La Muse Française. Edition Critique Publiée Par Jules Marsan
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LlBRARlfi Yy i^W LA MUSE FRANÇAISE 1828 -1824 Il a été tiré de cet ouvrage cinquante exemplaires sur papier Van Gelder. Tous ces exemplaires sont numérotés et parafés par le Secrétaire général de la Société. terrer ^ SOCIÉTÉ DES TEXTES FRANÇAIS MODERNES LA MUSE FRANÇAISE > 1823-1824 EDITION CRITIQUE PUBLIÉE PAR JULES MARSAN Tome I ^ J > \ / PARIS % PUBLICATIONS DE LA Sté nblle DE LIBRAIRIE ET D'ÉDITION (i4nct rwe Cu/as) x^ EDOUARD CORNÉLY ET C^^ ÉDITEURS j ^ lOI, RUE DE VAUGIRARD, lOl 1907 /I37 t INTRODUCTION' La Muse Française fut l'organe officiel du premier grou- pement romantique. Editée d'abord par Bouiland, puis par son successeur Ambroise Tardieu, elle parut mensuelle- ment de juillet 1823 à juin 1824; après quoi, elle s'éteignit, I. Bibliographie générale : Conservateur littéraire. — Att' nales de la littérature et des arts. — Mercure du dix-neuvième siècle. — Recueils des Jeux Floraux. — Annales romantiques. — Répertoires biographiques et bibliographiques de Rabbe, Sarrut et Saint-Edme, Quérard, Barbier, Asselineau. — Mé- moires et souvenirs de Jal, M"» Ancelot, D. Stern, E. J. Dclé- cluze, Amaury Duval, M"" Ménessier Nodier, Barbier, etc. — Correspondances de Hugo, Lamartine, Vigny, Stendhal. — Sainte-Beuve, Portraits contemporains; Causeries du lundis t. III; Nouveaux lundis, t. VI. — Th. Gautier, Histoire du romantisme) Portraits et souvenirs littéraires. — J. Lefèvre- Deumier, Célébrités d'autrefois. — P. Foucher, Coulisses du ;;ii55é.— Chaudes-Aiguës, Écrivains modernes de la France. — Vin et, Études sur la littérat. franc, au dix-neuvième siècle. — A. Nettement, Histoire de la littérat. franc, sous la Restauration. — Gaspard de Pons, préfaces et notes des Adieux poétiques et des Essais dramatiques. — Barbey d Aurevilly, Le5 Hommes et les Mœurs. — Victor Hugo raconté... — E. Biré et E. Grimaud, Les Poètes lauréats de VAcadémie française. — E. Biré, Victor Hugo avant i83o. — L. Derôme, Éditions originales des romantiques. — L. Séché, Études d'histoire romantique. — Charavay, A. de Vigny et Ch. Baudelaire, candidats à l'Aca- démie française . — E. Asse, Éditions originales d'A . de Vigny, Petits romantiques. — A. Le Roy, Vaube du Théâtre roman- tique. — Lardanchet, Les Enfants perdus du romantisme, ch. i. — E. Dupuy, La Jeunesse des romantiques. — M. Salmon, Le VI INTRODUCTION. n'ayant plus de raison d'être. Assez brève destinée, qui n'enlève rien à son importance. Cette période est, dans l'histoire de l'école, un moment décisif; quelques années plus tôt, au temps du Conservateur, on ne peut dire qu'elle soit formée; quand la Muse cesse de paraître, elle a pris conscience d'elle-même, elle se dégage de ce qui survivait, en elle, du passé, elle est prête à renier ses premières admirations. Ce que promettait la jeune revue, ces vers de Virgile, imprimés sur sa couverture bleue, le disent assez : Jam redit et virgo Jam nova progenies cœlo demittitur alto. Autant que fraîche d'inspiration, elle devait être riche de matière, et variée. Chaque livraison comporte trois parties, — Poésie, Critique littéraire. Mœurs — chacune munie, comme il convient, de son épigraphe. En tête de la pre- mière, le mot de Chénier, qui est tout un programme : Sur des pensers nouveaux, faisons des vers antiques; ce vers de Stace pour les articles littéraires : Tu longe sequere, et vestigia semper adora; et pour les chroniques, signées à l'ordinaire du pseudo- nyme d'Emile Deschamps, le Jeune Moraliste, une phrase de Montaigne : « Il en est (et qui ne sont pas les pires) les- Salon de l'Arsenal (Rev. de Paris, iqo6). — Papiers manus- crits d'E. Deschamps. (Je tiens à dire ici ce que je dois à M. et M""» L. Paignard; outre les manuscrits, déposés maintenant à la bibliothèque de Versailles, ils ont bien voulu me commu- niquer toute une correspondance inédite d'un vif intérêt; chez la petite-nièce du charmant poète que fut E. Deschamps, cette bonne grâce m'a semblé, d'ailleurs, toute naturelle. Je dois remercier aussi M. Taphanel, conservateur de la bibliothèque de Versailles, et mon ami le poète Jacques Madeleine, dont le concours, en des recherches parfois difficiles, m'a été pré- cieux.) INTRODUCTION. VII quels ne cherchent autre fruit que de regarder comment et pourquoi chaque chose se fait, et être spectateurs de la vie des autres hommes pour en juger et reigler la leur. » La liste des collaborateurs, telle que la donne Emile Deschamps dans une note de ses dernières années, pré- sente, au moins au premier aspect, une surprenante diver- sité : «. La Muse française eut pour fondateurs : A. Soumet, A. Guiraud, ces deux poètes de transition entre le clas- sique et le romantique, puis Victor Hugo, Alfred de Vigny, Saint-Valry, Desjardins, grand et original critique, mort presque aussitôt, et Emile Deschamps... A ces fondateurs se joignirent bien vite, comme collaborateurs sympa- thiques : Ch. Nodier, Jules Lefèvre, Belmontet, Pichald, Chênedollé, Saint-Prosper, Briffaut, Baour-Lormian, An- celot, Gaspard de Pons, comte Théobald Wash, etc.. et enfin Mesdames Sophie Gay, Delphine Gay, sa fille, Des- bordes-Valmore, Amable Tastu, Hortense Céré-Barbé, Du- frénoy, etc.