Exposition internationale de Géographie de Paris (Juillet 1875)

I. — Objets exposés par la Société de Géographie com- merciale de :

Carte géologique do la (M. Reulin); — agricole — (M. Malvezin); -= industrielle — (M. Schrader père); — de Bordeaux (id.); Oéographe de M. Schrader fils; Répertoire géographique de M. Signouret; Méthode géographique de M. Reyt ; Atlas de géographie (I fe année), par M. Fondu Domino géographique de M. Preller. (L'envoi de la Société a été honoré d'une médaille de I1B classe par le Congrée.)

II. — Objets exposés sous le patronage de la Société,:

Coquilles de la Nouvelle-Calédonie (M. Cassies); Objets provenant des fonds de la mer (MM. Périer et de Folio); Photographies de M. Terpereau; Brochures de M. Laliman, etc.

M. Gasâies a obtenu une médaille de 2e classe. INTRODUCTION

En 1872, au lendemain de nos désastres, l'Association française pour l'avancement des sciences tint à Bordeaux son premier congrès. Avant de se séparer, les sociétaires qui appartiennent à la région du Sud-Ouest, désireux de conserver le souvenir de cet événement et de rendre leur union plus étroite, décidèrent en principe la fondation du Groupe girondin. Il fut bientôt organisé sous la prési- dence du D r Azam. Ce Groupe se divisa en quatre sections, dont l'une, la quatrième, comprenait à la fois l'Économie politique, la Statistique et la Géographie; mais depuis plusieurs années on regrettait à Bordeaux que l'étude des sciences géo- graphiques n'eût pas dans notre ville une représentation spéciale. Le 3 juillet 4874, il fut décidé que la Géographie ferait l'objet d'une section à part, et que cette section nouvelle prendrait le titre de Société de Géographie com- merciale. Un comité provisoire d'organisation fut élu; il se composait de MM. Marc Maure!, armateur, membre de la Chambre de commerce; Abel Baour, négociant, membre de la Chambre ;de commerce; Scheeungrun-Lopès-Dulies, armateur, membre de la Chambre de commerce; Hippolyte Grossard, courtier de marchandises; L. Duprat, armateur, ancien capitaine au long cours; Fernand Samazeuilh, banquier; Foncin, professeur au Lycée, membre de la Société de Géographie de Paris; Ferdinand Desbonne, négociant, membre de la Société de Géographie de Paris,. Pour assurer à la Société un recrutement aussi large que possible, on convint qu'elle comprendrait non seule- ment tous les membres du Groupe qui désireraient en VI INTRODUCTION. faire partie, et n'auraient aucune cotisation nouvelle à acquitter à cet effet, — mais encore toutes les personnes étrangères au Groupe qui enverraient leur adhésion, — en s'engageant à payer une cotisation annuelle de 10 fr. Ainsi, la Société de Géographie commerciale de Bor- deaux se compose de deux sortes de membres : 10 de membres titulaires; 20 de membres associés. Les membres titulaires sont tous des membres de l'Association fran- çaise et du Groupe girondin, et, en ce qui les concerne, rien n'est changé aux statuts existants. Les membres associés sont exclusivement membres de la Société:de Géographie commerciale. Ils jouissent dans cette Société des mémes droits que les membres titulaires, tout en restant étrangers à l'Association fran- çaise et aux avantages qu'elle accorde à ses adhérents. Il a été décidé depuis que la Société admettait égale- ment : 30 des membres fondateurs, versant, une fois pour toutes, une somme de 100 fr.; 4° des membres correspon- dants, désignés par elle, et exempts de toute cotisation. Le 14 novembre 1874, la Société nouvelle tint sa première réunion. On peut lire, dans le Compte-Rendu sommaire des séances ( I), le reste de sop histoire.

Il paraît superflu de justifier l'existence de notre Société. Personne ne songe plus, aujourd'hui, à contester l'utilité de la Géographie, et la cause de cette science, que la dédaigna trop longtemps, est désormais gagnée. Mais, pour que la Géographie devienne réellement populaire chez nous, et pour qu'elle produise tous les résultats qu'on est en droit d'en attendre, il faut qu'à l'égal de la physique, de la chimie et des autres sciences

(1) Voir p. 265. INTRODUCTION. VII expérimentales, elle manifeste sa puissance et son utilité par des applications pratiques. Or, de tous les arts créés par l'activité humaine, aucun n'est plus intéressé que le Commerce à contracter une alliance étroite avec la Géographie; aucun, en même temps, ne peut être à la Géographie d'un secours plus précieux. Voilà pourquoi nous nous appelons une Société de Géographie commerciale. Notre Société a pour but, d'une manière générale, de mettre en rapport, par des délibérations et des études en commun, et par un échange incessant d'idées et de renseignements, tous ceux d'une part qui étudient la géographie à. un point de vue scientifique; tous ceux d'autre part qui, dans leurs occupations journalières, et notamment dans le commerce ou la marine, contribuent à leur insu parfois aux progrès de la géographie usuelle. Elle s'efforce, en d'autres termes, de faire profiter les armateurs, les capitaines, les négociants, les agriculteurs, Ies industriels, les .émigrants, des découvertes de la géographie ou des notions qu'elle fournit, comme aussi d'enrichir la géographie elle-même des faits que révèlent seulement l'expérience et la pratique du commerce. Elle groupe, dans une pensée commune, deux classes trop souvent étrangères l'une à l'autre : les hommes d'affaires et les hommes d'étude. Dès le 48 juillet 4874, elle avait rédigé son programme en ces termes : La Société se propose :

1' De recueillir les renseignements géographiques et commer- ciaux apportés chaque jour h Bordeaux et dans la région par les capitaines de navires, les voyageurs, les négociants; de leur indi- quer, au moyen de questionnaires, les points spéciaux qui doivent attirer particulièrement leur attention; 20 De porter h la connaissance des intéressés, et autant que pos- sible du public, ceux de ces renseignements qu'elle jugera dignes d'être mis en lumière; Viit INTRODUCTION. 3° De s'entendre à l'étranger avec des représentants qui voudront bien lui adresser des informations particulières; 4° De fournir. aux voyageurs les moyens de faire connaître au public, soit leurs projets d'explorations, soit les résultats de leurs voyages; ds concourir aux études relatives aux voies commer- ciales existantes ou à créer, etc.; 5° De donner aux' jeunes gens qui ont repu une éducation commerciale des renseignements qui pourront faciliter leur éta- blissement â l'étranger; 6° De s'entendre avec des journaux spéciaux pour la publication de ses travaux: 7° De concourir, dans la mesure de ses forces, à la fondation, à Bordeaux, d'un Musée géographique, ethnographique et commer- cial; 8° De concourir également, autant que ses ressources le lui permettront, à l'organisation des Expositions publiques qui intéresseront la géographie commerciale; 9° D'encourager, soit par des récompenses honorifiques, soit par des prix, les services de tout genre rendus à la géographie commerciale; 10° De tenir chaque année une séance publique dans laquelle seront lus un rapport sur ses travaux et une notice sur les pro- grès aecomplis•dans les sciences géographiques. On ne saurait exiger qu'en une seule année la Société de Géographie commerciale se soit acquittée entièrement de la tâche qu'elle s'était tracée. Résumons en peu de mots ce qu'elle a fait : 1. — Du mois de novembre 1874 au mois de juillet 1875, elle s'est réunie treize fois en Assemblée générale. Voiei la liste des Mémoires et Travaux, dont il a été donné lecture dans ces réunions : M. Henri Feuilleret. Note sur le chemin de fer des Andes et le canal ema- sonien ('); M. E. Sarrasin. André Brut; et notre colonie du Sénégal; analyse de l'ou- vrage de M. Berlioux (e); . M. Malvezin. Projets de canaux de l'Atlantique au Pacifique; M. Sclaader père. Aperçu des progrès et de la prospérité de la Société de Géographie américaine; M. Lorenz Fretter. Récit de son voyage au Brésil, et notamment dans la province de Rio-Grande du Sud.

(') Voir page 191. (') Voir page 231, INTRODUCTION. ig M. Ellies. Les voyages du docteur Moure (de Bordeaux) au Mexique, au Brésil, en Colombie, au Pérou, en Bolivie, au Chili et è La Plata; M. Lescarret. Analyse du Mémoire de M. H. Charpentier, d'Olmeto, sur la Corse; M. Roëhrig. Note sur les publications géographiques de MM. Lassailly frères; M. Signouret. Exposé de son système de a cartes et plans instantanés a; M. Schrader pare. Le lieutenant américain Wheeler et ses explorations dans les nouveaux États de l'Ouest; M. Schrader fils. Description de l'appareil géographique l'orographe, dont il est l'inventeur (i); M. de Perrin. Note sur le livre intitulé : u Le Jeune Commergant dans les deux Amériques i par M. Person; M. Malvezin. Rapport sur les Fonds de la mer et les travaux de MM. de Folin et Périer (de ) ($); M. cyan. Analysé du Mémoire du docteur Garrigou sur l'Ariége (e); M. Preller. Explication du jeu e le domino géographique a, dont il est l'inventeur; hi. Eubler. Analyse des travaux de la Société de Géographie d'Amsterdam; M. Preller. Analyse des travaux de la Société de Géographie de Rome. II. - En janvier 1875, le public girondin commença à s'inquiéter vivement des empiètements de l'Océan sur le littoral du bassin d'. Quelques-uns, avec M. Delfortrie, croient un affais- sement; d'autres, à une érosion (4); d'autres, enfin, admettent à la fois l'une et l'autre explication. La Société étudia la question. Elle nomma une Commission chargée de s'entendre avela Société Linnéenne pour inspecter la plage, ouvrir une enquête et rédiger un rapport. Le 8 mars suivant, ce rapport a été présenté en Assemblée générale par M. Druillhet Lafargue (5). MM. Raulin, Bayssellance, Eug. Larronde ont pris une part activé aux débats ' dont la question d'Arcachon a été l'objet, et aux travaux qui ont préparé la rédaction du rapport (8). III. - Dès le mois de février 1875, il a été rédigé un Question- naire dénèral (7), destiné à MM. les Capitaines de navire, Voya. geurs et Correspondants de la Société. La distribution en a été confiée à l'un des vice-présidents (8), M. Duprat, capitaine au

(+) Voir page 205. (t) Voir page 225. (3) Voir ce Mémoire page 159. (') Cette opinion était celle de notre regretté collègue M. Lafont. (8) Voir page 221. (8) Voir page 218. (7) Voir page 234. (8)Les occupations de M. L. Duprat ne lui ont pas permis de conserver la vice-présidence. X INTRODUCTION. long cours, négo ;fiant-armateur. Plusieurs questionnaires nous sont déjà revenus garnis de notes. M. Franz Schrader s'est chargé du travail de classement et de dépouillement de ces réponses. Une médaille sera accordée annuellement à l'auteur des meilleurs renseignements qui nous auront été ainsi adressés. IV. — L'envasement du port de Bordeaux ne cesse d'offrir une inquiétante actualité. Une enquête ayant été ouverte à ce sujet par la préfecture de la Gironde, la Société nomma une Commission chargée d'étudier la question et de présenter un rapport. Il a été rédigé par M. Labat, et lu en Assemblée générale le 19 avril 1875 ('). V. — L'état de la marine marchande française a été l'objet de discussions intéressantes dans la presse girondine. Dans sa séance du 7 juin 1875, la Société a décidé qu'elle ouvrirait une enquête sur cet important objet, en la circonsetivant toutefois autant que possible aux faits qui concernent le port de Bordeaux. M. Marc Maurel, président de la Société, a rédigé un Question- naire (2) qui a été tiré à de nombreux exemplaires et adressé à des négociants, des armateurs et des constructeurs de la France et de l'étranger. Les réponses au questionnaire doivent être adressées au secrétariat avant le 81 mars 1876; une Commission sera chargée alors de dépouiller les réponses et de présenter un rapport qui servira de texte aux délibérations de la Société. De précieux renseignements nous ont été promis; quelques-uns nous sont déjà parvenus. VI. — Lorsque le Congrée international des sciences géogra- phiques de Paris fut annoncé, la Société résolut d'y figurer, autant que ses ressources encore modestes le lui permettraient. Elle chargea une Commission, composée de MM. Schrader père, Raulin, Malvezin, Ed. Péret, etc., de dresser diverses cartes qui faisaient encore defaut à notre région : une carte géologique de la Gironde; une, agricole; une troisième, industrielle; enfin, une carte industrielle de Bordeaux. Elle décida que Paragraphe de M. Schrader fils et diverses publications dues à d'autres socié- taires (8) figureraient à l'Exposition à côté de ces cartes. Elle fit appel aux exposants girondins, leur offrit son patronage, et Ieur proposa de réunir leurs envois à Paris pour les expédier ensuite à frais communs. Plusieurs répondirent à son appel, et se grou- pèrent sous la direction de M. Gassies (4). Les efforts de la Société ont été récompensés au delà de toute

(i) Voir page 211. (=) Voir page 242. (8) Voir pages 278 et iv. ,') Voir page 277. INTRODUCTION. Xi espérance. Le jury du Congrès lui a accordé une médaille de lre classe. L'exposition particulière de M. Gassies a obtenu une . médaille de 2' classe. Nous devons tous nos remerctments au Conseil municipal de la ville de Bordeaux, qui avait bien voulu subvenir aux frais d'expédition de la collection de M. Gassies. La carte géologique et la carte agricole seront bientôt en vente ('). La publication des cartes industrielles a été ajournée sur la demande de M. Schrader père lui-même, mais nous espérons pouvoir les éditer aussi prochainement. VIL — La Société ne reste pas indifférente aux progrès de l'enseignement de la géographie. Elle l'a prouvé en instituant deux prix dans les classes de mathématiques élémentaires, et de 3e année d'enseignement spécial, pour le concours académique entre les lycées et colléges du ressort de Bordeaux. Elle a prié M. Reyt, instituteur public à (Gironde), de venir lui-même exposer et essayer, en séanrs générale (5), sa méthode géographique; elle a applaudi au succès de l'expérience; elle a décerné au mattre une médaille et a décidé qu'elle accor- derait un prix au meilleur de ses élèves. Ces récompenses seront proclamées dans la séance publique qui doit avoir lieu le 28 janvier 1876. VIII. — La Société compte déjà plus de trente membres cor- respondants, tant en France qu'il l'étranger. Elle a reçu d'eux diverses communications, notamment .une note fournie par M. de Varrieux, consul de France à Pernambouc (8), et un travail du docteur Garrigou sur l'Ariége (4). IX. — Elle est entrée en relations avec une bonne partie des Sociétés géographiques de France et de l'étranger. Le, plupart (6), sans attendre la publication de notre Bulletin, se sont empressées de nous traiter en égale, et nous ont envoyé fraternellement leurs travaux. Nous devons remercier tout particulièrement la Société de Géographie d'Amsterdam, celle de Hambourg, l'Institut royal géographique et ethnographique des Indes Orientales de Delft, la Société de Géographie de Rome, l' Union des Amis de la Géographie de Leipzig, la Société de Géographie américaine de New-York, la Société d'Anthropologie de Paris, notre sœur année la Société de Géographie de Paris, la Commission de Géographie commerciale de Paris, la Société de Géographie de Lyon.

(') Elles seront éditées par les soins de notre collègue M. Rd. Féret, de la maison Féret et fils. (4) Voir pages 254 et 276. (s) Voir page 199. (4) Voir page 159. sl Voir page 266. XII INTRODUCTION. X. - Les journaux de la région, et en première ligne la Gironde, ont accueilli nos communications avec le plus aimable empressement ('). Ce dernier journal a publié régulièrement les procès-verbaux de nos séances. L'Explorateur, que l'habile et zélée directfen de notre collègue, M. Hertz, a élevé rapidement aux premiers rangs des revues géographiques européennes, nous a ouvert ses colonnes avec une cordialité dont nous lui sommes vivement reconnaissants. XI. — Il serait trop long d'indiquer les diverses affaires qui ont occupé les réunions du Bureau. Un des projets qui ont été discutés en juillet dernier, mérite cependant d'être rappelé. La Société a admis en principe qu'elle ouvrirait à Bordeaux une exposition ethnographique. Elle décidera ultérieurement dans quel local et à quelle époque cette exposition peut avoir lieu. XII. — L'Association du libre-échange a bien voulu nous prêter une partie du local qu'elle occupe elle-même h Bordeaux (rue du Pont-de-la-Mousque, n0 4). Nous saisissons avec empressement l'occasion qui nous est offerte de la remercier publiquement de sa généreuse hospitalité. Nos archives, notre bibliothdque naissante ont chez elle un abri au moins provisoire. Ses journaux, ses revues sont mis libéralement h la disposition de nos lecteurs. En même temps, des donateurs de tout rang et de tout pays augmen- tent chaque jour nos richesses en livres, en cartes, en documents utiles (e). Plusieurs ministères français, bon nombre d'éditeurs parisiens, lyonnais, toulousains, bordelais, ont droit à .l'expres- sion toute particulière de notre gratitude. Ajoutons qu'un registre spécial reçoit la transcription des renseignements manuscrits les plus importants qui nous sont adressés, et que chacun peut le consulter dans le local de nos archives. XIII. — Des conférences ont eu lieu h la fin de l'année IS'75, sous le patronage de la Société. Dans l'une d'elles, M. Paul So- leillet, de passage alors dans notre ville, a exposé au publie bor- delais son projet de voyage en Afrique (0); M. Kowalski a parlé des 'routes maritimes du commerce; M. Foncin, de la géographie commerciale (4). XIV. — Bien que le budget de la Société soit encore très restreint, elle a été heureuse de pouvoir prendre part h la sous- .

(4) Le mAme journal a publie d'intéressants articles sur le Congres gdo- graphique de Paris, dus â la plume d'un membre de la Société, notre ami M. Beurier. (2) Voir page 289. (0) Nous regrettons vivement que l'abondance des matières ne nous ait pas permis de reproduire dans ce Bulletin la conférence de M. P. Soleillet, (4 ) Voir page 240. INTRODUCTION. XIII eription ouverte par la Société Ramond (de Bagnères-de-Bigorre) pour la construction d'un observatoire sur le Pic du Midi; elle a voté en même temps des félicitations chaleureuses au brave général Nansouty, qui se dévoue là-haut h la patrie et h la science. XV. — Guidés enfin par le docteur Azam, fondateur du Groupe girondin, un grand nombre des membres de la Société ont pris part h diverses excursions aux docks de iBordeaux-Bacalan, à Soulac, à la pointe de Grave, et ailleurs. Ces promenades géogra- phiques ont offert un vif intérêt (').

Tels ont été, •pendant l'année qui vient de s'écouler, les principaux actes de la Société de Géographie com- merciale de Bordeaux. Actuellement, elle compte 9 membres fondateurs, 66 membres titulaires, '167 membres associés, 33 mem- bres correspondants; en tout : 275 sociétaires. Ce ne sont là que de modestes commencements; mais notre jeune Société est décidée à grandir, à exécuter résolûment le programme qu'elle s'est tracé, à l'étendre même et A le compléter chaque jour. Elle n'a point encore fait tout ce qu'elle aurait voulu : — Les renseignements demandés à MM. les Capitaines de navire,.Voyageurs et Négociants n'ont été jusqu'à ce jour ni classés, ni publiés; mais il faut du temps pour les recueillir, et nos Questionnaires distribués à partir de janvier 4875 commencent à peine à nous revenir aujourd'hui. Quelques-uns auront fait le tour du monde. — L'organisation du service de nos correspondants est à peine ébauché. — Le Bureau de renseignements que nous nous pro- posons d'ouvrir pour faciliter l'établissement de jeunes Français à l'étranger ne fonctionne pas encore. — Aucun parti n'a été pris pour l'établissement d'un musée géographique, ethnographique et commercial.

(I) Voir page 257. XIV INTRODUCTION.

A chaque jour suffit sa peine. Des efforts persévérants nous permettront de tenir une une toutes nos promesses. Peut-être même est-il possible de prévoir dès aujour- d'hui l'avenir réservé à la, Société de Géographie com- merciale de Bordeaux. Les États civilisés possèdent presque tous une Société de Géographie nationale; et dans deux congrès internatio- naux déjà, à Anvers et à Paris, les délégués de tous les peuples ont pu se reconnaître et s'unir. Mais si' la Géogra- phie est pourvue désormais d'une double représentation, si elle a ses conseils universels et ses conseils nationaux, elle manque presque partout de conseils régionaux. C'est seulement en Russie et en Allemagne, mais là sous une forme rigoureusement militaire et officielle, et ici sans groupement rationnel qu'on pourrait trouver des iiistitu- tions de ce genre. Si leur territoire était moins restreint, la Hollande et la Suisse pourraient plutôt nous servir d'exemple.. Pourquoi donc la France, avant tous les autres pays du globe, ne s'efforcerait-elle pas de créer chez elle les organes qui manquent encore à la bonne répartition du travail géographique? Pourquoi des Socié- tés de Géographie régionales ne se partageraient-elles pas notre sol? Après Lyon et Bordeaux, Marseille et Toulouse, paraît-il, seront bientôt dotés d'une Société géographique. Nancy au nord-est, Lille au nord, Rouen ou le Havre au nord-ouest, Nantes à l'ouest, Clermont- Ferrand au centre, Alger, enfin, ne semblent-ils pas aussi naturellement désignés? Ces diverses Sociétés cor- respondant entre elles et avec Paris se • prêteraient un mutuel secours. EIIes pourraient s'entendre avec les Conseils généraux, les Chambres de commerce, Ies • Conseils municipaux des villes importantes, et les Socié- tés savantes de leur région. Elles étudieraient toutes les questions d'ordre géographique intéressant leur circons- INTRODUCTION. XV cription. La Géographie, la France y gagneraient égale- ment. Si ce projet était accueilli, la part de Bordeaux serait assez belle. Les départements de la Charente-Inférieure et de lq Charente, de la Dordogne, du Lot-et-Garonne, des Landes, des Hautes et des Basses-Pyrénées, naturel- lement groupés autour de la. Gironde, formeraient une division géographique dont Bordeaux serait le centre. Assurément, les problèmes à résoudre, les travaux à entreprendre ne manquent point dans le sud-ouest de la France. Les Pyrénées occidentales et le revers méridional (lu plateau central, les' Landes avec leurs dunes, leurs pignadas et leurs étangs, le littoral du golfe de Gascogne, le bassin de l'Adour et des Gaves, celui de la Charente, l'estuaire de la Gironde, tout le bassin inférieur de la Garonne et de la Dordogne forment un champ d'investi- gation assez vaste pour occuper nos loisirs. Mais un grand centre tel que le nôtre ne saurait limiter son attention à la région qui l'environne. Bordeaux est en relations journalières avec l'étranger, et surtout avec l'Espagne, le Portugal, la côte occidentale d'Afrique, les Antilles, le Brésil et les républiques de l'Amérique du Sud. On a dit avec raison que notre port,'en forme de demi-lune, n'a qu'une de ses moitiés au bord de la Garonne : l'autre est aux colonies. Il serait donc naturel que notre Société eût particulièrement en vue au dehors les peuples et les pays que visite le commerce bordelais. Nantes pourrait de môme s'occuper spécialement de l'Amérique centrale; le Havre, des États-Unis; Lille, des États du Nord; Nancy, des pays allemands, etc. Si notre jeune Société persévère, si, tout en restant fidèle à son programme, elle sait l'étendre peu à pet, elle croîtra rapidement et sans effort. A Bordeaux, son appel ne peut manquer d'être entendu; il le sera aussi XVI INTRODUCTION. dans les villes actives, intelligentes et riches qui nous environnent; il le sera enfin partout où abordent nos navires, où s'établissent nos colons, où s'écoulent les produits, de notre sol généreux. Il nous sera possible alors, avec les ressources abon- dantes dont nous disposerons, de réaliser le voeu exprimé par notre Président, lorsque, le 9 janvier 4875, dans sa circulaire aux commerçants de la région, il complétait et précisait notre programme en ces termes : a Gréer, sur un point central de la ville, un Bureau universel, dans lequel seront groupés par pays, avec cartes, plans et journaux, tous les „renseignements commerciaux accompagnés de spécimens des produits commerçables. Le jour où l'institution projetée par M. Marc Maurel aura été fondée, la Société de Géographie commerciale de Bordeaux pourra offrir à tous, savants et négociants; émigrants, voyageurs ou simples curieux, un répertoire méthodique, à la fois bibliothèque et musée, dont chaque salle, chaque casier, chaque vitrine, chaque volume ou chaque objet correspondra à un des coins du globe. Ce sera la Géographie tout entière classée et étiquetée, ce sera le monde commercial en raccourci.

Le Secrétaire général,

P. FONCTN. NO'I'E

SUR UN

APERÇU DE LA CARTE GÉOLOGIQUE

DU DÉPARTEMENT DE LA GIRONDE

PAR v" RAULIN

PROFESSEUR A LA FACULT g DES SCIENCES

Dès que le Ministre des travaux publics eut, en 4885, appelé l'attention des Conseils généraux sur la confection des cartes géologiques départementales, celui de la Gironde en reconnut l'utilité et vota la somme nécessaire. Aussi la carte géologique du département fut-elle com- mencée en 1886 par M. Drouot, ingénieur des mines, et . continuée , d partir de 4888 , par son successeur, M. • Pigeon. Achevée, parait-il, en 4846 et surtout en 4856, • elle a été gravée à petite échelle (1/250,000° environ) et imprimée en couleurs à l'Imprimerie impériale, qui l'a fait figurer à l'Exposition de Londres, en 1861. Mais jusqu'à présent l'absence du texte qui doit néces- sairement l'accompagner, n'a pas permis au département d'en prendre livraison. Cependant 40 exemplaires ayant été adressés A la préfecture au commencement de l'année, la Société de Géographie avait espéré qu'il hii serait pos- sible d'en faire reporter le coloriage sur la carte, à éche-lle double, adoptée pour les deux cartes agronomique et industrielle qu'elle veut adresser à Paris pour l'exposition du Congrès géographique. Toutefois la mort de M. Pigeon, 2 APERÇU âE LA CARTE GLOLOGIQUE arrivée le 30 mai, au moment où il lui était écrit pour lui demander l'autorisation indispensable, n'a pas permis qu'il en fût ainsi. Je nie suis alors décidé remplacer cette carte par une autre extraite de celle de l'Aquitaine occidentale que j'avais adressée manuscrite, le 20 décembre 4848, à M. Dufrénoy, l'un des deux auteurs de la carte géologique de France, pour lui montrer les changements considéra- bles que trois années d'études m'amenaient à proposer pour la région du Sud•Ouest; changements que je crois encore indispensables aujourd'hui, vingt-sept années plus tard. Mon coloriage, fait sur une épreuve noire de la carte géologique de France à 1/500,0000, est reproduit sur la carte adoptée par la Société, dont l'échelle est à peu prés quadruple; il ne peut donc prétendre à aucune précision pour les oontours des différentes assises qui composent le sol, puisque ceux-ci ont été bien souvent tracés d'après les probabilités suggérées par le relief du sol figuré sur la carte de L'état-major. Toutefois, vue d'assez loin pour .que les petits détails disparaissent, cette carte a ' un aspect certainement peu différent de celui qu'elle aurait si elle avait été minutieusement dressée. Ayant aperçu pendant quelques minutes seulement la carte de M. Pigeon, et ne possédant qu'une copie de la légende, qui est très peu explicative, il m'est impossible de connaître et d'indiquer les différences qui existent entre les deux cartes. Mais il doit en exister d'assez grandes, car le calcaire de Cordouan est colorié comme crétacé, alors que ses fossiles le placent à la base du terrain tertiaire; car vers 4803, l'auteur n'admettait pas encore les divisions si nettes que j'avais établies quinze années auparavant dans les terrains tertiaires du

DU DEPARTMENT DE•LA GIRONDE. 3 Sud-Ouest, surtout dans les formations d'eau douce. Ma carte de la Gironde offre huit couleurs : une pour la craie, quatre pour les grandes divisions du terrain ter- tiaire, et trois pour les subdivisions des terrains d'allu- vion. Mais l'ensemble des assises peut être élevé à seize, ainsi que le montre la légende de la carte :

16 Dunes. 15 Alluvions actuelles. F. Terr. d'alluvion. 14 Dépôts caillouteux de l'Entre-deux-Mers, du Médoc et des grandes vallées. Terr. pliocène. 13 Sable des Landes. E.E 12 Falun de Salles (Ostrea crassissinia). 11 Falun de Leognan (Ostrea digitaline). D.• T. miocène sup. 10 Calcaire d'eau douce de Saurais. ll 9 Falun de Mérignac et de (Ostrea pro- . ducta, crispata et endetta). 8 Marnes à néritines; calcaire d'eau douce gris. C. T. miocène inf. 7 Calcaire à astéries supérieur (Ostrea long ires- tris). 6 Calcaire d'eau douce blanc de Castillon. 5 Molasse du Fronsadais; calcaire d'eau douce de Saint-Giron. B. Terrain éocène. # Calcaire grossier de Saint-Estèpbe. 3 Calcaire grossier (le . 2 Sable de Royan et calcaire de .Cordouan (Ostrea cymbale). A. Terrain crétacé.' 1 Craie à anancbytes de Villagrainset .

Au bas se trouve une coupe dirigée de l'O.-S.-O. à l'E.-N. •E., de la côte près de La Teste, par Bordeaux et , à Saint-Christophe-de-Double; elle montre la disposition générale des assises que renferme le départe- ment : Les terrains de plus en plus récents se succèdent du X.-E. au S.-0. : la craie, qui forme une zone importante dans les départements charentais et de la Dordogne, n ap- 4 APERÇU DE LA CARTE cIOLOCIQUE parait que sous forme de relèvements accidentels en deux points de la Lande; le terrain éocène se rencontre à peu près seul au N. de la Dordogne et à l'E. de la Gironde, et aussi dans les vallons dü,Médoc; le terrain miocène infé- rieur occupe la presque totalité de la surface de l'Entre- deux-Mers, ou pays entre la Dordogne et la Garonne, dont le plateau porte toutefois un manteau diluvien, de Saint- Macaire au Carbon-Blanc; le terrain miocène supérieur se montre seulement dans Ies vallons , qui débouchent à la vallée de la Garonne, de Grignols à Blanquefort; le terrain pliocène ou sable des Landes; forme la plus grande partie de la surface du département sur la rive gauche de la Garonne et de la Gironde, recouvert qu'il est, ainsi que les terrains précédents, par les dépôts caillouteux diluviens de la vallée jusqu'à une grande dis- tance de la rivière. Les alluvions occupent les parties basses des vallées et le pied oriental des dunes, qui for- ment une large bande littorale. A l'aide de treize coupes publiées en 1848 et de diverses rectifications qui l'ont été en 1854, j'ai caractérisé les différentes assises reconnues dans le bassin de la Gironde et j'ai établi leur superposition d'une manière aussi évi- dente que possible. Je vais maintenant passer en revue celles-ci, en allant des inférieures aux supérieures :

A. TERRAIN Cn1TAcg.

40 Craie d manches. En 9840, l'attention était appelée sur le vallon du Gua-Mort, par la découverte que M. Pigeon venait d'y faire d'un banc de craie au-dessous du sable des Landes, au Haut-Villagrains, à 30 kil, au S. de Bordeaux. Au mois de mai 4848, en revenant de Vil- Iandraut à Bordeaux, j'eus la vive satisfaction de trouver,

DU DEPARTEMIENT DE LA GIRONDE. au S. de Landiras, dans le fond du vallon du Trussan, au moulin de Perron, une nouvelle protubérance de calcaire renfermant les fossiles les plus caractéristiques de la craie. -- Le calcaire de Yillagrains alimente un four à chaux et fournit du moellon. Les principaux fossiles sont les suivants : Orbitolites media, d'Arch. Pecten Jacquoti, Rani. Echinoconus Raulini, d'Orb, Spondylus striatus, Defr. Ananchytes ouata, Lamk. Ostrea vesicularis, Lamk. — striata, Lamk. Terebralula carnes, Sow. conica, Agass. -- striatula, Mont. Comme pour Roquefort et Saint-Justin, dans les Landes, les deux protubérances de Villagrains et de Landiras, formées par la craie supérieure do Saintonge, me sem- blent liées l'une à l'autre et constituer une nouvelle crête analogue à la précédente par-dessous le plateau sableux qui les sépare. La longueur connue dépasserait 46 kilo- mètres, et la ligne qui réunirait la jonction des ruisseaux, à i'0. du Haut-Yillagrains, h Verduc, serait dirigée de 110. 40° N. h l'E. 40° S. (La direction des Pyrénées est 0.48° N. à E. 48° S.)

B.,.TSRRAIN liOCÈNE.

2° Sable de Royan. Les sables h Ostrea cymbnla forment la partie la plus inférieure des terrains tertiaires du bassin de la Gironde; ils, reposent sur la craie jaune de Sain- tonge, dont ils sont séparés par un banc calcaire qui renferme des échinides en partie identiques avec ceux du terrain h nummulites des environs de Bayonne. Les sables, dans lesquels on a trouvé des peignes et aussi des num- mulites, n'existent gieh l'E. de Saint-Palais-sur-Mer, mais les calcaires inférieurs avec Gualtieria Orbiynyana vont former le bas plateau de la tour de Cordbuan, ainsi que [3 APERÇU DE I.A LAITE Cii01.ÛCIQ11l3 le roc Saint-Nicolas ou d'Usseau, sur la riva opposée. C'est probablement à la partie supérieure de cette assise que se rattachent les argiles et sables vert jaunâtre à Ostrea crepidula qui se voient sous le calcaire grossier à Joliet, sur la route cle Bourg à Saint-Genàs, ainsi que la molasse grossière, friable, verdâtre de Générac, au

N.-E. de Blaye. 8° Calcaire grossier de Blaye. Il n'existe guère que dans les alentours de cette ville, où il repose sur des argiles vertes. Les fossiles sont en partie identiques avec ceux du calcaire grossier de Paris, et ont depuis longtemps fait regarder ces dépôts comme contemporains. Les Orbitolites et les Minantes y sont fréquents. Les animaux vertébrés qu'on y a rencontrés sont le Manaus (Hippo= patamus) dubius Guy. et des dents de Crocodilus. --- Ce calcaire fournit de la pierre de taille et du moellon à Blaye et dans les environs. Les principaux invertébrés sont:

Orbitolites complanata,. Lamk. Venus texts, Lamk. Echinulampas similis, Agates. Fimbria lamellosa, Lamk. — stelli feras, D. Mou]. Ostrea cubitus, Desh. Echinocyamus aJjinis, Desor. Hipponix cornucopia, Lamk. Heberlia Gacheli, D. Moul. Cerithium giganieum, Lamk.

4° Calcaire grossier de Saint-Estephe. Il se rencontre dans le Médoc, de Soitlac au delà de Pauiliac, et aussi dans les alentours de Blaye. Ce sont des assises calcaires alternant avec diverses couches argileuses et marneuses et renfermant des myriades de.miliolites et des empreintes , de fossiles dont Ies principaux sont les suivants :

Eohinolampas ovalis, D. Mou). Finlbria lamellosa, Lamk. Echinopsis elegans, Agass. Caiypirala trochiforrnis, Lamk. Sismondia ocailana, Desor. bias/oma coslellala, l.amk,

Dendraceis Geruillii, d'Orb. Rostellaria flesureila, Lao*. DIT D$PARTEMENT DE LA GIRONDE. 7 Cette assise fournit un peu de pierre de taille et du moellon dans' diverses carrières peu importantes. de Pauillac, Lesparre et lours environs. 5° Molasse du Fronsadais. Elle forme par-dessus un grand dépôt composé d'argiles et de sables gris-verdâtre et bleuâtre, sans fossiles marins, donnant par places des roches solides. Dans plusieurs localités, elle renferme quelques animaux vertébrés identiques avec ceux des gypses de Paris, notamment à la Grave, commune de , au N. de' Libourne. Ce sdnt les Palceotherium Girundicum, medium, crassum et minus. On connaît encore de cette assise des Ems, Trionyx et Grocodilus. Le calcaire d'eau douce de Blaye forme autour de cette ville, jusqu'à Saint-Giron, et sur quelques points du Médoc, notamment à Margaux, une couche subordonnée à la partie inférieure, séparée du calcaire grossier.par des argiles vertes. Celui qui se trouve sur les bords de l'Isle à Bénzac,.doit, sans doute, lui âtre rapporté, ainsi que les petites couches qui sont à la base du tertre de Fronsac, près de Libourne. — Ce calcaire fournit du moellon et de la pierre à chaux; au 'moulin de Lors, près de Plassae, il alimente un four à chaux hydraulique très estimée et très employée sur la Gironde. La molasse prend un grand développement en remon- tant la Dordogne et la Garonne; elle se poursuit avec' des caractères minéralogiques à peu près semblables, au S. d'une ligne partant de Blaye et allant passer par , Monpont, Bergerac, où des grès quartzeux purs, qui sont à la partie inférieure, donnent un pavé très employé à Bordeaux. Sur beaucoup de points, les molasses endurcies fournissent du moellon, et les argiles alimentent des tuileries et briqueteries. Au N. d'une ligne allant de Blaye à Bergerac, comme 8 APERÇU DR LA CARTE G OLOGIQLE nous venons de l'indiquer, cette assise prend un facies différent, les couches argileuses disparaissent en grande partie et les sables presque seuls persistent; elle passe latéralement aux sables de la Saintonge et du Périgord qui sont grossiers, rougeâtres, alternent parfois avec des argiles de même couleur, et renferment les minerais de fer des bords de la Lémance. Au S. d'une ligne tirée de Blaye à Saint-André-de-Cubzac et Libourne, la molasse, d'eau douce qu'elle était, prend d'abord des fossiles marins, et bientôt après, sur les bords de la Dordogne, elle admet dans son intérieur les grands dépôts lenticulaires du calcaire grossier de Bourg, qui se montre aussi autour de Bordeaux, entre cette ville et Câdillao, ainsi qu'aux environs de Blanquefort dans le Médoc. Les osselets d'Asterias sont très fréquents dans ces calcaires, ainsi que des moules et empreintes de coquilles et de polypiers. On y a trouvé , des dents de poissons placoïdes se rapportant aux genres Carcharodou, Oxyrhina et Lamna. — C'est dans ce calcaire que sont ouvertes, entre Blaye et Saint-André-de-Cubzac, les nombreuses et vastes carrières de Laroque et de Bourg; elles fournissent la pierre de taille de dureté moyenne, employée dans les constructions de Bordeaux et de tout le pays. GO Calcaire d'eau douce blanc de Castillon. Il repose sur le molasse à laquelle il se lie d'une manière intime: II ne parait pas exister dans la partie N.-0. du bassin ; mais, depuis les environs de Libourne, il se développe rapide- ment vers l'E. Ce calcaire d'eau douce forme une grande lentille constituée par une simple assise calcaire de 1.0 à '15 mètres d'épaisseur moyenne. Les fossiles assez rares sont rapportés aux Lymnwa lonjiscata et Planorbis rotun. datas. Les limites suivent à peu près la ligne de sépara- DU DÉPARTEMENT DE LA GIRONDE. 9 tion de la molasse du Fronsadais et des sables jaunes équivalents du Périgord. Partant de La Réole, sur la Garonne, il atteint Castillon, Villefranche-de-Lonchapt, Bergerac, etc. — Il donne partout du moellon et quel- quefois de la pierre de taille.

G. TERRAIN MIOCÊNE INFIiRIEUR.

70 Calcaire d astéries supérieur, ou de Saint-Macaire. Il repose indifféremment, soit sur la molasse du Fronsadais, soit sur le calcaire de Bourg, dont il est alors difficile de le séparer, soit enfin sur le calcaire d'eau douce de Cas- tillon. Sur beaucoup de points, il renferme des nodules de calcaire concrétionné. Il est caractérisé par les Natica crassatina, Turbo Parkinsoni, Delphinula Scobina, etc.; à la base, on trouve par places des argiles renfermant en abondance l'Ostrea longirostris. C'est la partie supérieure du calcaire d astéries de M. de Collegno. Cette assise, qui passe à une molasse sur les bords, est circons- crite par une ligne allant de Saint-André•de-Cubzac à Sainte-Foy et Sainte-Bazeille. Au S. do la Garonne, elle disparaît vite sous les dépôts plus récents des Landes ; elle ifexiste ainsi que dans la partie occidentale du bassin. Les seuls animaux vertébrés qu'on y ait rencontrés, sont le Manatus Guettardi, d'Étampes près de Paris, et quelques poissons placo]des, les mômes que ceux du calcaire de Bourg. — Cette assise offre un grand nombre de carriè- res dans le Fronsadais et les environs de Saint-Émilion, dans l'Entre-deux-Mers, et aussi dans les alentours de Langon et de . Sur la rive gauche de la Garonne, la pierre est parfois très tendre, comme à , ou dure comme à Saint-Macaire ou à , qui fournit les pierres funéraires. 40 APERÇU DE LA CARTE Ci or.00IQUE 8° Marnes d Néritines. A Blanquefort, à l'O. de Bordeaux', • il y a au-dessus du calcaire précédent des argiles et des marnes vertes qui se retrouvent à La Brède au S.-E., où elles renferment des bancs calcaires et quelques emprein- tes de fossiles marins ; à l'E. paraissent s'y rattacher les molasses coquillières de La Réole, de Marmande, etc. Dans les environs de La Réole, ce sont des sables argileux jaunes, passant sur plusieurs points à des roches arénacée- calcaires endurcies. Entre La Réole et Marmande, ce sont des argiles et des molasses à huîtres et autres fossiles marins. A plusieurs kilomètres de La Réole, les caractères changent complètement; le système est constitué par des alternances d'argiles vertes et de molasses sans fos- siles, d'apparence d'eau douce. Le calcaire d'eau douce gris de l'Agenais forme ensuite un des meilleurs horizons *gnostiques de l'Aquitaine; c'est le calcaire cellulaire bitumineux, à parties concrétionnées, de Sainte.Croix-du-Mont (inférieur), La Réole, Agen ,•etc.; il renferme en immense quantité des Lymnées, des Planorbes et aussi des Helios. Quelquefois il devient blanc, plus compacte, et les fossiles y sont rares comme à , au N.E. de Saint-Macaire. Sur la rive droite de la Garonne, ses limites sont à peu près les mômes que celles de l'assise inférieure , mais il s'avance cependant un peu moins vers I'E. Sur la rive gauche, il ne forme que de bas plateaux autour da Bazas et de Casteljaloux.

D. TERRAIN MIOCÉNE sUPtRIEUR.

9° Falun de Mérignac et de Bazas. Il est formé à Mérignac, à Sauôats, près de Bordeaux, par des sables très grossiers, à coquilles marines et polypiers. A Bazas, à Sainte-Croix- DU DRPARTRMRNT DR - LA GIRONDE. 41 du-Mont, il est très développé; la partie inférieure est formée par des argiles grises ou vertes à cérithes; la partie supérieure présente des sables coquilliers jaunes renfermant des calcaires grossiers; c'est h la partie tout à fait supérieure qu'appartient la couche à Ostrea undata de Sainte-Croix-du-Mont, , Cette assise présente à sa base un lit d'Ostrea crispata assez constant

à La Réole, etc. Les mammifères y sont représentés par le Manatus fossilis, des faluns de la Loire, et deux pois- sons plae.oades du genre Myliobates. Les invertébrés les

plus répandus sont les suivants :_

Lycopbrys lenticslaris, Montt'. Rissoa Lachesis, d'Orb. Âstrea Ellisiana, Defr. Ceri/hium lignitarum, Puseh. Litharo;a asbestella, d'Orb. — subplicatum, d`Orb. • Lucina subscopulorum,• d'Orb. — inconstans, Bast. Cytherea Lamarchii; Agass. — subpictum, d'Orb. , Çardiu{n Burdigalinum, Boat. — Serresii, d'Orb. Pectunculus Cor, Lnmk. Pleurotomâ semi marginata, Lamk. Arca carda /'ortnis, Bast. Fusus Lainei, d'Orb, Cardita pirmula, d'Orb. Roslellaria dentata, ara. Mgtilus'Michelinianus, Math. Nassa asperula, Brocchb• Pecten Beudanti; Bast. Conus Tarbellianus, Ore. Neritina subpicta, d'Orb.. Oliva Basierotina; Defr. Natica Urina, Dar. — subclavula, d'Orb. Turriteila terebralis (acula)Lamk. Cyprœa suirtyncoides, Defr.

Cette assise dépasse à peine la Garonne au N. sur quel-, ques points, à Sainte-Croix-du-Mont, La Réole ; mais elle se montre dans un grand nombre de vallons à 1'O. et au S. de cette rivière, de Saint-Médard-en-Jalle à La Brède, Bazas et Grignols. — Dans plusieurs vallons des Landes elle fournit de la pierre de taille et du moellon. 10° Calcaire d'eau douce de . Il forme un nouvel étage qu'on voit reposer sur le falun à Saucats,à Sainte- Croix-du-Mont (supérieur), à Bazas, etc. C'est un calcaire en général argilifère, tendre, fragile, bigarré de jaune et de 42 ' APERÇU DE LA CARTE GLlOLOGIQUR blanc, parfois gris, formant des bancs peu réguliers, mal stratifiés. A l'O., on commence à le rencontrer à Saucats, où il est très développé, à Bazas, où il a quelques décimè- tres d'épaisseur seulement et occupe des dépressions à la surface des faluns. A Saucats, à NoailIan prés de Villan- draut on y voit intercalée une couche de marne renfermant les Cyrena Brongniarti, Dreissena Basteroti, Cerithium plicatum, C. Serresi%, etc. ; ce qui indique que cette assise n'est pas exclusivement d'eau douce. 11° Falun de Léognan. Celui-ci, qui vient au-dessus du calcaire d'eau douce précédent, n'est guère connu qu'aux alentours de ce bourg et à Saucats,, au S. de Bordeaux, et ne peut, quant à présent,.être érigé en assise générale; il est formé par des sables jaunes, quelquefois grisâtres, légèrement endurcis par places, donnant une pierre à bâtir, et présentant, à la partie supérieure, quelques lits de calcaire grossier, qui prennent un plus grand dévelop- pement à Martignas; les coquilles fossiles y sont en très grand nombre ; les animaux vertébrés sont les Delphinus macrogenius et Dationum, de Dax et Léognan, le Squalodon Gratelupi, et le Chelonia Girundica, de Léognan. A Saint- Médard-en-JaIIe, près de Bordeaux, on y trouve quelques poissons ganoïdes du genre Sphcarodus, et un assez grand nombre de placoïdes appartenant aux genres Notidanus, Galeocerdo, Sphyrna, Hem%print%s, Carcharodon et Oxyrhinnr Ce falun forme le premier terme d'une série de dépôts qui, dans l'Aquitaine, semblent relier le terrain miocène au terrain pliocène. Les fossiles les plis abondants sont les suivants : Operculina complanta, d'Orb. Venus casinoides, Lamk. Sculella subrotunda, D. itoul. Cylherea erycinoides, Lamk. Corbula Deshayesi, Sism. Don= transuersa, Desh. Tellina zonaia, Lamk. Area subdiluvii, d'Orb. Lucina neglecia, Bast. Pectunculus Cor, Lamk. DtJ DAPARTEMENT DE LA GIRONDE. 13 Avicula phakerwoea, Lamk. Turritella calhedralis, Brongn. Pecten Burdigalensis, Bast. Pleurotoma Pannus, Bast. Vaginella depressa, Daud. — seniimarginata, Lamk. Calypiraa deformis, Larnk. Fasciolaria Burdigalensis, Defr. Bingicuta striata, Phil. Fucus cumulus, d'Orb. Natice tigrina, Defr. Murex rusticulus, d'Orb. Acteur, punotulalus, d'Orb. Pyrula clava, Bast. Canal/aria acutangula, Irauj. Cassis texla, Bronn. Trochu., palulus, BrocclJi. Buccinuns Veneris, h'auj. Phasianella Prevoslina, Bast. Terebra plicaria, Bast... Turritella terebr. (obtusa), Lunik. Volula rarispina, Lamk.

A Léognan il donne une pierre sableuse très tendre, employée dans Ies constructions Iocales. A Martignas c'est un calcaire plus solide.

E. TERRAIN PLIOCÈNE.

49.e Falun de Salles. Celui-ci, A quelques lieues au S. de Bordeaux, forme un troisième terme dont le classement a été 'longtemps incertain, jusqu'A la découverte de sa superposition au falun de Léognan par M. Mayer, dans le haut du vallon de Saucats, A la Sime. Sa position dans la partie centrale de l'Aquitaine, immédiatement A la base du sable des Landes; ses fossiles, en grande partie diffé- rents de ceux des faluns de Bazas et de Léognan, et dont quelques-uns ont été, depuis longues années, identifiés avec ceux des collines subapennines, part' M. Ch. Dés Moulins, m'engagent A le considérer comme la base du terrain pliocène. A Salles, la partie moyenne est formée par un calcaire très grossier employé dans les construc- tions. Les fossiles les plus abondants sont :

Cupularia Cuoieri, d'Orb. Tellina elliptica, Brocchi.

Panopiea Baslerolina, val. Lucina circintala, Brocoli!. o

Lutraria solenoides, Lamlç. Venus umbutaria, Agass.

Madre triangula, Brocchi. Cardite Jouanneli, Bast. APERÇU DE LA CARTE GhOLOGJQUE Arça mftiloides, Brocchi. Fusas clava!us, Siam. Pectunculus polyodontus, Bronn. Cassis iewta, Bunn. Pecten scabrellus, Lamk. , Burcinum polygonunz, Broachl. Ringicula buccinea, Desh. Nassa submutabilis, d'Orb. Natica olla, Serr. Terebra nturina,.Bast. Cancellaria conforta, Bast. Conus dfercati, Bronchi. Turrilella Tuais, Bast. Puschii, Michel. Sralaria terebralis, Mich. tiiitra scrobicukata, Bast. Pleurotonaareticulata, d'Orb. Oliva Dufresnii, Bast.

430 Sable des Landes. Il termine la série des terrains tertiaires de l'Aquitaine; les sables, qui présentent sur plusieurs points des grès ferrugineux, désignés sous le nom d'alios, et du minerai de fer pisiforme, dont l'exploi- tation est à peu près abandonnée, renferment, près de Villandraut, des grès blancs, en gros rognons mamelon- nés, qui, sous le nom de gris de Barsac, ont été employés au pavage dans le département de la Gironde, conjointement avec ceux de Bergerac. Sur divers points cette assise prend des caractères différents, elle est formée par des sables argileux fins, jaunes, alternant avec des argiles de même couleur, mais dont plusieurs coaches sont fréquemment bigarrées de blanc, de rouge et de violet. Ce sont ces argiles qui alimentent les tuileries de Mérignac, et l'usine de Canéjan, à pavés cérami• tues et briques réfractaires; Ies argiles employées à la confection des poteries grossières do , près de Créon, paraissent devoir leur être aussi rapportées. Jusqu'à présent aucun fossile n'a été rencontré.

F. 1'f1RRAINS D'ALLUVION.

440 Dépôts caillouteux de l'Entre-deux-Mers et du Médoc, et des grandes vallées. Les premiers consistent en sables argileux rouges, contenant une immense quantité de cailloux de quartz, en général pan volumineux. Ils . reposent DU DÉPARTEMENT DE LA GIRONDE. 15 transgressivement sur toutes les assises tertiaires, et s'éloignent peu de la vallée de la Garonne ; comme ils se trouvent non seulement sur les plateaux, mais encore sur les terrasses, étagées à diverses hauteurs, qui bordent la vallée, je suis plus disposé à les considérer comme la. partie la plus ancienne du diluvium. Sur la rive gauche, ils forment une bande, interrompue seulement par les vallées, et limités par une ligne passant à Casteijaloux, à Bazas, à Cabanac, au S.-0. de Cadillac; elle se trouve ensuite dans les Landes, à l'0. de Bordeaux; de Castelnau- de-Médoc), elle dépasse peu la grande route jusqu'à Lesparre et Saint-Vivien. Sur la rive droite de la Garonne, ils ne sont connus qu'au-dessous de La Réole; ils sont limités par une ligne partant de Gironde, passant à l'E. de Créon, et allant par Saint-André-de-Cubzac atteindre Blaye. Les dépôts des. vallées occupent les basses pentes douces, au-dessus du niveau atteint par les plus grandes inondations. Ceux de la vallée de la Garonne sont surtout caractérisés par l'abondance des cailloux de quartzite gris descendus des Pyrénées et accompagnés do restes de l'Elephas primigenius; ceux des vallées de la Dordogne et de l'Isle le sont par celle des cailloux de silex de la craie; on y rencontre aussi quelques basaltes de l'Au- vergne. — Les cailloux sont partout employés à la con- fection et à l'entretien des routes et chemins; les argiles plus ou moins sableuses alimentent aussi un certain. nombre de tuileries et de briqueteries; les sables entrent dans la composition des mortiers. Ces divers dépôts caillouteux ne sont que des ramifica- tions du terrain diluvien des Pyrénées et du plateau central, qui mériterait bien (Pétra étudié avec soin dans sa distribution entière à la surface de l'Aquitaine. Ils forment une nappe dont l'épaisseur va en diminuant, ib . APERÇU DR LA CARTE c$OLOGIQUE DE LA GIRONDE. ainsi que le volume des cailloux, à mesure qu'on s'éloigne des montagnes, et qui finit par cesser et ne plus se con- tinuer' que par des prolongements qui couvrent les flancs, puis le fond des grandes vallées qui débouchent dans celle de la Garonne; cette dernière elle-même renferme une large bande diluvienne sur la rive gauche, jusqu'à son débouché à la mer. Les cailloux, de métriques qu'ils étaient à la sortie des montagnes, n'atteignent plus qu'à peine la grosseur d'un pois sur le rocher de Cordouan. 150 Alluvions actuelles. Les rivières et fleuves actuels, qui peuvent être considérés comme de faibles résidus des immenses et impétueux courants qui ont produit les' dépôts précédents, continuent cependant à charrier des limons et du sable qu'ils peuvent étaler à une certaine distance, de chaque côté de leur lit ordinaire, lors de leurs crues; de là les alluvions modernes, qui sont très peu considérables en comparaison des alluvions anciennes, aux dépens desquelles elles sont ordinairement formées. Sur divers points, à Montferrand, à Beychevelle, etc., il y a une puissante assise tourbeuse. Quelques petits dépôts tourbeux viennent ch et là accidenter les alluvions, sur- tout dans les grands vallons des Landes. 16. Dunes. -- Sur les côtes des mers sujettes aux marées, lorsque la plage est faiblement inclinée, que le fond est de sable fin et que des vents dominants viennent du large, le sable se dessèche à marée basse et peut être chassé dans l'intérieur. Le long du golfe de Gascogne, de l'embouchure de la Charente jusqu'au delà de celle de l'Adour, il se produit des dunes allongées parallèlement à la côte; leur hauteur, qui varie habituellement de 5 à 40 mètres, atteint souvent do 60 à 80 mètres et même jusqu'à 87 mètres, comme près de La Teste-de-Buck. NOTICE

sua

L'AGRIGULTURE DU DgPARTEIDENT DII LA GIRONDE

POUR ACCOMPAGNER LA CARTE AGRICOLE DE LA GIRONDE

nnasaea

PAR M. TH§OPUIL8 MALVBZIN

SOMMAIRE 5 la*. Sol. — Climat. § II. Population agricole. § III. Exploitation : Modes d'exploitation, — Bfttiments ruraux. — Clôtures. — Instruments aratoires. — Fumiers et amendements. § IV. Cultures : Vignes en plein, en joualles; cultures propres à diverses localités. — Cér4ales. — Prairies. — Bois. - Oseraies. — Marais, — Arbres fruitiers. 5 V. Animaux : Chevaux, beaufs, vaches, mulets, lues. — Race ovine. -- Race porcine. — Volailles. — Abeilles. 5 VI. Établissements agricoles : Chaire d'agriculture. — Concoure régie • naux. — Sociétés d'agriculture. — Comices. — Ferme•école.

Pr. — Sol. — Climat.

Le sol du département offre trois aspects différents il est tantôt siliceux (dunes, landes, graves); tantôt calcaire et marneux (coteaux et plateaux); tantôt argileux alluvionnel (vallées).

I. — Sol siliceux.

40 Dunes. Les sables que l'Océan rejette sur la côte occidentale du département sont composés de sphéroïdes de quartz 2 18 NOTICE suit L'AGRICULTURE hyalin, très petits et très mobiles; ils forment dans le département une zone de 420 kilomètres de longueur sur urié largeur variable de 4 à 6 kilomètres. Ces dunes sont aujourd'hui polir la plupart sériées de pins maria tunes, et ne formeront • bientôt qu'une forêt continue, dont les vallées constituent des pêturages, ou l'êtes.

8' Landes, étangs.

Immédiatement au pied de la longue chaîne des dunes, les eaux du versant océanique, arrêtées par les sables, forment une série d'étangs continus, courant du nord au sud, com nuniquant entre eux par des marais, et écoulant lentement le trop-plein de leurs eaux par deux pentes : l'une vers le bassin d'Arcachon, l'autre, au nord, vers le bassin de la basse Gironde. Après les étangs et: les marais commence la zone des landes, giil forme un grand triangle ayant son .sommet au. nord; et comprenant, en partant de sa basé au midi, les grandes landes presque stériles, los petites landes en partie cultivées et les landes du Médoc.

8' Graves.

Après les dunes et les landes, une troisième sue, Celle dés gravés, s'étend jusqu'aux Vallées qui bordent la Ûironde et la Garenne. Les plateaux et les collines ondulées qui séparent les petites vallées perpendiculaires à la rive gauche du fleuve, depuis Castillon jusqu'à Langon, et qui consti- tuent le versant oriental depuis la ligne de partage des CRIN, sont recouverts d'un gravier mêla do sable et de terre de grosseur variable, Ce manteau, qui s'étend DU MOMENT DE GA GIRONDE. 40 depuis Gastillon,sur-Gironde jusqu'à Langon, se montre encore sur quelques plaines hautes, voisines des con- fluents do la Garonne et de la Dordogne avec d'autres cours d'eau, et sur quelques coteaux phis avant dans les terme. Ges gr'avos, qui reposent tantôt stn, l'argile, tantôt sur un poudingue grossier, souvent mêlé do fer et qui est connu dans la contrée sous le nom d'alios, sont généra- lement consacrées à la culture de la vigne et donnent les vins rouges les plus estimés du Médoc et de Graves, ainsi que les vins blancs des environs. de Bars« et do Sauternes,

II. — Coteaux et plateaux.

bes plaines hantes et d'humbles coteaux séparés par de frais vallons dominent les vallées de la Garonne, de la Dordogne et de la rive droite de la Gironde, et forment les plateaux du Bazadais, de l');ritre-deux-Mers, du l ourgeais et du Biayais. Sur ces plateaux, la compo- sition du sol est très variée, môme à de très faibles distances, et indique combien les sables; les argiles, les calcaires, les graviers ont été longtemps remués par les eaux. Les sables cernés semblent dominer dans le Bazadais, les argiles dans la Bénange, les terres fortes et grave- leuses dans le Bourgeais, les calcaires sableux dans le Blayais.

IIL — Vallées,

Les alluvions qui forment le sol des vallées fluviatiles reposent généralement sur la tourbe, et varient d'ailleurs de nature suivant les dépôts divers qu'ont apportés les 20 NOTICE SUR L'AGRICULTURE ruisseaux des landes, les rivières et les fleuves, enfin les marées de l'Océan. En général, Ies grandes vallées où la Garonne et la Dordogne apportent les argiles marneuses dont elles se chargent dans leur cours supérieur sont riches et fertiles. D'autres, comme la vallée de la Leyre, où les eaux ne charrient guère que des sables, sont moins favorisées.

Climat.

Soumis à l'influence du Gulf-Stream, qui s'avance dans l'Océan, près du golfe de Gascogne, le climat girondin est tempéré. Les températures moyennes paraissent être, pour l'hiver, 50 ; pour le printemps, 110; pour l'été, 17°; pour l'automne, 11°. La différence moyenne entre les deux extrêmes thermométriques s'élève à 320. On évalue à 100 le nombre des beaux jours, à 148 celui des jours de pluie, à 115 celui des jours nébuleux ou couverts, et à 12 celui des jours de grêle et de neige. Les vents d'Ouest, passant du N.-N.-O. au S.-S. E., règnent pendant à peu près la moitié de l'année; ils inclinent la tige des arbres et chassent les dunes vers l'Est. La quantité annuelle d'eau de pluie peut être évaluée à la moyenne de 69 centimètres. Les neiges sont rares et fondent vite. Les gelées du printemps et les orages de grêle sont assez fréquents, et n'ont pas encore été observés avec assez de suite pour en donner une moyenne exacte. DU DÉPARTEMENT DE LA GIRONDE. 21

• S II. — Population agricole.

Cette population compte, d'après le recensement fait en 1872, 338,918 habitants, soit 48 pour 400 de la population totale, qui se divisent comme suit : Propriétaires vivant sur leurs terres ou les cultivant eux-mômes, y compris leur famille et leurs domes- tiques ... 165,281 Colons et métayers, y compris leur famille et leurs domestiques. 83,039 Fermiers 7,072 Personnel permanent des fermes 18,025 Journaliers employée temporairement 47,576 Bûcherons et charbonniers. 1,907 Jardiniers-pépiniéristes . 16,018 338,918

Ces chiffres officiels n'ont qu'une exactitude très peu approximative. Il faudrait d'ailleurs y ajouter celui des petits industriels, très nombreux à la campagne, qui consacrent à leur industrie ou à leur commerce une partie de leur temps, et donnent l'autre au soin et à la surveillance de leurs propriétés. Ces chiffres indiquent encore la grande division de la propriété foncière dans le département. Cette division tend tous Ies jours à augmenter au. profit de ceux qui travaillent eux-mêmes le sol. Parmi les causes de cet état de choses, on peut citer parti- culièrement la vente et le partage de nombreux biens communaux qui existaient dans un grand nombre de communes. 22 NOTICE SUR L'AGRICULTURE

$ III. — Exploitation.

i" Modal d'exploitation.

La culture principale du département est colle de la vigne, qui exige do grandes avances de fonds, fait attendre longtemps ses produits, demande des précau- tions et des ménagements de culture que des fermiers prendraient difficilement, et offre des chances aléatoires qu'ils ne voudraient pas courir. Le fermage est clone peu usité pour les vignes, et les propriétés viticoles sont généralement exploitées par le propriétaire petit ou grand. Un grand nombre de petits vignobles est exploité direc- tement par le vigneron. L'exploitation des vignobles grands et moyens a généralement lieu par la combinaison du prix-faitage et du salariat. Le prix-laitage s'applique ordinairement à la taille de la vigne et à son échalassement. Il s'applique aussi au béchage, ou façons données à la main. Dans les localités où les façons sont données par la charrue, les attelages de bœufs et de chevaux appartiennent presque toujours au propriétaire du domaine, et sont conduits par des bouviers ou charretiers loués à l'année. Les journaliers, hommes et femmes, viennent com- pléter l'ensemble des cultures nécessaires. Les vendanges sont faites à l'aide de travailleurs venus •en grande partie des départements voisins. Les terrassements sont exécutés par des ouvriers venus des départements pyrénéens. Le fermage, inusité pour les vignobles, n'est guère employé que pour les prairies et les ternes à céréales, principalement dans les arrondissements de Lesparre et

DU DEI/ARMENT DR LA GIRONDE. 23 de Blaye, pour les palus des bords de la Gironde, de: la Garonne et de la Dordogne. Le métayage est usité dans le Bazadais, près de La Réole et dans d''autres parties du département, où la culture des céréales domine do beaucoup colle do la vigne. Les conditions en sont variables; peuvent le pro. priétaire fait labourer et fumer El ses .frais, et le colon ne reçoit qu'un tiers de la récolte.. . .. 20 BATIMENTS RURAUX. - Dans les grands domaines, l'habitation de maître est souvent un château luxueux, ordinairement entre cour et jardin. Les cuviers, les chais, les écuries et servitudes en sont rapprochés. Les maisons, même celles des petits propriétaires et des. paysans, sont bâties en pierres de taille et moellons, couvertes en tuiles creuses; rarement elles ont des caves. Les bâtiments d'exploitation, bien entendus dans les

grands domaines, laissent souvent A désirer dans Ies autres. Les écuries et les étables des Inoyennes et des petites exploitations ont généralement conservé l'ancienne rou- tine, laissent perdre une grande quantité de fourrages et sont quelquefois peu hygiéniques pour les animaux. • Les fosses Il fumier, non bétonnées et non couvertes ne conservent pas suffisamment le fumier. CLOTURES. =- Les clôtures en murs de pierre ne se rencontrent guère que dans les cantons où la pierre est abondante et se trouve â .la surface (Podensac, Langon, Lussac, Fronce, Bourg, Blaye). On y élève beaucoup de murailles en pierres sèches, plutôt pour se débarrasser des pierres qui gênent la culture que pour clore le domaine. Les haies et surtout les fossés, quelquefois les deûx réunis, forment la clôture habituelle des champs. 24. NOTICE SUR L'AGRICULTURE Les vignobles ne sont souvent séparés que par une • rigole pour l'écoulement des eaux, par un simple sentier; très souvent même, dans les communes du Médoc les plus renommées, où le sol est extrêmement divisé, aucun indice de séparation ne distingue deux rangs de vignes parallèles et appartenant à deux propriétaires différents. Les treillages mécaniques sont de jour en jour plus usités aux environs des villes. INSTRUMENTS ARATOIRES ET AUTRES D ']CONOMIE RURALE. — Les charrues varient suivant le sol et les cultures. L'antique araire n'a pas été partout détrôné par les charrues nouvelles. Divers modèles sont adoptés pour la vigne; on remarque surtout la substitution du fer au bois, et le remplacement de la charrue à deux boeufs par celle à un cheval ou mémo à un seul bœuf. La charrue flamande, la Dombasle, sont usitées. La herse est trop souvent défectueuse et manque do puissance; l'extirpateur, le scarificateur ont de la peine à être adoptés par les paysans, ainsi que les semoirs. Il en est de même des hache-paille, coupe-racines et des machines à concasser les grains. Les grandes propriétés ont adopté les machines à faner, à faucher, à moissonner. La machine à battre est d'un usage général. Dans une seule exploitation, on a fait un usage suivi de la machine à vapeur pour le Iabourage. Les voitures servant aux transports dans les campa- gnes, se font encore sur les modèles que nécessitait autrefois le mauvais état des routes. L'antique charrette à simple timon, souvenir du char romain, tratnée par des boeufs au joug, ou par des chevaux supportant le poids par une barre; les tombereaux, trop lourds et trop petits, appellent des améliorations. nu DÉPARTEMENT DE LA GIRONDE. 45 Les instruments vinicoles sont bien compris. La vinifi- cation s'opère, dans les principaux vignobles, en cuves fermées; les raisins y sont versés par des grues ou autres appareils; les dégrappages sont opérés sur des claies. Les pompes a vin pour l'entonnage ne sont pas généra- lement adoptées. Les pressoirs mécaniques, destinés aux seconds vins, se perfectionnent. FUMIERS ET AMENDEMENTS. Les terres d'alluvion récentes ne sont jamais fumées et n'ont pas encore vu décroître leur fertilité. Les autres ont besoin du secours des engrais et ne le reçoivent généralement pas avec assez d'abondance. Les vignes elles-mêmes ont besoin d'engrais. Les prairies, naturelles ou artificielles, sont trop rares pour permettre d'élever un grand nombre de bestiaux. Le fumier d'étable est rare et insuffisant. Les vases de rivière, les marnes, sont employées comme amendements; les gisements de falun ne sont pas exploités comme ils pourraient l'être. Les boues de ville, les engrais commerciaux sont de jour en jour plus recherchés.

S IV. – Cultures.

Le tableau dressé sur notre carte de la Gironde attribue les superficies ci.après aux différentes cultures du département : Hectares. Vignes en plein ou en joualles 186,576 Terres labourables 167,990 Prairies et potagers 90,328 Bois de pins 291,839 Bois de chêne et chataigneraies 63,745 Marais et oseraies 12,994 813,472 NOTICE SUR L'AGRICULTURE Notre cadre ne nous permet pas de nous étendre sur chacune de ces cultures. Nous nous bornerons A les indiquer. 10 *IGNES. —.- La culture de la vigne est la principale du département; elle comprend les vignes roules et les signes blanches, Les collines de la rive gaucho de la Gironde et de la Garonne, et les plateaux graveleux dont elles se déta- chent, sont couvertes de pampres qui produisent les crûs célèbres du Médoc et les vins de Graves, ainsi que les gins Blases non moins renommés de Sauternes. Les vins de «tes se récoltent sur la rive droite de la Dordogne et sur la rive droite do la Garonne, Au pied des coteaux, près des bords des doux rivières, les riches alluvions donnent les vins de palus. Enfin, les vins dits d' sntre, deux-Mers forment une dernière catégorie des vins de la

Gironde.

