parcours renaissance sommaire

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4 L’essor d’un nouveau style architectural Aucune époque de l’Histoire de n’évoque de prime abord, tant par son nom que par ses monuments emblématiques, un tel imaginaire que la 8 Tours à la renaissance Renaissance. Renommée pour ses richesses artistiques, la ville de Tours béné- ficie d’une aura toute particulière à la charnière entre Moyen Âge et début de 10 sites et monuments l’époque Moderne. Capitale de fait, elle attire les plus grands du royaume et devient foyer des arts. 24 œuvres tourangelles : D’ici à ailleurs Savoir, pouvoir et volonté ainsi réunis permettent la réalisation de chantiers d’exception. Véritables hérauts de cet élan architectural, les tours de la cathé- 26 pLan de la ville drale Saint-Gatien imposent avec faste les nouveaux ornements italianisants. Oves et dards, rinceaux, candélabres, putti, losanges et médaillons font ainsi leur apparition dans les édifices religieux aussi bien que civils. Cette effervescence consacre rapidement la réputation de Tours en tant que belle ville Renaissance, si bien que certains, à l’image de Bossebœuf, en vien- dront à la comparer à Florence. À la découverte des monuments de ce parcours, édité dans le cadre des célé- brations « 500 ans de RenaissanceS » en Centre-Val de Loire, émerveillez-vous devant la finesse des décors et imprégnez-vous de l’atmosphère qui régnait à cet âge d’or de l’histoire tourangelle.

Christophe Bouchet Jacques Chevtchenko Maire de Tours Adjoint au Maire délégué au patrimoine

Couverture : Tombeau des enfants de Charles VIII et Anne de Bretagne Cloître de la Psalette 1. Vue de la ville de Tours au XVIIe siècle, issue d’un antiphonaire manuscrit 1. Le roi Priam dans la chambre de Beauté, enluminure du milieu du l’essor d’un XVe siècle, atelier angevin ou tourangeau nouveau style 2. Les tours de la cathédrale Saint‑Gatien architectural

