DIAGNOSTIC DE LA ZONE SRL

Janvier 2020

1 Diagnostic de la zone SRL RSK

SOMMAIRE

Introduction et contexte du projet de SRL ...... 13

1. Cadrage et portée du SRL ...... 16 1.1 Référentiels du SRL ...... 16 1.2 Interdépendance juridique et technique avec les documents d’aménagement du territoire et d’urbanisme ...... 17 1.3 Délimitation de la zone spatiale du SRL ...... 18

2. Spécificités et enjeux du littoral de la Région RSK ...... 21 2.1 Profil général du littoral de la Région RSK ...... 21 2.2 Profil sociodémographique ...... 23 2.2.1 La population de la zone SRL ...... 23 2.2.2 La pauvreté dans la zone SRL ...... 26 2.2.3 Chômage et emploi ...... 28 2.3 Profil économique et dynamiques de développement ...... 30 2.4 Niveau d’achèvement des ODD dans la Région RSK en comparaison avec les autres régions...... 34

3. Les potentialités du littoral RSK : Véritables moteurs de développement ...... 37 3.1 Potentiel écologique ...... 37 3.2 Potentiel hydrique ...... 42 3.2.1 Ressources en eau superficielles ...... 42 3.2.2 Ressources en eau souterraines ...... 43 3.3 Potentiel historique, culturel et archéologique ...... 45 3.4 Potentiel touristique ...... 47 3.5 Potentiel halieutique ...... 49 3.6 Potentiel balnéaire et nautique ...... 51 3.6.1 Les potentialités balnéaires ...... 51 3.6.1.1 Les cordons dunaires ...... 51 3.6.1.2 Les plages de la zone SRL ...... 51 3.6.2 Le potentiel nautique ...... 53 3.7 Potentiel agricole ...... 54 3.8 Potentiel industriel ...... 57 3.9 Potentiel minéral ...... 59 3.10 Potentiel énergétique ...... 62

2 Diagnostic de la zone SRL RSK

3.10.1 Énergies renouvelables ...... 62 3.10.2 Hydrocarbures ...... 63 3.11 Potentiel en infrastructures de transport ...... 63 3.11.1 Réseau routier et ferroviaire ...... 63 3.11.2 Le potentiel portuaire ...... 64 3.12 Potentiel humain et Opportunités en métiers verts et bleus ...... 66 3.12.1 Potentiel humain ...... 66 3.12.2 Opportunités de métiers verts et bleus ...... 68

4. Les pressions qui s’exercent sur le littoral RSK ...... 70 4.1 Pression foncière et expansion urbaine ...... 70 4.2 La surexploitation des ressources naturelles ...... 75 4.2.1 Surexploitation des aquifères côtiers...... 75 4.2.2 Surexploitation du sable côtier ...... 76 4.3 La génération de déchets solides et liquides ...... 77 4.3.1 Déchets solides ...... 77 4.3.1.1 Taux de collecte des déchets ...... 77 4.3.1.2 Gisements générés ...... 78 4.3.1.3 Niveau de traitement des déchets ...... 79 4.3.2 Génération potentielle des déchets plastiques ...... 79 4.3.3 Génération de déchets agricoles ...... 80 4.3.4 Eaux usées domestiques ...... 81 4.4 Les aléas côtiers ...... 82 4.4.1 L’Aléa d’inondation ...... 82 4.4.2 Le risque actuel de submersion marine ...... 84 4.4.3 Le risque d’érosion côtière ...... 85 4.4.4 Risque de tsunami ...... 86 4.4.5 Risques d’instabilité et de glissement de terrain ...... 89 4.4.6 Risques liés au changement climatique ...... 90

5. État de l’environnement et Impacts ...... 95 5.1 Qualité des eaux et des sols ...... 95 5.1.1 Pollution des eaux continentales ...... 95 5.1.2 Niveaux d’Impacts des déchets solides et des eaux usées domestiques sur le littoral RSK ...... 99

3 Diagnostic de la zone SRL RSK

5.1.3 Qualité des eaux marines et de baignade ...... 105 5.2 Qualité de l’air ...... 107 5.2.1 Pollution atmosphérique des villes de , Salé et ...... 108 5.2.2 Pollution atmosphérique dans la province de ...... 109 5.3 État environnemental des zones humides côtières...... 111 5.3.1 Merja Zerga ...... 111 5.3.2 Réserve Biologique de Sidi Boughaba ...... 115 5.3.3 Merja Fouarate ...... 117 5.4 État des plages ...... 119 5.5 État des forêts ...... 122

6. Identification des Hot Spots et zones sensibles du littoral RSK : L’apport des SIG ..... 123 6.1 Identification des Hot Spots et Zones Sensibles liés à la pollution tellurique du milieu marin de la Région RSK ...... 124 6.2 Évaluation du risque inondation ...... 128 6.2.1 Cartographie de l’aléa inondation ...... 128 6.2.2 Évaluation de l’exposition aux inondations ...... 130 6.2.3 Courbe de vulnérabilité ...... 131 6.3 Vulnérabilité aux sécheresses ...... 131 6.4 Vulnérabilités et risques côtiers liés au changement climatique ...... 134 6.4.1 Définition de la Zone d’Aléa Côtier dans le champ spatial du SRL ...... 136 6.4.2 Choix des variables, scoring et pondération...... 136 6.4.3 Résultats : Cartes d’aléa, de vulnérabilité, d’exposition et de risques ...... 137 6.4.3.1 Aléas côtiers ...... 137 6.4.3.2 Vulnérabilité côtière ...... 137 6.4.3.3 Exposition côtière ...... 138 6.4.3.4 Risques côtiers et Hot-Spots ...... 139

7. Les réponses : initiatives en faveur de la protection et de la mise en valeur du littoral RSK 142 7.1 Instruments juridiques en faveur de la protection, de la conservation et de la mise en valeur du littoral marocain ...... 142 7.2 Initiatives en faveur de la protection et de la mise en valeur du littoral...... 144 7.3 Contraintes et faiblesses ...... 151

8. Analyse SWOT du littoral de la région RSK ...... 152 8.1 Pourquoi une analyse SWOT ?...... 152

4 Diagnostic de la zone SRL RSK

8.2 Démarche adoptée pour LE SRL -RSK ...... 153 8.3 Résultats de l’analyse SWOT ...... 155

9. AXES STRATEGIQUES ET ORIENTATIONS POTENTIELLES D'AMELIORATION ...... 158 9.1 La gouvernance ...... 158 9.2 La protection et la conservation de la zone SRL du littoral RSK ...... 160 9.3 La mise en valeur des ressources littorales – zone SRL ...... 160

10. ANNEXES ...... 162 Annexe 1 : Taux de collecte des déchets ménagers ...... 162 Annexe 2 : Centres d’enfouissement et de valorisation (CEV), décharges réhabilitées et décharges sauvages (situation Mars 2019) ...... 163 Annexe 3 : Dispositifs de traitement des eaux usées domestiques dans la zone d’étude – SRL...... 165 Annexe 4 : Catégories et critères d’évaluation ...... 167 Annexe 5 : Scores et facteurs de pondération des variables retenues pour l’évaluation des risques côtiers liés au CC ...... 168

5 Diagnostic de la zone SRL RSK

LISTE DES FIGURES

Figure 1: Principaux référentiels internationaux, nationaux et régionaux du SRL...... 17 Figure 2: Limites marines et terrestres de la zone spatiale du SRL-RSK (Agreed, 2019)...... 20 Figure 3: Délimitation administrative de la zone SRL (Agreed, 2019) ...... 23 Figure 4 : Population des communes de la zone SRL en 2014 (Données RGPH, 2014) ...... 24 Figure 5 : Population des communes de la zone du SRL en 2004 et 2014 (Données RGPH, 2014)...... 24 Figure 6 : Population et densité par commune de la zone SRL en 2014 (Données RGPH, Agreed, 2019)...... 25 Figure 7 : Taux d’accroissement annuel moyen (TAAM) de la population de la zone SRL. (Données RGPH) ...... 25 Figure 8: Taux de pauvreté dans les communes de la zone SRL en 2014 (Données RGPH, 2014)...... 27 Figure 9: Taux de pauvreté dans les communes de la zone SRL en 2014 (Données RGPH, 2014)...... 27 Figure 10: Évolution du taux de pauvreté entre 2004 et 2014 dans les communes de la zone SRL (Données RGPH, 2014)...... 28 Figure 11: Taux de chômage selon le milieu de résidence, le sexe, l’âge et le niveau d'éducation dans les provinces littorales de la Région RSK...... 29 Figure 12: Taux de chômage dans les communes de la zone SRL (Données RGPH, 2014) ...... 30 Figure 13: Projets d’aménagement de la vallée du Bouregreg...... 32 Figure 14: Maquette du projet Le Carrousel sur la corniche de Rabat...... 33 Figure 15: Maquette du projet Mehdia Sustainable city ...... 34 Figure 16: Scores des ODD de la Région RSK comparés à ceux du niveau national...... 36 Figure 17: Carte des potentialités écologiques de la zone SRL (Agreed, 2019)...... 37 Figure 18: Ressources en eau dans la Région RSK et la zone SRL. (Source, Agreed 2019) ...... 43 Figure 19 : Pôles et produits de développement touristique au niveau de la Région RSK. (Source : Conseil Régional du Tourisme Rabat et Région) ...... 48 Figure 20 : Positionnement touristique et construction progressive de l’offre touristique régionale. (Source : Conseil Régional du Tourisme Rabat et Région) ...... 49 Figure 21: Potentiel nautique de la zone SRL (Agreed, 2019 ; Données DPPM) ...... 54 Figure 22 : Zones à vacations agricoles dans la partie nord de la zone SRL (plaine atlantique du Gharb)...... 55 Figure 23 : Programme d’extension des superficies irriguées dans le cadre du Plan Agricole Régional de la Région RSK. (Source : Ministère de l’agriculture et de la pêche maritime, 2017) ...... 56 Figure 24 : Zones industrielles de la zone SRL (Agreed, 2019)...... 58 Figure 25: Gisements de sable dans la zone SRL (Agreed, 2019)...... 61 Figure 26: Zone de réalisation des dragages d’entretien (rouge) et d’exploitation (bleu) dans l’embouchure du Sebou et à son large...... 61 Figure 27: Potentiel en énergie de la zone SRL (Agreed, 2019)...... 62 Figure 28 : Potentiels portuaire, nautique et de pêche (Agreed, 2019)...... 65 Figure 29 : Proportion de jeunes (Tranche d'âge 15-29 ans) et taux d'analphabétisme dans la zone SRL (Agreed, 2019 d'après les données du RGPH, 2014)...... 67 Figure 30: Taux d'urbanisation dans la Région RSK en 2014. (Source : Monographie générale de la Région Rabat- Salé-Kenitra, 2015) ...... 71 Figure 31: Extension urbaine dans la zone SRL (Agreed, 2019)...... 72

6 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 32: Extension de l'agglomération de Salé entre 1985 et 2011(source : cartes d'occupation de 1985 et de 2011 élaborées par Goussot, 2011)...... 72 Figure 33: Évolution du bâti en 1990 (en haut), 2011(au milieu) et simulation pour 2030(en bas) ...... 73 Figure 34 : Taux de collecte des déchets ménagers dans les communes littorales de la zone SRL...... 78 Figure 35 : Nombre de déchets marins collectés au niveau de 25 plages des différentes Régions (y compris la Région RSK) de la zone atlantique marocaine (Source : SEDD, 2019) ...... 80 Figure 36: Aléa inondation dans la zone SRL, avec une période de retour de 50 ans (Agreed, 2019)...... 82 Figure 37: Carte des risques d’inondation au niveau du bassin de Sebou pour des périodes de retour de 2 ans (gauche) et 20 ans (droite). (Source : Banque Mondiale, 2012) ...... 83 Figure 38: Hauteurs significative et directions principales des houles le 6 janvier 2014(Source : Ministère de l’Équipement, du Transport et de la Logistique, 2014) ...... 84 Figure 39 : Risque de submersion marine au niveau de l’embouchure du Bouregreg. (Banque Mondiale (2011).85 Figure 40 : Risque d’érosion côtière à l’embouchure du Bouregreg (Banque Mondiale, 2011)...... 86 Figure 41 : Indicateurs d'exposition humaine (a), d'exposition urbaine (b) et d'exposition industrielle (c) à la submersion marine par tsunami (scénario type 1755) (Source : Mellas et al. 2012 )...... 87 Figure 42 : Distribution spatiale de la vulnérabilité des bâtiments dans la zone côtière potentiellement inondée de Rabat (droite) et Salé (gauche) (1755 Lisbonne Scénario) (Source : Atillah et al. 2011)...... 88 Figure 43 : Blocs de rochers observés sur la côte de Rabat et photos de ces rochers sur les plages de Skhirate (à gauche) et Harhoura (à droite) (Source : Mhammdi et al. 2008) ...... 89 Figure 44: Carte de la susceptibilité aux mouvements de terrain de la vallée de Bouregreg (Banque Mondiale, 2011)...... 90 Figure 45: Zones de la vallée du Bouregreg impactées par une surcote marine exceptionnelle en situation actuelle et à l’horizon 2030 (Banque Mondiale, 2011)...... 91 Figure 47 : Carte générale des risques naturels dans la vallée du Bouregreg (Banque Mondiale, 2011) ...... 92 Figure 46 : Risque de submersion marine dans la vallée du Bouregreg à l’horizon 2030, sous l’effet du changement climatique (Banque Mondiale, 2012)...... 92 Figure 48 : Étendue de la submersion marine pour des périodes de retour de 10, 25, 50 et 100 ans respectivement (Hakkou et al. 2019)...... 93 Figure 50 : Risque d’érosion côtière de l’embouchure du Bouregreg à l’horizon 2030, suite aux effets du changement climatique (Banque Mondiale, 2011)...... 94 Figure 49 : Érosion de la plage de Mehdia (en m en ordonnée) en fonction de différents scenarios d’élévation du niveau de la mer (en abscisse) et selon un ensemble de 5 modèles (Bruun, Edelman, Dean, Leont’yev et SBeach) (Kasmi et Snoussi, 2019)...... 94 Figure 52 : Qualité des eaux souterraines dans la zone SRL et dans l’ensemble du bassin du Sebou (Carte Agreed d’après les données de l’Agence du Bassin Hydraulique du Sebou de 2011) ...... 96 Figure 51 : État de la qualité des eaux de surface dans le bassin du Sebou (Agence du Bassin Hydraulique du Sebou, 2011)...... 96 Figure 53 : Répartition de la teneur en nitrates dans les nappes de la plaine du Gharb (selon SCET Maroc pour le Département de l’Environnement, 1999)...... 97 Figure 54 : Carte de vulnérabilité à la pollution des eaux souterraines obtenue par la méthode DRASTIC...... 98 Figure 55: Vulnérabilité intrinsèque de la nappe superficielle de la plaine du Gharb (Source Amharref et Bernoussi 2007)...... 99 Figure 56: Impacts des déchets solides et des eaux usées domestiques dans la zone SRL. (Agreed, 2019) ...... 100 Figure 57 : Concentrations moyennes annuelles de NOx (gauche) et CO (droite) en 2010 dans les villes de Rabat, Salé et Temara (SEDD, 2018)...... 108

7 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 58: Répartition des émissions selon les catégories des sources à Rabat, Salé et Temara ...... 109

Figure 59 : Moyennes annuelles des concentrations en NOx (A), SO2 (B), PM10 (C) et CO (D)...... 110 Figure 60 : Carte d’occupation du sol du bassin versant de la Merja Zerga (Source : Ayadi H. et al., 2013)...... 112 Figure 61 : Projets urbains futurs ou en cours au niveau du site de Sidi Boughaba (Source, HCEFLCD, 2016).... 116 Figure 62 : Carte d'occupation des sols autour de la Merja Fouarate (Gauche) et Points de rejets (Droite) (Source : HCEFLCD, 2017) et El Boti (2013) ...... 118 Figure 63: Évolution du trait de côte de part et d’autre de l’embouchure des plages de Chlihat, Mehdia et Sidi Boughaba entre 1936 et 2005 (Hakkou et al., 2018)...... 120 Figure 64 : Principaux facteurs de la dynamique hydro-sédimentaire de part et d’autre de l’embouchure du Sebou (Source : DPDPM, 2011) ...... 120 Figure 65 : Plages de Harhoura (en haut) et Mehdia (en bas)) montrant l’emplacement des fosses septiques (Source : Ministère chargé de l’Environnement, 2015)...... 121 Figure 66: Évolution annuelle des incendies dans la Maâmora ...... 122 Figure 67 : Cartes statiques de la sévérité du feu en forêt de la Mâamora (gauche) et de la dynamique de sa régénération post-incendie (droite) (Source : Chekri et Gmira, 2013)...... 123 Figure 68 : Carte des points chauds et zones sensibles liés à la pollution tellurique (Source : Agreed, 2019). ... 126 Figure 69 : Méthodologie pour la modélisation de l’aléa inondation ...... 128 Figure 70 : Carte de l’aléa inondation pour une période de retour de 50 ans ...... 129 Figure 71 : Carte d’exposition à l’aléa inondation pour une période de retour de 50 ans ...... 130 Figure 72 : Courbe de vulnérabilité de bâtiments (Structure avec mur de pierre et toit en BA) ...... 131 Figure 73 : Équations de calcul du SPI et seuils préconisés ...... 132 Figure 74 : Cartes d’occurrence de l’aléa sécheresse ...... 134 Figure 75: Délimitation de Zone d’Aléa Côtier dans la zone SRL (Agreed, 2019) ...... 136 Figure 76: Carte de distribution de l’Indice d’Aléa Côtier dans la zone du SRL (Agreed, 2019) ...... 137 Figure 77 : Carte de distribution de l’Indice Vulnérabilité Côtière dans la zone du SRL (Agreed, 2019) ...... 138 Figure 78 : Zooms de l’Indice de Vulnérabilité Côtière dans les vallées aval du Sebou (gauche) et Bouregreg (droite)) (Agreed, 2019)...... 138 Figure 79 : Carte de distribution de l’Indice d’Exposition Côtière dans la zone SRL (Agreed, 2019) ...... 139 Figure 80 : Zooms de l’Indice d’Exposition Côtière dans les vallées aval du Sebou (gauche) et Bouregreg (droite) (Agreed, 2019)...... 139 Figure 81: Distribution de l’Indice de Risques Côtiers dans la zone SRL (Agreed, 2019) ...... 140 Figure 82: Zooms sur les zones avec des CRI « Extrêmement élevés » autour de Merja Zerga (gauche), Kenitra (centre) et la vallée du Bouregreg (droite) (Agreed, 2019) ...... 141 Figure 83 : CRI du la côte de Oued Ykem (Agreed, 2019) ...... 141 Figure 84 : Stations existantes en 2018 et stations exigées et à acquérir dans la Région RSK. (Source : SEDD 2018) ...... 148 Figure 85 : Composantes thématiques de l’analyse SWOT – SRL ...... 153 Figure 86. Tendances croisées entre la valorisation et la déperdition des ressources littorales dans la zone SRL ...... 161