Lea vignes rouges présentent des cépages très variés et des cultures très différentes. Le Médoc vinicole est compris dans cette étroite langue de terre qui s'avance entre la Gironde et l'Océan, depuis Blanquefort. Le Haut-Médoc s'arrête après Saint-Seurin- de-Cadourne, et le Bas-Médoc le continue. La culture spéciale du Haut-Médoc est caractérisée pour la plantation en quinconces à 11 mètre de distance et par la conduite de la vigne tenue près de terre On espalier sur lattes ou fil de fer. Les vignes sont labourées à la charrue. Les cépages les plus estimés sont la cabernet-sauvignon, le cabernet franc ou gris, le merlot, le malbea et le verdot. La culture des graves plantées en vignes rouges comprend tous les terrains qui forment une ceinture autour de Bordeaux par Blanquefort, Mérignac, Pessac, DU DItPARTEMENT DE LA GIRONDE. 27 . Los cépages adoptés sont los mômes qu'en Médoc, niais la conduite de la vigne est différente. On établit le cep sûr 3 coursons fixés à des échalas de 4m30 de hauteur, et la vigne, quelquefois palissée au fil de fer, porte ses fruits à 50 et même quelquefois 80 centimètres de hauteur. Les façons se donnent à bras. Plusieurs vignobles ont adopté la charrue. La culture dos palus est la même quo celle des graves. Toutes ces vignes sont désignées sous lo nom de vignes hautes. Les vignes rouges hautes présentent deux modes principaux de plantation : vignes en plein, sans cultures intercalaires; vignes h joualles, avec ou sans cultures intercalaires. Dans ce dernier cas, l'espaéement des ceps varie de 2, 8 et 40 mètres. Les vins de cdtes comprennent ceux récoltés sur les coteaux qui s'étendent d'Ambarès à Sainte.Croix-du- Mont, sur la rive droite de la Garonne; ceux récoltés sur la rive droite de la Dordogne, do Bourg à Fronsac; et enfin le célèbre vignoble de Saint-Lmilion. La culture a généralement lieu à la bêche ou bigot, avec tendance à adopter le labour par la _ charrue. Le noir lie pressac, le merlot et le bouchot ou cabernet, forment les vigno, bias. - Les vignes blanches peuvent être divisées en deux groupes : 4° les vignes blanches, composées de sauvi- gnon, sémillon et autres cépages fins produisant lès vins renommés de Sauternes et communes voisines, sur la rive gauche de la Garonne, et les vins de Sainte-Croix- du-Mont et autres communes, sur la rive droite; ot 20 les vignes blanches d'enrageat. Les premières sont l'objet des soins les mieux entendus; • les deuxièmes sont cultivées de la façon la plus primitive, sur des terres de qualité médiocre situées dans le centre 9$ NOTICE SUR L'AGRICULTURE de l'Entre-deux-Mers, et au nord des arrondissements de Blaye et de Libourne. 2° TERRES LABOURABLES. - Les terres labourables de la Gironde, comprises ou non entre des joualles de vigne, sont généralement consacrées : dans les terres fortes, à la culture du froment, du maïs, des avoines, des tabacs, des pommes de terre et des fourrages verts ; dans les terres légères et sableuses de nos landes à celle du seigle, du mil, du millet, du sarrazin, du maïs et de la pomme de terre. Les assolements intelligents, qui ont une si grande importance en agriculture, sont peu connus ou du moins peu pratiqués dans la Gironde; c'est ainsi que le paysan landais demande à ses terres légères tous les ans la même récolte jusqu'à complet épuisement du sol. Dans les terrains où le sol a plus de valeur, on le ménage un peu plus et l'on pratique généralement un assolement bis-annuel, en alternant le froment avec l'avoine, ou le maïs, ou les pommes de terre, ou les fourrages annuels. Dans Ies riches terres d'alluvions des bords de la Gironde, les assolements varient beaucoup; celui qui est le plus usité est l'assolement triennal (1° froment ou seigle ; R° maïs ou pommes de terre ou fèves ; 3° jachère). Au nombre des cultures accessoires faites dans les terres labourables, nous citerons celle des oignons, dans les alluvions de la Dordogne principalement; des haricots; des pois, presque tous vendus en primeur; des navets; les choux, les citrouilles, les artichaux dans les-alluvions du Médoc, et l'aiI. PRAIRIES. - Les prairies naturelles du département sont loin de suffire à l'alimentation dn bétail qu'on y élève ou qu'on y emploie aux divers travaux. Les villes DU DÉPARTEMENT DE LA GIRONDE. 29 font venir beaucoup de foin des départements voisins; la campagne a recours aux prairies artificielles ou aux plantes fourragères pour combler le déficit. La création de nombreuses luzernières ou autres prai- ries artificielles de grand trèfle de Hollande, de farou- che, etc., constitue depuis quelques années un des progrès notables de notre agriculture, qui a pu ainsi, dans beau- coup de communes, augmenter et améliorer l'élève ,du bétail. FORÊTS. -- La partie boisée de la Gironde présente quatre catégories principales : 1° les bois de pin ; 2° les bois de chêne; 30 les chêtaignerâies; 4° les acacias. Les bois de pin, qui occupent aujourd'hui près d'un tiers de la superficie de notre département, forment le revenu principal des landes. Nous parlerons de l'exploitation de la résine dans le chapitre XI de notre étude de la Gironde au point de vue industriel. La vente des poteaux de mine et des traverses de chemin de fer forme depuis quelques années le meil- leur revenu de nos bois de pin, qui s'étendent chaque jour davantage au milieu des immenses landes incultes de la rive gauche de la Garonne et de la Gironde. Les bois de chêne sont tous exploités en taillis par des coupes régulières faites tous les 12,14 ou 15 ans, suivant la qualité des bois, et par fagots de 1 0166 de long et de 72 cent. de circonférence au premier lien. Ces fagots sont appelés dans la Gironde faissonnats. L'on fait aussi avec les branches et quelques petits troncs de petits faisson- nats appelés fayottes, et enfin des bourrées. On trouve dans la Gironde deux qualités de bois de chêne: le chêne noir et le chêne blanc. Le premier appartient plus particulière- ment aux landes et aux graves de la rive gauche de la Garonne; le deuxième se trouve principalement dans 30 NOTICE SUR L'AGRICULTURE l'Entre-deux-.bers et les_ arrondissements de Libourne et de Blaye. Chdtaigneraies, Les châtaigniers sont cultivés en taillis coupés dix ans après la plantation, ensuite tous les cinq ans; On trouve ces taillis sur les sols légers, sablon- neux; frais sans âtre humides, et surtout dans les cantons de gazas, , Langon, Créon, Cadillac et du Carbon-I31ane, Cette culture diminue chaque jour d'uni= portance, la tonnellerie préférant les cercles en fer aux cercles en bois de châtaignier. SAussA1l s iT OSERAIES. -- La culture du saule forme l'un des revenus de presque tous les terrains marécageux de notre département. On plante aussi cet arbre sur le bord des ruisseaux et des . rivières, et on l'exploite par des coupes triennales. L'osier est cultivé dans nos meilleurs terres d'alluvions profondes et fraîches. On distingue dans le département deux espèces d'osier : 1 0 le salie) viminalis ou vime blanc, qui sert d la vannerie fine ; 20 le salix vitellina ou vime jaune appelé vime bride, qui sert â lier la vigne ou les cercles de cuve et de barrique. L'osier est exploité dans la Gironde par coupes annuel- les qui ont lieu en novembre. Une nouvelle maladie a détruit depuis quelques années une grande partie de nos vimières ou oseraies. AnnIIES FRUITIERS. Ils forment l'un des principaux revenus des cantons de Fronsac, de Cadillac, de , de Créon, chi Carbon-Blanc et de Podensac. Les fruits les plus cultivés sont : la pèche, la cerise, la prune, l'abricot, la poire, la 'pomme, le coing, le chasselas. La culture de la prune d'ente, ou prune d'Agen, prend un grand déve- loppement dans l'arrondissement de La Réole et les environs. DU DI:PAaTISRIIINT DE LA GIRONDE. 31

$ V. _ Animaux.

4° ANIMAUX EMPLOYÉS PAR L 'AGRICULTURE GIRONDINE. D'après le recensement de 1872, les travaux agricoles occupent environ 28,000 boeufs, 35,000 vaches, 16,000 chevaux, 8,000 ales ou Anesses, et 84.7 mulets. Nous n'avons pas compris, dans les chiffres ci-dessus, les individus de l'espèce bovine exclusivement élevés pour la boucherie ou la production du lait. Mais nous y avons fait entrer un grand nombre de boeufs mi de vaches qui sont destinés à aider l'homme dans ses Ira-, vaux une partie de l'année, et à être ensuite engraissés pour la boucherie ou employés à l'élevage des jeunes veaux. BESTIAUX: ESPÈCE CHEVALINE. — Cette espèce présente dans .1a Gironde trois races bien distinctes : 1 0 la race anêdocaine, qui se recommande par une grande rusticité et qui est très recherchée pour les remontes de notre cavà- lerie ; 2° la race landaise, qui est élevée presque à l'état sauvage et possède une grande vigueur; les sujets les plus grands de cette race peuvent à peine entrer dans-la cavalerie légère; 3° la race de 1'Entre-doux=Mers, qui tient beaucoup du En 4820, il y avait dans la Gironde 13,803 individus de l'espèche chevaline; en 4840, il y en avait 16,200; enfin, en 1872, on en a compté 38,882, dont 2,543 pou- lains ou pouliches endossons do trois ans; 1,462 chef Vaux entiers (étalons) , 17,247 chevaux hongres et 17,960 juments. ESPÈCE ASINE. — , En 1820, on comptait dans le dépar- tement 7,500 individus do l'espèce asile; en 4872, ce chiffre s'était élevé A 9,283. Presque tous ces baudets 32 NOTICE SUR L'AGRICULTURE appartiennent à la race moyenne des petits ânes à bande cruciale du Bas-Poitou. Ils sont presque tous employés.

dans MS campagnes à l'exploitation des carrières, au transport des denrées, des fumiers, etc. Les MULETS sont employés comme bêtes de somme, principalement dans les Landes ; le dernier recensement en compte 966, alors qu'en 1840 le département de la Gironde en possédait au moins 2,000. ESPÈCE BOVINE. - L'espèce bovine présente dans notre département quatre races bien distinctes : 1° La race garonnaise, élevée dans les forts terrains dos bords de la Garonne, est très recherchée pour la bou- cherie. Elle se divise en sous-race garonnaise de Créon, sous-race garonnaise de l'Entre-deux-Mers, et sous-race garonnaise de Castillon. 2° Race bazadaise. Cette race, d'une taille moyenne et de formes régulières, jouit depuis quelques années d'une grande faveur, car elle réunit à une grande sobriété autant de valeur comme bête de somme que comme animal de boucherie. Elle se divise en sous-race bazado- garonnaise et sous-race bazadaise des bois. 3° Race landaise. Cette race, de petite taille, vivait il y a quelques années à l'état sauvage dans les dunes et les grandes landes de la Gironde. Elle rend de grands services aux habitants des Landes par sa grande rusticité. 4° Race gouine ou bordelaise. Cette race est très recher- chée pour la production du lait. Elle forme la majeure partie des troupeaux de vaches laitières des environs de Bordeaux, où l'on trouve aussi des vaches laitières bre- tonnes ou bretonnes-landaises. C'est du côté des vaches laitières ou nourrices que s'est développée dans la Gironde l'exploitation do l'espèce DU D$PARTEIIENT DE LA GIRONDE. 33 bovine, ainsi que l'indiquent les recensements de 1830 et 1872 : En 1830 En 1872 Taureaux 2,028 1,413 Boeufs 33,045 28,661 Vaches 43,683 69,029 Bouvillons, taurillons, génisses 1 22,289 9,486 Veaux de 0 à 3 mois ) 11,171 101,025 119,760

ESPÈCE OVINE.. — Depuis le décret de 1857 ordonnant la vente et l'ensemencement des landes et parcours com- munaux, cette espèce a diminué d'importance dans une proportion encore plus forte que celle que nous trouvons ci-après, car nous possédions en 1857 beaucoup plus d'animaux d'espèce ovine qu'en 1830.

Recensement de 1830 de 1873 Béliers 6,010 4,891 Brebis 248,092 200,062 Moutons 53,523 32,824 Agneaux 60,829 54,829 368, 54 292,606

La plus grande partie de ces brebis et moutons sont de race landaise et vivent sur la rive gauche de la. Garonne. On trouve en outre, dans l'Entre-deux-Mers principalement, de beaux troupeaux de race southdown, de race anglo-mérinos et leurs métis, et dans les arron- dissements de Libourne 'et de Blaye quelques beaux échantillons de la race poitevine. L'ESPÈCE CAPRINE a beaucoup diminué d'importance dans la Gironde par suite de l'extension des défriche- ments dans nos landes. a 34 INOTICE SUR L'AGRICULTURE Recensement de 1830 'de 1872 Boucs 429 . 193 Chèvres 8,483 2,550 Chevreaux 2,314. 937 11,226 3,680

L'ESPACE PORCINE qui comptait dans la Gironde, en 1820, 54,639 individus, figure dans le recensement de 1872 pour 65,438 tètes dont 248 verrats; 51,242 cochons; 6,932 truies; 6,746 cochons de lait. L'élevage de ces animaux n'a un caractère industriel que dans les cantons de Saint-Ciers-Lalande, Saint-Savin, et Sainte-Foy où l'on spécule principalement sur la vente des cochons de laite L'APICULTURE est peu répandue dans la Gironde; elle est surtout faite selon la méthode la plus arriérée; cependant les bons exemples et lés enseignements pro- gressifs ne manquent pas. Une Société d'apiculture et un journal spécial ont été créés à Bordeaux il y a près de deux ans, et travaillent sans cesse à faire connaître tous les procédés perfectionnés. Les ruches à tiroirs de divers modèles commencent à se répandre dans les campagnes. Espérons qu'avant longtemps la routine sera vaincue par le progrès dans cette branche de l'agriculture comme dans toutes celles où elle règne encore.

. § VI. — Établissements agricoles.

En résumé, quoique le département de la Gironde soit essentiellement viticole, nous venons de voir qu'il pré- sente un peu tous les genres de culture. Si, dans son ensemble, notre département Iaisse encore beaucoup A désirer au point de vue agricole, si l'attachement A des usages vicieux domine encore dans la plupart de nos champs, Mitons-nous d'ajouter que, sous certains rap-

DU DÉPARTEMENT DE LA GIRONDE. 35 ports et dans quelques localités, de grands progrès ont été réalisés. La viticulture surtout est, en Médoc et dans nos grands crus de graves et de côtes, l'objet do soins aussi assidus qu'intelligents. Quoique la culture des céréales cède à chaque instant un peu de terrain à celle de la vigne, elle n'en est pas moins faite tous les jours avec plus de soin. L'élève du bétail fait tous les jours des progrès sensibles, et nos boeufs garonnais et bazadais obtiennent souvent la palme dans los concours généraux. La race ovine est aussi, dans quelques troupeaux, en voie d'amélioration. L'élève du cheval, grilce au dépôt d'étalons du gouvernement établi à Libourne, a fait aussi de grands progrès. • Ces améliorations, ces progrès doivent être attribués, en grande partie, aux institutions et aux Sociétés agri- coles fondées depuis quelques années dans notre dépar- tement. Nous citerons entre autres : La Société d'agriculture de la Gironde; Le Comice agricole de Créon et de l'Entre-deux-Mers; Le Comice viticole de Saint-l*:milion; Le Comice agricole de Bazas ; Le Comice agricole de Lesparro; La Chambre consultative d'agriculture ; Les Sociétés hippiques; Les primes accordées aux poulinières; Les Concours départementaux d'animaux de boucherie et d'animaux reproducteurs; Les Concours régionaux ; Le cours départemental et public d'agriculture fait à Bordeaux par M. Petit-Lafitte; La ferme-école do Machorre, etc.

Il ne nous est malheureusement pas possible de ter- 36 NOTICE SUR L 'AGRICULTURE DE LA GIRONDE. miner cette notice sans signaler l'apparition du phylloxera dans les vignobles de la Gironde, et les ravages qu'il a déjà exercés dans une grande partie du département, notamment dans l'Entre-deux-Mers et dans l'arrondis- sement de Libourne. NOTICES

SUR LES PRINCIPALES INDUSTRIES

DU DÉPARTEMENT DE LA GIRONDE

• INTRODUCTION

Longtemps avant la Révolution, les besoins et les intérêts du commerce maritime avaient fait naître à Bordeaux différentes branches d'industrie qui furent cultivées avec autant d'intelligence que d'ardeur et se développèrent rapidement. En 4789 elles avaient acquis toute la perfection qu'il était possible d'atteindre avant Ies découvertes et les procédés modernes. Nous nous proposons de faire connaître ci-après l'importance de quelques-unes de nos industries à cette époque et les progrès qu'elles ont faits depuis sous l'impulsion de la vapeur, des machines nouvelles, de la rapidité et de la facilité des communications, et sous l'influence de nos relations commerciales se développant chaque jour dans tous les pays du monde. Des principales industries de Bordeaux en 1789. Valeur Valeur moyenne et annuelle moyenne et annuelle Sm produite dm produite fabriquaeen 1189(l). fabriquée on 1874. Construction de navires 2,200,000f 8,800,000r Corderies 8,000,000 1,800,000 Raffineries 18,564,000 86,000,000 Verreries 400,000 4,000,000 Tonnellerie 9,080,000 18,000,000 Tanneries 100,000 4,000,000 Faïenceries 800,000 ( Porcelaines 80,000 8,000,000 Toiles peintes 200,000 7,000,000 Couvertures do coton 850,000 e a Amidonneries 1,800,000 Bonneterie 68,000 Chapellerie 180,000 1,500,000

TOTAL 26,042,000r •

extraits des rapports des deux derniers inspecteurs des At ) tes chiffres G i-apr s sont

38 PRINCIPALES INDUSTRIES DE LA GIRONDE. Les inspecteurs de. Guyenne signalaient aussi, sans chiffrer la valeur de leurs produits , des minoteries importantes dont les 'farines étaient en grande partie exportées aux Antilles. Aujourd'hui, nous pouvons cons- tater que In plupart de nos anciennes industries ont prospéré dans des proportions considérables et que diver- ses d'entre elles qui étaient inconnues ou peu impor- tantes avant 1789, sont pour notre département de puissantes sources do richesses nouvelles, et qu'en somme la Gironde, grand centre agricole et commercial, tond €1 devenir un contre industriel.

Des principales industries de la Gironde en 4874, MANUFACTURES NATIONALES NT MUNICIPALES. Tabor dq rodultop Voleur du, produits Ta= en 18M. fabriqués eu 1874. Poudreries f Tabac 14,650,000f Saipétre(RafRner.de). Eaux de la Ville 410,000 >,IDDAüiD . 14,000,000 Gaz 1,585,000 INDUSTRIES 5E RATTACHANT A LA MARINE, Constructions de navi- Voilerie 400,000r res et barques et ma- Corderies 1,800,000 tures 0,800,000f Poulieries 70,00e Forges pour la marine. 2,000,000 A rironniers... , 1 00,000

INDUSTRIES SR RATTACHANT AU COMMERCF DES VINS, Tonnellerie, cercles, Enveloppes-paille (fa- chevilles, ete 111,000,000f briques il') 800,000f Verreries Il bouteilles. 8,000,000 Caisses (fabriques ale). 8,000,000 Vorroriee.gobelnt tori e. 4,000,000 Cristaux de tartre (fa- Bouclions (fabr. de). . 400,000 briques de) 750,000 Capsules métalliques Vinaigre (fabriques 8e) 1,000,000 (fabriques de) 1,100,000

INDUSTRIES S' EXERÇANT SUR LES SUBSTANCES ALIMENTAIRES.. Raffineries 86,000,000f Chocolats (fabr. de) 8,800,000r Moulins à farine...., 40,000,000 Huiles de grains (fa- Riz (décorticage du) 3,000,000 briques de) 5,000,000 Sécheries de morue 8,000,000 Alcools (fabriques d'). 8,500,000 Conserves al iïnent.Tires Liqueurs et fruits con- animales et végéta- fits (fabriques de) 10,000,000 les 80,000,000 Brasseries 800,000 Pàtes alimentaires (fa, Pèche 1,680,500 briques de) 400,000 0510icul4re . 8,000,000 Biscuits (fabriques de). 800,000 PRINCIPALES INDUSTRIES RE LA GIRONDE. 39

INDUSTRIES TEXTILES.

Lavage des laines et dé- Tapis de laine et literie 400,0000 pelage des peaux do Tissage du chanvre et

moutons de la Plata. 6,960,0001 du coton (Grisette).. • 400,000 Tissage des laines Re- Tissus de chanvre.... 400,000 naissance 250,000

INDUSTRIE DU VÊTEMENT. Tanneries 4,000,0001 Chapeaux de feutre et Chaussures en cuir •(fa- de soie (fabr. de)... 800,0001 briques de) 9,800,000 Chapeaux de pailla (fa- Espadrilles (fabr. d') 400,000 briques de) 700,000 Chemiserie, gilets, etc. 2,000,000 Parapluies (fabr. de) 4,000,000 Vétements confection- nés g,259,000r

INDUSTRIES N1trALLUR MOUES.

Hauts-fourneaux, , .. , 8,000,0001 Ateliers de la Çompa. Fonderies do cuivre, do gnie dos Chemins de zinc, etc. 8,000,000 fer du Slid!,....,., 8,000,0001 Constructions de ma- Chaudronnerie 4,800,009 chines pour l'indus- Machines et outils pour trie,, #000,090 )'agrictlitgre.,,. t „ 0001000

INDUSTRIES SE RATTACHANT A L'ARCHITECTURE ET AUX TRAVAUX PUBLICS.

Carrières de pierre... 7,000,0001 Piètre 500,0001 Tuileries, briqueteries, Scieries mécaniques et pavés céramiques... 8,000,000 parquets 2,000,000 Chaux hydraulique (fa- Bois injectés et clôtu- briques de) 150,000 res mécaniques..... 700,000 Bétons et ciments 500,000 Bois découpés • 100,000

INDUSTRIES DE L'AMEUBLEMENT.

Ébénisterie et tapis- jjj Balais (fabriques de) 4,000,000f serie. 1,000,000f Fleurs 800,000 Chaises (fabriques de). Marbrerie et meubles Toiles cirées et imper- d'église 500,000 méables 700,000 Billards ( fabriques

Nattes (fabriques de) 235,000 de ). 300,000 Brosses (fabr. de) .... 80,000 Carrosserie 8,500,000

INDUSTRIES S'EXERÇANT SUR LES MATIÈRES MINdRALES. Pétroles 1,750,000fFalencesetporcelaines 3,000,0001 Salpôtreries 3,200,000 I Poteries 800,000 40 PRINCIPALES INDUSTRIES DE LA GIRONDE.

INDUSTRIES S'EXERÇANT SUR LES MATIÈRES V GÉTALES.

Produits résineux .... 9,000,000e Carton (fabriques de) 60,000f Hies 1k papier de bois Cartonnages 450,000 de pin 1,050,000 Bois de teinture...... 800,000 Papierchitfon et papier paille 20,000,000

INDUSTRIES S 'EXERÇANT SUR LES MATIÈRES ANIMALES.

Sangsues (élevage de) 770,0000 Savons 1,200,000e Noir animal 225,000 Chandelles h00,000 Bougies 8,000,000

IMPRIMERIE ET RELIURE. Imprimerie typogra- Reliure 425,0060 plaque 2,000,0000 Photographie 1,000,000 Impr. lithographique. 1,200,000

Population industrielle de la Gironde. Le dernier dénombrement de la population de la Gironde porte le nombre des personnes vivant directe- ment des produits des diverses industries de notre dépar- tement à 434,343 individus, c'est-à-dire près de 4/5 de la population totale. LEUR FAMILLE INDIVIDUS DOMESTIQUES NOMBRE D'INDIVIDUS quo chaque profession fait vivre menant réellement Pumts a tool degrés on service ttopré édens.personne/ L pmfduloa M^leeaoae. on de 1avlvont foetn n travail directement on indirectement. ne dn pa&édmfa. des ^ Hommes. Femmes. Hommes. Femmes. Hommes. Femmes. Hommes. Femmes. rorAL

PATRONS : Chefs d'exploitation, de mi- nes et de carrières 448 20 354 511 41 22 843 553 1,396 - Chefs d'usine (établisse- ments où l'on modifie les matières premières) 1,219 231 1,086 2,054 312 286 2,617 2,571 5,188 - Fabricants (machines, tis. sus, objets industriels de toute nature). 2,870 320 1,466 8,447 216 200 4,552 3,967 8,519 - Entrepreneurs de travau (constructeurs architec . tes) 1,962 61 1,839 8,941 257 342 4,058 4,344 8,402 - Chefs ouvriers attachés aux arts et métiers . 3,150 861 2,200 10,588 248. 1,137 5,598 12,586 18,184 EMFtOvds : Ingénieurs , administra Leurs, commis, etc 324 7 154. 286 4 28 482 321 803 OUVRIERS des mines et carrières . 1,517 175 920 1,832 25 11 2,462 2,018 4,480 - attachés aux usines et fa briques. 2,137 687 884 1,968 31 1 8,052 2,656 5,708 - de la petite industrie . 12,525 4,884 9,841 24,663 2,417 815 24,783 30,362 55,145 JOURNALIERS, hommes de peine, char- setiers, etc 15,884 2,690 8,042 4,833 49 20 18,975 ,7,543 26,518 '42,036 9,936 91,786 34,123 3,600 2,862 67,422 66,921 134,343

• 49 PRINCIPALES INDUSTRIES DE LA GIRONDE.

Nombre et force des machines h vapeur employees dans notre département en 1873,

xO)mRn .l'OMIIRF. FORCE de cas mechta. NATURE DES INDUSTRIES dm dal en Mat/aldins machlure eheyeux,epeur

Métallurgie et travail des métaux 64 65 895 Industrie forestière et travail des bois 90 90 678 Constructions navales 7 5 65 Agriculture : industries alimentaires et d'économie domestique 237 160 1,178 Industries diverses 147 118 516

545 438 2,832

On signalait ; en 1866, 426 machines è vapeur d'une force de 4,662 chevaux vapeur; en 1856, 208 — — 1,108 — en 1846, 60 — — 800 —

Statistique des brevets d'invention demandés é la préfecture de la Gironde depuis 1845. La moyenne annuelle des brevets demandés de 4845 à 4854, a été de 42; elle s'est élevée à 108,2 de 4855 à 4864, et s'est maintenue à 07,5 de 4865 à 1874, malgré les années néfastes durant lesquelles tout a été enrayé.

Institutions ayant favorisé le développement industriel.

Au nombre des institutions créées par suite ou en vue du développement de notre industrie, nous citerons : Le Conseil des Prud'hommes; L'école supérieure de commerce et d'industrie; Les expositions de la Société Philomathique, les cours POUDRERIE, RAFFINERIE NATIONALE DR SALPTTRR. 43 publics et gratuits do mathématiques appliquées, de stéréotomie, de coupe des bois, de dessin industriel, etc., organisés par la ville de Bordeaux ou la Société Philoma- thique. Après ces renseignements généraux, nous allons entrer dans l'étude spéciale des diverses industries du dépar- tement.

CHAPITRE Pr.

INDUSTRIES NATIONALES ET MUNICIPALES.

POUDRERIE. Le département de la Gironde possède à Saint•Médard-en$alle une poudrerie établie sur la jalle de Saint-Médard (petite rivière), dont les eaux, en partie détournées il y a quelques années, alimentent Bordeaux. Depuis cette époque, 2 machines à vapeur complètent la force motrice. On fabrique dans cette usine des poudres pour le commerce extérieur, des poudres de mine et de la poudre à canon. On n'y fait plus, depuis quelque temps, de poudre de chasse. L'importance de la production annuelle do cette usine peut être évaluée à 000,000 kilog. Son personnel se compose de I directeur, 1 ingénieur, 4 garde-magasin et environ 30 ouvriers, dont le salaire moyen est de 4 fr. par jour. RAFFINERIE NATIONALE DE SALPÊTRE. Cet établissement sert à la fabrication directe . du salpêtre et au raffinage des salpêtres livrés à l' gtat par l'industrie privée. Cette dernière est représentée à Bordeaux par 2 usines dont nous parlerons plus loin. La raffinerie nationale située en 44 !VDUSTIIES NATIONALES ET MUNICIPALES. ville occupe 50 ouvriers. Voir chapitre X : Industries se rattachant aux, matières mindrales. MONNAIE DE BORDEAUX (t). — Quoiqu'il existe des espèces fabriquées à Bordeaux sous le règne de Charlemagne et môme antérieurement, il semble que le capitulaire do Charles le Chauve du mois de juillet 864 est la véritable époque de l'établissement de cette Monnaie. Après avoir été ouverte et fermée dans différentes circonstances, elle fut rétablie par lettres-patentes du 9 mai 1455. On sait qu'au cours de la Révolution la suppression de tous les hôtels de monnaies fut décrétée; c'était logique, les assignats avaient défia supprimé le numéraire. Bor- deaux subit le sort commun, son hôtel des monnaies fut fermé jusqu'en 1795. A cette époque, l'Hôtel des Mon- naies, situé jusqu'alors sur la place qui porte encore le nom de place de la Monnaie, fut transféré dans les bâti- ments qu'il occupe aujourd'hui rue du Palais-Gallien, près la place Dauphine. Cet édifice, bâti en 1739 pour un séminaire des Missions étrangères, était devenu, en 1791, propriété nationale. Il devint plus tard le siége du gouvernement révolutionnaire; Tallien, Julien, y séjour- nèrent. La France possédait encore, en 1837, 14 hôtels de Monnaies; à cette même époque, on en supprima 7 et plus tard 4 autres, situés dans les villes de Lille, Rouen, Lyon, Marseille. L'atelier de Bordeaux, qui leur survécut avec Strasbourg et Paris, fut lui-même un instant fermé en 1868; mais lorsque survinrent les événements de 1870, que Paris et Strasbourg, bloqués, ne purent prêter au commerce le secours de leur fabrication, la Monnaie de

(t) C'est il l'obligeance de M. Aristide Durand•Morange, commissaire des Monnaies, que nous devons les détails dans lesquels nous entrons il ce sujet. MONNAIE DE BORDEAUX. 45 Bordeaux fut remise en activité et rendit de grands ser- vices en ces temps malheureux (1). Le nombre des presses qui servent à frapper les mon- naies dans cet établissement pourrait très facilement être doublé, le local dans lequel sont installées ces machines étant suffisamment vaste; mais avec celles qui existent actuellement, c'est-à-dire avec 2 grandes presses, 2 moyennes et une petite, on pourrait faire par jour, en pièces d'argent de 5 fr. et en pièces d'or de 20 fr., une somme de plus de 1,200,000 fr. Le personnel de notre atelier monétaire se compose de : Un commissaire du gouvernement, chef du service, nommé par le chef de l'État; Un directeur de la fabrication, comptable des métaux précieux qu'il reçoit; Un contrôleur au change qui surveille l'application des tarifs et veille aux intérêts des porteurs de matières ;

(s) Placée, en effet, loin des événements do la guerre, en communication directe avec la mer, mais assez éloignée pour n'avoir pas A craindre la sur- prise d'une flotte, Bordeaux, en ce temps de trouble, présentait aux métaux précieux des conditions de sécurité que nul autre grand centre n'offrait A co moment-là. Cotte situation exceptionnelle, en présence des menaces et dos incertitudes de l'avenir, assure l'existence de la b iennale de Bordeaux, qu'il est do l'intérét de la ville do conserver. Les chiffres suivants donneront, du reste, l'idée des services que cet éta- blissement a pu rendre en jetant stir la place une quantité do numéraire dont voici l'importance : La Monnaie de Bordeaux a fabriqué, depuis 1795, en argent : De 1795 :1 1815 Do 1815 5 1830 146,863,000 fr. De 1830 A 1843 Do 1848 A 1868 80,000,000 Do 1868 A 1870. fermée. Do 1870 A 1875 70,000,000

TOTAL 846,000,000 A laquelle somme il convient d'ajouter 10,460,000 eu monnaies do bronze. TOTAL OEMtaAL 850,450,000 fr. 40 INDUSTRIES NATIONALES ET MUNICIPALES. Un contrôleur au monnayage dont la dénomination indique la mission spéciale de surveiller la conversion des matières en monnaies; Et, do plus, Ies commis, mécaniciens, essayeurs et gens de service nécessaires. Le nombre des ouvriers employés aux diverses mani- pulations par lesquelles passe un lingot pour être converti en espèces, n'est pas relativement considérable; il varie, pour le travail de la Monnaie de Bordeaux, entre 50 et 80. Il est inutile de dire qu'ils doivent remplir des conditions de moralité qu'explique la nature du travail qui leur est confié. Ces diverses manipulations sont : 1 0 La fonte; 2° La coulée des lames; 8° Le laminage de ces lames et recuit; 40 Le découpage des pièces; 50 L'ajustage ou pesage de ces pièces; 0° Le blanchiment ou décapage et recuit; 70 La frappe qui donne l'empreinte; 8° La vérification du titre, du poids et des empreintes de chaque pièce. Les pièces frappées à la Monnaie de Bordeaux portent pour marque spéciale un R. Un édit do François Ier, du 14 juillet 1539, a fixé ainsi cette marque, qui n'a jamais été changée. Il y a, près l'Hôtel des Monnaies, un bureau de change auquel le public a droit d'apporter des matières d'or et d'argent. Tout porteur de matières doit recevoir un bul- letin indiquant le poids, le titre et la valeur payée des matières qu'il aliporte. Ge bulletin doit être visé par le contrôleur au change, qui a pour mission expresse de veiller à ce que le public soit payé conformément au prix du tarif. TABACS, EAUX DE LA VILLE. , 47

TABACS (Manufacture des). — Cette manufacture, créée en 4846, est l'une des plus importantes de France; ses bCttiments et cours occupent une superficie de 17,000 métres carrés. Elle occupe environ 160 hommes et 1,400 femmes dont le salaire moyen est de 5 fr. pour les hommes et 2 fr. 10 c. pour les femmes. Elle consomme dans sa fabrication 4,500,000 kilo- grammes de tabac par année moyenne, et produit des cigares de tous genres, des tabacs à, fumer dont la valeur annuelle moyenne atteint 14,650,000 fr.

EAUX DE LA VILLE. - a Sous la domination romaine, la plus grande partie des eaux destinées aux usages publics et privés de l'ancienne Burdigala provenait de sources situées à diverses distances de cette ville. D'abord ce furent les eaux de source de Vayres qui y furent conduites par un canal tantôt souterrain, tantôt porté sur arcades, dont les traces ont pu être suivies depuis Vayres, par le moulin d'Ars, la rue des Sablières, la place Saint-Nicolas, le cours d'Aquitaine et la place Sainte-Eulalie, et qui venaient alimenter uno fontaine monumentale aux environs de le place Saint-André, ainsi qu'une autre fontaine semblable sur la place Puy- Paulin. Ces constructions, attribuées à la munificence du préteur C. Julius Secundus, n'existaient déjà plus du temps d'Ausone, qui ne mentionne que l'existence de la fontaine Divone, de source inconnue et qui jaillissait natu- rellement du sol. Cette fontaine, dont il ne reste plus de trace et dont on ignore même l'emplacement, avait quinze parois en marbre de Pares et recevait une eau abondante qui s'en échappait par douze bouches et de larges canaux la mettant commodément A la portée de tous, » Au temps du moyen Ago, la ville de Bordeaux possé- dait cinq sourcoa principales, dont les eaux abondantes 48 INDUSTRIES NATIONALES ET MUNICIPALES. et pures consolaient, jusqu'à un certain point, les habi- tants de la perte de la fontaine Divone. Ces sources se trouvaient aux affleurements de rôches calcaires dans la vallée de la Garonne. C'étaient : la font Bouquière, la font Daurade, la font de l'Or, la font d'Audège, la fontaine de Figuereau (i). n De 1755 à 1857, des porteurs d'eau parcouraient la ville, transportant dans des tonnes, pour les livrer à domicile, Ies eaux des sources de la Seppe, de La Grange et de Figuereau. Ce dernier mode de distribution avait d'abord été mis en pratique pour les eaux de Figuereau, dont la source était connue dès 1624. Le service des eaux a été inauguré le 15 août 4857. Les eaux mises en distribution proviennent de sources souterraines des communes d'Eyzines, du Tallien et de Saint-Médard, à 10 ou 12 kilomètres à l'ouest de Bordeaux. Un canal voûté en maçonnerie les amène à Bordeaux dans l'établissement Paulin, d'où une partie alimente par sa pente naturelle le quartier des Ghartrons; tandis que le reste est élevé et refoulé, au moyen de pompes mises en mouvement par des machines de la force de 50 chevaux, jusqu'à la cote 21"'50 au-dessus de l'étiage de la Garonne, qui est la cote des déver- soirs des bassins ou réservoirs construits en ville. Il en résulte que les rez-de-chaussée, les premiers et quelquefois les seconds étages reçoivent directement l'eau pendant le jour; quant aux étages supérieurs, ils peuvent ûûtre alimentés la nuit par le service surélevé qui porte l'eau à la cote 39", cote du déversoir (lu bassin qui surmonte la tour de l'établissement Paulin.

(') Extrait d'une Notice sur les taux de Bordeaux, par 1P. Mufles, publie dans les Actes de t'Académie des Sciences, Selles-Lettres et Arts de Bordeaux, 4er fascicule (1866). EAUX DE LA VILLE. 49 Le canal d'amenée, à son arrivée dans cet établisse- ment, longe un bassin souterrain qui en est l'épanouis- sement, et qui est destiné à fournir une réserve de 43,000 mètres cubes, en cas de réparation dans le canal. Les autres réservoirs distribués en ville ont les capa- cités suivantes :

Bassin Bourbon, au niveaii du canal d'amenée 800m.e. Bassin Saint-Martin, radier cote 19 mètres, déversoir 21'50° 3,000m.c. Bassin Sainte-Eulalie, radier cote 19 mètres, déversoir 21'50° 4,800"". Bassin du Sablona, radier cote 19 métres, déversoir 21'50°

Indépendamment de ces bassins, il en est un autre dans la rue Pagès qui est destiné à l'alimentation' du quartier de Ségur, et dont le radier est A . la cote 24m, et le déversoir à la cote 27". On remplit ce bassin 4 fois par semaine, avant le service surélevé, et il fournit l'eau à une zone isolée du reste de la ville. Le débit des sources est en moyenne de 206 litres. La distribution se fait au moyen de tuyaux en fonte, dont les diamètres varient entre 0'°60 .et 0'1'06, et dont le développement total est de '160 kilomètres. La ville a fait établir jusqu'à ce jour 315 bornes-fontaines à repolis- soir, 1,000 bouches . d'arrosage, 28 poteaux d'arrosage, 9 fontaines à plusieurs jets, 246 bouches d'incendie, dont la moitié alimentent les pompes à vapeur qui débitent 44 litres par seconde. La ville concède les eaux à robinet libre pour les ménages et certaines industries, et à compteur pour la plupart des industries. Les concessions à robinet libre sont taxées d'après.le 4 50 INDUSTRIES NATIONALES ET MUNICIPALES. revenu imposable de l'immeuble; l'eau au compteur est. payée 0 fr. 015 l'hectolitre. Le, nombre des concessions actuelles est de 6,500 et le produit de ces concessions a été de 375,000 fr, pour l'année 4874. Le service des eaux est sous la direction de l'ingénieur de la Ville, directeur des eaux; il a sous ses ordres, pour l'établissement et le contrôle des concessions,-un contrô- leur et deux inspecteurs des concessions; pour l'établis- sement et l'entretien de la distribution, un conducteur, deux piqueurs, un chef mécanicien, deux mécaniciens, deux chauffeurs, enfin divers ouvriers travaillant aux ateliers de construction des appareils, et à l'entretien des machines élévatoires. L'établissement du canal d'amenée, des réservoirs, des machines, de la distribution, etc., a coûté 8,400,000 fr., et le réseau des conduites s'allonge chaque année, en augmentant d'environ 20,000 fr. par an le prix de premier établissement. Arcachon possède, depuis 1865, un service public d'eau potable alimenté par un excellent puits artésien. La longueur de la canalisation est de 40,000 mètres et la consommation d'eau est annuellement de 70,001) mètres cubes, dont 4,000 par la ville. L'eau est payée 50 c. le mètre cube.

GAZ. Les premiers essais d'éclairage au gaz de la ville de Bordeaux remontent à 1832, époque à laquelle M. Benel, directeur d'une Société anonyme peu impor- tante, fut autorisé à canaliser quelques quartiers de la ville pour y distribuer du gaz extrait de la résine. A partir de 1836 une plus grande extension fut donnée à l'éclai- rage au gaz de la ville; un cahier des charges fut dressé par l'administration municipale, et la suite de modifica- Gaz. 51 fions qui y furent apportées en 1888, il fut procédé à une adjudication à laquelle prit part la Compagnie Continen- tale du gaz de Londres. Cette Compagnie, qui n'avait sou- missionné que pour un an, fut déclarée adjudicataire le 28 août 1839, et après.plusieurs prorogations successives, de gré à gré, cette concession subsiste encore aujourd'hui pour ne prendre fin qu'au M décembre 1875. La Compagnie possède deux usines, dont l'une à Bordeaux, l'autre à La Bastide, la création de cette der- nière remonte à l'année 1859. Ces deux usines n'emploient pour leur production de gaz que des houilles anglaises; celle de Bordeaux en consomme à elle seule en moyenne plus de 21 millions de kilogrammes par an. D'après un rapport publié en 1871 (i), la consommation annuelle de la ville de Bordeaux, est pour ses 195,000 habitants d'environ 6,230,000 mètres cubes de gaz, dont 5,372,000 mètres cubes pour les particuliers et 858,000 pour l'éclairage public. Ces chiffres, qui sont encore aujourd'hui suffisamment exacts pour donner une idée approximative de l'importance de l'usine à gaz de Bor- . deaux, correspondent à une consommation de 27 mètres cubes par habitant, sans y comprendre l'éclairage public, et de 32 mètres cubes en y comprenant cet éclairage. La superficie éclairée serait approximativement de 550 hectares, soit de .27 mètres carrés par habitant, et la • longueur totale de la canalisation de 120,000 mètres, soit de Om60 par habitant. Cette dernière correspondrait à une consommation annuelle par mètre Iinéaire de conduite de 44 mètres cubes si l'on ne tient compte que de l'éclai- rage des particuliers, et de 52 mètres cubes si l'on tient compte à la fois de l'éclairage particulier et de l'éclairage

(') Rapport de MM. Ch. Villette, adjoint au maire, et Wolf, ingénieur de la ville, sur leur mission on Prusse et on Angleterre. 52 INDUSTRIES NATIONALES ST MUNICIPALES. public. Le prix du gaz étant en 1875 de 0 fr. 25 c. pour. les particuliers et de 0 fr. 15 c. environ pour l'éclairage public,. les 6,230,000 mètres cubes de gaz consommés par la ville de Bordeaux représentent une valeur totale de 1,471,700 fr. dont 1,343,000 fr.. pour les particuliers et 428,700 fr. pour l'éclairage public. Il est à remarquer quo le prix du mètre cube payé par les particuliers est moindre à Bordeaux que dans plusieurs grandes villes. Il résulterait d'un rapport publié par la Compagnie Conti- nentale en 1872 (1) quo ce prix est de 30 centimes à Paris, de 30 1/2 à Lyon et de 33 à Marseille, et cependant on ne compte à Bordeaux pour 100 mètres de canalisation que 77 habitants, tandis que pour le môme chiffre on en compte à Lyon 174, à Marseille 496, à Paris 490 1/2, et à Lille 243. Les usines de la ville de Bordeaux occupent environ 400 ouvriers travaillant à la journée au prix moyen do4fr. parieur. Elles produisent, indépendamment du gaz pour l'éclairage, du coke vendu à 1 fr. 30 c. l'hecto- litre, du goudron vendu en moyenne 4 fr. 50 e. les 100 kilogrammes, et des eaux ammoniacales. A partir du 'l°r janvier 1876 une nouvelle Compagnie, la Société financière de Paris, doit être substituée à la C'° Continentale; elle aura à ajouter aux.120,000 mètres de tuyaux déjà posés plus de 76,000 mètres de nouveaux tuyaux, dans les quartiers excentriques encore actuelle- ment éclairés à l'huile, et à fournir par suite une quantité de gaz beaucoup plus considérable, qui peut être estimée à 7,450,000 mètres cubes. D'après le cahier des charges imposé à la Société' finan- cière, les prix seraient abaissés, pour les 10 pre- mières années de la concession, à 5 centimes par mètre

(I) Lettres ,â M. le maire de Bordeaux on réponse au rapport do MM. l'adjoint et l'ingénieur do la ville sur la question de l'éclairage au gaz. GAZ, CONSTRUCTIONS MARITIMES. 53 cube pour l'éclairage public et les établissements com- munaux, et à 22 centimes par mètre cube pour les parti- culiers. Ces prix seraient ensuite diminués de 1 centime après chaque période de 10 ans. La durée de la concession est d'ailleurs de 28 ans et 6 mois, après laquelle tout le matériel de la Compagnie sera la propriété de la ville. Dans le département, l'éclairage au gaz n'a été encore appliqué qu'A Libourne en 1865, et à Arcachon en 1863. A Libourne, qui renferme 15,000 Ames, la longueur de la canalisation est de 18,000 mètres, et la consommation annuelle de 73,000 mètres cubes pour l'éclairage public, et 152,000 mètres cubes pour les particuliers. Les prix sont stipulés à raison de 0 fr. 25 c. le mètre cube pour les particuliers. et de 3 centimes par heure et par bec pour la ville. Ces chiffres correspondent à une production annuelle qui peut être évaluée approximativement à 64,000 fr. A Arcachon, qui renferme une population fixe de 3,696. habitants et une population flottante de 12,000 habitants par mois pendant la saison d'été, la longueur de la cana- lisation est de 10,000 mètres , et la consommation annuelle est de 100 mille mètres cubes do gaz pour. les particuliers et 15,000 mètres cubes pour la ville. Le prix du gaz est de 45 c. le mètre cube pour les particuliers et de 30 c. le mètre cube pour l'éclairage public.

CHAPITRE II.

INDUSTRIES SE RATTACHANT A LA MARINE.

CONSTRUCTIONS MARITIMES DANS LA GIRONDE. - D'après les rapports des deux derniers inspecteurs des manufac- tures de Guyenne (1775 à 1789) , il sortait en moyenne 64 INDUSTRIES SE RATTACHANT A LA MARINE. du port de Bordeaux 20 navires de 200 à 600 tonneaux du prix moyen de 50,000 fr., et 20 barques du prix moyen de 40,000 fr. On comptait de 40 à 15 chantiers en activité et 700 â 800 ouvriers occupés à ces construc- tions. On fabriquait aussi des barques â Libourne, à Blaye, à Bourg et dans tous les petits ports. Sous le premier Empire, nos chantiers do construc- tion lancèrent un grand nombre de corsaires, et prépa- rèrent les bateaux plats devant faire partie de la flottille destinée à opérer une descente en Angleterre, mais cons- truisirent relativement peu pour la marine marchande. Sous la Restauration, les chantiers de la Gironde trouvèrent un nouvel aliment dans la construction des navires à vapeur, qui commencèrent dès 4848 à naviguer sur la Gironde et la Garonne, alors que ce grand progrès n'était encore appliqué que sur la Seine. A cette époque, nos chantiers de Bordeaux reçurent des commandes nombreuses de navires à vapeur de tous les points do In France. Depuis, ils se sont constamment tenus au niveau de tous les progrès. La construction des navires mixtes en bois et fer est une heureuse innovation, due à I'initiative des construc- teurs bordelais. M. Arman entra le premier dans cette voie; presque à la même époque (1852), MM. Bichon frères et Chaigneau frères inaugurèrent un autre genre de constructions mixtes dont les premiers types existent encore. Plus tard les autres constructeurs, MM. Moulinié et Labat, Charron, Raymond, ont aussi employé avec succès te fer et le bois dans des proportions variables. La construction des navires à grande vitesse dits clippers a occupé pendant quelques années nos constructeurs, et leurs navires ont obtenu des résultats comparables it CONSTRUCTIONS MARITIMES. Eii ceux des meilleurs types américains. Mais le commerce de Bordeaux n'a pas persisté longtemps dans l'emploi de navires d'un port relativement réduit. Dans les années antérieures à 1855, il est sorti du port de Bordeaux, et des chantiers de MM. Arman, Bichon frères, Chaigneau frères, Charron, Raymond et Guibert, 15 clippers du port de 800 à 4,500 tonneaux. La construction des navires de guerre cuirassés a eu à Bordeaux une certaine importance due principalement à l'initiative de M. Arman et à la vaste installation de la Compagnie des chantiers et ateliers de l'Océan, dont le matériel appartient aujourd'hui à M. Delahante, banquier à Paris, et est exploité sous le nom de Chantiers et ateliers de Bacalan. Ce genre de construction, interrompu par le changement de propriétaire, ne tardera pas à reprendre certainement. Les nombreuses commandes de navires cuirassés, frégates, monitors, batteries flottantes, etc., faites à nos chantiers pour l'Espagne, l'Italie, Tunis, la Russie, etc., prouvent que Bordeaux peut rivaliser sous ce rapport avec les constructions anglaises et américaines. La réparation des navires se fait en Queyries (Bordeaux- La-Bastide) sur un gril de carénage pour les navires de 400 à 120 . tonneaux, sur un bassin flottant de carénage, sur une forme sèche ou bassin de radoub pour les navires de 1,200 tonneaux de port, et sur deux cales de halage pour les navires do grandes dimensions. Ces cales sont construites d'après le nouveau système de M. Labat, ingénieur maritime. Les cales de halage, système Labat, sont disposées de manière à pouvoir €tre divisées au besoin en plusieurs parties indépendantes, chacune de ces parties peut rece- voir isolément un navire d'un tirant d'eau particulier, ou 56 INDUSTRIES SE RATTACHANT A LA MARINE. lorsqu'elles sont reliées entre elles, permettre le halage . des plus grands navires. La cale de Bacalan, établie en 4862, a 90 mètres de longueur, et s'avance de 940 mètres dans le lit de la rivière avec une pente uni- forme de 7 centimètres. par mètre. La descente et la montée du traîneau y sont opérées au moyen de poulies et de cabestans mis en mouvement par une machine à vapeur de la force de 40 chevaux. La cale do , plus avantageuse que la précé- dente à cause de sa situation dans une partie de la rivière qui offre une plus grande hauteur d'eau au-dessus de l'étiage, a été construite en 4867. Elle a 400 mètres de longueur parallèlement à la rive et s'avance à 32 mètres sous l'eau avec une pente de . 30 centimètres par mètre. Le traîneau est mû par un système de vis et écrous, actionnés par une machine à vapeur de 40 chevaux. La cale de Lormont est pour Bordeaux un instrument précieux que peu de ports possèdent encore. Les paque- bots d'une longueur de 430 mètres e.t du poids de plus de 3,000,000 de kilogrammes, au moment du halage, y sont élevés en six heures ou six heures et demie. Les chantiers de construction de Bordeaux doivent 8tre divisés en quatre centres principaux : 4° Celui de Paludate, oii se trouve l'ancien Chantier du Roi, qui ne sert plus que de dépôt ; les chantiers de M. Arman , en chômage ; ceux de M. Cluzan , moins importants. Ce centre occupait, il y a quelques années, 7 à 800 ouvriers; aujourd'hui, il n'en occupe plus qu'un très petit nombre et chôme quelquefois par suite do la pénurie des constructions neuves. `?° Le centre de Bacalan comprenant : les vastes chantiers de la Compagnie des chantiers et ateliers de Bacalan, qui se composent do 5 cales couvertes, d'un grand atelier do CONSTRUCTIONS MARITIMES. 57 forge et de vastes magasins; les chantiers de MM. C. Charron, Coffre, Germain, Lambert et Limouzin, pour les cons- tructions de petits navires et embarcations. Ce centre peut occuper en temps ordinaire 600 ouvriers. 3° Le centre de Lormont, où se trouvent les chantiers considérables de MM. Bichon frères, Chaigneau frères, et ceux moins importants de MM.- A. Lagorce fils,Mimoneau. Les chantiers de MM. Chaigneau frères se composent de 5 cales couvertes et de trois feux de forge ; ceux de MM. Bichon frères, séparés depuis '1852 des précédents, comprennent 4 cales dont 2 couvertes. Ces deux grandes maisons de construction possèdent des ateliers organisés pour les constructions en fer. Ce centre peut occuper en temps ordinaire 400 ouvriers. 4° Le centre de Queyries comprend : la cale de halage dont nous avons déjà parlé et les ateliers de forge et autres nécessaires pour la réparation des navires, mis à sec sur cet engin; les chantiers . de construction de M. P. Charron et ceux de M. Raymond. 'Ces chantiers occupent en temps ordinaire 400 ouvriers. Ces quatre centres constituent les chantiers•du port de Bordeaux. Le. département possède en outre, près du petit port de . Bourg, .deux chantiers de construction de grands navires, de M. Roy et de MM. Rochet et Largeteau, à La Roque. Ces chantiers occupent en temps ordinaire 200 ouvriers. La construction des barques et petits caboteurs se fait dans les chantiers ci-après :

1° Sur la Dordogne, 5 chantiers : 2 à Fronsac, 2 à Libourne, 1 h Sainte-Terre ; 2° Sur l'Isle, 2 chantiers : 1 h Coutras, 1 h ; 3° Sur la Dronne, 2 chantiers h Saint-Denis-de-Pile: i8 INDUSTRIES SE RATTACHANT A LA MARINE. 4° Sur la Gironde, 3 chantiers: 2 h Blaye, 1 à Villeneuve; 5° Sur la Garonne, 10 chantiers : 1 it Podensac, 6 au Tourne, 4 à Langoiran, 1 h Lestiac, 4 t1 ; 6° Sur le bassin d'Arcachon, 10 chantiers : 4 h La Teste, 6 à. Gujan.

En somme : Ces 38 chantiers occupent, en temps ordinaire, envi- ron 400 ouvriers. Ceux de Bacalan, avec les ateliers Delahante, en occupent 600 — Ceux de Lormont 400 — Ceux de Queyries 400 — Ceux de La Roque 200 ToTn`n 2,000 ouvriers (1.

Ajoutons que depuis quelques années cette situa- tion s'est sensiblement modifiée; que los ouvriers indiqués ci-dessus travaillent aujourd'hui, la plupart du temps, aux réparations do navires et machines à vapeur ; souvent môme ils sont en grande partie inoccupés par suite de la situation malheureuse où se trouvent la marine marchande et la batellerie de notre port. Aujourd'hui la plupart de ceux de Bacalan travail- lent à des constructions industrielles. Les ouvriers occupés aux réparations gagnent 4 fr. 50 c. par jour en hiver, et 5 fr. en été, ceux qui travaillent aux constructions neuves sont presque toujours payés àla tâche, et gagnent do 6 à 8 fr. par jour. Les chiffres ci-après prouveront combien la grande industrie maritime qui nous occupe souffre, et combien

(i) En 4866, les ouvriers inscrits au bureau de la marine pour le quartier de Bordeaux étaient : 1,860 charpentiers de navire, 485 perceurs, 98 calfats, 169 voiliers. Depuis 4864 ces ouvriers no font plus partie de l'inscription maritime. FORGES ET FONDERIES POUR LA MARINE. 159 elle a perdu d'importance alors que le mouvement mari- time de Bordeaux grandit tous les jours. De 1841 à 1846, la moyenne annuelle des grandes constructions navales était de 26 navires, jaugeant 4,735 T x. Cette moyenne s'était élevée , dans la période de 1861 à 1865, à 30 navires, jau- geant 13,931 T x. Elle est tombée, do 1871 à 1874, à 8 navi- res, jaugeant 4,069 Tx. et représentant une valeur moyenne de 2,000,000 fr. La valeur dos constructions neuves en batellerie et petit cabotage peut atteindre actuellement 800,000 fr. au plus. Quelles sont les causes de cette situation et les remèdes à y apporter ? Tel est le problème à la solution duquel nous n'avons pas à nous arrêter ici, mais que nous con- sidérons comme l'un des plus importants que nos légis- lateurs aient à résoudre au nom des intérêts commerciaux de notre pays et surtout au nom de ses forces militaires navales (1). Les diverses industries qui concourent A. l'armement des navires ont vu aussi leur activité faiblir dans les mêmes proportions que celle des chantiers de cons- truction. Nous allons jeter un coup d'oeil sur les plus imper- tantes. FORGES ET FONDERIES FOUR LA MARINE. -- Trois grands établissements de forges et fonderies sont outillés sur.une grande échelle et travaillent surtout pour la marine. Ce sont les ateliers de M. Delahante, ceux de MM. Cousin

(1) La Société de Géographie de. Bordeaux vient de nommer, pour étudier cotte question importante, une Commission spéciale, présidée par M. Marc Maurel, membre de la Chambre de commerce. 80 INDUSTRIES SC RATTACHANT A LA MARINE. et fils frères, et ceux de M. Bailly. Les premiers font la construction des coques de navires et, comme les seconds, de nombreux travaux pour l'industrie. Ces établissements, susceptibles d'occuper un millier • d'ouvriers dont le salaire moyen varie de 4 à 5 francs par jour, peuvent satisfaire à tous les besoins de la marine, du commerce de la place dans les temps les plus prospères, et fournir à la marine étrangère toutes les facilités de réparations. Malheureusement, ils occupent aujourd'hui à peine 400 ouvriers. La fabrication des chalnes-cébles est l'objet de soins tout particuliers de nos industriels et a atteint une grande importance à Bordeaux, où elle peut lutter avantageuse- ment pour la quantité et surtout pour la qualité avec tous les autres centres de production. Environ 10 ateliers moins importants augmentent encore les ressources de ce port pour la marine. Ils peu- vent occuper jusqu'à 200 ouvriers. Malheureusement, depuis quelques années l'industrie métallurgique appliquée à là marine a perdu, à Bordeaux comme dans presque tous les ports, une grande partie de son importance, par suite des difficultés de la situa- tion commerciale actuelle et de l'infériorité des prix des navires étrangers, surtout des navires anglais. Nos usines de forges et fonderies, dont le matériel et les moyens de production sont capables de satisfaire aux exigences du plus grand développement quo puisse acquérir notre marine, sont dans un état de calme qui ne leur permet pas d'occuper la moitié des ouvriers dont elles pourraient utiliser le travail. La valeur des différents produits de cette branche de notre industrie métallurgique peut atteindre environ 1,000,000 francs par année moyenne. NATURE, VOILURE, CORDERIE. 61

MATURE. - Indépendamment de l'atelier particulier que possède chacune des grandes maisons de construc- tion de Bordeaux, il existe deux maisons de commerce où l'on trouve des sapins du Nord dans toutes les dimen- sions voulues. Ces établissements occupent 30 à 40 ouvriers pour préparer les divers bois selon les demandes. VOILURE. - Le département de la Gironde possède 20 ateliers de voilure dont 17 à Bordeaux. Cette industrie, qui occupait, il y a dix ans, plus de 150 personnes, ne compte plus aujourd'hui qu'en- viron 60 ouvriers et 15 apprentis. Les ouvriers sont tous payés à la journée au prix moyen de 5 francs par jour. Les voiles sont faites avec des toiles de Landernau, de Dunkerque, d'Angers et de Rennes. On travaille, dans ces différents ateliers, environ 600 . métres de toile par jour, soit 180,000 mètres par an, dont un quart pour voiles neuves et trois quarts pour réparations. La valeur annuelle moyenne des produits de cette industrie est d'environ 400,000 francs. CORDERIE. - Cette industrie est très ancienne dans le département. Avant 4789, Bordeaux et ses environs possédaient 24 corderies, où se fabriquaient tous les cables et cordages nécessaires au gréement des navires. En temps de paix, leur produit brut s'élevait, d'après Jouannet, à 4,000,000 francs. En temps de guerre, il était réduit de près de moitié. Aujourd'hui, nous trouvons cette industrie transformée par les machines, et les petits ateliers englobés par les grands. En effet, nous n'avons à Bordeaux que 3 corderies, mais elles occupent ensemble 150 ouvriers, c'est-à-dire 02 INDUSTRIES Sa RATTACHANT A LA MARINE. plus quo les 24 corderies du siècle dernier n'en occu- paient dans leurs plus beaux jours. Les, corderies de Bordeaux travaillent principalement les chanvres de Riga, de Saint-Pétersbourg et de Koenigs- berg, dont le prix varie de 70 à 95 francs les 400 kil., suivant qualité; on y traite aussi des chanvres français coûtant de 90 à 420 francs les 100 kil., des chanvres de Manille valant environ 130 à 150 francs ; on y fait enfin des cordages métalliques. La production moyenne annuelle de ces trois établis- sements est. d'environ 1,200,000 kilogrammes de cordes et cordages dont le prix varie de 100 à 200 fr. les 1001 cil., soit une valeur totale de 4,800,000 francs. Ces cordages sont en grande partie consommés à Bor- deaux et dans les environs; il en est expédié par quan- tités notables soit à Marseille, soit à la Guadeloupe, la Martinique, le Sénégal, Maurice, Bourbon et Saigon. En 1814, M. Dubolil apporta quelques améliorations au système mécanique qui avait été créé par M. Margeon. Plus tard, M. Lafaye ajouta au système en vigueur la machine à vapeur et le filage mécanique, pour lequel il emploie un système perfectionné et breveté. Son exemple a été suivi par ses confrères MM. Caillabet et Rousseau, et Bordeaux peut se flatter de posséder aujourd'hui trois vastes corderies modèles. Depuis deux ans, une machine 1 cébler à pression directefonctionne dans l'usine de MM. Rousseau père et fils, inventeurs de cette machine. Depuis trois ou quatre ans, cette industrie 'souffre beaucoup par suite de la préférence donnée de toutes parts aux navires à vapeur. Lnlépendamment des grandes usines dont nous venons de parler, on trouve dans le département 33 petits indus POULIERIE, AVIRONS, AVITAILLEMENT. 83 triels fabricant des cordes de tout genre pour l'industrie ou l'agriculture. Ils sont situés dans les communes sui- vantes : Saint-Ciers-Lalande, Saint-André-de-Cubzac, Libourne, Brenne, Sainte-Terre, Sainte-Foy, La Réole, Lamothe-Landeron, , Sauveterre, Saint-Macaire, Villenave-d'Ornon, Podensae, , , La Teste, Gujan, Lesparre, Saint-Vivien. La plupart de ces ateliers n'occupent qu'un ou deux ouvriers aidés d'une femme ou d'un enfant. POULIERIE. - Bordeaux possède 6 ateliers de poulierie occupant de 15 à ,20 ouvriers. Dans un seul la vapeur est employée comme moteur. Les rouets sont généralement faits en bois de gayac des Antilles, les chapes en bois d'orme du pays. Dans une année ordinaire, la valeur des produits de cette industrie peut s'élever à 70,000 francs, dont un dixième tout au plus est exporté du département. Malheureusement, nous pouvons dire de cette industrie ce qui est vrai pour presque toutes les industries se rat- tachant à la marine : elle produit à peine la moitié de ce qu'elle produisait il y a quelques années. AvinoNS (fabrication des). — Cette fabricition a lieu dans,plusieurs petits ateliers, mais principalement dans une maison spéciale fabriquant à elle seule plus que toutes les autres réunies. Elle tend à augmenter et atteint actuellement, année moyenne, le chiffre de 9 à 10,000 avi- rons d'une valeur moyenne de 10 francs l'un. Les deux tiers de cette fabrication sont exportés dans les différents ports de France, en Orient, en Afrique et dans l'Amérique du Sud. Les matières premières employées sont des frênes de l'Amérique du Nord do différentes qualités. AVITAILLEMENT. -- Les moyens d'avitaillement de la 614 INDUSTRIES SE RATTACHANT AU COMMERCE DES VINS. marine sont des plus faciles dans le port de Bordeaux, situé au milieu d'une contrée riche en produits agricoles de toutes sortes, et dans une ville où de nombreuses fabriques de produits alimentaires et de conserves ont une réputation universelle et une importance considé- rable. (Voir, pour, plus de détails, notre chapitre IV : Produits alimentaires.)

CHAPITRE III.

INDUSTRIES SE RATTACHANT AU COMMERCE DES VINS

TONNELLERIE. - Le département de la Gironde, si renommé par ses vins, dont la production atteint, dans les années ordinaires, 350,000 tonneaux, représentant une valeur de 90 A 400 millions do francs, compte 732 ateliers de tonnellerie plus ou moins importants, indépendamment de ceux qui sont installés depuis quel- ques années dans les dépendances de divers grands vignobles où les barriques sont fabriquées sous la sur- veillance du propriétaire par des ouvriers aux pièces ou à la journée. Sur ces 732 ateliers, 141 sont établis dans la ville de Bordeaux et 591 dans le reste du départe- ment Les principaux centres sont :

Canton du Carbon-Blanc : 39 ateliers, dont les principaux sont h Saint-Loubès, h Ambarès et au Carbon-Blanc. Canton de Créon : 45 ateliers. — Les principaux sont La Tresne, Quinsac, et . Canton de Cadillac : 37 ateliers. — Les 5 ateliers de la commune de Beguey occupent h eux seuls 60 ouvriers en moyenne. Canton de La Bride : 27 ateli.'ers, — Les communes ou la TONNELLERIE. 65 fabrication est le plus considérable, sont : , Léognan et La Brède. On compte, en moyenne, dans cette dernière commune, une centaine d'ouvriers ton. neliers. Canton de Podensac: 27 ateliers.—Les trois grands centres de fabrication de ce canton sont : Barsac, Gérons et Portets. Canton de Libourne : 26 ateliers.'— Les deux centres prin- cipaux sont Vayres, qui compte 10 ateliers impor- tants, et Libourne, oh plus de 200 ouvriers sont occupés à cette fabrication. Canton de Castillon : 14 ateliers importants. — La com- mune de Sainte-Terre compte à elle seule plus de 150 ouvriers. Canton de Branne : 22 ateliers, dont 18 répartis dans les communes de , Moulon et Branne, sont presque tous assez importants. Cantons' de Bourg et de Blaye: 47 ateliers, dont la fabri- cation excède peu la consommation locale. Le Médoc, composé des cantons de Blanquefort, de Castelnau et de l'arrondissement de Lesparre : 105 ateliers ne suffisant pas â la consommation locale.

