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CELLULE DE L’INSTITUT DE VEILLE SANITAIRECire océan EN REGIONIndien OCÉAN INDIEN

Bulletin de veille sanitaire N°18/2012 — Numérospécial Tuberculose à Mayotte et à la Réunion

Page 2-9 | La tuberculose : histoire naturelle de la maladie |

Page 10-16 | Epidémiologie mondiale, nationale et locale de la tuberculose |

Page 17-23 | La surveillance et la lutte contre la tuberculose à la Réunion et à Mayotte |

Page 24-28 | Les cas de tuberculose déclarés à la Mayotte entre 2009 et 2010 |

Page 29-33 | Epidémiologie de la tuberculose à la Réunion entre 2008 et 2010 |

Page 34 | Rappel pratique : Que faire devant une tuberculose ? |

| Editorial | LaurentFILLEUL,responsableCireOI

1882…leDocteurRobertKochannoncesadécouvertedubacillede contaminations entre personnes : notification, surveillance, préven laTuberculose.Depuis,cettemaladie,donttoutlemondeaentendu tion,traitement,l’ensemblede ceschampsdelasantépubliqueet parler,esttoujoursprésente.Environuntiersdelapopulationmon delamédecinedoiventêtremobiliséspourluttercontrelamaladie. dialeestaujourd’huiinfectéparlebacilletuberculeux.En2011,l’Or Ainsi,danscetobjectif,latuberculoseestunemaladieàdéclaration ganisation Mondiale de la Santé a estimé à 8,7 millions le nombre obligatoire depuis 1964. Ce dispositif permet de surveiller l’appari denouveauxcasdetuberculosedont1millionchezdespersonnes tiondelamaladie,d’estimerlestendancesetdemettreenplacedes infectéesparleVIH.Autotal,1,4millionsdepersonnesontperdula actionsdecontrôles.Cependantl’exhaustivitén’estpasencorepar viedessuitesdelatuberculose. faiteetilestindispensablequelanotificationdescassoitfaiteaux autorités sanitaires pour qu’elles puissent agir rapidement : traite Même si la est un pays à faible incidence, qui par ailleurs ment,recherchedecascontacts,investigation,actionsauseindes semble se stabiliser ces dernières années, la maladie est toujours populations afin de réduire au maximum l’apparition de nouveaux présente comme à la Réunion et à Mayotte avec cependant des casetaufinalfairediminuerlaprévalencedecettemaladie. profils épidémiologiques différents. Ainsi à la Réunion, l’incidence est plus faible qu’en France métropolitaine alors qu’à Mayotte elle Cedocumentvisedoncàprésentercettepathologie,lesmodalités resteunpeuplusélevée. de traitement ainsi que les différents contextes épidémiologiques, qu’ils soient international ou local, avec une finalité : faire mieux La Cire océan Indien publie aujourd’hui, en collaboration avec les connaitrelamaladiepouraméliorersanotificationpourl’actionsani partenaires de la surveillance et de la luttecontre la tuberculose à taire. Mayotte et à la Réunion, ce numéro thématique car cette maladie resteencoretrèsfréquentedanscertainsgroupesdepopulationet Nousremercionstouteslespersonnesquiontcontribuéàcenumé danscertaineszonesgéographiques.Latuberculosetoucheeneffet ro(CentredelutteantituberculeuseetAgencedeSantépourlesîles principalementlessujetsâgés,lespopulationsensituationdepré de Mayotte et la Réunion, ainsi que le Département des maladies carité (SDF, personnes vivant en collectivité...) et les migrants en infectieuses de l’Institut de Veille Sanitaire et tout particulièrement provenancederégionsoùlaprévalenceestélevée(Afriquesubsa DelphineAntoineetDidierChe). harienneparexemple).Or,ilexistedesmesuresvisantàréduireles Bonnelecture.

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| Rappel sur la maladie |

La tuberculose

E. Balleydier1, Céline Tasset2, Fabrice Paganin2, Patrice Poubeau3

1 Cire océan Indien, Institut de veille sanitaire, Saint-Denis, Réunion, France 2 Centre de lutte antituberculeuse (Clat) Sud- Service pneumologie, Centre hospitalier universitaire - site Sud, Saint-Pierre, Réunion, France 3 Service de maladies infectieuses et tropicales – Centre hospitalier universitaire Sud, Saint-Pierre, Réunion, France

Latuberculoseestunemaladiecontagieusetransmiseparvoieaé Les mycobactéries sont des bacilles acidoalcoolorésistants rienne,sedéveloppantleplussouventauniveaupulmonaire. (BAAR), à multiplication intra et extracellulaire, à croissance lente, avecunmétabolismeaérobiestrict. Elleestl’unedesprincipalescausesdemortalitéparmaladieinfec tieusedanslemonde,(prèsde9millionsdenouveauxcasetplus d’un million de décès par an) touchant surtout les populations en 2/ HISTOIRE NATURELLE DE LA TUBERCULOSE situationdeprécaritéet/oulespaysendéveloppement.L’incidence estélevéeenAfrique(surtoutsubsaharienneoùelleestassociéeà Latuberculosepeutatteindren’importequelorganedel’organisme. la pathologie VIH), en Amérique latine, en Asie et certains pays Les formes respiratoires (pulmonaires) sont les plus communes d’Europe Centrale et de l’Est. En France, l’incidence est de 8 (75% des cas en 2009 en France) mais aussi les seules formes cas/100 000 habitants, avec comme principaux facteurs de risque contagieuses. Les patients présentant des bacilles acidoalcoolo lesimmunodépressions,laprécaritéoulaprovenanced’unpaysde résistantsàl’examenmicroscopiquedirectducrachatsontlessour forteendémie. cesmajeuresdecontagionetdetransmissiondanslacommunauté. LatuberculoseestenFranceunemaladieàdéclarationobligatoire Les formes extrarespiratoires ou extrapulmonaires touchant d’au (MDO). La possibilité de contagion par voie aérienne implique des tresorganescommelesganglionslymphatiques,l’appareilurinaire, actionsdedépistageetdeprévention.Letraitementcomporteune lesosetarticulations,sontplusrares(etnesontpascontagieuses) multithérapieantibiotiqueprolongée. (cf. 3. Tuberculose pulmonaire et tuberculose extra-pulmonaire).

a) Transmission et physiopathologie. 1/ L’AGENT RESPONSABLE : LES MYCOBAC- TÉRIES L’hommeestl’uniqueréservoirdeM. tuberculosis.Lebacilleesttrès résistant, il peut par exemple survivre plusieurs semaines dans un crachatouplusieursmoisdanslaterre[3]. Ilfautattendre1882pourquelegermeresponsabledelatuberculo sesoitidentifiéparlemédecinallemandRobertKoch:ils’agitd’un M. tuberculosis se transmet essentiellement par voie aérienne par bacille tuberculeux de la famille des mycobactéries du complexe l’intermédiaire des microgouttelettes infectieuses en suspension tuberculosis quel’ondésigneaussiparlenomdesondécouvreur,le dansl’air,émisesparunpatientbacillifère.Cesgouttelettessepro bacilledeKoch(BK)(cf.page6)[1]. pagent par la toux, les éternuements, voire par une simple discus sion trop proche de son interlocuteur. Elles peuvent également se LecomplexecomprendMycobacterium tuberculosis (leplussou diffuser par des traitements aérosols, lors de l’aérosolisation pen vent impliqué chez l’homme) et 7 espèces proches : M. bovis, M. dantlafibroscopie,parlamanipulationouletraitementdeslésions africanum, M. microti, M. canetti, M. caprae, M. pinnipedi, M. mungi. de tissus ou de sécrétions, à l'hôpital ou en laboratoire. De telles Il existe également d’autres mycobactéries non tuberculeuses, M. particulespeuventresterdansl’airpendantplusieursheures.Lors Lepraeagentdelalèpreetlesmycobactériesatypiques(M. avium, quelespersonnesvivantoudormantàproximitéd’unmaladesont …). exposées à l’inhalation de ces gouttelettes en suspension, elles Certaines souches proches de M. tuberculosis, comme M. bovis, peuventalorsêtreinfectées[2].Lerisquedetransmissionestesti peuventavoircommeréservoirdescheptelsd’animauxdomestiques méà30%s'ilexisteuncontactétroitetprolongé. etsetransmettreparvoiealimentaire.Lelaitinfectépar M. Bovis Onestimequ’unsujetinfectéayantdéclaréuneformecontagieuse peutêtreunesourced’infectiondanslacommunautémaissemble delamaladieetnontraitépeutainsicontaminer10à15autresper jouerunrôletrèsfaibledansl’histoiredelamaladiechezl’homme. sonnesenl’espaced’uneannée[3].Lesdéplacementsdepopula Deplusl'infectionhumaineparM. bovisaconsidérablementdiminué tion(migrationséconomiques,exilspolitiques,tourisme,mondialisa dans les pays développés à la suite de la pasteurisation du lait et tiondeséchanges)favorisentladisséminationdelatuberculosesur desprogrammesefficacesdelutteantituberculeusechezlesbovins toutelaplanète[3]. [2].

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Lespoumonssontlaprincipaleported’entréedugerme.Lebacille Enl’absencedetraitement,latuberculosemaladieestmortelledans pénètreparvoieaériennejusqu’auxalvéolesoùilestphagocytépar lamoitiédescas,unquartguéritspontanémentetl’autrequartévo lesmacrophages,entraînantuneréactioninflammatoirelocale.Ilse luesurunmodechronique,sourceimportantededissémination. multiplieainsidanslesmacrophagesalvéolaires,lesphagocytesse L’infectiontuberculeuselatente transformentencellulesépithélioïdesetformentuneentitéhistologi Les mycobactéries tuberculeuses peuvent rester présentes dans que typique, le granulome épithélioïde et gigantocellulaire, centré l’organismedefaçonasymptomatique,ils’agitalorsd’uneinfection pardelanécrosecaséeuse.Celaformelalésionprimaireouchan tuberculeuselatente(ITL)quin’estpascontagieuse. cre tuberculeux d’inoculation, habituellement situé au niveau des Elleselimiteàunviragedesréactionstuberculiniquescutanéesou apexpulmonaires. àlapositivitéd’untestdedétectiondel’interférongammapositif(cf. A partir de cette lésion primaire, certains macrophages peuvent 4.3).L’intradermoréaction(IDR)etlestestsdelibérationinterféron migrer vers des ganglions satellites, créant le complexe ganglio gamma(IGRA)). pulmonaire de la primoinfection tuberculeuse. Le granulome initial peutnepluscontenirlamultiplicationbactériennequialieudansles alvéoles et dans les macrophages avec une double population de Latuberculosemaladie BK intra et extracellulaires, les macrophages infectés atteignent En cas de multiplication des mycobactéries dans l'organisme, la alorslesganglionsrégionaux.Ladiffusionsystémiquepeutsefaire personneévolued'uneinfectiontuberculeuselatenteàunetubercu parvoielymphatiqueouhématogèneverslestissuslesmieuxaérés losemaladie[5].Ils’ensuitl’apparitiondesignescliniquesavecun (apex pulmonaires) ou les zones les mieux vascularisées (cortex risquedecontagiositéàl’entourage. rénal,corpsvertébraux,méninges). La guérison est quasi systématique sous traitement antibiotique

adaptéetcorrectementsuivienl’absencederésistance[7]. La probabilité d’être infecté par Mycobacterium tuberculosis dé penddedifférentsfacteurs[4]: Facteurs favorisant l'évolution vers la tuberculose ma- ladie après infection : (1) le nombre d'organismes expulsés dans l'air (densité de particulesinfectantes), • l’importancedel’inoculum, (2)la concentration d'organismes dansl'air,déterminéepar levolumedel'espaceetdesaventilation, • unantécédentd’infectionrécenteparlebacilledelatuberculo se(dansles2dernièresannées), (3) la durée pendant laquelle une personne exposée respire l'aircontaminé, • l’âge:jeuneenfant(moinsde5ans)oupersonneâgée, (4)etle statut immunitaire del'individuexposé(parexemple, • l'existenced'undéficitimmunitaire(infectionparlaVIHavecun les personnes infectées par le VIH et autres déficits de l'immunité risquede8à10%parancontre10%au cours de la vie entiè- cellulaire). re chez une personne non immunodéprimée),diabète,silicose, hémodialyse, gastrectomie, certains cancers ou des traite Ainsiuneexpositionsignificativedépenddelaprésencedecasinci ments(immunosuppresseur,corticothérapieprolongée), dentsmaisilexistedesfacteursimportantsquifontvarierledegré del’exposition.Cesontparticulièrementladuréedecontagiositéet • desabusd'alcoolouconsommationdesdrogues, le nombre d’interactions entre le sujetcontact et le malade conta • etl’absencedeBCG[3]. gieux par unité de temps. Ces facteurs peuvent varier fortement selonlespopulations,l’époque,ladensitédepopulation,lescondi tionsclimatiques[2]. c) Tuberculose pulmonaire et tuberculose extra- pulmonaire b) Evolution : différence entre maladie et infec- tion Lestuberculosespulmonaires Ellessontduesàladisséminationparvoiebronchiquedebacillesà Dans 90 % des cas, la primoinfection tuberculeuse résultant d’un partir du nodule de primoinfection et atteignent préférentiellement contactaveclebacilleestcliniquementinapparente,lebacillereste les lobes les mieux ventilés. C’est la forme la plus productrice de àl’étatquiescent.Llessujetsprésententalorsunetuberculoselaten bacilles, source de transmission à l’entourage. [7]. Elle représente teetpeuventdévelopperàplusoumoinslongtermeunetuberculo 70%descasdetuberculosedanslemonde[1]. semaladie(dans10%descasetunefoissurdeuxdansles2ans Ledébutestprogressifavectouxetexpectorationschroniquesévo suivant la primoinfection). Chez certains patients la tuberculose luant dans un contexte d'altération progressive de l'état général, maladieapparaitradenombreusesannéesaprèslaprimoinfection; avec asthénie, anorexie, amaigrissement, fièvre ou fébricule et c’estlaformeclassiquedusujetâgédontlesdéfensesimmunitaires sueursnocturnespendantplusieurssemainesàplusieursmois[6]. sontmoindres.ChezlespatientsinfectésparleVIH,30%vontdé Parfois, on note des hémoptysies, des douleurs thoraciques, voire velopperunetuberculosemaladieévolutive[1]. unedyspnéed’effortdansdesformestrèsévoluées.

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| Figure 1 |

Histoire naturelle simplifiée de la tuberculose humaine.

Sujet contagieux Voie aérienne Sujet contaminé

Primo infection latente

Guérison (90%) Infection tuberculeuse latente (10%)

Tuberculose maladie : • soit précoce < 2 ans • soit réaction tardive

Voie hématogène / lymphatique Voie bronchogène

Miliaire, tuberculose Tuberculose pulmonaire extra-pulmonaire commune

Source : Actualisation du schéma de l’ECN Pilly [5]

Lestuberculosesextrapulmonaires gressivedel’étatgénéral[6].Desdécèsouséquellesneurologi quessévèrespeuventapparaitredans50%descasavecdéfi Latuberculosepeutaffectertouslestissusdel’organismeaprèsune citsfocaux,hémiplégieouparaplégie[7]. infection initiale pulmonaire (primoinfection). Les symptômes peu ventsurvenirisolémentouenassociationavecceuxd’unetuberculo • Tuberculose uro-génitale :lamaladieestsouventurogénitale sepulmonaire[6].Celareprésente25%destuberculosesenFran chez l’homme, elle peut être génitale exclusive chez la femme ce.Ondistingue: avecunrisquedestérilité[6]. • Tuberculose ganglionnaire :c’estuneformefréquente(environ • Tuberculose miliaire:Elleestl’unedesformeslesplusgraves 20%descas)quiatteintlessujetsjeunesdanslespaysàforte detuberculoseetsamortalitéestimputableessentiellementàun prévalence. Les adénopathies sont principalement localisées retard du diagnostic. Elle survient soit peu après la primo danslarégioncervicaleavecparfoisrisquedefistulisation[7]. infection, soit en phase terminale d’une tuberculose chronique non traitée [7], soit d’un état d’immunodépression cellulaire et • Tuberculose osseuse : pardisséminationhématogèneoulym résulted’unedisséminationhématogènedubacilledanstoutl’or phatique [7], elle se manifeste par des douleurs osseuses ou ganisme[6]. articulaires(genou,hanche).Laspondylodiscitetuberculeuseou maladie de Pott est responsable d’atteintes vertébrales avec formationd’abcèsfroidparavertébraux,risqued’épiduriteetde séquellesrachidiennes[7].Ladiscrétiondessymptômesetl’ab 3/ LA TUBERCULOSE CHEZ LE PATIENT INFEC- sencedespécificitédel’imageradiologiqueaudébutfontquele TÉ PAR LE VIH diagnosticestsouventtardif[6]. • Tuberculose pleurale:formerareenFrance(<10%despleu Laprésentationcliniqueetradiologiquedépenddel’étatimmunitaire résies), elle est le signe d’une primoinfection (surtout chez le dupatient.Laformeestclassiqueencasd’immunodépressionpeu jeunesadultes)oudel’extensionlocaled’uneréactivationtuber sévèremaissiletauxdelymphocytesCD4estbas(inférieurà200/ culeuse pulmonaire [7]. Il existe également des localisations mm3), les lésions caverneuses sont rares, les localisations pulmo péricardiques. naires peuvent se situer dans les bases. La radiologie pulmonaire • Tuberculose cérébro-méningée:laméningitetuberculeuseest peut être normale et les formes extra pulmonaires, en particulier particulièrement à redouter après primoinfection chez l’enfant. ganglionnaires,sontplusnombreuses.Lorsdutraitementinitialdu Letableaucliniqueestcaractériséparuntableauinfectieuxplus VIHetdelatuberculose,onpeutassisteràdesréactionsparadoxa ou moins marqué, des signes méningés et/ou des signes de lesd’aggravationcliniqueetradiologiqueenrapportavecunproces localisation neurologique avec une altération rapidement pro susderestaurationimmune.

