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RAYMOND MARTEL UL

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U n évêque à V atican II : MGR A lbert Sanschagrin , o.m.i.

Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de Γ Université Laval pour F obtention du grade de maître ès arts (M.A.)

FACULTÉ DE THÉOLOGIE ET DE SCIENCES RELIGIEUSES UNIVERSITÉ LAVAL

JANVIER 2000

© Raymond Martel, 2000 RÉSUMÉ

Depuis une dizaine d ’années, Vatican II est devenu un nouveau champ de recherche pour les historiens. Les études, les monographies, les colloques et les centres de recherche sur Vati- can Π ne cessent de se multiplier à travers le monde. Le présent mémoire, par son étude sur Albert Sanschagrin, o.m.i., — l’un des acteurs de ce concile —, s’inscrit non seulement dans ce domaine de recherche, mais y apporte aussi une contribution nouvelle. Jusqu’ici, et même au Québec, des études ont surtout porté sur les ténors du concile. Celle-ci s’intéresse pour la pre- mière fois à l’une de ces figures plus effacées en apparence. Par une étude des sources, nous avons recherché comment cet évêque, venant d ’un diocèse de la périphérie du Québec (), avait articulé, au cours de la période conciliaire, la dynamique de communion entre son Église (le local) et les autres Églises (l’universel).

Directeur de recherche Étudiant AVANT-PROPOS

Ce mémoire de maîtrise a été rendu possible grâce à une foule de personnes envers qui je suis redevable. Dans un premier temps, je tiens à remercier deux évêques : d ’une part, IvF Gé- rard Drainville, évêque d ’Amos, qui m’a invité, malgré le manque de prêtres, à entreprendre des études universitaires de second cycle et qui en a favorisé la réalisation durant deux ans; d ’autre part, Albert Sanschagrin, o.m.i., qui m’a accueilli avec tant de chaleur, qui a accep- té d ’être dans la mire de ma recherche et qui a si aimablement répondu à mes interrogations tout au long de cette étude.

Je tiens à remercier Mme Marie-Josée Bemier, archiviste à l’évêché d ’Amos, qui m’a donné accès aux archives diocésaines, au cours de l’été 1998, et qui s’est montrée toujours dis- ponible et diligente pour des recherches subséquentes. Je remercie également les archivistes de nombreuses communautés religieuses qui ont si aimablement répondu à mes requêtes dans le cadre de la recherche pour ce mémoire. De plus, je veux manifester ma reconnaissance aux membres de ma famille ainsi qu’aux nombreux amis qui se sont intéressés à ce projet et qui m’ont soutenu de diverses manières.

Je veux aussi remercier deux professeurs de la Faculté de théologie et de sciences reli- gieuses de l’Université Laval. Par son cours « Séminaire de mémoire »,je ne peux ignorer Tap- port de M. Raymond Brodeur à la mise en route du présent mémoire et je l’en remercie. Enf in , je veux dire toute ma gratitude à M. Gilles Routhier, sans qui ce travail n ’aurait pu être mené à terme : d ’une part, pour avoir bien voulu en être le directeur de recherche et, d ’autre part, pour sa confiance et son encouragement qui m’ont soutenu dans les périodes plus ardues, ainsi que pour son accompagnement patient et ses conseils judicieux tout au long de la période de rédac- tion. TABLE DES MATIÈRES

AVANT-PROPOS ...... i

TABLE DES MATIÈRES ...... ü

LISTE DES SIGLES UTILISÉS ...... iv

LISTE DES FIGURES ET DES TABLEAUX ...... v

INTRODUCTION GÉNÉRALE...... 1

L’état de la question ...... 2 La problématique ...... 21 Les sources ...... 26 La méthodologie ...... 28 La délimitation du sujet ...... 30 Le plan du mémoire ...... 31

CHAPITRE I LA PÉRIODE PRÉCONCILIAIRE ...... 33

1.1 La voix de Jean XXIII vers l’Église d ’Amos ...... 36 1.1.1 Les documents diocésains et le concile ...... 36 1.1.2 Les documents diocésains et les Actes pontificaux sur le concile ...... 45 1.1.3 Les initiatives diocésaines et le concile ...... 57 1.1.3.1 Une suggestion d ’un groupe de prêtres ...... 58 1.1.3.2 Des initiatives officielles ...... 62 1.1.3.3 Des initiatives spontanées ...... 67

1.2 M81' Sanschagrin assume la voix de son Église ...... 70 1.2.1 La consultation de 1960 ...... 70 1.2.2 La consultation de 1962 ...... 75

CHAPITRE II LA PÉRIODE CONCILIAIRE ...... 87

2.1 À Vatican Π, l’Église d ’Amos à la rencontre des Églises du monde ...... 89 2.1.1 La recherche des traces laissées ...... 90 2.1.2 Quelques portraits de rencontres d ’évêques...... 94 2.1.3 L’objet des dialogues et des échanges de biens ...... 103 Ill

2.2 La voix de l’Église d ’Amos au concile ...... 115 2.2.1 L’utilisation de la langue du peuple ...... 116 2.2.2 La communion sous les deux espèces...... 123 2.2.3 La restauration du diaconat permanent ...... 125 2.2.4 L’oecuménisme ...... 131

2.3 La voix des Églises vers l’Église d ’Amos ...... 135 2.3.1 Au cours des sessions conciliaires ...... 135 2.3.1.1 Les écrits épistolaires ...... 135 2.3.1.2 Les entrevues et les enregistrements pour la radio et la télévision ... 143 2.3.1.3 Les Nouvelles diocésaines ...... 146 2.3.2 Au cours des intersessions ...... 146 2.3.2.1 Les entrevues, les causeries et les conférences ...... 147 2.3.2.2 Les circulaires pastorales ...... 152 2.3.2.3 Les Nouvelles diocésaines ...... 155

CONCLUSION GÉNÉRALE ...... 159

Une rétrospective...... 159 Des pistes pour des études ultérieures...... 165

BIBLIOGRAPHIE...... 167

ANNEXE A : Questionnaire en vue du IIe Concile du Vatican, Comment répondre . . 185 ANNEXE B : Groupe des évêques o.m.i...... 186 ANNEXE C : Les évêques rencontrés du groupe A ...... 188 ANNEXED : Les évêques rencontrés du groupe B ...... 190 ANNEXEE : Connaissances antérieures à Vatican II ...... 193 ANNEXE F : Les évêques amis ...... 194 ANNEXE G : Les évêques signalés au passage dans le JC ...... 195 ANNEXE H : Réunions des évêques o.m.i...... 197 ANNEXE I : Activités oblates ...... 198 ANNEXE J : Réunions des conférences épiscopales ...... 199 Sanschagrin a assisté ...... 200 ־ANNEXE K : Conférences auxquelles M9 ANNEXE L : Réunions sociales ...... 201 ANNEXE M : Rassemblements religieux ...... 202 LISTE DES SIGLES UTILISÉS

CP Circulaire Pastorale DC La Documentation Catholique JC Journal du concile LCD Lettre du concile à ses diocésains LP Lettre pastorale ND Nouvelles diocésaines LISTE DES FIGURES ET DES TABLEAUX

Figures

1.1 ]VF Albert Sanschagrin ...... 34 1.2 Le concile dans les CP et les ND...... 38 1.3 Le concile dans les circulaires pastorales...... 40 1.4 Le concile dans les circulaires pastorales...... 40 1.5 Thèmes des CP (1959-1962) ...... 41 1.6 Thèmes des CP (1962) ...... 41 1.7 Le concile dans les ND (1962) ...... 42 1.8 Thèmes majeurs des ND ...... 43 1.9 Centres d ’intérêt des répondants ...... 84 2.1 Terminologie des relations humaines et les évêques...... 91 2.2 Les évêques O.M.I. (géographie)...... 95 2.3 Les évêques rencontrés et le contexte des rencontres ...... 98 2.4 103 évêques rencontrés (géographie)...... 100 2.5 34 évêques des commissions (géographie) ...... 102 2.6 69 évêques hors des commissions (géographie) ...... 103 2.7 Objets des dialogues avec les évêques des commissions ...... 104 2.8 Objets des dialogues Sanschagrin-Suenens ...... 107 2.9 Objets des dialogues avec les évêques hors des commissions ...... 109 2.10 Objets des dialogues avec les évêques orientaux ...... 111 2.11 30 causeries sur le concile ...... 148 2.12 18 causeries données aux laïcs...... 148

Tableaux

I Traces des Actes pontificaux dans les documents diocésains ...... 46 II Echo des principaux énoncés dans les documents diocésains ...... 47 III Celebrandi Concilii Oecumenici et la Circulaire Pastorale, 88...... 49 IV Séminars de la phase II ...... 65 V Lettres du concile à ses diocésains ...... 137 INTRODUCTION GÉNÉRALE

Le présent mémoire est d ’une certaine manière le fruit d ’un cours suivi à la session d ’hi- ver 1998 : « La théologieau XXe siècle : histoire et méthode ». Au moment où l’un des profes- seurs, M. Gilles Routhier, donnait un exposé sur le concile Vatican II et sa réception, une ques- tion est alors venue m’habiter : « Comment le concile Vatican II a-t-il été reçu dans le diocèse d ’Amos ? » Cette question m’intéressait d ’autant plus que l’histoire de cette période de l’Église d ’Amos m’était totalement inconnue. Car, je n ’y réside que depuis 1982 et je ne suis inséré dans son presbyterium que depuis dix ans. Après avoir exposé ma question à Monsieur Rou- thier, une question dont j’ignorais l’ampleur tant spatiale que temporelle, il a été convenu de la circonscrire davantage. L’intérêt s’est immédiatement porté sur le premier protagoniste de cette réception, Mgr Albert Sanschagrin, o.m.i., qui était, au moment du concile, Administrateur Apostolique de ce diocèse. D’ailleurs, à ce titre, il a participé aux quatre sessions de Vatican II. Après un premier compte rendu de lecture de son journal conciliaire, une ébauche de probléma- tique et quelques repères méthodologiques ont commencé à se dessiner pour une étude dont l’objet serait cet évêque à Vatican II. Le domaine de recherche dans lequel s’insérerait cette étude se précisait également, soit l’histoire du concile Vatican II. De plus, un titre s’est alors imposé pour le mémoire de maîtrise : Un évêque à Vatican II : I/F Albert Sanschagrin, o.m.i.

Dans cette introduction, nous consacrerons d ’abord un large espace à l’état de la recher- che en histoire de Vatican II. Puis, nous présenterons la problématique du présent mémoire ain- si que les sources utilisées, la méthodologie employée et la période étudiée. Enfin, nous con- durons en esquissant les grandes lignes de notre plan pour ce mémoire. 2

L’ÉTAT DE LA QUESTION

En 1995, au moment même où l’on se prépare à célébrer le trentième anniversaire de la clôture de Vatican II, paraît en versions anglaise et italienne le premier volume d ’une Histoire du concile Vatican II\ C’était là le premier fruit mûr d ’un projet scientifique commencé en 1988, sous la direction de Giuseppe Alberigo de VIstituto per le scienze religiose de Bologne (Italie)12. Ce premier volume, comme le seront les suivants, est non seulement l’oeuvre d ’une équipe internationale de spécialistes — des historiens et des théologiens —, mais aussi le fruit de plusieurs colloques et de nombreuses publications 3.

Avec ce projet d ’une histoire de Vatican II apparaît aussi une nouvelle problématique au plan de la recherche sur le concile. Au lendemain de sa clôture, les textes officiellement pro- mulgués par le Pape ont surtout monopolisé les énergies autour d ’une abondante production de commentaires 4. Une vingtaine d ’années plus tard, des travaux s’amorcent cette fois-ci autour de Vatican II en tant qu’événement 5 et ce, non seulement en se demandant : « “comment est-on arrivé à !’approbation des décisions de Vatican II ?”, mais surtout : “comment s’est effective­

1 Cf. Joseph Famerée, « Du neuf dans l’histoire des conciles, À propos de quelques ouvrages récents », Revue théologique de Louvain, 29e année, n° 3, 1998, p. 352; Note : La version française a été publiée en 1997. Cf. Giu- seppe Alberigo, dir., Histoire du Concile Vatican II (1959-1965), tome I, Le catholicisme vers une nouvelle épo- que, L’annonce et la préparation (Janvier 1959 — octobre 1962), Version française sous la direction de Étienne Fouilloux, Paris/Louvain, Les Éditions du CerfTPeteers, 1997, 575 p.; Cf. Id., « Introduction, Vatican II, trente ans après », in op. cit., p. 11: « Quatre autres volumes suivront, consacrés chacun à l’une des sessions de Passern- bléé. »; La version française du second volume a été publiée en 1998. Cf. id., Histoire du Concile Vatican II (1959-1965), tome II, La formation de la conscience conciliaire, La première session et la première intersession (octobre 1962 — septembre 1963), Version française sous la direction de Étienne Fouilloux, Traduction de Pita- lien par Jacques Mignon, Paris/Louvain, Les Éditions du Cerf/Peeters, 1998, 734 p. 2 Cf. Joseph Famerée, « Vers une Histoire du concile Vatican II », Revue d’histoire ecclésiastique, vol. 89, rT 3-4, 1994, p. 622, note n° 1; Cf. Giuseppe Alberigo, « Introduction, Vatican II, trente ans après », in Histoire du Concile Vatican II (1959-1965), tome I, p. 9. 3 Cf. « Avant-propos », in Lamberigts, M., Soetens, Cl. et Grootaers, J., éd., Les Commissions conciliaires à Vatican II, Leuven, Bibliotheek van de Faculteit Godgeleerdheid, 1996, p. VII; Giuseppe Alberigo, « Introduc- tion, Vatican II, trente ans après », in Histoire du Concile Vatican II (1959-1965), tome I, p. 11; Note : Nous re- viendrons ultérieurement sur ces colloques et publications. 4 Cf. Giuseppe Alberigo, « Introduction, Vatican II, trente ans après », in Histoire du Concile Vatican 11(1959- 1965), tome I, p. 7-8. 5 Cf. Ibid., p. 7-9. Sur la question de la portée à donner à Vatican II en tant qu’événement, un débat existe entre Étienne Fouilloux et Émile Poulat. Alors que Fouilloux considère Vatican II comme étant l’événement ma- jeur de l’Église catholique au XXe siècle, Poulat et ses disciples « en minimisent la portée », quant à eux, selon Fouilloux. Cf. Étienne Fouilloux, « Histoire et événement : Vatican II », Cristianesimo nella storia, vol. 13, n° 3, ottobre 1992, p. 517. 3

ment déroulé Vatican II et quelle en est la signification ?6 » Au plan de la méthodologie, c’est par une exploitation critique « de toutes les sources conservées » que l’on veut reconstituer Va- tican II7 .

Ce projet non seulement ouvre-t-il un nouveau chapitre dans l’histoire des conciles, qui connaît depuis peu approfondissement et renouvellement 8, mais s’inscrit-il également dans la vaste entreprise de l’histoire de l’Église9, elle-même objet de débats. D’une part, « !’application

de la méthode historico-critique à l’étude du christianisme et de l’Église en particulier10 » ne s’est pas fait sans quelques heurts. Ce n ’est qu’à Vatican II que les soupçons, portés à son en- droit depuis le XIXe siècle, font place à la reconnaissance de sa fécondité « pour la connais- sanee de l’Église11 ». D’autre part, à partir des années 1960, on assiste à « une profonde remise en question de la traditionnelle histoire de l’Église » qui, jusqu’alors, « avait une perspective déterminée par la théologie12. » Un débat s’installe entre théologiens et historiens, « entre ceux qui considèrent l’Histoire de l’Église comme une discipline à la fois historique et théologique

et ceux qui ne lui confèrent qu’une nature totalement et exclusivement historique13. » Les posi- fions de Roger Aubert et de Hubert Jedin, nettement favorables à « une histoire de l’Église théologique », provoquent, entre autres, les réactions de l’historien des religions, Marcel Si­

6 Giuseppe Alberigo, « Introduction, Vatican II, trente ans après », in Histoire du Concile Vatican II (1959- 1965), tome I, p. 9. 7 Cf. Ibid. : « Il est évident que l’histoire de Vatican II ne peut être reconstruite que sur la base de l’analyse rigoureusement critique des sources; de toutes les sources conservées : orales et écrites, officielles et informelles, collectives et individuelles, internes et externes. » 8 Cf. Joseph Famerée, «Du neuf dans l’histoire des conciles... », p. 345 : « Depuis deux décennies au moins, l’histoire des conciles tant oecuméniques que locaux, de leur signification et de leur réception n ’a cessé de s’ap- profondir et de se renouveler : qu’il suffise de citer les noms de A. de Halleux, A. Grillmeier, H. J. Sieben parmi bien d ’autres. De nouveaux instruments de travail (des concordances notamment) se sont multipliés grâce à l’in- formatique. » 9 Nous choisissons l’expression « histoire de l’Église » tout en sachant qu’un débat existe entre historiens sur les terminologies « histoire de l’Église » et « histoire du christianisme ». Cf. Paul-Hubert Poirier, « De l’histoire de l’Église en faculté de théologie, Réflexions sur la nature et l’objet d ’une discipline »,Laval théologique et phi- losophique, vol. 47, n° 3, octobre 1991, p. 402-403. 10 Giuseppe Alberigo, « Méthodologie de l’histoire de l’Église en Europe », Revue d’histoire ecclésiastique , vol. 81, n" 3-4, 1986, p. 401. 11 Ibid., p. 403. Voir aussi les pages 411-413. 12 Raymond Brodeur, « “Ma façon de servir l’Église”, Jean Hamelin », in Roby, Yves et Voisine, Nive, dir., Érudition, humanisme et savoir, Actes du colloque en l’honneur de Jean Hamelin, Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1996, p. 318 et 319. 13 Giuseppe Alberigo, « Méthodologie de l’histoire de l’Église en Europe », p. 409. 4

mon, ainsi que celles de Miquel Batllori, de l’Institut historique de la Compagnie de Jésus, tous deux en faveur d ’« une histoire de l’Église conçue comme une pure discipline historique...14 »

Outre ce contexte dans lequel s’inscrit le projet d ’une histoire de Vatican II, signalons également l’une des « tensions dynamiques qui caractérisent aujourd ’hui l’Histoire de l’Église en Europe », — ce qui ne peut être sans incidence sur ce projet —, soit « la dialectique entre histoire générale et histoires locales15 ». Né en Europe, ce projet doit aussi se situer face à « l’habitude européenne de faire de sa propre histoire le centre et le paradigme de l’histoire uni- verseile de l’Église...16 ». C’est là un défi réel lorsque l’on constate, d ’une part, que 75% des membres du comité éditorial de VHistoire du concile Vatican II (1959-1965) sont des Euro- péens et, d ’autre part, que dans ce comité, où prédominent les spécialistes nord-occidentaux, les Africains sont absents et les Asiatiques peu représentés 17 . C’est même là un recul compara- tivement à l’équipe initiale où la présence européenne ne comptait que pour 65% 18. Seules les Amériques ont gagné du terrain depuis et ce, en triplant leur représentation; au sein de celle-ci, les chercheurs sud-américains comptent pour près de la moitié. Malgré ce fait, l’histoire de Va- tican II n ’est cependant pas à l’abri de l’eurocentrisme, ni de la nord-occidentalité. Car les cen- tres de recherche sont actuellement concentrés en Europe et en Amérique du Nord 19. La prédo ­

14 Paul-Hubert Poirier, « De l’histoire de l’Église en faculté de théologie... », p. 405. Voir aussi les pages 403- 407. 15 Giuseppe Alberigo, « Méthodologie de l’histoire de l’Église en Europe », p. 403; Les propos de Gilles Rou- thier nous font sentir cette dialectique à l’égard de certains travaux sur Vatican II : « À la lecture de cet ouvrage [Vatican II et la Belgique, par Claude Soetens], on se rend compte à quel point travailler à l’échelle d ’un pays permet de voir et de comprendre des choses qui sont difficiles à saisir lorsqu’on travaille sur une trop grande échelle (continentale ou mondiale) » (Gilles Routhier, « Recherches et publications récentes autour de Vatican II », Laval théologique et philosophique, vol. 55, n° 1, février 1999, p. 121). Nous renverrons désormais à cet article de la manière suivante : « Recherches et publications récentes... », 1999. 16 Giuseppe Alberigo, « Méthodologie de l’histoire de l’Église en Europe », p. 407. 17 Cf. Id., Histoire du Concile Vatican II (1959-1965), tome I, p. 6; Note : L’Amérique du Sud a cinq représen- tants, les État-Unis en ont cinq aussi et le Canada, un. Alors qu’en Asie, on retrouve deux spécialistes, en Europe, on en compte 38, dont 16 Italiens. Sur le continent européen, des chercheurs viennent de 10 pays, dont la Pologne et la Russie. 18 Cf. Mauro Velati, « Symposium Vaticanum II », Revue d’histoire de l’Église de France, tome LXXVI, n° 196, janvier-juin 1990, p. 85, note n° 1; Note : Dans cette équipe, on retrouve un Africain, deux Asiatiques et un Brési- lien. Les États-Unis ont trois représentants et l’Europe en compte 13, venant de neuf pays, dont quatre de l’Italie. 19 Cf. Gilles Routhier, « Recherches et publications récentes... », 1999, p. 148. Note : L’Europe compte actuel- lement trois centres de recherche (Bologne, Louvain/Louvain-la-Neuve et Paris) avec possibilité de deux autres (Université du Latran et Faculté catholique de Tübingen). Tandis qu’en Amérique du Nord, Québec et Washing- ton ont leur centre de recherche sur Vatican II, en Amérique du Sud, seul Sâo Paulo a le sien. 5

minance de l’Europe dans les travaux des chercheurs est déjà signalée par Gilles Routhier qui souhaite une plus grande ouverture aux mondes en dehors de l’Europe occidentale 2-0.

Au Québec, la recherche sur Vatican II a une histoire plutôt récente. En 1992, sous la di- rection de Gilles Routhier, un projet de recherche sur Vatican II, aux plans tant québécois que canadien, voit le jour à l’Université Laval2021. Avec son champ de recherche spécifique, ce projet ouvre un chapitre singulier dans l’histoire religieuse du Québec, entre autres. Selon une pério- disation propre à Guy Laperrière22, ce projet arrive à un moment plus serein de l’histoire reli- gieuse du Québec, à un moment où « on assiste à un renouvellement des perspectives et des approches, qui accepte d ’examiner le fait religieux pour lui-même, dans une perspective plus globale et plus interdisciplinaire 23. »

Si l’histoire religieuse du Québec, entre 1945 et 1965, a été « une histoire qui place la religion et l’Église catholique au centre de tout et en fait le moteur de l’histoire et une caracté-

ristique de la société canadienne-française 24 », entre 1965 et 1983, elle fut plutôt marquée par son antithèse. « La remise en question du rôle de l’Église catholique dans la société, dans le

présent comme dans le passé25 », par la Révolution tranquille, n ’est pas sans incidence sur !’historiographie religieuse. Avec cette remise en question, « une idéologie apparaît et, y parti- cipant pleinement, les historiens cherchent à mettre en lumière les mécanismes de la domina- tion cléricale, particulièrement dans la seconde moitié du XIXe siècle26 . » Brigitte Caulier fait remarquer, pour sa part, que si « !’historiographie religieuse québécoise a longtemps privilégié l’approche institutionnelle et cléricale [...], à la fin des années 1960, il se développe un contexte

20 Cf. Gilles Routhier, « Recherches et publications récentes... », 1999, p. 149. Voir aussi p. 122-123. 21 Cf. Id., « Recherches et publications récentes autour de Vatican II », Laval théologique et philosophique, vol. 53, n° 2, juin 1997, p. 444. Nous renverrons désormais à cet article de la manière suivante : « Recherches et publi- cations récentes... », 1997. 22 Cf. Guy Laperrière, « L’évolution de l’histoire religieuse au Québec depuis 1945 : le retour du pendule ? », in Roby, Yves et Voisine, Nive, dir., Érudition, humanisme et savoir..., p. 329-348. Note : Suite à une analyse des principales publications parues dans ce domaine depuis 1945, Laperrière divise l’histoire religieuse du Québec « en trois périodes selon une dialectique du type thèse-antithèse-synthèse » (p. 329-330) : 1945-1965, 1965-1983 et 1984 à nos jours. 22 TW, p. 330. 24 Ibid. 25 Ibid., p. 335. 26 Ibid. 6

favorable à une inversion de l’objet d ’étude qui va permettre d ’aborder la place du catholicisme dans la société québécoise en l’observant de la base plutôt que du sommet de la hiérarchie ec- clésiastique27 . » Selon Laperrière, deux événements contemporains marquent alors un tournant dans l’histoire religieuse du Québec et font naître sa troisième période depuis 1945 : « la visite du pape au Québec et la parution, quelques jours auparavant, des deux livres de Jean Hamelin (1984; Hamelin et Gagnon, 1984) sur l’histoire du catholicisme québécois au XXe siècle28. » Par son objet et « sa vision ouverte du rôle de l’Église, malgré [...] bien des critiques », l’ouvra-

ge d ’Hamelin « marque, en quelque sorte, un renversement du courant de l’historiographie29. » D’ailleurs, Laperrière fait remarquer que cet « ouvrage constitue une synthèse qui examine la réalité à partir du sommet : [...] les auteurs [...] analysent l’évolution et le rôle de l’Église ca- tholique au Québec à partir de sources qui sont surtout celles de l’épiscopat et du clergé le plus actif30. » En conclusion de sa contribution, Laperrière souligne que « durant ces dernières an- nées, l’histoire religieuse a vu se développer des préoccupations nouvelles, qui l’amènent d ’ail- leurs à établir des comparaisons fructueuses avec d ’autres chrétientés, celles de France ou d ’Irlande pour n ’en nommer que deux 31. » Bien que ce soit dans le contexte de cette dernière période de !’historiographie religieuse du Québec que se situe le projet québécois de recherche sur Vatican II, ses objets d ’étude se trouvent cependant à la charnière des périodes précédentes.

Depuis 1988, le projet d ’une histoire de Vatican II, autour de Giuseppe Alberigo, a déjà donné lieu à de nombreux colloques, à une abondante production littéraire et provoqué la - sanee de plusieurs centres de recherche. Mais ce projet n ’est pas une première dans la recher- che scientifique Sur le concile Vatican II. La voie lui avait été ouverte, en quelque sorte, deux ans auparavant, avec le colloque de Rome, organisé par l’École française de Rome32. À l’aide

27 Brigitte Caulier, « Le sentiment religieux », in Hurtubise, Pierre et LeBlanc, Jean-Marie, éd., Status Quaes- tionis, Actes du colloque tenu à l'occasion du 25eanniversaire du Centre de Recherche en Histoire Religieuse du Canada, 4 décembre 1992, Ottawa, Université Saint-Paul, 1994, p. 47-48. 28 Guy Laperrière, « L’évolution de l’histoire religieuse... », p. 338. 29 Ibid. AM 31 Ibid., p. 343. 32 Cf. Le deuxième Concile du Vatican (1959-1965), Actes du colloque organisé par l‘École française de Rome en collaboration avec l'Université de Lille III, l'Istituto per le scienze religiose de Bologne et le Dipartimento di studi storici dei Mediovevo e dell’età contemporanea de l'Università di Roma-La Sapienza, (Rome 28-30 mai 1986), Rome, École française de Rome/Palais Famèse, Collection de l’École française de Rome, n° 113, 1989, 7

« d ’une analyse scientifique de Vatican II comme promesse (1959-1962) et comme affirmation du sensus fidei (1962-1965) », on voulait « relire l’oeuvre de Vatican II à la lumière des men- tafites qui l’avaient forgé33. » En parcourant la table des matières des Actes de ce colloque,

outre trois témoignages, nous retrouvons 42 chercheurs qui y ont contribué. Quatre d ’entre eux, dont G. Alberigo, feront non seulement partie de l’équipe initiale du projet d ’histoire de Vati- can II, mais aussi du comité éditorial 34. Parmi les objets d ’étude de ce colloque, on retrouve, entre autres, les vota (voeux) des évêques de certains épiscopats (états-uniens, britannique, français et italien), quelques acteurs du concile, tant individuels (Papes, Pères conciliaires, ex- perts) que collectifs (épiscopats belge, français et polonais), certains thèmes (collégialité, liber- té religieuse) et documents conciliaires (liturgie, Lumen gentium, l’oecuménisme). Des contri- butions ont aussi porté sur Vatican II et les Églises orientales catholiques, les Juifs, le Tiers-

Monde, le système des relations internationales, ainsi que des thèmes, tels l’athéisme et l’incroyance, le marxisme, la culture, la modernité, etc. Ce survol nous permettra de mieux per- cevoir non seulement l’évolution des objets d ’étude, mais aussi la permanence de certains d ’en- tre eux, dans le cadre des travaux de recherche menés en vue d ’une histoire de Vatican II.

Depuis 1988, en préparation à cette histoire, une douzaine de colloques ont été tenus tant en Europe que dans les Amériques35. Jusqu’à maintenant, les Actes de neuf d ’entre eux ont été publiés en totalité ou en partie36 . En parcourant leur table des matières ou les recensions qui en

867 p. 33 Philippe Levillain, « Introduction », in Le deuxième Concile du Vatican (1959-1965)..., p. XII. 34 Outre Giuseppe Alberigo (Italie), ce sont Étienne Fouilloux (France), Andrea Riccardi (Italie) et Jerzy Kloc- zowski (Pologne). 35 En 1989 : Leuven/Louvain-la-Neuve (Belgique); 1991: Houston (États-Unis); 1992 : Lyon (France); 1993 : Würzburg (Allemagne); 1994 : Louvain-la-Neuve/Leuven (Belgique); 1995 : Moscou (Russie) et Sâo Paulo (Bré- sil); 1996 : Bologne (Italie), Lublin (Pologne) et Montréal/Québec; 1999 : Strasbourg (France) et Québec. Cf. « Avant-propos », in Lamberigts, M., Soetens, Cl. et Grootaers, J., éd., Les Commissions conciliaires à Vatican II, p. VII-IX; Gilles Routhier, « Recherches et publications récentes... », 1997, p. 444; Id., « Recherches et publi- cations récentes... », 1999, p. 148; 36 Si l’on en juge par les recensions de Gilles Routhier, entre autres. Pour les Actes des colloques de 1989, 1991 (en partie) et 1992, voir Gilles Routhier, « Recherches et publications récentes... », 1997, p. 436-437 et 442- 447; Pour les Actes d ’autres colloques, voir Id., « Recherches et publications récentes... », 1999, p. 123-138; Les Actes des rencontres de Montréal/Québec, en 1996, ont été publiés dans a) Gilles Routhier, dir., L'Église cana- dienne et Vatican II, Montréal, Fides, collection « Héritage et projet », n° 58, 1997, 481p.; b) SCHEC, Études d’histoire religieuse, n° 63, 1997, p. 25-77; c) Gilles Routhier et Brigitte Caulier, dir., Mémoires de Vatican II, Montréal, Fides, 1998, 120 p.; Les Actes du colloque de Sao Paulo étaient sous presse en 1996. Cf. Giuseppe Alberigo, « L’impact des recherches actuelles sur notre compréhension de Vatican II », in Routhier, Gilles, dir., L’Église canadienne et Vatican II, p. 436, note n° 3; Les Actes à être publiés seraient ceux de Lublin (1996), 8 ont été faites, nous pouvons rapidement prendre une certaine mesure de l’évolution des objets d ’étude. Lors du premier colloque préparatoire à une histoire de Vatican II (1989), outre les interventions dont l’objet porte sur les vota d ’épiscopats (africain, européen, nord et latino- américain, et des Églises orientales), de la curie et d ’universités romaines, ce sont surtout les sources locales — tant d ’Afrique, d ’Amérique latine que d ’Europe — qui se retrouvent dans la mire des chercheurs37 . De plus, A. Mellon!, qui s’est particulièrement intéressé à « la produc- tion d ’instruments de recherche », en présente à son auditoire les premiers résultats38.

À l’occasion du colloque de Houston (1991), on assiste non seulement à un changement d ’aire géographique, mais aussi à un plus grand nombre d ’interventions de la part des cher- cheurs latino-américains, entre autres39. Si l’on aborde de nouveau la question des vota et des sources locales, de nouveaux objets ont cependant attiré !’attention des chercheurs. L’horizon de la recherche s’élargit donc un peu plus. Tandis qu’Étienne Fouilloux s’intéresse à ce qui se passe à l’intérieur de l’Église durant la phase préparatoire du concile, surtout au sein des

« “mouvements” théologico-spirituels40 », deux autres chercheurs présentent les résultats de leurs travaux qui ont porté sur des réactions face à l’annonce du concile, mais en provenance de groupes extérieurs à l’Église catholique. Ainsi, pendant que Ph. Chenaux scrute les réactions du Conseil Oecuménique des Églises, A. Mellon! examine celles « des milieux gouvememen- taux [...] de sept pays occidentaux 41. » Lors de ce colloque, G. Alberigo aborde un objet davan- tage conceptuel, celui des « critères herméneutiques pour une histoire de Vatican II42 », dont les plus importants sont « I) le concile-événement comme canon herméneutique; II) l’intention de

Strasbourg (1999) et Québec (1999). De plus, les Actes des interventions nord-américaines, lors du colloque de Houston (1991), n ’ont pas encore été publiés. 37 Cf. J. Grootaers et Cl. Soetens, éd., Sources locales de Vatican II, Symposium Leuven - Louvain-La Neuve, 23-25-X-1989, Leuven, Bibliotheek van de Faculteit der Godgeleerdheid van de K.U. Leuven, 1990, p. VII-IX. 38 Cf. Mauro Velati, « Symposium Vaticanum II », p. 86-87. 39 Cf. Joseph Famerée, « Vers une Histoire du concile Vatican II », p. 625-626. 40 Étienne Fouilloux, « “Mouvements” théologico-spirituels et concile (1959-1962) », in Lamberigts, M. et Soe- tens, Cl., éd., À la veille du Concile Vatican II, Vota et réactions en Europe et dans le catholicisme oriental, Leu- ven, Bibliotheek van de Faculteit der Godgeleerdheid, 1992, p. 185-199. 41 Gilles Routhier, « Recherches et publications récentes... », 1997, p. 443. 42 Giuseppe Alberigo, « Critères herméneutiques pour une histoire de Vatican II », in Lamberigts, M. et Soe- tens, Cl., éd., À la veille du Concile Vatican II..., p. 12-23. 9

Jean XXIII; III) la nature pastorale du concile; IV) !’“aggiomamento” comme but de Vatican II; V) la pratique du compromis et de la recherche de l’unanimité 43. »

Le colloque de Lyon (1992), quant à lui, met l’accent sur l’aire francophone d ’Europe et d ’Afrique au temps de Vatican IL De plus, ses nombreux objets d ’étude sont tout à fait neufs par rapport aux deux colloques précédents. Trois grandes catégories sont, entre autres, à l’ordre du jour des interventions : la préparation conciliaire, le travail du concile, ses acteurs. En ce qui regarde la préparation du concile, on retrouve comme objets d ’étude les commissions prépara- toires de Vatican II (Burigana, Paiano, Turbanti et Velati) et le règlement du concile (G. Alberi- go)44. Par rapport au travail conciliaire, l’une des interventions porte sur le Message au monde par les Pères conciliaires, le 20 octobre 1962. A. Duval en reconstitue la genèse « d ’après la documentation des PP. Chenu et Congar45 ». Au plan méthodologique, il utilise une avenue peu fréquentée jusqu’alors, celle des sources privées. D’autres interventions ont également porté sur « les activités conciliaires en coulisse » (J.A. Brouwers) ainsi que sur les débats de la pre- mière session autour des schémas sur la liturgie (A.G. Martimort), les sources de la Révélation (G. Ruggieri) et l’Église (J.A. Komonchak) 46 .

Les acteurs du concile, quant à eux, sont de deux types : les acteurs in aula (dans Passern- blée) et les acteurs à l’extérieur de l’assemblée conciliaire. Lors de ce colloque, des interve- nants ont présenté les résultats de leurs travaux ayant pour objet des acteurs in aula. Outre des individus, tels Jean XXIII (A. Mellon!), le Cardinal Gerlier et Mgr Villot (H. Denis), on re- trouve des groupes d ’évêques dans la mire des chercheurs : évêques de France (L. Perrin), de Belgique (J. Famerée) et d ’Afrique (C. Prudhomme ainsi que C. Soetens) 47 . Il nous faut signa- 1er que Prudhomme et Soetens sortent des sentiers battus, au plan de la méthodologie, avec leurs travaux sur les évêques d ’Afrique. Jusqu’à maintenant, les chercheurs avaient surtout uti­

43 Giuseppe Alberigo, « Critères herméneutiques pour une histoire de Vatican II », in Lamberigts, M. et Soe- tens, CL, éd., À la veille du Concile Vatican II..., p. 15. 44 Cf. « Table des matières », in Fouilloux, É., éd., Vatican IIcommence..., Approches Francophones, Leuven, Bibliotheek van de Faculteit der Godgeleerdheid, 1993, p. IX. 45 Joseph Famerée, « Vers une Histoire du concile Vatican II », p. 635. 46 Cf. « Table des matières », in Fouilloux, É., éd., Vatican IIcommence..., p. IX-X. 47 Cf. Ibid., p. IX; Outre les Évêques du Zaïre, du Rwanda et du Burundi, Soetens a aussi inclus les experts a fri- cains dans sa recherche. Cf. Joseph Famerée, « Vers une Histoire du concile Vatican II », p. 635. 10

lise les sources imprimées, tels les Acta de Vatican II, pour mener leur recherche sur les Pères du concile. Alors que Prudhomme s’intéresse aux évêques d ’Afrique noire « sur la base de la presse africaine et des revues missionnaires essentiellement », Soetens, quant à lui, travaille non seulement à partir des sources officielles, mais aussi de « plusieurs sources inédites : jour- naux conciliaires, correspondance et interviews de Pères ou experts missionnaires 48. » De son côté, É. Fouilloux s’est intéressé à un autre groupe d ’acteurs in aula, les observateurs non-ca- tholiques49. Parmi les acteurs du concile à l’extérieur de Y aula qui ont été objets d ’étude, nous retrouvons les journalistes (J. Grootaers), les catholiques bretons (D. Beloeil, M. Lagrée) et les intellectuels français (Ph. Chenaux) 50. Enfin, ajoutons à ce large éventail deux autres sujets qui ont suscité l’intérêt des chercheurs en vue de colloque : tandis que R. Franck observe la situa- tion géopolitique du monde à l’ouverture du concile, A. Riccardi s’intéresse, quant à lui, à la curie romaine et l’Église à la même période 51. Plusieurs grandes catégories de ce colloque

continueront de nourrir la recherche et susciteront des travaux lors des colloques ultérieurs. De plus, au plan méthodologique, les chercheurs commencent à exploiter des sources autres que les Acta du concile.

Si le colloque de Lyon avait examiné certains aspects de Vatican II et ce, plus particuliè- rement au sein de la francophonie, celui de Würzburg (1993) fait un exercice similaire non seu- lement au sein de l’aire germanophone (Allemagne, Autriche et Suisse germanophone), mais aussi du côté de l’Europe de l’Est. Jusqu’ici, c’est surtout l’Occident qui avait prédominé dans les travaux présentés lors de ces rencontres. Un nouveau champ de recherche est donc en train de s’ouvrir avec des interventions sur l’Europe de l’Est. À Würzburg, on s’intéresse toujours

aux acteurs du concile : des acteurs collectifs, tels la Conférence épiscopale allemande (W. Weiß) et les évêques suisses (V. Conzemius), ainsi que des acteurs individuels, tels les Döpfner (K. Wittstadt) et Frings (N. Nippen), des ténors de l’épiscopat allemand, dont le rôle à Vatican II est de premier ordre 52. De plus, pour la première fois lors d ’un colloque international, une

48 Joseph Famerée, « Vers une Histoire du concile Vatican II », p. 635. 49 Cf. « Table des matières », in Fouilloux, É., éd., Vatican IIcommence... p. IX. 50 Cf. Ibid. 51 Cf /W 52 Cf Gilles Routhier, « Recherches et publications récentes... », 1999, p. 130-131. 11

étude sur un acteur québécois, le cardinal Paul-Émile Léger, sera présentée et ce, grâce à une contribution de G. Routhier53. Parmi les acteurs du concile, outre les évêques, on compte aussi les théologiens coiffés du titre de periti (experts). Jusqu’à maintenant, lors des colloques prépa- ratoires à une histoire de Vatican II, aucun d ’eux n ’a été spécifiquement objet d ’étude. Cette fois-ci, l’un d ’eux, et non le moindre, Karl Rahner, est dans la lunette des chercheurs. Alors que K. Neufeld s’intéresse au rôle qu’il a joué tant au cours de la préparation que du déroule- ment du concile 54, R. Siebenrock utilise les notes de ce peritus pour une « analyse de manière serrée et rigoureuse [des] critiques adressées par un groupe de théologiens et d ’évêques aile- mands aux schémas expédiés aux Pères à l’été 1962 55. » À Würzburg, on retrouve aussi des

études sur les schémas conciliaires. L’intervention de H. Pottmeyer offre un intérêt particulier et par sa problématique et par sa méthodologie. Lors du colloque de Lyon, si des chercheurs s’étaient intéressés aux schémas conciliaires, c’était davantage sous l’angle des débats initiaux dont ils avaient été l’objet56 . Pottmeyer s’intéresse lui aussi à un schéma, celui sur l’Église,

mais il le fait à partir d ’un angle beaucoup large, celui des « questions ecclésiologiques à Vati- can II57 ». Au plan méthodologique, il circonscrit le champ de sa recherche aux seuls évêques allemands et il resserre son investigation autour de deux sources : leurs vota ainsi que « leur contribution au débat sur le De ecclesia à la première session 58 ». Ainsi, non seulement les pro- blématiques évoluent-elles, mais aussi les approches méthodologiques. Enfin, outre deux inter- vendons se rapportant à l’Europe de l’Est — celle de G. Eldarov sur l’Église de Bulgarie à Va- tican II et celle de N.A. Kovalskij sur les relations entre le Vatican et l’Union Soviétique au temps du concile —, il nous faut aussi signaler un nouvel objet d ’étude avec la contribution de M. Impagliazzo sur le monde islamique face à Vatican II59.

53 Cette étude n ’a pas été publiée dans le volume des Actes du colloque de Würzburg, dont la totalité des textes sont en allemand. Cf. Gilles Routhier, « Les réactions du cardinal Léger à la préparation de Vatican II », Revue d’histoire de l’Église de France, tome LXXX, n° 205, juillet-décembre 1994, p. 281-302. 54 Cf. Gilles Routhier, « Recherches et publications récentes... », 1999, p. 131. « Ai¿ 56 Cf. Id., « Recherches et publications récentes... », 1997, p. 446. 57 Id., « Recherches et publications récentes... », 1999, p. 131. 5' Ai¿ 59 Cf. Ibid., p. 131-132. 12

La spécificité du colloque de Louvain-la-Neuve/Leuven (1994) est d ’avoir mis l’accent sur les commissions conciliaires comme objet d ’étude. Huit interventions de ce colloque se sont attachées à montrer plus précisément « le fonctionnement et l’activité des commissions conciliaires à Vatican II60 ». Trois autres contributions ont davantage eu pour objet des acteurs du concile. Pendant que J. Grootaers s’est intéressé à Paul VI, plus particulièrement à ses inter- vendons « dans le travail de l’ensemble des commissions conciliaires 61 », D. Gönn et s’attachait à un peritus du concile, John Courtney Murray, des États-Unis. Alors qu’au colloque de Würz- bürg, Neufeld considérait le rôle du peritus Rahner au cours de la préparation et du déroule- ment du concile, Gönnet étudie Murray à partir d ’une autre problématique : celle de son apport au schéma sur la liberté religieuse62 . Enfin, D. Pelletier a étudié plus spécifiquement un groupe marginal de Pères conciliaires, « l’Église des Pauvres », ainsi désigné en vertu de son option 63 .

Jusqu’à maintenant, les études sur les Pères conciliaires avaient surtout porté soit sur des indi- vidus, soit sur des épiscopats particuliers. Avec Pelletier, l’intérêt se porte sur un nouvel objet d ’étude, celui des groupes singuliers que des Pères conciliaires ont formés entre eux.

Le colloque de Moscou (1995) présente, quant à lui, une nette évolution par rapport aux colloques précédents, non seulement au plan de son aire géographique et culturel, mais aussi par ses nouveaux objets d ’étude et ses nouvelles problématiques. Seule !’intervention de A. Roccuci, qui se rapportent à des acteurs du concile (les observateurs russes), présente un point commun avec les colloques antérieurs 64 . Parmi les objets d ’étude en rapport avec Vatican II, on retrouve l’entrée dans une ère nucléaire (V. Gaiduk), la littérature scientifique en union sovié- tique (V.P. Ljupin), l’Église orthodoxe russe sous l’angle de l’oecuménisme (les interventions de V. Borovoij, de M. Velati et de E. Lanne), l’idée de sobornost (A. Cavazza), le commu- nisme (G. Turbanti), le parti communiste italien (R. Burigana), l’antisoviétisme et VOstpolitik

60 Gilles Routhier, « Recherches et publications récentes... », 1999, p. 124. 61 Ibid., p. 129. 62 Cf. Ibid, p. 131 et 127. 63 Cf. Denis Pelletier, « Une marginalité engagée : le groupe “Jésus, l’Église et les Pauvres », in Lamberigts, M., Soetens, Cl. et Grootaers, J., éd., Les Commissions conciliaires à Vatican II, p. 63-89. 64 Cf. « Table of Contents », in Melloni, A., éd., Vatican II in Moscow (1959-1965), Acts of the Colloquium on the History of Vatican II, Moscow, March 30 - April 2, 1995, Leuven, Bibliotheek van de Faculteit Godgeleerd- heid, 1997, p. XI. 13

du Saint-Siège (A. Riccardi), la diplomatie secrète de Moscou (J.E. Karlov)65 . Enfin des inter- ventions s’attardent davantage sur le rôle de Vatican II dans Γhistoire du XXe siècle (N.A. Ko- walskij) ainsi que sur le concile dans le contexte des relations entre l’URSS et le Saint-Siège (A.A. Krassikov)66 . L’intérêt et la richesse de ce colloque pour une histoire de Vatican consis- tent dans le fait qu’« il déplace !’attention en envisageant Vatican II non seulement comme un événement ecclésial appartenant à l’Église catholique elle-même, mais comme un événement

mondial à portée géopolitique trop souvent méconnue 67 . »

Avec les rencontres de MontréaEQuébec (1996), la particularité réside, entre autres, dans le fait qu’on privilégie, cette fois-ci, une étude de Vatican II sur un plan national et ce, tout en ménageant un espace singulier à l’Église québécoise. Nous nous retrouvons davantage au plan

de l’histoire locale. Lors de ces rencontres, outre un espace consacré aux vota des épiscopats, aux acteurs du concile (évêques, épiscopats, observateurs, journalistes) et aux interventions dans les débats sur certains schémas, de nouveaux objets d ’étude ont aussi suscité de l’intérêt. C’est surtout sur eux que nous porterons notre attention. Alors que G. Routhier étudie plus spé- cifiquement la réception qu’ont connue au Québec « l’annonce et la préparation de Vatican II68 », les interventions de P. Lafontaine, P. Allaire et de S. Serré abordaient pour la première fois des consultations préconciliaires faites par des évêques dans leur diocèse 69 . Les consulta- fions menées auprès des prêtres et des laïcs occupent entièrement la scène de leurs travaux; on ne retrouve cependant aucune étude sur les consultations faites auprès des membres des com- munautés religieuses tant masculines que féminines. Alors que des chercheurs s’intéressent à l’Église anglicane du Canada (J. H. Gibaut) ainsi qu’à la Fourth Conference on Faith and Or- der de Montréal en 1963 (R. Burigana) et ce, sous l’angle de l’oecuménisme, J. Grootaers, quant à lui, scrute le catholicisme québécois à la lumière de « son insertion dans le milieu

65 Cf. « Table of Contents », in Mellon!, A., éd., Vatican II in Moscow..., p. XI. * Cf. /W. 67 Gilles Routhier, « Recherches et publications récentes... », 1999, p. 133. 68 Id., « L’annonce et la préparation de Vatican II : Réception et horizon d ’attente au Québec », SCHEC, Études d’histoire religieuse, n° 63, 1997, p. 25-44. 69 Cf. Pierre Lafontaine, « L’enquête préconciliaire de l’archidiocèse de Montréal auprès du clergé : portrait d ’une Église », in Routhier, Gilles, dir., L ,Église canadienne et Vatican II, p. 81-98; Patrick Allaire, « La consul- tation du clergé de Québec », in op. cit., p. 99-111; Sylvain Serré, « Les consultations préconciliaires des laïcs au Québec entre 1959 et 1962 », in op. cit., p. 113-141. 14

conciliaire »70 . Il nous faut aussi signaler la contribution de R. Lemieux sur « la vie paroissiale et les Grandes Missions dans le diocèse de Québec » au temps du concile 71 .

Lors du colloque de Lyon, Prudhomme avait innové, au plan méthodologique, en utilisant comme sources la presse africaine et les revues missionnaires pour sa recherche sur les évêques d ’Afrique noire. Des travaux pour les rencontres de Montréal/Québec utilisent à leur tour une méthodologie similaire. Pendant que Y. Therrien scrute les quotidiens francophones du Canada pour mesurer la couverture qu’ils ont faite du concile 72 , M. Pelchat passe aux peignes fins les revues de dévotions canadiennes-françaises et ce, « pour comprendre l’attitude des catholiques canadiens-français à l’égard de l’événement conciliaire 73 . » De son côté, G. Baillargeon analyse six revues pour « saisir la pensée des intellectuels québécois74 ». D’autres chercheurs ont ce- pendant circonscrit davantage leur recherche. Tandis que J.-C. Dupuis scrute la revue Relations pour en saisir l’évolution à Vatican II, J.-P. Proulx examine les éditoriaux d ’un quotidien, Le Devoir, afin de rendre compte de ses positions sur Vatican II, entre 1960 et 1970 75 . Enfin, men- donnons la contribution de A. Melloni sur une question singulière au plan méthodologique : « l’usage des journaux privés pour l’étude de la participation canadienne à Vatican II76 . »

Le colloque de Bologne en Italie (1996) ajoute son apport à l’histoire de Vatican II et ce, par de nouveaux objets d ’étude, entre autres. D’une part, du côté des acteurs du concile, l’ac-

70 Cf. John H. Gibaut, « L’impact de Vatican II sur l’Église anglicane au Canada », in Routhier, Gilles, dir., L'Église canadienne et Vatican II, p. 359-371; Riccardo Burigana, « Scripture, Tradition and Traditions : Exam- pies of Dialogue among Christians. Vatican II and the Fourth Conference on Faith and Order (Montreal, 12-26 July 1963), in op. cit., p. 373-396; Jan Grootaers, « Le catholicisme du Québec et son insertion dans le milieu conciliaire », in op. cit., p. 447-475. 71 Cf. Raymond Lemieux, « Autour de Vatican II : vie paroissiale et Grandes Missions dans le diocèse de Qué- bec, Le contexte intellectuel », SCHEC, Études d’histoire religieuse, n° 63, 1997, p. 59-77. 72 Cf. Yves Therrien, « La couverture de Vatican II dans les quotidiens francophones du Canada », in Routhier, Gilles, dir., L’Église canadienne et Vatican II, p. 145-163. 73 Marc Pelchat, « Les revues canadiennes-françaises de dévotion et le concile Vatican II (1959-1962) », in Routhier, Gilles, dir .,L’Église canadienne et Vatican II, p. 165. 74 Gaëtan Baillargeon, « Les intellectuels québécois et Vatican II : de l’annonce du concile à son ouverture (1959-1962) », in Routhier, Gilles, dir., L'Église canadienne et Vatican II, p. 189. 75 Cf Jean-Claude Dupuis, « La revue Relations et le Concile Vatican II », Les Cahiers d’histoire du Québec au XXe siècle, n° 6, automne 1996, p. 33-50; Jean-Pierre Proulx, « Le quotidien Le Devoir et l’aggiomamento conciliaire (1960-1970) », SCHEC, Études d’histoire religieuse, n° 63, 1997, p. 45-57. 76 Alberto Melloni, « L’usage des journaux privés pour l’étude de la participation canadienne à Vatican II », in Routhier, Gilles, dir., L'Église canadienne et Vatican II, p. 415-432. 15

cent est véritablement mis sur les groupes marginaux que forment un certain nombre de Pères conciliaires. Alors qu’au colloque de Louvain-la-Neuve/Leuven (1994), !’intervention de D. Pelletier, sur « L’Église des pauvres », avait introduit un nouvel objet d ’étude, cette fois-ci les

chercheurs ont travaillé sur plusieurs cas de figure. Tandis que P. Noël présente le « Groupe des 22 », — un groupe formé de « plusieurs présidents de conférences épiscopales, [du] prési- dent et [des] vice-présidents du CELAM, du Secrétaire du Secrétariat des conférences africai- nés, des représentants des Églises orientales, européennes et nord-américaines 77 78» —, C. Soe-

tens expose sa recherche sur un groupe singulier, formé à la fois des évêques et des periti bel- ges, un groupe qui est devenu au cours du concile « la célèbre squadra belga 78 ». Jusqu’ici, les chercheurs ont surtout porté leur attention sur des groupes marginaux qui se sont retrouvés du côté de la majorité conciliaire; c’est pourquoi L. Perrin innove en prenant pour objet d ’étude le Coetus International is Patrum, fer de lance de la minorité au concile 79 . *

D’autre part, lors de ce colloque, des travaux ont aussi porté sur un même objet d ’étude : le concept d ’événement appliqué à Vatican II, mais à partir de problématiques et de méthodolo- gies diverses. Pendant qu’Étienne Fouilloux scrute « la d ’événement en histoire et à la

discontinuité qu’elle implique » et ce, à partir de « la réflexion de !’historiographie française et spécialement de l’école des Annales* 0 », P. Hünerman, quant à lui, examine « Vatican II comme événement en prenant pour cadre de référence la pragmatique suivant laquelle une parole ac- quiert sa signification de base à l’intérieur d ’un registre linguistique donné 81. » Un autre cher- cheur applique, à son tour, le concept d ’« événement » à Vatican II, mais en le mettant en rela- tion avec le concept de réception. G. Routhier présente alors « dix orientations pour l’étude de Vatican II comme événement de réception 82. » Enfin, à partir d ’un certain nombre de cas, G. Alberigo « repose la question de la relation entre les décisions approuvées par le Concile et la

77 Gilles Routhier, « Recherches et publications récentes... », 1999, p. 135; Note : Ce groupe a également fait l’objet d ’une autre étude : Jan Grootaers, « Une forme de concertation épiscopale au concile Vatican II, La Conférence des vingt-deux (1962-1963) », Revue d’histoire ecclésiastique, vol. 91, n° 1, 1996, p. 66-112. 78 Gilles Routhier, « Recherches et publications récentes... », 1999, p. 135. ?» Cf. ΛΚ p. 136. »° ÆK p. 135. *' /W 82 Ibid., p. 138. 16

réalité complexe de l’événement conciliaire lui-même83. » Lors de ce colloque, des chercheurs ont aussi abordé d ’autres questions d ’ordre conceptuel. Tandis que LA. Komonchak fait part à son auditoire de sa réflexion sur la dialectique lettre-esprit appliquée aux textes conciliaires, G. Ruggieri, quant à lui, traite l’épineuse question de la périodisation de Vatican II84. Enfin, sur un plan méthodologique, J. Famerée, par une lecture synoptique de six journaux, cherche à dé- montrer l’intérêt des journaux privés pour la reconstitution de Vatican II85.

L’ensemble des travaux, présentés à l’occasion des divers colloques préparatoires à une histoire de Vatican II, dont le ton avait été donné, en quelque sorte, au colloque de Rome (1986), n ’épuisent cependant pas les nombreux objets d ’étude de ce champ de recherche. Lors- que nous consultons quelques banques de données 86 , nous en découvrons de nombreux autres parmi les articles qui ont été publiés dans divers périodiques depuis les cinq dernières années. Considérant que le but du présent exercice n ’est pas de tendre à l’exhaustivité, mais plutôt d ’illustrer le plus possible l’état de la recherche, je signalerai uniquement quelques nouveaux objets d ’étude qui ont attiré !’attention des chercheurs.

Les Églises orientales catholiques, quasi absentes lors des colloques dont les Actes sont publiés, ont cependant fait l’objet de quelques études sur Vatican II87 . Il en est de même du côté

83 Gilles Routhier, « Recherches et publications récentes... », 1999, p. 138. 84 Cf. Ibid., p. 137-138. 85 Cf. Joseph Famerée, « Usage comparatif de “diaires ”, Une “semaine ” de travaux conciliaires (5-15.11. 1963) », in Fondazione Giovanni XXIII, Istituto per le scienze religiose, Il Vaticano II : I'evento, l’esperienza, i documenti finali, Bologna, 12-15 dicembre 1996, Colloquio internazionale per la «Storia dei concilio Vaticano II », Documentazione di lavori, Realizzato per il sostegno dei Consiglio Regionale dell ’Emilia-Romagna, p. 32- 50. 86 J’ai surtout consulté les banques suivantes : Current Contents, Francis et Repère. Les références des articles cités, ci-après, seront données à partir des informations recueillies dans l’une ou l’autre de ces banques. 87 Cf. P. Genova, « La Chiesa armena cattolica al Concilio Ecuménico Vaticano II », S ludi e ricerche sull’ Oriente cristiano, vol. 17, n° 1, 1994, p. 29-47; R. Cherubini, « La Chiesa caldea cattolica al Concilio Ecuménico Vaticano II, I. », Studi e ricerche sull’Oriente cristiano, vol. 18, n° 1-2, 1995, p. 41-47; Id., « La Chiesa caldea cattolica al Concilio Ecuménico Vaticano II, II », Studi e ricerche sull’Oriente cristiano, vol. 18, n° 3, 1995, p. 13-46; Id., « La Chiesa caldea cattolica al Concilio Ecuménico Vaticano II, III. », Studi e ricerche sull’Oriente cristiano, vol. 19, n° 1, 1996, p. 13-46; J. Hajjar, « Les Églises du Proche-Orient au Concile Vatican II, Aperçu historique (1958-1978) », Istina, vol. 41, n° 3,1996, p. 253-308; Gaby Hachem, « Primauté et oecuménisme chez les melkites catholiques à Vatican II », Revue d’histoire ecclésiastique, vol. XCIII, n os 3-4, juillet-décembre 1998, p. 398-441: 17

africain 88. Les évêques indiens, quant à eux, se retrouvent depuis peu dans la mire des cher- cheurs89. Alors que le peritus Yves Congar devient objet de plusieurs études 90, les laïcs, en tant qu’acteurs du concile, occupent toujours un espace négligeable dans les travaux de recherche91. De plus, jusqu’ici, peu de travaux avaient effectivement porté sur la réception du concile dans un diocèse spécifique92; la récente recherche de O. Hahn, sur le diocèse de Limbourg (Allema- gne)93, manifeste un intérêt renouvelé pour ce type de problématique. Si des études sur Vatican II ont couvert jusqu’à maintenant de vastes ensembles, c’est-à-dire des questions sur un plan continental, national ou même diocésain, la thèse de doctorat de Luc Perrin se distingue, quant à elle, au plan méthodologique; ce chercheur a circonscrit sa recherche au niveau d ’une ville et plus spécifiquement les paroisses de Paris94.

Ce long parcours, à travers les colloques préparatoires à une histoire de Vatican II ainsi que les périodiques, nous a permis de mettre en évidence l’intérêt toujours actuel de la commu­

88 Cf. J.A. Da Silva, « African Contributions to the Debate on Ad Gentes », Neue Zeitschrift für Missions- Wissenschaft, vol. 49, n° 2, 1993, p. 123-132; Ajoutons le mémoire de A. Bwidi Kitambala, déposé en 1998 : « Les évêques du Congo et le Concile Vatican II », Mémoire de licence, Faculté de théologie, Université catho- lique de Louvain, Louvain-la-Neuve, 1998. 89 Cf. Paul Pulikkan et Mathijs Lamberigts, « The Vota of the Indian Bishops and their Participation in the Li- turgy Debate during the Second Vatican Council », Questions liturgiques, vol. 78, n° 2, 1997, p. 61-79; Gilles Routhier signale la thèse de doctorat de Pulikkan, déposé en 1998, dont l’objet était l’épiscopat indien. Cf. Gilles Routhier, « Recherches et publications récentes... », 1999, p. 143. 90 Cf. Joseph Famerée, « Aux origines de Vatican II, la démarche théologique d ’Yves Çongar », Ephemerides Theologicae Lovaniënses, vol. 71, n° 1,1995, p. 121-138; Alberto Mellon!, « Yves Congar al Vaticano II : Ipotesi e linee di recerca », Rivista di storia della chiesa in Italia, vol. 50, n° 2, 1996, p. 489-527; Gilles Routhier signale le mémoire de DEA de Éric Mahieu, déposé en 1997, à l’Institut catholique (Université de Paris-Sorbonne) et ayant pour objet « le Journal conciliaire Yves Congar ». Cf. Gilles Routhier, « Recherches et publications récen- tes... », 1999, p. 143; Noëlle Hausman, « Le Père Yves Congar au Concile Vatican II », Nouvelle revue théolo- gique, vol. 120, n° 2, avril-juin 1998, p. 267-281. 91 Cf. Rosemary Goldie, « La participation des laïcs aux travaux du concile Vatican II », Revue des Sciences Religieuses, vo\. 62, n° 1, janvier 1988, p. 54-73; Id., « L’avant-concile des “Christifideles laid ” (1945-1959) », Revue d’histoire ecclésiastique, vol. 88, n° 1, 1993, p. 131-172. 92 En 1991, Gilles Routhier avait ouvert une voie nouvelle avec sa thèse de doctorat. Cf. Gilles Routhier, « La réception de Vatican II dans une Église locale », Thèse de doctorat, 5 tomes, Université de Paris-Sorbonne, 1991, 1557 p.; Signalons aussi la thèse de doctorat de A.M. Unzuetta sur la réception du concile dans le diocèse de B il- bao. Cf. Angel M. Unzuetta, Vaticanum Hund Ortskirche, Rezeption des Konziliaren Kirchenbildes in der Diö- zese Bilbao, Frankfurt am Main, Peter Lang, 1993, 538 p. 93 Cf. Olaf Hahn, « La réception de Vatican II dans le diocèse de Limbourg (Allemagne), Accueil et résistan- ce », Recherches de science religieuse, vol. 87, n° 1, 1999, p. 27-55. 94 Cette thèse a fait l’objet d ’une publication. Cf. Luc Perrin, Paris à l’heure de Vatican II, Préface d ’Émile Poulat, Paris, Les Éditions Ouvrières/Les Éditions de l’Atelier, 1997, 320 p. 18

nauté scientifique pour ce domaine de recherche. Au Québec, cet intérêt se manifeste égale- ment par des travaux universitaires95.

C’est donc à l’intérieur de cette vaste mosaïque que vient s’insérer le présent mémoire de maîtrise. En ayant comme objet d ’étude Albert Sanschagrin, en tant qu’évêque à Vatican II, nous nous retrouvons avec un acteur du concile. Jusqu’à présent, dans notre enquête documen- taire à travers des banques de données et des recensions sur les travaux de Vatican II, outre les Jean XXIII et Paul VI96 , nous avons pu retracer des travaux sur 28 évêques, Pères du concile. De ce nombre, seuls six d ’entre eux (20%) ne sont pas européens. Cela traduit à la fois et l’espace prédominant occupé par les européens dans les travaux des chercheurs et le peu de recherches faites sur des évêques d ’autres continents. Dans le groupe des évêques non euro- péens, nous retrouvons deux québécois : le cardinal Paul-Émile Léger97 et MF Gérard-Marie

Coderre 98. Ainsi, dans l’état actuel de la recherche sur l’histoire de Vatican II, notre objet d ’étu- de est non seulement singulier par le fait qu’aucun chercheur ne lui a consacré une étude, mais aussi par le fait que M81* Sanschagrin a fait partie de ces évêques qui « ont aussi joué un rôle en apparence effacé mais important 99 » à Vatican II. Jusqu’à maintenant, la plupart des travauxont été consacrés aux ténors parmi les Pères conciliaires. Notre étude sur Mgr Sanschagrin n ’est

95 Gilles Routhier signale deux mémoires de maîtrise, déposés à la Faculté de théologie et de sciences religieu- ses de Γ Université Laval : celui de Yves Therrien, déposé en 1997, sous le titre « La Couverture de presse de Va- tican II dans les quotidiens francophones du Canada », et celui de Sylvain Serré, déposé en 1998, sous le titre « Les Consultations préconciliaires au Québec ». Cf. Gilles Routhier, « Recherches et publications récentes... », 1999, p. 143. 96 Signalons la récente contribution de Jan Grootaers sur Jean XXIII et Paul VI, dans son livre Actes et acteurs à Vatican II. Chapitre I : « Jean XXIII à l’origine de Vatican II », p. 4-30; Chapitre II : « L’archevêque Montini au cours de la première période du concile », p. 32-60; Chapitre III : « Paul VI, promoteur de la déclaration sur la liberté religieuse », p. 61-95. Cf. Jan Grootaers, Actes et acteurs à Vatican II, Leuven, University Press, collection « Bibliotheca Ephemeridum Theologicarum Lovaniensum », n° CXXXIX, 1998, 610 p. 97 Cf. André Naud et Jean-Paul Desbiens, « Le cardinal Léger au Concile », L’Analyste, n° 36, hiver 1991- 1992, p. 38-46; Gilles Routhier, « Les réactions du Cardinal Léger à la préparation de Vatican II », p. 281-302; Id., « L’itinéraire d ’un Père conciliaire, Le cardinal Léger », Cristianesimo nella storia, vol. 19, n° 1, febbraio 1998, p. 89-147; André Naud, « Le cardinal Léger au concile et la conduite de !’intelligence chrétienne », in Rou- thier, Gilles, dir., L’Église canadienne et Vatican II, p. 237-263. 98 Cf. Denise Robillard, « MF Gérard-Marie Coderre : consultation et concertation », in Routhier, Gilles, dir., L’Église canadienne et Vatican II, p. 265-276. 99 Réjean Plamondon, « Le service d ’information de la CGC à Vatican II », in Routhier, Gilles, dir., L'Église canadienne et Vatican II, p. 220 : « D’autres évêques ont aussi joué un rôle en apparence effacé mais important. Je pense à un homme comme M8r Albert Sanschagrin, o.m.i., qui était alors évêque d ’Amos. Si on a eu , avant la fin du concile, le rétablissement du diaconat permanent, il y est pour quelque chose » [sic]. 19 cependant pas sans intérêt par rapport à ces derniers. D’ailleurs, Gilles Routhier « se [demande] si l’histoire ne leur accorde pas un poids démesuré par rapport à leur influence réelle100. » Selon lui, le concile n ’est pas seulement l’oeuvre des ténors : « Des Pères sans panache, additionnant leurs voix les unes aux autres ont réussi à déjouer les plans forgés avec patience par les mem- bres des organes directeurs 101. » La présente étude offre également un intérêt singulier —sur- tout au Québec — par le fait que MF Sanschagrin, au temps du concile, est évêque d ’un dio- cèse non seulement situé à la périphérie, par rapport à des diocèses comme Québec et Mon- tréal, mais aussi où la population compte à peine 84 313 catholiques en 1962 102, soit 13% celle du diocèse de Québec et 6% celle du diocèse de Montréal 103. De plus, 64% de la population catholique du diocèse d ’Amos se retrouve dans des paroisses en milieu rural.

Avant d ’aborder la problématique et la méthodologie utilisées dans le présent mémoire, nous aimerions faire état d ’un certain nombre de problématiques et de méthodologies mises en oeuvre par des chercheurs pour leurs travaux sur des Pères du concile. Ainsi lorsque G. Cottier s’intéresse à « l’attitude et [aux] orientations de pensée de J.-B. Montini par rapport au conci- le », il le fait par une analyse thématique d ’un corpus de textes plutôt hétérogènes : « paroles de l’archevêque à ses diocésains, réponses au questionnaire préparatoire, prédications, conféren- ces, lettre pastorale, lettres aux prêtres, et les “chroniques mineures ” hebdomadaires envoyées depuis Rome à l’Église de Milan durant la première session 104. »

De leur côté, deux études de G. Routhier sur le cardinal Léger105 sont fort intéressantes par le fait qu’elles mettent en oeuvre, par rapport à un même objet, deux problématiques et

100 Gilles Routhier, « Recherches et publications récentes... », 1999, p. 123. "" /W 102 Cf. Annuario Pontificio per l’Anno 1963, Città dei Vaticano, Tipografía Poliglotta Vaticana, 1963, p. 29. 103 En 1962, le diocèse de Montréal avait une population catholique de 1 338 643 habitants et celui de Québec, 679 300. Cf. Ibid., p. 281 et 354. 104 Georges Cottier, o.p., « Présentation », in Montini, Giovanni Battista, Arcivescovo di Milano, Discorsi e Scritti sul Concilio (1959-1963), A cura di Antonio Rimoldi, Presentazione di Georges Cottier, Brescia/Roma, Istituto Paolo VI/Edizioni Studium Vita Nova, collection « Quademi dell ’istituto », n° 3, 1983, p. 5; Considérant que le corpus analysé par Cottier présente quelque similarité avec celui que nous utiliserons, nous aimerions aussi signaler un autre ouvrage sur les discours et les écrits du cardinal Jean-Baptiste Montini : Giovanni Battista Mon- tini, Arcivescovo di Milano, Discorsi e Scritti Milanesi (1954-1963), Prefazione di Carlo Maria Marti zione di Giuseppe Colombo, 3 tomes, Brescia, Istituto Paolo VI, 1997,' 5942 p. 105 Une troisième étude de Gilles Routhier sur le cardinal Léger est à paraître. 20

deux méthodologies différentes. Dans la première, par l’analyse critique d ’« un corpus inédit de lettres », ainsi qu’une analyse quantitative et thématique de celui-ci, ce chercheur met en évi- dence « les réactions du cardinal Léger à la préparation de Vatican II106 . » Par contre, dans sa seconde étude, en partant du présupposé que 1’« évolution des positions de l’Église renvoie à

des évolutions personnelles significatives107 », il entre en débat avec D. Robillard au sujet de « l’évolution de la pensée et de l’action de Léger108 » au concile et ce, par une analyse « de ses prises de position successives sur le De Revelatione 109. »

Avec l’étude de M. Lamberigts sur Mer De Smedt 110, l’approche est tout à fait différente. Sur la base de sources publiées et de sources privées, c’est un portrait de cet évêque qu’il es- quisse. En demeurant toujours dans la catégorie des portraits, D. Robillard en trace un de Gérard-Marie Coderre, mais par le biais d ’une analyse de son journal conciliaire 111. Selon une autre approche, Philippe Denis, quant à lui, s’est intéressé à l’archevêque de Durban (Afrique du Sud), M61 ' Denis Eugène Hurley, o.m.i. À l’aide de sources diversifiées — sources impri-

mées, documents des archives diocésaines et interviews —, ce chercheur a voulu présenter les grandes lignes de l’appport de cet évêque au concile et ce, tant dans sa préparation que dans son déroulement 112. Avec l’étude conjointe de Lamberigts et Greiler sur les cardinaux Liénart et Frings113, nous avons non seulement une autre problématique, mais aussi une autre approche méthodologique. Ces deux chercheurs se sont surtout intéressés à leurs interventions in aula du 13 octobre 1962, lesquelles ont provoqué l’ajournement des élections des membres des corn- missions conciliaires. Ces interventions ne seraient pas des expressions spontanées en soi; elles auraient un enracinement historique. Par une lecture synoptique de sources disparates — des

106 Gilles Routhier, « Les réactions du cardinal Léger à la préparation de Vatican II », p. 281-302. 107 Id, « L’itinéraire d ’un Père conciliaire, Le cardinal Léger », p. 89. ÆKp. 143. "" P-90. 110 Cf. Mathijs Lamberigts, « Msgr De Smedt and the Second Vatican Council : Some Observations », in Fonda- zione Giovanni XXIII, Istituto per le scienze religiose, Il Vaticano II..., p. 323-341. 111 Cf. Denise Robillard, « Mgr Gérard-Marie Coderre : consultation et concertation », p. 265-276. 112 Cf. Philippe Denis, « Archbishop Hurley’s Contribution to the Second Vatican Council », in Fondazione Giovanni XXIII, Istituto per le scienze religiose, Il Vaticano II..., p. 298-315. 113 Cf. M. Lamberigts et A. Greiler, « “Concilium Episcoporum Est”, The Interventions of Liénart and Frings Revisited, October 13th, 1962 », Ephemerides Theologicae Lovanienses, tome LXXIII, n° 1, april 1997, p. 54-71; Note : On pourrait aussi considérer que l’objet de cette étude est l’événement in aula du 13 octobre 1962. 21

monographies et des archives privées — au sujet de ces interventions, ces deux chercheurs ten- tent de démontrer les motifs qui animaient les cardinaux Liénart et Frings. Ils le font par « a reconstruction of the events at the end of September and the beginning of October 1962u4. »

La problématique

Dans le cadre du présent mémoire, nous prendrons une distance par rapport à ces problé- matiques que nous venons de signaler et à partir desquelles des chercheurs ont travaillé. Il ne s’agira ni de montrer ce qu’ont pu être les réactions et les orientations de pensée de M9' Sans- chagrin face au concile, ni de décrire spécifiquement son évolution au cours de cette période, ni de tracer un portrait de cet évêque, ni de présenter son apport à l’oeuvre conciliaire. Notre pro- blématique sera plutôt singulière par le fait qu’elle s’inspirera de la théologie de l’épiscopat et de l’ecclésiologie de communion. Nous en tracerons ici les grandes lignes.