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Le mouvement intellectuel et artistique tation et l’adoption de formes d’orne- que constitue la Renaissance trouve son mentation italianisantes. Ce processus origine dans l’Italie du Quattrocento : est progressif : les pilastres cannelés, l’Antiquité et ses modèles d’œuvres lit- chapiteaux corinthiens, oves et dards, téraires et architecturales sont redécou- rinceaux et marbres apparaissent d’abord verts, reproduits et réinventés. Ce foison- bien plus facilement dans les œuvres des nement gagne la France un demi-siècle enlumineurs Tourangeaux Jean Fouquet plus tard notamment via les guerres et Jean Bourdichon que dans le tissu d’Italie, souvent considérées comme les urbain. premières guerres culturelles. L’architecture gothique flamboyante Les Français rapportent de ces cam- reste ainsi longtemps en faveur, mais pagnes aussi bien d’innombrables peu à peu les éléments renaissants s’y manuscrits, tapisseries, statues, objets insinuent et s’y substituent, créant des précieux et autres œuvres d’art, que leurs édifices mêlant les styles et inspirations : créateurs et techniciens : peintres, sculp- la cathédrale de Tours en est un exemple teurs, orfèvres, architectes, ingénieurs, saisissant, la tour nord de l’édifice jardiniers… certains d’entre eux pouvant gothique se voyant couronnée, en 1507, exercer dans plusieurs domaines à la fois. d’une coupole Renaissance sans précé- Les principales villes du Val de Loire se dent connu dans l’architecture française. relayent alors en tant que capitale du Pilastres, candélabres, bifores, balustres royaume depuis la guerre de Cent Ans et et motifs de dauphins et rinceaux à l’an- la fuite de Paris de Charles VII. Une fois tique s’y amoncellent tout en côtoyant la paix revenue, l’installation de son fils des pinacles typiquement gothiques. Louis XI au château du Plessis-lès-Tours, Par ces associations, la Renaissance fran- situé à La Riche, ancre la présence royale çaise innove : elle conserve et joue avec à Tours et, plus largement, en Touraine. les modèles architecturaux gothiques des Ses successeurs, Charles VIII, Louis XII siècles précédents pour y intégrer des puis François Ier, qui partent guerroyer à ornements sélectionnés parmi ceux de la 2 Naples et Milan, contribuent à l’impor- Renaissance italienne. 5 De telles réalisations n’auraient pu voir le gothique flamboyant et les remarquables jour sans la volonté de grands comman- débuts de l’art de la Renaissance, le savoir- ditaires et le talent d’artistes d’exception. faire des artistes tourangeaux et de leurs La ville de Tours ne manqua d’aucun des ateliers est notoire, ce qui les amène à être deux. Les premiers étaient aussi bien issus sollicités sur des chantiers loin des rives de la royauté que de la bourgeoisie locale de la Loire. Parmi ceux-ci, celui du châ- avec notamment les familles Briçonnet, teau de Gaillon en Normandie, ordonné Berthelot ou de Beaune. Les membres de par le cardinal Georges d’Amboise, mobi- ces familles occupaient généralement des lise les talents des frères Juste, de Jérôme postes prestigieux, aussi bien maires de Pacherot et Michel Colombe. Le résultat Tours qu’argentiers, aumôniers, arche- est la réalisation d’un des édifices les vêques, receveurs généraux, surinten- plus aboutis de la première Renaissance dants des finances ou encore conseillers en France. Non loin de là, à Rouen, l’hôtel du roi. Quant aux seconds, l’humaniste des Généraux des Finances, réalisé pour Jean Brèche établit que « Notre Tours, Thomas Bohier, matérialise, à moindre en effet, abonde de célébrités artistiques échelle, l’appropriation et la diffusion des de tout genre » et de citer Jean Fouquet, modèles italiens par les hauts dignitaires Jean Poyet et Michel Colombe, en omet- tourangeaux. tant cependant d’autres qui ont exercé et Ainsi, les œuvres et commandes touran- fait carrière à Tours : Jean Bourdichon, les gelles se trouvent dans toute la France frères Juste ou Giusti, Jérôme Pacherot, et au-delà, tout en s’inscrivant dans des Guillaume Regnault ou encore les frères chantiers locaux remarquables. François. Cette confluence assure un essor artis- tique et culturel incomparable, la ville devenant de fait capitale des arts. Le zénith de cette production se situe entre 1470 et 1520, soit de l’arrivée supposée de Michel Colombe jusqu’à l’exécution de Jacques de Beaune‑Semblançay (1527) et le choix de François Ier de faire de Paris sa résidence principale. La proximité des édiles tourangeaux avec les rois de cette période permet à certains d’entre eux de participer aux campagnes d’Italie. En outre, il n’est pas rare de voir les artistes ou hauts dignitaires nouer des alliances avec les grandes familles tou- rangelles pour solidifier leur position : 1 l’Auvergnat Thomas Bohier et Katherine Briçonnet, le Flamand Jean Clouet et 1. Détail d’un chapiteau de pilastre de l’hôtel de Jeanne Boucault, les frères Juste italiens Beaune‑Semblançay. à des Tourangelles. 2. Heures de Katherine d’Armagnac, l’annonciation, Illustrant à la fois l’excellence de la fin du décor avec coquille de Vénus, par l’enlumineur touran- 6 geau Jean Bourdichon 2 1. Chapelle de Beaune‑Semblançay tours à la 2. Plafond à faux caissons du cloître Saint‑Martin renaissance 3. Cheminée Renaissance, provenant possiblement de l’hôtel particulier Bohier, aujourd’hui au château du Plessis‑lès‑Tours.

