LA PEAU DE CHAGRIN Du Même Auteur Dans La Même Collection
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Extrait de la publication LA PEAU DE CHAGRIN Du même auteur dans la même collection ANNETTE ET LE CRIMINEL. BÉATRIX (préface de Julien Gracq). CÉSARBIROTTEAU. LECHEF-D’ŒUVRE INCONNU–GAMBARA–MASSIMILLA DONI. LESCHOUANS. LECOLONELCHABERT (édition avec dossier). LECOLONELCHABERT suivi de L’INTERDICTION. LECONTRAT DE MARIAGE. LACOUSINEBETTE. LECOUSINPONS. LECURÉ DETOURS–LAGRENADIÈRE – L’ILLUSTREGAUDISSART. LECURÉ DE VILLAGE LADUCHESSE DELANGEAIS. EUGÉNIEGRANDET (édition avec dossier). LEFAISEUR LAFEMME DE TRENTE ANS. FERRAGUS–LAFILLE AUX YEUX D’OR. GOBSECK–UNE DOUBLE FAMILLE. ILLUSIONS PERDUES. LELYS DANS LA VALLÉE. LAMAISON DU CHAT-QUI-PELOTE–LEBAL DESCEAUX–LA VENDETTA–LABOURSE. MÉMOIRES DE DEUX JEUNES MARIÉES. NOUVELLES (El Verdugo. Un épisode sous la Terreur. Adieu. Une passion dans le désert. Le Réquisitionnaire. L’Auberge rouge. Madame Firmiani. Le Message. La Bourse. La Femme aban- donnée. La Grenadière. Un drame au bord de la mer. La Messe de l’athée. Facino Cane. Pierre Grassou. Z. Marcas). LESPAYSANS. PEINES DE CŒUR D’UNE CHATTE ANGLAISE. LEPÈREGORIOT. PHYSIOLOGIE DU MARIAGE. PIERRETTE. LARABOUILLEUSE. LARECHERCHE DE L’ABSOLU. SARRASINE, suivi de Michel Serres, L’HERMAPHRODITE. SPLENDEURS ET MISÈRES DES COURTISANES. UN DÉBUT DANS LA VIE. UNE FILLE D’ÈVE. URSULEMIROUËT. LAVIEILLEFILLE–LECABINET DES ANTIQUES. BALZAC LA PEAU DE CHAGRIN Présentation, notes, annexes, chronologie et bibliographie mise à jour en 2013 par Nadine SATIAT GF Flammarion © Flammarion, Paris, 1996 ; édition augmentée et mise à jour en 2013. ISBN : 978-2-0813-0943-2 INTERVIEW « Jean-Marc Parisis, pourquoi aimezvous La Peau de chagrin ?» arce que la littérature d’aujourd’hui se nourrit de celle d’hier, la GF a interrogé des écrivains contem- P porains sur leur « classique » préféré. À travers l’évo- cation intime de leurs souvenirs et de leur expérience de lecture, ils nous font partager leur amour des lettres, et nous laissent entrevoir ce que la littérature leur a apporté. Ce qu’elle peut apporter à chacun de nous, au quotidien. Jean-Marc Parisis est écrivain et journaliste. Son œuvre roma- nesque se compose de sept ouvrages : La Mélancolie des fast- foods (1987), Le Lycée des artistes (1992), Depuis toute la vie (2000), parus chez Grasset, et Physique (2005), Avant, pendant, après (2007), Les Aimants (2009), La Recherche de la couleur (2012), parus chez Stock. Il a accepté de nous parler de La Peau de chagrin, et nous l’en remercions. 8 INTERVIEW Quand avez-vous lu ce livre pour la première fois ? Racontez-nous les circonstances de cette lecture. J’ai lu La Peau de chagrin à quinze ans, dans la foulée des Chouans et de La Femme de trente ans, qui furent mes deux premiers Balzac. Comment suis-je venu à cet auteur, à ces titres ? Je l’ignore. Je n’ai pas le souvenir de les avoir étudiés au collège ou au lycée. À l’époque, je hantais les librairies… Ce fut sans doute une rencontre clandestine et choisie, comme toutes les rencontres essentielles. Votre « coup de foudre » a-t-il eu lieu dès le début du livre ou après ? Difficile de parler de « coup de foudre » pour un livre. Le temps, l’espace, les stimuli de la lecture ne sont pas ceux de la vie, heureusement. Disons que je suis tombé sous le charme à mesure que je tournais les pages. Dès les premières en vérité, avec l’entrée de Raphaël de Valentin dans le tripot du Palais-Royal, un petit enfer où glissent des joueurs décavés, fantoma- tiques. Des spectres. Ça commence fort. Et cela n’en finit pas. Ce roman a énormément de charme, à com- mencer par celui de la Peau elle-même, de son pou- voir surnaturel. Relisez-vous ce livre parfois ? À quelle occasion ? Je l’ai souvent rouvert. Je dis rouvert… Je relis très rarement un ouvrage dans son intégralité, c’est du temps pris sur la découverte d’un autre livre. J’appré- cie la relecture fragmentaire pour ce qu’elle permet de souplesse, d’improvisation. Revenir à un livre, l’ouvrir au hasard, en relire trois, dix, vingt pages. Pour le plai- sir de ranimer la flamme, s’inviter dans l’histoire par effraction, se jeter dans la langue. J’aime prendre un moment avec un livre déjà lu, sans façon, sur l’air amical ou désinvolte du J’ai vu de la lumière, je suis Extrait de la publication JEAN-MARC PARISIS 9 rentré. Les livres luisent, brillent, surtout les poches avec leurs couvertures. On s’y sent bien, leurs préfaces, leurs appareils de notes mettent le couvert et pro- longent le plaisir. La Peau de chagrin ne m’a jamais quitté, toujours à portée d’yeux, de main. Cependant, je vous rassure après ce petit moment d’exaltation juvénile, j’ai relu entièrement ce livre pour répondre au questionnaire. Est-ce que cetteœuvre a