Au Musée de la Bande Dessinée Du 13 juin 2017 au 28 janvier 2018

Zidrou et ses complices

Au départ, Zidrou (Benoît Drousie) est instituteur. Titillé par l’écriture, il collabore à Tremplin, l’hebdomadaire récréatif des écoliers, où il crée dès 1992 des gags de l’élève Ducobu, le plus mauvais élève du monde. Entre 1993 et 2001, il anime les pages de , créant entre autres les personnages des Crannibales, du Boss et de Tamara, une jeune ado un peu enveloppée promise elle aussi à un bel avenir.

Mais derrière le scénariste humoristique à succès se cache un auteur humaniste qui accumule dans ses tiroirs des histoires originales pleines de sensibilité. C’est ce scénariste multiple, révélateur d’une nouvelle génération de dessinateurs talentueux venus d’Espagne où il réside, que le Musée de la Bande Dessinée a choisi de célébrer en compagnie de ses nombreux dessinateurs.

Commissaires de l’exposition : JC De la Royère et Mélanie Andrieu.

Musée de la Bande Dessinée 20, rue des Sables – 1000 Bruxelles (Belgique) Ouvert tous les jours de 10 à 18 heures. Tel. +32(0) 219 19 80 - www.cbbd.be – [email protected]

Contact Presse CBBD (FR) Valérie Constant, Apropos Communication Tel : +32 (0)81/ 21 17 16 – GSM : +32 (0)473/ 85 57 90 [email protected] Ou www.cbbd.be/fr/presse, identifiant : comics, mot de passe : smurfs

ZIDROU ET SES COMPLICES

Une exposition produite par le Centre Belge de la Bande Dessinée

Avec le soutien de la Région de Bruxelles-Capitale

Commissaires : Mélanie Andrieu – JC De la Royère Textes : Mélanie Andrieu - JC De la Royère Scénographie : Jean Serneels Productrice : Tine Anthoni Traductions : Philotrans Relecture : Marie-Aude Piavaux et Tine Antoni Gestion des documents originaux : Nathalie Geirnaert - Dimitri Bogaert Encadrements : AP Frame - Marie Van Eetvelde Graphisme : Pierre Saysouk Agrandissements : Sadocolor Audiovisuel : Manuel Fernandez Vazquez Réalisation et montage : Jean Serneels et les équipes du CBBD Communication : Willem De Graeve, Valérie Constant et Marie-Aude Piavaux Photos : Daniel Fouss

Le Musée de la BD remercie vivement pour leur aide et implication David Barbe, Laurence Convers, Luc Cromheecke, Yves Declercq, Olivier Dossogne, Benoît Fripiat, Kevin Giraud, Jonathan Lambert, Claude Maltaite, Jean-Jacques Procureur, Thierry Tinlot, Mathias Vincent, Clotilde Vu ainsi que les maisons d’éditions concernées et les dessinateurs qui ont confié leurs travaux.

Contact Presse CBBD (FR) Valérie Constant, Apropos Communication Tel : +32 (0)81/ 21 17 16 – GSM : +32 (0)473/ 85 57 90 [email protected] Ou www.cbbd.be/fr/presse, identifiant : comics, mot de passe : smurfs Les textes de l’exposition (© Mélanie Andrieu et JC De la Royère 2017)

0. Introduction

Comment un jeune instituteur belge, formé pour enseigner aux plus jeunes, devient le scénariste dont rêvent dessinateurs et éditeurs, qu'ils soient versés dans l'humour ou dans un légendaire fantastique ? Né Benoît Drousie à Anderlecht en 1962, Zidrou est devenu un auteur à succès sans jamais renier ce qui l’a construit : un éducateur responsable qui a le goût des autres, le talent d’un raconteur d’histoires, humour et fantaisie à foison…

Instituteur (professeur des écoles) en début de carrière, Zidrou se consacre d’abord aux très jeunes, à travers des journaux pour moins de 10 ans dont il est secrétaire de rédaction. Il y devient le scénariste de trois séries de BD dont « Sac à Puces », un family-strip où il révèle ses talents d’éducateur, prônant la tolérance, la générosité et le vivre-ensemble. C’est là aussi qu’il va créer « L’élève Ducobu », une série humoristique qui fera le tour du monde.

Zidrou décide alors de se spécialiser dans le scénario d’humour. Il ne doit pas se forcer : l’humour est sa seconde nature. C’est dans l’hebdomadaire Spirou qu’il exercera sa coupable industrie, livrant de multiples scénarios hilarants et participant à la vie de la rédaction pour laquelle il imagine des animations spectaculaires. C’est aussi dans ce magazine qu’il crée Tamara, une sympathique ado un peu complexée qui lui permet d’exprimer toute son humanité, à travers des gags mettant en scène des adolescents pleins de véracité. Dans la même logique, il imagine alors « Mèche rebelle » qui lui ouvre la voie vers de nouveaux horizons.

