magazine M A G A Z I N E

LE VÉSIFévrier / Mars / Avril 2014 - N° 3N5 ET

UURBANRBANISMEISME Le point sur l’éco-quartier Parc Princesse (PP.. 99,, 1212 etet 13)13)

VVIEIE SSCOCOLLAIREAIRE La réforme des rythmes scolaires se poursuit (PP.. 6)6) SPEcial ESPACES VERTTSS Interviews Protégez vos buis ! (PP.. 15)15) Culture ET AAUSSIUSSI Sport, travaux, portrait ... . n e v e S

t Inclu e s : le b i l t o calen Jacquess G dr ier 2014 © des BonnafFEFE collectes et l’agenda du CCAS

Et aussi... Le Quatuor Zaide, Stephane Daurat, Robert Bouvier, Abdennour Belalit

Cuultulreture SUPER !

On ne présente plus Marcel Gotlieb, dit Gotlib, dont les bandes dessinées ont bercé bien des générations, des années 1960 à nos jours. Superdupont, Gai Luron ou encore Pervers Pépère font partie du panthéon du Neuvième Art. Rencontre avec un Vésigondin qui ne rentre pas dans toutes les cases… de BD bien sûr !

des adultes, pour la présenter au magazine . Là, j’ai été repéré par René Goscinny qui m’a pris tout de suite cette histoire. Et c’est ainsi que j’ai passé plus de dix années chez Pilote .

LVM: Vous êtes un maître de l’humour noir. Comment ce style si particulier vous est-il venu ? Gotlib : C’est une question de tempérament. Je crois que j’ai toujours eu une prédisposition pour ce type d’humour. Dès que j’ai été en âge de lire, je me suis intéressé aux auteurs d’humour anglais et cela m’a marqué. Aussi, lorsque j’ai eu l’opportunité de travailler dans la bande dessinée, cet humour noir est ressorti tout naturellement. . t

u Gotlib à l’honneur ! o t u o

P À partir du 12 mars, deux lieux embléma -

e n i

t tiques vont rendre hommage au talent de s i r h

C Gotlib. Tout d’abord, la bibliothèque

© du Vésinet et ensuite, le Musée d’art et Le Vésinet Magazine : Le dessin était-il une du célèbre Jean Tabary, est venu me voir et m’a d’histoire du Judaïsme qui propose du vocation pour vous ? parlé de l’hebdomadaire Vaillant qui recher - 12 mars au 20 juillet , une exposition Gotlib : J’ai toujours beaucoup dessiné. Je pre - chait des auteurs rigolos. Je leur ai laissé un intitulée Les mondes de Gotlib, qui nais des cours du soir aux Arts appliqués et dossier avec les dessins que je faisais. Et je suis présentera plus de 200 planches originales mon professeur était le dessinateur Georges parti en vacances avec ma femme. À notre et de nombreuses archives. Plus Pichard ( on lui doit notamment la série des retour, je me suis souvenu de ce fameux d’informations sur le site www.mahj.org « Paulette » , ndlr). Il nous donnait des devoirs dossier que j’avais laissé et je suis retourné à faire, comme dessiner des dessous de verre, à Vaillant pour le récupérer. Et c’est là qu’on par exemple et un jour, il a regardé mon cahier m’a dit qu’on avait cherché désespérément à dessins personnel. J’y avais notamment fait à me joindre. J’étais engagé ! J’avais le droit des illustrations inspirées du roman Notre- à toute une page. On m’avait demandé de Dame de et il les avait bien appréciées. créer des histoires autour d’un petit garçon Ça m’avait beaucoup conforté à l’époque. Mais et d’un renard. C’est devenu Nanar et Jujube . n o sinon, non, je n’ai jamais fait d’études pour faire et c’est dans leurs aventures que j’ai créé le v a R

ce métier. personnage de Gai Luron, qui était alors un e p p i l personnage secondaire, mais qui est devenu i h P

:

LVM : Comment êtes-vous entré dans par la suite un de mes héros principaux. e u q i

l’univers de la bande dessinée ? h p a r g

Gotlib : J’ai arrêté l’école à la troisième et je ne LVM : Et comment êtes-vous passé à la BD n o i savais pas quoi faire dans la vie. Et puis, j’ai plus adulte ? t p e c appris que, comme j’étais pupille de la Nation, Gotlib : Je me suis rendu compte très vite que n o c

, des emplois m’étaient destinés. Mais le seul qui mon but n’était pas de travailler pour un public d u a g était disponible était un travail de bureau, à d’enfants. D’ailleurs, mes personnages ne r a D l’Office Commercial Pharmaceutique. J’y suis rencontraient pas vraiment de succès. Du t e

b i l resté un certain temps. Jusqu’au jour où, coup, j’ai créé une histoire dont je savais qu’elle t o G en 1962, un de mes amis, Pierre Tabary, le fils ne serait jamais prise par Vaillant , à destination ©

18 Culture

une coccinelle par la suite. . d

LVM : Aviez-vous la sensation à u Une coccinelle parlante. Son a g r

l’époque que ce style allait a rôle est devenu de plus en plus D

.

révolutionner la BD ? d important, car elle se mêlait à é

, 3

Gotlib : Je n’ai eu aucune e l’histoire, la commentait ou la m o

velléité de révolutionner quoi t critiquait, un peu comme un

, " c a

que ce soit. Mais j’ai participé à r chœur antique. b - à des publications qui, elles, ont - e u q i

vraiment secoué le monde de r LVM : Quels seraient vos b u R

la BD ! Par exemple, avec " héritiers, selon vous ?

