1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze Revue de l'association française de recherche sur l'histoire du cinéma

62 | 2010 Varia

« Il Cinema Ritrovato », XXIVe édition Bologne, 26 juin-3 juillet 2010

Jean-Pierre Bleys, Jean Antoine Gili, Pierre-Emmanuel Jaques et Reto Kromer

Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/1895/3789 DOI : 10.4000/1895.3789 ISBN : 978-2-8218-0978-9 ISSN : 1960-6176

Éditeur Association française de recherche sur l’histoire du cinéma (AFRHC)

Édition imprimée Date de publication : 1 décembre 2010 Pagination : 132-145 ISBN : 978-2-913758-64-3 ISSN : 0769-0959

Référence électronique Jean-Pierre Bleys, Jean Antoine Gili, Pierre-Emmanuel Jaques et Reto Kromer, « « Il Cinema Ritrovato », XXIVe édition Bologne, 26 juin-3 juillet 2010 », 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze [En ligne], 62 | 2010, mis en ligne le 01 janvier 2014, consulté le 15 septembre 2020. URL : http:// journals.openedition.org/1895/3789

© AFRHC 3. 1895-No 62:Mise en page 1 8/12/10 9:59 Page 132

1895 / n° 62 décembre 2010

132

Félix Édouard Vallotton, La Symphonie, 1897. (Xylographie sur japon ambré, Cabinet des estampes, don Lucien Archinard © MAH, Cabinet d’arts graphiques, Genève). 3. 1895-No 62:Mise en page 1 8/12/10 9:59 Page 133

Chroniques huit programmes, des raretés des premières années, un film de la production américaine de l’auteur, The Red Lantern (1917), un serial célèbre, les Misérables, le panorama était large. Nous y reviendrons l’année prochaine puisque la rétrospective se pour- « Il Cinema Ritrovato », suivra et qu’un numéro monographique de XXIVe édition 1895 l’accompagnera. Bologne, 26 juin-3 juillet 2010 La trilogia di Maciste En 2009, une vaste section présentait 1895 / « Tutto Maciste, uomo forte », elle se com- n° 62 décembre Après vingt-trois ans d’existence, « Il Cine- posait de huit films interprétés par Bar- 2010 ma Ritrovato » est toujours un rendez-vous tolomeo Pagano. Parmi ceux-ci, La trilogia essentiel pour les historiens, les spécialistes di Maciste (1920) de Carlo Campogalliani ne en tout genre, les cinéphiles « tout court ». proposait que 22 minutes du début d’une 133 Riche, presque trop, de sections multiples, restauration effectuée à partir d’un positif de projections, de rencontres, de présenta- nitrate avec virages de couleurs conservé à tion de livres et de DVD, la manifestation Bois d’Arcy. La version française avait trans- ne peut donner lieu à un compte-rendu formé les trois épisodes du serial en un seul exhaustif. Les textes réunis ici évoquent film de plus deux heures. Cette année, on a quelques moments forts en fonction des pu voir le résultat, même si la restauration goûts et des centres d’intérêt des rédac- – promue par le Musée du Cinéma de Turin teurs. En ce qui me concerne, je me bornerai et la Cinémathèque de Bologne, et effec- à évoquer le domaine italien – toujours bien tuée dans les laboratoires de L’Immagine représenté à Bologne –, laissant le soin à Ritrovata – doit encore se poursuivre. Ainsi, Pierre-Emmanuel Jaques d’aborder les pro- l’ensemble se décompose en Maciste contro jections consacrées aux années 1910, à Jean- la morte (30 minutes), Il viaggio di Maciste Pierre Bleys de commenter la rétrospective (55 minutes), Il testamento di Maciste (48 , enfin à Reto Kromer de présen- minutes). Le récit, plein de rebondissements ter quelques observations générales sur les et d’imprévus, met en scène Maciste, lancé conditions de projection. Quant à la rétro- au secours d’une princesse (Letizia Quar- spective Albert Capellani, elle aurait mérité anta) dont le trône est menacé par un pre- à elle seule un compte-rendu spécifique. mier ministre félon, et Tito Fabrizi, un Près d’une trentaine de titres regroupés en journaliste qui suit le héros comme son chroniques actualités 3. 1895-No 62:Mise en page 1 8/12/10 9:59 Page 134

