À Nous, Auvergne !
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
A NOUS, AUVERGNE ! Aux Presses de la Cité en complément à ce livre : Gilles LÉVY GUIDE DES MAQUIS ET HAUTS LIEUX DE LA RÉSISTANCE EN AUVERGNE 16 circuits illustrés de cartes et de photographies, sur les pas de ceux qui sont tombés au combat GILLES LÉVY FRANCIS CORDET A NOUS, AUVERGNE La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustrations, « toute repré- sentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa premier de l'article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. © Presses de la Cité, 1981 Presses de la Cité 1990, nouvelle édition ISBN 2-258-03251 -2 « Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire. » Jean Jaurès. LE GENERAL DE GAULLE C'est bien à regret que je me vois dans l'impossi - bilité de faire exception, même lorsqu'il s'agit des vaillants combattants de Paulhac, du Mont-Mouchet et de Chaudes-Aigues. à la règle que je me suis fixée de ne pas écrire de préface. Mais j'ai lu avec intérêt les pages où vous évoquez ces durs combats. Elles témoignent de la foi, du courage et de la volonté du vaincre qui animaient le Maquis d'Auvergne AVIS AUX LECTEURS Cet ouvrage est le résultat de longues et difficiles recherches que POursuit Gilles Lévy depuis trente ans afin d'établir la vérité sur les combats du mont Mouchet. L'importance et la qualité des docu- ments et des témoignages recueillis l'ont progressivement conduit à se fixer un but plus ambitieux : préciser la participation de l'Auver- gne à l'ensemble de la Résistance française durant les années sombres de 1940 à 1944. Vouloir retrouver le fil conducteur d'une action clandestine, alors que les souvenirs s'estompent, que les principaux acteurs ont disparu et que les archives sont presque inexistantes, peut en effet paraître une gageure. Cette région, formée par les quatre départements de l'Allier, du Cantal, de la Haute-Loire et du Puy-de-Dôme, hébergeait la majeure partie des administrations gouvernementales de l'Etat français issues de la convention d'armistice ; elle connut de ce fait une interprétation constante des responsabilités à l'échelon national et régional souvent délicates à démêler. Proclamer l'ambition de ce livre c'est aussi en avouer les limites. Nous ne prétendons pas avoir fait œuvre définitive et nous avons parfaitement conscience de ne pas apporter de réponse à toutes les questions posées. La réglementation en matière de consultation d'archi- ves ne permet pas encore de disposer de l'ensemble de la documen- tation. Nous aimerions susciter, par le rappel d'événements parfois oubliés de cette période, la réaction des lecteurs, leur permettant ainsi de contribuer à l'établissement de la vérité. C'est là l'unique objectif de ces lignes : décrire ce que fut cette action, la situer dans le temps et l'espace et en préciser les acteurs. La quête de la vérité plus que la détermination des responsabilités reste notre seul but. Souhaitant être parvenus à la sérénité dans cette recherche, nous tenons à remercier ici tout particulièrement les nombreux résistants qui, très fraternellement, n'ont ménagé ni leur temps ni leur peine, pour évoquer leurs souvenirs et nous permettre de réunir la documentation nécessaire. Que ceux d'entre eux qui n'ont pu être cités veuillent bien ne pas nous en tenir rigueur. Le cadre nécessairement limité d'un tel ouvrage nous a, hélas ! contraints à laisser de côté un certain nombre de noms ; que ces acteurs, anonymes ou non, qui ont œuvré pour préserver à notre pays sa dignité soient cependant assurés de notre reconnaissance la plus profonde. C'est à eux et à tous ceux qui se dressèrent contre le joug de la servitude que nous dédions ce livre. La vie ardente et douloureuse, faite de sang et de larmes des patrio- tes venus de tous les horizons, agissant pour la libération de leur pays. méritait cet effort. Peut-on parler de l'Auvergne au XX siècle et du rôle qu'elle a joué pendant la Seconde Guerre mondiale sans songer à l'histoire de cette région ? « Premier haut lieu de la Résistance nationale » 1 l'Auvergne s'est illustrée dès le 1 siècle avant J.