Les Décideursdonnent Leur Point De Vue Sur Les
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EnTrETIEnS Les décideurs donnent leur point de vue sur les grands thèmes de la Fondation iFRAP 13 Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, François Hollande, ancien secrétaire général du PS, Bernard Van Craeynest, président de la CFE-CGC, Frédéric Bedin, président de CroissancePlus, Philippe Marini, rapporteur général de la commission des Finances du Sénat, Christian Schubert, correspondant à Paris du Frankfurter Allgemeine Zeitung, et Mathieu Laine, entrepreneur, économiste et essayiste, ont bien voulu répondre aux questions de Société Civile sur la situation de la France et leur vision de l’avenir. Il est intéressant de constater que quasiment tous sont d’accord pour déplorer le poids trop important de l’État et des administrations dans notre pays et le manque de reconnaissance de la place de l’entreprise. La Fondation iFRAP a indéniablement du travail en perspective. Xavier Bertrand Ancien ministre, secrétaire général de l’UMP et député de l’Aisne L’avenir, c’est des États-garants et non des États-gérants, des États-stratèges et non des États-opérateurs. ❙ Fondation iFRAP : Êtes-vous service », comme la Grande-Bre- inquiet ou confiant pour l’avenir tagne, ou bien du « tout immo- économique de la France ? bilier », comme l’Espagne. Ensui- Xavier Bertrand : Je suis d’une te, notre marché domestique est nature optimiste parce que je dynamique, à la différence de considère que l’avenir, ça se celui de l’Allemagne, et ce, mal- construit. Même si la France a gré ses très bonnes performances mieux résisté au choc de la crise à l’export. Enfin, notre système de que ses voisins européens, il ne protection sociale, qui a très lar- faut pas oublier que nous traver- gement permis d’amortir le choc. sons la crise économique la plus Parallèlement, le Plan de relan- importante depuis les années tren- ce mis en place par le gouver- te. Si la France s’en sort mieux, nement français, centré sur l’in- NAC c’est à mon sens pour trois rai- vestissement et sur les ménages G sons structurelles. D’abord, nous modestes et non sur la consom- avons une économie plus équili- mation en général, comme le pré- GILLES BASSI brée que beaucoup de nos voisins conisait à tort le parti socialiste, Xavier Bertrand qui ont fait le choix de sacrifier a bien fonctionné. Il nous res- leur industrie au profit du « tout te à poursuivre les efforts sur la Société Civile n° 100 ❚ Mars 2010 EnTrETIEnS réduction des dettes et particu- ❙ Fondation iFRAP : Le rôle des et de l’État en général vous sem- lièrement de notre dette socia- entreprises dans notre économie ble-t-il plus important en France le ; mais je souhaiterais que nous vous semble-t-il perçu à sa jus- que dans les autres pays ? allions encore plus loin, en pro- te valeur par l’opinion publique X. B. : En France, les dépenses posant une règle budgétaire, une française ? publiques et les prélèvements 14 « règle d’or » qui fixerait un pour- X. B. : Les Français savent que obligatoires sont, en part du PIB, centage maximum du PIB pour le ce sont les entreprises qui créent très élevés par rapport aux autres déficit. Des investissements mas- de l’emploi, comme ils savent pays. Mais attention aux compa- sifs dans les secteurs de la nou- que l’entreprise est créatrice de raisons hâtives : dans beaucoup velle croissance sont également valeurs et leur travail créateur de pays, le financement du sys- nécessaires, tout en poursuivant de richesses. Les Français ont tème d’assurances sociales n’est notre politique en faveur de l’in- l’esprit d’entreprise. Le statut pas compté dans les prélève- dustrie, telle que voulue par le d’auto-entrepreneur créé par le ments obligatoires puisqu’il s’agit Président de la République. Le Gouvernement connaît un suc- d’assurances privées. C’est aussi grand emprunt, que souhaite le cès fulgurant : + 75 % de créa- le prix d’un système de protec- Mouvement populaire, apporte tion d’entreprises par rapport à tion sociale, qui a besoin d’être une réponse à ces besoins d’in- l’année dernière… modernisé, mais que beaucoup vestissements. La France est réso- de nos voisins nous envient. lument engagée sur la voie des ❙ Fondation iFRAP : Le pouvoir de Si l’on prend comme seul indi- réformes, il faut continuer. l’administration, du secteur public cateur la part de l’emploi public François Hollande Député-maire de Tulle en Corrèze, ancien ministre et ancien secrétaire national du PS L’entreprise fournit l’essentiel des emplois offerts et détermine par sa compétitivité la place de la France dans la mondialisation. ❙ Fondation iFRAP : Êtes-vous se dans ces conditions sera le défi inquiet ou confiant pour l’avenir majeur du