef de l’Etat n’aime plus qu’on lui Legrand ? Au-delà du risque de se justifie cette situation par la néces- marché à partir de laquelle on pou- personnalités du monde industriel mandent au chef de l’Etat un sur- rappelle qu’il a été, un temps, parti- faire taxer d’ingérence, voire de sité de garder la plus grande liberté vait considérer les deux groupes en français qui fasse partie du premier saut. M. Lachmann fait même plus san du franc faible. Mais l’amitié chauvinisme économique, ils cou- de réaction face à une réalité éco- situation hégémonique dans cha- cercle des intimes du chef de l’Etat. que cela. Alors que le président entre les deux hommes ne s’est visi- rent le danger de braquer la direc- nomique protéiforme. A ses yeux, que ville : 25 %, 30 % ou 40 % ? Même quand le candidat Jacques peste rituellement, en privé, contre blement jamais démentie. tion de la concurrence, très à che- un seul principe s’impose : la liber- Derrière ces discussions parfois Chirac, à la fin de l’été 1994, semble le gouverneur de la Banque de Fran- val, à juste titre, sur son indépen- té du marché, qui doit être préser- surréalistes, se cache un point abandonné de tous ses amis, dans ce, Jean-Claude Trichet, qui refuse Laurent Mauduit dance et sur ses prérogatives. La vée de toute position dominante, d’achoppement majeur. Bruxelles maladresse de cette tentative ne dans tous les secteurs, quelles que juge en fonction de la taille des fir- dispense pourtant pas de souligner soient les circonstances. mes acquises sur le marché. Et, les lacunes et les dysfonctionne- pour la Commission, la dimension ments du système communautaire. est a priori dangereuse. Les autori- Chargées de garantir le bon fonc- Après le refus tés américaines, comme l’a révélé tionnement de l’économie de mar- le dossier General Electric- ché, les autorités de la concurrence de la fusion entre GE Honeywell, ont une tout autre se retrouvent au cœur du dispositif approche. A la différence de la financier et économique. Plus que et Honeywell, Volvo direction de la concurrence euro- tout autre, la direction de la concur- péenne, elles avaient donné leur rence européenne a été, depuis et Scania, etc., accord à la fusion entre les deux l’origine, le fer de lance de la cons- constructeurs américains. A leurs truction du marché unique, n’hési- beaucoup de groupes yeux, la taille est un élément utile, tant pas à abattre les frontières voire nécessaire, qui permet de réa- nationales et à combattre des inté- ont le sentiment que liser des économies d’échelle, de rêts trop étroits. Aujourd’hui, le diminuer les coûts et qui profite, fonctionnement de la direction de toute idée de fusion en dernier ressort, aux consomma- la concurrence est de plus en plus teurs. Pour les autorités antitrusts, contesté. Les groupes qui ont eu à leur est interdite ce n’est que l’abus de position travailler avec elle s’en souvien- dominante qui est condamnable. nent comme d’un cauchemar : tous Pour sa défense, la concurrence évoquent les dizaines de personnes Si la mission ne peut donner lieu européenne fait valoir qu’elle ne mobilisées, les milliers d’heures à contestation, sa mise en œuvre dispose pas de lois antitrusts qui lui dépensées pour répondre à des mil- se révèle parfois plus problémati- permettent de s’attaquer à tout liers de questions sans avoir le que. La direction de la concurrence moment et a posteriori aux abus moindre retour. Tous la décrivent s’est ainsi toujours refusée à don- de position dominante, comme les comme une machine redoutable, ner une ou plusieurs définitions autorités américaines n’ont pas souvent incompréhensible, parfois possibles des « marchés perti- hésité à le faire avec Standard Oil, arbitraire. Relevant l’opacité de nents » qui lui permettent de déter- IBM, AT & T ou Microsoft. son fonctionnement, certains lui miner si un groupe est ou non en Ces divergences d’analyse et de prêtent les plus noirs desseins, la position dominante. La question législation des deux côtés de l’At- soupçonnent d’être trop sensible à est technique mais au centre de lantique deviennent préjudiciables. certains lobbies ou de se livrer à tous les débats. N’a-t-on pas vu D’un côté, des groupes en mouve- des manœuvres politiques internes Coca-Cola, pour prouver sa faible ment ont essuyé des refus qui vont à la Commission bien éloignées des taille, demander – heureusement bloquer pour longtemps leur évolu- véritables enjeux économiques. sans succès – de prendre comme tion. De l’autre, des situations qua- Si rien ne justifie de telles accusa- référence le marché de toutes les si monopolistiques seront prolon- tions, l’absence de transparence boissons, y compris l’eau du robi- gées indéfiniment au nom du res- qui règne tant dans les règles que net, plutôt que celui des sodas ! pect de l’acquis. Autant de primes dans les procédures employées ris- Privés d’accès à leur dossier, à l’immobilisme. que de les entretenir. Après le refus dans l’impossibilité de connaître et de la fusion entre Scania et Volvo, de répondre aux remarques de Martine Orange 20 / LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 ENTREPRISES Eli Lilly tente Alcatel supprime 3 000 emplois de préparer l’après-Prozac LE GROUPE PHARMACEUTIQUE américain Eli Lilly a dû fortement dans ses filiales spécialisées dans l’optique réviser en baisse ses prévisions de résultats pour 2001 et 2002, en rai- son de la chute des ventes du Prozac. Cet antidépresseur vedette est passé dans le domaine public aux Etats-Unis au début du mois d’août, Les licenciements reprennent dans les télécommunications malgré des années de bataille juridique entre Eli Lilly et les fabricants de médicaments génériques. Sidney Taurel, le PDG du groupe, sans Alcatel a de nouveau annoncé des suppressions seront surtout à l’étranger. Le groupe tente de turations sont prévisibles. A l’étranger, le cana- fournir de chiffres précis, affirme que cette chute est « la plus sévère d’emplois. Cette fois, c’est l’activité optique qui limiter la casse sociale en France où le sujet est dien Nortel et l’américain Corning ont égale- pour un “blockbuster” [un médicament qui dépasse le milliard de dol- est concernée. Les 3 000 emplois supprimés le particulièrement sensible. Mais d’autres restruc- ment annoncé de nombreux licenciements. lars de ventes annuelles] dans l’histoire de l’industrie » pharmaceutique. En 2000, les ventes de Prozac ont représenté 2,6 milliards de dollars, PAS D’EMBELLIE en vue sur le l’un de ses marchés de prédilec- mai déjà, des premières mesures ont 873 personnes, qui vont faire les soit un quart du chiffre d’affaires annuel du groupe pharmaceutique. marché des équipements de télé- tion : l’optique. Le groupe l’a recon- été prises. La fermeture du site améri- frais de cette restructuration. Pour Pour tenter de compenser les pertes, Eli Lilly veut mettre sur le mar- communications. Mercredi 3 octo- nu, lors d’un comité d’entreprise cain de Portland a été décidée et résorber le sureffectif qui se chiffre ché cinq nouveaux produits, dont le Xigris, un médicament contre les bre, tour à tour le canadien Nortel extraordinaire, organisé mercredi une centaine de salariés de Calais à 10 % en France, selon la CFDT, septicémies sévères, qui pourrait remplacer le Prozac en termes de et le français Alcatel ont dévoilé de 3 octobre, pour informer les repré- ont été détachés à Douvrin, dans d’autres mesures sont à l’étude, chiffre d’affaires. Pour soutenir le lancement de nouveautés, le grou- nouveaux plans sociaux. sentants du personnel des filiales une autre filiale du groupe. En nous comme des congés de fin de carriè- pe va investir lourdement, ce qui va peser sur ses résultats financiers Nortel, qui a déjà supprimé spécialisées dans l’optique sous- présentant ce nouveau plan, la direc- re ou des transferts au sein du dans les trimestres à venir. 30 000 emplois depuis le début de marine et terrestre des projets de tion nous a assuré qu’il n’y aura pas groupe. l’année, envisage de réduire enco- restructuration. Dans ses deux filia- de licenciement sec en France ». re ses effectifs de 20 000 personnes les, 3 000 emplois vont être suppri- Tout est fait pour limiter l’im- PRUDENCE EN FRANCE Danone investit aux Etats-Unis (Le Monde du 4 octobre). A l’issue Alcatel, qui en juillet avait chiffré de ce plan de restructuration sans à 20 000 les suppressions d’emplois précédent, le géant canadien se 4 000 licenciements de plus chez Corning du groupe dans le monde, dévoile en rachetant Stonyfield Farm sera séparé de près de la moitié de avec une extrême prudence ses pro- ses salariés en un an. En comparai- Le spécialiste américain de la fibre optique, l’américain Corning, jets de restructuration en France. LE GROUPE AGROALIMENTAIRE français Danone a décidé d’acqué- son, le plan d’Alcatel pourrait pas- souffre de la crise qui secoue les équipementiers de télécommunica- La levée de boucliers immédiate rir 40 % du capital de Stonyfield Farm, le plus important producteur ser pour plus modeste, avec ses tions. Le gel de nombreux projets de réseaux optiques, qu’ils soient provoquée par les déclarations de américain de yaourts biologiques, ont indiqué les deux groupes jeudi. 3 000 suppressions d’emplois, mais terrestres ou sous-marins, et la faillite d’un certain nombre d’opéra- Serge Tchuruk, qui annonçait son Selon l’accord, dont les termes financiers n’ont pas été communiqués, il ne concerne que les filiales spécia- teurs prêts à tisser des réseaux optiques mondiaux, réduit d’autant le ambition de faire d’Alcatel un grou- Danone pourra prendre une participation majoritaire dans Stonyfield lisées dans l’optique. Enfin, mercre- niveau de ventes de câbles en fibre optique. Corning est touché de pe sans usine d’ici à la fin 2002 (Le Farm en 2004, mais la société américaine restera dirigée par son PDG di en soirée, c’était au tour de plein fouet et est contraint de revoir à la hausse le nombre de sup- Monde du 28 juin) a prouvé à quel actuel, Gary Hirshberg. Stonyfield Farm réalise un chiffre d’affaires l’américain Corning de se joindre pressions d’emplois. L’entreprise américaine a annoncé, mercredi point le dossier est sensible. Le d’environ 85 millions de dollars. au cortège de mauvaises nouvelles. 3 octobre, qu’elle allait réduire ses effectifs de 12 000 personnes, et groupe français tente de désamor- « Nous voulons que Stonyfield renforce le groupe Danone tout en mainte- non plus de 8 000 comme envisagé jusqu’alors. Globalement, cela cer cette bombe, en fractionnant le nant sa culture et son équipe dirigeante. Nous jugeons important que Sto- « LE MARCHÉ NE NOUS AIDE PAS » conduira l’entreprise a réduire de près d’un tiers ses effectifs cette problème filiale par filiale. La pre- nyfield continue à augmenter son marché tout en conservant ses engage- Début septembre, Serge Tchu- année. Cette restructuration se traduira par une charge d’un milliard mière étape a été la vente de l’usine ments en matière de responsabilité sociale », a indiqué le PDG de Dano- ruk, PDG d’Alcatel, avait laissé de dollars qui affectera ses comptes 2001. De plus, Corning a lancé un de téléphones portables de Laval à ne, Franck Riboud, cité dans le communiqué, rappelant que Stony- entendre qu’il était dans l’obliga- avertissement sur ses résultats du troisième et du quatrième trimes- la société Flextronics. field reverse 10 % de ses bénéfices pour des causes liées à l’environne- tion de tempérer l’optimisme affi- tres 2001. Cette fois, les restructurations ment. La transaction reste soumise à l’accord des autorités américai- ché jusqu’alors : « J’espère que le concernent les activités optiques. nes de la concurrence. résultat d’exploitation sera positif cet- Reste à traiter des dossiers déjà été te année. Mais le marché ne nous més. L’activité des réseaux sous- pact social en France. Les restructu- évoqués, comme celui de la cession aide pas. Cela devient de plus en marins est la plus touchée, puisque rations touchent en priorité les des activités de distribution des Boeing et GE révisent à la baisse plus un challenge », avait-il déclaré les effectifs mondiaux vont être implantations internationales. Les équipements de réseaux d’entrepri- devant un parterre d’analystes. Le réduits de moitié, suite à la suppres- sites de Greenwich (Grande-Breta- se, de la cession de la filiale Saft, et groupe français subit le retourne- sion de 2 151 postes. gne), Claremont (Etats-Unis) et du devenir des trois usines de Sain- leurs prévisions de ventes ment de conjoncture et le trou Selon Maryse Youdom, déléguée Port Botany (Australie) sont parti- tes (Charente-Maritime), Annecy d’air des ventes d’équipements au syndicale CFDT : « Ce n’est pas vrai- culièrement affectés. En France, ce (Haute-Savoie) et Coutances (Man- BOEING, le premier groupe aéronautique et de défense américain, a même titre que ses concurrents. ment une surprise. Depuis plus de six sont les salariés en contrat à durée che) aujourd’hui sur la sellette. annoncé mercredi avoir livré 120 avions commerciaux au troisième tri- Cette baisse soudaine d’activité a, mois, nous subissons l’impact des déterminée, les intérimaires et les mestre 2001, soit 19 de moins que prévu avant les attentats du 11 sep- en particulier, un impact direct sur baisses de commandes. Au mois de intervenants extérieurs, soit Laurence Girard tembre. L’avionneur précise qu’il a effectué 29 livraisons d’avions de ligne entre le 12 septembre et la fin du mois à des clients américains et étrangers. Sur les neuf premiers mois de l’année, Boeing a livré 383 appareils commerciaux et compte procéder à environ 500 livrai- Les banques qui ont lâché Moulinex permettent à Brandt de reprendre son activité sons d’avions de ligne en 2001. Pour cette année, Boeing s’attend à livrer 38 appareils de moins que le nombre prévu avant les attentats, MAIS qui est donc Euroland International Une enquête a été diligentée pour tenter d’en transporteur, Dubois, ne venait plus enlever les soit 500 seulement. Pour 2002, Boeing a ramené le nombre anticipé de Fund ? Ce mystérieux fonds d’investissement savoir plus. Le président du tribunal de commer- produits finis. Au grand dam des principaux livraisons à un peu plus de 400 contre une fourchette de 510 à 520 pré- canadien, qui se dit basé au Québec, a émis une ce de Nanterre, Jean-Claude Denis, avait quali- clients de Brandt, les distributeurs (Darty, But, cédemment. Boeing ne voit aucune amélioration en 2003. offre de reprise globale du groupe Moulinex fié, la semaine dernière, de « farfelue » la candi- Conforama, Boulanger, Carrefour, Auchan…) et Par ailleurs, General Electric Aircraft Engines, la division de moteurs Brandt. Lors du comité central d’entreprise dature d’Euroland. Quant aux syndicats, échau- les cuisinistes (Lapeyre, Schmitt, Mobalpa…). d’avion du groupe industriel américain General Electric (GE), va sup- (CCE) du mardi 2 octobre, trois représentants dés par des années de crise et plusieurs plans de L’usine Selnor de Brandt, qui emploie 670 per- primer 4 000 emplois, soit environ 13 % de ses effectifs mondiaux, d’Euroland – dont Claude Lefèvre, qui s’est pré- restructuration successifs, ils affichent leur scep- sonnes près de Lille, ne reprendra pas sa produc- pour répondre à l’impact économique des attentats du 11 septembre. senté comme son président, et Guy Couderc, le ticisme quant à un repreneur qui annonce qu’il tion avant, au mieux, le 11 octobre, en raison de « président Europe » –, ont affirmé être prêts à reprend tout sans licencier personnes. « C’est problèmes de trésorerie consécutifs au dépôt injecter 2 milliards de dollars (2,2 milliards l’offre du Père Noël », s’est exclamé un représen- de bilan de Moulinex Brandt. Cisco, premier équipementier d’euros ou 14,4 milliards de francs) dans le grou- tant du comité central d’entreprise à l’issue de Le protocole signé par Patrick Puy, le PDG de pe d’électroménager en l’état, sans procéder à la réunion de mardi. Moulinex Brandt et les banques, sous la houlet- des suppressions massives d’emplois. Une offre te des administrateurs judiciaires, offre une pour Internet, fait bondir le Nasdaq qui, si elle se révélait sérieuse, renverrait loin POUR EXAMINER LES OFFRES DE REPRISE bouffée d’oxygène – d’un montant non précisé derrière elle celles de Fidei (qui se propose de Les salariés de Brandt SA, eux, espèrent pou- – qui devrait permettre aux administrateurs L’INDICE COMPOSITE de la Bourse électronique Nasdaq a bondi de reprendre 5 379 salariés sur les 11 000 que Mou- voir s’accrocher à quelque chose de plus tangi- judiciaires d’examiner, plus sereinement que 5,93 % mercredi. Il s’agit de la plus forte hausse en pourcentage de cet linex emploie dans le petit électroménager) ou ble que leurs collègues de Moulinex. Mercredi pour Moulinex, les offres de reprise séparées de indice depuis le 18 avril, lorsqu’il avait bondi de 8,12 % à la suite d’une celle du groupe SEB, concurrent direct de Mouli- soir a été signé un protocole d’accord avec les Brandt qui émaneraient de grands noms du baisse des taux directeurs américains. nex dans le petit électroménager, qui ne repren- principales banques du groupe – les mêmes qui gros électroménager, comme l’américain Whirl- La Bourse électronique Nasdaq, où sont cotés la plupart des titres de drait que 1 856 salariés en France et 1 800 hors ont précipité le dépôt de bilan en refusant pool, le suédois Elextrolux ou l’italien Merloni. la haute technologie, s’est envolée dans la foulée du titre de Cisco, pre- de France. d’ouvrir de nouvelles lignes de financement : la Whirlpool France a affirmé au Monde ne pas mier équipementier mondial de réseaux pour Internet, après des com- Seulement voilà : personne ne sait qui est Société générale, San Paolo, la BNP, le Crédit être intéressé par une reprise. mentaires optimistes du PDG du groupe, John Chambers, qui s’est dit Euroland. Selon des informations recueillies au lyonnais, le Crédit du Nord… –, en vue de per- « Patrick Puy [le PDG de Moulinex Brandt] très à l’aise avec les prévisions des analystes pour le premier trimestre. Canada par l’AFP, cette société, qui prétend dis- mettre à la filiale de gros électroménager (mar- nous a assuré que la situation serait décantée à la poser de 20 milliards de dollars d’actifs, est ques Brandt, Sauter, Vedette, Thomson, De Die- fin de novembre, déclare Jérôme Coudray, le inconnue du poste d’expansion économique de trich) de reprendre son activité. Placée en dépôt représentant du CCE de Brandt SA. Notre entre- L’immobilier parisien se maintient l’ambassade de France à Montréal. Et elle ne de bilan en même temps que la maison-mère le prise était viable jusqu’ici, il n’y a pas de raison figure pas sur la liste des 1 000 plus grosses 7 septembre, Brandt SA a dû arrêter ses sept usi- qu’elle coule avec Moulinex. » LE MARCHÉ de l’immobilier de la région parisienne a enregistré sur entreprises canadiennes. Le secrétariat d’Etat à nes françaises, ses fournisseurs refusant toute les huit premiers mois de l’année une baisse de 3,2 % des actes de ven- l’industrie, à Paris, avoue aussi son ignorance. livraison, et ses trois dépôts logistiques, où son Pascal Galinier te par rapport à la période équivalente de 2000, confirmant ainsi la ten- dance à la pause constatée depuis le début 2001, a indiqué mercredi la chambre des notaires. Les prix restent toutefois fermes et affichent des hausses, sur base mensuelle, toujours significatives : 9,6 % sur un L’Etat suisse accorde une aide importante à Swissair an à Paris (1,7 % sur base trimestrielle) et 8 % annuelle (1,3 % sur base trimestrielle) dans les départements limitrophes (Seine-Saint-Denis, APRÈS LES BANQUES, c’est au puissent voler, que le personnel de frètement de deux autres appareils celle dont ont bénéficié les compa- Val-de-Marne et Hauts-de-Seine), ont souligné les notaires en présen- tour du gouvernement de mettre la Swissair voie qu’on cherche pour eux prévus jusqu’en 2002. Et il a indiqué gnies américaines. tant les chiffres du deuxième trimestre 2001. main à sa poche pour venir au des solutions. On ne les a pas encore que le non-respect de la vente sur Malgré ces aides, il est peu proba- A Paris, le prix au mètre carré ressortait fin juin à 3 049 euros secours de Swissair. En accordant trouvées définitivement, mais on est titre de billets par Swissair, notam- ble que les anciennes filiales françai- (20 003 F) en moyenne, et à 1 806 euros (11 846 F) dans la région pari- une aide de 450 millions de francs en train d’essayer de remettre de l’or- ment sur la ligne Nice-Genève, ses de Swissair reçoivent l’argent sienne. Sur le deuxième trimestre 2001, le volume des transactions a suisses (303 millions d’euros), le dre dans le chaos », a-t-il déclaré. entraînerait un manque à gagner de que leur doit leur ancien actionnai- enregistré un recul de 3,1 % par rapport au trimestre équivalent de Conseil fédéral va permettre aux Interrogé sur le rôle des banques, 4,57 millions d’euros (30 millions de re (250 millions de francs pour Air l’an dernier. Malgré ce repli, « le marché de l’immobilier reste soutenu avions du transporteur aérien helvé- M. Couchepin a déclaré : « Nous francs) pour Air littoral. Lib et 100 millions de francs pour et s’inscrit dans une phase de stabilisation », ont affirmé les notaires au tique de voler. Toutefois, Swissair souhaitons que les banques jouent Air littoral). Alors que Jean-Claude cours d’une conférence de presse. précise que seuls 50 % des vols pla- leur rôle, tout leur rôle, mais ne Gayssot, ministre des transports, nifiés pourront être assurés. La pro- jouent que leur rôle. Les banques ne « Nous souhaitons avait joué un rôle majeur pour évi- duction sera augmentée progressi- peuvent remplacer l’Etat. L’Etat, ter une faillite d’Air Lib, son entou- Grève à l’usine Philips vement. Dès cette annonce, Cros- aujourd’hui, a redonné une direc- que les banques rage ne cache plus son pessimisme sair, ex-filiale du groupe suisse qui tion, manifesté sa volonté de voir ces- quant aux chances de survie de la va reprendre une grande partie des ser le chaos. » jouent leur rôle, tout compagnie. Surtout, le climat a de téléphones portables du Mans activités de sa maison mère, a Par ailleurs, la liste des consé- changé. Jusqu’aux attentats du annoncé qu’elle acceptait de nou- quences des déboires du premier leur rôle, mais ne 11 septembre, les pouvoirs publics LA PLUPART des salariés de l’usine Philips du Mans (Sarthe) ont arrê- veau les billets Swissair sur tous ses transporteur suisse sur ses ex-filia- faisaient pression sur Air France té la production de téléphones portables, mercredi 3 octobre au vols et a confirmé qu’elle effectue- les s’allonge chaque jour : mercredi, jouent que leur rôle » pour aider Air Lib. Aujourd’hui, la matin, pour une durée indéterminée, afin d’exiger des garanties sur le rait « encore jeudi, une partie des Marc Dufour, président du directoi- priorité est plutôt de soutenir Air reclassement des salariés touchés par le plan social, a-t-on appris de vols de Swissair sous ses propres re d’Air littoral, évaluait les inciden- France. « Après la Suisse et la Belgi- sources syndicales. numéros de vols ». ces directes de la défaillance de Pour Sabena, qui attend toujours que, les autres Etats vont sans doute Environ un millier de salariés se sont rassemblés devant l’usine Phi- Cette aide accordée opportuné- Swissair, son ancien actionnaire, à une recapitalisation, le gouverne- aider directement leurs compa- lips, qui a annoncé fin juin que sa fabrication de téléphones portables ment par Berne devrait permettre à plus de 200 millions de francs ment belge a paré au plus urgent en gnies » reconnaît un dirigeant d’Air allait être assurée par un partenaire chinois, conduisant à la suppres- la compagnie de tenir jusqu’à la fin (31 millions d’euros), dont les annonçant l’octroi d’un crédit- France. Même si elle affiche des sion de 1 142 postes sur un total de 2 300. du mois. S’exprimant mercredi 100 millions de francs que Swissair relais d’un mois et 125 millions résultats meilleurs que ses concur- Le débrayage, parti d’un mouvement spontané puis relayé par l’inter- 3 octobre sur la chaîne de télévision devait encore à la compagnie de d’euros à la compagnie aérienne. rents, Air France est pessimiste : syndicale, a commencé mercredi à cinq heures du matin, alors que la TSR, le ministre suisse de l’écono- Montpellier (Le Monde du 4 octo- Air Lib, à qui Swissair doit toujours « C’est pire qu’en 1990. L’activité va CGT de la Sarthe a appelé à une journée de grève jeudi dans les entre- mie, Pascal Couchepin, a justifié cet- bre). En outre, Marc Dufour évalue 250 millions de francs, estime de sans doute mettre neuf à douze mois prises de l’ensemble du département pour dénoncer les menaces sur te décision gouvernementale par la à 1,83 million d’euros (12 millions son côté que le dialogue doit préva- avant de revenir à la normale », dit- l’emploi. nécessité de prendre le temps de de francs français) le non-paiement loir dans cette transaction. Toute- on à la compagnie où l’on espère Les salariés de la production de Philips exigent de la direction des trouver « des solutions à plus long ter- par Swissair de l’affrètement en fois, la CFDT d’Air Lib en appelle surtout éviter une guerre des tarifs garanties sur le reclassement d’environ 800 personnes et demandent à me ». cours de deux appareils et à 9,15 mil- plus généralement à des aides pour entre concurrents. consulter le cahier des charges des deux cabinets d’études chargés de « Je voulais que les choses repren- lions d’euros (60 millions de francs) l’ensemble des compagnies euro- ce reclassement, a expliqué à l’AFP une déléguée de la CGT. nent un cours normal, que les avions « le risque » de l’annulation de l’af- péennes : « une aide équivalente » à François Bostnavaron 21 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 Le CSA demande plus de souplesse à l’Etat sur la télévision numérique terrestre Alors que les « neuf sages » ont rendu, le 3 octobre, leur avis sur le projet de décret présenté par Mme Tasca, ministre de la culture et de la communication, le débat agite encore les partisans et les détracteurs de cette technologie qui devrait permettre la réception d’un plus grand nombre de chaînes

FAIRE plus simple. C’est le mes- re de la publicité sur la TNT à des d’atteindre l’équilibre économique est responsable, d’arrêter une catas- la main à l’Etat, c’est facile de dire nombre de dossiers, a déclaré lors sage adressé par le Conseil supé- secteurs jusqu’ici interdits (distri- dans un délai raisonnable ». trophe ». Le président du directoi- que c’est génial, la TNT ». Faux, a de sa conférence de rentrée, rieur de l’audiovisuel (CSA) au gou- bution, cinéma, presse et édition). S’il semble relativement critique re de M 6, Nicolas de Tavernost a, répondu Marc Tessier, dans un Arnaud Lagardère, PDG de Lagar- vernement sur le dossier de la télé- La ministre de la culture, Catheri- à l’égard de la première version de lui, renouvelé ses critiques dans un communiqué diffusé le 27 septem- dère Média : « Qu’il y ait ce lob- vision numérique terrestre (TNT). ne Tasca, avait, elle aussi, récem- la copie du ministère, l’avis du entretien au quotidien Libération, bre : le PDG de France Télévision bying des grandes chaînes hertzien- Rendu public, mercredi 3 octobre, ment souhaité que les décrets CSA ne devrait pourtant pas enco- jeudi 27 septembre, expliquant a estimé que le groupe autofinan- nes contre le numérique terrestre est l’avis du CSA sur le projet de aillent en ce sens (Le Monde du re calmer les esprits. Le débat fait que les opérateurs allaient «vers cerait la majorité de son program- plutôt encourageant pour certains décret relatif à la production qui 10 septembre). toujours rage autour du bien-fon- de grandes déceptions ». « Ce n’est me d’investissement, la dotation entrants ». Tout en ajoutant qu’il fixera les obligations des futures dé de la télévision numérique ter- pas la peine d’autoriser tout un tas de 1 milliard de francs accordée n’acceptera pas « de perdre beau- chaînes de la TNT demande plus restre. Dans le camp des détrac- de chaînes si elles ne correspondent par le ministère n’intervenant coup d’argent sur la TNT ». Ces que- de souplesse, de simplicité et de La clôture des appels teurs, Patrick Le Lay, le plus viru- pas à un marché. » Il met égale- « qu’à titre complémentaire ». relles semblent laisser le CSA flexibilité afin d’assurer « la viabili- lent, souhaite que le gouverne- ment en cause France Télévision – Les opérateurs qui ne sont pas serein. Une fois le processus lancé, té économique » de la télévision à candidature fixée ment renonce à son projet. Le qui sera dotée de huit chaînes sur aujourd’hui présents dans la télévi- tout le monde devrait y aller, la numérique terrestre. Il faut lâcher PDG de TF 1 estime, dans un entre- la TNT – déclarant que les plus sion hertzienne nationale, eux, ne question reste celle du meilleur du lest pour permettre à la TNT de au 30 novembre tien à La Tribune du 14 septembre, enthousiastes « le font avec l’ar- rechignent pas : « Ce serait un sacri- moment. Le CSA a laissé entendre trouver une place légitime entre le qu’« il n’est pas interdit, quand on gent des autres. S’il suffit de tendre lège de ne pas présenter un certain que la mise en place de la télévi- câble et le satellite. Une façon de sera retardée sion numérique terrestre sera rallier tout le monde à la cause et reportée de quatre à huit semai- dénouer le débat entre les adversai- de quatre à huit Trente-trois canaux seront commercialisés trois accueilleront des projets de nes. Les neuf sages doivent encore res et les partisans du numérique télévision locale, vingt-deux seront décrypter quatre décrets et rendre hertzien. La plupart sont déjà pré- semaines b Calendrier. La diffusion des permettra à l’ensemble des attribuées au secteur privé. leur avis – que le gouvernement sents dans le câble ou le satellite, six chaînes nationales en mode Français de recevoir trente-six b Coût. Pour recevoir les chaînes examinera et corrigera à sa guise et le numérique hertzien menace analogique devrait prendre fin nouvelles chaînes avec une numériques, il faudra prévoir un avant de le soumettre au Conseil leurs anciennes positions. Le CSA souhaite également plus aux alentours de 2010. De définition sonore et visuelle réglage – annoncé simple – sur d’Etat. La clôture des appels à can- Première recommandation desti- de souplesse dans les quotas de janvier 2003 à janvier 2010, tous numérique. les antennes « râteau » classique didature pour attribuer les trente- née à rassurer : la publicité. L’ins- production. Le décret prévoit que les foyers français vont pouvoir b Fonctionnement. Le passage au (environ 400 francs) et se doter trois nouvelles chaînes fixée initia- tance préconise la possibilité pour la production d’œuvres françaises recevoir progressivement de numérique se fera en transformant d’un décodeur externe (environ lement au 30 novembre sera retar- les chaînes de la TNT de diffuser doit atteindre, au bout de cinq ans, nouvelles chaînes télévisées en un canal de chaîne analogique 1500 francs). A terme, les dée de quatre à huit semaines, lais- de la publicité toute la journée, 16 % du chiffre d’affaire des chaî- mode numérique. Aujourd’hui pour en « tirer » six nouvelles décodeurs seront intégrés dans sant aux uns et aux autres le temps contrairement à ce qui avait été nes. Le CSA préconise une durée 20 % seulement de Français chaînes numériques. Trente-trois les téléviseurs. Par souci de la réflexion et de nouvelles prévu dans le projet de décret. Cal- de sept ans. L’instance réclame des reçoivent la télévision par câble canaux seront proposés à la de rentabilité, les fabricants escarmouches. qué sur le régime de Canal+, le modifications du texte sur la défini- et/ou satellite. En théorie, la commercialisation. Huit canaux ne les intègrent que dans décret ne les y autoriserait que six tion de la production indépendan- télévision numérique terrestre seront dévolus au service public, le très haut de gamme. Bénédicte Mathieu heures par jour au maximum sur te ou sur les quotas de diffusion des programmes en clair. Le CSA d’œuvres européenne ou d’expres- estime que cette disposition sion originale française. L’autorité « pourrait compromettre » la migra- administrative qui ne possède tion de chaînes du câble et du satel- qu’un avis consultatif souhaite que lite vers la TNT. Par ailleurs, le ces quotas soient imposés progres- CSA devrait prochainement don- sivement aux chaînes afin de « per- ner un avis favorable sur l’ouvertu- mettre aux éditeurs [de chaînes] Les retards s’accumulent à l’étranger LE PASSAGE à la télévision dif- ment suédois a émis des critères fusée en numérique sans parabole de contenu très contraignants ni câble n’a pas encore convaincu pour l’attribution de licences en Espagne, Suède et en Grande- d’émission numérisée (diversité de Bretagne où les retards s’accumu- l’offre, espace réservé aux lent. programmes régionaux) tandis b Espagne. L’Espagne a décidé que le contenu des chaînes satelli- de raccourcir les délais de transi- taires échappe, par nature, à tout tion, après avoir approuvé, dès contrôle. Le succès commercial de octobre 1998, ce qu’elle a appelé la télévision numérique passe par son plan technique national de l’abandon progressif du réseau télévision digitale terrestre. En analogique mais l’autorité de régu- théorie, la date de mise à disposi- lation audiovisuelle se refuse à tion des canaux de télévision fixer une date pour sa fermeture numérique terrestre avait été fixée définitive. Une solution intermé- au 31 octobre 1999 et la recom- diaire à l’étude, consisterait à mandation gouvernementale exi- assouplir les conditions d’accès à geait que l’opération soit achevée ce nouveau réseau pour y attirer au 31 décembre 2000, les chaînes en plus grand nombre les acteurs devant fonctionner à plein en privés. L’opérateur Viasat 2012. En théorie aussi, chaque enti- (Modern Times Group) qui diffuse té publique, dont les télévisions des programmes populaires de régionales exploitant un canal de télé-réalité, pornographie et foot- télévision, pouvait avoir deux ball, s’est retiré en juin du projet chaînes numériques terrestres. En de diffusion numérique terrestre. réalité, ces chaînes censées être Cette défection a fortement nombreuses sont à peine une poi- affaibli l’attrait commercial de l’of- gnée, la plupart à l’état embryon- fre actuellement proposée. naire ou expérimental. Il y a b Grande-Bretagne. Symbole de Onda 6 (groupe de presse espa- la télévision numérique hertzienne gnol ABC-Groupe Correo), Net TV britannique, ITV Digital est en (groupe El Mundo-Recoletos) qui mauvaise posture en dépit de nom- n’émet pas encore, et les deux breuses tentatives de relance. Lan- canaux régionaux, Canal Sur 2 (de cée en fanfare en 1998 sous le nom la télévision andalouse), et LaOtra, d’ONdigital pour concurrencer une des dernières-nées, lancée par BSkyB le bouquet satellitaire de la télévision de Madrid, Telema- Murdoch, cette chaîne comptait drid. Il existe un nombre infime de fin août moins d’un million d’abon- téléviseurs et de décodeurs adap- nés. ITV Digital a été constam- tés. « Les fabricants continuent à ment contrainte de revoir ses prévi- commander des téléviseurs nor- sions à la baisse. Parmi les raisons maux car ils jugent que le numéri- de cette performance décevante, que terrestre n’est pas suffisamment l’avance prise par BSkyB dans la avancé, et nous, nous piétinons car télévision numérique en 1998. For- le matériel et du coup les consomma- te d’une expérience commerciale teurs ne sont pas en nombre de dix ans dans la télévision payan- suffisant », explique-t-on à LaOtra. te, la filiale de News Corporation a Voir LaOtra est en théorie gratuit, pris rapidement ses marques. Pour mais le consommateur doit pour combler son retard, ITV Digital a l’instant payer l’accès au bouquet été contrainte de se lancer dans Quiero. Ce qui revient à environ une chasse aux abonnés qui l’a lais- 150 francs par mois (pour une sée financièrement exsangue. offre de quatorze canaux, avec Recevable via une antenne classi- Internet et courrier électronique), que et un décodeur, ITV Digital a sans compter la location du déco- cassé les prix après la décision de deur, 50 francs par mois. BSkyB d’offrir gratuitement les b Suède. La télévision numéri- décodeurs nécessaires pour que se heurte en Suède à la pruden- recevoir son bouquet satellite. Les ce des consommateurs face à une problèmes de réception dus à des offre analogique, câblée et satelli- antennes installées dans la précipi- taire abondante et relativement tation ont provoqué la défiance bon marché. D’ici à la fin de des clients, dont 20 % en moyenne l’année, le réseau numérique ne renouvellent pas leur abonne- terrestre devrait pouvoir être reçu ment après la période d’essai. par 90 % des Suédois mais seule- ment un million de foyers sont Marie-Claude Decamps abonnés. En annonçant, en (à Madrid), juillet 1998, le passage de l’analogi- Boris Lévy (à Stockholm) que au numérique, le gouverne- et Marc Roche (à Londres) FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 / 23

EUROPE TABLEAU DE BORD ÉCONOMIE FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40

4477,68 4958,20 4150,66 risme. Six directions du ministère – b EBOOKERS : l’agence 6022 5600 5175 George W. Bush le Trésor, les douanes et droits indi- AFFAIRES britannique de voyages en ligne, 5567 5367 4870 rects, les impôts, la législation fisca- qui emploie 700 personnes,a 5112 5133 4566 plaide pour un plan le, les relations économiques exté- INDUSTRIES annoncé, jeudi, qu’elle réduirait 4657 4900 4261 rieures et les affaires juridiques – y de 10 à 20 % ses effectifs. sont réunies, ainsi que l’unité spé- 4203 4667 3957 de relance massif b RENAULT : la direction a cialisée dans le renseignement 3748 4433 3652 présenté, mercredi 3 octobre, en FINANCES [[[ [[[ [[[LES ETATS-UNIS ont besoin de financier et la lutte contre le blan- comité central d’entreprise un 4J. 20A. 4O. 4J. 20A. 4O. 4J. 20A. 4O. mesures de relance économique chiment d’argent, Tracfin. projet d’augmentation de capital b BOURSE : l’autorité boursière pouvant atteindre les 75 milliards a Le chiffre d’affaires en volume Indices cours Var. % Var. % réservée aux salariés. Cette américaine a demandé aux Europe 9h57 f se´lection 04/10 03/10 31/12 de dollars (83,3 milliards d’euros) du commerce de détail a reculé opération, qui porterait sur 0,5 % maisons de courtage de vérifier EUROPE EURO STOXX 50 3346,24 2,50 – 29,88 pour amortir l’impact des attentats de 1,8 % en juin par rapport à mai du capital, sera soumise au conseil leurs registres concernant EUROPE STOXX 50 3364,70 2,07 – 26,17 du 11 septembre, a déclaré mercre- et affiche une quasi-stabilité d’administration fin octobre. Les trente-huit valeurs dans le cadre EUROPE EURO STOXX 324 275,55 2,18 – 29,67 di 3 octobre le président George (– 0,3 %) sur trois mois (avril, mai salariés détiennent actuellement de l’enquête ouverte sur une EUROPE STOXX 653 268,56 1,97 – 25,36 W. Bush. Cette enveloppe s’ajoute- et juin) comparé aux trois mois pré- 2,21 % du capital de Renault, qui spéculation douteuse avant les PARIS CAC 40 4150,66 3,14 – 29,96 rait aux 40 milliards de dollars cédents, a indiqué mercredi l’Insti- n’a pas effectué d’opération de ce attentats du 11 septembre. Cette PARIS MIDCAC ...... investis dans des mesures d’urgen- tut national de la statistique et des type depuis 1994. liste comprend notamment les PARIS SBF 120 2812,16 3,03 – 30,09 ce qui avaient été débloquées par études économiques (Insee). compagnies aériennes American PARIS SBF 250 ...... le Congrès et aux 15 milliards pré- a Le chiffre d’affaires des servi- b GENERAL ELECTRIC : la Airlines (AMR Corp) et United PARIS SECOND MARCHE´ ...... vus pour sauver les compagnies ces aux particuliers a, pour le Commission européenne Airlines, les assureurs XL Capital AMSTERDAM AEX 451,97 3,10 – 29,11 aériennes. George W. Bush et son deuxième mois consécutif, aug- s’apprête à publier une décision et Chubb ainsi que l’organisateur BRUXELLES BEL 20 2691,90 1,97 .... secrétaire au trésor, Paul O’Neill, menté en juin (+ 2,9 % après 2,4 % mettant en cause les tactiques de croisières Carnival Corp. FRANCFORT DAX 30 4477,68 0,92 .... ont profité de leurs apparitions res- en volume corrigé des variations de General Electric (GE) sur le LONDRES FTSE 100 4958,20 1,57 – 20,32 pectives à New York et au Capitole saisonnières et des jours ouvra- marché de l’aéronautique, indique b CREDIT SUISSE FIRST MADRID STOCK EXCHANGE 7432,60 2,59 – 18,41 pour promouvoir ce projet et il bles), a rapporté mercredi l’Insee. le Financial Times, jeudi. Elle y BOSTON : la banque d’affaires MILAN MIBTEL 30 30194 2,47 – 30,94 semble que le président de la Réser- accuse le groupe américain de du groupe Credit suisse va ZURICH SPI 6008,80 2,56 .... ve fédérale y ait donné son assenti- a ZONE EURO : l’indice du cli- s’appuyer sur sa structure de licencier 700 employés chargés ment lors d’une réunion privée mat des affaires s’est à nouveau conglomérat pour persuader les des activités de banque ´ avec des parlementaires. détérioré en septembre dans la constructeurs d’avions et les d’investissement, soit environ AMERIQUES a Des élus républicains et démo- zone euro, à – 0,57 contre – 0,46 en compagnies aériennes d’acheter 20 % des effectifs, selon la chaîne crates à la Chambre des représen- août (chiffre révisé), en baisse ses moteurs. La branche de GE de télévision américaine CNBC. NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR tants ont dévoilé, mercredi, un pro- continue depuis février, selon le spécialisée dans les moteurs 9123,78 1580,81 0,914 jet de loi accordant au président chiffre publié vendredi à Bruxelles d’avions a annoncé, mercredi, b SOCIAL : la fédération CFTC 10610 2140 0,931 Bush l’autorité de conclure des par la Commission européenne. a 4 000 suppressions d’emplois, soit des banques souhaite « une 10135 1997 0,912 accords commerciaux, grâce à un Le volume des ventes du com- plus de 13 % de ses effectifs. révision de la convention collective compromis élaboré dans le sillage merce de détail a augmenté en 9660 1853 0,893 nationale sur la partie qui concerne des attentats du 11 septembre. Ce juillet de 0,3 % par rapport au mois b MITSUBISHI CHEMICAL : le les salaires », et envisage même de 9185 1710 0,874 compromis prévoit, pour la premiè- de juin et de 1,3 % par rapport à premier groupe chimique « la dénoncer », si l’Association 8710 1566 0,855 re fois, des dispositions relatives à juillet 2000, selon les chiffres nippon a lancé à son tour, jeudi, française des banques (AFB, 8235 1423 0,837 la protection des normes du travail publiés mercredi par Eurostat. [[[ [[[ [[[ a un avertissement sur ses résultats, patronat) « refuse toujours de 4J. 16A. 3O. 4J. 17A. 3O. 4J. 20A. 4O. et de l’environnement dans la Les prix à la production indus- disant s’attendre à une perte nette négocier sur les salaires réels ». conclusion d’accords commer- trielle ont baissé de 0,1 % au mois consolidée de 9 milliards de yens Indices cours Var. % Var. % ciaux entre les Etats-Unis et d’août dans la zone euro par rap- Ame´rique 9h57 f se´lection 03/10 02/10 31/12 (78,5 millions d’euros) pour b DEUTSCHE BANK : la banque d’autres pays. port à juillet, mais ont augmenté E´TATS-UNIS DOW JONES 9123,78 1,93 .... l’exercice en cours. allemande a fait son entrée, ´ de 1,7 % en glissement annuel par ETATS-UNIS S&P 500 1072,28 1,92 – 18,78 a mercredi, à la Bourse de New ´ PÉTROLE : la baisse du cours rapport à août 2000, selon des chif- b ETATS-UNIS NASDAQ COMPOSITE 1580,81 5,93 – 36,01 RHODIA : le groupe français York (NYSE), mais la célébration – du pétrole s’est poursuivie mer- fres publiés mercredi par Eurostat. TORONTO TSE INDEX 6903,78 0,94 22,72 a de chimie de spécialités a de l’événement a été réduite à sa SAO PAULO BOVESPA 10233,26 .... – 32,94 credi sur le marché à terme de L’économie mondiale va certai- indiqué jeudi qu’il n’atteindrait plus simple expression à cause des MEXICO BOLSA 303,94 1,27 – 3,82 New York, après la publication nement enregistrer un décrochage pas le consensus de perte par attentats du 11 septembre. La BUENOS AIRES MERVAL 214,55 – 7,02 – 48,52 d’une nette hausse des stocks de au dernier trimestre, en raison des action de 0,07 euro pour banque a tenu à maintenir SANTIAGO IPSA GENERAL 97,49 – 0,52 1,55 brut et d’essence la semaine derniè- attentats du 11 septembre, mais l’ensemble de l’année 2001. En l’introduction sur le NYSE le CARACAS CAPITAL GENERAL 7026,62 – 0,17 2,95 re aux Etats-Unis. Le prix du baril elle devrait redémarrer dès début 2000, le groupe a engrangé un 3 octobre pour « donner un signal de brut de référence (light sweet 2002, estime le directeur général bénéfice net de 216 millions clair » aux marchés, face aux crude) pour livraison en novembre de la Caisse des dépôts et consigna- d’euros. terroristes. ASIE - PACIFIQUE a cédé 71 cents, à 22,08 dollars, tions (CDC) Daniel Lebègue dans après avoir reculé de 48 cents, à un interview publiée jeudi par Le SERVICES b EURO : la distribution par les TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN 22,79 dollars mardi. Figaro. buralistes des sachets euros à 10205,48 10282,22 110,05 b NTT DOCOMO : le premier partir du 14 décembre nécessite a JAPON : la réunion du G 7 a GRANDE-BRETAGNE : le pre- 12629 13201 110,6 opérateur japonais de un texte législatif qui sera inclus samedi 6 octobre pourrait être mier ministre britannique, Tony téléphonie mobile espère dans le projet de loi portant 12004 12350 109,5 une occasion pour le Japon de s’en- Blair, a promis mardi qu’il aura pouvoir lancer en Europe un mesures urgentes de réformes à 11379 11498 108,5 gager à rendre obligatoire le con- « le courage » de convoquer un service de téléphone mobile de caractère économique et financier 10754 10646 107,4 trôle et l’identification de la clientè- référendum sur l’euro dès l’actuel- troisième génération, l’année (Murcef), a indiqué le ministre de 10129 9794 106,3 le des banques de l’archipel. le législature, pour peu que les cri- prochaine. l’économie, Laurent Fabius. 9504 8942 105,2 Contrairement au système en tères économiques établis en 1997 [[[ [[[ [[[vigueur aux Etats-Unis et dans soient réunis. b TELEFONICA : le groupe de b BANQUE DE FRANCE : le 4J. 20A. 4O. 4J. 21A. 4O. 4J. 20A. 4O. nombre de pays européens, les a télécommunications espagnol a personnel des rotatives de Indices cours Var. % Var. % banques japonaises ne sont pas ARGENTINE : la production annoncé mercredi une baisse de l’imprimerie à Chamalières Zone Asie 9h57 f se´lection 04/10 03/10 31/12 tenues par la loi d’effectuer un automobile a chuté de 12,5 % en ses investissements de 7 % pour (Puy-de-Dôme), en grève depuis TOKYO NIKKEI 225 10205,48 2,83 – 25,97 contrôle rigoureux de l’identité de septembre par rapport à août et de 2001, dans une fourchette de 8,4 à trois semaines à l’appel de la CGT, HONGKONG HANG SENG 10282,22 3,89 – 31,89 leurs clients. 46,5 % par rapport à septem- 8,5 milliards d’euros, et de 12 à a reconduit le mouvement, SINGAPOUR STRAITS TIMES 1371,63 2,72 – 28,81 bre 2000, tandis que les ventes ont 15 % pour 2002, tout en assurant mercredi, jusqu’à vendredi SE´OUL COMPOSITE INDEX 61,61 4,58 – 2,75 a FRANCE : le ministère fran- reculé de 10,9 % sur un mois et de qu’il restait aux aguets pour de 5 octobre, 10 heures. La grève a SYDNEY ALL ORDINARIES 3067,50 0,20 – 2,76 çais de l’économie et des finan- 47,4 % sur un an, a annoncé nouvelles acquisitions lui été reconduite à l’unanimité des BANGKOK SET 18,54 2,83 – 0,48 ces a mis en place, mercredi mercredi l’Association des permettant de faire croître ses agents présents à l’assemblée BOMBAY SENSITIVE INDEX 2780,22 0,92 – 30,01 3 octobre, Finter, sa cellule de lut- constructeurs automobiles argen- résultats. générale. WELLINGTON NZSE-40 1899,81 0,22 – 0,10 te contre le financement du terro- tins (ADEFA).

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 03/10 FRANC ...... 6,55957 EURO ...... 0,15245 COURONNE DANOISE. 7,4352 Action Prisa PARIS NEW YORK DEUTSCHEMARK ...... 1,95583 DEUTSCHEMARK ...... 3,35385 COUR. NORVE´GIENNE 8,0835 Prisa sortirait LIRE ITALIENNE (1000) . 1,93627 LIRE ITAL. (1000) ...... 3,38774 COUR. SUE´DOISE ...... 9,7392 en euros à Madrid LE CAC 40 gagnait 2,22 %, jeudi LES MARCHÉS AMÉRICAINS PESETA ESPAG. (100) .... 1,66386 PESETA ESPAG. (100) .... 3,94238 COURONNE TCHE`QUE 33,6320 ESCUDO PORT. (100).... 2,00482 ESCUDO PORT. (100) .... 3,27190 DOLLAR AUSTRALIEN . 1,8463 de Canal+ Espagne 16 4 octobre dans les premiers échan- ont terminé en forte hausse, mer- SCHILLING AUTR. (10) . 1,37603 SCHILLING AUTR. (10).. 4,76703 DOLLAR CANADIEN .... 1,4431 ges, à 4 113,58 points. L’indice de credi 3 octobre, dopés par la pers- PUNT IRLANDAISE...... 0,78756 PUNT IRLANDAISE...... 8,32894 DOLLAR HONGKONG . 7,1823 GROUPE CANAL+ poursuit sa 7,48 référence de la place de Paris avait pective d’un plan de soutien à l’éco- FLORIN NE´ERLANDAIS 2,20371 FLORIN NE´ERLANDAIS 2,97660 DOLLAR NE´O-ZE´LAND 2,2594 le3oct. FRANC BELGE (10) ...... 4,03399 FRANC BELGE (10) ...... 1,62607 FORINT HONGROIS ....257,2700 réorganisation géographique. 14 cédé 0,50 %, mercredi 3 octobre, nomie américaine de 75 milliards MARKKA FINLAND...... 5,94573 MARKKA FINLAND...... 1,10324 LEU ROUMAIN...... 28157 Après l’Italie, la Pologne et la Scan- s’établissant à 4 024,25 points. de dollars, ainsi que par l’annonce DRACHME GREC. (100). 3,40750 DRACHME CREC. (100). 1,92503 ZLOTY POLONAIS ...... 3,8608 dinavie, c’est en Espagne que la d’une certaine reprise dans l’indus- filiale télévision de Vivendi Univer- 12 FRANCFORT trie des services. L’annonce de Coursdechangecroise´s sal s’emploie à redéployer ses acti- prévisions solides par le géant des vités. Selon le quotidien La Tribune L’INDICE DAX des trente premiè- routeurs Internet, Cisco Systems, a Cours Cours Cours Cours Cours Cours 04/10 9h57 f DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S. du jeudi 4 octobre, le groupe espa- 10 res valeurs de la place de Francfort aussi favorisé cette tendance. L’in- DOLLAR ...... 0,83091 0,91440 0,13938 1,47035 0,61565 gnol Prisa, partenaire de Groupe cédait 0,16 %, jeudi 4 octobre dans dice Dow Jones, principal indica- YEN ...... 120,35000 ..... 110,05000 16,78000 177,06000 74,12500 Canal+ dans la Sogecable, opéra- les premières transactions, à teur de Wall Street, a fini en haus- EURO...... 1,09361 0,90868 ..... 0,15245 1,60870 0,67350 teur de Canal+ Espagne et du bou- 8 4 429,40 points. L’indice DAX avait se de 1,93 %, à 9 123,78 points. FRANC...... 7,17480 5,95990 6,55957 ..... 10,55280 4,41640 LIVRE ...... 0,68011 0,56475 0,62160 0,09480 ..... 0,41860 quet numérique Canal Satelite bondi de 3,08 %, mercredi 3 octo- L’indice élargi Standard & Poor’s FRANC SUISSE ...... 1,62430 1,34910 1,48470 0,22630 2,38880 ..... Digital, aurait pris la décision de bre, s’inscrivant à 4 436,66 points. 500, qui sert de référence à de céder sa participation. Prisa (qui 6 nombreux gérants de fonds, s’est Taux d’inte´reˆt(%) Matif possède entre autres le quotidien A M J J A S O LONDRES adjugé 1,99 %, à 1 072,28 points. El Pais) et Groupe Canal+ possè- 2001 L’indice du marché Nasdaq a bon- Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier Taux 03/10 f j. j. 3 mois 10 ans 30 ans Cours 9h57 f 04/10 prix prix dent chacun 21,27 % de la Sogeca- Source : Bloomberg COMPOSÉ des cent premières di de 5,93 %, à 1 580,81 points. Il FRANCE ...... 3,76 3,42 4,75 5,49 Notionnel 5,5 ble. Selon La Tribune, Prisa a déci- capitalisations boursières cotées s’agit du plus fort gain en pourcen- ALLEMAGNE .. 3,73 3,56 4,66 5,41 DE´CEMBRE 2001 719 90,08 90,33 dé de quitter la télévision à péage Maria Aznar, n’aurait, semble-t-il, à Londres, l’indice Footsie progres- tage de l’indice Nasdaq depuis le GDE-BRETAG. 5,63 4,42 4,77 4,76 Euribor 3 mois avec la cession de sa participation jamais accepté ce rapprochement sait de 0,89 %, à 4 925,30 points, 18 avril. ITALIE...... 3,73 3,50 55,75JANVIER 2001 .... NC NC NC JAPON ...... 0,03 0,01 1,38 2,43 dans la Sogecable à Groupe tant que le groupe Prisa, catalogué jeudi 4 octobre peu après l’ouver- E´TATS-UNIS... 2,41 2,22 4,52 .... Canal+. L’opération devrait être à gauche, aurait été présent au ture. Il avait progressé de 1,02 %, TAUX SUISSE ...... 1,88 2,09 3,14 3,84 Pe´trole finalisée au printemps 2002 avec capital de la Sogecable. Avec ce mercredi 3 octobre, clôturant à PAYS-BAS...... 3,68 3,50 4,80 5,47 Cours Var. % l’espoir que la Bourse aura repris désengagement, qui demande 4 881,80 points. LE RENDEMENT des emprunts En dollars f 03/10 02/10 des couleurs. Au Monde, Denis Oli- encore a être confirmé, Prisa d’Etat se tendait de quelques Matie`res premie`res BRENT (LONDRES) ...... 21,65 + 0,60 vennes, directeur général du Grou- devrait réaliser une bonne opéra- TOKYO fractions, sur les marchés obligatai- WTI (NEW YORK) ...... 22,65 + 0,94 Cours Var. % LIGHT SWEET CRUDE.... 22,17 – 2,33 pe Canal +, a fait part de son « éton- tion financière. Jeudi, à l’ouverture- res européens, jeudi 4 octobre En dollars f 03/10 02/10 nement » car, selon lui, Prisa a tou- de la Bourse, l’action grimpait de LES VALEURS JAPONAISES ont dans les premiers échanges. Le ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE jours affirmé être « un actionnaire 4,28 % à 7,80 euros. Prisa devait terminé en forte hausse, jeudi taux de l’obligation assimilable du CUIVRE 3 MOIS...... 1413 .... Or durable de la Sogecable ». aussi sécuriser des accords de four- 4 octobre, soutenues par les bon- Trésor (OAT) français à dix ans ALUMINIUM 3 MOIS...... 1322 – 0,23 PLOMB 3 MOIS ...... 456,50 – 0,33 Avec près de deux millions d’abon- nisseur de contenus avec Groupe nes performances du Nasdaq amé- s’inscrivait à 4,78 %. Celui du Cours Var % ETAIN 3 MOIS...... 3660 – 0,27 En euros f 03/10 02/10 nés, Canal+ Espagne et son bou- Canal+ pour alimenter en program- ricain, mercredi. Les valeurs tech- Bund, son homologue allemand, ZINC 3 MOIS...... 791 – 0,25 NICKEL 3 MOIS...... 5015 + 0,70 OR FIN KILO BARRE ...... 10150 – 0,49 quet numérique sont évalués entre mes la chaîne cryptée espagnole et nologiques ont mené la hausse, s’établissait à 4,69 %. OR FIN LINGOT...... 10290 + 0,10 ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE 1,2 milliard d’euros et 3 milliards son bouquet numérique. Cette stra- notamment Sony (+ 6,78 %) et ONCE D’OR (LO) $ ...... 266,40 .... ARGENT A TERME ...... 4,63 – 0,43 ` d’euros. L’ensemble devrait être à tégie reprend la démarche déjà Toshiba (+ 7,96 %). L’indice Nikkei, PIECE FRANCE 20 F ...... 59,90 + 0,84 MONNAIES PLATINE A TERME ...... 109433,50 .... PIE`CE SUISSE 20 F ...... 58 – 1,36 l’équilibre fin 2001 après une perte empruntée par le groupe espagnol qui recense les 225 premières GRAINES DENRE´ES $/BOISSEAU PIE`CE UNION LAT. 20 .... 58 – 1,36 de 111 millions d’euros en 2000. sur Internet. Sur ce secteur, Prisa a valeurs du marché nippon, s’est L’EURO cédait un peu de terrain BLE´ (CHICAGO)...... 270 + 0,19 PIE`CE 10 DOLLARS US ... 185,50 .... MAIS (CHICAGO) ...... 206 .... PIE`CE 20 DOLLARS US ... 366 – 1,08 Pour Groupe Canal+, la sortie de vendu son portail Internet à l’ita- apprécié de 2,83 %, finissant la face au billet vert, jeudi 4 octobre, SOJA TOURTEAU (CHG.) 162,30 .... PIE`CE 50 PESOS MEX. .... 373 – 1,32 Prisa devrait lui permettre de finali- lien Tiscali mais continue à fournir séance à 10 205,48 points. L’indice dans les premières transactions, SOFTS $/TONNE ser, enfin, une fusion avec son con- des contenus sur ce support. Topix, composé de toutes les cotant 0,9147 dollar. Le yen se CACAO (NEW YORK) ...... 1086 + 1,31 Cotations, graphiques et indices en temps current espanol Via Digital. Le gou- valeurs du premier marché, a repliait légèrement, à 120,40 yens CAFE´ (LONDRES) ...... SUCRE BL. (LONDRES)...... re´elsurlesiteWebdu«Monde». vernement conservateur de Jose Guy Dutheil gagné 1,98 %, à 1 071,19 points. pour un dollar. www.lemonde.fr/bourse 24 / LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 FINANCES ET MARCHÉS

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours VALEURS EUROPE´ENNES 268,56 3346,24 388 5106 357 4659

VALEURS EUROPÉENNES 268,56 3346,24 b Après deux jours de suspension, ment par Olivetti, a gagné 2,15 %, à 327 4213 3260,46 3249,05 l’action Swissair a été cotée à 8,83 euros. L’action TIM, la filiale 262,27 261,23

296 265,91 3766 Zurich, mercredi 3 octobre. A mobile de Telecom Italia, a terminé 3289,92