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4/ DIAGNOSTIC DE LA TUBERCULOSE Chez le sujet immunodéprimé Il faut envisager la possibilité d’une infection tuberculeuse la a) L'examen clinique tente avec ou sans tuberculosemaladie, lorsque le diamètre de l'indurationest>=5mm. L'examendumaladeestsouventpauvre,nonspécifique.L’interroga toire précise les symptômes (en particulier des signes fonctionnels UneIDRnégativen’éliminepaslediagnosticdetuberculose. respiratoiresetgénérauxsouventinaperçuslorsdelaphaseprodro mique),rechercheuncontexte épidémiologiqueévocateur(contage d) Les examens radiographiques familial et socioprofessionnel éventuel, passé phtisiologique avec Ilssontprescritsenfonctiondessignescliniques[6]. vaccinationparleBCG,primoinfection,antécédentsdetuberculose pulmonaire ou extrapulmonaire, prescription antérieure de médica Laradiographie thoracique estpresquetoujourssuffisantepourle ments antituberculeux), ou un contexte d’immunodépression avec diagnostic de tuberculose. Les images les plus typiques associent statutVIH[6]. desopacitésnodulairesplusoumoinsconfluentes,deslésionsinfil tréesetdescavernes,leplussouventauniveaudessommets[7]. b) Les examens biologiques L'hémogramme peut être normal, le syndrome inflammatoire varia Radiographie standard (lésion infiltratives) ble, la sérologie VIH est proposée systématiquement [7] compte tenudelafréquentecoexistencedes2maladies. c) L’intradermo réaction (IDR) et les tests de libé- ration interféron-gamma (IGRA) L’IDR et le test IGRA ne détectent pas directement le bacille BK maislesréactionsdépendantesdel’immunitéantituberculeuse. si, ils ne distinguent pas une infection tuberculeuse latente d’une tuberculose maladie et ne sont pas en mesure de dater l’infection (infectionancienneourécente). L’IDR (intradermo réaction) à la tuberculine est injectée par voie intradermiquequipeutselireen72heuresparmesuredudiamètre del’induration.EnFrance,àcausedesoninterférenceavecleBCG, elleestdifficilementinterprétable.L’IDRàlatuberculineestgénéra lement positive en cas de tuberculose (induration supérieure à 10 Source : CHU-Sud Réunion. mm) mais un test négatif n'élimine pas le diagnostic, en particulier Le scanner thoracique est réservé aux quelques formes com chezlesmiliaires,chezlapersonneâgéeoul'immunodéprimé[6]. plexes dont l’image ne peut être correctement interprétée sur les Les tests de libération interféron-gamma sontdestestssanguins clichés standards. On peut mettre en évidence des adénopathies quiportentsurlaréponseimmunitairecellulaire.LeslymphocytesT médiastinales,unépanchementpleural.Lamiliairetuberculeuseest vontêtrestimulésparlesantigènesspécifiquesdelatuberculose(et classiquement représentée par des lésions micronodulaires dissé quinesontpasprésentsdansleBCG)etlaproductiondegamma minéesdemoinsde3mm. interféronspécifiquevaêtremesurée.Ainsi,unhautniveaudepro Image de TDM (caverne et dissémination bronchique) ductiondegammainterféronseraitsuggestifd’uneinfectiontubercu leuse.Ilssontréaliséssurunprélèvementsanguin,sansnécessité derevoirlepatient.Leurintérêtdoitêtresoulignéencasd’incertitu desurlerésultatdel’IDRmaissurtoutlorsdeformesextrapulmo naires de la tuberculose, en cas de dépistage de sujet au contact d’untuberculeuxetdanslebilanpréthérapeutiqued’untraitement immunosuppresseur, en particulier par les anti TNF alpha. Cette techniquen'estpasvalidéechezlesenfantsdemoinsde15ans. Chezlesujetimmunocompétent Sontenfaveurd’unetuberculoseinfection: sujet vacciné par le BCG depuis moins de 10 ans :diamè tre>15mm sujet vacciné par le BCG > 10 ans :diamètre>10mm sujet non vacciné par le BCG :diamètre>5mm Source : CHU-Sud Réunion. Chez tout vacciné par le BCG, virage tuberculinique (augmentationd’aumoins5mmentre2IDRréaliséesàunintervalle supérieurà2mois),plutôtenfaveurd’uneprimoinfectionrécente L’imagerie extra-thoracique est,elle,leplussouventindispensa bleaudiagnosticdestuberculosesextrapulmonaires[7].

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5/ L'EXAMEN BACTÉRIOLOGIQUE techniquePCRpeutmaintenantdétecterdesgènesderésistance auxantituberculeux(rifampicineetisoniazide)[6]. L'identification de M.tuberculosisdans l'expectoration permet Ilestlaclédudiagnosticetpermetdeleconfirmer.Lesarguments de porter avec certitude le diagnostic de tuberculose. Enl'ab cliniques, radiologiques et histologiques (découverte d’un granulo sencedel'uneoul'autredecespreuves,ladécisiondetraitement meépithélioïdeetgigantocellulaireavecnécrosecaséeuse)nesont peut être prise sur des critères de présomption à partir de signes pas spécifiques de la tuberculose et ne peuvent donc permettre radiocliniquesetbiologiquescompatibles.Lapreuvedudiagnostic qu’un diagnostic présomptif. C’est la mise en évidence de bacilles seraapportéesecondairementparuneculturepositive[6]. tuberculeux dans les produits pathologiques qui constitue le dia gnosticdéfinitif.Deplus,lesuivibactériologiqued’unpatienttuber culeuxmissousantituberculeuxestindispensablepourconfirmerla stérilisationdeslésions[7]. 6/ LE TRAITEMENT

Ilesteffectuéavant tout traitementsurl'expectorationàjeuntrois joursdesuite.Silepatientneprésentepasd’expectoration,lare a) Le traitement de la tuberculose repose sur l’association de plu cherche peut se faire soit sur le contenu gastrique par tubage au sieurs antibiotiques spécifiques, dits antituberculeux, pris pendant réveil,soitparexpectorationinduite,soitparlavagebronchoalvéo plusieursmois(aumoinssixmois).Ondistingued'unepartletraite laire(LBA)ouaspirationdessécrétionsbronchiquesaucoursd’une ment préventif de l'infection tuberculeuse latente, et d'autre part le fibroscopiebronchique. traitementcuratifdelatuberculosemaladie. Selonlecontextecliniqueonpeutfaireunerecherchebactériologi Encasdetuberculoselatente,lesindicationsdetraitementconcer quesurd'autressites(liquidecéphalorachidien,urine,pus,sang...). nent les traitements des immunodéprimés, les patients originaires Encasdebiopsied’unorgane,ilnefautpasoublierd’adresserun d'un pays de forte endémie, les antécédents de primoinfection ja prélèvementenbactériologiepourexamendirectetmiseenculture maistraitée,lessujetscontactsd'unpatientbacillifèreavecuneIDR [6]. supérieureà15mm.Leschémaleplusclassiquecomportel'asso Lesméthodesbactériologiquesàmettreenœuvrecomprennentla ciationpendant3moisderifampicine(10mg/kg/jour)etd'isoniazide recherche de bacilles acido-alcoolo-résistants (BAAR)parl’exa (4à5mg/kg/jour). menmicroscopique,la mise en culture sur milieux spécifiques, l’identificationparméthode moléculaire ou biochimique desbacil Letraitementdelatuberculosemaladieestbiencodifié,unequadri lesobtenusencultureetlestests de sensibilité auxantitubercu thérapie est préconisée afin d'éviter l'émergence de résistance et leux. d’être efficace sur les bacilles à la fois intra et extracellulaires. Il comprendl'associationderifampicine(10mg/kg/jour)etd'isoniazide L'examen microscopique au direct estlapremièreétape. (4à5mg/kg/jour)avecpyrazinamide(25à30mg/kg/jour)etétham Lesmycobactériesnesecolorentbienqu’avecdesméthodesspéci butol(20mg/kg/jour)pendant2moispuislarifampicineetl'isoniazi fiques(colorationdeZiehlNelseen)mettantenévidenceleuracido desontpoursuiviesensuitependant4mois.Cetraitementdoitêtre alcoolorésistance [7]. C’est un examen facile et peu coûteux qui prisàjeun,souventlematinauréveiletenuneseuleadministra permetuneévaluationrapidedelacontagiositédupatient.Cepen tion. dant, il ne distingue pas le BK d’une mycobactérie atypique et né Ondevravérifierimpérativementlorsdutraitementqu'ilexisteune 4 cessiteuneforteconcentrationdebacilles(10 parml). bonne sensibilité du bacille aux antituberculeux prescrits, sur les donnéesdel'antibiogramme. L’examendirectdoittoujoursêtrecomplétéparuneculture sur un En cas de rechute, de tuberculose résistante, ou de certaines for milieu biologique approprié,soitmilieuxsolidesdeLoewenstein mesdetuberculoseextrarespiratoire,letraitementdureraaumoins Jensenmaisquipeutnécessiterdesdélaisassezlongs(3à4se 9mois. maines),soitmilieuxliquides(systèmeBactec)avecunedétection plusrapidede7 à10 jours.Laculturepermetd'apporterdeuxfois EncasdecoinfectionavecleVIH,ilexistedenombreusesinterfé plusdepreuvebactériologiqueetdetesterlasensibilitédesbacilles rences médicamenteuses entre les antiviraux et la rifampicine, ce aux4principauxantibiotiques[6]. qui complique la mise sous traitement antituberculeux et contre indiquel'utilisationdesantiprotéases. De nouvellestechniquessontactuellementdisponibles.Desmétho des d'amplification génique consistant à détecter et amplifier une Audébutdutraitement,unesurveillancecliniqueetbiologiques'im séquencenucléotidiquespécifiquepeuventdétecterunseulbacille pose,enparticulierilfautsurveillerlatoxicitéhépatiquedesantitu dansunproduitpathologique(PCRouréactionenchaineparpoly berculeux et la tolérance digestive et neurologique. Le traitement, mérase).Toutefoiscetteméthodemanquepourl'instantdesensibi pourêtreefficace,doitêtreprisrégulièrementtouslesjourspendant lité.L’identificationdelamycobactériesefaitàpartirdescultures touteladuréedelaprescription.Untraitementarrêtétropprécoce par étude morphologique, mais surtout désormais parsondes nu mentouprisdefaçonirrégulièreexposeauxrisquesderechutesou cléiquesquipermettentdedifférencieren2heureslesmycobacté d’apparition de résistance du bacille aux antituberculeux (ou de ries du complexe tuberculosis et les mycobactéries atypiques. La multirésistance)[8].

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Tout malade suspect de tuberculose pulmonaire, surtout si en pré - La rechute : Elle est de moins bon pronostic,soit en raison des senced'unetouxchroniqueet/oudecavernessurlaradiopulmonai remaniementscicatricielsdanslespoumonsquipeuvententraverla re, doit être hospitalisé et placé en isolement respiratoire diffusion des antibiotiques, soit en raison d’une résistance acquise (hospitalisation en chambre seule, de masque, déplacement auxmédicamentsantituberculeux. limité...)[6].Lacontagiosité(cf.encartcidessous)diminueenquel quessemainesaudébutdutraitement. - La résistance aux médicaments antituberculeux : Ellepeutêtre acquise (résistance secondaire après des traitements antitubercu leux antérieurs mal conduits) ou primaire (contamination d’emblée Période de contagiosité parunesoucherésistante).Ellepeutconcernerunouplusieursmé dicaments antituberculeux. La multirésistance est particulièrement Avant le diagnostic, une période de 3 mois est retenue de façon redoutable lorsqu’elle inclut les médicaments de première ligne consensuelle,quipeutêtreprolongéeencasdetouxplusancienne. (rifampicineetisoniazide).Ondécritdanslemondeactuellementde Après la mise sous traitement adapté, aucun essai prospectif ne plus en plus de cas de tuberculose résistante et surtout multi permetdeconnaîtreprécisémentladuréedelacontagiosité[1]. résistante(plusde3ou4antituberculeuxinefficaces). Ellevarieselon: • le degré de contagiosité initiale (examen direct positif, toux, - La grossesse : La grossesse n'aggrave pas la tuberculose qui caverne), peut passer inaperçue. Le risque est essentiellement celui de la contaminationdel'enfantàlanaissanceouenfindegrossesse.La • la sensibilité de la souche aux antituberculeux. tuberculosedunouveaunépeutêtregravissimecardisséminée. On sait qu'en cas de souche sensible, la négativation de la culturen'estobtenuequedans75%descasà30jours,90% à60jourset95%à90jours. 7/ LE VACCIN

Lors du diagnostic d'un cas de tuberculose maladie, surtout si le LeBCG(BacilledeCalmetteetGuérin)estlevaccindestinéàproté patientprésentedesBKpositifsdanslesexpectorations,ilestimpor gercontrelatuberculose.Suiteàl’arrêtdelacommercialisationdu tantdepratiqueruneenquête autourducas.Lebutestderecher vaccin BCG par multipuncture (Monovax®) en décembre 2005, le dansl'entourage,unéventuelcassourcemaiségalementdes seulvaccinBCGdistribuéenFrancedepuis2006estlevaccinBCG cas secondaires. Cette action de santé publique se trouve sous la SSI® (Staten Serum Institute de Copenhague) par voie intradermi responsabilitédesClatdépartementaux(centredelutteantitubercu que[9].LaprotectionconféréeparleBCGestunepréventionprimai leuse). requiviseàinfecterlesujetavecunvaccinvivantatténuéavantle premier contact infectant avec Mycobacterium tuberculosis. Cette Les personnes éventuellement exposées sont vues, examinées et vaccinationapourbutprincipaldeprotéger les jeunes enfants des uneIDR,voireuntestIGRAetuneradiologiepulmonairesontréali formes graves de la tuberculose précoce, méningites tubercu- sées.Lestuberculoseslatentesainsidépistéessonttraitéespendant leuses et miliaires en particulier. L’efficacité du vaccin BCG est 3mois. estiméeentre75et85%pourlesformesgravesdunourrissonetdu jeune enfant, notamment méningite et tuberculose disséminée et b) Evolution et pronostic entre50et75%pourlatuberculosedel’adulte:ilnepermetdonc pasd’empêcherlatransmissiondelamaladieetd’enrayerl’épidémie mondiale[9]. La stricteobservancedutraitementgarantitlaguérisondansprati En1949,laFranceaadoptéleprojetdeloisurl’obligationduBCG; quementlatotalitédescas.Néanmoins,ilexisteuncertainnombre le30juin2004(Décret300604),seulelaprimovaccinationdemeu defacteursdegravitéconditionnantlepronosticdelatuberculose: raitobligatoire,avantl’entréeencollectivitéchezl’enfant,oudansle - La forme anatomo-clinique :Lesformeslimitées(primoinfection, cadred’uneprofessionexposantaurisquechezl’adulte[9]. pleurésie,tuberculosepulmonairenodulaireisolée)guérissentgéné En2006,devantleslimitesd’efficacitédecevaccin,deseffetsindé ralementsansouavecpeudeséquelles.Lesformesétenduessont sirablesplusnombreuxaveclaformeintradermiqueetdelabaisse deplusmauvaispronostic,dansl’immédiat,enraisondelasévérité d’incidence de la tuberculose en France, le caractère obligatoire et dessignescliniques(détresserespiratoireouhémoptysiegrave),de généralisédelavaccinationparleBCGafaitl’objetdedébats. ladisséminationextrapulmonairedeslésions(enparticuliercérébro Lescritèresproposésparl’Unioninternationalecontrelatuberculose méningée),et/oudegravesdésordresbiologiquesassociés.Enfin,à etlesmaladiesrespiratoires(IUATLD)permettantd’envisagerl’arrêt plus long terme, par suite des séquelles (insuffisance respiratoire delavaccinationgénéraliséedesenfantsétaientalorsprésents.Des progressive,dilatationdesbronches,hémoptysiessurcicatrices…). expertisesscientifiquesetéthiquesainsiqu’uneauditionpubliqueont recommandéune levée de l’obligation vaccinale et une recom- - Des facteurs liés à l’hôte :Lacachexie,l’âgeavancé,l’éthylisme, mandation forte de vaccination pour les enfants les plus expo- une maladie générale évolutive (cancer, cirrhose, hémopathie, dia sés 1 2 . bète)oupulmonaire(emphysème),sontdesfacteurspéjoratifs.