marqué vos livres ou votre vie ? La Peau de chagrin compte parmi les œuvres qui m’ont convaincu que le roman avait tous les droits à condition de les utiliser, de produire du sens, d’exciter la réflexion. Son thème emprunte en partie à la littéra- ture fantastique, voire à la science-fiction, deux genres qui ne sont pas trop mon genre. Mais ce roman va beaucoup plus loin ; comme tous les grands romans, il n’exile pas la réalité, il l’amplifie. Cette peau d’âne sauvage capable d’exaucer les volontés de Raphaël, et qui rétrécit au gré de leur accomplissement au risque de le tuer, n’existe évidemment pas, c’est une matière qu’on ne saurait trouver nulle part. Nous sommes donc catapultés dans le surnaturel, la magie, mais cette magie est allégorique, elle rebondit dans l’espace de la vie en posant de vraies questions : Faut-il vouloir ou ne pas vouloir ? Est-on libre de désirer ou non ? Ces interrogations et celles qu’elles soulèvent agitent la philosophie depuis l’Antiquité et sont au cœur de notre vie quotidienne. Cette Peau de chagrin, c’est aussi la peau du Temps, figurant la consomption des jours qui passent, le compte à rebours inéluctable qui nous pousse tous vers la mort… Finalement, quoi de plus universel, de plus intime, de plus bouleversant ? Comme Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde ou L’Étrange Histoire de Benjamin Button de Francis Scott Fitzgerald, La Peau de chagrin nous confronte à notre plus vieil ennemi, à notre plus vieil ami : le Extrait de la publication 10 INTERVIEW Temps. Comme ces deux œuvres, elle a marqué mes livres, notamment l’un de mes romans, Physique, l’his- toire d’un homme qui rajeunit de plus en plus dange- reusement : derrière la comédie, le châtiment. Quelles sont vos scènes préférées ? La première, c’est le dîner chez Taillefer, auquel se rend Raphaël avec ses amis après leur rencontre sur le quai Voltaire. Ce « fameux tronçon de chiere lie », écrit Balzac pour annoncer le côté rabelaisien de l’affaire, est aussi un fameux tronçon narratif. Les convives sont tous masculins, recrutés chez les écrivains, les journa- listes, les savants, les notaires, les hommes de loi, etc. L’épaisse mousse parisienne des cyniques et des nantis. Dans la nombreuse assemblée, seulement « cinq avaient de l’avenir ». On parle politique, évidemment. On glose, médit, s’écharpe, s’esclaffe, se rudoie. Les mots s’en- volent ou s’écrasent, les esprits s’échauffent sous les effets de plus en plus désinhibants de la bonne chère et des vins mirifiques. Bientôt on ne sait plus qui parle à qui, « presque tous les convives se roulaient au sein de ces limbes délicieuses [sic] où les lumières de l’esprit s’éteignent, où le corps délivré de son tyran s’abandonne aux joies délirantes de la liberté ». L’ironie balzacienne excelle à ce genre d’ambiance, de théâtre. Cette Grande Bouffe version 1830 a quelque chose de corrompu qui va tourner à l’indigestion des sens. Les corps sont plus lourds que les mots, ils tombent plus bas. La porte du salon s’ouvre, un « groupe de femmes » apparaît, ce « sérail » promet « des voluptés pour tous les caprices ». Ça va finir en orgie. Saisissante peinture d’époque, celle de la monarchie de Juillet, où les bourgeoisies d’argent et d’esprit s’annulent dans l’hédonisme. Ma seconde scène de prédilection, c’est le duel entre Raphaël et le joueur de billard d’Aix-les-Bains. Malade, déjà pris dans les serres de la mort, Raphaël éprouve une « sécurité surnaturelle » qui effraie, tétanise, son Extrait de la publication JEAN-MARC PARISIS 11 adversaire. Quelle intensité, quelle économie de moyens dans cette séquence véritablement plombée, brève comme un coup de feu, glaçante dans sa fatalité ! Y a-t-il selon vous des passages « ratés » ? On peut toujours invoquer les répétitions, les insis- tances balzaciennes. Mais pour moi elles relèvent d’un pacte, d’un deal, entre l’auteur et son lecteur. Si on les accepte, on s’y abandonne, et l’on éprouve alors une sorte de vertige. Lire Balzac, c’est comme marcher à un rythme soutenu et longtemps : à un moment, on décolle. Il vous prend la main, vous emmène haut et loin. Sa lecture est une drogue natu- relle, en vente libre, que je recommande. Pas de passages ratés, donc, mais un personnage raté au sens d’éludé, d’escamoté : Pauline Gaudin, en extase devant Raphaël. Cette « charmante créature » aux « grâces naïves et secrètes », cette « âme douce et vierge » est trop stylisée, trop archétypale. Elle porte peu l’histoire, dont elle est pourtant l’un des person- nages principaux. Quand Raphaël part prendre les eaux à Aix-les-Bains puis au Mont-Dore, elle dispa- raît du paysage, on ne sait plus ce qu’elle devient, Raphaël ne l’a pas avertie de son départ, alors qu’ils vivent ensemble ; en fait, il l’aime par raccroc.