266 259,77 3319 l’ouverture de la Bourse suisse, l’ac- sur un gain de 3,70 %, à 5,66 euros. 3202,62 tion a chuté de 96 % par rapport à Le nouveau vice-président d’Olivetti 235 2873 [[[[[[[[ [[[[[[[[ son cours d’avant la suspension, à et de Telecom Italia, Gilberto Benet- 4 OCT. 4 AVRIL 4 OCT. VLMMJ 4 OCT. 4 AVRIL 4 OCT. VLMMJ 41,05 euros. Pour des raisons tech- ton, a indiqué mercredi qu’une niques, l’action est remontée réduction de la participation d’Oli- NH HOTELES ES e 9,39 .... TECAN GRP N CH 68,55 .... SAURER N CH 16,77 .... TPG NL e 21,31 .... durant la séance pour terminer en vetti dans Telecom Italia, actuelle- NXT GB 1,17 + 2,82 UNIBAIL FR e 54,05 .... SCHNEIDER ELECT FR e 40 .... WANADOO FR e 3,97 .... chute de 84,2 %, à 6,50 francs suis- ment de 54,95 %, n’était pas exclue. P & O PRINCESS GB 3,38 .... VALLEHERMOSO ES e 6,50 .... SEAT PAGINE GIA IT e 0,76 .... WELLA AG VZ DE e 51,50 .... b PERSIMMON PLC GB 4,90 – 0,33 WCM BETEILIGUNG DE e 11,45 .... SEAT PAGINE GIA IT e 0,76 .... f DJ E STOXX N CY G P 369,39 .... ses. « Au cours de la séance, deux Le titre de l’éditeur de logiciels PREUSSAG AG DE e 24 .... f DJ E STOXX FINS P 228,53 .... SECURICOR GB 1,92 .... tiers des actions Swissair ont changé Misys, dont les principaux clients RANK GROUP GB 3,20 .... SECURITAS -B- SE 18,07 .... de main », observe Raphaël Pron- sont des compagnies d’assurances RICHEMONT UNITS CH 2021,02 .... SERCO GROUP GB 4,80 .... COMMERCE DISTRIBUTION RYANAIR HLDGS IR e 9,24 .... ALIMENTATION ET BOISSON SGL CARBON DE e 19,85 .... gué, négociant auprès de la ban- et des laboratoires pharmaceuti- SAIRGROUP N CH 4,38 .... SHANKS GROUP GB 2,59 .... ALLIANCE UNICHE GB 8,15 + 0,59 e que Sarasin Genève. ques, a gagné 34,94 %, mercredi à SAS DANMARK A/S DK 9,82 .... ALLIED DOMECQ GB 5,44 .... SIDEL FR e 50 .... AVA ALLG HAND.G DE 37 .... SEB FR e 45,01 .... ASSOCIAT BRIT F GB 7,29 .... SINGULUS TECHNO DE e 20,15 + 2,28 BOOTS CO PLC GB 10,25 .... b A Milan, l’action Olivetti a bondi Londres, à 217,25 pence. Le grou- e e SIX CONTINENTS GB 9,75 .... BBAG OE BRAU-BE AT 42,36 .... SKF -B- SE 15,71 .... BUHRMANN NV NL 5,86 .... e e de 7,71 %, à 1,174 euro. Le titre de pe s’est déclaré prudemment opti- SODEXHO ALLIANC FR e 46,39 .... BRAU-UNION AT 41,06 .... SMITHS GROUP GB 9,78 .... CARREFOUR FR 53,95 .... e l’opérateur de télécommunications miste pour son activité au second THE SWATCH GRP CH 78,82 .... CADBURY SCHWEPP GB 7,05 .... SOPHUS BEREND - DK 22,86 .... CASTO.DUBOIS FR 49,68 .... CARLSBERG -B- DK 49,76 .... CC CARREFOUR ES e 13,25 .... Telecom Italia, détenu majoritaire- semestre. THE SWATCH GRP CH 16,71 .... SPIRENT GB 1,27 + 5,33 TELE PIZZA ES e 1,30 .... CARLSBERG AS -A DK 45,73 .... STOLT NIELSEN LU e 119,50 .... CHARLES VOEGELE CH 46,48 .... e THOMSON MULTIME PA 20,45 .... COCA COLA HBC GR 13,92 .... TELE2 -B- SE 27,57 .... D’IETEREN SA BE 135 .... WILSON BOWDEN GB 11,82 .... DANISCO DK 40,62 .... THALES FR e 39,92 .... DEBENHAMS GB 6,24 .... DANONE FR e 142,60 .... DIXONS GROUP GB 2,88 .... KON. VOPAK NV NL e 17,30 .... WM-DATA -B- SE 1,80 .... TOMRA SYSTEMS NO 11,26 .... e DELTA HOLDINGS GR 6,24 .... e GAL LAFAYETTE FR e 126 .... Code Cours % Var. LONZA GRP N CH 616,41 .... WOLFORD AG AT 13,83 .... TPI ES 3,48 .... 04/10 9h58 f e DIAGEO GB 11 .... GEHE AG DE e 46,30 .... pays en euros 03/10 NORSK HYDRO NO 39,96 .... WW/WW UK UNITS IR 0,59 .... TRAFFICMASTER GB 0,48 .... ELAIS OLEAGINOU GR 19,86 .... GUCCI GROUP NL e 89,65 .... RHODIA FR e 6,21 .... f DJ E STOXX CYC GO P 89,84 .... UNAXIS HLDG N CH 69,39 .... ERID.BEGH.SAY FR e 97 .... e GUS GB 8,39 .... AUTOMOBILE SOLVAY BE e 59,30 .... VA TECHNOLOGIE AT 21,45 .... HEINEKEN HOLDIN NL e 28,90 .... e HENNES & MAURIT SE 19,87 .... SYNGENTA N CH 50,36 .... VEDIOR NV NL 8,30 .... AUTOLIV SDR SE 16,84 .... HELLENIC SUGAR GR 6,26 .... e e PHARMACIE VESTAS WIND SYS DK 29,52 .... KARSTADT QUELLE DE 34,30 .... BASF AG BE e 37,10 .... TESSENDERLO CHE BE 26 .... e KAMPS DE 5,90 .... VINCI FR e 61,80 .... KINGFISHER GB 5,88 .... BMW DE e 29,80 .... f DJ E STOXX CHEM P 299,88 .... ACTELION N CH 30,32 .... KERRY GRP-A- GB 21,59 – 1,61 VIVENDI ENVIRON FR e 43,80 .... MARKS & SPENCER GB 4,40 .... CONTINENTAL AG DE e 11,30 .... ALTANA AG DE e 51,20 .... KINGFISHER GB 5,16 .... VOLVO -A- SE 13,35 .... MATALAN GB 7,61 .... DAIMLERCHRYSLER DE e 35,90 .... AMERSHAM GB 9,91 .... e e CONGLOME´RATS KONINKLIJKE NUM NL 24,20 .... VOLVO -B- SE 14,07 .... METRO DE 36,20 .... FIAT IT e 18,23 .... ASTRAZENECA GB 51,08 .... e MONTEDISON IT 2,47 .... WARTSILA CORP A FI e 18,95 .... MFI FURNITURE G GB 1,71 .... FIAT PRIV. IT e 12,29 .... D’IETEREN SA BE e 135 .... AVENTIS FR e 82 .... NESTLE N CH 226,35 .... XANSA GB 3,68 + 6,98 NEXT PLC GB 14,89 .... FR e 28,69 e BB BIOTECH CH 64,67 .... MICHELIN .... AZEO FR 71,95 .... NORTHERN FOODS GB 2,40 .... e PINAULT PRINT. FR e 117,40 .... e ZARDOYA OTIS ES 10,02 .... PEUGEOT FR 42,18 .... GBL BE e 300,10 .... CELLTECH GROUP GB 11,37 .... PARMALAT IT e 2,98 .... SIGNET GROUP GB 0,90 .... e e f DJ E STOXX IND GO P 276,68 .... PIRELLI SPA IT 1,64 .... GEVAERT BE e 26 .... ELAN CORP IR 54,25 .... PERNOD RICARD FR e 79,50 .... VALORA HLDG N CH 165,72 .... e e DR ING PORSCHE DE 252,50 .... INCHCAPE GB 6,93 .... ESSILOR INTL FR 30,10 .... RAISIO GRP -V- FI e 1,08 + 2,86 VENDEX KBB NV NL e 8,30 .... e e RENAULT FR 31,40 .... KVAERNER -A- NO 1,66 .... FRESENIUS MED C DE 85,60 .... SCOTT & NEWCAST GB 8,73 .... W.H SMITH GB 6,69 .... e ASSURANCES VALEO FR 35,25 .... MYTILINEOS GR 4,24 .... H. LUNDBECK DK 25,42 .... SOUTH AFRICAN B GB 7,05 .... WOLSELEY PLC GB 7,06 .... e VOLKSWAGEN DE 38,70 .... UNAXIS HLDG N CH 69,39 .... GALEN HOLDINGS GB 10,87 .... TATE & LYLE GB 3,92 .... AEGIS GROUP GB 1,10 .... WOOLWORTHS GROU GB 0,54 .... f DJ E STOXX AUTO P 167,11 .... ORKLA NO 17,38 .... GAMBRO -A- SE 6,37 .... 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GR 8,36 DE e 0,77 – B.P.SONDRIO IT e 9,40 .... ELISA COMMUNICA FI e 10,55 .... ETHNIKI GEN INS .... BROKAT TECHNOLO 1,28 SMITH & NEPHEW GB 5,83 .... ASSA ABLOY-B- SE 12,99 .... FR e 40,65 FR e 0,76 B.P.VERONA E S. IT e 9,18 .... ENERGIS GB 0,61 + 8,57 EULER .... BULL .... SSL INTL GB 8,45 – 0,38 ASSOC BR PORTS GB 6,61 .... IT e 4,78 FR e 23,60 BANCA ROMA IT e 2,26 .... EUROPOLITAN HLD SE 6,62 .... FONDIARIA ASS .... BUSINESS OBJECT .... SULZER AG 100N CH 154,94 .... ATLAS COPCO -A- SE 19,25 .... BE e 26,60 FR e 53,80 BANK OF PIRAEUS GR 7,72 .... FRANCE TELECOM FR e 32,79 .... FORTIS (B) .... CAP GEMINI .... SYNTHES-STRATEC CH 716,79 .... ATLAS COPCO -B- SE 18,07 .... GB 2,98 FI e 1,86 + BANKINTER R ES e 30,70 .... HELLENIC TELE ( GR 17,62 .... FRIENDS PROVIDE .... COMPTEL 8,14 UCB BE e 44,90 .... ATTICA ENTR SA GR 3,94 .... IT e 29,53 FR e 35,80 BARCLAYS PLC GB 29,59 .... KINGSTON COM GB 1,02 .... GENERALI ASS .... DASSAULT SYST. .... AT e 154 SE 3,85 BAYR.HYPO-U.VER DE e 30,45 .... KONINKLIJKE KPN NL e 3 .... (Publicite´) GENERALI HLD VI .... ERICSSON -B- .... GB 0,10 FI e 0,64 + BBVA R ES e 11,30 .... KPNQWEST NV -C- NL e 4,39 .... INDEPENDENT INS .... F-SECURE 10,34 GR 4,46 GB 2,59 BCA AG.MANTOVAN IT e 8,24 .... LIBERTEL NV NL e 8,85 .... INTERAM HELLEN .... FILTRONIC .... GB 10,06 IT e 10,66 BCA FIDEURAM IT e 6,59 .... VODAFONE N DE e 204,79 .... IRISH LIFE & PE .... FINMATICA .... GB 2,40 NL e 2,44 BCA LOMBARDA IT e 8,80 .... MOBILCOM DE e 16,63 + 1,77 LEGAL & GENERAL .... GETRONICS .... IT e 6,74 DK 4,48 BCA P.BERG.-C.V IT e 17,25 .... OLD MUTUAL GB 1,76 .... MEDIOLANUM .... GN GREAT NORDIC .... DE e 298 DE e 13,50 BCA P.MILANO IT e 4,14 .... OLIVETTI IT e 1,17 .... MUENCH RUECKVER .... INFINEON TECHNO .... FI e 18 FR e 7,60 B.P.C.INDUSTRIA IT e 8,05 .... PANAFON HELLENI GR 4,38 .... POHJOLA GRP.B .... INFOGRAMES ENTE .... GB 10,95 GR 11,84 BCO POPULAR ESP ES e 38,02 .... PT TELECOM SGPS PT e 7,74 .... PRUDENTIAL .... INTRACOM R .... IT e 12,55 GB 0,48 BCP R PT e 4,12 .... SONERA FI e 3,45 + 4,55 RAS .... KEWILL SYSTEMS .... GB 5,28 + CH 77,47 BIPOP CARIRE IT e 2,22 .... SONG NETWORKS SE 0,49 .... ROYAL SUN ALLIA 1,85 LEICA GEOSYSTEM .... IT e 13,36 GB 10,49 BK OF SCOTLAND GB 13,24 .... SWISSCOM N CH 307,19 .... SAI .... LOGICA .... FI e 8,70 CH 20,08 BNL IT e 2,16 .... T.I.M. IT e 5,66 .... SAMPO-LEONIA -A .... LOGITECH INTL N .... CH 589,46 GB 0,26 + BNP PARIBAS FR e 90,05 .... TDC DK 35,64 .... SCHW NATL VERS .... MARCONI 14,29 FR e 33,55 FI e 17,61 + BSCH R ES e 8,19 .... TELE2 -B- SE 27,57 .... SCOR .... NOKIA 6,73 SE 6,21 NL e 7,85 COMM.BANK OF GR GR 28,06 .... TELECEL PT e 6,39 .... SKANDIA INSURAN .... OCE .... GB 4,64 GB 0,66 COMMERZBANK DE e 17,20 .... TELECOM ITALIA IT e 8,83 .... ST JAMES’S PLAC .... PSION .... NO 5,47 GB 2,61 CREDIT LYONNAIS FR e 35,17 .... TELECOM ITALIA IT e 5,03 .... STOREBRAND .... SAGE GRP .... CH 447,99 FR e 46 CS GROUP N CH 34,76 .... TELEFONICA ES e 11,86 .... SWISS LIFE REG .... SAGEM .... CH 113,18 DE e 127 DANSKE BANK DK 16,68 .... TELEF.MOVILES ES e 6,50 .... SWISS RE N .... SAP AG .... DK 27,98 DE e 153,99 DEUTSCHE BANK N DE e 58,80 .... TELENOR NO 4,03 .... TOPDANMARK .... SAP VZ .... CH 218,27 CH 28,29 DEXIA BE e 17,26 .... TELIA SE 4,93 .... ZURICH FINL SVC .... SEZ HLDG N .... f 307,23 .... DE e .... DNB HOLDING NO 4,05 .... TISCALI IT e 5,12 .... DJ E STOXX INSU P LA ROCHETTE .... DE e 0,20 DRESDNER BANK N DE e 39 .... VERSATEL TELECO NL e 0,66 .... MB SOFTWARE .... GB 1,27 + EFG EUROBK ERGA GR 12,08 .... VODAFONE GROUP GB 2,40 .... SPIRENT 5,33 e ERSTE BANK AT e 54,79 .... f DJ E STOXX TCOM P 391,55 .... MEDIAS STMICROELECTRON FR 24 .... THINK TOOLS CH 14,18 .... ESPIRITO SANTO PT e 12,90 .... BSKYBGROUP GB 9,37 .... THUS GB 0,45 .... FOERENINGSSB A SE 11,50 .... CANAL PLUS FR e 3,46 .... TIETOENATOR FI e 22,01 + 2,61 HALIFAX GROUP GB 13,32 .... CONSTRUCTION CAPITAL RADIO GB 7,85 .... 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CENTRICA GB 3,57 .... NORDEA SE 5,34 .... CAPITA GRP GB 6,16 .... BPB GB 3,78 .... ´ GWR GROUP GB 2,31 .... EDISON IT e 9,92 .... ROLO BANCA 1473 IT e 15,20 .... ENERGIE CDB WEB TECH IN IT e 3,09 .... e BRISA AUTO-ESTR PT e 10,50 .... HAVAS ADVERTISI FR 5,64 .... ELECTRABEL BE e 231,50 .... ROYAL BK SCOTL GB 23,86 .... CGIP FR e 26,30 .... e BUZZI UNICEM IT e 6,97 .... BG GROUP GB 4,18 .... INDP NEWS AND M IR 1,60 .... ELECTRIC PORTUG PT e 2,77 .... S-E-BANKEN -A- SE 7,24 .... CHUBB GB 2,47 .... CIMPOR R PT e 18,48 .... BP GB 8,73 .... INFORMA GROUP GB 2,02 .... ENDESA ES e 17 .... SAN PAOLO IMI IT e 10,83 .... CIR IT e 0,77 .... e COLAS FR e 60,10 .... CEPSA ES e 11,25 .... LAGARDERE SCA N FR 33,25 .... ENEL IT e 6,83 .... STANDARD CHARTE GB 10,49 .... COBHAM GB 16,45 .... CRH PLC GB 26,18 – 0,30 COFLEXIP FR e 165,40 .... LAMBRAKIS PRESS GR 4,02 .... EVN AT e 42,43 .... STE GENERAL-A- FR e 53,80 .... COOKSON GROUP P GB 0,59 .... e FCC ES e 22,54 .... DORDTSCHE PETRO NL e 2,11 – 0,47 M6 METROPOLE TV FR 15,75 .... FORTUM FI e 5 .... SVENSKA HANDELS SE 14,32 .... COPENHAGEN AIRP DK 53,53 .... e GRUPO DRAGADOS ES e 14,10 .... GBL BE e 51,50 .... MEDIASET IT 5,91 .... GAS NATURAL SDG ES e 19,50 .... SWEDISH MATCH SE 5,54 .... DAMPSKIBS -A- DK 5783,30 .... GRUPO FERROVIAL ES e 19,89 .... ENI IT e 13,59 .... MODERN TIMES GR SE 19,20 .... HIDRO CANTABRIC ES e 26,50 .... UBS N CH 47,39 .... DAMPSKIBS -B- DK 6321,28 .... e HANSON PLC GB 7,65 .... ENTERPRISE OIL GB 8,13 .... MONDADORI IT 5,24 .... IBERDROLA ES e 14,89 .... UNICREDITO ITAL IT e 3,89 .... DK 8405,96 e HEIDELBERGER ZE DE e 44 .... HELLENIC PETROL GR 6,16 .... DAMSKIBS SVEND .... NRJ GROUP FR 12,80 .... INNOGY HOLDINGS GB 3,30 .... BANCO SABADELL ES e 15,50 .... GB 7,29 + HELL.TECHNODO.R GR 5,96 .... LATTICE GROUP GB 2,59 .... DE LA RUE 0,44 PEARSON GB 10,41 .... ITALGAS IT e 9,99 .... f DJ E STOXX BANK P 236,90 .... e e HERACLES GENL R GR 11,86 .... OMV AG AT e 90 .... E.ON AG DE 59,10 .... PRISA ES 7,48 .... KELDA GB 5,81 .... e HOCHTIEF ESSEN DE e 11,75 .... PETROLEUM GEO-S NO 6,80 .... ELECTROCOMPONEN GB 6,05 .... PROSIEBEN SAT.1 DE 4,52 .... NATIONAL GRID G GB 7,35 .... e HOLCIM CH 202,10 .... REPSOL YPF ES e 15,47 .... ENIRO SE 7,80 .... PT MULTIMEDIA R PT 5,67 .... INTERNATIONAL P GB 3,57 .... PRODUITS DE BASE e e IMERYS FR e 99,85 .... ROYAL DUTCH CO NL e 54,35 .... EPCOS DE 36 .... PUBLICIS GROUPE FR 16,16 .... OESTERR ELEKTR AT e 94,75 .... e ACERALIA ES e 8,86 .... ITALCEMENTI IT e 7,68 .... SAIPEM IT e 4,58 .... EUR AERO DEFENC FR 10,60 .... PUBLIGROUPE N CH 160,84 .... PENNON GROUP GB 10,20 .... e ACERINOX R ES e 28,20 .... LAFARGE FR e 87,30 .... SHELL TRANSP GB 8,07 .... EUROTUNNEL FR 0,77 .... REED INTERNATIO GB 8,33 .... POWERGEN GB 11,71 .... ALUMINIUM GREEC GR 28,46 .... MICHANIKI REG. GR 1,68 .... STATOIL NO 6,99 .... EXEL GB 9,03 .... REUTERS GROUP GB 9,56 .... SCOTTISH POWER GB 6,50 + 0,25 e e ANGLO AMERICAN GB 12,81 .... NOVAR GB 1,97 .... TOTAL FINA ELF FR e 146,30 .... FINMECCANICA IT 0,70 .... RTL GROUP LU 29,50 .... SEVERN TRENT GB 11,71 .... e ASSIDOMAEN AB SE 27,16 .... PILKINGTON PLC GB 1,60 .... IHC CALAND NL e 48,50 .... FINNLINES FI 19 .... SMG GB 1,55 .... SUEZ FR e 37,15 .... e BEKAERT BE e 34,50 .... RMC GROUP PLC GB 9,19 .... f DJ E STOXX ENGY P 308,17 .... FKI GB 1,97 .... SOGECABLE R ES 22,75 .... SYDKRAFT -A- SE 23,92 .... BHP BILLITON GB 4,60 .... SAINT GOBAIN FR e 152,60 .... FLS IND.B DK 9,95 .... TAYLOR NELSON S GB 2,55 .... SYDKRAFT -C- SE 19,82 .... BOEHLER-UDDEHOL AT e 47,64 .... SKANSKA -B- SE 7,44 .... FLUGHAFEN WIEN AT e 29,90 .... TELEWEST COMM. GB 0,48 .... FENOSA ES e 17 .... e BUNZL PLC GB 6,79 .... TAYLOR WOODROW GB 2,66 .... SERVICES FINANCIERS GAMESA ES e 13,80 .... TF1 FR 19,10 .... UNITED UTILITIE GB 10,30 .... GB 0,69 e GKN GB 4,04 .... TRINITY MIRROR GB 5,64 .... CORUS GROUP .... TECHNIP FR 123,90 .... 3I GROUP GB 10,50 .... VIRIDIAN GROUP GB 9,02 .... GR 3,10 GROUP 4 FALCK DK 117,01 .... UNITED PAN-EURO NL e 0,37 .... ELVAL .... TITAN CEMENT RE GR 32,98 .... ALPHA FINANCE GR 44,90 .... f DJ E STOXX PO SUP P 307,48 .... SE 20,38 e GROUP 4 FALCK DK 117,01 .... UTD BUSINESS ME GB 11,42 .... HOLMEN -B- .... UPONOR -A- FI 15,45 .... AMVESCAP GB 11,66 .... NL e 1,63 e GUARDIAN IT GB 4,40 .... VIVENDI UNIVERS FR e 47,70 .... ISPAT INTERNATI .... CIMENTS VICAT / FR 59,80 .... BHW HOLDING AG DE e 33,30 .... GB 13,53 e HAGEMEYER NV NL e 12,62 .... VNU NL e 26,16 .... JOHNSON MATTHEY .... VINCI FR 61,80 .... BPI R PT e 2,23 .... FI e 5,05 e HALKOR GR 3,74 .... WOLTERS KLUWER NL e 24,11 .... M-REAL -B- .... WIENERBERGER AG AT 16,59 .... BRITISH LAND CO GB 7 .... AT e 55,70 f HAYS GB 2,27 .... WPP GROUP GB 7,37 .... MAYR-MELNHOF KA .... DJ E STOXX CNST P 200,70 .... CALEDONIA INV.S GB 10,78 + 0,75 FI e 9,10 HEIDELBERGER DR DE e 46 .... f DJ E STOXX MEDIA P 246,52 .... EURO OUTOKUMPU .... CANARY WHARF GR GB 7,27 .... PECHINEY-A- FR e 42 .... HUHTAMAKI FI e 33,65 .... ______CATTLES ORD. GB 3,97 – 0,80 FI e 4 + IFIL IT e 5,15 .... RAUTARUUKKI K 1,27 CONSOMMATION CYCLIQUE CLOSE BROS GRP GB 10,25 .... GB 17,29 IMI PLC GB 3,36 .... NOUVEAU RIO TINTO .... ACCOR FR e 29,84 .... COBEPA BE e 62,50 .... BIENS DE CONSOMMATION GR 3,36 SE 13,55 SIDENOR .... ADIDAS-SALOMON DE e 56,40 .... CONSORS DISC-BR DE e 9,10 + 2,02 IND.VAERDEN -A- .... AHOLD NL e 30,25 .... GR 5,30 e ´ SILVER & BARYTE .... AGFA-GEVAERT BE e 12,80 .... CORIO NV NL e 23,55 .... INDRA SISTEMAS ES 7,98 .... ALTADIS ES e 18,20 .... MARCHE GB 3,19 SMURFIT JEFFERS .... AIR FRANCE FR e 12,23 .... CORP FIN ALBA ES e 21 .... INVENSYS GB 0,64 .... AMADEUS GLOBAL ES e 5,25 .... FI e 11,54 STORA ENSO -A- .... AIRTOURS PLC GB 2,40 .... DAB BANK AG DE e 7,60 + 1,33 INVESTOR -A- SE 10,37 .... ATHENS MEDICAL GR 3,14 .... Cours % Var. FI e 11,85 04/10 9h58 f en euros 03/10 STORA ENSO -R- .... ALITALIA IT e 0,73 .... DEPFA-BANK DE e 69,20 .... INVESTOR -B- SE 10,27 .... AUSTRIA TABAK A AT e 85,46 .... SE 24,18 SVENSKA CELLULO .... AUSTRIAN AIRLIN AT e 7,89 .... DROTT -B- SE 9,96 .... ISS DK 57,30 .... AVIS EUROPE GB 1,86 .... DE e 11,45 .... e + THYSSENKRUPP AUTOGRILL IT e 7,60 .... EURAZEO FR e 51 .... JOT AUTOMATION FI 0,46 4,55 BEIERSDORF AG DE e 127 .... AMSTERDAM BE e 41,20 UMICORE .... BANG & OLUFSEN DK 15,47 .... EURONEXT NL e 15,25 .... KINNEVIK -B- SE 13,86 .... BIC FR e 35,93 .... FI e 31,40 e AIRSPRAY NV 15 .... UPM-KYMMENE COR .... BENETTON IT e 10,25 .... FINAXA FR e 80,50 .... KONE B FI 76 .... BRIT AMER TOBAC GB 10,17 .... FR e 8,60 e ANTONOV 0,24 .... USINOR .... BERKELEY GROUP GB 9,08 – 0,53 FORTIS (B) BE e 26,60 .... LEGRAND FR 130 .... CASINO GP FR e 86,50 .... GR 8,60 e C/TAC 1,45 .... VIOHALCO .... BRITISH AIRWAYS GB 2,75 .... FORTIS (NL) NL e 26,68 .... LINDE AG DE 42,50 .... CLARINS FR e 71,90 .... AT e 29,46 e CARDIO CONTROL 2,35 .... VOEST-ALPINE AG .... BULGARI IT e 7,80 .... GECINA FR e 84,90 .... MAN AG DE 18,15 .... COLRUYT BE e 46,06 .... e CSS 23,90 .... WORMS N FR 15,25 .... e e MEGGITT GB 2,23 .... e CHRISTIAN DIOR FR 24,63 .... GIMV BE 29,02 .... DELHAIZE BE 62,65 .... HITT NV 5 + 2,04 f DJ E STOXX BASI P 151,83 .... e METSO FI e 9,30 .... CLUB MED. FR 34,05 .... GREAT PORTLAND GB 4,10 .... FIRSTGROUP GB 5,27 .... INNOCONCEPTS NV 18 .... MG TECHNOLOGIES DE e 7,62 .... COMPASS GROUP GB 6,95 .... HAMMERSON GB 7,05 .... GALLAHER GRP GB 7,53 .... NEDGRAPHICS HOLD 4 .... e e MORGAN CRUCIBLE GB 2,64 .... e DT.LUFTHANSA N DE 10,25 .... ING GROEP NL 28,66 .... GIB BE 50,90 .... SOPHEON 0,54 .... CHIMIE EXEL GB 9,03 .... ELECTROLUX -B- SE 11,60 .... LAND SECURITIES GB 13,50 .... GIVAUDAN N CH 330,77 .... PROLION HOLDING 94 .... e e + + PACE MICRO TECH GB 3,20 .... e AIR LIQUIDE FR 152,10 .... EM.TV & MERCHAN DE 1,65 10 LIBERTY INTL GB 7,61 0,21 HENKEL KGAA VZ DE 64,50 .... RING ROSA 0,03 .... e PARTEK FI e 9 .... AKZO NOBEL NV NL 44,18 .... EMI GROUP GB 3,94 .... LONDON STOCK EX GB 5,32 .... ICELAND GROUP GB 2,37 .... UCC GROEP NV 7 .... BASF AG DE e 37,10 .... EURO DISNEY FR e 0,80 .... MAN GROUP GB 14,81 .... PENINS.ORIENT.S GB 3,09 .... IMPERIAL TOBACC GB 14,41 .... BAYER AG DE e 31,25 .... HDP IT e 3,86 .... MARSCHOLLEK LAU DE e 58,60 .... PERLOS FI e 7,70 .... JERONIMO MARTIN PT e 5,61 .... BOC GROUP PLC GB 15,13 .... HERMES INTL FR e 124,20 .... MEDIOBANCA IT e 10,72 .... PREMIER FARNELL GB 2,67 .... KESKO -B- FI e 9,19 .... e CODES PAYS ZONE EURO e e GB 4,37 .... e CELANESE N DE 16,10 .... HILTON GROUP GB 3,01 .... METROVACESA ES 14,15 .... RAILTRACK L’OREAL FR 79 .... FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne CH 62,65 DE e 19,40 IT e 2,47 RANDSTAD HOLDIN NL e 10,40 .... NL e 4,18 CIBA SPEC CHIMI .... HUGO BOSS AG VZ .... MONTEDISON .... LAURUS NV .... IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande CH 14,92 .... NL e 24,75 .... GB 9,90 .... RENTOKIL INITIA GB 3,81 .... GB 3,27 .... CLARIANT N HUNTER DOUGLAS PROVIDENT FIN MORRISON SUPERM LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche COLOPLAST -B- DK 78,01 .... INDITEX R ES e 17,50 .... RODAMCO EUROPE NL e 39,50 .... REXAM GB 5,48 .... RECKITT BENCKIS GB 16,49 .... FI : Finlande - BE : Belgique - GR : Gre`ce. DEGUSSA (NEU) DE e 25,70 .... J D WETHERSPOON GB 5,57 .... RODAMCO NORTH A NL e 41,75 .... REXEL FR e 51 .... SAFEWAY GB 5,16 .... DSM NL e 30,75 .... KLM NL e 8,70 .... ROLINCO NV NL e 22,80 .... RHI AG AT e 13,16 .... SAINSBURY J. PL GB 5,91 .... CODES PAYS HORS ZONE EURO EMS-CHEM HOLD A CH 4068,98 .... LVMH FR e 33,55 .... SCHRODERS GB 10,76 .... RIETER HLDG N CH 247,91 .... STAGECOACH GROU GB 0,93 .... CH : Suisse - NO : Norve`ge - SE : Sue`de e e e ICI GB 4,60 .... MEDION DE 34,60 + 1,79 SIMCO N FR 74,45 .... ROLLS ROYCE GB 1,99 .... TERRA NETWORKS ES 6,35 .... GB : Grande-Bretagne - DK : Danemark. KEMIRA FI e 8,40 .... MOULINEX FR e 0,72 .... SLOUGH ESTATES GB 5,56 .... SANDVIK SE 20,38 .... TESCO PLC GB 4,16 .... FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 / 25

AIR LIQUIDE...... w 157,60 1033,79 +3,62 152,10 EULER...... w 41,50 272,22 +2,09 40,65 PERNOD-RICAR .... w 79,45 521,16 – 0,06 79,50 w w w Compen- ALCATEL...... 12,42 81,47 +7,07 11,60 EURAZEO...... 52 341,10 +1,96 51,00 PEUGEOT...... 43,50 285,34 +3,13 42,18 Cours Cours % Var. sation ALCATEL O ...... 5,69 37,32 +4,40 ... EURO DISNEY ...... w 0,83 5,44 +3,75 0,80 PINAULT-PRIN ...... w 122,20 801,58 +4,09 117,40 International f en euros en francs veille Une se´ lection (1) VALEURS FRANCE ALSTOM ...... w 13,88 91,05 +7,02 12,97 EUROTUNNEL ...... w 0,80 5,25 +3,90 0,77 PLASTIC OMN...... w 62 406,69 +0,98 61,40 ALTRAN TECHN .... w 43,35 284,36 +6,38 40,75 FAURECIA...... w 51,80 339,79 +4,75 49,45 PROVIMI ...... w 12 78,71 +0,84 11,90 ADECCO ...... 36,20 237,46 +5,66 ... ATOS ORIGIN...... w 78,15 512,63 +5,97 73,75 FIMALAC...... w 39,21 257,20 +0,80 38,90 PSB INDUSTRI...... 75,85 497,54 – 0,07 ... AMERICAN EXP...... 32,98 216,33 +3,06 ... VALEURS FRANCE ARBEL...... 4,40 28,86 +7,32 ... FINAXA ...... 80,45 527,72 – 0,06 ... PUBLICIS GR...... w 16,75 109,87 +3,65 16,16 AMVESCAP EXP...... b L’action TF1 gagnait 7,54 %, jeudi 4 octo- AREVA CIP ...... 132 865,86 +1,54 ... F.F.P. (NY)...... 86,95 570,35 +0,17 ... REMY COINTRE..... w 21,84 143,26 +6,23 20,56 ANGLOGOLD LT .... 35,30 231,55 – 1,40 ... bre dans la matinée, à 20,54 euros. Le coût AVENTIS ...... w 84,45 553,96 +2,99 82,00 FONC.LYON.#...... 24,80 162,68 +1,22 ... RENAULT ...... w 32,16 210,96 +2,42 31,40 A.T.T. #...... 21,80 143 +0,97 ... AXA ...... w 21,77 142,80 +5,53 20,63 FRANCE TELEC ..... w 34,31 225,06 +4,64 32,79 REXEL...... w 53,35 349,95 +4,61 51,00 BARRICK GOLD...... 18,46 121,09 – 3,90 ... de la grille de programmes augmentera à BACOU DALLOZ .... 83,50 547,72 +5,70 ... FROMAGERIES...... 106,50 698,59 ...... RHODIA ...... w 5,50 36,08 – 11,43 6,21 COLGATE PAL...... 3,5 % en 2001 et la « même approche » sera BAIL INVESTI...... w 122 800,27 – 0,81 123,00 GALERIES LAF ...... w 129,80 851,43 +3,02 126,00 ROCHETTE (LA ...... 6,38 41,85 ...... CROWN CORK O...... adoptée en 2002, déclare son vice-président BAZAR HOT. V...... GAUMONT # ...... 31,30 205,31 +0,64 ... ROYAL CANIN...... w 132,10 866,52 +0,23 131,80 DIAGO PLC...... BEGHIN SAY ...... w 35,70 234,18 – 0,28 35,80 GECINA...... w 84,40 553,63 – 0,59 84,90 ROUGIER #...... 53,20 348,97 +0,19 ... DOW CHEMICAL.... 36 236,14 ...... Etienne Mougeotte dans Les Echos de jeudi. BIC...... w 35 229,58 – 2,59 35,93 GENERALE DE...... 16,71 109,61 – 1,71 ... RUE IMPERIAL...... 1497,50 9822,96 +3,20 ... DU PONT NEMO ... 41,90 274,85 +4,62 ... « La couverture des événements, tant aux BNPPARIBAS...... w 92,30 605,45 +2,50 90,05 GEOPHYSIQUE...... w 36,25 237,78 +3,57 35,00 SADE (NY) ...... ECHO BAY MIN ...... 0,78 5,12 +1,30 ... Etats-Unis qu’à Toulouse, aura entraîné un BOLLORE...... w 242 1587,42 ... 242,00 GFI INFORMAT ..... w 10,10 66,25 +13,48 8,90 SAGEM S.A...... w 48,40 317,48 +5,22 46,00 ELECTROLUX ...... 11,24 73,73 ...... BOLLORE INV...... 49 321,42 ...... GRANDVISION...... w 16 104,95 +3,90 15,40 SAGEM ADP...... 36 236,14 +8,11 ... ELF GABON...... 145 951,14 +2,11 ... surcoût aux alentours de 7 millions d’euros, BONGRAIN ...... 40 262,38 ...... GROUPE ANDRE... 118 774,03 – 0,42 ... SAINT-GOBAIN...... w 155,30 1018,70 +1,77 152,60 ERICSSON #...... w 3,93 25,78 +9,17 3,60 qui sera compensé par des économies ailleurs BOUYGUES ...... w 28,16 184,72 +2,03 27,60 GROUPE GASCO ... 69,80 457,86 – 2,10 ... SALVEPAR (NY ...... 54,10 354,87 ...... FORD MOTOR #..... 19,60 128,57 +3,32 ... BOUYGUES OFF..... w 37,10 243,36 +0,49 36,92 GR.ZANNIER ( ...... 76 498,53 +0,53 ... SANOFI SYNTH...... w 70,80 464,42 +0,85 70,20 GENERAL ELEC ...... 42 275,50 +2,82 ... dans la grille », affirme M. Mougeotte. BULL# ...... w 0,80 5,25 +5,26 0,76 GROUPE PARTO.... 58,50 383,73 – 1,68 ... SCHNEIDER EL...... w 41,17 270,06 +2,93 40,00 GENERAL MOTO.... 46,79 306,92 +0,84 ... b Le titre Danone restait stable, jeudi, avec BUSINESS OBJ ...... w 25,75 168,91 +9,11 23,60 GUYENNE GASC ... w 77 505,09 +0,92 76,30 SCOR ...... w 33,51 219,81 – 0,12 33,55 GOLD FIELDS...... 4,86 31,88 – 3,38 ... une perte symbolique de 0,07 %, à B T P (LA CI...... HAVAS ADVERT ..... w 6,10 40,01 +8,16 5,64 S.E.B...... w 46,50 305,02 +3,31 45,01 HARMONY GOLD .. 5,91 38,77 – 2,48 ... BURELLE (LY) ...... 53,30 349,63 ...... IMERYS ...... w 99,40 652,02 – 0,45 99,85 SEITA...... 44,30 290,59 – 0,56 ... HITACHI # ...... 7,62 49,98 +7,32 ... 142,5 euros. Le groupe agroalimentaire va CANAL + ...... w 3,46 22,70 ... 3,46 IMMEUBLES DE ...... SELECTIBAIL(...... 14,62 95,90 – 3,11 ... HSBC HOLDING .... w 12 78,71 +3,45 11,60 acheter 40 % du capital du fabricant de CAP GEMINI...... w 56,50 370,62 +5,02 53,80 IMMOBANQUE ..... 114 747,79 ...... SIDEL...... 50 327,98 ...... I.B.M...... w 106,10 695,97 +3,51 102,50 yaourts américain Stonyfield et pourrait pren- CARBONE-LORR.... w 29,38 192,72 +2,98 28,53 INFOGRAMES E .... w 8,10 53,13 +6,58 7,60 SILIC...... 158,90 1042,32 +0,25 ... I.C.I...... a ...... CARREFOUR ...... w 55,25 362,42 +2,41 53,95 IM.MARSEILLA ...... 2350 15414,99 – 6 ... SIMCO...... w 74,45 488,36 ... 74,45 ITO YOKADO # ...... 46,81 307,05 +0,19 ... dre une participation majoritaire en 2004. CASINO GUICH...... w 86,25 565,76 – 0,29 86,50 INGENICO ...... w 21,05 138,08 +7,89 19,51 SKIS ROSSIGN ...... 12,95 84,95 ...... I.T.T. INDUS ...... b L’action Société générale s’appréciait de CASINO GUICH...... 60,35 395,87 +1,26 ... ISIS OPE ...... SOCIETE GENE ...... w 56,60 371,27 +5,20 53,80 MATSUSHITA...... w w w 2,79 %, jeudi matin, à 55,3 euros. La banque CASTORAMA DU ... 50,20 329,29 +1,05 49,68 JC DECAUX ...... 9,10 59,69 +3,41 8,80 SODEXHO ALLI ...... 46,85 307,32 +0,99 46,39 MC DONALD’S...... 31,30 205,31 +4,09 ... CEGID (LY) ...... 84,60 554,94 +6,68 ... KAUFMAN ET B..... w 15,60 102,33 +0,71 15,49 SOGEPARC (FI ...... MERK AND CO...... 73,85 484,42 +1,79 ... prendra officiellement une participation de CEREOL ...... w 22,61 148,31 – 0,92 22,82 KLEPIERRE ...... w 97 636,28 +0,94 96,10 SOMMER-ALLIB ...... MITSUBISHI C...... 60 % dans la banque Komercni, le 8 octo- CERESTAR...... w 26,25 172,19 +4,17 25,20 LAFARGE ...... w 89,55 587,41 +2,58 87,30 SOPHIA ...... w 29,90 196,13 +0,71 29,69 NESTLE SA #...... w 230,20 1510,01 +1,19 227,50 CFF.RECYCLIN ...... 39,80 261,07 +1,02 ... LAGARDERE ...... w 34,12 223,81 +2,62 33,25 SOPRA GROUP ...... w 34,69 227,55 +6,74 32,50 NORSK HYDRO...... bre, lors d’une assemblée générale extraor- CGIP ...... w 27 177,11 +2,66 26,30 LAPEYRE ...... w 38,30 251,23 – 0,52 38,50 SPIR COMMUNI .... w 62,30 408,66 ... 62,30 PFIZER INC...... 45,30 297,15 +2,03 ... dinaire de ses actionnaires, ont annoncé les CHARGEURS...... LEBON (CIE) ...... SR TELEPERFO ...... w 18,90 123,98 +3,85 18,20 PHILIP MORRI ...... 54 354,22 +0,65 ... autorités tchèques. La banque française CHRISTIAN DI...... w 26,75 175,47 +8,61 24,63 LEGRAND ORD. .... 127 833,07 – 2,31 ... STUDIOCANAL ...... 14,50 95,11 ...... PROCTER GAMB .... 80,15 525,75 +2,36 ... CIC -ACTIONS ...... 120 787,15 ...... LEGRAND ADP...... 110,20 722,86 +0,18 ... SUCR.PITHIVI ...... RIO TINTO PL...... versera 1,19 milliard d’euros pour cette CIMENTS FRAN ..... w 41,38 271,44 +1,67 40,70 LEGRIS INDUS ...... w 18 118,07 ... 18,00 SUEZ...... w 37,50 245,98 +0,94 37,15 SCHLUMBERGER... 48,30 316,83 +1,68 ... participation. CLARINS...... w 72,50 475,57 +0,83 71,90 LIBERTY SURF...... 2,02 13,25 ...... TAITTINGER ...... 630 4132,53 ...... SEGA ENTERPR...... b L’action Wanadoo gagnait 5,04 %, jeudi, CLUB MEDITER ..... w 34,02 223,16 – 0,09 34,05 LOCINDUS...... 119,80 785,84 – 0,17 ... THALES ...... w 40,77 267,43 +2,13 39,92 SHELL TRANSP ...... 7,25 47,56 – 9,94 ... CNP ASSURANC .... w 35,21 230,96 – 0,11 35,25 L’OREAL...... w 80,95 531 +2,47 79,00 TF1...... w 20,18 132,37 +5,65 19,10 SONY CORP. # ...... w 38,70 253,86 +6,91 36,20 à 4,17 euros. La filiale de France Télécom a COFACE...... w 49 321,42 ... 49,00 LOUVRE #...... 51 334,54 ...... TECHNIP...... w 127,10 833,72 +2,58 123,90 T.D.K. # ...... 44,50 291,90 ...... annoncé la reprise de l’activité Internet de COFLEXIP OPE ...... 166,10 1089,54 – 3,43 ... LVMH MOET HE.... w 36,08 236,67 +7,54 33,55 THOMSON MULT . w 21,81 143,06 +6,65 20,45 TOSHIBA #...... 4,06 26,63 +4,91 ... COLAS...... w 61,20 401,45 +1,83 60,10 MARINE WENDE... w 43,80 287,31 +3,03 42,51 TOTAL FINA E ...... w 149,60 981,31 +2,26 146,30 UNITED TECHO..... 55,95 367,01 +3,90 ... la banque espagnole Bankinter, qui compte CONTIN.ENTRE..... 40,70 266,97 ...... MATUSSIERE F...... 7,28 47,75 ...... TRANSICIEL # ...... w 25,35 166,29 +9,74 23,10 ZAMBIA COPPE...... 0,30 1,97 +3,45 ... 100 000 clients actifs. CPR...... MAUREL ET PR...... 13,70 89,87 – 3,52 ... UBI SOFT ENT ...... w 29 190,23 +6,66 27,19 ...... CRED.FON.FRA...... METALEUROP ...... 2,85 18,69 +1,79 ... UNIBAIL ...... w 54,55 357,82 +0,93 54,05 ...... CREDIT LYONN ..... w 35,80 234,83 +1,79 35,17 MICHELIN ...... w 29,63 194,36 +3,28 28,69 UNILOG ...... w 55 360,78 +5,67 52,05 CS COM.ET SY...... 7,10 46,57 – 4,05 ... MARIONNAUD P .. 42,04 275,76 +4,81 ... USINOR...... w 9,10 59,69 +5,81 8,60 ABRE´VIATIONS DAMART ...... 79 518,21 +0,06 ... MONTUPET SA...... 9,95 65,27 ...... VALEO ...... w 35,55 233,19 +0,85 35,25 ´ B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes. PREMIER MARCHE DANONE...... w 142,50 934,74 – 0,07 142,60 MOULINEX ...... 0,68 4,46 – 5,56 ... VALLOUREC ...... w 47,40 310,92 +3,04 46,00 ______w + – DASSAULT-AVI...... 268 1757,96 ...... NATEXIS BQ P ...... 90,95 596,59 0,89 90,15 VICAT...... 58,30 382,42 2,51 ... SYMBOLES DASSAULT SYS...... w 39,70 260,41 +10,89 35,80 NEOPOST ...... w 30,42 199,54 +1,23 30,05 VINCI...... w 62,75 411,61 +1,54 61,80 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; JEUDI 4 OCTOBRE Cours a` 9h57 DEVEAUX(LY)# ...... 54 354,22 +0,37 ... NEXANS...... w 18 118,07 +0,11 17,98 VIVENDI ENVI...... w 44 288,62 +0,46 43,80 a coupon de´tache´ ; b droit de´tache´ ; # contrat d’animation ; w DEV.R.N-P.CA...... 14,80 97,08 – 3,08 ... NORBERT DENT ... 20,35 133,49 +4,90 ... VIVENDI UNIV ...... 49,65 325,68 +4,09 47,70 o = offert ; d = demande´ ; x offre re´duite ; y demande re´duite ; Dernier jour de ne´ gociation des OSRD : 25 octobre + w + DMC (DOLLFUS..... 8,40 55,10 2,31 ... NORD-EST...... WANADOO...... 4,16 27,29 4,79 3,97 d cours pre´ce´dent ; w_Valeur pouvant be´ne´ficier du service w + + DYNACTION ...... 20,55 134,80 – 8,46 ... NRJ GROUP...... 13,43 88,10 4,92 12,80 WORMS (EX.SO...... 16,40 107,58 7,54 ... ` ´ ´ Compen- w w w de reglement differe. Cours Cours % Var. EIFFAGE ...... 67,95 445,72 – 0,07 68,00 OBERTHUR CAR.... 4,54 29,78 +4,37 4,35 ZODIAC...... 172,10 1128,90 +1,24 170,00 sation France f en euros en francs veille ELIOR ...... w 6,25 41 +5,57 5,92 OLIPAR...... 6,65 43,62 +4,72 ...... DERNIE`RE COLONNE PREMIER MARCHE´ (1) : (1) ELECT.MADAGA ...... ORANGE ...... w 8 52,48 +4,03 7,69 ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : ACCOR ...... w 31,40 205,97 +5,23 29,84 ENTENIAL(EX...... 26,49 173,76 +2,28 ... OXYG.EXT-ORI...... 322 2112,18 +1,26 ...... montant du coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement AGF ...... w 49,86 327,06 +0,63 49,55 ERAMET ...... w ...... 26,00 PECHINEY ACT...... w 43,45 285,01 +3,45 42,00 ...... dernier coupon ; Jeudi date´ vendredi : compensation ; AFFINE...... 36,83 241,59 +0,03 ... ESSILOR INTL ...... w 30,25 198,43 +0,50 30,10 PECHINEY B P ...... 41 268,94 +1,74 ...... Vendredi date´ samedi : nominal. AIR FRANCE G ...... w 12,69 83,24 +3,76 12,23 ESSO ...... a 79,25 519,85 +3,06 ... PENAUILLE PO...... w 25,80 169,24 +4,24 24,75 ......

CHEMUNEX ...... 0,30 1,97 ... HF COMPANY ...... 44,90 294,52 – 2,39 NEURONES #...... 3,40 22,30 ... GFI INDUSTRI...... 16,75 109,87 +1,82 CMT MEDICAL ..... 14 91,83 +2,94 HIGH CO.#...... 85 557,56 – 4,28 NICOX #...... 43,45 285,01 +1,05 GRAND MARNIE .. d 7490 49131,18 ... NOUVEAU COALA # ...... 11 72,16 ... HIGH BON DE ...... d 2,90 19,02 ... OLITEC...... 12 78,71 – 0,83 SECOND GROUPE BOURB... d 45,50 298,46 ... COHERIS ATIX...... 8,90 58,38 – 1,11 HIGHWAVE OPT ... w 3,57 23,42 – 3,25 OPTIMS # ...... 1,64 10,76 +5,81 ______GROUPE CRIT ...... 12 78,71 ... ´ COIL...... 15,79 103,58 – 0,06 HIMALAYA ...... 0,90 5,90 +3,45 ORCHESTRA KA.... 0,78 5,12 – 9,30 GROUPE FOCAL.... 49,95 327,65 ... MARCHE CION ET SYS...... d 1,20 7,87 ... HI MEDIA ...... 0,47 3,08 – 12,96 OXIS INTL RG ...... d 0,20 1,31 ... ´ GROUPE J.C.D...... 146,70 962,29 +0,41 CONSODATA ...... d 4,70 30,83 ... HOLOGRAM IND.. 5,30 34,77 +1,92 PERFECT TECH .... 2,75 18,04 – 6,78 MARCHE HERMES INTL...... w 131 859,30 +5,48 MERCREDI 3 OCTOBRE CONSODATA NV.. d 19,50 127,91 ... HUBWOO.COM ..... 2 13,12 +18,34 PERF.TECHNO...... d 0,01 0,07 ... HYPARLO #(LY ...... 32 209,91 – 1,54 CONSORS FRAN .. 1,64 10,76 ... IB GROUP.COM .... 2,05 13,45 – 5,53 PHARMAGEST I.... 11,75 77,07 – 1,51 JEUDI 4 OCTOBRE IMS(INT.META ...... 6,25 41 – 0,79 Une se´ lection. Cours releve´sa` 18 h 16 CROSS SYSTEM.... 0,85 5,58 – 10,53 IDP ...... 0,99 6,49 ... PHONE SYS.NE..... 1,06 6,95 ... INTER PARFUM .... 57 373,90 +0,88 CRYO # ...... 2,10 13,78 ... IDP BON 98 (...... d 1,07 7,02 ... PICOGIGA...... 3,27 21,45 – 6,57 Une se´ lection. Cours releve´ sa` 9h57 JET MULTIMED .... 12,76 83,70 +13,93 CRYONETWORKS. 0,96 6,30 ... INTERACTIF B...... d 0,15 0,98 ... PROSODIE #...... 31,20 204,66 – 3,85 LAURENT-PERR .... 24,10 158,09 ... Cours Cours % Var. CYBERDECK # ...... 0,45 2,95 +4,65 INTERACTIF B...... d 0,30 1,97 ... PROSODIE BS ...... d 8,46 55,49 ... Cours Cours % Var. LDC ...... 115,10 755,01 – 0,78 Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille CYBER PRES.P ...... 11,40 74,78 – 0,78 IGE +XAO ...... 7,10 46,57 – 5,21 PROLOGUE SOF ... 3,10 20,33 +3,33 LECTRA (B) #...... 3,65 23,94 – 1,35 DATATRONIC ...... 3,06 20,07 ... CYBERSEARCH ..... 2,10 13,78 – 13,93 ILOG #...... 6,72 44,08 – 2,61 QUALIFLOW ...... 2,36 15,48 – 1,67 AB GROUPE ...... 20,75 136,11 +3,75 LOUIS DREYFU ..... d 14 91,83 ... ABEL GUILLEM..... 7,48 49,07 – 1,58 CYRANO #...... 0,35 2,30 – 10,26 IMECOM GROUP.. 1,15 7,54 ... QUANTEL ...... 3,95 25,91 +1,28 ACTIELEC TEC ...... 5,38 35,29 +2,48 LVL MEDICAL...... 11,36 74,52 +5,19 AB SOFT ...... 6,97 45,72 ... DIREKT ANLAG .... 7,45 48,87 – 3,25 INFOSOURCES...... 0,50 3,28 – 3,85 R2I SANTE...... 4,20 27,55 – 7,69 ALGECO #...... 76 498,53 +0,80 M6-METR.TV A...... w 16,20 106,27 +2,86 ACCESS COMME .. 2,71 17,78 – 6,55 DIREKT ANLAG .... 5,85 38,37 – 5,65 INFOSOURCE B .... d 1,45 9,51 ... R2I SANTE BO ...... d 0,02 0,13 ... ALTEDIA...... 28 183,67 +2,19 MANITOU #...... 49,98 327,85 +5,22 ADL PARTNER ...... 8,80 57,72 ... DALET # ...... 1,70 11,15 – 5,56 INFOTEL # ...... 19,35 126,93 – 2,52 RECIF # ...... 14,90 97,74 +2,90 ALTEN (SVN) ...... w 12 78,71 +5,45 MANUTAN INTE... 29,10 190,88 +0,34 ALGORIEL #...... 3,17 20,79 ... DATASQUARE #.... d 0,41 2,69 ... INFO VISTA ...... 2,28 14,96 – 0,87 REPONSE # ...... 11,50 75,44 ... APRIL S.A.#( ...... 14,44 94,72 ... PARC DES EXP ...... d 117 767,47 ... ALPHAMEDIA ...... d 0,52 3,41 ... DESK #...... d 0,89 5,84 ... INTEGRA...... w 0,99 6,49 +10 REGINA RUBEN ... 0,50 3,28 ... ARKOPHARMA # .. 42,20 276,81 – 1,40 PCAS #...... 15,88 104,17 – 3,47 ALPHA MOS #...... 2,98 19,55 – 5,10 DEVOTEAM #...... w 15,31 100,43 +0,07 INTEGRA ACT...... RIBER #...... 2,70 17,71 – 10 ASSYSTEM # ...... 32 209,91 +0,03 PETIT FOREST...... 40,50 265,66 – 0,37 ALPHA MOS BO.... d 0,19 1,25 ... DMS #...... 10,81 70,91 – 1,73 INTERCALL #...... 0,84 5,51 +1,20 RIGIFLEX INT...... 16 104,95 +5,47 AUBAY ...... 4,10 26,89 +4,59 PIERRE VACAN...... 46,20 303,05 +2,21 ALTAMIR & CI ...... 95 623,16 – 2,01 D INTERACTIV ..... 0,98 6,43 ... IPSOS # ...... w 54,20 355,53 – 5,90 RISC TECHNOL .... 7,08 46,44 – 0,28 BENETEAU #...... 58,85 386,03 +1,64 PINGUELY HAU .... w 9,64 63,23 +4,22 ALDETA ...... 3,29 21,58 +20,07 DURAND ALLIZ.... 0,49 3,21 – 2 IPSOS BS00...... d 1,39 9,12 ... SAVEURS DE F...... 8,50 55,76 ... BOIRON (LY)#...... 72 472,29 +1,41 POCHET...... d 100 655,96 ... ALTI #...... 6,79 44,54 – 2,86 DURAN DUBOI .... 10 65,60 +1,01 ITESOFT...... 1,35 8,86 – 17,18 GUILLEMOT BS .... d 3 19,68 ... BONDUELLE...... 49 321,42 ... RADIALL # ...... 48,45 317,81 – 0,10 A NOVO # ...... w 13,19 86,52 – 2,30 DURAN BS 00 ...... d 0,15 0,98 ... IT LINK...... 2,01 13,18 – 4,29 SELF TRADE...... 1,45 9,51 – 3,33 BQUE TARNEAU... d 68 446,05 ... RALLYE (LY)...... w 49,75 326,34 +0,10 ARTPRICE COM.... 2,55 16,73 +10,87 EFFIK # ...... 15,10 99,05 +6,34 IXO...... 0,43 2,82 – 4,44 SILICOMP #...... 17,50 114,79 – 2,78 BRICORAMA # ...... 48,50 318,14 +1,04 RODRIGUEZ GR ... w 42,30 277,47 +5,22 ASTRA ...... 0,48 3,15 – 4 EGIDE #...... 53 347,66 – 7,02 JEAN CLAUDE ...... 0,75 4,92 ... SITICOM GROU.... 3,39 22,24 – 1,74 BRIOCHE PASQ .... 79 518,21 – 0,63 SABATE-DIOSO ..... 12,40 81,34 ... AUFEMININ.CO.... 0,57 3,74 – 1,72 EMME NV ...... 12 78,71 – 6,25 JOLIEZ REGOL...... 1,02 6,69 ... SODITECH ING .... 5,59 36,67 +1,64 BUFFALO GRIL..... 8,99 58,97 +1,01 SECHE ENVIRO ..... 69 452,61 +0,44 AUTOMA TECH .... 3,17 20,79 – 2,76 ESI GROUP ...... 10,90 71,50 ... KALISTO ENTE...... d 1,35 8,86 ... SOFT COMPUTI.... 2,30 15,09 – 9,45 C.A. OISE CC ...... d 90 590,36 ... SINOP.ASSET...... d 18,80 123,32 ... AVENIR TELEC...... w 1,06 6,95 – 4,50 ESKER...... 4 26,24 +3,09 KEYRUS PROGI ..... 0,82 5,38 – 8,89 SOI TEC SILI...... w 8,34 54,71 +1,58 C.A. PARIS I...... 64,90 425,72 +0,78 SIPAREX CROI ...... 28,74 188,52 – 0,03 AVENIR TELEC...... d 0,13 0,85 ... EUROFINS SCI...... 12,90 84,62 – 0,77 LA COMPAGNIE.... 4,72 30,96 +0,21 SOI TEC BS 0...... d 2,30 15,09 ... C.A.PAS CAL...... d 147 964,26 ... SOLERI ...... d 198,90 1304,70 ... BAC MAJESTIC...... 1,84 12,07 – 0,54 EURO.CARGO S.... 10,80 70,84 ... LEXIBOOK # S...... 16,20 106,27 – 4,71 SOLUCOM ...... 25 163,99 – 4,94 CDA-CIE DES...... 45 295,18 +0,78 SOLVING #...... 42 275,50 ... BARBARA BUI ...... 12,57 82,45 – 3,31 FIMATEX # ...... w 2,25 14,76 – 0,44 LINEDATA SER...... 16,45 107,90 +0,30 SOLUCOM ACT..... d 47,76 313,29 ... CEGEDIM #...... 51,50 337,82 +5,10 STEF-TFE # ...... 53,95 353,89 – 0,64 BCI NAVIGATI...... 3,10 20,33 – 8,82 FI SYSTEM # ...... w 1,24 8,13 – 0,80 LYCOS EUROPE..... 0,78 5,12 ... SQLI ...... 1,04 6,82 ... CIE FIN.ST-H ...... d 117,10 768,13 ... STERIA GROUP ..... 25,70 168,58 +10,30 BELVEDERE...... 16,17 106,07 – 1,40 FI SYSTEM BS...... d 0,03 0,20 ... LYCOS FRANCE..... 1,81 11,87 – 0,55 STACI # ...... 1,94 12,73 – 0,51 CNIM #...... 45,24 296,75 +0,02 SYLEA ...... d 46,86 307,38 ... BOURSE DIREC .... 1,94 12,73 +2,11 FLOREANE MED .. 6,50 42,64 ... MEDCOST #...... 1,50 9,84 +4,17 STELAX...... d 0,24 1,57 ... COFITEM-COFI..... d 55 360,78 ... SYLIS # ...... 17,54 115,05 +3,18 BRIME TECHNO... 26,45 173,50 +5,76 GAMELOFT COM . 0,75 4,92 – 7,41 MEDIDEP #...... 18 118,07 – 1,64 SYNELEC # ...... 8,53 55,95 – 5,64 DANE-ELEC ME.... 1,02 6,69 +6,25 SYNERGIE (EX ...... d 23 150,87 ... BRIME TECHN...... d 0,20 1,31 ... GAUDRIOT #...... 33 216,47 +0,30 MEMSCAP ...... 1,45 9,51 +2,84 SYSTAR # ...... 3,99 26,17 ... ETAM DEVELOP ... 8,05 52,80 ... TEAM PARTNER ... 4,50 29,52 ... BUSINESS ET ...... d 7 45,92 ... GENERIX # ...... 14 91,83 +1,45 METROLOGIC G ... 38,42 252,02 – 1,99 SYSTRAN ...... 1,55 10,17 ... EUROPEENNE C... 40,50 265,66 ... TRIGANO...... w 17,75 116,43 +4,41 BUSINESS INT ...... 1,42 9,31 – 2,07 GENESYS #...... 15,10 99,05 +4,14 MICROPOLE ...... 2,80 18,37 ... TEL.RES.SERV...... 1,12 7,35 – 5,08 EXPAND S.A...... d 55,55 364,38 ... UNION FIN.FR...... 31,50 206,63 ... BVRP ACT.DIV...... w 6,85 44,93 +13,98 GENESYS BS00 ..... 1,02 6,69 ... MILLIMAGES...... 6,70 43,95 – 6,03 TELECOM CITY..... 2,05 13,45 – 0,49 FINATIS(EX.L ...... d 105 688,75 ... VILMOR.CLAUS ..... 66 432,93 +1,54 CAC SYSTEMES..... d 3 19,68 ... GENSET...... w 2,99 19,61 – 2,61 MONDIAL PECH ... 3,80 24,93 ... TETE DS LES ...... 1,50 9,84 – 9,09 FININFO...... 32,70 214,50 +2,19 VIRBAC...... 95 623,16 – 1,04 CALL CENTER...... 8,80 57,72 +4,14 GENUITY A-RE ..... 1,26 8,27 +20 NATUREX...... 14,93 97,93 – 0,47 THERMATECH I.... 9,50 62,32 ... FLEURY MICHO ... 22,04 144,57 ...... CARRERE GROU... 15,30 100,36 – 4,32 GL TRADE #...... 37,90 248,61 +1,07 NET2S # ...... 3,93 25,78 – 2,72 TITUS INTERA ...... 1,94 12,73 – 0,51 GECI INTL...... 10 65,60 +4,93 ...... CAST ...... 2,10 13,78 – 8,70 GUILLEMOT # ...... 10,83 71,04 – 5 NETGEM...... w 1,30 8,53 +4 TITUS INTER...... d 0,60 3,94 ... GENERALE LOC.... 10 65,60 +11,11 ...... CEREP...... 12,10 79,37 – 3,59 GUYANOR ACTI ... 0,22 1,44 ... NETVALUE #...... 0,85 5,58 – 5,56 TRACING SERV..... 20,50 134,47 +1,49 GEODIS ...... d 29,59 194,10 ......

E´CUR. OBLIG. INTERNAT. D. 177,41 1163,73 03/10 CIC E´PARGNE DYNAM. C..... 2063,53 13535,87 03/10 CM MID. ACT. FRANCE ...... 26,85 176,12 03/10 OBLITYS D...... 112,04 734,93 03/10 E´CUR. TECHNOLOGIES C ..... 32,34 212,14 03/10 CIC E´PARGNE DYNAM. D .... 1627,61 10676,42 03/10 CM MONDE ACTIONS...... 285,81 1874,79 03/10 PLE´NITUDE D PEA ...... 39,45 258,78 03/10 SICAV et FCP E´CUR. TRIMESTRIEL D ...... 278 1823,56 03/10 CIC EUROLEADERS ...... 336,66 2208,34 03/10 CM OBLIG. LONG TERME .... 108,62 712,50 03/10 POSTE GESTION C...... 2609 17113,92 03/10 E´PARCOURT-SICAV D ...... 28,46 186,69 03/10 CIC FRANCE C ...... 31,22 204,79 03/10 CM OPTION DYNAM...... 28,32 185,77 03/10 POSTE GESTION D ...... 2312,83 15171,17 03/10 GE´OPTIM C ...... 2339,89 15348,67 03/10 CIC FRANCE D...... 31,22 204,79 03/10 CM OPTION E´QUIL...... 51,91 340,51 03/10 POSTE PREMIE`RE...... 7087,97 46494,04 03/10 Une se´ lection. Cours de cloˆ ture le 3 octobre Fonds communs de placements CIC HORIZON C...... 67,07 439,95 03/10 CM OBLIG. COURT TERME .. 164,83 1081,21 03/10 POSTE PREMIE`RE 1 AN ...... 42386,89 278039,77 03/10 ` E´CUREUIL E´QUILIBRE C ...... 36,46 239,16 03/10 CIC HORIZON D ...... 64,68 424,27 03/10 CM OBLIG. MOYEN TERME.. 342,88 2249,15 03/10 POSTE PREMIERE 2-3 ...... 9212,46 60429,78 03/10 E´CUREUIL PRUDENCE C ...... 34,33 225,19 03/10 CIC MENSUEL...... 1435,95 9419,21 03/10 CM OBLIG. QUATRE...... 166,14 1089,81 03/10 PRIMIEL EUROPE C ...... 43,27 283,83 25/09 e ´ Valeurs unitaires Date E´CUREUIL VITALITE´ C ...... 37,80 247,95 03/10 CIC MONDE PEA...... 23,35 153,17 03/10 Fonds communs de placements REVENUS TRIMESTRIELS ..... 793,17 5202,85 03/10 Emetteurs f ee 364,25 Euros francs cours CIC OBLI COURT TERME C .. 24,72 162,15 03/10 CM OPTION MODE´RATION . 19,13 125,48 03/10 SOLSTICE D...... 2389,32 03/10 19,62 THE´SORA C ...... 188,98 1239,63 03/10 08 36 68 56 55 CIC OBLI COURT TEME D.... 128,70 03/10 AGIPI (2,21 F/mn) CIC OBLI LONG TERME C .... 15,44 101,28 03/10 ASSET MANAGEMENT THE´SORA D...... 157,76 1034,84 03/10 CIC OBLI LONG TERME D.... 15,25 100,03 03/10 TRE´SORYS C...... 47286,65 310180,09 03/10 AGIPI AMBITION (AXA) ...... 23,82 156,25 03/10 ATOUT CROISSANCE D...... 300,19 1969,12 03/10 CIC OBLI MONDE ...... 392,32 2573,45 28/09 AME´RIQUE 2000 ...... 115,41 757,04 03/10 AGIPI ACTIONS (AXA)...... 23,33 153,03 03/10 ATOUT EUROPE C ...... 469,50 3079,72 03/10 Fonds communs de placements ATOUT FRANCE C...... 175,56 1151,60 03/10 CIC ORIENT ...... 122,95 806,50 03/10 ASIE 2000...... 58,40 383,08 02/10 DE´DIALYS FINANCE ...... 74,19 486,65 03/10 3615 BNP ATOUT FRANCE D ...... 159,08 1043,50 03/10 CIC PIERRE ...... 32,06 210,30 03/10 NOUVELLE EUROPE ...... 194,07 1273,02 03/10 DE´DIALYS MULTI-SECTEURS 59,02 387,15 03/10 MONEYCIC DOLLAR ...... 1417,58 .... 03/10 ´ 3640,08 23877,36 03/10 08 36 68 17 17 (2,21 F/mn) ATOUT FRANCE ASIE D ...... 71,08 466,25 03/10 SAINT-HONORE CAPITAL C . DE´DIALYS SANTE´ ...... 95,98 629,59 03/10 ATOUTFRANCEEUROPED.. 159,38 1045,46 03/10 Fonds communs de placements SAINT-HONORE´ CAPITAL D . 3337,73 21894,07 03/10 DE´DIALYS TECHNOLOGIES .. 25,49 167,20 03/10 ´ BNP MONE´ COURT TERME.. 2488,25 16321,85 02/10 ATOUT FRANCE MONDE D .. 40,23 263,89 03/10 CIAL PEA SE´RE´NITE´ ...... 843,79 5534,90 28/09 ST-HONORE CONVERTIBLES 325,20 2133,17 03/10 DE´DIALYS TELECOM ...... 40,36 264,74 03/10 ´ BNP MONE´ PLACEMENT C .. 13647,99 89524,95 02/10 ATOUT MONDE C...... 47,92 314,33 03/10 CIC EUROPEA C ...... 9,38 61,53 03/10 ST-HONORE FRANCE...... 51,74 339,39 03/10 POSTE EUROPE C ...... 92,88 609,25 03/10 ´ BNP MONE´ PLACEMENT D.. 11916,01 78163,90 02/10 ATOUT SE´LECTION D ...... 93,42 612,80 03/10 CIC EUROPEA D...... 9,15 60,02 03/10 ST-HONORE PACIFIQUE...... 82,75 542,80 03/10 POSTE EUROPE D...... 88,58 581,05 03/10 ´ BNP MONE´ TRE´SORERIE ..... 77743,30 509962,62 02/10 CAPITOP EUROBLIG C...... 101,41 665,21 03/10 CIC EURO OPPORTUNITE´ .... 339,94 2229,86 24/09 ST-HONORE TECH. MEDIA .. 85,12 558,35 02/10 POSTE PREMIE`RE 8 ANS C ... 200,79 1317,10 03/10 ´ ´ BNP OBLI. CT...... 166,30 1090,86 03/10 CAPITOP EUROBLIG D...... 83,67 548,84 03/10 CIC GLOBAL C...... 218,38 1432,48 03/10 ST-HONORE VIE SANTE ...... 360,53 2364,92 03/10 POSTE PREMIE`RE 8 ANS D... 184,32 1209,06 03/10 ´ BNP OBLI. LT ...... 34,47 226,11 03/10 CAPITOP MONDOBLIG C...... 45,50 298,46 03/10 CIC GLOBAL D ...... 218,38 1432,48 03/10 ST-HONORE WORLD LEAD. . 82,80 543,13 03/10 REMUNYS PLUS ...... 102,79 674,26 03/10 BNP OBLI. MT C...... 154,48 1013,32 03/10 CAPITOP REVENUS D ...... 175,44 1150,81 03/10 CIC JAPON ...... 7,94 52,08 03/10 WEB INTERNATIONAL ...... 21,50 141,03 02/10 BNP OBLI. MT D ...... 141,78 930,02 03/10 DIE`ZE C...... 419,01 2748,53 03/10 CIC MARCHE´SE´MERGENTS 905,19 5937,66 28/09 SG ASSET MANAGEMENT BNP OBLI. SPREADS...... 187,20 1227,95 03/10 INDICIA EUROLAND D ...... 97,63 640,41 02/10 CIC NOUVEAU MARCHE´ ...... 3,79 24,86 24/09 LEGAL & GENERAL BANK Serveur vocal : BNP OBLI. TRE´SOR ...... 1970,60 12926,29 03/10 INDICIA FRANCE D ...... 328,73 2156,33 02/10 CIC PROFIL DYNAMIQUE..... 21,26 139,46 02/10 08 36 68 36 62 (2,21 F/mn) ´ Fonds communs de placements INDOCAM AMERIQUE C...... 35,86 235,23 03/10 CIC PROFIL E´QUILIBRE...... 17,37 113,94 02/10 STRATE´GIE IND. EUROPE .... 174,14 1142,28 02/10 CADENCE 1 D...... 158,24 1037,99 03/10 INDOCAM ASIE C ...... 16,48 108,10 03/10 ´ ´ BNP MONE´ ASSOCIATIONS.. 1823,71 11962,75 03/10 CIC PROFIL TEMPERE...... 132,07 866,32 02/10 Fonds communs de placements CADENCE 2 D...... 156,07 1023,75 03/10 INDOCAM FRANCE C ...... 300,26 1969,58 03/10 CIC TAUX VARIABLES...... 196,16 1286,73 28/09 CADENCE 3 D...... 154,45 1013,13 03/10 STRATE´GIE CAC ...... 5225,05 34274,08 02/10 INDOCAM FRANCE D...... 246,81 1618,97 03/10 CIC TECHNO. COM...... 59,21 388,39 24/09 CONVERTIS C ...... 216,78 1421,98 03/10 BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT STRATE´GIE INDICE USA...... 8327,52 54624,95 02/10 INDOCAM MULTI OBLIG. C.. 184,20 1208,27 03/10 16,50 108,23 03/10 INTEROBLIG C ...... 59,19 388,26 03/10 www.bpam.fr 01 58 19 40 00 CIC USA ...... Fonds communs de placements CIC VAL. NOUVELLES...... 264,42 1734,48 03/10 www.lapostefinance.fr INTERSE´LECTION FR. D...... 66,90 438,84 03/10 BP OBLI HAUT REND...... 102,74 673,93 02/10 ATOUT VALEUR D...... 70,48 462,32 02/10 GTI PUNCH ...... 102,76 674,06 10/07 Sicav Info Poste : SE´LECT DE´FENSIF C...... 189,64 1243,96 03/10 BP MEDITERRANE´EDE´V...... 54,11 354,94 02/10 CAPITOP MONE´TAIRE C...... 191,61 1256,88 05/10 08 92 68 50 10 (2,21 F/mn) SE´LECT DYNAMIQUE C ...... 218,56 1433,66 03/10 BP NOUVELLE E´CONOMIE ... 69,33 454,77 02/10 CAPITOP MONE´TAIRE D...... 188,81 1238,51 05/10 www.clamdirect.com SE´LECT E´QUILIBRE 2...... 158,49 1039,63 03/10 BP OBLIG. EUROPE ...... 52 341,10 03/10 ADDILYS C ...... 106,74 700,17 03/10 INDOCAM FONCIER...... 87,23 572,19 03/10 SE´LECT PEA DYNAMIQUE .... 128,83 845,07 03/10 BP SE´CURITE´...... 102768,46 674116,91 03/10 ADDILYS D...... 105,89 694,59 03/10 INDOCAM VAL. RESTR. C ..... 239,82 1573,12 02/10 EURCO SOLIDARITE´...... 230,22 1510,14 03/10 SE´LECT PEA 1 ...... 190,06 1246,71 03/10 EUROACTION MIDCAP...... 105,70 693,35 03/10 AMPLITUDE AME´RIQUE C.... 23,02 151 03/10 MASTER ACTIONS C...... 36,96 242,44 01/10 LION 20000 C/3 11/06/99 ...... 489,51 3210,98 03/10 SG FRANCE OPPORT. C...... 368,17 2415,04 03/10 FRUCTI EURO 50 ...... 85,72 562,29 03/10 AMPLITUDE AME´RIQUE D ... 22,29 146,21 03/10 MASTER DUO C...... 13,35 87,57 01/10 LION 20000 D/3 11/06/99 ...... 427,35 2803,23 03/10 SG FRANCE OPPORT. D...... 344,73 2261,28 03/10 FRUCTIFRANCE C ...... 70,23 460,68 03/10 AMPLITUDE EUROPE C...... 29,67 194,62 03/10 MASTER OBLIGATIONS C ..... 30,16 197,84 01/10 SICAV 5000 ...... 140,68 922,80 03/10 SOGENFRANCE C ...... 402,81 2642,26 03/10 FRUCTIFONDS FRANCE NM 126,69 831,03 03/10 AMPLITUDE EUROPE D...... 28,42 186,42 03/10 SLIVAFRANCE ...... 239,83 1573,18 03/10 SOGENFRANCE D...... 362,99 2381,06 03/10 MASTER PEA D...... 11,02 72,29 01/10 AMPLITUDE FRANCE ...... 74,92 491,44 03/10 SLIVARENTE...... 39,32 257,92 03/10 SOGEOBLIG C...... 113,64 745,43 03/10 www.cdcixis-am.fr OPTALIS DYNAMIQ. C ...... 17,04 111,78 02/10 AMPLITUDE MONDE C ...... 204,51 1341,50 03/10 15,98 SLIVINTER ...... 138,53 908,70 03/10 SOGE´PARGNE D...... 46,51 305,09 03/10 OPTALIS DYNAMIQ. D...... 104,82 02/10 AMPLITUDE MONDE D...... 183,44 1203,29 03/10 ´ 17,81 TRILION...... 734,33 4816,89 03/10 SOGEPEA EUROPE...... 189,92 1245,79 03/10 OPTALIS EQUILIB. C ...... 116,83 02/10 AMPLITUDE PACIFIQUE C.... 14,67 96,23 03/10 ´ 16,20 106,27 SOGINTER C...... 45,88 300,95 03/10 OPTALIS EQUILIB. D...... 02/10 Fonds communs de placements AMPLITUDE PACIFIQUE D ... 14,01 91,90 03/10 MULTI-PROMOTEURS OPTALIS EXPANSION C ...... 13,23 86,78 02/10 ACTILION DYNAMIQUE C.... 164,85 1081,35 03/10 E´LANCIEL EURO D PEA ...... 86,88 569,90 03/10 Fonds communs de placements LIVRET BOURSE INVEST...... 164,64 1079,97 01/10 OPTALIS EXPANSION D...... 12,91 84,68 02/10 ´ ACTILION DYNAMIQUE D.... 155,27 1018,50 03/10 E´LANCIEL FRANCE D PEA .... 35,97 235,95 03/10 DE´CLIC ACTIONS EURO ...... 13,55 88,88 02/10 NORD SUD DEVELOP. C...... 518,99 3404,35 01/10 OPTALIS SE´RE´NITE´ C ...... 17,59 115,38 02/10 ´ ACTILION PEA DYNAMIQUE 59,57 390,75 03/10 E´MERGENCE E.POST.D PEA . 27,17 178,22 03/10 DE´CLIC ACTIONS FRANC ..... 44,66 292,95 02/10 NORD SUD DEVELOP. D ...... 400,53 2627,30 01/10 OPTALIS SE´RE´NITE´ D ...... 15,45 101,35 02/10 ACTILION E´QUILIBRE C ...... 166,82 1094,27 03/10 GE´OBILYS C ...... 122,28 802,10 03/10 DE´CLIC ACTIONS INTER...... 28,09 184,26 03/10 PACTE SOL. LOGEM...... 79,14 519,12 02/10 Sicav en ligne : ACTILION E´QUILIBRE D...... 155,97 1023,10 03/10 GE´OBILYS D...... 111,49 731,33 03/10 DE´CLIC BOURSE PEA...... 46,46 304,76 02/10 PACTE SOL.TIERS MONDE.... 84,16 552,05 02/10 08 36 68 09 00 (2,21 F/mn) ACTILION PEA E´QUILIBRE ... 155,61 1020,73 03/10 INTENSYS C ...... 20,68 135,65 03/10 DE´CLIC BOURSE E´QUILIBRE 15,54 101,94 02/10 E´CUR. 1,2,3... FUTUR D...... 45,16 296,23 03/10 ACTILION PRUDENCE C ...... 171,23 1123,20 03/10 INTENSYS D...... 17,57 115,25 03/10 DE´CLIC OBLIG. EUROPE...... 17,37 113,94 02/10 E´CUR. ACTIONS EUROP. C ... 15,94 104,56 03/10 www.cic-am.com ACTILION PRUDENCE D...... 159,56 1046,64 03/10 KALEIS DYNAMISME C...... 203,67 1335,99 03/10 DE´CLIC PEA EUROPE...... 20,08 131,72 02/10 E´CUR. ACTIONS FUTUR D.... 56,16 368,39 03/10 INTERLION ...... 232,75 1526,74 03/10 KALEIS DYNAMISME D ...... 198,09 1299,39 03/10 DE´CLIC SOGENFR. TEMPO... 51,28 336,37 02/10 E´CUR. CAPITALISATION C.... 44,51 291,97 03/10 CIC CAPIRENTE MT C...... 35,89 235,42 03/10 LION ACTION EURO ...... 79,67 522,60 03/10 KALEIS DYN. FRANCE C PEA 74,01 485,47 03/10 FAVOR ...... 266,22 1746,29 03/10 E´CUR. DYNAMIQUE+ DPEA. 37,91 248,67 03/10 CIC CAPIRENTE MT D ...... 26,95 176,78 03/10 LION PEA EURO...... 80,26 526,47 03/10 KALEIS E´QUILIBRE C...... 195,13 1279,97 03/10 SOGESTION C...... 44,90 294,52 02/10 E´CUR. E´NERGIE D PEA...... 39,47 258,91 03/10 CIC AME´RIQUE LATINE ...... 82,85 543,46 03/10 KALEIS E´QUILIBRE D...... 189,03 1239,96 03/10 SOGINDEX FRANCE C ...... 456,25 2992,80 02/10 E´CUR. EXPANSION C...... 14708,29 96480,06 03/10 CIC CONVERTIBLES...... 5,37 35,22 03/10 KALEIS SE´RE´NITE´ C...... 187,68 1231,10 03/10 ...... E´CUR. EXPANSIONPLUS C.... 42,07 275,96 02/10 CIC COURT TERME C ...... 34,08 223,55 03/10 KALEIS SE´RE´NITE´ D ...... 181,42 1190,04 03/10 ...... E´CUR. INVESTISSEMENTS D 46,47 304,82 03/10 CIC COURT TERME D...... 26,96 176,85 03/10 CM EURO PEA...... 19,39 127,19 03/10 KALEIS TONUS C PEA...... 62,91 412,66 03/10 ...... E´CUR. MONE´TAIRE C...... 223,13 1463,64 03/10 CIC ECOCIC ...... 342,77 2248,42 03/10 CM EUROPE TECHNOL...... 3,58 23,48 03/10 LIBERTE´ ET SOLIDARITE´ ...... 102,36 671,44 03/10 LE...... ´GENDE : e Hors frais. ee....A titre indicatif...... E´CUR. MONE´TAIRE D...... 192,42 1262,19 03/10 CIC ELITE EUROPE ...... 117,57 771,21 03/10 CM FRANCE ACTIONS ...... 30,90 202,69 03/10 OBLITYS C...... 113,82 746,61 03/10 ...... 26 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001

