ASSEMBLÉE DE LA POLYNÉSIE FRANÇAISE

PROCÈS-VERBAL

SESSION ADMINISTRATIVE DE 2018

Troisième séance : jeudi 21 juin 2018 à 9 heures 21 minutes

PRÉSIDENCE de Madame Sylvana Puhetini première vice-présidente de l’assemblée de la Polynésie française

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SOMMAIRE

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– Rapport no 69-2018 relatif à un projet de délibération approuvant le compte administratif de la Polynésie française et constatant la concordance des résultats avec le compte de gestion pour l’année 2017 (budget général) ...... 6

– Rapport no 70-2018 relatif à un projet de délibération portant affectation et reprise du résultat cumulé de la section de fonctionnement du budget général de l’exercice 2017 ...... 6

– Rapport no 71-2018 relatif à un projet de délibération approuvant le compte administratif de la Polynésie française et constatant la concordance des résultats avec le compte de gestion pour l’année 2017 (comptes spéciaux) ...... 30

– Rapport no 72-2018 relatif à un projet de délibération portant affectation et reprise du résultat cumulé de la section de fonctionnement des comptes spéciaux de l’exercice 2017 30

– Rapport no 73-2018 relatif à un projet de délibération portant modification n° 1 du budget des comptes spéciaux formalisant le report des crédits de paiement sur la gestion 2018 ...... 30

– Rapport no 79-2018 relatif à un projet de délibération portant modification de la délibération no 2005-64 APF du 13 juin 2005 modifiée portant composition, organisation et fonctionnement du Conseil économique, social et culturel de la Polynésie française ...... 47

– Rapport no 62-2018 sur deux projets de loi du pays relatifs à l’exercice des professions de chiropracteur et d’ostéopathe ...... 65

– Rapport no 61-2018 sur le projet de loi du pays relatif à l'exercice de la profession d'orthophoniste ...... 90

– Rapport no 51-2018 sur le projet de loi du pays portant modification des conditions d’attribution des allocations prénatales et de maternité aux ressortissantes des régimes de protection sociale polynésiens ...... 107

– Rapport no 43-2018 sur le projet de loi du pays fixant les conditions et modalités de création, d’exploitation et de suivi des sites pilotes dénommés « Centres d’Enfouissement Techniques Simplifiés » et portant diverses modifications du code de l’environnement ...... 118

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– Rapport no 77-2018 relatif à un projet de délibération portant approbation du projet de convention fixant, au titre de l’exercice 2018, le soutien de l’État au projet de « diagnostic faune/flore/qualité des eaux de la rivière Papenoo dans le cadre de la gestion du bassin versant incluant le parc naturel de Te Fa'aiti » ...... 129

– Rapport no 66-2018 relatif à une proposition de délibération portant approbation du compte administratif de l’assemblée de la Polynésie française pour l’exercice 2017 ...... 133

– Rapport no 67-2018 relatif à une proposition de délibération portant affectation et reprise du résultat de fonctionnement de l’exercice 2017 de l’assemblée de la Polynésie française ...... 134

– Rapport d’activité 2017 de la Commission de Contrôle Budgétaire et Financier ...... 138

NB : Les interventions en langues polynésiennes ont fait l’objet d’une traduction surlignée en gris.

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3 (SA 3 : 21.06.2018)

La présidente : Mes chères collègues, recevez mes salutations en cette matinée vraiment magnifique. Bonjour à tous ! En notre nom, j’adresse la bienvenue et nos salutations à Monsieur le vice-président de la Polynésie française, à Mesdames et Messieurs les ministres. Bonjour et bienvenue également aux représentants de la presse, au public et à tous ceux qui nous suivent par internet.

Je déclare la séance ouverte.

Vous avez été convoqués par lettre no 2749/2018/APF/SG du 11 juin 2018 et je demande au secrétaire général de faire l’appel des représentants.

Mme Jeanne Santini :

Mme Amaru Patricia présente Mme Aro Dylma présente Mme Atger-Hoi Teumere présente M. Brotherson Moetai absent Mme Bruant Virginie présente M. Buillard Michel arrivé en cours de séance Mme Butcher-Ferry Yseult présente Mme Cross Valentina présente M. Faatau Luc présent M. Flohr Henri absent M. Fong Loi Charles présent M. Frebault Angélo arrivé en cours de séance Mme Frebault Joëlle présente Mme Galenon Minarii absente M. Geros Antony présent M. Graffe Jacquie présent Mme Harua Monette présente M. Heaux James présent Mme Iriti Teura présente M. Kautai Benoit absent M. Laurey Nuihau absent Mme Le Gayic Vaitea présente M. Lisan Marcelin présent Mme Lucas Béatrice présente M. Maraeura Teina absent Mme Matehau-Nuupure Juliette présente M. Moutame Thomas présent M. Natua Bernard présent M. Perez Antonio présent Mme Perry-Friedman Vaiata présente Mme Pomare-Tixier Yvannah présente Mme Puhetini Sylvana présente M. Riveta Frédéric présent M. Salmon Geffry présent Mme Sanquer Nicole absente M. Schyle Philip arrivé en cours de séance M. Taae Putai présent M. Tahiata Fernand présent Mme Tahiata Romilda présente Mme Tahuhuterani Louisa présente Mme Tarahu-Atuahiva Teura présente Mme Teahe Teapehu présente Mme Teakarotu Joséphine présente 4 (SA 3 : 21.06.2018)

M. Tehaamoana Etienne arrivé en cours de séance M. Temaru Oscar arrivé en cours de séance Mme Teriitahi Tepuaraurii présente Mme Terooatea Sylviane présente Mme Tetopata Tapeta arrivée en cours de séance Mme Tetuanui Lana absente Mme Tevahitua Eliane présente M. Tokoragi Félix présent M. Tong Sang Gaston absent M. Toromona John présent M. Tuheiava Richard absent M. Tumahai Ronald présent Mme Tupana Moihara présente Mme Tuuhia Augustine présente Siègent au banc du gouvernement : Monsieur le vice-président du gouvernement Teva Rohfrisch, Mesdames et Messieurs les ministres, Nicole Bouteau, Tea Frogier, Christelle Lehartel, Isabelle Sachet, Jean-Christophe Bouissou, Heremoana Maamaatuaiahutapu et Jacques Raynal.

La présidente : Bien. Merci.

PROCURATIONS

La présidente : Je demande au secrétaire général de lire les procurations déposées.

Mme Jeanne Santini : Madame la présidente, nous avons reçu les procurations de :

RÉFÉRENCES DE : À : Jeudi 21 juin 2018 N° 5765 - 9 h 15 Mme Teahe Teapehu M. Taae Putai N° 5766 - 9 h 15 M. Philip Schyle Mme Moihara Tupana N° 5767 - 9 h 15 Mme Tetopata Tapeta Mme Teriitahi Tepuaraurii N° 5769 - 9 h 15 M. Henri Flohr Mme Aro Dylma N° 5771 - 9 h 15 Mme Sanquer Nicole Mme Puhetini Sylvana N° 5772 - 9 h 15 M. Buillard Michel Mme Lucas Béatrice N° 5773 - 9 h 15 M. Maraeura Teina Mme Teakarotu Joséphine N° 5774 - 9 h 15 M. Laurey Nuihau Mme Bruant Virginie N° 5775 - 9 h 15 M. Kautai Benoît Mme Frebault Joëlle N° 5776 - 9 h 15 M. Gaston Tong Sang M. Toromona John N° 5777 - 9 h 15 Mme Tetuanui Lana Mme Amaru Patricia N° 5778 - 9 h 25 M. Frebault Angélo Mme Le Gayic Vaitea PROCURATIONS ARRIVÉES EN COURS DE SÉANCE : N° 5764 - 9 h 28 M. Moetai Brotherson Mme Teumere Atger-Hoi N° 5763 - 9 h 28 M. Richard Tuheiava Mme Eliane Tevahitua N° 5762 - 9 h 28 Mme Minarii Galenon Mme Valentina Cross N° 5761 - 9 h 40 M. Frédéric Riveta Mme Louisa Tahuhuterani N° 5760 - 10 h 25 M. James Heaux M. Vaiata Perry-Friedman N° 5759 - 10 h 43 Mme Augustine Tuuhia Mme Juliette Matehau-Nuupure N° 5758 - 10 h 55 Mme Vaiata Perry-Friedman M. Etienne Tehaamoana N° 5757 - 11 h 15 Mme Béatrice Lucas M. Ronald Tumahai N° 5756 - 11 h 20 M. Félix Tokoragi Mme Teapehu Teahe N° 5755 - 11 h 33 M. Fernand Tahiata M. Angélo Frebault N° 5754 - 11 h 48 M. Etienne Tehaamoana Mme Sylviane Terooatea 5 (SA 3 : 21.06.2018)

N° 5753 - 12 h 00 M. Jacquie Graffe M. Philip Schyle N° 5752 - 12 h 27 M. Thomas Moutame M. Luc Faatau N° 5751 - 13 h 51 Mme Yvannah Pomare-Tixier Mme Augustine Tuuhia N° 5750 - 13 h 51 M. Teura Tarahu-Atuahiva Mme Moihara Tupana N° 5749 - 13 h 53 M. Charles Fong Loi Mme Monette Harua N° 5748 - 14 h 03 M. Marcelin Lisan M. Ronald Tumahai N° 5747 - 14 h 04 Mme Patricia Amaru M. Luc Faatau N° 5746 - 14 h 04 Mme M. Thomas Moutame N° 5745 - 14 h 22 M. Thomas Moutame M. Frédéric Riveta N° 5744 - 14 h 22 M. Putai Taae Mme Louisa Tahuhuterani N° 5743 - 14 h 22 Mme Lana Tetuanui M. Charles Fong Loi N° 5742 - 14 h 22 Mme Yseult Butcher-Ferry Mme Vaitea Le Gayic N° 5741 - 14 h 39 M. Oscar Temaru M. Antony Geros N° 5740 - 15 h 10 Mme Lana Tetuanui M. Antonio Perez N° 5739 - 15 h 45 Mme Juliette Matehau-Nuupure Mme Romilda Tahiata N° 5738 - 16 h 17 Mme Sylviane Terooatea Mme Teura Iriti N° 5737 - 16 h 27 Mme Virginie Bruant Mme Monette Harua N° 5736 - 16 h 27 M. Nuihau Laurey Mme Béatrice Lucas N° 5735 - 16 h 29 M. Gaston Tong Sang M. Félix Tokoragi N° 5734 - 16 h 38 Mme Romilda Tahiata Mme Teapehu Teahe N° 5733 - 16 h 42 M. John Toromona Mme Yvannah Pomare-Tixier N° 5732 - 16 h 45 Mme Juliette Matehau-Nuupure Mme Teura Tarahu-Atuahiva N° 5731 - 16 h 48 M. Frédéric Riveta Mme Tapeta Tetopata N° 5730 - 16 h 50 M. Thomas Moutame Mme Tepuaraurii Teriitahi N° 5729 - 16 h 54 M. Michel Buillard M. Frédéric Riveta N° 5727 - 17 h 01 Mme Vaiata Perry-Friedman M. James Heaux N° 5728 - 17 h 01 M. Geffry Salmon M. Etienne Tehaamoana N° 5726 - 17 h 25 M. Etienne Tehaamoana M. Geffry Salmon N° 5725 - 17 h 30 Mme Sylviane Terooatea M. Bernard Natua N° 5724 - 17 h 30 Mme Teura Iriti M. Fernand Tahiata N° 5723 - 17 h 45 Mme Yvannah Pomare-Tixier Mme Romilda Tahiata N° 5722 - 17 h 47 M. Philip Schyle M. John Toromona N° 5721 - 17 h 47 M. Jacquie Graffe Mme Juliette Matehau-Nuupure N° 5720 - 17 h 58 M. Gaston Tong Sang Mme Tapeta Tetopata N° 5719 - 17 h 58 M. Félix Tokoragi Mme Teapehu Teahe N° 5718 - 18 h 35 M. Ronald Tumahai Mme Virginie Bruant N° 5717 - 18 h 35 M. Marcelin Lisan Mme Teura Tarahu-Atuahiva N° 5716 - 20 h 21 Mme Joëlle Frebault Mme Moihara Tupana N° 5715 - 20 h 21 M. Benoit Kautai Mme Augustine Tuuhia

La présidente : Merci.

I) APPROBATION DE L’ORDRE DU JOUR

La présidente : Je demande au secrétaire général de donner lecture du projet d’ordre du jour.

Mme Jeanne Santini : Madame la présidente, la conférence des présidents réunie, vendredi dernier, vous propose l’ordre du jour suivant :

I) Approbation de l’ordre du jour ;

II) Examen des rapports, des projets et propositions de délibération, de loi du pays et du rapport d’activité de la commission de contrôle budgétaire et financier (voir liste jointe) ; 6 (SA 3 : 21.06.2018)

III) Examen de la correspondance ;

IV) Clôture de la séance.

La présidente : Je demande à l’assemblée d’approuver l’ordre du jour proposé. Nous passons au vote. Qui est pour ?... à l’unanimité. Merci.

II) EXAMEN DES RAPPORTS, DES PROJETS ET PROPOSITIONS DE DÉLIBÉRATION, DE LOI DU PAYS ET DU RAPPORT D’ACTIVITÉ DE LA COMMISSION DE CONTRÔLE BUDGÉTAIRE ET FINANCIER

La présidente : Nous passons au deuxième point de notre ordre du jour : Examen des rapports, des projets et propositions de délibération, de loi du pays et du rapport d’activité de la commission de contrôle budgétaire et financier.

Avant de démarrer nos travaux, je vous rappelle que la conférence des présidents, qui s’est tenue le vendredi 15 juin 2018, a décidé de grouper l’examen des dossiers suivants : nos 69-2018 et 70-2018 ; les nos 71-2018, 72-2018 et 73-2018 ; ainsi que les nos 66-2018 et 67-2018.

Par ailleurs, les rapports nos 62-2018, 61-2018 et 43-2018 sont soumis à la procédure d’examen simplifiée. Dans cette procédure, les articles ne seront pas tous lus, seuls ceux faisant l’objet d’amendement seront discutés. Si aucun amendement n’est déposé, on passera directement au scrutin public pour les trois lois du pays.

RAPPORT No 69-2018 RELATIF À UN PROJET DE DÉLIBÉRATION APPROUVANT LE COMPTE ADMINISTRATIF DE LA POLYNÉSIE FRANÇAISE ET CONSTATANT LA CONCORDANCE DES RÉSULTATS AVEC LE COMPTE DE GESTION POUR L’ANNÉE 2017 (BUDGET GÉNÉRAL) (Cf. annexe) Présenté par M. Antonio Perez

RAPPORT No 70-2018 RELATIF À UN PROJET DE DÉLIBÉRATION PORTANT AFFECTATION ET REPRISE DU RÉSULTAT CUMULÉ DE LA SECTION DE FONCTIONNEMENT DU BUDGET GÉNÉRAL DE L’EXERCICE 2017 (Cf. annexe) Présenté par M. Luc Faatau

La présidente : Nous démarrons donc avec les rapports nos 69-2018 relatif à un projet de délibération approuvant le compte administratif de la Polynésie française et constatant la concordance des résultats avec le compte de gestion pour l’année 2017 (budget général) et 70-2018 relatif à un projet de délibération portant affectation et reprise du résultat cumulé de la section de fonctionnement du budget général de l’exercice 2017.

Je demande au gouvernement d’exposer l’économie générale des deux projets de délibération. Merci.

M. Teva Rohfritsch : Merci, Madame la présidente. Et permettez-moi, à mon tour, au nom du gouvernement, de vous adresser nos sincères et chaleureuses salutations en ce début de matinée, à vous et à l’ensemble de nos élus à l’assemblée de Polynésie française. Bonjour à tous.

Merci de me donner l’opportunité, brièvement parce que je crois que le rapporteur a fait un travail intéressant et important que nous découvrirons tous ensemble et puis il y a eu des débats nourris, plus que nourris d’ailleurs, en commission, si j’ai bien compris, un peu animés même… Je ne pensais pas que la matière budgétaire déclencherait autant de passion, mais en tout cas, cela atteste bien effectivement de l’importance de l’exercice que nous nous apprêtons à faire tous ensembles.

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Vous dire effectivement que ce compte administratif du budget général de la Polynésie française pour 2017 confirme la meilleure santé budgétaire du Pays qui est, en fait, le reflet d’une meilleure santé économique, la meilleure santé budgétaire qui fait suite à plusieurs périodes et mesures de réajustement et de redressement des comptes publiques qui se sont ponctués, lors du dernier mandat, par, chaque année, une action assez forte du ministère des finances sur la maîtrise des dépenses de fonctionnement courant, la maîtrise de la masse salariale, le rétablissement d’une situation d’autofinancement dans des normes confortables ; ce qui nous permet à la fois de relancer l’investissement public tout en poursuivant une politique de désendettement de baisse de la dette de la Polynésie française.

Nous avons, sur cet exercice 2017, je dois vous dire, sur l’ensemble des paramètres que je viens d’évoquer plus tôt, de bons résultats dans la mesure où nous pouvons noter une progression assez forte de 4,75 %, +5,9 milliards des recettes réelles de fonctionnement, avec en particulier des recettes fiscales à hauteur 101 milliards contre 90 milliards en 2016, soit +12 %, +4 milliards au titre de la fiscalité indirecte et +6,7 milliards au titre de la fiscalité directe ; ce qui confirme bien la reprise initiée en 2015 après quatre années de diminution successive entre 2010 et 2014. Donc, c’est bien depuis cette année 2015 que les tendances se sont inversées et, en 2017, sans augmentation des impôts, les recettes fiscales ont progressé, ce qui veut donc bien dire que c’est l’activité économique et la relance économique qui a permis ce mieux budgétaire au travers de cette meilleure performance des recettes fiscales.

Nous avons aussi confirmation de l’augmentation de la DGA que vous voyez enregistré dans le compte administratif de 1,2 milliard conformément aux engagements de l’État, +12,42 %, pour s’établir à 10,8 milliards, l’État ayant acté la sanctuarisation pour un montant de 90 millions d’euros à compter de 2017. Je pense que nous aurons l’occasion de revenir sur ce sujet tout à l’heure.

De l’autre côte, comme je le disais en introduction, nos dépenses réelles de fonctionnement s’établissent à 124,6 milliards avec la volonté de maîtriser la masse salariale du Pays qui, je le rappelle, est de 30,640 milliards, près de 31 milliards de francs CFP, pour cette année 2017 avec une légère augmentation de 531 millions en 2016 avec, pour principal motif de cette augmentation, l’accroissement du nombre de CVD. C’est une augmentation qui est liée aux CVD et non à un engagement d’augmentation du nombre de postes et de fonctionnaires sur 30 ans.

Pour les autres dépenses de fonctionnement, nous sommes à 74,911 milliards, soit une petite baisse de 656 millions par rapport à 2016, à mettre au regard de la hausse de 531 millions dont je viens de vous parler ; ce qui permet donc globalement de maîtriser ces dépenses réelles de fonctionnement conformément à la volonté du Pays de pouvoir continuer à avoir une gestion rigoureuse des deniers publics et de faire en sorte que tout ce qui se dégage du mieux économique de la Polynésie française puisse être non pas consacré à de l’administration courante, mais ou à de l’intervention économique en soutien à l’activité économique et à la création d’emplois ou à l’investissement public direct au travers notamment de notre budget d’investissement tout en poursuivant le désendettement de la Polynésie française.

Et c’est donc la difficulté et la subtilité de l’exercice qui a été menée, et je pense avec succès, au travers de ce compte administratif puisque nous tenons la démonstration que c’est possible, cela a été possible et cela continuera à l’être tant que nous pourrons effectivement garder le cap qui a été fixé.

L’épargne brute a quadruplé entre 2014 et 2017. C’est vrai qu’elle était à un niveau particulièrement bas à cette époque-là, pour atteindre 28,503 milliards grâce au taux de progression des recettes de fonctionnement de 21 %, supérieur à celui des dépenses de fonctionnement qui s’établit à 6 %. Et après couverture du remboursement du capital de la dette, l’épargne nette de l’exercice 2017 atteint 19 milliards alors qu’elle était négative en 2014. C’est une dimension importante et un indicateur important de la santé financière et budgétaire du Pays qui a été rétablie.

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Je rappelle que l’amélioration de l’épargne nette a permis de maintenir à un niveau soutenu des dépenses d’investissement puisque nous sommes à 23,520 milliards en 2017 sur une prévision budgétaire de 25, et de limiter à nouveau le recours à l’emprunt dans la poursuite de la politique de désendettement de la Polynésie française puisque, au 31 décembre 2017, l’encours de la dette polynésienne totalise 85,638 milliards contre 89,101 milliards un an avant. Donc, nous poursuivons notre politique de désendettement tout en augmentant notre investissement public.

En conséquence, le résultat de l’exercice 2017 affiche un excédent de 6,208 milliards de francs CFP.

Voilà, en substance, Madame la présidente, les éléments essentiels qui portent sur les rapports que nous étudions. Donc, la bonne santé budgétaire et financière du Pays est confirmée. La maîtrise des fondamentaux de gestion, qui ont amené d’ailleurs à la confirmation de notre notation auprès de l’institut Moody’s, notation qui s’est d’ailleurs légèrement améliorée récemment avec l’amélioration de la perspective notamment eu égard à la notation de la . En tout cas, nous avons une confirmation que les fondamentaux de la Polynésie française vont mieux, que notre budget a été bien géré et que nous avons pu, tout en améliorant cette gestion des finances publiques, injecter dans l’économie davantage de fonds publics au travers d’un budget d’investissement qui s’est revigoré puisque 23,5 milliards ont été injectés et au travers de budget d’intervention économique tout en maîtrisant les dépenses courantes de fonctionnement.

Voilà, en substance, ce que l’on peut retenir de cet exercice 2017 que nous vous proposons de soutenir en votant unanimement — c’est le vœu pieux que je fais ce matin, Madame la présidente — ce compte administratif 2017.

Merci de votre attention.

La présidente : Merci, Monsieur le vice-président.

Je demande à Antonio Perez de présenter le premier rapport et, ensuite, à Luc Faatau le deuxième rapport. Merci.

M. Antonio Perez : Madame la présidente de notre honorable assemblée, mes premiers mots seront pour vous, pour vous adresser mes sincères salutations, également mes félicitations pour votre prise de fonction en votre qualité de présidente de notre assemblée et vous dire que nous sommes de tout cœur avec vous dans cette prise de fonction.

Monsieur le vice-président, Mesdames, Messieurs les membres du gouvernement, Mesdames, Messieurs, les représentants, Mesdames, Messieurs de la presse et du public, et celles et ceux qui nous suivent par Internet, bonjour.

Madame la présidente, je vous ferai une présentation synthétique de mon rapport.

Par lettre no 3610/PR du 6 juin 2018, le Président de la Polynésie française a transmis aux fins d’examen par l’assemblée de la Polynésie française un projet de délibération approuvant le compte administratif de la Polynésie française et constatant la concordance des résultats avec le compte de gestion pour l’année 2017 (budget général).

Les principaux éléments de l’exécution budgétaire 2017 se présentent comme suit :

L’exécution du budget 2017 en section de fonctionnement.

Les recettes réelles de fonctionnement de l’exercice 2017 s’établissent à 129,6 milliards. En hausse pour la troisième année consécutive, elles connaissent une progression par rapport à 2016 de l’ordre de 4,75 %, soit un supplément de 5,9 milliards. Pour l’exercice 2017, les recettes fiscales s’élèvent à 101 milliards contre 90 milliards en 2016. La reprise initiée en 2015, après quatre années de 9 (SA 3 : 21.06.2018) diminutions successives des recettes fiscales, est accentuée par la très bonne performance des rentrées fiscales. Cependant, la forte croissance du produit de la fiscalité est atténuée par la diminution de 5 milliards CFP du rendement non fiscal. Cette diminution s’explique principalement par l’émission en 2016 d’un titre de recettes d’un montant de 4,6 milliards consécutivement à une décision de justice et par l’absence de dividendes en provenance de l’OPT.

Il est à noter par ailleurs que la dotation globale d’autonomie est en augmentation de 1,2 milliard, +12,42 %, pour s’établir à 10,8 milliards, l’État ayant acté sa sanctuarisation pour un montant de 90 millions d’euros à compter de 2017. La participation de l’État au titre de la sécurité aéroportuaire s’établit à 1,5 milliard contre 1,004 milliard en 2016. Enfin, s’agissant des autres produits d’activité, notons la forte progression du produit des redevances perçues au titre de la propriété intellectuelle de 31 millions, en dépassement de 42,71 % par rapport à son inscription budgétaire.

Concernant les dépenses de fonctionnement, les dépenses réelles de fonctionnement s’élèvent en 2017 à 101,1 milliards. Elles sont en hausse de 0,53 %, soit 532 millions CFP, par rapport à l’exercice précédent. L’assainissement des comptes de la Polynésie française se poursuit par les admissions en non valeur qui progressent à nouveau. La chute du niveau des dotations aux provisions de 91,94 % s’explique par les provisions passées en 2016, dont notamment celle d’un montant de 4 milliards au titre d’une décision de justice. Les dégrèvements diminuent également de 26,05 %. Et, enfin, la hausse de 16,35 % des dépenses de transfert s’explique pour moitié par le versement supplémentaire au FELP de 2,3 milliards CFP par rapport à 2016.

Par catégorie, les dépenses de transfert se répartissent comme suit : 10,3 milliards de subventions aux organismes publics ; 9,4 milliards de francs CFP d’aides à caractère économique, dont 4,5 milliards pour les aides à l’emploi via le FELP ; 6,2 milliards pour la solidarité, dont 1,8 milliard de versement au FELP pour le RSPF ; 3,5 milliards de subventions au secteur privé ; 1,4 milliard au titre des contributions dans le domaine de l’éducation.

Concernant les recettes d’investissement, en 2017, les recettes réelles d’investissement, d’un montant de 10,6 milliards, affichent un retrait de 28,67 % résultant essentiellement de la baisse du niveau des participations d’État et des mobilisations d’emprunts par rapport à l’exercice précédent.

Les subventions de l’État chutent de 6,8 milliards en 2016 à 4,4 milliards en 2017. On peut noter à cet effet que le dispositif du troisième instrument financier représente 81 % des recettes en provenance de l’État avec 3,6 milliards, que la participation de l’État en matière d’éducation se réduit à nouveau pour s’établir à 166 millions de francs CFP, que le Fonds exceptionnel d’investissement a versé 131 millions de francs CFP dont 105 millions au titre de l’opération Fiber to Home, et que le fonds de soutien de l’outre-mer a financé à hauteur de 21 millions de francs CFP les reconstructions réalisées à la suite des intempéries de janvier et février 2017.

Concernant les dépenses d’investissement, les dépenses réelles d’investissement s’élèvent à 23,5 milliards. Elles sont en progression de 7,75 %, soit +1,7 milliard par rapport à l’année précédente.

Au titre des subventions d’équipements versées, l’augmentation de 873 millions de francs CFP, soit +10,77 %, par rapport à 2016 s’explique notamment par le niveau des subventions accordées à l’OPH qui a bénéficié de 5 milliards en 2017 contre 4,2 milliards l’année précédente.

Parmi les grands chantiers en 2017, se distinguent : les travaux relatifs à la construction du lycée et du collège de Bora Bora pour 1,3 milliard de francs CFP ; des acquisitions d’opportunité pour un montant global de 754 millions dont le terrain et le bâti appartenant à l’Institut de Recherche pour le Développement à Arue pour 543 millions ; les travaux de mise aux normes de l’aérodrome de Mataiva à hauteur de 497 millions ; les travaux relatifs à la construction du pôle de santé mentale pour 354 millions ; l’assainissement, le renforcement et le revêtement de la route de ceinture des baies de Povai et Faanui à Bora Bora pour 281 millions CFP.

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Enfin, en 2017, la Polynésie française a souscrit au capital du groupe Agence France locale (AFL) pour 703 millions et transformé en prêt l’avance en compte courant de 300 millions qu’elle avait accordée à la Société Environnement Polynésien, aujourd’hui intégré au syndicat mixte ouvert Fenua Ma.

S’agissant des opérations d’ordre, en 2017, celles-ci totalisent 27,2 milliards et concernent notamment les opérations suivantes : le don des ayants droits des époux VAN BASTOLÆR d’un ensemble foncier (70 millions F CFP) ; les exonérations douanières pour un montant de 11,4 milliards ; les crédits d’impôts de défiscalisation locale (4,1 milliards).

Concernant l’analyse de l’exécution, le résultat de fonctionnement de 23,6 milliards et le résultat d’investissement de - 17,4 milliards donnent ainsi un résultat global de l’exercice 2017 de 6,2 milliards.

Compte tenu du report des résultats antérieurs de 18 milliards, le résultat cumulé global à fin 2017 s’établit à 24,2 milliards, auxquels s’ajoute le solde des comptes de l’ex-CAVC de 2,4 milliards, soit un total cumulé global de 26,6 milliards.

En dépit de l’importance du besoin de financement du report des crédits d’investissement de 11,6 milliards contre 11,2 milliards en 2016, le résultat net global s’améliore pour s’élever à près de 15 milliards contre 6,8 milliards en 2016.

Concernant la situation financière, en 2017, l’épargne brute s’établit à 28,5 milliards. Cette épargne couvre largement le remboursement en capital de la dette qui s’élève à 9,4 milliards en 2017. En conséquence, l’épargne nette reste positive en 2017 et s’établit à 19,1 milliards contre -1,5 milliard en 2014, ce qui permet notamment au gouvernement de continuer à soutenir sa politique en matière d’investissements publics.

Concernant la dette, la dette relative au budget général et à l’ex-CAVC, l’annuité de la dette pour l’exercice 2017 s’établit en retrait de 793 millions par rapport à l’année précédente, soit 12,8 milliards. L’encours de la dette totale de la Polynésie française diminue à 85,6 milliards contre 89,1 milliards en 2016, ce qui représente une baisse de 3,5 milliards. La politique de désendettement de la Polynésie française initiée en 2014 porte donc ses fruits. L’encours de la dette ne représente plus que trois années d’autofinancement brut contre un peu plus de cinq années il y a deux ans.

Concernant la dette garantie, l’encours de la dette garantie par la Polynésie française s’établit à 4,8 milliards au 1er janvier 2018. La caution de la Polynésie française concerne principalement le secteur habitat qui représente plus de 53 % du total garanti. Le secteur de la santé suit avec 29 %. Le ratio de la somme de l’annuité de la dette publique et de l’annuité garantie rapportée aux recettes réelles de fonctionnement s’établit à 10,46 %.

Concernant l’appréciation des comptes, le 21 décembre 2017, l’agence de notation Moody’s Investors Service a confirmé la note « Baal/Prime 2 » de la Polynésie française, perspective stable. Le 11 mai 2018, suite à la modification de la perspective de la note de l’État français de stable à positif, la perspective de la note de la Polynésie française est passée positive. Deux facteurs contraignants restent toutefois mis en avant : la fragilité économique du territoire et les déficits importants du régime polynésien de sécurité sociale.

Enfin, concernant l’Indice de Qualité des Comptes Locaux (IQCL), l’amélioration de la qualité des comptes du Pays, amorcée depuis 2013, s’est accrue en 2016 avec un IQCL de 16,60 sur 20, contre 15,34 sur 20 en 2015. L’IQCL de l’exercice 2017 devrait être communiqué à la Polynésie française au cours du second trimestre 2018.

11 (SA 3 : 21.06.2018)

Enfin, concernant les travaux de la commission, le présent projet de délibération a été examiné par la commission de l’économie, des finances, du budget et de la fonction publique le 14 juin 2018 et a suscité des débats sur les points suivants :

Le premier point concernait l’impact des bons résultats budgétaires du Pays en termes de créations d’emplois. Il a été rappelé à cet effet que l’embellie budgétaire que connait actuellement la Polynésie française fait suite au plan d’assainissement des comptes publics amorcé en 2013. Cette embellie budgétaire traduit, du reste, une revitalisation de l’économie polynésienne qui, associée à la stabilité politique, ne peut être que propice à une expansion du marché du travail.

Le deuxième point a été relatif au dispositif dit des « dépenses imprévues » et qui a remplacé le CAVC. Les débats ont notamment porté sur la visibilité de l’assemblée de la Polynésie française sur l’utilisation des crédits en cas de catastrophe naturelle, sachant que le mécanisme des chapitres sans exécution a été mis en œuvre que peu de temps après son adoption. Suite aux épisodes pluvieux de janvier 2017, les représentants du gouvernement ont mis en exergue l’efficacité et la réactivité du dispositif, les fonds nécessaires aux travaux urgents et au relogement des populations ayant été débloqués très rapidement après les intempéries.

La discussion s’est portée par ailleurs sur la taxe aéroportuaire. Il a été indiqué à cet effet que cette taxe est perçue par l’État et fait l’objet d’un reversement au Pays au titre de la sécurité des aérodromes dont il a la gestion. Pour 2017, la majoration de cette taxe a permis de financer la revalorisation de la grille de rémunération des pompiers d’aéroport.

Enfin, des informations complémentaires ont été sollicitées par les membres de la commission, portant notamment sur le montant des recettes fiscales des exercices antérieurs, les entités bénéficiaires des aides à caractère économique et les subventions aux organismes publics, ou encore sur l’état de l’actif foncier du Pays. Des réponses ont été apportées en commission mais pourront, utilement, faire l’objet d’un complément en séance plénière.

Examiné en commission le 14 juin 2018, le projet de délibération approuvant le compte administratif de la Polynésie française et constatant la concordance des résultats avec le compte de gestion pour l’année 2017 (budget général) a recueilli un vote favorable des membres de la commission.

En conséquence, la commission de l’économie, des finances, du budget et de la fonction publique propose à l’assemblée de la Polynésie française d’adopter le projet de délibération suivant, Madame la présidente.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

La parole est au rapporteur du deuxième dossier, Monsieur Luc Faatau.

M. Luc Faatau : Madame la vice-présidente, Mesdames et Messieurs les représentants,

Je vous propose d’examiner le projet de délibération portant affectation et reprise du résultat cumulé de la section de fonctionnement du budget général de l’exercice 2017.

À la clôture de l’exercice N, le solde cumulé de la section de fonctionnement doit faire l’objet d’une décision d’affectation formelle par l’assemblée de la Polynésie française, immédiatement après le vote du compte administratif.

Pour l’année 2017, comme repris ci-après, le résultat de fonctionnement cumulé du budget général s’élève à 31,9 milliards de francs CFP. Le besoin de fonctionnement de la section d’investissement totalisant à 16,9 milliards le solde disponible, après affectation s’établit à 15 milliards.

12 (SA 3 : 21.06.2018)

Au niveau du résultat de fonctionnement : résultat de l’exercice 2017, 23 557 285 006 francs CFP ; résultat antérieur reporté, 6 798 055 491 francs CFP ; solde du compte d’affectation spécial dissous, Compte d’aide aux victimes des calamités, 1 507 049 077 francs CFP ; soit un résultat de fonctionnement cumulé de 31 862 389 574 francs CFP.

Le solde d’investissement : le solde de l’exercice 2017 s’élève à 633 907 918 francs CFP ; soldes antérieurs reportés de -6 766 977 628 francs CFP ; écart de conversion des emprunts - 3 francs CFP ; solde du compte d’affectation spécial dissous, CAVC, 831 285 542 francs CFP ; soit un solde cumulé de - 5 301 783 871 F CFP.

Reste à réaliser : -11 575 763 992 F CFP.

Besoin de financement de la section d’investissement : -16 877 547 863 F CFP.

Solde disponible après financement du besoin de la section d’investissement, 14 984 841 711 francs CFP.

Cet excédent pourra être repris dans des décisions budgétaires modificatives.

Examiné en commission le 14 juin dernier, le projet de délibération portant affectation et reprise du résultat cumulé de la section de fonctionnement du budget général de l’exercice 2017 a recueilli un vote favorable des membres de la commission.

En conséquence, la commission de l'économie, des finances, du budget et de la fonction publique, propose à l’assemblée de la Polynésie française d’adopter le projet de délibération ci-joint.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

Pour la discussion générale, la conférence des présidents a prévu un temps de parole de 75 minutes réparti comme suit : 50 pour le TAPURA HUIRAATIRA, 14 pour le Tahoeraa Huiraatira et 11 pour le .

Je demande à l’intervenant du TAPURA HUIRAATIRA de prendre la parole.

M. Luc Faatau : Monsieur le vice-président de la Polynésie, Madame la vice-présidente, Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les représentants à l’assemblée, bonjour.

Aujourd’hui, nous devons examiner et approuver le compte administratif du Pays pour l’année 2017, un exercice auquel nous sommes soumis chaque année et auquel la plupart d’entre nous — moi, je ne le suis pas tellement — sommes habitués. Il nous permet de faire le point sur l’exécution réelle du budget que nous avons voté pour l’année tout en le replaçant dans le contexte économique général de la Polynésie française qui confirme — je dis bien : qui confirme — la sortie de crise amorcée depuis 2014. Et force est de constater que nous n’avons pas à rougir, n’en déplaise aux pessimistes, qui n’ont d’ailleurs pas trouvé grand-chose à dire lors de l’examen de ce texte en commission, mais j’y reviendrai pus tard.

Parlons d’abord de chiffres que vous avez dans le rapport et ses annexes.

Les efforts faits par notre majorité ont porté leurs fruits avec des comptes publics assainis aujourd’hui et qui nous permettent de partir sur des bases saines et solides. Preuve en est, s’il en fallait, la confirmation de la note « Baa1/Prime 2 » accordée à la Polynésie française par l’agence de notation Moody’s Investors Service et qui correspond à « BBB+ » de l’agence Standard and Poor’s.

Mieux encore, puisque pas plus tard qu’hier, nous apprenions que la perspective associée à cette note était relevée de « stable » à « positive » ; ce qui nous donne la meilleure note jamais attribuée depuis 2006, et nous pouvons nous en féliciter. 13 (SA 3 : 21.06.2018)

Comme l’a déjà dit notre Président Edouard Fritch, ce travail de redressement était nécessaire et c’est ce qui nous permet aujourd’hui de financer la modernisation de nos infrastructures publiques et de renforcer les actions de soutien à l’ensemble de nos politiques sectorielles.

La croissance économique que nous avons réussie à restaurer participe à donner un cadre favorable à nos entreprises pour qu’elles créent les emplois nécessaires à notre développement et à notre équilibre social. Car oui, oui, l’objectif du Pays ce n’est pas de créer soi-même l’emploi, mais de créer les conditions favorables pour que nos entreprises puissent créer ces emplois. Donc, l’objectif du gouvernement est de redynamiser l’économie pour offrir ce contexte favorable.

Et les premiers résultats sont déjà là.

La barre de l’emploi a pu être redressée grâce notamment aux nouveaux dispositifs que nous avons mis en place. Certes, il y encore du chemin à faire mais, comme l’a dit notre rapporteur, « les chefs d’entreprise se montrent plus confiants dans un contexte politique et budgétaire clarifié », avec un investissement plus « dynamique » et un marché du travail qui se stabilise.

En fonctionnement, on constate une augmentation de près de 6 milliards de francs de recettes réelles pour la troisième année d’affilée. Les droits à l’importation continuent leur progression avec près d’un milliard de plus qu’en 2016 et idem pour la TVA qui affiche près de deux milliards de plus au compteur ; ce qui, avec la hausse des droits à l’importation, démontre bien une évolution positive de l’activité.

Après une baisse de 10 milliards de francs CFP entre 2010 et 2014 des recettes fiscales, l’embellie initiée en 2015 se poursuit avec 11 milliards de plus qu’en 2016, soit 101 milliards de francs CFP de recettes pour l’exercice 2017. Petit bémol toutefois puisque, parallèlement, les recettes non fiscales sont en diminution de 5 milliards.

Si certains de mes collègues de l’opposition préfèrent voir le verre à moitié vide en pointant du doigt un « désengagement de l’État » au titre des subventions qu’il alloue au Pays, je préfère y voir le verre à moitié plein avec une dotation globale d’autonomie qui augmente de 1,2 milliard pour s’établir à près de 11 milliards de francs CFP.

Les dépenses de fonctionnement se stabilisent pour s’établir en 2017 à un peu plus de 101 milliards de francs CFP. La masse salariale est contenue et nous encourageons le gouvernement à poursuivre ses efforts en la matière.

Au niveau de l’investissement public, nous pouvons nous réjouir de constater qu’il atteint un niveau record avec plus de 23 milliards de francs CFP de dépenses d’investissement, soit 1,7 milliard de francs CFP de plus que l’exercice précédent. Je retiendrai notamment les travaux de construction, pour un montant d’un milliard trois cents millions, du collège-lycée de Bora Bora qui ouvrira ses portes à la rentrée, ou encore les 354 millions dévolus à la construction du pôle de santé mentale à Taaone.

On peut toutefois regretter que les recettes réelles d’investissement diminuent de près de 5 milliards de francs CFP, en raison d’une diminution substantielle des subventions de l’État qui passent de près de 6 milliards à 3,6 milliards de francs CFP. Cet état de fait n’a d’ailleurs pas échappé au député Olivier Serva, rapporteur spécial du règlement du budget 2017 de l’outre-mer, qui en fait état pour le déplorer.

Il n’en demeure pas moins qu’avec un résultat cumulé global qui s’établit à 24,2 milliards de francs CFP fin 2017, auquel s’ajoute le solde des comptes de l’ex CAVC de 2,4 milliards de francs CFP, c’est un excédent de plus de 26 milliards de francs CFP qui est constaté pour cet exercice, ce fameux CAVC qui a d’ailleurs encore fait parler mes amis de l’opposition en commission qui, décidément, semblaient bien dépités face à ces résultats positifs. Et comme il leur a été rappelé, la suppression de ce compte spécial pour l’intégrer au budget général via la ligne des « dépenses imprévues » a 14 (SA 3 : 21.06.2018) rapidement fait ses preuves. Non seulement la fluidité de ce nouveau dispositif a montré son efficacité sur le terrain, mais nous avons désormais une traçabilité totale de ces crédits que l’on peut retrouver dans les annexes.

Il est vrai toutefois que, bien que les crédits aient été octroyés au fur à mesure des demandes, on a pu constater parfois plusieurs mois de délais avant que les crédits ne soient effectivement engagés. Il faut y voir la nécessaire période de rodage des nouvelles procédures et la nécessité de modifier certaines réglementations ; ce qui a été fait en mars dernier avec l’adoption de la modification du régime d’aide à la reconstruction des logements.

Les feux sont au vert également du côté de l’épargne brute qui s’élève à 28,5 milliards de francs CFP. Et si nous défalquons le remboursement au capital de la dette, cela nous donne une épargne nette d’un peu plus de 19 milliards de francs CFP, donnant ainsi les coudées franches au gouvernement pour soutenir avec ambition sa politique en matière d’investissements publics.

Quant à l’encours de la dette totale de la Polynésie française, là encore, les efforts entrepris en 2014 portent leurs fruits puisqu’il représente une diminution de 3,5 milliards de francs CFP par rapport à 2016 ; ce qui nous permet d’améliorer la capacité d’autofinancement du Pays.

Et je terminerai en félicitant la réussite de la mission que vient de mener le Président du Pays, accompagné de son vice-président, du président de l’assemblée et de nos parlementaires à Paris. C’est ainsi que le Président du Pays a signé avec le Premier ministre la prolongation pour un an de sa participation au financement du RST, en attendant la signature de la convention pluriannuelle. Le Premier ministre a par ailleurs confirmé le financement à hauteur de 1,2 milliard du câble numérique Natitua pour une meilleure connexion de nos îles et dont les travaux doivent débuter en septembre.

Voilà, mes chers collègues, les quelques remarques que je souhaitais faire sur ce compte administratif que je vous invite à approuver avec nous.

Merci de votre attention.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

J’invite l’intervenant du groupe Tahoeraa Huiraatira à prendre la parole. Merci

M. Geffry Salmon : Monsieur le Vice-président de la Polynésie française, Madame la vice-présidente de l’assemblée de Polynésie française, Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les représentants, chers collègues, chers internautes et bien cher public, bonjour.

L’examen des comptes administratifs et la constatation de la concordance de ces résultats avec le compte de gestion pour l’année 2017 est l’occasion, pour les élus de l’opposition que nous sommes, d’apprécier le bilan et la performance de l’action gouvernementale et, ainsi, jauger de son efficacité dans l’utilisation des moyens budgétaires qui ont été alloués au bénéfice des populations et des entreprises polynésiennes.

Cet exercice plutôt technique permet, en effet, de faire le point sur l’exécution réelle du budget alors replacé dans le contexte économique et général, social général au pays. Il peut également être l’occasion d’une analyse politique plus critique des enjeux liés à l’exécution même du budget

Mon intervention, vous vous en doutez, divergera donc du concert de félicitations qu’il nous sera donné d’entendre de-ci et de-là, autour notamment des résultats excédentaires que présente ce compte administratif.

15 (SA 3 : 21.06.2018)

À la lecture de ce dernier, il peut être noté d’emblée, en première page de l’exposé des motifs, le fair- play ou la maladresse du rédacteur qui date la sortie de crise vécue par le Pays à l’année 2014, année dont la gestion est essentiellement imputable au Tahoeraa Huiraatira.

Monsieur Fritch ne cessait alors de marteler à chacun de ses discours qu’il met un point d’honneur à ce que la feuille de route assignée à son gouvernement s’inscrive dans l’application pleine et entière du programme politique présenté par le Tahoeraa huiraatira devant les électeurs en 2013.

Dans ce cadre, après le train de restriction budgétaire et le difficile travail d’assainissement des comptes effectué sous la présidence de Gaston Flosse, la reprise de confiance des acteurs économiques se confirmait, insufflant ainsi une dynamique bien réelle des réformes fiscales mises en œuvre en 2013 et poursuivie à partir du mois de septembre 2014 par Monsieur Fritch qui prenait alors ses nouvelles fonctions à la présidence de la Polynésie.

Cette dynamique s’amplifiera au fil des années suivantes pour atteindre le résultat excédentaire que nous connaissons aujourd’hui autorisant un redressement indéniable de la situation des comptes publics.

En effet, il est noté que l’investissement devient plus dynamique, le marché du travail se stabilise, les recettes de fonctionnement sont en progression constante tout comme les recettes fiscales directes et indirectes, l’investissement — par ailleurs public — atteint un niveau record de 23 milliards de francs. L’épargne augmente de 24 %, l’encours de la dette passe de 5 à 3 ans, la mobilisation des emprunts diminue, l’excédent budgétaire s’élève cette année à 24 milliards de francs. Et pour couronner ce florilège d’optimisme et de performance, la Polynésie est gratifiée de la note de BBB+ par Standard and Poor’s, la même agence par ailleurs de notation qui notait favorablement Lehman Brothers à deux semaines de sa faillite.

Parallèlement l’ISPF atteste ses croissances retrouvées qui passent, chiffre à l’appui, de 0,6 % en 2014 à 1,8 % en 2016.

Le PIB a augmenté et l’ensemble des indicateurs extérieurs semblent conforter les éléments de ce rapport de performance.

Mais selon nous, ces éléments chiffrés doivent également être regardés à l’aune des contrats CAE précaires par nature d’une part, et des subventions aussi nombreuses que variées, d’autre part. Ces mesures financées pour plusieurs milliards par le Pays ont induit ainsi à notre sens une augmentation artificielle — puisque limitée dans le temps — du pouvoir d’achat de ceux qui auront eu la chance d’en bénéficier.

S’il faut reconnaître au TAPURA HUIRAATIRA, une gestion en bon père de famille des comptes publics, on peut regretter que ce dernier en revanche ne possède à ce jour aucun projet de société, aucun cadre idéologique ou programmatique novateur qui structurerait son action la particularisant, privilégiant ainsi une approche de météorologue qui consiste à traiter essentiellement du conjoncturel.

Pour préciser ma pensée, considérez-vous que les résultats de ce compte administratif traduisent d’une quelconque manière, le dynamisme retrouvé d’une économie en pleine croissance soutenue par une politique de développement qui aurait privilégié l’ouverture des grands chantiers tels que l’avait préconisé le Tahoeraa huiraatira.

Les chiffres de la CPS attestent-ils, selon vous, d’une situation de plein emploi en devenir qui est pourtant la moins mauvaise des solutions pour effacer les dettes des régimes sociaux et éviter une réforme des retraites que vous jugez incontournable ? Autrement avec l’excédent budgétaire, le Pays compte-t-il rembourser les 9 milliards qu’il doit au FADES et les 12 milliards à l’ACR, comme il s’était engagé à le faire auprès des partenaires sociaux au titre de la solidarité rétablissant ainsi les comptes de la CPS à l’équilibre ? 16 (SA 3 : 21.06.2018)

Les chiffres sont-ils vraiment au vert ? Quand on sait que l’économie polynésienne est incapable pour l’heure d’absorber les milliers de nouveaux demandeurs d’emploi qui se présentent sur le marché du travail chaque année. Que comptez-vous faire pour en déflater le stock qui atteint aujourd’hui plusieurs dizaines de milliers de Polynésiens ?

De même, la richesse créée grâce aux excédents budgétaires réalisés l’an passé tout comme les 24 milliards d’excédent de 2017, ont-ils été redistribués efficacement dans l’économie pour lutter contre le déclassement individuel et collectif vécu comme inexorable par une classe populaire dont l’émergence devrait tous nous interpeller, ou tout simplement lutter contre la recrudescence des sans domicile fixe, passée de 450 en 2014 à 750 aujourd’hui ?

Dans un autre registre, trouve-t-on normal — et c’est le rapport qui le dit — que la participation financière de l’État n’a cessé de chuter depuis ces dernières années ? Est-ce quémander que d’exiger de la part de l’État qu’il rembourse à la CPS les 54 milliards de francs dus aux maladies radio-induites ? Pourquoi le gouvernement et nos parlementaires n’engagent-ils pas des discussions avec l’État pour que notre collectivité bénéficie de la contribution solidaire pour l’électricité, la CSPE, au même titre que Wallis-et-Futuna permettant ainsi de réaliser une économie de 12 milliards de francs au bénéfice entier des foyers polynésiens ?

La liste des questions est longue et je pourrais sur bien d’autres sujets interroger l’action du gouvernement qui depuis 2014 a géré notre Pays au jour le jour sans véritable ambition, sans projet de société pour demain, astreint seulement à une simple logique d’équilibre des comptes publics.

Je sais que la campagne est terminée, et vous avez eu raison Monsieur Lisan de me l’avoir précisé. Mais à l’heure où nous devons nous prononcer sur le rapport de performance du Président de la Polynésie pour l’année 2017 au-delà des résultats strictement comptables qui sont exprimés dans le rapport, n’était-il pas opportun de mettre en perspective de manière factuelle et politique les véritables enjeux qui se posent à nous ainsi qu’à la population dans son ensemble ? C’est en tous les cas le choix que j’ai fait.

Je vous remercie de votre attention.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

J’appelle l’intervenant du Tavini huiraatira à intervenir, merci.

M. Antony Geros : Madame la vice-présidente de l’assemblée, Monsieur le vice-président, Mesdames et Messieurs les ministres, le public, les internautes, chers collègues, bonjour.

Nous sommes invités, dans le cadre de l’examen de ce dossier à nous prononcer sur l’exécution budgétaire de notre collectivité au titre de l’exercice 2017 et a procédé, après affectation, à la reprise de son résultat. Il s’agit donc d’une exécution budgétaire des plus classiques dont l’analyse aurait pu se limiter à celle de son seul résultat.

Pour autant, 2017 passe pour être la dernière année de plein exercice du précédent mandat. Son analyse nous donne donc l’occasion d’étendre le champ de nos investigations à la rétrospective du mandat écoulé. Un précédent mandat qui avait pourtant, sauf à me tromper, démarré sur des chapeaux de roue avec l’arrivée auréolée, dès 2013, d’une majorité absolue qui avait préféré extraire son mana, non pas de ses propres convictions politiques mais plutôt et contre toute attente, d’une certaine croyance tirée de la foi de reconstruire ensemble.

Un précédent mandat qui, avec la modification statutaire et électorale savamment orchestrée par l’État en 2011, était censé exorciser de notre hémicycle toute dissension ou velléité d’instabilité future. Du moins, c’était sous cet angle que ce dossier nous a été présenté lors de sa préparation en 2010. Pour 17 (SA 3 : 21.06.2018) autant, dès 2014, cette majorité monolithique et compacte s’est très rapidement effritée, lézardée, disloquée. Non pas pour disparaître — comme on aurait pu le penser — mais plutôt pour faire sa mue et renaître à nouveau sous les auspices du TAPURA HUIRAATIRA tel le phénix qui renaît de ses cendres ou, plus modestement, et là vous ne rirez plus, tel le reptile qui abandonne sa vieille peau pour se refaire une nouvelle jeunesse. Une pratique qui a déjoué la stratégie de l’État qui, encore une fois, s’est rendu compte que ce n’est pas à coup de textes réformateurs que l’on arrivera à scotcher sur son siège un élu investi d’un mandat représentatif.

Il aura fallu quasiment trois années pour reconstruire l’équipe et métamorphoser ce qui deviendra la nouvelle majorité dont les composants ont choisi de troquer leur ancien slogan par celui de « Continuons ensemble ».

Mais avant de rentrer purement et simplement dans les affres de mon analyse, permettez-moi tout de même Monsieur le président de rappeler que la Commission de l’économie — enfin Monsieur le vice- président — convoquée la semaine dernière à l’effet d’examiner notre document, s’est réunie cette année sous un air nostalgique de la vieille époque, qui m’a beaucoup fait regretter mon ancienne présidente de commission, que je salue au passage.

En effet, il n’y avait à cette réunion aucun ministre, si ce n’est en tout et pour tout que deux techniciennes mandatées pour la circonstance. Quelle contraste avec l’époque pas si lointaine où nous avions alors droit à une véritable armada, avec en face de nous un vice-président, ministre du budget armé jusqu’aux canines, décidé à ne consentir aucune marge budgétaire à sa majorité, de surcroît pédagogue, professeur et conférencier pour la circonstance également, entouré d’une horde de ministres et d’une pléthore de techniciens à faire pâlir les envieux et fuir l’ennemi.

Oui c’est vrai, Monsieur le vice-président, on nous a dit que vous étiez à Paris et ceci explique cela. Il n’en demeure pas moins qu’il n’excuse en rien cela de notre point de vue. Voilà pour la petite séquence nostalgie.

Ainsi pour en revenir à l’examen de notre compte administratif, je vous propose d’entreprendre son analyse en respectant les structures formelles de sa présentation qui me semble être celle à laquelle nous sommes tous déjà habitués.

En matière d’état des lieux, je dirais qu’au titre des recettes de fonctionnement, nous constatons effectivement que le produit de la fiscalité qui s’élève à 101 milliards et quelques, représente la principale recette de notre exercice. 101 milliards, c’est quand même beaucoup.

Dans le détail, on remarquera que la progression fiscale a été plus franche du côté de la consommation — qui marque une augmentation significative de plus de 4 milliards de francs — que du côté de la fiscalité directe, même si celle-ci progresse de manière perceptible notamment en ce qui concerne l’impôt sur les bénéfices des entreprises. Cette embellie fiscale sera néanmoins atténuée, comme nous le dit le rapport, par l’évolution des autres recettes budgétaires qui diminuent de 5 milliards principalement en raison du non recours à la politique de prélèvements de dividendes sur nos sociétés et établissements publics à caractère commercial et industriel. Ce qui porte le niveau global de la réalisation de nos recettes de fonctionnement à plus de 129 milliards de francs affichant ainsi — comme l’a exprimé le vice-président — une augmentation de 5,8 milliards par rapport à l’exercice précédent.

Nos dépenses de fonctionnement qui affichent une augmentation de plus de 531 millions de francs ont néanmoins été limitées à 101 milliards de francs. On notera que les postes les plus importants du budget — à savoir les charges de personnel et les dépenses de transferts — ont raisonnablement, je dis bien raisonnablement, été contenus dans des proportions appréciables.

18 (SA 3 : 21.06.2018)

Enfin les mesures d’assainissement et de redressement de nos comptes publics, bien que contraignantes, continuent à produire leurs effets et contribuent immanquablement à l’amélioration de notre situation financière.

Du côté de nos recettes d’investissements qui s’élèvent à 10 milliards et quelques, on observe un retrait de 4,2 milliards par rapport à l’exercice précédent. En effet, leur exécution a été pénalisée par la baisse du niveau des participations de l’État pour 2,4 milliards de francs ainsi que par celle de la mobilisation d’emprunt qui, pour cet exercice, a diminué de 1,2 milliard de francs.

Les dépenses réelles d’investissement — hors emprunt, bien sûr — qui augmentent sensiblement par rapport à l’exercice 2016, s’élèvent à 23 milliards de francs et caractérisent en volume le niveau de financement consacré à la commande publique au titre de l’exercice 2017. Alors qu’en 2014 son niveau ne dépassait guère 21 milliards de francs, on constate subitement qu’en 2017, la barre évolue. Toutefois, malheureusement, après analyse, on constatera que cette évolution n’est que la conséquence de la souscription du Pays au capital du groupe Agence France locale ainsi qu’à celle de la transformation en prêt de l’ACC de 300 millions accordés à la société Enviropol aujourd’hui intégré au syndicat mixte ouvert Fenua Ma.

En matière de résultat de l’exercice, comme nous le précise le rapport dans son exposé des motifs, la conjugaison du résultat de fonctionnement, fixé à 30,4 milliards de francs, et du résultat d’investissement, fixé à -17,4 milliards, majorée de la prise en compte de l’excédent de fonctionnement capitalisé de 2016, fixé à 18 milliards de francs, nous permet de dégager un résultat global positif de 24,2 milliards auxquels viendra s’ajouter le solde des comptes de l’ex CAVC de 2,4 milliards pour donner finalement in fine un excédent global cumulé de 26,6 milliards de francs.

La critique budgétaire, Monsieur le vice-président, Mesdames et Messieurs chers collègues, l’exposé des grandes masses financières de l’exécution budgétaire de l’exercice 2017 semble nous démontrer, — je dis bien : semble nous démontrer — que la situation s’améliore. L’augmentation importante du montant de l’impôt sur les bénéfices des sociétés, +3,8 milliards de francs, ainsi que l’amélioration du climat des affaires sont autant d’éléments qui viennent corroborer cette embellie.

Pourtant, si on oppose cet optimisme à l’argumentaire du climat du marché du travail ainsi qu’à celui de la précarité sociale impactant bon nombre de familles polynésiennes vivant en dessous du seuil de pauvreté, on s’aperçoit très vite que l’on est passé à côté de quelque chose.

En effet, dès 2013, alors que nous usions ensemble — je dis bien : nous usions ensemble, l’opposition et vous-mêmes — de stratégies pour assainir et redresser la situation de nos finances publiques gravement impactées par la crise de 2008, nous avions à l’unisson plaidé pour un modèle fiscal plus équitable ainsi que pour le retour à l’équilibre de nos comptes sociaux.