Plus de 4,000 ouvriers sont occupés une grande partie de l'année dans le département à la fabrication des bar- riques. lin ouvrier peut faire de 8 à 10 barriques par semaine. Quelques machines permettant une fabrication cinq à six fois plus rapide ont été . essayées, mais les résultats obtenus n'ont pas paru assez satisfaisants pour en généraliser l'emploi, et elles ont été bientôt aban données. Le prix des travaux de tonnellerie, qui sont .en général exécutés à façon, varie de 35 à 45 francs par donàaine de barriques.. Le chiffre annuel de la fabrication atteint, dans le département de la Gironde, 1,200,000 barriques; représentant une valeur moyenne de 17,000,000 de francs, 8 V(3 INDUSTRIES SE RATTACHANT AU COMMERCE DES VINS. Indépendamment des barriques marchandes du con- tenu de 29 à 30 veltes et qui sont ordinairement comptées à 225 litres, la tonnellerie fabrique en quantités variables des barils, demi-barriques et tierçons du contenu de 18 veltes, des tonneaux d'une contenance de 4 barriques et des foudres de la capacité de plusieurs tonneaux. Elle fabrique en outre des cuves et tonnes pour le transport de la vendange et la fermentation du raisin; des deuil- lards dans lesquels est reçu le vin sortant de la cuve, etc. La fabrication des barils se fait plus spécialement dans l'arrondissement de Bazas et dans les cantons de Saint- Macaire et de La Réole. Les communes de Castets, Cas- seuil, Gironde et Saint-Martin-de-Sescas sont celles où cette fabrication a le plus d'importance. La valeur moyenne de ces divers produits de tonnellerie peut être estimée à 4 million. Les merrains ou bois de chêne employés pour les douves de ces_ différents vaisseaux proviennent soit du pays, soit de l'étranger. Les merrains du pays sont tirés de l'Auvergne, de l'Armagnac, du Limousin, du Périgord et de l'Angoumois; ils sont employés presque exclusi- vement dans les ateliers situés sur les bords de la Dordogne. Les merrains étrangers proviennent, des bords de la Baltique, de la Bosnie, des bords de la mer Adriatique et, depuis quelques années, do l'Amérique septentrionale. Les merrains du Nord, dont les fibres sont très serrées et très résistantes, et dont, par suite, la durée est plus considérable, sont préférables pour la con- servation des vins; toutefois, ils ne sont plus employés, vu leur prix élevé, qui est le double de celui des merrains du pays, que pour les vins les plus précieux. L'importation des merrains étrangers dans le départe- nient est d'environ 7 à 8 millions de merrains, corres- CERCLES.A BARRIQUES, CHEVILLES POUR BARRIQUES. 07 pondant à 48 à 20 millions de douves. Le reste des mer- rains nécessaires pour les besoins de la tonnellerie est fourni par le pais. Indépendamment du bois de chêne , les tonneliers eti ploient une certaine quantité de bois do pin du pays sous forme de planches, soit pour les barres à barriques, soit pour la fabrication des doubles fûts. Ils se servent, en outre, pour la confection des barriques, de cercles et chevilles ,en châtaignier, qui font l'objet d'industries spéciales à propos desquelles nous allons entrer dans quelques développements. CERCLES A BARRIQUES. — Les centres principaux de fabrication sont, dans le département : Langon, qui pos- sède 3 ateliers; Castets, 2 ateliers; Sainte-Foy, 3 ateliers, et Morizès, 4 atelier. Ces établissements ne travaillent le cercle à barriques que pendant quatre à cinq mois de l'année; le reste du temps ils préparent des cercles pour demi-barriques, caisses, etc. Il n'y a pas, dans la ville de Bordeaux, de fabricants proprement dits de cercles à barriques; on n'y trouve que quelques industriels qui achètent les• cercles tout préparés et ne font que les plier avant do les livrer aux tos néiiers. Les feuillards ou bois pour cercles sont faits en châ- taignier. Ils sont tirés en grande partie des cantons du Carbon-Blanc, de Créon, d'Auras, etc. Le Périgord et le Limousin en expédient également à Bordeaux. Le prix moyen du faix de 50 brins de cercles non pliés est de 2 fr. 25à2 fr. 50. CHEVILLES POUR BARRIQUES. -- Cette industrie a dans le département deux centres principaux, qui sont Bazas et l'argon. A Bordeaux, il n'y a qu'un seul fabricant et quelques petits faiseurs, occupant tout au plus 45 ouvriers. 68 INDUSTRIES SE RATTACHANT AU COMMERCE DES VINS. Basas est le centre le plus important, 200 ouvriers en- viron y sont occupés durant les mois d'hiver. Des machines très ingénieuses ont été imaginées pour cette fabrication , mais leur emploi n'est pas général. Une grande partie des chevilles employées dans le départe- ment est faite à la main par des ouvriers payés aux pièces. Le bois employé pour les chevilles est le chêtai- gnier provenant des chêtaigneraies du département. 11 en vient également du département des Landes. VERRERIE POUR BOUTEILLES.-- a_ La fabrication du verre à bouteilles est très ancienne dans la Gironde; elle remonte à l'année 1720, époque à laquelle un membre de la famille Mitchell établit au village de Lescombes, commune d'Eyzines; une verrerie qu'il transporta plus tard dans la rue de la Verrerie, où elle marcha jus- qu'en 4820. » En 4788, alors que Rive de Gier montait sa première verrerie à bouteilles, la Gironde en comptait 14; dont 5 à Bordeaux, 1 à Libourne sous le titre de Manufacture royale, l à Pauillac, l à , et 6 dans les communes suivantes des Landes du Bazadais, savoir : Beaulac, , Préchac, VilIandraut, Saint-Symphorien, Cas- telnau-de-Cernes. n A cette époque les fours étaient à 4 pots seulement dans lesquels on faisait 1,600 bouteilles par fonte, et la fabrication annuelle du pays ne s'élevait pas à plus de 3 millions de bouteilles, qui suffisaient aux besoins, dont 2 millions étaient fabriquées dans Bordeaux même. » Dans l'intervalle de 1780-1840, pendant que Rive de Gier avait élevé 15 verreries, produisant chacune un million de bouteilles, celles de la Gironde avaient été réduites à 6, dont 4 à. Bordeaux , 1 à Biganos et 1 à Vendays; mais comme les fours agrandis avaient reçu VERRERIE POUR BOUTEILLES. 69 5 et 6 pots faisant de 3,060 à 4,000 bouteilles par fente, et que le nombre des fontes était devenu plus considé- rable, la fabrication du département avait en somme été portée à 4 millions, dont 3 à Bordeaux (1). s En 1859 le nombre des verreries de Bordeaux s'était élevé à 6, comprenant 9 fours, dont-3 à 6 pots produisant. 5,000 bouteilles par fonte, et 6 'à 8 pots produisant 6,500 bouteilles par fonte. Les verreries de Biganos et de Vendays avaient été abandonnées. Aujourd'hui il existe à Bordeaux 7 établissements principaux pour la fabrication des bouteilles. Ces 7 verre- ries comprennent 11 fours. à 8 pots, et occupent en moyenne 70 personnes par four, ce qui donne un total de 700 ouvriers environ. Les ouvriers souffleurs et leurs aides sont payés au 100 de bouteilles : leur salaire varie de 3 fr. 50 à '12 fr. par jour suivant leur habi- leté; quant aux autres ouvriers et aux manoeuvres employés dans les verreries, ils sont payés à la journée et reçoivent de 2 fr. 50 à 3 fr. par jour. Un seul four produit par an 1,500,000 bouteilles; l'im portance de cette fabrication dans le département de la Gironde est de plus de 15 millions de bouteilles, qui, à 18 et 20 fr. le 100, représentent une valeur approximative de 3 millions de francs. Cette fabrication ne suffit pas à la consommation locale, l'importation des bouteilles de la Loire et du Nord et des bouteilles de la Vendée s'élève encore à plus de 12 millions. Ces quantités s'expliquent par les exportations considérables qui se font dans le départe-' ment. - Les matières premières, sables, etc., sont tirées du

(1) Extrait d'une notice sur quelques industries du département de la Gironde, par W. Manas, 1859. 70 INDUSTRIES SE RATTACHANT AU COMMERCE DES VINS. pays, les sels de soude viennent de Saint-Gobain, et les terres à creuset de Normandie et du Lot. Le combustible généralement employé est la houille anglaise. VERRERIE A VERRE BLANC. — a La fabrication du verre blanc fut pratiquée dans la Gironde dès 4788, mais sur une très petite échelle, à où l'onfit pendant quelque temps du verre à gobeleterie, et à Bazas où l'on essaya avec peu de succès de faire du verre à vitre. Jusque vers 1840 on tira presque toute la gobeleterie dont on avait besoin des verreries établies dans les Landes et dans le Nord. Alors on monta successivement dans la commune de la verrerie de Gayac qui, après avoir marché quelque temps en gobeleterie de table, faite avec des matières du pays, dut être abandonnée; puis dans Bordeaux même 3 verreries à gobeleterie pour conserves que l'on y voit encore aujourd'hui. En 1852, la verrerie de Biganos entreprit aussi la fabrication du verre à vitre, mais elle l'abandonna très peu après ( 1). » Bordeaux renferme actuellement quatre verreries principales fabriquant le verre blanc pour gobeleterie et flacons à conserves. Ces établissements occupent environ 300 ouvriers payés aux pièces ou à la journée, et dont' le salaire moyen varie de 3 à fi fr. par jour. A l'exception d'une seule qui travaille au bois, les autres travaillent à la houille. La production moyenne ést d'environ : 1,600,000 bouteilles à huile et h liqueurs; 1,400,000 bocaux h fruits; 400,000 flacons de parfumerie. Cette production, qui peut être estimée à 4 million de francs, est insuffisante pour la consommation locale.

(!) Extrait d'une notice sur quelques industries du département dé ln Gironde, par W. Manès, 1868. BOUCHONS. 7i Bordeaux tire encore des verreries du département des Landes : 900,000 bouteilles h huile et h liqueurs; 600,000 bocaux à fruit; 20,000 flacons de parfumerie.

La consommation totale est donc de : 2,500,000 bouteilles h huile et h liqueurs ; 2,000,000 bocaux ; 420,000 flacons de parfumerie,

dont les deux tiers sont envoyés à l'étranger. Les bou- teilles en verre blanc sont expédiées vides dans les colonies espagnoles; quant aux bouteilles et flacons à conserves, ils sont expédiés avec leur contenu dans les colonies françaises, et les flacons de parfumerie dans les Indes. Bordeaux reçoit en outre des verreries du Nord, de la Lorraine et de Marseille, tant pour ses besoins que pour ses exportations, des quantités considérables de gobe- leterie consistant en verres de table, carafes, etc..., dont il serait difficile d'évaluer l'importance. • • Boucxaris. — Le département de la Gironde compte une `quarantaine d'industriels s'occupant de la fabrica- tion ou de la préparation des bouchons, dont 84 à ,Bordeaux. Cette industrie occupe environ 75 ouvriers • qui sont payés aux pièces, les coupeurs de 0 fr. 45 c. à 0 fr. 50 c. le mille, et les tourneurs 2 fr. et 2 fr. 50 c. le mille. Les salaires étaient autrefois beaucoup moindres, on ne payait aux tourneurs que 4 fr. 50 c. par mille. Cette élévation considérable dans les prix de la main- d'oeuvre empêche de prospérer l'industrie dont nous nous occupons, aussi manifeste-t-elle une tendance à trans- porter son siége dans d'autres départements. La fabrica- 76 INDUSTRIES SE RATTACIIANT AV COMMERCE DES VINS. tion des bouchons dans I'un des établissements de la ville se faisait à l'aide de machines; bien qu'il ait à peu près cessé de fonctionner, il ne faudrait pas en conclure que les reproches adressés aux machines par les fabricants de bouchons fussent entièrement fondés. Les résultats obtenus sous le rapport de la bonne exécution du travail ont été assez satisfaisants pour qu'il y ait lieu de désirer la reprise prochaine de cet établissement. Les divers bouchonniers de Bordeaux travaillent plus de 180,000 kilog. de Iiége, qui produisent environ 10 millions de bouchons. Mais cette production ne suffit pas à la consommation locale. On tire des Landes, du Lot-et-Garonne, des Pyrénées Orientales, des Basses- Pyrénées, de la Provence et du Var, plus de 100 millions de bouchons tout faits. La consommation en bouchons est donc d'environ 110 millions, représentant une valeur moyenne de ir millions de francs. Dans ce chiffre, la valeur des produits de l'industrie girondine n'entre que pour 1/10, soit 400,000 fr. Une faible partie est con- sommée sur les Iieux, le reste est exporté au dehors et principalement dans les Indes, les Rtats•Unis, les colonies françaises et le Chili. Les lites employés à Bordeaux pour la fabrication des bouchons proviennent des Landes, de Nérac, de l'Algérie, de la Corse, de l'Espagne, du Portugal et de l'Italie.

CAPSULES 'A BOUTEILLES. --- La fabrication des capsules, créée à Paris en 1883 par M. André Dupré, fut introduite à Bordeaux en 1848 par M. Fau, qui monta à Caudéran, en société avec M. Pujos, l'usine que nous y voyons encore aujourd'hui. En 4858, M. Feu se sépara de son associé et monta une fabrique semblable dans l'impasse Michel; enfin, en 1856; une nouvelle fabrique de capsules fut établie à Bordeaux, dans la rue Pomme.d'Or. Ces ENVELOPPES-PAILLE. 7:3 3 établissements existent encore aujourd'hui, seulement celui de l'impasse Michel, cédé à une Compagnie anglaise, a été transféré à La Bastide. Chacune de ces usines occupe de 90 à 100 ouvriers, ouvrières ou enfants, dont le salaire moyen est de 1 fr. 85 par jour. Les 3 établissements ensemble produisent de 80 à 100 millions de capsules par an , représentant une valeur approximative de 4,1.00,000 francs. La matière métallique que l'on emploie pour la fabrication des capsules se compose d'étain et de plomb; Autrefois on se servait d'un alliage des deux métaux renfermant de. 10 à 20 pour 100 de plomb. Aujourd'hui le métal des capsules est composé d'une lame de plomb centrale recouverte de deux lames d'étain (dont une sur chaque face) et passée au laminoir jusqu'à ce que les trois lames ne forment plus qu'une lame unique dé l'épaisseur voulue. La production de ces 3 usines, qui emploient soit des machines à poinçons verticaux, soit des machines à poinçons horizontaux, réunissant la promptitude à la perfection des produits, ne suffit pas à la consommation locale. La maison Dupré, de Paris, possède à Bordeaux un représentant qui livré au commerce des capsules qu'il colore et marque dans ses magasins. 7 à 8 millions envi- ron de capsules sont fournies par l'usine de Paris ou par d'autres usines étrangères au département. Les matières premières employées proviennent d'Es- pagne et de Bancs. ENVELOPPES-PAILLE. - Il n'existe plus à Bordeaux qu'une seule fabrique d'enveloppes-paille pour bouteilles. Plusieurs industriels qui en faisaient autrefois ont cessé leur fabrication et font venir des environs toutes celles qu'ils livrent à la consommation. Dans le département, il existe 41 fabriques d'enveloppes-paille, savoir ; 3 à 74 INDUSTRIES SE RATTACHANT AU COMMERCE DES VINS. Pessac, 2 à Blaye, 2 à Langon, 2 à Grignols, 1 à Saint- Ciers-Lalande, et 1 à Bazas. Chacune d'elles occupe en moYenne 80 ouvriers payés aux pièces et dont le salaire moyen est de 1 fr. 50 par jour. Si les établissements de Bordeaux ont presque tous cessé cette fabrication, cela tient à ce qu'ils ne pouvaient produire dans les mêmes conditions de prix que ceux du département. Le prix des enveloppes, qui était autrefois de 40 francs le mille est descendu à 15 francs: L'importance de la fabrication des enveloppes-paille dans la Gironde augmente chaque année; elle atteint, année moyenne, une valeur d'environ 800,000 fr.; cependant elle est encore inférieure de moitié à la consommation; l'autre moitié est. tirée des fabriques du département des Landes. Cette industrie prendrait beaucoup plus d'extension dans la Gironde, si elle n'était entravée par le propriétaire du brevet, qui ne tolère, surtout à Pessac, qu'un nombre limité d'ouvriers par fabrique et exige un droit de fabrication qui enlève aux fabricants une notable partie de leurs bénéfices. La concurrence faite par le département des Landes (Dax et Mont-de-Marsan), d'où proviennent en partie les matières premières (pailles de seigle), nuit également au dévelop- pement de cette industrie dans la Gironde. CAISSES. - La fabrication des caisses pour le transport des vins est opérée à Bordeaux, soit à la machine, soit à la main. Deux établissements seulement emploient les machines. Ils occupent de 15 à 20 ouvriers chacun et peuvent faire : le premier, 1,800, et le deuxième, 1,500 caisses par jour. Les autres établissements, au nombre de 60 à 70 environ, ont en moyenne de 4 à 5 ouvriers, ce qui donne un total de 250 à 800 ouvriers qui seraient occupés à la confection des caisses à vin. Les plus importants des établissements qui fabriquent.à CRISTAUX DE TARTRE ET DE LIE DE Vix. le main sont au nombre de 4 ou 5 et peuvent fabriquer jusqu'à 500 caisses par jour. Les ouvriers caissiers sont payés aux pièces, d'après un tarif très rémunérateur dressé par une chambre syndicale. L'importance de la fabrication est annuellement de 3 à 4 millions de caisses qui, d 0 fr. 60 c. en moyenne, représentent une valeur de 2,500,000 à 3,000,000 de francs. Les fabricants de caisses n'emploient comme matière première qüe du bois de pin des Landes; ils font quel quefois cependant, mais rarement; des caisses en bois du Nord. Toutes les caisses fabriquées à Bordeaux sont vendues dans la ville ou dans le département, le chiffre total de la fabrication étant en rapport à,peu près égal avec la consommation. Les deux usines mécaniques font cependant une certaine quantité de caisses en bottes qui sont expédiées en Espagne et dans les colonies. L'impor- tance de cette exportation est de 400,000 caisses environ par an. Dans chacune des deux usines mécaniques il existe un appareil spécial pour étamper les caisses à la marque à feu, suivant lés marques et vignettes demandées. CRISTAUX DE TARTRE ET DE LIE DE VIN. — Le département de la Gironde possède une dizaine de raffineries de tartre. 4 de ces établissements sont situés à Bordeaux., les autres sont placés à La Souys, Loupiac-de-Cadillac, Brenne, Bassons et Langon. Ces usines produisent environ 4,000 tonnes de cristaux de tartre par an, dont plus de la moitié provient des établissements de la ville. La valeur de ces cristaux variant de 230 à 260 fr. suivant leur qualité, l'importance annuelle de cette industrie peut être estimée à 2,500,000 fr. 76 INDUSTRIES SE RATTACHANT AU COMMERCE DES VINS.

' La production „ mensuelle approximative des diverses usines du département est la suivante :

Lés 4 usines de Bordeaux produisent. 58,000 k. par mois. Celle de La Souys 6,000 Celle de Loupiac-de-Cadillac 4,000 — Celle de Branne 6,000 Celle de Baasens. 3,000 -- Celle de Langon 6,000 — Soit un total de 83,000 k. par mois.

• Les raffineries de tartre occupent en temps ordinaire de 40 A 50 ouvriers. Quand les matières premières sont abondantes et d'un prix modéré, ce chiffre peut être doublé. Ces matières sont les tartres bruts et les lies de vin du pays. Les tartresproviennent en grande partie du midi de la France, du Gers principalement, de l'Espagne, du Portugal et de l'Italie. Les lies de vin du pays étaient autrefois entièrement consommées par les fabricants de cendres gravelées. Un outillage perfectionné permet aujourd'hui d'en extraire le tartre dans des conditions avantageuses, de sorte que la lie de vin , quoique d'un rendement faible par rapport A celui du tartre., est devenue une matière première de raffinerie. Aujourd'hui, l'usine la plus importante du département travaillaexclu- sivement avec des lies de vin. Cette circonstance tend A réduire de plus en plus la production des cendres gre- velées qui n'a plus de raison d'être aujourd'hui. Tous Ies tartres que produit le pays ne sont pas raffinés dans les usines du département. Une quantité considérable est exportée vers l'Angleterre. Les produits raffinés , ou plutôt mi•rafffnés, préparés dans la Gironde, sont dirigés principalement vers l'Angleterre . et les États-Unis. Ori en expédie également en Allemagne et en Russie. En GENDRES GRAVURES, DISTILLERIES DE VINS. 77 Angleterre, ce sont surtout les fabriques d'acide tartrique qui les utilisent; aux États-Unis, au contraire, ces pro- duits sont épurés complètement dans les raffineries .et transformés en crèmes de tartre. Avant l'établissement des droits élevés qui frappent les crèmes de tartre à l'entrée, les États-Unis recevaient directement ces produits tout purifiés des usines fran- çaises. Aujourd'hui ces produits sont expédiés mi-raffinés aux États-Unis, qui trouvent avantage à en terminer eux- mêmes le raffinage. CENDRES GRAYELI:ES. — On avait autrefois la coutume d'incinérer quelques tartres pauvres pour en faire des cendres gravelées. Cette industrie, par les raisons que nous venons de donner plus haut, n'a plus aucune importance dans le département et tend à disparaître complètement. • DISTILLERIES DE VINS. — Le département de la Gironde compte à peine aujourd'hui 9 brûleurs de crû, situés à Saint-Palais, Laruscade, Périssac, Guitres, Bagas, Sauveterre et Ruch. Cette industrie, qui avait autrefois son importance dans les arrondissements de •Blaye, de Libourne et dans l'Entre-deux-Mers a aujourd'hui presque entièrement disparu. Son anéantissement a coïncidé avec le développement de la fortune agricole du départe- ment, en 1853 (année qui vit aussi commencer .les ravages de l'oïdium). A cette époque les vins d'enrageat qu'on payait de 40 à 60 fr. le tonneau nu, furent tous achetés pour être coupés avec les vins rouges du Midi, et payés. jusqu'à 250 fr. le tonneau. Les brûleurs purent dés lors éteindre leurs feux. Depuis que le soufre a permis • de combattre l'oïdium et que la production des vins de •la Gironde a repris son état normal, quelques feux ont pu être rallumés. dans les parties du départe- 78 INDUSTRIES SE RATTACHANT AU COMMERCE DES VINS. ment les plus éloignées de Bordeaux, où le prix des . vins d'enrageat est redescendu à 80, 90 et 100 fr. le tonneau nu et où les vins sont le moins favorables aux coupages. Les eaux-de-vie produites par les vins blancs de la Gironde, celles de l'antre-deux•Mers surtout, sont très estimées. VINAIGRE (fabrication du). — Cette industrie est très ancienne dans le département de la Gironde; toutefois elle n'y était représentée, il y a cinquante ans, que par quel- ques usines de peu d'importance. Aujourd'hui, il n'existe pas moins de 25 fabriques de vinaigre de vin dans le dépar- tement, et Bordeaux en compte pour sa part 20. Ces usines, qui occupent une centaine d'ouvriers, produisent annuellement 40,000 hectolitres de vinaigre au prix moyen de 25 fr. l'hectolitre. La fabrication bordelaise se faisait autrefois exclusive- ment à l'aide d'un système dit .système d la rape. Aujour- d'hui plusieurs fabricants ont adopté le système de fabri- cation d'Orléans, qu'ils emploient concurremment avec la méthode bordelaise. Les vins qui servent à la fabrication des vinaigres de Bordeaux sont tirés de l'Entre-deux-Mers et du Cubzadais. La nature de ces vins et leur force alcoolique produisent des vinaigres d'une très bonne qualité, de plus en plus appréciée à l'étranger. INDUSTRIES DIVERSES. - Parmi les industries se ratta- chant au commerce des vins, nous aurions encore signaler plusieurs petites industries diverses, telles que celles qui concernent la fabrication de la cire à cacheter, des mèches soufrées, des étampes à feu, etc... Mais leur production est trop peu importante pour figurer dans notre travail. Nous aurions également à parler des cercles en fer pour barriques, pour lesquels on avait monté autrefois une usine à Bacalan, mais cet établisse- RAFFINERIE. 79 ment a cessé de fonctionner depuis plusieurs années, et aujourd'hui les cercles en fer employés par la tonnellerie de la Gironde proviennent en totalité d'usines étrangères au département.

CHAPITRE IV.

INDUSTRIES ALIMENTAIRES.

RAFFINERIES DE SUCRES. -- D'après le dernier rapport de l'inspecteur des manufactures de Guyenne, la prospérité des raffineries de Bordeaux avait atteint son plus haut degré en 1787; elle commençait à déchoir en 1789, et cependant nos raffineurs opéraient sur 14,000 boucauts de sucre brut du poids de 1,700 livres l'un, soit 11 millions 900,000 kil., valant 18,564,000 fi'. En 1840, les 35 raffineries établies à Bordeaux opé- raient; d'après Jouannet, sur 12,000;000 de kil. A cette époque, la totalité des sucres des Antilles, ainsi que la moitié ou les deux tiers du sucre de Bourbon, reçus à Bordeaux, étaient destinés au raffinage. Le sucre étranger passait directement à la consommation dans une propor- tion difficile à apprécier. Aujourd'hui, Bordeaux ne possède plus que 5 raffine- ries, mais elles sont beaucoup plus importantes que celles qui existaient en 1840, puisqu'elles opèrent sur 22 à 25,000,00(1 de kil., valant 36,000,000 de francs, c'est- à-dire le double de la production de 1840. Il s'est accompli dans cette industrie la révolution que nous avons constatée ou que nous constaterons dans presque toutes les industries qui ont eu à lutter avec la concur- rence étrangère : seules les usines montées en grand 80 INDUSTRIES ALIMENTAIRES. et selon tous les progrès de la science ont pu soutenir la. lutte, et ont vu tomber à côté d'elles toutes les petites usines. C'est ce qui a fait croire parfois à la diminution d'une industrie, alors qu'elle augmentait d'importance. Ces perfectionnements permettent à nos raffineries de soutenir la concurrence de Nantes et des autres centres de raffinage. Nos 5 usines consomment de 11 à 12,000 tonnes de charbon anglais et environ 1,500,000 kil. de noir animal; elles occupent directement de 425 à 450 hommes et 40 femmes employés généralement à la journée et dont le salaire moyen est de 4 fr. pour les hommes, 2 fr. pour Ies jeunes gens de seize à dix-huit ans, et 1 fr. 25 pour les femmes. Le personnel accessoire est plus considérable et se compose de gabarriers, charretiers, mécaniciens, fondeurs en cuivré et en fer, chaudronniers, fabricants de futailles, de sacs de papier, de ficelle, etc. Les sucres les plus employés par les raffineries borde- laises sont ceux do la Réunion, de le Havane, de la Gua- deloupe, de la Martinique, les sucres indigènes de betterave, enfin quelques sucres de Java et de Maurice. Nos sucres raffinés sont consommés principalement dans le bassin de la Garonne et dans celui de l'Adour., Lés états de l'Amérique du Sud, le Chili surtout, en importent des quantités notables. Les principales améliorations introduites dans nos• raffineries depuis quelques années sont : la substitution de la cuite à la vapeur et dans le vide à la cuite à feu nu, le chauffage par la vapeur des chaudières, étuves ,.etc., au chauffage à feu nu et direct. Le blanchissage à. l'aide de la terre de pipe y est totalement. abandonné et rem- placé par le clairçage;.de ce dernier mode résulte une grande amélioration . dans le travail en effet, avec) le MOUTURE DES GRAINS. 81 blanchiment à la terre il fallait 28 à 30 jours pour faire arriver un pain de sucre au point où il pouvait âtre livré à la vente, aujourd'hui ce résultat est obtenu en 6 à 7 jours au plus.' Plusieurs de nos raffineries possèdent des scieries mécaniques pour casser le sucre et emploient des femmes à ce travail; toutes ont un atelier pour le pilage du sucre. MOUTURE DES GRAINS. -- Un relevé fait en 1885 et emprunté à la Statistique générale de la France porte à 1,624 le nombre des moulins de notre département. Aujourd'hui le nombre s'en élève tout au plus à 325, qu'on peut diviser en trois catégories : 10 Les moulins à vent, qui disparaissent peu à peu; 2° les moulins à moteur hydraulique, qui sont aujour- d'hui les plus nombreux; 3° les moulins à vapeur ou les moulins mixtes, c'est-à-dire employant alternativement l'eau ou la vapeur. Les moulins à vapeur existant aujourd'hui sont situés à Bordeaux : l'un, rue Cabanac, possède 6 paires de meules; l'autre, près le boulevard de Bègles, possède 4 paires de meules. Les autres grands moulins du département emploient autant qu'ilS le peuvent la force hydraulique. La mino- terie la plus importante est celle de Laubardemont, qui possède 12 paires de meules et qui peut moudre à elle seule prés de 400 hectolitres de blé par jour. Cette usine, qui peut être considérée comme l'une des plus belles du Sud-Ouest de la France par ses vastes proportions et les perfectionnements apportés à son outillage, mérite ici une mention spéciale. La valeur moyenne annuelle dd sa production s'élève à 3,000,000 de francs. G 82 INDUSTRIES ALIMENTAIRES. • Viennent ensuite :

Sur le Ciron ...... Usine du Pont 10 p. de meutes. Surie Canal latéral. Usine de Castets 5 p. UsinedeLauriole,àHure 4 p. Sur. l'Isle...... Usine d'Abzao 0 p. Usine de Penot à Saint- Médard-de-Guizières 6 p. Usine de , è, S°-Médard-de-Guizières 6 p. Usine des Barrages, â Porchères 6 p. Sur la Dronne.... Usine de Coutras 6 p. Usine de Sablons 7 p. Sur le Lary ...... Usine du Grand-Moulin, IL Gultres 5 p. Usine de Piet à La Gorce 5 p. Usine d'Ardouin — 4 p.

La Gironde possède, en outre, 340 moulins hydrauli- ques ou à vent, ayant 4, 2 ou 3 paires de meules, ce qui élève le nombre des paires de meules servant à la mou- ture dès grains dans la Gironde au nombre de 600 environ, Un grand nombre de ces moulins ne fonctionnant pas toute l'année, il est très difficile d'évaluer à peu près la valeur des produits de cette industrie; nous croyons éependant qu'elle peut être estimée à 40,000,000 de francs. Le prix de mouture est généralement d'un seizième de la valeur du grain moulu ou do 4 fr. 50 par hectolitre. Quoique le nombre des moulins ait diminué dans le département de la Gironde, ces usines suffisent large- ment à la mouture des grains qu'on y récolte; une partie des grains de l'extérieur qui servent à combler notre déficit y sont aussi moulus. SASSEURS MÉCANIQUES, DÉCORTICAGE DU RIZ. 83

SASSEURS MÉCANIQUES. - Bordeaux possèdes pour la fabrication des sasseurs mécaniques et autres appareils destinés au traitement et à l'épuration des gruaux et farines, un atelier spécial dans lequel son propriétaire, M. Henri Cabanes, fabrique principalement des sasseurs mécaniques d'après un système pour lequel il est bre- veté. Les importants services rendus par ces appareils les ont fait. apprécier, et ils sont aujourd'hui presque aussi indispensables à la fabrication des farines que le sont les meules, les criblages et les blutoirs. Près de 4,000 sasseurs mécaniques Cabanes sont actuellement employés par l'industrie meunière de tous les pays. RIZ (décorticage du). — L'industrie du décorticage et nettoyage du riz a pris naissance en France dans le département de la Gironde; la première usine de ce genre fut construite en 1812, à Bordeaux-Bacalan, Longtemps après furent créées celles de Beautiran et de Saint-Antoine sur l'Isle. Quoique ces deux dernières usines soient situées à un certain nombre do kilomètres de Bordeaux, le siége de ces deux maisons est sur notre place et leurs importations et exportations se font par notre port. Lc3 travail de ces usines Consiste a rendre propre à la consommation les riz venant directement des pays de production, soit à l'état de riz en grains, soit à l'état de riz en paille. Les principaux produits provenant de ce travail sont : riz entier, riz brisé, farine, son et paille de riz. Les riz, brisures et farines, sont livrés à la consom- mation française ou à la réexportation; les produits secondaires servent à l'alimentation du bétail. Bordeaux est le 'plus grand marché do France pour les riz, dont il reçoit annuellement à l'état brut de 10 à 15,000,000 de kilogrammes. Du reste, en dehors des 84 INDUSTRIES ALIMENTAIRES. trois maisons de Bordeaux, il n'existe en France quo trois usines importantes, celles de Nantes, du Havre et de lParis; Marseille .en possède bien une, mais elle est beaucoup moins considérable. Les pays de production qui alimentent notre marché, sont, par rang d'importance : Akyab, Rangoun, Bassein (Birmanie anglaise), Saigon, Bangkok, Madagascar, Pon- dichéry, Calcutta et la Caroline. Une grande portion des riz travaillés par les usines bordelaises est livrée à la consommation française; Io reste est réexporté dans les colonies, principalement dans les possessions françaises. Chacune des usines • de Bordeaux emploie dans ses magasins de 20 à 25 hommes et quelques femmes pour la couture des sacs, mais elle occupe en dehors de ses magasins un nombre considérable de portefaix, gaba- riers, charretiers, etc. L'usine de Bordeaux-Bacalan a une machine à vapeur de la force de 80 chevaux environ; celle de Beautiran emploie comme moteur à IA fois l'eau et la vapeur; celle de Saint-Antoine no se sert que de l'eau. Lc montant total des produits de ces trois usines varie de, 4 à 5,000,000 de francs par an. SACHERIES DE MORUES, - Le département de la Gironde possède, aux environs de Bordeaux ou en ville, 19 ateliers ou sécheries pour la préparation des morues. Ces ateliers occupent, pendant 9 mois de l'année, environ 400 ouvriers payés 3 fr. 50 par jour, à l'exception des contre-maîtres qui sont logés, nourris et blanchis, avec des appointe- ments fixes de 100 fr. par mois. Les charretiers sont payés 5 fr. par jour. Indépendamment des ouvriers occupés dans les sécheries, l'industrie des morues donne du travail, pendant les 6 mois de l'année que durent les CONSERVES ALIMENTAIRES. 85 déchargements de navires, à 100 hommes par jour environ pour le partage, le pesage, le triage ou le gabarage des morues; ces ouvriers ont un salaire de 4 à 5 fr. par jour, à l'exception des entrepreneurs de taille, triage, etc., dont le gain est basé sur l'importance des arrivages. Les. morues qui alimentent cette industrie sont pêchées sur les bancs de Terre-Neuve et sur les côtes d'Islande et transportées sur des navires appartenant aux ports de la Manche et de' la Bretagne. Bordeaux envoie la plupart de ses produits dans la partie méridionale de la France. La place de Cette expédie aussi beaucoup do morues dans le Midi, mais ses expédi- tions ne vont pas au delà do Toulouse.

Morues exploitées par l'industrie bordelaise de 1869 à 1874 (six années).

NFVires •relu& Nombre dan Poids d%nlemuz obarga, morn, on tang. .Pêche d'Islande 274 7,530,580 15,326,161 Pêche du banc 582 40,159,062 65,320,204 Total des deux poches en .6 années 806 48,289,642 80,646,365 Moyenne par an 134 8,048,273 •13,441,060

Le prix d'achat de ces morues varie entre 25 à 30 fr. les 55 kilog. pris à Bordeaux. Le prix de vente est assez variable. L'on peut évaluer la valeur annuelle des produits de cette industrie à 8,000,000 de fr. environ.

CONSERVES ALIMENTAIRES. — L'industrie des conserves alimentaires de Bordeaux occupe en France un rang distingué qu'elle doit à la supériorité des produits de notre département. Elle so divise en plusieurs catégories bien distinctes, suivant la nature des produits et suivant leur destination spéciale; les principales sont : les fruits, les légumes et les viandes. 80 INDUSTRIES ALIMENTAIRES. Les fruits sont traités dans 80 maisons au moine. Le personnel de ces maisons varie beaucoup selon les saisons, et l'importance de Ieur fabrication est très différente selon les années. Ces fruits, préparés soit au sucre, soit à l'eau-de-vie, rivalisent heureusement avec tous les produits similaires d'autre origine. L'un de ces fruits, la prune d'ente, a un intérêt local très grand. Le pays grand producteur des prunes est le départe- ment du Lot-et-Garonne. La culture du prunier a pris sur certains points de la vallée du Lot un véritable caractère industriel. L'exemple du Lot-et-Garonne est de plus on plus suivi par les départements Iimitrophes, et, chez nous, par plusieurs cantons de l'arrondissement de La Réole. Le chiffre de la vente annuelle des prunes sèches d'Agen a atteint dans les dernières années 96,000,000 fr., partagés à peu près également entre les marchés de Bordeaux et d'Agen. Les soins minutieux qu'apportent .les maisons d'expédition dans le triage, le classement et I'emballage de ce fruit n'ont pas peu contribué au succès de cette denrée sur les marchés étrangers. Jusque dans ces derniers temps, on n'avait utilisé pour sécher les prunes que la chaleur d'un four h pain et la radiation solaire; des fours spéciaux et des étuves de différents modèles ont été imaginés dans le but d'effec- tuer la dessiccation d'une manière plus rapide et plus parfaite. Le-four décrit par M. Issartier, qui a donné d'excellents résultats, parait devoir être employé par nos maisons d'exportation, qui feront alors elles-mêmes l'étuvage et la dessiccation du fruit, et donneront à leur exploitation un caractère industriel complet. Les conserves de légumes sont fabriquées à Bordeaux PATES ALIMENTAIRES, BISCUITS. $% dans une vingtaine do maisons, dont 10 environ font aussi la ' conserve des viandes. Ces maisons occupent ensemble de 450 à 500 ouvriers, ouvrières ou employés, fournissant à la consommation locale et au commerce d'exportation environ 12,000,000 fr. de produits par an. Quatre de ces établissements sont importants, large- ment installés, car ils figurent à eux seuls pour près de 10,000,000 dans le chiffre de production. PATES ALIMENTAIRES, Longtemps tributaire de l'Italie pour les pûtes alimentaires, la France possède aujourd'hui des usines dont les produits rivalisent dignement avec les premières marques de Gênes. Les blés durs des provinces méridionales do l'Algérie et de la province de Valence (Espagne) alimentent la fabrication bordelaise. Lyon est à la tête de cette industrie pour la quantité produite; mais au point de vue de la qualité, Bordeaux - s'est placé au premier rang, surtout depuis la création d'une usine spéciale. Cet important établissement consomme de 500 à 000 kilogr. de semoule par jour, occupe 20 ouvriers ou ouvrières, et 8 chevaux pour faire marcher les engins. Il eitporte annuellement à lui seul pour 250,000 fr. de pâtes par l'entremise du commerce de Paris, de Londres et de Liverpool. En outre, Bordeaux possède 2 maisons fabriquant les pûtes et autres produits alimentaires. Blscuirs. — Bordeaux fabrique depuis des siècles des biscuits de mer, qui sont généralement recherchés à cause de leur bonne qualité et de leur longue conservation. Jusqu'en 1840, cette fabrication s'est faite à bras dans cieux fabriques spéciales et elles quelques boulangers, Aujourd'hui, Bordeaux possède quatre grands établis. 88 INDUSTRIES ALIMENTAIRES. sements, munis de machines à vapeur, de fours perfec- tionnés et d'appareils mécaniques pour la fabrication du biscuit. La production moyenne annuelle destinée aux navires qui sortent du port de Bordeaux et à l'exportation est de 4,200,000 kilogrammes, au prix moyen de 50 centimes le kilogramme. Durant la guerre de 1870_71, ces usines ont fourni à l'administration 50,000 kilog. de biscuit par jour. La fabrication des biscuits fins qui, depuis plus de 50 ans, a pris un grand développement en Angleterre, existe à Bordeaux depuis près de 30 ans. L'exportation de ce produit, qui s'élève à environ 200,000 fr., tend chaque jour à augmenter. Elle est faite par 2 maisons principales qui expédient au Sénégal, à Maurice, à Bour- bon, dans l'Inde, la Chine et. le Japon, et dans toute l'Amérique méridionale. Les biscuits de Bordeaux n'ont rien de commun avec ceux de Reims; ils ressemblent peu â ceux de Marseille, plus spécialement exportés en Orient ou sur la côte d'Afrique. CHOCOLATS. — La fabrication du chocolat, très ancienne à Bordeaux, n'a pris une réelle importance que vers 4830, quelque temps après la création de la maison Louit, qui s'est maintenue à la tête de cette industrie, non seule- ment à Bordeaux, mais dans tout le midi de la France. Aujourd'hui le département de la Gironds possède, en dehors de la maison Louit, qui occupe 210 ouvriers ou ouvrières (1), 3 usines mécaniques, occupant environ 50 personnes, et une douzaine de petits fabricants, travail- lant à bras et irrégulièrement avec un ou deux ouvriers.

(') Und partie de ces 240 ouvriers est occupée aux divers produits alimen- taires qui sortent de la maison Louit. HUILES DE GRAINES. 89 En somme, cette industrie occupe dans le département près de 350 personnes. Les ouvriers comme les ouvrières travaillent tous à la journée; le salaire moyen des pre- miers est de 4 fr. par jour; celui des ouvrières est de 1 fr. 75 c. par jour. La fabrication girondine atteint, année moyenne, le poids de 800,000 kilogr. de chocolat, valant environ 2,800,000 fr. Ces chocolats sont exportés dans toutes les villes de France et à l'étranger, principalement en Russie, dans le Brésil et dans l'Amérique du Nord. HUILES DE GRAINES (fabrication des). — Cette industrie, qui n'a été importée à Bordeaux qu'en 1858 dans l'usine de MM. Maurel et Prom, et qu'en 4867 à Abzac, dans celle de M. E. Calvé et Ce , a déjà une importance consi- dérable. 83 presses hydrauliques triturent annuellement environ 13,000,000 de kilog. de graines (plus spéciale- ment des graines d'arachides) et produisent environ 4,000,000 de kilog. d'huile et 6,000,000 de kilog. de tourteaux décortiqués, d'une valeur totale de 5 millions de francs. Ces usines occupent chacune environ 400 personnes (1). Le salaire moyen des manoeuvres, qui forment la majeure partie de ce personnel, est de 2 fr. 50 à 3 fr. 25 pour les hommes, 1 fr. 25 à I fr. 50 pour les femmes et les • enfants. Elles ont pour force motrice, à Bordeaux, 2 machines à vapeur de 50 chevaux chacune, et à Abzac, 2 turbines Fontaine remplacées par une machine à vapeur dans les basses eaux. Ces moteurs, font marcher les pompes des presses

(1) Celle d'Abaac occupe une partie de tes 100 personnes dans la mino- terie que nous avons signalée page 8S. 90 lNousTRIRS ALUMRNTA1RRS. hydrauliques, les meules, décortiqueurs, laminoirs, blu- toirs, remonteurs, sasseurs, ventilateurs, monte-charges et plusieurs autres machines-outils qui économisent une main-d'oeuvre considérable. Ces usines emploient presque exclusivement les graines d'arachides de choix venant de la côte occidentale d'Afrique. Elles produisent des huiles de table pouvant rivaliser avec l'huile d'olive et en grande partie expédiées à Paris, dans le sud-ouest, Post de la France et en Angleterre. Les tourteaux décortiqués sont expédiés dans le nord de la France pour être employés à la nourriture des bes- tiaux ou à l'engrais des terres. Ces usines produisent aussi des engrais plus ordinaires qu'on expédie généralement dans le midi de la France. Dans l'usine de Bordeaux, le travail est organisé de telle façon, que la coque provenant du décorticage des grains remplace absolument le charbon, à peu près à poids égal, et suffit au chauffage des chaudières. L'usine d'Abzac, employant très peu la vapeur, produit 4 à 5,000,000 de kilog. de tourteaux bruts en coque, valant 10 à 41 francs les 100 kilog. • ALcoor.s (fabrication d'). — Le département dé la Gironde no possède qu'une usine de ce genre, mais c'est l'une des plus importantes du sud-ouest do la France; Elle occupe 25 ouvriers et a pour moteur principal une puissante machine à vapeur. Elle consomme de 25•à 30,000 kilog. de mélasse ren- dant 28 pour 100 d'alcool pur, 2,500 à 3,000 kilog. de maïs rendant 30 pour 100 d'alcool pur, et 15 à 46 tonnes de charbon. Elle produit par jour environ 100 hectol. d'alcool à 950 LIQUEURS ET FRUITS CONFITS, BRASSERIES. 91 et 2,500 kilog. de potasse brute, représentant ensemble une valeur moyenne annuelle do 2,500,000 fr. Les mélasses de betterave employées par cette usine viennent de l'Allemagne, de la Hollande et de la Belgique; les mais viennent des Landes, de la vallée do la Garonne et d'Amérique. Les alcools de cette usine sont employés aux usages ordinaires dans toutes les villes du sud-ouest de la France, dans l'Armagnac et dans les Charentes. La potasse brute résultant de la calcination des résidus do mélasse est envoyée clans les raffineries de potasse de Paris ou du nord de la France. Depuis un an, des quan- tités assez considérables de ce produit sont expédiées dans le midi pour servir à améliorer les engrais de la vigne. LIQUEURS ET FRUITS CONFITS, ETC.- Cette industrie peut être considérée comme une des plus importantes du dépar- tement de la Gironde. Fort ancienne à Bordeaux, elle y a pris depuis quelques années un grand développement. Ses produits jouissent d'une réputation universelle grAce à la perfection obtenue par nos grandes maisons dans la fabrication de leurs liqueurs, grAce aux fruits. exquis que mûrit le chaud soleil de notre région privilégiée. Nous devons ici une mention spéciale à l'anisette de Bordeaux. On compte dans le département 12 maisons de premier • ordre et environ 40 maisons secondaires occupant ensem- ble, en temps ordinaire, environ 4,200 personnes; les ouvrières gagnent en moyenne de 1 fr. 50 c. à 2 fr. et les ouvriers, de 3 à 4 fr. Dans la saison des fruits et à l'approche du nouvel an, ce personnel est souvent presque doublé. La valeur annuelle des produits de ces 52 mai- sons peut être évaluée à 10,000,000 fr. BRASSERIES. - L'usage de la bière a pris, depuis quel- 02 INDUSTRIES ALIMENTAIRES, ques années, de grandes proportions dans tout le midi de la France, même dans les contrées les plus essentielle- ment vinicoles. Dépuis longtemps Bordeaux est alimenté par les bras- series de l'Alsace, des duchés du Rhin, de l'Autriche, de l'Angleterre, de Nérac, et par 5 ou 6 brasseries établies en ville (1). Ces dernières livrent è la consommation des bières légères qui ont le double avantage d'être moins chères et plus hygiéniques que les bières étrangères qu'on est obligé d'alcooliser pour les faire voyager. Quoique quelques-unes de nos brasseries soient arrivées ê produire de très bonnes bières, et que la production totale des 10 établissements du département ait atteint, en 1874, 21,224 hectol. de bière ordinaire et '1,210 hectol. de petite bière, elles ne fournissent qu'une faible partie do la quantité consommée. Deux ou trois de nos brasseries produisent des bières alcooliques pour l'exportation, mais elles luttent pénible- ment avec la concurrence des bières anglaises et alle- mandes. P>laxc. -- La pèche est une des industries qui pren- nent tous les jours plus d'importance dans notre dépar- tement. On l'exerce sur les bords du littoral, dans le bassin d'Arcachon, dans les étangs de La Gansu et d', dans nos grands cours d'eau: la Gironde, la Garonne, la Dordogne, l'Isle, la Dronne, etc. Le développement de cette industrie sera facilement constaté par les documents suivants pris aux sources officielles. En 4865, cette industrie occupait dans la Gironde 1,528 personnes, et produisait pour 962,255 fr. de pois-

(9 On trouve en outre 5 petites brasseries dans les arrondissements de Blaye, de Libourne et de La Réole, OSTRÉICULTURE. 93 son; en 1873, on comptait 1,844 pêcheurs, et la valeur des produits s'élevait à 1,620,505 fr. Cette augmentation porte surtout sur le quartier maritime de La Teste, où la valeur du poisson, qui était en 1865, de 772,475 fr., s'est élevée en 1873 à 1,355,228 fr. Les espèces les plus communément pêchées en mer ou dans le bassin d'Arcachon sont : le royan, sorte de petite sardine, la sole, le mule, la raie, le carrelet, le rouget, le grondin. Celles qu'on trouve le plus dans nos rivières ou étangs sont :l'anguille, le saumon, la truite saumonée, l'alose, la lamproie, la carpe, le barbeau, le goujon, la tanche, le brochet, la tinte ou gat, l'esturgeon ou créas, l'aubour. Depuis quelques années de nombreux réservoirs à poissons ont été créés sur les bords du bassin d'Arcachon et à l'embouchure de la Gironde. Ils occupent près de 900 hectares, pris en partie sur d'anciens marais salants. OSTi111[CULTURE. — L'industrie huîtrière forme l'un des principaux revenus de la population maritime d'Arcachon; on peut la diviser en deux sections : 4 0 les !nattières natu- relles, dont l'importance a beaucoup diminué depuis quel- ques années; 2° les huîtrières artificielles, qui prennent tous les jours plus d'importance. Les premières, qui occupent environ 200 hectares, produisaient, de 1861 à 1864, 42,500,000 hultres par année moyenne, soit 61,000 par hectare; cette production est tombée, de 1865 à 1868, à 42,000 huîtres par hectare et s'est un peu relevée de 1869 à 1872, mais n'a pas dépassé une moyenne de 15,000 .huî- tres par hectare et par an. Les huîtrières artificielles créées dans le bassin d'Arca- chon n'ont donné, jusqu'en '1870, que des pertes. Depuis, la situation a complètement changé, et tout parqueur qui emploie les nouveaux appareils est sûr d'arriver à des 94 INDUSTRIES ALIMENTAIRES. résultats rémunérateurs. Aussi le nombre des concessions qui, en 1869, ne dépassait pas 800, était-il, en 1874, de plus„de 4,100, sans parler d'au moins 1,20+1 demandes sur lesquelles il n'était pas encore statué; enfin l'étendue des terres émergentes mises en culture dépassait 800 hectares. M. Lafon, dans sa note sur les huîtrières du bassin, estime au chiffre de 5,000,000 le nombre des tuiles qui ont . été placées dans les huîtrières artificielles en 4872; en comptant que chaque tuile réunira en moyenne 80 huîtres, on arrive à une production de 150,000,000 d'huîtres. En supposant une perte de moitié, la récolte de 1872, réalisable en 4874-75, produira à elle seule 75,000,000 d'huîtres qui, à raison de 40 fr. le mille, donneront en , argent 8 millions de francs. Le travail procuré aux populations riveraines par la nouvelle industrie a augmenté dans de telles proportions, que l'élément maritime n'a pu y suffire et que l'administra- tion de la marine a da permettre de faire travailler sur les parcs des personnes étrangères à la marine. Cependant il ne faut pas se faire illusion et penser que les résultats pécuniaires obtenus par les parqueurs seront aussi beaux dans l'avenir que dans le temps présent. Il est évident quo l'abondance des produits conduira à une dimi- nution dans leur valeur et qu'avant longtemps, le millier d'huîtres de 7 centimètres, qui vaut de 60 à 65 fr,, tom- bera aux environs de 40 fr. (1). Quoi qu'il en soit, cette

(I) Le prix do revient de ce millier d'huttres est de 85 fr. Il peut se décomposer ainsi: 50 tuiles A 80 hultres en moyenne, produisant 1,800 hultres, sur lesquelles on arrivera A élever 1,000 huîtres vendables. Prix des 80 tuiles mises en place F 8 s Détrocage 1 50 Ambulance, I métro carré, et entretien des claires, 8 s Manipulations diverses : 8 journées de femme 4 50 Frais do garde 5 » • 85 a LAVAGE DES LAINES ET Dt:PELAOE DES PEAUX DE MOUTON. 00 nouvelle industrie est arrivée à de tels résultats pratiques, que la fortune du pays environnant le bassin d'Arcachon est assurée.

CHAPITRE V

LNDUSTRIES TEXTILES

LAVAGE DES LAINES ET DLPELAGE DES PEAUX DE MOUTON DE LA PLATA. — Cette industrie a pris un certain développe- ment dans la Gironde depuis une quinzaine d'années et tend à grandir tous les jours. Elle s'exerce actuellement dans 4 établissements principaux ( 1) occupant environ 450 personnes et principalement des hommes employés à leurs pièces et gagnant de 8 à 4 fr. par jour. Ces 4 établissements peuvent exploiter 8,000 balles représentant 3,440,000 kilog. en suint, ce qui donne en lavé 860,000 kilog., dont la valeur moyenne est de 6 fr. le kilog., ce qui porte la valeur annuelle des produits des usines ci-dessus à 5;160,000 fr. pour les laines ; 4,000,000 pour les cuirs. En tout, 6,460,000 fr. Ces laines sont consommées par l'industrie drapière du midi et du nord de la France, de la Suisse, de l'Italie et de l'Espagne. La plus grande partie des cuirs est exploitée par les mé- gisseries du midi de la France. L'Italie et l'Allemagne en consomment également, mais leurs achats sont limités. Cette industrie est destinée à prendre un grand déve- loppement dans la Gironde, en raison des facilités dont dispose le commerce de Bordeaux pour l'importation des

(') Ces établissements sont situés : I à Saint-Mlédard-en-dalle, i. à 9àgles et 2 A Coutras. 96 INDUSTRIES TEXTILES. matières premières et aussi en raison du climat de notre département, qui favorise le séchage des laines. Les laines de la contrée dont s'occupent peu ou point les établissements ci-dessus, sont exploitées sur place aussitôt après la tonte, LAINES RENAISSANCE (filature de). — Le département de la Gironde ne possède qu'un établissement de ce genre créé en 1870 à Coutras, et transporté en 1872 à Saint-Seurin-sur-l'Isle, dans le vaste établissement occupé, il y a quelques années, par l'aciérie Jackson et possédant comme moteurs une turbine de 60 chevaux et 5 roues hydrauliques de 12 chevaux. Cette force peut être doublée au moyen d'autres moteurs, l'''Isle offrant sur ce point 2 mètres de chute. Cette manufacture comprend 11 machines à effilocher, 3 cylindres laveurs, 3 essoreuses au cardage et une fila- ture de laine de 500 broches. En attendant que la filature se développe et qu'on y ajoute une fabrique d'étoffes, M. Bertin utilise sa force motrice par une scierie mécanique comprenant 4 métiers à rubans et une minoterie de 4 paires de meules. L'usine de M. Bertin aîné occupe environ 100 personnes et pourrait en employer le double le jour où les demandes seraient plus importantes. La moitié de ces personnes travaillent à la journée, l'autre moitié aux pièces. Les hommes à la journée gagnent de 2 fr. 50 à 3 fr. par jour, et les femmes de 1 fr. 25 à 1 fr. 50. La valeur annuelle moyenne des produits fabriqués par cette filature est d'environ 250,000 fr. Les matières premières (vieux tissus de laine) viennent de tous les points de la France. Les pays de consomma- tion sont: Limoges, Castres, plusieurs petites villes du midi de la France, l'Angleterre et la Belgique. TAPIS ET COUVERTURES DE LAINE. 97 L'usine de Saint-Seurin-sur-l'Isle a été, au temps de l'aciérie Jackson l'une des plus belles de France. Espé- rons qu'avec la nouvelle industrie que M. Bertin aîné y a implantée, elle reprendra son ancienne splendeur. Son emplacement n'a pas moins de 50,000 mètres carrés. Les bâtiments comprennent 2 belles maisons d'habita- tion, 2 pavillons pour les employés, une vaste caserne pouvant loger facilement 200 ouvriers, 3 immenses . halles-hangars, de grands magasins, de vastes cours, de beaux jardins, un établissement de bains, etc., 'etc., enfin tout ce qui constitue une vaste manufacture comme celles qui existent en grand nombre dans le nord de la France. TAPIS ET COUVERTURES DE LAINE (manufacture de). Cette industrie est représentée à Bordeaux par l'ancienne maison Jaquemet-Laroque, fondée en 1786 et en partie transformée il y a quelques années. La filature de la laine y a été supprimée; la fabrication des tapis et des couvertures seule subsiste. Par suite de la grande quantité de literie qui arrive journellement dans l'usine de Bordeaux et qui nécessite de, grands lava- ges, il a été urgent d'établir une deuxième usine sur un magnifique cours d'eau au moulin d'Ornon, près Bor- deaux, où ont été transportés les métiers à filer, les cardes dégraisseuses, etc. Ces deux usines occupent aujourd'hui environ 80 per- sonnes travaillant généralement à la journée, excepté les tisserands. Les hommes gagnent en moyenne 4 fr. par jour et les femmes 2 fr. Les laines employées pour les couvertures viennent du Levant, du pays ou des Pyrénées, suivant les qualités que l'on veut produire; les tapis sont fabriqués généra- lement avec des laines-du pays. 7 • 08 INDUSTRIES TEXTILES. Tous les produits de ces usines sont vendus sur place ou livrés directement d la consommation. Coron (filature et tissage du). -- En 4770, on comptait d Bordeaux 7 fabriques de couvertures de coton, dont les produits annuels valaient 50,000 fr. En 4784, la valeur do ces produits avait doublé. A l'époque oû Bordeaux vit renaître son commerce et 'son Industrie, ruinés par les guerres de la Révolution et de l'Empire, on réorganisa 4 filatures de coton, une• fabrique importante de couvertures, et une manufacture de calicots; ce dernier établissement a eu jusqu'à 200 ouvriers. Aujourd'hui, l'industrie du tissage• de coton n'existe plus Bordeaux, mais elle a pris une certaine impor- tance é Sainte-Foy, pour la fabrication de la grisette. Tissus DE CHANVRE ET DE COTON OU GRISETTE. — Depuis plus de 70 ans on fabrique à Sainte-Foy des toiles de chanvre et des grisettes. Jusqu'en 4840, cette industrie occupa 80 a 40 ouvriers en ville ou à la campagne , . tra- vaillant pour leur compte et venant le jour du marché vendre la toile qu'ils avaient fabriquée à des négociants de Libourne ou de Bordeaux, qui ne pouvaient se pro- curer ailleurs ce genre de toile. De 4840 h 9865, cotte industrie prit un développement important par rapport Il la population de Sainte-Foy, puisque, vers 9865, plus de 400 ouvriers ou ouvrières y étalent occupés soit chez eux, soit en fabrique, et produi- saient de 6 à 800,000 fr. de toiles ou de grisettes. Aujourd'hui, la fabrication des toiles de chanvre est réduite A fort peu de chose par suite de la concurrence des maisons du Mans, d'Angers et du Nord, mais ln tissage des grisettes est en pleine activité. Et tout ce que peuvent produire 200 ouvriers ou ouvrières qui travail- BLANCHIMENT ET IMPRESSION DE TISSUS DE COTON. • 00 lent presque tous pour les 2 maisons principales de Sainte-Foy, est vendu au fur et à mesure de l'entrée en magasin. Les grisettes de Sainte-Foy ont un cachet spécial qui les fait rechercher: Les ouvriers ou ouvrières qui tissent, gagnent de 2 fr. 25 c. à 3 fr. par jour; les • femmes qui font le dévidage ou le tramage gagnent de 1 fr. à 4 fr. 50 o. par jour. Tous ces ouvriers travaillent à la façon selon l'ancien système de tissage, aussi leur salaire est modique et leur nombre diminue tous' les jours. Espérons que les métiers mécaniques et la vapeur viendront avant long- temps développer cette branche de nôtre industrie girondine. Elle prend les cotons .à Rouen et à Mulhouse, les chanvres au Mans, à Alençon et à Angers; les lins à Lille, à'Armentière et en Belgique. Elle vend ses produits dont. la valeur annuelle moyenne atteint 400,000 fr. dans la Gironde, la Dordogne, les Charentes et le Lot-et- Garonne. Ce dernier département fabrique aussi beaucoup de grisettes, mais d'un prix plus élevé. On compte en outre dans le département de la Gironde et en dehors du canton de Sainte-Foy, enyiren SO petits ateliers pour le tissage du chanvre et du lin, et occupant en moyenne 2 personnes. Presque tous sont situés dans les arrondisseMents de Basas et de La.Réole. La production annuelle moyenne do ces petits ateliers atteint tout au plus 400,000 fr. BLANCHIMENT. ET IMPRESSION DE TISSUS DE COTON. - - Cette 'industrie n'est représentée dans . la Gironde que par une •petite•usine située dans la commune de Villenave-d'Ornon sur. le ruisseau l'Eau-Bourde. 'Les matières . premières (tissus de coton-écru) viennent principalement de Rouen et de Mulhouse. ' Cotte usine n'emploie que des coulùurs' solides telles 400 INDUSTRIE DU Yi/TRAIENT. que l'indigo et la garance, et expédie ses cotonnades imprimées dans la région du Sud-Ouest.

CHAPITRE VI.

INDUSTRIE DU VETEMENT.

TANNERIES, - Cette industrie qui, dès le quinzième siècle, était importante à Bordeaux, avait acquis, vers le milieu du siècle dernier, un développement considérable. En 4760 on comptait, dans le futur département de la Gironde, 94 tanneries, 49 mégisseries et 5 chamoiseries, lorsque des droits de douane exorbitants vinrent porter à cette industrie une terrible atteinte et diminuer son importance. Si nous comptons aujourd'hui beaucoup moins de tan- neries qu'en 4760, nous en trouvons à Bordeaux plusieurs assez considérables pour que l'on puisse dire qu'en somme la fabrication a repris son importance, quoique réunie dans un moins grand nombre d'ateliers. Aujourd'hui Bordeaux possède 5 tanneries différant d'importance dans de grandes proportions et occupant ensemble environ 300 ouvriers par jour. On compte, en outre, dans le département, 24 petites tanneries réparties comme suit : 44 dans l'arrondissement de Libourne, 5 dans l'arrondissement de La Réole, 5 à Langon, 3 à Bazas; plusieurs appartiennent à des industriels s'occu- pant simultanément d'agriculture et d'industrie; elles ne sont en activité qu'une partie do l'année et occupent do 3 à 4 ouvriers chacune; nous devons excepter, à Langen et à Bazas, 2 ou 3 tanneries occupant ensemble TANNERIES, CHAUSSURES EN CUIR. 401 50 ouvriers toute l'année. La fabrication est, en somme, concentrée presque en entier à Bordeaux. Les veaux et les tiges de Bordeaux sont encore très recherchés ét expédiés principalement en Angleterre, en Russie, en Allemagne, en Belgique et en Orient. Leur réputation est telle que plusieurs grandes fabriques de France, entre autres celles de Millau, qui sont considéra- bles, expédient leurs meilleurs veaux sous le nom de veaux dits de Bordeaux. A la fabrication des tiges et veaux cirés, deux ou trois des tanneries de Bordeaux ont, depuis plus de soixante ans, joint celle des cuirs à semelle ( 1). Les produits si estimés de Chateau-Renault et de la Touraine ont dès lors' trouvé dans les nôtres des rivaux qui sont arrivés aujourd'hui ales valoir à très peu de chose près. Les matières premières employées par nos tanneurs sont des peaux vertes du pays, des .peaux sèches venant de. l'Amérique du Sud et des écorces recueillies dans les forêts do la Gironde. • L'ensemble des produits fabriqués du département a une importance très variable qui atteint, année moyenne, de 8 à 4,000,000 de francs. -La préparation des peaux de chèvre a pris, depuis quelques années, à Bordeaux, une certaine importance -qui tend à augmenter. Environ 40 ouvriers chevriers sont occupés dallé 4 ateliers recevant de Marseille ou du Levant les peaux en croûte et livrant au commerce 'des produits pouvant rivaliser avec ceux des mégisseries de Lyon et de Paris. CHAUSSURES EN CUIR. — Les cuirs de Bordeaux. ou de Basas, surtout les veaux préparés et cirés, avaient-autre-

(i) Le fondateur do la maison Henry fut, en f79.5, l'introducteur d Bor deaux de la tannerie des grosses peaux pour cuirs à semelle. • 102 INDUSTRIE DU YETEMENT. fois une grande supériorité, ce qui facilitait l'écoulement des chaussures de nos' fabriques soit en France, soit aux, colonies. Aujourd'hui, les tanneries qui existent dans la Bretagne et à Millau, dans l'Aveyron, rivalisent avec celles de la Gironde, quelquefois avec avantage. Toutefois l'industrie de la chaussure a conservé une: certaine importance dans la ville de Bordeaux. .Les ouvriers sont au. nombre de 4,000. Dans ce nombre, lés femmes entrent pour un cinquième. La plupart des ouvriers sont occupés à leurs pièces et gagnent de 4 à 6 fr. par jour; mais beaucoup d'ouvriers ne travaillent que quatre jours par semaine. Il existe à Bordeaux 450 magasins de chaussures, mais ce nombre tend à diminuer parce que les petits cordon- niers, qui n'occupent que 2 ou 3 ouvrierst•;ne peuvent. produire au même prix que les grandes fabriques établies à Bordeaux depuis quelques années. Ces grandes fabri- ques sont au nombre de 6, occupent environ 300 ouvriers et produisent pour 800,000 à 2,000,000 fr, de chaussures. Trois d'entre elles expédient outre-mer pour une valeur do 200,000 de fr. environ. Les expéditions sont faites surtout aux maisons des colonies qui ont à Bordeaux leur maison-mère, La. Plata et les autres colonies "des mers du Sud, qui s'approvisionnaient autrefois à Bor- deaux, font venir de France les cuirs préparés, fabriquent la chaussure ordinaire et ne reçoivent, nomme' article de Paris, que la pacotille ou les articles de luxe. Deux autres maisons expédient dans l'intérieur de la France et surtout à Paris pour 300,000 fr. de chaussures. Environ la moitié des produits de ces grands ateliers est consommée dans la Gironde, Les matières premières viennent des tanneries de Bordeaux, pour les veaux; de Chàteau-Renault et de

ESPADRILLES, CHEMISERIE. 403 Tours, pour les cuirs à semelle. Les peaux de chèvres viennent principalement de Marseille, quoique Bordeaux en prépare un certain nombre et dans d'assez bonnes conditions. La peausserie fine vient de Paris. ESPADRILLES (fabrique d!). _.. Ge produit, qui nous arri- vait autrefois de la frontière espagnole sous .une forme grossière, est devenu depuis quelques années, dans notre ville, l'objet d'une fabrication importante so prêtant 'à toutes les fantaisies de l'originalité, do l'élégance et du bon goût. • . Une seule maison. exploite cet article, mais cette maison est déjà un grand . centre industriel, Elle occupe dans ses ateliers 420 ouvriers (en grande partie des femmes) et dans. les maisons de détention 220 prisonniers; elle donne en outre du travail en ville et à la campagne à près de 600 brodeuses. L'importance de ses affaires, qui va tous les jours en croissant, a atteint, en 4874, la somme de 400,000 fr. Les matières premières servant à faire les semelles viennent des entrepôts d'Angleterre, Les trois quarts des produits de cette industrie trouvent leur écoulement en France, un quart est exporté dans lm pays d'outre-mer. CHEMISERIE. La confection des chemises, gilets de flanelle, etc., n'a pris le. caractère d'une véritable industrie dans notre ville que depuis vingt-cinq ans environ; jusque-là Ces parties du vêtement étaient faites sur commande par des ouvriers qui travaillaient à la façôn, en chambre ou dans de petits magasins. Les moyens mécaniques appliqués à la couture ont déterminé la fabrication de oes produits sur une grande échelle et créé ainsi une branche spéciale et distincte de l'industrie du vêtement.. 401 INDUSTIt1R DU V$TRMENT, Il existe aujourd'hui à Bordeaux 12 maisons principales et quelques maisons secondaires qui font ce genre d'arti- cles, dont l'importance. atteint un chiffre annuel de 2,000,000 fr. Les trois quarts de ces produits trouvent leur écoule- ment dans le département do la Gironde et dans les départements limitrophes. Le reste, soit environ pour un chiffré de 500,000 fr., est dirigé vers les pays d'outre- mer. En temps ordinaire, le nombre des ouvriers occupés à la confection des chemises est de 1,000; il s'élève à 1,200 dans les moments de presse; il a été plus grand encore en 1870; leur salaire varie entre 1 fr. 50 c. et 1 fr. 75 c. par jour. Il faut ajouter 40 coupeurs travaillant . toute l'année et payés en moyenne de 5 fr. 50 c. à 6 fr. pur jour. Les machines et les moyens mécaniques entrent environ pour les deux tiers dans l'ensemble du travail. Les matières premières nécessaires à cette industrie proviennent : Les cotons, de l'Alsace et de Rouen; Les tissus de fil, de Lille, Cambrai, Chollet et de la Belgique; La flanelle, de Reims, do Mazamet et de Castres. VÊTEMENTS CONFECTIONNÉS. - L'industrie des vêêtements confectionnés a pris une réelle importance à Bordeaux depuis une trentaine. d'années. Jusqu'alors il n'y avait eu que des tailleurs sur mesure, dont la clientèle était circonscrite aux habitants de la ville. Quelques petits ,confectionneurs ou fripiers préparaient 'à l'avance des vêtements grossiers qui étaient vendus aux habitants de la campagne, surtout à l'époque des foires. . Mais en 1842, la maison connue sous le nom des Cent mille Paletots donna à cette industrie des vêtements -CHAPELLERIE DE FEUTRE OU DE SOIE. 405 confectionnés une grande impulsion, A côté d'elle, sont venues se grouper 4 maisons de premier ordre, et 5 ou 6 moins importantes, vendant ensemble dans une année moyenne pour 2,250,000 fr. de vêtements confectionnés. Ces maisons occupent pendant toute l'année de 250 à 800 employés et ouvriers. Le nombre de ces derniers augmente d'un tiers à l'époque du printemps et de l'automne. Les moyens inécaniques entrent environ .pour un tiers dans l'ensemble du travail. L'écoulement de ces produits a lieu principalement dans l'intérieur. L'exportation pour les pays lointains et les colonies, qui avait il y a quelques années une certaine importance, se trouve considérablement réduite par suite de la concur- rence de l'industrie parisienne. CHAPELLERIE DE FEUTRE OU DE SOIE. — Cette industrie comptait à Bordeaux, avant 4789, 46 fabriques, dont le produit brut était évalué à 120,000 fr. Elle prit, de 4880 à 1848, un développement considé- rable. Le nombre de ses ouvriers s'élevait vers 1848 à 1,200, et la valeur de ses produits dépassait 4,000,000 fr. Une partie de ces chapeaux étaient expédiés dans l'Amé- rique du. Sud et les colonies espagnoles. Depuis une vingtaine d'années, les exigences des ouvriers chapeliers, l'état permanent de grève dans lequel ils se sont placés au moyen d'une vaste association, la hausse de la main-d'oeuvre qui en a été la consé- quence, toutes ces circonstances ont exercé une influence fâcheuse sur l'industrie bordelaise, qui n'a pu lutter avec la Belgique et l'Allemagne pour les produits communs, et qui a ainsi perdu peu à peu tous ses débouchés des colonies. 406 INDUSTRIE DU Vri'l'EMENT. Réduite A la consommation locale et aux produits d'une qualité supérieure , cette industrie a promptement décliné. Elle n'est plus représentée dans notre ville que par"3 maisons de quelque importance et plusieurs mai- sons secondaires, faisant un chiffre d'affaires de 600 à 800,000 fr. et occupant environ 200 ouvriers et une cinquantaine d'ouvrières. CHAPEAUX DE PAILLE (fabrication des);—Cette industrie, presque inconnue A Bordeaux avant 1858, a pris depuis cette époque une certaine importance, par la création de la maison J. Giraudeau et C'e. Cet établissement modèle, muni de machines perfectionnées, fabrique A lui seul plus que tous les autres ateliers de Bordeaux réunis. Il a son centre à Bordeaux et deux ateliers A La Brède et A Barsac; il occupe 70 ouvrières pour la couturé des cha- peaux. Les autres maisons de Bordeaux sont presque toutes fondées par des Italiens, fabriquant moins de chapeaux qu'ils n'en reçoivent tout cousus prêts A mettre en forme. En somme, cette industrie occupe dans la Gironde au moins 50 hommes et 150 femmes, et met en vente pour 000 à 700,000 fr. de chapeaux de paille de différents genres, rivalisant pour la qualité comme pour l'élégance avec ceux des fabriques les plus renommées.. lin tiers environ de ces chapeaux est exporté dans les colonies françaises, aux Antilles, dans l'Amérique du Sud, en

Orient et dans l'Inde; les deux autres tiers sont vendus A Bordeaux et dans les principales villes de France. Les matières premières, le plus sorivent tissées, nous arrivent de l'Angleterre, de la Belgique, de la Suisse, de l'Italie, de l'Amérique et de l'Inde. PARAPLUIES (fabrication des). — Cette fabrication était presque nulle à Bordeaux et dans les départements voisins PARAPLUIES. 407 avant 1815, époque vers laquelle M. J.-P. Noyer fonda une maison de gros qui occupa d'abord 20 d 30 personnes. En 1852, M. J. Saulière succéda à. M. Noyer et donna à sa maison un développement considérable. Il en a fait une véritable manufacture. Elle emploie environ 300 ouvriers ou ouvrières presque tous occupés à leurs pièces et gagnant, les hommes, de à 5 fr. et les femmes de 1 fr. 50 à 3 fr. Plus de 400,000 articles sont annuellement fabriqués par la maison J. Saulière, qui les expédie sur tous les points de la France et à l'étranger, surtout en Espagne et en Portugal. La Gironde possède, en outre, une maison de gros occupant environ 100 ouvriers ou ouvrières, et une centaine de maisons de détail faisant fabriquer pour leur compte et occupant ensemble au moins 300 ouvrières, La valeur totale des produits de cette industrie atteint, année moyenne, au moins 4,000,000 fr. On trouve en France la majeure partie des matières premières servant• à cette fabrication. Nos bois fournis- sent l'élément de la canne, nos usines métallurgiques les objets employés dans, la construction des montures, nos manufactures de Lyon ou de Rouen les tissus de soie, de coton qui font les couvertures des parapluies, ombrelles ou en-tous-tas. L'industrie parisienne fournit la plupart des cannes ou montures, Bordeaux ne tire de l'étranger que quelques joncs exotiques (façonnés en France) et quelques tissus anglais. 408 1NDUSTRIES MfiTAt.LUBGIQUES.

