BULLETIN TRIMESTRIEL DE LIAISON DE L’AMICALE DU CAMP DE CONCENTRATION DE DACHAU ENTRE LES SURVIVANTS ET LEURS FAMILLES 2, Rue Chauchat 75009 Paris (métro Richelieu-Drouot) - Tél . : 01 45 23 39 99 - Email : [email protected] - C..C.P. 5113-71 U Paris

N° 743 72e année Septembre Octobre Novembre Décembre 2017 Jean Thomas, mon Ami

Il n'y a pas de bonheur sans liberté, ni de liberté sans sonnier, tu t'évades à deux reprises. Début 1942, dès courage. ton retour en , tu rentres dans la résistance et C'est le message que tu as écrit dans ton livre jusqu'au signes ton engagement prouvant ton appartenance doux petit ruisseau aux Forces Françaises Libres. Tu as rédigé pour témoigner, en souvenir de tous Dans les premiers jours d'avril 1944, le 18 avril, à tes proches et amis morts pour la France. Et de ces la demande d'un de tes amis, qui a besoin d'urgence 1800 déportés découverts à la libération dans la fosse de fausses cartes d'alimentation, tu te rends, 159, rue de ce camp de Vahingen, tu dis vouloir leur rendre Montmatre à Paris, tu penses les retrouver. Arrivé hommage. Avec à l'esprit ce commandement exi- au 5e étage, tu sonnes, tu entends du bruit derrière geant, inscrit en exergue sur la porte qui s'ouvre la crypte des déportés de l'Ile brusquement. Un type de la Cité à Paris : te mets une mitraillette sur le ventre en criant : " Pardonne, n'oublie " Police allemande, haut pas " les mains". La est là ou Ton destin t'a placé dans des plus précisément les circonstances assez excep- auxilliaires français de tionnelles : la sinistre bande Bonny- - L'écrasement de ton régi- Lafont. ment, ouvrant une brèche Tu seras déporté au devant Rommel le 14 mai camp de Dachau le 2 1940. juillet 1944 par le train de la mort. Enfermés à 100 - Le refus de subir la captivité d'une poignée de pri- prisonniers dans chaque wagon, serrés les uns contre sonniers rebelles. les autres, quand le train est parti, ils sont devenus - L'engagement dans la résistance au sein du réseau fous, ils se sont battus, ils sont morts. Charette, dirigé par le neveau du Général de Gaulle - Le convoi du train de la mort le 2 juillet 1944 536 morts à l'arrivée de Dachau - Et enfin le mouroir inconnu de Vahingen à Klein- glattbach, au bord du doux petit ruisseau. Jean, tu as connu Dachau et ses Kommandos. Tu as Tu t'engages à 18 ans, à l'approche de la guerre. Pri- connu le camp de Neckargerach. Arrivés devant les miradors, nous avons longtemps Après des journées de travail épuisantes, le seul re- attendu immobiles. Nous avons observé les bagnards, fuge, c'est le sommeil. A ce rythme de travail, sept nous avons été supris par leurs visages couverts d'une jours sur sept, nous sommes rapidement épuisés. poussière grise, et par la saleté de leurs vêtements. En décembre, tu ressens une douleur dans le genou Nous qui sommes encore propres. et tu seras admis au revir au bout de quelques jours. Le comité d'accueil était là, avec les Kapos, les obe- Tu recevras un billet de 15 jours de schonung (exem rkapos et le Lagerälteste, le doyen et chef de camp. -plaire de travail au revier). Nous sommes repartis dans les barraques, des pail- On annonce une évacuation de malades vers un autre lasses au sol et sur un bat-flanc. On nous distribue des camp et tu seras sur la liste des partants. gamelles. Vaihingen, c'est un lieu sinistre, une morgue de vi- L'appel va durer toute la matinée. L'initiation du Mut- vants. Ne travaillant pas, ils deviennent des bouches zen va commencer, tout doit être exécuté dans un inutiles. 1570 cadavres furent recensés dans la car- mouvement d'ensemble parfait : rière de Vaihingen. Ce camp a fonctionné pendant en- - 4 h 15, coup de sifflet, reveil. Il faut s'habiller, sortir viron 7 mois. Il y a eu 33 morts dans la seule journée du local, en prenant au passage une louche de jus. du 3 mars. Pour les 1200 détenus, il y a 5 lavabos. L'effectif du camp était de 1200 hommes qui mour- - 5 heures - En colonne par 5, nous gagnons la gare et raient en 5 mois. nous montons dans les wagons Le 18 mai, tu seras appelé au Comité de Libération, - Le train part vers Neckarelz à une quinzaine de kilo- présidé par Edmond Michelet. Le colonnel Lalande te métres. reconnaitra et demandera à Edmond Michelet l'auto- - On nous distribue des pelles et des pioches, et nous risation de t'emmener immédiatement. Et par heureux entrons dans l'ancienne mine de gypse d'Obrigheim, concours de circonstance, Odile, la fille du colonnel transformée en usine souterraine pour la fabrication Lalande, deviendra ta fidèle épouse. de moteurs d'avions. Dévoué à tes amis, tu as fait partie depuis toujours de - Le travail consiste à dégager des galeries à la pioche, l'Amicale de Dachau à évacuer les pierres en les chargeant sur des wagon- nets et à les basculer sur le terre plein d'entrée. Jean SAMUEL A Dieu Dad et merci

Le commissaire colonel (h) Jean THOMAS nous a et le docteur Gilles MEYER. quittés le 4 octobre 2017. Le commissaire général (2s) Jean-Michel THO- Pour l'inhumation de son dernier vice-président dé- MAS, a bien voulu nous communiquer l'adieu qu'il a porté, une importante délégation de l'Amicale de Da- fait à son père lors de la cérémonie religieuse : chau était présente au bord de la Seine, à La Bouille, "Merci pour ce que tu nous as apporté et pour le village dont il a été maire. l’exemple que tu nous laisses. C’est le message plein Les hommages funèbres militaires ont été rendus à ce d’affection et de reconnaissance que t’adressent toute dignitaire de l'Ordre national du Mérite. Son cercueil ta famille attristée, tes enfants et leurs conjoints, tes et ses décorations étaient portés par ses petits-fils, dont 12 petits-enfants et tes 21 arrière-petits-enfants. trois saint-cyriens. Avant que ne retentisse le Chant Ta vie a été dense et bien remplie avant de des Partisans, Jean SAMUEL et Yves MEYER ont t’endormir à 97 ans, après un dernier combat, contre dit un mot émouvant à leur camarade avec lequel ils la maladie celui-là, et en ayant conservé presque ont partagé le même parcours, à savoir, la Résistance jusqu’au bout tes facultés intellectuelles et une mé- en Normandie avec Yves, le Train de la mort du 2 moire étonnante. juillet 1944, Dachau, Neckargerach, puis les activités Non loin de cette église de la Bouille où tu communes au sein de l'Amicale. t’es marié en 1946 et qui est malheureusement indis- L'émotion était vive quand les drapeaux se sont incli- ponible aujourd’hui, nous associons à nos pensées nés pour saluer ce soldat, avec en particulier celui de vers toi notre mère, avec son amour, sa foi et l’aide l'Amicale et celui de l'Amicale normande, portés res- affectueuse qu’elle t’a apportée avant de nous quitter pectivement par l'adjudant-chef Wilfried QUENTIN il y a déjà 10 ans. Sous un aspect sérieux et réservé tu aimais les plaisanteries et, très pince sans rire, tu - La médaille des évadés rappelle ton courage pour étais toujours prêt pour une formule en finesse mais avoir rapidement tenté une première évasion puis, bien tranchée. Fidèle en amitié tu étais bien seul après ayant été repris et puni, en avoir retenté une seconde, les départs successifs de tes proches compagnons. Et également malchanceuse, te valant à nouveau le ca- tu nous as montré jusqu’au bout ton courage et ta vo- chot et six mois d’hôpital. Elle reflète ta détermina- lonté en acceptant ta souffrance. tion à ne pas subir, ton refus de la résignation et du Respectant ta pudeur je n’évoquerai pas da- déshonneur, elle prouve ta force de caractère et ta vantage l’homme privé, avec ses qualités et ses dé- ténacité ; fauts. - La médaille de la Résistance témoigne de ta flamme, Mais ton décès n’affecte pas que notre famille. de ta capacité à dire non, de ton engagement et de Il attriste de nombreux Bouillais aux messages tou- tes responsabilités, à 22 ans, dès ton retour en France chants. Il représente aussi, pour beaucoup, la dispa- occupée, comme jeune chef régional d’un réseau de rition d’une figure reconnue du monde combattant et Résistance, pleinement conscient des risques que tu d’une personnalité au destin exceptionnel. prenais. Et au-delà du père, je veux donc saluer le sol- - La grandeur du soldat c’est le sacrifice accepté dat. d’avance pour son pays. Mais le propre des héros de En tentant toutefois de ne pas trahir ta discré- la Résistance fût de choisir courageusement leur des- tion, toi qui récitais encore la Mort du Loup, le poème tin, le combat volontaire dans la clandestinité, avec de Vigny où « Seul le silence est grand ». une parfaite lucidité face aux risques encourus. La Pour rappeler les points forts de ta vie comme croix de Lorraine, gravée sur cette médaille, évoque de ta personnalité et retracer ton passé, à la fois dou- ton combat et ta fidélité envers le chef de la France loureux, exemplaire et prestigieux, j’évoquerai sim- libre ; plement les symboles qui t’entourent aujourd’hui - Enfin, la médaille, « d’interné pour faits de Résis- car, à eux seuls, ils nous en disent long.Les premiers tance » exprime le dénouement, que tu pressentais d’entre eux sont d’abord ces drapeaux, venus s’incli- parfaitement. Surpris d’être fait prisonnier aux pre- ner devant celui qui, attaché à son pays, s’est spon- miers jours de la guerre, en 1940, tu ne le fus nulle- tanément engagé pour le défendre. Leur présence ment d’être arrêté quatre ans plus tard par la Gestapo, est un hommage traduisant des fidélités émouvantes, avec les suites connues d’avance, la prison, les inter- notamment envers le vice-président de l’Amicale de rogatoires, la peur d’une exécution à l’aube. Mais, Dachau, le président honoraire de son Amicale nor- comme tu l’as dit, tu avais la conscience tranquille, mande, l’officier de chasseurs, ou encore l’ancien pré- après avoir rempli ta mission. sident de la Légion d’honneur de Rouen, où tu avais - Dautres citations et médailles commémoratives, succédé à ton père et à ton beau-père. récompensent et jalonnent ta carrière d’officier avec Tu as servi sous les plis de drapeaux dans les- plus de 10 années hors de France métropolitaine ; quels sont inscrits : Honneur et Patrie. Ce drap trico- - Mais une dernière décoration revêt un poids tout lore qui entoure aujourd’hui ton cercueil, honore ceux particulier, au bout de son ruban rayé bleu et blanc, la qui ont combattu pour leur pays, il est recouvert de tenue des déportés, car elle est le signe d’horreurs et ton képi, celui du simple soldat devenu colonel. de souffrances indicibles. A côté, les insignes de ton grade de Comman- Tu as échappé à l’univers des camps de deur et de ta dignité de Grand Officier dans les ordres concentration, cette entreprise criminelle d’extermi- nationaux, marquent la reconnaissance de la France. nation par le travail et la faim des opposants au ré- Tes autres décorations et médailles illustrent gime nazi, qui n’étaient plus considérés comme des à la fois ton comportement et ton caractère. Chacune hommes. Tu en fus ensuite un survivant, marqué pour d’elles a en effet une signification précise qui rappelle le reste de ta vie par ces camps où tu as vécu au milieu un épisode de ta vie, des épreuves subies, des choix des morts, devenus tes compagnons de la vie quoti- faits dans des circonstances exceptionnelles : dienne. - La croix de guerre en mai 1940, sanctionne ta bra- Nous ne pouvons imaginer cette horreur qui voure au feu, à 20 ans, aux premiers jours de l’inva- parfois hantait encore tes nuits et dont tu avais du mal sion en Belgique. Ce fut pour toi un réel traumatisme, à parler. La froideur des statistiques n’en donne qu’un suivi par vingt mois de captivité comme prisonnier de aperçu et rappelle que vous n’étiez alors que des nu- guerre ; méros : 74 % de morts, en 3 jours, avant l’arrivée à