8 Diagnostic de la zone SRL RSK

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Structures administratives de la zone SRL...... 21 Tableau 2 : Scores ODD ET IS-ODD de la région RSK en comparaison avec le niveau national...... 35 Tableau 3: Projections des besoins en eau en Mm3/an des milieux urbain et rural de Kenitra...... 43 Tableau 4: Projections de la demande en eau en Mm3 pour les différents secteurs en 2020 et 2030 par rapport à 2010...... 44 Tableau 5 : Fréquentation des plages du littoral SRL...... 51 Tableau 6: Activités nautiques existantes dans la zone SRL (Source, DPDPM, 2018)...... 53 Tableau 7 : Impact socio-économique du PAR entre 2008 et 2018 au niveau de la région RSK...... 57 Tableau 8: Localisation et caractéristiques des gisements de sable dunaire et de plage dans le littoral de la Région RSK. (Source : Atlas DPDPM, 2018)...... 59 Tableau 9: Exploration d’hydrocarbures dans le bassin onshore et le segment offshore de la zone SRL...... 63 Tableau 10 : Ports de la zone SRL...... 64 Tableau 11: Évolution démographique des provinces littorales de la Région RSK et part de l’urbain entre 2004 et 2014...... 70 Tableau 12: Bilan des nappes souterraines situées dans la zone SRL (entre 1939 et 2002 pour le Sebou) (Source : PDAIRE ABHS et PDAIRE ABHBC)...... 75 Tableau 13: Niveau d’impacts des déchets solides et des eaux usées domestiques sur le littoral RSK (Agreed, 2019) ...... 101 Tableau 14: Niveau d’impact lié aux déchets ménagers (Agreed, 2019) ...... 102 Tableau 15: Évolution de la qualité des eaux baignades des plages du littoral de la Région RSK depuis le début des campagnes de surveillance (Source : SEDD, 2019)...... 105 Tableau 16: Synthèse des contraintes anthropiques et leur impact potentiel sur la Zone humide de Merja Zerga (D’après HCEFLCD (2018) : Étude pour l’élaboration d’un Plan d’Aménagement et de Gestion Intégré et concerté de la Merja Zerga)...... 113 Tableau 17: Matrice d’évaluation des points chauds et des zones sensibles au niveau des principales agglomérations littorales de la Région de Rabat-Salé-Kenitra...... 125 Tableau 18: Matrice récapitulative d’identification des Hot-Spot et zones sensibles dans les principales agglomérations littorales de la région RSK...... 127 Tableau 19: Classes de sévérité de la sécheresse selon SPI ...... 132 Tableau 20: Variables retenues pour le calcul des indices d’aléa, de vulnérabilité et d’exposition dans la zone SRL...... 136 Tableau 21 : Stations existantes et exigées dans la Région RSK (Source : SEDD, 2018) ...... 148 Tableau 22 : Matrice d’analyse SWOT 1 « Élaboration et mise en œuvre du SRL »...... 155 Tableau 23: Matrice de l’analyse SWOT 2 « Zone SRL »...... 157

9 Diagnostic de la zone SRL RSK

LISTE DES ACRONYMES

ABHBC Agence du Bassin Hydraulique de Bouregreg et de la Chaouia ABHS Agence du Bassin Hydraulique du Sebou AEP Alimentation en Eau Potable AFZ Atlantic Free Zone ANDA Agence Nationale pour le Développement de l'Aquaculture ANP Agence Nationale des Ports BIT Bureau International du Travail BO Bulletin Officiel BTP Bâtiment et Travaux Publics CC Changement Climatique CCNUCC Convention-Cadre des Nations Unis sur les Changements Climatiques CNUCED Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement CESE Conseil Économique, Social et Environnemental CEV Centre d’enfouissement et de valorisation CGEM Confédération Générale des Entreprises du Maroc CITES Convention sur le Commerce des Espaces de faune et flore sauvages menacées d'extinction CLAP Communes d’arrière-pays CLC Convention Internationale sur la responsabilité civile pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures CLFM Communes littorales avec façade maritime CNE Conseil National de l'Environnement CNGIL Commission Nationale de la Gestion Intégrée du Littoral COI Commission Océanographique Intergouvernementale COVNM Composés organiques volatils non méthaniques CTK Centrale thermique de Kenitra DAT Direction de l’Aménagement du Territoire DBO Demande Biologique d’Oxygène DD Développement Durable DPDPM Direction des Ports et du Domaine Public Maritime DPH Domaine Public hydraulique DPM Domaine Public Maritime DRE Directions régionales de l’Environnement EES Évaluation Environnementale Stratégique FAO Organisation des Nations Unis pour l'alimentation et l'agriculture FEE Fondation pour l’Éducation à l’Environnement GIEC Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat GIZC Gestion Intégrée des Zones Côtières GSL Grandes Sources Linéaires GSP Grandes Sources Ponctuelles HCEFLCD Haut-Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la Désertification HCP Haut-Commissariat au Plan IAV Institut Agronomique et Vétérinaire ICU Îlot de chaleur Urbain INRH Institut National de Recherche Halieutique

10 Diagnostic de la zone SRL RSK

IPCC Intergovernmental Panel on Climate Change LGV Ligne à Grande Vitesse LMO Littoral Méditerranéen LPEE Laboratoire Public d'Essais et d'Études METAP Programme Environnemental d'Assistance Technique pour la Méditerranée METLE Ministère de l'Équipement, du Transport, de la Logistique et de l'Eau OMPIC Office Marocain de la Propriété Industrielle et Commerciale ONEE Office Nationale de l'Électricité et de l'Eau Potable ONG Organisation Non Gouvernementale ONHYM Office National des Hydrocarbures et des Mines ONP Office National des Pêches OREDD Observatoires régionaux de l’environnement et du développement durable PAC Programme d'Aménagement Côtier PAM Plan d'Action pour la Méditerranée PAR Plan Agricole Régional PAU Plan d'Aménagement Urbain PDA Points de Débarquement Aménagés PDR Programme de Développement Régional PEI Programme d’Extension de l’Irrigation PGES Plan de Gestion Environnementale et Sociale PIB Produit Intérieur Brut PMV Plan Maroc Vert PNA Plan National de l’Assainissement Liquide PNAM Plan National d’Assainissement Mutualisé PNDA Plan Directeur des Déchets Dangereux PNDM Programme National des Déchets Ménagers PNEEI Programme National d’Économie d’Eau dans l’Irrigation PNEEPI Programme National d’Économie d’Eau Potable et Industrielle PNI Plan National de Protection contre les Inondations PNL Plan National du Littoral PNRR Programme National des Routes Rurales PNREU Plan national de réutilisation des eaux usées PNUD Programme des Nations Unis pour le Développement PNUE Programme des Nations Unies pour l'Environnement PNVD Programme national de valorisation des déchets PPRN Plan de Prévention des Risques Naturels PRAT Programmes Régionaux d’aménagement du Territoire PSA Peugeot société anonyme PUGP Plans d'Utilisation et de Gestion des Plages PUN Pollutions Marines Accidentelles RGPH Recensement Général de la Population et de l'Habitat R-RSK Région de Rabat Salé Kenitra RSK Rabat Salé Kenitra SAU Surface Agricole Utile SDAU Schéma Directeur d'Aménagement Urbain SDAUL Schéma Directeur d'Aménagement Urbain du Littoral SEDD Secrétariat d'État chargé du Développement Durable

11 Diagnostic de la zone SRL RSK

SIBE Sites d'Intérêts Biologique et Écologique SMBA Sidi Mohamed Ben Abdallah SMAP Programmes d'Action Prioritaires à Court et Moyen Termes pour l'Environnement SNAT Schéma National d'Aménagement du Territoire SNDD Stratégie Nationale de Développement Durable SNE Stratégie Nationale de l'Eau SNRVD Stratégie nationale de réduction et de valorisation des déchets SRAT Schéma Régional d'Aménagement du Territoire SRL Schéma Régional du Littoral STEP Stations d'Épuration des Eaux Usées UNESCO Organisation des Nations Unis pour l'Éducation, la Science et la Culture VDP Villages de Pêcheurs ZAC Zone d’Aléas Côtiers ZH Zéro hydrographique

12 Diagnostic de la zone SRL RSK

Introduction et contexte du projet de SRL

1. Le littoral marocain regroupe plus de 180 communes, représentant une superficie équivalente au 1/7 du territoire national, sans compter ses mers territoriales qui s’étendent sur les 12 milles marins au large. En 2014, sa population était de l’ordre de 11 millions d’habitants, soit le 1/3 de la population du pays. C’est aussi l’axe structurant de l’économie nationale, du fait qu’il concentre des enjeux sociétaux et économiques majeurs : population, industrie, tourisme, agriculture, installations portuaires, etc. Il est aussi le lieu d’une biodiversité remarquable et fournit de nombreux services écosystémiques. Toutefois, l’expansion des villes côtières, la croissance de l’industrie touristique, le développement des ports et la maritimisation de l’économie, ont conduit à une profonde transformation du littoral et des zones marines adjacentes. On assiste en effet à une forte artificialisation des côtes les rendant plus exposées et par conséquent moins résilientes aux impacts des changements globaux, y compris le changement climatique. De nombreux secteurs littoraux ont déjà connu un boom immobilier et une pression accrue sur les dunes bordières, avec pour conséquence, une érosion des côtes exposant de plus en plus les biens et les personnes aux aléas d’inondation et d’érosion côtière. Les forces motrices induites par les activités humaines et leurs corollaires de pressions sont les principaux facteurs de changement au niveau des littoraux marocains, mais le forçage induit par le climat est susceptible d'aggraver de plus en plus les problèmes existants et de créer de nouveaux risques.

2. Conscients de cette situation, le Maroc s’est engagé, avec détermination depuis ces dernières décennies, à asseoir les bases du développement durable conciliant protection de l’environnement et promotion du développement socio-économique. Il œuvre désormais à la consolidation des actions et des réformes initiées aux niveaux national, régional et local.

3. C’est dans cette perspective qu’il a été mis en place un cadre législatif et réglementaire de protection et de mise en valeur de l’environnement littoral, (loi 81-12 sur le littoral) conciliant les impératifs de préservation du littoral et ceux du développement socio- économique à travers la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de Développement Durable (SNDD), adoptée en conseil des ministres en Juin 2017.

4. La loi sur le littoral préconise l’élaboration d’un Plan de Gestion Intégrée du Littoral appelé « Plan national du Littoral ou PNL » et de Schémas Régionaux d'Aménagement, de Protection, de Mise en Valeur et de Conservation du littoral, appelés « Schémas Régionaux du Littoral ou SRL ». L’un des défis majeurs, aujourd’hui de cette loi, est la mise en œuvre de projets concrets au profit des espaces littoraux, et répondant aux principes de la Gestion Intégrée des Zones Côtières (GIZC).

5. Tenant compte de ces considérations et des ambitions d’opérationnaliser les objectifs du développement durable du littoral, le Ministère de l’Énergie, des Mines et de l’Environnement, a lancé le chantier d’élaboration du SRL de la Région Rabat-Salé- Kenitra (RSK), le premier à l’échelle du Royaume. Ce choix se justifie par la place stratégique qu’occupe cette région, du fait qu’elle abrite la capitale du Royaume et aussi de par les nombreux atouts stratégiques, aussi bien sur le plan écologique, que social et économique qui la caractérisent. La Région dispose par ailleurs d’outils

13 Diagnostic de la zone SRL RSK

territoriaux importants tels que le Schéma Régional d’Aménagement du Territoire (SRAT) et le Programme de Développement Régional (PDR).

6. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Programme de Coopération conjoint Italie- Banque Mondiale (AGREED) au profit des pays africains pour la mise en œuvre de l’intégration de l’approche de gestion intégrée des zones côtières dans les processus de planification et de développement territorial.

7. Le SRL-RSK est à la fois stratégique dans la mesure où sa mise en œuvre devra assurer un développement durable du littoral, dans la Région RSK, et opérationnel à travers des interventions d’aménagement axées sur la réhabilitation, la prévention, la protection, la conservation et la mise en valeur du littoral. La première étape est donc d’établir un diagnostic stratégique et intégré basé, conformément aux principes de l’approche GIZC, sur un processus éminemment participatif. En effet, au-delà des acteurs publics, le niveau régional est généralement identifié comme pertinent pour organiser le dialogue et la concertation avec toutes les parties prenantes.

8. Plusieurs analyses diagnostics de la Région RSK existent à travers les documents d’aménagement, de développement et d’urbanisme de la Région. Ils mettent en avant un territoire bénéficiant d’atouts importants, mais aussi faisant face à de nombreux enjeux majeurs. Le diagnostic qui est réalisé dans le cadre du projet AGREED pour l’élaboration du SRL, capitalisera sur ces constats, en se focalisant exclusivement sur la zone littorale. Il prendra également en compte le travail réalisé dans le cadre du "Mécanisme européen de soutien à la gestion intégrée et durable de l’Eau et à l’initiative Horizon 2020 (SWIM-H2020)".

9. L’objectif opérationnel de ce diagnostic est d’identifier les potentialités et les contraintes du littoral régional et de son arrière-pays en tenant compte des zones d’interface terre-mer. En d’autres termes, il établira un état des lieux, identifiera les enjeux environnementaux, sociaux, culturels et économiques, à la fois majeurs et spécifiques à la région RSK, et analysera les initiatives et les déclinaisons régionales des politiques, stratégies, plans et programmes nationaux, répondant aux enjeux identifiés. Il évaluera également les risques littoraux, notamment ceux liés au changement climatique.

Processus d’élaboration du rapport de diagnostic

Collecte des données

10. Le diagnostic se base sur les données disponibles auprès des institutions et des parties prenantes concernées. Leur collecte est un exercice crucial dans la mesure où il conditionne l’efficacité du processus d’élaboration du projet SRL-RSK. En effet, la qualité et la fiabilité des données obtenues déterminent la précision des résultats de l’analyse de l’état du littoral et de son développement durable ainsi que la pertinence des scénarios qui seront simulés.

11. De ce fait, le bon déroulement de cette étape requiert l’engagement et la participation active des différents acteurs et parties prenantes. C’est ainsi que l’activité d’assistance technique « Agreed » privilégie cette approche de co-construction dès cette phase de

14 Diagnostic de la zone SRL RSK

diagnostic. A juste titre, le présent atelier s’inscrit parfaitement dans cette démarche dans la mesure où il sera l’occasion de partager les premiers éléments de diagnostic en vue de les valider et de les enrichir par le recueil de données nouvelles ou complémentaires.

L’utilisation de l’outil SIG

12. L’utilisation de l’outil SIG constitue l’instrument - socle du processus d’élaboration du projet SRL dans son ensemble. Son apport pour la phase de diagnostic est d’une importance capitale pour la délimitation de la zone spatiale ou la zone d’étude du SRL, la cartographie thématique des potentiels, de l’état et des pressions et le zonage des espaces particuliers (zones dégradées, zones à risques, SIBEs, etc.), etc. Le caractère dynamique de cette plateforme permet d’enrichir au fur et à mesure le diagnostic.

13. A chaque fois qu’il est techniquement possible, les données collectées sont érigées en base de données géo-référencées qui sont intégrées dans le SIG. Rappelons aussi que dans un souci d’harmonisation et de synergie, le SIG-SRL se fait en adéquation avec le SIREDD-RSK.

L’adoption du modèle D.P.S.I.R (Forces motrices, Pressions, État, Impacts et Réponses)

14. A la lumière du benchmark international, il a été jugé pertinent d’appliquer le modèle DPSIR qui permettra d'analyser les relations entre des facteurs qui ont une incidence sur l’écosystème littoral selon une logique de causalité. Il devrait ainsi analyser les évolutions sociales et économiques qui exercent une pression sur le littoral, et par conséquent, entraîner un changement de son état. Cela conduit à des impacts qui suscitent des réponses techniques, managériales, réglementaires, etc., susceptibles d’assurer un développement durable du littoral.