ombre. Dans le rôle, Carlo Campogalliani La vita ricomincia (1945) de Mario Mattoli offre par son physique de gringalet un utile explore les ravages matériels (on y voit l’ab- contrepoint à l’imposant Pagano. Après de baye du Monte Cassino totalement rasée) et multiples avatars qui voient notamment humains (une femme sacrifie son honneur Maciste condamné à alimenter les chau- pour sauver son enfant) provoqués par la dières d’un paquebot (l’image est utilisée guerre. Mattoli, spécialiste des mélodrames par une des affiches les plus célèbres de sentimentaux au début des années qua- l’acteur) et qui manque même d’être fusillé, rante, recycle son propos en l’adaptant à la le roi est rétabli sur son trône tandis que nouvelle réalité et donne aux vedettes la princesse épouse le journaliste… Le film d’avant 1945 (Alida Valli, Fosco Giachetti) 1895 / se déroule souvent en extérieurs : on peut l’occasion de retrouver leur public dans des n° 62 notamment y contempler le port de Gênes personnages douloureux. décembre où l’ancien débardeur devenu une star du Un uomo ritorna (1946) de Max Neufeld 2010 cinéma italien retrouve avec une évidente – qui aborde le film social après ses comé- jouissance un cadre qui lui fut familier. dies sophistiquées des années trente – décrit 134 Outre la France, le film circula dans divers une ville sinistrée dont, symboliquement, la pays, notamment en Angleterre sous le titre centrale électrique est détruite et dont la Maciste Superman. reconstruction passe par le sacrifice d’un employé qui se jette dans un champ de Anni difficili in Italia mines. Femme du peuple, Anna Magnani a Le cinéma italien, au-delà ou en-deçà du basculé ici – effet des souffrances de la néoréalisme, a produit de nombreux films guerre – dans la prostitution. au lendemain de la Seconde Guerre mon- Roma città libera/La notte porta consiglio diale qui prolongent la représentation d’un (1946) de Marcello Pagliero est sans doute pays bouleversé ou qui en saisissent des le film le plus singulier de la sélection. aspects négligés par les films canoniques. D’après un sujet d’Ennio Flaiano et un scé- Cette section, présentée par Goffredo Fofi, nario auquel ont collaboré, outre le met- couvrait les années 1945-1949 ; elle com- teur en scène, Flaiano, Cesare Zavattini, portait des œuvres souvent très appréciées Vittorio De Sica, Pina Mercanti et l’alors par le public de l’époque mais aujourd’hui débutante Suso Cecchi D’Amico, le film est rarement montrées. Ces films ont souvent une comédie sur les désenchantements qui en commun d’insister sur les destructions affectent Rome au lendemain de la guerre. matérielles et les délabrements moraux Mêlant l’ironie et l’amertume, Pagliero met avec la misère qui engendre le marché noir en scène deux jeunes gens qui, face à la et la prostitution. misère, ne trouvent refuge que dans le sui- 3. 1895-No 62:Mise en page 1 8/12/10 9:59 Page 135

cide ou la prostitution. Au terme de multi- façon documentaire les tragédies de l’Italie ples avatars, ils tomberont amoureux l’un de 1940 à la Libération. Appel à la paix, le de l’autre et découvriront d’autres solutions film soufre d’un ton rhétorique et redon- à leur désespoir. La notte porta consiglio est dant qui le rend aujourd’hui difficilement tourné dès la libération de la ville mais il supportable, mais n’en témoigne pas moins est distribué seulement en 1948. Le film un certain état d’esprit au lendemain de la confirme le ton très original de Pagliero guerre. dans le contexte du cinéma italien de l’im- Tombolo, paradiso nero (1947) de Giorgio médiat après guerre. Le récit, contenu dans Ferroni, avant Senza pietà (1948) de Lat- la durée d’une nuit, met en scène des per- tuada, décrit, dans les pinèdes près de sonnages étranges, un voleur (Nando Bruno Livourne, les entreprises criminelles de 1895 / dont c’est le seul rôle de toute sa carrière voyous qui s’adonnent au marché noir, au n° 62 décembre comme protagoniste), des amoureux déses- trafic de drogue et à la traite des blanches. 2010 pérés (Andrea Checchi et Valentina Cor- Preuve d’intérêt en France, le film est pré- tese), un inconnu en smoking (étonnant senté en 1950 au Rendez-vous de Biarritz Vittorio de Sica pour un personnage qui a succédé au Festival du film maudit. 135 lunaire) qui doit prononcer un discours Come persi la guerra (1947) de Carlo Bor- politique et qui célèbre les fleurs – au finale, ghesio inaugure une trilogie qui se pro- le visage illuminé, il déclare « ils m’ont longera par L’eroe della strada (1948) et fait ministre » avant d’être amené par qua- Comescopersi l’America (1949). Interprété tre individus en noir (peut-être des méde- par le comique Macario, le film joue sur les cins) –, un gangster tenant une salle de tribulations d’un pauvre diable qui, au gré jeu clandestine (Francesco Grand-Jaquet des circonstances, porte tous les uniformes à peine sorti de Roma città aperta), un possibles au cours de « sept ans de mal- étrange officier de police interprété par heur » (c’est le titre français du film) avant Ennio Flaiano. Tous n’ont pas de nom, ils de revêtir, revenu à la vie civile, un uniforme sont assimilés à une fonction ou à un âge : de pompier ! le jeune homme, le voleur, la dactylo, le Sotto il sole di Roma (1947) de Renato monsieur distingué, l’Américain… Notons Castellani, dont le scénario est notamment que le film est choisi par Cocteau et Bazin signé Suso Cecchi D’Amico et Sergio Amidei, pour inaugurer le Festival du film maudit de est une curieuse anticipation des films Biarritz en 1949. pasoliniens avec ses jeunes marginaux et Guerra alla guerra (1946) de Romolo Mar- ses garçons du peuple à la recherche d’une cellini et Giorgio C. Simonelli, écrit par insertion sociale et que la délinquance Diego Fabbri et Cesare Zavattini, évoque de guette. Essentiellement tourné en décors chroniques actualités 3. 1895-No 62:Mise en page 1 8/12/10 9:59 Page 136