1 AVIS du 9 mars 2007 du Haut Conseil de la santé publique relatif à la suspension de l’obligation de vaccination par le vaccin BCG chez les enfants et les adolescents. Disponible en ligne : http://www.hcsp.fr/docspdf/cshpf/a_mt_090307_vaccinbcg.pdf 2Décret n° 2007-1111 du 17 juillet 2007 relatif à l'obligation vaccinale par le vaccin antituberculeux BCG disponible en ligne : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do? cidTexte=JORFTEXT000000464863&dateTexte=&categorieLien=id

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Recommandations particulières sur la vaccination BCG a) Pour les enfants exposés à un risque élevé de tu- b) En milieu professionnel berculose : UneIDRà5unitésdetuberculineliquideestobligatoirepourcertai Depuislapublicationdudécretdesuspensiondel’obligationdevac nesétudesetprofessions.Lerésultatdesamesuredoitêtrenoté, cinationparleBCGdesenfantsetdesadolescents(1),etdelacircu ilserviradetestderéférence. laired’application(2),lavaccinationparleBCGnepeutplusêtreexi géeàl’entréeencollectivitémaisfaitl’objetd’unerecommandation BienqueleHCSPaitrecommandé,danssonavisdu5mars2010, fortepourlesenfantsàrisqueélevédetuberculose. la levée de l’obligation de vaccination par le BCG pour les profes sionnelsconcernés,laréglementationn’apasétémodifiée. LavaccinationparleBCGestrecommandéedèslanaissance.Les nourrissonsdemoinsde3moissontvaccinésparleBCGsanstest UnevaccinationparleBCG,mêmeancienne,resteexigéeàl’em tuberculiniquepréalable.Chezlesenfantsàrisquenonvaccinés,la bauche pour les étudiants et les professionnels mentionnés aux vaccinationpeutêtreréaliséejusqu’àl’âgede15ans[10]. articlesRp31121(alinéaC)etRp31122duCodedelasantépubli que(enl’absenced’IDRpositive). L’intradermoréaction(IDR)àlatuberculinepréalableàlavaccination doitêtreréaliséeàpartirdel’âgede3moispouréviterdevacciner Sontconsidéréescommeayantsatisfaitàl’obligationvaccinalepar un enfant qui aurait été contaminé. La vaccination ne s’applique leBCG: qu’aux personnes ayant une intradermoréaction à la tuberculine • lespersonnesapportantlapreuveécritedecettevaccination; négative. Seule la forme intradermique du BCG est disponible en • les personnes présentant une cicatrice vaccinale pouvant être France[10]. considéréecommelapreuvedelavaccinationparleBCG.

Sont considérés comme enfants à risque élevé les enfants qui répondent au moins à l’un des critères suivants [9]: • enfant né dans un pays de forte endémie tuberculeuse (cf en- c) Pour les voyageurs cart) ; • enfantdontaumoinsl’undesparentsestoriginairedel’undeces LavaccinationparleBCGestrecommandéepourlesenfantsdèsla pays; naissance,enparticulierencasdeséjoursfréquentsousupérieurs • enfant devant séjourner au moins un mois d’affilée dans l’un de à un mois dans les pays à forte incidence tuberculeuse. Chez les cespays; enfantsnonencorevaccinés,ellepeutêtreréaliséejusqu’àl’âgede 15ans[11]. • enfant ayant des antécédents familiaux de tuberculose (collatérauxouascendantsdirects); • enfantrésidantenÎledeFranceouenGuyaneouàMayotte; d) Contre indications à la vaccination par le BCG •enfantdanstoutesituationjugéeparlemédecinàrisqued’expo sition au bacille tuberculeux, notamment enfant vivant dans des LevaccinBCGnedoitpasêtreadministréencasd’hypersensibilité conditionsdelogementdéfavorables(habitatprécaireousurpeuplé) à l’un de ses composants. La vaccination doit être différée en cas ousocioéconomiquesdéfavorablesouprécaires(enparticulierpar defièvreoudedermatoseinfectieusegénéralisée[9].Elleestéga mi les bénéficiaires de la Couverture Médicale Universelle ou de lementcontreindiquéepourlespersonnesrecevantdescorticoïdes l’AideMédicaledel’Etat…)ouencontactrégulieravecdesadultes parvoiegénéraleouuntraitementimmunosuppresseur(ycompris originairesd’unpaysdeforteendémie. laradiothérapie),lespersonnessouffrantd’affectionsmalignes(par exemple lymphome, leucémie, maladie de Hodgkin ou autres tu Schéma vaccinal pour les enfants à risque élevé de meurs du système réticuloendothélial), les personnes atteintes tuberculose : d’immunodéficiences primaires ou secondaires, ainsi que les per • delanaissanceàl’âgede2moisrévolus:0,05mldeBCGpar sonnesinfectéesparleVIH(incluantlesenfantsnésdemèreinfec voieintradermiquesansIDRpréalable; téeparleVIH).LevaccinBCGnedoitpasnonplusêtreadministré • entre3et11moisrévolus:0,05mldeBCGparvoieintradermi aux patients recevant un traitement prophylactique antituberculeux queaprèsIDRnégative; [9]. • àpartirdel’âgede12mois:0,1mldeBCGaprèsIDRnégative

Encart : Zones géographiques à forte incidence de tuberculose Selonlesestimationsdel’Organisationmondialedelasantéetentenantcomptedecertainesimprécisionsliéesauxdifficultésdurecueil fiabledesdonnéesépidémiologiquesdanscertainspays,leszonesgéographiquesàforteincidencedetuberculosesont[9]:lecontinent africaindanssonensemble;lecontinentasiatiquedanssonensemble,ycomprislespaysduProcheetMoyenOrient;lespaysd’Amérique CentraleetduSud;lespaysd’EuropeCentraleetdel’Estycomprislespaysdel’exURSS;dansl’Unioneuropéenne:Bulgarie,Estonie, Hongrie,Lettonie,Lituanie,Pologne,,Roumanie.

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Focus Mayotte : recommandations vaccinales BCG Dansl’avisdu2février2012duHautconseildelasantépublique(HCSP)relatifàl’adaptationdesrecommandationsetducalendriervacci naldudépartementdeMayotte,leHCSPrecommande: (1)l’ajout du département de Mayotte à la liste des zones d’incidence élevée de tuberculose où la vaccination par le BCG est fortement recommandée chez tous les enfants âgés de moins de 15 ans et encourage la pratique de cette vaccination dès la naissance avant la sortie de maternité ; et(2)que,conformémentauxrecommandationsdesvoyageurs,les enfants âgés de moins de 15 ans qui doivent y séjourner plus d’un mois, soient vaccinés par le BCG.

RÉFÉRENCES [1]Microbiologieetmaladiesinfectieuses,Dossiersd'information,Tuberculose. [7]PréventionetpriseenchargedelatuberculoseenFrance:synthèseetrecom Institutnationaledelasantéetdelarecherchemédicale(INSERM)disponibleen mandationsduconseilsupérieurd’hygiènepubliquedeFrance(20022003).Dispo ligne:http://www.inserm.fr/thematiques/microbiologieetmaladiesinfectieuses/ nibleenligne: dossiersdinformation/tuberculose http://www.invs.sante.fr/publications/2005/tuberculose_030205/ [2]HansL.Rieder.Basesépidémiologiquedelalutteantituberculeuse.Première rapport_tuberculose.pdf Edition1999.disponibleenligne:http://www.theunion.org/index.php/fr/ressources/ [8]Lapriseenchargedevotremaladie,latuberculose.Comprendrelamaladie. publicationsscientifiques/item/983basesepidemiologiquesdelalutte HauteautoritédeSanté(HAS)octobre2007.Disponibleenligne: antituberculeuse http://www.hassante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/ [3]MycobacteriumTuberculosis,AgentdelaTuberculose,InstitutNationaldeRe ald_guide_patient_tuberculose.pdf chercheenSanté(INRS).Disponibleenligne:http://www.inrs.fr/eficatt/eficatt.nsf/% [9]VaccinationparleBCG.Ministèredesaffairessocialesetdelasanté.Juillet 28allDocParRef%29/FCTUBERCULOSE 2009. [4]DiagnosticStandards andClassificationofTuberculosisinAdultsandChildren. Disponibleenligne:http://www.sante.gouv.fr/vaccinationparlebcg.html AmericanJournalofRespiratoryCriticalCareMedecine.1,2000vol.161no.4 [10]Calendrierdesvaccinationsetlesrecommandationsvaccinales2011selon 13761395.Disponibleenligne:http://ajrccm.atsjournals.org/content/161/4/1376.full l’avisduHautConseildelasantépublique,10avril2012/n°1415.(p.172)Disponi [5] Item n°106: Tuberculose. ECN Pilly, maladies infectieuses et tropicales, 2012. bleenligne:http://www.hcsp.fr/docspdf/avisrapports/hcsp_beh_14_15_2012.pdf Collègedesuniversitairesdemaladiesinfectieusesettropicales [11] Recommandations aux voyageurs, 2012 ; BEH du 29 mai 2012 / n° 2021 Disponible : http://www.infectiologie.com/site/medias/enseignement/ECN/36ECN (p.210). Disponible en ligne : http://www.invs.sante.fr/beh/2011/18_19/ item_106.pdf beh_18_19.pdf [6]Coursdemédecinesurlatuberculose,UniversitéPaulSabatier,III. Disponibleenligne:http://www.medecine.upstlse.fr/DCEM2/MODULE7/item106/ texteI1.htm

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| Epidémiologie |

Epidémiologie de la tuberculose : situation mondiale, régionale et nationale

E. Balleydier1, R. Dekkak2, V. Guernier1, L.Filleul1

1 Cellule de l’InVS en région océan Indien, Saint-Denis, Réunion, France 2 Centre de lutte antituberculeuse Ouest, Service d’urgences du Centre hospitalier Gabriel-Martin, Saint-Paul, Réunion, France

EnEurope,lenombredecasdetuberculosediminuedepuis2005 1/ LA TUBERCULOSE DANS LE MONDE [2].Néanmoins,l’OMSestimeàenviron420000lenombredenou veauxcasdetuberculoseetà62000lenombrededécèschaque Selon les estimations de l’OMS, le nombre de personnes dévelop année, dont la grande majorité survient dans la partie centrale et pant la tuberculose chaque année serait en diminution (néanmoins orientaledel’Europe. trèslente).Latuberculosecontinuedereculermaislecombatcontre lamaladie"restefragile". Selonl’OMS,aucoursdelapériode20062010,àl'échellerégiona leEurope,l’incidencedelatuberculosechezlesenfantsdemoins En2011,8,7millionsdepersonnesontdéveloppé unetuberculose de 15 ans a diminué de 10%. En 2011, sur cette même tranche (dont13%coïnfectéesparlevirusduVIH),contre8,8millionsl'an d’âge, l’OMS estimait à 490 000 le nombre de nouveaux cas de néeprécédente.Cettemêmeannée,59%descasontétédétectés tuberculose (environ 6% du nombre total de cas incidents) et 64 en Asie et 26% en Afrique soit 85% des cas dans ces deux conti 000décès(environ6%dunombretotaldedécès)[1]. nents.L’IndeetlaChinesontlesdeuxpayslesplustouchésavec presque40%del’ensemble descasetoùseuleune personnesur Bienqueletauxdemortalitépartuberculoseaitchuté,ilresteconsi dixseraitdiagnostiquée. dérable en « nombre » de décès. En 2010 et 2011, le nombre de décèsstagneautourde1,4millionaprèsavoiratteintunsommeten LaFigure1présentelestauxd’incidenceestimésdelatuberculose 2003avec1,8milliondécès.Plusde95%desdécèspartuberculo dans le monde, avec des niveaux pouvant dépasser les 300 cas seseproduisentdanslespaysàrevenusfaibleetintermédiaireet pour100000habitants,principalementdanslesuddel’Afrique.En lamaladieestl’unedestroisprincipalescausesdedécèschezles 2011, l’OMS estimait des taux de 450/100 000 au , 723/100 femmes âgées de 15 à 44 ans [1]. Le taux de mortalité mondial 000enNamibie,etjusqu’àplusde1300/100000auSwaziland[1]. médianen2009étaitde5,7pour100000,avecdestauxcompris entre6,9/100000pourlaRégionEurope,à52pour100000pourla RégionAfrique[3]. | Figure 1 | Taux d’incidence estimé (pour 100 000) de la tuberculose, Organisation mondiale de la santé, 2011

Légende: Légende : NouveauNouveaux cas cas estimés estimés de detuberculose tuberculose pour pour 100 000 100habitants 000 habitants

0 - 24

25 - 49 50 - 149 150 - 299 >= 300 Absence de données Ne s’applique pas

Source : Tuberculose dans le monde Rapport OMS-2012

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| Figure 2 | Prévalence estimée (en %) du VIH parmi les nouveaux cas de tuberculose, Organisation mondiale de la santé, 2011

LégendeLégende: : PrévalencePrévalence dudu VIHVIH (%),(%), tous tous âges âgesconfondus

0 - 4

5 - 19 20 - 45 > = 50 Absence de données

Ne s’applique pas

Source : Tuberculose dans le monde Rapport OMS-2012

1.1LiensavecleVIH 1.2Ledéfidelarésistance Le VIH et la tuberculose, deux infections qui accélèrent mutuelle Lesmédicamentsantituberculeuxstandardssontutilisésdepuisdes mentleurprogression,formentuneassociationmeurtrière.Aumoins décenniesetlarésistanceàcesmédicamentss’accroît.Danstous un tiers des 34 millions de personnes vivant avec le VIH dans le lespaysétudiés,l’OMSaconstatél’existencedesouchesquirésis mondesontinfectéesparlebacilletuberculeuxbienqu’ellesn’aient tentàunmédicamentantituberculeuxutiliséseul. pas toutes développé une tuberculose maladie. La tuberculose est une cause majeure de mortalité chez les personnes séropositives pourleVIH.Elleestresponsabled’environ13%desdécèsparsida • La tuberculose multi-résistante (TB-MR ou MDR-TB) sur danslemonde.Parmiles8,7millionsdecasincidentsdetuberculo vientlorsquelesbactériestuberculeusessontrésistantesaumoins seen2011,plusd’1milliondepersonnesvivaientavecleVIH.La àl’isoniazideetlarifampicine,quisontlesdeuxantibiotiquesantitu proportiondecasdetuberculoseinfectésparleVIHestplusélevée berculeuxdepremièrelignelespluspuissants. danslespaysdelaRégionAfricaine(estimationde39%)etrepré En2011, prés de 310000 cas de tuberculose multirésistante ont senterait79%descasdecoinfectiontuberculose–VIHdanslemon étérecensésparl’OMSdanslemondechezdespatientssignalés deentier(Figure2)[1]. commeatteintsdetuberculosepulmonaire.Globalement,l’organi sationestimeàprèsde3,5%laproportiondecasincidentsdetu berculose ayant une forme résistante et une proportion de 20% EnAfrique,leVIHestleprincipaldéterminantdelahaussedel’inci chezdescasayantdéjàététraitéspourunetuberculose.Onremar dencedelatuberculoseobservéecesdixdernièresannées.EnEu que (Figure 3) que la majorité des résistances sont observées en rope,lamajoritédescoïnfectionstuberculoseVIHnotifiées(85,6%) Inde,enChineetenRussie(prèsde60%del’ensembledescas) résidait dans la partie orientale de la Région. Le pourcentage de [1]. sujetsVIHparmilescasdetuberculosedéclarésaaugmenté,pas santde3,4%en2008à5,5%en2010(soitenviron16000cas)[2]. • La tuberculose ultra-résistante (TB-UR ou XDR-TB)résul tedel’utilisationinappropriéeouincorrectedesantituberculeux,ou de l’utilisation de médicaments de médiocre qualité, qui peuvent entraîner une résistance. La TBUR(1) résiste aux médicaments de premièreligne,etaumoinsàundestroismédicamentsinjectables de deuxième ligne (capreomycine, kanamycine, amikacine). En 2011,laTBURétaitprésentedansaumoins84pays(Figure4).

1 Cette définition de tuberculose-UR a été agréée par le Groupe de travail de l’OMS sur la tuberculose-UR en octobre 2006. Bien qu’elle soit encore très rare, elle a été retrouvée dans toutes les régions du monde pour lesquelles des données sont disponibles.

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| Figure 3 | Distribution de la proportion de cas de tuberculose multi-résistante (MR), parmi les nouveaux cas - 1994-2009. Organisation mondiale de la santé, 2011 Source : Tuberculose dans le monde Rapport OMS-2012

Légende Pourcentagedecas 0<3 3<6 6<12 12<18 >=18 Absencededonnéesdisponibles Donnéesinfranationalesuniquement Nes’appliquepas

L’OMS estime que près de 9%des cas de tuberculose multi le VIH, mais la plus grande partie est liée à des problèmes de résistante dans le monde seraient des cas de tuberculose ultra priseenchargeetdegestiondelamaladie[1]. résistante. Depuis 2007, seulement 13 pays sur 68 participants La prévalence de la multirésistance parmi les nouveaux cas de (19%)ontrapportéplusde10casdeTBURparan.Unepartiede tuberculosedanslaRégionEuropes'élevaità13,7%en2010,soit l'augmentation de la résistance est liée à des complications qui unelégèreaugmentationparrapportà2009(12%)[2]. surviennentdansletraitementdespatientségalementinfectéspar

| Figure 4 | Pays et territoires rapportant au moins 1 cas de tuberculose ultra-résistante (UR) à la fin de l’année 2011. Organisation mon- diale de la santé, 2011.