Suivant une théologie traditionnelle, on ne peut parler d ’évêque sans parler d ’Église 10- cale114115. « Un évêque sans Église locale serait, pour la grande Tradition, aussi monstrueux qu’un

114 M. Lamberigts et A. Greller, « “Concilium Episcoporum Est”... », p. 54. 115 Sans méconnaître le débat autour des expressions « Église locale » et « Église particulière » pour désigner un diocèse, T expression « Église locale » sera utilisée dans le présent mémoire pour parler d ’un diocèse. Gilles Rou- thier nous présente dans une étude un état de la question autour de ce débat ainsi que les enjeux théologiques de ces deux expressions. Il opte, quant à lui, pour l’expression « Église locale » pour désigner un diocèse. Il signale que des théologiens, tels les H.-M. Legrand (littérature francophone), J.A. Komonchak (littérature anglophone) et W. Beinert (littérature germanophone), ont aussi choisi cette même expression. Cf. Gilles Routhier, « “Église 10- cale” ou “Église particulière” : querelle sémantique ou option théologique ? », Studia canonica, vol. 25, n° 2, 1991, p. 277-334; François Guillemette, après avoir critiqué les positions de H. de Lubac et de G. Routhier, privi- légie l’expression « Église particulière ». Cf. François Guillemette, Théologie des conférences épiscopales, Une herméneutique de Vatican II, Montréal, Médiaspaul, collection « Brèches théologiques », n° 21, 1994, p. 131- 138; Jean-Marie R. Tillard opte pour l’expression « Église locale » et ce, pour « demeurer dans l’intuition pro- fonde de l’ecclésiologie de communion, qui lie l’Église à l’oeuvre de Dieu dans la création » (Jean-Marie R. Til- lard, L'Église locale, Ecclésiologie de communion et catholicité, Paris, Les Éditions du Cerf, collection « Cogita- tio Fidei», n° 191,1995, p. 290); Le débat étant toujours d ’actualité, Marie-Hélène Lavianne a présenté, en 1997, une thèse de doctorat sur Les Églises particulières au Concile Vatican II. Dans une étude publiée en deux volets, d ’une part, elle « tente de montrer l’intérêt de distinguer l’Église locale de l’Église particulière » (p. 85) et, d ’autre part, elle se propose « de fonder théologiquement les Églises particulières, ensemble d ’Églises locales, dans la koinônia des Églises au coeur de l’Église une » (p. 37). Ce faisant, elle associe l’Église locale au diocèse. Cf Marie-Hélène Lavianne, « Églises particulières et Églises locales au concile Vatican II », Mélanges de Science Religieuse, tome 55, n° 3, juillet-septembre 1998, p. 85-104, et « Églises particulières et Églises locales : ré- flexions pour aujourd ’hui », Mélanges de Science Religieuse, tome 55, n° 4, octobre-décembre 1998, p. 37-50; Benoît-Dominique de La Soujeole, quant à lui, choisit 1’« Église particulière » comme terminologie pour désigner le diocèse. Cf. Benoît-Dominique de la Soujeole, Le sacrement de la communion, Essai d’ecclésiologie fonda- mentale, Fribourg/Paris, Éditions universitaires Fribourg Suisse/Les Éditions du Cerf, collection « Théologies », 22

père qui n ’aurait pas de fils, un époux qui n ’aurait pas d ’épouse...116 », fait remarquer Tillard. Leurs existences sont étroitement liées l’une à l’autre117 . On utilise même la symbolique nup- tiale pour indiquer la qualité du lien qui les unit 118. Qui plus est, « un principe d ’inclusion mutuelle119 » existe entre eux. Tel est le sens des propos de Cyprien de Carthage lorsqu’il écrit « que “l’évêque est dans l’Église et l’Église dans l’évêque”, au point que “si quelqu’un n ’est pas avec l’évêque il n ’est pas dans l’Église”120. »

Parler d ’Église locale, c’est parler « d ’une Église en communion » et ce, de par sa nature même121. Car, « l’Église du Christ, dans le dessein de Dieu, ne prend forme historiquement que dans l’Église universelle comme une communion d ’Églises particulières122. » Ainsi, ecclésialité

et ouverture aux autres dans la communion ne font qu’un : «Une communauté isolée des autres ne peut prétendre avoir un statut ecclésial, puisque l’unique Église de Dieu est la communion des Églises123. » Par conséquent, selon la formulation de Tillard, les « frontières [d ’une Église locale] au lieu de la séparer des Églises voisines la mettent en osmose avec elles124. » Cette communion des Églises entre elles est appelée cependant à prendre corps dans la réalité histo- rique par un « donner » et un « recevoir » mutuels125. Or, les sources provenant des premiers siècles de l’Église nous apprennent que c’est « par l’évêque que la communion s’établissait

1998, p. 363-364. 116 Jean-Marie R. Tillard, Église d’Églises, L’ecclésiologie de communion, Paris, Les Éditions du'Cerf, collée- tion « Cogitatio Fidei », n° 143, 1987, p. 273. 117 Cf. Ibid. : «Une fois fondée, en effet, l’Église locale précède toujours l’évêque, et si elle ne peut exister sans lui, à son tour il ne peut exister sans elle. » 118 Cf. Ibid., p. 246. Tillard fait remarquer dans la note n° 75 que « le thème de l’évêque époux de l’Église loca- le » est un « thème [qui] traverse les siècles. » Il faut prendre note que l’évêque est époux en tant qu’« icône du Christ Époux ». JW, p.245. '2° /W 121 Cf Id., « Conférences épiscopales et catholicité de l’Église », Cristianesimo nella storia, vol. 9, n° 3, ottobre 1988, p. 535; Id., L ’Église locale..., p. 90 : « Une communauté ne peut être Église locale que dans la communion aux autres Églises... » 122 Jean Rigal, L'ecclésiologie de communion, Son évolution historique et ses fondements, Paris, Les Éditions du Cerf collection « Cogitatio Fidei », n° 202, 1997, p. 71. 123 Ibid., p. 376; Cf. Jean-Marie R. Tillard, L’Église locale.. ., p. 251 : « L’Église locale n ’est Église de Dieu que dans la communion synodale. »; Marie-Hélène Lavianne, « Églises particulières et Églises locales : réflexions pour aujourd ’hui », p. 46 : « Les Églises locales trouvent leur existence plénière dans la communion avec les au- tres Églises... » 124 Jean-Marie R. Tillard, « Conférences épiscopales et catholicité deTÉglise », p. 537. 125 Cf Id., Église d’Églises..., p. 149. 23

entre les différentes Églises126 » et ce, à travers « un réseau effectif d ’échanges et de communi- cation 127 » bi-directionnels. L’évêque est celui par qui 1’« osmose » se produit entre son Église et les autres Églises. La communion des Églises se manifeste à travers une communion effec- tive des évêques entre eux. Qui plus est, la communion des Églises fonde même la collégialité des évêques : « l’épiscopat ne s’exerce qu’en communion, parce que les Églises locales n ’exis- tent qu’en communion 128. »

Ainsi, l’évêque qui est « enserré dans la communion de [son] Église locale129 » est aussi celui qui est « inséré dans la communion des Églises locales130 » et ce, de par son ordination

épiscopale qui l’insère dans le collège des évêques. Par conséquent, l’évêque se trouve à la charnière du local et de !’universel dans la vie de l’Église. D’une part, il exerce pour ainsi dire une double présidence de la communion au sein de son Église locale. Non seulement préside-t- il à la communion interne de son Église locale, mais préside-t-il aussi à la communion de cette dernière et avec les autres Églises et avec « l’Église apostolique »131. D’autre part, pour re- prendre l’image de Tillard, l’évêque a pour ministère de réaliser 1’« osmose » entre son Église et les autres Églises. En tant qu’évêque d ’une Église locale, s’« il est le seul à pouvoir la repré- senter auprès des autres Églises132 », en tant que membre du collège épiscopal133, il est égale- ment le seul « à rendre présentes ces Églises locales à l’Église qu’il préside 134. »

126 Gilles Routhier, Le défi de la communion, Une relecture de Vatican II, Montréal, Médiaspaul, collection « Brèches théologiques », n° 18, 1994, p. 125. 127 Gilles Routhier, « “Église locale” ou “Église particulière”... », p. 313; G. Routhier présente divers moyens mis en oeuvre dans « l’Église ancienne » pour exprimer la communion entre les Églises et ce, à travers leur évê- que : « 1) !’inscription aux diptyques; 2) l’échange de lettres; 3) l’envoi du fermentum; 4) la célébration en com- mun; 5) la participation à la vie liturgique; 6) l’insertion dans le presbyterium; 7) la tenue des synodes » (Id., Le défi de la communion..., p. 124). 128 Jean Rigal, L’ecclésiologie de communion..., p. 301; Cf. François Guillemette, Théologie des conférences épiscopales..., p. 211 : « ... on peut dire que c’est la communion des Églises dont ils [les évêques] sont les pas- teurs qui est à la base de leur communion collégiale. » 129 Jean-Marie R. Tillard, L'Église locale..., p. 220. 130 Ibid., p. 241. 131 Cf. Gilles Routhier, Le défi, de la communion..., p. 53 et 104. 132 Ibid., p. 53; Cf. Jean Rigal, L'ecclésiologie de communion..., p. 312. 133 Cf. François Guillemette, Théologie des conférences épiscopales..., p. 127 : « L’évêque exerce sa mission dans le collège toujours en tant qu’évêque d ’une Église particulière, et il exerce sa mission dans son Église parti- culière toujours en tant que membre du collège. »; Jean Rigal, L'ecclésiologie de communion..., p. 312 : « Mem- bre du collège épiscopal, l’évêque est, au sein de sa propre Église, le fondement et le garant de l’unité dans l’or- dre de l’enseignement, de la sanctification et du gouvernement. » 134 Gilles Routhier, Le défi de la communion..., p. 53; Cf. Jean Rigal, L'ecclésiologie de communion..., p. 312. 24

En concile, l’évêque, « porteur de son Église135 », non seulement la représente-t-il au- près des autres Églises, mais encore « témoigne[-t-il devant elles] de la foi de son Église136 . »

Au cours de la période préconciliaire de Vatican II, nous retrouvons, dans des interventions d ’évêques, cette mention explicite que les évêques, en concile, « sont les témoins de la foi de leur Église, de leur peuple...137 » Ainsi rappellent-t-ils à leur auditoire ou aux baptisés de leur propre Église que « dans la voix de l’évêque s’entend celle de l’Église locale tout entière 138. »

Mais, comme le fait remarquer G. Routhier, « cela suppose donc une forme de vie synodale des Églises locales, sinon la formule de Cyprien “l’évêque est dans l’Église et l’Église dans l’évê-

que” ne veut rien dire 139. » Cette forme de vie synodale, MEr Pierre Veuillot y faisait nettement allusion dans un article publié dans la Semaine religieuse de Paris, en janvier 1962 : « Et, pour cela [être témoin de la foi de son peuple], il faut qu’une double relation, permanente et réci- proque, soit établie entre l’évêque et ses fidèles. Lui, l’évêque, doit être à l’écoute de son peu- pie, on pourrait même dire à l’écoute de l’Esprit-Saint qui travaille ce peuple140. » L’évêque doit donc mettre en oeuvre un processus pour prendre le pouls de son Église sur diverses ques- fions pouvant être traitées en concile, entre autres. Car, devant le concile, l’évêque doit aussi être l’écho des attentes de son Église. Dans une lettre pastorale à ses diocésains, l’archevêque de Cambrai, Émile Gueny, l’exprimait clairement : « Qu’ils sachent bien, nos chers mili- tants laïques, que leurs évêques, qui, grâce à l’Action catholique, les connaissent bien et qui sont en contact fréquent avec eux, se feront au Concile, non seulement les témoins de leur foi,

135 Jean-Marie R. Tillará, « Conférences épiscopales et catholicité de l’Église », p. 532; Cf. Id., « Comment ac- corder synodalité et primauté ? », Cristianesimo nella storia, vol. 19, n° 2, giugno 1998, p. 408 : « ...où qu’il soit il [l’évêque] l’est comme évêque d ’un lieu, portant en lui son Église locale dirait Cyprien. » 136 Gilles Routhier, « Introduction », in Routhier, Gilles, dir., L’Église canadienne et Vatican II, p. 16; Cf. Jean- Marie R. Tillará, « Comment accorder synodalité et primauté ? », p. 408 : « En saine ecclésiologie, l’évêque, quand il est associé à des décisions concernant quelque registre que ce soit de la catholicité, s’y présente et s’y exprime dans “dans la conscience et la parole de son synode ”, non uniquement en son nom propre. » 137 Mgr Pierre Veuillot, « Le prochain Concile oecuménique, Conférence de S. Exc. M8r Veuillot, évêque d ’An- gers, le 7 mars 1960 à l’Université catholique de l’Ouest », La Documentation Catholique, tome LVII, n° 1329, 5 juin 1960, col. 681; Cf. Mgr Lorenz Jaeger, « Ce qu’est un Concile oecuménique, Exposé de S. Exc. Mgr Jaeger, archevêque de Paderborn », La Documentation Catholique, tome LVI, n° 1308, 19 juillet 1959, col. 948; Cardinal Bernard Alfrink, et al., « Lettre collective de l’Épiscopat néerlandais sur le Concile », La Documentation Catho- lique, tome LVIII, n° 1354, 18 juin 1961, col. 792. 138 Jean-Marie R. Tillará, Église d’Églises..., p. 245; Cf. Gilles Routhier, « Introduction », in Routhier, Gilles, dir., L’Église canadienne et Vatican II, p. 16. 139 Gilles Routhier, « Introduction », in Routhier, Gilles, dir., L'Église canadienne et Vatican II, p. 16. 140 Mgr Pierre Veuillot, « Les laïcs et le Concile, Article de S. Exc. Mgr Veuillot », La Documentation Catho- lique, tome LIX, n° 1370, 18 février 1962, col. 278. 25

mais l’écho de leurs aspirations, de leurs voeux, tels que certains mouvements les leur ont ex- primés par écrit141. » A l’approche du concile, des évêques ont donc nettement signifié leur rôle de témoins de la foi et des attentes de leur Église devant les Églises en concile.

C’est à partir de ces présupposés théologiques que s’élabore la problématique du présent mémoire. Nous avons affirmé précédemment que l’évêque, de par sa consécration épiscopale, est situé à la charnière ou à la jonction du local et de l’universel dans la vie de l’Église. Ce fait est-il seulement une affirmation théorique — un énoncé théologique d ’une ecclésiologie de communion — ou a-t-il quelque rapport avec la vie de l’Église et son expérience historique ? Est-il vérifiable concrètement ? À partir de l’étude d ’un cas, dans un moment singulier de This- toire de l’Église, nous vérifierons la validité, l’opérationalité ou non de cette affirmation de la théologie de l’épiscopat et de la communion des Églises. Mgr Albert Sanschagrin et son activité

pastorale à Vatican II serviront de lieu théologique pour cette vérification. Il s’agira donc de vérifier comment, dans la préparation et la célébration de Vatican II, MF Sanschagrin a fait jouer cette dynamique communionnelle du local vers l’universel et de l’universel vers le local.

Au sujet de la communion des Églises entre elles, ML-H. Lavianne fait remarquer que « concrètement, la communion se vit entre les Églises locales les plus proches géographique-

ment, culturellement, théologiquement et spirituellement 142. » Or, la célébration de Vatican II a offert aux Églises du monde un moment privilégié pour une communion élargie entre elles et ce, en s’ouvrant à d ’autres aires géographique, culturelle, théologique et spirituelle. S’il existe « une distance importante entre l’événement conciliaire et le corpus de ses décisions 143 », la communion entre les Églises à travers leur évêque, par le biais d ’« un réseau effectif d ’échan- ges et de communication », a certainement été plus importante à Vatican II que ce qui en a été

141 Mgr Émile Guerry, « Le Concile et le peuple chrétien, Lettre pastorale de S. Exc. Mgr Guerry, archevêque de Cambrai », La Documentation Catholique, tome LVIII, n° 1355,2 juillet 1961, col. 838-839; Mgr Veuillot écrivait à ce sujet : « Il est bon qu’il [l’évêque] aille au Concile porteur des espérances de ses chrétiens, garant de leur fidélité à la foi, témoin de leurs efforts apostoliques et de leurs difficultés. Ceci suppose que l’évêque ne craigne pas d ’écouter ses fidèles et de recevoir leur témoignage » (Mgr Veuillot, « Les laïcs et le Concile... », col. 278). 142 Marie-Hélène Lavianne, « Églises particulières et Églises locales : réflexions pour aujourd ’hui », p. 46. 143 Giuseppe Alberigo, « L’impact des recherches actuelles sur notre compréhension de Vatican II », in Rou- thier, Gilles, dir., L’Église canadienne et Vatican II, p. 442. Alberigo s’appuie, entre autres, sur l’exemple de la collégialité vécue à Vatican II : « ...la collégialité au concile fut bien plus dense que celle énoncée dans Lumen gentium , pour ne donner qu’un exemple » (p. 442). 26 dit explicitement dans les textes conciliaires. Jean Rigal souligne que si « l’idée d ’Église-com- munion ne fait pas l’objet d ’un chapitre particulier de l’enseignement du concile », par contre, « la notion de communion ecclésiale est présente plutôt de manière diffuse mais répétée, à l’intérieur des différents documents 144 ». Notre hypothèse est celle-ci : Si cette « notion de com- munion ecclésiale » a ainsi trouvé écho dans les documents conciliaires, c’est parce que des évêques, dont M®1 Sanschagrin, ont effectivement fait fonctionner à Vatican II la dynamique communionnelle du local vers l’universel et de l’universel vers le local.

Les sources

Nous avons mené notre recherche sur la base de quatre sources principales provenant des archives du diocèse d ’Amos. Ce sont des sources hétérogènes à la fois par leurs types et leurs destinataires. Alors que trois d ’entre elles sont des sources épistolaires, une quatrième est un bulletin d ’information.

Les sources épistolaires ont pour auteur principal ]VF Sanschagrin lui-même. Elles sont aussi de types divers. Selon un ordre chronologique, nous retrouvons un corpus de lettres pas- torales, un journal conciliaire ainsi que des lettres du concile adressées à ses diocésains. En uti- lisant un tel corpus documentaire, notre méthodologie est quelque peu analogue à celle de G. Cottier pour son étude sur le cardinal Montini, dont nous avons fait état précédemment.

Les lettres pastorales, désignéès sous le nom de circulaires pastorales (CP)145, compren- nent également quelques mandements pastoraux. Au cours de la période Sanschagrin, ces let- tres portent une numérotation qui se poursuit chaque année. Les mandements pastoraux, quant à eux, ne portent pas de numérotation distincte des lettres pastorales; ils sont insérés chrono- logiquement à l’intérieur de ce corpus de lettres. La plupart de ces lettres émanent de MgrSans- chagrin146 . De plus, elles sont adressées à un public plutôt disparate : les aumôniers d ’institu- tion, les clergés séculier et régulier, les curés de paroisse, les fidèles du diocèse, les militants

144 Jean Rigal, L’Ecclésiologie de communion..., p. 63. 145 La page initiale de la plupart de ces lettres est imprimée sur papier avec entête pré-imprimé : Diocèse d’Amos, Circulaire Pastorale de S. Exc. Mgr Albert Sanschagrin, o.m.i., Administrateur Apostolique. 146 Des circulaires pastorales ont aussi été signées par le vicaire général, le chancelier et l’économe diocésain. 27

d ’Action catholique, les religieux et les religieuses, les responsables des institutions, les sémi- naristes, etc. Dans les archives diocésaines, ces lettres pastorales sont reliées par année de pu- blication et ce, sous le titre Circulaires Pastorales et documents 141 .

Au cours des sessions du concile, M87 Sanschagrin a écrit un journal d ’un type plutôt sin- gulier. Chaque semaine, il a adressé à sa mère une lettre sur le concile 147148. Cependant, celle-ci n ’a jamais reçu le texte original; il était plutôt expédié au Frère Edmond Galameau, un oblat149. Dès sa réception, celui-ci le dactylographiait, l’imprimait et, avec l’aide du Frère Pellerin, en expédiait une copie à la mère, aux frères et soeurs de l’évêque ainsi qu’à quelques-uns de ses amis dont le nombre et les noms ne sont pas mentionnés 150. Sans pagination, ces lettres portent cependant un numéro qui se poursuit à chacune des sessions. Leur page initiale est imprimée sur un papier avec entête pré-imprimé — Concile Vatican II, Lettre de S. Exc. Mgr l’Administrateur du diocèse d’Amos. De plus, sur cette page initiale est dactylographiée la mention « Lettre personnelle ». Dès la deuxième lettre à sa mère, MF Sanschagrin mentionne explicitement que ses lettres sont un journal qu’il lui adresse 151. Selon la typologie élaborée par A. Mellon!, ce journal fait partie des « pro memoria » dans la catégorie des journaux conciliai- res proprement dits 152. Dans le présent mémoire, nous le désignerons sous le nom de Journal du concile (JC). Au terme du concile, ce matériau, formé de 51 lettres (385 pages), a été relié en quelques d ’exemplaires, sous le titre Journal du Concile Vatican //153.

147 Seules les années 1959-1960 forment un volume unique. 148 Chaque lettre débute par la formule de salutation « Bien chère maman ». 149 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 2, introduction. 150 Cf. Ibid., n° 51, conclusion; Note : Selon le témoignage de Mgr Gaston Duchemin, alors vicaire général, une copie de ces lettres parvenait également à l’évêché d ’Amos. 151 Cf. Ibid., n° 2, introduction : « Le moment est venu pour moi de me rendre à Rome pour participer au Concile Vatican II. Comme je l’ai fait chaque fois queje faisais un long voyage, je vous en écris le journal. »; Note : À 34 reprises, dans ses lettres à sa mère, Mgr Sanschagrin utilise la terminologie «journal » pour les qualifier. 152 Cf. Alberto Mellon¡, « Les journaux privés dans l’histoire de Vatican II », in Chenu, Marie-Dominique, o.p., Notes quotidiennes au Concile, Journal de Vatican II, 1962-1963, Édition critique et introduction par Alberto Mellon¡, Paris, Les Éditions du Cerf, collection « Histoire à vif », 1995, p. 18-20. 153 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, « Introduction », in Journal du Concile Vatican II, Diocèse d ’Amos, 1962-1965 ; Cette introduction ne mentionne pas le nombre de copies reliées. Deux d ’entre elles sont conservées à l’évêché d ’Amos, j’en ai vu une aux archives oblates de Montréal et selon les propos de Mgr Sanschagrin, une autre copie serait dans la bibliothèque de la Maison des Oblats à Richelieu (Québec). Dans une note manuscrite de Mgr Sans- chagrin, il est mentionné que ce journal a aussi été déposé, en trois exemplaires avec documents afférents à Vati- can II, aux archives Deschâtelets d ’Ottawa. Cf. « Évêques (Mgr Albert Sanschagrin, Lettres à sa mère, Première session) », lère session et lèreintersession, Archives du Projet de recherche sur Vatican II, Faculté de théologie et 28

À l’occasion du concile, Μ81 Sanschagrin a également adressé de Rome une lettre hebdo-

madaire à ses diocésains. Au nombre de 42, ces lettres dactylographiées forment un corpus de 94 pages de texte. Imprimée sur le même papier entête que le JC, leur page initiale débute par la formule de salutation « Bien chers diocésains », au cours des trois premières sessions, et par « Mes bien chers amis », lors de la dernière session du concile. Sans pagination pour la plupart d ’entre elles, ces lettres portent cependant un numéro qui se poursuit à chaque session conci- liaire. Au moment de faire relier son JC, M®1 Sanschagrin y a intégré l’ensemble des lettres du concile à ses diocésains (LCD).

Les sources primaires de notre recherche sont également composées d ’un bulletin d ’infor- mations hebdomadaire, intitulé Nouvelles diocésaines (ND). Publié pour la première fois, le 6 septembre 1960, ce bulletin conserve une facture identique pour chacune de ses éditions : une seule feuille, imprimée recto-verso sur un papier avec entête pré-imprimé et ne comportant au- année de la -י- ,cune pagination. Depuis leur première édition jusqu’à la fin de l’année 1965 clôture du concile —, les ND forment un corpus de 255 numéros avec 510 pages de texte. Elles sont conservées sous format relié pour chacune des années de leur publication 154. Chaque vo- lume, intitulé Nouvelles diocésaines et documents, contient et les bulletins d ’information et les documents qui y étaient annexés.

À titre complémentaire, des sources secondaires ont également servi à notre recherche :

correspondance, comptes rendus ou rapports de réunion, programmes d ’activités de l’évêque, chroniques ou journaux de communautés religieuses, hebdomadaires régionaux, etc.

La méthodologie

Les sources utilisées dans notre recherche commandent la méthodologie. Étant donné que nous exploitons uniquement des sources écrites, une étude critique de celles-ci s’impose donc et ce, tant aux plans interne qu’externe.

de sciences religieuses, Université Laval. 154 Les années 1960 et 1961 forment un seul volume. 29

Au plan interne, notre critique des sources se fait de manière interrogative et interpréta- tive. Deux questions principales, tirées de notre problématique, deviennent notre grille de lec- ture pour interroger notre corpus documentaire : Comment MF Sanschagrin a-t-il permis au local (Amos) de s’exprimer au plan universel (autres Églises) ? Comment a-t-il permis à

!’universel de se répercuter dans le local ? De plus, c’est à l’aide d ’une méthode d ’analyse quantitative, thématique et qualitative que se fait notre interprétation des sources.

Au plan externe, notre critique des sources se fait par une confrontation du contenu de notre corpus documentaire à d ’autres sources. Les sources externes utilisées pour cette critique sont constituées, entre autres, des Acta du concile, de YAnnuario Pontificio et des informations publiées dans La Documentation catholique (les textes pontificaux, les diverses commissions tant préparatoires que conciliaires, les membres des commissions, les experts et observateurs au concile, les travaux du concile, etc.).

Au plan méthodologique, nous exploiterons les sources selon leur publication d ’origine, c’est-à-dire avant qu’elles soient reliées. Ainsi, lorsque nous ferons mention du journal conci- liaire (JC), nous ferons uniquement allusion aux lettres de MF Sanschagrin à sa mère. Ce fai- sant, nous traiterons comme une entité propre ses lettres du concile à ses diocésains (LCD).

De plus, au plan méthodologique, deux choses ne peuvent être ignorées en utilisant le JC. Au terme de celui-ci, M®7 Sanschagrin livre à sa mère l’objectif qu’il poursuivait en le tenant de manière quotidienne 155 : « J’ai voulu vous en raconter le détail [du concile], tel queje le voyais de ma place au concile : rien de plus. Mais, je crois vraiment que c’est elle, la petite histoire du Concile, qui faisait l’intérêt de mon journal 156 . » D’ailleurs, dans sa lettre d ’introduction pour la copie reliée, M®1 Sanschagrin prévient ainsi ses lecteurs : «Le contenu de ce volume ne doit pas être considéré comme une histoire du Concile Vatican II157 . » À cette donnée, il nous faut en ajouter une autre, et non la moindre, pour une herméneutique de ce journal, soit le secret impo- sé aux Pères conciliaires « sur les discussions qui ont lieu au Concile et sur les déclarations de

155 Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 51, conclusion. 156 Ibid., n° 51, introduction. 157 Id, « Introduction », in Journal du Concile Vatican IL 30

chacun 158. » MF Sanschagrin est tiraillé par cette question du secret qui vient handicaper ses communications 159. D’ailleurs, ses écrits épistolaires (journal conciliaire et lettres du concile à ses diocésains) s’en ressentent 160 .

La délimitation du sujet

Notre étude pourrait couvrir Vatican II du moment de son annonce en janvier 1959 jus- qu’à sa clôture en décembre 1965. Elle pourrait aussi s’étendre à l’ensemble de la période Sanschagrin à Amos, en tant qu’ Administrateur Apostolique, c’est-à-dire de novembre 1959 à juillet 1967. Si, dans le premier cas, elle nous permettrait de vérifier comment cet évêque a fait fonctionner la dynamique communionnelle du local vers l’universel et de l’universel vers le local, non seulement dans la préparation, mais aussi tout au long de la célébration du concile, dans le second cas, elle nous permettrait également de vérifier comment cela s’est poursuivi au lendemain de sa clôture. Mais l’ampleur des sources nous oblige à circonscrire davantage notre sujet. C’est pourquoi, aux fins de la présente étude, nous couvrirons une période plus restreinte, soit de novembre 1959 à septembre 1964. Autrement dit, notre étude débute avec le moment où Mgr Sanschagrin devient Administrateur Apostolique du diocèse d ’Amos et se termine avec la fin de la seconde intersession du concile.

La période préconciliaire et une partie de la période conciliaire seront ainsi couvertes par ce mémoire. Concernant le concile, Gilles Routhier fait remarquer que « trop souvent on le fait

158 « Le règlement du IIe Concile oecuménique du Vatican », La Documentation Catholique, tome LIX, n° 1385, 7 octobre 1962, col. 1231; Il s’agit de l’article 26 de ce règlement. 159 À quelques reprises, il en fera mention dans son journal du concile. Il abordera même la question avec le car- dînai Suenens : « Mon entrevue avec le Cardinal Suenens m’a enlevé tout scrupule de vous communiquer le texte de mon intervention au Concile. “Le secret, m’a-t-il dit, n ’existe pas, dans la pratique, au concile ” » (Cf. Mgr Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n°10, conclusion). 160 Au terme d ’une quatrième lettre à sa mère, il écrit : « Demain, samedi, aura lieu la première Congrégation générale. J’en aurai donc beaucoup à vous raconter, tout en respectant le secret auquel on nous soumettra » (Ibid., n° 4, 12 octobre 1962); Suite à une intervention de Maximos IV in aula, il écrit : « Je manquerais au secret du concile si je donnais le contenu du discours de Maximos, mais je puis vous dire qu’il fera époque » {Ibid., n° 6, 23 octobre 1962); Dans une de ses lettres du concile à ses diocésains, il écrit : « Dans mes conférences en prépa- ration au Concile, je vous disais mon intention d ’aller presqu’à la limite du secret imposé aux Pères pour que ces lettres hebdomadaires vous renseignent le plus pleinement possible sur la marche des travaux. Et voilà la difficul- té pour moi : “Où se trouve la limite du secret ?” » (Id., Lettre du concile à ses diocésains, n° 6, 2 novembre 1962, p. 1). 31

commencer en 1962, année de la première session, laissant dans l’ombre les années préparatoi- res au cours desquelles les choses ont commencé à bouger161 . » C’est pourquoi nous incluons la période préconciliaire dans notre étude. Elle nous permettra également de vérifier ce propos avec l’Église d ’Amos. Au cours de la période conciliaire, la seconde session marque un tour- nant dans les communications de MF Sanschagrin à son Église locale; désormais, il utilise de

manière régulière la radio pour communiquer avec ses diocésains. De plus, c’est surtout au cours des deux premières sessions que cet évêque établit régulièrement des contacts avec ses pairs et que se forme, pour ainsi dire, un réseau initial. Au cours des autres sessions, ces con- tacts sont plus sporadiques d ’après son journal conciliaire. C’est pourquoi nous limitons notre recherche aux deux premières sessions conciliaires. Nous sommes cependant conscient que cela impose certaines limites à notre étude. Sur quelques questions débattues dans Y aula conci- liaire, par exemple le diaconat permanent, nous n ’aurons pas le portrait global de la position de MF Sanschagrin à leur sujet et ce, du fait que des débats se sont poursuivis au cours des ses- sions ultérieures. De plus, nous aurons seulement une partie du réseau de ses rencontres d ’évê- ques. Ainsi, nous ne pourrons savoir si un nombre important de nouvelles rencontres s’y est ajouté au cours des sessions suivantes et quels évêques ont été rencontrés le plus souvent à Va- tican II. Malgré ce fait, nous croyons que les deux premières sessions conciliaires nous fournis- sent suffisamment de matière pour nous permettre d ’esquisser un portrait assez juste de la ma- nière dont cet évêque a vécu la communion ecclésiale à l’occasion du concile.

Le plan du mémoire

Le plan de notre mémoire s’élaborera suivant la chronologie de l’événement conciliaire. Il ne comportera que deux chapitres : le premier correspondra à la période préconciliaire — de novembre 1959 à octobre 1962 — et le second, à la période conciliaire — d ’octobre 1962 à septembre 1964.

Le premier chapitre nous donnera l’occasion de vérifier comment Sanschagrin a fait fonctionner de manière bi-directionnelle le binôme local-universel, au temps de la préparation

161 Gilles Routhier, « Introduction », in Routhier, Gilles, dir., L'Église canadienne et Vatican II, p. 9. 32

du concile. Dans le cadre de cette période, nous entendrons par « universel » le Pontife romain, en tant que « Pasteur suprême de l’Église162 », qui convoque le concile et qui s’adresse à

l’ensemble des fidèles au cours sa préparation. Ainsi, en ce qui a trait à la dynamique de l’universel vers le local, nous porterons particulièrement attention à la réception de l’événe- ment conciliaire dans les documents diocésains et dans la vie de l’Église locale d ’Amos. Puis,

dans un second temps, pour ce qui est du local vers l’universel, notre analyse portera plus spé- cifiquement sur la manière dont Mgr Sanschagrin assume la voix de son Église locale en vue de

la répercuter au plan de l’universel.

Le second chapitre, quant à lui, nous permettra de vérifier comment cet évêque a fait fonctionner dans un double mouvement ce même binôme local-universel, au cours de la pé- riode conciliaire. Concernant le mouvement du local vers l’universel, nous examinerons, d ’une part, comment l’Église d ’Amos, à travers son évêque, va à la rencontre des autres Églises et, d ’autre part, comment MF Sanschagrin fait entendre la voix de l’Église d ’Amos devant le

concile. En ce qui regarde le mouvement de l’universel vers le local, nous analyserons plus spécifiquement comment il répercute la voixdes autres Églises au sein de sa propre Église.

Enfin, nous espérons que l’apport de ce mémoire, — tant par ses sources nouvelles et sa problématique singulière —, contribuera à enrichir la recherche sur Vatican IL

162 « Décret “Christus Dominus” », in Martin, Paul-Aimé, c.s.c., dir., Vatican II, Les seize documents conciliai- res, Texte intégral, Montréal/Paris, Fides, 1966, p. 279, n° 5. CHAPITRE I

LA PÉRIODE PRÉCONCILIAIRE

Le 29 janvier 1959, Jean XXIII annonce, aux cardinaux présents à Rome, son intention de célébrer « un concile oecuménique pour l’Église universelle1 ». Par la suite, pendant plus de trois ans, il adresse diverses demandes aux évêques et aux fidèles du monde afin de préparer cet événement ecclésial. Dans le présent chapitre, nous vérifierons, d ’une part, comment, du- rant la période préconciliaire, la voix de Jean XXIII, « Pasteur suprême de l’Église », est par- venue à l’Église d ’Amos à travers Mgr Albert Sanschagrin et, d ’autre part, comment ce dernier, en vue du futur concile, a assumé la voix de son Église locale, au cours de cette période.

Au moment où Jean XXIII annonce la célébration d ’un concile oecuménique, M®1 Albert Sanschagrin, titulaire de Bagi, est alors évêque coadjuteur d ’Amos2, tandis que Mgr Joseph- Aidée Desmarais en est l’évêque résidentiel 3. Ce n ’est que le 31 octobre 1959, soit neuf mois

1 Jean XXIII, «L ’annonce solennelle du Synode romain, du Concile oecuménique et de la mise à jour du droit canon », La Documentation Catholique, tome LVI, n° 1300, 29 mars 1959, col. 388. 2 Dans le document Pro Memoria que Mgr Sanschagrin fournit, à titre de futur Père conciliaire, nous pouvons lire : « A été élu, le 14 août 1957, évêque titulaire de Bagi et coadjuteur du diocèse d ’Amos, au Canada, avec droit de succession » (Pro Memoria, 1962, Archives du diocèse d ’Amos, III-B-2.2, p. 1). 3 Selon la terminologie du droit ecclésial de 1917, au canon 334, § 1 : « Episcopi residentiales sunt ordinarii et immediati pastores in dioecesibus sibi commissis » (Codex luris Canonici, Pii X Pontificis Maximi Iussu Diges- tus Benedicti Papae XV Auctoritate Promulgatus, Praefatione Emi Petri Card. Gasparri, Romae, Typis Polyglottis Vaticanis, 1917, p. 91). Dans le nouveau droit ecclésial, au canon 376, on utilise plutôt l’expression « évêque diocésain ». Cf. Université de Navarre/Université Saint-Paul, Faculté de droit canonique, Code de droit cano- nique, Édition bilingue et annotée sous la responsabilité de l’Institut Martin de Azpilcueta, Traduction française établie à partir de la 4e édition espagnole sous la direction de E. Caparros, M. Thériault et J. Thorn, Montréal, Wilson & Lafleur Limitée, 1990, p. 250, note 376. 34 plus tard, que ]VF Sanschagrin est nommé et constitué Ad- Figure 1.1 .¿.,AÎd&U SatMcácuyUn, 0-. nt ״ministrateur Apostolique plena de l’Église d ’Amos, %5 « avec tous les droits, facultés et offices qui appartiennent de droit commun aux évêques résidentiels 4. » Cependant, cette nomination est rendue publique au Canada seulement le 18 novembre suivant5. Concrètement, ce n ’est qu’à partir de cette date qu’il assume la pleine responsabilité de cette Église locale6 . En ce qui a trait au futur concile, ses premié- res interventions officielles se situent donc dans ce contex- te. C’est pourquoi, au plan méthodologique, notre analyse de la période préconciliaire se fera à partir du 18 novembre 1959.

L’annonce-surprise 7 d ’un concile oecuménique ne reste pas sans lendemain du côté ro- main. Sa préparation se déroulera selon un plan en deux étapes : une phase antépréparatoire (1959-1960), suivie d ’une phase préparatoire (1960-1962). Dès le 17 mai 1959, Jean XXIII nomme une Commission antépréparatoire sous la présidence du cardinal Domenico Tardini 8. Il lui assigne comme tâches, entre autres, non seulement de consulter l’épiscopat, la curie ro-

4 Cardinal Marcellus Mimmi, secrétaire de la Sacra Congregatio Consistorialis, « Amosensis, Administratio- nis Apostolicae, Decretum », Rome, 31 octobre 1959, Prot. N. 1183/59, in Circulaires Pastorales et documents, 1959-1960, p. 5. Selon la traduction qui en est donnée et qui renvoie au texte original suivant : «... cum omnibus juribus, facultatibus et officiis quae Episcopis residentialïbus ad norman juris communis competunt » (p. 4). 5 Cf. Mgr Sebastiano Baggio, Délégué Apostolique au Canada, « Lettre à Mgr Joseph-Aidée Desmarais, Évêque d ’Amos », Ottawa, 14 novembre 1959, in Circulaires Pastorales et documents, 1959-1960, p. 2. 6 Mgr J.-A. Desmarais garde cependant certains privilèges : « Le Saint Père, soucieux du prestige et de la situa- tion du si méritant premier évêque d ’Amos a daigner [sic] conserver à Votre Excellence le titre d ’évêque d ’Amos et le droit d ’habiter à l’évêché. En outre Sa Sainteté vous concède de continuer à jouir de tous les honneurs et privilèges liturgiques que le droit accorde communément aux évêques résidentiels : l’usage du trône, le nom au canon de la messe, etc... » (Cardinal Marcellus Mimi, secrétaire de la Sacra Congregatio Consistorialis, « Lettre à Mgr Joseph-Aidée Desmarais », Rome, 10 novembre 1959, Prot. N. 1183/59, in Circulaires Pastorales et docu- ments, 1959-1960, p. 3). 7 Étienne Fouilloux parle d ’une surprise « quasi complète » et ce, du fait que, depuis Vatican I et selon une ecclésiologie de type pyramidal, on ne s’attendait plus à la tenue d ’un concile. Cf. Étienne Fouilloux, « Histoire et événement : Vatican II », Cristianesimo nella storia, vol. 13, n° 3, ottobre 1992, p. 521. 8 Cf. Jean XXIII, « L’allocution de Pentecôte de S. S. Jean XXIII », La Documentation Catholique, tome LVI, n° 1306,21 juin 1959, col. 769-772; « Le Saint-Père nomme une Commission pour la préparation du futur Conci- le », La Documentation Catholique, tome LVI, n° 1306,21 juin 1959, col. 782-784. Nous renverrons désormais à ce dernier document de la manière suivante : « Le Saint-Père nomme une Commission... », DC, 1306. 35

maine et les universités catholiques afin d ’en recueillir les conseils, suggestions, propositions, voeux et études, mais aussi d ’analyser, classer et synthétiser les réponses reçues9. Aux termes des travaux de cette Commission, Jean XXIII annonce, le 5 juin 1960, le commencement de la phase préparatoire proprement dite du concile 10. En plus de trois Secrétariats, il institue une di- zaine de commissions d ’étude dont les travaux «seront suivis et coordonnés par une Commis- sion centrale composée de cardinaux, d ’évêques et d ’ecclésiastiques distingués 11. » À partir de l’abondant matériau rassemblé au cours de la phase antépréparatoire 12, il leur confie alors « la tâche difficile de proposer les schémas des décrets doctrinaux et disciplinaires 13 », dont certains seront ensuite remis aux futurs Pères conciliaires. Inaugurés le 13 novembre suivant14, les tra- vaux de la phase préparatoire se poursuivent jusqu’au 12 juin 1962, date à laquelle se tient la septième et dernière session de la Commission centrale préconciliaire 15. L’évolution de cet im- mense travail, à l’ombre du Vatican, permet à Jean XXIII, dès Noël 1961, d ’annoncer et de convoquer pour l’année suivante le IIe Concile du Vatican 16 .

La préparation de ce concile concernait non seulement les spécialistes des diverses corn- missions préparatoires, mais aussi l’ensemble des fidèles de l’Église. C’est pourquoi, au cours

de cette même période, Jean XXIII s’adresse à quelques reprises aux évêques et aux fidèles du

9 Cf. « Le Saint-Père nomme une Commission... », DC, 1306, col. 782-784; Jean XXIII, « Motu proprio “Su- perno Dei nutu ” pour la constitution des Commissions préparatoires du Concile oecuménique », La Documenta- tion Catholique, tome LVII, n° 1330, 19 juin 1960, col. 707; Id, « Allocution de S. S. Jean XXIII aux cardinaux réunis dans sa bibliothèque privée, après le Consistoire semi-public du 30 mai 1960 », La Documentation Catho- lique, tome LVII, n° 1341, 4 décembre 1960, col. 1488. Nous renverrons désormais à ce dernier document de la manière suivante : « Allocution de S. S. Jean XXIII aux cardinaux réunis dans sa bibliothèque... », DC, 1341. 10 Cf. Jean XXIII, « Le IIe Concile du Vatican entre dans sa phase préparatoire, Allocution du Saint-Père en la fête de la Pentecôte (5 juin ) », La Documentation Catholique, tome LVII, n° 1331, 3 juillet 1960, col. 801-803. 11 Id., « Allocution de S. S. Jean XXIII aux cardinaux réunis dans sa bibliothèque... », DC, 1341, col. 1489- 1490. 12 Cf, Id., « L’audience solennelle des membres des Commissions et des Secrétariats préparatoires au Concile », La Documentation Catholique, tome LVII, n° 1341, 4 décembre 1960, col. 1482. 13 Id., « La bulle “Humanae salutis” convoquant le Concile », La Documentation Catholique, tome LIX, n° 1368, 21 janvier 1962, col. 102. Nous renverrons désormais à ce document de la manière suivante : Humanae salutis, DC, 1368. 14 Cf. Id., « L’inauguration de la phase préparatoire au Concile, Allocution de S. S. Jean XXIII après la messe de rite byzantino-slave du 13 novembre 1960 », La Documentation Catholique, tome LVII, n° 1341, 4 décembre 1960, col. 1474-1475. 15 Cf Id., « La VIIe Session de la Commission centrale préconciliaire, L’allocution de clôture de S. S. Jean XXIII », La Documentation Catholique, tome LIX, n° 1380, 15 juillet 1962, col. 901. 16 Cf Id., Humanae salutis, DC, 1368, col. 102-103. 36

monde. Dans ses interventions, il leur fait un certain nombre de demandes pour préparer le fu- tur concile.

Ce chapitre comportera deux divisions principales. Une première s’intitulera : “La voix de Jean XXIII vers l’Église d ’Amos”, et comprendra les subdivisions suivantes : “Les docu-

ments diocésains et le concile ”, “Les documents diocésains et les Actes pontificaux sur le con- eile”, ainsi que “Les initiatives diocésaines et le concile ”. La seconde division aura pour titre : “LF Sanschagrin assume la voix de son Église”. De plus, elle comprendra deux subdivisions :

“La consultation de 1960 ” et “La consultation de 1962 ”.

1.1 La voix de Jean XXIII vers l’Église d ’A mos

Il s’agit pour nous maintenant de vérifier comment la voix de Jean XXIII, << Pasteur su- prême de l’Église », est parvenue à l’Église d ’Amos à travers Mgr Sanschagrin. Afin de mieux en rendre compte, nous explorerons les sources documentaires 17 à l’aide de trois questions : Quelle place a-t-on donnée au concile dans les documents diocésains ? Quels échos et quelles suites a-t-on donnés, dans ces documents, aux principaux Actes pontificaux ayant trait au futur concile ? Quelles ont été les initiatives mises de l’avant par NF Sanschagrin pour faire connaî- tre le futur concile dans son Église locale et ce, selon un voeu de Jean XXIII18 ?

1.1.1 Les documents diocésains et le concile

Quelle place a-t-on donnée au concile dans les documents diocésains ? Cette question initiale nous permettra de tracer un premier portrait de la manière dont ]VF Sanschagrin a fait écho à la voix de Jean XXIII, au sujet du concile. À l’aide d ’une analyse quantitative, chronolo- gique et thématique des sources, nous formulerons des éléments de réponse à cette question.

17 Les circulaires pastorales (CP) et les Nouvelles diocésaines (ND). 18 Cf. Jean XXIII, « Lettre apostolique “Celebrandi Concilii Oecumenici ” demandant de prier pour le Concile en la fête de la Pentecôte », La Documentation Catholique, tome LVIII, n° 1351, 7 mai 1961, col. 546 : « Nous voulons de plus que soient encouragées et multipliées les initiatives destinées à faire connaître aux fidèles l’importance et les buts du prochain Concile oecuménique. »; Nous renverrons désormais à ce document de la manière suivante : Celebrandi Concilii Oecumenici, DC, 1351. 37

À partir du moment où Mgr Sanschagrin assume la responsabilité de l’Églised ’Amos — le 18 novembre 1959 — et l’ouverture du concile — le 11 octobre 1962 —, 144 circulaires pastorales (CP) ont été adressées à divers groupes de baptisés de cette Église locale et 102 bul- letins d ’information ont été publiés par les Nouvelles diocésaines (ND). Devant cette abon- dante documentation, notre enquête a d ’abord consisté à rechercher toutes les mentions ayant un rapport avec le concile. Cette première investigation nous a permis de repérer le terme “concile ”19 dans 24 CP20 (17%) et dans 32 numéros des ND (31%). Au plan quantitatif, si nous découpons et rassemblons l’ensemble des textes consacrés à l’événement conciliaire, c’est plus de 1 000 lignes qui s’offrent à notre analyse. Les CP en fournissent 498 et les ND, 571, répar- ties dans 52 articles. Le cadre de notre travail ne nous permet pas cependant de porter un juge- ment sur l’importance relative de ces données. Seule une étude comparative, à partir d ’une do- cumentation similaire, en provenance de divers diocèses du Québec, entre autres, pourrait nous en fournir les éléments nécessaires.

Devant ce matériau, une nouvelle question se pose à nous : Au cours de la période pré- conciliaire, selon quelle régularité est-il question du concile dans les textes de l’Église d ’Amos ? Cette question nous permet de mesurer, dans l’espace-temps, la place que cette Égli- se locale a donnée au concile. Pour y répondre, nous avons privilégié une analyse quantitative du nombre de lignes de texte consacrées à l’événement conciliaire 21. La figure 1.2 (voir p. 38) nous en montre le résultat, un résultat à la fois significatif et étonnant.

À l’exception de 68 lignes de texte (6%), provenant de cinq CP publiés en décembre 1959 et janvier 1960, les informations sur le concile sont tout-à-fait absentes au sein de l’Église d ’Amos et ce, jusqu’en mai 1961. Par contre, à partir de cette date, une sorte de dégel s’amorce lentement et vient briser ce long silence. Il coïncide avec la Lettre apostolique Celebrandi Concilii Oecumenici, dans laquelle Jean XXIII demande de prier pour le concile à l’occasion de

19 Nous le retrouvons au moins une fois dans tous les documents où il est question du concile. 20 On retrouve deux mandements dans ces 24 CP. Mgr Sanschagrin a signé 22 de ces CP, les mandements y compris. Les deux autres CP ont été signées par son Vicaire général. Ces dernières ont été retenues dans la pré- sente analyse parce qu’elles faisaient directement écho à des demandes de Mgr Sanschagrin. 21 Nous aurions pu le faire par une analyse chronologique du nombre de CP et du nombre de numéros ou d ’arti- des des ND. Ces éléments hétérogènes alourdissaient davantage la lecture du graphique. Nous aurions aussi pu le faire à partir d ’une analyse des mentions du concile dans ces divers documents. 38

la Pentecôte 1961 22. À la suite d ’une CP de MF Sanschagrin qui fait écho à cette demande de Jean XXIII23, les ND publient alors leur premier article sur le concile 24. Mais le véritable réveil conciliaire, dans les documents diocésains, se produit à partir de février 1962 et il correspond au moment où Jean XXIII annonce l’ouverture du concile pour le 11 octobre suivant25. Le ré- dacteur des ND, plutôt réservé jusqu’ici, ouvre alors le bal avec un article qui mentionne non seulement cette annonce, mais aussi son intention d ’informer systématiquement les diocésains sur le futur concile 26 . Par la suite et jusqu’à l’ouverture du concile, une vague d ’information conciliaire couvre chaque mois de ce bulletin d ’information. D’ailleurs, c’est au cours de cette période que nous retrouvons la majeure partie des textes publiés sur le concile, tant par les CP que les ND, soit 938 lignes (88%)..

Figure 1.2 — Le concile dans les CP et les ND 300 275 250 225 ■G 200 -8 175 ■a 150 $ 125 £)100 -1 75 50 25 0 Nov59 Jan60 Mar Mai Juil Sep Nov Jan61 Mar Mai Juil Sep Nov Jan62 Mar Mai Juil Sep

Nouvelles diocésaines Circulaires pastorales

22 Cf. Jean XXIII, Celebrandi Concilii Oecumenici, DC, 1351, col. 545-546. 23 Cf. !VF Albert Sanschagrin, Circulaire Pastorale, Au clergé diocésain et aux communautés religieuses, n° 88, 3 mai 1961, p. 1. Nous renverrons désormais à document de la manière suivante : CP, 88. 24 Cf. « Neuvaine de la Pentecôte pour le concile oecuménique », Nouvelles diocésaines, n° 36, 8 mai 1961, p. 1. Nous renverrons désormais à cet article de la manière suivante : « Neuvaine de la Pentecôte », ND, 36. 25 C’est en février 1962 que Jean XXIII annonce la date d ’ouverture du concile pour le 11 octobre 1962. Cf. « Le Concile convoqué pour le 11 octobre 1962, Motu proprio “Consilium” de S. S. Jean XXIII », La Documen- tation Catholique, tome LIX, n° 1370,18 février 1962, col. 228-229. Nous renverrons désormais à ce document de la manière suivante : Consilium, DC, 1370. 26 Cf. « Concile Oecuménique », Nouvelles diocésaines, n° 71, 5 février 1962, p. 1 : « Sous le titre “Concile Oecuménique”, nous avons l’intention de vous communiquer toutes les semaines, quelques détails sur la tenue prochaine du Concile, afin que vous puissiez à l’occasion intéresser vos fidèles ou vos élèves à cet événement si important pour toute la chrétienté et surtout, les inviter à prier pour le succès du Concile. » 39

Cette situation, étonnante à première vue, n ’est pas propre à l’Église d ’Amos. Dans un

article sur « l’annonce et la préparation de Vatican II27 », Gilles Routhier écrit : « On peut éga- 1 ement faire l’hypothèse qu’au moment de son annonce et au cours de sa phase antéprépara- toire, Vatican Π a surtout été un événement romain et qu’il a connu peu d ’impact dans les Égli- ses locales28. » Les premiers résultats de notre analyse des sources amossiennes viennent donc confirmer cette hypothèse : à peine 68 lignes (6%) sont consacrées à l’événement conciliaire durant la phase antépréparatoire. Qui plus est, il en est également ainsi pour une bonne partie de la phase préparatoire elle-même. Retrouve-t-on pareille situation dans les autres Églises 10- du Québec ? Rien ne nous permet pour l’instant d ’y répondre. Cela exigerait une étude de plus grande envergure. Gilles Routhier ajoute que «plus on approchait du concile, plus il deve- naît une réalité dont il fallait désormais tenir compte29. » Dans notre analyse, où l’on voit appa- raître une forte inflation de !’information conciliaire, entre février 1962 et l’ouverture du conci- le, c’est du moins ce qui se produit à Amos.

Cette figure 1.2 nous montre aussi qu’une part importante de textes provient des circulai- res pastorales, soit 498 lignes (47%). Devant ce résultat, nous avons poursuivi notre recherche en nous demandant : Quelle place le concile a-t-il occupée dans ce type de document diocé- sain ? En était-il le sujet principal ou était-il signalé seulement au passage ? La réponse à ces questions nous permettra de mesurer le niveau d ’importance donnée à l’événement conciliaire dans le cadre de cette production. La figure 1.3 (voir p. 40) met en évidence les résultats de notre enquête.

Cette figure nous permet également de mesurer dans l’espace-temps le niveau d ’impor- tance qui fut accordée au concile. Dans un premier temps, nous pouvons constater une inver- sion de tendance à partir d ’avril 1962. Avant cette date, seules deux CP30 font du concile leur sujet principal, alors que huit autres y consacrent une mention au passage. Par contre, d ’avril

27 Gilles Routhier, « L’annonce et la préparation de Vatican II : Réception et horizon d ’attente au Québec », SCHEC, Études d’histoire religieuse, n° 63, 1997, p. 25-44. 28 /6K p. 26. 29 mz,p.44. 30 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, Circulaire Pastorale, Au clergé, n° 10, 13 janvier 1960, 1 p. Cette circulaire porte entièrement sur la consultation des prêtres par l’évêque dans le but de préparer ses voto; Id., CP, 88, 1 p. 40

Figure 1.3 — Le concile dans les circulaires pastorales

Nov59 Jan60 Mar Mai Nov Jan61 Mar Mai Nov Jan62 Mar Mai

CP où le concile est signalé au passage H CP où le concile est le sujet principal

1962 jusqu’à Γouverture du concile, dix CP en font leur sujet principal, tandis qu’il est simple- ment mentionné dans quatre autres. L’importance accordée à l’événement conciliaire dans les CP s’inverse donc à partir d ’avril 1962. De plus, au plan méthodologique, si nous prenons la variable quantité-texte au lieu du nombre de CP, le niveau d ’importance prend alors une cou- leur singulière. La figure 1.4 nous montre que le concile occupe un espace mineur dans les do- cuments où il est seulement signalé; quelques lignes à peine y sont consacrées. Avant avril

Figure 1.4 — Le concile dans les circulaires pastorales

0) 140 B 120 100 ם־

N0V59 Jan60 Mar Mai Juil Sep Nov Jan61 Mar Mai Juil Sep Nov Jan62 Mar Mai Juil Sep

Le concile est signalé au passage Le concile est le sujet principal 41

1962, on ne peut donc dire qu’une véritable importance est accordée au futur concile, même si plusieurs CP en font mention. Par contre, à partir de cette date les CP lui donnent une impor- tance capitale et ce, en lui réservant un espace majeur, soit 363 des 380 lignes de texte publiées sur le concile au cours de cette période. Cela confirme donc de nouveau les propos de Gilles Routhier, rapportés ci-dessus.

En ce qui regarde l’année 1962, les trois figures précédentes nous montrent deux pointes importantes : les mois d ’avril et de septembre. À eux seuls, ces mois représentent 69% de la

production écrite des CP, soit 345 lignes de texte. Devant un tel résultat, une question se pose : Qu’est-ce qui provoque une telle masse d ’information, à l’intérieur de l’Église d ’Amos, au cours de ces deux mois ? Cette question nous amène à considérer de plus près les sujets ou les thèmes qui ont retenu !’attention des divers rédacteurs des documents diocésains 31. Notre ana- lyse thématique de !’ensemble de la période préconcilaire portera donc une attention particu- lière à ces mois d ’avril et de septembre 1962.

Figure 1.5 — Thèmes des CP (1959-1962) Figure 1.6 — Thèmes des CP (1962) 120 100 B 1 80 ■8 60 Zj 20 ח______1959 I960 1961 1962 Jan Fév Mars Avr Mai Juin Juil Août Sep

Consultation des diocésains Consultation des diocésains Prière pour le concile Prière pour le concile Autres sujets Autres sujets

Du côté des circulaires pastorales (CP), deux thèmes majeurs retiennent !’attention de leurs rédacteurs (voir figure 1.5). D’une part, les invitations à prier pour le concile se retrouvent dans neuf d ’entre elles et couvrent 216 lignes de texte (43%). D’autre part, les consultations, menées auprès des prêtres en 1960 (pour les vota) et auprès de tous les diocésains en 1962, re­

31 MF Albert Sanschagrin (22 CP), son Vicaire général (deux CP) et l’abbé Arthur Drouin pour les ND. Concernant cette dernière information, voir Msr Albert Sanschagrin, « Le bulletin hebdomadaire de nouvelles pour le diocèse d ’Amos », Nouvelles diocésaines , n° 1, 6 septembre 1960, p. 1. 42

viennent dans 12 CP avec 149 lignes (30%). Que ces deux thèmes se retrouvent dans les fa- meuses pointes d ’avril et de septembre 1962, n ’étonne pas. D’ailleurs, la figure 1.6 (voir p. 41) nous montre qu’ils y sont présents mais avec des accents fort différents. Tandis que la consul- tation des diocésains par l’évêque occupe une place majeure dans la production d ’avril, les in- vitations à la prière pour le concile prédominent dans la pointe de septembre. Ainsi donc, en avril, l’évêque prend surtout le pouls de son Église et, en septembre, il insiste surtout sur la prière pour cet événement sans précédent au XXe siècle.

Du côté des Nouvelles diocésaines (ND), les données sont plus complexes. L’analyse thé- matique nous a permis de répertorier des articles qui se sont intéressés tant à l’événement ro- main proprement dit 32 qu’aux initiatives locales en rapport avec le concile 33 (voir figure 1.7). C’est là une nouveauté par rapport aux CP qui ont surtout mis l’accent sur le niveau local. En ce qui a trait à l’événement romain, les articles ont porté sur divers thèmes : la date d ’ouverture du concile, les commissions centrales et prépara- Figure 1.7 — Le concile dans les ND (1962) toires, la définition et la durée d ’un concile, sa 70 préparation matérielle, des questions d ’actualité 60 *50 pour le concile, les schémas conciliaires, des 540 ■ 8 30 statistiques par rapport à la représentativité au J>20 concile, la cérémonie d ’ouverture. Il nous faut 10 0 signaler que la récurrence de ces thèmes est plu- L'événement romain tôt rare. Dans les ND, nous sommes surtout en Les initiatives amossiennes présence d ’une information ponctuelle selon les données de l’actualité.

Par contre, pour ce qui est des initiatives amossiennes, l’analyse thématique nous a per- mis de repérer trois sujets principaux : les séminars 34 d ’information sur le concile (13 articles,

32 22 articles pour un total de 246 lignes de texte. Cinq d ’entre eux (97 lignes) portent la mention “CCC” (Ser- vice d ’information de la Conférence Catholique Canadienne) pour en indiquer la provenance. 33 3 5 articles pour un total de 324 lignes de texte. 34 Ce mot est écrit de cette manière dans les CP et les ND. 43

100 lignes), la prière pour le concile (13 articles, 97 lignes) et la consultation des diocésains par l’évêque (six articles, 36 lignes). L’importance majeure donnée aux séminars sur le concile, dans les ND, est un élément neuf par rapport aux CP. Dans celles-ci, ils occupent une place plutôt négligeable avec 16 lignes de texte; ce qui représente à peine 3% du contenu conciliaire des CP comparativement au 17% que les séminars occupent dans celui des ND. La figure 1.8 nous présente chronologiquement la place qu’ont occupée dans les ND les séminars, la consul- tation des diocésains et la prière pour le concile. Si les deux premiers thèmes prédominent d ’avril à juin 1962, le troisième, quant à lui, oc- Figure 1.8 — Thèmes majeurs des ND cupe pratiquement toute la place en septembre et 32 - 28־0 octobre suivants. Ces tendances ont été obser- Ig 24 - ω 20 - F vées précédemment pour deux de ces thèmes «16 ï g 12 g g 8 - I dans les CP (consultations et prière). En début et 4 0 ü i i milieu d ’année 1962, on se prépare activement jan fév mars avril mai juin juil août sep oct au concile puis, à son approche, les invitations à H Consultation des diocésains B Prière pour le concile prier pour le succès de cet événement sont multi- US Séminars pliées.

Entre novembre 1959 et le 11 octobre 1962, selon l’analyse thématique des CP et des ND, ce sont les initiatives locales qui ont surtout prédominé dans les écrits officiels de l’Église d ’Amos sur le concile. Au sein de cette Église, les consultations faites par l’évêque, la prière pour le concile et les séminars sont les principaux sujets dont il a été question au cours de cette période. À eux seuls, avec leurs 614 lignes de texte, ces trois thèmes couvrent 57% de 1’ensem- ble des écrits sur l’événement conciliaire, tandis que la transmission d ’information au sujet de l’événement romain proprement dit occupe 23% de cet espace, soit 246 lignes. Dans son ar- tide, Gilles Routhier écrivait que « la phase préparatoire qui devait durer plus de deux ans al- lait surtout être marquée, au Québec, par les dialogues préconciliaires : consultations du clergé, des laïcs et des religieux et religieuses35. » Si notre analyse thématique des sources amossiennes vient confirmer cette affirmation, elle montre en plus que la phase préparatoire a aussi été mar- quée — du moins dans ses derniers mois en ce qui regarde l’Église d ’Amos — par les séminars

35 Gilles Routhier, « L’annonce et la préparation... », p. 44. 44

d ’information sur le concile et l’insistance de la prière pour celui-ci. Le cadre de ce travail ne nous permet pas de vérifier si cette dernière donnée est propre ou non à l’Église d ’Amos.

Suite à notre investigation des sources et à l’analyse des résultats obtenus, nous pouvons maintenant donner quelques éléments de réponse à notre question initiale : Quelle place a-t-on donnée au concile dans les documents diocésains ? Au plan spatial, le concile a occupé un es- pace plutôt modeste dans l’ensemble de la production des CP et des ND de la période préconci- liaire. Cependant, les 1 069 lignes de texte qui y sont consacrées ne constituent pas pour autant une quantité négligeable. Elles peuvent couvrir une trentaine de pages environ. Au plan chro- nologique, l’analyse nous a démontré que le concile n ’occupe pratiquement pas la scène entre novembre 1959 et janvier 1962. On y retrouve bien quelques mentions éparses dans les textes officiels, mais rien pour retenir véritablement l’attention 36 . À peine neuf des 118 CP (8%) de cette période abordent une question en rapport avec le concile et deux d ’entre elles en font leur sujet principal. Il en est de même du côté des ND où, à l’exception de deux articles en 1961, c’est le silence total. Par contre, à partir de février 1962 jusqu’à son ouverture, le concile est désormais sous les feux de la rampe dans les documents diocésains. Si les ND publient réguliè- rement un article à son sujet, il en est également question dans 15 des 26 CP (58%) qui y sont publiées, dont dix d ’entres elles en font leur thème principal. Ce faisant, nous réalisons que la vie diocésaine n ’a pas été particulièrement marquée par le concile avant 1962. Deux raisons peuvent en fournir une explication : primo, entre le 16 novembre 1960 et 15 décembre 1961, !’attention de l’Église d ’Amos est centrée pour une bonne part sur les travaux de son propre synode diocésain 37 et, secundo, le concile demeure encore un événement lointain et géographi- quement et chronologiquement. Par contre, si l’on en juge par l’espace singulier qu’il occupe dans les documents diocésains, à partir du moment où la date de sa célébration est connue, on

36 En 1959, selon les sources consultées, aucune information sur le concile n ’est transmise par l’évêque à l’en- semble des fidèles de l’Église d ’Amos. Bien qu’une CP signale la question des vota de l’évêque en vue du futur concile, elle s’adresse à un groupe ciblé : les curés. Cf. Msr Albert Sanschagrin, Circulaire Pastorale, Aux curés, n° 7, 17 décembre 1959, p. 1; De son côté, l’hebdomadaire régional L'Écho demeure muet sur la question du concile jusqu’à l’automne 1961. Seul un hebdomadaire de la ville d ’Amos, Franc-Jeu, tirant à plus d ’un millier d ’exemplaires, publie un article sur le concile, le 18 décembre 1959, et ce, à partir d ’une information de l’agence catholique d ’information Kipa. Cf. « Le Concile en 1967 ? », Franc-Jeu, Amos, vol. 2, n° 2, vendredi le 18 dé- cembre 1959, p. 4. 37 Cf. « Le synode diocésain », Nouvelles diocésaines, n° 10, 7 novembre 1960, p. 1; Le chancelier, « Directi- ves, Tenue du premier synode, le 15 décembre », Nouvelles diocésaines, n° 61, 4 décembre 1961, p. 1. 45

peut présumer que le concile devient alors non seulement le sujet qui retient le plus Γattention de cette Eglise locale au plan de Γ information, mais aussi Γ événement qui mobilise le plus sa vie diocésaine durant sept mois. Mais, ces quelques mois représentent à peine 16% de la pé- riode préconciliaire. C’est pourquoi, somme toute, il nous apparaît qu’une place plutôt relative est accordée au concile durant cette période de la vie ecclésiale en Abitibi.

L’investigation des documents diocésains pour en déceler les traces conciliaires, tant quantitativement que chronologiquement, nous a donc permis de tirer quelques conclusions sur la place que l’Église d ’Amos a donnée à la question du concile dans ses écrits officiels. Cepen-

dant, au plan de la méthode, cette approche ne peut suffire à elle seule pour mesurer l’écho qui a été donné à la voix de Jean XXIII, au sein de l’Église d ’Amos, par M9 Sanschagrin. Il nous

faut donc poursuivre notre enquête selon un nouveau paramètre et, cette fois-ci, extérieur aux sources documentaires. Nous les interrogerons à partir des Actes pontificaux eux-mêmes.

1.1.2 Les documents diocésains et les Actes pontificaux sur le concile

Au cours de la période préconciliaire, Jean XXIII évoque à de nombreuses reprises la question du IIe Concile du Vatican. Tantôt, il le fait dans des allocutions et des discours pro- noncés devant divers groupes de fidèles 38, tantôt, de manière plus solennelle, en adressant aux évêques ou aux fidèles du monde entier un document émanant de son magistère pontifical. Ce dernier type d ’intervention donne lieu à des documents plutôt hétérogènes : Lettre apostolique, Lettre encyclique, Bulle, Motu proprio et Message.

Pour les fins de la présente étude, au plan de la méthode, deux paramètres seront ici utili- sés pour faire un choix à l’intérieur de l’ensemble des interventions de Jean XXIII sur la ques- tion du concile : d ’une part, nous retiendrons uniquement les Actes pontificaux à portée univer- selle et, d ’autre part, ceux de la période Sanschagrin, c’est-à-dire à partir du 18 novembre 1959. En tenant compte de ces paramètres, il nous faut alors remonter jusqu’au 19 mars 1961 pour retrouver le premier des huit Actes pontificaux (voir tableau I, p. 46) qui seront retenus pour les

38 En plus de ces allocutions et discours, on retrouve aussi des messages, adressés à des groupes restreints, dans lesquels il aborde le sujet du concile. 46

fins de notre analyse. Dans la période Sanschagrin, cela nous donne un espace de 16 mois où rien de spécifique n ’a été adressé à l’Église toute entière, par Jean XXIII, au sujet du concile. Cette donnée ne serait-elle pas un autre élément de réponse pour expliquer l’absence complète d ’information sur le concile dans les documents officiels de l’Église d ’Amos, de février 1960

à mai 1961 ?

Concernant les huit Actes pontificaux ici retenus, nous interrogerons les sources diocésai- nés sur la base de deux questions : Ces Actes ont-ils laissé des traces dans les documents de l’Église d ’Amos ? Leurs principaux énoncés ont-il reçu un écho dans les textes officiels de cette Église ?

