entretiens

Les décideurs donnent leur point de vue sur les grands thèmes de la Fondation iFRAP 13

Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, François Hollande, ancien secrétaire général du PS, Bernard Van Craeynest, président de la CFE-CGC, Frédéric Bedin, président de CroissancePlus, Philippe Marini, rapporteur général de la commission des Finances du Sénat, Christian Schubert, correspondant à du Frankfurter Allgemeine Zeitung, et Mathieu Laine, entrepreneur, économiste et essayiste, ont bien voulu répondre aux questions de Société Civile sur la situation de la France et leur vision de l’avenir. Il est intéressant de constater que quasiment tous sont d’accord pour déplorer le poids trop important de l’État et des administrations dans notre pays et le manque de reconnaissance de la place de l’entreprise. La Fondation iFRAP a indéniablement du travail en perspective.

Xavier Bertrand Ancien ministre, secrétaire général de l’UMP et député de l’Aisne

L’avenir, c’est des États-garants et non des États-gérants, des États-stratèges et non des États-opérateurs.

❙ Fondation iFRAP : Êtes-vous service », comme la Grande-Bre- inquiet ou confiant pour l’avenir tagne, ou bien du « tout immo- économique de la France ? bilier », comme l’Espagne. Ensui- Xavier Bertrand : Je suis d’une te, notre marché domestique est nature optimiste parce que je dynamique, à la différence de considère que l’avenir, ça se celui de l’Allemagne, et ce, mal- construit. Même si la France a gré ses très bonnes performances mieux résisté au choc de la crise à l’export. Enfin, notre système de que ses voisins européens, il ne protection sociale, qui a très lar- faut pas oublier que nous traver- gement permis d’amortir le choc. sons la crise économique la plus Parallèlement, le Plan de relan- importante depuis les années tren- ce mis en place par le gouver- te. Si la France s’en sort mieux, nement français, centré sur l’in- c’est à mon sens pour trois rai- vestissement et sur les ménages sons structurelles. D’abord, nous modestes et non sur la consom- avons une économie plus équili- mation en général, comme le pré- Gilles Bassi g nac brée que beaucoup de nos voisins conisait à tort le parti socialiste, Xavier Bertrand qui ont fait le choix de sacrifier a bien fonctionné. Il nous res- leur industrie au profit du « tout te à poursuivre les efforts sur la

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réduction des dettes et particu- ❙ Fondation iFRAP : Le rôle des et de l’État en général vous sem- lièrement de notre dette socia- entreprises dans notre économie ble-t-il plus important en France le ; mais je souhaiterais que nous vous semble-t-il perçu à sa jus- que dans les autres pays ? allions encore plus loin, en pro- te valeur par l’opinion publique X. B. : En France, les dépenses posant une règle budgétaire, une française ? publiques et les prélèvements 14 « règle d’or » qui fixerait un pour- X. B. : Les Français savent que obligatoires sont, en part du PIB, centage maximum du PIB pour le ce sont les entreprises qui créent très élevés par rapport aux autres déficit. Des investissements mas- de l’emploi, comme ils savent pays. Mais attention aux compa- sifs dans les secteurs de la nou- que l’entreprise est créatrice de raisons hâtives : dans beaucoup velle croissance sont également valeurs et leur travail créateur de pays, le financement du sys- nécessaires, tout en poursuivant de richesses. Les Français ont tème d’assurances sociales n’est notre politique en faveur de l’in- l’esprit d’entreprise. Le statut pas compté dans les prélève- dustrie, telle que voulue par le d’auto-entrepreneur créé par le ments obligatoires puisqu’il s’agit Président de la République. Le Gouvernement connaît un suc- d’assurances privées. C’est aussi grand emprunt, que souhaite le cès fulgurant : + 75 % de créa- le prix d’un système de protec- Mouvement populaire, apporte tion d’entreprises par rapport à tion sociale, qui a besoin d’être une réponse à ces besoins d’in- l’année dernière… modernisé, mais que beaucoup vestissements. La France est réso- de nos voisins nous envient. lument engagée sur la voie des ❙ Fondation iFRAP : Le pouvoir de Si l’on prend comme seul indi- réformes, il faut continuer. l’administration, du secteur public cateur la part de l’emploi public

François Hollande Député-maire de Tulle en Corrèze, ancien ministre et ancien secrétaire national du PS

L’entreprise fournit l’essentiel des emplois offerts et détermine par sa compétitivité la place de la France dans la mondialisation.