15. Ce modèle repose principalement sur les éléments suivants :

o L’identification des principales forces motrices de changement (D, Drivers) : Population et littoralisation, industrie, tourisme et loisirs, transport, agriculture intensive, pêche, etc.

o L’identification des principales pressions sur les différentes composantes du littoral (P, Pressures) : pollutions agricoles (pesticides, fertilisants, nutriments etc.), rejets directs domestiques et industriels, changement de l’utilisation des terres, en faveur de l’urbanisation, intensité du tourisme et loisirs, activités offshore, surexploitation des ressources naturelles (halieutiques, bois, sable, etc.) ; pollutions potentielles par les hydrocarbures, changement climatique et élévation du niveau de la mer ; etc.

o L’analyse de l’état du littoral (S, State) : concentrations en nutriments, oxygène du fond, chlorophylle a, concentrations de substances dangereuses, qualité des eaux de baignade, espèces affectées suite aux déversements d'hydrocarbures, degré de stabilité des dunes et du cordon dunaire, érosion côtière, élévation du niveau de la mer, niveau de dégradation du fond marin, espèces non indigènes, détritus marins, état du patrimoine archéologique et culturel, etc.

15 Diagnostic de la zone SRL RSK

o Les impacts et effets en retour de la dégradation du littoral (I, Impacts) : eutrophisation, problèmes de santé humaine liés à l'eau, perte de capital humain par érosion côtière, changements dans la distribution et l'abondance des espèces, inondations, destruction du fonds marin, perte d'habitats, détérioration des ressources, etc. ;

o Les réponses apportées (R, Réponses) : réglementation, contrôle, politiques de protection et de conservation du littoral, gestion intégrée des zones côtières, gouvernance du littoral etc.

L’identification et la définition des enjeux majeurs à travers une analyse SWOT

16. Durant la phase de diagnostic, le processus de consultation des acteurs concernés, et spécifiquement lors du présent atelier, devra se solder par l’identification et la priorisation des enjeux majeurs spécifiques à la région RSK. Ces enjeux sont considérés dans leur dimension plurielle ; il s’agit d’enjeux écologiques et naturels, de durabilité des ressources, de développement économique, de bien-être des populations côtières, d’enjeux liés au changement climatique et d’enjeux de gouvernance du littoral. L’identification de ces enjeux est une étape cruciale qui permettra de fixer les priorités d’intervention du SRL et d’identifier les espaces côtiers spécifiques nécessitant des actions d’aménagement, de réhabilitation, de protection, de conservation et de mise en valeur.

1. Cadrage et portée du SRL

1.1 Référentiels du SRL

17. Le projet proposé est basé sur un certain nombre de référentiels internationaux, nationaux et régionaux et est conforme à la vision du gouvernement et ses programmes en matière de développement durable des zones côtières du Royaume. Ces référentiels sont ici illustrés par la figure 1. Ils seront détaillés plus loin dans le chapitre “Réponses”.

16 Diagnostic de la zone SRL RSK

Docs PDR urbanisme (SDAUs, PAs)

SRAT … Réf régional

Figure 1: Principaux référentiels internationaux, nationaux et régionaux du SRL.

18. Au niveau international, le présent projet est en ligne avec les protocoles, traités et conventions internationaux signés par le Maroc1, notamment :

o Les objectifs de développement durable (ODD) à l'horizon 2030 ; o Le Nouvel Agenda Urbain ; o L’Accord de Paris sur le changement climatique ; o Les Conventions portant sur le littoral.

19. Sur le plan national, on cite entre-autres : o Les orientations royales ; o La constitution ; o Le programme gouvernemental 2017-2021 ; o La Stratégie Nationale du Développement Durable (SNDD) ; o Le Plan national du littoral (PNL) ; o La Stratégie Nationale pour les changements climatiques, le Plan National Climat, le Plan National d’adaptation et la Contribution Déterminée au niveau National (NDC Maroc, 2015). o ...

20. Au niveau régional, et principalement de la région Rabat-Salé-Kenitra objet du présent diagnostic, on peut citer : o Le Schéma Régional d’Aménagement du Territoire (SRAT) qui constitue la déclinaison régionale du Schéma National d’Aménagement du Territoire (SNAT) ; o Le Programme de Développement Régional (PDR) : C’est le document fédérateur de toutes les actions en matière de développement socio-économique régional au titre de la période 2017-2021 ; o Les documents d’urbanisme (SDAUs, SDAULs, PAs) ; o ...

1.2 Interdépendance juridique et technique avec les documents d’aménagement du territoire et d’urbanisme

21. L’Article 7 de la loi sur le littoral, stipule que le SRL devra être élaboré en conformité avec les objectifs et les orientations du plan national du littoral (PNL), et devra également prendre en considération les orientations des documents de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire institués conformément à la législation en vigueur. La

1 http://www.environnement.gov.ma/fr/lois-et-reglementations/conventions-internationales

17 Diagnostic de la zone SRL RSK

Note méthodologique2 préparée dans le cadre du projet pour l’élaboration du SRL de la Région Rabat-Salé-Kenitra, a tenté de clarifier les interactions et les modes d’articulation du SRL avec ces documents et d’identifier les créneaux de synergie ou de complémentarité, dans le souci d’une harmonisation et d’une cohérence territoriale.

22. Il en ressort que le SRL a une identité propre comparé aux autres schémas et plans territoriaux. Sa valeur ajoutée réside, sur le plan géographique en l’intégration, pour la première fois, de l’espace maritime dans la planification territoriale de la Région, et sur le plan stratégique, en l’adoption de l’approche écosystémique (GIZC) destinée à concilier conservation, mise en valeur et utilisation durable en vue de maintenir des écosystèmes sains, productifs et résilients, pour le bénéfice des populations côtières.

23. L’élaboration du diagnostic capitalisera sur les analyses déjà réalisées dans le cadre de ces documents, en focalisant bien entendu sur tout ce qui concerne l’espace littoral, qui sera délimité comme champ spatial du SRL-RSK.

1.3 Délimitation de la zone spatiale du SRL

24. La finalité du SRL est le développement durable du littoral à travers : la prévention, la protection, la conservation et la mise en valeur de cet éco-socio-écosystème qui ne s’inscrit pas forcément dans des limites administratives. Réussir à appréhender les enjeux de protection, les risques et les opportunités de développement du littoral RSK de manière efficace, requiert ainsi de choisir une étendue appropriée au regard des conditions géographiques et des potentialités écologiques, sociales et économiques, mais aussi au regard des risques et enjeux considérés.

25. Il convient, de prime à bord, de rappeler ici que la délimitation réglementaire du littoral est régie par la loi 81-12, qui selon son Article 2, définit le “ littoral comme une zone constituée de :

o Côté terre : du domaine public ainsi que des estuaires, des baies, des étangs, des sebkhas, des lagunes, des marais salants, des zones humides communiquant avec la mer et des cordons dunaires côtiers ; o Côté mer : des eaux territoriales allant du rivage jusqu'à une distance en mer de 12 milles marins.”

26. Le domaine public maritime, tel que défini par le Dahir du 1er juillet 1914 [a] sur le domaine public, comprend le rivage de la mer jusqu’à la limite des plus hautes marées, ainsi qu’une zone de 6 mètres mesurées à partir de cette limite.

27. Si les limites maritimes du littoral font généralement consensus sur la distance de 12 milles marins en mer depuis le rivage (Loi 81-12, Protocole GIZC), les limites terrestres sont plus flexibles et discutables selon les objectifs des plans ou programmes. Par exemple :

2 Agreed, 2019 : Note méthodologique pour l’élaboration du SRL de la Région Rabat-Salé-Kenitra. 26p.

18 Diagnostic de la zone SRL RSK

1. Le diagnostic de la Stratégie de gestion intégrée du littoral élaborée par la DAT a nuancé entre limites administratives et limites fonctionnelles. Il considère comme limites administratives terrestres, celles du domaine public et des communes urbaines et rurales possédant une façade maritime dans leurs limites communales, alors que les limites fonctionnelles sont multiples et évolutives en fonction des thématiques d’aménagement à considérer et qui sont : le foncier, la biodiversité, l’économie, le social, les ressources naturelles ou les risques littoraux. 2. Le Plan National du littoral (en cours de validation) a opté, à l’issue d’un benchmark international, pour un champ spatial de planification qui « devra englober, en plus de l’espace réglementairement délimité, une étendue de la côte et des écosystèmes adjacents qui sont liés par des phénomènes naturels communs (climatiques, physiques et biologiques), ou par des activités socio-économiques particulières ». 3. Le Rapport sur l’État de l’Environnement au Maroc (REEM), définit le littoral comme un espace qui relie la mer et la terre, et qui peut être influencé dans son fonctionnement par les évènements physiques, économiques et sociaux qui se produisent aussi bien sur le continent qu’en mer.

28. Ces définitions et délimitations sont toutes en accord avec le concept de gestion intégrée des zones côtières (GIZC) qui prend en compte les enjeux terrestres et marins de la frange littorale. En effet, le Protocole relatif à la GIZC de la Convention de Barcelone -signé le 21-01-2008, et ratifié le 21-09-2012- définit la “zone côtière comme l’espace géomorphologique de part et d’autre du rivage de la mer où se manifeste l’interaction entre la partie marine et la partie terrestre à travers des systèmes écologiques et systèmes de ressources complexes comprenant des composantes biotiques et abiotiques coexistant et interagissant avec les communautés humaines et les activités socio-économiques pertinentes”.

29. Cette définition traduit en définitive les principes d’intégration de la GIZC, dont celui qui réside dans le fait que le trait de côte ne peut se comprendre et se gérer qu’en lui redonnant son épaisseur qui va du bassin versant jusqu’à la haute mer. A titre d’exemple de cette portée géographique, on peut citer les pollutions littorales qui ont leurs sources dans les bassins côtiers ; l’érosion des plages qui peut trouver son origine loin en amont du bassin versant. Les ressources halieutiques qui dépendent des éléments nutritifs amenés par les fleuves, etc.

30. Il a été ainsi proposé, d’adapter la zone spatiale du SRL aux objectifs visés par celui-ci, et de procéder à une délimitation ajustée qui comprendra toutes les communes ayant une façade littorale, plus certaines communes de l’arrière-pays, notamment le long des vallées fluviales (Sebou, Bouregreg, Ykkem et Cherrat), au moins jusqu’aux barrages existants, ou quand une commune intérieure a un impact évident sur la zone littorale (Industrie, agriculture...). La figure 2 présente la délimitation proposée en se basant sur ces critères. On peut y noter que tous les SIBEs littoraux de la Région et une bonne partie du couvert forestier sont inclus dans cette délimitation, ce qui conforte l’esprit de la démarche GIZC pour l’élaboration du SRL.

31. Une telle délimitation permet d’avoir des territoires fonctionnels, caractérisées par l'existence de sous-systèmes naturels (hydrologie/barrages, géomorphologie, écologie,

19 Diagnostic de la zone SRL RSK

etc.) ou anthropiques (infrastructures, activités humaines, etc.), offrant ainsi des cadres cohérents pour la mise en œuvre des politiques territoriales de gestion intégrée.

Figure 2: Limites marines et terrestres de la zone spatiale du SRL-RSK (Agreed, 2019).

32. Au total 30 communes seraient couvertes par le SRL (A noter que les deux communes Rabat et Salé sont subdivisées chacune en 5 arrondissements). 16 communes ont une façade maritime et 14 sont considérées comme faisant partie de la zone d’influence littorale. La distance au rivage varie entre un minimum de 7 km et un maximum de 32 km selon les communes. En définitive, le SRL s’inscrirait dans un rectangle de 156 km (à vol d’oiseau) de long sur environ une quarantaine de km de large (répartie à peu près sur une vingtaine de km en mer et une vingtaine de km à terre).

33. Cette approche présente l'avantage d’être souple et de reposer sur un compromis obtenu entre les différentes options et les objectifs de gestion à atteindre. Ce compromis permet d'associer plus aisément à ce champ spatial toute l'information nécessaire pour traiter de son développement économique et social et de la protection de son environnement dans une perspective durable. Il permet, également un meilleur ancrage dans l’échelle communale, assurant ainsi une implication des citoyens par le biais de leurs élus.

Dans ce rapport de diagnostic, la terminologie « Zone SRL » se référera à cet espace défini et validé par les parties prenantes, et toutes les propositions d’actions devraient en principe s’inscrire dans cet espace pour assurer la formulation de solutions viables et durables de protection et de valorisation du littoral RSK. Pour les communes de la zone SRL, les désignations suivantes seront adoptées : CLFM pour les communes littorales à façade maritime, et CLAP pour les communes littorales d’arrière-pays. Par ailleurs, pour certains aspects, d’autres communes, en dehors de la zone SRL, peuvent être considérées, soit pour leur impact sur le littoral, soit par leurs opportunités en matière de développement de la zone SRL. 20 Diagnostic de la zone SRL RSK

2. Spécificités et enjeux du littoral de la Région RSK

2.1 Profil général du littoral de la Région RSK

34. Le littoral de la région RSK occupe une place stratégique du fait qu’elle abrite la capitale du Royaume et les grandes institutions nationales et internationales. Elle dispose également d’atouts écologiques et de potentialités économiques importantes qui en ont fait, en l’espace de quelques décennies, un territoire à forte attractivité. C’est surtout lors de ces deux dernières décennies, qu’elle a connu des mutations très importantes qui ont transformé sa configuration spatiale et généré un dynamisme économique et social sous l’effet de plusieurs interventions, notamment la mise en place d’importants équipements d’infrastructure (routes, autoroute, ports…) et la modernisation du secteur agricole (projets d’irrigation…).

35. Sur le plan administratif, la zone spatiale du SRL compte, (voir Tableau 1 et figure 3) : o Trois préfectures : Rabat, Salé, et Skhirate-Temara o Deux provinces : Kenitra et o 30 communes dont 12 urbaines et 18 rurales, soit un peu plus de 33% de l'ensemble des communes de la Région RSK ; o 10 arrondissements ; o 16 communes avec une façade maritime (CLFM) ; o 14 communes d’arrière-pays (CLAP) ; o Le chef-lieu de la région est la préfecture de Rabat. o La longueur du trait de côte (à vol d’oiseau) est de 156 km o La superficie de la zone SRL (Côté terre) est de 3237 km² soit 18,4% de la superficie de la Région RSK. o La superficie totale de la zone SRL (espace terrestre + espace maritime des 12 miles) est de 6241,4 km².

Tableau 1 : Structures administratives de la zone SRL.

Préfecture/Province Commune Arrondissement Type Commune

Rabat El Youssoufia Urbaine Rabat Agdal Riyad Urbaine Rabat Souissi Urbaine Préfecture de Rabat Rabat Yacoub El Mansour Urbaine Rabat Hassan Urbaine Touarga Urbaine

21 Diagnostic de la zone SRL RSK

Préfecture/Province Commune Arrondissement Type Commune

Salé Tabriquet Urbaine Salé Bettana Urbaine Salé Hssaine Urbaine Préfecture de Salé Salé Bab Lamrissa Urbaine Salé Laayayda Urbaine Sidi Urbaine

Ameur Rurale

Temara Urbaine

Ain Attig Urbaine

Ain El Aouda Urbaine

Préfecture de Skhirate Urbaine

Skhirate-Temara Harhoura Urbaine

Oumazza Rurale

Sabbah Rurale

El Menzeh Rurale

Kenitra Urbaine

Mehdia Urbaine

Mograne Rurale

Sidi Mohamed Lahmar Rurale

Oulad Slama Rurale

Sidi Allal Tazi Rurale

Sidi Boubker El Haj Rurale

Souk Tlet El Gharb Rurale

Province de Kenitra Rurale

Moulay Bousselham Rurale

Sidi Taibi Urbaine

Bahhara Oulad Ayad Rurale

Ben Mansour Rurale

Chouafaa Rurale

Sidi Mohamed Ben Rurale Mansour Rurale

Province de Sidi Sidi Al Kamel Rurale Kacem

22 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 3: Délimitation administrative de la zone SRL (Agreed, 2019)

2.2 Profil sociodémographique

2.2.1 La population de la zone SRL

36. Selon le dernier recensement général de la population (RGPH, 2014), la zone SRL compte un peu plus de 2,9 millions d’habitants, soit 63,6% de la population totale de la Région RSK. Ce chiffre révèle la forte concentration de la population sur la bande littorale et sa zone mitoyenne d’influence. Les communes de Kenitra et Temara à elles seules comptent 20% de l’ensemble de la population. Si on ne considère que la population des seules communes littorales (CLFM), elle ne totalise que 35% de la population de la zone SRL. Les communes de la zone d’influence (CLAP) semblent avoir un poids démographique plus important (65%), et corroborent ainsi la délimitation de l’étendue de la zone spatiale du SRL (Figure 4).

23 Diagnostic de la zone SRL RSK

Communes de la zone d’influence Figure 4 : Population des communes de la zone SRL en 2014 (Données RGPH, 2014)

37. En termes d’évolution démographique durant la période intercensitaire 2004-2014, la population de la zone du SRL a vu ses effectifs globaux passer de 2 524 505 habitants en 2004 à 2 913 282 habitants en 2014, soit moins de 400 000 personnes (1,15 fois) en 10 ans, nettement inférieur au nombre de fois la multiplication de la population totale du Maroc durant la même période.

38. Toutefois, l’évolution démographique des communes est assez importante, malgré la stagnation, voire le recul plus ou moins important de la population dans certaines d’entre elles, notamment dans celles de Rabat et Sidi Mohamed . Les autres communes affichent une croissance de la population en 2014, observée notamment dans les agglomérations déjà densément peuplées comme Kenitra, Temara, Tabriket, et Hssaine, mais aussi dans certaines communes rurales telles que Sidi Taïbi qui a vu sa population multipliée par 10, ou Lalla Mimouna dont la population a été multipliée par 2,5 en dix ans (Figure 5).

Figure 5 : Population des communes de la zone du SRL en 2004 et 2014 (Données RGPH, 2014).