Tableau I. Traces des Actes pontificaux dans les documents diocésains

Actes pontificaux Traces dans Ies docu- ments diocésains

Date Titre Oui Non

1961 03 19 Lettre apostolique au sujet de saint Joseph protecteur du concile e39

1961 04 11 Lettre apostolique Celebrandi Concilii Oecumenici •

1961 12 25 Bulle Humanae salutis •

1962 01 06 Exhortation apostolique Sacrae Laudis e

1962 0202 Motu proprio « Consilium » e

1962 04 28 Lettre apostolique Oecumenicum Concilium #

1962 07 01 Lettre encyclique Paenitentiam agere •

1962 09 11 Message Ecclesia Christi, lumen gentium •

39 Cf. Jean XXIII, « La protection de saint Joseph sur le Concile, Lettre apostolique de S. S. Jean XXIII aux évêques et aux fidèles du monde entier », La Documentation Catholique, tome LVIII, n° 1349, 2 avril 1961, col. 417-424. En aucun temps, il n ’est fait écho à cette Lettre. La mention que l’on retrouve dans les ND, à l’effet que Jean XXIII a confié le concile à saint Joseph, provient de Celebrandi Concilii Oecumenici où l’on peut y lire : « Que l’on recoure à la puissante intercession de la Vierge Marie, Mère de Dieu, qui est mère de grâce et céleste Patronne du Concile; et que l’on invoque le patronage de saint Joseph, son époux très chaste, auquel Nous avons récemment confié le Concile » (Celebrandi Concilii Oecumenici, DC, 1351, col. 546). De leur côté, les ND re- prennent quasi littéralement ce texte en écrivant : « ...pour que l’on demande !’intercession de la Vierge Marie, Mère de Dieu, qui est aussi Mère de la grâce et céleste patronne du Concile; et pour que saint Joseph, son époux très chaste, veuille accueillir nos voeux, lui à qui le Pape a remis le Concile en toute confiance » (« Neu vaine de la Pentecôte... »; ND, 36, p.l). 47

Suite à notre investigation des sources, nous avons pu retrouver des traces pour sept de ces Actes dans les documents diocésains (voir Tableau I). Devant ces traces, nous sommes en droit de nous demander : Que reflètent-elles effectivement du contenu de ces Actes pontifi- eaux ? Car, ce qui est ici enjeu, c’est leur « réception » par l’Église d ’Amos. Si Ton accepte

que « la “réception ” devient le processus par lequel un énoncé s’infiltre et prend corps dans l’épaisseur de la vie ecclésiale40 », il nous faut donc aller plus loin dans notre analyse des docu- ments diocésains. Car, la simple référence à un Acte pontifical ne signifie pas pour autant que des échos, voire même des suites, soient donnés à son contenu principal dans la vie d ’une Égli-

se. De même, une absence d ’échos explicites à un contenu spécifique ne signifie pas non plus que des suites soient inexistantes par rapport à ce contenu, dans la vie de cette Église. Nous

pourrons également vérifier ceci dans la suite de cette étude.

Face aux sept Actes pontificaux, dont on retrouve des traces dans les documents diocé- sains, se pose donc notre deuxième question : Leurs principaux énoncés ont-ils reçu un écho dans les textes de l’Église d ’Amos ? Tel que nous le montre le tableau II, la réponse est plutôt complexe. Bien qu’un écho soit donné aux principaux énoncés de six Actes, il nous faut aussi ajouter que pour deux d ’entre eux, cet écho est soit tardif, soit partiel.

Tableau IL Écho des principaux énoncés dans les documents diocésains

Actes pontificaux Écho donné aux principaux énoncés dans les documents diocésains

Date Titre Oui Non

1961 04 11 Lettre apostolique Celebrandi Concilii Oecumenici •

1961 12 25 Bulle Humanae salutis • S

1962 01 06 Exhortation apostolique Sacrae Laudis • •

1962 02 02 Motu proprio « Consilium » •

1962 04 28 Lettre apostolique Oecumenicum Concilium •

1962 07 01 Lettre encyclique Paenitentiam agere •

1962 09 11 Message Ecclesia Christi, lumen gentium •

40 Gilles Routhier, La réception d’un concile, Paris, Les Éditions du Cerf, collection « Cogitatio Fidei », n° 174, 1993, p. 92. 48

Devant l’ensemble de ces résultats, seule une confrontation des documents diocésains avec les principaux énoncés des textes de Jean XXIII nous permettra de mieux rendre compte de la manière dont se fait la réception des Actes pontificaux au sein de l’Église d ’Amos, en cette période préconciliaire. Elle nous permettra également de vérifier, si l’on demeure unique- ment au niveau d ’une transmission d ’information ou si l’on met en oeuvre un processus favori- sant l’infiltration des énoncés pontificaux dans la vie diocésaine.

Si la Lettre apostolique du 19 mars 1961 ne reçoit aucun écho à Amos, par contre, Cele- brandi Concilii Oecumenici41 retient immédiatement !’attention de Mgr Sanschagrin, qui s’em- presse d ’y faire écho42 par une CP, adressée au clergé et aux communautés religieuses de son diocèse, le 3 mai 1961 43. Cette circulaire devient le premier document diocésain de la phase préparatoire dans lequel il est question du futur concile. L’écho que cette CP reçoit dans les ND, quelques jours plus tard, donne lieu à la première mention conciliaire de ce bulletin d ’information 44. Ainsi prend fin, dans les textes diocésains, un long silence de 16 mois au sujet du concile, comme nous l’avons signalé précédemment 45.

En comparaison des CP qui seront publiées par la suite, celle du 3 mai 1961 est d ’une facture plutôt singulière. Sans citer littéralement Jean XXIII, M81' Sanschagrin s’inspire large- ment de la dernière partie de sa Lettre apostolique pour nourrir son propos. Une lecture synop- tique de ces deux textes (voir tableau III, p. 49) nous permettra de mieux rendre compte non seulement de la manière dont cet évêque fait écho à la voix de Jean XXIII à l’intérieur de sa propre Église, mais aussi comment il la reçoit lui-même et ce qu’il met en oeuvre pour qu’elle soit effectivement reçue par ses diocésains.

41 Cf. Jean XXIII, Celebrandi Concilii Oecumenici, DC, 1351, col. 545-546. 42 Ce terme est d ’ailleurs utilisé par le rédacteur des ND : « Dans une circulaire (N. 88) [...] Mgr l’Ad- ministrateur Apostolique a fait écho à l’appel lancé par Sa Sainteté le Pape Jean XXIII, dans sa lettre apostolique dull avril... » («Neuvaine de la Pentecôte... », ND, 36, p. 1). 43 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, CP, 88, 1 p. 44 Cf. « Neuvaine de la Pentecôte... », ND, 36, p. 1. 45 La dernière mention conciliaire remontait au 30 janvier 1960 dans une CP où il est question des vota de l’évêque. Cf. M8r Albert Sanschagrin, Circulaire Pastorale, Aux Religieux et aux Religieuses, n° 15, 30 janvier 1960, p. 1. 49

Tableau III. Celebrandi Concilii Oecumenici et la Circulaire Pastorale, 88

Jean XXIII Mgr Sanschagrin

Les travaux préparatoires du Concile s’intensi- Le Souverain Pontife relève notamment Pinten- fiant et la nécessité de prier se faisant sentir de plus en sification du travail accompli par les commissions pré- plus, Nous désirons, vénérables frères, qu’en la pro- paratoires. En même temps, il réclame l’appui urgent chaîne fête de la Pentecôte, qui sera précédée, comme de l’assistance divine qui ne peut être octroyée à c’est la coutume, d ’une solennelle neuvaine de prières, l’Église que par des prières ferventes et insistantes. d ’ardentes supplications soient adressées à l’Esprit Pour nous conformer au désir exprès de notre Père Saint dans toute l’Église, en union avec Nous, afin commun, on devra organiser dans toutes les églises qu’il assiste particulièrement ceux qui travaillent acti- paroissiales, dans les oratoires semi-publics et les ins- vement à la préparation du Concile; afin que Celui qui titutions, la neuvaine de prières, préparatoire à la so- est source d ’eau vive, feu et amour illumine leurs in- lennité de la Pentecôte [sic] pour que le Saint-Esprit telligences et leur donne en abondance la grâce d ’en apporte lumière et force aux responsables du Concile haut. Oecuménique. La coïncidence du mois de Marie ne fera que rendre plus efficace notre neuvaine et répéter Que l’on recoure à la puissante intercession de l’épisode des Actes des Apôtres, où l’on retrouve la Vierge Marie, Mère de Dieu, qui est Mère de grâce Marie au milieu des disciples en prière, provoquant la et céleste Patronne du Concile; et que l’on invoque le venue du Saint Esprit. Pour cette neuvaine, on pourra patronage de saint Joseph, son époux très chaste, au- s’inspirer des textes déjà parus dans la Revue eucha- quel Nous avons récemment confié le Concile. ristique du Clergé (Mai 1960, page 265 et mars 1961, page 145).

[...] [...]

Nous voulons de plus que soient encouragées et multipliées les initiatives destinées à faire connaître aux fidèles l’importance et les buts du prochain Conci- le oecuménique.

Nous espérons vivement, vénérables frères, que Puissions-nous, par nos prières et celles de nos Dieu tout-puissant et les célestes patrons écouteront fidèles, réaliser le voeu du Pape qui désire que le nos prières et que l’Église, brillant de tout son éclat, Concile offre au monde un “spectacle admirable offrira à tous un admirable spectacle d ’unité, de vérité d ’unité, de vérité et de charité, pouvant attirer tous et de charité qui attirera à elle ceux qui sont encore en ceux qui se trouvent encore hors du sein maternel de dehors de son sein maternel. l’Église”.

Cette lecture synoptique nous permet de tirer quelques conclusions. Primo, elle nous montre la liberté avec laquelle Mgr Sanschagrin reçoit et fait écho à un certain nombre d ’énon- cés du texte pontifical. L’écho donné n ’a rien d ’une transmission servile d ’information. La voix de Jean XXIII, c’est en la faisant sienne et en la personnalisant par des mises en valeur, des ajouts, des interprétations et même des omissions qu’il la fait entendre à l’intérieur de sa propre Église. Nous avons là un exemple de fonctionnement du binôme pape-évêque, où l’évêque n ’agit pas en vicaire du Pape, mais en premier pasteur de son Église. Secundo, cette lecture sy- noptique nous révèle aussi que certains énoncés pontificaux sont totalement passés sous si­ 50 lence. Ainsi, pour la deuxième fois chez cet évêque, aucun écho n ’est fait à la mention que Jean XXIII ait confié le concile à saint Joseph. S’il ne s’agit pas là d ’un fait d ’importance majeure pour l’Église d ’Amos, ce dont on peut convenir, peut-on en dire autant des initiatives pour faire connaître le concile, elles-mêmes passées sous silence ? Celui-ci serait plus inquiétant s’il si- gnifiait une fin de non recevoir. Car, ces initiatives sont un des éléments à mettre en oeuvre pour que l’événement conciliaire puisse « s’infiltrer » et « prendre corps » dans la vie des Égli- se locales. Tertio, nous pouvons constater que !VF Sanschagrin ne se contente pas seulement de faire parvenir la voix de Jean XXIII à l’intérieur de sa propre Église, mais qu’il met aussi en oeuvre un processus pour que cette voix soit reçue à son tour par les baptisés qui la forment. Ainsi, le principal énoncé de la Lettre apostolique, par lequel Jean XXIII demande une neu- vaine de prières pour le concile à l’occasion de la Pentecôte, est non seulement signalé par MF Sanschagrin, mais il est aussi accompagné d ’une demande expresse de sa part pour que des suites effectives y soient données dans les paroisses, les communautés religieuses et les institu- fions de son diocèse. Ce qui est ici en oeuvre, c’est le processus de « réception » d ’un énoncé pontifical à l’intérieur de la vie de l’Église d ’Amos.

En poursuivant notre analyse comparative des textes, nous remarquons que les principaux énoncés d 'Humanae solutis46 ont connu un traitement plutôt singulier dans les documents amossiens. Bien que l’un de ces énoncés soit la convocation du IIe concile oecuménique du Va- tican pour l’année 1962, aucun écho n ’y est donné dans les documents diocésains, aux lende- mains du 25 décembre 1961. Il faut attendre au 28 septembre 1962 pour en retrouver une men- tion explicite dans la première lettre hebdomadaire que ]VF Sanschagrin adresse à ses diocé- sains à l’occasion du concile 47 . Seul le moment de sa tenue, le 11 octobre 1962, annoncé par le Motu proprio « Consilium »48 , 49sera signalé en premier lieu dans les Nouvelles diocésaines *9 ,

46 Cf. Jean XXIII, Humanae salutis, DC, 1368, col. 97-104. 47 Cf. M8r Albert Sanschagrin, Lettre du concile à ses diocésains, n° 1, 28 septembre 1962, p. 1. Nous renver- rons désormais à ce document de la manière suivante : LCD, 1 ; Dans cette lettre, NF Sanschagrin fait une brève rétrospective des étapes de la préparation du concile, tant au plan romain qu’au plan de l’Eglise d ’Amos. 48 Cf. Jean XXIII, Consilium, DC, 1370, col. 228-229. 49 Cf. « Concile oecuménique », Nouvelles diocésaines, n° 71 , 5 février 1962, p. 1 : « Sa Sainteté le Pape JEAN XXIII vient d ’annoncer que le Concile Oecuménique s’ouvrira le 11 octobre prochain. »; « Le Concile oecumé- nique », Nouvelles diocésaines, n° 72, 12 février 1962, p. 2 : « Dans son “Motu Proprio”, publié le 2 février, JEAN XXIII précise qu’il a choisi le 11 octobre en mémoire du Concile d ’Éphèse (431) qui eut une grand impor- tance dans l’histoire de l’Église. [...] En cette occasion, Jean XXIII a exprimé l’espoir que le Concile donne une 51

puis ultérieurement dans une CP50. Un autre énoncé majeur d ,Humanae salutis est une de- mande, adressée à tous les fidèles, de prier et de se mortifier corporellement en vue du futur concile 51. MF Sanschagrin y fait écho dans sa lettre pastorale d ’avril 1962, mais sans en indi- quer la source52 . 53Ainsi, on peut facilement associer la citation d 'Humanae salutis à l’Exhor- tation apostolique Sacrae Laudis, mentionnée en tête de sa lettre pastorale. Cela nous montre une fois de plus la liberté avec laquelle MF Sanschagrin fait écho aux énoncés de Jean XXIII.

En ce qui regarde les principaux énoncés de Sacrae Laudis 53 et d ,Oecumenicum Conci- Hum54, aucun document diocésain ne leur fait écho dans les temps qui suivent leur publication. Bien qu’un extrait provenant de ces Actes pontificaux soit cité dans !’introduction d ’une lettre

nouvelle vigueur à l’Église, étende ses bienfaits à l’humanité tout entière et aide la cause de la paix juste et véri- table. » 50 Cf. Mgr Sanschagrin, Circulaire Pastorale, Aux fidèles du diocèse, n° 117, 5 mars 1962, p. 2 : « Et comme intention spéciale pour vos prières et sacrifices du Carême, nous vous indiquons le succès surnaturel et aposto- lique du deuxième Concile oecuménique du Vatican qui aura lieu à l’automne. » Nous renverrons désormais à ce document de la manière suivante : CP, 117. 51 Cf. Jean XXIII, Humanae salutis, DC, 1368, col. 103 : « Nous demandons enfin à tous les fidèles et à tout le peuple chrétien de porter toute leur attention au Concile et à bien vouloir prier intensément le Dieu tout-puissant pour qu’il daigne accompagner cette entreprise si importante, désormais imminente, et qu’il l’affermisse de sa force pour qu’elle devienne un juste sujet d ’honneur. Que ces prières communes jaillissent continuellement de la foi, comme une source d ’eau vive; qu’elles soient accompagnées de sacrifices corporels volontaires pour qu’elles soient agréables à Dieu et souverainement efficaces; qu’elles s’enrichissent aussi d ’un généreux effort de vie chrétienne qui montrera que tous sont disposés à appliquer les décisions et les décrets qui seront pris par le Conci- le. » 52 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, Lettre pastorale au clergé, aux communautés religieuses et aux fidèles du dio- cèse d’Amos, Mandement, n° 119, avril 1962, p. 2 : « Par ailleurs, le Souverain Pontife nous invite, en vue du Concile, à supplier le Seigneur dans une prière ardente “jaillissant incessante de la foi comme d ’une source vive, appuyée par la mortification corporelle volontaire qui la rende mieux acceptée de Dieu et souverainement effi- cace, étant ainsi valorisée par un effort généreux de vie chrétienne ”. » Nous renverrons désormais à ce document de la manière suivante : LP, 119; Note : La date exacte de cette lettre pastorale est incertaine. On peut y lire en conclusion le texte suivant : « Donné à Amos, sous Nos seing et sceau et le contre-seing de Notre chancelier, le ....avril 1962. » Lajoumée n ’est pas dactylographiée. Sur là copie miméographiée que j’ai en ma possession, une date a été ajoutée au stylo-bille, le 4. Par contre, les Nouvelles diocésaines du 23 avril apporte une nouvelle don- née en faisant écho à cette lettre : « Dans une lettre pastorale (No 119) adressée aujourd ’hui même au clergé, aux communautés religieuses et aux fidèles du diocèse et qui sera lue en chaire le dimanche de la “Quasimodo ”... » (« Pastorale sur le Concile », Nouvelles diocésaines, n° 82, 23 avril 1962, p. 4). C’est pourquoi nous choisissons de ne pas mentionner de date précise, mais plutôt de parler de la “lettre pastorale d ’avril 1962 ”. 53 Cf. Jean XXIII, « La récitation plus fervente de l’Office divin pour le succès du Concile, Exhortation aposto- lique “Sacrae Laudis ” au clergé du monde entier », La Documentation Catholique, tome LIX, n° 1371, 4 mars 1962, col. 289-295. Nous renverrons désormais à ce document de la manière suivante : Sacrae Laudis, DC, 1371. 54 Cf. Id, « La récitation du Rosaire pour le succès du Concile, Lettre apostolique Oecumenicum Concilium de S. S. Jean XXIII », La Documentation Catholique, tome LIX, n° 1376, 20 mai 1962, col. 641-646. Nous renver- rons désormais à ce document de la manière suivante : Oecumenicum Concilium, DC, 1376. 52

pastorale55 et d ’une CP56 , rien n ’est dit cependant de leur objet principal. Dans l’une et l’autre, ces extraits servent plutôt de points d ’appui pour la mise en oeuvre d ’une initiative pastorale locale. Alors que Jean XXIII, dans Sacrae Laudis, invite le clergé du monde entier à prier avec ferveur l’Office divin pour le succès du concile 57 , Mgr Sanschagrin écrit dans sa lettre pastorale, à la suite de l’extrait cité : « Comme on le constate, le Pape fixe les objectifs qui s’adressent à chacun de nous et qui sollicitent les diocèses à provoquer des initiatives propres à mettre tous les fidèles “en état de concile ”58. » Ce n ’est que le 10 septembre 1962 qu’un écho est donné à l’énoncé principal de Sacrae Laudis dans un document diocésain; sans référence explicite à l’Exhortation apostolique, une mention laconique dans une CP signale que Jean XXIII « s’est adressé d ’une façon particulière au clergé en réclamant sa part de l’Office divin à cette inten- tion [celle du Concile] 59. »

La Lettre apostolique Oecumenicum Concilium, quant à elle, subit un traitement similaire à celui de Sacrae Laudis. Dans cette Lettre, Jean XXIII exhorte les prêtres et les fidèles à faire du mois de mai 1962 un mois de préparation intérieure et de prière pour le succès du futur concile 60 . À cet effet, en plus de proposer aux prêtres trois sujets de prédication, il les invite

55 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, LP, 119, p. 1 : « Dans la Lettre apostolique “Sacrae Laudis ” que Sa Sainteté Jean XXIII signait le 6 janvier dernier, au sujet du Concile, le Souverain Pontife soulignait que “cet événement si at- tendu répondra d ’autant mieux à l’espérance de tous et portera des fruits d ’autant plus salutaires qu’il conduira davantage à affermir la foi catholique, à adapter les lois de l’Église par rapport aux besoins de l’époque, à unir les chrétiens dans l’accord des volontés, !’organisation commune de leurs forces et dans une résolution unanime de tendre à une vie plus sainte ”. » 56 Cf. Id., Circulaire Pastorale, Au clergé diocésain, n° 128, 18 mai 1962, p. 1 : « Dans sa Lettre apostolique “Oecumenicum Concilium ”, donnée le 28 avril dernier, S. S. Jean XXIII réitère le souhait que le Concile oecumé- nique “se présente comme une nouvelle Pentecôte et que l’Esprit-Saint répande de nouveau en surabondance la richesse des dons célestes dans l’Église”. » Nous renverrons désormais à ce document de la manière suivante : CP, 128. 57 Jean XXIII propose également trois choses aux prêtres : a) prier l’office divin « pour le bon succès du conci- le », b) utiliser une formule commune de prière avant la récitation de l’office divin et ce, pour unir leur coeur au sien, c) demander l’assistance de leur ange gardien afin de réciter l’office divin « avec dignité, attention et dévo- tion » (Sacrae Laudis, DC, 1371, col. 294). 58 M8r Albert Sanschagrin, LP, 119, p. 1. Le lien est plutôt difficile à faire entre l’extrait de Sacrae Laudis et cette conclusion de Mgr Sanschagrin. Celle-ci se rapproche davantage de la demande de Jean XXIII de promou- voir des initiatives pour faire connaître le concile, que nous retrouvons dans Celebrandi Concilii Oecumenici et que M8r Sanschagrin omet de présenter dans sa CP, 88. 59 Id, Circulaire Pastorale, Aux curés et responsables des institutions, n° 135, 10 septembre 1962, p. 1. Nous ־ .renverrons désormais à ce document de la manière suivante : CP, 135 60 Cf. Jean XXIII, Oecumenicum Concilium, DC, 1376, col. 642-643. 53

aussi à la récitation du Rosaire, particulièrement au cours de ce mois61 . ]VF Sanschagrin, quant à lui, après en avoir cité un extrait de cette Lettre, en rapport avec le Saint-Esprit 62 , demande à ses prêtres d ’organiser, à l’intention du concile, une neuvaine de prières préparatoire à la Pente- côte. S’il met l’accent sur cette fête liturgique, c’est en raison des actions posées par Jean XXIII à l’occasion de celle-ci, au cours de la période préconciliaire 63 . Il peut alors écrire à ses prêtres, même s’il tait les principaux énoncés d ,Oecumenîcum Concilium : « Nous croyons refléter [sic] la pensée et les désirs du Saint-Père en sollicitant de votre zèle !’organisation dans toutes les églises paroissiales et dans les oratoires semi-publics, de la neuvaine de prières, préparatoire à la solennité de la Pentecôte [sic] à l’intention du Concile 64 . »

Le traitement réservé à Sacrae Laudis ainsi qu’à Oecumenîcum Concilium, dans les docu- ments diocésains, nous montre que MF Sanschagrin ne se sent aucunement contraint d ’y faire écho d ’une manière explicite dans son Église. Il les reçoit davantage comme source d ’inspira-

don pour une action pastorale à couleur locale. De plus, sa communion avec Jean XXIII, il l’exprime non pas tant par un écho donné à la lettre des documents pontificaux, mais par un écho donné à leur esprit.

Au cours de la phase préparatoire du concile, s’il est un Acte pontifical dont les princi- paux énoncés ont connu non seulement le plus d ’échos dans les documents de l’Église d ’Amos, mais aussi le plus de suites dans sa vie ecclésiale, c’est l’encyclique Paenitentiam agere 65. Outre les ND, qui en publient un large extrait provenant d ’un communiqué de la CGC66 , Mgr Sanschagrin y consacre une CP de deux pages67 .

61 Cf. Jean XXIII, Oecumenîcum Concilium, DC, 1376, col. 643-646. 62 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, CP, 128, p. 1: « ...le Concile oecuménique “se présente comme une nouvelle Pentecôte et que l’Esprit répande de nouveau en surabondance la richesse des dons célestes dans l’Église.” »; Jean XXIII, Oecumenîcum Concilium, DC, 1376, col. 643. 63 Cf MF Albert Sanschagrin, CP, 128, p. 1 : « On sait que le Souverain Pontife a créé la première commission préparatoire au Concile à la Pentecôte 1959 et l’ensemble des groupes de travail à la Pentecôte 1960. L’an der- nier, pour la Pentecôte 1961, il lançait un appel à la prière dans une Lettre apostolique. » 64 /W 65 Cf. Jean XXIII, «Lettre encyclique “Paenitentiam agere” sur les mérites de la pénitence pour assurer le suc- cès du Concile », La Documentation Catholique, tome LIX, n° 1381,5 août 1962, col. 961-970. Nous renverrons désormais à ce document de la manière suivante : Paenitentiam agere, DC, 1381. 66 Cf « Le Pape Jean XXIII lance un appel à la pénitence », Nouvelles diocésaines , n° 93,23 juillet 1962, p. 1. 67 Cf Mgr Albert Sanschagrin, CP, 135, 2 p. 54

Dans cette encyclique, Jean XXIII manifeste son désir « que les catholiques, tant clercs que laïcs, se préparent au grand événement du prochain Concile par la prière, les bonnes oeu- vres, Γexercice de la pénitence chrétienne 68 . » Puis, il exhorte les évêques, « à l’approche im- médiate du Concile oecuménique, de prescrire dans les paroisses de [leurs] diocèses une neu- vaine solennelle de prières au Saint-Esprit, pour demander l’abondance des lumières et des se- cours d ’en haut en faveur des Pères qui participeront au Concile 69 . » De plus, il suggère que dans tous les diocèses soit prévue « une cérémonie publique d ’expiation 70 ».

Comme il le fit pour Celebrandi Concilii Oecumenici, Mgr Sanschagrin fait non seule- ment écho aux principaux énoncés de Paenitentiam agere, mais il ajoute des consignes précises pour que des suites y soient effectivement données dans l’Église d ’Amos :

Afin de répondre à l’attente du Saint-Père on devra, de plus, à compter du 2 oc- tobre prochain, dans toutes les paroisses ou chapelles paroissiales et dans les insti- tutions, faire les exercices de la neuvaine au Saint Esprit [sic] que Nous voudrions voir prendre la forme de veillées de prières. À cette intention, un modèle de ces veillées de prières a été élaboré pour chaque jour de la semaine. Nous croyons qu’ils sont suffisamment adaptés et simples pour convenir à toutes les paroisses du diocèse.

La “cérémonie publique d ’Expiation” que réclame le Saint-Père trouverait ainsi normalement sa place, dans cette neuvaine, le 1er vendredi ou le 1er dimanche d ’octobre...71

Deux initiatives diocésaines sont alors mises en oeuvre pour que les principaux énoncés de Paenitentiam agere puissent véritablement « prendre corps » dans les milieux de vie de l’Église d ’Amos, c’est-à-dire les paroisses, les communautés religieuses et les institutions. Pri- mo, on produit un document de quinze pages pour l’animation de la neuvaine de veillées de prières72 ainsi que « des textes spécialement préparés pour aider à présenter des catéchèses sur le Concile 73 . » Secundo, on organise même une veillée-modèle au plan diocésain, à laquelle les

68 Jean XXIII, Paenitentiam agere, DC, 1381, col. 965. 69 Ibid. 70 Ibid. 71 Mgr Albert Sanschagrin, CP, 135, p. 2. 72 Cf. « Neuvaine de veillées de prière préparatoire au Concile Oecuménique », in Circulaires Pastorales et documents, 1962, p. 76-90. 73 Mgr Albert Sanschagrin, CP, 135, p. 2. 55 curés et les aumôniers d ’institution sont priés d ’envoyer au moins deux représentants 74 . La veil- le de son départ pour le concile, en 1962, !VF Sanschagrin préside lui-même une « messe - loguée » pour clôturer cette veillée de prière diocésaine 75 . Bien que celle-ci ait rassemblé de nombreux fidèles de tous les coins du diocèse 76 , le plus important demeure toujours la réalisa- tion de telles veillées dans les paroisses, les communautés religieuses et les institutions, à l’occasion de la neuvaine de prières pour le concile. Le Vicaire général77 et le Chancelier 78 se chargent alors d ’en faire le rappel. Quelles suites effectives y ont-elles été données ? À l’excep- tion d ’un témoignage fort singulier, nous ne retrouvons aucun écho à ce sujet dans les sources documentaires. Heureusement pour nous, les ND nous ont conservé le témoignage suivant : « Sous l’instigation du curé de la paroisse Saint-Janvier de Chazel, les fidèles de la desserte de Saint-Eugène ont tenu la neuvaine préparatoire au Concile, sans la présence d ’un prêtre. [...] Tous les soirs, certains d ’entre eux ont dû parcourir, à pieds, la distance de deux milles qui les séparent de la chapelle79 . »

Avec l’ensemble de ces données, Paenitentiam agere est le premier document pontifical où nous pouvons facilement en suivre le processus de réception au sein de l’Église d ’Amos et ce, à partir de sa publication jusqu’à sa concrétisation dans cette Église.

Enfin, concernant Ecclesia Christi, lumen gentium 80, c’est un traitement plutôt unique qui lui est réservé. Cet Acte de Jean XXIII connaîtra seulement un écho anticipé dans l’Église

74 Cf. MBr Albert Sanschagrin, CP, 135, p. 2; « Prions pour le succès du Concile », Nouvelles diocésaines, n° 98, 10 septembre 1962, p. 2. 75 Cf. « Concile Vatican II », Nouvelles diocésaines, n° 100,24 septembre 1962, p. 1. 76 Cf. Ibid. : « Une quarantaine de prêtres, curés et aumôniers d ’institutions, et une foule nombreuse représen- tant tous les coins du diocèse se sont réunis en l’église Christ-Roi d ’Amos pour participer à la veillée de prières organisée à l’occasion du départ de Son Excellence Mgr Albert Sanschagrin , o.m.i., Administrateur Aposto- lique, pour le Concile Oecuménique.» 77 Cf. M8r Gaston Duchemin, P.D., Vicaire Général, Circulaire Pastorale, Aux curés et aux aumôniers d’insti- tution, n° 139, 20 septembre 1962, 2 p. Nous renverrons désormais à ce document de la manière suivante : CP, 139; Mgr le Vicaire Général, « Directives Pastorales », Notcvelles diocésaines, n° 101, 1er octobre 1962, p. 1. 78 Cf. Le chancelier, « Mois du Rosaire et neuvaine au Saint-Esprit », Nouvelles diocésaines, n° 100, 24 sep- tembre 1962, p. 2. 79 « Concile dans le diocèse », Nouvelles diocésaines, n° 108, 19 novembre 1962, p. 2. 80 Cf. Jean XXIII, « “Ecclesia Christi, lumen gentium”, Message de S. S. Jean XXIII au monde entier un mois avant l’ouverture du Concile, (11 septembre 1962) », La Documentation Catholique, tome LIX, n° 1385, 7 octobre 1962, col. 1217-1222. 56

d ’Amos. À partir d ’une information publiée dans L ,Osservatore Romano, les ND annoncent que le Pape s’adressera au monde entier, le 11 septembre suivant, au moyen de la radio 81 et qu’il « désire que le dernier mois avant le Concile soit un mois de prières et de réflexions... 82. » Aux lendemains du 11 septembre, aucun écho n ’y est fait dans les documents diocésains.

Au terme de cette analyse comparative où nous avons confronté les textes amossiens avec les Actes pontificaux, nous pouvons tirer quelques conclusions. Primo, au sein de l’Église d ’Amos, les divers documents du magistère de Jean XXIII, ainsi que leurs principaux énoncés, ont reçu un traitement diversifié. Nous avons pu découvrir trois types de réactions à leur en- droit : le silence, le simple écho ou l’écho avec directives pour que des suites réelles y soient données dans la vie ecclésiale. Qu’est-ce qui a commandé ces diverses réactions ? Le moment opportun ? La vie de l’Église locale elle-même ? Malheureusement, les sources ne nous four-

nissent pas de réponse en noir sur blanc. Elles nous montrent par ailleurs qu’un silence, face à un énoncé de Jean XXIII, ne signifie pas une absence de communion. L’esprit des documents pontificaux plus que leur lettre inspire davantage l’action pastorale de M87 Sanschagrin à cer- tains moments. Cet évêque traduit ainsi sa conception du ministère épiscopal : une conception davantage en terme de communion avec le Pontife romain qu’en terme de simple « courroie de transmission » entre celui-ci et l’Église d ’Amos.

Secundo, ce bilan que nous venons de faire au sujet des documents diocésains en rapport avec les Actes pontificaux comporte sa propre limite. Il ne peut traduire à lui seul le portrait entier des échos qui ont été donnés à la voix de Jean XXIII au sein de l’Église d ’Amos, au cours de la période préconciliaire. S’en tenir uniquement au résultat de ce bilan, c’est inévita- blement avoir une lecture incomplète de la réalité ecclésiale d ’Amos. D’ailleurs, l’exemple de la prière pour le concile nous le démontre. S’il est vrai que notre analyse comparative des tex- tes nous a permis de constater qu’un certain nombre de demandes précises de Jean XXIII, à cet effet, n ’ont pas eu de suite no mmément dans les documents diocésains 83 , * doit-on* conclure pour

81 Cf. « Concile Vatican II », Nouvelles diocésaines, n° 96, 27 août 1962, p. 2. 82 /W 83 Nous référons ici, entre autres, aux appels à la prière pour le concile que Jean XXIII a adressés à tous les fidèles dans sa Lettre apostolique au sujet de saint Joseph, protecteur du Concile, dans Humanae salutis, Sacrae Laudis et Oecumenicum Concilium. 57

autant que ces appels pontificaux n ’ont été ni reçus, ni transmis ? Notre analyse quantitative et thématique des sources, en 1.1.1, nous a pourtant révélé que le thème de la prière pour le conci- le y a occupé un espace majeur. Il en est question dans une lettre pastorale84 et huit CP85 avec 216 lignes de texte et dans 13 articles des ND86 avec 97 lignes. Ainsi, au plan de la méthode, la recherche d ’échos explicites à un Acte pontifical spécifique nous en montre à la fois l’intérêt, mais aussi les limites. À l’égard de la réception et de la transmission de la voix de Jean XXIII à l’intérieur de l’Église d ’Amos, d ’autres paramètres doivent être utilisés pour une étude plus

complète des sources. C’est ce que nous permettra de démontrer le point 1.1.3, en utilisant comme paramètre un voeu de Jean XXIII, exprimé dans Celebrandi Concilii Oecumenici.

1.1.3 Les initiatives diocésaines et le concile

« Nous voulons de plus que soient encouragées et multipliées les initiatives destinées à faire connaître aux fidèles l’importance et les buts du prochain Concile oecuménique87 . » Ains i s’exprimait Jean XXIII dans sa Lettre apostolique Celebrandi Concilii Oecumenici. Or, dans les sources amossiennes, aucun écho explicite n ’est donné à cet énoncé papal, comme nous l’avons déjà mentionné. Peut-on conclure pour autant à sa non-réception par l’Églised ’Amos ? Afin d ’apporter une réponse à cette question, nous avons investigué de nouveau les sources, mais, cette fois-ci, en y recherchant de telles initiatives. Cette nouvelle enquête nous a permis d ’en retracer plusieurs et de nature très diversifiée. Elle nous a également mené à la découverte -Sanscha ־d ’un groupe de prêtres qui ont certainement joué un rôle de catalyseur, auprès de M81 grin, dans la naissance d ’initiatives pour faire connaître le concile au sein de l’Église d ’Amos. Quelques questions guideront maintenant notre réflexion : Quel rôle, ce groupe de prêtres, a-t-il effectivement joué dans la naissance des initiatives conciliaires amossiennes ? De quelle nature ont-elles été ces diverses initiatives ? Étaient-elles uniquement du ressort de l’évêque ?

Cf. M8' Albert Sanschagrin, LP, 119. Cf. Id., CP, n os 88, 117, 128, 130, 131, 135, 136 et 139. Cf. ND, n os 36, 71, 82, 90, 95, 96, 98, 99, 100 (2 articles), 101 (2 árdeles ) et 102. 87 Jean XXIII, Celebrandi Concilii Oecumenici, DC, 1351, col. 546. 58

1.1.3.1 Une suggestion d ’un groupe de prêtres

Les sources nous apprennent que Mgr Sanschagrin veut faire de l’année 1961-1962, une année de préparation spirituelle au concile et ce, à cause de sa possible tenue avant la fin de l’année 1962**. Mais cette année de préparation spirituelle, c’est par la célébration diocésaine des 80 ans de Jean XXIII, qu’il veut en faire l’annonce à son Église. « On ne peut, en effet, sé- parer le Pape du Concile 89 », écrit-il alors. Ce lien pape-concile, que nous retrouvons également dans une autre CP90, ne serait pas une idée originale de Sanschagrin. D’après des sources épistolaires, ce lien proviendrait davantage de la conjonction d ’un projet initial de l’évêque avec une suggestion venant de quatre prêtres de son diocèse 91.

Selon les sources, c’est à l’occasion de la Journée mondiale des Congrégations mariales, en avril 1961, que trois de ses directeurs ainsi que l’aumônier diocésain de l’Action catholique élaborent un plan d ’information et de prières pour le futur concile 92. Le but de ce plan est d ’« informer les prêtres, les religieux et les fidèles du diocèse sur le Concile oecuménique et l’importance de la collaboration de tous les catholiques au succès de cette entreprise la plus importante du 20e siècle93. » Il contient des suggestions à la fois pour les milieux paroissial et scolaire. Les sources nous montrent qu’un suivi est effectivement donné à ce projet en le fai- sant parvenir à l’évêque94. Ce qui intéresse tout particulièrement notre propos, c’est la réponse de M®1 Sanschagrin à la lettre de ce groupe de prêtres :

** Cf. Mgr Albert Sanschagrin, Circulaire Pastorale, Aux curés du diocèse, n° 94, 15 septembre 1961, p. 2. * 9 /W 90 Cf. Id., Circulaire Pastorale, Au clergé et aux communautés religieuses, n° 96, 21 septembre 1961, p. 1 : « Je vous communiquais, dans une circulaire récente (No 94), mon intention de faire de l’année d ’activités 1961- 1962, l’année du Pape et du Concile Oecuménique [sic]. »;Nous renverrons désormais à ce dernier document de la manière suivante : CP, 96. 91 Ce sont les abbés André Asselin, Benoît Desroches et François Martel ainsi que le P. Guy Bonneau, s.v. Cf. L’abbé François Martel, Lettre à W Albert Sanschagrin, La Sarre, 2 mai 1961, Archives du diocèse d ’Amos, XII-B-7.1, p. 1. 92 Cf. Abbés André Asselin et Benoît Desroches, et al., Le Concile oecuménique, Plan d’information et de prie- res pour le diocèse d’Amos, 23 avril 1961. Annexe à la lettre de l’abbé François Martel à Mgr Sanschagrin du 2 mai 1961. 93 Ibid. 94 Cf. L’abbé François Martel, Lettre à MF Albert Sanschagrin, p. 1. 59

La chose m’intéresse beaucoup pour l’an prochain. Notre Saint-Père le Pape au- rait l’intention de convoquer le Concile pour l’automne 1962. J’avais donc déjà l’intention de faire de cette année 1961-1962 une année de prières pour le Pape. En Amérique latine, on a une véritable dévotion pour la personne du successeur des apôtres, beaucoup plus grande qu’on ne l’a ici au Canada. Je pensais donc faire de cette année l’année du Pape pour le diocèse d ’Amos.

Votre projet de prières et de renseignements au sujet du Concile Oecuménique vient compléter ce plan initial que j’avais. D’autant plus qu’il est d ’actualité et qu’il donne une raison bien précise de développer la dévotion au Souverain Pontife.

Je vous demanderais donc de mûrir votre plan et de voir qu’est-ce que la Congré- gation Mariale du diocèse pourrait faire, en fait de publication et de propagande, pour développer plus de connaissance et plus de prière pour le succès du Concile Oecuménique.95

Cet échange épistolaire, avec ses suites dans les CP de l’évêque, des 5 et 21 septembre suivants, vient mettre en évidence deux choses : les centres d ’intérêt et la dynamique qui préva- lent au sein de l’Église d ’Amos à la veille du Concile. Pendant que Sanschagrin projette une année pastorale centrée sur la personne du Pape, quelques prêtres, impliqués dans les mou- vements d ’apostolat, échangent entre eux sur un plan diocésain d ’information et de prières au sujet du futur concile. Cette divergence de centres d ’intérêt met donc en lumière des préoccu- pations pastorales quelque peu différentes à l’intérieur de cette Église locale96 . Au plan de la

dynamique ecclésiale, il nous est donné de voir comment un évêque préside à la vie de son Église dans une synergie avec ses collaborateurs dans le ministère. Sa réception de leur projet apostolique97 est particulièrement révélatrice de la manière dont cet évêque exerce son autorité pastorale. Chose certaine, tout ne part pas uniquement de l’autorité diocésaine pour descendre vers les fidèles, selon un schéma ecclésiologique de type pyramidal. Nous assistons plutôt à un échange de biens entre l’évêque et des baptisés de son Église.

95 Msr Albert Sanschagrin, Lettre à l'abbé François Martel, Amos, 3 mai 1961, Archives du diocèse d ’Amos, XII-B.-7.1, p. 1. 96 II peut être intéressant de noter que Mgr Sanschagrin a 50 ans, en 1961, et que ces quatre prêtres ont une moyenne d ’âge de 38 ans. Voici le détail selon l’annuaire ecclésiastique du diocèse (N : naissance; O : ordination presbytérale) : Mgr Sanschagrin (N : 1911; O: 1936); André Asselin (N : 1922; O: 1947); Guy Bonneau, s.v. (N : 1927; O : 1954); Benoît Desroches (N : 1916; O : 1942); François Martel (N : 1928; O : 1955). 97 On retrouve non seulement leur influence dans les 2 CP de septembre 1961, mais aussi dans un mandement pastoral en avril 1962 (Cf. Mgr Albert Sanschagrin, LP, 119), où les deux axes de leur plan au sujet du concile — information et prières — en sont l’objet. 60

Enfin, nous aimerions signaler qu’au moment où ces quatre prêtres élaborent un plan d ’information sur le concile, moins de quinze jours auparavant dans Celebrandi Concilii Oecu- menici98 , 99Jean XXIII avait exprimé le voeu « que soient encouragées et multipliées les initiati- ves destinées à faire connaître aux fidèles l’importance et les buts du prochain Concile oecumé- nique". » Devant ce fait, nous nous sommes demandé si le projet de ces prêtres s’inspirait du projet papal ou si le moment de son élaboration était simplement le finit d ’une coïncidence. Selon nous, la seconde option serait la plus plausible et ce, à cause de la publication tardive de cette Lettre apostolique, dans l’édition française de L’Osservatore Romano 100 .

Un autre fait significatif est également à signaler au sujet de ce groupe de prêtres. Des sources écrites nous apprennent que deux d ’entre eux101 étaient parmi les organisateurs de la Journée mondiale des Congrégations mariales, tenue à Amos en 1960. Sous le thème « Le rôle des laïcs dans le Concile Oecuménique102 », trois sujets étaient à l’ordre du jour de cette jour- née : a) les aspects spirituels de la coopération laïque, b) le service d ’information et l’opinion publique en rapport avec le Concile oecuménique, c) l’aide financière au Concile oecuméni- que103. Cette nouvelle donnée situe donc dans une perspective tout à fait neuve le projet que ce

98 La Lettre apostolique est signée du 11 avril 1961. Ces prêtres se réunissent le 23 avril et adressent une lettre à l’évêque le 2 mai suivant. Sa réponse leur est adressée le lendemain. Or, ce 3 mai est la journée même où M8' Sanschagrin publie sa CP 88, dans laquelle il fait écho à la Lettre pontificale, mais sans mentionner le voeu du Pape au sujet des initiatives pour faire connaître le concile. S’agit-il alors d ’une stratégie pastorale de sa part de- vant !’inopportunité d ’aborder dans l’immédiat la question de ces initiatives ? Dans sa CP 88, il met plutôt l’ac- cent sur la demande de prière de Jean XXIII à la l’occasion de la Pentecôte. 99 Jean XXIII, Celebrandi Concilii Oecumenici, DC, 1351, col. 546. 100 Ce groupe de prêtres se réunit le 23 avril et la Lettre apostolique est publiée dans l’édition du 28 avril sui- vant. Cf. « Lettre apostolique pour la Pentecôte 1961 »,L Osservatore Romano, Édition hebdomadaire en langue française, 12e année, n° 17, 28 avril 1961, p. 1. 101 Ce sont les abbés André Asselin et François Martel. Cf. Abbés André Asselin, Roland Bélanger et François Martel, Lettre aux directeurs et aux congrégationnistes, Amos, 27 mars 1960, Archives du diocèse d ’Amos, XII- B-7.1, p. 1 ; Une copie de cette lettre fut adressée à M8r Sanschagrin. 102 Ibid. : « Le thème de cette année est celui proposé au dernier Congrès Mondial des Congrégations Mariales, à savoir: “Le rôle des laïcs dans le Concile Oecuménique [sic]”. » 103 Cf. Programme et renseignements, document annexé à la lettre des abbés Asselin, Bélanger et Martel, du 27 mars 1960; André Paradis, Participation du laïc au Concile oecuménique, Archives du diocèse d ’Amos, XII-B- 7.1, 8 p. Conférence donnée lors de la Journée mondiale des Congrégations à Amos, le 24 avril 1960. Monsieur Paradis date sa conférence comme suit : « La Sarre, 24 avril 1960 ». La Sarre serait alors son adresse résidentielle; Trois rapports de carrefour selon les thèmes abordés : a) L’abbé Rolland Bélanger, Rapport du premier carre- four : Les aspects spirituels de la coopération laïque, Journée mondiale des Congrégations, Amos, le 24 avril 1960, Archives du diocèse d ’Amos, XII-B-7.1, 3 p., b) Camille Martin, Deuxième carrefour : Le service d’infor- mation et l’opinion publique, Journée mondiale des Congrégations, Amos, le 24 avril 1960, Archives du diocèse d ’Amos, XII-B-7. 1,2 p., c) La Congrégation mariale de l’Immaculée-Conception de La Sarre, Rapport du 3e car­ 61

groupe de prêtres soumet à leur évêque en mai 1961. Il serait moins le fruit d ’une génération spontanée que celui d ’une réflexion déjà amorcée au sein des Congrégations mariales dont l’influence s’annonce importante à l’intérieur de l’Église d ’Amos.

Ces dernières données nous apportent donc des éléments tout à fait nouveaux sur la ques- tion du concile au sein de l’Église d ’Amos. D’après les documents officiels, émanant de l’évê-

que et de la curie diocésaine, nous pourrions facilement conclure que la question du concile est pratiquement absente de la vie de cette Église locale entre 1960 et 1962. Or, tel n ’est pas le cas,

suite aux dernières sources consultées. Au plan de la méthode, ce fait nous montre que les seuls documents officiels de l’Église d ’Amos ne peuvent suffire pour tracer un juste portrait de sa réalité ecclésiale, particulièrement en rapport avec le concile. L’exploitation des sources devra alors se faire à partir d ’un éventail plus large de documents.

Selon les sources à notre disposition, ce n ’est pas avant avril 1962 qu’est lancée, officiel- lement dans l’Église d ’Amos, une réelle entreprise diocésaine de préparation au concile. Pour faire suite à une recommandation de Jean XXIII104, MF Sanschagrin, par une lettre pastorale sous forme de mandement, met alors en oeuvre trois initiatives pastorales : des séminars d ’information, une consultation des diocésains et une campagne de prières pour le concile 105. Les sources nous apprennent qu’en arrière-plan de cette lettre pastorale, se trouve tout un tra- vail d ’équipe depuis janvier 1962 106 . Sous la présidence de son vicaire général, MF Gaston Du-

refour : Aide financière au Concile oecuménique, Journée mondiale des Congrégations, Amos, le 24 avril 1960, Archives du diocèse d ’Amos, XII-B-7.1, 2 p. 104 Après avoir cité intégralement, dans !’introduction de sa lettre pastorale, un passage de Sacrae Laudis, Mgr Sanschagrin ajoute immédiatement : « Comme on le constate, le Pape fixe les objectifs qui s’adressent à chacun de nous et qui sollicitent les diocèses à provoquer des initiatives propres à mettre tous les fidèles “en état de concile ” » (LP, 119, p. 1); Dans sa rétrospective des réalisations pour préparer le concile dans son Église, Mgr Sanschagrin commence par écrire : « Enfin, le diocèse d ’Amos a voulu, selon les recommandations de N. S. Père le Pape, se préparer lui aussi au concile » (LCD, 1, p. 2). 105 Ce sont là trois initiatives de préparation au concile. Dans un bilan de fin d ’année pastorale, Mgr Sanschagrin y fait écho. Parmi les « magnifiques réalisations » de l’année, il mentionne « la préparation, depuis janvier, du Concile oecuménique, soit par la tenue de séminars, soit par les assemblées paroissiales, soit par les consultations personnelles, soit par la campagne de prière » (MF Albert Sanschagrin, Circulaire Pastorale, Au clergé du dio- cèse, n° 130, 17 juin 1962, p. 2). Nous renverrons désormais à ce document de la manière suivante: CP, 130; Note: D’après le contexte, les assemblées paroissiales, ici mentionnées, sont celles qui se sont tenues dans le cadre de la consultation des diocésains sur le concile. 106 Cf./¿, LP, 119, p. 1. 62

chemin 107 , l’évêque avait confié à une équipe de prêtres et de laïcs108 la responsabilité « de pro- vaquer des initiatives propres à mettre tous les fidèles “en état de concile ”109. » La lettre pasto- rale d ’avril 1962 lance donc officiellement cette entreprise au niveau diocésain. Outre ces ini- tiatives dites officielles, des initiatives spontanées 110 surgissent également ici et là dans les mois qui précèdent la tenue du concile.

1.1.3.2 Des initiatives officielles

Si l’on juge par l’espace qui leur est consacré dans les organes d ’information, les sémi- nars sur le concile nous apparaissent comme étant l’initiative sur lequel on a attiré le plus !’attention des diocésains, à cette époque111. L’étude des sources nous apprend que cette initia- five doit se dérouler en trois phases successives112. Au cours de la Phase I, un séminar de deux jours est organisé pour les aumôniers et les « dirigeants » des différents mouvements apostoli- ques du diocèse 113. Le but est de leur permettre « de se renseigner et d ’approfondir les réalités

107 Cf. Msr Sanschagrin, Circulaire Pastorale, Aux prêtres, religieux et religieuses du diocèse, n° 136, 17 sep- tembre 1962, p. 1; « Concile oecuménique », Nouvelles diocésaines, n° 74, 26 février 1962, p. 2; Il à noter que MsrDuchemin est alors âgé de 37 ans (Naissance :juillet 1924; Ordination presbytérale : juillet 1949). 108 Cf. « Concile Oecuménique », Nouvelles diocésaines, n° 74, 26 février 1962, p. 2 : « Voici la composition du comité diocésain pour le Concile : Mgr Gaston DUCHEMIN, P.D., V.G., Mgr Benoit DESROCHES, C.S., M. le cha- noine Jean-Marie ROY, R.P. Alphonse Galarneau , c.s.v, provincial, M. l’abbé Arthur DROUIN, M. l’abbé Gas- ton Mathieu , M. Arthur DÉSILETS, président diocésain du S.O.F., M. Jean-Charles Comtois , président diocésain de la Légion de Marie, Mlle Lise Marc HILDON, responsable diocésaine des Congrégations Mariales, M. André Labr ÈCHE, président diocésain des Ligues du Sacré-Coeur et M. Jean-Guy MARCHAND, président diocésain des Cercles Lacordaires. » 109 Mgr Albert Sanschagrin, LP, 119, p. 1; Cf. Id., LCD, 1, p. 2 : «Au nombre des réalisations, mentionnons tout d ’abord la création d ’une commission diocésaine du Concile, de qui relevèrent toutes les initiatives en ce domaine [se préparer au Concile], »; Note : L’expression « en état de concile » n ’est pas propre à M8r Sanschagrin. Dans la revue Laïcat et Mission, de décembre 1959, on peut y lire : « C’est toute l’Église, déclarait récemment à Rome un dirigeant international de l’apostolat laïque, qui est instamment invitée à se mettre en état de Concile. » N’ayant pu retrouver ce numéro de décembre 1959, à la Bibliothèque de l’Université Laval, cette information provient d ’un autre article de cette même revue, dans lequel est reproduit le texte de décembre 1959. Cf. L’abbé Hozaël Aganier, « Dans l’attente du concile », Laïcat et Mission, n° 11, mars 1961, p. 172. 110 J’appelle ainsi les initiatives qui n ’ont pas été l’objet d ’une lettre pastorale ou d ’une CP. 111 C’est le sujet auquel les ND ont accordé le plus d ’importance : 13 articles en font mention avec 100 lignes de texte. Dans L’Écho d’Amos, on retrouve quatre articles à leur sujet : « Comité diocésain pour le Concile oecumé- nique », vol. XIII, n° 9, jeudi le 1er mars 1962, p. 8; « Un “Séminar” », vol. XIII, n° 13, jeudi le 29 mars 1962, p. 5; « Au Séminar sur le Concile », vol. XIII, n° 15, jeudi le 12 avril 1962, p. 16; «Nouvelles de l’évêché », vol. XIII, n° 21, jeudi le 24 mai 1962, p. 16. 112 Selon les propos de Mgr Sanschagrin dans sa LP, 119, p. 1. 113 Ce séminar se tient à Amos, les 6, 7 et 8 avril 1962. Cf. « Concile oecuménique »,Nouvelles diocésaines, n° 74, 26 février 1962, p. 2. Nous renverrons désormais à cet article de la manière suivante : « Concile oecuméni- que », ND, 74, p. 2. 63

concrètes du Concile 114 ». D’après les ND, « plus de 40 aumôniers et dirigeants [des] mouve- ments d ’Action catholique115 » y prennent part. Dans la Phase II, ces mêmes personnes doivent, à leur tour, organiser un séminar pour les membres de leur mouvement respectif116 . Puis, la Phase III pourra alors être mise de l’avant, selon les propos mêmes de ]VF Sanschagrin : « À la suite de ces réunions, nous pourrons donc compter sur un grand nombre de laïques auxquels on pourra faire appel dans les paroisses et dans les institutions pour des initiatives apostoliques, des causeries et des cercles d ’étude destinés à mieux informer et engager la population diocé- saine en général117 . »

Nous aimerions revenir sur le séminar de la Phase I pour signaler trois faits qui nous ap- paraissent significatifs. Le premier, c’est d ’avoir confié aux Congrégations mariales la respon- sabilité de son organisation 118. L’année précédente, l’évêque avait demandé à trois de ses direc- teurs de mûrir le plan qu’ils lui remettaient et de voir quelle pourrait être la contribution des Congrégations au sujet de !’information et de la prière pour concile. Qu’elles aient eu la res- ponsabilité du premier séminar nous révèle deux choses : primo, l’importance de ce groupe dynamique au sein de l’Église d ’Amos et, secundo, l’importance de l’initiative de ses direc- teurs auprès de leur évêque comme élément déclencheur de toute une démarche ecclésiale.

Le deuxième fait à signaler, c’est qu’au programme de ce séminar de la Phase I, on re- trouve trois conférences dont deux d ’entre elles sont prononcées par des femmes119. Or, celles- ci s’adressent non seulement à des laïcs mais aussi à des prêtres. Doit-on s’étonner de leurs pri- ses de parole dans le contexte ecclésial d ’avant-concile ? S’agit-il d ’une première au sein de l’Église d ’Amos ou est-ce chose habituelle dans ces mouvements d ’apostolat ? Doit-on y lire un indicateur de la vie de cette Église ? Selon le témoignage de NF Gaston Duchemin, ces pri­

M8r Albert Sanschagrin, LP, 119, p. 1. 115 « Concile oecuménique », Nouvelles diocésaines, n° 80, 9 avril 1962, p. 2. Nous renverrons désormais à cet article de la manière suivante : « Concile oecuménique », ND, 80, p. 2. 116 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, LP, 119, p. 1. 117 /W. 118 Cf. « Concile oecuménique », ND, 74, p. 2. 119 a) « Le vrai visage de l’Église », par Mlle Hélène Ratté, de La Sarre, b) « Concile : présence de l’Église au XXe siècle », par Mgr Gaston Duchemin, c) « Le Concile et nous », par Mlle Thérèse Quellet, de La Sarre. Cf. « Séminar sur le Concile »,Nouvelles diocésaines, n° 79, 2 avril 1962, p. 1. 64

ses de parole par des femmes étaient non seulement récentes dans cette Église locale, mais elles étaient même encouragées par Sanschagrin 120.

Le troisième fait est un témoignage d ’une participante au séminar de la Phase I. Il nous est rapporté par la rédactrice des Filles d ’Isabelle d ’Amos :

Mesdames J.-E. Desrosiers et H. Dudemaine nous donnèrent leurs impressions sur le Seminar où elles assistèrent les 6, 7 et 8 avril comme représentantes des Filles d ’Isabelle du diocèse. Le prochain Concile oecuménique qui s’ouvrira le 11 octobre prochain ne sera pas un concile quelconque mais notre “Concile à nous ” membres pratiquants de l’Église catholique et membres d ’un mouvement d ’Action catholique; nous, Filles d ’Isa- belle, devons prendre conscience de nos responsabilités, nous bien renseigner afin de bien guider les nôtres et les convaincre que nous faisons tous partie de l’Église et avons cha- cun un rôle à y jouer.121

Ce témoignage nous révèle non seulement l’esprit qui était véhiculé à l’intérieur de cette activité diocésaine, mais aussi les prises de conscience ecclésiale que certains participants ont pu y faire. Le concile n ’était plus vu comme la seule affaire des évêques ou un événement se déroulant loin de l’Abitibi, il devenait alors l’affaire de chaque membre de l’Église d ’Amos.

Au sujet de la Phase II du projet des séminar s sur le concile, les sources documentaires nous révèlent qu’elle a connu des suites concrètes. Par contre, elles sont plutôt muettes au sujet de sa Phase III. Au cours de la phase II de ce projet, les aumôniers et dirigeants des mouve- ments, qui avaient participé à sa Phase I, devaient organiser au retour un séminar pour les membres de leur mouvement respectif. Selon les ND, lors du séminar initial, il y avait des re- présentants de douze mouvements apostoliques du diocèse 122. Notre investigation des sources nous a permis de retracer huit séminars que nous pouvons attribuer à la Phase IL Les données recueillies nous permettent alors d ’en tracer un certain portrait, tel qu’illustré au tableau IV qui suit.

120 Ce témoignage de Mgr Duchemin provient d ’une conversation téléphonique que j’ai eue avec lui, en mars 1999. 121 La Rédactrice, « Une captivante soirée des Filles d ’Isabelle d ’Amos »,L ’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. XIII, n° 18, jeudi le 3 mai 1962, p. 8. 122 Cf. « Concile oecuménique »,ND, 80, p. 2 : « Les participants représentaient les mouvements suivants : Lé- gion de Marie - Congrégations Mariales - Unions de Marie - Ligues du Sacré-Coeur - Chevaliers de Colomb - Filles d ’Isabelle - Foyers Notre-Dame - Lacordaire - Jeanne d ’Arc - Fédération des instituteurs et institutrices - J.R.C. - J.E.C. » 65

Tableau IV. Séminars de la phase II

Date Lieu Groupe visé Participants

13 mai 1962 ? Ligues du Sacré-Coeur ?

18-19-20 mai 1962 Amos Congrégations mariales ?

27 mai 1962 Amos Légion de Marie 76

1-2-3 juin 1962 La Ferme Unions de la Sainte Vierge ?

3 juin 1962 Amos Dames de Sainte-Anne et Filles d ’Isabelle 130 (Séminar conjoint)

8-9-10 juin 1962 La Sarre Association des instituteurs et institutrices 35

17 juin 1962 Amos Cercles Lacordaire et Sainte-Jeanne d ’Arc Une quarantaine

1er septembre 1962 Amos Religieuses du diocèse Plus de 400

Nous n ’avons pas inclus dans ce tableau un séminar qui avait été organisé pour un groupe de 29 étudiantes du secondaire 123. Les données à son sujet sont trop fragmentaires pour nous permettre de le situer dans les Phases II ou III. Toutes phases confondues, nous avons pu réper- torier ainsi dix séminars sur le concile 124.

Dans sa lettre pastorale d ’avril 1962, MF Sanschagrin manifeste sa volonté de connaître ce que les baptisés de son Église locale attendent du futur concile 125. Pour se faire, à la fin

d ’avril de cette même année, il lance une vaste consultation de tous les diocésains. Cette se- conde initiative conciliaire vise deux objectifs : tout en permettant à l’évêque de prendre le pouls de son Église, cette initiative se veut aussi un moyen pour que celle-ci se prépare concrè- tement au concile. Considérant qu’elle sera spécifiquement l’objet de notre étude au point 1.2, nous n ’élaborerons pas davantage sur cette initiative diocésaine.

123 Cf. « Séminars sur le Concile », Nouvelles diocésaines, n° 88,4 juin 1962, p. 2 : « Les élèves du cours secón- daire de l’Académie de l’Assomption de La Sarre n ’ont pas voulu être en reste sur les adultes du diocèse. 29 élè- ves se sont réunies les 30, 31 mai et 1er juin pour prier, méditer et étudier les implications du Concile sur leur vie d ’étudiantes. » 124 Faisant une rétrospective des initiatives pour préparer le concile dans son Eglise, Mgr Sanschagrin écrit : « Il y eut ensuite la tenue de dix seminars [sic] qui durèrent deux et trois jours... » (LCD, 1, p. 2). 125 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, LP, 119, p. 2. 66

La lettre pastorale d ’avril 1962 mentionne une troisième initiative comme moyen pour l’Église d ’Amos de se préparer au concile. En réponse aux appels du Pape de prier pour le futur

concile, M81 Sanschagrin lance une campagne diocésaine de prières à cette intention. Concrète- ment, il demande que deux choses soient immédiatement mises en oeuvre : primo, « que le

JEUDI DE CHAQUE SEMAINE soit consacré aux intentions du Concile 126 » et, secundo, que la prié- re composée par Jean XXIII soit non seulement récitée quotidiennement par tous, mais aussi à l’occasion de chaque messe127 . Concernant !ajournée du jeudi, les diocésains sont invités à of- ff ir aux intentions du concile leurs messes et leurs prières, leurs souffrances et leurs « mortifi- cations corporelles volontaires ». « Là où la chose est possible, ajoute l’évêque, on organisera des heures de garde collectives, des veillées de prières et toutes initiatives de nature à obtenir les lumières du Saint-Esprit sur le Concile 128. » Les ND nous permettent de retracer que des suites y sont effectivement données. Selon les paroisses, les activités sont diversifiées : exposi- tion et adoration du Saint-Sacrement ou rosaire perpétuel129, heures de garde à l’église ou réu- nions de prière dans des maisons privées130.

Ce bilan, en plus de présenter les initiatives conciliaires officielles de l’Église d ’Amos,

nous montre également que la lettre pastorale d ’avril 1962 n ’est pas demeurée lettre morte. Elle a été reçue au sein de cette Église et des suites effectives y ont été données. Si les mouvements

d ’apostolat y ont contribué pour une bonne part, les Congrégations mariales, quant à elles, y ont alors joué un rôle tout à fait singulier. Nous avons pu réaliser ainsi l’impact que de tels mouvements peuvent avoir au sein de la vie d ’une Église, par leur vitalité et leur dynamisme.

126 M8*■ Albert Sanschagrin, LP, 119, p. 2. 127 Cf. « Prière au Saint-Esprit pour le Concile », La Documentation Catholique , tome LVII, n° 1323, 6 mars 1960, col. 296; M8r Albert Sanschagrin, LP, 119, p. 2-3. 128 Mgr Albert Sanschagrin, LP, 119, p. 2. 129 Cf. « Prières pour le Concile », Nouvelles diocésaines, n° 90, 18 juin 1962, p. 2 : « Dans la paroisse Saint- Joseph de Cléricy, il y a exposition et adoration du T. S. Sacrement tous les jeudis aux intentions du Concile. A Duparquet, les Légionnaires de Marie organisent, une fois par mois, du mercredi soir au jeudi soir, le rosaire per- pétuel pour le succès du Concile. Un grand nombre d ’immigrants y participent : les chants et les prières se font dans leur langue. » 130 Cf. « Concile Vatican II », Nouvelles diocésaines, n° 95, 20 août 1962, p. 1 : « En accord avec M. le Curé Armand ALLARD, la Légion de Marie de Mont-Brun réunit tous les jeudis, des groupes de paroissiens, à l’église. Tout l’après-midi est consacré à la prière aux intentions du Concile. [...}La Légion de Marie se propose d ’étendre ces heures de garde du jeudi, aux paroissiens éloignés de l’église. Les réunions de prières auraient lieu dans les maisons particulières. » 67

1.1.3.3 Des initiatives spontanées

Par ses séminars d ’information, sa consultation des diocésains et sa campagne de prières, l’Église d ’Amos se donnait trois moyens majeurs de préparation au concile. Mais les sources

documentaires nous apprennent que d ’autres moyens ont aussi existé à l’intérieur de cette Égli- se. En plus des initiatives officielles, d ’autres initiatives y ont également vu le jour de manière plus spontanée, plus ponctuelle, mais toujours comme moyens de préparation au concile.

Parmi ces initiatives conciliaires dites spontanées, nous retrouvons des conférences publi- ques. Si l’on invite l’abbé Jean Martucci pour deux d ’entre elles à Amos131, les sources nous apprennent que des prêtres du milieu en prononcent également à Amos et La Sarre132. Dans cette préparation ecclésiale au concile, les jeunes ne sont pas laissés pour compte; deux initiati- ves s’adressent spécifiquement à eux. L’une d ’elles est vécue lors du pèlerinage annuel des jeu- nés au sanctuaire marial de La Ferme, le 29 juillet 1962 133. En cette année de préparation au concile, ce pèlerinage prend alors une couleur conciliaire. Le thème « Renouveau intérieur des jeunes à l’occasion du Concile » vient nourrir les méditations et les discussions de 150 jeunes, garçons et filles, tout au long de leur marche vers le sanctuaire 134. La seconde initiative men- donnée par les sources est l’une des plus singulières par sa forme : on “joue au concile ”, pour ainsi dire. Selon la formule privilégiée par la Croisade Eucharistique135, au cours des vacances

131 Le 20 mars 1962, sous le titre « L’Église au XXe siècle en état de concile », il prononce une première confé- rence devant les prêtres du diocèse. Cf. L’abbé Armand Lepage, Rapport de la Journée sacerdotale sur le Conci- le (20 mars 1962), Archives du diocèse d ’Amos, V-C-3, p. 1; Dans la soirée, il prononce une conférence publique sur le concile, au Séminaire d ’Amos. Cf. « Une conférence sur le Concile à Amos », L'Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. XIII, n° 11, jeudi le 15 mars 1962, p. 1. Note : Dans cet article de L'Écho, la conférence est annoncée. 132 Msr Gaston Duchemin prononce une conférence, le 7 juin 1962, aux couples des Foyers Notre-Dame d ’Amos. Cf. « Réunion de juin . Le foyer chrétien vis-à-vis le Concile », L‘Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. xni, n° 22, jeudi le 31 mai 1962, p. 16; Le Père Paul-Émile Laframboise, o.m.i., en prononce une à La Sarre, mais nous en ignorons la date exacte. Selon le contexte de la source consultée, cette conférence a probablement été pronon- cée au cours de juin 1962 également. Cf. « Le Père Laframboise parle du Concile devant les Filles d ’Isabelle de La Sarre », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. XIII, n° 27, jeudi le 5 juillet 1962, p. 1. 133 Cf. « Pèlerinage des jeunes du diocèse au sanctuaire marial de La Ferme »,Nouvelles diocésaines, n° 93, 23 juillet 1962, p. 2. 134 Cf. « Pèlerinage des jeunes »,Nouvelles diocésaines, n° 94, 6 août 1962, p. 2. 135 Cf. « Des camps de formation de la Croisade Eucharistique prennent l’aspect de “conciles ” », Semaine Reli- gieuse de Québec, 74 e année, n° 48, 2 août 1962, p. 768 : « Durant l’été, dans plusieurs diocèses canadiens, se tiennent des camps de formation pour les jeunes chefs de la Croisade Eucharistique. Cette année, afin de mettre le Concile à la portée des jeunes et de leur en faire comprendre davantage le but et l’esprit, les camps prennent l’as- pect d ’un Concile. » 68

d ’été de l’année 1962, un concile en miniature se tient à l’occasion des trois camps de forma- tion pour les chefs de ce mouvement136 . L’un de ces mini-conciles est présidé par ]VF Sanscha- grin lui-même137 . Réunis en diverses commissions, les jeunes étudient les qualités d ’un chef ainsi que le travail à faire pour l’année à venir.

Enfin, des initiatives conciliaires spontanées ont davantage un caractère médiatique. Nous en retrouvons trois selon les sources consultées. L’une d ’elles est !’utilisation de la télévision par MF Sanschagrin lui-même. Peu avant son départ pour Rome, il participe à deux émissions télévisées régionales sur le concile, les 4 et 7 septembre 1962 138. Lors de cette dernière émis- sion, au terme de sa conférence de presse, il présente les meilleures suggestions qu’il a reçues de sa consultation des diocésains, au sujet de leurs attentes face au futur concile 139.

Une seconde initiative à caractère médiatique provient du comité de publicité. Grâce à une artiste140, formée aux Beaux-Arts de Québec, ce comité fait réaliser une affiche sur le concile 141. Selon les ND, « c’est la première initiative du genre au Canada 142. » D’un format 12" X 18", cette affiche est destinée aux endroits publics, non seulement pour garder !’attention des fidèles tournée vers le concile, mais aussi pour qu’ils puissent continuer à le « porter »143. La troisième initiative est !’utilisation de la presse. Une gracieuseté de L’Écho permet au comité diocésain responsable de la préparation au concile d ’avoir accès aux pages centrales de cet heb- domadaire régional pour ses éditions du 11 octobre 1962 144. Outre la publication d ’articles in-

136 Cf. « Concile en miniature chez les membres de la croisade eucharistique », Nouvelles diocésaines, n° 98, 10 septembre 1962, p. 2. 137 Cf /W. 138 Le 4 septembre, à l’émission « Qu’est-ce qu’un Concile ? », il répond aux questions de cinq invités. Le 7, à l’émission « Pourquoi un Concile ? », il donne une conférence de presse en présence de dix invités. Cf. « S. Exc. Mgr !’Administrateur parlera au poste CKRN-TV », Nouvelles diocésaines, n° 96, 27 août 1962, p. 1. 139 Cî.Ibid. 140 Selon le témoignage que j’ai recueilli auprès de M8r Gaston Duchemin, il s’agit de Madame Ghislaine God- bout Poissant. Elle habitait Amos, à cette époque. 141 Cf. « Le Concile dans quelques jours », Nouvelles diocésaines, n° 101, 1er octobre 1962, p. 2. Nous renver- rons désormais à cet article de la manière suivante : « Le Concile... », ND, 101, p. 2. 142 Ibid. Note : Nous n ’avons pu vérifier cette affirmation. 143 Cf. Ibid.·, « Affiche du concile », Nouvelles diocésaines, n° 103, 15 octobre 1962, p. 2. 144 Cf. « Le Concile... »,ND, 101, p. 2; Ce sont les éditions de L’Écho Abitibien (Val d ’Or), de L’Écho d’Abiti- Ouest (La Sarre) et de L’Écho d’Amos. Cf L'Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. XIII, n° 41, jeudi le 11 octobre 1962, p. 25-28. 69 formatifs145, un tiré-à-part en est fait dans le but de « favoriser une plus grande information sur le Concile 146 . »

Si les initiatives officielles avaient pour objectif de mettre l’Église d ’Amos « en état de concile », ces initiatives spontanées en deviennent davantage le témoignage. Elles nous permet- tent aussi de mesurer l’intérêt donné au concile, à l’intérieur de cette Église, au cours des der- niers mois de la phase préparatoire.