❙ Fondation iFRAP : Êtes-vous se dans ces conditions sera le défi inquiet ou confiant pour l’avenir majeur du prochain président de économique de la France (finan- la République. Avec des marges de ces publiques, emploi, compétiti- manœuvres limitées, il lui faudra vité des entreprises…) ? faire des choix justes et pertinents François Hollande : Nous sommes car ils détermineront l’orientation à un instant crucial. Les indica- de notre pays pour de nombreu- teurs témoignent tous d’un ris- ses années. C’est pourquoi il faut que sérieux de déclassement de concentrer nos efforts sur la jeu- l’économie française. La croissan- nesse : sa place, ses conditions de ce est depuis des années fragile, vie, son insertion réussie. notre déficit commercial dépasse Ce redressement exigera un 45 milliards d’euros, le chômage effort national. Il ne sera accep- frappe 10 % de la population acti- té que s’il respecte les principes

g audin ve et notre dette publique atteint d’égalité et de justice. Il faut met- des niveaux historiques. Songez tre fin à un système où la majori- a g nès qu’en 2012, elle équivaudra à té de nos concitoyens sont solli- François Hollande une année de richesse nationa- cités tandis que les plus fortunés le. Redresser l’économie françai- s’affranchissent de toute exigen-

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dans l’emploi total, avec près du (hors transferts). On ne peut pas R&D et de soutiens aux PME très quart des emplois dans le public, continuer comme ça. Voilà pour- énergique ! L’avenir est aux États la France se situe en tête. Il ne quoi la réforme des collectivités forts, qui savent prendre le relais me paraît pas souhaitable d’aller locales va apporter simplifica- de l’initiative privée lorsqu’elle au-delà, bien au contraire ! Nous tion, clarification des compéten- voit à trop court terme. L’avenir, devons aussi avoir en tête la logi- ces et moindre coût de notre sys- c’est des États-garants et non des 15 que des finances locales, qui ont tème territorial. À mon sens, il États-gérants, des États-stratèges eu tendance à exploser ces der- faut stopper la dérive localement et non des États-opérateurs. nières années ! La décentralisation et poursuivre l’effort continu du s’est traduite par une explosion Gouvernement avec le non-rem- ❙ Fondation iFRAP : Que pensez- des effectifs de la fonction publi- placement d’un fonctionnaire sur vous que les organismes de la que territoriale, sans que l’on deux partant à la retraite. On société civile, les think tanks tels constate une baisse des effectifs peut aussi parler du volontaris- la Fondation iFRAP, apportent au au niveau national. Quand l’État, me d’État. Sur ce point, je crois débat public ? avec le non-remplacement d’un que l’État a beaucoup de pou- X. B. : Sources d’expertises, ces fonctionnaire sur deux partant à voir sur l’économie, y compris organismes sont des aiguillons, des la retraite, réduit le nombre de dans de nombreux pays répu- acteurs et des vitrines du débat. fonctionnaires de 35 000 par an, tés plus libéraux que nous : les Leur franc-parler est source de les collectivités locales augmen- États-Unis en tête, qui s’enten- débats passionnants et de réfor- tent les effectifs de 10 % par an dent à mener une politique de mes aussi.

ce de solidarité. Voilà pourquoi je recherche à l’innovation. C’est le même moment la baisse de la TVA propose une réforme profonde de sens du nouveau pacte productif sur la restauration coûte 3 milliards notre système fiscal, pour que les que je propose. Il part de l’entre- d’euros à nos finances publiques. Il prélèvements soient réellement prise pour mieux y revenir. reste que la réforme de l’ensem- fonction des facultés contributi- ble des administrations publiques, ves de chacun. ❙ Fondation iFRAP : Le pouvoir de de leur cohérence, de leur efficaci- l’administration, du secteur public té, comme de leurs ressources doit ❙ Fondation iFRAP : Le rôle des et de l’État en général vous sem- être engagée, sans qu’il soit besoin entreprises dans notre économie ble-t-il plus important en France de revenir sur la décentralisation et vous semble-t-il perçu à sa jus- que dans les autres pays ? sur l’exigence de proximité. te valeur par l’opinion publique F. H. : La crise a révélé le besoin française ? d’État au sein de nos sociétés. Alors ❙ Fondation iFRAP : Que pen- F. H. : L’entreprise est le lieu de la que la financiarisation et la marchan- sez-vous que les organismes de création de richesses. Elle fournit disation de l’économie ont fragilisé la société civile, les think tanks l’essentiel des emplois offerts et les bases de l’économie mondiale, tels la Fondation iFRAP, appor- détermine par sa compétitivité la c’est vers les gouvernements que se tent au débat public ? place de la France dans la mondia- sont tournés les acteurs économi- F. H. : Tout ce qui contribue à l’ac- lisation. Nous avons besoin de pro- ques (et les banques) pour trouver tivité intellectuelle, à la quête des duire plus et mieux. Et la réponse des solutions à la crise. De surcroît, nouvelles idées, à la recherche à terme tient autant au renforce- notre système social a parfaitement des aspirations de la société enri- ment de l’offre qu’à la stimula- joué son rôle de stabilisateur durant chit notre démocratie. Plus que tion de la demande. Néanmoins, la récession. Il est, en quelque sor- jamais nous avons besoin de débats je regrette que le lien de confian- te, venu au secours d’un certain publics. Les partis politiques n’ont ce entre les Français et l’entreprise libéralisme, au moment où il s’at- rien à craindre de ces cercles de se soit distendu. Il faut penser une tachait à le démanteler. Quant à la pensées et beaucoup à en attendre nouvelle stratégie de production. controverse sur le coût de l’État, il dès lors que chacun reste à sa place Là encore, le levier fiscal peut être convient de le relativiser. J’en veux et que le politique garde sa légiti- utilement activé : moduler l’im- pour preuve le comparatif entre le mité. Rien n’est vraiment nouveau. pôt sur les sociétés en fonction des non-remplacement d’un fonction- Les think tanks sont les héritiers bénéfices réinvestis, concentrer naire sur deux, permettant à l’État d’une longue tradition française nos efforts sur le développement de faire des bénéfices de 500 mil- qui donne aux intellectuels une des PME, élargir le crédit d’impôt lions d’euros par an, tandis qu’au influence dans l’enjeu public.