Dachau, parmi les 100 hommes de ton wagon partis Comme eux, tu t’étais engagé en faveur de la de Compiègne le 2 juillet 44, et, à nouveau, 74 % de Mémoire, à la tête et au sein de plusieurs associations. morts, en 3 mois cette fois, parmi les 120 camarades Tu avais préparé cette transition en nous laissant un expédiés avec toi au camp de Vaihingen, un mouroir livre et des témoignages nous rappelant que l’objec- pour les exténués, devenus inaptes au travail. tif nazi était d’anéantir l’homme. Avec ce conseil : « Cette médaille de la « déportation pour faits Pardonne mais n’oublie pas ». de Résistance » représente donc beaucoup : elle est Nous n’oublierons pas les épreuves que tu as à la fois le refus de la compromission, la droiture, surmontées par ta volonté et la façon dont tu as relevé l’engagement, le combat pour libérer la France. Elle la tête, avec le soutien de ta femme, puis conduit ta recouvre aussi les atrocités que tu as endurées, la vie avec droiture, modestie et humilité, grandeur et faim, le froid, le typhus. Elle témoigne enfin de la dignité, et avec un sens élevé du Devoir et de l’Hon- volonté de survivre et, une fois libéré, de redevenir un neur. Je terminerai en citant les termes d’un parent, homme. prêtre, à propos de toi : « Sa grande simplicité, ce Ces différents symboles forment donc un tout maintien et cette pudeur des gens qui ont souffert lui et montrent la cohérence, la détermination et la fidé- donnaient beaucoup de noblesse ». lité de toute ta vie. En hommage et adieu, nous chanterons En Normandie, tu étais le dernier survivant du comme chant de sortie, avec tes amis déportés ici camp de Dachau. Une page se tourne donc. Ton sou- présents, votre beau chant, le chant des Marais, une venir sera associé à celui de tes camarades des camps complainte tragique de détresse et pourtant de résis- nazis, ces résistants déportés envers lesquels nous tance, porteuse d’espérance et d’amour, que vous fre- avons une dette et qui ne doivent pas tomber donniez dans le train vers la mine de Neckargerach, en sourdine, comme tu me le rappelais il y a peu, car dans l’oubli. Deux de tes camarades, Jean Samuel et elle était interdite, alors que vous étiez au bagne pour Yves Meyer, ayant connu le même itinéraire que toi avoir voulu défendre la Liberté. et que je remercie d’être venus de loin, nous parlerons C’est en écoutant ce chant que tu nous a quit- tout à l’heure quand les honneurs militaires te seront tés". rendus. A Dieu Dad

1. Le porte drapeau de l'amicale l'Adjudant chef Wilfried Quentin devant le cercueil du Colonel Jean Thomas 2. Hommage de Jean Samuel 3. Hommage de Yves Meyer 5 CONGRES de CHOLET

Le congrès 2017 s’est déroulé à Cholet les 15, Nous soulignerons au passage et c’est parti- 16 et 17 septembre. Il a débuté à 18 h le 15 septembre culièrement encourageant, que la Municipalité de par l’inauguration dans la mairie de Cholet de notre Cholet se soit engagée à nous rejoindre en qualité de exposition maintenant bien connue de tous. Cette personne morale. Nous remercions les membres de la manifestement a regroupé une centaine de personnes Municipalité. au-delà des congressistes, venant du monde munici- pal et associatif de la ville de Cholet. Le président a été accueilli par Monsieur Gilles BOURDOULEIX Maire et par Madame Isabelle LEROY, conseillère régionale. Le conseil régional nous soutient au de- meurant dans nos travaux et ce fut l’occasion pour notre président de la remercier. Les personnes ont eu tout le loisir de parcou- rir les 26 panneaux déployés et de poser toutes les questions qu’elles souhaitaient tant au président qu’à Christelle et Yann DEMONTIER, concepteurs de l’expo avec Marie Clarté CART. En fin de visite le Maire a invité tous les par- Inauguration de l'exposition avec le Président de l'Amicale, le ticipants à un verre de l’amitié. Le lendemain s’est Maire de Cholet, Gilles Bourdouleix et Clément Quentin. déroulée l’assemblée générale à la mairie de Cholet. Le compte rendu vous est joint à la suite. L’après-midi de ce samedi fut consacré à un colloque avec pour thème : La complémentarité des actions de mémoire entre l’éducation nationale et les associations mémorielles. Ce colloque a été placé sous la présidence de Madame Christine LEVISSE TOUZE qui a l’a ouvert après les salutations d’usage. Quatre in- tervenants se sont succédé au pupitre. Tout d’abord Madame Hélène CABRILLAC, fille de résistant déporté mort à Büchenwald, professeur et écrivain, le Général Jean Michel THOMAS, fils de résistant dé- porté à Dachau, Président du Comité International de L'exposition avant visite Dachau, Madame Joëlle DELPECH-BOURSIER, fille du Général DELPECH, résistant déporté à Da- chau, ancien Président de notre amicale et du comité international. Joëlle DELPECHE-BOURSIER est l’auteur du livre Avoir 20 ans à Dachau : L'histoire de mon père. Et Enfin Monsieur Bertrand BOSSY, professeur, historien et écrivain à Cholet. Chacun est intervenu sur le thème quant à ce qu’il représentait. Les travaux du colloque seront pro- chainement publiés, nous vous le ferons avoir. Le dimanche matin ce fut l’occasion pour l’amicale d’honorer au monument aux morts de la dé- portation, le souvenir de Marcel DOUTRELIGNE, dont nous vous livrons au sein du bulletin la synthèse de son engagement. Une messe à Saint Pierre de Cho- Assemblée générale Mairie de Cholet let et un vin d’honneur ont clos ce congrès, riche de communications et de rencontres 6 ASSEMBLEE GENERALE Compte rendu de l’Assemblée Générale cale nationale, dont le président était notre camarade du Samedi 16 Sept 2017 Robert LIAIGREL, décédé depuis déjà quelques années. Et puis aussi parce ce que le chef régional du Ordre du jour de l’Assemblée Générale réseau Cohors-Asturies, dont j’étais membre, Marcel DOUTRELIGNE était Choletais. C’était un Ami très - Mot d’accueil de Clément Quentin proche de Jean CAVAILLES, le président national, - Accueil & Introduction de Dominique Boueilh, et tous les deux officiers de réserve. Sa famille, que Président de l’Amicale je suis heureux de saluer, a fait le voyage de Belgique - Présentation du Rapport Moral par le Secrétaire Gé- pour leur Père, dont nous honorerons la mémoire di- néral Pierre Schillio manche au monument aux morts, Place Créach Fré- - Résultat des élections au Conseil d’Administration rari. - Présentation du Rapport Financier 2016 & Prévision Mais je dois préciser que si je vous accueille de Budget 2017 par le Trésorier Aurore Lebon-Des- aujourd’hui, ce dont je suis fier, je n’ai pas pour roche autant fait grand-chose. Rendons à César ce qui lui - Rapport du Commissaire au Compte par Jean - Mi- appartient, tout le travail revient à mon fils Serge qui chel Thomas s’est dépensé sans compter pour, je l’espère, vous sa- - Approbation Rapport Moral, Rapport Financier et tisfaire lors de ce congrès. Je le remercie vivement et Budget Financier affectueusement, et si vous me le permettez, j’ouvri- - Informations sur Projets en cours rai une parenthèse : quelle chance nous avons nous - CID, FMD, UAMD, et AFMD : bilan et perspectives les Anciens, d’avoir les Enfants et les Petits Enfants, - Orientations et projets futurs de l’Amicale que ferions-nous sans Eux ? - Création Section régionale de Cognac Avec tous mes souhaits de bienvenue à Cho- - Questions diverses let, je vous souhaite à tous, chers camarades, un bon congrès. Demain notre Conseiller Régional André Mot d’accueil de Clément Quentin MARTIN viendra nous retrouver, ainsi que Isabelle LEROY vice-présidente du conseil régional, et Pa- Mesdames, Messieurs trick BRAUD secrétaire du conseil général représen- tant le président Monsieur GILET. Chers Amis Accueil & Introduction de Dominique BOUEILH, En tant que vice-président de l’amicale de Président de l’Amicale Dachau des Pays de Loire et en leur nom, je suis heu- reux de vous accueillir à L’Hôtel de ville de Cholet Après avoir remercié les participants, les organisa- que Monsieur Gilles BOURDOULEIX son maire, a teurs et les officiels, le président introduit l’agenda de bien voulu mettre à notre disposition, et que je tiens à l’assemblée générale. remercier vivement et qui viendra nous retrouver à la fin de nos travaux. Présentation du Rapport Moral par le Secrétaire En ce moment et avant de commencer notre Général Pierre SCHILLIO congrès, ma pensée va vers Roger ROBACH, un Ami et membre du conseil d’administration qui vient Mesdames, Messieurs, Chers Amis, de nous quitter. Pourquoi Cholet, et non Angers ? Parce ce que Nous voici réunis pour notre 71e Congrès de Les CVR et l’UNDIVG, dont j’étais vice-président l’Amicale à Cholet où chacun est venu des quatre départemental, m’avaient désigné pour représenter coins de la France pour unir et renforcer notre amitié. ces amicales à Cholet, notre chef-lieu d’Arrondisse- Merci à notre président Dominique ment, et que Monsieur Gilles BOURDOULEIX et BOUEILH, et à Serge QUENTIN et toute sa famille son conseil municipal m’ont toujours accueilli très pour tous les efforts déployés pour nous recevoir et chaleureusement ; parce ce que Cholet a été la deu- pour l’organisation de cette rencontre où nous présen- xième section de l’amicale à se créer après notre ami- tons, en particulier, l’exposition composée de 25 7 ASSEMBLEE GENERALE tableaux retraçant la dure vie au camp de Dachau et de Parlons de l’activité de notre amicale dont le ses Kommando depuis mars 1933. flambeau du secrétariat a été parfaitement transmis Je salue et remercie toutes les personnalités entre notre précédente secrétaire, Stéphanie BER- qui nous font l’honneur d’être parmi nous. Egalement SON, et sa remplaçante Diane AMIEL que nous féli- pour toute l’aide qui nous a été fournie pour organiser citons, et qui par sa jeunesse et sa qualité a assuré sans chaque réunion et manifestation que nous avons ici à faille sa contribution au Bureau. Cholet. Les réunions du Bureau sont constantes et éga- Chaque Congrès donne une grande impor- lement grâce à la facilité apportée par les nouveaux tance aux souvenirs pour apporter notre témoignage moyens numériques. et nous permet de voir tout le chemin que nous avons Les conseils d’Administration se sont tenus parcouru depuis le retour de notre captivité dans le surtout à la Fondation de la Déportation, boulevard camp de Dachau. Mais nous avons été guidés par la des Invalides, pour préparer notamment le voyage force que nous a communiqué notre Président Fonda- d’étude à Dachau avec la participation de 30 jeunes teur Edmond MICHELET et dont nous gardons en lycéens de plusieurs régions de France, accompagnés nous-même l’esprit de Dachau qui a su nous élever au- de leur professeur et de membres de notre amicale. dessus de nous-même. Mais également nous pensons Ce pèlerinage s’est déroulé en Octobre 2016 et s’est surtout à l’avenir et nous veillons à transmettre aux révélé être un grand succès. jeunes générations la fidélité à maintenir ces efforts en Notre président a assisté aux importantes réu- faveur des valeurs de l’Amicale. Ainsi nous garderons nions tenues par l’inter-amicale des différents camps pour nos enfants l’esprit de liberté et de justice qui de déportation afin de parvenir au site internet com- nous animent aujourd’hui. mun à toutes les Amicales où se retrouve les diffé- Nous avons une pensée émue pour tous ceux rents témoignages d’anciens déportés, et de préparer qui ne peuvent être parmi nous car leur santé les em- également les prochaines journées de Blois (6,7et8 pêche de se déplacer – Monsieur LEBON particuliè- octobre) et le prochain rassemblement inter-amicale à rement. Paris (26 et 27 Novembre). Comme il est de notre devoir de citer nos Wilfried QUENTIN, notre porte drapeau, a camarades qui nous ont quitté depuis notre dernier été présent parmi les plus importantes cérémonies en Congrès de et d’exprimer toute notre émotion et région parisienne et au camp de Dachau : le 18 juin, sympathie aux familles de nos disparus dont voici la le 2 juillet, le 2 novembre et le dernier jeudi d’octobre liste : à notre mémorial au Père Lachaise, le 26 Avril, jour- née nationale du souvenir des victimes et des héros - Juste PERRIN 43497 de la déportation, et le Ravivage le 29 avril à l’Arc - Charles BARON A 17595 de Triomphe, suivi des cérémonies internationales au - Jacques BLOT 20177 camp de Dachau le 30 avril présidées par Jean-Mi- - Armand HARTWEG 13 3719 chel THOMAS. - Marcel RENAUDIN 64 236 Parmi les ouvrages parus dernièrement, per- - Pierre DEMEUSE 77846 mettez-moi de citer l’ouvrage de Joêlle BOURSIER, - Max MANNHEIMER fille de notre regretté président le Général André - Joseph, Antoine PREFOLE 77 310 DELPECH, intitulé « Avoir vingt ans à Dachau - Robert SUDE 74015 », et qui a obtenu le prix du Comité d’Action de la - Philippe TOUREILLE 93985 Résistance. Cette reconnaissance contribue, aux cô- - Etienne LAVAL 73645 tés d’autres auteurs tel que Marie José VANGHE- - Marcel LEMAILLIER 120677 LUWE, avec son ouvrage « Si j’avais su, j’aurais pas - Roger ROBACH 113894 entendu », à légitimer sans nul doute le travail de mé- - Louis SOUBEYRAN 120678 moire et le témoignage indirect des nouvelles généra- - Albert MONTAL 113857 tions qui ont pris la relève. - Walter BASSAN 75823 Grâce au bulletin qui apporte à chacun des nouvelles de l’Amicale, nous tenons à remercier tous Et notre recueillement nos camarades des Régions pour leurs efforts. 8 ASSEMBLEE GENERALE