SCIENCES Entre le 8 et le 12 octo- bué ultérieurement b LA CÉRÉMONIE venteur de la dynamite. Alfred Nobel Chaque prix sera doté cette année de que sept cents personnalités et institu- bre seront décernés, à Stockholm et revêt cette année un éclat particulier. avait légué quelque 31,5 millions de 10 millions de couronnes (1,07 million tions. La sélection rigoureuse des lau- Oslo, les prix Nobel de médecine, de Elle marque le centenaire du prix, couronnes suédoises (150 millions d’euros). b DEPUIS CENT ANS, les pres- réats n’a pas empêché des erreurs de physique, de chimie, d’économie et de dont le montant est payé par les reve- d’euros) au profit de personnes ayant tigieux prix Nobel ont accompagné les jugement et des oublis. (Lire aussi « Le la paix, celui de littérature étant attri- nus issus de l’immense fortune de l’in- œuvré pour le bien de l’humanité. progrès de la science et couronné quel- Monde des livres » pages VI et VII.) Stockholm s’apprête à célébrer les cent ans du prix Nobel Créée en 1901 par l’inventeur de la dynamite, cette prestigieuse récompense a déjà été attribuée à plus de sept cents personnalités appartenant au monde de la science, de la littérature et de l’économie, ou ayant œuvré pour la paix. Les prochains lauréats seront connus entre le 8 et le 11 octobre

IL Y A cent ans, le physicien alle- Stock- holm, pour la médecine, de des sciences de Suède, le profes- mand Wilhelm Conrad Röntgen, l’Académie royale des sciences de seur Tord Ganelius. « Il n’est pas le chimiste néerlandais Jacobus Suède, pour la physique et la chi- question non plus de décerner Henricus Van’t Hoff et le physiolo- mie, de l’Académie suédoise, pour chaque année des titres de giste allemand Emil Adolph von la littérature, et du comité Nobel champion du monde de la science. Behring recevaient chacun un prix norvégien, pour la paix, s’apprête Nous savons que de nombreux Nobel. Le premier, celui de physi- à révéler le nom des lauréats des savants méritent le Nobel et ne l’ob- que, pour avoir mis en évidence prix 2001. tiennent jamais. L’important, pour les rayons X et ouvert ainsi les por- Ces prix, qui ont couronné à ce nous et pour la réputation du prix, tes d’une nouvelle discipline : la jour plus de sept cents personna- est que le lauréat soit vraiment un radiologie. Le deuxième, celui de lités et institutions, sont d’autant excellent chercheur, ce qui ne veut chimie, pour avoir établi les règles plus attendus qu’ils donneront le pas dire que les autres soient mau- de la stéréochimie – science qui coup d’envoi aux cérémonies du vais. En physique et en chimie, j’esti- étudie la disposition dans l’espace centenaire du Nobel. Celles-ci me que nous avons assez bien réus- des atomes d’une molécule en rela- auront lieu à Stockholm le 10 dé- si. » En médecine peut-être tion avec ses propriétés optiques cembre, date anniversaire de la moins, tant les querelles internes et chimiques –, devenant ainsi mort, en 1896, de celui qui sut entre physiologistes, médecins et l’un des pères de la chimie moder- domestiquer en 1866 la puissance chapelles ont parfois envenimé la ne. Le dernier enfin, celui de phy- de la très sensible nitroglycérine situation. siologie ou de médecine, pour ses – inventée en 1847 par l’Italien Reste que le Nobel n’aura pas travaux sur la sérothérapie, qui a Ascani Sobrero – en la transfor- été à l’abri des bévues, des oublis, permis notamment de lutter con- mant en une pâte aisément trans- des erreurs de jugement, de la tre la diphtérie. portable : la dynamite. De cette mode ou de l’enthousiasme… Ain- Cette année-là, en 1901, environ découverte est née la fortune si, Alexander Fleming ne reçut le 150 000 couronnes suédoises (soit d’Alfred Nobel – qui a déposé plus Nobel de médecine qu’en 1945, environ 730 000 ¤) furent versées de 350 brevets et créé des usines alors que la pénicilline avait été à chacun des trois lauréats. Des et des laboratoires dans plus de découverte dix-sept ans plus tôt. sommes fournies par les revenus vingt pays. Laboratoires qui lui Albert Einstein fut couronné en générés par l’immense fortune permettront la mise au point de 1922 pour ses travaux sur l’effet qu’Alfred Nobel, l’inventeur de la nombreux autres explosifs, com- photoélectrique et le mouvement

dynamite, avait léguée pour créer me la balistite. THE NOBEL FONDATION brownien et non pour son œuvre une fondation portant son nom, Personnalité aux multiples fa- Première cérémonie de remise des prix Nobel à Stockholm en 1901. la plus gigantesque – les Fonde- afin de récompenser les hommes cettes, l’homme avait de nom- ments de la théorie de la relativité de bonne volonté œuvrant pour breux centres d’intérêt, comme la frère Emil dans l’explosion d’un exterminés et que la seule guerre sent nombre de scientifiques restreinte et généralisée –, pour- faire progresser l’humanité. Un littérature et la poésie. C’est peut- atelier de fabrication de nitro- dans laquelle l’humanité s’engage- brillants sur le bord de la route. En tant présentée dès 1916. siècle plus tard, la mécanique bien être cette ouverture d’esprit, ajou- glycérine, qui l’a conduit à léguer ra sera la guerre contre ces micro- outre, ils ne sont peut-être plus Plus près de nous, l’histoire huilée de l’Institut Karolinska de tée à la mort prématurée de son la quasi-totalité de sa fortune bes. » Cent ans après, les guerres toujours aussi adaptés pour cou- retient que le prix Nobel de physi- – environ 33 millions de couron- qui ont ravagé le monde, les ronner un travail qui est souvent que est attribué en 1970 au Fran- nes suédoises – à une fondation déséquilibres criants entre le le fruit d’équipes riches de plu- çais Louis Néel, l’un des pères du Une parodie amusante chargée de récompenser les pro- Nord et le Sud, la misère et la pau- sieurs dizaines, voire de centaines magnétisme, pour des travaux grès de la science pour favoriser la vreté ont eu raison de cette belle d’hommes, ni pour embrasser la menés en 1948. Le physicien s’en Tous les ans depuis 1991, à l’heure où la saison des Nobel s’ouvre, a paix. Il plaçait en effet une utopie. diversité des domaines que la amusera. « En 1970, dira-t-il, cela lieu à Harvard une cérémonie alternative et bon enfant : la remise confiance inébranlable en l’hom- Ne restent aujourd’hui que les science a ouvert et qu’Alfred ne m’intéressait plus beaucoup. des Ig Nobel (jeu de mots avec « ignoble »). Destinés à célébrer l’inso- me, dont il espérait qu’il ne libére- prestigieux prix Nobel. Des prix Nobel ne pouvait imaginer. J’aurais été heureux de recevoir ce lite et parfois le mauvais goût, ces prix récompensent les personnes rait pas la puissance destructrice dont le retentissement est tel Dans son testament, il précisait prix quand mon père vivait encore, dont les hauts faits – principalement dans le domaine des sciences – des explosifs à des fins guerrières. – peut-être plus à l’étranger que les prix portant son nom lui qui me promettait de connaître « ne peuvent ou ne devraient pas être reproduits ». La liste des lauréats « Répandre la connaissance est qu’en France, regrettent cer- devaient récompenser en physi- passés est un amusant catalogue du loufoque. Ainsi, en 2000, l’Ig répandre la prospérité – je veux tains – que les retombées en ter- que « une invention ou une dé- Nobel de physique a été attribué à deux chercheurs très sérieux ayant dire la prospérité vraie, pas les mes de notoriété et de crédits couverte », en chimie « une décou- « Répandre utilisé des aimants pour faire léviter des grenouilles. En médecine, richesses individuelles – et avec la – au-delà même de ceux qu’ils verte ou une amélioration » faite une équipe néerlandaise a été distinguée pour une étude sur « l’ima- prospérité (…) le mal disparaîtra en honorent personnellement – sont « au cours de l’année écoulée ».Ce la connaissance gerie par résonance magnétique des parties génitales mâles et femelles grande partie, écrivait-il. Les con- immédiates pour les laboratoires, dernier point a été rarement sui- durant le coït et l’excitation sexuelle de la femme ». La littérature et la quêtes de la recherche scientifique les écoles, les organismes et les vi. « Il est impossible de respecter à est répandre paix ne sont pas épargnées par les Ig Nobel. En 1996, Jacques Chirac (…) instilleront en nous l’espoir que universités qui les hébergent. la lettre le testament, déclarait il y avait reçu celui de la paix pour « avoir célébré le cinquantième anniver- les microbes, ceux de l’âme comme Mais des prix, aussi, que l’on ne a une quinzaine d’années le secré- la prospérité saire d’Hiroshima avec des essais nucléaires dans le Pacifique ». ceux du corps, seront à peu près manque pas de critiquer car ils lais- taire général de l’Académie royale – je veux dire la prospérité vraie, Les mathématiques, discipline malheureusement négligée pas les richesses POURQUOI les mathématiques, qui sont n’était pas si grands qu’ils auraient influencé tées du XVIIe et du XIXe siècle. Les prix, martèle les sciences de la Terre (Claude Allègre fut un aujourd’hui au cœur de toutes les sciences, l’inventeur de la dynamite. Toute légende a Alfred Nobel dans son testament, doivent cou- de ses lauréats), a retenu aussi les mathémati- individuelles » ont-elles été, dès l’origine, ignorées par le pourtant sa part de vérité et il semble bien que ronner « une invention », « une découverte » ques. Le Français Alain Connes déjà distingué Nobel ? Parce que, raconte la rumeur, la les querelles de pouvoir entre les dirigeants de ou « une amélioration » faite « au cours de l’an- par le jury de la médaille Fields, vient d’être Alfred Nobel femme d’Alfred Nobel, ou sa maîtresse du la Stockholm Hogoska, candidats malheureux née écoulée ». honoré par ce prix. Diverses distinctions enco- moment, Sophie Hess, lui aurait préféré un à la gestion de la fortune d’Alfred Nobel, Quant on sait qu’il a fallu des années de tra- re rendent hommage à la science des nom- mathématicien. Et pas n’importe lequel soient en partie à l’origine de cette fable. vail à Andrew Wiles pour démontrer le théorè- bres, comme celles que décerne le Clay Mathe- la paille des cachots. » A contrario, d’entre eux. Le grand mathématicien suédois me de Fermat et enrichir ainsi un domaine des matics Institute de Cambridge (Massachu- les comités Nobel réagiront avec Gosta Magnus Mittag-Leffler, fondateur des INVENTEUR ET INDUSTRIEL mathématiques qui n’a pas encore donné lieu setts), promoteur en mai 2000 d’une formida- une rare rapidité en distinguant Acta mathématica, revue qui, plus d’un siècle Pour la plupart, les historiens s’accordent à à des applications spectaculaires, on peut com- ble série de prix de 1 million de dollars chacun en 1987 les découvreurs de la plus tard, est encore l’une des plus fameuses rappeler qu’Alfred Nobel était avant tout un prendre cette mise à l’écart des mathémati- récompensant ceux qui résoudraient « Les supraconductivité haute tem- publications consacrées à cette discipline. inventeur et un industriel peu versé dans les ques. Fort heureusement, elles sont aujour- Sept Problèmes du millénaire ». Sans compter pérature, Georg Bednorz et Alex L’anecdote est trop belle pour être vraie. Les travaux théoriques. Attaché en raison de ses d’hui récompensées par des prix prestigieux avec le prix Abel, que les Norvégiens décerne- Müller, un an après l’annonce de historiens des sciences ne sont d’ailleurs pas activités à des sciences, ou plutôt des techni- comme la médaille Fields, sorte de Nobel de ront pour la première fois, en 2002, à l’occa- leurs premiers résultats. De mê- privés de la démonter en rappelant d’abord ques très concrètes, il ne lui a pas semblé néces- mathématique donné à des chercheurs de sion du 200e anniversaire de la naissance du me, avec un sens remarquable de qu’Alfred Nobel n’était pas marié et ensuite saire de prendre en compte une discipline moins de quarante ans. mathématicien Niels Henrik Abel (1802-1829). l’actualité et de l’air du temps, ils que le pouvoir de séduction et l’influence intel- mathématique au langage et au mode de pen- Le prix Crafoord, qui couronne par ailleurs couronneront, en 1995, des re- lectuelle de Sophie Hess, fleuriste viennoise, sée très différents de ceux des sciences héri- des disciplines oubliées par les Nobel, comme J.-F. A. cherches faites sur la chimie des chlorofluorocarbones préjudicia- bles à la bonne tenue de la couche d’ozone dans la stratosphère. L’étonnant testament de l’inventeur de la dynamite De défauts, le dispositif d’attri- bution des Nobel n’en manque RÉDIGÉ le 27 novembre 1895, à Remo, se déclarèrent compétents nus seront distribués chaque année à Stockholm, pour la littérature par donc pas. Le nombre de prix obte- Paris, le testament holographe d’Al- pour gérer le fonds. Après trois ans titre de récompense aux personnes l’Académie de Stockholm, et pour la nus par un pays est néanmoins un fred Nobel, déposé dans le coffre- d’interminables tractations dans les- qui, au cours de l’année écoulée, défense de la paix par une commis- indicateur, parmi d’autres, de son fort d’une banque de Stockholm, fut quelles le roi Oscar II lui-même inter- auront rendu à l’humanité les plus sion de cinq membres élus par le Parle- rayonnement intellectuel. A ce ouvert en janvier 1897. La publica- vint – Suède et Norvège étaient grands services. Ces revenus seront ment norvégien. Je désire expressé- petit jeu, la France tient difficile- tion de ce document n’alla pas sans alors unies –, tout finit enfin par ren- divisés en cinq parties égales. La pre- ment que les prix soient décernés sans ment son rang et paraît avoir plus créer quelques remous. A la surprise trer dans l’ordre grâce notamment à mière sera distribuée à l’auteur de la aucune considération de nationalité, de dons en littérature que dans les générale, Nobel léguait la quasi-tota- Ragnar Sohlman, qui se dépensa découverte ou de l’invention la plus de sorte qu’ils soient attribués aux plus domaines scientifiques. Elle se lité de son immense fortune – envi- sans compter, et les statuts de la Fon- importante dans le domaine de la phy- dignes, scandinaves ou non. » classe pourtant devant une aussi ron 33 millions de couronnes suédoi- dation Nobel purent enfin voir le sique ; la seconde à l’auteur de la En 1901, le montant de chacun grande puissance scientifique que ses – à une fondation chargée de jour, le 2 juin 1900, sur ordonnance découverte ou de l’invention la plus des cinq prix fut de 150 800 couron- la Russie, dont les ressortissants créer cinq prix – physique, chimie, royale. importante en chimie ; la troisième nes suédoises (environ 3,5 millions ont été victimes à la fois des effets physiologie ou médecine, littérature à l’auteur de la découverte la plus de francs, conditions économiques de la guerre froide, d’un manque et paix – dotés par les revenus géné- FLUCTUATIONS importante en physiologie ou en méde- 1990). En un siècle, ce chiffre a criant de moyens matériels rés par ce capital. Voici ce que stipulait le testament cine ; la quatrième à l’auteur de connu bien des fluctuations. Aussi – « les empêchant, fait remarquer AKG / PARIS Aux membres de sa famille, avec de quatre pages d’Alfred Nobel, l’ouvrage littéraire le plus remarqua- la Fondation Nobel a-t-elle décidé un de leurs confrères occidental, lesquels il ne s’entendait guère, il ne Alfred Nobel. aujourd’hui pieusement conservé ble d’inspiration idéaliste ; la cinquiè- en 1991 de lui redonner sa valeur de faire aboutir leurs idées » –, de laissa que… 2 millions de couronnes. sous un cube de verre dans les me à la personnalité qui aura le plus réelle initiale. Ces dernières années, leurs absences dans les grands col- Pour cette raison, Ragnar Sohlman, du testament laissait aussi à désirer, locaux de la fondation, au 14 de la ou le mieux contribué au rapproche- son montant a donc fortement pro- loques scientifiques, enfin, de leur l’un de ses assistants, et le conseiller l’affaire ne fut pas simple à régler. Sture-Gatan, l’une des rues chics du ment des peuples, à la suppression ou gressé. Pour l’année du centenaire, regrettable habitude à « rédiger les juridique Carl Lindlagen eurent tou- Le « vagabond le plus riche d’Eu- centre de Stockholm : à la réduction des armées les prix ont été réévalués. Ils sont comptes rendus de leur recherche tes les peines du monde à faire res- rope », comme on l’appelait alors, « Tout le reste de la fortune réalisa- permanentes, à la réunion ou à la pro- dotés de 10 millions de couronnes de façon trop hermétique », autant pecter les dernières volontés de ayant beaucoup voyagé, plusieurs ble que je laisserai en mourant sera pagation des congrès pacifistes. Les suédoises (1,07 million d’euros), de handicaps qui les ont empê- Nobel, qualifié alors par certains pays, parmi lesquels la Suède dont il employé de la manière suivante : le prix seront décernés : pour la physique contre 9 millions de couronnes en chés d’être davantage pris en politiques et hommes d’affaires était originaire, la France où il avait capital placé en valeurs mobilières et la chimie par l’Académie suédoise 2000. considération. d’« antipatriote » et de pacifiste sépa- un centre de recherche et l’Italie où sûres par mes exécuteurs testamentai- des sciences, pour la physiologie ou la ratiste. Comme la forme juridique il mourut seul dans sa villa de San res constituera un fonds dont les reve- médecine par l’Institut Karolinska de J.-F. A et P. L. H. Jean-François Augereau AUJOURD’HUI-SCIENCES LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 / 27

Un prix récemment revalorisé en millions de couronnes suédoises 1923 ANNÉE DU PRIX 10 LE PLUS BAS 1991 VALEUR RÉELLE DU PRIX NOBEL Des lignées de savants, 9 1953 MODIFICATION DES PAR RAPPORT 8 RÈGLES D'INVESTISSEMENT À 1901 DE LA FONDATION NOBEL 7 des lauréats sulfureux, les femmes oubliées 6 1946 EXONÉRATION 5 D'IMPÔT POUR 1969 LE PREMIER PRIX La rigueur de la sélection n’empêche pas les erreurs de jugement LA FONDATION DE SCIENCES 4 ÉCONOMIQUES IL EN VA des Nobel comme de Allemands Heinrich Otto Wieland chée au zoologiste autrichien Kon- Sur les 469 médailles attribuées 3 150 000 toutes les familles. On y trouve (chimie, 1927) et Feodor Lynen rad Lorenz, l’un des pères de dans les trois grandes disciplines 2 couronnes des enfants modèles, comme des (médecine, 1964), des Américains l’éthologie, Prix Nobel de médeci- scientifiques, médecine, physique de l'époque moutons noirs. Et puis, il y a les John Howard Northrop (chimie, ne en 1973. Ses travaux, faisant de et chimie, on ne recense que… 1 mal-aimés, les oubliés, ceux et cel- 1946) et Frederick Chapman Rob- l’instinct la clé du comportement, 12 femmes. 0 les qui sont restés – injustement ? bins (médecine, 1954), ainsi que ont certes fait date. Mais les théo- Pour une Marie Curie, combien – à la porte de l’Histoire. du biologiste américain Peyton ries de l’auteur de L’Agression, une de femmes de science ont-elles 1901 1910 1920 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 Quatre lauréats seulement, en Rous, couronné en médecine en histoire naturelle du mal, paru en été écartées, voire dépossédées PRIX CONDITIONS ÉCONOMIQUES DE 2000 un siècle, ont inscrit par deux fois 1966… trois ans après son beau- 1969, ouvraient aussi la voie à de de leurs découvertes ? Combien PRIX CONDITIONS ÉCONOMIQUES DE 1901 leur nom au fronton du Panthéon fils, l’Anglais Alan Lloyd Hodgkin. dangereuses extrapolations sur la sont-elles dont le rôle a été passé Source : Fondation Nobel de la science : Marie Curie, au Rares furent les scientifiques prééminence de l’inné par rap- sous silence ? L’un cas les plus Les lauréats des pays industrialisés titre de la physique, en 1903, puis qui, à l’image d’un Jean-Paul Sar- port à l’acquis et sur la hiérarchi- exemplaires est celui de la biochi- de la chimie, en 1911 ; le chimiste tre en littérature, refusèrent le sation des sociétés. Lorsque l’on miste anglaise Rosalind Franklin, PHYSIQUE CHIMIE MÉDECINE américain Linus Pauling, couron- Nobel. Ceux qui s’y résolurent, le découvrit, plus tard, les pages dont la contribution à la découver- av.1940 ap.1940 av.1940 ap.1940 av.1940 ap.1940 né en 1954 dans sa discipline et chimiste allemand Richard Kuhn qu’il avait consacrées sous le te de la structure en double hélice une nouvelle fois en 1962 pour sa en 1938 et son compatriote nazisme à « la domestication des de l’ADN fut occultée, lors de l’at- FRANCE 615 644 contribution à l’établissement de Gerhard Domagk, lauréat en races inférieures », Lorenz eut du tribution du Nobel de médecine, la paix ; son compatriote John Bar- médecine l’année suivante, le mal à justifier que sa plume en 1962 – quatre ans il est vrai GRANDE-BRETAGNE 1010 615 20 7 deen, double prix de physique en firent sous la contrainte d’un n’avait été guidée que par l’inté- après sa mort –, aux docteurs ALLEMAGNE 1010 15 11 8 7 1956 et en 1972 ; enfin, l’Anglais décret d’Adolf Hitler, courroucé Crick, Wilkins et Watson. De Frederick Sanger, élu en 1958 et par l’attribution du Nobel de la même, en 1944, le chimiste alle- ÉTATS-UNIS 74562 4784 réélu en 1980 pour la chimie. paix, en 1935, au journaliste paci- Sur la photo mand Otto Hahn reçut le Nobel Il est arrivé, mais plus rarement fiste Carl von Ossietzky. pour l’observation du phénomè- Les vingt-six Nobel français encore, que des couples soient dis- Sur la photo de famille figurent de famille figurent ne de la fission nucléaire, sans seu- tingués : Pierre et Marie Curie toutefois des visages que certains, lement que soit mentionnée son b Médecine : Alphonse Laveran (1907) ; Alexis Carrel (1912) ; Charles Richet (1913) ; Charles Nicolle (1928) ; François Jacob (1965) ; André Lwoff (1965) ; Jacques Monod (physique, 1903) ; Irène, fille des avec le recul, aimeraient effacer. des visages ancienne collaboratrice, la physi- (1965) ; Jean Dausset (1980) . précédents et Frédéric Joliot- A commencer par celui d’Alexis cienne autrichienne Lise Meiner. b Physique : Henri Becquerel (1903) ; Marie Curie (1903) ; Pierre Curie (1903) ; Gabriel Curie (chimie, 1935) ; les Améri- Carrel, Prix Nobel mérité de méde- que certains, En 1975, encore, le radioastrono- Lippmann (1908) ; Jean Perrin (1926) ; Louis de Broglie (1929) ; Alfred Kastler (1966) ; cains Carl Ferdinand et Gerty The- cine en 1912, mais aussi sulfureux me britannique Antony Hewish Louis Néel (1970) ; Pierre-Gilles de Gennes (1991) ; Georges Charpak (1992) ; Claude resa Cori (médecine, 1947). Le auteur de L’Homme, cet inconnu, reçut le Nobel de physique pour Cohen-Tannoudji (1997). avec le recul, même honneur a été partagé par best-seller publié en 1936 où il la découverte des pulsars, dont b Chimie : Henri Moissan (1906) ; Marie Curie (1911) ; Victor Grignard (1912) ; Paul Sabatier (1912) ; Frédéric Joliot-Curie (1935) ; Irène Joliot-Curie (1935) ; Jean-Marie Lehn les frères néerlandais Jan et Niko- développait des théories eugénis- aimeraient effacer les signaux avaient été enregistrés (1987). laas Tinbergen, mais dans des dis- tes aujourd’hui insoutenables. par son assistante, Jocelyn Bell. ciplines distinctes et à plusieurs « Beaucoup d’individus inférieurs A leur décharge, les décideurs années d’intervalle : économie en ont été conservés grâce aux efforts rêt. On peut se demander, encore, des Nobel pourront faire obser- 1969 pour l’aîné, médecine en de l’hygiène et de la médecine (…) si les jurys furent bien inspirés en ver que cette sous-représentation Un processus long et complexe 1973 pour le cadet. Leur multiplication a été nuisible à distinguant en 1918, au lende- féminine n’est jamais que le reflet Un peu plus souvent, les la race », écrivait-il, en prônant main de la première guerre, le chi- de la place faite aux femmes dans LE CHOIX des lauréats du Nobel sont proposés par un collège infor- médailles ont passé les généra- « l’établissement d’une aristocratie miste Fritz Haber, inventeur d’un le monde de la recherche. Une est un processus complexe. Les prix mel de plusieurs milliers de person- tions, se transmettant de père en biologique héréditaire ». Sans dou- procédé de synthèse de l’ammo- marginalité qu’elles partagent sont en effet attribués par des institu- nes : les anciens lauréats, les mem- fils. Ce fut le cas pour les physi- te ces propos, postérieurs à sa dis- niac, qui avait dirigé pendant le avec les pays du Sud, exclus, à de tions suédoises et norvégiennes : bres des institutions Nobel, ceux des ciens anglais Joseph John et Geor- tinction, n’enlèvent-ils rien au conflit le service allemand des rares exceptions près – le physi- l’Académie royale des sciences de Suè- comités Nobel, des professeurs repré- ge Paget Thomson, en 1906 et génie du chirurgien, spécialiste armes chimiques. cien indien Venkata Chandra- de accorde ceux de physique, chimie sentant chaque discipline, des repré- 1937 ; leurs compatriotes et collè- hors pair de la suture des vais- On ne fera pas le procès aux sekhara Raman en 1930, son con- et économie ; celui de physiologie et sentants des sociétés littéraires (litté- gues William Henry et William seaux et de la greffe des tissus. arbitres des Nobel d’avoir man- frère pakistanais Abdus Salam en de médecine est donné par l’assem- rature), des membres des Parlements Lawrence Bragg, élus de concert Mais comment, de nos jours, dis- qué de discernement, en ne pré- 1979, ou le chimiste argentin Luis blée Nobel du Karolinska Institutet ; et gouvernements (paix). en 1915 ; les physiciens danois socier Docteur Carrel et Mister voyant pas les errements idéologi- Federico Leloir en 1970 –, de la l’Académie suédoise délivre celui de Ces propositions, parvenues avant Niels et Aage Bohr, en 1922 et Hyde ? De nombreuses municipa- ques ultérieurs de quelques-uns fête des Nobel. Il est vrai que littérature, tandis que le Nobel de la le 1er février, sont instruites jusqu’à 1975 ; leurs confrères suédois Karl lités ont tranché, en décidant de de leurs lauréats et, surtout, en l’Amérique est une grande capta- paix est accordé par le comité Nobel l’automne par les cinq comités, dont Manne et Kai Siegbahn, en 1924 débaptiser leurs rues Alexis-Car- ignorant le passé de certains. On trice de cerveaux et que sous la norvégien. La sélection est faite par les membres peuvent recommander et 1981 ; ou encore l’Allemand rel. Et, en 1996, au terme d’une ne leur reprochera pas non plus bannière étoilée, de très loin la cinq comités Nobel, rattachés à ces jusqu’à trois personnes. Les délibéra- Hans von Euler-Chelpin pour la longue polémique, le conseil d’ad- leurs oublis, ceux qu’ils ont omis plus primée (82 fois en médecine, différentes institutions et compre- tions sont secrètes. Début octobre, chimie, en 1929, et son fils de ministration de l’université de d’honorer, aucun critère absolu 69 fois en physique, 49 fois en chi- nant cinq membres nommés pour les lauréats des différents prix sont nationalité suédoise Ulf pour la Lyon-I a choisi de retirer à sa n’existant en matière de mérite mie), concourent des savants ori- quatre ans. La Fondation Nobel de connus et reçoivent leur prix à médecine, en 1970. Quelquefois, faculté de médecine le nom du scientifique. On notera, cepen- ginaires de toute la planète. Stockholm est l’organe administratif Stockholm le 10 décembre, jour anni- enfin, la filiation s’est faite de scandaleux chirurgien. dant, que les chercheuses sont les qui chapeaute le tout. Les candidats versaire de la mort d’Alfred Nobel. beau-père à gendre : ainsi des Une même controverse est atta- grandes absentes des palmarès. Pierre Le Hir Des pépinières de « nobélisés » BIEN QUE LA SUISSE soit le enfin, l’Ecole supérieure de physi- pour la recherche nucléaire), ins- pays comptant le plus de Prix que et de chimie industrielles de tallé avec ses grands accéléra- Nobel par habitant, la répartition la ville de Paris (ESPCI). teurs de particules à Genève, par nationalité des lauréats des Plusieurs centres européens constitue lui aussi un foyer de disciplines scientifiques fait appa- émergent également de ces sta- Nobel. raître une forte prédominance des tistiques : l’Eidgenössische Tech- La première consécration fut Etat-Unis. nische Hochschule (ETH) de obtenue en 1984 par l’Italien Car- Dans les vingt dernières années, Zurich et l’université de lo Rubbia et le Néerlandais plus de la moitié des récipiendai- Cambridge (G-B). Toutes spéciali- Simon Van der Meer, pour leur res en physique et en chimie ont tés confondues, vingt membres contribution à la découverte des effectué leurs travaux dans des de l’ETH ont été couronnés par le particules W et Z, véhicules de l’in- universités ou des grands centres prix Nobel depuis 1901. Un suc- teraction faible. Ces particules de recherche américains. Pour la cès qui s’explique par les condi- insaisissables avaient été obser- même période, les scientifiques tions de travail offertes par cet vées un an plus tôt dans un super- synchrotron à protons, et l’attri- bution du prix fut particulière- L’exception française ment rapide. Huit ans après, c’était au tour du Français Geor- Depuis 1901, douze prix Nobel de littérature ont été décernés aux ges Charpak, physicien au CERN écrivains français – à égalité avec les Etats-Unis –, conférant à la depuis 1959, d’être distingué pour France une position enviée. En revanche, avec vingt-six prix Nobel en la mise au point de nouveaux physique, chimie et médecine, la France « se traîne » loin derrière les détecteurs de particules. Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’Allemagne. Sur ce total, onze prix sont allés à la physique, huit à la médecine et CONCENTRATION sept à la chimie. Mais, plus grave, les statistiques sont particulière- Entre-temps, en 1988, le physi- ment éclairantes sur le manque de réussite de nos chercheurs après cien américain Jack Steinberger, la seconde guerre mondiale. Avant 1940, la physique française a été qui travaillait dans le laboratoire distinguée à six reprises, mais à cinq seulement depuis. En chimie, six genevois depuis la fin des Nobel avant, un seulement après. La médecine tire son épingle du jeu années 1960, avait été couronné avec quatre avant et quatre après. pour une découverte sur l’utilisa- Tout semble donc s’être passé comme si la science française avait tion des faisceaux de neutrinos débuté son déclin après 1943, tandis que les Etats-Unis connaissaient faite… vingt-six ans plus tôt, aux une fulgurante ascension favorisée par l’émigration d’une vague USA. Deux autres chercheurs du impressionnante de chercheurs, rarement français, qui ont ensuite CERN ont également été lauréats fertilisé en retour leur pays d’origine. du Nobel, mais pour des travaux effectués antérieurement : l’Amé- ricain Félix Bloch, premier direc- européens ont obtenu environ un établissement, et qui lui permet- teur général de l’organisme, pri- tiers des prix Nobel. Quant aux tent d’attirer des chercheurs de mé en 1952 pour la mise au point lauréats ayant effectué la majeure pointe venus du monde entier, y de nouvelles méthodes de mesure partie de leurs travaux dans les compris des Etats-Unis. de précision du magnétisme pays en émergence, ils sont extrê- De son côté, l’université de nucléaire, et son compatriote mement rares. Cambridge possède un palmarès Samuel Ting, porte-parole d’une très éclectique, avec des prix expérience menée sur le grand UN PALMARÈS TRÈS ÉCLECTIQUE Nobel obtenus dans quasiment accélérateur du CERN, élu en Une analyse plus fine révèle toutes les disciplines (physique, 1974 pour la découverte d’une une concentration importante de chimie, littérature, médecine, éco- nouvelle particule lourde. lauréats dans un petit nombre de nomie). C’est là qu’en 1953, Fran- Comment expliquer une telle centres de recherche publics ou cis Crick et James Watson décou- concentration de prix Nobel dans privés. Ainsi, presque la moitié vrirent la structure en double héli- ces centres ? La recherche en phy- (21 sur 45) des prix Nobel de phy- ce de l’ADN, qui allait donner sique, en chimie ou en médecine sique décernés depuis 1980 ont naissance à la génétique moder- demande des moyens lourds que récompensé des chercheurs appar- ne. Cette université s’honore aus- peuvent offrir ces organismes. De tenant à un cercle de sept institu- si d’avoir compté dans ses rangs plus, la notoriété attachée à l’ob- tions prestigieuses : les Bell Labo- Frederick Sanger, seul scientifi- tention répétée de la plus haute ratories, les IBM Research Labora- que ayant reçu deux prix Nobel distinction scientifique exerce un tories, les universités de Stanford, en chimie (1958 et 1980). Le attrait considérable sur les jeunes Cornell, Princeton et Harvard, CERN (Organisation européenne talents du monde entier. 28 / LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 AUJOURD’HUI-MODES DE VIE Profession tendanceur Produits par les bureaux de style, les cahiers de tendance anticipent l’évolution des attentes des consommateurs. Entre intuition et analyse sociologique, ces découvreurs influent sur les modes de demain

C’EST un gros classeur à couver- Mais, chemin faisant, leur inter- temps, mais ils essayent d’en saisir tre ma propre intuition en première ture gris perle. Lorsqu’on l’ouvre, vention s’élargit. « De plus en le moindre zéphyr. » Une jolie ligne », affirme ainsi François passé un texte de présentation, plus, remarque Françoise Serral- métaphore qui convient aux inté- Bernard. qui oscille entre synthèse sociolo- ta, les tendances sont transversa- ressés, peu désireux de passer Peclers et la plupart des grandes gique et sémiologie des mytholo- les, et la mode s’étend à l’ensem- pour des gourous ou des extra- agences travaillent un peu diffé- gies contemporaines, on décou- ble de la consommation. » De sur- lucides manipulateurs. remment. Au cours de brain- vre des chapitres richement illus- croît, comme l’observe François Contrairement aux créateurs, les stormings, chacun apporte ses trés qui déclinent visuellement les Bernard, directeur de Croise- tendanceurs orientent leur travail trouvailles : une étoffe achetée à grands courants qui feront les ments (une petite structure qu’il vers la grande consommation et la Bangkok, la photo d’une silhouet- modes de demain : photos, repro- a créée avec un autre indépen- production industrielle, qu’il s’agis- te chipée à Tokyo, un gadget chiné ductions d’œuvres d’art avant-gar- dant), « la machine économique se du textile, de l’automobile ou à Los Angeles. On compare, on res- distes, morceaux d’étoffes, rectan- réclame du neuf sans arrêt. Il faut du look qu’auront les objets de serre le filet, et l’intuition trouve gles et carrés de matières indus- trouver du sens et débrous- haute technologie. Pour parvenir à une validation. Vient ensuite le trielles (plastique, feuilles d’alumi- sailler ». Mutation d’un métier : déceler les trends de demain, le tra- temps des sociologues et des psy- nium, lamelles de bois, diodes cli- les stylistes deviennent des ten- vail en équipe s’impose. Générale- chologues, ce que Dominique gnotantes). Françoise Serralta, danceurs. ment issus d’écoles de style ou Peclers et Françoise Serralta appel- agrégée de lettres et responsable lent la « post-rationalisation ». de la recherche et de la prospecti- ve de l’agence de style Peclers, Les « early adopters », vigies très branchées COLLER À LA DEMANDE présente le cahier de tendance Le cahier de tendance est le pro- Futur(s) de ce bureau qui emploie Ils sont à l’avant-garde de la mode, habitent les grandes métropo- duit du croisement entre les intui- 65 salariés et devrait réaliser en les, découvrent avant tout le monde les restaurants et les boîtes qui, tions des créatifs et leur décrypta- 2001 un chiffre d’affaires d’envi- demain, attireront les branchés. Les early adopters, les « adopteurs ge en fonction des grands cou- ron 80 millions de francs ( près de précoces » (aussi appelés leading edges – éclaireurs-défricheurs – ou rants qui façonnent nos attitudes 12,2 millions euros). trend setters – influenceurs), constituent pour les marques comme de consommateurs, de la «bio « Notre métier, qui est d’antici- pour les cabinets de style des vigies qui leur signalent les terres aware attitude » (l’attention por- per les modes, existe depuis trente nouvelles sur lesquelles prospéreront les tendances de demain. tée à l’écologie et aux produits bio- ans, rappelle Françoise Serralta. En 1998, en voie de ringardisation avancée, Levi’s fait un malheur logiques) à l’hédonisme, en pas- Initialement, les bureaux de style avec un nouveau jean, le Levi’s Engineered : c’est en faisant appel à sant par la montée des individualis- étaient dédiés au textile dans l’uni- ces jeunes gens chics que le fabricant américain de denim l’a créé. mes, qui conduit à « customiser »

vers de la grande consommation. » Repérés dans les endroits les plus à la mode, grassement payés par les marchandises de série pour se PIERRE DALBY les marques qui se fient à eux, ils définissent le trend avec un flair de les approprier. Avec toujours com- « DU NEUF SANS ARRÊT » chien truffier jusque dans les domaines de la haute technologie. me objectif de déboucher sur des des consommateurs. Et, par exem- En 1970, lorsqu’elle crée son « recommandations produits » puis- ple, déboursent 25 000 francs bureau (l’un des premiers du que, ne l’oublions pas, le but est de (3 811,23 euros) pour le seul cahier genre), Dominique Peclers, L’expression, forgée par les d’art, les tendanceurs sont à la fabriquer des objets qui devront annuel Futur(s) de Peclers, le plus Un ordinateur aujourd’hui présidente du conseil médias, ne leur convient pas forcé- recherche de visuels et d’objets être distribués avec profit. anticipateur au regard des quinze de surveillance, entend « gérer la ment. « Nous nous définissons plus qui font sens pour eux. Au cours « Nous n’inventons rien. Notre autres qu’édite l’agence (couleurs, mode et la créativité pour des indus- comme des stylistes », remarque de « voyages shopping » en France métier, c’est de la réflexion, la recon- matières, baby’s corner, mode qui brode triels qui craignaient les deux ».Il Emma Nony, une jeune indépen- comme à l’étranger, ils repèrent version de ce qui est déjà à l’œuvre féminine, etc.). s’agit alors de prévoir quels dante qui travaille pour Peclers. ces objets, tout en s’imprégnant dans notre société avec de la valeur D’une agence à l’autre, le conte- Des assistants personnels numéri- seront les matériaux et les cou- Pourtant, elle rend bien compte des événements culturels significa- ajoutée esthétique », insiste Fran- nu varie peu, avec, note un tendan- ques aux jouets high-tech en pas- leurs qui permettront aux fabri- du travail effectué par ces profes- tifs de l’époque : films, exposi- çoise Serralta. Pas question, en ceur qui préfère rester anonyme, sant par la montre-baladeur MP3, cants de « l’équipement de la per- sionnels de la prédiction, à l’affût tions, manifestations les plus diver- somme, de prendre trop de ris- « un risque fort d’uniformisation, les objets de la vie quotidienne sonne », c’est-à-dire du prêt-à-por- de tout ce qui, imperceptiblement ses. « Nous nous rendons compte ques : les clients, le plus souvent de standardisation des produits à vivent désormais à l’heure du multi- ter et du cosmétique, d’être dans pour d’autres qu’eux, bouge dans ainsi que, dans des domaines très de grandes entreprises (Peclers l’échelle de la planète. Une unifor- média. Surprenant, c’est aujour- le coup. Une activité de conseil l’air du temps. Sociologue et asso- variés, telle ou telle couleur, par travaille ainsi avec Carrefour misation qui, en retour, pèsera sur d’hui le monde de la couture et de qui est toujours au centre des pré- cié de Publicis Consultants, Marc exemple, est particulièrement pri- France, Du Pont de Nemours Inter- les goûts des consommateurs et la broderie qui se futurise, avec la occupations de la demi-douzaine Loiseau connaît bien ce milieu, sée. Nous travaillons à l’intuition », national, Lancôme, Nissan, Pinault- donc la définition de la prochaine Super Galaxie 3000. Cette nouvelle de bureaux de style parisiens dont les membres aident le publi- explique Emma Nony. Pour cer- Printemps-Redoute, Unitika Japon tendance ». machine à coudre inventée par le (Peclers, Promostyl, Nelly Rodi, Li citaire qu’il est à mettre en place tains, celle-ci est suffisante : «Je ou encore le singapourien GE-plas- fabricant Brother possède bon Delcorte, Carlin) et peut-être plus des stratégies de marketing : «Ce revendique parfois la liberté de dire tique), souhaitent moins innover Véronique Cauhapé nombre de fonctionnalités tech- encore, des indépendants. ne sont pas eux qui créent l’air du les choses sans les justifier, de met- que coller à la demande présumée et Marc Coutty nologiques intégrées : écran tactile géant, 4 096 couleurs haute défini- tion, séquences vidéos interactives, mémoire et double lecteur. Cette Vincent Grégoire, curieux de tout machine, qui se veut précise et très simple d’utilisation, peut aussi se L’ŒIL VIF, toujours en mouve- nes de Petit Bateau… Et pour cha- connecter avec un ordinateur indi- ment, la parole rapide, Vincent cun, la demande est singulière. Cer- viduel via le logiciel PE-Design de Grégoire est en état d’éveil perma- tains réclament une prise en char- Brother pour créer motifs et photo- nent. Il est curieux de tout. Cela ge complète, pendant que d’autres broderies et traiter des motifs télé- tombe bien : il en a fait son attendent seulement une aide sur chargés sur Internet. métier. Tendanceur depuis dix ans la conception d’un catalogue, ou au bureau de style de Nelly Rodi, juste sur une campagne de publi- e Disponible chez les revendeurs il regarde, collecte, s’interroge, cité (par exemple, des renseigne- agréés Brother, au prix de 30 990 F décrypte, analyse pour tenter de ments sur l’ambiance dans laquelle (4 724,40 ¤) ; 7 690 F (1 172,33 ¤) prévoir la tendance de demain. Il doit apparaître un mannequin sur pour le PE-150. aime aussi transmettre, expliquer. une affiche ou dans un spot). Cha- « Ce qui m’intéresse, dit-il, c’est fai- que fois, le tendanceur se plie à la re que le grand public comprenne demande, indique, suggère. Mais les choses. » C’est ce besoin qui a n’impose rien. Le dialogue s’éta- Nouveau Casino guidé ses choix. blit. A chaque bureau de tendance, Après l’école d’architecture in- sa méthode et son identité. Le térieure Camondo, Vincent Gré- client choisit aussi cela. à Oberkampf goire commence par réaliser, dans les années 1980, des accessoires DES MOIS DE TRAVAIL Un nom un brin désuet et décalé pour les défilés de mode, puis tra- En revanche, toutes les agences pour un nouveau lieu de concerts vaille quelque temps avec la déco- de style font leurs cahiers de ten- (en fait l’arrière-salle du Café Char- ratrice Agnès Comar. « J’avais dances. Base et outil de travail, ces bon) déjà bondé trois mois seule- envie de m’occuper de l’environne- fameuses « bibles » sont élaborées ment après son ouverture. Déco ment de l’individu, me mettre à la par les équipes, après des mois de miroir et métal, subtilement désé- place de quelqu’un. » Il intègre le travail. Là encore, les façons de quilibrée par de mirifiques lustres bureau de Nelly Rodi, prend en procéder sont différentes. « Ici, en cristal, bar en résine translucide charge le secteur art de vivre… chacun voyage, bouge, va partout, aux couleurs changeantes, le Nou- qu’il ne quittera plus. Après tant tout voir et fait sa collecte », expli- veau Casino a cette élégance sèche d’années à voyager, regarder, que Vincent Grégoire, qui par- et douce qui convient pour le rock, découvrir, comprendre, son appé- court la Thaïlande, la Corée, avec la pop et l’électro. La mezzanine tit est resté le même. L’esprit à l’af- cependant une prédilection pour avec ses tables basses, ses bougies fût, Vincent Grégoire ne parvient l’Europe du Nord (Bruxelles, Ber- et ses poufs s’offre comme un repli plus vraiment à « se débrancher ». lin, Copenhague, Stockholm…). pour les clients désireux de combi- Même dans ses virées entre amis, « Ensuite, on se réunit et chacun ner musique et conversation. c’est plus fort que lui : « Il m’arrive raconte ce qu’il a vu, senti, montre même de plonger dans une poubel- ce qu’il a rapporté – cela peut être e Nouveau Casino, tarif des conso- le parce que j’ai remarqué quelque une image, une photo, un objet, un mations de 20 F à 50 F (de 3,05 ¤ chose qui m’intéressait. » Et ses bout de matière… – et explique pour- à7,62¤), 109, rue Oberkampf, copains de le rappeler à l’ordre, le quoi il a flashé dessus. Après la réu- 75011 Paris. Tél. : 01-43-57-57-40. suppliant d’« arrêter cinq minu- nion, on fait une synthèse, une sorte tes ». Pas si facile visiblement. de ménage dont le but est de chas- ser l’anecdotique pour ne garder CLARIFIER ET SYNTHÉTISER que le fond. Une psychosociologue Café in bed Il aurait pu être un créatif. Mais nous aide d’ailleurs à accoucher de le travail en solitaire lui convenait tout ça. Cette première étape fran- Vautré pour vautré dans les bars, moins que l’échange, la discussion, chie, des tables rondes sont orga- autant se coucher carrément sur l’écoute et le conseil. Car travailler nisées avec des sociologues, des un lit conçu pour ça. Cette idée dans un bureau de style, c’est «se universitaires, des cinéastes, des his- confort légèrement décadente fait plier à des contraintes, aux position- toriens, des romanciers… » On le chic du Cabaret. Dans une pièce nements des autres, être au service recoupe alors les observations, les basse de plafond, deux salons, de… ». C’est faire la synthèse d’in- remarques, les analyses pour don- l’un indien, l’autre marocain, formations, la clarifier, tout en ner du sens, expliquer, trouver les accueillent les clients très fati- Supplément gratuit de 26 pages revendiquant sa part d’intuition, tendances de fond et à quoi elles gués, ou bons vivants tout simple- d’émotion, de subjectivité. « Je suis correspondent. C’est à partir de ment, sur des matelas au milieu une courroie de transmission, un toutes ces données que seront éla- desquels sont incrustées des chef d’orchestre qui anticipe les atti- borés les fameux cahiers de ten- tables. Un écrin propice aux échan- 0123456 tudes et l’évolution des modes de dances, gros et lourds catalogues ges rapprochés les plus délicats Avec vie. » Aux clients, aux stylistes qui décrivent précisément les cou- sans pour autant prêter à confu- ensuite, d’en tenir compte ou pas. leurs, les matières, les formes des sion, n’est-ce pas ? Ces clients sont variés : de saisons, de l’année ou des années vendredi 5 daté samedi 6 octobre Leclerc à Baccarat en passant par à venir. e Cabaret, consommation 80 F les bougies d’ambiance Esteban, (12,19 ¤), 2, place du Palais-Royal, les meubles pour la Camif, les vitri- V. Ca. et M. Cy. 75001 Paris, tél. : 01-58-62-56-25 . AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 / 29 ------La pluie revient par l’ouest 05 OCTOBRE 2001 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI : Dans un flux de sud- au plus chaud de la journée s’éta- vers 12h00 DU VOYAGEUR ouest bien établi sur le proche atlan- gent de 17 à 20 degrés. tique une perturbation peu active Poitou-Charentes, Aquitaine, circule vendredi sur l’ouest du pays. Midi-Pyrénées. Nuages et éclair- Peu a HAÏTI. Compte tenu d’un climat La masse d’air se réchauffe, les tem- cies se partagent le ciel. Le thermo- Belfast nuageux général d’insécurité, à Port-au- Liverpool pératures seront à la hausse. mètre atteint 22 à 25 degrés l’après- Dublin Prince et dans plusieurs villes de Varsovie Kiev Bretagne, pays de Loire, Basse- midi avec même localement Amsterdam province, le ministère français des Normandie. Le ciel est couvert en 27 degrés dans le sud-ouest. Berlin Brèves affaires étrangères recommande de Bretagne ainsi que sur la pointe du Limousin, Auvergne, Rhône- Londres éclaircies remettre à une date ultérieure tout o Bruxelles Cotentin, des pluies faibles nous Alpes. Des bancs de brouillards évo- 50 Prague déplacement non indispensable. a accompagnent toute la journée. luent lentement vers un ciel varia- Couvert CONGRÈS. Trouver un lieu pour Ailleurs, le ciel est nuageux. Le vent ble avec des éclaircies. Le vent de une réunion, un séminaire ou un Paris Strasbourg Vienne de sud est soutenu près des côtes sud se lève dans le courant de Budapest congrès tient souvent du casse- avec des pointes à 80 km/h. Les tem- l’après-midi dans la moyenne vallée Nantes Brume tête. Le guide Réunir 2001-2002 Berne brouillard pératures maximales sont compri- du Rhône avec des pointes jusqu’à Bucarest (52 ¤) rassemble plus de 1 000 éta- ses entre 18 et 22 degrés. 70 km/h. Les températures maxima- blissements (de l’auberge au palace Lyon Milan Nord-Picardie, Ile-de-France, les s’échelonnent de 18 à 22 degrés. Belgrade Sofia Averses en passant par les palais des Centre, Haute-Normandie, Arden- Languedoc-Roussillon, Proven- congrès) situés dans l’Hexagone, Toulouse Istanbul nes. Le ciel est partagé entre nua- ce-Alpes-Côte d’Azur, Corse. Des aux Antilles, à Monaco, en Grande- ges et éclaircies. Les températures entrées maritimes maintiennent Rome Pluie Bretagne, en Belgique, en Suisse, sont en hausse et s’échelonnent de une nébulosité importante sur le Barcelone Naples en Sardaigne, au Maroc et en Tuni- 18 à 21 degrés avec même 22 à 23 Languedoc-Roussillon avec quel- 40 o Madrid sie. Une recherche « tricritères » degrés sur le Berry. ques pluies sur le relief en soirée. Lisbonne Athènes Orages permet de trouver le lieu idéal en Champagne, Lorraine, Alsace, Ailleurs,le ciel s’ennuage dans fonction de l’événement program- Bourgogne, Franche-Comté. Des l’après-midi. Le vent de sud-est Séville mé. Egalement disponible sur CD- brouillards sont présents en début souffle jusqu’à 70 km/h dans le Gol- Neige ROM et sur Internet (www. de journée; ils se dissipent au profit fe du Lion. Les températures au Alger Tunis reunir.com) avec possibilité de d’un ciel variable avec d’assez meilleur moment de la journée demander une cotation en ligne. o o o belles éclaircies. Les températures atteignent 22 à 25 degrés . Rabat 0 10 20 Vent fort Renseignements au 01-46-91-94-40. PRÉVISIONS POUR LE 05 OCTOBRE 2001 PAPEETE 21/26 P KIEV 9/16 C VENISE 13/19 S LE CAIRE 23/30 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 25/29 P LISBONNE 17/20 C VIENNE 12/17 C NAIROBI 17/27 S et l’état du ciel. S : ensoleillé; N : nuageux; ST-DENIS-RÉ. 20/25 S LIVERPOOL 14/16 C AMÉRIQUES PRETORIA 17/31 S EUROPE LONDRES 14/19 C BRASILIA 19/29 S RABAT 18/25 S C : couvert; P : pluie; * : neige. AMSTERDAM 12/19 S LUXEMBOURG 11/17 S BUENOS AIR. 13/19 C TUNIS 22/33 S FRANCE métropole NANCY 8/18 S ATHENES 19/28 S MADRID 14/22 C CARACAS 26/33 S ASIE-OCÉANIE AJACCIO 15/26 S NANTES 13/22 C BARCELONE 19/23 C MILAN 11/23 S CHICAGO 7/10 C BANGKOK 25/33 P BIARRITZ 16/27 N NICE 14/22 C BELFAST 13/16 P MOSCOU 8/15 C LIMA 14/18 S BEYROUTH 24/28 S BORDEAUX 13/25 N PARIS 11/21 N BELGRADE 13/23 S MUNICH 6/18 C LOS ANGELES 13/18 S BOMBAY 26/30 P BOURGES 9/22 N PAU 11/26 N BERLIN 11/18 C NAPLES 18/26 S MEXICO 10/26 S DJAKARTA 28/31 P BREST 13/17 P PERPIGNAN 15/23 C BERNE 8/20 C OSLO 7/13 S MONTREAL 10/14 C DUBAI 25/35 S CAEN 13/19 C RENNES 14/21 P BRUXELLES 12/19 S PALMA DE M. 20/27 C NEW YORK 18/23 S HANOI 25/31 S CHERBOURG 13/19 C ST-ETIENNE 10/22 S BUCAREST 12/26 S PRAGUE 9/17 C SAN FRANCIS. 12/17 S HONGKONG 25/29 S CLERMONT-F. 9/24 S STRASBOURG 7/18 S BUDAPEST 12/16 C ROME 16/25 S SANTIAGO/CHI 10/20 S JERUSALEM 21/28 S DIJON 7/20 S TOULOUSE 13/25 N COPENHAGUE 10/14 S SEVILLE 18/25 S TORONTO 6/14 P NEW DEHLI 23/31 P GRENOBLE 7/25 S TOURS 11/22 N DUBLIN 12/16 P SOFIA 16/25 S WASHINGTON 15/27 S PEKIN 8/21 S LILLE 12/19 N FRANCE outre-mer FRANCFORT 11/18 S ST-PETERSB. 9/13 S AFRIQUE SEOUL 15/21 S LIMOGES 10/23 N CAYENNE 23/34 S GENEVE 10/20 S STOCKHOLM 9/15 S ALGER 20/34 C SINGAPOUR 26/31 P LYON 10/23 S FORT-DE-FR. 25/30 P HELSINKI 8/16 S TENERIFE 23/27 S DAKAR 26/31 S SYDNEY 12/21 S MARSEILLE 13/25 N NOUMEA 20/25 S ISTANBUL 18/24 S VARSOVIE 10/16 C KINSHASA 20/31 S TOKYO 20/22 P Situation le 4 octobre à 0 heure TU Prévisions pour le 6 octobre à 0 heure TU

VENTES DÉPÊCHES a QUARTIER DROUOT. Plus de e e soixante-dix antiquaires, groupés autour de l’Hôtel Drouot, dans le Drouot propose cheminées et plaques du XV au XIX siècle e 9 arrondissement de Paris, orga- SI FAMILIÈRE à tous, la chemi- gnifiquement sculptées, elles restent la cheminée adapte successivement la pierre). L’ancienneté reste secon- cœur », leur fonction est de proté- nisent une opération « portes ou- née telle que nous la connaissons l’apanage des châteaux et des riches tous les styles jusqu’au milieu du daire : les modèles Louis XIII ou ger la maçonnerie et de renvoyer la vertes » où ils exposent chacun n’est pas si ancienne. Adoptée en hôtels particuliers citadins. Celles XIXe, où sont produites en grande Louis XIV simples sont moins chers chaleur. L’ancienneté est leur critère une pièce d’exception (nocturne Europe à la fin du XIe siècle, elle est des demeures royales sont dessinées quantité des copies Louis XV et que ceux du XVIIIe agrémentés de de valeur principal : usées et ron- jeudi 4 octobre jusqu’à 23 heu- devenue un élément décoratif à par- par des architectes et sculptées par Louis XVI. belles sculptures. gées par le feu, parfois fendues, peu res, et de 10 heures à 19 heures tir du XIVe seulement. Monumenta- les meilleurs artistes. Elles commen- Un ensemble de cheminées est Une des raretés de cette vente est d’entre elles sont parvenues jusqu’à vendredi 5 et samedi 6 octobre). les dans les grandes salles des châ- cent à se démocratiser à cette épo- proposé dans une vente d’éléments une cheminée d’époque transition nous en bon état. L’épaisseur comp- Pour le public, c’est l’occasion de teaux forts, elles déploient alors tout que, avec des modèles de dimen- d’architecture anciens, qui aura lieu Louis XV - Louis XVI, une courte te également, puisque les plaques découvrir de bonnes adresses où le répertoire sculpté du gothique sions réduites, sans sculpture ni à Drouot samedi 6 octobre. Leurs période d’environ une dizaine d’an- épaisses (de 2 à 5 cm, parfois plus) viennent se fournir de nombreux flamboyant, relayé au XVIe siècle ornement, qui se répandent dans les prix dépendent de la beauté des nées, qui, si elle marquait le mobi- présentent des sculptures plus pro- marchands. par celui de la Renaissance. Encore campagnes où ils vont se perpétuer ornements et des matériaux (le mar- lier, se retrouve peu souvent illus- fondes, plus belles, et résistent a ARTS ASIATIQUES. Le pre- de dimensions très importantes, ma- jusqu’à la fin du XIXe siècle. En ville, bre est en principe plus apprécié que trée dans l’architecture. En pierre mieux aux assauts des flammes. mier Salon consacré aux arts de marbrière rose, elle offre un ban- Leurs formes et leurs décors l’Asie a lieu à l’hôtel Dassault deau mouluré, orné au centre d’un répondent aux goûts du jour. Les du vendredi 5 au lundi 8 octobre, Calendrier du vendredi 5 au dimanche COLLECTIONS carquois et d’une flamme entrecroi- modèles présentés ici sont estimés 7, rond-point des Champs-Ely- 7 octobre ; tél. : 02-43-86-66-25. b Saint-Julien-les-Villas (Aube), sés, des motifs typiques Louis XVI, entre 3 000 F et 4 000 F sées, 75008 Paris. Entrée : 50 F ANTIQUITÉS-BROCANTES b Albi-Le Sequestre (Tarn), minéraux et fossiles, samedi 6 sur des pieds galbés et moulurés à (460 ¤-610 ¤) et 15 000 F et 18 000 F (7,62 ¤). Une vingtaine d’expo- b Paris, quartier Drouot, du vendredi 5 au lundi 8 octobre ; et dimanche 7 octobre ; la Louis XV (80 000 F et 100 000 F, (2 300 ¤-2 770 ¤) pour une plaque sants venus du monde entier, du jeudi 4 au samedi 6 octobre ; tél. : 05-63-49-28-40. tél. : 04-92-79-58-95. 12 220 ¤ et 15 270 ¤). datée 1705. La vente comprend éga- dont des Belges, des Anglais, des tél. : 01-40-39-00-08. b Moissac (Tarn-et-Garonne), b Fontaine-lès-Dijon Le modèle le moins cher remonte lement des carrelages, sols et par- Suisses, mais aussi des Japonais b Chatou (Yvelines), du vendredi 5 au dimanche (Côte-d’Or), monnaies et cartes à l’époque Louis-Philippe (1830- quets anciens (de 7 000 F à 30 000 F et des Australiens, y participent. jusqu’au dimanche 7 octobre ; 7 octobre ; tél. : 05-61-85-57-41. postales, samedi 6 octobre ; 1848) ; de petites dimensions les 10 mètres carrés, 1 070 ¤ à a VILLAGE SUISSE. Entre les tél. : 01-40-39-90-75. b Nogent-le-Roi (Eure-et-Loir), tél. : 03-80-67-10-18. (101 × 112 cm), en pierre marbrière 4 580 ¤). avenues de Suffren et de La Mot- b Gex (Ain), samedi 6 et dimanche 7 octobre ; b Nantes (Loire-Atlantique), gris-bleu, elle est décorée de can- te-Piquet, dans le 15e arrondisse- du vendredi 5 au dimanche tél. : 06-15-64-26-32. minéraux et fossiles, samedi 6 nelures droites (10 000 F à 12 000 F, Catherine Bedel ment de Paris, les cent cinquante 7 octobre ; b Concarneau (Finistère), et dimanche 7 octobre ; 1 526 ¤ à 1 832 ¤). D’autres exemplai- antiquaires du Village suisse tél. : 04-74-69-79-04. samedi 6 et dimanche 7 octobre ; tél. : 02-40-34-10-13. res Louis XIII, Louis XIV, Louis XV e Drouot-Richelieu : samedi 6 octo- exposent, ce week-end, leurs b Angoulême (Charente) tél. : 06-63-58-45-86. b Nantes, disques et bandes ou Louis XVI sont proposés entre bre. Exposition, le jeudi 4, de trouvailles de l’année. De l’ar- du vendredi 5 au dimanche b Aix-les-Bains (Savoie), dessinées, samedi 6 octobre ; 15 000 F et 30 000 F (2 290 ¤ et 11 heures à 22 h 30 ; le vendredi 5, chéologie à l’art contemporain, 7 octobre ; tél. : 05-57-43-97-93. samedi 6 et dimanche 7 octobre ; tél. : 02-38-30-45-02. 4 580 ¤). de 11 heures à 18 heures ; le matin chacun organise une exposition b Nantes (Loire-Atlantique), tél. : 04-79-88-92-84. b Colmar (Haut-Rhin), Ces cheminées sont accompa- de la vente, de 11 heures à midi. thématique ou une mise en scène du vendredi 5 au dimanche b Rouen (Seine-Maritime), minéraux et fossiles, samedi 6 gnées d’une collection de plaques en Etude Rieunier-Bailly-Pommery, autour d’un objet. Du jeudi 4 7 octobre ; tél. : 02-40-89-65-00. samedi 6 et dimanche 7 octobre ; et dimanche 7 octobre ; fonte ou en fer des XVIIe et XVIIIe siè- tél. : 01-45-23- 44-40. Expert : M. du au lundi 8 octobre, de 10 h 30 à b Le Mans (Sarthe), tél. : 02-54-81-75-81. tél. : 03-89-71-44-59. cles. Appelées également « contre- Boisbaudry, tél. : 01-46-47-68-00. 19 heures.

