Recueil De Poésies Françoises Des 15E Et 16E Siècles, Morales
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I '^ POESIES FRANÇOISES DES XVe ET XVI-^ SIÈCLES Paris. — Impr. Guiraudel et Jouaust, 338, rue S. -Honoré. RECUEIL DE POÉSIES FRANÇOISES DES XV» ET XVI'' SIÈCLES Morales , facétieuses , historiques RÉUNIES ET ANNOTÉES PAR M. ANATOLE DE MONTAIGLON Ancien élève de l'école des Chartes, membre résident de la Société des Antiquaires de France Tome II. A PARIS Chez P. Jannet, l>ibraire M.DCCCLV ilùZ 3 S '"t" ,, Sermon nouveau et fort joyeulx, auquel est contenu tous les maulx que l'homme a en mariage. Nouvellement composé à Pans '. In nomine Bachi Sileni. atrimonie malrimonia Mala producvnl omnia. Le Ihesme qu'ay cy recilé, Extraict d'ung livre bien dicté Nommé les J oyes demariage'^, Vault autant en commun languaige 1. In-8 goth. de 8 ff., sous les signatures A-B. Au verso et au recto du frontispice , un prêtre, en chaire et tenant une tête de mort, prêche à une assemblée assise à gauche. Au verso du dernier feuillet, un moine, assis à gauche dans une sorte de stalle , avec un pupitre de- vant lui, prêche à une assemblée assise a droite. 2. Comme on peut le voir dans la préface de l'édition des Quinze joyes publiée dans cette collection (p. x-xij) la composition du livre doit être reportée vers le milieu du W« siècle, et la première impression vers i48o. C'est aux environs de cette dernière date qu'il faut re- porter la composition de notre sennon. L. , , , 6 S E n M N Que qui diroit par mocquerie : L'homme est bien fol qui se marie. Mais avant, au commencement, Affin que puissions bonnement Faire cliose au corps proi'lilable Et au dieu Bachus agréable Nous prendrons de la médecine Yssue de la noble racine Que planta Noé le preudhom Et pour acquérir le pardon A tous yvrongnes (a) octroyé, Escript au registre royé * Et signé anle et rétro. Date nobis de oleo vestro. Or çà, de par Dieu, c'est bien dict. Pour venir au ihesme predict, Et descliifrer le hariage Qu'a le bon homme en mariage , Je trouve qu'il est en tourment Toute sa vie seuUement Par quoy il acquiert et attire L'aureoUe de vray martyre. Et, pour le premier, tout par cueur, Au premier quant il mect son cueur A aymer la jeune pucelle, Pour acquiter l'amour d'icelle Et avoir envers elle accès, 1. Au registre rayé. On les désignoit ordinairement par la nature de leur couverture. On disoil le livre blanc, le livre vert, etc. Par registre rayé il faut entendre que sa reliure étoit recouverte d'une étoffe à raies. , , , ,, , ,,,,, , , , DES MAULX DE MaRIAGE. Il faut qu'il face mille excès Et bragues dessoubz et dessus Et que tout voyse par dessus. Quant vient le premier jour de may, A son huys fault planter le may, Et, le premier jour de l'année, Faut-il pas qu'elle soit estrenée ? Et tant que dure ce sabat Ce gentil mignon , par esbat Cuydant la veoir en robe ou surcot Va et vient comme poys en pot Et souvent, en dangicr du guet, le A son huys , pour faire guet Cuydant la veoir nue ou vestue Gist en prison emmy la rue Soit qu'il neige , pleuve ou verglace Et si n'en a ne gré ne grâce. Or disons : S'elle est à la feste Il fauldra que soubdain s'appresle Pour luy donner ung tour de dance ; Mais, s'il fault à sa contenance Ou faici ung pas trop recuUé Voylà mon homme reculé. Or disons : S'il est au moustier, Je ne dis pas pour Dieu prier, Auprès d'elle, et celle bourgeoyse Luy faict chaperon de Ponthoise Ou gecte à ung aultre l'œillade C'est pour le rendre au lict malade; Oultre, s'il accorde ou fiance, Toute jour fault avoir la dance Et au soir fauldra le banquet , , , , , , , , 8 Sermon Où sera tenu maint cacquet De lestât dudict suppliant ; Je ne dis pas le mot friant: Vous entendez bien mon latin. Et puis s'il fault, soir ne matin A venir veoir la fiancée Elle en fera la courroucée Tant que de la sepmaine entière 11 n'aura d'elle belle chère ; Et s'il luy donne des joyaulx , Comme dcmyssaintz et anneaulx Qui ne soyent au gré de la dame. C'est assez pour le faire infâme ; Voire et tout feust davantaige Si aura elle si dur courage Qu'elle ne luy vouldra journée Prester ung pain sur la fournée * Combien qu'il soit tousjours après. Quant le jour des nopces est près. Il faut semondre à pompe grande Et achepter de la viande Louer menestriers et farseurs, Maistres d'hostelz et rôtisseurs, Avec la salle tapissée Parée de mays et de jonchée ; Et puis fault donner aux parens Les plus prochains et apparens Robes , pourpoinctz , chausses , bonnetz i. Il pièce , ti- y a une , que nous donnerons sous ce tre : Sermon d'un fiance qui emprunte un pain sur la four- , , , , , .,,, DES Maulx de mariage. Panthouffles , chapperons , corsetz Et aux tilles de l'assemblée Toute jour chappeaulx et livrée. Ce n'est riens, mais toutcouste argent; Et , s'il ne sçait son entregent Ou fault à quelqu'ung recueillir, Tantost le verrez accueillir, Mocquer, brocarder et larder, Et de toutes pars regarder. Encores convient-il qu'il serve * A (la) table toute la caterve ; Par quoy n'arreste en lieu ne place Ne n'a de boire ung coup espace Mais est (bien) ayse si , en courant Peult happer quelque demourant. Or çà , la vache en est lyée ; On couche au soir la maryée Et puis le monde se relire; Et alors le povre martyre, Recreu , travaillé et lassé Du labeur prins le jour passé. Auprès d'elle s'en va coucher ; Mais, s'il vient à luy atoucher, Tantost elle rechignera Le mordra , l'esgrateignera escorché Tant qu'il sera tout ; Et si diriez qu'il a couché Geste nuict en quelques pourchatz Ou joustéavec[ques] les chatz. Encor a il paour qu'on l'cscoute. L'assemblée, de caterva. , , , , , 10 Sermon Puis elle luy baille du coulte, Des piedz et poingz, coupz et revers (Et) gecte lict et couste à Tenvers Mect à bas draps et couve[r]ture Et, s'il se liève d'aventure Pour allumer i'eu cl chandelle, Elle s'en fuyt en la ruelle Et se prent à braire et huer Comme s'on la vouloit tuer. En effaict, voylà la suée Qu'il a ceste saincte nuictée. les parens Le lendemain , que Les plus prochains et apparens Viendront à grande compaignie Veoir la nouvelle mariée. S'il est par quclc'un rapporté il Qu'en ceste nuicl n'ayl hurlé , Nonobstant le mal qu'il eut hier, Fauldra qu'il trayne le mortier. Ce laid , viendront le cuysinicr. Les menestriers, le taveniier, Les farceurs et maistre d'hostel > Tous sçavoir s'il est à l'hostel Et il , quant en voyt tant ensemble , 11 si est aliéné qu'il tremble ; Car vous diriez à leur jangler Que tous le doibvcnt cstrangler. Puis le marchant de drap ou soye Luy vient dire : « 11 tault que je soye « Payé , monsieur. Çà, de l'argent. » L'autre luy envoyé ung sergent; Chascun court à son habitacle , ,, , , DES MaULX de mariage. 11 Comme à ung sainct qui faict miracle, Et , pour conclurre en brief langaigc , Tout l'argent do son mariage Prendra voilée et s'en courra ; Mais sa femme demeurera Et lors pcult dire la chanson De David : « il/ /sec faclus sum. » Seigneurs , affin qu'il ne vous ennuyé C'est pour la première partie. Secunda parte. r çà, pour entrer en mesnaige , 11 t'ault achepter du mesnaige , Louer maysou et chamberière. Et que désormais on acquière A grant labeur, sueur et peine, La vie au long de la sepmaine. S'il l'appelle le gaigne , on maistre ; Mais, quand il viendra pour repaistre, Tout mourant de soif et de fain 11 ne trouvera vin ne pain Pot au feu n'escuelle lavée. S'on luy dict : « Madame est allée » il fault « A la messe , qu'il attende ; (Car,) si d'aventure il la demande Ains qu'elle ayt achevé ses heures, * Bien sera ramené des meures ; i . Expression proverbiale pour dire qu'on est violem- "'^^^^^ !a»j:.^lifa-i«D**a!jfeL;"«. -^iifti. , '^-<^&...~ .*4Ç;.« , , , 12 Sermon Et, s'il on faicl procès ne plaict, Tantost elle joue son couplet Et saull sur lui comme une agache Et de dueil jecte emmy la place Potz, platz et tables et Iresteaulx, Et est aux espées et coustcaulx Après luy, pis que Lucifer, Tant qu'il semble d'ung droict enfer D y estre, à veoir le tintamarre Ou que la fouldrc et le tonnerre Soyent descenduz sur leurs hostelz : Tesmoing le saige Socrates Et le refrain de la chanson ; Et , s'il survient noyse ou tenson Pour une febve mal partie , Elle veult estre départie. Au soir, quant il vient de besongne, Si luy plaist, elle s'embcsongne A luy faire ung peu de potaige, Avec ung petit de fromaige Et une foYS de ripopé Dont il est grandement souppé. S'il luy fault robe ne corset, Riens qui soit jusque(s) à ung lasset, Bien le sçaura patheliner. Car elle est duycle luy donner Affin de fournir [à] la mise ment arraché à une chose que l'on fait , comme il arri- ve aux enfants qui s'en vont faire Técole buisson- nière et cueillir aux buissons les mûres , et qu'on en ramène avec des injures et des coups. , DES Maulx de mariage.