UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES OFFICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE INSTITUT DE SOCIOLOGIE ET TECHNIQUE OUTRE-MER MISSION SOCIOLOGIQUE EN AHAGGAR (Mai 1970) de E. BERNUS Juillet; 1970 Cette mission qui a.ost d6roul~o du lor au 31 mai 1970 a dt' exdoutde A la demaDdo do l'Institut do Sociologie do l-Univoreit6 ~ibre de Bruxel1Gs dans 10 cadre de sos trnvaux sur l'nm6naacment du territoire en A1c6rio. MISSION EN AHAGGAR (mai 1970) INTRODUCTION. L'.AhaBear, auquol correspond nujoUl'd 'hui la COlIlI:1UIlC) do Tamanrosset, couvre 500 007 lan2 pour une population d'environ 18 000 habitanta, ce qui repr6sonta une densitcS k:Uom:Strique d'environ 0,0' habitant. I-1arginale, éloigncSe de tous les grands contres, tranga œr1dionale du Sahara algérien, c'est uno regLon sur laquelle pàao la double servitude dos distancos et d'une occupation mo16cu1aire. L'.AhaBear, grAoo à sa JllD.3S0 montagnaUS3, reçoit des pluies imguli~re3 et d'indgale importance selon l'alt1tude, mata qui lui fournissant des ressources en cau qui ont parmi. l'installation de l'homo. L'.Ahaggar, province marg.1nale de l'Algérie, est le noYau central du Sahara, ce qui en tait un carrefour, à la limite d'influencos var16e3 t climatiquomœlt, PAhaggar est à l'interseotion de doux domaiœs, le tropical et le m6ditorranéon. Salon les p6riodos, ou salon les années, l'in:f'luonca de l'un ou de l'autre l'emporte, avec des pluies d'éteS (mai à eeptOl:1bre), ou d'Automne et d'Hiver. n semble que CElS denl1~rea annéea le r6eiJll3 pluv19UJt tropical do::dne (1). Cependant, le rcSg1me dos ~ratures n'ost pas colui du dcI:13ino tropical, si l'on constnte que les omplitudes diu:mos do toutes les stations de l'Ahaggar sont inférieures aux nmplitlldos annuelles. La végétation tŒ10igns aussi de ootte double influence, la m6ditorranéonne en alti­ tude, et la tropioale dan:J los zones moins élevéos, mais avoa un caractàre oontraoté, limité aux abords et aUX lits dos oueds, et la disparitian de nombrousas espbc3s sahéliennes 1 subsistent surtout rCllcia raddig, maena crnesifol1a, Cal1otropia procora, et qU3lqucs Balanites Aegyptio.ca parmi los arbres, et 10 Panicum turgidum parei les horbacés. Dans le domaino agricUo, on retrouve cette meœ oppasitian, avec les doux 1'6001tas quo fournissont les jardins t celle de 1 'hiver qui apporte le bl~ et l'orge, CQ~alcs J::6ditorran6ennos, et calle de l'~t6, le mil et le sorgho t d'origina sah61o­ soudanaiGo. Cos quolques reœrquas técoienant du caractère de carrefour de l'Ahsœar, qui participa à de nombreux doma1nos ot à dcs influonces vnrl6es. (1) cf. tableaux en annexe. -2- Citadelle ferm6e, qui fut longtemps un ref'uge et un point de d~part pour des expétition::J lointa1ncs, pour des rezzous vers 10 Ilord COmn13 vors le Sud, ca fut aussi la porte de passogo entre le monde m6diterranéen et le monde soudanais. L'Aha&.aoar n'a jamais pu 3tre lm monde isol~ et ferm~, en raison de Bon aridit~. Il a toujours dO. Chercher dos 1'OSOou.rccs exMriouros, partiouli~rement dans la zone soudanaisa. Aujour­ d'hui, l'.Ahaegar CO%13orva C03 carnctb:rc3, mais le fait d'appnrtonir lJ. un ~tat fort et centralio6 Cré3 une situation nouvelle. D6sormais on peut se demander si C03 caraotères de région marginale, en contact aveo le rlord COI:m9 aveo le Sud, ne risquon.ta pas d'3tre rœds en cauna. l - SITUATION TRADITIONNELLE ET OPTIotm GOUVERNE!