A noter enfin la rénovation complète de nos locaux au 2 Rue Chauchat, qui ont permis de réamé- Cotisations reçues au 7 août 2017 : 12527 € (9765 € nager un espace bibliothèque et archivage, un espace de cotisations et 2842 € de dons) de réunion et d’améliorer les conditions de travail de Un grand MERCI à nos généreux donateurs notre secrétaire. Je vous invite à venir les découvrir lors d’un prochain passage à Paris. - Alerte : 21450 € en 2016 et 19932 € en 2015 à la Notre Amicale est ouverte à tous les dépor- même période tés et à leur famille, elle continuera à les accueillir et - Cotisations non réglées au 07/08 : 366 (50% adhé- retenir leurs idées et souhaits de chacun. rents) Nous avons écrit l’histoire de la déportation - Déportés : 51 avec notre sang. - Veuves & Epouses : 114 Luttons de toutes nos forces pour que notre - Membres actifs : 20 pays ne connaisse pas à nouveau des pages d’histoire - Membres associés : 146 aussi meurtrières. - Mairie : 1 Nous, déportés, avons le devoir de témoigner afin que le sacrifice de nos camarades ne demeure pas Nous prions et remercions nos adhérents n’ayant pas inutile. encore réglé leur cotisation de bien vouloir régula- Je souhaite que le Congrès soit l’occasion de riser leur situation auprès de notre secrétariat ou de renforcer notre fraternité nous informer de toute difficulté passagère. Que votre séjour à Cholet soit le plus agréable Que notre travail soit couronné de réussites et Rapport Financier 2016 : permette de préserver la liberté pour tous et de faire régner la paix à laquelle nous tenons tant. A tous, je vous souhaite, avec amitié et dé- vouement, un bon Congrès.

Pierre SCHILLIO Secrétaire Général

Résultat des élections au Conseil d’Administra- tion :

Administrateurs sortants se représentant à nouveau : - Jean SAMUEL - Joëlle BOURSIER - Christèle DUMONTIER - Dominique BOUEILH - Serge QUENTIN

Nouvelles candidates : - Christiane DE LA TEYSSONNIERE

Administrateurs décédés : - Philippe TOUREILLE Cotisations : érosion des cotisations - Roger ROBACH Report provision : DMPA 2016 Congrès de Lyon : bilan ok Présentation du Rapport Financier 2016 et Prévi- Local : révonation sion de Budget 2017 : Projet / événement : projet sur subvention DMPA Provision projet : solde Bilan des cotisations : 9 ASSEMBLEE GENERALE

Budget Prévisionnel 2017 : Le président Dominique BOUEILH adressera une lettre d’information aux autorités et instances locales pour introduire la délégation donnée à Michelle JU- BEAU. Un exemplaire de l’exposition sera également remis à Michelle.

Informations sur Projets en cours :

- Nouvelle exposition itinérante - Mise à disposition d’une exposition de l’histoire du camp de concentration de Dachau, crée par Marie Clarté CART, Christelle et Yann DUMONTIER - Constituées de 25 panneaux et de documents an- nexes - Des projets d’exposition réalisés et programmés dans quelques villes de France pour l’année 2016 & 20117 - 5 exemplaires mis à disposition des régions Sud- Ouest / Maine&Loire / Normandie / Bourgogne / Cotisations : en baisse Paris Poste journal : à réduire - 3 demandes supplémentaires en cours

Rapport du Commissaire au Compte : Voyage d’Etude de jeunes lycéens à Dachau :

Jean Michel THOMAS rend compte aux membres - Aide au voyage de jeunes lorrains en avril 2016, de l’assemblée générale de son analyse et vérification avec attribution d’une subvention de 1500€ des comptes de l’association, et à défaut de remarque - Organisation par l’amicale en octobre 2016 d’un particulière à formuler sur la tenue des comptes, invite voyage à Dachau regroupant près d’une trentaine l’assemblée générale à approuver le compte de résul- de lycéens d’horizons géographiques variés de la tat et de budget présentés, en accordant le quitus finan- France, issues de 5 lycées différents (Ecole Normale cier à la trésorière Aurore Lebon. Catholique - Paris, Institution Jean Paul II - Rouen, Lycée Fernand Renaudeau – Cholet, Lycée franco Approbation Rapport Moral, Rapport Financier et allemand – BUC, Lycée professionnel Pre de Corde Budget Financier : – Sarlat), ceci dans le cadre de la subvention 2015 - Des professeurs d’histoire impliqués et des membres Les membres présents de l’assemblée générale ap- de notre amicale ont accompagnés les lycéens prouvent à l’unanimité le rapport moral, le résultat des - Très bon accueil par le Mémorial de Dachau et par élections du Conseil d’Administration, inclus les deux la Maison des Jeunes de Dachau nouveaux administrateurs, le rapport financier 2016 et la proposition de budget 2017. Participation à la création d’un site internet dans le cadre d’un travail inter-amicale sous le pilotage Création Section régionale de Cognac : de l’Amicale d’Auschwitz :

Michelle JUBEAU nous fait part de sa volonté de - Ce site, à vocation pédagogique, doit renseigner sur créer une délégation régionale sur la région de Co- les différentes formes de déportations en France gnac, compte tenu du nombre de personnes suscep- - Toutes les amicales sont représentées et apportent tibles de rallier notre activité. Cette proposition est leurs propres documentations, témoignages… accueillie avec enthousiaste et emporte l’approbation - L’Amicale de Dachau y fournit toute la documenta- de l’assemblée générale. tion nécessaire (historique camp, témoignages 10 ASSEMBLEE GENERALE et biographies) Rassemblement Inter – Amicale, Dimanche 26 no- - Barbara Distel a accepté, pour Dachau, d’en être le vembre (Mairie du XXème arrondissement) : référent historique et de participer au Comité scienti- fique - 9 : 00 Cérémonie aux différents monuments des - Le Ste « Mémoires des Déportations 1939-1945 » camps du cimetière du Père Lachaise est en ligne depuis Mars 2017, mais encore beaucoup - 10 : 00 Cérémonie au monument aux morts de la de témoignages à apporter. mairie - 10 : 15 Réunion commune « Les procès des diri- CID, FMD, UAMD, et AFMD / bilan et perspec- geants de camps nazis vus par les amicales » dans la tives : salle de réunion de la mairie du XXème. - 12 : 00 Fin de la réunion CID (Comité International de Dachau) - 12 : 30 Repas convivial - Commémoration 72ème anniversaire de la libéra- - 14 : 00 Réunions séparées des assemblées générales tion du camp le 30 Avril 2017 (AG) ou des conseils d’administration CA) de cha- - Disparition de Max MANNHEIMER, Vice-Pré- cune des amicales sident CID - 17 : 00 Fin de réunion de ces AG et CA - Etroite collaboration entre notre secrétariat et le we- bmaster du CID Journée d'étude : les procès de la maîtrise des FMD (Fondation Mémoire Déportation) : camps nazis, leur bilan et leur postérité, Lundi 27 - Publication d’un Mémorandum sur le fonctionne- novembre, à l’Institut Historique Allemand (8 rue du ment et la pérennité des Comités Internationaux de Parc Royal, 75003 Paris) camp - Réflexion en cours sur les regroupements de fonda- Matin : tion, fédérations et associations - Accueil de l’Institut Historique allemand de Paris UAMD (Union des Associations de Mémoire des - Accueil de l’IA Déportés) - Les procès en zone américaine (Dr. Gabriele HAM- - Inauguration du Site Internet « Mémoires des Dé- MERMANN, directrice du mémorial de Dachau) portations » (1939-1945) - Les procès en zone française (Claudia MOISEL) - Préparation des journées de Blois les 7,8 & 9 Oc- - Les procès en zone britannique (Lars HELLWIN- tobre KEL, Gedenkstätte Sandbostel) - Préparation du rassemblement Inter-amicale à Paris - Les procès en zone soviétique (Vanessa VOISIN, les 26 et 27 Décembre CNRS) - Réflexion en cours sur la nécessité de déposer des - Discussion statuts pour l’union des amicales Après-midi : Journée de Blois 7, 8 & 9 Oct - Les procès des camps, une tentative de synthèse (Marie-Bénédicte VINCENT) - Thème 2017 : « Euréka –Inventions et innovations » - Les images des procès (Christian DELAGE, IHTP- - Présence de notre amicale au stand inter-amicale CNRS) par l’intermédiaire de Diane Amiel, Joëlle Delpech- - Le rôle des anciens concentrationnaires dans la Boursier, Yan Dumontier et Dominique Boueilh conduite des procès (Jean-Marc DREYFUS, Univer- - Dédicace de la Bande Dessiné « Ma guerre, de La sité de Manchester) Rochelle à Dachau » par Tiburce Oger, co-auteur - Table ronde conclusive : "Une justice tardive ?" - Dédicace du livre « Avoir Vingt Ans à Dachau » par (conduite par Denis Salas, magistrat, Secrétaire gé- Joëlle Delpech-Boursier néral de l'Association française pour l'histoire de la - Vendredi 6 Oct, de 11H30 à 13h, table ronde orga- justice, avec Wolfram PYTA, Zentralle Stelle Lud- nisé par l’inter-amicale « Les camps nazis, l’enfer wigsburg, Sybille STEINACHER, Fritz Bauer Insti- organisé » tute, , un représentant du Centre Simon Wiesenthal) - Discussion 11 ASSEMBLEE GENERALE