Une réforme attendue de tous qui s’est retrouvée au fil du mandat tantôt en gestation et tantôt en gésine avec, à la clé, le même problème celui du déficit de la Caisse de retraite qui n’est que lui-même symptomatique d’un mal plus sournois, celui du marché du travail.

Pour mettre un terme à cette situation, les formations politiques en lice se sont exprimées lors des dernières échéances sur un programme politique susceptible d’éradiquer le mal en mettant l’accent sur la création d’emploi.

Mesdames et Messieurs, chers collègues, c’est votre programme qui a été choisi. C’est le vôtre qui a été retenu. Une politique que vous entendez conduire à travers les grands projets que vous avez eu loisir de décliner et de défendre tout au long de la période de propagande électorale — pour ne citer que celui du Village Tahitien — sans oublier les autres projets dont en particulier celui du Centre aquacole de Hao modestement rebaptisé en « CAE de Hao ».

19 (SA 3 : 21.06.2018)

Ne vous méprenez pas, je disais simplement le Centre Aquacole Expérimental de Hao qui effectivement rythme mieux avec l’investissement de 32 milliards accordé en avril dernier plutôt qu’avec celui des 150 milliards initialement annoncé. Un projet qui, de métamorphose en métamorphose, commence sérieusement à entamer le capital crédit que nous lui accordions en 2012. Heureusement que depuis, il vous reste au moins, non pas la foi, mais plutôt l’espérance de continuer ensemble pour mener à bien l’ensemble de ces projets.

Selon l’analyse du Tavini Huiraatira, si l’on tient compte de la trêve fiscale ordonnée par vos soins jusqu’en 2020, notre marge de manœuvre est tellement ténue qu’il ne nous reste plus qu’à compter sur l’évolution naturelle de la conjoncture en espérant que les choses s’améliorent d’elles-mêmes pour revenir à meilleure fortune.

Pourtant, là encore, il va falloir tenir compte de cette évolution naturelle de la conjoncture tantôt altérée par la précarité de notre insularité confrontée aux aléas climatiques de notre région, tantôt altérée par la frilosité d’un dialogue que l’État semble vouloir raffermir dans le sens des intérêts de la nation. Bref, une analyse qui nous invite également à mettre en exergue un certain nombre de données économiques pour nous rendre compte que les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Ainsi, dans le secteur primaire, nous bénéficions déjà d’une conjoncture très défavorable en matière de capacité d’autosubsistance. Par exemple, sur la base des chiffres de 2015, nous avions déjà relevé que la vente de nos produits agricoles sur le marché intérieur a représenté 7,4 milliards de francs alors que sur le marché extérieur, elle n’a représenté tout au plus que 3 milliards de francs. Or, le besoin alimentaire exprimé par notre population a tout de même nécessité d’importer plus de 42 milliards de francs de denrées alimentaires en 2015. Cette situation demeurant cocasse puisqu’elle a engendrée mécaniquement une plus-value de 10 milliards de rentrées de TVA ne s’est guère améliorée depuis, puisqu’en 2016, on nous rapporte que le volume d’activité de notre agriculture locale continue de diminuer pour s’établir à 6,7 milliards de francs alors que, sur le marché extérieur, la vente de nos produits halieutiques n’a représenté que 1,3 milliard et que la couverture de nos besoins alimentaires pour le même exercice s’est élevé à 43,4 milliards de francs TVA compris.

Un secteur en devenir qui intéresse néanmoins, à l’heure actuelle, 15 766 actifs dont 1 580 ouvriers. Je me souviens qu’au primitif de 2013, nous lui avions consacré 6 milliards de crédits, nous, l’ex-UPLD. Aujourd’hui, force est de constater qu’en matière de financement public, nous accordons plus à l’Huilerie de qu’à l’agriculture elle-même.

Concernant le secteur fleuron de notre économie, à savoir le tourisme, il est intéressant de noter que les chiffres sont encourageants puisqu’on nous annonce en 2017, 199 000 touristes contre 192 en 2016. Ce résultat nous permet allègrement d’estimer, au titre de l’exercice, à 53 milliards le rendement financier de notre industrie hôtelière. Il est vrai qu’avec le retour en force de la nouvelle offre de croisière intra-polynésienne annoncée pour cette année, la Polynésie devrait renforcer efficacement son offre touristique compte tenu de l’apport que ne manquera pas de générer la présence permanente d’un paquebot de plus de 1 000 chambres dans nos eaux.

Je pense — et ça n’engage que moi — que nous sommes sur la bonne voie. C’est d’ailleurs la voie qu’a choisie le Vanuatu — et là, je vais vous déplaire — depuis son accession à sa pleine autonomie dès juillet 1980 avec à l’affiche de 2017, 800 000 touristes avec en prime le recours à de la main d’œuvre étrangère compte tenu du fait qu’en matière d’emploi, dans ce pays souverain, la demande n’arrive pas à répondre à l’offre.

Chez nous et au terme de l’année 2017, le nombre d’offres d’emplois normal ne s’établit qu’à 2 500. En revanche, les offres de formations diminuent. Le secteur qui a le plus embauché est celui du tertiaire — comme d’habitude — et concerne plus particulièrement les activités d’hébergement et restauration, les commerces, les activités de services administratifs et de soutien. Il y a donc lieu d’apprécier sans chauvinisme, la nette amélioration des statistiques des mois de décembre 2017 qui nous situe à plus de 62 911 emplois recensés. 20 (SA 3 : 21.06.2018)

Mesdames et Messieurs, chers collègues, on s’aperçoit bien que, malgré les perspectives d’embellie que nous procurent ces indicateurs d’emplois, nous sommes loin et bien loin du Graal qui nous permettrait de nous réconcilier avec les chômeurs et demandeurs d’emplois dont nous réfrénons l’impatience à coups de CAE, de CVD et j’en passe.

Enfin, sur les douze derniers mois, l’indice de l’emploi croît tout de même de 2,6 %, une petite réconciliation.

Bien entendu, étant donné que vous avez décidé de bâtir tout votre programme politique sur la création d’emplois...

La présidente : Monsieur le représentant, vous avez dépassé de cinq minutes. Veuillez raccourcir ! Merci.

M. Antony Geros : Voilà. Merci, Madame ma présidente adorée. (Rires dans la salle.)

Nous resterons donc très attentifs et vigilants aux mesures que vous nous présentez pour répondre à ce besoin.

Et là, je conclus, pour vous faire plaisir et pour vous plaire.

En conclusion, je dirai sans fausse modestie que l’effort d’assainissement et de redressement de nos comptes publics commence à être tangible et porter ses fruits mais que le retour à la croissance par la commande publique qui stagne à 21 milliards — ça fait quand même quatre ans que nous stagnions à 21 milliards — et auquel vous tenez, semble riper sauf peut-être à recourir à de très grands travaux même si les malheureuses expériences que vous nous avez fait vivre ces derniers mois, nous appellent à plus de réserve dans ce domaine.

Je vous remercie.

La présidente : Merci. J’appelle le gouvernement à répondre aux différents intervenants. Merci.

M. Teva Rohfritsch : Merci, Madame la présidente adorée de Monsieur Geros. (Rires dans la salle.) N’y voyez pas de pointe de jalousie quelconque, au contraire, pour une fois que Monsieur Geros adore quelqu’un de l’opposition à son parti, c’était quand même assez remarquable pour le noter. Bravo pour cette performance, Madame la présidente ! Vous avez réussi à séduire Monsieur Geros. Depuis le temps qu’on essaie, nous, mais il est insensible à nos charmes. En même temps, je le comprends.

Permettez-moi de commencer par la dernière intervention en remerciant bien entendu nos rapporteurs et l’intervention aussi, très intéressante, de Monsieur Faatau au titre du groupe TAPURA HUIRAATIRA. Monsieur Geros, je m’interrogeais en vous écoutant sur votre faculté, non pas finalement à être révisionniste, mais au fur et à mesure de votre intervention, vous êtes devenu négationniste. Parce qu’un révisionniste peut essayer de voir quelque chose de positif, néanmoins, dans ce qu’il s’est passé, mais je me permets de qualifier votre intervention — pas vous, bien entendu, avec le respect que je vous dois —, de négationniste parce qu’à chaque fois qu’il y a quelque chose de positif, vous trouvez que ce n’est pas bien. À chaque fois qu’il y a une progression, vous trouvez que ce n’est pas assez. Au final, c’est un peu nous entretenir dans une certaine sinistrose que de constater que, même quand il y a des plus, vous considérez que ce sont des moins.

En tout cas, c’est ce que je retiens de votre intervention. Je n’ai pas bien compris votre histoire de « vieille peau » ni de « reptile ». Je n’ai pas la même connaissance que vous certainement de cette catégorie de la nature. Vous avez bien dit « continuer ensemble » et c’est effectivement le choix fait par les Polynésiens. Merci de l’avoir rappelé.

21 (SA 3 : 21.06.2018)

Je pense que lorsque vous avez parlé « d’armada, de canines et de horde de ministres », vous deviez faire référence au débat sur le budget, mais pas sur celui du compte administratif. Débat auquel vous n’avez pas assisté quasiment où, effectivement, nous étions tous venus au complet et je crois que vous étiez retenu pour une réunion ailleurs. Donc, de cette frustration est née finalement une réadaptation du dispositif mis en place pour pouvoir répondre à votre question puisque lorsque nous étions tous là pour le budget, vous ne veniez pas. C’est un peu regrettable, mais ça n’est pas pour ça — je vous rassure — que nous n’avons pas pu venir, j’ai dû me rendre à Paris pour accompagner le Président, mais nous avons envoyé les meilleurs techniciens sur le sujet et nous sommes là pour répondre à vos questions.

Qualifier le gouvernement, d’une horde de ministres — pardonnez-moi, je pense que c’était le trait d’humour, certainement, que vous avez voulu mettre ce matin — mais quand les ministres viennent, vous ne venez pas non plus. Donc, je pense que votre introduction se voulait très certainement à dessein critique mais permettez-moi de réagir en regrettant ces propos. Nous sommes sur l’examen sérieux du compte administratif, nous vous avons envoyé les équipes pour y répondre et si j’avais été sur le territoire, je serai bien sûr venu. Je n’ai jamais, pour ma part, fait la politique de la chaise vide. Et malheureusement, j’ai trop constaté souvent que vous n’étiez pas là, Monsieur Geros.

Si on en vient au sujet qui est quand même celui qui nous intéresse aujourd’hui, je vous avoue effectivement, je ne comprends pas… Si je comprends que lorsque l’on est dans l’opposition on ne peut pas dire que ça va mieux. C’est difficile de reconnaître qu’il y a une bonne gestion. C’est difficile de reconnaître que les indicateurs sont positifs. Personne dans la majorité, et y compris pendant le débat électoral, n’a fait de triomphalisme. Personne n’a dit que tous les problèmes de la Polynésie étaient réglés. Personne n’a dit que qu’il n’y avait plus de chômage en Polynésie. Ne nous faites pas dire ce que nous n’avons jamais dit. Nous avons dit que ça va mieux, que la pirogue déjauge, que l’on peut à nouveau se re-projeter dans une dynamique de création d’emplois. On n’a pas dit que tous les problèmes sont résolus. Mais, il faut bien démarrer. Il faut bien faire repartir la machine économique.

Dois-je vous rappeler, puisque vous faites référence à la faible performance — selon vous — de 23,500 milliards d’injections au titre de l’investissement public l’année dernière, qu’en 2012, c’était 12 milliards lorsque vous étiez aux affaires ? Dois-je vous rappeler la quasi faillite du pays à ce moment-là ? Donc, le fait que les indicateurs soient meilleurs ne veut pas dire que tout soit réglé, c’est simplement qu’il a fallu mobiliser l’ensemble des forces vives, l’ensemble des agents économiques, la population, effectivement, au travers du redressement des finances publiques. Je crois que personne dans cette assemblée ne peut dire le contraire, c’est qu’aujourd’hui les finances publiques sont rétablies et le développement économique revient. Ça ne veut pas dire, encore une fois, qu’il n’y a plus de problèmes dans le pays et qu’il n’y a plus de chômage. Personne ne l’affirme.

Vous parlez du marché du travail et de la précarité. Bien entendu, nous ne sommes pas insensibles, nous n’avons pas prétendu avoir tout réglé encore une fois. Néanmoins les chiffres sont là, +2,6, vous l’avez souligné, l’année dernière, je crois encore plus +2,8 depuis le début de l’année. Les secteurs de l’hôtellerie, de la construction, de la restauration. Ce ne sont pas que les services administratifs. Ce sont nos secteurs porteurs liés au tourisme, effectivement, liés à la pêche, liés aux exportations de perles qui ont repris du poil de la bête. Les indicateurs économiques sont meilleurs effectivement, mais nous n’avons pas tout résolu.

Alors, sans partir sur le débat que vous tentez de lancer sur le Vanuatu, je m’interroge simplement parce que vous avez l’air de prétendre qu’ils ont recouru à la main d’œuvre étrangère parce qu’il n’y a plus de chômage au Vanuatu. Je vous invite à vous renseigner. Je ne crois pas. Je crois qu’il y a beaucoup de chômage au Vanuatu, Monsieur Geros, mais vous devez être plus spécialiste que moi du Vanuatu pour pouvoir en parler.

Sur le projet du Village Tahitien, il est aujourd’hui en cours de préparation comme ça a été annoncé devant les électeurs polynésiens. Prochainement, nous devrons certainement, avec le Président, concrétiser au travers d’une signature importante qui va avoir lieu avec nos investisseurs et cousins maoris. 22 (SA 3 : 21.06.2018)

Vous parlez du projet de Hao en parlant du « CAE de Hao ». Je reconnais, là, vos traits d’humour qui, malheureusement, enlèvent le sérieux qui entoure la préparation de ce projet de Hao qui est un projet important. Mais, je tiens à répondre, même si ce n’est pas tout à fait l’exercice qui nous est demandé- là, dans le cadre du compte administratif. Vous avez l’air, et c’est une affirmation qui a été renouvelée plusieurs fois, de dire que ça n’est que 32 milliards face aux 150 milliards. Permettez-moi de vous répondre que c’est 32 milliards par rapport au zéro. Parce que je ne sais pas vos parfaites références à votre expérience de 2012 en disant : vous y avez cru et c’était 150 milliards, si j’ai bien suivi votre réflexion. Non, c’était zéro. Les 32 milliards, c’est le premier déblocage, c’est la première phase du projet de Monsieur Wong Chen. Avant, c’était zéro.

Donc, arrêtons de comparer les annonces, faites par vous ou par d’autres, aux concrétisations qui présentées par le gouvernement. Cela ne veut pas dire que le projet est revu à la baisse, cela veut dire qu’une première phase de 32 milliards va se faire.

Nous l’avons annoncé à chaque reprise, ce projet va être déployé progressivement avec une mesure et une vérification sans aucune dérogation possible de la protection de l’environnement et de la préservation de nos ressources.

Commençons par cette première tranche de 32 milliards déployons. Laissons Monsieur Wong Chen mettre en place son infrastructure logistique et, ensuite, suivront les phases successives de développement du projet qui, nous le souhaitons tous, atteindront la centaine de milliards. Mais vous ne pouvez pas dire que 32 milliards c’est nul ou que c’est rien. Cela va créer de l’activité à Hao, aux Tuamotu, et nous l’espérons, qui permettra également globalement à la Polynésie française de bénéficier d’un regain économique supplémentaire. Et c’est ce à quoi nous nous employons, effectivement.

Donc, voilà, Monsieur Geros, ne soyons pas trop négationniste, c’était mon message de ce matin aussi, en réponse à votre intervention. Je comprends que, vu de l’opposition, ce n’est peut-être pas agréable de constater qu’il y a une bonne gestion des finances publiques et que les indicateurs vont vers le mieux. Mais, encore une fois, il ne s’agit pas de faire de triomphalisme de notre part. Nous sommes conscients que les problèmes sociaux, en particulier dans le pays, sont encore forts et nombreux et nous avons, effectivement, pour priorité de nous y atteler.

Mais, nous sommes, là, dans le cadre de l’exercice du compte administratif. Permettez-moi de vous dire que si ces résultats financiers n’étaient pas ceux-là, nous aurions encore beaucoup plus de difficultés à pouvoir envisager de répondre à l’urgence que vous pointez du doigt ce matin.

Merci à Monsieur Salmon pour son intervention qui, d’ailleurs, a commencé par reconnaitre le redressement indéniable des comptes publics ; ce qui ne tombe pas effectivement dans le négationnisme que j’ai pu noter par ailleurs.

Et même si Monsieur Salmon, effectivement, fait référence au CAE et à cet aspect conjoncturel du CAE venant, à un moment donné, vous l’avez dit, gonfler le pouvoir d’achat de manière artificielle. Bon, nous le savons tous, le CAE est aussi une mesure d’amortisseur social et, effectivement, consiste à procéder à de la redistribution pendant cette période de crise et de permettre, en échange d’une activité, le maintien en situation d’employabilité, parce que c’est toute la difficulté de l’exercice, le temps que la création d’emploi soit suffisamment au rendez-vous, une partie de notre population.

Et bien, évidemment, vous avez raison d’en parler, nous le reconnaissons, les indemnités qui sont versées dans le CAE se retrouvent dans le circuit de la consommation. Puisque, nous le savons tous, et la pyramide de Maslow peut nous le rappeler, il y a satisfaction d’abord des besoins fondamentaux et, donc, sur des bas revenus, essentiellement, c’est le besoin alimentaire, se loger, se vêtir, donc de la consommation qui est, effectivement, est réinjecté dans l’économie.

23 (SA 3 : 21.06.2018)

Mais c’est en ce sens aussi que nous avons fait en sorte, en mobilisant toutes les ressources financières à notre disposition, que le circuit économique puisse être alimenté et qu’il reste en Polynésie française de manière à faire en sorte que cette redistribution soit optimisée sur le plan de la population, et en particulier auprès de la population en difficulté.

Alors, c’est vrai, et c’est de bonne guerre, vous le dites, il n’y a pas de projet de société qui sort du compte administratif 2017. Vous avez raison. Mais, en année pré-électorale, nous aurions prévu un projet de société dans le budget 2017, vous nous auriez peut-être trouvé un peu présomptueux ou alors vous auriez imaginé que nous aurions pu finalement anticiper, avec une liaison divine particulière, les résultats des élections de 2018, ce à quoi nous n’avions pas la prétention de nous prêter.

Donc, l’année 2017 a été la poursuite après 2016 du déploiement du plan de relance économique et nous l’avions dit à l’époque, vous n’étiez pas effectivement dans notre enceinte, c’était un plan de relance économique qui était opéré dans le laps de temps qui était imparti au gouvernement, eu égard à la fin de la mandature, l’idée étant de déjauger la pirogue et pour permettre à la majorité, et à l’époque nous le disions, quelle qu’elle soit, maintenant nous en avons la responsabilité, de bénéficier finalement de ce regain économique pour, maintenant, disposer des leviers et des moyens financiers pour pouvoir nous projeter au moins sur les cinq ans qui viennent.

Et j’ai envie de vous donner rendez-vous, même si vous allez dire que je reporte le sujet, mais cela va être toute la difficulté et toute la responsabilité que nous aurons à relever pendant l’examen du budget 2019 et des budgets suivants parce que, là où vous avez raison, maintenant que la majorité de la population a choisi le TAPURA HUIRAATIRA, nous sommes en mesure de nous projeter davantage et de proposer de manière beaucoup plus structurée, au-delà de la relance, la reconstruction, la reconsolidation ou peut-être la réorientation de notre modèle économique et social. En tous cas, cela fera partie de nos débats certainement à venir dans le débat d’orientation budgétaire et la préparation du budget 2019 et suivants.

J’ai bien noté l’empreinte sociale, j’ai envie de dire quasi-salariale, de votre intervention, c’est-à-dire que votre collègue Monsieur Frebault aurait peut-être pu faire la fin de votre discours, puisque vous parlez du remboursement de la CPS, vous parlez effectivement des maladies radio-induites,… Enfin, on est venu parler de pleins d’autres sujets qui, je sais, étaient chers dans les discussions que nous tenions dans d’autres enceintes avec nos amis des syndicats de salariés. Je renverrai peut-être ces sujets aux débats que nous aurons prochainement sur ces thèmes-là dans la mesure où le Président, de retour de Paris, aura aussi certainement des informations à délivrer à la population et à notre assemblée puisque un certain nombre de ces thématiques ont été évoquées à Paris.

Néanmoins, vous avez fait référence aux chiffres de la CPS et du FADES. Je me permets simplement de venir regretter un terme que vous avez utilisé qui, je sais, est cher à Monsieur Frebault. J’interpelle Monsieur Frebault qui, le pauvre, n’a pas pris la parole mais c’est parce qu’il est juste derrière vous et il est aussi cher à mon cœur, donc il me fallait faire référence à lui. Vous parlez de remboursement des 9 milliards du FADES. Cela n’est pas un remboursement. Nous participons, nous prenons en charge les déficits enregistrés à la CPS. Le remboursement voudrait dire que le Pays a pris dans la caisse, et cela a été le propos des syndicats de salariés pendant la grève. Le Pays n’a pas pris dans la caisse. Il y a des déficits qui ont été constatés et, sous le gouvernement de Gaston Tong Sang, le Pays a accepté de les prendre en charge. Et c’est cela le FADES. Ces 800 millions sont attribués chaque année pour venir prendre en charge ce déficit. Je tenais à préciser cet élément parce que nous ne sommes pas dans le cadre d’un remboursement. Remboursement c’est, quand on a pris, il faut ramener, en tout cas on m’a éduqué comme cela. Mais, quand on vient prendre à la place d’autres, la charge qui a été constatée, il s’agit donc d’une prise en charge, une participation et c’est ce que le Pays a accepté de faire.

Je sais que, à l’époque, certains auraient souhaité que ce soit pris en charge d’un coup. Le choix a été fait d’une prise en charge de 800 millions par an, ce qui est quand même une somme importante, parce que nous devons aussi assumer d’autres responsabilités au titre de la collectivité et il n’y a jamais eu 24 (SA 3 : 21.06.2018) de problème sur le plan de remboursement… — vous voyez, même moi, je tombe dans le piège — sur le plan de prise en charge qui a été arrêté. Donc, nous n’avons jamais failli à la parole qui a été donnée, et ces 800 millions sont versés annuellement.

Madame la présidente, merci en tout cas pour cette discussion générale. Merci à notre majorité, à nos représentants de constater, avec nous, que la situation va mieux. Encore une fois, il n’y a pas de triomphalisme. Nous savons que notre pays fait face encore à de graves difficultés, qu’il y a beaucoup, beaucoup de demandeurs d’emploi qui attendent effectivement que les fruits de la croissance soient encore meilleurs. Je rappelle simplement que, au début de la mandature précédente, nous étions en situation de destruction annuelle d’emploi de près de 1 500 emplois par an ; la tendance a été inversée à l’équilibre en moins, en 2015 et est redevenue positive sur les exercices 2016 et 2017 puisque nous sommes à plus de 1 600 emplois créés en net en 2017. Je n’ose pas imaginer, si cette tendance n’avait pas été inversée, la situation aujourd’hui de la précarité des Polynésiens et du marché du travail.

Donc, effectivement, tout n’est pas résolu, Monsieur Geros. Mais j’ai envie de vous dire que c’est pour cela que nous sommes là, c’est pour faire encore mieux.

Et néanmoins, nous ne pouvons pas dire que la situation ne s’est pas améliorée et c’est bien l’objectif de la démonstration de ce jour qui, au-delà de la démonstration, je crois, dois appeler à une satisfaction de constater que, maintenant, les moyens financiers sont rétablis pour pouvoir, peut-être de manière encore plus ciblée et de manière encore plus rapide, intervenir en faveur de ceux qui en ont le plus besoin. Merci.

La présidente : Merci, Monsieur le vice-président.

Nous passons à l’examen de la première délibération.

Article 1er.-

La présidente : La discussion est ouverte sur l’article 1.

Oui, Monsieur Geros.

M. Antony Geros : Merci, Madame la présidente, ainsi que Monsieur le vice-président des réponses qui ont été apportées. Permettez-moi de rebondir en tahitien parce que, n’ayant pas saisi le sens de mes propos, vous vous êtes quelque peu égaré dans vos réponses.

En fait, je ne cherchais pas du tout à discréditer les chiffres qui se sont dégagés des prévisions budgétaires de l’année passée. Je vous disais simplement que, au jour d’aujourd’hui, au lieu de nous arrêter aux dernières années, il nous faut revenir à la première année où nous avons tous œuvré, c’est-à-dire en 2004. Et si nous commençons par là, cela signifie que les propos de Monsieur Frebault auxquels vous faites allusion (NDT, Monsieur le vice-président) sont également à prendre en compte parce que, cette année-là, la situation de la Caisse de prévoyance sociale était déjà critique. C’est des années après qu’il y a eu des manœuvres aussi bien de votre côté que du nôtre… C’est bien cela ?... Qu’est-ce que j’aime m’exprimer en tahitien ! Nous sommes bien sur la même longueur d’onde.

À notre retour aux affaires du pays en 2005, notre priorité a été de résoudre la situation critique de la Caisse. C’est ainsi que nous avons lancé le projet Te Autaeaera'a qui vous a tant mis en rogne. Et, juste avant d’être une nouvelle fois renversés — et là, j’avoue que je ne sais pas vraiment si c’était à cause d’un cyclone ou si c’était prémédité —, nous avions pu en tant que gouvernants de ce pays, et pas en tant que membres de l’UPLD, nous mettre d’accord avec les représentants des organismes syndicaux sur les termes d’un accord. Il y a eu un premier accord, mais cela s’est mal passé à cause des revendications politiques des uns et des autres qui ont pris le dessus. Ah oui, d’ailleurs, certains maires, ici présents, étaient là pour allumer le feu. Puis, quelques semaines plus tard, il y a eu un 25 (SA 3 : 21.06.2018) second accord. Juste quelques semaines après ! Pour vous dire combien la position politique des uns et des autres avait pris le dessus.

Et dans cet accord, le gouvernement, et pas l’UPLD, avait accepté d’alléger les charges des salariés en assumant sa part de responsabilité, et ce, à partir de 2007. Mais nous avons été renversés. Et donc, ceux qui nous ont succédés avaient une position différente de la nôtre. Et, sans comprendre les termes de l’accord que nous avions mis en place, ils ont pris leur décision. Et nous sommes là, aujourd’hui, à accuser les uns et les autres en disant qu’on aurait dû faire comme ceci et comme cela.

Voilà comment cela s’est passé. Ceci pour vous dire que soit cela nous concerne tous, soit vous êtes les seuls concernés, mais une chose est sûre, c’est à nous tous de trouver une solution pour résoudre cette situation.

C’est la première réponse que je souhaitais apporter.

Deuxièmement, quand on regarde la situation de notre pays en 2011, l’année où, selon vous (NDT, Monsieur le vice-président) le pays était dans une situation dramatique, savez-vous qu’avant le renversement de gouvernement qui a eu lieu le 1er avril — et ce n’était pas un poisson d’avril —, les représentants de l’État français avaient déjà fait le nécessaire, en modifiant sa loi électorale, pour que l’on ne parle plus d’indépendance dans cette enceinte ?... Si ! Et vous le savez également puisque nous étions là de 2010 à avril 2011. Et ce projet de loi avait été envoyé en France alors que nous nous y étions tous opposés parce que nous savions, vous de votre côté et nous du nôtre, qu’il n’est pas adapté à notre situation. Et qu’ont fait les dirigeants de l’État français ? Ils n’ont même pas tenu compte de notre avis et ont pris leur décision. Résultat des courses, vous pouvez compter combien nous sommes aujourd’hui au sein de l’opposition à prôner l’indépendance de notre pays. C’est à cause de cette manœuvre des dirigeants de l’État français, sans compter le fait qu’ils ont cherché à nous étrangler, les indépendantistes que nous sommes, alors que nous étions aux responsabilités du pays.

Vous vous rappelez de la fois où ils nous ont interdit de nous tourner vers leur organisme financier pour demander un prêt et, ainsi, pouvoir soutenir nos entreprises en difficulté par le biais des commandes publiques ? Et vous savez tous que, sans les commandes publiques, c’est la faillite pour le pays. C’est la solution, en fait, qui vient guérir les maux, à l’instar de l’Aspro ou du Doliprane que le médecin prescrit pour faire tomber la fièvre. C’est exactement ce qui se passe chez nous.

Et puisque le peuple a pris sa décision en vous choisissant pour gouverner le pays, ce que nous respectons, n’est-il pas temps aujourd’hui d’œuvrer ensemble pour redresser la situation de notre pays ? Mais, ce n’est pas en allant chercher l’aide de la France que nous pourrons redresser la situation de notre pays parce que, quand cette aide ne sera plus, tout s’effondrera.

La présidente : Monsieur Geros, vous avez dépassé vos cinq minutes.

M. Antony Geros : Merci, Madame la présidente adorée.

La présidente : À l’article 32… Revenez sur la discussion sur l’article 1.

M. Antony Geros : Je vais conclure mon intervention parce que, quand même, le vice-président est longuement intervenu sur les remarques que j’avais formulées. Il est donc tout à fait normal, vu le soutien que nous apportons…

La présidente : Merci de revenir sur l’article premier.

M. Antony Geros : … au gouvernement, que je me fasse comprendre.

Donc, Monsieur le vice-président, si, à cette époque-là, la situation économique de notre pays était critique, ce n’était pas à cause de nous (NDT, inclusif), ni des gouvernants de ce pays, ni des membres 26 (SA 3 : 21.06.2018) de l’opposition, à savoir vous à l’époque, mais à cause des représentants de l’État français qui ne supportaient pas qu’un indépendantiste dirige les affaires de leur colonie. C’est cela la source de nos problèmes.

C’est le seul point que vous devez retenir (NDT, Monsieur le vice-président) Je suis persuadé qu’un jour, et cela ne saurait tarder… Bon, je n’ai pas de boule de cristal comme Bouissou pour prédire l’avenir, mais je sais qu’un jour, nous allons nous rejoindre, Monsieur le vice-président.

Tenez, Bouissou retire ses lunettes. Il a compris que nous nous rejoignons.

Merci.

La présidente : Merci.

Madame la représentante.

Mme Teura Iriti : Merci, Madame la présidente. Monsieur le vice-président, Mesdames Messieurs les ministres, à tous, bonjour.

Merci des réponses qui ont été apportées.

Concernant le compte administratif, effectivement, nous pouvons féliciter les uns et les autres pour le travail que nous avons tous réalisé, même si je ne sais pas si A TI'A PORINETIA, à l’époque, avait voté favorablement l’augmentation de la fiscalité. Je dis merci parce que, au jour d’aujourd’hui, nous récoltons les fruits de ce travail.

Mais, pour notre part, ce sont plutôt les dépenses qui ont été effectuées l’année passée qui retiennent notre attention parce que nous avons remarqué que de nombreuses aides ont été octroyées. Je ne dis pas que ce n’est pas bien pour les associations, les sociétés et autres, c’est juste que nous nous interrogeons sur la distribution de ces aides. C’est le premier point.

Deuxièmement, certains disent qu’il y a eu des élections l’année dernière puis cette année… Bon, même si certains ne veulent pas en parler, je vais quand même soulever ce point. À l’assemblée, nous avons reçu des demandes d’aide. Et pour ce qui nous concerne, nous trouvons que beaucoup d’aides ont été attribuées aux associations et…, pour moi, c’est du… gaspillage. Bon, n’allez pas non plus dire ce que je n’ai pas dit ! Je dis cela parce que, ce que nous souhaitons tous, c’est que cet argent que nous avons récolté puisse être utilisé au mieux, c’est-à-dire qu’il doit permettre la création d’emplois. Certes, en distribuant des aides on favorise la consommation des ménages, c’est d’ailleurs un point positif que l’on retient du compte ; mais ce que nous voulons c’est créer des emplois durables, d’où les grands projets. Je ne me répèterai jamais assez.

Donc, par rapport à ce compte administratif, nous disons que notre argent n’a pas été utilisé à bon escient, même si cela a bénéficié à des associations, entre autres.

Aussi, ce que nous attendons, et nous avons bien entendu la réponse du vice-président, c’est que dans les années à venir l’on puisse utiliser les deniers publics pour créer des emplois pérennes.

Merci.

La présidente : Merci.

Monsieur Frebault, vous voulez intervenir ?

M. Angélo Frebault : Merci, Madame la vice-présidente. Bonjour, le vice-président.

27 (SA 3 : 21.06.2018)

Je vois qu’il y a eu mon nom qui a été énoncé dans les échanges, mais je rappelle bien au gouvernement que le remboursement, c’est bien le remboursement du FADES qui a été entrepris depuis quelques années. Je pense qu’il reste actuellement moins de 9 milliards à rembourser. Je précise bien, c’est bien un remboursement. Vous n’étiez pas les premiers à rembourser. Il y a eu le gouvernement d’Oscar Temaru à l’époque, il y a eu un protocole signé avec eux, qui est différent du votre.

Donc, c’est simplement pour bien préciser le protocole d’accord qu’on a signé avec le Président, c’est bien pour rembourser sur une durée de 10 ans.

Merci.

La présidente : Merci. Plus de discussions ?...

Nous passons au vote de l’article 1. Qui est pour ?...

M. Luc Faatau : Je tiens à réagir brièvement à l’intervention du Tahoeraa Huiraatira concernant les subventions aux associations.

Je suis offusqué d’entendre que attribuer des subventions aux associations c’est du gaspillage. Ce genre de propos m’inquiète parce que nous savons très bien que les associations jouent un rôle important dans notre pays, et ce, quel que soit leur objet social, que ce soit par rapport au sport, à l’école, aux confessions religieuses, à la jeunesse. Je tiens à dire aux uns et aux autres que c’est grâce à elles si le Pays arrive à assumer sa responsabilité notamment pour ce qui concerne la prise en charge de la jeunesse et des personnes âgées. Et si des subventions leur sont octroyées, cela signifie que le pays se porte bien car, si le Pays n’avait pas d’argent, il n’aurait pas pu attribuer des aides aux associations. Cela signifie tout simplement que notre situation économique s’améliore. Mais attention, ce n’est pas de l’argent gaspillé. Ce dont je suis sûr, c’est que, certes, beaucoup d’associations ont été aidées, mais les subventions qu’elles ont reçues sont beaucoup moins importantes que ce qui avait été octroyé dans le temps. Aujourd’hui, les dossiers de demande de subvention des associations sont parfaitement examinés.

Je parle en connaissance de cause puisque je suis président d’une association. Donc, je ne suis pas d’accord que l’on dévalorise ainsi les associations.

Merci de votre attention.

La présidente : Merci. Monsieur le Vice-président, vous avez la parole.

M. Teva Rohfritsch : Merci, Madame la présidente. Simplement quelques éléments de réponse aux questions émises par les uns et les autres.

Tout d’abord, je tiens à dire à notre ami Geros qu’il a eu raison de préciser sa pensée en tahitien parce que cela m’a permis de comprendre combien il est en colère après l’État français.

La seule chose que je vous demande, mon cher ami, c’est de partager avec nous quelques-unes de vos compétences pour pouvoir, comme cela a été votre cas, demander de l’argent sans avoir à rembourser par la suite. Car, sauf erreur de ma part, l’État français vous avait donné six milliards alors que vous étiez aux affaires du pays. Six milliards non remboursables ! Parce que quand, nous, nous demandons de l’aide, nous sommes obligés de rembourser. Même si vous êtes en colère contre l’État français, il se trouve que nous avons été aidés, que la Polynésie française a été aidée. Ceci pour vous dire simplement que nous devons faire attention à ce que l’on dit.

Nous respectons votre combat pour l’indépendance mais, pour notre part, nous considérons que notre pays est déjà autonome. Certes, peut-être pas comme vous, vous le souhaitez, mais aujourd’hui, nous 28 (SA 3 : 21.06.2018) avons les compétences et c’est à nous de les mettre en œuvre. Je ne tiens pas à m’étendre sur ce point, mais quand vous parlez de l’État français, de la loi électorale, de l’aide apportée par l’État français, et que vous mélangez tout cela pour dire que l’État français est la source de nos problèmes, je pense que nous devons bien réfléchir avant de parler. En début de mandat, lors de nos débats sur des projets de texte, vous disiez que l’État français se moque de nous. Pour notre part, ce n’est pas notre position. Nous nous sommes nous-mêmes ridiculisés. Nous avons nous-mêmes été à l’origine du renversement de plusieurs gouvernements successifs auxquels nous avons participé, et ce, pendant 10 ans. N’accusons pas les autres parce que c’est nous-mêmes qui nous mettons les bâtons dans les roues.

Merci d’avoir conclu votre intervention en proposant de travailler ensemble parce que c’est justement le message du Président Edouard Fritch. Donc, travaillons ensemble et arrêtons de nous ridiculiser. Laissons l’État français là où il est. Préparons nos projets, nos orientations politiques et allons à leur rencontre, non pas pour quémander de l’argent, mais pour qu’ils nous reconnaissent au sein de la République française, et leur dire : voici nos orientations politiques, voici nos projets, votre participation s’élève à hauteur de combien parce que, nous, nous participons à hauteur de tant. C’est le sens de la politique impulsée par Monsieur Edouard Fritch que nous essayons de mettre en œuvre à ses côtés.

Je remercie Luc pour son intervention. Effectivement, nous ne devons pas dévaloriser le travail réalisé par les associations.

Par ailleurs, Teura a débuté son intervention en disant : il ne semble pas que vous ayez voté l’augmentation de la fiscalité. En effet, à l’époque, nous n’avions pas voté cette augmentation. Ceci étant dit, vous vous trompez (NDT, Madame la représentante) parce que le compte administratif qui est soumis à notre approbation, ce n’est pas ce sur quoi nous devons nous prononcer. Il s’agit plutôt d’approuver le fait que les recettes du Pays ont augmenté alors même qu’il n’y a pas eu d’augmentation de la fiscalité. C’est-à-dire que, grâce à une étude approfondie des différents projets présentés par les associations et autres organismes que nous avons subventionnés, nous avons pu gérer au mieux nos deniers publics. Ce que nous attendons, c’est que le moindre franc dépensé fasse tourner l’économie de notre pays et nous rapporter 10 francs.

Autrement dit, nous n’avons pas aidé les associations comme vous l’avez mentionné. Nous avions prévu des dispositifs d’aide, et vous ne les avez pas votés, pour la création de sociétés, pour nos jeunes qui veulent construire un logement, le logement, le logement social. Nous avons étudié de manière approfondie les lignes budgétaires de sorte que, pour chaque franc injecté dans notre économie, il y ait un retour sur investissement. C’est de cette façon que nous avons pu augmenter les recettes du Pays, et non en ayant augmenté la fiscalité comme vous, vous avez fait à votre époque. Toute la différence est là.

Telles étaient donc les quelques précisions que je tenais à apporter.

Enfin, et j’en ai déjà parlé, si les grands projets n’ont pas encore démarré c’est parce que nous voulons préparer au mieux notre économie, préparer les entreprises à être réactives et à saisir les opportunités pour pouvoir créer de l’emploi en faveur de notre jeunesse. C’est comme quand on doit accueillir un invité chez soi, il est important de préparer sa maison avant. Aujourd’hui, il se trouve que le pays est prêt. Et c’est ce qu’a fait le TAPURA HUIRAATIRA.

Je vous remercie.

La présidente : Merci. Nous passons …

Mme Teura Iriti : S’il vous plait, Madame la présidente ! Je serai brève.

La présidente : Soyez brève !

29 (SA 3 : 21.06.2018)

Mme Teura Iriti : Merci, Monsieur le vice-président, des éléments de réponse que vous avez apportés, mais je tiens à rectifier certains points.

Premièrement, quand bien même aucune nouvelle taxe n’a été instaurée l’année dernière, c’est bien grâce à la décision que nous avions prise en 2013 d’augmenter la fiscalité que nous avons des rentrées d’argent encore aujourd’hui.

Deuxièmement, et je me tourne vers mon collègue représentant, je disais que c’est sur l’utilisation des deniers publics que notre politique diffère de la vôtre. En effet, pour nous, si de nouvelles taxes ont été instaurées cette année-là, c’est parce que nous savions que, pour lancer des projets structurants, il est fondamental d’avoir des emplois pérennes. Pour ce qui vous concerne en revanche, vous avez plutôt proposé des amortisseurs sociaux cette année. Je ne dis pas que ce n’est pas important, mais ce que, nous, nous souhaitons, à terme, c’est de créer des emplois pour ceux qui attendent toujours un emploi.

Et pour ce qui est d’aider les associations, tous, nous l’avons toujours fait pendant longtemps. Nous relevons juste le fait que cela a été une priorité du gouvernement l’année passée. Voilà tout.

Merci.

La présidente : Nous passons au vote de l’article 1. Qui est pour ?... 40 voix pour. Qui est contre ?... 9 voix contre. Qui s’abstient ?... 8 abstentions.

Article 2.-

La présidente : La discussion est ouverte.

Monsieur Oscar Temaru.

M. Oscar Temaru : Madame la présidente, bonjour. Je suis vraiment ravi de vous voir présider notre séance et j’espère que resterez là jusqu’à la fin du mandat.

Bonjour aux membres du gouvernement, aux collègues élus, aux maires et au public.

Permettez-moi de poser une question à l’ensemble de la représentation. Avec un pays qui est aussi grand que l’Europe, de 5 millions de km2, c’est tout ce qu’il représente ? C’est tout ?! C’est à croire que vous ne voyez rien et que vous n’entendez rien. Ce sont les seules recettes que nous avons ?! Une fois que notre pays sera indépendant, ce sera multiplié par 1 000. Au lieu de 150 milliards, nous atteindrons 150 millions de milliards ! Comment ? En faisant un lavage de cerveau.

Je vous remercie.

La présidente : Merci.

Je mets aux voix l’article 2. Qui est pour ?... Même vote ?... Même vote.

Article 3.-

La présidente : La discussion est ouverte. Pas d’intervention ?...

Je mets au vote l’article 3. Même vote ?... Merci.

Article 4.-

La présidente : Même vote.

30 (SA 3 : 21.06.2018)

Article 5.-

La présidente : Même vote.

Article 6.-

La présidente : Même vote.

Sur l’ensemble de la délibération, même vote ?... Même vote. Merci.

Nous passons à l’examen de la deuxième délibération.

La discussion est ouverte sur l’article 1.

Article 1er.-

La présidente : Même vote ?... Même vote.

Article 2.-

La présidente : Même vote.

Sur l’ensemble de la délibération, même vote ?... Même vote. Merci.

RAPPORT No 71-2018 RELATIF À UN PROJET DE DÉLIBÉRATION APPROUVANT LE COMPTE ADMINISTRATIF DE LA POLYNÉSIE FRANÇAISE ET CONSTATANT LA CONCORDANCE DES RÉSULTATS AVEC LE COMPTE DE GESTION POUR L’ANNÉE 2017 (COMPTES SPECIAUX) (Cf. annexe) Présenté par M. Luc Faatau.

RAPPORT No 72-2018 RELATIF À UN PROJET DE DÉLIBÉRATION PORTANT AFFECTATION ET REPRISE DU RÉSULTAT CUMULÉ DE LA SECTION DE FONCTIONNEMENT DES COMPTES SPÉCIAUX DE L’EXERCICE 2017 (Cf. annexe) Présenté par M. Antonio Perez.

RAPPORT No 73-2018 RELATIF À UN PROJET DE DÉLIBÉRATION PORTANT MODIFICATION No 1 DU BUDGET DES COMPTES SPÉCIAUX FORMALISANT LE REPORT DES CRÉDITS DE PAIEMENT SUR LA GESTION 2018 (Cf. annexe) Présenté par M. Marcelin Lisan.

La présidente : Nous passons au rapport no 71-2018 relatif à un projet de délibération approuvant le compte administratif de la Polynésie française et constatant la concordance des résultats avec le compte de gestion pour l’année 2017 (comptes spéciaux), puis le rapport no 72-2018 relatif à un projet de délibération portant affectation et reprise du résultat cumulé de la section de fonctionnement des comptes spéciaux de l’exercice 2017, et le rapport no 73-2018 relatif à un projet de délibération portant modification no 1 du budget des comptes spéciaux formalisant le report des crédits de paiement sur la gestion 2018.

Je demande au gouvernement d’exposer l’économie générale des trois projets de délibération. Merci. Non ?...

Je demande a rapporteur, Monsieur Luc Faatau, puis viendra Antonio Perez pour le deuxième et Marcelin Lisan pour le troisième rapport… Merci.

31 (SA 3 : 21.06.2018)

M. Luc Faatau : Je vous propose de faire une présentation synthétique de ce projet de délibération approuvant le compte administratif de la Polynésie française et constatant la concordance des résultats avec le compte de gestion pour l’année 2017.

Les comptes spéciaux sont aujourd’hui au nombre de sept :

 le FRPH, créé afin d’éviter les fluctuations brutales des prix des hydrocarbures destinés à la consommation intérieure ;

 le FPPH, créé afin de favoriser le désenclavement des îles autres que Tahiti par l’uniformisation du prix de certains hydrocarbures ;

 le FIPTH, créé pour financer les dépenses liées à l’insertion professionnelle des travailleurs handicapés ;

 le FADES, qui a pour finalité l’apurement du déficit cumulé au 31 décembre 2010 de la branche maladie du RGS arrêté à 14,769 milliards F CFP ;

 le FDTC, qui finance notamment des opérations d’aménagement en lien avec la croisière ;

 le FELP, créé afin de favoriser l’accès à l’emploi et assurer le financement du RSPF ;

 enfin, le FIGD, qui a pour objet de prémunir les bailleurs de fonds de toute défaillance de la Polynésie française relative au remboursement de l’annuité de sa dette.

Le projet de délibération qui nous est soumis présente les réalisations en recettes et en dépenses de l’exercice 2017, ainsi que le solde de clôture, par section budgétaire, de chacun de ces sept comptes.

Pour l’exercice 2017, le compte administratif des comptes spéciaux est à nouveau présenté en parfaite concordance avec le compte de gestion de la Paierie.

Lors de sa réunion du 14 juin dernier, la commission de l’économie, des finances, du budget et de la fonction publique a pu examiner notamment les points suivants :

 la consommation des crédits inscrits au FDTC, inférieure aux prévisions, en raison notamment de difficultés administratives rencontrées sur le terrain, de difficultés foncières, qui retardent l’exécution des opérations programmées ;

 l’absorption par le FRPH des augmentations du cours du baril de pétrole au niveau mondial, afin d’éviter les fluctuations du prix à la pompe localement ;

 le système de péréquation prévu afin de soutenir, en matière de carburant, divers secteurs d’activité, comme les pêcheurs, les perliculteurs, les transports en commun, les transports scolaires notamment.

À l’issue des débats, le projet de délibération approuvant le compte administratif de la Polynésie française et constatant la concordance des résultats avec le compte de gestion pour l’année 2017 (comptes spéciaux) a recueilli un vote favorable des membres de la commission.

En conséquence, la commission de l’économie, des finances, du budget et de la fonction publique propose à l’assemblée de la Polynésie française d’adopter le projet de délibération ci-joint.

La présidente : Merci.

Le deuxième rapporteur, Monsieur Antonio Perez. 32 (SA 3 : 21.06.2018)

M. Antonio Perez : Madame la présidente, par lettre no 3622/PR du 6 juin 2018, le Président de la Polynésie française a transmis aux fins d’examen par l’assemblée de la Polynésie française un projet de délibération portant affectation et reprise du résultat cumulé de la section de fonctionnement des comptes spéciaux de l’exercice 2017.

À la clôture de l’exercice N, le solde cumulé de la section de fonctionnement doit faire l’objet d’une décision d’affectation formelle par l’assemblée de la Polynésie française, immédiatement après le vote du compte d’administratif.

Pour l’année 2017, les résultats de fonctionnement des comptes spéciaux s’établissent comme suit… Je vous laisse le tableau en lecture personnelle.

Pour ce qui concerne le Fonds pour le développement du tourisme de croisière (FDTC), le résultat de fonctionnement cumulé s’élève à 213 millions. Le besoin de financement de la section d’investissement totalisant 70 millions, le solde disponible après affectation s’établit à 143 millions. Cet excédent pourra être repris dans des décisions budgétaires modificatives.

Examiné en commission de l’économie, des finances, du budget et de la fonction publique, lors de sa réunion du 14 juin 2018, le projet de délibération portant affectation et reprise du résultat cumulé de la section de fonctionnement des comptes spéciaux de l’exercice 2017 a recueilli un vote favorable des membres de la commission.

En conséquence, la commission de l’économie, des finances, du budget et de la fonction publique propose à l’assemblée de la Polynésie française d’adopter le projet de délibération ci-joint.

Merci.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

Monsieur Lisan pour le troisième rapport. Merci.

M. Marcelin Lisan : Merci, Madame la présidente.

Troisième rapport sur les crédits de paiement des comptes spéciaux pour la gestion 2018.

C’est un projet de délibération formalisant l’état dressé au 1er mars 2018 relatif au report sur 2018 des reliquats de crédits de paiement en 2017 pour le compte spécial Fonds pour le développement du tourisme de croisière (FDTC).

En dépenses, le reliquat non consommé des crédits de paiement de 2017 pour 2018 s’élève à 189 157 589 F CFP.

Avec ce report, l’enveloppe des crédits de paiement consacrée en 2018 aux programmes d’investissement s’établit au 14 mars 2018 à 314 157 589 F CFP (dont 125 000 000 F CFP inscrits au budget primitif 2018). Et en recettes, les crédits de paiement reportés pour un montant de 189 157 589 F CFP sont financés par l’excédent d’investissement cumulé de 119 157 589 F CFP et par un prélèvement prioritaire sur l’excédent de fonctionnement d’un montant de 70 000 000 F CFP.

En conséquence, la commission de l’économie, des finances, du budget et de la fonction publique propose à l’assemblée de la Polynésie française d’adopter le projet de délibération ci-joint.

Merci.

33 (SA 3 : 21.06.2018)

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

Pour la discussion générale, la conférence des présidents a prévu un temps de parole de 75 minutes répartie comme suit : 50 pour le TAPURA HUIRAATIRA, 14 pour le Tahoeraa huiraatira et 11 pour le Tavini Huiraatira.

Merci.

J’appelle l’intervenant du groupe Tavini Huiraatira à prendre la parole.

M. Antony Geros : Je vous remercie, Madame la Présidente

Nous sommes amenés chaque année à débattre sur ces comptes spéciaux qui nous permettent d’améliorer les conditions de vie de notre population.

La première question que j’aimerais poser au gouvernement concerne la part des recettes fiscales qui sert à alimenter ces comptes. Il me semble qu’en 2016, elle s’élevait à 29 milliards. Pour cet exercice, vu le montant important des recettes fiscales affecté à ce fonds, nous devrions atteindre 32 à 33 milliards pour cette année. Est-ce bien le cas, Monsieur le vice-président ?

Ma deuxième question porte sur le fonds de régulation des prix des hydrocarbures. Lors de la réunion de la commission législative, des observations ont été soulevées et je sais que cela n’a pas permis à l’ensemble des membres de la commission de mieux appréhender ce dossier. En effet, l’ancien vice- président avait parlé de supprimer ce fonds. Et comme vous n’étiez pas là, nous n’avons pas pu vous demander ce qu’il en est de cette suppression. Nous ne pouvions pas non plus interroger les deux collaboratrices qui connaissent très bien les dossiers techniques, certes, mais qui ne maîtrisent pas forcément la politique générale menée par le vice-président. Ce que je veux dire, c’est qu’il est certain aujourd’hui que, dans les changements qui ont été apportés à la convention signée avec la société de distribution de l’électricité dans notre pays, qui était d’ailleurs à l’origine de la création de ce fonds, la politique a changé. Dorénavant, ils fixent eux-mêmes leurs tarifs pour pouvoir supporter les dépenses liées à la bonne distribution de l’électricité dans l’ensemble de notre pays. Ma question est donc la suivante, Monsieur le vice-président, si c’est effectivement le cas… Mais il n’y a aucun doute à ce sujet puisque vous avez signé la convention avec ladite société le 24 décembre 2015. Cela signifie qu’elle est déjà mise en œuvre. La mairesse de Uturoa est-elle informée de cela ? Car, si cette société distribue l’électricité aussi bien ici que dans les îles, et ce, au vu et au su de tous, dans la petite commune de Uturoa, c’est la commune elle-même qui distribue l’électricité. Est-elle donc consciente de la portée de cette décision, à savoir que les consommateurs devront assumer l’augmentation du prix des hydrocarbures nécessaires au fonctionnement de leur centrale électrique ? Telle est donc ma deuxième question, Monsieur le vice-président.

Ensuite, pour développer sur les différents comptes spéciaux, et plus spécialement sur le fonds de péréquation des prix des hydrocarbures (FPPH), sauf erreur de ma part, en 2016, les recettes fiscales affectées à ce fonds étaient d’un peu plus de 1,284 milliards. Et j’ai bien entendu notre ancien ministre Luc affirmé la dernière fois que le budget de ces comptes doit toujours rester en équilibre. Mais, est-ce correct d’adopter cette orientation politique et d’agir ainsi, c’est-à-dire de prélever des recettes fiscales, payées par l’ensemble des contribuables, pour permettre la péréquation tarifaire des hydrocarbures entre les archipels ? J’attends de vous que vous m’expliquiez pourquoi, pour vous, cela est correct. Car nous mettons en œuvre ce mécanisme uniquement dans le domaine des hydrocarbures alors que les habitants des îles ont d’autres dépenses à assumer qui ne rentrent pas dans le cadre de la péréquation. Donc, si telle est la politique du gouvernement, pourquoi se limiter aux hydrocarbures ? Et cela me fait rappeler un ancien représentant qui nous a quittés aujourd’hui, qui n’est donc plus des nôtres, et qui intervenait toujours lorsqu’il était question des archipels. Il avait notamment questionné sur les fameux fûts que ce fonds… En fait, au jour d’aujourd’hui, ceux qui achètent les fûts et qui les font expédier dans les archipels se contrefichent du devenir de ces fûts alors 34 (SA 3 : 21.06.2018) que c’est nous tous qui payons. Donc, que propose le gouvernement pour rapatrier ou pour réutiliser sur place ces fûts que nous payons dans le cadre de la péréquation ?

Concernant le fonds pour l’insertion professionnelle des travailleurs handicapés (FIPTH), jusqu’à cette année encore, c’est un dossier qui m’inquiète. Nous avions pris effectivement la décision d’imposer aux sociétés privées le recrutement de personnes en situation de handicap et il me semble que nous avons créé ce fonds il y a cinq ans de cela. Or, nous avons encore des jeunes en situation de handicap qui ont encore ce problème. Ne pourrions-nous pas demander à nos organismes sociaux de recenser leurs nom, date de naissance et lieu de résidence et, ensuite, de répertorier, grâce aux moyens dont dispose le Pays, les entreprises qui n’appliqueraient pas notre décision ? Car certains chefs d’entreprise préfèrent payer des amendes plutôt que de recruter ces personnes. Or, ce n’est pas la philosophie qui nous a animés à l’époque. Ce que nous voulons, c’est que ces personnes soient embauchées. Et pour ce faire, nous devons faire le nécessaire afin de préparer au mieux l’intégration de nos jeunes en situation de handicap au sein de ces sociétés. Nous ne devons plus accepter que ces sociétés continuent à payer des amendes, même après la troisième ou cinquième année. Cela est inadmissible. Au bout d’un certain temps, des policiers doivent pouvoir intervenir pour les envoyer au cachot. Ce que je veux dire par là c’est que nous devons trouver un autre moyen pour obliger les chefs d’entreprise à embaucher nos enfants en situation de handicap.

Intéressons-nous à présent au FADES, le fonds destiné à… amortir la dette ou bien à renflouer la caisse, je ne sais plus ; mais, par rapport à cela, je laisse le soin à chacun de se positionner. Lors de nos échanges, Monsieur le vice-président, et je sais que c’est votre position également, nous avions convenu, à juste titre, pour résoudre le problème auquel est confrontée la Caisse de prévoyance sociale, d’apporter des modifications quant aux dépenses liées à ce fonds de manière à pouvoir utiliser également ce fonds pour résoudre les divers problèmes rencontrés au niveau de l’ensemble des régimes de la Caisse de prévoyance sociale. Vous comprenez, Monsieur le vice-président ? Car, au jour d’aujourd’hui, seule est concernée la maladie au niveau du régime des salariés. Or, aujourd’hui, nous avons bien compris que le plus gros problème concerne le régime des retraites. Jusque là, nous nous sommes concentrés sur ce petit… bobo que représente la maladie alors que le plus gros souci est juste à côté. Ne pensez-vous pas qu’il serait opportun, comme nous en avons parlé à l’époque, que ce fonds nous permette de résoudre les problèmes au sein de la Caisse de prévoyance sociale ?

Quant au fonds pour le développement du tourisme de croisière (FDTC), il y a énormément de choses à dire. Pour certaines, je les ai déjà soulevées dans mon intervention sur le compte administratif de l’année dernière. Pour l’heure, j’aimerais connaître les raisons pour lesquelles nous n’avons pas pu consommer les crédits qui ont été inscrits et qui vous conduisent à reporter à la gestion 2018 les crédits de paiement non consommés.

J’ai énormément de choses à dire, mais je sais que vous me direz encore, Madame la présidente, que je n’ai droit qu’à cinq minutes. Je vous demanderais d’être tolérante, Madame la Présidente.

Pour ce qui est du fonds pour l’emploi et la lutte contre la pauvreté (FELP)… En tahitien, on traduit souvent le mot pauvreté par « autaea'era'a » (NDT, solidarité), mais je trouve que ce dernier ne correspond pas vraiment puisque ce fonds ne vient pas en aide aux personnes en situation de pauvreté mais aux personnes qui rencontrent des difficultés dans leur vie. Certes, parmi elles, certaines sont dans une situation de pauvreté, mais je ne vois pas ce qui pourrait vraiment les aider. Ceci pour vous rappeler que 50 % des foyers de Tahiti et de Moorea vivent sous le seuil de pauvreté.

Enfin, intéressons nous au fonds d’investissement et de garantie de la dette (FIGD). C’est une question, Monsieur le vice-président. Je sais que, à votre arrivée aux affaires du pays en 2013 — enfin, je ne sais plus trop si c’était vous ou pas —, vous avez contracté un emprunt obligataire dont le remboursement est, à mon sens, trompeur parce que, lorsque vous contractez un tel emprunt et que vous recevez la totalité de la somme d’argent, vous devez verser, annuellement, un intérêt et, en fin de prêt, le capital. D’où ma question sur l’état de nos provisions : a-t-il été prévu de constituer des 35 (SA 3 : 21.06.2018) provisions depuis la signature de l’emprunt obligataire à aujourd’hui et pour les années qu’il reste à rembourser ?