ŒUmp.s. 1. La situation t:rnditionn'3lle et Don 6volution. a) L'~volution jusqu'à la colonisation. On ne pout aborder l'.Ahaggar Ban3 définir la situation traditionnelle d'lm monde nomade, structuN et hiérarchisé, mais non fi~, ce qui explique une évolution incossante et une adaptatiolUl constanto à toute situation nouvello. On peut résumer cl)tte évolution grâca aux travaux de )j. GAST (1). La confédération do l'Aha8gar se sépare des Xel Ajjer en 1660, et acobde lJ. l'autonomie politiqlW. Apràs une période de troubles, los Xel Ahaggar reconnaissent l'autoritâ d'\D'l arpnokal choisi dnns la tribu noble des Kol Rala. La confédération était fonn6e de trois tribus d '1r.louhAr ou imosAAr, constituant l'aristocratie guer­ rière, et possédant surtout des troupoaux de comel1ns. Chacune dos tribus nobles était entouNe de tribus vaDaaJ.es, les imrnd, s'occupant surtout d'élevage de ch~vres, et parlicipnnt aux exp6d1tions guerri~res. Chacune de ces tribus d'hommos libres poss6­ dait des captifs (iklan), s'adonnant aux travaux domastiquos ot 11 l'entretien des troupeaux. Longtomp3, les Kal Ahaggar no vécurent quo de3 ressourcos de lour élevage ot de reczous à longua porté3 en zona sah6lo-soudanaiso (au Niger et au YJBli aotuels), d'ob. ils rapportaient dos troupeaUXt des captifs, qui 6taient saisis com:no les trou­ peo,ux et incorporés dans leur vie familiale, de l'or, des cauris et dos bbjots de sellerie. Ils tiraient aussi parti~ des caravanes qui transitaient par l'Ahaggar, et (1) GAST (r·l.). Evolution de la vie économiquo et structures sociales en Aho.8Bar do 1660 à 1965. Trav. de liInst. de Reoh. Sahariennes. 1965. t. mv. id. • Alimontation des populations de 1'Ahoggnr. Etude ethnographique. 1968. mémoire du C.R.A.P.E. Alger VIII. ils eStaient on liaison avoo le3 marchéa du Touat et du Tldikolt. Ezalc:ont les roo'" sources do la chtuu:Je Gt do la cueilletto (grainca de l'oueloul-.\r.I.etid" 'Q\MP,Cl1,) ot do l'Mazo (pptcum turgidum), leur fournissaient da la viando et du grain. C1 est soulc::ont dans la soconde r.oiti6 du 190 sièolo quo deB jardiniors, originairoa du l~ord, do Djanat, du TOUât et du. Tid1k9lt, furont 1nstallds daruJ les principalc3 vollées qui divergont do llAtakor, apportant avoc eux leurs tmd1tions do spéOiali~03 de l'irrigation par f'oegara. Do nolNOlI03 ressources, bld, orge et mU, font dono lour oppal'1tion en AhaeBar, et toua cos eericultours nouvellœuont inatBlléB dov1~nt m6ta;yors des bloMr, auxquols l1s vorsont les 4/5 de la récolte. Chnquo tribl1 avDit en zono do nœadisation et ses paturasos 11 l'intdriour do l'~t mais malgI'6 les ressourcos nouvelles proClmSos pnr l'egrloulture, la taiblesso den pluios rendait instablo l'économie do cotte reSgion, qui no pouvait B'U1'l­ Yivre quo par l'appoint de la guorro et de3 reZZOWh Or, au d6but du si~olo, los troupes frnnçaiC03 invootio:::scnt le pnyD et s'im­ tallent on 1900 à. In Salah et on 1905 à. Ae;ndaz. Los rezzous doviennent plus rares, alors qu3 la vio dan3 103 l1m1tos de l'Ahaegar n'ost pas possible. 