39. La densité de la population au niveau communal, varie entre 34 habitants/km2 pour la commune d’Oumazza et 32 872 habitants/km2 au niveau de Tabriquet. Sur l’ensemble des communes et arrondissements de la zone SRL, 18 ont une densité supérieure à 600 habitants/km2 et celles-ci sont toutes situées au sud dans la conurbation urbaine entre Skhirate et Kenitra (Figure 6).

24 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 6 : Population et densité par commune de la zone SRL en 2014 (Données RGPH, Agreed, 2019).

40. Le taux d’accroissement annuel moyen (TAAM) de la population de la zone SRL sur la période 2004-2014 est de 3,32%, 2,5 fois plus élevé que celui enregistré au niveau de la Région (1,31%). Cette moyenne cache en fait des différences assez importantes entre les préfectures et les communes de la zone, allant de +26,60% pour la commune de Sidi Taïbi à -5,16% pour la commune d’Oumazza (Figure 7). En fait, ce sont surtout les communes situées au sud du Sebou qui affichent des TAAM très différents d’une commune à l’autre, traduisant une certaine dynamique de déploiement démographique entre les communes.

Communes au Nord du Sebou Communes au Sud du Sebou

Figure 7 : Taux d’accroissement annuel moyen (TAAM) de la population de la zone SRL. (Données RGPH)

25 Diagnostic de la zone SRL RSK

41. En matière d’urbanisation, avec l’arrivée de la population des campagnes du bassin versant mais aussi du reste du pays, l’exode rural reste l’un des principaux moteurs de l’urbanisation. Il est le plus souvent d’origine économique et s’est accentué durant les vingt dernières années en réponse aux années de sécheresse et de mauvaises récoltes que le pays connaît depuis les années 1980. La ville de Salé en particulier, est fortement concernée par ce phénomène. Entre 1982 et 2004, sa population a augmenté de près de 450 000 personnes, passant ainsi d’environ 380 150 habitants en 1982 à près de 823 500 habitants en 2004. Plus des deux-tiers de sa croissance est due à l’arrivée de migrants issus des zones rurales à la recherche d’emplois et de meilleures conditions de vie. L’expansion de Salé s’explique aussi par le déplacement des habitants de Rabat, à la recherche de coûts fonciers plus modérés et d’une moindre cherté des loyers. Cette forte augmentation de la population de la ville a entraîné l’extension de la ville et la construction de nouveaux quartiers comme celui de Salé el Jadida.

42. Le développement de centres urbains périphériques situés à quelques kilomètres de l’agglomération-mère, permettent de désengorger la ville de Rabat notamment, et abritent ainsi une population urbaine de plus en plus importante. C’est le cas de la commune d’Aïn el Aouda qui est passée de 3 532 habitants en 1982 à 25 105 habitants en 2004 et 49 816 en 2014, soit un gain de près de 46 280 habitants. La migration en provenance de Rabat ou de l’arrière-pays du bassin explique à elle seule la venue de près de 90% d’entre eux (HCP, 2014).

43. En conclusion, autant, le phénomène de littoralisation de la région RSK est évident (2/3 de la population vit sur moins de 1/5 de la superficie (Zone SRL)), autant à l’intérieur de cette zone, il ne se dégage pas une tendance claire de dynamique d’installation des populations sur la frange littorale (CLFM).

44. Par ailleurs, il est à signaler que deux entités géographiques se distinguent dans la zone SRL : une au sud de Sebou caractérisée par une forte densité de peuplement et par un TAAM en deçà de la moyenne de la zone, et une au nord, faiblement peuplée, avec en revanche des territoires à forte attractivité ().

2.2.2 La pauvreté dans la zone SRL

45. L’analyse spatiale des données de la pauvreté, d’après le RGPH de 2014 au niveau de la zone SRL (Figures 8 et 9), met en évidence une forte disparité entre les communes. Le taux de pauvreté le plus élevé (19,37%) est enregistré dans la commune rurale de dans la province de Kenitra, 215 fois plus élevé que le taux le plus faible (0,09%) enregistré au niveau de la commune de Harhoura.

26 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 8: Taux de pauvreté dans les communes de la zone SRL en 2014 (Données RGPH, 2014).

Figure 9: Taux de pauvreté dans les communes de la zone SRL en 2014 (Données RGPH, 2014).

46. L’évolution de la pauvreté entre 2004 et 2014 (Figure 10) révèle qu’à l’exception de 3 communes de la zone d’influence du SRL (CLAP) : Touarga (avec un taux de départ très faible), Oumazza et , qui montrent une augmentation entre 2004 et 2014, le taux de pauvreté a fortement diminué dans pratiquement toutes les autres communes du SRL, avec des diminutions pouvant aller jusqu’à 96% à El Menzeh.

27 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 10: Évolution du taux de pauvreté entre 2004 et 2014 dans les communes de la zone SRL (Données RGPH, 2014).

47. La part importante des ménages ruraux, fortement dépendant d’une agriculture peu intensive, elle-même dépendante des aléas climatiques, comparée à la situation de Rabat, capitale administrative et politique du pays, cumulant une polarité dans divers domaines (institutionnel, scientifique, sanitaire et culturel) expliquent les écarts des niveaux de vie entre ces territoires.

2.2.3 Chômage et emploi

48. Le premier constat du diagnostic réalisé lors des Assises régionales de l’emploi dans la région RSK, tenues en juin 2016, avait souligné la forte population inactive qui avoisine 1,8 million de personnes avec un taux d’activité3 de 46,4%, un niveau en dessous de la moyenne nationale de 47,4%.

49. Si on considère le niveau provincial (Figure 11), le taux de chômage4 est :

o plus élevé dans les communes urbaines que celles rurales ; o plus élevé chez les femmes que chez les hommes ; o plus élevé dans la tranche d’âge 15 à 29 ans ; o plus élevé chez ceux qui ont un niveau d'éducation, ce qui confirme l'inadéquation des formations avec les besoins du monde du travail.

3 Le HCP définit une personne active par : toute personne faisant partie de la main d'œuvre disponible pour la production des biens et services, exerçant un travail productif dans une branche d'activité économique ou à la recherche d'un emploi. 4 Le HCP définit un chômeur comme toute personne âgée de 15 ans et plus, qui n'a pas une activité professionnelle et qui est à la recherche d'un emploi.

28 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 11: Taux de chômage selon le milieu de résidence, le sexe, l’âge et le niveau d'éducation dans les provinces littorales de la Région RSK.

50. Dans la zone SRL, le taux de chômage est en moyenne de 13,2%. Les communes et arrondissements qui affichent un taux élevé (supérieur à 20%) sont : El Youssoufia, Kenitra, Tabriquet, Betana et Yacoub el Mansour (Figure 12). Par contre, il est intéressant de noter un taux de chômage faible au niveau des communes de Ben Mansour (1,4%) et de Sidi Mohamed Ben Mansour (3.9%), du fait probablement du développement du secteur agricole, pourvoyeur d’emplois, dans ces deux communes. D’après les données du HCP, le taux d’activité dans ces deux communes montre en effet une augmentation entre 2004 et 2014. Il faut aussi souligner le fait que le chômage affecte plus les femmes que les hommes, avec un taux moyen de 24,5%, pouvant atteindre jusqu’à 43% dans la commune de .

29 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 12: Taux de chômage dans les communes de la zone SRL (Données RGPH, 2014)

51. Le diagnostic du PDR a révélé que près d’un actif sur deux, dans la Région RSK, est employé dans les services (48,9%). Le secteur agricole pèse 32,1% dans l’emploi régional et l’industrie est peu génératrice d’emplois occupant 10% des actifs.

52. Dans la zone du SRL, le taux d’activité en 2014 est en moyenne de 51,74%, plus élevé que les moyennes régionale et nationale. Mais il cache certaines disparités entre les communes puisqu’il varie de près de 58% à Rabat et Ben Mansour, à 43% à Sidi Boubker El Haj. Cette dernière s’était déjà distinguée par l’augmentation de son taux de pauvreté entre 2004 et 2014.

53. Un autre élément inquiétant, est celui du taux de contribution de la femme dans le marché de l’emploi dans la zone SRL qui est de 25,6% contre un taux global de presque le double (environ 52%).

54. Il ressort de l’ensemble de ces données, que la zone SRL présente quasiment les mêmes configurations en matière d’indicateurs socio-économiques qu’à l’échelle nationale.

2.3 Profil économique et dynamiques de développement

55. Le profil économique de de la zone du SRL reflète celui de la région RSK. L’économie y est basée essentiellement sur les activités de service et de rente où trois secteurs : (i) transports, poste et télécommunications, (ii) administration et sécurité sociale, (iii) immobilier et location, sont les plus importants. Par contre, la part des secteurs de production primaire et secondaire (pêche, industrie et BTP) dans la valeur totale du PIB est plus réduite.

56. Cependant, l’ensemble du littoral connaît ces dernières années une nouvelle dynamique marquée, où l’agriculture, l’industrie et les loisirs sont les secteurs les plus actifs, renforçant l’attractivité du littoral. De nouveaux modes de vie apparaissent, tournés vers la mer, portés par l’essor des activités, portuaires, balnéaires et d’importants projets immobiliers.

30 Diagnostic de la zone SRL RSK

57. La région RSK s’est en effet engagée dans une série de grands chantiers et de projets structurants prometteurs à même de contribuer au renforcement de son rayonnement socio-économique et culturel, et d'insuffler une nouvelle dynamique de développement urbain, en vue de promouvoir son attractivité en matière de tourisme et d’investissement. La zone SRL profite bien de la dynamique nationale et connaît, depuis quelques années, une demande croissante en projets d'investissement, particulièrement dans le domaine du tourisme et de l’immobilier.

58. Parmi les chantiers structurants qui ont été réalisés récemment ou sont ou en voie de l’être dans la zone SRL, on peut citer : l’aménagement de la vallée du Bouregreg, le tramway entre Rabat et Salé, la Ligne à Grande Vitesse (LGV), le nouveau pont Moulay El Hassan sur le Bouregreg, la nouvelle ville de Tamesna, la mise en place d’une décharge contrôlée à Oumazza, Rabat Technopolis, Atlantic Free Zone, la plage des Nations Beach Resort, l’aménagement de la corniche de Rabat, Université internationale de Rabat…

“Rabat Ville Lumière, Capitale Marocaine de la Culture”

59. Ce programme intégré de développement quinquennal de la ville de Rabat (2014- 2018), s'articule autour de sept principaux axes, à savoir :

o La valorisation du patrimoine culturel et civilisationnel de la ville ; o La préservation des espaces verts et de l'environnement ; o L'amélioration de l'accès aux services et équipements sociaux de proximité ; o Le renforcement de la gouvernance ; o La requalification du tissu urbain ; o La consolidation et la modernisation des équipements de transport ; o La dynamisation des activités économiques et le renforcement des infrastructures routières. 60. La commune s’est ainsi engagée auprès de différents partenaires en vue de mettre en œuvre ce programme intégré et ambitieux, qui viendra conforter le rayonnement économique, social et culturel de la ville, et insuffler une nouvelle dynamique socio- économique à la région.

L’aménagement de la vallée du Bouregreg

61. Le projet d’aménagement et de développement de la vallée du Bouregreg (Figure 13) a été lancé en janvier 2006. Il porte sur une superficie globale de 6.000 ha allant de l'estuaire du fleuve au pied de la kasbah des Oudayas, sur une longueur de 17 km jusqu'au barrage "Sidi Mohammed Ben Abdellah" en amont. L'Agence Bouregreg qui est chargée de ce chantier dans sa globalité (urbanisme, environnement, social et patrimoine), affiche parmi ses objectifs la dépollution de la vallée et l'aménagement du territoire en vue d'en faire « un espace de prestige et de cohésion sociale, susceptible de créer des richesses et initier une politique de développement durable ».

31 Diagnostic de la zone SRL RSK

62. Trois projets-phares ont été lancés successivement en vue de faciliter les échanges entre les deux villes jumelles de Rabat et de Salé, deux lignes de tramway sur une longueur de 20 km, un nouveau pont de 14 m de hauteur et de 46 m de largeur (2 × 3 voies, une voie de tramway et deux voies pour cyclistes et piétons), et un tunnel de 1,5 km sous les murailles séculaires des Oudayas.

Figure 13: Projets d’aménagement de la vallée du Bouregreg.

(Source : http://www.bouregreg.com/wp- content/uploads/2016/07/Parti5.pdf)

63. Sur le volet urbanistique, la première tranche du projet baptisée « Bab Al Bahr » correspond à une cité de 35 ha comprenant des résidences, hôtels, commerces et musées y compris le Grand Théâtre de Rabat et le Musée d’Archéologie et des Sciences de la Terre, et une cité des arts et métiers. Cinq autres phases sont encore à développer, le projet transformant au fur et à mesure de sa réalisation le paysage de l'agglomération de la capitale du Royaume.

64. Les travaux de construction d’une Tour de 45 étages, un des projets phare du nouveau plan d’aménagement de la vallée de Bouregreg, ont été lancés. Cette tour de 250 m, la plus haute en Afrique, intègrera dans sa conception des technologies de nouvelle génération permettant une meilleure efficacité énergétique, en droite ligne des engagements du Maroc en faveur du développement durable.

La Corniche de Rabat

65. L’aménagement de la corniche de Rabat constitue également l’un des projets d’envergure du littoral de la Région RSK. Ce projet a en effet contribué à l’amélioration et à la valorisation du littoral de Rabat, qui n’a fait l’objet d’aucun aménagement spécifique ni d’aucune valorisation particulière pendant plusieurs siècles. Il a longtemps concentré un certain nombre de problèmes : pollution, habitat insalubre, érosion, éboulement des falaises, qu’il devient urgent de résoudre. Ce projet devrait répondre principalement à deux attentes : contribuer à la résorption de l’habitat insalubre des

32 Diagnostic de la zone SRL RSK

quartiers Yacoub Al Mansour et Akkari et dynamiser l’économie locale en générant des milliers d’emplois dans les secteurs touristiques et hôteliers5.

Projet de réhabilitation et de requalification de l'ancien hôpital militaire Marie Feuillet :

66. Situé au quartier populaire l’Océan, l’hôpital Marie Feuillet représente, après la kasbah des Oudayas et la médina de Rabat, le seul bâtiment colonial à valeur patrimoniale se situant en front de mer de la zone SRL. Aujourd’hui, il est à la croisée de grands projets urbains qui représentent une dernière opportunité pour sa réhabilitation. Il s’agit en effet d’un élément majeur de l’histoire urbaine de Rabat qu’il faut préserver. C’est ainsi le programme de mise à niveau de la ville de Rabat à travers, entres autres, la valorisation du patrimoine culturel et civilisationnel de la ville, prévoit la réhabilitation et la requalification de ce bâtiment qui sera érigé en une unité hôtelière sous le nom de «Kasr Al-Bahr».

Le projet Carrousel :

67. (Figure 14), lancé en novembre 2019, s’articule autour de quatre volets principaux : des résidences, des espaces de loisirs et de promenade, un mall, un hôtel cinq étoiles et un quartier d’affaires. Il devrait générer 1100 emplois. L’investissement sur cette côte escarpée est subordonné à la réalisation d’importants travaux de confortement de la falaise et d’assainissement du littoral.

Figure 14: Maquette du projet Le Carrousel sur la corniche de Rabat.

(Source : http://aujourdhui.ma/economie/immobilier/la-corniche-de-rabat-fait-peau-neuve-imkan- devoile-son-projet-immobilier-le-carrousel-de-15-milliard-de-dirhams)

Le projet de “Mehdia ville durable”

68. Présenté à la COP22 sur le climat, le projet écologique “Mehdia sustainable city” (Figure 15), a pour objectif le développement d’une cité bénéficiant des technologies vertes les plus avancées en matière d’optimisation énergétique et d’éco-construction pour un investissement total de 2,5 Milliards USD. Ce projet titanesque sera basé à 5 km de la

5 Mouloudi H. (2009) : L’aménagement de la corniche de rabat (L’aménagement de la corniche de Rabat (Maroc) face au défi de l’environnement et du développement durable : quand la société civile prend le devant de la scène publique

33 Diagnostic de la zone SRL RSK

station balnéaire de Mehdia ; il s’étend sur 8 kilomètres en front de mer et sur une superficie de près de 400 hectares. Le schéma d’aménagement comprend cinq grands ensembles : Un centre dédié à la recherche médicale qui a pour vocation de devenir un hub médical d’excellence dans la région ; un golf de 50 hectares ; un programme de construction de 500 villas, des immeubles et un hôtel 5 étoiles en front de mer. Enfin, une zone regroupant commerces et services avec un centre des congrès, un mall, une marina, des plateaux bureaux, une promenade urbaine le long du littoral...

Figure 15: Maquette du projet Mehdia Sustainable city

(Source : https://www.leconomiste.com/article/1005161-le-groupe-iig-promet-la-1re-ville-durable- du-maroc).

69. Pour pallier à l’énorme demande de ressources en eau, ce projet prévoit de recycler 100% de l’eau, grâce à un système sophistiqué de récupération des eaux usées. Ce qui permettra d’optimiser les besoins en arrosage du golf et des espaces verts. Si tout se passe comme prévu, la livraison clef en mains de cette ville durable est prévue pour 2024.

70. Il convient de rappeler ici que ce développement du territoire littoral et ces grands chantiers s’effectuent néanmoins dans un contexte de changement climatique, où les problématiques de hausse du niveau de la mer et de la gestion des ressources en eau s’imposent aux décideurs. L’intégration de cette nouvelle donne, dès la conception des projets, est capitale, afin d’éviter des dégâts coûteux et non maitrisables.