CHAPITRE VII

INDUSTRIES MÉTALLURGIQUES

Les industries métallurgiques, quoique peu importantes dans le département de la Gironde, peuvent être le sujet d'études d'un grand intérêt.

HAUTS-FOURNEAUX, AFFINERIES, MOULAGE, — Vers 1840, les hauts-fourneaux destinés à traiter les minerais de nos landes au moyen du combustible dont elles regorgent sur différents points , commençaient à prendre un grand développement; 5 hauts-fourneaux étaient en pleine acti- vité, 5 autres venaient d'être organisés et promettaient les bons résultats qu'ils ont donnés plus tard. Ces hauts= fourneaux et leurs forges occupaient en moyenne 250ouvriers ( I) et produisaient annuellement 2,250 tonnes.

(I) Ces dix forges : 10 Forgo dite du Brun ou de Luges, sur le ruisseau le-Brun, affluent do la Leyre 40 ouvriers. — de Béliet, sur le ruisseau de Saint-Magne ...., 22 80 -- do la Trave, commune d', sur le Ciron 48 40 — do Cazeneuve, commune de Pompéjac, sur le Ciron. 14 — 5" — de Castelnau•de-Mesme, sur un petit affluent du Ciron 87 8a — du Haut-Ciron, f: Castelnau•de-Mosme, ' 7 -- 7° — de Biganos, sur un affluent de fa Leyre 87 80 — de Beaulac, commune de Bernes, sur le Ciron 18 90 — du Pontet, commune do Béliet. 15 10^ — do Bacalan,A Bordeaux ti 80 — Total 258 ouvriers, Les cinq premières do ces forges, en pleine activité en 1889, produisaient annuellement : en fonte moulée, 800 tonnes A 230 fr., ci 200,000 fr. en fonte brute, 1,450 tonnes A 150 fr,, ci 217,000 Total.,. 2,250 tonnes valant 417,000 fr. Elles consommaient en minerai, castine et charbon de bols . 181,062 Produit not, non compris la main-d'oeuvre 255,988 fr.

HAUTS-FOURNEAUX, AFI'INERIES, MOULAGE. 109 Bordeaux possédait aussi plusieurs petites forges, et les ateliers de mécanique commençaient à s'y multiplier. Ces forges et hauts-fourneaux continuèrent à prospérer pendant quelques années : protégés par des droits de douane très élevés qui frappaient les fers étrangers, elles atteignirent. un chiffre de production beaucoup plus élevé que celui que nous venons de signaler pour 1840. En 1860, une ère commerciale nouvelle fut ouverte par les traités de coiumçrce que la France conclut avec diffé- rentspays étrangers; elle débuta par une crise très forte dans toute l'industrie métallurgique française. Cette crise concorda avec l'épuisement de la mince couche de minerai de fer de nos landes. Il en résulta que la plupart des usines de notre région tombèrent les unes après les autres, toutes les fois qu'un industriel habile et riche ne se présenta pas pour lés agrandir, les transformer et les mettre à la hauteur des progrès considérables que cette .industrie avait faits à l'étranger. La chute de la plupart de nos forges et hauts-fourneaux, qui a paru à certaines personnes être un malheur résul- tant des traités de commerce et une des raisons pour les dénoncer,, nous permet de constater ici un des bienfaits de ces traités. D'un côté, ils ont abaissé le prix des mar- chandises pour les consommateurs, et d'un autre ils ont offert le succès à ceux qui ont su réunir les trois élé- ments essentiels de la bonne industrie capitaux, intelli-

Report...... 855,088 fr. Sept feux d'affinerie produisaient ensemble annuellement : fer en barre, 700 tonnes 8 45 fr., ci 815,000 fr. et consommaient : 1,050 tonnes de fonte brute 815 fr., ci 157,500 fr.) 587,500 fr. et 1,750 tonnes do charbon do bois. 70,000 87,500 fr. 57,500 Total du produit not, non compris la main-d'oeuvre... 848,488 fr. 10 INDUSTRIES AlETALLUaGIQUBS. gence et activité, tandis qu'ils ont offert la ruine à ceux qui sont restés dans les sentiers de la routine. La preuve de ce que nous avançons se trouve dans le sucoès et la prospérité des forges et hauts-fourneaux qui ont été organisés sur une grande •échelle et selon tous les procédés nouveaux., tels que le sont les usines de Beaulac et de Labouheyre; cette prouve se trouve aussi dans la production de la fonte qui, pour les usines de la Gironde, s'est élevée, en 1874, alors que 2 ou 3 usines seulement fonctionnaient, à 10,500 tonnes de O re ou

2° fusion, c'est-h-dire A un chiffre trois fois plus fort que celui de 1840, époque, à laquelle la Gironde possédait 40 usines en activité. La valeur de ces produits est d'au moins 3,000,000 de francs. L'opinion qui précède est encore confirmée par ce fait : sur Ies cinq usines qui existent dans la Gironde, deux fonctionnent aujourd'hui (1875), et la plus prospère est celle qui est la plus considérable et la mieux outillée, nous voulons parler de celle de Beaulac ( 1). - L'autre usine en activité est celle de Pont-Nau, à Biganos, qui fait surtout de la fonte de 1 n fusion avec • des minerais venant d'Espagne ou du Périgord. Elle occupe de 12 à 15 ouvriers, produit par 24 heures envi- ron 2,500,000 kilog. de fonte destinés en grande partie à l'Ltat, Les 3 autres hauts-fourneaux sont ceux du Brun, à

(1) L'usine de Beaulae est située sur les bords de la petite rivière le, Ciron, près de la route nationale de Bordeaux en Espagne, k 7 lift. dè la gare du chemin de fer de Basas, oh elle reçoit les minerais d'Espagne pres- que directement. Elle offre 9 immenses hauts•fourneaux,' 4 feux d'affinerie, 9 cubilots, 9 moteurs hydrauliques puissants dont un dessert une magnifique machin soufflante; enfin une machine à vapeur faisant mouvoir 9 marteaux pilons et divers outils. Les deux hauts-fourneaux ont une production moyenne do 7 tonnes par joui', et ses deux cubilots, servant à la 2' fusion, peuvent produire 90 tonnes do fer par jour. FONDERIES DE CUIVRE, ZINC, ÊL UN ET BRONZE. ; 41 Luges; de Bacalan, à Bordeaux, et de La Trave, à Uzeste, L'état de chômage dans lequel ils se trouvent, les uns depuis un an, les autres depuis plus longtemps, peut Atre l'effet de causes différentes, mais la principale est, à coup sûr, leur situation défavorable au point de vue des approvisionnements en minerai ou en combustible; c'est aussi souvent l'insuffisance des capitaux. FONDERIES DE CUIVRE, ZINC, ItTAIN ET BRONZE. -- Il y a trente ans, il'n'existait dans le département que 2 fonde- ries de cuivre et de bronze. Aujourd'hui, cette industrie a_ pris un grand développement depuis l'établissement des chemins de fer et de nombreuses usines où les machines tiennent une large place. On peut la diviser en deux branches : 4° Fonderies pour l'industrie et cloches. On en compte 40 dans le département, dont 8 à Bordeaux. Ces usines fondent des cuivres ou bronzes bruts ou ouvrés pour la mécanique, pour la robineterie pour l'eau et le gaz, enfin pour les objets d'art. Parmi ces fonderies, on en remarque une très impor- tante, d'où sortent de grosses pièces en bronze pour constructions navales, des canons et de nombreuses pièces de tous genres, destinées aux ateliers de chemins de fer du sud,oust de la France. Nos 10 ateliers de fonderie pour l'industrie occupent ensemble environ 450 ouvriers payés de 4 à 6 fr. par jour, et 15 apprentis. Ils emploient de 450 à 500,000 kit. de métaux divers dans une année ordinaire. Les matières premières qu'ils consomment sont : des cuivres du Chili en lingots, de vieilles mitrailles de cuivre, des étains de Bancs (Malacca) et des Détroits (îles de la Sonde) et du zinc de Silésie. Les vieilles mitrailles et les vieux doublages do navires 412 INDUSTRIES MÉTALLURGIQUES. sont réservés pour los travaux ordinaires et forment plus de la moitié des matières premières employées. Les deux tiers des produits de cette industrie, dont la valeur atteint annuellement environ 4,600,000 fr., sont consommés dans le département; l'autre tiers est expédié dans les départements voisins. Une partie notable des produits de nos ateliers de fonderie consiste dans les robinets et pompes pour les vins, et dans les appareils destinés aux Usines sucrières des colonies. Cette industrie grandit tous les jours par l'augmenta- tion de ses rapports avec les départements voisins, mais son essor sera toujours en grande partie subordonné au développement des grandes usines dans notre dépar- tement. La fabrication des cloches rentre dans cette branche de la fonderie de cuivre; elle est divisée elle-même en deux catégories : La première s'occupe exclusivement des grandes clo- ches; le deuxième, des petites cloches. La fonderie des grandes cloches sè fait dans 2 ateliers importants : un à Saint-Émilion, et l'autre à Bordeaux. Ce dernier a été fondé en 4810, par M. Deyres père. Les procédés imaginés par M. Deyres permettent d'obtenir, à un huitième de ton prés, le ton exact voulu sans alesage, opération usitée ailleurs et détériorant toujours un peu la qualité du son. Les matières premières employées dans ces fonderies sont : les vieux cuivres de chaudronnerie et les étains importés d'Angleterre ou des Détroits. Les cloches de ces usines sont expédiées en qu'entités notables dans les départements limitrophes et aux colonies. ATELIERS DE MÉCANIQUE ET CONSTRUCTION DR MACHINES. 113 Cinq fondeurs en cuivre fabriquent à Bordeaux les petites cloches pour navires, écoles, gares, etc. 2° Fonderies pour lamarine. Elles comprennent un atelier fondé à Bordeaux en 4885, et deux autres ateliers moins importants occupant ensemble 15 ouvriers payés à la journée, en moyenne de 4 fr. à 4 fr. 50 par jour. Les pro- duits principaux de ces fonderies sont les clous, chevilles, ferrures de gouvernail et cloches; ils sont consommés en majeure partie dans le département; cependant plus d'un tiers est expédié dans les principaux ports de France, d'où ils vont quelquefois à l'étranger. Lis produits fabriqués dans ces ateliers, dans une année ordinaire, atteignent de 450 à 200,000 kilog., d'une valeur moyenne de 200 fr. les 100 kilog. ATELIERS DE MÉCANIQUE ET CONSTRUCTION DE MACHINES.-- Depuis quarante ans environ on construit à Bordeaux des machines à vapeur. L'une des maisons qui entreprirent ce genre de travaux le plus tôt et sur la plus grande échelle fut celle de MM. Maldant et C' e, connue sous le nom d'Ateliers bordelais. Ce vaste et bel établissement, quoique très bien installé, n'a pas réussi, au point de vue financier, ce qui peut s'expliquer dans une contrée où,le commerce des produits du sol absorbe l'activité de presque toute la population. Après avoir passé dans les mains de MM. Arman et C'°, ces ateliers sont arrivés depuis- peu dans celles de M. Delallante et paraissent donner de bons résultats pour la construction des machines et celle du matériel des chemins de fer. Bordeaux possède actuellement 4 grands ateliers de mécanique (1) et 8 ateliers secondaires; Libourne possède

( I ) Ces 4 grands ateliers sont, par ordre d'ancienneté : 4• les ateliers Cousin et lils frères ; 2^ les ateliers Dietz, fondés en 1840 ; 3° les chantiers et ateliers de Bacalan (anciens Ateliers bordelais); 4 . los ateliers Darriet, fondes en 8 114 INDUSTRIES MI TALLURGIQUES. aussi 8 ateliers peu importants. Ces ateliers occupent en moyenne 500 ouvriers payés, selon leur habileté, de 4 à 6 fr. par jour. Les 8 ateliers secondaires, au nombre desquels il y a lieu de comprendre les ateliers de la Compagnie des Messageries maritimes; font surtout les réparations. . Los produits fabriqués dans ces ateliers dans une année ordinaire peuvent atteindre 1,500,000 fr., non compris la valeur des réparations. Les fers et tôles qu'ils emploient viennent en grande partie des usines de. la Loire, du Creusot et de Decazeville; cependant quelques usines du Nord, bénéficiant des transports par eau, envoient aussi leurs fers à Bordeaux. Les houilles viennent presque toutes d'Angleterre. De tous les ateliers de constructions et réparations de la ville, les plus importants sont ceux de la Compagnie des chemins de fer du Midi. Nous croyons done utile de donner ici, sur les conditions actuelles du travail dans ces ateliers, quelques détails que nous devons I'obligeance de l'Ingénieur on chef du matériel et de la traction de la Compagnie. Les ateliers de la Compagnie des chemins de fer du Midi à Bordeaux comprennent deux sections, qui sont relatives à deux industries différentes : L'atelier des Machines établi pour la réparation ou la construction des machines, tenders et appareils à vapeur en général, occupant ainsi les ouvriers qui travaillent spécialement le fer;

9880. Ces derniers ont construit en 1870-71 des canons de 7 Reffye se chargeant par la culasse. Les ateliers de Bacalan, ceux de MM. Cousin, Mets et Darriet confectionnent en outre des machines à vapeur, tout le matériel mécanique nécessaire aux scieries, moulins à eau et •A vapeur, huileries, corderies, etc.; la maison Darriet fait spécialement les machines à vapeur locomobiles.. ATELIERS DE 1II`lCANIQUE ET CONSTRUCTION DE MACIIINES. 415 L'atelier de carrosserie destiné à la réparation et dt la construction des voitures à voyageurs et wagons à mar- chandises, réunissant les ouvriers qui travaillent le bois, les selliers, les peintres, etc., etc. L'atelier des machines n'exécute guère que des travaux de réparation, son outillage n'étant pas suffisant pour lui permettre d'entreprendre des travaux neufs importants, tout en assurant l'entretien du matériel. Le montant des travaux neufs ne dépasse guère annuel- lement 400,000 fr., tandis que les travaux de réparation effectués en 1874 ont atteint un chiffre rond de 4,650,000 fr. L'atelier de carrosserie, au contraire, construit une notable partie du matériel roulant neuf nécessité par l'augmentation du trafic. La valeur des travaux de pre- mier établissement faits annuellement par cet atelier peut varier de 200,000 à 600,000 fr. Les travaux de répa- rations se sont élevés en 4874 au chiffre de 750,000 fr. Quatre à cinq cents ouvriers, selon les besoins, sont occupés à l'atelier des machines; ce chiffre comprend 90 0/0 d'ouvriers proprement dits et '10 0/0 d'apprentis. La carrosserie occupe de 250 à 300 ouvriers, parmi lesquels on compte seulement 3 0/0 d'apprentis; aucune femme n'est admise à travailler dans les ateliers. Sur les 701 ouvriers qu'occupent en ce moment los ateliers de Bordeaux : 43 0/0 ont plus de 15 ans de service; 45 0/0 ont plus de 10 ans et moins de 15 ; 14 0/0 ont plus de 5 ans et moins de 10.

TOTAL 42 0/0 La Compagnie a créé plusieurs institutions pour amé- liorer la situation de son personnel. 110 INDUSTRIES IIETALLUIICIQUES. Les ouvriers des ateliers sont admis h y participer, A l'exclusion seulement des apprentis et des ouvriers entrés au service de la Compagnie après quarante ans (1).

(I) Ces institutions de bienfaisance sont au nombre de quatre :

5° LA CAISSE DE PRÉVOYANCE, Elle est alimentée par une retenue de 2 0/0 sur les salaires et un don do la Compagnie égal à la somme des retenues; moyennant cette retenue, l'ouvrier a droit: 1° Aux soins médicaux gratuits pour lui et sa famille ; 2* A l'usage gratuit des médicaments pour lui et sa famille ; 36 A la moitié de son salaire pendant les trois premiers mois de la maladie ; 46 A un secours renouvelable s'il n'est pas guéri après les trois premiers mois. Lorsqu'un ouvrier vient à mourir, la caisse pourvoit en outre aux frais d'inhumation et sort à la veuve ou aux enfants mineurs une pension calculée d'après une certaine règle sur le salaire et les années de service du défunt. Quelques essais ont été tentés par les ouvriers, afin d'améliorer la situation do l'ouvrier malade qui ne reçoit plus que la moitié de son salaire ordinaire au moment où par la maladie ses dépenses augmentent. Il s'est formé ainsi quelques groupes de quarante sociétaires, prenant l'engagement de verser chacun 0 fr. o5 e. par jour é tout sociétaire malade. La cotisation est nulle lorsqu'il n'y a pas de malades. La Société n'a jamais d'argent en caisse, elle verse immédiatement aux malades le montant de ses recettes; .plusieurs associations de ce genre fonc- tionnent depuis quelque temps dans nos ateliers, elles tendent à se déve- lopper. 20 LA CIRCULATION A PRIX REDOIT. Sur tout le réseau du Midi, une remise de 8/4 de place est accordée non- seulement aux ouvriers, mais encore à leur femme, enfants mineurs, père et mère. 30 Les MAGASINS ANNEXES DE L'ECONOYAT. Ils comprennent:' Un réfectoire; Un magasin de comestibles; Un magasin d'habillement. Ces divers établissements livrent aux ouvriers à prix de revient; et, pour apprécier l'utilité qu'ils présentent, il suffit do citer Ies chiffres de vente de chacun d'eux: En 1874 le total des ventes a été pour le Réfectoire 57,906 fr. Vestiaire 450,158 Magasin de comestibles 710,672 11 est bon d'ajouter que ces chiffres grandissent chaque année. Ils sont ATELIERS DE lu%CANIQUE ET CONSTRUCTION DE AiACUINES. (7 Le taux nominal des salaires est actuellement de :

3 fr. 27 c, à l'atelier des machines; 3 Fr. 50 c. à la carrosserie. Le salaire nominal n'a pas très sensiblement augmenté pendant ces dernières années, mais la Compagnie s'est efforcée de substituer le travail au marchandage au tra- vail en régie, et elle y est parvenue de telle sorte que le travail à la tache, qui n'était il y a quelques années que les 40 centièmes du travail total, dépasse aujourd'hui 75 0/0. Ces travaux à l'entreprise permettent aux ouvriers d'augmenter en moyenne de 32 p. 0/0 le taux nominal de leur journée. Aussi le salaire effectif payé est en moyenne de 4 fr. 44 c. pour l'atelier des machines; 4 fr. 47 c. pour la carrosserie.

L'instruction est peu avancée parmi les ouvriers de la Compagnie et ne s'élève guère au-dessus des éléments de lecture, d'écriture et de calcul (I).

relatifs aux ventes effectuées à tous les agents de la Compagnie et non pas aux ouvriers seulement. -

4' LES CLASSES D'ADULTES. • Des classes gratuites de lecture, d'écriture et de calcul, ont été créées pour les agents et ouvriers de la Compagnie; elles ont lieu lo soir, quatre fois par semaine. (1) Le tableau ci-dessous indique pour chaque profession le nombre des illettrés.

i3 8e I^ ^ 1 i 5 e jS a h^Y ^

0 a/o 4 0% 7 °/0 11 6/0 12 ^/e 14 0/0 24 %28^/o 89 0/0 418 INDUSTRIES HATALLURCIQUES.

CHAUDRONNERIE. — Le développement de cette industrie remonte à 1835 , au début de la construction des bateaux à vapeur. Aujourd'hui, Bordeaux possède 4 grands ateliers de chaudronnerie occupant ensemble près de 500 ouvriers, et 6 ateliers secondaires occu- pant ensemble environ 40 ouvriers, employés à la journée et payés de 2 fr. 50 à 6 fr. par jour. Nous lais- sons de côté 10 petits ateliers fabriquant ou réparant les objets de ménage ou la petite chaudronnerie, et occupant 4 ou 2 ouvriers chacun. Les grands ateliers de Bordeaux fabriquent principale- ment des chaudières pour machines à vapeur, toutes sortes d'appareils à distillation, des pompes et des machines hydrauliques de tous genres. Les chaudières pour machines à vapeur sont faites à Bordeaux avec beaucoup de soins et jouissent d'une réputation méritée. La valeur des produits de cette industrie dans le département peut étro évaluée à '1,200,000 fr. pour une année moyenne. Presque tous les fers et les cuivres employés par cette industrie à Bordeaux viennent des usines françaises; les objets qu'elle fabrique sont destinés pour un tiers à

Dans l'atelier des machines la moyenne générale des illettrés est de 21 0/0, A la carrosserie elle n'est que de 11 0/0. En groupant los ouvriers par Age, on trouve pour l'ensemble Illettrés au-dessous de 20 ans 7 p. 1,000 De 80 d 30 — 85 p. 1,000 De 80 A 40 — 60 p. 1,000 De 40 ans et au-dessus 86 p. 1,000 Ces chiffres montrent que le niveau général de l'instruction des entiers de la Compagnie tend A s'élever, ce qui d'ailleurs ne peut manquer do se produire, la Compagnie faisant observer dans ses ateliers la loi du 19 mai 1874 sur le travail des enfants. 11 est A remarquer toutefois qu'un très petit nombre d'enfants continuent après leur entrée aux ateliers A fréquenter les écoles du soir et que la plupart ont grand'peine A ne pas oublier en grandis- sant le peu qu'ils ont appris dans leur enfance. POTERIES EN FONTE, PLOMB, MACHINES AGRICOLES, 419 l'Amérique du Sud ou aux colonies françaises, et pour les deux tiers aux usines de la Gironde ou à celles des départements voisins. POTERIES EN FONTE. — Notre département ne possède qu'une usine de ce genre. Elle est située à Beliet (canton do Belin), près de la petite rivière la Leyre. PLOMB. — Bordeaux possède 2 ateliers s'occupant de la fabrication du plomb de chasse et une usine impor- tante rue dti }blutoir, où sont fabriqués sur une grande échelle les tuyaux de plomb, les plombs laminés, le minium et la céruse. Cette industrie a pris, depuis dix ans, un grand développement et a joint à la fabrication des produits ci-dessus celle du blanc de zinc. — Les deux .ateliers où l'on fabrique le plomb de chasse occupent 20 à 25 ouvriers. L'un d'eux possède un moteur à vapeur. Ces deux ateliers fabriquent annuellement et en moyenne 700,000 kilog, de plomb de chasse de 16 numé- ros différents et du prix moyen de 60 fr. les 100 kilog. Ils sont consommés pour les deux tiers au moins dans la Gironde et les départements voisins, et pour un tiers dans les colonies françaises et dans l'Amérique du Sud. MACHINES ET OUTILS AGRICOLES. — Cotte fabrication, qui de tous temps a été faite par de petits industriels suivant les vieux modèles et la routine, a pris un certain déve- loppement, au point de vue des outils perfectionnés, dans la maison Bouilly, créée en 4779; plus tard, les maisons Baillé, à Bordeaux, et Fol, à Cadillac, contri- buèrent beaucoup au progrès de l'agriculture par les heureuses dispositions et les prix modérés des outils ou machines qu'ils faisaient construire sur leurs plans et qu'ils expédiaient en grande quantité aux colonies et dans los départements voisins. Aujourd'hui cette industrie est exploitée, au point de 1 O INDUSTRIES MI TA1.1.URCIQUES. vue de la fabrication des charrues et autres outils Ies plus usuels, par une foule de petits forgerons taillandiers que l'on trouve dans presque tous les bourgs. Au point de vue de la fabrication des machines et outils plus importants et plus compliqués, Bordeaux possède 3 ateliers montés en grand et produisant des instruments agricoles très estimés. Ces ateliers occupent environ 40 ouvriers, dont le salaire moyen est , de 4 fr. par jour. L'exportation, moins importante qu'autrefois, forme cependant l'alimentation d'une partie de ces ateliers. D'un autre côté, plusieurs machines, qui sont la spé- cialité d'usines étrangères au département, nous arrivent toutes faites. En somme, cette industrie peut suffire largement à la consommation locale et pourrait, avec les ateliers que possèdent Bordeaux et ses environs, voir ses exportations prendre un grand développement. AUTRES INDUSTRIES MÉTALLURGIQUES. - Outre les indus- tries énumérées plus haut, on pourrait citer encore : Environ 50 ateliers de grosse serrurerie on de mécani- que, qui occupent jusqu'à 20 ouvriers chacun et quelques- uns même beaucoup plus, de petits ateliers de serrurier, d'horloger ou de forgeron, qu'on pourrait compter par centaines et qui n'entrent pas dans le cadre de nos recherches; enfin, 3 ateliers principaux pour la cons- truction des coffres-forts, balances, etc.

CARRIÈRES. I9I

CHAPITRE VIII

INDUSTRIES SE RATTACHANT A L'ARCHITECTURE

ET AUX TRAVAUX PUBLICS.

CARRIÈRES. •-- Les principaux groupes des carrières du département de la Gironde sont : 1° Les carrières dites de La Roque, qui s'étendent depuis Villeneuve, sur les bords de la Gironde, jusqu'à Bourg. Elles donnent des pierres moyennement dures et de bonne qualité. Ces carrières très anciennes, très profondes et en partie épuisées, ont fourni autrefois de grandes quantités de moellons pour les travaux de la Garonne et de la Pointe de Graves. 2° Les carrières de Bourg, s'étendant de Bourg à Cubzae, soit en suivant à peu près les bords de la Dordogne, soit sur les plateaux qui se trouvent au nord de cette ligne, et notamment dans les communes de Marcamps, Saint- Laurent et Saint-Gervais. Dans ce groupe figurent les immenses carrières de la Lustre, exploitées par trois étages superposés, dont le premier remonte aux temps les plus reculés. Plus dure que celle des groupes précédents, la pierre de Bourg peut être extraite en blocs d'une assez grande dimension et s'emploie pour les constructions soignées. S° Les carrières du Fronsadais, qui s'étendent de Lugon à Fronsac, et comprennent les groupes impor- tants de et Saint-Germain-la-Rivière. La pierre y est d'un grain très fin et très blanc qui permet de l'uti- liser pour l'architecture. 4° Les groupes de Saint-Émilion,. Saint-Laurent et bissac •l 2 INDUSTRIES SR RATTACHANT A L'ARCHITECTURE. qui donnent des pierres de belle apparence, mais de qualité assez médiocre, à l'extrémité nord de ce canton. La ville marte de Saint-Émilion en fournit d'assez bonnes, et c'est dans l'une clos carrières sur lesquelles elle est bittie que se trouve la fameuse église souterraine visitée par les étrangers. 5° Les carrières de l'Entre-deux-Mers qui se divisent en deux parties : la première, du côté de la Dordogne, donnant une pierre de bonne qualité, de grain assez fin, analogue à celle de Bourg. Les principaux centres d'exploitation sont , Saint-Germain-du-Puch, , et Pujols; la seconde, au sud, du côté de la Garonne, fournissant : 1° la pierre tendre de La Tresne, Cénac, Camblannes, Gambes et Langoiran, analogue à celle de . Saint-Germain et Villegouge comme consistance, mais moins blanche; 2° la pierre dure de Rauzan, Frontenac, Saint-Macaire et (t). Enfin sur la rive gauche de la Garonne ou de la Gironde on trouve quelques groupes de carrières sans grande importance dans les cantons de Langon, Podensac, Pauillac et Lesparre. Les carrières de Saint-Pey-de-Langon fournissent depuis près de dix ans de grandes quantités de pierre analogue à celle de Saint-Macaire. Toutes ces carrières se trouvent comprises dans les couches inférieures du terrain tertiaire. Au point de vue commercial, les pierres se divisent en trois catégories bien nettement tranchées : . I. Les pierres tendres qui se débitent et se vendent en doublerons, pour parpaings et demi-parpaings; ces dou-

(1) Los pierres dures de Saint-Macaire et Verdelais offrent plus do réais- tance que celles do nanan et Frontenac, qui, en revanche, ont le grain plus tin ; aussi les premières sont-elles recherchées pour les grands édifices, et les deuxièmes pour les constructions moins importantes où l'on vise A l'élégance. CARRIÈRES. 123 blerons mesurent généralement: pour les pierres de Villegouge et analogues, 60 c. X 80 X 30; pour les pierres de Bourg ou analogues, 66 c. X 33 X 33. On donne à ces pierres des dimensions très variables; pierre 4/4, pierre 1/2 et pierre de 2; ces dimensions se trou- vent en longueur, largeur ou en carré; elles se vendent en moyenne 140 fr. le cent. Il. Les pierres dures qui se débitent : 1° en double- rons (dimension de Bourg), vendues au mètre cube, au prix de 45 fr. le mètre cube sur le marché de Bordeaux; 2° en marches de 40 c. sur 22 c. d'épaisseur, et I mètre de longueur, dont le prix est de 5 fr. le mètre linéaire; 8° en pierres plates de 1 m. de long, 33 c. de large et 18 c. d'épaisseur, valant 3 fr. 75 c. le mètre; 4° enfin en pierres d'appareil de dimensions variables, atteignant le prix de 55 à 75 fr. le mètre cube. III. Les moellons pour enrochements, maçonneries, fondations, provenant en général de pierres dures, et valant de . 5 è 6 fr. le mètre cube. On tire la plupart de ces moellons de Cérons, Podensac, Barsac et Touloupe, sur la rive gauche de le Garonne, de Béguey et de sur la rive droite. L'évaluation de la quantité de pierres extraites chaque année, ainsi que du nombre des carrières et des ouvriers qui y travaillent, est naturellement assez difficile à cause de la grande division des exploitations; on peut compter, cependant, qu'il existe dans le département de la Gironde environ un millier do carrières occupant 2,500 ouvriers et fournissant chaque année 450,000 mètres cubes de pierres de taille, et 200,000 mètres cubes de moellons; mais l'on doit considérer ces chiffres non seulement comme approximatifs, mais encore comme soumis d'une année à l'autre à (les fluctuations très grandes provenant 121 INDUSTRIES SE RATTACHANT A L'ARCHITECTURE, de la situation essentiellement variable de l'industrie du bâtiment. TUILERIES ET BRIQUETERIES. — On compte dans le département 290 établissements de ce genre; la plupart fabriquent la tuile, la brique, le carreau et font cuire de la chaux à l'occasion; tous nos cantons en possèdent au moins deux ou trois. Les centres principaux de fabrica- tion se trouvent dans les cantons de La Réole, de Podensac, de Pessac, de Fronsac, de Guitres et de Libourne (t). Ces usines emploient au moins 2,000 ouvriers occupés à cette industrie du commencement d'avril .à la fin .do septembre, période qui constitue une campagne. Ces ouvriers reçoivent par campagne de 350 à 550 fr. et la nourriture. Ces 2,000 ouvriers peuvent produire, dans une campagne ordinaire, 100,000,000 de briques, tuiles ou carreaux, dont la valeur moyenne peut être évaluée à 25 fr. le mille pour les tuiles ordinaires, à 45 fr. le mille pour les briques réfractaires et à 30 fr. le mille pour les tuiles. Ces usines sont ordinairement situées à côté des car- rières d'argile, qui sont toutes exploitées à ciel ouvert. Elles emploient comme combustible des bûches de pin et des fagots composés de branches de pin et de bruyères.

(') Le canton do La Réole réunit à lui seul 50 usines presque toutes situées sur los bords du »rot. Ces usines fabriquent principalement des tuiles creuses très estimées. Dans le canton de Podensac on produit surtout des briques. et Preignac sont les centres principaux; dans cette dernière commune se trouve une usine importante dont les produits sont fort recherchés. Dans le canton de Pessac, on trouve, à et à Canéjan, deux usines importantes produisant des briques réfractaires do la plus grande résistance et des pavés céramiques employés depuis quelques années pour la construction de tous les trottoirs de Bordeaux. Ces usines emploient la vapeur comme moteur. CHAUX HYDRAULIQUE, CIMENT. 125 Les constructions que l'on fait dans le département absorbent près des neuf dixièmes des produits de nos usines. Le dixième qui est exporté dans les colonies ou en Espagne est ordinairement composé des meilleurs produits. CHAUX HYDRAULIQUE (fabrique de). — On commença l'exploitation de la chaux hydraulique dans la Gironde à l'occasion du quai vertical.de Bordeaux; elle a été pour- suivie avec succès, les ingénieurs et les architectes l'em- ployant tous les jours davantage. jl n'existe actuellement qu'une seule usine à chaux hydraulique dans la Gironde; elle est située à Plassac, près Blaye; elle occupe, en temps ordinaire, 45 ouvriers. Ces ouvriers sont employés : les uns, à la tache; les autres, à la journée; les premiers peuvent gagner jusqu'à 5 fr. par jour, les seconds sont payés 3 fr. et 3 fr. 50. Les matières premières proviennent des carrières de Sainte-Luce et de Blaye. Les produits, dont la valeur annuelle moyenne est de 150,000 fr., sont consommés dans notre département et en Saintonge; on en expédie aussi en Nouvelle-Calédonie. Arcachon en emploie beau- coup pour la culture des huîtres. Le département en consomme environ les sept dixièmes. La chaux ordinaire est fabriquée dans la plupart des tuileries du département. (Voir page 124.) CIMENT (Industrie du). -- L'emploi du ciment a com- mencé à se généraliser dans la Gironde vers 1850. De '1850 à 4860 on y employait annuellement de 600 à 700 tonnes de ciment pour divers usages, tels que bas- sins, tuyaux pour conduites d'eau, enduits des murs humides. Pendant cette période de dix ans, deux fabri- ques de produits divers ont opéré sur un chiffre moyen do 200,000 fr. INDUSTRIES SE RATTACHANT A L'ARCHITECTURE. La découverte du ciment appelé Portland ou ciment à prise lente, généralisa l'emploi de cette matière qui, dès son début, nécessitait des ouvriers habiles . pour l'appli- quer. Le premier ,ciment romain durcissait au bout de 3 à 5 minutes, le ciment Portland ne durcit qu'au bout de '12, 24 et même .48 heures, et n'acquiert son durcis- sement définitif qu'au bout de 4 à 5 mois. Ce retard dans la prise a permis d'appliquer le ciment à la fabrication d'une grande quantité d'objets, tels que tuyaux pour conduites d'eau (comprimés au lieu d'être coulés), aque- ducs, égouts, balustres et balustrades, pierres factices avec moulures, etc. Aujourd'hui, Bordeaux possède 3 usines fournissant au département de la Gironde et aux départements voisins de nombreux produits très usités en agriculture et en horticulture. Elles occupent environ 50 ouvriers payés de 3 à 5 fr. par jour, selon la saison et l'habileté des ouvriers. La valeur des produits qui sortent de ces usines atteint annuellement. do 450 à 500,000 fr., y compris la vente des ciments, qui forme presque un quart de cette somme. Les matières premières proviennent presque toutes do Boulogne-sur-Mer et d'Angleterre. Depuis dix ans environ le Lot-et-Garonne fait aussi arriver à. Bordeaux divers ciments dont le prix est réduit et la qualité médiocre.

PLÂTRE (fabrication du). -- Bordeaux possède 5 usines pour la fabrication du plétre, dont 2 plus importa ntes que les .autres, situées à La Bastide. On trouve aussi à Libourne et à La Réole 2 usines d'une importance moyenne. Ces 7 usines occupent, en temps ordinaire, de 70 à 80 ouvriers presque tous payés à la journée; leur salaire • moyen est de 3 fr. par jour. SCIERIES MÉCANIQUES. 127 La valeur annuelle des plâtres fabriqués dans ces usines peut atteindre 500,000 fr., dans une année moyenne. Les matières premières servant à cette fabrication viennent des environs de Paris, surtout des Buttes- Montmartre. Bordeaux les reçoit par grands navires de 500 ù 000 tonneaux qui prennent leur chargement au Havre ou à Rouen. • Les produits fabriqués sont consommés dans la région du S.-0; Bordeaux en expédie aussi aux colonies, princi- palement en Nouvelle-Calédonie et à Buenos-Ayres. SCIERIES MÉCANIQUES. — Cette industrie n'a été intro- duite dans la Gironde que vers 1830; en 1840, il n'existait encore à Bordeaux que les établissements de MM. Espila et Déjean et de M. Bénazet, occupant 20 ouvriers, Depuis quelques années, cette industrie a pris un grand déve- loppement dans notre département, où l'on ne compte pas moins de 67 usines plus ou moins considérables, ayant pour moteurs des roues hydrauliques ou la vapeur et occupant environ 700 personnes (ouvriers ou manoeu- vres) dont le salaire moyen est de 4 fr. 50 par jouir. Ces usines produisent pour plus de 2,000,000 fr. de travail. Un grand nombre de scieries établies dans nos landes débitent presque exclusivement du bois de pin. Celles qui sont établies à Bordeaux refendent surtout des bois du Nord; on en compte 12, dont les 3 principales pose- dent près de 20 scies et diverses machines à raboter, bouveter, découper, etc., et fabriquent sur une grande échelle des parquets en bois du Nord ou en bois de chône (t).

(1) La fabrication des parquets en chdnn ou en sapin prend, depuis trois ans, une Importance croissante ; mais ce développement augmentera encor plus rapidement le jour où les Compagnies des chemins do fer du Midi et d'erlôans n'appliqueront plus à ces bois des tarifs souvent doubles de ceux des bois bruts. 128 INDUSTRIES Se RATTACHANT A L'ARCHITECTURE. La tonnellerie bénéficie beaucoup de cette industrie. Depuis 4857 de nombreuses scies à ruban sans fin spé- ciales pour les bois merrains ont été établies dans 37 usines de Bordeaux ou des environs par M. Mcioski, qui a été le premier: à entreprendre dans nos départe- ments le sciage des merrains à la mécanique. Les bois blancs travaillés dans les scieries de Bordeaux viennent presque tous de Suède, de Norwége, de Prusse ou do Russie (R). INJECTION DES BOIS. — Cette industrie nouvelle, due à un Bordelais, M. Boucherie, remonte tout au plus à quarante ans. Depuis cette époque, elle a pris un grand développement en France et à l'étranger. Bordeaux est la ville où M. Boucherie fit ses premières expériences dans l'établissement occupé aujourd'hui par M. Oxéda et fondé, en 1850, par M. Lecoy, premier con- cessionnaire des brevets de M. Boucherie, expirés en 1864. Depuis cette époque, plusieurs usines ont été fondées à Bordeaux; elles occupent aujourd'hui plus de 50 ouvriers dans la saison où les travaux sont en activité. Les produits principaux de ces usines sont : échalas et carrassons pour vignes; tuteurs pour arbres et piquets de toutes dimensions ; clôtures et portes en bois de pin injecté et fil de fer galvanisé; lattes A bouteilles et tins à barriques; caisses d'orangers, etc. CLOTURE RN TREILLAGE MICANIQUE. — Ces clôtures, de jour en jour plus usitées dans notre département, sont fabriquées soit avec des bois de pin injectés comme dans les établissements que nous venons de signaler, soit en bois de châtaignier comme dans l'usine Guz et C.

(') Le port de Bordeaux reçoit annuellement pour 10 A 11,000,000 de fr. de ces bois du Nord et les exporte dans les 15 ou 16 départements de la région du S.-0. BOIS DÉCOUPES. 429 Les cinq maisons qui fabriquent ces différents genres de clôture sont établies à Bordeaux, d'où elles expédient leurs produits dans tout le département de la Gironde et dans les départements voisins. Elles occupent un nombre d'ouvriers très variable. Bois nàcourAs. — Le développement de cette industrie remonte à vingt ans environ; une usine à vapeur et sept usines à manége occupent en moyenne 25 ouvriers et fabriquent peur environ 400,000 fr. de produits, expédiés en grande partie aux environs de Bordeaux et un peu dans les départements limitrophes. Ces bois découpés servent presque tous à la décoration des bâtiments cons- truits en forme de chalet.

Les industries so rattachant à la construction des bâtiments sont à Bordeaux, comme dans tous les grands centres, très nombreuses et très importantes. Nous nous sommes bornés à donner quelques détails sur celles qui produisent pour le dehors. Pour les autres, qui ne présen- tent aucun caractère particulier, nous indiquerons sim- plement le nombre des ouvriers qu'elles occupent en temps ordinaire, pour que nos lecteurs puissent se faire une idée de leur importance à Bordeaux.

Pntroux. Ourriera. Entrepreneurs de bâtisse 200 u Maçons et tailleurs de pierre n 1,300 Charpentiers 120 250 Couvreurs plombiers 85 100 Ferblantiers 125 160 Plâtriers 60 250 Fumistes 36 60 Menuisiers-ébénistes 240 700 Serruriers 220 4'20 Peintres 160 450 Oarroleurs 10 30 Scieurs do tong » 60

TOTA7. 1,255 3,770 0 130 INDUSTRIES DE L'AMEUBLEMENT. • La valeur totale des travaux exécutés par ces divers patrons ou ouvriers peut être évaluée h près do 12,000,000 fr.

CHAPITRE IX

• INDUSTRIES DE L'AIigEUDLE)yIENT

EDLNISTERIE ET TAPISSERIE. - La population bordelaise a beaucoup de goût pour le luxe ou le confortable des habitations; ce goût se révèle même dans les ménages les plus modestes, dont l'intérieur est orné de meubles élégants. Malgré cela, nous n'avons pu voir prospérer dans notre ville la fabrication des meubles, quoique des tentatives aient été faites par dés hommes actifs et intelligents pour fonder de grands ateliers. La cause principale de cet insuccès est la difiicmlté de réunir è Bordeaux, en nombre suffisant, des ouvriers habiles et actifs. Nous n'avons donc ia signaler Il Bordeaux qu'un petit nombre d'ateliers s'occupant do réparation ou de la fabrication de meubles commandés dans des conditions spéciales. Ajoutons que trois ou quatre de ces ateliers possèdent des ouvriers très habiles, une division du travail et des provisions de bois suffisantes pour faire dans d'excellentes conditions les meubles de luxe qu'on leur commande. Nous devons mentionner ici quo notre département possède, dans la ville de Sainte-Foy, un centre do fabri- cation de meubles ordinaires, généralement en bois do noyer. Ces meubles, expédiés souvent assez loin, sont estimés par la classe bourgeoise ou ouvrière, qui TAPIS EN TOILE 'PEINTE, MANUNACTUIIE D 'IMPERMÉABLES. 131 recherche plus la solidité quo le luxe des ornements. Il résulte do cet état de choses que nos magasins d'articles d'ameublement se pourvoient au dehors. Paris nous envoie pour près . de 5,000,000 fr. de meubles, et Toulouse pour plus de 200,000 fr. Tours, Nîmes, Lyon, Aubusson, nous fournissent pour 2,000,000 fr. de tapis, de tentures et accessoires en soie ou en laine ou laine et soie. Rouen et les environs nous envoient pour plus de 250,000 fr. • d'étoffes d'ameublement en coton. Enfin, les chaises tournées nous viennent do Magny et les chaises ordinaires des Vosges, où cette fabrication forme une spécialité avec laquelle nos ateliers luttent difficilement. Néanmoins, nous pouvons estimer à 1,000,000 fr. la valeur dos produits de nos ateliers do tapisserie et d'ébénisterie. TAPIS EN TOILE PEINTE OU TAPIS VERNET fabriqué do) et MANUFACTURE D'IMPERM]IABLES, RAMIES, etc. ^ Ces deux industries, quoique bien distinctes, peuvent étre étudiées dans une même notice, car elles sent, à Bordeaux, réu- nies dans la même usine et un fait notable leur est commun. Leur début en France a eu lieu it Bordeaux. La fabrication des tapis en toile peinte .a été importée d'Angleterre à Bordeaux vers 1815, par M. Vernet, dont lés produits luttèrent très bien contre les produits anglais et restèrent longtemps sans rivaux on France. La fabrication des imperméables a été créée à Bordeaux en 1855, par M. Fritz-Sollier qui, après avoir été l'un des premiers en France à appliquer le caoutchouc à l'imper- méabilisation des tissus, eut l'idée de produire un caout- chouc factice ayant Ies qualités do cc produit sans on avoir les inconvénients. L'usine qui réunit ces doux industries occupe environ 50 ouvriers et ouvrières. 132 INDUSTRIES DE L'AMEUBLEMENT. Ses produits principaux sont : les bâches et tentes en tissus enduits, les Moments imperméables, des tissus imitant le cuir et destinés à la sellerie, des tapis cirés pour parquets d'appartement, pour tables, escaliers, etc.; enfin des peintures pour bâtiments préparées avec l'en- duit Fritz-Solfier. • Bordeaux possède, en outre, depuis quelques années, 3 ateliers produisant des tapis cirés ou des bâches imper- méables, et occupant près de '100 ouvriers ou ouvrières travaillant presque tous à la tâche. La valeur des produits de ces ateliers peut atteindre, dans les années plus ou moins . prospères, de 600 à 800,000 fr. Les matières premières qu'elles emploient sont des tissus des manufactures françaises principalement, diffé- rents produits du sol tels que huiles, essences, grai- nes, etc., et des gommes venant de l'étranger. Les produits fabriqués sont en grande partie consom- més dans la Gironde, les départements limitrophes et les colonies. Le chemin de fer Au Midi emploie des quantités considérables de bûches faites à Bordeaux. NATTES. — Les nattes fabriquées à Bordeaux sont imitées de celles de la Chine. Cette industrie est presque entièrement concentrée à Bordeaux dans les ateliers de M. Blanc, qui occupe environ 60 ouvriers (les deux sexes, payés aux pièces ou à la journée et dont le salaire moyen est de 3 fr. 50 pour les hommes et 1 fr. 75 à 2 fr. pour les femmes; 5 ou 6 ouvriers travaillant en chambre complètent le personnel de .cette industrie à Bordeaux, qui ne produit pas moins de .80,000 mètres de nattes expédiées dans toutes les parties de la France. Le prix de ces nattes varie de 2 fr..20 à 4 fr. 50 le mètre. BROSSES. — La fabrication des brosses se résume dans BALAIS. 133 la Gironde à deux ateliers situés à Bordeaux, occupant 4 à 5 ouvriers, 40 à 45 femmes ou enfants, et ne produi- sant que des articles très ordinaires, dont la valeur ne peut pas dépasser 70 à 80,000 fr. BALAIS (fabrication des). — Depuis 1855 cette industrie a pris dans notre département un grand développement. Elle comprend aujourd'hui, en dehors de Bordeaux, 5 ateliers notables dans le canton de La Réole ou à , qui occupent ensemble environ 80 ouvriers ou ouvrières, et dans ces mêmes localités une cinquantaine d'indus- triels occupant chacun une, cieux ou trois personnes, qui ne travaillent presque tous à cette industrie qu'une partie de l'année. Bordeaux est le véritable centre de cette fabrication : 5 ateliers principaux y occupent environ 150 ouvriers ou ouvrières, dont le salaire varie de 4 à 6 fr. par jour pour les hommes, qui travaillent presque tous à leurs pièces , et de 1 fr. 50 c. à 2 fr. pour les femmes, qui sont presque toutes payées à la journée. Cette industrie produit des balais de formes très variées, mais tous fabriqués avec la tige du sorgho à balais, appelé dans le département minore, et des manches en bois •de pin ou do peuplier. Les sorghos viennent des forts terrains d'alluvion des bords de la Garonne (dépar- tements de la Gironde, du Lot-et-Garonne, et de la Haute- Garonne) et du département du Vaucluse. Les manches ordinaires viennent des Landes dé la Gironde, les manches plus soignés viennent de Hermes (Oise), et de Tours (Indre-et-Loire). Les centres de fabri- cation des manches et balais ordinaires sont : Saint- Symphorien, où une usine occupe à elle seule plus de 20 ouvriers, Bazas, Beliet, Salles, Saint-Médard-en-Jalle, Le Taillan et Bordeaux, où une usine à vapeur produit chaque année plus de 300,000 manches. 434 INDUSTRIES DE L'AMEUBLEMENT. Les différents ateliers du département do la Gironde, petits ou grands , produisent ensemble au moins 1,500,000 balais, dont la valeur atteint à peu près 1,000,000 fr. Un tiers environ de ces balais, surtout les plus soignés et les plus chers., sont exportés principale- ment en Angleterre, dans l'Amérique du Sud et en Australie. Fzauns. -- La fabrication des fleurs•a pris à Bordeaux, depuis quelques années, un très grand développement; 30 maisons, fabriquant au moins les trois quarts des fleurs qu'elles vendent, occupent ensemble plus de 250 ouvrières; trois de ces maisons, plus importantes que les autres, en occupent à elles seules 50 en moyenne. Ces ouvrières travaillent presque toujours à la journée et sont payées de 1 fr. 50 c. à 2 fr. 50 c. par jour. Ces fabricants de fleurs tirènt de Paris toutes leurs matières premières et une certaine quantité de fleurs fabriquées ou préparées. La valeur des fleurs fabriquées à Bordeaux peut s'élever, année moyenne, à 800,000 fr.; ces fleurs sont consommées dans les départements voisins et dans nos colonies; ce dernier débouché a sensiblement diminué d'importance depuis quelques années. La fabrication des fleurs est divisée à Bordeaux en deux branches assez distinctes : .d'un côté, dans les environs du quartier Saint-Paul, on fabrique principalement les fleurs d'église, tandis qu'au centre de la ville, dans les environs du cours de l'Intendance, on fabrique presque exclusivement des fleurs fines pour .parures de bals, soirées, etc. Nous pouvons dire sans vanité qu'après Paris, Bordeaux est la première ville de France pour la fabrication des fleurs fines. MARBRERIE. - Cette industrie a pris depuis 1845 CARROSSERIE. 435 environ un grand développement par suite de la réduc- tion du prix des matières premières. Elle occupe environ 100 ouvriers répartis dans 3 grands ateliers et 0 ateliers moins importants. Les ouvriers, généralement payés à la journée, ont un salaire moyen de 4 fr. par jour; les sculpteurs sont payés jusqu'à 8 fr. La majeure partie des marbres travaillés à Bordeaux viennent des Pyrénées, de l'Anjou, de .Ia Bourgogne et de la Flandre, à l'état de tranches ou de produits manufac- turés. Les ateliers de Bordeaux sont presque exclusivement occupés au travail des marbres destinés à l'architecture civile ou religieuse; les cheminées nous viennent toutes faites des grands ateliers situés à côté des lieux de pro- duction. Deux de nos grandes marbreries sont réunies à des ateliers de menuiserie et d'ameublement pour églises, qui occupent environ 70 ouvriers. Ces ateliers, très réputés et à juste titre, expédient les trois quarts de leurs 'produits dans les départements voisins du nôtre et dans les colonies. La valeur des produits qui sortent de ces différents ateliers, atteint à peu prés 500,000 fr. CARROSSERIE. -- La carrosserie a pris, depuis trente ans environ, un grand développement dans la Gironde. Huit maisons principales, la Compagnie des Omnibus comprise, réunissent ' dans leurs ateliers la plupart des branches de cette industrie. Quinze maisons de 2e ordre n'ayant pas d'ateliers proprement dits, font faire, pour leur compte, dans des ateliers spéciaux, la charronnerie, la menuiserie, la forge, la peinture, et s'occupent princi- palement de sellerie. Enfin, un grand nombre de maisons 130 INDUSTRIES DR L'AMEUBLEMENT. moins importantes, situées à Bordeaux ou dans les petites villes du département, font les réparations ou les petits travaux. ..La carrosserie occupe environ 4,200 ouvriers qui, en moyenne, gagnent de 4 à 5 . fr. par jour. Les ouvriers les plus habiles peuvent gagner jusqu'à 40 fr. On trouve, dans les grands ateliers seulement, près d'un quart des ouvriers travaillant à leurs pièces. La carrosserie bordelaise produit des voitures en tous genres; mais Bordeaux est surtout renommé pour les voitures de luxe, telles que landaus, calèches, berlines, clarences, coupés et omnibus de familles. L'omnibus de famille de divers genres y est très élégant, et on y trouve depuis celui du boutiquier jusqu'à celui qui porte le cachet dit grand luxe. C'est à Bordeaux qu'ont été inventés les nouveaux systèmes de chasse-glaces, brevetés, pour landaus. Les matières premières, telles que bois d'acacia, do frêne, d'ormeau, de noyer, fers forgés et aciers sont, en grande partie, tirées des forêts ou des forges de notre département et des départements voisins. La valeur des produits de la carrosserie bordelaise atteint, dans une année ordinaire, 3,500,000 fr. environ. Une partie de ses produits est expédiée dans les dépar- tements voisins dans un rayon do 250 kilomètres environ, en Espagne et. dans les colonies.

BILLARDS (fabrication des). — La fabrication des billards à Bordeaux remonte de 1800 à 181D. Elle se fait aujour- d'hui dans 8 maisons spéciales occupant en moyenne 40 ouvriers; ces ouvriers sont presque tous employés à la journée .et gagnent de 4 à 5 fr. Ils fabriquent environ 250 billards par an et une grande quantité d'autres jeux de salon ou de jardin. rirnai.e. 137 La valeur des produits fabriqués dans ces ateliers s'élève à environ 200,000 fr. année moyenne, dont près de la moitié par la maison A. Durand et Cc, qui possède une succursale à Marseille. Un quart des billards fabriqués à Bordeaux est expédié dans l'Amérique du Sud. et en Orient, un autre quart est vendu dans la Gironde et le reste dans les départe-

ments voisins. • On fabrique quelques billards à Libourne, à La Réole, à Preignac, . dans des ateliers d'ébénisterie faisant toute espèce de meubles, niais il n'y a de maison spéciale qu'à Bordeaux.

CHAPITRE X

INDUSTRIES S'EXERÇANT SUR DES MATIÈRES MINÉRALES

. PÉTROLE (Raffineries de).--Bordeaux a deux usines où le pétrole d'Amérique est rectifié. Ces deux établisse- ments sont situés au delà des barrières de la ville , l'une au nord dans la commune de Bègles, l'autre sur los bords de la Garonne dans le quartier de La Bastide. Ils préparent, indépendamment des raffinés pour l'éclairage , diverses essenses . ou huiles légères. Ces essen§es sont vendues sous le nom de benzine do pétrole, d'éther de pétrole. L'une de ces raffineries sépare des pétroles bruts des huiles lourdes paraffinées que l'on emploie pour le grais- sage des machines. Ces deux établissements ont une belle installation où aucune précaution n'a été négligée pour éviter les incendies. Ils occupent de 70 à 75 personnes directement attachées au service de la raffinerie. 138 INDUSTRIES S ' EXERÇANT SUR DES MATIÈRES MINÉRALES. La quantité de pétrole brut raffiné annuellement clans ces deux usines s'élève à environ 60,000 barils de 460 à 165 litres, dont les produits sont en grande partie consom- més dans le bassin do la Gironde. La valeur annuelle des produits de ces deux usines peut êtré évaluée à 1,750,000 fr. L'usine de Bègles distille aussi du brai sec ou résidu de la fabrication de l'essence de. térébenthine. Cette opération produit une huile fluide que l'on emploie concurremment avec l'essence de térébenthine et diverses huiles visqueuses pour graisser lés voitures.

SALPÊTRE (Industrie du). — Depuis quelques années, cette industrie ne se borne plus à pourvoir aux besoins de l'État pour ses poudreries, elle fournit aussi des engrais à l'agriculture, engrais dont l'emploi fait tous les jours des progrès, surtout depuis les travaux et les publi- cations de M. G. Ville. La ville de Bordeaux possède 2 usines particulières, produisant environ 3,000,000 de kilogrammes de salpêtre et une raffinerie nationale, important établissement, dont nous avons parlé page 43. Les doux usines particulières occupent environ 20 ouvriers, dont le salaire moyen est de 5 fr. par jour. Les matières premières servant à cette industrie sont les nitrates de potasse importés des mines de Prusse, et les nitrates de soude venant de l'Inde et des mers du Sud. Les relations commerciales de notre ville et sa situation tendent à en faire un centre d'approvisionnement pour un grand nombre de poudreries. Nous espérons, d'un autre côté, qu'avant longtemps l'agriculture consommera d'importantes quantités de ces nitrates de potasse, dont la valeur fertilisante est considérable par rapport à leur prix, 54 à 58 fr. les 100 kilos. MARAIS SALANTS, PRODUITS CHMIQUES, POTERIES. 431) Parmi les résidus du salpêtre, se trouve beaucoup de sel marin mélangé à 4 ou 5 0/0 do produits fécondants : chlorure de potassium , nitrates , sulfates et carbonates de potasse, nitrates de soude, colle forte, etc.; ce sel marin mélangé au fumier de ferme pourrait rendre de grands services à l'agriculture, et son effet principal serait de ralentir la décomposition des fumiers et de permettre aux plantes de s'assimiler une plus grande quantité de leurs principes fertilisants. Malheureusemen l'administration des Finances met de grandes entraves à l'emploi de ce sel. MARAIS SALANTS.- Cette industrie, qui occupait autrefois des étendues de terrain considérables sur les bords du bassin d'Arcachon et dans le canton de Saint-Vivien •à l'embouchure de la Gironde, est aujourd'hui à peu près abandonnée. Une partie de ces marais salants a été transformée en réservoirs à poisson, PRODUITS CHIMIQUES. - Bordeaux possède une usine de produits chimiques assez importante organisée par la Société anonyme des produits chimiques agricoles. Elle fabrique principalement de l'acide sulfurique, de l'acide nitrique, de l'acide chlorhydrique, du sulfate d'ammo- niaque, de la chaux vive et divers engrais chimiques. Le sulfate d'ammoniaque provient du traitement des eaux ammoniacales de l'usine à gaz de la ville. Les engrais phosphatés sont préparés avec les phos- pha tes naturels provenant de carrières que les propriétaires de l'usine font exploiter dans les départements du Lot; de Lot-et-Garonne et de l'Aveyron. POTERIES DIVERSES. -- Des traces. nombreuses de fabri- ques importantes de poteries gallo-romaines ont été reconnues dans notre département. Vers la fin du moyen 9ge, nous voyons cette industrie 440 INDUSTRIES S'EXERÇANT SUR DES IIATISRES MINI SALES. avoir une importance relativement considérable dans l'Entre-deux-Mers, du côté de Sadirac. En 4820, elle suivait encore dans la Gironde les vieux errements et la routine, alors que dans d'autres parties de la France et surtout en Angleterre, de grands progrès avaient été réalisés. Après avoir passé quelques années dans les nombreuses manufactures du comté de Stafford, M. de Saint-Amans est venu nous initier aux différents procédés nouveaux de cette industrie, et nous enseigner à faire nous-marnes ce que nous allions nous procurer à grands frais à l'étranger. La première fabrique de poteries, à l'imitation de celles d'Angleterre, n'eut pas le • succès que semblait lui pro- mettre l'accueil fait à ses produits. Ils étaient d'un prix trop élevé pour devenir d'un usage général. Aujourd'hui, Bordeaux possède une manufacture dont les produits sont à la fois élégants et à bon marché. Pour arriver à ces résultats, il fallait d'immenses capitaux, le goût du beau et du bon, une constance supérieure à tout obstacle, un entier désintéressement et surtout le désir profond de servir utilement son pays. Tout cela s'est trouvé dans le fondateur de la manufacture dont nous allons parler. Manufacture de porcelaines et faïences. -- Cette belle manufacture, fondée en 4836 par M. David Johnston sur l'emplacement des anciens moulins dits des Chartrons, occupe, sur les quais de Bacalan, une superficie de 50,000 mètres carrés, dont 30,000 sont couverts de bâti- ments qui se coordonnent admirablement pour simplifier le service des ateliers et leur surveillance. Les matières premières, déposées par les navires ou bateaux à la porte des premiers magasins, avancent dans l'établissement des FAIRNCSS DIVERSES. lai ateliers de criblage et de nettoyage aux moulins qui les broient, puis aux ateliers où elles sont mélangées, tami- sées, pressées, desséchées, et de là, qu'elles soient pâtes à porcelaines ou pâtes à poteries, suivant toujours une marche progressive sans revenir d'un seul pas en arrière, elles ne sortent des mains des mouleurs, des ébaucheurs ou des garnisseurs que pour arriver au trempage, aux impressions ou décors à la main, aux fours, et enfin aux magasins d'où on les expédie (i). Cette manufacture comprend 15 fours, grands ou petits, consacrés aux produits céramiques. . Six machines .à vapeur fixe et deux locomobiles, repré- sentant ensemble une force de 200 chevaux, mettent eit mouvement 25 moulins servant à broyer les matières premières, les appareils destinés au mélange et à la pré- paration des terres, les tours des ouvriers, les divers outils servant à la réparation et à la construction des appareils de la manufacture et à la fabrication des caisses d'emballage. Le combustible consommé pour les fours et les machines, s'élève à '14,000 tonnes de charbon par an. Le personnel occupé dans l'établissement s'élève au chiffre de 1,000 h1,100 personnes, dont la moitié environ thàvaillent à leurs pièces, les autres, les manœuvres principalement, sont payés à la journée au prix moyen do 2 fr. 75 pour les hommes, 1 fr. 25 pour les femmes et 90 c: pour les enfants. Le total des salaires des ouvriers peut s'élever de 7

(I) En 1860, A l'époque où le traité de commerce pouvait menacer l'in- dustrie céramique en France, mais favoriser au contraire l'exportation des vins on bouteille, M. J. Vieillard, qui ôtait A la tete de cet établissement depuis 1865, y ajouta une verrerie A bouteilles se composant aujourd'hui de 8 fours de fusion pouvant produire environ 15,000 bouteilles par jour, usine comprise dans Notice sur les verreries, cli. III. 142 INDUSTRIES S 'EXERÇANT SUR DES MAT1RRES MINÉRALES. à 800,000 fr. par an, et la valeur des produits fabriqués à 2,500,000 fr. Ajoutons que la France ne possède que 4 usines de ,produits céramiques du genre de la manufacture Vieillard et aucune ne la surpasse en importance. On peut même dire que l'ensemble des bâtiments et des terrains y atte- nants dépasse par son importance tout ce qui existe en Europe; l'Angleterre, qui possède des manufactures de produits céramiques si renommés, n'en a aucune qui puisse lui être comparée. Des médailles honorifiques nombreuses ont été décer- nées à ses produits dans diverses expositions où ils rivalisaient aven les produits des fabriques les plus renommées. L'heureux développement de cette manufacture est bien fait pour contredire ceux qui prétendaient que Bor- deaux est une ville exclusivement commerciale. Que des manufacturiers habiles arrivent à Bordeaux avec des capitaux suffisants, et nous verrons bien des industries dont nous sommes obligés de constater ici la chute ou le- peu d'importance, se relever et grandir comme grandit la manufacture Vieillard après une chute que n'avait pu empêcher son courageux et zélé créateur, M. David Johnston. POTERIE ET FAIENCE (fabrication de). — Le départe- ment de la Gironde possède 35 petites usines pour la fabrication des faïences et poteries de tous genres. Ces usines, assez différentes par leurs proportions comme par la'nature de leurs produits, occupent de 460 à 170 ouvriers qui gagnent à leurs pièces de 4 à 6 fr. par jour, et environ 300 manoeuvres payés de 2 fr. 50 c. à 3 fr. 50 c. par jour. La valeur annuelle moyenne de la production de ces petites usines atteint 600,000 fr. APPLICATION DE LA LITHOGRAPHIE SUR POTERIE ET VERRE. 443 Les 3 centres principaux de fabrication sont (l'usine Vieillard étant à part) : Sadirac ( 1), Rions et Pessac. Ces usines produisent toutes sortes de poteries de ménage, brutes ou vernies, des tuyaux de tous genres et des formes à sucre. Elles sont généralement situées près des carrières d'argile qu'elles exploitent et emploient des sables pris dans le département. La majeure partie des. produits de nos poteries est consommée dans le département; le reste va dans les départements ci-après : Dordogne, Charente et Charente- Inférieure. APPLICATION DE LA LITHOGRAPHIE SUR TOUTES ESPÈCES DE. POTERIE ET SUR VERRE. — Depuis longtemps on cherchait les moyens d'appliquer la lithographie au décor de la poterie, lorsque M. Légé, l'un des introducteurs de litho- graphies à Bordeaux, en fit la découverte en 1838. Jusque-là les dessins en noir et en couleur dont étaient ornés les produits céramiques étaient dus à des épreuves de gravure sur cuivre; or, on sait le prix élevé de la gravure sur métal, tandis que les sujets lithogra- phiés s'obtiennent et se varient à peu de frais. L'art a gagné autant que l'économie dans cette invention,, car le crayon a, sur la pierre, un moelleux auquel le burin atteint difficilement sur le métal. En somme, l'invention

(5) On compte dans la seule commune de Sadirae 18 poteries occupant envi- ron 58 personnes qui sont généralement payées S fr. par jour et nourries. L'extraction de l'argile y est faite au moyen de puits qui n'ont pas géné- ralement plus d'un métre de diamètre et qui sont contruits avec des branches de pin ou de ahane. Los 28 autres poteries sont situées dans les communes ci-aprés: Birac, Crignols, Sendets, , Cazalis dans l'arrondissement de Basas; Rions, Caudéran , Ballet, Listrac, , Gradignan, Pessac, Canéjan, Mérignac, Saint-Joan-d'Illac, Saint-André•de-Cubzac, dans l'arrondissement de Bordeaux; Sainte-Foy, dans l'arrondissement de Libourne; Cazaugitat, Bazimon et Saint- Martin-de-Lerm, dans l'arrondissement de La Réole. 144 INDUSTRIES S'EXERÇANT SUR DES MATIÈRES VJ GI}TALES. de M. Légé fut un progrès considérable dans l'art de la céramique; la Société Philomathique de Bordeaux con- firma son succès en décernant une médaille d'argent à ,son inventeur, qui imagina aussi le moyen de décorer en or les bouteilles de verre destinées à recevoir des vins ou liqueurs de grand prix. Nous sommes heureux de rappeler ici ce que l'art et l'industrie céramique doivent à un girondin.