1'atbontomont de 1902 à Tit aveo les troupes françaisos lI'.ot fin IL cot Icolcr:ont et prouve aux Touarees qu'Us peuvent Itl'G vaincus sur leur pl'Opl'O territoire. C'ost pou avant 1900 quo le Bol de l'.Amndror est explo1teS et quo dos cara­ vanes vont le vondre et ll6chan80r dans le Dnmorgou e't l'Ader (liigor), à un taux très avantageux (1 contre t 5 li. 20). Catto nouvelle tol'tlUle do tmnst:l.otlons rc:nplo.co 100 rozzous ot approvisiolU13 on c6réales l'Ahaggar 1 le mil d~a lors jOUD un 1'&le important daM l'alimontation des no:r:u:t.dos. Coo qUOlqUOB obr-...orvations montl'Gnt qUG IIéconomie de liAhaggar s'oot adaptéo cozwtœ::n:cnt au 190 siècle, jusqu'à 1905. L'se;ricultur9 (Ist uno aotiv1t6 rdcente, tout coxr=.o 10 comarco caravanier. Nous no nous trouvona donc pas en faca d'una socItSt6 figéo, brutal~nt miso en con­ tact avec 10 conde modemG par le biais do la colonisation française. b) L'évolution jU9gu'à J,'IndépondMcg. L'1nBttùlation d'un ponte militaire k Taraouhnout (1900), puis IL T8IlUlJ1IIaSsot (1929), qUi doviont la cap!tale ndmi n'strativa, développa do nouvelles olas::sc::J sociales 1 - milItaires payés en argont liquide, - porcoNlOl Qdmin1strat1f, - boutiqu!ors venus surtout du llord (riZQb, Tidikclt), - ouvriera et toclm1oIcns (mnçons, contl'O:l::dtrca, chnufi'our.J). -4- La sooi6t~ nomode a ~t~ conservda dans ses structures par le colonisateur , Moussa Ag .Amaatane, l'Amenokal, a su apros la défaite de Tit, accepter la supdrioritES du nouvel arrivant, et conserver ainsi le cadre politique traditiormol, qUOiqU3 colui-ci soit VidtS de Ela sub3ta.nce, dès lors que la guerre et los rezzous disparais13ont, et qua la paix est 1mpos~o par une autorit6 tSt~ro. La grando r6volte qui socoua le monde touareg en 1917 tSpargna l'éhaggar. f.~oussa Ag .Amastan3 reste prudemtl.ant à l'écart, et recuaille sans dcmte une partie des biens des Touaregs de l'AIr rdvolt6s. La oooi6td no!:lade continuo à so porp6tuer aveo pour 1'e3S0urcOS S03 tl'Ouveaux, dont uns grande partie vit au Tamoona, dans le nord Nigerian aux pô:turagoes plus accueillants pour les chœ.mlles, les ovins et les bov1na, l'Al1tlggar no pouvant accuoUlir que les caprins et les chs.moaux de monte et de transport. Des tribus ontières vivent au loin, expatriées en pemanonco. Le COJl:1lorco caravanier apporte le mil du SUd et les dattes du l1ord. Enfin los jardins rnppOrtont les 4/5 do la recolte aux tribus propriétaires des torrains culUvéa. L'Aceno1~ est confixutS dans Bon rOle par l'Administration, et continuo à percevoir les redevanco3 tl'2.dit1onnelles de saa dépondants. Un él6mant nouveau appo.ra1t à partir de 1956 • c'est l':f.mplantation de sooiétés industrielles qui offrent des emplois relativement bien rémun6r6th C'est le pEStrele dans le Tassili d.c3 .Ajjer en 1956, le Uolfram à Laouni en 1959, et enfin en 1960 l'ouvarture de la basa mU1taire d'In Ekker, sur la routa d'In Salah.
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