La présence du pouvoir royal à Tours a pèlerinages liés au culte de saint Martin, une incidence considérable sur la popu- bénéficie désormais de cette clientèle lation, qui ne cesse d’augmenter durant aisée venue dans le sillage de la royauté 1 presque un demi-siècle, de 1450 à 1490, ou déjà implantée à Tours. Celle-ci se avant de se stabiliser vers 1500. Selon les montre particulièrement désireuse d’af- estimations, la ville serait passée de 9 000 ficher sa réussite : l’hôtel Goüin en est un à 12 000 habitants et l’agglomération de bon exemple. 10 500 à 16 000 habitants. Le parc immo- Certains monuments majeurs qui auraient bilier tourangeau s’étend et se renouvelle complété la vision de Tours à cette époque grâce à l’enrichissement né de l’affluence ont cependant disparu : c’est le cas de la de la cour. majeure partie du remarquable hôtel de Le modèle d’habitat qui domine alors Beaune‑Semblançay et de son jardin ou reste la traditionnelle maison en pans de encore de l’hôtel particulier de Thomas bois, avec encorbellement, pignon sur Bohier et Katherine Briçonnet, ainsi que rue et petite cour. Les moulurations sont leur tombeau réalisé par les frères Juste majoritairement empreintes de tradition dans l’église Saint-Saturnin. gothique (engoulants, pinacles, colon- nettes, choux frisés) même si des cas de motifs Renaissance (oves et dards, pal- mettes, pilastres à disques ou losanges), plus discrets et utilisés avec parcimonie, sont à noter. Les plus beaux ambassadeurs de la Renaissance tourangelle sont cependant les constructions en pierre, notamment en calcaire comme le tuffeau, qui offrent des surfaces propices aux sculptures les plus raffinées. Ce matériau local, mais relativement coûteux, invite à un faste trouvé dans les édifices religieux ou les hôtels particuliers : cathédrale Saint- Gatien, cloître de la Psalette, cloître Saint- Martin, hôtel Goüin ou encore hôtel de Beaune‑Semblançay. Ils laissent deviner 3 2 l’aura de la ville qui, déjà enrichie par les 9 sites et monuments

1 Cathédrale saint‑Gatien Tours nord (1507) et sud (1547)

Placée sous le vocable de saint Gatien, Pour les parties hautes des tours de la premier évêque de Tours, l’actuelle cathédrale, dans les dernières années cathédrale succède à des constructions du XVe siècle, l’architecte Martin François antérieures, notamment du XIIe siècle. invente un système composé d’une lan- L’édifice gothique est élevé à partir de terne octogonale, d’un dôme à feuilles 1236. Le chœur, à travers ses vitraux et et d’un lanternon. Cette conception, fenestrages, présente de grandes simili- influencée par la Renaissance, offre une tudes avec la Sainte-Chapelle de Paris, alternative alors inédite en France par dont il est contemporain. rapport aux flèches de pierre gothiques. La reconstruction des parties hautes du La décoration déploie un vocabulaire transept et de la nef au XVe siècle intro- Renaissance avec pilastres cannelés, duit le gothique flamboyant dans le rinceaux et dauphins. Les nervures sans décor. L’achèvement de l’édifice par la voûtain de la salle du beffroi de la tour création des tours nord et sud dans un nord portent un incroyable escalier style Renaissance accentue la monumen- en vis qui semble reposer sur le vide. talité de l’ensemble. Sensiblement plus tardive, la tour sud Grâce à ces deux tours, l’édifice culmine présente une ornementation assez à près de 70 m de hauteur et dépasse proche. Elle est complétée par un décor notamment la tour Charlemagne, de statuaire. devenant ainsi un repère dans la ville, immortalisé depuis par de nombreux artistes.

1. Les tours de la cathédrale dominent la ville 11 1 1

Tombeau des enfants de Charles VIII d’Anne de Bretagne en 1499 à l’atelier de et Anne de Bretagne (vers 1506) Michel Colombe, certainement en col- Première chapelle sud du chevet laboration avec Guillaume Regnault et Jérôme Pacherot. Le tombeau des enfants de Charles VIII et Anne de Bretagne, Charles-Orland, Fonts baptismaux en marbre mort en 1495 à l’âge de trois ans et (1re moitié du XVIe siècle) demi, et Charles, mort à vingt‑cinq jours Première chapelle du bas-côté sud en 1496, était autrefois installé dans le chœur des chanoines de l’ancienne La vasque monolithique et son fût en abbatiale Saint-Martin. Le coffre exécuté forme de balustrade, installés en 1825, en marbre blanc présente un riche décor proviennent probablement d’une de style Renaissance : putti entourés de ancienne fontaine. L’ornementation se rubans portant des armoiries, motifs de caractérise par l’usage d’un vocabulaire dauphins, cordelières et griffes en serre végétal : feuillages et fleurettes, mais d’aigle. De fins rinceaux embellissent aussi écailles godronnées. la scotie où se dévoilent l’histoire de Samson ainsi que les travaux d’Hercule Grand orgue (1er quart du XVIe siècle) (combat contre l’hydre de Lerne, contre Bras sud du transept Antée). Des êtres hybrides (sirène, cen- taure) et animaux complètent ce riche Le grand orgue de la cathédrale est offert répertoire iconographique influencé par l’archevêque Martin de Beaune vers par l’Antiquité. Les gisants, de tradition 1521. Il est modifié à plusieurs reprises, gothique, sont figurés sur une fine dalle notamment en 1560 avec l’adjonc- de marbre noir. Ce monument se distin- tion d’un soubassement orné de cuirs gue tant par son originalité, les gisants découpés.