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123456789101112 avaler. Fils d’Aphrodite, père des Romains. - 7. En général. Un Un patrimoine irremplaçable I prince chez les démons. - 8. Por- teur de bois. Oppose dans le tex- GRÂCE à cette boîte prêtée par II te. Interjection. - 9. Va du Perche des religieux, les mendiants se pla- à la Seine. - 10. Font de jolis çaient sous la protection de saint Boîte du mendiant III découpages. - 11. Ceux d’avant. Barthélemy et partaient à la quête de saint Barthélemy, e Touchée à la tête. - 12. Sont de quelques offrandes. Il leur suffi- XVIII siècle. IV capables du pire. sait alors de présenter cette image Bois assemblé du saint, crucifié comme le Christ, et mouluré, peinture V Philippe Dupuis montrant de ses doigts dressés le sur bois et sur toiles. chemin du ciel. Corte, Musée VI SOLUTION DU N° 01 - 233 Cette boîte est une des 200 piè- d’anthropologie ces réunies au Musée de Corte de la Corse. VII Horizontalement pour une exposition ambitieuse, Actuellement présentée I. Clones. Gènes. - II. Homony- qui retrace 2 000 ans de christia- à l’exposition VIII me. Ive. - III. Albe. Ninon. - IV. nisme, 2 000 ans de l’histoire d’une « Corsica christiana, Moi. Polarise. - V. Lardons. Tc. - île cimentée par la religion chré- 2 000 ans de IX VI. Initié. Tétât. - VII. Gâche. tienne. L’évangélisation de l’île a christianisme », Ciné. - VIII. Np. Erige. Ecu. - IX. réellement commencé au VIe siè- au Musée de la Corse, X Opine. Eroder. - X. Néfaste. Mess. cle. Lorsque des évêques d’Afrique à Corte, jusqu’au du Nord, chassés par les rois van- 31 décembre. CORTE - 2001 Verticalement dales, s’installent en Sardaigne et HORIZONTALEMENT la pièce. Dure dans la critique. - 1. Champignon. - 2. Lolo. Nap- en Corse. En 1077, le pape Gré- Lombardie et de la région de Pise. côtoient des œuvres plus naïves IX. Vitrine de la presse. Bon, roi pe. - 3. Ombilic. If. - 4. Noé. Athé- goire VII revendique la souverai- Au XVIIe siècle, les autels, témoins réalisées par des artistes locaux. I. Terrain d’affrontements entre et poète. Arrivée. - X. Mise en na. - 5. En. Prières. - 6. Synode. - neté de l’île, qu’il place sous l’au- d’un goût prononcé pour l’art baro- En quelle année la Corse a-t-elle noirs et blancs. Fournissent noirs place. Reçoivent ou sont reçus. 7. Milo. Agée. - 8. Gênant. Er. - 9. torité de l’évêque de Pise. De que venu d’Italie, se couvrent de été rachetée par la France : et blancs sur commande. - II. Orsec. Om. - 10. Nini. Tiède. - 11. nombreuses églises se construisent statues, de colonnes peintes et b En 1768 ? Protection rapprochée. Un début VERTICALEMENT EV. Stances. - 12. Sélecteurs. suivant les schémas importés de de corniches moulurées. Une fois b En 1786 ? d’excuse. - III. De plus en plus la Corse devenue française, les b En 1789 ? nombreuses aux postes. - IV. Pri- 1. Gros mangeur d’herbe, il a chefs-d’œuvre de l’art italien, Réponse dans Le Monde du ses en considération. Enfilé disparu depuis longtemps. - copiés et adaptés par les artistes, 12 octobre. chaque matin. - V. Sœurs des 2. Grenouilles et crapauds. satyres, elles vivent à la monta- Conjonction. - 3. Organisation gne. Il faut le tenir s’il est beau. - sur le terrain, confusion ailleurs. Réponse du jeu no 241 paru dans Le Monde du 28 septembre. VI. Jeté en piste. Personnel. Plus Vent marin. - 4. Mîmes en cou- Ce sont les peintres venant du Danemark, de la Belgique et de la Hol- facile à prévoir qu’à rattraper. - leurs. - 5. Pour faire court. Agita- lande qui ont créé le mouvement Cobra, en 1948. Les initiales des capi- VII. Avec marteau et enclume. tion excessive. - 6. Difficile à tales de ces pays fondateurs (Copenhague, Bruxelles, Amsterdam) sont à Dans le néant. - VIII. Travailla à croire, encore plus difficile à l’origine du mot Cobra. 30 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001

ÉDITION La Musique arabe, som- b CE TRAVAIL titanesque comprend rent de la pensée. b « CE N’EST PAS me d’échanges », estime Myra Prince, néennes, Rodolphe d’Erlanger a orga- me théorique en six tomes rédigée la traduction de deux traités fonda- une encyclopédie, mais une des plus directrice des éditions Geuthner. nisé au Caire, en 1932, à la demande par le baron Rodolphe d’Erlanger, est mentaux des IXe et XIIIe siècles, qui grandes références théoriques de la b ÉTABLI EN 1910 en Tunisie, où sa du roi Fouad, le premier Congrès de rééditée pour la première fois depuis montrent que la musique fait partie musique arabe. Cet ouvrage va circuler maison sert depuis 1991 de Centre musique arabe, qui échoua à unifier 1959 par les éditions Geuthner. d’un système de représentation cohé- partout et, j’espère, servir de plate-for- des musiques arabes et méditerra- les styles du monde arabe. Plongée aux sources de la musique arabe, quatrième pilier du savoir « La Musique arabe », somme théorique de quatre mille pages achevée par le baron d’Erlanger en 1930 après des années d’un travail titanesque, est rééditée aux éditions Geuthner. L’ouvrage est essentiel à la compréhension intime d’un art aussi riche que protéiforme

DANS le monde arabe du IXe siè- qu’il s’installe en Tunisie vers « la phobie de la musique, et l’idée cle – de Lisbonne à Kaboul –, la 1910, d’Erlanger, mélomane pas- que l’instrument est une invention TROIS QUESTIONS À… musique n’était pas que sons, ni sionné, a en tête l’âge d’or de Gre- du diable, viennent des premiers siè- seulement divertissement de cour. nade, les noubas du répertoire ara- cles du christianisme : la musique MYRA PRINCE Elle était l’un des quatre piliers du bo-andalou qu’ont emportées engendre le désordre dans la socié- savoir, avec l’astronomie, l’astrolo- avec eux en Afrique du Nord té ». De même, l’islam n’élimine La Société nouvelle, librairie gie et les mathématiques. Jusqu’au musulmans et juifs chassés d’Espa- pas la musique mais la calibre, la 1orientaliste Paul Geuthner, XVIe siècle, les auteurs traitant de gne. Mais il découvre une musique ramenant à la psalmodie et autori- que vous dirigez, réédite les six cet art hérité des Grecs étaient arabe moribonde, peu consciente sant la voix humaine. tomes de La Musique arabe, som- avant tout des philosophes d’obé- de son passé millénaire. Dans le régime sourcilleux des me achevée en 1930 par le baron dience néoplatonicienne, « école Le Français, prototype des orien- mollahs iraniens, les musiques tra- Rodolphe d’Erlanger. Pourquoi ? synthétique et encyclopédiste qui talistes de l’époque coloniale, ditionnelles ont été loin de dépé- C’était un vieux rêve de Paul voulait concilier Platon et Aristote, tente de reformer des ensembles rir. « Khomeny n’a pas interdit la Geuthner, qui a fondé les éditions et les adapter au dogme qui préten- musicaux capables de jouer un musique en Iran, mais a interdit que Geuthner en 1901 et a édité dait cultiver toutes les sciences et répertoire savant. « Il est alors frap- l’on voie les instruments à la télévi- l’ouvrage du baron Rodolphe d’Er- établir entre elles des liens étroits et pé, explique Christian Poché, spé- sion », rappelle Christian Poché. A langer de 1930 à 1959. Puis cer- une hiérarchie logique », écrit en cialiste des musiques arabes, qui a l’inverse, en Afghanistan, que les tains tomes, les premiers, sont 1930 le baron Carra de Vaux, orien- veillé à la réédition de l’ouvrage, musiciens ont fui massivement devenus rares. Paul Geuthner a taliste et musicien (1867-1953), par le manque de bases théoriques depuis cinq ans, les talibans sont cherché à les rééditer pendant qu’un autre baron, Rodolphe d’Er- des musiciens. Il pense qu’il faut allés jusqu’à interdire les rossi- vingt ans sans en avoir les langer, tout aussi passionné de retrouver, et traduire en français gnols dans les rues et les maisons. moyens. Dans le monde de la culture arabe, avait sollicité pour pour une compréhension plus large, « C’est de la folie et une méconnais- musique, il y avait une forte préfacer le premier tome de La les grands traités de musique ara- sance profonde de leur religion », demande latente – on télépho- Musique arabe, travail de titan be. » Dès 1922, d’Erlanger entre- ajoute le musicologue, rappelant nait, on écrivait chez Geuthner enfin réédité à Paris aux éditions prend la traduction du Grand Trai- l’argumentaire d’un des plus pour se procurer ces volumes. Je Geuthner. té de la musique, d’Al-Fârâbi, d’un grands théologiens islamiques, travaille à ce projet de réédition Six tomes, près de quatre mille abord peu aisé, car ancien, au con- Ghazâli (1058-1111) : la musique depuis quatre ans. Je me suis bat- pages consacrées à la théorie de la traire de la sarafiyyah dont les ter- imite la nature et le chant des tue. Il est difficile d’accrocher une musique arabe : l’entreprise, gigan- mes sont toujours en vigueur. Le oiseaux, qui appartiennent à la logique financière à un objet aus- tesque, a été lancée dans les baron meurt deux ans après la création ; l’interdire, c’est donc si culturel. La Société nouvelle a années 1920 par le baron d’Erlan- publication, en 1930, du premier aller contre la création. pris le pari de sortir les six volu- ger, fils de riches banquiers fran- tome, qui résonne comme un coup mes en même temps, notamment çais d’origine allemande, mort en de tonnerre dans la communauté L’IMPORTANCE DU PUBLIC grâce à une aide du Centre natio- 1932 à Sidi Bou Saïd, près de scientifique. Une centaine de pages consa- nal du livre, grâce aussi à l’appui Tunis, à l’âge de soixante ans. Cet- crées à la musique dans La Revifica- de l’Institut du monde arabe, coé- te somme théorique contient la tra- UNE VISION DE LA VIE tion des sciences religieuses de diteur de cette réédition. duction de deux traités fondamen- « Ces théoriciens, poursuit Chris- Ghazâli analyse le Coran. Le mot taux, celui d’Al-Fârâbi, écrit au tian Poché, voulaient montrer que musique n’y est pourtant jamais Quels sont les changements e IX siècle, et celui de Safiyu d-Din, la musique fait partie d’un système AKG PARIS cité, cet art est désigné par des 2entre la première parution et dit la sarafiyyah, datant du XIIIe. de représentation cohérent de la Le baron Rodolphe d’Erlanger, photographié au début périphrases, et n’y est pas formel- la réédition ? On y trouve aussi des extraits des pensée. Leurs ouvrages contiennent des années 1920. C’est à cette période que ce fils de riches lent prohibé. Restent les multiples Nous avons modifié le format Mathématiques d’Avicenne, quel- ainsi de grandes réflexions sur les banquiers français commence la rédaction des six volumes interprétations possibles. «Ily a au profit du 13 × 20, plus mania- ques traités anonymes du XVe siè- intervalles, qui génèrent les modes, de « La Musique arabe », somme théorique dense et ardue. notamment ce passage qui a servi à ble. Mais le contenu, lui, ne chan- cle, et deux tomes d’« essai de codi- et que l’on peut déplacer, transpo- toutes les condamnations, où Dieu ge pas. Nous avons demandé à fication des règles usuelles de la ser avant de retomber sur le point est toujours utilisé pour désigner musique ? » Le musicologue, nour- dit à Satan : “Subordonne de ta voix Christian Poché, spécialiste des musique arabe moderne », rédigés de départ. » Une manière d’être et un penseur hors pair. Il eut pour ri, logé, passait des années à répon- qui tu voudras”. Mais de quoi par- musiques arabes, une introduc- jusqu’en 1959 selon les consignes de bâtir une vision symbolique de élève Avicenne, un Persan né près dre. Le Grand Traité de la musique lait-on au juste ? », interroge Chris- tion qui retrace l’histoire et l’éla- du baron et, après sa mort, par son la vie. A la différence des écrits du de Boukhara (980-1037), médecin, d’Al-Fârâbi commence ainsi : «Tu tian Poché. Selon le baron Carra boration des six volumes dont secrétaire, Manoubi Snoussi philosophe Al-Kindi (796-873), tra- mathématicien, philosophe, mysti- as exprimé le désir de connaître l’art de Vaux, il était communément l’édition a commencé du vivant (1901-1966). duits en latin dès le Moyen Age, que, auteur du Canon de la méde- de la musique tel que le concevaient admis que Mahomet tolérait la du baron d’Erlanger, en 1930, et Ardu, dense, l’ouvrage est essen- ceux d’Al-Fârâbi (872-950) dor- cine, un ouvrage qui fut longtemps les anciens. Tu m’as invité à écrire musique à certaines occasions s’est poursuivie à titre posthume tiel à la compréhension intime maient encore. à la base des études médicales tant pour toi un livre traitant de ce sujet, (noces et fêtes de famille), mais jusqu’en 1959. d’une musique aussi riche que pro- Né en Perse, à Farab, situé en Occident qu’en Orient. facile à comprendre et à la portée avec peu d’instruments. Dans le téiforme. La musique arabe, dont aujourd’hui en Ouzbékistan près Ces ouvrages très théoriques de tous », signe de la préséance du culte, elle ne peut exister que par Que représente pour vous cet l’histoire traverse les siècles depuis de la frontière afghane, Al-Fârâbi – les sons, leur organisation, les calife, à la fois, et en toute ambiguï- l’adhan, l’appel à la prière. 3ouvrage ? les splendeurs de la Syrie et de la vécut à Bagdad, où il apprit l’ara- échelles, les genres – et basés sur té, protecteur de la musique et En regard de ces traités théori- Ce n’est pas une encyclopédie Perse anciennes, s’est nourrie d’in- be, la lingua franca à cette époque, une lecture mélodique de la musi- garant de la rigueur religieuse. ques, un autre aspect mériterait, de la musique arabe, même si cela fluences multiples – le royaume Al et mourut à Damas. Il eut une que (l’oud, le luth, est alors l’instru- Comme en Occident, les rap- selon les spécialistes, d’être appro- en a tout l’air, mais une des plus Andalus où se côtoyaient Arabes, influence considérable sur son épo- ment roi) où l’harmonie entre peu ports entre musique et religion fondi : celui du public. Car la grandes références théoriques juifs ou chrétiens wisigoths demeu- que et plus, au point que sa pater- en ligne de compte, obéissaient à sont peu clairs. La Musique arabe musique arabe, actuellement floris- dans ce domaine. Cet ouvrage va re le symbole de cette ouverture, nité est aujourd’hui revendiquée la demande des califes, la version n’aborde point ces aspects – que sante, vit, comme en Inde ou en circuler partout, j’espère, et servir qui fut réduite au néant en par les Iraniens, les Turcs, les Ara- orientale du prince mécène – «Le pourrait traiter un futur septième Afrique, de son rapport à l’audi- de plate-forme d’échange. En 1492 par les rois catholiques. Lors- bes, etc. – en arabe, le mot farab calife veut savoir : qu’est-ce que la volume. Selon Christian Poché, teur. « En Occident, le musicien ou tant qu’éditrice, je souhaitais sou- le compositeur, par exemple ligner les passerelles interculturel- Mozart, est l’objet central. En Orient les établies par le baron d’Erlan- A lire, à écouter monde arabe, 1 coffret de 2 CD, ou au Moyen-Orient, on considère ger, et qui ont permis à ces traités avec livret APN88/9-10. encore plus celui qui écoute, qui s’ex- arabes anciens de circuler du Pro- b La Musique arabe, sous la b Les mercredis du café littéraire clame, qui peut mourir foudroyé che-Orient au Maghreb, grâce à direction de Rodolphe d’Erlanger. de l’IMA, avec Mahmoud Guettat, d’émotion », explique Christian leur traduction en français. Nous Six volumes vendus séparément, de l’Institut supérieur de musique Poché. On se souviendra ici com- envisageons par ailleurs de de 160 à 280 francs (24,39 ¤ à de Tunis, auteur de La Musique ment les réactions du public ont publier un septième volume fai- 42,69 ¤). Préface de Christian arabo-andalouse, l’empreinte du colporté le mythe de la chanteuse sant le point sur l’évolution récen- Poché. Ed. Librairie orientaliste Maghreb, le 10 octobre à 19 heures. égyptienne Oum Kalsoum, autant te de ces musiques. Paul Geuthner. Rez-de-chaussée de l’IMA, que son art. b Disque : Congrès du Caire, 1932, 1, rue des Fossés-Saint-Bernard, Propos recueillis par Bibliothèque nationale/Institut du tél. : 01-40-51-38-38. Véronique Mortaigne Catarina Mercuri L’héritage inabouti du baron Rodolphe d’Erlanger DOMINANT la mer, le village de où sa famille avait tissé des liens offre au Berliner Phonogramm Epicentre du progrès économique Sidi Bou Saïd, en Tunisie, demeure commerciaux dans l’espoir de Archiv. et culturel, Le Caire tourne ses le paradis des touristes et des artis- reprendre vie dans la belle ordon- D’Egypte, le baron reçoit le maga- regards vers un modernisme inspi- tes qui le chérissent pour ses mai- nance des cyprès et des rosiers. Tan- zine musical Rawdat Al-Balabil (le ré de la musique occidentale, déjà sons blanches et bleues, ses ruelles dis qu’il dirigeait la construction du Jardin des rossignols) et prend la largement diffusée là-bas. Accom- pavées. A flanc de colline, la demeu- palais dont il avait lui-même dessi- température du bouillonnement pagnant l’émergence des mouve- re du baron d’Erlanger, baptisée né les plans, avec force références à musical du Caire où l’on discute ments nationalistes panarabes, Ennejma Ezzahra (« la planète Al Andalus, il apprit le qânun,la avec passion sur la théorie (quelle musiciens et musicologues cher- Vénus »), est entourée d’orangers cithare sur table, avec un grand maî- est l’échelle fondamentale de la chent à créer un mode, ou maqâm, et d’aloès. Construit de 1912 à tre de musique, Azhmad Al-Wafi musique arabe ?), sur la fabrication unique pour tous les pays de la 1922, ce palais aux lignes épurées (1850-1921). Ce dernier, musicien possible d’un piano oriental «de zone, dont les traditions diffèrent est agrémenté de cinq hectares de savant attentif au populaire, aura quart de ton », etc. Fin 1929, le gou- sensiblement. Poussant le jeu plus jardins, arrangés selon les arts pay- très certainement une grande vernement égyptien inaugure l’Ins- loin, le Libanais Wadia Sabra propo- sagers persan et andalou. En 1991, influence sur la philosophie qui pré- titut oriental de musique, et le roi se de mettre au point une échelle le gouvernement tunisien, qui sida au Congrès de musique arabe Fouad décide de marquer le coup. tonale universelle, utilisée à la fois venait de racheter le palais aux héri- du Caire, que Rodolphe d’Erlanger, par l’Orient et l’Occident. tiers du baron, y installait le Centre déjà malade, mit sur pied depuis UNE ÉCHELLE TONALE UNIVERSELLE Aux musiciens prestigieux venus des musiques arabes et méditerra- son palais de Sidi Bou Saïd, à la Le 28 mars 1932 s’ouvrait au Cai- pour le Congrès de Syrie, d’Algérie, néennes, abritant un musée des ins- demande du roi Fouad d’Egypte. re le premier Congrès de musique d’Egypte, du Liban ou de Tunisie, truments de musique, la Phonothè- Dans les salons ornés de bois arabe. « Tous les compositeurs, tous se mêlent des Européens de que nationale tunisienne, un atelier sculptés et de mosaïques, les les musiciens ambulants et tous les renom : Paul Hindemith, Bela Bar- de lutherie et une médiathèque. meilleurs musiciens du malouf tuni- improvisateurs de l’islam y seront tok, Aloïs Haba… Les discussions Ainsi, le baron d’Erlanger aura lais- sien – Ahmed El Ouafi, Mohamed convoqués avec leurs instruments », furent vives, emportées, passion- sé des héritages multiples. Ghanem – venaient nourrir l’érudi- déclare le roi Fouad. La musique nantes, mais n’aboutirent pas. Né le 7 juin 1872 à Boulogne, tion du baron, également collection- classique arabe, alors aux prises Depuis la fin de la seconde guerre Rodolphe d’Erlanger était méloma- neur d’art. D’Erlanger, à l’occasion, avec un passé brillant (la renaissan- mondiale, les musiques se sont mor- ne et musicien, mais également part sur le terrain, faire du collecta- ce culturelle, la Nahda, à la fin du celées, notamment sous l’avancée peintre d’influence orientaliste, por- ge, comme en 1929, dans le Sahara XIXe siècle en Egypte) donne cepen- des arabes dialectaux. traitiste habile. De santé fragile, il chez les Touaregs, d’où il ramène dant le sentiment d’un affadisse- s’était établi vers 1910 en Tunisie, quinze matrices, des galvanos, qu’il ment du répertoire et des styles. V. Mo. CULTURE LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 / 31 Jean-Pierre Vincent, metteur en scène L’Automne musical de Versailles « La nouvelle génération devra réinventer sous le signe de Lalande le primat de l’artistique dans les théâtres » Le Centre de musique baroque s’attache pour la deuxième année Le metteur en scène Jean-Pierre Vincent, 59 ans, quit- indépendante. Une indépendance qu’il préfère désor- à ce compositeur appelé à la cour par Louis XIV. tera le 31 décembre la direction du Théâtre Nanterre- mais à l’institution, et même à la direction du Festival Amandiers et animera une compagnie dramatique d’Avignon, à laquelle certains le prédestinaient. Egalement au menu, musiques de scène et répertoire des cathédrales

LE 31 DÉCEMBRE, le metteur la loi sur les 35 heures, qui, fran- de fréquentation et d’aura. « ASSURER la redécouverte et la Noailles, de Nantes et de Blois, La musique de divertissement ne en scène Jean-Pierre Vincent quit- chement, n’est pas le pain bénit Ensemble, nous avons fait les qua- valorisation du patrimoine musical avant d’être nommé à la cour par sera cependant pas en reste : tan- tera le Théâtre Nanterre-Aman- du travail artistique. La nouvelle tre années les plus “désirantes” français des XVIIe et XVIIIe siècles » : Louis XIV en personne en 1683. dis qu’Hugo Reyne et sa Sympho- diers, où il est resté onze ans. Il génération devra réinventer le pri- de ma présence à Nanterre, à tra- telle est la mission pérenne du « Le roi arrivait à Versailles avec nie du Marais s’octroient le Ballet sera remplacé par Jean-Louis Mar- mat de l’artistique dans l’institu- vers la programmation, la réu- quatorzième Automne musical du une volonté politique très claire : de la jeunesse qui fit l’événement tinelli, ancien directeur du Théâ- tion. Je pense qu’elle en a la force. nion d’acteurs, et certains specta- Centre de musique baroque de Ver- aménager une nouvelle musique en du Carnaval de 1686 (le 9 octobre), tre national de Strasbourg. Dans – Quel bilan tirez-vous de cles qui ont énormément compté sailles et de son directeur général, rupture avec celle de Du Mont et Jérôme Corréas et ses Paladins un entretien au Monde, il dresse votre mandat à Nanterre-Aman- pour moi, en premier lieu le Karl Vincent Berthier de Lioncourt. Aux Robert au Louvre. » Lalande peut recréent l’opéra-ballet à succès du son bilan et annonce ses projets. diers ? Marx. Ces années ont été celles de profanes « Musiques de scène » passer maître en grands motets. XVIIIe siècle, Les Elémens de 1721 « Etes-vous content de partir ? – Ces onze années n’ont pas été la reconstruction, avec une crois- (Lully, Lorenzani et Bodin de Bois- « Si sa musique de divertissement (7 octobre). Enfin, c’est à Christo- – Partir, pour moi, ce n’est pas homogènes. J’y vois trois pério- sance exponentielle, tous azi- mortier) répondra « Le Parnasse se réfère au modèle lullyste, on peut phe Coin et son Ensemble baroque seulement la fin de Nanterre- des. Quand je suis arrivé, j’ai trou- muts. de l’orgue français », un week-end dire que Lalande est le père du de Limoges de restituer la suite des Amandiers. C’est la fin d’une vé un bel héritage – celui de Patri- – Et maintenant, quels sont consacré au répertoire des cathé- grand motet français. Il se différen- Folies de Cardenio d’après certaines période de vingt-cinq ans dans ce Chéreau –, mais un héritage vos projets ? drales de Rouen, Reims et Notre- cie de ses prédécesseurs en ce qu’il des fameuses Symphonies pour les l’institution qui a commencé lourd. J’ai eu le rêve de refaire – Le dramaturge Bernard Char- Dame de Paris. Tandis que les instaure au sein de l’œuvre une soupers du Roy (14 octobre). «Le quand j’ai pris la direction du avec Daniel Auteuil ce que Jean treux et moi avons fondé une « Curiosités du Grand Siècle » réha- “dramaturgie” tant sur le plan du seul domaine où Lalande n’a point Théâtre national de Strasbourg. Il Vilar avait fait avec Gérard Phi- compagnie, Studio libre, avec biliteront à la fois les airs de cour sens (versets induisant de véritables porté de fruits est celui de la tragédie y a deux ans, je me suis dit qu’il lipe au TNP. Daniel Auteuil nous laquelle nous voulons monter de Pierre Guédron et les Vêpres dialogues) que de l’architecture (sub- lyrique », précise Jean Duron. «La serait nécessaire, pour mon tra- a donné trois ans, joyeusement. essentiellement des auteurs solennelles de Pierre Menault divisée en parties distinctes entre prétendue préférence pour les vail artistique surtout, de rerépar- Mais il ne pouvait pas sacrifier jus- contemporains et des spectacles dédiées au Père Lachaise, une expo- chœur, solistes et orchestre) », pour- “soupers du roi” est une invention tir les forces, les désirs et les qu’au bout la place qu’il occupe thématiques. Début 2002, nous sition des laques japonaises de suit Jean Duron. du XIXe siècle. La preuve, c’est qu’ils neurones, afin d’entamer une nou- dans le cinéma français. Il avait allons travailler avec les élèves de Marie-Antoinette au Musée natio- nous sont parvenus sans les parties velle période, centrée sur la créa- son chemin à suivre, c’est une cho- première année de l’Ecole régio- nal servira de jalon visuel à l’uni- DES CHOIX ESSENTIELS intermédiaires et que nous avons dû tion et la pédagogie. L’institution, se que je respecte. Sa présence et nale d’acteurs de Cannes (ERAC), vers musical de la reine musicienne En quarante-trois ans de service les compléter. » quand on la pratique avec un celle d’Emmanuelle Béart ont sur un projet, Alice, qui devrait (romances, opéras comiques et à la cour, Lalande a dépassé la puis- A notre tour de rappeler la engagement quotidien et une amené beaucoup de monde à aboutir à un spectacle dans trois musique de chambre). sance tentaculaire du grand Lully : mémoire des absents en précisant sincérité absolue, comme je l’ai Nanterre, mais je me suis rendu ans. Cependant, c’est à Michel- dès 1714, outre l’ensemble des que ces « Journées Lalande » sont fait, ce sont d’abord des person- compte que, malgré tout, on n’ar- – En juillet, après que Catheri- Richard de Lalande que seront charges de compositeur, il possède dédiées à James R. Anthony et nes. Chacune compte. Au bout rivait pas vraiment à fabriquer ce ne Tasca a déclaré qu’il fallait un dévolues derechef les honorifiques les titres de surintendant et de maî- François Lesure, deux grands musi- d’un moment, cela charge, humai- qu’on appelle un public. artiste à la tête du Festival d’Avi- « Grandes Journées » d’ouverture. tre de la musique de la Chambre. cologues récemment disparus qui nement. » Ayant fait cette analyse, j’ai gnon, il a été beaucoup dit que « C’est la première fois que nous con- Point de tentation exhaustive donc ont formé la génération des cher- – Quel regard portez-vous sur quasiment viré de bord et je suis vous pourriez succéder à Ber- sacrons deux années de suite à un dans la programmation proposée cheurs actuels et collaboré de l’évolution de l’institution au entré dans une deuxième période, nard Faivre d’Arcier. même compositeur », affirme Jean par Jean Duron mais des choix façon décisive au Centre de musi- cours des vingt-cinq dernières celle de mon association avec Sta- – La seule solution pour qu’un Duron, directeur scientifique et essentiels. que baroque de Versailles. années ? nislas Nordey. De 1995 à 1997, artiste dirige Avignon serait de artistique du Centre. « Lalande est Dans le domaine religieux, les – Sur le plan strict de l’organisa- nous avons tenté un passage de réduire quantativement le festi- un peu comme Boulez, il a passé sa œuvres de jeunesse de Lalande Marie-Aude Roux tion, elle s’est singulièrement génération à génération. Cela ne val. La réalité économique et vie à réécrire ses œuvres. Cette seront confiées aux formations mai- compliquée. Le projet né à la Libé- s’est pas déroulé comme nous sociologique d’Avignon rend la année, nous avons mis l’accent sur son (Pages et Chantres de la Chapel- e Automne musical du Centre de ration, d’une façon tout à fait arti- l’avions espéré. Cette période chose impossible, en tout cas la jeunesse du compositeur. » le, Grande Ecurie et la Chambre du musique baroque de Versailles. Du sanale, est devenu un tissu extrê- s’est achevée dans la confusion. A pour moi. Peut-être y aura-t-il un Une jeunesse quasi exemplaire. Roy, Maîtrise du Centre de musique 6 octobre au 19 décembre. Grandes mement important et différencié. ce moment-là, j’ai eu très envie jour un artiste qui aura la fibre, Entré à l’âge de neuf ans (1666) à la baroque) sous la direction d’Olivier Journées Lalande, du 6 au 14 octo- J’ai vécu le passage d’un temps où de raccrocher. Marc Dondey est mais il lui faudra être très violent. maîtrise de Saint-Germain l’Auxer- Schneebeli (6 octobre). Celles de la bre. Château de Versailles (Yveli- mon seul partenaire était l’Etat à arrivé dans la maison comme Personnellement, je ne veux plus rois, le fils de marchand-tailleur maturité à Martin Gester et son Par- nes). Tél. : 01-39-20-78-00. Places celui où j’ai à faire avec quatre secrétaire général. Il a eu l’éner- rien diriger du tout. Je préfère cumule à partir de 1679 les postes lement de musique (le 6), aux Arts de 60 F (9,15 ¤) à 230 F (35,06 ¤). partenaires – qui sont de couleur gie et l’amitié de me “prendre par réserver d’autres surprises. » d’organiste (Saint-Louis, le Petit- Florissants de William Christie (le « Passeport pour Michel-Richard politique différente, dans le cas les cheveux”, en me disant que Saint-Antoine, Saint-Gervais et 13), et, pour les musiques des Ténè- de Lalande » (sept concerts) : de de Nanterre –, ce qui complique nous n’allions pas laisser le théâ- Propos recueillis par Saint-Jean-en-Grève). Dès 1680, il bres, à Vincent Dumestre et son 1 140 F (173,79 ¤) à 1 380 F beaucoup la tâche. A cela s’ajoute tre pantelant – il l’était, en termes Brigitte Salino est maître de clavecin de Melles, de Poème harmonique (le 6). (210,38 ¤). 32 / LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 CULTURE Le « Sacre » féministe d’Angelin Preljocaj SORTIR PARIS MONTREUIL (93) Le chorégraphe prend à contre-pied le sens de la partition de Stravinsky magnifiée par Nijinski en 1913 Cool Crooners Les Fausses Confidences Récemment sortis de leur retraite, « J’aime Marivaux parce que cet ces papys chanteurs viennent du auteur n’est ni idéologique, ni LE SACRE DU PRINTEMPS, d’An- Zimbabwe où ils ont commencé politique. Pour lui, tout est double, gelin Preljocaj. Isabelle Arnaud, leur carrière dans les années 1950. il n’y a pas de vérité absolue », dit Nataly Aveillan, Emilio Calca- Avec des voix de gospel et dans la le metteur en scène Alain Milianti gno, Nadine Comminges, Hervé tradition du chant choral zoulou, sur l’un de ses auteurs préférés. Chaussard, Craig Dawson, Ser- ils interprètent un jazz solaire Dans Les Fausses Confidences, gio Diaz Gomez, Sylvain Groud, mêlé de mbaqanga, le style joyeux pièce créée en 1737, amour et Emma Gustafsson, Aurélie sud-africain popularisé par feu argent comptent presque autant. Lobin, Tommy Pascal, Stéphanie Mahlathini et les Mahotella Pour servir les rôles de la riche Pons. Igor Stravinski (musique : Queens. Claquements de doigts, Araminte et du pauvre Dorante, Chicago Orchestra, sous la direc- swing jubilatoire, toniques le directeur du Volcan/Maison tion de Daniel Barenboïm). chorégraphies et optimisme de la culture du Havre a choisi Marion Hewlett (lumières). à tous crins. Une leçon de bonne Elsa Lepoivre et Vincent Dissez. Thierry Leproust (scénographie). humeur. (CD Blue Sky/Globe Montreuil (93). Centre dramatique Eric Bergère (costumes). Music). national, 26, place Jean-Jaurès. Les 5 et 6 octobre, Le Havre, au New Morning, 7-9, rue des Mo Mairie de Montreuil. 20 h 30, Volcan (dans le cadre d’Octobre Petites-Ecuries, Paris-10e. mercredi, vendredi, samedi ; en Normandie), le 9 à Brest, au Mo Château-d’eau. 21 heures, le 5. 19 h 30, jeudi ; 17 heures, Quartz, le 12 à La Rochelle, à La Tél. : 01-45-23-51-41. De 110 F dimanche ; 14 h 30, mardi. Tél. : Coursive. le 18 à Créteil, à la Mai- à 130 F. 01-48-70-48-90. De 56 F à 112 F. son des arts. Les 24 et 25 à Metz, à l’Arsenal. (Publicité)

DIJON de notre envoyée spéciale Après les succès d’Helikopter et de MC 14/22, ballets présentés en mars REGINE WILL à la Maison des arts de Créteil, Ange- L’Elue (Nadine Comminges), nue, émerge de l’orgie, à la fois exténuée et résistante. lin Preljocaj vient de créer à l’Audi- torium de Dijon sa troisième œuvre vierge, dite l’Elue, doit être sacrifiée phes, dans le style des vieillards du Mise à nue par les hommes, comme de la saison : Le Sacre du printemps, au cours d’un rituel qui célèbre le livre Les Belles Endormies, de Yasu- par les femmes, elle dansera, en sur la partition homonyme et saisis- dégel de la nature et le réveil des nari Kawabata. Ces courses sauva- effet, dominant la situation jus- sante d’Igor Stravinsky. Comment sens. D’entrée de jeu, Preljocaj ges, tandis que la musique gronde, qu’au bout. Bien sûr, à la fin, elle succéder au génial Nijinski qui le annonce l’inversion du thème. Une hypnotisante, laissent à penser que tombe. Est-elle une victime ? On premier en 1913 inventa un chef- jeune danseuse, court vêtue, arrive les jeunes filles vont payer cher parierait plutôt qu’elle fait un gros d’œuvre, et à tous ceux qui, après en plein milieu de scène, retrousse l’abandon juvénile de leurs culottes dodo, épuisée par tous ses excès. lui, s’y risquèrent, de Massine à Pina sa jupette et fait glisser sa petite immaculées. Après MC 14/22, dédié aux hommes, Bausch, en passant par Mary Wig- culotte. Emoi dans la salle et glous- On verra bien. Les éléments qui on sent que Preljocaj a saisi l’occa- man, Béjart, Mats Ek, Martha Gra- sements. La jeune fille est rejointe formaient le remblai se transfor- sion de ce Sacre du printemps, qui ham, pour ne citer que quelques par cinq copines qui, avec le même ment en six podiums couverts d’her- l’enthousiasmait si peu, pour rendre noms parmi plus de cinquante. charme très peu angélique, se be sur lesquels nos six interprètes se hommage au sexe féminin. Il trans- Malgré son talent audacieux, mal- livrent au même déshabillage. C’est prélassent, lascives. Les garçons forme l’Elue (superbe Nadine Com- gré sa familiarité avec le répertoire dit : les six sont candidates au rôle font mine de dormir face à ce désir minges) en une créature ambiguë, à GUIDE des Ballets russes – le chorégraphe de l’Elue. Voilà le problème de la vir- féminin clairement exprimé. C’est la la fois exténuée et résistante. français d’origine albanaise a don- ginité régénératrice réglé, ou en mi-temps. Round d’observation. La Cette chorégraphie ne nous plaît né sa propre version de Noces,du passe de l’être. lumière bleue des mers du Sud pas parce qu’elle est, à sa manière, TROUVER SON FILM Scriabine. Evgueni Svetanov (direc- Spectre de la Rose,deParade –, accentue l’effet de sommeil. Mais féministe avec son sextette de fem- tion). Tous les films Paris et régions sur le Salle Pleyel, 252, rue du Faubourg- Preljocaj n’était pas chaud pour SIX DUOS D’UNE FOLLE JEUNESSE déjà la musique a repris, précédant mes ardentes, mais parce qu’elle e o Saint-Honoré, Paris-8 .M Ternes. répondre à la demande du chef d’or- Passons à la suite. Assis sur une l’action. Les filles réveillent les gar- introduit en permanence le doute, Minitel, 3615 LEMONDE, ou tél. : 08-36-68-03-78 (2,23 F/min). 20 heures, le 5. Tél. : 01-56-40-15-16. chestre Daniel Baremboïm, direc- sorte de remblai, six garçons qui les çons en leur enlevant leurs chemi- parce que les hommes ne craignent De 18 F à 49 F. teur du Staatsoper de Berlin (Le observaient avec des airs intéressés ses de couleurs vives (émeraude, vio- pas de s’y montrer très doux, si ce VERNISSAGES William Sheller Sacre y a été donné en mai). Il a eu se mêlent à leurs danses. Certaines let, rouge, bleu). Les deux sexes n’est matés. Parce que les lumières Chaville (Hauts-de-Seine). Atrium, 3, drôlement raison d’accepter : son se laissent attraper du premier sont en noir. Les hommes, torses de Marion Hewlett forment un Henri Matisse parvis Robert-Schumann. 20 h 45, le 5. Galerie Patrice Trigano, 4 bis, rue des Tél. : 01-47-09-70-75. 204 F. Sacre est non seulement totalement coup, d’autres résistent, la scène nus, les filles, en soutien-gorge. La contrepoint narratif statique, intelli- Beaux-Arts, Paris-6e.Mo Saint-Germain- Yann Tiersen, Mickey 3D étonnant, mais fort émouvant. Il finit par un ensemble de six duos chasse est ouverte. La musique n’est gent, face aux déferlements assas- des-Prés. Du 5 octobre au 8 décembre. Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne). fallait toutes les connaissances d’une folle jeunesse, six pas de deux plus qu’appel, quand soudain les sins et sonores de Stravinsky qu’Ar- De 10 heures à 13 heures et de 14 h 30 Salle Jacques-Brel, 164, avenue Gallie- musicales du chorégraphe pour et d’étreinte serrée qui se terminent percussions assourdissent. Scènes thur Honegger qualifia de « bombe à 18 h 30 ; Fermé dimanche et lundi. ni. RER Fontenay-sous-Bois puis bus oser prendre le sujet de la partition au sol. On est loin des vieux bar- de sexe à l’état brut, ou viols collec- atomique de la nouvelle musique ». Tél. : 01-46-34-15-01. 124, arrêt Hôtel-de-Ville. 20 h 30, le 5. à rebrousse-poil. bons de la pièce originale venant se tifs, on ne saurait dire. Jean Dubuffet, une biographie au pas Tél. : 01-48-75-44-88. De 50 F à 100 F. Thomas Fersen On connaît l’histoire : une jeune requinquer auprès de jeunes nym- De cette orgie va émerger l’Elue. de course Dominique Frétard Fondation Dubuffet, 137, rue de Malakoff (Hauts-de-Seine). Théâtre 71, Sèvres, Paris-15e.Mo Duroc. De 14 heu- place du 11-Novembre. Mo Malakoff- INSTANTANÉ res à 18 heures. Fermé dimanche et lun- Plateau-de-Vanves. 20 h 30, le 5. Tél. : di. Du 5 octobre au 12 janvier. Tél. : 01-55-48-91-00. 132 F et 151 F. Guo Wenjing servi par la grâce impériale de Wu Man MARC PERRONE 01-47-34-12-63. 25 F. Goran Bregovic Georg Baselitz, Axel Hütte : Cirque d’hiver Bouglione, 110, rue Amelot, Paris-11e.Mo Filles-du-Calvaire. Après le rendez-vous manqué de stylisation ancestrale et détourne- paysages inhabités EN TOUTE AMITIÉ Galerie Laage-Salomon, 57, rue du 20 h 30, les 5 et 6. 16 heures, le 7. Tél. : FESTIVAL D’AUTOMNE À PARIS. Helmut Lachenmann avec La Petite ment symbolique. Découvert com- Temple, Paris-4e.Mo Hôtel-de-Ville. Du 01-47-00-28-81. De 70 F à 150 F. YE YAN/LA NUIT DU BANQUET Fille aux allumettes (Le Monde du me une sorte d’Arcadie chinoise, le « Vous voulez que je joue enco- 6 octobre au 17 novembre. De 14 heu- Abdelkader Chercham (création). Opéra de Guo Wen- 21 septembre), le Festival d’Autom- palais de Han Xizai s’apparente re ? », interroge Marc Perrone, l’en- Centre culturel algérien, 171, rue de la res à 19 heures ; samedi de 11 heures à e o jing sur un livret de Zou Jingzhi. ne nous devait un exemple réussi ensuite à un lupanar de Hongkong fant d’Italie né en banlieue rouge, 19 heures et sur rendez-vous. Fermé Croix-Nivert, Paris-15 .M Boucicaut. 20 h 30, le 5. Tél. : 01-45-54-95-31. 80 F. Mise en scène : Chen Shi-Zheng. de reconsidération de l’opéra par où les protagonistes se déplacent après une heure de spectacle. Dans dimanche et lundi. Tél. : 01-42- Décors et accessoires : Yi Liming. un créateur contemporain. On l’a en voiture de fête foraine autour la petite salle du Théâtre des Déchar- 78-11-71. RÉGIONS Lumières : Jean Kalman. Costu- presque eu avec Ye Yan (La Nuit du d’une colonne transparente avec geurs, le musicien, assis sur une chai- ENTRÉES IMMÉDIATES mes. : Cheng Shuyi. Avec Jiang banquet), du Chinois Guo Wenjing, dragon éclairé au néon ! se paillée, son accordéon diatoni- Tête d’Or Le Kiosque Théâtre : les places de cer- de Paul Claudel, mise en scène de Qihu, Gong Dongjian, You Hong- donné au théâtre Les Gémeaux de Plus nuancée, la musique de Guo que sur les genoux, large sourire et Claude Buchvald. fei, Tomoko Makuuchi, Gu Hong- Sceaux dans une nouvelle version, Wenjing oscille entre tradition chi- grosse moustache, paraît immense. tains des spectacles vendues le jour même à moitié prix (+ 16 F de commis- Brest (Finistère). Le Quartz, 2-4, ave- zhon et Zhou Wenju, Wu Man à la fois plus développée et plus noise enjolivée et prospection occi- « Oui, une petite heure », s’empres- sion par place). nue Clemenceau. 20 heures, le 6. Tél. : 02-98-33-70-70. 63 F et 124 F. (pipa solo), Ensemble Modern, « tenue » que la précédente datant dentale modérément aventureuse. se de répondre un vieux monsieur Place de la Madeleine et parvis de la Les Chaises Ed Spanjaard (direction). de 1998. Pour sa troisième appari- Le meilleur de la partition se situe assis au premier rang. Et Perrone gare Montparnasse. De 12 h30 à d’Eugène Ionesco, mise en scène de d’enchaîner avec un « tube », Son 20 heures, du mardi au samedi ; de THÉÂTRE LES GÉMEAUX, tion à l’affiche du festival – après entre les deux, dans un espace de Laurent Pelly. 12 h30 à 16 heures, le dimanche. Sceaux (92), le 2 octobre. Tous les un saisissant opéra, Le Village du transition remarquablement occu- éphémère passion. Le même vieil Grenoble (Isère). Centre dramatique Conviction intime et Projection privée soirs à 20 h 45 jusqu’au 6 octobre. louveteau, en 1995 et un édifiant pé au début par les percussions homme se précipite sur le comptoir national des Alpes, 10, rue Ampère. de Rémi De Vos, mise en scène d’Alain Tarifs : 165 F (25,15 ¤) et 195 F concert monographique en 1998 –, puis par le pipa, luth chinois joué de vente des CD de l’accordéoniste- 20 h 30, les 6, 9, 10, 11, 12, 13, 16. Tél. : Barsacq. (29,73 ¤). Tél. : 01-46-61-36-67. Guo Wenjing (né en 1956) confir- sur scène avec une folle autorité conteur. C’est un rituel. A la fin de 04-38-12-16-40. De 40 F à 120 F. Jus- Théâtre de la Tempête, route du qu’au 27 octobre. me son habileté de dramaturge par l’impériale Wu Man. On n’a chaque représentation, le musicien Champ-de-Manœuvre, Paris-12e. o Boucherie de l’espérance dans un langage encore à la recher- bientôt plus d’yeux et d’oreilles rappelle que ses œuvres sont en ven- M Château-de-Vincennes. 20 heures, de Kateb Yacine, mise en scène de che d’un équilibre entre références que pour cette source sonore et te « directe ». Quand on aime, on du mardi au samedi ; 16 h 30, le diman- Gilles Chavassieux et Philippe Mange- nationales et aspirations occi- dramatique capable des plus riches ne compte pas. Et l’amitié, cela se che. Tél. : 01-43-28-36-36. De 60 F à not. dentales. inflexions à travers une multitude partage. 120 F. Jusqu’au 3 novembre. Lyon (Rhône). Théâtre les Ateliers, 5, Six personnages en quête d’auteur rue du Petit-David. 19 h 30, les 6, 8, 9, Reconnaissons toutefois que le de modes de jeu inédits. Ce soir, c’est avec Bernard Lubat. de Luigi Pirandello, mise en scène d’Em- propos de La Nuit du banquet, spec- Fidèle à l’écriture souvent milli- « C’est une belle soirée, il fait beau 10, 11 ; 17 h 30, les 7 et 14 ; 20 h 30, les manuel Demarcy-Mota. 12, 13, 15, 16. Tél. : 04-78-37-46-30. tacle chanté en chinois mandarin métrée de cet opéra avec pipa obli- à Paris », remarque Lubat, autre Théâtre de la Ville, 2, place du Châte- 124 F (il existe d’autres tarifs). Jusqu’au e o avec traduction surtitrée, rend gé, Ed Spanjaard (interprète privilé- musicien du Sud qui s’installe en let, Paris-4 .M Châtelet. 20 h 30, du 4 28 octobre. périlleuse toute entreprise de syn- gié de Guo Wenjing en Europe vidant ses poches de ses instruments au 6. Tél. : 01-42-74-22-77. 98 F et Le Siège de Corinthe thèse esthétique. Le livret ne se avec le Nieuw Ensemble d’Amster- surprises. Avant leur « libre conver- 144 F. Jusqu’au 27 octobre. de Rossini. Maurizio Benini (direction), L’Ombre de Venceslao contente pas, en effet, de restituer dam) obtient de l’Ensemble sation » en public, les deux compa- Massimo Castri (mise en scène). de Copi, mise en scène de Jorge Lavelli. Lyon (Rhône). Opéra Nouvel, 1, place les différentes étapes du rouleau Modern des textures propres à gnons devisaient dans un recoin du Théâtre du Rond-Point, 2 bis, avenue de la Comédie. 20 heures, les 6, 9, 11 et peint Nuits de fête chez Han Xizai, l’épanouissement des chanteurs, hall. Puis Lubat a soutenu son Franklin-Roosevelt, Paris-8e.Mo Fran- 16 ; 16 heures, le 14. Tél. : 04-72- qui fournit la trame de l’opéra, au premier rang desquels s’illus- copain Perrone jusqu’à sa chaise, sur klin-D.-Roosevelt. A partir du 5 octo- 00-45-45. mais se plaît à les confronter systé- trent la basse tout en souplesse de scène. A la sortie, ils se sont étreints. bre. 20 heures, du mardi au samedi ; Orchestre national de France matiquement au point de vue d’un Gong Dongjian (Han Xizai) et le Les amis, Perrone en compte plus 15 heures, le dimanche. Tél. : Œuvre de Stravinsky. Yutaka Sado 01-44-95-98-10. De 60 F à 140 F. Jus- personnage qui ne figure pas sur le ténor strident Jiang Qihu (l’Empe- d’un. Ils sont venus, nombreux, chan- (direction). e qu’au 11 novembre. Rouen (Seine-Maritime). Théâtre des document imagé du X siècle. L’axe reur), néanmoins battus à l’applau- ter avec lui. Arthur H a entonné Orchestre philharmonique Arts, 22, place de la Bourse. 16 heures, narratif s’attache aux motivations dimètre par le mémorable « one Padam, padam, padam…, bientôt de Radio-France le 6. Tél. : 02-32-10-87-07. De 30 F à de l’homme d’Etat Han Xizai qui Wu Man show » de la joueuse de repris en chœur. Tonnerre d’applau- Œuvres de Rachmaninov, Glazounov, 160 F. imagine éviter la charge de premier pipa. dissements. Perrone a un cœur ministre d’un empereur qu’il mépri- immense, ses amis lui ressemblent. se en organisant une soirée de Pierre Gervasoni Perrone n’a rien à cacher, encore débauche censée le rendre indigne moins ses béquilles. S’il préfère arri- de cet honneur aux yeux des deux ver sur scène avant son public, il en peintres mandatés par le souverain ressort après lui. C’est ce qu’il appel- honni. La marge poétique se nour- le faire « de l’antispectacle ». rit des lamentations de l’empereur en fin de règne, Li Yu, qui déplore Catarina Mercuri la disparition « des fleurs printaniè- res et de la lune d’automne ». e Théâtre des Déchargeurs, 3, rue Soucieux de ne pas traiter de des Déchargeurs, Paris-1er. Mo Châ- manière trop moralisatrice le déli- telet. Tire au flanc, de Jean Renoir, cat sujet de la résistance individuel- les 9 et 16 ; Soirée autour de Jean le à un pouvoir politique totalitaire Vigo, les 10 et 17 ; « Voyages », les tout en réagissant contre « l’imita- 5, 12, 13 ; Soirées invités : André tion parfaite et décérébrée d’une Minvielle (le 6) ; Arthur H (le 11) ; société capitaliste » qui caractérise Jacques Di Donato (le 20). A 22 heu- la Chine d’aujourd’hui, le metteur res à chaque fois. Tél. : 01-42- en scène Chen Shi-zheng alterne 36-00-02. 80 F et 100 F. CARNET LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 / 33

DISPARITION AU CARNET DU « MONDE » Mariages – Le 5 octobre 1993, Le Collège des études juives (AIU), l'université Paris-IV Sorbonne Ivan SKOPAN Naissances Brigitte et Michel Franc, et Maryvonne Menget-Le Moal, le CRETM Bertrand et Isabelle BERNHEIM, Patrick Menget, disparaissait. Que tous ceux qui l'ont organisent une conférence-concert Paul, son frère, sont heureux de faire part du mariage de connu et aimé se souviennent. Rakoto Frah sont heureux d'annoncer la naissance de La musique prophétique sa petite sœur, Laurence et Lucas, Martine Skopan, d'Arnold Schoenberg Ian et Estelle Skopan. L’ambassadeur de la flûte malgache Iris, qui aura lieu samedi 6 octobre 2001, à Communications de Danielle Cohen- Carantec (Finistère). Services religieux Lévinas, Alain Didier-Well et Shmuel LÉGENDE de la musique malga- nue à Madagascar, et, dès l’année née le 25 septembre 2001, à Neuilly. Trigano, suivies par un film d'André che, le musicien, chanteur et com- suivante, son effigie apparaît sur Elle fait la joie de Nelly Della Torre, L'association Les Ailes brisées Elbaz. sa grand-mère. Décès vous prie d'assister au service religieux positeur Philibert Rabezaoza, dit un nouveau billet de banque mis – Corinne Bonnet-Barkats, qu'elle fera célébrer, le samedi 6 octobre Concert du Quatuor Albaran Rakoto Frah, est mort samedi en circulation. A partir de 1967, il 62, rue Nollet, son épouse, 2001, à 10 h 30, en la chapelle du Val-de- Quatuor à cordes op.7, n°1. 29 septembre à l’hôpital d’Anta- délaisse ses activités d’aide-boulan- 75017 Paris. Pauline et Mathis, Grâce, à la mémoire des membres du Lundi 15 octobre nanarivo, où il avait été admis en ger et parcourt le monde, se produi- ses enfants, personnel navigant de l'aéronautique (20 heures-23 heures) Les docteurs Jean-Louis Bonnet raison d’une infection pulmonaire. sant jusqu’en Chine et en Australie. Christian et Josiane HEUVET civile et militaire et des parachutistes et Madeleine Bonnet-Gajdos, tombés en service aérien. Il était âgé de soixante-seize ans. ont la grande joie d'annoncer au monde ses parents, Sorbonne, amphithéâtre Richelieu Après le professeur Rakoto Ratsi- TRANSMISSION DU SAVOIR la naissance, le 29 septembre 2001, Marc, Marianne et Nicolas, 17, rue de la Sorbonne mamanga, éminent scientifique, Après une éclipse pendant la dic- à Paris, de leur premier petit-fils, ses frères et sœur, Colloques 75005 Paris (Paf : 50 F) qui s’est éteint également ce mois- tature socialiste de Didier Ratsi- leurs conjoints et leurs enfants, Renseignements : 01-53-32-88-55. Thomas, Bibliothèque Sainte-Geneviève. ci, Madagascar perd un autre de raka, au cours de laquelle il se fond René et Eliane Barkats, ses beaux-parents, Société des Amis de la bibliothèque. ses fils illustres. dans l’Orchestre national et diver- chez Sa famille, Bicentenaire de la naissance Soirées-débats Né dans un village à 60 kilomè- ses formations officielles, Rakoto Kirsten HOHENHÖVEL Et ses amis, de l'architecte Henri-Labrouste. « Les attentats aux Etats-Unis. et David HEUVET. tres de la capitale, Rakoto Frah est Frah réapparaît dans les années ont la tristesse d'annoncer le décès du Cent cinquantenaire de l'inauguration Les démocraties devant le terrorisme ». initié par son oncle et son père, éga- 1990 au centre d’un groupe formé de la bibliothèque Sainte-Geneviève. Soirée-débat, docteur Christophe BONNET, Jeudi 11 octobre 2001, lement chanteur à la cour du roi, à à l’initiative du guitariste Erik Nicole et Jean-Claude GUIRAUDON en partenariat avec La Croix. la sodina, la flûte traditionnelle mal- Manana, Feo-Gasy, avec lequel il colloque international, Le 8 octobre 2001, à 18 h 30, ont la joie d'annoncer la naissance de survenu à l'âge de quarante et un ans, sous la direction scientifique à l'Institut catholique, gache apparue dans l’île au début enregistrera deux albums sous le leurs petits-enfants, le 26 septembre 2001, à Montpellier. de Jean-Michel Leniaud, e e du XIX siècle. Vu ses aptitudes à label Daqui. directeur d'études à l'Ecole pratique 21, rue d'Assas, Paris-6 , manier l’instrument, dès l’âge de Depuis, Rakoto Frah partageait Virgile, J.-L. et M. Bonnet, des hautes études, avec Arun Kapil, François Ernenwein, sept ans il commence à être solli- son temps entre les tournées avec 17, avenue Arnold-Netter, professeur à l'Ecole des chartes. Joseph Maïla et Olivier Mongin. le 14 août 2001, 75012 Paris. Ministère de la recherche, Renseignements : 01-44-39-52-62. cité pour animer fêtes et rituels, le groupe (il devait se produire et notamment celui lié au retour- avec lui en novembre à la Cité de la 1, rue Descartes, Paris-5e. nement des morts (famadihana) musique à Paris dans le cadre d’un Marouchka, – Jean-Claude et Anne-Marie Cachin, Informations : 01-44-41-97-61. Hervé et Marie-Françoise Cachin, Exposition Cours qui a lieu dès la cinquième année cycle consacré aux musiques de le 18 août 2001. Béatrice et Claude Malric, « Voir et revoir l'œuvre de Labrouste », Apprenez à bien vous servir suivant le décès et se déroule Madagascar), l’animation des fêtes ses enfants, du 12 octobre au 9 novembre 2001, de votre ordinateur, pendant la période hivernale. Il et rituels et la transmission de son Olivier et Eve-Marie Cachin, 58, avenue des Chèvrefeuilles, de 10 heures à 18 heures, et bénéficiez en toute liberté d'une fabrique ses flûtes de ses propres savoir aux enfants – un aspect Philippe et Nacera Cachin, sauf dimanche et jours fériés. formation à domicile. Villemoisson-sur-Orge, Nathalie Cachin, mains, d’abord en utilisant l’euca- notamment développé dans le film 91360 Epinay-sur-Orge. Entrée libre sur présentation Christophe et Danielle Cachin, d'une pièce d'identité. Un formateur compétent et pédagogue se lyptus ou le mimosa (plus tard vien- que lui consacra la réalisatrice Delphine et Fabrice de Dianous de la dront le fer, l’aluminium, le cuivre, Camille Marchand (« Le Monde Bibliothèque Sainte-Geneviève, déplace chez vous, quels que soient votre Perrotine, 10, place du Panthéon, Paris-5e. et même le PVC). Radio-Télévision » du 19 juin Anniversaires de naissance Judith Michalet, âge et votre niveau, pour vous apporter Au fil des années, Rakoto Frah 1998). Humble et rieur, Rakoto – 5 octobre 1983 - 5 octobre 2001, ses petits-enfants, des solutions claires et précises à l'utilisation de votre devient une figure symbolique de Frah déclarait adorer voyager et se dix-huit ans déjà. Joséphine, Maxime, Laetitia, Julien, Conférences Noémie, Valentin et Etienne, matériel, la pratique de la bureautique, la musique du pays. En 1958, c’est promettait de vivre au moins jus- Sandre, ses arrière-petits-enfants, Vendredi 5 octobre, de 20 h 15 à 21 h 30 l'Internet et le multimédia. lui que l’on choisit pour accueillir qu’à cent vingt ans, comme son Et toute la famille, L'héritage spirituel de l'humanité le général de Gaulle lors de sa ve- oncle, celui, disait-il, qui lui avait nous t'avons « conté l'histoire que tu ont la tristesse de faire part du décès de Loge unie des théosophes, donné le goût de la flûte. attends, celle qui nous fait le cœur 11 bis, rue Kepler, Paris-16e, meilleur, celle qui te fait les yeux Mme Marcel CACHIN, entrée libre et gratuite. confiants ». née Anne-Marie DELAAGE, Tél. : 01-47-20-42-87. NOMINATIONS Patrick Labesse www.theosophie.asso.fr L'histoire de « ceux qui pensent qu'un survenu le 2 octobre 2001, dans sa MOUVEMENT quatre-vingt-treizième année. Pour toute information, contactez le jour, s'ils le désirent vraiment, tous les 01-46-67-18-90 PRÉFECTORAL JOURNAL OFFICIEL petits garçons et toutes les petites filles Lors du conseil des ministres de pourront, en restant eux-mêmes, avoir La cérémonie religieuse aura lieu le Dimanche 7 octobre, de 17 h 30 à 19 h 30 lundi 8 octobre, à 10 h 30, en l'église mercredi 3 octobre, François Lépi- Au Journal officiel du mercredi des ailes et des bras, être à la fois sur la Quel sens donner à la vie ? COURS D'ARABE terre et au ciel ». Saint-François-de-Sales, 6, rue Loge unie des théosophes, ne, préfet de la région Bourgogne, 3 octobre est publié : Brémontier, Paris-17e. tous niveaux, jour, soir, samedi. b 11 bis, rue Kepler, Paris-16e. préfet de la Côte-d’Or, a été admis Autonomie des jeunes : un Va, la route est ouverte devant toi, ton Inscriptions : AFAC, 01-42-72-20-88. Cet avis tient lieu de faire-part. Entrée libre et gratuite. sur sa demande à faire valoir ses décret relatif à la Commission bagage est prêt, et souviens-toi toujours Tél. : 01-47-20-42-87. droits à la retraite. D’autre part, nationale pour l’autonomie des du secret du renard, l'ami du Petit www.theosophie.asso.fr Communications diverses Philippe Schaefer, sous-préfet de jeunes, créée par la loi du 4 juil- Prince : « On ne voit bien qu'avec le – Pollionnay. Lyon. Paris. Brignoles (Var), a été nommé pré- let 2001 relative à la mise en cœur ; l'essentiel est invisible pour les La Maison des écrivains, yeux. » 53, rue de Verneuil, fet hors cadre, chargé d’une mis- place d’une allocation d’autono- Denise Colin Rothberg, Conférences de l'Etoile : son épouse, le mercredi à 20 h 30 75007 Paris. sion de service public relevant du mie pour les jeunes de seize à Framboise et Chouchounet. Nathalie, gouvernement. vingt-cinq ans. au temple protestant de l'Etoile, sa fille, 54, avenue de la Grande-Armée, Cycle Ecrivains de passage Micheline Colin, Paris-17e à l'occasion de la Saison hongroise : son ex-épouse, Libre participation aux frais. lundi 8 octobre, 20 heures. Martine, Olivier, Christine, Laurent, La poète Zsuzsa Beney sera présentée Cyrille, – Peut-on tirer profit de ses échecs ? par Jánosz Szavai avec la participation ses enfants, le 10 octobre : Gérard Miller, leurs conjoints, J. Arnould, Ysé Tardan-Masquelier. de Maurice Regnaut. Et ses petits-enfants, – La souffrance peut-elle avoir Mardi 9 octobre, 20 heures, ont la douleur d'annoncer le décès de un sens ? le 17 octobre : Sylvie Les romanciers László Krasznahorkai Germain, Guy Coq, Jean Hatzfeld. et Péter Nádas et leurs traducteurs M. Marcel COLIN, – Peut-on apprendre à être Joëlle Dufeuilly et Georges Kassai médaillé de la Résistance française, heureux ? le 24 octobre : Tony seront présentés par Sophie Képès. médecin des hôpitaux, Anatrella, Pascal Bruckner et Isabelle professeur honoraire Graesslé. Entrée : 20 F (gratuit pour les de médecine légale – La foi peut-elle aider à vivre ? adhérents, étudiants, chômeurs). et de psychiatrie sociale, le 7 novembre : Eugen Drewermann, Renseignements au : 01-49-54-68-87. médecin des prisons, Jean-Yves Leloup. président d'honneur – Faut-il avoir peur de ses de l'Association française émotions ? le 14 novembre : François de criminologie, Bizot, André Gounelle, Michel Lacroix. – Comment vivre quand on n'a survenu le mardi 2 octobre 2001, à l'âge plus d'espoir ? le 21 novembre : de soixante-dix-neuf ans. Georges Moustaki, L. Basset, Denis Un adieu aura lieu à son domicile, à Tillinac. Pollionnay, le samedi 6 octobre, à – Peut-on apprendre à accepter les 9 heures, suivi de l'inhumation, dans autres ? le 28 novembre : Marek Halter, l'intimité. Daniel Sibony, Hubert Auque. – Peut-on apprendre à s'aimer soi-même ? le 5 décembre : Bernard – Sa famille, Besret, Jean-Paul Guetny, P. L. Assoun. Et ses amis, – Peut-on choisir sa vie ? le ont la douleur de faire part de la mort de 12 décembre : Bertrand Poirot-Delpech, Mlle Elise FAYET, Jacques Pohier, Gérard Séverin. – Qu'est-ce que le protestantisme ? survenue à Paris, le 23 septembre 2001, le jeudi 13 décembre : Alain Houziaux et dans sa quatre-vingt-sixième année. Louis Pernot, pasteurs à l'Etoile.

Les obsèques ont eu lieu aux Mureaux, le lundi 1er octobre 2001.

De la part de Agnès Tardy.