CHAPITRE' XI

INDUSTRIES S'EXERÇANT SUR DES MATIÈRES VÉGÉTALES

PRODUITS RÉSINEUX. - Le pin maritime croit dans une grande partie du département. On peut évaluer ,la super- ficie occupée dans la Gironde par ce genre de culture à 500,000 hectares, sank y comprendre les 425,000 hec- tares encore à l'état de pacages ou de parcours et qui sont destinés à être 'avant longtemps transformés en partie en' bois de pins. Dans les environs de Bordeaux et de nos grands vigno- bles, ces pins sont presque tous exploités comme bois de chauffage, poteaux de mines, échalas ou manches à balais; dans un rayon plus éloigné, ils sont plus spécia- lement exploités au point de vue de la production de la résine et des bois de construction : dans ce but ils sont éclaircis et aménagés de manière à leur laisser prendre le plus rapidement possible tout le développement qu'ils peuvent acquérir. A partir de la vingtième année, au moyen d'une inci- sion pratiquée dans le tronc de l'arbre, incision qu'on PRODUITS assisse x. 145 renouvelle alternativement une et doux fois par semaine du mois de mars au mois d'octobre, on détermine une exsudation de la sève gommeuse de cet arbre. Cette sève est recueillie, sous le nom de gemme ou résine molle, dans un trou pratiqué dans la terre, ou mieux encore dans un récipient en terre suite suspendu au-dessous de l'incision (procédé Hugues). Cette culture est très ancienne dans les landes de Gascogne; on en retrouve des traces remontant à l'époque de l'occupation romaine. Le rôle joué dans l'histoire par le captalat de Bueh, la trace des routes qui existaient le long des étangs et de la mer, le souvenir des villes qui ont disparu sous les eaux ou sous le sable, témoignent que l'industrie des résines devait avoir une assez grande importance dès la plus haute antiquité. La production annuelle des gemmes dans notre dépar- tement est aujourd'hui d'environ '60,000 barriques de 250 litres, soit 1,500,000 litres, valant en moyenne 20 c. le litre ou 50 fr. la barrique, ce qui constitue un revenu annuel de 3000,000 fr. Le prix des gemmes est très variable. Pendant la guerre de la sécession nous l'avons vu à 75 c. le litre; c'était un prix anormal causé par l'absence de résine américaine sur les marchés d'Europe. Pour être rému- nérateur, ce prix devrait se maintenir entre 25 et 80 C. Depuis quelques années nous l'avons vu descendre jus- qu'à 18 c. Les 60,000 barriques de gemme brute récoltées dans la Gironde sont manipulées et préparées dans 62 ateliers établis à Bordeaux et dans les cantons de , Gri- gnols, Saint-Symphorien, Villandraut, Langon , Saint- Savin, 'Belin, , La Teste, Castelnau et Saint- Laurent. 10 446 INDUSTRIES S'EXERÇANT SUR DES MATIÈRES VEGETALES. On extrait de ces gemmes l'essence de térébenthine, la colophane, les brais, la résine jaune, le pègle ou la poix. Le goudron végétal, qui se rattache à cette indus- trie, est le produit de la combustion en vase clos des parties de l'arbre pin soumises pendant de longues années à l'action du résinage. Ces matières s'emploient pour la peinture, l'éclairage, la fabrication des vernis et celle de la cire à cacheter. Il entre aussi des brais clairs ordinaires dans la fabrication des savons communs, et de la colophane supérieure dans la fabrication des savons fins et des bougies. La papeterie emploie une grande quantité de ces matières pour le collage des papiers. Enfin, la sève de pin est employée dans la thérapeutique. La consommation intérieure n'absorbe qu'une faible partie de ces produits. Le reste est expédié principale- ment en Angleterre, en. Belgique, en Hollande et en Allemagne. Le nombre des ouvriers occupés dans ces usines est en moyenne de 5 pour les petits ateliers et de 40 pour les ateliers plus importants au nombre de 42, ce qui fait ensemble 360 ouvriers. Les résiniers et pignadiers occu- pés dans les forets à la taille des pins et à la cueillette de la gemme sont au nombre de 5,000; ils ont comme .salaire la moite, du produit brut de la récolte de la gemme. En divisant la moitié du produit, soit 1 million 500,000 fr. entre les 5,000 pignadiers, nous arrivons à un salaire de 300 fr. pour 200 jours de travail, soit 4 fr. 50 par jour. PATE A PAPIER DE BOIS. — La fabrication de ce produit se fait à , dans une usine récemment créée par la Compagnie française pour la fabrication de la cellulose de bois. PAPETERIE. 447 Cette usine, primitivement construite en vue de l'appli- cation du procédé de M. Tessier de Motay pour la récupé- ration de la soude par la voie humide, procédé qui n'a pas réussi, vient d'être réorganisée sur les indications de M, Lespermont, ingénieur à Paris. Son matériel comprend : des chaudières à haute pression pour traiter le bois avec des lessives caustiques, une machine à déchiqueter le bois, les laveurs système Lespermont, des citernes munies de puissants agitateurs, des piles blanchisseuses usitées en papeterie, des presses-pâtes , des fours à éva- porer les lessives, et enfin une machine à vapeur de 60 chevaux système Corliss. Les générateurs et les fours à évaporer sont, chauffés au charbon. Le bois de pin, la soude, la chaux et le chlore sont les matières premières employées dans cette usine, qui produit actuellement chaque jour 2,000 kilogrammes de pâte à papier sèche et en fabriquera avant longtemps 5,000 kilogrammes. Les produits sont de deux sortes, la pâte bise valant 55 fr. les 400 kilos, et la pâte blanche valant 70 fr. les 400 kilos, en gare de Facture. La pâte bise s'emploie pour les papiers bulle et les papiers extrê- mement fins. La pâte blanche chimique de bois, qu'il convient de ne pas confondre avec la pâte mécanique, trouve son emploi dans la fabrication des meilleurs papiers. Une fibre longue, vigoureuse, d'une parfaite égalité, constitue la qualité principale de cette piâte. L'usine de Mies est la première de ce genre qui ait été établie. en France. Elle occupe aujourd'hui 70 ouvriers, hommes et enfants. Le chemin de fer des Landes qui est en projet reliera cette usine au réseau du Midi. PAPETERIE, - Cette industrie est représentée dans la Gironde par 5 usines occupant ensemble environ 500 personnes et produisant dans une année moyenne 148 INDUSTRIES S'EXERÇANT SUR DES MATIÈRES VÉGÉTALES. pour plus de 20,000,000 fr. de papiers de chiffon ou de paille. La plus importante de ces usines, qui occupe à elle seule près de 400 ouvriers ou ouvrières, est située à Monfourat sur la Dronne; elle ne produit que du papier de chiffon et rivalise avec les papeteries d'Angoulême (1). Les quatre autres usines ne produisent que du papier de paille, la plus ancienne date de 1859; elles sont situées toutes sur les bords de la petite rivière le Ciron, 4 à Saint-Michel•de-Castelnau, 2 à Bernos'et 1 à Cazeneuve. Ces usines emploient comme matières premières les pailles de seigle récoltées dans les environs de la vallée du Ciron. Les papiers produits par ces usines ont une couleur jaune paille et sont généralement employés à l'emballage;

(f ) Les papeteries de Monfourat-sur-Dronne sont situées dans la commune et à 2 kilomètres de la station des Eglisottes, et à 7 kilomètres et demi de la station de Coutras. A l'usine de Monfourat on a adjoint, il y a quelques années, le grand moulin de Reyraud sur la Dronne, qui a été converti en fabriqua de potes blanchies au chlore gazeux, alimentant largement Monfourat. La fores motrice de cos usines est à Monfourat : 5 0 une chute d'eau de 2 mètres 30 centimètres faisant mouvoir 7 turbines système Fontaine, réali- sant une force de 200 chevaux; 2 4 une machine è vapeur système Wolf, de 80 chevaux; à Reyraud, une chute d'eau de 2 mètres fait mouvoir une turbine système Fontaine, de 80 chevaux. L'outillage do ces deux usines est très complet, et l'on y rencontre tous los perfectionnements qui permettent la plus grande rapidité et qualité dans la fabrication ; cet outillage se compose notamment de S blutte, 8 lessiveurs rotatifs système Planche, 35 cylindres, une paire de meules verticales broyant la matière dont le produit est ajouté à celui des cylindres, 8 machines à papier transformant la pale en feuilles continues, 2 coupeuses automatiques, S coupeuse Massicot, 4 satineuse continue (dont la maison veuve Auguste Worster, exploitant l'usine, possède le brevet), 6 lisses à glacer et satiner, 3 presses à vis, 2 presses hydrauliques. Le personnel de ce bel établissement se compose de 350 à 400 employés, ouvriers ou ouvrières, logés aux alentours do l'usinedans une sorte do cité orl toute la population de l'usine est placée sous la main et sous l'oeil paternel du directeur. Les ouvriers ou ouvrières sort payés au mois, à la journée, ou aux pièces. CARTON, CARTON BITUMÉ, CARTONNAGE. t9 ils sont expédiés dans les principales villes de France, ainsi qu'à Calcutta, au Brésil, et dans toute l'Amérique du Sud. CARTON. - Cette industrie comprend une usine à Léo- gnan et deux à Bordeaux; la première occupe environ 4 hommes et 5 femmes, et produit 300 kilog. de carton par jour; les deux autres n'occupent que 3 à 4 ouvriers ou ouvrières et produisent de 100 il 150 kilog. par jour. La valeur moyenne du carton produit dans ces fabriques est de 34 fr. les 100 kilog. y compris l'impôt de 5 fr. 20 par 100 kilog. La majeure partie de ces cartons est expé- diée dans les départements voisins, surtout dans le Midi, la Haute-Vienne, les Deux-Sèvres et la Charente. CARTON BITUMÉ. - Deux petits ateliers occupant de 2 à 4 ouvriers exploitent pour cette industrie une partie des cartons fabriqués à Bordeaux. CARTONNAGE (Fabriques de). — Cette industrie, très ancienne dans la ville de Bordeaux, a pris, depuis '188e. un développement qui a augmenté à mesure que le goût du luxe s'est répandu dans toutes les classes de la société. Aujourd'hui Bordeaux possède '17 ateliers de carton- nage, dont 2, plus importants que les autres, occupent, en temps ordinaire, 60 ouvriers ou ouvrières; les 15 autres ateliers occupent ensemble environ 60 per- sonnes. Les hommes sont payés de 3 fr. 50 à 5 fr. par jour, les femmes de •1 fr, 50 à 2 fr. Ces ouvriers sont très rarement payés à leurs pièces. Parmi les produits les plus recherchés de la fabrication bordelaise, nous citerons la poche et le sac à bonbons et la boite à prunes pour l'exportation. Cette industrie consomme environ 100,000 kilog. de carton; elle emploie une partie de celui qui se fabrique à Bordeaux et en fait venir de Paris, de Lyon et de Mon- tauban. Les papiers de luxe, gravures en chromo et le 150 INDUSTRIES S'EXERÇANT SUR DES NATISRES VÉCSTALES. plupart des autres fournitures servant à cette industrie viennent de Paris. Les produits fabriqués qui, dans une année moyenne, s'élèvent à la somme de 550,000 fr. environ, sont, pour la moitié, expédiés par les deux grandes maisons de Bordeaux sur les divers points de la France, où ils rivalisent avec les produits similaires do l'industrie parisienne. Cette industrie, qui grandit tous les jours à Bordeaux, expédie aussi ses produits en Espagne, en Angleterre, en Italie, en Orient et en Amérique. Bois DE TEINTURE. - L'industrie de la préparation des bois de teinture a pris à Bordeaux, depuis quelques années, un certain développement. Ses produits ont beaucoup gagné en qualité, par suite de l'emploi des outils perfectionnés introduits pour la première fois, il y a une quinzaine d'années, dans l'usine de M. Banian. Cette industrie est pratiquée dans 8 usines à vapeur, où les bois sont coupés, riflés, effilés ou pulvérisés, selon les besoins du commerce ou de l'industrie de la teinture. Ces usines, situées l'une à Bordeaux, l'autre au Tondu, près Bordeaux, et la troisième à Beautiran, occupent de 45 à 20 ouvriers et produisent de 180,000 à 200,000 fr. de bois préparés. Les bois qui y sont le plus fréquemment riflés, pulvé- risés, etc., sont : pour la couleur jaune, les bois de Santiago, de Cuba, de Guayra, les Tuspan, les Car- men, les Maracaïbo, les racines de Fustel d'Italie (ces racines sont employées tantôt pour la production du" jaune, tantôt pour la production du vert); pour la cou- leur rouge, les campêches espagnols et les campêches des Antilles, les bois de Sainte-Marthe, de sapan et de Lima, connus sous le nom de bois du Brésil. Les bois de Cagliatour reçus des Indes sont très demandés par tous les pays de manufacture. L'ensemble SANGSUES. 351 des produits de ces usines trouve son principal écoule- ment dans les manufactures du Midi et de quelques départements du Centre.

CHAPITRE XII

INDUSTRIES S'EXERÇANT SUR DES MATIÈRES ANIMALES

SANGSUES (Élevage des). — Avant 1845, le commerce des sangsues était alimenté, à Bordeaux comme dans presque toute la France, par des sangsues étrangères, venant en grande partie de la Hongrie et de la Turquie; vers cette époque, plusieurs industriels entreprirent, dans les marais des environs de Bordeaux, l'élevage en grand.des sangsues. La création de ces marais à sangsues fit augmenter considérablement les semences, et cette industrie fut pendant quelques années florissante, mais vers 4858 la production ayant dépassé considérablement la consommation, il en résulta une baisse très notable dans les prix et la diminution du nombre des éleveurs. Cette industrie entra alors dans l'état normal où elle se trouve aujourd'hui et qui lui permet de répondre à toutes les demandes des différents pays d'Europe et d'Amérique, où elle expédie presque tous ses produits sans avoir recours à peine aux producteurs étrangers. Les principaux marais à sangsues vertes landaises sont établis dans le canton de Blanquefort, où ils occupent une superficie de 240 hectares pour les bassins à sang= sues, et de 400 hectares pour les marais où l'on met les chevaux au pacage. La commune de Blanquefort comprend à elle seule 160 hectares de bassins. L'organisation et. l'entretien de ces marais est faite OS INDUSTRIES S'EXERÇANT SUR DES MATIÈRES ANIMALES. par 58 éleveurs, aidés d'environ 200 personnes, soit hommes, femmes ou enfants, lesquels sont occupés indistinctement au gorgement, à la pêche et à la conduite des chevaux dans les pacages; au moment de la pêche et du nettoyage des bassins, ce personnel s'élève à 300. Le gorgement du printemps, qui a lieu en avril, mai et juin, réclame à lui seul de 4,500 à 1,800 chevaux, dont le prix varie de 50 à 60 fr.; celui d'automne, qui a lieu pendant les . mois d'octobre et novembre, réclame de 1,000 à 1,200 chevaux. Ces marais produisent environ 40,000,000 de sangsues par an, dont le prix varie de 45. à 90 fr. le mille, selon les saisons et les quantités de ces annélides expédiées. de Turquie et de Hongrie; ce qui représente une valeur totale d'environ 900,000 fr. par an. Le prix minimum a lieu en automne et au printemps, et le prix maximum en été, alors que la sangsue est enfouie dans le sol et qu'on est occupé à dessécher et nettoyer les bassins. La sangsue grise, dont le prix est encore plus variable que celui de la sangsue verte, est élevée dans les marais voisins du bassin d'Arcachon, à Audenge, à Biganos, etc., où 30 éleveurs, la plupart très peu importants, exploitent

environ 30 hectares et produisent près de 4,000,000 de_ • sangsues représentant une valeur de 70,000 fr. NOIR ANIMAL. — Cette industrie a pour produit unique le charbon d'os employé à la clarification du sirop dans les raffineries et à l'amendement des terres après qu'il a servi à ce premier usage. Plusieurs systèmes de fours sont employés pour la calcination des os, qui sont ensuite réduits en grains ou en poudres. On comptait, en 4840, cinq fabriques de noir animal, occupant ensemble 80 ouvriers et consommant chacune en moyenne 65,000 kilogrammes d'os par an. CHANDELLES, BOUGIES ET SAVONS. 453 Aujourd'hui, le département de la Gironde possède à Bordeaux seulement 2 fabriques de noir animal, mais elles occupent ensemble environ 40 ouvriers, payés en moyenne 3 fr. par jour, et consomment dans une année moyenne 9,200,000 kilogrammes d'os provenant de la Plata, des abattoirs, des établissements d'équarrissage et des cuisines de la ville. Elles produisent près de 750,000 kilogrammes de noir animal, dont la valeur moyenne. est de 30 fr. les 100 kilogrammes. Le noir animal de Bordeaux est expédié surtout dans le nord de la France et en Angleterre. CHANDELLES, BOUGIES ET SAVONS. — Cette industrie a depuis fort longtemps une importance considérable dans notre région, dans le Lot-et-Garonne, le Lot, le Gers, les Landes et les Charentes. Les chandelles de Bordeaux étaient jadis fort estimées. Vers 9768, il y avait dans notre ville quatre fabriques de chandelles dans la rue des Augustins; la plus ancienne, qui existe encore aujourd'hui, a été, au fur et à mesure des progrès de l'industrie, transformée en une importante usine de stéarinerie et de savonnerie. Aujourd'hui il existe à Bordeaux 2 stéarineries, 3 savon- neries, 4 couleries de bougies, 9 fabriques de chandelles, et dans le département on Compte une quarantaine de fabriques de chandelles. Ces divers établissements occu- pent 4 à 500 ouvriers et ouvrières, payés à la pièce ou à la journée. Le prix moyen de la journée est do 3 fr.'pour les hommes, 9 fr. 50 c. pour les femmes, 9 fr. pour les enfants. Année moyenne, on peut évaluer la production de ces industries à :

Stéarine et bougies F 3,000,000 Savon 1,200,000 Chandelles 400,000 I54 INDUSTRIES S'EXERÇANT SUR DES MATIERES ANIMALES. Ces divers produits sont en grande partie consommés à l'intérieur, mais il s'exporte aussi pour les diverses colonies de grandes quantités de bougies et principale- ment de savon. tes suifs employés à la fabrication de la stéarine sont importés à Bordeaux de New-York, mais principalement de la Plata. Les suifs des abattoirs, appelés suifs de ville, sont de préférence employés à la fabrication des chandelles, ou achetés par Ies Compagnies des chemins. de fer pour le graissage de leur matériel; l'excédant de la production est employé par la stéarinerie locale. Avant l'établissement des stéarineries, il arrivait à Bordeaux très peu de suif du dehors, mais aujourd'hui Bordeaux en reçoit annuellement 45,000 fûts. Cette quantité dépasse les besoins de l'industrie locale, cause première de ces importations, et notre place est devenue pour le suif un marché important qui rivalise avec celui du Havre, car les stéarineries du Midi et même celle de Lyon ont avantage, vu l'économie du transport, à prendre cette graisse chez nous. L'une de nos grandes usines produit du savon de palme marbré rouge.

CHAPITRE XIII

IMPRIMERIE ET RELIURE

IMPRIMERIE TYPOGRAPHIQUE. — Les débuts de cette impor- tante industrie à Bordeaux remontent au 21 juin '1486 (1), et notre ville s'honore d'avoir possédé de bonne heure des imprimeurs célèbres, entre autres Simon Millanges.

(t) Voir, à ce sujet, les deux travaux de M. J. Delpit et E. Gaullieur sur les origines de l'imprimerie d Bordeaux. IMPRIMERIE TYPOGRAPHIQUE, 165 Cette industrie a pris, depuis quelques années, un grand développement dans notre département, où l'on compte 31 ateliers occupant environ 435 hommes et 160 femmes. Ces ateliers possèdent 75 presses mécani- ques et 75 presses à bras. Ces presses mécaniques sont mises en mouvement par la vapeur dans 14 imprimeries, dont les machines à vapeur ont une force totale de 75 chevaux. Trois de nos imprimeries sont à la fois lithographiques et typographiques; plusieurs possèdent les presses h reti- ration les plus perfectionnées, des caractères nombreux et bien choisis, et nous devons signaler ici, à l'honneur de la typographie bordelaise, des publications telles que : les Archives municipales de Bordeaux, les Essais de Michel de Montaigne et les autres publications de la Société des Bibliophiles de Guyenne; l'Histoire du Collège de Guyenne, par E. Gaullieur ; les Oeuvres de Pierre de Brach, publiées par M. Dezeimeris ; les Grands Vins de la Gironde, et bien d'autres travaux qui peuvent rivaliser avec ceux des pre- mières imprimeries de la capitale. En 1874, les imprimeurs de la Gironde ont produit 117 publications diverses formant ensemble 18,400 pages, divers journaux ( I) qui ont été tirés, durant l'année, à.

(l) Les principaux de ces journaux ont présenté le tirage moyen ci•apres on février 1875 :

JOURNAUX QUOTIDIENS: JOURNAUX HEBDOMADAIRES : La,Gulenne 1,900 La Feuille du Dimanche 60,000 latecteur 2,800 Le Roman du Jeudi 80,000 'Le Courrier de la Gironde 8,100 Le Petit Bordelais 20,000 Le Journal du Peuple 580 Le Suffrage universel 5,000 Le Petit Girondin . 9,070 Le Don Quichotte 3,000 Le Journal de Bordeaux 1,580 La Province 9,899 Auxquels on pourrait ajouter une La Gironde 11,696 vingtaine de journaux ou revues La Petite Gironde(') 5,480 hebdomadaires ou mensuelles,

tq A cette dague 1n Tonte sur la vote publique dtalt interdite A ea deux derniers jeiunaun Cotte Tente ayant dtd rendue, 1a Petite Gironde tire aujourd'hnl juillet 187e d .1,800 onemridaira, et ln (Grondée 18,000 exemplaires. ^ 6 IMPRIMERIE ET RELIURE. 12,844,000 exemplaires; enfin, de nombreux travaux de ville pour le commerce, les administrations et les Com- pagnies de chemins de fer. La valeur totale des produits de cette industrie dans la " Gironde atteint, dans une année moyenne, environ 2,500,000 fr. Le salaire des ouvriers est très différent; en voici un aperçu sommaire :

DANS UNE IMPRIMERIE DE IMPRIMERIES POUR TRAVAUX JOURNAL: DE VILLE : Prote, metteur en page ou cor- Prote ou metteur en page, 7 fr. recteur (h la journée), 6 à 8 fr. parj,qur. par jour. Compositeurs (h leurs pièces), Compositeurs th leurs pièces), de4h6fr. de 5 h 8 fr. par jour. Compositeurs (h la journée ou Compositeurs apprentis (h leurs en conscience), de 5 h 6 fr. pièces), de 3 h 4 fr. Compositeurs apprentis, •de 1 Plieuses, pour 4 heures de tra- D.2 fra vail, 1 fr. Compositeurs femmes (i) h leurs Conducteurs de machines, 7 fr. pièces), de 4 h 6 fr. Chauffeurs id. 4 h 5 fr. Les margeurs, de 2 fr. 25 h 3 fr. Conducteurs, de 6 h 7 fr. Femmes ou enfants employés comme leveurs de feuilles, plieurs, etc., 1 h 2 fr. Les imprimeurs au service des presses h. bras gagnent, h leurs pièces, do 3 h 5 fr.

IMPRIMERIE LITHOGRAPHIQUE. -- Les débuts de cette industrie à Bordeaux remontent à 4819. Depuis cette époque, elle a pris un grand développement, trouvant un aliment considérable dans la confection des étiquettes

(') Cette heureuse innovation, qui procure aux jeunes personnes ins- truites un travail très lucratif, est due A l'initiative de M. Bellier, et elle date de 1872. RELIURE, PHOTOGRAPHIE. 157 de tout genre que réclame le commerce des vins, des liqueurs et des conserves alimentaires. On compte aujourd'hui dans la Gironde 65 ateliers de lithographie, dont 60 à Bordeaux. Ils comprennent au moins 230 presses de divers modèles en bois ou en fer, presque toutes à bras (2). Ces ateliers occupent au moins 400 personnes, ouvriers, ouvrières ou apprentis. Les ouvriers pressiers travaillent souvent aux pièces; les plus habiles gagnent jusqu'à 7 fr. par jour. Le prix moyen des ouvriers à la journée est de 4 fr. 50 par jour; celui des ouvrières est de 2 fr. Les écrivains artistes dessinateurs sont payés jusqu'à 25 fr. par jour. La valeur des produits de ces ateliers, qui travaillent pour la Gironde et les départements voisins, peut attein- dre 4,200,000 fr. Il est bon d'ajouter que si un certain nombre de nos ateliers de lithographie n'ont qu'une ou 2 presses, d'au- tres en ont de 15 à 18. RELIURE. — La reliure parait n'avoir jamais eu d'im- portance à Bordeaux ni comme art, ni comme industrie. Espérons que, le goût des beaux livres , se développant chaque jour davantage, nous aurons avant longtemps des ateliers de reliure complètement outillés et bien organisés. Le département de la Gironde compte aujourd'hui 30 ateliers de reliure occupant environ 100 personnes et produisant pour 125,000 fr. de travail par an. PHOTOGRAPHIE. — Cet art industriel a pris dans notre département une certaine importance. Nous possédons au moins 40 ateliers de photographie occupant environ 400 ouvriers payés do 5 à 6• fr. par jour et produisant

(I) Les presses mécaniques, mues par la vapeur ou à bras, ont été intro duites dans nos ateliers vers 1857 ; on en compte aujourd'hui 15. 458 IMPEIBIERIE ET RELIURE. pour plus de 4,000,000 fr, de travail en portraits ou vues, dont moitié pour les habitants de la ville de Bor- deaux.

Les Membres de la Commission chargée par la Société de Géographie commerciale de Bordeaux de dresser trois cartes du département : l'une géologique, l'autre agricole et la troisième industrielle, et do rédiger les trois notices qui précèdent, sont :

MM. DALOUERIE (Umm). ARET (Human). LESCARRET MALVBZIN (Tn.) MANH$ FILS. RAULIN (V.).' ROBHRI(I. SCHRAllER PliBffi.

M. V. Raulin a été plus spécialement chargé de la carte et de la notice géologique; M. Th. Malvesin, de la carte et de la notice agricole; M. Schrader père, de la carte industrielle, of los autres Membres, de la carte industrielle. L'ARIÈGEr

PAR

M. F. GARRIGOU

INTRODUCTION

La haute Ariége ne pouvait attendre l'écoulement des produits de ses riches carrières que d'une voie écono- mique, canal ou chemin de fer, la ralliant aux grands centres de consommation. Ce pays, fort riche en minerais divers, était resté étranger au mouvement imprimé aux spéculations com- merciales sur d'autres points, où les moyens de transport étaient faciles. Ce défaut de voies économiques n'avait pas été, il faut cependant le reconnaltre, le seul obstacle au progrès de son industrie. D'un côté, on doit l'attribuer au manque d'argent. Les ressources pécuniaires des habitants du pays étant très bornées, on ne pouvait guère y rien entreprendre sur une grande échelle. De l'autre, non seulement l'esprit d'association n'y était point en faveur, mais encore un antagonisme fatal tendait é y paralyser les efforts de ceux, indigènes ou étrangers, qui prenaient l'initiative de quelque exploitation. La répulsion pour toute innovation était si prononcée, qu'en 1833, le projet d'un chemin de fer ariégeois ayant été formulé, les hommes soi-disant les plus progressifs 100 L'ARIL`GE. de la contrée, organes d'un journal agricole et industriel, traitèrent ce projet d'utopie, et ne voulurent point en admettre l'exposé dans leur publication mensuelle. Si l'on a eu, vingt-trois ans après, une voie ferrée acculée au Rocher de Foix et n'allant pas plus loin, n'était-ce pas encore à ce même esprit étroit et rétro- grade qu'il fallut attribuer la pression exercée sur les gouvernants de l'époque, pour arrêter la voie au milieu de son parcours et l'empêcher d'être d'une utilité géné- rale pour la contrée? Avoir donné pour terme au chemin de fer ariégeois la ville de Foix, n'était qu'ouvrir à peine la porte aux grandes et profitables entreprises. Aussi, depuis quinze ans, peu de spéculateurs ont osé se livrer à la recherche et à la manutention de diverses matières premières quo le wagon ne pouvait aller chercher là où elles existent. Ce n'est que depuis le moment où l'on a eu l'assurance qu'une artère allait se rapprocher des gisements, que des Compagnies isolées ont tourné leurs regards vers ce point accidenté des Pyrénées. Le chemin de fer qui va se poursuivre jusqu'aux portes de l'Espagne, leur laisse entrevoir la possibilité d'affranchir la matière d'un sur- croit de tribut, payé jusqu'ici au roulage. Ce serait toutefois une erreur de croire qu'une voie ferrée traversant le département du nord au sud pourra seule le métamorphoser et le faire passer de la léthargie au mouvement. S'il faut que la matière exploitable soit soumise encore à des frais de manutention et de trans- ports accessoires, l'industrie locale n'obtiendra de cette unique artère qu'un demi-développement. En 4853, dans une brochure, dont le Conseil municipal de Tarascon demanda l'impression, mon père, M. Adolphe Garrigou, prévoyait et signalait la nécessité de souder à L'ARILGE. 161 l'artère principale des tronçons de voie, allant en puiser l'aliment dans le lieu même où on la prépare. Déjà la puissante Société métallurgique de l'Ariège s'est imposé un grand sacrifice (100,000 francs) pour relier son usine de Tarascon à la voie ferrés:. On ne comprendrait pas que les autres grandes exploi- tations du pays ne fussent point amenées à suivre cet exemple, et que les autorités locales, comme les parties intéressées, ne secondassent point ce rayonnement de la voie appelé à produire une économie première dans les transports. Des chantiers importants sont déjà ouverts pour l'extraction du minerai, non loin de l'artère qui est en ,voie de construction; les gisements de la pierre à plâtre y touchent pour ainsi dire. Pourquoi des tronçons ne se créeraient-ils point pour relier ces chantiers à la ligne qui, dans quelques mois, sera livrée à la circulation? La soudure de cette ligne aux carrières et aux usines où se trouve le gypse, par exemple, est d'autant plus réalisable que quelques centaines de mètres et au plus 3 kilomètres séparent les points à réunir. L'économie résultant de cette soudure naturelle est , d'autant plus à mettre en ligne de compte, que le prix de revient du plâtre fabriqué se trouvant diminué d'un quart au moins, la vente pourrait en être largement augmentée. Ce que je dis, ici, du gypse d'Arignac, de Bedeillac, de Surba, d'Arnave, trouvera son application, dans un temps plus ou moins éloigné, au nombre infini de produits minéraux de l'Ariège. De ce que, jusqu'a ce jour, bien des gisements métal- lifères de l'Ariège ont été négligés, il ne faudrait pas conclure qu'ils sont sans valeur et que nos montagnes aient été dans le passé vierges de toute exploitation. 11 L'ARIR`CE. Avant l'invasion romaine, l'indigène en tirait le fer et le cuivre. Depuis cette époque, les vieilles chartes nous offrent encore la preuve que, durant le moyen ége, l'industrie métallurgique y était exercée, puisqu'elle donna lieu à_ des règlements dont nous avons même le texte. A ces deux époques reculées, la question des trans- ports, pour nous si pleine d'intérêt, n'en était pas une pour ceux qui régnaient en maîtres sur le pays: Esclaves, vaincus, serfs et manants faisaient à la corvée, comme de simples machines, l'office du wagon. La matière par- venait à sa destination au mépris de la question huma- nitaire, n'importe la peine et le coût. Dans un temps plus rapproché de nous, des hommes se sont trouvés qui, après avoir étudié le pays sous divers aspects, nous ont fait connaître, d'une part, les travaux entrepris jadis au point de vue métallurgique, et, de l'autre, les ressources que les nombreux gise- ments de nos montagnes offrent encore à l'industrie. Ces hommes sont : le baron Dietrich, Lapeyrouse, Char- pentier, J. François, Leymerie, Dr F. Garrigou, Mussy, Magnan, l'abbé Poueeh, Dr Noulet, etc., etc., dont les publications ont jeté un jour nouveau sur la géologie des 'Pyrénées. Partant nous-même d'un point de vue géologique, et nous appuyant sur les travaux de nos devanciers, ainsi que sur ceux que nous avons exécutés personnellement, nous allons dresser le tableau, aussi exact que nous le pourrons, des divers gisements des produits exploités et exploitables dans l'Ariége. Nous ferons cette description terrain par terrain, et nous prendrons pour point de départ géologique les divisions adoptées dans la carte géologique de l'Ariége, c'nnincr3. 163 de la Haute-Garonne, de la partie O. de l'Aude et E. des Hautes-Pyrénées que nous avons exposée et décrite à la Société d'Histoire naturelle de Toulouse, au Congrès de Peu, à la réunion des Sociétés savantes, à la Sorbonne et à la Société géologique de France dans le courant de l'année 4873. Les principaux gisements sont seuls énumérés.

CHAPITRE Ier, 1° Terrains laurentien et ombrien. 30 Mines de fer : Boutariol-d'Artigues, Port-de-Pailliéres, Belluquet-d'Ascou, Oarniés, Gourbit, Brougaille-de-Saurat, Carlong, Gonterédone, Font-Sainte, Col-de-Port, Sarraute (ces cinq derniers gisements sont aux environs de . Saurat), Massat, Seix et Bencaret, Sentenac, Axiat, Serres et Cro- quié, Saint-Pierre-de-Barguilléres, Tresbens (Barguillères), Puymorens que la Société métallurgique de l'Ariège exploite sur une grande échelle, Ferrières, etc. 2° Mines de plomb : Orry-de-Carol (près le Col de Saleix). 3° Mines de cobalt : Aulus, Siguer. 4° Talc: Rabat, Montferrier, Montségur, Lordat, Quérigut, Pailhéres. 5° Kaolin : Seigneau et Montoulieu, Jarnat, Orlu, etc.

20 Terrain silurien. d.° Mines de fer: Orla, Ascou, Vaychis, Tignae, environs de Massat et de Saurat, Montségur et Montferrier, Antras, Mont-Coustaut, Rivetenert (?), etc. 20 Mines de cuivre: Mijanés, Vallon du Laurenti, Aston, Auzat, Aulus, Sentein, Esplas, Alzein, Ustou, Esbintz (entre Castillon et Seix), Montaillou, Montferrier. 3° Plomb et zinc (argentifère) : Caussou, Vaychis, Albiés, Miglos, Sein, Auzat, Saleioh, Brod, Aulus, drete-d'Escots- d'Usteu, environs d'tYstou, Codons, Salau, Orle, Seintein, {64 L'AItIÉGE. Saint-Lary, Autrech, Tresbens (Roquefort), Mont-Coustaut, Castelnau-de-Durban, Riverenert, Soulan, Balmiou- de-. Massai, etc. 4° Ardoises : Orlu, Port-de-Paillières, Tarbezou, Ascou, Luzenac et Garanou, Signer, Âuzat, Saint-Lary, Massat, Engomer. 3° Terrain dévonien.

I.° Mines de fer : Sem (Rancie), Lercoul, Miglos, Lareat, Albiés, Lordat, Lassur, Unac, Alzein, Lesourd, Labastide, Nesous, Les Issards, Rimont. 2° Mines de manganèse : Montels, Encourtiech et Rive- renert, environs de Castelnau, Esplat, Guinou, Estaniels, Montagagne, Larbont. 3° Mines de cuivre: Nescus, Castelnau, Camel, La Cazace, Cadareet (au sud â Mouton), Tresbens, Eychel, Saint-Lary, Lagarde-de-Labastide-de-Sérou. 4° Carrières de baryte : Elles sont toutes situées entre le Col-del-Bouieh et Rimont. 5° Carrières de marbre : Lordat. Toutes les autres carrières sont situées entre Nescus et Laeour. — On pourrait avoir des marbres dévoniens entre Ax et Prades. 6° Carrières de gypse : Rouge, Fontanes.

4° Calcaire earbonifére. Ce terrain peut fournir des marbres blancs et des brèches bariolées. Les brèches pourraient être exploitées, surtout au nord de Saint-Lary, dans la vallée de la Bellongue, au sud d'Aulus, vers le port de Coumebières, de Saleich et aux environs de l'étang de l'Hers et de Lordat. Le calcaire marmoréen, généralement blanc et souvent A grain fin, est exploitable et exploité dans une ligne qu'il est facile de suivre de la manière suivante :

Vallée de la Frau (près Belesta); pic de Lourza, environs de la Pinière, au nord do Prades-de-Montaillou; Fontalbe, L'ARILGE. 96i1 crates de Caussou, de Vernaux et de (Lorclat); crate entre le pie de Baiehon et Arquisat, crate de Nailhan, crate de Gesties, Siguer, Lercoul, Sem; montagnes de Freychinède, Aulus, Ercé, Seieh; entrée de la vallée de d'Esbintz, crate et montagne de Mirabail, pont de la Taule et entrée de la vallée d'Ustou; Rabat et Garnies.

On trouve dans les grottes creusées dans les calcaires de cette bande traversant ainsi l'Ariége, des stalactites d'une blancheur extraordinaire , qui pourraient être exploitées comme pierre d'ornementation fine, et qui fourniraient même d la bijouterie. Ce terrain contient également des marbres blancs plus ou moins fins et des marbres brèches semblables à ceux de Saint-Béat.

5' Terrain houiller.

Il n'existe dans l'Ariège que de rares lambeaux de terrain houiller. C'est surtout dans quelques points de la Haute-Garonne et dans plusieurs localités des Hautes et `Basses-Pyrénées qu'il faudrait faire quelques tenta- tives polir trouver la houille. Jaai touché cette question dans mon dernier travail à la Société géologique de France (mai 1878); mais il ne faut pas se dissimuler que l'existence de la houille, dans ces parties du bassin sous-pyrénéen, ne reposant que sur des probabilités, car on ne la voit que sur quel- ques points de la haute ehaine,les recherches seraient coûteuses et peut-être improductives. Cependant, les données fournies par la théorie sont telles, qu'on pour- rait tenter une ou deux recherches au moins dans le département de l'Ariège, de la Haute-Garonne et des Basses-Pyrénées. 166 L'AR[gGB.

60 Trias.

i° Carrières de gypse : Benaise (près Lavelanet), Carme, Arnave, Arignac, Bedeillae, Surba, Bailleras, Col-de-Port, Massai, Biert, Cammarade, Gaussaraing, Clermont, Barjae, Les Andreaux, Rimont, Baliar, La Bastide, Betchae et environs. 2° Matériauto divers :Pierres pour meules, à Gai an; grès à bâtir, à Castelnau et aux environs de Labastide-de-Sdrou; argiles pour briques, à Palettes (près St-Girons), à Cadareet et sur plusieurs autres points entre Saint-Girons et Cadareet.

7° Terrain jurassique. Ce terrain fournit surtout de la pierre à chaux. On pourrait l'exploiter sur quelques rares points comme marbre. On y trouve, comme aux environs de Lugeat, quelques traces de pyrites de cuivre. Dans le Saint-Gironais, aux environs de Rimont et de Lescure, il renferme quelques gisements peu abondants d'anthracite.

80 Terrain crétacé inférieur.

t° Marbres : Lombago et Lédar (près St-Girons), Aubert, Saint-Lizier, Audinac, Vinoaret(?), Cazavet, Mannes, Prat, Sabart, Verdun par les Cabanes. 2° Fer pisolitique (bauteite) : ,Taurignan, Lescure (environs vers le nord); Durban (environs); .Cadareet (environs); Suzan, Saint-Martin-de-Caralp, Saint-Sauveur près Foix, sur les deux versants (sud et nord); Peoh-de-Foix, sur les deux versants (sud et nord); Roquefixade, Péreille. 3° Pierres lithographiques : Versants nord du Pech-de-Foix et de Saint-Sauveur, sur la route de Vernejouls. Cette pierre offre d'excellents amas propres à la lithographie: mais il y en a une assez grande quantité qui est peu homogène. L'Ant$GS. 467 4° Pierre d chauœ : C'est le terrain qui fournit la plus grande quantité de pierre à chaux de la vallée de l'Ariége; dans les vallées du Saint-Gironais, on se sert généralement du calcaire carbonifère, qui fournit une chaux d'une blan- cheur éblouissante et d'excellente qualité quelquefois.

9° Crétacé supérieur.

±0 Lignites : Maurice-de-Montferrier, Pradiéres,' l'Herm, Labastide-sur-l'Hers (5 ), Lespérou, Labarre, Vernajouls, Lou- biéres, Clara°; Garrapel, Gabre, Mas-d'Azil (environs), Pailhol, Goury, La Querette, Monda et autres points aux environs, Merigon, plusieurs gisements aux environs de Sainte-Croix, dont un assez important au sud (malheureuse- ment le puits est abandonné), Bajert, Cérisols (environs). 2° Dalles : Celles, Rabat, Seurat, Massat, Seioh, Mannes. 3° Pierres d aiguiser : Aleou d'Aleu. 4° Argile d poterie: Celles, Embale-de-Saint-Paul, Clarao, Cerny, environs de Montaigut, fond de la grotte do Bedeillac, Tournas. G° Terres d brique : nombreux gisements non exploités.

109 Terrain tertiaire.

On y trouve des gisements de marbre (peu nombreux) dans les calcaires nummulitiques, des argiles à poterie et à briques (dans le miocène), dés matériaux de cons- truction dans le nummulitique, ainsi que de la bonne pierre à chaux hydraulique; des gisements de marne dans le miocène.

11° Terrain quaternaire.

i° Tourbières : Quérigut, Mijanès, haute vallée d'Aston, Le Planas de Lapcége, montagnes d'Illier et d'Orus, monta-

(5) Les gisements de cette localité ont été exploités autrefois commejayet; aujourd'hui, le commerce des objets en jayet continue dans le pays, mais avec du jayet venant d'Espagne. 1G8 L'ARiSGR. gns de ' Gourbit, montagnes de Bassiés et d'Auzat, Berna- douze-de-Suc et Col-de-Suc, Saint-Barthélemy. 2° Ruisseaux aurifères : Orlu; Ariége, surtout entre Crampagna et Saverdun; la Lèze, au sud de Pailhés; le Salat; les petits ruisseaux qui longent le contact du terrain miocène et des couches calcaires redressées formant les premiers contreforts des Pyrénées. Enfin, les alluvions anciennes des vallées de l'Ariège et du Salat. renferment également des paillettes d'or.

CHAPITRE II.

Neus allons passer en revue quelques-unes des exploi- tations les moins connues du département de l'Ariège, et nous tâcherons de nous rendre compte des avantages que l'on pourrait tirer de la régularité et de l'améliora. tion dans le mode d'action des exploitants. Les ardoisières, les tourbes, le talc, les plâtres, les eaux minérales vont nous occuper tour è tour. Autant que nous le pourrons, nous donnerons des chiffres sur les résultats présents et futurs de ces diverses exploi- tations. 10 Ardoisières de la haute Ariège.

Si, passant de la matière première d'où sortent les métaux, nous nous occupons des ardoisières, nous trou- vons encore là une source nouvelle de travail pour les habitants, de bien-être pour le pays et de gain pour l'industrie. Siguer et Garanou offrent à cet égard, malgré leur prétendu épuisement, bien des ressources. Mais hâtons-nous de dire que ce ne sera qu'au prix d'une réforme radicale dans le mode d'extraction de l'ardoise 1.'ARIÈGE. 469 aujourd'hui suivi, qu'on pourra donner de l'essor à cette industrie. Le schiste qu'on trouve dans ces deux localités, bien ,que d'un aspect moins agréable que celui d'Ancenis et d'Angers, est bien plus résistant. Des couverts pour lesquels on l'avait employé en 1760, voilà cent quatorze ans, n'ont donné lieu depuis à aucune réparation. Après trente ans, l'ardoise d'Angers, si artistement taillée, s'effrite, et les couverts sont à renouveler. Malheureusement à Siguer et à Garanou, de môme qu'à Miglos et à Saleich, où il y a aussi des ardoisières, cette industrie est exercée d'une façon barbare, nous osons dire, pitoyable. Qu'un paysan trouve dans son champ un schiste s'effeuillant; sans aucune notion de l'art du piqueur, il arrache tant bien que mal chaque feuille, et, dès que le trou d'où il la retire s'approfondit et lui présente des diff1c iltés d'extraction, il comble de détritus et de terre cette cavité pour la rendre à la culture. Ne croyons pas que cette feuille informe qu'il a retirée de la masse schisteuse soit par lui taillée et régularisée; il entend la vendre avec toutes ses bavures qui, sous la main du couvreur, la réduisent de moitié; notez que si cette planche informe doit ôtre portée un peu loin, le prix de transport de cette moitié perdue, que le couvreur aura à rogner, imposera un sacrifice de plus au consom- mateur. Une canne, ou 180 centimètres carrés d'ardoise, une fois taillée, se réduit à 90 centimètres. Il serait du moins naturel de la tailler sur le lieu même de l'extraction pour éviter le transport de ces bavures que l'on détache; mais }'exploitant voit dans cette opération une complication, dont son incurie et son peu d'intelligence le portent à s'affranchir. 170 L'Ann:cn. Co modo d'extraction ne saurait laisser aucun espoir d'avenir à cette industrie, et pourtant il serait facile de rendre l'extraction de ces ardoises profitable, et à celui qui la ferait convenablement et au pays en général. Une compagnie qui aurait à cceur d'en tirer parti, devrait s'entendre avec les propriétaires du sol où l'ardoise existe, les largement indemniser pour tous les dégâts occasionnés par la manutention, les intéresser à la réussite par une part proportionnée au terrain qui y aurait été consacré, et ouvrir, non pas une veine isolée, mais suivre une ligne d'exploitation sur toutes les par- celles concédées, qui ne devraient plus offrir à 1'eeil qu'une seule tranche longitudinale les reliant entre elles. Un chef ardoisier intelligent, dût-on l'appeler d'Angers ou des carrières de Lourdes, dans les Hautes-Pyrénées, attaquerait alors la surface schisteuse en suivant les règles de l'art, et, sous ses yeux, les planches, suivant leur grandeur, prendraient sous le marteau la forme la plus convenable pour la vente, sans exposer le consom- mateur à des frais parasites de transport. C'est en suivant cette marche naturelle que les pro- priétaires des ardoisières de l'Anjou, où plus de 4,000 ouvriers gagnent leur vie, ont trouvé te moyen de répandre au loin leurs produits. Dans les nôtres, on n'a effeuillé l'ardoise qu'à la surface du sol, pour ainsi dire. En s'enfonçant plus profondément au sein de ces montagnes de schiste, on viendrait à bout d'en arracher des trésors que l'esprit de routine, enraciné chez l'indi- gène, ne lui a pas encore permis d'apercevoir. Mais il est évident qu'une réforme imposée, par une compagnie intelligente, à cette branche de commerce la mettrait à môme de lutter avantageusement, alors que L'ARIÈGE, 471 les frais de transport en seraient amoindris au moyen d'un tronçon la reliant à la voie ferrée, avec les carrières éloignées dont les produits inondent nos départements méridionaux.

2° Les Tourbes de la haute Artége.

Notre contrée possède des tourbières dont on ne tire aucun produit. Parmi celles que j'ai signalées, il faut surtout recon- naître comme importante celle de la vallée de Vie-de-Sos, qui fut dans le temps, mais en vain, l'objet d'une adjudi- cation; et le gouvernement, dans ce moment même, nous assure-t-on, vient d'autoriser l'exploitation des tourbières situées sur la montagne de Col-de-Port, non loin de Seurat. On peut dire que tous les fonds de vallée, dans la haute montagne, ont leur tourbière, La haute vallée de Gudane, par exemple, en a d'immenses, qui offriraient, au moins pendant- 8 à 9 mois de l'année, une source énorme d'aliment à la voie ferrée. L'exploitation de la tourbe amènerait une grande éco- nomie dans certaines fabrications et, tout en devenant une ressource providentielle pour les localités voisines, seconderait la conservation de nos forêts. Le chauffage, surtout du gypse au moyen de la tourbe, aurait un grand résultat au point de vue économique. Pour cuire un four à plâtre de 40,000 kilog., on emploie environ 25 fr. de coke. On évalue à 3000 wagons de 40,000 kilog. le plâtre qui se fabrique. Si, au lieu de 25 fr. par wagon de coke employé, on n'emploie que 40 fr. de tourbe, et la chose est probable, témoin ce qui a lieu aux fabriques de plâtre de Pontac, dans les Hautes- 172 L'ARI$GB. Pyrénées, l'exploitation des tourbières assurerait à nos fabriquants de plâtre une économie annuelle de 45,000 fr. c'est-à-dire que le plâtre, dont le prix de revient est aujourd'hui, en ternie moyen, de 0 fr. 60 à 0 fr. 70 les "400 kilog., ne serait plus que de 0 fr. 45 à 0 fr. 55; ou mieux, que le prix de revient du plâtre se trouverait réduit d'à peu près un quart.

30 La Stbatite ou Talc des hautes vallées de l'Ariaçe.

La vallée de Rabat, d'où sont appelés à descendre le minerai de fer et le marbre, possède encore une autre espèce de richesse naturelle, dont la source a été momen- tanément tarie sous l'influence d'un antagonisme local qui en a arrêté la fabrication et l'écoulement. Rabat a naguère exporté au loin le tale de ses carrières. L'ignorance, ou plutôt le peu de soin des exploitants, ne leur a valu, dit-on, que des mécomptes. D'un autre côté, ceux-ci, jaloux les uns des autres, au lieu de s'entendre, sont entrés en procès au sujet de l'extraction de cette matière, et leurs efforts se sont naturellement paralysés. Or, le talc y existe, et quelques travaux de déblais, en suivant des filons qui se montrent à l'oeil, peut-être encore un peu jaunis, suffiraient pour conduire le sondage jusqu'à des tranches d'une extrême blancheur. Cette matière est employée dans les fabriques de savon, dans celles de papiers peints. On s'en sert encore dans les tanneries, et l'Amérique, la mêlant à d'autres subs- tances, en graisse les roues de toutes ses machines. A son exemple, sur les chemins de fer du nord de la France, on commence à la consacrer à ce dernier usage. Cette destination multiple peut donc amener un jour cette matière à donner quelque vie au commerce de la • L'ABI$GS. 413 contrée; à cet égard il ne peut s'élever aucun doute, puisque déjà une fabrique existe à deux pas de Rabat, préparant et triturant' un talc qui lui vient de 40 et 45. kilomètres plus loin, et dont le seul transport coûte au fabricant 20 fr. par tonne. Puisque, malgré cet énorme frais, la fabrique dont nous parlons écoule ses produits, cette industrie, profi- tant d'une diminution des 2/3 environ dans le prix de revient de sa matière première, ne pourrait, en la puisant à Rabat, que prendre une grande extension. Le pays est donc encore intéressé, à cet égard, à rouvrir, mais avec plus d'harmonie et d'intelligence, des carrières dont la valeur n'est pas hypothétique. De riches carrières de talc brut sont aussi exploitées au-dessus de Montségur, de Luzenac et d'Ax, mais le parcours que suit la matière sortant de là avant d'arriver à la voie ferrée est tel, que les frais de transport ne peuvent que rendre son écoulement difficile.

4e L'industrie plâtrière du canton de Tarascon.

Nous avons rejeté à la fin de notre revue tout ce qui a rapport à cette branche de commerce, soit parce que le développement qu'elle est appelée à avoir est à nos yeux des plus importants, soit parce que, dans notre opinion, pour atteindre à son apogée, elle doit être soumise à bien des réformes qu'il est très utile de signaler. Ces réformes doivent porter d'abord sur l'extraction de la matière première; en second lieu, sur la manière peu intelligente de ceux qui livrent le gypse en poudre à la consommation. La question vaut la peine d'être étudiée à ce double point de vue. 1Î^ L'ARlLGL+.

1' Extraction de la pierre le plcitre. Il suffit d'abord de jeter les yeux sur l'ensemble des carrières exploitées pour juger que le plus grand désordre règne dans cette exploitation, telle qu'elle est comprise et pratiquée au sein de nos montagnes. Tantôt elle se présente sous la forme d'une profonde cavité, d'où l'on ne peut arracher la pierre qu'a grands frais, et d'où, en temps de pluie et même longtemps après qu'il a plu, le mineur et ses aides sont chassés par les mares d'eau qui y séjournent. Tantôt c'est une masse de gypse aban- donnée, parce que les propriétaires des champs inférieurs en interdisent l'extraction. Ici la perte de la roche gypseuse est si prononcée, que' le travailleur qui s'y suspend court le risque à chaque instant de tomber de dix à douze mètres de hauteur sur un sol hérissé de débris sur lesquels il vient rebondir. Plus loin, ce sont les ouvriers d'en bas que le moindre éclat de mine peut ensevelir sous les éboulements. Ces blocs, arrachés au prix de tant de difficultés, les sentiers étant inabordables, sont transportés aux usines par des bêtes de somme dont chacune, dans la journée, peut à peine charrier une tonne. Mais ce n'est pas tout encore: à mesure que les ouvriers fouillent les flancs de la montagne, ne sachant que faire des terrains enlevés, ils les amoncellent sous leurs pas ou bien les laissent sur leurs têtes; ils sont à tout instant exposés à les voir se détacher sur eux, les écraser ou encombrer pour long- temps leurs chantiers. Ce spectacle nous rappelle par trop les temps les plus primitifs de l'industrie pour no pas en être choqués. Le remède à cet état de choses est pourtant facile, et il suffira de se fixer sur la situation géologique de la L>ARII1cE. 175 couche gypseuse, où existent toutes ces carrières, pour juger que leur exploitation peut devenir moins dangereuse et surtout se faire à moindres frais. Après avoir été rejetée par une faille qui a rendu stérile le fond même dé la vallée ouverte entre Surba et Tarascon, la pierre à plêtre commence à se montrer à la base orientale de la montagne de Soudour, à 400 mètres environ de la voie ferrée qui s'établit. De là, se .continuant, sur la base nord-est de la même montagne, vers le nord-ouest, où elle sert de paroi à une étroite gorge, au fond de laquelle coule un torrent, elle s'épanouit sur les deux rives du cours d'eau pour aller se terminer sur le flanc de la montagne granitique qui lui est opposée. Cet épanouis- sement du gypse sur les deux rives du torrent n'est guère qu'à 1,800 mètres de la voie ferrée. De là, en remontant la gorge au point où il semble disparaître complètement, la distance n'est guère encore que de 1,800 mètres, c'est-à-dire qu'un couloir ferré établi le long du cours d'eau, dans cette gorge, où les versants des deux montagnes se rencontrent dans le talweg de la vallée, n'aurait pas 4 kilomètres d'étendue. D'après ce tableau, on devine que l'établissement d'une semblable voie serait déjà un acheminement vers un état meilleur, en supprimant à jamais le service si rudi- mentaire des bêtes de somme, Une objection naturelle se présente ici. Le coût d'une semblable voie appliquée au seul transport de la pierre serait une triste spéculation; mais il faut remarquer que le chemin de fer, pénétrant dans cette gorge, donnerait en outre la vie à treize_ usines déjà établies et servirait de tête 'de gare pour les localités assez importantes de la vallée de Saurat, dont nous avons déjà signalé les mines, la tourbe et les ardoises. 476 L'ARISGE. La descente sur cette voie, dont la pente . est assez prononcée, se ferait sans le secours de la vapeur; autre économie dont il faut tenir compte. L'établissement d'une voie ferrée dans, cette gorge exigerait des terrassements sur tout son parcours. Les détritus de chaque carrière, avons-nous dit, y forment un encombrement qui finit par en arrêter l'exploitation. Dans les terrassements de la voie, les exploitants trouveraient d'abord l'écoulement naturel d'une partie de la matière encombrante, et, une fois le couloir ferré livré à la circulation, tous les détritus pourraient à bien peu de frais être transportés jusque sur les bords de l'Ariége, dont le courant les entraînerait. Ce qui coûte aujourd'hui le plus aux extracteurs de la pierre à plâtre, c'est le déblai; la matière encombrante disparue, les deux flancs de la montagne n'offriraient plus à l'oeil que les couches blanches du gypse qui, miné sans danger, descendrait par une pente naturelle jusque dans le wagon. Si la propriété sur ces berges n'était pas divisée, le remède du mal signalé serait tout trouvé. Mais IA sont d'innombrables parcelles recélant la matière première, et bien des exigences seraient à satisfaire. Aussi n'est-ce pas une entreprise isolée dont il s'agit de prendre l'ini- tiative. Une compagnie tenant compte de tous les intérêts devrait se former, laissant à chacune des parties contrac- tantes une part dans les résultats, relative à la charge qui incomberait à chacun. La réglementation de tous ces intérêts respectifs ne serait nullement difficile à formuler, si Une fois le principe qui sert de base à notre projet d'amélio- ration était généralement accepté. Ceux qui voudraient L'AR1$GG. 47-7 l'entraver pourraient se mal trouver de Ieur système d'opposition, Se rabattrait-on sur ce motif que de nombreux âniers vivent aujourd'hui du produit du transport de la pierre tel qu'il se pratique, que nous serions autorisés à leur adresser la même réponse que les premiers auteurs des voies ferrées adressèrent aux partisans attardés du rou- lage ordinaire : faut-il, dans l'intérêt d'une classe isolée, sacrifier celui de la généralité? Les rouliers sont devenus chefs d'équipe ou employés de tout genre dans les gares; les âniers du gypse trouveront â coup sûr de nouveaux moyens d'occuper leurs jambes et leurs bras, et n'en seront pas réduits à l'inaction; car le mouvement indus- triel de leur vallée peut se décupler.

20 Le Gypse en poudre. .

Les carrières de pierre à plâtre se trouvant convena- blement ouvertes et exploitées, les usines, soit celles qui existent, soit celles squi ne tarderont pas à se créer, n'auront plus à craindre les chômages faute de matière première. La production du plâtre en poudre peut être décuplée sans crainte de voir s'épuiser la matière première. En est-il de même de la vente? C'est ce qu'il faut examiner. Notre plâtre, il y a cinquante ans peu connu, n'avait qu'une consommation à peu près départementale. On le repoussait du dehors parce que, faisant une prise trop prompte, il ne laissait pas à ceux qui le gâchaient le temps de se reconnaître et d'en maîtriser l'emploi. Habi- tués aux plâtres du Nord, dont la prise est bien plus lente, les ouvriers, malgré son plus • de blancheur et ,d'éclat, hésitaient à s'en servir dans tout ce qui tenait 12 478 L'ARIÉG6. surtout à l'ornementation. Cette hésitation existe encore dans bien des départements voisins, où l'on n'en a pas encore fait l'emploi, et où l'on est imbu de cette fausse idée que le plâtre de Montmartre lui est supérieur; ceci n'empêche pas que, de proche en proche, l'ouvrier le plu's récalcitrant, reconnaissant la qualité du plâtre ariégeois et ayant pris l'habitude de le gâcher, la consommation s'en agrandit journellement. Bien des pays, où on ne l'a reçu jusqu'ici qu'A titre d'engrais pour les prairies artificielles, commencent à l'accepter comme matière plastique, et ne se laissent plus effrayer par sa prise trop prompte. Nous devons tirer une induction de cet accroissement progressif dans son débit à mesure que l'ouvrier s'habitue à l'employer : c'est que si un ' plâtrier intelligent et dévoué, emportant avec lui quelques sacs de plâtre destiné à des essais, dans une zone où on ne le connaît point, se mettait à môme de l'y faire apprécier en le gâchant lui-même sous les yeux du nouveau chaland, il n'éprouverait aucune peine à ouvrir un nouveau débouché à ce produit. . Les usines actuelles ne suffisent pas le plus souvent à la consommation du moment; pour peu qu'on s'efforçât de trouver à ce plâtre un plus grand écoulement, on en pourrait voir, sans crainte d'encombrement, accroître la production. Nous avons envisagé jusque-là la médaille sous le bon côté. Ne nous dissimulons pas qu'elle a son revers. La preuve en est dans la situation à peu près précaire de ceux qui ont jusqu'ici exercé cette industrie. Mais la faute en est à eux. Si, au lieu de se faire une guerre acharnée, ils eussent uni leurs efforts, soit pour perfectionner leurs L'ÂRIaGa. 179 produits, et la chose est possible, soit pour fabriquer avec économie, et qu'ils eussent, par des moyens simul- tanés, cherché au dehors à les faire connaître et appré- cier, au lieu d'avoir végété jusqu'ici, ils auraient obtenu un résultat autrement rémunérateur. Voici la situation qui leur a été faite, tant que le chemin de fer a été arrêté à Foix, par leur esprit d'anta- gonisme, de'jalousie et par leur isolement. Chacun d'entre eux a eu sans doute sa clientèle; mais chacun a eu ses frais généraux de voyages, d'agios, de poste, de surveillance en gare. Vivant au jour le jour, quelques-uns ont souvent reçu la loi de leurs clients et vendu à tout prix, pour pouvoir, à heure fixe, payer leurs ouvriers et leurs fournisseurs. Leur comptabilité, pour la plupart, 'se borne à des comptes de vieille et ne sau- rait supporter le moindre examen. Ces frais généraux pourraient être rendus bien moins lourds, et, en se groupant, Ies fabricants n'auraient pas reçu la loi de leur clientèle, ce qui est la pire des conditions pour le producteur, mais ils l'auraient imposée. Un syndicat leur fut proposé pour concentrer sous une seule direction, environnée du plus sévère contrôle, la vente du plâtre qu'ils pourraient produire, de façon à ce que chacun d'eux, n'ayant plus à s'occuper que de sa fabrication, fût affranchi de toutes les charges qui lui incombaient en dehors de son usine; mais. comme ce projet tendait à seconder les plus infimes des fabricants, à leur venir en aide, les plus aisés de ces derniers, c'est-à- dire l'aristocratie plâtrière, ferma l'oreille à une proposi- tion. faite dans l'intérêt de tous. Ce n'est pourtant que par une entente des petits et des grands producteurs, et par la réalisation d'un syndicat qui les unisse tous, que 4SO L'Al[aGE. l'industrie peut prendre son essor et enrichir ceux qui s'y livreront. Le chemin arrivât-il jusqu'à la porte des usines, si les fabricants n'unissent pas leurs intérêts en concentrant leur vente sous une seule administration, leur situation. ne saurait devenir meilleure. . Le fabricant ayant peu de ressources sera forcé, pour parer aux frais journaliers, de vendre son plâtre comme il le pourra. C'est-à-dire que la concurrence qu'il fera forcément à plus riche que lui, réduira le bénéfice sur le produit à ce qu'il était avant qu'on eût rapproché la voie ferrée du théâtre de la production. Si ce bénéfice, par exemple, était de 10 à 15 francs par wagon en gare de Foix, la concurrence fera qu'il ne sera guère supérieur à ce chiffre dans la gare nouvelle, car, grâce à 'cet antago- nisme ' peu intelligent, l'intermédiaire, parasite entre le producteur et le consommateur, profitera seul de l'éco- nomie résultant du rapprochement de la voie. L'industrie du plâtre de l'Ariege a été soumise à une autre charge encore bien onéreuse, et qui tend.à ne lui laisser aucun bénéfice. Nous voulons parler du mode d'emballage jusqu'ici adopté. Le plâtre s'expédie dans des sacs que la plupart des fabricants fournissent, et qu'on leur renvoie de la con- sommation, le chemin de fer étant chargé des frais de ce retour. Qu'arrive-t-il? Le plus souvent, au lieu des sacs neufs qui ont été expédiés, on ne reçoit qu'une sacherie en lambeaux, heureux si dans chaque wagon •de 200 toiles il n'en manque pas une douzaine. Faire un procès pour cot acte d'indélicatesse devient difficile et fort chanceux. Si un syndicat régulier existait, un contrôle légal L'ARI$GE. 481 pourrait s'établir pour laisser à la charge du réexpédi- teur, soit le manque, soit l'avarie. Nous pouvons fournir la preuve qu'un fabricant ayant dans une année expédié 300 wagons de plâtre a perdu, par suite du manque ou de l'avarie, plus de 2,000 sacs. En supposant que le bénéfice des 300 wagons lui eût Iaissé 2,000 à 2,500 francs de bénéfice net, il faudrait réduire ce bénéfice de '1,400 francs environ. pour perte sur ces 2,000 toiles, perte que, dans ses calculs, il n'avait pas mis en ligne de compte. Cette question de la sacherie nous porte à demander si, alors que les ciments, les substances de tout genre, .baryte, talc, kaolin, ocre, phosphate de chaux s'expédient en barils, il n'y aurait pas moyen d'appliquer au plâtre, à celui du moins consacré à la bâtisse et à l'ornementa- tion, le môme système d'emballage. Les bois d'aulne et de peuplier, qui abondent dans la haute montagne, trouveraient un écoulement naturel. Des scieries mécaniques s'y établiraient, et les chutes d'eau ne manqueraient pas pour cela. Les deux industries, se donnant ainsi la main, créeraient pour le commerce et pour la contrée une nouvelle source de richesse et de bien-être.

. Faux minérales.

Le département de l'Ariége est certainement le plus riche des Pyrénées en sources thermales, soit . en exploi- tation, soit à l'état improductif. Voici d'abord la liste des localités où existent ces sources.: Carcanières, Husson, Salies, Mérens, Ax, Aston, Verdun, Ussat, Tarascon, Foix, Tournas, Foncir- gues, Clermont, Labastide-de-Sérou, La Vigneoise-de-Con- 48i L'ARI4:GE. trazy, Audinac, Castelnau, Durban, Encourtiech, Ustou, Aulus, les Gouttes-Rouges, Seix, Suc, Saleich, Massat, Stoucou, Sentein, Orle, Escasseu, Forgues-de-Riverenert, Saint-Lary, Camarade, Sarrados, Ruffat. Les sources exploitées sont : Careanières, Husson, Ax, Ussat, Foix, Foncirgues, Audinac, Aulus, Seix. Examinons chacune de ces sources au point de vue de leur avenir. 1° Carcanières. — Il y a là deux établissements rivaux qui, dans ces dernières années, ont refait leur instal- lation balnéaire. Les établissements Esparre et Roque- laure sont aujourd'hui munis de baignoires convenables; cependant le captage des sources, les bassins destinés à- l'emmagasinage de l'eau, les douches, les étuves sont tout à fait à refaire. Le grand avantage des sources de ces établissements est de pouvoir être employées presque à l'état naturel, car leur température est assez rapprochée de 35°. Il suffirait donc d'établir un serpentin pour refroidir l'eau naturelle, et l'on aurait des bains d'eau sulfurée pure. La source Mis, dont la température avoisine 50 0 centig., pourrait servir à l'installation de douches écossaises. L'eau froide du torrent serait parfaite pour compléter les moyens hydrothérapiques. Il faudrait songer à installer là un établissement pour les malades qui cherchent à se soigner sérieusement; les distractions ne peuvent pas être grandes dans le Quérigut. L'arrivée du chemin de fer à Quillan et la terminaison de la route nouvelle de Quillan à Careanières, construite sur les bords de l'Aude et tout le long de la rive droite, porteront nécessairement une grande amélioration dans la station de Carcanières. Une compagnie propriétaire de ces sources pourrait L'AtUaGE. 483 probablement réussir à y attirer des étrangers. Mais ce ne serait pas une affaire à , conseiller comme très brillante dès le début. 2° Husson. -- gtablissoment dans l'enfance de l'art. Deux sources peu abondantes, mais très efficaces, parait- il, dans certaines affections de peau; tout à faire. 8° Ax. — C'est là, sans hésiter, l'une des plus belles entreprises à conseiller à une compagnie. Nulle part dans les Pyrénées on ne peut trouver des sources plus abon- dantes, plus chaudes et plus variées dans leurs effets. Il y a malheureusement trois propriétaires pour l'exploitation de toutes les sources, dont il est impossible de donner le nombre exact (il y en a plus de 70). Les plus anciens établissements appartiennent à Made- moiselle Rivière; ce sont et le Couloubret. M. Sicre est propriétaire de l'établissement du Breilh, attenant à l'hôtel. Une compagnie est devenue proprié- taire des sources dites Florence, et y a fait bâtir, il y a dix ans environ, un établissement surnommé le Modèle, et qui est un type d'établissement thermal mal conçu. La ville, enfin, est propriétaire de sources très abon- dantes qu'elle n'exploite pas. Des jalousies mesquines, des haines de famille ont rendu dans la localité toute entente impossible pour la jonction en une seule et même compagnie des exploitants de toutes ces sources. Les deux établissements du Teich et du Couloubret sont incontestablement les plus utiles de la station, car ce sont ceux qui sont dotés par la nature des sources les plus actives et les plus recherchées de tout temps. L'établissement Sicre vient ensuite comme ancienneté et comme qualité. Il y a là deux sources surtout qui sont précieuses : la Petite-Sulfureuse et la source Fontan. 1$lç L'ARIÊGE. Dans 'ces dernières années, on a fait d'importantes dépenses comme innovations, mais tout cela est-il bien conçu, bien installé? L'établissement Modèle n'a rien de spécial. Il abrite une mauvaise exploitation de sources qui peuvent, au premier coup de pioche, lui être enlevées par les voisins. La ville est propriétaire, en même temps que Made- moiselle Rivière, du gros massif de sources des Rossi- gnols et des Canons. Le jour où la ville voudra capter ces énormes griffons, elle pourra dessécher, ainsi que des expériences directes me l'ont appris, tout ou presque tout le Modèle, une portion des sources du Teich (rive droite de l'Orlu) et une grande portion des sources du Breilh. Peut-être quelques rares filets du Couloubret pourront être également arrêtés dans leur marche. Le jour où une compagnie, au capital de quatre mil- lions environ, deviendra propriétaire des sources d'Ax, cette compagnie attirera chez elle, non seulement des malades, mais aussi des promeneurs, car les environs d'Ax sont charmants et pittoresques. Les touristes et les savants y trouveront à visiter des localités aussi intéres- santes que celles des environs de Luchon. La montagne y est moins boisée, les glaciers manquent également, mais la nature y a semé des surprises aussi attrayantes que celles des Pyrénées centrales. Il est parfaitement possible de faire un devis des dépenses .à exécuter à Ax. 1° Achat des eaux :

A Atablissement du Teich et du Couloubert.F. 500,000 B Atablissement de bains et hôtel sicre 230,000 C Atablissement de bains dit le Modèle 100,000 D Sources de la ville 200,000

TOTAL 1,030,000 1. ' ARI g CR. 485 Ces chiffres peuvent s'expliquer : A. Pour le Teich et le Couloubret, 500,000 fr., parce que ce sont les établissements les plis connus, les plus utiles et Ies mieux achalandés d'As. De plus, quels que soient les travaux d'aménagement que l'on exécute sur les sources non utilisées, on n'altérera jamais celles de ces deux établissements. J'ai dit que quelques filets insi- gnifiants pourraient seuls disparaître. Le Couloubret est complètement neuf et parfaitement installé. Au Teich, tout est à refaire, sauf, à la rigueur, le bain Viguerie. B. Le Breilh possède deux sources importantes, je dois même dire indispensables : la Petite-Sulfureuse et la source Fontan. Il y a un matériel balnéaire qui pourra être parfaitement utilisé dans un établissement neuf et bien construit. L'hôtel peut être évalué au moins à 100,000 fr. C. Le Modèle ne devrait compter dans une juste appréciation que pour les matériaux et pour ses appa- reils. Payer ses sources et les payer également à la ville, qui est maîtresse de les faire disparaître à son bénéfice par un captage bien fait du groupe des Canons et du Rossignol, serait faire double ,emploi. La somme de 100,000 fr. serait plus que suffisante pour couvrir le valeur de ce qui existe d'utile; pour se débarrasser, une compagnie devrait donner 150,000 fr. D. La ville est propriétaire du groupe le plus considé- rable, qui alimente la place du Breilli et tout le Modèle à peu près; estimer ses sources F 200,000 c'est même rester au-dessous de la valeur réelle. 20 Reconstruction pourle Teich et le Breilh, environ F. 400,000 3° Indemnités pour l'aménagement des 180 r.'Aa[gcr. environs des établissements, achat de ter- rains, etc. 600,000 4° Casino 500,000 5° Amélioration des routes pour les courses dans la montagne et syndicat pour les courses. 1,000,000

TOTAL...... F. 3,730,000

Actuellement, le nombre des étrangers venant à Ax est do 4,000 environ tous les ans; la population non Ariégeoise des baigneurs change souvent, à cause des mauvaises installations particulières et du manque de ressources comme distractions. L'arrivée du chemin de fer à Ax, l'abondance énorme des sources, le bon marché relatif de la vie animale, le grand nombre de promenades à faire, quand on aura des chemins pour parcourir la montagne; le voisinage de la vallée d'Andorre et de l'Espagne par la magnifique route du col de Puymorens, et par dessus tout une installation balnéaire admirablement faite par les hommes spéciaux, formeront les ressources qui rendront Ax une des stations balnéaires Ies plus recherchées. Pour atteindre ce but, il faut éloigner de l'entreprise tout ce qui pourrait entretenir le maintien des dissensions locales. 4° Ussat. Dans cette station, comme dans toutes les autres, on a établi une concurrence qui, contraire- ment à ce qui a lieu pour tout autre commerce, a tué la station. Les sources d'Ussat sont, d'après la géologie, toutes les mêmes. Il faudrait donc une compagnie propriétaire unique. Mais on n'aura jamais là qu'une station de second ordre, dans laquelle il n'y aura de remarquables que la L'ARIME. 487 bonté des eaux dans certaines affections locales chez la femme, et leur captage si admirablement conçu par M. François dans l'ancien établissement. Au point de vue d'une entreprise très productive, il n'y a, je crois, que fort peu de choses à faire à Ussat. 5° Foncirgues. — Bienfaisante station dans certaines affections de l'estomac et des intestins. Malheureusement on est là tout à fait au berceau des eaux balnéaires. On boit l'eau d'une source, et l'on jette à la rivière un torrent d'eau minérale sans l'utiliser. L'exploitation de l'eau de Foncirgues est à entreprendre. Il y a de quoi faire une création sérieuse et très produc- tive, en même temps que fort utile pour les malades. Les sources appartiennent toutes à un particulier, avec lequel il 'serait aisé de traiter. La localité est un peu isolée, mais le site en est agréable. Foncirgues sera desservi par le chemin de fer de Chalabre à Saint- Girons. 6° Atuiinac. --- Cette station a été à son apogée il y a plus de trente ans. Le chemin de fer arrivant à Saint- Girons n'a nullement changé sa situation toujours fort minime, il y mirait cependant à faire quelques amélio- rations utiles; due société peu considérable pourrait se charger de cette entreprise. 70 Aulus. — Chaque fois que l'on me demande, quelles sont les stations d'avenir des Pyrénées, et cette demande m'est faite bien souvent, je cite : Ax, Aulus, Capvern et Salies-de-Béarn. C'est dire combien j'attache d'impor- tance à la station d'Aulus. Une compagnie assez puissante, s'occupant aujourd'hui des eaux d'Aulus, est disposée à tourner tous ses efforts vers la réussite de la station. Cette compagnie a déjà fait des sacrifices importants, mais pas assez considérables; 488 L.' %BJÉG1 . du reste, la rapacité des gens du pays l'arrête et l'empêche de donner une extension complète à ses projets. Les propriétaires des terrains qui avoisinent les sources demandent des prix exorbitants et qui feraient reculer tout le monde dans des achats considérables. Les proprié- taires d'un lopin de terre valant tout au plus 400 fr. no veulent le céder qu'au prix de 40,000 f4. L'ignorance du montagnard et sa sauvagerie, jointes à l'appât inintelli- gent du gain, retiendront sans doute longtemps la station dans l'enfance. On a commencé à s'occuper de l'exportation de l'eau, mais, je le crains, avec trop de rapidité et trop peu de soins intelligents. Comme bains, comme boisson surtout, Aulus a une réputation qu'on a malheureusement spécialisée un peu trop et qu'à juste titre on devrait transformer. En outre des sources minérales et thermales, on a dans la vallée . de nombreuses sources froides, dont la température de 8° centigrades permettrait de faire des établissements d'hydrothérapie irréprochables. Le nombre des étrangers venant à Aulus augmente tous les ans d'une manière fort sensible. Il faudrait là une compagnie pouvant faire un apport de 2,000,000 à 2,500,000 fr. Cette compagnie réussirait mieux encore que celle qui voudrait entreprendre Ax. Ces 2,500,000 fr. devraient être ainsi dépensés : 1° Achat des sources actuelles ...... F. 500,000 2° Achat des terrains pour faire un parc et un casino, à calculer avec la municipalité du village, 200 à 300,000 3° Construction d'un établissement thermal bien fait 200,000 4° Construction d'un casino 300,000 L'AIIItGE. 189 5° Achat ou construction d'un bel hôtel 200,000 6° Améliorations à faire dans les chemins de montagne du pays, création d'un syndicat do courses, achats divers 4,000,000

TOTAL 2,500,000 Le pays est rempli de sites ravissants. La vallée d'Aulus est entourée de bois de sapins et de prairies. Si les abords des sources et le bas-fond de la vallée étaient reboisés, on aurait en petit la vallée de Luchon. C'est là l'une des affaires thermales les plus sérieuses des Pyrénées. 8° Foix. — Établissement détruit par l'inondation. 9° Seix. -- Établissement dans l'enfance.