Orientations et projets futurs de l’Amicale : ment lors du prochain conseil d’administration, le dimanche 26 Novembre, qui sera exceptionnellement Lors de l’assemblée générale 2016, la liste des élargi aux membres de l’amicale présents ce jour-là, initiatives et projets futurs potentiels de notre amicale afin d‘enrichir le débat et d’attirer de nouveaux talents avait été repassés en revue. L’activité déjà chargée et contributeurs à nos travaux parmi les nouvelles gé- de l’année 2016 (exposition, site internet, rénovation nérations. des locaux, voyage des jeunes à Dachau) ne nous a La nécessité de renouveler le design et le contenu de pas permis de réaliser tous les axes de développement notre bulletin sera également débattu afin d’en faire ainsi identifiés. Le président Dominique BOUEILH un organe de communication plus puissant. propose de passer en revue ces axes de développe- CONGRES de CHOLET

Hommage à Marcel DROUTELIGNE des renseignements dans les départements de Maine et Loire, Loire Atlantique, Indre et Loire, Vendée et Deux Sèvres. Il incite aussi les jeunes gens des contrées traversées à refuser le service du travail obligatoire. Enfin chaque semaine il se rend à Paris rendre compte. Il avait en charge l’ensemble du renseignement. Il est inscrit comme agent d’assurances à la Paternelle, célèbre compagnie parisienne, qui bien entendu ne connait rien de ses activités. Il lui faut absolument une adresse au cœur de ces départements. C’est à Cholet qu’il portera son dévolu, au 20 rue Lamarque. Il y a un local à sa convenance. Depuis Cholet il peut voyager et visiter ses contacts du réseau. Dans la chambre familiale Choletaise, c’est dans le pied carré du lit qu’il planque son poste radio. La journée il parcourt à vélo la contrée. Curieusement dans les Marcel DOUTRELIGNE est né à Roubaix familles, personne n’était au courant des activités de le 9 Juillet 1901. Il participe à la première guerre résistance. Chez Marcelle DOUTRELIGNE c’est mondiale et fait prisonnier en 1917. pourtant sa fille qui lui sert de secrétaire. Il l’avait A la paix il poursuit sa carrière militaire de investie dans le tri des messages en provenance de 1920 à 1924. Il est interprète, attaché à l’Etat-major Londres. de Constantinople. Il reçoit ses ordres et c’est à lui qu’il rend Il reprend une vie axée sur le commerce de compte chaque semaine de Jean CAVAILLES, de 1925 à 1928 qui le fait voyager à travers le Moyen deux ans son cadet, grand intellectuel chercheur, Orient, la Syrie, le Liban, la Palestine, la Turquie et la normalien. Ils sont amis. Grèce Il est capitaine de réserve. Jean CAVAILLES du mouvement Libération Le 2 septembre 1939 le voila à nouveau Sud, créateur de Libé-Nord, fonde en 1942, le réseau mobilisé à Lille jusqu’en Juin 40. de renseignements COHORS ASTURIES, le réseau Il n’accepte pas l’occupation allemande et entre autres de Marcel DOURELIGNE, d’Eugène en 1942, il rejoint les forces françaises combattantes BAUDOUIN et de mon père. Il est en liaison sous le nom de François DRON. constante avec le Général de GAULLE. C’est dire Le 20 Novembre 1942 il intègre le réseau s’il n’est pas souvent à la maison, fort heureusement. COHORS ASTURIES en qualité de chargé de Le 3 Mars 1944 la gestapo débarque à son mission de 1ere classe, responsable du réseau section domicile choletais pour une perquisition, mais lui est Basses-Loire. Il est chargé notamment de recueillir caché à Nantes. Sa famille ne bronche pas. Il est 12 CONGRES de CHOLET quand même papa de 6 enfants. Cholet est libéré le 31 Aout 1944. Le chef Le 23 Mars soit trois semaines plus tard, la local des maquisards, dine chez Madame DOU- gestapo ne lâche rien. Elle se représente au domicile TRELIGNE. Ils sont sans nouvelles de Marcel. Il est la nuit, mais il n’est toujours pas là. Il sait qu’il grand et fort se dit sa femme, il va revenir. est traqué. C’est un caméléon, il change d’aspect Le curé de Notre Dame l’Abbé DOUILARD, constamment : un jour ouvrier, un jour prêtre, un autre le 26 Mai 1945 vient annoncer la mort à Dachau de grand seigneur en bottes de cuir (…) Marcel. Cet Abbé deviendra évêque de Soissons, Ce jour du 4 Avril 1944 à Nantes, il est en c’était aussi un résistant. Il avait hébergé dans sa cure soutane avec deux de ses agents. Il est arrêté dans le des aviateurs anglais et des maquisards. centre ville, place Viarmes. Le 11 Juin 1945, un officie religieux solennel Il est conduit au Pré Pigeon, la prison est célébré à Saint Pierre devant cette veuve de 41 d’Angers. Avec Eugène BAUDOUIN été mon père. ans et ses 6 enfants éplorés. Un catafalque est installé Il est conduit à Compiègne comme la plupart des dans le cœur et le curé fit jouer la marseillaise et la résistants déportés. Et par le convoi du 18 juin 44, brabançonne à la fin de la messe. avec tous ceux qui ont été arrêtés entre Avril et Mai, Madame DOUTRELIGNE commence alors une il est envoyé vers Dachau. vie d’engagement en tant que membre de la Croix Dans le réseau mon père était son subordonné. Rouge, Présidente des déportés de Cholet. En 1946, Il avait en charge la formation militaire des hommes elle inaugure la plaque adossée sur l’ancien mur de la recrutés et la recherche de champs de parachutage. kommandantur. C’est sur la poitrine du petit Patrick Un jour mon père voit arriver face à lui un ici présent devant nous, que Madame DOUTRE- homme avec chapeau, imper et bottes en caoutchouc. LIGNE accrochera les médailles de son héros. On eut dit un SS, nous a-t-il raconté. Mon père est sur Selon les propos du Docteur GOUDE de ses gardes. Dans la pénombre, il ne savait qui était là, Château du Loir et de l’Abbé LABAUME, curé de CAVAILLES ou DOUTRELIGNE. Il le saura plus Saint Martin de Tours, qui ont côtoyé Marcel à Da- tard, en arrivant à Compiègne où il fera vraiment sa chau, il est mort du Typhus qui régnait en maitre à ce connaissance. A Compiègne avant de monter dans le moment-là au Camp. Les anciens sont là pour nous le train pour Dachau, ils sont quelques uns à organiser rappeler. L’Abbé LABAUME lui a présenté la com- un plan d’évasion. Ils pensent soulever une lame du munion la veille de sa mort sous forme de pain noir plancher et se faufiler sous le train. Une fois parti, il caché dans une boite à cirage. commence leur travail mais c’est sans compter sur le Ils ont confirmé que les allemands voulaient reste du wagon qui prend peur. Ils menacent de les dé- qu’il soit Kapo et interprète, il était germaniste confir- noncer. DOUTRELIGNE et mon père renonceront mé. Il refusera toujours et pour cela sera constamment à leur entreprise. Ils se pensaient en Allemagne alors persécuté et déposé au bloc 30, celui là même où mon qu’ils n’avaient pas passé la frontière. Dommage (…) père a été libéré, mourant, chambre 4. Les DOUTRELIGNE pour le service de la Madame DOUTRELIGNE se rendra à Da- France, n’ont pas hésité à vendre leurs biens les plus chau en 1948 au cours du pèlerinage organisé par chers, leurs meubles, leurs collections et leurs bijoux. Edmond MICHELET, alors Ministre et Président de Vous ici présents, ses enfants vous n’avez pas bron- notre amicale, le premier qui nous oblige aujourd’hui. ché. La famille est demeurée unie. Vous serez aussi brutalisés. Vous serez même séparés. Les uns vont Marcel DOUTRELIGNE est titulaire à titre pos- intégrés le pensionnat Saint Marie, les autres Jeanne thume : d’Arc. Il y a un bébé à la maison et Madame DOU- TRELIGNE n’aura plus de nouvelles de son mari. De la Légion d’honneur La mère supérieure de Saint Marie enfreindra la loi du De la médaille de la Résistance silence de son couvent pour visiter Madame DOU- De la Croix de Guerre avec palme TRELIGNE. C’est vrai on ne parle jamais assez et Médaille commémorative des services volontaires on n’a d’ailleurs jamais parlé de ses anonymes, qui dans la France Libre ont résisté à leur manière par aide et assistance. Ils ont D'un diplôme de combattants FFC pris des risques, ils ont risqué leur vie. J’entends ici D’un diplôme de l’US armée vouloir leur rendre hommage. 13 CONGRES de CHOLET