– Fabrice Lauze et Valérie Caillat, Eliot, son petit-fils,

ont le chagrin de faire part du décès de

e

Bernard LAUZE, 7 numéro d’octobre ,5 auteur-compositeur,

er 4 / F

le 1 octobre, à l'âge de soixante-six ans. 0 Actualité : 3 On se réunira au funérarium de Clichy, 1, avenue du Général-Leclerc, à 8 h 45, vendredi 5 octobre. L’euro à l’école : L'inhumation aura lieu dans le caveau familial, à Brue-Auriac (Var), samedi, à Les difficultés pédagogiques 11 h 30. « Mourir pour chaque mot La monnaie unique au programme des lycées C'est la mort la plus belle. » B.Lauze Le franc résiste dans les manuels 18, rue Simart, 75018 Paris. A Anniversaires de décès – Il y a trois ans, le 5 octobre 1998, ● Université : ce qui doit vraiment changer Christiane COLIN ● Géographie : une discipline qui s’affirme. nous quittait, vaincue par la maladie. ● Attentats : comment aider vos élèves CHEZ Elle est toujours dans nos cœurs. Avec à décrypter les images. VOTRE tout notre amour. MARCHAND DE Gérard, Christèle, Diane, Jacqueline, JOURNAUX Philippe et Emmanuel. Le magazine des enseignants qui avancent 34 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 EN VUE a Démon du sommeil, Funérailles « Tribune juive » en guerre contre le « fascisme vert » d’une entreprise, Si tu découvres un cœur brisé : les romans catastrophe à thème économique font Le périodique français établit un lien entre les réseaux terroristes qui ont frappé les Etats-Unis et ceux qui frappent Israël. un tabac au Japon. Il s’en prend à la « France munichoise » qui fait de Ben Laden « le produit d’Ariel Sharon » a Le séisme de Kobe a plus affecté l’économie japonaise DEPUIS sa nouvelle formule de se des musulmans, notamment te se nomment Hamas, Djihad isla- Tribune juive, financé par des que les attentats de New York janvier 2001, le bimensuel Tribune ceux de France, dont il loue le cal- mique et Hezbollah ». capitaux privés (Jacob Abbou, Jac- le marché américain, estime juive tente de s’imposer comme me. Il n’en a pas moins choisi son Un autre article désigne à la vin- ques Abergel), mais en lien avec le rapport du Fonds monétaire l’organe de référence d’une com- camp, celui du président Bush, seul dicte cette « France munichoise », les intitulions, se veut le forum de international sur les perspectives munauté qui, en France, depuis la garant, écrit l’éditorial, de l’« ordre qui, si elle compatit avec la popula- tous les débats internes à la com- de l’économie mondiale. nouvelle Intifada, se sent isolée et démocratique mondial » et de la vic- tion américaine, règle en fait ses munauté juive. maltraitée par la plupart des toire du « bien » sur le « mal ». comptes avec la politique israélien- A cet égard, le numéro du a Thaksin Shinawatra, premier médias non juifs. Cela l’oblige à ne et établit un lien entre le terroris- 27 septembre ouvre ses colonnes ministre thaïlandais, demande une combativité accrue, dont la COMBATIF, OUVERT me, qui a frappé les Etats-Unis, et à ceux que le point de vue publié aux fonctionnaires de se mettre dernière livraison, du 27 septem- Ceux qui ne partagent pas cette les événements du Proche-Orient par Théo Klein dans Le Monde du au bureau en manches de chemise bre, donne un exemple. Sur une vision, sous prétexte qu’elle serait depuis un an. Cette France muni- 6 septembre – appelant Ariel Sha- pour économiser l’énergie couverture représentant un grou- « naïve ou manichéenne », sont des choise serait celle d’Alain Juppé, de ron à un changement de politique des climatiseurs. pe de militants musulmans, poing « munichois », complices du « fas- Roland Dumas, Robert Hue, Noël – a irrités. Jean Kahn, président du en l’air, traits agressifs, un titre, cisme vert qui gagne le Proche- Mamère, José Bové, accusés de consistoire central, traite Théo a « Personnellement, je suis plutôt « Des années pour triompher du Orient » et qui, croyant y défendre « faire du Saoudien Ben Laden le Klein de « donneur de leçons ». pauvre. L’argent que je dépense fascisme vert », donne le ton d’un la cause arabe, « encouragent ceux produit d’Ariel Sharon », et de ne Lazard Perez, ancien président de appartient à mon mari », numéro qui tranche sur les consi- qui sèment la terreur ». Ces muni- rien proposer pour éradiquer le fas- la communauté juive de Belgique, se défend la princesse saoudienne gnes de modération données par chois sont « les ennemis des popula- cisme vert d’Asie centrale et de reproche à l’avocat français de Hind al-Fassi, épouse du prince les responsables politiques et com- Olivier Guland, directeur de la tions pauvres du tiers-monde, pre- Palestine. Seuls Robert Badinter et « s’autoriser, depuis son salon pari- Turki Ben Abdel Aziz, frère munautaires. rédaction, se défend de faire l’amal- mières victimes du fascisme vert, Alain Madelin échappent à ce pro- sien, à donner des directives du roi Fahd, condamnée par En parlant de « fascisme vert », game entre les terroristes et la mas- dont les représentants en Terre sain- cès de « dérapages anti-israéliens ». péremptoires à Ariel Sharon ». Le défaut par un tribunal du Caire médiateur de la rédaction tran- à trois ans de travaux forcés che : nous ne sommes pas d’ac- pour un vol de bijoux. DANS LA PRESSE sur les paiements saoudiens à ratoires de guerre bactériologique condamnation générale et sans cord avec Théo Klein, écrit-il, mais THE NEW YORK TIMES Al-Qaida. La Syrie vendra des gens en Irak ? Comment se garder ambiguïté des terroristes et de il continuera à s’exprimer dans a Des T-Shirts et des service à thé (Etats-Unis) dans la Bekaa mais protégera ceux contre la désinformation d’es- ceux qui les soutiennent (…). En notre revue. à l’effigie de l’ancien leader serbe William Safire qui sont installés à Damas. De pions pakistanais destinée à nuire clamant qu’ils agissent en leur Journal qui se veut profession- Radovan Karadzic, inculpé a On nous dit que le renseigne- même l’Egypte sonnera l’alarme aux agents indiens chez les Tali- nom et au nom de l’islam, les extré- nel, combatif, ouvert, Tribune jui- de crimes de guerre par le Tribunal ment est au cœur de la mise sur contre les Frères musulmans qui ban, et vice-versa ? En d’autres ter- mistes ternissent l’image de tous ve (12 000 exemplaires) rêve de pénal international, sont en vente pied d’une coalition anti-terroris- veulent tuer Hosni Moubarak mais mes, ne payons-nous pas le châti- leurs correligionnaires. Il n’existe devenir une sorte de Jewish Chroni- dans les boutiques de souvenirs te. Si les Saoudiens, Pakistanais, fermera les yeux sur la brigade Ben ment d’un gang terroriste avec la aucune association entre l’islam et cle (65 000 exemplaires), périodi- de Bijeljina en Bosnie. Egyptiens – et même Iraniens et Laden. promesse de ne pas frapper une la violence ; mais ceux qui se plai- que qui compte dans l’opinion Libyens – partagent avec nous Trop souvent, dans une grande nation terroriste ? gnent d’être victimes de préjugés anglaise. Fort de son décollage a Les cinq cent mille étudiants leurs secrets sur les islamistes, coalition du renseignement, ceux ne devraient pas être surpris par réussi, il sera bientôt distribué étrangers inscrits dans les nous les accueillerons dans le mon- qui sont prêts à moucharder le THE TIMES (Londres) cette vision erronée en Occident dans les kiosques et, pour montrer universités américaines paieront de civilisé et nous leur donnerons Terroriste A hébergent aussi le a Les dirigeants musulmans ont s’ils ne condamnent pas les préten- qu’il est dénué de tout sectarisme, une taxe de 95 dollars pour de l’argent. Cela pourrait aller plus Terroriste B et font du chantage dénoncé les menaces pesant con- tions des fanatiques. Si les modé- ouvrira ses colonnes à la rédaction financer leur mise en fiche après loin : si la Russie nous aide, nous sur le Terroriste C à l’étranger tre leur communauté, demandé la rés veulent emporter le débat de La Croix dans son prochain les attentats du 11 septembre. oublierons la Tchétchénie, et si la (…). Le Congrès doit se demander protection de leurs mosquées et contre la haine prêchée par des numéro, consacré au dialogue Chine nous aide nous céderons sur ce que promet l’administration mis en garde les dirigeants occi- mollahs incultes, ils doivent faire judéo-chrétien. a Sarah Ferguson, duchesse Taïwan. Mais il ne faut pas payer Bush pour quelle sorte de soutien. dentaux contre toute attaque des plus pour empêcher le recrute- d’York, à peine remise de ses trop cher pour trop peu. Les servi- Echangeons-nous des informa- pays islamiques (…) Mais ils ont ment de jeunes de Birmingham ou Henri Tincq émotions – elle s’apprêtait, selon ces saoudiens vont moucharder tions pour traquer Al-Qaida con- été plus discrets sur le premier pas de Finsbury Park pour aller faire son entourage, à se rendre, le jour sur le Hezbollah pro-iranien mais tre la protection de bases terroris- essentiel que doit accomplir la sauter des bombes au Yémen ou e Tribune juive, 46, rue Troyon, des attentats, dans les bureaux pas sur le Hamas, et sûrement pas tes au Liban et en Iran et des labo- communauté musulmane : une au Cachemire. 93210 Sèvres. de son œuvre de charité Chance For Children, au 101e étage de la tour nord du World Trade SUR LA TOILE Center – en aurait aussitôt fondé www.metissacana.sn/oumousy une deuxième pour l’aide CRYPTAGE ET DÉMOCRATIE psychologique aux enfants, a Philip Zimmermann, auteur du selon son agent. Une pionnière africaine de l’Internet, accusée de proxénétisme, clame son innocence célèbre logiciel de cryptage PGP, a publié sur Internet une lettre ouver- a Le film Don’t Say a Word, avec OUMOU SY, l’égérie sénégalaise 12 septembre. Par ailleurs, une te indiquant qu’il ne regrettait pas l’acteur Michael Douglas dans de l’Internet, lauréate 2001 du prix enquête de moralité a établi d’avoir mis son invention gratuite- le rôle d’un psychiatre pour RFI Net, vient de passer plus d’un qu’aucune des jeunes femmes en ment à la disposition de tous, enfants, a pris la tête du box-office mois en prison à Dakar. Elle a été partance pour la Libye n’était même si des terroristes l’ont utilisée nord-américain. mise en liberté provisoire le 2 octo- fichée comme prostituée. pour communiquer en secret. Selon bre, mais l’affaire suit son cours. Face à ce qu’ils considèrent com- lui, « dans les sociétés démocrati- a Alors que le Daily Mail admire Oumou Sy, fondatrice en 1996 du me un déni de justice, les amis ques, les systèmes de cryptage font les « accents churchilliens » Metissacana, le premier cybercafé d’Oumou Sy se sont mobilisés. toujours plus de bien que de mal ». de Tony Blair, champion d’Afrique de l’Ouest, a créé succes- Pour faire pression sur les autori- Ce texte est une réponse à un de la coalition antiterrorriste, sivement un site-portail sur le Séné- tés, Michel Mavros, son mari, dépo- récent article du Washington Post l’Evening Star rappelle qu’« il dirige gal, une société de prestation de se régulièrement des paquets de let- affirmant que, depuis le 11 septem- un gouvernement qui a tout le mal services, puis une boutique en ligne tres de protestation à la présidence bre, M. Zimmermann était rongé du monde a faire arriver pour vendre ses créations de mode sénégalaise. Plusieurs manifesta- par le remords et par la culpabilité. les trains à l’heure ». – car elle est également styliste et tions de rue ont eu lieu, un disque directrice d’une agence de manne- est en préparation. MUSIQUE PAYANTE a Euan, 17 ans, fils de Tony Blair, quins. C’est dans le cadre de cette A Paris, un comité de soutien a Le grand éditeur de musique a mis en fuite ses agresseurs, qui dernière activité qu’elle est aujour- international a été créé, au premier britannique EMI va accorder une tentaient de le dévaliser, samedi d’hui accusée de complicité de rang duquel figurent France Gall, licence de distribution pour le 29 septembre dans le quartier proxénétisme. Sous couvert de l’or- Youssou N’dour, Baba Maal, le marché nord-américain au site de de Swiss Cottage à Londres. ganisation d’un défilé de mode, elle sculpteur Ousmane Sow, la réalisa- vente de musique en ligne Press- aurait participé à la « livraison » trice Laurence Attali ou le cinéaste play (filiale de Sony et Vivendi a Les Suisses, qui saisissent les d’une centaine de jeunes femmes à Cheikh Omar Cissoko. Depuis quel- Universal). EMI est par ailleurs couteaux dans les aéroports depuis de hauts responsables libyens à l’oc- médiation des présidents zambien Sur le plan judiciaire, en revan- ques jours, le comité parisien s’est actionnaire de Musicnet, service les attentats du 11 septembre, casion des festivités du 32e anniver- et togolais pour que les soupçons che, rien n’est réglé. Oumou Sy emparé du site consacré à Oumou concurrent de Pressplay, aux côtés restent, selon le Service helvétique saire de la révolution, organisées le pesant contre le colonel Khadafi a-t-elle trempé dans cette affaire ? Sy sur le portail Metissacana, pour d’AOL Time Warner. Cet accord va d’information agricole, 1er septembre dernier à Tripoli. Cet- soient officiellement écartés : diplo- Ses avocats affirment que le dos- y publier des messages de soutien, dans le sens des recommandations les premiers consommateurs te affaire confuse et rocamboles- matiquement, on a préféré retenir sier d’instruction est vide et récla- des communiqués de presse et une de la commission antitrust amé- de fromage au monde. que a failli entraîner la rupture des l’hypothèse d’un « complot visant à ment un non-lieu, car les trois chronologie détaillée de l’affaire. ricaine. – (Reuters.) relations diplomatiques entre le détériorer l’excellence des relations témoins à charge se sont rétractés www.pressplay.com Christian Colombani Sénégal et la Libye. Il a fallu une entre les deux pays »… lors d’une confrontation dès le Géraldine Faes www.musicnet.com

par Abonnez-vous au pour 26,35 e (172,84 F) mois Bulletin à compléter et renvoyer accompagné de votre relevé d’identité bancaire ou postal à : LE MONDE, Service Abonnements - 60646 Chantilly Cedex Le jeune Boris par Dominique Dhombres Oui, je souhaite recevoir Le Monde pour 26,35a (172,84 F) par mois par prélèvement automatique. ❑ M. ❑ Mme Prénom : Nom : BORIS ELTSINE a été jeune que, Boris Eltsine, quand il se l’autre ne sont parvenus à cons- Adresse : avant d’être vieux. Il a eu le visage faisait élire au suffrage universel truire une démocratie viable en Code postal : Localité : lisse, le sourire enjôleur et le verbe président de la Fédération de Rus- Russie. Le pouvaient-il ? Offre valable jusqu’au 31/12/2001 en France métropolitaine pour un abonnement postal. 101MQPAE fleuri avant de devenir cette statue sie, une première absolue dans Né en 1931 dans un village de de chair mécanique et bouffie qui l’histoire de l’URSS, un saut l’Oural, Boris Eltsine était sorti Autorisation de prélèvements N° NATIONAL D'ÉMETTEUR ORGANISME CRÉANCIER : LE MONDE a du mal à faire un pas et même à périlleux dans l’exercice inconnu ingénieur en BTP de l’institut poly- N° 134031 21 bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05 J'autorise l'établissement teneur de articuler un mot. Alante Alfandari de la démocratie ! technique de Sverdlovsk. Il avait mon compte à effectuer sur ce dernier TITULAIRE DU COMPTE A DÉBITER et Daniel Leconte avaient le grand Mikhaïl Gorbatchev fait preuve été maçon, bétonneur, charpen- les prélèvements pour mon abonnement Nom ...... mérite, hier soir sur Arte, de rappe- d’un humour rétrospectif indénia- tier, menuisier, vitrier, plâtrier, au journal Le Monde. Prénom ...... ler ces évidences oubliées. Et sur- ble quand il rappelle aujourd’hui peintre et grutier afin de connaître N° ...... rue ...... tout, à travers des images extraor- en souriant que c’est lui qui a fait toutes les facettes de son métier. Je resterai libre de suspendre provisoire- Code postal Ville ...... …...... dinaires retrouvées au fin fond des la carrière de son rival, alors sim- Tout cela, on le savait. On nous ment ou d’interrompre mon abonnement à archives audiovisuelles soviéti- ple chef régional du parti à Sverd- avait même beaucoup bassinés tout moment. NOM ET ADRESSE DE L’ÉTABLISSEMENT DU COMPTE A DÉBITER (votre banque, CCP ou Caisse d’épargne) ques, de faire revivre ce passé dis- lovsk, dans l’Oural. Gorbatchev avec ça, jadis, à Moscou. Ce qu’on Date :...... paru. Eh oui, Boris Eltsine a été un était épaté par cet ingénieur, gran- ne nous avait jamais dit, et pour Signature : ...... meneur d’hommes et un séduc- de gueule et qui l’ouvrait, une cause, c’est que son grand-père N° ...... rue ...... teur de foule. Il a été infiniment pointure comme on en voyait peu avait été exécuté, en tant que Code postal Ville ...... plus populaire en Russie que dans la nomenklatura. En faisant « koulak » (ces paysans, prétendu- Mikhaïl Gorbatchev ne l’a jamais « monter » Eltsine à Moscou, ment « riches », qui possédaient IMPORTANT : merci de joindre un relevé DÉSIGNATION DU COMPTE A DÉBITER Code Etablissement Code Guichet N°de compte Clé RIB été. L’avantage de ce documentai- « vous allez vous attirer des quelques vaches et un animal de d’identité bancaire ou postal, à votre autorisa- re, qui s’arrête en 1990, est qu’on ennuis », lui avait dit un ami avisé. trait !) et que son père avait fait tion. Il y en a un dans votre chéquier. ne voit pas la suite, c’est-à-dire Il avait raison. « Eltsine est un trois ans de camp pour la même rai- Pour tout renseignement concernant le portage à domicile, le prélèvement automatique, les tarifs d’abonnement, etc : l’exercice du pouvoir par un auto- destructeur, pas un constructeur », son. Boris l’avait soigneusement Téléphonez au 01.42.17.32.90 de 8h30 à 18h du lundi au vendredi. crate brouillon, velléitaire, alcooli- conclut Gorbatchev. « Correct ! », caché. Il avait, en effet, quelques Pour un changement d’adresse ou une suspension vacances, un numéro exclusif : 0 803 022 021 (0,99FTTC/min) que et corrompu, et surtout la fin, comme dirait Laurence Boccolini. raisons personnelles de haïr le régi- “Le Monde” (USPS=0009729) is published daily for $ 892 per year “Le Monde” 21, bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05, France, periodicals postage paid at lamentable comme on sait. Qu’il C’est Eltsine, et pas Gorbatchev, me dont il a finalement prononcé Champlain N.Y. US, and additionnal mailing offices, POSTMASTER : Send address changes to IMS of N.Y. Box 15-18, Champlain N.Y. 129191518 Pour les abonnements souscrits aux USA : INTERNATIONAL MEDIA SERVICE, Inc. 3330 Pacific Avenue Suite 404 Virginia Beach VA 23-451-2983 USA-Tél. : 800-428-30-03 était beau, courageux et sympathi- qui a défait l’URSS. Ni l’un ni l’acte de décès. RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 / 35 JEUDI 4 OCTOBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 22.30 Thema. Reykjavik, 21.00 Cecilia Bartoli. 16.15 Of Human Hearts aa TÉLÉVISION ARTE des elfes dans la ville. Arte Avec J.-Y. Thibaudet (piano). Mezzo Clarence Brown (Etats-Unis, 21.00 Le Couple franco-allemand. Forum 22.50 Passé sous silence. 22.30 Haydn, Mozart et Schubert 1938, 110 min). TCM 19.00 Voyages, voyages. Goa. aa 22.00 Demain, l'Europe élargie ? Forum Les tueurs fous du Brabant. France 3 par le Wiener Klavier Trio. Mezzo 16.20 Koutousov TF 1 19.45 Arte info, Météo. Vladimir Petrov (Russie, 1944, 20.15 360˚, le reportage GEO. 23.00 Euro, 23.00 Les Ailes du voyage. Les armateurs 22.50 Jerry Lee Lewis. Toronto, 115 min) &. CineClassics 17.25 Beverly Hills. du ciel : l'Atlantique Nord. Voyage a septembre 1969. Canal Jimmy aa 18.15 et 0.30 Exclusif. 20.45 Vénus Beauté (Institut) qu'est-ce qui va changer ? Forum 17.55 Lacenaire Film. Tonie Marshall &. 23.00 La Faune Sauvage 23.40 Egberto Gismonti Trio. Francis Girod (France, 1990, 18.55 Le Bigdil. % 22.30 Thema. MAGAZINES de Madagascar. Nat. Geographic Montréal, juillet 1998. Muzzik 120 min) . CineCinemas 3 20.00 Journal, Tiercé, Météo. aa Europe attitudes : Reykjavik. 23.00 Sur les traces des ancêtres. [1/2]. 23.45 Il Giardino Armonico. 18.05 La Couleur pourpre 20.50 et 0.25 Star Academy. 22.30 Reykjavik, des elfes dans la ville. 20.05 Temps présent. Le pays de l'éléphant blanc. Histoire Enregistré en 1999. Mezzo Steven Spielberg (Etats-Unis, 23.35 Polachromes, Clandestins, le voyage infernal. TSR 1985, 160 min) &. TCM 20.55 Mathieu Corot. L’Inconnue du canal. 23.05 Fernandel par Fernandel. TMC Un taxi pour Reykjavik TÉLÉFILMS aa 22.40 Le Prix de la tentation. Film. Damien Peyret. 20.55 Envoyé spécial. Le pavillon des fous. 18.25 Un cœur qui bat ? Enquêtes en Afghanistan, 23.25 Sur les traces des ancêtres. François Dupeyron (France, Téléfilm. Alan B. McElroy . 23.50 Citizen Cam. Iran et à Londres. France 2 [2/2]. Les Hittites. Histoire 20.40 Le Parasite. Patrick Dewolf. Festival 1990, 100 min) &. TPS Star 0.15 Björk, étoile des neiges. 22.05 Open club. Jean Tulard. CineClassics 23.25 Lonely Planet. Moyen-Orient : 20.45 Beauté fatale. Fritz Kiersch 18.45 Frankenstein aa FRANCE 2 1.05 Massoud, l'Afghan. Syrie, Jordanie et Liban. Planète et Jack Scalia %. 13ème RUE Kenneth Branagh (Etats-Unis, 22.50 L'Actor's Studio. ? 17.20 Qui est qui ? 23.30 La Ferme oubliée 20.50 Alerte rouge. Jerry P. Jacobs %. TF 6 1994, 120 min) . CineCinemas 1 M6 Val Kilmer. Paris Première 20.45 Betsy aa 18.00 Le Groupe. 23.05 Campus, le magazine de l'écrit. par le temps. Odyssée 20.55 La Danse de mort. & 17.00 M comme musique. Claude Chabrol %. TMC Frank Borzage (Etats-Unis, 18.30 Friends . Invité : John Le Carré pour 23.50 Thema. Citizen Cam. Arte 1936, 80 min) &. CineClassics 19.00 On a tout essayé. 17.30 Mariés, deux enfants &. La Constance du jardinier. 23.55 La Grande Famine. [3/3]. 22.10 Fantôme sur l'oreiller. a & La conversation. La guerre économique Pierre Mondy. Festival 20.45 Vénus Beauté (Institut) 19.50 Un gars, une fille. 17.55 Le Clown . L'héritage et les reproches. Histoire entre le Nord et le Sud. Tonie Marshall (France, 1999, 18.55 Charmed &. 22.40 Le Prix de la tentation. 105 min) &. Arte 20.00 et 0.40 Journal, Question ouverte. Invités : Jean-Christophe Rufin ; 0.05 Les French Doctors ? Invité : Jack Lang. 19.54 Le Six Minutes, Météo. Alan B. McElroy . TF 1 22.10 Le Mystère de la plage Philippe Pignarre. dans le piège afghan. France 3 20.40 Météo, Point route. 20.05 Madame est servie &. La critique. Invités : Percy Kemp pour 23.10 En chute libre. John Irvin ?. TF 6 aa 0.15 Thema. Björk, étoile des neiges. Arte perdue 20.55 Envoyé spécial. 20.40 Caméra Café. Moore le Maure ; Edwy Plenel, John Sturges (Etats-Unis, 1950, directeur de la rédaction du Monde, SÉRIES 95 min). TCM 23.05 Campus, le magazine de l'écrit. 20.50 Popstars. [3/14]. pour Secrets de jeunesse. France 2 SPORTS EN DIRECT 22.25 Sommersby aa 1.05 Nikita. Avant de m'endormir %. 21.50 Ally McBeal. La dernière vierge &. 20.50 Washington Police. 22.45 L'esprit de Noël. Championnat D 2 : Le prix Lillie Sykes. Série Club Jon Amiel (Etats-Unis, 1992, DOCUMENTAIRES 20.30 Football. 110 min) &. CineCinemas 2 23.35 Suspiria aa Nîmes - Nancy. Eurosport 20.55 Mathieu Corot. FRANCE 3 22.35 Monsieur Hire aa Film. Dario Argento !. 20.15 360˚, le reportage GEO. 20.30 Basket-ball. Supercoupe d'Europe. L'Inconnue du canal. TF 1 Papy gaucho. Arte Patrice Leconte (France, 1989, 17.50 C'est pas sorcier. Finale. Pathé Sport 21.40 The Practice. Dans l'arène. 80 min) &. Cinéstar 2 18.20 Questions pour un champion. 21.30 Animaux Coup de poker. Série Club 22.50 West Side Story aa 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. RADIO MUSIQUE & intelligents. National Geographic 21.50 Ally McBeal. La dernière vierge . Robert Wise et 20.15 Tout le sport. 22.15 Staline et les pionniers L'esprit de Noël. M6 Jerome Robbins (Etats-Unis, 1960, 20.35 et 23.30 Saint-Saëns. Havanaise 150 min) &. Téva 20.25 Tous égaux. FRANCE-CULTURE pour violon et orchestre, opus 83. 0.00 New York District. de l'Arctique. Odyssée % ème 20.55 Viens chez moi, Avec Raphaël Oleg (violon). Vol à l'adoption (v.o.). . 13 RUE 20.30 Fiction 30. La Chaîne Histoire 22.20 Grace Kelly. Par l'Orchestre de la Suisse italienne, j'habite chez une copine Huntsville Inn, d'Yves Nilly. 1.00 Chapeau melon et bottes de cuir. Film. Patrice Leconte. 22.30 Gao Rang, riz grillé. Planète dir. Mario Venzago. Mezzo La chasse au trésor. Série Club 21.00 Le Gai Savoir. 22.20 Météo, Soir 3. 22.10 Multipistes. 22.50 Passé sous silence. Les tueurs fous du Brabant. 22.30 Surpris par la nuit. 0.05 Les French Doctors 0.05 Du jour au lendemain. Cees Nooteboom (Le Jour des morts). dans le piège afghan. FRANCE-MUSIQUES Arte Arte CineClassics CANAL + 20.00 Festival de musique 20.45 Vénus Beauté (Institut) a 22.30 Thema : 23.00 Austerlitz aa 16.30 Coluche à la télé &. a de chambre de Delft. 17.00 Tchao pantin Œuvres de Messiaen, Schubert. La vie amoureuse de trois femmes, Europe attitudes, Reykjavik En cette semaine « napoléonien- Film. Claude Berri %. Nathalie Baye, Audrey Tautou et Enfin une façon de parler de l'Euro- ne » sur CineClassics, cette évoca- f 22.00 En attendant la nuit. En clair jusqu'à 18.29 23.00 Jazz, suivez le thème. Girl Talk. & Emmanuelle Seigner, travaillant pe qui ne soit ni pontifiante ni bêti- tion, en couleurs, des débuts du Pre- 18.30 Les Simpson . 0.00 Extérieur nuit. dans un institut de beauté parisien. fiante. Impulsée par Karen Michael mier Empire et de la bataille d'Aus- f En clair jusqu'à 20.44 Une plaisante comédie sentimen- (Arte France, en coproduction avec terlitz est la seule qui soit fidèle à 18.55 + de cinéma. aa RADIO CLASSIQUE tale, à la fois mélancolique et cruelle, Agat Films & Cie, Gloria Films et l'Histoire et à l'imagerie populaire 23.00 Austerlitz 19.30 Le Journal, Le Zapping. Abel Gance. Avec Pierre Mondy, 19.55 Les Guignols de l'info. 20.00 Les Rendez-vous du soir. réalisée par Tonie Marshall. Lors des Morgane Production), la collection de l'empereur, incarné avec vraisem- Martine Carol (France - Italie, Œuvres de Biber, Schickhardt, Bach. & 20.05 Burger Quiz. Césars 1999, le film reçut trois tro- « Europe Attitude » articule son pro- blance par Pierre Mondy. Depuis 1960, 165 min) . CineClassics 20.40 Colette, critique musical. 23.35 Suspiria aa 20.45 Fish and Chips Œuvres de Berlioz, Franck, phées (meilleur scénario, meilleure pos autour et avec de jeunes adultes son Napoléon, fresque du cinéma Dario Argento (Italie, 1977, Film. Damien O'Donnell. Saint-Saëns, Fauré, Debussy, Indy, réalisation et meilleur film), Audrey de grandes villes européennes. muet, Abel Gance rêvait à cet Aus- 99 min) !. M6 22.15 Boys Don't Cry aa R. Schumann, Wagner, R. Strauss. aa Film. Kimberly Peirce (v.o.) !. Tautou recevant en outre le César du Ouverture aujourd'hui avec Reykja- terlitz qu'il put enfin tourner avec 2.15 Les Noces de Dieu 22.35 Les Rendez-vous du soir (suite). Joao Monteiro (Fr. - Port., 0.10 The House of Yes Œuvres de Rimsky-Korsakov, meilleur espoir féminin. vik (Islande). une interprétation internationale. 1998, v.o., 145 min) %. CineCinemas 2 Film. Mark S. Waters (v.o.) %. Stravinsky, Poulenc, Ravel.

VENDREDI 5 OCTOBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 19.00 Biographie. MUSIQUE 13.35 Qu'est-ce que maman TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE Harry Truman. La Chaîne Histoire comprend à l'amour ? aa 21.00 Musique sacrée, 19.05 L'Inde en instantanés. Planète 19.45 Tony Bennett. En juin 1985, 13.45 Le Journal de la santé. Vincente Minnelli (Etats-Unis, TF 1 sacrée musique. Forum 19.45 Les Mystères de l'Histoire. lors du Festival de Montréal. Muzzik 1958, 100 min). TCM 14.05 Henri Curiel, aa 22.00 L'Interprète et la musique, La fin du monde. La Chaîne Histoire 20.35 et 23.30 La Valse (à deux pianos), 14.00 Une île au soleil 13.50 Les Feux de l'amour. itinéraire d'un combattant de Ravel. Avec Martha Argerich Robert Rossen (Etats-Unis, de la paix et de la liberté. un monde sensible. Forum 20.00 Les Secrets & 14.40 Une femme dans l'ombre. (piano), Nelson Freire (piano). Mezzo 1957, 115 min) . CineCinemas 1 15.05 Domus 5, de Rio de Janeiro. Voyage aa Téléfilm. James Hayman. 23.00 Musique, y a-t-il encore 21.00 Chick Corea and Friends. 15.55 Lacenaire 16.35 Passions. c'est comment chez vous ? une guerre des tons ? Forum 20.00 Le Gorille Lors du Festival de jazz, en 1982. Muzzik Francis Girod (France, 1990, 120 min) %. CineCinemas 1 17.25 Beverly Hills. 16.00 Les Derniers Jours de Zeugma. des villes. National Geographic 22.00 Nice Jazz Festival 1998. 16.50 Le Diable boiteux aa 18.15 Exclusif. 17.00 Image et science. MAGAZINES 20.15 360˚, le reportage GEO. Avec Laurent De Wilde ; Prysm ; 18.55 Le Bigdil. 17.30 100 % question. Le Vénérable Grand-Père massaï. Arte Jacky Terrasson ; Michel Petrucciani. Sacha Guitry (France, 1948, 15.05 Domus 5, c'est comment Dir. Michel Leeb. Muzzik 130 min) &. Histoire 20.00 Journal, Météo, Trafic infos. 18.05 C dans l'air. 20.25 Chroniques d'Hollywood. Histoire chez vous ? 22.20 The Artist. 18.55 Show Boat aa 20.45 et 1.30 Star Academy. 18.57 Météo. Spécial Designers. La Cinquième 20.25 Les Mystères de la Bible. A Minneapolis, en 1999. Canal Jimmy George Sidney (Etats-Unis, 1951, 20.50 Les Enfants de la télé. 19.00 Tracks. Samson et Dalila. La Chaîne Histoire 110 min). TCM 19.45 Arte info, Météo. 16.15 Cartoon Factory. 23.05 « Poème », opus 25, de Chausson. aa 23.10 Sans aucun doute. « Lindy's Cat », 1927. « Tom 20.30 Papouasie-Nouvelle-Guinée, Avec Asuka Sezaki (violon), 19.00 Cœurs brûlés 20.15 360˚, le reportage GEO. and Jerry in the Bag », 1932. « Popeye colonie australienne. Planète Masao Kitsutaka (piano). Mezzo Josef von Sternberg (Etats-Unis, 1930, 85 min) &. Histoire FRANCE 2 20.45 Que la barque se brise, the Sailor meets Ali Baba and the 21.00 Civilisations. 23.15 Nice Jazz Festival 1999 que la jonque s'entrouvre. Forty Thieves », 1937. CineClassics 21.00 Certains l'aiment chaud aaa & Histoire de l'esclavage aux Etats-Unis. (programme 6). Muzzik 13.45 Derrick . Téléfilm. Rithy Panh. 17.00 Les Lumières du music-hall. [1/2]. Le long voile sombre. Histoire Billy Wilder (Etats-Unis, 1959, 15.50 Mort suspecte &. 23.45 L'Amour des trois oranges. v.o., 120 min) &. Cinétoile 22.15 La Vie en face. Noir comment ? Boris Vian. 21.00 Sri Lanka, la terre promise. Voyage 16.50 Des chiffres et des lettres. Hervé Vilard. Paris Première Opéra de Prokofiev. En 1982, 21.00 Furyo aa 23.10 Profil. Ingrid Caven. 21.10 Seconde Guerre mondiale. lors du Festival d'opéra. Mezzo 17.20 Qui est qui ? 0.20 Le Dessous des cartes. 18.05 C dans l'air. La Cinquième Nagisa Oshima (GB - Jap., Blocus. La Chaîne Histoire 0.50 The Nat « King » Cole Show 19. 1982, 120 min) ?. Cinéfaz 18.00 Le Groupe. 0.35 Le Bal des vampires aa 18.25 Open club. Jean Tulard. CineClassics 21.45 Mère Teresa, En 1957. Muzzik 21.00 Agustina de Aragon aa 18.30 Friends &. Film. Roman Polanski (v.o.). 19.00 Explorer. Les Oiseaux Macareux. l'amour en action. Odyssée Juan de Orduna (Espagne, 1950, 19.00 On a tout essayé. A l'affût de l'Instant : un photographe TÉLÉFILMS 125 min) &. CineClassics 21.45 Lietuva, Lituanie libre. 19.50 Un gars, une fille. M6 aux frontières du Brésil. Le Berger 22.30 Le Guet-apens aa et la Bergère. National Geographic [1/2]. Le défi de Gediminas. Histoire 19.30 Un château au soleil. 20.00 et 0.30 Journal, Météo. 13.35 Scandale aux urgences. Robert Mazoyer. [2/6]. Festival Sam Peckinpah (Etats-Unis, & 19.00 Tracks. Tribal : Trashmen. 22.00 Biographie. Diana face 1972, 120 min) ?. CineCinemas 3 20.50 Une soirée, deux polars. Téléfilm. Lesli Linka Glatter . 20.45 Que la barque se brise, La Crim'. Mort au rat. & Dream : Cui jan. Live : Air. Arte à son destin. La Chaîne Histoire 22.40 Corps à cœur aa 15.10 Demain à la une . 21.50 Central nuit. Parole de flic. & 20.10 La Vie des médias. 22.00 Sur la route. Amazonie, que la jonque s'entrouvre. Paul Vecchiali (France, % 16.00 Central Park West . Rithy Panh. Arte 22.55 New York 911. Œil pour œil . Invité : Pascal Nègre. LCI un opéra dans la jungle. Voyage 1978, 125 min). Festival 23.50 Guerre de quartier ?. 16.55 M comme musique. 20.50 Thalassa. Escale à Bakou. France 3 22.00 Impact mortel. National Geographic 20.45 Une mort à petites doses. 22.50 Broken Arrow aa 0.55 Histoires courtes. 17.30 Mariés, deux enfants &. Sondra Locke %. RTL 9 Noir comment ? Arte John Woo (Etats-Unis, 1996, 17.55 Le Clown &. 21.00 Recto Verso. 22.15 La Vie en face. & Invité : Pierre Cardin. Paris Première 20.55 Les Maîtres du pain. 110 min) . TPS Star 18.55 Charmed &. 22.25 Les Nouveaux Détectives. Hervé Baslé. [3/3] %. Monte-Carlo TMC aa FRANCE 3 21.15 Rock Press Club. Complices. 13ème RUE 23.00 Tokyo Eyes 19.54 Le Six Minutes, Météo. Le funk. Canal Jimmy 21.10 Gardiens de la mer. Jean-Pierre Limosin (France - Japon, 13.55 C'est mon choix. & 22.40 Un mariage masaï. Odyssée Christiane Leherissey. Festival 1999, v.o., 95 min) &. Cinéfaz 20.05 Madame est servie . 22.45 On ne peut pas plaire 15.00 Femmes en blanc. 20.40 Caméra Café. 22.45 Histoire des inventions. 22.40 Papa veut pas que je t'épouse. 23.05 Betsy aa Téléfilm. Jerry London. [2/2]. à tout le monde. [4/6]. Inventer pour inventer. Histoire Patrick Volson &. Téva Frank Borzage (Etats-Unis, 16.30 MNK, A toi l'actu@. 20.50 Graines de star. Avec Ariane Massenet, Alexis Trégarot, 23.00 La Fête de l'ours. Planète 1936, 95 min) &. CineClassics 23.25 Profiler. L'ombre des archanges %. Stéphane Blakowski. France 3 17.50 C'est pas sorcier. 0.10 Œil pour œil %. 23.00 Survivre dans COURTS MÉTRAGES 18.20 Questions pour un champion. DOCUMENTAIRES le Sahara. National Geographic 0.55 Histoires courtes. 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. 23.10 Profil. Ingrid Caven. Arte D'amour et d'eau fraîche % ; 20.10 Tout le sport. RADIO 17.00 Image et science. Part d'ombre &. France 2 20.20 Tous égaux. [4/4]. Robot sapiens. La Cinquième 23.30 Les Mystères de l'histoire. Les Mayas. La Chaîne Histoire 20.50 Thalassa. Escale à Bakou. FRANCE-CULTURE 17.20 Au-delà des mers, SÉRIES 22.20 Météo, Soir 3. 23.30 Portrait de famille. 19.30 Appel d'air. l'héritage portugais. [5/5]. Le Paris des Auvergnats. Planète 18.30 Friends. [1/2]. Celui qui retrouve 22.45 On ne peut pas plaire Echanges et communication. Planète 20.30 Black and Blue. 23.40 Histoire du jazz français. son singe &. France 2 à tout le monde. 17.35 La Caverne [2/3]. 1940-1960. Histoire 18.50 La Vie à cinq. 0.30 Ombre et lumière. 21.30 Cultures d'Islam. De Byzance à Istanbul. Invité : Stéphane Yerasimos. des salonganes. Monte-Carlo TMC Une vie meilleure &. Téva 0.55 Les Envahisseurs. 0.35 Les Grands Parcs canadiens. 22.10 Multipistes. Le Parc national des glaciers. Odyssée 19.55 Homicide [2/2] %. Série Club Action de commando. 18.00 Hollywood stories. Donald Trump 22.30 Surpris par la nuit. et Mickey Rourke. Paris Première 20.50 La Crim'. DANSE Mort au rat. France 2 0.05 Du jour au lendemain. 18.00 Les Brûlures de l'histoire. Staline CANAL + Rosetta Loy (La Porte de l'eau). en Espagne. La Chaîne Histoire 23.25 Profiler. 21.00 Giselle. Chorégraphie de Patrice Bart. f En clair jusqu'à 13.30 18.00 Nulla Pambu, le serpent L'ombre des archanges %. Musique d'Adam. Par le ballet de la Œil pour œil %. M6 13.25 Le Zapping. FRANCE-MUSIQUES bienfaiteur. National Geographic Scala. Avec Alessandra Ferri (Giselle), Massimo Murru (Albrecht), Maurizio 23.25 Lexx. 13.30 La Grande Course. 18.00 Le Jazz est un roman. ème aa 18.10 Cinq colonnes à la une. Planète Vanadia (Hilarion), Maurizia Luceri La roue de l'infortune. 13 RUE 0.15 Lumière d'été 14.00 Le Bossu a & 19.05 Le Tour d'écoute. 18.30 Taxi pour l'Amérique. (Bathilde). L'Orchestre du Teatro Celui qui réglait Jean Grémillon. Film. Philippe de Broca . 23.50 Friends. Avec Madeleine Robinson, 20.00 Concert franco-allemand. La République dominicaine. Voyage alla Scala, dir. Paul Connelly. Mezzo le mariage (v.o.). &. Canal Jimmy 15.45 Spin City. Pierre Brasseur (France, 1943, a Par le Kammermusik Tchaïkobski, 18.30 Wild Ones. L'ami 22.55 Le « Pas de deux » du Corsaire. 0.55 Les Envahisseurs. 110 min) &. Cinétoile 16.25 Rushmore dir. Hugh Wolff, Quirine Viersen, des dauphins. National Geographic Chorégraphie de Marius Petipa. Action de commando. France 3 aa Film. Wes Anderson &. violoncelle. Musique d'Adam. Saint-Pétersbourg. 0.35 Le Bal des vampires % Œuvres de Ives, Bloch, Sibelius. 18.30 Un siècle de musique d'orchestre. 1.00 Chapeau melon et bottes de cuir. Roman Polanski (Grande-Bretagne, 18.05 Lain . Avec Lioubov Kounakova (Médora), f 22.30 Alla Breve (rediff.). [7/7]. Héritages et avenir. Mezzo Farouk Rouzymatov Meurtres à épisodes. Série Club 1967, v.o., 105 min). Arte En clair jusqu'à 20.59 18.35 Skywalkers. Odyssée (le corsaire). Mezzo 2.20 Metrosexuality (v.o.) %. Canal Jimmy 18.30 Les Simpson &. 22.45 Jazz-club. Le trio de Sylvain Beuf, saxophone, avec Diego Imbert, 18.55 + de cinéma. contrebasse et Frank Agulhon, batterie. 19.29 Résultats et rapports. 19.30 Le Journal. RADIO CLASSIQUE 19.50 Le Zapping. 19.55 Les Guignols de l'info. 20.00 Les Rendez-vous du soir. besoin de passer par la fiction. Imagi- 20.05 Burger Quiz. Œuvres de Ivanov, Borodine, Arte CineClassics Chostakovitch. nant une histoire d’amour entre une 20.45 Encore + de cinéma. 20.40 Nikolaus Harnoncourt, aa 21.00 La Nuit des chauves-souris 20.45 Que la barque se brise, rescapée du génocide cambodgien 21.00 Agustina de Aragon ? chef d'orchestre. er Film. Louis Morneau . que la jonque s’entrouvre et un ancien boat-people vietna- 1808, Napoléon I place son frère & Œuvres de Schubert, Beethoven, 22.30 Titus. La rupture . Mendelssohn, Strauss fils, Dvorak. Sous-tendu par une interrogation mien, le réalisateur mettra en exer- Joseph sur le trône d’Espagne. S’en- 23.00 La Fin des temps 22.55 Les Rendez-vous du soir (suite). qui travaille le cinéaste Rithy Panh gue la souffrance et le désespoir suit le soulèvement du pays. Agusti- Film. Peter Hyams ?. Œuvres de Mozart, Dussek, Kraus. depuis très longtemps, son téléfilm enfouis au plus profond d’eux- na (Aurora Bautista), jeune révolu- débute par un constat fait par une mêmes. Pourtant, Bopha (Vantha tionnaire, est amenée à protéger et SIGNIFICATION DES SYMBOLES vieille religieuse cambodgienne réfu- Talisman) et Minh (Eric N’Guyen) à faire sortir de la ville un émissai- Les codes du CSA Les cotes des films giée en France pour éviter le régime semblent maître de leur vie, très re. Ce film de Juan de Orduna, iné- 0.40 Indiscrétions aa & Tous publics aaa On peut voir d’atrocités de Pol Pot. Comment vit- entourés. Mais, sous cette façade dit en France, débute en roman George Cukor. % Accord parental souhaitable a aa A ne pas manquer Avec Katharine Hepburn, ? aaa on quand on a échappé à une tragé- lisse, il y a la solitude, l’exil et le déra- picaresque puis se centre sur les Accord parental indispensable Chef-d’œuvre ou classique Cary Grant (Etats-Unis, 1940, ? Les symboles spéciaux de Canal + & ou interdit aux moins de 12 ans die comme celle-là ? Que se pas- cinement. Hantés par un passé qu’ils deux sièges de Saragosse. Scènes v.o., 110 min) . CineClassics ! Public adulte DD Dernière diffusion se-t-il dans la tête des survivants ? voudraient oublier, ils se sentent spectaculaires de bataille, produc- 0.40 Monsieur Hire aa ? Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Patrice Leconte (France, 1989, # Interdit aux moins de 18 ans les sourds et malentendants Pour répondre, Rithy Panh a eu coupables d’être restés en vie. tion franquiste de prestige. En v.o. 75 min) &. TPS Star 36

VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 Point d’argent... Le regain de tension fait avorter la deuxième par Pierre Georges rencontre entre Shimon Pérès et Yasser Arafat AYANT de l’économie une que nous n’aurions jamais imagi- approche assez romanesque, né un seul instant s’est produit. mais guère plus au fond que cel- Des avions de la Swissair cloués L’armée israélienne n’exclut pas la reprise d’actions offensives dans les zones autonomes palestiniennes le des prévisionnistes, il nous au sol (formidable, soit dit en faut dire ici et maintenant en passant, cet autre cliché de JÉRUSALEM incursion dans le nord de la bande zone de la vieille ville restée sous le bre, a fait les frais de ce nouvel quelle stupéfaction nous laisse l’avion cloué au sol comme de notre correspondant de Gaza, laquelle avait entraîné la contrôle des Israéliens et où est ins- accès de violence. L’armée israé- la déconfiture de la Swissair. papillon pour entomologiste Israël et l’Autorité palestinienne mort de six Palestiniens, dont deux tallée une petite communauté de lienne a indiqué ne plus exclure à Comment, quoi, qu’est-ce ! ? aéroportuaire). Des avions ont annulé les contacts prévus, agriculteurs, est restée sur ses posi- colons radicaux. Deux femmes ont l’avenir la reprise d’actions offensi- Voici une compagnie que notre cloués au sol donc. Les réservoirs mercredi 3 octobre, à la suite de tions. Par ailleurs, un enfant palesti- été blessées. Plus tard dans la soi- ves, comme les incursions en zones imaginaire avait, une fois pour à sec, sonnant atrocement le l’attaque par deux activistes du nien a été légèrement blessé par rée, deux Israéliens ont également autonomes palestiniennes, et les toutes, classifiée, par clichés, au vide, et faisant, peut-on le dire, Mouvement de la résistance islami- des tirs de soldats israéliens près de été blessés à la suite de tirs dans la mesures prévues pour alléger le rang des entreprises heureuses la manche aux pompes à kérosè- que (Hamas) d’une colonie de la Rafah, dans le sud de la bande de partie orientale de Jérusalem. blocus qui pèse sur les principales et des institutions insubmersi- ne. Un peu de kérosène, s’il vous bande de Gaza. L’opération, perpé- Gaza. Le dialogue difficile engagé entre villes palestiniennes ont été annu- bles. La Swissair, avion blanc, plaît, pour une pauvre compa- trée la veille, s’était soldée par la A Hébron, les festivités prévues les deux parties depuis la rencontre lées. Dore Gold, conseiller d’Ariel croix rouge, déjà tout un pro- gnie suisse dans la débine ! mort de deux militaires israéliens, à l’occasion de la fête juive de Souk- entre le chef de l’Autorité palesti- Sharon, a estimé que M. Arafat gramme de sécurisation du pas- Et sait-on ce que répondirent dont une jeune femme, et des deux kot ont été troublées par des tirs nienne, Yasser Arafat, et le minis- avait « ridiculisé » le cessez-le-feu. sager, nous paraissait plus que les pompistes, avec une belle et assaillants. L’armée israélienne, qui palestiniens en provenance de la tre israélien des affaires étrangè- De son côté, le ministre palestinien sûre : inscrite à l’inventaire patri- culturelle férocité et unanimité : avait mené en représailles une colline d’Abou Sneih qui domine la res, Shimon Pérès, le 26 septem- de l’information, Yasser Abed Rab- monial des tranquilles certitu- Point d’argent ? Point de Swis- bo, a estimé que « la coalition du des suisses. sair ! Voilà où l’on en est, où mal qui lie Sharon à l’armée veut fai- Sécurité, ponctualité, confort, l’on en fut plutôt, jusqu’à ce que re échouer toute solution politique ». voilà la Swissair telle qu’elle le gouvernement suisse et les Le berbère devrait devenir langue nationale en Algérie La tension s’est étendue au nord nous apparaissait : la compa- banques, pour effacer cette hon- du pays, où les positions israélien- gnie des coffres-forts à réac- te nationale, ne mettent la main LA LANGUE berbère (le tama- « juste indemnisation » est prévue à ou pas la manifestation. A la nes installées dans le secteur con- teurs, l’antichambre déjà d’un au portefeuille pour déclouer zight) deviendra – au côté de l’arabe leur profit. Des « poursuites judiciai- mi-juin, un rassemblement – inter- testé des fermes de Chebaa ont été pays voguant dans l’azur au-des- momentanément les engins. – langue nationale en Algérie, a déci- res » seront en outre engagées con- dit – à Alger avait tourné à l’émeute la cible de tirs de mortier du Hez- sus des turbulences économi- Il n’empêche. Quelle affaire, dé le président Abdelaziz Boutefli- tre les « responsables des crimes et et s’était soldé par la mort de bollah libanais. Ces tirs n’ont pas ques et vulgaires soubresauts tout de même ! Les Suisses ont ka. Inattendue, la décision du chef des assassinats ». Enfin, est prévu un six personnes. fait de blessés. L’artillerie israélien- monétaires. reçu la Swissair sur la tête. de l’Etat a été annoncée, mercredi réaménagement des « structures de Le communiqué du chef du gou- ne a riposté et quelques obus sont Pour dire comme les clichés Tenez, pas plus tard qu’hier soir, soir 3 octobre, par un communiqué sécurité » dans les régions de Kaby- vernement a semé la confusion par- tombés sur le village libanais de aident à l’ordonnancement de la à la télévision, juste après les tali- du gouvernement qui rendait comp- lie où des « dépassements » par les mi les Kabyles. Une partie des res- Kfar Chouba sans faire de victimes. pensée, nous étions arrivés à cet- bans, que vit-on ? Une hôtesse, te d’une rencontre le jour même forces de l’ordre ont été constatés. ponsables de la communauté Il s’agit du premier accrochage te conviction que si le monde dont Dutronc ce farceur nous entre le premier ministre, Ali Benflis, L’annonce de ces mesures a été fai- étaient en effet dans l’ignorance de armé dans la zone frontalière reste le monde et la Suisse la suggéra vaguement que toute sa et des représentants des comités de te moins de quarante-huit heures la rencontre de mercredi dans depuis le mois de juillet. Enfin, le Suisse, il y avait quatre choses vie elle avait rêvé d’être à la village et de tribu (les archs) de Kaby- avant le début d’une marche qui ven- laquelle ils voient une manœuvre Front populaire de libération de la dont nos voisins pouvaient Swissair, une hôtesse en larmes lie. Ces derniers incarnent le mouve- dredi, en fin de matinée, doit réunir pour affaiblir leur mouvement. La Palestine (FPLP) s’est donné mer- garantir, à tout jamais, la péren- donc pour avoir vu son monde, ment de protestation qui, après la dans le centre d’Alger plusieurs mil- coordination qui prépare la marche credi un nouveau responsable en nité : la teneur en cacao du cho- sa vie et ses certitudes en panne mort d’un lycéen au printemps, a liers de manifestants avec pour de vendredi a d’ailleurs tenu à réaf- remplacement de Abou Ali Mousta- colat ; la teneur en blindage du sèche. Et ce matin, à la radio, cet fait, au cours de multiples affronte- objectif de remettre au chef de l’Etat firmer, mercredi, que personne pha, assassiné par Israël le 27 août secret bancaire ; la teneur en autre employé de la même com- ments, une soixantaine de morts et la plate-forme de revendications de n’avait été mandaté pour « dialo- dans une attaque d’hélicoptères. exactitude des mécanismes hor- pagnie racontant sa colère et sa plusieurs milliers de blessés. la minorité kabyle. guer ou négocier » avec le pouvoir. Ahmad Saadat, 48 ans, a été dési- logers ; et la teneur en bons stupéfaction. Racontant aussi le Le président Bouteflika a donc Si l’on s’en tient au communiqué Le communiqué du gouvernement gné à une large majorité au cours comptes, ainsi qu’en bons vols, paradis perdu. Car, disait-il, la décidé, selon le communiqué, la du gouvernement, les principales est « un faux (…). S’il y a eu rencon- d’un scrutin organisé à Ramallah, des avions de la Swissair. Swissair ce n’est pas cela. On y « constitutionnalisation du tamazight d’entre elles sont désormais satisfai- tre, les auteurs de cette trahison en Cisjordanie. De l’avis de la plu- Et voici, horreur, qu’un de ces entrait à vie. Et l’on s’y succédait en tant que langue nationale lors du tes, ce qui pose la question du main- seront lynchés », a déclaré l’un des part des membres du FPLP, Ahmad piliers de la bonne et non usur- de père en fils. prochain amendement de la Constitu- tien de la marche, la troisième orga- responsables du mouvement cité Saadat pourrait imprimer à l’orga- pée réputation helvète s’effon- Fin d’un petit bonheur dynas- tion ». Cette reconnaissance n’est nisée par les archs. « La marche par le quotidien Le Matin. nisation une option plus radicale. dre sans crier gare ni même aéro- tique et salarial. La Suisse n’est pas la seule annonce faite par le pre- aura-t-elle lieu ? » s’interroge le quo- gare. Voici qu’un abominable, plus la Suisse. Swissair n’est plus mier ministre. Les « victimes » des tidien El Watan de jeudi. De leur Jean-Pierre Tuquoi Gilles Paris inconcevable, insupportable Swissair. Et voici qu’ici comme trois mois d’émeutes bénéficieront côté, les autorités n’ont jusqu’ici gros mot s’est inscrit dans le ciel ailleurs les tailleurs de coûts d’un « statut particulier », et une pas fait savoir si elles autoriseraient f www.lemonde.fr/algerie f www.lemonde.fr/israel-palestiniens suisse : « faillite ! ». Voici que ce aiguisent les couteaux. L’Italie adopte une loi pour « blanchir » Silvio Berlusconi ROME. Le Sénat a approuvé définitivement, mercredi 3 octobre, au terme d’un débat houleux, une loi limitant l’entraide judiciaire entre l’Italie et la Suisse. Ce texte encadre notamment de façon très stricte les commissions rogatoires et sera susceptible de s’appliquer au pro- cès en appel et donc de bénéficier directement à Silvio Berlusconi qui reste poursuivi dans diverses affaires judiciaires de corruption, de falsi- fication de bilan et de financement illicite de partis politiques. L’exa- men de cette loi s’est heurté à de violentes critiques de l’opposition de gauche, qui estime que le chef du gouvernement organise ainsi son immunité judiciaire ainsi que celle de certains de ses amis également poursuivis et parce que, par ailleurs, elle affaiblit les moyens de lutter contre la mafia, la délinquance et le crime. Pierre Lambert évoque ses « relations politiques » avec Lionel Jospin POUR LA PREMIÈRE FOIS, Pierre Lambert, dirigeant historique des trotskistes-lambertistes, évoque, dans un entretien à L’Express (daté 4 – 11 octobre), ses « relations politiques » avec le premier ministre. « Jospin est parti, après un débat. Son choix est son choix. J’ai l’intention de m’expli- quer ultérieurement sur cette période », explique le patron du Parti des travailleurs, confirmant la sortie prochaine d’un ouvrage avec Daniel Gluckstein, secrétaire national du PT (Le Monde du 6 juin). « Avec Jos- pin, j’ai eu des relations politiques. Le fait qu’elles aient cessé reste aujour- d’hui, pour moi, une question politique. (…) Je considère que ce que Jospin a fait à partir de 1988 quand il était ministre de l’éducation nationale per- met d’ouvrir la voie à ce qui se passe aujourd’hui », ajoute-t-il, sans dater précisément la rupture de M. Jospin avec le Parti communiste interna- tionaliste (ex-OCI). Enfin, M. Lambert nie avoir « rencontré » Jacques Chirac en 1995, mais reconnaît être « allé négocier à l’Elysée » pour « essayer d’empêcher la sortie du plan Juppé sur la sécurité sociale ». DÉPÊCHE a LOTO : résultats des tirages no 79 effectués mercredi 3 octobre. Premier tirage : 29, 32, 33, 42, 43, 44 ; complémentaire : 17. Pas de gagnant pour 6 numéros. Rapports pour 5 numéros et le complémentai- re : 2 554 495 F (389 430 ¤) ; 5 numéros : 6 165 F (939 ¤) ; 4 numéros et le complémentaire : 428 F (65,24 ¤) ; 4 numéros : 214 F (32,62 ¤) ; 3 numé- ros et le complémentaire : 42 F (6,40 ¤) ; 3 numéros : 21 F (3,2 ¤). Second tirage : 5, 10, 12, 22, 30, 49 ; com- plémentaire : 4. Rapports pour 6 numéros : 6 000 280 F (914 736 ¤); 5 numéros et le complémentaire : 38 850 F (5 922 ¤) ; 5 numéros : 3 125 F (476 ¤) ; 4 numéros et le complémentaire : 170 F (25,91 ¤); 4 numéros : 85 F (12,95 ¤) ; 3 numé- ros et le complémentaire : 20 F (3,04 ¤) ; 3 numéros : 10 F (1,52 ¤).

Tirage du Monde daté jeudi 4 octobre 2001 : 554 761 exemplaires. 1-3 Nos abonnés trouveront associé au numéro d’aujourd’hui notre supplé- ment Style hommes daté samedi. VENDREDI 5 OCTOBRE 2001

DOSSIER JOHN CLAUDE CENTENAIRE DU NOBEL LE MONDE DES POCHES Alain Robbe-Grillet LE CARRÉ MC KAY DE LITTÉRATURE Raymond Radiguet pages II et III page IV page V pages VI et VII

Robbe-Grillet se commémore

A la veille de ses 80 ans déjà tout un programme. C’est celui d’un essai de Kierkegaard, sou- et vingt ans après vent traduit par La Répétition, dont une citation figure en épigraphe du « Djinn », son dernier Robbe-Grillet (3). Dans la seconde partie de l’ouvrage, Constantin roman, Alain Constantius, « auteur » hétérony- l n’aura quatre-vingts ans me imaginé par Kierkegaard – qui qu’en août 2002. Pourtant les célé- Robbe-Grillet combine, venait lui-même de rompre avec brationsI commencent : un numéro Régine Olsen –, raconte son voyage spécial de Critique, un recueil d’arti- dans « La Reprise », à Berlin en 1843, pour tenter de cles et d’entretiens… Mais, plus renouer avec sa fiancée. Le roman étonnant, un roman de Robbe- les thèmes et les figures de Robbe-Grillet se passe dans le Grillet paraît en cette rentrée, alors Berlin de 1949, et une très jeune qu’il n’en avait pas publié depuis qui lui sont chers fille, Gigi, en est l’une des héroïnes. Djinn (1981) et avait annoncé qu’il Mais le jeu sur « Reprise » (de tou- n’écrirait plus de roman et peut- te une œuvre), « Répétition » (de être même plus rien, sauf des films. monde d’objets, ce montage singu- tout un passé de littérature) ainsi Le dernier volume de son autobio- lier qui faisait écrire en 1960 à l’un que la différence faite par Kierke- graphie romanesque (ou fiction de ses cadets : « On n’échappe à la gaard et soulignée par Robbe- autobiographique), Les Derniers banalité absurde de la description Grillet entre « reprise » et « ressou- Jours de Corinthe (1994), apparais- que par la composition. Ainsi le venir » demanderaient à eux seuls sait comme une triste conclusion, choix, la répétition, la place de cha- de longs développements. non seulement de cette trilogie iro- que élément de détail dans un ensem- Si l’on ne connaît pas les livres de niquement appelée « Les Romanes- ble clairement et très habilement con- Robbe-Grillet, que peut-on com- ques » (assez ennuyeuse, sauf si certé viennent-ils donner une valeur prendre à cette histoire d’agent l’on est un « fan » absolu ou si l’on obsessionnelle au réalisme absolu de secret de seconde zone (et de ses fait une thèse), mais de toute une Robbe-Grillet. Tout se passe comme divers doubles) envoyé à Berlin œuvre. si la matière de ses livres se compo- pour une mission dont il ne connaît Or voici La Reprise, qui renoue sait d’éléments bruts de réalité, agen- pas vraiment le sens, égaré entre avec ce qu’Alain Robbe-Grillet a cés rythmiquement dans une durée ses rêves, ses délires et ses souve-

écrit de plus stimulant, il y a quel- qui surgit de leur juxtaposition. (…) nirs, perdu dans une ville divisée en SARAH MOON que… quarante ans : La Jalousie, Le Mais nous sommes dans ce labyrin- secteurs d’occupation et dans un Voyeur, Les Gommes (ce roman-là the, soumis à ses retours, à cette con- dédale familial… un ancien voyage Reprise. Prenons les scènes sexuel- été fait dans le passé et le tire en roman et Tel quel avaient tué la lit- trouve un écho très particulier fusion intentionnelle de miroirs qui avec sa mère… une demi-sœur, les : « Toute l’imagerie érotique de avant pour forger le futur. » térature française. Si l’on aime des dans La Reprise)… Dans ce « nou- ne reflètent que nous et notre chemin peut-être… ? On pouvait se dire la l’auteur est là, souligne Tom Bis- C’est évidemment sur Les Gom- univers d’écrivains plus cohérents, veau nouveau roman », on retrou- (…) » (1). même chose au sujet de L’Amant, hop : cordes, chaînes, feu, gémisse- mes, et sa revisitation du mythe plus singuliers, on retrouvera cepen- ve ce regard sans « alibi, épaisseur Le « labyrinthe » de La Reprise et pourtant beaucoup ont décou- ments de nymphettes suppliciées d’Œdipe, que tous les exégètes dant dans La Reprise les « défauts » et profondeur » qui séduisait traverse toute l’œuvre de Robbe- vert Duras avec ce livre. Toutefois, mais triomphantes. Mais cet érotis- vont se précipiter, avec raison, qu’on a toujours constatés chez Roland Barthes, ces descriptions Grillet, « ressemble à tous ses livres une lecture « innocente » de me convenu est moins pornographie pour analyser La Reprise. Le héros, Robbe-Grillet : un formalisme minutieuses, maniaques, dans les- – réunis », comme le fait remar- L’Amant était possible. On doute que parodie du genre. » En effet, si qui s’appelle d’abord Henri Robin, excessif, un côté « résolution de quelles Robbe-Grillet excelle, ce quer Tom Bishop (2). Le titre est qu’il en aille de même pour La on ne les lit pas comme clins d’œil né à Brest (comme Robbe-Grillet) rébus littéraire », roman pour expli- à tout un univers de mots et d’ima- devient Boris Wallon, puis Wall cation de texte (tout cela consti- ges, elles sont affligeantes. (parce qu’on le prend pour un cer- tuant, finalement, une forme de Lire La Reprise sans humour et tain Walther), se rapprochant ainsi cohérence, un peu sèche). Mais, sur- sans le sens du jeu est un impossi- du Wallas des Gommes. Le flou des tout, on s’interrogera sur le lieu et ble défi. Le jeu de Robbe-Grillet est identités, le jeu sur le double, très la date de La Reprise : Berlin, 1949. double (ou peut-être triple, quadru- Comme si l’horloge ple). Le récit lui-même est un jeu intérieure, historique, de piste dans « le Robbe-Grillet tel Josyane Savigneau de Robbe-Grillet (qui qu’il s’écrit depuis les années évoque son passé au 1950 ». Robbe-Grillet se joue aussi subtil, constant et à retournements STO et ses parents pétainistes dans de ce qu’on lui prépare pour ses multiples, est ce qui fascine le plus Le Miroir qui revient) s’était arrêtée, quatre-vingts ans. Avec La Reprise, dans ce livre, tout comme – ce qui non pas il y a quarante ans, sur le il répond à la fois à la malveillance est courant chez Robbe-Grillet – le Nouveau roman, mais il y a 60 ans, et aux tentatives d’embaumement retour du même objet (par exemple sur une certaine France de 1940, – donc d’annulation – dont il va ici une chaussure avec des paillet- sur ce « passé qui ne passe pas » (4). être l’objet, en se commémorant tes bleues) dans divers lieux et lui-même. La riposte est assez bel- diverses situations. Quant à Œdi- (1) « Sept propositions sur Alain Robbe- le. Ce texte contient « toutes sortes pe… les détails sont nombreux (les Grillet », dans L’Intermédiaire, de Philip- d’emprunts plus ou moins étendus à ruines grecques, le peintre Lovis pe Sollers, qui reparaît fin octobre en mes écrits précédents ou à mes films, Corinth, qui rappelle aussi le « Points-essais », Seuil (no E464). explique-t-il dans le numéro d’octo- fameux Henri de Corinthe), parfois (2) « Topologie d’une reprise ou le bre du magazine Lire. Par exemple, trop explicites : la mère de la petite retour de Robbe-Grillet », par Tom Bis- l’homme qui fait semblant de pêcher Gigi (figure parfaite de l’adolescen- hop, dans le numéro spécial de Critique. à la ligne, pour surveiller les alen- te excitant les fantasmes de Robin- (3) La Reprise figure notamment dans le tours, figure déjà dans L’Immortel- Wallon-Wall-Walther), Joëlle Kas- volume Kierkegaard de la collection le. On y trouve même le fantôme de tanjevica, a abrégé son nom en Jo « Bouquins ». livres entiers : Les Gommes, Œdipe Kast… (4) Voir Vichy, un passé qui ne passe pas, roi de Sophocle et le récit de Kierke- On admire l’exploit, le pied-de- d’Henry Rousso et Eric Conan gaard (…). Mais tous ces éléments se nez de début de siècle à tous ceux, (« Folio » histoire). combinent de manière nouvelle. Kier- éditeurs, auteurs et critiques, qui kegaard explique que la répétition ont affirmé depuis vingt ans, pour LA REPRISE reproduit ce qui a été fait tel quel, mieux vendre leur absence de style d’Alain Robbe-Grillet. tandis que la reprise prend ce qui a et de pensée, que le nouveau Minuit, 254 p., 15,09 ¤ (99 F). II / LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 dossier b