Voilà. Vous voyez, Madame la Présidente ? Il n’y avait pas lieu de s’énerver.

Je vous remercie.

La présidente : Merci.

J’invite l’intervenant du groupe TAPURA HUIRAATIRA à prendre la parole.

M. Antonio Perez : Merci, Madame la présidente. Monsieur le vice-président, Mesdames, Messieurs les ministres, Mesdames, Messieurs les représentants, chers collègues,

L’heure est venue de faire le bilan et de tirer quelques enseignements de l’exécution budgétaire 2017. Elle doit être la traduction fidèle de toutes les actions qui ont été mises en œuvre l’année passée. À l’évidence, il en résulte une grande satisfaction parmi la population, si l’on se réfère aux résultats des dernières élections territoriales, à l’issue desquelles la majorité sortante a reçu mandat de poursuivre dans la même voie.

Ceci étant dit, les urnes ayant parlé, place désormais au travail législatif qui nous a été confié, notamment à l’examen des comptes spéciaux, l’affectation et la reprise du résultat cumulé de la section de fonctionnement ainsi que la modification no 1 du Fonds pour le développement du tourisme de croisière (FDTC). Mon intervention regroupera donc les dossiers nos 71, 72 et 73 qui s’y rapportent.

Rappelons qu’il s’agit de sept enveloppes financières, et non plus huit, depuis l’inspection du Compte d’aide aux victimes des calamités (CAVC), indépendantes du budget général, qui garantissent une transparence accrue dans chacun des domaines d’interventions concernés. Durant l’exercice qui nous intéresse deux comptes spéciaux sur sept ont affichés des dépenses supérieures aux recettes ; ce qui ne constitue pas en soi une difficulté tant ces deux déficits sont aisément absorber après affectation et reprise du résultat cumulé de la section de fonctionnement.

Voyons à présent dans le détail.

Le Fonds de régulation des prix des hydrocarbures (FRPH) a été particulièrement sollicité en 2017 avec une baisse des recettes d’environ 50 %. Rien de surprenant dans un contexte international de renchérissement du prix du baril du pétrole face auquel la Polynésie ne peut que se résoudre. Mais c’est justement toute la raison d’être de ce mécanisme compensatoire qui se vide ou se remplit, permettez-moi l’expression, en fonction du niveau du cours. Toujours est il que, pour l’instant, le gouvernement a fait le choix de maintenir les prix à la pompe, pas seulement pour les automobilistes mais également en soutien de nombreuses professions comme le, comme les pêcheurs, perliculteurs, etc., pour qui le poste carburant est un élément important de leur charge d’exploitation.

Autre fonds spécifique, celui consacré à l’insertion professionnelle, les travailleurs handicapés (FIPTH). Chaque année, nous avons tendance à faire le même constat, à savoir une sous utilisation des crédits. Or, pour 2017, on ne peut que se féliciter d’une hausse des dépenses à hauteur de 15 % par rapport à 2016. Nous sommes sur la bonne voie et les moyens sont présents pour laisser la place aux initiatives avec un solde disponible au 31 décembre 2017 de 242 millions de francs CFP.

Le développement du tourisme de croisière génère également des rentrées d’argent non négligeables qui, au travers des FDTC, sont aussitôt réinvestis en faveur du secteur, soit sous la forme d’infrastructures à quai ou bien d’animations locales. En 2017, les taxes y afférentes ont rapporté 102 millions de francs CFP, en hausse de 14 % par rapport à 2016. 2018 sera très probablement un excellent cru. Le nombre d’escales devrait dépasser le millier, selon les estimations de Tahiti Cruise Club, avec près de 434 000 passagers attendus. D’abord, parce que notre présence renouvelée et 36 (SA 3 : 21.06.2018) assidue aux SeaTrade de Miami commence à porter ses fruits. Ensuite, grâce à l’arrivée de nouvelles compagnies aériennes, comme United Airlines au départ du marché US, et au navire Paul Gauguin qui, après une période d’immobilisation pour carénage, se prépare à réaliser son premier toucher à Vairao le 6 juillet prochain, en espérant de nombreuses retombées pour la Presqu’île de Tahiti.

Aussi les besoins sont énormes pour répondre au mieux aux attentes des compagnies de croisières et de leurs passagers. L’île de Moorea, notamment avec Paopao et Papetoai, a déjà fait l’objet d’investissements prioritaires. L’aménagement du débarcadère de Vairao est en cours, cette opération figure dans l’enveloppe des crédits de paiement 2018. Mais le plus gros défit à relever se trouve sur l’atoll de Fakarava qui recèle un énorme potentiel. Deux sites ont été identifiés, le quai de Rotoava et l’aménagement de la zone de Makarea. Seul bémol, ces deux opérations ont été retardées pour un problème d’indivision ; ce qui explique, en partie, pourquoi les crédits ont été si peu consommés l’an dernier.

La création d’emploi, ainsi que la lutte contre la pauvreté ont été au cœur de la dernière campagne électorale. Plus que jamais et compte tenu d’une aisance budgétaire retrouvée, notre gouvernement est déterminé à faire en sorte de ne laisser personne au bord du chemin. En 2017, l’enveloppe du Fonds pour l’emploi et la lutte contre la pauvreté a représenté près de 35 milliards de francs CFP, dont une grande partie, et nous le savons tous, sert à couvrir les dépenses du régime de solidarité de Polynésie française.

Plus la confiance reviendra dans notre pays, plus les entreprises investiront dans l’avenir et plus ces dernières auront besoin de bras avec un effet d’entraînement mécanique sur la consommation des ménages. C’est vers ce cercle vertueux que s’engage résolument notre gouvernement vers, in fine, moins de ressortissants au RSPF et moins de contrats aidés à la charge de la collectivité. L’équation est basique à condition de s’inscrire dans le temps. C’est tout le défi de cette mandature.

Madame la présidente, permettez-moi de m’adresser à notre population qui a décidé, aux dernières élections, de faire confiance une nouvelle fois au Président Édouard Fritch et au TAPURA HUIRAATIRA pour les cinq années à venir.

Nous pouvons dire, pour résumer les cinq projets de texte soumis à notre examen, qu’aujourd’hui nous avons devant nous le résultat d’une politique qui a été menée pendant trois ans. Et nous pouvons voir combien les chiffres sont excellents, notamment sur le plan économique et l’aide apportée à la population.

Aussi, pouvons-nous affirmer que la population a eu raison de remettre ce gouvernement aux responsabilités du pays pour les cinq années à venir, les bons chiffres que nous examinons nous le démontrent bien. La population a décidé de continuer avec la politique qui a été menée. Et je tiens à remercier la population pour cette confiance. Le gouvernement continuera à travailler ensemble dans l’intérêt de la population.

Je vous remercie de votre attention.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

J’invite l’intervenant du groupe Tahoeraa Huiraatira à prendre la parole.

Mme Vaiata Perry-Friedman : Monsieur le vice-président, Madame la présidente, Mesdames et Messieurs les ministres, chers collègues, bonjour.

Comme il est de coutume, l’examen du compte administratif de la Polynésie française est accompagné de celui des comptes spéciaux qui doivent être constatées chaque année par un vote de notre assemblée avant le 30 juin. C’est donc dans l’urgence que nous avons été saisis par l’examen de ces comptes et 37 (SA 3 : 21.06.2018) j’insiste auprès du Président car nous n’avons eu que trop peu de temps pour analyser et comprendre l’ensemble des informations contenues dans ces tomes.

Aussi concernant les comptes spéciaux, je m’attarderai sur le Fonds pour l’amortissement de la dette sociale, le FADES, et plus particulièrement sur les conditions relatives à l’apurement du passif de l’assurance maladie. C’est effectivement dans le cadre des travaux du conseil de la protection sociale et de l’action sociale que le Pays s’était engagé à apurer le déficit cumulé de l’assurance maladie du régime général des salariés. C’est à la demande des partenaires sociaux, qui souhaitaient séparer les crédits relatifs à cette prise en charge, qu’avait été proposée la création de ce compte d’affectation spécial. Suite au retard de versement des 800 millions du Pays, la CPS a sollicité la mise en place d’une convention prévoyant le versement de cette dotation en quatre trimestrialités de 200 millions.

À cet égard, le CESC s’était exprimé pour faire de l’abondement du FADES une dépense obligatoire du Pays. Il a même été invoqué, et c’est la proposition que j’adresse au gouvernement aujourd’hui, d’explorer toutes les pistes permettant de solder la dette du Pays au titre du déficit cumulé de la maladie le plus rapidement possible.

Cet apurement pourrait notamment se réaliser par le biais d’une cession de la créance à hauteur de neuf milliards de francs CFP auprès des trois établissements bancaires de la place, permettant ainsi à la Caisse de prévoyance sociale de retrouver une meilleure santé financière et de disposer de liquidités d’ici la réforme de la PSG 2. Profitant des taux d’intérêts extrêmement bas, le Pays rembourserait alors sa dette aux banques plutôt qu’à la CPS dont le passif, qui est actuellement pris en charge par le FADES, serait définitivement résorbé. En effet, le 7 mai 2016, le Président de la Polynésie française, Monsieur Édouard Fritch, a signé un protocole de fin de conflit avec l’ensemble des centrales syndicales dans lequel il s’engageait à revoir à la hausse le versement des 800 millions à la CPS jusqu’à hauteur de 1,2 de francs CFP à partir de 2017.

Et puisque nous sommes sur le sujet de l’apurement du déficit de la branche maladie du régime des salariés, j’évoquerai également la question du remboursement de la prise en charge des maladies des ressortissants bénéficiant d’un contrat d’accès à l’emploi (CAE), dont le montant s’élève aujourd’hui à 2,4 milliards de francs CFP, contre 180 millions de recettes. Cette dépense, je vous le rappelle, doit être supportée par le Pays au titre de la solidarité. Elle ne doit pas continuer d’être à la charge des régimes contributifs !

Et enfin, pour conclure sur ce registre, je terminerai par le remboursement des 12 milliards que doit le Pays au titre des dépenses engendrées par le coût de l’Allocation complémentaire de retraite (ACR), octroyée aux salariés de plus de 15 ans d’ancienneté et qui sont supportées par le régime des salariés à hauteur de 1 milliard par an. Là encore, le Pays devra prendre ses responsabilités et assumer les dépenses exercées au titre de la solidarité plutôt que de les faire supporter par les salariés du Pays.

Je vous remercie de votre attention.

La présidente : Merci, Madame la représentante.

J’invite le gouvernement à répondre aux interventions des orateurs.

Monsieur Heremoana Maamaatuaiahutapu.

M. Heremoana Maamaatuaiahutapu : Madame la présidente, à tous, bonjour.

Les fûts de carburant qui sont expédiés dans les îles, au jour d’aujourd’hui, est une problématique pour les communes des îles éloignées. Nous avons demandé aux maires lors de nos différentes discussions avec ces derniers et des travaux que nous avons réalisés… Comme vous le savez, le Pays prend en charge le fret pour le rapatriement depuis les îles vers Tahiti des piles et batteries usagées. Concernant le rapatriement des huiles usagées, nous faisons expédier des contenants ou alors nous 38 (SA 3 : 21.06.2018) demandons aux maires d’utiliser les vieux fûts. Ce dispositif existe depuis trois ans et évolue petit à petit.

Si vous vous en rappelez, en 2016, le Pays avait pris en charge le rapatriement des fûts depuis les îles vers Papeete via le FRPH. Au jour d’aujourd’hui, ce dispositif n’existe plus pour des raisons que j’ignore. Donc, j’ai commencé à discuter avec le vice-président sur la possibilité de remettre en place un dispositif de ce type destiné au rapatriement de ces fûts. Parce que c’est une réelle problématique que nous rencontrons dans les îles, le Pays doit pouvoir apporter son aide aux communes en prenant en charge le fret. Le dossier est toujours en cours d’étude. Les entreprises qui expédient ces fûts dans les îles doivent également apporter leur contribution financière. C’est la situation dans laquelle nous sommes au jour d’aujourd’hui.

Une deuxième question a été posée sur l’augmentation du prix de l’électricité, c’est bien cela ?... Oui, des discussions avec les dirigeants de l’ÉDT sont en cours. Ils ont effectivement demandé une augmentation du prix de l’électricité. Nous leur avons répondu que nous aimerions, avant tout, qu’ils nous fournissent des éléments de précision sur leur bilan financier, notamment lorsqu’ils affichent une légère baisse de leurs charges et une légère augmentation de leur bénéfice pour l’exercice 2016 alors même qu’il y a eu une augmentation du cours du pétrole. En guise de réponse, ils ont formé un recours au tribunal contre le Pays. Donc, nous allons attendre la décision de ce dernier.

Ceci dit, le prix de l’électricité étant tributaire du cours du pétrole, si ce dernier augmente, le prix de l’électricité chez nous va nécessairement augmenter et nous ne pourrons rien y faire. Au jour d’aujourd’hui, nous pouvons dire que peut-être bien que le prix de l’électricité va augmenter ou peut- être bien que non. Ce qui est certain, c’est que nous attendons des explications de leur part avant de prendre une quelconque décision.

Je vous remercie.

La présidente : Merci, Monsieur le ministre.

Madame la ministre, vous avez la parole.

Mme Nicole Bouteau : Merci, Madame la présidente. Monsieur le Vice-président, Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les représentants, chers amis du public, bonjour.

Rapidement, parce que des réponses ont été évoquées, notamment par Monsieur Antonio PEREZ.

Sur le Fonds pour le développement du tourisme de croisière, effectivement, l’année 2017 aura été marquée par un niveau de consommation qui est faible et les explications ont été données.

Les deux opérations principales concernent, d’abord, les aménagements d’une nouvelle escale qui va se créer, puisque vous le savez le 6 juillet le navire Paul Gauguin va faire ses premières escales à la Presqu’île, à Vairao, et ces aménagements qui étaient prévus en 2017, finalement, sont réalisés en 2018 et nous allons inaugurer le 6 juillet prochain l’ensemble de ces infrastructures, puisqu’il s’agit, sur le quai de Vairao, d’un débarcadère flottant, des sanitaires publics qui ont été complètement rénovés et également d’un espace d’accueil et de toutes les infrastructures nécessaires à l’accueil des escales du Paul Gauguin.

La deuxième opération, beaucoup plus importante, concerne celle de Fakarava puisque, effectivement, il s’agit, aujourd’hui, d’une escale phare des navires de croisière, notamment des navires qui sont en croisière transpacifique, qui viennent d’Australie, qui traversent le Pacifique pour aller sur Hawaii ou alors sur l’Alaska ou dans le sens inverse. Et sur Fakarava, nous avons été confrontés, en fait, à des difficultés foncières puisque concernant le site de Makarea sur lequel nous souhaitions réaliser ces aménagements, pour un montant d’investissement de l’ordre de 140 millions, sur Makarea et Rotoava, il y a une décision du tribunal civil de première instance qui, en fin d’année 2016, a déclaré Madame 39 (SA 3 : 21.06.2018)

Tokoragi propriétaire du site de Makarea. Donc, nous avions lancé une procédure d’expropriation qui a été stoppée ; mais depuis, au courant de l’année 2007, nous avons pu identifier des parcelles publiques qui se situent entre ce site de Makarea et le site qui a été également affecté à Madame Christina Teihotaata pour la réalisation d’un hôtel de 30 unités, qui est le Royal Fakarava. Nous avons désormais la possibilité d’aménager la pointe de ce site de Makarea. Donc, c’est une opération qui est repoussée. Ça, c’est pour les investissements.

Sur le fonctionnement, le Fonds de développement de la croisière participe aux actions de promotion dans ce secteur particulier des actions du Tahiti tourisme, mais également du Tahiti cruise club. Jusqu’à présent, c’était uniquement la participation du Tahiti tourisme à différents salons, mais notamment au Salon international de la croisière à Miami, en Floride. Mais nous pensons aller au delà puisque nous souhaiterions également toucher le Salon international de la croisière en Asie, l’Asie devenant un petit peu l’Eldorado également de la croisière et nous sommes dans le même bassin océanique. Donc voilà, c’est renforcer également les moyens du Tahiti tourisme mais également renforcer les moyens du Tahiti cruise club qui est aujourd’hui une association qui fédère aussi bien publics que privés, pour avoir une action synergique sur le développement de la croisière.

Je pense que les actions du Pays depuis quelques années, mais également des acteurs et professionnels de la croisière, portent leurs fruits, et vous l’avez souligné, Monsieur Geros. 2017 a été une bonne année puisque nous avons eu près de 55 000 croisiéristes, excursionnistes. L’année 2018 sera encore meilleure puisque c’est une année qui va être historique, tant en croisière avec des bateaux en tête de ligne, c’est-à-dire où nous aurons des débarquements et embarquements de passagers, mais également en transpacifique. Donc, nous allons passer à près de 1 100 escales en 2018. Et l’objectif est de faire en sorte que nous poursuivions ce développement, ce développement de la croisière.

Juste peut être un petit point. Nous avons aujourd’hui onze escales sur l’ensemble de nos îles. La 12e escale sera donc Vairao. Je pense que c’est à souligner parce que la Presqu’île, pour le moment, ce sera le Paul Gauguin, mais nous pouvons effectivement imaginer que, à terme, un bateau comme le White Spirit, pourquoi pas l’Aranui un jour, pourra faire aussi des escales sur la Presqu’île. L’objectif, c’est que des petites unités de croisière puissent également, au-delà de nos îles d’escales, expérimenter également la Presqu’île. Nous sommes dans une dynamique où Tahiti redevient une destination dans la destination et pas uniquement une île de transit.

Sur le Fonds pour l’insertion professionnelle des travailleurs handicapés, vous êtes intervenu sur le sujet regrettant peut être que le Pays n’ait pas une politique plus active en matière d’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap, regrettant également peut être que les entreprises ne jouent pas suffisamment le jeu. Je vous invite juste à consulter effectivement le rapport du Président sur ce sujet particulier, sur ce fonds d’insertion. Au niveau de l’année 2017, nous avons en fait, aujourd’hui, 318 entreprises qui ont joué le jeu, qui correspond à 326 emplois. Alors, effectivement, nous en avons quelques-unes, elles sont au nombre de 79, et c’est ce qui correspond en fait à ces 75 millions de collecte de participation.

Jusqu’à présent en fait, ce fonds a été géré par la Direction du travail. À partir de 2019, c’est le SEFI qui en aura la gestion. Nous pensons que nous aurons une gestion effectivement peut être plus active, d’abord, parce que le SEFI est organisé pour, ensuite parce qu’il y a effectivement l’organisation et la ressource humaine. Mais, globalement, je tiens à souligner que les entreprises jouent le jeu. Des réunions de travail sont faites notamment avec les employeurs qui ont identifié aussi les besoins pour adapter les postes de travail à ces personnes en situation de handicap. Donc, des formations sont mises en place, des formations qualifiantes. Sachez qu’en 2017, c’était 14 millions qui étaient consacrés à ces formations qualifiantes ; en 2018 c’est 35 millions, et nous espérons bien évidemment aller plus loin qu’à l’exercice précédent.

Vous dire également que ce soutien intervient également au travers d’un dispositif qui est le Stage pour les travailleurs handicapés. Quelques chiffres. Sachez qu’en 2017, ce sont près de 1 000 personnes en situation de handicap qui ont pu bénéficier de ce dispositif. Et à chaque fois 40 (SA 3 : 21.06.2018) qu’une personne en situation de handicap se présente au SEFI pour solliciter des formations qualifiantes, cette formation est prise en charge par le SEFI et financée par le SEFI.

Merci.

La présidente : Merci, Madame la ministre.

J’invite Monsieur le vice-président à prendre la parole.

M. Teva Rohfritsch : Merci, Madame la présidente, notre héroïne du jour.

Juste pour répondre à notre ami Geros qui disait, concernant le FIGD, qu’il s’agit d’un emprunt dont le remboursement est trompeur. Pas du tout ! Il s’agit véritablement d’un remboursement. Voilà pourquoi je vous ai demandé de nous apprendre comment faire pour que nous n’ayons pas à rembourser l’État français comme cela a été le cas pour vous, à votre époque. Pour notre part, nous avons contracté un emprunt obligataire de 6,7 milliards c’est-à-dire que le capital sera remboursé en une seule fois en fin de prêt. Donc, en 2021, une première tranche de 2 milliards et, en 2022, le reste, à savoir 4,7 milliards, le taux d’intérêt y compris. Vous posez la question de savoir si nous sommes prêts pour ce remboursement. Effectivement, des provisions à hauteur de 890 millions sont constituées chaque année pour permettre le remboursement de cet emprunt. C’est ce qui est présenté dans le compte administratif soumis à votre approbation.

Je vous remercie.

La présidente : Merci, Monsieur le vice-président.

Nous passons à l’examen de la première délibération.

Article 1er.-

La présidente : La discussion est ouverte à l’article 1er. Pas de discussion ?...

Nous passons au vote de l’article 1er. Qui est pour ?... 38. Qui est contre ?... Abstention ?... 40 pour. Donc, même vote. 17 Abstentions. Merci.

Article 2.-

La présidente : La discussion est ouverte sur l’article 2. Pas de discussion.

Nous passons au vote de l’article 2. Qui est pour ?... Même vote ?... Même vote.

Article 3.-

La présidente : Pas de discussion. Même vote.

Article 4.-

La présidente : L’article 4, qui est pour ?... Même vote.

Article 5.-

La présidente : Vous êtes pour. Abstention ?... 49 pour et 8 abstentions. Merci.

Article 6.-

41 (SA 3 : 21.06.2018)

La présidente : Vous votez pour ?...

M. Antony Geros : Nous votons pour le FIPTH.

La présidente : Merci. Donc, à l’unanimité, pour.

L’article 5 et l’article 6, à l’unanimité. Merci.

Article 7.-

La présidente : Même vote ?... Même vote, à l’unanimité.

Article 8.-

La présidente : Même vote, à l’unanimité. Merci.

Article 9.-

La présidente : Ceux qui sont pour ?... 49 pour et 8 abstentions.

Article 10.-

La présidente : Même vote ?... Même vote.

Article 11.-

La présidente : Même vote.

Article 12.-

La présidente : Même vote.

Article 13.-

La présidente : 40 pour et 17 abstentions.

Article 14.-

La présidente : Même vote.

Article 15.-

La présidente : Même vote ?... Même vote.

Article 16.-

La présidente : Même vote.

Article 17.-

La présidente : Même vote ?...

Oui, Monsieur Geros.

M. Antony Geros : Merci bien, Madame la présidente. 42 (SA 3 : 21.06.2018)

Puisque nous sommes arrivés au terme de…

La présidente : Un instant ! Je fais voter l’ensemble de la délibération. Même vote ?... 40 pour et 17 abstentions. Merci.

Monsieur Geros, vous avez la parole.

M. Antony Geros : Merci.

Comme vous l’avez remarqué, nous avons voté pour certains comptes et pas pour d’autres, et ce, conformément à la position du groupe, vous le savez.

Je n’ai pas eu de réponse à ma question sur le fonds de régulation des prix des hydrocarbures. Vous aviez prévu de le supprimer. Mais j’ai cru comprendre, vu les discussions que vous avez eues avec la société chargée de la distribution d’électricité dans notre pays, que vous avez changé votre position et que vous ne souhaitez plus le supprimer. D’où ma question de savoir ce qu’il en est de votre idée de le supprimer. Nous attendons de vous que vous disiez la vérité à la population parce que nous ne faisons que lui mentir. Les prix n’arrêtent pas d’augmenter et nous faisons toujours supporter à l’ensemble de la population cette augmentation.

Donc, votre première position a consisté à dire que, si les prix augmentent, la contribution de la population devra également augmenter. C’est la première étape. Et donc, je pose la question : quelle est la seconde étape ? ou alors vous avez changé de position par rapport à la suppression de ce compte spécial ? Et j’ai également demandé si, par rapport à la première étape, vous avez informé la maire de Uturoa que, à cause de la décision que vous avez prise, le prix de l’électricité qu’elle distribue risque d’augmenter lorsque les prix des hydrocarbures vont augmenter, puisqu’elle utilise les mêmes hydrocarbures dans sa commune que nous, ici.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

Madame la représentante, vous avez la parole.

Mme Sylviane Terooatea : Madame la vice-présidente de l’assemblée, Monsieur le vice-président du pays, chers ministres, chers collègues représentants, bonjour.

Concernant la question de l’augmentation des prix de l’électricité, je tiens à vous dire que, depuis 1956, la commune de Uturoa gère elle-même la distribution de l’électricité sur son territoire. À l’époque, elle était la seule commune à distribuer de l’électricité. Aujourd’hui, les textes en vigueur stipulent que c’est le Pays qui est compétent dans ce domaine. La compétence de l’électricité appartient au Pays aujourd’hui, sauf dans la commune de Uturoa puisqu’elle l’est depuis 1956. Et depuis 2015, donc nous avons toujours bénéficié de la détaxe de gasoil à Uturoa, ce qui nous permet de supporter… Mais en bénéficiant de la détaxe de gasoil, ce n’est pas la commune, ni le conseil municipal qui fixent le tarif de l’électricité, c’est l’assemblée de notre Polynésie. Donc, nous sommes impactés par les textes qui régissent à l’assemblée. Quand l’assemblée fixe le tarif d’augmentation, la population de Uturoa supporte aussi, en sachant que Uturoa n’a jamais bénéficié de la péréquation, sauf ÉDT. On a juste bénéficié de cette détaxe de gasoil.

Et il faut savoir qu’aujourd’hui, avec la loi du pays qui a été prise depuis 2015… bien sûr, on est allé jusqu’au tribunal, il y a eu des lacunes. Le Pays n’a pas sorti l’arrêté pour fixer le tarif et, donc, Uturoa, depuis 2015, est souverain concernant la fixation de son prix de tarif de l’électricité. Donc nous n’avons pas augmenté le tarif de l’électricité, nous avons suivi celui fixé par l’assemblée sauf pour le tarif uniforme pour les gros consommateurs, donc les tarifs privés.

43 (SA 3 : 21.06.2018)

Alors, il faut savoir aussi que nous n’avons jamais bénéficié de la péréquation et donc, ce n’est pas normal puisque nous sommes aussi gestionnaire d’une centrale électrique. Et je rejoins tout à fait les propos de Geros. Depuis que le Pays a animé la péréquation, depuis 2015, donc nous sommes impactés, nous sommes tributaires des fluctuations du prix du … Voilà. Et aujourd’hui, le problème c’est que si on augmente, comme l’a si bien développé Geros, c’est la population qui supportera.

Alors ma question est : pourquoi c’est ÉDT qui fixe le prix à chaque fois pour l’électricité ? Il n’y a pas que ÉDT dans notre pays, il y a des communes aussi qui gèrent une centrale électrique. Et je pense que le gouvernement — je ne sais pas s’il est d’accord avec mes propos — doit soutenir les communes qui gèrent des centrales électriques. Il n’y a pas que ÉDT. Il faut savoir que ÉDT, c’est une entreprise privée. Pourquoi, à chaque fois, on se soumet à ÉDT ?

Je pense qu’il faut réunir, et c’est ma proposition, de réunir tous les gestionnaires de centrales électriques pour fixer ensemble un prix et non pas se fier qu’à ÉDT. Il n’y a pas que ÉDT qui gère des centrales, il y a aussi des communes. Il y a des communes aussi aux Tuamotu, il y a Uturoa.

Et j’aimerais aussi rappeler ici au gouvernement, puisque nous avons cette compétence, seule Uturoa a cette compétence de l’électricité, et bien depuis, j’aimerais que Uturoa soit associée aussi aux discussions de l’augmentation ou d’admission du prix du kilowatt vendu à tous nos administrés.

Et pour conclure, il ne faut pas oublier que c’est le gouvernement de l’époque qui a largué une centrale électrique à la gestion de la commune de Uturoa et c’est le personnel de l’époque qui a supporté le déficit de l’époque. Et donc, pendant cinq ans, ils ont supporté ce déficit et je les en remercie aujourd’hui.

Voilà pourquoi, au jour d’aujourd’hui, Uturoa maintient sa gestion de la centrale électrique et de l’exploitation.

Merci.

La présidente : Merci, Madame la représentante.

Nous passons à l’examen de la deuxième délibération.

Article 1er.-

La présidente : La discussion est ouverte sur l’article 1er.

Oui, Monsieur Geros.

M. Antony Geros : Mais je n’ai pas eu de réponse à ma question !

D’après la dernière intervention, ceux de Uturoa seraient confrontés à deux obstacles : tout d’abord, le premier fonds et, ensuite, le second. Concernant ce dernier, il n’y a pas de changement... Pour ce qui est de l’acheminement dans les archipels, et particulièrement à Uturoa, des hydrocarbures qui sont vendus à Tahiti, Uturoa bénéficiera toujours de la baisse des prix des hydrocarbures, ou pas ?... Par contre, j’attends des réponses concernant le premier fonds parce qu’il est très important que l’on connaisse la décision que vous avez prise le 24 décembre 2015, concernant notamment la commune de Uturoa.

La présidente : Merci.

Monsieur le vice-président, vous avez la parole.

M. Teva Rohfritsch : Oui, rapidement, Madame la présidente. 44 (SA 3 : 21.06.2018)

Ce n’est pas le texte que nous sommes en train d’examiner. C’est pour ça que nous n’avions pas voulu surenchérir le débat.

Mesdames, Messieurs, les représentants, on s’écarte du sujet, ce pourquoi nous sommes réunis, là aujourd’hui. ÉDT a été sorti du FRPH. Donc, le sujet de la péréquation n’est pas celui de l’examen du compte spécial qui vous est soumis là. Il y a une loi en préparation sur la péréquation — vous le savez, peut-être que Madame la mairesse de Uturoa ne le sait pas puisqu’elle vient d’entrer à l’assemblée — sur laquelle la ministre de l’énergie organisera les concertations nécessaires avec les maires concernés. Mais, je propose de ne pas rallonger nos débats. Il faudrait vous présenter les orientations faites par le gouvernement. Voir quelles sont, en tant que maire et non pas en tant que représentante — pour le coup ne mélangeons pas nos mandats — vos attentes et voir si ça peut correspondre à la vision que vous vous faites du soutien du Pays sur cet aspect de péréquation effectivement.

Je vous rappelle, Madame la maire de Uturoa, qu’ÉDT a bien été retiré du FRPH, c’est bien justement pour sortir du monopole de péréquation par ÉDT et permettre d’avoir un dispositif spécifique mis en place par le Pays envers les communes qui sont aujourd’hui titulaires de la charge de la production de l’électricité, et elles sont douze.

Voilà. Ne nous faites pas de procès d’intention ! C’est bien ce qui est prévu. Maintenant, c’est une autre loi du pays qui sera soumise à l’assemblée et sur laquelle, à titre de préparation, la ministre de l’énergie qui a succédé à Monsieur Heremoana Maamaatuaiahutapu — donc, Madame Tea Frogier — va organiser la concertation qu’elle jugera utile et nécessaire avec les maires concernés dont vous faites parti puisque vous êtes concernée. Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs, Monsieur Geros. C’est vous qui aimez bien cette expression-là. Pas pour les « bœufs » pour la « charrue ». Il me semble important effectivement que la concertation la plus large possible soit faite.

Pour ce qui est du coût de la suppression du FRPH à proprement dit, l’ancien ministre des finances et ancien ministre de l’énergie effectivement avait proposé l’alternative de supprimer complètement le FRPH. J’ai pour ma part une vision différente, dans la mesure où ce FRPH nous permet tout de même — et on le voit là, en ce moment — avec une remontée des cours du pétrole, de lisser les effets des hausses des cours mondiaux sur le prix à la pompe — je ne suis pas dans l’électricité, là, je suis dans les stations services — de manière à pouvoir tempérer lorsqu’il y a des hausses qui se font, la répercussion pour les consommateurs polynésiens.

Donc, nous suivons ça avec attention. D’ailleurs, au dernier conseil des ministres, nous avons choisi, pour un deuxième mois consécutif, de garder la stabilité des prix mais nous restons attentifs puisqu’en fonction des décisions qui seront prises et, vous le savez, des péripéties de notre président des États- Unis dans l’ordre international, de voir les conséquences que cela pourrait avoir sur une nouvelle envolée ou pas du cours du baril, et en fonction nous devrons ajuster, s’il le faut, les prix à la pompe ou alors prendre encore sur le FRPH.

Je pense que cet outil « FRPH » pour la partie régulation du prix des hydrocarbures à la pompe doit être poursuivi. L’autre avantage que nous avons, c’est que c’est au travers de ce dispositif que nous aidons les professions telles que les pêcheurs, les perliculteurs, les transporteurs, les boulangers. Auraient pu se substituer à ce fonds, des aides directes sous forme de subventions mais pourquoi changer pour cette partie-là, une mécanique qui fonctionne ?

A priori, nous ne remettons pas en cause sur ce plan-là, le FRPH. La partie qui liait le FRPH à la fixation du prix de l’électricité a été supprimée et donc ÉDT — les lignes sont à zéro — ne fait plus partie des bénéficiaires du FRPH. Voilà. Ce qui veut dire que les négociations éventuelles d’augmentation de tarifs de l’électricité se feront par le biais de négociations contractuelles entre le Pays, entre le concédant et les concessionnaires selon les termes du contrat en vigueur. Voilà.

45 (SA 3 : 21.06.2018)

J’espère avoir répondu à votre question. Donc sur la partie de la péréquation des communes, Madame la maire de Uturoa, c’est bien ce qu’on fait, on a sorti et ce n’est pas ÉDT qui assure seule la péréquation avec les communes, plus maintenant, mais il y a une loi qui est en préparation et qui sera soumise, après concertation avec les maires, à la sanction de notre assemblée dans les mois qui viennent. Voilà.

Merci.

La présidente : Merci, Monsieur le vice-président.

C’est sur l’article 1er que vous allez intervenir, Monsieur Geros ?

M. Antony Geros : Merci, Madame la présidente, de votre générosité.

C’est effectivement ce qu’on voulait entendre comme réponse, mais en fait pour essayer de mieux comprendre le dispositif, c’est que la part la plus importante que représentait la dépense du FRPH était constituée par le coût du fuel lourd consommée par l’ÉDT. Aujourd’hui, ÉDT a été retiré du dispositif de péréquation et donc assure lui-même en fait son hedging pour faire face aux aléas des soubresauts du cours mondial du baril. Nous, les Polynésiens, qui sommes confrontés également à ce problème plus au niveau du cours de baril ÉDT, puisque c’est eux-mêmes qui hedge, est-ce qu’on va se contenter de rester sur le FRPH pour hedger le prix du cours du baril chez nous ou bien est-ce qu’on ne peut pas également utiliser les outils qui existent dans le monde — des outils économiques comme le hedging ou bien d’autres outils plus performants que le hedging — pour essayer de garantir une stabilité du coût du baril rendu quai Papeete ?

La présidente : Merci.

Je mets aux voix le premier article. Ceux qui sont pour ?... 37 pour. Abstention ?... 17 abstentions. Merci.

Article 2. -

La présidente : La discussion est ouverte sur l’article 2.

Oui, Monsieur le vice-président.

M. Teva Rohfritsch : Madame la présidente, vous donnez plus la parole à Monsieur Geros qu’au vice-président de la Polynésie. Je constate que ses belles paroles d’amour ont porté. J’ai beau gesticuler. Je suis prêt à tomber même pour attirer votre attention.

Non, je voulais simplement dire à Monsieur Geros que le hedging, quand même, fait appel à des spécialités dont nous ne disposons pas aujourd’hui. Je voulais lui rappeler la malheureuse expérience d’Air Tahiti Nui, quand Air Tahiti Nui s’est hasardé à faire le hedging, ça a coûté très, très cher à la compagnie, et globalement à la collectivité, puisqu’il a fallu venir au secours de la compagnie. Je ne vais pas rentrer dans le détail, je crois qu’on se souvient tous des sommes et des décisions qui avaient été prises. Le problème du hedging, c’est qu’il faut être sûr d’acheter au bon niveau et être sûr de l’anticipation qu’on a par la suite. Parce quand on croit toujours acheter au niveau le plus bas et qu’il continue de monter, ou à l’inverse, au niveau le plus haut et qu’il continue encore de monter, ce qui est encore plus grave, ça peut vite nous coûter beaucoup, beaucoup d’argent.

Donc aujourd’hui, le service de l’énergie peut doter, on le sait, n’a pas techniquement les moyens de faire face à ce type de problématiques techniques. Mais quand bien même nous aurons les techniciens, il y a une incertitude qui règne sur la volatilité du cours du baril surtout en ces périodes particulières. Je ne pense pas que ce soit aujourd’hui raisonnable de pouvoir envisager cette perspective.

46 (SA 3 : 21.06.2018)

Le FRPH nous permet déjà de lisser. Je vous rappelle quand même que nous avons des conditions d’approvisionnement déjà bien complexes, très loin, pour des quantités très faibles et nous sommes en plus en bout de course de la tournée des pétroliers dans le Pacifique. Donc, ne venons pas à mon avis tenter de boursicoter au travers de hedging.

Merci, Madame la présidente.

La présidente : Merci, Monsieur le vice-président.

Je mets aux voix l’article 2. Ceux qui sont pour ?... 40 et 17 abstentions. Merci.

Article 3. -

La présidente : Sur l’article 3 ?

Madame la représentante, vous avez la parole.

Mme Teura Iriti : Merci, Monsieur le président.

Non, je voulais juste rappeler un petit peu ce que je rappelle tous les ans d’ailleurs par rapport aux handicapés puisque le souci, c’est l’après Tiarama. Ils ont jusqu’à 20 ans et ensuite ils se retrouvent dans certaines associations. J’avais déjà sollicité à ce qu’on voit un petit peu ce problème puisque beaucoup d’enfants handicapés, au-delà de 20 ans, adulte disons, se retrouvent chez eux et se recroquevillent. Ce sont des années de travail perdues au niveau de Tiarama et toutes les structures qui ont été mises en place. Voilà. Je n’attends pas de réponse, ce n’est qu’un simple rappel. Merci.

La présidente : Merci.

Je mets au vote l’article 3. Ceux qui sont pour ?... À L’unanimité ?... Monsieur Geros, à l’article 3, à l’unanimité. Merci.

Article 4. -

La présidente : L’article 4. Discussion. Pour ?... À l’unanimité ?... Merci.

Article 5. –

La présidente : L’article 5. Pour ?... À l’unanimité ?... Merci.

Article 6. -

La présidente : Article 6, à l’unanimité. Merci.

Article 7. -

La présidente : Article 7, même vote.

Article 8. -

La présidente : Article 8, même vote.

L’ensemble de la délibération, 40 pour et 17 abstentions. Merci.

La présidente : Nous passons à l’examen de la troisième délibération.

47 (SA 3 : 21.06.2018)

Article 1er. -

La présidente : Total chapitre 951, en recettes extraordinaires, 189 157 589.

La discussion est ouverte sur le chapitre 951. Pas de discussion. Je mets aux voix. Ceux qui sont pour ?... 48 pour et 9 abstentions. Merci.

Article 2. –

La présidente : Sur l’article 2, pas de discussion.

Je mets au vote. Même vote ?... Même vote.

Article 3. -

La présidente : L’article 3, même vote.

Sur l’ensemble de la délibération ?... Même vote.

Merci. Merci.

Je vous propose, il est 12 heures 31, de suspendre notre séance et de reprendre à 13 heures 30.

Bon appétit !

oOo

Suspendue à 12 heures 33 minutes, la séance est reprise à 13 heures 46 minutes.

oOo

PRÉSIDENCE de Madame Sylvana Puhetini, première vice-présidente de l’assemblée de la Polynésie française.

RAPPORT No 79-2018 RELATIF À UN PROJET DE DÉLIBÉRATION PORTANT MODIFICATION DE LA DÉLIBÉRATION No 2005-64 APF DU 13 JUIN 2005 MODIFIÉE PORTANT COMPOSITION, ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DU CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET CULTUREL DE LA POLYNÉSIE FRANÇAISE (Cf. annexe) Présenté par M. Philip Schyle

La présidente : Bien. Je pense qu’on va reprendre notre séance.

On commence par le rapport no 79-2018 relatif à un projet de délibération portant modification de la délibération no 2005-64 APF du 13 juin 2005 modifiée portant composition, organisation et fonctionnement du Conseil économique, social et culturel de la Polynésie française.

Je demande au gouvernement d’exposer l’économie générale du projet de délibération. Merci.

Madame la ministre.

Mme Nicole Bouteau : Oui. Merci, Madame la présidente. Rebonjour à tous.

Rapidement parce que le rapport de présentation est extrêmement détaillé.

48 (SA 3 : 21.06.2018)

Nous avons eu l’occasion effectivement de l’examiner en commission des institutions, il y a quelques jours, et notre président de commission qui est également rapporteur du dossier en avait fait une très bonne synthèse.

Peut-être vous rappelez le contexte dans lequel ce texte vous est présenté puisque, vous le savez, au mois de janvier dernier, plus particulièrement le 19 janvier, le mandat des membres du Conseil économique, social et culturel a pris fin. Un projet de réforme, celui que nous vous présentons aujourd’hui qui n’a pas abouti parce qu’effectivement le Président, dans un contexte, disons-le, de mouvements sociaux, mais un contexte également pré-électoral a préféré suspendre l’examen de ce texte après avoir quand même sollicité l’avis du CESC. Avis qui n’était pas obligatoire puisque le CESC n’est consulté que sur les projets de délibération et projets de loi du pays ayant un caractère économique et social.

Donc, la procédure de renouvellement a été engagée. En tout cas, le Président de la Polynésie française a saisi l’ensemble des groupements syndicats, organismes, associations pour procéder à la désignation des conseillers pour la mandature 2018-2022. Cette procédure a été entamée et nous arrivions quasiment au terme de cette désignation. La Cour administrative d’appel de Paris, le 2 mai dernier, a annulé une décision du tribunal administratif et nous enjoint à modifier la délibération portant organisation et fonctionnement du CESC nous demandant d’introduire dans le collège des salariés, le syndicat de la fonction publique de la Polynésie française.

C’est la première raison pour laquelle nous sommes venus vers votre assemblée, d’abord, pour introduire effectivement cette modification, et ensuite également, pour tenir compte — c’est le projet de réforme global que nous vous présentons — de l’évolution des forces vives de notre Pays, de la société civile polynésienne et permettre l’introduction de nouveaux secteurs puisque notre société a évolué. Elle se modernise.

Donc, nous avons souhaité, par la création d’un quatrième collège, mettre en avant également les priorités que notre gouvernement, et également que notre majorité souhaite, voir aussi au sein de l’institution que représente le CESC. Je le rappelle, c’est une institution importante même si elle n’émet qu’un avis, ses avis sont examinés, tant par le gouvernement que par notre assemblée, mais également je dirais par la société civile.

C’est une tribune, bien évidemment, mais on l’a vu régulièrement, le CESC est allé au-delà, des, je dirai, des missions et des attributions, ils se sont positionnés, organisés des travaux sur des projets de société importants, ça pu être le cas dans le cadre du Pacte de progrès, il s’est autosaisit d’un certain nombre de sujets.

Donc, nous ne remettons, bien évidemment — parce que ça a pu être évoqué — pas du tout, l’existence de cette institution. Par contre, nous lui, nous vous proposons de faire évoluer son organisation, rien de révolutionnaire puisque le CESC a déjà connu une organisation à quatre collèges. C’était, effectivement, les salariés, les employeurs, également la vie collective mais nous avons une époque où il y avait, au sein de l’institution, un collège qui représentait plus particulièrement le secteur primaire, l’agriculture, la pêche, notamment, la perliculture.

C’est en 2004 que nous avons retrouvé une configuration à trois collèges. Aujourd’hui, nous estimons que l’économie bleue, le tourisme, le numérique pour le désenclavement de nos archipels mais également l’environnement. C’est vrai que c’est une question qui a été soulevée en commission, c’est une question qui a été soulevée également dans le cadre des discussions au sein du CESC, nous souhaitons donner à l’environnement, la place qui doit être également la sienne, celle du développement durable et c’est dans sa notion de développement économique que nous souhaitons également placer l’environnement.

49 (SA 3 : 21.06.2018)

Et puis troisième modification proposée, c’est également tenir compte d’un certain nombre de souhaits qui ont été émis par les différents collèges liés à des adaptations de règles relatives à l’organisation et au fonctionnement du CESC, qu’il s’agisse de la présidence tournante, du vote par procuration, etc.

Donc, voilà en quelques mots, Madame la présidente… Alors, effectivement, cette évolution de l’importance des différents secteurs d’activité mais également la création d’un quatrième collège à conseillers constants — c’est-à-dire avec 48 conseillers — fait que nous allons avoir des collèges dont la représentation sera moins importante puisque les collèges qui étaient composés de 16 conseillers seront désormais de 12 conseillers : 12 pour les salariés, 12 pour les employeurs, 12 pour la vie collective et 12 pour ce nouveau collège qui est celui du développement.

La présidente : Merci, Madame la ministre.

Monsieur le rapporteur, veuillez présenter votre rapport. Merci.

M. Philip Schyle : Merci, Madame la présidente. Bonjour, Madame la ministre, Monsieur le ministre. Mesdames, Messieurs les représentants.

J’ai peur de tomber dans la redite, Madame la ministre, vous avez été tellement éloquente et inspirée comme vous savez l’être et le faire. Je vais essayer simplement d’apporter quelques compléments et quelques précisions à ce que vous avez, si bien, déclamé tantôt.

Je vais faire une présentation synthétique, Madame la présidente, je pense que c’est mieux en ce début d’après-midi.

Ce projet de délibération que nous avons à examiner, nous l’avons reçu le 7 juin dernier et ainsi que Madame la ministre le disait tantôt, il s’agit d’une modification apportée à la délibération n° 2005-64 APF du 13 juin 2005 qui porte sur la composition, l’organisation et le fonctionnement du Conseil économique, social et culturel.

Madame la ministre disait, tantôt, notre société polynésienne a fortement évolué, notamment, au travers de l’importance prise par un certain nombre de secteurs d’activités économiques, sociaux et culturels, d’une part. D’autre part, les membres du CESC à l’occasion de travaux internes tenus récemment, ont émis un certain nombre de souhaits. Et les deux éléments conjugués aboutissent aux adaptations que le gouvernement propose au travers de ce projet de délibération avec comme finalité, un meilleur fonctionnement du CESC.

Alors quelles sont ces adaptations ? Il y en a globalement six, vous l’avez dit Madame la ministre.

La première adaptation porte sur la modification du nombre de collèges : trois hier, quatre demain. Ainsi que le nombre de sièges se rapportant à chacun de ces quatre collèges : 16 hier et 12 demain. Ainsi que le classement de ces collèges qui sera revu. Donc, ça c’est la première grosse adaptation.

La deuxième porte sur la composition des différents collèges, du fait des transferts de secteurs entre collèges et aussi pour tenir compte de la création du collège du développement qui est donc le quatrième nouveau collège qu’il est proposé d’être créé, et aussi pour accueillir des nouvelles entités comme la CCISM — la Chambre de commerce — le syndicat de la Fonction publique (SFP) qui, comme vous le disiez Madame la ministre, a fait l’objet d’une décision prise par la Cour administrative d’appel de Paris, le 2 mai dernier et qui justifie aussi ce projet de délibération que vous nous soumettez aujourd’hui Madame la ministre — autre entité également à inclure dans ces collèges : les prestataires d’activités touristiques, le cluster maritime et également les professionnels du numérique dans le cadre de l’OPEN (Organisation des professionnels de l’économie numérique).

50 (SA 3 : 21.06.2018)

La troisième adaptation porte sur l’amélioration de la coordination des travaux menés par le CESC au travers de la modification de la composition du bureau du CESC, la modification de la composition de la commission du budget ainsi que le nombre de membres des quatre commissions du CESC.

Quatrième adaptation — je ne sais pas si, Madame la ministre, vous l’aviez évoqué tout à l’heure —, c’est la réintroduction d’une ancienne règle qui datée d’avant 2004 et selon laquelle, la présidence du CESC était exercée à tour de rôle. Donc-là, cette ancienne règle est introduite de nouveau.

Cinquième adaptation, le vote par procuration qui sera désormais autorisé.

Et enfin, sixième adaptation, la répartition des matières qui relèvent des trois commissions du CESC qui seront dorénavant mieux réparties.

Le renouvellement du CESC interviendra au lendemain de la publication de la délibération que nous allons examiner cet après-midi. Les conditions de ce renouvellement resteront inchangées. C’est également un arrêté du président de la Polynésie française qui constatera les désignations des représentants des différents organismes et qui ouvrira la nouvelle mandature.

Vous le disiez, Madame la Ministre, la semaine dernière, le 15 juin dernier, la commission des institutions s’est réunie et a beaucoup échangé sur ce projet de délibération. Et je retiendrais quatre points principaux parmi d’autres points qui ont été aussi soulevés.

Tout d’abord l’historique de la réforme. Vous en avez parlé, Madame la ministre, vous l’avez également rappelé au cours de la commission et vous avez aussi — et je n’ai pas oublié — insister sur le fait que cette réforme avait déjà été initiée depuis le début de cette année. Qu’il était prévu de la faire passer en séance de notre assemblée mais à cause des mouvements sociaux qui ont secoué la Polynésie et qui nous ont traumatisé à l’assemblée de Polynésie, le Président de la Polynésie a décidé, sagement, de reporter l’examen de cette réforme. Et puis, je le disais, vous en parliez également vous- même Madame la ministre, la décision de la Cour administrative d’appel a relancé cette nécessité de réformer la quatrième institution de la Polynésie française.

Deuxième point important, vous l’avez dit, je ne reviendrai pas sur ce point mais j’en parlerai un tout petit peu : l’importance du CESC. Effectivement, cette institution est fondamentale parce qu’elle émet des avis qui sont très souvent pertinents qui nous aident, nous, les décideurs parlementaires que nous sommes ou les décideurs gouvernementaux, dont vous faites partie Madame la ministre, à prendre les bonnes décisions et qui donne aussi des avis par auto-saisine sur un certain nombre de thèmes, de sujets fondamentaux pour la société polynésienne.

Troisième point — vous l’avez dit, je crois, tout à l’heure —, cette réforme est en phase avec les axes prioritaires du gouvernement et de notre nouvelle majorité qui a été élue, il y a quelques mois à peine par la population. Ces axes prioritaires sont, notamment, le désenclavement, le numérique, la cohésion sociale.

Et enfin, je crois vous l’avoir entendu dire, Madame la ministre, cette réforme s’inscrit dans un budget constant. Donc, pas de dépenses supplémentaires en tout cas pas de grosses dépenses supplémentaires si ce n’est que de manière marginale, je crois, au travers du questeur. Il y a un poste de questeurs qui doit être créé et qui forcément va engendrer quelques menues dépenses.

Donc, à l’issue de nos travaux, les membres de la commission des institutions, à une forte majorité, a donné un vote favorable à ce projet de délibération et c’est la raison pour laquelle la commission des institutions, des affaires internationales et européennes et des relations avec les communes propose à notre assemblée d’adopter le projet de délibération ci-joint.

Je vous en remercie, Madame la présidente.

51 (SA 3 : 21.06.2018)

La présidente : Merci, Monsieur le rapporteur.

Pour la discussion générale, la conférence des présidents a prévu un temps de parole de 75 minutes réparti comme suit : 50 minutes pour le TAPURA HUIRAATIRA, 14 pour le Tahoeraa Huiraaatira et 11 pour le Tavini Huiraatira.

J’invite l’intervenant du groupe Tahoeraa Huiraatira à prendre la parole.

Mme Vaitea Le Gayic : Merci.

Madame la présidente de l’assemblée de la Polynésie, Madame, Messieurs les ministres, Mesdames, Messieurs les représentants, chers collègues, cher public, bonjour.

Il nous est demandé ici de nous prononcer aujourd’hui sur le projet de modification de la délibération portant composition, organisation et fonctionnement de la quatrième institution du Pays : le Conseil économique social et culturel.

En préambule et pour la bonne compréhension de ce dossier, certains éléments d’information méritent d’être portés à la connaissance de tous car, d’une part, ils permettent de mieux appréhender le fonctionnement du CESC. Ils traduisent, d’autre part, l’état d’esprit dans lequel s’inscrit dès à présent le nouveau gouvernement qui, fort de sa majorité des 38 élus à l’assemblée, fait entériner son projet de texte contre l’avis défavorable rendu par l’institution.

Les membres du CESC, pourtant, formulaient des recommandations qui n’ont, malheureusement pas été retenues par le gouvernement dans le cadre de son projet de réforme sauf la demande du patronat qui souhaitait obtenir la présidence de l’institution dans le cadre de la nouvelle mandature. Le gouvernement, ici, dévoué au patronat, tel le constat, a naturellement accepté sa demande, comme l’indique l’article 7 du projet de loi du pays, alors que le projet de texte présenté à l’avis du CESC en janvier confiait la présidence au collège de développement.

En effet, si l’exposé des motifs présente ces propositions de modification comme émanant de souhaits formulés par les collèges, je puis vous assurer qu’en ma qualité de représentante au CESC durant la précédente mandature, cela est totalement faux. Seules deux propositions de modifications mineures ont été prises en considération par le gouvernement, à savoir la mise en place du vote par procuration et la présidence tournante. Je reviendrai plus tard sur les autres propositions des collèges qui, à mon sens, auraient dû être intégrées à ce projet de texte.

Car après tout, me direz-vous, le CESC n’a qu’un avis consultatif dans le paysage institutionnel. De ce fait, le CESC est reconnu comme une institution à part plutôt que d’être à part entière des trois autres institutions que sont le Président, le gouvernement et l’assemblée de la Polynésie.

Depuis que ce texte circule à l’assemblée, il n’est pas rare d’entendre dans les couloirs que le CESC coûterait trop cher, notamment en termes d’indemnités versées aux membres. De même, la légitimité des membres qui la composent serait mise en cause car n’étant pas des élus du peuple, ils ne seraient soit disant pas dans leur bon droit d’exprimer l’avis de la société civile sur des textes présentés par le politique.

Lors de la rencontre avec le Premier ministre et les autres membres du gouvernement national, le Président du Pays a évoqué un « toilettage » de notre loi statutaire. Pourquoi ne pas introduire l’élection de chaque collège par l’ensemble des représentations de ce collège ? Prenons les représentants des salariés qui seraient élus par tous les salariés, il en serait de même pour le patronat dont les membres seraient élus par tous les patrons et, ainsi, vous ne pourrez plus invoquer leur manque de représentativité.

52 (SA 3 : 21.06.2018)

Telle étonnante conception de notre fonctionnement institutionnel que nous voyons aujourd’hui, les partis politiques, comme vous le savez, ont toujours utilisé les avis du CESC pour servir leur cause. Qu’il s’agisse des représentants de l’opposition, lorsque l’avis est défavorable au projet de texte du gouvernement. À l’inverse, les représentants de la majorité, comme tout le gouvernement, s’en emparent lorsque l’avis va dans le sens du projet de loi concerné. C’est pourquoi, afin de déjouer cette instrumentalisation politique beaucoup trop facile des rapports du CESC, les membres de la précédente mandature se sont écartés autant que possible des conclusions bateau qui proposaient un avis « favorable ou défavorable, sous réserve de », en proposant à la place une conclusion synthétique des principales recommandations émises dans l’avis.

C’est donc en connaissance de cause que je m’adresse à vous, mes chers collègues, pour vous inviter véritablement à donner davantage de crédibilité aux rapports du CESC car ils sont circonstanciés et pertinents. Ils expriment, à l’inverse des travaux en commission de l’assemblée, des observations du terrain qui ont trouvé le consensus des trois collèges dans lesquels siègent des représentants syndicaux qui défendent les intérêts de vrais salariés, des entrepreneurs ou des patrons qui ont de vraies entreprises à gérer, ainsi que des représentants d’associations qui sont confrontés quotidiennement aux difficultés d’exercer leurs missions.

Aussi, ne tombons pas si facilement dans le travers de dire que cette institution est inutile. Je plaiderai personnellement pour qu’elle devienne véritablement une deuxième chambre parlementaire, à l’image du Sénat en métropole. Cette proposition figurait d’ailleurs dans le projet du statut de pays associé à la République proposé dans le cadre de la campagne du Tahoeraa Huiraatira pour les dernières élections. Ainsi, nous connaîtrons véritablement la force des propositions qu’apportent la société civile dans l’élaboration des projets du gouvernement et, ainsi, faire en sorte que les préconisations faites par l’institution ne soient pas simplement balayées d’un revers de main, comme le démontre le gouvernement en nous soumettant ce projet de délibération contre l’avis défavorable du CESC.

Car, si le texte qui nous est proposé aujourd’hui, présente, à quelques virgules près, des permutations de sièges au sein des collèges, le fondement même de la délibération, qui définit notamment le principe de créer un quatrième collège de développement au sein de l’institution, reste identique au projet de réforme initié en janvier et présenté, pour consultation, aux membres du CESC à deux semaines de la fin de mandature.

La représentation du CESC n’avait pas attendu la fin du mandat, en janvier 2018, pour mener des travaux de réflexions par collèges sur les textes fondamentaux de l’institution, dans le but, justement, de proposer au gouvernement une recomposition et une réorganisation du fonctionnement du CESC en adéquation avec les propositions des groupements professionnels des organismes représentés dans la perspective de la mandature 2018-2022. À cet égard, le président du CESC avait transmis, le 4 mai 2017, un courrier à la ministre, Madame Bouteau, lui faisant part de l’intégralité des propositions de modifications émises par les trois collèges.

Préalablement à ce courrier, l’institution avait adopté un vœu, le 27 septembre 2016, visant, d’une part, à étendre à six ans au lieu de quatre, la durée de mandat des membres du CESC et, d’autre part, de prévoir expressément dans la délibération, une présidence par alternance de deux ans pour chacun des trois collèges. Si le principe de la présidence tournante a bien été retenu, en revanche, l’extension du mandat à six ans a été écartée. Cette proposition avait pourtant un double objectif, celui d’harmoniser le fonctionnement du CESC de Polynésie avec celui des Conseils économiques, sociaux et environnementaux, régionaux de France et d’outre-mer, les CESER, dont le mandat des conseillers est de six ans.

Je constate à cet égard que le Pays s’inspire bien du fonctionnement des CESER quand ça l’arrange. Notamment pour modifier dans la délibération le classement des collèges. A contrario, la durée de mandat ne semble pas pour le gouvernement, et je le cite, « être une tradition opportune de suivre ». Le second objectif, sous réserve de l’accord du gouvernement, consistait, par ailleurs, à intégrer cette 53 (SA 3 : 21.06.2018) proposition dans le train des mesures modificatives de la loi organique en cours d’élaboration par le Pays.