Au terme de ce développement, nous pouvons tirer quelques conclusions sur la manière dont la voix de Jean ΧΧΠΙ est parvenue à l’Église d ’Amos, à travers son évêque, au cours de la période préconciliaire. Au plan chronologique, la réaction est plutôt tardive. C’est davantage à partir du moment où l’éventuelle célébration du concile est pressentie que, dans les documents diocésains, la voix du Pape reçoit des échos de plus en plus nombreux. En 1962, ils y occupent une place majeure par rapport aux années précédentes. Il en est également de même pour la réception des principaux énoncés des Actes pontificaux dans les documents de cette Église. Nous avons pu remarquer la liberté avec laquelle !VF Sanschagrin traite ces énoncés. S’il ne semble pas contraint d ’y faire suite dans l’immédiat, cela ne signifie pas pour autant une non- réception de sa part. D’ailleurs, sa lettre pastorale d ’avril 1962 se veut un écho et au voeu de Jean XXIII afin que soient encouragées les initiatives pour faire connaître le concile et à ses nombreux appels de prier pour cet événement ecclésial. Si « la “réception ” devient le processus par lequel un énoncé s’infiltre et prend corps dans l’épaisseur de la vie ecclésiale147 », les diver- ses initiatives, tant officielles que spontanées, qui ont surgi au sein de l’Église d ’Amos sont alors le témoignage que les principaux énoncés conciliaires de Jean XXIII ont été reçus par cette Église locale. Divers facteurs ont pu favoriser cette réception : l’influence des mouve- ments d ’apostolat par leur vitalité et leur dynamisme, la sensibilisation d ’un groupe de prêtres à la question du concile au plan diocésain, les initiatives officielles qui ont créé une dynamique

145 Cf. « Le Concile... », ND, 101, p. 2 : « Les articles seront informatifs et comporteront entre autres les répon- ses à une quarantaine de questions sur le Concile, un tableau historique des Conciles, etc... Nous croyons que ce serait là un instrument merveilleux pour les cercles d ’étude qui ne tarderont pas à être fournis aux comités parois- siaux d ’Action catholique et aux institutions. » 146 JZ,fd 147 Gilles Routhier, La réception d’un concile, p. 92. 70

conciliaire pouvant susciter des initiatives spontanées et la volonté de l’évêque de mettre son Église « en état de concile ».

1.2 MGR Sanschagrin assume la voix de son Église

Si en concile, la parole de l’évêque « inclut la voix de son Église148 », encore faut-il que celle-ci ait eu l’occasion de prendre la parole sur des sujets susceptibles d ’y être discutés. Les sources amossiennes nous apprennent que Sanschagrin a mené deux consultations dans son Église au cours de la période préconciliaire : une première en 1960 et une seconde en 1962.

Quelques questions nous serviront de guide pour vérifier comment cet évêque a pris le pouls de son Église et comment il en a assumé la voix : Qui a-t-il consulté ? Quelle méthode a-t-il privi- légiée pour susciter les prises de parole ? Quelle réception a-t-il donnée aux résultats de ses consultations ?

1.2.1 La consultation de 1960

La Commission antépréparatoire du concile avait reçu pour mandat de consulter, entre autres, l’épiscopat du monde entier. Son président, le cardinal Dominico Tardini, procède à cette consultation dès le mois de juin 1959149. Plus de 2 500 lettres portant sa signature sont alors envoyées « aux évêques, ainsi qu’aux nonces, aux internonces apostoliques et aux chefs des Congrégations religieuses...150 » Selon les propos du cardinal Tardini, c’est non seulement les évêques résidentiels qui sont consultés, mais aussi les évêques titulaires151. C’est donc à titre d ’évêque titulaire de B agi que MF Sanschagrin est alors invité à faire parvenir, à la Com- mission, ses suggestions et désirs par rapport au futur concile. Miáis pour une raison qui nous échappe, il n ’y donne aucune suite dans l’immédiat et ce, malgré l’avis d ’envoyer les réponses

148 Gilles Routhier, « Introduction », in Routhier, Gilles, dir., L'Église canadienne et Vatican II, p. 16. 149 La lettre que Mgr Joseph-Aldée Desmarais reçoit du cardinal Tardini est datée du 18 juin 1959. Cf. Cardinal Domenico Tardini, Lettre à MF Joseph-Aldée Desmarais, évêque d’Amos, Pontificia Commissio Antepraeparato- ria Pro Concilio Oecumenico, Civitate Vaticana, 18 iunii 1959, Prot. N. I C/59-ICO, Archives du diocèse d ’Amos, I-A-1.4, 2 p.; Je n ’ai pas retrouvé une telle lettre au nom de Mgr Sanschagrin. 150 « Déclarations de S. Em. le cardinal Tardini sur la préparation du Concile », La Documentation Catholique, tome LVII, n° 1325, 3 avril 1960, col. 395. 151 Cf. « S. Em. le cardinal Tardini explique aux représentants de la presse mondiale ce que sera le futur Concile oecuménique (30 octobre 1959) », La Documentation Catholique, tome LVI, n° 1317,6 décembre 1959, col. 1494. 71

à Rome avant le 1er septembre suivant152. Les sources nous apprennent que c’est uniquement après son entrée en fonction comme Administrateur Apostolique qu’il manifeste son intention d ’y faire suite. Le 17 décembre 1959153, il écrit aux curés de son diocèse : « Il serait encore temps, vraisemblablement, de faire parvenir à Rome mes suggestions relatives au futur concile écuménique [sic]. J’aimerais le faire au cours de janvier. Je voudrais cependant vous consulter auparavant.154 » Attendait-il alors ce moment ? Rien ne nous l’indique. Ce qui importe le plus pour notre étude, c’est cette consultation des prêtres, voulue par l’évêque.

Selon les sources amossiennes, MF Sanschagrin a effectivement donné suite à son inten- tion de consulter ses prêtres. Dès le 6 janvier 1960, il leur adresse une invitation explicite à cet effet155 et c’est une centaine de prêtres156 qui y répondent en participant à la consultation qu’il préside lui-même, dans l’après-midi du 20 janvier suivant157 .

Au plan de la méthode utilisée pour les fins de sa consultation, les sources nous appren- nent que cet évêque privilégie le travail en équipe et ce, à partir d ’un certain nombre de thèmes proposés, auxquels plusieurs sujets de discussion sont ajoutés158. Dix commissions d ’étude por- tant sur autant de thèmes sont alors créées avec présidents et secrétaires, désignés d ’avance par l’évêque159. Mlais les prêtres sont invités à participer à la commission de leur choix et ce, selon

152 Cf. Cardinal Domenico Tardini, Lettre à M? Joseph-Aldée Desmarais..., p. 2 : « Responsiones omnes lingua latina exarentur : easque velit Excellentia Tua mittere ad hanc Pontificiam Commissionem (Città del Vaticano) quam primum, sed, si fieri potest, non ultra diem primam septembris currentis anni. » 153 Cela fait à peine un mois depuis son entrée en fonction comme Administrateur Apostolique. 154 Mgr Albert Sanschagrin, Circulaire Pastorale, Aux curés, n° 7, 17 décembre 1959, p. 1; Note : Cette CP est le premier document diocésain retrouvé dans lequel le futur concile est signalé. 155 Cf. Id., Circulaire Pastorale, Au clergé, n° 9,6 janvier 1960, p. 1. Nous renverrons désormais à ce document de la manière suivante : CP, 9. 156 Cf. Id., Circulaire Pastorale, Aux religieux et aux religieuses, n° 15, 30 janvier 1960, p. 1. Nous renverrons désormais à ce document de la manière suivante : CP, 15. 157 Cf. Id, Circulaire Pastorale, Au clergé, n° 10, 13 janvier 1960, p. 1. Nous renverrons désormais à ce docu- ment de la manière suivante : CP, 10. 158 Dix thèmes sont proposés aux discussions : Vie sacerdotale, Enseignement et prédication, Action catholique, Action sociale, Pastorale et liturgie, Mariage et vie de famille, Messe et Eucharistie, Confessions et direction des âmes, Pastorale des jeunes, Direction des religieuses. Cf. Les commissions d’étude, Annexe 10-A à la CP, 10; Pour chacun de ces thèmes, plusieurs sujets de discussion sont proposés. Voici à titre d ’exemple, les sujets que l’on retrouve sous le thème « Messe et Eucharistie » : Horaire des messes, Messe de l’après-midi, Messe du soir, Jeûne eucharistique, Messe de binage et de trinage, Participation active des fidèles selon !’instruction de sep- tembre 1958, Fréquence des communions, Action de grâces, Prière en langue vulgaire, Messes communautaires. 159 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, CP, 10, p. 1 et son annexe : Les commissions d'étude. 72

leur ministère, leur préparation et leur goût160 . De plus, la méthode utilisée prévoie que les prê- tres puissent se préparer personnellement en vue de la rencontre du 20 janvier. Les thèmes et sujets d ’étude leur sont communiqués la semaine précédente avec cette précision : « Les chefs d ’idées indiqués ne sont pas limitatifs : on aura toute la liberté de toucher à n ’importe quel su- jet inclus dans le thème général de la commission 161 . » Par contre, un certain cadre est néan- moins défini pour orienter les discussions qui s’y feront. Primo, Mgr Sanschagrin demande à ses prêtres d ’« arriver avec des suggestions bien concrètes 162 » et, secundo, il leur donne la con- signe suivante :

Le but de cette séance d ’étude n ’est pas d ’aller au fond de toutes les questions proposées. Il s’agit plutôt d ’un inventaire très général des problèmes que nous ren- controns dans notre ministère pastoral. De ces problèmes, il en est que nous pou- vous régler nous-mêmes. Nous avons dans la législation actuelle tous les éléments de solution. Il s’agit de les étudier entre nous et l’expérience d ’un conifère peut uti- lement servir à l’autre. Mais il est de cas particuliers où une modification de la lé- gislation actuellement en vigueur peut apporter un élément de solution. 163

Cette consigne de l’évêque oriente déjà les discussions dans une perspective législative, celle du droit ecclésial. Les problèmes pastoraux sont d ’abord classés en deux grandes catégo- ries : d ’une part, les problèmes que la législation en cours peut régler et, d ’autre part, ceux dont la solution nécessite inévitablement une modification du droit ecclésial. Selon cette perspec- tive, le concile devient donc l’occasion de proposer des changements à la discipline de l’Église. En ce sens, Sanschagrin se distingue peu de ses pairs au Québec. Car, dans les vota de ces derniers, « les questions sont souvent abordées en référence au droit ecclésial plutôt que dans leur contexte théologique164 . »

Si Mgr Sanschagrin attend des suggestions concrètes concernant les problèmes pastoraux de la seconde catégorie, son auditoire lui fournira peu de matière en ce sens. Car, la plupart des

160 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, CP, 10, p. 1 ; Cette liberté de choix avait déjà été signalée dans la CP, 9 : « Il sera loisible à tout prêtre de participer à la commission qu’il lui plaira » (p. 1). 161 Id., CP, 10, p. 1. 162 Id., CP, 9, p. 1. 163 Id, CP, 10, p. 1. 164 Gilles Routhier, « Les vota des évêques des diocèses du Québec », in Routhier, Gilles, dir., L’Église cana- dienne et Vatican II, p. 56. 73

73 suggestions, que nous retrouvons dans le rapport de la consultation 165 , peuvent être classées dans la catégorie des problèmes locaux pouvant être réglés au plan diocésain ou par la législa- tion en cours. Même la commission “Pastorale et liturgie” n ’y échappe pas, malgré quelques suggestions un peu plus novatrices166 . À la lecture des souhaits exprimés, il nous apparaît que

très peu de matière pouvait effectivement aider à la préparation des vota de Mgr Sanschagrin. Est-ce dû à la méthode des thèmes avec leurs nombreux sujets à couleur souvent locale ou à la consigne de l’évêque ou encore au processus même de la consultation, où des prêtres trouvaient là une occasion pour s’exprimer sur des problèmes davantage locaux ?

Comment Sanschagrin reçoit-il les résultats de cette consultation du 20 janvier 1960 ? Grâce aux sources, des éléments de réponses peuvent être donnés à cette question. Pri- mo, il les qualifie de « trésor » dans lequel il puisera pour faire ses propres suggestions en vue du concile 167 . Secundo, à cause de leur forte incidence locale, il s’en inspirera pour son action pastorale future168 . D’ailleurs, c’est déjà cet esprit que nous retrouvons dans ses 41 remarques à l’égard des souhaits exprimés par ses prêtres169 . Tertio, dès le 30 janvier suivant, dans une CP aux religieux et religieuses, il fait un premier écho aux suggestions pouvant les concerner : « Une des commissions d ’étude portait sur la direction spirituelle des religieuses. Des sugges- tions pratiques ont été faites qui seront utiles à tous.170 » Bien qu’il soit plutôt laconique, cet écho demeure toutefois indicatif de la manière dont l’évêque reçoit les résultats de cette consul- tation.

165 Cf. Abbés Roland Bélanger et Jean Ratté, secr. gén., Rapport de la journée sacerdotale du 20 janvier 1960, tenue au Séminaire d’Amos, Annexe 14-A, Archives du diocèse d ’Amos, V-C-3, 9 p.; Note : Ce rapport a été préparé par les secrétaires de commissions et les secrétaires généraux. Cf. MF Albert Sanschagrin, Circulaire Pastorale, Au clergé, n° 14, 29 janvier 1960, p. 1. Nous renverrons désormais à ce dernier document de la ma- nière suivante : CP, 14. 166 Six suggestions émanent de cette commission : a) Que tous les prêtres étudient P instruction pontificale sur la liturgie et voient à son application graduelle, surtout en ce qui regarde la participation active des fidèles à la mes- se, b) Que l’avant-messe soit en langue vulgaire, c) Que les vêpres dans la paroisse se chantent en français, d) Que les vicaires et assistants-aumôniers d ’hôpitaux aient les pouvoirs de confirmer en cas d ’urgence, e) Qu’on profite de toutes les occasions pour multiplier les contacts avec les fidèles, f) Que les prêtres accompagnent leurs morts au cimetière. Cf. Abbés Roland Bélanger et Jean Ratté, secr. gén., Rapport de la journée sacerdotale du 20 janvier 1960..., p. 4. 167 Cf. MF Albert Sanschagrin, CP, 14, p. 1. 168 Cf. Ibid. : « Pour le reste, je vous dirai que vos suggestions seront pour moi une inspiration dans l’orientation des directives pastorales que j’aurai à vous donner. » 169 Cf. Abbés Roland Bélanger et Jean Ratté, Rapport de la journée sacerdotale du 20 janvier 1960..., p. 2-10. 170 MF Albert Sanschagrin, CP, 15, p. 1. 74

Les résultats de la consultation ont-ils trouvé un écho dans les vota de MF Sanschagrin ? A cette question, nous ne pouvons fournir de réponse. Car, d ’une part, les Acta du Concile Va- tican II ne contiennent aucun vota au nom de cet évêque171 et, d ’autre part, jusqu’ici les archi- ves tant amossiennes qu’oblates de Montréal sont muettes sur la rédaction des vota Sanscha- grin172 . Ce que les sources nous fournissent, c’est uniquement son intention de faire suite à la demande du Cardinal Tardini 173 .

Sanschagrin lui fournit peu de matière pour la rédaction ־Si la consultation menée par M9 de ses vota, elle lui donne cependant l’occasion de prendre le pouls de son Église et ce, deux mois après son entrée en fonction comme Administrateur Apostolique. En outre, cette dé- marche synodale présente pour nous un intérêt particulier : elle nous traduit déjà l’esprit avec lequel cet évêque a l’intention de jouer son rôle de futur Père conciliaire. Sa parole au concile se veut être un écho donné à la voix de l’Église d ’Amos174 .

Notre étude de la préparation des vota Sanschagrin n ’est pas sans incidence sur l’étude faite par Gilles Routhier des vota de l’épiscopat québécois175 . Au moins trois nouvelles don- nées peuvent maintenant y être ajoutées. Primo, si « dans la plupart des diocèses, on n ’a pas apporté un soin très particulier à la préparation des vota 176 », ce ne peut être le cas de l’Église

171 En consultant l’index du volume II, de la série I, des Acta, où sont colligés les vota des évêques et des prélats, le nom de Mgr Albert Sanschagrin est absent de la liste des 60 évêques canadiens. Cf. Acta et Documenta Concilio Oecumenico Vaticano II Apparando, Series I (Antepraeparatoria), Volumen II, Consilia et Vota Episcoporum ac Praelatorum, Pars VI, America Septemtrionalis et Centralis, (Sub secreto), Typis Polyglottis Vaticanis, MCMLX, p. 681-682. 172 Devant cette réalité, le 28 novembre 1998, j’ai écrit à Mgr Sanschagrin pour lui demander s’il a eu l’occasion d ’envoyer à Rome ses suggestions ou vota pour le concile. Le 5 décembre suivant, il me répondait : « Je ne me souviens pas. Si je ne l’ai pas fait, soit que le temps m’a manqué, soit une autre raison : La mémoire me fait dé- faut. » 173 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, CP, 10, p. 1 : « .. .comme le Saint-Siège a demandé à chaque Évêque de présenter ses suggestions pour le futur Concile Ecuménique [sic], une consultation comme celle de l’après-midi du 20 jan- vier prochain me sera des plus précieuses. »; Id., CP, 14, p. 1 : « Je puiserai dans ce trésor les suggestions queje jugeraidevoir présenter à la Commission préparatoire du Concile écuménique [sic]. » 174 Cf. Id., CP, 9, p. 1 : « Je vous ai déjà dit que S.E. Mgr le Délégué Apostolique jugeait qu’il était encore temps pour les Évêques de faire leurs suggestions pour le futur Concile Ecuménique [sic]. Bien que ces sugges- tions doivent être faites sous la responsabilité personnelle de chaque Evêque, je serais heureux de connaître vos propres suggestions à ce propos. » 175 Cf. Gilles Routhier, « Les vota des évêques des diocèses du Québec », in Routhier, Gilles, dir., L'Église ca- nadienne et Vatican II, p. 26-59. 17* m¿, p.30. 75

d ’Amos, du moins par sa démarche consultative. Secundo, si « la consultation, fort limitée en raison de la consigne du secret, a été vraisemblablement réduite à quelques personnes 177 », une fois de plus cette Église locale se singularise par sa consultation d ’une centaine de prêtres. Il

pourrait s’agir là d ’un cas unique non seulement au Québec, mais également au plan de l’Église canadienne 178 . C’est pourquoi l’absence des vota Sanschagrin est si regrettable. Tertio, des tra- ces de la préparation des vota de cet évêque ont désormais été retrouvées dans les archives dio- césaines 179 .

1.2.2 La consultation de 1962

En avril 1962, comme nous l’avons déjà signalé, M9 Sanschagrin adresse une lettre pas- torale au clergé, aux communautés religieuses et aux fidèles de son diocèse 180; Il leur écrit, entre autres : « D’autre part, il nous intéresserait grandement de connaître, dès maintenant, d ’une façon détaillée, ce qu’on attend du Concile, aussi bien de la part des laïques que des reli-

gieuxet des prêtres. Un QUESTIONNAIRE vous sera adressé prochainement, sollicitant votre col- laboration dans ce sens et vos suggestions en marge des problèmes que le Concile devrait vrai- semblablement envisager.181 »

Cette consultation que M9 Sanschagrin s’apprête à faire, n ’est pas la seule à se tenir à l’intérieur de l’Église canadienne. Elle s’inscrit dans un mouvement déjà amorcé avec l’Église de Montréal, en octobre 1961, et qui se termine avec l’Église de Moncton, en septembre

1962 182. En s’adressant non seulement aux prêtres, mais aussi aux religieux et religieuses ainsi qu’aux laïcs, cette consultation ressemble à celles qui ont déjà été menées dans d ’autres diocè-

177 Gilles Routhier, « Les vota des évêques des diocèses du Québec », p. 30. 178 Cf. Ibid., note n° 18, p. 31 : « La consultation la plus élaborée, à notre connaissance, a eu lieu au diocèse de Saint-Boniface où 19 prêtres, surtout du Grand Séminaire, ont été mis à contribution dans l’élaboration des vota Baudoux. » 179 Cf. Ibid., note n° 13, p. 30 : « On ne trouve pas de traces de la préparation des vota dans les archives conci- liaires de Rimouski, Gaspé, Joliette, Amos, [...] Les dossiers ne laissent pas entrevoir une étape de consultation et de rédaction. » 180 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, LP, 119, 3 p. 181 /W,p.2. 182 Cf. Réal Charbonneau, « Dialogue pré-conciliaire au Canada français », Laïcat et Mission, n° 16, octobre 1962, p. 207; Sylvain Serré, « Les consultations préconciliaires des laïcs au Québec entre 1959 et 1962 », in Rou- thier, Gilles, dir., L’Église canadienne et Vatican II, p. 117. 76

ses183. Selon les travaux de Sylvain Serré, on retrouve une consultation des laïcs dans au moins treize diocèses francophones au Canada, dont dix du Québec184. L’idée originale d ’une consul- tation des laïcs serait attribuable à l’Action Catholique Canadienne 185. Déjà, en décembre 1959, on pouvait lire dans la revue de ce mouvement d ’apostolat : « Un autre aspect de ce devoir d ’information ne serait-il pas de voir à informer le plus humblement, mais le plus réellement possible nos évêques respectifs de nos propres voeux et attentes à l’égard du Concile ? [sic]186 » C’est donc dans ce contexte ecclésial que se situe la démarche consultative de !VF Sanschagrin.

Notre enquête dans les sources documentaires s’est faite à partir de quelques questions auxquelles il nous faut maintenant répondre: Quelles suites a-t-on effectivement données au projet de consultation, mentionné dans la lettre pastorale d ’avril 1962 ? Au plan méthodolo- gique, comment la consultation des diocésains a-t-elle été menée ? Quelle réception a-t-elle connue à l’intérieur de l’Église d ’Amos ? Comment ses résultats ont-ils été reçus par l’évê- que ?

Les 24, 25 et 26 avril, quatre CP sont signées par MF Sanschagrin pour lancer une vaste campagne de consultation au sein de son Église locale. Si deux d ’entre elles sont adressées res- pectivement au clergé187 et aux communautés religieuses188, les deux autres visent la consulta- tion des laïcs. Dans trois de ses CP, l’évêque mentionne l’objectif qu’il poursuit en mettant en

183 Cf. Pierre Lafontaine, « L’enquête préconciliaire de l’archidiocèse de Montréal auprès du clergé : portrait d ’une Église », in Routhier, Gilles, dir., L’Église canadienne et Vatican II, p. 81 : « Au Québec, ces enquêtes prendront diverses formes et se dérouleront auprès des diverses catégories de baptisés, tantôt auprès du clergé, tantôt auprès des religieux et religieuses, tantôt encore auprès des laïcs. » 184 Cf. Sylvain Serré, « Les consultations préconciliaires... », p. 117. 185 Cf. José de Broucker, « Propos sur le Concile, Le réveil du Québec », Informations Catholiques Internatio- nales, n° 170, 15 juin 1962, p. 20 : « En 1960, le cardinal Léger formule à son tour le voeu que “quelque chose” se fasse en vue du Concile. L’Action catholique forme le projet d ’une consultation des laïcs et se met au tra- vail. »; Réal Charbonneau, « Dialogue pré-conciliaire... », p. 207 : « L’idée de telles rencontres [rencontres consultatives] avait été lancée par l’Action Catholique Canadienne qui voyait là un bon moyen pour les laïcs de participer à la préparation du Concile et par là même de se mettre en état de Concile. » 186 L’abbé Hozaël Aganier, « Dans l’attente du concile », p. 173. 187 Cf. Mgr Sanschagrin, Circulaire Pastorale, n° 122,24 avril 1962, 1 p. Nous renverrons désormais à ce docu- ment de la manière suivante : CP, 122. 188 Cf. Id., Circulaire Pastorale, n° 123,25 avril 1962, 1 p. Nous renverrons désormais à ce document de la ma- nière suivante : CP, 123. 77

oeuvre une telle entreprise : il veut apporter avec lui le « sentiment commun » de son Églisesur certaines questions pouvant être débattues au concile 189.

Au plan de la méthode, l’analyse des sources nous apprend que ]VF Sanschagrin privi- légie la formule d ’un questionnaire. À l’aide de cet instrument, les groupes visés sont alors invités à fournir leurs suggestions sur un certain nombre de sujets prédéterminés. Cependant, cette formule n ’est pas propre à Amos, on la retrouve également dans d ’autres diocèses 190. Une source postérieure aux CP d ’avril 1962. nous révèle que la consultation amossienne a été faite à partir du projet de l’Église de Montréal 191. D’ailleurs, le questionnaire adressé au clergé d ’Amos est une reprise quasi intégrale du questionnaire de Montréal avec ses 48 questions, auxquelles un espace supplémentaire est prévu pour formuler d ’autres suggestions192. Par con- tre, les questionnaires adressés aux communautés religieuses ainsi qu’aux laïcs sont moins éla- borés. Celui pour les religieux et religieuses comporte 23 questions, tandis que celui pour les laïcs en contient 26. De plus, une feuille avec diverses consignes est jointe à chacun d ’eux (voir annexe A). Le questionnaire pour les laïcs, quant à lui, est également envoyé à l’hebdomadaire L’Écho qui le publie en page 4 de ses diverses éditions du 3 mai 1962 193.

189 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, CP, 122, p. 1 : « Je partirai à la mi-septembre pour me rendre au Concile. Je vou- drais apporter avec moi le sentiment commun du clergé, des religieux et des fidèles, sur ce qui sera vraisemblable- ment l’objet des discussions du Concile. »; Id., CP, 123, p. 1 : « Vous comprenez qu’il me sera précieux de connaître l’opinion des religieux et des religieuses sur ces sujets avant le Concile Oecuménique. Je dois partir vers la mi-septembre pour Rome et je voudrais étudier l’opinion des prêtres, des religieux et des religieuses ainsi que des fidèles sur ces sujets. »; Id., Circulaire Pastorale, Aux fidèles du diocèse, n° 124, 25 avril 1962, p. 1 : « Avant de me rendre à Rome pour participer au Concile, j’aimerais me faire une idée de l’opinion des prêtres, des religieux et des fidèles au sujet de certaines questions qui vraisemblablement seront discutées au Concile. » Nous renverrons désormais à ce document de la manière suivante : CP, 124. 190 C’est le cas des diocèses suivants : Montréal (29 octobre 1961), Joliette (début 1962), Saint-Jean-de-Québec (28 janvier 1962), Québec (25 mars 1962), Sainte-Anne-de-la-Pocatière (29 avril 1962) et Saint-Jérôme (5 mai 1962). D’autres diocèses utiliseront aussi cette formule par la suite : Sherbrooke (10 juin 1962), Nicolet (9 sep- tembre 1962) et Ottawa (15 septembre 1962). Cf. Sylvain Serré, « Les consultations préconciliaires... », p. 117 et 126-127. 191 Dans sa première lettre aux diocésains à l’occasion du concile, M8r Sanschagrin écrit : « Suivit la consultation populaire sur la matière du Concile, selon le projet préparé par Son Éminence le Cardinal Léger, consultation soit individuelle, soit collective, auprès des prêtres, des religieux et des fidèles » (LCD, 1, p. 2). 192 Au sujet du questionnaire adressé au clergé de Montréal, voir Pierre Lafontaine, « L’enquête préconciliai- re... », p. 96-98. 193 II s’agit de L'Écho Abitibien (Val d ’Or), L’Écho d’Abitibi-Ouest (La Sarre) et L’Écho d’Amos. Cf. « Ques- tionnaire en vue du Ile Concile du Vatican », L'Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. XIII, N° 18, jeudi le 3 mai 1962, p. 4; Nous pouvons avoir une certaine idée de l’ampleur du tirage de 1962, si, en 1966, on signale un tirage de 11 000 copies pour l’ensemble de ces éditions, lors d ’un tirage spécial. Cf. « Í1 a fallu sept tonnes de papier! », L'Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. XVII, n° 18, jeudi le 27 avril 1966, p. 32. 78

L’analyse des sources nous révèle également que MF Sanschagrin privilégie certaines approches méthodologiques selon les groupes visés. Dans les communautés religieuses, il sug- gère que la consultation se fasse à partir d ’un travail en équipe194. Cependant, il demeure loi- sible à un religieux ou une religieuse de répondre individuellement « à l’une ou l’autre des questions ». Concernant les laïcs, leur consultation est faite selon deux modes simultanés et à l’aide du même questionnaire. D’une part, un certain nombre de laïcs195, hommes et femmes, sont ciblés « en raison de leur personnalité et de la place qu’ils occupent dans [la] société196 . » A chacun d ’eux, est envoyé un questionnaire afin d ’en recevoir une réponse individuelle. D’au- tre part, ce sont des consultations collectives que les curés sont invités à mener auprès des laïcs de leur paroisse et ce, en tenant compte de la dimension de celle-ci197 . Pour les paroisses aux populations restreintes, la formule privilégiée est celle des rencontres où l’ensemble de la po- pulation est invitée à se prononcer sur les divers sujets qui sont proposés dans le questionnaire propre aux laïcs198. Par contre, dans les grandes paroisses, cette consultation peut être faite à l’intérieur des « diverses associations d ’hommes, de femmes et dejeunes 199 » qui se trouvent sur son territoire. Mais, dans les deux situations, selon la méthode adoptée, le curé préside les rencontres et un secrétaire note les suggestions de l’assemblée. Qui plus est, Sanschagrin donne une consigne précise aux curés présidant ces assemblées :

Dans les deux cas, il faudrait que le Curé s'occupe d'orienter la discussion, mais de ne pas imposer ses propres conclusions. De la même façon que Notre Saint Père le Pape a consulté les Evêques et que ceux-ci librement lui ont communiqué leurs suggestions, de la même façon que l'Evêque consulte les prêtres et que ceux-ci lui

194 Cf. MF Albert Sanschagrin, CP, 123, p. 1 : « Je vous serais reconnaissant de faire cette étude en équipe avec les membres de votre communauté. Si celle-ci était trop nombreuse, vous pouvez facilement procéder par équipes particulières. » 195 Cf. Id, CP, 124, 1 p.; Note ; Selon Sylvain Serré, MF Sanschagrin aurait adressé cette CP « à un groupe d ’une quarantaine de laïcs » (Sylvain Serré, « Les consultations préconciliaires... », p. 137). Or, ce nombre pose problème. Il n ’est mentionné dans aucune des sources consultées à date, pas même dans le texte de José de Brou- cher des ICI, auquel l’auteur se réfère, entre autres. Lorsque M8r Sanschagrin fait allusion à ces laïcs, il écrit sim- plement : « D’autre part, nous nous sommes adressés [sic] personnellement à un certain nombre de laïcs pour leur demander leurs suggestions sur le Concile » (Circulaire Pastorale, n° 125,26 avril 1962, p. 2). Nous renverrons désormais à ce document de la manière suivante : CP, 125; Même les Nouvelles diocésaines qui font écho à cette consultation demeurent muettes sur la question de ce nombre. 196 M8r Albert Sanschagrin, CP, 125, p. 2. 197 Cf 198 Cf/W, p. 1. 199 79

communiquent bien librement leurs suggestions, il faudrait que les fidèles puissent communiquer d'une façon tout à fait libre leurs suggestions au sujet du Concile, même si celles-ci, sur un point ou l'autre, peuvent paraître surprenantes. Le prêtre pourra, cependant avec avantage, distinguer entre ce qui, dans l'Eglise, ne peut et ne doit pas changer et ce qui doit s'adapter aux circonstances de notre temps.200

Cette dernière consigne veut donc garantir le plus possible la libre expression des parois- siens. Au plan méthodologique, par sa mise en garde, cette consigne vient mettre en évidence la faiblesse du système. Car cette manière de consulter une population n ’est pas une entreprise sans risque. D’ailleurs, il en est de même de la formule des équipes dans les communautés reli- gieuses. En dehors de cette consigne, nous n ’avons retrouvé aucune autre précision nous per- mettant d ’évaluer qualitativement les suggestions en provenance de ces divers groupes. Sont- elles l’expression de consensus au sein de ces assemblées ou plutôt des expressions individuel- les notées par les secrétaires ? C’est pourquoi nous ne pouvons recevoir le contenu de leurs rapports comme de véritables expressions de groupe. Si la chose peut s’avérer vraie en certains cas, elle peut être fausse en d ’autres.

Sur le plan temporel, chacun des groupes ciblés par la consultation se voit imposer un délai d ’un mois, soit jusqu’au 25 mai 1962, pour faire parvenir ses suggestions à la chancellerie diocésaine 201. Puis, un second délai, jusqu’au 10 juin suivant, est accordé par l’évêque pour favoriser les consultations collectives202. Finalement, les retardataires ont jusqu’à la fin de ce mois pour expédier leurs réponses 203.

Quelle réception cette consultation a-t-elle connue à l’intérieur de l’Église d ’Amos ? Les sources documentaires nous fournissent, d ’une part, la réaction de deux diocésains face à cette démarche de l’évêque et, d ’autre part, le texte original des réponses reçues en provenance des divers groupes consultés. À partir de ce matériau, nous formulerons des éléments de réponse à la présente question.

200 M81 Albert Sanschagrin, CP, 125, p. 1. 201 Cf. Id, CP, 122, 123, 124 et 125. 202 Cf. « Consultations sur le concile »,Nouvelles diocésaines, n° 86, 21 mai 1962, p. 1. 203 Cf. Le chancelier, « Un dernier rappel », Nouvelles diocésaines, n° 91, 25 juin 1962, p. 1 : « Nous deman- dons aux prêtres, aux religieux, aux religieuses et aux laïques (ceux qui ont été secrétaires de réunions et ceux qui ont été sollicités individuellement) de nous retourner d ’ici la fin du mois leurs réponses à la consultation que leur a demandée S. Exc. Mgr !’Administrateur. .. » 80

« Nous sommes invités au concile 204. » C’est ainsi que le rédacteur en chef de L’Écho in- titule un éditorial, à la suite des consultations demandées par ]VF Sanschagrin. Si l’on en juge par la teneur de ce texte d ’Armand Beaudoin, ces consultations, surtout celles menées auprès des laïcs, semblent causer un heureux étonnement :

S’en trouve-t-il un seul parmi nous qui ait déjà entendu parler d ’une consultation populaire menée par un évêque catholique auprès de ses ouailles afin de connaître leurs vues et suggestions sur les exigences de l’Église à leur endroit?

C’est pourtant ce qui se produit en ce moment dans le diocèse d ’Amos [...]

[...] Sous la gouverne éclairée de Sa Sainteté le pape Jean XXIII, l’Église veut profiter de ces assises [Concile du Vatican] pour tenter d ’adapter ses disciplines aux temps modernes en leur apportant au besoin des adoucissements. Elle poserait en même temps d ’autres jalons susceptibles de hâter sous une même autorité 1’unifica- tion du monde chrétien et la conversion des peuplades encore païennes.

Personne ne s’étonne de voir les chefs spirituels de la catholicité nourrir de si ma- gnifiques desseins, mais tous, principalement les simples fidèles, demeurent médu- sés qu’on fasse appel à leurs faibles lumières pour les réaliser. On ne peut vraiment trouver plus éblouissante preuve du souci qu’entretient l’Église de faciliter dans toute la mesure du possible l’oeuvre du salut.205

L’éditorialiste profite également de l’occasion pour encourager ses lecteurs à donner leur opinion sur des sujets comme « le jeûne et l’abstinence, les oeuvres serviles ou les quêtes206 ».

À cette réaction publique, s’ajoute la réaction d ’un autre diocésain, mais, cette fois-ci, sous le couvert de l’anonymat. Dans une lettre adressée personnellement à l’évêque, il écrit : « À l’occasion du concile écuménique [sic], vous avez bien voulu demander à vos ouailles d ’exprimer ce qu’ils croient devoir être utile à l’Église, pour son épanouissement. Je profite de cet avantage pour vous exposer mes pensées sur un sujet bien important. 207 »

204 Armand Beaudoin, « Nous sommes invités au concile », L'Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. XHI, n° 20, jeudi le 17 mai 1962, p. 4. 205 Λκ¿ 206 /W. 207 Un diocésain, « Lettre à son Excellence Monseigneur A. Sanschagrin », in Réponses des laïcs, Consultation Sanschagrin, 1962, Archives du diocèse d ’Amos. Cette lettre ne porte ni lieu, ni date. 81

Ces deux réactions nous montrent, entre autres, comment la consultation de l’évêque est non seulement perçue mais aussi reçue par certains fidèles. Ceux-ci y trouvent alors une occa- sion de choix pour exprimer leurs points de vue sur des questions d ’importance dans leur vie. Quoique que significatifs, ces deux témoignages ne peuvent suffire à eux seuls pour mesurer la réception de cette consultation.

C’est par une analyse quantitative des réponses reçues à la chancellerie diocésaine que nous tenterons maintenant de prendre une certaine mesure de cette réception. Dans les archives, près de 700 pages de textes originaux provenant de cette consultation y sont conservées. Ce- pendant, nous n ’avons retrouvé aucun rapport ou compte rendu de la compilation, devant être faite par la chancellerie, des réponses aux diverses questions208. Seules des notes manuscrites, sur certaines feuilles de réponses, nous mettent en présence d ’une possible compilation.

L’analyse de cette documentation nous révèle que 325 pages proviennent du clergé, 239 des communautés religieuses et 133 de la part des laïcs. Le nombre de pages venant des prêtres doit être cependant relativisé sachant qu’ils avaient à répondre précisément à 48 questions alors que les deux autres groupes avaient beaucoup moins de questions à traiter. En tenant compte de ce critère, la participation des communautés religieuses occupe la première place avec une moyenne de 10 pages par question209, alors que les prêtres en fournissent près de 7 et les laïcs, 5. Contre ce bilan, on pourrait invoquer le fait que les religieux et religieuses étaient plus nom- breux que les prêtres210. Par contre, la consultation dans les communautés religieuses devait surtout se faire au niveau d ’un travail d ’équipe211, ce qui réduit alors le nombre de répondants potentiels.

208 Cf. Le chancelier, « Un dernier rappel », p. 1 : « La Chancellerie procédera très bientôt à la compilation des réponses qui éclaireront S. Exc. Mgr !’Administrateur lors de sa participation aux délibérations du Concile. » Note : Les Nouvelles diocésaines sont totalement muettes sur quelque résultat de cette compilation. 209 Selon la consigne donnée, les réponses à chaque question devaient être données sur des feuilles séparées, c’est-à-dire une réponse par feuille en y indiquant le numéro de la question. Cf Questionnaire en vue du IF Concile du Vatican, Comment répondre. Feuille annexée au questionnaire de la consultation. 210 Selon l’annuaire diocésain de 1962, les communautés religieuses comprenaient 620 membres (71 frères et 549 religieuses) et le clergé 160 prêtres (137 séculiers et 23 réguliers). 211 Selon l’annuaire diocésain de 1962, les six communautés d ’hommes présentes dans le diocèse étaient répar- ties en 17 lieux sur le territoire et les 18 communautés de femmes, en 84 lieux. Ce qui nous donne 101 lieux de présence avec une moyenne de six personnes. Ce faisant, il était possible d ’obtenir des réponses de la part d ’une centaine d ’équipes au moins. 82

On ne peut évaluer cependant le nombre de répondants à la consultation uniquement sur la base du nombre de réponses reçues aux questions proposées. Ce résultat serait immédiate- ment invalidé car les répondants n ’étaient pas tenus de répondre à toutes les questions212. D’ail- leurs, à titre d ’exemple, à la deuxième question du questionnaire des prêtres, nous retrouvons 28 répondants alors que, pour 17 autres questions, nous en retrouvons moins de cinq à chacune d ’elles. Ainsi, pour tracer avec le plus de précision possible le portrait de la réception qu’a con- nue la consultation Sanschagrin, nous avons choisi comme paramètre d ’analyse !’identification des répondants 213. Face à cette entreprise, une difficulté s’est immédiatement imposée à nous : plusieurs réponses aux divers questionnaires ne comportent aucune forme d ’identification de la part des répondants. Il nous a donc fallu procéder à l’analyse matérielle des feuilles de répon- se214 afin de découvrir les divers rédacteurs possibles. En procédant de cette manière, nous avons appris qu’au moins 48 prêtres215 avaient fait parvenir une réponse à la chancellerie diocé ­

212 Cf. Questionnaire en vue du IF Concile du Vatican, Comment répondre : « On est invité à retourner ses ré- ponses, même si on n ’a répondu qu’à une partie des questions. » 213 Bien que les répondants n ’étaient pas tenus de signer leurs réponses, ils devaient cependant fournir certaines informations selon les indications contenues à la fin du questionnaire. Cf Questionnaire en vue du IF Concile du Vatican, Comment répondre ; Malgré cette consigne une bonne partie des réponses ne comportent aucune de ses informations. 214 Nous avons classé dans la catégorie des répondants identifiés : a) ceux qui avaient signé leurs réponses; b) ceux qui avaient au moins indiqué soit leur âge, leur occupation ou leur groupe d ’appartenance sur leurs feuilles de réponse; c) ceux qui avaient utilisé pour leurs réponses le papier à lettre avec entête imprimé de leur paroisse, communauté religieuse ou mouvement apostolique. Pour déterminer le nombre de répondants qui ne s’étaient pas identifié, nous avons fait une analyse matérielle de leurs feuilles de réponse à partir des paramètre suivants : Dis- position physique du texte (Largeur des marges, interligne, retrait des paragraphes), police de caractères, numéro- tation de page ou non, présentation de la question (manière d ’inscrire le numéro et le libellé de la question, avec ou sans soulignement, son lieu d ’encrage dans la page, etc.), défauts d ’écriture (usure du ruban de la dactylo, ca- ractères bouchés, etc. ). Pour les quelques textes manuscrits, nous avons tenu compte des formes d ’écriture, du papier utilisé (ligné ou non), etc. 215 Les réponses de 21 prêtres portaient une identification. À ce groupe, il faut ajouter celui du vicariat forain n° 9 qui s’est réuni pour répondre à la consultation : au moins quatre prêtres. L’analyse des textes non identifiés nous a permis de répertorier 23 autres répondants. Voici un certain portrait des prêtres qui ont identifié leurs ré- ponses : 14 d ’entre eux avaient signé leur nom, trois avaient au moins mis leur nombre d ’année de sacerdoce, l’un d ’eux son occupation comme professeur au Séminaire d ’Amos et trois avaient utilisé le papier à lettre de leur pa- misse. Avec ces données, 17 d ’entre eux sont des séculiers et quatre des réguliers. Cette proportion est représen- tative du clergé d ’Amos avec ses 137 séculiers et 23 réguliers. Nous avons pu établir également, à l’aide de l’annuaire diocésain de 1962, que la moyenne d ’âge des prêtres ayant signé leur nom était de 49 ans. Ils comp- taient une moyenne de 20 ans de sacerdoce en incluant les trois prêtres qui l’avaient signalé. Une fois de plus, cela est représentatif de l’ensemble du clergé d ’Amos qui a une moyenne de 47 ans d ’âge et de 19 ans d ’ordina- tion. Fait également à signaler : cinq des prêtres ayant signé leur nom ont discuté ensemble les diverses questions. Si huit réponses sont signées par les cinq, d ’autres réponses sont signées uniquement par certains d ’entre eux. Ce qui démontre non seulement la liberté d ’expression des individus, mais aussi les points de vue divergents à l’inté- rieur de ce groupe sur certaines questions. 83

saine, ce qui représente 30% de tout le clergé du diocèse d ’Amos. Si ce résultat nous semble bien mince pour une entreprise aussi importante de la part de l’évêque, il est cependant quelque peu comparable au 34% que l’on retrouve dans l’archidiocèse de Montréal 216 et nettement supé- rieur au 11% de l’archidiocèse de Québec217 . De plus, si l’analyse des réponses provenant des communautés religieuses nous a permis de trouver au moins 70 répondants tant collectifs qu’individuels 218, celle des réponses provenant des laïcs nous en signale 49219. L’ensemble de ces résultats nous met donc en présence de 167 répondants environ. Parmi eux, 89 sont des in- dividus nettement identifiés. Par contre, en vertu de données trop fragmentaires, nous ne pou- vous connaître avec exactitude le nombre de personnes qui ont participé aux discussions en équipe dans les communautés religieuses, les paroisses, les mouvements d ’apostolat, les asso- dations ou les institutions d ’enseignement 220.

Etant donné que les participants à la consultation Sanschagrin n ’étaient pas tenus de ré- pondre à toutes les questions, cela nous permet de prendre une autre mesure : celle des centres d ’intérêt chez les répondants 221. L’analyse nous a donné un portrait des plus disparates selon les groupes de répondants. On ne retrouve aucune convergence entre eux. Chez les laïcs, avec 27% des répondants, c’est la question de « la présentation du christianisme dans l’enseignement

216 Selon l’étude de Pierre Lafontaine 766 prêtres, tant séculiers que réguliers, sur un total de 2 225, ont répondu à la consultation. Le pourcentage des répondants est donc de 34%. Cf. Pierre Lafontaine « L’enquête préconci- liaire...», p. 86. 217 Selon l’étude menée par Patrick Allaire, seulement 19% des prêtres séculiers et 3% des prêtres réguliers ont répondu au questionnaire qui leur fut envoyé. Le pourcentage moyen des répondants tombe donc à 11% pour l’ensemble du clergé de Québec. Cf. Patrick Allaire, « La consultation du clergé de Québec », in Routhier, Gilles, dir., L’Église canadienne et Vatican II, p. 103. 218 Parmi les réponses identifiées, nous retrouvons 11 groupes de répondants et 25 individus. L’analyse maté- rielle des réponses non identifiées nous a permis de retracer au moins 34 autres individus ou groupes différents. 219 Les réponses identifiées proviennent, entre autres, de sept personnes dont un seul n ’a pas indiqué sa profes- sion (commerçant, cultivateur, secrétaire, institutrice, employé de bureau, médecin). Leur âge varie de 18 à 52 ans, selon les indications fournies. D’autres réponses proviennent de 13 groupes divers (cinq groupes de parois- siens, six mouvements d ’apostolat ou associations, un groupe de 23 normaliennes et un groupe de personnes ma- riées, cultivateurs). L’analyse matérielle des réponses non identifiées ajoutent 29 répondants supplémentaires. 220 Voici les seuls chiffres que nous possédons pour les réponses de groupes : a) Communautés religieuses : un groupe de cinq religieuses et un groupe de quatre. Les autres groupes n ’ont pas indiqué le nombre de participants aux discussions; b) paroisses, mouvements et associations : Un groupe de 23 normaliennes et un groupe de 20 laïcs de La Ferme. 221 À ce moment-ci, nous ne tenons pas compte du fait que les questions de la consultation soient communes ou non aux trois groupes de répondants. Par exemple, seuls les prêtres avaient une question sur « !’institution des petits séminaires ». 84

catéchistique, la prédication, la formation des adultes » qui a retenu le plus leur attention. Chez les prêtres, par contre, c’est « !’institution des petits séminaires » avec 58% des répondants, tandis que chez les religieux et les religieuses, c’est « la culture des vocations sacerdotales » avec 40%.

Centres d’intérêt des répondants, lors de la consultation de 1962

A: Formation intellectuelle et apos- tolique des Frères et des Soeurs B: Messe en langue vivante C: Culture des vocations sacerdota- les D: Présentation du christianisme dans l’enseignement catéchis- tique, la prédication, la for- mation des adultes E: Prédication dominicale F : Adaptation de la liturgie aux fi- Laïcs (49 répondants) déles de notre époque Prêtres (48 répondants) G: Doctrine de l’Église face à la Religieux et religieuses (70 répondants) limitation des naissances H: Répartition du clergé

A partir des questions communes aux trois groupes de répondants, nous pouvons également tracer un autre portrait de leurs centres d ’intérêt (voir figure 1.9). Des convergences et des di- vergences sont immédiatement perceptibles entre les divers groupes. Tandis que « la culture des vocations sacerdotales » et « la présentation du christianisme dans l’enseignement catéchis- tique, la prédication, la formation des adultes » ont suscité une prise de parole chez plus de 10% des répondants des trois groupes, la question de « la messe en langue vivante » a trouvé peu de répondants chez les laïcs (6%) et les religieux (9%), comparativement aux prêtres (25%). Nous remarquons aussi chez certains groupes le peu d ’intérêt porté à une question vi- sant plus spécifiquement leur propre groupe. Ainsi, seuls 6% des prêtres ont abordé la question de « la prédication dominicale » et 10% des religieux et religieuses se sont intéressés à la ques- tion de la « formation intellectuelle et apostolique des Frères et des Soeurs ». S’ils trouvent peu de choses à dire en ce qui les concernent, il n ’en va pas de même des autres groupes de répon- dants sur ces mêmes questions. Avec un pourcentage important, les laïcs (12%) et les religieux 85

(24%) ont pris la parole sur la question de la « prédication dominicale », tandis que les laïcs (22%) et les prêtres (27%) l’ont fait par rapport à « la formation intellectuelle et apostolique des Frères et des Soeurs ». Chose étonnante, à première vue, c’est le peu d ’intérêt manifesté par les répondants laïcs pour les questions liturgiques qui semblent davantage préoccuper le clergé et les communautés religieuses. Nous assistons cependant à un renversement de la tendance sur « la doctrine de l’Église face à la limitation des naissances ». Si 18% des répondants laïcs

s’intéressent à la question, — ce qui reste faible malgré tout —, à peine 10% des prêtres se sont exprimés sur le sujet. Enfin, cette figure 1.9 met aussi en évidence quatre ou cinq ques- fions qui ont suscité le plus d ’intérêt à !’intérieur de chacun des groupes de répondants. Ainsi, à titre d ’exemple, les laïcs se sont particulièrement attachés 1) à « la formation intellectuelle et apostolique des Frères et des Soeurs »; 2) à « la culture des vocations sacerdotales »; 3) à « la présentation du christianisme dans l’enseignement catéchistique, la prédication, la formation des adultes »; 4) à « la doctrine de l’Église face à la limitation des naissances »; 5) à « la répar- tition du clergé ».

Les avis formulés lors de cette consultation, quelle réception ont-ils connue chez Mgr Sans- chagrin ? Les sources de la période préconciliaire nous fournissent peu de données pour une réponse satisfaisante à cette question. Cependant, un premier document nous apprend que les meilleures suggestions ont reçu un écho dans les propos de l’évêque, lors d ’une émission à la télévision régionale, avant son départ pour le concile 222. Un second document nous signale, de manière non équivoque, la réception par ]VF Sanschagrin des résultats de sa consultation des diocésains : « Entr ’autres, je voudrais vous remercier pour les réponses apportées à la consulta- tion que j’ai sollicitée des prêtres, des religieux et des fidèles du diocèse, soit individuellement, soit collectivement. J’en apporte les conclusions avec moi au Concile : elles me disent votre pensée sur chacun des sujets proposés.223 »

L’étude de cette consultation (1962) apporte à son tour quelques éléments nouveaux par rapport aux études antérieures sur le sujet des consultations faites au Québec à cette époque.

222 Cf. « S. Exc. Mgr l’Administrateur parlera au Poste CKRN-TV », Nouvelles diocésaines, n° 96, 27 août 1962, p. 1. 223 Mgr Albert Sanschagrin, Circulaire Pastorale, Aux prêtres, religieux et religieuses du diocèse, n° 136, 17 septembre 1962, p. 1. 86

Aux travaux de Sylvain Serré, elle ajoute désormais le diocèse d ’Amos dans sa liste des diocè- ses qui ont utilisé le questionnaire de Montréal comme base pour leur propre consultation 224. De plus, nous avons maintenant accès aux résultats de la consultation Sanschagrin, bien que l’on n ’ait pu en retrouver un rapport ou un compte rendu comme le signalait déjà S. Serré225.

En conclusion de ce chapitre, la présente étude nous a permis de vérifier, d ’une part, com- ment Albert Sanschagrin a fait écho à la voix de Jean XXIII à l’intérieur de son Église 10-

cale et, d ’autre part, comment il a assumé la voix de cette dernière en préparation au concile. Sur le plan chronologique, si la question du concile dans l’Église d ’Amos bat en quelque sorte

au rythme des interventions papales, c’est surtout en 1962 que l’on retrouve dans les docu- ments diocésains le plus d ’échos à la voix de Jean XXIII. Tandis que les Nouvelles diocésaines multiplient les articles sur le concile, M21 Sanschagrin, par ces circulaires pastorales, non seule- ment répercute-t-il la voix du Pape au sein de son Église, mais encore y donne-t-il suite par

diverses initiatives pastorales. De plus, si la lettre des principaux énoncés pontificaux n ’est pas toujours répercutée dans l’Église d ’Amos, il en va autrement de leur esprit. Pour ce qui est de la manière dont M81 Sanschagrin assume la voix de son Église en vue du concile, c’est en privi- légiant la formule des consultations (1960 et 1962) qu’il le fait. Leurs résultats deviennent alors autant d ’indicateurs des tendances qui se dessinent au sein de son Église. En fait, sur diverses questions, il y a là la voix d ’une Église locale que l’évêque peut désormais inclure dans ses propres prises de position en concile.

224 Cf. Sylvain Serré, « Les consultations préconciliaires... », p. 127. 225 Cf. Ibid., p. 138 : « Encore une fois, nous ne possédons aucune trace des résultats de ces rencontres [les ren- contres préconciliaires d ’Amos] : aucun rapport, aucun compte rendu. » CHAPITRE II

LA PÉRIODE CONCILIAIRE

Le 11 octobre 1962, s’ouvre de manière solennelle le 21e concile oecuménique, le IIe du du Vatican. En leur évêque qui les représente et en exprime la foi, les Égliseslocales du monde « se rendent [alors] présentes les unes aux autres1. » Dans le présent chapitre, il s’agit pour nous de vérifier comment Mgr Sanschagrin, lors des deux premières sessions et intersessions conciliaires, fait fonctionner !’articulation local-universel et ce, dans le jeu des échanges réci- proques du local vers l’universel et de l’universel vers le local. Plus précisément, il s’agit de vérifier trois choses : primo, comment l’Église d ’Amos, à travers Mgr Sanschagrin, va à la ren- contre des autres Églises locales; secundo, comment la parole de cet évêque se fait l’écho de la voix de son Église auprès des Églises en concile et, tertio, comment la voixde ces Églises par- vient à l’Église d ’Amos à travers son évêque.

À l’automne 1962, au moment de se rendre à Rome, ]VF Sanschagrin se prépare non seu- lement à vivre un événement ecclésial d ’une importance capitale à ses yeux2, voire même « le plus grand événement de notre temps3 », mais aussi à revenir avec des décisions applicables dès

1 Gilles Routhier, « Introduction », in Routhier, Gilles, dir., L'Église canadienne et Vatican II, Fides, collée- tion « Héritage et projet », n° 58, 1997, p. 16. 2 Cf. M8r Albert Sanschagrin, Lettre du concile à ses diocésains, n° 1, 28 septembre 1962, p. 1 : « L’idée qui me revient constamment en tête au cours de ce voyage est celle de la souveraine importance que revêt le Concile Vatican II pour l’Église de notre temps. Le Cardinal Montrai avait déclaré : “Ce Concile sera le plus grand que l’Église ait jamais célébré dans ses vingt siècles d ’histoire”. Ce sera celui qui réunira le plus grand nombre d ’évê- ques. Ce sera aussi le plus représentatif par les races et les pays. Enfin, il sera une manifestation visible de l’universalité de l’Église. » 3 Ibid., p. 2. 88

son retour4. Bien qu’il n ’ait exprimé aucune opinion sur la durée possible de ce concile 5, il ne

s’attendait sûrement pas aux nombreux rebondissements que celui-ci connaîtrait lors de sa célé- bration, c’est-à-dire le rejet ou le retrait de la quasi totalité des 70 schémas conciliaires prove- nant des commissions préparatoires6 , la mort de Jean XXIII et la poursuite du concile avec un nouveau Pape, puis la clôture de ce concile au terme de quatre sessions, le 8 décembre 1965, alors que certains le souhaitaient plutôt bref7 .

Cet évêquepart aussi avec une certaine conception de ce que sera sa future participation au concile. À l’automne 1962, il se rend à Rome davantage pour recevoir que donner 8. Comme

à une source, il s’en va y « puiser l’orientation que l’Esprit veut donner à son Église » et ce, dans le but de mettre son diocèse « au diapason des exigences du concile 9. » Une prédominance de l’universel vers le local colore donc sa conception. Mais à l’approche de la seconde session, c’est en terme de contribution à apporter qu’il parle désormais de sa participation au concile 10.

4 Deux textes nous permettent de faire cette affirmation : le premier, avant son départ pour Rome et le second, à son retour. Cf. Mgr Albert Sanschagrin, Circulaire Pastorale, Au clergé, n° 133, 3 septembre 1962, p. 2 : « Mais, je voudrais en saisir l’esprit [du concile], l’orientation, afin qu’avec votre étroite collaboration, je puisse au retour mettre le diocèse qui m’est confié au niveau des préoccupations du Concile et traduire dans les faits les décisions qui seront prises. »; Id., Circulaire Pastorale, Au clergé et aux communautés religieuses, n° 150, 21 janvier 1963, p. 1 : « Il est vrai que les évêques n ’ont pu revenir dans leurs diocèses avec des décisions concrètes immédiatement applicables. »;Note : Nous renverrons désormais à ces deux documents respectivement de la ma- nière suivante : CP, 133 et CP, 150. 5 Les sources documentaires d ’avant-concile que nous avons consultées n ’en font aucune mention. 6 Cf. Étienne Fouilloux, « Histoire et événement : Vatican II », Cristianesimo nella storia, vol. 13, n° 3, ot- tobre 1992, p. 528 : « Au terme de la première période, exceptions faites du schéma sur la liturgie assez bien parti et du (médiocre) schéma sur les moyens de communication sociale, l’ensemble du travail préparatoire est par ter- re... » 7 Entre autres, la majeure partie de la Curie romaine. Cf. Ibid., p. 527. 8 Cf. Msr Albert Sanschagrin, CP, 133, p. 2 : « Personnellement, je me rendrai au Concile pour recevoir plus que pour donner. Non que je ne veuille participer pleinement aux travaux. Mais, je voudrais en saisir l’esprit, l’orientation, afin qu’avec votre étroite collaboration, je puisse au retour mettre le diocèse qui m’est confié au niveau des préoccupations du Concile et traduire dans les faits les décisions qui seront prises. »; Id., Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 1, 19 septembre 1961: « Vous pouvez facilement penser queje veux prendre une part active dans la marche du concile, non pas tant pour donner (mon expérience est bien minime), que pour recevoir, pour y puiser l’esprit, l’âme de l’Église, et revenir dans mon diocèse pour faire passer dans la pratique les déci- sions prises, et cela dans l’esprit et l’âme même du concile. » 9 Id, Circulaire Pastorale, Aux prêtres, religieux et religieuses du diocèse, n° 136, 17 septembre 1962, p. 2. 10 Cf. Id., Circulaire Pastorale, Aux séminaristes, n° 165, 10 septembre 1963, p. 2 : « Je pars pour la deuxième session de Vatican II. Puissiez-vous invoquer le Saint-Esprit et Lui demander de m’éclairer afin queje puisse apporter ma propre contribution aux délibérations conciliaires. »; Id., Circulaire Pastorale, Au clergé, aux corn- munautés religieuses et aux militants de l’A.C., n° 166, 16 septembre 1963, p. 1 : « En raison de l’obligation qui m’est faite, je participerai à ces réunions conciliaires, dans le but d ’y apporter ma faible contribution, mais surtout d ’en tirer tout le profit possible pour moi-même et pour le diocèse. » ; Note : Nous renverrons désormais à ce der- 89

C’est là un langage nouveau par rapport à l’année précédente où l’apport du local vers l’uni ver- sel était moins évident. Une évolution s’est donc produite. L’expérience de la collégialité des évêques en concile n ’a certainement pas été sans incidence sur sa vision des choses. Elle l’a sûrement convaincu qu’en tant que Père du concile et représentant d ’une Église locale, il avait lui aussi quelque chose à donner aux autres11.

Vatican II a été pour ]VF Sanschagrin l’occasion d ’une abondante production littéraire. En plus des circulaires pastorales (CP), nous retrouvons deux types d ’écrits épistolaires : d ’une part, un Journal du concile (JC), sous forme de lettres à sa mère, et, d ’autre part, des lettres hebdomadaires du concile à ses diocésains (LCD). Malgré le fait que notre étude se limite aux deux premières sessions et intersessions conciliaires, ces documents nous fournissent près de 9 400 lignes de texte (JC : 6 555; LCD : 1 856; CP : 975) et ce, sans compter les 1 078 lignes provenant des Nouvelles diocésaines (ND). Ce qui représente environ 10 500 lignes, soit dix fois plus de texte que durant toute la période préconciliaire. À l’aide d ’analyses quantitative et thématique, nous explorerons cet abondant matériau pour en tirer des réponses aux diverses questions de notre étude.

Le présent chapitre comportera trois divisions majeures, elles-mêmes subdivisées : Pri- mo, À Vatican II, l’Église d ’Amos à la rencontre des Églises du monde; secundo, La voix de l’Église d ’Amos au concile et, tertio, La voix des Églises en concile vers l’Église d ’Amos.

2.1 À V atican II, l’Église d ’A mos à la rencontre des Églises du monde

« C’est donc bien toute votre communauté que j’ai reçue au nom de Dieu, en Onésime, [...], votre évêque selon la chair12. » Ainsi s’exprimait, au début du IIe siècle, l’évêque d ’Antio- che, à la suite de sa rencontre avec l’Évêque d ’Éphèse. À Vatican II, chaque rencontre entre

nier document de la manière suivante : CP, 166. 11 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, CP, 166, p. 1 : « Un évêque, tout en étant plus spécialement le chef d ’une Église particulière, partage avec tous les évêques du monde, sous la primauté du Pape, la responsabilité de l’Église uni- verseile. Aussi, je viens vous demander de m’appuyer de vos prières et de vos mérites pour queje réponde pleine- ment à ce que l’Église attend de moi : “Unico Ecclesiae servitio”. » 12 Ignace d ’Antioche, « Lettre aux Éphésiens, 1,3», Les écrits des Pères apostoliques, Introduction de Domi- nique Bertrand, Paris, Les Éditions du Cerf, collection « Foi Vivante », n° 244, 1990, p. 156. 90

évêques devient autant d ’occasions pour les Églises locales du monde de se rendre « présentes

les unes aux autres13 ». Quelques questions se posent alors à nous : Dans les sources documen- taires, M81 Sanschagrin a-t-il laissé des traces de ses rencontres avec les autres Églises et ce, à travers leur évêque respectif ? Que nous apprennent-elles au sujet de ces évêques et de leur Eglise ? Quel fut l’objet des propos échangés entre eux ? Les réponses à ces trois questions formeront les subdivisions de ce point 2.1.

2.1.1 La recherche des traces laissées

A la première question, la réponse est affirmative. Bien qu’on en retrouve quelques traces dans ses LCD, c’est surtout dans son JC que Mgr Sanschagrin note ses rencontres avec de nom- breux évêques du monde. Notre analyse portera donc essentiellement sur le JC, tandis que les LCD seront utilisées uniquement pour des informations complémentaires.

Avant même de procéder à une lecture attentive du JC, un survol de celui-ci permet déjà au lecteur d ’y découvrir deux choses : d ’abord, une liste de 31 évêques Oblats de Marie-Imma- culée (voir annexe B), puis, la récurrence d ’un mot généralement souligné et toujours situé au terme des écrits journaliers : soit « contact(s) », soit « rencontre(s) »14. Ce mot est alors immé- diatement suivi par les noms d ’un évêque15 et de son Église, sauf exception 16 . Par ce moyen,

]VF Sanschagrin attire donc notre attention sur des contacts ou des rencontres qu’il tient à souli- gner tout particulièrement. C’est pourquoi nous traiterons comme une catégorie propre les 42 évêques catholiques17 qui y sont mentionnés et que nous appellerons par la suite les « Évêques rencontrés du groupe A » (voir annexe C).

13 Gilles Routhier, « Introduction », in Routhier, Gilles, dir., L'Église canadienne et Vatican II, p. 16. 14 Sous cette forme, le mot « contact » apparaît 41 fois et le mot « rencontre », cinq fois. 15 Dans la suite de cette étude, se retrouvent indistinctement inclus sous ce titre les cardinaux, les évêques rési- dentiels et titulaires, ainsi que les prélats nullius. 16 À 36 reprises le mot « contact » est suivi par le nom d ’au moins un évêque; les autres fois, nous retrouvons soit le nom d ’un laïc (homme ou femme), d ’un religieux ou d ’un Prélat domestique. Le mot « rencontre », quant à lui, est suivi à quatre reprises par le nom d ’au moins un évêque; l’autre fois, c’est celui d ’un religieux. 17 Nous précisons qu’il s’agit d ’évêques catholiques parce que M8r Sanschagrin a également eu un contact avec un évêque orthodoxe russe dont il ne mentionne pas le nom. Il écrit seulement : « Contact : un archiprêtre ortho- doxe russe (à la longue barbe blanche), observateur au Concile. Il est évêque, ordinaire des russes orthodoxes vivant en Europe. Nous parlons en français... » {Journal du concile, Lettre à sa mère, n°18, 17 octobre 1963). 91

Ce premier bilan s’avère cependant parcellaire si nous procédons à une investigation dans le texte même du JC. En prenant la terminologie des relations humaines comme clé de lecture, c’est un nouveau groupe de 61 évêques18 que nous pouvons ainsi retracer. Tel qu’il apparaît dans la figure 2.119, si nous voyons apparaître de nouveau des noms d ’évêques à la suite des

mots « contact » et « rencontre 20 »— cette fois-ci à !’intérieur même du texte — d ’autres no ms s’ajoutent aussi à la suite de l’expression « mon (mes) voisin(s) » ou encore d ’expressions for- mées à l’aide de la préposition « avec » pour signifier, du moins implicitement, qu’une conver- sation eut lieu entre eux21. Enfin, des évêques que Sanschagrin salue à l’occasion ou qui viennent le féliciter, suite à son intervention in aula du 23 novembre 1962, font aussi partie de ce groupe. Celui-ci sera désigné par la suite comme étant les « évêques rencontrés du grou- Figure 2.1 — Terminologie relations hum, et évêques pe B » (voir annexe D). Bien que Sanscha- grin n ’attire pas explicitement notre attention sur ces évêques dans son JC, nous ne pouvons les ignorer cependant, du moins en vertu de leur nombre et surtout du contexte de leur ren- contre. D’ailleurs, nous reviendrons ultérieure- ment sur ce dernier aspect. Par ce second bilan, I Voisins : 24] Mgr Sanschagrin se révèle, entre autres, un homme de relations où chaque lien établi semble être important. D’ailleurs, même les évêques qui ont été ses voisins en diverses circonstances et qui occupent une part importante du nou- veau groupe (32%), ont droit à quelques lignes de sa part dans son JC.

D’après le JC, outre les Canadiens, 14 évêques des Groupes A et B, ci-haut mentionnés, étaient déjà des connaissances personnelles de M®1' Sanschagrin antérieures à Vatican II (voir

18 Nous n ’avons pas inclus dans ce groupe les évêques faisant déjà partie des groupes mentionnés précédera- ment. Ce faisant, il s’agit d ’un groupe totalement nouveau. 19 Dans cette figure, le même évêque peut se retrouver dans plus d ’une catégorie ou à plus d ’une reprise dans la même. Cependant, nous avons compté une seule fois ses deux voisins in aula, cités à de nombreuses reprises dans le JC. Considérant qu’ils feront l’objet d ’un traitement particulier, nous n ’avons pas inclus les évêques oblats. 20 Mgr Sanschagrin utilise souvent les expressions «j’ai rencontré » , «je rencontre ». 21 M8r Sanschagrin utilise des expressions comme « causer avec », « parler avec », « revenir avec », « entrer avec », « souper ou dîner avec », etc. 92

annexe E). Exception faite de ]VF Sergio Pignedoli, en vertu de son statut de délégué aposto- lique, ce groupe est composé de sept Européens 22, dont quatre Français, de cinq Latino-améri- cains 23, tous de pays différents, et d ’un Africain 24. Si quatre de ces évêques sont des connais- sanees en lien avec l’Action catholique25, trois autres le sont dans le cadre des missions 26 . En- fin, sept évêques ont été rencontrés dans diverses circonstances. Notons en outre que ce groupe représente à peine 14% des évêques des Groupes A et B. Ainsi, à Vatican II, MF Sanschagrin ne se contente pas de renouer uniquement avec ses connaissances d ’autrefois, il profite aussi de cet événement pour établir de nouveaux contacts et avec le plus grand nombre d ’évêques pos- sible.

L’utilisation de la terminologie des relations humaines, comme clé de lecture du JC, nous a aussi permis de faire une découverte plutôt singulière. À 21 reprises, sous la plume de

Sanschagrin, nous retrouvons le mot « ami » à l’endroit de certains évêques. Si la plupart d ’en- tre eux reçoivent le qualificatif de « bon ami », deux évêques sont qualifiés respectivement d ’« excellent ami27 » et de « meilleur ami28 ». C’est un groupe de 15 évêques qui est ainsi mis au jour grâce au paramètre de l’amitié (voir annexe F). Quatre d ’entre eux n ’apparaissent dans aucun des groupes précédents, ce sont de nouveaux visages29.

Étant donné que le groupe des évêques amis ne fera pas l’objet d ’une analyse ultérieure, nous en soulignons dès maintenant quelques aspects. Primo, si MF Sanschagrin a des amis évê­

22 Ce sont Card. G. Ferretto (Curie romaine), A. Samoré (Curie romaine), I.T. Suhr (Danemark), C. de Proven- chère (France), Card. P. Gerlier (France), P. Veuillot (France) et J. Villot (France). 23 Ce sont B. Pinera Carvallo (Chili), E. Dominguez Recinos (Honduras), M.D. Miranda y Gómez (Mexique), R. Bogarin Argaña (Paraguay) et S. Kuijpers (Surinam). 24 II s’agitde P. Poreku Dery (Ghana). 25 Ce sont B. Piñera Carvallo (Chili), R. Bogarin Argaña (Paraguay), Card. P. Gerlier (France) et M.D. Miranda y Gómez (Mexique). 26 Ce sont A. Samoré (Curie romaine), E. Dominguez Recinos (Honduras) et S. Kuijpers (Surinam). 27 Au sujet de Mgr Sergio Pignedoli, Mgr Sanschagrin écrit : « C’est un excellent ami » {Journal du concile, Let- tre à sa mère, n° 9, 13 novembre 1962). 28 Au sujet de Mgr Bernardino Piñera Carvallo (Temuco, Chili), Mgr Sanschagrin écrit : « ...le meilleur ami que j’aie en Amérique latine » {Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 9, 14 novembre 1962); Id., Journal du conci- le, Lettre à sa mère, n° 19, 22 octobre 1963 : « J’invite à dîner le meilleur ami que j’aie dans l’Épiscopat latino- américain, Son Exc. Mgr Bernardino PINERA, Évêque de Temuco, au Chili. » 29 Ce sont A.I. Antezana y Rojas (Bolivie), F. Beckmann (Panamá), LA. Oviedo y Reyes (Nicaragua) et G.B.V. Thangalathil (Inde). 93

ques sur quatre continents — deux en Afrique, huit dans les Amériques30, un en Asie et quatre en Europe31 — le plus grand nombre d ’entre eux habitent le Tiers-Monde. Secundo , la prédominance linguistique au sein de ce groupe est l’espagnol et ce, à cause de l’Amérique la- tine comme prédominance géographique. Tertio, si trois de ces évêques sont des oblats, cinq d ’entre eux ont été membres de commissions préparatoires au concile ou sont membres de commissions conciliaires. Ces amitiés de par le monde ne peuvent être sans incidence sur la pensée de M81' Sanschagrin. Grâce à elles, c’est une véritable influence catholique, au sens d ’universelle, qui est alors exercée sur sa propre réflexion pastorale. Ainsi, à Vatican II, il ne peut être indifférent aux propos des évêques du Tiers-Monde, particulièrement de l’Amérique latine. Nous en avons un exemple lors du débat sur la restauration du diaconat permanent. Sur cette question chaudement débattue in aula, le point de vue des Églises latino-américaines n ’est pas sans effet sur Mgr Sanschagrin. Fait particulièrement significatif, ce ne sont pas les argu- ments des européens ou des nord-américai ns qui trouvent écho dans une lettre à ses diocésains, mais plutôt ceux des Églises tiers-mondistes 32.