Alain Robbe-Grillet est passé maître dans l’art de « J’habite mon propre musée » l’autocommentaire. ’écrivain-phare du Nou- encaissé le prix Nobel. Il l’a donné S’expliquer toujours, veau roman est entré allè- à une organisation plus ou moins grement, en août, dans sa caritative irlandaise, sans que ça se provoquer parfois, quatre-vingtième année. sache. Ma littérature était destinée PourL la sortie de La Reprise, il reçoit à un tout petit nombre de lecteurs. tout en exerçant dans son confortable appartement à Je ne trouvais pas que c’était nor- l’orée du bois de Boulogne plutôt mal, mais c’était comme ça. son esprit critique face que dans son petit château du Mesnil- Aujourd’hui, avec La Reprise, qui a au-Grain en Normandie. Les « inter- été déjà lu par beaucoup de gens aux grands courants qui vious », explique-t-il dans le texte très différents, je sens que tout final du Voyageur, iI n’aime pas trop d’un coup il n’y a plus seulement traversent la littérature en donner, mais en réalité il répond quelques amis spécialisés qui mar- aux questions avec un plaisir commu- chent, qui se laissent entraîner par moderne, nicatif. « Je ne suis pas Henri Michaux cette aventure à Berlin et qui lisent ni Samuel Beckett, j’ai toujours joué le le livre comme il doit être lu. Je ne et singulièrement jeu », dit-il en riant. Le rire et la belle suis pas insensible au fait que les voix de comédien de Robbe-Grillet, il gens lisent ce que j’écris ou n’arri- le roman, il le fait depuis faut les avoir à l’oreille quand on lit vent pas à le lire ; au contraire, ça ses propos. m’intéresse. Ma vocation de profes- cinquante ans. seur de moi-même est venue de là. « Comment vivez-vous Le gros livre d’entretiens aujourd’hui votre statut d’écri- – Pour expliquer comment lire vain, et comment le voyez-vous ? vos livres ? et de textes – D’abord, j’entretiens avec moi- – Plutôt donner quelques indica- même des rapports heureux, donc tions sur l’évolution de la littératu- de circonstances je n’ai pas ces problèmes de haine re qui rendaient ces structures nar- envers soi qu’un écrivain peut ratives-là beaucoup moins abrup- qu’il publie en même avoir. Par-dessus le marché, écri- tes. Elles avaient une généalogie. vain, pour moi, ce n’est pas une Quelqu’un qui aurait bien lu La temps que nature, c’est une occupation. Un Nausée et L’Etranger, n’aurait pas métier aussi, puisqu’on me verse du tout été tellement stupéfait par « La Reprise » des droits maintenant. Mais je un livre comme La Jalousie. Il fal- pourrais très bien écrire sans être lait épouser le regard et l’oreille. le prouve avec éclat. publié. Si un récit me trotte par la On a parlé de « l’école du regard » tête, il doit voir le jour. Ecrire est à mon propos, pourtant La Jalou- Jean-Jacques Brochier, une de mes occupations favorites, sie est fait en grande partie avec que je peux très bien abandonner des bruits. Il y a une espèce de évoque l’aventure pendant de longs mois, même au conflit entre le regard et les sons. cours d’un livre, pour voyager. Ce Les critiques ne l’ont pas perçu. La intellectuelle du nouveau qui est tout à fait monstrueux plupart ont refusé le livre. Même pour d’autres écrivains. Je me rap- Barthes a commencé à décrocher. roman, souvent mal pelle Nathalie Sarraute : elle ne Donc, quand une espèce d’accueil pouvait pas s’arrêter. Je pense que positif assez unanime se dessine FONDS ROBBE-GRILLET/IMEC/D.R. vécue et mal comprise. Sollers ne peut pas s’arrêter. Moi, Alain Robbe-Grillet à la fin des années 1950 pour La Reprise, je commence à je peux très bien, parce que j’ai m’inquiéter. Mais je vois que les Mais toute l’histoire quantité d’autres choses à faire. Bourgois, qui me dit : “On va – Accepteriez-vous aujourd’hui nes, rue Gassendi. Mais tout cela gens qui n’ont pas vécu l’après- D’autre part, les écrivains sont un acquérir ta collection, pour après qu’on écrive sur vous une biogra- n’avait aucune importance : nous guerre sont pris par cette histoire n’a pas encore groupe qui, de mon point de vue, ta mort.” Je me récrie : “La plus phie ? étions le clan Robbe-Grillet. En énigmatique. Il y a une forte pré- n’est pas du tout homogène. Ils belle collection de cactées est à – Oui. L’IMEC a les pièces néces- somme, c’était héréditaire : déjà, sence de l’histoire, dans ce roman. été écrite… n’ont pas de statut commun. Il n’y Zurich, et elle comprend 3 500 saires. Quant à y collaborer par enfant, j’avais en moi cette très Avoir pensé que le national-socia- a pratiquement pas de rapport espèces.” Et Bourgois de répon- des entretiens, je me méfie beau- grande valeur. Et très rapidement, lisme était un régime d’ordre, d’or- entre les préoccupations de Jean dre : “Un chêne pédonculé, c’est coup de ma mémoire. Pour une je me suis pris pour Jésus-Christ, dre socialiste même, et s’aperce- d’Ormesson et les miennes. Alors, très fréquent en France. S’il a été autobiographie, ça ne me gêne pas mais très simplement, n’est-ce voir tout d’un coup que c’était la oui, écrivain, c’est vrai, on me planté par Victor Hugo, ce n’est du tout d’inventer des choses pas ? plus grande folie ! Tout cela, on le reconnaît dans la rue. A ce pas du tout pareil.” Je lui signale transformées par ma mémoire. Si découvre en 1945. J’avais été élevé moment-là, ce n’est pas la “figure alors que je n’ai pas d’héritier et c’est une biographie, cela devient – Un rédempteur ? dans des idées d’extrême droite. Et de l’écrivain”, c’est l’image du type Catherine, ma femme, non plus. plus gênant. En fait, je pense – Un prophète plutôt. Avec pour on retrouve l’Europe en ruine, non qu’on a vu à la télé. On a signé une convention triparti- qu’on a tout à fait le droit d’inven- mission de transformer l’esprit seulement ma ville natale de Brest, te entre l’IMEC, le conseil général ter des choses sur le personnage humain. Les philosophes de type mais aussi toutes ces villes alleman- – Ou dans un manuel d’histoire de la région Basse-Normandie et dont on fait la biographie. Kant et Hegel sont tout à fait des des magnifiques, Dresde, Leipzig, littéraire… les consorts Robbe-Grillet. Ils ont prophètes dans ce sens. Quand j’ai anéanties, alors que l’Allemagne – Je me conçois assez, personnel- tout acheté, en payant comptant, – Avec les Romanesques (Le commencé à écrire, je n’étais pas restait malgré tout pour moi l’Alle- lement, comme une figure histori- les cactées, la maison, le mobilier, Miroir qui revient, Angélique ou très sûr de ce que j’écrivais. Cette magne de Gœthe et de Hegel. que, comme un monument natio- tous les meubles aussi qui sont ici, l’enchantement, Les Derniers espèce de fantasme d’être son pro- nal. Et j’ai été très content d’être à Paris, et puis les livres. Mais j’en Jours de Corinthe), vous avez pre surmoi, je l’avais très fort. A la – Vous avez vu le rêve fracassé nationalisé par la région Basse- conserve la jouissance entière- publié trois volumes d’« autobio- fois le surmoi et l’idéal du moi. Je de votre père. Normandie. ment. Nous ne possédons plus graphie fantasmée »… crois d’ailleurs qu’à l’interrogation – Non seulement de mon père, rien, pas même la moindre petite – De plus en plus fantasmée… du questionnaire de Proust : “Quel mais de toute une civilisation. – Ça s’est passé comment ? cuillère. Catherine a le droit d’usa- personnage auriez-vous voulu Comme l’ont dit à ce moment-là – Christian Bourgois est prési- ge et d’habitation comme moi jus- – Mais dans lesquels il y a des élé- être ?” j’ai répondu : “Alain Robbe- des gens comme Adorno, c’est dent de l’Institut Mémoires de qu’à sa mort. Et j’ai transformé en ments vérifiables. Vous êtes un Grillet”. Mais en sachant que je tout l’humanisme qui s’écroule, l’édition contemporaine. Une jeu- rente viagère sur deux têtes la som- homme célèbre, en tout cas “connu l’étais. Pas comme Hugo Wolf, le c’est la faillite de tout l’Occident ne femme remarquable, Anne me versée. Eux s’engagent à main- pour sa notoriété”, selon la formu- compositeur, qui est mort en européen. Ce qui a fait dire ensui- Simonin, écrivait à l’IMEC un livre tenir ma mémoire dans ses lieux. A le consacrée, et vous vous êtes expo- disant : “Ah, si j’avais été Hugo te des sottises par la deuxième sur les Editions de Minuit. Elle vou- présent, j’habite mon propre sé de façon très contrôlée. Seriez- Wolf !” (Il avait une tumeur au cer- génération de l’école de Francfort, lait étudier ma correspondance musée, où il n’y a plus d’archives vous prêt aujourd’hui à livrer des veau et se dédoublait de façon très des gens comme Habermas : que des années 1950. J’ai mis à sa dispo- ni de manuscrits, puisqu’ils ont été secrets ? étrange.) Donc, quand j’ai com- c’était parce qu’on avait écouté les sition pendant l’été une petite mai- transportés à l’IMEC. On me – Tous mes secrets, je les ai dits mencé à écrire, je savais que ça élites au lieu d’écouter le peuple. son dans le parc, avec les cartons consulte pour leur usage. Pour tou- dans mes livres, mais ils ont été irait en progressant, comme pour Le peuple l’avait voulu, ce régime, de documents. En échange, elle te publication, il faut mon accord. transformés en histoires, et ça ne la menuiserie. Je suis habile de absolument. Et quand je vais en aérait la serre. Ma collection de m’intéresse pas de les dire autre- mes mains, parce que j’ai travaillé Bulgarie, en 1947, là je vois le régi- cactées tient une grande place – A quand une Pléiade ? ment, puisque le réel, c’est les his- avec mon père. Je savais par consé- me policier, la surveillance, la dans mon existence – j’en ai 500 – D’une part, la Pléiade trouve toires que j’ai racontées. quent que tout travail demande un peur. Donc ce n’était pas seule- espèces. Prise de passion pour ces que mes livres ne sont pas d’assez apprentissage. Mais je savais que ment l’Allemagne et Nietzsche qui cactées, elle en parle à Christian forte vente, d’autre part, les Edi- – Est-il vrai que vous ne tenez j’étais un génie qui allait écrire des s’écroulaient, c’était Marx aussi. A tions de Minuit ont toujours compte de l’avis de personne ? choses géniales. Ce qui n’a pas tar- leur façon, mes petits travaux ont refusé pour Beckett et elles refuse- – Je mets déjà assez de temps à dé, d’ailleurs. J’écris très lente- affaire à cette histoire, et sans dou- raient pour moi de la même façon. me mettre d’accord avec moi sur ment, il y a des moments non pas te La Reprise plus que les autres, telle phrase plutôt que telle autre. de désespoir, mais quand même, avec mes fantasmes aussi. S’il fallait en plus faire intervenir des pages dont on ne sort pas, qui quelqu’un ! Pour le cinéma, si, car prennent des jours. Une fois que – Vous avez dit quelque part que un film est une œuvre collective. c’est fini, c’est bien, je sais que l’écriture vous a sauvé de la folie Mais l’écriture littéraire implique c’est bien, et j’ai quand même une criminelle, du passage à l’acte de la solitude totale. Jamais je n’ai certaine déception quand la lectu- vos pulsions sado-érotiques. L’écri- envie même de faire lire un texte re par les autres est négative. Pour ture serait pour vous une sublima- en cours. Je consulte des diction- La Jalousie, j’étais sûr que c’était ça tion ? naires, des encyclopédies, Les Diffi- qu’il fallait faire. Alors je peux – Je n’aime pas tellement cette cultés de la langue française,leDic- éprouver une certaine déception normalisation freudienne. D’une tionnaire des tropes, etc. Mais je de voir que mes semblables ne façon générale, ce que j’écris, c’est suis seul. Au moment où j’écris, il y reconnaissent pas volontiers la le monde réel. Il est plus réel, pro- a la solitude, et une très grande valeur de ce que j’ai fait. Cela ne bablement, que le monde vériste conviction de mon génie. jette pas le moindre doute sur ma ou réaliste ou naturaliste. C’est le conviction, mais m’attriste un peu. monde réel tel que je le crée. – Ça vous est venu tout de suite ? Pas excessivement. Propos recueillis – Oui. Depuis Les Gommes. Pour par Michel Contat Un régicide un petit peu moins, – Au début, pour les premiers c’est d’ailleurs moins génial. J’ai livres, vous avez eu les soutiens pensé très longtemps que mes qui comptaient, Paulhan, Bataille, livres ne seraient pas édités parce Blanchot, Barthes. qu’ils ne ressemblaient pas à ce – C’est vrai, mais ils n’attiraient qu’il fallait faire. Ce qui m’a été guère le grand public. Au début, il confirmé tout de suite par Gaston faut bien dire que jamais je n’avais Gallimard, sur le manuscrit d’Un pensé à vivre de mes droits régicide. Mais le clan Robbe- d’auteur. D’ailleurs, aux Editions Grillet, ma mère, mon père de Minuit, c’était hors de propos. avaient une très grande conviction On vendait des livres si on pouvait, de leur valeur, sans se soucier telle- mais enfin Jérôme Lindon n’était ment des autres et de leurs opi- pas éditeur pour vendre des livres. nions sur eux. Claudel raconte un Aujourd’hui, les écrivains veulent peu la même chose pour la famille vendre. Beckett ne vivait pas de sa Claudel. On était pauvres, on avait plume. Il avait peu de besoins, et un appartement misérable, trois des petits revenus de famille bour- petites pièces pour quatre person- geoise. D’ailleurs, il n’a même pas dossier LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 / III b Nouveau roman : histoire d’une fronde Loin d'être une école ou un mouvement organisé, la génération d'écrivains qui émergea, non sans fracas, au début des années 1950, allait bouleverser les concepts même de la littérature, du roman et, plus largement, remettre en cause la perception du monde

ans les années 1950, l’air dans les années 1960, la querelle de ble unité, c’est la fameuse photogra- est au renouveau. Le la nouvelle critique – encore une phie prise en 1954 devant les éditions temps de la guerre, son « nouvelle » –, on vit se mobiliser de Minuit, avec Jérôme Lindon, étouffante censure, son l’université la plus rétrograde, avec, Nathalie Sarraute, Alain Robbe- conformismeD ont été balayés avec la en tête, Raymond Picard, qui, dans Grillet, Claude Simon, Claude Mau- victoire ; les jeunes écrivains sont là. sa thèse sur La Carrière de Jean Raci- riac, Robert Pinget, Samuel Beckett, 1953 : Les Gommes (Robbe-Grillet), ne, n’avait oublié aucune minute de Claude Ollier, et son lieu géographi- 1955 : Le Voyeur (le même), 1956 : notaire mais se vantait presque que que, ces fameuses éditions de Minuit L’Emploi du temps (Butor), 1953 : son épais factum ne permette d’expli- (encore que Nathalie Sarraute, puis Martereau (Sarraute). Au cinéma, quer aucun hémistiche dudit Racine. Michel Butor, gagneront bientôt Gal- 1958 : Le Beau Serge (Chabrol), 1959 : Cette querelle donc ne rassemblera limard). A bout de souffle (Godard). On crédite du côté de l’innovation qu’une mino- Ce sont en fait ses détracteurs qui Françoise Giroud d’avoir inventé l’ex- rité du monde littéraire. Blanchot, ont inventé le Nouveau roman, et pression : Nouvelle vague, mais il y Barthes ne deviendront « incontour- Robbe-Grillet qui, fort astucieuse- avait, déjà, le Nouveau roman, Alain nables » que dans les années 1970. ment, s’est engouffré dans la brèche, Robbe-Grillet, Michel Butor, Natha- Quand Le Voyeur parut, j’étais étu- avec ses articles de L’Express et de La lie Sarraute, Claude Simon, Margueri- diant. L’un de mes professeurs, hom- NRF, rassemblés en recueil sous le te Duras, Robert Pinget... . Et il y me affable et intelligent par ailleurs, titre Pour un Nouveau roman, en avait le Nouveau théâtre, théâtre de fut, lui aussi, scandalisé par ce roman 1963. Recueil volontairement provo- l’absurde tragique, avec Ionesco, qui lui semblait renier, détruire cateur, où il défendait la thèse d’une Adamov, Beckett, qui avait ouvert la même, toutes les règles du pacte nar- littérature impersonnelle, « objecti- voie du roman par Molloy, Murphy, ratif, du système romanesque. Le ve », comme Flaubert, avant d’affir- Malone meurt. Voyeur était décrété non seulement mer, de manière aussi provocante, On imagine mal, aujourd’hui, que illisible mais absolument subversif. dans Le Miroir qui revient, premier les scandales, si scandales il y a, plus Ce qui n’était d’ailleurs pas mal vu, volume de sa fiction autobiographi- ou moins artificiellement suscités par de la part de qui n’avait pas, ou mal, que intitulée « Romanesques » : «Je des histoires de cul vaguement lu Flaubert – surtout celui de L’Educa- n’ai jamais parlé d’autre chose que de romancées – et si platement écrites – tion sentimentale ou de Bouvard et moi. » Ce qui était vrai aussi. aient l’ampleur intellectuelle de celui Pécuchet, réputé incompréhensi- Nous gardons, devant ces romans, provoqué par la parution du Voyeur. ble –, qui ne connaissait pas Ray- un double sentiment : le plaisir de la MARIO DONDERO C’était, pour beaucoup, les concepts mond Roussel et qui soupçonnait De gauche à droite : Nathalie Sarraute, Alain Robble-Grillet, Michel Butor et Claude Simon en 1959 lecture, très fort, et la modestie du cri- même de littérature, de roman et, que la littérature selon Castex et tique : Maurice Blanchot ne voyant, Surer ou Lagarde et que celle du Neveu de Rameau,de 6 810 000 litres d’eau par seconde sur vait La cafetière est sur la table,et par exemple, dans Le Voyeur, que le Michard était en péril. Diderot (qui, il est vrai, avait les chutes du Niagara, avaient, paraît- Jean-Bertrand Barrère La Cure crime, et Roland Barthes que l’écritu- Jean-Jacques Brochier Pourtant, très vite, depuis deux siècles mauvaise pres- il, stérilisé l’essor du roman français d’amaigrissement du roman. Il est cer- re de l’objet. Comme quoi la lecture dès leur parution, les se). On se souvient alors qu’en aux Etats-Unis, détourné les lecteurs tainement trop tôt pour établir un n’est pas qu’un sacerdoce, elle est finalement, de monde qui étaient en œuvres marquantes du Nouveau 1920 de bonnes âmes disaient la et les éditeurs américains, qui ne tra- bilan, puisque, par exemple, Alain d’abord un bonheur, ourlé d’hu- cause. C’était, véritablement : notre roman et leurs auteurs furent recon- même chose de Proust, allant jus- duisaient plus. Il est vrai que la fasci- Robbe-Grillet nous fait la surprise, à mour. monde meurt, nous perdons nos nus : Claude Simon pour La Route qu’à suggérer qu’on ne pouvait nation des écrivains américains pour près de quatre vingts ans, d’un repères, nos fondements. L’humanis- des Flandres, Robbe-Grillet pour Le guère s’endormir sans en avoir lu l’Europe et la France, avant la guerre, roman majeur. Mais on peut ouvrir e Jean-Jacques Brochier est rédac- me était en danger. Quand Alain Rob- Voyeur, Michel Butor pour La Modifi- au moins une page. L’anecdote, et avait disparu. Une nouvelle généra- quelques pistes. La première : qu’il teur en chef du Magazine littéraire be-Grillet fut couronné, en 1955, par cation, Robert Pinget, un peu plus la mise en scène du Voyeur nous tion, Faulkner et Caldwell en tête, est vain de vouloir lire le Nouveau qui consacre son dossier d’octobre à le prix des Critiques (très attendu : tard, pour L’Inquisitoire. Le premier sont devenues familières, et même détrônait Fitzgerald et Hemingway. roman avec des clés. On doit, Alain Robbe-Grillet l’année précédente, il était allé à Fran- roman de Nathalie Sarraute, Portrait la célèbre page blanche, au milieu Et les lecteurs d’outre-Atlantique d’abord, le lire comme on lit les çoise Sagan), certains membres du d’un inconnu, avait été préfacé par du volume, où chacun est libre s’étaient sans doute lassés de nos autres romans. En se laissant porter. e Signalons aussi : Robbe-Grillet jury démissionnèrent. Paulhan, maî- Sartre, et les existentialistes, qui d’imaginer le fait divers central du petits romans-histoires-de-famille, Les clés viennent après (il y en a, par romancier alchimiste, de Christian tre en déstabilisation, avait beau- tenaient le haut du pavé, n’étaient livre, le meurtre de la fillette, nous alors que leurs romanciers leur racon- exemple, dans La Jalousie comme Milat, éd. David (Québec)/ L’Harmat- coup contribué au prix. Emile Hen- pas hostiles au Nouveau roman. semble un procédé littéraire astu- taient des histoires à la dimension de dans L’Herbe de Claude Simon), et tan, 320 p., 25,91 ¤, [170 F], en librai- riot, titulaire du « rez-de-chaussée » C’est dans Les Temps modernes que cieux, formidablement intelligent leur pays. Mais on voit mal comment Robbe-Grillet remarque que Blan- rie début novembre) ; Le Nouveau du Monde, promettait à l’auteur du Bernard Dort publiera cette étude où mais ni incompréhensible ni injus- Robbe-Grillet, dans l’armure du chot ou Barthes sont aisément roman, une césure dans l’histoire du Voyeur une chambre à Sainte-Anne il parle de l'« écriture blanche » de tifié. De même que la deuxième Commandeur, aurait pu écraser sous entrés dans Les Gommes sans penser récit, de Francine Dugast-Portes et un procès à la 9e chambre du tribu- Robbe-Grillet (l’expression fera fortu- personne à qui s’adresse le narra- son talon de fer la production littérai- à Œdipe et à Sophocle alors que le (Nathan, « Université », 244 p., nal correctionnel (pensant plutôt à la ne) et personne ne voit dans le Nou- teur de La Modification, la juxtapo- re française aux Etats-Unis, comme critique Bruce Morissette, parce que 22,71 ¤ [149 F]) ainsi que le double 17e chambre chargée des affaires de veau roman cette « mort du sujet » sition et le choc des temps gram- Butor, armé d’un grand ciseau, aurait Robbe-Grillet avait parlé de l’Ores- DVD d’entretiens entre Alain Robbe- mœurs ; la 9e était chargée, elle, des et de l’humanisme que l’on reproche- maticaux dans La Route des Flan- coupé les ailes à nos romanciers tie, affirmait qu’on ne comprenait Grillet et Benoît Peeters (éd. Impres- accidents du travail !). ra au structuralisme quelques années dres, le monologue ininterrompu régionaux. Pourtant la rumeur rien aux Gommes sans cette clé. sions nouvelles, BP 22, 75965 Paris Le Nouveau roman avait été plus tard, avec Claude Lévi-Strauss et de L’Inquisitoire. courut longtemps, signe, simple- Il est clair désormais que le Nou- Cedex 20, diffusion/distribution Ale- remarqué, dès son apparition, par surtout Michel Foucault. Le dernier ulcère de la haine du ment, de l’importance qu’attachaient veau roman n’existe pas en tant que terna, 250 F (38,11 ¤, disponible à par- des critiques importants, Barthes, Quand on lit ces œuvres Nouveau roman vint des éditeurs, et au Nouveau roman ceux-là aussi qui mouvement organisé. Sa seule vérita- tir du 12 octobre). Blanchot, Bernard Dort. Mais cette aujourd’hui, on s’étonne de l’in- des autres romanciers français. Rob- le haïssaient. reconnaissance ne s’était pas tradui- compréhension d’alors. En quoi Le be-Grillet, tôt engagé par l’université Aujourd’hui, détester le Nouveau te par un succès public et des ventes Voyeur, L’Herbe, La Modification de New York pour y animer des ate- roman nous paraît aussi absurde importantes. D’ailleurs, ces critiques, sont-ils « illisibles », incompréhen- liers d’écriture, et y donner des cours, que détester Racine, ou le naturalis- avec leur intelligence, leur lecture, sibles ? Les mots sont de tous les Butor, qui dans Mobile avait reconsti- me. Le temps nous semble d’une leur intuition, restaient, eux aussi, jours, les images familières, la tué dans l’écriture l’espace d’un aéro- étrangeté cosmique, où Pierre de assez confidentiels. Et quand naîtra, construction bien moins heurtée drome américain, et récidivé avec Boisdeffre, critique bien oublié, écri- Du « Voyeur » au « Voyageur » Débats et Alain Robbe-Grillet, depuis 50 ans, a largement participé à sa propre fortune critique. Un gros recueil d’entretiens et de textes divers en témoigne souvenirs… parallèlement aux romans, aux Les 550 pages – judicieusement es jeunes gens qui vou- LE VOYAGEUR films, puis aux trois opus autobio- agencées et présentées – du Voya- draient faire revivre le Textes, causeries et entretiens graphiques, l’écrivain a continué geur le démontrent. Il faut dire débat littéraire, comme (1947-2001) d’avoir des idées, des « opinions » d’emblée que ce gros livre se lit les animateurs de la d’Alain Robbe-Grillet. et à les exprimer volontiers, dans avec plaisir et agrément, pas seule- Lrevue Ligne de risque, Frédéric Choisis et présentés des colloques, des préfaces ou enco- ment en ce qu’il constitue un com- Badré, Yannick Haenel, Fran- par Olivier Corpet, re dans des entretiens accordés aux mentaire, un accompagnement de çois Meyronnis, disent se sentir avec la collaboration journaux, magazines et revues. l’œuvre, mais aussi pour lui-même. « bien seuls ». Personne ne d’Emmanuelle Lambert, Dans le même temps, une foule de Plaisir lié à la diversité des occa- répond. Leurs aînés, eux, n’ont éd. Christian Bourgois, commentateurs et d’universitaires, sions, des circonstances, des épo- pas désarmé. Le Nouveau 552 p., 24,39 ¤ (160 F). en France comme à l’étranger, se ques, des questions soulevées, qui roman, Tel quel : le structuralis- sont penchés sur son œuvre, instau- croisent ce dernier demi-siècle, for- me, la politique, l’engagement, CRITIQUE rant un dialogue qui n’était pas mant avec lui un angle singulier et la guerre d’Algérie... ce qui les a Numéro spécial pour lui déplaire. D’autant que la l’éclairant d’une lumière inatten- rapprochés autrefois, puis sépa- Alain Robbe-Grillet critique journalistique n’avait pas due. Agrément attaché à la person- rés continue de les opposer. Ain- dirigé et présenté par Michel été, au départ, particulièrement nalité d’un écrivain qui a trouvé si, Alain Robbe-Grillet, dans un Contat et Philippe Roger. réceptive… une manière d’équilibre psychologi- entretien à Livres Hebdo au Août-septembre, n˚ 651-652. Alain Robbe-Grillet parle avec que entre les trompettes de l’or- début de l’année (« Le Monde Minuit, 120 p., aisance ; il est disert et aime visible- gueil et les excès de l’humilité. Est- des livres » du 19 janvier), a-t-il 10,98 ¤ (72 F). ment s’expliquer, souvent avec ce d’ailleurs par modestie ou vanité voulu, outre ses déclarations sur humour, quelquefois avec rouerie ; qu’il n’envisage pas de destinée l’aggravation de la censure, l y a près de quarante ans, en il prête la plus grande attention au intermédiaire « entre la fosse com- « sur deux points surtout : les peti- 1963, Alain Robbe-Grillet passage de l’oral à l’écrit, calcule mune et le Panthéon » ? Ironiste tes filles et les chambres à gaz », soulignait déjà combien il est ses effets, sans négliger la provoca- accompli, Robbe-Grillet sait rire, dresser son propre bilan de l’his- mal vu qu’un écrivain puisse tion : ses entretiens avec la presse des autres d’abord, puis de lui- toire littéraire française depuis I« avoir des opinions sur son de ces deux dernières années s’en même, tout en conservant à ses pro- quarante ans. Abordant les rela- métier ». C’était dans le recueil d’ar- ressentent. Détestant les approxi- pos, analyses et observations le tions entre le Nouveau roman et ticles, commandés au départ par mations, le scientifique qu’il dit plus grand sérieux. Ainsi dans cet Tel quel, il s’est attaqué parti- L’Express, intitulé Pour un nouveau être resté (il a une formation d’ingé- étonnant « reportage » dans la Bul- culièrement à celui qui fut, à roman. Ce livre, qui contenait, de nieur agronome) prise également garie communiste de l’année 1947, partir de 1963, le secrétaire de l’aveu même de l’auteur, des idées la raison, la cohérence, qui peuvent juste avant qu’il s’avise de devenir rédaction de la revue, Marcelin « simples et, à la limite, simplistes », d’ailleurs fort bien s’accommoder romancier. Premier déplacement Pleynet. était pourtant appelé à devenir, du paradoxe et de la contradic- du « voyageur » : il y en aura beau- Or celui-ci ne manque ni du avec quelques autres, le manifeste tion : « Je ne suis pas un homme de coup d’autres. sens de l’Histoire ni du sens de d’une littérature nouvelle renon- vérités générales », déclarait Robbe- Le numéro spécial de la revue Cri- l’humour. Et dans le no 75 de çant, sans état d’âme, aux mythes Grillet en 1977 à Cerisy lors d’une tique, outre deux inédits de Robbe- L’Infini (Gallimard), dont il est de la profondeur : proposition révo- décade consacrée à Roland Bar- Grillet, comporte ainsi d’intéressan- aujourd’hui le secrétaire de lutionnaire qui, si elle n’a pas chan- thes. Cela donne toujours des vues tes études aussi bien sur son ciné- rédaction, on peut lire sa vigou- gé la face de la modernité littéraire, originales qui n’aspirent pas à une ma que sur sa littérature. Signalons reuse et ironique réponse : sur en a redistribué les cartes, levant pertinence universelle, ni même his- les textes de Jean-Bellemin-Noël et l’histoire littéraire, sur l’Histoi- ainsi quelques-unes des hypothè- torique. D’ailleurs, la liberté, envisa- Guy Scarpetta et de Véronique re tout court et sur son propre ques romanesques contractées au gée du point de vue le plus indivi- Simon. Si Robbe-Grillet n’accorde parcours biographique et litté- XIXe siècle. Jusqu’à aujourd’hui, duel, prime toujours sur la vérité, guère de crédit à la psychanalyse, raire que Robbe-Grillet balayait c’était le seul volume d’écrits théori- collective ou transcendante, qui la psychanalyse, elle, trouve chez d’un « personne (…) ne sait plus ques publié par l’auteur du Voyeur. pourrait venir déranger chez lui lui beaucoup de grain à moudre. qui est Marcelin Pleynet ». Mais durant toutes ces années, l’homme de plaisir… Patrick Kéchichian Jo. S. IV / LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 littératures b La constance de John Le Carré Après le meurtre de sa femme – survenu alors qu’elle allait révéler un important trafic –, Justin Quayle, fonctionnaire au Foreign Office, reprend l’enquête. Ainsi, de l’Afrique à l’Europe, le romancier britannique va-t-il nous conduire cette fois dans les eaux troubles des multinationales pharmaceutiques

nas pour tenter de reconstituer les ceutique se drapera dans sa digni- LA CONSTANCE DU manipulations que son épouse « Quand j’en ai té pour rejeter une image qu’elle JARDINIER avait mises au jour et de faire qualifiera de trompeuse et d’inad- (The Constant Gardener) aboutir ce combat. Roman entrouvert la porte, le missible. D’autres, à commencer de John Le Carré. d’amour et de morale, La Constan- par certains milieux médicaux, y Traduit de l’anglais par ce du jardinier a pour sujet la fidé- milieu pharmaceutique verront la transposition romanes- Mimi et Isabelle Perrin, lité et la trahison, comme toujours que du rôle des multinationales à Seuil, 512 p., 22,50 ¤ (147,59 F). chez Le Carré. Tessa tenait soi- m’a pris à la gorge et ne l’heure de la mondialisation. gneusement son mari à l’écart de es livres de John Le Carré son engagement, pour lui éviter m’a plus lâché. Tout y POSTCOLONIALISME sont des romans d’ap- tout cas de conscience vis-à-vis de C’est à la fois justifié et ambigu. prentissage, d’initiation. son rôle de serviteur de la Couron- est (…) les espoirs et les Car La Constance du jardinier ne se Que ce soit George Smi- ne britannique. Lui, faisait l’autru- résume pas à une intrigue d’amour Lley, la petite fille au tambour ou le che, opposant la sourde oreille rêves que l’on nourrit à et d’aventures plaquée sur un pam- héros d’Un pur espion, ses person- aux ragots, notamment au sein de phlet anticapitaliste. Ce roman est nages sortent transformés, meur- la colonie britannique, qui fai- son égard, son potentiel œuvre d’écrivain et non le énième tris mais mûris, de leurs épreuves. saient de Tessa Quayle et Arnold produit formaté d’un auteur de Justin Quayle n’échappe pas à la Bluhm un couple d’amants. Pacte bénéfique infini (...) best-sellers. Le faux rythme sur règle dans La Constance du jardi- de confiance entre deux êtres déjà lequel il démarre suggère remar- nier. Effacé au point de passer pres- éprouvés par la perte d’un enfant les coulisses obscures quablement bien les pesanteurs, la que inaperçu au début du roman, mort-né. L’un des ressorts de l’in- futilité et la mesquinerie de l’uni- ce fonctionnaire du Foreign Office trigue est évidemment constitué où règnent l’amoralité, vers post-colonial britannique. Le en poste à Nairobi (Kenya) prend par l’interrogation du lecteur à protocole du haut commissariat, au fil de l’intrigue une consistance propos de cette confiance aveugle l’hypocrisie, les codes sociaux des expatriés bri- et une dimension héroïque. L’intri- et réciproque. tanniques, les intrigues et luttes gue démarre avec le meurtre de la corruption et l’avidité d’influence des fonctionnaires de son épouse, Tessa, – avocate enga- VERS LA RÉDEMPTION Sa Majesté entre Londres et Nairo- gée dans l’action humanitaire, Comme une sorte de miroir de des laboratoires. » bi sont dépeints avec plus de soins DANIEL SCHWARTZ/LOOKAT retrouvée la gorge tranchée non La Petite Fille au tambour, où l’hé- encore que l’univers des multina- loin de Nairobi et la disparition roïne paumée était façonnée par abeilles – est également détourné monde au nom de la liberté et qu’il à un grand hôpital universitaire tionales, laissé délibérément dans d’un médecin africain de nationali- un maître espion Pygmalion, c’est par les diffuseurs du Dypraxa), à cherchait une intrigue pour étayer américain et la prise en charge des le clair-obscur. De même, mérite té belge, Arnold Bluhm, qui l’ac- ici la jeune femme qui guide son Bielefeld, en Allemagne, où il ren- son argumentation. « Quand j’en « salaires plus les frais de trois clini- d’être soulignée la consistance des compagnait. L’un et l’autre mari dans sa mutation rédemptri- contre une amie de Tessa impli- ai entrouvert la porte, le milieu phar- ciens réputés et de six assistants », personnages secondaires, Sandy avaient entrepris de dénoncer aux ce. Depuis qu’elle a disparu, Tessa quée dans un réseau dévoilant les maceutique m’a pris à la gorge et ne qui viendront défendre le point de Woodrow ou Markus Lorbeer, évo- autorités britanniques les prati- ne « quitte » plus Justin. Elle che- pratiques douteuses de certains m’a plus lâché. Tout y est », avoue vue de la généreuse firme contre luant pour leur propre compte et ques d’un laboratoire pharmaceuti- mine à ses côtés, lui parle, lui laboratoires pharmaceutiques, au l’auteur, qui dit y avoir trouvé aus- les médecins audacieux qui met- partie prenante du versant amou- que, Kate Vital Hudson et d’une répond, sans que jamais cette pré- Saskatchewan, où l’une des décou- si bien « les espoirs et les rêves que traient en cause ses produits. reux ou pharmaceutique de l’intri- société spécialisée dans la distribu- sence d’outre-tombe n’évoque un vreuses du Dypraxa est devenue l’on nourrit à son égard, son poten- Avant que ce livre ne paraisse, gue. Enfin, le personnage de Tessa tion de médicaments en Afrique, désordre psychiatrique chez Jus- une paria dans son université, tiel bénéfique infini » que les « cou- John Le Carré avait signé au prin- se distingue dans la galaxie de Le ThreeBees, qui ont diffusé à gran- tin, tant Le Carré la rend naturelle. avant de revenir au Kenya, près du lisses obscures où règnent l’amorali- temps dans The Guardian une tri- Carré par son intensité et sa force, de échelle un nouvel antitubercu- Simplement Justin accomplit-il ce lac Turkana, symboliquement pro- té, l’hypocrisie, la corruption et l’avi- bune assassine, intitulée « Beau- réservées le plus souvent aux per- leux miracle, baptisé le Dypraxa. qu’il estime être un devoir envers che du berceau de l’humanité. dité des laboratoires. » coup de gens avares », dénonçant sonnage masculins. Or, ce médicament se révèle avoir la femme qu’il aime. « Elle disait Comme ceux de Graham Gree- Dans le roman, un interlocuteur le procès intenté à l’Afrique du Sans égaler l’extraordinaire for- des effets secondaires mortels. que vous étiez un homme d’honneur ne, ce livre a deux lectures, non de Justin Quayle lui pose la ques- Sud par 39 laboratoires pharma- ce de ses chefs-d’œuvre, à com- Tout semble indiquer que cette et qu’en cas de nécessité vous agi- exclusives. D’une part, la trajectoi- tion suivante : « A ton avis, quel est ceutiques pour empêcher l’entrée mencer par la trilogie La Taupe, mise sur le marché africain a été riez comme tel », confie à Justin la re humaine des protagonistes et, le secteur où évoluent les requins les en vigueur d’une nouvelle loi sur Comme un collégien, et surtout Les prématurée et que les cautions correspondante de Tessa en Alle- d’autre part, les rapports entrete- plus dissimulateurs, menteurs, four- les médicaments facilitant l’accès Gens de Smiley, La Constance du jar- scientifiques qui l’ont permise magne. Et c’est ce qu’il fera. nus par les individus avec les insti- bes et hypocrites que j’aie jamais eu aux produits génériques. On voit dinier apparaît comme le récit, résultent de manœuvres corrup- Il quitte donc Nairobi pour Lon- tutions, que ce soient l’Etat ou les le douteux bonheur de rencon- que la prise de conscience du magnifiquement maîtrisé, d’un trices. dres, puis disparaît après une multinationales pharmaceutiques. trer ? » La réponse est sans surpri- héros Justin Quayle suit le même auteur majeur – dont les derniers Echappant au contrôle de ses entrevue avec ses supérieurs. Dans un entretien accordé en se. On reconnaît des échos de cet- chemin que celle de John Le Carré, romans n’atteignaient toutefois supérieurs, Justin Quayle, « l’es- Nous le suivons dans son périple, décembre à l’hebdomadaire britan- te philippique dans les documents son inventeur. De ce fait, le livre, pas cette excellence. Sans doute, poir sans espoir du Foreign Office » sous une fausse identité, à l’île d’El- nique The Spectator, Le Carré expli- de Tessa que Justin retrouve et qui même s’il relève de la fiction, ne parce qu’il y a mis plus de lui- animé d’une passion horticole, va be (double référence donc à Napo- que qu’il souhaitait aborder le racontent par le menu les dons du manquera pas de soulever des même. délaisser ses freesias et ses dracæ- léon, dont l’emblème – les trois pillage et l’exploitation du tiers- laboratoire fabriquant le Dypraxa controverses. L’industrie pharma- Paul Benkimoun

livraison livraisons b FIDÈLE AU POSTE, de Roger Grenier Salinger, héros malgré lui b MA CERISAIE, de Marina Vlady Un chalet niché au cœur de la vallée d’Aspe. Toile de fond idéa- Fin des années 1960. Tandis qu’en coulisse un vent simulé fait le pour la rencontre entre un petit garçon et un poste à galène. trembler de fictifs cerisiers, une jeune actrice joue devant sa Rencontre décisive puisque Roger Grenier fit de la radio l’un Quand l’auteur de « L’Attrape-Cœurs » inspire mère, Militza. Un demi-siècle plus tôt, fillette de huit ans qui éton- de ses métiers et qu’il nous offre aujourd’hui une balade au fil nait par son précoce « sens inné de la scène », Militza entrait à des ondes. Nourrie des expériences et des rencontres de Eric Neuhoff et, plus convaincant, Lawrence Block l’Institut Smolny de Saint-Pétersbourg, ses parents ayant l’espoir l’auteur cette chronique des jours enfuis, empreinte de nostal- de la voir accéder « aux plus hautes sphères artistiques ou politi- gie et d’humour, mêle histoire et anecdotes. Le flot des souve- joie : Bruckinger a écrit une nouvelle ques. » Pour Marina Vlady, ces cinquante années de la vie de sa nirs met en scène, tour à tour, une Mistinguett grabataire, et UN BIEN FOU qui parle de suicide et de poisson- famille sont une telle réplique de la pièce de Tchekhov qu’elle un Jean Genet quasi inconnu. Camus, Gide ou Brasseur repren- d’Eric Neuhoff. chat, son chien s’appelle Seymour, il s’en empare pour une superposition des destins de la fiction et de nent vie en coulisses ou derrière le micro pour contribuer au Albin Michel, 208 p., habite le Vermont… tout bien sûr, la réalité, celle-ci prolongée dans les drames et la volonté de survi- témoignage d’un homme passionné. Au point de rester 14,94 ¤ (98 F). sauf la (petite) fiction : Bruckinger, vre malgré tout. De la Russie du dernier tsar et de Lénine à la jusqu’au bout fidèle au poste (Gallimard, 176 p., 14,95 ¤ loin d’être zen et féru de macrobio- France de l’exil, de ces jours de guerre et de révolution à ceux où, [98,05 F]). St. L. LES LETTRES MAUVES tique, fume et se saoûle, a trois jeune actrice, elle émeut sa mère, Marina Vlady maîtrise la narra- (The Burglar in the Rye) enfants au lieu de deux, dix ans de tion du cheminement des vies dans « les méandres du temps » de Lawrence Block. moins que son inspirateur et n’a (Fayard, 300 p., 20,58 ¤ [135 F]). P.-R. L. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) donc pas pu faire la guerre (Salinger b L’EMPIRE DES SOLITUDES, de Marc Durin-Valois par Etienne Ménanteau, a débarqué le 6 juin 1944)… Comme Dans un pays d’Afrique ou d’Asie, un prince-tyran, un ministre Seuil, « Policiers », 298 p., dirait Zelda, la fille dudit Bruckinger : véreux, une favorite, deux officiers, un serviteur et seize soldats 18,29 ¤ (120 F). « Vous parlez d’une imagination ! » fanatisés sont retranchés dans un fort isolé. Parmi eux, un traître, Le vieil écrivain célèbre a piqué la désigné pour être l’assassin du prince. Sept jours, sept chapitres, ue pouvait-il bien encore petite amie du narrateur, qui avait sept narrateurs différents. Si en toile de fond se dessine la ruine arriver à Salinger, l’auteur pourtant tout pour lui : jeune, beau, d’un pays qui a sombré dans la tyrannie et l’abîme des génocides, du Catcher in the Rye, cet et publicitaire. Très déprimé, très en ce livre est avant tout une histoire d’individualités. On pense par- Q Attrape-Cœurs dont on colère, le pauvre malheureux ne pen- fois à Borges et à Buzzatti. (JCLattès, 274 p., 17,99 ¤ [118 F]). célèbre cette année (lire se qu’à se venger. Ce roman du St. L. « Le Monde des Poches » pp. VIII- dépit amoureux – envers Salinger ? IX) les cinquante ans ? Après des – n’étonne qu’à travers le personna- décennies de réclusion, il avait fait (à ge et la vie du grand écrivain reclus. son corps défendant) reparler de lui Le « vrai » Salinger ayant toujours lors de la publication du récit auto- aimé les très jeunes femmes, on a biographique – At Home in the échappé au roman pédophile, telle- World – d’une ancienne petite amie, ment tendance, qui aurait fait du nar- Joyce Maynard, qui avait eu, en plus, rateur le père d’une future romanciè- l’audace de vendre aux enchères, en re, style Joyce Maynard à dix-huit juin 1999 les lettres qu’il lui avait ans. N’empêche, on n’en était pas adressées. Comble de l’horreur, sa loin : « Vieux cochon sénile. Elles vous propre fille, Margaret, a fait paraître excitent n’est-ce pas, les petites filles ? en 2000, Dream Catcher, A Memoir Leur peau si douce, leur voix miaulan- (1) où elle dévoile toutes sortes de te, leurs pieds en dedans. Maud est secrets intimes, bizarres, et peu trop vieille pour vous. » ragoûtants sur son père (« Le Mon- Lawrence Block est beaucoup plus de des livres » du 4 septembre 2000). tendre en évoquant celui dont «le Eh bien, on va de nouveau parler de roman a changé [sa] vie ». Partant lui car le voilà devenu, deux fois, per- des fameuses lettres, il a échafaudé sonnage de roman : il s’appelle une nouvelle aventure drôle et bien « Sebastian Bruckinger », sous la plu- ficelée de Bernie Rhodenbarr, « The me du romancier-scénariste-journa- Burglar », l’un de ses héros récur- liste français, Eric Neuhoff, et « Gulli- rents, voleur-bouquiniste au grand ver Fairborn » sous celle de Lawren- cœur, d’où le titre original on ne ce Block, l’un des meilleurs auteurs peut plus transparent : The Burglar in américains de romans policiers. the Rye. Autres références de moin- Autant le dire tout de suite, le dre taille et en chaîne, l’ours Padding- roman d’Eric Neuhoff ne fait pas de ton en effigie dans un imaginaire cadeau à « Sebastian Bruckinger ». hôtel Paddington qui ressemble à s’y En bon journaliste, Neuhoff sait tout méprendre au Plazza de New York ce qu’il y a à savoir du romancier où l’on peut voir le portrait d’une ter- qu’il a tant aimé. Et une grande par- rible petite fille, héroïne d’autres tie de ce qu’il raconte sur son person- livres pour enfants : Héloïse ! nage est puisé dans une irréprocha- Martine Silber ble documentation. Les amateurs de « clefs » s’en donneront à cœur (1) A paraître aux éditions Nil. littératures LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 / V b « L’essence poétique de l’expérience » Marginal perpétuel tout autant que bourlingueur, Claude McKay fait le récit de ses périples qui le conduisirent de New York à Moscou en passant par le Paris de l’entre-deux-guerres

McKay est attiré par la Révolution UN SACRÉ BOUT DE CHEMIN russe : « Des millions d’individus ordi- (A long Way from Home) naires et des milliers d’écrivains de Claude McKay. avaient été secoués par les gronde- Traduit de l’anglais (Etats-Unis) ments du tonnerre russe qui se répercu- par Michel Fabre, taient tout autour du monde. Et, en éd. André Dimanche, tant que membre du corps social et 398 p., 24,23 ¤ (159 F). poète, je fus moi-même ébranlé. » Il décide donc d’accomplir le « pèlerina- rôle d’oiseau que ce ge magique » : il restera trois ans en Claude McKay, né en URSS, plus ou moins méprisé par les Jamaïque en 1890 dans communistes américains, fêté par- une famille de paysans tout comme représentant de la com- aisésD et jeune poète tôt reconnu. En munauté noire, accueilli par l’Armée 1918, il vient travailler dans les che- rouge comme un héros, reçu dans les mins de fer américains pour se faire salons de ce qui reste de bourgeoisie. connaître du monde et, dès lors, n’ar- Ce chapitre russe est fascinant, qui rête plus de le parcourir. Passant offre une vision originale de la socié- d’un continent ou d’un pays à l’autre té en révolution, en même temps comme par enchantement, il fran- que quelques croquis grinçants des chit les barrières sociales avec autant dirigeants de l’Internationale com- de facilité : docker déchargeant des muniste. McKay, qui obtient tou- noix de coco ou serveur dans les jours de voir qui il veut, est séduit par wagons-restaurants, danseur dans Trotsky ; et sans pitié pour Radek une troupe ou lecteur pour un studio qui, voyant son bébé effrayé par de cinéma, portier ou domestique, il McKay, en tire une théorie délirante est à l’aise partout. Et il lie des ami- sur le racisme aux Etats-Unis. tiés sans frontières avec des tenan- Bizarrement, on ne saura pas exac- ciers de bistrots, des pickpockets, des tement ce que le poète sans illusion marins, des intellectuels, des soldats, pense finalement de cette révolution des peintres et des poètes, des qui l’a attiré : il en perçoit vite les ouvriers ou des femmes de ménage. mensonges, mais, finalement, cela S’il souligne que l’expression «“mon lui importe peu. Ce qui compte pour ami blanc” employée par un Noir (…) lui, ce sont des hommes et des histoi- suscite un sentiment si subtil de snobis- res, et la Russie effervescente lui en me et de supériorité », ses affections offre à satiété. Le Maroc lui en donne- le portent sans exclusive vers les ra d’autres, ou Marseille, Barcelone autochtones de toutes couleurs et et Paris, qu’il considère comme l’oa- origines qu’il soit à New York, Tou- sis principale de cette « caravane », lon ou Petrograd. ce groupe d’artistes américains, noirs CORBIS/SYGMA Bien sûr, il n’oublie jamais tout à ou blancs qui, en ce début de siècle, a fait qu’il est noir : « Ce fut un soulage- tillent en poésie ou en roman, car ses romans (1). Comme sa vie à New fait de la capitale française celle de la ment que d’aller vivre à Marseille par- l’ambition de ce marginal perpétuel, York, dans ce qu’il appelle la « ceintu- vie intellectuelle et artistique. mi des gens à la peau noire ou brune engagé mais incapable d’être mili- re noire », lui a fourni les matériaux McKay est de toutes les discus- qui venaient des Etats-Unis, des tant, n’aura été que littéraire. « Toute de Home to Harlem, roman qui le ren- sions et il mêle en permanence souci Antilles, d’Afrique du Nord et d’Afri- ma vie, j’ai été un troubadour vaga- dit célèbre. Un sacré bout de chemin esthétique et préoccupations politi- que occidentale. (…) C’était bon de sen- bond, me nourrissant surtout de la poé- est le récit de ses aventures, entre ques. Pour lui, comme pour la majori- tir la force et la différence d’un groupe sie de l’existence. Et tout ce que je vous Amérique, Europe et Afrique du té de ses interlocuteurs, il s’agit social, et d’avoir la certitude d’en faire offre ici, c’est l’essence poétique de Nord, mâtiné d’une réjouissante gale- d’une seule et même chose : rien de partie. » Mais ce libre penseur repart mon expérience. » Qui a lu le jubilatoi- rie de portraits iconoclastes et de moins que redéfinir le monde. toujours de l’endroit où il s’est instal- re Banjo, tiré de son séjour mar- réflexions – parfois un peu lour- Michel Samson lé pour travailler et écrire vers seillais à la fin des années 1920, a pu des – sur le destin de sa « race ». d’autres lieux, d’autres gens, d’autres éprouver comment ses rencontres Progressiste, amoureux de la liber- (1) Ed. André Dimanche (« Le Monde sensations. Et ses voyages se dis- avec le réel formaient la matière de té et individualiste convaincu, des livres » du 11 juin 1999).

contre les nazis. Mais qu’on n’imagine pas que ces deux parties sont bien sépa- SCIENCE-FICTION rées : elles sont au contraire entremêlées, voire enchevêtrées, tout au long des b trois volumes. L’auteur a pris cependant bien soin que, dans ce dédale, l’intri- par Jacques Baudou gue située à une époque quasi contemporaine et celle qui se déroule pendant la guerre soient racontées dans un ordre chronologique. Bien qu’elles soient séparées par une soixantaine d’années et d’une nature très différente : l’une Modèle du genre décrit l’installation aux Philippines d’une petite mais agressive société informa- tique américaine et les obstacles qu’elle rencontre dans sa trop maligne entre- prise ; l’autre, les épopées parallèles d’un soldat japonais, d’un sergent des marines américains et d’un spécialiste des codes secrets (tout s’explique !) ; les GOLGOTHA deux parties entretiennent l’une avec l’autre des rapports très étroits. D’abord de Neal Stephenson. parce qu’on y retrouve les mêmes personnages ou leurs descendants ; ensuite, Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean Bonnefoy, parce ce qui est resté inachevé ou en suspens dans l’une se termine – et de Payot, « Payot SF », 418 p., 22,87 ¤ (150 F). quelle manière ! – dans l’autre. L’ensemble constitue un formidable mélange de genres : thriller économique jouant sur les nouvelles technologies de l’infor- i nous avons attendu, pour rendre compte de ces volumes, que le troi- mation, roman de guerre riche en destinées d’exception, roman d’amour sième tome soit paru, c’est qu’ils constituent en fait un seul et même assez décalé, roman d’aventures autour d’une chasse au trésor qui trouve une roman, Cryptonomicon, dont la taille était telle qu’elle excuse le décou- conclusion sidérante, roman d’espionnage axé sur la cryptographie. C’est tout page de l’éditeur français – dispensant ainsi le lecteur de pratiquer cela à la fois et même un peu plus : un « grand roman américain » dépourvu Sl’haltérophilie en se livrant à son vice favori… Si le titre original fait référence à de toute lourdeur et un rien déjanté. Un bonheur ! (Les deux premiers tomes Lovecraft et à son Nécronomicon, c’est juste en manière de clin d’œil : le Crypto- sont : Le Code Enigma, 454 p., 22,87 ¤ [150 F], et Le Réseau Kinakuta, 420 p., nomicon étant ici aussi fugitivement évoqué que le livre de l’Arabe dément 22,87 ¤ [150 F].) dans l’œuvre du solitaire de Providence. Il n’en faut rien déduire quant à la b VENGEANCE, de Fabrice Colin nature de la fiction qu’il recouvre. Laquelle est assez difficile à définir. Est-ce S’il était besoin de montrer la versatilité du talent de conteur de Fabrice de la science-fiction, comme les précédents romans de l’auteur (L’Age de dia- Colin, il suffirait de comparer Vengeance aux cycles d’Arcadia ou de mant, Le Samouraï virtuel) ? Rien n’est moins sûr. Une partie du roman se situe Winterheim qui lui ont valu l’attention de la critique. Autant ces deux derniers certes dans un futur extrêmement proche, mais qui ne se distingue de notre relèvent d’une conception très personnelle de la fantasy où les références cul- monde que par l’existence, à proximité des Philippines, d’un sultanat de turelles – très différentes dans l’un et l’autre cas – jouent un rôle essentiel, Kinakuta, ayant à sa tête un sultan richissime, mais éclairé. autant Vengeance appartient au courant le moins sophistiqué du genre, à celui Une autre partie du roman se situe pendant la deuxième guerre mondiale, qu’on appelle heroic fantasy ou « aventure épique » et qui s’incarne de la aussi bien sur le front oriental contre les Japonais que sur le front occidental façon la plus emblématique dans le Conan de Robert E. Howard. Mais Fabrice Colin fait ici la démonstration qu’aucun genre n’est voué par essence à la médiocrité, qu’un auteur, pour peu qu’il en ait la volonté et les moyens, est capable de tirer les fictions a priori les plus stéréotypées vers le haut, de leur donner de l’ambition et de la profondeur. Ne serait-ce qu’en travaillant le per- sonnage du héros-guerrier et les aléas de son destin. C’est le cas de Barkhan, orphelin rescapé d’un massacre, devenu le fidèle serviteur d’un prince, qui ne porte pas pour rien le nom de Polonius et qui le trahira fort méchamment à deux reprises, le transformant ainsi en un vengeur implacable (ou presque). En modelant aussi l’empire imaginaire décrit sur les pires époques de l’Antiqui- té romaine et sur les cours névrosées et perverses des royaumes de Shakespea- re. En subvertissant enfin le manichéisme habituel au genre par une superbe trouvaille horrifique qui donne au combat final une tout autre dimension sym- bolique. De la belle ouvrage ! (Ed. Bragelonne, 346 p., 17 ¤ [111,51 F].) b DÉRAPAGES, de Harlan Ellison « Chris Hudak comprit qu’il était dans le pétrin le jour où il se fit mordre par son ordinateur. » Non, l’enfant terrible de la new wave n’a rien perdu de son talent de nouvelliste ; de ses entrées en matière fracassantes, comme en témoi- gne cet incipit de « La Dernière touche » qui ouvre un texte d’horreur particu- lièrement glaçant ; de sa verve provocante (« Perpétuité plus un jour ») prompte à pourfendre les hypocrisies des bien-pensants. Mais ce recueil, qui ne contient que deux nouvelles de science-fiction (« Engagez-vous, rengagez- vous », « Aller vers la lumière ») et une autre appartenant au registre de la fan- tasy écrite avec Robert Silverberg (« Le Dragon sur l’étagère ») montre un très net déplacement de son imaginaire vers le fantastique et l’horreur, une prédi- lection pour les histoires de destins qui dérapent et basculent dans la terreur, comme par exemple dans le clou de l’ouvrage, le saisissant Trop jeune pour quitter sa mère. Mais il contient aussi des textes assez inclassables, qui tradui- sent des préoccupations d’ordre métaphysique et mythologique à la fois, d’un caractère très singulier. En prime à ce bouquet de textes au parfum macabre et enivrant, une réponse illustrée à la question posée par de nombreux lec- teurs « Où trouvez-vous vos idées ? », intitulée « Ma résidence dans l’au-delà » qui est une formidable leçon d’écriture ! (Traduit de l’anglais – Etats-Unis – par Hélène Collon, Flammarion, « Imagine », 366 p., 20 ¤ [131,20 F].) VI / LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 dossier b Nobel. A lui tout seul, le mot fait autorité. Détaché du chimiste Un siècle de Nobel suédois qui l’a porté dans la seconde partie du Nobel. D’où les erreurs, les limites, les regrets inévitables (Proust, Joyce, XIXe siècle, il ne désigne Musil, Borges, Malraux...). D’où cet- te apparente modestie qui semble plus qu’un ensemble de commune aux membres de l’Acadé- mie suédoise. En butte aux critiques prix dont on fêtera, en et, sans doute, aux tentatives de pres- omme pour couper sions, ceux-ci finissent par former décembre, les cent ans. court aux innombrables commentai- « une sorte de famille », selon leur Cres suscités par leurs décisions, les secrétaire perpétuel. A l’issue des Mais son aura demeure jurés du Nobel ont fait du secret leur séances de travail, le groupe se marque de fabrique. Une décennie retrouve régulièrement dans les d’autant plus large qu’il après l’autre, le prix Nobel de littéra- locaux raides et désuets de la très ture est donc décerné au terme de vieille auberge Den Glydene Freden représente, en matière délibérations tenues absolument (La Paix dorée), fondée en 1722 dans confidentielles et selon un calen- un vieux quartier de Stockholm. littéraire, un symbole drier mystérieux – contrairement à Mais cette atmosphère n’a pas empê- ce qui se passe pour les prix de méde- ché les dissensions ni même les dra- inégalé. Un nombre cine, d’économie, de physique et chi- mes, parfois sanglants. Quelques mie ou de la paix, dont la date de années après avoir reçu le prix incalculable de proclamation est communiquée à Nobel ex aequo avec un autre écri- l’avance. Avant l’annonce du prix, vain suédois, Eyvind Johnson, l’aca- distinctions sont en effet qui intervient à Stockholm dans les démicien Harry Martinsson se suici- premiers jours d’octobre, pas de lis- da dans des conditions tragiques. décernées chaque année te préalable, pas de présélection offi- Accablé par la presse, qui critiquait cielle, mais une discrétion qui finirait le choix de lauréats issus de l’Acadé- dans les limites d’un pays presque par tuer les rumeurs. Cet mie, l’écrivain se fit hara-kiri à l’aide aspect des choses ne figurait pour- d’une paire de ciseaux. D’autres quit- VO TRUNG DUNG/CORBIS SYGMA ou d’une langue, mais tant pas dans le fameux testament Réception de Gao Xingjian en 2000 tèrent l’institution à la suite de l’affai- d’Alfred Nobel, rédigé à Paris, en re Rushdie, estimant que l’Académie aucune ne prétend 1895. Un rectangle de papier bruni, usage. Mais la rumeur affirme aussi diale vient mettre un coup d’arrêt à ler Paul Valéry si l’intéressé n’était aurait dû soutenir officiellement cet couvert de texte et de rajouts verti- que certains candidats, trouvant ces efforts. « Aucun surréaliste n’a pas mort au mois de juillet. De plus écrivain pour lutter contre l’atteinte couvrir ainsi le spectre de caux, qui trône aujourd’hui dans un sans doute ces sources d’informa- été récompensé, aucun expressionnis- en plus, le prix Nobel s’efforce de à la liberté dont il était la victime. Et salon de la fondation Nobel, à Stoc- tions incomplètes, se livrent à des te d’envergure, aucun poète ni drama- récompenser des « novateurs », par- même parmi ceux qui sont restés, la la littérature mondiale. kholm. Par ce document, le « vaga- visites de courtoisie préparatoires turge issu de la souche féconde de mi lesquels Hesse, Gide, Eliot ou plupart continuent de penser que bond le plus riche d’Europe », com- – quitte à se « griller » d’avance, Dada ou de l’absurdisme (André Bre- Faulkner, mais aussi, un peu plus l’institution aurait dû, pour une fois, Ambition prodigieuse, il me le surnommait Victor Hugo, lais- quand le lobbying en question se ton, Hugo Ball, Gertrude Stein) », tard, Perse ou Beckett (qui le distri- déroger à son principe affiché de sait une fortune destinée à récom- fait trop voyant. Car s’il est une cho- remarque George Steiner dans un buera anonymement à des nécessi- non-intervention politique. est vrai, et, dès 1901, penser les créateurs du monde se que les académiciens détestent, article célèbre, The Scandal of The teux). A quoi s’ajoute, à la fin des entier. Avec, à la clef, d’innombra- c’est bien d’être bousculés. D’autant Nobel Prize (The New York Times années 1970 – avec Singer, Elytis ou UN PRIX « SURÉVALUÉ » sujette à de multiples bles divergences d’interprétations et que leur indépendance est un point Book Review, 1984). Kjell Espmark, Milosz – une volonté d’attirer l’at- Certains enfin se sont abstenus de des polémiques à n’en plus finir. crucial pour une récompense qui a académicien et auteur d’un livre sur tention sur des aires linguistiques siéger depuis plusieurs années, en controverses… Pour le Pour la partie littéraire, c’est à l’Aca- bâti sa réputation sur l’intégrité de le sujet (Le Prix Nobel, paru chez Bal- peu connues, yiddish, grecque ou raisons de différends avec leurs démie des lettres suédoise que son jury. Encore fallait-il que celui-ci land en 1986 et aujourd’hui introuva- polonaise, en l’occurrence. confrères. Ainsi de Knut Ahnlund, centième anniversaire du revint l’honneur ambigu de choisir s’accorde sur le sens des dernières ble) en convient : l’Académie « offre A partir de cette époque, les acadé- qui ne fréquente plus l’Académie l’heureux bénéficiaire d’une récom- volontés d’Alfred Nobel, ce qui ne alors le spectacle d’un cercle de per- miciens mettent en avant le pragma- depuis 1996, mais n’exclut pas d’y prix – et peu avant que pense qui s’élève aujourd’hui à quel- fut pas chose facile. sonnes très douées et cultivées mais tisme et l’humilité de leur démarche. revenir pour pousser des noms com- que 9 millions de francs (environ dépourvues de tout moyen de discer- Voyez, disent-ils en substance, il n’y me ceux de Fuentes, Vargas Llosa les archives des 1,4 M¤.). Créée en 1758, sur le modè- AUX PREMIERS TEMPS ner ce que nous considérons a pas un, mais des Nobel, fruits ou Naipaul…. Knut Ahnlund, qui le de l’Académie française, l’Acadé- Jusqu’en 1912, l’Académie a cher- aujourd’hui (…) comme les apports les d’une succession de lignes et de ten- monnaie ses interviews 1 500 cou- délibérations concernant mie suédoise compte dix-huit mem- ché à coller le plus possible aux ter- plus féconds à la littérature de leur dances dont l’esprit n’a pas cessé de ronnes suédoises (environ 1 000 F), bres cooptés à vie. Romanciers, poè- mes-clefs du testament. Pour cela, époque ». Il faut attendre la fin de la varier en fonction de la personnalité n’hésite pas à critiquer les choix de la première moitié du tes, historiens, linguistes, le cénacle elle a cru nécessaire de promouvoir deuxième guerre mondiale pour du secrétaire perpétuel, de la sensibi- ses confrères, entre autres, celui de présidé par le très érudit Horace « un idéalisme noble et sain », procla- voir s’opérer un changement radical. lité des jurés et de ce que ceux-ci pen- Dario Fo, en 1999 (« pas assez XXe siècle ne soient Engdhal voit affluer, chaque année, mant sa volonté de maintenir l’Aca- En 1945, le lauréat aurait dû s’appe- saient être la volonté d’Alfred bon »), considéré comme « un ami des suggestions du monde entier, démie dans son rôle de « rempart du de Lars Forssell », l’académicien qui celles-ci émanant des anciens lau- conservatisme et du bon sens littérai- « en a eu l’idée ». publiées en suédois réats, bien sûr, mais aussi d’autres re ». C’est ainsi que Sully Prudhom- La semaine d’un Nobel Les attaques peuvent aussi venir personnes investies dans la vie litté- me sera choisi, en 1901, aux dépens On les imagine volontiers grands seigneurs, habitués aux honneurs, de l’extérieur, même si beaucoup – des membres de raire. Un « comité Nobel » composé d’Ibsen, de Zola ou de Tolstoï, jugés mais non : « S’il est vrai que certains se montrent capricieux, de nom- d’intellectuels suédois reconnaissent de cinq académiciens, est alors char- trop subversifs, et que Thomas Har- breux lauréats ne connaissent pas la gloire, en particulier dans les discipli- le sérieux et la bonne foi des acadé- l’Académie Nobel, dont gé d’examiner cet afflux d’offres, dy puis Henry James seront successi- nes scientifiques. Ceux-là ont très besoin qu’on prenne soin d’eux », expli- miciens. « Cela fonctionne tant bien puis de les trier. La liste passe ainsi vement écartés – le premier parce que Kamila Hilten-Cavallus, responsable de la communication à la Fon- que mal, avec de très bonnes inten- le secret est d’ordinaire de 200 noms à 20, puis à 5 avant « ses œuvres n’apportent pas le récon- dation Nobel. Cet organisme, qui administre les biens d’Alfred Nobel, tions », explique l’écrivain Madelei- l’été. Durant deux mois, l’ensemble fort consolateur que le grand art doit prend donc en charge toutes les modalités de remise des prix, parmi ne Gustafsson. De son côté, Lars une règle d’or, ont bien des académiciens potassent alors les offrir », le second parce que ses lesquelles l’accueil des lauréats. Arrivés à Stockholm quatre jours Olof Franzen, critique littéraire au œuvres en lice, afin de pouvoir se romans, et notamment Les Ailes de avant le 10 décembre, jour anniversaire du décès d’Alfred Nobel et journal Dagens Nyheter, constate voulu répondre, à décider avant le jour fatidique. la colombe, sont bâtis sur des thè- date de remise des prix, les lauréats (qui peuvent amener avec eux dix que le prix lui paraît « surévalué », Un travail énorme et même mes « invraisemblables et répu- personnes de leur choix) sont logés au dernier étage du Grand Hôtel, que son principe est « étrange », Stockholm, aux questions « tuant », comme l’explique l’acadé- gnants ». un bel établissement surplombé d’une toiture verte. Commence alors mais qu’il apprécie de voir des lau- micienne et romancière Birgitta Trot- A partir de 1912, l’Académie un séjour émaillé de réceptions et de conférences, parmi lesquelles le réats inconnus surgir en pleine du « Monde » zig. Souvent polyglottes et dispo- s’aperçoit qu’elle a interprété de discours de réception du prix Nobel de littérature, prononcé dans le lumière. Les lauréats, quant à eux, sant de moyens considérables, façon trop étroite la volonté de son salon bleu et blanc de l’Académie suédoise. Avec, en point d’orgue, la n’ont qu’à se féliciter de la gloire, d’une immense bibliothèque et de testateur. D’où, l’année suivante, l’at- cérémonie de remise des prix proprement dite, qui se déroule devant même si leurs ventes ne sont pas tou- dossiers de presse très complets, les tribution du Nobel à Rabindranath les caméras de télévision du monde entier. Pour l’occasion, les lau- jours proportionnées au retentisse- Lire également dans académiciens peuvent aller jusqu’à Tagore, premier lauréat non euro- réats sont tenus de porter une jaquette, « souvent pour la première fois ment intellectuel du prix. En 1995, le quotidien les pages 26 et 27 faire traduire des livres à leur seul péen. Mais la première guerre mon- de leur vie, dans 70 % des cas pour les Américains », note Mme Hilten- Jérôme Lindon, l’éditeur de Claude Cavallus. Le soir, un immense banquet se tient dans la capitale, en pré- Simon, confiait ainsi que les ventes sence de la famille royale de Suède. Cette année, à l’occasion du cente- de L’Acacia, son livre le plus connu, naire, tous les anciens lauréats encore vivants sont invités. Ils sont 240. atteignaient péniblement… 600 exemplaires par an, pour le mon- de entier. Florence Noiville Un dynamiteur et Raphaëlle Rérolle de légende vant de devenir, à titre pos- gements à la cloche de bois, des dis- thume, le bienfaiteur des putes et des deuils, avant de parvenir lettres et des sciences, qui à l’expérimentation qui devait lui était donc Alfred Nobel ? apporter le succès et la richesse. AC’est pour tenter de répondre à cette Obsédé par la hantise de la pauvreté, question que le Suédois Rune Pär Alfred saisit rapidement la nécessité Olofsson s’est lancé dans les chemins de déposer des brevets, de trouver périlleux de la biographie romancée. des investisseurs et de lutter pour la Le résultat n’est pas merveilleux – à commercialisation de son produit cause de la naïveté de l’écriture et de – parfois au prix de quelques entor- l’absence totale de référence aux ses à la loi. A ses débuts, la dynamite sources –, mais donne une idée de intéressa moins les militaires (trop ce que furent de la vie du grand hom- dangereuse !) que les entrepreneurs me et le contexte dans lequel il amas- de travaux publics. On imagine aisé- sa sa fortune. ment les progrès liés à l’utilisation Pour obtenir des informations d’un tel explosif, au siècle où se déve- plus documentées, mieux vaut donc loppèrent en masse routes, ponts et se reporter au livre d’Isabelle Lévy. autres voies de chemin de fer. Mais Outre la liste des lauréats et quelques les inventions de Nobel, qui se décla- données statistiques intéressantes, rait pacifiste, ont aussi servi à la guer- l’auteur y propose une biographie re, d’où le caractère profondément sommaire, mais assez précise d’Al- ambigu de son parcours. Il est cepen- fred Nobel. Issu d’une famille de chi- dant admis que la plus grande partie mistes invétérés, Nobel bâtit son de sa fortune provient de la vente empire et sa réputation sur la décou- d’explosifs à usage civil. verte d’un procédé permettant de R.R. canaliser le caractère explosif de la nitroglycérine. Autrement appelée e Le Roi de la dynamite, de Rune Pär dynamite, l’invention de Nobel avait Olofsson (traduit du suédois par été obtenue à force d’efforts surhu- Philippe Bouquet, éd. Gaïa, 410 p., mains, de très nombreux tâtonne- 22,71 ¤ [149 F]). Nobel, 100 ans de prix, ments et d’une incroyable persévé- 100 ans d’histoire, d’Isabelle Lévy rance. Car il en fallut des faillites, des (éd. Josette Lyon-ville de Sevran, explosions incontrôlées, des déména- 174 p., 9,91 ¤ [65 F]). dossier LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 / VII b « Redéfinir la notion de littérature » En Suède, le prix Nobel Le secrétaire permanent de l’Académie suédoise, Horace Engdahl, répond aux critiques émises à l’encontre du choix des Nobel et s’exprime sur l’évolution de ce prix meurt après Noël

