Mareuil-En-Dole Et Sa Forêt
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MAREUIL-EN-DOLE ET SA FORÊT « u COMTE MAXIME DE SARS Lauréat de l'Institut MAREUIL - EN - DOLE ET SA FORÊT IMPRIMERIE DE L'AISNE 89, RUE LÉON-NANQUETTE, LAON 1936 De la même collection : HISTOIRE DE BRAINE LA COMMUNE DE COLLIGIS-CRANDELAIN AUBIGNY-EN-LAONNOIS PENDANT DIX SIÈCLES LA VICOMTÉ ET LE VILLAGE D'OSTEL MONOGRAPHIE DE COULONGES COUVRELLES, LA SIÈGE ET ÉPRITEL HISTOIRE DE PAARS BIEUXY & VALPRIEZ LE VAL DE MORSAIN LE VERGUIER ET LES MULQUINIERS URCEL ET SON ÉGLISE MONTGOBERT ET SON CHATEAU MONS-EN-LAONNOIS ET LES CREUTTES QUESSY PASSÉ ET PRÉSENT LES MILLE ANS DE BILLY-SUR-AISNE LIZY ET SA MAIRIE AVANT-PROPOS En acceptant d'utiliser pour la rédaction d'une monographie historique une partie de l'indemnité de dommages de guerre qui avait été consentie à la commune pour la reconstitution des archives, le conseil municipal de Mareuil-en-Dôle a entendu interpréter exactement les intentions du législaleur, Les pièces d'archives disparues ne peuvent être re- constituées elles-mêmes, dans la plupart des cas. Au lieu de leur substituer d'autres documents dont l'intérêt n'apparaît pas toujours très clairement, il semble préférable de commenter les textes anciens et de les rendre intelligibles à tous en les insérant dans une narration historique. Plus heureuse que la plupart de ses voisines, la commune de Mareuil a sauvé presque toutes ses archi- ves antérieures à 1800. Cette histoire leur doit bien en- tendu beaucoup. En outre, de longues recherches ont été entreprises à Laon, à Soissons et à Paris. Parmi les œuvres imprimées qu'il était indispensable de consulter, il faut placer en tout premier lieu les savants travaux de MM. Lefèvre-Pontalis et Moreau- Nélaton. Heureux les pays qui ont su attirer et inspirer de tels hommes! L'auteur se fait un plaisir de remercier les ai- mables concours qu'il a rencontrés au cours de ses recherches et particulièrement M. Rolet, maire de Mareuil-en-Dôle, M. le chanoine Collangettes, se- crétaire de l'évêché de Soissons, M. Roger Rodière, vice-président de la Société d'études de la province de Cambrai, M. André Gosset, vice-président de la Société historique de Haute-Picardie, M. André Lu- guet, bibliothécaire de la Société archéologique de Soissons, et M. Pinneberg, directeur de ru nion des coopératives de reconstruction de l'arrondissement de Château-Thierry. CHAPITRE PREMIER LES ORIGINES ES maisons de Mareuil-en-Dôle s'étagent sur les pentes d'une colline élevée, que dominent des L1 . trois côtés des massifs boisés : à l'est et au midi les forêts 'de la grande et de la petite Dôle qui lui ont donné son suffixe pour le distinguer de nom- breux homonymes, au sud-ouest enfin le parc de F ère-en-T Tardenois. Des pentes de la colline s'épanchent des sources donnant naissance à un cours d'eau qui présente la particularité, peut-être unique en France, de changer de nom à la rencontre de chacun de ses principaux affluents. Cette minuscule rivière se dirige d'abord, sous le nom de Muzon, vers le nord-ouest pour arro- ser Loupeigne, incline ensuite vers le nord-est et, après avoir reçu le Mhur, prend le nom de Muze, sous lequel elle fait tourner le moulin de Mareuil, — car le terroir de notre village fait une pointe jusqu ici, — puis passe au pied de Lhuys et de Mont-Notre-Dame ; après avoir rencontré l'Ovion, elle s'appelle le Murton et c'est sous cette dernière qualification qu'elle se jette dans la Vesle, affluent de l'Aisne, en face de Paars, après un parcours de 13 kilomètres. Etymologie Les philologues ne sont pas d'accord sur l'origine du nom de Mareuil. Il semble bien qu'il provienne d'un mot bas-latin mara, désignant une masse d'eau dormante, d'où proviennent les noms communs mare et marais, mais les uns veulent que mara soit une forme corrompue du latin mare, mer, et les autres, du bas-allemand mœrasich. La querelle est sans doute insoluble, ou plutôt faut-il admettre que la ra- cine des deux mots, latin et germanique, appartient, comme bien d'autres, à une langue primitivement parlée par les Indo-Européens. Mareuil, qui s'appelait à l'origine Maroialum, dé- signe une localité voisine de marécages. Ses premiers habitants cherchèrent, en créant cette agglomération, à dominer les fonds humides, couverts de bois im- pénétrables qui ont été assainis, mais non entièrement défrÏchés. Du reste, ce village doit être de création relative- ment récente. Son nom ne se retrouve dans aucun document antérieur au XIIIe siècle. Il s'élève à la limite occidentale du pays de Tardenois, qui s'éten- dait de la Vesle à la Marne., à cheval sur