Au Temps Des Frou-Frous. Les Femmes Célèbres De La Belle Époque
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AU TEMPS DES FROU-FROUS Les femmes célèbres de la Belle Époque Du même auteur Livres sur la Touraine (Éditions C.L.D.) LA VALLÉE DE L'INDROIS (1979) LA VALLÉE DE L'INDRE (1980) LA VALLÉE DE LA CREUSE (1982) LE PAYS LOCHOIS A LA BELLE ÉPOQUE (1983) LA VALLÉE DE LA VIENNE (1984) GUIDE DE LA TOURAINE DU SUD (1984) Aux éditions Tallandier GRANDES COURTISANES DU SECOND EMPIRE (1981) Aux éditions Aubier CONTREBANDIERS DU SEL : LA VIE DES FAUX SAUNIERS AU TEMPS DE LA GABELLE (1984) Bernard BRIAIS AU TEMPS DES FROU-FROUS Les femmes célèbres de la Belle Époque ÉDITIONS FRANCE-EMPIRE 68, rue Jean-Jacques Rousseau - PARIS (I Vous intéresse-t-il d'être tenu au courant des livres publiés par l'éditeur de cet ouvrage? Envoyez simplement votre carte de visite aux ÉDITIONS FRANCE-EMPIRE Service « Vient de paraître » 68, rue J.-J. Rousseau, 75001 Paris. et vous recevrez, régulièrement et sans engagement de votre part, nos bulletins d'informations qui présentent nos différentes collections, que vous trouverez chez votre libraire. © Éditions France-Empire, 1985 Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays. IMPRIMÉ EN FRANCE COLLECTION : « CONTÉ... » Nous avons des difficultés à imaginer un monde où les maisons ne possédaient pas l'électricité, ni l'eau courante, ni le chauffage central, ni le téléphone, ni la télévision. Où les fiacres, les coupés et les cabriolets circulaient dans les rues parfumées au crottin. Où d'humbles objets comme la lampe à pétrole, la chaufferette, le soufflet, avaient leur utilité quotidienne et contribuaient à créer un modeste confort. Cette époque-là, pourtant, c'était hier. Des hommes et des femmes l'ont vécue, et apportent leurs témoignages sur ces temps à la fois si proches et si lointains. Derniers témoins d'un monde défunt, leurs souvenirs ont valeur de document. Des historiens, de leur côté, reconstituent ces sociétés disparues. Tout le monde ne vivait pas de la même manière en 1900. C'est pourquoi chacun de ces ouvrages s'attachera à refléter les aspects de classes sociales bien déterminées, en France comme à l'étran- ger. Tel est le propos de « Si 1900 m'était conté », collection dirigée par Claude Pasteur et Jean-Claude Pasteur. Déjà parus : LA VIE DE CHATEAU. LES BOTTINES A BOUTONS. Au TEMPS DES TROÏKA. IL ÉTAIT UNE FOIS LA MONTAGNE. L'AMÉRIQUE AVANT LES GRATTE-CIEL. LA MÉDECINE A LA BELLE ÉPOQUE. UN MINEUR NOMMÉ PATIENCE. LA CORSE DE MON ENFANCE. MON VILLAGE EN POLOGNE. GENDARMES A LA BELLE ÉPOQUE. LES DAMES DE LA POSTE. QUAND LES LABOUREURS COURTISAIENT LA TERRE. MARIN-PÉCHEUR AU TEMPS DES VOILIERS. Avant-propos L'auteur de cet ouvrage, contrairement à tous ceux qui l'ont précédé dans cette collection, n'a pas connu la Belle Époque, et pour cause : il est né en 1945. Mais ce jeune professeur d'Histoire témoigne pour cette période d'une passion qui s'est déjà exprimée dans d'autres de ses livres; il s'y promène avec une singulière aisance et une curiosité inlassable, scrutant les hommes, mais surtout les femmes, avec un attendrissement qu'il nous communique. C'est ainsi qu'il nous présente plus de cent cinquante jolies femmes de ces temps révolus où on pratiquait au plus haut degré l'art de vivre et l'art d'aimer. L'auteur, lui, possède l'art subtil de nous faire oublier sa documentation, pourtant solide. Et c'est avec une ferveur presque amoureuse, qu'il brosse les portraits de ces créatures de rêve, scintillantes de bijoux et enveloppées de fourrures de Révillon, séduc- trices jusqu'au bout de leurs griffes roses. On est bien loin des Féministes, qui pourtant, à la même époque, bataillaient pour justement sortir leurs sœurs de leur condition de « femme-objet ». Bernard Briais avoue que ce vaste sujet dépasse le cadre qu'il s'était assigné, laissant à un autre auteur le soin de présenter ces combat- tantes aux mérites austères. Son propos à lui, jeune histo- rien, a été d'écrire un livre de charme, un hymne à la femme-femme. Il y a parfaitement réussi. CLAUDE PASTEUR Préface 1900 : le monde bascule inexorablement d'un siècle dans l'autre sans espoir de retour. Les jeunes, regardant vers l'avenir, rêvent de lendemains qui chantent; les moins jeunes, se retournant sur leur passé, regrettent déjà leur « bon vieux temps ». Ni les uns ni les autres ne soupçonnent que l'Europe se prépare à vivre les dernières années de son Age d'Or; ni les uns ni les autres ne pensent qu'ils assistent aux derniers moments d'une civilisation qui va bientôt sombrer dans le cataclysme de la Grande Guerre. Aujourd'hui, ces années, pourtant encore proches, nous apparaissent si lointaines qu'elles nous semblent presque appartenir à un autre âge, plus ou moins mythique, plus ou moins légendaire. C'est le « continent effondré » dont parle Paul Morand, cette planète bizarre où les ministres portaient la barbe et l'accent méridional, où les députés radicaux communiaient dans le culte de la République et de l'anticléricalisme, où les hommes d'affaires usaient leur foie chez Maxim's et leur cœur aux Folies-Bergère, où les notaires achetaient des automobiles et plaçaient les emprunts russes... mais où, aussi, le petit cireur de bottes pouvait aller pieds nus, où les hommes-sandwiches ne mangeaient pas toujours à leur faim, où les gamins qui vendaient les journaux ne savaient pas forcément lire... Et puis, dans cet univers étrange, il y avait les femmes... Robes froufroutantes et tailles de guêpe, faux-culs agressifs et poitrines débordantes, chapeaux-jardinières et chignons haut perché... Ah! Quelles femmes! L'aïeul dans son cadre a les yeux qui s'allument et les moustaches qui s'agitent! Liane de Pougy et Colette (la courtisane supérieure et l'écrivain à succès); Meg Steinheil et Yvette Guilbert, (« la connaissance du Président » et la diseuse fin de siècle); Casque d'Or et Élisabeth Greffulhe (la fille des rues et la femme du monde); La Goulue et Anna de Noailles (la gambilleuse du Moulin Rouge et la poétesse éthérée); Marguerite Durand et Henriette Caillaux (la féministe militante et l'amoureuse passionnée); Réjane et Marie Curie (la comédienne à la mode et le double prix Nobel), - entre toutes ces femmes, à première vue, les points communs paraissent rares et pourtant : toutes vécurent à la même époque, toutes appartinrent à cette société qui ne laissait guère à leurs congénères, sur la grande scène de l'histoire, que des rôles de figurantes (et Dieu sait si certaines figu- rèrent superbement!). Avec ces femmes-phares qui réussirent contre vents et marées à sortir de l'ombre, c'est le cœur de la Belle Époque qui se remet soudain à battre et voilà que, dans leur gracieux sillage, resurgit cette fabuleuse période, cette France d'Émile Loubet et de M. Fallières, qui reste peut- être d'abord celle de Sarah Bernhardt et de Caroline Otéro! Liane de Pougy, Émilienne d'Alençon, Mylo d'Arcyle, Marguerite Brézil... leurs noms égrénés résonnent comme autant d'éclats de rire qui viennent enjoliver les débuts moroses de la III République et nul doute que, sans eux, l'époque n'aurait pas paru aussi « Belle »! BERNARD BRIAIS Première partie Les femmes-femmes (les courtisanes) 1 LE CRÉPUSCULE DES « LIONNES » Paradoxalement, en ce temps mysogine, on adore la femme, on idolâtre son corps, on n'arrête pas de chanter ses yeux, ses mains, ses jupons, sa troublante volupté, son envoûtant « je ne sais quoi ». Les peintres, sous prétexte d'art, la déshabillent subtilement à longueur de tableaux... Obsédés par la rage de vivre, les « heureux du jour » se lancent dans un furieux tourbillon de plaisirs, dans une frénétique course à l'amour. Un seul souci semble guider le monde : profiter au maximum du temps présent, brûler jusqu'au bout les heures qui passent, comme si on savait que les beaux jours étaient comptés, comme si on avait le pressentiment du prochain suicide de l'Europe. Toutes les vendeuses d'amour sont alors au zénith. Le demi-monde séduit, fascine, et les grandes courtisanes règnent avec insolence sur Paris. Adulées, enviées, imitées, redoutées, ces déesses bien païennes, sûres de la toute- puissance de leur sexe, vivent leur apogée et jouissent d'une extraordinaire publicité en dépit d'une morale au col dur et aux corsets serrés. Si bien qu'aujourd'hui encore, lors- qu'on évoque les femmes de ce temps-là, ce sont les images des plus illustres représentantes de la Haute-galanterie qui reviennent d'abord à la mémoire. Certes, les grandes courtisanes ne sont pas une création des années 1900, la France possédait déjà dans ce domaine un riche passé, une tradition enviable. Après la courtisane romantique dont, sous Louis-Philippe, la célèbre Marie Duplessis, avait inspiré Dumas dans sa Dame aux camélias et Verdi dans la Traviata, les « Lionnes » du Second Empire avaient marqué l'histoire de la galanterie de luxe avec l'assentiment d'un régime dont les dirigeants donnaient eux-mêmes l'exemple, le « mauvais exemple », contribuant à faire de Paris le Lupanar Universel, le lieu de rendez- vous des viveurs du monde entier. La défaite de Sedan obscurcit, pour un temps, les beaux jours de « Nana » et de ses consœurs, et beaucoup de ces vieilles gloires ne se remirent jamais de la chute du régime dont elles avaient symbolisé la corruption, la débauche, et contre qui s'étaient acharnés les adversaires politiques de Napoléon III. Blanche d'Antigny, si adulée sur la scène des Folies Dramatiques et Marguerite Bellanger, qui avait réussi à régner pendant deux ans sur le cœur pourtant versatile de l'empereur, partaient bientôt pour un demi-monde meilleur.