CONCLUSIONS.

De l'exposé précédent, dans lequel nous avons groupé les richesses naturelles de la haute Ariége, de la vallée du Salat et des régions Saint-Gironaises, il ressort une vérité qu'on ne saur .it trop mettre en lumière : c'est que, d'un ^a côté, l'isolemèüt dans lequel sont restés les industriels indigènes et l'esprit d'antagonisme et de jalousie qui les a animés; de l'autre, l'état de leurs voies de communi- cation, ont seuls retenu la contrée, au point de vue commercial, dans une torpeur regrettable. La voie ferrée ouverte dans le haute montagne est appelée à remédier jusqu'à un certain point aux vices de cette situation, et à faire ouvrir de nouvelles et de productives exploitations. II ne faut pas pourtant se dissimuler que si l'isolement 400 L'ARI8CE. des vues, des efforts et des intérêts persiste, on n'a à `attendre de la nouvelle voie que des résultats insignifiants. Cette voie doit se compléter par un rayonnement de petits couloirs que l'esprit d'association peut seul réaliser. C'est en secondant les étrangers qui nous portent leurs capitaux, en nous associant à leurs entreprises, en écar- tant tous les obstacles qui tendraient à les paralyser, que nous pouvons espérer une complète régénération et le progrès de l'industrie de l'Ariége. NOTE

SUR LE CHEMIN DE FER DES ANDES

ET SUR

LE CANAL AMAZONIEN

PAR Iiri FEUILLERET

La création d'une voie ferrée à travers les Andes péruviennes et la communication de cette voie avec le bassin de l'Amazone intéressent au plus haut degré l'avenir économique du Pérou. Faute de débouchés et de moyens de communication, ce pays, si intéressant d'ailleurs, se voit privé des céréales de la vallée de Jauja, qui pourrait facilement être le grenier de Lima, tandis qu'il se voit forcé de demander au Chili les blés nécessaires pour sa consommation. Le Pérou possède dans la Montana d'admirables forêts; mais, faute de toutes praticables, il a recours à la Californie, qui lui prête ses bois pour la construction do ses maisons et de ses chemins de fer. La Sierra renferme des mines do houille; mais pour les' mêmes raisons, le Pérou emprunte son charbon à l'Angleterre, qui le lui cède à raison de 30 fr. la tonne pris dans Ies ports anglais, et ce chiffre est plus que triplé quand le charbon arrive sur le marché péruvien. Quant aux mines métalli- ques, qui ont fait jadis la richesse du Pérou et ont rendu son nom proverbial dans le monde entier; il suffira de 492 NOTE SUR LE CHEMIN DE PER DES ANDES dire qu'elles rapportent aujourd'hui à peine de quoi entretenir la monnaie courante du pays. En résumé, le Pérou possède dans un sol prodigieuse- ment fertile des ressources presque inépuisables; mais faute de bras et de voies de communication, écrasé d'ailleurs par une dette d'un milliard avec une population qui n'atteint pas trois millions d'habitants, il reste l'un des pays les plus deshérités du.Nouveau-Monde, après avoir été l'un des plus riches et des plus prospères. A la vérité, l'émigration pourrait bien lui donner les bras qui lui manquent, mais l'émigration ne se porte. que sur les lieux déjà dotés de voies de communication, en sorte que l'on tourne ici dans un cercle : pas d'émigration sans routes, point de routes sans les bras que peut seule fournir I'émigration. Et pourtant, I'avenir commer- cial du Pérou est engagé dans cette question. Déjà, depuis un certain nombre d'années, le commerce a tenté de s'ouvrir une voie par le canal amazonien. En remon- tant le grand fleuve, qui est l'artère principale du Brésil et du Sud-Amérique, le commerce a eu pour objectif, d'une part, Lima par la vallée du haut Amazone; de l'autre, le Matto-Grosso et la Bolivie par la vallée. du Madeira. Nous ne nous occuperons aujourd'hui que de la voie fluviale qui doit mettre Para en communication avec un des affluents de l'Amazone, et du chemin de fer qui doit relier Lima à cet affluent.

On sait que l'Amazone est navigable pendant un cours de mille lieues, sans autre difficulté que de changer do navire à Manaus. A mille lieues environ . de son embou- ET SUR LE CANAL AMAZONIEN. 193 ohure, le marin rencontre le Ponge de Manseriche qui l'arrête brusquement. au-dessus de cet obstacle l'Amazone redevient navigable pour de petits navires; mais la courbe excentrique qu'il décrit, jointe à l'inégalité de son cours, en partie torrentiel, le rend peu propre à servir de débouché à une voie ferrée partant de Lima. Il a donc fallu trouver pour celle-ci une autre issue, parmi les affluents de ,droite du fleuve-roi. Le premier qui se présente est le IIuallaga qui coule dans une vallée extrordinairement fertile; mais outre qu'il n'est pas navigable dans tout son cours, il fait encore un trop long détpur et n'offre pas une route assez directe vers l'Ama- zone. Le second affluent, l'Ucayali, se présente dans de meilleures conditions. A la vérité la direction qu'il suit se prête mal à une communication directe avec une route partant de Lima, mais il projette vers la capitale du Pérou des affluents parmi lesquels on pourra choisir la commu- nication tant désirée avec le chemin de fer transandin. Les affluents de l'Ucayali sont nombreux. Deux d'entre eux ont surtout fixé l'attention du gouvernement péruvien et des officiers chargés de l'exploration des tributaires péruviens de l'Amazone, à cause de la direction de leurs vallées perpendiculaires à la côte du Pérou. Ce sont le Pachitea et le Perene. Ils naissent sur les pentes orientales de la Cordillière péruvienne, à peu de distance l'un ,de l'autre et tous deux â une soixantaine de lieues environ de Lima. Le Pachitea est formé lui-môme du concours de deux petites rivières, le Pitchis et le Patcazu qui prennent naissance non loin du Cerro de Pasco. Toutes deux sont navigables pour de petits navires et pendant;une bonne partie de l'année. Il est inutile de répéter:que les"rives de tous ces affluents sont couvertes de forêts magnifiques, d'essences variées et également précieuses pour l'indus- 13 494 NOTE SUR LE CHEMIN DE FER DES ANDES trie, l'alimentation et la pharmacie, et qu'à l'exception d'une tribu d'Indiens, lés Cochibas, ges habitants de ces rivages, presque tous sauvages et nomades, peuvent être ramenés facilement à la vie sédentaire et civilisée. Lorsque l'amiral Tucker fut chargé par le gouverne- ment du Pérou d'explorer les affluents de l'Ucayali, afin de savoir lequel d'entre eux offrirait le point . le plus accessible à une voie ferrée venant de Lima, et la route fluviale la plus propre à communiquer avec l'Amazone, il se prononça hautement pour le Pitchis. En résumé, voici comment se suivent et s'enchatnent les segments de la longue artère commerciale qui doit relier Lima au Para, à travers toute l'épaisseur de la Sud-Amérique. Il y a d'abord le chemin de fer des Andes, du Callao au Pitchis, puis le cours du .Pitchis jusqu'au Pachitea; par ce dernier, on gagne l'Ucayali, qui est tributaire de l'Amazone. Celui-ci, enfin, riche, à son tour, du tribut de quatre cents rivières, roule sa masse énorme d'eaux profondes vers l'océan Atlantique. Si, dans le long parcours qu'il décrit, la navigabilité de l'Amazone n'est pas partout assurée, on peut prévoir qu'elle le sera dans un avenir plus. ou moins prochain. La solution dépend de la confection du chemin de fer transandin, et c'est ici le moment de dire quelques mots de cette importante entreprise.

1I

L'entreprise des travaux de ce chemin de fer, décrétée en janvier 1870, a été concédée h un riche capitaliste américain, M. Henri Meiggs, et six années ont été accor- dées pour son achèvement. Du Callao à Lima, la voie ne ET SUE LE CANAL AMAZONIEN. 495 présente aucune difficulté et n'a nécessité aucun travail important. k partir de Lima, elle remonte la vallée du Rimac. Ici commencent les obstacles sérieux et les travaux d'art. Jusqu'à un certain point, la pente n'a pas 'I/2•p. 100; mais bientôt elle a atteint son maximum, 4 p. 100 et seulement 3 p..400 dans les courbes. Et pourtant, l'on n'est encore qu'à l'entrée des montagnes. Notons qu'entre le Pitchis et la côte du Pérou, il y a 60 lieues 'de pays et la chatne des Andes à traverser à une hauteur de 5,000 mètres. Pour donner une idée de ce travail gigantesque, qui laisse bien loin derrière lui le percement du Mont-Cenis, qu'il nous suffise de dire que, dans cette vallée du Rimac, on a construit le plus haut viaduc qu'il y ait au monde, le viaduc de Verrugas, qui mesure 175 mètres de longueur sur une hauteur de 90 mètres au centre, et qui repose sur trois piliers verticaux de 50, 55 et 76 mètres d'élévation, s'appuyant eux-ternes sur une base construite en granit et en ciment de Portland, disposés de façon que la plus grande distance entre les points extrêmes de support ne dépasse pas 38 mètres. Ce pont, entièrement en fer, ne pèse pas moins de 600 tonnes. A Surco s'arrêtait, il y a dix-huit mois, la partie de la ligne livrée à la circulation; elle devait atteindre, h la fin de la campagne de 4874, le village de Montucana, situé à 5 kilomètres plus haut. Mais il est à craindre que les troubles politiques dont le Pérou a été le théâtre en 4875 n'aient ralenti les travaux, s'ils ne les ont pas 'tout à fait suspendus. Le gouvernement, par son traité de concession, avait accordé 486 millions de francs, payables en bons du Trésor. On comprend qu'une telle subvention soit nécessaire dans un pays dù la journée d'un tailleur de pierre se paie jusqu'à cent francs, et où 196 NOTE SUR LE CHEMIN DE FER DES ANDES le kilomètre de chemin de fer, à une seule voie, coûte 700,000 francs, alors qu'en France le ni@me kilomètre, à deux voies, n'en coûte que 400,000 environ. A Mantucana, point où s'arrêtait, il y a six mois, la section livrée à la circulation, on n'était encore qu'à 90 kilomètres du Pacifique, et on ne s'était élevé qu'à une hauteur de. 2,300 mètres. Il restait 40 kilomètres pour arriver au faite de la Cordillière, et 2,400 mètres à gravir pour atteindre le point de partage entre les deux versants. On n'imagine pas les difficultés à vaincre à ces étages élevés, où pour triompher d'un obstacle de quelques pieds on est souvent obligé de faire un détour de quelques kilomètres. Un exemple : entre Tombe-Viso et Chiela, il n'a pas fallu moins de trente ponts ou viaducs, qui, ajoutés bout A. bout, feraient une longueur de plus d'un kilomètre, et trente-cinq tunnels représen- tant une longueur totale de cinq kilomètres. Parmi ces tunnels, il faut citer celui du sommet de la Cordillière, qui n'a pas moins de 4,173 mètres. On pense que le 21 .juillet 4876, le Pérou pourra célébrer le cinquante-troisième anniversaire de son indé- pendance, avec l'inauguration de son chemin de fer. Le jour où la voie ferrée aura atteint le rio Pitchis, ce jour-là, le Pérou aura résolu un double problème. Il dura assuré son avenir financier, et ouvert une voie nouvelle au commerce et à I'émigration, c'est-à-dire à la civilisation.

III

Toutefois, alors même que la grande voie commerciale par, le canal Amazonien et la voie ferrée des Andes serait assurée, le commerce français rencontrerait des difficultés ET SUR LE CANAL AMAZONIEN. 197 tenant les unes à la nature des choses, les autres à la législation qui pèse sur la . navigation dans les eaux de l'Amazone. Parmi les premiers, il faut mentionner les fièvres dues au climat d'abord, puis à l'accumulation et à la décom- position des détritus végétaux entraînés par le fleuve et ses affluents à l'époque des grandes crues; les moeurs sauvages des tribus indiennes dont quelques-unes sont anthropophages; la rareté des lieux habités et des places de commerce; la fréquence des transbordements par suite de l'interruption de la -navigation sur le cours supérieur des affluents péruviens de l'Amazone, trans- bordements qui auront pour conséquence naturelle une augmentation considérable dans le prix du fret. La législation qui régit la marine marchande dans les eaux de l'Amazone, est un obstacle plus sérieux encore à la direction du commerce européen par la nouvelle voie qu'on voudrait lui ouvrir vers Lima, à travers le continent sud-américain. A la vérité le gouvernement brésilien a, par un décret du mois de septembre 1867, rendu libre la navigation du fleuve à tous les navires, sans distinction de pavillon, mais les restrictions qui accompagnent ce décret en ont rendu le bienfait illusoire. Supposons, par exemple, un navire frété jusqu'à Manaus, le point le plus éloigné où puissent atteindre les navires de commerce, sans rompre charge, il ne pourra s'arrêter sur son chemin ni à Sainte.Marie de Belem, ni à Obidos, ni à aucun point intermédiaire. De même, au retour, il pourra bien charger à un point de l'Amazone pour la France, l'Angleterre ou pour tout autre pays étranger, mais non s'arrêter pour décharger ou prendre des marchandises dans un port situé sur le fleuve. En un mot, les bâtiments étrangers ont le droit 198 NOTE SUR LE CHEMIN DE FER DES ANDES. de naviguer dans l'Amazone, mais ils ne peuvent y faire le cabotage. Que résulte-t-il de cette interdiction? Le commerce s'arrête au seuil du Brésil et ne va pas plus loin que Para. • Tout le commerce du bassin supérieur de l'Amazone était, il y a quelques années, entre les mains de deux Compagnies, l'Amazone et la Fluviale, fondées avec; des capitaux portugais et subventionnées par le gouverne- ment brésilien. Elles ne possédaient pas moins de :30 à 40 steamers de toutes dimensions et d'un faible tirant d'eau. Ces deux Compagnies • n'ayant à redouter aucune concurrence étrangère, faisaient, parait-il, assez bien leurs affaires. La seule chose qu'elles eussent à craindre, c'était la jalousie qui règne entre les Brésiliens et les Portugais. Le commerce européen a de l'avenir dans le bassin de l'Amazone; mais, à l'heure qu'il est, il est entravé par mille difficultés, dont la première est l'état même de suspicion et de jalousie où le retient le gouver- nement brésilien. Cet obstacle levé, resteraient les autres difficultés dont nous parlions tout à l'heure, difficultés inhérentes à la nature du pays et des habitants. Celles-ci ne disparattront qu'avec le temps. On peut cependant entrevoir, dans un avenir plus ou moins prochain, fa possibilité de les vaincre. Alors le Pérou se trouvera rapproché de nous de près de 1,500 lieues. Dans l'intérêt du commerce français, et particulière- ment du commerce bordelais, nous devons hâter de nos voeux l'approche de ce grand jour, qui ouvrira une voie nouvelle et plus rapide à notre marine marchande. LA REGION DE L'AMAZONE, 499

M. de Varrieux, consul de France à Pernambuco, a eu l'obligeance de nous communiquer la note suivante, parue dans un journal brésilien; elle est flue à la plume d'un intrépide voyageur colombien, M. Rafael Beyese. Elle a été traduite du portugais. Elle fait naturellement suite au travail. de M. H" Feuilleret.

La région de l'Amazone et les Républiques riveraines.

Fils de la République de Colombie, et, je puis le dire, le représentant de son commerce, je viens de la capitale de cet État dans le but exclusif de découvrir le meilleur moyen de communication avec les Amazones, en utilisant une rivière navigable, reliée elle-môme aux populations méridio- nales de la Colombie par un réseau de chemins de terre. Il y a quatre mois, je m'embarquai sur le fleuve Iga ou Putumayo, sur lequel je ils une exploration scrupuleuse. Les résultats de ce voyage nous ont prouvé les immenses avantages commerciaux que nous pourrions retirer pour notre pays de relations suivies avec l'empire du Brésil. Je ferai une légère description de l'industrie, de la population et du commerce de la partie de la Colombie située sur le fleuve Iga ou Putumayo, et je dirai pourquoi j'ai écrit cet article. Au gouvernement impérial je demanderai de profiter des nouvelles richesses qu'un commerce nouveau peut lui procurer; je suis certain qu'il s'empressera, dans la mesure du possible, d'aplanir les difficultés qui, faute de traités de commerce et de navigation avec la Colombie, les rendent stériles, et qu'il voudra ainsi favoriser les relations qu'un temps prochain pourrait établir entre les deux pays : ce sera un heureux jour que celui qui verra naftre les divers éléments destinés â établir de telles communications. J'ai un important chargement de quinquina qui appar- 200 LA RÉGION DB L'AMAZONE tient â une maison de commerce dont je'suis l'associé. Ce chargement servira d'alimentation au fret des vapeurs pour les premiers voyages : j'ai également des' fonds suffisants pour établir un service de vapeurs sur le fleuve Iça. Les populations sont unanimes à vouloir réunir, par des routes terrestres, la route fluviale aux centres les plus importants, Ces routes seront construites en chaussées par une compa- gnie anonyme résidant au Pasto, aussitôt que les vapeurs auront inauguré la navigation du fleuve Iça ou Putumayo. Ce fleuve prend sa source dans la Cordillidre des Andes, dans la province de Pasto, à 2 degrés de latitude nord. Il reçoit, dans son parcours, les eaux de trente-six rivières, dont quelques-unes sont navigables; il reçoit en outre vingt-cinq grands ruisseaux. Son cours, depuis sa naissance jusqu'à l'Amazone, est de 450 myriamètres. Si les quinze premiers ne sont pas navigables, il n'en est pas ainsi à partir du confluent de la rivière Guamuds, qui égale presque en grandeur le fleuve môme. La profondeur du Putumayo est de Im50 pendant les 20 premiers myriamètres; elle est ensuite de 2 à 10 métres. Les sondages ont été faits à l'époque des basses eaux, qui dure de décembre â mi-avril; au moment de la crue, la profondeur est double. Le fleuve court dans une plaine légèrement inclinée sur un lit de sable, avec une rapidité de 3 â 4 milles par heure. Sa largeur atteint 400 métres sur quelques points. Des bois bordent ses rives et sont riches en gomme élastique, salsepa- reille, cacao, bois de construction, dans la zone chaude. Dans le climat froid, au contraire, se voient les quinquinas, des mines d'or, et le vernis chamade de Pasto, qui est très apprécié. Le climat varie entre 20 et 22 degrés; le pays est générale- ment aussi sain que celui des Amazones. Les tribus indiennes sauvages qui habitent les foréts des bords du fleuve sont douces, hospitalières et faciles à conquérir, comme j'ai pu l'observer dans trois tribus oh j'ai vécu lorsque je' me dirigeais vers les Amazones. Du confluent de l'Iça dans l'•Amazone, point qu'atteignent déjà lea vapeurs de la Compagnie de Navigation des Amazones, jusqu'à l'embouchure de la rivière Guamuds, on peut arriver ET LES REPUBL1QUES RIVERAINES. 201 en dix jours. De ce dernier point à Pasto, il y a de 13 à 15 myriamètres, ,distance que l'on peut parcourir en quatre jours, au moyen d'une bonne chaussée. Ainsi, en quatorze jours, on pourra aller des Amazones au centre d'une population très nombreuse et très active, sur laquelle on n'a pas la moindre information. La ville de Pasto, capitale de la province de ce nom, a une population de 12,000 habitants. De là partent et rayon- nent plusieurs chaussées ou routes de un, deux, trois et quatre }ours de longueur, qui'vont communiquer avec les provinces de Caldas, Popayan, Tuqueres et Obando en Colombie, avec la province de Inhabura dans l'Équateur. Au nord s'étend le reste de la population colombienne jusqu'aux limites du Venezuela, et au sud celle de l'Équateur s'étend jusqu'aux limites du Pérou. Les villes ou provinces qui feront commerce avec les Amazones, comptent une population de 500,000 habitants, laborieux, qui se livrent à l'agriculture, à l'élevage des troupeaux de chevaux, de beaufs et de hates à laine, aux arts industriels, tels que la ferronnerie, la charpenterie, la construction, la fabrication des. chapeaux de paille. Ses produits les plus importants sont : le café, le sucre, le tabac, la viande sèche, le suif, et une variété nombreuse de végé- taux. Tous ces produits n'ayant de débouché que sur le Pacifique, ont à parcourir une distance énorme dans la partie occidentale de la Cordillière des Andes, où passent les porteurs qui se chargent de ce service. des difficultés de transport font que ces produits sont de peu de valeur et que les salaires sont fort réduits; çe qui fait que la population pauvre émigre au loin pour aller chercher un travail mieux rétribué. La voie par les Amazones offre, au contraire, une grande facilité pour l'exportation sur les marchés du Para et de Manaos, de même qu'elle offre un vaste champ à l'utilisation des capitaux pour le moment inoccupés. Les populations colombiennes sont très anxieuses de connaftre le résultat de mon voyage; toutes veulent se lancer dans ce nouveau champ de 'spéculation, aussitot que j'aurai réussi dans la navigation du fleuve Iga, 202 LA REGION D& L'AMAZONE Les avantages qui résulteront pour elles de cette immense entreprise dans ces pays est manifeste et facile â prévoir. La Colombie écoulera ses produits par suite de la diminution considérable des frais de transport. Le Brésil enrichira son agriculture de bras libres, approvisionnant en mémo temps ses marchés des produits qui lui viendront de cette répu- blique. L'immigration des provinces colombiennes se fera sponta- nément, sans que le gouvernement ait d faire de dépense; il n'aura qu'a la protéger et â la faire respecter. Les Colombiens vivent sous le mémo climat; ils ont plus ou moins les rames habitudes et coutumes; ils supportent mieux le travail sous les ardeurs du soleil des tropiques; leur idiome diffère peu du portugais. Il est indubitable que leur immigration vaudra mieux pour l'empire que celle de pauvres Européens. J'ai une foi robuste dans l'idée qu'avant peu de temps tous seront convaincus de cette vérité. J a Compagnie que je représente fera tous ses efforts pour mener â bonne fin l'entreprise dont. elle a pris charge. Secondée, comme elle

espère l'etre, elle a grande _ confiance qu'elle ouvrira, par l'in- dustrie et le commerce, un puissant et brillant fonds de richesse. Elle possède depuis quelque temps, comme je l'ai dit, des marchandises suffisantes pour ne point laisser interrompre les premiers voyages des vapeurs faute de chargement, en attendant que l'on finisse les chaussées ou routes qui per- mettront un commerce suivi. L'unique obstacle qui, présentement, paraft devoir retar- der la réalisation de mon entreprise est le manque de traités de commerce et de navigation entre l'empire et mon pays; aucune convention n'a réglé jusqu'à ce jour le transit des produits qui s'exportent de Colombie pour l'étranger, et des marchandises qui s'importent de l'étranger pour la Colombie. Je m'efforcerai d'obtenir du gouvernement des mesures pro- pres â aplanir cet obstacle, en attendant que mon pays envoie un plénipotentiaire â Rio-de-Janeiro, afin de contrac- ter les traités de commerce et de navigation nécessaires, comme l'ont déjà fait le Pérou et la Bolivie.. Le gouverne- ET LES R$PUBLIQUES RIVERAINES 203 ment colombien est disposé à faire ces ouvertures, dès qu'il aura appris l'heureux résultat de mon voyage. Le transit des marchandises étant permis, le premier vapeur pour le rio Iça ou Putumayo poutre partir avant le le mois d'aoat prochain, et j'ai l'intime conviction que cette navigation deviendra de jour en jour chaque fois plus active et importante. Il y a d'ailleurs, dans cette entreprise, des idées et un but plus élevés : c'est la rédemption des indigènes qui, nus, dévorés par les insectes, vaguent dans ces bois, tandis que nous, civilisés, nous sommes dans l'abondance de toutes choses, à si peu de distance d'eux; tandis que nous occupons les terres de leurs aïeux, que nous gottons lea joies de la société et de la famille, et que nous jouissons des consola- fions d'une religion d'espérance et d'amour. C'est â notre indifférence que ces malheureux doivent l'état qui les rapproche de la brute, existence d'etres disgraciés qui est une sanglante insulte à la civilisation et à la charité chré- tiennes, insulte que nous, les descendants des conquérants, nous devons tenir à honneur de réparer. Cette entreprise nous élèvera dans nos destinées futures; ses résultats seront immenses. Et lorsque les autres pays rive- rains s'apercevront que le commerce de la Colombie avec les Amazones est plus important que le leur, ils sentiront le besoin de créer des routes unissant les centres de popula- tion avec les ports des fleuves. Sans communications faciles par terre, nul commerce n'est possible, pas plus avec la Colombie qu'avec le Pérou, la Bolivie et le Venezuela. Et dire qu'il ne faut autre chose que l'ouverture de chaussées pour lever les difficultés qui étreignent la Colombie! Mais que sont ces difficultés en présence du brillant et vaste horizon qu'elles ouvrent à chacune (les républiques rive- raines? Qu'est-ce que le travail de défricher quelques bois, de percer quelques montagnes pour aller à la recherche de l'Atlantique, dont les ondes, pour ainsi dire, battent le pied des Andes orientales? Toutes les eaux navigables du bassin des Amazones ne doivent-elles pas Btre considérées, en effet, nomme faisant partie de l'océan lui-môme, puisque nos produits, placés sur les vapeurs que portent nos fleuves, 204 LA R$GION DE L'AMAZONE ET LES R$PUBLIQUBS RIVERAINES. peuvent atre transportés sans encombre, et sans rompre charge, jusqu'aux marchés européens. Je ne terminerai pas sans mentionner ici les noms des illustres chevaliers le D r Domingos, Antonio Raïol et le com- mandeur Manuel-Antonio-Pimenta Rueno, qui ont droit à toute ma gratitude; ils m'ont donné, sans me connattre, des lettres de recommandation, qui m'ont procuré de généreuses réceptions et de puissants appuis, et ont fait accueillir mon entreprise avec enthousiasme.

Para, 31 mai 1875.

RAFAEL BEYESE. L'®R®GRAPEE

DE M. FRANZ SCHRAbER.

Je me suis servi, pour relever la carte du Mont-Perdu, d'un instrument auquel je donne le nom d'orographe. Ayant voulu, dès mes premiers voyages dans les Pyré- nées, dessiner les panoramas visibles du sommet de quelques cimes, j'avais reconnu la difficulté d'obtenir un travail exact et sérieux sans l'avoir préparé à l'avance. Comme je ne m'occupais à cette époque que des mon- tagnes françaises, et que Ies cartes de l'état-major me fournissaient les données dont j'avais besoin pour pré- parer mes panoramas, je m'avisai, à cet effet, d'un moyen très simple, que voici décrit en quelques mots : Je pris pour chaque panorama un cercle de papier dont le centre fut posé sur le point d'où je pensais prendre mon point de vue. En promenant sur la carte un fil dont l'extrémité était fixée à une épingle plantée sur ce point, je notais les angles où je rencontrais les diverses som- mités de la chaîne; puis, reportant ces notes, avec leurs distances respectives, sur une longue bande de papier, j'obtenais les positions horizontales des différents pics. Pour déterminer les positions verticales, je n'avais qu'à savoir de quel angle s'élève ou s'abaisse par rapport à l'horizontale une cime d'une hauteur quelconque, située à une distance quelconque, et je pouvais ainsi préparer mes panoramas avant de gravir les montagnes, sur les- quelles, une fois arrivé, je n'avais plus qu'à les vérifier et à les compléter. 206 L'OROCRA PEE Cela put suffire tant que je n'explorai que les mon- tagnes françaises; mais du jour où je passai la frontière, tout changea, et il ne fut plus question de vérifier, mais , de créer. Au lieu de partir d'une carte pour aboutir à la • nature, il me fallait partir de la nature pour aboutir à une carte. La pensée me vint alors tout naturellement que si je pouvais faire en sens inverse mes relèvements circulaires, il me serait aussi facile de tirer une carte du panorama des montagnes qu'il m'avait été aisé de tirer des panoramas des cartes de l'état-major. En théorie, rien de plus simple : considérant un horizon de mon- tagnes comme un cylindre vertical dans l'axe duquel je me trouvais placé, il ne s'agissait que de transformer ce cylindre en un plan horizontal circulaire, dont le centre représenterait l'axe du cylindre, c'est-à-dire la cime sur laquelle je ferais mes observations; tout point quel- conque, visé dans le cylindre du champ de vue, pourrait prendre sur le plan circulaire une place correspondante, dont les éléments seraient un rayon pour l'angle horizon- tal et une distance du centre pour l'angle vertical. Si maintenant je parvenais à construire un appareil qui prit note d'une manière automatique de l'emplace- ment de chaque point visé, j'arriverais à emporter dans mon sac, après chaque prélèvement, non pas des chiffres ou des notes, mais la chaîne de montagnes elle-môme, avec ses formes, ses directions et aes hauteurs. C'est en partant de cette idée que j'arrivai, après de nombreux tâtonnements, à construire l'orographe. Cet appareil se compose essentiellement d'un plateau horizontal, au centre duquel s'élève un axe creux, per- pendiçulaire au plan du plateau, et contenant un fil à plomb. Autour de cet axe tourne, à frottement doux, un second tube muni d'un niveau à bulle d'air. Ce tube DE M. FRANZ SCHRADER. 207 porte à sa partie inférieure un bras horizontal qui le suit dans ses mouvements de rotation, et au sommet une lunette, fixée à un arc de cercle mobile dans un plan vertical. Cet arc de cercle venant affleurer par sa partie inférieure la face supérieure du bras, un ruban d'acier fixé à l'arc de cercle et portant un crayon à son extrémité avance ou recule le long du bras, suivant les mouve- ments verticaux de la lunette, dont les monvements tournoyants, entraînant horizontalement le tube exté- • rieur et le bras, font décrire au ressort et au crayon des cercles plus ou moins étendus. Les mouvements se combinant de façon à correspondre exactement aux directions de la lunette vers les différents points de l'epace, il en résulte que tous les points visés successivement par la lunette se reproduisent en traits de crayon sur une feuille de papier fixée à la surface du plateau. Le plateau est agencé de façon à pouvoir se replier comme une botte et à 'renfermer tout l'appareil sous un volume aussi peu considérable que possible. L'orographe étant posé sur un trépied muni d'un genou, je décoiffe le tube intérieur, .que je dresse jusqu'à ce que le fil à plomb, visé par quatre fenêtres à angle droit, soit parallèle à l'axe du tube.. Posant alors le second tube avec tous les organes qui l'accompagnent sur cet axe vertical, je m'assure de la verticalité par le moyen du niveau; puis, portant la lunette dans une position telle que l'arc de cercle indique une inclinaison de 06, je serre cet arc à l'aide d'une vis de serrage et je fais décrire à l'appareil un tour horizontal, pendant lequel le crayon trace sur le papier un cercle qui doit rencontrer tous les points de l'horizon situés à la même hauteur que te point d'où j'opère. Une série de cercles concentriques 208 L'OROC RA PHE me fournit une échelle d'angles verticaux; après quoi, rendant à la lunette toute sa liberté, je la porte, en relevant le crayon, vers le point d'où je veux faire partir ma visée circulaire; puis, laissant de nouveau le 'crayon s'abaisser sur le papier, je vise à travers la lunette le contour des montagnes, des vallées ou des glaciers, de fagon que le centre de la croisée de fils se projette exactement sur les points visés. A chaque point impor- tant, je m'arrête pour imprimer à la lunette deux séries de mouvements, les uns verticaux, les autres horizon- taux, passant tous par le point visé, et j'obtiens sur le papier une moyenne en forme de croix, dont le centre me donne l'emplacement du point cherché. J'ai négligé, dans cette courte description, de men- tionner certains organes destinés à augmenter l'exacti- tude ou à faciliter la manoeuvre. Ainsi, le plateau porte un cercle gradué, sur lequel vient s'appliquer un vernier fixé à l'extrémité du bras. L'arc de cercle correspond également à un vernier vertical. Le ressort d'acier est fixé à l'arc de cercle par le moyen d'une vis de serrage, qui permet de l'allonger ou de le raccourcir, afin de donner au jeu du crayon le plus de latitude possible, soit qu'on ait à viser des élévations, soit, qu'on s'occupe de profondeurs. Les mouvements de la lunette sont dirigés par une tige fixée au tube extérieur, portant à une de ses extrémités un large bouton, et à l'autre bout une petite roue dentée commandant un engrenage appliqué à l'arc de cercle. En faisant tourner la roue dentée, on obtient les mouvements verticaux, et il suffit de pousser la tige à droite ou à gauche pour obtenir les mouvements horizontaux. On le voit, l'orographe supprime les lectures, les cal- culs, les interruptions de travail, les mesures d'angles; DE M. FRANZ SCHRADER. 209 une erreur devient à peu près impossible, puisque la vérification se fait toute seule par la concordance du point de départ avec le point d'arrivée, et le relèvement du pays le plus tournant se réduit à une simple opération mécanique, après laquelle on emporte avec soi la repro- duction même de la région explorée. Pour dresser une carte à l'aide des documents circu- laires fournis par l'orographe, je n'ai qu'à poser le centre de chaque visée sur le point déjà connu d'où elle a été prise. Après quoi, orientant mon horizon de façon à faire concorder un autre point connu avec la direction que lui donne la visée circulaire, j'obtiens une base fixe, et je n'ai plus qu'à projeter des rayons par tous les points que je juge à propos de déterminer. Plis de terrains, versants, failles, crêtes dentelées, tous les détails même les plus infimes peuvent fournir leur rayon sur la carte projetée. Si maintenant, d'un autre centre et au moyen d'une autre base, je mène d'autres rayons par les mêmes points, il est évident que l'intersection des rayons me donnera l'emplacement cherché, et que si les lignes four- nies par une troisième visée viennent couper exactement l'intersection des précédentes, la certitude deviendra Complète. Dès lors, connaissant la hauteur du point d'observation, la distance du point visé et l'angle que forme avec l'horizontale la ligne joignant ces deux points, je puis faire le calcul de la différence de leurs hauteurs et obtenir ainsi autant de nombres que j'ai de visées différentes. — Ces nombres se contrôlent l'un par l'autre, et en cas de légères divergences, la moyenne est prise comme hauteur du point visé. La plupart des diver- gences entre les hauteurs du massif du Mont-Perdu ont été inférieures à 10 mètres. Mais j'avais dû construire mon appareil moi-même, et un orographe bien achevé 210 L'OROGRAPHE DE M. FRANZ SCHRADER. devrait donner des résultats plus délicats. Pour les points très éloignés, on peut, par mesure de précaution, ne pas , se contenter de la marque du crayon, mais lire les angles sur les deux cercles gradués. Il y aurait avantage à remplacer le crayon par une fine pointe de métal qui tracerait des lignes sur du papier préparé. J'ai cependant éprouvé qu'un crayon de graphite de Sibérie bien taillé peut tracer des lignes pendant fort longtemps, sans que l'épaisseur de ces lignes. devienne appréciable, même à la loupe.

FRANZ SCHRADER. RAPPORT

A LA SOCIÉTÉ DE (3ÉOCiRAPHIE DE BORDEAUX

BN R$PONBB

A . L'ENOURTE RRLATIVE A L'ENVASEMENT DU PORT

PAR M. LABAT

INGgNIEUR-CONSTRUCTEUR HABITA[,

L'envasement de notre fleuve, que l'opinion publique signalait depuis si longtemps à l'attention de ceux qui sont chargés de veiller à la conservation et à la prospérité de notre port, a pris, dans ces dernières années, de telles proportions, qu'il ne peut plus être contesté ni dissimulé, et qu'il faut, ou bien lui opposer un remède immédiat et énergique, ou bien s'attendre à voir bientôt la Garonne devenir complètement inaccessible aux bâtiments de fort tonnage. En présence de cette situation si grave, l'Administra- tion a cru devoir provoquer une enquête pour rechercher les causes de l'envasement de notre rade et étudier les moyens qu'on pourrait employer pour le combattre. Ayant à répondre à cette enquête, nous ne limiterons pas nos recherches à l'examen des phénomènes qui se sont produits dans' la rade de Bordeaux seulement. Nous examinerons le parcours tout entier du fleuve, et nous constaterons malheureusement que, de Bordeaux à la 242 ENVASEMENT DU roar. mer, il n'est pas un seul point sur lequel le mal signalé pour notre port n'existe à un même degré, sinon à un degré supérieur. Disons d'abord quelques mots des causes générales auxquelles il faut attribuer l'exhaussement graduel du fond des fleuves. Ces principales causes sont l'action des eaux supérieures et celle des eaux de la mer. 4° Les eaux supérieures qui; claires et limpides au moment où elles atteignent' le sol, entratnent vers les fleuves les matières qu'elles ont pu détacher dans leur course, tendant ainsi à combler Ies cavités des vallées et à produire à la longue le nivellement graduel de la terre. 2° Les eaux de la mer qui, gonflées par le flot, remon- tent dans les fleuves en soulevant sur leur parcours des quantités considérables de matières qu'elles transportent souvent jusqu'à une grande distance du point où elles ont été enlevées. La Gironde, dont nous avons à nous occuper, est soumise, autant et plus peut-être que tout autre fleuve, à l'influence de ces causes perturbatrices, sous l'action desquelles son colmatage s'opère avec une telle rapidité qu'on pourrait prédire dès aujourd'hui l'époque où les navires, même de dimension moyenne, ne pourront plus remonter à Bordeaux. Il est vrai qu'à certains moments, après de grands orages et de grandes pluies, les eaux supérieures acquiè- rent une force suffisante pour entratner jusqu'au bas du fleuve, ou même jusqu'à la mer, à la fois les matières qu'elles tiennent en suspension, et celles qu'elles par- viennent à détacher dans leur parcours. Pour certains fleuves, ces masses d'eau suffisent à l'entretien de leur lit, mais il n'en est pas ainsi pour la Garonne et la RAPPORT DE N. LABAT. 213 Gironde; les améliorations que l'on constate à certains moments sont de peu de durée, et elles sont bientôt suivies de périodes pendant lesquelles le mal produit dépasse dans une telle proportion le bien qui l'avait précédé, qu'en définitive P exhaussement général se con- tinue sans ralentir sa marche. De Bordeaux à Pauillac, l'importance de cet exhausse- ment moyen a pu âtre chiffrée d'une manière approxi- mative;. il s'opère, depuis quinze ans, en moyenne à raison de 2,500 mètres cubes par jour. Quelle a été, sur cet envasement si rapide, l'influence des travaux exécutés jusqu'à ce jour dans le but de le combattre? Les digues établies à diverses époques ont- elles amélioré la situation, enrayé tout `au moins le mal, ou bien, comme le prétendent la plupart des marins, ont- • elles produit un effet opposé à celui qu'on en attendait? Le lit d'un fleuve présente toujours sur son parcours des profondeurs variables; il se compose, en général, de fosses ou rades séparées par des hauts fonds plus ou moins prononcés. Ces hauts fonds tiennent à la configu- ration du contour du fleuve; ce sont des lignes sur lesquelles, par suite de cette configuration, les matières en suspension ont pour ainsi dire une sorte de prédi- lection à se déposer. En étranglant la Garonne vis-à-vis de ces barres, on a provoqué une plus grande rapidité des eaux, soit de jusant, soit de flot; on est parvenu ainsi à approfondir le lit du fleuve sur ces points, mais on ne s'est 'pas suffisamment rendu compte que les matières ainsi enlevées par la violence des courants avaient été transportées dans des fosses voisines, qu'elles avaient comblées. De telle sorte que lorsque l'opinion publique s'écriait que le fleuve était perdu, on pouvait répondre victorieusement à ce cri d'alarme en prouvant que les 2i4 ENVASEMENT DU PORT. passes s'étaient améliorées; mais un jour devait arriver où l'effet désastreux produit sur les rades serait tellement prononcé qu'il ne pourrait échapper•aux yeux même les moins clairvoyants. Ce jour est arrivé : toutes les rades se comblent dans la même proportion que celle de Bordeaux, et le courant de flot, qui est étranglé lui aussi par les digues tout autant que celui de jusant, transporte à chaque marée en amont des barres beaucoup plus de vase et de sable que le jusant ne peut en rapporter en aval. Nous disons beaucoup plus sans crainte d'être contredit, parce que l'expérience montre d'une manière certaine que le flot, au moment où il se fait sentir, prend une intensité d'autant plus grande qu'il rencontre plus d'obstacles matériels sur sa route, et qu'il arrive ainsi à soulever sur son passage de véritables trombes de vase et de sable. II y a, sous ce rapport, une différence considérable entre le courant de flot et celui de jusant : le courant de jusant peut entratner, s'il est suffisamment rapide, les matières en suspension, corroder' même les rives, mais il a peu d'action sur le creusement du fleuve ; le courant de flot, au contraire, s'attaque plus spécialement au fond, de telle sorte que le jusant doit être considéré comme tendant à élargir le fleuve, et le flot comme tendant à l'approfondir. Qu'un navire sombre sur un point sablonneux, chaque flot, en le rencontrant sur sa route, va le déchausser sur tout son contour et faire le vide sous lui jusqu'à ce que le terrain, ne pouvant plus en supporter le poids, s'effondre sous le Miment. Le jusant, au contraire, remblaiera en général les cavités creusées par le flot, et si, dans la période de douze heures qui sépare deux marées suces- RAPPORT DE M. LABAT. 215 sives, on veut se rendre compte de la situation de ce corps, on sera tout étonné, suivant l'heure à laquelle on aura opéré les sondages, de le trouver ou complètement enseveli sous le sable si on a opéré de jusant, ou com- plètement dégagé si on a opéré de flot. Qu'on fasse une autre expérience; qu'on prenne une rivière semblable 'à la Gironde de 1860; qu'on fasse, comme on l'a fait de 1860 à 1870, qu'on établisse un barrage entre Ies Yles Sans-Pain, Bouchaud et Patiras, et on verra, comme nous le voyons, en face de l'étran- glement ainsi produit devant le port de Saint-Louis-de- Freneau, le flot prendre une telle intensité qu'il trans- portera en quatre ans devant Blaye et Plassac plus de six millions de mètres cubes de remblais empruntés au bas du fleuve. Qu'est-il besoin de plus longue démonstration? Tout le monde ne sait-il pas que le moment où les eaux du fleuve sont le plus limoneuses, a lieu dans les mois de juillet, août et septembre. A cette époque, les eaux supérieures sont réduites à leur minimum, elles coulent à l'état d'un simple filet d'eau pure et limpide; ce n'est done pas à elles qu'il faut attribuer la quantité considérable de matières en suspension. C'est le flot qui a tout fait; c'est donc incontestablement lui qui est, l'auteur de la plus grande partie du mal dont nous nous plaignons; et si on voulait améliorer notre fleuve au moyen de digues, il faudrait pouvoir établir ces digues au moment du jusant, et les retirer au moment du flot. Cette idée n'est pas aussi impraticable qu'elle le parait au premier abord, elle a déjà été étudiée; on a imaginé d'établir des barrages mobiles en forme de porte, s'ou- vrant au flot et se refermant au jusant. Nous ne voulons• pas nous appesantir sur cette idée, ni rechercher les 216• ENVASEMENT DU PORT. moyens de la mettre en pratique s'il y a lieu; mais nous avons cru devoir la signaler à l'attention de la Commis- sion d'enquête. En nous résumant, nous devons affirmer que l'influence des digues, telles qu'elles ont été établies, a été perni- cieuse pour toutes les rades de notre fleuve, et que le système qui leur a donné naissance doit être abandonné au plus tôt. Quel est donc le remède que nous devons appliquer? I1 est bien simple : c'est celui qu'on emploie dans les campagnes pour dégager les fossés qui entourent les champs. C'est le dragage, opéré dans une proportion suffisante. Il faut examiner la situation en face. Il faut se dire. que, pour l'entretien, deux mille cinq cents mètres cubes doivent être enlevés tous les jours, et que, pour l'amélio- ration, deux mille cinq cents autres mètres cubes doivent être enlevés encore, ensemble cinq mille mètres cubes, soit une dépense de 4,000 fr. (quatre mille francs) par jour, soit annuellement, en chiffre rond, 1,500,000 fr. (un million cinq cent mille francs). Que l'on ne se récrie pas sur oe chiffre, que l'on n'in- voque pas la pénurie de nos finances; il s'agit d'une question de la plus haute gravité pour Bordeaux; et si on a pu trouver jusqu,'à ce jour 16,500,000 fr. pour la construction du bassin à flot; si on peut trouver encore 20 ou 25,000,000. fr. pour l'achèvement de ce même bassin et la construction des magasins qui doivent l'en- tourer, on saura bien, si on le veut sérieusement, trouver un million et demi par an applicables à une dépense. sans laquelle le travail des docks, dont l'opportunité est déjà contestable, deviendrait complètement inutile; une dépense sans laquelle, surtout avec ou sans ses docks, RAPPORT DE M. LABAT. 217 notre port devrait bientôt s'effacer devant ceux de Pauillac ou du Verdon. Telle est donc la conclusion de notre étude : il faut débrider le fleuve partout où on l'a étranglé, afin de diminuer autant que possible l'importance des remblais que nous apporte le flot, et draguer ensuite d'une manière continue et dans une proportion suffisante pour enlever les dépôts de tous les jours, et une partie aussi considé- rable que possible des dépôts anciens. QUESTION DE LA PLAGE D'ARCACHON

Extrait du procès-verbal de la séance du a janvier 4875.

M. Delfortrie expose sa théorie, qui est celle de l'affaisse- ment. Il la base sur les faits suivants : disparition du fort Cantin, qui était sous les eaux dès 1790, sans avoir été ni détruit ni corrodé; situation actuelle sous les hautes eaux du bois de Moulleau, qui se trouvait, en 1790, à 750 mètres de la rive sud du bassin; disparition du fort et de la paroisse Saint-Nicolas, qui existaient autrefois 'à la Pointe-de-Grave; avancement de la mer à Arès et à Andernos; et enfin présence sur la plage d'Andernos de pointes de flèche et instruments en silex, arrachés à une station préhistorique recouverte par les eaux. Tous ces faits, analogues à ceux qui se passent à Saint-Jean-de-Luz, sur les celtes de la Charente et sur celles de la Bretagne, lui font rejeter la théorie de l'érosion, et adopter la pensée d'un affaissement du sol. M. Lafont, d'Arcachon, soutient l'opinion contraire. Lais- sant de °été ce qui se passe loin d'Arcachon, il combat les conclusions de M. De]fortrie, en s'appuyant sur oe que la maison du phare du cap Ferret, les postes des douanes de Moulleau, de Picquey et de la Garonne ; les cabanes du garde de l'4le et de Christaou; les bornes placées par les ponts et chaussées â la limite du grand flot de mars 1852; les points de repère établis depuis dix ans par la Compagnie immobi- lière; les rails placés prés de Gujan par la Compagnie du Midi; les cabanes de Mestras, etc, etc., qui devraient dtre depuis longtemps englouties, si des affaissements se produi- saient, — se maintiennent à quelques centimètres du niveau de la mer, sans dtre menacés par les eaux. M. Lafont dite des moulins à vent indiqués près de la mer sur une carte de 1829, et qui existent encore aujourd'hui. Il raconte que les gens du pays montrent encore la place où étaient situés d'autres moulins aujourd'hui démolis, et qui figurent sur une carte dressée sous Louis XVI. Enfin, il insiste sur la per- manence au mémo niveau de la formation argilo-sableuse SEANCE DU 9 JANVIER {871i. 219 qui se voit à la limite des basses mers, entre Bernet et la Chapelle, De tous ces faits, M. Lafont conclut qu'il y a eu érosion et non affaissement. L'existence d'un courant qui longe la côte et la corrode est, dit-il, indiscutable; il se trouve en cela d'accord avec les ponts et chaussées. Les deux faits principaux sur Iesquels s'est appuyé M. Delfortrie (forât sous-marine de Moulleau et station préhistorique sous-marine d'Andernos) sont faci- lement explicables, sans faire intervenir l'affaissement. M. Lafont cite â ce sujet le vallon de Bernet, dans la grande foret, et la pièce de pins de Lagrave, qui sont situés au- dessous du niveau des hautes mers, séparés du Bassin par un étroit bourrelet de dunes. Si, par un accident quelconque, cette étroite défense disparaissait, la mer envahirait les bas-fonds, et les arbres qui s'y trouvent seraient dans la môme situation que ceux de Moulleau. Quant aux silex taillés d'Andernos, M. Lafont rappelle que les peuplades préhistoriques avaient la coutume, dans un but défensif, de construire leurs habitations sur pilotis, au milieu des eaux, â une certaine distance du rivage. M. Larronde, après avoir appuyé par divers arguments l'opinion de M. Lafont, propose la nomination d'une Com- mission qui vérifierait les faits sur lesquels s'appuient les deux théories. Sont désignés pour faire partie de cette Commission. : MM. Raulin, Bayssellance et Delfortrie. M. Bayssellance, ingénieur de la marine, trouve que la question a été étudiée à un point de vue trop absolu. Il y a ° érosion certaine, mais il peut y avoir aussi affaissement. L'affaissement le plus considérable qui ait été constaté est celui de la &aandinavie, qui est de Im30 par siècle. Il faudrait done prendre pour point de départ de ses observations des époques plus reculées que celles qui ont été citées par MM. Delfortrie et Lafont. M. Bayssellance expose â ce sujet plusieurs faits très intéressants concernant Cordouan et Soulae, et qu'il a relevés dans des documents anciens. Il parle notamment d'un rapport au roi fait par Louis de Foix, qui faisait exécuter des travaux au lieu de Cordait, situé à trois lieues de terre, au milieu de la mer. Il cite un rapport aux jurats de Bordeaux constatant 220 QUESTION DE LA PLAGE D'ARCACIION. l'existence d'un grand banc de sable distant de Cordouan de 2,000 pas. M. Bayssellance rappelle, .en outre, l'importance qu'avait autrefois la ville de Soulac; cite son port et le chemin royal qui menait à l'église, etc., etc. Tous les • changements survenus sur ces différents points s'expliquent mieux, dit-il, par la théorie de l'affaissement. Il ne parle pas d'Arcachon, qu'il ne connaft pas; il doit cependant dire qu'au moyen âge il entrait dans le Bassin des navires de fort tonnage, et que cela n'est plus possible par suite de I'avancement de la pointe. Il termine en affirmant que, môme après leur vérification, les faits cités par M. Lafont ne prouveraient rien contre l'affaissement.

La séance est levée à dix heures et demie.

L'un des Secrétaires, J. MAN$$. RAPPORT

DE LA COMMISSION CHARGÉE D')TUDIER LA QUESTION

DE LA PLAGE D'ARCACIION.

MESSIEUR.s,

Nous avons l'honneur de vous présenter, au nom des commissions nommées par les Sociétés Linnéenne et de Géographie de Bordeaux, pour étudier la question de l'em- piétement de la mer sur les estes de Gascogne, un rapport ayant spécialement pour objet la plage d'Arcachon. Nous nous conformons ainsi au désir que vous avez mani- festé, de voir ce point étre le sujet de nos premières études. La Commission poursuivra ultérieurement l'examen des faits signalés sur les autres points restant â traiter, et lors- qu'elle sera en mesure, elle donnera le résultat de ses recherches. Elle saisit avec empressement aujourd'hui l'occa- sion qui lui est offerte de remercier publiquement les administrations, les fonctionnaires, en • un mot toutes les personnes qui ont facilité sa tâche, par l'envoi ou la gra- cieuse communication de notes, cartes, brochures, documents, plans, etc., etc., qui lui ont été adressés. Elle espère qu'elles voudront bien lui continuer leur bienveillant concours. Dans un travail inséré dans les Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, et reproduit in-extenso dans le Bulletin de l'Association scientifique de France (no 370), M. Delfortrie a soutenu la théorie de l'affaissement très sensible de la plage d'Arcachon. Il base son opinion : « 1° Sur la foret sous-marine qu'on observe encore debout » â Arcachon, â 1m50 au-dessus des basses eaux, sur une » longueur de près de 8 kilomètres, de la pointe du Sud â » Moulleau; 222 QUESTION DE LA PLAGE D'ARCACHON. » 2° Sur la présence, sur la plage d'Andernos, d'une quantité » de flèches et de petits instruments en silex, que le flot » amène d chaque marée, après les avoir arrachés >l, une » station de l'âge anté-historique qui se trouve aujourd'hui » au large; » 30 Sur tel chalet qui, 4 la 'Croix notamment, voit ses » murs baignés par la mer, distante autrefois de dix â douze » métres; » 4° Sur la disparition du fort Cutis., » Ce n'est pas l'érosion, dit-il, qui seule occasionne l'en- » vahissement de la mer sur la plage d'Arcachon, mais » l'affaissement du sol. » Aussi estime-t-il que les travaux réputés défensifs qu'il » est question d'exécuter, seront sans effet en face d'un » affaissement. » Il cite â l'appui de cette théorie : 1° la disparition des églises et monastères de Cordouan, — Saint-Nicolas, — Soulao; — Des territoires occupés par des paroisses entières; — De la grande Cantine et de la plus grande partie des rochers d'Usseau ou de Saint-Nicolas, â la Pointe-de-Grave; — Enfln les deux puits du monastère des Bénédictins, â Saint-Jean-de-Luz; 2° Les phénomènes qui s'accomplissent sur tout le littoral du golfe de Gascogne, sur les cotes de la Charente et de la Bretagne ; 3° Le temple de Jupiter Sérapis, â Pouzzoles près Naples, qui s'est soulevé après s'etre affaissé. La Commission, après un minutieux examen des faits signalés, après avoir pris connaissance des cartes, plans, notes, mémoires, qui ont été fournis, soit par des mem- bres, soit par diverses personnes qui suivent avec intéret l'étude de cette question; la Commission, disons-nous, attri- bue la modification de la plage d'Arcachon, d'abord, â une érosion considérable, démontrée incontestablement par les études des ingénieurs. Le relief du rivage qui, selon M. A. Lafont, n'aurait pas changé depuis le commencement de ce siècle; la maison du Phare au cap Ferret, les postes des douanes de Moulleau, RAPPORT DE LA COMMISSION. Piequey, de la Garonne, les cabanes des gardes de l'fle et de Christaou, bâties à quelques centimètres au-dessus. des hautes mers et qui sont, dit-il, toujours au même niveau de ces hautes mers, ne prouvent pas d'une manière absolue qu'il n'y ait pas affaissement; mais ils démontrent dans tous les cas que celui-ci eat extrêmement lent et qu'il ne pourrait amener le sol d'Arcachon au-dessous du niveau de la mer avant plusieurs siècles. Quant aux bornes placées. en 1852 par les ponts-et-chaus- sées, quant aux formations argilo-marneuses de la Chapelle, d Remet, qui, selon M. Lafont, sont là depuis trente-cinq ans, toujours au même niveau, la Commission estime que les obser- vations datent de trop peu de temps pour être concluantes. L'érosion ne nécessite pas l'intervention d'un affaissement rapide pour expliquer les modifications de cette plage. En dehors de cette question d'érosion, l'action d'un affais- sement lent et continu peut parfaitement être admise. Les sables et les galets qui sont enlevés par les courants servent à former de nouveaux bancs, ou sont emportés vers la mer, mais rien n'établit que ce ne soit pas le simple fait de l'érosion. Relativement aux silex recueillis sur la plage d'Andernos, la Commission n'est pas suffisamment renseignée sur les faits; mais dans tous les cas, et vu la longue période de temps qui nous sépare de l'époque de la pierre taillée, il suffirait d'un affaissement d'une lenteur excessive, combinée avec l'érosion, pour expliquer la présence d'une station préhistorique sur un point actuellement recouvert par la mer. La foret sous-marine signalée par l'auteur n'est appuyée d'aucune carte ancienne; et comme, dans tous les cas, cette forêt était située sur un terrain meuble, elle a pu être enlevée par la mer sous l'influence d'une simple érosion. Le fort Cantin, qui aurait aussi disparu, ne figure que sur les cartes de Cassini et de de Belleyme, et, d'après les renseignements officiels pris par l'un des membres de la Commission aux archives du génie militaire, il est avéré que depuis un siècle (1775) il n'existe aucun fort portant le nom officiel de fort Cotin; mais cependant, à peu près à l'emplacement qu'il occupe sur la carte de de Belleyme, il 224 QUESTION DE LA PLAGE D'ARCACRON. existait une batterie placée sur une dune près les bords de lamer; cette batterie était en bois, et fixée sur le sable. Il serait donc possible, si elle a disparu, qu'elle eAt été emportée a'beo les sables qui la soutenaient. Quant aixx affaissements constatés sur divers points des . côtes de France, ils n'impliquent pas l'affaissement des points voisins, car il est également constaté que 'sur oertaines' pitiés du littoral, peu distantes l'une de l'autre, le mouvément s'opère en sens inverse. Conclusions. — De tous les faits qui ont été examinés,, il résulte que rien ne prouve qu'a Areachon il se produise un affaissement rapide, c'est-A.-dire d'environ un mètre par siècle, analogue aii mouvement de soulèvement qui est-c ons- taté sur les côtes de la Scandinavie. Les changements observés sont dus surtout â l'érosion inoontestablé et considérable de la plage. Cependant les renseignements recueillis, à défaut de données précises, permettent d'admettre, comme probable, l'existence d'un affaissement très lent sur toute la côte de Gascogne.

Les membres de la Commission : .

DIM. BAYSeELLANGE, président; DRGYLn$T-LAaAECnE, rapporteur; BAULIN, BENOIBT, ARTIGUE.

MM. E. Delfortrie et A. Lafont avaient bien voulu se join- dre a la Commission. - - LES FONDS DE LA MER

PAR MM. DE FOLIN ET L. PÉRIER

Communication présentée is la Société par M. Tb. M%LVEZIN.

En 4864, MM. de Folin et L. Périer (de Pauillac) commencèrent une oeuvre scientifique considérable, l'étude des Fonds de la mer. Cette œuvre, courageusement entreprise, fut poursui- vie avec persévérance et succès, et devint bientôt, avec là collaboration de savants distingués, une oeuvre inter- nationale de la plus haute importance. Aux savants français s'adjoignirent, en effet, des savants étrangers : M. Agassiz (de Cambridge), M. Brady (de Sunderland) et M. Brady (de Newcastle), M. Vanden Broeck (de Bruxelles), M. Brusina (de Zagabria). Paris fournit à l'eeuvre M. Fischer, M. Moreau, M. Milne-Edwards, M. Petit, M. Léon Vaillant. Ne passons pas sous silence des noms devenus Girondins, ceux de M. le D r Berchon, directeur de,la santé à Pauillac; de M. Linder, ingénieur des mines, qui nous a quittés depuis peu; de M. Barbot, capitaine de port à Pauillac; de M. V. Raulin, de Bor- deaux; de M. Denelle, directeur des douanes à Bordeaux; nous en oublions beaucoup d'autres. Ou plutôt nous n'oublions pas, Messieurs, des colla- borateurs moins illustres, que nous ne pouvons tous 16 226 LES FONDS DE LA Mn nommer ici, mais dont le dévouement modeste à la science mérite les plus grands éloges. Je veux parler do ces capitaines de navires marchands, qui, suivant l'exemple à eux donné par quelques-uns des officiers de notre flotte, sont partis de Pauillac munis d'instructions dètaillées, ont jeté la sonde dans les parages qu'ils parcouraient, et ont transmis à nos savants les maté- riaux de leurs études. Presque toutes les mers du globe ont été ainsi explo- rées, sondées, et les échantillons du fond sur lequel elles reposent ont été soumis à l'analyse du chimiste, à l'exa- men du zoologiste, à l'étude du géologue. Dans la mer des Indes on a étudié les côtes orientales de Madagascar, celles de la Réunion, de Maurice, de Mayotte; dans le golfe Arabique, l'entrée du canal de Suez et la traversée du lac Thimsah; dans l'océan Indien, la pointe de Galles à Ceylan, le détroit de Malacca, le détroit de la Sonde; dans la mer de Java, les côtes de l'île de Java à Sama- rang, à Pamalang, à Pamanokan et à Batavia. On est entré dans la mer do Chine par le détroit de Gaspard, et on a exploré ce détroit comme le passage de Carimata et le détroit de Singapore; dans la mer de Chine, près des îles Anambas, de Poulo-Gondore, du cap Saint- Jacques en Cochinchine, à Hong-Kong, à Formose; dans La mer Jaune, dans la mer de Corail, on a jeté la sonde et rapporté, du fond des eaux, des terrains et des coquillages qui ont subi, l'étude des savants. A Sidney sur les côtes de la Nouvelle-Galles du Sud, à Nouméa au S.-0. de la Nouvelle-Calédonie, il en a été de même. On n'a pas négligé l'autre hémisphère. A San Francisco dans l'océan Pacifique du Nord— dans la baie de Panama, aux tles aux Perles; au sud, au Callao, port de Lima et sur la côte du Pérou, aux îles Chinchas si connues par DE MM. DE FOLIN ET L. PERIER. 227 leurs gisements de guano, à Valparaiso, au détroit de Magellan; sur les côtes de Patagonie dans l'Atlantique; à Montevideo à l'embouchure de la Plata; à Rio-Janeiro sur la côte du Brésil; à Bahia, à Pernambuco, au point de bifurcation du courant équatorial, à Cayenne; à la Guayra, à Aspinwale, tête de ligne du chemin de fer de Panama ; à Saint-Jean de Nicaragua, aux Antilles, à la Barbade, à la Martinique, à la Pointe-à-Pitre, à Porto- Rico, à ,saint-Thomas, à Saint-Domingue, à Cuba; sur les côtes du Mexique : Tabasco, Carmen, Vera-Crus, Tampico, là Floride; à Terre-Neuve; dans les fjords de l'Islande, dans la mer du Nord sur les rives d'Écosse et de Norwége, on a analysé les terrains, étudié les coquilles et la température. Plus près de nous, Messieurs, à nos côtés, a été faite une étude des plus intéressantes sur le golfe de Gascogne, Noirmoutier, l'île d'Oléron, l'embouchure de la Gironde à Cordouan, à la Pointe-de-Grave, à Saint-Nicolas, au Verdoie, à Môuvent, au Vieux-Soulac, à Lilhan, au Gurp, à la Pinasse, à Montalivet, au Junca, au Flamand, jus- qu'au cap Ferret, au Vieux-Boucaut et à la fosse du Cap-Breton, tous ces points ont été étudiés avec le plus grand soin, et nous pouvons dire le plus grand talent. J'allais oublier, Messieurs, dans l'immense voyage que je fais à la suite de MM. de Folin et L. Périer et de leurs collaborateurs, leurs excursions dans la Méditerranée, ce lac français que parcourent nos Messageries maritimes. Les officiers de la Compagnie ont pris une noble part aux travaux des Fonds de la mer. Ils ont étudié Palerme, Messine, Santorin, où naissent les 11es, Syra, les Darda- nelles, Constantinople, Smyrne, Rhodes, tout() la côte de l'Asie mineure jusqu'à Alexandrie, et les côtes d'Alger. Enfin, les dernières études nous ramènent dans l'At- 228 LES FONDS DE LA MER lantique, sur la côte Africaine, des Açores au Cap-Vert et au Sénégal, de la Guinée au cap de Bonne-Espérance.