Enfin, notre enquête dans le JC, nous amène à regrouper dans une nouvelle catégorie 18 évêques dont les noms n ’apparaissent dans aucune des catégories précédentes. Nous avons re- marqué que M^ Sanschagrin, suite à sa participation à certaines réunions, conférences ou célé- brations, signale dans son JC des évêques qui y étaient présents ou qui y ont joué un rôle parti- culier33, mais sans préciser s’il a eu ou non une conversation avec eux. C’est pourquoi nous les avons regroupés dans une catégorie propre (voir annexe G), que nous signalons ici sans plus.

Par une analyse quantitative, nous pouvons maintenant mesurer l’importance de ces tra- ces laissées par M6 "Sanschagrin dans son JC. En regroupant l’ensemble des données provenant

30 Nous retrouvons deux évêques en Amérique du Nord (Canada et Mexique), deux en Amérique centrale (Ni- caragua et Panamá) et quatre en Amérique du Sud (Bolivie, Chili [deux] et Paraguay). 31 L’un de ces évêques vient de l’Angleterre et les trois autres, de la France. 32 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, Lettre du concile à ses diocésains, n° 17, 7 novembre 1963, p. 2 : « La question des diacres mariés est bien délicate. Même en pays de mission, on est divisé sur ce point. Les missionnaires de l’Islam, visiblement, n ’en veulent pas. Par contre, plusieurs évêques de l’Amérique latine se sont prononcés favo- rablement et y verraient une substitution heureuse à leur manque de prêtres. » Nous renverrons désormais à ce document de la manière suivante : LCD, 17. 33 Pour les fins de la présente étude, j’ai exclus les informations en rapport avec les congrégations générales et les sessions publiques du concile. J’ai conservé celles se rapportant à des groupes plus restreints extra aula. 94 des diverses catégories ci-haut mentionnées, cela nous donne pas moins de 871 lignes de texte sur les 6 555 du JC (13%)34. Ce qui est loin de constituer une quantité négligeable en soi. Ces données nous révèlent non seulement le réseau des liens humains de cet évêque à Vatican II, mais aussi leur importance par la place qu’il leur accorde dans son JC. D’ailleurs, c’est près de 10% de celui-ci, plus exactement 562 lignes, qui est consacré uniquement aux rencontres expli- cites qu’il a eues avec ses pairs et dont nous avons fait mention dans les deuxième et troisième catégories.

À partir de ces nombreuses traces, nous tenterons maintenant d ’esquisser un portrait de ces rencontres d ’évêques, faites par MF Sanschagrin. Quelques questions guideront notre ré- flexion : Que savons-nous des circonstances dans lesquelles se sont réalisées ces rencontres ? Quelle a été leur fréquence ? Au plan géographique, quel portrait peut-on tracer des évêques rencontrés ? A-t-il un caractère véritablement universel ou est-il plutôt à prédominance conti- neníale voire même nationale ?

2.1.2 Quelques portraits de rencontres d ’évêques

Ce portrait, nous l’esquisserons à partir d ’un doublement mouvement. Dans le premier, nous présenterons les diverses circonstances qui ont favorisé des rencontres entre MF Sanscha- grin et ses pairs. Puis, dans le second, nous tracerons plus particulièrement le portrait géogra- phique des évêques personnellement rencontrés à Vatican II et signalés dans le JC. Cela nous permettra de mieux saisir les convergences et les divergences entre le portrait des évêques o.m.i et ceux des Groupes A et B, ci-haut mentionnés.

Une première circonstance est inhérente au fait que MF Sanschagrin est un religieux de la communauté des Oblats de Miarle Immaculée. Cela lui donne non seulement le privilège de résider à la Maison Générale de sa communauté, mais surtout d ’y côtoyer quotidiennement 31 évêques, oblats comme lui, dont la plupart ne lui étaient pas étrangers à l’automne 1962 35. En

34 Si nous ajoutons les 324 lignes qui concernent les rencontres de Mgr Sanschagrin avec des personnes autres que des évêques, c’est un total de 1 195 lignes de textes, soit 18% du JC, qui sont alors consacrées à ce thème. 35 Cf. Msr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, ñ° 4, 10 octobre 1962 : « Je connaissais la plupart d ’entr ’eux depuis plusieurs années. C’est un plaisir de se rencontrer de nouveau. » 95

plus des repas qui leur permettent, entre autres, d ’échanger sur les questions débattues in aula 36 , la vie communautaire leur offre de nombreuses occasions de se rencontrer. Sans comp- ter six réunions sur des sujets en rapport avec le concile, MF Sanschagrin participe, avec ses confrères évêques, à 12 activités communautaires au cours des deux premières sessions 37 (voir annexes H et I). Qui plus est, c’est dans le même autobus qu’ils voyagent pour se rendre aux congrégations générales et en revenir38. Ce sont là autant d ’occasions pour échanger entre eux, non seulement sur le concile, mais aussi sur la vie et les questions pastorales propres à leurs Églises respectives.

Par son appartenance à une communauté missionnaire, MF Sanschagrin a aussi le privi- lège de vivre avec des évêques dont les Églises sont situées dans des univers géographique et

culturel les plus diversifiés. S’ils sont présents dans 12 pays répartis sur quatre continents 39 (voir figure 2.2), les évêques oblats se retrouvent pour la plupart dans l’aire géographique du Sud et plus particulièrement dans les jeunes Figure 2.2 — Les évêques o.m.i. Églises d ’Afrique et d ’Asie. Il n ’est pas sans intérêt de noter que sept d ’entre elles sont re- présentées au concile par un évêque autochto- ne 40. D’origines les plus disparates 41, les évê- ques oblats, que côtoie MF Sanschagrin, ont une moyenne d ’âge de 56 ans et une moyenne d ’épiscopat de 12 ans. La plupart sont mission- naires et seuls trois d ’entre eux sont à la re-

36 Décrivant son horaire quotidien, Msr Sanschagrin écrit : « À notre arrivée à la maison [après les congréga- tions générales ] : Dîner. On commente la réunion du matin, puisque les Evêques sont seuls à table et qu’il n ’y a pas danger de manquer au secret » (Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 6, Introduction). 37 Dans le JC, 158 lignes nous en conservent les traces. 38 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 6, Introduction. 39 Pour les fins de la présente étude, les données du JC ont été confrontées avec celles des Annuario Pontificio des années 1962 et 1963. 40 Nous en retrouvons quatre en Afrique (Hurley, Mabathoana, Phakoe et Whelan) et trois en Asie (Cooray, Peiris et Pillai). Ces données ont pu être établies à partir des informations de Y Annuario Pontificio per l’Anno

41 Afrique : Afrique du Sud (2) et Basutoland (2); Amériques : Canada (10) et États-Unis (3); Asie : Ceylan (3); Europe : Allemagne (2), Belgique (1), Écosse (1), Espagne (1), France (4) et Italie (2). Ces données ont pu être établies à partir des informations de Y Annuario Pontificio per l’Anno 1963. 96

traite42. Bien qu’ils soient peu nombreux à s’être retrouvés dans les diverses commissions concilaires 43, la présence des Cooray et Hurley, à la Commission centrale préparatoire au conci- le, n ’est cependant pas passée inaperçue 44.

A Vatican II, par cette présence d ’Églises aussi diversifiées à travers les évêques oblats,

!VF Sanschagrin baigne pour ainsi dire dans une atmosphère d ’universalité. La Maison Géné- raie est alors une sorte de carrefour où se croisent les expériences ecclésiales ainsi que les préoccupations théologiques, pastorales et missionnaires les plus diverses. Sous ce toit, on re- trouve également neuf théologiens qui sont au nombre des periti (experts) au concile 45, ainsi que le Supérieur général qui est Père du concile et membre de la Commission des missions 46 . Si de multiples éléments sont alors en place pour favoriser un brassage des idées, l’influence des Églises d ’Afrique et d ’Asie ne peut être ignorée et ce, en raison de leur prédominance dans

ce groupe d ’évêques. Fait pour le moins significatif, trois des quatre évêques oblats, qui sont membres des Commissions conciliaires, viennent de ces Églises47 . Sanschagrin se trouve

42 Ce sont J. Bonhomme (Basutoland), A. Clabaut (Baie d ’Hudson) et K.W. Vervoot (Pilcomayo, Paraguay). Note : Entre parenthèses, j’ai indiqué le nom du Vicariat apostolique dont ils sont démissionnaires. 43 Ce sont Thomas B. Cooray (nommé à la Commission de la discipline du clergé et du peuple chrétien), Denis Eugène Hurley (élu à la Commission des séminaires, des études et des écoles catholiques), Emanuel Mabathoana (nommé à la Commission pour les missions) et John E. Taylor (élu à la Commision de la discipline des sacre- ments). Cf. « Les Commissions conciliaires », La Documentation Catholique, tome LXI, n° 1419, 1er mars 1964, col. 333-346; Note : Le JC mentionne seulement Cooray, Hurley et Taylor. Cf. Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 6,22 octobre 1962; Ibid., n° 7,29 octobre 1962; Ibid., n° 24, 29 novembre 1963. 44 II s’agit de Thomas B. Cooray, évêque de Colombo in Ceylon (Ceylan) et de Denis Eugène Hurley, évêque de Durban (Afrique du Sud). Au sujet du premier, Msr Sanschagrin écrit : « Il a été une autorité dans la Commis- sion centrale préparatoire au concile, selon le témoignage du Cardinal Léger », et au sujet du second : « Son Éminence le Cardinal Léger le considère aussi comme une autorité. Il siégeait sur la Commission centrale » (Jour- nal du concile, Lettre à sa mère, n° 5, Introduction). 45 Au début de la première session du concile, il y avait seulement quatre théologiens. Cf Mgr Albert Sanscha- grin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 3,2 octobre 1962 : « Et à la maison générale, on nous offre tous les services dont nous pouvons avoir besoin, y compris celui d ’avoir avec nous quatre théologiens (oblats) du Conci- le. »; Ces quatre théologiens ne sont pas nommés. Ce sont les Pères Marcel Bélanger, Armand Reuter, Joseph Rousseau et André Seumois. Cf. « La liste des experts au Concile », La Documentation Catholique, tome Lix, n° 1387, 4 novembre 1962, col. 1408; Au terme de la seconde session, leur nombre était passé à neuf et M8r Sans- chagrin n ’en fait aucune mention. Aux quatre premiers periti, il faut ajouter G. Barry, J. Gervais, A. Guay, J. King et W. Vogt. Cf. « Liste définitive des 396 experts du concile », La Documentation Catholique, tome LXl, n° 1419, 1er mars 1964, col. 345-348. 46 Le Père Léo Deschâtelets, supérieur général des Oblats, a été nommé à la Commission des Missions. Cf. « Les dix Commissions conciliaires », La Documentation Catholique, tome LIX, n° 1388, 18 novembre 1962, col. 1462. 47 Ce sont Cooray (Ceylan), Hurley (Afrique du Sud) et Mabathoana (Basutoland). 97 donc non seulement dans un milieu qui est propice aux échanges entre Églises, mais aussi dans un milieu où Γeffervescence des jeunes Églises peut nourrir sa propre réflexion et ce, en l’ou- vrant à leurs problématiques particulières. Car, la vie en commun, les sympathies et les amitiés ne sont pas sans ouvrir des chemins de communion et de réception réciproques. D’ailleurs, lors des débats in aula sur !’utilisation de la langue du peuple en liturgie, Mgr Sanschagrin se montre particulièrement sensible aux arguments des jeunes Églises favorables à son utilisation. C’est à leurs arguments qu’il fait écho dans une lettre à ses diocésains 48 et ce, au moment même où il n ’y eut rien d ’étonnant d ’y trouver les arguments provenant d ’Églises nord-occidentales.

La Maison générale offre à Mgr Sanschagrin un contexte favorable non seulement pour des rencontres avec les évêques oblats, mais aussi avec des évêques qui viennent y prendre un repas à l’occasion. Si le JC nous apprend que 14 évêques y sont ainsi rencontrés, il nous ap- prend également que la plupart de ses rencontres avec des évêques non oblats se sont faites dans des circonstances tout à fait autres : les voyages au concile, les réunions auxquelles il par- ticipe, les rassemblements religieux auxquels il assiste, etc. (voir figure 2.349, p. 98).

À Vatican II, si les voyages ont fourni à Sanschagrin l’occasion d ’établir un contact avec 13 évêques, les diverses réunions, auxquelles il est amené à participer, nous apparaissent comme l’une des circonstances privilégiées pour des rencontres avec 50 autres évêques. En nous inspirant de sa propre typologie50, nous retrouvons, d ’une part, les 83 « réunions officiel- les du concile 51 » et, d ’autre part, 43 réunions que nous qualifierons de non officielles par rap- port aux premières (voir annexes J, K et L). Dans cette seconde catégorie, Mgr Sanschagrin re­

48 Cf. M8r Albert Sanschagrin, Lettre du concile à ses diocésains, n° 7, 9 novembre 1962, p. 2 : « Il fallait en- tendre, au Concile, le plaidoyer des évêques japonais ou des évêques africains pour que le catholicisme, au moins dans sa liturgie qui est son expression populaire, se dissocie de la culture et de la langue latines pour éviter de se présenter à leurs congénères comme quelque chose d ’étranger et d ’occidental. La religion, disaient-ils, ne doit pas s’inféoder à une culture mais transcender toute culture, tout en s’adaptant à chacune. Cette argumentation des Églises en formation m’a profondément touché. »; Nous renverrons désormais à ce document de la manière sui- vante : LCD, 7. 49 Dans cette figure, manquent 20 évêques dont le contexte des rencontres ne nous est pas fourni par le JC. 50 Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 10, Introduction. 51 Elles sont constituées de 79 congrégations générales, de 3 sessions publiques et de la cérémonie de clôture de la première session (8 décembre 1962). Une analyse du JC nous permet de retrouver chacune de ces réunions di- tes officielles. Selon son propre témoignage, Msr Sanschagrin n ’en aurait manqué aucune. Cf. Mgr Albert Sans- chagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 12, 7 décembre 1962; Ibid., n° 36, 20 novembre 1964. Les don- nées du JC ont été vérifiées à l’aide des Acta du Concile pour les années 1962 et 1963, — voir bibliographie. 98

groupe les « réunions par conférences épiscopales de chaque pays, région ou continent », les « conférences données par les experts du Concile ou autres théologiens52 » et enfin les « réu- nions sociales » qui comprennent des réceptions officielles, diverses cérémonies, des visites à des communautés religieuses et même des audiences du Pape accordées aux divers épiscopats. La figure 2.3 nous montre combien ces réunions, aussi disparates qu’elles puissent être, pou- vaient devenir autant d ’occasions pour des dialogues et des échanges entre Églises et ce, à tra- vers leur évêque. À ces diverses réunions, s’ajoutent 17 rassemblements religieux dont Mgr

Sanschagrin nous a conservé des traces dans Figure 2.3 — Évêques rencontrés et leur contexte son JC (voir annexe M). Selon ce que nous avons I Conférences épiscopales : 3 pu en tirer, ils lui ont permis d ’établir un con- Conférences d'experts : 6 tact avec 4 autres évêques (voir figure 2.3). Au plan quantitatif, cet évêque consacre 10% de son JC — plus précisément 641 lignes — uni- I Réunions soc. : 17] quement aux réunions non officielles et autres

I Rassembl. rellg. : 4 1 rassemblements, auxquels il lui a été donné d ’être présent et qui lui ont permis d ’entrer en dialogue avec au moins 30 évêques.

Vatican II se présentait donc aux évêques du monde entier — et plus précisément à !VF Sanschagrin — comme une circonstance tout à fait exceptionnelle pour établir des contacts les uns avec les autres. Cet évêque nous a conservé un témoignage des plus éloquents en ce sens lorsqu’il nous décrit l’atmosphère de la Place Saint-Pierre avant l’ouverture des congrégations générales : « Les Évêques ont pris l’habitude de nos gens de l’Abitibi : de flâner sur le perron de l’église en attendant que la messe commence. Les autobus mis à notre disposition par le Va- tican viennent vraiment nous chercher de bonne heure. De telle sorte que nous avons une bonne demi-heure à disposer et c’est précieux pour les rencontres et les contacts. 53 »

52 Avant son départ pour la deuxième session du concile, Mgr Sanschagrin écrit dans une CP : « Et je me pro- pose de ne rien manquer, durant mon séjour à Rome, pour approfondir la doctrine sous-jacente aux schémas, sur- tout en assistant aux conférences des grands maîtres en théologie » (CP, 166, p. 2). 53 Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 6, 24 octobre 1962. 99

Les diverses réunions, auxquelles MF Sanschagrin participe, sont non seulement des oc- casions pour entrer en contact avec des évêques, mais aussi pour entrer en contact avec des courants théologiques et des questions pastorales les plus diversifiés. Outre sa fréquentation d ’assemblées catholiques de rite latin, il s’intéresse non seulement aux orientaux catholiques, mais aussi aux Églises séparées. C’est ainsi qu’on le retrouve chez les évêques espagnols et

français (voir annexe J), aux conférences de théologiens catholiques (Küng, Rahner, Congar et Le Guillou), d ’un évêque oriental catholique (MFNeofito Edelby) et d ’observateurs au concile (Cullman, Frères Schutz et Thurian ainsi que MF Cassien, un russe orthodoxe), etc.

Après avoir esquissé un portrait des circonstances qui ont favorisé des rencontres person- nelles entre MF Sanschagrin et 83 évêques, nous allons maintenant présenter les grandes lignes d ’un portrait géographique et linguistique des 103 évêques54 avec lesquels il a établi un dia- logue et dont il nous a conservé les traces dans son JC. Ces sont les évêques des Groupes A et B, ci-haut mentionnés.

Selon le JC, MF Sanschagrin entre en dialogue avec au moins 103 évêques55 de 42 pays, situés sur les cinq continents (voir figure 2.4, p. 100). Cependant, 80% de ces évêques provien- nent de deux grandes aires géographiques : l’Europe et les Amériques. Sur un plan Nord-Sud, par contre, bien que les évêques des Églises nord-occidentales soient plus nombreux (47%), ceux des Églises du Sud suivent de près (43%). Pendant qu’en Europe, la France arrive au pre- mier rang avec 18 évêques, dans les Amériques, la première place revient à l’Amérique latine avec ses 23 évêques — Mlexique (3), Amérique centrale (5) et Amérique du Sud (15). Ce fai- sant, les cultures française et latino-américaine regroupent 40% des évêques rencontrés par MF

54 La différence entre les nombre 83 et 103 vient du fait que le JC ne mentionne pas explicitement les circons- tances dans lesquelles se sont déroulées des rencontres avec 20 évêques. 55 Nous écrivons « au moins 103 évêques », car nous avons deux raisons de croire que Msr Sanschagrin n ’a pas fait pas écho dans son JC à toutes ses rencontres personnelles avec des évêques. Notre premier argument en fa- veur de cette thèse provient du groupe des évêques amis, ci-haut mentionnés, dans lequel nous avons retrouvé quatre noms dont le JC ne mentionne en aucun temps un contact entre ces évêques et M8r Sanschagrin. Il nous ap- paraît impossible qu’il ne les ait pas rencontrés au cours des deux premières sessions. Notre second argument nous vient de sa rencontre avec M8r Jean Weber et Mgr Arthur Elchinger, le 19 octobre 1963. Il écrit dans son JC : « Les deux sont de bons amis que j’avais connus pendant la première session » (Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 18, 19 octobre 1963); S’il mentionne effectivement une rencontre avec Mgr Weber lors de la première session, — Cf. Ibid., n° 8,4 novembre 1962 —, en aucun moment il n ’est question d ’une rencontre avec Mgr El- chinger. D’ailleurs, l’unique mention du nom de cet évêque dans le JC apparaît le 19 octobre 1963. 100

Sanschagrin. De plus, si les Latino-américains représentent à eux seuls 22% des 103 évêques rencontrés, cela ne doit pas nous surprendre. Cet évêque a au moins quatre bonnes raisons d ’entrer en contact avec eux : il a été missionnaire au Chili de 1948 à 195356 , il est secrétaire de la Commission Épiscopale Canadienne pour l’Amérique latine 57 , des prêtres et des laïques de

son diocèse sont missionnaires au Honduras 58 et l’épiscopat canadien y construit un sémi- naire 59. De plus, dans la grande mosaïque de ses rencontres individuelles, les évêques d ’Afrique, Figure 2.4 — 103 évêques rencontrés d ’Asie et d ’Océanie occupent un espace peu négligeable (20%). Signalons que dans le grou- pe des évêques d ’Asie, on retrouve cinq évê- ques orientaux — trois de rite maronite et deux de rite melchite60 . Enfin, ajoutons qu’au plan linguistique, les évêques de la francophonie sont les plus nombreux, suivis des hispanopho- nés et des anglophones.

Ainsi, à travers ces 103 évêques, s’offre donc à ]VF Sanschagrin une occasion d ’entrer en contact avec des courants théologiques et pastoraux aux accents les plus diversifiés : ceux des vieilles Églises nord-occidentales et plus particulièrement de France, ceux des jeunes Églises

56 Selon la revue des Oblats de Marie Immaculée, Mgr Sanschagrin est arrivé à Tocopilla, Chili, en décembre 1948, avec trois autres confrères. Cf. André Dorval, « La petite histoire oblate, Du Chili au Pérou », Apostolat, vol. 70, n° 1, janvier-février 1999, p. 25; Au cours de son séjour en Amérique latine, il a fait au Surinam, en 1949, une enquête pour !’établissement éventuel des Oblats dans ce pays. Cf. Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 3, 1er octobre 1962; Il a collaboré également, en 1951, à la fondation de la mission oblate de Bolivie. En 1953, il revient au Canada. Cf. Pro memoria, 1962, Archives du diocèse d ’Amos, III-B-2.2, p. 1. 57 « Fonction confiée à M8r A. Sanschagrin », L'Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. XIII, n° 38, jeudi le 20 septembre 1962, p. 12. 58 Avant de se rendre au Honduras en 1964, Mgr Sanschagrin écrit : « Le but second [de son voyage], mais non le moindre, est d ’y visiter les huit missionnaires du diocèse d ’Amos, qui travaillent à l’archidiocèse de Tegucigal- pa. Les trois prêtres séculiers, qui travaillent en coopération avec les prêtres des Missions Étrangères, sont MM. les abbés Gauthier, Albert et Blanchard. Deux jeunes filles travaillent avec les Oblates Missionnaires : Mlles Du- chemin et Baril. Les trois dernières jeunes filles, parties en octobre dernier, travaillent avec les Filles de Jésus : Mlles Massy, Tremblay et Michaud » (« Journal de voyage au Honduras, Lettre à sa mère, du 2 au 17 mars 1964 », in Nouvelles diocésaines et documents, 1964, p. 54). 59 Suite à la réunion de la Commission Épiscopale Canadienne pour l’Amérique latine, Mgr Sanschagrin écrit : « Le point le plus important au programme : le grand séminaire de Suyapa, que les Évêques canadiens construi- sent au Honduras » (Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 9, 12 novembre 1962). 60 Nous reviendrons ultérieurement sur ce groupe d ’évêques. 101

tiers-mondistes et plus spécifiquement d ’Afrique, ceux des Églises latino-américaines et ceux des Églises orientales catholiques. À ces courants, il nous faut certainement ajouter ceux de l’Église de Belgique dont l’influence est sans contexte au concile 61 . S’il est vrai que cette Égli-

se est peu représentée dans la grande mosaïque des rencontres Sanschagrin, qu’il nous suffise seulement de mentionner un nom parmi ceux qui s’y trouvent : le Cardinal Leo Jozef Suenens, l’un des évêques les plus influents de cette Église. Selon le JC, ces deux évêques ont discuté entre eux à trois reprises au moins 62 .

L’ensemble de ce bilan nous montre qu’à Vatican II des rencontres ont effectivement eu lieu entre l’Église d ’Amos et d ’autres Églises locales, par la médiation de leur évêque. Qui plus est, ces rencontres ont eu un caractère catholique, au sens d ’universel, sur deux plans : des évê- ques des cinq continents ont été rencontrés personnellement par Mgr Sanschagrin et des évêques non seulement du rite latin, mais aussi des rites orientaux catholiques. Outre ces rencontres ty- piquement catholiques, nous retrouvons également des rencontres de type oecuménique. Entre l’Église d ’Amos et les Églises séparées, ces rencontres se sont faites de deux manières : primo, Sanschagrin a assisté à des conférences données par des observateurs au concile — Mgr ־M9 Cassien, évêque russe orthodoxe, les Frères Schutz et Thurian de Taizé et Oscar Cullman —, secundo, il est entré en conversation avec eux — un évêque orthodoxe russe ainsi que les Frè- res Schutz et Thurian de Taizé63 . Ces contacts avec des frères séparés sont certainement à situer

61 Cf. Albert Prignon, « Les évêques belges et le Concile Vatican II », in Le deuxième Concile du Vatican (1959-1965), Actes du colloque organisé par l’École française de Rome en collaboration avec l’Université de Lille III, l‘Istituto per le scienze religiose de Bologne et le Dipartimento di studi storici del Medioevo e dell 'età contemporanea de l'Università di Roma — La Sapienza, (Rome 28-30 mai 1986), Rome, École française de Rome/Palais Famèse, collection de l’École française de Rome, n° 113, 1989, p. 304 : « Le Concile Vatican II appartient à l’Église. Les évêques belges et leurs théologiens, en communion avec beaucoup d ’autres, y ont joué un rôle qu’il faut bien reconnaître considérable. »; Gilles Routhier, « Recherches et publications récentes autour de Vatican II », Laval théologique et philosophique, vol. 55, n° 1, février 1999, p. 135-136. 62 Après son intervention in aula, M8r Sanschagrin est félicité par des évêques : « Le premier à le faire a été le Cardinal Suenens, archevêque de Bruxelles, en Belgique, [...] Il m’invita à aller lui rendre visite demain à son habitation » {Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 10, 23 novembre 1962); Ibid., n° 10, 24 novembre 1962 : « Cet après-midi, je me suis rendu, avec le Père André Guay, o.m.i., rencontrer Son Éminence le Cardinal Sue- nens, qui m’avait invité à le visiter. »; Ibid., n° 23, 21 novembre 1963 : « Contact : Son Éminence le Cardinal Léon SUENENS, Archevêque de Bruxelles et modérateur au concile. Il se souvient de notre entrevue de l’an der- nier. »; Nous reviendrons ultérieurement sur l’objet de leurs conversations. 63 Une première conversation est signalée entre eux à l’occasion de sa participation à leur conférence, le 17 no- vembre 1962. Cf. Ibid., n° 9, 17 novembre 1962; La seconde, c’est à la suite de sa propre intervention in aula, le 23 novembre suivant; les deux Frères viennent le féliciter. Cf. Ibid., n° 10, 23 novembre 1963. 102 dans le cadre de relations semblables en Abitibi64 . Car, dans la ville de Val d ’Or, on retrouve, à cette époque, des pasteurs pour les Églises anglicane et presbytérienne ainsi qu’un prêtre pour l’Église orthodoxe russe 65 .

En menant notre enquête au sujet de ces 103 évêques, nous avons également pu découvrir les noms de 34 d ’entre eux dans diverses commissions, soit préconciliaires soit conciliaires. Tel que nous le montre la figure 2.5, ce sont les évêques des Églises nord-occidentales qui pré- dominent avec 85% de la représentation au sein de ce groupe; ce qui n ’est pas sans incidence au plan des influences. En scrutant les données de ce « groupe des 34 »,.nous y retrouvons 50% des Français qui ont été rencontrés par ]VF Sanschagrin, 17% des Latino-américains et 11% des Africains. De plus, si 27 évêques sont membres de commissions conciliaires, 20 d ’entre eux ont également participé aux commissions pré- conciliaires. Les sept autres ont uniquement tra- vaillé dans les commissions préparatoires. Ce bilan nous permet également de conclure que MF Sanschagrin n ’a pas fréquenté uniquement l’intelligentsia des commissions du concile, à Vatican II. Car, ce « groupe des 34 » représente à peine le tiers des évêques avec lesquels il a pu I Canada et USA : 6] établir un contact personnel. Nous consacrerons une partie de la section 2.1.3 au portrait de leurs dialogues.

Les 69 évêques qui n ’ont participé à aucune commission du concile et que MF Sanscha- grin a personnellement rencontrés, proviennent majoritairement des Églises situées dans l’aire géographique du Sud (57%) et ce, tel que montré par la figure 2.6 (p. 103). Au sein de ce grou-

64 Des relations entre MF Sanschagrin et des frères séparés existent déjà depuis un certain temps en Abitibi. Du moins, c’est ce que nous pouvons conclure à partir d ’une information de son JC : « Avant mon départ d ’Amos, j’ai reçu la visite de deux ministres protestants, MM. de Maestral et Pöttinger, qui sont venus me présenter leurs voeux à l’occasion de la deuxième session du Concile » (Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 14, Introduction); Ces deux ministres sont les Rév. Claude de Maestral — United Church à Noranda — et Willard Pöttinger — Église presbytérienne à Val d ’Or. Cf. « Catholiques et non-catholiques ont prié tous en- semble pour l’Unité », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. XV, n° 5, jeudi le 30 janvier 1964, p. 3. 65 Cf. « Catholiques et non-catholiques ont prié... », L'Écho d’Amos, p. 3. 103

pe, les évêques des Églises d ’Afrique et d ’Asie Figure 2.6 — 69 évêques hors commissions occupent une place équivalente à celle des évê- ques européens ou latino-américains. Ainsi, par ses nombreux contacts avec les Africains et les Asiatiques, cet évêque ne se limite pas aux aires familières d ’Europe et d ’Amérique latine. Dans notre portrait des propos échangés, nous porte- rons également une attention spéciale aux Égli-

Afrique : 6 I ן ses orientales.

Après cette esquisse non seulement des circonstances qui ont favorisé des rencontres entre l’Église d ’Amos et d ’autres Églises locales, mais aussi de leur localisation géographique, notre portrait exige maintenant que nous tracions quelques traits au sujet des dialogues et des échanges de biens qui ont eu lieu entre MF Sanschagrin et ses pairs, à Vatican II.

2.1.3 L’objet des dialogues et des échanges de biens

Aux fins de la présente étude, nous avons choisi de limiter notre enquête aux 103 évêques non oblats que MF Sanschagrin a rencontrés (voir annexes C et D). Nous avons également fait un second choix afin de comparer divers résultats de cette enquête : celui de scinder ce groupe- témoin non pas en fonction d ’un critère d ’appartenance géographique, mais en fonction du cri- tère de la participation ou non de ces évêques à l’une ou l’autre des commissions du concile. Il en résulte alors deux groupes formés respectivement de 34 et de 69 évêques, dont nous avons tracé précédemment les portraits géographiques. Ce dernier choix a été motivé par une ques- tion : Les conversations de MF Sanschagrin avec les 34 évêques, membres des commissions, ont-elle porté spécifiquement sur le concile ? Cela nous permettra de mesurer des convergences et des divergences entre ces deux groupes non seulement par rapport à l’objet de leurs dialo- gués, mais aussi plus particulièrement sur la place du concile dans leurs conversations.

Au sujet des 34 évêques, membres des commissions conciliaires, le JC conserve des tra- ces explicites de dialogues entre Mgr Sanschagrin et 18 d ’entre eux (53%). Si l’analyse théma- 104

tique nous a permis de retrouver plusieurs sujets de conversation au sein de leurs dialogues (voir figure 2.7), elle nous a également fait dé- Figure 2.7 — Dialogues - évêques des commissions couvrir que près de la moitié d ’entre eux sont en rapport avec le concile : les commissions, les schémas, les interventions in aula, le secret im- posé aux Pères conciliaires ou encore les ex- perts au concile. Les autres sujets sont plutôt disparates — la vie des Églises locales, les mis-

sions, la politique de leur pays, parfois même des aspects plus personnels, etc.

En ce qui a trait aux dialogues sur le concile, l’analyse nous a permis de répertorier 12 évêques qui échangent des propos à ce sujet avec M81 Sanschagrin. Ils viennent du Canada (Martin, Pelletier et Roy), d ’Amérique latine (Miranda y Gómez et Pessôa Cámara) et d ’Europe (Cunningham et Dwyer d ’Angleterre, Suenens de Belgique, Morcillo Gonzales d ’Espagne, Jen- ny et Stourm de France, Marella de la curie romaine). La figure 2.7 nous montre qu’avec trois d ’entre eux il est question, entre autres, des commissions conciliaires 66 : la commission pour l’apostolat des laïcs, pour la presse et les spectacles67 , celle de la doctrine et des moeurs68 ainsi que celle de liturgie69 . De plus, cinq schémas conciliaires sont au menu des conversations avec six évêques. Quatre de ces schémas étaient déjà à l’ordre du jour des discussions in aula, lors

66 Les commissions seront signalées dans l’ordre chronologique où elles ont été le sujet des conversations avec M8’ Sanschagrin. Nous ferons de même avec les schémas conciliaires. 67 Suite à sa conversation avec Mgr René Stourm, MF Sanschagrin écrit : « Il regrette que les deux commissions préconciliaires de l’A.C. et des techniques de diffusion aient été fusionnées en une seule commission » (Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 7,29 octobre 1962). 68 Considérant qu’il s’agit d ’un sujet abordé par le cardinal Suenens, nous y reviendrons plus loin en traitant !’ensemble des dialogues Suenens-Sanschagrin. Nous ferons de même avec d ’autres sujets en rapport avec le concile : préparation au mariage, secret conciliaire et experts au concile. 69 Cf. MF Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 8, 6 novembre 1962 : « J’ai rencontré, sur mon déambulatoire, Son Exc. Mgr Martin, Évêque de Nicolet, qui fait partie de la Commission conciliaire de la liturgie. Depuis la constitution de la commission, celle-ci se réunit tous les jours pendant au moins deux heures. Le travail est très avancé, m’a dit Mgr Martin, et la tendance des commissaires est dans un sens très pastoral. On remettra dans le schéma quelques-uns des textes déjà préparés par la commission pré-conciliaire mais qui avaient été supprimés par après. L’inconnu? Le vote des Congrégations générales qui doit être des deux tiers, si la mesure doit être acceptée. » 105

des deux premières sessions : les moyens de communication sociale70 , l’Église71 , la liturgie72 ainsi que les évêques et le gouvernement de l’Église73 . Par contre, le sujet de la préparation au

mariage, discuté entre le cardinal Suenens et MF Sanschagrin, concerne un schéma qui sera, quant à lui, à l’agenda des sessions ultérieures. Qu’une conversation ait porté sur le contenu d ’un schéma qui n ’est pas encore à l’ordre du jour des débats conciliaires, c’est là un cas uni- que dans le JC, pour la période étudiée. Dans l’analyse des dialogues Sanschagrin-Suenens nous y porterons une attention particulière. Enfin, pour ce qui est des dialogues au sujet des interventions in aula, nous retrouvons, entre autres, les félicitations ainsi que les propos qui sont échangés à la suite de !’intervention de MF Sanschagrin, le 23 novembre 1962 74 .

A ces divers dialogues, il nous faut ajouter les propos, au ton souvent léger, de ses deux voisins dans l’assemblée conciliaire : MF James Cunningham et MF George Dwyer. Ils occu- pent 56 lignes du JC, quoique d ’une manière fort inégale pour chacun d ’eux. Alors que les traits d ’esprit et les remarques du premier, sur divers sujets75 , se retrouvent à 17 reprises sous la plume de MF Sanschagrin, une seule remarque du second a été retenue 76 .

70 Suite à sa rencontre avec Mgr Casimiro Morcillo González pour lui manifester son intention de prendre la parole sur le schéma des moyens de communication sociale, Mgr Sanschagrin note : « ...il me dit que c’était une des premières demandes faites pour parler sur ce schéma et qu’il était content de l’accepter parce qu’il semblait craindre que la décision subite de passer à ce schéma ne donne pas suffisamment de temps aux Pères pour se pré- parer » (Journal du concile, Lettre à sa mère, n°10, 21 novembre 1962). 71 Face à certaines interventions concernant le schéma sur l’Église, M8r Georges-Léon Pelletier fait part d ’une remarque à Mgr Sanschagrin : « “Dans la première session, [...]on voulait les schémas plus pastoraux. Maintenant on les veut plus scripturaires et plus dogmatiques” » {Ibid., n° 16, 3 octobre 1963). 72 Ce sont des dialogues avec Mgr Albertus Martin, entre autres, et sur lesquels nous reviendrons plus loin. 73 Au moment où M8'Sanschagrin parlait avec Mgr Georges-Léon Pelletier, le Cardinal Paolo Marella s’est arrê- té pour saluer ce dernier : « Il nous fit part des tribulations qui furent les siennes dans la préparation du schéma [Des évêques et du gouvernement de l’Église], “Il est difficile, dit-il, de concilier des points de vue opposés” » (Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 21, 7 novembre 1963). 74 Le jour même de son intervention, le félicitent le Cardinal Suenens, Mgr Helder Pessôa Cámara et Mgr Mau- rice Roy. Cf. Ibid., n° 10, 23 novembre 1962; Quelques jours plus tard, il reçoit des félicitations de Mgr Miguel Dario Miranda y Gómez. Cf. Ibid., n° 11,27 novembre 1962. 75 Ses remarques ont pour objet des événements qui se produisent lors des célébrations eucharistiques et des congrégations générales, ou encore leur Église locale, la politique de leur pays, des événements d ’Église, etc. Mgr Sanschagrin écrit à son sujet dans son JC : « ...je conserve comme voisin [in aula ] mon bon ami, l’évêque anglais de Newcastle, Son Exc. Mgr CUNNINGHAM, dont le sens de l’humour met du piquant à nos réunions » {Ibid., n° 16, 30 septembre 1963). 76 Cf. Ibid., n° 19,21 octobre 1963 : « Ce matin, des femmes entrent avec nous dans la basilique. Elles présen- tent des papiers aux gardes secrets, qui les laissent passer. Sont-ce les femmes-“observateurs” que Paul VI rece- vrait au Concile, d ’après ce que nous racontent nombre de journaux. [...] La réalité: c’étaient des femmes jouma- listes, qui ont dû quitter la basilique quand Mgr FELICI cria: EXTRA OMNES ! Mon voisin, l’Évêquede Leeds, me 106

Outre les propos échangés avec les Cunningham et Dwyer, ainsi que ses conversations à deux reprises avec les Cazaux77 , Pelletier et Stourm, nous retrouvons trois dialogues avec Mgr Albertus Martin, membre de la Commission de liturgie. L’un d ’eux a été signalé précédem- ment; il portait plus précisément sur les travaux de cette commission (voir note n° 69). Les deux autres conversations Sanschagrin-Martin ont pour objet le schéma sur la liturgie lui- même. Devant les arguments de Martin et de Mgr Jenny, qui l’accompagnait lors de la pre- mière de ces conversations, Mgr Sanschagrin change son intention de vote sur l’un des chapitres du schéma et ce, pour ne pas perdre les acquis78 . La seconde conversation entre les deux évê- ques survient, quant à elle, à la suite du refus, par la commission, d ’inclure dans ce schéma la communion sous les deux espèces pour les époux à la messe de leur mariage. M®1 Sanschagrin s’enquiert alors de la raison de cette attitude de la commission, — une attitude que ne partage pas M^ Martin — : selon les européens, « la cérémonie du mariage n ’y est pas assez digne 79 ! » Ces dialogues Sanschagrin-Martin mettent donc en évidence, entre autres, la dialectique Commissions-Pères conciliaires.

Si les dialogues Sanschagrin-Martin offrent un réel intérêt, ils sont cependant sans com- mune mesure avec les dialogues Sanschagrin-Suenens. Car, avec le Cardinal Leo Jozef Sue- nens, M^ Sanschagrin a non seulement des dialogues, mais aussi des échanges de biens. Quarante-et-une lignes du JC conservent les traces de trois conversations qui se sont déroulées entre eux, les 23 et 24 novembre 1962 80 ainsi que le 21 novembre 1963. Si les questions conci-

dit qu’il est opposé à ce que les Enfants de Marie viennent au Concile !...»; M8r Sanschagrin avait écrit dans son JC au sujet de cet évêque, au moment où il devient son voisin in aula : « Il doit sûrement voter pour McMillan, en politique, car il est très conservateur. [...] Je crois que nous nous entendrons bien, malgré nos idées opposées » (Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 17, 8 octobre 1963). 77 Lors de la première rencontre, leur conversation porte sur la vie de leurs Églises locales. Cf. Ibid., n° 10, 23 novembre 1962; À la seconde, Mgr Sanschagrin le salue sans préciser l’objet des propos échangés. Cf. Ibid., n° 19, 21 octobre 1963. 78 Mgr Sanschagrin avait l’intention de voter Placet juxta modum sur le troisième chapitre du schéma sur la li- turgie et ce, à cause d ’une restriction faite à l’usage de la langue du peuple dans !’administration des sacrements; sa rencontre avec Mgr Albertus Martin et Mgr Henri Jenny, l’amène à faire un autre choix : « Mais j’ai rencontré tout juste avant la réunion LL. EE. Nsgrs JENNY (France) et MARTIN (Nicolet), tous deux membres de la Commis- sion de Liturgie. Ils nous supplient de ne pas abuser des JUXTA MODUM, parce que nous n ’en finirons plus. De plus, disent-ils, si le schéma est de nouveau remis sur le métier, il est dangereux de perdre du terrain. Aussi ai-je voté “PLACET” » (Ibid., n°18, 18 octobre 1963). 79 Ibid., n° 23, 20 novembre 1963. 80 Cette rencontre a lieu entre eux à l’invitation du cardinal lui-même. Cf. Ibid., n° 10, 23 novembre 1962. liaires occupent la quasi totalité de leurs dialo- Figure 2.8 — Dialogues Sanschagrin-Suenens : sujets gués, la diversité des sujets abordés n ’en est pas I Commissions moins remarquable (voir figure 2.8).

A deux reprises, le cardinal revient sur Γ intervention in aula de Mgr Sanschagrin. Il lui donne raison d ’avoir demandé que le Saint- Siège communique d ’abord ses décisions aux évêques avant de les transmettre aux joumalis- tes. Car, lui-même se sent parfois humilié par la façon de faire du Saint-Siège81. À deux repri- ses également, il transmet à MF Sanschagrin une nouvelle confidentielle : primo, la no min ation des cardinaux Ottaviani et Bea « conjointement présidents de la commission chargée de réétu- dier le schéma sur la Révélation82 » et, secundo, une suggestion faite au Pape, par le Secrétariat des affaires extraordinaires du concile, demandant « que des Frères, des Soeurs, des laïques masculins et féminins soient invités au Concile à titre d ’experts83. » Si ces confidences tradui- sent à leur manière la relation de confiance qui existe entre ces deux évêques, leurs dialogues au sujet de la préparation au mariage nous révèlent, entre autres, une préoccupation pastorale commune. À deux reprises également, il en sera question entre eux. Aux dires de Sanscha-

grin, il allait de soi que ce sujet fasse l’objet de leurs conversations, mais sans nous en donner la raison 84. Tous les deux se montrent insatisfaits du traitement qui a été réservé à la prépara- tion au mariage dans le schéma où il en est mention. Leur souci est non seulement d ’en bonifier les énoncés 85, mais aussi de veiller à ce que l’on aborde cette question d ’une manière plus pas- * * * * *

81 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 10, 23 novembre 1962 : « Le premier à le faire [féliciter Mgr Sanschagrin] a été le Cardinal Suenens, [...] qui m’a dit être humilié chaque fois qu’une nou- velle du Saint-Siège était publiée dans les journaux et qu’il n ’en connaissait pas l’exactitude. »; Ibid., n° 10, 24 novembre 1962 : « Il revint sur mon intervention disant que j’avais raison de souligner le manque d ’information des Évêques et qu’il est difficile de rectifier une fausse nouvelle après qu’elle est parue. » 82 83 Ibid., n° 10, 24 novembre 1962. 84 Cf Ai¿ 85 Cf. Ibid. : « Le Père Guay lui enverra un court mémoire pour proposer des améliorations au schéma sur le mariage. »; Le Père André Guay, o.m.i., accompagnait Mgr Sanschagrin chez le cardinal, le 24 novembre 1962. 108

totale que canonique 86 . Enfin entre ces deux évêques, un autre sujet est aussi abordé : celui du secret auquel sont soumis les Pères conciliaires. Comme nous l’avons souligné précédemment, le secret conciliaire préoccupe énormément Μ81, Sanschagrin. D’ailleurs, c’est sûrement pour cette raison qu’il en discute avec le cardinal, qui lui répond que « le secret [...] n ’existe pas, dans la pratique, au concile 87 . »

À ces dialogues, s’ajoute également un échange réciproque de biens entre ces deux évê-

ques. Selon le JC, un premier échange se fait à partir de ]VF Sanschagrin, pour ainsi dire. Suite à leur conversation sur la préparation au mariage, il est convenu que le Père André Guay, o.m.i. fasse parvenir au cardinal un texte proposant des améliorations au schéma conciliaire en cause. Les autres échanges se font en provenance du cardinal. Lors de sa visite chez lui, MF Sanscha- grin s’intéresse, entre autre chose, tout particulièrement à son livre Promotion apostolique de la religieuse, qui est sous presse à l’époque. Le cardinal lui en promet alors un exemplaire. De plus, à cette même occasion, celui-ci dédicace à l’intention de l’aumônier diocésain de la Lé- gion de Marie, Mgr Gaston Duchemin, une brochure qu’il vient d ’écrire sur ce mouvement d ’apostolat88. Enfin, au terme de la deuxième session, il fait parvenir à Mgr Sanschagrin vingt copies d ’un article sur l’Action catholique, écrit avec la permission de Pie XII89.

Ces dialogues et ces échanges entre Suenens et Sanschagrin sont tout à fait uniques dans le JC, pour la période étudiée. Rien ne tel ne s’y trouve et ce, pas même au sujet des évêques ,Sanschagrin. C’est pourquoi ־qui sont qualifiés d ’amis. Cela ne peut être sans incidence sur M81 à Vatican II, l’Église de Mechelen-Brussel est certainement l’Église locale qui a eu le plus d ’influence sur l’Église d ’Amos et ce, à cause de leur communion, exprimée par leurs díalo- gués et leurs échanges de biens, entre autres. Encore faudrait-il vérifier cette hypothèse.

[Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 23, 21 novembre 1963 : « Il [Suenens ־Cf. M81 86 me dit : “Il faudra avoir l’oeil ouvert quand on présentera le schéma sur le mariage”. Il partage mon avis que l’an- nexe qu’on a ajouté au schéma sur la préparation au mariage n ’est pas à point : trop canonique et pas assez pasto- ral ! » 87 Ibid., n° 10, 25 novembre 1962; Note : Mgr Sanschagrin ne rapporte pas ce sujet de conversation dans ses notes de la journée du 24 novembre, où il a rencontré le cardinal Suenens; il le fait uniquement au terme de sa lettre hebdomadaire à sa mère. 88 Cf. Ibid, n° 10, 24 novembre 1962. 89 Cf. Ibid., n° 24, 2 décembre 1963. 109

L’ensemble de ce portrait des dialogues entre Mgr Sanschagrin et des évêques impliqués dans les commissions du concile nous a permis de constater que les sujets conciliaires y occu- pent un espace relativement important. Il nous faut cependant signaler que 85% des évêques de ce groupe proviennent des Églises nord-occidentales. Il sera donc intéressant de comparer ces

données avec celles du groupe des 69 évêques, non impliqués dans des commissions, et dont 57% d ’entre eux n ’appartiennent pas à l’aire géographique nord-occidentale.

Au sujet de ce second groupe, le JC a conservé des traces de conversation avec 48 des 69 évêques qui le forment (70%); ce qui est appré- ciable pour une analyse thématique. Tel que nous le montre la figure 2.9, cette analyse nous a permis de découvrir que les dialogues se sont déroulés autour de cinq sujets principaux : les missions, différents aspects liés aux personnes, leurs Églises locales, la politique de leurs pays, des questions propres aux Églises orientales

catholiques, etc.

À l’exception d ’une information de IvF Luis Franco Gascón, à l’effet que « les évêques

espagnols ont amené avec eux une trentaine de “periti”90 », le concile est le grand absent dans les traces des dialogues de ce groupe d ’évêques. Doit-on conclure pour autant que les débats conciliaires ont été absents des conversations à l’extérieur de Y aula ? Rien ne nous permet ce- pendant de l’affirmer explicitement. On ne peut qu’émettre des hypothèses pour expliquer cette quasi absence du concile dans les traces conservées dans le JC. Une première serait qu’effecti- vernent il n ’en fut pas question avec ces évêques et ce, pour trois raisons au moins : primo, la nature ou le contexte de certaines rencontres (des dialogues pour faire connaissance, des dialo- gués à l’occasion d ’une rencontre fortuite, etc.); secundo, des préoccupations pastorales qui ont

90 Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre àsa mère, n° 8, 5 novembre 1962; Note : Nous avons décidé que cette information avait un rapport quelconque avec le concile. Pour cette raison, nous l’avons mise dans cette catégorie. Nous apprenons par les notes de cette journée que Mgr Franco est le représentant de l’épisco- pat espagnol auprès de l’épiscopat canadien. Considérant que Mgr Sanschagrin accomplit la même fonction auprès de l’épiscopat espagnol, ces deux évêques communiquent régulièrement entre eux. Cf. Ibid., n° 10, Introduction. 110

orienté les conversations sur des sujets autres; tertio, les centres d ’intérêt personnels des inter- locuteurs eux-mêmes qui ont été l’objet des dialogues. Une seconde hypothèse serait liée à la nature même du JC. Étant donné qu’il s’agit d ’un écrit épistolaire, MF Sanschagrin devient sé-

lectif dans ce qu’il transmet. Il y conserverait uniquement ce qu’il peut écrire des conversations ou ce qui peut représenter un intérêt pour ses lecteurs. Comment expliquer alors les nombreu- ses traces du concile dans ses dialogues avec les évêques du « groupe des 34 » ? Une troisième hypothèse est celle que le JC ne se veut pas un compte rendu exhaustif des activités et des dia- logues de cet évêque. À titre d ’illustration, dans une lettre à ses diocésains, lors de la deuxième

session, MF Sanschagrin fait écho à une conversation qu’il a eue avec un évêque oriental sur la question du diaconat permanent 91. Or, en aucun temps, il n ’en est question dans son journal conciliaire. De plus, au terme de la seconde session du concile, il écrit à sa mère que « le grand sujet de conversation entre les Évêques est !’application, qu’ils feront dans leur pays et dans

leur diocèse, de la constitution conciliaire sur la réforme de la liturgie92. » Cependant, on ne re- trouve dans son journal aucune trace d ’une telle conversation de sa part avec un évêque.

Deux sujets de conversation avec les évêques de ce groupe retiendront plus particulière- ment notre attention ici : les missions et ce qui a trait aux Églises orientales catholiques. Ce

sont des sujets qui seront non seulement discutés à l’intérieur de Y aula, mais qui feront égale- ment l’objet de deux décrets conciliaires : L’activité missionnaire de l’Église et Les Églises orientales catholiques. Si ces sujets sont davantage présents dans les conversations avec les évêques du « groupe des 69 », comparativement à celles du « groupe des 34 », cela est certaine- ment dû à la prédominance des Églises de l’aire géographique du Sud, au sein de ce groupe

(57%).

Les traces conservées dans le JC nous apprennent que le sujet des missions nourrit les conversations entre MF Sanschagrin et 14 évêques, dont huit d ’entre eux ont leur Église en Amérique latine 93. À l’exception des propos échangés avec MF Nguyen-van-Hien, au sujet

91 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, LCD, 17, p. 2. 92 Id., Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 23,24 novembre 1963. 93 Canada : Desrochers; Europe : Breheret (France), McQuaigh (Irlande); Amérique latine : Carboni (Nonce au Pérou), Dominguez Reciñas (Honduras), Durán Moreira (Chili), González y Robleto (Nicaragua), González Ruiz (Pérou), Mery Beckdorf (Chili), Pinera Carvallo (Chili) et Valenzuela Rios (Chili); Afrique : Duval (Algérie) et Ill

d ’un missionnaire d ’Amos au Viet-Nam94, l’ensemble de ces dialogues se rapportent à l’Améri- que latine. On y aborde, entre autres, le soutien missionnaire par l’envoi de prêtres venant des Églises nord-occidentales 95, la situation des missionnaires d ’Amos au Honduras à la suite d ’une

révolution de l’armée,96 et l’oeuvre missionnaire des Oblats de Marie-Immaculée97 . Qui plus est, à l’occasion d ’un souper avec un groupe d ’évêques et à leur demande, Mgr Sanschagrin leur parle de l’Amérique latine 98.

Des dialogues avec quelques évêques des Églises orientales catholiques99 offrent, quant à

eux, un réel intérêt par la diversité des problématiques abordées (voir figure 2.10). Si la ques- tion de l’inter-communion entre les catholiques Figure 2.10 — Dialogues - Évêques orientaux : sujets

et les orthodoxes, « comme solution de rappro- I Cath. et Orthodoxes] chement », est l’objet des propos échangés avec Mgr Abed, qui d ’ailleurs s’y montre favora- ble100, celle des relations entre les orientaux ca- tholiques et les juifs est au menu des conversa- tions avec Mgr Achkar et IVF Hakim101. Lors de sa rencontre avec l’évêque maronite de Chypre, I Mariage-célibat pour futurs prêtres j Mgr Sanschagrin le questionne au sujet de Makários III, à la fois archevêque grec orthodoxe et président de la république de Chypre102.

Lacaste (Algérie); Asie : Nguyen-van-Hien (Viet-Nam). 94 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 20, 3 !octobre 1963. 95 Cf. Ibid., n° 4, 10 octobre 1962; n° 9, 15 novembre 1962 et n° 12, 5 décembre 1962. 96 Cf. Ibid., n° 16, 5 octobre 1962 et n° 17, 8 octobre 1962. Note : Mgr Sanschagrin est inquiet pour ses mission- nahes et, à deux reprises, il en traite avec l’évêque de Tegucigalpa, Mgr Evelio Dominguez Recinos. 97 Cf. Ibid., n° 4, 8 octobre 1962; n° 8, 3 et 5 novembre 1962. 98 Cf. Ibid, n° 17, 10 octobre 1963. 99 Selon le JC, ce sont Antoine Abed, maronite (Liban), Paolo Achkar, melchite (Syrie), François Ayoub, maro- nite (Syrie), Élie Farah, maronite (Chypre), Georges Hakim, melchite (Israël) et Athanassios Toutoungy, melchite (Syrie). Selon la LCD, 17, un dialogue a lieu avec un évêque oriental, mais sans mention de son nom. Nous ne pouvons savoir s’il s’agit de l’un d ’eux ou d ’un autre évêque. Pour cette raison, nous n ’avons pas inclus cet évê- que dans le groupe des 103 évêques rencontrés par Mgr Sanschagrin. 100 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 7, 30 octobre 1962. 101 Cf. Ibid., n° 24, 27 novembre 1963. 102 Cf. Petit Larousse illustré, Dictionnaire encyclopédique pour tous, Paris, Librairie Larousse, 1981, art. « Makários III », p. 1495; Mgr Sanschagrin demande à Mgr Farah « comment l’archevêque Makarios pouvait conduire de pair et son Église et son pays. » — « Les schismatiques n ’ont pas de vie intérieure, mais seulement une religion extérieure. Et leurs évêques sont tous politiciens » (Journal du concile, Lettre àsa mère, n° 6, 25 112

Mais ce qui constitue un réel intérêt, c’est leur conversation au sujet du mariage et du célibat ecclésiastique pour les candidats au presbytérat, au sein de cette Église orientale catholique103. Par contre, avec M^ Ayoub (maronite) et Mgr Toutoungy (melchite), évêques d ’Alep en Syrie, c’est une problématique particulière aux Églises catholiques uniates de cette ville qui est au

coeur du dialogue avec Mr Sanschagrin. Tous deux défendent le principe d ’un évêque catho- lique par ville; ce qui éviterait ainsi à une ville, telle Alep, de compter cinq évêques pour autant de rites (arménien, chaldéen, maronite, melchite et syrien). Mais la majorité des évêques orien- taux ne partagent pas cette idée, apprenons-nous, grâce à une question de leur interlocuteur 104. Enfin, par une lettre à ses diocésains, nous découvrons que Mgr Sanschagrin s’est aussi entrete- nu avec un évêque oriental sur la question de l’ordination d ’hommes mariés au diaconat perma- nent 105. Par ces divers dialogues, Mgr Sanschagrin entre donc directement en contact avec le monde des Églises orientales. S’il est bien différent du sien, il ne lui est pas tout à fait étranger, cependant. Car, dans la ville de Val d ’Or, plus particulièrement, se trouve une communauté catholique ukrainienne de rite byzantin 106 . Mais de tels dialogues ne peuvent le laisser indiffé- rent face aux questions que portent ces Églises et qui seront discutées dans Y aula conciliaire. Qui plus est, les expériences ecclésiales de ces évêques, sur une question comme celle du dia- conat permanent, ne peuvent être sans incidence sur ces choix futurs.

Si l’analyse du JC nous a permis de retrouver plus d ’une rencontre avec certains évêques du « groupe des 34 », il en est de même avec des évêques du « groupe des 69 ». Selon le JC, M^ Sanschagrin est entré en contact plus d ’une fois avec neuf évêques de ce groupe107 . Alors que des dialogues ont lieu à deux reprises avec sept d ’entre eux, les Pinera Carvallo et Nguyen- van-Hien ont un traitement particulier avec trois rencontres signalées pour chacun d ’eux. Qu’il

octobre 1962). 103 Cf. Msr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 6, 25 octobre 1962 : « Il me dit que même si ses séminaristes ont la liberté de se marier avant de recevoir le sous-diaconat, de fait 90% environ ne le font pas. Le célibat ecclésiastique s’en vient dans les moeurs de l’Église orientale. » 104 Cf. Ibid, n° 20, 31 octobre 1963. 105 Cf. Id., LCD, 17, p. 2. Dans cette lettre, Mgr Sanschagrin ne mentionne pas le nom de cet évêque. Nous re- viendrons au point 2.2.3 sur l’objet de cette conversation. 106 Cf. Diocèse d’Amos, Annuaire ecclésiastique 1962, Amos, Chancellerie de l’évêché, 1962, p. 50. 107 Ce sont les Choquet, Desrochers, Dominguez Recinos, Gerlier, Mazé, Nguyen-van-Hien, Pignedoli, Pinera Carvallo et Weber. 113 en soit ainsi avec Mgr Bernardino Pinera Carvallo étonne peu; il est son meilleur ami parmi les évêques latino-américains 108. Ce qui suscite l’intérêt, ce sont ses contacts avec l’évêque viet- namien, au cours de la seconde session du concile. Entre eux, il est question, entre autres, de la situation politique au Viet-Nam ainsi que des relations difficiles entre bouddhistes et catholi- ques, à la suite d ’une propagande communiste dans les monastères bouddhistes 109. Si des pro- pos sont échangés au sujet d ’un missionnaire d ’Amos qui oeuvre dans ce pays, d ’autres le sont également au sujet de Mgr François de Laval. L’évêque de Dalat ne manque pas de rappeler à son interlocuteur que « le Canada leur a volé MF de Laval, qui devait plutôt se rendre évangéli- ser le Viet-Nam110. » En mettant ainsi en évidence les sujets qui ont nourri les dialogues Sanschagrin-Nguyen-van-Hien, le contraste est d ’autant plus marqué par rapport aux dialogues Sanschagrin-MIartin et Suenens. Avec ces derniers, le concile était au coeur des conversations, tandis qu’avec l’évêque de Dalat, c’est plus particulièrement son monde.

À ces nombreux dialogues avec des évêques du « groupe des 69 », s’ajoute aussi un échange de biens entre MF Sanschagrin et MF Agostinho J. Lopes de Moura, évêque de Porta- legre-Castelo Branco, au Portugal. Si l’échange de biens Suenens-Sanschagrin a été marqué par une transmission du premier vers le second, cette fois-ci, MF Sanschagrin est celui qui transmet à son vis-à-vis. Selon le JC, l’échange Sanschagrin-Lopes de Moura a porté sur des biens en rapport avec le Service de Préparation au Mariage (SPM), sur lequel l’évêque portugais lui avait demandé des renseignements. En plus de répondre à ses questions, M81 Sanschagrin lui remet également des textes sur le sujet111. Qu’un tel échange se produise à Vatican II semble aller de soi pour cet évêque et ce, pour deux raisons. Primo, la préparation au mariage est une question pastorale depuis fort longtemps présente au coeur de cet évêque; déjà, au moment des premières expériences du SPM, en 1941, il était aumônier de ce service comme Père oblat112. De plus, ses dialogues avec le cardinal Suenens, sur le sujet, montre bien son intérêt tout à fait

108 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 4, 11 octobre 1962; n° 9, 14 novembre 1962 et n° 19, 22 octobre 1963. 109 Cf. Ibid., n° 18, 20 octobre 1963 et n° 21, 8 novembre 1963. 110 Ibid., n° 18, 20 octobre 1963. 111 Cf. Ibid., n° 24,29 novembre 1963. Le JC ne contient aucune information sur la nature des textes remis. 112 Cf. « En marge du 30e anniversaire de la J.O.C., Quelques dates à retenir... », Prêtre aujourd ’hui, vol. xii, n° 6, juin-juillet 1962, p. 241. 114 particulier pour la question. Secundo, il prévoit de tels échanges de biens avec ses pairs, à Vati- can IL C’est pourquoi il demande au directeur du Centre catholique de l’Université d ’Ottawa de lui expédier à Rome de la documentation sur le SPM113. Ce qui étonne, ce n ’est pas tant qu’un tel échange ait pu se produire, mais davantage le peu de traces présentes dans le JC à cet effet. Cet échange Sanschagrin-Lopes de Moura est l’unique témoignage de la période étudiée.

Au terme de ces portraits que nous venons d ’esquisser des dialogues entre MF Sanscha- grin et 103 évêques (notre groupe-témoin), quelques conclusions peuvent être tirées. Première- ment, le concile est peu présent dans les traces qui sont conservées des dialogues avec ces évê- ques. Si ce n ’eut été des propos échangés avec 12 d ’entre eux, membres des commissions, nous n ’aurions rien qui vaille sur le thème du concile. De plus, un seul des biens échangés est en rapport direct avec celui-ci, c’est le texte du Père Guay, o.m.i., sur la préparation au mariage. Deuxièmement, ce que ces portraits mettent en évidence, c’est l’abondance des traces qui ont été conservées sur le monde des évêques non impliqués dans les commissions. À Vatican II, dans leurs dialogues avec MF Sanschagrin, ces évêques consacrent une part importante de leurs propos aux réalités de leur monde : la vie de leur Église locale, des questions propres à leurs milieux (chez les Orientaux), les missions, la situation politique du pays, etc. Luis Antonio G. Tagle n ’a-t-il pas alors raison d ’écrire que « les évêques ont porté leurs propres mondes au concile et [ainsi] permis que ceux-ci fussent transformés en dialectique et communion avec les autres mondes 114 » ? En prenant ainsi position en faveur de Tagle, nous n ’ignorons pas cepen-

113 Cf. Jean Moncion, Lettre à MF Albert Sanschagrin, Ottawa, 23 août 1963, Archives du Projet de recherche sur Vatican II, Faculté de théologie et de sciences religieuses, Université Laval, p. 1; Note : Cette lettre du direc- teur du Centre Catholique de !’Université d ’Ottawa nous apprend que iVP Sanschagrin lui avait demandé, avant son départ pour la seconde session du concile, de lui faire parvenir de la documentation au sujet du Service de Préparation au Mariage. Cette lettre contient aussi une liste des documents qui lui sont expédiés. On y retrouve « 1) [25 copies d ’]un résumé du S.I.P.M. (Définition, historique, statistiques canadiennes, liste des pays touchés) [...]; 2) [25 copies de la] remise à jour d ’une série d ’articles (origine, le manuel du cours, le cours par correspon- dance, autres réalisations, rayonnement international, témoignages) [...]; 3) Trois exemplaires français et anglais du cours et du manuel technique, 25 dépliants sur cours S.P.M. et cours gens mariés, 25 spécimens de la revue “Foyers heureux” [...]. » 114 Je cite Tagle d ’après la traduction française de Joseph Famerée in « Vers une Histoire du concile Vatican II », Revue d’histoire ecclésiastique, vol. 89, n° s 3-4, 1994, p. 640, note n° 14. Famerée cite Luis Antonio G. Tagle d ’après la version italienne de son texte : « La partecipazione extraeuropea al Vaticano II e l’interpretazione storica e teológica del concilio », publiée dans Cristianesimo nella storia, vol. 13, n° 3, ottobre 1992, p. 539-557. La phrase intégrale de Tagle est la suivante : « Gli studi sulla ricezione del concilio si potrebbero grandemente avvantaggiare se gli studi storici rivelassero come i vescovi portanoro i propri mondi al concilio et permisero che questi fossero trasformati in dialettica e comunione con altri mondi » (p. 555-556). 115

dant la réplique que cette affirmation lui valut de la part de Joseph Famerée : «... ne relève-t- elle pas d ’une idéalisation théologique rétrospective ?115 » Il va sans dire que notre étude n ’a pas la prétention de trancher le débat Famerée-Tagle, mais plutôt d ’y contribuer par les élé- ments que nous apportons.

À travers Mgr Sanschagrin, l’Église d ’Amos est allée à la rencontre d ’un grand nombre d ’Églises locales, présentes sur les cinq continents et dont plusieurs sont situées dans Faire du

Sud. Chaque rassemblement d ’évêques a été pour lui une occasion de créer des liens avec ces Eglises. Selon les traces conservées, le monde de ces évêques a prédominé sur le concile au sein de leurs dialogues. Ainsi, après avoir vérifié comment l’Église d ’Amos était allée à la ren- contre des Églises, à Vatican II, il s’agit maintenant de vérifier comment la voix de cette Église s’est fait entendre au concile, à travers la parole et les prises de position de son évêque.

2.2 La voix de l’Église d ’A mos au concile

À l’instar de plusieurs Pères du concile, MF Sanschagrin prend position sur les sujets dis- cutés dans l’assemblée conciliaire, non seulement au moyen de votes et d ’amendements, mais aussi en prenant la parole à l’intérieur même de Y aula. Plusieurs traces de ses prises de posi- tion sont conservées dans ses lettres à sa mère, c’est-à-dire son journal conciliaire (JC).

Selon le JC et les Acta du concile, MF Sanschagrin est intervenu à une seule reprise en présence des Pères conciliaires 116 . Le 23 novembre 1962, le schéma sur les moyens de commu- nication sociale est pour la première fois à l’ordre du jour des travaux conciliaires. MF Sans- chagrin saisit l’occasion pour prendre la parole in aula. S’il est le quatrième à intervenir sur le schéma, c’est n ’est pas tant pour le questionner ou le défendre, que pour adresser une demande explicite au Saint-Siège et ce, à partir des énoncés mêmes du schéma. Devant les lenteurs à recevoir les communiqués des Congrégations romaines et les informations erronées parfois transmises à leur sujet par les médias, MF Sanschagrin reprend à son compte le concept du

115 Joseph Famerée, « Vers une Histoire... », p. 640, note 14. 116 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, Journal du Concile, Lettre à sa mère, n° 10, 23 novembre 1962; « 4, Exc. mus P.D. Albertus Sanschagrin, Episcopus tit. Bagensis, coad. c.i.s. Amosensis », Acta Synodalia Sacrosancti Concilii Oecumenici Vaticani II, Volumen I, Periodus Prima, Pars III, Congregationes Generales XIX-XXX, Typis Poly- glottis Vaticanis, MCMLXXI, 427-429. 116

« droit à Γ information » et le revendique également en faveur des évêques117 . Il suggère que les Congrégations romaines se servent elles aussi « des moyens modernes de communication, comme la poste aérienne... 118 » Si son intervention plaît à plusieurs Pères conciliaires, qui le félicitent par la suite119, elle trouve aussi un écho dans un appendice au schéma sur les évêques et le gouvernement des diocèses 120. Cette prise de parole nous montre, entre autres, que Y aula conciliaire devient aussi un lieu d ’interventions sur des questions qui ne sont pas à l’agenda des travaux du concile. Ainsi, « en s’écartant quelque peu du thème de la discussion 121 », MF Sans- chagrin affirme à sa manière que le concile n ’est pas au-dessus des évêques.

Outre cette prise de parole in aula, nous retrouvons dans le JC les traces de ses prises de position sur des sujets discutés à l’intérieur de l’assemblée conciliaire. Pour les fins de notre étude, nous avons retenu quatre sujets : !’utilisation de la langue vernaculaire en liturgie, la communion sous les deux espèces, le rétablissement du diaconat permanent et l’oecuménisme. Deux questions guideront notre réflexion : Quelle position MF Sanschagrin a-t-il tenue face à chacun de ces sujets ? En quoi était-elle le reflet de son Église locale et l’écho de sa voix ?

2.2.1 L’utilisation de la langue du peuple

Notre enquête dans le JC, pour la période étudiée, nous a permis de découvrir que MF Sanschagrin consacre 124 lignes uniquement à la question de l’usage de la langue du peuple en

Ne pourrait-on pas parler aussi » .־ Cf. Mgr Albert Sanschagrin, Journal du Concile, Lettre à sa mère, n° 10 117 du droit des Évêques à être tout d ’abord informés, et rapidement de la part des Congrégations romaines, sur tout ce qui touche !’administration de leur diocèse ? Si les Évêques sont avisés à l’avance de tel ou tel acte du magis- tère ou de telle ou telle décision disciplinaire, ils pourront rectifier immédiatement, pour le bien des âmes, les nou- velles erronées de la presse, de la radio ou de la télévision. » Note : Ceci est un extrait de son intervention. 118 119 Cf. Ibid., n° 10, 23 novembre 1962 : « Mais ce qui m’a fait le plus de bien au coeur, ce sont les Évêques de toutes les parties du monde, surtout du Canada et d ’Amérique latine, et les Évêques Oblats qui sont venus me féliciter et me dire que j’avais bien exposé leurs problèmes. »; Parmi ceux qui le félicitent, il nomme les Suenens, Pessôa Cámara, Roy (Québec) et Pignedoli. Outre les évêques, on retrouve les Frères de Taizé, les Pères Sudres, C.S.V., et Rousseau, o.m.i. 120 Selon le JC, cet écho se retrouve dans le deuxième appendice, au numéro 4, sous le titre : « Acta Sedis Apos- tolicae cum Episcopis tempestative communicanda ». Cf. Ibid., n° 22, 12 novembre 1963. 121 Xavier Rynne, La révolution de Jean XXIII, Traduit de l’américain par R. Foufounis, Paris, Bernard Grasset Éditeur, 1963, p. 154; C’est ainsi que l’auteur introduit sa présentation he !’intervention in aula de Mgr Sanscha- grin. Celui-ci, transcrivant intégralement dans son JC le texte de Rynne, signale que l’auteur en fait un rapport « très exact ». Cf. Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 16, 6 octobre 1963. 117

liturgie. Ce matériau abondant nous permet non seulement de connaître sa position initiale face à cette question, mais aussi d ’en retracer l’évolution quant aux modalités d ’application.