naturels, le film est une chronique racontée tion italienne renferme des pépites suscep- à la première personne, et témoigne d’une tibles de satisfaire le cinéphile, l’historien sensibilité rare, de nature clairement homo- du cinéma, voire l’historien des représenta- sexuelle. tions. Donne senza nome (1949) de Geza von Radvanyi aborde la question des personnes Vittorio Cottafavi déplacées à la recherche d’une issue pour L’année dernière un programme Cottafavi échapper aux camps de rétention où elles proposait une douzaine de films. Cette sont enfermées : les protagonistes, deux année, on a été un peu déçu de ne pas en Françaises (interprétées par Simone Simon découvrir de nouveau. En revanche, le livre 1895 / et Françoise Rosay), une Yougoslave, une annoncé était bien là. Coordonné par n° 62 Polonaise, une Allemande, au milieu de Adriano Aprà, Giulio Bursi et Simone décembre centaines d’autres femmes, rêvent de Starace, Ai poeti non si spara. Il cinema e la 2010 retrouver leur liberté et espèrent un avenir televisione di Vittorio Cottafavi, l’ouvrage moins sombre que leur passé. L’une d’elles – une somme de 400 pages – permet une 136 mourra en couche et l’enfant sera adopté utile relecture du cinéaste, montrant en par un gardien du camp. Ce camp d’inter- particulier le rôle de la critique française nement est aussi le point de départ de dans la prise en considération d’un créateur Stromboli de Rossellini où Ingrid Bergman, peu apprécié dans son pays. une jeune femme balte, épouse un pêcheur Signalons encore l’exposition préparée par sicilien pour trouver un remède à sa condi- Giuliana Muscio « Starring Enrico Caruso. Il tion. tenore del cinema muto » qui présentait les Dans ces films, quelques comédiens fami- rapports du ténor napolitain avec le cinéma liers assurent une sorte de connivence américain. Pour l’accompagner était pro- avec le public. Gino Cervi incarne souvent jeté My Cousin (1918) d’Edward José (pro- l’homme à la parfaite rectitude morale (Un duction Jesse Lasky), un film dans lequel uomo ritorna, Donne senza nome). Nando Caruso joue deux rôles, celui d’un ténor Bruno joue les figures du peuple, les trafi- célèbre et celui d’un sculpteur anonyme, un quants débrouillards (La notte porta consi- immigrant qui vit à New York dans la Little glio, Come persi la guerra), Aldo Fabrizi, le Italy et qui se révèle être le cousin du père modèle : il est l’homme qui se sacrifie premier. Le film, malgré ses qualités, fut dans la lignée de ses rôles dans Roma città un échec à l’époque et la carrière ciné- aperta ou Vivere in pace (Tombolo para- matographique du chanteur s’arrêta là diso nero). Ainsi, même avec les œuvres (J. A. G.) considérées comme mineures, la produc- 3. 1895-No 62:Mise en page 1 8/12/10 9:59 Page 137