d’enfants en bas âge étant particulière- 1. Grand orgue de la cathédrale ment rares, que par la délicatesse de son 2. Gisants de Charles‑Orland et exécution. L’œuvre est une commande Charles, par Michel Colombe et 12 son atelier. 2 1 2 3 4

2 Cloître de la Psalette 3 Ancien archevêché : 4 Hôtel Babou de la 5 Demeure en pans de bois (1442-1524) balcon de l’aile dite du synode Bourdaisière (1520) (fin du Ier quart du XVIe siècle) Rue Lavoisier, accès par la cathé- (vers 1522) 6 bis, 8 et 10 place Foire-le-Roi 39 rue Colbert drale Place Grégoire-de-Tours Cet hôtel particulier est réalisé par Martin De 1470 à 1520, Tours connaît un for- Au nord de la cathédrale, le cloître de L’ancien archevêché constitue l’abou- ou Bastien François pour Philibert Babou midable développement urbain dont la Psalette comporte trois galeries dont tissement de plusieurs campagnes de de la Bourdaisière, surintendant des résulte l’édification de nombreuses l’architecture découle des modèles construction. L’aile dite du synode, finances de François Ier. Les 6 bis, 8 et demeures en pans de bois. Bien souvent, gothiques. L’aile nord, qui appartient à édifiée au XIIe siècle, est notamment 10 ne formaient autrefois qu’un seul et forme et décor s’ancrent dans la tradition une campagne estimée à partir de 1513, remaniée au XVIe siècle. Sur la place même ensemble, composé de deux corps gothique. Quelques demeures se distin- présente des éléments de décor renais- Grégoire-de-Tours, elle présente un de logis séparés par une cour et reliés guent par un vocabulaire ornemental sants, dont deux portes richement déco- balcon dédié à la proclamation des par une galerie. Le rez-de-chaussée de nouveau. rées. Au premier étage, pour la première sentences de l’officialité, le tribunal l’aile orientale forme une loggia d’une Les poteaux du rez-de-chaussée de fois à Tours, un jeu double de pilastres ecclésiastique. Rinceaux, rubans et putti seule travée, voûtée d’ogives. Le décor cette demeure en pans de bois de la organise la façade : de petits pilastres (anges agenouillés, portant ici les armes des façades présente toutes les carac- rue Colbert intègrent ainsi des motifs encadrent les fenêtres tandis que des de France et de Savoie) caractérisent tèristiques de la Première Renaissance de losanges et demi-losanges tout à fait grands s’élèvent sur toute la hauteur. À son ornementation renaissante. Le culot et se singularise par l’hypertrophie de caractéristiques des décors renaissants. l’angle nord-est, l’escalier en vis rappelle, soutenant la loge porte les armes de la la modénature : les fûts des pilastres en miniature, celui de l’aile François Ier famille de Beaune‑Semblançay. encadrant les fenêtres ne contiennent du château royal de Blois. Le sommet de que deux cannelures rudentées dans la la vis est doté d’un véritable plafond à partie inférieure et le bandeau qui court caissons. au premier niveau, autour des fenêtres, L’encadrement de la porte d’accès à l’es- est bordé de gros denticules surmon- calier bénéficie d’un traitement soigné tés d’oves dilatés. Dans la cour, des avec candélabres, putti, motifs de miroirs médaillons avec profil à l’antique s’ajou- et de palmettes. tent à l’ensemble. 1. Escalier du cloître de la Psalette 2. Balcon du synode 3. Façade de l’hôtel Babou de la Bourdaisière 14 4. Détail des ornementations des poteaux 15 1 2 3