Le nom de Marcel DOUTRELIGNE est inscrit sur » où j’ai tant souffert, je suis atteint de je ne sais quel le monument devant nous au pied duquel nous allons mal. déposer, chers Amis et Camarades de misère de Mar- « C’est un soir de janvier, par un froid terrible, cel, des gerbes en son souvenir mais aussi en souvenir que je suis arrivé à Überlingen, en compagnie de 15 de tous ceux qui ont combattu, qui ont été déportés et français, tous arrêtés ensemble et pour les mêmes qui sont ou pas revenus. Les Choletais ont donné à motifs, tous très bons camarades. Nous avions quitté Dachau ou ailleurs. Leur souvenir demeurera impé- Dachau le matin de très bonne heure dans la neige et rissable. Les LIAIGRE, MENARD, BEAULIEU, le froid. Nous étions déjà affaiblis, mais il nous fal- COUSSEAU, HOSTEIN et j’en oublie surement lait quand même porter les nombreux paquets, lourds veuillez m’en excuser. C’est pour cela que vous êtes et encombrants qui appartenaient aux SS, lesquels là aujourd’hui, pour que : commencèrent à administrer des coups de schlag aux malheureux qui tombaient sur le chemin de la gare. Nie Wieder, Plus jamais ça. Pour la journée nous avions perçu individuellement : un petit morceau de margarine, une rondelle de ce Texte écrit et lu par saucisson bien connu, et la petite ration de pain régle- Serge QUENTIN mentaire. Pendant le trajet, nos gardiens dévoraient à belles dents leurs sandwichs dont ils nourrissaient aussi leurs chiens. Arrivés à la station d’Überlingen, il nous fal- lut reprendre les paquets de ces messieurs. Nos bour- reaux nous autorisèrent à les transporter sur une char- rette. Il y a deux kilomètres en pente raide de la gare au camp. Il nous fallut les faire en courant, les uns tirant, les autres poussant la charrette, parfois l’un de nous tombait sur la neige glacée, car nous ne pou- vions à peine nous tenir. Alors bien vite un SS venait et le relevait à coups de crosse, ou si la voiture ra- lentissait, c’était une distribution de coups de poings au hasard. Arrivés au camp nous fûmes répartis dans différents blocks. Le chef de chambre qui brandissait Cérémonie au monument aux morts de la résistance et de la son « Gummi » nous tient ce langage : « Ici messieurs déportation de Cholet ce n’est plus du tout la même musique qu’à Dachau. Camp très sévère, camp très pénible. Vous êtes mal logés, Il y a plein de poux ! Et regardez ! L’eau entre HISTOIRE de partout, si bien que les paillasses sont toujours hu- mides ». Le Kommando d’Überlingen Si vous êtes trouvés dans le camp après 9 h du soir, vous serez tués par les sentinelles ! Also ! Pabauf Témoignage d’un ancien de Dachau, Marceau LE- ! FEVRE. Né le 13 mai 1918 à Saligny sur Boudin dan C’était n’est ce pas des paroles très agréables l’Allier Kommando de Uberlingen. Ancien brigadier pour des nouveaux venus. Le lendemain matin fut chef des douanes. Originaire d’Annemasse Haute encore plus encourageant, une paire de galoche ayant Savoie. Libéré à Dachau le 29 Avril 1945. disparu pendant la nuit, le chef de chambre fit mettre tous les détenus, le torse nus (à l’exception des nou- « J’ai séjourné pendant deux mois au fa- veaux arrivés) et à mesure qu’ils franchissaient le seuil meux kommando d’Überlingen au bord du lac de de la porte, ils recevaient le coup de matraque impi- Constance. C’est de ce lieu maudit que j’ai gardé les toyable, se sauvant comme des moutons en détresse. plus tristes souvenirs, et c’est la que le meilleur de Ce matin là ils descendirent à la mine sans boire leur mes camarade Guy Combrisson a trouvé la mort. En- jus. Nous ne reçûmes à manger que le lendemain soir core aujourd’hui quand je pense à la « mine maudite avant notre départ pour la mine meurtrière. 14 HISTOIRE

Et c’est là que commença mon véritable calvaire. Je fis épluchures de pommes de terre mais malheur à celui la connaissance d’un autre français John Masson qui qui dérobait une betterave gelée. Vers la fin de Fé- mourut plus tard à Dachau et qui me voyant souffrant vrier je ne pouvais presque plus marcher tellement essaya d’améliorer de son mieux notre triste exis- je souffrais. J’avais les pieds en sang et j’avais aussi tence. C’est chaque jour avant le départ pour la mine la furonculose, me trouvant dans un véritable état de que commençait mon supplice. J’avais les pieds en déficience. Un infirmier polonais se décida enfin à me sang. Il me fallait quand même marcher au pas, sinon faire entrer au « revier ». un SS se chargeait de rectifier l’erreur en m’adminis- C’était le block 1, une paillasse humide avec trant un coup de crosse ou un coup de poing dans les des nids de rat et des poux à volonté. La nourriture y reins. Je me revois, je nous revois encore mes cama- était vraiment insuffisante : midi un litre de soupe li- rades défunts, quand, exténués et affamés, nous nous quide, soir un demi litre de café ersatz et 200 grammes tenions par le bras, un véritable troupeau humain de de pain. La mortalité croissait sans cesse. La dysente- misères et de souffrances. Souvent en entrant dans la rie et la tuberculose en étaient les principaux facteurs. première galerie de la mine, nous recevions la distri- Des cadavres, toujours des cadavres. Une odeur de bution de schlag réglementaire, par ces messieurs de mort régnait dans la baraque et à l’infirmerie. Pour l’organisation Tod, et cela sans raison aucune. aller du block à l’ambulance il nous fallait marcher Le travail consistait à percer le roc, le faire pieds nus sur les cailloux. Marche ou crève ! sauter à la dynamite, et charger le tout sur des wagon- Début mars, j’étais tellement affaibli que je fus nets que nous poussions ensuite toujours sous la me- réexpédié par convoi à Dachau. Notre train sanitaire nace des coups. Le dimanche les SS nous trouvaient se composait de deux wagons à bestiaux sans paille. une gentille distraction : porter des rails dans la neige Le voyage dura deux jours et deux nuits. Nous avions sans gant bien entendu. Un soir je ne pouvais plus à lutter contre le froid, la soif et la faim. Nous res- marcher tellement je souffrais lorsqu’un allemand me tâmes 489 h sans être ravitaillés. Beaucoup suçaient dit d’un air menaçant : Si tu ne peux pas marcher, tu la neige des wagons pour se calmer. Le dernier soir n’a qu’à courir (il l’a dit en allemand) ! avant d’arriver au camp, je crus que certains deve- Quel enfer mes camarades ! Après la bruta- naient fous et voulaient s’étrangler. C’étaient des cris lité des gens de la mine, c’était la férocité des SS au atroces. Les cadavres puaient déjà. A l’arrivée nous camp. Chaque soir il nous fallait porter les cama- comptions 15 camarades qui avaient trouvé la mort rades qui mouraient pendant le travail, combien tom- pendant le transport. baient aussi dans la neige inanimée, et mouraient presqu’aussitôt, mais les SS avaient soins auparavant de les éprouver à coups de talon. D’autres camarades REGIONS étaient mordus par les chiens. Nous vivions exacte- ment comme des bêtes, nous étions certainement plus Lorraine/Vosges malheureux qu’un chat abandonné. Sur notre petit kommando de 700 hommes, il en mourait jusqu’à Cérémonie de remise des prix et des diplômes 5 par jour et nous pensions que demain peut être ce du Concours National de la résistance et de la serait notre tour. Souffrir et mourir, voilà la vie au déportation Kommando d’Überlingen. Je me souviendrai toujours de ces longues attentes dans la neige, lorsqu’un camarade tombait épuisé, il nous était formellement interdit de le rele- ver, combien de malheureux sont morts par la faute à ces « capots infâmes ». Je me souviens aussi de ce petit Italien qui ayant égaré je ne sais plus quel objet, recevait les 20 coups de schlag réglementaires et pleurait en appelant sa mère. De ce jeune russe, qui pour éviter les coups terribles de son Meister se sauvait égaré à travers une galerie et se fit broyer le genou par un wagonnet. De ceux qui mangeaient les 15 REGIONS

Le thème du concours 2016-2017 portait sur : là. « La négation de l’Homme dans l’univers concentra- tionnaire nazi » La cérémonie s’est tenue le samedi 24 juin 2017 à la caserne Varaigne du 1er régiment de Tirail- leurs d’Epinal. Outre les personnalités officielles, nombreux sont les enseignants, les membres des associations patriotiques, les porte-drapeaux, et les parents et amis venus féliciter et encourager les 136 lauréats. Présents également, 2 anciens réfractaires au STO, résistants, déportés : Messieurs Roger MA- THIEU et Roland THOMAS qui témoignent dans les établissements scolaires de leur vécu dans les camps. Monsieur THOMAS a été sollicité 14 fois cette année. Les lauréats du groupe scolaire Pierre et Marie CU- L’épopée des maquisards de Grandrupt RIE de Neufchâteau ont constitué une chorale qui a constitue une page de l’Histoire de la Seconde interprété, tour à tour, le Chant des Partisans, le Chant Guerre mondiale dans le sud des Vosges et le des Marais et la Marseillaise. nord de la Haute-Saône. Cette année, le drapeau du CCRD – Comité départemental du Concours Scolaire de la Résistance En effet, le 27 août 1944, ce sont 367 pa- et de la Déportation - a été transféré du lycée Louis triotes dont beaucoup de réfractaires au Service Lapicque d’Epinal au lycée Jean Lurçat de Bruyères. du Travail Obligatoire (STO) qui se sont rassem- blés dans la forêt proche de Grandrupt-de-Bains Le voyage à Paris pour constituer le de Grandrupt. Leur vo- lonté était de participer auprès des alliés à la libé- En cette année électorale, la date du voyage ration de la France. Hélas, le 7 septembre 1944, annuel a dû être avancée et précédé la date de céré- suite à un odieux chantage, ce sont 223 d’entre monie de remise des prix. eux qui tombent aux mains des nazis alors que 3 Les 45 lauréats retenus (13 garçons et 32 filles) repré- sont tués en défense du maquis. sentant 8 collèges et 6 lycées des Vosges, accompa- Ces 223 hommes ne connaîtront pas la gnés par 4 professeurs et 4 membres du CCRD, se gloire au combat pour laquelle ils avaient rejoint sont rendus en car vers Paris le samedi 20 mai 2017 à le maquis mais l’enfer sur terre dans les camps destination du Mont-Valérien où les élèves ont dépo- au-delà du Rhin dont beaucoup, à Dachau. 116 ne sé une gerbe devant la flamme du Mémorial. repasseront jamais la Ligne Bleue des Vosges. Le dimanche matin 21 mai, c’est la visite de Le 8 mai 1945, alors que la guerre se ter- l’hôtel national des Invalides, le Dôme qui abrite le tombeau de Napoléon 1ER et le Musée de l’Armée. mine en Europe au lendemain de la capitulation Ce passage à Paris a permis également une visite ra- sans condition du régime nazi, 60 communes pide de la capitale. du sud des Vosges et du nord de la Haute-Saône pleurent au moins, un des leurs, disparu au ma- quis. Les habitants découvrent alors le triste, le terrible nom de Dachau. Aujourd’hui encore, 73 Commémoration du maquis de Grandrupt ans après, ce nom demeure gravé dans de nombreux esprits. Le dimanche 3 septembre 2017, l’Amicale du Ma- 73 ans après, le maquis de Grandrupt : 223 quis de Grandrupt avec, présents, Monsieur Roland déportés, 116 morts dans les camps dont l’im- THOMAS et Monsieur Jacques POIROT, monde Dachau, mais le souvenir est toujours 16 REGIONS résistants de Grandrupt, déportés passés à Dachau, s’est souvenue des maquisards de Grandrupt. Les per- sonnalités et la population étaient nombreuses offrant aussi une place à une délégation du Special Air Ser- vice Britannique (SAS), frère d’arme des maquisards. La messe devant le mémorial a ouvert cette journée de la mémoire, suivie de la cérémonie patriotique. Après la montée des couleurs britanniques et fran- çaise, la Balnéenne - Harmonie du Val de Vôge ac- compagnée des sapeurs-pompiers du territoire dont les jeunes ont chanté d’une seule voix le Chant des Partisans. Ce fut ensuite l’appel des morts devant un drapeau tricolore tenu tendu par 4 jeunes sapeurs- pompiers. Quatre dames, filles de maquisards dé- portés, Mireille ANDRES, fille de Maurice MAN- GEONJEAN, Martine CHEVALLIER, fille de Henry CHEVALLIER, Marie-Odile BOBAN, fille de Marius LECOMTE, Maryse WANHAM-FÄH, fille de Albert FÄH ont annoncé les morts en préci- sant leur âge alors que le public leur répondait « mort pour la France ». Cinq gerbes dont une couronne des SAS ont permis l’hommage aux Morts suivi de l’émouvant Chant des Marais. Entre temps, le poème « Liberté » de Paul ELUARD a été lu par 5 jeunes sapeurs- pompiers et le poème « Fraternité » écrit par Max SE- GONNE à l’intention de déportés de Gross-Rosen lu par Maurice Pierrot, maire-adjoint de Grandrupt- de-Bains. 73 ans après, la population vosgienne et haute-saô- noise n’a pas oublié les maquisards de Grandrupt. Maine et Loire - Cholet Le sillon du souvenir, encore largement ouvert cette année, donne espoir que la mémoire perdurera au- Journée de la mémoire le 30 avril 2017, Place delà de ceux dont les aînés ont connu la douleur de la Créa'ch Ferrari guerre en France.