Les années 1910 and the Silent Screen » du 24 au 26 juin à La section « Cento anni fa », lancée en 2003, l’Université de Bologne. La section des était cette année consacrée, comme il se « donne avventurose nel cinema muto » doit, à 1910. Mais loin de ne constituer permit de découvrir un ensemble de films qu’une partie du festival, elle s’articulait soulignant le rôle trop souvent occulté des avec l’hommage à Albert Capellani, qui femmes dans la production muette. Le pro- comportait de nombreux titres de cette gramme « Ragazze cuor di leone : le eroine même décennie, avec le programme consa- del film seriale americano. Daredevil girls : cré aux aventurières du muet, ainsi qu’à series and serial queens » fut particulière- une plus courte sélection dite « Il progetto ment étonnant à cet égard : associés à des Napoli / L’Italia e il cinema dell’emigra- qualités toutes considérées comme mascu- 1895 / zione ». Sans compter un programme consa- lines, ces films enchaînent sans discontinuer n° 62 décembre cré à la couleur, ainsi que l’hommage à John des moments de pur spectacle, entre acro- 2010 Ford qui comportait sept films réalisés entre batie et démonstration de force. Mais cer- 1917 et 1919. Cet accent donné à une des taines visions cette année démontraient à périodes les moins bien connues de l’his- nouveau que souvent la place accordée à 137 toire du cinéma s’est traduit à nouveau des femmes dans les films ne signifie pas cette année par l’édition d’un DVD sous la forcément un engagement féministe : Mis- direction de Mariann Lewinsky, Cento anni tinguett, qui incarne la Doctoresse (Georges fa. Attrici comiche e suffragette 1910-1914. Monca, SCAGL, 1910), ne se consacre guère Comic actresses and suffragettes 1910-1914, à son travail. Elle néglige son mari (Charles qui comporte une quinzaine de fictions, Prince/Rigadin), qui cherche à se consoler assorties d’un documentaire et d’une série auprès d’artistes de cirque. Réalisant son d’actualités. Le DVD regroupe des films erreur, elle va accorder une attention plus conservés par six archives, offrant ainsi un soutenue à son mari. Donnant ainsi une riche aperçu du travail mené par différentes place à une femme en tant qu’actrice cinémathèques. Enfin, ce DVD dresse autant – qu’on a pu voir jouer encore dans la Glu un tableau de la production de l’époque (Capellani, 1913) –, la Doctoresse exprime qu’il promeut une nouvelle approche du alors le lieu commun selon lequel les cinéma, abordée sous l’angle du genre femmes feraient mieux d’apprécier leurs (gender). fonctions traditionnelles si elles veulent le Cette problématique trouva un accueil à la bonheur, incarné par un mari fidèle. mesure de son développement dans les Au plan stylistique, la Doctoresse témoigne études cinématographiques – comme le des recherches effectuées en vue de connec- démontrait la tenue du colloque « Women ter des espaces adjacents. Plutôt que de pri- chroniques actualités 3. 1895-No 62:Mise en page 1 8/12/10 9:59 Page 138

vilégier des solutions basées sur le montage, tournés à l’époque que de la conservation Monca et ses collaborateurs usent de pano- d’une plus importante quantité de titres ramiques pour suivre le déplacement de dans les différentes archives visitées par personnages passant d’un espace (le cabinet Lewinsky. Il convenait donc de trouver des médical) à un autre (la salle d’attente). Ce critères pour constituer les programmes. procédé n’est possible que grâce à l’effa- C’est ainsi qu’il a été possible d’assister à un cement d’une des parois (celle située vers programme viennois d’un intérêt tout par- la caméra : « le quatrième mur ») tout en ticulier. Niklaus Wostry a montré une série conservant la paroi séparant les deux pièces de films non-fictionnels soulignant certains ainsi que la porte les reliant. Les autres films aspects de la capitale autrichienne liant 1895 / réunis dans cette rétrospective répondaient productions internationale et locale : funé- n° 62 généralement davantage aux normes de la railles de Karl Lueger, présenté comme un décembre mise en scène en profondeur : nombreux inspirateur de Hitler, familles impériales, 2010 étaient ceux qui témoignaient ainsi des ten- monuments célèbres sont au cœur de cette tatives de trouver d’autres solutions que production, dont on peut penser qu’elle est 138 celle du montage. représentative des très nombreuses bandes Un autre aspect, que ces riches programmes documentaires de l’époque, indépendam- ont mis en évidence, est l’apparition de ment de leur origine nationale. Compte séries – ou plutôt devrait-on parler d’insti- alors entre autres la présence de monu- tutionnalisation – : c’est ainsi que vers 1910 ments fameux, de personnalités politiques. apparaissent les figures de Léontine, de La figure du défilé apparaît de manière Bébé, de Rigadin pour ne citer que les plus récurrente, de même que la vue panora- fameuses. Les films apparaissent parfois mique qui égrène les lieux à voir. comme tiraillés entre des pratiques plus Cette insistance sur le documentaire, la anciennes et d’autres par encore totale- « vue d’après nature » comme l’énonçaient ment généralisées. Les Ficelles de Léontine les catalogues de l’époque, a donné l’occa- (Pathé) appartient au film de poursuite, sion aux festivaliers d’assister à la projection genre très répandu du cinéma des premiers de quelques très beaux films, comme Sul temps. Mais s’il en suit la structure liée à la tetto del mondo. Viaggio di S.A.R. il Duca poursuite, il manifeste aussi un souci de degli Abruzzi al Karakorum tourné par Vit- structuration en courts morceaux : chaque torio Sella au cours d’une expédition qui catastrophe mise en œuvre par Léontine dura plusieurs mois dans la région de l’Hi- constitue un bloc. malaya. Présenté en général lors de confé- L’apparition de séries est aussi indicative de rences à visée scientifique, le film montre l’augmentation tant du nombre de films bien les difficultés rencontrées par ces 3. 1895-No 62:Mise en page 1 8/12/10 9:59 Page 139