6 Hôtel de Beaune-Semblançay Chapelle de Beaune Fontaine de Beaune-Semblançay dans une cuve octogonale en pierre de (1518-1524) Volvic, importée d’Auvergne. Outre le À proximité, la chapelle est érigée au- En 1506, à l’occasion des États généraux souhait évident d’apport du confort et Jacques de Beaune, seigneur de dessus d’une loggia ouverte par trois de Tours, la municipalité demande au de l’hygiène à la population, la création Semblançay, est le surintendant des baies en anse de panier séparées par des roi Louis XII l’autorisation de réaliser un de monuments sur les places publiques finances de François Ier. En 1517, Louise colonnes portant un ordre ionique. Fait réseau d’adduction. Le maître fontainier ou aux carrefours des rues manifeste la de Savoie, mère de François Ier et régente, extrêmement rare de l’architecture de la Pierre de Valence crée alors un ingénieux volonté des édiles de magnifier la ville lui offre l’hôtel Dunois qu’il transforme première Renaissance, les deux colonnes système alimenté par les sources du dans les premières années du XVIe siècle. en un somptueux hôtel particulier. Les de droite, la base centrale, ainsi que les Limançon, situées sur la commune de bombardements de 1940 causèrent la trois chapiteaux sont des remplois d’édi- Saint-Avertin. Six fontaines sont instal- destruction de la majeure partie de cet fices antiques du sud de la France. Dans lées sur le territoire. ensemble exceptionnel, dont il subsiste toutefois des vestiges remarquables. les écoinçons, les médaillons d’empe- Seule la fontaine dite de Beaune- À l’instar d’Azay-le-Rideau, Bonnivet et reurs, représentés en profil à l’antique Semblançay, autrefois installée sur le Chambord, un quadrillage de pilastres et rappelant la Vie des douze Césars de carroi de Beaune (à proximité de l’église et de double corps de moulures Suétone, retiennent l’attention. Une frise Saint-Julien), est conservée. Exécutée organise les façades. L’incrustation à motifs emblématiques, réunissant bla- par Bastien et Martin François, elle se d’ardoise en forme de losange rap- sons, envols et cordelières, surplombe présente sous la forme d’une haute pelle l’utilisation de marbres poly- les arcs et s’étire sur toute la longueur pyramide en marbre blanc de Gênes lar- chromes dans les édifices italiens. de la façade. Au premier étage, la cha- gement décorée de motifs à l’antique et Il s’agit peut-être d’une première en pelle est éclairée par des baies arrondies d’armoiries, dont celles de Jacques de France, devançant Chambord. Seuls pourvues d’un remplage de trilobes de Beaune, de la ville de Tours et du couple les chapiteaux portent une ornemen- tradition gothique. Elles sont séparées royal, Louis XII et Anne de Bretagne. tation sculptée. Les corbeilles présen- tent de fins rinceaux partant d’un motif par des pilastres meublés de disques et Des porcs‑épics marquent chacun des central, figure ou vase, se reliant à des demi-disques. angles de la partie supérieure. Des motifs figures d’angle très saillantes. Une par- Renaissance sont déployés : tresses, oves 4 tie aujourd’hui détruite était dotée de et dards, piécettes, rais de cœur, lignes lucarnes Renaissance ornées de sala- d’olives et pirouettes en alternance ou 1. Vue actuelle de l’hôtel de Beaune–Semblançay mandres, comme l’attestent les photo- encore glyphes et rubans. 2. Médaillon avec profil à l’antique de la chapelle 3. Lucarne avec salamandre graphies anciennes. Jaillissant par quatre tuyaux, l’eau coule 16 4. Fontaine de Beaune, avant dégradation 17 1