Parti vivre en Espagne, Zidrou se lie à un dessinateur du cru, Jordi Lafevre, qui lui fait découvrir un vivier de jeunes dessinateurs andalous et catalans qui ne demandent qu’à faire éclater leur talent. Sa notoriété lui ouvrant les portes des maisons d’édition, il peut alors donner vie à des récits où il explore la nature humaine. C’est ainsi qu’à travers ses productions, Zidrou fera découvrir une nouvelle vague de dessinateurs espagnols immédiatement adoptés par le lectorat franco-belge, le marché européen le plus porteur. En complicité avec ses dessinateurs, Zidrou se révèle alors un auteur moderne et sensible, au point d’émouvoir ses lecteur et lectrices jusqu’aux larmes. Du rire aux larmes, des gags humoristiques aux récits réalistes, Zidrou est aujourd’hui un auteur incontournable à l’écriture exigeante et à l’imagination débordante. Le Musée de la bande dessinée est particulièrement fier de vous présenter sa personnalité et son œuvre.

Mélanie Andrieu et JC De la Royère

1. Les aventures de Zidrou et Falzar

L’histoire commence en 1990 quand Benoît Drousie dit « Zidrou » élit domicile rue des Gades, à Mons. Deux maisons plus loin habite François Dhont dit « Falzar » et ils deviennent très vite inséparables. Férus de BD, ils fréquentent tous les deux la librairie Rive Gauche, le temple des littératures parallèles à Mons, et se donnent rendez-vous au marché aux puces chaque dimanche - de plus en plus tôt pour arriver le premier - où ils font une razzia d’albums de BD.

Très vite, ils songent à écrire des scénarios humoristiques. Ils envoient leurs premiers essais chez Spirou où le rédacteur en chef, Patrick Pinchart, leur répond qu’il n’est pas intéressé par leur humour de potaches. Potaches ! Ils adoptent aussitôt le nom et conçoivent un slogan : « Zidrou et Falzar, les rois du scénar ». Une société coopérative est créée en octobre 1991 et les statuts, déposés au Moniteur (le Journal Officiel belge) précisent que les deux associés « pourront rigoler et même s’esclaffer » dans la pratique de leur métier.

Jeune instituteur, Zidrou est secrétaire de rédaction des revues pour enfants éditées par Averbode : « Dorémi », « Bonjour », « Dauphin » et « Tremplin ». Pour « Bonjour », les Potaches fourniront au dessinateur anversois Hugo Van Look les scénarios muets de la série « Lou et Loulou », les très jeunes vedettes de cet hebdomadaire destiné aux tout-petits.

2. Margot et Sac à Puces

Dès 1992, les Potaches publient dans Dauphin les histoires de « Margot et Oscar Pluche », éditées en albums par Casterman. C’est l’histoire de la petite Margot, cinquième d’une famille de six enfants (bientôt sept) qui adopte Oscar Pluche, un chien errant qu’on appelle aussi « Sac à Puces ». La série a été initiée par Carine De Brabanter dans « Jet », une revue éphémère des éditions du Lombard destinée à révéler de nouveaux talents. Zidrou et Falzar, qui ont flashé sur cette histoire, proposent leurs services à la dessinatrice. Leur proposition tombe à pic : Carine a plein d’idées, mais elle n’est pas scénariste. C’est décidé, elle poursuivra la série avec les Potaches. En 1999, après six albums, la série passera chez (et dans Spirou) sous le nom de « Sac à Puces ».

Margot, qui a adopté Oscar Pluche contre l’avis de ses parents, entretient une vraie complicité avec ce gros chien orange doué de parole. La série, distrayante et pleine d’humour, se veut aussi éducative : les auteurs y abordent des thèmes sérieux comme l’amour, la maternité, la séparation, la solitude, la vieillesse et la mort ; des valeurs comme la diversité, le respect de l’autre, le vivre-ensemble. Dès cette première série, Zidrou délivre des messages de tolérance. Quels que soient les sujets qu’il abordera par la suite, il ne pourra jamais s’en empêcher.

3. Un copieur nommé Ducobu

En 1992, les Potaches sont responsables de la rubrique « Clin d’œil » dans Tremplin, une page d’humour où ils racontent des blagues illustrées par un certain Godi (Bernard Godisiabois). Un personnage récurrent y apparaît dès la rentrée de septembre : il s’appelle Ducobu et c’est un vrai cancre qui s’ingénie à copier sur sa voisine de banc. Le personnage semble abandonné après quelques cartoons, mais les lecteurs en redemandent et la série est réactivée. Bientôt, elle deviendra une vraie BD.

