La Rue De Richelieu Du Meme Auteur
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
LA RUE DE RICHELIEU DU MEME AUTEUR EVOCATION DU VIEUX PARIS (prix d'histoire 1954 de l'Aca- démie française — fondation Thérouenne). Tome, 1 : Le Cœur de Paris. Tome 2 : Les Faubourgs. Tome 3 : Les Villages. LE PALAIS DU LOUVRE, sa vie, ses grands souvenirs historiques. SAINT-GERMAIN-L'AUXERROIS, église collégiale, royale et parois- siale et son quartier. (En collaboration avec l'abbé Maurice Baurit, curé de Saint- Germain-l'Auxerrois ; préface de S. E. le cardinal Feltin ). GIBETS, PILORIS ET CACHOTS DU VIEUX PARIS (prix d'histoire 1957 de l'Académie française — fondation J.-J. Berger). LES 200 CIMETIÈRES DU VIEUX PARIS. DICTIONNAIRE HISTORIQUE DES RUES DE PARIS (prix d'histoire 1964 de l'Académie française — second prix Gobert). LE PALAIS ROYAL ET IMPÉRIAL DES TUILERIES ET SON JARDIN. Chez Pierre Guastalla PARIS ET SES ARBRES (18 gravures sur cuivre de Pierre Guas- talla). Au Club français du Livre CONNAISSANCE DU VIEUX PARIS (prix d'histoire 1957 de l'Aca- démie française — fondation J.-J. Berger et prix 1957 de la Ville de Paris, du Syndicat des journalistes et écrivains). Ce titre a été édité, en 1963, en édition populaire (1 : Rive droite ; 2 : Rive gauche et les îles ; 3 : Les Villages) aux éditions d'art Gonthier. En préparation L'ILE SAINT-LOUIS, rue par rue, maison par maison. Le Grand prix littéraire du Conseil général de la Seine a été attribué en 1957 à l'auteur pour l'ensemble de son œuvre. JACQUES HILLAIRET LA RUE DE RICHELIEU LES EDITIONS DE MINUIT IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE TRENTE EXEMPLAIRES SUR ALFA-MOUSSE NU- MÉROTÉS DE 1 A 30, PLUS SEPT EXEM- PLAIRES HORS-COMMERCE, NUMÉROTÉS DE H.-C. I A H.-C. VII © 1966 by LES EDITIONS DE MINUIT 7, rue Bernard-Palissy — PARIS-VI Tous droits réservés pour tous pays INTRODUCTION Si j'ai souvent arpenté la rue de Richelieu en me rendant à la Bibliothèque Nationale, je l'ai rarement fait sans me heurter aux fantômes des célébrités qui l'ont habitée puisqu'il n'y a pas dans tout Paris une seule rue qui, sur ses mille mètres, en ait abrité autant. Que de grands noms sont liés à elle ! Des chefs d'Etat : Louis XIV et le Régent (N° 6 bis), voire un futur président de la République, Jules Grévy (N° 15), des ministres illustres entre tous : Richelieu naturellement (N° 6 bis) et Mazarin (N° 58) et Louvois (N° 69) et le duc de Choiseul (N° 93) et l'abbé Terray (N° 101). D'autres ministres encore : Phelipeaux, comte de Saint-Florentin et duc de La Vrillière « qui porta trois noms et ne s'en fit aucun » (N° 78), le marquis de Miromesnil (N° 69) et Chauvelin (N° 43). J'ai vu le convoi funèbre de Molière (N° 40) tourner le coin de la rue des Petits-Champs et celui de Diderot (N° 39) prendre la rue Traversière. Ici, c'est une charmante jeune fille qui s'efface contre le mur de l'hôtel de Nevers afin de ne pas être éclaboussée par le carrosse qui emporte M. de La Poupelinière (N° 59), tout rouge de sa dispute avec la fille de Mimi Dancourt ; elle ne sait pas que dans quatre ans elle règnera sur le roi sous le nom de marquise de Pom- padour (N° 50). Son fantôme me fait rejoindre celui de mademoiselle de La Vallière (N° 6 bis) et évoquer ceux d'autres