7 Hôtel Goüin (vers 1510) 8 Hôtel Robin-Quantin 25 rue du Commerce (fin XVIe siècle) 15 rue Paul-Louis-Courier

L’hôtel Goüin, anciennement hôtel Cet hôtel particulier datant du dernier Barguin, tient son nom de la grande quart du XVIe siècle possède un décor famille de banquiers éponyme qui en fait en façade très soigné avec pilastres, l’acquisition en 1738. L’édifice présente losanges et amours. Il s’articule autour une composition architecturale atypique de deux cours intérieures et dispose avec le rejet de la tour d’escalier contre la d’une porte en berceau avec une frise façade antérieure. Ainsi libérée, la façade mêlant rinceaux et triglyphes. La data- sur rue reçoit en son centre un avant- tion de l’édifice, vers 1590, résulte du corps, composé de deux loggias superpo- monogramme figurant les lettres C, R, sées et surmontées d’une lucarne. Cette M et Q entrelacés, pour Charles Robin et organisation est reproduite à chaque Marie Quantin. extrémité, à la différence près que c’est Le parti pris architectural de l’ensemble une terrasse ouverte qui couronne l’en- de l’édifice relève de la transition entre la semble. Le décor sculpté qui se déploie Renaissance et l’architecture classique. sur tous les espaces disponibles asso- cie répertoire gothique (niches à dais, frontons triangulaires aigus, gâbles à crochets, colonnes à moulures en spi- rales) et motifs renaissants (pilastres cannelés, rinceaux développés symétri- quement à partir d’un motif central). Les 2 dix marches du perron accentuent quant à elles la poussée verticale qui rythme la 1. Façade de l’hôtel Goüin façade. 2. Monogramme CRMQ de l’hôtel Robin‑Quantin 18 2. Première cour de l’hôtel Robin‑Quantin 3 1 3 4

9 Hôtel dit des Juste ou Giusti 11 Maison en pans de bois 12 Vitraux, église Notre-Dame- 13 POrtail de l’église Saint- (Ier quart du XVIe siècle) (milieu du XVIe siècle) la-Riche (XVIe siècle) Symphorien (1526-1531) 17 rue Paul-Louis-Courier 1 place du Grand-Marché Rue Courteline Place Paul-Bert

Selon la tradition, cette demeure appar- La maison au n°1 de la place du Grand- Le chœur de l’église conserve plusieurs Pierre Denis, intendant des finances de tenait aux frères italiens Giusti ou Juste, Marché adopte un discret décor de style verrières composites d’origine non Tours, offre un nouveau portail pour sculpteurs du tombeau disparu de Renaissance : la sablière présente un confirmée. Jean Fouquet pourrait avoir la façade occidentale de l’église Saint- Thomas Bohier et Katherine Briçonnet décor d’oves, de végétaux et de rubans. réalisé certains cartons, ayant égale- Symphorien. Réalisé entre 1526 et 1531, à Tours, mais également du tombeau Le trumeau développe un décor en ment œuvré à la réalisation de fresques, le parti architectural et l’ornementation de Louis XII et Anne de Bretagne à Saint- réserve de disques et demi-disques. aujourd’hui disparues, à la demande de s’inspirent de l’Antiquité : composition Denis. Le décor sculpté et le vantail d’en- Louis XI. Certains des vitraux pourraient sous fronton triangulaire, usage de trée retiennent l’attention. Le blason des provenir de l’hôtel particulier de Thomas pilastres, guirlandes, rinceaux, etc. Les Juste figurait autrefois au-dessus de la Bohier et Katherine Briçonnet à Tours. Le ébrasements ornés de caissons figurent porte. Les frères Juste furent naturalisés vitrail de sainte Catherine d’Alexandrie, des objets liturgiques : calices, ciboires, Français à Tours en 1513. à gauche de l’autel, la présente dans un bénitiers, missels, etc. On remarque décor où des colonnes antiques sont bien également les instruments de la Passion 10 Demeure (vers 1515) visibles. représentés sur la face des piédroits. Les 21 rue du Petit-Soleil vantaux, de la même époque, figurent saint Jérôme accompagné de son lion et Cette demeure possédait autrefois deux le martyre de saint Symphorien. remarquables niveaux de loggias super- posés. Les arrachements et le décor de médaillons à l’antique sont encore visibles.

1. Fenêtres de l’hôtel dit des Juste 2. Détail de sablière avec oves et végétaux 3. Vitrail de sainte Catherine d’Alexandrie, église 2 Notre‑Dame‑La‑Riche 20 4. Portail de l’église Saint‑Symphorien 21 1

14 Hôtel Cottereau 15 CLOÎTRE Saint-Martin (2e quart du XVIe siècle) (1509-1519) Rue des Trois-Écritoires Rue Descartes, rue Rapin