L'idée-mère de cet immense travail peut se résumer en deux mots : retirer d'une étude complète des fonds de la mer, commencée à peu de frais, la plus grande somme possible d'applications scientifiques. Pour cela, lés initiateurs ont engagé chaque marin à recueillir dans ses voyages, et à rapporter en France, un échantillon de tout ce que le plomb de sonde ou la drague ont ramené du fond des eaux. Des instructions très simples sur la récolte, la conservation des matériaux d'après leur nature (animaux, végétaux ou roches), ainsi que sur les opéra- tions supplémentaires qu'iI est possible de faire sans s'éloigner de la route, sont remises, dans plusieurs ports de France et de l'étranger, aux officiers en partance. Permettez-moi d'appeler votre attention sur quelques- uns des résultats obtenus avec ce système depuis dix ans. En Géologie, on a remarqué un curieux travail des eaux. Ainsi, Agassiz a surpris un nouveau terrain juras- sique en formation dans le Gulf-Stream; et cependant, lorsque les animaux à test calcaire fourmillent dans les eaux, Iorsque la mer est un incessant réservoir de sels de chaux, on voit, par l'examen des divers dépôts, qu'il se forme, à côté des bancs crétacés, des assises seule- ment argileuses, ou plus ou moins quartzeuses. Il y a donc là un travail d'élimination digne de fixer l'attention. Ces terres sous-marines, dépourvues de chaux., gisent sous toutes les altitudes, dans le détroit de Magellan comme sur les côtes de Cayenne, dans l'océan Pacifique comme dans les mers de Chine et sur les côtes d'Islande. Lo fer, et surtout le silicate magnétique, se rencontre dans presque tous les terrains sous-marins. L'origine du DE MM. DE FOLIN ET L. PRIER. 220 sable noir du golfe de Gascogne est maintenant connue. Les affluents de la Gironde l'apportent des plateaux de l'Auvergne, le versent dans le fleuve, et le flot de la mér le rejette en pluie fine sur le rivage. Y a-t-il là une indication pour la défense de notre grande artère com- merciale, pour la défense de notre port et de notre fleuve? Les études de MM. de Folin et L. Périer ouvrent des vues intéressantes sur l'érosion de la côte française, de la barre d'Hendaye à la Pointe-de-Grave, et sur la formation argileuse qui supporte le sable des landes. Passons à la Zoologie. Plus de 400 espèces animales nouvelles ont été découvertes : ce sont des annélides, des foraminifères, des mollusques, des crustacés, des échi- nodermes. (Le golfe de Gascogne en a fourni sa bonne part.) Quelques espèces botaniques nouvelles ont été trouvées dans le sable vasard de Table-Bay, dont quelques unes n'étaient connues que comme fossiles. L'embou- chure de la Gironde fourmille, à certaines époques, de navicula-maritima, qui s'étalent à la surface des eaux sous forme d'immenses taches brunes et d'apparence huileuse. Le rocher de Saint-Nicolas abrite sous sa ligne d'écueils calcaires une véritable prairie d'algues marines qui ondulent en longs rubans, cachent des actinies et d'autres plantes animées, riches fleurs vivantes. Les observations thermométriques, des études sur les. courants, ont été faites avec soin.

La Société comprendra combien il est impossible de rendre un compte exact d'un travail si complet, si détaillé, si étendu. Je m'estimerai. heureux si j'ai pu lui en donner une idée approximative. Qu'il me soit permis, avant de terminer, de faire. remarquer que l'initiative des Fonds de la mer est toute 230 LES FONDS DE LA Min DE à131. DE FOLIN ET L. PERIER. française et girondine; que si M. Delesse, un autre Français, publiait presque en même temps la Lithologie des fonds de la mer, l'o3uvre devenue internationale des Fonds de la mer, dont j'ai l'honneur de vous rendre compte, appartient bien à l'initiative de MM. de Folin et L. Périer, et je demande à la Société de Géographie de vouloir bien leur décerner le témoignage de sa satisfaction.

Ta$or$ILa MALVEZIN. ORIGINE

DE LA COLONIE FRANÇAISE DU SENEGAL

(Compte-rendra sommaire d'un ouvrage de M. Bonï, oux, presseur do géographie 4 rend

L'histoire du Sénégal a été faite tout récemment par M. Berlioux, professeur de géographie et Lyon. Sous ce titre : André Bruè, ou l'Origine de la Colonie française du génégal (1), l'auteur raconte, dans un volume fort intéressant, les débuts lents et pénibles do notre colonie africaine. Bruë est fort peu connu, mémo à Bordeaux, mais son nom se rattache aux premières tentatives sérieuses de colonisation; faire son histoire, c'est faire celle de la colonie. C'est vers la fin du seizième siècle que les Normands renoncèrent â leurs courses lointaines et â leurs prétentions sur la tete d'Or pour se borner à l'expIoitation du Sénégal. Ils avaient mis leur principal établissement à l'embouchure du fleuve, afin que la barre qui en ferme l'entrée, leur fournit une suffisante protection contre les incursions des marines étrangères. Un établissement fut fondé sur une petite fie appelée Bocos; plus tard il fut transporté dans une fie qui prit le nom de geint-Louis. Les Frangais n'étaient pas, du reste, les seuls Européens qui fussent venus exploiter les richesses de la Sénégambie. Au Cap-Vert on trouvait les Hollandais; les Anglais étaient installés dans la Gambie et les Portugais dans le Rio-Grande. Mais tous ces étrangers qui venaient s'établir sur ces côtes sauvages, n'étaient pas des conquérants; ce n'étaient que des marchands. Aussi, Iorsque Bruë arrive au Sénégal en 1607, i1 ne trouve ni territoire, ni sujets. L'tle sur laquelle s'élevait le comptoir était de nature sablonneuse et manquait d'eau potable, elle n'avait pour toute verdure qu'un bouquet de palétuviers. Les fortifications étaient dans

(') I vol. Paris, Guillaumin et Cie, éditeurs, 232 LA COLONIE FRANÇAISE DU SÉNÉGAL, le délabrement le plus complet. Les indigènes fuyaient cette fie désolée, et comme les Européens en étaient exclus par les règlements, il n'y restait qu'une centaine d'habitants, pour la plupart employés de la .Compagnie. ' Le pays environnant était cependant riche et peuplé. Deux grandes races se disputaient et se disputent toujours cette fertile contrée : ce sont les Maures et les Nègres. De nos. jours, on trouve un peu partout les Peuls, race métisse, tenant à la fois du Maure et du Nègre. On ne les rencontait alors réunis en corps de nation que sur trois points : dans le Foute sénégalais, dans le Foute Djalon et dans le bassin du Niger, où ils avaient fondé l'empire des Fellatahs. Ils étaient autre- fois agriculteurs et pasteurs, aujourd'hui ils ne mènent plus guère que la vie pastorale. Le long de la côte étaient les Yoloffs et les Sérères. Enfin, dans tout le pays on trouvait les Mandingues, rivaux déclarés des Peuls. Le centre de leur empire semblait être dans les montagnes qui entourent le Niger supérieur et dans le bassin de ce fleuve jusqu'à Ségo. Ils servaient d'intermédiaires avec Ies peuples de l'Est. Leurs caravanes allaient des bords de la Gambie à Tombouctou, où elles rencontraient les marchands venus des bords de la Méditerranée. Ils avaient sur ces derniers l'immense avan- tage de n'avoir pas eu à traverser le désert pour apporter leurs marchandises. Aujourd'hui la guerre a fermé la grande route commerciale qui allait des rives de l'Océan vers les grands marchés de l'intérieur, et les Maures de Tunis et de Tripoli viennent seuls les approvisionner. Grâce à leur contact avec les Maures, les Mandingues étaient devenus • mahométans et ils introduisaient l'islamisme par l'est de la Sénégambie, tandis que les Maures du désert le prêchaient dans le nord du pays. Tels étaient les peuples puissants avec lesquels les Euro- péens étaient en relations. Les Français surtout se trou- vaient dans une fâcheuse situation, ils étaient entièrement à la merci des rois indigènes. Sans leur consentement, on ne pouvait avoir de provisions, faire du commerce ou trouver des serviteurs. A chaque instant ils réclamaient des rede- vances appelées coutumes, et ils allaient jusqu'à fixer le lieu des échanges et le prix des marchandises. Le régime des PAR M. BERLIOUX. 233 coutumes a duré jusqu'à nos jours pour la vallée du Sénégal. Outre Saint-Louis, les Compagnies françaises qui s'étaient succédé au Sénégal possédaient d'autres comptoirs, les forts d'Arguin, de Saint-Joseph, de Saint-Pierre, de Gorée, et les comptoirs de Portendik, de Joal, d'Albréda, de Gérées, de Bintan, de Bissao. Mais, dans aucun des établissements, on ne trouvait d'en- treprises industrielles ou agricoles d'une réelle importance. Cependant le pays fournissait des esclaves â l'Amérique, la main-d'oeuvre y étant à plus bas prix qu'au delà des mers. On ne parlait que des mines d'or. De nombreuses expéditions furent envoyées à la recherche de l'Eldorado africain, mais aucune n'aboutit. La Compagnie du Sénégal dut donc se borner à ne faire que du commerce. Les transactions, néanmoins, étaient peu nombreuses. Tous les achats des Compagnies qui exploitaient le pays, n'atteignaient pas un million, et leurs bénéfices n'arrivaient pas à 300,000 livres. Tout cela venait du système adopté. On avait abandonné l'Afrique à quelques privilégiés aussi incapables de créer un commerce que de fonder une colonie, Les importations consistaient en tissus, eau-de-vie, bim- beloterie, etc. Les indigènes ne se livraient qu'à quelques industries grossières et no donnaient au commerce d'expor- tation que des produits obtenus presque sans travail, des cuirs, de la cire, de l'ivoire, de l'or, de la gomme. Enfin, le Sénégal fournissait 4,500 esclaves, valant dans le pays environ 45 livres. Le commerce des Européens était plus funeste qu'utile. II n'a préparé aucun progrès, et il a dépravé les populations. Les Français ont aujourd'hui un beau râle à remplir. Il s'agit d'ouvrir cette vallée du Sénégal qui touche à la fois au Sahara et au Soudan intérieur. Il s'agit d'intéresser les indigènes aux progrès de la civilisation. Si la France le veut, elle est à la hauteur de cette noble tâche!

E. SARRAZIN, • Étudiant eu droit. QUESTIONNAIRE GÉNÉRAL

ARRIMA PAR LA SOCIÉT$ DE GÉOGRAPHIE COMMERCIALE

DE BORDEAUX

â Messieurs les Capitaines de Navire.

INTRODUCTION MM. les Capitaines de navire, Voyageurs et Correspon- dants de la Société qui voudront bien prendre connais- sance de ce Questionnaire ne doivent pas se croire obligés de répondre à toutes les questions qu'il contient. Chacun d'eux reste entièrement libre de faire un choix, de laisser en blanc certains articles, de développer au contraire ceux qui lui paraîtront offrir matière à infor- mations. Des Mémoires rédigés à part, sur un point spécial, seront _ même accueillis par la Société avec une vive satisfaction. La Société admettra au nombre de ses membres cor- respondants toutes les personnes qui lui auront fourni des renseignements utiles. Elle décernera des médailles d'or, d'argent et de bronze à ceux de ses correspondants qui Iui auront adressé les travaux les plus importants pour la science ou le commerce. La Société n'a pas cru devoir introduire la géographie physique pure et l'anthropologie dans ce programme. Toutefois, elle tient à la disposition de MM. les Capitaines et Voyageurs et de ses membres correspondants : 10 Le Programme d'instructions aux navigateurs, publié par la Société de Géographie de Paris ; ADRESSE A MN. LES CAPITAINES DE NAVIRE. 235 2° Les Journaux météorologiques, imprimés par l'Admi- nistration de la marine; 8° Les Questionnaires particuliers de la Société d'An- thropologie de Paris. Elle accueillera avec reconnaissance toutes les obser- vations répondant à ces divers programmes. Elle se réserve de rédiger elle-même des Questionnaires particuliers, relatifs soit à des questions spéciales, soit à des points du globe dont la connaissance lui paraîtra' offrir le plus d'intérêt.

La Société inscrira au nombre de ses membres hono- raires, ou sur la liste particulière des donateurs, les noms des personnes qui voudront bien lui faire don d'objets précieux pour la géographie ou le commerce, tels que : 1° Produits commerciaux; 2° Objets quelconques provenant des pays lointains; 3° Cartes, plans, livres intéressant la géographie ou le commerce, tarifs, codes, vocabulaires, etc.

PREMIERE PARTIE.

OBSERVATIONS RELATIVES A LA NAVIGATION.

I. En mer.

Consulter lt ce sujet les Instructions aux navigateurs et les Journaux météorologiques cités plus haut. — i. Noter avec soin toutes les différences qu'on pourra observer entre l'état réel des choses et les indications fournies par les livres de marine, cartes, routiers, etc. 236 QUESTIONNAIRE GÉNÉRA.

II. A l'arrivée.

2. Y a-t-il des pilotes? Que sont ces pilotes? Quelle est leur capacité? Quel est le prix du pilotage? Quel est le genre d'embarcation employé par les pilotes? Comment ces embarcations sont-elles mâtées? — 3. A quelle distance du port trouve-t-on des pilotes? -- 4. Rencontre-t-on des pêcheurs aux environs du port? — 5. Y a-t-il des remor- queurs? Les remorqueurs vont-ils chercher les navires au large? Quel est le prix du remorquage? — 6. Avez-vous remarqué des différences entre la direction et la force du courant, la hauteur des marées, la vue de la côte, l'aspect des amers, la disposition des brisants, etc., en un mot, l'ÜTAT RÉEL des choses et les indications fournies par les livres de marine, cartes, routiers, etc.? -- 7. Y a-t-il des bouées? De quelle couleur sont-elles? Qu'indiquent-elles? Quelle est la couleur qui doit rester sur tribord en entrant? — 8. Y a-t-il des t'eux à l'entrée du port? A quelle distance les aperçoit-on? Quel est le mode d'éclairage? -- 9. Y a-t-il un sémaphore? Quel est le genre de signaux employés? (Prière de faire parvenir h la Société la théorie de ces signaux.) — 10. Y a-t-il des canots de sauvetage?

III. Dans le port.

11. Le port est-il port de barre? — 12. Comment fran- chit-on la barre? —13. Quelle est la nature du fond dans le port? — 14. La tenue est-elle bonne? — 15. Quelle est la profondeur de l'eau? -- 16. Est-on mouillé loin de la terre? — 17. Quel est le mode d'amarrage? — 18. Quel est l'état de la mer dans le port? Y a-t-il des courants? — 19. Y a-t-il des coups de vent? De quels vents est-on abrité? — 20. Quels sont les indices annonçant le mauvais temps? -- 21. Y a-WI brise de terre? — 22. L'eau marne- t-elle? De combien? — 23. Quel est l'établissement du port? — ADRESSE A MESSIEURS LES CAPITAINES DE NAVIRE. 237 24. Quelles sont les formalités h remplir h l'entrée? - 25. Met-on un douanier à bord? - - 26. Scelle-t-on les panneaux? - 27. Quel est le mode de déchargement en usage? Est-il difficile? Est-il long? Est-il coûteux? -• 28. Quel est le prix de la main-d'oeuvre pour le déchar- gement? - 29. A quelle heure commence et finit le travail de la décharge? - 30. Y a-t-il des quais, des appontements, des warfs? - 31. Y a-t-il des gabarres, des lunches, des allèges, etc., destinées au déchargement? -- 32. Sont-elles remorquées par les canots du bord? - 33. Quelle est la grandeur de ces bateaux? - 34. Combien coûtent-ils? - 35. Doit-on la marchandise à terre ou sous palan? - 36. Quel est le genre de lest usité dans le port? Quel en est le prix? - 37. Quels sont les bateaux qui l'embarquent? - 38. Peut-on réparer les navires dans le port? - 39. Y a•t-il des formes de radoub, des bassins de carénage, etc.? - 40. Peut-on s'y procurer du cuivre ou du zinc à doublage? - 41. Y a-t-il des moyens de répara- tion pour les navires en fer? - 42. Y a-t-il des chantiers de construction? - 43. Construit-on des navires en bois, en fer, des vapeurs? - 44. Quel est le prix des vivres? et quels sont ces vivres? Comment se les procure-t-on? - 45. Quel est le prix de l'eau? -- 46. Y a-t-il un entrepôt de charbon? Quel en est le prix? OU l'achète-t-on? -47. Quels sont les règlements du port? - 48. Quels sont les droits de port, de phare, d'hôpital, de tonnage, d'eau, de mouil- lage, etc., etc.? - 49. Y a-t-il des docks, entrepôts, etc.? - 60. Quelles sont les conditions d'entrée et de dépôt? - 51. Les équipages peuvent-ils se baigner le long du bord, sans avoir h redouter des requins ou autres animaux malfaisants? - 52. La désertion de l'équipage est-elle h craindre? - 53. Quels sont les motifs qui font déserter les hommes? - 54. Quels sont les moyens de répression? - 55. Le recrutement d'un équipage est-il possible dans le port? A. quelles conditions? - 56. Quel prix paie-t-on les 238 QUESTIONNAIRE GÉNÉRAL hommes qui remplacent les déserteurs? — 57. Quel est le mode de chargement des marchandises? — 58. Comment sort-on du port?

DEUXIÈME PARTIE.

OBSERVATIONS RELATIVES A LA OROGRAPHIE OOMMEROILLB. I. Exportation et produits exportables. 59. Quels sont les produits minérauw du pays? — 60. Ob. sont situées les mines et carrières? — 61. A quelle dis_ tance du port? — 62. Par qui et comment ces mines ou carrières sont-elles exploitées? — 63. Quel est le mode d'exploitation? — 64. Quels sont les voies de communi- cation et moyens de transports entre le lieu d'origine et le port? — 65. Y a-t-il des gisements inexploités? Pour- raient-ils l'etre adec avantage? — 66. Quelles sont les richesses agricoles du pays? — 67. Quels sont les produits végétaux disponibles dans le port? -- 68. Quels sont ceux de ces produits qui ne sont l'objet d'aucun commerce sérieux? — 69. Quelle extension ce commerce pourrait-il prendre? — 70. Quelles sont les plantes européennes accli- matées ou acclimatables dans le pays? —11. Quelles sont les plantes indigènes acclimatables chez nous? — 72. Quels animaux sauvages ou domestiques trouve-t-on dans le pays.? Quelle en est l'utilité? — 73. Quelles ressources offrent-ils au commerce? — 74. Quels sont les animaux européens acclimatés ou acclimatables dans le pays? — 75. Quels sont les animaux indigènes que l'on pourrait acclimater en Europe? — 76. Quelles sont les industries du pays? — 77. Quels produits industriels le port ou le pays exportent-ils? A quelle destination? Par quelle voie? Par quels intermédiaires? Quel est le prix de ces produits pris k leur lieu d'origine? (Prière de rapporter des échan- tillons des produits minéraux, agricoles et industriels du ADRESSE A MESSIEURS LES CAPITAINES DE NAVIRE. 239 pays, en indiquant soigneusement sur l'étiquette : le lieu de provenance, le nom usité dans le pays,(la valeur de l'objet pris sur place.)

II. Population. '78. Quels sont les habitants du port ou du pays? 79. Indiquer l'état politique et social de la contrée; 80. Le chiffre de la population. — 81. Donner des détails sur les institutions, la religion, la langue, le gouverne- ment, les forces militaires et navales, les moeurs et cou- tumes, les goûts, l'activité, la richesse, l'état intellectuel et moral des indigènes ou colons. — 82. A. quelles natio- nalités appartiennent les commerçants? — 83. Le port est-il fortifié? (Prière de rapporter des échantillons des objets curieux qu'on aura pu remarquer dans la contrée.) III. Importation et produits Importables. 84. Quels sont les produits industriels les plus recherchés des habitants? — 85. De quelle nation, de quel centre manufacturier, par quelle entremise les reçoivent-ils? — 86. La France expédie-t-elle ses produits dans le pays? 87. Les habitants préfèrent-ils les produits français ou les produits similaires étrangers? Dire pourquoi. — 88. Quels sont les prix de ces produits? Quelle en est la qualité? A quel usage précis sont-ils destinés? (On pourra, au grand avantage de nos industriels, rapporter des échantillons des produits européens particulièrement esti- més dans le pays, en notant avec soin le prix qu'ils coûtent sur le marché et les droits qu'ils doivent acquitter.)

IV. Commerce.

Observations commerciales, institutions commerciales, voies de communication. 89. Comment se traitent les ventes et les achats? courtiers de navires, de marchandises,—90, Y a-t-il des' 240 QUESTIONNAIRE GENERAL d'assurances? — 91. Quel est le prix du courtage? Quelle commission paie-t-on aux consignataires? — 92. Quelle est la monnaie usitée dans les transactions? — 93, Quels sont les droits de change crue l'on peut avoir h payer tant sur le papier que sur les monnaies métalliques? — 94. Quel est le système de poids et mesure employé? — 95. Quelle est la langue dominante? — 96. Quelles sont les autres langues parlées dans le port? — 97. Quels interprètes peut-on se procurer? — 98. Quelles sont les principales maisons de commerce? — 99. Quels sont les banques et autres établissements de crédit? _ 100. Quelles sont les autorités françaises? Y a-t-il un Consul ou tout autre représentant de la France? — 101. Y a-t-il des navires de l'État dans le port ou aux environs? — 102. Quelle protec- tion le commerce français peut-il invoquer? — 103. Com- ment sont protégés les commerçants étrangers? — 104. Quelle est la justice du pays? — 105. Devant quelle juridiction sont portées les affaires commerciales qui con- cernent les étrangers? — 106. Y a-t-il des relations avec l'intérieur? Par routes? par canaux? par voies fluviales? par chemins de fer? (Prière de rapporter les tarifs et d'indiquer le prix de transport des marchandises.) — 107. Y a-t-il des communications postales régulières? Avec quel pays? Quel en est le tarif? — 108. Y a-t-il des lignes télégraphiques? Oh aboutissent-elles? A quelle grande ligne se rattachent-elles? Quel en est le tarif?

V. Émigration.

109. Quel est le climat du pays? — 110. Quel est l'état sanitaire du pays? Quelles sont les maladies régnantes? En quelles saisons sont-elles h redouter? Quelles sont les précautions à prendre; les remèdes usités? — 111. Les Européens peuvent-ils séjourner impunément dans le pays? Peuvent-ils y vivre? - 112. Peuvent-ils s'y perpé- tuer? — 113, Y a-t-il une race européenne dans le pays? ADRESSE A MESSIEURS LES CAPITAINES DE NAVIRE. 24.1 — 114. Quelles sont les races qui résistent le mieux au climat? — 115. L'émigration européenne est-elle possible dans la région? Dans quelles conditions? — 116. Quels sont les centres déjit colonisés? Par qui? — 117. Quel est leur degré de prospérité? — 118. Quelles sont les profes- sions les plus demandées? —119. Quels sont les objets de première nécessité? —- 120. Comment se les procure-t-on? Quel en est le prix? — 121. Quelles sont les lois qui régis- sent l'émigration? — 122. A-t-on le droit • de propriété dans le pays?

Le présent Questionnaire a été approuvkl par la Société dans sa sésnce du 8"février 1875.

POUR LE BUREAU :

Le Président,

L'un des Vice-Présidents, . MARO MAUREL.

• L. 'DUPRAT.

Le Secrétaire générai,

P. FONCIN.

16 QUESTIONNAIRE

BBLATIF A LA MARINE MARCHANDE

Le Bureau de la Société vient de formuler le question- naire suivant, dans le but de comparer la situation maritime et commerciale actuelle du port de Bordeaux avec celle de quelques époques marquantes de ce siècle, et dans celui aussi de rechercher les moyens les plus propres à surmonter la crise qui sévit sur les armements. La Société de. Géographie commerciale, convaincue que la prospérité de chacun est le fruit direct des efforts de tous, fait appel -avec èonfiance à la bonne • volonté de tous les hommes d'expérience• et de savoir. Ceux qui voudront bien répondre à une ou plusieurs des questions adresseront leur travail, d'ici au 81 mars 4876, au Secré- taire général de la Société, rue Pont-de-Ia-Mousque, n°. Une Commission compétente résumera les réponses dans un. Rapport qui sera publié par les soins de la Société de Géographie commerciale :

QUESTIONNAIRE pour comparer la situation actuelle du port de Bordeaux avec celle de quelques époques antérieures, et rechercher les moyens de ramener sa prospérité maritime et commerciale. I. Marine bordelaise. 1. Faites connaître le tonnage total des navires attachés au port de Bordeaux aux époques ci-après : en 1815, en RELATIF A LA MARINE MARCHANDE. 2( 3 1830, en 1845, en 1860, en 1875. — 2. Quel était, à chacune de ces époques, le nombre des ouvriers employés dans le port de Bordeaux aux constructions navales proprement dites? — 3. Quel était, à ces époques, le prix de la journée d'un charpentier h Bordeaux? — 4. Quel était, aux mêmes époques, le tonnage annuel des navires lancés par les chantiers de Bordeaux? — 5. Quel était le tonnage moyen de ces navires à chacune de ces époques? — 6. Quel était, à ces époques, le prix revenant du tonneau de jauge pour un navire de première classe construit et armé dans le port de Bordeaux? — 7. Dressez le prix de revient compa- ratif de trois navires en bois de première classe, de 1,000 tonneaux de jauge nouvelle chacun, pouvant navi- guer avec 1,400 tonnaux de lourd, armés, sans y com- prendre vivres, équipage et assurances, et prêts à prendre la mer, construits l'un h Glasgow, le second à Gênes, et le troisième à Bordeaux. — 8. Dressez le prix de revient comparatif de deux navires en fer de première classe, de 1,000 tonneaux de jauge nouvelle chacun, pouvant navi- guer avec 1,500 tonneaux de lourd, armés, sans y corn- prendre vivres, équipage et assurances, et prêts à prendre la mer, construits en tôle du Creuzot n° 2 ou similaire, l'un à Bordeaux, l'autre à Glasgow. — 9. Dressez le prix de revient de trois paquebots à vapeur destinés à relier ,Bordeaux avec l'Inde, construits à Bordeaux dans un même chantier, en matériaux de première qualité et en tout semblables à ceux qu'emploie la Compagnie des Messageries maritimes : ces paquebots armés, sans vivres, charbon, équipage et assurances, et prêts à prendre la mer; et le prix de revient de trois paquebots semblables construits à Glasgow dans un même chantier, avec des matériaux similaires. Vous déterminerez les dimensions, la jauge, le genre de màture et de voilure, la force de machine, de chaudières et la vitesse les mieux appropriés aux transports actuels avec l'Inde, de manière à pouvoir naviguer dans les conditions des meilleurs navires mar- 244 QUESTIONNAIRE chands à vapeur anglais, mis le plus récemment sur la ligne d'Angleterre à Bombay et Calcutta. — 10. Dressez le prix comparatif de la solde de deux équipages pour navires voiliers de 1,000 tonneaux de jauge, armés l'un à Liverpool et l'autre à Bordeaux. — 11. Dressez le même prix comparatif pour deux navires de même tonnage, armés l'un à Hambourg et l'autre à Gênes. — 12. Faites la même comparaison entre la solde des équipages de deux paquebots à vapeur de 2,000 tonneaux de jauge, armés l'un à Liverpool et l'autre h Bordeaux.

II. Commerce maritime bordelais.

13. Quelle était, en francs, l'importance du commerce maritime de Bordeaux, entrée et sortie distinctes, en 1815, en 1830, en 1845, en 1860, en 1875? - 14. Quel était le tonnage total, à l'entrée et à la sortie, aux mêmes épo- ques, dans le port de Bordeaux? — 15. Quelles sont les lignes sur lesquelles le port de Bordeaux pourrait tenir dès navires voiliers en concurrence avec les paquebots à vapeur, et quelles sont celles oh cette lutte n'est pas possi- ble? — 16. Donnez le cours actuel des frets de sortie en France et en Angleterre pour les principaux ports du monde par navires voiliers. — 17. Donnez le cours actuel des frets de sortie pour‘les principaux ports du monde par les lignes h vapeur anglaises et françaises. — 18. Quels seraient, h votre avis, les moyens de ranimer le commerce maritime de Bordeaux et de fonder des maisons dans les pays qui, pouvant consommer les produits de notre sol, possèdent de grandes quantités de matières.encombrantes pour charger les navires en retour? — 19. Quels moyens pratiques pourraient être employés pour placer au loin les sujets qui se forment à l'lacole supérieure de commerce? — 20. Les jeunes capitaines au long cours, dont beaucoup aujourd'hui restent inoccupés, ne pourraient-ils pas, en s'associant, s'établir fructueusement dans certains pays, RELATIF A LA MARINE MARCHANDE. 245 les uns préparant les cargaisons, les autres les transpor- tant sur des navires leur appartenant au moins en partie? — 21. Pour ramener sur Bordeaux le courant commercial qui existait entre Bordeaux et l'Inde avant la construction du canal de Suez, ne pourrait-on, avec quelque chance de succès, établir une ligne régulière de paquebots B, vapeur entre Bordeaux, Bombay, Pondichéry et Calcutta, en commençant par un départ tous les deux mois? — 22. A cause des retours, serait-il indispensable de prendre le Havre pour tête de ligne, ou y aurait-il avantage i. rendre la marchandise au Havre par transbordement et b. faire arriver à Bordeaux la marchandise qui, du Havre, se diri- gerait sur l'Inde par les paquebots de la Compagnie borde- laise?— 23. Quelles sont les escales qu'il serait avanta- geux de desservir dans l'Inde, en prenant Calcutta comme point extrême? — 24. Dressez le compte approximatif des recettes et dépenses présumées de la ligne des paquebots Il établir entre Bordeaux et l'Inde, en y comprenant les frais des escales que vous aurez adoptées et en basant vos calculs sur le revient d'un paquebot de 2,000 tonneaux de jauge totale, sans réserve pour l'emplacement des chaudières et de la machine, et construit dans les condi- tions de solidité indiquées e la question neuvième.

Le Président,

MARC MAUREL.

Le Secrétaire général, FONCIN. CONFÉRENCES FAITES A BORDEAUX SOUS LE PATRONAGE DE LA SOCIÉTÉ

I. De la Géographie commerciale;

PAR M. FONCIN.

(24 avril 1875.)

Cette conférence, dit M. Fonoin en commençant,, sera simplement la préface de celles qui suivront. Je vous parlerai de l'alliance féconde de la Géographie et du Commerce, des efforts tentés de toutes parts dans le monde, et surtout en Europe, en France, pour hâter le progrès des sciences géo- graphiques dont le progrès commercial est inséparable; enfin, du programme, des premiers travaux, des espérances de notre jeune Société de Bordeaux. Après avoir rappelé — ce qu'il ne faut pas se lasser de redire — que c'est avant tout l'intéret le plus pressant de la patrie qui doit aujourd'hui nous faire réparer une igno- rance qui nous a valu une si rude leçon, M. Foncin, abordant l'objet propre de sa conférence, a cité les exemples des Phéniciens dans l'antiquité, des voyageurs du moyen àge, comme Marco Polo; des navigateurs portugais du quinzième siècle; enfin, dans les temps modernes, des Anglais. Combien ces négociants, ces marchands, n'ont-ils pas été utiles à la géographie par leurs explorations hardies, par leurs découvertes! En revanche, c'est la géographie qui fait connaltre au commerçant les ressources naturelles de chaque pays : Ies mines, les produits agricoles, etc. Le caoutchouc, découvert en 1736, au Pérou, par Bouguer et La Condamine, deux Français, est entré depuis dans l'usage vulgaire. En 1850, un chirurgien anglais, Montgomery, découvrit, à Bornéo, la gutta-percha. CONFÉRENCE DE M. FONCIN. 249 La géographie politique elle-Mme est d'un bien grand intéret pour le commerce, qui a besoin de eonnaltre les moeurs, les lois des différents peuples; quant â la géographie économique, qui enseigne les produits industriels, les voies de commerce, les télégraphes, les monnaies, les institutions de crédit, elle est indispensable. Les découvertes des voyageurs ouvrent le monde au commerce il suffit de rappeler les noms glorieux de Christophe Colomb, Magellan, Cook, Lapérouse, Burke, Livingstone; quel que soit leur but, qu'ils soient guidés par l'esprit de négoce ou par l'ardeur scientifique, le résultat est le marne, et, de plus en plus, chaque jour, la science et le commerce, l'utile et le vrai, resserrent leur alliance; les • expéditions des savants, leurs essais, ont un caractère pra- tiqué, et souvent amènent des applications immédiates; et si quelques-uns succombent â la peine, ne croyez pas quo de tels 'exemples effraient : ils relèvent le cœur d'un . peuple; un martyr en appelle un autre. La France doit rester digne des, Fr. Garnier, des Sivel, des Crocé-Spinelli. Partout, dans le monde, règne une grande activité, une émulation admirable entre les nations. Aussi loin qu'on porte ses regards, que voit-on? Des associa- tions, des congrès, des journaux pour l'avancement des sciences géographiques. A New-York, il y a une Société qui compte plus de mille quatre cents membres; enrichie par des dons importants, elle se réunit dans un véritable palais oh elle a installé sa bibliothèque, ses collections; elle a des fonds pour aider les voyageurs. On sait aussi ce. qu'ont décidé les États-Unis au sujet de ce territoire si merveilleusement riche en sources minérales, le Yellowstone, qu'on a découvert en construisant le chemin de fer de New-York à San-Francisco : le gouver- nement américain en a interdit l'accès aux colons, et l'a réservé aux jeunes étudiants, en Iui donnant le nom de Parc-National. Presque chaque année, on organise aux États-Unis des expéditions scientifiques pour ces jeunes. gens : ils sont allés une fois 'explorer les côtes occidentales de l'Afrique. Il suffit de lire les journaux américains pour voir quelle part y est donnée aux voyages, â la géographie, 248 CONFÉRENCE DE M. FONCIN. et l'on se rappelle quel bruit fit naguère 'le voyage de Stan- ley, à la recherche de Livingstone, voyage accompli aux frais du Nero-York-Herald. 11 y a des Sociétés de Géographie à Mexico, à Rio-Janeiro; il y en a deux à Yokohama : l'une anglaise, l'autre allemande. Dans l'Inde, outre le « Club Alpin de l'Himalaya », qui se propose l'exploration des magnifiques montagnes qui bornent au nord la péninsule, il, y a des Sociétés « Asiatiques » à Calcutta et â Bombay. En Égypte, le khédive vient de charger le savant Schwein- furth d'organiser au Caire une Société de Géographie. Mais ce que l'on fait clans le reste du monde est peu de chose en comparaison de l'Europe. MAme à Madrid (et pour- tant c'est dans la Péninsule ibérique que les études dont. nous parlons ont fait le moins de progrès), il y a un institut de géographie et de statistique. A Turin, on trouve le Cercle Gdographique, qui a pour organe le journal k Cosmos. A Rome, la Socidtd de Gdograpkie italienne compte mille trois cents membres et publie un bulletin. C'est â Rome aussi que parait le Giornale delle Colonie. La Suisse compte deux Sociétés, l'une à Berne, l'autre â Genève, oh parait aussi le - journal k Globe. La Hollande a l'Institut Royal de Delft, qui s'occupe spécialement de l'Orient Malais. A Amsterdam, il y a une Société de deux cent quatre-vingt-huit membres. Mentionnons surtout la grande Socidte' rivale de Londres, fondée en 1830, qui compte près de trois mille membres, qui a rendu d'éminents services à la science, et dont on peut dire qu'elle est le principal instrument de la prospérité du commerce anglais. C'est elle qui naguère envoyait au pale Nord le capitaine Franklin. La Société des sciences d'Édim- bourg, l'Association britannique pour l'avancement des sciences, de fréquents meetings, des journaux, des revues de premier ordre, le Geograpéical Magazine, le Nautical Ma- gazine, prouvent l'importance que la nation anglaise attache à ces études, à ces travaux, et l'admirable ardeur qu'elle y apporte. En Allemagne, s'il n'y a pas d'association aussi puissante que la Société royale de Londres, il y en a une douzaine qui en approchent. La principale est celle de Berlin, fondée par CONFERENCE DE M. FONCTN, 249 Ritter; les autres ont leur siége à Francfort-sur-le-Mein, Darmstadt, Leipzig, Dresde, Munich, Halle, Hambourg, Brdme; à Gotha, il y a un Institut, sorte d'atelier géogra- phique, dirigé par le célèbre Augustus Petermann. C'est de là que sortent les meilleures cartes que l'on ait faites jus- qu'ici. Il paraît à Berlin trois grands journaux géographiques; d'autres el Leipzig, Hambourg, Gotha. Partout, dans les moindres écoles, on apprend la géographie , avec une grande ardeur.. Les Allemands n'ont pas de colonies, mais ils déploient sur tous les points une activité intelligente, et déjà leurs produits luttent contre les produits anglais en Australie, en Asie, en Afrique. Et nous, qu'avons-nous fait? Avant 1870 bien peu de chose. Pourtant notre Société de Géographie de Paris, fondée en 1821, est la doyenne de celles du globe. C'est ainsi qu'il nous arrive souvent d'avoir les premiers de bonnes idées, dont nous ne savons pas tirer parti, et dont les autres profitent plus que nous. Reconnaissons-le pourtant, le nombre des membres a presque doublé depuis quatre ans : il est aujour- d'hui de mille quatre cents. La Société de Paris s'est toujours distinguée par son esprit libéral; elle a récompensé tantôt des Français, tantôt des étrangers, sans distinction de nationalité, et elle vient encore de donner cette année le plus grand exemple de désintéressement scientifique en accordant son grand prix à un voyageur de race allemande, Schweinfurth, de Riga. Une idée fort heurèuse a été appliquée en décembre 1873 : les délégués des Chambres syndicales du commerce parisien se sont entendus avec des délégués pris dans le sein de la Société géographique, et ont fondé la Commission de géo- graphie commerciale, destinée à unir intimement dans une œuvre commune la science et le commerce. Le Gouvernement, de son côté, .a réuni une commission officielle pour le développement des exportations; celle-ci a formulé un questionnaire qui a été adressé à toutes les Chambres de commerce; les réponses faites à ce question- naire par la Chambre de commerce de Bordeaux ont été fort remarquées. Mentionnons encore la fondation, en février 1875, du journal l'Explorateur, et celle plus récente encore de la 250 CONFÉRENCE DE M. rONCIN. Société pour l'enseignement des Mu les géographiques, dont M.'Laboulaye est président. M. Foncin raconte ensuite comment ont été créées succes- sivement, à Lyon et à Bordeaux en 1874, comment s'orga- nisent â Toulouse et à Marseille, des Sociétés de Géographie commerciale. Ainsi done --- a dit en terminant l'orateur -- noua n'avons pas perdu notre temps, depuis six mois à peine que nous existons. Nous comptons aujourd'hui deux cent cinquante membres, nous possédons les organes essentiels à notre fonctionnement. Mais cela ne nous suffit pas : nous avons des projets plus ambitieux. Nous désirons fonder un Musée ethnographique, publier un bulletin. Ce dernier vœu sera prochainement réalisable : plusieurs travaux remarquables sont prêts; nous n'avons laissé passer sans l'étudier aucune des questions d'actualité qui intéressent la région : celles du port de Bordeaux, de l'affaissement de la côte du bassin d'Arcachon, du percement de l'isthme américain, etc. Nous aspirons à fonder des encouragements aux études, des subventions aux voyageurs. Enfin, nous voudrions réa- liser Vidée due à notre honorable président, et qui a été aussitôt adoptée avec empressement : celle de doter notre ville d'un centre d'informations commerciales tel qu'il n'en existe encore nulle part. C'est ainsi que nous contribuerions à faire de Bordeaux un grand centre intellectuel. Eh 1 Mes- sieurs, vous ne pouvez déserter les traditions de vos pères. La géographie commerciale est au nombre de -ces sciences positives et pratiques qui travaillent au progrès matériel, moral, intellectuel de l'humanité. Ce genre d'études a tou- jours été en honneur chez vous. L'esprit railleur, mais humain et libéral de votre Montaigne, la haute intelligence de votre Montesquieu, le dévouement héroïque de vos Girondins à la patrie et à la liberté, tout vous parle ici de nobles soucis, de pensées sérieuses, de science politique, économique et sociale. C'est vous qui, à la voix de Bastiat, avez les pre- miers adopté la belle devise du libre-échange. Vous êtes une société éclairée, polie, intelligente et riche. Vous ne pouvez vous désintéresser de notre entreprise.

(Extrait du compto•rendu de !n Gironde du 26 al rit 9876.) CONFIDENCE DE M. KOWALSKI. 251

II. Vents et Courants généraux. — Routes marines.

Conférence de 5f. KowAtsiu (14 mai 1876).

Depuis un demi-siècle environ, les routes marines sont devenues plus précises et les traversées plus promptes; ces résultats, si importants pour la sécurité des navigateurs et Ies intérets commerciaux, sont dus à une connaissance beau• coup plus complète que par le passé des forces que le marin a, selon les cas, à utiliser ou à vaincre. Ces forces, dont le ' voilier surtout doit tenir compte, sont les grands mouvements atmosphériques ou océaniques qui constituent les vents et les courants. L'action solaire, s'exerçant avec son maximum d'intensité entre les Tropiques, y détermine un courant ascendant d'air chaud, d'oh mi appel d'air plus froid se dirigeant des régions tempérées vers l'Équateur. Les deux courants aériens qui, du Nord et du Sud, viennent ainsi se rencontrer dans les régions équatoriales, en inclinant l'un et l'autre vers l'Ouest par suite de la rotation de la Terre, sont depuis longtemps bien connus des navigateurs : ce sont les alisés, dont la régularité effraya si vivement les matelots de Colomb. Parvenue à une grande hauteur dans l'atmosphère, la colonne d'air chaud, dont l'ascension est la cause dés deux courants indiqués ci-dessus, se rabat peu à peu vers la surface terrestre, qu'elle atteint dans chacun des deux hémisphères vers les Tropiques, tout en inclinant yers l'Est par suite da mouvement de notre globe autour de son axe. Ces contre- Misés forment avec les alisés deux circuits complets, l'un au Nord, l'autre au Sud de la ligne équinoxiale. Séparés l'un de l'autre vers l'Équateur par la région des calmes équatoriaux, baptisée par nos matelots du nom significatif de Pot au noie, ces deux circuits sont limités dans les zones tempérées par deux autres régions de calmes, moins caractérisées toutefois, dites zones des calmes, tropicaure. Les régions do la surface terrestre situées avers les. deux .pôles, au delà de ces deux zones, sont le théàtre d'une lutte 25%. CONFBRENCE DE N. KOWALSKI. continuelle entre deux courants aériens : l'un, qui souffle du Sud-Ouest dans l'hémisphère boréal, du Nord-Ouest dans l'hémisphère austral, peut étre considéré comme dérivé du contre-alisé; le second, soufflant en sens inverse, est le prolongement de Palis& La lutte de ces deux courants est la cause des variations si brusques des vents dans les régions occidentales de l'Eu- rope.Toutefois les vents d'Ouest finissent par dominer quand on s'avance vers les pôles, de telle sorte qu'en définitive on trouve à peu de distance des calmes des Tropiques Ies zones dites des vents gdndraux d'Ouest. Après quelques indications complémentaires, spéciale- ment en ce qui concerne les vents périodiques appelés moussons, si importants â étudier pour les marins naviguant dans l'océan Indien ou les mers de la Chine et de la Malaisie, le professeur, passant â l'ensemble de la circulation océa- nique, en fait ressortir l'analogie avec la circulation aérienne. La cause primordiale de ces deux phénomènes est en effet la môme : l'action solaire; mais tandis que l'atmosphère ter- restre forme un tout continu, _les eaux océaniques sont partagées par les terres en trois immenses bassins. Il résulte de cette division naturelle qu'une circulation distincte s'éta- blit dans chacun d'eux. Dans les océans Atlantique et Paci- fique, les eaux décrivent deux circuits complets, l'un au Nord, l'autre au Sud de I'Équateur; dans l'océan Indien, situé presque en entier dans l'hémisphère austral, le circuit Sud subsiste seul; enfin les deux océans Arctique et Antarc- tique sont caractérisés par l'afflux incessant des eaux polaires se dirigeant vers l'Équateur. Lé conférencier fait suivre cette étude d'ensemble de détails relatifs aux principaux de ces courants, en insistant tout particulièrement sur le mieux connu, le Gulf-Stream, dont il fait ressortir l'heureuse et salutaire influence sur le climat de l'Europe, .gratuitement chauffée par un calorifère â eau chaude, dont le foyer situé dans le golfe du Mexique est alimenté par les rayons solaires. M. Kowalski aborde ensuite la question des routes marines en faisant brièvement l'historique de la question, ce qui lui permet do signaler les travaux de l'illustre Maury; il indique los principes généraux qui doivent guider le navigateur. CONA$BBNCR DE M. KOWALSKI. ' Vi3 dans le choix d'une route; puis, s'aidant d'une carte dressée d'après Berghaus et placée sous les yeux des auditeurs, il en fait l'application aux principales routes, notamment it celles qui intéressent le commerce bordelais. Le cadre de ce compte-rendu ne nous permet pas d'insérer in-extenso cette partie de la conférence, et il serait d'autre part très difficile de la résumer convenablement en quelques lignes; qu'il nous suffise de dire que le professeur insiste surtout sur l'accord existant entre les données expérimentales de la navigation et les conséquences déduites des considérations précédentes. Il termine en demandant le bienveillant concours de tous pour favoriser des études si importantes pour le développe- ment de la richesse nationale. PRIX ET MÉDAILLES

DÉCERNÉS PAR LA SOCIÉTÉ

Prix décernés par la Société, dans les lycées et colléges de l'Académie de Bordeaux (Girohde, Dordogne, Lot-et- Garonne, Landes, Basses-Pyrénées), à l'élève de mathéma- tiques élémentaires, et à l'élève de 3e année d'enseignement spécial, qui ont mérité le prix de géographie au concours académique (mat 1875).

Lycée de Pau. — Mathématiques élémentaires : LAarorne (Joseph-Marius de), né A Metz, externe. (Grand atlas de Stieler).

Lycée de Mont-de-Marsan. — Troisième année d'enseignement spécial.

LAPteaee (Jean), né A Mont-de-Marsan, interne. (Années 1873 et 1874 du Tour du Monde.)

M'daille décernée par la Société à M. REYT, institutcui public à Bouliac.

Prim de géographie décerné A Louis Rerr, élève de l'École communale de Bouliac.

La Géographie enseignée par le dessin. Nouvelle méthode simultanée de géographie et d'écriture, par M. lleyt, instituteur public d Boulier. prés Bordeaux, (Gironde).

C'est un service à rendre et aux instituteurs et aux pères de famille, que de leur indiquer la nouvelle et excellente méthode de géographie de M. Reyt, instituteur public à Bouliac, près de Bordeaux. Les résultats qu'il y obtient sont vraiment étonnants. La Société de Géographie a pu en juger par elle-meme, M. Reyt ayant été invité à la faire expérimenter sous ses yeux (1).

(1) Voir p. 570. PRIX ET MÉDAILLES 255 Trois enfants de neuf à dix ans, un morceau de craie à la main, commencèrent à faire une carte de France au tableau noir. Ils s'étaient partagé la besogne, chacun tra- çant sa région : leurs petits doigts agiles menaient des lignes en haut, en bas, au milieu, le tout se raccordant tou- jours avec la plus grande exactitude. En cinq minutes, le contour de la France et de tous ses départements était achevé, et était d'une remarquable précision. Il fallait voir ensuite avec quelle sûreté les enfants répondaient à toutes les questions qui leur étaient posées : pas un département dont ils ne pussent dire le nom à la seule inspection de sa forme et de sa situation, et avec le nom du département, ils donnaient ceux de tous les arrondissements. On leur deman- dait d'indiquer le plus court trajet en chemin de fer de Paris à Bordeaux ou de Bordeaux à Lyon, c'était l'affaire d'un instant : la route était tracée immédiatement, avec l'indica- tion de toutes les villes qu'on doit traverser. En un mot, jamais la moindre défaillance ni dans la mémoire, ni dans la main de ces enfants. Combien, parmi ceux qui ont fait leurs études au collège et obtenu le diplôme de bachelier, pour- raient concourir avec eux? Le succès de M. Reyt est da évidemment, en grande partie, à son zèle, à son activité, à son dévouement : la meilleure méthode ne produit rien aux mains d'un maitre apathique. Mais, évidemment aussi, sa méthode est pour beaucoup dans les résultats que nous venons de signaler. Elle est, en effet, on ne peut mieux appropriée à l'école primaire, où l'on n'a devant soi que des enfants auxquels il faut apprendre à faire un seul pas à la fois et à le bien faire. C'est là surtout qu'il importe de graduer, d'une manière intelligente, les exercices de la classe et d'amener insensi- blement les élèves à vaincre des difficultés de plus en plus grandes en les intéressant toujours, et autant que possible, en parlant à leurs yeux, ce qui est le plus sûr moyen d'éveiller en eux la curiosité, la réflexion et le raisonnement. M. Reyt l'a parfaitement compris, et c'est ce qui fait le grand mérite, le mérite rationnel, le mérite pédagogique de la méthode qu'il vient de livrer à la publicité, et dont les quatre premières éditions sent déjà épuisées. Du moment qu'un enfant tient une plume â la main dans 258 PRIX ET AMÉD,1ULLI:S DLCCRV1S PAR LA M.:dTli. l'école de M. Reyt, il prend un des cahiers de la méthode et repasse ù l'encre noire tout le calque bleu. L'élève apprend ainsi l'écriture sur une carte de géographie, et en même temps qu'il se forme la main au dessin et à I'écritùre on traçant des lignes et des lettres, il se met la géographie de toute une grande région de la France, de celle qu'il habite ou qu'il est appelé â habiter, nos seulement dans la mémoire, mais encore dans les yeux, et, pour ainsi, dire, dans Ies doigts. Il la sait pour toujours, et il ne l'oubliera pas. Rien de plus simple assurément, mais quoi de plus fécond et do plus heureux qu'un tel procédé? C'est un trait do génie pédagogique que de l'avoir trouvé. Nous voudrions le voir suivre dans toutes les écoles de France. Cette méthode a trois grands mérites : le premier et le plus grand, c'est d'apprendre l'écriture, le dessin et l'orthographe des noms propres en même temps que la géographie; le second, c'est d'échelonner et de graduer, de la manière la plus heureuse, les difficultés que les élèves doivent vaincre successivement; le troisième, c'est d'être très simple, si simple, qu'un père qui saurait à peine lire pourrait la faire suivre à ses enfants, Ajoutons, c'est un point essentiel, qu'elle est peu-coûteuse : chaque cahier ne coûte que 20 cen- times. Mais ne donne-t-elle ' pas, dira-t-on peut-être, une importance exagérée et presque exclusive à une seule étude? Non, car la géographie n'est quo le cadre do l'enseignement de M. Reyt, et il la réduit aux notions les plus indispensables. Du reste, nous croyons qu'elle doit être le point de départ ou, pour mieux dire, le pivot de l'enseignement primaire, parce qu'elle se lie naturellement à la géométrie, à l'arith- métique, aux sciences physiques et naturelles, à l'histoire, et même, par les exposés de vive voix et les rédactions, aux études grammaticales et littéraires. Les instituteurs ne peuvent donc lui accorder une place trop grande dans leurs classes; mais, pour l'enseigner avec fruit, ils ne sauraient mieux faire que do s'approprier la méthode de M. Reyt : elle est excellente de tous points pour les enfants, et nous ne pouvons la recommander trop chaleureusement.. Les résultats obtenus par son auteur n'en sont-ils pas, après tout, la meilleure recommandation? Bl URII R. EXCURSIONS

I. — Docks de Bordeaux-Bacalart.

La première excursion du Groupe girondin et de la Société de Géographie a eu cette année (mai 1875) pour objectif le chantier des Docks de Baculan; plus de cinquante membres, parmi lesquels plusieurs membres de la Chambre de com- merce, s'étaient rendus à l'appel; M. Joly, ingénieur en chef, et M. Boutan, ingénieur ordinaire, ont bien voulu nous donner sur cette œuvre grandiose toutes les explications désirables. Ces travaux ont pour but, on le sait, la création d'un bassin à flot, présentant une surface d'eau de 10 hec- tares, ayant 1,800 mètres de quai, et pouvant recevoir, en double rang, environ 80 navires de commerce du plus fort tonnage; plus, de vastes magasins. Leur exécution était difficile, vu la nature du sol, qui est constitué par des alluvions récentes de 12 à 14 mètres d'épaisseur, et sans aucune solidité. Il fallait établir les fondations sur la couche stable située au-dessous. Là était le problème. Il a été heureusement résolu de la manière suivante : après avoir constaté, par des sondages profonds, que le sol ' est imprégné d'une masse d'eau qui subit môme l'influence des marées de la Garonne, il a été reconnu impossible d'établir des fouilles à 14 mètres de profondeur. Alors on a bâti sur le sol naturel des blocs de maçonnerie d'une épais- seur uniforme de 6 mètres et de longueur variant de 16 à 25 mètres; ces blocs sont évidés par un ou plusieurs puits verticaux, suivant leur longueur. Bientôt on voit ces blocs s'enfoncer par leur poids, et la terre molle, chassée par les puits sur les côtés, est enlevée à la main ou par des machines. Le bloc descend ainsi pour prendre sa place; Iorsqu'il ren- contre la nappe d'eau souterraine, l'eau remplace la terre et , une pompe puissante l'épuise. Quançl les puits sont vides, ils sont remplis avec du béton. 17 258 ExcuRsioN Il est facile de comprendre que, sur de telles fondations, les quais et les magasins seront établis d'une façon inébran- lable. Les excursionnistes, guidés par MM. Joly et Boutan, ont visité tous les travaux et constaté leur degré d'avancement, qui fait espérer leur terminaison complète dans deux années. Au retour, nous avons visité avec le plus vif intérêt le Cabinet des modèles, où, sous une échelle réduite, sont représentés le bassin terminé, les écluses, le bateau dra- gueur, etc., etc. Répondant â nombre de questions posées par plusieurs personnes de l'assistance, M. Joly nous a expliqué comment on peut être certain que la vase en suspension dans les eaux du fleuve ne comblera pas les bassins. On y recevra dans les grandes marées seulement l'eau relativement claire des couches supérieures, et le plus rarement possible. De plus, l'eau des bassins, séparée de celle du fleuve, fera lentement son dépôt. Des expériences faites depuis nombre d'années démontrent son mode d'accroissement. Quand ce dépôt sera gênant, il sera enlevé par les bateaux dragueurs. On peut donc être certain que ce danger, prévu depuis longtemps, sera écarté. . En nous séparant, M. Joly et M. Boutan ont repu les féli- citations et les vifs remeretments de l'assistance. Ils avaient, en effet, bien voulu consacrer plusieurs heures:à nous faire comprendre la belle œuvre qu'ils ont entreprise, et ils y ont parfaitement réussi. Le même sentiment était dans I'esprit de chacun : l'admi- ration pour une conception aussi grandiose et pour des moyens d'exécution aussi habiles.

II. —Montfourat et Lau6ardemont.

Le 21 mai, un certain nombre de membres partaient pour visiter les deux plus belles usines du département : la pape- terie de Montfourat et la minoterie de Laubardemont. . Accueillis à Montfourat, près les Églisottes, par M. Yorster, l'un des jeunes directeurs-propriétaires de cette belle usine, nous avons pu suivre la fabrication tout entière, depuis la A MONTFOURAT ET LAUBARDEMONT. 259 préparation des diverses sortes de chiffons, triage, nettoyage, etc. Là, les procédés les plus perfectionnés sont mis en usage, et 300 ouvriers et ouvrières y produisent journelle- ment une énorme quantité de marchandise. Cette usine marche par une chute d'eau qui comprend toute la Dronne; mais pour éviter les chômages d'été, une machine à vapeur peut y remplacer la chute d'eau. Quelques-uns d'entre nous avaient déjà vu cette fabri cation, qui est une des merveilles de l'industrie humaine. Ils n'en ont pas moins admiré de nouveau ces machines, qui, prenant, à une extrémité, une eau blanchâtre, rendent, à l'autre, le papier sec, blanc, parfait enfin, sur lequel on peut écrire ou imprimer.

En quittant Montfourat, nous nous rendons sur les bords de l'Isle, à la magnifique usine de Laubardemont, appartenant aux héritiers Chaumel, et placée sous l'habile direction de MM. Bertrin et Ce. MM. Bertrin, dont nous ne saurions trop louer la bonne grâce, nous l'ont montrée dans tous ses détails. Nous résu- merons en quelques mots ce qui nous a particulièrement frappés. 400 hectolitres de blé y sont transformés chaque jour en produits de diverses natures, et ces produits, mis en barils, sont, de là, expédiés dans les cinq parties du monde, avec la marque bien connue Chawmel et Ce, qui en assure la vente. Cette usine, ol sont appliqués tous les progrès, réalise, par l'intelligent emploi des machines, une singulière économie de ).nain-d'oeuvre.: quinze hommes bien dirigés suffisent pour faire ce gigantesque travail; d'un étage, d'un bâtiment à l'autre, circulent sans bruit, par des conduits et des vis d'Archimède, le blé, la farine, le son : ils circulent, comme le sang dans le corps, sans que nul s'aperçoive, pour ainsi dire, de cette admirable application de la mécanique. La force motrice est constante, car la rivière de l'Isle n'a point de chômage; cette force est assurée par douze meules qui peuvent ne pas marcher à la fois. Les excursionnistes ont visité, avec un intérôt particulier, le bâtiment des étuves installées d'après ]e modèle de R60 EXCURSION M. Feray, d'Essonnes. Ces étuves, dites à plateau tournant, chauffent la farine à 80 degrés, afin d'en faire disparattre toute l'humidité; elles permettent ainsi sa conservation pendant un temps qui peut aller jusqu'à deux années, et par suite les longs voyages en mer, sans lui faire courir les moindres chances d'échauffement. Plusieurs des excursionnistes, amis des souvenirs histo- riques, n'ont pas vu sans un vif intéret la vieille habitation de Laubardemont, encore surmontée des girouettes seigneu- riales. Sous ce toit est né ou a vécu l'âme damnée du grand Cardinal, l'exécuteur de ses volontés, le sinistre capitaine de Laubardemont. Aujourd'hui, signe des temps I à quelques pas de la demeure féodale, sur la petite rivière qui la défendait, s'élève la construction moderne, la vaste usine qui fait le bien du pays. Elle représente le progrès des idées, le travail de l'homme,' écrasant de sa masse imposante le vieux manoir oh s'abritaient la violence et la rapine.

III. — Soulac et la Pointe-de-Grave.

Le dimanche 6 juin, plus de trente membres du Groupe girondin et de la Société de Géographie se rencontraient à la gare du Médoc, et, grâce à l'intelligente libéralité de la Compagnie, partaient à demi-place pour Soulac et la Pointe- de-Grave. I'assistance était choisie; elle comptait des membres de la Chambre et du Tribunal de commerce, des ingénieurs, des armateurs, des naturalistes, etc., tous hommes instruits, désireux de voir de près lcs beaux travaux qui défendent nos plaines et de discuter sur les lieux les graves questions d'érosion ou d'affaissement qui préoccupent .nos riverains à un si haut degré. Nous arrivons à Soulac, après un rapide voyage au milieu des crûs du Médoc; et après avoir admiré l'église souterraine rendue à la lumière, nous nous retrouvons à l'hôtel de la Paix, où un. excellent déjeuner attendait les excursionnistes. Un de nos doyens, M. le docteur Rollet, ancien médecin principal des armées, présidait cette réunion de famille. A SOULAG ET A LA POINTE-DE•GRAVE. 261 Bientôt, passant à droite de la ville, nous nous dirigeons, marchant dans le sable, vers l'épi n° 7, premier ehatnon des travaux gigantesques que nous décrirons tout à l'heure. Là, grâce à l'obligeance de M. Baumgartner, ingénieur des ponts et chaussées, chargé, sous la direction de M. Laroche Tolay, de tous ces travaux de défense, nous rencontrons les wagon- nets des ponts-et-chaussées, et sous la direction de M. Scian- dro, conducteur des travaux, nous nous dirigeons vers la Pointe-de-Grave, située à 7 kilomètres environ. Voici, en quelques mots, le résumé de ce que nous apprenons, grace à l'obligeance de notre guide : On sait que la Pointe-de-Grave est la langue de terre de forme aiguë qui limite, au Sud, l'embouchure de la Gironde. Le sol de cette étroite surface est, à quelque distance du rivage, au-dessous du niveau des hautes mers, il est donc aisé, de comprendre l'importance d'empécher les eaux de détruire cette barrière, sans laquelle une immense étendue de pays cultivés et de landes serait submergée jusqu'à quel- ques kilomètres de Bordeaux. Or, il est incontestable que le sable qui, en ce point, a environ 50 mètres d'épaisseur, offre une barrière bien faible aux flots de l'Océan incessamment poussés parle vent d'Ouest. Il fallait donc, et il faut toujours, arréter l'envahissement. Les travaux sont constitués par une jetée avançant dans la mer, à l'extrôme limite nord de la Pointe-de-Grave, et par deux séries d'épis ou de constructions en maçonnerie et clayonnage, éloignées l'une de l'autre par un espace de plusieurs kilomètres. Les excursionnistes ont examiné en détail un de ces épis, et aussi la jetée, et, grâce aux expli- cations de M. Sciandro,- ils ont parfaitement compris leur but. Ces épis, qui ont la forme d'un dos de voûte, sont perpen- diculaires au rivage et s'avancent dans la mer; ils ont pour but de briser l'action des lames venant de l'Ouest et du Sud- Ouest et de fixer l'accumulation des sables. Leur résultat heureux est manifeste, car le sable charrié par la mer vient s'accumuler sur leur flanc Sud. Mais ces constructions exi- gent un incessant entretien; sans cela, elles seraient vouées à une destruction rapide. L'expérience parait avoir démontré 262 EXCURSION que le mode de construction préférable est le clayonnage ou la maçonnerie Brute â pierre très saillante. C'est â M. l'ingé- nieur Baumgartner qu'est dû, nous a-t-on dit, ce dernier perfectionnement. Entre les deux séries d'épis existe un fond de roche qui commence â la plage et se termine au rocher où est bâti le phare de Cordouan. Ce fond de roche est, pour cette partie de la plage, une sorte d'épi naturel. A l'extrême pointe de Grave est la jetée, qui s'avance de 200 ou 300 métres dans la mer : c'est elle qui défend surtout l'entrée de la Gironde contre le flot; aussi est-elle exposée A de rudes assauts. Établie sur un fond de 52 mètres de sable, elle est minée par un travail souterrain; les lames de fond attaquent petit â petit et entratnent au loin et le sable et les éléments brisés de la jetée : si loin, que, sur la côte opposée de la Saintonge, on rencontre sur la plage nombre de frag- ments de béton roulés. La jetée est construite en pierres cimentées et en béton. Sur ses flancs, surtout au côté Sud, le plus exposé, gisent, brisés ou entiers, des blocs énormes de béton semblables A ceux qui défendent Cherbourg et Marseille. Un petit chemin de fer les transporte, et ils demeurent sur la jetée ou sont précipités sur les côtés. Le travail de réparation est incessant, et la lutte de l'homme avec la mer est constante. Si l'homme cessait de veiller, tout disparattrait en peu de temps. Nous en avons vu fort clairement les preuves : la jetée s'enfonce dans le sable par le mécanisme que nous avons indiqué plus haut; M. Sciandro nous a expliqué comment se produit l'affaissement; il . est en général partiel sur une surface de 40 A 30 mètres carrés ; tout d'un coup, une partie de la jetée s'enfonce de 4 ou 5 pieds et s'arrête en contre-bas. On en est averti par des lézardes de 1 centimètre de largeur, souvent moins, qui disjoignent la maçonnerie longtemps avant l'accident. Les ouvriers ont remarqué un phénomène singulier qui précède immédiatement l'enfoncement et les avertit de prendre la fuite : sur le côté de la jetée, la mer se couvre littéralement d'eeufs de raie bien connus des pêcheurs. Notre guide nous a montré plu- sieurs de ces lézardes qui annonçaient un enfoncement certain A SOULAC ET A LA POINTE-DE-GRAVE. 263 pour une époque indéterminée; et aussi les blocs énormes de béton qui attendent sur la jetée le moment où ils rempla- ocrant leurs prédécesseurs engloutis dans le gouffre, Les naturalistes ont fait des recherches, et plusieurs s'étaient séparés de nous pour aller explorer les marais de . Un botaniste a rencontré, dans la foret, une plante nouvelle. Les amis des beaux paysages et du pittoresque ont été frappés du magnifique panorama qui se déroulait é nos yeux. Au Sud, sur les côtes des Landes, les épis, et, bien loin, Soulac et ses chalets. Au Nord, la Saintonge, Royan, Mes- chers et ses blanches falaises; â droite, la Gironde au flot jaunâtre, se radiant lentement û l'eau verte de l'Océan; la rade du Verdon, etc.; un beau vapeur anglais montant vers Bordeaux. A l'horizon, Cordouan et la mer tranquille, dont les lames, malgré le calme, venaient se briser â ses pieds avec un& force contre laquelle l'intelligence humaine est seule capable de lutter, nous en avions autour de nous le magnifique témoignage. Le lieu était bien choisi pour discuter sur l'érosion et l'affaissement du sol. La mer agit-elle en rongeant la côte, ou tout le littoral s'affaisse-t-il Ientement, ainsi que la Suède et la Norwége? Question difficile, et dont nous n'avons pas à parler ici. Qu'il nous suffise de dire que depuis qu'elle a été posée, des points de repère qui permet- tront â nos successeurs de la résoudre ont été établis; aussi s'est-il engagé sur la jetée, et entre les hommes les plus corn- , pétents, une discussion animée. L'heure du retour approchait, et nous avons rejoint nos petits wagons. Nous avons de nouveau traversé la foret, qui présente des sites charmants et absolument inattendus. Quoi de plus singulier, en effet, que de rencontrer au milieu des pins une oasis de luxuriante verdure? Un sous-sol argileux y favorise, sur des points limités, une puissante végétation, et nos wagons glissent sous un véritable berceau de feuillage. Au retour, nous avons eu le temps de visiter d fond la petite ville nouvelle, Soulac, qui, avec son chemin de fer, certaine de son avenir, s'élève comme par enchantement. On bi£tit de tontes parts; on se prépare à recevoir la colonie 2(11 EXCURSION A SOULAC ET A LA POINTE-DE-GRAVE, des étrangers qui viendront se baigner sur cette plage remar quable, Partout on nous accueille avec plaisir et bonne grâce, et un excellent dfner réunit bientôt les voyageurs. M. Téoheney, rédacteur de l'Avenir de Sala, a bien voulu nous guider et nous donner mille renseignements du plus vif intérôt. Nous saisissons cette occasion pour l'en remercier. Ainsi le Groupe girondin et la Société de Géographie, une fois de plus cette année, ont eu l'occasidn de montrer les services qu'ils peuvent rendre. — Déjâ â Laukedemont, à • ontfourat et aux chantiers des .Docks, ils avaient réuni ceux de leurs membres qui veulent voir de près les merveilles du travail humain que présente notre contrée, encore si peu connue, môme de ses habitants. Dans ces excursions, comme dans celles des deux années précédentes, â Saint-Émilion, â , â Arcachon, etc., etc., tous ,se disaient qu'une association seule pouvait demander â des hommes considérables ou â des industriels absorbés par leurs travaux, de se mettre â sa disposition, pour expliquer, ainsi les mille détails de leurs oeuvres. Ainsi, comme pour tant d'autres choses, le groupement des hommes porte ses fruits, sans compter le grand plaisir de faire ensemble des voyages où chacun s'instruit en mettant profit la causerie aimable de ses collègues. A. COMPTE-RENDU SOMMAIRE

DES SEANCES.

Séance du 1h novembre 187h.

Présidence de M. le docteur AZAM,

Président du Groupe girondin de l'Association française pour l'avancement des sciences.

M. le Président expose que le Groupe girondin a-cru devoir prendre l'initiative de fonder et Bordeaux une Société de Géographie, dès le mois de juin 1874. Après réunion de la troisième section du Groupe, dans lequel une Commission spéciale a été désignée, une circulaire, rédigée par M. Foncin et signée des noms les plus honorables, a été publiée et répandue â un grand nombre d'exemplaires. Cette circulaire a valu à l'ceuvre nouvelle un grand nombre d'adhésions. La Société nouvelle a pour mission de s'occuper exclusivement de géographie; mais, tout en relevant du Groupe girondin, elle doit avoir une existence indépendante de l'Association française pour l'avancement des scienoes. Aussi doit-elle comprendre deux catégories de membres : les uns, faisant partie du Groupe, n'auront à verser aucune cotisation nouvelle et seront membres titulaires; les autres, qui n'ont pas à remplir cette condition, seront associés et auront à verser au Trésorier une cotisation annuelle de 40 francs. M. Foncin parlé de l'appui mutuel que se prôtent le commerce et la géographie; il démontre l'utilité de la connaissance de celle-ci pour le négociant, insiste sur la nécessité de renseignements géographiques et commerciaux, indique, dans l'espèce, le rôle important des capitaines de la marine marchande, et assure la Société de la bienveillance de la presse locale, qui publiera les extraits Ide ses- procès- verbaux, et du concours du journal de géographie commer- ciale, l'Explorateur. Il fait également ressortir la nécessité 266 COMPTE-RENDU SOMMAIRE d'avoir des représentants en France et à l'étranger, comme aussi le devoir qui incombe à la Société vis-à-vis des jednes gens qui veulent s'établir à l'étranger. La Société devra s'oc- cuper aussi de la formation d'un musée géographique, ethno- graphique et commercial, et devra s'efforcer de paraftre dans les expositions de géographie commerciale, soit en province, soit à Paris; elle encouragera par des prix les services rendus, M. Beurrier, au nom du journal dont il est rédacteur, assure la Société du concours de la Gironde, et demande que l'on s'occupe de propager les études géographiques, trop négligées dans les écoles. L'Assemblée, pour permettre le fonctionnement de l'oeuvre multiple que la Société de Géographie commerciale veut accomplir, croit devoir constituer un Bureau; elle nomme au scrutin secret, membres de ce Bureau

MM. Musai (Marc), Président. DUPRAT et BAOUR (Abel), Vice- Présidents.. FOECIN, Secrétaire général. SESRESTAA, MARES, DESnoNNE, Secrétaires, GnoSSARD (H.), Archiviste.