célébrités féminines de cette rue : Ninon de Lenclos (N° 66) qui en partit pour les Madelonnettes et mademoiselle Guimard (N° 76), ce « petit sac d'os », comme aimait dire Sophie Arnould. Plus avisées que cette dernière et fourmis autant que cigales, les demoiselles Le Duc (N° 95) et Bigottini (N 67 et 89) eurent la sagesse de placer leur argent dans des maisons de cette rue. Voici mademoiselle de Blois (N° 73), fille de Louis XIV, la seconde de ce nom, et la princesse de Lamballe (N° 71) dont la mort odieuse reste présente à tous. Ici (N° 58 bis), la marquise de Lambert a tenu son salon, antichambre de l'Académie ; c'est près de la porte de son ancien hôtel que plus tard on maîtrisera Louvel dont l'alène meurtrière, en assassinant le duc de Berry (N° 69), devait changer la des- tinée de la France. Dans cette maison (N° 83) naquît Pauline Viardot, que sa sœur, la Malibran, ne manqua d'y venir voir. Leurs noms conduisent à l'évocation d'autres chanteurs et compositeurs à qui cette rue fut familière : Sacchini qui y mourut (N° 14), Grétry (N° 52), Paër (N° 79) qui y mourut aussi, Méhul et Chérubini (N° 78) qui, fait assez singulier pour ces illustres et graves personnages, tinrent là un magasin de musique ; Judith Pasta y habita en meublé (N° 61), de même que Meyerbeer (N° 97), mais Garat logea dans le petit hôtel de Villarseaux (N° 102) qu'avait antérieurement loué Voltaire et où devait mourir sa fameuse nièce, madame Denis, alors épouse du sieur Duvivier. Ces gamins qui tournent en rond autour d'un sexagénaire qu'ils raillent pour le bonnet de coton et la robe de chambre qu'il porte en permanence savent-ils que Molière (N° 40) les portera demain sur la scène lors de la première du Malade imaginaire, ce, à l'insu de son propriétaire, le conseiller Foucault (N° 21). Il faut l'intervention de ses voisins, tous artistes de renom, de Mignard (N° 23), des peintres Cor- neille (N° 36) et des sculpteurs, les deux frères Marsy (N° 38) pour que ce magistrat soit délivré de cette turbu- lente jeunesse. Ces cris qui se font entendre devant le N° 12 proviennent d'une nouvelle dispute entre Marie-Joseph Chénier et son irascible maîtresse. La demeure des autres poètes et gens de lettres est moins tapageuse, que ce soient celles de Désaugiers (N° 48), de Martainville (N° 61), de Tallemant des Réaux et de Brillat-Savarin (N° 66), de Stendhal (N 50 et 67), de François de Callières (N° 72), des abbés de Boisrobert (N° 75) et Barthélémy (N° 101) ou celle de Regnard et de Balzac (N 103 et 112). Que de grands savants, de célèbres marins et militaires, d'intègres magistrats, tous honneur de leur profession, ne trouve-t-on dans cette rue ! Citons parmi eux : le grand argentier Bertrand Dufresne (N° 12), l'abbé Eusèbe Renau- dot (N° 68), petit-fils du fondateur de la Gazette de France, les docteurs Marjolin (N° 79) et Bouillon-Lagrange (N° 91) Boissonnade (N° 103), l'amiral Duguay-Trouin qui y mourut (N° 77), l'amiral d'Estaing (N° 95), les ingénieur s-généraux de Gribeauval (N° 43) et de Vallières (N° 83), le maréchal de France, comte de Vaux (N° 101), l'intendant Joseph- Nicolas Foucault (N° 21), le premier président Bochart de Saron (N° 26), les présidents Hénault (N 22, 42, 47, 48) et Ménars (N 77 à 83) et le maître des