, d u

L’Echo des Savanes , dont je fus a Gotlib : J’aime beaucoup le g r a

en 1975 l’un des trois créateurs D travail de Daniel Goossens,

t e avec Claire Bretécher et Nikita je trouve qu’il a beaucoup b i l t Mandryka. C’était alors un o apporté à la bande dessinée. Il G

trimestriel et nous avons © dessine formidablement. collaboré sur une dizaine de numéros. Il y avait une liberté LVM : Vous avez également de ton incroyable, qu’il serait été scénariste pour le cinéma impossible d’avoir de nos jours. et comédien pour quelques Nous avions notamment fait films… une BD intitulée Gods Club Gotlib : Ma participation au qui aurait pu nous mettre à cinéma fut très modeste, vous dos toutes les religions, mais savez ! Patrice Leconte avait nous n’avions eu alors aucune demandé à me rencontrer. Il répercussion. Ce qui est était alors étudiant à l’IDHEC amusant, c’est que lorsque (L’institut des Hautes Etudes j’ai commencé la BD, ce n’était Cinématographiques, ndlr). Il pas forcément bien vu et voulait réaliser un film sur maintenant, c’est considéré moi, And my name is Marcel comme le Neuvième Art… Gotlieb , en référence à Orson Welles. Mais ce film n’a jamais LVM : Comment en êtes-vous été montré, car il s’agissait d’un arrivé à fonder Fluide Glacial ? travail d’école. Par la suite, je Gotlib : Après l’aventure Echo suis devenu le scénariste de des Savanes que j’ai quitté car l’ambiance LVM : Et comment est né l’un de vos person - son premier long-métrage, L es Vécés étaient n’était plus au beau fixe, je me suis retrouvé nages les plus emblématiques, Superdupont ? fermés de l’intérieur . Quant aux petits rôles sans savoir quoi faire. J’avais comme un goût Gotlib : Superdupont, ce sont les aventures que j’ai joués, c’était surtout parce que de trop peu en moi. Un jour, avec Jacques parodiques de Superman. J’étais très content c’étaient des copains qui filmaient. Diament, un ami d’enfance qui travaillait de moi quand j’avais imaginé ce personnage. alors aux Nouvelles Galeries et s’y ennuyait Mais hasard de la vie, venait de LVM : Vous habitez au Vésinet depuis de beaucoup et le dessinateur Alexis, nous avons créer exactement le même personnage ! Nous nombreuses années. Pourquoi avoir choisi décidé de nous mettre à la gérance de notre nous sommes alors mis d’accord : il serait le notre ville ? propre journal. C’est ainsi que nous avons scénariste et moi le dessinateur. C’est à ce jour Gotlib : Je suis né à Paris dont je suis parti fondé Fluide Glacial , avec une petite équipe l’une de mes rares collaborations. à l’âge de 25 ans. J’en avais marre de cette que nous nous étions constituée, comme ville. Je suis parti vivre à Asnières. Ma Manu Larcenet, Binet ou Blutch ( devenus des LVM : Autre personnage emblématique de femme, elle, adore dénicher des appartements dessinateurs célèbres par la suite , ndlr). votre œuvre, la fameuse Coccinelle que l’on à louer ou à acheter et c’est comme ça Nos débuts étaient un peu difficiles, mais retrouve en bas de vos cases… qu’elle a trouvé une maison à visiter au très vite, on est monté jusqu’à un tirage de Gotlib : Cette petite coccinelle est née dans la Vésinet, en 1969, boulevard de Belgique. Et 100 000 exemplaires, ce qui était un très bon Rubrique à brac . J’avais horreur de faire des par la suite, on a fait construire notre score à l’époque. Avec Fluide Glacial , nous décors, j’en suis d’ailleurs incapable. Mes pages maison actuelle en 1978, toujours au Vésinet sommes allés de plus en plus loin dans nos étaient singulièrement claires et dépouillées. qu’on n’a plus voulu quitter. C’est ici, dans idées, grâce à la liberté de ton que nous En revanche, j’adore dessiner des personnages, ce bureau, que j’ai créé le personnage de prenions. Nous réalisions des choses qui ne se leurs attitudes, leurs émotions… Alors, petit à Pervers Pépère ou que j’ai dessiné tout un faisaient pas dans la presse traditionnelle. petit, j’ai ajouté une souris, qui est devenue album de Gai Luron…

LE VÉSINET MAGAZINE N° 35 I FÉVRIER-MARS-AVRIL 2014 19