UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES OFFICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE INSTITUT DE SOCIOLOGIE ET TECHNIQUE OUTRE-MER

MISSION SOCIOLOGIQUE EN AHAGGAR

(Mai 1970)

de

E. BERNUS

Juillet; 1970 Cette mission qui a.ost d6roul~o du lor au 31 mai 1970 a dt' exdoutde A la demaDdo do l'Institut do Sociologie do l-Univoreit6 ~ibre de Bruxel1Gs dans 10 cadre de sos trnvaux sur l'nm6naacment du territoire en A1c6rio. MISSION EN AHAGGAR (mai 1970)

INTRODUCTION. L'.AhaBear, auquol correspond nujoUl'd 'hui la COlIlI:1UIlC) do Tamanrosset, couvre 500 007 lan2 pour une population d'environ 18 000 habitanta, ce qui repr6sonta une densitcS k:Uom:Strique d'environ 0,0' habitant. I-1arginale, éloigncSe de tous les grands contres, tranga œr1dionale du Sahara algérien, c'est uno regLon sur laquelle pàao la double servitude dos distancos et d'une occupation mo16cu1aire. L'.AhaBear, grAoo à sa JllD.3S0 montagnaUS3, reçoit des pluies imguli~re3 et d'indgale importance selon l'alt1tude, mata qui lui fournissant des ressources en cau qui ont parmi. l'installation de l'homo. L'.Ahaggar, province marg.1nale de l'Algérie, est le noYau central du Sahara, ce qui en tait un carrefour, à la limite d'influencos var16e3 t climatiquomœlt, PAhaggar est à l'interseotion de doux domaiœs, le tropical et le m6ditorranéon. Salon les p6riodos, ou salon les années, l'in:f'luonca de l'un ou de l'autre l'emporte, avec des pluies d'éteS (mai à eeptOl:1bre), ou d'Automne et d'Hiver. n semble que CElS denl1~rea annéea le r6eiJll3 pluv19UJt tropical do::dne (1). Cependant, le rcSg1me dos ~ratures n'ost pas colui du dcI:13ino tropical, si l'on constnte que les omplitudes diu:mos do toutes les stations de l'Ahaggar sont inférieures aux nmplitlldos annuelles. La végétation tŒ10igns aussi de ootte double influence, la m6ditorranéonne en alti­ tude, et la tropioale dan:J los zones moins élevéos, mais avoa un caractàre oontraoté, limité aux abords et aUX lits dos oueds, et la disparitian de nombrousas espbc3s sahéliennes 1 subsistent surtout rCllcia raddig, maena crnesifol1a, Cal1otropia procora, et qU3lqucs Balanites Aegyptio.ca parmi los arbres, et 10 Panicum turgidum parei les horbacés. Dans le domaino agricUo, on retrouve cette meœ oppasitian, avec les doux 1'6001tas quo fournissont les jardins t celle de 1 'hiver qui apporte le bl~ et l'orge,

CQ~alcs J::6ditorran6ennos, et calle de l'~t6, le mil et le sorgho t d'origina sah61o­ soudanaiGo. Cos quolques reœrquas técoienant du caractère de carrefour de l'Ahsœar, qui participa à de nombreux doma1nos ot à dcs influonces vnrl6es.

(1) cf. tableaux en annexe. -2-

Citadelle ferm6e, qui fut longtemps un ref'uge et un point de d~part pour des expétition::J lointa1ncs, pour des rezzous vers 10 Ilord COmn13 vors le Sud, ca fut aussi la porte de passogo entre le monde m6diterranéen et le monde soudanais. L'Aha&.aoar n'a jamais pu 3tre lm monde isol~ et ferm~, en raison de Bon aridit~. Il a toujours dO. Chercher dos 1'OSOou.rccs exMriouros, partiouli~rement dans la zone soudanaisa. Aujour­ d'hui, l'.Ahaegar CO%13orva C03 carnctb:rc3, mais le fait d'appnrtonir lJ. un ~tat fort et centralio6 Cré3 une situation nouvelle. D6sormais on peut se demander si C03 caraotères de région marginale, en contact aveo le rlord COI:m9 aveo le Sud, ne risquon.ta pas d'3tre rœds en cauna. l - SITUATION TRADITIONNELLE ET OPTIotm GOUVERNE!ŒUmp.s.

1. La situation t:rnditionn'3lle et Don 6volution. a) L'~volution jusqu'à la colonisation. On ne pout aborder l'.Ahaggar Ban3 définir la situation traditionnelle d'lm monde nomade, structuN et hiérarchisé, mais non fi~, ce qui explique une évolution incossante et une adaptatiolUl constanto à toute situation nouvello.

On peut résumer cl)tte évolution grâca aux travaux de )j. GAST (1). La confédération do l'Aha8gar se sépare des Xel Ajjer en 1660, et acobde lJ. l'autonomie politiqlW. Apràs une période de troubles, los Xel Ahaggar reconnaissent l'autoritâ d'\D'l arpnokal choisi dnns la tribu noble des Kol Rala. La confédération était fonn6e de trois tribus d '1r.louhAr ou imosAAr, constituant l'aristocratie guer­ rière, et possédant surtout des troupoaux de comel1ns. Chacune dos tribus nobles était entouNe de tribus vaDaaJ.es, les imrnd, s'occupant surtout d'élevage de ch~vres, et parlicipnnt aux exp6d1tions guerri~res. Chacune de ces tribus d'hommos libres poss6­ dait des captifs (iklan), s'adonnant aux travaux domastiquos ot 11 l'entretien des troupeaux. Longtomp3, les Kal Ahaggar no vécurent quo de3 ressourcos de lour élevage ot de reczous à longua porté3 en zona sah6lo-soudanaiso (au Niger et au YJBli aotuels), d'ob. ils rapportaient dos troupeaUXt des captifs, qui 6taient saisis com:no les trou­ peo,ux et incorporés dans leur vie familiale, de l'or, des cauris et dos bbjots de sellerie. Ils tiraient aussi parti~ des caravanes qui transitaient par l'Ahaggar, et