explorateurs qui cherchaient tant à décou- nombreux festivaliers l’événement de cette vrir des régions encore inconnues qu’à édition est bien la rétrospective Albert imposer une domination si ce n’est effec- Capellani, « Un cinema di grandeur », avec tive, du moins symbolique. Le film est surtout les splendides Misérables (1912). Les autant un enregistrement d’une expédition films présentés lors des années précédentes, que la démonstration de la grandeur natio- dont l’Assommoir (1909), avaient frappé nale… Montré avec une belle tentative de les festivaliers par des qualités que l’on reconstituer les teintes d’origine, Sul tetto retrouve dans le film à épisodes adapté de del mondo constitue un spectacle toujours Victor Hugo. Celui-ci se distingue par un jeu fascinant. Plusieurs autres programmes ont des acteurs efficace et sobre, une organisa- rassemblé de beaux documentaires, comme tion spatiale complexe, ainsi qu’une pro- 1895 / Grado e la laguna di Aquilea (Cines) ou gression narrative remarquable. (P.-E. J.) n° 62 décembre L’eruzione dell’Etna (Ambrosio). La section 2010 consacrée à la couleur a permis tout parti- Il primo John Ford culièrement d’apprécier ce « genre » encore Le corpus consacré à John Ford – « Il primo trop mal connu. Coiffures et types de Hol- John Ford » – présentait vingt-neuf titres 139 lande (Pathé) comporte des applications que l’on peut décomposer comme suit : colorées effectuées au pochoir procurant pour la période muette, treize films entiers, des images d’une rare qualité (et joliment plus six fragments ; deux films sonores ; huit reproduites dans le luxueux catalogue). parlants échelonnés de 1929 (The Black Également impressionnantes sont les Watch) à 1933 (Pilgrimage [Deux femmes]). images de la métallurgie (Fabrication de Comme l’an dernier pour Frank Capra, on l’acier, Gaumont), typique film de fabrica- abordait donc un grand cinéaste par ses tion qui suit le processus menant à l’élabo- films muets, puis son œuvre du début du ration du produit annoncé par le titre. Dès parlant. Rappelons que la filmographie de lors la présentation de reproductions vidéo- Ford a particulièrement souffert des pertes graphiques de piètre qualité dans un pro- et destructions : des 63 films muets qu’il a gramme consacré à la Gaumont ne pouvait tournés, une quinzaine au maximum a sur- qu’attrister : alors que les images relatant vécu, même si des réapparitions sont tou- les Inondations à Paris le 29 janvier 1910 jours possibles (Upstream, film perdu de semblaient fort impressionnantes, on n’y 1927, vient d’être retrouvé dans un lot de voyait strictement rien – de même pour la 40 titres en Nouvelle-Zélande). Pour les Nativité de Feuillade, qui cite le peintre films parlants montrés à Bologne, regret- Merson… tons l’absence de Men Without Women Mais ce qui restera certainement pour de (Hommes sans femmes, 1930), une histoire chroniques actualités 3. 1895-No 62:Mise en page 1 8/12/10 9:59 Page 140

de sous-marin particulièrement intense constantes de la mise en scène fordienne. dans sa deuxième partie. Rappelons le plan fameux de The Grapes (le Ranch Diavolo, 1917), of Wrath (les Raisins de la colère, 1940) où premier long-métrage de Ford, et Hell Bent la caméra, en travelling-avant subjectif, (Du sang dans la prairie, 1918) sont intéres- nous montre le camp gouvernemental que sants, voire excitants, car un style visuel s’y découvre la famille Joad du haut de son repère, pas forcément épanoui ou maîtrisé, camion poussif : des gens hagards traver- mais reconnaissable : récit toujours parfai- sent le chemin et jettent à la caméra un tement clair et lisible, art de faire vivre l’ac- regard torve, révélant par là leur désespoir. tion à l’intérieur du cadre, presque toujours Ce regard double donne à ce passage une 1895 / fixe, et de la conduire de façon fluide, en intensité exceptionnelle. Un bel exemple de n° 62 rendant quasi invisible le passage au plan cette utilisation expressive du regard figure décembre suivant. Dans le film de 1918, le dernier dans Cameo Kirby (1923). Par trois direc- 2010 tiers, qui montre la marche de deux person- tions successives du regard, Ford indique la nages dans un paysage désertique, mani- nature de ce qui occupe le personnage cen- 140 feste un sens de l’espace rare pour le tral de John Kirby : la souffrance (regard cinéma de l’époque. Trente ans plus tard, vers la caméra), l’incertitude (regard vers Ford lui-même, avec Three Godfathers (le son ami qui lui conseille de quitter la mai- Fils du désert), ne fera guère mieux. Mais son), l’amour (regard vers le hors-champ où une autre caractéristique donne du relief à se trouve la femme qu’il aime). ces films : l’intérêt pour la vie intérieure des La vision de cet ensemble a permis de se personnages. Ces deux westerns font partie faire une idée des goûts dramaturgiques de d’une série de plus de vingt films, tournés Ford. On sait que, dans ses films des années de 1917 à 1921, où John Ford et son inter- trente, des œuvres ambitieuses au registre prète Harry Carey ont mis au point le tragique alternent avec d’autres d’allure personnage de Cheyenne Harry ; celui-ci populaire et détendue : en 1935, The Infor- est presque toujours un mauvais garçon mer (le Mouchard), de la première caté- repenti, en proie au doute et à l’incertitude, gorie, est suivi par Steamboat Round the en qui s’équilibrent action et réflexion. Bend, qui relève de la seconde. Il paraît Ainsi, quand tous les personnages des wes- indiscutable que le tempérament naturel de terns de l’époque sont exclusivement bons Ford le portait vers la comédie, de même ou méchants, ceux de Ford rentrent dans que vers une construction plutôt relâchée, un cinéma plus élaboré et plus moderne. c’est-à-dire vers la seconde de ces deux ten- Manifestement, l’acteur et le réalisateur dances. Dans un film comme Three Bad Men travaillent sur le regard, et ce sera une des (Trois sublimes canailles, 1926), où l’axe nar- 3. 1895-No 62:Mise en page 1 8/12/10 9:59 Page 141