« Horace Engdahl, vous êtes écri- res politiques ou géopolitiques sur tiques qu’il est difficile de contrôler. vreurs, de l’Asie à l’Afrique, mais aus- lassements anarchiques, prix profite à toutes les catégories de vain et secrétaire permanent de des considérations artistiques. On Gao Xingjian n’était pas non plus si en Europe. piles de livres effondrées, publication. L’intérêt des lecteurs sué- l’Académie suédoise. Sur dix-huit cite à ce propos la Sud-Africaine un Nobel « politique », mais la réac- la librairie Hedengrens dois a d’ailleurs augmenté ces derniè- membres de l’Académie, trois refu- Nadine Gordimer, le Portugais Jose tion chinoise ne s’est pas fait atten- – Comment envisagez-vous l’évolu- fait une pause, vendredi res années. D’un point de vue commer- sent de siéger depuis l’« affaire Saramago, le Chinois Gao Xin- dre. Encore une fois, ce n’était pas tion du prix Nobel de littérature ? 28C septembre, dans son grand débal- cial, on peut comparer son effet avec Rushdie ». En quelques années, gjian… Que répondez-vous à cela ? l’intention mais l’effet. Si nous vou- lage d’automne : Hans Ruin, profes- celui du prix Goncourt en France », trois secrétaires perpétuels se sont lions éviter toute lecture politique – Il entre dans notre tâche une seur de philosophie, y donne une assure Thomas Wyatt, directeur succédé, dont l’un, Lars Gyllensten, – Il est très rare que nous fassions de nos décisions, il nous faudrait part de responsabilité et d’irres- causerie sur Nietzsche. Plusieurs adjoint de la fédération suédoise des a publié un ouvrage très violent sur allusion, dans nos discussions, aux consacrer des médiocres. Dans tou- ponsabilité. Nous devons nous sen- dizaines d’auditeurs, presque exclusi- libraires. A condition, nuance-t-il, le fonctionnement de votre institu- convictions politiques des écrivains. te grande œuvre, il y a une force tir libres de redéfinir la notion même vement des retraités, sont venus que les auteurs récompensés soient tion. Quelles étaient les vraies rai- Je dirais même que nous évitons de symbolique qui en fait un objet sub- de littérature, sa fonction, sa nature. l’écouter, assis en rang d’oignons sur « faciles » à lire. Et Thomas Wyatt sons de cette crise ? nous informer sur ces sujets. Aussi versif. Dans le testament d’Alfred Nobel des sièges pliants. A la fin de la de citer Isaac Bashevis Singer (1978), figure une disposition intéressante leçon, un vieux monsieur se penche Gabriel Garcia Marquez (1982, «la – La discussion autour de L’affaire Sartre concernant les œuvres historiques, à l’oreille de sa voisine : « Il n’est pas poule aux œufs d’or », selon Fredrik Rushdie et de la fatwa en a été le Le 14 octobre 1964, Sartre écrit à l’Académie pour refuser à l’avance le philosophiques, les essais à caractère idiot, celui-là. » Adossé à un rayonna- Lind) ou Toni Morrisson (1993). «Le révélateur, non le déclencheur. En prix Nobel. En réclamera-t-il le montant par la suite ? En 1975, lors littéraire ou paralittéraire. Cette pos- ge, un exemplaire de son dernier prix Nobel de littérature se vend long- fait, Rushdie n’a fait l’objet d’aucun d’un entretien avec Michel Contat (Le Nouvel Observateur), Sartre se sibilité de consacrer de telles œuvres essai à la main, Hans Ruin répond temps, parce que la remise des prix conflit. L’Académie n’étant pas demandait comment il allait vivre désormais, car son compte bancaire a été, jusqu’à présent, sous-utilisée. par un sourire affable aux demandes intervient deux mois après l’annonce autorisée à prendre des positions était vide. L’écriture lui étant interdite par sa demi-cécité, il s’inquié- On songe à Mommsen (1902), à Berg- de dédicaces puis, discrètement, officielle et quinze jours avant Noël », politiques, ses membres ont sous- tait de ne plus pouvoir compter que sur les droits de ses œuvres son (1927), à Bertrand Russell (1950) s’éclipse. Dans la grande vitrine de la affirme Thomas Wyatt. Passées les crit, à titre individuel, à des actions anciennes. Il travaillait alors à un projet d’émissions historiques pour ou à Winston Churchill récompensé librairie qui donne sur la place Sture, fêtes de fin d’année, « le prix Nobel de soutien en faveur de l’auteur des Antenne 2. Or, en septembre 1975, Sartre annonça qu’il renonçait à ce pour ses qualités d’orateur (1953). au cœur de Stockholm, son essai est mort », lance un libraire. Quel- Versets sataniques. En réalité, l’Aca- projet, à cause des obstacles élevés par la chaîne et convaincu que le Mais cela ne fait que peu d’exem- côtoie, pêle-mêle, une Histoire de ques rares « survivants » (Garcia démie était l’objet d’une sourde lut- pouvoir s’opposait en sous-main à ce projet ouvertement politique. ples. Or, aujourd’hui, nous assistons l’Afghanistan, une exégèse du Marquez, encore), ajoutés à la biblio- te de pouvoir et de personnes enga- Une polémique naquit et, le 26 septembre 1975, l’AFP diffusa une à un glissement de la littérature, Coran, un abrégé de philo et un ABC graphie obligatoire des étudiants en gée depuis des années. Celle-ci por- laquelle s’ouvre de plus en plus aux d’œnologie. A quelques jours de l’at- lettres, continuent cependant, des dépêche selon laquelle des amis de Sartre avaient pris contact avec la e tait notamment sur le statut du Fondation Nobel pour savoir si le montant du prix (275 000 F) pour- représentations où la fiction pure ne tribution du 98 prix Nobel, Heden- années plus tard, à modérer l’actuel secrétaire perpétuel. Le roi Gus- rait quand même lui être versé. On soupçonna quelqu’un de son entou- prévaut plus. La démarcation s’atté- grens, comme on l’appelle ici, expé- déclin de la littérature générale dans taf III, fondateur de l’Académie en rage, inquiet pour lui, d’avoir pris cette malencontreuse initiative. nue entre les œuvres d’imagination die les affaires courantes et solde sa les bilans comptables des libraires 1786, avait prévu que celui-ci exerce- Sartre envoya aussitôt un démenti au Monde, où il disait apprendre et celles où la recherche de la vérité littérature anglaise. suédois. rait ses fonctions jusqu’à sa mort. avec stupeur cette démarche « absurde », les raisons qui lui avaient s’effectue à travers des faits. Le rôle « On ne s’affole pas. De toute Pour l’heure, Fredrik Lind s’est C’est ainsi que le premier secrétaire fait refuser le prix restant, dix ans après, « rigoureusement les mêmes » joué, par exemple, par le récit de façon, il n’y a pas grand-chose à faire, contenté, en guise de préparatifs à la a occupé ce poste pendant trente- (Le Monde, 28 septembre 1975). témoignage est devenu considéra- juste vérifier que notre carnet d’adres- « folle semaine » des Nobel, de s’as- sept ans, y compris en étant aveu- ble. L’exemple évident est L’Archipel ses est à jour, pour passer nos com- surer du bon fonctionnement du gle. Mais, dans les années 1960, il a du Goulag, de Soljenitsyne, l’œuvre mandes le plus rapidement possible poste de radio. Le jour de l’annonce été décidé que le secrétaire perpé- est-ce parfois une surprise lors- – Pourtant, du point de vue de la for- de la seconde moitié du siècle qui a auprès de la maison d’édition qui de l’attribution du prix, tous les tuel démissionnerait à soixante-dix qu’un lauréat arrive à Stockholm et me, vos détracteurs notent que l’on peut-être le plus changé la mentalité publie le lauréat », explique Fredrik employés de la librairie se rassemble- ans. C’est ce qu’a fait Lars Gyllen- se lance dans des déclarations politi- cherche en vain, dans le palmarès de notre temps. Lind, responsable de la littérature ront autour de lui, à la caisse. A un sten, mais, psychologiquement, il ques. Ce fut le cas pour Saramago. du Nobel, les démarches expérimen- On pourrait citer d’autres types suédoise et étrangère en langue sué- journaliste qui lui demandait en n’a pu se résoudre à accepter un suc- Après la remise du prix, il a pronon- tales qui sont la marque de la moder- d’ouvrages, écrits non par des victi- doise de Hedengrens. Il se souvient 1990 quel écrivain, selon lui, méritait cesseur. D’autres raisons ont expli- cé un discours qui était clairement nité. Le prix Nobel est-il conserva- mes mais par des observateurs. Des avec amusement de l’attribution du le Nobel, Fredrik Lind avait lancé le qué le départ de Knut Ahnlund et l’expression d’une pensée d’extrê- teur ? anthropologues, par exemple (dans Nobel 1998 à l’écrivain égyptien nom d’Octavio Paz, « au hasard, Kerstin Eckman. Mais, à chaque me gauche, et, pour la première ce contexte, il serait parfaitement Naguib Mahfouz. « Mahfouz était pour dire quelque chose ». Quelques fois, la nature de ces conflits était fois, les académiciens se sont dit : – Il est impossible de s’analyser soi- légitime d’évaluer une œuvre telle publié par Bakhåll, une petite maison jours plus tard, le romancier mexi- personnelle. Aucun grand principe « Mais c’est un communiste ! » Pour- même d’un point de vue historique. que celle de Claude Lévi-Strauss). d’édition qui sort tout son catalogue cain était distingué par l’Académie n’y était en jeu. S’ils ont suscité un tant, dans ses ouvrages, on ne trou- Néanmoins, au début des années Les récits de voyage de V.S. Naipaul, sur ses propres presses. A l’annonce suédoise. Pour le prix Nobel de litté- écho mondial, c’est qu’on a spéculé ve presque aucune trace de ce mili- 1980, de nombreux prix ont couron- où entrent des techniques poéti- du lauréat, ils s’étaient barricadés, rature 2001, Fredrik Lind parie sur sur leur interprétation. tantisme. Les grandes œuvres litté- né non pas des écrivains établis mais ques, font également partie intégran- avaient coupé leur ligne de téléphone l’Indonésien Pramoedya Ananta raires sont, je ne dirais pas apoliti- souvent des quasi-inconnus. Ce fut te du patrimoine littéraire. Ce sont et ne répondaient plus à personne. La Toer. Un roman de Toer est disponi- – Il est souvent reproché à votre ques, mais politiquement polymor- le cas de Milosz en 1980 ou de Canet- des romans dont les personnages, panique. » ble à Hedengrens : en un seul exem- Académie, lors de l’attribution du phes. Cela étant dit, il est vrai que ti, qui, en 1981, n’était connu que de réels, parlent comme les damnés de Le Nobel est l’événement de l’an- plaire, il a été mis en rayon en 1995… Nobel, de faire prévaloir des critè- nos choix ont parfois des effets poli- certains milieux littéraires alle- L’Enfer de Dante. L’idée n’est pas née pour les libraires suédois. «Le Boris Lévy mands. Seifert, de même (1984), nouvelle, mais le fait qu’un tel mode était lu à Prague mais guère au-delà. d’expression occupe désormais une La poétesse polonaise Szimborska place centrale dans le champ littérai- avait certes une certaine réputation, re devrait trouver une traduction mais dans des cercles limités… Grâce dans les décisions des jurés Nobel. à nos méthodes de travail, nous pou- Propos recueillis par Florence vons avoir cette fonction de décou- Noiville et Raphaëlle Rérolle Les académiciens suédois et le reste du monde

ar un concours de dates, le charge qui pèse sur nos épaules de centenaire du prix Nobel Suédois/Plus d’un plie sous une telle coïncide avec le début du responsabilité/Tandis que le monde XXe siècle. En se retour- observe, critique notre choix. » A tel nantP sur leur histoire, les jurés de point que deux académiciens cette très fameuse assemblée d’alors s’étaient même prononcés embrasseront donc aussi le siècle contre la donation d’Alfred Nobel ! tout court – ce siècle qui fut, dit-on, Pour autant, à la lumière de l’événe- celui du roman. Lourde de sens, cet- ment et de ses enjeux (gloire, consé- te perspective est évidemment ren- cration, postérité peut-être…), il est due plus cruciale par l’autorité difficile de ne pas mettre en ques- dont jouit cette récompense à tra- tion les plus criantes de ses limites. vers le monde. Non seulement le Une académie composée de mem- prix Nobel de littérature, riche- bres nommés à vie, dont la moyen- ment doté, s’inscrit dans un ensem- ne d’âge est de soixante-dix ans et ble de prix couvrant plusieurs dont les goûts littéraires évoluent autres disciplines – ce qui tend à peu, est-elle la plus qualifiée pour renforcer son caractère universel –, connaître, jauger, évaluer la créati- mais il est surtout la seule distinc- vité littéraire du monde entier ? tion internationale en la matière. Même si un tiers de ses membres a Cette caractéristique a sans doute été renouvelé depuis 1989, même engendré un effet d’optique qui s’ils voyagent, lisent et s’informent prête au prix lui-même la vertu de ardemment, peuvent-ils réelle- hiérarchiser la littérature mondiale, ment porter dans leur besace toute et à ses jurés, la charge écrasante la richesse des expressions littérai- d’appartenir à un tribunal tout- res de notre temps ? Un siècle de puissant. Ce qui, bien entendu, sou- recul montre en réalité à quel point lève un problème de légitimité. le prix Nobel de littérature est Il est intéressant de noter que ces « européanocentré » : en cent ans, prétentions ne proviennent pas des l’Océanie a reçu 1 prix, l’Asie 3, jurés eux-mêmes. Lesquels font plu- l’Afrique 4, et l’Amérique 16, lors- tôt preuve d’une certaine modestie que l’Europe, elle, était couron- et n’affirment pas – qui le pour- née… 73 fois. rait ? – sortir un choix purement Sans doute, l’origine suédoise objectif de leur manche. Tous ou des jurés a-t-elle souvent favorisé presque insistent sur le décalage l’ouverture du prix vers le reste du qui s’est instauré entre l’immense monde : jugée politiquement neu- influence du prix et l’ambition réel- tre, la Suède est aussi un pays de le de leur projet. « Disons que nous langue minoritaire. Néanmoins, la déterminons des “couches d’écri- vraie limite du prix Nobel tient vains” qui ont tous, peu ou prou, la aujourd’hui moins à la taille res- même valeur, note la romancière treinte de son jury (18 membres) Birgitta Trotzig. C’est de ces cou- qu’à sa composition purement loca- ches que le jury extrait son lauréat, le. Un prix d’audience internationa- qui n’est pas forcément le plus grand le peut-il encore être décerné à une du monde. » Dès l’origine, échelle exclusivement nationale ? d’ailleurs, les académiciens ont C’est peut-être en réfléchissant redouté le poids de leur responsabi- dans cette direction que les acadé- lité. Lors de la remise du premier miciens suédois pourraient le Nobel, le secrétaire perpétuel expri- mieux respecter le rêve cosmopo- mait ses angoisses dans un qua- lite d’Alfred Nobel. train resté célèbre : « Point n’était Fl. N. désirée, point n’était recherchée/La et R. R. VIII / LE MONDE / VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 actualités b La littérature prône l’Europe, la culture et la paix à Sarajevo Organisées par le Centre André-Malraux, les Rencontres européennes du livre se sont tenues dans la capitale bosniaque, malgré l’absence de subventions de l’Union européenne. Dans une atmosphère de conflit international, les écrivains y ont manifesté leur souci de dialogue entre les cultures

rées l’an dernier d’une souffrir, pour parler le langage des perdue, les forces vivantes et les intelli- maillons d’une langue commune de guerre retentissaient, plus je compre- « où nous vivions, dit-il, depuis long- complicité entre Francis techniciens de Bruxelles, d’un déficit gences qui pourraient permettre de lui la culture), dessinateurs, musiciens, nais que ces rencontres auraient lieu temps en bonne entente malgré nos Bueb, fondateur en 1996 d’Europe. Elle s’est déroulée sans la inventer un futur. Mais à quoi bon. photographes, acteurs, cinéastes au bon endroit et au bon moment, et différences » ; et celui que tout le du Centre André- moindre subvention de l’Union euro- C’est visiblement une autre Europe (Jean-Luc Godard est venu présen- qu’on n’aurait su leur trouver meilleu- monde n’appelle plus que Predrag CMalraux, ce havre de la culture fran- péenne, qui, tout en se réjouissant que l’on veut à Bruxelles… Nous ter Eloge de l’amour le 1er octobre) et re enseigne. En effet, si l’on souhaitait souhaite à son ami turc, le roman- çaise et de la défense des droits de avec un certain cynisme que les Ren- n’aurons aucun mal à expliquer à intellectuels venus des divers pays dire quelque chose avant que les cier Nedim Gürsel, de pouvoir l’homme campé en dépit des immo- contres puissent avoir lieu sans sa Juan Goytisolo, Erri de Luca, Paul Gar- des Balkans, mais aussi de France, canons se mettent à tonner et les avi- retourner à New York sans tracas bilismes, des bombes et des massa- contribution, a expliqué que le Festi- de, Jacques Lacarrière, Edgar Morin, d’Allemagne, de Suède, d’Angleter- ons à lâcher leurs bombes, existait-il (« peut-être, ajoute-t-il avec malice cres en capitale bosniaque, et val de littérature européenne de Peter Schneider, Vidosav Stevanovic, re, d’Italie, d’Espagne, de Turquie, un lieu plus approprié que Sarajevo ? en regardant le bel homme qu’est Michel Le Bris, fondateur des Eton- Sarajevo n’avait pas « obtenu le nom- Predrag Matvejevitch, François Fejtö, des Etats-Unis ou d’Algérie, afin Une autre ville était-elle mieux à Gürsel, y aura-t-il, parmi les doua- nants voyageurs, les Rencontres bre de points nécessaire » pour être Alain Finkielkraut, Bernard-Henri qu’ils puissent se parler, évoquer même d’adresser un message de com- niers, une femme »). Björn Larsson, européennes du livre de Sarajevo se sélectionné au milieu d’autres pro- Lévy… pour n’en citer que quelques- leurs épreuves passées, leur désir de passion aux citoyens de New York ? né en Suède, où il fît de la prison sont tenues du 27 septembre au jets « techniquement viables ». uns, qu’ils n’ont pas obtenu le nombre construire une Europe ouverte. Et D’où aurait-on pu envoyer un appel pour objection de conscience, plai- 3 octobre. Elles ont prouvé cette Disons-le net : cette dérobade (ou de points suffisant. Ce sont des gens ignorer aussi que, depuis le 11 sep- crédible, demandant à faire taire la de pour une redéfinition des écri- année encore le bien-fondé et le suc- cet aveuglement) est un scandale, et intelligents : ils comprendront très vite tembre, ce type de dialogue est parti- haine et à ne pas soupçonner injuste- vains comme vagabonds, errants, cès de la manifestation, l’importan- l’argument brandi est de l’ordre de ce dont il est question. Et ils seront, culièrement nécessaire. ment les musulmans, si ce n’est de cet- gens du voyage ou marins, et propo- ce des échanges qui se cultivent la mascarade. Que ne se privent pas n’en doutons pas, sensibles aux vœux Ecoutons Nenad Popovic, éditeur te ville qui a été si cruellement agres- se une réécriture de la Déclaration entre langues, cultures et littératures de dénoncer les organisateurs – de réussite qui concluent la lettre de à Zagreb et fondateur du groupe qui sée à cause de son héritage islamique, universelle des droits de l’homme, d’Europe, le besoin de fraternité qui dont Jean-Marie Laclavetine (prési- M. l’ambassadeur de l’Union euro- chercha en 1999 à reconsolider la et qui a été défendue avec la même afin d’y inclure en priorité le droit de se développe entre écrivains prêts à dent de l’association), Jorge Sem- péenne… Que M. l’ambassadeur soit scène culturelle de l’ex-Yougosla- ardeur par les catholiques, les ortho- décider lui-même « pour quelle per- ignorer les frontières que leur impo- prun (président du comité de parrai- donc rassuré : en effet, nous continue- vie : « Je me disais : la guerre relève doxes, les juifs et les musulmans ? » sonne ou pour quelle cause il accepte sent les politiques. En même temps, nage), Claude Bleton (directeur du rons… C’est que nous ne sommes pas du passé. Mais les rencontres littérai- A Sarajevo, où la vie a repris de sacrifier sa vie », le droit de « refu- cette édition, à laquelle participaient Collège international des traduc- seulement naïfs : nous sommes égale- res de cette année se tiendront à la depuis la fin du siège, au milieu des ser de faire la guerre, de refuser de des institutions prestigieuses (du Bri- teurs littéraires d’Arles) et Michel- ment têtus. » veille d’un nouveau conflit. Les flottes maisons criblées, trouées, autour de tuer et d’être tué ». Dominique tish Council à la Fondation balkani- Edouard Leclerc (membre du collè- Datée du 17 septembre, la lettre de guerre s’empressent d’aller pren- sa bibliothèque bombardée, Saraje- Sigaud demande pourquoi le bassin ca, en passant par la Bibliothèque ge des partenaires) : « Nous pour- de refus de M. l’ambassadeur de dre position sur les mers du monde vo où l’on élisait ce week-end une méditerranéen est à la fois refuge de historique de la Ville de Paris, Pro rions souligner que notre volonté est l’Union européenne en Bosnie sem- entier. J’ai pensé proposer au Centre Miss au Holiday Inn, Sarajevo où douceur infinie et berceau de Helvetia, RFI, la revue Esprit, les de rassembler, dans le lieu par excel- ble en effet ignorer l’ambition d’une André-Malraux de tout annuler. Dieu des graffitis sur les murs deman- violence. ambassades belge, suisse, française, lence où au cours des décennies pas- manifestation qui réunit des écri- merci, je ne l’ai pas fait. Car plus la dent : « Combien de minutes de silen- Un dialogue (avec des militaires allemande à Sarajevo…), semble sées l’Europe s’est cherchée et parfois vains, traducteurs (indispensables haine se propageait, plus les cris de ce pour les musulmans assassinés en treillis parmi les auditeurs) où se depuis des siècles ? », la Slovène Bri- mêlent Jacques Lacarrière (rappe- na Svit déclare être venue pour lant que les poissons portent le « commencer une nouvelle chaîne même nom de l’Andalousie à d’amitié ». Eva Almassy, d’origine l’Egypte), Vidosav Stevanovic L’EDITION hongroise, répète que Sarajevo est (dénonçant le rôle des intellectuels près du Londres de Rebecca West, dans la guerre des Balkans) et d’où FRANÇAISE La « plateforme » des Goncourt près du Chicago où s’est installé le surgissent des questions auxquel- Bosniaque Aleksandar Hemon, près les les politiques devraient donner b Naissance de Cosmopole. Cette de son Budapest natal et près de des réponses : pourquoi les institu- nouvelle maison d’édition vient éjà, en 1998, les Goncourt avaient manifesté plus. Pour faire bonne mesure, Houellebecq n’a pas hési- New York, de Washington. tions européennes sont-elles d’être créée par Valérie Dumeige, leur crainte de Michel Houellebecq. Les Parti- té à tenir, dans le magazine Lire, des propos provocateurs Predrag Matvejevitch, l’auteur du implantées au nord (Matvejevic) ? qui, sans être historienne, a le goût cules élémentaires suscitait une polémique et très déplaisants sur l’islam en général. Il figure cepen- Bréviaire méditerranéen (Fayard, Comment éviter l’amnésie du sens des archives et des recherches. passionnante, remportait un succès public, dant sur la première sélection du Goncourt, rendue publi- 1992), sert de guide aux écrivains de ce qui s’est passé (Véronique Cosmopole publie des témoignages, Détait considéré à l’étranger comme le signe d’une nouvel- que… le 11 septembre, juste avant l’attentat contre le présents lors d’une visite de Mostar, Nahoum-Grappe) ? principalement historiques, « tous à le vitalité de la modernité française. Un Goncourt World Trade Center. où il naquit, Mostar ville crucifiée Jean-Luc Douin la première personne ». Premières idéal. Mais le président de l’académie, François Nouris- Depuis, tous les pronostiqueurs patentés du milieu litté- parutions : Esclave chez les Patagons sier, était presque le seul à le penser. On a donc « sorti du raire se disaient certains que Houellebecq n’aurait, cette (récit d’un jeune Français duXIXe siè- chapeau » Paule Constant (on se sert souvent de femmes fois encore, pas le Goncourt… Mais personne n’aurait cle retenu prisonnier trois ans chez dans ce genre de manœuvre). parié sur son exclusion dès la deuxième sélection, rendue les Indiens des pampas sud-américai- Après ce coup piteux, en 1999, comme presque tou- publique le 2 octobre (Le Monde du 4 octobre). Il n’a été A L’ETRANGER nes), A la recherche de Voulet (sur les jours lorsqu’elle veut se redonner une virginité littéraire, défendu que par l’obstiné Nourissier. On n’aurait pas ima- atrocités commises par l’armée fran- l’honorable académie s’est rabattue sur un auteur des édi- giné non plus qu’entrerait sur la liste… Alain Robbe- b ESPAGNE : Lucía Etxebarría accusée de plagiat çaise lors de la colonisation de l’Afri- tions de Minuit, Jean Echenoz. Grillet… soixante-dix-neuf ans, auteur Minuit et membre Lucía Etxebarría a été accusée par la revue espagnole Interviú de que) et Histoire de la croisade, de Fou- Venait ensuite 2000, dernier Goncourt du siècle. Fran- de longue date du jury Médicis. s’être approprié un certain nombre « de vers, de métaphores et cher de Chartres, l’un des rares témoi- çois Nourissier – encore lui – s’est enthousiasmé pour un En 1981, Robbe-Grillet publiait Djinn, il avait cinquante- d’images » du poète aragonais Antonio Colinas, pour son recueil gnages vécus sur la première croisa- auteur presque unaniment salué par la critique, qui neuf ans. Le Goncourt est allé à Lucien Bodard, soixante- de poèmes publié en mars, en Espagne, Estación de infierno. Elle a de, à la fin du XIe siècle. Chaque docu- n’avait rien publié depuis vingt-cinq ans, Jean-Jacques dix-sept ans. En 1984, les Goncourt ont de nouveau bra- répondu dans un communiqué que « tout auteur se nourrit de réfé- ment est enrichi de cartes, de photo- Schuhl. Mais Ingrid Caven, livre parfait pour clore un siè- vé le ridicule en récompensant une romancière qu’ils rences et de thèmes littéraires » et a déposé une plainte en diffama- graphies et de mises en perspective cle chaotique, a gagné avec quatre voix sur dix, unique- avaient constamment ignorée, Marguerite Duras, soixan- tion contre la revue. Colinas a d’abord refusé d’entrer dans la polé- réalisées par des historiens. Les livres ment parce que ses opposants n’ont pu se réunir sur un te-dix ans. Ils peuvent donc continuer. Qui osera leur mique, en disant connaître l’admiration que lui porte la jeune fem- sont diffusés par Vilo. Ils sont tirés à autre nom. reprocher un lauréat goncourable dès 1955 (mais on avait me. Il a simplement demandé aux lecteurs de se référer éventuelle- 1 000 exemplaires et sont vendus 13 Et voici 2001. Premier Goncourt du XXIe siècle. Autre choisi Roger Ikor…) ? Si Robbe-Grillet obtient le premier ment à la cinquième édition de ses œuvres complètes, ajoutant : euros (85,27 F.). Rens : Cosmopole, symbole. Nouvelle catastrophe : François Nourissier Goncourt du XXIe siècle, l’académie pourra cependant « La pratique courante veut que, lorsque l’on rend hommage à un 9, square Lamartine, 75016 Paris ; ayant décidé, avec le temps, d’insister sur une défense de innover de nouveau : décréter que tout écrivain centenai- auteur, on cite ses sources et on utilise des guillemets. » Mais après contact @cosmopole.fr la littérature, soutient Plateforme, de Michel Houellebecq, re sera automatiquement primé ; instaurer un Goncourt avoir lu Estación de infierno il a fait publier une lettre dans Interviú b Création du Grand Miroir. roman qui fait encore plus de scandale et obtient encore posthume, le premier revenant, de droit, au spectre qui où il affirme qu’il y a effectivement « des correspondances », et Autre nouvelle maison d’édition, plus de succès que le précédent. Un livre où l’Occident hante la littérature française, Louis-Ferdinand Céline. demande à Lucia Etxebarría de reconnaître « avec lucidité et coura- Le Grand Miroir. Ancien directeur n’est guère épargné, mais les intégristes islamistes non Jo.S. ge » qu’elle a effectivement été « en étroite relation avec ses poè- d’Ancrages, Stéphane Lambert mes », comme elle l’a, selon lui, reconnu en privé. Interviú a égale- s’est associé à l’éditeur Luc Pire et ment publié un nouvel article accusant cette fois son roman, au libraire Marc Filipson pour Amor, curiosidad, Prozac y dudas (Prozac, amour et Cie, en français créer cette maison dont le nom est tres avec Vera Maichalski et Lev re » (de 10 à 19 heures, du mardi chez Denoël) d’être un plagiat de Prozac Nation d’Elizabeth Wut- un pied de nez à Baudelaire, qui L’AGENDA Shargorodsky (à 11 heures, BMS, au samedi, de 12 à 19 heures le zel (en français aux éd. Austral). Le livre a eu un énorme succès en séjourna à Bruxelles à l’hôtel Le 3, rue Kuhn, 67000 Strasbourg ; dimanche ; 58, rue Richelieu, Espagne, il s’en est vendu quelque 25 000 exemplaires en français, Grand Miroir. Diffusé en France b LES 5, 6 ET 7 OCTOBRE. LIEN rens. : 03-88-43-64-62). 75002 Paris, galerie Mazarine (1re et lors de sa réédition en poche chez 10/18 il est resté en tête des par Flammarion, elle propose qua- SOCIAL. A Mouans-Sartoux b LE 6 OCTOBRE. POÉSIE. A exposition) et galerie Mansart ventes durant plusieurs semaines. Dans un entretien au journal El tre collections :. « La Littéraire » (06), a lieu la 14 e édition du Festi- Nantes, la Maison de la poésie pour la seconde (entrée 35 F Mundo, Lucía Etxebarría a déclaré être très affectée par ces accusa- édite des textes francophones et val du livre, autour du thème organise la première édition de [5,34 ¤], rens. : 01-53-79-59-59). tions. Mais les ventes de son nouveau roman De todo lo visible y lo étrangers. « La Petite Littéraire » « Moi et les autres » où écrivains la Nuit de la poésie contemporai- b DU 11 AU 14 OCTOBRE. invisible se portent bien. publie des textes courts d’auteurs et public débattront du futur lien ne (à 19 heures, au Pannonica, ENFANCES. A Bordeaux se b JAPON : succès des romans à thème économique connus (Jacqueline Harpman, social avec tables rondes, confé- 9, rue Basse-Porte, 44000 Nan- déroule le 15e Salon du livre « Livres-catastrophe », tragédies, descentes en enfer, sur fond Julos Beaucarne). La collection rences et projections cinémato- tes, entrée 50 F [7,62 ¤], rens. : autour des thèmes « Histoires d’économie-fiction : les romanciers japonais s’en donnent à cœur « Duo » propose à un auteur con- graphiques (à 10 heures, rens. : 04-40-69-22-32). d’enfances » et « Une escale triste ! Les premiers romans à utiliser ces catastrophes prévisibles temporain de choisir un texte 04-92-92-47-24 ou www.mouans- b LES 6 ET 7 OCTOBRE. DROIT. littéraire : l’Afrique subsaha- – crash boursier, chômage en hausse astronomique, gouverne- ancien peu connu. « Panorama », sartoux.net/ festivaldulivre). A Gaillac (81), la médiathèque rienne » avec, en invitée d’hon- ment en pleine panique, paupérisation – datent de la crise écono- enfin, est une collection d’essais b LE 6 OCTOBRE. MAICHALSKI. municipale organise le 6e Salon neur, Bernadette Dao Sanou, mique qu’a traversée le Japon il y a dix ans, mais les mauvaises grand public qui sera lancée en A Strasbourg et dans le cadre de la du livre sur le thème « Droit de écrivain du Burkina Faso perspectives actuelles ont donné un grand regain à ces thèmes 2002. (Ed. Le Grand Miroir, biennale Mitteleuropa, la bibliothè- dire, droit de faire » (à 10 heures, (rens. : 05-56-43-04-35 ou salon- apocalyptiques. 37, quai aux Pierres-de-Taille, que municipale de Strasbourg abbaye Saint-Michel, 81600 [email protected]). 1000 Bruxelles.) (BMS) débute son cycle de rencon- Gaillac, rens. : 05-63-81-20-23). b LE 9 OCTOBRE. GUILLOUX. A Paris, la Société des composi- teurs et auteurs multimédia (SCAM) propose une rencontre avec Bernard Pivot autour de la projection de Louis Guilloux : le franc-tireur (à 19 h 30, 5, avenue Velazquez, 75008 Paris ; rens. et réservations : 01-56-69-58-16). b À PARTIR DU 9 OCTOBRE. LIVRES. A Paris, la Bibliothèque nationale de France présente deux expositions, « L’art du livre arabe, du manuscrit au livre d’ar- tiste » et « Livres de Pierre Lecui- VENDREDI 5 OCTOBRE 2001

RADIGUET, L’ANTI-RIMBAUD LE MYSTÈRE « ATTRAPE-CŒURS » LEÇONS POLITIQUES SÉLECTION L’œuvre intégrale, et inégale, Relectures contemporaines DU TEMPS DE LOUIS XI La liste des « poches » d’un écrivain adolescent du roman mythique Les « Mémoires » de parus longtemps surévalué p. III de Salinger p. VIII et IX Philippe de Commynes p. X en septembre p. XIII à XVI

SUPPLÉMENT AU MONDE DU VENDREDI 5 OCTOBRE. No 17633 - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : JEAN-MARIE COLOMBANI - IMPRIMERIE LE MONDE actualités bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

sommaire b Univers Poche en expansion b LITTÉRATURES Œuvres La stratégie de Jean-Claude Dubost, PDG de la filiale poche de Vivendi Universal Publishing de Raymond Radiguet (p. III) ême si sa marque emblémati- Pocket – dirigée par François Laurent –, par rapport au chiffre d’affaires. Mais c’est La Plaine de Caïn que s’écrit en franglais (« Poc- qui est de loin la principale maison d’Uni- un enjeu important. On contribue à installer de Spôjmaï Zariab ket »), le groupe Vivendi Uni- vers Poche, n’a pas beaucoup de difficultés des auteurs », explique Jean-Claude (p. IV) versal Publishing a préféré d’approvisionnement, puisqu’elle peut Dubost. L’enjeu pour ces deux maisons Fils et Un amour de soi Mregrouper ses livres de poche sous la s’appuyer sur toutes les maisons du populaires, qui doivent une bonne partie de Serge Doubrovsky bannière d’Univers Poche quand Jean-Ma- groupe : Laffont, Plon, Belfond, Julliard, La de leur succès à la vente en supermarchés, (p. IV) rie Messier a décidé de vendre à l’encan le Découverte, etc. Ce qui permet à Pocket est aussi de mieux s’implanter dans les Anna la douce nom imposé par le baron Havas au XIXe siè- d’être en tête des ventes avec Marc Levy librairies. de Dezsö Kosztolanyi cle. Le nom Vivendi Universal Pocket ne comme avec José Bové. Pocket peut aussi Univers Poche tient à une image diversi- (p. IV) passait pas et, au lendemain de l’été, Havas se fournir ailleurs et les maisons du groupe fiée, mais les choses se brouillent parfois. Livraisons (p. V) Poche est devenu Univers Poche. « Cela céder leurs droits poche à d’autres A l’origine, 10/18 est une collection haut de montre que nous sommes en développement, éditeurs. Il ne s’agit pas de vases gamme, qui s’adresse à un public choisi, b ROMANS POLICIERS en expansion, comme l’univers », explique communicants, mais d’un sas par lequel on principalement vendue en librairie. Mais la Proie facile en riant Jean-Claude Dubost, PDG d’Uni- peut plus facilement passer. La proximité maison dirigée par l’infatigable Jean- de John Harvey (p. VI) vers Poche. Il affiche une progression de est aussi plus grande avec un éditeur qui Claude Zylberstein se hisse régulièrement Livraisons (p. VI) 20 % des ventes en deux ans et plus de n’appartient pas au groupe mais qui est dis- sur les listes de meilleures ventes – grâce 20 millions d’exemplaires vendus par an. tribué par Vivendi Universal Publishing. notamment aux Chroniques de San Fran- b SCIENCE-FICTION Univers Poche a la volonté de devancer Le cisco d’Armistead Maupin – et connaît un Les Enfants de la lune Livre de Poche du groupe Hachette. L’appui d’un groupe est souvent néces- développement important depuis quel- de Fabrice Colin (p. VII) Univers Poche regroupe quatre saire pour négocier avec les agents des ques années. Pocket, la maison principale, Livraisons (p. VII) maisons : Pocket, Pocket Jeunesse, 10/18 et best-sellers américains. « L’éditeur doit reste populaire, mais a ouvert sa porte à Fleuve noir. L’ensemble est dirigé par Jean- avoir un partenaire poche puissant pour des « nouvelles voix » moins connues. b DOSSIER Claude Dubost depuis deux ans. Vieux faire face à des demandes d’à-valoir très Enfin, Fleuve noir était la branche popu- Le mystère routier de l’édition, il connaît tous les roua- importantes. De nombreux agents vendent laire de la maison, vendue dans les gares, « Attrape-cœurs » : ges du livre de poche. Il a commencé sa en même temps les droits premiers et les mais le fer de lance du Fleuve, Frédéric Cinquante ans après carrière chez Hachette en 1967, au Livre de droits poche », explique Jean-Claude Dard-San Antonio, est désormais reconnu sa première publication poche justement, comme directeur Dubost. Autre problème pour les best-sel- comme un romancier à part entière. Et aux Etats-Unis, commercial et éditeur, puis à la tête de lers internationaux : les droits sont limités Fleuve noir, récemment repris en main par relectures contemporaines Hachette Jeunesse. Vingt ans après, il dans le temps. « On n’a pas le temps de Béatrice Duval, venue de J’ai lu, est depuis du roman-culte prend en charge le livre au sein de Bayard couvrir un à-valoir qu’il faut déjà renégocier quelques années le maillon faible du de J. D. Salinger Presse, où il obtient un colossal succès les droits. Il y a des affaires qu’il vaut mieux groupe. Les difficultés apparues entre le (pp. VIII et IX) avec la série « Chair de poule », de R.L. refuser. D’autres qu’il ne faut pas hésiter à fils de Frédéric Dard, Patrice Dard, qui va Stine, qui fait aussi grincer quelques dents payer très cher si on sait comment continuer San Antonio chez Fayard, et b ESSAIS chez Bayard où elle n’est pas jugée très augmenter les ventes d’un auteur », pour- Univers Poche risquent de ne pas arranger Mémoires catholique… En 1999, sa carrière connaît suit le patron d’Univers Poche, qui précise les choses (« Le Monde des livres » du de Philippe de Commynes un nouveau rebondissement quand il que face à cette inflation des droits, «la 28 septembre). (p. X) succède à Leonello Brandolini, parti diriger priorité d’Univers Poche est de constituer un « Le marché populaire a changé, expli- Sociologie Robert Laffont. fonds et de développer les ventes de fonds ». que Jean-Claude Dubost. Avant, il était lié à de la consommation Pour Jean-Claude Dubost, le livre « c’est Les éditeurs de poche sont, comme les des phénomènes de masse transversaux. de Nicolas Herpin d’abord une équipe éditoriale ». «40%de autres, à la recherche d’auteurs, y compris Aujourd’hui on est confronté à des tribus qui (p. XI) notre offre est constituée de création inédite, pour la réédition. C’est l’un des enjeux de coexistent. Le lectorat traditionnel de Fleuve Traité 51. Sur l’origine cela nous donne une souplesse éditoriale la petite bataille qui a lieu entre J’ai lu et noir, plutôt masculin, vieillit. Mais on est en des maux qu’on n’aurait pas si on ne dépendait que de Pocket à travers leurs collections respecti- train de le rajeunir et de le féminiser de de Plotin (p. XI) la réédition ». La création se trouve princi- ves, « Nouvelle Génération » – lancée la façon spectaculaire. Indépendamment de L’Anarchisme palement chez Pocket Jeunesse, Fleuve première – et « Nouvelles Voix ». San Antonio, Fleuve noir continuera de se dé- en Europe noir et 10/18, avec notamment la série « On parie sur un auteur en devenir, on lui velopper. » Il met notamment en avant le de Gaetano Manfredonia « Grands détectives ». L’approvisionne- donne une chance d’atteindre un public plus succès de la série « Buffy contre les vampi- (p. XI) ment devient un problème crucial pour les large. Avec cette collection, on a décidé de se res », qui reprend le feuilleton diffusé sur Livraisons (p. V) éditeurs de poche, confrontés à une aug- battre. Il faut montrer qu’on s’engage. On a M6. On verra si la suite du feuilleton édito- mentation du montant des acquisitions. sans doute passé un temps disproportionné rial et financier autour de l’héritage de b MUSIQUES Frédéric Dard s’appellera « Buffy contre Un tableau de l’édition Le livre de poche en chiffres San Antonio » ou si la charmante héroïne musicale en « poche » et le commissaire finiront par chasser les VENTES (p. XII) vampires ensemble (et plus si affinités)... en milliards de francs en millions d'exemplaires Livraisons (p. XII) en nombres d'exemplaire, Il ne suffit pas de faire des livres, il faut 1800 1,782 145 143 13 000 144 aussi les vendre et Jean-Claude Dubost ne b SÉLECTION 1,750 TIRAGE MOYEN se lasse pas de regretter les réticences 1750 La liste des livres de poche 140 12 500 contre la publicité pour le livre à la télé- parus au mois 11 991 vision : « Le livre a de l’avenir. C’est un 1700 de septembre 139 métier de création et d’offre. On a la (p. XIII à XVI) 1,695 135 12 000 conviction qu’il n’a pas fait son plein de lec- 1650 teurs. Mais il faut savoir communiquer. L’édi- 11 500 tion est une profession qui est en sous-inves- En raison 1600 130 11 918 1,605 130 NOMBRE DE TITRES tissement publicitaire. De plus, elle s’est inter- de contraintes dit de faire de la publicité à la télévision. On de pagination, 1550 125 11 000 s’autopénalise. Comment toucher les enfants « Le Monde qui restent vissés à la télévision ? ». Sans pu- des poches » 1995 96 97 98 99 00 1995 96 97 98 99 00 1995 96 97 98 99 00 blicité à la télévision, il va publier chez Poc- des 9 novembre Source : SNE et 2 décembre Les ventes de livres de poche représentent 10% du chiffre d'affaires de l'édition (2,59 milliards d'euro ket Jeunesse le nouveau livre de R. L. sera inclus, [17 milliards de francs]) mais près d'un tiers des ouvrages vendus chaque année sont des livres au format Stine, en grand format, et annonce pour sous forme réduite, de poche, selon les statistiques annuelles du Syndicat national de l'édition (SNE). Le nombre de titres janvier 2002 une nouvelle saga en cinq vo- dans « Le Monde produits depuis cinq ans est globalement stable. La littérature représente les deux tiers du marché lumes, dont le héros ne sera pas un clone des livres ». du poche (172 millions d'euros [1,13 milliards de francs]), loin devant la jeunesse (296 millions de francs) de Harry Potter. et les livres pratiques ( 106 millions de francs). Alain Salles II - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 littératures bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Radiguet, l’anti-Rimbaud

ŒUVRES tera le monde plus que les événements : de Raymond Radiguet. mais il ne se contentera pas de faire de sa Précédées de textes de Jean Cocteau Recherche une litanie de maximes, il mettra et de Roger Nimier, en « lois » les signes qui régissent les rela- préface de Clément Borgal. tions entre les personnages. La Pochothèque, 684 p., 18,29 ¤ (120 F). Alors, à quoi bon ces Œuvres, finale- ment ? Peut-être permettront-elles d’éva- adiguet l’écrivain existe-t-il ? luer plus justement Radiguet à l’aune préci- Ou, si l’on préfère, a-t-il une exis- sément de ce Rimbaud auquel, trajectoire tence en dehors du discours cha- d’étoile filante oblige, on l’a si souvent com- peronnant de Cocteau et des paré. Tandis que l’enfant de Charleroi ne Rcomparaisons que ses contemporains cesse de tendre vers l’indicible, faisant ses n’ont cessé de développer ? Qu’on regarde gammes parnassiennes pour s’enfoncer seulement le portrait qu’en fait Roger Ni- bien vite dans l’inouï, le dandy des bords mier : un vers des Joues en feu « est évidem- de Marne se laisse happer par un tour- ment du Verlaine » avant d’évoquer «un billon parisien dont il ne voit que l’écume, contemporain de Parny » ; Le Diable au cherchant davantage à s’ancrer dans le so- corps appelle Constant puis « un roman de lide tandis qu’autour de lui s’ouvrent tou- Stendhal », tandis que Le Bal du comte tes les voies de la modernité. On l’a dit sou- d’Orgel suscite l’évocation d’une « nou- vent : Radiguet rejetait son image d’adoles- velle de Balzac », « le monde (…) du Sabbat cent, rêvait sa maturité. Sans doute a-t-il de Maurice Sachs et des premiers romans vu dans l’exploration de la veine psycholo- de Paul Morand » ; quant à Henri Massis gique une manière d’être déjà un sage et (cité par Nimier), « il y voyait, épuré, le a-t-il rejeté les novations (pas toutes heu- meilleur de Proust, de Gide et de Cocteau ». reuses, il faut le reconnaître) comme des er- Lequel Cocteau ouvrait un article de 1952, rements de jeunesse. Et peut-être le grand intitulé « Cet élève qui devint mon maî- mérite de ce volume est-il de permettre de tre », par ce péremptoire « Raymond Radi- lire les Carnets (1927), textes ultimes qui ILLUSTRATION (COUVERTURE ET DÉTAIL INTÉRIEUR) : LORENZO MATTOTTI guet partage avec Arthur Rimbaud le terri- mêlent souvenirs et réflexions et offrent de ble privilège d’être un phénomène des lettres Car, lorsqu’il écrit, Radiguet vit dans une Radiguet l’image non de cet adolescent im- françaises »… L’œuvre intégrale, époque où triomphent en prose les disci- patient mais de cet homme déjà mûr, fau- On le voit, l’œuvre assez mince de ce mé- ples du roman psychologique - fût-il remis ché par le destin, et se retournant une der- téore littéraire a suscité les comparaisons et inégale, d’un au goût du jour avec un zeste de provoca- nière fois sur son enfance non pour la reje- les plus prestigieuses. Le présent volume tion – et en poésie les novateurs, héritiers ter, mais pour en faire un havre de poésie. permet-il de les justifier ? L’intérêt d’un tel adolescent adulé d’Apollinaire et découvreurs des terres La seule qu’il ait vraiment écrite. regroupement est double : proposer au lec- vierges que les surréalistes vont bientôt ex- Daniel Couty teur, à côté des textes surabondamment par une coterie qui plorer. Or, côté modernité, son Art poéti- édités et fréquentés, des œuvres mécon- que (terme bien suranné pour le temps) e L’œuvre poétique reparaît à La Table ronde, nues ou ignorées, offrir une lecture critique en fit son génie. ignore le Baudelaire du Peintre de la vie mo- « La Petite Vermillon », 286 p., 8,38 ¤ (55 F). qui permette de saisir les enjeux d’une telle Pour réévaluer derne (« Une femme se montre parée parce œuvre. Pierre Brunel l’a merveilleusement qu’elle n’est pas assez belle pour le faire b réussi dans cette même collection avec ses autrement » ou encore : « Le vrai beau est Œuvres complètes de Rimbaud (« Le un écrivain toujours moral »), rejette la démarche rim- extrait Monde des poches » du 8 octobre 1999) ; il baldienne (« Rimbaud venait de la multipli- n’est pas sûr que l’étique présentation de qui s’inscrivait cité des idées, l’esprit nouveau n’aime pas les Une enfance dans les villes, riche ou pau- Clément Borgal suffise à faire comprendre idées »), s’épuise à dire la banalité («La vre, me semble à plaindre. Qu’une enfance tout ce qui se trame autour de Radiguet : finalement dans beauté tue la beauté »), à jouer du para- si elle est riche, risque d’être médiocre ! Et nulle chronologie, aucune note, des allu- doxe (« Des hommes importants pour les pour un cœur bien fait, où ne peut entrer sions sans référent… Le lecteur n’a qu’à se une tradition mœurs et pour les idées comme Balzac ou l’envie, que les plaisirs sont grands dès débrouiller. Eh bien !, débrouillons donc. Baudelaire pourraient être, et peuvent être, qu’ils sont comptés, et qu’ils doivent venir Bien sûr, il y a Le Diable au corps (mais à du roman sont peut-être de mauvais écrivains et de de vous ! Je ne troquerais mes souvenirs tout prendre mieux vaut le lire dans l’édi- mauvais poètes »), à distiller des remarques contre nul autre. Cette enfance plate tion « Folio » ou celle du Livre de poche, psychologique à la qui donnent à cet Art poétique un goût ca- comme une pelouse, qui pendant onze ans l’une et l’autre parfaitement présentées) nularesque (« Cuisinier, vous n’aviez pas s’étend à perte de vue sans accidents de ter- et Le Bal du comte d’Orgel (lui aussi mieux française et passa mis de beurre au fond du plat et à la cuisson rain, comme maintenant j’aime à m’y rou- servi en « Folio » et en GF). Qu’y décou- les œufs se sont attachés »)… ler, m’y délecter. Ces herbes folles où je vre-t-on d’autre ? Des poèmes – les deux à côté des chemins m’imaginais courir en liberté… Je me rap- séries des Joues en feu, quelques Vers li- Rien de normatif ici, mais non plus rien pelle le terrain avenue des Rochers atte- bres, des Jeux innocents –, des nouvelles poétiques qui touche fondamentalement à l’écriture : nant à la maison de mes tout premiers ans. (dont la seule qui mérite quelque regard tout se passe comme si écrire, pour Radi- Mes souvenirs ! Comme les herbes, j’en est Denise, un bref récit de 1926 d’un « ma- de la modernité guet, procédait d’autre chose que de l’art vois de diverse grandeur. Il y en a qui me niérisme détestable », selon Cocteau lui- et de la poétique. Et, à y regarder de près, dépassent de la tête, d’autres au contraire même), deux comédies d’un ton assez po- que revendique-t-il dans les deux romans que mon pied risque d’étouffer. tachique écrites conjointement avec Coc- qui ont fait sa notoriété ? De la psycholo- Je me vois à deux ans, mené par ma teau – Le Gendarme incompris et Les Péli- gie : « Le seul effort d’imagination est appli- nourrice tous les matins dans la pension cans –, un Art poétique « écrit en collabora- qué là, non aux événements extérieurs, mais de jeunes filles d’où ma mère était sortie tion avec Max Jacob » et daté de 1922. Sans à l’analyse des sentiments. » C’est dire à quatre ans auparavant. La douce tiédeur doute faut-il s’arrêter sur ce texte pour quel point Radiguet se sent tributaire d’un des genoux, des seins, je ne l’ai jamais re- comprendre l’œuvre de Radiguet dans ses courant typiquement français : le roman trouvée depuis, comme à ce moment où refus et ses affirmations qui en font tout à d’analyse. Usant ici du « je », là du « il », ces caresses, je les sentais si différentes de la fois un romancier à succès – parce que son narrateur s’applique à « faire [que] la celles de ma mère ou de ma nourrice. Une de la traditio – et un poète médiocre, voire psychologie [soit] romanesque », délaissant autre saveur… raté – parce qu’en marge des courants de l’intrigue pour mieux ne s’attacher qu’aux Œuvres, « Carnets II », la modernité. méandres du sentiment. Proust aussi scru- pages 660 et 661. VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 - LE MONDE DES POCHES - III littératures bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Cauchemars Le moi éclaté de Serge Doubrovsky afghans Pour (re)découvrir l’inventeur de l’« autofiction », écrivain majeur de la fin du XXe siècle

LA PLAINE DE CAÏN FILS Le pacte fondateur que Doubrovsky af- vrée en direct. Pourquoi, par exemple, em- de Spôjmaï Zariab. de Serge Doubrovsky. firme respecter scrupuleusement, celui de mène-t-il pour vingt-quatre heures à un col- Traduit du persan Gallimard, « Folio », 544 p., la véracité, est identique à celui qui fonde loque de Cerisy une femme qu’il aime et qui (Afghanistan) 10,82 ¤ (70,97 F). l’autobiographie. La véracité radicale sur sa n’est pas la sienne, et appelle-t-il devant par Didier Leroy. (Première édition : Editions propre vie devient forcément fiction quand elle une autre à laquelle il ne tient pas ? L’Aube poche, 240 p., Galilée, 1977.) elle est écrite au présent grammatical. Goujaterie ? Sadisme ? Sur le divan, il faut 9 ¤ (59,05 F). L’aventure du style, les assonances, les jeux creuser plus loin. Le rapport originel à la (Première édition : UN AMOUR DE SOI de mots qui sont des jeux de sens, les asso- mère sur-aimante, la situation d’une famille éd. Souffles, 1989.) de Serge Doubrovsky. ciations libres qui font jaillir des étincelles juive pendant l’Occupation ont constitué Gallimard, « Folio », 528 p. , 9,30 ¤ (61 F). de lucidité, les phrases éclatées, démem- cette conscience divisée. « Je prends mes in- es nouvelles de (Première édition : Hachette, 1982.) brées, « jaculées » dirait-on pour la pein- décisions. » Tout le récit y puise sans relâ- Spôjmaï Zariab, ture gestuelle, marquent alors une écriture che, tantôt avec souffrance, tantôt avec les bien qu’écrites n écrivain qui invente un genre, hyper-littéraire. Y pénétrer, la faire sienne, sarcasmes de l’autoaccusation. en Afghanistan c’est très rare. Un professeur qui épouser non la subjectivité de Doubrovky, Des lumières sur son inconscient fulgu- Lpendant la dictature com- devient un grand écrivain, c’est mais attraper, presque comme une fièvre, rent d’intelligence au cours de l’explication muniste, ne sont pas des exceptionnel. Un théoricien de son rythme et son style existentiel, voilà ce qu’il donne pour finir à ses étudiants du ré- récits de guerre mais des laU littérature qui ne fait pas une littérature que cette écriture exige. Doubrovsky n’est cit de Théramène qui clôt la Phèdre de Ra- cauchemars cristallisés. de professeur, c’est unique. Et quand un pas un écrivain de la conscience, mais de cine: le monstre surgi de la mer et qui en- Pas de manœuvres militai- professeur s’écrit tout entier, corps, sexe, l’éclatement de la conscience vers le dehors. traîne la mort d’Hippolyte. Doubrovksy se res ni de combats donc, esprit, même dans l’exercice de son métier, Dans Fils, comme dans les livres qui ont raconte comme un monstre inacceptable, on ne voit pratiquement préparant son cours, se rendant à une suivi, le « sujet » est certes Doubrovksy, pour lui-même, pour les femmes qui se suc- jamais apparaître l’occu- séance de psychanalyse, tirant les fils de la mais il n’est pas raconté de l’intérieur. Un cèdent dans sa vie, mais pas pour le lec- pant, mais seulement le ré- ténébreuse histoire qui l’a fait soi et qu’il « je » parle, non pas de son rapport à soi, teur, et peut-être encore moins pour la lec- sultat de sa présence dans fait sienne en l’écrivant, cela donne Serge aux autres, aux femmes, aux gens qu’il cô- trice qui découvre à travers ses livres quel- un dérèglement systémati- Doubrovsky, ce monstre incomparable. toie ou qu’il fréquente, aux objets, à la ville que chose d’essentiel sur la névrose mascu- que de tous les rapports Quand Fils parut, en 1977, avec ce titre am- (un New York fascinant). Il parle ce rap- line aujourd’hui. Quand un seul volume les humains. C’est un libraire bigu (prononcer le s, ou pas ?), le livre con- port, au présent, comme un complément réunira, on s’apercevra que ses livres for- fou qui agresse les pas- quit un cercle de passionnés. Aujourd’hui, d’objet direct. Fils du Sartre de La Nausée, ment une seule œuvre, saga d’une cons- sants pour les contraindre il est devenu un classique de cette littéra- héritier rebelle de Proust et de Céline, il cience très singulière et pourtant frater- à lui acheter des livres ture qu’on étudie parce qu’elle appelle la re- pousse la phénoménologie littéraire dans nelle, parce qu’elle tend à l’universel, et sans intérêt qu’ils s’em- lecture. En rabat de couverture, l’auteur dé- ses derniers retranchements : il parle le sexe que l’expérience du monde, comprise avec pressent de jeter dès qu’ils finissait le genre, et son équivoque : « Fic- tel qu’il le vit, il parle la femme telle qu’elle une intelligence aiguë, fait de Serge Dou- ont tourné le coin de la tion, d’événements et de faits strictement lui apparaît, telle qu’elle agit et dit, il bannit brovksy l’un des écrivains de la seconde rue. C’est un vieux forain réels ; si l’on veut autofiction, d’avoir confié la psychologie. Sur le divan de l’analyste, il moitié du XXe siècle qui comptent vrai- qui s’étonne que son ma- le langage d’une aventure à l’aventure du lan- cherche en direct – et tout l’art de Doubro- ment. Le style, on l’oublie trop nège de chevaux de bois gage, hors sagesse et hors syntaxe du roman, vsky, tout son artifice consiste à nous don- aujourd’hui, est aussi question d’intelli- n’attire plus les enfants traditionnel ou nouveau. » ner le sentiment que cette littérature est li- gence. avant de découvrir que la Michel Contat ville a été désertée. C’est une employée aux écritu- res qui perd la raison à force de regarder les signa- tures des actes officiels Quand on n’a que le meurtre qu’elle manipule. Dans cet univers hallu- ciné, les sons et les cou- Petite et grande histoire dans la Hongrie de 1919, avec ce roman foisonnant de Kosztolanyi leurs prennent une impor- tance considérable (Spôj- ANNA LA DOUCE Guerre. Les trois mois de gabegie provo- Mais au lendemain de la fête somptueuse maï Zariab est peintre en (Edès Anna) qués par l’inflation et la « dictature du prolé- donnée chez les Vizy à l’occasion de la pro- même temps que roman- de Dezsö Kosztolanyi. tariat » n’avaient cependant pas suffi pour motion de Kornel, le maître de maison, la cière). On se croirait dans Traduit du hongrois par Eva Vingiano détruire la société civile et provoquer les dé- bonne plante un couteau de cuisine dans le L’Autre Côté, d’Alfred de Pina Martine, sastres que subissent aujourd’hui la plupart cœur de sa maîtresse endormie, avant de la- Kubin, à la lisière du fan- préfaces d’Anne Diatkine des pays de l’Europe orientale et centrale. cérer à mort le héros de la fête. tastique, persuadé d’être et de la traductrice, Le roman de Kosztolanyi, inspiré par le fait Tout semble limpide mais la construc- plongé dans un mauvais Viviane Hamy-Bis, 314 p., 10,52 ¤ (69 F). divers, paraît à Budapest en 1926. tion linéaire cache en fait une complexité rêve dont on ne parvient (Première édition : Viviane Hamy, 1992.) En 1919 donc, Kornel Vizy, fonctionnaire extraordinaire ; davantage que le portrait pourtant pas à s’éveiller. marxisant dans un ministère sous tutelle d’une bourgeoisie saisie d’une frénésie fu- Dans le labyrinthe oppres- e qui fait l’intérêt du roman de bolchevique, reprend sa superbe de bour- nèbre, le roman recèle toutes sortes d’infor- sant de la ville déserte, les Dezsö Kosztolanyi (1885-1936), geois et entreprend une carrière politique mations sur cette Autriche-Hongrie multi- visions se multiplient. Une au-delà de sa beauté formelle et fulgurante. Le concierge de son immeuble, nationale. Depuis la répétition de cette tra- femme qui se rend au de l’excellence de la traduction, lui, ancien « commissaire » du quartier, re- gédie, en février 1933, au Mans, par les cimetière sur la tombe de c’estC l’approche lucide qu’il fait du climat po- trouve ses manières de larbin flagorneur. Il sœurs Papin, jusqu’aux œuvres qu’elle a son fils, se dédouble et litique qui régnait en Hongrie à l’orée des procurera la bonne idéale à l’épouse de inspirées (pièce de Genet, films de Chabrol, finit par se démultiplier en années 1920. Les faits : en 1919, une domes- Kornel, grande dame en quête permanente Papatakis et Ventura, réflexions de Beau- une infinité de clones qui tique assassinait ses maîtres, un commis de de « petit personnel » car les domestiques voir, Lacan et Sartre), l’événement n’a envahissent tout l’espace. l’Etat et sa femme. Au moment où la répu- la désertent l’une après l’autre en raison de cessé de soulever perplexités et interroga- Tandis que dans un petit blique des soviets hongrois, avec à sa tête le ses prétentions exorbitantes. Seule Anna tions ; sans qu’aucune des réponses, de village des montagnes communiste Bela Kun, s’effondrait suite à Edès (« Anna la douce ») répondra aux exi- nature psychologique, psychanalytique, afghanes résonne un bruit l’intervention de l’armée roumaine au ser- gences de sa nouvelle maîtresse. Arrivée sociale ou historique, ait la force allégori- de bottes que le lecteur vice des alliés victorieux. A la faveur de la d’une campagne reculée, la jeune pay- que de celle de Dezsö Kosztolanyi, qui fait n’est pas prêt d’oublier, restauration du vieil ordre social, les an- sanne supporte avec le sourire son attitude revivre la rapide et imprévisible riposte longtemps après avoir ciens et les nouveaux riches se ressaisis- méprisante et prêtera même son corps à sanglante des laissés-pour-compte de refermé le livre. saient sur les ruines impériales et royales « jeune Monsieur » Jancy, le neveu ama- l’ivresse de la restauration. G. Ma. des Habsbourg vaincus de la Grande teur d’amours ancillaires de sa patronne. Edgar Reichmann IV - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 livraisons bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

La Potière jalouse (1985), le discrédit qui frappe aujourd’hui le structuralisme, littératures dont il fut l’une des figures emblématiques, rend la question inévitable. b Robert Deliège revisite ici une œuvre rendue « baroque » par son gigantisme, sans doute « quelque peu désuète » dans sa démarche intellectuelle, mais qui b LE DIT DE TIANYI, de François Cheng reste indispensable pour la « manière originale de voir le monde » qu’elle Sur fond de drames familiaux et politiques (guerre sino-japonaise, exode, ma- propose. Une manière « peut-être aussi proche de la métaphysique que de l’eth- ladies, études en Europe, idylle avec une Française, camps de travail), le nologie », que Deliège voit se poursuivre dans les travaux de quelques disci- poète, calligraphe et traducteur François Cheng évoque sa vie au fil d’une ples : Françoise Héritier, Louis Dumont, Rodney Needham, Edmund Leach et fiction qui correspond à sa propre quête spirituelle. Récit en abyme placé même Victor Turner. Une descendance de prestige pour le vieux maître, né sous le signe d’un songe d’enfance, épopée intime, malgré les bouillonne- en 1908 (Seuil, « Points/Essais », 180 p., 6,40 ¤ [42 F]. Inédit). Signalons égale- ments de l’histoire de la Chine, qui oscille entre terres, lieux, supports, corps ment les entretiens accordés en 1988 par Claude Lévi-Strauss à Didier où laisser une empreinte, entre la tentation de l’éphémère et le culte de Eribon : De près et de loin (Odile Jacob/Poches, 272 p., 7,47 ¤ [49 F]). A. My l’amour fou, entre l’élan vers la sagesse et la dévotion à l’objet du désir. Ce roman a été couronné en 1998 par le prix Femina (Le Livre de poche, 446 p., b LA PROSTITUTION, de Malika Nor 6,40 ¤ [42 F]. Première édition : Albin Michel, 1998). J.-L. D. La jeune collection « Idées reçues » des éditions du Cavalier bleu aborde des thèmes qui font souvent l’objet de lieux communs, comme les Corses, le b ADÈLE ET LA BÊTE et LE DÉMON DE LA TOUR EIFFEL, de Jacques Tardi cancer, les banlieues ou encore la prostitution. L’auteur de ce dernier Publier des bandes dessinées au format poche et pour la modique somme de volume, Malika Nor, éducatrice spécialisée impliquée dans l’action auprès 10 francs (1,52 ¤) est a priori une excellente idée, alors que le prix de la moin- des jeunes prostituées, revient sur les clichés du type « c’est un mal néces- dre BD flirte avec les 15 euros. On se réjouira encore plus en sachant que Li- saire » ou « elles le font pour de l’argent » en expliquant pourquoi ce sont des brio inaugure sa collection « Librio-BD » avec les deux premiers tomes des idées reçues. Elle replace aussi le problème dans une perspective historique aventures d’Adèle Blanc-Sec, de Jacques Tardi. Enquêtrice à qui on ne la fait – n’est-ce pas le plus vieux métier du monde ? Enfin, elle brosse un portrait pas, anti-Castafiore et anti-Bécassine en diable, Adèle évolue avec autant de de la personne prostituée et fait un état des lieux de ce monde à part. Un bon bonheur au milieu des monstres du Jardin des plantes que dans ce Paris du ouvrage de base sur un sujet délicat (éd. Le Cavalier bleu, « Idées reçues », début du XXe siècle dont Tardi a su recréer l’aimable nostalgie. Malheureuse- 128 p., 7,47 ¤ [49 F]). St. L. ment, le format poche et le noir et blanc se plient mal aux pérégrinations scientifico-policières d’Adèle, et l’on se surprend à trouver la lecture de ces b LES FEMMES ET LA POLITIQUE. Du droit de vote à la parité, BD un tantinet difficile tant les cases se surchargent de textes. Avec le risque de Clarisse Fabre de perdre le fil de l’intrigue et de n’en plus percevoir le charme vénéneux (« Li- A travers des articles du Monde, Clarisse Fabre, journaliste politique au quoti- brio-BD », 48 p., 1,52 ¤ [10 F] chacun). Y.-M. L. dien du soir, retrace l’histoire des femmes en politique depuis l’obtention du droit de vote le 21 avril 1944 jusqu’aux débats sur la parité, en passant par la b DON QUICHOTTE DE LA MANCHE, de Miguel de Cervantes légalisation de l’IVG ou les mouvements féministes. Et tente de dresser un Aline Schulman a consacré six années à cette nouvelle traduction d’un livre bilan de la situation au vu du résultat des élections de mars 2001. Car si l’on a que peu de gens, en fait, ont lu vraiment. Lit-on un mythe ? En outre, la mé- beaucoup parlé de « révolution » à propos des lois sur la parité, la France se moire populaire n’a retenu que ce qui avait été donné à lire aux enfants : les situe, encore aujourd’hui, à l’avant-dernier rang des quinze pays de l’Union moulins à vent, Sancho Panza sur son âne et l’« ingénieux Hidalgo » sur sa européenne. Complet et clair, ce bref ouvrage, illustré par Catherine Rossinante… Pour redonner à l’œuvre son statut littéraire, elle a essayé de la Beaunez, permet de mieux appréhender la réalité politique d’aujourd’hui… et resituer dans son temps, à une époque où, peu de personnes sachant lire, el- de demain (Librio, 160 p., 1,52 ¤ [10 F]. Inédit.). St. L. les écoutaient le texte lors de lectures publiques. Elle a donc voulu restituer la langue du théâtre de rue, en remplaçant, par exemple, des répétitions indis- pensables pour un auditeur par des variantes moins fastidieuses pour un lec- teur. Elle a également traduit les termes arabes. Cependant, elle n’a quasi- ment pas utilisé de mots apparus dans la langue française après 1650, en de- hors de quelques-uns qui datent de 1805, en vérifiant systématiquement dans le Robert historique. Succès assuré : cet énorme ouvrage se lit vraiment comme un roman. Ceux qui préfèrent une version plus classique n’ont que l’embarras du choix chez d’autres éditeurs (« Points Seuil », 2 tomes, 578 p. et 592 p., 7,80 ¤ [51,16 F] chacun ; le coffret : 15,60 ¤ [102,33 F]. Première édi- tion : Seuil, 1997). M. Si.

essais b

b DICTIONNAIRE DE LA MER, de Jean Merrien Les marins, comme les médecins ou les gens de la Bourse, ont leur langage à eux. De retour de vacances, après quelques jours passés dans une école de voile ou à bord d’une embarcation de croisière, les Français quelque peu ini- tiés sauront à leur tour faire l’impérieuse distinction entre écoute et drisse (deux cordes), entre feux (les éclats de nuit) et phares (les tours) ou entre nœud (enchevêtrement serré) et… nœud (la vitesse). Mais le vocabulaire ma- rin est si riche qu’il vaut mieux garder à sa portée le très utile Dictionnaire de la mer de Jean Merrien (décédé en 1972), qui vient d’être réédité et qui, plus que jamais, est un outil indispensable à tout navigateur (Omnibus, 4 000 en- trées, 500 illustrations, 864 p., 25 ¤ [164 F]). F. Gr.

b LA GUERRE SANS NOM, de Patrick Rotman et Bertrand Tavernier Le recueil des témoignages d’appelés d’Algérie entre 1954 et 1962 qui figuraient dans le film homonyme de Bertrand Tavernier. La guerre d’Algérie racontée non par le haut, du point de vue des généraux à épaulettes, mais par le bas, du point de vue de soldats du contingent, tous issus de la région de Grenoble. Mobilisation, arrachement aux familles, peur, solitude, épuisement, combat, ratissages, interrogatoires, exactions du FLN, torture, copains égorgés, abandon des harkis, attentats de l’OAS : les souvenirs refoulés se libèrent (« Points Seuil », 310 p., 6,40 ¤ [42 F]. Première édition : Seuil, 1992). J.-L. D.

