? Allegro non troppo

Ciné-club universitaire Activités culturelles culture.unige.ch Lundi 8 mai 2017 à 20h | Auditorium Arditi âge légal: 16 ans

Générique: I, 1976, Coul., DVD, 85’, vo st fr surtout connu pour ses films d’animation, Interprétation: Maurizio Nichetti, Maurizio Micheli, sa production se distingue souvent par son Marialuisa Giovannini aspect satirique. Il signe ici sûrement ce qui restera comme son œuvre la plus connue. Il Un cinéaste audacieux veut animer de la avait auparavant déjà réalisé (en collaboration musique classique. Apprenant que cela s’est avec Guido Manuli) un court-métrage humo- déjà fait, il décide de créer sa propre version ristique sur fond de musique classique en avec un orchestre atypique. 1973, intitulé Opera. Pour l’anecdote, durant l’une des séquences en prises réelles, un Parodie du célèbre (1940) de Disney, personnage animé fait irruption avant d’être le principe est d’illustrer des thèmes musicaux réduit en cendres accidentellement par le chef par des séquences d’animation. Nouveau d’orchestre. Il s’agit de Monsieur Rossi, le plus moyen de tisser des liens entre différentes célèbre personnage créé par Bozzetto qui fut formes d’art? C’est en tout cas ce qu’avancent la vedette de plusieurs dessins animés (courts certains critiques à la sortie de Fantasia. comme longs). Allegro non troppo prend le contre-pied de l’aspect formel et sérieux de Fantasia, rendant Si le graphisme (qui peut varier selon les le tout chaotique et drôle. séquences) est parfois minimaliste (ce qui colle toutefois très bien au style satirique de Un hommage irrévérencieux: Allegro non ce film), cette production reste de qualité et troppo par Francisco Marzoa* offre de très beaux moments d’animation, Ce film d’animation italien est une parodie notamment la sublime séquence du Boléro, évidente et revendiquée de Fantasia, célèbre devenue emblématique. On en vient presque dessin animé de sorti en 1940 et à regretter que le film ne se prenne pas plus qui proposait plusieurs séquences illustrant au sérieux tant il aurait pu y prétendre. des morceaux de musique classique. L’idée est reprise ici, de façon bien moins sérieuse, tout Toutefois, si ce long-métrage est bien sou- comme celle des séquences de transition avec vent savoureusement comique, on y trouve un présentateur. plusieurs niveaux de lecture et notamment une dimension sociale assez présente, Le réalisateur Bruno Bozzetto est coutumier particulièrement à travers la mise en scène du fait. Dessinateur de bande dessinée de l’urbanisation, présentée au mieux sur un ton mélancolique, au pire de façon oppres- l’attention du monde international de sante. L’humour est également parfois assez l’animation. Il fonde son studio, réalisant impolitiquement correct, car si certains gags des publicités avec un art de la sémantique restent bon enfant et semblent inspirés des où la parabole sert particulièrement bien le grands films burlesques du cinéma muet discours, des courts-métrages, et des films (notamment ceux de Charlie Chaplin et de télévision. Il crée notamment le concept Buster Keaton), ce qui explique d’ailleurs sans de Monsieur Rossi (décliné de 1960 à 1978 en doute l’utilisation du noir et blanc pour les série TV, sept courts et trois longs). C’est pour scènes intermédiaires, Bozzetto ne recule pas Bozzetto une opportunité de se moquer de devant la nudité, les blagues graveleuses et la l’Italien moyen perdu dans son époque. Les violence. courts personnels sont très vite portés vers la satire, suivant en ce sens un certain goût Cela vaudra à ce long-métrage de se voir du cinéma italien de prise de vues réelles amputé de plusieurs minutes lors de son spécialiste des sketches d’humour noir et exploitation américaine. Il semblerait qu’il irrévérencieux. existe aussi un montage du film dépourvu de Bozetto a aussi une importante production toutes les scènes avec de vrais acteurs, les sé- de longs: (1965), une parodie quences animées étant reliées par de simples de western sortant à la même période que le intertitres. Ironie du sort, le film de Disney a western-spaghetti, VIP, mon frère Superman également subi les affres du remontage et de (Vip - mio fratello superuomo, 1968), les trois la censure! Monsieur Rossi, et Allegro non troppo (1976). Bozetto réalise également de petits films Cette production n’a hélas pas eu droit à par ordinateur, farces rapidement exécutées, une grosse exploitation commerciale chez et une série, La famiglia spaghetti (2003). nous, n’étant sortie au cinéma que de façon Bozzetto est un réalisateur très prolifique assez confidentielle et n’ayant eu droit à des dont les goûts variés le portent très volon- éditions vidéo qu’à l’étranger, sans sous-titres tiers vers l’étude des maîtres reconnus tels ou doublage français. À ce sujet, il semble- McLaren ou Hubley, mais qui conserve tou- rait qu’il n’existe qu’une version québécoise, jours un sens aigu de l’humour burlesque, de réalisée sur le remontage américain, qui aura la commedia all’italiana. En ce sens, il est un connu quelques diffusions télévisées là-bas. enfant de son époque, celle du cinéma italien Fascinant détournement du concept de Walt de comédie des années 60 succédant au néo- Disney, ce film reste hélas assez peu connu du réalisme et néoréalisme rose2. grand public, qui peut toutefois le découvrir Notes: en streaming légal sur le site Internet Archive 1 Commentaire de Chernabog, sur http:// (en VO, sans sous-titres)1. www.planete-jeunesse.com/fiche-2855-alle- gro-non-troppo.html. Quelques mots sur le réalisateur 2 Extrait tiré de l’ouvrage d’Olivier Cotte, 100 Bruno Bozzetto (1938-) réalise en 1958 son ans de cinéma d’animation, Paris, Dunod, premier film, Tapum, l’histoire des armes 2015, pp. 199-200. (Tapum! La storia delle armi), qui attire *Membre du Ciné-club universitaire Prochain film du Ciné-club: Couleur de peau: Miel, Laurent Boileau, Jung, 2012 ▶ 15 mai à 20h, Auditorium Arditi