ratif relève du drame (le sacrifice des trois – dans un pénitencier du sud des États-Unis, personnages du titre), Ford introduit de deux prisonniers connaissent des aventures nombreux éléments éloignés de ce fil fantaisistes – relèvent intégralement de la conducteur. Le goût pour le comique éclate comédie. Concernant de tels films, l’appré- en maints endroits. Dans Salute (1929), un ciation peut se modifier selon le contexte jeune homme gauche et ridicule cherche à dans lequel on les voit. Un seul d’entre eux, remplir le carnet de bal de sa sœur Susan ; appréhendé parmi d’autres au sujet grave tous les danseurs refusent ; lorsque Susan comme le Mouchard ou les Raisins de la apparaît, élégante et belle, tous ceux qui colère, emporterait sans doute une adhé- avaient refusé se pressent pour obtenir une sion unanime par son style détendu, son danse ; la séquence/gag aura duré cinq regard chaleureux sur les personnages. À 1895 / bonnes minutes. Des films comme Bologne, il en allait autrement : l’effet de n° 62 décembre (Pour le sauver, 1920) et Lightnin’ (1925) surprise était émoussé, et l’absence d’un 2010 progressent de façon nonchalante, avec des sujet « sérieux » pouvait engendrer une cer- personnages pittoresques ou savoureux, taine frustration. sans se préoccuper d’une histoire à raconter Il est intéressant, pour continuer, d’établir 141 ou d’un sujet à traiter. Lightnin’ constitue une sorte de palmarès, et de revenir sur cer- quasiment un cas extrême. Le héros, Light- tains titres majeurs. De tous les films muets, nin’, surnommé ainsi par antiphrase parce The Iron Horse (le Cheval de fer, 1924) est à qu’il n’a rien de foudroyant, fait l’objet coup sûr le plus célèbre, mais pas forcément d’une procédure de divorce de la part de sa le meilleur : la fadeur du personnage prin- femme qui veut vendre, contre son gré, cipal, une construction chaotique, nous l’hôtel qu’ils possèdent. La dernière demie laissent réticent face à ce « classique ». Trois heure est consacrée au procès, mené sur un sublimes canailles, qui mêle harmonieuse- rythme nonchalant dans une atmosphère ment l’humour et le drame, l’intime et d’humour et de sentimentalisme appuyé, l’épique, s’impose comme le meilleur wes- car Lightnin’ et sa femme forment un tern muet de John Ford. (les Qua- vieux couple et ne souhaitent pas divorcer. tre Fils, 1928) est un film à part : Ford avait À l’évidence, le personnage bénéficie de la été très impressionné par Sunrise de Mur- sympathie du réalisateur, d’autant qu’il nau dès qu’il le vit, en 1927, dans les locaux manifeste un fort penchant pour l’alcool ! de la Fox, leur studio commun. Dans les der- Riley the Cop (1929), sonore mais non par- niers mois de la même année, il tourne les lant, (un policier new-yorkais part en mis- Quatre Fils en essayant d’imiter et d’égaler sion en Allemagne, puis à Paris, et en le cinéaste allemand. Au tout début, un ramène une épouse), (1930) long travelling accompagne le postier mar- chroniques actualités 3. 1895-No 62:Mise en page 1 8/12/10 9:59 Page 142