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Bernard Van Craeynest Président de la CFE-CGC

16 En France, le secteur public n’est pas prêt à bouger et c’est le prétexte pour abandonner toutes les réformes.

❙ Fondation iFRAP : Êtes-vous ploi marchand se réduit alors que inquiet ou confiant pour l’avenir la population augmente. Il stagne économique de la France (finan- toujours autour de 15 à 16 mil- ces publiques, emploi, compétiti- lions d’emplois. Dans la réalité, rien vité des entreprises…) ? n’est fait pour réellement mobiliser Bernard Van Craeynest : Je ne suis la création d’emplois marchands. ni inquiet ni confiant, mais réalis- Je constate sur ce sujet chez les te. C’est-à-dire que nous avons politiques, quels qu’ils soient, une une situation différente qui résul- grande pusillanimité. te à la fois des atouts et des han- Pour toutes les réformes, on privi- dicaps de la France. En l’occurren- légie l’affichage : réforme des régi- ce, au premier chef, de la difficulté mes spéciaux, service minimum ; le que nous rencontrons à faire croî- gouvernement gère l’affichage, s’at- tre notre secteur concurrentiel. Je taque aux tabous, mais n’explique pense notamment à l’industrie. Il pas comment il a réformé et à quel ne suffit pas de proclamer que l’on coût. La préoccupation centrale est veut faire la course en tête mais, d’éviter le conflit social et le prix il faut construire une attractivité Bernard Van Craeynest de la réforme passe derrière. dans la filière technique et scien- Cela me préoccupe beaucoup car, tifique. Dans le cadre des États sur le fond, un pays qui va de l’avant généraux de l’industrie, j’ai pro- salariés des petites et très petites et se réforme en profondeur doit le posé qu’on mette en place de la entreprises qui ont le sentiment faire sur la base d’un consensus sur formation pour former nos bac + d’être dans le même bateau que les réformes à réaliser. En France, le 2 de l’industrie pour qu’ils arrivent leur patron et qui sentent qu’ils secteur public n’est pas prêt à bou- au niveau ingénieur. En Chine et œuvrent ensemble à la performan- ger et c’est le prétexte pour aban- en Inde, on forme 250 000 ingé- ce collective pour améliorer notre donner toutes les réformes. Dans la nieurs par an ; comment voulez- économie globale. réalité du monde d’aujourd’hui, cet vous que la France se batte avec Une enquête de la CGPME réa- immobilisme du secteur public est seulement 20 000 à 30 000 ingé- lisée en 2006 montre que les inquiétant. Nous qui sommes, à la nieurs formés par an ? chefs d’entreprises qui sont à la CFE-CGC, une organisation syn- tête de PME gagnent en moyenne dicale avec une assise privée, nous ❙ Fondation iFRAP : Le rôle des 4 000 euros par mois. Il y a donc avons beaucoup de mal à nous faire entreprises dans notre pays bien un écart entre la perception entendre des politiques, plus habi- vous semble-t-il perçu à sa jus- qu’ont les Français du niveau de tués à dialoguer avec des syndicats te valeur par l’opinion publique richesse des entrepreneurs et la du secteur public. Surtout quand française ? réalité. Par ailleurs, le rôle et la pla- nous essayons de leur parler du B. V. C. : Oui et non. Il y a, à la ce qu’a l’entreprise dans l’écono- monde réel ! fois, une mauvaise image du patron mie sont par trop méconnus. Cela entrepreneur liée aux affaires qui est dû, en particulier, à l’éducation ❙ Fondation iFRAP : Le pouvoir de ont pollué leur image ces derniè- puisque l’économie est loin d’être l’administration, du secteur public res années avec un message qui la première matière enseignée. et de l’État en général vous sem- est passé dans la population sur le Il est vrai aussi que tout est fait ble-t-il plus important en France mode « Faites ce que je dis, mais pour qu’on ne puisse pas faire que dans les autres pays ? pas ce que je fais ». Cela est à dis- le lien entre entreprises et créa- B. V. C. : Là aussi, gardons-nous tinguer de la réalité vécue par les tion d’emplois marchands. L’em- des réponses toutes faites et des

