UN SIECLE A

DU 1er JANVIER AU 3 AOÛT 1914 :

DES FAITS DIVERS :

Drame de la misère. Violences à la Verrerie. A , on a trouvé un vagabond Dans la Verrerie de Saint-Léger, deux ivrognes mort dans un tas de foin. se lançaient du verre en fusion. Plainte a été Il s'agit d'Etienne Faldony, 66 ans, déposée par le directeur contre Félix Bellini, natif de Revigny (). coupable d'avoir blessé un autre ouvrier. (L'Indépendant de la Nièvre, 14 (L'Indépendant de la Nièvre, 21 mars). février 1914) Un enfant martyr. Les gendarmes de Decize ont recueilli trois enfants abandonnés. Le petit Etienne Jouart, 9 Un apache à Saint-Léger. ans se cachait avec deux autres enfants en bas Le jeune Thomas a été arrêté ; âge dans un chariot stationné au champ de foire. il jetait des chaises à la tête d'un L'aîné était sale et portait des marques de vieillard dans un cabaret. violence sur le corps. Les gendarmes ont arrêté (La Croix du , 15 février). le dénommé Eugène Duchêne, vannier ambulant de 19 ans, qui vivait maritalement avec la mère de ces enfants. (L'Indépendant de la Nièvre, 21 mars)

Un voleur de vin astucieux. François Pion, 40 ans, marié et père de Une exécution capitale à Nevers. six enfants, avait trouvé un moyen peu Il n'y en avait pas eu depuis celle de coûteux de se procurer du vin. Il Laurent Maurin, le 12 octobre 1857. Une cambriolait un wagon de vin stationné à foule considérable a assisté, de loin, à la gare de Decize. Au moyen d'un l'exécution par le bourreau Deibler de vilebrequin et deux arrosoirs, il opérait l'assassin Fabre. chaque nuit. Mais les gendarmes, (L'Indépendant de la Nièvre, 18 juillet prévenus par un employé de la gare, et La Croix du Nivernais, 19 juillet). étaient en planque et ils ont pu arrêter le voleur. (L'Indépendant de la Nièvre, 9-5).

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LES ELECTIONS LEGISLATIVES : Plus à gauche que Roblin. Pierre Hugon, socialiste véritable, se présente contre le député Roblin, socialiste gamellard. Le programme du candidat est le suivant : - établissement de l'impôt sur le revenu, - réduction de la nuée de fonctionnaires, - refus de tout monopole d'état, - extension de la législation du travail, - neutralité de l'école, - défense nationale = première préoccupation. Pierre Hugon tient un meeting à Saint-Léger, présidé par le maire Alexandre Nourry. (L'Observateur du Centre, 24 avril 1914).

Résultats desélections législatives. Louis-Henri Roblin est réélu au premier tour. Avec 6922 voix, il distance ses adversaires Laur (1952 voix) et Hugon (1539 voix) (L'Observateur du Centre, 1er mai).

DES ACCIDENTS : Les dangers de la vapeur. Une machine à vapeur a explosé dans l'usine à plâtre Damon à Saint-Léger-des- Vignes. Le mécanicien Pougault a été blessé (L'Indépendant de la Nièvre, 18 avril). Incendie de la bonneterie Fragny. Les dégâts sont importants : plus de 10000 F. Deux accidents à la mine. Au puits des Minimes, Gabriel Moussy, 59 ans, a été tué par un tuyau de tôle qui est tombé sur le plan incliné où il se trouvait. Etienne Lapointe, 43 ans, et Lazare Coulon, 41 ans, ont été blessés par l'explosion d'une mine : l'humidité aurait retardé la mise à feu et les deux ouvriers seraient revenus vérifier le fonctionnement des explosifs (L'Indépendant de la Nièvre, 27 juin). Dans l'année 1913, les tribunaux français ont étudié 40700 accidents du travail. 2461 ouvriers ont perdu la vie dans ces accidents, dont 275 dans les mines (L'Observateur du Centre, 13 mars). Violent orage à Decize. La foudre a mis le feu dans une remise, place Saint-Just. A Germancy, les dégâts on déplore beaucoup de dégâts : branches d'arbres abattues, toitures, etc... (L'Indépendant de la Nièvre, 11 juillet 1914).