André BOBAN Président de l’amicale du Maquis de Grandrupt 17 REGIONS

NOS PEINES

Roger ROBACH plus d’allemands.

1924 - 2017 Quelques heures après sur la route d’Epinal, il fut tiré sur une voiture de la Werhmacht, dont un occu- pant réussit à s’enfuir et donner l’alerte.

Roger, avec ses copains, vint se mettre à la dispo- sition du lieutenant Carrier, commandant FFI de la Place, qui, à défaut d’armes disponibles, lui remit une paire de jumelles pour lui confier avec 2 de ses copains une mission de surveillance dans le haut du clocher de l’église.

Le 5 septembre, les SS arrivèrent en force avec chars et artillerie, c’était un détachement de la division « Das Reich », tristement célèbre pour ses atrocités à Tulle et à Oradour sur Glane. La ville fut anéantie sous un terrible bombardement de 2 heures par des obus incendiaires, suivi par des SS jetant des gre- nades dans les immeubles, et tout le centre-ville en flammes fut rasé.

Roger, avec ses parents, avait pu se réfugier dans un Roger Robach naît en Alsace à Dettwiller (67), le 5 abri de fortune au bord du canal du moulin, un trou mars 1924. de 4 mètres de long couvert de tôles ondulées et de fagots de bois. Il a six ans quand ses parents viennent s’installer à Charmes dans les Vosges. Toute la population présente a été rassemblée au parc Normier, où vers 21 heures un tri de 150 hommes et Le samedi 2 septembre 1944 dans l’après-midi, les adolescents entre 14 et 60 ans a été réalisé. maquisards du Groupe Lorraine 42, cachés dans les forêts de Charmes, occupèrent la ville, où il n’y avait C’est à cet instant que commença le calvaire de Roger 18 NOS PEINES et des 150 carpiniens, dont près de cent ne revinrent wigshafen en train de marchandises, Sarreguemines pas. puis Nancy. Il rejoint Charmes le 4 juin 1945.

Conduits à la caserne « de la Vierge » à Epinal, ils sont Fin juillet, Roger reprend le travail avec son père transférés le lendemain au Sicherungslager de Vor- dans l’entreprise familiale de Chauffage Plomberie brucke – Schirmeck (camp de sécurité de La Broque sanitaire, dont il succédera à la direction jusqu’à son – Schirmeck). Le dimanche 19 septembre 1944, c’est départ en retraite. le départ en camions vers l’Allemagne via Strasbourg au camp de Gaggenau, où les prisonniers sont affec- Roger s’est également investi très rapidement dans le tés au déblaiement de l’usine Mercedes-Benz bom- travail de mémoire, au sein de l’Amicale Nationale et bardée. surtout dans l’Amicale lorraine de Dachau.

Le 7 octobre, c’est le départ en train de voyageurs, Il a sa vie durant défendu les valeurs de liberté, de fra- ponctué de nombreuses haltes à travers l’Allemagne, ternité et d’humanité, et fidèle aux valeurs d’entraide jusqu’à découvrir le 9 octobre une énorme pancarte et de solidarité et à l’esprit de Dachau, il s’est attaché au nom de Dachau. Place d’appel, désinfectant au à ce que tous ses camarades de captivité soient pleine- grésil puis douche, les 1 100 déportés environ sont ment reconnus dans leur qualité de déporté. En effet, alors dirigés vers le baraquement 25, block de qua- il savait combien leur vie était à tout jamais marquée, rantaine, comprenant 4 chambres de 4 à 500 déportés illustrée par cette phrase de son ami le général André chacune. DELPECH :

Le 4ème jour, les déportés reçoivent leur tenue rayée, « Lorsque l’on a été déporté, on le demeure toute sa Roger devenant ce jour-là le Matricule 113894. vie. » Le 21 octobre 1944, il est transféré au camp Kom- mando de Muhldorf-Mettenheim situé à 80 kms à Témoin très actif pour la mémoire de la déportation, l’est de Munich, en haute Bavière, près de la frontière il a toujours fait preuve d’une grande intégrité, ouver- autrichienne. ture d’esprit et simplicité dans les contacts, et a contri- bué à construire une grande communauté du souvenir. Les déportés par groupe de 30 étaient conduits à pied, Il a également porté aux côtés de ses camarades dé- avec leurs claquettes en bois, chaque jour sur un im- portés de nombreux témoignages auprès des établis- mense chantier, à environ 5 kms du camp, occupé par sements scolaires et organisé de nombreux voyages l’organisation TODT (qui a construit entre autres le de mémoire avec des jeunes collégiens et lycéens. mur de l’Atlantique), destiné à la construction d’une usine souterraine pour la fabrication des V2, avions Portant toute sa vie un investissement et un attache- sans pilote chargés d’explosifs. Roger a été affecté ment sans failles aux valeurs de la Résistance et de la dans un immense atelier à la réparation des vis des Déportation, il a toujours soutenu sans réserve l’ac- bétonnières, et devait aller le dimanche au chantier tion du CCRD – Comité départemental du concours ciment. de la résistance et de la déportation des Vosges.

Roger réchappa grâce à des compagnons de misère à Membre fidèle du Conseil d’administration de l’Ami- cet enfer concentrationnaire et aux pires humiliations, cale Nationale, Président de l’Amicale lorraine de Muhldorf ayant été un camp très dur pour le travail, la Dachau, Roger avec ses camarades déportés a œuvré discipline, la vermine et le typhus. pour que ces associations perdurent après eux en donnant leur confiance et leurs encouragements aux Le camp est libéré par les troupes américaines le 2 générations suivantes. mai 1945. Atteint du Lecktyphus, typhus à taches, pesant 38 kilos, il est transporté par des canadiens à Roger a été en 2016 promu chevalier de la Légion l’institution de Ecksberg, asile transformé en hôpital. d’Honneur. Le 25 mai c’est le départ en car jusqu’à Munich, puis en camion via Ulm, Mannheim, puis la gare de Lud- Roger Robach est décédé le 17 juillet 2017. 19 NOS PEINES