requêtes Guyot de Chenizot (N° 41). Les financiers et hommes d'affaires ne pouvaient se désin- téresser de cette rue en cours d'essor ; aussi y voit-on les Monnerot (N° 46), Law (N° 58), Charles Chastelain (N 58, 89), Pierre Crozat et Laborde (N° 91) et les frères Pâris (N° 106). Des agents de change, des avoués et des notaires réputés y eurent leurs études ou y furent proprié- taires ; Péan de Saint-Gilles (N° 87) est le plus célèbre d'entre ces derniers. Sous la Révolution, le voisinage de la Salle du Manège devait y attirer des représentants de la Na- tion, tels le baron Alquier (N° 25) et le fameux conven- tionnel Bar ère, qui s'y logea en meublé (N° 103). Molière n'est pas le seul comédien qui illustra cette rue où l'on trouve dans un hôtel meublé (N° 8) mesdemoiselles Mars, la mère et la fille, cette dernière au début d'une car- rière qui devait être étincelante, Monrose (N° 18), Dazin- court qui logea aussi en meublé (N° 22) tandis que Potier était propriétaire de l'immeuble (N° 26) où il mourut. Emilie Contat (N° 83), Valmore (N° 9) qui n'avait pas encore épousé Marceline Desbordes et beaucoup d'autres comédiens et comédiennes dont on citera les noms plus loin habitèrent la rue de Richelieu, ce qui est normal étant donné le nombre de théâtres que cette rue desservait. Car elle en a desservi trois et non des moindres puisque deux d'entre eux étaient la Comédie-Française (N° 6 bis) et l'autre, l'Opéra (N 69, 71), le troisième étant la salle Louvois (N 69, 71) où fut le Théâtre-Italien. Elle en a même desservi cinq puisqu'elle passait entre l'Opéra-Comique et le théâtre Feydeau, tous deux édifiés sur le terrain d'an- ciens hôtels de cette rue. Si de plus l'on tient compte des tumultueuses galeries du jardin du Palais-Royal à son extré- mité sud et du bruyant jardin Frascati à son extrémité nord, on comprendra mieux encore combien cette rue fut animée, recherchée et enviée par les restaurateurs, cafetiers et com- merçants. D'où les cafés Minerve (N° 8), de Foy (N° 46), Richelieu (N° 103), les restaurants Beauvilliers (N° 26), Lemardelay (N° 100), Lointier (N° 104) et ces grands magasins de nouveautés, de frivolités, de châles et de cache- mires, de tulles et de soieries, aux enseignes si alléchantes. Voici celui du Grand-Mogol (N° 26) tenu par Rose Bertin qui avait eu, jadis, la comtesse du Barry et Marie-Antoinette comme principales clientes, ceux du Triomphe de Trajan (N° 71), de la Ville de Bombay (N° 76) du Persan (N° 78), du Petit-Dunkerque (N° 79), de la Compagnie des Indes (N° 80), de Gagelin (N° 81) avec Worth comme employé, de la Caravane (N° 82), de La Petite-Jeannette (N° 103) ; voici ceux du fleuriste Nattier (N 29, 62, 75, 79), du par- fumeur Tessier (N° 49), du chocolatier-confiseur Masson (N 28-28 bis et 29), du marchand de cannes Verdier (N° 83) ; voici les magasins de Chevallier, tailleur de l'Em- pereur (N° 8), de Staub (N° 92) où s'habillait Lucien de Rubempré, d'Hippolyte Leroy (N° 79) dont Joséphine, puis Marie-Louise furent clientes, de Ebeling, (N° 81) fournis- seur de Louis-Philippe et de sa nombreuse famille, de Buisson (N° 112) cher à Balzac, celui du gantier John Walker (N° 90) et le plus étincelant de tous, celui de l'orfèvrerie- joaillerie Fossin (N° 62) successeur de Nitot.