À la fin de l’année, Ducobu est lourdement puni par son instituteur : il doit écrire 1000 fois « Joyeux Noël et bonne année ». Les jeunes lecteurs s’en émeuvent et, pour aider Ducobu à faire sa punition, envoient des centaines de lignes de « Joyeux Noël et bonne année » à la rédaction de Tremplin où on se rend compte que, mine de rien, Ducobu est devenu la vedette du journal. Plein d’optimisme, Zidrou entrevoit un avenir doré pour son personnage, contrairement à Godi qui n’y croit pas du tout. Comme Averbode ne veut pas éditer d’albums, Zidrou le propose ailleurs. Chez Dupuis, Thierry Tinlot, le nouveau rédacteur en chef de Spirou, n’en veut pas. Mais l’idée plaît aux éditions du Lombard qui s’engagent à éditer les albums, et chez Mickey Magazine où ils seront prépubliés.

Le sujet est universel : le monde entier connaît ce personnage du cancre qui invente des trucs et astuces pour copier ses devoirs sur sa voisine alors qu’il serait si simple d’étudier ses leçons ! Très vite, les histoires de l’élève Ducobu seront traduites dans de nombreuses langues et connaissent le succès jusque dans les pays les plus lointains, au grand étonnement de Godi, qui n’y croit toujours pas ! Cerise sur le gâteau, deux films de long- métrage seront réalisés : « L’Élève Ducobu » et « Les Vacances de Ducobu ».

Faut rigoler !

Zidrou et Falzar sont du genre tenace : s’ils ne peuvent entrer chez Spirou par la porte, ils y entreront par la fenêtre ! Dès 1993, les Potaches fourguent des scénarios d’histoires courtes humoristiques au nouveau rédacteur en chef Thierry Tinlot qui les confie à des dessinateurs maison, comme Wasterlain, Deliège, Saive, Piroton, Dan, Gazzotti, Mauricet, Jannin, Blatte… Avec son complice et secrétaire de rédaction Benoît Fripiat, Tinlot organise des événements destinés à bousculer les lecteurs de Spirou. Grand déconneur devant l’Éternel, Zidrou sera très actif dans la conception de ces animations.

Les dessinateurs de Spirou ont d’abord été atteints par la “Chinistrose”, une maladie dégénérescente provoquée par l’encre de Chine, dont étaient atteints les dessinateurs les plus productifs. Puis il y eut la Grève des Coloristes, pendant laquelle Spirou publia des coloriages interrompus, des coloriages réalisés par des amateurs maladroits engagés en dernière minute ou encore un coloriage des Tuniques Bleues dans lequel n’apparaissait que la couleur bleue. Il y eut aussi la malédiction de la page 13 qui était invariablement victime d’un problème technique.

Mais la plus mémorable animation reste la prise de pouvoir du poste de rédacteur en chef de Spirou par Raoul Cauvin qui rêvait de prendre la direction du journal et de fumer de gros cigares à la place de Thierry Tinlot, relégué à un poste subalterne. Un grand concours est organisé : le premier prix sera un poil de la moustache de Raoul Cauvin ! Cette animation, qui en a abusé plus d’un, provoqua un afflux de courrier de protestation et même d’insultes très violentes à l’encontre de Raoul Cauvin.

4. Séries en pagaille

Zidrou a décidé d’abandonner son travail à la rédaction d’Averbode pour se consacrer à l’écriture de scénarios. De son côté, Falzar a trouvé un travail intéressant dans un autre domaine. Le deal, qui consistait à se partager moitié-moitié les recettes de leur association n’est plus juste, et les Potaches décident de mettre fin à leur société coopérative. Mais ils retravailleront ensemble.

Zidrou imagine d’abord une série anthropophage : « Les Crannibales ». Destinée à l’origine à E411 (David Evrard), un dessinateur qu’il a côtoyé chez Averbode, elle est finalement confiée à Jean-Claude Fournier, l’ancien dessinateur de Bizu et de Spirou et . L’humour extrême et politiquement très incorrect qui y est pratiqué provoque l’ire de nombreux parents. Les lettres d’indignation et les menaces de désabonnement affluent chez Dupuis. La série devra s’arrêter après huit albums très drôles dont les couvertures étaient carrément cisaillées par les morsures des lecteurs affamés.

« Le Boss », série héritière de la grande tradition de Spirou de raconter la vie de la rédaction du journal, met en scène Thierry Tinlot, son encombrant rédacteur en chef. Le personnage est né sous le pinceau de Christian Darasse dans sa série « Le Gang Mazda ». Il sera repris par Olivier Saive pour les animations du journal, puis l’animation deviendra une série à part entière scénarisée par Zidrou pour Philippe Bercovici.