Source : Tuberculose dans le monde Rapport OMS-2012

Légende Paysrapportantaumoinsuncas detuberculoseultrarésistante

Paysnerapportantpasdecas Nes’appliquepas

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2/ LA SITUATION EN FRANCE D’après les rapports d’activité du CNRMyRMA (CNR des Myco bactéries et de la Résistance des Mycobactéries aux Antitubercu EnFranceentière,lenombredecasdetuberculosemaladiedéclaré leux),lapartdespatientsVIHparmilescasdetuberculoseàculture étaitde5187casen2010,soit8,1caspour100000habitants,cor positiveen2010étaitde8,2%.Globalement,unestabilité,voireune respondantàunebaissede1,7%parrapportà2009(8,2/100000). légèretendanceàlabaisse,delaproportiondescasdiagnostiqués Le nombre de cas et le taux de déclaration de la tuberculose ont chezlespatientsVIH+autourde810%estconstatée.Lacoinfec baissé régulièrement depuis 1972, à l’exception du début des an tion tuberculoseVIH est peu fréquente en France et l’impact de nées1990eten20072008[11]. l’épidémieduVIHsurl’épidémiologiedelatuberculoseestmodeste

[13]. LaFranceestconsidéréecommeunpaysàfaibleincidencedetu berculose, avec cependant des incidences élevées dans certains En 2010, d’après les données de DO, la proportion de cas multi groupes de population et dans certaines zones géographiques résistantsparmilescasrenseignésétaitde1,4%pourlescassans (Figure 5). Comme les années précédentes, les régions* avec les antécédent de tuberculose traitée et de 7,7% chez des cas déjà plus forts taux de déclaration étaient l’ÎledeFrance (16,3/100 000) traités. La même année, la résistance à l’isoniazide était de 5% etlaGuyane(15,9/100000).Lestauxdedéclarationdanstoutesles danslapopulationn’ayantjamaisreçud’antituberculeuxcontre18% autres régions étaient inférieurs à 10 nouveaux cas pour 100 000 danslapopulationdéjàtraitée.Laproportiondecasmultirésistants habitants. Bien que les données de surveillance de la tuberculose parmilesnouveauxcasétaitde1,1%[14]. témoignentd’unebaissedescasdéclarésen2009eten2010,l’aug mentationdestauxdedéclarationdansuncertainnombrededépar tementsfranciliens,mêmesielleesttrèslimitée,etlestauxélevés Enjuin2011,danslecadredesesmissionsdesurveillanceépidé retrouvésparmilespersonnesnéesàl’étrangeretrécemmentarri miologique,leCNRMyRMAaalertél’InVSsurlasituationdesmul véesenFrancedoiventinciterànepasrelâcherleseffortsdelutte tirésistances. Le nombre moyen de souches MDR reçues était antituberculeuse dans un contexte de fortes disparités [11]. Les is stableentre2006et2010(médianede51paran),etaaugmenté suesdetraitementssontdocumentéesenFrancedepuis2007.Par d’environ40%en2011(69souches).LenombredesouchesXDR, mi les cas pour lesquels l’information était connue, environ 73% quiétaitde1ou2parande2006à2008,aaugmentéà4souches d’entreeuxavaientachevéleurtraitementetétaientconsidérésgué en2009et6en2010et2011.Comptetenudel’augmentationdu ris[12]. nombredesouchesMDR,laproportiondeXDRconnaitunediscrè

| Figure 5 | Distribution de la tuberculose maladie (nombre et taux d’incidence pour 100 000) par région, France entière, 2010

20 2500 16,3 18 15,9 16 2000

14

12 1500 9,7 10 9,0 8,0 7,2 8 7,1 6,5 1000 6,3 6,2 6,1 6,1 6,0 5,9 5,8 5,8 Nombre de cas 5,5 5,3 4,7 Taux Taux de déclaration 6 4,9 4,8 4,8 4,7 4,5 4,4 3,8 4 500

2

0 0 Alpes Calais Corse Comté Centre France Guyane Picardie Réunion Bretagne de Pyrénées Roussillon de Normandie Normandie Bourgogne Côted’Azur Rhône Ile Pas Midi Franche Paysdela Poitou Haute Alpes Basse Languedoc Champagne Régions de France Nombredecas Tauxdedéclaration (100000) Source : InVS (déclaration obligatoire de tuberculose), Insee (recensements de population, estimations localisées de population au 01/012010). *Avant 2011 et la départementalisation , les données de Mayotte n’était pas incluse dans le fichier national de données InVS

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3/ LA SITUATION RÉGIONALE Les La situation de la tuberculose dans l’océan Indien est hétérogène L’incidencedelatuberculoseauxSeychellesestplutôtenbaisse, avecdespaysdefaibleendémiecommelaRéunionetdespaysde avec des incidences de 37 cas pour 100000 habitants en 2000 forteendémiecomme.LaFigure6présentel’incidence contre 31 cas pour 100000 habitants en 2009. Les données les annuelle (estimée ou déclarée) de la tuberculose dans l’océan In plusrécentesindiquentqu’aucoursdel’année2012,9cas(dont8 dien. formespulmonaires)ontétéidentifiés.Letauxdedétectionen2010 étaitévaluéà 64%.Entrejanvier2000etseptembre 2012,24cas Les données utilisées sont celles (i) de l’OMS [3] et de la banque de coinfection VIHTB ont été signalés. Aucun cas de tuberculose mondiale2 pour des estimations d’incidence avec un intervalle de résistanteoumultirésistanten’aétéidentifiéàcejour. confiancepourlesComores,Madagascar,Maurice,lesSeychelles, (ii) les données de déclaration obligatoire (DO) pour la Réunion, Les Comores systèmedesurveillanceenvigueurenFrance,et(iii)lesdonnées duClatpourMayotte,composéà95%dedonnéesdeDOtuberculo Depuislamiseenplaced’unprogrammenationaldeluttecontrela se. tuberculoseen1988,l’incidencedelamaladieestenbaissecons tante.Elleestpasséede56caspour100000habitantsen2000à Maurice 39 cas/100 000 en 2009. La mortalité suit cette même tendance, passantde12cas/100000en2004à8cas/100000en2009.Ce Surl’îleMaurice,l’incidenceestplutôtstable,avecunelégèreten pendantletauxdedépistage,évaluéà42%dutotaldescasréels danceàlabaisse,entre24et22caspour100000habitantsdepuis en2010restefaible(l’objectifmondialétantde75%). 2000.L’incidencelaplusforteestretrouvéechezles3545ans.Une augmentation des formes extrapulmonaires est remarquée depuis Le problème de la TB multirésistante est rare aux Comores. En 1992.Letauxdemortalitéestinférieurà1/100000depuis1998.Il revanche,lacoinfectionTBVIHcommenceàapparaitre.Lamultipli existederarescasdecoinfectiontuberculoseVIHcertainementen cationrécentedescasséropositifsauVIHdanslepaysfaitcraindre lienavec(i)unetrèsfaibleprévalenceduVIHàMauricechezles15 uneaugmentationdescasdetuberculosedanslesannéesàvenir 49ans,soit1%[0,71,3][2],et(ii)derarescasdetuberculoserésis [5].Au cours du premier trimestre 2011, 2 cas de coïnfections ont tante[4]. étédépistéssur35maladestuberculeux. | Figure 6 | Incidence (estimée ou déclarée) de la tuberculose pour 100 000 habitants en 2000 et 2009 dans l’océan Indien.

Seychelles En2000: 37 [2944] En2009: 31 [2538] Les Comore s En2000: 56 [4568] En2009: 39 [3146]

La Réunion En2000: 11,9 En2009: 5,8

Mayotte En2000: 25,7 En2009: 17,7

Maurice En2000: 24 [2029] En2009: 22 [1826]

Madagascar En2000: 217 [174261] En2009: 261 [212315]

2http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SH.TBS.INCD

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Madagascar AMadagascar,unebaissede21%(1996)à16,5%(2004)dutaux moyen de 6,9 pour 100000 habitants (de 12,1 cas pour 100000 d’abandon des traitements antituberculeux est constatée, avec un habitants en 2000à 5,8 cas pour 100000 habitants en 2010). Au taux de succès au traitement de 78% en 2006 dans le groupe de seindel’océanIndien,l’îledelaRéunionapparaitcommeunezone tuberculosepulmonaireàfrottispositif[6].Maismalgrédeseffortset àfaibleincidencecontrairementauxîlesvoisines.Enplusd’unni des améliorations significatives, l’incidence est en augmentation veaudevieetd’hygiènelocaleplusfavorable,cettedifférencepeut constante: elle est passée de 217 cas pour 100000 habitants en aussis’expliquerparunmeilleuraccèsaudiagnosticetauxsoins, 2000 à 261 cas/100 000 en 2009; la prévalence quand à elle est mais aussi par une plus faible incidence du VIH (prévalence de passéede377/100000en2000à478/100000en2009.Lamortali 0,08%en2010*).Letauxde mortalitémoyenchezlescasdetu téévoluedefaçonparallèle,passantde40,6cas/100000en2000à berculosemaladieencauseprincipalededécèsestfaible(0,6dé 47,6cas/100000en2009.En2010,laprévalenceestiméeduVIH cès annuel en moyenne sur les 10 dernières années). Les indica danslapopulationdes1549ansresteinférieureà0,2%[7],letaux teurs locaux correspondant aux objectifs fixés par l’OMS sont en detuberculosemaladieassociéeauVIHestde2,4%.Enfinletaux courageants (87,5% des cas avaient achevé leur traitement dans demultirésistanceestestiméà0,5%desnouveauxcas[8]. les 12 mois qui suivent sa mise en route, et la même proportion (87,5%)estretrouvéepourlescaspulmonairesàmicroscopieposi Mayotte tive)[10]. L’incidence de la tuberculose à Mayotte semble poursuivre lente ment sa décroissance entamée en 2000: 25,7 cas pour 100000 4/ LES GRANDES TENDANCES habitantsen2000contre17,7caspour100000habitantsen2009. Ellerestenéanmoinssupérieureàcelledelamétropole(8,2cas/100 La Figure 6 illustre l’évolution mondiale de la prévalence et de la 000en2009).Labaisseimportantedelaproportiondecaspédiatri mortalitéliéeàlatuberculosede1990à2015.Globalementlestaux ques(de19,3%entre20002004 à5,2%en20092010)est enfa d’incidencesontrelativementstablessur19902000etcommencent veurd’unediminutiondelacirculationdubacilledanslapopulation ensuiteàdiminuer. générale. Les résultats les plus marquants concernent l’issue du Letauxdeprévalenceachutéde36%depuis1990,avecunebais traitement, notamment l’absence de perdus de vue et le fort taux seplusrapideaprès1997.Cependant,lesprévisionsactuelleslais d’issuedutraitementfavorablechezlespatientsbacillifères(82,5%), sentpenserquel’objectifderéductiondemoitiédelaprévalencede prochedel’objectiffixéparl’OMSà85%[9]. latuberculosed'ici2015parrapportàl’annéederéférence1990,ne sera pas atteints. Globalement, le taux de mortalité (excluant la La Réunion mortalitéchezlespersonnesséropositives)achutéde41%depuis L’analyse des données de déclaration obligatoire pour la période 1990. 2000à2010àlaRéunionindiqueuntauxdedéclarationannuel

| Figure 6 | Tendance mondiale estimée de la prévalence et de la mortalité (pour 100 000) liée à la tuberculose de 1999 à 2015, Organisation mondiale de la santé, 2011. Mortalité Prévalence

Source : pour 100 000 habitants Taux Taux d’incidence pour 100 000 habitants 100 pour habitants 000 d’incidence Taux Tuberculose dans le monde

Rapport OMS-2012 Années Années La ligne horizontale représente l’objectif de réduction de 50% de la prévalence et de la mortalité en 2015 comparé à l’année de référence 2011. Les zones ombra- gées représentent les bandes d'incertitude. La mortalité exclut les décès par tuberculose chez les personnes séropositives.

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5/ CONCLUSION REFERENCES

Selonl’OMS,en17ansdeluttecontrelamaladie, 51millionsde [1] Global tuberculosis report 2012 World Health Organisation. Disponible en maladesontbénéficiédetraitementsantituberculeuxetontétégué ligne:http://www.who.int/tb/publications/global_report/fr/index.html [2] Tuberculosis surveillance and monitoring in Europe 2012. European Center of ris.Malgrétousleseffortsdelutte,latuberculosedemeure,aprèsle Diseases Control (ECDC). Disponible en ligne : http://ecdc.europa.eu/en/ VIHSida,laprincipalemaladieinfectieusemortelleavecunecharge publications/Publications/1203AnnualTBReport.pdf [3] Statistiques mondiales 2011. Organisation mondiale de la santé. Disponible en mondialeconsidérable.Eneffet,8,7millionsdenouveauxcassont ligne:http://www.who.int/whosis/whostat/FR_WHS2011_Full.pdf venuss’ajouteren2011àlalonguelistedespatientsdéjàtouchés [4]LescasdetuberculosedéclarésenFranceen2010;Source:BEHdu29mai 2012 / n° 2425 (285 ; 287). Disponible en ligne : http://www.invs.sante.fr/ parcettemaladie,etprèsde1,4milliondedécès.Bienquel’OMS Publicationsetoutils/BEHBulletinepidemiologiquehebdomadaire/Derniers souligneunebaissed’incidenceetdemortalitéliéeàlatuberculose numerosetarchives/Archives/2012/BEHn24252012 [5]AntoineD,CheD.lesissuesdetraitementdescasdetuberculosedéclarésen danslessixrégionsOMS,touteslesrégionsnesontmalheureuse France en 2008. BEH n°241011/208 Institut de Veille Sanitaire. Disponible en mentpaslogéesàlamêmeenseigne.Lesrégionsafricaineseteu ligne:www. [6]Rapportd’activitépourl’année2011avril2012.CentreNationaldeRéférence ropéennessontenretardparrapportauxautresrégionsOMS.Cel des Mycobactéries et de la Résistance des Mycobactéries aux Antituberculeux lescirisquent,d’ailleurs,denepasatteindrel’objectiffixéparl’OMS (CNRMyRMA).Disponibleenligne: http://cnrmyctb.free.fr/IMG/pdf/CNR_rapport_2011_web.pdf consistant à réduire de moitié la mortalité par rapport à 1990 d’ici [7]BEHNumérothématiqueTuberculoseenFrance:lavigilancerestenécessaire 2015. n°2425/2012du12/06/2012.InstitutdeVeilleSanitaire.Disponibleenligne: http://www.invs.sante.fr/Publicationsetoutils/BEHBulletinepidemiologique hebdomadaire/Derniersnumerosetarchives/Archives/2012/BEHn24252012 Afinderéduirelefortimpactdelamortalitéliéeàlacoinfectiontu [8] Epidemiology of Tuberculosis in The Republic of Recent Trends. OrganizationandsetupoftuberculosisinMauritus.NotificationandIncidencerate berculoseVIH, l’OMS estime que l’approche comprenant des inter ofTuberculosis(PPT).DrReesaul.Disponibleenligne: ventionsdepréventionetdetraitementdel’infectionetdelamaladie http://www.powershow.com/view/5454 j k z M / Epidemiology_of_Tuberculosis_in_The_Republic_of_Mauritius_Recent_Trends_La_ dansdesservicesintégréstuberculoseVIH,estunmoyenefficace. Tuberculose_Lile_Maurice_powerpoint_ppt_presentation Des progrès dans la riposte à la tuberculose multirésistante sont [9] FicheanalytiqueComores, régionAfrique,Organisationmondiale dela Santé. également en cours mais seulement un patient sur cinq serait dia Disponible en ligne : http://www.aho.afro.who.int/profiles/index.php/ :Analytical_summary__Tuberculosis/fr gnostiquédanslemonde. 10]RakotonirinaEJ,MahadimbyJYN,RavaoarisoaL,RakotomangaJDM,MacqJ. Leprogrammenationaldeluttecontrelatuberculoseà Madagascar:défietpers pectives.InstitutNationaldeSantépubliqueetcommunautaire,2007. Enparallèle,lesoutilsdeprévention,dedépistageetdetraitement [11]MadagascarHealthProfil2010.WorldHealthOrganisation.Disponibleenligne: de toutes les formes de tuberculose progressent dans la filière de http://www.who.int/gho/countries/mdg.pdf [12]UnitedNationsStatisticsdivision.Milleniumindicatorsdatabase.Accessiblesur recherchedéveloppement. À terme, ces progrès signifient qu’un http://mdgs.un.org/unsd/mdg/Data.aspx?cr=174 nouveau vaccin antituberculeux et des outils de diagnostic pour [13] B. du Reau de la Gaignonnière et al. Tuberculose à Mayotte : état des lieux aprèsl’instaurationd’uncentreantituberculeuxen2009.BEHn°26du26/06/2012; raient être disponibles au cours des prochaines années, et ainsi 3079InstitutdeVeilleSanitaire.Disponibleenligne: redonnerunnouveausouffleàlaluttecontrecettemaladie. http://www.invs.sante.fr/Publicationsetoutils/BEHBulletinepidemiologique hebdomadaire/Derniersnumerosetarchives/Archives/2012/BEHn262012 [14]E.Balleydieret al. EpidémiologiedelatuberculoseàlaRéunionentre2008et 2010.BVSthématiqueTuberculosen°18denovembre2012;2933.CireOIInstitut deveillesanitaire.