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LIN-TARIN combat avec succès la Mesdames, le préservatif LA TYMOLE est constipation, les coliques, les diarrhées, d'un emploi facile, agréable et surtout les maladies du foie et de la vessie et rigoureusement discret l'obésité. La tisane JUGLUM permet de maigrir vite L'AXILINE régularise la transpiration des tout en se fortifiant aisselles.

LA MACHINE EN 1914 : La commune de est la seconde du canton de Decize en ce qui concerne la population : 4022 habitants, dont 1313 électeurs. Son maire se nomme M. Salin, il est assisté par deux adjoints, MM. J. Redon et J.-M. Jaubert. Le curé de la paroisse est l'abbé Auguste Camus ; son vicaire est l'abbé Sauvissat. Deux médecins exercent à La Machine, les docteurs Gourdou et Béral. Les pharmaciens sont MM. Garilland et Pravieux (le frère du romancier). Mme Bruère est sage-femme. Le notaire est maître Jaubert. Le brigadier de gendarmerie se nomme Pivet, la receveuse des postes Mme Cottet, le percepteur M. Martin. MM. Thomas et Morizot, Mmes Morizot et Baroin enseignent à l'école communale, M. Régnier à l'école libre de garçons, Mme Thiollier à l'école libre de filles et Melle Fuet à l'école maternelle libre. Les principaux propriétaires de la commune sont le marquis de Pange qui réside au Pavillon des Bois, Mme Paul Pinet des Ecots au château des Ecots, la compagnie Schneider, MM. Barthelmot, Poulignier et Sautereau. La commune compte deux hôtels, l'Hôtel des Mineurs tenu par M. Galopin, et l'Hôtel des Trois Pavillons tenu par M. Daguet. Il n'y a pas moins de onze cafés et auberges : le Commerce (Guichard), le café des Mineurs (Brûlé), le café de la Réunion (Leblanc), le café du Progrès (Myriot), le café de la Renaissance, les cafés Gougnot, Montsainjeon, Bourrachot, Voisin, Gobet et Lanoiselée. Les magasins les plus nombreux sont les épiceries : 23. Parmi elles, il y a la Société Coopérative L'Abeille Machinoise, et aussi trois magasins appartenant à des

3 UN SIECLE A DECIZE chaînes de succursales multiples (La Société Générale d'Alimentation de , le Comptoir Economique, les Docks de Nevers). Six boulangers et deux boulangeries coopératives distribuent le pain aux Machinois. Six bouchers complètent le commerce d'alimentation. La Machine est une commune essentiellement industrielle ; cependant, les agriculteurs des villages voisins trouvent du matériel agricole moderne chez J.-B. Renier fils, concessionnaire Mac Cormick (il est en concurrence avec Georges Fragny, de Decize, qui distribue les machines Deering). M. Renier est également concessionnaire de plusieurs firmes de vélos et d'automobiles.

A La Machine, la vie associative est active ; les mineurs forment un groupe social soudé. Ils se retrouvent dans l'Union Fraternelle Machinoise, qui propose des activités sportives diverses (cyclisme, gymnastique, tir, marche, athlétisme... en attendant le football) ; le président de l'U.F.M. est M. E. Poulignier, les vice-présidents MM. Mayençon, Jaubert et Drillon, le secrétaire M. Boguet, le trésorier M. Tabarant. Les Vétérans des Armées de Terre et de Mer, groupés autour de MM. Busquet, Buffenoir, Cl. Poulignier, André, Gaujour et Redon, veillent à assurer la solidarité entre anciens combattants et à entretenir l'esprit patriotique. Des activités culturelles, des représentations théâtrales, des séances de cinéma ou d'images fixes sont proposées par le Cercle Ouvrier, animé par les prêtres de la paroisse. Les exilés à se réunissent régulièrement plusieurs fois par an au siège de La Machinoise, 1 rue Chapon, entre la rue de Beaubourg et celle du Temple. Ils sont présidés par M. L. Bigard, assisté de MM. Lebeau, Moussillat et P. Machecourt.