Le gouvernement ne pourra pas dire que le CESC, depuis septembre 2016, n’a pas été une force de proposition dans l’élaboration de ce projet de réforme de l’institution. Alors que dire de ce texte déposé en urgence sur le bureau de l’assemblée qui ne répond pas aux attentes de la société civile organisée ?

Concrètement, cette réforme se traduit de la manière suivante : le collège de la vie collective perd le représentant de la Jeune chambre économique. Les groupements artisanaux, précédemment dans ce collège des associations, basculent dans le quatrième collège du développement. Un représentant du secteur du numérique, du Cluster maritime, de la Chambre de commerce ainsi que le Syndicat de la fonction publique font leur entrée au sein de l’institution, de même qu’un représentant désigné en commun par l’Académie des Marquises et l’académie pa'umotu (NDT, des langues des îles Tuamotu), Karuru Vanaga. La Fédération pour la protection de l’environnement bascule dans le collège du développement avec un siège attitré. Elle est remplacée par l’association 193 qui, désormais, pourra être désignée en commun avec les autres associations, en faveur de la reconnaissance du fait nucléaire. Les associations en faveur de la famille, de même que du Conservatoire artistique avec la Maison de la culture, feront aussi partis des organismes qui pourront être désignés en commun au sein de la nouvelle composition du CESC, les autres groupements restant quasiment inchangés.

La grande innovation de ce projet de recomposition est qu’il donne la part belle à de nouvelles entités, tout en consolidant la place de certaines d’entre elles, notamment des secteurs d’activités économiques, sociaux, culturels et environnementaux. Nous félicitons cette démarche car nous rejoignons l’idée qu’avec l’émergence de nouveaux secteurs d’activités, tels que le numérique et l’économie bleue, le CESC doit évoluer avec son temps dans le sens d’une meilleure représentation de la société civile polynésienne.

Nous déplorons en revanche le procédé utilisé par le gouvernement qui est finalement de déshabiller Paul pour habiller Jacques. En proposant une réforme à moyens constants, sur la base de 48 membres, avec la création d’un nouveau collège, cette recomposition passe nécessairement par une diminution par collège de quatre sièges pour former le nouveau collège dit « de développement ». Selon moi, cette réforme se fait au profit des entrepreneurs car, même en perdant quatre sièges au sein du collège, l’ensemble des 16 représentations patronales actuellement est maintenue, les quatre autres basculent au sein du collège du développement.

Dans le même temps, le collège des salariés perd quatre représentations syndicales actuellement présentes au sein de l’institution, à la différence qu’elles ne basculent dans aucun autre des trois collèges et sont perdues définitivement. Vous nous faites découvrir votre véritable intention, celle de la lutte contre les syndicats. En effet, en leur supprimant quatre sièges, ils deviendront ainsi minoritaires face au patronat, pour lequel vous maintenez le même ordre de sièges. Avec la création du quatrième collège composé de nouveaux secteurs d’activités, qu’est le Cluster maritime ou le numérique, sans compter le représentant de la Chambre de commerce, plusieurs chefs d’entreprises feront leur entrée au CESC confortant, par la même, la représentation patronale dans la composition de l’institution.

Mon inquiétude porte donc véritablement sur l’orientation et l’intégrité des avis du CESC, qui risquent d’être compromis, de par l’iniquité des forces en présence, avec notamment les secteurs associatifs et représentatifs des salariés, en nombre minoritaire. Alors ce n’est pas du tout de dénoncer. Comment ce travers aurait-il pu être évité ? Nous pensons que l’équilibre entre les représentations patronales, syndicales et associatives aurait pu être maintenu, si le projet de réforme prévoyait, d’une part, le maintien de trois collèges nécessairement redéfinis dans leur composition et, d’autre part, du rétablissement du nombre de représentants à 51 au lieu de 48, comme avant 2013 et tel que le prévoit l’article 149-1 de la loi organique, soit une représentation de 17 membres par collège.

54 (SA 3 : 21.06.2018)

Cette proposition de modification aurait ainsi évité de faire sortir notamment la Jeune chambre économique, tout en intégrant les nouvelles entités souhaitées par le gouvernement. De même, il aurait été judicieux de prévoir, dans le cadre de cette réforme, un volet relatif au versement des indemnités de vacation des membres du CESC. Si, effectivement, la ministre, en commission, a indiqué qu’aucune réorganisation financière des indemnités de vacation n’est pas à l’ordre du jour, ce ne sont pas les propos tenus devant les membres du CESC il y a quelques mois, qui l’avaient précisément interrogée à ce sujet. Compte-tenu des éléments portés à sa connaissance, elle s’était exprimée en faveur d’une réforme à venir, qui intégrait ce volet de manière spécifique.

Je considère, pour ma part, que tout travail mérite salaire. Vous conviendrez que si les représentants de l’assemblée que nous sommes, sont rémunérés pour notre travail en commissions législatives, il devrait en être de même, pour le travail en commission effectué par les membres du CESC, qui représentent au même titre que nous, une des quatre institutions de notre Pays.

À cet égard, je souhaite rappeler quelques chiffres : les membres du CESC sont rémunérés par jetons de présence, sur la base du plan de charge établi par le secrétariat général de l’institution. Le plafond de leurs indemnités est fixé trimestriellement — et non pas mensuellement — à 635 160 francs. Le plan de charge n’étant pas uniforme toute l’année, le seuil trimestriel provoque souvent des incohérences, qui ne permettent pas de rémunérer les membres les plus assidus. Ainsi, pour un plan de charge important, le seuil trimestriel est rapidement atteint par les plus assidus, qui se trouvent pénalisés parce qu’ils ne sont plus rémunérés au-delà. À l’inverse, le seuil trimestriel suivant pourrait ne pas être atteint, en raison d’un plan de charge faible. Le projet de réforme aurait donc dû inclure une disposition visant à fixer un seuil annuel, plutôt que trimestriel, pour éviter ces incohérences, qui pénalisent injustement les membres les plus assidus. En contrepartie et dans un souci de réduction des charges, il aurait pu être proposé d’instaurer des pénalités, lorsque le taux d’absentéisme est trop important et d’appliquer une durée minimum de présence, lors des commissions.

Tout cela pour dire, mes chers collègues et je vais conclure, que plusieurs pistes de réforme auraient pu être explorées, en concertation avec l’ensemble des acteurs de cette réforme et non pas simplement certains d’entre eux, avant de présenter à l’assemblée, un projet de délibération qui, en tout état de cause, est contesté et, de fait, non-abouti puisqu’il est présenté dans la précipitation.

Malheureusement, étant dans l’opposition, il est illusoire de penser que notre point de vue serait entendu. Or, de vraies questions se posent à notre sens et vous l’avez entendu, notamment en termes d’équilibre des forces en présence au sein de la nouvelle composition du CESC et de l’organisation financière des indemnités de vacation, qui auraient pu faire l’objet de dispositions particulières dans le texte. Ce sont autant de sujets qui seront rejetés par principe, car ils n’émanent pas du gouvernement, mais de l’opposition, pourtant constructive, que nous sommes.

Et pour finir, ayant entendu notre rapporteur, le budget n’est pas constant, du fait que nous avons un quatrième questeur et qui risque d’augmenter le budget. Je vous remercie de votre attention.

La présidente : Merci Madame la représentante. J’invite l’intervenant du groupe Tavini Huiraatira à prendre la parole.

M. Oscar Temaru : Merci, Monsieur le président. Bonjour à tous.

Monsieur le Président ou plutôt Madame la ministre, chers collègues, il nous est demandé aujourd’hui de nous prononcer sur une nouvelle réforme du Conseil économique, social et culturel de notre Pays.

Le projet de délibération que nous devons examiner vise à proposer une nouvelle répartition des 48 sièges de l’institution sur quatre collèges au lieu des trois collèges actuels.

Je ne souhaite pas entrer dans les détails de cette réforme déjà abordés par la commission des institutions la semaine dernière. En effet, la commission a longuement débattu sur la clé de répartition 55 (SA 3 : 21.06.2018) des 48 membres du CESC au sein des quatre collèges, sur les équilibres de représentativité et sur les sensibilités syndicales des uns et des autres et sur les questions purement administratives.

Ce faisant, il y a un préalable qui, hélas, n’a pas été abordé lors de ces débats préparatoires en commission des institutions. C’est celui de l’utilité et de la légitimité réelle du CESC. Avant de se prononcer sur l’opportunité d’une sixième modification des règles de fonctionnement de l’institution, depuis la création initiale en 1977, il faut se poser quelques questions.

Quel bilan peut-on dresser de l’activité du CESC depuis sa création en 1977 ? Quelle a été la valeur ajoutée du Conseil dans les rapports institutionnels ces 40 dernières années ? Quel bilan coût-avantage pouvons-nous faire de cette institution par rapport à son coût de fonctionnement, par exemple ? Le Conseil est-il encore pertinent ? Le Conseil dispose-t-il des outils adéquats pour agir ?

Ce sont là des questions qu’il faut se poser, car mon sentiment est que nous allons encore procéder à une septième, huitième, dixième modification des règles de fonctionnement du Conseil sans aborder le fond du problème. En effet, les six précédentes modifications avaient toutes un objet quasiment identique, la modification du nombre des membres du Conseil et la clé de répartition des collèges.

Je rappellerai que le Conseil est mis en place en 77, il est composé de 30 membres répartis en quatre collèges. En 82, la composition du quatrième collège est élargie à diverses entités de la société civile. En 84, le Conseil devient une institution avec le titre de Conseil économique, social et culturel, CESC. En 88, le nombre des membres passe de 30 à 41. En 91, la clé de répartition de 41 au sein de quatre collèges est modifiée. En 2004, la loi organique porte le nombre des membres de 41 à 51 répartis en trois collèges. En 2013, le nombre des membres est ramené de 51 à 48, toujours en trois collèges. Et enfin, en 2018, il nous est proposé de revenir à quatre collèges de 48 membres.

Force est de constater que durant plus de 30 ans, les réformes du Conseil n’ont tourné qu’autour du nombre de ses membres et de la clé de répartition des collèges. Trente années de réformes à petits pas qui ne reflètent que des intérêts souvent corporatistes.

Je dois vous dire que cette nouvelle réforme est sans envergure, dans le sens où elle ne diffère pas des précédentes. Elle n’apporte rien de plus au Conseil. En effet, ces réformes répétitives, un pas en avant, deux pas en arrière, sont symptomatiques d’un malaise autour de la conception même de l’institution, de son mandat, de sa représentativité et de sa légitimité.

Pourtant, il faut relever l’initiative louable du président du CESC d’avoir organisé un symposium le 11 juillet 2017, à l’occasion des 40 ans du Conseil, sur le thème « Comment envisager un développement harmonieux de la Polynésie pour les 40 années à venir », autour de trois thèmes : le fait nucléaire, l’environnement régional, l’avenir de la société polynésienne.

Le conseil s’était posé la bonne question pour se projeter dans l’avenir et relever les enjeux du 21e siècle. Hélas, à l’occasion de cet anniversaire symbolique, le conseil n’est pas allé assez loin. Il ne s’est pas posé les questions de son modèle institutionnel au regard de sa survie et de sa pérennité.

C’est en effet un problème de modèle, car le modèle de référence de notre Conseil économique et social est encore un modèle exogène, celui du Conseil économique, social et environnemental de Paris, le CESE. Mais ce que je souhaite souligner, c’est la pauvreté et la faiblesse de nos références historiques et institutionnelles pour nous faire notre propre opinion et concevoir nos propres institutions, là même où nous avons parfois les compétences pour agir.

Ce n’est pas un copier-coller supplémentaire d’une institution métropolitaine sur une institution locale qu’il nous faut, c’est bien plus qu’il nous faut. Ne sommes-nous pas capables de concevoir des politiques institutionnelles à la hauteur de nos ambitions ? Car nous nous trompons de modèle.

56 (SA 3 : 21.06.2018)

En effet, le CESE, auquel on se réfère et qui siège Avenue Iéna à Paris, est une des institutions les plus décriées de la République. Le CESE est une entité critiquée par le Gouvernement français lui-même et, plus généralement, par l’opinion publique et par la Cour des comptes : coûts de fonctionnement explosés, opacité d’organisation, agenda improductif, rapports inutiles, représentativité des membres questionnée et qualité des membres également mis en cause, car de trop nombreuses personnes qui ont été désignés par le pouvoir politique pour y siéger, l’ont été pour des raisons difficilement justifiables.

Ce sont là autant de qualificatifs utilisés pour décrier cette institution qui, si elle était appelée à disparaître, ne provoquerait aucune vague dans le paysage administratif français.

Le Tavini huiraatira n’est pas favorable à ce modèle inconséquent, venu d’ailleurs et qui ne reflète pas les préoccupations de nos populations et celles de nos archipels, qui s’inscrivent dans un contexte régional beaucoup plus vaste. De plus, le modèle imposé par le gouvernement est récusé par les membres polynésiens du conseil lui-même.

En effet, il faut compter que l’avis du CESC en date du 2 janvier 2018 n’est pas favorable au projet de délibération qui nous est proposé. Non seulement il est défavorable mais il n’est pas unanime, ni homogène puisque le CESC a opté pour trois avis distincts, l’un émanant du collège des salariés, l’autre du collège des entrepreneurs et des travailleurs indépendants et le dernier du collège de la vie collective.

Chacun de ces avis porte sa propre logique mais au final résonne en cacophonie. Au total, le projet du gouvernement est donc rejeté par le Conseil lui-même. Cela ne laisse rien présager de bon quant au futur de l’institution, une fois la nouvelle équipe mise en place.

Non seulement nous nous trompons de modèle, mais nous nous trompons aussi de réforme car, à l’heure actuelle, où je vous parle, le Parlement français a mis sur sa table un projet de réforme en profondeur du CESC qui sera sans nul doute adopté dans les mois prochains.

Le CESE tel que nous le connaissons, outre une réduction substantielle de ses membres, va devenir la Chambre de la société civile, chargée d’animer un dialogue entre la société et les citoyens en faisant de cette nouvelle institution un carrefour entre consultations publiques et participations citoyennes.

La Chambre sera chargée d’un travail d’expertise et traitera des pétitions publiques sous forme numérique. Elle bénéficiera d’une autosaisine élargie et la force de ses avis sera renforcée.

Dans ce contexte, le projet de réforme qui nous est soumis, avant même d’être débattu ou adopté, est déjà largement dépassé. Pour toutes ces raisons, le Tavini huiraatira est défavorable au projet imposé par le gouvernement dans la précipitation, avant les dernières élections territoriales et aussi à quelques jours de la fin de la mandature actuelle du CESC.

Certes, nous savons qu’une décision de la Cour administrative d’appel de Paris du 2 mai 2018 est aussi venue impacter ce calendrier accéléré. Mais le mal est fait car l’avis du Conseil sur ce projet de réforme a été sollicité à la toute fin de la mandature de l’actuel Conseil et n’a pas permis à ses membres de réfléchir avec la sérénité requise par les enjeux.

Nous estimons que d’énièmes changements dans le nombre des membres ou dans la clé de répartition des collèges ne sont pas de nature à réformer une institution qui mériterait bien plus que des aménagements superficiels pour aborder les vrais défis de la Polynésie au 20e siècle.

Ce projet de réforme est en réalité une occasion manquée de raisonner en termes de politique institutionnelle. Il est décevant qu’en 2018 le gouvernement du Pays en soit encore à promouvoir la méthode du copier-coller d’avec un modèle métropolitain, inadapté de surcroît, pour tenter de l’adapter et de l’étendre aux institutions du Pays.

57 (SA 3 : 21.06.2018)

Nous voterons défavorablement ce projet de délibération.

Merci

La présidente : Merci, Monsieur le maire.

J’invite l’intervenant du groupe Tapura huiraatira à prendre la parole.

M. Frédéric Riveta : Madame la présidente, Madame la ministre, Monsieur le ministre, chers collègues, bonjour.

Comme rapportait notre maire de Arue, il s’agit de modifier la 4e institution de la Polynésie française. Ce projet de réforme de la 4e Institution du Pays, il faut dire qu’il était déjà dans notre circuit législatif, puisqu’il a été initié en début de l’année par le gouvernement et transmis à notre assemblée bien qu’il n’en ait pas eu l’obligation. Chaque collège — il y a eu un débat — a ainsi pu s’exprimer, celui des salariés et de la vie collective ayant émis un avis défavorable et celui des employeurs s’étant abstenu, la question de la répartition du nombre de sièges par collège ayant été la plus contestée.

Le Président du Pays a ainsi préféré surseoir à l’examen de ce texte, qui intervenait au moment même où des mouvements sociaux perturbaient les travaux de notre assemblée.

Ceci étant posé, il faut savoir que le 2 mai dernier, la Cour administrative d’appel de Paris a annulé la décision du tribunal administratif de Papeete et nous oblige aujourd’hui à attribuer un siège au Syndicat de la fonction publique, car ce dernier estime qu’il est plus représentatif que le STIP, le Syndicat territorial des instituteurs, professeurs, et agents de l’éducation publique de la Polynésie française, et la Fédération des syndicats de l’enseignement privé.

Le gouvernement envisage un pourvoi en cassation, mais celui-ci n’étant pas suspensif, il faut que nous nous pliions à cette décision de la Cour d’appel de Paris et, tant qu’à faire, nous avons souhaité, au niveau de la majorité, aller au bout de la réforme initiée au départ.

C’est ainsi qu’il est proposé de créer un quatrième collège, afin de tenir compte de l’évolution de notre société civile et des différents secteurs d’activité, sans pour autant augmenter le nombre de conseillers, qui reste donc à 48, l’idée étant qu’à nombre constant de conseillers, avec un budget constant, on puisse donner une part plus importante aux secteurs moteurs de croissance économique comme le tourisme, l’économie bleue ou le numérique notamment.

Sauf que l’on passe de 16 à 12 conseillers par collège, et nous avons bien compris qu’à l’issue de notre vote pour ce texte, avec l’ouverture de ce nouveau collège, certains de nos collègues de l’opposition voient là une plus grande représentativité des employeurs, par le biais donc de la création d’un quatrième collège.

Ce n’est pas la vision de notre gouvernement et de notre majorité. Il n’est pas question pour nous d’opposer les salariés aux employeurs comme se plaisent à le faire certains. Pour notre majorité, c’est une opportunité d’ouvrir le débat de notre développement économique en recueillant des avis, les propositions de nos référents de toutes les forces vives choisies dans chaque territoire de notre Polynésie, arguant même cette idée d’égalité des territoires dans les prises de décisions par notre majorité.

Nous ne sommes pas dans cette opposition stérile. Là où vous voyez des employeurs, nous voyons des secteurs d’activité. Il s’agit là d’élargir la représentation de la société civile en suivant les priorités que s’est fixé le gouvernement pour cette nouvelle mandature, à savoir : mettre la famille au cœur de sa politique et créer de l’activité pour générer de l’emploi.

58 (SA 3 : 21.06.2018)

En créant ce nouveau collège du développement, nous voulons dépasser ces clivages éculés entre salariés et employeurs en y apportant du sang neuf qui puisse répondre à ce vent de modernité qui souffle sur le CESC, comme l’a qualifié mon collègue maire de Papeete, Michel Buillard, lors de notre commission.

Je terminerai en expliquant que l’argument selon lequel il faudrait augmenter le nombre de conseillers, avec la création d’un nouveau collège, ne tient pas la route à l’heure où nous faisons des économies sur le fonctionnement de nos institutions. Non seulement cela n’est pas nécessaire, mais cela me semble surtout malvenu. Ce n’est pas dans l’air du temps et, pour mémoire, sur le territoire national, on annonce la réduction de moitié des membres du Conseil économique, social et environnemental, et même au niveau de l’Assemblée nationale et du Sénat.

Cette réforme du CESC propose donc une réorganisation avec quatre collèges au lieu de trois, une présidence tournante et la mise en place des procurations, qui seront désormais possibles pour plus de souplesse dans les travaux de l’institution.

Je vous invite donc, mes chers collègues, à approuver ce projet de délibération.

Merci.

La présidente : Monsieur Michel Buillard, vous avez la parole.

M. Michel Buillard : Merci, Madame la présidente.

Ne pas tourner le dos au vent de modernité qui souffle sur l’institution que représente le CESC. C’est par cette image que je voudrais décrire la réforme qui nous est proposée aujourd’hui par le gouvernement.

Pour être parfaitement représentative, cette institution, au demeurant vénérable, doit refléter les aspirations, les propositions des leaders d’opinion ainsi que des groupes les plus actifs de notre société civile. Parmi ceux-ci, selon la composition qui nous est proposée aujourd’hui par le gouvernement, et comme c’était le cas auparavant, une part non négligeable est réservée à la représentation salariale et patronale. Elle est parfaitement justifiée car ces groupes participent de manière déterminante au développement économique et social de notre pays.

Cependant dans le cadre des travaux du CESC, les discussions entre parties concernées doivent dépasser les clivages éculés entre les intérêts antagonistes des uns et des autres, et aborder de manière désintéressée le développement du Pays, en accordant une attention toute particulière aux sujets de société mais aussi en accompagnant les nouveaux secteurs d’activité pourvoyeurs d’emplois.

Comme on peut le constater, la « part belle » est faite également au secteur socioculturel. Pas de changement notable à signaler dans ce domaine-là, si ce n’est la consécration du principe d’une représentation reconnue aux archipels, pas seulement chère à notre collègue représentant des Australes, mais chère à tous les Polynésiens ou encore l’orientation majeure voulue par le gouvernement dans sa politique de la famille qui tend à appuyer les initiatives et les actions visant à la protéger des méfaits de la société ou à l’adapter aux évolutions de cette même société.

Alors, il n’y a qu’à observer autour de nous, la société polynésienne a bien changé et il nous est fait obligation de tenir compte de ces évolutions remarquables du monde polynésien, ceci afin d’adapter nos programmes de développement aux besoins exprimés par les acteurs de terrain qui œuvrent dans les secteurs du tourisme, des économies bleu et verte, du numérique, de l’artisanat et de la culture, enfin de la défense et la valorisation de notre environnement.

Cette division dynamique évolutive de la société est portée par trois nouvelles entités que nous accueillons avec bienveillance : les prestataires d’activités touristiques, le cluster maritime de Polynésie française et l’organisation professionnelle de l’économie numérique. 59 (SA 3 : 21.06.2018)

Il y a, je pense que vous le savez, et on le remarque tous les jours, un foisonnement remarquable des projets de films ou documentaires. Ces projets développés par des créateurs de Polynésie accréditent l’idée d’une Polynésie en voie de développement attaché à sa propre culture. C’est vrai que le regard porté par certaines personnalités de l’extérieur, je pourrais citer par exemple les journalistes d’enquêtes exclusives qui nous donnent une vision approximative, tatillonne, un peu biaisée, des évolutions des choses dans notre pays. Là, ce sont des locaux qui vont parler de leur histoire, de leur culture et de leur développement.

Il serait d’ailleurs intéressant, Mesdames et Messieurs les représentants, de faire figurer dans notre rapport la part des ressources que ces secteurs d’activités apportent dans les caisses du territoire. Voilà. J’en ai terminé. Merci.

La présidente : Merci.

Oui, Monsieur Philip Schyle, vous avez la parole.

M. Philip Schyle : Oui. Merci, Madame la présidente.

Je pense qu’au groupe TAPURA HUIRAATIRA, il doit rester un peu de temps. Donc, je voudrais en profiter, si vous le permettez.

Je n’aurai pas la même verve, la même inspiration, que mon collègue maire de Papeete. Je voulais simplement réagir aux propos que j’ai entendus, tout à l’heure, et notamment sur deux sujets qui m’ont interpellé et que j’ai trouvé extrêmement pertinent.

Le premier sujet, la première question, c’est celle de la représentativité. J’ai entendu le mot « légitimité » tout à l’heure, je pense que ce mot est un peu fort s’agissant des membres du CESC parce qu’en effet, quand on parle de légitimité, c’est la légitimité par rapport au droit, légitimité démocratique. Les élus que nous sommes, nous pouvons la revendiquer. Nous pouvons l’afficher au niveau des membres élus du CESC et je dirais que c’est davantage la représentativité qui est la question centrale en fait de cette polémique qui tourne autour de ce projet de délibération.

C’est vrai que la question qui me vient à l’esprit, c’est comment on mesure cette représentativité des organisations qui sont représentées au sein du CESC ? J’ai entendu, tout à l’heure, un élément de réponse : se faire élire par les collèges. Oui, certainement s’agissant d’organisations qui regroupent, en leur sein, un nombre important d’adhérents. Mais quand on a affaire à des petits entrepreneurs, quand on a affaire à des secteurs où le nombre n’est pas l’élément fondamental c’est plus la productivité, c’est plus la richesse qui est générée, comment on mesure et comment on évalue cette représentativité en veillant — et là, je suis d’accord avec ce que j’ai entendu tout à l’heure — à respecter l’équité ? Donc, ça, c’était la première question que je voulais poser. Je ne sais pas si, Madame la ministre, vous avez quelques éléments de réponse, mais je voulais faire partager cette réflexion.

La deuxième réflexion qui me vient à l’esprit, et visiblement, c’est un argumentaire qu’on entend depuis plusieurs jours. D’un côté, les employeurs, de l’autre côté, les salariés. On a l’impression que la société polynésienne se réduit dans l’esprit de certains à une lutte entre le prolétariat et le capital. Ça fait Marxiste mais c’est un peu ma compréhension des choses.

Or, la société polynésienne, elle est beaucoup plus complexe que cela. Ce ne sont pas que des travailleurs salariés. Parmi les travailleurs, il y a également des travailleurs indépendants, pêcheurs, agriculteurs, artisans. Vous avez également parmi les employeurs, certes il y a des grands patrons, des grandes sociétés, mais vous avez également des petits entrepreneurs qui embauchent un ou deux salariés pour un temps plus ou moins limité, parfois qui recrutent des membres de leur famille. Il faut aussi les prendre en considération. Et puis, vous avez également des associations qui, de plus en plus nombreuses, participent à la création d’activités, qui veulent également contribuer au développement. 60 (SA 3 : 21.06.2018)

La société polynésienne ne se réduit pas à une dualité entre salariés-syndicats d’un côté, et employeurs-patrons capitalistes de l’autre, ce serait beaucoup trop simple. À ce moment-là, la société polynésienne, elle ressemblerait à n’importe quelle société occidentale, européenne ou bien américaine. Et je ne pense pas que ce soit la nôtre.

En revanche, toutes les organisations que je citais tout à l’heure, ou ces travailleurs indépendants que je citais tout à l’heure, ces artisans, ces pêcheurs, ces agriculteurs, veulent être aussi entendus. Et c’est vrai que la vertu du CESC, du fait que ce soit une institution consultative, permet, offre, la possibilité à tous ces acteurs de la vie économique, sociale, culturelle de notre pays de pouvoir s’exprimer et d’être entendu.

Voilà les deux réflexions que je voulais apporter, quelque part en réaction à ce que j’ai entendu tantôt.

Merci, Madame la présidente.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

J’invite, Madame la ministre, à répondre aux interventions des orateurs. Merci.

Mme Nicole Bouteau : Merci, Madame la présidente. Merci à l’ensemble des intervenants.

Je voudrais, dans un premier temps, remercier chaleureusement les intervenants du groupe de la majorité TAPURA HUIRAATIRA parce que vous avez effectivement résumé, chacun d’entre vous, la philosophie qui anime cette réforme, la philosophie qui a conduit le gouvernement à faire cette proposition. Je crois qu’effectivement c’est un vent de modernité, c’est surtout aujourd’hui cette prise de conscience de ce qu’est la société polynésienne, de son évolution, modernité, mais aussi nous gardons bien évidemment le Polynésien au cœur et au centre de nos préoccupations. C’est aussi pour ça que nous mettons la famille au cœur des débats de cette quatrième institution. C’est aussi pour ça que la jeunesse garde sa place, même si vous parlez effectivement de l’éviction de la jeune chambre économique. La jeunesse est au travers de la famille. Elle est au travers de l’union polynésienne de la jeunesse. La jeunesse est au travers de l’ensemble des entreprises qui se sont créées. Elle est au travers du numérique. Elle est aussi au travers de toute cette modernité. Donc, je vous remercie parce qu’effectivement vous avez bien compris cette réforme.

Je voudrais ensuite répondre effectivement aux intervenants du Tahoeraa et du Tavini Huiraatira.

Madame Le Gayic effectivement connaît bien cette institution qu’est le CESC puisqu’elle y a siégé, elle y a été active, et elle nous a rappelé que le CESC s’est penché et a saisi le gouvernement d’un certain nombre de propositions de modifications. Vous en avez cité deux. La première concerne l’augmentation de la durée du mandat des conseillers pour passer de quatre à six. Vous n’êtes pas sans savoir puisque nous avons eu l’occasion d’en discuter au CESC, nous l’avons, je pense également, évoquer dans le cadre de nos travaux au sein de la commission législative en charge des institutions. Cela ne relève pas de notre assemblée mais bien de la loi organique. En tout cas, pour le gouvernement, et donc c’est une modification qui ne peut pas avoir lieu au sein de notre hémicycle, mais c’est au niveau national, ni le gouvernement ni la majorité ne souhaite augmenter cette durée du mandat. Nous restons sur un mandat de quatre ans. Ça ne fait pas partie des propositions que nous faisons au gouvernement central.

Vous avez cité une deuxième modification qui a été sollicitée par les collèges du CESC, celle de la présidence tournante et nous y avons donné suite ainsi que celle du vote par procuration. Vous dites effectivement que nous suivons le classement des CESER et que nous faisons la « part belle » au patronat puisque, dans le cadre de cette modification, c’est le collège des entrepreneurs qui, à la prochaine mandature, prendra la présidence du CESC. Depuis combien de temps est-ce que le patronat, les entrepreneurs, n’ont pas présidé le CESC ? Est-ce que vous le savez, Madame Le Gayic ? 61 (SA 3 : 21.06.2018)

Depuis 13 ans. Voilà. Alors quand vous nous dites que nous faisons la « part belle » au patronat, excusez-moi, ça fait 13 ans que le collège des entrepreneurs n’a pas présidé le CESC.

Nous avons suivi effectivement l’ordre de présentation des CESER, mais nous avons également entendu l’argument qui nous a été développé dans le cadre des travaux que nous avons eu au sein de l’institution CESC, où il nous a été dit qu’il y avait un gentleman agrement qui prévoyait qu’au prochain renouvellement, c’était les entrepreneurs qui devaient prendre la présidence du CESC. Excusez-moi, mais 13 années, ça fait peut-être un petit peu long et je ne pense pas qu’il y ait injustice à permettre aux entrepreneurs de présider, ensuite, les autres collèges viendront puisque nous avons prévu dans le texte, une présidence tournante.

Entièrement d’accord avec ce qui a été dit, on a l’impression et vous écouter effectivement que le CESC, finalement ce n’est que cette dualité que vous entretenez entre les syndicats de salariés et le monde du patronat. Heureusement que notre société polynésienne ne se réduit pas à cela. Que faites- vous de la culture ? Que faites-vous de l’environnement ? Que faites-vous des secteurs porteurs de développement que sont l’économie bleue, l’économie verte, le numérique ? Ne croyez-vous pas que ces secteurs ont également leur place dans les débats de cette institution dont nous reconnaissons l’importance, dont nous écoutons les débats, dont nous tenons compte aussi, contrairement à ce que vous dites, des avis qui peuvent être rendus. Je vous invite à lire le rapport de la Chambre territoriale des comptes, dernier contrôle de gestion du CESC, qui dit que 56 % des avis rendus par le CESC ont une suite donnée par le gouvernement ou par l’assemblée de Polynésie française. Alors, certes, ce n’est pas parfait, ça pourrait être beaucoup mieux mais quand même ce n’est pas rien. Donc, faites également cet exercice.

Je suis heureuse de vous entendre dire également qu’il aurait fallu réformer le régime indemnitaire. Nous avons hésité et on s’est dit que c’était peut-être un peu violent, de non seulement modifier l’organisation du fonctionnement mais également s’attaquer au régime indemnitaire. Mais écoutez, c’est peut-être des travaux qui pourront être menés directement par cette quatrième institution, mais nous pourrons revenir effectivement avec un projet de réforme du régime indemnitaire. Alors soit effectivement, en parlant peut-être plus de forfaits plutôt que de vacation ou alors de revoir le curseur du niveau d’indice prévu dans le régime indemnitaire du CESC. Donc, tout est possible.

Nous ne considérons pas, contrairement à ce que vous dites, que c’est une institution qui coûte cher au Pays. Mais le CESC a accepté de participer également à l’effort de solidarité qui a été demandé, non seulement au gouvernement, mais également à notre assemblée de Polynésie française, mais également à l’ensemble des services et établissements du Pays. Donc, nous avons demandé effectivement à ce qu’il y ait une réduction des dépenses de fonctionnement de l’ensemble des établissements, institutions publiques de notre Pays et nous remercions le CESC d’avoir accepté également de jouer le jeu.

Sur votre volonté de voir le CESC transformé en Sénat, Monsieur Philip Schyle vous avez tout à fait raison, d’un côté, il y a de la représentativité et, de l’autre, il y a effectivement une légitimité. Si tel était le cas, eh bien, il faudrait se confronter, alors, après voir quels seraient les électeurs pour désigner ces nouveaux sénateurs mais ce ne sera certainement pas la désignation que nous connaissons, aujourd’hui, en tout cas, nous y sommes opposés, puisque nous considérons que, tel qu’aujourd’hui, le CESC conduit bien les missions qui lui sont confiées.

Entrée de nouveaux chefs d’entreprise dans le CESC, vous êtes toujours dans cette dualité. Nous ne parlons pas de corporation mais bien de secteurs d’activité, je l’ai déjà dit. Nous ne sommes pas favorables, non plus, à l’augmentation du nombre de conseillers pour les passer à 51, pour les raisons qui ont pu être évoquées, et je ne sais plus, par Monsieur Riveta, c’est ça — Monsieur le maire merci — parce que nous souhaitons, bien évidemment, contenir également les défenses de cette institution.

62 (SA 3 : 21.06.2018)

Monsieur Temaru nous avons entendu, effectivement, la position du Tavini Huiraatira qui, sur le principe, est défavorable à ce texte.

Bilan d’activité depuis 1977, je pense qu’il y a effectivement un bilan. Un bilan dont le CESC n’a pas à rougir non seulement dans ses travaux mais également dans la part active qu’il a pu avoir dans le cadre de grands débats de société que nous avons pu avoir en Polynésie et il y en a eu quelques-uns. J’avais cité à l’époque le Pacte de progrès.

Une énième modification de son fonctionnement via notre assemblée, votre assemblée, régulièrement, également, modifie son organisation et son fonctionnement. Combien y a-t-il eu de modification du règlement intérieur de l’assemblée pour améliorer son fonctionnement ? C’est exactement ce que nous faisons, aujourd’hui, avec ce projet de modification.

Vous dites que, au niveau national, le CESE est très critiqué. On parle bien du CESE, ce n’est pas les CESER, c’est-à-dire, pas les Conseils économiques et sociaux au niveau régional, et c’est effectivement ce mode de fonctionnement et ce mode d’organisation dont nous nous inspirons. Donc effectivement, ne nous trompons pas de modèle.

Voilà, je pense avoir répondu à l’ensemble des intervenants et je voulais de nouveau remercier, effectivement, notre majorité qui a bien compris ce qui anime les modifications. Je retiendrai l’expression, c’est un vent de modernité qui va souffler sur le Conseil économique social et culturel, et nous l’espérons bientôt, également, environnemental.

La présidente : Merci, Madame la ministre.

Nous passons à la délibération.

Article 1er. -

La présidente : La discussion est ouverte sur l’article 1er. Article 1er, pas de discussion.

Je mets au vote. Ceux qui sont pour ?... 39. Ceux qui sont contre ?... 18 contre.

Article 2. -

La présidente : Nous passons à la discussion de l’article 2.

Sur l’article 2, même vote ?... Même vote.

Article 3. -

La présidente : Sur l’article 3, même vote ?...

Article 4. -

La présidente : Article 4. Nous avons un amendement.

Madame la ministre, veillez donner lecture de votre amendement.

Mme Nicole Bouteau : Oui, merci, Madame la présidente.

Il est proposé de modifier le sixième alinéa de l’article 4 du projet de délibération comme suit.

Au lieu de : « un représentant désigné par les organisations professionnelles de la filière perle de Tahiti relevant des listes agréées par le ministère en charge de la perliculture ». 63 (SA 3 : 21.06.2018)

Lire :

« un représentant au titre des intérêts professionnels de la filière perle de culture de Tahiti relevant de la liste agréée par le ministère en charge de la perliculture ».

En fait, il s’agit, simplement, de mettre en cohérence les termes du projet avec ceux de la loi du pays 2017-16 du 18 juillet 2017 qui réglemente les activités professionnelles liées à la production et à la commercialisation des produits perliers et nacriers en Polynésie.

La présidente : Merci, Madame la ministre.

Je mets au vote l’amendement. Ceux qui sont pour ?... Même vote ?... 39.

Sur l’article amendé, même vote ?... Même vote. 18 contre.

Article 5. -

La présidente : Sur l’article 5, même vote ?... 39 pour et 18 contre.

Article 6. -

La présidente : Sur l’article 6, même vote ?... Même vote.

Article 7. -

La présidente : Sur l’article 7, même vote ?... Même vote.

Article 8. -

La présidente : Sur l’article 8, même vote ?...

Article 9. -

La présidente : Sur l’article 9, même vote ?...

Oui, Madame la représentante.

Mme Vaitea Le Gayic : Merci, Madame la présidente.

C’était par rapport à l’article 7. Je voulais juste apporter une observation.

La présidente : Allez-y !

Mme Vaitea Le Gayic : C’était juste pour répondre à Madame la ministre, par rapport à mon intervention de tout à l’heure sur la composition, sur la présidence tournante. Je ne faisais que référence à ce que vous avez envoyé au niveau du CESC lors de votre projet de loi auquel la présidence retournait au collège du développement et que-là, vous avez modifié, ce n’était pas moi qui ait dit que c’est en fonction du classement des CESER, c’est vous-mêmes qui l’avez dit en commission. Simplement, je voulais juste soulever que par rapport à ce que vous avez projeté au niveau du CESC, la présidence tournait au collège du développement. C’était pour préciser que mes propos ne sont pas celles que vous venez d’énumérer depuis tout à l’heure. Merci.

La présidente : Merci, Madame la représentante.

64 (SA 3 : 21.06.2018)

Madame la ministre ?

Mme Nicole Bouteau : Vous avez noté, effectivement, qu’entre la mouture qui avait été présentée au CESC et celle que nous vous présentons aujourd’hui, il y a eu quelques améliorations, je dirais.

Vous noterez, notamment, que vous nous aviez reproché dans le cadre des travaux qui avaient été réalisés au CESC que nous avions proposé de mutualiser les deux sièges qui actuellement relèvent de la Fédération des parents d’élèves du public, il y a aussi un siège pour la Fédération des parents d’élèves du privé. Nous avions proposé de fusionner et de leur consacrer uniquement un siège. Vous constatez que nous vous avons entendu et que nous avons rétabli le deuxième siège pour que ces deux fédérations aient chacune la leur.

Nous avions également supprimé la représentation des organisations médico-sociales, nous les avons réintroduits. Un certain nombre de modifications, qui avaient été faites et qui avaient été critiquées, ont été modifiées. Donc, nous avons entendu une part de vos observations et nous avons amélioré, effectivement, le texte que nous vous présentons aujourd’hui.

La présidente : Merci, Madame la ministre.

Je mets aux voix l’article 9, même vote ?... Même vote.

Article 10. -

La présidente : Sur l’article 10, même vote ?...

Article 1er. -

La présidente : Sur l’article 11, même vote.

Nous avons un nouvel article. L’article 11-1. Un amendement, Madame la ministre ?

Vous avez la parole.

Mme Nicole Bouteau : Effectivement, après l’article 11, il est proposé d’ajouter un article 11-1 au projet de délibération rédigé comme suit : à l’article 32 de la délibération no 2005-64 APF du 13 juin 2005 modifiée susvisée, les termes une heure trente sont remplacés par les termes de deux heures.

Donc rapidement sur les motivations de cet amendement : la durée maximale, actuellement, de présence en séance pour ouvrir droit au paiement d’une indemnité de vacation est aujourd’hui fixée à un heure trente. Cette limite n’empêche pas les réunions de se tenir au-delà mais, en pratique, celle-ci ne dure qu’une heure et demi. Or, cette durée s’avère parfois insuffisante pour que les membres puissent mener à bien leurs travaux et que les personnes conviées à venir les éclairer sur les projets de texte puissent apporter leurs explications d’une façon exhaustive. Ceci se produit, notamment, lorsque l’institution est saisie en urgence. Cette pratique conduit alors le CESC à ajouter de nouvelles séances pour l’examen des projets.

Aussi, afin d’assurer le bon déroulement des travaux des membres des commissions d’une part, et afin d’éviter toute dérive financière préjudiciable à l’institution, d’autre part — ce qui répond en partie à la préoccupation de Madame Le Gayic — nous proposons de fixer à deux heures la durée minimale de présence en séance pour ouvrir droit au paiement d’une indemnité de vacation. Je précise qu’en fin de mandature, les membres du CESC avaient commencé à procéder de cette manière et que cette pratique a démontré son efficacité.

Enfin, cette modification permettra de répondre aux dernières observations de la Chambre territoriale des comptes qui a été rendu en 2012, laquelle a souligné que pour maintenir son niveau de production, 65 (SA 3 : 21.06.2018) le CESC n’a d’autre choix que d’envisager de produire à moindre coût tout en augmentant la durée de ses séances de travail, soit en diminuant l’indemnisation de celles-ci.

La présidente : Merci, Madame la ministre.

Je mets au vote l’amendement. Ceux qui sont pour ?... Même vote ?... 39 pour et 18 contre.

Article 12. -

La présidente : Sur l’article 12, même vote ?...

Article 13. -

La présidente : Sur l’article 13, même vote ?...

Article 14. -

La présidente : Sur l’article 14, même vote ?...

Je mets au vote l’ensemble de la délibération, même vote.

Adoptée. Merci.

RAPPORT No 62-2018 SUR DEUX PROJETS DE LOI DU PAYS RELATIFS À L’EXERCICE DES PROFESSIONS DE CHIROPRACTEUR ET D’OSTÉOPATHE (Cf. annexe) Présenté par Mme Nicole Sanquer et M. Ronald Tumahai.

La présidente : Nous passons au rapport no 62-2018 sur deux projets de loi du pays relatifs à l’exercice des professions de chiropracteur et d’ostéopathe.

Je demande au gouvernement d’exposer l’économie générale des projets. Merci.

M. Jacques Raynal : Merci, Madame la présidente. Bonjour à toutes et à tous.

En fait, il s’agit là de deux textes réglementant des professions qui existent déjà sur le territoire. Nous poursuivons ainsi la mise en conformité, je dirais, avec une réglementation de certaines professions agissant sur le territoire dans le domaine de la santé ou dans le domaine des soins, plus exactement, et qui permettent à la fois aux professionnels et, surtout, aux patients et aux malades d’avoir une sécurité, d’obtenir une certaine sécurité.

Le premier rapport concerne donc les ostéopathes et chiropracteurs, on a réunit, par souci de simplicité, les deux professions mais elles font l’objet d’un projet de loi, chacune pour ce qui la concerne. Ce rapport met en évidence la nécessité, donc, de réglementer ces professions qui sont actives sur le territoire. L’une, notammen les chiropracteurs avec un nombre de praticiens qui est assez faible puisqu’inférieur à la dizaine. Et par contre, en termes d’ostéopathes, nous en avons une trentaine sur le territoire y compris des kinésithérapeutes qui sont également ostéopathes. Voilà.

Donc, cette nécessité, c’est en fait le brossage de toutes les professions agissant actuellement dans le domaine de la santé qui nous a amené à les réglementer progressivement. Vous aurez d’autres textes qui viendront réglementer ces professions, et ceci, bien évidemment, dans le souci d’assurer la sécurité des patients, premièrement et la sécurité des professionnels, deuxièmement. Voilà.

La présidente : Merci, Monsieur le ministre.

Je demande au rapporteur de présenter son rapport. Merci. 66 (SA 3 : 21.06.2018)

M. Ronald Tumahai : Merci, Madame la présidente. Monsieur le ministre, Mesdames et Messieurs les représentants à l’assemblée, Mesdames et Messieurs les techniciens, le public et la presse, bonjour.

Par lettre no 2698/PR et 2699/PR du 23 avril 2018, le Président de la Polynésie a transmis aux fins d’examen par l’assemblée de la Polynésie, deux projets de loi du pays relatifs respectivement à l’exercice de la profession de chiropracteur et à l’exercice de la profession d’ostéopathe.

La chiropraxie et l’ostéopathie sont toutes les deux des méthodes thérapeutiques manuelles et non médicamenteuses.

Le chiropracticien, ou communément appelé le chiropracteur, est un spécialiste du système neuro- musculo-squelettique du rachis — le rachis qu’on appelle communément la colonne vertébrale — et de l’appareil locomoteur. L’ostéopathe, quant à lui, intervient sur l’ensemble du corps et peut concentrer ses efforts autant sur la colonne vertébrale que sur les articulations, les ligaments, les muscles et même le crâne.

Alors qu’en métropole ces deux professions sont réglementées, aucune réglementation n’est adoptée pour ces deux professions en Polynésie. Aussi, est-il prévu aujourd’hui d’encadrer l’exercice localement de la chiropraxie et de l’ostéopathie, afin de garantir la sécurité des patients et écarter les éventuels exercices irréguliers, voire dangereux, de certains professionnels prétendants être chiropracteur ou ostéopathe sans être titulaire du diplôme.

Les projets de lois du pays qui nous sont soumis viennent donc définir ces professions, fixer les conditions d’octroi des autorisations d’exercer, condition de diplôme notamment, les actes que ces professionnels sont autorisés à pratiquer, ainsi que les règles d’exercice de ces professions et les sanctions encourues en cas de non-respect de la réglementation.

Des dispositions transitoires sont également prévues en faveur des professionnels exerçant déjà en Polynésie française et remplissant les conditions requises.

La commission de la santé, de la solidarité, du travail et de l’emploi, réunie le 8 juin 2018 pour examiner ces deux projets de texte, a pu débattre notamment sur les points suivants :

– un débat sur la possibilité donnée aux médecins, sages-femmes, masseurs-kinésithérapeutes et infirmiers, autorisés à exercer, de faire usage du titre de chiropracteur, à la condition d’être titulaires d’un diplôme universitaire ou interuniversitaire, sanctionnant une formation suivie dans le domaine de la chiropraxie au sein d’une unité de formation et de recherche de médecine, délivré par une université de médecine et reconnu par le Conseil national de l’ordre des médecins ;

– un débat également sur les règles, les actes, conditions d’exercice et devoirs envers les patients, fixés par arrêtés en conseil des ministres ;

– enfin, un débat sur les dispositions transitoires fixant un délai limite pour les étudiants en ostéopathie, en formation dans des pays étrangers, qui auront ainsi jusqu’en 2025, après 2 000 h ou 3 années de formation, pour pouvoir s’enregistrer auprès de l’ARASS et ainsi exercer en Polynésie française ;

– enfin, la question de ces dispositions transitoires, qui permettraient d’exercer la profession d’ostéopathe avec un nombre d’heures de formation inférieur à celui exigé en métropole pour pouvoir exercer, c’est-à-dire 5 ans et 5 000 heures de formation, la même question s’est d’ailleurs posée concernant l’exercice de la profession de chiropracteur, avec les dispositions transitoires prévues dans le cadre du projet de loi du pays relatif à cette profession (art. LP 16) et qui devraient concerner, là, 3 personnes.

67 (SA 3 : 21.06.2018)

À l’issue des débats qui ont été tenus, les projets de loi du pays relatifs à l’exercice de la profession de chiropracteur et à l’exercice de la profession d’ostéopathe ont recueilli un vote favorable des membres de la commission.

En conséquence, la commission de la santé, de la solidarité, du travail et de l’emploi propose à l’assemblée de la Polynésie d’adopter les projets de loi du pays ci-joints.

Merci.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

Pour la discussion générale, la conférence des présidents a prévu un temps de parole de 75 minutes réparties comme suit : 50 minutes pour le TAPURA HUIRAATIRA, 14 pour le Tahoeraa huiraatira et 11 pour le Tavini Huiraatira.

J’invite l’intervenante du groupe TAPURA HUIRAATIRA à prendre la parole. Madame Monette Harua.

Mme Monette Harua : Madame la vice-présidente, Monsieur le ministre, Mesdames et Messieurs les représentants à l’assemblée de la Polynésie française, chers collègues, cher public, bonjour.

Je vais joindre les deux dossiers relatifs à l’exercice des professions de chiropracteur et d’ostéopathe en une seule intervention que je résumerai dans les grandes lignes.

La chiropratique et l’ostéopathie ne sont pas réglementés en Polynésie française. Or, ces deux domaines requièrent, plus que jamais, un encadrement précis en matière de diplômes, de formations agréés et, bien sûr, d’autorisation d’exercice de chaque profession respective.

En effet, ces chiropracteurs et ostéopathes exercent dans un secteur libéral avec des tarifs libres. Leurs actes sur la colonne vertébrale, sur les muscles, sur les tendons, les ligaments, les nerfs, les articulations, voire les disques intervertébraux, sont d’autant d’actes de manipulation et de mobilisation sur le corps humain, qu’il est indispensable de garantir la sécurité de leurs patients pour éviter au maximum les exercices dangereux et qui peuvent constituer des erreurs fatales, donc irrémédiables.

Ces projets de loi définissent les professions concernées, identifient les personnes pouvant exercer ces professions, leurs règles d’exercice notamment l’enregistrement auprès de l’Agence de régulation de l’action sanitaire et sociale ainsi que les sanctions et les mesures transitoires.

Les méthodes de ces deux professions n’ont aucunement recours aux médicaments ni à la chirurgie, ce qui nécessite une vigilance encore plus particulière vu qu’il n’y a aucune protection sanitaire en jeu si ce n’est le sérieux et la pratique dans les règles de l’art.

Mes chers collègues, je vous invite à adopter ces deux projets de texte législatifs, qui encadrent des professions qui en ont grandement besoin, dans l’intérêt de notre population.

Merci.

La présidente : Merci, Madame la représentante.

J’appelle l’intervenant du groupe Tahoeraa Huiraatira, Monsieur Frebault, à prendre la parole.

M. Angélo Frebault : Madame la présidente, Monsieur le ministre, Mesdames, Messieurs les représentants,

68 (SA 3 : 21.06.2018)

Les deux projets de loi sur lesquels il nous est demandé de nous prononcer portent sur l’exercice des professions de chiropracteur et d’ostéopathe.

En préambule, je remarque que le CESC ne s’est pas prononcé sur ces deux projets de texte, relatifs à l’exercice de ces professions. La quatrième institution du Pays avait été saisie, en fin d’année dernière, sur le projet de loi relatif à l’exercice de la profession des masseur-kinésithérapeutes. Il aurait été intéressant que le CESC fasse le parallèle entre ces différentes lois du pays que nous présente le gouvernement.

La saisie de cette institution est obligatoire, mais rendue difficile par l’interruption de fonctionnement de nos institutions. Cela n’a que trop duré, Madame la présidente. J’en appelle donc au ministre chargée des relations avec les institutions pour que la procédure de renouvellement du CESC soit lancée dans les meilleurs délais. On l’espère en tous les cas, après le vote de la délibération portant recomposition de l’institution.

J’en reviens maintenant à notre texte. Le gouvernement souhaite — et c’est une bonne chose — règlementer un certain nombre de professions de santé. Les masseur-kinésithérapeutes, comme évoqué tantôt, ont été les premiers de cette longue série de textes. C’est au tour des professions de chiropracteurs et d’ostéopathes. Puis, dans le projet de texte suivant, il s’agira des orthophonistes.

Au travers de ces lois du pays, il est proposé de réglementer ces professions de santé, pour des motifs de sécurité juridique, d’encadrement des pratiques, pour garantir une qualité des soins et lutter contre l’exercice illégal de ces professions.

En ce qui concerne la chiropraxie ou l’ostéopathie, contrairement à la métropole, aucune règlementation n’est prévue en Polynésie, alors que près de 10 chiropracteurs et une trentaine d’ostéopathes exercent ces deux professions sur notre territoire. Pour information, on dénombrait en France, en 2014, 21 095 ostéopathes pour 600 chiropracteurs.

Si l’une comme l’autre de ces professions sont des méthodes thérapeutiques manuelles, non médicamenteuses, indiquées principalement pour traiter des problèmes de dos, elles sont pourtant bien distinctes, tant dans la formation, que dans la pratique. Elles sont définies aux articles LP1 à LP4, pour l’exercice de la chiropraxie et aux articles LP1 et LP2, pour l’exercice de l’ostéopathie. Si la proposition de rédaction convient aux chiropracteurs, elle ne répond pas aux attentes des ostéopathes qui, à l’instar de la délibération relative à l’exercice de leur profession en Nouvelle-Calédonie, regrettent qu’en Polynésie les ostéopathes ne soient pas considérés comme des professionnels de santé. Ils militent donc pour que l’article 2 du projet de loi du pays soit modifié en ce sens. Le Tahoeraa Huiraatira déposera un amendement en ce sens.

Notons au passage que les professionnels de ces deux disciplines que nous avons reçus, regrettent l’absence de concertation qui a prévalu, lors de la présentation par le ministre de la santé, de ces deux projets de loi du pays. Si ces consultations ont respecté une courtoisie de forme, ils déplorent le manque d’écoute et de dialogue, de la part des autorités de la santé, pour échanger sur le fond des dossiers.

Dans un autre registre, on peut relever que ces professionnels ne sont pas non plus encadrés par le biais du conventionnement des praticiens avec la Caisse de prévoyance sociale. Par conséquent, leurs tarifs sont libres. De même, les actes réalisés au bénéfice des ressortissants des régimes de protection sociale, ne sont pas remboursés. Interrogée sur ce point, chacune des professions n’a pas opposé de refus particulier. L’accès au conventionnement avec la CPS — comme vous le savez chers collègues — donne droit à plusieurs avantages, notamment à une prise en charge de la formation continue de ces professionnels. Elle met en place un tarif d’autorité qui évite des dérapages dans la facturation des honoraires. Surtout, le conventionnement des praticiens facilite l’accès au soin de la patientèle ressortissante de la CPS, qui peut alors bénéficier d’un remboursement des actes réalisés.

69 (SA 3 : 21.06.2018)

De ce fait et dans l’intérêt de nos populations qui n’ont pas les moyens financiers de consulter aujourd’hui un chiropracteur ou un ostéopathe, nous proposons d’encadrer ces deux professions, par le biais d’un conventionnement avec la CPS.

Pour autant, se pose la question de l’obligation de formation continue et des conditions de sa prise en charge. L’article LP 11 pour l’exercice de la chiropractie et l’article LP 9 pour l’exercice de l’ostéopathie disposent en effet que toute personne faisant un usage professionnel du titre de chiropracteur ou d’ostéopathe doit entretenir, actualiser et perfectionner ses connaissances. Elle doit notamment participer à des actions de formation continue en chiropractie ou en ostéopathie.

En réalité, comme évoqué précédemment, l’ensemble des professionnels de santé liés par conventionnement avec la CPS bénéficient d’une prise en charge au titre de la formation professionnelle prélevée sur une enveloppe financière d’un montant de 5 millions de francs. Or selon l’Agence de régulation de l’action sanitaire et sociale, la suppression de cette enveloppe serait envisagée dans le cadre du projet de budget 2018 en raison d’une sous consommation des crédits à hauteur de 3 millions de francs. Le ministre de la santé serait-il en mesure de confirmer ou d’infirmer cette déclaration de l’ARASS ?

Quoi qu’il en soit, les professions de chiropracteur et d’ostéopathe sont, en tout état de cause, exclues de cette prise en charge puisqu’elles ne sont actuellement pas sous un régime de conventionnement avec l’établissement.

Cela étant, en application de cette nouvelle disposition qui obligera les chiropracteurs ou les ostéopathes à financer sur fonds propres leur formation continue. Cela participera-t-il au basculement de certains praticiens vers un conventionnement avec la CPS ? Pour bénéficier de cet avantage, je crois en cette hypothèse qui, en tout état de cause, rejoindra notre préconisation citée plus haut.

Dans ce contexte, je m’interroge sur les conditions de prise en charge de cette formation continue. Si l’on considère qu’il est effectivement important pour ces praticiens de s’adapter à l’évolution des connaissances scientifiques, j’estime que l’organisation et la prise en charge de cette formation continue doit relever directement des professionnels eux-mêmes qui sont affiliés, je vous le rappelle, au régime des non-salariés, le RNS. C’est pourquoi nous proposons que cette formation continue ne soit plus supportée, comme elle l’est actuellement, par l’assurance maladie du régime des salariés mais bien par les professionnels. Le Tahoeraa huiraatira déposera un amendement en ce sens.

Une autre question m’interpelle. Elle porte sur les conditions qui satisfont à faire usage professionnel des titres de chiropracteur ou d’ostéopathe. Parmi ces conditions, la personne doit être titulaire d’un diplôme sanctionnant d’une formation spécifique à la chiropractie ou à l’ostéopathie. Or, il n’existe pas d’école de formation en Polynésie sanctionnant ce type de diplôme. Dès lors, les étudiants polynésiens qui souhaitent devenir ostéopathes sont contraints de se déplacer en France métropolitaine pour suivre un cursus spécifique et se voir délivrer un diplôme du ministre national chargé de la santé.

Or, en raison de notre situation géographique, de plus en plus d’étudiants polynésiens sont amenés à suivre leurs études supérieures dans le bassin du Pacifique. Ils se voient ensuite dans l’impossibilité d’exercer leur métier dans leur pays qu’est la Polynésie pour des problèmes de reconnaissance des diplômes étrangers. Alors, si le domaine de la santé est bien de la compétence du Pays, pourquoi le Pays ne mettrait-il pas en place une commission de validation ou d’équivalence des diplômes, à l’instar de ce qui existe dans la fonction publique dans la Polynésie française.

Dans nos échanges avec les représentants des deux professions et à l’instar du texte de la Nouvelle- Calédonie, il ressort par ailleurs qu’en l’état, le projet de texte ne prévoit aucune obligation pour les professionnels de souscrire une police d’assurance afin de garantir leur responsabilité civile dans l’exercice de leur profession. En effet, s’agissant d’une discipline intervenant dans le domaine de la santé, impliquant par ailleurs des risques liés à des actes de manipulation et de mobilisation manuels, il est essentiel, selon moi, que les deux projets de loi du pays prévoient une obligation d’assurance pour 70 (SA 3 : 21.06.2018) garantir la responsabilité civile professionnelle des chiropracteurs et des ostéopathes. Le Tahoeraa Huiraatira déposera un amendement en ce sens.