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| Système de surveillance et de lutte |

La surveillance et la lutte contre la tuberculose à la Réunion et à Mayotte

N. Pouderoux1, A.D. Nguyen2, S. Henri3, P. Renault4, E. Balleydier5

1 Centre de lutte antituberculeuse Nord-est, Service de pneumologie adulte, Centre hospitalier universitaire site Nord, Saint-Denis, Réunion, Fran- ce 2 Agence de santé océan Indien, Délégation de l’île de la Réunion, Saint-Denis, Réunion, France 3Agence de santé océan Indien, Cellule de veille d’alerte et de gestion sanitaires de Mayotte, Direction de la veille et sécurité sanitaire, Mamoud- zou, Mayotte, France 4 Cellule de veille d’alerte et de gestion sanitaires de la Réunion, Direction de la veille et sécurité sanitaire, Saint-Denis, Réunion, France 5 Cire océan Indien, Institut de veille sanitaire, Saint-Denis, Réunion, France

1/ LA SURVEILLANCE

La surveillance des cas de tuberculose permet, selon l’échelon au Au niveau national et international,lasurveillancepermetdedécri quelelleestmiseenœuvre,derépondreàdeuxobjectifsdistincts. rel’évolutiondestendancesdelamaladieetlescaractéristiquesdes groupeslesplusàrisque,commeparexemple,lescascoinfectéspar Au niveau local,ellepermetd’initierlesactionsdelutteantitubercu leVIHoulescasrésistants.Encela,ellecontribueàlapolitiquede leuseauprès des malades et de leurs contacts. Par exemple, le si lutteantituberculeuseenpermettantdeciblerlesactionssurlesgrou gnalementd’uncasdetuberculose(Figure1)àl’autoritésanitaireva peslesplusàrisqueetapportedesindicateurspourl’évaluationdes permettredansunpremiertempsdedéclencherl’enquêteautourdu mesuresdepréventionetdecontrôlemisesenplace caspouridentifierlescontactsexposés(Tableau1)etdeproposerun dépistageàceuxquisontleplusàrisquevisàvisdelatuberculose. EnFrance,lasurveillancedelatuberculosereposesurlesdonnées Lesignalementdescaspermetaussid’identifierdesregroupements deladéclarationobligatoire(DO)etcellesduCentrenationalderéfé de cas («clusters») et de faire des hypothèses sur un cas source rencedesmycobactériesetdelarésistancedesmycobactériesaux commun.Lamiseenrouted’uneinvestigationpermettraalorsd’iden antituberculeux(CNRMyRMA). tifierleschaînesdetransmissionetdelimiterladiffusiondelamala dieparlamiseenplacedesmesuresdesantépubliqueadaptées. | Figure 1 | Organisation de la surveillance épidémiologique de la tuberculose en France

Clat

signalement Fichier informatique anonymisé Médecin / Biologiste ARS InVS - Cire (libéralouhospitalier) notification

CNR des Mycobactéries et de la Résistance des Mycobactéries ECDC OMS aux Antituberculeux

ARS :AgenceRégionaledeSanté ECDC:Centreeuropéendepréventionetdecontrôledesmaladies InVS :InstitutdeVeilleSanitaire OMS:OrganisationMondialedelaSanté Cire : Cellule de l’InVS en région CNR :CentreNationaldeRéférence

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1.1 La déclaration obligatoire (DO) auxCentresdelutteantituberculeuse(Clat)dudépartementetper metlamiseenplacedesmesuresdesuiviindividueletdepréven Ladéclarationobligatoiredelatuberculosemaladieestenplaceen tioncollectiveaveclesrecherchesdecontactsautourducasetle Francedepuis1964(1913en Angleterre,1953 aux EtatsUnis)eta traitementdeséventuelscasidentifiés.Enpratique,lesbiologistes étécomplétéeparcelledesinfectionstuberculeuseslatenteschezles sont souvent la première source de signalement des tuberculoses enfantsdemoinsde15ansen2003.Depuisjuillet2007,lesissues maladies. de traitement sont renseignées via un formulaire adressé par l’ARS aumédecinayantdéclarélecas. ● La notification : qu’ils aient ou non signalé le cas,lescliniciensenchargedumaladenotifientlecasaumédecin Ladéclarationobligatoireconsisteàrecueillirdesinformationsaussi del'ARSdulieud'exerciceaumoyend'unefichespécifiquepourla exhaustives que possible. Elle met en jeu deux procédu- tuberculose, soit spontanément, soit à la demande de la Cellule res distinctes: le signalement et la notification. deveilled'alerteetdegestionsanitaires(CVAGS)suiteàunsigna lement.Lanotificationestanonymeetn'adoncpaspourobjectifla ●Lesignalement:lesmédecinsoubiologistesquidiagnosti miseenplacedesmesuresdepréventioncollectivedansl'entoura quentunetuberculosemaladieouuneinfectiontuberculeuselaten geducas.Ainsi,lorsquelemédecindelaCVAGSreçoitunenotifi te, répondant aux définitions (Tableau 1) doivent les signaler par cationsanssignalementpréalable,ildemandeauclinicienlescoor toutmoyenapproprié(téléphone,télécopie)aumédecindel’ARSde donnéesdumaladeafindepermettrel'interventionduClat. leurlieud'exercice.Lesignalementestensuitetransmisparl’ARS

| Tableau 1 |

Définitions des cas utilisées pour la surveillance et la lutte contre la tuberculose en France

Infection tuberculeuse (primo-infection) chez un enfant de Tuberculose maladie moins de 15 ans :

• cas confirmé : maladie due à une mycobactérie du com • IDRà5unitésdetuberculine,positivesanssignecliniquenipara plexetuberculosis prouvée par la culture clinique(induration>15mmsiBCG,ou>10mmsansBCGou • cas probable :(1)signescliniqueset/ouradiologiquescompati augmentationde10mmparrapportàuneIDRdatantdemoins bles avec une tuberculose, et(2) décision de traiter le patient de2ans) avecuntraitementantituberculeuxstandard

Les mycobactéries du complexe tuberculosis comprennent : M. tuberculosis ; M. bovis ; M. africanum ; M. microtti ;M. canetti ; M. ca- prae ; M. pinnipedii

• Sujet-contact:personneayantpartagélamêmepiècequ'unepersonneayantunetuberculoseouayantséjourné,àl’airlibre,dansun mêmeespacedéfiniparladistanced’uneconversation.

• Sujet-contact à investiguer:sujetcontactayantunniveauderisquesuffisantdedévelopperlatuberculosemaladie,évaluéselon 1)leniveaudecontagiositéducasindex 2) laproximité,leconfinementetladuréeduoudescontacts 3) lerisqueindividueldusujetcontactd'évolutionverslatuberculosemaladieencasd'infectionlatente.

• Sujet-contact exploré : sujet contact ayant eu au moins une consultation, une radiographie pulmonaire et un test immunologique (intradermoréactionàlatuberculineet/outestdedétectiondel’interférongamma)plusde8semainesaprèsladernièreexpositionpoten tiellementcontaminante.

• Infection tuberculeuse latente présumée récente :sujetcontactprésentant,enl’absenced’immunodépressionetdetuberculoseévo lutive,untestdedétectiondel’interférongammapositif,ouuneintradermoréactionàlatuberculine(IDR)positive,ouaugmentationde 10mmparrapportàuneIDRdatantdemoinsde2ans.Lesseuilsdepositivitédel’IDRvarientselonlapopulationétudiée.

• Cas index:personnefaisantl'objetd'unenotification:infectiontuberculeuselatentedel'enfantoutuberculosemaladie.

• Cas secondaire:sujetcontactpourlequelledépistagemetenévidenceunetuberculosemaladie.

• Cas source :personneayantunetuberculosemaladiedéveloppéeavant,maisdécouverteaprèslecasindex,etayantprobablement infectélecasindex.

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Ensuite, les ARS valident et complètent les informations, saisissent LeCNRestcomposéde2laboratoires:lelaboratoirecoordinateur les données grâce à un logiciel dédié (BK4) et envoient annuelle (laboratoire de BactériologieHygiène, Groupe Hospitalier Pitié mentunfichierinformatiqueanonymiséàl’Institutdeveillesanitaire Salpêtrièreà)quialamaîtrisedestechniquesmycobactériolo (InVS).L’InVScentralisecesinformations,coordonnelasurveillance giquesclassiquesetgénotypiques,etdel’expérienceenantitubercu nationale,analyselesdonnéesnationalesettransmetunbilanannuel leuxetlelaboratoireassocié(laboratoiredeBactériologieVirologie au réseau de surveillance européen (ECDC) et au réseau mondial Hygiène,GroupehospitalierSaintLouisLariboisière)quiadescom (OMS) de surveillance de la tuberculose. Les Cire (relais local de pétences complémentaires concernant les mycobactéries atypiques l’InVS) assurent l’analyse des données de notification obligatoire [2]. localeetendiffusentlesrésultats.Encasd’épidémie,ellespeuvent apporterunsoutienméthodologique. Le signalement, suivi de la notification du cas, permettent d’étudier 2/ POLITIQUE DE SANTÉ ET DE LUTTE CONTRE les tendances spatiotemporelles de la maladie et l’évolution des LA TUBERCULOSE caractéristiques des personnes touchées afin de mieux cibler les actions de prévention locales et nationales. Les données collectées 2.1 Le rôle de l’Agence régionale de santé comportent des informations comme l’âge, le sexe, la nationalité, le lieu de naissance, l’année d’arrivée en France pour les personnes Depuisjanvier2006,suiteàlarecentralisationdescompétencesen néesàl’étranger,desinformationscliniquesetbactériologiques,des matièredelutteantituberculeuse,laluttecontrelatuberculoserelève informations sur les facteurs de risque connus pour la tuberculose de la responsabilité des préfets de départements. Ceuxci passent commelarésidenceencollectivitéoulefaitd’êtresansdomicilefixe conventionaveclesconseilsgénérauxquisouhaitentgarderlacom (Figure2p2122). pétenceouhabilitentdesétablissementsdesantéquandlesconseils générauxnesouhaitentpasconservercettecompétence. Lagarantiedelaprotectiondel'anonymatdespersonnesetlasécuri té des données sont au cœur de l'enjeu du dispositif de notification AlaRéunion,leConseilGénéralachoisideconserverlacompéten des maladies à déclaration obligatoire. Les modalités de protection cejusqu'au31décembre2008.Acompterdu1erjanvier2009,l'acti de l'anonymat et des données du nouveau dispositif ont été autori vité reprise par l'Etat a été déléguée aux établissements de santé séesparlaCNIL(délibérationn°02082du19novembre2002). danslecadred'uneconventiondegestion.L'ARSOIcoordonnela

lutte antituberculeuse en s'appuyant sur les Clat (au nombre de 3àlaRéunionet1àMayotte). 1.2 Le CNR A la Réunion La surveillance de la tuberculose en France est complétée par des ● Clat Nordest, rattaché au service de pneumologie adulte du donnéesprovenantduCentreNationaldeRéférencepourlatubercu siteNordduCHU; lose.Ils’agitduCNR-MyRMA (CNRdesMycobactériesetdelaRé ●ClatOuest,rattachéauservicedesurgencesduCentrehospi sistancedesMycobactériesauxAntituberculeux)quiestunesource talierGabrielMartin; d’information sur l’épidémiologie de la tuberculose en France. Ses Clat Sud, rattaché au service de pneumologie adulte du site missions sont détaillées dans un cahier des charges spécifique • conformeàuncahier deschargestype définiparl’arrêtédu 26dé SudduCHU. cembre2011[1]. L’ARSOI,enlienavecsespartenairesextérieurs,entendmaintenir Enraisondesdifficultéstechniquesinhérentesauxmycobactéries,de unepolitiquedevigilanceetd’assurancequalitéenmatièredelutte ladispersiondesdiagnosticsdescasdetuberculoseetdemycobac contre la tuberculose. Pour cela, l’Agence a retenu les actions sui tériosedansdenombreuxlaboratoiresetdeladiminutionprogressive vantes inscrites au schéma d’organisation des soins [3] de la Ré du nombre de cas de tuberculose, entrainant une diminution du ni unionpourlescinqansàvenir: veau général d’expertise tant clinique que biologique, les objectifs • Mieuxconnaîtrelespublicsconcernésparlatuberculoseàla majeursduCNRsont: Réunion; • de maintenir un centre d’expertise pour (a) le diagnostic, (b) • Définir la politique vaccinale à la Réunion au regard des re l’identificationdessouchesdifficiles,(c)lestestsdesensibilité commandationsdelacirculaireministériellede2007[4]etdes aux antibiotiques, en particulier aux antibiotiques de seconde caractéristiques épidémiologiques locales, en sachant que la ligne,(d)l’identificationdesgènesderésistance,(e)legénoty proportiondebénéficiairesdesCMUetCMUcestélevéeàla page(phylogénieetempreintesdigitalesgénomiques), Réunion; • d’évaluerlesnouvelles techniquesetdévelopperdescontrô- les de qualité, • Améliorerlepartaged’informationsentrelesClatparlamise • departiciperàlasurveillance épidémiologique,enparticulier en place d’un système d’informations dédié, centralisé ou communicant en vue de faciliter le suivi des patients et des pour les formes rares de la tuberculose et la résistance aux issuesdetraitement. antibiotiquesantimycobactériens, departiciperaudispositifd’alerte, • • d’assurerdesactivitésd’informationetdeformation[2].

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Une évaluation des Clat est inscrite au programme de travail de vesetlespersonnesvivantdansdescollectivités.Environlamoitié l’ARSavecpourobjectifd’aboutiràuneharmonisationdespratiques desnouveauxcasrelèvedel’uneoul’autredecessituations[7]. etprotocolesentrelestroisstructures. L'identificationetlaréalisationdudépistagedanscesgroupesàris que nécessitent la mise en place de dispositifs adaptés assurant Endirectiondelapopulation,uneplaquetted’informationaétéréali l'accessibilité,laréactivitéetlaqualitédelalutteantituberculeuse. sée par l’ARS et les trois Clat réunionnais. Destiné aux personnes auprèsdesquelleslesClatsontamenésàréaliserlesactionsdedé Depuis 2009, dans le cadre de conventions avec l’ARS OI [8], les pistage, le dépliant contient les informations sur la tuberculose troisClatdelaRéunionetceluideMayotte,assurentcettemission «Qu’est-ce que la tuberculose?»etdécrit«les missions des Clat». quiestdelaresponsabilitédel'Etat[9]. Ilexpliqueenquoiconsisteledépistage.LescoordonnéesdesClat ainsiqueleurshorairesd’ouvertureysontégalementmentionnés(1). LeClatcoordonnelalutteantituberculeuseauseindechaqueterri toiredesanté.Ses missions principales sont[10]: ● La réalisation d’enquêtes dans l'entourage des patients por A Mayotte teursd’unetuberculosemaladieàlocalisationpulmonaire,après réceptiondessignalementstransmisparl'ARS; Lesuividespatientstuberculeuxetledépistageautourdescasn’é ●Laréalisationd’actionscibléesdedépistage; taient pas structurés jusqu’en 2008. Conformément aux directives ● La réalisation d’actions de prévention auprès des groupes à nationales, un Clat a été créé en 2009. La centralisation de la lutte risque; antituberculeuseparleClataainsipermisd’améliorerlacoordination ●Laréalisationdeconsultationsmédicalesetd'entretiensindivi et la communication entre les différents partenaires (dispensaires, duelsd'informationetdeconseil; hôpitaldeMayotte,laboratoire,ARS)ainsiqued’optimiserlapriseen ●LavaccinationparlevaccinantituberculeuxBCG[11]; chargedespatientsetlesuividessujetscontacts[5]. ●Lesuivimédicaldespersonnesatteintes,ladélivrancedutrai tementetl'aideàl’observance,laquelleestessentielleàlaguéri

sonetaumaintiend'unfaibleniveauderésistanceauxantituber

2.2 Le rôle des centres de lutte antituberculeuse culeux. ● La participation à l'amélioration des prises en charge: Toute stratégie de lutte contre la tuberculose passe d'abord par un concours à la formation des professionnels, développement de diagnostic précoce et un traitement adapté pour tous les casde tu partenariats,participationausystèmedepharmacovigilance. berculose maladie [6]; mais dans les pays de faible prévalence, le LesClatsontouvertsàtoutpublic.Lavaccination,lesuivimédicalet contrôledelamaladiepasseaussiparlesdépistagesautourdescas ladélivrancedesmédicamentsysontgratuits[12].Laconfidentialité etdanslesgroupesàrisqueélevédedévelopperlatuberculose. yestgarantieaumêmetitrequepourtouteslesstructuresdesoins etdepriseencharge[13].LesmédecinsdesClatinformentlespa Latuberculoseesteneffetplusfréquentedansl'entouragedesper tientsdesconditionsparticulièresliéesàladéclarationobligatoire. sonnes malades, chez les personnes en situation de précarité, les personnesmigrantesprovenantdepaysàforteendémie,lesperson LescoordonnéesdesClatdelaRéunionetduClatdeMayottesont: nesatteintesparleVIHoupard'autresaffectionsimmunodépressi

| Coordonnées des Clat de la Réunion et du Clat Mayotte |

Réunion - Clat NORD /EST Réunion - Clat OUEST

28E,routeduMoufia 4,ruedesSalins (2eétagedubâtiment) 97460SaintPaul 97490SainteClotilde Tél:0262341313 Tél:0262235323 Fax:0262339986 Fax:0262235324

Réunion - Clat SUD Clat - Mayotte

CHRsiteSud DispensairedeJacaranda ServicePneumologie CentreHospitalierdeMayotte BP350 97600 97448SaintPierreCedex

Tél:0269618000 Tél:0262359165 Fax:0269618673 Fax:0262359651 (1)Disponibleenligne:http://www.urmloi.net/associations/CLAT/BKCLATreunion.pdf

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| Figure 2 | Fiche de notification d’une tuberculose maladie ou d’une infection tuberculeuse latente chez les moins de 15 ans, Maladies à déclaration obligatoire, InVS

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Fiche de notification de déclaration des issues de traitement antituberculeux (tuberculose maladie uniquement), Maladies à déclaration obligatoire, InVS

Source:SiteInVS,fichedenotificationhttps://www.formulaires.modernisation.gouv.fr/gf/cerfa_13351.do

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5] Reau de la Gaigonnière B., de Montera AM., Receveur MC. Tubeculose à REFERENCES Mayotte:étatdeslieuxaprèsl’instaurationd’uncentreantituberculeuxen2009.Bull EpidemiolHebd.2012;(26):307310.Disponibleenligne:http://www.invs.sante.fr/