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clichés. On peut toutefois consta- surajoutent alors que d’autres exis- des intérêts particuliers qui vivent ter qu’à l’issue de la première tent déjà en étant méconnues ou de la notion d’intérêt général. commission Attali, la proposi- pas appliquées. Il ne suffit pas de tion de faire une réforme admi- dire qu’il faut moins d’État mais ❙ Fondation iFRAP : Que pen- nistrative de la France a été tout être capable d’inventer une nou- sez-vous que les organismes de de suite écartée. Nous avons per- velle gouvernance. Le manque de la société civile, les think tanks, 17 du un temps infini dans des lois consensus sur nos politiques publi- tels la Fondation iFRAP, appor- de décentralisation qui n’ont pas ques vient aussi du fait que nous tent au débat public ? simplifié mais multiplié les stra- sommes à l’heure du lobbying et, B. V. C. : Il y a un vrai problème de tes administratives. Avec, en plus, qu’aujourd’hui, face à tout projet reconnaissance du rôle des think tanks 300 000 nouveaux fonctionnai- de réforme, il y a des associations dans notre pays. Dans les pays anglo- res territoriaux et pas de réelle de défense, des groupes de pres- saxons, ces groupes de réflexion sont réduction d’effectifs dans la fonc- sion… La difficulté que nous ren- reconnus et clairement identifiés et tion publique centrale. Résultat : controns aujourd’hui est de déga- ils apportent beaucoup à la réflexion la France est sur-administrée et ger le sens de l’intérêt général face globale. La France a une culture asso- les charges des particuliers com- aux groupes de pression, notam- ciative forte, mais pas encore une me des entreprises augmentent. ment issus du public, qui peuvent culture de fondations qui partici- J’ai le sentiment que les dépenses arriver à bloquer tout le système. pent au débat démocratique. Mais publiques sont mal réparties. Nous Il ne faut pas focaliser sur les syn- cela commence à venir, même s’il y avons un problème de rationalité dicats mais sur l’opposition entre a encore de gros progrès à faire. C’est et d’adaptation et de lois qui se sens de l’intérêt général et défense un travail de longue haleine.

Frédéric Bedin Président de CroissancePlus, fondateur et directeur général de Public Système, un des principaux acteurs indépendants du conseil en communication en France

Les Français sont en train de s’apercevoir que l’État ne peut pas tout.

❙ Fondation iFRAP : Êtes-vous pas dans la mesure où toute l’Eu- inquiet ou confiant pour l’avenir rope est dans une situation délicate économique de la France (finan- en matière de finances publiques ces publiques, emploi, compétiti- à cause de la crise. Ce qui m’in- vité des entreprises…) ? quiète, c’est un problème de men- Frédéric Bedin : Je suis confiant talité hors crise. Dans les périodes car un entrepreneur est forcé- où on pourrait réformer, on ne le ment optimiste ! La France est un fait pas. L’âge de la retraite plus tôt pays avec des atouts intrinsèques que les autres ? Les charges sociales liés à sa qualité de vie, ses valeurs plus élevées que les autres ? Tout et sa culture historique. La mar- trouve cela normal ! Cela que France a un potentiel de déve- ne peut pas continuer. loppement important. Mais le pro- ❙ Fondation iFRAP : Le rôle des blème est que trop de gens croient entreprises dans notre pays que cela suffit d’avoir du potentiel. vous semble-t-il perçu à sa jus- On ne peut s’exonérer de faire des te valeur par l’opinion publique efforts de gestion et de benchmark française ? avec les pays voisins. L’état de nos F. B. : Même si les Français restent Frédéric Bedin finances publiques ne m’inquiète attachés aux politiques publiques,

