Quand Lemmy S'abreuvait Aux Sources Du Rock and Roll
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SAMEDI 27 AOÛT 2016 LE JOURNAL DU JURA RIFFS HIFI 21 THE HEAD CAT L’un des nombreux projets parallèles du grand disparu NEW MODEL ARMY La colère est plus grande que la peur On avait adoré «Between dog and wolf», véritable album de la renaissance pour New Model Army. «Between wine and blood», son Quand Lemmy s’abreuvait successeur, avait été composé dans l’urgence: six nouveaux morceaux, plus un live de 11 pièces. Avec «Winter» (distribution Phonag Records), le combo de Justin Sullivan renoue avec la rage et la colère qui constituent sa marque de fabrique. Plus messianique que aux sources du rock and roll franchement destroy, «Winter» n’en est pas moins hautement représentatif des trublions anglais qui, depuis 1980, oscillent toujours entre punk, soul, british folk et rock sauvage. Un subtil dosage faisant PASCAL VUILLE que New Model Army reste inimitable. On pourra les applaudir à Lucerne (Schuur) le 23 octobre, à Winterthour (Salzhaus) le 24 et à L’irremplaçable Ian Fraser Berne (Dachstock) le 25. Pour partager avec eux ce message, tout sauf «Lemmy» Kilmister, comman- subliminal par les temps qui courent: «Anger is greater than fear». Oui, dant en chef de Motörhead, décidément, la colère est plus grande que la peur! PABR s’éteignait chez lui il y a huit mois, foudroyé par un cancer aussi agressif que sa musique. MEGADETH Les témoignages posthumes Rust in Peace, Nick Menza commencent à voir le jour. Alors que Megadeth sillonne le monde pour promouvoir son excellent En l’espace d’un mois, deux al- dernier album, «Dystopia», savoureux retour aux sources du thrash bums live sont sortis des archi- metal mélodique si cher au furieux rouquin Dave Mustaine, ses fans ves des labels. D’abord, un dou- pleurent la mort du batteur Nick Menza, décédé sur scène le 21 mai ble CD/DVD/vinyle («Clean d’un infarctus du myocarde à l’âge de 51 ans. Entre 1989 et 1998, le fils your clock»), enregistré lors des du célèbre saxophoniste Don Menza, notamment interprète du thème ultimes concerts de Motörhead, de la Panthère Rose, avait assuré la rythmique de Megadeth lors de sa à Munich, les 20 et 21 novembre période la plus glorieuse, la plus prolifique, la plus lucrative, aussi, 2015. N’ayant subi aucune re- participant entre autres aux chefs-d’œuvre metal que son «Rust in touche, on y entend moult lar- Peace» – un disque majeur –, «Countdown to Extinction» et sens déchirants. La voix de Lem- «Youthanasia». Après un retour avorté dans le giron de Megadeth en my, émacié et tenant à peine 2004 pour d’obscures raisons financières – «On m’a offert un contrat debout, a perdu en puissance et vraiment injuste», dira Nick Menza à l’époque –, l’Américain voguait en clarté, mais l’énergie du trio sous d’autres couleurs, les groupes Memorain, et Orphaned to Hatred fou n’a en rien été entamée. La notamment. Rust in Peace, Nick. LK locomotive fonçait à plein ré- The Head Cat: Danny B. Harvey (The Rockats), Lemmy (Motörhead) et Slim Jim Phantom (Stray Cats), réunis en gime, comme en 1975. La setlist hommage aux pionniers du rock’n’roll. LDD comporte trois blues d’antholo- MARILLION gie («Lost woman blues», «Just mé «Rock’n’roll riot on the Sun- Head Cat, publiera trois collec- sur une compilation en hom- Non, «FEAR» ne passera pas à la radio ‘cos you got the power» et set Strip», il témoigne de ses ac- tions (en 2000, 2006 et 2011) de mage au King (The Swing Cats, Quatre ans après la sortie de «Sounds that can’t be made», Marillion «Whorehouse blues») qui prou- tivités extraconjugales. Si chansons qui ont bercé l’adoles- «A tribute to Elvis Presley»). est mûr pour présenter son 18e album studio. Son nom: «FEAR», pour vent que le rock brut, rapide et Motörhead était sa régulière, il cence du bassiste et qui ont fa- Le géant à la dégaine inimitable «Fuck everyone and run». Livraison: mi-septembre. S’appuyant sur un guerrier du trio était ancré dans s’était autorisé près de 150 incar- çonné celui qui aimait le rocka- (Stetson, favoris, pustules d’épo- système d’autoproduction cofinancé par ses fans, le quintette anglais sa plus primale expression. tades avec d’autres musiciens. billy par-dessus tout. que, boucle de ceinture, bagues s’est affranchi de la pression de l’industrie du disque «mainstream». Il Motörhead, c’était du blues sous Acoquiné avec le batteur Slim tête-de-mort, santiags sur me- peut laisser libre cours à sa créativité sans se soucier du format. amphét’. La preuve? Ecoutez ne Jim Phantom, des Stray Cats, et Tous ces maîtres sure) a laissé