Cité De La M Usique
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Président du Conseil d’administration Jean-Philippe Billarant Directeur général Laurent Bayle Cité de la musique LA FRANCE EN QUÊTE D’IDENTITÉ Du mercredi 13 avril au vendredi 29 avril 2005 Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert : www.cite-musique.fr SOMMAIRE Sans identité fixe 5 MERCREDI 13 AVRIL - 20H Œuvres de Richard Wagner et Arnold Schönberg. « Wagner : ricaner quand on entend son nom, et faire des plaisanteries sur la musique de l’avenir ». Ainsi Flaubert résume-t-il, dans son Dictionnaire des idées reçues, la vulgate qui règne en France sur le compositeur allemand 9 JEUDI 14 AVRIL - 20H quelques années avant sa mort. Depuis la défaite de 1871, en effet, un Camille Saint-Saëns, Gabriel Fauré/André Œuvres de sentiment nationaliste et anti-germanique gagne le milieu artistique Messager, Maurice Ravel, Richard Wagner et Claude Debussy. français. Il se traduit en musique par une volonté de se détacher de la filiation wagnérienne qui exerce son emprise sur de nombreux compositeurs depuis le milieu du XIXe siècle. Mais les mélodies d’un 14 VENDREDI 15 AVRIL - 20H Duparc, écrites entre 1868 et 1877, prouvent combien le lied allemand Œuvres de Paul Dukas, Maurice Ravel, Claude Debussy et et le langage musical de Tristan continuent d’imprégner la production Florent Schmitt. lyrique française. « Wagner, regrette encore Debussy des années plus 3 2 tard, fut un beau coucher de soleil que l’on a pris pour une aurore ». C’est finalement avec Debussy, tout comme avec Fauré, que la mélodie 22 DIMANCHE 17 AVRIL - 16H30 française acquiert toute sa singularité, son raffinement mélodique et Œuvres de Henri Duparc, Ernest Chausson, Gabriel Fauré, harmonique, son interpénétration de la musique et du texte. À leur vant-propos A Claude Debussy, Reynaldo Hahn et Francis Poulenc. instar, les compositeurs français puisent leur inspiration dans la poésie des Parnassiens (Leconte de Lisle) et des symbolistes (Mallarmé), mais c’est Baudelaire qu’ils affectionnent particulièrement. Baudelaire, qui 26 VENDREDI 22 AVRIL - 20H avait pourtant écrit à Wagner pour lui témoigner son admiration envers Œuvres de Claude Debussy le pouvoir poétique de sa musique. Mais les nationalistes français ne La France en quête d’identité La France s’arrêtent pas à de tels paradoxes. En ce tournant de siècle, alors que les tensions franco-allemandes renaissent, l’heure est à la défense des 31 SAMEDI 23 AVRIL - 15H valeurs musicales françaises. Compositeurs, critiques et musicologues se Forum : Y a-t-il une identité musicale française ? tournent vers le passé (principalement vers Rameau et Couperin) pour identifier, célébrer et prescrire une tradition nationale qui fasse front à la portée universelle dont jouit la musique allemande depuis la fin du 33 SAMEDI 23 AVRIL - 20H XVIIIe siècle. C’est ce à quoi s’emploie notamment Vincent d’Indy à Œuvres de Arthur Honegger et Francis Poulenc. la toute nouvelle Schola Cantorum. On en vient à célébrer la « lumière », la « clarté » propres à la musique française. Debussy, depuis son Prélude à l’après-midi d’un faune, créé en 1894, passe pour en être le modèle. 37 DIMANCHE 24 AVRIL - 16H30 En 1915, il renoue avec la pureté du classicisme français dans sa Sonate Œuvres de André Jolivet, Maurice Ravel et Albert Roussel. pour violoncelle, signée ostensiblement « Claude de France ». Mais si les compositeurs se replient sur une identité musicale spécifiquement française, ils n’en sont pas moins attirés par de multiples ailleurs. 44 VENDREDI 29 AVRIL - 20H La découverte, depuis l’Exposition Universelle de 1889, de traditions Œuvres de Joaquin Turina et Manuel de Falla. Mercredi 13 avril - 20h Salle des concerts musicales étrangères (japonaise, balinaise, russe et surtout espagnole) nourrit un goût prononcé pour l’exotisme. Les nombreuses œuvres qui en portent la trace finiront paradoxalement par être tenues pour emblématiques de la musique française ; la popularité dont jouit Richard Wagner (1813-1883) aujourd’hui le Boléro de Ravel suffit à le montrer. Cependant, après Tristan und Isolde, prélude l’armistice, les crispations identitaires perdent peu à peu de leur 10’ virulence, et le nationalisme qui dominait la vie musicale en France s’estompe. Le Groupe des Six, fondé en 1920, incarne la nouvelle Arnold Schönberg (1874-1951) génération ; ses membres se retournent contre l’apport de Debussy et Cinq Pièces pour orchestre op. 16 défendent un néo-classicisme de caractère international. La France Vorgefühle perd-elle pour autant son identité musicale ? Poser cette question, Vergangenes c’est supposer qu’il y en ait une au départ ; or la musique, loin d’être Farben le miroir sonore d’un esprit national, ne fait en définitive que le créer Peripetia 5 4 Das obligate Rezitativ et le recréer d’une époque à l’autre. 