Le lendemain de la présentation du schéma De Sacra Liturgia, alors que des tendances opposées se manifestent déjà dans les discussions sur la langue du peuple en liturgie, Mgr Sans- chagrin écrit dans son journal : « Évidemment, et c’est normal, tout le monde n ’est pas d ’ac-

cord. Et il y a de très forts arguments des deux côtés. Quant à moi, mon idée est faite sur ce point, après les consultations que j’ai faites dans mon diocèse : avec des conditions bien préci- ses, je favorise l’emploi de la langue vernaculaire122. » Fort de la voix de son Église, cet évêque arrive donc au concile avec une position plutôt modérée sur cette question. S’il se montre favo- rabie à l’usage de la langue du peuple, il l’assortit cependant de conditions, dont il nous fait part quelques jours plus tard : « Mon idée est maintenant faite : le latin doit rester en autant qu’il est la prière du prêtre ou qu’il assure le formel d ’un sacrement : canon de la messe, Ego te absolvo, etc... La langue moderne doit servir chaque fois qu’il y a instruction du peuple ou prié- re du prêtre avec le peuple : avant-messe, ce qui entoure le formel d ’un sacrement, sacramen- taux, etc...123 » Ainsi sertie de conditions, cette ouverture en faveur de la langue du peuple ne peut être qualifiée de véritablement audacieuse. Cependant, cette position de Sanschagrin doit certainement ressembler à la position d ’un bon nombre d ’évêques du Québec, si l’on en juge par leurs vota, émis quelques années auparavant124.

-Sans ־Tout au long de la première session et une partie de la seconde, la position de M81 chagrin demeure timide, mais constante. Pendant ce temps, il note dans son journal les inter- vendons favorables aux langues vivantes en liturgie125. En premier lieu, il qualifie de discours

122 Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 6, 23 octobre 1962. 123 Ibid., n° 7, 29 octobre 1962; Cette position, Mgr Sanschagrin la réitère dans une lettre à ses diocésains. Cf. Id., LCD, 7, p. 2. 124 Cf. Gilles Routhier, « Les vota des évêques des diocèses du Québec », in Routhier, Gilles, dir., L’Église ca- nadienne et Vatican II, p. 35-36. ־Les prises de position défavorables y trouvent peu d ’espace. Le 24 octobre 1962, lors d ’un contact avec M81 125 Filemón Castellano, d ’Argentine, il s’étonne que celui-ci soit opposé à la langue vivante en liturgie. Le 29 octobre suivant, il signale deux interventions défavorables pour dire qu’il y a toujours des oppositions. Cf. Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 6, 24 octobre 1962 et n° 7, 29 octobre 1962; Puis, ce n ’est qu’au terme de la seconde session que nous apprenons que ses deux voisins in aula étaient initialement opposés à l’usage de la langue du peuple en liturgie. S’il en fait mention à ce moment, c’est pour dire : « Ils ont évolué au point d ’avoir voté en faveur du texte final du schéma [de la liturgie] » {Ibid., n° 24, Introduction). 118

« qui fera époque », !’intervention in aula de Maximos IV, le 23 octobre 1962 126 . Celui-ci, par des arguments s’appuyant sur les Écritures, l’histoire et l’expérience des Églises orientales,

avait rendu un vibrant témoignage en faveur des langues parlées par les fidèles 127 . Puis, s’ajoute dans son journal, un chapelet de mentions en faveur des langues modernes : l’unanimité de l’épiscopat français en ce sens, les arguments pour leur utilisation comme étant « les plus forts et les plus nombreux », la forte impression laissée par !’intervention d ’un évêque japonais 128 qui mit en relief le couple latin-occident face à une civilisation orientale, l’option de la majorité des Pères et plus particulièrement des jeunes évêques autour de lui, la prise de position des évê- ques états-uniens 129 et, enfin, ce qu’il perçoit comme une indication en faveur de la langue du peuple en liturgie dans un sermon de Jean XXIII 130. En collectionnant ainsi les prises de posi- tion favorables aux langues vivantes, Sanschagrin nous laisse le témoignage des influences qui le confortent dans sa position initiale. S’il se présente au concile fort de la voix de son Égli- se, désormais, c’est également fort de la voix de ses pairs qu’il se prononcera en faveur des lan- gués modernes en liturgie. D’ailleurs, il le laisse clairement entendre dans une lettre à ses dio- césains, au moment de leur donner sa propre position sur la question : « Je ne veux donner ici que les conclusions personnelles auxquelles je suis arrivé après la consultation faite auprès des prêtres, des religieux et des fidèles du diocèse et après l’exposé fait sur la question par les évê- ques qui sont intervenus au Concile 131. »

126 Dans le JC, rien n ’indique cependant que cette intervention ait porté sur la liturgie : « La séance de ce matin s’est terminée par un discours français dans la grande éloquence. C’est le patriarche d ’Antioche, Maximos IV, qui l’a fait. [...] Je manquerais au secret du concile si je donnais le contenu du discours de Maximos, mais je puis vous dire qu’il fera époque » (Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 6, 23 octobre 1962). 127 Cf. « 17. Beat. Mus P. D. Maximus IV Saigh, Patriarcha Antiochenus Melchitarum », Acta Synodalia Sacro- sancti Concilii Oecumenici Vaticani II, Volumen I, Periodus Prima, Pars I, Sessio Publica I, Congregationes Ge- nerales I-IX, Typis Polyglottis Vaticanis, mcmlxx , p. 377-380. 128 Mgr Sanschagrin ne mentionne pas son nom. Selon la date inscrite à son JC, il s’agirait de Mgr Peter Arikata Kobayashi, évêque de Sendai (Japon), le seul évêque japonais à être intervenu in aula le 27 octobre 1962. Cf. « Les travaux du Concile », La Documentation Catholique, tome LIX, n° 1388, 18 novembre 1962, col. 1478- 1479. Nous renverrons désormais à ce document de la manière suivante : « Les travaux du Concile », DC, 1388. 129 Dans son JC, Mgr Sanschagrin ne mentionne aucun nom, mais d ’après la date de son journal, il s’agirait de !’intervention de MF Paul J. Hallinan, d ’Atlanta (États-Unis), le 31 octobre 1962. Cf. « Les travaux du Concile », DC, 1388, col. 1516-1517 et note n° 4 : « Annonçant qu’il parlait au nom de beaucoup d ’évêques des États-Unis, Mgr Hallinan, archevêque d ’Atlanta, a proclamé que l’épiscopat des États-Unis veut, lui aussi, ce renouveau litur- gique, car l’Église doit ouvrir ses richesses aux hommes. » 130 Pour l’ensemble des informations de cette phrase, voir Msr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 6, 24 octobre 1962; n° 7, 27.29 et 31 octobre 1962; n° 8, 4 novembre 1962. 131 Id., LCD, 7, p. 2. 119

Les sources nous apprennent que la position de Mgr Sanschagrin a été renforcée de non- veau par la parole de ses pairs et ce, à la suite d ’une expérience commune lors des Congréga- tiens générales, c’est-à-dire en assistant à des messes célébrées dans des langues inconnues pour une partie de l’auditoire. Une prise de conscience était alors inévitable chez les Pères conciliaires, à un moment ou l’autre. Dans une lettre à ses diocésains, le 9 novembre 1962, IvF Sanschagrin y fait écho : « Voilà, a fait remarquer l’un d ’eux [les cardinaux], ce que nous im- posons à nos fidèles : une messe dans une langue qu’ils ne comprennent pas...132 ». Cette re- marque du cardinal illustre-t-elle l’expérience que VU Sanschagrin a lui-même faite en assis- tant aux messes non latines des 24 octobre (en rite grec melchite) et 5 novembre (en rite maro- nite) précédents, auxquelles il est ici fait allusion ? Dans son journal, c’est le silence; aucun commentaire personnel n ’accompagne leur mention plutôt laconique133. Pour la première fois, dans cette lettre, nous apprenons cependant qu’il a été souvent perdu dans le déroulement de ces messes, quoiqu’impressionné par leur solennité 134. Mais rien de plus. Nous pouvons certai- nement avancer que son expérience des messes non latines lui a néanmoins permis de recevoir l’énoncé du cardinal. Autrement, comment comprendre le sens de l’écho favorable qu’il lui donne. Qui plus est, Mgr Sanschagrin reprend cet énoncé à son compte, à la suite d ’une messe en slavon, le 12 novembre suivant135. Tout cela nous permet du moins d ’apercevoir en filigrane ce que sera la dynamique conciliaire : une conjonction non seulement d ’influences provenant des individus et des groupes, mais aussi d ’expériences personnelles vécues à l’occasion du

132 M81 Albert Sanschagrin, LCD, 7, p. 2. 133 Cf. Id., Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 6,24 octobre 1962 : « La messe de ce matin a été cocélébrée [sic] en rite byzantin par trois évêques orientaux. Tout a été chanté, même le canon : la messe a duré 55 minu- tes. »; Ibid., n° 8, 5 novembre 1962 : « La messe a été co-célébrée par trois Évêques au rite maronite d ’Antioche dans leur propre rite. Le canon se chante à haute voix dans la langue même parlée par Notre-Seigneur et le reste de la messe se dit en arabe qui est la langue des gens. Le canon est très court. La consécration est chantée. » 134 La première page de sa lettre est un retour sur ces célébrations des 24 octobre et 5 novembre. Dans un style plutôt étonnant, celui du « nous » collectif, il nous partage son expérience. À une seule reprise, nous y voyons apparaître un « moi » : « Ces rites nous paraissent plus solennels que les nôtres [...]. C’est du moins l’impression qui m’est restée [...] Mais dans le déroulement des cérémonies, nous ne comprenions pas grand ’chose. [...] C’était du nouveau pour nous : nous avions les yeux et les oreilles ouverts pour essayer de trouver dans ces cérémonies les éléments de notre messe. Nous étions souvent perdus, je dois l’admettre » {Id., LCD, 7, p. 1 ). 135 Cf. Id, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 9, 12 novembre 1962 : « La Congrégation générale s’est ou- verte par une messe en langue slavone. C’est le même rite et les mêmes prières que les nôtres, mais non en latin. Ceci illustre bien ce queje disais dans ma lettre hebdomadaire No 7 : nous imposons la même chose à nos fidèles. Nous les obligeons à assister et à participer à une messe qu’ils ne comprennent pas. J’aimerais vous montrer le texte qu’on a mis entre nos mains avec un alphabet qui nous semble du russe... » 120

concile. D’ailleurs, le cardinal Montini écrit à la suite de la messe du 24 octobre : « Cette belle, mais mystérieuse cérémonie a donné au Concile d ’une façon inattendue la preuve expérimen- taie de la nécessité pour la liturgie d ’être comprise et suivie par l’assemblée qui y assiste136 . »

Mais voilà, qu’au milieu de la seconde session du concile, un changement se produit dans la position de Mgr Sanschagrin. Si l’année précédente, il n ’osait demander !’utilisation de la langue vivante pour le formel des sacrements, sa position devient maintenant un peu plus auda- cieuse : « J’aimerais pouvoir dire en français : “Je te baptise... Je t’absous...”137 ». Et si ce n ’eut été des arguments de deux membres de la Commission de liturgie, il aurait inscrit un Placet juxta modum lors du vote sur le troisième chapitre du De Sacra Liturgia 138, dans lequel l’usage de la langue vernaculaire était alors limité au non formel des sacrements. S’il vote Placet à contre coeur ce 18 octobre 1963, il crie victoire le 21 novembre suivant : « Le 3 e chapitre du schéma de la liturgie portant sur les sacrements et les sacramentaux a été voté avec seulement 35 votes à l’encontre. Nous avons gagné un point important : même le formel des sacrements, si la chose est nécessaire, sera dit en langue vernaculaire : “Je t’absous de tes péchés...”139. » Bien que le JC soit totalement muet sur les raisons qui ont amené un tel changement dans la position de Mgr Sanschagrin, l’on peut tout au moins soupçonner le lent travail de la dynamique et du climat conciliaires avec son insistance sur la dimension pastorale du concile.

À Vatican II, c’est en évoquant d ’abord la voix de son Église, qui s’est exprimée lors des consultations du printemps 1962, que Mgr Sanschagrin justifie sa position initiale en faveur des langues modernes en liturgie. C’est ce qu’il nous faut maintenant vérifier à l’aide du résultat de ces consultations. Que nous apprend-t-il à cet égard ?

« Les travaux du Concile », DC, 1388, col. 1473, note n° 3. 137 Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 18, 18 octobre 1963. 138 Cf. Ibid. : « D’autre part, le vote se prend globalement sur le troisième chapitre du schéma sur la liturgie. J’aurais bien le désir de donner un “PLACET JUXTA MODUM”. On fait une réserve dans le schéma sur l’emploi de la langue vulgaire dans !’administration des sacrements : pour les paroles de la forme du sacrement, on devra tou- jours se servir du latin. J’aimerais pouvoir dire en français : “Je te baptise... Je t’absous...”. Mais j’ai rencontré tout juste avant la réunion LL.EE. NsgrsJENNY (France) et Martin (Nicolet), tous deux membres de la Commis- sion de Liturgie. Ils nous supplient de ne pas abuser des JUXTA MODUM, parce que nous n ’en finirons plus. De plus, disent-ils, si le schéma est de nouveau remis sur le métier, il est dangereux de perdre du terrain. Aussi ai-je voté “PLACET”. » 139 Ibid., n° 23, 21 novembre 1963. 121

La consultation Sanschagrin prévoyait que les diocésains puissent donner leur avis sur l’usage éventuel de la langue du peuple en liturgie. Selon les questionnaires utilisés à cet effet, ils étaient invités à faire des suggestions relatives à cet usage sur deux sujets distincts : la célé- bration de la messe et !’administration des sacrements 140. Parmi les réponses reçues et conser- vées aux archives diocésaines 141, nous avons pu retrouver 45 avis en rapport avec ces deux su- jets : 22 de la part des membres du clergé, 17 en provenance des communautés religieuses et 6 de la part des fidèles laïcs. Comme nous l’avions déjà signalé au point 1.2.2, les laïcs ont fourni peu d ’avis sur la langue liturgique et ce, à notre étonnement.

Une première analyse nous montre que 39 des 45 réponses reçues (87%) sont favorables à un usage éventuel du français en liturgie (clergé : 19; communautés religieuses : 16 et laïcs : 4). Par contre, pour ce qui est des 13% restants, les réponses sont des plus disparates. Alors que quatre répondants sont nettement opposés à l’usage du français pour la messe142, un cinquième manifeste plutôt son regret devant l’abandon des textes latins 143, tandis qu’un sixième demeure ambivalent sur !’utilisation du français dans !’administration des sacrements 144.

Parmi les 39 avis favorables, 25 d ’entre eux concernent spécifiquement la célébration de la messe et 13 autres, !’administration des sacrements 145. Sur le sujet de la messe, l’analyse des réponses nous a conduit à porter une attention particulière aux suggestions provenant des prê- tres. Elles contiennent des distinctions sur les catégories du « propre » et du « commun », alors qu’une seule réponse provenant des communautés religieuses utilise cette terminologie. Dans le groupe des prêtres, si la majorité de leurs réponses sont plutôt modérées, quelques-unes ont

140 Dans le questionnaire adressé aux membres des clergés séculier et régulier, il s’agissait des sujets n os 26 et 27, dans celui envoyé aux communautés religieuses du diocèse, les n os 13 et 14, et dans celui pour les fidèles du diocèse, les n os 12 et 13. 141 Nous n ’avons pas d ’information nous permettant de savoir si les réponses conservées aux archives diocésai- nés correspondent à la totalité des réponses reçues. 142 Deux de ces réponses proviennent du groupe des prêtres, les deux autres proviennent respectivement d ’un membre d ’une communauté religieuse et d ’un groupe de laïcs mariés, identifiés comme étant cultivateurs. 143 Un prêtre au sujet de « L’adaptation de la liturgie aux fidèles de notre époque » (n° 24 de son questionnaire). 144 Un laïc au sujet de « !’administration en langue vivante des sacrements encore administrés en latin » : « Je suis pour le maintien du latin excepté pour le Baptême. J’ajouterai que certains sacramentaux devraient [être] en langue vivante... » (réponse à la question n° 13 du questionnaire). 145 Un autre avis portait sur la liturgie en général, sans préciser s’il s’agissait de la messe ou de la célébration des sacrements. 122

été un peu plus audacieuses. D’une part, nous avons retrouvé neuf répondants en faveur de l’usage du français dans la célébration de l’eucharistie, mais avec certaines restrictions. S’ils sont d ’avis de faire du français la langue du « propre » de la messe146 , ils tiennent cependant à ce que le latin demeure celle du « commun ». D’autre part, si deux autres répondants se mon- trent ouverts à l’usage du français même pour le « commun », un autre ne met, quant à lui, au- cune restriction à son usage pour toute la célébration. L’analyse des réponses provenant des communautés religieuses et des laïcs nous révèle cependant un autre portrait. Si, d ’une part, le langage restrictif y est totalement absent, d ’autre part, on demeure encore timide face aux de- mandes d ’utilisation du français. Sauf, deux suggestions — dont l’une est ouverte à son usage à l’intérieur même du canon de la messe et l’autre, tant pour le « propre » que pour le « com- mun » —, la plupart des demandes visent uniquement un aspect ou l’autre de la messe à deve- nir en français : dialogues du prêtre avec l’assemblée, Domine non sum dignus, formule de communion, etc. Sur l’usage de la langue du peuple pour !’administration des sacrements, tan- dis que les prêtres demeurent partagés sur l’extension de son utilisation, les membres des corn- munautés religieuses et les laïcs ne font mention d ’aucune restriction, quant à eux.

Parmi les réponses favorables au français en liturgie, nous avons remarqué que des prê- tres ainsi que des membres de communautés religieuses justifient leur choix par une référence aux fidèles. Tandis que certains invoquent comme motifs une meilleure compréhension de la li- turgie par les fidèles 147 ou encore une meilleure participation de leur part à celle-ci148, d ’autres y voient un moyen pour que les fidèles puissent bénéficier des fruits des sacrements 149 ou en- core pour favoriser chez eux la ferveur et la piété150. Ainsi, à 18 reprises, on met les autres en cause pour justifier son option. Alors, pourquoi, au moment des consultations, les laïcs de cette Église locale ont-ils si peu revendiqué l’usage de la langue française en liturgie ?

146 Déjà, lors de la consultation de 1960 par Mgr Sanschagrin pour la préparation de ses vota, la Commission Pastorale et Liturgie avait exprimé comme suggestion « que l’avant-messe soit en langue vivante » (Abbés Roland Bélanger et Jean Ratté, secr. gén., Rapport de la journée sacerdotale du 20 janvier 1960, tenue au Séminaire d’Amos, Annexe 14-A, Archives du diocèse d ’Amos, C-V-3, p. 4). 147 Six avis en ce sens : trois de la part des prêtres et trois de la part des communautés religieuses. 148 Sept avis en ce sens : six de la part des prêtres et un de la part des communautés religieuses. 149 Deux avis en ce sens de la part des prêtres. 150 Trois avis en ce sens de la part des communautés religieuses. 123

À Tissue des consultations du printemps 1962, tel est le portrait des réponses reçues au

sujet de T utilisation du français en liturgie. Quoiqu’il révèle une tendance favorable à son utili- sation dans les célébrations liturgiques de l’Église d ’Amos, ce portrait nous montre également

que Ton demeure encore peu audacieux face à son extension. Si quelques-uns des répondants osent réclamer un usage exclusif du français en liturgie, la majorité favorise plutôt un usage conjoint du français et du latin, surtout pour la messe. C’est pourquoi MF Sanschagrin peut écrire au début du concile : « Quant à moi, mon idée est faite sur ce point, après les consulta- tions que j’ai faites dans le diocèse : avec des conditions bien précises, je favorise l’emploi de la langue vernaculaire151. » De plus, au cours de la deuxième session, s’il manifeste une option en faveur du français même à l’égard du « formel » des sacrements, une fois de plus il peut dire que sa parole inclut le « sentiment commun » de son Église. Car, sur cette question, la majorité des répondants sont favorables à un usage exclusif du français.

2.2.2 La communion sous les deux espèces

Lors des débats sur le deuxième chapitre du schéma De Sacra Liturgia, la communion des fidèles sous les deux espèces ainsi que la concélébration de l’eucharistie ont fait l’objet de discussions in aula. Sous la plume de MF Sanschagrin, si ces sujets occupent 71 lignes de son journal, la prédominance appartient cependant au premier avec 60 lignes. C’est pourquoi notre attention portera exclusivement sur celui-ci.

Dans son journal, si Ton doit voir en filigrane que MF Sanschagrin est favorable à la con- célébration de l’eucharistie, c’est en noir sur blanc qu’il y inscrit sa position en faveur de la communion sous les deux espèces pour les fidèles et, plus spécifiquement, pour les nouveaux époux à la messe de leur mariage. Alors qu’habituellement peu de commentaires personnels, sur les sujets débattus in aula, se retrouvent sous sa plume, ils abondent cependant sur cette question.

Au début de la seconde session du concile, alors que le schéma sur la liturgie donne en exemple l’ordination sacerdotale, la profession religieuse et le baptême comme événements où

151 Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 6, 23 octobre 1962. 124

l’on pourrait donner la communion aux fidèles sous les deux espèces, Mgr Sanschagrin ne peut s’empêcher de bondir. « Pourquoi pas le mariage ? », écrit-il dans son journal. « Ça viendra pour sûr par permission spéciale du Saint-Siège, mais le malheur est que le mariage n ’est pas inclus dans le schéma152 », ajoute-t-il. C’est par un Placet juxta modum qu’il manifeste alors son insatisfaction, le 14 octobre 1963, en votant sur l’ensemble du deuxième chapitre du De Sacra Liturgia. Quelques jours auparavant, il écrivait dans son journal : « ...dans le schéma on donne comme exemple de messes où les intéressés pourront communier sous les deux espèces, l’ordination sacerdotale et la profession religieuse, mais non la messe de mariage. C’est vrai- ment dommage. Je donnerai mes raisons par écrit au secrétariat du Concile en faveur de la communion sous les deux espèces aux messes de mariage.153 »

Bien que 120 évêques aient inscrit un Placet juxta modum, ce 14 octobre, afin de deman- der l’inclusion du mariage comme événement où l’on pourrait donner la communion de cette manière, la Commission de liturgie refuse de l’inclure 154. Devant cette attitude, ]VF Sanschagrin inscrit un Non placet sur trois amendements de ce chapitre, le 20 novembre suivant. Il veut ma- nifester ainsi son mécontentement face au traitement que la Commission a réservé à trois amendements — sur la langue vernaculaire à la messe, la communion sous les deux espèces et la concélébration. Qui plus est, il s’enquiert même auprès de Mgr Albertus Martin, membre de cette Commission, des raisons du refus d ’inclure le mariage dans le schéma. Apprenant que « les évêques d ’Europe trouvent que la cérémonie de mariage n ’y est pas assez digne 155 », sa

152 Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 17, 10 octobre 1963; Dans une lettre à ses diocésains, il écrit : « La communion sous les deux espèces, du pain et du vin, est restaurée en des cas qui seront définis par le Saint-Siège. Le schéma donne trois exemples concrets : les nouveaux chrétiens à la messe qui suivra leur baptême, les religieux à la messe de leur profession, les prêtres à la messe de leur ordination. Le schéma n ’ajoute pas, à ma grande surprise : les époux à la messe de leur mariage. [...] J’ai personnellement communiqué au Secrétariat du Concile mon désir de voir ce cas particulier parmi les exemples donnés par le schéma. J’ai la conviction profonde que cette consolation sera accordée aux époux le jour de leur mariage » (Id., Lettre du conci- le à ses diocésains, n° 14, 18 octobre 1963, p. 2). Nous renverrons désormais à ce document de la manière sui- vante : LCD, 14. 153 Id, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 17, 12 octobre 1963. 154 Cf. Ibid, n° 23,20 novembre 1963; Dans les Acta du concile, on peut lire : «Pag. 22, linea 29, post verba “in Missa quae Baptismum subsequitur”, addatur : “necnon Sponsis in Missa celebrationis Matrimonii ” (120 Pa- tres). »La réponse de la Commission suit cette mention. Cf. « Congregatio generalis LXXI, 20 novembris 1963 », Acta Synodalia Sacrosanti Concilii Oecumenici Vaticani II, Volumen II, Periodus Secunda, Pars V, Congregatio- nes Generales LXV-LXXIII, Typis Polyglottis Vaticanis, MCMLXXIII, p. 594. 155 Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 23, 20 novembre 1963. 125

réaction est alors des plus vives : « C’est à en pleurer ! », écrit-il dans son journal. « Je puis vous assurer que les Évêques du Canada vont demander ΓInduit... 156 », ajoute-t-il.

Ces diverses réactions de Mgr Sanschagrin nous révèlent, de manière plus qu’évidente, sa position face à la communion sous les deux espèces pour les fidèles et, plus spécifiquement, pour les nouveaux époux à la messe de leur mariage. Bien qu’il n ’ait reçu aucun avis sur ce sujet, lors de la consultation des diocésains, rien ne nous empêche de croire que sa parole soit porteuse du sentiment de sa propre Église. De plus, que sa position soit le fruit de son expé-

rience pastorale dans l’Action catholique (AC) et, surtout, de sa fréquentation des jeunes cou- pies à travers le Service de Préparation au Mariage (SPM), — dont il fut le premier aumônier et qu’il continue de se faire l’ardent promoteur —, ne nous étonnerait guère. D’ailleurs, au mo- ment du concile, PAC et le SPM sont bien présents dans son Église locale.

Avec son insistance pour inclure le mariage comme événement où la communion pourrait être donnée sous les deux espèces, M®1 Sanschagrin tient donc une position manifestement plus audacieuse que celle de plusieurs de ses pairs. Comme nous l’avons signalé précédemment, son option devient ainsi l’occasion de mettre en évidence une autre réalité de Vatican II : la dialec- tique Pères conciliaires - commissions conciliaires.

2.2.3 La restauration du diaconat permanent

Si la communion sous les deux espèces fait naître de vives réactions chez M^ Sanscha- grin, la restauration du diaconat permanent, quant à elle, le conduira à siéger ultérieurement sur des comités d ’étude en vue de son établissement éventuel dans les Églises locales157 . Selon Ré-

jean Plamondon, « si on a eu, avant la fin du concile, le rétablissement du diaconat permanent,

156 MF Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 23, 20 novembre 1963. 157 À l’automne 1966, l’épiscopat canadien recommande la formation d ’un comité provisoire « pour faire une étude poussée des textes conciliaires relatifs au diaconat permanent et de leurs implications au Canada. » Le 27 janvier 1967, se tient une première réunion de ce comité, dont MF Sanschagrin est président du secteur français et MF Rémi de Roo, du secteur anglais. Puis, du 2 lau 24 février suivants, se tient à Rome une rencontre « pour étu- dier les conditions à établir pour le rétablissement du diaconat permanent dans l’Église universelle. » Participent à cette réunion des évêques de divers épiscopats du monde et des membres de la curie romaine. MF Sanschagrin, au nom de l’épiscopat canadien, est du nombre des participants. Cf. Id, Journal de voyage à Rome pour le diaco- natpermanent, Lettre à sa mère, 18-27 février 1967, Archives du diocèse d ’Amos, III-B-2.2, p. 1-2. 126

[cet évêque] y est pour quelque chose158. » Pourtant, en aucun temps, il n ’a pris la parole à l’intérieur de Vaula conciliaire sur cette question. Son influence se serait plutôt exercée dans les coulisses, pour ainsi dire, par « de nombreuses rencontres avec des évêques de nombreux pays [et ce, dans le but] de faire la promotion des avantages pour l’Église du retour au diaconat permanent 159. » Dans son journal, Sanschagrin demeure cependant discret sur la chose. Seule une lettre à ses diocésains nous apprend qu’il a eu un dialogue sur le diaconat permanent avec un évêque, mais d ’une Église orientale où se trouvaient déjà des diacres mariés160 .

Ce long préambule nous amène donc à porter une attention toute particulière à la position de Mgr Sanschagrin sur la question du diaconat permanent à Vatican II. À l’ordre du jour des discussions in aula, lors de la seconde session du concile, ce sujet occupera-83 lignes de son JC, sans compter une lettre à ses diocésains entièrement consacrée à la question161 . Puisque notre étude n ’inclut pas les sessions conciliaires des années 1964 et 1965, ce matériau demeure donc parcellaire sur le sujet. Par contre, il fournit suffisamment d ’éléments à notre analyse pour nous permettre de rendre compte non seulement de la position initiale de cet évêque, mais aussi de ses motifs en faveur du diaconat permanent.

En explorant le JC, nous découvrons que la question du diaconat permanent a déjà été abordée par IvF Sanschagrin dans l’Église d ’Amos. Lors d ’une rencontre avec les membres de l’Action catholique de Val d ’Or, il l’envisage même pour sa propre Église162 . Il n ’est donc pas étonnant qu’il donne son Placet, le 30 octobre 1963, sur une proposition énonçant qu’« il est opportun, selon l’utilité de l’Église en certaines régions, de restaurer le diaconat comme degré distinct et permanent du saint ministère 163 . »

158 Réjean Plamondon, « Le service d ’information de la CGC à Vatican II », in Routhier, Gilles, dir., L’Église canadienne et Vatican II, p. 220. 159 JW 160 Cf. M8r Albert Sanschagrin, LCD, 17, p. 2. 161 Cf. Ibid., 2 p.; Note : Cette lettre fournit 81 lignes de texte à notre analyse. 162 Cf. Id., Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 17, 11 octobre 1963 : « À la visite pastorale queje faisais à la paroisse de Fatima, l’Action catholique m’a demandé un autre vicaire. “Si j’en avais, je vous le donnerais, leur ai-je dit. Mais je n ’en ai pas. Après le Concile, je pourrai peut-être vous donner un diacre. ” Ils me demandèrent de leur expliquerce que c’était qu’un diacre. »; Nous renverrons désormais à ce document de la manière suivante : JC, 17, 11 octobre 1963. 163 Ibid., n° 20, 30 octobre 1963. 127

Dans le contexte de son Église où commence déjà à se faire sentir le manque de prêtres,

Mgr Sanschagrin conçoit le diaconat permanent davantage en termes de collaboration au près- bytérat et, plus spécifiquement, dans le champ liturgique. Du moins, c’est ce que nous laisse entendre un propos qu’il adresse à ses diocésains :

Chez nous, au Canada, dans le diocèse d ’Amos, ne nous serait-il pas utile de pou- voir compter sur des diacres ? Sans préjuger de la décision des évêques canadiens, je dois avouer que j’y serais bien favorable, surtout pour le service religieux de fin de semaine ou des jours de fête dans nos grandes paroisses. Que de services pré- cieux ne pourraient-ils pas rendre pour libérer les prêtres trop surchargés : la distri- bution de la sainte communion, aux nombreuses messes dominicales; la prédica- tion, à l’occasion, si vraiment ils sont bien préparés.164

Mais ce propos ne me semble pas rendre totalement justice à la pensée de Mgr Sanscha- grin. Car, lors de son échange avec les membres de l’Action catholique de Val d ’Or, il voyait même la possibilité d ’un diacre à la place du prêtre-aumônier. Somme toute, selon les traces que nous possédons, sa conception initiale du diaconat permanent demeure timide si nous la comparons à celle du cardinal Paul-M. Richaud qui envisageait même des diacres ouvriers165 .

Dans le cours des débats in aula sur l’opportunité de restaurer le diaconat permanent dans l’Église, en plus de noter dans son JC que les évêques « qui sont en faveur semblent plus nom- breux et ont de meilleurs arguments166 », Mgr Sanschagrin retient seulement deux interventions favorables : celle d ’un Africain, Mgr Bernard Yago (Abidjan), et celle d ’un Argentin, Mgr Jorge Kémérer (Posadas), qui demandent avec insistance la restauration du diaconat permanent pour leurs Églises167 . Deux zones géographiques sont ainsi mises en évidence. D’ailleurs, elles cor- respondent aux aires déjà signalées par rapport à ses nombreuses rencontres d ’évêques : l’Afri- que avec le groupe des évêques oblats et l’Amérique du Sud avec les évêques du « groupe des

Mgr Sanschagrin, LCD, 17, p. 2. 165 L’information provient d ’une entrevue donnée à Noël Copin par le cardinal Richaud, publiée dans La Croix et reprise par La Documentation Catholique. Cf. « Les travaux du Concile, Le schéma “De Ecclesia” (suite) », La Documentation Catholique, tome LX, n° 1412, 17 novembre 1963, col. 1487-1488, note n° 2. Nous renverrons désormais à ce document de la manière suivante : «Les travaux du Concile... », DC, 1412. 166 Mgr Albert Sanschagrin, JC, 17, 11 octobre 1963. 167 Mgr Sanschagrin mentionne seulement le nom de Mgr Kémérer dans son JC. Celui de Mgr Yago n ’y est pas mentionné. Il emploie uniquement Γexpression « les Évêques d ’Afrique ». En comparant les notes du JC avec les interventions in aula de cette journée, le contenu correspond aux propos de Mgr Yago. Cf. Ibid. ; « Les travaux du Concile... », DC, 1412, col. 1492 et 1498. 128

69 », non impliqués dans les commissions du concile. ]VF Sanschagrin se montre donc particu- lièrement sensible aux arguments de ces Églises.

Si sa position est nettement déterminée en faveur de la restauration du diaconat perma- nent, elle est cependant moins affirmative dans le débat sur le célibat ou non pour les diacres. Dans son journal, s’il note que ce n ’est pas tant la restauration du diaconat qui divise les évê- ques que celle du célibat à imposer ou non aux diacres permanents 168 , il demeure, quant à lui, très réservé sur l’expression de sa propre position personnelle. Cependant, à partir de quelques indices de son JC, nous pouvons du moins présumer que MF Sanschagrin n ’est pas opposé aux diacres mariés. C’est la conclusion à laquelle nous sommes parvenu à l’aide de quelques indi- cateurs, c’est-à-dire ses remarques sur certaines interventions in aula et son-choix de propos qu’il retranscrit dans son journal. Ainsi, en faisant écho à !’intervention de MF Albert C. de Vito (Lucknow, Inde) sur les problèmes éventuels provenant « de diacres mal mariés ayant une femme ou dépensière ou peu fidèle 169 », c’est davantage pour montrer que cet évêque « n ’a pas une opinion bien grande des femmes170 . » La sympathie devient cependant manifeste lorsqu’il qualifie d ’« orateur le plus intéressant » MF Georges Hakim (Akka, Israël), suite à son inter- vention où il a présenté l’opposition au diaconat marié non seulement comme une insulte à l’endroit des orthodoxes et des protestants, mais aussi à l’endroit des femmes171 . De plus, en rappelant que Jorge Kémérer a demandé, au nom de 25 évêques d ’Amérique latine 172 , de ne pas exclure un diaconat sans célibat, il retranscrit, sans plus de commentaires, une seule phrase de son intervention : « Laissez la porte ouverte [...] même si vous ne voulez pas y entrer vous- mêmes173 . » Devant cette phrase, même s’il fallait comprendre que MF Sanschagrin ne veuille

168 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 18, 14 octobre 1963. Nous renverrons désormais à ce document de la manière suivante : JC, 18, 14 octobre 1963. 169 « Les travaux du Concile... », DC, 1412, col. 1498, note n° 4. Une fois de plus, M8r Sanschagrin ne men- tionne pas le nom de cet évêque dans son JC. C’est à nouveau en comparant le contenu du JC aux interventions in aula de cette journée que nous pouvons conclure qu’il fait référence à !’intervention de Msr de Vito. Dans le JC, Mgr Sanschagrin écrit : « Un évêque européen, appartenant à un grand ordre missionnaire aux Indes, s’oppose à un diaconat marié, à cause de la coquetterie des femmes : celles-ci gâteraient leurs maris diacres (!) » (JC, 17,11 octobre 1963). 170 M8r Albert Sanschagrin, JC, 17, 11 octobre 1963. 171 Cf. Id., Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 19, 24 octobre 1963. 172 Cf. « Les travaux du Concile... », DC, 1412, col. 1503 et note n° 6. 173 M8r Albert Sanschagrin, JC, 18, 14 octobre 1963; Cf. « Les travaux du Concile... », DC, 1412, col. 1503. 129

pas y entrer lui-même, il y a là du moins Vindication d ’une ouverture à Vidée d ’un diaconat marié pour l’Église. Par contre, pourrait aussi devenir indicatif d ’une certaine préférence un

texte publié par Divine Word News Service, sous le titre « Ordonner diacres les Frères auxiliai- res des Ordres religieux dit un Supérieur général », que MF Sanschagrin retranscrit intégrale- ment dans son journal 174 . Ce texte se veut un plaidoyer en faveur de l’ordination au diaconat pour des candidats non mariés, du moins pour l’Afrique. L’auteur y propose un diaconat où les diacres seraient en quelque sorte vicaires des prêtres. Cette conception du ministère diaconal est assez semblable à celle de !VF Sanschagrin. Retranscrit-il alors ce texte à cause de l’option de son auteur pour un diaconat non marié ou davantage pour sa conception du ministère diaco- nal ? Le fait-il en pensant à l’Église tout entière ou plutôt à son Église locale ?

Une source complémentaire nous fournit, quant à elle, des éléments forts précieux sur la question des diacres mariés dans la réflexion de NF Sanschagrin, à l’automne 1963. Dans une lettre à ses diocésains, face au débat sur la question « bien délicate » du célibat ou non pour les diacres, c’est du côté des Églises orientales qu’il entrevoit la solution et ce, à partir de leur pro- pre expérience et façon de faire175 . Bien qu’au Canada, « Vidée [ne soit] pas encore mûre pour des diacres mariés176 », il s’y montre cependant favorable à la condition « qu’on y arrive gra- duellement et prudemment, en [se] servant de la précieuse expérience orientale dans ce do- maine 177 . » C’est probablement pour cette raison qu’il pense davantage aux Frères des commu- nautés religieuses comme diacres pour sa propre Église. Si la position de MF Sanschagrin peut donner l’impression d ’être une position de double mesure, elle met peut-être davantage en évi- dence la dialectique universel-local, avec laquelle l’évêque doit savoir jouer. Au plan de l’uni- versel, son ouverture aux diacres mariés est en quelque sorte conditionnée par l’expérience sé- culaire des Églises orientales dont l’Église tout entière doit s’inspirer. Au plan du local, sa po-

174 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 19, Varia. 175 Cf. Id., LCD, 17, p. 2 : « L’exemple [...] de l’Église orientale pourra aider à juger la question. On n ’y permet pas le mariage après la réception des ordres, mais on ordonne diacres des hommes d ’un certain âge (entre 35 et 45 ans, me disait un évêque oriental) qui ont déjà fait un succès de leur vie chrétienne, de leur vie apostolique et de leur vie matrimoniale. Ainsi le diaconat vient couronner une vie déjà mise à l’épreuve. Ne serait-ce pas là la solu- tion au problème proposé ? »

177 Ibid. 130

sition plutôt modérée est, quant à elle, conditionnée par le contexte ecclésial de l’Église cana- dienne, dans lequel s’implantera concrètement le diaconat permanent.

L’option de ]VF Sanschagrin en faveur du rétablissement du diaconat permanent, son ou- verture à un diaconat marié et sa conception du ministère diaconal, trouvent-elles quelques ap- puis dans son Église locale ? Notre enquête dans les sources nous a permis de découvrir que le diaconat permanent était déjà objet de réflexion dans l’Église d ’Amos au printemps 1962. Bien

qu’il soit absent des sujets proposés lors de la consultation des diocésains par MF Sanscha- grin178 , cinq répondants l’ont abordé explicitement dans leurs réponses. Ce fait nous montre, entre autres, comment une consultation peut devenir un lieu d ’expression non seulement sur les sujets prévus par les auteurs de la consultation, mais aussi sur ceux qui font partie de la ré- flexion des consultés ou qui leur paraissent importants.

L’analyse des cinq réponses traitant du diaconat permanent nous a montré que leurs au- teurs y sont unanimement favorables. On y retrouve de plus des indications non seulement sur les candidats à l’ordination diaconale, mais aussi sur la conception que l’on se fait du ministère diaconal. En ce qui regarde les candidats, si deux prêtres mentionnent uniquement les Frères de communautés religieuses, deux autres nomment à la fois les Frères et les laïcs mariés, bien que l’un d ’eux spécifie « surtout en mission » pour ce qui est des laïcs179 . En ce qui a trait à la conception du ministère diaconal, trois répondants — deux prêtres et un laïc — conçoivent ce

178 Ce sujet était absent du questionnaire de Montréal, utilisé à Amos. Cela étonne lorsque la question du diaco- nat permanent était déjà dans l’air. Pie XII y avait fait allusion, entre autres, lors du IIe Congrès mondial de l’apostolat des laïcs, à Rome en 1957. Cf. « Les laïcs dans la crise du monde moderne : Responsabilités et forma- tion, Allocution de S. S. Pie XII », La Documentation Catholique, tome LIV, n° 1264, 10 novembre 1957, col. 1416. Ce même périodique y avait consacré un dossier. Cf. « Le renouveau du diaconat », La Documentation Ca- tholique, tome LVI, n° 1309, 2 août 1959, col. 1007-1020); Le sujet du diaconat permanent était aussi sur la table de la Commission centrale préparatoire au concile. Cf. « Comptes rendus de la IIP session de la Commission cen- traie », La Documentation Catholique, tome LIX, n° 1370, 18 février 1962, col. 239-240; Contrairement à Mon- tréal, Québec avait inclus le diaconat permanent dans son questionnaire pour le clergé : « Faut-il restaurer le dia- conat comme fonction indépendante, avec exemption du célibat ? », pouvait-on lire au n° 5 de la section « Vie sacerdotale ». Cf. Patrick Allaire, « La consultation du clergé de Québec », in Routhier, Gilles, dir., L’Église canadienne et Vatican II, p. 101. 179 Cf. Réponses du clergé, Consultations Sanschagrin, 1962, Archives du diocèse d ’Amos, Sujet n° 24 : « L’on propose la création d ’un diaconat effectif, par l’ordination des frères dignes et préparés, et même, surtout en mis- sion, de simples laïcs respectables, même mariés. »; Ibid., Sujet n° 1 : « ...je suggère de rendre la vocation de dia - CRE accessible aux Frères instruits et aux bons laïcs cultivés même mariés. » 131

ministère en termes de collaboration immédiate au ministère presbytéral180. Les diacres seraient en quelque sorte les vicaires des prêtres. À ces avis écrits, s’ajoute un avis oral auquel Mgr

Sanschagrin fait écho dans son journal. Lors de sa rencontre avec les membres de l’Action ca- tholique de Val d ’Or, un vieillard, opposé au diaconat marié, s’était montré nettement favo- rabie à l’ordination diaconale des Frères181. Somme toute, cette réflexion amorcée au sein de l’Église d ’Amos était encore à l’état embryonnaire.

Ces quelques avis sont-ils simplement des voix isolées ou représentent-ils véritablement une tendance dans cette Église ? Rien ne nous permet de conclure. Cependant, il y a là matière

suffisante pour dire qu’au moment où !VF Sanschagrin donne son Placet au rétablissement du diaconat permanent dans l’Église, ce n ’est pas uniquement sa parole qu’il fait ainsi entendre en

concile. De plus, à l’automne 1963, lorsqu’il pense plus particulièrement au diaconat perma- nent conféré à des Frères, sans exclusion des laïcs mariés, et en vue d ’aider les prêtres, une fois de plus cette position reflète la pensée de ceux qui se sont exprimés au sein de son Église. Il va sans dire qu’en se limitant aux deux premières sessions conciliaires, notre étude demeure par- tielle sur la position de ce Père conciliaire au sujet du diaconat permanent. Il serait nécessaire de la compléter pour connaître de manière plus précise son option face aux diacres mariés et sa conception du ministère diaconal au moment de la clôture du concile, le 8 décembre 1965.

2.2.4 L’oecuménisme

Le schéma De Oecumenismo est discuté pour la première fois in aula au terme de la se- conde session du concile. ]VF Sanschagrin, fidèle à son habitude, demeure une fois de plus dis ­

180 Cf. Réponses du clergé..., Sujet : n° 1 : « Les prêtres recevraient ainsi des auxiliaires précieux pour leur mi- nistère apostolique et les vocations seraient plus nombreuses. »; Ibid., Sujet n° 24 : « Les religieux qui ont pro- nonce leurs voeux perpétuels et qui ont l’autorisation officiel d ’enseigner ou qui ont une science équivalente pourraient-ils recevoir l’autorisation d ’aider les prêtres à distribuer la communion ? Qu’ils soient ordonnés dia- eres si nécessaire. »; Réponses des laïcs, Consultations Sanschagrin, 1962, Archives du diocèse d ’Amos, Sujet n° 9 : « Pour aider les laïcs à prendre conscience de leur responsabilité et ainsi décharger les prêtres, il devrait y avoir d ’autres états de vie : des sous-diacres et des diacres à vie qui s’occuperaient du surplus des prêtres, etc... » 181 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, JC, 17, 11 octobre 1963 : « Ils me demandèrent de leur expliquer ce que c’était qu’un diacre. Un vieillard m’arrête et me dit : “ Si on vous présente la chose au Concile, ne votez pas pour cela ! Vos prêtres, vous les trillez [sic] sur le volet avant de les ordonner. Eh bien! vos diacres, vous devrez les triller [sic] deux fois, eux d ’abord et leurs femmes ensuite. Un diacre ne pourra faire son ministère, si sa femme n ’est pas à la hauteur. La même chose, s’ils ne réussissent pas bien l’éducation de leurs enfants. Non, Monseigneur, ne votez pas pour cela ! Mais si vous voulez ordonner diacre tel Frère de l’école, ça, ça nous va !” » 132

cret sur ses options; il nous faut les lire en filigrane dans son JC. Ses échos donnés à certaines interventions et ses commentaires sur d ’autres nous servent une fois de plus d ’indicateurs.

Parmi les neuf interventions in aula qui ont trouvé un écho dans le JC, quelques-unes of- fient un intérêt particulier par leurs thèmes. Si deux d ’entre elles ont trait à des attitudes en oecuménisme — d ’une part, l’humilité182 et, d ’autre part, la clarté dans le discours au sein d ’un dialogue « inconditionnel 183 » —, une autre intervention concerne davantage la crédibilité que doivent avoir les discours théologiques et les pratiques de dévotion en milieu catholique184. En- fin, l’une des interventions retenues portait sur la défense de ceux qui entrent en dialogue avec des chrétiens non-catholiques et qui voient l’Esprit Saint à l’oeuvre même dans les Églises sé- parées185. Ces quelques interventions nous tracent déjà un portrait des aspects qui ont non seu- lement attiré !’attention de Mgr Sanschagrin à Vatican Π, mais auxquels il se montre aussi parti- culièrement sensible face à la question oecuménique. À ce portrait, ajoutons l’un des rares commentaires critiques à l’endroit d ’évêques que peut contenir le JC : « On est bien sympa- thique au schéma [sur l’oecuménisme], mais certains pays, comme l’Espagne, et certains évê- ques, parmi les plus vieux, sont réticents. C’est du nouveau pour eux. Ils n ’ont pas évolué au

182 MF Sanschagrin note le propos du cardinal Léger sur la nécessité de l’humilité dans la recherche de la vérité. Cf. Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 24, 25 novembre 1963; « Les travaux du Concile, Le schéma sur l’oecuménisme », La Documentation Catholique, tome LXI, n° 1415, 5 janvier 1964, col. 61. Nous renverrons désormais à ce document de la manière suivante : « Les travaux du Concile... », DC, 1415. 183 C’est un écho donné à !’intervention de Mgr George Dwyer, son voisin in aula. S’il en retient que la sym- pathie pouvant exister entre catholiques et chrétiens non-catholiques ne signifie pas pour autant une proximité « au point de vue des principes fondamentaux de la foi et de la morale », il ajoute dans son journal : « Donc, pas d ’optimisme exagéré, mais d ’autre part, nécessité de parler clairement » (M8r Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 24,27 novembre 1963); M8r Dwyer avait appuyé sur la question du dialogue « incon- ditionnel » au terme de son intervention. Cf. « Les travaux du Concile, Le schéma sur l’oecuménisme (fin) », La Documentation Catholique, tome LXI, n° 1416, 19 janvier 1964, col. 137-139. Nous renverrons désormais à ce dernier document de la manière suivante : « Les travaux du Concile... », DC, 1416. 184 Mgr Sanschagrin résume ainsi !’intervention de Dom Benedikt Reetz : « Dans un but d ’oecuménisme, il fan- dra éviter des exagérations et des extravagances de doctrine et de piété, qui n ’ont d ’ailleurs leur place nulle part » (Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 24, 28 novembre 1963); « Les travaux du Concile... », DC, 1416, col. 129-130, note n° 5. 185 MF Sanschagrin accorde 16 lignes à « une intervention [qui] a eu son piquant », celle de Mgr Stephen A. Le- ven, auxiliaire à San Antonio, Texas. Cf. Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 24, 26 novembre 1963; Mgr Leven avait prit la défense de ceux « qui se sentent pressés par une claire évidence de reconnaître les dons de l’Esprit-Saint dans d ’autres corps ecclésiastiques » et qui sont accusés d ’être contre le Pape par les opposants à l’oecuménisme, eux « qui préfèrent blâmer les non-catholiques, que peut-être ils n ’ont jamais vus, plutôt que d ’instruire les enfants de leurs paroisses » (« Les travaux du Concile... », DC, 1415, col. 34, note n° 6; MF Sans- chagrin rapporte dans son journal une bonne partie des propos de MF Leven, si l’on compare le JC avec le texte publié par La Documentation Catholique. 133

rythme du monde autour d ’eux.186 » Dans la même foulée, Mgr Sanschagrin donne « un peu rai- son » à ses deux voisins anglais in aula, qui « enragent quand ils entendent les Évêques italiens ou espagnols “qui n ’ont jamais vu un protestant de leur vie” donner des conseils au Concile sur la manière de traiter de Pécuménisme [sic]187 . » Ces quelques réactions de ]VF Sanschagrin ain- si que sa sélection d ’interventions in aula pour son journal, nous dessine en quelque sorte sa position à l’égard de l’oecuménisme. Chose certaine, il manifeste une réelle sympathie aux po- sitions qui y sont favorables.

Cette ouverture de MF Sanschagrin envers l’oecuménisme repose-t-elle sur quelques assi- ses dans sa propre Église ? Dans son JC, suite à une rencontre des évêques oblats avec Noël

Copin, de La Croix de Paris, le 27 novembre 1963, il nous conserve une information des plus intéressantes à ce sujet. On y apprend deux choses : primo, des rencontres oecuméniques ont lieu, dans l’Église d ’Amos, entre des prêtres catholiques et des « ministres protestants de

l’Abitibi » et ce, depuis le commencement du concile 188; secundo, au cours de la deuxième ses- sion, il a lui-même enregistré !’introduction d ’une émission télévisée régionale portant sur l’oecuménisme et, au cours de laquelle, un échange avait lieu « entre le Vicaire général et deux ministres protestants 189 ». Une autre information, toujours en provenance du JC et que nous avons signalée précédemment, nous indique que MF Sanschagrin a des contacts personnels avec des ministres protestants de l’Abitibi. Avant son départ pour Rome, deux d ’entre eux lui rendent visite afin de lui « présenter leurs voeuxà l’occasion de la deuxième session du Conci- le190. » Ainsi, l’ouverture manifestée par 1VF Sanschagrin à l’égard de l’oecuménisme repose

186 Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 23, 20 novembre 1963. 187 Ibid, n° 24, 2 décembre 1963. 188 Cf. Ibid., n° 24,27 novembre 1963; Des sources secondaires nous apprennent que la première de ces rencon- tres oecuméniques eut lieu le 30 septembre 1962, à Val d ’Or, et ce, suite à une initiative du Révérend Willard Pöttinger (Église presbytérienne). Cette rencontre avait pour thème le concile Vatican II. On y retrouvait des re- présentants des Églises anglicane, presbytérienne et unie du Canada. Cf. Lucien Chevalier, s.v., Dans le sens de l’unité, Compte rendu, Archives du diocèse d ’Amos, IV-D-15.1, 2 p.; Un rapport du 17 décembre 1963 men- tienne qu’une quatrième rencontre oecuménique eut lieu le 12 novembre 1963. Deux sujets étaient à l’ordre du jour : la place du laïc dans l’Église à la lumière du concile et les sacrements. Cf. Roger Laberge, r.s.v., Réunion oecuménique, Compte rendu, 17 décembre 1963, Archives du diocèse d ’Amos, IV-D-15.1, 3 p. 189 Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 24, 27 novembre 1963; Il mentionne dans son journal avoir enregistré cette introduction. Cf. Ibid., n° 18, 19 octobre 1963. 190 Ibid., n° 14, Introduction; Ce sont les Révérends Claude de Maestral (United Church, Noranda) et Willard Pöttinger (Église presbytérienne, Val d ’Or). 134

effectivement sur une base oecuménique au sein de sa propre Église, c’est-à-dire des rencontres et des dialogues fraternels entre prêtres catholiques et ministres d ’Églises non catholiques.

En conclusion de ce parcours au sujet de la voix de l’Église d ’Amos au concile, il nous a été donné de percevoir non seulement les options de cette Église, à travers la parole de celui qui la représentait à Vatican II, mais aussi de constater que la parole de son évêque était égale- ment porteuse du « sentiment commun » de cette Église. Si la position de Sanschagrin, sur

certaines questions débattues in aula, était parfois peu audacieuse, elle était bien souvent à l’image des expressions reçues, elles-mêmes peu novatrices.

« En eux, c’était leur Église qui participait au Concile 191. » Ainsi s’exprimait Jean-Marie Paul-Émile Charbonneau, dont les interventions ־Tillard au sujet de Mgr Rémi de Roo et de M81

au concile étaient l’écho de leur consultation ou de leur écoute des laïcs. Après avoir vérifié comment les prises de position de Sanschagrin pouvaient s’enraciner dans le terreau de l’Église d ’Amos, suite à ses consultations du printemps 1962, son nom peut certainement être inscrit dans la liste de ces évêques qui ont voulu être la voix de leur Église au concile et de qui on peut dire : « En eux, c’était leur Église qui participait au Concile. » D’ailleurs, n ’était-ce pas là sa volonté lorsqu’il présentait l’objectif de sa consultation diocésaine comme suit : « Je parti- rai à la mi-septembre pour me rendre au Concile. Je voudrais apporter avec moi le sentiment commun du clergé, des religieux et des fidèles, sur ce qui fera vraisemblablement l’objet des discussions du Concile. 192 »

Enfin, la position de l’Église d ’Amos à Vatican II en est une d ’ouverture face au renou- veau, d ’écoute sympathique de la voix des jeunes Églises et des Églises du Tiers-Monde ainsi que de réception face à l’expérience des Églises orientales catholiques sur la question des dia- eres mariés. Après avoir vérifié comment la voix de l’Église d ’Amos s’est fait entendre au con- eile à travers Mgr Sanschagrin, il s’agit maintenant de vérifier comment la voix des Églises est parvenue à cette Église locale au cours de la période conciliaire.

191 Jean-Marie R. Tillard, « L’épiscopat canadien francophone au concile », in Routhier, Gilles, dir., L’Église canadienne et Vatican II, p. 299. 192 M8r Albert Sanschagrin, Circulaire Pastorale, Au clergé séculier et régulier du diocèse, n° 122, 24 avril 1962, p. 1; Cf. Id., Circulaire Pastorale, Aux communautés religieuses du diocèse, n° 123, 25 avril 1962, p. 1; Id., Circulaire Pastorale, Aux fidèles du diocèse, n° 124, 25 avril 1962, p. 1. 135

2.3 La voix des Églises vers l’Église d ’A mos

À Vatican II, MF Sanschagrin utilise divers moyens pour communiquer avec les fidèles de son Église locale. Considérant que certains de ces moyens sont employés plus spécifique-

ment au cours des sessions conciliaires, tandis que d ’autres le sont davantage lors des interses- sions, nous nous servirons de ce paramètre chronologique pour en rendre compte. C’est pour- quoi, dans un premier temps, nous examinerons les moyens mis en oeuvre lors des sessions de 1962 et de 1963, puis, dans un second, ceux qui sont employés lors des intersessions de 1962- Quelques questions nous guideront également pour cette étude : Quels .־ et de 19631964 1963 moyens MF Sanschagrin utilise-t-il pour communiquer avec l’Église d ’Amos à Vatican II ? Quel est l’objet de ses communications ? Quelle place donne-t-il à la voix des autres Églises

dans celles-ci ?

2.3.1 Au cours des sessions conciliaires

Les sources nous ont révélé que NF Sanschagrin utilise cinq moyens de communication à Vatican IL Si trois d ’entre eux sont plutôt traditionnels, tels des écrits épistolaires, les deux autres sont davantage des moyens modernes, soit la radio et la télévision. L’utilisation de ces derniers allait presque de soi chez cet évêque et ce, dans la logique de sa propre intervention in aula m. Le principe, selon lequel le Saint-Siège devait s’ouvrir au monde des moyens moder- nés pour communiquer avec les évêques, valait également pour lui dans ses propres communi- cations avec les fidèles de son Église. Enfin, nous ne pouvons passer sous silence les Nouvelles diocésaines. À la manière d ’un relais, ce bulletin d ’information pouvait aussi devenir un moyen pour faire écho à la voix des Églises en concile.

2.3.1.1 Les écrits épistolaires

Au cours des deux premières sessions conciliaires, MF Sanschagrin utilise trois types d ’écrits épistolaires : des lettres du concile qu’il adresse hebdomadairement à ses diocésains (LCD), une circulaire pastorale (CP) et un journal conciliaire (JC). *

193 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 10, texte à la fin de cette lettre. 136

À l’instar de quelques Pères du concile 194, MgrSanschagrin adresse 20 lettres hebdomadal- res à ses diocésains (voir tableau V, p. 137). Si elles sont expédiées aux prêtres, aux commu- nautés religieuses ainsi qu’aux groupes de l’Action catholique de l’Église d ’Amos195, grâce à L’Écho, un hebdomadaire régional qui les publie, ces lettres connaissent alors une véritable démocratisation au sein de cette Église. Bien qu’elles n ’aient pas toutes reçu un traitement uni- forme196 , 18 de ces lettres (90%) y ont été publiées, dont 16 dans les trois éditions de cet bebdo- madaire 197 et deux dans une seule édition 198. À Vatican II, est-ce que la publication des lettres d ’un évêque par un hebdomadaire non religieux constitue un fait singulier en soi ? Nous ne possédons aucune donnée nous permettant d ’y répondre. L’ensemble de ces lettres forment un corpus de 50 pages avec plus de 1 850 lignes de texte.

194 Le cardinal Montini a adressé « à ses diocésains une chronique hebdomadaire » (Georges Cottier, o.p., « Pré- sentation », in Montini, Giovanni Battista, Arcivescovo di Milano, Discorsi e Scritti sul Concilio (1959-1963), A cura di Antonio Rimoldi, Presentazione di Georges Cottier, Brescia/Roma, Istituto Paolo VI/Edizioni Studium Vita Nova, collection « Quademi delP Istituto », n° 3, 1983, p. 17); Mgr Sanschagrin écrit dans son journal : « ...on nous distribue les lettres que le Cardinal MONTINI envoyait à ses prêtres et à ses diocésains pendant la première session. [...] Ces lettres nous sont précieuses pour connaître la pensée du Pape : elles sont celles d ’un Évêque pro- gressif » (Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 24, 2 décembre 1963); Alberto Mellon! nous apprend, quant à lui, qu’un autre évêque, M^ Antonio Santin, de Trieste, « adressait des lettres à l’hebdomadaire diocésain Vita Nuova » (« Les Journaux privés dans l’Histoire de Vatican II », in Chenu, Marie-Dominique, o.p., Notes quoti- diennes au Concile, Journal de Vatican II, 1962-1963, Édition critique et introduction par Alberto Mellon!, Paris, Les Éditions du Cerf, collection « Histoire à vif », 1995, p. 20, note 1). 195 Cf. M8r Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 40, 18 septembre 1965 : « Rédaction et enregistrement de mon message hebdomadaire au diocèse. Il s’agit d ’un article queje rédige chaque semaine, que les Oblates impriment à Amos sur une feuille intitulée “VATICAN II” (semblable à l’entête de ce journal), et qu’elles expédient à tous les prêtres, à toutes les communautés religieuses et aux groupements d ’Action catho- lique du diocèse. »; « Nos évêques au concile », Nouvelles diocésaines, n° 99, 17 septembre 1962, p. 1 : « De Rome, Son Excellence écrira une lettre hebdomadaire à l’adresse du clergé, des religieuses et des fidèles du dio- cèse sur la marche du Concile. Ces lettres seront expédiées chaque lundi avec le bulletin des “Nouvelles diocésai- nés” , à partir du 8 octobre. » 196 À l’intérieur de cet hebdomadaire, nous retrouvons ces lettres aux pages suivantes. Entre les pages let 5 : 1 lettre (n° 6); entre 6 et 10 : 5 lettres (n os 1,4, 8, 1 let 13) ; entre 11 et 15 : 2 lettres (n os 2 et 9); entre 16 et 20 : 3 lettres (n os 5, 7 et 12); entre 21 et 25 : 6 lettres (n os 10, 14, 16, 17, 18 et 19); entre 26 et 30 : 1 lettre (n° 3); Il ar- rive parfois que 2 lettres sont publiées dans le même numéro de l’hebdomadaire (Les lettres 5 et 6 dans le numéro du 15 novembre 1962; les lettres 7 et 8 dans le numéro du 29 novembre 1962; les lettres 10 et 11 dans le numéro du 20 décembre 1962; les lettres 18 et 19 dans le numéro du 12 décembre 1963). En 1962, l’une de ces deux let- tres est publiée dans les dix premières pages de l’hebdomadaire et l’autre se retrouve au-delà des quinze premié- res pages. En 1963, elles ont été publiées dans la même page 24. Nous remarquons qu’en 1963, 6 des 7 lettres publiées se retrouvent aux pages 19 et suivantes de l’hebdomadaire, alors qu’en 1962, seulement 3 des 11 lettres publiées se retrouvaient aux pages 18 et suivantes. Il est à noter que deux lettres n ’ont jamais été publiées : celle portant sur « le bréviaire » (n° 15, 24 octobre 1963) et celle sur « le discours du Pape » (n° 20, 4 décembre 1963). 197 Ce sont L’Écho Abitibien (Val d ’Or), L‘Écho d’Abitibi-Ouest (La Sarre) et L’Écho d’Amos. 198 Ce sont les lettres portant sur le « gouvernement des diocèses » (n° 18, 14 novembre 1963) et sur la « situa- tion présente au Concile » (n° 19, 22 novembre 1963). Elles ont été publiées dans la seule édition de L‘Écho Abi- tibien, Val d ’Or, vol. XIV, n° 50, jeudi le 12 décembre 1963, p. 24. 137

Tableau V — Lettres du concile à ses diocésains

N° Sujets en 19621" N° Sujets en 1963

1 Préparation éloignée du Concile 12 Ouverture de la 2e session par Paul VI

2 Préparatifs immédiats du Concile 13 Discours de Paul VI

3 Ouverture du Concile 14 La réforme liturgique

4 Règles du Concile 15 Le bréviaire

5 Commissions et message des Pères au monde 16 Le schéma sur l’Église

6 Schéma sur la liturgie 17 Le diaconat permanent

7 Les messes au Concile et la langue liturgique 18 Gouvernement des diocèses

8 Schéma sur la liturgie 19 Situation présente au Concile

9 Audience de Jean XXIII 20 Le discours du Pape

10 Techniques de diffusion

11 Le discours du Pape

En écrivant ses LCD, MF Sanschagrin poursuit initialement un objectif bien défini : gar- der son Église dans Latmosphère et la dynamique du concile. L’analyse des sources nous a ce- pendant permis de découvrir l’évolution qu’a connue la pensée de cet évêque en regard du but de ses lettres à son Église. Si, au moment de partir pour Rome en 1962, MF Sanschagrin y voit un moyen de maintenir chez elle l’intérêt pour l’événement conciliaire 199200, au cours de la pre- mière session, ses lettres ont désormais pour but de la « faire participer le plus pleinement à l’âme et à l’esprit du Concile 201. » Finalement, à l’aube de son départ pour la seconde session, il nous apprend qu’elles seront écrites « dans le but de préparer [les] coeurs et [les] esprits à !’acceptation, non seulement spéculative mais aussi pratique, des orientations qui y seront pri­

199 Nous avons repris les titres de chacun des sujets tels qu’ils apparaissent dans la table des matières de l'édi- tion reliée du JC, dans laquelle les LCD ont été incluses. Cf. Id., Journal du Concile Vatican II, Diocèse d ’Amos, 1962-1965. 200 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, Circulaire Pastorale, Aux prêtres, religieux et religieuses du diocèse, n° 136, 17 septembre 1962, p. 2 : « Enfin, je garderai contact avec vous pendant mon absence par le moyen d ’une lettre heb- domadaire, dans laquelle je vous ferai part de la marche du Concile, en tout ce qui ne fera pas l’objet d ’un secret d ’office. Je veux ainsi conserver votre intérêt au concile... » 201 Id., Lettre du concile à ses diocésains, n° 6,2 novembre 1962, p. 1 : « Je vous écris ces lettres hebdomadaires avec un grand plaisir. Mon ambition est de vous faire participer le plus pleinement à l’âme et à l’esprit du Conci- le » [sic]. 138

ses202. » Que son Église puisse être parmi les premières « à traduire dans les faits les décisions conciliaires 203 » devient alors son objectif ultime. La dynamique conciliaire fait donc son che- min dans la pensée de cet évêque. Au fur et à mesure que se déroule le concile, Γobjectif des LCD se transforme; il passe du simple intérêt pour le concile à sa pleine réception par l’Église d ’Amos. Il y a donc là un approfondissement qui est lui-même un fruit du concile.

Par sa présentation des sujets qui ont été l’objet des LCD, le tableau V (p. 137) nous des- sine un premier portrait du contenu de ces lettres : elles ont surtout fait écho aux événements conciliaires. Si la matière des discussions in aula y trouve son compte, il en est également de même pour les discours du Pontife romain.

L’analyse de ce matériau nous a permis de découvrir que dans six de ses lettres (30%), Sanschagrin fait écho à la voix du Pape204. Bien qu’un espace important soit consacré aux propos de Jean XXIII lors de l’audience accordée à l’épiscopat canadien, ce sont surtout les dis- cours prononcés à l’occasion de l’ouverture et de la clôture des sessions conciliaires qui occu- pent la place majeure205. Cet ensemble représente, à lui seul, 607 lignes de texte, soit 33% du contenu des LCD. Outre les discours du Pape et la matière discutée in aula , la voix des autres Églises trouve aussi un écho dans ces lettres et ce, à deux reprises : primo , MF Sanschagrin y décrit brièvement deux messes orientales auxquelles il a assisté au cours de la première ses-

Mgr Albert Sanschagrin, CP, 166, p. 2. 203 JW 204 En plus des lettres n os9, 11, 13 et 20, nous retrouvons des extraits du Pape dans les lettres n os 4 et 12. 205 Dans sa lettre n° 4, Mgr Sanschagrin consacre 25 lignes à quatre extraits du discours d ’ouverture de Jean XXIII. Ces extraits, dont celui concernant les prophètes de malheur, représentent 7% du texte de Jean XXIII. Cf. « L’ouverture solennelle du XXIeConcile oecuménique, Discours de S. S. Jean XXIII à l’issue de la cérémonie du 11 octobre »,La Documentation Catholique, tome LIX, n° 1387,4 novembre 1962, col. 1377-1386; Dans sa lettre n° 11, il cite intégralement le discours de Jean XXIII pour la clôture de la première session. Cf. « Allocution de S. S. Jean XXIII pour la clôture de la première session du Concile », La Documentation Catholique, tome LX, n° 1391, 6 janvier 1963, col. 7-12; Dans sa lettre n° 12, il fait allusion au discours de Paul VI, lors de l’ouverture de la deuxième session du concile, et, plus précisément, à ses paroles à l’endroit des observateurs et à sa demande de « pardon réciproque des offenses ». Cf. « Discours prononcé par S. S. Paul VI lors de l’ouverture de la deuxième session du Concile », La Documentation Catholique, tome LX, n° 1410, col. 1355-1356; Dans sa lettre n° 13, Mgr Sanschagrin revient sur le discours de Paul VI, à l’ouverture de la deuxième session conciliaire, et en présente 12 extraits, — soit les numéros 3, 16, 20-21, 28, 32-33, 36, 38 (partie), 44-45, 50, 51 (partie), 53-54 et 58-6 —; ce qui représente 20% de l’ensemble du texte de Paul VI. Cf. Ibid, col. 1345-1361; Enfin, dans sa lettre n° 20, nous retrouvons, à l’aide de 12 extraits, 42% du discours de Paul VI, lors de la clôture de la seconde session. Cf. « Al- locution de S. S. Paul VI pour la clôture de la IIe Session du Concile (4 décembre 1963) », La Documentation Catholique, tome LXI, n° 1415, 5 janvier 1964, col. 1-10. 139

sion 206 et, secundo, il y présente les conditions d ’accès au diaconat permanent pour les hommes mariés dans l’Église orientale et ce, à la suite d ’une conversation avec un évêque lui-même oriental 207 . Ces deux échos occupent cependant à peine 1% (18 lignes) des LCD. En somme, peu de choses en provenance des Églises proprement dites sont répercutées dans l’Église

d ’Amos par le biais de cet organe d ’information. Par contre, c’est le monde oriental qui y trou- ve son compte, un monde totalement inconnu pour la plupart des fidèles de cette Église.

Dans ses lettres du concile aux diocésains, comme dans son journal conciliaire, ]VF Sans- chagrin livre rarement son opinion personnelle sur les sujets traités. Le style est tantôt narratif, tantôt descriptif. Quelques lettres offrent cependant un intérêt particulier pour celui qui veut connaître sa pensée personnelle sur des sujets comme le message au monde du 20 octobre 1962 208, la langue vernaculaire en liturgie209, les techniques de diffusion 210 et la restauration du diaconat permanent 211.