Des discussions avec les professionnels, deux autres points ont été relevés et ils concernent uniquement la profession d’ostéopathe au sein des articles LP 14 et LP 15. Ces modifications font référence au décret métropolitain adopté en 2014 relatif à la formation en ostéopathie qui, d’une part, fixe le quota d’heures de formation en ostéopathie à 4 860 heures réparties entre la formation théorique et pratique pour 3 360 heures et la formation pratique clinique pour 1 500 heures. À l’inverse, le projet de texte qui nous est soumis, présente une formation d’au moins 2 000 heures. Nous proposons par conséquent d’harmoniser notre projet de texte avec le décret de métropole en alignant le nombre d’heures de formation à 5 000.

Dans le prolongement de cette modification et toujours pour mettre en cohérence les deux lois, nous préconisons l’augmentation de la durée de formation fixée à trois années dans notre projet de texte à cinq années.

Par ailleurs, les ostéopathes souhaiteraient que la condition d’attester d’une expérience professionnelle dans le domaine de l’ostéopathie ou d’au moins cinq années, soit complétée d’un délai de référence maximal fixé dans les huit dernières années de sorte à éviter qu’une personne ayant exercé la profession d’ostéopathe pendant trois ans, 20 ans plutôt, bénéficie de cette mesure transitoire. Le Tahoeraa Huiraatira déposera un amendement en ce sens.

Par ailleurs, le projet de texte prévoit l’intérêt voire l’obligation de disposer d’un lieu d’exercice professionnel, cette même disposition figure dans les deux projets de loi du pays à l’article LP 12 pour les chiropracteurs et l’article LP 10 pour les ostéopathes. Nous soutenons cette disposition en ce qu’elle reprend au sein de la réglementation une disposition actuelle en vigueur sur le plan conventionnel entre les praticiens et la CPS. Nous estimons que sa rédaction est pour le moins succincte et qu’à l’instar du texte de Calédonie, elle aurait pu être étoffée d’autant plus qu’elle sera reprise à l’identique dans les textes à venir qui règlementeront les autres professions de santé.

Pour autant — et ce sera le dernier point de mon intervention — pour pallier à ces manquements dans la rédaction de la loi, la mise en place d’un code déontologique pour chacune de ces deux professions participerait sans nul doute à la mise en place des règles permettant leur contrôle et leur régulation.

Dans le prolongement de cette idée, les deux projets de réglementation ne prévoient pas non plus la mise en place d’ordre professionnel. Or, en l’état, il est juste difficile pour le Pays d’intervenir dans le règlement des litiges courants entre professionnels. En cas de manquement dans la qualité des soins ou encore dans l’encadrement des dépenses ou des honoraires, à ce niveau, nous estimons qu’un Conseil de l’ordre serait certainement plus à même de régler ces problèmes.

En ce sens, compte tenu de la nature des professions de chiropracteur et d’ostéopathe et des tâches spécifiques qui leur sont conférées sur le plan de la santé, nous invitons le gouvernement à prendre toutes les précautions nécessaires et notamment de rendre obligatoire la création d’ordre professionnel pour chacune d’elles.

Merci de votre attention.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

J’invite l’intervenant du groupe Tavini Huiraatira à prendre la parole.

Mme Eliane Tevahitua : Merci, Madame la présidente, bonjour. Monsieur le ministre ainsi que vos collaborateurs, bonjour. Chers collègues ainsi que le public présent.

71 (SA 3 : 21.06.2018)

J’avoue volontiers qu’il est difficile de distinguer un chiropracteur d’un ostéopathe tant ces deux métiers se ressemblent car soignant les mêmes maux à savoir les douleurs lombaires et autres contractures musculaires. Bref, ce sont les spécialistes des problèmes de dos les plus courants, des ligaments, muscles et même du crâne.

L’ostéopathie comme la chiropractie trouvent leur origine au 19e siècle aux États-Unis. Elles font partie des médecines alternatives à côté de la médecine conventionnelle. Ce sont des thérapies manuelles alternatives contrairement à la kinésithérapie qui est une thérapie manuelle conventionnelle.

L’ostéopathie se développera plus en France car enseignée dans une vingtaine d’écoles agréées dispensant aujourd’hui 5 000 heures de formation sur cinq ans alors qu’à ses débuts, la formation s’organisait sur trois ans. Quant à la chiropractie, elle est enseignée que dans deux écoles régies par l’IFEC, l’Institut franco européen de chiropratique qui délivre, depuis leur début, 5 000 heures de formation réparties sur six ans standardisées à l’échelle internationale. La durée des études et le nombre de centres de formation permettent de comprendre pourquoi 700 chiropracteurs environ exercent leur art en France pour 22 000 ostéopathes, soit un rapport d’un chiropracteur pour 32 ostéopathes. Ces deux professions sont respectivement règlementées en France par le décret du 25 mars 2007 et le décret du 7 janvier 2011.

À ce jour, aucune réglementation sur ces deux métiers n’existait en Polynésie alors que dix personnes exercent la chiropractie de manière exclusive et 30 personnes pratiquent l’ostéopathie dont la moitié à titre exclusif, les autres étant des masseurs-kinésithérapeutes. Ces personnes exercent en libéral à des tarifs libres non pris en charge par la CPS. Nous serions curieux de savoir, Monsieur le ministre, si ces tarifs libres font l’objet d’un contrôle des services sanitaires, ne serait-ce que pour qu’ils restent dans les limites du raisonnable.

Tout au plus, savons-nous qu’en ostéopathie, à peu près la moitié des personnes sont nées à Tahiti et que l’ARASS ne dispose d’aucune donnée exhaustive sur le nombre d’étudiants en cours de formation si ce n’est des échos d’étudiants en cours de formation au Canada notamment et en Nouvelle-Zélande.

Nous ne doutons point que la règlementation de ces deux professions apparaît comme une nécessité mais une remarque mérite d’être formulée. Dans ce projet de loi du pays qui reconnaît officiellement ces deux thérapies alternatives occidentales, on remarquera l’absence de prise en compte de l’approche polynésienne des soins manuels prodigués par nos tradi-praticiens du massage. Ces derniers sont inexistants dans ce texte alors que des milliers de Polynésiens les consultent tous les jours et que leur art a traversé les millénaires de l’histoire du peuple polynésien et a survécu à plus de deux siècles de colonisation française. Quand cette injustice sera-t-elle réparée ? À moins de considérer la santé des Polynésiens comme étant du ressort exclusif de la médecine conventionnelle.

Examinons dès à présent le premier projet de loi du pays relatif à l’exercice de la profession de chiropracteur.

Le point 4 de l’article LP 5 amendé en commission par la majorité permettra aux ressortissants européens ou d’un État partie à l’accord sur l’espace économique européen, titulaire d’un diplôme de chiropractie agréé de venir travailler en Polynésie. Le motif invoqué est de limiter la possibilité d’exercer aux seuls ressortissants européens titulaires dudit diplôme car le diplôme pouvant être obtenu dans un grand nombre de pays. En matière de torpillage de l’emploi local, on ne fait pas mieux. Quand j’entends affirmer en commission, de la bouche même de la présidente de la commission, je cite « avec l’amendement qui vous a été distribué, nous allons permettre juste aux étudiants, aux ressortissants européens de pouvoir revenir. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Avec ce texte-là, nous allons encadrer la profession pour protéger l’emploi local ». Je suis outrée ! Et la même de renchérir plus loin en disant : « Pour tous les défenseurs de l’emploi local, ici nous y sommes complètement ». Mais de qui se moque-t-on ?

72 (SA 3 : 21.06.2018)

Que faites-vous des jeunes Polynésiens qui font leurs études en France et que vont-ils devenir si vous ouvrez grand les portes aux chiropracteurs métropolitains et européens ? Que faites-vous des jeunes Polynésiens entreprenant des études de chiropractie en Nouvelle-Zélande, au Canada ou ailleurs qui disposeront d’un diplôme pourtant agréé ? La solution plus protectrice de l’emploi local aurait consisté à retirer ce point 4 et à réserver ces emplois prioritairement aux Polynésiens quelque soit l’endroit au monde où ils auraient fait leurs études, vu que la chiropractie est la seule profession à disposer d’un standard international.

Examinons maintenant le projet de loi du pays relatif à l’exercice de la profession d’ostéopathe.

Ce texte a été rédigé à la demande des ostéopathes afin de réglementer la profession. Comme l’avoue, sans complexe aucun, leur représentant en commission : « depuis 2007, on réclame une loi du pays, pas pour les Polynésiens — vous avez bien entendu, pas pour les Polynésiens — pas pour les Français, mais une loi de pays qui dépend, en définitive, d’un texte qui est sorti en métropole en 2007. Nous l’avons réclamée pour les patients, et nous avons une formation avec des écoles qui sont agréées et qui forment les professionnels en cinq ans, et avec 5 000 heures de cours ». En substance, les praticiens actuels veulent une réglementation identique à celle de la France afin de protéger leur fonds de commerce et se prémunir de futurs ostéopathes polynésiens ou métropolitains qui auraient l’outrecuidance de venir exercer en Polynésie.

Ce qui leur pose problème, ce sont aussi les mesures transitoires prévues à l’article LP 14 autorisant des personnes à exercer l’ostéopathie en Polynésie si elles justifient « d’une formation d’au moins 2 000 heures ou trois années » et « d’une expérience professionnelle dans le domaine de l’ostéopathie d’au moins cinq années ». Les ostéopathes souhaitent, pour leur part, une base de formation de 5 000 heures en cinq ans comme en France. En toute candeur, leur représentant a affirmé aux membres polynésiens de la commission : « Après, les Polynésiens peuvent, comme nous, partir en formation. Et à partir du moment où ils sont agréés, ils auront la possibilité de revenir comme n’importe qui et exercer comme on le fait nous ». Je vous laisse, chers collègues, apprécier la teneur de ces propos.

Pour clore sur ces deux professions, tout ce que le Tavini souhaite, c’est la protection de l’emploi local pour les jeunes Polynésiens. Ce n’est pas votre cas, hélas ! C’est le sens des deux amendements que nous avons déposés. En conclusion, sur ces deux projets de loi du pays, le Tavini s’abstiendra.

La présidente : Merci, Madame la représentante.

J’invite, Monsieur le ministre, à répondre aux différentes interventions. Merci.

M. Jacques Raynal : Merci, Madame la présidente. Merci pour ces interventions.

Je n’ai pas, bien évidemment, de propos particuliers pour Madame Monette Harua qui représente le TAPURA.

Je reviendrai sur les propos de Monsieur Angélo Frebault, le CESC ne s’est pas prononcé en effet, oui, puisque c’était une procédure impossible dans la mesure où le CESC était en renouvellement et qu’il n’est toujours pas renouvelé. Voilà. Donc, on a une réponse de procédure impossible sur cette demande que l’on avait faite.

Le gouvernement souhaite réglementer ces professions et vous avez dit que c’est une bonne chose en effet. Ce qui m’étonne, Monsieur Frebault, c’est que de la part d’un ancien administrateur de la Caisse de prévoyance sociale, vous n’avez, dans vos propos, que l’idée de permettre à ces professions d’une part, d’obtenir une convention — ce qui, en effet, peut-être intéressant mais qui bien évidemment entraînerait une augmentation des dépenses de santé — qui plus est, leur assurer la prise en charge de leur formation continue ce qui augmenterait encore les dépenses de santé, enfin, ou au moins, le budget de la CPS serait mis à mal.

73 (SA 3 : 21.06.2018)

Evidemment, il n’y a pas d’école de l’ostéopathie ou de chiropractie en Polynésie française. On comprend bien pourquoi. D’une part, il n’y aurait pas probablement suffisamment d’étudiants pour pouvoir assurer la continuité de cette école mais aussi, parce qu’il faudrait qu’elle soit validée par probablement des stages pour les étudiants qui ne sont pas probablement d’organisation facile en Polynésie française.

Vous proposez une commission de validation des diplômes. Oui, pourquoi pas. Mais, compte tenu du fait, qu’actuellement tout du moins, le nombre de praticiens de ce type de thérapie est relativement faible puisqu’on l’a dit tout à l’heure, en dehors d’une quinzaine de kinésithérapeutes pratiquant l’ostéopathie à titre mixte et d’une quinzaine d’ostéopathes exclusifs, nous avons neuf ou dix chiropracteurs. Donc, on voit mal une commission de validation des diplômes composés pour une profession qui est relativement faible. Et qui pourrait se permettre de valider les diplômes, d’autant plus que l’ARASS, l’Agence de régulation de l’action sanitaire et sociale, est bien là, et c’est là l’intérêt aussi de la réglementation de ces professions, c’est ce qui va permettre à l’ARASS de s’assurer que les personnes qui viennent et qui exercent cette profession ou qui sont déjà sur le territoire en exerçant cette profession sont bien suffisamment diplômés pour se faire.

Après, sur la responsabilité civile, et bien, il revient à chaque professionnel libéral ou non, exerçant une profession en contact avec le public, de s’assurer lui-même sur les risques inhérents à sa profession et surtout sur les risques de recours toujours possibles d’un patient mécontent ou d’un accident qui aurait pu se produire à l’occasion d’une consultation. Donc, bien évidemment, je pense qu’il y a peu de professionnels sinon aucun professionnel qui travaillent dans le domaine du soin qui refuseraient de s’assurer à quel qu’assurance que ce soit parce qu’on sait quelles peuvent en être les conséquences judiciaires. Donc, le texte qui voudrait que l’on oblige les personnes à s’assurer en responsabilité civile personnelle ne me paraît pas nécessaire dans la mesure où les professionnels savent très bien qu’ils doivent s’assurer et je ne pense pas qu’il puisse prendre le risque de ne pas le faire.

Ensuite, vous avez par deux fois ou trois fois pris l’exemple sur la Nouvelle-Calédonie. Je ne doute pas qu’en Nouvelle-Calédonie, ils puissent élaborer des textes meilleurs que nous, ça, c’est très possible. Je voudrais simplement attirer votre attention sur les dernières statistiques de la CAFAT qui, à l’heure actuelle, démontrent un déficit vertigineux de plus de 22 milliards. Je ne sais pas si la CAFAT pourra continuer à prendre en charge toutes les pathologies — dont certaines sont très importantes y compris le cancer — si elle continue sur cette voie de rembourser tout ce qui est dans le domaine du soin. Mais bon, ça, c’est un autre débat.

Dans le texte que nous proposons, en effet vous l’avez signalé, c’est un texte qui est moins étoffé que celui de Nouvelle-Calédonie, si on doit prendre l’exemple sur Nouvelle-Calédonie. Cependant, on remarquera qu’il est quand même plus étoffé que celui de la métropole et que s’il vous paraît moins étoffé, c’est parce l’arrêté du conseil des ministres doit venir compléter les articles de cette loi du pays pour chacune des deux professions.

Je reviendrai sur les propos de Madame Éliane Tevahitua pour le Tavini. Je passerai d’abord sur l’absence de prise en compte des thérapies manuelles polynésiennes. Et bien, vous le savez quand même probablement, mais si vous ne le savez pas, je suis allé récemment à la Papenoo où il y avait trois jours de rencontre entre ce que l’on appelle « la médecine traditionnelle — c’est convenu de l’appeler comme ça — polynésienne » et la médecine, je dirais, « occidentale », entre guillemets, ou « la médecine moderne » comme on voudra l’appeler. Peu importe le nom qu’on lui donne. Nous avons inclus, depuis quelques temps maintenant, dans le soin notamment en service d’oncologie du CHPF, des pratiques médecine traditionnelle et notamment de thérapie manuelle sur des personnes ressentant des douleurs ou ayant besoin d’être apaisées ou des choses comme ça. Lors de ces trois jours de rencontres entre des spécialistes de l’hôpital, thérapeutes à la fois dans le cancer mais aussi dans d’autres pathologies, il y a des chirurgiens, des infirmières, voire des sages-femmes plus des « tradi-praticiens » tel qu’il est convenu de les appeler, nous avons pu nous rendre compte qu’il y avait des voies de rencontres possibles et de conjonctions de soins possibles dans ce milieu-là. 74 (SA 3 : 21.06.2018)

Nous avançons à tout petits pas dans ce domaine et vous savez pourquoi. Parce qu’il y a quelques années, il y a une vingtaine ou une trentaine d’années même, maintenant, il y a eu de nombreux conflits naissants entre ce qu’on appelait, à l’époque, les guérisseurs et les médecins, je dirais, occidentaux, si on peut dire. Et bien, ce climat s’est apaisé et il faut profiter de cet apaisement pour pouvoir continuer dans le sens d’un travail commun de réflexion, d’intégration progressive de certaines thérapies qui peuvent être efficaces, qui doivent être étudiées aussi. Et donc, pour pouvoir les étudier, il faut bien qu’on les pratique. Voilà. Donc, on est plutôt dans ce sens-là.

Réglementer maintenant serait beaucoup trop tôt. Positionner quelque chose qui n’est pas encore accomplie et ça me paraît prématuré. Mais néanmoins, on peut penser que, dans l’avenir, proche ou moins proche, dans l’avenir, on aura très probablement la possibilité d’introduire dans le processus de soins, ici en Polynésie, des thérapies qui seront codifiées et assisses sur des savoirs qui sont des savoirs ancestraux, mais qui ont été communiquées et qui ont été vérifiées comme étant potentiellement porteuses de bienfaits. Voilà. Donc, pour cela, je vous réponds comme ça. C’est bien trop tôt pour l’introduire dans un texte qui viendrait rigidifier les différentes discussions qu’on peut avoir, et je préfère le laisser encore dans le domaine des simples rencontres conviviales, conviviales, il faut le dire, qui existe maintenant.

La protection de l’emploi local, c’est toujours un domaine qui revient et je comprends vos préoccupations. Il n’est pas question de ne pas en tenir compte. Je comprends vos préoccupations, mais il est très difficile de légiférer dans ce domaine-là. Pourquoi ? Parce qu’on va se trouver confronter à des gens qui risquent d’attaquer un texte qui ne leur permet pas à eux d’être praticiens dans un pays où normalement ils auraient pu l’être. Voilà.

Est-ce que c’est pertinent de le faire ? Dans le domaine actuel, c’est vrai que nous ne savons pas exactement combien y a t-il de jeunes étudiants en cours de formation ostéopathe ou chiropractie ? Pourquoi ? Parce que, comme vous l’avez signalé, ils peuvent aller au Canada, il y en a certainement quelques-uns, d’autres, en Nouvelle-Zélande. Néanmoins, s’ils reviennent, je pense que l’on pourra voir avec l’ARASS et en fonction du nombre d’heures en formation — certaines écoles de formation, notamment, en chiropractie font partie d’un organisme international qui valide les formations — je pense que ça ne me posera pas de problèmes majeurs pour pouvoir reconnaître leurs diplômes.

Le nombre de formation : alors, on est revenu sur les heures de formation. Je crois que ça fait l’objet d’un amendement. Et on en discutera peut-être au moment de cet amendement.

Voilà, je ne sais pas si j’ai répondu à toutes vos remarques ou suggestions, Monsieur Frebault.

La présidente : Merci, Monsieur le Ministre.

Monsieur Frebault, vous voulez intervenir ?... Allez-y !

M. Angélo Frebault : Merci, Madame la présidente.

En ce qui concerne la CESC, c’est tout simplement un rappel d’activer la nomination, donc. Par contre, en ce qui concerne la prise en charge des formations, on a été tous les deux administrateurs de la CPS, on sait pertinemment que les nouvelles professions, donc ces deux corps de métier qui vont être validés, s’approcheront de la CPS pour avoir une convention. Ils sont libres de le faire. L’avantage d’être conventionné, c’est que les malades viendraient payer moins que le tarif autoritaire.

Pourquoi cet amendement ? Pour la prise en charge des formations, parce qu’actuellement, au sein de la CPS, les corps de métier, des praticiens, des médecins libéraux, etc., ont pour la plupart des conventions dans lesquelles est prévue une dotation, et je me pose la question de savoir si cette dotation servirait à subventionner leur formation.

75 (SA 3 : 21.06.2018)

Si on précise dans la loi qu’il n’y a plus à dévier cette dotation pour prendre en charge les formations des praticiens concernés, parce que les dotations, ce sont les cotisations des salariés... Il s’agit tout simplement de mettre dans la loi, de clarifier définitivement, que s’ils veulent prendre en charge leur formation… D’ailleurs, concernant ces deux lois du pays, nous les avons reçus cette semaine et ils l’ont demandé en disant : c’est nous qui les prenons en charge.

En ce qui concerne les lois du pays de la Nouvelle-Calédonie et de la France, ce n’est pas une demande de copier/coller, c’est tout simplement d’adapter ce qui est adaptable en Polynésie française. C’est pour cette raison que nous avons pris quelques mesures de la loi en Nouvelle-Calédonie pour l’adapter à la réalité en Polynésie française.

Vous venez de dire qu’à défaut, parce que la loi ne le précise pas, c’est dans les arrêtés que vous mettriez ces précisions. J’aurais préféré que la loi du pays, que les articles internes décident de la loi, et que les arrêtés soient d’application, mais s’il faut le mettre dans les arrêtés, pourquoi pas. À défaut.

Mais dans la logique, la loi du pays, les articles de la loi orientent et décident. C’est pour cette raison que mes amendements sont bien clairs : c’est à vous de payer votre de formation, et on fait appliquer après.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

La conférence des présidents a prévu, pour ces deux lois du pays, une procédure simplifiée, mais nous avons des amendements.

Je vous propose de passer directement à l’article LP 5.

J’invite Madame la représentante à la lecture de votre amendement.

Mme Eliane Tevahitua : Il s’agit d’un amendement qui insère une nouvelle condition à l’exercice de la profession de chiropracteur, par une modification de l’article LP 5 du projet de loi du pays.

Exposé sommaire des motifs : Au terme de l’alinéa 10 de l’article 74 de la Constitution française du 4 octobre 1958, « des mesures justifiées par les nécessités locales peuvent être prises par la collectivité en faveur de sa population en matière..., de droit d’établissement pour l’exercice d’une activité professionnelle... ».

L’article 18 alinéa 3 de la loi organique 2004-192 du 27 février 2004 portant statut d’autonomie de la Polynésie dispose que : « La Polynésie peut également adopter, dans les conditions prévues au premier alinéa, des mesures favorisant l’accès à l’exercice d’une activité non salariée, notamment d’une profession libérale ».

En fait, la condition posée par l’alinéa 1 de l’article 18 précité est la justification d’une durée suffisante de résidence en Polynésie, l’alinéa 4 indiquant que les mesures prises doivent être justifiées par des critères objectifs en relation directe avec les nécessités du soutien ou de la promotion de l’emploi local.

Or, la France ne peut nier plus longtemps la résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 17 mai 2013, qui a rappelé que, comme les anciens Établissements Français de l’Océanie, la Polynésie faisait initialement partie des territoires considérés comme non autonomes dans sa résolution 66 (I) du 14 décembre 1946, qui a considéré que la Polynésie reste un territoire non autonome au sens de la Charte des Nations Unies, et qui a affirmé le droit inaliénable de la population de la Polynésie à l’autodétermination et à l’indépendance.

Par ailleurs, notre assemblée est en droit de se prévaloir de la convention no 82 sur la politique sociale des territoires non métropolitains adoptée par la Conférence générale de l’Organisation internationale 76 (SA 3 : 21.06.2018) du Travail (OIT-ILO) le 11 juillet 1947 et ratifiée par la France le 26 juillet 1954, notamment son article 2-1., lequel dispose que : « Toute politique destinée, à être appliquée aux territoires non métropolitains doit tendre en premier lieu au bien-être et au développement des peuples de ces territoires ainsi qu’à encourager leurs aspirations vers le progrès social ».

Aussi, il est impératif, dans ce nouveau contexte dans lequel se trouve notre Pays, à savoir : territoire non autonome réinscrit sur la liste des pays à décoloniser au regard de l’ONU et territoire non métropolitain au regard de l’OIT, que l’emploi local soit, non seulement soutenu ou promu, mais surtout protégé pour les enfants de notre pays en raison par ailleurs de l’étroitesse du marché du travail, d’où la proposition de soumettre à l’assemblée l’amendement ci-après.

L’article LP 5 du projet de loi du pays est complété de cinq alinéas ainsi rédigés :

En outre, les personnes citées au premier alinéa doivent justifier d’une durée suffisante de résidence en Polynésie ou d’une durée suffisante de mariage, de concubinage ou de pacte civil de solidarité avec une personne justifiant d’une durée suffisante de résidence en Polynésie.

Pour l’application du présent article, il convient d’entendre par :

 durée suffisante de résidence en Polynésie : une résidence continue de cinq années ou une résidence discontinue d’au moins dix années au jour de l’enregistrement sans frais du diplôme, certificat ou titre auprès de l’Agence de régulation de l’action sanitaire et sociale.

 durée suffisante de mariage, de concubinage ou de pacte civil de solidarité : une durée de cinq années au jour de l’enregistrement sans frais du diplôme, certificat ou titre auprès de l’Agence de régulation de l’action sanitaire et sociale.

Les personnes citées au premier alinéa justifient, auprès de l’autorité administrative compétente, par tous moyens appropriés de la durée suffisante de résidence ou d’union.

Merci.

La présidente : Merci.

Je mets en discussion l’amendement. Pas de discussions ?...

Je mets au vote l’amendement. Ceux qui sont pour ?... 9 pour. Ceux qui sont contre ?... 39 contre. Et « abstention » ? 9 abstentions, 9 pour et donc, le reste, 39 contre. L’amendement est rejeté. Abstention, Monsieur le représentant ?... D’accord. On revote. 39 contre, 9 pour, c’est ça ?... Vous avez levé votre doigt pour voter contre ?... Bon, donc 40 contre, 8 pour et 9 abstentions.

Nous passons à l’article amendé.

Oui, Madame la représentante.

Mme Teura Iriti : S’il vous plaît, Madame la présidente, je demande à la majorité : est-ce qu’on pourrait avoir une petite suspension ? Je vous demande au moins deux minutes.

La présidente : Une minute.

Mme Teura Iriti : Merci.@

La présidente : L’amendement…ceux qui sont pour l’amendement de Madame Eliane Tevahitua ?... Il y a huit. Ceux qui s’abstiennent ?... 11 abstentions et 38 contre. L’amendement est rejeté.

77 (SA 3 : 21.06.2018)

Je mets aux l’article LP5 amendé. Ceux qui sont pour ?... Même vote ?... Même vote.

M. Antony Geros : Quand pourrons-nous débattre ?

La présidente : Sur l’article amendé ?

M. Antony Geros : Exactement !

La présidente : L’article amendé est rejeté.

M. Antony Geros : Notre règlement intérieur nous donne la possibilité d’expliquer notre vote.

La présidente : Explication de vote, c’est cela ?

M. Antony Geros : Merci.

Cela fait un bon moment que nous parlons en français et c’est peut-être la raison pour laquelle nous n’avons pas bien saisi le sens de l’amendement. Il s’agit en fait de réserver l’exercice des professions de chiropracteur et d’ostéopathe pour nos jeunes, dès qu’ils reviennent au pays. C’est ce que cette proposition d’amendement vient insérer dans le projet de texte du gouvernement. Et j’avoue que je suis surpris de la position des membres de la majorité qui, au lieu de se contenter de s’abstenir, votent contre. Et cela en dit long pour nos jeunes qui suivent ces formations en France, ceux qui suivent nos travaux et qui veulent obtenir ces titres.

Nous ne pouvons laisser passer cela et attendons des explications de la part des membres de la majorité que vous êtes. Peut-être que vous avez raison, mais dites-nous où nous avons tort. Mais si c’est nous qui avons raison, nous vous demandons de vous abstenir, parce que nous pouvons toujours revenir sur le vote. Et je sais que vous serez d’accord, Madame la présidente

Donc, j’attends des réactions, peut-être de la part des maires de Papeete, de Arue, et tous les autres, y compris le maire de Rurutu. Avec la notoriété que vous avez, vous ne pouvez pas accepter que l’on vienne effacer ce genre de proposition sur simple ordre de votre meneur, sans même dire un seul mot. Encore une fois, je vous demande de revenir sur le vote et de reconsidérer votre position.

Merci.

La présidente : Merci, Tony.

Monsieur le ministre ?...

Nous passons à l’amendement de l’article LP11. J’invite Monsieur Frebault à donner lecture de son amendement.

M. Angélo Frebault : Merci, Madame la présidente.

L’amendement no 1 sur l’exercice de la profession de chiropracteur.

À l’article LP11 : « Toute personne faisant un usage professionnel du titre de chiropracteur doit entretenir, actualiser et perfectionner ses connaissances. Elle doit notamment participer à des actions de formation continue en chiropraxie. »

Il est proposé d’intégrer la mention « qui devront relever directement d’une prise en charge des professionnels » en fin de phrase, après « chiropraxie ».

78 (SA 3 : 21.06.2018)

L’article LP11 de la présente loi du pays dispose que toute personne faisant un usage professionnel du titre de chiropraxie doit entretenir, actualiser et perfectionner ses connaissances, en participant notamment à des actions de formation continue en chiropraxie.

Si l’on considère qu’il est effectivement important, pour ces praticiens, de s’adapter à l’évolution des connaissances scientifiques, l’organisation et la prise en charge de cette formation ne doit pas être supportée par l’assurance maladie du régime des salariés, mais bien par les professionnels eux-mêmes, qui sont affiliés au régime des non-salariés.

Il est donc proposé de modifier l’article 11 du projet de loi du Pays, en ajoutant à la fin de la phrase la mention « qui devront relever directement d’une prise en charge des professionnels ».

Merci.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

Je mets l’amendement en discussion. Pas de discussion ?...

Monsieur le ministre.

M. Jacques Raynal : Merci, Madame la présidente.

En fait, rajouter cet élément de phrase reviendrait à aller, je dirais, mettre la charrue un petit peu avant les bœufs dans la mesure où cela voudrait prévoir à l’avance que les professionnels chiropracteurs aient l’intention de s’affilier par convention avec la CPS. C’est d’ailleurs, au début des propos de Monsieur Frebault, ce qu’il ressortait tout à l’heure, notamment en termes de facilité pour les patients d’avoir des remboursements. Donc, je ne crois pas, à mon sens, que la CPS soit prête pour l’instant à proposer une convention avec ces professionnels.

Mais, dans l’hypothèse où elle le ferait, il n’est absolument pas utile de venir amender l’article 11 en stipulant que les praticiens chiropracteurs devraient se prendre en charge eux-mêmes pour leur formation professionnelle, c’est déjà le cas. Je veux, pour exemple, la convention individuelle qui prévaut actuellement pour les médecins conventionnés où il n’est pas prévu que la CPS prenne en charge la formation continue.

Par ailleurs, pour revenir sur le sujet de la formation continue au sein des conventions de la CPS, en effet, il y a une enveloppe de cinq millions qui avait été prévue pour différentes professions. Les médecins quand ils étaient en convention non individuelle, en convention collective, les infirmiers, les sages femmes et les masseurs-kinésithérapeutes peuvent trouver le bénéfice d’un budget, d’une enveloppe de cinq millions, par profession, avec laquelle ils peuvent organiser des formations continues.

Mais ce ne sont pas des formations continues individuelles en général, ce sont des formations continues organisées par la profession avec un budget présenté à la CPS, qui l’accepte ou qui ne l’accepte pas, qui l’accepte en totalité ou partiellement dans une enveloppe fermée de 5 millions de francs. Voilà.

Donc là, on parle plus de formation continue professionnelle individuelle et c’est le cas pour de nombreuses professions. On a souvent des chirurgiens qui s’en vont — ceux qui vont se perfectionner dans des stages hospitaliers — pour autant, leur formation lorsqu’ils sont libéraux, n’est pas prise en charge par la CPS.

Donc je pense que ce n’est pas utile de venir amender cet article dans la mesure où, dans l’hypothèse où il y aurait éventuellement une convention, au sein de cette convention, il pourrait être stipulé que la formation continue pourrait être encadrée par une enveloppe particulière. 79 (SA 3 : 21.06.2018)

La présidente : Merci, Monsieur le ministre.

Oui, une minute, Monsieur Frebault.

M. Angélo Frebault : Merci, Madame la présidente.

Je ne suis pas de l’avis de Monsieur le ministre. Cette loi ne dit pas à ce corps de métier d’avoir une convention. La ligne dit bien que ce corps de métier doit suivre des formations continues. Il ne précise pas qui paye, qui prend en charge. Mon amendement va donc dans ce sens parce que tu le sais très bien, une fois que ce corps de métier est en convention avec la CPS, on ne maîtrise pas les dotations affectées à chaque convention.

Par contre, si on le signifie dans la loi, ça clarifie qu’eux-mêmes, ils doivent prendre en charge leur formation. Voilà la vérité, le sens de notre amendement, c’est de clarifier, car vous le savez pertinemment, de l’autre côté lorsqu’on donne une dotation à un corps de métier qui chiffre par des millions, ce sont les cotisations des salariés. Si on prend dans cette dotation pour payer la formation, on se pose la question, ce sont les petits salariés qui vont payer la formation des grands salariés alors qu’eux-mêmes dans leur carrière, ne bénéficient pas d’une formation innovante. C’est sécurisé dans la convention que les dotations ne servent pas à prendre en charge la formation continue.

Merci.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

Je mets au vote l’amendement. Ceux qui sont pour ?... 11. Qui s’abstient ?... 8. Qui est contre ?... 38. L’amendement est rejeté.

Nous passons à l’amendement suivant, Monsieur Frebault.

M. Angélo Frebault : L’amendement no 2 pour la profession de chiropracteur.

Au « Titre IV - Règles d’exercice de la profession de chiropracteur », il est proposé de créer après l’article 12 un article supplémentaire dans la loi du pays rédigée comme suit :

« L’article XX.- Le chiropracteur est tenu de souscrire une assurance en responsabilité civile professionnelle (RCP) adaptée à l’activité exercée et conforme à la couverture requise par les lois et les règlements en vigueur en la matière auprès d’une compagnie d’assurance notoirement solvable ».

En effet, le projet de loi du pays ne prévoit aucune obligation pour les professions de chiropracteur, de souscrire une police d’assurance, afin de garantir la responsabilité civile dans l’exercice de la profession.

Compte tenu des responsabilités en jeu. Cette condition d’exercice doit relever de la loi du pays et non pas fixée en arrêté pris en conseil des ministres.

Il est donc proposé de créer un article supplémentaire dans le projet de loi du pays rédigé comme suit :

« L’article XX.- Le chiropracteur est tenu de souscrire une assurance en responsabilité civile professionnelle (RCP) adaptée à l’activité exercée et conforme à la couverture requise par les lois et les règlements en vigueur en la matière auprès d’une compagnie d’assurance notoirement solvable ».

Merci.

La présidente : Merci. Monsieur le ministre. 80 (SA 3 : 21.06.2018)

M. Jacques Raynal : Oui, très brièvement Madame la présidente

Je comprends la préoccupation de Monsieur le représentant, sans aucun problème, mais cette disposition ne figure dans aucun des textes réglementant les professions médicales quelles qu’elles soient, professionnels de santé ou autres. C’est implicite. C’est ce que je disais initialement, on ne peut pas imaginer qu’un professionnel réalisant des soins puisse prendre le risque de ne pas s’assurer auprès des assurances, avec des sommes qui sont modiques, donc qui ne sont pas un frein à l’assurance bien évidemment.

Pour exemple, les médecins en général sont assurés à une assurance qui s’appelle le Sou médical qui est une assurance mutualiste en fait. Pour ma part, l’assurance annuelle représentait 700 euros, ce qui n’est quand même pas un chiffre énorme. Et donc, c’est justement le fait que ces assurances soient relativement accessibles et même totalement accessibles qui fait que nul besoin est, dans les lois, de réglementer ces préconisations. Voilà.

La présidente : Merci.

Je mets aux voix l’amendement. Ceux qui sont pour ?... 11 pour. Abstention ?... 8 abstentions. Ceux qui sont contre ?... 38 contre. L’amendement est rejeté.

Article 16.-

La présidente : Nous passons à l’article 16 avec un amendement de Monsieur le ministre. Veuillez donner lecture de votre amendement.

M. Jacques Raynal : Merci, Madame la présidente.

C’est en fait une modification de l’article 15 qui ne change rien son esprit mais qui dit les choses peut- être un peu mieux. Je ne sais pas si ça va satisfaire tout le monde, donc voilà.

Il est proposé de modifier l’article LP 15 au projet de loi du pays comme suit : L’article LP 15.- Les ressortissants d’un État membre de l’Union européenne ou partie à l’accord sur l’espace économique européen n’exerçant pas l’ostéopathie…

Attendez, excusez-moi, ce n’est pas le bon. Je vous prie de m’excuser.

Excusez-moi, c’est juste d’enlever un terme qui est superfétatoire — si je puis m’exprimer ainsi —sur l’article LP 16 « À titre transitoire et », c’est supprimer ce morceau de phrase parce qu’il n’a pas lieu d’être en fait puisqu’il n’y a pas de possibilité de faire une transition. Donc on commence l’article LP 16 par les mots : « Par dérogation aux dispositions de l’article LP 5, les personnes exerçant la chiropractie en Polynésie française à la date de promulgation de la présente loi du pays peuvent continuer à exercer la chiropractie sur le territoire si elles satisfont aux conditions suivantes… », ensuite il y a les conditions tel qu’il était prévu. Donc on supprime les trois, quatre mots « À titre transitoire et ».

Voilà, je vous prie de m’excuser, j’étais un peu perdu dans mes pages.

La présidente : Merci, Monsieur le ministre.

La discussion est ouverte sur l’amendement. Pas de discussion ?...

Ceux qui sont pour l’amendement ?... Ceux qui sont pour ?... 38. Ceux qui sont contre ?... Abstention ?... 19 abstentions. Merci.

81 (SA 3 : 21.06.2018)

Nous passons au scrutin public pour le vote de la loi du pays relative à l’exercice de la profession de chiropracteur comme le prévoient les articles 142, dernier alinéa de la loi statutaire, et 43 du règlement intérieur.

Je demande à Madame le Secrétaire général de faire l’appel des représentants.

Mme Jeanne Santini :

Mme Amaru Patricia absente, procuration à M. Luc Faatau, pour Mme Aro Dylma pour Mme Atger-Hoi Teumere contre M. Brotherson Moetai absent, procuration à Mme Teumere Atger-Hoi, contre Mme Bruant Virginie absente, procuration à Mme Monette Harua, pour M. Buillard Michel pour Mme Butcher-Ferry Yseult absente, procuration à Mme Vaitea Le Gayic, abstention Mme Cross Valentina contre M. Faatau Luc pour M. Flohr Henri absent, procuration à Mme Dylma Aro, pour M. Fong Loi Charles pour M. Frebault Angélo abstention Mme Frebault Joëlle pour Mme Galenon Minarii absente, procuration à Mme Valentina Cross, contre M. Geros Antony contre M. Graffe Jacquie absent, procuration à M. Philip Schyle, pour Mme Harua Monette pour M. Heaux James abstention Mme Iriti Teura abstention M. Kautai Benoit absent, procuration à Mme Joëlle Frebault, pour M. Laurey Nuihau absent, procuration à Mme Béatrice Lucas, pour Mme Le Gayic Vaitea abstention M. Lisan Marcelin absent, procuration à M. Ronald Tumahai, pour Mme Lucas Béatrice pour M. Maraeura Teina absent, procuration à Mme Joséphine Teakarotu, pour Mme Matehau-Nuupure Juliette absente, procuration à Mme Romilda Tahiata, pour M. Moutame Thomas absent, procuration à M. Frédéric Riveta, pour M. Natua Bernard abstention M. Perez Antonio pour Mme Perry-Friedman Vaiata abstention Mme Pomare-Tixier Yvannah absente, procuration à Mme Augustine Tuuhia, pour Mme Puhetini Sylvana pour M. Riveta Frédéric pour M. Salmon Geffry abstention Mme Sanquer Nicole absente, procuration à Mme Sylvana Puhetini, pour M. Schyle Philip pour M. Taae Putai absent, procuration à Mme Louisa Tahuhuterani, pour M. Tahiata Fernand absent, procuration à M. Angélo Frebault, abstention Mme Tahiata Romilda pour Mme Tahuhuterani Louisa pour Mme Tarahu-Atuahiva Teura absente, procuration à Mme Moihara Tupana, pour Mme Teahe Teapehu pour Mme Teakarotu Joséphine pour M. Tehaamoana Etienne abstention 82 (SA 3 : 21.06.2018)

M. Temaru Oscar absent, procuration à M. Antony Geros, contre Mme Teriitahi Tepuaraurii pour Mme Terooatea Sylviane absente, procuration à Mme Teura Iriti, abstention Mme Tetopata Tapeta absente, procuration à Mme Tepuaraurii Teriitahi, pour Mme Tetuanui Lana absente, procuration à M. Antonio Perez, pour Mme Tevahitua Eliane contre M. Tokoragi Félix pour M. Tong Sang Gaston absent, procuration à M. John Toromona, pour M. Toromona John pour M. Tuheiava Richard absent, procuration à Mme Eliane Tevahitua, contre M. Tumahai Ronald pour Mme Tupana Moihara pour Mme Tuuhia Augustine pour

La présidente : L’ensemble de la première loi du pays concernant l’exercice de la profession de chiropracteur est adopté par 38 voix pour, 8 contre et 11 abstentions.

Madame Éliane Tevahitua, explication de vote. Merci.

Mme Eliane Tevahitua : Qu’il soit bien clair que nous ne sommes pas contre la règlementation de cette profession. Mais, nous sommes contre la non-protection de l’emploi pour les enfants du pays.

La présidente : Oui, Monsieur Geros, explication de vote aussi.

M. Antony Geros : Pour compléter l’intervention précédente, je vais m’exprimer en tahitien. Je sais que cela fait 35 ans que le ministre réside dans notre pays et qu’il comprend le tahitien.

Pour vous dire que, dans les textes européens relatifs à la création d’emploi, il n’est pas du tout écrit : ouvert aux ressortissants des PTOM. Pourquoi ne pourrions-nous pas être fermes vis-à-vis d’eux et leur dire que s’ils nous imposent des dispositions, cela doit se faire dans les deux sens ? À chaque fois, c’est à nous de nous soumettre à leurs décisions. Non ! Ce matin, nous avons bien entendu le vice- président dire que nous sommes autonomes. Or, ce n’est pas du tout ce que l’on voit dans les actes. Nous n’avons même pas la possibilité de protéger l’emploi pour notre jeunesse. Où voyez-vous que nous sommes autonomes ?!

Ce n’est pas la première fois que l’on en parle. Déjà, l’année dernière nous en avons discuté, et même lors des dernières élections. Ce point a été débattu ici, dans cette enceinte, entre anciens représentants, dont certains sont parmi nous aujourd’hui. Et, à cette occasion, beaucoup ont soulevé la remarque suivante : pourquoi nous imposer des dispositions alors que nous sommes autonomes. En tant que pays autonome, les décisions doivent nous revenir. Il n’est pas question que l’on nous impose quoi que ce soit. Ne pourrions-nous pas leur imposer de mentionner également dans leurs textes relatifs à la création d’emplois que l’emploi dans leur pays doit également être ouvert aux ressortissants des PTOM ?! Pourquoi ce ne serait pas possible ! Je vous demande de mentionner cela dans les accords de l’Élysée.

Merci.

La présidente : Merci, Tony.

Monsieur Faatau.

M. Luc Faatau : Merci, Madame la présidente.

83 (SA 3 : 21.06.2018)

Je me permets de réagir parce que, en étant défavorables aux propositions concernant l’exercice de ces deux professions, vous ouvrez la porte à tous ceux qui peuvent entrer dans notre pays. Car, si nous ne mettons pas en place une réglementation, tous ceux qui ont le titre d’ostéopathe ou celui de chiropracteur pourront séjourner chez nous sans qu’il n’y ait aucun cadre. Aussi, sommes-nous désolés du fait que nous n’avons pas pu nous mettre d’accord sur cette question de réglementer l’exercice de ces professions. Au jour d’aujourd’hui, du fait qu’il n’existe aucune réglementation pour encadrer ces professions, notamment sur la fixation des tarifs, les malades qui n’ont pas les moyens ne peuvent pas consulter ces praticiens. Demain, lorsque cette première étape sera franchie, nous pourrons faire en sorte que tout le monde puisse bénéficier de ces nouvelles méthodes thérapeutiques.

Donc, nous sommes attristés de constater que nous ne sommes pas unanimes sur la proposition de règlementer l’exercice de ces professions dans notre pays.

Merci.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

Monsieur Geros.

M. Antony Geros : Si, nous sommes unanimes. Cher Père Noël, nous sommes unanimes. Il y a juste cette disposition qui ouvre la porte à ceux de l’extérieur qui veulent exercer ces professions chez nous qui nous sépare.

Si, aujourd’hui, nous sommes sur l’exercice des professions de chiropracteur et d’ostéopathe, il faut garder à l’esprit que, quand vous partez en voyage — vous-même, vous le savez — et que vous arrivez à l’aéroport de Los Angeles, vous voyez des jeunes qui vous proposent des séances de massage japonais, appelé amma, pour soulager un peu le stress du voyage. Quand bien même ces jeunes, sans diplôme, sont juste ceinture noire, il n’empêche que, à la fin de la séance, il faut les payer. Et donc, il n’est pas impossible que cette profession arrive chez nous, à l’instar du shiatsu. Or, notre collègue représentante disait que nos anciens ont déjà pratiqué l’art du massage dans notre pays. Nos anciens ! Nous connaissons les bienfaits de leur massage puisque nous en avons eu droit pendant toute notre enfance. Et donc, si nous voulons bien faire les choses, commençons par nous d’abord c’est-à-dire que nous devons rédiger un texte pour permettre à nos tradipraticiens d’exercer en toute légitimité leur profession, comme ces Européens qui viennent chez nous exercer leur profession, mis à part la question du diplôme et des moyens à leur disposition pour pratiquer le massage.

Donc, j’encourage les uns et les autres à ouvrir davantage votre esprit sur cette question parce que cela nous permettra de trouver une solution au problème auquel sont confrontés nos anciens, lesquels ne cessent de faire appel aux législateurs que nous sommes pour prendre en compte leur situation.

Merci

La présidente : Merci, Monsieur Geros.

Nous passons à l’étude de la loi du pays concernant la profession d’ostéopathe.

Et j’invite l’auteur du premier amendement à passer à la lecture… Article LP 2.

Monsieur Frebault.

M. Angélo Frebault : Merci, Madame la présidente.

À l’article LP 2 : « L’ostéopathe reçoit et examine les patients en tenant compte des interactions des différents systèmes (anatomiques, physiologiques et environnementaux). L’ostéopathe établit un 84 (SA 3 : 21.06.2018) diagnostic suivant les principes de l’ostéopathie afin de traiter, prévenir ou orienter, si besoin, le patient vers d’autres professionnels de santé. »

Il est proposé d’intégrer la mention « est un professionnel de santé qui » après « L’ostéopathe ».

La délibération relative à l’exercice de la profession d’ostéopathe en Nouvelle-Calédonie précise, en son article 2, que les praticiens sont des « professionnels de santé ».

Les ostéopathes exerçant en Polynésie française souhaitent qu’à l’instar du texte calédonien, la pratique de cette profession soit également reconnue comme étant une profession de santé.

Il est donc proposé de modifier l’article 2 du projet de loi du pays en ajoutant la mention « est un professionnel de santé qui », dans la définition donnée à l’article 2, après « L’ostéopathe ».

Merci.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

Monsieur le ministre.

M. Jacques Raynal : Merci, Madame la présidente.

En fait, le terme de « professionnel de santé » n’est pas quelque chose qui est défini comme tel dans le code de la santé publique. Il y a des professions de santé comme les médecins, les infirmiers, les sages-femmes et d’autres, mais il n’y a pas de professionnel de santé à proprement parlé.

En fait, pourquoi l’ostéopathe ne peut pas être, à mon sens et à notre sens, un professionnel de santé ? Tout simplement parce que l’ostéopathie, c’est une activité de soins qui résulte de règles relatives à l’encadrement de son activité, ce qui rend à ces professionnels une certaine autonomie et surtout une différence dans leur rapport avec les médecins.

La méthode thérapeutique manuelle qui exclut toute prescription médicamenteuse, elle est reconnue depuis 2002 dans le droit français. L’arrêté du 6 janvier 1962 réserve les actes d’ostéopathie aux seuls médecins. Ce n’est que depuis très récemment que les ostéopathes ont été reconnus comme tel par la loi.

Donc, en fait, ce qu’il faut comprendre, c’est qu’on est là dans le cadre d’un soin, mais on n’est pas là dans le cadre de soin médical. Et si on met le terme de « professionnel de santé », c’est comme si on identifiait ces professionnels à une profession de santé comme les médecins. En fait, je n’ai pas discuté directement avec eux sur ce plan-là, je ne crois pas que les professionnels eux-mêmes souhaitent réellement devenir professionnel de santé. Pourquoi ? Parce qu’à ce moment-là, ils auront un encadrement réglementaire beaucoup plus sévère et législatif, beaucoup plus sévère en termes de possibilités de soins et, donc, ils risquent de se retrouver dans une espèce d’impasse thérapeutique. Voilà.

En fait, ajouter la mention « est un professionnel de santé » n’ajoute rien à la disposition définissant l’ostéopathe tel qu’il doit être, mais vient au contraire le positionner de telle façon qu’il va se trouver encadré par des règles beaucoup plus sévères que celles qui encadrent sa profession. Voilà.

La présidente : Merci, Monsieur le ministre.

Monsieur Angélo Frebault.

M. Angélo Frebault : Merci, Madame la présidente.

85 (SA 3 : 21.06.2018)

Tout simplement une réponse au ministre, c’est qu’il se trompe. C’est que ces professionnels, ils le souhaitent. Et dans la loi du pays en Nouvelle-Calédonie figure cette notion. C’est pourtant une loi du pays institutionnelle. Donc, c’est à leur demande. Si vous rejetez ça… C’est à eux de voir.

Merci.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

Je mets au vote l’amendement. Ceux qui sont pour ?... 11. Abstention, 8. Ceux qui sont contre ?... 38. L’amendement est rejeté.

On passe à l’article LP 3.

Amendement de Madame Éliane Tevahitua. Je vous invite à en donner lecture Mme Eliane Tevahitua : C’est un amendement qui insère une nouvelle condition à l’exercice de la profession d’ostéopathe par une modification de l’article LP 3.

L’article LP 3 du projet de loi du pays est complété de cinq alinéas ainsi rédigés :

« En outre, les personnes citées au premier alinéa doivent justifier d’une durée suffisante de résidence en Polynésie française ou d’une durée suffisante de mariage, de concubinage ou de pacte civil de solidarité avec une personne justifiant d’une durée suffisante de résidence en Polynésie.

Pour l’application du présent article, il convient d’entendre par :

– durée suffisante de résidence : une résidence continue de cinq années ou une résidence discontinue d’au moins dix années au jour de l’enregistrement sans frais du diplôme, certificat ou titre auprès de l’ARASS ;

- durée suffisante de mariage, de concubinage ou de pacte civil de solidarité : une durée de cinq années au jour de l’enregistrement sans frais du diplôme, certificat ou titre auprès de l’ARASS.

Les personnes citées au premier alinéa justifient, auprès de l’autorité administrative compétente, par tous moyens appropriés, de la durée suffisante de résidence ou d’union. »

La présidente : Merci Madame la représentante. Je mets en discussion l’amendement. Monsieur le ministre ?

M. Jacques Raynal : Oui s’il n’y a personne d’autre. Peut-être puis-je me tromper, vous me corrigez si je me trompe, mais je comprends, par exemple que, imaginons qu’un ostéopathe ait rencontré une jeune et jolie tahitienne, un jour, et qu’il veuille revenir, amené par son épouse, sur le territoire.

Ça veut dire qu’il va falloir qu’il attende cinq ans avant de pouvoir travailler, parce qu’il n’aura pas les cinq ans de résidence ou s’il est marié, il devra attendre 5 années au jour de l’enregistrement sans frais du diplôme. Cinq années de mariage, c’est ce qui me gêne dans cette disposition, c’est-à-dire que, on recule l’échéance mais ça ne l’empêche pas de venir s’installer quand même.

La présidente : Madame la représentante.

Mme Eliane Tevahitua : Je souhaiterai répondre aux explications du ministre.

Le cas qu’il cite est un cas exceptionnel mais, imaginez un moment, qu’il y ait 100 ostéopathes qui débarquent de France ou de n’importe quel pays d’Europe et qui viendraient dans notre Pays. Où iront nos enfants qui sont partis faire cette formation ? Ils seront obligés de rester à l’extérieur de leur Pays.

86 (SA 3 : 21.06.2018)

La présidente : Merci Madame la représentante. Pas de discussion ? Je mets aux voix l’amendement, ceux qui sont pour ? 8 pour. Abstention ? 11 absentions. 37 contre. L’amendement est rejeté.

Nous passons à l’article 9 en invitant l’auteur de l’amendement, Monsieur Frebault, à donner lecture de son amendement.

M. Angélo Frebault : Merci, Madame la présidente.

À l’article LP 9 : « Toute personne faisant un usage professionnel du titre d’ostéopathe doit entretenir, actualiser et perfectionner ses connaissances. Elle doit notamment participer à des actions de formation continue en ostéopathie. »

Il est proposé d’intégrer la mention « qui devront relever directement d’une prise en charge des professionnels » en fin de phrase, après « ostéopathie ».

L’article LP 9 de la présente loi du pays dispose que toute personne faisant usage professionnel du titre d’ostéopathe doit entretenir, actualiser et perfectionner ses connaissances, en participant notamment à des actions de formation continue en ostéopathie.

Si l’on considère qu’il est effectivement important, pour ces praticiens, de s’adapter à l’évolution des connaissances scientifiques, l’organisation et la prise en charge de cette formation, ne doit pas être supportée par l’assurance maladie du régime des salariés, mais bien par les professionnels eux-mêmes, qui sont affiliés au régime des non-salariés.

Il est donc proposé de modifier l’article 9 du projet de loi du pays, en ajoutant à la fin de la phrase la mention « qui devront relever directement d’une prise en charge des professionnels ».

Merci.

La présidente : Merci. Monsieur le ministre.

M. Jacques Raynal : Madame la présidente, la même remarque que tout à l’heure pour un amendement semblable pour le texte des chiropracteurs.

La présidente : Merci. Oui, Monsieur Angelo Frebault.

M. Angélo Frebault : Oui, je voulais compléter. Effectivement, c’est comme la première loi de pays mais si on ne vient pas clarifier dans la loi les articles, on oriente ces professionnels à utiliser les dotations de la CPS et à payer donc leurs formations. Merci.

La présidente : Merci. Je mets l’amendement en discussion. Pas de discussion. Je mets aux voix l’amendement. Ceux qui sont pour ? 11 pour. Abstention ? 8 abstentions. Ceux qui sont contre ? 37 contre. L’amendement est rejeté.

Nous passons à l’amendement suivant. Monsieur Frebault.

M. Angélo Frebault : Merci Madame la présidente.

Au « Titre IV - Règles d’exercice de la profession d’ostéopathe », il est proposé de créer après l’article 10, un article supplémentaire dans la loi de pays, rédigé comme suit :

« Article XX : L’ostéopathe est tenu de souscrire une assurance en responsabilité civile professionnelle (RCP) adaptée à l’activité exercée et conforme à la couverture requise par les lois et règlements en vigueur en la matière auprès d’une compagnie d’assurance notoirement solvable. »

87 (SA 3 : 21.06.2018)

En effet, le projet de loi du pays ne prévoit aucune obligation pour des, pour les professions, pour les professions d’ostéopathes, de souscrire une police d’assurance, afin de garantir la responsabilité civile dans l’exercice de leur profession.

Compte tenu des responsabilités enjeu et à l’instar de la délibération relative à l’exercice de la profession d’ostéopathe en Nouvelle Calédonie, cette condition d’exercice doit relever de la loi de pays et non pas fixée en arrêté pris en conseil des ministres.

Il est donc proposé de créer un article supplémentaire dans la loi de pays, rédigé comme suit :

« Article XX : L’ostéopathe est tenu de souscrire une assurance en responsabilité civile professionnelle (RCP) adaptée à l’activité exercée et conforme à la couverture requise par les lois et règlements en vigueur en la matière auprès d’une compagnie d’assurance notoirement solvable. »

Merci.

La présidente : Merci. Monsieur le ministre.

M. Jacques Raynal : Même remarque que pour les chiropracteurs, Madame la présidente.

La présidente : Je mets au vote l’amendement. Ceux qui sont pour ? 11 pour. Abstention ? 8 abstentions. Ceux qui sont contre ? 38. L’amendement est rejeté.

Nous passons à l’article LP 14. Deux amendements sont déposés à cet article.

Je demande à Monsieur le ministre, tout d’abord, de donner lecture de son amendement.

M. Jacques Raynal : Oui Madame la présidente.

Pour faire court, c’est le même type d’amendement que celui qu’on avait déposé tout à l’heure. C’est retirer un morceau de phrase avec les quatre mots « À titre transitoire et » à l’article LP 14. Donc, ces quatre mots sont retirés et le texte de phrase commence par : « Par dérogation aux dispositions de l’article LP3… ». Parce qu’ils n’ont pas lieu d’être, en fait, ces mots-là voilà.

La présidente : Merci, Monsieur le ministre.

Je mets aux voix l’amendement de Monsieur le ministre à l’article LP 15. Ceux qui sont pour ? 38 pour. Abstentions ? 19 abstentions. L’amendement est adopté. Ah pardon, c’est l’article LP 14 amendé.

Monsieur Angelo Frebault, veuillez donner lecture de votre amendement pour la LP 14.

M. Angélo Frebault : Merci, Madame la présidente.

Au deuxième alinéa de l’article 14 : « Justifier d’une formation en ostéopathie, attestée par un titre de formation, d’au moins 2 000 heures ou trois années comportant notamment un enseignement théorique et pratique de l’ostéopathie et en apporter la preuve par tous les moyens », il est proposé : – de remplacer « 2 000 heures » par « 5 000 heures », – de remplacer « trois années » par « cinq années ».

Au troisième alinéa de l’article 14 : « Attester d’une expérience professionnelle dans le domaine de l’ostéopathie d’au moins cinq années en Polynésie française », il est proposé d’ajouter la mention « dans les huit dernières années ».

88 (SA 3 : 21.06.2018)

Il est proposé de modifier le nombre d’heures de formation en ostéopathie et le nombre d’années comportant un enseignement théorique et pratique, pour le mettre en cohérence avec le décret métropolitain no 2, no 2014-1505 du 12 décembre 2014 relatif à la formation en ostéopathie, qui dispose en son article 3, que la répartition des enseignements se font sur la manière suivante :

– la durée de formation est de cinq années, – la formation théorique et pratique : 3 360 heures, – la formation pratique clinique : 1 500 heures, Total : 4 860 heures.