Hommage prononcé par le général d’armée Ber- vations, le froid, le travail harassant sur les voies de trand RACT MADOUX, chemin de fer ... Pendant presqu'un an vous allez subir l'horreur de l'univers concentrationnaire organisé par Gouverneur des Invalides, à l’occasion de la céré- les nazis afin de détruire les corps et les âmes. Votre monie d’adieu à seule consolation, c'est de penser que votre chère ma- Monsieur Marcel LEMALLIER, man trop tôt disparue, n'a pas connu l'angoisse et la douleur de vous avoir ainsi maltraité. Malgré votre Hôtel National des Invalides, le lundi 26 juin 2017 robuste constitution et votre force de caractère, en à 11h00 avril 1945, vous êtes atteint du typhus. Emmené au "revier" du camp qi rient plus de l'antichambre de la Cher Monsieur Marcel LEMALLIER, mort que de l'infirmerie, vous vous y voyez mourir. voici venu le moment des adieux que vous adresse Lorsque vous vous reveillez dans ce lit blanc et que la grande famille des Pensionnaires de l’Institution vous apercevez un verre et une brosse à dents sur le Nationale des Invalides, au sein de laquelle vous avez table de nuit, vous vous faites la réflexion qu'on doit vécu ces quatre dernières années, au terme d’une se brosser les dents au paradis ... le 29 avril 1945, remarquable existence marquée par de grandes joies vous êtes enfin libéré par les troupes américaines, mais aussi de terribles épreuves. avant d'être rapatrié en France. C’est bien sûr de la tristesse et de l’émotion En symbole de la forte solidarité liant les que nous ressentons alors que, dans quelques instants, anciens de Dachau, Madame Catherine Régnier, née vous allez traverser la Cour d’Honneur de l’Hôtel Higel, si proche de vous et dont le père était là-bas des Invalides, porté par des soldats, pour rejoindre avec vous, a tenu à marquer son affection en portant le carré militaire des Pensionnaires de Vaugirard, où le drapeau de l'association des Anciens de Dachau. vous allez reposer pour l'éternité auprès de vos cama- Après une nécessaire convalescence vous rades. reprenez une activité professionnelle comme ouvrier, Cher Monsieur, vous êtes né le 24 septembre puis contremaître dans une câblerie électrique en ré- 1924 à Paris dans le 14ème arrondissement. Vous avez gion parisienne. à peine quatre ans lorsque votre père meurt en 1928, En 1958, vous épousez Mademoiselle COU- laissant votre chère maman seule avec quatre garçons TURIER et votre foyer aura le joie par la suite d'ac- à élever. Votre maman décède prématurément égale- cueillir votre fils Alain, puis votre fille Corinne. ment au printemps 1940, quelques jours avant que Désormais, votre seule souci est de pouvoir les troupes allemandes occupent Paris. En juin 1940, assurer le bien-être de votre famille. En 1979, vous en pleine débâcle, alors qu'une partie des Français se faites valoir vos droits à la retraite de manière antici- retrouvent jetés sur les routes de l'exode, vous quittez pée et partez vous installer en Vendée. Pendant plus Paris à vélo pour accompagner votre frère René qui d'une trentaine d'années, vous allez pouvoir vous cherche à rejoindre son régiment. Il n'y parviendra consacrer à différents passe-temps et notamment à la pas, mais après la guerre, il reprendra du service en lecture. Passionné de sports, vous aimez tout particu- faisant carrière chez les parachutistes en Indochine et lièrement suivre le tennis de table ainsi que le tennis, en Algérie. ne ratant pour rien au monde le tounoi de Rolland- A la fin de ce petit périple, vous décidez de Garros, en grand supporter de FEDERER. rentrer à Paris, où vous avez trouvé un emploi à la La politique a toujours été importante égale- brasserie Galliano. ment dans votre vie et vous vous teniez bine informé Au cours de l'été 1944, atteignant l'âge de 20 de son actualité. Vous avez notamment tenu à voter en ans, vous êtes désigné pour partir en Allemagne dans personne lors des dernières élections présidentielles. le cadre du Service du travail obligatoire, le STO. En En 2012, vous faites une mauvaise chute et raison de votre métier, vous êtes affecté à la brasseria votre état de santé ne vous permet pas de continuer à Spatenbrau à Munich. Malheureusement le 29 sep- vivre à domicile. C'est le 13 juin de cette même an- tembre, vous êtes arrêté et accusé de fréquenter des née que vous êtes admis en qualité de Pensionnaire à amis appartenant à la Résistance. Vous êtes alors dé- l'Institution Nationale des Invalides. Dans cette noble porté au tristement célèbre camp de Dachau. Vous y et belle Maison, où vous retrouvez nombre de cama- subissez pendant de longs mois, les brimades, les pri- rades anciens déportés résistants, vous avez souhaité 20 NOS PEINES mener une vie très discrète. Vous ne quittiez votre rapidement, cette terrible nouvelle, nous a tous frap- chambre, qui était votre véritable poste de comman- pés au cœur. Notre Walter vient de nous quitter, et dement pour toutes les liaisons avec l'extérieur, que pour toujours, au terme d’une pénible maladie. pour de rares promenades. Il y a tout juste un ans, j'ai eu moi-même la joie et l'honneur de vous remettre les insignes de che- valier de la Légion d'honneur lors d'une sympathique cérémonie où vous étiez entour de votre famille et de vos proches, à nouveau réunis aujourd'hui. C'est en effet malheureusement une nouvelle chure qui a provoqué, il y a quelques jours, l'altération brutale de votre état de santé. Vous nous avez quit- tés apaisé et toujours très discrètement lundi dernier, dans votre 93ème année. A votre épouse, à votre fils Alain, à votre fille Corinne, à votre petit-fils Nicolas, à tous vos proches et amis, j'adresse en mon nom personnel, au nom du médecin général inspecteur Directeur de l'Institution, Walter Bassan, notre camarade, résistant dès au nom de nos épouses respectives, au nom des méde- 1943 à l’âge de 17 ans, détenu dans les prisons de cins, du personnel soignant et du personnel adminis- Pétain, et déporté dans les camps de concentration na- tratif, au nom de tous les bénévoles qui oeuvrent dans zis, portait, à jamais inscrit dans son cœur, le calvaire le cadre de l'Institution, au nom des membres de mon enduré dans les griffes de la police française, sous le cabinet et surtout au nom de tous vos camarades Pen- joug de la , et dans l’enfer des camps de la mort. sionnaires, nos plus vives et nos plus sincères condo- Walter est né le 5 novembre 1926 à Rovigo, léances. dans la région de la Vénétie, au nord-est de l’Italie. Monsieur Marcel LEMALLIER, vous êtes Il est le troisième, d’une famille de cinq enfants. Dès chevalier de la Légion d'honneur et titulaire de la mé- 1924, ses parents, Thérèse et Gino Bassan, com- daille de la Déportation pour les faits de Résistance. battent la milice fasciste de Mussolini. Gino Bassan, En nous associant par la pensée et le recueillement à après un séjour en prison, et suite au harcèlement dont la peine de votre famille, nous allons vous rendre un il fait l’objet, n’a d’autre choix que de quitter l’Ita- dernier et vibrant hommage, en présence de l'Etendard lie. Il part travailler dans les mines Belges, puis, pour des Invalides, en écoutant la sonnerie "Aux Morts". se rapprocher de sa famille restée en Italie, trouve du travail à Annemasse en Haute-Savoie, ce qui lui per- " Aux Morts ! " met en 1930, de faire venir sa femme et ses enfants. C’est ainsi que Walter arrive en France, l’année de Général d'armée Bertrand RACT MADOUX ses 4 ans. Pour Thérèse et Gino Bassan, la France est une terre d’accueil et de liberté. Ils commencent une Gouverneur des Invalides nouvelle vie, veulent s’intégrer totalement, et couper tout lien avec l’Italie fasciste. Ils demandent la natu- ralisation française, qui est accordé à toute la famille, en 1934. Dans les années qui suivent la situation poli- tique qui devient préoccupante en France, est souvent évoquée par les parents de Walter, qui baigne, dès son Walter BASSAN plus jeune âge, dans une atmosphère prédestinée à la résistance qui va orienter sa vie. Il obtient son certifi- 1926 - 2017 cat d’études en 1939 et participe, comme tous les étés, aux travaux des campagnes (moissons, récoltes, ven- Mardi, une affreuse nouvelle a circulé dans les danges), permettant à Walter et ses frères, d’apporter rangs de la FNDIRP, Walter Bassan est décédé … une aide à leurs parents. Dès la déclaration de guerre, En raison d’un état de santé qui s’est dégradé Gino Bassan perd son emploi, et la famille 21 NOS PEINES déménage à Annecy, où Gino, va aider clandestine- Dans les années qui ont suivi ton retour des ment la résistance. En juin 1940, suite à l’invasion camps nazis, tu as eu la satisfaction de voir, mise en nazie, l’armistice est demandé par Pétain, qui s’en- place, la Sécurité Sociale, un des programmes du gage dans la collaboration avec Hitler. La république Conseil National de la Résistance, et même d’y faire est abolie, pour faire place, au régime de Vichy. La carrière. Fidèle à tes convictions, tu en seras un res- devise « Travail, Famille, Patrie », s’est substituée à ponsable syndical et un délégué du personnel. l’adage républicain, « Liberté, Egalité, Fraternité ». Installé dans la région d’Annecy, tu as consa- Walter, attentif à l’analyse de ses parents, sur l’évo- cré tous tes efforts, à la transmission du message des lution des évènements, comprend que le régime de déportés, et à la mémoire. Tu prendras la responsa- Vichy est complice des fascismes, et des idéologies bilité du poste de secrétaire, de l’association dépar- d’extrême droite. En 1942, il arrête ses études, et tementale des Déportés et Internés, Résistants et Pa- démarre une vie active. Dès 1943, repéré par un re- triotes de Haute-Savoie, dont tu seras un membre très cruteur, il commence à exécuter de petites missions actif, mettant toute ton énergie pour l’obtention des clandestines, puis rejoint ses deux frères aînés, Do- droits et pensions des déportés. Tu consacreras d’im- minique et Serge, au maquis FTP 93.27, qui exerce menses efforts, couronnés de succès, pour la réussite ses activités sur Annecy et sa région, parallèlement, du Concours National de la Résistance et de la Dépor- il adhère aux Jeunesses Communistes. Walter et son tation en Haute-Savoie. frère Serge, sont arrêtés sur dénonciation le 23 mars Tu deviendras en 2013, Président de la Fédé- 1944, et sont internés à l’Intendance, à Annecy, où, à ration Nationale des Déportés et Internés, Résistants 17 ans et demi, Walter connait les mauvais traitements et Patriotes, dont la Secrétaire Générale, Anita Bau- et tortures. Transférés à la prison Saint-Paul à Lyon, douin, nommée elle aussi en 2013, exprime com- les deux frères sont déportés le 29 juin, et arrivent à bien elle est affectée de ne pouvoir être présente au- Dachau le 2 juillet, après un voyage épuisant, sans jourd’hui, pour raisons de santé, le jour de ton dernier boisson, ni nourriture. Walter pénètre dans l’enfer des départ. La Fédération Nationale, créée en 1945 sous camps nazis. Il n’est plus Walter Bassan, mais le ma- l’égide de Marcel Paul et de Frédéric-Henri Manhès, tricule 75823. Il découvre le processus mis au point a aidé au rapatriement et aux soins médicaux des dé- par les nazis : l’extermination par le travail. Le 15 portés, en mettant en place un dispensaire, rue Leroux juillet, Walter est séparé de Serge, qui est envoyé dans à Paris, pour soigner les pathologies liées à la dépor- un kommando extérieur. Le 2 août, Walter est transfé- tation, un centre de réadaptation fonctionnelle, puis ré au Kommando de Kempten, où il passera de longs plus tard un centre hospitalier, et enfin, une maison de mois dans les camps de la mort, à lutter contre la faim, retraite médicalisée, le tout à Fleury-Mérogis. le froid, les coups et la maladie. Il tiendra jusqu’à l’ar- L’affection fraternelle dont tu nous entourais, rivée de l’armée américaine, et sera rapatrié à Annecy, t’avais donné une place particulière dans le cœur de en mai 1945. Deux membres de ma famille étaient ses chacun, Déportés, Internés, et Familles, au sein de la compagnons d’infortune, depuis la prison Saint-Paul FNDIRP. jusqu’à Kempten, mon père et mon grand-père. Nous A présent, tu ne seras plus des nôtres, ton sourire, en avons beaucoup parlé, plus tard, avec Walter. Son ta sympathie, feront toujours défaut à nos réunions. frère Serge ne rentrera pas. Il est décédé le 2 mars Nous, tes amis, tes camarades, qui connais- 1945, à Ohrdruf, kommando de Buchenwald. sons bien la valeur de ton engagement, la valeur des Titulaire de nombreuses décorations, dont la sacrifices consentis à la Nation, nous inclinons res- médaille de la résistance, la Croix de guerre 39/45, pectueusement devant toi, et t’adressons une dernière la médaille militaire, la légion d’honneur dont il a été fois, nos très fraternelles pensées. élevé au titre d’officier le 15 avril 2016, et les palmes A ta compagne, ta fille et petite-fille, nous présen- académiques, dont il été élevé au titre d’officier, éga- tons nos condoléances très sincères, et les assurons de lement le 15 avril 2016. notre affection, en souvenir de toi. Mon cher Walter, voilà brièvement rappelés, Adieu Walter, tes camarades ne t’oublieront tes mérites et le dévouement dont tu as fait preuve, jamais. aux heures les plus sombres de l’histoire de notre Alexandra Rollet pays, la lutte que tu as menée pour la liberté, l’indé- Vice-Présidente de la FNDIRP, La Balme de Sil- pendance nationale, et la dignité humaine. lingy, le 8 septembre 2017 22 NOS PEINES Alfred FAVREAU n’en ont que le nom, souvent des droits communs. Vous êtes jeune, les allemands ont besoin de 1927 - 2017 main d’œuvre. Depuis le début de l’année 1944, les raids aériens alliés détruisent une grand part de la ca- pacité de production de l’armement aérien allemand. Alors les nazis décidèrent de transférer la fabrication des avions de chasse dans de gros bunckers sous terre. La folie est de fabrique 3000 avions par mois, sous abri autour de Landsberg, kaufering, et Uberlingen. C’est là à Uberlingen qu’on vous affecte comme for- çat, pour creuser des galeries. C’est votre malchance mais aussi votre chance. Les conditions de travail sont épouvantables. Aucune sécurité, ca s’écroule, ca s’éboule. Il y a des morts et des blessés, mais vous êtes à l’abri. Vous dormez sur place. La journée de travail est de 12 h. L’abri sous terre est votre salut, alors que vous n’êtes habillé que de votre guenille. La chance ne dure jamais longtemps. C’est à Landsberg que vous êtes affecté ensuite parce qu’on a besoin de travailleurs de moins de 25 ans, les autres meurent trop rapidement. Il faut construire d’autres bunkers. Sur les 30 000 déportés comme vous à Alfred, cher ami de notre famille de Dachau Landsberg, 10000 périrent très vite d’épuisement, de froid et de mauvais traitements. Vous dormez dans Féfette pour les intimes des cabanes en bois, par terre. Vous passez l’hiver 44 dans ces conditions de vie épouvantable. Pour vous Vous êtes né le 27 mars 1927, tout comme rendre à la construction des bunkers, il faut traverser Edmond votre frère jumeau, à Lay Saint Rémy en la forêt dans la neige et le vent la nuit pour commen- Meurthe et Moselle. L’Alsace et la Lorraine annexées, cer tôt le matin. Vous êtes épuisés.. Combien de temps vous les enfants des Vosges, êtes des adolescents à cela aurait il pu durer ? Pas longtemps certainement. peine quand l’ennemi se présente à votre porte. Les alliés approchent, alors par des convois L’insouciance, l’envie ardente et légitime de de la mort, à pied, on vous fait retourner à Dachau fronder, vous conduisent avec vos amis du village, d’où vous êtes libérés le 29 avril 1945. Vous venez comme ceux de Charmes, à tenir tête aux nazis, à votre d’avoir 18 ans. Les nazis vous ont volé votre adoles- façon bien sur. On retourne les pancartes, on place cence pour toujours Il faut se refaire mais cette vie des drapeaux aux trois couleurs au cimetière pour d’épouvante ne vous quittera plus. le 11 novembre, on fait de la Résistance en somme. Mon cher Alfred, si vous permettez et je Beaucoup d’entre vous seront les agents des réseaux sais que vous m’y autorisez, j’affirme devant tous malgré leur jeune âge. Alfred, vous en êtes. Mais voi- que vous avez bien servi votre pays, que vous avez là, ils ne s’en laissent pas compter les allemands. Ils souffert pour lui et que vous avez été l’honneur de la vous arrêtent et vous êtes conduits au sinistre camp France. de concentration de Natzveiller, près de chez vous. Celles et ceux qui l’ont visité comprennent les souf- Adieu Alfred, vos amis ne vous oublient pas. frances, les humiliations et les tortures physiques et morales que vous y avez subies. A vous Liliane, à votre famille, l’amicale de Le 19 Août 1944, les alliés avancent. Alors Dachau et notre famille présentent ses plus sincères vous êtes transférés au camp de Dachau, le premier condoléances. construit par les nazis en 1933 C’est un modèle. Vous y resterez le temps de la quarantaine pour l’enregis- trement, le rasage au formol, par des coiffeurs qui 23 LITTERATURE