les (an- ciennes cités des Rèmes et des Suessions, lesquelles ont donné naissance aux diocèses de Reims et de Soissons. Ce pays, comme on le verra, s'est aussi christianisé en devenant un archidiaconé. Voies romaine Edouard Piette et Stanislas Prioux sont d'accord pour attribuer aux Romains une voie qui aurait réuni Reims et Lutèce (Paris) en s'embranchant à Fismes sur la grande route de Milan à Boulogne. Elle aurait passé à Mont-Saint-Martin et, àprès avoir traversé la forêt de Dôle, aurait atteint la ferme de Montbani, près de laquelle elle mesurait, croit- on, vingt mètres de largeur. De là, elle serait des- cendue dans les fonds de Bruys, aurait touché la ferme de Mottin et traversé Mareuil pour en sortir près de la ferme de la Toumelle. Longeant les bois de Mensonge, elle aurait continué par Fère-en-Tar- denois, Oulchy-la-Ville et Gandelu. CHAPITRE II LA SEIGNEURIE ES documents font défaut en ce qui concerne les origines de la seigneurie de Mareuil. Son L1 nom apparaît brusquement au début du XIIIe siècle. Raoul de Mareuil Raoul, chevalier de Mareuil (Maruel), et Théopha- nie, sa femme, se présentèrent devant l'official du diocèse de Soissons, au mois de mai 1219, pour déclarer leur désir de donner en aumône aux reli- gieux bénédictins de Saint-Médard-lès-Soissons une rente annuelle de 3 muids de vin à lever, sous le nom de vinage, sur des vignes situées à Missy-sur- Aisne ; ils leur vendaient en même temps une autre vigne de 6 setiers au même lieu pour le prix de 92 li- vres parisis, moins 2 sols et demi. L'aliénation de cette parcelle, qui provenait de Théophanie, fut au- torisée par le suzerain, Jean Filat, chevalier de Bucy ; Jean, écuyer, frère de Raoul, donna aussi son accord. Eus tache de Conflans La seigneurie de Mareuil passa peu après à une branche cadette de l'illustre maison champenoise de Brienne, dont le premier auteur connu figure dans un diplôme de 990 et qui donna un roi de Sicile et un empereur de Constantinople. Eustache, chevalier, seigneur de Conflans et de Mareuil en 1226, maréchal de Champagne, était fils de Hugues, chevalier, seigneur de Conflans, et de sa femme Aga. Il épousa Helvide de Thorote, fille du châtelain de Noyon, qui lui donna trois fils et une fille. Il vivait encore en 1238. deEustache Confla ns Le fils aîné, Hugues, seigneur de Conflans, est l'auteur d'un rameau qui se continua quelque temps ; Eustache créa celui de Mareuil ; Gautier ne paraît pas s'être marié, et Helvide fut la première femme de Raoul le Flamenc, seigneur de Cany, maréchal de France. Eustache de Conflans, chevalier, seigneur de Ma- reuil, vicomte de Troyes, fut en 1242 une des cau- tions désignées aux conventions de mariage de Marie de Bourbon avec Jean, comte de Dreux et de Braine. Le roi Thibaut, comte de Champagne, s'éleva, dix ans plus tard. Ù la dignité de connétable de Navarre. Il vendit en 1263, du consentement de sa femme, Jeanne de Plancy, dame de Gondrecourt, la vicomté de Troyes au chapitre de cette ville et assista en 1293 au jugement rendu par Philippe III le Hardi, au Parlement de la Toussaint, contre Charles II, roi de Sicile, au sujet du comté de Poitiers; on lit son nom avant celui des grands ofliciers de la couronne, ce (lui montre, comme le remarque le Père Anselme, qu'il étoit regardé comme un seigneur de grande considération ». deEustache Conflans Eustache de Conflans laissait un fils, prénommé comme lui, et deux filles : Marie, veuve de Jean, seigneur de Mortagne, châtelain de Tournai, rema- riée en 1305 à Jean d'Antoing, seigneur de Homes, et N., femme de Baudouin, seigneur de Clacy, vi- dame de Laonnois. En 1299, l,e mercredi après l'Ascension, messire Eustache de Conflans reçut chez lui, à « Marueilg en Tardenois » , une brillante compagnie : l'abbé de Saint-Far on de Meaux, messire Jean Fuynons et messire Pierre de la Malmaison, tous deux che- valiers, témoins de l'arbitrage qui avait été demandé à un des plus illustres guerriers de son temps, Gaucher de Châtillon, sire de Châtillon, Fère-en- Tardenois et oonnétable de Champagne, depuis conné- table de France. Il s'agissait d'apaiser un débat qui s'était élevé entre l'abbaye d'Ignv et un seigneur voisin, Jean Coquillart, chevalier de Villesavoye. Eustache fit un brillant mariage en épousant Marie de Soissons, dame d'Ostel, issue de Jean III, comte de Soissons, seigneur d'Ostel, et de Marguerite de Mont- fort, qui était la fille d'un connétable de France et la petite-fille du célèbre Simon de Montfort, le cé- lèbre vainqueur des Albigeois. Son sceau de cire rouge, pendant à une charte de 1316, porte son blason, semé de billettes et chargé d'un lion.