Il est donc proposé d’arrondir, pour la Polynésie française, le nombre d’heures de formation en ostéopathie à 5 000 heures et à cinq années la durée de formation.

De même, au troisième alinéa de l’article 14, il est proposé de faire passer le nombre d’années de 3 à 5 années, dans la mesure où en métropole, il est exigé de justifier de cinq années de pratique d’ostéopathie, dans la, dans les huit dernières années d’exercice.

Merci.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

Monsieur le ministre.

M. Jacques Raynal : Oui, encore relativement brièvement, c’est vrai que sur les formations, à l’heure actuelle nous avons mis le terme « au moins 2 000 » parce que les formations se faisaient jusqu’à présent sur 2 000 et quelques heures (2 300, 2 360 heures) euh et les durées de formation telles que les prévoit l’exposé de Monsieur Frebault sont de 4 860 heures.

Allonger le terme à 5 000 n’a absolument aucun intérêt puisque je ne vois pas une formation qui puisse être augmentée, simplement de quelques heures, tout simplement parce qu’on a un texte qui met 5 000. Il faudrait que si on acceptait l’amendement de Monsieur Frebault, il y ait plutôt 4 860 heures que 5 000.

Pour ma part, compte tenu du fait qu’il s’agit d’une disposition qui est nouvelle, je pense qu’il vaut mieux que nous gardions le terme « au moins 2 000 heures » et « trois années » comportant notamment l’enseignement théorique et pratique en ostéopathie lorsque c’est ce qui est réalisé, en gros, à l’heure actuelle.

La présidente : Merci, Monsieur le ministre.

Je mets aux voix l’amendement de Monsieur Angelo Frebault. Ceux qui sont pour ?... 10 pour. Abstention ?... 6 Abstentions. Contre ?... 38 contre. L’amendement est rejeté.

Nous passons à l’article 15 avec un amendement de Monsieur le ministre. Veuillez donner lecture de votre amendement.

M. Jacques Raynal : Oui, c’est le même article mais pour une autre partie. Donc, nous souhaitons modifier la rédaction de l’article de la façon suivante :

« Article LP 15 - Les ressortissants d’un État membre de l’Union européenne ou partie à l’accord sur l’espace économique européen n’exerçant pas l’ostéopathie à la date de promulgation de la présente loi du pays mais qui sont inscrites à cette date, depuis plus d’un an, dans un établissement dispensant une formation en ostéopathie d’au moins 2 000 heures ou trois années comportant notamment un enseignement théorique et pratique de l’ostéopathie et qui obtiennent leur diplôme, peuvent exercer en Polynésie française. 89 (SA 3 : 21.06.2018)

Ces personnes doivent s’enregistrer auprès de l’agence de régulation de l’action sanitaire et sociale dans un délai de six mois suivant l’obtention de leur diplôme et doivent apporter la preuve par tout moyen de l’inscription depuis plus d’un an dans l’établissement concerné à la date de promulgation de la présente loi du pays. »

Ceci, c’est pour permettre à ceux qui sont en cours d’étude de pouvoir, quand même, un jour, revenir sur le territoire pour s’inscrire, et donc, nous fixons la moyenne d’au moins 2 000 heures et de trois années de formation théorique et pratique, voilà.

La présidente : Merci, Monsieur le ministre.

J’ouvre la discussion sur cet amendement.

M. Jacques Raynal : Je peux ajouter quelque chose, Madame la présidente ?

Juste ajouter quelque chose pour préciser par rapport aussi à l’amendement précédent, c’est que l’exercice tel que se situe la profession à l’heure actuelle, tout le monde peut venir exercer ici, puisqu’il n’y a pas de réglementation. La réglementation que nous mettons en place et suivant les différents articles, permet de fixer la profession sur le plan réglementaire, et permet de limiter l’exercice aux étudiants ressortissants européens — donc on limite déjà la zone que l’on souhaite avoir — qui ont déjà commencé leur formation dans un établissement de formation étranger.

La présidente : Merci, Monsieur le ministre.

La discussion est ouverte sur l’amendement. Pas de discussion ?...

Je mets aux voix l’amendement. Ceux qui sont pour ?... 38 pour. Abstentions ?... 19 abstentions.

Je mets aux voix l’article LP15 amendé. Ceux qui sont pour ?... 38 pour. Même vote ?... Même vote.

Nous passons au scrutin public pour le vote de la loi du pays relatif à l’exercice de la profession d’ostéopathe.

Je demande à Madame le secrétaire général de faire l’appel des représentants.

Mme Amaru Patricia absente, procuration à M. Luc Faatau, pour Mme Aro Dylma pour Mme Atger-Hoi Teumere contre M. Brotherson Moetai absent, procuration à Mme Teumere Atger-Hoi, contre Mme Bruant Virginie absente, procuration à Mme Monette Harua, pour M. Buillard Michel absent, procuration à M. Frédéric Riveta, pour Mme Butcher-Ferry Yseult absente, procuration à Mme Vaitea Le Gayic, abstention Mme Cross Valentina contre M. Faatau Luc pour M. Flohr Henri absent, procuration à Mme Dylma Aro, pour M. Fong Loi Charles pour M. Frebault Angélo abstention Mme Frebault Joëlle pour Mme Galenon Minarii absente, procuration à Mme Valentina Cross, contre M. Geros Antony contre M. Graffe Jacquie absent, procuration à M. Philip Schyle, pour Mme Harua Monette pour M. Heaux James abstention Mme Iriti Teura abstention 90 (SA 3 : 21.06.2018)

M. Kautai Benoit absent, procuration à Mme Joëlle Frebault, pour M. Laurey Nuihau absent, procuration à Mme Béatrice Lucas, pour Mme Le Gayic Vaitea abstention M. Lisan Marcelin absent, procuration à M. Ronald Tumahai, pour Mme Lucas Béatrice pour M. Maraeura Teina absent, procuration à Mme Joséphine Teakarotu, pour Mme Matehau-Nuupure Juliette absente, procuration à Mme Teura Tarahu-Atuahiva, pour M. Moutame Thomas absent, procuration à Mme Tepuaraurii Teriitahi, pour M. Natua Bernard abstention M. Perez Antonio pour Mme Perry-Friedman Vaiata absente, procuration à M. James Heaux, abstention Mme Pomare-Tixier Yvannah pour Mme Puhetini Sylvana pour M. Riveta Frédéric pour M. Salmon Geffry abstention Mme Sanquer Nicole absente, procuration à Mme Sylvana Puhetini, pour M. Schyle Philip pour M. Taae Putai absent, procuration à Mme Louisa Tahuhuterani, pour M. Tahiata Fernand abstention Mme Tahiata Romilda pour Mme Tahuhuterani Louisa pour Mme Tarahu-Atuahiva Teura pour Mme Teahe Teapehu pour Mme Teakarotu Joséphine pour M. Tehaamoana Etienne abstention M. Temaru Oscar absent, procuration à M. Antony Geros, contre Mme Teriitahi Tepuaraurii pour Mme Terooatea Sylviane absente, procuration à Mme Teura Iriti, abstention Mme Tetopata Tapeta pour Mme Tetuanui Lana absente, procuration à M. Antonio Perez, pour Mme Tevahitua Éliane contre M. Tokoragi Félix pour M. Tong Sang Gaston absent, procuration à M. Félix Tokoragi, pour M. Toromona John pour M. Tuheiava Richard absent, procuration à Mme Eliane Tevahitua, contre M. Tumahai Ronald pour Mme Tupana Moihara pour Mme Tuuhia Augustine pour

La présidente : Merci. L’ensemble de la deuxième loi du pays est adoptée par 38 voix pour, 8 contre et 11 abstentions. Merci.

Madame Tevahitua, explication de vote.

Mme Éliane Tevahitua : Nous ne sommes pas contre la réglementation, nous sommes contre le fait que l’emploi des futurs ostéopathes polynésiens ne soit pas protégé par la majorité.

La présidente : Merci, Madame la représentante.

RAPPORT No 61-2018 SUR LE PROJET DE LOI DU PAYS RELATIF À L’EXERCICE DE LA PROFESSION D’ORTHOPHONISTE (Cf. annexe) Présenté par Mmes Virginie Bruant et Nicole Sanquer

La présidente : Monsieur le ministre, veuillez exposer l’économie générale du projet. 91 (SA 3 : 21.06.2018)

M. Jacques Raynal : Oui, merci, Madame la présidente.

On se trouve là pratiquement dans la même situation que lorsque l’on a réglementé la profession des masseurs-kinésithérapeutes. C’est-à-dire qu’il s’agit d’une profession de professionnels, qui sont présents en Polynésie française depuis de longues années, qui exercent, qui ont même une situation conventionnelle avec la CPS et dont la seule obligation, pour eux, est de déposer leur diplôme à la direction de la santé.

Il s’agit de réglementer cette profession, de la réglementer pour la positionner, comme on le fait donc pour toutes les autres professions, à la fois pour que le professionnel soit dans un statut réglementé qui le protège aussi et pour assurer aux patients qu’il serait amené à traiter, bien évidemment, que ses soins sont de bonne qualité et conformes à la réglementation, voilà.

Je ne m’étendrai pas plus dans la mesure où l’heure avance et je suppose que tout le monde est un peu fatigué. Ce que je peux dire, c’est que sur le plan économique, nous avons une cinquantaine d’orthophonistes qui exercent en Polynésie française, en libéral, et qui sont conventionnés avec la CPS, avec des lieux thérapeutiques, d’exercice, qui sont divers et variés mais particulièrement sur Tahiti, deux sur Moorea, trois sur Raiatea, un à Tahaa, un à Huahine et un à Bora-Bora. Nous avons deux orthophonistes non conventionnés qui exercent au sein de la Direction de la santé, au CAMPS et au Service des consultations spécialisées de santé scolaire. Nous avons trois orthophonistes d’origine polynésienne dont un seul parle la langue polynésienne. Nous avons deux orthophonistes d’origine asiatique qui parlent chinois, voilà.

Par comparaison à la métropole, nous avons en métropole un orthophoniste pour 2 627 habitants, dans les DOM, un orthophoniste pour 2 734 habitants. En Nouvelle-Calédonie, puisque c’est cher à Monsieur Frebault, je donne la statistique, un orthophoniste pour 2 690 habitants. Par contre, en Polynésie, nous sommes en faiblesse par rapport au nombre d’orthophonistes, puisque sur 52 orthophonistes pour 276 000 habitants — à l’époque où on l’a calculé — on a un orthophoniste pour 5 308 habitants. Donc, nous avons besoin d’orthophonistes. Si vos enfants veulent faire cette profession, ils auront du travail. Merci Madame la présidente.

La présidente : Merci, Monsieur le ministre.

Je demande au rapporteur de donner lecture du rapport. Madame Harua.

Mme Monette Harua : Madame la présidente, Messieurs les ministres, Mesdames, Messieurs les représentants, chers collègues,

Par lettre no 2885/PR du 26 avril 2018, le Président de la Polynésie française a transmis aux fins d’examen par l’assemblée de la Polynésie française, un projet de loi du pays relatif à l’exercice de la profession d’orthophoniste.

L’orthophoniste est un professionnel de santé qui évalue et traite les troubles de la communication et du langage chez les enfants et les adultes.

Cette profession n’est pas réglementée localement. Seule la délibération n° 85-1041 AT du 30 mai 1985 portant obligation d’enregistrement des diplômes des professions médicales de pharmacie et paramédicales précise que toute personne exerçant cette profession est tenue, avant tout commencement d’exercice, de faire enregistrer sans frais, son diplôme ou certificat de capacité à l’Agence de régulation de l’action sanitaire et sociale (ARASS).

Pour l’année 2017, 51 orthophonistes étaient conventionnés avec la Caisse de prévoyance sociale, la majorité d’entre eux (43 praticiens) se situant sur l’île de Tahiti. Le coût de remboursement des actes 92 (SA 3 : 21.06.2018) réalisés pour les ressortissants des régimes de protection sociale polynésiens, hors sécurité sociale, s’est élevé à 276 millions F CFP.

Le présent projet de loi du pays a pour objet de réglementer et encadrer la profession d’orthophoniste afin de garantir une qualité de soins aux patients. Il n’a pas vocation à modifier les conditions d’exercice couramment pratiquées, les actes effectués ou leur tarification. En conséquence, il n’y aura aucune incidence financière pour les régimes de protection sociale.

Il a fait l’objet au préalable de discussions avec le syndicat des orthophonistes de Polynésie française et d’avis favorables du conseil territorial de la santé publique (séance du 4 février 2018) et de l’autorité polynésienne de la concurrence (n° 2018-AO-01 du 24 avril 2018).

Le présent projet de loi du pays comporte 21 articles. Les articles LP 1 à LP 4 définissent l’orthophonie. Les articles LP 5 à LP 13 déterminent les conditions et règles d’exercice de l’orthophonie. Les articles LP 14 à LP 18 ont trait aux dispositions pénales. Les articles 19 et 20 concernent les dispositions finales. L’article LP 21 propose des dispositions transitoires.

L’examen du présent projet de loi du pays par la commission de la santé, de la solidarité, du travail et de l’emploi, dans sa séance du 8 juin 2018, a suscité des échanges qui ont ainsi permis à la commission d’aborder principalement les points suivants :

– La volonté d’harmoniser les textes relatifs aux professions de santé d’où notamment l’adoption récente de la réglementation relative aux masseurs-kinésithérapeutes ;

– La nécessaire maîtrise de la langue dans toutes ses composantes pour l’exercice professionnel de l’orthophonie, étant précisé que cette maîtrise consiste à être capable de se faire comprendre et d’être compris par son patient ;

– L’importance de la formation professionnelle continue de ces professionnels de santé ainsi que le financement de cette dernière par les régimes de protection sociale ;

– L’absence de numérus clausus pour l’exercice de la profession d’orthophoniste malgré le souhait de ces derniers d’en avoir.

À l’issue des débats, le présent projet de loi du pays a recueilli un vote favorable des membres de la commission. En conséquence, la commission de la santé, de la solidarité, du travail et de l’emploi propose à l’assemblée de la Polynésie française d’adopter le projet de loi du pays ci-joint.

Merci.

La présidente : Merci, Madame la représentante.

Pour la discussion générale, la conférence des présidents a prévu un temps de parole de 75 minutes dont 50 pour le TAPURA HUIRAATIRA, le groupe Tahoeraa Huiraatira, 14 et le groupe Tavini Huiraatira, 11.

J’appelle l’intervenante du groupe Tavini Huiraatira à prendre la parole.

Mme Éliane Tevahitua : Merci, Madame la présidente.

Bien que de nombreux orthophonistes travaillent dans notre pays, aucune réglementation n’encadrait leur profession si ce n’est l’obligation instaurée par la délibération du 30 mai 1985 d’enregistrer le diplôme, initialement auprès de la direction de la santé et récemment auprès de l’ARASS, l’Agence de régulation de l’action sanitaire et sociale. Cette loi du pays soumise à notre examen, apparaît donc comme une nécessité. 93 (SA 3 : 21.06.2018)

À ce jour, 51 orthophonistes travaillent en Polynésie et bien que leurs intérêts soient défendus par un syndicat, la profession ne dispose d’aucun conseil de l’ordre. Tous exercent en secteur libéral et sont conventionnés avec la CPS à qui ils ont coûté 276 millions en 2017 (hors paiement de la Sécurité Sociale pour les fonctionnaires d’État). Leurs revenus annuels peuvent donc être estimés à 5,4 millions à minima par personne ; soit l’équivalent de 450 000 francs par mois.

En comparaison avec la France, d’où les orthophonistes exerçant dans notre Pays viennent pour la plupart, un orthophoniste libéral conventionné avec les caisses d’assurance-maladie dispose en moyenne de 300 000 F CFP environ de revenus par mois, alors qu’un orthophoniste salarié perçoit en début de carrière près de 200 000 francs mensuels.

Au vu de ces chiffres, nous pouvons affirmer que les orthophonistes disposent en Polynésie de revenus confortables. Mais qui sont-ils ? Ce sont en grande majorité des métropolitains — comme je l’ai dit plus haut — et il y a très peu de Polynésiens : à peine 1 sur 10.

En préalable à la réglementation de cette profession, on pourra regretter et s’étonner :

1. De l’absence d’évaluation des activités des orthophonistes ainsi qu’un rapport coût-efficacité de leurs thérapies ; cette remarque valant aussi pour tous les métiers sanitaires ;

2. Qu’aucune promotion de ce métier ne soit faite par le gouvernement comme ceux d’ostéopathe et de chiropracteur auprès des 2 700 jeunes Polynésiens qui sortent bacheliers chaque année, afin justement d’assurer les besoins en orthophonie de notre population de 300 000 âmes !

3. De l’absence de filière de formation en orthophonie comme celle d’ostéopathe et de chiropracteur à l’Université de la Polynésie française alors que la PACES, la première année commune des études de santé, existe depuis près de 20 ans et prépare non seulement aux concours d’accès en deuxième année d’études médicales, mais également aux concours d’accès aux filières paramédicales telles que masseur-kinésithérapeute, ergothérapeute, psychomotricien, manipulateur en électroradiologie. Le gouvernement, à mon sens, ne fait rien pour favoriser l’océanisation des compétences en orthophonie ;

4. Et enfin, qu’aucune étude sur nos besoins en orthophonistes n’ait été réalisée jusqu’à à ce jour par la Direction de la santé et aujourd’hui par l’ARASS. La question est pourtant simple : Est-ce que 51 orthophonistes suffisent aux besoins des Polynésiens ?

La DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) faisait état au 1er janvier 2017 d’une densité moyenne française de 38 orthophonistes pour 100 000 habitants. Si cette densité était appliquée à la Polynésie, nos besoins seraient théoriquement de 150 orthophonistes c’est- à-dire qu’il y aurait des perspectives de travail pour 100 orthophonistes supplémentaires. Cet organisme public français dénombrait également plus de 25 000 orthophonistes en France dont près de 21 000 libéraux ou mixtes, le reste étant salarié.

Ma crainte est qu’à défaut de réactivité des autorités sanitaires du Pays, nos futurs besoins en orthophonistes soient exclusivement assurés par ceux-là ; perpétuant ainsi la néo-colonisation du marché de l’emploi local par des expatriés ; un marché pourtant, par définition, exigu. Cette crainte est confirmée par la rédaction de l’article LP 5 précisant que « seules peuvent exercer la profession d’orthophoniste, les personnes titulaires du certificat de capacité d’orthophoniste, ou d’une autorisation d’exercice de la profession d’orthophoniste en France ». Cet article autorise implicitement les métropolitains et les ressortissants de l’Union Européenne à venir travailler chez nous dans le futur, au détriment des jeunes Polynésiens qui sont en capacité de faire cette formation.

De plus, cet article 5 exclut délibérément tous diplômes étrangers en dehors de ceux de l’Union européenne, à croire que ce n’est qu’en France et en Europe que l’on sait soigner les dysfonctionnements linguistiques et que les pays où nos jeunes vont faire leurs études comme la 94 (SA 3 : 21.06.2018)

Nouvelle-Zélande, l’Australie, le Canada et les États-Unis, ne permettraient pas l’acquisition des compétences nécessaires pour devenir orthophoniste.

Pour justifier l’injustifiable, le rapport de présentation indique que « La Polynésie n’a pas les compétences techniques suffisantes pour apprécier la validité des diplômes étrangers ». En substance, l’ARASS est incapable de juger de la validité des diplômes d’orthophoniste néo-zélandais, australiens et nord-américains ; c’est la raison pour laquelle ces diplômes étrangers sont exclus. Merci le gouvernement pour les Polynésiens diplômés d’universités anglo-saxonnes !

Pour ce qui concerne l’article 7, il conditionne l’exercice de la profession d’orthophoniste par « la maîtrise de la langue dans toutes ses composantes ». De quelle langue s’agit-il, Mesdames et Messieurs de la majorité ? Ne s’agit-il que de la langue française ou s’agit-il de toutes les langues parlées en Polynésie comme indiquées à l’article 57 de la loi organique statutaire ?

La deuxième interprétation serait culturellement la mieux adaptée pour l’orthophonie puisqu’elle « consiste en des actes de rééducation constituant un traitement des anomalies de nature pathologique, de la voix, de la parole et du langage oral ou écrit ».

Si, comme indiqué à l’article LP 1, l’on veut traiter efficacement les anomalies de la voix, de la parole et du langage oral ou écrit des enfants polynésiens scolarisés, la maîtrise de la langue maternelle parlée à la maison est incontournable. Car comment « prévenir, évaluer et prendre en charge, aussi précocement que possible, les troubles associés à la compréhension du langage oral et écrit et à son expression » si l’orthophoniste ne parle pas une de nos langues polynésiennes ?

Cette loi du pays qui apparait comme une nécessité, est d’abord un copier-coller du code de santé publique français. Toujours et encore cette néo-colonisation juridique dans un pays soi-disant autonome ! Elle donne un blanc-seing aux orthophonistes exerçant leur art en France ou dans l’Union européenne à venir s’établir en Polynésie au détriment des jeunes Polynésiens bacheliers en capacité de faire des études supérieures de 5 ans correspondant au grade de master.

Le Tavini s’abstiendra dans son vote.

La présidente : Merci, Madame la représentante.

J’invite l’intervenant du groupe TAPURA HUIRAATIRA à prendre la parole.

M. Ronald Tumahai : Merci, Madame la présidente.

Je voudrai d’abord saluer la venue du ministre de l’environnement et de ses collaborateurs.

Madame la présidente, je ne suis pas bien. J’ai besoin d’un chiropracteur, d’un ostéopathe et même d’un orthophoniste. Vous savez pourquoi ? Parce que j’ai mon cerveau reptilien qui prend le dessus de mon cerveau limbique. Je m’explique.

Depuis tout à l’heure, on parle d’amendement et tout cela. Je pose la question au secrétaire générale : est-ce que ces amendements on ne pourrait pas les déposer en commission au lieu de le faire directement en assemblée plénière ?

Pourquoi je dis cela ? Parce qu’il y a des amendements que je voudrai bien voter. Il faut que l’on prenne réflexion dans les amendements. Parce que si c’est systématiquement rejeté, alors ça ne sert à rien de poser des amendements en assemblée plénière si on rejette systématiquement. Cela ne sert à rien. On perd du temps ! On ne vote que pour les amendements de la majorité. Est-ce que c’est démocratique ?

95 (SA 3 : 21.06.2018)

Je sais bien qu’il y a quelque fois, on est absent des commissions. Moi-même j’étais absent dans cette commission. Je n’ai pas pu donner mon avis concernant justement certaines dispositions. Mais il y avait des amendements de l’opposition qui étaient quand même judicieux, ne serait-ce que la protection. Je n’ai pas de temps. Je me plie à la discipline de la majorité et on ne discute pas. La discussion ne se fait pas. Il faut mieux le faire en commission ou bien pour mieux appréhender les questions.

Sinon, l’opposition va déposer 20 amendements systématiquement, même si ce sont des amendements qui sont bons, on va rejeter. Ou alors, il faut que l’on demande de temps en temps suspension de séance. Est-ce que ces amendements ne peuvent pas se faire en commission pour que l’on puisse bien en discuter ? C’est une question que je pose à l’administration de l’assemblée.

Sinon, on continue notre objet. J’interviens au nom du TAPURA HUIRAATIRA, concernant le projet de loi qui nous est soumis aujourd’hui et qui a pour objet de réglementer la profession d’orthophoniste en Polynésie française. En effet, cette profession est aujourd’hui exercée sans aucun cadre réglementaire local. Cette profession qui compte 51 praticiens en Polynésie française, dont 43 à Tahiti, est organisée en syndicat, puisqu’il n’existe pas de conseil de l’ordre des orthophonistes, ni localement, ni au niveau national.

Le texte qui nous est proposé ne fait que réglementer et encadrer la profession, sans en modifier les conditions d’exercice, ni les actes effectués, ni leur tarification. Il ne porte donc aucune incidence financière pour les régimes de protection sociale. Je vous rappelle que le coût de remboursement des actes des orthophonistes, supporté par la CPS en 2017, s’est élevé à 276 millions de francs.

Enfin, avant de vous présenter le contenu de ce texte, je vous précise qu’il a fait l’objet de discussions avec le syndicat des orthophonistes de Polynésie française et qu’il a reçu les avis favorables du Conseil territorial de la santé publique (le 14 février dernier), de l’autorité polynésienne de la concurrence (le 24 avril dernier) et de la commission de la santé, de la solidarité, du travail et de l’emploi (le 8 juin dernier).

Ce projet de loi comporte 21 articles répartis en 4 titres traitant respectivement de l’exercice de la profession d’orthophoniste, des dispositions pénales, des dispositions finales et des dispositions transitoires.

Les articles LP 1 à LP 13, constituant le Titre I, définissent l’orthophonie et établissent les règles de son exercice. En particulier, seuls les professionnels titulaires du diplôme d’État français et ceux autorisés à exercer en métropole pourront exercer la profession d’orthophoniste, après avoir enregistré leur diplôme auprès de l’Agence de Régulation de l’Action Sanitaire et Sociale (l’ARASS). La liste des actes professionnels sera définie par arrêté pris en conseil des ministres.

Les articles LP 14 à LP 18, constituant le Titre II, concernent les dispositions pénales. Il est proposé de réprimer le non-respect du secret professionnel et l’exercice de la profession sans diplôme. Ainsi, l’exercice illégal de cette profession sera puni d’un an de prison et de 1 785 000 francs d’amende, sous réserve d’une homologation par la loi nationale.

Les articles LP 19 et LP 20, qui édictent les dispositions finales, constituent le Titre III.

L’article 19 modifie l’article LP 59 de la loi du pays n° 2013-1 du 14 janvier 2013 relative à la maîtrise de l’évolution des dépenses de santé, en réprimant plus efficacement la fraude dans la profession d’orthophoniste.

L’article 20 supprime la profession d’orthophoniste de la liste des professions paramédicales tenues de faire enregistrer son diplôme à l’ARASS puisque cette obligation d’enregistrement est reprise dans l’article 6 de ce texte. Ainsi, le non-respect de cette obligation pourra être qualifié en exercice illégal 96 (SA 3 : 21.06.2018) de l’orthophonie assortie des peines que nous venons d’évoquer alors, qu’à ce jour, l’absence d’enregistrement est punie d’une simple contravention.

Enfin, l’article LP 21, qui constitue le Titre IV : Des dispositions transitoires, octroie un délai de six mois aux orthophonistes qui ne disposent pas de local professionnel pour se mettre en règle.

Voici donc, mes chers collègues, l’objet de ce texte réglementant la profession d’orthophoniste destiné à protéger les patients ayant recours à cette spécialité.

Merci.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

J’invite l’intervenant du groupe Tahoeraa huiraatira à prendre la parole.

Mme Vaitea Le Gayic : Merci, Madame la présidente. Monsieur le ministre, Mesdames, Messieurs les représentants, chers collègues, cher public, bonjour.

Comme les deux projets de loi de pays précédents, il nous est demandé de nous prononcer, cette fois- ci, sur l’exercice de la profession d’orthophoniste.

Je souhaite relever, en préambule, que sur ce dossier, l’Autorité polynésienne de la concurrence a publié un avis en avril 2018, que nous avons dû solliciter auprès du service des commissions, qui l’a ensuite, mis en ligne sur le serveur Orama et je les en remercie.

Aussi, Madame la vice-présidente, pour que les élus que nous sommes puissions travailler correctement, je sollicite de votre bienveillance, la transmission systématique des avis de l’autorité, lorsqu’ils concernent surtout les projets de texte qui nous sont soumis.

Comme pour les deux précédentes lois du pays règlementant les professions de chiropracteur et d’ostéopathe, on peut noter qu’il n’existe pas de règlementation propre à la profession d’orthophoniste en Polynésie, pour garantir une qualité de soins aux patients.

Néanmoins, cette profession est représentée par une association locale, le syndicat SOPF, qui a été créé dans les années 80-90 et affiliée à la Fédération Nationale des Orthophonistes. Cette association est composée d’une part, d’orthophonistes libéraux, qui sont au nombre de 53 et d’autre part, d’orthophonistes salariés, qui ne sont pas plus de trois à exercer sur le territoire dans un cabinet. La majorité de ces professionnels se trouvent à Tahiti et trois d’entre eux sont basés sur Moorea. On note également l’installation de praticiens sur les Îles-Sous-le-Vent : une personne sur Huahine, une sur Bora Bora, trois orthophonistes à Raiatea et une à Tahaa.

L’ensemble des orthophonistes libéraux sont, par ailleurs, conventionnés avec la CPS. Ils sont donc tous soumis à l’obligation conventionnelle de disposer d’un cabinet, pour pouvoir exercer. En ce sens, l’article LP 12 vient confirmer cette obligation, en l’inscrivant dans la loi.

Pour autant, il n’existe pas d’ordre des orthophonistes, ni de code de déontologie, pour effectuer un contrôle et réguler le fonctionnement de la profession. L’établissement d’un numerus clausus géographique n’a pas été mis en place, et je remarque qu’il n’est pas non plus retenu dans la présente rédaction, alors qu’il constitue une demande des professionnels qui souhaitent voir cette disposition règlementaire appliquée. Pour ce qui concerne la tarification des actes, le cadre juridique est fixé dans la convention, de même que le nombre d’actes délivrés par les praticiens, qui doivent justifier d’un plafond d’efficience.

97 (SA 3 : 21.06.2018)

Ce projet de loi soumis à notre examen vient donc combler, comme pour les autres professions de santé, un vide juridique, tout en encadrant les pratiques et lutter contre l’exercice illégal de la profession.

Les remarques que nous avons formulées, dans le cadre de l’examen des professions de chiropracteur et d’ostéopathe, s’étendent également à ce projet de loi, en ce qu’elles participent à l’encadrement règlementaire aujourd’hui inexistant de la profession d’orthophonistes. Je ne vais donc pas faire de la redite de ce qui a déjà été dit, mais plutôt synthétiser rapidement nos principales observations.

Ainsi, nous réitérons notre recommandation relative aux conditions de prise en charge des formations continues, qui doivent relever directement des professionnels eux-mêmes, plutôt que de l’assurance maladie du régime des salariés. En effet, la profession d’orthophoniste étant encadrée par voie de conventionnement avec la CPS, les praticiens bénéficient, par conséquent, de la participation à cette prise en charge des dépenses de formations professionnelles.

Par ailleurs, nous souhaiterions, comme indiqué précédemment, qu’il soit prévu, dans la règlementation à venir, la reconnaissance de l’équivalence de diplômes sanctionnant une formation en orthophonie, délivré par un établissement de formation dans le Pacifique. Cela pourrait notamment se faire par le biais de cette commission de validation des diplômes étrangers, que l’on appelle de nos vœux.

Enfin, l’obligation pour les professionnels, de souscrire une police d’assurance, devrait, selon nous, être une condition sine qua non pour pouvoir exercer en Polynésie française, afin de garantir la responsabilité civile des praticiens, dans l’exercice de leurs professions.

Je vous remercie.

La présidente : Merci, Madame la représentante.

J’invite Monsieur le ministre à répondre aux différentes interventions des orateurs.

M. Jacques Raynal : Merci, Madame la présidente.

En fait, donc sur ce texte — je vais faire bref —, comme il a été dit ici, nous réglementons une profession. Je voulais m’arrêter juste sur ces histoires de formation continue. Si l’on craint réellement que cela grève le budget de la CPS, il appartient aux administrateurs eux-mêmes de refuser de mettre un budget pour les formations continues. Les professionnels, comme je l’ai dit déjà, tous ceux qui travaillent dans le domaine de la santé suivent des formations continues, peu ou prou certes, mais ils suivent des formations continues. Et le seul fait de travailler déjà, ça permet d’avoir une expérience qui est une forme de formation continue.

Je n’ai pas de remarques particulières à faire sur ce qui a été dit. Voilà.

La présidente : Merci, Monsieur le ministre.

La conférence des présidents a prévu la procédure simplifiée pour cette loi du pays et nous avons trois amendements.

Je vous propose d’aller directement à l’article LP 5 et je demande à l’auteur de ces amendements de nous donner lecture.

Mme Éliane Tevahitua : Madame la présidente, je vous ferai grâce de la lecture de l’exposé des motifs et même de l’amendement puisqu’il s’agit du même amendement que pour les deux lois du pays que nous avons vues précédemment.

98 (SA 3 : 21.06.2018)

La présidente : Bien. Nous passons à la discussion de l’amendement.

Monsieur le ministre, pour l’amendement de l’article LP 5.

M. Jacques Raynal : Sur l’amendement du Tavini Huiraatira, je n’ai pas de remarques particulières dans la mesure où on a déjà discuté de ces dispositions pour les autres textes. Donc, je ne propose rien de plus.

La présidente : Je mets aux voix l’amendement.

M. Luc Faatau : Je peux faire une intervention ?

La présidente : Allez-y, Monsieur le représentant !

M. Luc Faatau : Je voulais intervenir sur l’amendement.

Je voudrais dire que je suis sensible au contenu de cet amendement et que je fais parti aussi de ceux qui se posent des questions sur l’avenir de nos enfants. Quid de nos propres enfants ? Ils doivent rester travailler ici ? Et s’ils vont travailler à l’étranger ? L’étranger doit aussi fermer leur frontière ? Je pense qu’il faut peut-être qu’on trouve un juste milieu. Je suis tout à fait d’accord pour privilégier et pour réserver — vous pouvez trouver le terme que vous voulez — pour accorder une préférence à nos enfants. Mais aujourd’hui, nos enfants, beaucoup, veulent partir. Si nous, nous faisons une barrière chez nous, il faut se dire que de l’autre côté, ils vont aussi nous faire des barrières. Donc, il faut qu’on aille jusqu’au bout de notre logique alors, c’est-à-dire on ferme ici et on dit à nos enfants : « Ne partez plus ! Il n’y a pas de place ailleurs ». Moi, je suis un universaliste, je suis pour la liberté d’aller et venir dans tous les pays. Voilà.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

Madame Éliane Tevahitua, puis Monsieur Geros.

Mme Éliane Tevahitua : Je suis très sensible aux arguments avancés par notre collègue, mais je voudrais lui faire comprendre qu’il y a des éléments démographiques. Nous, nous ne sommes que 300 000. En France, ils sont 170 millions. En Europe, ils sont plusieurs centaines de millions. Et nous, on ne peut pas faire face au niveau du nombre. C’est pour ça qu’il faut protéger les emplois pour nos enfants par rapport aux gens qui viennent de l’extérieur. Ce n’est pas une exclusion, mais charité bien ordonnée commence par soi et, donc, commence d’abord par les enfants polynésiens qui ont fait des études à l’extérieur et qui ont les diplômes adéquats.

M. Antony Geros : Merci, Madame la présidente.

Vous voyez, on va y venir petit à petit au cours des réflexions et tout, on va bien trouver le consensus que vous évoquez, Monsieur le représentant. Ce que je veux dire par là, c’est que chaque pays aujourd’hui dispose de sa souveraineté pour prendre les mesures de protection qui s’imposent chez eux. Tant que la difficulté n’est pas perceptible ou sensible, effectivement on est aussi ouvert que vous le souhaiteriez — comme vous venez de vous exprimer, Monsieur le représentant — mais, dès lors qu’on commence à sensiblement ressentir ce risque lié peut-être à notre insularité, lié également à notre situation institutionnelle qui ne nous reconnaît pas notre souveraineté, notre droit de nous protéger.

Et donc, à partir de là, il est important qu’on se pose les vraies questions. Est-ce que dans les décisions que nous prenons ici, nous prenons garde de mettre en place le minimum ? Je ne dirais pas l’entièreté des décisions qu’il faut prendre pour faire obstacle à la venue des étrangers ici, s’immiscer dans le marché du travail, non, mais le minimum, au moins le minimum. Je sais que ce minimum, on peut le mettre en œuvre, du moins la réflexion, on peut la mener parce que nous sommes réinscris depuis le 17 99 (SA 3 : 21.06.2018) mai 2013. Avant, c’était impossible. Le dialogue était un dialogue de sourds parce que la discussion été bipartite. Maintenant, elle peut ne plus l’être, si vous acceptez. Mais pour l’instant, ce n’est pas le cas. C’est pour ça qu’au fil de ce genre de dossier… Et on va se retrouver à nouveau…

Vous savez tout à l’heure, j’ai parlé… Lorsqu’on voyage, vous savez vous avez des petits métiers qu’on trouve aux aéroports, les masseurs assis. Ça vient de cette pratique japonaise des amma, un peu comme le shiastu, mais ça détend, ça repose. C’est devenu une profession maintenant. Et cette profession est très prisée dans les aéroports. Vous ne pouvez pas dire non puisque vous les voyez à chaque fois que vous êtes en transit pour la France.

Et donc, du même point de vue, il est important de se rendre compte que, demain, de nouveaux métiers vont naître chez nous. Il faut qu’on se prépare à protéger le bassin de l’emploi qu’on doit réserver prioritairement à nos enfants. Je pense que la reconnaissance des enfants vis-à-vis de nos attitudes aujourd’hui va être à la hauteur de ce qu’ils attendent de nous, dans les décisions qu’on prend.

D’ailleurs, pour faire un petit clin d’œil à notre ministre, le débat n’est absolument pas un débat d’exclusion raciste, absolument pas. C’est juste un débat qui touche une sensibilité qui est perceptible aujourd’hui.

À la fin du mandat passé, j’évoquais que, dans le rapport de l’Institut d’émission d’outre-mer, en 2015, 80 % des échanges, des transferts fonciers et immobiliers ont été effectués au profit des ressortissants de la Communauté européenne. Mais rien qu’un paramètre, un indicateur comme cela, doit nous interpeller. Donc, c’est à juste titre que c’est devenu sensible maintenant. Et retourner dans le rapport de 2017, la situation s’est aggravée, Mesdames, et Messieurs ! Et ce rapport, ce n’est pas nous qui l’avons fait, c’est l’Institut d’émission d’outre-mer.

On n’est pas exclusif de l’extérieur, on est seulement très protecteur de l’intérieur à cause de notre insularité.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

Plus de discussion ?...

Je mets aux voix l’amendement. Ceux qui sont pour ?... 8 pour. Abstention ?... 11. Contre ?... 38. L’amendement est rejeté.

Nous passons à l’article LP 5, 7. L’amendement, Madame Éliane ?...

Mme Eliane Tevahitua : Merci, Madame la présidente.

Je ne vais pas tout vous relire la première partie que vous connaissez déjà. Je viens au dernier paragraphe de l’exposé des motifs.

L’article 57 de la loi organique 2492 du 27 février 2004 portant autonomie de la Polynésie dispose que le français est la langue officielle et que le tahitien, le marquisien, le pa'umotu (NDT, langue des Tuamotu) et le mangarevien sont, avec le français, les langues de la Polynésie, d’où la proposition de soumettre à l’assemblée l’amendement ci-après.

L’article LP 7 du projet de loi du pays est rédigé ainsi qu’il suit : « l’exercice professionnel de l’orthophonie nécessite la maîtrise, outre de la langue officielle, d’au moins une des autres langues de la Polynésie, à savoir le tahitien, le marquisien, le paumotu ou le mangarevien. »

La présidente : Merci, Madame la représentante.

Monsieur le ministre. Vous avez la parole. 100 (SA 3 : 21.06.2018)

M. Jacques Raynal : Madame la présidente. Oui. J’étais en train de me concerter parce que ce qui est gênant — excusez-moi, Madame Tevahitua — dans la rédaction de ce texte, c’est le mot « nécessite ».

On peut très bien comprendre le sens même et la philosophie de cette disposition. C’est vrai que si on a un jour un orthophoniste marquisien, est-ce qu’il sera obligé d’aller aux Marquises pour travailler ou est-ce qu’il pourra aller travailler aux Australes, s’il ne sait pas la langue des Australes ?

Le mot « nécessite » est gênant dans la mesure où il entraîne une obligation. C’est-à-dire que l’on exclut à ce moment-là, de l’exercice professionnel, des personnes qui ne maîtriseraient pas une des langues, officielle ou autres, qui est dans ce texte.

Je pense qu’il faut trouver un autre moyen — peut-être revenir un jour sur cette question — pour, d’abord, inciter les jeunes Polynésiens à parler leur langue. Je n’ai pas de réticence particulière à ce qu’un orthophoniste puisse apprendre les langues des personnes qu’il est amené à soigner.

Mais, sur le principe, le mot « nécessite » est gênant parce qu’il entraîne une obligation et, donc, une exclusion de ceux qui ne parleraient pas une des langues qui est là.

La présidente : Merci, Monsieur le ministre.

Monsieur Antony Geros, puis Éliane.

M. Antony Geros : Merci, Madame la présidente. Alors là, … ça ne me révolte pas, mais ça me déstabilise complètement.

Un orthophoniste est censé évaluer et apporter des solutions aux troubles du langage ou de la communication en général. C’est comme ça que j’entends l’exercice de ce métier.

Comment un orthophoniste français pourra venir déceler les troubles et dysfonctionnements de quelqu’un qui parle marquisien ? Expliquez-moi. Est-ce sur… — comment peut-on dire ? — …la mesure de la fréquence de la voix ? Là effectivement, on peut avoir des paramètres qui excluent totalement l’expression même, ce que veut exprimer la personne. Ou bien, est-ce que, quand même, déjà, ça commence à partir de la manière dont la personne s’exprime dans sa langue ? Comment l’orthophoniste, qui ne maîtrise pas cette langue-là, pourra intervenir ?

Pourquoi je dis ça ? Parce qu’il y a beaucoup d’enfants qui ont souffert de ce problème à cause de ça, dans les îles surtout. Ce sont des enfants qui ont été habitués, depuis leur naissance, à pratiquer leur langue maternelle et, dès qu’ils ont versé dans le bassin scolaire, ils ont commencé à dysfonctionner. Ce dysfonctionnement a provoqué chez eux un blocage qui les a pratiquement suivis pendant toute leur scolarité. Et lorsqu’on discute avec d’imminents spécialistes de l’orthophonie, ils disaient : si on avait pris le mal au départ, ces jeunes gamins-là auraient été des élites peut-être aujourd’hui parce qu’on aurait fait sauter ce verrou.

D’où la question que je pose, et je pense que ma collègue me rejoint là-dessus : comment on peut arriver à concilier cet aspect des choses ? Parce que c’est là où on est malade qu’il faut aller voir le trouble, pas là où on est guéri. Donc en fait, le gamin qui sort de son milieu familial où on ne parle que le pa'umotu (NDT, langue desTuamotu), où on ne parle que le marquisien, où on ne parle que le tahitien, comment on peut arriver à discerner chez lui ce dysfonctionnement qui risque, après, de se transformer en blocage définitif ?

Mme Eliane Tevahitua : Merci, Madame la présidente.

J’aimerais répondre à notre ministre, que j’estime beaucoup et pour qui j’ai toujours de l’estime.

101 (SA 3 : 21.06.2018)

Prenons mon cas personnel. Jusqu’à quatre ans, je ne parlais que le tahitien. Moi, on ne m’a pas demandé mon avis, le jour où j’ai été admise à l’école, d’apprendre le français. Et quand on était en classe secondaire, chaque fois qu’on nous surprenait en train de parler notre langue maternelle, on se faisait taper sur les doigts avec des règles en fer, en métal.

Vous dites que les orthophonistes qui ne parlent que la langue française ne doivent pas faire l’effort d’apprendre au moins une de nos langues. Mais, et nous alors ? Dans tout cela, les Polynésiens. Nous, on ne nous a pas demandé notre avis ! On l’a fait parce que c’était aussi une question de survie d’apprendre la langue française. Pourquoi, en retour, ce ne serait pas le cas également des orthophonistes, surtout s’agissant de traiter des problèmes et des anomalies concernant la langue, le langage ?

La présidente : Merci, Madame la représentante.

Il y a plusieurs intervenants. J’appelle Monsieur Angélo Frebault, Monsieur Tokoragi en deuxième et Monsieur James Heaux après. Merci.

M. Angélo Frebault : Merci, Madame la présidente.

En ce qui concerne cet amendement, je suis tout à fait d’accord, pour la simple raison, au moins, que cet amendement donne un sens à l’article 7.

L’article 7 de cette loi du pays est démuni de sens. C’est une coquille vide. Une loi qui a un article qui représente une coquille vide n’a pas de sens. Ça pourrait même être interprété que le futur orthophoniste qui viendrait chez nous… Par arrêté ministériel, on dirait : voilà, la langue qu’on va accepter, c’est peut-être l’arabe ou autre.

Cet amendement va dans le sens à clarifier l’article 7 qui dit que, dans un premier temps, c’est la langue officielle et la maîtrise ou la notion de toutes les langues polynésiennes. Là, c’est une réalité.

L’article 7 est une coquille vide qui pourrait être interprétée par : on fait rentrer nos amis ! Qu’ils soient arabes ou autres. C’est l’arrêté ministériel qui va définir la langue adaptée.

Merci.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

Monsieur Tokoragi, vous avez la parole.

M. Félix Tokoragi : Merci beaucoup, Madame la présidente. Monsieur le ministre, chers collègues, bonjour.

Ces remarques me font rire !

Faut-il qu’un orthophoniste demain puisse parler la langue ? Aujourd’hui, je pose la question : combien de vos enfants parlent la langue ? Aux Tuamotu, quand tu emmènes docteur Buissard, il parle notre langue. Il se fait comprendre. Aujourd’hui, quand on parle d’orthophoniste c’est quand quelques... Parce que j’ai vu. À Makemo, il y a des enfants qui ont eu des difficultés, des blocages, à l’école et le fait que l’orthophoniste parle en français n’a jamais dérangé, bien au contraire. Le parent qui a saisi le maire parce qu’il y a une difficulté de son enfant, dans sa famille, on a fait intervenir un orthophoniste. L’orthophoniste a parlé en français, cela n’a pas posé de problème.

Est-ce qu’un orthophoniste français va pouvoir déceler un problème d’un natif ? Oui. Quand un docteur vient chez nous et qu’un grand-père, qui parle le pa'umotu (NDT, langue des Tuamotu) couramment, dit au docteur qu’il a des difficultés à tel endroit, il se fait comprendre. 102 (SA 3 : 21.06.2018)

Moi, je pense qu’on est dans l’idéologie politique polynésienne. Effectivement, moi, je peux comprendre, je suis Polynésien. Donc, les interventions de l’opposition, je peux comprendre. Leur amendement ne pose pas de problème.

Monsieur le ministre, vous pouvez compter sur le soutien du représentant des Tuamotu de l’est.

Merci.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

Monsieur James Heaux.

M. James Heaux : Bonsoir, Madame la présidente. Chers ministres, chers collègues, bonjour.

Sur le principe de l’amendement proposé par Madame Éliane Tevahitua, je ne suis pas opposé.

Cependant, là où je rejoins Monsieur le ministre, c’est au niveau, non pas de la notion de « nécessite » mais plutôt sur la « maîtrise ». C’est un terme assez précis en même temps flou. Je m’explique. Maîtriser une langue, c’est avoir quatre compétences à savoir : lire, écrire, comprendre et parler. Donc, la maîtrise d’une langue, c’est ça, avoir les quatre compétences.

Il faut savoir que, dans le domaine de l’éducation, le CECRL, le Cadre européen des langues prévoit plusieurs paliers. Donc, il faudrait préciser : est-ce qu’on est sur du niveau A1, niveau A2 ou plutôt sur du B1, ce qui correspond aux compétences attendues en fin de seconde-première. Voilà, c’est un petit peu flou

Et je pense que, on ne doit pas faire la confusion entre linguistique et langage. Parce que l’orthophonie, c’est ce qui désigne la prise en charge paramédicale visant à traiter les troubles du langage liés aux atteintes des organes vocaux, à savoir les cordes vocales, le larynx. Donc, parler ou pas le tahitien, par rapport à ce dossier, je pense que la question n’est pas là.

Voilà, sur le principe, bien évidemment, je suis favorable, mais il faut préciser.

Merci.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

Monsieur Geros, vous voulez intervenir ?

M. Antony Geros : Ce qui me charme beaucoup, c’est que quelqu’un vienne ici dire ce qu’il pense et, tout de suite quand il a terminé, il s’en va. C’est quand même assez déroutant. D’ailleurs, je lui ai fait la remarque. Je lui ai dit : Mais ne t’en va pas, je vais te répondre. Faut-il attendre la prochaine séance pour apporter la réponse ?

En fait, l’intervention vient même du rapport lui-même. Que dit le rapport ? « Ainsi, l’orthophonie consiste en des actes de rééducations constituant un traitement des anomalies de natures pathologiques, de la voix — d’accord avec James Heaux — de la parole et du langage oral. » Comment pouvez-vous déceler une pathologie dans un langage oral que vous ne connaissez pas ? Amenez-moi un Japonais me parler en japonais, je vais jamais savoir qu’il a besoin d’un spécialiste en orthophonie. Vous comprenez ce qu’on veut dire ! Ah, évidemment, maintenant si on s’impose tous le français, d’accord, là il n’y a pas de problème, on est en plein dedans, là c’est bon.

D’où l’intervention de ma collègue tout à l’heure en disant : faites attention, c’est vrai qu’on est en France, mais pas en France métropolitaine. Nous sommes en France d’outre-mer ici. Et je pense que le 103 (SA 3 : 21.06.2018) débat, ce débat que nous avons, s’il était tenu à la Guadeloupe, aurait eu les mêmes résultats. Je pense que là-bas, ils sont aussi sensibles que nous sur la nécessité de prendre en compte leur sphère environnementale, locale, géographique. Et c’est tout ce qu’on veut faire, Monsieur le ministre.

Maintenant, quant à savoir comment modifier le bout de phrase par l’autre bout de phrase qu’il conviendrait, que voulez-vous que je vous dise ? Si un orthophoniste est incapable de pouvoir trouver le bout de phrase qui viendrait remplacer celui de ma collègue pour permettre à ce texte d’être adopté comme on le propose, pourquoi pas ? Pourquoi pas ?

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

D’autres intervenants ?... Oui, Monsieur Luc Faatau.

M. Luc Faatau : Si ce débat c’est pour soutenir des raisons idéologiques, je pense qu’il n’a pas lieu d’être là dans notre dossier. Si, sur le plan technique, ça passe sans maitriser d’autres langues, je ne vois pas où est le problème. Je pense que, de ce côté-là, Monsieur le ministre, me confirmera ou m’infirmera, si techniquement ça pose un problème. Apparemment, de ce que j’ai compris cela ne pose pas de problème. Donc, cela n’a pas d’influence qu’on tienne compte des langues locales. C’est ça que je veux dire, on est en train de partir dans un débat qui n’a pas lieu d’être, du moins dans le sujet qui nous concerne, dans ce dossier. On est en train de parler de la profession d’orthophoniste, on n’est pas en train de parler des langues.

La présidente : Bien. Nous avons Moihara Tupana qui veut intervenir et puis Madame Teahe Teapehu.

Mme Moihara Tupana : Merci, Madame la présidente. Messieurs les ministres, mes chers collègues représentants,

Je ne vais pas être très, très longue sur cette intervention, mais je m’insurge un petit peu sur les nombreuses interventions de Monsieur Geros.

Je vous ai écouté, Monsieur Geros, depuis les deux dernières séances administratives et je m’insurge car la précédente séance administrative où on a évoqué des dispositions réglementaires, des projets de loi sur l’éducation, notamment de nos enfants, où vous aviez eu un positionnement soit contre soit d’abstention et, aujourd’hui, vous venez nous donner des leçons de morale sur la promotion de l’emploi local, sur l’éducation, notamment par le biais des effets de consultations orthophoniques, et je ne comprends pas. Vous êtes dans une contradiction flagrante sur le positionnement que vous pouvez avoir face à ces points de discussion.

Donc, oui, on est d’accord sur la promotion de l’emploi local. On l’entend. On a entendu vos réclamations.

Alors, il me semble, d’après des sources, et vous me direz si je me trompe, qu’à l’époque où vous étiez aux affaires du pays, vous aviez proposé un projet de loi sur la promotion ou la protection de l’emploi local. Là aussi, vous n’êtes pas très clair, avec votre collègue Madame Tevahitua, sur cette notion de protection, de promotion de l’emploi local. Et vous aviez proposé une loi du pays à l’époque qui a été rejetée par le Conseil d’État qui, manifestement, reprochait à cette loi du pays, à ce projet de loi en tout cas d’être anticonstitutionnel. Aujourd’hui, je lis dans votre amendement, en introduction, que vous faites référence à un article de la Constitution française. Donc, soyez un peu plus clair, s’il vous plaît. Quant cela vous arrange, vous sortez la Constitution française et quand cela ne vous arrange pas, vous la rejetez.

Donc, voilà ce que je voulais dire. Ne le prenez pas mal, Monsieur Geros. Avec tout le respect que je vous dois, je tenais quand même à m’exprimer sur vos nombreuses interventions qui, à un moment donné, me semblent un petit peu déplacées, inappropriées. Mais effectivement, le débat doit se faire 104 (SA 3 : 21.06.2018) autour de ces questions-là, et je suis tout à fait pour qu’on en discute, en commission notamment, comme le souligne Monsieur Tumahai, avec les différentes propositions d’amendements que vous nous faite part aujourd’hui. Merci.

La présidente : Merci Madame la représentante. Madame Teahe.

Mme Teapehu Teahe : Merci, Madame la présidente.

À entendre nos échanges, j’ai l’impression que nous sommes focalisés sur les Français. C’est à croire que nous n’avons que des orthophonistes français et que nos jeunes ne pourront pas, dans les années à venir, exercer cette profession. Quand nous aurons des orthophonistes marquisiens ou originaires des Tuamotu, les patients qui ne maîtrisent pas la langue française auront toujours la possibilité de les consulter.

Eliane a fait allusion à l’époque de Mathusalem en disant que l’on était fouetté si nous avions le malheur de nous exprimer dans nos langues. Mais tout cela date de l’époque de Mathusalem ! Aujourd’hui, nous sommes des gens civilisés. Nous pouvons dire que si nous avons des orthophonistes français, tous nos enfants comprennent notre langue… Mais les temps changent. Dans les prochaines années, à mon sens, nous aurons des orthophonistes de Takaroa.

Merci.

La présidente : Nous avons deux intervenants de ce côté. Qui prend la parole, Angélo ?... Ensuite, ce sera au tour de Tony ?...

Monsieur Angélo Frebault, vous avez la parole.

M. Angélo Frebault : Oui, merci, Madame la présidente.

Je demande à l’ensemble de la représentation de bien lire le texte qui nous est proposé parce qu’il ne précise pas de quelle langue il s’agit. Certes, vous dites qu’il s’agit du français ou de nos langues polynésiennes, mais il peut également s’agir de toutes les autres langues du monde. Le texte n’interdit pas l’arabe et les autres langues. C’est le conseil des ministres qui décidera, par arrêté ministériel, si l’on peut accepter quelqu’un qui vient d’arriver au pays, qu’il soit Arabe ou originaire d’un autre pays… Le texte n’interdit pas cette possibilité.

Or, l’amendement qui est proposé précise qu’il s’agit du français et des langues polynésiennes. Il vient tout simplement préciser la disposition. Il n’est pas question d’imposer…

Je vous remercie de votre attention.

La présidente : Merci.

Antony Geros.

M. Antony Geros : Je tiens à remercier notre amie d’avoir fait l’effort de s’exprimer. C’est ce que l’on attend. Parce que le débat doit se tenir ici, nous attendons que les uns et les autres s’expriment, Vous avez exprimé votre point de vue (NDT, chère collègue) et nous en sommes extrêmement ravis. Mon ami Luc et le maire de Punaauia ont également pris la parole, nous en sommes très ravis parce que nous nous rendons compte que, malgré tout, vibre en vous l’âme polynésienne. C’est ce que nous voulons savoir, en fait. Et donc, nous sommes contents que vous vous exprimiez parce qu’en prenant la parole, vous mâchez le travail des ministres, si je puis dire, qui n’ont plus besoin de dire ce que nous, nous avons envie d’entendre de leur part. Et c’est là où nous nous rejoignons. Après, nous savons comment cela se passe en politique. On reçoit les consignes de vote d’en haut et on fait en 105 (SA 3 : 21.06.2018) sorte d’animer un peu le débat avant d’exprimer notre vote. Nous savons comment cela se passe et je parle en connaissance de cause.

Pour revenir à l’intervention de notre collègue (NDT, exclusif), nous faisons référence à la Constitution française parce que, en 2013, notre pays a été réinscrit sur la liste onusienne. Et à l’ONU siège également la France. Par ailleurs, il a été souligné que le 26 juillet 1954, cette dernière a soutenu une résolution de l’ONU qui réserve l’emploi dans ses colonies aux résidents de ses colonies. C’est ce sur quoi se base la proposition que nous vous soumettons. Ceci pour dire aux responsables de l’État français qu’ils ont oublié qu’en 1954, ils avaient soutenu cette fameuse résolution relative à la protection de l’emploi pour les résidents de leurs colonies. En tant que colonie, pourquoi ne mettrions-nous pas en œuvre cette résolution dans notre pays ? La France ne pourra pas se dérober. Aujourd’hui, elle se dérobe parce que nos dirigeants acceptent tout d’elle. Et si nous allons dans les instances onusiennes pour dire que les responsables de l’État français ne respectent pas la fameuse résolution, je vous assure que ces derniers se dépêcheront de contacter notre Président pour le rencontrer et pour éviter que toute cette histoire soit dévoilée au monde entier.

Ceci pour dire qu’il existe un moyen de protéger… Et, encore une fois, le Tavini ne cherche pas à d’exclure les Français et autres. Ce n’est pas du tout ce que nous voulons parce que nous ne pouvons pas affirmer que nous sommes des purs Polynésiens. Ceci dit, ce n’est pas parce que le sang qui coule dans nos veines est métissé que notre cerveau l’est également.

Merci.

La présidente : Merci, Tony.

Monsieur le ministre, vous voulez intervenir ?

M. Jacques Raynal : Non, merci, Madame la présidente.

M. Heremoana Maamaatuaiahutapu : Rapidement.

La présidente : Monsieur Heremoana.

M. Heremoana Maamaatuaiahutapu : Bonsoir à tous.

J’ai manqué à tous mes devoirs ce matin. Je voulais souhaiter la bienvenue à tous les nouveaux représentants et souhaiter aussi bonne continuation à ceux qui ont quitté l’hémicycle. Je n’ai pas eu le temps d’intervenir avant ce matin, je m’excuse.

Ce débat sur l’orthophonie et les orthophonistes, moi, commence à me déranger sérieusement. Je sais pas si vous savez ce que c’est que d’être traité par une orthophoniste ou un orthophoniste. Ma mère est dyslexique et dysorthographique. Je suis dyslexique et dysorthographique. Mes enfants sont dyslexiques et dysorthographique. Mes neveux sont dysorthographiques et dyslexiques.