Il faut aussi citer la série « Suivez le guide » dessinée par Godi, « La Vie trépidante de Raoul Cauvin » et « Michou Gropou » par Olivier Saive, « Barbara Sleepless » par Olivier Wozniak, « Johnny Têtard » par Blatte, « Maître Corbaque » par E411, plus une multitude de récits complets dessinés par Bosschaert, Bodart, Will, Edith, Mazel, Bercovici, Saive, Clarke, Constant, Menu, Duchazeau et bien d’autres pour faire le tour des scénarios humoristiques écrits par Zidrou pour le beau journal de Spirou.

5. Tamara, une ado adorable

Autre série lancée par Zidrou dans Spirou, Tamara finira par prendre beaucoup de place, comme son adorable héroïne. Tamara a un problème de poids et ce problème lui empoisonne la vie. Tamara a beaucoup d’amour à donner mais sa silhouette n’attire pas les garçons… sauf le beau Diego, ce qui provoque beaucoup de jalousie. Et l’affreux Wagner, ce qui provoque les moqueries… Avec Tamara, les lecteurs et les lectrices assistent à toutes les affres de l’adolescence.

Très vite, la série devient un phénomène d’édition. Christian Darasse, son dessinateur, est débordé et doit faire appel à Bosse (Serge Bosmans) pour réaliser les crayonnés. Comme ils travaillent à distance, Darasse adopte la tablette graphique grâce à laquelle il « encre » virtuellement les crayonnés de son ancien complice.

Avec Tamara, Zidrou reprend son bâton de pèlerin : elle vit dans une famille recomposée avec un beau-père brésilien et une demi-sœur qu’elle adore. Jelilah, sa meilleure amie, est arabe. Une autre de ses amies, la blonde Vanessa, a été adoptée par une famille noire et Tamara tombe amoureuse de son demi-frère… On vit une époque moderne et Zidrou milite pour le faire savoir !

Petit à petit, Zidrou a transmis son savoir-faire à Louise Darasse qui écrira dorénavant les scénarios d’une série comptant aujourd’hui quinze albums et qui connaît les honneurs du cinéma avec un premier long-métrage sorti en 2016.

Des mômes courageux

Le créateur de Ducobu et Tamara, deux séries à grand succès, est devenu un auteur très sollicité. Les propositions se multiplient et Zidrou en profite pour faire passer des messages humanistes. Contacté par les éditions Bamboo, il crée « Boule à Zéro » avec Serge Ernst. Leucémique, la petite Zita, 13 ans, vit à l’hôpital où, entre deux chimios, elle s’est créée un univers d’amour, de jeux et de joies de petite fille maligne. La série compte déjà six albums principalement destinés au jeune public.

Quant aux éditions Paquet, elles éditent « Schumi », une série de gags dessinée par E411 et prépubliée dans Dauphin. Schumi est un petit garçon positif et volontaire qui évolue en fauteuil roulant. Son surnom s’inspire du de Formule 1 Michael Schumacher, car il est très doué pour piloter Rouli-Roula, son redoutable véhicule. La série, adaptée en dessins animés, ressort aujourd’hui sous le nom de « Will ». À nouveau, par son humour et sa gentillesse, Zidrou dédramatise le handicap.

6. Des classiques revisités

Le Flagada, avec Philippe Bercovici (Glénat)

Mythique pour certains esthètes (Franquin l’adorait et elle compte de nombreux supporters dans le petit milieu de la BD), la série créée par Charles Degotte met en scène un animal improbable, sorte de grosse boule jaune à pois rouges mue par une petite hélice. Le Flagada se nourrit de pignoufs. Il est le grand ami du naufragé volontaire Alcide Citrix qui chante généralement « Allons enfants de l’apathie » en se prélassant sur son hamac.

La Ribambelle, avec Jean-Marc Krings ()

Cette série de Roba, créée avec le scénariste Vicq, est également plus appréciée par les experts de la BD que par le grand public. Elle met en scène six enfants débrouillards qui sont confrontés aux Caïmans, un trio de mauvais garçons très bêtes. Le groupe est éclectique puisqu’on y trouve un garçon et une fille bien de chez nous, mais aussi un jeune Black qui joue de la trompette, un Écossais en kilt et une paire de petits judokas japonais.

Chlorophylle, avec Godi (Lombard)

Déjà maintes fois reprise depuis que l’a cédée aux éditions du Lombard, la série met en scène un loriot malicieux et son ami le souriceau Minimum, ainsi que le peuple du Petit Bois avec leurs petits vêtements, leurs petites autos et leurs petites maisonnettes à l’allure très provençale. Ils sont confrontés aux rats noirs d’Anthracite, leur ennemi de toujours. Ric Hochet, avec Simon Van Liemt (Lombard)

Toujours bien coiffé, le journaliste-détective Ric Hochet et son ami le commissaire Bourdon enquêtent. Après 78 albums, la célèbre série de Tibet et Duchâteau est de retour. Un troisième album est en cours de réalisation.