(1) GAST (r·l.). Evolution de la vie économiquo et structures sociales en Aho.8Bar do 1660 à 1965. Trav. de liInst. de Reoh. Sahariennes. 1965. t. mv. id. • Alimontation des populations de 1'Ahoggnr. Etude ethnographique. 1968. mémoire du C.R.A.P.E. Alger VIII. ils eStaient on liaison avoo le3 marchéa du Touat et du Tldikolt. Ezalc:ont les roo'" sources do la chtuu:Je Gt do la cueilletto (grainca de l'oueloul-.\r.I.etid" 'Q\MP,Cl1,) ot do l'Mazo (pptcum turgidum), leur fournissaient da la viando et du grain. C1 est soulc::ont dans la soconde r.oiti6 du 190 sièolo quo deB jardiniors, originairoa du l~ord, do Djanat, du TOUât et du. Tid1k9lt, furont 1nstallds daruJ les principalc3 vollées qui divergont do llAtakor, apportant avoc eux leurs tmd1tions do spéOiali~03 de l'irrigation par f'oegara. Do nolNOlI03 ressources, bld, orge et mU, font dono lour oppal'1tion en AhaeBar, et toua cos eericultours nouvellœuont inatBlléB dov1~nt m6ta;yors des bloMr, auxquols l1s vorsont les 4/5 de la récolte. Chnquo tribl1 avDit en zono do nœadisation et ses paturasos 11 l'intdriour do l'~t mais malgI'6 les ressourcos nouvelles proClmSos pnr l'egrloulture, la taiblesso den pluios rendait instablo l'économie do cotte reSgion, qui no pouvait B'U1'l­ Yivre quo par l'appoint de la guorro et de3 reZZOWh Or, au d6but du si~olo, los troupes frnnçaiC03 invootio:::scnt le pnyD et s'im­ tallent on 1900 à. et on 1905 à. Ae;ndaz. Los rezzous doviennent plus rares, alors qu3 la vio dan3 103 l1m1tos de l'Ahaegar n'ost pas possible. 1'atbontomont de 1902 à Tit aveo les troupes françaisos lI'.ot fin IL cot Icolcr:ont et prouve aux Touarees qu'Us peuvent Itl'G vaincus sur leur pl'Opl'O territoire. C'ost pou avant 1900 quo le Bol de l'.Amndror est explo1teS et quo dos cara­ vanes vont le vondre et ll6chan80r dans le Dnmorgou e't l'Ader (liigor), à un taux très avantageux (1 contre t 5 li. 20). Catto nouvelle tol'tlUle do tmnst:l.otlons rc:nplo.co 100 rozzous ot approvisiolU13 on c6réales l'Ahaggar 1 le mil d~a lors jOUD un 1'&le important daM l'alimontation des no:r:u:t.dos. Coo qUOlqUOB obr-...orvations montl'Gnt qUG IIéconomie de liAhaggar s'oot adaptéo cozwtœ::n:cnt au 190 siècle, jusqu'à 1905. L'se;ricultur9 (Ist uno aotiv1t6 rdcente, tout coxr=.o 10 comarco caravanier. Nous no nous trouvona donc pas en faca d'una socItSt6 figéo, brutal~nt miso en con­ tact avec 10 conde modemG par le biais do la colonisation française. b) L'évolution jU9gu'à J,'IndépondMcg. L'1nBttùlation d'un ponte militaire k Taraouhnout (1900), puis IL T8IlUlJ1IIaSsot (1929), qUi doviont la cap!tale ndmi n'strativa, développa do nouvelles olas::sc::J sociales 1 - milItaires payés en argont liquide,

- porcoNlOl Qdmin1strat1f, - boutiqu!ors venus surtout du llord (riZQb, Tidikclt), - ouvriera et toclm1oIcns (mnçons, contl'O:l::dtrca, chnufi'our.J). -4-

La sooi6t~ nomode a ~t~ conservda dans ses structures par le colonisateur , Moussa Ag .Amaatane, l'Amenokal, a su apros la défaite de Tit, accepter la supdrioritES du nouvel arrivant, et conserver ainsi le cadre politique traditiormol, qUOiqU3 colui-ci soit VidtS de Ela sub3ta.nce, dès lors que la guerre et los rezzous disparais13ont, et qua la paix est 1mpos~o par une autorit6 tSt~ro. La grando r6volte qui socoua le monde touareg en 1917 tSpargna l'éhaggar. f.~oussa Ag .Amastan3 reste prudemtl.ant à l'écart, et recuaille sans dcmte une partie des biens des Touaregs de l'AIr rdvolt6s. La oooi6td no!:lade continuo à so porp6tuer aveo pour 1'e3S0urcOS S03 tl'Ouveaux, dont uns grande partie vit au Tamoona, dans le nord Nigerian aux pô:turagoes plus accueillants pour les chœ.mlles, les ovins et les bov1na, l'Al1tlggar no pouvant accuoUlir que les caprins et les chs.moaux de monte et de transport. Des tribus ontières vivent au loin, expatriées en pemanonco. Le COJl:1lorco caravanier apporte le mil du SUd et les dattes du l1ord. Enfin los jardins rnppOrtont les 4/5 do la recolte aux tribus propriétaires des torrains culUvéa. L'Aceno1~ est confixutS dans Bon rOle par l'Administration, et continuo à percevoir les redevanco3 tl'2.dit1onnelles de saa dépondants. Un él6mant nouveau appo.ra1t à partir de 1956 • c'est l':f.mplantation de sooiétés industrielles qui offrent des emplois relativement bien rémun6r6th C'est le pEStrele dans le Tassili d.c3 .Ajjer en 1956, le Uolfram à Laouni en 1959, et enfin en 1960 l'ouvarture de la basa mU1taire d'In Ekker, sur la routa d'In Salah.

L03 servitours, les llarmtinos-jard1niers, sont los premiers à s'embaucher, ~u1v1B par quelques TOutlregs do condition libre, !mités bient8t par dea nombreux autres, vonus en particulier du Tnmesna. "En 1961, le chiffra des ouvriers orig1naires du Hoggar et travaillant sur les divers chantiers de l'ar.rondisacmont D'a ~s ~t~ inf~rieur à 500, et a atteint h certnines p6r1odos 800" (1). "On estima qu'au cours des deux demières annéos (1961 et 1962), près de la moititS de la population masculine net!va du Hoggar est pass6e - pour deo p6r1ode3 de durde variable - EUr los chantiers, et qu'un pou plus de la oo1t16 do cette popu­ lation a ét6 salariéo, ei l'on ajoute c.ux ouvriors dos chantiers - pami le3quols 103 'i'OU31'Cg8 noirs comptent en plus grand nombre que les To~tJ'S blancs - les

(1) CLAUZEL (J.) c L'évolution contompora1ne de l'économe et de la sooi6t6 chez lcs Touaregs. Actualités d'Outre-:'or, INSEE, nO 24, Juillet 1963. - 5 ... salariés de l'Administration (employés, supplétifs) et ceux de l'Ar­ mée (militaires, supplétifs), chez lesquols la proportion est inverse" (1). A cette époque (1961), on compte 936 ouvriers oriB1na1res du lIord Niger et du Nord llali(2). Les hommes de l'Ahaggar, qui avaient l'habitude de s'ab­ senter longtemps de leurs campements, autrefois pour la guerre, pUis pour les caravanes ont trouvé un nouvoau débouohé, qui cette fois los introduit direotement dans le oycle de l'économie monétaire. c) Depuis l'Indépendance. A l'Indépendance, la base d'In Ekker a été fermée, et cette source d'emplois a disparu. Da nombreux travailleurs sont revenus dans leurs caMpements et dans les centres de culture. Hais l'habitude du travail salarié a été prise, et ceux qui en ont la possibilité se sont ongagés dans les chantièrs de la Société da Recherches }tu11brea (SmTAREi1) • Ce rapide tableau nous a montré que la société touar~gue n'a cessé d'évoluer depuis le 190 siècle. Elle a trouvé à plusieurs reprises des ressources nouvelles et aujourd'hui la situation écono­ mique de l'Ahaggar bénéficie de la Buperposition de ces aotivités successivemont oréées, qui toutes sont encore vivantes 1 agrioulture, commerce caravanier, salariat. Les rapports sociaux seuls ont changé et au détriment des nomades J désormais les harratinès et toua les jardiniers oultivent à leur propre profit, et ne versent plus aux tribus propriétaires du sol les 4/5 ou la moitié de la récolte, comme naguère. Le commerce oaravanier vers le Sud s'est perpétué, mais le taux de l'échange n'a cessé de se détériorer au détriment des noma­ des 1 de 1 oharge de sel contre 15 à 20 de mil au début du siècle, le taux est tombé de 1 contre 6 à 10 en 1945-50, à 1 contre 5 en 1955, à 1 contre 3 à 4 on 1956 et à 1 contre 2 en 1959-60, pour 3tre parfois ensuite, les années da mauvaises récoltes, à égalité de oharge. Devant cette évolution, quelles sont los options du gouver­ nement_...... __..._algérien...... ? (1) ibid. p. 10 (2) GAST (n.) Evolution de la vie économique. Ouv. oité p. 137 - 6 - 2. Les opt1ons du gouvernement Pour l'Algérie indépendante, l'Ahaggar est une province marginale qu'il stagit d'intégrer dans le développement général de l'état. Les particularismes locaux, les survivanoes d'un régime sooial qui entretient la suprématie dJune partie de la population sur une autre, le nomadisme pastoral même, qui oblige des hommes et des ani­ maux à vivre à l'étranger, (au Tamesna), et crée des liens de dépen­ danoe vis à vis d'un état voisin, pour le ravitaillement en mil, en particulier, tout cela doit peu à peu disparaitre. L'intégration de l'Ahaggar dans l'AlgérIe indépendante est une option politique qui se réperoute dans tous les domaines.