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ils sont en train de s’apercevoir grand écosystème entrepreneurial défense. Et d’avoir un État prêt que, selon la fameuse formule de français. Et ce, avec une multipli- à prendre le relais quand le mar- Lionel Jospin, l’État ne peut pas cation d’entreprises responsables ché n’est plus efficace (cf. les ban- tout. Ils commencent à compren- plutôt qu’un gros État qui déci- ques pendant la crise). Mais nous dre que l’on peut devenir entre- de de tout. devons collectivement changer 18 preneur de sa vie et réussir. La un peu notre façon de voir pour question qui se pose maintenant ❙ Fondation iFRAP : Le pouvoir de comprendre que beaucoup de est « Quelles formes d’entreprises l’administration du secteur public secteurs peuvent être gérés par pour demain ? » Des groupes de et de l’État en général vous sem- le secteur privé ou dans le cadre PME plutôt que des grands grou- ble-t-il plus important en France d’une concurrence qui permette à pes ? L’auto-entrepreneur va-t-il que dans les autres pays ? l’État de s’améliorer. L’économie devenir un modèle plus standar- F. B. : Il sera toujours important de la santé est un bon exemple de disé de relation de travail ? Pour d’avoir un État fort sur ses mis- secteur dans lequel il peut y avoir l’avenir, il faudra la création d’un sions régaliennes : police, justice, une équation public-privé. On

Philippe Marini Rapporteur général du Budget à la commission des Finances du Sénat, sénateur de l’Oise

La compétitivité de notre pays souffre de handicaps tels que la propension à dépenser l’argent public.

❙ Fondation iFRAP : Êtes-vous tème financier a été remarqua- richesse et le rôle des entrepri- inquiet ou confiant pour l’avenir ble. Certes, la compétitivité de ses. Ceci dit, les enquêtes d’opi- économique de la France (finan- notre pays souffre de handicaps, nion montrent que les Français, ces publiques, emploi, compétiti- plus ou moins anciens tels que notamment les jeunes, ont une vité des entreprises…) ? la propension à dépenser l’argent bonne image des entreprises et en Philippe Marini : La France est public ou la durée légale du tra- particulier des petites et moyen- un grand pays qui a retrou- vail, mais les réformes structu- nes. La création du statut d’auto- vé toute sa place en Europe relles aujourd’hui à l’œuvre doi- entrepreneur a permis non seu- depuis sa présidence remarquée vent être poursuivies. lement d’enrayer la baisse du de l’Union européenne en 2008. nombre de créations d’entrepri- Ma confiance en son avenir est ❙ Fondation iFRAP : Le rôle des ses constatée en 2008, mais aussi grande. Face à la crise, elle a plu- entreprises dans notre pays d’accroître ce nombre de plus de tôt mieux résisté que ses princi- vous semble-t-il perçu à sa jus- 50 %. Ceci montre qu’en simpli- paux partenaires, le recul d’envi- te valeur par l’opinion publique fiant les règles, on libère les ini- ron 2 % de son produit intérieur française ? tiatives. En tout état de cause, les brut étant deux fois inférieur à la P. M. : On a coutume de souli- pouvoirs publics ont conscience moyenne des récessions consta- gner l’insuffisance de la culture du rôle des entreprises : c’est sur tées dans l’Union européenne. La économique en France et il est elles qu’ils ont misé pour favo- réactivité dont elle a fait preu- vrai que l’enseignement de l’éco- riser la sortie de la crise, que ce ve à l’épicentre de la crise pour nomie pourrait davantage insister soit à travers les mesures fiscales éviter la thrombose de son sys- sur les mécanismes de création de du plan de relance de l’économie,

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sent que cette logique va émer- la société civile, les think tanks conçois le rôle de think tank à ger en France, notamment dans les tels la Fondation iFRAP, appor- travers le prisme que les acteurs transports. Dans l’éducation, c’est tent au débat public ? de la société civile ont aussi une déjà le cas avec la formation supé- F. B. : les think tanks apportent dette vis-à-vis de leur pays pour rieure, mais je ne parierais pas sur des idées différentes de celles l’éducation et la culture qu’ils le fait que les universités ne vont véhiculées par ceux qui repré- ont reçues. Nous avons la res- 19 pas rattraper en qualité l’enseigne- sentent des institutions élues ou ponsabilité de transmettre intacts ment des grandes écoles privées. nommées qui ont évidemment nos savoir-faire, notre poten- La Sorbonne, par exemple, est une un devoir de réserve vis-à-vis des tiel de croissance et de riches- très belle marque qui a de grandes idées qui pourraient bouleverser se aux générations futures. Les heures devant elle. leurs institutions. Les think tanks think tanks sont là pour garan- n’ont pas de devoir de réserve, tir que cette transmission se fas- ❙ Fondation iFRAP : Que pen- ils sont libres par définition et se dans les meilleures conditions sez-vous que les organismes de peuvent tout dire. Par ailleurs, je possibles.