Publicationsetoutils/BEHBulletinepidemiologiquehebdomadaire/Derniers [1] Arrêté du 26 décembre 2011fixant la liste des Centres nationaux de référence numerosetarchives/Archives/2012/BEHn262012 pourlaluttecontrelesmaladiestransmissiblesetdeslaboratoiresassociés(ORFn° [6]Erkens,C.G.M.,M.Kamphorst,I.Abubakar,G.H.Bothamley,D.Chemtob,W. 0302du30décembre2011,page22804texten°60 Haas, G. B. Migliori, H. L. Rieder, J.P. Zellweger, et C. Lange. «Tuberculosis Disponibleenligne: Contact Investigation in Low Prevalence : a European Consensus». http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do? EuropeanRespiratoryJournal 36, no. 4(janvier10,2010):925949.Disponibleen cidTexte=JORFTEXT000025055544&dateTexte=&categorieLien=id ligne: [2]Rapportd’activitépourl’année2011avril2012.CentreNationaldeRéférence http://erj.ersjournals.com/content/36/4/925.long des Mycobactéries et de la Résistance des Mycobactéries aux Antituberculeux [7]Che,D.,N.Lefebvre,F.Antoun,P.Fraisse,M.Depinoy,D.Antoine,D.Farge,et (CNRMyRMA).Disponibleenligne: M.C.Paty.«TuberculoseenFrance:nouveauxenjeuxpourlepraticienen2008». http://cnrmyctb.free.fr/IMG/pdf/CNR_rapport_2011_web.pdf LaRevuedeMédecineInterne30,no.2(février2009):142149. [3] Projet de santé Réunion Mayotte. Schéma d’organisation des soins de la Ré [8]ArticleD31127duCodedelaSantéPublique union.Missionsdeservicepublic:lesactionsdesantépublique:190196.Disponi [9]ArticleL31122duCodedelaSantéPublique bleenligne: [10]LeCalendrierdesvaccinationsetlesrecommandationsvaccinales2012selon http://www.ars.oceanindien.sante.fr/fileadmin/OceanIndien/Internet/Votre_ARS/ l'avisduHautConseildelasantépublique.BEH,n°1415(10avril2012):163185. PRS/PRS2012/VDEF_24_juillet/PRS_schemas_org_des_soins_24_07.pdf Disponibleenligne: [4] Circulaire n°DGS/RI1/2007/318 du 14 août 2007 relative à la suspension de www.invs.sante.fr/content/download/34308/.../3/.../beh_14_15.pdf l’obligation vaccinale par le BCG des enfants et adolescents. Disponible en ligne: [11]ArticleD31127duCodedelaSantéPublique http://www.sante.gouv.fr/fichiers/bo/2007/0709/a0090271.htm [12]ArticleL.31123ducodedelasantépublique

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| Résultats de la surveillance |

Situation épidémiologique de la tuberculose à Mayotte en 2009 et 2010

B. du Reau de la Gaignonnière 1, AM de Montera2, MC Receveur 3, E. Balleydier 4

1 Dispensaire de Jacaranda, Centre hospitalier de Mayotte, Mamoudzou, Mayotte, France 2 Pôle Action santé, Centre de lutte antituberculeuse ; Centre hospitalier de Mayotte, Mamoudzou, Mayotte, France 3 Service de médecine interne et des maladies tropicales, Hôpital Saint-André, Centre hospitalier universitaire, , France 4 Cellule de l’InVS en région océan Indien, Saint-Denis, Réunion, France

1/ CONTEXTE 2/ METHODES

Jusqu’en 2006, la lutte antituberculeuse était assurée de façon Source de données conjointeparlaDirectiondesaffairessanitairesetsocialesdeMayot Uneétuderétrospectivedescriptiveaétémenéeenciblantdeuxpo te(Dass)pourlesenquêtesautourdescasetleCentrehospitalierde pulations(nouveauxcasdéclarésetsujetscontacts(SC)decesmê Mayotte(CHM) pourletraitementdespatientstuberculeux.Puisde mespatients)suiviesparleClatetdéclaréesàMayotteentrele1er 2006 à 2008, le Conseil Général (CG), via le Service Action Santé janvier2009etle31décembre2010. (SAS)prenaitlasuitedelaDass,etassuraitlesenquêtes,maisaussi le suivi de l’observance thérapeutique des patients tuberculeux, de L’investigationdesnouveauxcasdéclarésaportésurleurprofilépi façonconjointeavecleCHM.Cen’estqu’en2009queleCentrede démiologique(donnéessociodémographiques,cliniques,biologiques, lutteantituberculeuse(Clat)actuelaétéinstauré,prenantlasuitede bactériologiques…)etsurleursuivi(observancethérapeutique,issue cesdifférentsorganismes.En2009,lesystème desurveillancedes du traitement…). Pour les cas contacts, l’évaluation a porté sur le maladiesàdéclarationobligatoireestentréenvigueuràMayottesur dépistage(SCidentifiés,explorés,typedecontact,résultatdudépis dérogationministérielle. tage…),l’éventueltraitementprophylactiqueetlesuivithérapeutique. Lesdonnéesontétérecueilliesaprèsanalysedesdossiersmédicaux Certains aspects particuliers au contexte mahorais ont été de réels etdesfichesdesuiviinformatisées. freinsdansledépistageetlesuividespatientstuberculeux.Jusqu’en 2008,deparsonstatutpolitique,lesystèmedesurveillancedesma Lescritèresdedéclarationdescas[1],lesdéfinitionsdesdifférentes ladiesàdéclarationobligatoirenes’appliquaitpassurl’île.Iln’existait issuesdutraitement[2]etdesSC[3]sontidentiquesàceuxutilisés pasdefichededéclarationuniformisée. enmétropoleetprésentésdansl’encart(cf.p.25). L’exhaustivitédelalistedespatientssuivisparlecentreaétévérifiée Lanotificationdescasétaiteffectuéesurdifférentssupports:papier paruneidentificationdesdemandesderecherchedesmycobactéries libre,fichededéclarationissued’unautredépartement,compteren auprès des laboratoires qui centralisent l’ensemble des prélève dud’hospitalisation.Lesdonnéesétaientmalstructurées,manquan ments.L’absencedecasnonsuivisparleClat(priseenchargeam tesdansdenombreuxcas,etainsidifficilementidentifiablesetanaly bulatoire,dispensaireoumédecinelibérale)aétévérifiée. sablesparleserviceréceptionneur. Le manque de structure unique de référence, l’insuffisance ou l’ab Données de population sence de communication et de coordination entre les nombreux ac Lesdonnéesdurecensementdelapopulationdel’Institutnationalde teursimpliquésétaientderéelsfreinsàunsuiviefficacedespatients la statistique et des études économiques (Insee) pour l’année 2007 tuberculeux.Deplus,lesouseffectifetlaforterotationdupersonnel ontétéutiliséespourlescalculsdestauxd’incidenceenfaisantl’hy médical à Mayotte ont probablement entrainé une sousdéclaration pothèse d’un accroissement naturel annuel de +3,1% pour les an dunombredecasréel. néessuivantes. Le manque de connaissance du terrain du personnel récemment affecté, le manque de temps et le fait qu’il ne s’agissait pas d’une Analyse statistique mesureobligatoiren’ontpasétédesfacteursfavorisantsàladéclara Pour l’analyse statistique descriptive, les variables qualitatives sont tiondescas.Cetravailprésentelesrésultatsd’uneétudeportantsur représentéessousforme d’effectifsetdepourcentagesetles varia l’épidémiologiedelatuberculoseàMayotteaprèsl’instaurationd’un bles quantitatives sous forme de moyenne ou de médiane avec les Claten2009. paramètresdedispersionautourdecesvaleurscentrales(écarttype pourlesmoyennesetintervallesinterquartiles25et75pourlamédia ne).

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Définitions des cas de la tuberculose maladie et des issues du 3/ RESULTATS traitement et définitions concernant les sujets-contacts de tuberculose en France. Les données concernant le nombre annuel de nouveaux cas et le tauxd’incidenceenfonctiondusystèmedesurveillancesontprésen Cas confirmé: Maladie due à une mycobactérie du complexe téesdansletableaucidessous. tuberculosisconfirméeparlaculture. Cas probable: Signes cliniques et/ou radiologiques compatibles avecunetuberculoseetdécisiondetraiterlepatientavecuntrai Tableau 1 | tementassociantaumoinstroisantituberculeux. Distribution du nombre de cas et du taux d’incidence pour 100 000 habitants en fonction des systèmes de surveillance Issues de traitement : de la tuberculose à Mayotte en 1997 et de 2000 à 2010. ● Guéri: Malade qui a achevé son traitement et ayant présenté deuxfrottisnégatifs:unaucoursdutraitementetunaucoursdu Nombre de nouveau Nombre de nou- Nombre de nou- derniermoisdetraitement. cas notifiés par la veau cas au CH veau cas au Clat * ●Traitementterminé:Maladequiaachevésontraitementmais DASS et taux d'inci- Mayotte et taux d'inciden- qui ne satisfait pas aux critères pour être classé « guéri » ou « Année dence * et taux d'incidence* ce ** 5 échec»(dontlesrésultatsdedeuxfrottisavantlafindutraitement 1997 12(9,1/10 ) nesontpasdisponibles). 2000 19 38(25,7/105) ●Perdudevue:Patientdontletraitementaétéinterrompupen 2001 11 33(21,4/105) dantdeuxmoisconsécutifsouplus,oupourlequelonnedispose 2002 17(10,6/105) 33(20,6/105) d’aucunetracedesuivi,etquin’apasétéadressédansunautre 2003 14 37(22,2/105) centredetraitement. 5 ●Décès:Décèsdumalade,quellequ’ensoitlacause,encours 2004 20 38(21,9/10 ) detraitement. 2005 AD

●Transféré:Maladetransférédansunautrecentredesoins,et 2006 AD 32(17,7/105) dontonneconnaitpaslerésultatdutraitement. 2007 33(17,7/105) ●Échec:Maladeprésentantouayantdenouveauunfrottisposi 2008 13 tifaprèscinqmoisouplusdetraitement. 5 2009 33(16,6/10 ) ● Succès: des patients déclarés « guéris » et « traite 2010 21(10,3/105) mentterminé».

● Inobservance: Interruption de traitement d’au moins deux Source : données Dass et CHM - thèse de B. du Reau de la Gaigonnière semainesconsécutives. [1]. * dont 95% issues de la DO ** pour 100 000 habitants Définitions concernant les sujets-contacts de tuberculose en AD : absence de données France En 20092010, le nombre de cas de tuberculose suivi au Clat de Mayotteétaitde58cas:37cassuivisen2009,dont33nouveaux ●Sujetcontactidentifié:Toutsujetayanteuuncontactavec caset21en2010,cesderniersétanttousdesnouveauxcas. un patient tuberculeux contagieux ou potentiellement contagieux identifiélorsdel’enquêteautourducasindex.Ilestalorsclasséen Letauxd’incidenceétaitde16,6pour100000habitantsen2009et contactétroit,régulierouoccasionnelselonletypedecontact. de10,3/100000en2010(Tableau1). ●Sujetcontactétroit:Sujetcontacthabitantsouslemêmetoit TouslescasétaientsuivisparlecentrehospitalierdeMamoudzou. quelecasindexoupersonnepartageantlamêmepiècependant Letauxdedéclarationétaitde95%. denombreusesheuresparjour. ● Sujetcontact exploré: Sujetcontact ayant bénéficié d’un dé pistage,réaliséinitialement(examenclinique,réactiontuberculini Caractéristiques des cas que (IDR) et radiographie thoracique) et au 3ème mois (examen cliniqueetIDR). Parmiles58cassuivisauClaten20092010,leshommesreprésen ● Cas secondaire: Sujetcontact pour lequel le dépistage taient62%descas.L’âgemédiandescasétaitde29ans(intervalle (examencliniqueetradiographiethoracique)metenévidenceune interquartile2252). tuberculosemaladie. Laréparationdescasselonlespaysdenaissanceestreprésentée ● Infection tuberculeuse latente: Sujetcontact présentant, en surlaFigure2. l’absence d’immunodépression et de tuberculose évolutive, une Parmi les personnes nées à l’étranger, 70% étaient sur le territoire réactiontuberculinique(IDR)positive,ouunviragedeplusde10 depuismoinsdedeuxansetprèsde52%despatientssuivisétaient mm entre deux IDR réalisées à 3 mois d’intervalle. Les seuilsde ensituationirrégulière. positivitédel’IDRvarientselonlapopulationétudiée.

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| Figure 2 | | Figure 3 | Répartition selon le lieu de naissance des cas de tuberculo- Répartition des différentes formes cliniques des cas ses maladies en 2009 et 2010 à Mayotte de tuberculoses maladies en 2009 et 2010 à Mayotte

5% 5% Mayotte 5% 26% 17% Formespulmonaires strictes Comores(hors 17% Anjouan) Formesassociées 50% Madagascar

France 33% Formesextra pulmonaires Autre 42%

L’incidencemoyenne20092010descasdetuberculoseàMamoud Caractéristiques biologiques zouétaitde42,7pour100000habitantsetreprésentait58%del’en sembledescas.Lesautrescashabitaientpour15,5%danslenord Parmi les 48 cas pulmonaires, les plus contagieux (résultat d’exa de l’île, 10,3% dans le centre, 7% dans le sud et 5% sur la Petite mendirectpositifsurprélèvementrespiratoire)étaientaunombrede terre.Soixantetroispourcentdescasrésidaientenzoneurbaine. 31(64,6%).Laproportiondecasbacillifèresétaitde69%(40/58). Le résultat de la culture était renseigné pour tous les cas et était positif pour 74,1% d’entre eux. Le dépistage du VIH a été réalisé Contexte du diagnostic pour 98% des cas. Pour un unique cas une coinfection VIH tuberculoseaétémiseenévidence. Dans 91,4% des cas, le diagnostic a été établi devant des signes cliniquesévocateurs.Quatrepatients(6,9%)ontétédépistéslorsdes La tuberculose a concerné trois cas pédiatriques (5,2%). Tous enquêtesautourdescasindex.Ledépistagesystématiquedansles étaient nés à Mayotte, enfants de parents nés à l’étranger. Deux milieuxàrisqueaétéanecdotique(1,7%). d’entreeuxontétédépistéssuiteàuneenquêteautourd’uncas. Résistance aux antituberculeux Antécédents et caractéristiques cliniques Aucunantibiogramme,réalisédans93%descasoùlacultureétait Parmi les 58 cas suivis au Clat en 20092010, 4 patients (6,9%) positive,n’amontrédemultirésistance. avaientunantécédentdetuberculose.Letauxderechutesurlapé riodeétaitde5,1%(3patients). Unesoucherésistanteàl’isoniazideetàlastreptomycineaétéiso léeen2010.Ils’agissaitd’unpatientde48ans,arrivéd’Anjouanen Parmiles58cas,48(83%)présentaientuneformepulmonairedela 2009,etn’ayantjamaiseud’antécédentdetuberculose. maladie(associéeounonàuneformeextrapulmonaire)(Figure3). Cinq cas de tuberculose miliaires (8,6%) ont été constatés et dans Issues de traitement 56,2%desformespulmonaires,l’atteinteétaitbilatéraleouprésentait plusieurscavernes. Letaux desuccèsmoyenétaitde84,5%en20092010.Ilétaitde 82,5%chezlespatientsbacillifères.Uneinobservancedutraitement Dans50%descas(n=29),aumoinsuneatteinteextrapulmonairede étaitnotéedans12%descas. lamaladieaétéconstatée. Lespatientstransférésdurantlaphasedetraitement(5,2%)étaient Lesformesextrapulmonairesserépartissaienten14atteintesgan des patients étrangers comoriens, regagnant un centre de soins glionnaires, 7atteintespleurales,3atteintespéricardiques,2attein dansleurpaysd’origine. tesosseuses,2atteintespéritonéales,1atteintelaryngéeet1attein Pourlesuividespatientstuberculeux,160visitesàdomicileontété tehépatosplénique. réalisées,soitprèsde5visitesenmoyenneàdomicileparpatient suivi,durantlaphasedetraitement.Dans89%descas,lespatients Parmiles23cas(39,7%)pourlesquelsl’informationétaientconnue, ontétérevusaumoinsunefoisentrele3èmeetle6èmemoisaprèsla 14étaientvaccinéscontreleBCGet9casnel’étaientpas. findutraitement.