Clifton, avec Turk (Lombard)

De très nombreux dessinateurs se sont succédé pour raconter les enquêtes de cet ancien chef scout très british, une série créée par Raymond Macherot. Zidrou la relance avec Turk, qui l’avait déjà dessinée dans le passé.

Léonard, avec Turk (Lombard)

Zidrou a succédé à Bob De Groot pour raconter les péripéties de Léonard, une caricature déjantée de Léonard de Vinci. Il prend à son tour un malin plaisir à martyriser le malheureux disciple, véritable héros de cette série très prisée jusqu’en Asie où elle est adaptée en dessins animés.

Spirou et Fantasio (Dupuis)

Le célèbre groom de Marcinelle fait l’objet d’une collection parallèle d’albums dessinés par différents dessinateurs dans leur propre style. Zidrou a scénarisé « La Lumière de Bornéo » pour Frank Pé, sorti en 2016, et « Soumaya » pour Marc Hardy qui en achève la réalisation.

Les Tuniques Bleues (Dupuis)

Hommage rendu à et Cauvin par des confrères admiratifs ou facétieux en 2016, « - des histoires courtes » est un recueil collectif de récits mettant en scène le caporal Blutch et le sergent Chesterfield. Sous le pseudonyme de Benn McZid, Zidrou y a écrit « The End » dessiné à la tablette graphique par Éric Maltaite sous le pseudonyme de Richard Badhead.

7. Zidrou, scénariste pour un public adulte

Zidrou est un scénariste curieux, ouvert, à l’écoute du monde qui l’entoure. Dès ses débuts, il imagine des histoires touchant à différents registres. À partir des années 2000, ses récits destinés à un public adulte sont peu à peu publiés. Plusieurs histoires écrites à l’époque de Spirou sont redessinées et republiées en 2009 sous le titre La vieille dame qui n’avait jamais joué au tennis. Ce recueil marque le début des collaborations complices avec des dessinateurs espagnols, dont Jordi Lafebre. Avec lui, il signe Lydie en 2010, qui marque le public et constitue un tournant important. Zidrou diversifie sa production et explore tous les registres : aventure, polar, historique, fantastique…Nés d’une image, d’une rencontre ou d’un évènement marquant, ses récits sont écrits avec des mots justes. Un mot pour les définir : émotion !

7.2 Intrigues et sensations fortes pour des aventures à suspens Mèche rebelle : le premier récit pour adulte publié avec Matteo au dessin

Les deux tomes de Mèche rebelle sont les premiers récits publiés de Zidrou destinés à un public plus adulte (Dupuis, 2003/2004). Souhait de l’éditeur, ils sont réédités en 2006 en un tome unique sous le titre Protecto La genèse. Deux autres tomes complèteront cette série à suspense dessinée par Matteo. Sorte de roman noir, le récit met en scène les humains dont certains élus, les « élites majeures », sont protégés par la société Protecto. Celle-ci applique avec précision ce qu’annonce le scriptor, jusqu’au jour où rien ne se passe comme prévu…

La peau de l’ours : un scénario inspiré par un dessin d’Oriol

Après une première collaboration chez Dupuis sur un recueil d’histoires courtes, Zidrou, inspiré par un dessin qu’Oriol lui a envoyé, écrit pour lui La peau de l’ours (Dargaud, 2012). Il imagine une histoire ancrée dans l’univers de la mafia des années 30 et fait parler un vieil aveugle qui raconte le cours de sa vie mouvementée. La rencontre avec le chef de la mafia Don Pomodoro a changé son destin…

Avec Man : Le Client

Dans Le client (Dargaud, 2013), à la fois polar noir et histoire d’amour, Zidrou met en scène l’univers des bars, du monde de la nuit et de la prostitution. « Un bien triste paradis en réalité, peuplé d’anges au sourire déchu. On leur a coupé les ailes, aux anges. Alors ils restent là, assis sur leur perchoir ». Forme originale de narration, c’est à travers une lettre destinée à sa sœur que le protagoniste raconte les évènements : en échange d’informations sur la prostituée dont il est amoureux, il retient la fille d’un caïd en otage…

Le crime qui est le tien : un album de la collection de Philippe Berthet

Philippe Berthet a lancé la collection Ligne Noire chez Dargaud, confiant le récit de chaque album à un scénariste différent. Pour lui, dessinateur, chaque album est ainsi une aventure en soi. Le projet du Crime qui est le tien (Dargaud, 2015) l’amène à dessiner l‘Australie des années 70 et le devenir d‘un homme qui revient dans la ville où sa femme fut assassinée. Ce retour ravive les mémoires, les blessures et les trahisons…

Rosko : Alexeï Kispredilov met en image suspense et manipulation

Après leur collaboration sur Mon jour de chance (Fluide Glacial, 2009), Alexeï Kispredilov, séduit par le scénario de Rosko, propose à Zidrou de le mettre en image.