la suppression de la taxe profes- 2009 pour l’accélération des sionnelle ou le renforcement des programmes de construction et moyens d’Oséo. d’investissement publics et pri- vés a assoupli le droit de l’urba- ❙ Fondation iFRAP : Le pouvoir nisme. Surtout, le processus de de l’administration du secteur révision générale des politiques public et de l’État en général publiques contribue à l’émer- vous semble-t-il plus important gence d’un État plus efficace et en France que dans les autres moins coûteux. pays ? Cela étant, nous avons besoin P. M. : Par rapport à d’autre pays, d’un État puissant, qui fixe les la France se caractérise par un règles et s’assure de leur res-

niveau élevé de dépenses publi- pect, qui inspire confiance aux D u g ovic ques et, par conséquent, par marchés financiers et qui -exer une part importante des prélè- ce de l’influence au niveau Richa r d vements obligatoires dans le pro- international. duit intérieur brut. Ceci illustre l’attachement de nos conci- ❙ Fondation iFRAP : Que pen- Philippe Marini toyens et de nos dirigeants au sez-vous que les organismes de modèle de l’État-providence et à la société civile, les think tanks l’intervention publique. La pro- tels la Fondation iFRAP, appor- lifération des normes, créatrices tent au débat public ? de dépenses publiques notam- P. M. : Le débat public ne peut se ment dans les collectivités terri- limiter à un « ping-pong » verbal toriales, témoigne de la capacité entre partis politiques ou à des des administrations à poursuivre argumentaires techniques pro- des objectifs propres sans que le duits par les administrations. La politique soit en mesure de les prise de décision n’est éclairée freiner. Des tentatives pour y que si elle s’appuie sur le plura- remédier se font jour. Les assem- lisme des points de vue. L’exis- blées parlementaires sont saisies tence de fondations contribue à de textes dits de « simplification permettre l’expression organisée du droit ». La loi du 17 février des familles de pensée.

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Christian Schubert Correspondant à Paris depuis cinq ans pour le Frankfurter Allgemeine Zeitung, un des trois plus grands quotidiens allemands et le plus diffusé à travers le monde 20 Il y a trop de groupes bien organisés qui font grève et reçoivent ce qu’ils demandent.

cales et les médicaments sont si Nokia se plaignait qu’Apple encore peu importantes compa- vende trop d’iPhone. Personne rées à d’autres pays. Exemple : n’empêche les entreprises fran- beaucoup de Français ont le droit çaises d’exporter plus. d’aller en cure. Je ne suis pas sûr qu’il soit toujours justifié que le ❙ Fondation iFRAP : Le rôle des reste des assurés ou contribuables entreprises dans notre pays paient pour cela. vous semble-t-il perçu à sa jus- Mais quel politicien a le cou- te valeur par l’opinion publique rage de prendre des décisions française ? douloureuses ? Je suis plutôt C. S. : Même après cinq ans déçu du gouvernement Sarko- en France, je suis encore éton- zy. L’Élysée cale trop sa politi- né de voir comme les entrepre- que sur les sondages. Il y a trop neurs français sont si peu appré- de groupes de pression ou grou- ciés par l’opinion publique. Les pes d’intérêts qui sont bien orga- séquestrations de certains mana- nisés, font grève et reçoivent ce gers en disent beaucoup. La plu- Christian Schubert qu’ils demandent (par exemple part des entrepreneurs pren- : chauffeurs de taxi, contrôleurs nent énormément de risques, aériens, professeurs…). travaillent beaucoup et portent La compétitivité des entreprises beaucoup de responsabilités. ❙ Fondation iFRAP : Êtes-vous françaises a plutôt souffert de la Quand ils réussissent, ils méri- inquiet ou confiant pour l’avenir crise. L’abolition de la taxe pro- tent de gagner beaucoup d’ar- économique de la France (finan- fessionnelle va dans le bon sens gent. Avec la crise financière, ces publiques, emploi, compétiti- mais ne suffit pas. Elle va être l’image des entrepreneurs s’est vité des entreprises…) ? remplacée par une autre « contri- encore détériorée en France. Christian Schubert : Oui, je suis bution ». Le solde n’est pas enco- Mais les banquiers responsables inquiet pour les finances publi- re connu. Les charges sociales de la crise n’étaient pas de vrais ques. La France n’a pas un bon pour les entreprises sont enco- entrepreneurs, ils ont plutôt agi bilan en termes de réduction des re trop élevées, surtout quand comme des gens qui ne craignent déficits. Quand les taux d’inté- il s’agit d’emplois qualifiés. En pas les conséquences de leurs rêt augmenteront, la charge de la plus, les entreprises de moyen- décisions. C’est l’inverse d’un dette va devenir très importan- ne et petite taille doivent déve- entrepreneur. D’ailleurs, la crise te. La France dépense déjà beau- lopper une culture plus offensi- financière n’était pas seulement coup plus pour les coûts de la ve, orientée non seulement vers causée par le secteur privé. Une dette que pour la défense, par l’export mais aussi vers l’investis- mauvaise politique monétaire exemple. Le problème est qu’il sement à l’étranger, surtout dans de la Fed, la politique immobi- faut prendre des décisions dou- les pays avec une forte croissan- lière aux États-Unis avec Fanny loureuses : coupures de dépen- ce. La culture entrepreneuriale Mae et Freddy Mac comme ins- ses publiques, décalage de l’âge doit changer. titutions semi-publiques qui ont de retraite, réduction des pres- Il est inutile que certains écono- subventionné les achats des mai- tations sociales. mistes se plaignent du modèle sons et une mauvaise régulation Les franchises des consomma- allemand parce qu’il se concentre des marchés financiers étaient teurs pour les prestations médi- trop sur l’export. C’est comme également responsables.