- Dans le domaine économique t un organisme national (ONACO) met en vente les denrées de base au même prix dans toute l'Algérie. Les inégalités de prix dues aux co~ts de transport sont prises en charge par l'Etat• .- Dans le domaine agrioole, on· cherche à augmenter la produc.· tion looale pour réduire les importations de mil, et par là la dépen­ dance des nomades vis à vis du Niger. Dans ce but, des coppératives ont été créées, qui promettent de faciliter l'aide et l'action des services. Ces ooopératives mettent en culture des terres vierges. Elles groupent un certain nombre de cultIvateurs qui, par ailleurs, peuvent entretenir un jardin personnel. Elles sont dotées d'une moto­ pompe, qui alimente en eau des Oanaux d'irrigation souvent cimentés. Ohaque coopérative comporte un nombre variable de participants, mais les plus importantes peuvent posséder plusieurs périmètres d'irriga­ tion (c'est à dire plusieurs moto-pompes). On compte en moyenne 0,75 Ha par adhérent. Le président de la Coopérative répartit les tâches. Une partie de la récolte est oonsommée, une partie vendue. Les béné­ fices qui restent après prélèvement de la part de l'entretien du matériel sont distribués aux membres de la Coopérative. - Dans le domaine sooial, Oes ooopératives ont également pour but de rompre définitivement les liens qui unissaient les Harra­ tins jardiniers à leurs ma1tres des tribus nomades qui peroevaient les 4/5 (système du Khamessat) ou la moitié (système dit ~) de la réoolte. Car l'Algérie indépendante cherche à briser les struotures sooiales traditionnelles, maintenues par l'autorité ooloniale, tant -7- par respect d'une société qui lui était étrangbro, que par commo­ dité, pour s'appuyer sur une structure toujours en place. O'est pourquoi, si l'amenokal trad!tionne1 existe toujours, il a perdu toute influence politique (a.près avoir été, d'une manière éphémbre, roprésentant de l'Ahaggar ~ l'Assemblée Nationale), et il se~b1e bien que la chefferio elle-m8me diaparaitra aveo lui. Dans ce but également, on cherche à sédentariser les nomades, et en particulier ceux qui nomadisent au Tamesna, dans les plaines du Nord-Niger. On a créé dans cette perspeotive une Coopé­ rative h . à la frontière algéro-nigérienna, région bien pourvue en ressources hydrauliques. Des palmiers ont été plantés cette année, et la preoière récolte de,blé a été effectuée en lbi 1970. Lea membres de cette Coopérative sont tous d'anciens captifs des tribus qui nomadisent au TameBna, potite fraction des Ke1 Reh Iregeynaten et Ibotenaten. Anoiens bergers et éleveurs noI:Uldes, ces nouveaux jardiniers ont d'tl 3tre pris en charge par l' Adm1nistration~ jusqu'à oe que les produits agricoles puissent survenir à leurs bODoine. Pour l'instant, il semble que ce Boit le seul élément servile de oes tribus qui ait répondu à la création de oe nouveau centre de culture ex-nihilo, I!lais l'administration espère que co sera l'amorce d'une fixation plus importante. Au total. l'Ahaggar est appelé h s'int~grer dans l'ensem­ ble algérien. Province marginale, démesurée, ello ne présente qu'u­ ne population minime qu'on a'offorcera de s6dentariser et de faira participer à une économie moderne.

II. LA SITUATION PRESm~E. Cos options nettement d~f1niea se heurtent bien ontendu à. une situation do fait qui n'évolue que lentement. et qui no peut brutalement Atra modifiée. Il nous faut donc esoayer d'analyser la situation présente en étudiant succesBivemnt les nomades et 1CB agriou1teurs. Depuis déjà. plusieurs anndes, les liens de dépendance des seconds vis à vis des premiers ont été abolie, ce qui a créé une diminution des ressources alimentaires des nomades, obliaeant certains à se consaorer eux-mArnes aux travaux agricoles. ou h recheroher des emplois salariés. Hais la fermeture des grands chan­ tiers de travaux publics, et en partioulier de la base d'In Ekker, -8- a réduit les possibilités d'embauohe; et beauooup de jardiniers sont,retournés à la terre, oe qui provoque l'extension des Surfaces cultivées. l, Lea Nomades. Oomme par le passé, chaque tribu nomadise dans une région bien définie, qui reste celle d~ la tradition: ohaque campement se déplace dans un espace de 20 à 50 Km, selon l'état des pât.urages et des ressources en eau~ On peut donc donner les zones de nomadisa­ tion des prinoipales tribus 1

DAG HALl 1 Région de l'Atakor, jusqu'à lrafok au Nord. Région de l'Areoh-choum. ADJOU N'TBHLE : Région SUd et SUd-Est de . AIT LOAlEN 1 Région Uord-Est,et Est: de Tohin Tarabin à la Tafedest. IKLAN N'TAOUSIT • Région de Talra, à l'Ouest et au Sud-Ouest de l'Ahaggar. jusqu'à . Une fraotion à la frontière malienne : Tin Za~laten. ISAQQANAREN : Daris la Tafedest - t>Iouydir, . IBOTENATEN 1 Une fraotion vars Taourirt , Une fraotion dans le Tamcsna (Niger) • lREGEYNATEN • Dans le Tamesna (Niger). Ce qui frappe l'observateur habitué aux nomades et en particulier àu.x Touaregs sahéliens, 0'est 1 t éparpillement et en définitive la faiblesse de oette vie nomade: les oampements ne regroupent, sau:f cas exoeptionnel; que deux, trois ou quatre tentes. La ,pauvreté du couvert végétal commande ce morcellement humain. Oertains campements plus lourds et plus importants se sont plus ou moins fixés, tel celui de l'Amenokal, à 9 Km à l'Est d', constitué de cabanes de paille ou de roseaux (Akabàr, pl.lKEBRAN). Ce type de oonstruotion n'est pas une preuve de fixation, car il constitue souvent en période de forta chaleur un habitat plus frais que la tente, maia il semble bien que le oampement de l'Amenoka1 soit une installation quasi-permanente. r·Ia.1s il s'agit ici d'un cas exceptionnel, lié à l'autorité de l'amenokal, dont les ressources sont différentes et supérieures à oe11es du campement moyen. -9-