Entre polar d’anticipation et critique sociale, Rosko est une histoire complète en deux tomes qui ne ménage pas son suspense (Delcourt 2013-2017). Le sort du tueur en série Pier Svenson est lié à Pimento TV, chaîne sur laquelle il sera exécuté en direct, de la façon dont en aura décidé le vote des téléspectateurs. Tout a été prévu pour garantir l’audience, même son évasion, jusqu’à ce que la situation dérape…

Avec José Homs : Shi, une mystérieuse machination

« Un idéogramme japonais. Shi. Le chiffre 4. Le chiffre de la mort ! ».

Mis en contact par Dupuis pour un projet d’histoires courtes, Zidrou et José Homs se connaissent depuis longtemps. Zidrou imagine un récit qui correspond aux souhaits du dessinateur complice : une histoire qui s’ancre dans l’époque victorienne et le Japon de cette période. Le projet de Shi (Dargaud, 2017) s’inspire ainsi de leurs goûts communs et de leur envie de créer une série ensemble. À la suite d’un terrible évènement qui se déroule lors de la première Exposition Universelle de 1851 à Londres, deux destins de femmes se retrouvent liés. Toutes deux vont tisser leur vengeance et s’engager dans une aventure aux rebondissements multiples…

7.3 Les contes fantastiques

Avec Porcel : Bouffon

Passionné d’Histoire, Francisco Porcel propose à Zidrou d’aborder la période du Moyen Ậge. Celui-ci écrit alors Bouffon (Dargaud, 2015), un conte sombre sur le thème de la différence. Laid et difforme, Bouffon grandit seul dans les geôles d’un château avant de devenir le bouffon de la fille du comte. Son triste sort, raconté par l’un des prisonniers du château, n’inspire que dégoût et rejet jusqu’à ce qu’il se découvre un don particulier…

Les 3 fruits, Natures mortes : Des récits imaginaires sublimés par Oriol

Oriol poursuit sa collaboration avec Zidrou et l’album Les 3 fruits (Dargaud, 2015).

Un roi, à la fin de sa vie, craint la mort qui approche. En échange de la vie éternelle, il suit les conseils d’un mage et met ses fils à l’épreuve, sans comprendre qu’il vient de signer un pacte avec le diable…Ce récit fantastique reprend les éléments du conte traditionnel et fait la part belle au dessin et à la couleur.

« J’ai reconstitué les faits au départ de cette lettre dans laquelle Vidal m’avouait ce qu’il appelait « ses crimes picturaux » et me cédait sa dernière peinture… » Pour Natures mortes (Dargaud, 2017), Zidrou joue sur la réalité/fiction et imagine la vie mouvementée et mystérieuse du peintre catalan Vidal Balaguer, à travers le témoignage de l’un de ses amis. Balaguer évolue dans le milieu artistique barcelonais du XIXè siècle. Son talent, énigmatique, suscite bien des interrogations…Les couleurs d’Oriol portent le récit et son rendu se rapproche de la peinture, même s’il travaille en réalité en numérique.

7.4 Avec l’histoire pour inspiration

Avec Matteo : Marina et l’intrigante Venise

« Née fille de doge, elle mourra pirate ».

Marina (Dargaud, 2013-2016) est une série historique qui prend place dans la lagune vénitienne en 1342. Fille du doge, Marina Dandolo est prise en otage avec son frère par des pirates et va traverser les pires épreuves. Vengeance et trahison seront de mise dans cette tragédie qui se joue sur deux époques : la Venise du XIVe siècle et notre époque. L’idée de mettre la Sérénissime au cœur du récit vient de Matteo. C‘est pour lui une façon « d’étudier l’histoire de Venise et le plaisir, presque sensuel, de dessiner cette ville magique », mais aussi de sensibiliser les gens aux problèmes auxquels la ville est confrontée (l’acqua alta, l’affluence des touristes).

La Mondaine : Jordi Lafebre dessine la police des mœurs parisienne

« On est à La Mondaine ici, pas chez Chanel ».

La Mondaine (Dargaud, 2014) est une histoire complète en deux tomes, qui nous plonge dans le des années quarante et la police des mœurs. À travers le parcours du jeune inspecteur Aimé Louzeau, Zidrou dépeint avec justesse une époque rapidement passée de la légèreté au drame de la guerre, de l’Occupation et ses drames.

Francisco Porcel inspiré par la grande Histoire

Avec l’album Folies bergères (Dargaud, 2012), Zidrou aborde la Première Guerre Mondiale. Dans les tranchées, les soldats de la 17e compagnie d’infanterie subissent l’horreur de la guerre, que Porcel dessine avec beaucoup de réalisme. Leur petit réconfort est le temps passé ensemble dans l’endroit aménagé pour se distraire, rebaptisé « Folies bergères », du nom du célèbre music-hall parisien.