2.4 Niveau d’achèvement des ODD dans la Région RSK en comparaison avec les autres régions.

71. Récemment (novembre 2018), la Direction des Études et des Prévisions Financières (DEPF), relevant du Ministère de l’Économie et des Finances, a finalisé une étude sur les inégalités régionales sous le prisme des Objectifs de Développement Durable à l’horizon 2030. Il s’agissait d’examiner les performances comparées des 12 régions du Royaume, en matière de contribution à l’atteinte des objectifs de Développement Durable (ODD). L’approche analytique retenue se base sur un indice synthétique des objectifs de développement durable (IS-ODD), intégrant 56 indicateurs relevant de 11 ODD. Une méthode de scoring a permis de procéder à une comparaison relative des

34 Diagnostic de la zone SRL RSK

progrès accomplis par chacune des régions, dans le processus d’achèvement des cibles fixées d’ici à l’horizon 2030.

72. Ainsi, dans le cadre du diagnostic de la zone SRL de la région RSK, il a été jugé utile de comparer la performance de cette région avec les autres régions et le niveau national. Le dépouillement des résultats de l’étude DEPF relatifs à la région RSK sont présentés dans le tableau 2 et la figure 16. Il ressort de cet exercice, qu’en termes de progression, la région de RSK a perdu 2 places en 2014 par rapport à 2004. Cette contreperformance est expliquée, selon le rapport de la DEPF, par une régression par rapport à l’ODD6 «eau propre et assainissement» (6ème, -5 places), à l’ODD7 «énergie propre et d’un coût abordable» (9ème, -5 places) et à l’ODD10 « inégalités réduites » (12ème, -4 places).

73. Il est à noter aussi que l’indicateur ODD 14 (Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable), bien qu’il, n’ait pas été analysé de manière approfondie par ladite étude, montre une insuffisance au niveau de la région RSK.

Tableau 2 : Scores ODD ET IS-ODD de la région RSK en comparaison avec le niveau national.

Score Score Écart Niveau Classement ODD ODD RSK – par rapport ODD N° Niveau Région Niveau aux autres national RSK national régions

Éliminer la pauvreté́ sous toutes ses ème 1 5,1 5,2 +0,1 5 formes et partout dans le monde Éliminer la faim, assurer la sécurité́ alimentaire, améliorer la nutrition et 2 4,0 5,1 +1,1 2ème promouvoir une agriculture durable Donner aux individus les moyens de vivre une vie saine et promouvoir le 3 5,7 5,9 +0,2 4ème bien-être de tous à tous les âges Veiller à ce que tous puissent suivre une éducation de qualité́ dans des conditions d’équité́ et promouvoir 4 3,5 4,6 +1,1 4ème les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie Garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une 6 4,5 5,3 + 0,8 6ème gestion durable des ressources en eau Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, 7 7,7 6,3 -1,4 9ème durables et modernes à un coût abordable Promouvoir une croissance 8 4,2 4,4 +0,2 4ème économique soutenue, partagée et

35 Diagnostic de la zone SRL RSK

Score Score Écart Niveau Classement ODD ODD RSK – par rapport ODD N° Niveau Région Niveau aux autres national RSK national régions durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation 9 4,6 6,8 +2,2 3ème durable qui profite à tous et encourager l’innovation Réduire les inégalités dans les pays 10 3,6 1,8 -1,8 12ème et d’un pays à l’autre Faire en sorte que les villes et les établissements humains soient 11 4,6 3,8 -0,8 11ème ouverts à tous, sûrs, résilients et durables Conserver et exploiter de manière 8ème (par durable les océans, les mers et les rapport aux 9 14 0,3 0,0 - 0,3 ressources marines aux fins du régions développement durable littorales) Classement au niveau national /IS-ODD 4,3 4,5 +0,2 7ème moyen

Figure 16: Scores des ODD de la Région RSK comparés à ceux du niveau national.

36 Diagnostic de la zone SRL RSK

3. Les potentialités du littoral RSK : Véritables moteurs de développement

3.1 Potentiel écologique

74. Le littoral de la Région RSK, long de quelques 156 km, recèle une richesse inestimable d’écosystèmes naturels (zones humides, écosystèmes forestiers, falaises littorales, espaces dunaires…) La figure 17 montre la répartition de ces sites remarquables, reconnus comme patrimoine d’intérêt régional ou national. A l’échelle de la Région, plus d’une quinzaine de sites sont inventoriés en tant que Sites d’intérêt biologique et écologique (SIBEs) de priorité 1 à 3, soit plus de 10 % des sites reconnus à l’échelle du Maroc.

Figure 17: Carte des potentialités écologiques de la zone SRL (Agreed, 2019).

75. Le littoral se caractérise notamment par une grande diversité en zones humides remarquables tant par leur biodiversité floristique, faunistique, paysagère et écosystémique, que par la diversité de leurs biotopes et habitats (sansouires6, merjas, lacs, dayas temporaires et permanentes, oueds, milieu marin, etc.). Outre cette importance écologique, ces zones humides ont également des valeurs socio- économiques non négligeables. Les écosystèmes rencontrés sont les suivants :

Merja Zerga

76. Merja Zerga a été inscrite comme site RAMSAR dès l’adhésion du Maroc, en 1980, à la convention de RAMSAR, en raison de son importance internationale de zone humide pour les oiseaux d’eau migrateurs. Le site détient le premier rang au Maroc, en termes

6 Les sansouires sont des milieux naturels à végétation basse situés en bordure haute des vasières littorales.

37 Diagnostic de la zone SRL RSK

de passage et d’hivernage. Au total, une centaine d’espèces d’oiseaux fréquente la réserve.

77. Sur le plan administratif, Merja Zerga dépend du cercle de Lalla Mimouna, des caïdats de et de Bahara Oulad Ayad. Elle est gérée par la Direction Régionale des Eaux et Forêts et de la Lutte Contre la Désertification (DREFLCD) du Nord- Ouest à Kenitra.

78. L’intérêt ornithologique de la Merja et la beauté de ses paysages en font un site très attrayant pour les touristes, surtout pour ceux qui s’intéressent à l’observation des oiseaux. Actuellement, le site développe un écotourisme ornithologique. Une dizaine d’éco-guides ayant reçu une formation dans le cadre d’un projet d’appui au développement des populations entrepris par le HCEFLCD et ses partenaires, proposent aux touristes des visites guidées en barque de la Merja.

79. En plus de son intérêt bioécologique, cette réserve a une fonction socio-économique très importante et on compte une population d’environ 20 000 habitants qui dépend partiellement ou totalement de ses ressources. La pêche artisanale (avec une flotte de 152 barques en 2011 et 450 marins pêcheurs), l’agriculture et le pâturage constituent les principales activités exercées par les populations riveraines sur le site. La zone est connue également pour la fabrication de nattes tressées, à partir des joncs que les populations coupent sur les bords de la Merja, et la cueillette de palourdes, notamment par les femmes locales. Toutefois, la zone est dépourvue de centre urbain en mesure de polariser ces activités et servir de moteur de développement et de pourvoyeur de services collectifs.

La Réserve biologique de Sidi Boughaba

80. Située à 35 km au nord de Rabat et à moins d'un kilomètre de la mer, ce site constitue une des dernières étendues naturelles d’eau douce permanente sur la côte atlantique marocaine. Sur le plan administratif, la Réserve appartient aux communes de Sidi Taibi et de Mehdia. Le site a été inscrit comme “Site RAMSAR” en 1980. La Réserve couvre une superficie de 652 hectares dont 450 couverts par la forêt. Le lac qui se trouve au cœur de la réserve est alimenté essentiellement par la nappe phréatique et les eaux de pluie.

38 Diagnostic de la zone SRL RSK

81. Les atouts écologiques de cette Réserve lui sont conférés par sa position géographique sur l’axe migratoire paléarctique Europe-Afrique subsaharienne et du fait qu’elle constitue une halte pour une grande variété d’oiseaux. La flore y est aussi riche et variée. En plus de sa vocation écologique de conservation de la nature, le lac de Sidi Boughaba dispose d’un centre national d’éducation à l’environnement, créé en 1992, et qui accueille annuellement quelque 12.000 élèves et 30.000 visiteurs. La gestion de la réserve de Sidi Boughaba est une opération commune entre le Haut-Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la Désertification (HCEFLD) et la Société protectrice des animaux et de la nature (Spana du Maroc).

82. Le patrimoine foncier qui constitue le site de Sidi Boughaba relève majoritairement du régime de l’immatriculation foncière et appartient au domaine forestier géré par le HCEFLD. Ainsi, conformément aux dispositions du Dahir relatif aux délimitations du domaine forestier, il est strictement interdit de construire sur ce site naturel. Toutefois, le lac commence déjà à être assiégé aux alentours par des propriétés privées et autres édifices publics qui menacent sérieusement son équilibre écologique.

Merja Halloufa

83. C’est une zone humide littorale d’environ 52 hectares, située à 8 km au NNE de Merja Zerga. Elle correspond à une vaste dépression interdunaire orientée SSO et distante de 0,8 km en moyenne de la côte. Elle est alimentée en eau par l'oued Soueire et les résurgences de la nappe phréatique. A la demande des riverains, un exutoire vers la mer a été creusé (buses enterrées) et équipé depuis peu d'une écluse rudimentaire pour réguler le niveau des eaux. Cette zone humide a un rôle écologique complémentaire des autres merjas (Merja Zerga, Merja Bargha et Merja Oulad Skher) pour l'avifaune notamment les anatidés et les foulques.

Merja Bargha

84. Il s’agit d’un marais d’eau douce permanent de la plaine du Gharb. D’une superficie de 25 hectares, la merja se situe au nord du village de Moulay Bousselham. Ce site abrite une grande diversité de biotopes, à l’origine de sa fréquentation par plus de trente espèces d’oiseaux dont une vingtaine sont rares ou menacées. La végétation aquatique est composée essentiellement de jonc, massette et roseau commun. Le marais dispose d’un potentiel halieutique basé essentiellement sur l’anguille.

39 Diagnostic de la zone SRL RSK

La sansouire du Sebou

85. Le complexe estuarien de l'embouchure du Sebou offre une sansouire7 très bien développée. C’est un site refuge pour une avifaune dominée par la reproduction du busard cendré et par le stationnement de nombreuses espèces de laro-limicoles. Le rôle de ce site doit être pris en considération dans un plan global de gestion de l'avifaune sur la zone de Sidi Boughaba - Mehdia. En hiver, le site est aussi un lieu important de capture de civelles lors de leur remontée dans l'estuaire. Par ailleurs, une pêcherie d'aloses y était développée, dont les captures ne cessent de régresser depuis 1976 en raison de la modification de l'hydrologie de l'oued, la pollution des eaux et la surpêche.

Merja de Fouarate

86. Bien que classée depuis 1996 comme SIBE, la Merja de Fouarate n’est reconnue comme zone humide RAMSAR qu’en 2018 ; elle constitue un site de nidification de diverses espèces d’oiseaux, et abrite une végétation luxuriante. Fouarate constitue l’un des derniers ‘survivants’ du complexe de zones humides de la plaine du Gharb. Mais, à son tour, le site suscite de vives convoitises étant donné la progression de l’urbanisation et l’intensification des pratiques agricoles. Il est fort à craindre que si ces activités ne sont pas maitrisées, elles risquent inéluctablement de compromettre la durabilité de ce SIBE.

Le SIBE de Sidi Moussa

87. Il s’agit d’une falaise vive de sable gréseux peu consolidé, d’âge quaternaire, située au nord de la ville de Salé. La côte rocheuse est découpée en plusieurs petites criques. Au sud, les falaises, qui atteignent 30 à 40 m de haut, ont une grande valeur biologique ; six d’entre elles abritent notamment des faucons d'Eléonore, ainsi que d’autres espèces de faucons (crécerelle, crécerellette et pèlerin), et d’autres oiseaux.

L’îlot de Skhirate

7 Les sansouires sont des milieux naturels à végétation basse situés en bordure haute des vasières littorales.

40 Diagnostic de la zone SRL RSK

88. L'îlot, distant d’environ 165 m du rivage, résulte de l'action érosive de l’hydrodynamique marine sur la dune côtière quaternaire de grès consolidé. Sur le plan biologique, l’îlot constitue un refuge pour certaines espèces d'oiseaux qui ne peuvent plus se reproduire sur la plage de Skhirate et dans les lapiez, en raison des dérangements causés par la fréquentation accrue de cette plage. Le site abrite une flore algale riche et une faune marine quantitativement abondante et qualitativement très diversifiée (Annélides, oursins, patelles, moules, crustacés, poissons...).

89. D’autres zones humides de plus ou moins grande importance existent dans la zone SRL, parmi lesquels on peut citer : La zone humide de l’estuaire du Bouregreg (côté Salé) ; la zone humide allant des pentes de Hssain à Salé jusqu’aux limites du site archéologique du à Rabat ; la Merja du quartier Industriel (Hay al Wahda), seul point d’eau douce superficielle et refuge migratoire pour une multitude d’oiseaux ; la zone humide d’Oued Al Limoune et Ain Hallouf ; et les zones humides de Oued Ykem et de Oued Cherrat, ainsi que la vallée de Oued Akrach et ses différentes formations naturelles.

Les forêts

90. Dans la zone SRL, les principales forêts sont : la partie occidentale de la Maâmora, la subéraie du Gharb du nord-ouest, la forêt de Bni Abid et la forêt de Temara.

91. La forêt la plus étendue, la Maâmora concerne les communes de Sidi Taïbi, de Haddada et d’Ouled Slama, alors que la forêt du Gharb est située à cheval sur quatre communes rurales : sidi Boubker El Haj, Chouaffaâ, Moulay Bousselham et Bahara Ouled Ayad.

92. Ces espaces forestiers, avec leurs richesses ; floristique et faunistique, jouent un rôle important pour l’économie et les populations rurales du littoral RSK, avec la production de liège (peuplements de chêne liège), de bois d’industrie (peuplement d’eucalyptus pour la production papetière), de bois de chauffage, d’unités fourragères… Elles constituent aussi un apport substantiel dans le budget des communes auxquelles elles appartiennent. La forêt fournit également un service environnemental important, puisqu’elle constitue une réserve d’oxygène, permet de limiter la pollution des nappes et de lutter contre l’érosion des sols.

Conclusion

93. L’inventaire des écosystèmes littoraux de la zone SRL témoigne de la remarquable diversité des milieux et des paysages de ce territoire et de la richesse de leur biodiversité. A ces espaces naturels, s’ajoutent des sites aménagés dans un objectif de conservation, de préservation, de recherche scientifique, d’éducation à l’environnement et de divertissement, comme le jardin d'Essais botaniques, le jardin zoologique de Rabat et les jardins exotiques de Bouknadel, qui offrent également des sites remarquables pour la diversité biologique.

94. La zone SRL renferme donc d’énormes potentialités et atouts naturels qui peuvent en faire un ensemble géographique d’un attrait particulier pour les touristes et un levier pour le développement socio-économique. Les écosystèmes côtiers offrent en effet un gisement d’opportunités d’emplois verts et bleus qui ne sont pas encore exploités. Un des objectifs du SRL est justement de cartographier toutes ces opportunités et

41 Diagnostic de la zone SRL RSK

d’identifier les investissements qu’il faut impulser dans ces sites pour valoriser leurs biens et services au profit des populations locales.

3.2 Potentiel hydrique

3.2.1 Ressources en eau superficielles

95. La région RSK est l’une des régions les mieux pourvues en ressources en eau du Maroc (plus de 30 % des eaux de surface du Royaume, 25 % du potentiel mobilisable en ressources souterraines). La zone littorale se trouve ainsi à l’aval d’un réseau hydrographique, composé d’importants cours d’eau, à savoir, l’oued Sebou et ses affluents (Ouergha, Beht et Rdat) dans la zone nord, l’oued Bouregreg et ses affluents, et les oueds Ykem et Cherrat dans le sud de la zone SRL (Figure 18). Ce réseau comporte aussi une multitude de petits affluents. Toutefois, les apports fluviatiles (un potentiel d’eaux de surface d’environ 4,7 milliards de m3) n’arrivent pas en totalité au littoral en raison des nombreux barrages sur ces cours d’eau. En effet, le territoire de la région comprend plusieurs barrages (barrage Al Wahda sur Oued Ouergha, barrage Sidi Mohammed Ben Abdellah sur le Bouregreg, barrage El Kansera sur l'Oued Beht, barrage de Garde sur le Sebou aval, ainsi que plusieurs petits barrages (Aïn Koreima, Aïn Aouda...) qui, tout en jouant un rôle prépondérant dans la satisfaction des besoins en eau potable, industrielle et agricole de la région, soustraient d’importants apports en eaux et en sédiments à la frange littorale. On estime que la construction de barrages sur le Sebou et ses affluents a réduit de 70% ses apports liquides et de près de 95% ses flux de sédiments à la zone côtière8.

8 Snoussi et al. (2002): Effects of the construction of dams on the water and sediment fluxes of the Moulouya and the Sebou Rivers, . Reg Environ Change (2002) 3: 5–12

42 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 18: Ressources en eau dans la Région RSK et la zone SRL. (Source, Agreed 2019)

3.2.2 Ressources en eau souterraines

96. La zone littorale de la Région RSK dispose d’une importante réserve hydrique en eaux souterraines (Figure 18) : nappes du Gharb, de la Maâmora, Drader-Souiere, Temara…, localisées très majoritairement dans la partie nord du littoral, et offrant un potentiel hydrique d’environ 1 milliard de m3.

o La nappe du Gharb : d'une superficie de 390 km², et une réserve de 126 Mm3/an de ressources renouvelables, cette nappe a un bilan hydrique relativement équilibré. Elle présente un intérêt hydrogéologique à l'échelle régionale, caractérisé par une recharge importante par infiltration des eaux de précipitations, et à partir des bordures du bassin de Gharb ; o La nappe de Maâmora : d'une superficie d'environ 4000 km², est une nappe libre alimentée uniquement par l’infiltration des précipitations en subsurface. Elle constitue un réservoir d’eau de 134 Mm3/an de ressources renouvelables ; o La nappe de Temara : avec un apport potentiel de 17 Mm3/an ; les profondeurs par rapport au sol oscillent entre 10 m à l’ouest et 30 m à l’est. Elle couvre une superficie de 350 km2 ; o La nappe de Shoul : localisée dans la zone comprise entre la route reliant Sala Al Jadida au Centre de , et l’Oued Bouregreg, elle couvre une superficie de 200 km2. Son apport potentiel est de 7,5 Mm3/an et la profondeur d’eau varie entre 20 et 60 m.