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Enquêtes autour des cas et suivi des sujets-contacts (SC) Mayotteapparaîtcommeundépartementfrançaisdeforteendémie tuberculeuse.L’incidencedelatuberculoseàMayottesemblepour Sur la période 20092010, les enquêtes ont permis d’identifier 485 suivre progressivement sa dégression entamée en 2000. Elle reste SC,soitunemoyennede8,3SCparcasindex.Parmieux,71%ont néanmoins supérieure à celle de la métropole (incidence de 16,6 été explorés (n=342). Ces enquêtes ont permis de diagnostiquer 4 cas/100 000 en 2009 et 10,3 en 2010). Néanmoins elle dépasse cas secondaires et 134 infections tuberculeuses latentes (ITL) nettementleseuilde10/100000choisipourrecommanderunevac (Tableau3). cinationsystématiquedesenfants(depuis2007,lavaccinationparle BCG n’était plus obligatoire dans la population des enfants et des |Tableau 3 | adolescents)[5]etsesitueplutôtauniveauobservéenGuyaneou Tuberculose à Mayotte (France) : résultats des enquê- enIledeFrance(régionsoùlavaccinationsystématiquedesenfants tes réalisées autour des cas en 2009 et 2010 estégalementrecommandée). Définition de cas 2009 2010 Moyenne DanscecontexteleHCSParecommandédanssonavisdu2février Casdetuberculose 37 21 29 2012[6],l’ajoutdudépartementdeMayotteàlalistedeszonesd’in Sujetscontactsidentifiés 288 197 242,5 cidenceélevéedetuberculoseoùlavaccinationparleBCGestforte mentrecommandéecheztouslesenfantsâgésdemoinsde15ans Nombredesujetscontactsparcas 7,78 9,38 8,58 etinciteàlapratiquedecettevaccinationdèslanaissanceavantla Sujetscontactsexplorés 183 159 171 sortiedematernité. Proportiondesujetscontactsexplorés 64 81 72,5 Cassecondaires 2 2 2 Suiteàuneétudedecouverturevaccinalemenéeen2010parl’InVS Infectiontuberculeuselatentedépistées 76 58 67 [7],letauxdecouverturevaccinaleretrouvéestélevéchezles2459 mois(92,9%)etles710ans(93,3%)maisdiminueà72,9%chezles Infectiontuberculeuselatente<2ans 11 10 10,5 1415ans. PartdesITLparmilescasexplorés 42% 36% 0,39 Absenced’ITLà3mois 94 89 91,5 Labaisseimportantedelaproportiondecaspédiatriques,passéede 19,3à5,2%entrelespériodes20002004et20092010,estenfa Autroisièmemoisdesuivi,79%desSCinitialementdépistésontété veurd’unediminutiondelacirculationdubacilledanslapopulation revus.Parmieux,31ITLontétédiagnostiquéeslorsdecedeuxième générale[4]. tempsdedépistage.ParmilesITL,98%ontbénéficiéd’untraitement prophylactiqueparbithérapie(isoniazideetrifampicine).Autroisième Lesrésultatslesplusmarquantsconcernantlespatientstuberculeux mois de suivi, 69% d’entre elles étaient revues et avaient complété ontétéceuxrelatifsàl’issuedutraitement,notammentparl’absence leurtraitement. de perdus de vue et le fort taux de succès à l’issue du traitement chez les patients bacillifères (82,5%), proche de l’objectif fixé par 4/ DISCUSSION l’OMSà85%[8]. L’incidencedelatuberculoseàMayottesemblepoursuivreprogres LenombremoyendeSCparcasindex(8,3)estassezfaiblesil’on sivement sa décroissance entamée en 2000. Elle reste néanmoins compare à d’autres départements français similaires sur le plan de supérieure à celle de la métropole (incidence de 16,6 cas/100 000 l’incidence[9][10].Cerésultatestdifficilementinterprétableenl’ab en2009et10,3en2010àMayottecontrerespectivement8,2et8,1 sencedeclassificationdesSCen«étroits,réguliersetoccasionnels pour100000enFrance. »àMayottedeparlatailledesfamillesetlefaiblereculduClatdans

Des données non consolidées (données saisies par l’ARS dans le cetteactivité. logiciel BK4 avant validation annuelle par l’InVS) peuvent donner unetendancepourlesdeuxannéeslesplusrécentes.En2011,39 Lesenquêtessontdoncessentiellementconcentréessurlessujets déclarations(soit18,5caspour100000habitants)ontétéreçuesà contactsétroits,soulevantainsileproblèmedel’exhaustivitédure l’ARS. Au 01/09/2012, 20 nouveaux cas avaient été déclarés. En censementdesSC. moyenne 73,1% des cas avaient été déclarés au 01/09 pour les 3 Le taux d’ITL est élevé (39%) comparé aux résultats observés lors annéesprécédentes(de65,6%à83,3%),cequipermetd’estimerle d’autresenquêtesréaliséesenmétropole[10].Cecis’expliqueparle nombre de nouveaux cas pour 2012 à environ 27 cas (de 24 à 30 contextelocalpropiceàlatransmissiontuberculeuse:fortepropor cassoituntauxdedéclarationpour100000habitantscomprisentre tiondescasbacillifères(69%descasversus56%enmétropoleen 11,2et14,0). 2007),promiscuité,densitéimportantedelapopulation. Plusieurshypothèsespourraientexpliquerlarelativefaibleincidence en2010.Lapremièreseraitunesousdéclarationdescas;celleci L’oppositionentrelefaiblenombredeSCparcasetlepourcentage ne peutêtre réfutée suite à l’étude de l’exhaustivité des patients élevéd’ITLparmilescontactssuggèrentunefaibleexhaustivitédela suivisparlecentre.Lasecondeconcernelapriseenchargeeffecti recherchedesSC.Enfin,ilestégalementprobablequ’unepartdes veetletraitementsystématiquedesITLàpartirde2009.Cecin’était intradermoréactions réalisées dans le cadre du dépistage soient paslecasantérieurement:seules8ITLavaientétéprisesenchar faussementpositivesdanscettepopulationparticulièrementjeuneet geentre2000et2004,14en2007,23en2008.Enfin,ilestprobable vaccinéeparleBCG. que ce faible taux soit consécutif à un phénomène de fluctuation stochastiqueliéaupetitnombreannueldecas.

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LacentralisationdelalutteantituberculeuseparleClatapermisde diminuerlenombredepartenairesimpliquésdanscettelutte,amélio REFERENCES rantainsilacoordinationetlacommunicationentrelesdifférentsin tervenants(dispensaires,CHM,laboratoire,ARS).Lamiseenplace [1]HauteAutoritédesanté.Tuberculoseactive.Guideaffectiondelongueduréen° duClataégalementpermisd’optimiserlesuividespatients,particu 29. SaintDenis: HAS; 2007. 18 p. Disponible à : http://www.hassante.fr/portail/ lièrementparuneaméliorationstructurelleetlogistique,avecnotam jcms/c_482999/aldn29tuberculoseactive ment : l’éducation thérapeutique, les convocations téléphoniques [2]WorldHealthOrganization; InternationalUnionAgainstTuberculosisand Lung répétéeslorsd’uneconsultationdesuivinonrespectée,lesvisitesà Disease; Royal Netherlands Tuberculosis Association. Revised international domicile,l’instaurationd’unpilulier. definitionsintuberculosiscontrol.IntJTubercLungDis.2001;5(3):2135. [3]GroupedetravailduConseilsupérieurd’hygiènepubliquedeFrance.Préven tionetpriseenchargedelatuberculoseenFrance.Synthèseetrecom mandations. CSHPF. 20022003. Rev Mal Respir. 2003;20:7S001 5/ CONCLUSION 7S106. [4] WoessnerJ,ReceveurMC,MalvyD,TaytardA.Épidémiologiedelatuberculo Lesprogrèsréalisésendeuxansontétéconsidérables.Letraitement seàMayotte.BullSocPatholExot.2008;101(4):31622. etlesuividespatientstuberculeuxontétéparticulièrementefficaces. [5] LeCalendrierdesvaccinationsetlesrecommandationsvaccinales2012selon Cela résulte notamment de la grande conformité aux recommanda l’avisduHautConseildelasantépublique.BullEpidémiolHebd.2012;(1415):161 88. tions métropolitaines, mais aussi de l’ensemble des moyens mis en [6] AVISdu2février2012duHautConseildelasantépubliquerelatifàl’adaptation œuvrepouroptimiserlesuivietl’observancethérapeutique.Ledépis desrecommandationsetducalendriervaccinaldudépartementdeMayotte.Dispo tage,letraitementetlesuividesSContétécorrects,maisl’exhausti nibleenligne: vité des enquêtes et la part des SC explorés doivent être encore http://www.hcsp.fr/docspdf/avisrapports/hcspa20120202_calvaccMayotte.pdf améliorées.L’incidencedelatuberculosedemeureélevée,etlavac [7] Institutdeveillesanitaire(CireOcéanIndien);Agencerégionaledelasantéde l’OcéanIndien.EnquêtedecouverturevaccinaleàMayotteen2010.SaintMaurice: cinationdesenfants(dèslasortiedelamaternité)etdesadolescents Institut de veille sanitaire ; 2012. 63 p. Disponible à : http://www.invs.sante.fr/ parleBCGestfortementrecommandéesurl’île.Latuberculosetou Publicationsetoutils/Rapportsetsyntheses/Maladiesinfectieuses/2012/Enquete cheparticulièrementlesmigrantsetc’estverscettepopulationàris decouverturevaccinaleaMayotteen2010. que queleClat,encollaborationaveclesautresacteursdelalutte [8] World Health Organization. Stop TB Partnership. The Global Plan to Stop TB 20062015.ActionsforLife.TowardsaWorldFreeofTuberculosis.Geneva:WHO; antituberculeuse,vadevoirrenforcersesactions,particulièrementen 2006.172p.Disponibleà:http://www.stoptb.org/global/plan/ matièrededépistage.Unaccèsréeletefficaceaudépistageleplus [9]VincentiDelmasM.ProgrammedepréventiondelatuberculoseenSeineSaint précocementpossibleaprèsunearrivéeàMayottepourlesmigrants, Denis.Servicedelapréventionetdesactionssanitaires.ConseilgénéraldeSeine légauxouillégaux,constitueraitl’undesmoyenslesplussûrsd’éviter SaintDenis.Conférencedu9mars2011. uneforteréémergencedelatuberculoseàMayotte,dontlesystème [10] Hubert B, Veccella M, Vergeaud H, Biarez P. Bilan du programme de lutte contre la tuberculose en Polynésie Française, 19982001. Bull Epidémiol Hebd. de soins reste encore fragile et sousdoté en comparaison avec les 2002;(41):2012. autres départements français. Enfin, la collaboration sanitaire avec [11] GroupedetravailduConseilsupérieurd’hygiènepubliquedeFrance.Enquête lesîlesvoisines,etnotammentAnjouan(Comores),doitêtremainte autourd’uncasdetuberculose.Recommandationspratiques.Paris:CSHPF;2006. nue,voirerenforcée. 85p.[16]AntoineD,CheD.LescasdetuberculosedéclarésenFranceen2007. BullEpidémiolHebd.

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| Résultats de la surveillance |

Epidémiologie de la tuberculose à la Réunion entre 2008 et 2010

E. Balleydier1, R. Dekkak2, Fabrice Paganin3, Patrice Poubeau4, N. Pouderoux5 Céline Tasset3 P. Renault6, L. Filleul1

1 Cire océan Indien, Institut de veille sanitaire, Saint-Denis, Réunion, France 2 Centre de lutte antituberculeuse Ouest, Service d’urgences du Centre hospitalier Gabriel-Martin, Saint-Paul, Réunion, France 3 Centre de lutte antituberculeuse Sud, Service pneumologie, Centre hospitalier universitaire - site Sud, Saint-Pierre, Réunion, France 4 Service de Maladies Infectieuses et Tropicales, Centre hospitalier universitaire Sud, Saint-Pierre, Réunion 5 Centre de lutte antituberculeuse Nord-Est, Service de pneumologie adulte, Centre hospitalier universitaire - site Nord, Saint-Denis, Réunion, Fran- ce 6 Cellule de veille d’alerte et de gestion sanitaires de la Réunion, Direction de la veille et sécurité sanitaire, Saint-Denis, Réunion, France

1/ INTRODUCTION le de veille et de gestion sanitaire (CVAGS) de l’Agence de santé La tuberculose est une maladie infectieusetransmissible provoquée océanIndien(ARSOI).Lesfichessontensuitesaisiesetgéréesàla parunemycobactérieducomplexetuberculosisdontprincipalement CVAGSviaunlogicielspécifique(BK4)puistransmisessousforme Mycobacterium tuberculosis (oubacilledeKockBK).Autrefoissoi de fichier annuel anonymisé à l’Institut de veille sanitaire (InVS). gnéeprincipalementdanslessanatoriums,pardescuresdesoleilet L’InVSvalidecesinformationspuislestransmetlocalementauxcellu plein air, la prévalence de la maladie a été réduite par la mise en lesdel’InVSenrégion(Cire)pourréaliserl’analyseàl’échellerégio placed’untraitementantibiotiquedanslesannées1950.Aujourd’hui, naleetdépartementale. avecl'apparitiondesouchesmultirésistantesetlacoinfectionavecle VIH,elleresteuneprioritédesantépublique,responsabledeplusde Les données présentées ici concernent les déclarations de TM de 8,7millionsdenouveauxcasen2011danslemonde(donnéesOMS) 2008à2010.Ellescorrespondentauxdéfinitionsdecassuivantes: etduplusgrandnombrededécèsaprèsleVIH/Sida(1,4millionde décèsestimés). Cas confirmé de TM : maladie due à une mycobactérie du com En1964,lasurveillancedelatuberculoseaévoluéenFranceavecla plexe tuberculosis prouvée par la culture. Les mycobactéries du miseenplacedeladéclarationobligatoiredelatuberculosemaladie complexetuberculosiscomprennent:M. tuberculosis ; M. bovis ; M. (TM).En2003,elleaétécomplétéeparlesignalementetlanotifica africanum ; M. microtti ; M.canetti ; M.caprae ; M. pinnipedii. tiondescasd’infectiontuberculeuselatente(ITL)chezlesmoinsde 15 ans. Depuis 2007, la surveillance inclut également les issues de Cas probable de TM :signescliniqueset/ouradiologiquescompati traitementquiconcernentlasituationdupatientatteintdetuberculose blesavecunetuberculose,etdécisiondetraiterlepatientavecun maladieunanaprèsledébutdutraitementouladatededéclaration. traitementantituberculeuxstandard. La Réunion fait partie des régions françaises avec une incidence aujourd’huiinferieureà10/100000habitants[1].Cependantlaproxi Les formes pulmonaires comprennent les atteintes du parenchyme mité de régions à plus forte incidence de tuberculose et l’existence pulmonaire, de l’arbre trachéo bronchique ou du larynx. Les formes d’échanges avec ces zones doivent amener à porter une attention respiratoires autres (ganglionnaires intrathoraciques ou pleurales) particulièreauxtendancesetàlasituationenmatièredetuberculose sontconsidéréescommeextrapulmonaires. [2]. L’objectif de cet article estde présenter l’épidémiologie descas detuberculosemaladiedéclarésàlaRéunionentre2008et2010. Lesdonnéessurlesissuesdetraitementconcernentlescasdetu berculoses maladies déclarés à la Réunion en 2009 pour lesquels l’informationestdisponible[3]. 2/ MÉTHODE Lesdonnéesdemortalitésontissuesdecertificatsdedécèsetpro viennent du CépidcInserm pour les années 20082010. Les codes Source de données retenuscorrespondaientàundiagnosticdetuberculose(classification Lesdonnéesprésentéesdanscetravailproviennentdeladéclaration CIM10:A15àA19).LecodeB90,correspondantauxséquellesde obligatoire(DO)delatuberculosequipermetdecollecterlesinforma tuberculose,n’apasétéinclusdanscetteanalyse. tionssurlescasdetuberculosemaladie(TM).Cesdéclarationssont envoyéesparlesmédecinsoubiologistesquilesdéclarentàlaCellu

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Données de population | Tableau 1 | Lesdonnéesdepopulationutiliséespourlecalculdestauxdedécla rationsontissuesdesestimationsdepopulation(ELP)annuellesde Nombre de cas déclarés et taux de déclaration de la tubercu- lose par sexe, âge et pays de naissance, la Réunion, l’Institutnationaldelastatistiqueetdesétudeséconomiques(Insee) 2008-2010. de2008à2010.

Nombredecas Tauxpour Analyse statistique N(%) 100000hab. Lesanalysessontréaliséespourlescaspourlesquelsl’information est connue. Les taux de déclaration sur plusieurs années (taux de Total 170 6,9 déclarationcumulé)sont obtenusparlecalculdelamoyennearith Sexe* Hommes 95(56,2%) 8,0 métiquedestauxdedéclarationannuelsdelalapériodeétudiée.Les comparaisonsdedonnéesontétéfaitesàl’aidedutestduChi2ou Femmes 74(43,8%) 5,8 du test de Fisher avec une signification statistique considérée au Age 014ans 10(5,9%) 1,6 seuilde5%.L’analysedesdonnéesaétéeffectuéeavecExcel2007 etEpiInfo2.04. 1539ans 46(27,1%) 5,2 40anset+ 114(67,1%) 12,2 Paysnaissance** France*** 104(72,2%) III/ RÉSULTATS Etranger 40(27,8%)

* Pour 1 cas la donnée est manquante 3.1Morbiditéliéeàlatuberculosemaladie ** Pour 26 cas la donnée est manquante *** Départements français (hors Mayotte devenu département en 2011) Entre 2008 et 2010, 170 cas de TM ont été déclarés à la Réunion, soitenmoyenne57casparan(min48;max74)(Figure1).Letaux Letauxdedéclarationcumuléétaitde8,0/100000chezleshommeset dedéclarationcumuléétaitde6,9/100000habitants.EnFranceen de5,8/100000chezlesfemmes(p<0,05).L’âgemédiansurlapériode tre2008et2010,cetauxétaitde8,4/100000. étaitde47ans. • Caractéristiques sociodémographiques Lescasâgésdeplusde80ansreprésentaient7%del’ensembledescas

Entre 2008 et 2010, 56% des cas (n=95) étaient de sexe masculin (tauxdedéclarationde25,7/100000),etlesmoinsde15ans5,9%(taux pourunsexeratioH/Fde1,3(Tableau1). dedéclarationde1,6/100000).Cinqcassontsurvenuschezdesenfants demoinsde5ans(tauxdedéclarationde2,4/100000).

| Figure 1 |

Evolution du nombre de cas de tuberculose maladie et du taux de déclaration, Réunion, 2000-2010.