Après Bouffon, Zidrou écrit pour Porcel Chevalier Brayard (Dargaud, 2017), une histoire qui aborde de nouveau la période avec beaucoup d‘humour. Seigneur de Porcel-Sainte-Gertrude, le noble chevalier Brayard, « Brayard comme le bébé », revient de croisade avec son servant. Sur le chemin du retour au château, il braille/chante à la moindre occasion. La rencontre d’une princesse va bouleverser ses plans et marquer le début d’une aventure mouvementée ! L’un des précieux carnets de l’artiste permet de découvrir les nombreux croquis effectués pour l’occasion.

7.5 Chroniques sociales et tranches de vie

La vieille dame qui n’avait jamais joué au tennis : un recueil important

Paru en 2009 chez Dupuis, ce recueil de quatorze nouvelles réalistes joue un rôle important. Ces « nouvelles qui font du bien » sont signées par neuf dessinateurs, dont des auteurs Espagnols avec qui Zidrou collaborera régulièrement par la suite. À la fois drôles et touchantes, ces histoires abordent avec humour et tendresse les thèmes de la vieillesse, des liens familiaux et des relations humaines. Parmi les dessinateurs, l’on compte Jordi Lafebre, qui dessine quatre histoires.

Un second recueil collectif d’histoires courtes signées Zidrou est publié en 2010 : Joyeuses nouvelles pour petits adultes et grands enfants. Nous retrouvons notamment parmi les dessinateurs A.Kispredilov, J.Lafebre, Roger et Oriol.

Lydie : une collaboration réussie pour un album marquant

« Le Bon Dieu en a eu assez d’entendre ma Lydie pleurer à longueur de journée…alors il a demandé aux anges du ciel de me la rapporter ».

Paru en 2010 chez Dargaud, Lydie est une histoire forte qui a marqué les esprits bédéphiles. Camille, un peu simple d’esprit, perd son bébé. Dans le déni, elle annonce un beau jour le retour de son enfant, Lydie, qu’elle présente à tout le quartier. Face à ce bébé imaginaire, chacun réagit avec solidarité et compassion. Comme le dit la Madone à l’enfant qui raconte et commente les évènements : « Après tout, pourquoi faire du mal quand il est si facile de faire du bien ? ».

Deux drames forts dessinés par Benoît Springer

Avec Benoît Springer, Zidrou aborde les thèmes difficiles du deuil ou de l’inceste, qu’il traite avec beaucoup de tact.

Le beau voyage (Dargaud, 2013), récit bouleversant, retrace le parcours de Léa qui reconstruit son histoire familiale après le décès de son père.

L’indivision (Futuropolis, 2015) aborde la relation destructrice entre un frère et sa sœur, qui se déchirent, mais qui s’aiment aussi, d’un amour incestueux...

Un projet de thriller, à paraître prochainement chez Dupuis, intitulé « La petite souriante », associe une nouvelle fois les deux auteurs. Avec Roger : un récit touchant sur le handicap

Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes ? (Dargaud, 2013). Cet album évoque le quotidien d’une maman qui s’occupe de son fils âgé de 43 ans, handicapé à la suite d’un accident. À travers plusieurs petites histoires, Zidrou raconte avec beaucoup de sensibilité la lourde responsabilité d’avoir une personne handicapée à charge.

Les dessins de Raphaël Beuchot pour illustrer l’Afrique en trois albums

Raphaël Beuchot a reçu le scénario de Zidrou « Le montreur d’histoires » après avoir gagné le prix Raymond Leblanc. Satisfait de leur collaboration, les auteurs ont prolongé leur travail en trilogie. Ces trois tomes sont indépendants mais ont en commun le continent africain et le Congo. Chacun aborde avec subtilité des sujets sensibles à travers des histoires personnelles.

Le montreur d’histoires (Le Lombard, 2011) raconte le destin de Souleymane, appelé « Il était une fois », qui propose des spectacles de marionnettes à travers le pays, au péril de sa vie. Cruel, ce récit n’en est pas moins profondément poétique.

Tourne-disque (Le Lombard, 2014) narre l’histoire d‘amitié entre un violoniste belge venu au Congo pour jouer lors du centenaire de l’Indépendance de la Belgique, et Tourne-disque, un employé de maison grand amateur de musique. En humaniste, Zidrou dénonce les injustices du colonialisme et honore la fraternité.

Un tout petit bout d’elles (Le Lombard, 2016), récit plus grave, dénonce le racisme de certains travailleurs chinois envers les Africains ainsi que le phénomène traumatisant de l’excision auquel sont confrontées de nombreuses femmes africaines.