Probablement construit pour Guillaume Ce cloître jouxtait autrefois le transept Cottereau, maire de Tours, cet hôtel par- sud de l’ancienne collégiale Saint-Martin. ticulier avec cour intérieure présente un La galerie orientale qui subsiste a été décor intéressant non visible depuis la construite dans le nouveau style italien. voie publique. Le vestibule d’entrée com- Elle est attribuée à Bastien François, porte notamment un plafond de pierre maître maçon de l’église Saint‑Martin sculpté orné de lézards, emblêmes de la de Tours et frère de Martin François, famille Cottereau. Côté cour intérieure, maître des œuvres de la cathédrale. une porte est surmontée d’un tympan La galerie présente une voûte sur pen- triangulaire avec un médaillon, duquel dentifs, meublée de faux caissons. Les émerge un buste d’homme en haut relief. écoinçons et la frise d’entablement reçoivent un décor de grande qualité, faisant preuve d’une maîtrise unique pour l’époque à Tours. Rinceaux en miroir, dauphins, médaillons, palmettes, oves, etc., marquent la richesse de cette ornementation. Propriété privée, le site est invisible depuis la voie publique.

1. Ornements d’une frise d’entablement du cloître Saint‑Martin 2. Plafond sculpté : fleurs, étoile et lézards de la famille Cottereau 3. Porte de l’hôtel Cottereau, côté cour intérieure. 22 2 3 ŒUVRES TOURANGELLES : D’ICI À AILLEURS

Offrant tous deux la vision romantique du château entouré d’eau et de jar- dins, Chenonceau et Azay-le-Rideau sont sans aucun doute les plus célèbres monuments réalisés par des Tourangeaux : les couples Thomas Bohier et Katherine Briçonnet, et Gilles Berthelot et Philippe Lesbahy. Le château de la Bourdaisière, fortement remanié, le Grand Moulin de Ballan ainsi que l’hôtel d’Effiat à Montrichard témoignent d’un ancrage étendu de l’élite tourangelle sur le territoire. À ces édifices s’ajoutent d’autres œuvres remarquables, cer- taines aujourd’hui encore en Touraine, d’autres dans les plus grands établis- 2 sements culturels. 2 3 4

Enluminure et peinture union naît François Clouet, qui, comme Sculpture et orfèvrerie fil à l’antique : l’une représente Robert son père, entre au service du roi. Tandis Briçonnet, l’autre Thomas Bohier. Ce • Le musée des Beaux-Arts de Tours dis- que Jean Clouet s’illustre par ses por- • Michel Colombe est certainement le dernier en aurait fait réaliser une version pose de deux tableaux classés trésors traits de François Ier, dont celui du plus grand sculpteur de la première en or, ce qui, malgré son statut de gou- nationaux, la Vierge en oraison et le , François Clouet acquiert autant Renaissance française. Il réalise le tom- verneur de Normandie, relevait presque Christ bénissant. Ils seraient de la main de renommée par ses nombreux por- beau des enfants royaux à la cathé- d’une prérogative royale. La mode des de Jean Bourdichon, auteur des Grandes traits de cour réalisés pour Catherine de drale de Tours, le tombeau des ducs de profils à l’antique, en numismatique Heures d’Anne de Bretagne, ou au moins Médicis. Bretagne à la cathédrale de Nantes ou comme en architecture, est particuliè- d’un artiste local dans la mouvance de encore le relief de Saint-Georges terras- rement prégnante autour de la royauté Jean Fouquet. sant le dragon, réalisé pour la chapelle entre la fin du Moyen Âge et le début de du château de Gaillon, aujourd’hui pré- la Renaissance. • La Pietà de l’église Saint-Martin à senté au Louvre. Nouans-les-Fontaines est reconnue comme étant une œuvre de l’un des plus • Les frères Juste se sont illustrés, au- célèbres enlumineurs de son temps, le delà du tombeau disparu de Thomas Tourangeau Jean Fouquet. Bohier et Katherine Briçonnet, par la réa- lisation du tombeau de Louis XII et Anne • Jean Poyer, enlumineur tourangeau de Bretagne à la basilique Saint-Denis. qui a notamment bénéficié du sou- tien d’Anne de Bretagne, a réalisé les • En 1500, la Ville de Tours offre à Anne Heures Briçonnet (actuellement au de Bretagne la nef de sainte Ursule, Teylers Museum aux Pays‑Bas) pour véritable chef‑d’œuvre d’orfèvrerie tou- la famille éponyme, tout comme le rangelle, unique et agrémenté d’émaux 5 retable du Liget, présenté dans la galerie et pierres précieuses, aujourd’hui au 1. Médaillon avec miniature de Charles de Cossé, comte Saint‑Antoine à Loches. trésor du Palais de Tau de la cathédrale de Brissac, par Jean Clouet de Reims. 2. La Vierge en oraison, par Jean Bourdichon et son atelier, classée trésor national • Jean (ou Jehannet) Clouet s’installe 1 3. Tombeau de Louis XII et Anne de Bretagne par les à Tours et y épouse, vers 1515-16, une • Le musée des Beaux-Arts d’Angers dis- frères Juste Tourangelle, Jeanne Boucault. De cette pose de deux belles médailles avec pro- 4. Nef de sainte Ursule, par un orfèvre tourangeau 24 5. Médaille de Thomas Bohier 25 Rue Daniel Mayer Rue Daniel Mayer Parc de la Chambrerie