Autre trait frappant de l'habitat nomade 1 le remplacement du velum de cuir de la tente traditionnelle par une toile plastifiée de couleur jaune. Las chantiers dt In Ekker auraient mis en vente à bas prix cette toile plastifiée au moment de leur fermeture, et les nomades en auraient alors aoheté. Aujourd'hui, on en trouve dans toutes les boutiques de Tamanrasset au prix de 10 Dinars le mètre (soit 60 dinars pour une tente moyenne), alors qu'une tente d'une trentaine de pear''x vaut environ 1000 Dinars. Il est vrai que ces tentes sont rarement acheté6s, mais fabriquées pour la jeune fille qui se marie par sa mère. Ainsi, le plastique devient d'usage courant dans l'habitat nomade, et les velum de cuir sont remisés pour les grandes oiroonstances, dans un arbre ou dans quelque autre cache. , Au total, le nomadisme de l'Ahaggar ne peut être qu'un nomadisme de petits groupes, éparpillds sur un espace immense, et se déplaçant relativement peu à l'intérieur du massif. Son prolonge­ ment au Tamesna (Niger) permet à quelques tribus de ae livrer à 1.Ul élevage· plus important et surtout beaucoup plus varié, aveo chamel­ les, vaohes et moutons. L'élevage de l'Ahaggar· ne pouvant à lui tout seul alimen­ ter les nomades, ceux-ci sont obligés de rechercher des ressources dans d'autres act1vitéB~ a) L'élevasè ne représente donc qu'une aotivité accessoire. - Les chàvre~ constituent le seul troupeau apportant le lait quotidien, et beaucoup plus rarement la viande. O'est un éle­ vage qui est aux mains des tmmnes qui en assurant le plus souvent la garde, l'abrauvoment et la traite bi-quotidienne. Ce sont des chèvres noires à poils longs, filés par les femmes pour des objets de sparterie et de corderie, cordons (!h!!) et ornemente du harna­ chement du chameau. En général, dans un campement de 2 ou :3 tentes, chaque femme garde sucoessivemont le troupeau. Elle s'éloigne après la traite du matin et le premier repas de la journée, c'est à dire vera 9 heures du matin, et revient le soir vars 19 heures. Un jour sur deux, lea chèvres sont conduites au puits par la femme de service. - 10- Ce tour varie donc selon les campements, et peut donc avoir un rythme de un jour sur deux, trois, quatre. cinq ou oix. Parfois les jeunes enfants participent à cette garde, et soulagent ainsi les femmes adultes. - Les ~es sont présents autour de tous les campements. Ce sont les animaux des transports domestiques, et surtout les pourvoyeurs d'eau, qui portent les outres sous-ventrières. - Les chanraux, dans l'Ahaegar, sont exclusivement des animaux de bAt. Dans les environs des campements, on entrave les animaux qui servent de montures, et ceux qui sont utilisés pour transporter le bois que les nomades vont vendre à Tamanrasset. On va les abreuver tous les 8 ou 9 joura en hiver, tous les 5 jours par les fortès cbal~urs. Les chameaux qui participent aux caravanes sont lâchés sans entraves pour qu'ils aient la liberté de trouver de bons pâtu• rages, et de refaire leurs forces après les longs et durs efforts. Ils s'abreuvent eux-mêmes, aux sou..~ces qui suintent ici et là, aux réserves d'eau dans les rochers (agelmam) ou dans les foggara qui alimentent les jardina disséminés dans les lits (l'oued. Dix jours avant le départ d'une caravane, les hommes partent à la recherche des animaux égayés dans la nature et ils les retrouvent en suivant leurs traces. Ces animaux sont des bêtes de somme, utilisés pour le transport et le oommerce caravanier qui reste aujourd'hui encore très vivant. b) Le commerce caravanier. Ce oommerce est pratiqué par toutes les tribus nomades. Dana tous les campements que nous avons visités, un homme au moins était parti l'an passé au Niger, ou se préparait à s'y rendre en Automne. La caravMe du Niger est de beaucoup la plus importante. Elle comprend chaque année de SOO à 1000 chameaux (1), qui se rendent dans les grandes zones produotrices de mil. Ce ohiffre,

(1) Le demi-frère de l'Amenokal, Moussa, noU3 a donné le chiffre de 500 à 600, mais son neveu pa~lait de 1000, oe qui nous semble plus près do la réalité, ai l'on sait que les ADJOU n'TEIlLE nous ont dit que leur tribu seule rassemblait environ 200 chameaux. Il faut toniI' compte aussi du fait q~'en 1968 la réoolte de mil a été catastro­ phique au Niger, meilleure en 1969, ce qui a dd réduire les carava­ nes. - 11- malBI'é Don 1I!lprécision, semble prouvel" que la caravane a diminué dlimportance, puisque de 1955 à 1960, elle groupait annuellement en moyenna 1300 chameaux (1). Peut-être la mauvaise réoolte de 1968 a-t-elle influé sur cette diminution. En général, au printemps ou au début de l'été, un homme part chercher du sel dans l'Amadror, Ceux qui nomadisent au Sud ou à l'Est de Tamanrasset, les Adjou N'Tehlé ou les Iklan N'Taouait, mettent un 1p.ois pour se rendre aux salines, déoouper les plaques, et les ramener au campement. Le sel est alors placé dans des grottesl à l'abri des pluies estivales. Chaque campement possède un lieu sdr, isolé de l'humidité, qui lui sert d'entrepOt. Certains ne se rendent qu'au début de Septembre dans l'Amadror, et partent aussitÔt après vers le Sud. Beaucoup de caravaniers complètent leurs chargements en sel par des sacs de plantes séohées de l'Ahaggar, qui ne poussent paa dans le Sud, mais où leurs vertus médicinales sont bien connues. Il s'agit de la Taharad~ (Artemisia judaica ssp. sahariensis) que Iton coupe, puis que l'on fait séoher BOUS une bâche maintenue par des pierres. Ensuite, en la battant, on en isole les feuilles sèches . qui sont mises en sao. Un petit arbre, Tedjog (2) (Pistacia at1an­ tica) donne éBalement des feuilles vendues dans la zone sahélienne. lioua avons pu observer, dans un oampement Adjou N'Tehlé, la Taharad.12!2. en train de sécher sous une bâche, en vue du départ de Septembre au Niger. Les plaques de Bel se trouvant placées de chaque cOté du chameau et se faisant équilibre, sont donc oomplétées sur le sommet par un sao de ces plantee. Les nomades prétendent que l'on ne peut charger exclusivement les caravanes da tels saos, oar les chameaux sont incommodés par l'odeur de oes plantes. Le grand départ a lieu en Septembre, en général, parfois en Octobre. --~-....--_.. (1) cf. REGNIER (J.) - Les salines de l'Amadror et 10 trafic carava­ nier. Bull. de liaison Saharienne, Alger, NQ43, Sept.196l. (2) Ces deux plantes que l'on nous a indi~uées lors de notre séjour, en Ahaggar sont sign.a1ées in HAIRE (Dr.R. J- Hission du Higear.Etude sur la flore et la véBétat10n du Sahara central.Tome II,Alger 1933. (Cf. TEHEREGGELE, p.2l2 - et TEDJOQ, p. 241), où nous avons trouvé les noms scientifiques. - 12 -