À l’occasion du concile, ]VF Sanschagrin utilise aussi un second type d ’écrit pour son Église : la circulaire pastorale (CP). Bien que ce type de document n ’ait pas l’autorité d ’un

mandement pastoral, il est cependant plus officiel qu’une simple LCD. L’exploration des sour- ces nous a permis de découvrir qu’une seule CP, se rapportant au concile, est signée par cet évêque, au cours des deux premières sessions. En ayant pour objet des plus singuliers le « mes-

206 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, LCD, 7, p. 1 : « Ces rites [ceux des messes orientales] nous paraissent plus so- lennels que les nôtres, en ce sens qu’il y a plus de chants, que les prières du canon et surtout de la consécration sont prononcées à haute voix et parfois chantées, qu’il y a encensements à profusion et multiplication des signes de croix. C’est du moins l’impression qui m’est restée de la messe en rite byzantin célébrée la semaine dernière et celle célébrée cette semaine dans le rite maronite d ’Antioche. Celui-ci a ceci de particulier que le canon, très court d ’ailleurs, est prononcé à haute voix en araméen, langue parlée par Notre-Seigneur, alors que tout le reste de la. messe est en arabe, langue des assistants. D’ailleurs, c’est la caractéristique de ces rites d ’être célébrés dans la langue des fidèles. » 207 Cf. Id., LCD, 17, p. 2 : «On n ’y permet pas [dans l’Église orientale] le mariage après la réception des ordres, mais on ordonne diacres des hommes d ’un certain âge (entre 35 et 45 ans, me disait un évêque oriental) qui ont déjà fait un succès de leur vie chrétienne, de leur vie apostolique et de leur vie matrimoniale. Ainsi le diaconat vient couronner une vie déjà mise à l’épreuve. » 208 Cf. Id., Lettre du concile à ses diocésains, n° 5,26 octobre 1962, p. 2. Nous renverrons désormais à ce docu- ment de la manière suivante : LCD, 5. 209 Cf. Id., LCD, 7,2 p. Dans cette lettre, le style tend vers l’apologie de la langue vernaculaire en liturgie. 210 Cf. Id., Lettre du concile à ses diocésains, n° 10, 30 novembre 1962, p. 2. 211 Cf Id., LCD, 17, 7 novembre 1963, 2 p. 140 sage des Pères du Concile aux hommes de l’univers212 », cette CP n ’est pas sans intérêt. Car, en utilisant cet organe officiel, Mgr Sanschagrin nous révèle, d ’une part, le degré de réception qu’il a personnellement réservé à ce message et, d ’autre part, toute l’importance qu’il accorde à sa réception éventuelle au sein de sa propre Église. Afin de favoriser cette réception, non seule- ment donne-t-il une consigne précise pour que ce message puisse atteindre le plus grand nom- bre de fidèles de son Église213, mais aussi désire-t-il qu’il soit médité par eux214. De plus, il re- vient sur ce message, qu’il avait qualifié de « très belle pièce215 », en y consacrant 30 lignes dans une LCD. Au terme de sa présentation de quelques extraits, il écrit :

Voilà donc l’esprit, l’âme du deuxième Concile du Vatican. Tous tant que nous sommes, nous devons y puiser l’orientation de nos idées et de notre action aposto- lique. C’est le message même du Christ proposé à notre temps. Nous devons l’accepter non seulement par une adhésion spéculative de notre intelligence mais pour le traduire dans nos actes quotidiens. C’est là pour nous une exigence concrète du fait que nous sommes fils de l’Église. Nous ne devons donc pas oublier que toute rénovation du monde doit commencer par une conversion personnelle. 216

Si cette CP offre un certain intérêt par son contenu conciliaire, elle ne fait cependant au- cun écho à la voix des autres Églises en concile.

A Vatican II, Mgr Sanschagrin tient aussi un journal de manière quotidienne. Caractérisé par son aspect épistolaire, comme nous l’avons déjà signalé en présentant les sources de notre étude, ce journal ne constitue pas un cas singulier en soi. Car, d ’autres Pères du concile tien- nent également un journal de ce type217 . Les lettres que Sanschagrin adresse plus parti culi è-

212 M8' Albert Sanschagrin, Circulaire Pastorale, Au clergé, aux communautés religieuses et aux fidèles du dio- cèse, n° 142, 19 octobre 1962,3 p. Après une courte présentation, le texte intégral du message est reproduit dans cette CP. Nous renverrons désormais à ce document de la manière suivante : CP, 142; Cf. « Message adressé à l’humanité par les Pères du Concile avec !’approbation du Souverain Pontife (20 octobre 1962) », in Martin, Paul- Aimé, C.S.C., dir., Vatican II, Les seize documents conciliaires, Texte intégral, Montréal/Paris, Fides, 1966, p. 592-594. 213 Cf. M8r Albert Sanschagrin, CP, 142, p. 1 : « Nous demandons que le présent document soit lu intégralement au prône de toutes les messes du dimanche qui suivra sa réception. » 214 Cf. Id., LCD, 5, p. 2 : « ... le texte approuvé [le message au monde] a été porté à votre connaissance et à votre méditation par une circulaire officielle. » 215 Id., Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 6, 20 octobre 1962. 216 Id., LCD, 5, p. 2. 217 Alberto Mellon! qualifie les journaux de Helder Pessôa Cámara (Brésil), de Giacomo Lercaro (Italie) et de Adelmo Machado (Brésil) de journaux épistolaires. Cf. Alberto Mellon¡, « Les Journaux privés dans !’Histoire de Vatican II », in Chenu, Marie-Dominique, o.p., Notes quotidiennes au Concile..., p. 19-20 et note n° 5 en page 19. 141

rement à sa mère, sont également expédiées à un groupe restreint de personnes, dont les mem- bres de la curie diocésaine 218. L’analyse de leur contenu nous avait déjà appris que ses rencon- tres avec des évêques du monde y occupent un espace relativement important. Outre ses ren- contres d ’évêques, les congrégations générales et les sessions publiques du concile, les schémas étudiés et certaines interventions in aula occupent plus de 2 000 lignes du JC (31%). En expío- rant davantage ce matériau, nous avons aussi découvert que ces quelques 2 000 lignes renier- ment, comme dans un écrin, 150 lignes de texte consacrées uniquement à la présentation des messes inaugurant les congrégations générales. Les divers rites de certaines Églises y sont alors présentés avec leurs particularités propres. Considérant qu’il s’agit là d ’un écho spécifiquement donné à la voix des autres Églises, nous porterons plus précisément notre attention sur ces célé-

brations eucharistiques.

Lors des deux premières sessions conciliaires, 82 messes ont ouvert 79 congrégations générales et trois sessions publiques. Dans le JC, on peut retracer non seulement 56 de ces 82 messes (68%), mais aussi le nom de plusieurs évêques qui les présidèrent ainsi que le nom de leur Église locale. En faisant le portrait de ces célébrations eucharistiques, nous avons pu re-

marqué que ]VF Sanschagrin fait écho non seulement à 35 messes de rite romain utilisant la langue latine, mais aussi à 21 des 22 messes qui ont été célébrées dans un autre rite219.

Dans la présente étude, nous analyserons plus particulièrement le matériau des messes célébrées dans un rite autre que le rite romain en latin et ce, pour deux raisons. D’une part, IVF Sanschagrin leur accorde une attention plus spécifique dans son journal et ce, en signalant à l’occasion le lieu où on les retrouve, les langues utilisées, la place donnée au chant, ainsi que la

218 Cf. M8r Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 2, Introduction : « Le moment est venu pour moi de me rendre à Rome pour participer au Concile Vatican IL Comme je l’ai fait chaque fois queje faisais un long voyage, je vous en écris le journal. [...] ce sera le Frère Edmond Galameau, o.m.i., qui était mon secré- taire lorsque j’étais Provincial, qui le miméographiera dans ses moments libres, et vous l’expédiera à vous, à mes frères et soeurs, ainsi qu’à un petit groupe d ’amis. »; Selon le témoignage que j’ai recueilli auprès de Msr Gaston Duchemin, P.D., alors vicaire général, une copie du JC parvenait régulièrement au personnel de l’évêché d ’Amos. 219 Deux messes de ce dernier groupe ont été célébrées dans le rite glagolitique. Il s’agit du rite romain mais avec !’utilisation du slavon, une langue paléo-slave. Les informations contenues dans le JC ont été contrôlées à partir des données fournies dans La Documentation Catholique (DC), section « Les travaux du concile ». Pour ne pas alourdir cette note, nous citerons les références en abrégé (voir bibliographie pour références complètes). Cf DC, 1388, col. 1467-1482; DC, 1389, col. 1511-1538; DC, 1390, col. 1577-1606; DC, 1391, col. 23-62; DC, 1411, col. 1433-1458; DC, 1412, col. 1483-1525; DC, 1413, col. 1563-1600; DC, 1414, col. 1669-1723; DC, 1415, col. 33-68; DC, 1416, col. 115-152. durée de certaines de ces messes. D’autre part, en portant une attention singulière à la liturgie des Églises utilisant un rite différent de celui de l’Église d ’Amos, Mgr Sanschagrin fait ainsi écho au sein de son Église locale à la diversité existant déjà dans l’Église une en matière litur- gique.

Outre ses commentaires sur les aspects extérieurs de ces messes — leur durée, les coloris de leur visuel liturgique, la beauté ou non de leurs chants 220 —, certaines remarques de !VF Sanschagrin sur le contenu de leurs prières sont cependant des plus intéressantes. Nous décou- vrons ainsi que les prières en rapport avec la miséricorde sont l’objet de son attention. S’il sou- ligne que les prières de la messe en rite syrien d ’Antioche sont non seulement « très belles », mais qu’« elles reflètent la miséricorde 221 », il traduit aussi, pour ses lecteurs, une partie de la prière de communion du célébrant, que l’on retrouve dans la messe en rite syro-malankar, et dans laquelle celui-ci implore, entre autres, la miséricorde de Dieu à son égard222. Son expé- rience missionnaire dans le désert du Chili223 le rend certainement plus sensible à des prières plutôt singulières en contexte nord-occidental. Ainsi, voit-il « une particularité intéressante » dans le fait que le memento des vivants de la messe en rite copte contienne une prière pour les eaux du Nil : « On comprend que pour des Égyptiens, les eaux du Nil sont importantes 224. » De

plus, la dynamique du concile lui fait également porter attention au contenu théologique de cer- taines prières. Ainsi, lors des débats sur la collégialité de l’épiscopat, la prière finale de la messe en rite byzantin, qui contient une nette allusion à un collège épiscopal, n ’échappe pas à

220 À sept reprises, il note dans son JC la durée des messes orientales. Car, « ces messes orientales durent toutes plus longtemps que les nôtres... », écrit-il (Msr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 9, 16 novembre 1962); Suite à une messe en rite éthiopien, il note : « C’est la plus “colorée” (colorfull) des messes orientales que nous ayons eues jusqu’ici. Le chant est cependant ennuyant... » {Ibid., n° 11, 28 novembre 1962); Suite à une messe en rite byzantin-romain, il écrit : « C’est la plus belle messe orientale à laquelle nous ayons assisté depuis le début du Concile, tant par la richesse et la beauté des vêtements liturgiques, que par le chant qui tient le milieu entre le grégorien et le polyphonique classique, et par l’agencement des cérémonies » {Ibid, n° 19, 21 octobre 1963). 221 Ibid, n° 17, 8 octobre 1963. 222 Cf. Ibid., n° 23, 19 novembre 1963 : « Seigneur, tu soutiens le cours de l’univers; moi, je te saisis; moi, je te consume; sauve-moi du feu étemel ! Rends-moi digne de la rémission des péchés, comme tu as absous la pèche- resse et le laron... !» 223 En parlant du Père Becker, o.m.i., Mgr Sanschagrin écrit : « C’est un bon ami pour moi, depuis le jour où il était venu me rendre visite dans le désert chilien, en 1949 ou 50 » {Ibid., n° 19, 27 octobre 1963). 224 Ibid., n° 18, 16 octobre 1963. son attention 225. Enfin, suite à une messe en rite byzantino-ukrainien, il ne manque pas de faire le lien avec les messes qui sont célébrées dans ce rite à la paroisse ukrainienne de Val d ’Or226 .

Dans l’ensemble du JC, ces quelques 150 lignes, consacrées aux célébrations eucharisti- ques du concile, occupent un espace plutôt minime, soit 2%. Si nous y ajoutons ce que nous avons déjà signalé précédemment au sujet des dialogues avec des évêques (en 2.1.3), l’écho donné à la voix des autres Églises devient ainsi un peu plus important dans le JC.

2.3.1.2 Les entrevues et les enregistrements pour la radio et la télévision

Les Nouvelles diocésaines (ND)227 et plus spécifiquement son journal (JC)228 nous ap- prennent qu’au moment du concile, ]VF Sanschagrin a non seulement accordé des entrevues pour la radio et la télévision, mais qu’il a aussi fait des enregistrements, tant audio que vidéo, en vue d ’une diffusion sur le réseau local abitibien. Outre une entrevue accordée au Père Émile Legault, au cours de la première session du concile 229, c’est surtout au cours de la seconde ses- sion que MF Sanschagrin multiplie les entrevues et les enregistrements. C’était donc là autant d ’occasions pour faire écho à la voix des Églises en concile.

Les sources nous ont permis de découvrir que MF Sanschagrin a accordé deux entre- vues pour la télévision230 et neuf autres pour la radio tant nationale 231 que privée232. Les sujets

225 II transcrit, selon le texte reçu, cette prière dans son JC : « Multos annos concedat Dominus Deus sanctissimo Patri et Papa nostro Paulo, una cum Beatissimo Patriarca Nostro Maximo IVet pissimo Episcoporum collegio regentium Ecclesias Dei ! » (M£r Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 24, 29 novembre 1963). Note : M8’ Sanschagrin souligne le texte qu’il veut mettre en évidence. 226 Cf. Ibid., n° 20,29 octobre 1963. 227 Les ND contiennent cinq mentions d ’une utilisation des moyens modernes de communication par Msr Sans- chagrin. Cf. n os 105, 152, 155, 156 et 158. 228 Les informations en rapport avec !’utilisation des moyens modernes de communication y occupent un espace de 134 lignes (2%). 229 Cette entrevue a été accordée pour l’émission télévisée À l’heure du concile, diffusée par Radio-Canada. Cf. M8r Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 6,22 octobre 1962. 230 Ces entrevues ont été accordées pour l’émission télévisée J l’heure du concile. Cf Ibid, et n° 19,23 octobre 1963; « L’heure du Concile », Nouvelles diocésaines, n° 105, 29 octobre 1962, p. 1; « Retour de Mgr l’Adminis- trateur », Nouvelles diocésaines, n° 158,2 décembre 1963, p. 2. 231 Trois entrevues ont été accordées pour l’émission radiophonique Vatican IL Cf Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 17, 8 octobre 1963; n° 18, 15 octobre 1963 et n° 19, 23 octobre 1963; « L’heure du Concile », Nouvelles diocésaines, n° 105,29 octobre 1962, p. 1 ; «Retour de Mgr !’Administrateur », Nouvelles diocésaines, n° 158, 2 décembre 1963, p. 2; Les émissions télévisées et radiophoniques du réseau na ­ 144

abordés sont tous en rapport avec ce qui se passe au concile. Si le renouveau liturgique a fait l’objet de trois entrevues, le rôle des laïques dans l’Église suit avec deux. Des sujets, tels le schéma des Instruments de communication sociale, le discours de Paul VI à l’ouverture de la deuxième session ainsi que le diaconat permanent ont également fait l’objet d ’une entrevue. À partir des sources, nous ne possédons aucune indice d ’un écho donné à la voix des autres Égli- ses à l’occasion de ces entrevues.

Au cours de la seconde session du concile, MF Sanschagrin s’adresse régulièrement aux fidèles de son Église non seulement par des écrits épistolaires, mais aussi au moyen de la radio

et de la télévision. Grâce à un service offert par la Conférence Catholique Canadienne (CGC)232233, il expédie de Rome des enregistrements pour leur diffusion sur le réseau régional234. Outre une brève séquence sur film, servant d ’introduction à une émission locale sur l’oecumé­

tional étaient diffusées en Abitibi. Ce faisant, les propos de Mgr Sanschagrin pouvaient être entendus par les fidè- les de son Église. Cf. «Programmes sur le Concile », Noicvelles diocésaines, n° 152,21 octobre 1963, p. 2 : « À la Télévision : tous les dimanches, à 5.00 heures, au poste CKRN-TV : “L’heure du Concile ”, animée par le R. P. Louis-Marie RÉGIS, Ο.Ρ., À la radio : [...] tous les samedis également une autre émission intitulée “Vatican II”, à l’antenne de votre poste local, à 6.15 heures. » 232 Trois entrevues sont accordées au Père Pierre Hurtubise, o.m.i, pour le programme Vie croissante , préparé par Radio-Marie. Ce programme était diffusé hebdomadairement par les postes privés de radio. Cf. Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 16, 1er octobre 1963; n° 18, 19 octobre 1963 et n° 22, 17 novembre 1963; Deux autres entrevues ont été enregistrées pour La voix du Centre, « un service de conférences spirituelles pour les religieux et les religieuses du Canada », fondé par le Père André Guay, o.m.i. et sous la res- ponsabilité du Centre catholique de l’Université d ’Ottawa. Cf. Ibid., n° 20, 1er novembre 1963; Enfin, une en- trevue a aussi été accordée au Père Lucas, s.j., pour Radio-Vatican. Cf. Ibid., n° 24,26 novembre 1963; Considé- rant que l’émission française de cette radio pouvait être reçue en Abibiti, les Nouvelles diocésaines et L’Écho d’Amos transmettent une information pour les amateurs de radio à ondes courtes : « Pour les amateurs de radio, depuis le 26 septembre, tous les jours vers 7.10 heures, “Radio-Vatican parle au Canada français ” [...]. Des ama- teurs d ’ondes courtes ont déjà capté ce programme à 48.82,41.38 et 31.10 mètres, et la réception, en général, est très bonne. Ceux qui désirent des nouvelles récentes et à point sur le Concile pourront écouter ces bulletins du R. P. Lucas » (« Programmes sur le Concile », Nouvelles diocésaines, n° 152,21 octobre 1963, p. 2 et « Radio-Vati- can parle au Canada », L’Écho dAmos, Val d ’Or, vol. XIV, n° 43, jeudi le 24 octobre 1963, p. 18). 2j3 Cf. M8r Albert Sanschagrin, Ici W Sanschagrin qui vous parle de Rome, àl ’occasion du Concile oecumé- nique, Enregistrement fait le 24 novembre 1963, Transcription par Marie-Josée Bemier, Archives du diocèse d ’Amos, p. 1 : « Tout d ’abord, je dois vous dire que ce sont les évêques, par l’entremise de la Conférence Catho- lique Canadienne, qui ont voulu mettre, à la disposition de tous les évêques qui le désiraient, la possibilité d ’enregistrer des causeries qui seraient par la suite reproduites sur les postes locaux de chaque diocèse. J’ai voulu bénéficier de ce service. »; « Service optionnel — messages des évêques à leurs diocésains, Rapport préparé par L’Office catholique national des Techniques de diffusion », in Ordre du jour, —Agenda n° 5, CCC, Archives du Projet de recherche sur Vatican II, Faculté de théologie et de sciences religieuses, Université Laval, p. 10-11. 234 Ces enregistrements sont expédiés à V Office des techniques de diffusion du diocèse d ’Amos qui les remet à qui de droit, pour leur diffusion par Radio-Nord. Cf. Mi'r Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 16,2 octobre 1963 etn° 18, 19 octobre 1963. 145

nisme 235, c’est surtout par la radio que cet évêque s’adresse hebdomadairement à son Église et

ce, à l’instar de onze autres évêques canadiens 236 . L’émission M’r Sanschagrin vous parle de Rome237 devient donc un lieu où il peut transmettre à son Église ce qu’il reçoit des autres Égli- ses. Selon les quelques traces conservées dans le JC238, bien qu’il ait abordé la question de ses rencontres avec des évêques, c’est surtout la matière des discussions conciliaires qui fait l’objet de ses communications : les innovations liturgiques au sujet de la messe, !’organisation hiérar- chique de l’Église d ’après le De Ecclesia, le diaconat permanent, etc. Si IVF Sanschagrin fait écho à la voix des autres Églises, à l’occasion de son émission sur ses rencontres d ’évêques,

cela demeure quand même infime par rapport à l’ensemble de sa production radiophonique.

La voix des Églises en concile pouvait parvenir à l’Église d ’Amos non seulement d ’une

manière directe par son évêque, comme nous venons d ’en rendre compte, mais aussi par le biais des Nouvelles diocésaines et ce, tel un relais. C’est ce qui nous amène maintenant à véri- fier si ce bulletin d ’information hebdomadaire a fait écho à la voix des autres Églises.

235 Chaque mois, l’Office diocésain des Techniques de Diffusion présente une émission télévisée, ayant pour titre « Escales ». Le 24 novembre 1963, le sujet de cette émission porte sur l’oecuménisme. Y sont invités Mgr Gaston Duchemin, vicaire général, et Messieurs Claude de Maestral, de l’Église-Unie de Noranda-Rouyn, et Wil- lard Pöttinger, de l’Église presbytérienne de Val d ’Or. Ces deux pasteurs avaient rendu visite à Mgr Sanschagrin pour lui présenter leurs voeux, à l’occasion de la seconde session du concile. La séquence enregistrée par Mgr Sanschagrin sert alors d ’introduction à l’émission de ce mois. Cf. « Escale »,Nouvelles diocésaines, n° 155, 11 novembre 1963, p. 2; « N’oublions pas », Nouvelles diocésaines, n° 156, 18 novembre 1963, p. 2; Msr Albert Sanschagrin, Journal du Concile, Lettre à sa mère, n° 14, Introduction, et n° 18,19 octobre 1963; « “Escale” à la télévision », L'Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. xiv, n° 43, jeudi le 24 octobre 1963, p. 13. 236 Cf. Pierre Forest et Jean-Paul Belleville, Service d'information de l’épiscopat canadien, Section radio-télévi- sion, Premier rapport, Archives du Projet de recherche sur Vatican II, Faculté de théologie et de sciences religieu- ses, Université Laval, p. 2 : « Actuellement douze évêques envoient chaque semaine un message particulier à leurs diocésains. »; En page 1 de ce rapport, nous retrouvons le poste CKKN de Rouyn dans le groupe II des pos- tes de radio pour lesquels des messages d ’évêques sont enregistrés. 237 Cf. « Ouvrez votre radio », Nouvelles diocésaines, n° 152, 21 octobre 1963, p. 2 : « Tous les samedis, de 12.00 heures à 12.10 heures, syntonisez votre poste local pour entendre l’émission “Mgr Sanschagrin vous parle de Rome”. Cette émission radiophonique vient directement de Rome et nous apporte des nouvelles sur la marche du Concile. » 238 Dans son JC, Mgr Sanschagrin mentionne à cinq reprises un enregistrement pour Radio-Nord. Cf. n° 16,2 octobre 1963; n° 17, 12 octobre 1963; n° 19, 27 octobre 1963; n° 21, 9 novembre 1963 et n° 23, 24 novembre 1963; Tel un vestige de la production de cette époque, seule une bande sonore est conservée aux archives diocé- saines. D’après son introduction, il s’agit d ’un enregistrement que Mgr Sanschagrin a fait le dimanche, 24 no- vembre 1963. Marie-Josée Dernier, archiviste au diocèse d ’Amos, en a fait une transcription. Nous pouvons y lire ceci, en page 1 : « La deuxième session du Concile Vatican II tire à sa fin. [...] C’est donc ma dernière causerie enregistrée à Rome même, sur le concile. » (Mgr Albert Sanschagrin, Ici NF Sanschagrin qui vous parle de Rome..., p. 1); Cf. Id, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 23,24 novembre 1963 : « Cet avant-midi, enregis- trement de ma dernière causerie de dix minutes pour Radio-Nord. » 146

2.3.1.3. Les Nouvelles diocésaines

Outre les articles consacrés aux revues Relations ainsi que Laïcat et Mission, avec leur numéro spécial sur le concile 239, l’ensemble des articles conciliaires, parus dans les ND, peu- vent être répertoriés selon deux localisations géographiques : Rome et Amos240. Pour ce qui est des onze articles qui ont été consacrés à l’événement ecclésial qui se déroule à Rome, trois ob- jets en tissent la trame de fond : le concile dans son déroulement, le Pape et MF Sanschagrin lui-même241. Par contre, rien ne s’y trouve au sujet des autres Églises rencontrées au concile.

Au terme de ce bilan, nous sommes amené à conclure que, durant les sessions, la voix des Églises en concile a été peu répercutée au sein de l’Église d ’Amos par les divers organes

d ’information utilisés par MF Sanschagrin. Par contre, tandis que la matière du concile prédo- mine dans ce qui est transmis à cette Église, les diverses interventions du Pape y trouvent aussi

largement leur compte. Il nous reste maintenant à vérifier quelle place a été donnée à la voix des Églises en concile dans la production de cet évêque au cours des intersessions.

2.3.2. Au cours des intersessions

En explorant un large éventail de sources documentaires 242, nous apprenons que MF Sans- chagrin, à son retour des sessions conciliaires, continue de s’adresser à son Église et ce, de

239 Cf. « La revue “Relations ” et le concile Vatican II », Nouvelles diocésaines , n° 104, 22 octobre 1962, p. 2; « Laïcat et Mission », Nouvelles diocésaines, n° 109, 26 novembre 1962, p. 2; Ce sont les numéros suivants de ces deux revues : Richard Arès, dir. étal., « Le Concile », Relations, n° 262, octobre 1962, p. 261-296 et « En état .־ de Concile », Laïcat et Mission, n° 16, octobre 1962, p. 197260 240 Quinze de ces articles sont consacrés à divers sujets en rapport avec le concile au niveau de l’Église d ’Amos. En 1962 : une affiche du concile, une mosaïque des prêtres du diocèse en souvenir du synode diocésain et du concile, des cercles d ’étude sur le concile par les mouvements d ’Action catholique, un concile paroissial, les ho- raires des émissions sur le concile, etc.; en 1963 : des rencontres oecuméniques entre les prêtres catholiques et les pasteurs protestants de Val d ’Or à l’occasion du concile, l’horaire des émissions sur le concile, etc. 241 Les articles sur le déroulement du concile ont signalé, entre autres, les théologiens canadiens choisis comme experts au concile, les explications du cardinal Léger sur les désaccords survenus au début de la première session, les évêques canadiens nommés dans les commissions du concile, la date de clôture de la première session, etc. Quatre articles, dont deux provenant de la CGC, concernent le Pape et le concile. Enfin, d ’autres articles se rap- portent à Mgr Sanschagrin : sa nomination comme agent de liaison entre l’épiscopat canadien et l’épiscopat espa- gnol, son intervention in aula, ses entrevues données pour la radio et la télévision nationales. 242 Les sources exploitées ont été les suivantes : le journal conciliaire, les circulaires pastorales, les programmes d ’activités de l’évêque, les Nouvelles diocésaines, les diverses éditions de !’hebdomadaire L'Écho, des rapports de réunion, des journaux ou chroniques de communautés religieuses. 147

deux manières. D’une part, outre les entrevues accordées aux médias régionaux d ’information, ce sont surtout les causeries ou conférences publiques qui prédominent dans ses communica- tions verbales au sujet du concile. D’autre part, plusieurs circulaires pastorales, en rapport avec l’événement conciliaire, sont l’objet de ses communications écrites. En plus de ces diverses interventions de l’évêque, il y a toujours les Nouvelles diocésaines qui continuent de publier des articles ayant trait au concile. Une fois de plus, ce sont là autant d ’occasions pour répercu- ter au sein de l’Église d ’Amos la voix des autres Églises, rencontrées par Mgr Sanschagrin à

travers leurs évêques. Notre analyse a donc porté sur l’ensemble de ses communications verba- les et écrites ainsi que sur les Nouvelles diocésaines, afin d ’en retrouver les traces éventuelles.

2.3.2.1 Les entrevues, les causeries et conférences

Dès son arrivée en sol abitibien, après chacune des sessions, Mgr Sanschagrin accorde des entrevues aux médias d ’information tant écrits qu’électroniques. L’analyse des articles, publiés dans L’Écho, nous a appris que deux sujets principaux ont fait l’objet des entrevues accordées à son représentant : d ’une part, surtout ce qui s’est passé au concile 243 et, d ’autre part, ce qui a trait à la personne du Pape244. Nous n ’y avons cependant rien retrouvé concernant ce qui a pu être reçu des autres Églises. Quant à ses deux participations à Escales 245, une émission télévisée diocésaine, les sources nous indiquent que IvF Sanschagrin y traite du concile, mais sans plus.

243 Au retour de la première session, l’entrevue a porté sur des sujets comme l’atmosphère dans lequel se sont déroulés les travaux de l’assemblée conciliaire, le sens de son intervention du 23 novembre in aula, l’usage éven- tuel de la langue du peuple pour la messe, le travail relatif au concile dans le diocèse d ’Amos, etc. Cf. « De retour du Concile. Rencontre avec Son Excellence Mgr Albert Sanschagrin, o.m.i. »,L ’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. xm, n° 50, jeudi le 13 décembre 1962, p. 9; Au retour de la seconde session, les décisions du concile en matière litur- gique occupent la majeure partie de l’entrevue : l’usage de la langue populaire, la communion sous les deux espè- ces, la concélébration de l’eucharistie et la célébration du mariage à l’intérieur de la messe. Cf. « De retour de Rome. Mgr Albert Sanschagrin nous annonce de bonnes nouvelles »,L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. XIV, n° 51, jeudi le 19 décembre 1963, p. 1. 244 Si au retour de la première session, il s’attarde sur l’attitude de Jean XXIII à l’égard du concile et de ses tra- vaux, au retour de la seconde, il trace un bref portrait de Paul VI, en qui il voit « un éminent théologien » qui réu- nit « les qualités des trois derniers papes ». Cf. « De retour du Concile. Rencontre avec Son Excellence M8r Al- bert Sanschagrin, o.m.i. »,L ’Écho d’Amos, p. 9; « De retour de Rome. Mgr Albert Sanschagrin nous annonce de bonnes nouvelles », L'Écho d’Amos, p. 1. 245 II participe aux émissions des 29 décembre 1962 et 23 février 1963. Cf. « Programmes “Escales” », Nouvel- les diocésaines, n° 114,31 décembre 1962, p. 2; « Escales », Nouvelles diocésaines, n° 121, 18 février 1963, p. 2. 148

Figure 2.11 — 30 causeries sur le concile Figure 2.12 — 18 causeries aux laïcs

I Communautés religieuses : 10(

I Groupes de laïcs : 18 j

Les causeries et conférences de cet évêque sur le concile attirent notre attention non seulement par leur nombre et leur publicité, mais aussi par leurs auditoires. Si l’analyse des sources nous a permis d ’en retracer 30, dont 20 au cours de la première intersession, elle nous a également fait découvrir que L’Écho leur a consacré 17 articles, soit pour les annoncer, soit pour en présenter un compte rendu. Bien que les prêtres et les membres des communautés reli- gieuses soient parfois les auditeurs de cet évêque (voir figure 2.11), ce sont surtout les laïcs qui bénéficient du plus grand nombre de ses causeries sur le concile, soit 6 0%246 . De plus, en rafïï- nant davantage notre analyse, nous avons observé que les laïcs ne forment pas en eux-mêmes un auditoire homogène. Au contraire, il est des plus bigarrés (voir figure 2.12). Outre des audi- teurs d ’âges variés, nous retrouvons non seulement des laïcs impliqués dans divers mou- vements religieux, mais aussi ceux qui font partie de mouvements à caractère plus social. Pré- cisons que sept rencontres de ]VF Sanschagrin avec quelques groupes ne sont pas comprises dans l’ensemble de ces données; les sources ne signalent aucune causerie de sa part à l’occa- sion de ces rencontres. Cependant, le contexte de leur déroulement nous laisse croire qu’il aborde certainement la question du concile avec ses auditeurs 247 . Comment pourrait-il en être

246 À son retour de la première session conciliaire, il écrit : « La Journée sacerdotale de janvier m’a permis de transmettre aux prêtres du diocèse un rapport fidèle de la première session du Concile. Je profite depuis mon re- tour de toutes les occasions qui me sont offertes pour en parler aux religieux et aux religieuses, ainsi qu’aux di- vers groupes de laïques du diocèse » (Mgr Albert Sanschagrin, CP, 150, p. 1). 247 Mgr Sanschagrin se rend à une réunion des Filles d ’Isabelle dont le thème des activités est « Le Concile et nous ». Cf. « Réunion du cercle Saint-André à La Sarre », L’Écho d'Amos, Val d ’Or, vol. XIV, n° 6, jeudi le 7 février 1963, p. 2; Il participe à un séminar sur le Concile réunissant des couples d ’Amos. Cf. Programme d’activités de l’évêque, du 17 au 28 février 1963, Archives du diocèse d ’Amos, p. 1 ; Il remet une médaille-souve- nir du concile aux dirigeants diocésains des groupements d ’apostolat. Cf. « Dimanche consacré à l’Action catho- 149

autrement dans une rencontre telle la clôture du concile paroissial de Mont-Brun, présidée par l’évêque lui-même248 ?

Au sujet de ces causeries, les sources documentaires nous fournissent peu de choses pour une analyse de leur contenu. Outre quelques bribes dans certains articles de L’Écho, dans des rapports de réunion ou dans des chroniques de communautés religieuses, un seul texte complet a été retrouvé, à ce jour. C’est une conférence que M®7 Sanschagrin a prononcée, le 4 mai 1963, en présence des instituteurs et institutrices de son diocèse 249. En ce qui regarde les traces qui ont été conservées de l’ensemble de ces causeries, elles nous apprennent, d ’une part, que les sujets débattus dans Y aula conciliaire y tiennent une place prédominante 250 et, d ’autre part, que

lique », Nouvelles diocésaines, n° 121, 18 février 1963, p. 2; À une Journée sacerdotale sur le renouveau litur- gique, il invite les prêtres à continuer de prier pour le concile et à entretenir chez leurs paroissiens Γ intérêt pour le concile. Cf. Marc-André Tardif, c.s.sp. « Journée sacerdotale tenue au Séminaire d’Amos, le 27 mars 1963, Compte rendu », in Nouvelles diocésaines et documents, 1963, p. 69; Il préside une “veillée biblique”, organisée par les Congrégations mariales et offerte « à tous les militants d’Action Catholique désireux de renouveler leur esprit apostolique, dans le sens du Concile, en puisant aux sources mêmes de la parole de Dieu » (« Invitation spéciale », Nouvelles diocésaines, n° 133, 13 mai 1963, p. 1); Pour faire suite à une demande de Paul VI, lors d’une messe à la cathédrale, à son retour de la seconde session, il donne la bénédiction apostoliqueaux fidèles de son diocèse. Cf. « Varia », Nouvelles diocésaines, n° 159, 9 décembre 1963, p. 2. 248 Commencé le 18 novembre 1962, ce concile paroissiala tenu quatre sessions. Quatre thèmes y ont été étudiés en commissions, lesquelles étaient réparties dans les rangs et le village. Le 24 février 1963, M8r Sanschagrin en préside la clôture par la promulgation des conclusions conciliaires. Cf. « Concile paroissial dans le diocèse », Nouvelles diocésaines, n° 109, 26 novembre 1962, p. 2; « Concile »,Nouvelles diocésaines, n° 116, 14 janvier 1963, p. I; « S. Exc. Mgr !’Administrateur clôture le concile paroissial de Mont-Brun », Nouvelles diocésaines, n° 121,18 février 1963, p. 1; « Le Concilede Mont-Brun »,L ’Échod ’Abitibi-Ouest, La Sarre, vol. xiv, n° 8, jeu- di le 21 février 1963, p. 5; Selon les Nouvelles diocésaines, le diocèse de Mont-Laurier aurait fait écho à ce conci- le paroissial et le texte y est reproduit. Après avoir vérifié auprès de l’archiviste du diocèse de Mont-Laurier, au- cune trace n’existe au sujet de cette information. Cf. « Paroisse “en état de concile” », Nouvelles diocésaines, n° 119, 4 février 1963, p. 2; Cette expérience n’est pas unique dans l’Église canadienne. La Semaine Religieuse de Montréal rapporte une expérience analogue dans la paroisse de Wishart, en Saskatchewan. Elle se serait tenue à partir du printemps 1962. Cf. « Les grands courants de la vie catholique,Une paroisseorganise son propre conci- le », La Semaine Religieuse de Montréal, 80e année, vol. CXXI, n° 28, mardi le 10 juillet 1962, p. 572-574. 249 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, Conférence de Son Excellence Monseigneur Albert Sanschagrin, o.m.i., pro- noncée lors du congrès des instituteurs et institutrices du diocèse d’Amos, le 4 mai 1963, Archives oblates de Montréal, 5 p.; Ce texte dactylographié comporte 190 lignes d’écriture. 250 Les thèmes récurrents dans ces causeries sont la liturgie, les travaux du concile, le diaconat permanent, le rôle des laïcs ainsique la décentralisation de !’administration de l’Église avec un plus grand rôle pour les évêques. Cf. Gabriel Banville, «La liturgie va changer », L'Écho d’Amos, Val d’Or, vol. xrv, n° 3, jeudi le 17 janvier 1963, p. 5; « Mgr Albert Sanschagrin parle du Concile aux Chevaliers de Colomb », L Écho d’Amos, Val d’Or, vol. xrv, n° 3, jeudi le 17 janvier 1963, p. 9; « L’invité des Ligues, Μρ Albert Sanschagrin a parlé de Vatican II », L‘Écho d’Amos, Val d’Or, vol. XIV, n° 7, jeudi le 14 février 1963, p. 17; « M8r Sanschagrin s’adresse aux membres de la Légion de Marie »,L ’Écho d’Amos, Val d’Or, vol. XIV, n° 51, jeudi le 19 décembre 1963, p. 3; « Restauration de la liturgie en vigueur le 16 février », L'Échod ’Amos, Val d’Or, vol. XV, n° 4, jeudi le 23 janvier 1964, p. 11 ; « La liturgie du mariage »,L'Écho d’Amos, Val d’Or, vol. XV, n° 5, jeudi le 30 janvier 1964, p. 16; « Le 8 — Visite de Son Exc. Monseigneur Albert Sanschagrin, o.m.i. », Journal de la Maison Provinciale (Amos), T année, n° 2, 150

les propos sur la personne du Pape y occupent aussi une place relativement importante 251. Mal- gré leur espace plutôt marginal dans P ensemble de ces causeries, deux mentions attirent notre attention plus particulièrement. Primo, au retour de la première session conciliaire, Mgr Sans- chagrin aborde avec ses prêtres la question de ces « précieux contacts avec l’épiscopat uni ver- sel, à l’intérieur et à l’extérieur de l’enceinte de la basilique Saint-Pierre 252. » Secundo, à son retour de la seconde session, il fait part aux 200 membres de la Légion de Marie qu’ils ont un protecteur à Rome en la personne du Cardinal Leo Jozef Suenens 253. Ce sont là les seules men- tions que nous pourrions considérer comme un écho donné à la voix des autres Églises.

Si le texte intégral de la conférence de M^ Sanschagrin aux instituteurs et institutrices de son diocèse s’avère fort précieux par son unicité, son contenu mérite d ’autant plus d ’être analy- sé. Il nous permet non seulement de voir comment un évêque prépare son Église à la réception du concile, mais aussi de découvrir les thèmes conciliaires qui sont reçus par cet évêque. Évi- demment, nous devons tenir compte qu’il a devant lui un auditoire bien ciblé.

M®1 Sanschagrin s’adresse au personnel enseignant de son diocèse avec un objectif bien défini : celui de leur « livrer le fond de [sa ] pensée sur [leur] rôle d ’éducateurs et sur ce que

septembre 1963, Archives des Soeurs de l’Assomption de la Sainte Vierge (Amos), p. 1 ; « Le 15 — Son Excel- -Albert Sanschagrin », Journal de la Maison Provinciale (Amos), T année, n° 5, décembre 1963, Archi ־lence M81 ves des Soeurs de l’Assomption de la Sainte Vierge (Amos) p. 2; « 11 janvier 1964 — ConvocationM gr Sanscha- grin », Chroniques des Soeurs demeurant à Sainte-Rose-de-Poularies, diocèse d’Amos, Archives des Soeurs de Sainte-Anne de Lachine,B46/205, 15 ; L’abbé Éloi Caissie, Journée sacerdotale, le 9janvier 1963, Compte rendu, Archives du diocèse d’Amos, V-C-3, p. 1-2; L’abbé Jean Brien, Rapport de la journée sacerdotale, tenue au Sé- minaire d’Amos, le 11 décembre 1963, Compte rendu, Archives du diocèse d’Amos, V-C-3, p. 1-3; Rapport de la réunion des déléguées de chaque communauté, à Amos, sous la présidence de S. Exc. MF Albert Sanschagrin, o.m.i., 1er septembre 1964, Archives du diocèse d’Amos, p. 2-4. 251 Cf. Gabriel Banville, « La liturgie va changer », p. 5; « Mgr Sanschagrin s’adresse aux membres de la Légion de Marie », L’Écho d’Amos, Val d’Or, vol. XIV, n° 51, jeudi le 19 décembre 1963, p. 3; « Restauration de la li- turgie en vigueur le 16 février »,L'Écho d’Amos, Val d’Or, vol. XV, n° 4, jeudi le 23 janvier 1964, p. 11; Confé- reme de Son Excellence Monseigneur Albert Sanschagrin, o.m.i., prononcée lors du congrès des instituteurs et institutrices du diocèse d’Amos..., p. 2; « Le 8 — Visite de Son Exc. Monseigneur Albert Sanschagrin, o.m.i. », Journal de la Maison Provinciale (Amos), p. 1 ; « Le 15 — Son Excellence Mgr Albert Sanschagrin », Journal de la Maison Provinciale (Amos), p. 2; L’abbé Jean Brien, Rapport de la journée sacerdotale..., p. 1-3; Rapport de la réunion des déléguées de chaque communauté..., p. 2-4. 252 L’abbé Éloi Caissie, Journée sacerdotale, le 9 janvier 1963, p. 1. 253 Cf. « Mgr Sanschagrin s’adresse aux membres de la Légion de Marie », L‘Écho d’Amos, Val d’Or, vol. XIV, n° 51, jeudi le 19 décembre 1963, p. 3; Note : Lorsque Mgr Sanschagrin avait rendu visite au cardinal Suenens, le 24 novembre 1962, celui-ci lui avait remis une brochure qu’il venait d’écrire sur la Légion de Marie. Cf. Mgr Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 10, 24 novembre 1962. 151 l’Église attend [d ’eux]254. »À ses yeux, dans l’Église d ’Amos, les instituteurs et les institutrices sont le fer de lance de la mise en oeuvre du concile au niveau paroissial et ce, particulièrement dans le domaine liturgique. Pour se faire, il utilise de manière récurrente un certain nombre de concepts : responsabilité (18 fois)255, adaptation (8 fois)256 , confiance (6 fois) et dialogue (5 fois). Dans un premier temps, après avoir abordé le sens de sa propre responsabilité d ’évêque, laquelle ne peut se limiter à son diocèse mais doit s’ouvrir à l’Église tout entière, il invite ses auditeurs à être actifs dans leur paroisse et ce, « en prenant une responsabilité réelle » (p. 2). Car, leur influence ne peut se restreindre aux frontières de leur classe. Dans un second temps, après avoir montré comment Jean XXIII est un homme tourné vers l’avenir et débordant de confiance, il les invite à « partager l’esprit de Jean XXIII et l’esprit du Concile » (p. 2). Leur rappelant qu’ils font « partie de l’Église : intégralement et activement » (p. 2), il leur mentionne qu’une nouvelle orientation est en train de se prendre au concile, et qu’il faudra accepter : celle d ’une « responsabilité laïque dans l’Église, [...]! pas seulement une responsabilité d ’exécution, mais [...] aussi une responsabilité de planification, d ’orientation » (p. 3). Entre les prêtres et les laïcs, un dialogue sans peur devra alors s’instaurer devant les difficultés qui pourraient naître dans l’exercice de ce nouveau type de responsabilité. Enfin, dans un troisième temps, après avoir souligné que Jean ΧΧΊΠ, dans son discours d ’ouverture du concile, a mentionné la néces- sité d ’« une adaptation très claire et très précise de l’Église à nos temps modernes » (p. 4), il re- prend à son compte le concept d ’adaptation. Il l’applique alors aux baptisés de son Église, de qui sera exigé « un renouveau de pensées, un renouveau d ’habitudes et un renouveau de vie » (p. 4) et ce, face aux conclusions conciliaires, particulièrement en matière de liturgie. Si, à trois reprises, il invite son auditoire à entrer « pleinement dans le mouvement conciliaire au point de vue liturgique» (p. 4-5), il lui indique également ses propres attentes face à la mise en oeuvre des futures décisions conciliaires par rapport à la liturgie :

254 Conférence de Son Excellence Monseigneur Albert Sanschagrin, o. m. I, prononcée lors du congrès des insti- tuteurs et institutrices... p. 1. Note : Afin de ne pas multiplier les notes, j’indiquerai à l’intérieur de mon texte les pages d’où proviennent les citations. 255 À huit reprises, il l’utilise en rapport avec sa propre responsabilité d’évêque ou celle des évêques; à deux reprises, en lien avec celle qui incombe aux éducateurs; à quatre reprises, en terme de « responsabilité laïque dans l’Église » et à trois reprises pour parler des responsabilités de chacun. 256 J’inclus sous ce concept des termes tels que « aggiomamento », « mise à jour », « renouveau » ainsi qu’une expression qui comportela même signification : « ...que vous acceptiez de transposer vos vies selon les directives du Concile » (p. 5). 152

Cela va exiger de la besogne de la part des professeurs dans la paroisse, parce qu’il n ’y a pas de rénovation liturgique paroissiale possible sans la collaboration des enfants. C’est par eux que va se faire !’application du Concile. On ne peut pas de- mander à un homme de cinquante ou soixante ans de reprendre tout à neuf et de recommencer son éducation. Mais les enfants, vous devez les habituer, les former, à condition que vous entriez pleinement dans le mouvement conciliaire au point de vue liturgique. Vous devrez connaître le mouvement liturgique, l’étudier, pour le faire passer dans vos vies, parce que la liturgie n ’est pas seulement une affaire de formules extérieures, même de langue, c’est une vie. Et c’est en autant que vous en vivrez que vous pourrez, au niveau paroissial, travailler à cette rénovation litur- gique. (p. 4)

L’exploration des entrevues et des causeries de Mgr Sanschagrin nous permet de faire un constat : la voix des autres Églises a été peu répercutée au sein de l’Église d ’Amos, au cours des intersessions. Par contre, ce qui provient des travaux de Y aula conciliaire prédomine dans ce que l’évêque lui transmet et les propos sur la personne du Pape y occupe un espace impor- tant. Nous avons également pu noter que le thème conciliaire de la responsabilité des laïcs dans l’Église ainsi que le concept d aggiornamento ont été reçus chez cet évêque. Il nous faut com- pléter ce bilan en portant maintenant notre attention sur ses écrits, c’est-à-dire ses CP.

2.3.2.2 Les circulaires pastorales

Au cours des deux premières intersessions, Mgr Sanschagrin signe 36 CP, dont 17 (47%) contiennent soit une mention en rapport avec le concile, soit des décisions pour mettre en appli- cation la Constitution sur la liturgie. Si le travail conciliaire fait l’objet de trois CP257 , la ques- tion liturgique revient dans dix circulaires, dont huit d ’entre elles en font leur objet spécifique au cours de la seconde intersession. Dans le contexte qui suit la promulgation solennelle de la Constitution conciliaire sur la liturgie258, cela étonne guère. D’ailleurs, six CP sont publiées spécialement pour donner suite au Motu proprio « Sacram liturgiam » de Paul VI259, dans le­

257 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, CP, 150,2 p.; Id, CP, 166,2 p.; id., Circulaire Pastorale, Au clergé et aux com- munautés religieuses, n° 172, 16 décembre 1963, 2 p.; Nous renverrons désormais à ce dernier document de la manière suivante : CP, 172. 258 Cf. «Constitution “Sacrosanctum Concilium” », in Martin, Paul-Aimé, c.s.c., dir., Vatican II, Les seize docu- ments conciliaires..., p. 127-166. 259 Cf Paul VI, « Motu proprio “Sacram liturgiam” ordonnant l’entrée en vigueur de certaines prescriptions de la Constitution sur laliturgie », La Documentation Catholique, tome LXI, n° 1418, 16 février 1964, col. 225-228. Nous renverrons désormais à ce document de la manière suivante : Sacram liturgiam, DC, 1418. 153

quel il était décrété que « certaines règles de la Constitution pouvant être appliquées dès maintenant 260 » entreraient en vigueur dès le 16 février 1964. C’est alors que dans la première de ces CP, Mgr Sanschagrin présente brièvement le Motu proprio de Paul VI26 ', tandis que, dans les suivantes, il fait écho à divers aspects de cet acte pontifical : l’office divin 262 , le mariage263 , l’homélie264 et les commissions diocésaines 265 . Outre ces six CP consacrées à Sacram litur- giam, nous en retrouvons deux autres dont le sujet principal est toujours la liturgie, mais, cette fois-ci, davantage en lien avec des décisions de l’épiscopat canadien, particulièrement sur l’usage de la langue du peuple dans la liturgie266 .

En parcourant les diverses circulaires pastorales où la liturgie a été abordée, deux choses ont attiré notre attention. Primo, dans trois d ’entre elles, MgrSanschagrin se soucie de laprépa- ration intérieure de l’ensemble des fidèles de son Église face aux futurs changements liturgi- ques267 . 268C’est là un écho à la fois au n° 19 de la Constitution conciliaire sur la liturgie et aux

propos de Paul VI dans Sacram liturgiam?6*. Secundo, dans cinq CP, nous retrouvons une mise

260 Sacram litur giam, DC, 1418, col. 226. 261 Cf. Msr Albert Sanschagrin, Circulaire Pastorale, Au clergé et aux communautés religieuses, n° 178, 10 février 1964,2 p.; Nous renverrons désormais à ce document de la manière suivante : CP, 178. 262 Cf. Id., Circulaire Pastorale, Au clergé du diocèse, n° 179, 10 février 1964, 2 p.; Id, Circulaire Pastorale, Aux communautés religieuses, n° 185, 21 février 1964,2 p. 263 Cf. Id, Circulaire Pastorale, Au clergé du diocèse, n° 182, 16 février 1964,2 p. 264 Cf. Id, Circulaire Pastorale, Au clergé du diocèse, n° 184,21 février 1964,2 p. 265 Cf. Id, Circulaire Pastorale, Au clergé du diocèse, n° 198, 9 septembre 1964,2 p. 266 Cf. Id, Circulaire Pastorale, Au clergé du diocèse, n° 183, 17 février 1964,2 p.; Id, Circulaire Pastorale, Au clergé et aux communautés religieuses, n° 188, 18 avril 1964, 2 p.; Nous renverrons désormais à ce dernier document de la manière suivante : CP, 188. 267 Cf. Id, CP, 172, p. 1 : « Il nous faut dès maintenant nous préparer aux transformations liturgiques qui nous seront demandées dans le but d’assurer une meilleure compréhension des rites et des prières et une participation plus active des fidèles aux cérémonies. »; Id, CP, 178, p. 2 : « La réforme liturgique, décrétée par le Concile, ne doit pas être seulement un agencement nouveau des cérémonies et une adaptation extérieure du culte aux exigen- ces modernes. Nous ne resterions là que dans les structures extérieures de la Liturgie. Il nous faut pénétrer nous- mêmes l’esprit de laLiturgie et le faire pénétrer dans l’âme et dans le coeur de nos fidèles. Sans cela, la réforme des cadres n’aboutirait pas au résultat que le Concile s’est proposé dans l’adoption de la Constitution. »; Id, CP, 188, p. 2 : « Les évêques [du Canada] sont aussi revenus sur la nécessité de faire la catéchèse de nos gens vis-à- vis l’orientation nouvelle de la liturgie donnée par le Concile Vatican IL Un changement n’apporte rien, s’il n’est pas accompagné d’une préparation des âmes. » 268 Cf. Paul VI, Sacram Liturgiam, DC, 1418, col. 225-226 : « Chacun comprend donc facilement que sur ce point, Nous ayons particulièrement à coeur que les fidèles, et surtout les prêtres, étudient attentivement cette Constitution et se disposent intérieurement à en observer les prescriptions avec une entière fidélité dès qu’elles entreront en vigueur. [...] Nous exhortons vivement les évêques des diocèses à travailler sans attendre, avec l’aide des ministres sacrés [...]à ce que les fidèles qui leur sont confiés comprennent, chacun selon son âge, ses condi- tions de vie et sa culture, l’efficacité et la portée profonde de la liturgie et participent saintement, corps et âme, 154

en garde contre des abus éventuels en matière liturgique, surtout celui d ’anticiper les change- ments à venir. Mgr Sanschagrin rappelle les paroles de Paul VI sur le respect des normes liturgi- ques alors en vigueur et le fait que les individus ne peuvent modifier la liturgie selon leur

Si la liturgie occupe une place prédominante dans les écrits de !VF Sanschagrin, nous avons également retrouvé un thème récurrent dans ses CP de la première intersession. À quatre reprises, il revient sur la question de l’esprit du concile, un esprit dans lequel il invite ses diocé- sains à entrer 269270 . Dans ses propos, cet esprit en est un de renouveau : « Or l’esprit du Concile,

tel que précisé par le Pape JEAN XXIII, est un esprit de renouveau spirituel et apostolique et d ’“aggiomamento”, c’est-à-dire d ’adaptation aux exigences modernes de l’apostolat. Il est vrai que le Concile n ’est pas encore terminé et que nous n ’en connaissons pas les décrets. Mais la première session nous en a révélé l’esprit et le Concile ne peut plus être autre que ce que nous a révélé la première session. 271 »

De l’ensemble des circulaires pastorales de cette période, il en est une qui se distingue nettement des autres non seulement par son objet, mais aussi par le fait qu’elle est le fruit d ’une Sanschagrin et le cardinal Leo Jozef Suenens, le 24 novembre 1962. Devant ־rencontre entre M81 l’intérêt manifesté par M®1 Sanschagrin pour son livre Promotion apostolique de la religieuse, sous presse à l’époque, le cardinal lui en avait alors promis un exemplaire272 . Dans cette circu- laire qu’il adresse aux communautés religieuses féminines de son Église273 , M81' Sanschagrin

précise que le livre du cardinal «traduit [...] l’esprit du Concile en ce qui regarde les exigences

aux rites de l’Église... » 269 Dans sa CP n° 172, Mgr Sanschagrin reprend à ce sujet les propos de Paul VI lors de la clôture de la deuxiè- me session. Cf. Paul VI, « Allocution de S. S. Paul VI pour la clôture de la IIe Session du Concile (4 décembre 1963) », La Documentation Catholique, tome LXI, n° 1415, 5 janvier 1964, col. 4-5; Dans ses CP nos 178, 182 et 188, il reprend ou fait écho à la mise en garde de Paul VI dans Sacram liturgiam. Cf. PaulVI, Sacram liturgiam, DC, 1418, col. 228. 270 Cf. M8r Albert Sanschagrin, CP, 150, p. 1 ; Id., Circulaire Pastorale, Aux curés du diocèse, n° 151,28 janvier 1963, p. 1; Id., Circulaire Pastorale, Aux communautés religieuses féminines, n° 158, 1er mai 1963, p. 1. Nous renverrons désormais à ce dernier document de la manière suivante : CP, 158.; Id., CP, 166, p. 1. 271 Id, CP, 158, p. 1. 272 Cf. Id., Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 10,24 novembre 1963. 273 CfM, CP, 158,p.2. 155

actuelles de la vie religieuse dans l’Église274 » C’est pourquoi il termine sa circulaire en leur disant :

Aussi est-ce avec une conscience bien nette de l’orientation qui sera demandée aux Religieuses par le Concile queje vous adresse et que j’adresse à chacune des 82 maisons religieuses féminines du diocèse le volume du Cardinal Suenens : “Promo- tion apostolique de la religieuse”. Je le propose à votre méditation afin que vous y puisiez l’esprit du Concile en ce qui vous regarde, et que vous prépariez encore mieux vos âmes aux décisions qui y seront prises relativement à la vie religieuse.275

Jusqu’ici, quelques témoignages nous démontraient que Mgr Sanschagrin avait occasion- nellement répercuté la voix des autres Églises au sein de sa propre Église, mais une donnée nouvelle s’ajoute maintenant avec cette circulaire pastorale. Cette fois-ci, l’évêque transmet à un groupe de fidèles de son Église un bien qui provient d ’une autre Église locale. Cette donnée vient aussi renforcer notre hypothèse d ’une influence possible de l’Église de Mechelen-Brussel sur l’Églised ’Amos, à Vatican II.

Au cours des intersessions du concile, les écrits de !VF Sanschagrin sont à l’image de ses prises de parole. Ce qui se passe dans Y aula conciliaire ainsi que le thème de la liturgie y pré- dominent. En outre, si la voix des autres Églises demeure plutôt marginale, celle du Pape oc- cupe un espace relativement important, quant à elle. En terminant, il nous reste maintenant à rendre compte des principaux thèmes qui ont été l’objet d ’articles dans les Nouvelles diocésai- nés et ce, pour vérifier la place qui a été donnée à la voix des autres Églises dans ce bulletin d ’information.

2.3.2.3 Les Nouvelles diocésaines

Les Nouvelles diocésaines (ND) nous fournissent 85 articles276 en rapport avec le concile durant les deux premières intersessions. Si nous en faisons une répartition selon une dialectique local-monde, 54 articles (64%) abordent le concile sur un plan local, voire même canadien,

Mgr Albert Sanschagrin, CP, 158, p. 1. 275 ÆKp-2. 276 L’ensemble de ces articles représentent 786 lignes de texte. 156

tandis que 31 autres (36%) en traitent davantage au plan de l’événement romain, tout en n ’excluant pas la dimension mondiale proprement dite.

Les activités de l’évêque (20 articles), les activités diocésaines (14) et les échos donnés aux réunions des épiscopats tant canadien que québécois (5) sont l’objet de la plupart des arti- des se rapportant au concile à un niveau local277. Au sujet des activités diocésaines, entre au- tres, signalons des articles en rapport avec l’oecuménisme. Dans son journal conciliaire, Sanschagrin avait déjà indiqué la tenue de rencontres oecuméniques entre des prêtres de son diocèse et des représentants des Églises séparées et ce, à l’occasion des sessions du concile 278 .

Selon les Nouvelles diocésaines, outre deux célébrations dans le cadre de la Semaine de prière pour l’unité, trois autres rencontres ont lieu entre eux, au cours des deux premières interses- sions 279 . Enfin, deux articles répercutent une information provenant d ’autres Églises locales au Québec. Tandis que le premier fait écho à un article sur la réforme liturgique, paru dans la Se- maine religieuse de Québec du 17 janvier 1963 280, le second, quant à lui, résume une informa- tion de La Commission diocésaine de Liturgie de Montréal, sur l’usage des langues vivantes dans la célébration de la messe281.

277 Dans les activités de Mgr Sanschagrin, nous retrouvons ses entrevues télévisées, ses causeries à divers grau- pes et des échos donnés à ses CP. Dans les activités diocésaines, nous retrouvons, entre autres, des articles sur le concile paroissial de Mont-Brun, alors en cours, et sur celui de Belcourt, en préparation. Cf. «Concile », Nouvel- les diocésaines, n° 116, 14 janvier 1963, p. 1; « Paroisse“ en état de concile” », Nouvelles diocésaines, n° 119,4 février 1963, p. 2; « S. Exc. Mgr l’Administrateur clôture le concile paroissial de Mont-Brun », Nouvelles diocé- saines, n° 121, 18 février 1964, p. 1; « Varia », Nouvelles diocésaines, n° 125, 18 mars 1963, p. 2. 278 Cf. Mgr Albert Sanschagrin, Journal du concile, Lettre à sa mère, n° 24,27 novembre 1963; La première de ces rencontres oecuméniques s’était tenue le 30 septembre 1962 et laseconde, le 12 novembre 1963. Cf. Cf. Lu- cien Chevalier, s.v., Dans le sens de l’unité..., 2 p.; Roger Laberge, r.s.v., Réunion oecuménique..., 3 p. 279 Les célébrations dans le cadre de la Semaine de prière pour l’unité ont eu lieu les 22 et 23 janvier 1964. Cf « La Semaine de l’unité à Val d’Or », Nouvelles diocésaines, n° 166,27 janvier 1964, p. 2; « Catholiques et non- catholiques ont prié tous ensemble pour l’Unité », L’Écho d’Amos, Val d’Or, vol. XV, n° 5, jeudi le 30 janvier 1964, p. 3; Au cours des deux premières intersessions, des rencontres oecuméniques se sont tenues dans la se- maine du 18 février 1963, les 14 mai 1963 et 18 février 1964. Cf. « Varia », Nouvelles diocésaines, n° 122, 25 février 1963, p. 2; « Rencontre oecuménique », Nouvelles diocésaines, n° 135,27 mai 1963, p. 1; «Varia », N ou- velles diocésaines, n° 169, 17 février 1964, p. 2; « Mgr C.-A. Dion a été l’hôte des prêtres et des pasteurs », L’Écho d’Amos, Val d’Or, vol. XV, n° 8, jeudi le 20 février 1964, p. 10. 280 Cf. « Varia », Nouvelles diocésaines, n° 117,21 janvier 1963, p. 2; Il s’agit d’un article de Cipriano Vagaggi- ni, « Principes généraux de la réforme liturgique approuvés par le Concile »,Semaine Religieuse de Québec, 75 e année, n° 20, 17 janvier 1963, p. 310-318. Note : Selon une note de cette revue diocésaine, le texte de Vagaggini avait d’abord été publié dans l’édition française de L’Osservatore Romano du 14 décembre 1962. 281 Cf. « Langue vivante à la messe », Nouvelles diocésaines, n° 170,24 février 1964, p. 2; La Commission dio- césaine de Liturgie, « Communiqué officiel, Emploi des langues vivantes dans les lectures de la messe », La Se- maine Religieuse de Montréal, 82e année, vol. CXXIII, n° 7, mardi le 18 février 1964, p. 119-120. 157

Sur la scène romaine, si la prédominance appartient aux propos ou aux Actes du Pape avec 18 articles, les travaux conciliaires suivent au second rang avec 11 articles sur divers su- jets — travaux des commissions conciliaires durant les intersessions, nouveaux schémas conci- liaires, le renouveau liturgique, etc. Seuls deux articles des ND ont une perspective davantage mondiale. Qui plus est, en faisant écho à la voix des autres Églises locales, leur objet offre donc un intérêt particulier pour notre étude. Le premier de ces articles rapporte que l’épiscopat états- uniens vient non seulement de recevoir des instances romaines la confirmation de ses décisions sur !’utilisation de l’anglais dans la liturgie, mais aussi de fixer son entrée en vigueur au pre- mier dimanche de 1’Avent 1964 282. Le second, quant à lui, répercute les directives du cardinal Suenens sur la manière de procéder dans la Liturgie de la Parole, au cours de la messe283.

Si les Nouvelles diocésaines , au cours des sessions conciliaires, n ’avaient rien répercuté des autres Églises locales, elles leur accordent cependant un peu plus d ’espace au cours des

intersessions. L’avant-scène, quant à lui, est toujours occupé par les propos sur l’événement conciliaire et sur les Pontifes romains, quoique ceux-ci prédominent au cours des intersessions.

En conclusion de cette section, force nous est de constater que peu d ’échos ont été donnés à la voix des autres Églises au sein de l’Église d ’Amos lors des sessions et intersessions du

concile. Dans les communications de Mff Sanschagrin, tant écrites que verbales, les autres Égli- ses occupent un espace marginal non seulement comparativement à celui qui est donné aux événements de 1 ,aula conciliaire, mais aussi par rapport à l’espace accordé aux Pontifes ro- mains. Il en est de même dans les Nouvelles diocésaines. Au sein de l’Église d ’Amos, les quel- ques échos, donnés à la voix des autres Églises, l’ont été surtout pour l’Église de Mechelen- Brussel (cardinal Suenens) et pour les Églises orientales catholiques. Les Églises missionnaires

d ’Afrique et d ’Amérique latine, avec lesquelles Sanschangrin a eu de nombreux contacts, ont connu, quant à elles, des échos plutôt négligeables.

282 Cf. « Varia », Nouvelles diocésaines, n° 184, 1er juin 1964, p. 2. 283 Cf. « Orientation liturgique »,Nouvelles diocésaines, n° 189, 13 juillet 1964, p. 2 : « Dans l’archidiocèse de Malines-Bruxelles, Son Éminence le Cardinal SUENENS a donné les directives suivantes : pour la liturgie de la parole, “c’est au laïcqu ’il revient, comme à sa fonction propre, de lire les leçons bibliques et l’épître de la messe. C’est seulement en l’absence de lecteur que le célébrant lit l’épître lui-même... C’est au diacre ou au célébrant qu’il revient de proclamer l’évangile après avoir dit le ‘Munda Cor’. C’est aussi normalement au célébrant que revient l’homélie qui fait partie de l’action liturgique.” » 158

Bien que la liturgie soit l’objet prédominant dans les communications de !VF Sanscha- grin, elle lui fournit cependant l’occasion de mettre l’accent sur des thèmes conciliaires qu’il a personnellement reçus : Vaggiornamento de l’Église et la responsabilité des laïcs dans l’Église. Cet évêque ne ménage rien pour préparer la réception du concile au sein de sa propre Église.

Ses nombreuses communications deviennent pour lui autant d ’occasions non seulement de faire participer ses gens au concile, mais aussi de mettre en place des éléments de base pour une première réception de Vatican II par les fidèles. CONCLUSION GÉNÉRALE

Au terme de cette étude, où nous nous sommes proposé de vérifier comment MF Albert Sanschagrin avait fait fonctionner à Vatican II la dynamique communionnelle du local vers l’universel et de l’universel vers le local, une rétrospective s’impose. C’est ce que nous ferons en reprenant quelques conclusions, auxquelles nous sommes parvenu au cours de ce travail. Puis, nous esquisserons quelques pistes pour des études ultérieures sur ce Père conciliaire.

U ne rétrospective

Qu’est-ce que cette étude nous a appris sur la manière avec laquelle MF Sanschagrin a pu favoriser, d ’une part, une « osmose » du local vers l’universel à Vatican II ? Durant la période préconciliaire, nous avons vu cet évêque mettre en branle, à deux reprises, une démarche syno- dale pour recevoir la voix de son Église en vue de la répercuter au plan universel. Si la consul- tation des prêtres de 1960 n ’a pas connu de suites concrètes vers l’universel et ce, dans les vota que MF Sanschagrin devait faire parvenir à Rome, par contre, certaines conclusions de la consultation des diocésains de 1962 ont cependant eu plus de succès. Lors des sessions conci- Maires, dans ses prises de position en matière de langue liturgique, entre autres, nous avons vu cet évêques ’appuyer explicitement sur les résultats de cette consultation et faire ainsi entendre la voix de son Église. Si certains évêques, perçus comme des leaders au concile, étaient « inca- pables de citer aucune requête de leurs fidèles 1 », il en était donc tout autrement pour cet évê­

1 Rock Caporale, s.j., Les hommes du Concile, Étude Sociologique sur Vatican II, Traduit de T américain par Jacques Mignon, Paris, Les Éditions du Cerf, collection « L’Église aux cent visages », n° 19,1965, p. 169; Capo- rale a interviewé, à l’automne 1963, « un groupe de “leaders” parmi les cardinaux et évêques du monde entier réunis à Rome pour le second Concile du Vatican » (p. 15). Son étude a porté, entre autres, sur 73 cardinaux et évêques (Cf. p. 28). Selon l’auteur, neuf des évêques interviewés n’ont pu citer une requête de leurs fidèles. 160

que éclipsé par les ténors. De plus, ses options sur l’oecuménisme et la restauration du diaconat permanent reflétaient ou des réalités vécues ou des questions portées au sein son Église locale.

Les deux premières sessions conciliaires ont aussi permis à ]VF Sanschagrin, représentant l’Église d ’Amos (le local), d ’entrer personnellement en contact avec au moins 134 évêques du monde 2, représentant autant d ’Églises (l’universel). Cette étude nous a aussi montré qu’il a éta- bli des dialogues avec des évêques dont les Églises appartenaient à des aires géographique,

théologique, culturelle et spirituelle fort différentes de la sienne. En comptant les évêques oblats, près de la moitié des évêques rencontrés par Mgr Sanschagrin, — plus précisément 63 d ’entre eux (47%) —, représentaient des Églises en dehors de l’aire nord-occidentale (Canada, États-Unis et Europe). Outre les 25 évêques latino-américains, 38 évêques (28%) avaient leurs Églises en Afrique (19), en Asie (18) ou en Océanie (1). Parmi les évêques de l’Asie, six d ’en-

tre eux représentaient des Églises orientales catholiques. Dans son interview des leaders du concile, Caporale a découvert que ces derniers avaient cherché à établir des contacts surtout avec des évêques d ’Europe occidentale 3. Mgr Sanschagrin se singularise donc en ayant établi plus de contacts avec des évêques du Sud et de l’Asie-Océanie (43%) que d ’Europe occidentale (41%)4. De plus, nous ne pouvons passer sous silence le fait que plusieurs évêques rencontrés par MF Sanschangrin sont eux-mêmes missionnaires ou ont leur Église en territoire de mission.

De tels contacts étonnent peu lorsque l’on sait que cet évêque appartient à une communauté missionnaire et qu’il a été lui-même missionnaire au Chili avant sa consécration épiscopale.

Ce portrait bigarré des contacts Sanschagrin illustre bien leur catholicité et, par le fait même, la dimension universelle de la communion vécue entre l’Église d ’Amos et les autres Églises à Vatican Π et ce, à travers leur évêque respectif. Les sources nous ont aussi révélé des contacts oecuméniques réalisés par MF Sanschagrin. À travers lui, l’Église d ’Amos entre non seulement en communion avec les autres Églises du monde, mais établit aussi des liens avec

2 Ce nombre comprend toutes catégories confondues les 31 évêques oblats de la Maison Générale et les 103 évêques que Mgr Sanschagrin a personnellement rencontrés. 3 Cf. Rock Caporale, s.j., Les hommes du Concile..., p. 98-99. 4 Ces données ne tiennent pas compte des évêques oblats; ce qui donnerait alors les proportions suivantes : les évêques du Sud et d’Asie-Océanie (52%), les évêques d’Europe occidentale (23%). Les 25% restant seraient les évêques nord-américains. 161

des Églises « séparées de la pleine communion de l’Église catholique5. » À Vatican II, par celui qui la représentait, l’Église d ’Amos s’est donc ouverte au monde des autres Églises tant catho-

liques que séparées.

Si au plan des contacts, le mouvement du local (Église d ’Amos) vers l’universel (autres Églises) a plus que bien fonctionné à Vatican II, il en va cependant autrement au plan des échanges de biens entre les Églises. Le mouvement fut plutôt timide. Selon les sources primai- res de notre corpus, peu de biens provenant de l’Église d ’Amos auraient été échangés avec d ’autres Églises. Le journal conciliaire conserve un seul vestige d ’un tel échange. Lors de sa rencontre avec Mgr A. J. Lopes de Moura (Portugal), nous voyons Mgr Sanschagrin non seule- ment répondre à ses questions sur le Service de Préparation au Mariage (SPM), mais aussi lui remettre de la documentation sur le sujet. Nous ne pouvons conclure pour autant qu’il s’agit là du seul échange de biens qu’il y ait eu en provenance de l’Église d ’Amos vers les autres Égli- ses à Vatican IL Car, selon des sources secondaires, — une lettre de Jean Moncion —, M®" Sanschagrin s’était fait expédier à Rome une quantité importante de documentation sur le SPM. Ainsi, tout en révélant, les sources peuvent aussi voiler.