Parc Colbert La Source

15D

15B 15A

Rue Henri Lebrun 13 La PLAN De 15C

Rue DU parcours Rue Louis Blot Louis Rue 1 Tonnelle Rue Cathédrale Saint-Gatien

2 Cloître de la Psalette 3 Ancien archevêché : balcon de l’aile dite du synode

4 Hôtel Babou de la Bourdaisière

5 Demeure en pans de bois 4 6 Hôtel de Beaune-Semblancay 2 8 3 7 7 5 1 Hôtel Goüin 9 6 8 Hôtel Robin-Quantin 11 12 10 9 Hôtel dit des Juste ou Giusti

10 14 Demeure 15 11 Demeure en pans de bois

12 église Notre‑Dame‑la‑Riche

13 église Saint-Symphorien

14 Hôtel Cottereau

15 Cloître Saint‑Martin

Jardin Velpeau PARCOURS DE VISITE Générale Légende des couleurs : Ce parcours vous emmène à la découverte des plus beaux édifices de la Renaissance édifice ouvert à la visite tourangelle. Certains des décors présentés dans ce livret ne sont pas visibles depuis la voie publique, Façade avec décor Renaissance visible comme indiqué par le code couleur. Décor Renaissance non visible depuis la voie publique, non accessible

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Petit Cher « La ville de Tours, agréablement assise sur les rives délicieuses de la Loire, fait penser à Florence, dont l’Arno baigne les murs qu’elle paraît, elle aussi, quitter à regret. »

Louis-Augustin Bossebœuf, Amboise, le château, la ville et le canton.

Tours appartient au réseau national À proximité : des Villes et Pays d’art et d’histoire. , Chinon, Loches, Vendôme, Blois, Orléans, les Pays Loire Touraine, Le ministère de la Culture, direction Loire Val d’Aubois, de la Vallée du Cher et générale des patrimoines attribue le du Romorantinais bénéficient du label label Villes et Pays d’art et d’histoire aux Villes et Pays d’art et d’histoire. collectivités locales qui animent leur patrimoine. Pour tout renseignement : Il garantit la compétence des guides- Service d’animation du patrimoine conférenciers, celle des animateurs de Tél. : 02 47 21 61 88 l’architecture et du patrimoine, ainsi Courriel : que la qualité des actions menées. Des [email protected]

vestiges archéologiques à l’architecture Crédits photos Archives municipales de Tours : p. 17 e du XXI siècle, les Villes et Pays mettent Archives départementales d’Indre‑et‑Loire : p. 9, p. 17 Bibliothèque municipale de Tours : p. 2, p. 4, p. 17 en scène le patrimoine dans toute sa Musée des Beaux Arts de Tours : p. 25 Société Archéologique de Touraine : p. 17 diversité. Ville de Tours, V. Liorit : couverture, p. 4, p. 6, p. 8, p. 10, p. 11, p 12, p. 14, p. 15, p. 16, p. 17, p. 18, p. 19, p. 20,p. 21 p. 22, p. 23 ,p. 25 Aujourd’hui un réseau de 195 Villes et Metropolitan Museum of Art : p. 24 Musée des Beaux Arts d’Angers : p. 25 Pays d’art et d’histoire vous offre son Paul Getty Museum : p. 7 P. Avenet : p. 18 savoir-faire sur toute la France. D. Couineau : couverture, p. 13

Rédaction Frédéric Dufrèche, Yann Kergourlay

Maquette Guillaume Panait

D’après DES SIGNES Studio Muchir Desclouds 2018

Impression Août 2019

Tours, partie de

Direction régionale des affaies culturelles Centre-Val de Loire