Les Adjou N'Tahlé se rassemblent au puits d'Anfid, à 110 Km au Sud de Tamanrasset. Les Caravanes se di:r:-igent soit sur le Damergou, soit, pl~aà l'OUest dan~ la région de T~oua et les riches vallées de l'Ader Doutchi. Les campements que nous avons visités envoyaient leurs chameaux dans le Damergou. La caravane sa dirige sur In Atay,· In Guezzam, laisse In AbarlBarit à. l'Ouost, et par la station artésienne d'In Gitan, par Agadez, Aderbissinat gagne le Damergou et les marchés de Tanout, Belbej1 et Goueawa. Certaines années, les caravanes vont jusqu'au Damagaram (Zinder), à la frontière de Nigeria, ai les cours sont favorables. La voyage dure un mois et demi. Ceux qui préfèrent la. région de Taboua y vont chercher le sorgho qui est moins cher et plus abondant que dans le Damergou. Ils visitent les grands marchés de Barmou, Chadal'lanka et Tahoua. Le séjour au pays du ~il dure de trente à quarante oinq jours. ·11 ne fa.ut pas trop se pres~er, ne pas oéc1er aux premières offres, chercher le marché où les cours sont les 91US avantageux. En 1969, d'après les renseignements donnés par des oaravaniers des tribus Iklan N'Taousit, Adjou N'Tehlé et AIt Loaien, les oours étaient les suivants 1 1 oharge de sel apportée par un chameau se vendait de 2.500 à '.500 Francs CFA. 1 charge de mil rapporté par un chameau B'achetait de 1.200 à 1.500 Francs CFA. les taux de l'échange étaient donc aux environs de 1 oontre 2. Le sel en morceaux, vendu en vrac, dans la mesure de l'assiette de ouivre .(Tamenast) suspendue au cou du ohameau, était échangé à 1 contre 5 ou même 1 contre 6 ou 7. l,rais ces échanges portent sur de peti~as quantités, et sont le fait de ceux qui ven­ dent le mil au détail. L'herbe Taharad~ ne constitue jamais la charge exclu­ sive d'un ohameau. Les charges ne sont qu'un complément au saI. Le taux de l'échanee contre du mil est également de 1 contre 2. Le sao de Taharadjelé est vendu 1.750 Francs CFA. En plus du mil, sont achetés des vêtements, des sandales, des voiles de tête à l'indiBo (Allecho), des ouillères en bois, et toutes sortes d'objets fabriqués en zono sahélienne. La retour dure un mois et demi. ce qui fait que la caravane est de retour au .. 13 - mois de Février dans les oampements. Le mil est engrangé dans de petits greniers cachés dans la montagne. Ces greniers (taghazana) cylindriques sont faits de pierres cimentées par de l'argile, et , placés sur des surfaces rocheuses. Le grain est introduit par le haut du grenier qui est ensuite refermé. Par la suite, on prend le mil, au fur et à mesure de ses besoins, par une ouverture pratiquée au bas dugenier, et fermée par des chiffons et une pierre. Cette ouverture est appelée 1mi-n-tsghazana, "la bouche du grenier". Lo surplus, qui ne trouve pas place dans les greniers, est laissé dans les sacs, qui sont déposés dans de petits édifices de pièDDs sèohes, construits provisoirement. Dès que les sacs sont retirés, la cons­ truotion (asegefar) s'écroule, car on ne prend pas la peine de jointer les pierres qui la composent. Ainsi, pour un campement situé dans un rayon de 100 Km autour de Tamanrasset, le temps total du voyage dans l'Amadror et au Niger est dtenviron cinq mois et dème On mes'ùre ainsi l'impor­ tance du mil nigérien dans l'économie de l'Ahaggszo, par la persis­ tance de caravanes qui traversent le Sahara, malgré un taux d'éohan­ ge qui n'a cessé de se'déteriorer. La caravane vers In Salah est beaucoup plus l1m1tée. Elle concerne surtout le3 tribus vivant au Nord de l'Ahaggar, c'est à. , . dire les Isaqqamaren et les Ait Leaien. Environ 3DO,chameaux se rendent chaque année à IJ:1 Salah, pour y, apporter du beurre, du fro­ mage, et du b6tail sur pied, chèvres et chameaux, qui sont deatinés à la bouoherie. On aohète en retour des dattes. Cette oaravane dure en moyenne un mois et demi, èt se déroule en Septembre et en OctobrE ' Le commeroe caravanier demeure donc très vivant, dans ceti économie où le temps n'est pas oomptabilisé. Les habitudes alimen­ taires acquises, le mil restant la nourriture de base de~us les nomades, beaucoup plus apprécié que le blé, perpétue cette traditiol et cette dépendance vis à vis d 1 un état étranger. Le comnerce local, on l'a dit plus haut, consiste essen­ tiellement en vente de bois à Tamanrasset. Tous les campements situés dans un rayon d'une centaine de kilomètres, dans la mesure ot ils trouvent des zones boisées relativement proches, pratiquent ce commerce. Les chameaux entravés près des tentes, ou les Anes pour 1. campements proches des lieux de vente, sont ohargés, chaque fois qu. la nourriture aOlTh-nence à manquer. - 14 -

LG bois de construction provient avant tout du Tamarix Gallica (Azawa). La charge djun ohameau cat vendue 25 Dinars, celle d'un âne 15 Dinars. Le bois de chauffe est également très demandé, mais tous les arbres sans distinction sont utilisables. La charge de chameau vaut de 10 à 15 Dinars, celle d'un Ane de 5 à 7 Dinars.. Ce b,ois se trouve souvent très éloigné des campements. Il n'en existe guère à l'Ouest de Tamanrasset, dé Tit à Abalessa. D'un campement vivant à 25 Km au Sud de Tamanrasset, le bois se trouvait à un j our et demi de chameau. Daux j ours étaient néces­ saires pour le rassembler, un jour et demi pour le ralIlener au oampement, et de là il fallait enoore un jour pour se rendre à Tamanrasset. En plus de ce commerOe de bois, des chèvres sont con.. duites à la ville pour y être vendues, au fur et à mesure des besoins. Leur prix est d'environ SC Dinars, aV6C l'argent de ces ventes, on achète du thé. Ce oommerce local tient donc souvent les hommes éloignés des campements. C'est pourquoi il est fréquent de trouver des cam­ pements occupés seulement par les femmes et les enfants.

c) Ressourè~s annexes 1 Lea femmes nomades fabriquent des objets artisanaux destinés h la vente. L'Asaber, la longue natte-paravent, ourlée de cuir, qui entoure les lits, est une spéoialité des femmes Adjou N'Tehlé. 11ais leur'fabrication est une oeuvre de très longue haleine, oe qui fait que les ventes sont rares et les prix élevés (300 Dinars). Les objets les plus couramment vendus sont l'~. pendentif du harnachement ohame­ lier fait en poils dè chèvres (70 Dinars), ou la Teze~, corde du même harnaohement, également en poils de chèvres (10 Dinars), ou encore le Tarant, oorde de ouir qui tient lieu de rène au ohamea.u (20 Dinars), et divers sacs en cuir. L'argent de ces ,ventés est réservé aux femmes qui ont effectué ces travaux. Les maria se ohargent de les écouler au marché, et rapportent à leura femmes les objets qu'elles désirent se procurer en échange, bijoux, vêtements, parfums. Cet argent ne sert pas, en général, à l'altmentation de la famille. - 15 -