Quelle que soit la langue, ce n’est pas un problème de langage et de linguistique. C’est un problème de lecture, c’est un problème d’écriture. Les orthophonistes nous donnent des outils pour corriger des défauts liés à la lecture ou à l’écriture. J’ai autant de mal à lire un texte en français qu’en tahitien. Ce n’est pas un problème de langage, on se trompe de débat là. Donc vous parlez de choses que vous ne connaissez pas là. À un moment donné, il faut revenir un peu à des choses sérieuses

Jusqu’à aujourd’hui, mes filles sont traitées par des orthophonistes et ce que j’entends là, là ça commence à devenir n’importe quoi. Je pense qu’il faut revenir un peu au cœur du sujet. Autant avoir des orthophonistes pour soigner ceux qui en ont besoin, qui sont dyslexiques, qui sont dysorthographiques, qui ont des problèmes de dyscalculie, etc. C’est ça le sujet. Il ne faut pas se tromper. Merci. 106 (SA 3 : 21.06.2018)

La présidente : Merci, Monsieur le Ministre.

Je mets aux voix l’amendement. Ceux qui sont pour ?... 18 pour. Ceux qui sont contre ?... 38. Abstention ? 0. Donc l’amendement est rejeté.

La présidente : Veuillez donner lecture de votre amendement.

Mme Éliane Tevahitua : L’article LP 21 du projet de loi du pays est rédigé ainsi qu’il suit :

« Les orthophonistes exerçant leur art en Polynésie disposent d ’un délai de six mois à compter de la promulgation au Journal officiel de la Polynésie française pour se mettre en conformité avec les dispositions de l’article LP 12, et d ’un délai de deux ans pour se mettre en conformité avec les dispositions de l’article LP 7. »

La présidente : Merci.

Discussion sur l’amendement ?... Monsieur le ministre ?... Pas de discussion.

Je mets aux vois l’amendement. Ceux qui sont pour ?... 8 pour. Abstention ?... 10 abstentions. Contre ?... 38 contre. 11 abstentions et 38 pour. Merci. Monsieur Fernand est là.

La discussion étant terminée, nous passons au scrutin public pour le vote de la loi du pays, comme le prévoient les articles 142, dernier alinéa de la loi statutaire, et 43 du règlement intérieur.

Je demande à Madame le secrétaire général de faire l’appel des représentants.

Mme Jeanne Santini :

Mme Amaru Patricia absente, procuration à M. Luc Faatau, pour Mme Aro Dylma pour Mme Atger-Hoi Teumere contre M. Brotherson Moetai absent, procuration à Mme Teumere Atger-Hoi, contre Mme Bruant Virginie pour M. Buillard Michel absent, procuration à M. Frédéric Riveta, pour Mme Butcher-Ferry Yseult absente, procuration à Mme Vaitea Le Gayic, pour Mme Cross Valentina contre M. Faatau Luc pour M. Flohr Henri absent, procuration à Mme Dylma Aro, pour M. Fong Loi Charles pour M. Frebault Angélo pour Mme Frebault Joëlle pour Mme Galenon Minarii absente, procuration à Mme Valentina Cross, contre M. Geros Antony contre M. Graffe Jacquie absent, procuration à Mme Juliette Matehau-Nuupure, pour Mme Harua Monette pour M. Heaux James pour Mme Iriti Teura absente, procuration à M. Fernand Tahiata, pour M. Kautai Benoit absent, procuration à Mme Joëlle Frebault, pour M. Laurey Nuihau absent, procuration à Mme Béatrice Lucas, pour Mme Le Gayic Vaitea pour M. Lisan Marcelin absent, procuration à M. Ronald Tumahai, pour 107 (SA 3 : 21.06.2018)

Mme Lucas Béatrice pour M. Maraeura Teina absent, procuration à Mme Joséphine Teakarotu, pour Mme Matehau-Nuupure Juliette pour M. Moutame Thomas pour M. Natua Bernard pour M. Perez Antonio pour Mme Perry-Friedman Vaiata absente, procuration à M. James Heaux, pour Mme Pomare-Tixier Yvannah absente, procuration à Mme Romilda Tahiata, pour Mme Puhetini Sylvana pour M. Riveta Frédéric pour M. Salmon Geffry pour Mme Sanquer Nicole absente, procuration à Mme Sylvana Puhetini, pour M. Schyle Philip absent, procuration à M. John Toromona, pour M. Taae Putai absent, procuration à Mme Louisa Tahuhuterani, pour M. Tahiata Fernand pour Mme Tahiata Romilda pour Mme Tahuhuterani Louisa pour Mme Tarahu-Atuahiva Teura pour Mme Teahe Teapehu pour Mme Teakarotu Joséphine pour M. Tehaamoana Etienne absent, procuration à M. Geffry Salmon, pour M. Temaru Oscar absent, procuration à M. Antony Geros, contre Mme Teriitahi Tepuaraurii pour Mme Terooatea Sylviane absente, procuration à M. Bernard Natua, pour Mme Tetopata Tapeta pour Mme Tetuanui Lana absente, procuration à M. Antonio Perez, pour Mme Tevahitua Eliane contre M. Tokoragi Félix absent, procuration à Mme Teapehu Teahe, pour M. Tong Sang Gaston absent, procuration à Mme Tapeta Tetopata, pour M. Toromona John pour M. Tuheiava Richard absent, procuration à Mme Éliane Tevahitua, contre M. Tumahai Ronald pour Mme Tupana Moihara pour Mme Tuuhia Augustine pour

La présidente : L’ensemble de la loi du pays est adopté par 49 voix pour et 8 contre.

Monsieur Angélo, très court, merci.

M. Angélo Frebault : Merci, Madame la présidente.

C’est pour le vote sur l’amendement no 2. On est bien 11 présents dans l’hémicycle.

La présidente : C’est bien ça.

RAPPORT No 51-2018 SUR LE PROJET DE LOI DU PAYS PORTANT MODIFICATION DES CONDITIONS D’ATTRIBUTION DES ALLOCATIONS PRÉNATALES ET DE MATERNITÉ AUX RESSORTISSANTES DES RÉGIMES DE PROTECTION SOCIALE POLYNÉSIENS (Cf. annexe) Présenté par Mme Tepuaraurii Teriitahi

108 (SA 3 : 21.06.2018)

La présidente : Rapport no 51-2018 sur le projet de loi du pays portant modification des conditions d’attribution des allocations prénatales et de maternité aux ressortissantes des régimes de protection sociale polynésiens.

Je demande au gouvernement à Monsieur le ministre d’exposer l’économie générale du projet, merci.

M. Jacques Raynal : Merci, Madame la présidente. Également, je vais essayer d’être relativement bref.

Il s’agit de dispositions qui concernent la femme enceinte et la maternité après l’accouchement pour éviter des grossesses précoces. Ces dispositions ressortent d’un constat qui a été fait notamment au travers du COPIL famille et une recommandation a été faite. C’est cette recommandation que nous souhaitons suivre, de mettre en place un dispositif de détection et de suivi des situations de détresse et de violence concernant la femme enceinte.

Ceci fait suite à un constat amené par les professionnels du secteur qu’environ 4 à 8 % des grossesses — les statistiques sont assez difficiles à mettre en place justement parce que nous ne disposons pas de système de détection propre à toutes les femmes enceintes — seraient des grossesses qui entraîneraient d’une façon ou d’une autre des maltraitances intrafamiliales. Soit du fait même de la maternité qui vient perturber le cours normal de la vie de la famille par les contraintes que cela impose et la responsabilité future, et également ce qui serait nécessaire, la recommandation entraînerait la nécessité de mettre en place des mesures qui prévenait éventuellement le passage à l’acte de violence.

Comment détecter ces situations ? Et bien au travers d’examens spécialisés. Donc, dans la surveillance normale de la grossesse, on a introduit une disposition qui permet de faire un entretien spécifique qui est axé principalement sur la détection des troubles éventuellement qui peuvent exister au sein de la famille et qui ne seraient pas spontanément dévoilés par les femmes en état de grossesse.

Ensuite après l’accouchement, nous souhaitons donc conditionner le versement d’une allocation post- natale à une visite médicale précoce au deuxième mois après l’accouchement afin de permettre d’éviter les grossesses immédiates, des nouvelles grossesses qui se produisent peu après l’accouchement. Des grossesses que l’on appelle précoces et qui viennent également perturber le cours de la vie familiale parce qu’elles ne sont pas toujours évidemment désirées. Et donc ce versement d’allocation post-natale, à l’occasion d’une visite médicale au deuxième mois après l’accouchement permettrait d’avoir un entretien particulier avec la femme qui vient d’être maman peu de temps avant, sur la nécessité ou non qu’elle ressent d’employer une contraception et une prévention des grossesses précoces.

Voilà les principales motivations de ce texte avec un certain nombre de modifications réglementaires nécessaires qui sont exposées dans ce texte et qui viennent impacter le système des allocations à la fois prénatale et post-natale avec des montants qui sont estimés à environ 18 millions pour la fraction d’allocation supplémentaire —18 millions par an environ à la branche famille de la CPS sur un taux de naissances estimé à 4 000, ce qui est le maximum actuel — et puis, 11 millions dans le coût de la consultation de sages-femmes — 11 millions par an au maximum dans la branche maladie — dans l’hypothèse où l’ensemble des femmes enceintes iraient consulter une sage-femme libérale. Voilà.

Et donc, il y a un impact par contre de 14 millions de francs en prévisionnels sur la consultation précoce de visite médicale au deuxième mois après l’accouchement. En plus donc des dispositions bien évidemment qui existent, on vient augmenter la prise en charge des grossesses des post- accouchements de ces deux visites supplémentaires dont la femme pourrait bénéficier, voilà.

La présidente : Merci, Monsieur le Ministre.

Monsieur le rapporteur, vous souhaitez faire une présentation du rapport ?... Il n’y a pas de rapporteur ?... 109 (SA 3 : 21.06.2018)

Mme Tepuaraurii Teriitahi : Je vais prendre. Veuillez nous excuser parce que Ronald Tumahai devait partir pour une veillée, le décès de Monsieur Brotherson. Donc je vais reprendre le rapport.

Madame la présidente, Messieurs les ministres, chers collègues,

Par lettre no 2284/PR du 4 avril 2018, le Président de la Polynésie française nous a transmis aux fins d’examen ce projet de loi du pays.

Le projet de loi du pays concerne deux actions de l’objectif visant la responsabilité parentale et la protection de l’enfance. Il s’agit dans ce cadre de mettre en place des dispositifs de consultations prénatales ainsi que pour le suivi de l’état de santé de la mère et de l’enfant.

À cet égard, l’action intitulée « Mettre en place un dispositif de détection et de suivi des situations de détresse et de violence dans le cadre de la maternité » fait suite au constat par les professionnels du secteur que 4 % à 8 % des grossesses se déroulent dans un contexte de maltraitance. C’est dire à quel point une grossesse peut perturber un équilibre familial.

Mettre en place un dispositif de détection et de suivi des situations de détresse et de violence dans le cadre de la maternité.

L’instruction d’un entretien prénatal précoce dans le carnet de surveillance de grossesse permettrait de déceler des situations de détresse et de violences et ainsi d’instaurer, si besoin, un suivi adapté qui peut être poursuivi en post-natal.

Il est actuellement envisagé de prévoir par arrêté en conseil des ministres, la réalisation de cet entretien entre le quatrième et le sixième mois de grossesse. Cette mesure permettrait d’anticiper les passages à l’acte, les violences dans le couple et les difficultés éducatives qui en découleraient mais également d’éviter les journées d’hospitalisation des femmes enceintes victimes de violences, sachant que le coût d’une journée d’hospitalisation pour une grossesse pathologique est estimé 360 000 francs.

Aussi, il est proposé de subordonner à l’accomplissement de cet entretien l’octroi d’une fraction des allocations prénatales, celle-ci devenant obligatoire et étant proposée à toutes les parturientes, pour la sécurité de la grossesse. J’ai lu un peu bêtement, mais je suppose que c’est les patientes. Il y a peut- être une erreur d’écriture.

Cette fraction viendrait s’ajouter aux fractions déjà existantes, et son montant pourrait être de l’ordre de 5 000 XPF par enfant, quel que soit le régime d’affiliation à la CPS.

Sous ces conditions, le dispositif coûterait 18 000 000 XPF environ par an, à la branche famille de la CPS et 11 000 000 XPF par an au maximum, à la branche maladie de la CPS dans l’hypothèse où l’ensemble des femmes enceintes iraient consulter une sage-femme libérale.

Un programme de formation des professionnels à l’accomplissement de cet entretien sera proposé, en partenariat avec l’École des sages-femmes de Polynésie française, laquelle associera également à la démarche de suivi des grossesses et de la maternité – et de détection des situations de détresse – des acteurs sociaux dont l’intervention pourrait s’avérer utile, le cas échéant (DSFE, OPH, SEFI, etc.).

Conditionner le versement de l’allocation post-natale à la visite médicale du 2e mois après l’accouchement afin d’éviter une nouvelle grossesse immédiate.

Les professionnels de santé constatent qu’au moins un tiers des accouchées ne revient pas à la consultation post-natale prescrite à la sortie de la maternité. Par conséquent, ces femmes ne bénéficient d’aucun relais contraceptif trois mois après l’accouchement. Le risque médical encouru est l’absence de retour de couches (45 jours après l’accouchement) et donc de présenter une nouvelle grossesse. 110 (SA 3 : 21.06.2018)

Dans ces conditions, il est proposé de subordonner à l’accomplissement de cette visite médicale post- natale, l’octroi d’une fraction d’un quart des allocations post-natales servies aux ressortissantes de chacun des régimes.

L’inscription de cette visite post-natale impérative dans le carnet de surveillance de grossesse serait un moyen de garantir un suivi de grossesse plus performant.

Cette seconde mesure, laquelle tendrait à prévenir les grossesses rapprochées et non désirées, serait financièrement supportée par le Pays qui prendrait en charge les consultations gynécologiques. En moyenne, chaque année, 2 000 femmes seraient susceptibles de consulter un gynécologue et 2 000 autres seraient susceptibles de consulter une sage-femme. Ces consultations représentent un budget annuel de 14 millions XPF.

Les modifications réglementaires prévues sont les suivantes. Actuellement, le service régulier des allocations prénatales et de maternité au bénéfice de la mère s’effectue sous réserve de subir des examens prénataux, et après l’accouchement de soumettre le nourrisson à des consultations médicales.

Les modifications règlementaires envisagées conditionneraient donc, à terme, le versement d’une partie des allocations prénatales et de maternité (un quart de la première tranche) à la réalisation effective de l’entretien prénatal précoce puis de la visite du deuxième mois après l’accouchement.

C’est ainsi que dans un premier temps il convient d’introduire par voie de loi du pays ces deux obligations décrites supra.

Pour ce faire, il est nécessaire de modifier les trois textes suivants qui gouvernent le régime des prestations familiales des trois régimes de protection sociale. Tout d’abord, l’arrêté n° 1335 IT du 28 septembre 1956 portant institution d’un régime de prestations familiales. Ensuite, la délibération n° 94-172 AT du 29 décembre 1994 pour les prestations familiales concernant les non-salariés et la délibération n° 94-146 AT du 8 décembre 1994 pour le régime de solidarité territorial.

Par ailleurs, le projet de loi du pays a été soumis pour avis au Conseil économique, social et culturel. Cependant, ce dernier a fait part de son impossibilité à rendre un avis, par lettre n° 144/CESC/2018 du 21 février 2018.

Aussi, conformément à l’article 151-II, alinéa 3, de la loi organique n° 2004-127 du 27 février 2004 modifiée portant statut d’autonomie de la Polynésie française, « Le conseil économique, social et culturel de la Polynésie française […] dispose […] pour donner son avis d’un délai d’un mois, ramené à quinze jours en cas d’urgence déclarée selon le cas par le gouvernement ou par l’assemblée. À l’expiration de ce délai, l’avis est réputé rendu ».

La commission de la santé a examiné ces dispositions et s’est réunie le 12 avril 2018 pour examiner le présent projet de loi du pays. La commission a mis en avant l’intérêt d’approuver ce texte, en rappelant notamment, concernant la visite post-natale, qu’il s’agit d’une demande de longue date des professionnels de santé, celle-ci favorisant une meilleure communication sur l’utilité de la contraception, ainsi que le dépistage des cancers gynécologiques. Cette visite s’avère même indispensable pour certaines patientes devant bénéficier d’une rééducation périnéale, afin d’éviter les difficultés pouvant survenir à la suite d’un accouchement (incontinence urinaire, etc.). Enfin, elle permettrait aux professionnels d’être informés par les couples de leur utilisation de moyens de contraception.

Un suivi pouvant associer les deux parents d’un enfant né ou à naître : une demande faite aux représentants du gouvernement visait à inciter fortement les pères à accompagner leur compagne lors des entretiens prénataux et visites post-natales, afin de les convaincre du bien-fondé notamment des méthodes contraceptives, sachant que très souvent les pères sont les plus réticents à l’égard de la contraception. 111 (SA 3 : 21.06.2018)

Le montant des prestations familiales : ce montant ayant très peu évolué en plus de 20 ans d’existence de la PSG (la branche Famille représente 7 % des dépenses de la PSG pour rappel), les mesures proposées, qui s’inscrivent dans le cadre du plan d’orientation stratégique pour la mise en œuvre d’une politique publique de la famille, n’ont pu qu’être bien accueillies par la commission.

Le suivi des patientes résidant dans les îles éloignées : le rôle des missions décentralisées de sages- femmes a été rappelé. Organisées une fois par mois, elles permettent de venir en aide aux femmes enceintes sur l’ensemble du territoire, en leur évitant au maximum d’avoir à se déplacer. Les missions ne sont pas effectuées sur l’ensemble des îles de Polynésie française. Néanmoins, celles où se font les missions sont identifiées de manière à organiser des liaisons possibles avec les îles environnantes.

La proposition de faire réaliser l’entretien prénatal jusqu’au 8e mois de grossesse : malgré les efforts effectués par les sages-femmes en matière de consultations décentralisées, il a été rappelé la nécessité de pallier les difficultés rencontrées par les femmes enceintes résidant dans les îles éloignées et ne pouvant bénéficier de ces consultations qu’à un stade relativement avancé de la grossesse. Il a ainsi été suggéré que l’entretien prénatal précoce puisse être réalisé jusqu’au 8e mois de grossesse, afin de pallier cette difficulté, l’objectif restant néanmoins de pouvoir réaliser cet entretien le plus précocement possible.

À l’issue des débats, le projet de loi du pays portant modification des conditions d’attribution des allocations prénatales et de maternité aux ressortissantes des régimes de protection sociale polynésiens, a recueilli un avis favorable unanime des membres de la commission.

En conséquence, la commission de la santé, de la solidarité, du travail et de l’emploi propose à l’assemblée de la Polynésie française d’adopter le projet de loi du pays ci-joint.

Merci.

La présidente : Merci, Madame le rapporteur.

Pour la discussion générale, la conférence des présidents a prévu un temps de parole de 75 minutes réparti comme suit : le groupe TAPURA HUIRAATIRA dispose de 50 minutes, le Tahoeraa Huiraatira de 14 et le Tavini huiraatira de 11 minutes.

J’appelle l’intervenant du groupe Tahoeraa huiraatira à prendre la parole. Monsieur Geffry Salmon.

M. Geffry Salmon : Madame la présidente, Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les représentants,

Par lettre du 4 avril 2018, le Président de la Polynésie française nous transmettait pour examen un projet de loi du pays portant modification des conditions d’attribution des allocations prénatales et de maternité aux ressortissants des régimes de protection sociale polynésiens.

D’après le rapport de présentation fourni à l’appui de ce projet, il est rappelé aux élus que ce texte est le résultat des travaux tenus en 2016 du comité de pilotage pour une conférence de la famille.

Du sortir de ce comité, plusieurs actions ont été proposées et notamment deux objectifs, à savoir :

– Mettre en place un dispositif de détection et de suivi des situations de détresse et de violence dans le cadre de la maternité ;

– Contenir les cas de nouvelle grossesse post accouchement.

De ces impératifs ont découlé deux actions concrètes objet de ce projet de loi du pays :

112 (SA 3 : 21.06.2018)

– L’inscription d’un entretien prénatal précoce réalisé entre le 4ème et le 6ème mois de grossesse afin de déceler les situations de difficultés familiales et instaurer en amont un suivi adapté ;

– Le conditionnement du versement de l’allocation post natale à la visite médicale du 2ème mois après l’accouchement, de sorte de veiller à ce qu’un relais contraceptif et gynécologique soit bien mis en place après l’accouchement.

Telles sont les mesures nouvellement créées par cette loi du pays si nous venions à l’adopter. Le coût financier ne sera a priori que très modeste, pour des répercutions sur le plan familial et social que l’on espère tous positives à long terme.

Aux premiers abords, pour ce qui concerne le Tahoeraa huiraatira, cette proposition du gouvernement est évidemment à soutenir bien que nous regrettions qu’elle n’intervienne que tardivement.

Quoiqu’il en soit, si nous validons ce projet, ce que nous sommes en passe de faire je vous rassure, il serait plus qu’avisé au gouvernement également, d’adopter une campagne de prévention forte et volontaire.

La prévention, encore et toujours la prévention.

Chacune de nos actions publiques ne sont que réaction d’urgence face à des maux qui pourraient être anticipés et contenus à la source, du moins si nous daignions y mettre les moyens.

Je vous remercie de votre attention.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

J’invite l’intervenant du groupe Tavini huiraatira à prendre la parole.

Mme Éliane Tevahitua : Merci, Madame la présidente.

J’estime que l’intervention de notre ministre ainsi que celle de notre collègue Tepuaraurii, a parfaitement résumé et synthétisé ce texte-là. Donc je ne m’étendrai pas si ce n’est pour remercier la présidente du COPIL famille en la personne de Madame Maiana Bambridge. Cette grande dame dont je tiens à souligner la persévérance et la ténacité à faire aboutir les 130 mesures qui étaient préconisées par le COPIL famille et dont j’ai l’honneur de faire partie.

Et je tiens également à remercier — une fois n’est pas coutume — notre ministre de la santé ainsi que le Président pour leur oreille attentive à ces demandes émanant des professionnels de la santé. Et ce texte-là constitue une avancée sociale, importante pour les femmes de notre Pays. C’est une grande victoire pour elles.

Mais j’aimerais quand même dire quelque chose, toujours dans le cadre de ces surveillances de grossesse. Oui, nous, on votera favorablement ce texte, il n’y a pas de souci. Mais je profite de votre présence, Monsieur le ministre de la santé, pour vous interpeller sur la situation des consultations spécialisées avancées dans nos archipels éloignés. J’ai eu vent de dysfonctionnements récurrents par des patientes des archipels des Tuamotu-Gambier et des Australes.

Les femmes de Hao se sont plaintes dernièrement de l’arrêt des consultations avancées dans leur atoll auprès du Président ; lequel a motivé cinq EVASAN sur Papeete du 5 au 7 juin. Cela a coûté à la CPS 310 000 F CFP rien qu’en billets d’avion et je ne parle pas des autres frais de séjour sur Tahiti tant pour la CPS que pour les patientes elles-mêmes. Hébergement en Hospitel ou dans des foyers d’accueil à 6 500 F CFP par jour sans compter les repas du midi et du soir à la charge des évasanées. Sachant que la durée de séjour sur Tahiti de ces personnes qui ont été évasanées parce qu’on n’a pas 113 (SA 3 : 21.06.2018) pu faire ces consultations avancées, cette durée est variable suivant les places et la disponibilité des vols retour et la récupération des résultats biologiques post-consultation.

Vous avez là, chers collègues, un petit aperçu des désagréments causés aux patients ainsi que du surcoût pour la CPS. Au moment même où la CPS cherche à réaliser des économies substantielles, cela fait quand même désordre Monsieur le ministre.

Et là je ne vous cite que le cas de Hao parce que les missions au bénéfice des femmes des archipels éloignés ont été annulées également à Tubuai au mois de février, Rikitea en février, Fakarava début juin, Nuku Hiva et Ua Pou actuellement. Depuis février 2018, ces missions à l’égard des femmes enceintes annulées et évasanées auront coûté la bagatelle de 3 448 000 F CFP rien qu’en billet d’avion sans compter celles des femmes qui ont signé des décharges pour ne pas être évasanées.

Pourquoi tous ces dysfonctionnements alors que pendant des années les consultations avancées se sont déroulées sans encombres au bénéfice de notre population des archipels éloignés ? Ces problèmes sont apparus depuis que l’organisation des consultations avancées a été reprise par la Direction de la santé — je suis désolée de le dire.

Deuxièmement, depuis le pointillisme très récent du contrôleur des dépenses engagées concernant les indemnités de tournées, jusqu’à janvier, le CHPF payait tout, directement, sur service fait. Depuis que le CDE s’en est mêlé, ce sont aux agents de payer les frais de déplacement pour aller soigner les gens dans les îles. Et ensuite, ils doivent attendre — parfois plusieurs mois — le versement de l’indemnité. Certaines destinations sont hors budget pour les agents, et donc ils ne veulent plus y aller.

Et enfin, un autre problème également, ce sont les difficultés pour mandater les frais de déplacement. Et ces difficultés sont incompréhensibles vu qu’ils sont déjà budgétés pour l’année entière.

Je suis désolée de dire que c’est quand même du sabotage de la médecine par des administratifs alors que le dispositif des consultations avancées est vraiment un dispositif qui marche bien et qui sert bien la population des archipels éloignés.

J’espère Monsieur le ministre que vous allez résoudre au plus vite ces problèmes administratifs relevant de vos services si vous ne voulez pas que les populations des archipels se fendent d’une pétition pour dénoncer ces dysfonctionnements préjudiciables à leur santé et avant qu’il n’y ait surtout mort d’homme. Voilà.

Merci.

La présidente : Merci, Madame la représentante.

J’invite l’intervenant du groupe TAPURA HUIRAATIRA à prendre la parole.

Mme Béatrice Lucas : Merci, Madame la présidente. Messieurs les ministres, chers collègues,

Le texte qui vous est aujourd’hui présenté, est une préoccupation qui remonte à de nombreuses années et qui devient aujourd’hui enfin réalité, démontrant ainsi la réactivité de notre gouvernement et son action permanente dans le domaine de la santé, comme dans tant d’autres secteurs. Il y avait donc urgence à concrétiser ces mesures.

Alors, de quoi s’agit-il ?

La cellule familiale et sa protection constitue une priorité pour tout gouvernement responsable. Une notion est fondamentale pour un bon épanouissement de la famille : celle du socle familial solide avec des parents responsabilisés et une enfance protégée. C’est, d’ailleurs, l’un des nombreux objectifs de la politique publique de la famille. 114 (SA 3 : 21.06.2018)

L’expérience du milieu social et médical dresse un constat terrifiant : celui de grossesses se déroulant dans un contexte de maltraitances pour 4 à 8 % d’entre elles. Il devenait donc urgent de mettre en place un dispositif de détection et de suivi des situations de détresse et de violence dans le cadre de la maternité par cet objectif de responsabilisation des parents et d’une part, et de protection de l’enfance d’autre part. Il y va de l’équilibre de la cellule familiale sachant que, là aussi, l’expérience des professionnels du secteur révèle que des troubles peuvent éclater à l’adolescence (vers 13 ans) chez des enfants ayant eu un début de vie difficile et perturbé ou ayant été l’objet d’une grossesse difficile de leur mère.

Deux mesures sont ainsi proposées par notre texte.ÉD’abord, la mise en place d’un dispositif de détection et de suivi des situations de détresse et de violence dans le cadre d’une maternité, avec un entretien prénatal précoce, entre le quatrième et le sixième mois de grossesse, assorti de décisions immédiates de protection pour éviter de coûteuses hospitalisations pour grossesse pathologique. Le coût d’une telle mesure, compte tenu de la population qui pourrait être concernée, s’élèverait à 11 000 000.

D’autre part, pour un suivi de grossesse plus performant et pour prévenir les grossesses rapprochées et non désirées, il s’agirait de conditionner le versement de l’allocation post-natale à la visite médicale de deuxième mois après l’accouchement. Là aussi, rapporté à la population de femmes concernées et au nombre de naissances annuelles, le coût a été estimé à 14 000 000 de francs.

Après modification des textes règlementaires ad hoc, on comprendra facilement que le coût raisonnable de ces mesures est inversement proportionnel à l’importance de ces visites médicales imposées, pour le bien-être et l’équilibre des femmes enceintes, des jeunes mamans, de leurs bébés, des parents et de l’enfant dans son épanouissement. C’est pourquoi je compte sur votre soutien pour faire passer ce texte et je vous en remercie.

La présidente : Merci, Madame la représentante.

J’invite Monsieur le ministre à répondre aux différentes interventions.

M. Jacques Raynald : Merci, Madame la présidente.

Je pense que les représentants ont bien compris l’esprit de ce texte et l’intérêt qu’il représentait pour à la fois les femmes enceintes, la sécurité de la grossesse et de la maternité et que le dispositif n’entraînait pas des débours extraordinaires au niveau des fonds sociaux.

Mais sans m’étendre sur ces dispositions, je voudrais revenir sur l’intervention de Madame Éliane Tevahitua. En effet, elle met le doigt sur une plaie actuellement très ouverte.

Le départ du gestionnaire principal de ce système des consultations spécialisées avancées — qui marche, si ma mémoire est bonne, depuis près de 14 ans, en 2004 il me semble — a entraîné… Le non remplacement surtout de ce gestionnaire qui gérait ça très bien. La cellule tripartite entre la Direction de la santé, la CPS et le CHPF était gérée par ce gestionnaire. Et la multiplication aussi des missions, qui se sont vraiment multipliées de façon importante par nécessité. Cela a entraîné de la part du CHPF des débours qui étaient importants, avec des phénomènes de budgets contraints qui sont difficiles à assurer.

La place de la Direction de la santé que vous semblez rendre responsable de ces dysfonctionnements, que nous observons à l’heure actuelle, la Direction de la santé n’en est absolument pas responsable.

Nous avons été placés, lorsque je suis arrivé aux affaires, nous avons été placés devant un certain nombre de revendications de la part des personnels qui partaient en missions. Et notamment, ces revendications s’exprimaient, vous l’avez noté, sur les débours qu’ils pouvaient avoir c’est-à-dire des 115 (SA 3 : 21.06.2018) dépenses qu’ils pouvaient avoir à faire en dehors des rémunérations qu’ils recevaient, qui étaient au- delà des rémunérations qu’ils recevaient.

Alors, je voudrais revenir quand même sur ces rémunérations car elles sont quand même assez notables. Une sage femme qui part en mission va recevoir par jour de mission 20 000 francs. C’est l’indemnité de sujétion spéciale. En plus de cette indemnité, elle va recevoir 15 000 francs pour le découcher et le repas, par jour. Voilà.

Donc, il me semble quand même que ces rémunérations étaient suffisamment importantes. Or, les sages femmes nous ont fait savoir qu’il était absolument hors de question qu’elles s’en aillent si elles n’étaient pas complètement indemnisées de toutes les dépenses qu’elles pouvaient avoir fait.

Et en effet, le contrôle des dépenses engagées qui est là pour surveiller le bon usage de l’argent du Pays a mis fin à un processus, qui existait au sein de l’hôpital, qui était de pouvoir assurer le complément des factures qui était présenté sur un budget qui n’était pas celui des CSA. Voilà.

Et donc, comptablement, on ne pouvait pas laisser perdurer, je dirais, ces déviances en quelque sorte par rapport à l’équilibre budgétaire et une règle comptable surtout. Et donc, le CDE a mis fin, peut-être un peu trop brusquement, certainement — mais enfin c’est de sa responsabilité — à ces processus.

Nous avons, à force de négociation, trouvé un accord et le CDE, jusqu’au 31 décembre de cette année, va trouver les moyens d’ajuster des dépenses avec les moyens du bord, c’est-à-dire, ce qui est au sein du CHPF. Mais il faut que nous revenions dans la règle. Cette règle est valable pour tous les fonctionnaires du Pays. Non pas sur l’ISS qui est particulière, les sages-femmes c’est 20 000 francs, je vous l’ai dit, les praticiens hospitaliers c’est 22 000 francs, mais sur les 15 000 francs de découcher et d’indemnités de repas. Il n’y a pas de raison que les fonctionnaires qui sont statutairement des fonctionnaires du Pays, qui travaillent à l’hôpital, puissent bénéficier d’avantage que les autres fonctionnaires n’ont pas.

Et c’est là où on se trouve devant une pierre d’achoppement, c’est-à-dire qu’il faut qu’on arrive à trouver les moyens, soit de convaincre les sages-femmes que l’on ne peut pas faire autrement et qu’il faut essayer de trouver des lieux d’hébergement où la rémunération n’est pas au-delà de ce qu’on leur donne, ou le coût de l’hébergement n’est pas au-delà, ou alors — et c’est ce sur quoi nous travaillons à l’heure actuelle — trouver un moyen de lier par convention avec les hébergeurs, de faciliter la circulation des factures.

Après, il y a tout un autre dispositif — et c’est là peut-être où vous mettez en cause la Direction de la santé dans cette cellule tripartite — c’est l’organisation du voyage lui-même après. Or, dans cette organisation même du voyage, nous avons des problèmes aussi. C’est-à-dire la réservation des places d’avions, le fret supplémentaire notamment je parle des consultations de gynécologie obstétrique, il y a les échographes portatifs à emporter. C’est un matériel lourd, il faut un fret spécial, donc il faut avertir Air Tahiti suffisamment à l’avance, voilà. Il y a toute une organisation qui est mise à mal à l’heure actuelle, voilà.

Mais le principal de cette mise à mal, c’est le refus de départ des sages-femmes puisque-là, c’est hier ou avant-hier, Monsieur Beaumont, le docteur Beaumont, le chef du service, a pu partir aux Marquises, mais il est parti tout seul, alors qu’habituellement, il part avec deux sages-femmes.

Et il y a d’autres missions qui devaient être assurées en effet dans les Tuamotu et ailleurs. Donc, on va avoir, c’est vrai, pendant quelques jours — puisqu’elles sont répertoriés toutes ces femmes, donc elles ont des rendez-vous réguliers — des venues sur Tahiti par EVASAN mais nous faisons tout ce que nous pouvons pour y mettre fin et revenir à un système qui puisse être perpétué.

116 (SA 3 : 21.06.2018)

Il faut savoir également qu’il y a un autre domaine où nous avons des difficultés. C’est la cardiologie puisque les cardiologues eux, maintenant, ne veulent plus assurer les missions spécialisées avancées. Ceux qui se trouvent à l’hôpital.

Donc, devant cette évolution puisque, on l’a dit, c’est quand même un système qui marchait pas trop mal depuis 15 ans ou 14 ans, devant cette évolution où les spécialistes ayant plus de travail à l’hôpital que ce qu’ils avaient avant probablement, refusent de perdre du temps dans les voyages, on est en train d’introduire les praticiens libéraux qui sont volontaires pour partir.

Nous avons, à l’heure actuelle, des cardiologues qui peuvent partir, des pneumologues et pas mal de spécialistes libéraux qui sont prêts à partir également. C’est cette conjonction publique-privée dont j’essaye de faire que ce soit l’avenir de notre Pays puisqu’on sait que l’on aura toujours des difficultés maintenant pour avoir le nombre de médecins suffisant pour traiter la population. Donc, il faut que les médecins du public et du privé apprennent à travailler ensemble et se partagent ce qui peut être effectué dans.... Nous évoluons à l’heure actuelle vers ce système-là. Il y a, probablement, encore des ajustements à faire. J’ai fait une note hier pour demander au directeur de l’hôpital de bien vouloir me dire exactement où en sont les finances dans ce domaine et quelles sont les charges qui sont prévues pour tout le trimestre prochain, de façon à ce qu’on puisse mieux ajuster. On s’occupe de cette situation. Je ne dis pas qu’on va la régler dans les cinq minutes qui viennent mais j’espère que, dès la semaine prochaine, on aura moins de difficultés que ce que l’on a eu là, récemment. Je vous remercie d’avoir abordé ce sujet.

La présidente : Merci, Monsieur le ministre.

Nous passons à l’examen de la loi du pays.

Article LP 1. -

La présidente : La discussion est ouverte sur l’article LP1. Pas de discussion.

Je mets aux voix l’article LP1. Ceux qui sont pour ?... À l’unanimité ?... Merci.

Article LP 2. -

La présidente : Sur l’article LP2, même vote.

Article LP 3. -

La présidente : Article LP 3 ?... Même vote.

Article LP 4. -

La présidente : Sur l’article LP 4, même vote.

Article LP 5. -

La présidente : Sur l’article LP 5, même vote.

Article LP 6. -

La présidente : Sur l’article LP 6, même vote.

Nous passons au scrutin public comme le prévoient les articles 142, dernier alinéa de la loi statutaire, et 43 du règlement intérieur.

117 (SA 3 : 21.06.2018)

Je demande à Madame le secrétaire général de faire l’appel des représentants.

Mme Jeanne Santini :

Mme Amaru Patricia absente, procuration à M. Luc Faatau, pour Mme Aro Dylma pour Mme Atger-Hoi Teumere pour M. Brotherson Moetai absent, procuration à Mme Teumere Atger-Hoi, pour Mme Bruant Virginie pour M. Buillard Michel absent, procuration à M. Frédéric Riveta, pour Mme Butcher-Ferry Yseult absente, procuration à Mme Vaitea Le Gayic, pour Mme Cross Valentina pour M. Faatau Luc pour M. Flohr Henri absent, procuration à Mme Dylma Aro, pour M. Fong Loi Charles pour M. Frebault Angélo pour Mme Frebault Joëlle pour Mme Galenon Minarii absente, procuration à Mme Valentina Cross, pour M. Geros Antony pour M. Graffe Jacquie absent, procuration à Mme Juliette Matehau-Nuupure, pour Mme Harua Monette pour M. Heaux James pour Mme Iriti Teura absente, procuration à M. Fernand Tahiata, pour M. Kautai Benoit absent, procuration à Mme Joëlle Frebault, pour M. Laurey Nuihau absent, procuration à Mme Béatrice Lucas, pour Mme Le Gayic Vaitea pour M. Lisan Marcelin absent, procuration à Mme Teura Tarahu-Atuahiva, pour Mme Lucas Béatrice pour M. Maraeura Teina absent, procuration à Mme Joséphine Teakarotu, pour Mme Matehau-Nuupure Juliette pour M. Moutame Thomas absent, procuration à Mme Tepuaraurii Teriitahi, pour M. Natua Bernard pour M. Perez Antonio pour Mme Perry-Friedman Vaiata absente, procuration à M. James Heaux, pour Mme Pomare-Tixier Yvannah absente, procuration à Mme Romilda Tahiata pour Mme Puhetini Sylvana pour M. Riveta Frédéric pour M. Salmon Geffry pour Mme Sanquer Nicole absente, procuration à Mme Sylvana Puhetini, pour M. Schyle Philip absent, procuration à M. John Toromona, pour M. Taae Putai absent, procuration à Mme Louisa Tahuhuterani, pour M. Tahiata Fernand pour Mme Tahiata Romilda pour Mme Tahuhuterani Louisa pour Mme Tarahu-Atuahiva Teura pour Mme Teahe Teapehu pour Mme Teakarotu Joséphine pour M. Tehaamoana Etienne absent, procuration à M. Geffry Salmon, pour M. Temaru Oscar absent, procuration à M. Antony Geros, pour Mme Teriitahi Tepuaraurii pour Mme Terooatea Sylviane absente, procuration à M. Bernard Natua, pour Mme Tetopata Tapeta pour Mme Tetuanui Lana absente, procuration à M. Antonio Perez, pour Mme Tevahitua Eliane pour 118 (SA 3 : 21.06.2018)

M. Tokoragi Félix absent, procuration à Mme Teapehu Teahe, pour M. Tong Sang Gaston absent, procuration à Mme Tapeta Tetopata, pour M. Toromona John pour M. Tuheiava Richard absent, procuration à Mme Eliane Tevahitua, pour M. Tumahai Ronald absent, procuration à Mme Virginie Bruant, pour Mme Tupana Moihara pour Mme Tuuhia Augustine pour

La présidente : Merci. La loi du pays est adoptée à l’unanimité.

Merci.

RAPPORT No 43-2018 SUR LE PROJET DE LOI DU PAYS FIXANT LES CONDITIONS ET MODALITÉS DE CRÉATION, D’EXPLOITATION ET DE SUIVI DES SITES PILOTES DÉNOMMÉS « CENTRES D’ENFOUISSEMENT TECHNIQUES SIMPLIFIÉS » ET PORTANT DIVERSES MODIFICATIONS DU CODE DE L’ENVIRONNEMENT (Cf. annexe) Présenté par Mmes Teapehu Teahe et Sylvana Puhetini

La présidente : Nous passons au rapport no 43-2018 sur le projet de loi de pays fixant les conditions et modalités de création, d’exploitation et de suivi des sites pilotes dénommés « Centres d’enfouissement techniques simplifiés » et portant diverses modifications du code de l’environnement. Je demande à Monsieur le ministre d’exposer l’économie générale du projet. Merci.

M. Heremoana Maamaatuaiahutapu : Merci, Madame la présidente.

Très rapidement, il s’agit là de répondre à une problématique que rencontre les communes et les îles de faible densité de population et de lancer donc un système de CET simplifié pour des communes de moins de 1 000 habitants, afin de répondre à cette problématique du traitement des déchets dans ces îles.

On se rend compte que certaines îles ont été équipées de CET tels que définis par le Code de l’environnement, mais que ces CET coûtent cher, à la fois en termes d’investissements mais aussi en termes de fonctionnement. Si on prend le CET de Rapa, il a coûté 140 millions, si on prend celui de Nuku-Hiva, il a coûté 200 millions, si on prend celui de Ua-Pou, il a coûté près de 300 millions. Donc à chaque fois — (Rire.) oui et à Tubuai aussi — donc à chaque fois on est confronté à ce problème de coût de l’installation et du coût de fonctionnement pour les administrés. Donc, au moins pour que les petites communes ne soient pas complètement délaissées, nous avons imaginé ce système de CET simplifié avec, bien sûr, un tri sélectif qui sera mis en place dans un premier temps pour éviter que tous types de déchets, notamment tout ce qui est produits dangereux, déchets dangereux ou fermentescibles, puissent se retrouver dans ces CET.

Deux communes ont été sélectionnées, parmi les communes candidates, parce qu’elles répondent aux critères pour être les communes tests. Il s’agit en l’occurrence de la commune de Manihi et celle de Takapoto où les dispositifs de tri sélectif sont déjà mis en place et sont particulièrement efficaces. Voilà. Il s’agit là de répondre à une problématique, encore une fois, pour nos îles éloignées et de petite densité.

La présidente : Merci, Monsieur le ministre.

Je demande au rapporteur de présenter le rapport et notamment les travaux en commission. Merci.

Mme Teapehu Teahe : Merci, Madame la présidente.

119 (SA 3 : 21.06.2018)

Ainsi, ce projet de loi du pays a pu être examiné en commission du tourisme, de l’écologie, de la culture, de l’aménagement du territoire et du transport aérien le lundi 19 mars 2018. En préliminaire des débats, il a été rappelé aux membres les différentes catégories de Centres d’Enfouissements Techniques existants et prévus par le code de l’environnement de la Polynésie française.

Ensuite, la direction de l’environnement a expliqué l’objectif premier de ce projet de texte tout en définissant la notion de Centre d’Enfouissement Technique Simplifié (CETS) et sa finalité. En effet, il s’agit de proposer aux îles de moins de 1 000 habitants la possibilité d’opter pour une telle infrastructure plus simple, moins coûteuse et réservée aux déchets inertes et résiduaires correspondant à tous déchets non valorisables. Cette nouvelle procédure incitera la population à trier un maximum de sorte à avoir dans ce CETS que des déchets ne pouvant plus être valorisés.

En outre, il a également été indiqué qu’il s’agit d’une phase expérimentale d’installation de deux CETS pour une durée de 5 ans, uniquement à la demande des communes le souhaitant. À cet égard, les membres ont pu être informés qu’en cas de fermeture d’un CETS, l’opérateur public ou privé retenu par une décision communale aura une obligation de suivi du site durant 15 ans.

Par ailleurs, les débats ont aussi porté sur la responsabilité élargie du producteur qui est inscrit dans le code et les amendes sont prévues. Néanmoins, il a été indiqué que des arrêtés d’application doivent être mis en place. Dans ce contexte, il a été relevé qu’une association des pensions de famille de Fakarava sont en cours de négociations avec les opérateurs et les commerciaux afin de pouvoir obtenir l’acheminement des déchets consignés.

Enfin, la question de la problématique foncière a été abordée. Cependant, s’agissant d’un problème récurrent, plusieurs études devront être menées avant toute éventuelle installation d’un CETS, notamment par rapport à la protection de la lentille d’eau pour ce qui concerne les atolls. Ainsi, la commune concernée devra prendre la décision en connaissance de cause.

Enfin, il a été porté à la connaissance des membres que le rapatriement des déchets dangereux (huiles de batteries, piles) vers Tahiti, des Tuamotu notamment, est pris en charge par la direction de l’environnement.

À l’issue des débats, le projet de loi du pays fixant les conditions et modalités de création, d’exploitation et de suivi des sites pilotes dénommés « Centres d’enfouissement techniques simplifiés » et portant diverses modifications du Code de l’environnement, a recueilli un vote favorable des membres de la commission.

En conséquence, la commission du tourisme, de l’écologie, de la culture, de l’aménagement du territoire et du transport aérien, propose à l’assemblée de la Polynésie française d’adopter le projet de loi du pays.

La présidente : Merci, Madame la représentante.

La conférence des présidents a prévu un temps de parole, toujours de 75 minutes réparties comme suit : 50 minutes pour le TAPURA HUIRAATIRA, 14 pour le Tahoeraa Huiraatira et 11 pour le Tavini Huiraatira.

J’appelle l’intervenante du TAPURA HUIRAATIRA à prendre la parole.

Mme Romilda Tahiata : Oui, merci, Madame la présidente.

En effet, Monsieur le ministre, si la problématique du traitement des déchets est globalement maîtrisée et assumée dans les îles les plus habitées, en particulier à Tahiti, elle n’en reste pas moins une source d’inquiétudes dans nombre de collectivités aussi éloignées qu’exposées aux atteintes environnementales. 120 (SA 3 : 21.06.2018)

Depuis sa mise en service en 2000, le Centre d’enfouissement technique de Paihoro a fait la preuve de son efficacité, au point de voir sa durée de vie étendue jusqu’en 2025, moyennant le stockage annuel de 50 à 60 000 tonnes de déchets.

Aujourd’hui, le gouvernement propose aux communes une solution à travers ce projet de loi du pays qui constitue, en l’état actuel des choses, une première étape vers la création d’un CET simplifié. Autant dire que le sujet mérite une longue réflexion et la prise en compte de nombreux paramètres. À commencer par le manque de foncier qui caractérise par exemple nos atolls des Tuamotu. En second lieu, du fait des faibles volumes de déchets à traiter, les structures devront être dimensionnées dans une optique de gestion financière durable.

Pour toutes ces raisons, le cadre juridique qui nous est ici proposé se limite à la mise en place de deux sites pilotes pour une durée expérimentale de cinq ans, à l’issue de laquelle un bilan devra être tiré en toute objectivité sur la viabilité d’un tel système de traitement. Il appartiendra aux communes éligibles, c’est-à-dire de moins de 1 000 habitants, de se porter candidate à l’ouverture, chez elles, d’un CETS. Une chose est sûre, l’installation d’un CETS ne se fera qu’à l’initiative de l’île qui en fera la demande. Il ne s’agit pas d’une obligation. Le Pays ne souhaite rien imposer. Au contraire, les maires et leurs administrés devront impérativement impulser le mouvement ; un mouvement de citoyens engagés et désireux de préserver un milieu environnemental fragile.

À plus forte raison, quand ces mêmes communes aspirent à développer leurs ressources propres, au premier rang desquelles figure naturellement un tourisme durable. Nous avons déjà l’exemple de Fakarava, lieu d’excellence pour ses spots de plongée sous-marine, où les pensions de famille se sont regroupées et organisées de sorte à privilégier l’utilisation de bouteilles en verre, au détriment du plastique. Des discussions sont menées en ce sens avec la Brasserie.

D’une manière générale, le véritable défi n’est pas tant de trouver LA solution pour éliminer les déchets ménagers mais plutôt de faire en sorte, chacun à notre niveau, d’adopter de nouveaux modes de vie, plus respectueux de l’environnement, afin d’en réduire le volume au maximum.

Ce texte est là pour inciter les communes qui veulent construire un CETS à avoir le réflexe de trier au maximum. À Manihi par exemple, ils ont le réflexe de trier les canettes, les boîtes de conserve et de valoriser la partie fermentescible — que ce soit les restes de nourriture ou les déchets verts — puis de renvoyer sur Tahiti tous les déchets qui peuvent être revalorisés. Cela représente un total de 19 tonnes de déchets.

Le Pays prend une part active dans cette action citoyenne. C’est ainsi que nombre de produits de consommation considérés comme dangereux — les batteries, piles et autres carcasses de voiture — peuvent être rapatriés sur Tahiti à la charge de la Direction de l’environnement. Mais le potentiel de recyclage est bien plus important si l’on veut bien s’en donner la peine. Ce qui permettra ainsi aux futurs centres techniques d’enfouissement simplifiés de n’accueillir que les déchets ultimes et résiduaires.

Voilà, chers collègues, les commentaires que je souhaitais partager sur ce projet de loi du pays relatif aux centres d’enfouissements techniques simplifiés qui, encore une fois, peuvent constituer une solution pour le traitement des déchets dans nos archipels.

Merci pour votre attention.

La présidente : Merci, Madame la représentante.

J’invite l’intervenant du groupe Tahoeraa Huiraatira à prendre la parole.

M. James Heaux : Madame la présidente, Monsieur le ministre, chers collèges, bonjour. 121 (SA 3 : 21.06.2018)

Le présent projet de loi du pays propose d’intégrer dans le code de l’environnement un modèle adapté de gestion des déchets, dénommé « Centres d’enfouissement techniques simplifiés (C.ET.S) » et pour reprendre le rapport « infrastructure simple et moins coûteuse ».

Pouvons-nous réellement nous engager et méditer sur ce qui nous motivent et nous inspirent ? Et lorsque nous restons fidèles à nos normes, nous nous trouvons moins enclins au découragement.

De la responsabilité des communes, préalablement fixée au 31 décembre 2011, l’échéance de mise en place d’une gestion effective de ces déchets a été repoussée au 31 décembre 2024 compte tenu de leur retard. La gestion des déchets fait partie des quatre axes du contrat de projets 2015-2020 destiné aux investissements communaux. Les projets retenus sont financés à hauteur de 85 à 95 % par l’État et par la Polynésie française, de manière paritaire, et de 5 % à 15 % par les communes.

« L’infrastructure simple et moins coûteuse ».

Par ailleurs, dans le cadre d’une convention 2015-2020, le Pays et l’Agence de l’environnement et de la Maîtrise de l’Énergie, l’ADEME, consacrent chacun 156 millions de francs sur cinq ans pour la consolidation de la politique de gestion des déchets et le soutien à des opérations structurantes.

Des 118 îles que compte la Polynésie française, combien d’îles, de communes sont dans cette démarche ? À l’exception de celles qui sont déjà opérationnelles, est-ce que nos élus comprennent les enjeux et sont engagés dans ce processus ? Est-ce qu’ils sont imprégnés du caractère urgent que comporte ce volet ? Seront-nous tous prêts pour 2024 ?

Dans notre monde parfois banal, cela aide lorsque nous nous rappelons le but plus important pour lequel nous nous efforçons : nos familles, notre autonomie, notre progression et quand nous regardons à l’extérieur de nous-mêmes, nous acquérons un sens plus fort du but.

Cependant l’homme concoure à sa propre perte, de par son comportement irresponsable et son manque de perspective.

« Uniquement à la demande des communes le souhaitant »

Madame la présidente, lorsque ce texte a été étudié en commission du tourisme le 19 mars dernier, les déclarations du tavana de Takaroa m’ont interloqué, choqué, surtout venant d’un élu de la République. À votre question, Madame la vice-présidente — puisque vous étiez présidente de cette commission — « Comment fais-tu pour trier tes déchets ? ». Voici sa réponse : « Moi, tout ce que je fais pour diminuer la tonne de déchets chez moi, c’est un grand trou et je plante les calophylum inophylum dedans et ça pousse bien. Même avec les huiles, avec les batteries et tout ça, ça pousse bien les calophylum inophylum ».

J’espère ne rien vous apprendre chers collègues, mais une batterie usagée et abandonnée dans la nature, pollue un mètre cube de terre pour plus de 100 ans, n’est-ce pas Monsieur le ministre ? Il est toujours d’actualité de jeter ses déchets n’importe où pour les éliminer. Aujourd’hui, le traitement des déchets est difficile et a des conséquences néfastes sur l’environnement.

Selon le rapport d’évaluation des gisements et analyses prospectives sur l’organisation de la gestion des déchets en Polynésie française, la très faible implication des pouvoirs publics sur la politique de gestion durable des déchets n’incite pas à la réduction à la source. Nous devons donc aller au-delà du simple traitement des déchets qui ne vise qu’à réduire leur volume. Traiter le problème à la base et leur apparition. Faire de la prévention. Asseoir une éducation à l’environnement pour les tous petits. Revoir nos besoins réels. Réduire, entre autres, la consommation de bouteilles en plastique en utilisant des bouteilles consignées ou en buvant de l’eau au robinet lorsque celle-ci est potable. Il nous faut 122 (SA 3 : 21.06.2018) bannir les produits jetables, éviter de remplacer du matériel qui fonctionne encore juste parce qu’il n’est plus à la mode. Il nous suffit de regarder nos Smartphone, n’est-ce pas ?

La prévention des déchets passe par un changement de nos habitudes et de nos choix de consommation. La réutilisation, le réemploi d’un produit, objet en fin de vie, et l’utiliser pour un usage différent. À ce sujet, le groupe Tahoeraa Huiraatira tient à saluer le travail des élèves des CJA qui ont exposé leurs réalisations pendant deux jours dans le hall de notre assemblée. Bravo à eux.

Le recyclage permet de réduire la quantité de déchets, de réduire les nuisances pour l’environnement et pour l’homme, d’économiser des matières premières et des ressources telles que : eau, énergie qui seraient utilisés lors de l’extraction des matières premières neuves et de la fabrication des produits.

Des solutions impopulaires sont à notre portée : l’éco fiscalité par exemple. Taxer les emballages peu ou difficilement recyclables. Une question où écologie et économie s’affrontent.

Nul n’est censé ignorer la loi. Des dispositions pénales sont prévues afin de punir certaines pratiques. Des peines qui peuvent aller jusqu’à 8 900 000 francs d’amende et de deux ans d’emprisonnement. Aussi, il est important d’avertir la population sur ces risques pénaux.

Des actions concrètes doivent être menées, une politique volontariste a été initiée et doit continuer afin de réduire ce problème récurrent. Arrêtons de déplacer le problème, créer de nouvelles lois, modifier des textes. Nous devons d’abord montrer l’exemple et nous engager réellement à changer nos habitudes.

Selon le rapport de 2014 de la DIREN, la Direction de l’environnement, la production annuelle de déchets en Polynésie française est estimée à 147 000 tonnes en 2013, soit 544 kg par habitant et par an. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le choix nous appartient.

Je vous remercie de votre attention.

La présidente : Merci Monsieur le représentant.

J’invite l’intervenant du groupe Tavini Huiraatira à prendre la parole.

Mme Teumere Atger-Hoi : Merci Madame la présidente. Monsieur le ministre, chers collègues représentants et représentantes, bonjour.

Par lettre du 15 février 2018, le Président de la Polynésie française nous a adressé, aux fins d’examen, le projet de loi du pays fixant les conditions et modalités de création, d’exploitation et de suivi des sites pilotes dénommés « Centres d’enfouissement techniques simplifiés » et portant diverses modifications du code de l’environnement.

Selon l’exposé des motifs joint audit projet de loi du pays, le traitement des déchets est une problématique complexe, plus particulièrement pour les îles éloignées, d’autant plus que le code de l’environnement fixe des prescriptions techniques de réalisation et d’exploitation de centres d’enfouissement techniques pour les déchets dont les coûts d’investissement et de fonctionnement sont difficilement supportables pour les petites collectivités.

Aussi, est-il proposé de développer des équipements aux exigences équivalentes mais à moindre coût, dénommés « centres d’enfouissement techniques simplifiés (CETS) », sur deux sites pilotes uniquement à définir par le conseil des ministres.

Mais, dans le but de préserver les intérêts mentionnés à l’article LP 4110-1 du code de l’environnement, l’arrêté portant autorisation d’exploiter un CETS sera temporaire et délivré pour une période de 5 ans, à l’issue de laquelle un bilan sera réalisé afin de savoir si, au vu des résultats du 123 (SA 3 : 21.06.2018) programme de surveillance et de suivi de l’impact sur l’environnement par l’exploitant, il conviendra de pérenniser ou non cet exutoire à la gestion des déchets. Si le bilan s’avère positif, une reconduction de l’autorisation d’exploitation pourra être accordée par arrêté pris en conseil des ministres.

Hormis ces conditions posées ci-dessus, il est précisé que seules les îles comptant moins de 1 000 habitants sont éligibles pour la réalisation de CETS, que seuls les déchets inertes et déchets résiduaires ne pouvant plus faire l’objet d’une valorisation, seront traités dans les CETS, lesquels seront préalablement triés en déchets recyclables, putrescibles, fermentescibles et compostables, et des déchets dangereux où ces derniers devront faire l’objet d’un traitement particulier avant leur admission en CETS.

Du coup, le projet de loi du pays soumis à notre examen propose d’intégrer trois nouvelles définitions dans le code de l’environnement : celle du centre d’enfouissement technique simplifié pour les déchets de catégorie 3, celle des déchets résiduaires relevant de la catégorie 2 et celle du site pilote.

Le rapport no 43-2018 sur ce projet de loi du pays présenté au nom de la commission législative du tourisme, de l’écologie, de la culture, de l’aménagement du territoire et du transport aérien, n’a fait que reprendre les termes de l’exposé des motifs joint à la lettre précitée du Président de la Polynésie française, le rapporteur y ajoutant le contenu des débats intervenus lors de la réunion de la commission du 19 mars 2018.