120 14,0 12,1 10,9 12,0 ts 100 n a s it a 9,1 9,2 b c 10,0 a 80 7,8 h Nombretotal e 87 0 d 81 0 decasàlaRéunion re 8,0 0

b 6,7 6,7 74 0 60 6,3 6,3 5,8 0 m 66 5,8 1 TauxdedéclarationàlaRéunion o 62 6,0 r pour100000habitants

Nombre de cas cas de Nombre N u 51 52 o 40 47 49 48 48 p 4,0 x TauxdedéclarationenFrance u a métropolitaine 20 T pour100000habitants

2,0 hab. 000 100 pour d’incidence Taux

0 0,0 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Année de déclaration

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Sur la période 20082010, parmi les cas pour lesquels l’information • Caractéristiques cliniques et microbiologiques était connue (144/170), 72,2% d’entre eux étaient nés en France (n=104).Parmiles40casnésàl’étranger,larégiondusudouestde Durant la période d’étude, parmi les 170 cas de TM, la localisation l’Océan indien était la plus représentée (85%), avec 24 cas nés à étaitrenseignéepour99,5%cas(seulementunedonnéemanquan Madagascar,4auxComores,4àMayotteet2àMaurice.Parmieux, te) et 130 cas (76,9%) étaient porteurs de tuberculose pulmonaire 13casétaientarrivésenFrancedepuismoinsde10ans(dont3en isolée(115/130)ouassociéeàd’autreslocalisations(15/130)(Figure tre20082010),6entre19et58ans,etpour21casladonnéeétait 3).Parmilescaspulmonairespourlesquelslerésultatdel’examen manquante. microscopique étaient connu (119/130), 55,5% (66/119) avaient un résultat positif sur prélèvement respiratoire. Parmi ceux ayant un La répartition par âge des cas est la suivante : 6,9% chez les 014 examen direct négatif 32 (66,6%) avaient une culture positive sur ans, 27,8% chez les 1539 ans et 65,3% chez les 40 ans et plus. prélèvementrespiratoire. Cettestructuredescasparclassed’âgenediffèrepasquelescas soientnésenFranceouàl’étranger. Lafréquencedetuberculosepulmonaireaugmentaitpeuavecl’âge: 60%chezles014ans;74%chezles1539anset78,9%chezles Trois cas (3/142) résidaient en collectivité (1 cas en établissement 40ansetplus.Laproportiondeformespulmonairesn’étaitpassta hospitalierpourpersonnesâgées,1encentred’hébergementcollectif tistiquement plus importante chez les cas nés en France 80,8% et 1 dans un autre établissement non précisé). Aucun cas n’a été (84/104)quechezceuxnésàl’étranger67,5%(27/40). déclaré en établissement pénitencier ou chez une personne sans domicilefixe. Entre2008et2010,39casdetuberculoseextrapulmonairesontété déclarés. Des formes sévères (méningite ou miliaire tuberculeuse) Surlapérioded’étude,9cas(6%)occupaientunemploiàcaractère ontétéidentifiéeschez2cas,dont1chezunenfantde10ansetun sanitaireetsocialdont3avaientspécifiélecontactauprèsd’enfants unepersonnedeplusde50ans. demoinsde15ans(89%dedonnéesrenseignées). | Figure 3 | Répartition des cas déclarés de tuberculose maladie par localisation et examen bactériologique, la Réunion, 2008-2010

Total des cas déclarés (TM)

N= 170

Localisationrenseignée:169(99,5 %) Localisationnonrenseignée:1(0,5%)

Tuberculosepulmonaire* Tuberculoseexclusivementextrapulmonaire 130(76,9 %) 39(23,1 %)

Aveclocalisationpleuraleou Tuberculosepulmonaire* ganglionnaireintra Microscopie(+)**:66 thoracique:28

Tuberculoseexclusivement Tuberculosepulmonaire* extrapulmonaireautre:11 Microscopie()ouinconnue** avecculture(+):32

Tuberculosepulmonaire* autres:32

* avec ou sans localisation extra-pulmonaire ** sur prélèvement respiratoire

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• Contexte de diagnostic et type de déclarants Depuis2003àlaRéunion,letauxdedéclarationdelatuberculose maladieestrestéinférieuràceluiconstatéenFrancemétropolitaine. Lecontextedediagnosticétaitrenseignédans81,8%(139/170)des Entre2000et2007,495casdeTMontétédéclarésàlaRéunion, cassurlapérioded’étude.Lescasdéclaréssuiteàunrecoursspon soitenmoyenne62casparan(min47;max87)etuntauxdedé tanéausystèmedesoinsreprésentaient74,1%descasrenseignés, clarationcumuléde8,2/100000[2].Unebaissedutauxdedéclara ceuxsuiteàuneenquêteautourd’uncas10,8%,et0,7%(soit1cas) tion cumulé est constatée avec cette période et la période 2008 lorsd’undépistage. 2010(6,9/100000)sansquecettedifférencenesoitstatistiquement Surles170casdeTMdelapérioded’étude,93%ontétédéclarés significative.Enpoursuivantlacomparaisonaveclapériode2000 parunmédecinhospitalier,5%parunphtisiologuelibéral,dansune 2007[2]etcellede20082009,letauxdedéclarationchezleshom moindremesure,parlesservicesdelutteantituberculeuse(n=2),par mes a connu une réelle baisse en passant de 10,7/100 000 à unmédecingénéraliste(n=1)etparunbiologistehospitalier(n=1). 8,0/100000(p=0,04).Cettediminutionn’étaitpasretrouvéechezles femmes,chezquiletauxdedéclarationcumulésurlesdeuxpério desrestaitstableà5,8/100000. 3.2Mortalitéliéeàlatuberculosemaladie L’analysecomparativedesdeuxpériodesn’apasmontrédemodifi Entre 2008 et 2010, 10 décès ont été enregistrés, soit un taux de cationstatistiquementsignificativedelarépartitionparclassed’âge. mortalité liés à la tuberculose sur la période de 0,3 décès pour Il n’a pas été mis en évidence de modification dans l’origine de la 100000(Tableau2). déclaration:entre90%et93%descassontdéclaréspardesméde cinshospitaliers.Iln’apasétépossibledecomparerlesmodalités decontextediagnosticsurlesdeuxpériodescarcettevariableaété | Tableau 2 | ajoutéeàlafichedenotificationdelatuberculosemaladieen2007. Evolution du nombre de décès et du taux de mortalité dus à D’aprèslesdonnéesdisponibles,lapartdespersonnesnéesàl’é une tuberculose maladie en cause principale, la Réunion, tranger(notammentenprovenanced’unpaysdelazonesudouest 2000-2010 océanIndienoùl’incidenceestélevée)seraitenaugmentationentre les deux périodes d’études, passant de 17,7% en 20002007 à Décèsduàunetuberculose Tauxdemortalité 27,8% en 20082010 (p=0,01). Néanmoins cette tendance est à interpréteravecbeaucoupdeprudencecaravecletemps,unemeil Année (codeA1519) Pour100000 leure complétude de la variable pays de naissance est notée (de 30%dedonnéesmanquantesenmoyennesur20002007àmoins 2000 9 1,3 de15%enmoyenneentre2008et2010). 2001 2 0,3 2002 8 1,1 La proportion decasrenseignésavecunetuberculosepulmonaire 2003 3 0,4 passede82%en20002007à76,9%en20082010(N.S).Lapro portion des cas de tuberculose pulmonaire augmentait de manière 2004 5 0,7 significative avec l’âge en 20002007, alors qu’en 20082010 cette 2005 1 0,1 différencen’étaitplussignificative.Alorsquecesformespulmonai 2006 7 0,9 resétaientplusfréquenteschezleshommesquechezlesfemmes 2007 6 0,8 en 20002007 (87% versus 73% avec p<0,0001), en 20082010 2008 5 0,6 elles représentaient respectivement 74,7% et 78,4% (NS). La part delatuberculosepulmonaireavecunexamenmicroscopiquepositif 2009 1 0,1 témoignant d’une plus grande contagiosité a diminué de manière 2010 4 0,5 significative (p=0,02) en passant de 67% en 20002007 à 55% en Total 51 20082010. Moyenne 4,6 0,6 Ainsi, depuis 10 ans, l’incidence de la tuberculose à la Réunion a connu des fluctuations. La tendance linéaire semble à la baisse V/ DISCUSSION maiselleestdifficilementinterprétabledufaitdefaibleseffectifs,de l’existence d’une possible sous déclaration ainsi que de variations L’analyse des données de déclaration obligatoire pour la période danslacomplétudedesdonnées.Cependant,aucuneétuden’aété 2008à2010àlaRéunionindiqueuntauxdedéclarationcumuléde réaliséeàlaRéunionconcernantl’exhaustivitédelaDO. 6,9caspour100000habitants.Uneprédominancedescasmascu lins(73,1%)etdescassurvenuschezles40ansetplus(67,1%)est remarqué,etmoinsd’uncassurtroisestnéàl’étranger(contreprès de1sur2enFrance).Cescasprovenaientenmajoritédepaysà forte incidence de tuberculose situé dans l’océan Indien (principalement des Comores, Madagascar, et Maurice) avec les quels la Réunion entretient de nombreux échanges (flux de voya geursetquelquesmigrationsdepopulation).

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En France, les données publiées l’estiment entre 68,3% pour les (87,5%descasavaientachevéleurtraitementdansles12moisqui formes méningées (croisement des données CNR et DO2000), à suivent sa mise en route, et 87,5% pour les cas pulmonaire à mi 70%surl’ensembledescas(donnéesdelaCNAMTS;20032006) croscopiepositive)sontdesrésultatspositifsetencourageants. etuneétuderécenteestimeà73%l’exhaustivitédelatuberculose pulmonaire(donnéesDOPMSI–2010). VI/ CONCLUSION Deschangementségalementdanslesmodalitésdesurveillanceet depolitiquedeluttesontapparusaufildesannées,etpeuventex L’analyse épidémiologique des données de DO pour la période pliquerenpartiecesvariationsannuelles.En2007,lamodification 2008 à 2010 a montré des taux de déclaration de la tuberculose delapolitiquevaccinaleduBCGainsiquelapublicationdesrecom maladierelativementfaiblessurl’îlecomparésauxîlesdusudouest mandationsduprogrammedeluttecontrelatuberculose[3]onttrès de l’océan Indien, telles que Madagascar (261/100 000 hab.), les certainementeuunimpactsurlesdéclarants(médecinsetbiologis Comores(39/100000hab.),lesSeychelles(31/100000hab.)[5]ou tes mieux sensibilisés à la déclaration). A compter du 1er janvier encore Mayotte (17,7/100 000 hab.) [6]. Cependant, de par cette 2009,l'activitédelutteantituberculeuserepriseparl'Etataétédélé proximité avec des pays à fortes incidences avec lesquels la Ré guéeauxétablissementsdesantédanslecadred'uneconvention unionentretientdeséchangesdevoyageursetfaiblesmigrationsde degestionens'appuyantsurles3ClatdelaRéunion),lepassage population,ilconvientderesterparticulièrementprudent.L’exhausti de l’un à l’autre pouvant également impacter la surveillance et la vitéetla qualitédelasurveillancedelatuberculosedoiventconti lutte. nuerafindedétecterauplusviteunchangementdesituationépidé miologique*.L’identificationdanslesmeilleursdélaisetledémarra L’outilprincipaldanslaluttecontrelatuberculoseresteladétection ge rapide d’un traitement antituberculeux adapté est le moyen de précoceetlapriseenchargerapidedescasparuntraitementanti limiterlapropagationdelatuberculosemaladieàd’autresperson tuberculeux adéquat et complet. Le traitement bien conduit permet nes,maisaussidelimiterl’apparitiondeformesrésistantes.Lasur deguérirlepatient,d’éviterledéveloppementd’unerésistanceaux veillanceetlaluttecontrelatuberculoseàlaRéuniondépendentde antituberculeux et de limiter la transmission de la maladie dans la l’implicationdesdifférentsacteursdudispositifdesurveillanceetde communautéenréduisantlapériodedecontagiositédupatientpris luttecontrelatuberculose,afindegarantirlesuividel’évolutionde encharge[4].Laproportiondecasconsidéréscommeguérisestun lasituation,ladétectionrapidedel’apparitiondecasrésistantsaux indicateurclefdansl’évaluationdesprogrammesnationauxdelutte antituberculeuxetdepouvoirélaborerunestratégiededépistageet antituberculeuse. L’OMS a défini deux objectifs mondiaux de lutte deluttelaplusefficaceetlaplusadaptéepossiblesurl’île. antituberculeuseàatteindreetpréconise:ledépistagede70%des casdetuberculoseinfectieuse(casdetuberculosepulmonairedont * Apparition d’éventuels cas groupés l’examen microscopique des expectorations est positif) et la guéri son complète de 85% des cas dépistés. Les indicateurs locaux

Les infections tuberculeuses latentes (primo-infection) chez les moins de 15 ans Depuis2003,lesinfectionstuberculeuseslatentes(ITL)chezlesenfantsdemoinsde15anssontàdéclarationobligatoire.Lesdon néesprésentéesiciconcernentlesdéclarationsd’ITLde2008et2010etcorrespondentàladéfinitiondecassuivante: ITLchezunenfantdemoinsde15ans : IDR à 5U de tuberculine liquide positive sans signe clinique ni para clinique (induration >15 mm si BCG, ou >10 mm sans BCG ou augmentation de 10 mm par rapport à une IDR datant de moins de 2 ans). Au total entre 2008-2010, 24 cas d’ITL ont été déclarés à l’ARS (dont 14 filles et 10 garçons). Tous étaient de nationalité française. Douze étaient nés en France, 9 à la Réunion et 1 à Mayotte. Pour 23 des 24 cas l’information sur le BCG était disponible : 19 avaient été vaccinés par le BCG (82,6%). Entre 2008 et 2010, 21 ITL (87,5%) ont été diagnostiquées lors d’une enquête autour d’un cas, 1 lors d’un dépistage, 1 pour lequel le diagnostic est précisé comme autre, et 1 non renseigné.

RÉFÉRENCES [1]LescasdetuberculosedéclaresenFranceen2010;Source:BEHdu29mai [4]ProgrammedeluttecontrelatuberculoseenFrance2007–2009.Comiténatio nald’élaborationduprogrammedeluttecontrelatuberculose.Ministèredelasanté 2012/n°2425(285;287).Disponibleenligne: delajeunesseetdessports.Juillet2007.Disponibleenligne: http://www.invs.sante.fr/Publicationsetoutils/BEHBulletinepidemiologique http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/prog_tuberculose_20 hebdomadaire/Derniersnumeros 07_2009.pdf etarchives/Archives/2012/BEHn24252012 [5]Statistiquesmondiales2011.Organisationmondialedelasanté(OMS). [2] Baroux N, D'Ortenzio E. [Tuberculosis in Reunion : epidemiological Disponibleenligne:http://www.who.int/whosis/whostat/FR_WHS2011_Full.pdf [6]B.duReaudelaGaignonnièreet al.TuberculoseàMayotte:étatdeslieuxaprès characteristicsofnotifiedcases,20002007].MedMalInfect.2010Jan;40(1):127. l’instaurationd’uncentreantituberculeuxen2009.BEHn°26du26/06/2012;3079 [3]D.Antoine,D.Che.Lesissuesdetraitementdescasdetuberculosedéclarésen InstitutdeVeilleSanitaire.Disponibleenligne: France en 2008. Institut de Veille Sanitaire. BEH n°32 du 13 juillet 2011; 3457. http://www.invs.sante.fr/Publicationsetoutils/BEHBulletinepidemiologique Disponible en ligne: http://www.invs.sante.fr/Publicationsetoutils/BEHBulletin epidemiologiquehebdomadaire/Derniersnumerosetarchives/Archives/2011/BEH hebdomadaire/Derniersnumerosetarchives/Archives/2012/BEHn262012 n322011

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Rappel pratique : Quels cas signaler?

Recommandations de prise en charge • Eviterd'adresserlepatientauxurgences; • Prendreunavisspécialisé; • Sitouxet/ouanomaliesradiologiquesévocatricesd'uneatteintepulmonaire:faireporterunmasquechirurgicalenattendantl'évalua tiondelacontagiosité; • Sialtérationimportantedel'étatgénéralou/etnécessitéd'unepriseenchargerapide:adresseràunservicehospitalieradapté,les Clatpeuventaideràlacoordinationdessoins.

Si cas de tuberculose maladie ou d’infection tuberculeuse latente : Tuberculose maladie : Infection tuberculeuse (primo-infection) chez un enfant de moins Casconfirmé:maladiedueàunemycobactérieducomplexetuber de 15 ans (ITL) : IDRà5unitésdetuberculinepositivesanssignes culosisprouvéeparlaculture. cliniquesniparacliniques(induration>15mmsiBCGou>10mm Casprobable:(1)signescliniqueset/ouradiologiquescompatibles sansBCGouaugmentationde10mmparrapportàuneIDRdatant avecunetuberculose,et(2)décisiondetraiterlepatientavecun demoinsde2ans). traitementantituberculeuxstandard.

• Le signaler par tout moyen approprié (téléphone, fax…) au médecin de laCellulede veille,d'alerte et de gestion sanitaires de l’ARSOIetlenotifierparfaxoumail,àl’aidedesfichesdenotifications.

Où signaler ou notifier ?

Cellule de veille et d’alerte sanitaires de Cellule de veille et d’alerte sanitaires de la RÉUNION MAYOTTE Téléphone:0262939415Fax:0262939456 Téléphone:0269618320Fax:0269618321 Mail:arsoisignal[email protected] Mail:arsoicvags[email protected] Où se procurer les formulaires de notifications et les fiches d’informations aux personnes ?

• Auprèsdelacelluledeveilleetd’alertesanitairesdel’ARSOI(coordonnéescidessus) • SurlesiteInVS(www.invs.sante.fr)dans:Accueil>Dossiersthématiques>Maladiesinfectieuses> Maladiesàdéclarationobligatoire>31maladiesàdéclarationobligatoire. Voustrouverezégalementsurlesiteundossierthématiquecomprenantunaidemémoire,desprécisionssurlesignalementetlanotification, desdonnéesépidémiologiques,despublications,desliens,descirculairesettextesderéférence.

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CIRE océan Indien Tél:0262939424Fax:0262939457Mail:arsoi[email protected]

CVAGS Réunion CVAGS Mayotte Tél:0262939415 Tél:0269618320 Fax:0262939456 Fax:0269618321 Mail:arsoicvags[email protected] Mail:arsoicvags[email protected]

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Directeur de la publication : Dr Françoise Weber, directrice générale de l’InVS Rédacteur en chef :Laurent Filleul, Responsable de la Cire océan Indien Maquettiste : Isabelle Mathieu Comité de rédaction : Cire océan Indien , Elsa Balleydier, Elise Brottet, Nadège Caillère Vanina Guernier, Sophie Larrieu, Aurélie Martin, Dr Frédéric Pagès, Julien Raslan-Loubatié, Jean-Louis Solet, Pascal Vilain Diffusion : Cire océan Indien - 2 bis avenue Georges Brassens CS 60050 - 97408 Saint-Denis Cedex 9 Tél. : 262 (0)2 62 93 94 24 / - Fax : 262 (0)2 62 93 94 57 http://www.invs.sante.fr — http://ars.ocean-indien.sante.fr/La-Cellule-de-l-InVS-en-Region.88881.0.html

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