A BELLO LIBERA NOS DOMINE ! [1] Les trois journaux choisis pour annoncer la guerre ne sont pas représentatifs de toute l'opinion nivernaise, mais des tendances théoriquement les plus pacifistes. "Que sera cette année nouvelle ? Mystère ; l'avenir est à Dieu seul ; nous n'en connaîtrons les secrets qu'à mesure que se dérouleront les jours et les mois." Ainsi commence la première instruction pastorale de l'évêque de Nevers pour l'année 1914. Le prélat craint surtout un grand danger, le laïcisme, forme politique de l'athéisme. Il redoute aussi ce que beaucoup de dirigeants pressentent : "Les événements politiques n'amèneront-ils pas des chocs effroyables entre les peuples ? A bello libera nos Domine !" (La Semaine Religieuse, 3 janvier 1914).

[1] "Seigneur, libère-nous de la guerre !", invocation extraite des litanies.

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Dans l''Observateur du Centre, organe des socialistes nivernais, le ton n'est pas non plus à l'optimisme. La profession de foi antimilitariste s'efforce de masquer l'imminence du conflit : "Ah ! Que maudite soit la guerre avec tout son cortège de deuils, de misères et de ruines ! Quand donc les hommes comprendront-ils enfin que les milliards que, bénévolement, ils sacrifient à l'art de détruire et qui constituent pour les peuples une charge excessive, toujours croissante, qui menace de les écraser un jour, seraient mieux affectés à une source créatrice de bien-être universel ?" (L'Observateur du Centre, 9 janvier 1914, article signé L. Maillot). La peur de la guerre se décèle aussi derrière les excès de confiance dont font preuve certains dirigeants, ce qui déchaîne l'ironie d'un petit poète antigouvernemental de La Croix du Nivernais : "Messieurs, grâce au gouvernement Dont nous jouissons à l'heure actuelle, Le pays vit dans l'enchantement D'une félicité perpétuelle. Au-dedans pas d'agitations ; Le gâchis simplement, rien d'autre. A l'extérieur, quoi ? Des nations, Messieurs, étrangères à la nôtre. Enfin, chose extraordinaire ! A quoi, cela tient-il ? Je n'en sais rien Nous ne sommes pas même en guerre. Tout va bien, Messieurs, tout va bien ! Et zim la boum ! Vive la République !" (La Croix du Nivernais, 12 avril 1914) Sept mois plus tard, "le gouvernement continue à prendre les précautions que comporte la situation, donnant la certitude au pays que nous ne serons pas surpris par les événements..." (L'Observateur du Centre, 31 juillet). Encore quelques jours et "la guerre, on ne parle plus que de ça !" (La Croix du Nivernais, 2 août) Et l'évêque de Nevers fait l'amère constat : "l'orage qui grondait sur nos têtes vient d'éclater. Les pressentiments pleins d'angoisse qui nous accablaient depuis quelque temps se réalisent hélas ! Le fléau de la guerre est déchaîné." (La Semaine Religieuse, 8 août, p. 564)

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VERS LA GUERRE : - 16 juin : Après la démission de Doumergue et l'échec de Ribot, Viviani forme un gouvernement plus à gauche que les précédents. Il annonce un ambitieux programme de réformes fiscales et sociales. - 19 juin : A Paris, le Parlement vote un emprunt de 8000 millions de francs destiné à l'armement. - 28 juin : A Sarajevo, l'archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d'Autriche-Hongrie, est assassiné ainsi que sa femme par un patriote serbe, Gavrilo Princip. - 2 juillet : L'armée française sera dotée d'un uniforme gris bleuté. - 5 juillet : Guillaume II proclame qu'il sera fidèle à l'alliance qui lie son pays à l'Autriche-Hongrie. - 16 juillet : Le congrès du Parti Socialiste préconise une grève générale contre la guerre. - 23-30 juillet : L'Autriche-Hongrie adresse un ultimatum à la Serbie ; la Bulgarie rompt avec la Serbie ; la Russie mobilise. L'Allemagne lance un ultimatum à la . La Belgique déclare la guerre à l'Allemagne. - 31 juillet : Jean Jaurès est assassiné par l'étudiant Raoul Villain. - 1er août : Ordre de mobilisation générale en France. - 2 août : L'Allemagne envahit le Luxembourg et la Belgique - 3 août : L'Allemagne déclare la guerre à la France.

Cartes postales, ‘’Nos Soldats’’, série de 1900.

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