de Dachau, dans un des kommandos le plus dur de la vallée du Neckar en Allemagne, après avoir survécu au fameux train de la mort. Le récit évoque avec force détails l’enfer que ce jeune résistant a vécu dans sa déportation aux côtés de ses compagnons d’infortune dans ce camp de concentration, les Stücks qu’ils étaient devenus devant disparaître sans laisser aucune trace.

Après la guerre, André Delpech fit une brillante carrière militaire avec le grade de général de corps d’armée. Son nom restera toujours attaché à Dachau dont il a présidé le Comité International pendant quatorze ans et l’Amicale française pendant vingt ans. La Chancelière d’Allemagne Angela Merkel a accepté en 2013 de recevoir le prix de ce comité portant le nom du général André Delpech. Avoir vingt ans à Dachau L’histoire de mon père Ce témoignage ainsi recueilli se veut avant tout un travail, un devoir de mémoire, oeuvre portée par une Joëlle Delpech-Boursier enfant d’un déporté-résistant, elle qui n’a pas connu la Editions Tiresias guerre mais qui hérite d’une histoire et der certaines valeurs à transmettre pour aider à faire de nos enfants C’est un récit poignant, «sur la captivité de mon père» des citoyens. écrit Joëlle Delpech-Boursier sur André Delpech, En particulier celles que son père a défendu toute sa qu’elle nous livre à travers ces pages. Durant plusieurs vie, la liberté et le respect de la dignité humaine. «La années, elle écoute, recueille patiemment ses mots, liberté qui paraît évidente à ceux qui l’ont toujours sa blessure, ses espoirs, son témoignage distillé par connue, exige pour être conservée et vécue une bribes, mais ô combien essentiel pour saisir et vivre vigilance constante des hommes et des femmes de tous notre aujourd’hui en liberté. André Delpech est un les continents du globe» avait-il dit lors d’un discours résistant quercinois, arrêté par la Gestapo à Cahors le prononcé sur la place d’appel de Dachau devant une 17 mai 1944, puis déporté au camp de la mort lente assemblée internationale.

Avoir vingt ans à Dachau, NOM :......

l’histoire de mon père PRENOM : ......

Adresse : ...... Format 16 x 24 - 192 pages Sur papier offset - dos carré collé - couverture rivoli CP/Ville : ...... 300g quadri Nombreuses illustrations, documents d’époque. Nombre d’exemplaire : ...... x 20€ + port de 6€

Prix en souscription : 20€ + 6€ de frais de port Réglement à : (pour la France) par exemplaire Amicale du camp de concentration de Dachau 2 rue Chauchat 75009 Paris 24 LITTERATURE

MA GUERRE, DE LA ROCHELLE À DACHAU

SCÉNARIO DESSIN Tiburce Oger Tiburce Oger Gautier Guy-Pierre

Un témoignage historique poignant, le premier récit personnel de Tiburce Oger.

Voici le témoignage de Guy-Pierre Gautier, grand-père de l’auteur, survivant de Dachau. Engagé en 1943 dans la brigade « Liberté » des francs-tireurs et partisans de La Rochelle, il s’emploie à des sabotages de voies ferrées et au renseignement. La bravoure côtoie l’insouciance.

À l’arrestation du réseau, les difficultés commencent avec les interrogatoires par la Gestapo, une mutinerie à la prison d’Eysses, les fusillés. Le cauchemar s’installe lors du voyage infernal en wagons à bestiaux jusqu’à Dachau. Le courage masque alors à peine la frayeur.

Le récit poignant d’un survivant, jour après jour, souf- france après souffrance, jusqu’à l’apparition de la sil- houette immense d’un GI américain qui annonce la fin du cauchemar le 30 avril 1945.

Cette BD est disponible à Amicale du Camp de Concentration de Dachau, 2 rue Chauchat 75009 Paris Prix du livre :17€ + 6€ de frais de port. Règlement à l’ordre de l’Amicale de Dachau 25 LITTERATURE

Ce livre est disponible à Amicale du Camp de Concentration de Dachau, 2 rue Chauchat 75009 Paris 264 pages Prix du livre :10€ + 6€ de frais de port. Règlement à l’ordre de l’Amicale de Dachau 26 LITTERATURE

1939 -1945 LE CHOTELAIS UNE RÉGION DANS LA GUERRE de Scarlette Martin / Prix 22 euros L’auteur, Scarlette Martin, née à Angers, (Maine et Loire), en 1942, s’est établie dans la région chotelaise depuis 1963. Inté- ressée par l’Histoire, elle a entrepris en 1994 des recherches sur la période de la Deuxième Guerre Mondiale dans région cho- telaise en se penchant sur les archives départementales et com- munales et en interrogeant de nombreux témoins, qui étaient adolescents et/ou adultes dans les année 39-45. En 2008, elle a publié un premier livre : «Les Chotelais des an- nées noires», au profit de l’association départementale des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation où l’accent était mis sur la Déportation. Ce second ouvrage complète le pré- cédent en ouvrant des perspectives plus larges sur les différents aspects de la guerre 39-40, l’Occupation, la Résistance, la libé- ration de la région, les difficultés de la vie quotidienne avant et après la Libération, le retour des prisonniers et des déportés, la Mémoire. Comme on ne saurait étudier un fait national à l’échelon régio- nal dans sans le situer dans le contexte historique général duquel il est issu et qui en facilité la compréhension «39-45 : le Choletais, une région dans la guerre », s’ouvre sur la situation générale en Allemagne de 1918 à 1939 et la situation générale en France en 1939, sous le regard des contemporains comme les historiens Pierre Gaxotte et Jacques Chastenet et de témoins des évènements comme les écrivians Georges Duhamel, et Georges Giraudoux. Le rêve, né des souffrances de la guerre, d’une France unie autour d’idées généreuses, évoqué en conclusion de ce livre est toujours actuel.

CAMP de DACHAU-ALLACH MATRICULE 73350 de Jean Denis / Prix 22 euros Le 27 novembre 1943, suite à une dénonciation, je suis fait prisonnier et envoyé à la prison de Limoges. Après notre jugement , tout va se précipi- ter. Le 13 mars 1944, je suis transféré à la Centrale d'Eysses dans la Lot et Garonne.

Le 30 mai 1944, je pars pour une destination inconnue, avec mes compa- gnons.

En hâte, comme j'ai un pressentiment en constatant une augmentation anormle de troupes de SS, jé rédige un petit mot, sur un petit bout de papier, pour mes parents qui sont sans nouvelles : je souhaite les tranquil- liser avant tout, mais je me doute que l'avenir ne présage rien de bon et que je dois être prêt à affronter pas mal de moments pénibles mais je suis loin d'imaginer ...... l'inimaginable 27 LITTERATURE

HISTOIRE DE LA DEPORTATION DES JUIFS DANS LES MAUGES de Bertrand Bossy / Prix 29 euros 90 16 juillet 1995 : Jacques Chirac, président de la République, recon- nait officiellement la responsabilité de l'Etat français dans la dépor- tation des Juifs de France. 16 juillet 2000 : la ville de Cholet inau- gure une stèle rendant hommage aux victime juives de la Seconde Guerre mondiale. Elle est la première à le faire dans les Mauges. Plus d'un demi-siècle après les faits, et une brève polémique, qui a révélé combien la mémoire de ce passé était toujours sensible, l'histoire de ces familles restait à écrire. Croisant témoignages et documents d'archives, cet ouvrage retrace le destin d'une trentaine d'une familles qui ont vécu dans les Mauges, la région choletaise, pendant la guerre 1939-1945. Il cherche donc, à l'échelle d'un arrondissement rural de 100 000 habitants situé en zone d'occupation allemande et d'une sous- préfecture de province, à restituer les parcours de survie de 150 personnes environ. Il explique les étapes qui ont conduit un tiers d'entre elles, depuis le Choletais, vers les centres de mise à mort du système nazi. Il tente aussi d'établir le dégré de participation des autorités locales - allemandes et françaises - dans le processus de déportation de déportation des juifs de Cholet et des Mauges, et de mesurer l'ampleur réelle du sauvetage des juifs dans le Choletais. L'objectif de ce livre est de faire resurgir, d'un passé lointain et de l'oubli, les victimes de cette période sombre de l'histoire locale

STÜCK 72889 COBAYE HUMAIN A DACHAU de Clément Quentin / Prix 15 euros

Le 8 juin, on vient me chercher pour m'introduire dans une pièce où sont installés Ernst, Wolf et de hauts degrés militaires. Ils m'annoncent que je suis condamné à mort. Je ne comparaitrai pas devant un autre tribunal et je dois signer la feuille que l'on me présente. C'est ma condamnation à mort. Je suis obligé d'obtempérer!

Je suis fier de moi, je serai peut-être fusillé mais je n'ai donné aucun nomno adresse de camarades, malgré la souffrance endurée. Aucun ne sera pris à cause de moi parmi ceux que je connaissais.

On me reconduit dans ma cellule où je resterai jusqu'au 10 juin au matin. A nou- veau, on vient me prendre mais c'est pour me conduire chez le coiffeur, qui me rase la tête. C'est idiot mais je pleure en voyant mes beaux cheveux noirs ondulés, crantés, tomber comme cela devant moi, autour de moi. Son travail terminé, le coiffeur me remet aux mains du gardien qui me reconduit dans ma cellule.

Ouvrages disponibles à l’association à l’adresse ci-dessous (frais de port : 6 euros) Amicale de DACHAU, 2 rue Chauchat, 75009 Paris Téléphone : 01 45 23 39 99 / Mail : [email protected] Commission Paritaire de presse n° 0615 A 07346 - Rédacteur en chef : Serge Quentin - Directeur de la pulbication : Dominique Boueilh - N° ISSN : 1779-3459 - Impressions Jaurès 10 rue Vicq d’Azir 75010 Paris