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❙ Fondation iFRAP : Le pouvoir de mie et les investisseurs, par exem- l’administration du secteur public ple comme avec l’ISF. et de l’État en général vous sem- ble-t-il plus important en France ❙ Fondation iFRAP : Que pen- que dans les autres pays ? sez-vous que les organismes de C. S. : Le pouvoir de l’adminis- la société civile, les think tanks 21 tration, du secteur public et de tels la Fondation iFRAP, appor- l’État en général est plus impor- tent au débat public ? tant en France que dans beaucoup C. S. : Je trouve que la Fonda- de pays. Par exemple, l’Inspection tion iFRAP ou l’Institut Montai- du travail qui contrôle si on ne tra- gne font un bon travail. Mais il vaille pas trop est assez unique. faut avoir des think tanks enco- Cela garantit un certain niveau re plus puissants. Aujourd’hui, d’égalité ou de qualité des infras- ils ne sont pas assez écoutés. tructures, mais une administration Peut-être les entreprises doi- publique puissante peut chasser vent-elles aussi prendre un rôle aussi les acteurs clés d’une écono- plus important.

Mathieu Laine Auteur de La Grande nurserie, avocat, essayiste, éditorialiste, entrepreneur et Maître de conférences à

Le plus gros obstacle est incontestablement le poids et le pouvoir de blocage de l’administration.

❙ Fondation iFRAP : Cher pris la mesure de la montée en Mathieu Laine, on ne sait plus puissance redoutablement effi- comment te présenter tellement cace de « l’État nounou ». En à tu as de cordes à ton arc ! Fort de peine quatre ans, c’est étonnant toutes ces expériences qui te pla- comme le maternage public s’est cent à un d’observation infiltré, sans provoquer de réel- privilégié, quelle est ta vision de le résistance, dans notre quo- l’état de la France aujourd’hui ? tidien. « Ne fais pas ci, ne fais Mathieu Laine : Comme l’iFRAP pas ça » ; le « tout interdit » est nous le démontre depuis long- devenu notre devise. La sacra- temps avec précision et efficaci- lisation du principe de précau- té, la France est, hélas, terrible- tion tue sournoisement l’inno- ment affaiblie par un hyper-État vation, l’esprit d’entreprise et le qui pèse sur notre économie et goût du risque. Dans un mon- pénètre de plus en plus l’inti- de extrêmement compétitif, il mité de nos vies. En mettant à est urgent de prendre la mesu- jour La Grande Nurserie (Éd. re des effets pervers du délire J.-C. Lattès, 2010, édition poche de précaution et des méfaits de Mathieu Laine mise à jour et augmentée), j’ai l’hyper-intervention.

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❙ Fondation iFRAP : Dans ton incontestablement le poids et livreL’édition Post poche actualiséepolitique et augmentée, tu évoques le pouvoir de blocage de l’ad- de cet essai prémonitoire. Mathieu Laine

leSouvenez-vous pouvoir : il fut untrès temps oùréduit l’on pouvait fumerde nos res- ministration. Le conservatisme une cigarette dans un bar en buvant un café crème ; où l’onponsables pouvait rouler à 51 km/hpolitiques. en ville sans subir aussitôtPourtant, ils de droite et de gauche sur un

la foudre d’un radar ; un temps où Tintin au Congo n’était Mathieu Laine paspourraient, mis à l’isolement ; où personne s’ils n’aurait le osé souhaitaient, effacer la trop grand nombre de sujets ne pipe de M. Hulot sur l’affi che du célèbre fi lm de Jacques  22 Tatiimpulser ; où aucune loi n’imposait encore un CV anonyme plus aux entre- de réfor- nous aide pas non plus. Quant prises ; où aucun plan de vidéosurveillance ne prévoyait, commemes aujourd’hui, essentielles. de tripler le nombre Qui de caméras (ou qu’est- à la quasi-cogestion du pays en deux ans ; où aucune mise en garde à l’intention des  femmes enceintes ne fi gurait sur les bouteilles de vin… ceC’était qui) hier. L’esprit les de freine,précaution et le selonvent de l’in- toi ? avec la CGT, elle n’a rien de fantilisation n’ont, depuis, cessé de souffl er. M.L’État L. nounou, : Trop qui nous borde de et nouspolitiques observe, est sont rassurant… tout-puissant, doux et attentif à combler les aléas de la vie.enfermés En nous prenant pour des dans enfants, il leconstruit « chaque court-ter - jour davantage la « Grande Nurserie » dont nous ne pourronsmisme bientôt plus», nous l’excès échapper. À moins de de refaire, pragmatis - ❙ Fondation iFRAP : Au-delà d’urgence, le pari de la responsabilité. Le destin de notre En fi nir sociétéme, est en le jeu. relativisme (toutes les avec l’État du constat assez négatif que Mathieu Laine dirige Altermind, une société de produc- teursidées d’idées pour se les grandes valent) entreprises. etAvec cet le essai, victimis -  l’on peut faire sur la France paru en 2006, suivi de Post-politique (2009), il est devenu nounou l’unme. des analystes Ils lesmanquent plus pertinents de la société cruellement contem- aujourd’hui, quel « moteur » poraine. de vision, pour ne pas dire de te conserve toujours aussi