97. Toutefois, parallèlement à cet important potentiel hydrique du littoral de la région, la demande en eau devra s’élever continuellement avec l’augmentation attendue de la population et l’ampleur des projets qui sont en cours ou programmés dans les domaines de l’industrie, du tourisme et surtout de l’agriculture. En l’occurrence, les prévisions de l’évolution de la demande en eau potable au niveau de la région Gharb Chrarda Beni Hssain (GCBH) de l’ancien découpage administratif, élaborées à partir de la synthèse du PDAIRE du bassin hydraulique du Sebou, a montré que les besoins en eau urbaine de la région qui étaient de l’ordre de 50 Mm3/an en 2010, atteindraient 59 Mm3/an en 2020. Ils dépasseraient les 70 Mm3/an à l’horizon 2030, soit une progression respective par rapport à la demande en eau en 2010 de 18% et 40%. S’agissant de la population rurale, les besoins en eau estimés pour l’année 2010 étaient de l’ordre de 11,6 Mm3/ an. Ils progresseraient par rapport à 2010 de 67% et de 122% respectivement pour les horizons 2020 et 2030. Aussi la demande en eau dans le milieu rural aura plus que doublé à l’horizon 2030.

98. Si on considère la seule province de Kenitra, la répartition de la demande en eau par milieu est donnée dans le tableau 3.

Tableau 3: Projections des besoins en eau en Mm3/an des milieux urbain et rural de Kenitra9.

9 Source : Évaluation intégrée de l’environnement de la Région GCBH (Calculs sur la base des projections démographiques de la région et demande en eau du bassin du Sebou)

43 Diagnostic de la zone SRL RSK

Kenitra 2015 2020 2025 2030 Urbain 36,4 40 45 50 Rural 6,3 8,6 10,9 11,9 Total 42,7 48,6 55,9 61,9 99. Le PDAIRE du bassin du Bouregreg et de la Chaouia a également montré une augmentation des besoins en eau de la région à l’horizon 2030 (x 2,82 pour la demande agricole et x 1,62 pour la demande AEPI) (Tableau 4).

Tableau 4: Projections de la demande en eau en Mm3 pour les différents secteurs en 2020 et 2030 par rapport à 2010.

Horizon 2010 2020 2030 Demande AEPI (Mm3) 370 512 602 Demande agricole (Mm3) 204 552 577 Demande totale (Mm3) 574 1 064 1 179 (Source : PDAIRE du bassin du Bouregreg et de la Chaouia)

100. En fait les derniers sont en quelque sorte territorialisés, avec une demande largement orientée vers l’alimentation en eau potable (AEP) de l’agglomération de Rabat-Salé- Temara pour le bassin du Bouregreg, et une forte demande pour l’irrigation dans le bassin du Sebou.

Conclusion

101. Bien que la zone SRL bénéficie d’importantes ressources hydriques, les tendances prospectives prévoient une forte augmentation des besoins en eau, en raison des évolutions démographique, sociétale et des modes de vie, du décollage industriel, et du fort développement touristique attendu sur la zone littorale. La demande agricole sera également accrue avec le développement de nouveaux périmètres irrigués.

102. A ces tendances prospectives, s’ajoute les impacts attendus du réchauffement climatique, avec comme conséquence très vraisemblable la diminution des précipitations, qui pourrait réduire considérablement l’offre en ressources en eau renouvelables. D’ailleurs, le potentiel hydrique actuel, presqu’exclusivement superficiel (évalué en moyenne à 765 millions de m3/an à l’échelle de toute la Région), montre déjà une diminution de l’ordre de 15% par rapport à la moyenne des décennies antérieures et pourrait baisser à moins de 600 millions m3/an vers 2035-40, induisant une situation de stress hydrique préjudiciable au développement économique et social de la zone SRL.

103. La stratégie nationale de l’eau (SNE), déclinée conformément à la loi sur l’eau 36-15, en un Plan national de l’Eau (PNE), en cours de finalisation, prévoit parmi ses axes majeurs, l’économie de l’eau dans tous les secteurs et le renforcement de l’offre notamment à

44 Diagnostic de la zone SRL RSK

travers la valorisation des ressources en eau non conventionnelles (dessalage de l’eau de mer et des eaux saumâtres et réutilisation des eaux usées traitées à des fins agricoles, d’arrosage des espaces verts et des golfs, et à des fins industrielles). Le secteur agricole, le plus grand consommateur d’eau (cas du périmètre du Gharb en l'occurrence), est actuellement doté d’un grand Programme National d’Économie de l’Eau d’Irrigation (PNEEI) qui se développe selon un rythme soutenu.

104. Mais en fait, la gestion des ressources en eau doit faire l’objet d’une vision plus intégrée, conciliant les objectifs des nombreux plans, stratégies et programmes sectoriels (Plan Maroc Vert, Pacte pour l’émergence industrielle, Plan d’orientation pour le développement de l’irrigation, Schéma régional d’aménagement du territoire (SRAT), Programme de développement Régional (PDR)…). Elle doit par ailleurs s’articuler avec la gestion des eaux côtières et marines, afin de répondre aux objectifs de la GIZC qui prend en compte les enjeux terrestres et marins de la frange littorale.

3.3 Potentiel historique, culturel et archéologique

105. Le littoral de la Région RSK bénéficie d’un patrimoine culturel et historique unique, reflet de la diversité des héritages qui ont notamment façonné les deux rives du Bouregreg au cours des siècles.

106. On peut citer entre autres :

Le Patrimoine archéologique de la Province de Kenitra

o Le site de Thamusida se trouve sur la rive gauche du Sebou, à 10 km à vol d’oiseau en amont de la ville de Kenitra. Les ruines, d’une superficie de 15 hectares, occupent des collines culminant de 9 à 13 m. Les recherches récentes effectuées à Thamusida témoignent de l’existence d’une occupation antérieure au IIème siècle av. J.‐C.

o La Kasbah de Mehdia, qui occupe une surface de 40 hectares est construite sur un escarpement rocheux et ses fortifications dominent la plaine côtière et protègent l’embouchure de l’oued Sebou. À l’intérieur, outre les bâtiments en ruines, la Kasbah comprend un complexe architectural monumental : la maison seigneuriale du caïd Ar‐Rifi, construite au XVIIe siècle, un hammam privé hispano‐mauresque, des citernes, une prison et une mosquée. Des travaux de restauration, ont été entrepris par l'Association des lauréats de l'Institut national des sciences des monuments et du patrimoine pour réhabiliter cette Kasbah.

Le Patrimoine archéologique de la Préfecture de Rabat

o La Kasbah des Oudayas est une citadelle construite au XIIème siècle sur d’anciens vestiges phéniciens et/ou Romains, en même temps que la ville de Rabat, par les Almoravides, afin de se protéger de leurs ennemis. Depuis 2012, la Kasbah fait partie des composantes de la ville de Rabat inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco sous le dénominatif « Rabat, capitale moderne et ville historique : un patrimoine en partage ».

45 Diagnostic de la zone SRL RSK

o Les fortifications de la Médina de Rabat : Construites au début du XVIIe siècle, sont d'abord almohades (12ème siècle), ensuite andalouses (17éme siècle), et enfin alaouites (18ème siècle). Leur enceinte s’étend sur une ligne rectiligne longue de 1400 m. Elle part de Bab al‐Had à l’Ouest jusqu’au Bordj Sidi Makhlouf qui domine l’estuaire du Bouregreg. Vingt‐six tours barlongues ponctuent l’enceinte sur toute sa longueur. Elles complètent le dispositif de défense et en garantissent l’efficacité. A l’extrémité Nord‐est, la muraille se termine par un bastion de forme circulaire qui permet notamment de surveiller l’estuaire.

107. Il est à signaler également les imposantes fortifications maritimes érigées sur la côte de la ville de Rabat. Deux d’entre elles datent du règne du sultan alaouite sidi Mohammed Ben Abdallah (Sqala et Bordj Sirat dans la cour duquel fut élevé le phare de Rabat) et la troisième (Bordj Dar), bâtie par le Sultan alaouite My Abderrahman Ben Hicham.

La Médina de Salé

108. Fondée au XIème siècle, la ville de Salé connut un véritable essor urbain aux époques almohades (XIIème siècle) et mérinides (XIVème siècle). Au XVIIème siècle, l’arrivée des réfugiés musulmans d’Espagne donna un nouveau souffle à la cité qui fut célèbre surtout par son intense activité maritime, qui cessa toutefois au XIXème siècle.

109. Elle est entourée par une enceinte qui s’étend sur 4,5 km et qui compte parmi les ouvrages défensifs islamiques les plus anciens du Maroc. En plus des remparts, Salé renferme plusieurs monuments historiques notamment la grande mosquée almohade, la medersa mérinide, la Zawiya Noussak et Sour el Aqouass, un aqueduc d’approvisionnement en eau de la ville qui compte parmi les ouvrages d’utilité publique les plus importants de la cité. En outre, Salé recèle un riche patrimoine architectural domestique qui apparaît à travers les nombreuses maisons et demeures de la ville. A signaler aussi la Sqala élevée sur la côte de Salé en face de celle de Rabat, ainsi que les mausolées de grands soufis marocains tels Sidi Ben Acher et Sidi Moussa.

Les sites préhistoriques

110. Il s’agit d'un ensemble de grottes situées sur la bande côtière au sud de Rabat. Les 6 principales, Sont Dar‐es‐Soltane 1 et 2, El Harhoura 2, El Mnasra et celle des contrebandiers et la Nécropole de Skhirate, auxquels il faut ajouter le site de Leqbibet. C'est dans les grottes de Dar‐es‐Soltane 2, des Contrebandiers et d'El Harhoura 1 qu'ont été découverts les premiers restes humains attribuables à l'Atérien. Le site de Rouazi à Skhirate a livré un vaste ensemble funéraire ainsi que les vestiges d’un habitat qui témoignent d’un important peuplement de la Meseta côtière marocaine dès le Néolithique moyen.

111. Les recherches en cours tentent de répondre aux problématiques concernant le peuplement préhistorique du littoral atlantique marocain, l'évolution des paléoclimats, l'origine et le développement des cultures d'Homo-sapiens et les comportements techniques et symboliques au Néolithique et au Paléolithique.

112. D’autres sites méritent également d’être cités comme : A Rabat : les carrières romaines de l’Oulja ; les ouvrages almohades dont la mosquée Hassan, l’aqueduc alaouite et la

46 Diagnostic de la zone SRL RSK

ville coloniale. A Salé : le campement militaire romain riverain Ad Mercurios ou Khédis et l’ensemble des tours de guet avoisinantes à Akrach ; et enfin à Kénitra : la Qasba alaouite de Kenitra et la ville coloniale.

113. En termes de patrimoine archéologique sous-marin dans la zone SRL, il n’existe aucune donnée ou information, mais les récits historiques font état d’un certain nombre d’événements militaires, d’activités commerciales… qui se sont déroulés sur le domaine maritime marocain ou grâce à lui. Cette réalité laisse penser à des témoins matériels (épaves de bateaux, poterie, pièces de monnaies, des canons et armes…..) qui gisent encore au fond de ce domaine. Ainsi, il serait recommandé de développer les recherches pour mettre ce patrimoine à jour et le valoriser.

114. Le Phare de la Calette (Rabat) mis en service en 1920 est également considéré comme patrimoine historique. Compte tenu de sa valeur architecturale et technique, il est considéré dans la stratégie portuaire parmi les six phares marocains les plus appropriés à valoriser.

115. Les musées et notamment : Musée Mohammed VI d’Art Moderne, Musée Archéologique, Musée des Oudayas, Musée Ethnographique Belghazi…sont un réel potentiel en matière de levier pour le développement du tourisme culturel dans la zone SRL.

116. Il faut également rappeler le savoir-faire dont disposent les artisans de la zone littorale, notamment dans les métiers du tissage traditionnel, de la menuiserie d’art, de la poterie et céramique, …

117. En conclusion, on peut dire que le littoral de la région RSK recèle un patrimoine historique et culturel (matériel et immatériel) riche et diversifié. Bien que demeurant vulnérable et exposé aux différents facteurs anthropiques et naturels, ce patrimoine constitue un fort potentiel qu'il convient de conserver, protéger, et mettre en valeur. Le SRL est ainsi appelé à tenir en considération cette composante et à répondre aux défis alliant à la fois les exigences de la protection de ce patrimoine et le droit à un développement intégré et durable.

3.4 Potentiel touristique

118. Malgré les forts atouts du littoral de la Région RSK, en matière de potentialités naturelles, patrimoniales et culturelles, le secteur touristique occupe une place marginale dans la formation du PIB régional et contribue donc très peu à l’économie de la Région.

119. La dynamique touristique se concentre principalement sur le pôle constitué par les Préfectures de Rabat, Salé et Skhirate-Temara : 95,8 % de la capacité en lits, 98,5 % des arrivées et 98,8 % des nuitées. C’est Rabat qui polarise presque la quasi-totalité (80%) des touristes de la région. En plus de son tourisme d’affaires, le Programme « Rabat Ville Lumière, Capitale marocaine de la Culture » a dédié 9,42 Milliards de dirhams au développement culturel, en plus du projet du Grand Théâtre.

47 Diagnostic de la zone SRL RSK

120. D’après le Conseil Régional du Tourisme de Rabat et Région, la Région pourrait structurer la croissance de son tourisme, selon plusieurs pôles (Figure 19) et autour de 2 axes majeurs :

1. Poursuivre le développement des grands projets en cours (Vallée de Bouregreg, Plage des Nations, Corniche de Rabat, ville durable de Mehdia…), en consolidant le développement de l'offre pour le tourisme d'affaires et en enrichissant le produit avec une offre culture (musées et centre d’interprétation au niveau des médinas) et loisirs (parc d’attraction, circuit/resort golf,…). 2. Développer le tourisme rural et de niche et préparer à plus long-terme (au-delà de 2020), l'émergence de Rabat comme destination de city-break à part entière.

Figure 19 : Pôles et produits de développement touristique au niveau de la Région RSK. (Source : Conseil Régional du Tourisme Rabat et Région)

121. Le projet de contrat programme touristique en cours de finalisation constitue une opportunité de consolidation du tourisme régional et une structuration du tourisme littoral10. Ce programme vise la mise en valeur des atouts culturels, historiques et paysagers des différentes composantes territoriales : 156 km de côtes, médinas, kasbahs, sites archéologiques, SIBEs, forêts, savoir-faire local, produits du terroir…pour un tourisme balnéaire, culturel et écologique.

122. Ce positionnement privilégie le développement du produit ‘Nature’ dans l’arrière-pays, et du produit ‘Culture et Aménagement’ au niveau des villes côtières (Figure 20). On

10 http://www.cr-rsk.org/jiha_pdf/Presentation%20CRT%20R%C3%A9gion%20RSK.pdf

48 Diagnostic de la zone SRL RSK

peut relever que le fort potentiel qu’offrent les SIBEs littoraux (observation des oiseaux, biodiversité…) n’est pas vraiment mis en valeur dans cette offre touristique du produit Nature.

Figure 20 : Positionnement touristique et construction progressive de l’offre touristique régionale. (Source : Conseil Régional du Tourisme Rabat et Région)

123. Au niveau balnéaire, les plages du littoral RSK accueillent une forte activité touristique de masse, généralement non structurée. Le nombre d’estivants qui fréquentent les plages de la Région est estimé à environ 618 500 par saison, avec Mehdia, Rabat, Salé, les Nations et Moulay Bousselham qui affichent le plus grand nombre (Cf. Potentiel balnéaire).

3.5 Potentiel halieutique

124. Avec un littoral de 156 km, susceptible d’abriter un port de haut niveau, des conditions marines favorables et un marché de consommateurs constitué de résidents locaux et ceux des régions voisines, le secteur de la pêche au niveau de la région RSK reste peu développé malgré les potentialités existantes. Cette situation paradoxale s’explique par des insuffisances en matière d'infrastructures portuaires, d'organisation de la commercialisation des produits de la pêche, d'hygiène et de salubrité des installations d'accueil et de contrôle, qui constituent un frein au développement du secteur des pêches maritimes au niveau du littoral de la région.

125. Le principal port de débarquement est celui de Kenitra-Mehdia, complété par plusieurs Points de Débarquement Aménagés (PDA) et abris de pêche, qui jalonnent le littoral de Moulay Bousselham à Skhirate-Temara.

126. En termes d’infrastructures, on dénombre : o Province de Kenitra : 1 PDA existant, 8 madragues et 2 chantiers navals ;

49 Diagnostic de la zone SRL RSK

o Préfecture de Salé : 1 PDA existant et 1 madrague ; o Préfecture de Skhirate‐Temara : 1 PDA et un Village de Pêcheurs (VDP) programmé.

127. Le secteur demeure néanmoins artisanal et sous-équipé. Les ports de Mehdia ont enregistré durant l'année 2018, un volume des débarquements des produits de la pêche avec toutes ses composantes côtière, artisanale et autres activités littorales, de l’ordre de 9795 Tonnes pour une valeur de 140 millions de Dirhams contre 9957 tonnes pour une valeur de 141 millions de Dirhams en 2017, soit une baisse de 1,63 % en poids et une baisse de 0,71 % en valeur par rapport à 2017.