Cependant, il faut se référer au compte-rendu de ladite réunion pour prendre la mesure des échanges entre le représentant Jacqui Drollet et la Direction de l’environnement où nous apprenons qu’il existe trois types de centre d’enfouissement techniques :

– le CET 1 pour les déchets dangereux qui serait celui de Nivee — tout en n’étant pas un — et pour lequel nous n’avons aucun rapport ni de la Direction de la santé où sont traités les déchets hospitaliers, ni de la Direction de l’environnement ;

– le CET 2 destiné aux déchets ménagers dont celui de Paihoro où nous n’avons également aucun rapport de la Direction de l’environnement ;

– et, pour finir, le CET 3 où sont stockés les déchets inertes comme les gravats et les parpaings comme ceux de l’hôtel Maeva Beach dont on ne sait pas, à défaut de rapports sur ce sujet, s’ils ont été désamiantés.

Le représentant Jacqui Drollet a interpellé le gouvernement sur la technique de la pyrolyse comme moyen de traitement des déchets dans les îles, d’autant plus que ce projet de loi du pays ne concerne que les îles comptant moins de 1 000 habitants. Or, cette technique sera contestée par le chargé d’affaires de la Direction de l’environnement, lequel va affirmer que cette technique ne fonctionne qu’en Corée, alors qu’il y a des centres de traitement des déchets plus précisément par gazéification effectivement en Corée mais également en France, en Norvège, au Danemark et aux États-Unis d’Amérique qui en compte huit, ce d’autant que le code de l’environnement n’interdit pas l’utilisation de cette technique qui fonctionne depuis plus de 20 ans.

En fait, je me pose la question de savoir s’il n’y a pas une volonté du gouvernement de ne pas exploiter cette technique de traitement des déchets par gazéification. Car, vous nous soumettez un projet de loi du pays créant, ajoutant, modifiant, insérant, supprimant et remplaçant pas moins de 25 articles du code de l’environnement pour créer des centres d’enfouissement techniques simplifiés pour les îles de moins de 1 000 habitants, qui ne seront testés que sur deux sites pilotes uniquement. Et qu’il faudra attendre les résultats à l’issue de 5 ans d’exploitation pour décider ou non de les étendre à d’autres îles alors que cette technique de traitement des déchets par gazéification permettrait de faire l’économie d’un centre d’enfouissement technique de catégorie 2 puis réhabiliter par exemple celui très connu de Paihoro.

124 (SA 3 : 21.06.2018)

Mais encore, il se trouve qu’en traitant les déchets par gazéification, cette technique produit dans le même temps de l’énergie électrique. Et quand nous parlons de l’énergie électrique, nous pensons tout de suite à la multinationale française Engie, laquelle, avec ses filiales comme la société EDT, a le quasi-monopole sur la production et la distribution de l’énergie électrique en Polynésie française.

Je pose donc la question : pourquoi ne pas prendre en compte cette technique de traitement des déchets qui a l’immense avantage de produire également de l’électricité ?

Au regard de ce que je viens de vous exposer, le groupe Tavini huiraatira ne peut que voter l’abstention sur ce projet de loi du pays.

Merci de votre attention.

La présidente : Merci, Madame la représentante.

J’invite Monsieur le ministre à répondre aux différentes interventions de nos représentants. Merci.

M. Heremoana Maamaatuaiahutapu : Merci, Madame la présidente.

Je suis un peu, quand même, surpris par ce que je viens d’entendre de notre représentante du Tavini huiraatira.

Des solutions miracles, j’en vois toutes les semaines : la gazéification,… Il y a même une usine magique — ce j’appelle l’usine magique — où on met 100 tonnes de déchets, on produit toute l’électricité qu’on veut, pas de fumée, pas de résidu, rien. Ça existe aussi, il paraît. Sauf que, quand on demande les documents, on ne les a jamais. Donc, les usines magiques — que ce soit la gazéification,… —, qui produisent de l’électricité, déjà, çà ça n’existe pas. Les usines qui produisent comme ça de la gazéification… Même l’incinération, cela suppose que les déchets soient complètement asséchés avant d’être incinérés. Donc, il n’y a pas de technique qui soit miraculeuse. Ça n’existe pas. Il faut arrêter de rêver avec nos déchets qui vont produire toute l’électricité que l’on veut.

Nous avons aussi un autre problème, c’est celui du volume du gisement de nos déchets. Nous produisons, effectivement, beaucoup de déchets, mais insuffisamment pour amortir des systèmes qui puissent être efficaces et qui ne coûtent pas de l’argent aux administrés ; parce qu’encore une fois, et cela a été rappelé, ce sont les communes qui ont la compétence en matière de traitement des déchets. Nous accompagnons déjà les communes sur leurs compétences. C’est le cas des déchets ménagers spéciaux.

Et je vais vous dire que, depuis 2015, depuis que nous avons mis en place le système des rapatriements des déchets ménagers spéciaux, nous prenons en charge le fret, nous envoyons les containers pour les batteries, pour les huiles usées, pour les piles, ou nous demandons aux maires d’utiliser, ce que je disais ce matin, les fûts d’essence qui sont vides pour, notamment, les huiles usées. Sur 70 îles habitées, nous n’avons que 20 îles pour le moment qui répondent à nos sollicitations.

Donc la valorisation des déchets est un souci effectivement permanent auprès de nos services, mais il n’y a pas de solution miracle.

Aujourd’hui justement, dans la chaine de traitement des déchets, entre le ramassage des déchets et Paihoro, nous sommes en train d’étudier un maillon qui pourrait être rajouté afin d’augmenter la durée de vie du CET pour réduire finalement aussi le nombre de déchets qui intégreraient le CET.

Une partie de nos déchets est exportée. Tout n’est pas exportable en raison des volumes, encore une fois. Tout n’est pas à mettre en CET mais, encore une fois, la solution miracle dans ce cheminement du traitement de nos déchets, la solution miracle, elle n’existe pas.

125 (SA 3 : 21.06.2018)

Pour en revenir à l’intervention de notre ami du Tahoeraa, oui, des changements de nos habitudes, c’est effectivement l’objectif, mais c’est un sujet qui se traite sur le long terme. Des campagnes de communication sont lancées, existent dans tous les médias, notamment le vôtre. Nous payons chers d’ailleurs ces campagnes. Ce serait bien qu’il y ait des partenariats. Ça nous coûte très cher la diffusion sur vos télévisions, donc ce serait bien qu’on soit un peu soutenu puisque ça devient une cause nationale presque.

Les campagnes de sensibilisation ne suffiront pas, effectivement. Vous parliez de créer des taxes. Il existe déjà des taxes. Ces taxes existent. Elles ne couvrent pas, pour le moment, le coût. Elles sont insuffisantes. Donc la question est de savoir : faut-il les augmenter ou faut-il trouver d’autres sources de financement ? Augmenter des taxes, je pense que ce sont des mesures complètement impopulaires, d’une part. Donc notre objectif n’est pas d’augmenter les taxes, mais de trouver d’autres types de financement, notamment par des partenariats parce qu’il y a, effectivement, par le tri et par la valorisation, des moyens de réduire complètement le volume de nos déchets. Des solutions se mettent en place progressivement. Nous avons, par exemple, si on parle de campagnes de sensibilisation et, en même temps, des campagnes de promotion, de la réduction de nos déchets, lancé des opérations avec nos paniers traditionnels pour sensibiliser, justement, les gens et proposer d’autres choix que les sacs plastiques à usage unique. Ce n’est pas juste pour… — comment dire ? — se faire plaisir, il s’agit bien de campagne de sensibilisation.

Lorsque j’étais encore directeur de la Maison de la culture — je vais vous dire une chose —, j’ai été le premier à mettre en place des mesures en faveur du tri des déchets sur nos manifestations. Ça n’existait pas. Mettre des poubelles vertes au Heiva, ça n’existait pas ; mettre des poubelles vertes sur le Fifo, ça n’existait pas. Ce sont des choses qui se mettent en place progressivement. Ça fait partie des actions que nous menons ; ça fait partie aussi des campagnes de sensibilisation qui sont menées. Le problème qui se pose, aujourd’hui, ce n’est pas de répondre à la problématique de Tahiti et de Moorea, mais de répondre à la problématique, encore une fois, des petites îles qui, elles, n’ont pas de solutions.

Le texte ne viendra pas modifier la gestion de nos déchets, ici sur Tahiti et Moorea. Il y a un certain nombre de garde-fous qui a été pris pour limiter, justement, ces CET simplifiés à nos petites communes, à nos petites îles. Pourquoi un délai de cinq ans ? C’est un délai maximum. Si ça se trouve, dans un an, les bilans que nous ferons nous démontrerons que ce n’est pas la bonne solution ou que c’est la bonne solution. Encore une fois, il vaut mieux se prémunir de tout impact négatif et se donner le temps, s’il le faut, pour trouver des solutions adaptées parce qu’encore une fois, dans certaines îles, le problème de la nappe phréatique — ça a été rappelé —, le problème de la nappe phréatique est un sujet que nous voulons, que nous tenons à prendre en compte dans notre réflexion. Le choix des terrains — cela a été rappelé dans l’exposé des motifs — le choix des terrains c’est important ; les études seront menées. Il ne s’agit pas de juste faire un trou et de mettre certains déchets dedans. Ce n’est pas ça qu’on vous propose. C’est vraiment d’avoir des études aussi sur les sols, les nappes phréatiques, avant d’ouvrir quoique ce soit.

Concernant les CET qui existent déjà, il y a, effectivement, trois types de CET : les CET 3, les CET 2 et les CET 1. La majorité de nos CET sont des CET 3 et des CET 2, surtout. Celui de Nivee est censé être effectivement un CET 1, or il n’accueille aucun déchet ménager dangereux, aucun déchet dangereux. Les déchets qui y sont, pour le moment, stockés sont des déchets effectivement issus de nos hôpitaux et de nos cliniques, mais qui sont traités par des banaliseurs et qui deviennent donc des déchets comme n’importe quel autre déchet. Donc la nécessité aujourd’hui de ce CET 1 se pose réellement.

Concernant nos déchets dangereux est-ce qu’il vaut mieux, finalement, les stocker chez nous en sachant qu’ils vont peut-être poser problème à l’avenir ou trouver déjà des solutions à l’export dans des filières qui traitent ces déchets et qui les valorisent ?

Notre réflexion, aujourd’hui, elle est à ce niveau. Ce que l’on fait, aujourd’hui, pour les huiles usées et pour les batteries, c’est de l’export parce que des filières de retraitement existent ailleurs. Ça nous 126 (SA 3 : 21.06.2018) coûte, bien sûr, de l’argent. Ça coûte de l’argent à la collectivité, mais c’est autant de bombes écologiques que nous ne gardons pas chez nous.

Voilà ce que je voulais dire. Et nous essayons de valoriser aussi localement tout ce que nous pouvons valoriser. Encore une fois, ce sont des questions de volumes après.

Voilà, Madame la présidente, je crois que j’ai fait le tour. Merci.

La présidente : Merci, Monsieur le ministre.

La conférence des présidents a prévu une procédure simplifiée pour cette loi du pays.

La discussion étant terminée et en l’absence d’amendement, nous passons au scrutin public pour le vote de la loi du pays, comme le prévoient les articles 142 dernier alinéa de la loi statutaire et 43 du règlement intérieur.

Je demande à Madame le secrétaire général de faire l’appel des représentants.

Mme Jeanne Santini :

Mme Amaru Patricia absente, procuration à M. Luc Faatau, pour Mme Aro Dylma pour Mme Atger-Hoi Teumere abstention M. Brotherson Moetai absent, procuration à Mme Teumere Atger-Hoi, abstention Mme Bruant Virginie pour M. Buillard Michel absent, procuration à M. Frédéric Riveta, pour Mme Butcher-Ferry Yseult absente, procuration à Mme Vaitea Le Gayic, pour Mme Cross Valentina abstention M. Faatau Luc pour M. Flohr Henri absent, procuration à Mme Dylma Aro, pour M. Fong Loi Charles pour M. Frebault Angélo pour Mme Frebault Joëlle pour Mme Galenon Minarii absente, procuration à Mme Valentina Cross, abstention M. Geros Antony abstention M. Graffe Jacquie absent, procuration à Mme Juliette Matehau- Nuupure, pour Mme Harua Monette pour M. Heaux James pour Mme Iriti Teura absente, procuration à M. Fernand Tahiata, pour M. Kautai Benoit absent, procuration à Mme Joëlle Frebault, pour M. Laurey Nuihau absent, procuration à Mme Béatrice Lucas, pour Mme Le Gayic Vaitea pour M. Lisan Marcelin absent, procuration à Mme Teura Tarahu-Atuahiva, pour Mme Lucas Béatrice pour M. Maraeura Teina absent, procuration à Mme Joséphine Teakarotu, pour Mme Matehau-Nuupure Juliette pour M. Moutame Thomas absent, procuration à Mme Tepuaraurii Teriitahi, pour M. Natua Bernard pour M. Perez Antonio pour 127 (SA 3 : 21.06.2018)

Mme Perry-Friedman Vaiata absente, procuration à M. James Heaux, pour Mme Pomare-Tixier Yvannah absente, procuration à Mme Romilda Tahiata, pour Mme Puhetini Sylvana pour M. Riveta Frédéric pour M. Salmon Geffry pour Mme Sanquer Nicole absente, procuration à Mme Sylvana Puhetini, pour M. Schyle Philip absent, procuration à M. John Toromona, pour M. Taae Putai absent, procuration à Mme Louisa Tahuhuterani, pour M. Tahiata Fernand pour Mme Tahiata Romilda pour Mme Tahuhuterani Louisa pour Mme Tarahu-Atuahiva Teura pour Mme Teahe Teapehu pour Mme Teakarotu Joséphine pour M. Tehaamoana Etienne absent, procuration à M. Geffry Salmon, pour M. Temaru Oscar absent, procuration à M. Antony Geros, abstention Mme Teriitahi Tepuaraurii pour Mme Terooatea Sylviane absente, procuration à M. Bernard Natua, pour Mme Tetopata Tapeta pour Mme Tetuanui Lana absente, procuration M. Antonio Perez, pour Mme Tevahitua Eliane abstention M. Tokoragi Félix absent, procuration à Mme Teapehu Teahe, pour M. Tong Sang Gaston absent, procuration à Mme Tapeta Tetopata, pour M. Toromona John pour M. Tuheiava Richard absent, procuration à Mme Eliane Tevahitua, abstention M. Tumahai Ronald absent, procuration à Mme Virginie Bruant, pour Mme Tupana Moihara pour Mme Tuuhia Augustine pour

La présidente : Merci. L’ensemble de la loi du pays est adopté par 49 voix pour et 8 abstentions.

Explication de vote ?... Monsieur Geros, puis Monsieur James Heaux.

M. Antony Geros : Si vous voulez, explication de vote, même si nous n’avons pas encore discuté sur ce texte qui est très important. Cela me fait rappeler la Conférence des Nations Unies qui s’est tenue à Rio en 1992 et au cours de laquelle les spécialistes ont parlé de notre avenir, et notamment sur les moyens à mettre en œuvre pour le traitement de nos déchets et pour améliorer nos conditions de vie. Ensuite, en 2007, c’était nous et notre mère patrie avec le Grenelle de l’environnement. C’était à l’époque de Monsieur Sarkozy, me semble-t-il. Cela a été l’occasion pour nous de nous exprimer. Et, au final, on nous a imposé de faire attention à ce que nous mettons en place dans notre pays.

Monsieur le ministre, l’humble serviteur que je suis ai sillonné le monde, aux côtés de mon mentor, pour voir ce qui se fait dans les grands pays pour résoudre ce problème. Il s’avère qu’il n’y aucune autre solution possible à part brûler les déchets. Et pour brûler les déchets, il existe plusieurs procédés. Notre collègue représentante a parlé d’un procédé. Il y a également celui des Japonais. Et il y a le procédé par plasma des Américains pour, ainsi dire, vitrifier nos déchets, à la suite de quoi nous pourrions même les exposer dans notre salon.

Je suis d’accord avec vous lorsque vous dites qu’il y a un maillon manquant. Mais, encore faut-il savoir quel est ce maillon manquant.

128 (SA 3 : 21.06.2018)

En 1986, un employé de la CGEE a construit au fond à Tipaerui un digesteur. Et, à côté, il a installé un appareil pour brûler les déchets. Et vous avez tout à fait raison puisque, les déchets étant humides, l’appareil en question n’a pas fonctionné, alors que de l’argent a été investi dans cet équipement.

Ceci pour vous rappeler (NDT, Monsieur le ministre) qu’avant ce digesteur, une grande société américaine, le Ryan energy corporation, était venu à Tahiti, avec leur bureau d’études, Bechtel company, comme Deloitte mais spécialisé dans la recherche du meilleur procédé pour brûler les déchets. Donc, ils ont sorti leur projet en affirmant que la première étape de ce projet consiste à sécher les déchets grâce à un équipement spécial. Sans cet équipement, cela ne fonctionnera pas. Ça y est. Ils ont donné… parce que, eux, ont été confrontés au problème que nous connaissons aujourd’hui. Et qu’ont décidé les Français ? Excusez-moi mais… Nous savons tous que les communes c’est nous, bien sûr. Mais, dans nos communes, nous ne sommes pas autonomes. N’est-ce pas, Mesdames et Messieurs les maires ? Parce que, au-dessus de nous, il y a les administrateurs de circonscription et, plus haut, le haut-commissaire. À l’époque donc, l’administrateur Bailleul, et c’est pour faire réfléchir les maires, disait que l’on ne pouvait pas utiliser le procédé des Américains dans notre pays. Et c’est comme cela que nous sommes restés sur le projet français. Et puis, finalement, et c’est ce que nous avons vu, au bout d’un certain temps, les équipements n’ont plus fonctionné et on les a balancés à la mer. Et là, nous avons commencé à tourner en rond, c’est-à-dire que nous sommes passés directement à la construction du centre de Paihoro sans même réfléchir à ce maillon manquant, tant et si bien que, aujourd’hui, cette question nous poursuit encore.

Voilà pourquoi j’ai demandé au ministre de ne pas hésiter à investir une grosse somme d’argent pour être aux normes. Après Rio, le Grenelle de l’environnement et le COP 21, nous ne pouvons plus nous défausser. Que voulons-nous de plus, un COP 22 ? ou COP 23 ? Non !

Et donc, il faudrait aller voir comment ils font dans les autres pays. C’est en nous rendant à Cuba que nous avons vu qu’ils sont véritablement en avance dans le domaine de la santé. Nous pourrions faire la même chose pour le traitement des déchets. Au lieu d’avancer à tâtons, allons visiter le pays qui est le plus en avance par rapport aux autres dans ce domaine. Ainsi, nous pourrons voir quel est ce maillon manquant.

Voilà, Monsieur le ministre, et je sais que vous souscrivez à mon intervention sur ce dossier qui nous intéresse et qui, sans aucun doute, reviendra devant nous dans les prochains jours. En somme, nous devons prendre une décision mûrement réfléchie qui nous permettra de résoudre cette problématique.

Merci.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

J’aimerais vous rappeler qu’en conférence des présidents, vous avez voté la procédure simplifiée. Donc, pas de discussion. (Réaction inaudible de M. Antony Geros.) Je suis désolée.

Monsieur James Heaux, explication de vote.

M. James Heaux : Merci, Madame la présidente. Je ne serai pas très long.

Le Tahoeraa Huiraatira a voté pour ce projet de CETS. Toutefois, nous souhaiterions que Monsieur le ministre entende nos réserves par rapport à ces projets. Car, selon le rapport que j’ai cité tout à l’heure, dans l’archipel des Tuamotu, la part des déchets non recyclables représente 26 %, ce sont ceux qui sont destinés à être accueillis dans les CETS, ensuite 37 % pour les déchets recyclables et 24 % pour les déchets putrescibles. Et, aujourd’hui, nous n’avons aucune garantie que ces déchets recyclables et putrescibles ne se retrouvent pas dans les CETS, à défaut de pouvoir être rapatriés sur Tahiti. Et donc là, ça serait la catastrophe parce que les CETS ne seront pas équipés de géo-membranes qui permettent de capter tout le lixiviat. Et là, ce serait la catastrophe, parce qu’il faut savoir qu’aux Tuamotu, la barrière physique est très fine, voire inexistante, et que le passage de polluants entre le sol et la lentille 129 (SA 3 : 21.06.2018) d’eau est très rapide. De même que le risque de transfert de polluants de la lentille d’eau vers le lagon est tout à fait possible, et là, ça sera la catastrophe car nous savons tous qu’aux Tuamotu, le lagon, les poissons et tout ce que l’on trouve dedans, c’est le garde-manger des habitants des Tuamotu.

Voilà.

Merci, Madame la présidente.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

Pas de discussion ! C’est fini !

Mme Teumere Atger-Hoi : J’en ai juste pour deux minutes.

La présidente : Je suis désolée.

Mme Teumere Atger-Hoi : Pour répondre à Monsieur le ministre sur ses propos. Juste très courte.

La présidente : Madame, c’est la procédure simplifiée qu’on applique. Nous avons voté et nous passons au rapport suivant. Merci.

RAPPORT No 77-2018 RELATIF À UN PROJET DE DÉLIBÉRATION PORTANT APPROBATION DU PROJET DE CONVENTION FIXANT, AU TITRE DE L’EXERCICE 2018, LE SOUTIEN DE L’ÉTAT AU PROJET DE « DIAGNOSTIC FAUNE/FLORE/QUALITÉ DES EAUX DE LA RIVIÈRE PAPENOO DANS LE CADRE DE LA GESTION DU BASSIN VERSANT INCLUANT LE PARC NATUREL DE TE FA'AITI » (Cf. annexe) Présenté par M. Michel Buillard

La présidente : Rapport no 77-2018 relatif à un projet de délibération portant approbation du projet de convention fixant, au titre de l’exercice 2018, le soutien de l’État au projet de « diagnostic faune/flore/qualité des eaux de la rivière de Papenoo dans le cadre de la gestion du bassin versant incluant le parc naturel de Te Fa'aiti ».

Je demande à Monsieur le ministre d’exposer l’économie générale du projet de délibération. Merci.

M. Heremoana Maamaatuaiahutapu : Merci, Madame la présidente.

Je suis un peu frustré aussi de ne pas pouvoir répondre à nos amis sur le sujet précédent mais, bon, ce n’est pas grave, ce sont des sujets qui reviendront.

Sur le sujet, nous avons lancé une première étude qui n’a concerné que la partie basse de la rivière de Papenoo dans le cadre du Plan rivières qui a été adopté conjointement par le ministère de l’environnement et le ministère de l’équipement. Et nous souhaitons donc, dans le cadre de cette convention, continuer ces études sur l’ensemble de la vallée de la Papenoo avec tous les bassins versants, et notamment Te Fa'aiti, pour continuer ces études sur ce bilan écologique de la rivière de la Papenoo, pour mieux connaître nos rivières, comme cela a été le cas pour d’autres.

Donc, nous continuons ce Plan rivières, cette action d’étude de nos principales rivières. Et là, c’est un cofinancement pour cette opération sur la Papenoo.

La présidente : Merci.

J’invite Madame le rapporteur de ce dossier… Madame Tahiata.

Mme Romilda Tahiata : Oui, Mesdames, Messieurs, 130 (SA 3 : 21.06.2018)

Lors des travaux en commissions du lundi 11 juin 2018, il a été indiqué, en liminaire, que le diagnostic faune/flore/qualité des eaux à réaliser sera effectué sur l’ensemble de la rivière Papenoo et de son bassin versant.

À cet effet, la Direction de l’environnement travaille avec une Assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO) représentée par le bureau d’études VAI’AD spécialisé dans l’hydro-morphologie des cours d’eau, les deux structures ayant déjà collaboré concernant la rivière Fautaua.

Les élus locaux ont d’ores-et-déjà été rencontrés et l’AMO recueille actuellement des informations auprès de tous les acteurs de l’eau (société Marama Nui, associations) et des habitants.

Le diagnostic faune/flore/qualité des eaux viendra alimenter le schéma directeur des rivières, lequel aborde notamment l’aspect socioculturel. Si ce dernier point n’est pas l’objet immédiat de la présente étude, il peut s’inscrire en complément.

À l’issue des débats, le projet de délibération portant approbation du projet de conventio, de convention fixant, au titre de l’exercice 2018, le soutien de l’État au projet de « diagnostic faune/flore/qualité des eaux de la rivière Papenoo dans le cadre de la gestion du bassin versant incluant le parc naturel de Te Fa'aiti » a recueilli un vote favorable des membres de la commission.

En conséquence, la commission du tourisme, de l’écologie, de la culture, de l’aménagement du territoire et du transport aérien propose d’adopter le projet de délibération ci-joint.

Merci.

La présidente : Merci Madame la représentante.

La conférence des présidents a prévu un temps de parole de 75 minutes réparties comme suit : le groupe Tahoeraa Huiraatira, 14 minutes, le groupe Tavini Huiraatira, 11 et le groupe TAPURA HUIRAATIRA dispose de 50 minutes.

J’appelle l’intervenant du groupe Tavini Huiraatira à prendre la parole.

Mme Teumere Atger-Hoi : Merci, Madame la présidente.

Monsieur le ministre, chers collègues,

Le Président de la Polynésie française nous demande par lettre no 3056 PR du 4 mai 2018 d’adopter un projet de délibération portant approbation du projet de convention fixant, au titre de l’exercice 2018, le soutien de l’État au projet de diagnostic faune/flore/qualité des eaux de la rivière Papenoo dans le cadre de la gestion du bassin versant incluant le parc naturel de Te Fa'aiti.

Le 11 juin dernier, le présent projet de délibération a recueilli un vote favorable des membres de la commission du tourisme, de l’écologie, de la culture, de l’aménagement du territoire et du transport aérien.

Néanmoins, revenons un instant sur la présentation du contexte qui nous est présenté dans le rapport, notamment : la convention cadre du 9 octobre 2009 relative à la collaboration entre l’État et la Polynésie dans les domaines de l’environnement et du développement durable, les 13 conventions particulières signées et représentant un coût global supérieur à environ 203 millions de francs, soit une participation de 101 millions pour le Pays. Cinq des 13 conventions particulières consacrées à la gestion de l’eau et de ses ressources, un plan d’actions des rivières et cours d’eau en 10 points établi par la DIREN et présenté en Conseil des ministres en mars 2016. Certains de ces éléments m’interpellent et méritent que l’on s’y attarde. 131 (SA 3 : 21.06.2018)

En effet, sur les 13 conventions particulières qui ont été signées, on comptabilise 17 projets dont neuf projets clôturés, deux en cours de clôture et six en cours d’exécution.

L’ensemble des opérations est repris dans un tableau en annexe restant néanmoins incomplet. Un tableau récapitulatif plus exhaustif et des rapports complets, non pas partiels, auraient été les bienvenus, en place du document présenté en annexe du rapport.

Nous nous interrogeons sur les entités travaillant en tant qu’assistance à maîtrise d’ouvrage. En clair, des bureaux d’études effectuant de la sous-traitance pour la DIREN et profitant ainsi de la manne financière tant en provenance de la Polynésie que de l’État français. Pourrait-on avoir des précisions sur ces organismes ? Y-a-t-il eu des appels d’offres ?

Il semble que les études soient réalisées par des organismes de recherche français et que, bien souvent, le résultat de ces recherches ne profite sur le plan scientifique qu’auxdits organismes français. Au vu des montants engagés — pour rappel plus de 100 millions pour la Polynésie depuis 10 ans — comment se déroule la sélection d’organismes notamment sur l’attribution des projets par la DIREN ? Y-a-t-il un appel d’offre à cet effet ?

En commission, on nous a parlé de consultations et de rencontres auprès « d’élus locaux, d’acteurs de l’eau et des habitants ». Avez-vous informé toutes les associations concernées par ces dossiers des tenants et aboutissants du travail effectué et à venir ou bien seules certaines associations ont été approchées ? Bien entendu, nous apprécierons une transmission de comptes-rendus de ces différents échanges ainsi qu’une liste des parties rencontrées.

C’est tout de même inquiétant d’avoir des retours du terrain qui nous informe que beaucoup d’études de projets ont été réalisées sans que les associations ne soient interpellées ou informées sur les suites de ces études. Et bien plus grave encore, puisque nombreux sont ceux qui, ouvertement, pensent que c’est du gaspillage et un véritable gâchis de dépenser autant de millions pour des études. Il est urgent de s’attaquer aux vrais problèmes nécessitant des actions concrètes et immédiates. Le groupe Tavini Huiraatira vote l’abstention sur ce projet de délibération. Merci de votre attention.

La présidente : Merci, Madame la représentante.

J’invite le groupe TAPURA HUIRAATIRA à prendre la parole.

Mme Tepuaraurii Teriitahi : Madame la présidente, merci. Monsieur le ministre, à nouveau chers collègues,

Je serai très brève sur ce dossier qui n’appelle pas de commentaires particuliers à notre regard puisqu’il s’agit, pour nous, d’approuver le soutien financier de l’État, par voie de convention, au projet de diagnostic faune/flore/qualité des eaux de la rivière de Papenoo dans le cadre de la gestion du bassin versant incluant le parc naturel Te Fa'aiti pour 2018.

Mais bon, comme l’impose notre statut, chaque projet de convention doit systématiquement passer par notre assemblée, ce qui nous donne l’occasion de faire le point sur les opérations réalisées ou en cours de réalisation.

Comme le ministre l’a souligné, le premier plan d’action rivière a été limité à un diagnostic global qui a pu être établi et qui a fait apparaître que mis à part l’espace protégé de Te Fa’aiti qui est en bon état, les autres tronçons nécessitent des travaux de réhabilitation. La DIREN a rencontré les différents élus et une assistance à la maîtrise d’ouvrage est déjà en cours dans cette vallée de la Papenoo. Donc, on peut se féliciter que la commune effectivement ait été associée et que les élus de proximités aient été consultés.

132 (SA 3 : 21.06.2018)

Ce projet de convention permettra de financer l’élaboration d’un diagnostic complémentaire visant à détecter la fragilité du milieu en faisant une étude scientifique sur les différentes faunes et flores que l’on peut y trouver, ainsi que sur la qualité des eaux d’une de nos plus grandes rivières.

S’il est vrai que la vallée de la Papenoo a pu être défigurée à une époque à cause des engins de terrassement qui ont tracé des voies dans la nature, ce n’est plus la réalité aujourd’hui. La nature a repris ses droits à beaucoup d’endroits, aussi bien au niveau de sa flore que de sa faune, et donc on peut notamment constater un retour dans cette rivière des anguilles en particulier qui sont un signe de bonne santé de la rivière. Mais au-delà de l’aspect environnemental, le retour de ces anguilles, c’est quand même assez emblématique pour nous. C’est pourquoi il est aussi important, au-delà de l’aspect environnemental, de prendre également en compte l’aspect socioculturel lorsque des études de ce type sont réalisées et nous savons que le Pays et ses services en ont parfaitement conscience.

Je vous invite, mes chers collègues, à approuver ce projet de convention et, bien sûr, à accepter le financement qui nous est proposé.

Merci.

La présidente : Merci, Madame la représentante.

J’invite le groupe Tahoeraa Huiraatira à prendre la parole.

M. Geffry Salmon : Madame la présidente, la journée s’étant enfuie, la nuit avance, je me permettrai donc d’être bref.

Dans l’objectif de définir une solution pérenne, l’opération prévue par la convention qui nous est demandé d’approuver vise à faire un diagnostic de la faune, la flore et de la qualité des eaux, la gestion des rivières et des cours d’eau comportant plusieurs problématiques environnementales, sociales et économiques.

Aussi, le Tahoeraa Huiraatira ne peut que soutenir une telle convention. Cependant, permettez-moi, comme il est de coutume, de vous demander qu’à l’issue des travaux menés, il nous soit présenté un rapport de cette opération, ainsi que les solutions envisageables et envisagées. Je vous remercie.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

J’invite Monsieur le ministre à répondre aux différentes interventions des représentants.

M. Heremoana Maamaatuaiahutapu : Oui, merci, Madame la présidente.

Je ne sais pas si tout le monde connaît les règles de la comptabilité publique mais, oui, nous sommes obligés de faire des appels d’offres pour solliciter des entreprises, quelles qu’elles soient. Après, toutes n’ont pas la technicité non plus pour répondre à certains appels d’offres, mais nous respectons les règles pour ce qui concerne les choix de nos prestataires, quels qu’ils soient. Donc je tenais à vous rassurer, il y a effectivement des appels d’offres qui sont lancés et lorsque les montants sont en deçà du seuil nécessitant donc les appels d’offres, des consultations sont lancées. Il ne s’agit pas de passer commande directement.

Concernant les opérations clôturées, je suis un peu surpris mais les rapports ont été transmis à l’assemblée, donc peut-être que vous n’étiez pas encore élus à ce moment-là, mais ces rapports ont été transmis. Même pour certaines opérations qui ne sont pas clôturées comme pour ce qui concerne les actions de lutte contre certaines espèces envahissantes, le myconia par exemple, des rapports sont régulièrement transmis à l’assemblée, voilà.

133 (SA 3 : 21.06.2018)

En ce qui concerne aussi les associations, si je reprends l’exemple de la Papenoo ou même d’autres rivières, bien sûr que nous travaillons avec les associations en partenariat. Si je prends plus particulièrement Te Fa'aiti, où nous avons lancé cette étude, ce bilan écologique, nous avons aussi parallèlement, par exemple, lancé un inventaire archéologique de la vallée de Te Fa'aiti et un inventaire environnemental avec des aménagements qui ont été mis en place par l’association Te Ana Opae qui est l’association référente sur Te Fa'aiti pour ces aménagements, la mise en place de panneaux d’information, la réfection des refuges aussi. Nous travaillons à la fois avec des entreprises, quand c’est nécessaire, mais aussi avec des associations.

Je peux vous prendre d’autres exemples avec des rivières où ce partenariat avec les associations est effectif. Nous finançons un certain nombre de choses avec les associations, notamment sur le plan culturel, sur la Vaipoiri par exemple à Teahupoo, on travaille aussi même avec une école pour la valorisation des travaux qui ont été menés, à la fois sur le plan environnemental et culturel. Sur la Tipaerui aussi. Donc je peux vous citer plein d’exemples comme ça où des financements sont à la fois pour des entreprises et pour des associations, dans le cadre toujours du plan rivière qui, je le rappelle, n’a été adopté que fin 2016. Nous ne sommes qu’à un peu plus d’un an de mise en œuvre. Il y a encore certainement beaucoup de choses à faire mais voilà.

La présidente : Merci, Monsieur le ministre.

Nous passons à la délibération.

Article 1er. -

La présidente : La discussion est ouverte sur l’article 1er.

Il n’y a pas de discussion.

Je mets aux voix l’article 1. Ceux qui sont pour ?... Abstentions ?... 8 abstentions et 47 pour.

Article 2. -

La présidente : La discussion est ouverte sur l’article 2.

Même vote ?... Même vote.

Sur l’ensemble de la délibération, même vote ?...

La délibération est adoptée.

Merci.

M. Heremoana Maamaatuaiahutapu : Merci, Madame la présidente.

Merci à tous les représentants pour ces débats très intéressants. Merci.

La présidente : Merci.

RAPPORT No 66-2018 RELATIF À UNE PROPOSITION DE DÉLIBÉRATION PORTANT APPROBATION DU COMPTE ADMINISTRATIF DE L’ASSEMBLÉE DE LA POLYNÉSIE FRANÇAISE POUR L’EXERCICE 2017 (Cf. annexe) Présenté par Mme Dylma Aro

134 (SA 3 : 21.06.2018)

RAPPORT No 67-2018 RELATIF À UNE PROPOSITION DE DÉLIBÉRATION PORTANT AFFECTATION ET REPRISE DU RÉSULTAT DE FONCTIONNEMENT DE L’EXERCICE 2017 DE L’ASSEMBLÉE DE LA POLYNÉSIE FRANÇAISE (Cf. annexe) Présenté par Mme Dylma Aro

La présidente : Nous passons aux deux rapports nos 66-2018 relatif à une proposition de délibération portant approbation du compte administratif de l’assemblée de la Polynésie française pour l’exercice 2017 et 67-2018 relatif à une proposition de délibération portant affectation et reprise du résultat de fonctionnement de l’exercice 2017 de l’assemblée de la Polynésie française.

Je demande à Madame le rapporteur de présenter ces deux rapports. Merci.

Mme Dylma Aro : Merci, Madame la présidente.

Permettez-moi de joindre ces deux dossiers en une seule intervention que je synthétiserai dans les grandes lignes.

Le budget primitif de l’assemblée de Polynésie française pour l’exercice 2017 a été arrêté à la somme de 2 346 000 000 dont 41 000 000 en section d’investissement.

En cours d’année, les prévisions budgétaires ont été revues par plusieurs modifications, parmi lesquelles je citerai : un reversement exceptionnel de 100 millions au budget du Pays à titre de l’aide pour les sinistrés des intempéries de janvier 2017 et par un report sur 2017 des crédits d’investissement pour près de 325 millions.

Le budget modifié de l’assemblée de la Polynésie française s’établit donc à 2 897 000 000, soit une augmentation de 7,35 % par rapport à 2016.

Si le résultat de clôture de la section de fonctionnement inscrit un déficit d’un peu plus de 19 millions de francs CFP, le report à nouveau reste néanmoins confortable puisqu’il est de 905 millions de francs CFP au 31 décembre 2017.

Pour la section d’investissement, le résultat de clôture affiche un déficit d’un peu plus de 69 millions, portant le report du résultat de cette section à près de 257 millions au 31 décembre 2017.

Pour information, le montant définitif des mandats émis s’élève à près de 126 millions, représentant un taux de réalisation de 34,31 %.

Ces crédits ont permis notamment de financer la remise aux normes des installations électriques du site Tarahoi, l’installation d’une centrale de production d’énergie photovoltaïque sur le parking du 2e étage de l’immeuble Tetunae et la reprise des étanchéités des deux terrasses du 5e étage et de la toiture terrasse du 6e étage de cet immeuble.

Il est à noter, d’une part, qu’il a été constaté la concordance des résultats du compte de gestion du Payeur de la Polynésie française et du compte administratif de l’ordonnateur de l’assemblée de la Polynésie française pour l’exercice 2017 et que, d’autre part, le résultat d’investissement reporté à la clôture de l’exercice 2017 s’élève à près de 257 millions et couvre largement le montant des crédits de paiement reportés d’un montant de près de 240 millions.

En conclusion, vous constaterez que les comptes de l’assemblée de Polynésie française sont bien tenus.

Et je vous demande donc de bien vouloir approuver ces projets de délibération, en vous remerciant pour votre attention.

135 (SA 3 : 21.06.2018)

La présidente : Merci, Madame le rapporteur.

Nous avons toujours 75 minutes réparties comme suit : le TAPURA HUIRAATIRA, 50 ; le Tahoeraa huiraatira, 14 et le Tavini huiraatira, 11 minutes.

J’invite le groupe Tahoeraa huiraatira à prendre la parole.

M. Geffry Salmon : Madame la présidente, je me substitue à Teura Iriti qui serait intervenue à ma place si elle avait été là, si elle n’avait pas été dans l’obligation de s’absenter.

Je tiens tout d’abord à remercier l’administration de l’assemblée de Polynésie française pour la réalisation de cette proposition de délibération ainsi que pour la rédaction éclairante de l’exposé des motifs qui l’accompagne.

Pour aller un peu au-delà de l’exercice comptable, dont la concordance des résultats avec le compte de gestion réalisé par le Payeur de la Polynésie française est établie, je me permettrai de partager aujourd’hui avec vous les réflexions que m’inspire la lecture de ces données et qui, je l’espère, contribueront à alimenter une vision d’avenir commune pour notre institution.

Il est à noter que, tant en fonctionnement qu’en investissement, le niveau cumulé des crédits in fine disponibles demeure confortable. Cet état de fait nous permet parfois, comme en cette année 2017 suite aux évènements météorologiques exceptionnels et à hauteur de 100 millions de francs CFP, de participer à l’effort de réparation du Pays au bénéfice des plus démunis.

Mais, je dois aussi nous inciter, me semble-t-il, à repenser plus généralement certaines orientations internes de nos futures politiques budgétaires.

L’assemblée de la Polynésie française est à la fois la Maison du peuple et celle de ses représentants. En gardant ceci à l’esprit, je crois que certaines orientations pourraient être renforcées.

Je pense en particulier à la formation des agents administratifs, d’une part, de l’assemblée sur des thématiques d’intérêt commun, comme l’évaluation des politiques publiques, initiée en 2017 pour près de 5 millions, ou l’assistance juridique à l’initiative législative mais aussi, d’autre part, à celle des représentants que nous sommes. Nos parcours sont en effet multiples et variés et les élections ne font pas de nous instantanément des experts qui savent tout de la chose publique. Si nous voulons être plus performants dans l’exercice de nos mandats et ainsi mieux servir ceux que nous représentons et qui nous font confiance, alors il nous appartient aussi de développer de manière continue nos savoirs et nos compétences. C’est là, je crois, une humble nécessité.

Je pense aussi à cette ouverture culturelle et artistique de notre institution qui est initiée depuis plusieurs années et par plusieurs présidences successives. C’est une bonne chose, une très bonne chose. Les hommes et les femmes politiques passent mais les œuvres restent. L’intégration de l’Art au sein de la Maison du peuple est fondamentale. L’investissement immatériel a toute sa place en ce lieu. Je ne vous parle pas là de faire de l’assemblée de la Polynésie française un salon permanent ou un musée, mais un lieu de matérialisation et de valorisation de l’esprit polynésien, un esprit éminemment artistique qui de manière concrète pourrait aussi être intégré à toutes réflexions architecturales susceptibles d’impacter ce bien commun.

Sur ce sujet, il conviendrait, je crois, de mener une nouvelle réflexion ambitieuse en matière d’investissement immobilier pour notre assemblée. Nos bâtiments, je parle de ceux des représentants, sont ce qu’ils sont et, nous le savons, ils ont hérité d’une histoire. L’avantage avec l’histoire, c’est qu’elle aussi, ne s’arrête jamais. Il n’y a donc pas de raison de demeurer immobile à ce sujet. Investir intelligemment et durablement en la matière serait aussi un moyen concret et non négligeable d’accompagner la relance économique du pays. La commande publique est aussi du ressort de notre assemblée. 136 (SA 3 : 21.06.2018)

En résumé, cela serait un moyen pertinent d’apporter également notre pierre à l’édifice tout en permettant aux représentants que nous sommes d’exercer dans un environnement profondément ancré dans ce nouveau siècle. Je crois que cela mérite réflexion.

Enfin, au regard des éléments transmis et de l’exécution réelle, certaines dépenses de l’exercice 2017 (transports, publications, rémunérations d’intermédiaires,…) mériteraient d’être à l’avenir mieux affinées.

Vous le constatez, mes chers collègues, mon intervention n’a pas pour objet de polémiquer sur telle ou telle autre action, de telle ou telle autre ancienne présidence. L’objectif de mon propos est, sur la base de ces données comptables passées, de nous interpeller sur l’avenir que nous ambitionnons collectivement et au regard du mandat dont nous sommes dépositaires pour notre assemblée.

Je vous remercie.

La présidente : Merci, Monsieur le représentant.

J’invite le groupe Tavini huiraatira à prendre la parole.

M. Antony Geros : Merci, Madame la présidente.

Puisqu’il fait nuit (Rires.) je serai bref.

Je me souviens en 2013, vous étiez là et nous ici, toujours dans la minorité, de vos nombreuses interventions pour montrer combien vous étiez opposé au compte administratif de l’exercice précédant votre retour aux affaires du pays. Je n’étais pas bien, et c’est exactement ce qui se passe aujourd’hui, parce que celui qui est à l’origine des résultats qui nous sont présentés n’est plus là. Il est important qu’il soit là pour que, nous, nous puissions lui demander pourquoi ceci, pourquoi cela et pourquoi pas ceci et même pour lui, pour qu’il puisse répondre à nos questions. Là, qui répondra aux questions que je vais poser ? Mon ami Luc ? Peut-être pas, même s’il n’attend que cela. Donc, c’est un peu compliqué.

Prenons les investissements. Nous avons environ 60 milliards de recettes et nous avons dépensé… waouh ! …125 milliards. C’est incroyable ! Normalement, vous ne devez dépenser que l’argent que vous avez dans la caisse, c’est-à-dire les 69 milliards. Or, là, on a dépensé de l’argent qui n’est pas rentré dans la caisse. Et donc, j’aurais bien voulu lui demander des explications par rapport à ce point, même si le report de crédits des exercices précédents a permis d’effacer ce problème. Et donc, ma question est de savoir pourquoi attendre en fin d’exercice pour se précipiter et faire tout ça.

Ceci étant dit, je voudrais adresser mes remerciements pour les programmes qui ont été réalisés. Tout d’abord, merci aux agents du personnel de respecter les représentants que nous sommes, que l’on soit de la majorité ou de la minorité. Et puis, les programmes qui ont été réalisés sont de bons programmes, particulièrement pour ce qui est de l’installation des panneaux photovoltaïques qui nous permet de réaliser une économie sur notre facture d’électricité. Ce sont de bonnes décisions qui ont été prises, que nous avons également soutenues et dont nous voyons les résultats devant nous.

Mais, il y a un point qui me chagrine, et notre secrétaire générale le sait. Quand nous nous retrouvions ici — et j’espère que vous n’attraperez pas cette maladie —, à chaque fois que le Pays nous verse sa dotation, nous lui ramenons une partie. Là, je n’arrive pas à comprendre. Notamment, l’année dernière, nous avons renvoyé 100 millions au Pays destinés à soutenir les sinistrés des intempéries. Or, cela ne relève pas de notre responsabilité. Et je comprends que, médiatiquement parlant, c’est une belle image pour l’assemblée. Mais c’est à nous de décider. Si nous voulons débloquer plus de 100 millions, un, deux, trois milliards d’aide, c’est à nous, ici, de voter le budget que le Président et les ministres exécuteront, plutôt que de retirer, dans le peu que nous avons, une 137 (SA 3 : 21.06.2018) petite enveloppe de 100 millions pour ramener là-bas et, ensuite, dire aux représentants de la presse que ce sont 100 millions que l’assemblée a confié entre les mains du Président pour soulager les sinistrés dans leur épreuve.

C’est juste sur ce point que je ne suis vraiment pas d’accord, simplement parce que le peuple a conscience qu’il est de notre responsabilité de bien gérer les deniers publics. Et pour moi, cela ne doit pas se faire de cette façon. J’espère que cela ne se répètera pas, à moins bien sûr que ce soit votre politique. Dans ce cas, nous inviterons une nouvelle fois les journalistes. Mais, si vous le faites, prévenez-nous parce que nous aimerions bien faire partie du mouvement. Ainsi, nous pourrons, ensemble, informer les journalistes de la décision prise par l’assemblée pour soutenir notre population.

Merci.

La présidente : Merci.

J’appelle l’intervenant du groupe TAPURA HUIRAATIRA à prendre la parole.

Mme Béatrice Lucas : Le TAPURA n’a pas d’intervention puisque ma collègue Dylma Aro a pratiquement tout résumé.

Aussi, j’invite l’ensemble des collègues à voter à l’unanimité les deux rapports.

Merci.

La présidente : Merci.

Nous passons à l’examen de la première délibération.

Article 1er.-

La présidente : La discussion est ouverte sur l’article 1er.

Si nous n’avons pas de discussion, nous passons au vote de l’article 1er. Qui est pour ?... À l’unanimité. Merci.

Article 2.-

La présidente : Sur l’article 2, même vote ?... À l’unanimité.

Article 3.-

La présidente : Sur l’article 3, même vote.

Article 4.-

La présidente : Sur l’article 4, même vote.

Article 5.-

La présidente : Sur l’article 5, même vote.

Sur l’ensemble de la délibération, même vote ?... Adopté. Merci.

Nous passons à l’examen de la deuxième délibération. 138 (SA 3 : 21.06.2018)

Article 1er.-

La présidente : La discussion est ouverte. Je suppose qu’on n’a plus de discussion.

Je mets aux voix l’article 1er. À l’unanimité, merci.

Article 2.-

La présidente : La discussion est ouverte sur l’article 2. Pas de discussion.

Même vote ?... Même vote.

Article 3.-

La présidente : Sur l’article 3, même vote ?... Même vote.

Sur l’ensemble de la délibération, même vote. La délibération est adoptée.

RAPPORT D’ACTIVITÉ 2017 DE LA COMMISSION DE CONTRÔLE BUDGÉTAIRE ET FINANCIER (Cf. annexe) Présenté par Mme Dylma Aro

La présidente : Nous passons maintenant au dernier dossier, le rapport d’activité 2017 de la Commission de contrôle budgétaire et financier.

Je demande à Madame Aro, présidente de cette commission de présenter le rapport. Merci.

Mme Dylma Aro : Chers collègues, je vous demande deux minutes de patience. Ce ne sera pas long.

En 2017, notre commission a tenu 37 réunions pour l’examen de 610 dossiers et ce, pour un volume financier d’un montant global de 17 141 478 467 francs pacifiques.

Je tiens à nouveau à remercier chaleureusement tous les membres de notre commission pour leur investissement hebdomadaire et leur assiduité, d’autant plus méritoire que notre rythme de travail est intensif.

Nous nous devons, en effet, d’être réactifs pour contribuer efficacement à l’activité et l’exécutif, en vue de rationnaliser et d’éclairer sa prise de décision sur les projets et propositions qui nous sont soumis par l’Administration dans notre champ de compétences. Nous sommes une instance d’évaluation active et non une simple chambre d’enregistrement, je ne cesse de le rappeler car, sinon, notre existence n’aurait aucun sens.

Nos délibérations internes sont riches d’échanges constructifs en vue de rendre plus pertinente, plus efficace, plus efficiente encore la dépense publique par nos recommandations et nos observations. Nos auditions sont enrichies de certaines visites sur le terrain pour constater, de visu, la concrétisation de certains projets examinés au sein de notre commission. Notre objectif est d’améliorer l’efficacité de l’action publique du gouvernement et de son administration, car celle-ci est toujours perfectible.

Nous avons pu remarquer que la qualité de la conception des projets présentés a toujours besoin d’être améliorée dans le sens d’un meilleur rapport ou avantage, d’une meilleure pertinence et d’un meilleur impact. Nous avons pu constater, par exemple, une insuffisance récurrente de l’action publique dans le domaine de l’insertion socioéconomique des jeunes se situant entre 18 et 30 ans, notamment de ceux les plus en difficultés. Il est dans notre intérêt de privilégier et d’encourager les acteurs qui bâtissent 139 (SA 3 : 21.06.2018) des projets à fort impact environnemental, culturel et socioéconomique, notamment des acteurs associatifs, et les inciter à une plus grande professionnalisation.

Nous devons aussi tous ensemble nous focaliser sur l’obligation de résultat des divers bénéficiaires de subventions publiques, en veillant à ce que les résultats annoncés ou attendus soient vérifiés ex-post, et ceci, pour une amélioration constante des actions utiles et concrètes au bénéfice de notre collectivité.

Notre commission contribue au dialogue constructif avec le gouvernement pour une hiérarchisation des priorités de l’action publique, tâche difficile tant les domaines d’intervention et les besoins sont vastes.

Pour ce qui est, brièvement, des grandes lignes 2017 du rapport d’activité puisque vous l’avez déjà tous en votre possession, nous pouvons noter un volume financier des dossiers examinés en augmentation de 3 167 578 760 francs CFP, soit plus de 22 % par rapport à l’exercice antérieur.

La part la plus importante des aides financières concerne principalement les dotations versées aux établissements publics et organismes parapublics pour près de 6 milliards dont plus de 2 milliards pour le volet social, dans le logement social, près de 1,300 milliard pour la promotion et la sensibilisation au tourisme, près de 1,300 milliard pour la jeunesse et le sport, près de 700 millions pour l’éducation, plus de 400 millions pour l’aménagement et, le reste, pour la santé et le secteur primaire.

Dans le chapitre des aides aux sociétés, il est à noter une enveloppe de plus de 4 milliards dont près de 2 milliards de crédits d’impôts dans le cadre de la défiscalisation locale pour un montant global prévisionnel d’investissement d’environ 4,3 milliards. 1,6 milliard sont consacrés pour les aides aux SEM dont TNTV, S3P, TEP et la société Abattage de Tahiti, et 473 millions pour les diverses aides à caractère économique.

D’autre part, près de 3 milliards ont été destinés aux opérations immobilières du Pays. Environ 1 milliard à la participation du Pays au capital de sociétés, près de 2 milliards aux communes, et environ 1,4 milliard à diverses associations qui coproduisent l’action publique sur le terrain.

Au plan méthodologique, nous constatons encore des insuffisances dans l’évaluation et l’analyse de certaines demandes de subventions dans certains domaines, ainsi que des délais d’instruction et traitement des dossiers encore trop longs. Mais, je sais que le gouvernement a annoncé, dans son programme de mandature, une administration modernisée et encore plus au service de la population. Cela se traduira, je suppose, par un programme ambitieux de digitalisation de l’administration, source de gain de productivité et d’efficacité.

Pour conclure, je profite de cette occasion pour remercier toutes les institutions, les chefs de service assidus, ainsi que leur personnel qui apportent l’éclairage nécessaire que tout élu est en droit de disposer pour émettre un avis éclairé.

Je vous remercie, chers membres, pour vos éclairages avisés tout au long des séances de nos commissions. Vous démontrez, encore une fois, que notre commission sait dépasser les clivages politiques pour se mettre au service de l’intérêt général.

Merci beaucoup de votre écoute.

La présidente : Merci, Madame la représentante.

Nous avons toujours 75 minutes à répartir entre nous : 50 pour le TAPURA HUIRAATIRA, 14 pour le Tahoeraa Huiraatira et 11 pour le Tavini Huiraatira.

L’intervenant du TAPURA HUIRAATIRA, vous avez la parole. Pas d’intervention.

140 (SA 3 : 21.06.2018)

Quelqu’un veut prendre la parole ?... Tony Geros, pour une fois que je vous donne la parole.

Madame Éliane Tevahitua.

Mme Eliane Tevahitua : Je vais écourter mon intervention.

S’il est des faits avérés dans ce rapport d’activité 2017 de la CCBF, c’est bien le nombre de saisines en forte augmentation par rapport à 2016 de +26 %, la croissance d’un volume financier global de +22 % et, enfin, l’urgence invoquée quasi systématiquement qui touche 89 % des dossiers alors qu’en 2015, la procédure d’urgence n’a été utilisée que pour 51 % des dossiers. C’est ainsi qu’au cours de ses 37 réunions hebdomadaires, la CCBF a examiné 610 projets d’arrêtés représentant à un montant total de plus de 17 milliards.

Parallèlement aux demandes d’aides passant obligatoirement sous les fourches caudines de la CCBF, le nombre d’aides non soumises à l’avis de la Commission a doublé, passant de 308 aides en 2016 à 602 en 2017. Il en est de même pour le montant consacré qui passe de 346 millions en 2016 à 609 millions en 2017. C’est énorme. Et même si les membres de la CCBF sont informés a posteriori sur 90 % de ces dossiers, il reste néanmoins 10 % de dossiers sur lesquels ils ne sont pas informés.

Comment expliquer ces augmentations massives des aides en 2017, soumises ou non à l’avis de la CCBF, autrement que par la perspective de gagner à tout prix les élections territoriales d’avril-mai 2018, d’autant que ces aides se sont poursuivies avec vigueur jusqu’à la veille du 1er tour ; la dernière CCBF de la précédente mandature ayant eu lieu le 18 avril à quatre jours du 1er tour ?

Quand on regarde la masse financière consacrée aux associations, elle est passée de 1 milliard en 2016 à 1,385 milliard en 2017, c’est-à-dire une hausse de plus 385 millions d’une année à l’autre en dépit du relèvement du seuil d’examen par la CCBF de 500 000 à 1 million depuis le 2 novembre 2017. Comment interpréter cette générosité gouvernementale autrement que par l’arrosage électoraliste du monde associatif à quelques mois des élections renouvelant les membres de l’assemblée ?

Prenons maintenant les aides financières aux communes. Comme par magie, elles augmentent de 1,311 milliard en 2016 à 1,754 milliard en 2017, c’est-à-dire de presque un demi-milliard. Elles s’élèvent à plus de 2 milliards si l’on inclut les 276 millions non soumis au contrôle de la CCBF. Elles sont en hausse de 30 % par rapport à 2016 et arrosent l’ensemble des communes polynésiennes avec des pics de 60 % pour les Îles-Sous-le-Vent, les Tuamotu-Gambier et les Marquises. Cette générosité du gouvernement à l’égard des maires n’aurait-elle pas pour finalité de monnayer des loyautés et des voix ?

Des aides financières aux sociétés examinées par la CCBF ne sont pas en reste avec 211 dossiers totalisant 4,304 milliards contre 76 dossiers de 6,298 milliards en 2016 ; mais dans ces 6 milliards en 2016, il y avait 3 milliards et demi de défiscalisation. Même si la dotation financière paraît moindre en 2017, le nombre d’entreprises bénéficiaires a, par contre, triplé d’une année à l’autre. Quant aux aides non soumises à la CCBF, elles ont également fait un bond prodigieux passant de 49 arrêtés octroyant 8 millions de francs CFP aux sociétés en 2016 à 138 arrêtés distribuant 107 millions.

Après les associations et les maires, c’est au tour des entreprises de recevoir la manne des fonds publics avant les élections territoriales de 2018.

Et j’en finirai, là. Pour ne pas finir sur une note négative, si ce n’est pour dire que la CCBF est une commission très collégiale, très agréable où nous arrivons quand même à dépasser nos différences idéologiques.

Et je remercie en particulier sa présidente d’avoir toujours su mener avec beaucoup de tact le déroulement de nos réunions. Qu’elle en soit ici remerciée.

141 (SA 3 : 21.06.2018)

Merci.

La présidente: Merci, Madame la représentante. Nous n’avons pas de vote pour ce rapport.

Nous avons fini.

III) EXAMEN DE LA CORRESPONDANCE

La présidente : Nous passons au troisième point, l’examen de la correspondance.

Tous les représentants ont, dans leur dossier de séance, le relevé de la correspondance reçue par l’assemblée de la Polynésie française depuis le 31 mai 2018 et arrêté le 14 juin 2018. Une copie de cette correspondance peut être demandée pour tout représentant au secrétariat général.

IV) CLÔTURE DE LA SÉANCE

La présidente : Nous voilà à la fin de notre séance.

Mesdames, Messieurs les représentants, merci d’être là et surtout félicitations d’être restés jusqu’à la fin de notre séance, surtout que c’est la première pour moi. Merci d’avoir animé le débat.

Et pour rappel, notre prochaine séance, c’est le 5 juillet. Voilà. Bonne soirée ! Merci. (Applaudissements dans la salle.)

Mme Eliane Tevahitua : Madame la présidente, vous avez assuré avec brio !

oOo

Il est 20 heures 47 minutes.

oOo

LA SECRÉTAIRE, LA PREMIERE VICE-PRÉSIDENTE,

Béatrice Lucas Sylvana Puhetini