« 11 heures du matin, le quartier de San Lorenzo s’arrête, pétrifié ». Commémorations du bombardement du 19 juillet 1943 et mémoire de la guerre aérienne à Rome Maddalena Carli©
[email protected] Lorsqu’on est confronté à une ville pétrie de témoignages du passé, on a du mal à associer le terme « ruine » aux bombardements de la Seconde guerre mondiale. En effet à Rome, le mot évoque plutôt les Forums et le Colisée, les thermes et les mausolées, ce patrimoine artistique exceptionnel qui émerveilla les soldats anglais et américains à la Libération le 4 juin 1944 et qui n’a jamais cessé de subjuguer touristes et visiteurs de toutes nationalités. Les monuments et les quartiers les plus anciens de la capitale italienne n’ont d’ailleurs guère connu le largage et la déflagration des bombes. Rome n’obtint pas le statut de « ville ouverte » mais elle ne fut pas dévastée par les bombardiers ennemis : si la présence du Saint-Siège ne conjura pas les raids de l’aviation alliée, les pressions diplomatiques de Pie XII parvinrent à en retarder l’exécution et à éviter les effets d’une application radicale de la politique de l’Area Bombing. Pour déceler les traces de la destruction aérienne, il faut s’éloigner du centre-ville, quitter les alentours du Vatican et se diriger vers les périphéries, notamment vers les secteurs proches des cibles stratégiques et expressément définies par l’aviation anglo-américaine comprenant entre autres les marshalling yards, à savoir les gares de triage. Tout commença à San Lorenzo, un quartier où se situe l’une des gares les plus importantes de Rome, le 19 juillet 1943.