Ressources liées à l'agrioulture : Ce~tains nomades se rapprochent des centres de cultures à l'époque des récoltes. Nous avons pu faire quelques ob~ervations en Hai 1970, au moment de ]a " récolte'de blé. - Lea jardins sont ouverts aux nomades une fois la mois­ son faite, et les femmes y vont couper un à un les épis laissés sur pied, et peuvent ainsi glaner quelques paniers de blé. - n'autres se chargent parfois d'égrainer les épis secs, avant que les jardiniers ne battent le grain dans une petite exca­ vation faite sur le sol. Elles r.eçoivent pour ce service sept me­ sures (Mouds) de blé, o'est à dire environ 7 Kïlogs. - On. abandonne parfois aussi à un nomade ami un carré de blé qu'il récolte à son profit. - Cataines tribus nomades possèdent des palmiers-dattbrs dans les centres de culture. Les Dag Rali à Abalessa et à Silet, (fraction lkaohamaden) l'Amenokal à Tibegrin. Ces ressources liées à l'agriculture sont donc faibles, et se aont amenuisées avec l'Indépendanoe. Elles dépendent des rela­ tions qui Axistent entre nomades et agriculteurs 2 relations nou­ velles où le oadeau a parfois remplacé la redevance.

d) Bilans alimentaires de quelques campements : 1. Campement de la tribu des Iklan N'Taouait, aitué à Amezzigen (10 km à l'OUest d'Amsel). Quatre tentes, installées dana le lit d'un oued, trois sont groupées, la quatrième à 400 mètr~s en aval. 1. un homme, una épouse, six e~fants. 2. un homme (f~ère cadet de 1), une épouse et quatre enfants. 3. une femme (mère de l et 2) pour mémoire 1 4. Cousin croisé de l et 2, une épouse, 3 enfants. En :fait, les trois premières tentes forment une unité I!oonomique distinote de la dernière. Leurs troupeaux sont séparés. Oes trois tentes représentent donc : 2 hommes (+ un à Ameel) , 3 femmes, et 10 Enfante. - 16.-

Ces nomades posBédaiont auparavant des harratins-jard1­ niera, dont ils percevaient la récolte. AUjourd'hu1, 11e se sont incorporés h la coopérative agricole d'Amael, cr~ée en 1955. Le père de l et 2, mari de 3, réside à Amsel pour s'occuper de sa par­ celle. Les tâohes du campement se répartissent de la façon su1vante: - le mari de 3 s'oooupe du jardin d'Amael. - l'homme 1 est guide, et se charge de tempa à autres de trouver des chameaux et de convoyer des touristes dans l'Atakor. De plus, il va vendre du bois ho Tamanrasset. - l'homme 2 fait la oaravane du Niger. Ce campement bénéfioie donc de ressources variéês. Le troupeau comprend : 105 ohèvres, 19 ohameaux et 5 chamelles (dont 3 appartiennent à des soeura mariées qui ont laissé leurs animaux ohez leurs parente.) L'hommo 2 est parti en 1969 avec 6 chameaux et il a rap­ porté dix sacs de mil, c'est à dire environ 600 Kg. Ce mil, ramené en Février, ne suffit pas à les alimenter toute l'année, et dure environ 6 mois. Ce campement oompl~te sea ressources par la vente de bois et de ch~vres. ~~ia il dispose de ressouroes complémentaires grâce aux gains rapportés par l'homme nO 1. Le jardin produit du blé et un peu de mil. Les légumes sont vendus per la Coopérative, et rapportent de 100 à 150 Dinars par an. Noue trouvons donc ici un campement doublement avantagé: par sa situation proohe de Tamanrasset, qui permet de trouver un emploi salarié épisodique (un guide est payé 20 Dinare par jour), la prOximité du oentre de culture pilote dtAmsel, qui bénéficie d'une infra-structure Bolide et commercialise ses produits à Tamanrasset. 2. Campement d'Adjou N'Teblé, à Tofadet, au SUd de la montagne d'Adjalella. Campoment de cinq tentes. 1. ml hommo et une épouse.' 2. femme, mère de 1. 3. un homme (frère de 1.), absent (méhariste), une épouse. trois enfants. 4. un homme (tràre cadet de 1) et une épouse. 5. un étranger et une épouse ••• - 17 - Ce campement possède 70 chèvres et 10 chameaux. Les chhvres sont gardées par les femmes des tentes 1,3,4 et 5, ce qui fait que 10 tour de garde revient un jour sur 4. Les hommes des tents 1 et 4 sont partis ensemble pour le Niger avec du sel et de l'herbe Tahadj~lé, portés par les dix chameaux. Ils ont ramené 20 sacs de lilil, soit environ 1.200 Kilogs, qui ont été el10DTangés dana les gre­ niers. Ils ont rapporté également des cuillers de bois, des sanda­ les et un voile de tête. Revenus en Février dernier, il ne leur reste du mil que pour un peu plue d'un moia. Lorsque leurs provisions sont épuisées, 11s ae rendent à Tamanrasset pour vendre du bois, ou à défaut tule chèvre ou ~ chameau. Ils ~~ètent ~or8 du mil. ou du blé. Ils pré­ fèrent le mil, qui est la. base presqu'oxclusive de leur alimentation, Le sel de la proohaine campagne a été cherché en I~s dernier et est entreposé dans une grotte. L'herbe Taharadjelé était en tra.in de sécher sur une terrasse anx abords de l'oued. Par consé­ quent tout est déjà pr~t pour le départ de Septembre. Les femmes vendent des produits de l.'artisanat : harnache.. ment de cha.'ll.eau en poils de chbvres, couverture de proteotion posée entre le chameau et la selle (Iaetfar), ou encore des sacs en cuir. Ce oampement vit donc du seul commerce oaravanier et de l'élevage.. L'alimentation en eau des campements ne pose pas de 62'08 problèmes en Ahaggar, où les trous d'eau sont creusés dans les lits d'oued _ En général, ohaque -tente possède trois ou quatre outres d'une contenance d'environ 15 à 20 litres. Les caravaniers possèden1 des outres spéciales, prévues pour 1eurs voyages.