128. La flotte côtière et artisanale active est composée d'environ 288 unités de pêche dont 79 sardiniers, 13 chalutiers côtiers, 3 palangriers, 193 canots de pêche et de 4 madragues. Quant à la flotte artisanale relevant de la Sous Délégation des Pêches Maritimes de Rabat, elle est de l’ordre de 261 barques employant directement 870 personnes.

129. Durant l'année 2018, 56 tonnes de poulpe ont été taxés au niveau de la halle aux poissons de Salé et Skhirate pour une valeur de 5 millions de Dirhams.

130. La pêche artisanale dans la lagune de Moulay Bousselham est pratiquée par une flotte de 152 barques et constitue l’activité économique principale pour de nombreux habitants de la région qui tirent leurs revenus directement de la vente des prises de poissons et de la récolte de mollusques. Les femmes participent à la pêche et sont spécialisées dans la récolte à pied de la palourde. En 2018, la pêche artisanale au niveau de ce site a enregistré un volume global de débarquement de 60 tonnes pour une valeur de 3,4 millions de Dirhams. Mais globalement, ce secteur, dominé par l'exploitation artisanale, est très peu développé et sous-équipé. Par ailleurs, le caractère informel et non structuré d'une large part de la production et de la commercialisation ainsi que la pollution des eaux occasionnées par les rejets d'eaux usées et agricoles, entravent tout développement de ce secteur.

131. Parmi les incitations réalisées par les pouvoirs publics dans le domaine de la pêche, on cite : l’aménagement du port de pêche de Mehdia, le dragage continu du quai d’accostage, le développement d’un village de pêche à Moulay Bousselham ainsi que la mise à la disposition du port de Mehdia d’une unité de sauvetage.

132. Enfin, outre les espèces ciblées par la pêche, la région recèle des zones fonctionnelles pour les ressources halieutiques (frayères et nurseries, nourricières …). Ces zones présentent un intérêt majeur pour le cycle de vie, notamment le renouvellement et le développement des ressources halieutiques. Ce sont des zones fragiles nécessitant des mesures de protections spécifiques, afin de garantir la pérennité des différentes espèces halieutiques.

133. De même, il est à préciser que la zone SRL se distingue par sa richesse en gisements coquillers naturels, avec les zones conchylicoles de la lagune de My bousselham, de Sidi boughaba et de Chlihat, classées et surveillées dans le cadre de la stratégie de surveillance du milieu marin entreprise par l’INRH depuis plus de trois décennies.

50 Diagnostic de la zone SRL RSK

3.6 Potentiel balnéaire et nautique

3.6.1 Les potentialités balnéaires

134. Pour être en cohérence avec la terminologie du Schéma Directeur de Valorisation du Domaine Public Maritime à l’horizon 2035, la même définition du balnéaire sera adoptée ici, à savoir ‘les plages de bord de mer en tant que réceptacle d’activités de loisirs (baignade, promenade, etc.) et les équipements et infrastructures y afférentes’. Les cordons dunaires, composante indissociable du système sédimentaire dune-plage constituent un potentiel inestimable pour la résilience des plages du littoral RSK et sont donc également considérés dans le potentiel balnéaire.

3.6.1.1 Les cordons dunaires

135. Dans la zone SRL, le cordon dunaire le plus étendu (70 km) s’étire le long de la façade atlantique du Gharb, entre Moulay Bousselham et Sidi Taibi. En fait, il s’agit de plusieurs rangées de cordons littoraux, d’âges différents, évoluant sub-parallèlement au trait de côte actuel. Les altitudes varient de 50 m sur les sommets des dunes, à 10 m vers les zones intérieures. Le versant ouest du cordon est marqué par une falaise morte rocheuse qui surplombe les dunes vives de la plage, et qui peut être surmonté par des apports éoliens récents de sables marins. La dune vive comporte des barkhanes plus ou moins individualisées qui se forment obliquement par rapport à la côte et dont la coalescence aboutit à des cordons dunaires sub-parallèles au rivage. L’édification de ces cordons littoraux est due aux actions conjuguées de la mer et du vent sur des apports détritiques provenant de différentes origines11.

136. Au Nord de Salé le cordon littoral est très étroit et devient de plus en plus large en direction de Mehdia. Alors que dans la région de Temara‐Harhoura, le cordon, d’abord important, disparaît pratiquement à Yaâcoub el Mansour, pour réapparaitre au niveau du cimetière de Rabat et de la Grande Mosquée de Salé, où il devient de plus en plus large et élevé en direction de Mehdia. Dans le secteur de Boutouil, les dunes sont élevées et dominent une falaise marine très pittoresque.

3.6.1.2 Les plages de la zone SRL

137. Le littoral de la Région RSK compte 18 plages sableuses qui s’étendent sur une longueur cumulée de 23,3 km. Leur fréquentation totale atteint 249 500 personnes/jour (Tableau 5). Ces plages font l’objet d’une surveillance environnementale au niveau de 46 stations12.

Tableau 5 : Fréquentation des plages du littoral SRL.

11 Aberkane M. (1989). Études des formations quaternaires des marges du bassin du Gharb (Maroc Nord Occidental), Thèse d’Etat es Science, Université Bordeaux I (). 12 Source : Ministère de l’équipement, du Transport et de la Logistique & Ministère délégué auprès du Ministère de l’Energie, des Mines et du Développement Durable chargé du Développement Durable ‐ 2015‐2106

51 Diagnostic de la zone SRL RSK

Fréquentation Plage Longueur (Km) journalière

My Bousselham 5 km 25 000 Mehdia 5 km 70 000 Sidi Boughaba 1 km 3 000 Les Nations 1,5 km 30 000 Salé 1,5 km 30 000 Rabat 1 km 40 000 Harhoura 0,5 km 1 000 Guy-Ville 0,6 km 600 Temara 0,4 km 1 000 Contrebandiers 0,6 km 8 000 Sable d’Or 0,4 km 10 000 Sid El Abed 0,4 km 3 000 Val d’Or 0,4 km 2 500 Petit Val d’Or 0,2 km 1 000 Aïn Atiq 0,8 km 6 000 Qasba 1 (Rose Marie) 2 km 3 000 Qasba 2 (Jouhara) 0,5 km 400 Skhirate Amphitrite 1,5 km 15 000 Total 23,3 km 249 500

138. Dans la partie nord de la zone SRL, de Moulay Bousselham à Sidi Bouknadel, le littoral correspond à une côte basse associée à la plaine du Gharb et dominée par des plages sableuses. Elle est très régulière est interrompue seulement par quelques affleurements rocheux et par l’embouchure de l’Oued Sebou et le goulet de la Merja Zerga. Au niveau des préfectures de Salé, Rabat et Skhirate ‐ Temara, il y a une prédominance de côtes rocheuses ; les plages n’apparaissent qu’au niveau aval des deux rives de l’estuaire du Bouregreg pour former les plages de Salé et de Rabat. Le Littoral compris entre l’embouchure de l’Oued Bouregreg et oued Cherrat, est taillé dans le grès dunaire, à prédominance rocheuse avec des plages sableuses très limitées aux embouchures de l’oued Ykem et Cherrat.

139. La plage de Temara, qui relève de la municipalité de Harhoura s’étend sur un linéaire de 400 m et est caractérisée par un sable grossier et propre. Elle est parmi les plages les plus fréquentées de la région.

140. Dans toute la zone SRL, seule la plage de Skhirate est labellisée ‘Pavillon Bleu’. Ce label est octroyé par la Fondation pour l’Éducation à l’Environnement (FEE) et la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement gestionnaire de ce label au

52 Diagnostic de la zone SRL RSK

Maroc. L’octroi de ce label à une plage se fait sur la base du respect de quatre familles de critères : (i) La qualité des eaux de baignade, (ii) l’information, la sensibilisation et l’éducation à l’environnement, (iii) l’hygiène et la Sécurité, ainsi que (iv) l’aménagement et la gestion.

141. Depuis 2015, et conformément à la nouvelle convention de partenariat « Plages Propres », les Plans d’Utilisation et Gestion des Plages (PUGP) sont obligatoires pour chaque plage. Dans la zone SRL, 5 plages ont fait l’objet de PUGP : Skhirate, Temara, Rabat, Salé et les Nations.

3.6.2 Le potentiel nautique

142. Le développement des activités nautiques constitue une occasion propice pour l’émergence d’une nouvelle offre de tourisme balnéaire. Toutefois, les potentialités nautiques de la zone SRL sont sous-exploitées et sous-valorisées ; en effet, malgré les conditions météo-marines favorables à la pratique de sports nautiques, les activités existantes sont limitées à quelques stations (DPPM, 2018)13 (Tableau 6 et Figure 21).

Tableau 6: Activités nautiques existantes dans la zone SRL (Source, DPDPM, 2018).

Ville Activités nautiques existantes Moulay Surf (Kitesurf, Body Surf): Al Marja Bousselham Surf (Kitesurf, Body Surf) : Plages de Chlihate, Mehdia, Nations. Jet ski : Club de Jet ski Sebou Kenitra Voiles : Port fluviale de Sebou Aviron : Club Nautique de Kenitra (UAK), sur la rive gauche du Sebou. Surf (Kitesurf, Body Surf) : Plages de Salé, Rabat, Contrebandiers, Jet ski Club Royal Salé, Club de Jet ski de Rabat Rabat Voiles : Marina Salé, Royal Nautique Club Avirons : Marina de Salé, Club Stade Marocain, section nautique.

13 DPDPM, Etude d’élaboration du Schéma Directeur de Valorisation du Domaine Public Maritime à l’horizon 2035. Atlas des potentiels marins et côtiers (2018)

53 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 21: Potentiel nautique de la zone SRL (Agreed, 2019 ; Données DPPM)

143. D’après la stratégie de la DPDPM, et dans le cadre du développement du tourisme à Moulay Bousselham, il est prévu de mettre en place une structure d’animation et d’encadrement en matière d’activités nautiques et de loisirs au niveau de la plage de Moulay Bousselham (Zone d’accueil, espace de stockage de matériel, restaurant).

144. Le développement des activités nautiques et des infrastructures y afférentes requiert de l’espace sur le domaine public maritime. Les besoins en foncier pour les activités projetées dans le littoral de la région RSK sont estimés à 3,1 hectares (3 ha pour le port de plaisance de Kenitra et 0,1 ha pour la base nautique projetée à la plage de Moulay Bousselham).

3.7 Potentiel agricole

145. Le poids de la Région RSK en matière d’agriculture au niveau national est important puisqu’elle détient 12% de la surface agricole utile du pays (1.019.369 ha), avec une agriculture basée sur l’exploitation d’un système agrosylvopastoral assez bien équilibré.

146. Dans la zone SRL, la superficie agricole utile (SAU) est répartie comme suit : o Agglomération de Rabat-Salé-Temara : 68.800 ha (7%), et o Kenitra : 275 200 ha (28%)

54 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 22 : Zones à vacations agricoles dans la partie nord de la zone SRL (plaine atlantique du Gharb).

147. La production agricole est très diversifiée dans la zone SRL avec notamment le développement d’une importante ceinture maraîchère le long du littoral (Figure 22), favorisé par la diversité et l’importance des ressources naturelles dont recèle la zone. Les céréales et les oléagineuses constituent les principales cultures en termes d’occupation du sol. Viennent ensuite les autres cultures maraîchères, industrielles, les agrumes et les fourragères.

148. La superficie des sols irrigués dans les préfectures de Rabat, Salé, Skhirate – Temara, et la province de Kenitra est d’environ 79 520 ha soit près de 65,4% de la région RSK, avec une extension des périmètres irrigués d’une superficie de 33 400 ha en zone côtière, programmée dans le cadre du Programme Agricole Régional (PAR) (Figure 23).

149. L’effectif des élevages, toutes espèces confondues, est de 896 000 têtes dans la province de Kenitra et la préfecture de Rabat, soit près de 40% de l’effectif total de la région RSK.

150. En somme, la région offre de grandes potentialités en raison de : o Sa position géographique centrale ; o Elle est dotée de ressources hydriques abondantes ; o Elle comprend un des plus grands périmètres irrigués du pays ; o Elle a une grande capacité de production à forte valeur ajoutée (agrumes, fruits et légumes, production laitière, etc.) ; o Une agropole est en cours de mise en place (à 12 km de Sidi Yahia El Gharb) pour contribuer à une intégration amont-aval des filières phares de la région (agrumes, fruits rouges, lait, viandes rouges, …) à travers la transformation et le

55 Diagnostic de la zone SRL RSK

conditionnement de produits à haute valeur ajoutée.

Figure 23 : Programme d’extension des superficies irriguées dans le cadre du Plan Agricole Régional de la Région RSK. (Source : Ministère de l’agriculture et de la pêche maritime, 2017)14

151. Toutefois, d’après le SRAT de la région RSZZ (ancien découpage administratif), la structure foncière et le morcellement des terres agricoles ne permettent pas de disposer de superficies suffisantes pour le développement d’une agriculture moderne et rentable.

152. Par ailleurs, grâce au Plan Maroc Vert, qui a doté les 12 régions du Maroc d’une feuille de route agricole adaptée aux potentialités locales, la Région RSK a profité de cette dynamique pour faire de ses potentialités agricoles un levier de décollage économique. En effet, 20 milliards DH ont été générés au niveau de la région fin 2018 (Tableau 7), qui a vu sa part dans le PIB agricole augmenter (18%), la plaçant ainsi à la tête des régions performantes sur le plan agricole. Cette amélioration résulte entre autres de la propulsion des exportations agricoles, notamment en fruits rouges, agrumes, avocats, kiwi et produits valorisés, cultivés particulièrement dans la zone SRL et employant une main d’œuvre féminine assez importante. La région contribue à hauteur de 65% à la production nationale des fruits rouges, de 84% pour l'avocatier, de 80% pour le riz, 40% pour le bananier, 22% pour les agrumes, 11% pour les céréales et 6% pour l’olivier.

14 Ministère de l’agriculture et de la pêche maritime (2017) : Le Plan Agricole Régional de Rabat‐Salé‐Kénitra: Un modèle de gouvernance territoriale pour un développement durable. SESAME 5 : La gouvernance territoriale au niveau régional.

56 Diagnostic de la zone SRL RSK

Tableau 7 : Impact socio-économique du PAR entre 2008 et 2018 au niveau de la région RSK.

2008 2018 Production agricole (Milliards DH) 11,5 20 Valeur ajoutée (Milliards DH) 3 8,5 Emploi agricole (millions de jours par an) 51 66

153. Le long du littoral, les cultures sous serres ne cessent de se développer depuis une vingtaine d’années parallèlement aux cultures traditionnelles. Elles concernent des produits agricoles très variées telles que les fruits rouges, la banane, le kiwi, le cornichon, le concombre, la tomate, le poivron, les cacahuètes (Arachide), … Ce qui tend à spécialiser la zone dans les principaux segments de la culture à forte valeur ajoutée très prisée par l’investissement étranger.

154. En termes d’agro-biodiversité, la région est renommée par sa production très diversifiée en produits de terroir comme les truffes de la Maâmora et le raisin muscat de Skhirate.

3.8 Potentiel industriel

155. La zone littorale de la Région RSK est caractérisée par une forte polarisation de l’industrie le long de l’axe littoral Skhirate-Temara-Rabat-Salé-Kenitra, par rapport à son arrière-pays (Figure 24) : o L’industrie chimique est portée à 56% par la préfecture de Rabat et 33% par celle de Skhirate-Temara ; o L’industrie textile est portée à 87% par Rabat- Salé-Temara (60% sur la préfecture de Salé) ; o L’électrique et l’électronique est portée à 75% par la province de Kenitra ; o L’industrie agroalimentaire est portée à 78% par la préfecture de Salé (45%) et la province de Kenitra (33%).

156. Toutefois, malgré les atouts multiples et variés dont cette région dispose (localisation géographique centrale, ressources humaines considérables, foyer universitaire de formation et de recherche …), le secteur industriel reste, à l’état actuel, peu performant et pèse peu, aussi bien par la nature et la valeur de sa production que par l’emploi qu’il fournit. Il est appelé à promouvoir l’innovation dans des filières de production technologiquement avancées, avec le redéploiement spatial nécessaire vers l’arrière- pays qui ferait profiter l’ensemble du territoire, sans pour autant peser sur l’environnement littoral.

57 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 24 : Zones industrielles de la zone SRL (Agreed, 2019).

157. C’est grâce à deux grands chantiers : La zone franche de Kenitra et l’installation de PSA, et la Technopolis de Salé que le secteur industriel de la région pourra jouer pleinement son rôle de levier économique et générateur d’emplois.

La zone franche de Kenitra

158. L’Atlantic Free Zone (AFZ) a été créée en 2010 sur une superficie globale de 345 ha, à 12 km de la ville de Kenitra. C’est un projet qui s’inscrit dans une vision urbanistique globale sous forme de Plateforme Industrielle Intégrée. Il a été initié dans le cadre du Pacte National pour l’Émergence Industrielle et a pour ambition d’offrir des espaces d’accueil aux investisseurs opérant dans le secteur automobile. La zone franche comportera, également, une zone logistique, une gare ferroviaire, un port sec (transport par voie ferroviaire), des banques Offshore et un Institut Spécialisé de Formation aux Métiers de l’Automobile qui sera créé avec la collaboration de partenaires de formation internationaux. Elle abrite également une zone non franche généraliste.