^.. » Il y a là des noms que l'on s'étonnerait de rencontrer ensemble, si l'on ne connaissait, en ces années de début, la confusion étrange des partis. C'est lentement que les romantiques sont arrivés à préciser leurs aspirations originales. L'école ne s'affirme pas par de belles manifestations d'audace, par des cris de révolte. Elle se I. Œuvres complètes, Paris, Lemerre, t. IV, p, 3o2. — Note écrite en réponse à une lettre d'A. de Latour : « ... Vous me di- riez comment elle naquit, cette Muse et par qui ? S'il faut la confondre avec le Cénacle, et si les poètes du recueil n'ont pas été plus tard les premiers à sortir du Cénacle? Je sais bien que tout cela ne s'est fixé que plus tard, un peu après coup, et comme les origines de toutes les religions. Plus tard, les lueurs sont devenues des rayons. Tout s'est d'abord résumé en quelques noms propres. Mais ces noms, quels sont-ils au juste? Nul n'en a gardé mieux que vous la mémoire. Vous êtes l'Ossian de la tribu. J'interroge pieusement les cordes de sa harpe. J'ai fait un pèlerinage à la grotte de Fingal. Est-ce que cela ne me donne pas un peu le droit d'interroger le dernier adepte poétique survivant du cycle?... » (Lettre inédite.) VIII INTRODUCTION. constitue au milieu de toutes sortes de timidités. Victor Hugo a commencé par l'admiration de l'abbé Delilie*. Parmi les vivants aussi, il faut à ces jeunes gens de glo- rieux patrons. La génération précédente a donné quelques poètes devant lesquels ils s'inclinent et qui, par une aber- ration singulière, leur semblent les apôtres d'un art nou- veau. Six mois avant la Muse Française, ont paru chez l'éditeur Persan les Tablettes romantiques^. Le volume était orné des portraits de Soumet, de Guiraud, d'Ancelot, de Nodier, celui-ci avec son air habituel de finesse et de simplicité, les trois autres fièrement campés, le front dé- couvert, le cou dégagé par des draperies flottantes, les cheveux artistement ondulés, l'œil étincelant, — face à la foule, et à l'avenir. Ils resteront les maîtres vénérés du premier cénacle. Soumet a le prestige, d'abord, de cette étonnante sou- plesse d'esprit qui a permis sa précocité de poète, et qui lui a permis aussi de chanter tour à tour, avec une égale sincérité, tous les pouvoirs successifs. Aux Jeux floraux, à l'Académie française, au théâtre, il n'a connu que le suc- cès. Dans les concours, son indifférence du sujet le sert merveilleusement. Le fanatisme, l'incrédulité, les embel- lissements de Paris, les derniers moments de Bayard, la découverte de la vaccine, quel que soit le thème, il est tou- jours prêt à l'enthousiasme ou à l'émotion. Et cette émo- tion, étant banale, est communicative : la Pauvre fille nous a valu toute une série d'élégies pleurardes. A deux jours d'intervalle, le 7 et le 9 novembre 1822, sa Clytem- nestre et son Saûl ont obtenu, à la Comédie française et à l'Odéon, un double triomphe. Séduisant avec cela, d'un 1. Voy. dans la livraison de septembre le début de l'article de Saint-Valry. 2. Premier volume de la série des Annales romantiques. INTRODUCTION. IX accueil bienveillant, d'un charme personnel qui ne laisse pas la force de lui reprocher ses palinodies. Pour ces débu- tants, il est la poésie même. V. Hugo retrouve dans Saûl « toute l'immense épopée de Milton * ». — « Notre grand poëte Soumet... », dira-t-il encore après son « abjuration * ». J. de Rességuier lui dédie ses Tableaux poétiques. Quant à Emile Deschamps, il nous a transmis, en une pièce de vers, le souvenir de leur première rencontre. Le morceau est tout vibrant d'un enthousiasme pieux : Un jour, — étais-je enfant! — j'appris, non sans terreur, Qu'Alexandre Soumet lui-même, le poëte Dont les vers, au collège, avaient tourné ma tête, Désertait son Toulouse et dans notre maison, Précisément, venait passer une saison! Tout mon corps de quinze ans, devant cette nouvelle, Trembla comme Psyché, quand l'amour se révèle. Et je restai muet, et dans le saint effroi D'un vassal averti de l'approche du roi. Mon front rougit ensemble et d'orgueil et de honte* De tels admirateurs ne se résigneront pas sans peine à l'avortement d'une carrière qui s'annonçait si brillante. Dans une lettre à E. Deschamps du 3o octobre i836, A. Guiraud revient avec mélancolie sur le passé ; Le pauvre Soumet s'est donc relégué à l'Arsenal! L'y voilà perdu, lui qui l'était presque déjà, rue St-Florentin.