b INTRODUCTION À L’ANTHROPOLOGIE STRUCTURALE. Lévi-Strauss aujourd’hui, de Robert Deliège Peut-on, désormais, se passer de lire Lévi-Strauss ? Après la « frénésie » qui a accompagné chaque publication de l’ethnologue, de Tristes tropiques (1955) à VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 - LE MONDE DES POCHES - V romans policiers bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

livraisons b Enfants perdus b LE ROMAN POLICIER, de Siegfried Kracauer Pour ne pas se cantonner à l’histoire des vainqueurs, la théorie, écrit Le regard tendre et désespéré de John Harvey sur notre société Adorno à propos de Walter Benjamin, « doit aussi se tourner vers ce qui (…) est resté au bord du chemin – ce qu’on pourrait appeler les dé- PROIE FACILE mais en faisant le constat que la société chets et les coins sombres qui avaient échappé à la dialectique ». C’est (Easy Meat) tout entière est gangrenée. L’image qu’il dans cette perspective que Siegfried Kracauer, philosophe, sociolo- de John Harvey. en offre est assez éloquente : c’est l’école gue, théoricien de la littérature et du cinéma, auteur entre autres de Traduit de l’anglais totalement inadaptée, malgré la bonne vo- De Caligari à Hitler et d’une Histoire psychologique du cinéma alle- par Jean-Paul Gratias. lonté de certains enseignants ; ce sont les mand, entreprend entre 1922 et 1925 cette étude singulière du ro- Rivages/Noir, 536 p., 10,37 ¤ (68 F). modes de réinsertion des jeunes délin- man policier. Le genre a déjà acquis à l’époque ses lettres de no- (Inédit.) quants qui, sous couvert de moralité, ca- blesse. « Il n’est plus depuis longtemps, écrit Kracauer, une mixture où chent parfois des pratiques barbares ; c’est se fondent les eaux usées des romans d’aventures, des livres de chevale- uelle différence y a-t-il entre la police qui abrite dans ses rangs des élé- rie, des légendes, des contes de fées, mais un genre stylistique bien dé- Pulp Fiction, de Quentin Taren- ments aux tendances fascistes. On croise fini qui présente résolument un monde à lui, avec des moyens esthéti- tino, Tueurs nés, d’Oliver Stone, pêle-mêle, dans Proie facile, des jeunes ques qui lui sont propres. » Proche de la Théorie du roman de Lukacs, Q et Macbeth, de William Shakes- filles organisées en bandes criminelles, des qui soulignait déjà l’importance du crime dans le roman moderne, peare ? Les ingrédients sem- pères de famille qui vont rôder le soir dans l’essai de Kracauer établit un parallèle entre le roman policier et la blent les mêmes. « Des tueries, de la vio- les toilettes du parc pour monnayer les fa- religion, le détective, généralement voué au célibat, incarnant le prê- lence, des criminels et des meurtriers comme veurs de gamins de quinze ans, des hooli- tre et le criminel le pécheur, la police étant organisée sur le modèle personnages principaux. » Le reste est af- gans ivres de bière et d’hymnes nazis qui de la hiérarchie ecclésiastique. Kracauer se base essentiellement sur faire de style, mais allez donc expliquer s’amusent de temps en temps à « casser du les romans de Conan Doyle, Gaboriau ou Maurice Leblanc : le genre cela à des loubards de Nottingham, pédé », des policiers qui trouvent que ce a considérablement évolué depuis, mais ses vues n’en restent pas comme essaie de le faire Hannah Camp- n’est que justice, des partisans de l’autodé- moins pertinentes et se lisent comme un essai passionnant non seu- bell. Elle a bien du mérite, Hannah, qui s’ef- fense qui vont se coucher avec une barre lement sur le genre policier mais sur son rapport à la société. (Tra- force d’intéresser ses élèves, de se mettre à de fer à portée de la main. duit de l’allemand par Geneviève et Rainer Rochlitz. Petite bibliothè- leur portée en cherchant ses exemples que Payot, 210 p., 7,32 ¤ [48 F].) dans leur expérience quotidienne. Quelle John Harvey réussit parfaitement l’al- serait leur réaction, par exemple, s’ils ren- liance délicate du roman noir et du récit de b OPÉRATION SPÉCIALE FRANÇOIS TRUFFAUT contraient trois sorcières en rentrant chez procédure en faisant la part égale entre la Jeanne Moreau dans La mariée était en noir, Aznavour en pianiste al- eux à travers la forêt ? « M’dame, j’traverse marche de l’enquête proprement dite et la coolique, images inoubliables des films de François Truffaut inspirés pas la forêt pour rentrer chez moi. » Certes, description des bas-fonds de Nottingham. de romans policiers américains que « Folio policier » réédite en par- alors « juste après le parking de la navette, si Il brosse ainsi deux portraits particulière- tenariat avec les cinémas MK2. Cinq films ressortent à l’affiche en tu voyais ces trois vieilles un peu étran- ment réussis : à un bout du spectre, celui même temps que les romans qui les ont inspirés. David Goodis : Ti- ges?». La réaction des chères têtes blon- de la famille Spade, qui fournit les délin- rez sur le pianiste (traduit de l’anglais par Chantal Wourgaft, 222 p., des ne se fait pas attendre : « Des pouffes, quants de l’histoire ; et, à l’autre bout, celui 7,01 ¤ [46 F]). Henry Farrell : Une belle fille comme moi (Le Chant de cria un gamin,–des putes –, des radasses. » de son héros récurrent, le policier Charles la sirène) (traduit par F. M. Watkins, 260 p., 3,89 ¤ [25,50 F]). Charles Il en faut plus pour décourager Hannah Resnick. D’un côté, Norma Spade, la mère Williams : Vivement dimanche (traduit par Marcel Frère, 190 p., Campbell, qui n’hésite pas à concentrer ses de famille dépassée par les événements, 4,50 ¤ [29,50 F]). William Irish : La mariée était en noir (traduit par efforts sur le jeune Nicky Spade, une des toujours la clope au bec et la cannette de E. Michel Tyl) et La Sirène du Mississippi (traduit par Georges Bel- fortes têtes de la classe. Heureusement, la bière à la main, mais qui s’efforce contre mont), 270 p. et 384 p., 4,50 ¤ (29,50 F) chacun. Egalement les cinq sonnerie vient marquer la fin du cours, et vents et marées, et d’ailleurs sans aucun sous coffret, 21 ¤ (137,75 F) (Gallimard, « Folios policiers »). Nicky disparaît comme les sorcières dans succès, d’élever correctement ses trois en- Macbeth, et le portefeuille de la prof se vo- fants ; de l’autre, ce policier sentimental et b O COMME OUBLI, de Sue Grafton latilise par la même occasion. mélomane qui trouve à peine le temps de Dans la série des enquêtes de sa jeune détective Kinsey Milhone, com- C’est le début d’un engrenage qui va met- nourrir ses quatre chats et n’a pas encore mençant chacune par une lettre de l’alphabet, Sue Grafton a déjà ac- tre tout ce petit monde en rapport avec la trouvé celui d’écouter intégralement le cof- compli plus de la moitié du parcours (elle compte terminer par «Z police locale. Pour Hannah, ce sera une ré- fret de dix disques de Billie Holiday qu’il comme zéro »). Voici donc O comme « hors-la-loi » (selon le titre an- vélation, puisqu’elle finira par filer le par- s’est offert pour Noël il y a deux ans. glais Outlaw) ou comme Oubli. L’un et l’autre conviennent parfaite- fait amour avec l’inspecteur Charlie Res- Entre les deux, il n’y a pas d’animosité ment puisqu’il s’agit pour l’héroïne d’un retour sur son passé et ses nick ; pour Nicky, évidemment, c’est la rou- mais seulement une immense tristesse, le rapports avec son ex-mari, un policier aux méthodes discutables qui tine. Il a déjà été arrêté à plusieurs reprises, désespoir de ne pas parvenir à changer le fut contraint de démissionner de la police de Los Angeles. Sue Graf- mais son jeune âge – il n’a pas quinze ans – cours des choses, et la conviction qu’une ton a une capacité étonnante à renouveler ses intrigues mais elle ex- l’amène à être aussitôt relâché. Une nuit, société ne vaut que par le sort qu’elle ré- celle particulièrement, comme c’est le cas ici, dans les sombres affai- pourtant, un cambriolage tourne mal, et serve à ses enfants – « tous mes jolis en- res de secrets familiaux (traduit de l’anglais par Marie-France de Palo- Nicky assomme à coups de barre de fer un fants », comme il est dit dans Macbeth –, et méra, Pocket, 416 p., 5,95 ¤ [39 F]. Première édition : Seuil, 1999). couple de retraités qu’il laisse à demi qui connaissent un sort guère plus envia- morts. Il est placé dans un centre pour jeu- ble à Nottingham que chez Shakespeare. b LA MORT DE RAINBOW, d’Ellis Peters nes délinquants, où on le retrouve pendu « Ce qui arrivait dans la vie réelle, c’était Si Ellis Peters doit sa célébrité à un moine herboriste du XIIe siècle, le dans les douches quelques jours plus tard. que ceux qui détenaient le pouvoir maltrai- Frère Cadfael, c’est par les enquêtes de l’inspecteur Felse qu’elle a L’affaire se complique lorsque le policier taient trop souvent ceux qui ne le détenaient abordé le genre policier pour la première fois dans les années 1950, chargé d’enquêter sur cette mort suspecte, pas ; et que ceux qui étaient maltraités, mal- alors qu’elle était déjà l’auteur de nombreux romans, en particulier Bill Aston, est sauvagement assassiné alors traitaient les autres à leur tour. Ce qui arri- historiques. Elle a publié treize aventures de l’inspecteur Felse et de qu’il promenait ses chiens. Existe-t-il un vait, c’est que beaucoup de ceux qui, pour sa famille. Celle-ci est la dernière et, comme toujours, fait une large lien entre les deux affaires ou s’agit-il quelque raison que ce soit, grandissaient place à la musique (traduit de l’anglais par Bernard Cuchi, 10-18, d’une coïncidence ? Aston était un policier sans avoir une idée très claire de leur sexua- « Grands Détectives », 260 p., 6,86 ¤ [45 F]. Inédit.) irréprochable, manquant de fantaisie et un lité parvenaient souvent à se faire du mal et peu collet monté (prédicateur laïque à ses à faire du mal aux autres en tentant de se b OUTRE-MORT, de Jean-François Coatmeur heures perdues), mais de là à susciter une montrer à la hauteur de ce qu’ils croyaient Paru une première fois en 1972 sous le titre J’ai tué une ombre, et réé- telle vengeance ? L’enquête s’oriente plu- être la norme. Ce qui arrivait dans la vie dité ici chez un petit éditeur breton, Outre-mort appartient à la période tôt vers un crime de rôdeur. La présence réelle, pensa Resnick, c’était trop souvent un africaine de Jean-François Coatmeur. On y sent l’influence de Boileau- d’un véritable complot qui relierait tous les immense gâchis aux conséquences dramati- Narcejac et en particulier des Diaboliques, mais le suspense psychologi- fils et tous les protagonistes de ces intri- ques. » Bien sûr, c’est une banalité de le que est pimenté par une description assez étonnante du milieu colonial gues paraîtrait franchement artificielle. dire, mais c’est un tour de force de parve- des années 1960, en l’occurrence la Côte d’Ivoire où l’on peut déjà devi- Pourtant, John Harvey parvient à nous nir comme John Harvey à le faire sentir ner les préoccupations sociales qui serviront de toile de fond aux ro- convaincre de l’existence d’un lien réel en- avec un tel mélange de désespoir et de ten- mans suivants de Jean-François Coatmeur (éd. Liv’édition, « Liv’ en Po- tre tous ces méfaits, non pas en imaginant dresse. che », 256 p., 8,99 ¤ [59 F]. Première édition : Denoël, 1972.) G.Ma. une organisation criminelle tentaculaire Gérard Meudal VI - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 science-fiction bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

livraisons Colin l’enchanteur b

Un roman pour la jeunesse d’un maître de la fantasy française b HÉRITAGE, de Greg Bear Greg Bear est sans aucun doute l’un des plus intéressants auteurs LES ENFANTS DE LA LUNE les bas-fonds du métro d’un New York apo- américains de S-F du moment, notamment par sa capacité à parcou- de Fabrice Colin. calyptique, et Les Cantiques de Mercure, rir des territoires très différents, du thriller cyberpunk comme La Mango Jeunesse, « Autres Mondes », que Fabrice Colin qualifie de gothique véni- Reine des anges à ce très étonnant planète-opéra qui questionne la 230 p., 9 ¤ (59 F). tien, parurent donc aux éditions Mnémos. notion d’évolution. Héritage s’inscrit dans le cycle de l’Hexamone, Mais cette entrée en écriture a coïncidé mais de façon assez excentrique, puisqu’il raconte ce qu’il est ad- ’est l’un des quatre mousquetai- avec une période intense de découvertes venu d’un groupe de dissidents qui, sous la conduite de Lenk, s’est res de la jeune fantasy française, sur le plan culturel – en littérature et en installé sur la planète Lamarckia. Laquelle présente des formes de révélée par le sourcier Stéphane peinture notamment – qui a suscité le désir vie relevant d’une écologie très spécifique. Le héros de l’histoire est Marsan aux éditions Mnémos. de faire partager ces découvertes. C’est engagé comme matelot à bord d’un vaisseau qui est le support FabriceC Colin est celui qui a montré le ainsi que la lecture d’une biographie de d’une expédition scientifique visant à percer les secrets des « écos », talent le plus éclectique. Celui, surtout, Dante et l’intérêt de Fabrice Colin pour les ces entités qui peuplent de façon extrêmement polymorphe les dont l’œuvre ressortit le plus au mer- préraphaélites lui ont inspiré le cycle d’Arca- continents de Lamarckia. Visiblement inspiré par les récits des voya- veilleux dans ce territoire protéiforme dia, qui lui a valu l’attention de la critique. geurs marins et naturalistes du XVIIIe, ce roman qui traite d’une qu’est la fantasy. Et le terme merveilleux Le cycle de Winterheim, inachevé en raison énigme xénobiologique est absolument passionnant. Et Gérard convient dans son cas doublement : des problèmes rencontrés après le départ Klein se révèle dans sa préface, qui traite des théories de l’évolution, Fabrice Colin est un enchanteur, ses de Stéphane Marsan des éditions Mnémos, un vulgarisateur hors pair. (Traduit de l’anglais – Etats-Unis – par romans et ses nouvelles provoquent un sen- est une réécriture en fantasy de la Tétralo- Guy Abadia, Livre de poche « Science-fiction », 606 p., 8,40 ¤ [55 F]. timent jubilatoire d’émerveillement… Fau- gie de Richard Wagner, dans laquelle Colin Première édition : Robert Laffont, 1997.) drait-il en faire la démonstration que Les En- s’est amusé à dissimuler les références fants de la lune, sa première incursion dans culturelles derrière des jeux sémantiques b UNE HISTOIRE DE LA SCIENCE-FICTION. 1950-2000, la littérature jeunesse, serait tout indiqué. (pratique qui lui est devenue coutumière). la science-fiction française, anthologie de Jacques Sadoul Une grâce aérienne et un peu nostalgique, Jacques Sadoul, qui fut mêlé de près, comme rédacteur en chef de une magie entêtante parcourent ce récit Par amitié, par fidélité, il a suivi Sté- revue puis comme éditeur, à la vie de la science-fiction française, qui a pour cadre l’Occupation et dont le hé- phane Marsan dans l’aventure des éditions était bien placé pour concocter une anthologie de ce type. Si l’on ros, un jeune garçon élevé par sa grand- Bragelonne, pour lesquelles il a écrit deux n’est pas obligé d’accepter la façon assez désinvolte dont il expédie mère, a le goût de l’aventure chevillée au récréations, deux exercices de style : A vos la S-F française d’avant 1950, on ne peut que souscrire à sa conclu- corps. souhaits, fantasy légère et humoristique qui sion d’un avenir meilleur pour notre science-fiction nationale en L’intrigue ne relève pas de cette science- le situe dans le cousinage d’un James Blay- plein renouveau. Il a réuni ici dix nouvelles qui vont de Gérard Klein, fiction réflexive et un peu démonstrative lock, et Vengeance, une Heroic Fantasy bar- l’« ancêtre », et de Philippe Curval, le grand ancien que les ans n’en- qui a les préférences de Denis Guiot, le di- bare. Pour autant, Fabrice Colin n’entend tament pas, jusqu’aux hérauts de la nouvelle S-F représentés ici par recteur de la collection. Elle se situe plutôt pas se laisser enfermer derrière l’étiquette Jean-Claude Dunyach, Ayerdhal et Pierre Bordage, qui a écrit spécia- sur la zone frontière entre science-fiction Fantasy. Ses auteurs favoris sont Thomas lement pour ce volume une percutante nouvelle : Tyho d’Ecce.On archaïque – représentée par les personna- Pynchon, Don DeLillo, les frères Powys, Na- lui saura gré d’y avoir fait figurer un beau texte de Michel Demuth ges de Joseph Berthelot, inventeur d’une bokov ou le Suédois Tunström qu’il cite (à quand la suite des Galaxiales ?) et une très jolie nouvelle de Julia machine hautement poétique, et d’Hélio- comme exemple de ce réalisme magique Verlanger, alias Gilles Thomas, et de nous remettre ainsi en mé- dore de Martelle, l’occultiste – et high-fan- – passerelle entre merveilleux et littérature moire leur talent. (Librio, 128 p., 1,52 ¤ [10 F].) tasy, puisque les Annwynns qui viennent générale – vers quoi il aimerait se diriger. demander de l’aide aux Berthelot ne sont Son prochain roman, Or not to be, qui mani- b LA PROIE DES RÊVES, de Michael Marshall Smith rien d’autre que les derniers représentants feste sa passion pour Shakespeare, sortira Michael Marshall Smith était, au mois de juillet, l’invité du festival du petit peuple des légendes et de la en mars 2002 aux éditions de l’Atalante et du roman noir de Frontignan : ce qui n’est pas tout à fait surprenant Faërie… Fabrice Colin a conçu une trame inaugurera une collaboration régulière puisque chacun de ses romans traduits en France se situe à la narrative fertile en péripéties et génératrice avec cet éditeur, avec un projet autour de confluence du roman noir et de la science-fiction. C’est bien sûr le d’émotions très diverses. Il a fort bien uti- Werner von Braun, Little Nemo et William cas de cette Proie des rêves qui repose entièrement sur une ingé- lisé son décor historique, sans occulter, par Randolph Hearst ! nieuse trouvaille : le mémo-délestage. Il avait lui-même rêvé qu’il l’entremise du personnage de Monsieur Pour la collection « Millénaires », il pré- avait pour travail d’avoir les rêves d’autres personnes. Cette idée cir- Fischer, le sort fait aux juifs, mais sans som- pare un roman steampunk, mâtiné de mer- culaire propre à donner le vertige lui a trotté dans la tête jusqu’à ce brer non plus dans le manichéisme (un offi- veilleux, inspiré de Nabokov, qu’il qualifie qu’il trouve le moyen de l’illustrer par une fiction : Hap Thompson, cier allemand intervient au bon moment de « ludique » et qui s’intitulera Dreameri- son personnage, stocke les souvenirs dont les gens veulent se débar- pour sauver nos héros !). Le narrateur cana. Et comme il a le sens du compagnon- rasser quelque temps. Quand le fragment de mémoire transmis est conclut le roman par un « Jamais je n’ai nage, ainsi qu’en témoigne le roman qu’il a celui de l’assassinat d’un flic, tout se met à aller de travers… Jusqu’à oublié ce Noël 1942 ». Le lecteur aura bien signé avec Matthieu Gaborit, Confessions ce que l’auteur assène sa botte secrète en digne compatriote de du mal à oublier celui que Fabrice Colin a d’un automate mangeur d’opium, il projette G. K. Chesterton. (Traduit de l’anglais par Hélène Collon, « Pocket imaginé, comme il aura du mal à oublier d’écrire un recueil de nouvelles avec un Science-fiction », 442 p., 7,77 ¤ [50,96 F]. Première édition : Cal- ces Enfants de la lune qui nous laissent au autre des mousquetaires, David Calvo. Fa- mann-Lévy, 1999.) cœur une tenace sensation de perte… brice Colin est également un nouvelliste de La même collection abrite un autre texte grande classe, qui a déjà reçu le Grand Prix b LA TRILOGIE DE GAÏA, T.I : TITAN, de John Varley de Fabrice Colin, une nouvelle cette fois, et de l’imaginaire pour « Naufrage mode En s’approchant de Saturne, la planète qu’elle a pour mission de science-fiction pure et dure : « Potentiel d’emploi » (parue dans l’anthologie Fan- d’étudier, une expédition spatiale embarquée à bord du Seigneur- humain 0,487 », qui figure dans l’antholo- tasy au Fleuve noir) et qui collabore réguliè- des-anneaux sous la direction d’une femme, le capitaine Cirocco gie Les Visages de l’humain (1). Il y est ques- rement aux belles productions des éditions Jones, découvre un douzième satellite, mais il s’agit d’un astronef du tion d’hommes qui deviennent des cy- de l’Oxymore. A tous ceux qui voudraient type arche spatiale. En s’approchant du vaisseau alien, le Seigneur- borgs, des machines, sous la pression de juger sur pièces, nous ne saurions trop des-anneaux est capturé et les membres de son équipage se retrou- l’argent. Le ton est plus âpre, plus pessimis- recommander la lecture de « Passer la vent, après avoir subi, inconscients, un rituel de passage mystérieux te… Fabrice Colin, comme les autres mous- rivière sans toi » (2), un texte magnifique, qui laisse des traces chez chacun d’eux, à l’intérieur de la nef qu’ils quetaires de la fantasy, est venu à l’écriture emblématique à la fois de l’imaginaire cha- entreprennent d’explorer. A partir d’un thème hard science, la dé- par le jeu de rôle. Non qu’il ait été un « rô- leureux et fécond de Fabrice Colin et de couverte d’un artefact extraterrestre, John Varley développe une fic- liste » fanatique, mais bien parce qu’il y a son écriture subjuguante. tion qui utilise avec brio la topologie surprenante de ce gigantesque pris goût à la conception de scénarios et Jacques Baudou vaisseau spatial et crée une écologie interne aussi dépaysante parce que Stéphane Marsan, après en avoir qu’étrange. On suit avec plaisir la quête de « Rocky » Jones et on se lu quelques-uns, lui a commandé deux ro- (1) Anthologie de Denis Guiot, préfacée par réjouit de la retrouver bientôt dans les deux autres tomes de la trilo- mans dans une veine de la fantasy proche Axel Kahn, 230 p., 8,99 ¤ (59 F). gie de Gaïa. (Traduit de l’anglais – Etats-Unis – par Jean Bonnefoy. de l’horreur pour une collection qu’il lan- (2) Parue dans l’anthologie Il était une fée, Gallimard, « Folio SF », 418 p., 4,95 ¤ [32,50 F]. Première édition : çait. Neuvième cercle, qui se déroule dans éd. de l’Oxymore. Denoël, 1980.) J.Ba. VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 - LE MONDE DES POCHES - VII dossier bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Le mystère « Attrape-cœurs »

e 16 juillet 1951, The Catcher in the à qui vilipendera le plus l’auteur et ses œu- traduire The Catcher en 1986 par Annie Sau- Rye est publié aux Etats-Unis. vres : il ne sait pas écrire, il ne rédige que de mont – en ajoutant un « s » au titre qui de- L’auteur en est un jeune homme, « prétentieux divertissements », il n’a aucune vint L’Attrape-Cœurs – mais aujourd’hui Jerome David Salinger, dont on a maturité, il est une sorte d’« industrie » à lui cette version a également beaucoup Ldéjà pu lire quelques nouvelles, très applau- tout seul, « un homme sandwich »… Les pa- vieilli… Grâce peut-être à ces traductions dies dans les milieux littéraires, dans des roles s’envolent, le succès reste. contestées, J.D. Salinger a été souvent le magazines comme Collier, Story ou The Quand The Catcher in the Rye est publié premier auteur lu directement en anglais New Yorker. Rien toutefois qui puisse lais- en France, par Robert Laffont, en 1953 par les jeunes Français. ser deviner la déferlante provoquée par The – sous ce titre raté mais qui lui est resté, Pour des raisons jamais vraiment explici- Catcher. L’Attrape-Cœurs, qui faisait écho au déjà tées, Salinger s’est retiré du monde et n’a C’est un livre Difficile d’imaginer aujourd’hui qu’un li- très célèbre roman de Boris Vian : L’Arra- plus rien publié, à part une longue nouvelle vre puisse déclencher à la fois un tel enthou- che-Cœur –, il passe quasiment inaperçu, at- dans The New Yorker daté du 19 juin 1965, culte. Il a marqué siasme et un tel rejet. Il a marqué de façon teignant à peine 7 000 exemplaires jus- Hapworth 16,1924, dont on attend une réé- indélébile toute la jeunesse américaine, et qu’en 1960, alors qu’à la même époque il dition toujours repoussée (mais promise la jeunesse cela de façon continue pendant des années s’en vendait quelque 250 000 exemplaires sur Amazon.com pour novembre 2002). – Mark Chapman, l’assassin de John Len- par an aux Etats-Unis, rien qu’en édition de Cette disparition a sans aucun doute été américaine non, en avait un exemplaire dans sa po- poche. Ce sont les Nouvelles (Nine Stories), l’un des facteurs du mythe Salinger, che –, puis la jeunesse européenne, en parti- publiées en français en 1961, qui produisi- l’auteur en qui tant d’adolescents voyaient sur plusieurs culier en France. Plus de cinquante ans rent sur les jeunes Français et sur les criti- cet écrivain dont parle Holden Caulfield, le après (l’action se situe à la fin décem- ques cette onde de choc qui se fait sentir en- narrateur : « Mon rêve, c’est un livre qu’on générations. bre 1949), on a du mal à comprendre à la core aujourd’hui chez tous ceux qui les ont n’arrive pas à lâcher et quand on l’a fini on fois comment ce livre a pu avoir un succès lues, il y a donc quelque quarante années. voudrait que l’auteur soit un copain, un su- Ceux qui l’ont lu si phénoménal et susciter tant de hargne et Ce sont les lecteurs des Nouvelles qui vont per-copain et on lui téléphonerait chaque de rejet aux Etats-Unis où il a été exclu des se précipiter sur le roman. Un bulletin publi- fois qu’on en aurait envie. » J. D. Salinger a dans les années bibliothèques de certaines écoles et par cer- citaire des éditions Robert Laffont cite, au déçu toutes ces espérances en refusant tout taines communautés : ainsi, en 1982, il a été moment de la publication de Franny courrier, tout entretien, tout hommage, 1960 gardent au retiré des bibliothèques scolaires de Cal- and Zooey, les avis (français et prémonitoi- que ce soit sous forme de livre, de film ou houn County, en Alabama. res) émis à propos de L’Attrape-Cœurs par même de site Internet. Cela n’a pas empê- cœur le souvenir Le succès du Catcher n’a pas été immé- d’éminents critiques comme Robert Kan- ché quelques paparazzi de faire des photos diat – il lui faudra quatre ou cinq années ters, qui compare Salinger à Alain-Fournier terribles de cet homme vieillissant. Et d’un moment de avant de devenir un livre « culte » – mais il (et le livre au Grand Meaulnes) ou Kléber surtout, très récemment, une de ses ancien- ne fera que croître et embellir avec la publi- Haedens : « L’auteur vient de prouver que nes petites amies, Joyce Maynard, publiait grâce, cette grâce cation des recueils de nouvelles qui vont sui- l’on pouvait toujours rendre neuf et surpre- ses mémoires, At Home in the World ; elle a vre (lire bibliographie ci-contre), même si la nant le thème le plus usé de l’écriture. » même vendu aux enchères les lettres qu’il adolescente portée critique anglo-saxonne, qui avait encensé L’Attrape-Cœurs comme les Nouvelles ont lui avait adressées, lettres achetées par un les premiers livres, se mobilise pour descen- été traduits par un jeune homme de dix- admirateur qui les lui a retournées. La fille par le roman et dre en flammes Franny and Zooey : de John neuf ans qui signe Jean-Baptiste Rossi et de Salinger a également publié un livre de Updike à Norman Mailer en passant par qui deviendra plus tard Sébastien Japrisot. souvenirs, faisant de lui un portrait qui rencontrait John Steinbeck, George Steiner, Mary Ces traductions n’ont pas toujours em- accablant. McCarthy ou Katherine Anne Porter, c’est porté l’adhésion du public. L’éditeur fit re- Martine Silber la leur, leurs rêves, leurs désirs, leur révolte. En ce temps-là j’étais en mon adolescence… Cinquante ans lors, ça tient la route, presque Alors difficile de savoir s’il ne faudrait pas jouent dans un champ de seigle, au bord après sa première cinquante ans après ? Difficile le ranger dans les livres pour la jeunesse, d’une falaise, d’être le Catcher in the Rye… de ne pas se poser la question. Il comme si, une fois adulte, il était tout sim- Son inquiétude pour les cygnes de Cen- publication n’y a pas de réponse absolue ou plement trop tard. Comme si seuls juste- tral Park qui risquent de mourir de froid Adéfinitive. Rares sont les lecteurs de L’At- ment pouvaient retrouver la mémoire en hiver, sa rencontre avec les bonnes aux Etats-Unis, trape-Cœurs qui ont eu envie de confron- ceux qui ont gardé cet Attrape-Cœurs sœurs et leurs valises moches. Tout ce qui ter la mémoire qu’ils en ont au livre tel comme une sorte de talisman, enfoui pen- représente son envie de bien faire, d’aider que reste-t-il qu’en lui-même. Par crainte, bien sûr, de dant des années quelque part, parmi les li- les autres et son isolement dans une so- se retrouver face à des illusions perdues, vres « qui ont changé leur vie ». Et s’ils re- ciété de tricheurs, d’imbéciles. C’est sans aujourd’hui de gâcher quelque chose, et de mal le sup- trouvent leur propre mémoire, ils retrou- doute ce profond malaise social qui a eu porter. En revanche, le rêve est toujours vent aussi celle des années 1960 et 1970. tant de répercussion auprès des lecteurs. du roman présent puisqu’il continue à inspirer des Et la mémoire des rêves, d’une certaine in- Aujourd’hui, on est frappé peut-être plus écrivains comme Eric Neuhoff en France, nocence et d’une certaine rébellion. Une encore par ce qui annonce la retraite de de J. D. Salinger dont le dernier roman, Un bien fou (Albin sorte d’état de grâce, perdu en surface Salinger : le grand frère, DB, qui était un Michel) est directement inspiré de l’œuvre mais jamais oublié. écrivain formidable et qui est parti «se et du mythe et de la vie de Salinger, ou l’auteur de ro- On en revient toujours aux mêmes prostituer » à Hollywood, le pianiste de mans policiers américain Lawrence Block moments du livre, ceux en particulier qui bar qui guette les applaudissements et qui de l’auteur retiré et ses Lettres mauves (Seuil) (« Le Monde concernent les rapports de Holden, le nar- fait dire à Holden : « Si j’étais pianiste, je des livres » de ce jour, page 4). rateur, avec les enfants : le petit garçon jouerais enfermé dans un placard », son en- du monde ? Si certains adolescents succombent qui chantonne tout seul, les deux enfants vie de partir vivre dans une cabane, son encore aujourd’hui au charme du roman rencontrés au musée, et bien sûr Phoebe, désir de mort, et cette dernière phrase : Relectures (lire ci-contre), la plupart des lecteurs qui la petite sœur, sur son cheval de bois, qui « Faut jamais rien raconter à personne. Si l’abordent pour la première fois sont tourne et tourne sur le manège, dans son on le fait, tout le monde se met à vous man- contemporaines extrêmement déçus, et avouent avoir du manteau bleu. On cite aussi souvent le quer. » Il ne faut pas relire Salinger, sinon, mal à aller jusqu’au bout. Trop daté – et la rêve d’Holden d’être le seul à pouvoir at- il se met à vous manquer. traduction l’est, assurément –, trop naïf. traper des milliers de petits mômes qui M. Si. VIII - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 dossier bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Leçon de liberté au lycée n 1999-2000, nous avons étudié, Que pensent (coiffé) – tout en faisant prendre cons- fonction des énigmes que Holden tente en classe de terminale, The Cat- cience aux élèves du travail d’écriture. de résoudre : les canards (question qu’il cher in the Rye avec seize élè- les adolescents Le fait que Holden soit fâché avec l’ins- soumet aux chauffeurs de taxi), les fem- ves : treize filles et trois gar- titution scolaire (un de mes élèves se mes (l’amour) et d’autres comme la poly- Eçons. En lisant la liste des œuvres au pro- trouvait quasiment dans la même situa- sémie de la chute de la figure du Catcher français gramme, je m’étais dit immédiatement tion !) augure déjà bien de son adoption in the Rye, l’apparence faussement dé- que ce serait formidable de « faire » The d’aujourd’hui par les élèves. A cela s’ajoutent certains cousue de l’œuvre, l’errance du héros, Catcher : le livre-culte des années 1960, portraits d’adultes désopilants, qui ne etc. le livre que toute la famille avait lu, du « Catcher » ? peuvent que gagner leur sympathie : la Travailler cette œuvre dans une insti- qu’on aimait citer – on y avait tant ad- visite à Mr Spencer, par exemple, et le tution scolaire amène une bonne et salu- héré. J’avais envie de retrouver une page Récit double inconfort de Holden assis sur le taire bouffée d’air frais. Il y a des jurons, de mon passé, de partager cette œuvre lit trop dur de son professeur malade qui des gros mots, et on peut les dire, les avec mes étudiants, d’en voir les réso- d’un professeur le « torture » psychologiquement… Mais commenter et en rire sans se faire met- nances chez eux. il y a aussi le langage (l’argot et les liber- tre à la porte ou manquer de respect au Pour faciliter l’entrée dans le roman, d’anglais d’origine tés que Holden prend avec les jurons), prof. J’éprouvais un plaisir malicieux, dé- les élèves devaient le lire d’abord en fran- les créations linguistiques, etc. ; son re- licieux, à leur expliquer la signification çais ; ensuite, ils avaient à lire un chapi- américaine jet de l’hypocrisie et de la société de con- du pet lâché de manière irrévérencieuse tre en anglais par semaine. Pour les sept sommation ; sa lucidité et son manque par un élève pendant le discours pom- premiers chapitres du livre (la période qui a fait étudier d’indulgence envers certains adultes oc- peux de Mr Ossenburger : la flatulence de Pencey Prep : le lycée, l’univers mas- cupant des places de responsabilité et se faisant l’écho du vent de ses propos. culin où il y a un manque criant de fem- le roman qui font des courbettes devant les « puis- Mes élèves étaient sidérés qu’on puisse mes), je posais les questions, et les élè- sants » ; ses préoccupations, questions, ainsi lire – décrypter – un texte. ves répondaient. C’était assez mer- à ses élèves, doutes concernant les femmes, la dispari- Cette expérience m’a émue. J’avais veilleux : la parole circulait, différents tion d’un être aimé, les relations humai- cherché à faire passer quelque chose, et élèves intervenaient, complétant les in- et points de vue nes (familiales, amicales, amoureuses) c’est passé. Ce « quelque chose » était as- terventions précédentes. Grâce à diffé- et tout ce qui entrave la communica- similé, approprié par chaque élève ; re- rents ouvrages « parascolaires » (1), je de trois jeunes tion ; ses interrogations sur la vie, ses modelé en quelque sorte par son propre savais dans quelle direction je voulais les contradictions… regard, sa sensibilité, ses propres choix. tirer : par exemple, pourquoi Holden s’in- lecteurs A partir du chapitre 8, quand Holden Je n’avais plus devant moi autant de per- quiète-t-il au sujet des canards de Cen- devance son renvoi et part seul dans la roquets qui me recrachaient le cours de tral Park en hiver ? Il y a quelque chose nuit – destination New York – à la recher- façon identique. Un beau cadeau. de « religieux » dans l’herméneutique, che des femmes, les élèves ont présenté Diane Grantham quand le sens d’une œuvre se « révèle ». les chapitres par binôme. Ils avaient en- Entre ces moments où le sens s’éluci- vie de « passer à l’oral ». Il faut imaginer e Diane Grantham est professeur d’anglais dait et d’autres où Holden, avec son hu- des élèves présentant l’impayable peep au lycée Lavoisier à Paris. mour à la Woody Allen avant l’heure, show du chapitre 9, la visite de la jeune provoquait des fous rires, il n’y a jamais prostituée Sunny (chapitre 13), etc., tout (1) En français : de Claire Martel (éd. du eu de baisse d’intérêt. On peut déjà en restant très demandeurs quant au tra- Temps, « Lecture d’une œuvre », oral d’an- s’amuser pas mal dès la première page vail d’écriture ; par exemple, l’impor- glais renforcé). En anglais : de Robert B. Ka- en faisant remarquer la similitude entre tance de l’onomastique – Faith (la foi), plan, « Cliffs Notes ». A signaler également, David Copperfield – cité par Holden – et Sunny (ensoleillé), Ernie (diminutif de Er- Understanding The Catcher in the Rye, de San- Holden Caulfield, et le fait que David nest mais Earnest signifie sincère…). Le ford et Ann Pinsker (Greenwood). Copperfield soit né avec une caul livre exerce une autre fascination en Regards de jeunes A lire, à chercher, à ne pas voir

b Anne : « J’avais trouvé le livre quand même, qui recherche l’inno- b Tous les livres de Salinger ont été cherches et de ses déboires, mais très vulgaire en français et je m’étais cence et ne la trouve qu’auprès de pe- édités par Robert Laffont : L’Attrape- c’est fort intéressant : A la Recher- dit bon, c’est un truc pour le bac, tant tits enfants. Je m’identifiais totale- Cœurs, Nouvelles, Franny et Zooey, Dres- che de Salinger (éd. de l’Olivier, « Pe- pis... Et puis en anglais, c’était passion- ment à cela. Même si le contexte n’est sez haut la poutre maîtresse, charpen- tite Bibliothèque américaine »). On nant. Cela représentait une généra- pas le même, ce n’est pas démodé, et tiers suivi de Seymour, une introduction. peut lire aussi, en anglais, Salinger : tion paumée, un adolescent qui fuyait puis je m’intéresse à ce qui s’est passé Certaines nouvelles ont été parfois re- An Autobiography, de Paul Alexan- sa vie et on s’identifiait à ses craintes, dans les années 1950 et 1960. Si on me groupées sous d’autres titres, tant en der (Renaissance Books). à ses sentiments. Cela m’a fait réflé- demandait de le relire, je serais ravie. France qu’aux Etats-Unis – où circulent b Les Mémoires de Joyce May- chir sur ma génération, sur le déca- J’ai lu les autres livres, en français aussi des versions pirates, voire des tex- nard, At Home in the World, ne sont lage entre les adultes et les ados. Et parce que j’avais peur de ne pas tout tes apocryphes – mais seuls ces quatre pas disponibles en français ; en revan- puis, il y avait New York, le New York comprendre en anglais. » livres sont véritablement de Salinger. che, le livre de Peggy Salinger, The de ces années-là… Nous, on avait une b Thierry : « Moi, je ne l’ai pas étu- L’Attrape-Cœurs et les Nouvelles sont dis- Dream Catcher, sera publié en fran- lecture superficielle mais grâce au dié en classe mais mes parents m’ont ponibles en Pocket, 4,73 ¤ (31 F) et 5,49 çais début 2002, aux éditions NIL. prof, et on sentait que ça la passion- tellement baratiné avec ça que je l’ai ¤ (36 F). b L’adaptation cinématographi- nait aussi, on a découvert ce mode lu, par curiosité, en anglais. Ce qui m’a b Hapworth 16, 1924, la dernière que d’une des nouvelles (« Oncle d’écriture, les symboles comme cette le plus frappé, c’est la solitude de Hol- longue nouvelle publiée par Salinger déglingué au Connecticut »), sous le casquette rouge qu’il porte et qui le den, il n’a personne vers qui se tour- dans The New Yorker, devrait être réédi- titre A Foolish Heart, a été une trahi- protège. J’étais aussi fascinée par le ner, son grand frère l’a déçu, sa petite tée par Orchise Press en novem- son grotesque. La BBC a diffusé un mystère qui entoure l’auteur… En re- sœur commence par lui faire la tête. bre 2002. Cette publication a constam- reportage intitulé JD Salinger vanche, je vais me venger en jetant la Elle lui dit qu’il n’aime rien. Et même ment été repoussée depuis 1997, et le Doesn’t Want To Talk (« J.D. Salinger version française ! » le prof sympa est peut-être un per- livre est passé de 15,95 à 22,25 dollars refuse de parler »). b Erato : « Ce que j’ai aimé avant vers. Mais il sait que même des gens (17,47 ¤ à 24,37 ¤). On peut le comman- b Les avocats de J.D. Salinger tout, c’était une atmosphère triste, pas possibles peuvent savoir siffler der sur Amazon.com… ont fait fermer tous les sites Internet voir quelqu’un en éveil, qui est à part, d’une façon extraordinaire et ça, b L’écrivain Ian Hamilton a voulu qui lui étaient directement consa- qui se rend compte de la corruption comme il dirait : “ça me tue ”. » rencontrer Salinger pour écrire sa bio- crés, sauf un, www.salinger.org, qui autour de lui, par exemple dans son Propos recueillis graphie ; menacé par ses avocats, il n’a fourmille d’informations tant biogra- école de gosses de riches où on vole par Martine Silber pu faire paraître que le récit de ses re- phiques que littéraires. VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 - LE MONDE DES POCHES - IX essais bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Leçons politiques du temps de Louis XI

MÉMOIRES Etablie par « Lettres gothiques », ne publier moins témoignage qu'ils ne livrent les de Philippe de Commynes. qu'aujourd'hui ce texte majeur, après plus leçons politiques, tirées avec un formida- Introduction, édition, notes Joël Blanchard, de quarante volumes à son catalogue – où ble pragmatisme, de sa « continuelle et index de Joël Blanchard. figure du reste depuis cinq ans une pré- résidence » avec les Grands. Le Livre de poche, « Lettres gothiques », voici l’édition cieuse sélection de Lettres choisies de Ces « choses vues », composées dans 896 p., 12,15 ¤ (79,70 F). Louis XI. Certes, la dernière édition du cette retraite dorée entre 1489 et 1491, et (Première édition : 1524.) de référence texte complet remonte à 1938, morceau complétées dès 1497 par le compte rendu de choix de l'Anthologie des historiens et de sa participation à la première guerre icquigny, 29 août 1475. Sur la des « Mémoires » chroniqueurs du Moyen Age établie par d'Italie, rompent avec la tradition nationa- Somme, un pont construit à la Albert Pauphilet pour la « Bibliothèque liste ou patriotique des mémorialistes hâte avec un toit de bois contre la de Philippe de la Pléiade ». Mais les éditions partielles courtisans. Regard individuel sur le pou- P pluie, « et au meillieu de ce pont ne manquent pas (saluons celle, intelli- voir pris aussi dans sa dimension psycholo- fut faict ung fort treillis de boys, comme on de Commynes, gemment annotée, de Philippe Conta- gique, le texte de Commynes diffère aussi faict aux caiges de ces lyons ». C'est là que mine à l'Imprimerie nationale [1994]), qui des récits réflexifs de ses contemporains doit avoir lieu l'entrevue de Louis XI et du homme assurent l'étonnante pérennité de la récep- (Tallandier publie ces jours-ci les roi d'Angleterre, Edouard IV. Le traité tion de Commynes, seul auteur médiéval Mémoires du pape humaniste Pie II). Le scellé là va mettre un terme à un conflit dy- de confiance dont l'œuvre a toujours été éditée et confident du roi chronique et médite, nastique, ouvert depuis 1337, et que les reconnue. multipliant les digressions, les entorses historiens retiendront avec optimisme de « l’universelle chronologiques, sans jamais se perdre, ni comme une guerre de Cent Ans. Face au On peut sans crainte affirmer que nous égarer son lecteur. En cela, il s'inscrit dans faste de l'Anglais, vêtu de drap d'or et de araigne » et tenons là, peu après le magistral Louis XI la tradition césarienne du commentaire, satin rouge, la sobriété provocante de de Jean Favier (Fayard, « Le Monde des li- remise à l'honneur par les chancelleries ita- Louis XI – « nostre roy s'abilloit fort court et observateur vres » du 28 septembre), la version de réfé- liennes qu'il a beaucoup pratiquées – et si mal que pis ne povoit, et assés mauvais rence de ces Chronique et Hystoire – le titre encore lors de sa dernière mission, draps aulcunesfoiz » –, si anonyme qu'on hors pair de la vie des premières éditions avant que Denis rencontrant Savonarole et se faisant le le confond avec son plus proche voisin, Sauvage ne fixe en 1552 l'usage du mot champion d'un gouvernement alla vene- « vestu pareil de luy ce jour ». Celui-là té- publique de la fin Mémoires. Le terme apparaît toutefois ziana. moignera plus tard : « Il avoit acoustumé, sous la plume de Commynes dans la Son regard sur le pouvoir, qui se mesure e de long temps, d'en avoir quelc'un qui s du XV siècle. seconde partie de son texte, rédigé au len- désormais à l'aune de l'utilité et de l'inté- 'abilloit pareil de luy souvent. » demain de son aventure italienne au côté rêt, rompt avec le moralisme de mise chez On a pu s'interroger sur ce mimétisme vesti- Un « Machiavel de Charles VIII, nouveau rebondissement ses prédécesseurs –, des clercs le plus sou- mentaire : mesure de sécurité pour déjouer dans une carrière qui n'en manqua pas. vent pour qui le cruel ou le cynique ne un attentat contre la vie du souverain, pro- en douceur » Comblé d'honneurs et d'avantages, Com- peut faire, comme chez Commynes, le tégé par ce double ? N'oublions pas que le mynes souffrit comme tous les conseillers prince « sage ». A l'instar de son maître, il duc Louis d'Orléans, en 1407, puis son rival dont le regard sur de Louis XI d'une brusque précarité à la se dit « non lettré » et traduit en termes bourguignon Jean sans Peur, responsable mort de son maître (1483). Il choisit la sédi- pratiques tout débat : négociation, mar- de l'assassinat de son cousin, douze ans le pouvoir rompt tion sous le gouvernement des Beaujeu ; ché, change ; le vocabulaire de l'économie plus tard, avaient péri dans de sordides arrêté, il goûta un temps à Loches de ces et de la finance contamine celui de la diplo- guet-apens. Marque d'ostensible familia- avec le moralisme cages de fer qui firent la légende noire du matie et plus largement du politique. L'in- rité, qui donne au confident royal un statut roi, avant d'être transféré à Paris. Con- telligent prime l'édifiant. « Machiavel en particulier ? Sans doute y a-t-il des deux lo- de mise chez ses damné à la confiscation du quart de ses douceur » selon Sainte-Beuve, il est en fait giques ce jour où Philippe de Commynes, biens et à dix ans de relégation, le sei- plus proche du diplomate-historien Gui- qui participa au choix du lieu de la rencon- prédécesseurs gneur d'Argenton mène grand train en Poi- chardin, avec son pragmatisme lucide et tre, accompagne Louis XI. tou et compose, sur l'incitation de son ami son goût de l'équilibre. Entre un Moyen A vingt-huit ans, l'homme est l'un des Angelo Cato, comme lui venu de l'entou- Age qui s'éteint et une Renaissance qui rares intimes d'un souverain parti- rage du Téméraire pour devenir le méde- s'annonce, Commynes est un veilleur culièrement méfiant. Confident employé cin personnel du roi (qui en fit un archevê- dont l'œil décape. à des missions diplomatiques de que de Vienne), ces Mémoires qui portent Philippe-Jean Catinchi confiance, Commynes a su séduire le roi par son intelligence. Fils d'un bailli de Flan- b dre, chambellan du duc de Bourgogne – il est ainsi à Montlhéry comme à Péronne extrait dans l'entourage de Charles le Téméraire, ennemi juré de l'« universelle araigne » –, J’ai oublié a dire que moy estant arrivé à Florence, refformé a l’espee : cela n’est pas encores advenu, mais il il quitte le camp de l'ordre de la Toison allant au devant du Roy, allay visiter ung frere pres- en fut bien pres, et encores le maintiennent. Plusieurs le d'or pour se rallier à celui de Saint-Michel cheur, appellé frere Jheronime, demourant en ung cou- blasmoient de ce qu’il disoit que Dieu luy avoit revellé ; en 1472. Ce revirement, qu'on a long- vent refformé, homme de saincte vie, comme on disoit, autres y adjousterent foy ; de ma part, je le reppute bon temps lu avec quelque anachronisme qui, quinze ans avoit, demoura audict lieu ; et estoit avec- homme. Aussi luy demanday si le roi pourroit passer comme une trahison, a parfois obéré la lec- ques moy un maistre d’hostel du Roy, appellé Jehan sans peril de sa personne, veu la grant assemblee que fai- ture des Mémoires – Jean Dufournet, qui Françoys, saige homme. Et la cause fut qu’il avoit tous- soient Veniciens, de laquelle il sçavoit myeulx a parler établit l'édition des six premiers livres, pa- jours presché en grant faveur du Roy, et sa parolle avoit que moy, qui en venois. Il me respondit qu’il auroit a rus en « Folio » Gallimard en 1979 sous le gardé les Florentins de tourner contre nous, car jamais faire en chemin, mais que l’honneur luy en demoureroit, titre Mémoires sur Louis XI, voit dans la prescheur n’eut tant de credit en cité. Avoit tousjours et n’eust il que cent hommes en sa compaignee, et que composition de ces souvenirs une sorte de asseuré la venue dudict Roy, quelque chose qu’on dist Dieu, qui l’avoit conduict au venir, le conduiroit encores plaidoyer personnel. Grand spécialiste de n’escripvit au contraire, disant qu’il estoit envoyé de a son retour ; mais pour ne s’estre point bien acquicté a Commynes dont il livre parallèlement une Dieu pour chastier les tirans d’Italie et que riens ne la refformation de l’Eglise, comme il devoit, et pour édition critique de la correspondance (Let- povoit resister ne se deffendre contre luy. Avoit dit aussi avoir souffert que ses gens pillassent et robassent ainsi tres, Droz, 2001), Joël Blanchard fait jus- qu’il viendroit a Pise et qu’il y entreroit, et que ce jour le peuple, et aussi bien ceulx de son parti (et luy ouvri- tice de ces interprétations erronées dans muroit l’estat de Florence : et ainsi advint, car Pierre de rent les portes sans contraincte) comme les ennemys, la riche introduction qu'il donne à cette Medicis fut chassé ce jour. Et mainte aultre chose avoit que Dieu avoit donné une sentence contre luy, et brief première édition intégrale en poche. preschee avant qu’elles advinsent, comme la mort de auroit ung coup de fouet (…). Ce n'est pas le moindre paradoxe de voir Laurens de Medicis ; et disoit publicquement la voir par Mémoires, Livre VIII, chapitre 3, l'excellente collection de Michel Zink, revelation. Preschoit que l’estat de l’Eglise seroit pages 574-575. X - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 essais bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Je pense donc je dépense Ni Dieu Nicolas Herpin à la recherche des motivations du consommateur ni maître

SOCIOLOGIE DE LA CONSOMMATION Inversement, « l’altruisme familial » (Halb- plutôt du côté de l’Etat providence que de L’ANARCHISME de Nicolas Herpin. wachs) permet de faire reculer efficace- la consommation sans entraves. Au reste, EN EUROPE éd. La Découverte, « Repères », ment la grande pauvreté. Il se traduit la publicité de marque est souvent en de Gaetano Manfredonia. 128 p., 7,93 ¤ (52 F). (Inédit.) surtout par une priorité accordée aux conflit avec celle de la grande distribution. PUF, « Que sais-je ? », dépenses de logement (bien collectif), A propos de l’influence des médias sur 128 p., 6,40 ¤ (42 F). n économie, la théorie du consom- alors que celles d’habillement ont ten- les motivations, l’auteur se range plus du (Inédit.) mateur est simple. La trajectoire dance à traduire l’égoïsme ; l’alimentation, côté des travaux de Lazarsfeld que de ceux de son revenu et celle de l’offre elle, occupe une position intermédiaire. de Bourdieu. L’omnipotence du contrôle aetano Manfre- E marchande, traduite par les prix Dans les milieux aisés, la contrainte social à distance lui paraît discutable : «Le donia est incon- relatifs des biens et services, fournissent, sociale se substitue à la contrainte écono- comportement d’un individu, écrit-il, n’est testablement le en se croisant, un résultat d’apparence con- mique. La « consommation ostentatoire », modifié par le message que si son contenu G meilleur spécia- venable. A condition que l’on se fonde sur si bien analysée par Veblen à la fin du est validé dans le groupe des relations infor- liste de l’anarchisme, de la stabilité des goûts du consommateur. XIXe siècle, se prolonge de nos jours par melles auquel l’individu en question appar- son histoire et de ses Un peu facile, non ? C’est pourquoi la l’attrait exercé par les produits « mode » tient (voisinage, fréquentations familiales, mouvements : il est sociologie de la consommation est indis- et par le gaspillage. Elle s’opposait alors à amicales ou professionnelles). » Sur le l’auteur, entre autres, pensable, comme l’avaient pensé depuis l’ascétisme des entrepreneurs protestants chapitre de la mode, selon l’auteur, peu de d’une belle thèse de des lustres Georg Simmel, Thorstein (Max Weber), moins visible aujourd’hui. choses ont changé depuis les analyses troisième cycle soutenue Veblen, Max Weber, Maurice Halbwachs Un autre phénomène apparaît à notre subtiles de Simmel au début du XXe siècle. à Paris en 1984 sur L’Indi- et bien d’autres. Nicolas Herpin, dans son époque, déjà analysé dans La Distinction Les Fashionables (les arbitres des élégan- vidualisme anarchiste en excellent petit ouvrage, propose une de Pierre Bourdieu : les classes moyennes ces) tirent leur réputation d’expertise du France (1880-1914), mal- réflexion bourrée de références sur les ont le sentiment d’être aspirées vers la fait que les biens qu’ils choisissent heureusement demeurée motivations de nos contemporains. classe dominante en consommant des choquent le grand public. Ce sentiment ne inédite, et d’une remar- Ouvrant son analyse sur le comporte- produits dont les attributs sont ceux de la va généralement pas durer et un ordre quable et ambitieuse ment des foyers à bas revenus, il constate catégorie sociale supérieure. émergent naît, suivi par la population des étude consacrée à La qu’en France il n’y a pas de définition offi- Selon des sociologues américains conformistes. Les excentriques ne remet- Chanson anarchiste des cielle du seuil de pauvreté (empirique- comme Talcott Parsons ou Robert K. tent pas en cause l'ordre collectif. Quant à origines à 1914 (L’Harmat- ment, on l’a fixé au minimum vieillesse, Merton, la consommation de masse ren- l'anticonformisme, s'il est particulière- tan, 1998). Il publie ce c’est-à-dire à 3 500 F par mois pour une force l’intégration des milieux sociaux. ment véhément, il peut lancer une petit « Que sais-je ? », personne vivant seule). Selon Chombart L’école de Francfort (Adorno et Horkhei- nouvelle mode. élargissement et réactua- de Lauwe, le risque de tomber dans la mer) va dans le même sens : les produits De bonnes réflexions également chez Ni- lisation (tout en adop- misère augmente à plusieurs époques du nouvellement introduits dans la vie quoti- colas Herpin sur le piège de l’accoutu- tant un point de vue cycle de la vie du foyer (adolescence des dienne détournent la classe ouvrière de la mance ou de la déception du sensiblement différent) enfants, départ à la retraite du chef de lutte syndicale et politique. Nicolas Herpin consommateur. Un livre où l’on ne trou- de celui simplement titré ménage ou, bien sûr, chômage). Cela dit, conteste ces thèses : les pauvres ressentent vera pas, en tout cas, une « théorie » des L’Anarchisme qu’avait pu- la mauvaise gestion d’un budget peut plutôt la frustration de ne pouvoir accéder motivations de ce dernier, mais plutôt un blié Henri Arvon en 1951. conduire à la misère, même si les revenus aux biens ou services « haut de gamme ». catalogue des ambiguïtés de ses choix. En une forme simple, dépassent largement le seuil de pauvreté. Et si régulation il y a, il faut la rechercher Pierre Drouin sans entrer dans le détail, ainsi que le veut la célè- bre collection, il par- vient, sans aucunement ignorer ses problèmes identitaires, à peindre Les prisonniers enchaînés d’or d’une main sûre et pré- cise le tableau de l’anar- chisme européen et, Le Petit Traité du philosophe antique Plotin sur l’origine et la nature du Mal surtout, l’histoire, des origines à nos jours, TRAITÉ 51 tarque et de Celsus, d’Origène et d’Augus- la matière naissent les maux secondaires, d’une utopie qui eut, Sur l’origine des maux tin, entre autres. Ainsi de Plotin. ceux du corps comme ceux de l’âme, « im- dans le passé, un rôle de Plotin. Né en Egypte en 205, mort en 270 à plantée » dans le corps. C’est ainsi, note Plo- important à jouer. Et Traduction et commentaires Rome où il avait fondé un cercle philoso- tin, que les « opinions fausses arrivent à pourrait bien, comme il de Dominic O’Meara. phique, ce platonicien tardif ne se satisfai- l’âme » qui est pourtant « sortie du Bien ». l’écrit en conclusion, Le Livre de poche, 194 p., 6,10 ¤ (40 F). sait guère de la conception stoïcienne C’est à l’un de ses plus fidèles disciples, « ayant reconquis une par- (Première édition : Cerf, 1999.) (mais aussi gnostique et chrétienne) rame- Porphyre, que l’on doit d’avoir réuni et or- tie de ses positions per- nant le Mal à un choix pervers de l’âme hu- ganisé sous un même titre, Ennéades, les dues », connaître «au e Bien et le Mal. En une opposition maine, à un jugement erroné. Et pas davan- cinquante-quatre traités que Plotin a rédi- cours des années à venir farouche ? Pour une lutte inévita- tage de la conception des astrologues te- gés dans les dernières années de sa vie. La un élargissement de son ble et sans merci ? Il fut un temps nant, alors, certains astres, dieux percepti- traduction ici proposée est réalisée à partir assise militante, notam- L où les philosophes vivaient dans un bles, pour responsables de tous les maux du texte grec établi par Henry et Schwyzer ment au sein des pays de monde fait d’unité et d’éternité, où les réali- humains. Plotin fait du principe d’unité, (Oxford, 1964, 1977, 1982). Comme l’en- l’Europe de l’Est ». tés intelligibles ne différaient guère des réa- « l’Un », le principe de l’être et le Bien ab- semble des Ennéades, le Traité 51, rendu dif- Un petit livre bien prati- lités sensibles, où toute doctrine était en solu. En émanent l’intellect et l’âme, l’un et ficile par son extrême concision, a été main- que et intelligemment rapport étroit avec un cosmos unique dont l’autre entièrement tournés vers le Bien. tes fois commenté, d’Augustin à Leibniz, fait qui répond parfaite- l’ordre était toujours identique à lui-même. Plotin entend ainsi démontrer qu’il y a diffé- de Bergson à Jankélévitch. Parce qu’il dé- ment à la question que Ces philosophes-là se soucieront moins rents niveaux de Bien, sans que cette hiérar- crit le Mal « pris de partout par de beaux pose l’intitulé de la collec- d’échafauder des systèmes que de décrire chisation entraîne la présence du Mal. Mais liens comme des prisonniers enchaînés tion qui l’accueille et qui, des paysages métaphysiques où, selon avant que le néant soit atteint, il est néces- d’or », parce qu’il juge cette dissimulation en attendant de devenir Emile Bréhier, « l’âme se transporte par une saire que soit envisagé un dernier degré de nécessaire « pour que les hommes n’aient un classique, constituera sorte d’entraînement spirituel ». La philoso- réalité. Ce dernier degré est le Mal absolu. pas toujours à voir le Mal », et pour que, s’ils un excellent point de phie est, alors, une marche vers la sagesse Alors que le Bien est « libre » et « intelligi- le voient, « ils soient accompagnés d’images départ pour ceux qui qui engage toute la vie. On comprend que ble », le Mal est « caché », sans forme ra- du beau qui les fassent se ressouvenir »,Plo- voudront en savoir un l’origine du Mal ait obsédé ces philosophes tionnelle et de nature double, participant à tin n’a sans doute pas fini d’alimenter no- peu plus sur « l’increva- (au moins autant que les théologiens) des la fois de l’être et du non-être. Le Mal ab- tre méditation. ble anarchisme ». premiers siècles de notre ère. Ainsi de Plu- solu est la matière. Et de la participation à André Meury Philippe Oriol VENDREDI 5 OCTOBRE 2001 - LE MONDE DES POCHES - XI musiques bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

livraisons Notes et mots au diapason b b STRANGE FRUIT, de David Margolick L’édition musicale française se réveille grâce au « poche » Chanté plus tard par Nina Simone, Dee Dee Bridgewater ou Sting, Strange Fruit a d’abord été un succès de la grande dame du blues, a musique et l’édition font-elles qui veut. La consultation de L’Argot des Billie Holiday. Le journaliste américain David Margolick retrace bon ménage en France ? Hormis le musiciens, d’Alain Bouchaux, Madeleine l’histoire de ce chant de résistance au racisme, que Billie a inter- secteur des partitions et des paro- Juteau et Didier Roussin éviterait bien des prété pour la première fois sur scène en 1939 à New York. Si la mé- L les de chansons, prisées par tous contresens (réédité par « Points/Virgule », lodie est celle des chansons d’amour, les paroles dénoncent les les apprentis musiciens, la plupart des édi- qui a publié aussi le Dico des musiques de lynchages des Noirs, encore pratiqués à cette période. Dans le sud teurs considèrent le marché comme étroit, Jean-Marie Leduc ou Bob Marley, de des Etats-Unis, où les arbres portent le « fruit étrange » qui inspire trop spécialisé, donc casse-gueule. Chez Stephen Davis). Beau travail également du le titre, la chanson pleure ces corps noirs pendus aux branches : nos voisins italiens – actifs dans la traduc- Serpent à plumes, dans sa collection « Mo- « Black body swinging in the southern breeze. » Abel Meeropol, tion –, allemands et anglo-saxons, la profu- tifs », avec I Need More, d’Iggy Pop. l’auteur de Strange Fruit, est surtout connu pour avoir adopté les sion de parutions liées aux musiques Mais la production française se limite enfants d’Ethel et Julius Rosenberg, exécutés à cause de leurs contredit cette vision frileuse. En Grande- souvent à des ouvrages de type « Que convictions communistes. Professeur, auteur de milliers de chan- Bretagne et aux Etats-Unis en particulier, le sais-je ? ». Dans sa collection « Qui, quand, sons sous le pseudonyme de Lewis Allan, il a été membre du Parti moindre groupe rock est le sujet de quoi ? », Hachette survole le rock, le jazz, communiste clandestin. Il publie en 1937 dans la presse syndicale biographies et de recueils de photogra- le reggae, le blues ou les Beatles, mais c’est enseignante le poème qui est une première version de Strange phies, le moindre « nouveau » courant est surtout Librio qui, pour le moment, s’est Fruit. La chanson est d’abord chantée par sa femme, par des syndi- analysé, l’industrie régulièrement dissé- distingué. Ecrits par des spécialistes, ven- calistes puis par des chanteurs noirs lors d’une récolte de fonds quée. Portraits, enquêtes, témoignages, dus 1,52 ¤ (10 F) pour quatre-vingt-seize destinés aux républicains espagnols. Le couple Meeropol fré- compilations d’articles, ouvrages sociologi- pages, la trentaine de volumes de la série quente alors le Café society, un établissement de jazz où se cô- ques ou historiques… Musique, dirigée par Philippe Blanchet, toient Noirs et Blancs. Selon David Margolick, c’est là qu’Abel de- Pourtant, le récent sursaut de l’édition connaît ses classiques (Beatles, Pink Floyd, mande à Billie Holiday d’interpréter sa chanson. A cette période, de poche française pourrait bien renverser Serge Gainsbourg, Bob Marley, Jimi les chanteuses noires étaient tenues pour de faibles cervelles, cette tendance. Ainsi, Jean-Claude Zylbers- Hendrix, John Coltrane, Billie Holiday…), même dans les milieux du jazz. Le propriétaire du Café society a tein, directeur de 10/18, vient de créer « Mu- flirte avec les musiques celtiques, le raï ou souvent affirmé que la grande chanteuse ne comprenait pas ce siques et Cie ». « Un vieux rêve », pour cet la techno. Rarement lyriques mais bien qu’elle chantait. La compagnie de disques habituelle de Billie Holi- avocat qui a abandonné des études de mé- conçus – les sources sont citées – même si day refusa d’enregistrer Strange Fruit. Les radios américaines la decine pour se plonger dans la littérature certains ont, à l’évidence, été rédigés rapi- boycottèrent (elle passe encore rarement sur ces ondes). Certains et passer des nuits blanches dans les clubs dement. organisateurs de concerts voulurent inclure une clause dans le et les salles de concert à écouter des jazz- contrat de la chanteuse, lui interdisant de l’interpréter. Une lé- men. Et une constante pour le catalogue Chez « Folio » Gallimard, la réédition de gende était née, que David Margolick analyse consciencieuse- 10/18 qui a édité et réédite régulièrement Free jazz/Black power, de Philippe Carles et ment. Les indications discographiques, rédigées pour l’édition les textes et poèmes du chanteur canadien Jean-Louis Comolli, est à saluer (« Le française de l’ouvrage, permettent d’y voir clair dans la masse de Leonard Cohen, ceux de Jim Morrison, Monde des poches » du 3 novembre 2000). compilations de qualité variable (10/18, « Musiques et Cie », chanteur des Doors, comme ceux de Patti Cet ouvrage fondateur, publié en 1971 112 p., 6,40 ¤ [42 F]. Inédit). Smith, égérie du punk new-yorkais, ou de chez Champs libres, reste d’actualité. Les Lou Reed. On y trouve aussi Bird Lives, de musiques du monde bénéficient de la colla- b ENTRETIENS AVEC JONATHAN COTT, Ross Russell, qui combine les exigences fac- boration d’Actes Sud et de la Cité de la mu- de Glenn Gould tuelles à propos du saxophoniste Charlie sique dans une collection érudite et Bien des lecteurs regretteront de ne pas s’être trouvés en face de Parker avec une prose de haute tenue. Ce vivante, qui propose un CD avec le livre Glenn Gould, le pianiste canadien d’exception, lui qui affirmait qui constitue d’emblée un fonds cohérent comme dans Tango, du noir au blanc, de tranquillement : « Donnez-moi une demi-heure de votre temps, et d’une trentaine de volumes. Michel Plisson. Enfin, les éditions Mille et j’apprendrai à n’importe lequel d’entre vous à jouer du piano. » Fi- « La musique est pour moi un absolu quoti- Une Nuits se montrent attentives aux nou- dèle à lui-même, à son génie et à son originalité, l’artiste critique dien, annonce Jean-Claude Zylberstein. veaux courants avec l’enquête détaillée de l’enseignement dispensé aux pianistes dans « les usines à techni- Publier des livres sur la musique, sans exclu- Daniel Ichiban sur la Génération MP3 ou que » et se fait l’avocat de ses propres approches sensibles. Glenn sive des genres tant musicaux que d’écritures, Musique House, de Sean Bidder, un guide Gould surprend toujours. Homme de passion, il décrit avec minu- c’est lui rendre justice. Je suis persuadé que la des artistes et des labels de ce versant des tie ses documentaires pour la radio, consacrés aux habitants du découverte et la connaissance de la musique musiques électroniques. « Entre le rébarba- Grand Nord canadien. Musicien de colère, il s’emporte contre passent aussi par la lecture. On peut ne rien tif et l’insignifiance people, il y a une voix ceux qui admirent les Beatles mais défend Petula Clark. Il raconte savoir de Billie Holiday et de la chanson médiane, précise Jean-Claude Zylberstein. aussi la méthode de travail étonnante à laquelle il fit appel en Strange Fruit, mais l’étude de David Margo- Un bon ouvrage, factuel, emmené par un 1958 en Israël. Invité pour une série de concerts, l’artiste se trouve lick, un inédit de "Musiques et Cie", ne peut minimum de littérature, ne se rédige pas en face à un piano « pourri ». Pour ne pas être vaincu par cet instru- que donner envie d’en entendre plus. Si je me deux mois. » ment, il se rend dans le désert et, sur une dune de sable, tente de fie à mon expérience, des articles et des livres Une exigence qui nécessite du temps et recréer les circonstances tactiles du jeu qui lui convient. Il imagine m’ont souvent amené à découvrir ou réécou- de l’argent et peut sembler paradoxale son salon, localise mentalement son piano et convoque les sensa- ter des disques. » pour l’édition en poche dont le point tions… Cette réédition comporte une discographie remise à jour Encore faut-il que les rayons consacrés à d’équilibre repose sur un fort tirage et des (10/18, « Musiques et Cie », 160 p., 6,40 ¤ [42 F]. Première édition : la musique chez les libraires soient au dia- frais réduits. Ce qui explique que, pour le J C Lattès, 1988). pason. Si la « grande » musique est valori- moment, « Musiques et Cie » ne passe pas sée par nombre de beaux livres et quelques de commandes spécifiques. Mais les b JACQUES BREL, UNE VIE, d’Olivier Todd collections – d’où cette belle surprise, les projets ne manquent pas. Continuer la Le biographe d’Albert Camus consacre au grand chanteur un entretiens de Glenn Gould chez « Musi- collaboration avec Allia, éditeur de Nik ouvrage chaleureux et sérieux. Brel, petit Bruxellois né en 1929, ques et Cie » –, les musiques actuelles sont Cohn ou Greil Marcus, finaliser l’acquisi- Brel à l’enfance mélancolique, à l’adolescence marquée par l’en- cantonnées au domaine de la spécialisa- tion des droits d’un ouvrage sur le jazz et trée des nazis en Belgique, Brel le chanteur et l’acteur : Olivier tion, avec de petits tirages. « Lorsqu’un CD les gangsters, rassembler des écrits sur la Todd dépeint la vie de cet auteur d’exception. Elève indiscipliné, coûte 140 francs, on ne peut pas demander à cantatrice Elisabeth Schwarzkopf. « Je suis l’enfant versifie ses punitions, puis écrit un journal quand sa mère un plus large public de sortir la même ouvert à tout. Seules restrictions : des droits est à l’hôpital. Au début des années 1950, il quitte la Belgique, somme, voire plus, pour un livre sur un ar- trop onéreux et une pagination trop impor- dans un wagon de troisième classe, pour venir vers la scène pari- tiste », estime Jean-Claude Zylberstein. En tante, qui nuit à la qualité du brochage. » Le sienne. Le reste de sa carrière de chanteur est mieux connu. Mais poche, Barbara, Brassens, Brel, Ferré ou Livre de poche, lui, publie le 24 octobre La les précisions, en fin d’ouvrage, permettent d’approcher un Brel Trenet sont des valeurs sûres. Et le fonds Grande Anthologie de la chanson française, plus réel : figurent la chronologie de ses chansons, les ouvrages de anglo-saxon reste une matière première ri- de Pierre Saka. De Pierre-Jean de Béranger sa bibliothèque, une étude sur sa versification du français et une che et diversifiée. Mais les bonnes traduc- avec Le roi d’Yvetot,àNirvana de Doc Gy- discographie, malheureusement arrêtée en 1998 (10/18, « Musi- tions sont rares (les éditions Camion blanc néco, deux siècles de chanson à fredonner ques et Cie », 544 p., 9,30 ¤ [61 F]. Première édition : Robert Laf- massacrent avec constance les auteurs). en 900 pages. font, 1984). C. Ba N’est pas Philippe Garnier ou Julia Dorner Sylvain Siclier XII - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 5 OCTOBRE 2001