chant dans la rue d’un village, plan très Adele Randall se retrouvent dans un parc, inhabituel dans un film de Ford. Plus tard, au bord d’un puits. Leurs deux visages lorsque Joseph rampe sur le champ de approchés joue contre joue sont montrés bataille jusqu’à son frère agonisant, le tra- en reflet dans l’eau du puits. Puis il s’adresse velling latéral et la présence d’un épais à elle : « Je voudrais que cette image brouillard rappellent le plan de l’Aurore où devienne la réalité ». Le plan d’ensemble George O’Brien va rejoindre la femme de qui suit, et conclut le film, fait comprendre la ville près du lac. Ford raconte l’histoire que ce sera le cas. Dans l’univers visuel de d’une famille allemande où s’introduisent le Ford, le reflet, le tableau, représentent malheur et la désunion : le fils aîné émigre la réalité transfigurée, un monde paradi- 1895 / aux Etats-Unis ; les trois autres en 1914 font siaque, auquel aspirent les êtres humains. n° 62 la guerre pour l’Allemagne et y trouvent la Quant à The Shamrock Handicap (Gagnant décembre mort ; il en tire des effets de pathétique quand même, 1926), banale histoire senti- 2010 sobres et puissants. La dernière partie, qui mentale irlandaise et hippique, il possède montre les efforts de la mère pour appren- un aspect maîtrisé, équilibré, qui représente 142 dre son alphabet et gagner le droit de la plénitude du style fordien. L’Irlande appa- rejoindre son fils sur le sol américain, raît comme un paradis perdu (situation fré- dépare par sa naïveté patriotique et son quente dans l’œuvre muette de Ford qui a dénouement ultra prévisible. Deux autres une dimension autobiographique), que la films muets méritent encore une attention vieille famille des O’Hara doit quitter pour particulière : Cameo Kirby est particulière- des raisons financières, mais qu’elle peut ment soigné sur le plan visuel, peut-être retrouver au dénouement. Sheila l’héritière parce qu’il est tiré d’une pièce que Ford est amoureuse de Neil, un entraîneur de avait vue au théâtre de Portland, la ville de chevaux. Leur histoire d’amour donne lieu sa jeunesse, entre 1910 et 1913 (si l’on en à deux séquences typiquement fordiennes, croit Joseph Mc Bride dans sa biographie À dans le même paysage, où les verticales et la recherche de John Ford). Pour la première les obliques des arbres créent un cadre pic- fois, et de façon définitive, « John » rem- tural et protecteur à la fois. Simplicité et jus- place « Jack » comme prénom du réali- tesse du ton, présence de Janet Gaynor dans sateur, donnant plus de prestige à la le rôle de Sheila : nous ne sommes pas loin signature. Enfin, et surtout, pour la pre- de Frank Borzage. mière fois à notre connaissance, apparaît Le passage au parlant semble utilisé par l’image qui fonde la poétique fordienne : Ford pour filmer défilés, marches, fanfares l’image-reflet, ou l’image-tableau. Au militaires, comme on en trouvera dans dénouement, John Kirby (John Gilbert) et beaucoup de ses films jusqu’à la fin de sa 3. 1895-No 62:Mise en page 1 8/12/10 9:59 Page 143

carrière : joueurs de cornemuse dès l’ouver- fit au théâtre. Et puis l’imagerie fordienne ture de (1929), son premier se déploie dans toute sa richesse, depuis parlant ; défilés d’élèves officiers de marine l’image/reflet (le visage de Mary, la fiancée, (l’arme dans laquelle Ford avait postulé sans apparaît d’abord reflété dans l’eau d’une succès en 1913) dans Salute (1929) ; fanfare mare) jusqu’à la scène, classique chez Ford, et chœur des prisonniers à la fin d’Up the où le vivant s’adresse sur sa tombe à l’être River (1930). Ailleurs, il chante le courage aimé qu’il a perdu (l’exemple le plus célèbre des marins de l’US Navy en lutte contre les se trouve dans She Wore a Yellow Ribbon sous-marins allemands (, 1931). [la Charge héroïque, 1949] où le capitaine Deux films constituent des œuvres mar- Brittles () vient parler à sa quantes. Arrowsmith (1931) raconte le femme morte) : dans un cimetière de l’Ar- 1895 / parcours d’un médecin acharné à faire pro- gonne, la mère demande pardon à son fils, n° 62 décembre gresser la recherche, en dehors de toute puis s’effondre brisée de douleur. 2010 reconnaissance officielle ; la construction Ce film fut un succès commercial, mais est confuse, mais la dernière demie heure aucun critique à l’époque de sa sortie n’en contient de belles séquences : épidémie de signala l’originalité et les qualités drama- 143 peste traitée dans une atmosphère de rituel tiques. En France, il est ignoré de tous les vaudou, maladie et mort de l’épouse ren- exégètes de Ford. D’où utilité d’un Festival dues plus dramatiques par l’éclairage et un qui permet de retrouver de tels films objectif à courte focale. Enfin Pilgrimage oubliés ou simplement pas vus à leur sortie. (Deux femmes, 1933) s’impose comme un (J.-P. B.) des chefs-d’œuvre de son auteur. Une rude fermière de l’Arkansas, très attachée à son De la restauration du spectacle cinémato- fils, pour l’empêcher d’épouser la femme graphique qu’il aime, l’envoie à la guerre en France en Le cinéma est un spectacle populaire carac- 1916 ; il y trouve la mort. Plus tard, lors d’un téristique du XXe siècle, qui se concrétise pèlerinage en France, elle rencontre un par la projection correcte d’un film, dans jeune homme qui vit la même situation que une salle obscure, sur un écran, devant un son fils, et prend conscience de la mons- public. Le film est le moyen de créer ce spec- truosité de l’acte qu’elle a commis. Pour tacle, mais n’est pas le spectacle lui-même. jouer cette histoire simple et terrible, il fal- La conservation et la restauration de films lait une actrice capable d’exprimer une ne sont donc pas une fin en soi : leur but est émotion intérieure, sans déclamation ou de permettre que le spectacle cinématogra- extériorisation. C’est ce que fait Henrietta phique puisse avoir lieu à l’avenir aussi. Crossman, dont l’essentiel de la carrière se Dans le domaine du cinéma, la possibilité de chroniques actualités 3. 1895-No 62:Mise en page 1 8/12/10 9:59 Page 144