prochain président de économique de la France (finan- la République. Avec des marges de ces publiques, emploi, compétiti- manœuvres limitées, il lui faudra vité des entreprises…) ? faire des choix justes et pertinents François Hollande : Nous sommes car ils détermineront l’orientation à un instant crucial. Les indica- de notre pays pour de nombreu- teurs témoignent tous d’un ris- ses années. C’est pourquoi il faut que sérieux de déclassement de concentrer nos efforts sur la jeu- l’économie française. La croissan- nesse : sa place, ses conditions de ce est depuis des années fragile, vie, son insertion réussie. notre déficit commercial dépasse Ce redressement exigera un 45 milliards d’euros, le chômage effort national. Il ne sera accep- frappe 10 % de la population acti- té que s’il respecte les principes AUDIN G ve et notre dette publique atteint d’égalité et de justice. Il faut met- NÈS des niveaux historiques. Songez tre fin à un système où la majori- G A qu’en 2012, elle équivaudra à té de nos concitoyens sont solli- François Hollande une année de richesse nationa- cités tandis que les plus fortunés le. Redresser l’économie françai- s’affranchissent de toute exigen- Société Civile n° 100 ❚ Mars 2010 Société Civile n° 100 ❚ Mars 2010 EnTrETIEnS dans l’emploi total, avec près du (hors transferts). On ne peut pas R&D et de soutiens aux PME très quart des emplois dans le public, continuer comme ça. Voilà pour- énergique ! L’avenir est aux États la France se situe en tête. Il ne quoi la réforme des collectivités forts, qui savent prendre le relais me paraît pas souhaitable d’aller locales va apporter simplifica- de l’initiative privée lorsqu’elle au-delà, bien au contraire ! Nous tion, clarification des compéten- voit à trop court terme. L’avenir, devons aussi avoir en tête la logi- ces et moindre coût de notre sys- c’est des États-garants et non des 15 que des finances locales, qui ont tème territorial. À mon sens, il États-gérants, des États-stratèges eu tendance à exploser ces der- faut stopper la dérive localement et non des États-opérateurs. nières années ! La décentralisation et poursuivre l’effort continu du s’est traduite par une explosion Gouvernement avec le non-rem- ❙ Fondation iFRAP : Que pensez- des effectifs de la fonction publi- placement d’un fonctionnaire sur vous que les organismes de la que territoriale, sans que l’on deux partant à la retraite. On société civile, les think tanks tels constate une baisse des effectifs peut aussi parler du volontaris- la Fondation iFRAP, apportent au au niveau national. Quand l’État, me d’État. Sur ce point, je crois débat public ? avec le non-remplacement d’un que l’État a beaucoup de pou- X. B. : Sources d’expertises, ces fonctionnaire sur deux partant à voir sur l’économie, y compris organismes sont des aiguillons, des la retraite, réduit le nombre de dans de nombreux pays répu- acteurs et des vitrines du débat. fonctionnaires de 35 000 par an, tés plus libéraux que nous : les Leur franc-parler est source de les collectivités locales augmen- États-Unis en tête, qui s’enten- débats passionnants et de réfor- tent les effectifs de 10 % par an dent à mener une politique de mes aussi. ce de solidarité. Voilà pourquoi je recherche à l’innovation. C’est le même moment la baisse de la TVA propose une réforme profonde de sens du nouveau pacte productif sur la restauration coûte 3 milliards notre système fiscal, pour que les que je propose. Il part de l’entre- d’euros à nos finances publiques. Il prélèvements soient réellement prise pour mieux y revenir. reste que la réforme de l’ensem- fonction des facultés contributi- ble des administrations publiques, ves de chacun. ❙ Fondation iFRAP : Le pouvoir de de leur cohérence, de leur efficaci- l’administration, du secteur public té, comme de leurs ressources doit ❙ Fondation iFRAP : Le rôle des et de l’État en général vous sem- être engagée, sans qu’il soit besoin entreprises dans notre économie ble-t-il plus important en France de revenir sur la décentralisation et vous semble-t-il perçu à sa jus- que dans les autres pays ? sur l’exigence de proximité. te valeur par l’opinion publique F. H. : La crise a révélé le besoin française ? d’État au sein de nos sociétés. Alors ❙ Fondation iFRAP : Que pen- F. H. : L’entreprise est le lieu de la que la financiarisation et la marchan- sez-vous que les organismes de création de richesses. Elle fournit disation de l’économie ont fragilisé la société civile, les think tanks l’essentiel des emplois offerts et les bases de l’économie mondiale, tels la Fondation iFRAP, appor- détermine par sa compétitivité la c’est vers les gouvernements que se tent au débat public ? place de la France dans la mondia- sont tournés les acteurs économi- F.