ISBNconvictions, : 978-2-7096-3459-5 et pensent, à tort, optimiste ? que c’est ce que les électeurs M. L. : Je suis profondément et -:HSMHKJ=[XYZ^Z: 10.02.45.4578.6 attendent d’eux. Atelier Ils Didier oublient Thimonier que structurellement optimiste ! Sans si l’on vote pour eux, c’est pour doute parce que je crois infini- qu’ils agissent, avec pédagogie ment en l’homme. La capaci- et détermination, pour libérer La grande nurserie est parue té des individus à avancer vers le pays de ses pesanteurs. Je ne chez JC Lattès en février 2006. le progrès est considérable. En leur demande pas, bien entendu, réalité, si l’on regarde l’Histoire, de s’enfermer dans une vision tée en puissance, que je salue et nous avons déjà eu bon nombre purement doctrinale, mais il ne que j’admire, me rendent pro- de victoires. Avec la Fondation faut pas pour autant se dépar- fondément optimiste. iFRAP et tous nos amis et alliés, tir des valeurs et des promesses travaillons ensemble au triom- de rupture par excès de « réalis- ❙ Fondation iFRAP : Quelles phe de nos belles idées ! Elles me » ou calcul politicien. Qu’ils sont, pour toi, les réformes les sont enracinées dans le bon sens assument également qu’ils ont plus urgentes à mener en Fran- et porteuses de tant de réussites. de moins en moins le pouvoir de ce ? À quelle échéance ? À terme, nous ne pouvons pas ne nous sauver. Redonner le pou- M. L. : Vaste programme ! La pas gagner. voir à chacun d’entre nous et refonte totale du droit du tra- redéfinir l’interventionnisme du vail, en parallèle d’une réforme ❙ Fondation iFRAP : Quel serait nouveau monde : voilà un beau du statut de la fonction publi- le message que tu voudrais programme. Hélas, trop de poli- que, sur laquelle je rejoins les délivrer à tous ceux qui se sou- tiques souffrent d’inculture éco- propositions de la Fondation cient de la création de riches- nomique et sont persuadés que iFRAP, serait un signal très fort ses et du contrôle de la dépen- la France n’est pas réformable. Ils d’une France qui a compris les se publique ? se trompent et nous allons leur vertus, pour tous, de la souplesse M. L. : Le message que je veux prouver. et d’une confiance accrue entre leur passer est clair : il y a beau- employeurs et employés. Sans coup à faire et, même si tout ne ❙ Fondation iFRAP : En quoi oublier, dans le même temps, semble pas toujours aller dans penses-tu que les think tanks une authentique révolution fis- la bonne direction, il faut rester indépendants comme la Fonda- cale. Tout cela, porté avec péda- convaincus de nos idées et tou- tion iFRAP ou d’autres peuvent gogie et en tenant compte des jours plus les défendre. Je vois contribuer à changer la donne bouleversements provoqués par émerger une nouvelle génération et impulser les réformes essen- la crise que nous traversons et de talents qui, formée par nos tielles pour que la France rede- des exigences très fortes de com- maîtres, doit redonner de l’es- vienne compétitive ? pétitivité qu’impose, pour notre poir à ceux qui s’essoufflent. Il M. L. : La bataille des idées est bien, la mondialisation. faut soutenir plus que jamais les un préalable indispensable aux initiatives efficaces et les -éner succès politiques et aux réformes ❙ Fondation iFRAP : Quels sont, gies porteuses de liberté ! La audacieuses. Les think tanks et selon toi, les plus gros obsta- Fondation iFRAP est très clai- les fondations comme la Fonda- cles au changement dans notre rement au premier poste de ce tion iFRAP ont un rôle crucial à pays ? mouvement qui, j’en suis cer- jouer. Votre travail et votre mon- M. L. : Le plus gros obstacle est tain, finira par s’imposer.

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