Avec Mai Egurza : Les promeneurs sous la lune

Les promeneurs sous la lune (Rue de Sèvres, 2015) est un récit consacré au somnambulisme. Cet étrange phénomène du sommeil se propage en ville sans que même les spécialistes du ronflement ne puissent y remédier ! Cet album, drôle, est un moment de douceur dessiné par Mai Egurza sur tablette numérique.

Avec Arno Monin : une collaboration sous le signe de l’émotion

Arno Monin et Zidrou travaillaient tous deux avec les éditions Bamboo. Mis en contact par le directeur de collection, Zidrou propose au dessinateur le scénario de Merci (Bamboo, 2014), un récit synonyme de poésie. Merci, jeune adolescente, doit accomplir des travaux d’intérêt général. Comme projet, elle imagine « La fête aux poètes ». Si personne n’y croit au départ, le succès arrive peu à peu…Cet album aux personnages attachants rend hommage à la jeunesse et aux adolescents, les citoyens de demain !

« L’amour ça ne se vole pas ! L’amour ça ne s’achète pas ! L’amour ça se mérite ! »

Après Merci, les deux auteurs poursuivent leur collaboration. Arno Monin reçoit plusieurs suggestions de Zidrou, dont le projet sensible de L’adoption.

L’adoption (Bamboo, 2016-2017) est un récit délicat, complet en deux tomes, particulièrement fort et touchant. A la suite d’un violent séisme au Pérou, Qinaya, petite fille péruvienne de 4 ans, arrive dans sa nouvelle famille. Elle trouve peu à peu ses marques et se rapproche de Gabriel, grand-père bourru au cœur tendre. Chaque membre de la famille savoure ce bonheur d’être ensemble, jusqu’à ce que la dure réalité ne les rattrape... L’émotion, présente dans les dialogues et les attitudes, est également portée par la douceur du dessin et des couleurs.

Les Beaux Étés : Jordi Lafebre dessine les vacances ensoleillées

« On descend dans le Midi dans not’4L ! ».

Après Lydie et La Mondaine, Zidrou et Jordi Lafebre travaillent ensemble sur une série qu’ils souhaitent « positive avec de bons sentiments ». Les Beaux Étés (Dargaud, 2015-2017) raconte avec délice les vacances d’une famille belge dans le sud de la . Certains rituels rythment la narration de chaque album : attendre que le papa ait terminé de dessiner ses planches, puis direction le soleil dans la 4L, suivant la boussole « Perd-le-Nord » en chantant ! L’originalité du scénario nous fait voyager dans le temps et basculer d’une année à l’autre, en racontant un été par album. Le premier tome nous plonge en 1973 en Ardèche, le deuxième nous projette en 1969 dans les calanques près de Marseille. Le troisième tome renvoie en 1962 et l’arrivée de la voiture 4L « Mam’zelle Estérel ». Jordi Lafebre confère à chaque personnage beaucoup d’expression et de personnalité, les rendant très attachants. Zidrou ne s’en cache pas, il souhaite voir cette série durer toute sa vie de scénariste !

Zidrou signe le scénario d’Emma G.Wilford, un projet d’aventure dessiné par Edith, à paraître en fin d’année chez Soleil dans la collection Noctambules. Edith réalisé nombres de croquis et recherches préparatoires avant de valider les planches définitives en numérique.

De nombreux autres projets sont en cours et à venir, toujours sous le signe de la complicité et de l’émotion. Comme aime à le dire Zidrou lui-même : « Ce n’est qu’un combat, continuons le début ! ».

Le Musée de la Bande Dessinée

Attraction incontournable située au cœur de Bruxelles, le musée de la BD met à l'honneur depuis plus de 25 ans auteurs et héros du 9ème Art. Les expositions permanentes régulièrement renouvelées et un vaste programme d'expositions temporaires amènent les visiteurs à découvrir les innombrables facettes de la bande dessinée. Tintin et les Schtroumpfs ouvrent la voie vers d'autres aventures, à la rencontre d'un monde dont la créativité n'a aucune limite. Magnifié par un exceptionnel cadre Art Nouveau conçu par Victor Horta, le Musée de la Bande Dessinée est tout autant un hommage aux pionniers qu'un regard sur la BD actuelle.

Photo de Daniel Fouss

Le Musée de la Bande Dessinée 20, rue des Sables – 1000 Bruxelles (Belgique) Ouvert tous les jours de 10 à 18 heures. Tel. +32(0) 219 19 80 - www.cbbd.be – [email protected]

Contact Presse CBBD (FR) Valérie Constant, Apropos Communication Tel : +32 (0)81/ 21 17 16 – GSM : +32 (0)473/ 85 57 90 [email protected] Ou www.cbbd.be/fr/presse, identifiant : comics, mot de passe : smurfs