SAMAZEUIGH fils, Trésorier.

Séance du .18 décembre 1874.

Prialdence do M. Mare MAURSL.

M. Foncin, Secrétaire général, annonce l'heureux résultat des démarches faites pour obtenir de nouvelles adhésions; il donne lecture des réponses aux notifications de l'existence de la Société par la Société de Géographie de Paris, la Con• mission de Géographie commerciale de Paris, la Société de' Géographie de Lyon, et la Société de Géographie d'Amsterdam. M. le Secrétaire général signale à l'Assemblée la prospérité et les succès de la Société de Géographie de Lyon, qui compte déjà 350 membres, parmi lesquels M. Berlioux, l'auteur du remarquable ouvrage sur la traite des nègres à ALE S SLANC&S. 267 la côte orientale d'Afrique. Ce livré a puissamment agi sur l'opinion publique en Angleterre, et a contribué â l'intervention énergique de cette puissance pour réprimer le commerce des esclaves sur la côté de Zanzibar. L'Assemblée charge M. Biliés de prendre connaissance des ouvrages manuscrits et imprimés de M. le Dr Moure, qui a fait un long voyage dans l'Amérique du Sud, puis elle aborde la discussion du plan du Questionnaire proposé par M. Foncin. Ce Questionnaire, destiné aux capitaines au long cours, voyageurs, etc., subit quelques modifications présentées par ' MM. Duprat, Marc Mawrel, Alexandre Lion, Larronde, etc., et est renvoyé au Bureau, qui devra donner une forme définitive au travail de M. Fonds (1). Sur la demande de plusieurs membres, M. Larronde promet une communication au sujet de l'envahissement par les eaux de la plage d'Arcachon. L'Assemblée décide que le Bureau se renseignera sur la méthode d'enseignement géographique inventée et professée par M. Reyt, instituteur â Bouliac (Gironde), et décide que le titre de membre de la Société sera offert aux consuls des puissances étrangères, non français et exclusivement agents de leurs gouvernements.

Séance du 9 janvier 1875,

Prdaidenae deM. Mara MADRBL.

Après la nomination d'une Commission chargée de recueillir les adhésions, et composée, pour le nord de Bordeaux, de MM.'Desdonne, Segrestaa et Chevalier; pour le centre, de MM. Grossard, Samazeuilh et Manda; pour le sud, de MM. ?min, Biliés et Roëhrig, l'ordre du jour appelle la . discussion de la question d'Arcachon. M. Delfortrie expose sa théorie, qui est celle de l'affaissement. M. Lafont combat les affirmations de M. Delfortrie, et, s'occupant uniquement du bassin d'Arcachon, conclut à l'érosion. s (1) Voir p. 534. X68 COMPTE-RENDU SOMMAIRE M. Larronde est de l'avis de M. Lafont, et propose la nomi- nation d'une Commission qui s'entendrait avec les Commis- saires de la Société Linnéenne pour étudier la question. MM, Raulin, Bayssellance et Delforirie sont chargés de vérifier les faits sur lesquels s'appuient 'les deux théories. Cependant, M. Bayssellance croit à l'action simultanée de l'érpsion et de l'affaissement, et expose une suite d'observa. tions qu'il a pu faire à Cordouan et ailleurs, n Là, dit-il, il y a eu affaissement, mais aussi érosion. a Il cite, d'une part, le mouvement d'affaissement sensible sur plusieurs points de notre côte, et de l'autre l'exhaussement de la côte de Vendée. La communication de M. Feuilleret sur le Chemin de fer des Andes est remise à la prochaine séance.

Séance du .V5 janvier 1875.

PrBeidence da M. Maro MADREL.

M. Bayssellance demande une rectification au procès-verbal de la dernière séance. M. le Secrdtairegén1ral annonce à la Société la réunion des Commissions de la Société Linnéenne et de la Société de Géographie au sujet de la question d'Arcachon. Divers ouvrages ont été reçus et déposés aux Archives : les Inscriptions numidiques, par M. le général Faidherbe; les brochures et les cartes relatives au canal Colombien, offertes par M. Lucien de Puydt; une note de M. Godefroy, corres- pondant de la Société à Saint-Louis, sur la barre du Sdnégal. Des remerotments sont votés aux donateurs. L'Assemblée adopte la rédaction du Questionnaire, qui renferme toutes les demandes se rapportant, à la géographie proprement dite, à la navigation, à l'agriculture, à l'indus- trie, aux transactions commerciales, etc., etc. M. Feuilleret lit une note sur la création de la voie ferrée à travers les Andes péruviennes; il compare les différents projets mis en avant à celui adopté et en voie d'exécution, et fit remarquer les avantages immenses qui résulteront de l'achèvement de cette gigantesque entreprise, au point do DES stmuss. e69 vue de l'avenir financier, de la colonisation et de la civilisa- tion du Pérou, surtout lorsque certaines rivalités de pays à pays, certaines difficultés locales auront disparu (l). M. le Président remercie M. Feuilleret de sa oommuni- cation. M. Marc Memel présente ensuite une note sur un Mémoire de M. Charpentier, d'Olmeto (Corse), relatif à la Corse. Ce travail lui a paru très instructif et plein de faits d'une grande valeur pour l'industrie agricole, forestière, métallur- gique et commerciale. Il conseille la lecture de ce Mémoire et propose d'en faire un résumé qui serait publié dans les journaux de Bordeaux et dans l'J'conomiste français. M. Lescarret veut bien se charger de ce travail. L'Assemblée décide que (les remercîments seront adressés à la Société du Libre-Échange, qui a bien voulu mettra son local à notre disposition pour y déposer les archives de la Société de Géographie.

• Séance du 8 février 1875. i Frdeidence de H. Haro HAD&SL.

M. le Secrétaire général dépose sur le bureau : Deux atlas et un curvimètre offerts par MM. Lassaillî frères, éditeurs à Paris (M. Raki g, rapporteur); Un volume des publications de la Socidtd de Géographie de Nec-York, et le Béait du voyage de M. le lieutenant Wheeler dans l'Ouest (M. Schrader père, rapporteur); Le Bulletin de k Socidtd ,de Géographie italienne, qui con- sacre une page à la Société de Bordeaux (M. Preller, rap- porteu4; Le Bulletin de la Société de Géographie de Lyon; Le Mémoire de M. Garrigou sur les richesses de l'Ariège (M. le Dr Azam, rapporteur); Le Bulletin de la Socidtd de Géographie d'Amsterdam, qui donne la traduction de notre programme (M. Hubler, rapp.);

(f) Voir p. 1v1. 270 COMPTE-RENDU SOMMAIRE Des lettres de confraternelle sympathie adressées par les Sociétés de Paris, de New-York et de Leipzig. Il est décidé que le Questionnaire sera tiré à 1,000 exem- plaires en petit format, in-18; que des pages blanohes seront intercalées dans le texte; que le Groupe régional de l'Asso- ciation française pour l'avancement des sciences sera appelé à fixer dans quelles proportions il devra contribuer aux dépenses de la Société de Géographie; que des membres fondateurs pourront faire partie de la Société moyennant une somme de 100 fr. une fois versée. M. Jan! Ramas y Bastos est admis en cette qualité. M. Sarrasin prépare un travail sur André Bru et les relations avec le Sénégal. M. Sckrader fils rendra Dompte des travaux de la Société de Géographie de Londres, et M. Malvezin de l'ouvrage de M. de Puydt sur le canal de l'Atlantique au !Pacifique. M. Asam, Vice-Président du Groupe régional, donne connaissance d'une lettre de M. le Ministre des travaux publics, relative â la réunion des Sociétés savantes â la Sorbonne, â Paris. Il analyse le remarquable travail de M. Garrigou, sur les richesses minérales de l'Ariège : il signale l'existence de 60 gisements •de fer, 22 de plomb, zinc et anti- moine argentifère, 21 de cuivre, 12 de manganèse, 2 de cobalt, 1 de baryte; de marbres, gypses, ardoises, lignites, pierres lithographiques, etc., etc.; de 37 sources minérales d'eaux sulfureuses ou salines, dont 9 seulement exploitées. Le Mémoire de M. Garrigou sera déposé aux archives (i). Au sujet de ce Mémoire et de celui de M. Charpentier sur la Corse, M. Pascin fait sentir la nécessité de la publication d'un Bulletin, dans lequel, avec les renseignements recueillis par les membres de la Société, pourraient parartre le Compte-Rendu des séances et les résumés • des nouvelles géographiques. M. le Secrétaire général annonce la réunion du Congrès géographique international, dont il a reçu le programme. Une Commission, composée de MM. Malvezin, Rof'krig et Feuilleret, est chargée, en ce qui concerne le groupe écono-

(') Voir p. 150. DES SÉANCES. 274 mique, d'étudier les questions pouvant intéresser la Société et dtre traitées au Congrès. Sur la proposition de M. Feuilleret, Ies travaux particuliers de chacun des membres de la Société seront déposés aux archives, notamment l'atlas de M. Fonck, la carte du Mont.-Perdu de M. Schrader fils, l'ouvrage de statistique de M. _ douard Féret, etc. M. le &crétairegénéral communique la lettre de M. Hertz, mettant le journal l'Explorateur et la disposition de la Société;, la lettre de M. Tartara, commissaire de marine, ordonnateur et Alger, offrant son Code des Bris et Naufrages. MM. Hertz et Tartare sont nommés membres correspondants de la Société. La Chambre de commerce a fait hommage de l'ouvrage de M. Person, intitulé : le Jeune Commerçant français dans les deux Amériques.

Séance du .V.l février 1875.

Présidence de M. AZAM, Vice-Président do Groupe régional.

Après avoir pris diverses résolutions concernant le recru- tement de nouveaux membres et les conférences â faire, l'Assemblée obtient de M. Poncin la promesse d'exposer en public le but de la Société de Bordeaux. Elle adopte ensuite le principe de la fondation d'un prix de géographie, réservant la question du mode d'application qui sera étudiée par le Bureau. MM. Raulin, Fonck, Beurier, Samazeuilii, Raoul., etc., prennent part â la discussion. L'ordre du jour appelle la communication de M. Roéhrig sur les atlas de MM. Lassailly frères et leur curvimètre. L'honorable membre signale le côté pratique de l'un pour la mesure des distances, et fait ressortir les qualités des autres, dont il recommande l'emploi. M. Maloezin prend ensuite la parole et expose son travail sur le canal de l'Atlantique au Pacifique. L'Assemblée accueille cette étude avec la plus vive satisfaction; elle 272 COMPTE-RENDU SOMMAIRE regretté une fois de plus l'absence d'un Bulletin, dans lequel le travail de M. Malvezin figurerait avec, honneur (a). M. Nubie est nommé Secrétaire adjoint.

Séance du 8 mars 1875.

Prdsidenoe de M. Mars MAURE/.

Une Commission, composée de MM. Manès, Lescarret, Schrader père et Péret, est nommée pour dresser une carte industrieIIe de la Gironde. M. le Secrétaire général dépose sur le bureau : Le Bulletin de la Société de Géographie de Leipzig (M. Basa- musli, rapporteur); Des numéros de l'Explorateur, offerts par M. Sertz. L'Assemblée vote des rem erctments M. Hertz. Un Compte- Rendu des travaux de la Société a été adressé à l'h' ploya= tear, dont le concours nous est acquis. M. le Recteur de l'Académie de Bordeaux propose, par lettre, de décerner le prix de géographie, fondé par la Société, â l'élève de la classe de mathématiques élémen- taires qui aura remporté le prix dans le concours académi- que. Après un échange d'observations entre MM. Raulin, Zescarret, Malvezin et Fondra, il est décidé qu'on demandera au Recteur des explications sur la possibilité d'établir un prix pour l'enseignement spécial. L'Assemblée nomme une Commission pour étudier le Questionnaire publié par la Commission d'enquete sur le port de Bordeaux. Sont désignés : MM. Duprat, Malvezin, Bayssellance et Lariat. M. DruilJaet • Lafargue donne lecture du • rapport des Commissions de la Société Linnéenne et de la Société de Géographie réunies, et chargées d'étudier la question d'Arcachon. Ce rapport, en constatant un affaissement d'un mètre par siècle, conclut à une érosion considérable de la plage.

(,) Nous espérons quo le travail de M. Malvesin, complété par son auteur, pourra paraître duns le prochain Bulletin. DES SÉANCES. - X73 M. Schrader pare donne un aperçu de la prospérité de la Société américaine de Géographie. Après vingt- cinq années d'existence, cette Société, sur le point de se faire cons- truire un local destiné à ses réunions, compte aujourd'hui 1,400 membres, possède une bibliothèque renfermant plus de 10,000 volumes et 2,000 atlas ou cartes, une riche collec- tion d'objets curieux. La Société américaine ne tardera pas à occuper dans le monde scientifique une place égale à cello de la Société royale de Londres. M. Sarrasin communique son travail sur le Sénégal au dix-huitième siècle. Il passe . en revue la géographie, l'ethno- graphie, l'histoire et les productions de cette colonie ; il marque le rôle important que joua Brun comme colon (l'abord, ensuite et principalement comme historien et géo- graphe. M. Sarrasin termine en signalant les fautes commises, qui, dès lors, empdchérent le Sénégal de devenir une colonie prospère (i). M. le Président remercie M. Sarrasin au nom de l'As semblée.

Séance du 2R mars 1875.

Présidence de M. Haro NOM.

MM. Preller et Populos sont nommés, le premier Secrétaire, le second Secrétaire adjoint. L'Assemblée décide que la Société disposant d'une somme d'environ 2,000 fr. par an, un Bulletin sera publié. Une Commission de publication, composée de MM. Asam, Fonein, A. Baouu• et Schrader fils, est nommée à cet effet. Le Questionnaire, imprimé à 500 exemplaires, sera mis à la disposition des armateurs, capitaines, etc. M. Duprat, Vice-Président, s'occupera de la distribution. Sur la proposition de M. le Secrétaire général, M. Plasanet, capitaine d'état-major, est nommé membre correspondant. Tous les officiers résidant â Bordeaux et qui voudront en

(f) Voir p. 531. 18 274 COMPTE-RENDU SOMMAIRE faire la demande pourront faire partie de la Société au m@me titre. M. le Secrétaire général a regu De M. Signoret, divers documents intéressants, entre autres une carte avec répertoire permettant de retrouver les moindres localités au moyen de chiffres et de lignes de renvoi; De M. Bernardini, notre correspondant . Rouen, la relation d'une visite aux écoles de notre ville; De M. Biliés, son rapport sur les ouvrages de M. Moure; De M. Moore, des notes sur le projet de canal dans l'isthme de Panama; M. Édouard Péret rend compte des travaux de la Commis- sion de la carte du département. Ce travail comprendrait trois cartes : la première, géologique; la deuxième, agricole; la troisième, industrielle. La question du crédit demandé par M. Sclerader père, pour le tirage de ces cartes, est renvoyée au Bureau. M. Lorenz Pradier raconte son voyage au Brésil et intéresse vivement l'Assemblée. Il passe rapidement en revue les villes traversées, les mœurs des habitants, leurs industries, leurs relations commerciales. Il indique, pour chaque province, son degré de richesse, de colonisation, d'instruction, etc. M. Preller s'arrdte â la province de Sainte-Catherine, en promettant de continuer son récit dans une prochaine séance.

Séance du 19 avril 1875.

Prdeldence de M. AZAM.

Des remerctments sont adressés au journal da Gironde pour l'article publié sur le Questionnaire. • M. le Secrétaire donne lecture : D'une lettre de M. Godefroy, correspondant au Sénégal; D'une lettre de Mer de La Bouillerie, coadjuteur et arche- vaque de Perga, reconnaissant l'utilité de la Société; D'une lettre de M. le Recteur de l'Académie, informant la Société de l'acceptation des prix offerts par elle et qui seront décernés au concours académique des lycées. DES SEANCES. 276 MM. Metgé, professeur l'école de commerce du Havre, et Henri Monet, professeur de l'Université, ancien élève de l'École d'Athènes, sont nommés membres correspondants. M. Fonds, Secrétaire général, fera, le 24 avril, une con- férence sur l'utilité de la géographie commerciale (t), M. Azam donne la liste des ouvrages promis par les minis- tres de l'agriculture, du commerce et de la marine. L'Assemblée vote des remerotments et des félicitations et M. Menier, industriel, pour son ouvrage sur l'Économie rurale, et la suite duquel se trouvent les cartes des départements français et des États de l'Europe; les teintes appliquées sont très ingénieusement nuancées pour se rendre compte synop- tiquement des principales cultures d'un pays et de l'impor- tance territoriale de ces cultures. M. Bilas examine les nombreux voyages de M. le D*Moure au Mexique, au Brésil, dans les États unis de Colombie, au Pérou, en Bolivie, au Chili et dans la Plata. M. Lescarret présente un Rapport sur le Mémoire de M. H. Charpentier, d'Olmeto, traitant de la géographie physique et commerciale de la Corse. Ce pays, riche, mais trop ignoré, devrait posséder des usines, des exploitations, etc. L'Assemblée remercie M. Charpentier et décide que son Mémoire et le rapport de M. Lescarret seront communiqués Il la Commission de rédaction (t). M. Labat donne lecture du rapport de la Commission chargée d'étudier la question do l'envasement du port de Bordeaux. M. Labat, est vivement félicité. Ce rapport sera publié dans le Bulletin de la Société (').

Séance du 8 mai 1875.

Prdstdence de M. EAVEADD, President du Groupe girondin de l'Association française pour l'avancement dos sciences.

M. le Secrétairegéndral annonce quo la Chambre do com- merce s'est fait inscrire comme membre fondateur. (') Voir p. 246. (0) Le Rapport de M. Loscarrat n paru dans l'xlploratenr. (3) Voir p. 211. 276 . COMPTE-nENDU SOMMAIRE La Société de Géographie compte actuellement 243 mem- bres, dont 7 fondateurs, 143 titulaires, 57 du Groupe girondin et 36 correspondants. Elle possède un capital de 2,130 fr. M. Soleillet annonce, pour le 8 mai, une conférence sur un voyage d'Alger à Saint-Louis du Sénégal par Tombouctou. M. Marc Maurel rappelle l'exposition géographique qui doit avoir lieu à Paris au mois de juillet et propose de faire un appel au commerce bordelais, Renvoi à la Commission de la carte du projet d'enseigne- ment géographique et de la carte présentée par M. Vigier. M. R. Signouret expose sommairement l'économie, le mécanisme et les avantages de son système de recherches rapides sur les cartes et les plans dont il est l'auteur, dits : Cartes et plans instantanés. Cette méthode, très ingénieuse, intéresse vivement l'assemblée, et M. le Pr6sident, en adres- sant ses félicitations à M. Signonret, le prie de vouloir bien s'adjoindre à la Commission de la carte agricole, géologique et industrielle de la Gironde, destinée à l'exposition du Congrès des sciences géographiques à Paris. M. Preller termine sa communication sur son voyage au Brésil par une étude de la province de Rio-Grande du Sud, dont il fait connaftre l'exportation, les mines, les carrières, la faune et la flore.

Séance du eh mai 1875.

PrdsIdcuce do N. RAVEAUD.

L'Assemblée adopte les conclusions du Bureau tendant à rejeter l'idée émise dans la dernière réunion, de distribuer des diplômes aux membres de la Société. M. Dupierris cde Rivelra, de Porto-Rico,. promet une étude sur l'fle de Porto-Rico. L'ordre du jour appelle la communication de M. Reyt, instituteur à Bouliae, sur la géographie enseignée par le dessin. Sur un tableau noir quadrillé, les élèves de M. Reyt des- sinent rapidement les limites de la France, indiquant les montagnes, les collines, avec les pics et les cols; les cours d'eau, les limites des bassins; les départements, avec leurs nFS sg Ancas. 277 chefs-lieux et Ieurs sous-préfectures; les chemins de fer et les canaux; répondant aux questions de tout genre sur la géographie physique, politique, administrative, commerciale, industrielle, agricole, posées par l'auditoire. L'Assemblée applaudit fréquemment les élèves de M. Reyt et félicite le maftre des remarquables résultats obtenus par sa méthode. M. Reyt est nommé membre correspondant. M. Schrader père lit un rapport sur les conférences faites par le lieutenant américain Wheeler, l'explorateur des nou- veaux États de l'Ouest. M. Schrader fils décrit l'appareil dont il est l'inventeur et qu'il appelle l'orographe. Cet instrument est destiné aux relèvements géodésiques. L'Assemblée décide, â l'unanimité, que la description complète de l'orographe figurera au prochain Bulletin (i).

Séance du 7 juin 876.

Prdsidenee de M. &AV&ADD.

M. le Secrétaire gésaéral donne lecture d'une lettre de la Société de Géographie de Francfort-sur-le-Mein en réponse d la notification qui lui avait été adressée, et fournit quelques renseignements sur les cartes industrielle, agricole et géolo• gigue de la Gironde, que la Société doit présenter é, l'Expo- sition des sciences géographiques. Il nomme les exposants qui se sont fait inscrire : MM. S. Du6os, instituteur, pour des échantillons de platine des Pyrénées; Périer, pour des objets provenant de ses études sur les fonds de la mer; Roumieu, pour les engrais d'Irlande; Cassies, pour sa col- lection de coquilles fluviales et lacustres; R. Signourel, pour ses cartes instantanées; MM. Terpereau, photographe; Laliman, viticulteur, etc. Le Conseil municipal a voté 200 fr. pour les frais d'expo- sition de la collection de M. Gassies. Communication è, l'Assemblée d'un questionnaire relatif n • la marine marchande, rédigé par M. Marc Maurel. Sur les observations de M. Autran, qui trouve le questionnaire

(1) Voir p, 505. 278 COMPTE-REKUU SOMMAIRE trop général, et la proposition de quelques membres deman- dant une réunion préalable d'armateurs et de capitaines, afin d'obtenir la plus grande somme de renseignements, le principe de la nomination d'une Commission d'études est voté par l'Assemblée. Compte-rendu de M. de Porcin sur le livre intitulé : le Jeune Commergant dans les deus Amériques. Rapport de M. Malvezin sur les remarquables travaux de MM. Périer et de Folin. • Communications de M. Preller sur la Revue géographique italienne et le domino géographique destiné â amuser les enfants, tout en leur apprenant la géographie. Sur la proposition de M. le Secrétaire general, il est décidé que la Société offrira personnellement à M. Reyt un témoi- gnage de sa satisfaction et qu'un prix sera décerné, au nom de la Société, à l'élève de ses classes qu'il jugera le plus digne de cette distinction.

Séance du 21 juin 1875.

Prdeidenee de M. Maro MAmE. Les cartes géologique, agricole et industrielle sont sou- mises à l'approbation de l'Assemblée. Biles figureront d l'Exposition sous le patronage de la Société, ainsi que le Système de lecture pour les plans et les cartes instantanées de M. R. Signonret; l'Orographe de M.•Sehrader fils; l'Atlas de géographie de M. Fonoin; la Méthode de M. Refit pour l'enseignement géographique; le Domino géographique de M. Preller. Sur la proposition de plusieurs membres, le Bureau est chargé de faire une démarche auprès de la Compagnie Paris-Orléans, afin d'obtenir une réduction de prix pour une quinzaine de membres qui voudraient se rendre au Congrès géographique de Paris. M. le Secrétaire général a regu Un envoi d'ouvrages géographiques de la Société de Géo- graphie d'Amsterdam; Une lettre de M. Hertz, prévenant que la Société de Bor- deaux jouira de la gratuité pour son exposition; Des SEANCES. 279 Une réponse du ministre de l'instruction publique, refusant les livres demandés et objectant que les cartes sont réservées aux établissements scolaires; Une réponse du ministre des travaux publics, annonçant qu'il tenait dans ses bureaux, d, la disposition de la Société, une collection d'ouvrages pouvant nous être utiles. M: le Secrétaire général annonce qu'il a envoyé une circu- laire aux éditeurs pour leur demander un exemplaire des ouvrages géographiques et commerciaux qu'ils font parattre chez eux et qui seraient déposés et la bibliothèque. Le Bulletin de la Société ferait mention de ces ouvrages. Communications au sujet du Bulletin, dont l'impression est commencée. M. Aufran, sollicité par M. le Président de vouloir bien diriger les travaux de la Commission d'enquête sur la marine marchande, a le regret de refuser â cause de ses fonctions, mais conseille de restreindre l'enquête â la navigation borde- laise. Le Bureau est chargé de nommer la Commission. L'AssembIée étudie la possibilité de reproduire pour le public les cartes industrielle, agricole et géologique de la Gironde et remet et la Commission de publication le soin d'approfondir la question. M. Sclarader /ils propose une souscription collective pour l'observatoire du pic du Midi. M. Larronde répond qu'il serait préférable de laisser ù chaque membre le soin de souscrire personnellement. Cependant l'Assemblée adopte le principe de la sous- cription au nom de la Société et prie le Bureau d'en fixer le chiffre (1), en se conformant aux exigences du budget. La première session est close. Les vacances de l'Assemblée dureront jusqu'au 15 octobre. L'un des Secrétaires, Tif. HVBLEa.

(i) Le Bureau a Axé cette somme a 100 fr., qui ont 616 envoyés a la Société Romand. MEMBRES

DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE COMMERCIALE

DE BORDBAUX

Lea noms des membres résidant hors Bordeaux sont marqués d'un astérisque, et les noms des membres résidant b l'étranger, de deux astérisques. •

MEMBRES DU BUREAU. Président. M. MAUREL (Marc), négociant armateur, membre de la Chambre de commerce, cours du Chapeau-Rouge, 48; bureaux, id., 18.

Vice-Présidents. MM. BAOUR (Abel), négociant, membre de la Chambre de commerce, cours du Chapeau-Rouge, 9. LANNELUC (H.) capitaine au long cours, place Puy-Paulin, 18. SCHRADER (Ferdinand), rue Saint-Esprit, 29.

Secrétaire général. M. FONCIN (P.), chargé d'un cours de géographie à la Faculté, membre de la Société de Géographie de Paris, rue de Pessac, 90. Secrétaires. MM. DESBONNE, négociant, membre de la Société de Géographie de Paris, rue Buguerie, 82, et allées de Chartres, 18. MARES (J.), ingénieur, directeur de l'Écolo de commerce et d'industrie de Bordeaux, rue Saint-Sernin, 66, et rue Judaïque, 20. PREI.LER, négociant, membre de la Société de Géographie de Paris, allées de Chartres, 13. SEGRESTAA, (M.), négociant armateur, allées d'Orléans, 80. Archiviste. M. GROSSARD (llipp.), courtier de commerce, r. LaBwrie•de•Monbadon, 80. bureaux à la Bourse, 1.8. LISTE DES MEMBRES. S84

Trésorier.

M. SAMAZEUILH (F.). banquier, cours de l'Intendance, 60 ; bureaux, rue Porte-Dijeaux, 14.

Secrétaires adjoints. MM. HURLER (Tb.), employé au Télégraphe, rue de la Prévété, 1 i. POPULUS (Joseph), maison P. Mestresat, rue du Parlement-Sainte- Catherine, 24.

MEMBRES FONDATEURS.

Messieurs

BELLOT DES MINIÈRES (l'abbé), secrétaire de S. E. le Cardinal-A rchevêque. • BOUCAU (Albert), député des Landes. LA CHAMBRE DE COMMERCE DE BORDEAUX. LE CONSEIL GENERAL DE LA GIRONDE. $. E. LS CARDINAL DORSET. ARCHEVÊQUE DE BORDEAUX. MESTREZAT (P.), consul de Suisse, rue du Parlem=-Sainte-Catherine, 24. PELLEPORT-BURÈTE (le vicomte de), maire de Bordeaux. RAMOS Y RAMOS (José-Thomas), do Valparaiso (Chili). SCBRODER (Frédéric), négociant, quai des Charlrons, 91.

MEMBRES TITULAIRES

QUI FONT PAR'rle DU GROUPS GIRONDIN DE L'ASSOCIATION

FRANÇAISE.

Messieurs ARMAINGAUD, docteur-médecin, cours d'Alsace-et-Lorraine, 93. AZAM, docteur•méderin, rue Vital-Cartes, 14. BALGUERIE (Edmond), ingénieur, allées de Chartres, 28. BALGUERIE (Raoul), négociant, cours du Chapeau-Rouge, 26. BAUDRIMONT père, prof. A la Faculté des sciences, r. Dut our•Dubergier,14. BAUDRIMONT fils, docteur-médecin, rue Saint-Rémi, 43. BAUMEVIELLE, propriétaire, membre de la Société do Géogr iphie de Paris, impasse des Tanneries, 41 et 13, BAYSSELLANCE, ingénieur de la marine, rue Saint-Genes, 84. BEURIER, publiciste, professeur A l'École Monge, rue Rioher, 45, A Paris. BEYLOT, conseiller A la Cour, rue Desfourniels, 20. BUHAN (E.), négociant, cours de Tourne, 26.

CHAPON, directeur du journal la Gironde, rue de Chevelus, 8. 2$2 LISTE DES MEMBRES, DESBONNE (Ferdinand), négociant, rue Huguerie, 82. DOUAUD, docteur-médecin, rue Notre-Dame, 75. DRUlLHET-LAFARGUE (E.), publiciste, boulevart de Caudéran, 178. DUPUY (Léon), professeur au Lycée, rue Vital-Cartes, 15. DUPUY (Paul), docteur-médecin, professeur à l'École de médecine, allées de Tourny, 8. DURET(P; H.) père, propriétaire rentier, rue de Lafaurie-de-Monhadon, 3. DURIEU DE MAISONNEUVE pare, directeur du Jardin des Plantes, place Bardineau, 5. DURROS (J.), négociant, cours des Fossés, 43. ESCARRAGUEL, propriétaire, allées de Tourny, f.. FACET (Marius), architecte, rue de l'Église-Saint-Seurin, 28. FAURE (Fernand), avocat, rue du Palais-de-Justice, 16. FÉRET (Ed.), de la maison Féret et fils, libraires-éditeurs, rue de la Croix- Blanche, 51, et cours de l'Intendance, 15. . FORCIR (P.), chargé d'un cours de géographie à la Faculté, r. de Pessac, 90. GACHASSIN-LAFITTE, avocat, rue Castillon, 1. GASSIES, conservateur du Musée préhistorique de Bordeaux, Jardin- .Public, et rue du Palais-Gallien, 88. GOUNOUILHOU, propriét'•-gérant du journal iaGironde, r. de Ciments, 8. GUÉPIN, docteur-médecin, cours de Tourny, 13. • ILLARET, médecin vétérinaire, à Sainte-Ferme, par Monségur (Gironde). HLM, docteur-médecin, cours de Tourny, 86. LAFARGUE (G.), avocat, rue des Remparts, 83. LIBERS (Tb.), docteur-médecin, cours du Jardin-Public, 49. LALANNE (Émile), directeur du Poids public, rue Doidy, 23. LANDARD, avocat, rue des Remparts, 63, LABLAYE, docteur-médecin, cours de Gourgues, 9. LÉON (Alexandre), négt, conseiller général, cours du Chapeau-Rouge, 11. LÉON (Anselme), négociant, rue Fondaudége, 22. • LEON, docteur-médecin, professeur à l'École de marine, à Rochefort. LESCARRET père, avocat, profess, d'économie politique, r. Montméjean, 8. LESPIAULT, profess, à la Faculté des sciences, rue Michel-Montaigne, 5. MALYEZIN (Théophile), avocat, place Dauphine, 5. MARES, ingénieur, directeur de l'École de commerce et d'industrie, rue Saint-Sernin, 66, et rue Judaïque, 20. • • MARION, professeur au Lycée Henri IV, rue de Fleurus, 8, A Paris. MAUREL (Marc), négociant armateur, membre de la Chambre de commerce, cours du Chapeau-Rouge, 48 et 12. MIN-BARABRAHAM, banquier, place Puy-Paulin, 12. • MONDIET, professeur au Lycée de Mont-de-Marsan. PEZAT (Albert), rue Sainte-Catherine, 171. PLUMEAU, docteur-médecin, cours de Tourny, 84. PRELLER (Lorenz), négociant, allées de Chartres, 13. LISTE DES MEMBRES. 283 PU308 (Eug.), manufacturier, cours Saint-Médard, et all. de Chartres, 19. PUYFERRAT (marquis es), rentier, rue du Temple, 88. RAFAILLAC, docteur-médecin à Margaux (Gironde). RAVEAUD, conseiller à la Cour, rue de l'Église-Saint-Seurin, 18. RAYNAL, négociant, conseiller général, place des Quinconces, 12. ROLLET, médecin principal en retraite, rue Michel-Montaigne, 5. ROUIT, ingénieur, directeur des Chemins de fer du Médoc, à la gare du Médoc. SAINT-VIDAL (es), directeur de la Compagnie d'Assurances générales, cours de Tournon, 2. SALLES (Ad.), armateur, cours du Pavé-des-Chartrons, 61. SAMAZEUILH (F.), banquier, coure de l'Intendance, 60, et rue Porte- Dijeaux, 14. SCRRADER (Ferdinand) pére, rue Saint-Esprit, 29. SCRRADER (Franz) fils, rue Saint-Esprit, 29. SEGRESTAA (M.), négociant armateur, allées d'Orléans, 80. SIMON, directeur de l'Exploitation des Chemins de fer du Midi, rue du Réservoir, 8. SOUVERBIE, conservateur du Muséum, conservateur d'histoire naturelle, Jardin-Public et cité Bardineau, 5. TEISSEIRE (Albert), négociant, cours du Jardin-Public, 26. TESSIER, propriétaire, rue de Pessac, 1.71.. VALAT, ancien recteur, membre de l'Académie, rue de Ourse], 88.

MEMBRES ASSOCl2S.

• ABBADIE (le comte A.), de l'Institut, à Hendaye (Basses-Pyrénées). ADAM (Paul), directs de la Compagnie d'assurances maritimes la Garenne, place Richelieu, 2. ADDISON, professeur au Lycée, rue de Saint-Gonfla, 19. ALAUZE (P.), avoué, rue Ferrare,60. ASTRUG (Da Costa), négociant, Pavé des Chartrons, 18. AUTRAN, commissaire général de la marine, place Tourny, 9. BAOUR (ABEL), négociant, cours du Chapeau-Rouge, 9. BARBAUD (Charles), rue Ramonet, 2. BARCEHAUSEN (B.), profess. à la Faculté de droit, e. d'Aquitaine, 17 his. " BEADMIER, consul de France à Mogador (Maroc). BERN$DE, rue Barreyre, 18. BERNARD (Jules), avocat, hors Bordeaux, à Ambarée. BERT, huissier, quai de Bourgogne, 89. BEYLARD (Aiph.), négociant, rue Lafayette, 8. BIROT-BREUIL, conseiller à la Cour, cours d'Albret, 118. BISWANG, employé de commorce, cours du Chapeau-Rouge, ii . 28e LISTE DES MEMBRES. BONNET, de la maison Maurel et Prom, rue d'Orléans, 5. BONY, professeur au Lycée, rue de Pessac, 88. BORON (Guiraud), chef d'institution, rue Capdeville, 8. BOUMS, négociant, rue Fondaudége, 98. BOUFFA RD père, négociant, cours d'Aquitaine, 71. BRANDENBURG (Ch.), négociant, place Richelieu, 8. BRUIT (Louis), capitaine au long cours, cours d'Aquitaine, 58. BRESQUE (Benjamin), négociant, place du Palais, to. • BROCA (P.), docteur,médecin, secrétaire général de la Société d'Anthro- pologie, rue des Saints-Pères, à Paris. BRUNET, président du Tribunal do commerce, rue Puits-Deseazeaux, 21.

CAHUZAC, vice-consul du Brésil, place Richelieu, 4. CALVET, négociant, cours du Médoc. CANITROT, rue Guillaume-Brochon, 5. CAZANOVE (F.), rue Turenne, I5. CHABERT, agent d'assurances, rue Esprit-des-Lois, 25. CHAIGNEAU-(Charles), négociant, rue Doidy, 83. CHAIGNEAU (J.), négociant, rue Deidy, 33. *CHAPERON, Raymond, à Libourne. CHARPENTIER, organiste, correspondant de la Commission de Géographie commerciale de Paris, à Olmeto (Corse). CHAUMEL, propriétaire, Pavé des Chartrons, 59. CHEVALIER, négociant, rue du Jardin-Public, 50. CUVELLE, négociant, rue Maleret, 37 et 89. • COL (Gabriel), négociant à Casteljaloux. COLOMBIER, courtier maritime, à la Bourse. CORNE, ex-capitaine au long cours, rue do Berry, 29. COUVE (Charles), rue Vital•Carles, 22. CRUSE (Adolphe), négociant, quai des Chartrons, 136. CRUSE (F.), négociant, quai des Chartrons, 122. CRUSE (Herman), négociant, quai des Chartrons, 122. CRUSE (IL-II.), négociant, quai des Chartrons, 122. CRUSE (Édouard), négociant, Pavé des Chartrons, 85.' CUZOL (F.), négociant, cours du Jardin-Publie, 21.

BABAS, recteur de l'Académie, rue de la Trésorerie, 67. DAGASSAN (Henri), rue du Temple, 2. DALIMIER, censeur au Lycée de Bourg-en-Bresse. DARRIAUD, employé de commerce, rue Guillaume-Crochon, 11. DEBANS (George), banquier, cours du XXX Juillet, 11. DELESTREE, professeur au Lycée de Mont-de-Marsan. DESMOTTES, prof. au Lycée, hôtel de Lyon, r. du Ponl-de-la-Mousque, 32. DESPUJOLS, courtier à la Bourse. DIVIN (Ph.), rédacteur du journal is Gironde, rue de Choyons, 8. DREYFUS, rue du Rocher, 18 et 20. BOBOS (Roger`, 'directeur de l'Enregistrement, en retraite. DUCHON-DORIS, courtier maritime, rue d'Aviau, 4, LISTE DES MEMBRES. 286 DUCOURNAU, négociant, rue Neuve, 28. DUPIERRIS. ia RIVERA, (de Puerto-Rico), propr: rentier, rue Barennes, 67. DUPRAT, négociant armateur, place du Parlement, 17. DURIEU os MAISONNEUVE fils, place Dardineau, 5. DUTHU, de la maison V^ P. Chaumas, libraire-éditeur, cours du Chapeau- Rouge, 84. ELLIES, capitaine au long cours, rue Neuve, 84. ESCALAS, rue Esprit-des-Lois, 87. ESCALERE fils, négociant, cours des Fossés, Maison dorée. EVELLIN, professeur au Lycée, cours d'Aquitaine, 68.

• FAIDHERBE (le général), boulevard Saint-Michel, 89, é Paris. FAU, négociant, rue du Jardin-Public, 87. FAURE (Lucien), négociant, quai des Chartrons, 27. FURET (Rapha31), percepteur, rue Naujac, 21. FERRIERE, courtier maritime, quai des Chartrons, 70. • FEUILLERET (Henri), rue de Bourgogne, 39, A Paris. GABRIELLI (me), procureur général à la Cour, rue des Facultés, 83. GADEN (Charles), négociant, rue de la Bourse, 109. GADEN (Henri), négociant, quai des Chartrons, 56. GALICE, rue de Fleurus, i8. GARNAUD (Gaston), courtier maritime, rue Henri IV, 43. GEORGES, négociant, rue Esprit-des-Lois, 87. GIBERT, négociant, rue du Pont-de-la-Mousque, 84. GOTTERON, avocat, rue des Remparts, 51. GOUGET, archiviste du département de la Gironde, rue d'Aviau, 25. GREMAILLY, hôtel de la Paix, cours (lu Chapeau-Rouge, 40. GROSSARD (Hipp.), courtier de marchandises, r. Lafaurie-Monbadon, 50. HiNAR (Oscar), quai Louis XVIII, 6. HUARD (s'), étudiant en médecine, rue Delurbe, 17. HURLER, employé au Télégraphe, rue de la Prévôté, 17. IZOARD, premier président de la Cour d'appel, cours de Gourgues, 8. JACQUEMAIN, conseiller d la Cour, rue des Ayres, 45. JACQUIER, ingénieur des ponts et chaussées, ù la Préfecture. JONBSTON (E.), négociant, pavé des Chartrons, 38. KIRSCH, professeur au Lycée, rue de Pessac, 84. KOWALSKI, professeur ô l'École de commerce, rue Saint-Sernin. LABAT (Théodore), ingénieur, constructeur maritime, place Richelieu, 8. LABRUNIE, négociant, Pavé des Chartrons, 49. LACAZE (Ernest), président du Tribunal de commerce de Libourne. LACROIX, professeur au Lycée, coure d'Aquitaine, 86. LAGRANDVAL (se), professeur au Lycée, rue du Tondu, 44. LALASDE (Armand), membre de la Chambre de commerce, quai des Chartrons, 94. 286 LISTE DES MEMBRES, LALANNE, étudiant en médecine, rue de l'Archevéché, 5. LANGE, professeur au Lycée, rue de Pessac, 66. LANNELUC, capitaine au long cours, place Puy-Paulin, 49. LAPORTE (Maurice), négociant à Jarnac, LAROZE (Numa), négociant, quai des Chartrons, 48. LARRATEGUY, courtier maritime, rue de la Trésorerie, 444. LARRONDE (Eugène), négociant, rue Vauban, 9. LAURENT (Ludovic), rue de la Merci, 7. LAVAL, capitaine au long cours, rue Mondenard, 49. LEFRANC (Edm.), substitut du procureur de la Républ., q. Louis XVIII, 44. LEGENDRE, courtier maritime, rue Huguerie, 48. LEGENDRE, docteur-médecin, rue Porte-Dijeaux, 408. LEON (Henri), négociant, cours de Tourny, 5. • LERNE (Henri), négociant à Libourne. LESCALLE, agent maritime, cours du Chapeau-Rouge, 9. LESCARRET fils, rue Montméjean, 8. LESTAPIS (DE), négociant, rue d'Aviau, 40. ' LEVASSEUR, de l'Institut, rue de Monsieur-le-Prince, 2 36, A Paris. LIARD, professeur A la Faculté des lettres, rue du Tondu, 86. LUZE (Alf. 0E), négociant, quai des Chartrons, 88.

MAGNIER, avocat, rue Condillac, 9. MASSE, impasse Fenouiih, 8. MASSONNEAU, rue Saint-Rémi, 85. MAUREL (Jean), rue d'Orléans, 6. MERELING, allées Damour, S7. MERLE (Albert), négociant, rue d'Orléans, 11. MERLE (Frédéric), négociant, rue Leupold, 4. MERLE (Marc), négociant, rue d'Orléans, H. MERMAN (George), courtier, Pavé des Chartrons, 5i. MILLIAS (Marc), manufacturier A Toulouse. • MORTEL, capitaine au long cours, A Portets. ' MORANGE, juge au Tribunal de commerce de Libourne. MOREL, professeur au Lycée, cours d'Albret, 88. MORIZOT, professeur au Lycée, rue Lamourous, 99. • MOUSE (Amédée), docteur-médecin A Carbon-Blanc.

PEDRONI (A.), litho-photographe, rue Lafaurie-Monbadon, 48. PERCIN (DE), étudiant en droit, rue Rolland, 28. • PIGANEAU, banquier, rue Esprit-des-Lois, 4. POPULUS (Joseph), maison Meatresat et CJs, rue du Parlement-Sainte- Catherine, 24. POYEN (De), étudiant en droit, rue Rolland, 29. PRELLER père, négociant, allées de Chartres, I8.

QUILLET (Léon), lithographe A Libourne.

RA CLIN, professeur Ala Faculté des sciences, rue du Colysée, 18. RIETMANN, négociant, cours du Chapeau-Rouge, 44. LISTE DES MEMBRES. 287 • RIGAUD, géographe, faubourg de la Madeleine, à Bergerac. RÜDEL (Th.), cours du Jardin-Public, 81. ROEHRIG, professeur à l'École de commerce, rue Mondenard, 77. ROL'CAUD. ROUSSEL, rue du Palais-Gallien, 118. • ROZY, professeur à la Faculté de droit, à Toulouse. • SAIGNES, rue d'Angoulême, 58, à Périgueux. SALLES, rue Judaïque, 508. SALOMÉ, professeur au Lycée, rue Prosper, 7. • SARRAZIN (E.), étudiant en droit, place du Château, à Coutras (Gironde). SCHQENGRUN-LOPÉS-DUBEC, négociant, place Dauphine, 88. ' SEGUIN, recteur de l'Académie de Caen. SIEUZAC, négociant, rue Turenne, 15. • SIGNOURET, géographe, employé à' la Préfecture de Versailles. SILLIMANN (Gustave), négociant, rue Arnaud-Miqueu. TAMPIER, négociant, consul général de Turquie, rue de Caudéran, 8. TESTARD (Léop.), courtier maritime, cours du Chapeau-Rouge, 1. • URSLEUR, rue Porte•Dijeaux, 65. VEILLET (A.), capitaine au long cours, rue Ségalier, 18. VIDEAU, rue Podensac, 46 bis.

MEMBRES CORRESPONDANTS.

RAINIER, sous-directeur de l'École de commerce de Marseille. BERNARDINI, directeur des Écoles de commerce et d'industrie, place Saint-Godard, à Rouen. " BICHERET (Albert), professeur à l'École de commerce et d'industrie do Christiania (Norvvége). DAVIS, agent de la Compagnie du Steam Navigation Company, quai des Chartrons, 1. " DECRAIS (Julien), chancelier du Consulat de France à Rio-Janeiro. " DESPRIAUX, consul de France à Bahia (Brésil). DUCOT, capitaine (de la maison Léon), rue du Pas-Saint-Georges, 37. ' GARRIGOU, docteur-médecin, rue Valade, 88, à Toulouse. GODEFROY (L.), maison Maure' et Prom, quai de Bacalan, 118. HERTZ, Secrétaire général de la Commission de Géographie commerciale de Paris, rédacteur en chef rie l'Explorateur, boulevard Berthier, 67, et passage Colbert, 84 et 26, à Paris. • HIE, manufacturier à Bailleul (Nord). LAMIERS, agent général de l'Annuaire Didot-Bottin, en mission dans l'Amérique du Sud (rue Traversière, 35, à Bordeaux). LAMUTHE•TENET, professeur d'histoire au Lycée d'Agen. • LASSAILLY frères, Comptoir géographique, rue Richelieu, 85, à Paris. 288 LISTE DES MEMBRES. LEBRAS, capitaine au long cours, maison Ballande, rue Saint-Siméon, 16. • LELONG (John), ancien consul général, avenue de Wagram, 88, A Paris. LINON, consul de France A Rio-Grande-du-Sud (Brésil). • MAMET, Henri, professeur au Lycée, rue do Fives, A Lille. " MARTINIÉRE (DE Le), consul do France A Santa-Catarina (Brésil). ' MENER, manufacturier, membre de la Chambre de commerce A Paris. MÉRILLON (Jean), chez Herrn Boyssen, Mulilenstrasse, 988, A Lubeck; rue de Pessac, 197, Bordeaux. METGÉ, professeur de géographie A l'École de commerce du Havre,

" NUNFS DE MELLO, consul de France A Ceara (Brésil). PLAZANET, capitaine d'état-major, cours Champion et rue de Cursol. PUYT (es), agent général de id Compagnie d'études du canal Colombien, A Paris. • REYT, instituteur public, A Bouliac (Gironde). ROBERT (l'abbé), ancien ingénieur de marine, A Rouen. ROUSSET (Ach.) (maison Mestrezat et C 1e), rue du Parlem'.Sie-Catherine, 24. " TARTARA, commissaire de la marine, ordonnateur en Algérie.

" VAULTIER, lieutenant à bord du François-Joseph, maison Bordes. ' WALLON (H.), manufacturier, route du Val d'Eauplet, A Rouen, " ZIMMERMANN, capitaine d'infanterie de marine, commandant de cercle A Bakel (Senegal).

Sociétés qui sont en relation avec la Société de Géographie commerciale de Bordeaux.

Société de Géographie d'Amsterdam. - — de Hambourg. de Francfort•sur-Mein. — — américaine de New-York. - italienne de Rome. - de Lyon. — de Paris. • Institut royal, géographique et ethnographique des Indes-Orientales de Delft. Union des Amis de la Géographie de Leipzig. • British Museum de Londres. Académie des Sciences de Lisbonne. Société d'Anthropologie de Paris. Commission de Géographie commerciale de Paris. CATALOGUE

DES LIVRES, ATLAS, CARTES ET PLANS

DÉPOSÉS A LA BIBLIOTRÉQUE DE LA SOCIÉTÉ (1)

Statistique de la France. 1 vol. in-40. Enquête sur les sels. 4 vol. in-4^. Enquête sur le traité de commerce avec l'Angleterre. 3 vol. in-40. Enquête sur la législation relative au taux de l'intérêt. 2 vol. in-4^. Ministère de l'agriculture, du commerce et des travaux publics. Commission chargée d'examiner les moyens de venir en aide à la marine marchande. 1 vol. in-4^. Concours régionaux d'animaux reproducteurs. 5 vol. in•40. Statistique sommaire des industries principales en 18'73.1 vol. in-4^. Exposition universelle de 1851. Travaux de la Commission fran- çaise. 10 vol. in-40. Concours d'animaux de boucherie. 18 vo'. in-40. Exposition universelle de 1861. Rapports du jury international. 13 vol. in-8^. Annales du commerce extérieur, ann.1811,1872,1813,1814,1875. Ministère de l'agriculture et du commerce. R,evista Latino-Americana. Director : Adriano Paez. Auteur. Ilandleiding tot Wetenschappelijke Waarnemingen ten behoeve van Reizigers, Koloniale Ambtenaren, Consuls en andere Residenten in vrcemde Gewesten, Utrecht, 1875,1 vol. br. Don. • Estadistiea comercial de la Roi:101icaa de Chili, ano 18'73. lvol. in-fol. Valparaiso. S.-D. José Tomas Ramos y Ramos.

(1) Le classement de notre Bibliothèque naissante n'a pas encore eu lieu. Nous avons voulu simplement mentionner les dons que nous avons reçus, et nous saisissons avec empressement cette occasion de remercier publique- ment MM. les Donateurs. te 290 CATALOGUE: La première année de géographie, par P. Foncin. 1 vol. in-80. Paris, 1875. Auteur. Études géographiques et Excursions dans le massif du Mont- Perdu, par Franz Schrader. Auteur. • Textes et récits d'histoire de France (première année), par P. Fonein. 1 vol. in-12. Paris, 1875. Auteur. Uranographie chinoise, par Gustave Schlegel, publiée par l'Ins- titut royal pour la philologie, la géographie et l'ethnologie, des Indes-Orientales néerlandaises b La Haye. 2 vol. in-8° avec atlas. La Haye, 1875. Institut. Diccionario da Lingua Tupy, por A. Gonçalves Dias. I vol. in-8°. Leipzig, 1858. Lorenz Preller. Bolletino della ;Società Geographica Italiana. 2 vol. in-8 0. Rome, 1874, 1815. Société. Bulletin de la Société de Géographie de Lyon. 2 vol. in-8^. Lyon, 1875, Société. Nouveau Code des Bris et Naufrages, par Jules Tartara. 1. vol. in-83. Paris, 1874. Auteur. Petit atlas de poche de MM. Lassailly frères. 1 vol. petit in-fol. Paris. Auteurs. Collection complue des inscriptions numidiques, par le général Faidherbe. 1 vol. in-40. Paris, 1852. Auteur. Petit atlas sphéroïdal de Gamier. Lassailty frères. Tijdschrift van het Aardrijkskundig Genootschap, gevestigd te Amsterdam, onder redactie van D° O.M.• Kan en N.-W. Posthumus. 6 vol. in-4°. Amsterdam, 1874, 1875. Société. Bulletin de la Société de Géographie de Paris. 9 vol. in-80. Société. Carte instantanée des provinces basques, par M. Signouret. Auteur. DE LA BIBLIOTHÈQUE. 291 Le Salut public de Lyon, journal de Lyon, divers numéros rendant compte des travaux de la Société de Lyon. Société. Rapport général sur les visites faites aux écoles supérieures de commerce et d'industrie de Rouen, par la Société industrielle. Brochure in-80. BernardIni. La rivière Paraguay, par le D' Amédée Moure. Broch. in-80. Privilège exclusif pour la construction d'un chemin de fer au Mexique. Broch. in-8°. Règlement et Tarif des douanes de l'empire du Brésil. Broch. in-80. Les Indiens de la province de Mato-Grosso (Brésil). Broch. in-80. A. Meure. Géographie physique, agricole, industrielle, commerciale, histo- rique, etc., de la Gironde, par un anonyme. Auteur. Travaux de défense de la plage d'Arcachon. Broch. in-40. Bug. Larronde. Instructions ethnologiques pour le Mexique, par MM. Auburtin, Le Bret, etc. Broch. in-80. Coup d'oeil sur l'anthropologie du Cambodge, par le D' Hamy. Broch. in-80. Etude sur les races indigènes de l'Australie, par le DT P. Topinard. Broch. in-8°. Instructions anthropologiques pour le Chili, par MM. Béclard, , Rameau, etc. Broch. in-80. Instructions pour le Sénégal, par MM, Is. Geoffroy-Saint-Hilaire, de Castelnau, etc. Broch. in-8°. Instructions sur l'anthropologie de la France, par M. G. Lagneau. Broch. in-8°. Instructions pour le littoral de la mer Rouge, par M. Périer. Broch. in-80. Instructions pour l'anthropologie de l'Algérie, par le général Faidherbe. Broch. in-80. Instructions sur l'anthropologie du Japon, par M. le D' Martin. Broch. in-80. Instructions anthropologiques pour l'Asie centrale, par M. Girard de Bielle. QgQ CATALOGUE Instructions sur l'anthropologie de la Sicile, par leD*G. Lagneau; Broch. in-80. Anthropologie de la France; Rapport de G. Lagneau. Broch. Rapport sur les questions ethnologiques et médicales relatives au Pérou, par le Dr Gosse. Broch. in-8 Instructions générales pour les recherches anthropologiques (anatomie et physiologie). Société d'Anthropologie de Paris.

Voyage d'Alger h Saint-Louis par Tombouctou; conférence de M. Paul Soleillet. Broch. in-12. Avignon, 1875. Auteur. Documents publiés par l'Association du Libre-Échange de Bor- deaux. 1 vol. in-80. Association. Organisation d'une expédition dans l'archipel indien, par M. de Saint-Pol Lias. Auteur.

Description des procédés métallurgiques employés dans le pays de Galles pour la fabrication du cuivre, par M.LePlay. lvol. in-8°. Mémoires géologiques et métallurgiques sur l'Allemagne, par M. Manès, ingénieur des mines. 1 vol. in-80. Question des bouilles. Mission de M. de Ruolz en France et en Angleterre. 4 vol, in-4°. 1872-18. Recherches sur les roches, les eaux, et les gîtes minéraux des provinces d'Oran et d'Alger, par M. Ville, ingénieur au corps des mines. 1 vol. in-8°. 1852. Études géologiques sur le bassin houiller de la Sarre, par M. E. Jacquot, ingénieur au corps des mines. 1 vol. in-8°. 1853. Notice sur les gîtes de houille de La Chapelle-Sous-Dun, par M. Drouhot, ingénieur en chef au corps des mines. 1 vol. in-4 1851. Étude sur les gîtes houillers du Bocage Vendéen, par Henri Fournel, ingénieur des mines. 1 vol. in-46. 1838. Mémoire suries bassins houillers de Sena .et-Loire, par M. Manès, ingénieur en chef des mines. 1 vol. in-40, avec un grand atlas in-fol. 1844. Études de gîtes minéraux; bassin houiller de Brassac. 1 vol. in-4°, avec un grand atlas in-fol. 1851. • DE LA BIBLIOTHÈQUE. 293 Description dubassin houiller de Deeize (Nièvre), par M. Boulanger, ingénieur en chef au corps des mines. 1 vol. in-4°. 1850. Mémoire sur la fabrication et le commerce des fers à acier dans le nord de l'Europe, par M. Le Play. 1 vol. in-8°. 1846. Mémoire sur la situation des forges de France et de Belgique, par M. H. Rigaud, ingénieur civil des mines. I vol. in-8°.•1846. Rapport sur l'assainissement industriel et municipal de la Bel- gique et de la Prusse Rhénane, par M. Oh de Freycinet, ingénieur des mines. 1 vol. in-8°. 1865. Rapport supplémentaire. Id. 1888. Rapport sur l'emploi des eaux d'égout de Londres, par le même. 1 vol. in-8°. 1861. Ministère de l'agriculture et du commerce. Statistique du département dela Gironde, parJouannet.4vol. in-4°. Histoire du commerce de Bordeaux, par Bachelier.1 vol. in-8°.1883 Notice sur le Médoc, par Bigeat. 1 vol. in-80. 1866. Un voyage au bassin d'Arcachon, par Ribadieu. 1 vol. in-12.1859. Nouveau Guide de l'étranger à Bordeaux, par L. D. 1 vol. in-12.1814. Géographie girondine, par M. Raulin. 1 vol. in-80. 1860. Chaumas. Petite Géographie. La Terre, par Kleine. 1 vol. in-12. 1874. La France élémentaire (année préparatoire), par le même. In-80. Le Monde (ire année d'enseignement spécial), id. La France (2° année d'enseignement spécial), id. Géographie (classe de sixième), id. La France (classe de quatrième), id. La France (classe de rhétorique), id. Les Richesses de la France, id. Ducrocq. Géographie générale, par Oger. 1 vol. in.,8°.

Gauthier-Villars. Toulouse, Agen, Béziers, ports maritimes, par J. Thomassy, capitaine de frégate en retraite. Broch. in-80. Leçons de mécanique élémentaire, par Collet Corbinière. 1 vol. in-12. Cours de géographie, par Raffy.1 vol. in-12. Cahiers de géographie, id. 3 vol. in-12. Lectures géographiques, id. 5 vol. in-12. Auguste Durand. 294 CATALOGUE Statuts de la Société Khédiviale de Géographie. Alexandrie ()sgypte). Br. in-8°. Discours prononcé au Caire is la séance d'inauguration de la Société Khédiviale de Géographie, par le D° Schweinfurth. Alexandrie, Broch. in-8°. Société Rhédiviale. Arcachon et ses environs, par Oscar Déjean. 1 vol. in-8°. Férét et fils. Le Jeune Commerçant français dans les deux Amériques, par Person. 1 vol. in-12. Paris. Chambre de commerce de Bordeaux. L'Rtude et l'Enseignement de la géographie, par Levasseur (do l'Institut). Broch. in-12. Géographie, par Antonin Roche. 2 vol. in-12. Paris. Géographie moderne, par Magin, revue par Parigot. 1 vol. in-12. Paris. Premières notions sur la géographie, par Levasseur (de l'Institut). 1 vol. in-12. Paris. Delagrave. Géographie, par Fr. Bazin. 1, vol. in-12. Géographie générale, par Sanie. 1 vol. in-12. Géographie de la France, par le même. 1 vol. in-12. Géographie de la France, par Gillet Damitte. Broch, in-12. Jules Delaiain et fils. Statistique générale de la Gironde, par Ed. Féret. I vol. gr. in-8°, 930 p. Illustré. Féret of fils. L'Isthme de Panama, par Michel Chevalier. Broch. in-80. Charles Gosselin. La Réforme économique (l'0 livraison). • • lifénier. Atlas astronomique de Flammarion. Petit in-fol. Lassailly frères. Proceedings of the royal Geographical Society. (Cinq livraisons.) Achat. L'Art Khmer, par le comte de Croizier. 1 vol. in-8°. Auteur. Zweiter Jahresbericht der Geographischen Gesellschaft in Ham- burg. 1814-75, 1 vol. in-80. Hambourg, 1815. Société. DE LA BIBLIOTHÈQUE. 2N Instituts et Pépinières viticoles, par P. Guérin. Br. in-8e. Paris, 18'15. Auteur, Opinion exprimée dans le cinquième groupe du Congrès interna- tional des sciences géographiques de Paris, par John Lelong. Broch. in-8e. Paris. Auteur. Carte routière et vinicole du département de la Gironde, par Contant, agentvoyer. Péret et fils. Carte industrielle manuscrite de la Gironde, qui a figuré à l'Exposition internationale des sciences géographiques de Paris, par Ferdinand Schrader, et une Commission de la Société de Géographie commerciale de Bordeaux. Carte agricole manuscrite de la Gironde, par Th. Malvezin, etc. Carte géologique manuscrite de la Gironde, par Raulin, etc. Carte industrielle manuscrite de la ville de Bordeaux, par Ferdi- nand Schrader, etc. Propriété de la Société. Carte vinicole du département de la Gironde, par Duffour- Dubergier et Unal Serres. Plan de la ville de Bordeaux, par les mêmes. Carte routière du département de la Gironde, par Philiparie. Carte routière et vinicole du département de la Gironde, par Contant. Féret'et fils. Petit Atlas de la France, par Levasseur (de l'Institut). Carte murale de la France, par le même. Charles Delagrave. Le Curvimètre, instrument géographique. Lassailly frères. Bassins des grands fleuves de la France, par Vuillemin. Atlas. Atlas de géographie, 20 cartes, par Henry Chevalier. Delalain et fils. Atlas de géographie, par Oger. 5 gr. vol. in-fol. Gauthier-Villars. Carte routière des environs de Bordeaux. Carte de la Gironde, indiquant les principaux vignobles, par Pagnau.1875. Carte des vignobles du Médoc. 1870. 296 CATALOGUE DE LA BIDLIOTH$QUE. Plan de la ville de Bordeaux. 1875. Fillastre frères. État général des voies de la ville de Bordeaux. Carte, 1867. Plan de la ville de Bordeaux en 1550. Département de la Gironde. Carte, 1870. Plan de la ville de Bordeaux en 18'74. Chaumas. Carte routière de la côte du Brésil, de Rio-Janeiro au Paraguay. 1864. Carte de la confédération argentine. 1867. Carte de la Plata et de la côte du Brésil (sud). 1863. Carte de la province de Sainte-Catherine (Brésil). Carte topographique de la province de Rio-Grande du Sud, id. Plan de la baie de Rio-Janeiro. 1826. Carte du Brésil. 1873. Carte routière de la côte du Brésil, de Rio-Janeiro à Bahia. Plan topographique de la province de Mo-Leopoldo (Brésil). 1870. Plan de la province de Porto-Alegre, avec une partie du territoire Oriental (Uraguay). Carte routière du Brésil, de Céara à Bahia. 1868. Lorenz Preller. L'Algérie sous les Romains; carte, par Rigaud, géographe 'a Bergerac. L'arrondissement de Bergerac; carte, par le même. Atlas historique de Paris, par le même. 1859. Auteur. Carte vinicole du bas Languedoc, par AI. Pichon. Dr Asam, AVIS

Nous recommandons instamment à nos lecteurs :

La Corse physique, politique, historique et commeroiale, Mémoire adressé â la Société de Géographie commerciale de Bordeaux, par Hector-Auguste CHARPENTIER, membre de la Commission de Géographie commerciale de Paris; membre de la Société de Géographie commerciale de Bordeaux; membre de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de Sartène (Corse); membre de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique de France; organiste de la paroisse d'Olmeto (Corse). Cet ouvrage sera précédé du Rapport qui en a été fait â la Société de Géographie commerciale de Bordeaux par M. J.-B. LBECARRET, professeur d'économie politique, membre de la Société de Géographie commerciale de Bordeaux et de la Com- mission de Géographie commerciale de Paris. Les vues des principales localités, des sites les plus pittoresques de l'île, les portraits des hommes 'célèbres de la Corse, et une carte du département dressée sous la direction de l'auteur, seront joints à cet ouvrage; ii formera un beau volume in-4° qui va paraître incessamment. On souscrit A Olmeto, chez l'auteur, en lui envoyant, franco, la somme de 4 fr. 50 e. en mandat de poste (par exemplaire). TABLE,'. DESMATIERE -- IERES

Pages. Exposition internationale de géographie Rapport de la Commission' chargée k'éxa• de Paris (Prix) iv miner la question de la plaged'Ar-cachon 280 Introduction, par M. P. Foxcis;•çécretaire Les Fonds de la mer, de MN: eu FOLIO et général V L. MUER, par M. Tb, MALVEZtx 284 Note sur un aperçu de la Carte géolo- André Brui, ou l'origine de la colonie gique du département de la Gironde, française du Sénégal, _par M. BEnmoux., par M. Y. BAULIV 4 Compte-rendu, par M. E; -SARAAZIN 231 Note sur l'agriculture du département de Questionnaire général adrdisé à MM, les la Gironde, par M. Tb. MALVEZIN 17 Capitaines de navire. 284 Notices sur les principales industries du Questionnaire relatif à la marine mar- département de la Gironde, par 111M. E chande.., 242 BALGUERIE, Ed. réac; 7.13. LEECAaRET, Conférence de DI. Foxcix sur la Geogra• Th. MALVEZLI', Masts ills, lloauRIbi , et pluie commerciale. 246 spécialement par M. SCnRAoeR père ..:' $.7.1 Conférence de Df, IfowiLsEi sur les vents L'Ariège, par DI. GAnRlcou ' 150 et courants généraux et les routes

Note sur le Chemin de fer des Andes et sur marines • - 251 le Canal amazonien, par M. FEUILLERET. 191 Prix et médailles dedernés par la Société La région de l'Amazone et les républi- Méthode géographique de N. E.YT, par ques riveraines, par M. Rafael BEYEEE 190 M. BECRtER...... 264 L'Orographe de M. Franz SCIIRARER 203 Excursions, par A 867 Rapport sur l'envasement du port de Bor- Compte-rendu sommaire des séances; par deaux, par M. LAnAT. Ito M. Th, Hunan, l'un des secrétaires 266 Question de la plage d'Arcachon (extrait Liste des membres de la Société 280 du procès-verbal de la séance du 9 jan- Catalogue des livres, atlas, etc., déposés vier 1876) 318 à la Bibliothèque• de la Société 289

Les Cartes qui doivent accdmpagner les Notices géologique et agricole publiées en tête de co volume, paneront prochainement chez M. FARET, libraire, 15, cours de l'Intendance, it Bordeaux.

Elles seront adressées gratuitement aux Sociétés avec lesquelles.la Société de Géographie est en relation.

Elles seront livpées au prix de revient aux Sociétaires qui en feront la nde. Les personnes qui désireraient (aire partie de la Société de Géographie commerciale de Bordeaux sont priées de s'adresser à l'un des membres du Bureau, ou de taire parvenir leur nom et leur adresse au siécde de la Société, a la Bourse.

LES FONDS DE LA MER Revue rédigée par MM. na Foam, capitaine de port à Bayonne, et Péniae, pharmacien à Pauillac, membres correspondants de la Société de Géographie commerciale de Bordeaux (Voir le Bulletin n° I, p. 225).

Bien que l'abondance dos matières nous ait empêché d'insérer dans le présent Bulletin la notiez; bibliographique d'usage, nous avons cru devoir faire une exception en favour d'une Revue dont les mérites sont reconnus alljourd'huih dp tous et que le t{ ciÔté de Géographie de France vient d'honorer d'und.médaille d'argea '. p Les six premières livraisons du tome III des Fonds de la mer récemment parues offrent lo plus grand intérôt. Au point de vue géologique, les savants auteurs de ce Recueil croient pouvoir avancer que, toutes les fois qu'un terrain sous-marin contient plus d'un ou deux centièmes de magnésie carbonatée, la magnésie vient directement des couches du globe et non des mollus- ques, des crustacés ou des polypiers actuellement vivants. Ils ont. aussi constaté, dans quelques dépôts de la baie de Panama et de l'archipel méditerranéen, la formation de cristaux de chaux carbo- natée, de l'espèce dite aragonite. En ce qui concerne la zoologie, nous signalerons la découverte de divers mollusques do petite taille appartenant à des espèces inédites, et de quelques types de vers marins et de foraminifères. Les collabo- rateurs étrangers de le Revue, MM. Brusina (Autriche), Gwin-Jeffreys (Angleterre), Van don Broeck (Belgique), et M. Marion, de Marseille, ont d'ailleurs dressé avec soin le catalogue des espèces animales con- tenues dans los sables et les vases qui ont été soumis h leur examen. La botanique n'est point oubliée dans les travaux récents des auteurs des Fonds de la mer. Entre autres faits curieux, ils ont signalé, dans le golfe do Fonseca (Centre-Amérique), la présence d'une algue micro- scopique do la famille des diatomées, le Navicule griiindleri, assez rare pour que co soit le troisième point du globe où on l'ait trouvée jusqu'è ce jour. L'étude dos dépôts sous-marins n'est point, au reste, une œuvre de science pure; elle a aussi son côté pratique; elle permet de suivre sous les eaux le transport des matériaux qui forment les barres des fleuves, les bancs do sable, les fies récentes, etc. A ce point de vue, elle a une grande importance pour la navigation et le commerce; elle intéresse donc directement notre Société. Il y a longtemps que celle-ci a rendu justice ù l'initiative courageuse, ô la persévérance, au talent de MM. de Folin et Périer. P. F.