18’ Maxime Tortelier Variations pour orchestre op. 31 Moderato – Langsam – Mässig – Walzertempo – Programme vant-propos A Bewegt – Andante – Langsam – Sehr rasch – Etwas langsamer – Finale 20’ entracte Mercredi 13 avril - 20h 13 avril Mercredi Arnold Schönberg Erwartung, monodrame en 1 acte, op. 17 30’ Inga Nielsen, soprano SWR Sinfonierorchester Baden-Baden und Freiburg Michael Gielen, direction Ce concert est enregistré par France Musiques, partenaire de la Cité de la musique Durée totale du concert (entracte compris) : 1h50 Richard Wagner À l’occasion de la création des Variations pour orchestre Le thématisme est remplacé par des motifs paraissant et Tristan und Isolde, op. 31 de Schönberg exécutées par la Philharmonie de Berlin disparaissant au fil d’un temps musical qui progresse d’un prélude sous la direction de Wilhelm Furtwängler au début du mois de instant à l’autre ; ce qui donne lieu à une dramaturgie sonore décembre 1928, Adolf Weissmann, critique musical de la qui fait alterner impulsions et suspensions, gestes Composition : 1856-1859. Berliner Zeitung, qualifiait cette œuvre nouvelle de paroxystiques et chutes soudaines. Création : 10 juin 1865 au Théâtre de la Cour de Munich sous la direction « déclinaison arithmétique qui tente de relier chimiquement À la demande de l’éditeur, Schönberg a donné à ces de H. von Bülow des rebuts de Tristan sur des bases nouvelles ». Les « bases mouvements des titres « qui ne trahiront rien, parce que certains Effectif : 3 flûtes, 3 hautbois, nouvelles » étaient évidemment les principes « arithmétiques » seront très obscurs et que d’autres ne définiront que des indications 3 clarinettes, 3 bassons, 4 cors, de la dodécaphonie. L’expression « rebuts de Tristan » était une techniques : I : Pressentiment (chacun en a) – II : Passé (chacun en 2 trompettes, 1 tuba, timbales, manière vulgaire d’affirmer une demi-vérité. Car il est vrai que a aussi) – III : Couleurs (d’ordre technique) – IV : Péripétie (est 1 harpe, cordes. le chromatisme wagnérien avait influencé Schönberg, généralement suffisant) – V : Récitatif obligé (ou mieux ‘l’accompli’ l’amenant sur le chemin de l’émancipation de la dissonance, ou ‘l’infini’) ». Il s’agit évidemment d’un compromis entre mais ceci au cours de l’époque précédant l’adoption de la l’impératif éditorial et les principes esthétiques de Schönberg dodécaphonie. qui aurait préféré laisser l’auditeur complètement libre de L’emblème du chromatisme de Tristan est le célèbre accord au réagir à l’expression musicale pure et simple : « Car la musique 7 6 début du Prélude qui, par sa tension chromatique et son est en cela admirable qu’on peut tout dire, de sorte que l’initié puisse ambiguïté tonale, ouvre ce drame d’amour et de mort tendu tout comprendre mais en préservant ses propres secrets qu’on souhaite sur le fil d’un désir inépuisable. Le Prélude de Tristan est aussi ni s’avouer, ni divulguer. » l’accomplissement parfait d’une musique « parlante », La plus célèbre des cinq pièces, Farben (Couleurs) utilise le tellement éloquente qu’elle résume en elle-même l’essence du principe technique de la Klangfarbenmelodie (Mélodie de Commentaires drame. Des trois œuvres de Schönberg insérées dans ce couleurs du son) et, telle qu’elle est réalisée ici, elle fait programme, ce sont plutôt les Cinq Pièces pour orchestre op. 16 alterner sur un même accord de quatre hauteurs (sol#-si-mi- et Erwartung qui laissent paraître des liens avec la poétique la) deux groupes instrumentaux : le premier constitué par wagnérienne. En 1909, au début de sa période expressionniste, deux flûtes - clarinette - basson, le deuxième par cor anglais- Schönberg partage avec le principe wagnérien de la musique second basson-cor (avec sourdine)-trompette (avec sourdine). La France en quête d’identité La France « absolue » la volonté de rendre la musique signifiante à tout instant, qu’il s’agisse de musique « pure » (l’op. 16) ou de musique associée à un texte (Erwartung). Variations pour orchestre L’architecture, la structure et la forme, repoussées au cours de op. 31 la période expressionniste, deviennent à nouveau les fondements de la musique de Schönberg dès le début de sa Arnold Schönberg Dans une lettre à Richard Strauss du 14 juillet 1909, Composition : mai 1926 - période sérielle. Les Variations pour orchestre op. 31 représentent septembre 1928. Cinq Pièces Schönberg décrit les Cinq Pièces pour orchestre op. 16 qu’il Création : 2 décembre 1928 à Berlin l’apothéose des nouvelles préoccupations formelles et pour orchestre op. 16 est en train d’achever comme une œuvre « qui n’a rien de (Orchestre philharmonique, direction poétiques qui l’ont amené à la codification de la dodécaphonie. symphonique, bien au contraire : pas d’architecture, pas de structure. Wilhelm Furtwängler). Dans ce chef-d’œuvre d’ingénierie musicale et sonore, Composition : mai-août 1909. Simplement une succession chatoyante et ininterrompue de couleurs, Effectif : 4 flûtes, 4 hautbois, Schönberg utilise les contrastes entre les registres et les Création : 3 septembre 1912 à Londres, de rythmes et d’atmosphères ». Le principe fondamental de la 5 clarinettes, 4 bassons, 6 cors ; timbres des instruments et des sections de l’orchestre afin de direction Sir Henry Wood.