un trou béant dans la Résultat, «FEAR», c’est cinq titres s’ébattant très loin des standards des serait-ce que «Bomber», ça le guitariste Danny B. Harvey A tel point que Lemmy y tro- galaxie rock. Chaque sortie d’al- radios FM: «El Dorado» (16’43), «Living in FEAR» (6’25), «The Leavers» saute aux yeux. des Rockats, il aimait à passer en quera sa légendaire basse «Rick- bum posthume remue le couteau (20’53), «White Paper» (7’18) et «The New Kings» (16’43). Ce dernier Un autre album est disponible, revue, dans de petits clubs, le ré- enbastard» contre une gratte sè- dans la plaie. Mais comme l’a très morceau, lâché aux fans sponsors mi-juin, propose du pur prog-rock à anecdotique mais tout aussi in- pertoire des pionniers du che. Les lascars reprenaient bien dit un chroniqueur british: tiroirs, marque de fabrique de Steve Rothery & Cie. Et dire que dans les dispensable pour ceux qui ont rock’n’roll. Elvis, Eddie Cochrane, Buddy «Ces disques ne nous rappellent «eighties», quand le groupe d’Aylesbury écoulait des albums par prêté allégeance à Lem’. Nom- L’improbable trio, baptisé The Holly, Johnny Cash, Carl Per- pas ce que nous avons perdu avec millions, Marillion était l’égal de U2... LK kins, T-Bone Walker. A leur fa- Lemmy, mais ce que nous avons eu çon, en tant que fans, avec pana- grâce à lui.» Amen. che et décontraction. En intro Lemmy aimait à passer en revue de «Fool’s paradise» (de Buddy The Head Cat, «Rock’n’roll riot on the Sunset Holly), il dira que ce titre figu- Strip», Cleopatra Records. Motörhead, dans de petits clubs le répertoire rait sur le tout premier disque «Clean your clock», distr. Warner Music. Phil qu’il avait acheté. La genèse de Campbell (le guitariste de Motörhead des pionniers du rock and roll. ce projet de cœur? Un jam avec pendant 31 ans) sera en concert à Soleure Johnny Ramone, en 1999, gravé (Kofmehl) le 20 octobre. LA PLAYLIST DE... Julien Baumann PHÉNOMÈNE En s’alliant à deux jeunettes, le maître brouille encore toutes les pistes [email protected] JOHNNY THUNDER «I’m Alive» (1969) Il nous cloue toujours le Beck, Jeff... Juste après la sortie de ce titre, Bob Dylan l’aurait défini comme l’un des morceaux les plus puissants qu’il ait jamais entendu. A ne pas Il serait, selon certains esthè- faisait dans la vie. Carmen Van- confondre avec Johnny Thunders, des New York Dolls, Thunder a créé tes, l’inventeur du hard rock. denberg, c’est le nom de la jeu- avec «I’m Alive» un furieux hymne à la liberté. La bande-son parfaite C’était il y a fort longtemps avec nette, lui a avoué qu’elle jouait pour envoyer bouler son patron et démarrer une nouvelle vie. les Yardbirds. Depuis, le grand de la guitare avec sa copine Jeff Beck s’est ingénié à faire pas- chanteuse Rosie Bones dans le BONNIE PRINCE BILLY «If I had the world to give» (2016) ser le caméléon pour un animal duo Bones, justement. Au lieu Ou quand Will Oldham, troubadour des temps modernes, reprend un tristement monocolore. Oui, ce- de répondre poliment «Ah! classique du rock psychédélique sur un album en hommage à Grateful lui qui a refusé de devenir un bon?», el Becko s’en est tout de Dead. Un piano, une voix pour une love song façon Elton John, mais Rolling Stones n’a jamais cessé go allé voir les deux punkettes avec suffisamment de fragilité et de sincérité pour que le kitch et la d’évoluer. Pendant que d’autres en concert. «J’ai été littéralement mièvrerie servent à merveille la profondeur du propos. Les frissons! stagnaient, il défrichait avec une scotché», a-t-il révélé à toute la rage peu commune. Du blues au presse qui compte. Au point de NINA SIMONE «The Human Touch» (1969) (hard) rock, du rhythm and les embarquer, ni une ni deux, Seule au piano, Nina Simone met à nu toute l’étendue de son talent blues au jazz rock, il a même tâté pour son dernier CD réalisé en d’interprète et de sa virtuosité dans un album resté confidentiel. de la techno et de l’electro, sans 15 jours, «Loud hailer». En fran- L’enregistrement est sans effet. En tendant l’oreille, on perçoit tantôt un oublier le classique, reléguant çais, mégaphone. pied qui bas la mesure, tantôt un craquement de chaise. La douce notamment son pote Clapton au A 72 balais, Jeff Beck avait subi- Jeff Beck? Toujours sans rival au sommet de la hiérarchie guitare. LDD mélodie jazzy de «The Human Touch» apaise malgré la mélancolie des rang de perroquet asthmatique tement envie de crier sa colère. paroles: «No one seems to care as much. No time to smile, laugh or du blues. Avec nos deux jeunettes, il est avez déjà entendu sa reprise de ler par terre, munie d’un porte- cry as much.