Qu’est-ce que cette étude nous a appris sur la manière avec laquelle cet évêque a pu favoriser, d ’autre part, une « osmose » de l’universel vers le local à Vatican II ? Au cours de la période préconciliaire, nous avons pu vérifier non seulement que les échos au sujet du concile, dans les documents diocésains, sont plutôt tardifs, mais qu’ils s’inscrivent aussi dans le sillage des Actes du Pontife romain destinés à l’Église tout entière. C’est ainsi que la Lettre aposto- lique de Jean XXIII, Celebrandi Concilii Oecumenici d ’avril 1961, est venue briser un long silence de plus d ’un an dans les documents officiels de l’Église d ’Amos. Mais c’est surtout à partir de 1962 que nous assistons à une inflation de textes diocésains en rapport avec l’événe- ment conciliaire. Nous avons pu remarquer aussi que les divers documents pontificaux de cette période ne reçoivent pas un traitement uniforme de la part de M^ Sanschagrin. Si parfois, cer- tains d ’entre eux servent uniquement de points d ’appui pour promouvoir des initiatives diocé- saines, l’esprit des principaux énoncés pontificaux trouve cependant une réception dans les do ­

5 Décret conciliaire Unitatis redintegratio, n° 3. 162

cuments de l’évêque. Les demandes répétées de Jean XXIII, afin que les fidèles prient pour le concile, sont les énoncés qui ont été les plus répercutés dans les documents diocésains. De plus, le voeu de Jean XXIII, voulant que soient encouragées toutes initiatives pour faire connaître le concile, est l’énoncé qui a connu le traitement le plus singulier dans l’Église d ’Amos. Bien qu’il ne fut jamais mentionné explicitement, ce voeu a cependant connu une réelle réception. En mettant sur pied des séminars d ’information sur le concile, une consultation de tous les dio- césains ainsi qu’une campagne de prières pour le concile, !VF Sanschagrin allait même au-delà des énoncés pontificaux.

En ce qui regarde la période conciliaire, notre étonnement fut de constater le peu d ’échos donnés à la voix des autres Églises (l’universel) au sein de l’Église d ’Amos (le local). À l’ex-

ception de son journal conciliaire, les lettres du concile à ses diocésains et les circulaires pasto- rales en contenaient très peu de traces explicites, laissées par !VF Sanschagrin. Les seuls échos retrouvés provenaient de deux lettres du concile à ses diocésains. Tandis que l’une d ’elles ré- percutait les messes orientales, l’autre mentionnait les conditions d ’accès au diaconat perma- nent pour les hommes mariés chez les orientaux catholiques. Au cours des intersessions, une seule circulaire pastorale (CP) de cet évêque fait écho à un échange de biens provenant d ’une autre Église. Cette CP portait sur le livre du cardinal Suenens, — Promotion apostolique de la religieuse —, que IVF Sanschagrin expédiait aux maisons religieuses de son diocèse. Par con- tre, comparativement à ces quelques échos donnés à la voix des autres Églises, les propos sur la matière débattue dans Y aula conciliaire et sur la personne du Pontife romain occupaient un es- pace prédominant dans les communications de cet évêque à son Église et ce, tant au cours des sessions que des intersessions du concile.

Par le peu d ’échos donnés à la voix des autres Églises en concile, MF Sanschagrin semble avoir peu mis en oeuvre le mouvement de l’universel vers le local. Car, la vie des autres Égli- ses a été peu répercutée vers l’Église d ’Amos, comparativement à l’espace accordé à ce qui est venu du centre de l’Église. Selon les sources, c’est un espace plutôt infime que les autres Égli- ses ont eu au sein de l’Église d ’Amos. La dynamique de l’universel vers le local a donc fonc- donné de manière plus timide qu’assurée. Cependant, il est fort possible que ces quelques échos, donnés à la voix des autres Églises, dépassent déjà par leur ampleur ce que l’Église d ’Amos avait connu antérieurement.

Sous l’angle de !’universel vers le local, les sources ne nous ont pas permis de retracer une communion par «osmose » très développée entre Églises locales; car, ce qui a été répercuté dans l’Eglise d ’Amos en provenance des autres Églises demeure infime quoique non négligea-

ble. Cependant, il en a été tout autrement sous l’angle du local vers l’universel. Car, les dialo- gués entre MF Sanschagrin et plus d ’une centaine d ’évêques de divers continents, au cours des deux premières sessions, nous font dépasser tout ce qu’on avait connu auparavant. Ce qui lui aurait été impossible à réaliser matériellement en d ’autres circonstances, lui était alors offert par l’événement conciliaire. Chose certaine, à Vatican Π, les nombreux contacts entre évêques engendrent une nouvelle dynamique entre les Églises. Bien que la dynamique de communica- tion centre-périphérie, — entre Rome et les Églises locales —, demeure prépondérante, une dynamique de communication latérale, c’est-à-dire d ’Église locale à Église locale, s’installe de plus en plus au sein de la périphérie et ce, pour y demeurer. Si la collégialité est à la source d ’un rapport nouveau entre les évêques, le concile a aussi « posé les bases d ’une intensification sans précédent, et même d ’une modification structurelle du schéma de communication entre les évêques...6 »

De manière connexe, cette étude nous a également permis de faire certains constats. Les deux premiers sont davantage d ’ordre méthodologique. D’une part, on ne peut ramener la vie d ’une Église locale à ses documents officiels. Ainsi, grâce à des sources secondaires, nous avons pu découvrir, au sein de l’Église d ’Amos, l’existence d ’un groupe de prêtres qui ont cer- tainement joué un rôle déterminant au cours de la période préconciliaire. On ne peut ignorer leur influence dans la mise en oeuvre d ’initiatives diocésaines pour faire connaître le concile. Ils sont, en quelque sorte, les initiateurs d ’une entreprise que l’évêque recevra en lui donnant un caractère officiel par la suite. Aussi, selon les documents diocésains, l’Église d ’Amos se met officiellement en branle face au concile au début de l’année 1962. Cependant, grâces à des

6 Rock Caporale, s.j., Les hommes du Concile..., p. 67-68; L’un des évêques interviewés par cet auteur disait : « Le Concile nous a donné la possibilité de nous connaître et de comprendre les problèmes de chacun, donc d’élargir nos horizons. Avant nous avions trop tendance à travailler dans l’isolement » (p. 136). 164

sources secondaires, nous apprenons qu’au sein des Congrégations mariales d ’Abitibi, la ques- tion du concile était déjà présente dès 1960. Ces faits nous montrent l’importance en histoire de « toutes les sources conservées7 ».

D’autre part, le parfait journal du concile n ’existe dans aucun fonds d ’archives. Si le jour- nal conciliaire de MF Sanschagrin peut s’avérer d ’une grande richesse par la diversité des thè- mes abordés 8, il est cependant grevé par les limites de son caractère épistolaire. Ainsi, le secret

exigé des Pères du concile empêche MF Sanschagrin de s’exprimer librement sur les interven- tions in aula. Ce faisant, les informations qu’il contient demeurent donc parcellaires. De plus, si, dans un journal privé, on peut laisser libre cours à l’expression de ses sentiments et de ses opinions personnelles face aux personnes, aux situations ou aux questions enjeu, il en va tout autrement dans un journal épistolaire où une certaine retenue s’impose. Ains i, pour connaître la pensée de MF Sanschagrin sur certaines questions traitées en concile, on ne peut se limiter à son journal conciliaire. Des sources secondaires s’avèrent de nouveau nécessaires. D’ailleurs, nous l’avons constaté par rapport à la question du diaconat permanent, entre autres .

Parmi les constats que cette étude nous a permis de faire, nous ne pouvons passer sous silence les relations Sanschagrin-Suenens, marquées non seulement par des dialogues mais aus- si par des échanges de biens. MF Sanschagrin se montre en totale communion avec le cardinal Suenens; il existe même une concertation entre eux sur une question à débattre en concile, celle de la préparation au mariage. Enfin, cette étude nous a aussi fait découvrir l’influence des Égli­

7 Giuseppe Alberigo, « Introduction, Vatican II, trente ans après », in Histoire du Concile Vatican II (1959- 1965), tome I, Le catholicisme vers une nouvelle époque, L’annonce et la préparation (Janvier 1959 — octobre 1962), Version française sous la direction de Étienne Fouilloux, Paris/Louvain, Les Éditions du CerfrPeeters, 1997, p. 9. 8 Joseph Famerée a élaboré une grille d’analysethématique pour comparer six journaux conciliaires. Nous y retrouvons 14 thèmes : Sommeil et santé, congrégation générale, interventions, voisins in aula, Place Saint-Pierre, réactions individuelles, travail individuel, sous-commissions, concertations, conversations, visite, “bruits”, dîner, introspection. Cf. Joseph Famerée, « Usage comparatif de “diaires”, Une “semaine” de travaux conciliaires (5- 15.11.1963) », in Fondazione Giovanni XXIII, Istituto per le scienze religiose, Il Vaticano II : l’evento, l’esperienza, i documenti finali, Bologna, 12-15 dicembre 1996, Colloquio internazionale per la « Storia del concilio Vaticano //, Documentazione di lavori, Realizzato per il sostegno del Consiglio Regionale dell’Emilia- Romagna, p. 40; Alors que huit de ces thèmes se retrouvent dans le journal de Dom Dupont, o.s.b., ce sont 13 de ces thèmes que nous retrouvons dans le journal de Mgr Sanschagrin (les sous-commissions n’y apparaissent pas). À ces thèmes, il nous faut ajouter ceux-ci, entre autres, pour le journal Sanschagrin : contacts ou rencontres, réu- nions et conférences extra aula, missions, vie de l’Église d’Amos, oblats. 165

ses orientales catholiques sur la réflexion de M^ Sanschagrin par rapport au diaconat perma- nent. L’expérience de ces Églises lui apparaît comme un lieu théologique. À ses yeux, l’Église

latine ne peut l’ignorer dans sa réflexion sur cette question, entre autres.

Des pistes pour des études ultérieures

Notre étude sur MF Albert Sanschagrin, évêque à Vatican II, n ’est qu’un premier sentier ouvert dans le champ des travaux sur ce Père du concile. En terminant, nous aimerions indiquer quelques pistes pouvant présenter un intérêt pour des études éventuelles. Une première à ex- ploiter serait celle d ’une étude critique de son journal conciliaire. Elle pourrait servir à une édi- tion éventuelle de ce journal dont l’intérêt porte, entre autres, sur la petite histoire du concile telle que perçue par l’un de ses acteurs. À l’aide de ce journal, une seconde piste d ’étude pour-

rait porter sur l’évolution de MF Sanschagrin à Vatican II. Gilles Routhier a fait une étude si- milaire sur le cardinal Léger, un ténor au concile. Concernant MF Sanschagrin, elle porterait sur un évêque plus effacé comme l’ont été la plupart des Pères conciliaires. Elle pourrait cerner plus spécifiquement les personnes 9 et/ou les événements qui ont contribué au processus de son évolution.

Une autre piste d ’étude pourrait être celle du traitement que MF Sanschagrin réserve dans son journal aux interventions in aula du cardinal Suenens et ce, pour vérifier une possible in- fluence de ce dernier sur MF Sanschagrin à Vatican II. Quelque chose de similaire pourrait être également fait avec les interventions des évêques des Églises orientales catholiques. Toujours

à l’aide du journal conciliaire, on pourrait également étudier le traitement que cet évêque a don- né à l’ensemble des interventions in aula. Ce qui est retenu ou tu de ces interventions ne peut être sans signification ou sans intérêt. On pourrait certainement esquisser un portrait de ses pri- ses de position théologiques ou pastorales. Enfin, sur la base des journaux des évêques oblats demeurant à la Maison Générale, durant le concile, une étude pourrait analyser la dynamique qui a existé au sein d ’une Maison religieuse à Vatican Π.

9 Cf. Rock Caporale, s.j., Les hommes du Concile..., p. 141 : « Sans s’en rendre compte, beaucoup d’évêques ont profondément évolué dans leur pensée. Quelle est la cause de cette transformation ? Nous avons repéré comme premier facteur le contact et les relations interpersonnelles. » 166

Terminons en mentionnant trois autres pistes d ’étude. L’une d ’elles serait en lien avec !’intervention in aula de Mgr Sanschagrin, le 23 novembre 1962, où il demandait au Saint-Siège d ’utiliser des moyens modernes pour communiquer avec les évêques. Cette étude pourrait por- ter sur l’usage des médias dans l’action pastorale de cet évêque. Une seconde piste d ’étude pourrait porter sur son rôle au sein de l’épiscopat canadien par rapport soit à la restauration du diaconat permanent dans l’Église canadienne, soit à ses fonctions de secrétaire de la Commis- sion épiscopale canadienne pour l’Amérique latine (CECAL) ou encore d ’agent de liaison avec l’épiscopat espagnol à Vatican II. Une dernière piste consisterait surtout à vérifier l’hypothèse de Réjean Plamondon, à l’effet que « si on eu, avant la fin du concile, le rétablissement du dia- conat permanent, [MF Albert Sanschagrin, o.m.i.] y est pour quelque chose10. »Plamondon pré- cise qu’« il a eu de nombreuses rencontres avec des évêques de nombreux pays afin de faire la promotion des avantages pour l’Église du retour au diaconat permanent 11. »

« Cherchons avec le désir de trouver, et trouvons avec le désir de chercher encore » (Au- gustin, évêque d ’Hippone) 12.

10 Réjean Plamondon, « Le service d’information de la CGC à Vatican II », in Routhier, Gilles, dir., L’Église canadienne et Vatican II, p. 220. 11 Ibid. 12 Cité dans « Message du concile aux hommes de la pensée et de la science, 8 décembre 1965 », in Martin, Paul-Aimé, c.s.c., dir., Vatican II, Les seize documents conciliaires, Texte intégral, Montréal/Paris, Fides, 1966, p. 647. BIBLIOGRAPHIE

Sources primaires A lbert Sanschagrin

Circulaires Pastorales et documents, Diocèse (P Amos, 1959-1960, 252 p.

Circulaires Pastorales et documents, Diocèse d ’Amos, 1961, 92 p.

Circulaires Pastorales et documents, Diocèse d ’Amos, 1962, 144 p.

Circulaires Pastorales et documents, Diocèse d ’Amos, 1963, 109 p.

Circulaires Pastorales et documents, Diocèse d ’Amos, 1964, 81 p.

Nouvelles diocésaines et documents, Diocèse d ’Amos, 1960-1961, 279 p.

Nouvelles diocésaines et documents, Diocèse d ’Amos, 1962, 227 p.

Nouvelles diocésaines et documents, Diocèse d ’Amos, 1963, 250 p.

Nouvelles diocésaines et documents, Diocèse d ’Amos, 1964, 213 p.

Sanschagrin , MF Albert, Journal du Concile Vatican II, Diocèse d ’Amos, 1962-1965, 493 p.; Outre les 51 lettres à sa mère — son journal conciliaire proprement dit —, ce volume contient également les 42 lettres du concile à ses diocésains.

Sources secondaires A lbert Sanschagrin

Chroniques, journaux

« Le 8 — Visite de Son Exc. Mlonseigneur Albert Sanschagrin, o.m.i. », Journal de la Maison Provinciale (Amos), T année, n° 2, septembre 1963, Archives des Soeurs de l’Assomp- tion de la Sainte Vierge (Amos), p. 1.

« Le 15 — Son Excellence MF Albert Sanschagrin », Journal de la Maison Provinciale (Amos), T année, n° 5, décembre 1963, Archives des Soeurs de l’Assomption de la Sainte Vierge (Amos), p. 2.

« 11 janvier 1964 — Convocation MF Sanschagrin », Chroniques des Soeurs demeurant à Sainte-Rose-de-Poularies, diocèse d’Amos, Archives des Soeurs de Sainte-Anne de La- chine, B46/205, 15. 168

S ANSCHAGRIN, Mgr Albert, «Journal de voyage au Honduras, Lettre à sa mère, du 2 au 17 mars 1964 », in Nouvelles diocésaines et documents, 1964, p. 37-48.

—, Journal de voyage à Rome pour le diaconat permanent, Lettre à sa mère, 18-27 février 1967, Archives du diocèse d ’Amos, III-B-2.2, 10 p.

Comptes rendus, rapports

BÉLANGER, L’abbé Rolland, Rapport du premier carrefour : Les aspects spirituels de la coo- pération laïque, Journée mondiale des Congrégations, Amos, le 24 avril 1960, Archives du diocèse d ’Amos, XII-B-7.1, 3 p.

Bélanger , Abbés Roland et R attÉ, Jean, secr. gén., Rapport de la journée sacerdotale du 20 janvier 1960, tenue au Séminaire d’Amos, Annexe 14-A, Archives du diocèse d ’Amos V-C-3, 9 p.

Brien , L’abbé Jean, Rapport de la journée sacerdotale, tenue au Séminaire d’Amos, le 11 dé- cembre 1963, Archives du diocèse d ’Amos, V-C-3, 3 p.

C AIS SIE, L’abbé Éloi, Journée sacerdotale, le 9 janvier 1963, Compte rendu, Archives du dio- cèse d ’Amos, V-C-3, 4 p.

Chevalier , Lucien, s.v., Dans le sens de l’unité, Compte rendu, Archives du diocèse d ’Amos, IV-D-15.1, 2 p.

La Congrégation mariale de l’Immaculée -Conception de La Sarre , Rapport du 3e car- refour : Aide financière au Concile oecuménique, Journée mondiale des Congrégations, Amos, le 24 avril 1960, Archives du diocèse d ’Amos, XII-B-7.1, 2 p.

Laberge , Roger, r.s.v., Réunion oecuménique, Compte rendu, 17 décembre 1963, Archives du diocèse d ’Amos, IV-D-15.1, 3 p.

Lepage, L’abbé Armand, Rapport de la Journée sacerdotale sur le Concile (20 mars 1962), Archives du diocèse d ’Amos, V-C-3, 4 p.

Martin , Camille, Deuxième carrefour : Le service d’information et l’opinion publique, Rap- port, Journée mondiale des Congrégations, Amos, le 24 avril 1960, Archives du diocèse d ’Amos, XII-B-7.1, 2 p.

Rapport de la réunion des déléguées de chaque communauté, à Amos, sous la présidence de S. Exc. kprAlbertSanschagrin, o.m. 1, 1er septembre 1964, Archives du diocèse d ’Amos, 4 p.

Tardif , Marc-André, c.s.sp., « Journée sacerdotale tenue au Séminaire d ’Amos, le 27 mars 1963, Compte rendu », in Nouvelles diocésaines et documents, 1963, p. 68-69. 169

Consultations

Questionnaire en vue du Ile Concile du Vatican, Comment répondre, Feuille annexée au ques- tionnaire de la consultation, 1 p.

Réponses des laïcs, Consultation Sanschagrin, 1962, Archives du diocèse d ’Amos, 133 p.

Réponses des religieux et des religieuses, Consultation Sanschagrin, 1962, Archives du dio- cèse d ’Amos, 239 p.

Réponses du clergé, Consultation Sanschagrin, 1962, Archives du diocèse d ’Amos, 325 p.

Correspondance

A sselin , Abbés André, Bélanger , Roland et Martel , François, Lettre aux directeurs et aux congrégationistes, Amos, 27 mars 1960, Archives du diocèse d ’Amos, XII-B-7.1, 1 p. Sous le titre Programme et renseignements, un document est annexé à cette lettre.

A sselin , Abbés André et Desroches , Benoît, et al., Le concile oecuménique, Plan d’informa- tion et de prières pour le diocèse d’Amos, Amos, 23 avril 1961, Annexe à la lettre de .Albert Sanschagrin du 2 mai 1961,1 p ־l’abbé François Martel à M9

Baggio, Mgr Sebastiano, Délégué Apostolique au Canada, « Lettre à M9" Joseph-Aidée Desma- rais, Évêque d ’Amos », Ottawa, 14 novembre 1959, in Circulaires Pastorales et docu- ments, 1959-1960, p. 2.

MARTEL, L’abbé François, Lettre à Mgr Albert Sanschagrin, La Sarre, 2 mai 1961, Archives du diocèse d ’Amos, XII-B-7.1, 1 p.

Mmmi, Cardinal Marcellus, secrétaire de la Sacra Congregatio Consistorialis, « Amosensis, Administrationis Apostolicae, Decretum », Rome, 31 octobre 1959, Prot. N. 1183/59, in Circulaires Pastorales et documents, 1959-1960, p. 4.

—, «Lettre à Mgr Joseph-Aldée Desmarais », Rome, 10 novembre 1959, Prot. N. 1183/59, Ar- chives du diocèse d ’Amos, in Circulaires Pastorales et documents, 1959-1960, p. 3.

MONCION, Jean, Lettre à 1/F Albert Sanschagrin, Ottawa, 23 août 1963, Archives du Projet de recherche sur Vatican Π, Faculté de théologie et de sciences religieuses, Université Laval, 1 p.

Sanschagrin , Mgr Albert, Lettre à l’abbé François Martel, Amos, 3 mai 1961, Archives du diocèse d ’Amos, XII-B-7.1, 1 p. 170

Documents

Diocèse d’Amos, Annuaire ecclésiastique 1962, Amos, Chancellerie de l’évêché, 1962, 53 p.

«Neuvaine de veillées de prière préparatoire au Concile Oecuménique », in Circulaires Pasto- rales et documents, 1962, p. 76-90.

PARADIS, André, Participation du laïc au Concile oecuménique, Archives du diocèse d ’Amos, XII-B-7.1,8 p.; Conférence donnée lors de la Journée mondiale des Congrégations maria- les à Amos, le 24 avril 1960.

Sanschagrin , Mgr Albert, Pro memoria, 1962, Archives du diocèse d ’Amos, III-B-2.2, 2 p.

—·, Conférence de Son Excellence Monseigneur Albert Sanschagrin, omi, prononcée lors du congrès des instituteurs et institutrices du diocèse dAmos, le 4 mai 1963, Archives obla- tes de Montréal, 5 p.

—, Ici MF Sanschagrin qui vous parle de Rome, à l’occasion du Concile oecuménique, Enre- gistrement fait le 24 novembre 1963 pour Radio-Nord, Transcription par Marie-Josée Bemier, Archives du diocèse d ’Amos, 3 p.

—, Programme d’activités de l’évêque, du 17 au 28 février 1963, Archives du diocèse d ’Amos, 2 p.

Presse

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« Comité diocésain pour le Concile oecuménique », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. xin, n° 9, jeudi le 1er mars 1962, p. 8.

« Une conférence sur le Concile à Amos », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. xni, n° 11, jeudi le 15 mars 1962, p. 1.

« Un séminar », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. ΧΙΠ, n° 13, jeudi le 29 mars 1962, p. 5.

« Au séminar sur le Concile », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. xm, n° 15, jeudi le 12 avril 1962, p. 16.

« Questionnaire en vue du Ile Concile du Vatican », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. xm, N° 18, jeudi le 3 mai 1962, p. 4.

La Rédactrice, « Une soirée captivante des Filles d ’Isabelle d ’Amos », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. XIII, n° 18, jeudi le 3 mai 1962, p. 8. 171

Beaudoin , Armand, « Nous sommes invités au concile », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. xm, n° 20, jeudi le 17 mai 1962, p. 4.

« Nouvelles de l’évêché », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. xm, n° 21, jeudi le 24 mai 1962, p 16.

« Réunion de juin. Le foyer chrétien vis-à-vis le Concile », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. xm, n° 22, jeudi le 31 mai 1962, p. 16.

« Le Père Laframboise parle du Concile devant les Filles d ’Isabelle de La Sarre », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. xm, n° 27, jeudi le 5 juillet 1962, p. 1.

« Fonction confiée à MF A. Sanschagrin », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. xm, n° 38, jeudi le 20 septembre 1962, p. 12.

L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. xm, n° 41, jeudi le 11 octobre 1962, p. 25-28. Des articles in- formatifs sur le concile ont été publiés dans les pages centrales.

« De retour du Concile, Rencontre avec Son Excellence MF Albert Sanschagrin, o.m.i. », L‘Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. xm, n° 50, jeudi le 13 décembre 1962, p. 9.

Banville , Gabriel, « La liturgie va changer », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. xiv, n° 3, jeudi le 17 janvier 1963, p. 5.

« MF Albert Sanschagrin parle du Concile aux Chevaliers de Colomb », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. XIV, n° 3, jeudi le 17 janvier 1963, p. 9.

« Réunion du cercle Saint-André à La Sarre », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. XIV, n° 6, jeudi le 7 février 1963, p. 2.

« L’invité des Ligues, MF Albert Sanschagrin a parlé de Vatican II », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. XIV, n° 7, jeudi le 14 février 1963, p. 17.

« Le Concile de Mont-Brun », L’Écho d Abitibi-Ouest, La Sarre, vol. xrv, n° 8, jeudi le 21 fé- vrier 1963, p. 5.

« “Escale” à la télévision », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. XIV, n° 43, jeudi le 24 octobre 1963, p. 13.

« Radio-Vatican parle au Canada », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. XIV, n° 43, jeudi le 24 oc- tobre 1963, p. 18.

« De retour de Rome. Mgr Albert Sanschagrin nous annonce de bonnes nouvelles », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. XIV, n° 51, jeudi le 19 décembre 1963, p. 1. 172

« Mgr Sanschagrin s’adresse aux membres de la Légion de Marie », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. XIV, n° 51, jeudi le 19 décembre 1963, p. 3.

« Restauration de la liturgie en vigueur le 16 février »,L ’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. xv, n° 4, jeudi le 23 janvier 1964, p. 11.

« Catholiques et non-catholiques ont prié tous ensemble pour l’Unité », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. XV, n° 5, le jeudi 30 janvier 1964, p. 3.

« La liturgie du mariage », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. XV, n° 5, jeudi le 30 janvier 1964, p 16.

« Mgr C.-A. Dion a été l’hôte des prêtres et des pasteurs », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. xv, n° 8, jeudi le 20 février 1964, p. 10.

« Il a fallu sept tonnes de papier! », L’Écho d’Amos, Val d ’Or, vol. XVII, n° 18, jeudi le 27 avril 1966, p. 32.

A utres sources

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Acta Synodalia Sacrosancti Concilii Oecumenici Vaticani II, Volumen I, Periodus Prima, Pars II, Congregationes Generales X-XVIII, Typis Polyglottis Vaticanis, MCMLXX, 784 p.

Acta Synodalia Sacrosancti Concilii Oecumenici Vaticani II, Volumen I, Periodus Prima, Pars III, Congregationes Generales XK-XXX, Typis Polyglottis Vaticanis, MCMLXXI, 850 p.

Acta Synodalia Sacrosancti Concilii Oecumenici Vaticani II, Volumen I, Periodus Prima, Pars IV, Congregationes Generales XXXI-XXXVI, Typis Polyglottis Vaticanis, MCMLXXI, 779 p.

Acta Synodalia Sacrosancti Concilii Oecumenici Vaticani II, Volumen II, Periodus Secunda, Pars I, Sessio Publica II, Congregationes Generales XXXVII-XXXIX, Typis Polyglottis Vaticanis, MCMLXXI, 810 p. 173

Acta Synodalia Sacrosancti Concilii Oecumenici Vaticani II, Volumen II, Periodus Secunda, Pars II, Congregationes Generales XL-XLIX, Typis Polyglottis Vaticanis, MCMLXXII, 924 p.

Acta Synodalia Sacrosancti Concilii Oecumenici Vaticani II, Volumen II, Periodus Secunda, Pars III, Congregationes Generales L-LVIII, Typis Polyglottis Vaticanis, MCMLXXII, 868 p.

Acta Synodalia Sacrosancti Concilii Oecumenici Vaticani II, Volumen II, Periodus Secunda, Pars IV, Congregationes Generales LIX-LXTV, Typis Polyglottis Vaticanis, MCMLXXII, 935 p.

Acta Synodalia Sacrosanti Concilii Oecumenici Vaticani II, Volumen II, Periodus Secunda, Pars V, Congregationes Generales LXV-LXXIII, Typis Polyglottis Vaticanis, MCMLXXIII, 937 p.

Acta Synodalia Sacrosancti Concilii Oecumenici Vaticani II, Volumen II, Periodus Secunda, Pars VI, Sessio Publica III, Congregationes Generales LXXIV-LXXDÍ, Typis Polyglottis Vaticanis, MCMLXXIII, 577 p.

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—, « Le IIe Concile du Vatican entre dans sa phase préparatoire, Allocution du Saint-Père en la fête de la Pentecôte (5 juin ) », La Documentation Catholique, tome LVn, n° 1331, 3 juil- let 1960, col. 801-808.

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—, « L’audience solennelle des membres des Commissions et des Secrétariats préparatoires au Concile », La Documentation Catholique, tome LVII, n° 1341, 4 décembre 1960, col. 1477-1486.

—, « L’inauguration de la phase préparatoire au Concile, Allocution de S. S. Jean XXIII après la messe de rite byzantino-slave du 13 novembre 1960 », La Documentation Catholique, tome LVn, n° 1341, 4 décembre 1960, col. 1473-1478.

—, « La protection de saint Joseph sur le Concile, Lettre apostolique de S. S. Jean XXIII aux évêques et aux fidèles du monde entier », La Documentation Catholique, tome LVm, n° 1349, 2 avril 1961, col. 417-424.

—, « Lettre apostolique pour la Pentecôte 1961 », L’Osservatore Romano, Édition hebdoma- daire en langue française, 12e année, n° 17, 28 avril 1961, p. 1.

—, « Lettre apostolique “Celebrandi Concilii Oecumenici ” demandant de prier pour le Concile en la fête de la Pentecôte », La Documentation Catholique, tome LVIII, n° 1351, 7 mai 1961, col. 545-546.

—, « La bulle “Humanae salutis” convoquant le Concile », La Documentation Catholique, tome LIX, n° 1368, 21 janvier 1962, col. 97-104.

—, « Le Concile convoqué pour le 11 octobre 1962, Motu proprio “Consilium ” de S. S. Jean XXIII », La Documentation Catholique, tome LIX, n° 1370,18 février 1962, col. 228-229.

—, « La récitation plus fervente de l’Office divin pour le succès du Concile, Exhortation apos- tolique “Sacrae Laudis ” au clergé du monde entier », La Documentation Catholique, tome LIX, n° 1371, 4 mars 1962, col. 289-295.

—, « La récitation du Rosaire pour le succès du Concile, Lettre apostolique Oecumenicum Concilium de S. S. Jean XXIII », La Documentation Catholique, tome LIX, n° 1376, 20 mai 1962, col. 641-646.

—, « La VIIe Session de la Commission centrale préconciliaire, L’allocution de clôture de S. S. JeanXXm », La Documentation Catholique, tome LIX, n° 1380,15 juillet 1962, col. 901- 906. 175

—, « Lettre encyclique “Paenitentiam agere” sur les mérites de la pénitence pour assurer le suc- cès du Concile », La Documentation Catholique, tome Lix, n° 1381, 5 août 1962, col. 961-970.

—, « “Ecclesia Christi, lumen gentium”, Message de S. S. Jean XXIII au monde entier un mois avant P ouverture du Concile, (11 septembre 1962) », La Documentation Catholique, tome LIX, n° 1385, 7 octobre 1962, col. 1217-1222.

-ouverture solennelle du ΧΧΓ Concile oecuménique, Discours de S. S. Jean XXIII à Pis י L» ,— sue de la cérémonie du 11 octobre », La Documentation Catholique, tome LIX, n° 1387,4 novembre 1962, col. 1377-1386.

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ANNEXE A1

QUESTIONNAIRE EK VUE DU Ile CONCILE DU VATICAN

COMMENT RE PON DRE

Pour être profitables, les réponses ne devront pas se bor- ner à décrire une situation: elles devraient apporter de véritables suggestions. Autant que possible, on motivera ses réponses.

Les réponses seront personnelles. Toutefois, la consulta- tion est encouragée.

Les réponses seront claires et lisibles : de préférence écrites au dactylo.

Prière de répondre sur des feuilles séparées en prenant soin de n1 écrire qu'une réponse par feuille ( 8 1/2 X 11 ). On n*oubliera pas d1inscrire le numéro de la question à laquai- le on répond.

On pourra traiter de sujets dont il n'est pas fait mention dans le questionnaire. On utilisera alors une feuille an- nexe .

On est invité a retourner ses réponses, même si on n'a ré- pondu qu'à une partie des questions.

On n'est pas tenu de signer son envoi. On devra toutefois donner les indications demandées à la dernière page du questionnaire.

Les réponses devront être retournées pour le mardi, 1er mai prochain, soit dans un mois, à

La Chancellerie Evêché d'Amos, AMOS, Qué.

Avril 1962.

1 Ce texte provient des Archives des Soeurs des Sacrés-Coeurs de Jésus et de Marie, Amos. 186

ANNEXEE

Groupe des évêques o.m.i.

Belleau , ® Henri (Tit. Perre) — Vicaire Apostolique de la Baie James, Canada

Berti, 8 Leonello (Tit. Germanicopoli) — Auxiliaire au Vicariat Apostolique de Vientiane, Laos

BLANCHET, 8 Maturino (Aosta, Italie)

BOKENFOHR, ® John (Kimberley, Afrique du Sud)

Bonhomme , ® Joseph (Tit. Tulana) — Démissionnaire du Vicariat Apostolique du Basutoland. Retiré au Cana- da.

Clabaut , 8 Armand (Tit. Troade) — Démissionnaire du Vicariat Apostolique de Baie d ’Hudson. Retiré en France.

C00RAY, 8 Thomas B. (Colombo in Ceylon, Ceylan) · Membre de la Commission centrale préparatoire au conci- le (1960) • Membre nommé à la Commission de la discipline du cler- gé et du peuple chrétien (1962)

C0UDERT, ® John Louis (Tit. Rodiapoli) — Vicaire Apos- tolique de Whitehorse, Canada ______

D es Rosiers , ® Joseph Delphis (Qacha’ s Nek, Basutoland) ______

D umouchel , ® Paul (Tit. Sufes) — Vicaire Apostolique de Keewatin, Canada ______hurley ® Denis Eugène (Durban, Afrique du Sud) · Membre de la Commission centrale préparatoire au conci- le (1960) • Membre élu à la Commission des séminaires, des études et des écoles catholiques (1962)

JORDAN, 8 Anthony (Tit. Silio) — Coadjuteur à Edmonton, Canada

KOPPMANN, 8 Rudolf (Tit. Dalisando di Pamfilia) — Vi- caire Apostolique de Windhoeck, Afrique du Sud- Ouest

Lacroix , 8 Marc (Tit. Rosa) — Vicaire Apostolique de la Baie d ’Hudson, Canada ______

L00SDREGT, 8 Étienne (Tit. Amaura) — Vicaire Aposto- lique de Vientiane, Laos ______

LUCAS, 8 Sinforiano (Tit. Boreo) — Vicaire Apostolique de Pilcomayo, Paraguay ______

Mabathoana , 8 Emanuel (Maseru, Basutoland) · Membre nommé à la Commission pour les missions (1963) 187

McSorley , * Francis Joseph (Tit. Sozusa di Palestina) — Vicaire Apostolique de Joto, îles Philippines

MONGEAU, * Gérard (Tit. Diana) — Prélat nullius de Cota- bato, îles Philippines

O ’Grady , œ John Fergus (Tit. Aspendo) — Vicaire Apos- tolique de Prince-Rupert, Canada

PEIRIS, * Edmund (Chilaw, Ceylan)

Phakoe , * Ignatius (Leribe, Basutoland)

Piché , æ Paul (Tit. Orcisto) — Vicaire Apostolique de Mackenzie, Canada

Pillai , * Jerome Emilianus (Jaffha, Ceylan)

Plumey , ® Yves (Garoua, Cameroun)

Routhier , ® Henri (Tit. Naisso) — Vicaire Apostolique de Grouard, Canada

Scheffer , ® Lionel (Tit. Isba) — Vicaire Apostolique de Labrador, Canada

Taylor , ® John E. (Stockholm, Suède) · Membre élu à la Commission de la discipline des sacre- ments (1963)

Toussaint , ® René (Idiofa, Congo)

V ervoot , ® Karl Walter (Tit. B arica) — Démissionnaire du Vicariat Apostolique de Pilcomayo, Paraguay

Whelan , ® William Patrick (Bloemfontein, Sud-Afrique)

Note : Les noms des Évêques et de leur Église, dans les annexes B à G, ont été vérifiés à partir de Y Annuar lo Pon- tificio et retranscrits de la manière qu’ils y apparaissent. Nous avons ainsi complété les informations provenant du JC, où elles sont souvent parcellaires. Nous avons également inclus une information sur la participation des évê- ques à diverses commissions, préconciliaires et/ou conciliaires. Toutes ces informations ont été vérifiées à partir des sources suivantes : «Le Saint-Père nomme une Commission pour la préparation du futur concile », La Docu- mentation Catholique, tome LVI, n° 1306,21 juin 1959, col. 782-784; «La Commission pontificale centrale pré- paratoire au IF Concile du Vatican », La Documentation Catholique, tome Lvn, n° 1331,3 juillet 1960, col. 809- 810; « Les Commissions pour la préparation du IIe Concile oecuménique du Vatican, Liste des membres et des consulteurs »,La Documentation Catholique, tome LVIII, n° 1346, 19 février 1961, col. 267-282; «Les Commis- sions et Secrétariats préconciliaires, Liste complémentaire des membres et consulteurs », La Documentation Ca- tholique, tome LIX, n° 1367,7 janvier 1962, col. 67-72; « Les dix Commissions conciliaires », La Documentation Catholique, tome LIX, n° 1388, 18 novembre 1962, col. 1455-1466; « Les Commissions conciliaires », La Docu- mentation Catholique, tome LXI, n° 1419, 1er mars 1964, col. 333-346; « Pontificie Commissioni Preparatorio del Concilio Ecuménico Vaticano II », Annuario Pontificio per l 'Anno 1962, Città del Vaticano, Tipografía Poliglotta Vaticana, 1962, p. 1035-1062; « Concilio Ecuménico Vaticano II »,Annuario Pontificio per l’Anno 1963, Città del Vaticano, Tipografía Poliglotta Vaticana, 1963, p. 1062-1084; « Concilio Ecuménico Vaticano II », Annuario Pontificio per l’Anno 1964, Città del Vaticano, Tipografía Poliglotta Vaticana, 1964, p. 1073-1089. 188

ANNEXE C

Les évêques rencontrés du groupe A

A bed , * Antoine (Tripoli dei Libano, Liban) — Maronite

A youb , æ François (Alep, Syrie) — Maronite

Barthe , ® Gilles (Fréjus-Toulon, France)

B0GARÍN A rgana , * Ramón (San Juan Bautista de las Mi- · Membre élu à la Commission des séminaires, des études siones, Paraguay) et des écoles catholiques (1962)______

Casariego , ® Mario (Aux., Guatemala, Guatemala)

Castellano , * Filemón (Lomas de Zamora, Argentine) ______

Cazaux , * Antoine Marie (Luçon, France) · Membre élu à la Commission des séminaires, des études et des écoles catholiques (1962)

CHENG Tien Siang , * Josephus (Kaohsiung, Formose)

CROQUET, * Maurice (Aux., Cap Haïtien, Haïti)

Cousineau , ® Albert François (Cap Haïtien, Haïti)

D ämmert Bellido , ® José Antonio (Cajamarca, Pérou)

D ominguez Reginos , ® Evelio (Aux., Tegucigalpa, Hon- duras)

D uran Moreira , ® Alejandro (San Carlos de Ancud, Chi- li)

Elcmnger , ® Arthur (Coadj., Strasbourg, France)

Etoga , ® Paul (Mbalmayo, Cameroun)

Farah , ® Elle (Cipro, Chypre) — Maronite ______

FERRETEO, Cardinal Giuseppe (Sabina et Poggio Mirteto, · Membre de la Commission antépréparatoire (1959) Italie) — Curie romaine : Assesseur de la Sacrée Con- · Conseiller à la Commission centrale préparatoire et mem- grégation consistoriale bre de la sous-commission pour les matières mixtes (1960) • Membre de Commission centrale préparatoire (1961)

Gerlier, Cardinal Pierre (Lyon, France)

G onzález Ruiz , ® Julio (Puno, Pérou) ______

HERVÁS Y BENET, ® Juan (Tit. Dora) Prélat nullius de Ciu- · Membre de la Commission de la liturgie préparatoire dad Real, Espagne (1960) • Membre élu à la Commission de la discipline des sacre- ments (1963)

K uijpers , * Stefan (Paramaribo, Surinam)

La Ravoire Morrow , ® Luis (Krishnagar, Inde)

Lane , ® Raymond A. (Tit. Ipeca) États-Unis 189

Makarakiza , * Andreas (Ngozi, Burundi)

Marella , Cardinal Paolo — Curie romaine : Préfet de la • Membre de la Commission centrale préparatoire et de la Sacrée Congrégation de la Révérende Fabrique de Commission d ’organisation technique (1960) Saint-Pierre • Président de la Commission des évêques et du gouverne- ment des diocèses préparatoire (1961) • Président de la Commission des évêques et du gouverne- ment des diocèses (1962)

Mazé , * Paul (Vicaire apostolique aux îles Tahiti)

(Membre de la Commission centrale préparatoire (1960 ״ (McGuigan , Cardinal James Charles (Toronto, Canada

N guyen -VAN-H ien , æ Simon Hoa (Dalat, Viet-Nam)

O blak , æ Marijan (Aux. Zadar, Yougoslavie)

P1GNEDOL1, ® Sergio (Tit. Iconium) — Délégué Apostoli- que en Afrique Centre-Occidentale

Pinera Carvallo , 8 Bernardino (Temuco, Chili)

P0REKU D ery, æ Peter (Wa, Ghana)

Schmitt , ® Paul Joseph (Metz, France)

Stourm , ® René Louis M. (Sens, France) • Membre du Secrétariat de la presse et des spectacles (1960) • Membre nommé à la Commission pour l’Apostolat des laïcs, pour la presse et les spectacles (1962)

Suenens , Cardinal Leo Jozef (Mechelen-Brussel, Bel- • Membre de la Commission des évêques et du gouverne- gique) ment des diocèses préparatoire (1960) • Membre du Secrétariat des affaires extraordinaires du concile (1962) • Membre de la Commission pour la coordination des tra- vaux du concile (1962) • Modérateur (1963)

Suhr , ® Ioannes Theodor (Köbenhavn, Danemark) • Membre de la Commission centrale préparatoire (1960)

TOUTOUNGY, ® Athanassios (Alep, Syrie) — Melchite

U rtasun , ® Joseph (Avignon, France) • Membre de la Commission des religieuxpréparatoire (1961) • Membre élu à la Commission des religieux (1962)

V alenzuela Rios , ® Francisco de Boria (Antofagasta, Chili)

V euillot , ® Pierre (Arch. Coadj., Paris, France) • Membre de la Commission des évêques et du gouverne- ment des diocèses préparatoire (1960) • Membre élu à la Commission des évêques et du gouverne- ment des diocèses (1962)

V icuña A rá NGUIZ, ® Eladio (Chillan, Chili)

Weber, ® Jean (Strasbourg, France) 190

ANNEXE D

Les évêques rencontrés du groupe B

? , * (Missionnaire, île de Timor, Indonésie)

? , ® (Riga, Lettonie) — En exil aux États-Unis

? , ® (île Madère)

A chkar , ® Paolo (Laodicea di Siria, Syrie) — Melchite

A damski , ® Stanislas (Katowice, Pologne)

A lbers, * Joseph Henry (Lansing, États-Unis)

A ntoniutti , Cardinal Ildebrando — Curie romaine : Sa- · Président de la Commission des religieux (1963) crée Congrégation du consistoire · Membre élu au Secrétariat pour l’unité des chrétiens (1963)

Baggio , ® Sebastiano (Tit. Efeso) — Délégué Apostolique au Canada

BERNIER, ® Paul (Gaspé, Canada) · Membre de la Commission centrale préparatoire (1960)

Boudreaux , ® Warren Louis (Aux., Lafayette, Louisiane)

Breheret , ® André (Cahors, France)

Brodeur , ® Rosario (Alexandria, Canada)

Carboni , ® Romolo (Tit. Sidon) — Nonce Apostolique au Pérou

CÁRDENAS, ® Manuel Augusto (Aux., Buenos-Aires, Ar- gentine)

CHARBONNEAU, ® Paul-Émile (Aux., Ottawa, Canada)

Chichester , s.j., ® Aston (Tit. Velebusdo) — Démission- naire du Vicariat Apostolique de Salisbury, Rhodésie. Réside en Rhodésie.

Coderre , ® Gérard-Marie (Saint-Jean de Québec, Canada)

CÔTÉ, s.j., ® Philip (Siichow, Formose, Chine) ______

CUNNINGHAM, œ James (Hexham-Newcastle, Angleterre) · Membre du Secrétariat pour l’union des chrétiens (1960)

D æm, ® Jules Victor (Antwerpen, Belgique) · Membre élu à la Commission des séminaires, des études et des écoles catholiques (1962)

DE PROVENCHÈRE, ® Charles (Aix, France) · Membre de la Commission pour la discipline du clergé et du peuple chrétien préparatoire (1960) • Membre élu à la Commission des Églises orientales (1963)

D esmarais , ® Joseph-Aldée (Amos, Canada)

D esrochers , * Bruno (Sainte-Anne-de-la Pocatière, Cana- da) 191

D ubois , * Marcel-Marie (Besançon, France) Membre de la Commission théologique préparatoire (1960)

D uval , s Léon-Étienne (Alger, Algérie)

D wyer, * George P. (Leeds, Angleterre) · Membre de la Commission des évêques et du gouverne- ment des diocèses préparatoire (1960) • Membre élu à la Commission des évêques et du gouverne- ment des diocèses (1962)

Fortier , * Jean-Marie (Aux., Sainte-Anne de la Pocatière, Canada)

F0URREY, ® René (Belley, France)

Franco Gascón , ® Luis (San Cristobal de la Laguna, Te- nerife, îles Canaries)

Gauchi , Redento M. — Prélat nullius de Chuquibamba, Pérou

G onzález y Robleto , * Vicente Alejandro (Managua, Nicaragua)

Guízar V alencia , ® Antonio (Chihuahua, Mexique)

Hakim , ® Georges (Akka, Israël)

Hernández Hurtado , ® Adolfo (Tapachula, Mexique)

Jean XXIII (Roma, Italie)

JENNY, ® Henri (Aux., Cambrai, France) · Membre de la Commission de liturgie préparatoire (1960) • Membre élu à la Commission de la liturgie (1962)

Jullien , Cardinal Andrea —Curie romaine : Membre de la · Membre de la Commission centrale préparatoire et de la Sacrée Congrégation de la discipline des sacrements sous-commission des règlements (1960) • Membre nommé et vice-président de la Commission de li- turgie (1962)

Lacaste , * Bertrand (Oran, Algérie)

Lacoursi ÈRE, ® François-Xavier (Tit. Amadassa) Ouganda

Lallier , ® Marc Armand (Marseille, France) · Membre élu à la Commission de la discipline des sacre- ments (1962)

Lopes de Moura , ® Agostinho Joaquim (Portalegre-Cas- telo Branco, Portugal)

Mac Eachern , æ Malcom A. (Charlottetown, Canada)

Martin , ® Joseph Albert (Nicolet, Canada) · Membre élu à la Commission de liturgie (1962)

Massé , ® Charles (Aux., Luçon, France)

McQuaigh , * John Charles (Dublin, Irlande)

Mena Porta , ® Juan José Aníbal (Asunción, Paraguay) · Membre de la Commission centrale préparatoire (1960)

Mery Beckdorf , ® Arturo (La Serena, Chili) 192

Miranda y G ómez, * Miguel Dario (México, Mexique) • Membre de la Commission des évêques et du gouverne- ment des diocèses préparatoire (1960) • Membre élu à la Commission des évêques et du gouverne- ment des diocèses (1962)

Morcillo González , * Casimiro (Zaragoza, Espagne) • Membre de la Commission des évêques et du gouverne- ment des diocèses préparatoire (1960) • Sous-secrétaire au Conseil de présidence du concile (1962) / Secrétariat général (1963) • Participe à la Commission pour la coordination des tra- vaux du concile (1963)

O tta V iani , Cardinal Alfredo — Curie romaine : Secrétaire • Membre de la Commission centrale préparatoire (1960) de la Sacrée Congrégation du Saint-Office • Président de la Commission théologique préparatoire (1960) • Président de la Commission de la doctrine de la foi et des moeurs (1962)

Pace , * Joseph (Gozo, Malte)

Paul VI (Roma, Italie)

Pelletier, 8 Georges-Léon (Trois-Rivières, Canada) • Membre de la Commission des évêques et du gouverne- ment des diocèses préparatoire (1960) • Membre nommé à la Commission doctrinale pour la foi et les moeurs (1962)

Pessôa Cámara , * Helder (Aux. Säo Sebastiäo do Rio de • Consulteur à la Commission des évêques et du gouverne- Janeiro, Brésil) ment des diocèses préparatoire (1960) • Membre élu à la Commission pour l’apostolat des laïcs, la presse et les spectacles (1963)

Raymundos , 8 Timeteo Giorgio (Tit. Cariopoli) France

Ritter, Cardinal Joseph Eimer (Saint Louis, U.S.A) r Vice-président de la Commission de la discipline du cler- gé et du peuple chrétien (1962)

Roy , 8 Maurice (Québec, Canada) • Membre de la Commission théologique préparatoire (1961) • Membre élu à la Commission doctrinale pour la foi et les moeurs (1962)

Rugambwa , Cardinal Laurean (Bukoba, Tanzanie) • Membre de la Commission centrale préparatoire (1960) • Membre élu à la Commission des missions (1962)

S amoré , 8 Antonio (Tit. Tirnovo) — Curie romaine : Se- • Membre de la Commission antépréparatoire (1959) crétaire de la Sacrée Congrégation pour les affaires • Conseiller à la Commission centrale préparatoire au con- ecclésiastiques extraordinaires eile (I960) • Membre nommé à la Commission pour l’Apostolat des laïcs, pour la presse et les spectacles (1962)

S1GISMONDI, 8 Pietro (Tit. Neapoli di Pisidia) — Curie • Membre de la Commission antépréparatoire (1959) romaine : Secrétaire de la Sacrée Congrégation de la • Conseiller à la Commission centrale préparatoire (1960) Propagande de la foi • Membre nommé à la Commission des missions (1962)

V1LLOT, 8 Jean (Coadj., Lyon, France) • Membre de la Commission des évêques et du gouverne- ment des diocèses préparatoire (1961) • Sous-secrétaire au Conseil de présidence du concile (1962) / Secrétariat général (1963) • Participe à la Commission pour la coordination des tra- vaux du concile (1963) 193

ANNEXEE

Connaissances antérieures à Vatican II

POREKU D ery, ® Peter (Wa) — Msr Sanschagrin l’avait connu à Boston, en 1961, • Ghana Afrique lors du Congrès mondial des Chevaliers de Colomb (JC21-63/11/05) 2.

P1GNEDOL1, æ Sergio (Délégué Apost. Afrique C.-Occid.) — Il l’avait connu en • Nigéria Afrique Bolivie, où il était nonce, à l’occasion d ’un Congrès de l’Action catholique (JC09-62/11/13).

PINERA Carvallo , * Bernardino (Temuco) — Il avait travaillé avec lui dans le • Chili Amérique latine cadre de l’Action catholique au Chili (JC19-63/10/22).

D ominguez Reginos , * Evelio (Aux. Tegucigalpa) — Il le connaissait par le fait • Honduras Amérique latine que des missionnaires d ’Amos se trouvaient dans son diocèse (JC 16- 63/10/05).

Miranda y G ómez, * Miguel Dario (México) — Il l’avait connu dans le cadre de • Mexique Amérique latine l’Action catholique (ICI 1-62/11/27).

B0GARIN A rgaña , ® Rainon (San Juan de las Misiones) — Il l’avait connu lors- • Paraguay Amérique latine qu’il était venu à Montréal, en 1942, pour étudier l’Action catholique au Canada (JC11-62/12/01).

KuiJPERS, * Stefan (Paramaribo) — Il l’avait connu en 1949, au moment où il se * Surinam Amérique latine rend au Surinam faire une enquête en vue d ’un établissement éventuel des Oblats en ce pays (JC08-62/1 1/07).

SUHR, œ Ioannes T. (Köbenhavn) — Il l’avait visité en 1958 (JC10-62/1 1/19). • Danemark Europe

D e Provench Ère, * Charles (Aix) — Il l’avait visité en 1958 (JC19-63/10/21). • France Europe

Gerlier, Cardinal Pierre (Lyon) — Il l’avait reçu en 1947, à l’aéroport de Dorval, • France Europe à l’occasion du Congrès marial. Il lui avait demandé de prêcher au Congrès mondial de la JOC à Montréal (JC12-62/12/03),

VEUILLOT, ® Pierre (Arch. Coadj. Paris) — Celui-ci, de passage à Montréal, s’était • France Europe rendu à la consécration épiscopale de M^ Sanschagrin (JC 11-62/11/27).

VlLLOT, ® Jean (Coad. Lyon) — Il le connaissait (JC 10-62/11/21). • France Europe

FERRETEO, Cardinal Giuseppe (Curie Romaine) — Celui-ci s’était rendu à Amos • Italie Europe en 1961 et était allé à la pêche avec M0R Sanschagrin (JC 16-63/09/30).

Samoré , ® Antonio (Curie romaine) — Il l’avait connu à la réunion de Washing- • Italie Europe ton, en 1959, sur l’aide à apporter à l’Amérique latine (JC11-62/11/30).

2 Nous renvoyons ainsi au journal conciliaire de Mgr Sanschagrin : JC = Journal du concile, 21 = Numéro de la lettre à sa mère, 63/11/05 = Date. 194

ANNEXE F

Les évêques amis

A ntezana y Rojas , © Abel Isidoro (La Paz, Bolivie) · Membre de la Commission centrale préparatoire (1960)

Beckmann , © Francisco (Panamá, Panama) ______

Cunningham , ® James (Hexham-Newcastle, Angle- · Membre du Secrétariat pour l’union des chrétiens terre) (1960)

Elchinger , œ Arthur (Coadj., Strasbourg, France) ______

GERLIER, Cardinal Pierre (Lyon, France) ______

LUCAS, o.m.i., ® Sinforiano (Tit. Boreo) — Vicaire Apostolique de Pilcomayo, Paraguay ______

Mabathoana , o.m.i., © Emanuel (Maseru, Basu- · Membre nommé à la Commission pour les missions toland) (1963)

-à la Commission des évêques et du gou ־ Miranda y GÓMEZ, © Miguel Dario (México, Mexi- · Consultera que) vemement des diocèses préparatoire (1960) • Membre élu à la Commission des évêques et du gouvernement des diocèses (1962)

O viedo y Reyes, © Isidro Augusto (Léon, Nicara- gua)

P1GNEDOL1, © Sergio (Tit. Iconium) — Délégué Apostolique en Afrique Centre-Occidentale ______

Pinera Carvallo , © Bernardino (Temuco, Chili)______

SCHEFFER, o.m.i. © Lionel (Tit. Isba) — Vicaire Apostolique de Labrador, Canada

THANGALATHIL, © Gregorios Benedetto Vargese (Tri- · Membre de la Commission des Églises orientales vandrum, Inde) préparatoire (1960) • Membre élu à la Commission des Églises orientales ______(1962)______

VICUÑA A rÂNGUIZ, © Eladio (Chillán, Chili)______

WEBER, © Jean (Strasbourg, France) 195

ANNEXE G

Les évêques signalés au passage dans le JC

A llen , ® Francis Valentine (Aux. Toronto, Canada)

Baudoux , ® Maurice (Saint-Boniface, Canada) · Membre élu à la Commission des Églises orientales (1963)

Carter , ® Alexander (Sault Sainte Marie, Canada) • Consulteur à laCommission de l’apostolatdes laïcs préparatoire (1961)

Edelby , ® Neófito (Tit. in Osroene) Mel- • Membre de laCommission pour les Églises orienta- chite, Syrie les préparatoire (1960) • Membre élu à laCommission des Églises orientales (1962)

FELTIN, Cardinal Maurice (Paris, France)

HUYGHE, ® Gérard (Arras, France) · Membre élu à laCommission des religieux (1962)

Landázuri Ricketts , Cardinal Juan (Lima, Pérou) « Membre de la Commission centrale préparatoire (1960) • Membre élu à la Commission des religieux (1962) — Vice-président de cette commission en 1963

Lefebvre, Cardinal Joseph (Bourges, France)

LÉGER, Cardinal Paul-Émile (Montréal, Canada) « Membre de la Commission centrale préparatoire et de la sous-commission des amendements (1960) • Membre élu à la Commission doctrinale pour la foi et les moeurs (1962)

LEMIEUX, ® Marie-Joseph (Ottawa, Canada) • Consulteur à la Commission des évêques et du gou- vemement des diocèses préparatoire (1960) • Membre élu à la Commission des évêques et du gouvernement des diocèses (1962)

Lercaro , Cardinal Giacomo (Bologna, Italie) • Membre élu à la Commission de liturgie (1962) • Modérateur (1963)

PlZZARDO, Cardinal Giuseppe (Albano, Italie) Curie • Membre de la Commission centrale préparatoire romaine : Préfet de la Congrégation des Sémi- (1960) naires et des Universités • Président de la Commission des études et des sémi- naires (1960) • Président de la Commission des séminaires, des étu- des et de l’éducation catholique (1962)

Renard , ® Alexandre (Versailles, France) • Membre élu à la Commission de la discipline des sacrements (1962)

Riberi, ® Antonio (Tit. ) Nonce Apostolique en Espagne 196

Richaud , Cardinal Paul Marie A. (Bordeaux, France) • Membre de la Commission centrale préparatoire et de la Commission d ’organisation technique (1961) • Membre de la Commission d ’organisation technique (1962)

ROQUES, Cardinal Clément Émile (Rennes, France)

Spellman , Cardinal Francis (New York, États-Unis) • Membre de la Commission centrale préparatoire et de la Commission d ’organisation technique (1960) • Membre du Conseil de présidence du concile (1962) • Membre de la Commission pour la coordination des travaux du concile (1962) • Membre de la Commission d ’organisation technique (1962)

Staffa , © Dino (Tit. Cesárea di Palestina) Curie • Membre de la Commission antépréparatoire (1959) romaine : Secrétaire de la Sacrée Congrégation • Conseiller à la Commission centrale préparatoire des séminaires et des Universités (1960) • Membre nommé et vice-président de la Commission des séminaires, des études et de l’éducation ca- tholique (1962) 197

ANNEXE H

Réunions des évêques o.m.i.

1. Réunion des évêques oblats. Sujet : Étude des candidats possibles en vue de Eélection des évêques sur les commissions conciliaires (JC04-62/10/12) 3

2. Réunion des évêques oblats. Sujet : Étude du schéma sur la liturgie (JC06-62/ 10/23)

3. Réunion des évêques oblats avec les periti Jean DANIÉLOU, s.jJoseph LÉCUYER, c.s.sp. et R. G agnebet , o.p. Sujet : Étude du schéma sur l’Église (JC07-62/10/29)

4. À l’initiative de Sanschagrin, réunion des évêques oblats canadiens avec les periti oblats, Bélanger et Gervais , pendant que les évêques canadiens se réunissent chez les Frères de Saint-Gabriel. Sujet : Étude du schéma sur l’Église(JC17-63/10/08)

5. Réunion des évêques oblats canadiens avec les periti BÉLANGER et GERVAIS. Sujet : La collégialité épiscopale (JC 18-63/10/15)

6. Réunion des Évêques oblats canadiens avec les periti BÉLANGER et Gervais . Sujet : L’étude de cinq propositions concernant la consécration et la collégialité épiscopale, le pouvoir du collège épiscopal ainsi que la restauration du diaconat permanent (JC20- 63/10/29)

3 Note : La date du JC nous indique la date où cette réunion s’est tenue. 198

ANNEXE I

Activités ablates

1. Messe en l’église Saint-Sylvestre du Quirinial, à l’occasion du 130e anniversaire de la consécration épiscopale de Mgr DE Mazenod (JC05-62/10/14)

2. Excursion des évêques oblats au monastère du Mont Gassin (JC05-62/10/18)

3. Concert en l’honneur du Père Léo DESCHÂTELETS, Général des o.m.i., et des évêques oblats, à la paroisse du Crucifflsso, confiée aux Oblats (JC06-62/10/24)

4. Messe de Requiem aux tombeaux des Oblats décédés à Rome, au cimetière Campoverano (JC08-62/1 1/03)

5. L’Immaculée Conception : Fête patronale des Oblats. La veille, salut du Très Saint-Sacre- ment et le jour de la fête, messe solennelle suivie d ’un banquet (JC12-62/12/08)

6. Rencontre des Oblats avec Mgr del GALLO, camérier du Pape (JC 16-63/09/29)

7. Bénédiction de la pierre angulaire du Scolasticat International des Oblats. Présence de tous les évêques oblats (JC17-63/10/11)

8. Service solennel de Mgr Meysing , o.m.i., décédé en Afrique du Sud. En plus des évêques oblats, une dizaine d ’évêques africains assistent (JC19-63/10/26)

9. Messe solennelle suivie d ’un dîner, à l’occasion du 50e anniversaire d ’ordination du P. BECKER, o.m.i., deuxième assistant général des Oblats (JC 19-63/10/27)

10. « Conférence et diapositives sur la remise d ’un avion par le P. SCHULTE, o.m.i., et à sa MI- VA » à Mgr Rudolf KOPPMANN, o.m.i., d ’Afrique du Sud-Ouest (JC22-63/11/16)

11. Récitation du chapelet à Radio-Vatican par les évêques oblats, puis visite des locaux en compagnie du directeur, le P. Lucas , s.j. (JC24-63/11/26)

12. Noël Copin , rédacteur de La Croix, rencontre les évêques oblats. Sujet : L’oecuménisme. Mgr SANSCHAGRIN y témoigne de son expérience au diocèse d ’Amos. (JC24-63/1 1/27) 199

ANNEXE J

Réunions des conférences épiscopales

1. Réunion de l’épiscopatcanadien (JC04-62/10/12) 2. Réunion de l’épiscopat canadien (JC06-62/10/26) 3. Réunion de l’épiscopatcanadien (JC07-62/10/30) 4. Réunion de l’épiscopatcanadien (JC08-62/11/06) 5. Réunion de l’épiscopatcanadien (JC09-62/11/13) 6. Réunion de l’épiscopat canadien (JC10-62/11/20) 7. Réunion de l’épiscopatcanadien (JC11-62/11/28) 8. lère réunion de l’assemblée annuelle de l’épiscopat canadien (JC19-63/10/26) 9. 2e réunion de l’assemblée annuelle de l’épiscopatcanadien (JC21-63/11/08) 10. Réunion de l’épiscopatcanadien (JC23-63/11/23)

1. Réunion de l’épiscopat français du Canada (JC05-62/10/15) 2. Réunion de l’épiscopatdu Québec (JC20-63/10/30) 3. Réunion de l’épiscopatdu Québec (JC23-63/11/18)

1. Réunion de l’épiscopat français, avec deux conférences (JC06-62/10/24) : a) « La théologie de l’épiscopat », par les Pères Jean DANIÉLOU, s.j. et Joseph LÉCUYER, c.s.sp, tous deux experts au concile b) « Les relations entre l’Église latine et les Églises orientales, catholiques et schis- matiques », par MF Neófito EDELBY, Père du concile

2. Réunion de l’épiscopat français, à la salle Saint-Louis-des-Français, avec deux conférences (JC 19- 63/10/21) : a) « Ce que le monde attend de l’Église », par le Père René V0ILLAUME b) « Les problèmes ruraux de France », par les dirigeants nationaux de France de la Jeunesse rurale et du Mouvement rural des familles

1. Réunion de l’épiscopat espagnol. SANSCHAGRIN y participe à titre d’agent de liaison pour l’épiscopat canadien. À la réunion du 5 novembre 1962, un exposé est donné par un peritus espagnol sur le schéma Les sources de la révélation. (JC08-62/11/05)

À cette catégorie, nous ajoutons les réunions suivantes :

1. Réunion de la Commission Épiscopale Canadienne pour l’Amérique latine (JC09-62/11/12) 2. Réunion de laCommission Épiscopale Canadienne pour l’Amérique latine (JC11-62/11/30) 3. Réunion de la Commission Épiscopale de l’Amérique latine avec des représentants de 10 pays et des conférences des supérieurs (res) généraux des communautés religieuses (JC12-62/12/05) 4. Réunion de laCommission Épiscopale Canadienne pour l’Amérique latine (JC24-63/11/25)

1. Rencontre du Cardinal Leo Jozef SUENENS avec un groupe d’évêques canadiens (JC24-63/12/01) 200

ANNEXER

Conférences auxquelles Mgr Sanschagrin a assisté4

1. Conférence de Hans KONG, expert au concile (JC09-62/1 1/16)

2. Conférence des Frères Roger SCHUTZ et Max THURIAN, de la Communauté de Taizé, hôtes du Secrétariat pour l’union des chrétiens (JC09-62/11/17)

3. Conférence de Karl RAHNER s.j., expert au concile : « L’épiscopat et la primauté du Pape » (JC12-62/12/04)

4. Conférence de Yves M.-J. C0NGAR, o.p., expert au concile : « La collégialité épiscopale » (JC16-63/10/04)

5. Conférence de Mgr Neofito Edelby (Syrie), Père du concile : « Les réactions d ’un oriental devant le schéma sur l’Église ». Lieu de la conférence : Foyer Unitas, un centre de re- cherche oecuménique organisé par l’épiscopat hollandais. (JC 19-63/10/24)

6. Deux conférences organisées par l’épiscopat de langue française d ’Afrique (JC22-63/11/12) : a) « L’action de l’Esprit-Saint dans l’Église », par Mgr CASSIEN, évêque russe ortho- doxe, hôte du Secrétariat pour l’union des chrétiens; b) « Le schéma sur l’oecuménisme », par le Père Marie-Joseph Le GUILLOU, o.p.

7. Conférence chez les Africains, par le Cardinal Giacomo Lercaro (Bologna, Italie), Père du concile : « Ce que le concile avait donné à l’Église : le sens de l’universalité » (JC23- 63/11/19)

8. Conference de Joseph Folliet , vice-président des Semaines Sociales de France : « Une économie de la pauvreté » (JC23-63/11/21)

9. Conférence de Oscar CULLMANN, hôte du Secrétariat pour l’union des chrétiens : « L’his- toire du salut dans le Nouveau Testament ». Lieu de la conférence : Salle Saint-Louis- des-Français (JC24-63/11/30)

4 À cette liste, il faut ajouter cinq conférences, auxquelles il a assisté, à l’occasion de sa présence aux réunions des épiscopats français et espagnols (voir annexe J); Note : Mgr Sanschagrin ne mentionne pas dans son JC si le conférencier est un acteur du concile, c’est-à-dire un Père du concile, un expert ou un observateur. Nous avons complété ces informations à l’aide des documents suivants : « Index Observatorum Delegatorum ad Concilium Vaticanum II et Hospitum Secretariats ad Unitatem Christianorum Fovendam », Acta Synodalia Sacrosancti Concilii Oecumenici Vaticani II, Appendix Altera, Typis Polyglottis Vaticanis, MCMLXXXVI, p. 234 et 242; « La liste des experts au Concile », La Documentation Catholique, tome LIX, n° 1387, 4 novembre 1962, col. 1406- 1408; « Indications complémentaires sur les Commissions conciliaires et les experts », La Documentation Catho- lique, tome LX, n° 1391, 6 janvier 1963, col. 62-64; « Au sommaire des leçons », La Documentation Catholique, tome LIX, n° 1382, 19 août 1962, col. 1058-1059. 201

ANNEXE L

Réunions sociales

1. Visite chez les Soeurs de la Sainte-Famille, en compagnie de MF Lionel Scheffer , o.m.i. (JC03-62/10/04)

2. Réception donnée au Collège canadien par F Ambassadeur du Canada (JC04-62/10/12)

3. Visite chez les Oblates en compagnie de MF Henri R0UTHIER, o.m.i., et de MF Lionel Scheffer , o.m.i. (JC06-62/10/21)

4. Réception donnée au Capitol par la Commune de Rome, en l’honneur des Pères conciliai- res (JC08-62/11/04)

5. Ouverture de l’année académique de l’Université Grégorienne (JC08-62/11/08)

6. Souper, dans un Hôtel de Rome, avec MF Vicente A. GONZÁLEZ Y ROBLELO (archevêque de Managua, Nicaragua) et un groupe d ’Évêques de Nicaragua, invités de Mgr Bruno DESROCHERS (Ste-Anne de la Pocatière). Sujet : Le séminaire de Nicaragua (JC09- 62/11/15)

7. Dîner, en compagnie d ’une dizaine d ’évêques canadiens, à la Maison Générale des Clercs de Saint-Viateur (JC09-62/11/18)

8. Souper à la Maison des Frères de Saint-Gabriel. Présence de 12 évêques canadiens dont R oy , Lacoursière , Coderre et Charbonneau (Jcio-62/1 1/19)

9. Audience papale avec Jean ΧΧΙΠ pour l’épiscopat canadien (JC10-62/11/20)

10. Réception donnée au Collège canadien par l’Ambassade du Canada (JC16-63/10/06)

11. Souper chez un groupe d ’évêques avec Mgr Sinforiano LUCAS, o.m.i. (Vicariat Apostolique de Pilcomayo, Paraguay), invités de Mgr André Breheret (Cahors, France). Sujet : L’Amérique latine (JC 17-63/10/10)

12. Visite de Paul VI au collège canadien lors du 75 e anniversaire de sa fondation (JC22- 63/11/14)

13. Dîner solennel au Collège canadien pour le 75 e anniversaire de sa fondation (JC23-63/11/23) 202

ANNEXE Μ

Rassemblements religieux

1. Audience générale du Pape, dans la basilique Saint-Pierre (JC03-62/10/03)

2. Consécration de l’église canadienne de Rome (JC07-62/1 1/01)

3. Célébration, à la basilique Saint-Pierre, de la fête de saint Charles B0RR0MÉE et du 4e an- niversaire du couronnement de Jean XXIII (JC08-62/1 1/04)

4. Messe solennelle à la Basilique Saint-Pierre pour le repos de l’âme des cardinaux et évê- ques morts depuis un an (JC08-62/11/08)

5. Consistoire pour la canonisation de quatre bienheureux (JC09-62/1 1/15)

6. Célébration de la canonisation du Bienheureux Pierre Julien Eymard (JC12-62/12/09)

7. Salut du Très Saint-Sacrement, à Sainte-Marie-Majeure, à l’occasion du 1er anniversaire de l’ouverture du concile (JC17-63/10/11)

8. Célébration de la consécration de 14 évêques missionnaires par Paul VI (JC18-63/10/20)

9. Messe à la basilique Saint-Pierre, à l’occasion de l’anniversaire de l’élection de Jean XXIII (JC20-63/10/28)

10. Angélus du Pape (JC20-63/1 1/03)

11. Messe à la basilique Saint-Pierre, à l’occasion de la fête de saint Charles Borromée et du 4e anniversaire de la clôture du Concile de Trente et de la fondation des séminaires (JC21-63/11/04)

12. Célébration de la prise de possession de la basilique St-Jean-de-Latran, comme cathédrale, par Paul VI, évêque de Rome (JC21-63/11/10)

13. Consécration de l’autel paroissial de l’église canadienne, à Rome, suivie d ’une réception (JC21-63/11/10)

14. Angélus du Pape (JC22-63/11/17)

15. Angélus du Pape (JC23-63/1 1/24)

16. Service à Saint-Jean de Latran, par le Cardinal Francis Spellman (New York, États-Unis), à l’occasion du décès du président américain, John F. KENNEDY (JC24-63/11/25)

17. Commémoraison du 4e centenaire du Concile de Trente (JC24-63/12/03)