3. Les Jardiniers 1 Pour tout l'Ahaggar, les- superfioies oultivées 600 ha, r~pal~tis dans 34 centras de cultures permanentes. a) Le système d'irrigation. Les jardins de 1 t Ahaggar sont irrigués à partir de la nappa d'infero-flux, c~ est h dire qu'ils ne font appel qu'à une e'au rare, filtpée dans le sable dea oued, et qui ne constitue pas une nappe profonde et stable. C'est une eau tributaire des pluies annuelles. ,Pour irriguer les jardins, il s'a­ git d'élever l'eau et de la concentrer dans un bassin d'où elle sera distribuée dans les différentes parcellea~ Trois systèmes sont util1aés pour élever l'eau jusqu'à ce réservoir. - 18 - - Ha fOPagara (efeli, pl•.ifolan en tarmhaq). C'est un canal souterrain dont la peute est moins forte que oello de l'oued. La tate de la foggara eat constituée do puits reliés entre eux par un tUlmel (qui peuvent atteindre 4 mètres de profondeur). Lorsquo la profondeur a diminué, la tranohée est entihrement à l'air libre, jusqu'à parvenir à fleur du sol et s'élever par un canal au dessus du lit de ltoued et venir se déverser dans le bassin, qui est suré­ levé par rapport au périmètre cultivé. C'est un travail très long et très pénible que de creuser et d'entretenir une foegara. Lorsque le débit devient trop faible, il est néoessaire de reouler la tête de la foggara. Certains jardiniers préfèrent alors abandonner leur jardin et le reoonstituer un peu plus loin. Lorsqu'une pluie vio- . . lente provoque une crue, les puits suooessifs s'effondrent, et les tranchées sont ensablées. - Le puits (tanout) est creusé à proximité du bassin, dans le jardin un boeuf, par un va et vient inceasant, tire une outre dont l'extrêmité inférieure se déverse danA un canal qUi oon­ duit au réservoir. Ce système est relativement rare. - La moto-pompe est aujourd'hui utilisée dans toutes les coopératives, et, également dans de nombreux jardins particuliers. - Le bassID (majed en arabe, tihemt en tamahaq)., alimente , en général plusieurs parcelles appartenant à des familles différen­ tes. A , nous avons pu observer une foggara alimentant lm bassin qui ,irri~it six propriétés distinctes, arrosdes chacune à leur tour, o'est à dire tous les six jours. Le oanal d 1amenée et le réservoir sont donc entretenus collectivement.

b) Les cultures. Les jardins irrigués à longueur d'année subissent un les... sivage qui ne va pas sans appauvrir les sols ou les rendr9 trop compaots par ablation des éléments les plus légers. On va donc chax cher de la terre au pied des rochers, on la oharge sur des Aneo, et on la répand dans les carrés de oultures. Les jardinà, grâce à cette irrigation; peuvent porter det cyoles oulturaux céréaliers 1 l'hivernal donne le blé et en moindre quant:f.té l'orge. L'estival, le mil et le sorgho. On sème le blé et l'orge en Octobro. Le second est récolté avant le premier. Los récoltes s'échelonnent dtAvril à l'~1. à des époques différentes - 19 - d'un endroit à l'autre, selon l'exposition ou l'altitude. Préci­ sons qu'il s'agit toujours de blé tendre, que l'on préfère au blé. dur impo~té du nord. Mil et sorgho sont récoltés en Octobre. Les cycles céréaliers sont complétés par de nombreux légu­ mes, tomates, qui s-intègrent dans le ~ycle estival, et oignons dans l'hive~al. On trouve également pastèques, betteraves, pommes de terre, carottes, lentilles: Des carrés sont réservés à la luzer­ ne pour le fourrage. De plus, des arbres fruitiers accompagnent presque tou­ jours les jardina : dattiers, figuiers, abricotiers, orangera, et parfois vigne. Des peupliers sont souvent plantés le long des ca­ naux d'irriuation ou des bassins. En prinoipe on laisse reposer la terre un an sur trois et on fait succéder sur les carrés blé et cultures fourragères ou légumes. Le blé est souvent engrangé dans des silos .souterrains (Edjend) d'environ deux mètres de prodondeur, fermés par une dalle, et qui sont creusés auprès des habitations. c) Les Coopératives (1) ont été créées en 1965. Elles sont aujourd. 'hui au nombre de douze : Amsel - Abalessa - Ooutoul .- Iglen (à 6 Kin d'Abalessa) ­ In Amgel - Idélès - Tazerouk - Asliskin - (60 Km NO de Tamanrasset)­ Adryan (à cOté de Tamanrasset) ... Tarayt (16 Km de Tamanrasset) ­ Talat N' Shw1r (qqs Km Tam.) - Imechwan (quartier de Tam.). Ces douze coopératives ont été officiellement aeréées par le gouvernement algérien. Il existe de plus trois coopératives qui fonctionnent sans être encore reconnues par le Ministère de l'Agriculture: à Hirafok, Tah1fet et In Guezzam. Ces ooopérativeB groupent 300 familles. qui cultivent 100 Ha., sur une superficie cultivable de 240 Ha. ---_...... - (1) Tous les renseignements chiffrés proviennent des Services Agricoles de Tamanrasset. - 20 -

Ces 100 Ha produisent : - 1000 Q. de blé et ûrge. - 500 Q. de mil. 50 Q. de tomate séohée -. 500 q. de légumes - 2500 ~. de fourrage (paille, luzerne). Chaque ooopérative oomporte u..'l nombre variable de parti­ oipants, les plus importants peuvent posséder plusieurs périmètres, chacun al1manté par sa propre moto-l)Ompe. Normalement, une partie de la récolte est commercialisée et une partie auto-consommée. r1a.is le problème de la commerciali­ sation se pose différemment dans les centres, seloll la distance à laquelle ils se trouvent de Tamanrasset. Les plus proches font beaucoup de légumes, qui sont vendus frais aux particuliers, mais aussi aux services administratifs (internat, hOpital) ou à IfhOtel. Les centres lointains, ne disposant pas de moyen de trans·· port rapide, ,ne peuvent espérer vendre des ~égumea frais. Aussi les services agricoles les orientent-ils vers la production de tomates (que l'on peut sécher) d'oignons, d'ail, de fèves, de lentilles, ou encore vers les cultures fourragères. ~ais il est certain que la distance pèsera toujours sur le développement des oentras les plus éloignés. A Tamanrasset même, l'Union des Coopératives est chargée de la Bestion, de l'administration et de la oommercialisation des produits. Elle dispose d'un parc automobile et d'un atelier méca­ nique qui peut se déplacer, pour l'entretien et le dépannage éven­ tuel des pompes. Les diffioultés que rencontrent les Coopératives sont nombreuses. Les unû3 sont inhérentes à leur or~aniBation Eropr~, et en particulier au manque de cadres compétente et de teohniciens. Les autres tiennent au pays lui-même : Le problème des distances & In Guezzam est à 400 Km, Idélès à 230. La panne d'une moto-pompe, ou le manque de gazoil, si le ravitaillement n'a pu 3tre assuré à temps, faute de véhicule 1 peuvent réduire à néant une récolte. Nous avons pu constater qu'un« panne s'était produite à Abclessa, et que Tahifet avant manqué de carburant pendant quinze jours. Ces incidents sont toujours à craindre, et dans bien des cus sont difficilement évitables, ne - 21 - serait-ce que par manque de moyens de oommunioations rapides. Le Eroblèmg de l'eau pbse également eur toutes oes coopé­ ratives. Les moto-pompes épuisant plus rapidement les nappes dtinfe~ ro-flux, fragmentaires et limitées en débit. que les foegara tradi­ tionnelles, Dans les centres éloiBnés, OÙ les moto~pompes sont peu nombreuses. la baisse de la nappe n'a pas encore été sensible, comme elle l'est à Tamanrasset. où les moteurs des coopératives sont bien moins nombreux que ceux des partiouliers qui se sont substitués aux :Coegara (dont une seule reste en fonotion) • n'après le service des Travaux Publics, 1es jardina consomment dix foie p1us d'eau que 1a ville (eau distribuée à. par­ tir d'un château d'eau). Les moto-pompes des partiouJ.iers (1) (il en existe 201 dans tout 1'Ahagsar) se sont muJ.tip11éos depuis la fermeture de la base d'In Ekker, qui a 1ibéré une nombreuse main d'oeuvre revenue aux jardins. Le prob1ème qui pour 10 moment na se pose qu'à Tamanrasset, peut s'étendre ai11eurs. si 1es moto-pompes se substi­ tuent partout aux foggara.