réutiliser les films pour créer de nouveau le San Francisco Festival » – revê- spectacle cinématographique est un facteur tent une importance fondamentale pour la essentiel, puisque ce spectacle n’a lieu que transmission et pour l’étude de la culture pendant la projection. Toute autre forme de cinématographique du XXe siècle. présentation d’un film est certes admissible, Les lecteurs de 1895 savent que pour le mais n’est pas un spectacle cinématogra- cinéma muet il faut une cadence correcte phique. de projection et un accompagnement Le transfert du film sur VHS dans le passé et musical adéquat. À propos de musique, sur DVD aujourd’hui permet d’atteindre ajoutons qu’il existe de très nombreuses une plus large audience. C’est sans doute indications concernant les accompagne- 1895 / souhaitable mais ne remplace pas l’organi- ments d’époque. L’éventail de ces indica- n° 62 sation de projections « classiques ». Avec le tions est très large et va de simples listes décembre passage à la projection numérique dans les de thèmes à des partitions originales com- 2010 salles commerciales, les cinémathèques et plètes. Une restauration du spectacle ciné- les festivals spécialisés auront la chance de matographique requerrait, à notre avis, 144 mieux pouvoir se positionner sur la scène aussi la recherche de la musique d’origine, des spectacles culturels. La situation s’appa- son adaptation à la variante du film qui a rentera à celle de la peinture : on peut étu- survécu et son exécution durant la projec- dier l’œuvre d’un artiste par des catalogues tion en salle. de bonne facture, édités par les musées ou Nous regrettons que, ces dernières années, lors d’expositions particulières, mais si l’on le festival de Bologne ait consenti à une souhaite voir réellement les tableaux origi- série de compromis qui nous éloignent des naux, il faut se rendre dans les musées qui principes que nous venons d’énoncer. La les conservent, en se pliant aux horaires possibilité de voir en une semaine un grand d’ouverture. À l’avenir, les cinémathèques nombre d’œuvres ou de documents ciné- et les festivals spécialisés auront donc un matographiques dans des conditions opti- rôle de diffuseur du spectacle cinémato- males s’en trouve ainsi inutilement limitée. graphique encore plus important qu’au- Par exemple, nous avons été particulière- jourd’hui. D’où la nécessité de conserver et ment surpris que le programme consacré à restaurer aussi les projecteurs et les salles la production de l’année 1910 d’une maison – mais cela est un autre sujet. Dans cette célèbre comme Gaumont ait été présen- perspective, les rencontres annuelles que tée… en vidéo! sont en Europe « Le Giornate del Cinema Nous nous permettons de formuler aussi Muto » à Pordenone et « Il Cinema Ritro- une autre observation. Nous n’estimons pas vato » à Bologne, et aux États-Unis « The que projeter des films tournés dans le for- 3. 1895-No 62:Mise en page 1 8/12/10 9:59 Page 145

mat d’image 1,37:1 dans la salle Arlecchino, Cinema Ritrovato » remettront au centre qui est bien équipée pour les formats pano- de leurs préoccupations non seulement la ramiques et le CinémaScope, soit un choix qualité de la programmation, mais aussi la pertinent. En effet, la projection d’un film qualité de la présentation du spectacle en 1,37 dans une telle salle ne rend pas jus- cinématographique, afin que celle-ci soit tice à la qualité esthétique de l’image origi- historiquement juste. Ce sont, d’une cer- nale, puisqu’elle devient beaucoup trop taine manière, les deux faces de la même petite sur l’immense écran large. médaille. (R. K.) Espérons qu’à l’avenir les responsables de Jean-Pierre Bleys, Jean A.Gili, ce rendez-vous incontournable qu’est « Il Pierre-Emmanuel Jaques, Reto Kromer 1895 / n° 62 décembre 2010

145 chroniques actualités