-C. par son acharnement à combat- tre l'avancée romaine en Gaule. Groupés autour de cette figure à demi- légendaire qu'est Vercingétorix, les Arvernes symbolisent alors le refus de se laisser dominer par une nation conquérante. Cinq siècles plus tard. l'Auvergne se dresse à nouveau comme l'ultime môle défensif de la Gaule face à l'envahiseur germain. Cette vocation défensive, l'orgueil d'une population profondément attachée à son sol, lui ont donné une importance stratégique jamais démentie. Se prolongeant au nord par le Morvan et à l'est par les massifs alpin et jurassien, le Massif Central occupe le septième de la superficie de notre territoire et constitue un ensemble de terres hautes entre le bassin Parisien, le bassin Aquitain et le couloir Rhodanien. Il offre des aspects divers ; à l'est et au centre, un chaos de blocs rehaussés en montagnes ou effondrés en bassins, compose la région des volcans et des dépressions. Au sud, il s'incline d'est en ouest en de hauts plateaux calcaires et cristallins. A l'ouest, arrondi en un large dôme de hauts plateaux granitiques, il descend vers les pays de la Loire et de l'Aquitaine. Il constitue une zone d'obstacles et d'isolement, où les communications sont particulièrement difficiles, car ces montagnes sont coupées de gorges, ensevelies sous la neige durant de longs mois d'hiver. Ainsi, sa situation géographique, sa topographie offrant à la guérilla un milieu naturel favorable, prédisposent cet ensemble de moyennes montagnes à devenir un des plus importants bastions de la Résistance française, lorsque, à la fin du printemps de 1940, après plus d'un siècle de paix, l'Auvergne connaît à nouveau les envahisseurs. 1. L'expression est du professeur A. G. Manry dans la Revue historique de l'Armée, n° 3, 1968. Au milieu d'une France en pleine débâcle, dans une confusion quasi générale, les armées allemandes progressent vers le centre du pays, peu gênées par les rares noyaux de défense isolés. De l'atelier de Gravanches, trois camions Citroën, sous la direction du lieutenant Dupuis avec Dumas de Menet (Cantal), Paillol de Mur-de- Barrez, Ducroc de Sornac (Corrèze) et Lacroix de Pierrefitte-sur-Seine, évacuent de Royat, le 18 juin, sur Bordeaux, le matériel et l'uranium du laboratoire Curie, alors installé à la villa Clair Logis où devaient se rendre directement les Allemands, lors de leur arrivée à Clermont- Ferrand. La destruction des ponts de Chazeuil et Paluet ne retarde pas sen- siblement l'avance allemande et Saint-Pourçain-sur-Sioule est atteint le 19 juin à 8 heures. Gannat est ensuite occupé ainsi que Vichy, la reine des villes d'eaux. A 11 h 25, un bombardement de Montluçon cause 78 morts parmi la population et les très nombreux réfugiés. A Marmi- gnolles le troisième bataillon du 92 R.I. détruit une automitrailleuse allemande dans une embuscade. Mais l'unité, formée de jeunes recrues du régiment auvergnat, doit se replier devant l'hostilité manifestée par les habitants qui ne veulent pas subir les conséquences de combats retar- dateurs. A Clermont-Ferrand arrive l'écho de la bataille avec la nouvelle de l'occupation de Vichy ; la cité est alors proclamée « ville ouverte », mais un violent tir de D.C.A. accueille un avion ennemi qui survole la banlieue Est. Les unités de la Wehrmacht entrent à Riom défendu par une poignée d'hommes, le 20 juin, au moment où les détenus de la Maison centrale, désarmant les gardiens, proclament leur sympathie à l'adversaire. Les aviateurs abandonnent la base d'Aulnat et ses séries d'avions neufs. Le général d'Humières, commandant la XIII région militaire, consigne les casernes occupées par des soldats sans armement, et, le 21 juin au matin, les Allemands font leur entrée à Montluçon et à Cler- mont-Ferrand, où la garnison tout entière est prise au piège. Le lende- main les officiers, convoqués, sont prisonniers sur parole et un poste de garde allemand double le poste français. Du jardin des Plantes où elles stationnent, les troupes allemandes multiplient les patrouilles en ville, impressionnant grandement la popu- lation. Le couvre-feu est établi, la circulation des marks imposée, mais le 28 juin, les Allemands se replient ; il ne reste plus, au Grand Hôtel de la place de Jaude, que la commission d'armistice. L'humiliation de l'occupation allemande constitue pour tous les habi- tants du Massif Central un brutal réveil. L'Auvergne va progressive- ment recouvrer la conscience et la force collectives qui ont fait l'origi- nalité de son histoire. 1. Armée de terre allemande. CHAPITRE PREMIER DU REFUS DE LA DEFAITE A L'AUVERGNE COMBATTANTE (Juillet 1940 - novembre 1942) La confusion règne dans les esprits ainsi que dans les sphères gouver- nementales après le repli le 29 juin de tous les organismes nationaux à Clermont-Ferrand, puis le 2 juillet à Vichy.