d) L'exemp1e da Tahifet. Tahifet est un centre de cu1tu­ res situé à 80 Km au N. E. de Tamanrasset. les habitants en sont d'origine variée 1 jardiniers venus du llord et du Nord-Est : Xe1 Rezzi et Ke1 Djanet - Anciens Harratins des Adjou N'TehJ.é et des Ke1 Rela - Adjou NtTab1é nouve11ement venus à ltagriculture. Une coopérative, non enoore reconnuo par 10 gouvernement, fonctionne avec une moto-pompe. Elle regroupe douze familles, dont six travaillent en même temps dans des jardina personnels irrigués par foegara• .._------.. (1) les coto-pompes des ooopératives, p1us puissantes, desttnées à irriguer de p1us grandes suporficies, fonotionnent au gaz-oi1• . a10rs que 1es particuliers oonsomment de l'essence. Les unes et 1es autres sont en généra1 des moteurs m~RNARD. Lea rnoto-pompes sont fournies gratuitement aux Coopératives aJ.ors que 0011es des parti­ culiers sont achetées aveo 1'aide de prêts sur oinq ans. - 22 - Quatre autres foggaras groupent quatorz6 familles de jardiniers (respeotivement z 6, 4, 3, et une familles). Bilan d'une famille de ;1 ardiniers 1 Cette famille était composée de trois ménages vivant sous trois paillottes voisines 1 1. un homme, une femme, trois enfants. 2~ un homme (frère cadet de 1), une femme, un enfant. 3. une femme, mère de 1 et 2, veuve depuis un mois, quatre jeunes gens, une jeune fille. Cette famille, dont le père. récemment décédé, était le responsable du village, vit d'un jardin alimenté par foggara, et n'a'pas adhéré à la Coopérative. Cette famille d'origine mixte Adjou N'Téhlé et Kel Rezzi. La foggara" alimente les jardins de six familles. Chaque propriété est donc irriguée tous les six jours. Lors de notre visite, la récolte du blé n'était pas terminée. 'En 1969, ils avaient récolté 700 Kg de blé. Dès le mois de Juin, ils en avaient vendu 100 Kg pour aoheter des v3tements, du thé et du sucre. La récolte de mil, en Octobre, peu importante, a été entièrement consommée. Les tomates, qui sont en général une bonne source de re­ venus, sont attaquées par une maladie qui empêche leur développe­ ment. En 1969, ils n'ont vendu que 10 Kg de tomates sèches, qui leur ont rapporté 40 D~s. En Janvier 1970, ils ont d'O. acheter 1.000 Kg de blé, en vendant un chameau, des ohèvres et du bois à Tamanrasset. Ainsi ces jardiniers ont acheté plus de blé qu'ils n'en ont produit. Il est évident que le commerce local leur a permis de compléter des ressources agricoles insuffisantes. Il faut signa­ ler que c'est le père, déoédé en 1970, qui s'est mis le premier à l'agriculture. C'est donc une sédentarisation récente. - 23 -

CONCLUSIONS

Apràs avoir étudid 10 nomadisme en zone sahélienne, on est frappé de la pauvretd du nomadisme de J.' AhagB,ar, qui ne peut vivre de son propre éleva§e. et qui doit chercher d'autres ressour­ oes, dans le commerce, J.' aunoriculture ou les emplois salariés. L' é­ levage trouve ~a seule issue dans le Sud, donc à l'étranger, ce qui '~xplique la présence permanente de certaines tribus au Tarnesna. L'élevage sahélien, par sa richesse et sa diversité, se perpétue, et l'on peut envisager son amélioration par des mesures qui en permettent une meilleure exploitation. L'élevage dans l'Ahaggar ne peut être que squelettique s la seule période où J.ee nomades sahéliens ont été attirés dans l'AhaBgar a été celle des grands chantiers. Ce ne sont pas des éleveurs qui sont venus, avec leurs troupeaux, mais des hommes seula à la recherche d'un emploi temporaire. On peut certes, envisager d'utiliser les nomades de l'Ahaggar pour leurs propres compétences, dans des emplois de méharistes, de policiers du désert, Où ils ont leur placo toute trouvée. Certains s'emploient déjà comme guides, en convoyant les touristes désireux de connaitre le rythme lent des voyaees à dos de cham~au. Ils se chargent de fournir la monture, le harnachement. Et le d~veloppement du tourisme peut fournir enoore de tels emplois, où le Touareg est incomparable = il sait ohoisir les étapes, les rares enciroits ombragés pour le repos, les sources ou retenues d'eau où l'on peut se ra.:fra1chir. Il sait 6za1ement être un compa­ gnon aussi discret qu'attentionné. f~is il semble évident que J.e nomadisme sans élevage n'a guère de chance de se pêrp6tuer. Le déclin des caravanes ne fait que s'amorcer, mais 11 est certain qu'il est irréversible. Cette ressource disparue, c'est six mois d'alimentation des nomades qu t il faut remplacer, en leur donnant les moyens de gagner en numéraire ce que les échangea à partir du sel ne pourront plùs leur donner. L'agrioulture ne peut espérer un développement qui donne~ à tous des ressouroes suffisantes. .. 24 - Dans la situation aotuelle, nos observations nous mon­ trent que la plupart des nomades, et oertains oultivateurs, doivent oompléter les ressources qu'ils tirent, les premiers de l'élevage et du oommerce caravanier, los seoonds de leuro jardins, parla vente d'animaux èt de bois. C'est dire la précarité de leur économie qui, aotuellement. ne leur permot que de vivre au jour 10 jour, à la merci d'aléas climatiques, en Ahaggar comme au Niger. - 25 ­ ANNEXE

1. Le tableau dressé par J. DUBIEF (Les Pluies au Sahara Central, Trav. de l'Institut de Recherches Sahariennes, IV, 1947, pp.7-2,), ~ partir de rense~ementa recueillie auprès des habitants, donne le pourcentage des pluies aux 19 et 20è siècles, aux différentes saisons

Période Hiver Printemps Eté Automne ~ 1860 - 1899 27,5 17,5 22,5 1900 ... 1939 20,6 35,3 20,6

Ces chiffree, qui n'ont qu'une valeur indicative, ten­ draient à prouver que les pluies d'été sont devenues prépondérantes au .xxè siècle. 2. Différences dee précipitations liées à l'altitud2 : cf. J. DUBIEF - Le Climat du Sahara, (2 tomes), 1959...L963 Alger, Institut de Recherches Sahariennes. D. YACONO - Essai sur le climat de montagne au Sahara.. L'Ahaggar - Trav. de l'Inst. rech. Sahar., Alger 1968. (cf. pp. 80-8J.) Entra les deux stations de Tamanrasset (1376 m.) et de l'Asekrem (2706 m.) le régime des pluies est semblable, et les mêmes mois sont pluvieux. r·Iais l'altitude provoque un accroissement de la pluviosité et se manifeote aussi dans la durée et l'intensité des pluies.

Pluies en mm. 1956 1957 1958 1959 1960 1961

Tamanrasset Alt. 1376 m. 23 108 60 13 49 5

Asekrem Alt. 2706 m. 62 262 228 129 143 37