159. Le grand atout pour accélérer cette dynamique industrielle est incontestablement l’arrivée de PSA Peugeot Citroën qui a entamé les travaux de construction de son complexe industriel à côté de la plateforme Atlantic Free Zone. Il est prévu dès 2020 de démarrer la production avec 90.000 véhicules et autant de moteurs pour une capacité totale à terme de 200.000 unités véhicules. L’usine de Kenitra est opérationnelle à compter de 2019 et aura vocation à servir de plateforme d’exportation vers l’Afrique et le Moyen-Orient.

Le pôle Technopolis

160. Situé en plein cœur de la zone SRL, Technopolis compte aujourd’hui 40 entreprises et 7 pôles d’enseignement et de recherche de l’Université Internationale de Rabat, répartis

58 Diagnostic de la zone SRL RSK

sur 300 000 m² de bureaux. Cet écosystème forme un pôle d’excellence à conforter, alliant entreprises, centres de recherche et étudiants. Avec sa création, le secteur de l’emploi de Rabat-Salé s’est doté d’infrastructures majeures capables d’accueillir des entreprises leader dans leurs secteurs avec un rééquilibrage vers des services à forte valeur ajoutée amorcé par le parc Technopolis.

161. Pour saisir ces opportunités et les potentialités offertes par la Région, le PDR a réservé 630 MMAD (soit 11% de son budget total) pour soutenir l’innovation et les filières économiques de la Région, en plus des 7 MMAD consacrés au littoral.

3.9 Potentiel minéral

162. Au niveau du littoral de la région RSK, le potentiel en ressources minérales concerne particulièrement les gisements de sable, mais aussi quelques carrières de calcaire, marbre, calcarénites, marnes et argiles.

163. Les carrières terrestres15 sont concentrées principalement dans les zones de Lalla Mimouna, Mnasra, Kenitra, Sidi Bouknadel, Skhirate-Temara, Aïn Atiq, El Menzah, sabbah et Shoul.

164. Les matériaux extraits sont destinés à la construction, à l’industrie du ciment, aux briqueteries, poteries et céramiques, et à la fabrication de pierres ornementales.

165. Dans la bande littorale, c’est principalement le sable, exploité des dunes, des plages et en mer, qui représente la ressource minérale la plus stratégique et la plus convoitée pour les besoins du bâtiment et des travaux publics (BTP). L’exploitation des gisements de sable est une activité lucrative qui permet des rentrées financières importantes aux communes locales.

Sable côtier onshore 166. Les gisements de sable des dunes et des plages de la zone SRL et leurs caractéristiques sont représentés dans le tableau 8. Le potentiel global exploitable est d’environ 321 millions de m3, avec le gisement de Kenitra sud qui détient le plus fort potentiel, suivi de Rabat et enfin de Moulay Bousselham.

Tableau 8: Localisation et caractéristiques des gisements de sable dunaire et de plage dans le littoral de la Région RSK. (Source : Atlas DPDPM, 2018) Gisements de sable Moulay Bousselham Kenitra Sud Rabat En face de En face de Rabat, sur la Au nord de la lagune Situation l’embouchure de rive sud de l’oued à 6 km environ de My géographique l’oued Sebou à 10 km Bouregreg, à 5 km au Bousselham au sud de la ville sud de l’embouchure de ‐12 m (1 km de la de ‐10 m (1 km de la de ‐16 m (1 km de la Profondeurs cote) à ‐76 m Hydro cote) à ‐58 m Hydro (8 côte) à ‐80 m Hydro (5

15 D’après l’Inventaire national des carrières de 2012. Depuis, certaines carrières ont été abandonnées, d’autres ouvertes, mais l’inventaire n’a pas été réactualisé

59 Diagnostic de la zone SRL RSK

Gisements de sable Moulay Bousselham Kenitra Sud Rabat (6 km de la cote) km de la côte) km de la côte) 14 km (le long de la 11 km (le long de la 15 km (le long de la Dimension cote) x 5 km (vers le cote) x 7 km (vers le côte) x 4 km (vers le large) large) large) 3 73.570.000 m (70% 3 139.850.000 m3 107.660.000 m de la couche Potentiel exploitable (couche superficielle superficielle de 2m (Couche superficielle de 2m d’épaisseur) d’épaisseur) de 2m d’épaisseur) Propreté 84 % 94 % 94 % Granulométrie (D50) 226 μm 145 μm 163 μm Matière organique 0,44 % 0,52 % 0,52 % Chlorures 0,60 % 0,62 % 0,62 % Sulfates 0,29 % 0,37 % 0,37 %

Sable offshore

167. D’après le Ministère de l’Équipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau (METLE), en raison des besoins croissants du secteur du BTP, et pour faire face à la prédominance du secteur informel d’exploitation des plages et des dunes, le sable de dragage apporterait une réponse industrielle durable, à condition qu’il ne porte pas préjudice à l’équilibre écologique et hydro-sédimentaire du plateau continental où les travaux sont réalisés.

168. La région de Rabat‐Salé‐Kenitra dispose d’un potentiel en sables marins d’un volume de 213 millions de m3, avec deux gisements dans la Province de Kenitra (Kenitra sud et Moulay Bousselham) et un gisement dans la Préfecture de Rabat (DPDPM, 2008)16 (Figure 25).

16 Ministère de l'Équipement et du Transport DPDPM (2008) Étude de reconnaissance géophysique des gisements de sable en vue de la protection des plages de l’Atlantique. Marché N°24/DPDPM/2006).

60 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 25: Gisements de sable dans la zone SRL (Agreed, 2019).

169. La figure 26 montre la localisation des zones de dragage du sable pour l’entretien du chenal de navigation dans l’embouchure du Sebou, et le gisement d’exploitation offshore. Le volume total de sable dragué et commercialisé à la plateforme de Mehdia entre 2004 et 2009 est estimé à 1.302.183,524 m3.

Figure 26: Zone de réalisation des dragages d’entretien (rouge) et d’exploitation (bleu) dans l’embouchure du Sebou et à son large.

(Source : DPDPM, 2011)

17

17 DPDPM (2011) : : Étude d’expertise sédimentologique de la plage de Mehdia. Rapport d’étude final.

61 Diagnostic de la zone SRL RSK

3.10 Potentiel énergétique

3.10.1 Énergies renouvelables 170. Bien qu’il soit reconnu que le littoral représente une source importante pour le développement des énergies renouvelables (éoliennes, marémotrices...), ces dernières restent très peu exploitées eu égard aux potentialités du littoral RSK. Elles se résument en une centrale thermique fonctionnelle (celle de Kenitra) et une programmée (celle de Dhar Doum) (Figure 27).

Figure 27: Potentiel en énergie de la zone SRL (Agreed, 2019).

171. La Centrale thermique de Kenitra (CTK) est située dans le quartier industriel Saknia de la ville de Kenitra. Elle est implantée sur la rive gauche de l’oued Sebou qui permet de couvrir ses besoins en eau de réfrigération. La centrale est desservie par la voie ferrée de l’ONCF pour l’approvisionnement en combustibles. La CTK est composée de 4 tranches de 75 MW chacune, mises en service entre 1978 et 1979. Elle est à technologie turbine-vapeur avec une capacité installée de 300 MW. La production nette est de 479 GWh, et la consommation du fuel est de 142 KT (Source ONEE).

172. On peut également mentionner le potentiel en biomasse produite à partir de la méthanisation des déchets organiques de la décharge d’Oumazza. Un autre potentiel énergétique qui mérite d’être développé dans la zone SRL est la production de biocarburants à partir des algues. L’intérêt de l’usage des algues réside dans leur capacité à produire une biomasse plus importante que les plantes de l'agriculture conventionnelle, et en plus elles ne nécessitent ni eau douce, ni engrais18.

18 El Mtili et al. (2012) : Les algues marines : nouvelle potentialité économique pour le Maroc. Quelle stratégie biotechnologique ? Cahiers UAE, 8 - 9, (2013): 1-7.

62 Diagnostic de la zone SRL RSK

173. Les énergies éolienne et solaire présentent également un potentiel non négligeable, mais ne sont pas encore au programme au niveau du littoral RSK.

3.10.2 Hydrocarbures

174. L’Office National des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM) a mené plusieurs campagnes d’exploration d’hydrocarbures dans le bassin onshore et le segment offshore de la zone du SRL. L’état des travaux réalisés en 2017 est représenté dans le tableau 9 (Source : ONHYM, Rapport annuel de 2017).

Tableau 9: Exploration d’hydrocarbures dans le bassin onshore et le segment offshore de la zone SRL.

Permis / Zone Partenaires Travaux réalisés Autorisation Gharb Traitement et interprétation de 1218, 5 Offshore Repsol Permis de km2 de sismique 3D et évaluation de la Sud recherche zone.

Kenitra Chariot Oil & Acquisition entre le 02 et le 30/03/2017 Permis de Offshore Gas de 707 Km2 de sismique 3D dont le recherche traitement est en cours. Offshore

Rabat ENI/Woodside Poursuite des études géologiques et de l'évaluation de la zone afin de Deep / Chariot Oil & Permis de sélectionner le prospect qui présente le Offshore Gas recherche moins de risque géologique pour le forage. Lalla Préparatifs en cours pour la réalisation

Mimouna d’une campagne de forages.

Forage des puits KSR-14 à 1 830 m, KSR- Sebou SDX Energy Permis de 15 à 1 774 m, KSR-16 à 1 896 m et où du Central recherche

Onshore gaz a été découvert. Gharb Forage du puits ELQ-1 à 1 481 m. Occidental ZONE Travaux réalisés

3.11 Potentiel en infrastructures de transport

175. La zone SRL dispose d’importantes infrastructures routières, ferroviaires et un fort potentiel portuaire qui facilitent la mobilité et la communication dans la région.

3.11.1 Réseau routier et ferroviaire

176. La zone littorale est desservie par un réseau structurant de routes et d’autoroutes donnant accès à la fois aux grandes polarités nationales (, Tanger, Meknès et Fès) que régionales (Khémisset, Kenitra). L’armature routière, relativement dense le

63 Diagnostic de la zone SRL RSK

long de la frange littorale, est fortement concentrée entre Salé et Skhirat. Sa configuration est imposée notamment par les contraintes morphologiques : système de cordons dunaires qui canalise les axes de circulation (sud-ouest / nord-est) ; vallées escarpées et présence du lac du barrage SMBA.

177. Toutefois, face à l’augmentation de la motorisation des ménages, des problèmes de congestions routières récurrentes se posent surtout au sein de l’agglomération Temara- Rabat-Salé. Pour cela, la voie de contournement de Rabat-Salé a permis de décongestionner les agglomérations de Rabat, Salé et Temara et de relier les autoroutes A1 et A3. Par ailleurs, la rocade urbaine n°2 de Rabat baptisée "Ribat El Fath", et qui offre un accès direct depuis le centre-ville de Rabat jusqu’à l’aéroport de Rabat-Salé, permet de résorber les flux substantiels de trafic routier entre les deux villes.

178. En ce qui concerne les routes rurales, malgré les investissements mis en œuvre en faveur de leur développement dans le cadre du Programme National des Routes Rurales (PNRR1 & 2), notamment dans la province de Kenitra, le réseau présente une faible qualité résiduelle et le manque de liaison entre certains douars et communes rurales maintient en situation d’enclavement certains territoires ruraux.

179. Outre les infrastructures routières, le réseau de tramway de Rabat-Salé, inauguré en 2011 et composée de deux lignes de 20 km et 30 stations, s’est avéré être un moyen de transport public urbain incontournable et une solution de transport en commun adaptée aux déplacements de masse sur les axes structurants de l’agglomération de Rabat-Salé. Pour continuer la dynamique de développement enclenchée à Rabat et répondre à la demande croissante de mobilité, la STRS travaille sur l’extension, en plusieurs phases, du réseau de Tramway de Rabat-Salé, pour un total d’environ 29 km supplémentaires sur la période 2016-2022.

180. En matière de transport ferroviaire, la zone SRL est parcourue par trois axes nationaux proposant deux types de services : des Trains de Lignes (Casa-Rabat-Tanger) et des Trains Navettes (Casa-Rabat- Kenitra). Elle est desservie par 9 gares régionales et nationales : Skhirate, Temara, Rabat Agdal, Rabat Ville, Salé Ville, Salé Tabriquet, Sidi Bouknadel, Kenitra, et Kenitra Medina. La Ligne à Grande Vitesse (LGV) Al Boraq reliant Tanger à Casablanca et la réhabilitation des gares des villes traversées a produit un saut qualitatif certain sur l’ensemble de l’offre ferroviaire nationale.

3.11.2 Le potentiel portuaire

181. Le littoral de la Région RSK dispose des ports suivants (Tableau 10 et figure 28) :

Tableau 10 : Ports de la zone SRL. Province/Préfecture Nom Vocation État Kenitra fluvial Plaisance et commerce Existant Mehdia Pêche Existant Kenitra Kenitra Plaisance Potentiel Kenitra Atlantique Commerce Port en projet

64 Diagnostic de la zone SRL RSK

Salé Bouregreg Plaisance Existant Marina Skhirate Plaisance Existant Skhirate-Temara Sables d’or (Marina Plaisance Existant Sidi Abed)

Figure 28 : Potentiels portuaire, nautique et de pêche (Agreed, 2019).

o L’ensemble portuaire Kenitra/Mehdia, qui couvre une superficie totale de 53 369 m2, compte parmi les plus anciens ports du Maroc. Le port de Kenitra est le prolongement de l’ancien port de Mehdia situé à 17 km en amont de l’embouchure de l’oued Sebou. C’est le seul port fluvial du Maroc est sa vocation est le commerce, alors que le port et l’avant‐port de Mehdia sont consacrés à la pêche. A l’échelle régionale, le port de Mehdia vient en tête avec une production de 6 943 tonnes générant une valeur de 62 493 milliers de DH. Le secteur demeure cependant artisanal et sous équipé, il ne représente que 1% en quantité et 2% en valeur par rapport à la production nationale. o Le port de pêche de l’embouchure du Bouregreg, se situe derrière la digue Nord (Salé) ; il a pour objectif d’organiser les professions liées à la pêche artisanale autour d’infrastructures de base adéquates, afin de garantir une meilleure intégration des activités de la pêche et un impact socio-économique positif. Le Port est équipé de manière à accueillir plus d’une centaine de barques de pêcheurs. o La marina de Bouregreg : située à l’embouchure du Bouregreg, est dotée des équipements les plus modernes pouvant accueillir jusqu’à 240 bateaux. o Le port de plaisance des Sables d’Or (Marina Sidi Abed) dans la Préfecture de Skhirate-Temara. o Les points de débarquement aménagés (PDA) à Moulay Bousselham et Skhirate.

65 Diagnostic de la zone SRL RSK

182. Parmi les grands chantiers portuaires de la région, on cite la requalification du port de Kenitra et la création du port Kenitra Atlantique.

o Le port fluvial de Kenitra, dont les installations et équipements sont obsolètes et en mauvais état, est aujourd’hui désaffecté en raison de son faible tirant d’eau et de sa mauvaise connexion terrestre. D’après l’Agence Nationale des Ports (ANP), le port de Kenitra va retrouver une nouvelle vocation plus touristique et urbaine avec une requalification de ses espaces et de la rive gauche du Sebou. L’agence projette en effet la réalisation d’un bassin de plaisance et la réhabilitation des quais existants. L’étude de requalification et de reconversion du complexe portuaire Kenitra‐Mehdia du projet, qui sera réalisée selon trois missions, a été lancée en mai 2019.

o Le port Kenitra-Atlantique était prévu dans le cadre de la vision portuaire 2030 finalisée par le ministère en charge de l’Équipement et l’Agence Nationale des Ports (ANP) en 2011. Il sera implanté à 24 km au nord de l’embouchure de l'oued Sebou. Cette situation géographique présente de nombreux avantages, dont la proximité de l’autoroute longeant le littoral, la proximité de la ligne ferroviaire et la disponibilité de terrains suffisants à terre (2 000 ha). Il permettra d’assurer une maîtrise des trafics portuaires sur la conurbation de Casablanca et de recentrer vers ce nouveau port les flux issus d’un hinterland large englobant le grand Casablanca, le Gharb, le Sais (Région Fès‐Meknès) et le Loukkos, dont les industriels et les chargeurs doivent aujourd’hui se rendre à Casablanca et en subir les contraintes (pré‐acheminement, congestion des terminaux…). Le trafic prévu pour ce projet portuaire, dont le coût s'élève à 8 MMDH, est de 6 millions de tonnes à l’horizon 2020 et 7,6 millions de tonnes en 2030, selon les prévisions du ministère en charge de l'Équipement. Ce nouveau port constitue un moteur économique puissant pour la Région, et un facteur de compétitivité dont devrait bénéficier toute l’industrie régionale.

3.12 Potentiel humain et Opportunités en métiers verts et bleus

183. L’analyse démographique et socioéconomique du littoral de la Région RSK a révélé que la zone SRL regorge d’atouts indéniables notamment :

o Un capital humain qui réside dans sa population jeune et ayant atteint un certain niveau d’éducation ; o Une infrastructure éducative importante et des compétences de recherche ‘mobilisables’ sur des thématiques stratégiques pour la zone SRL afin d’impulser sa croissance économique ; o Un potentiel de croissance des principaux secteurs économiques (agriculture, industrie, tourisme) et d’émergence de nouvelles filières (Industrie culturelle...) qui peuvent constituer des leviers considérables pour l’accélération de la croissance socio- économique de la zone.

3.12.1 Potentiel humain

184. Le capital démographique de la zone SRL est important (presque 64% de la population de la Région RSK), et constitue de ce fait un vaste marché de consommateurs,

66 Diagnostic de la zone SRL RSK

nécessitant de booster, en conséquence, les secteurs productifs pour les satisfaire. Les jeunes (tranche d’âge 15-29 ans) y représentent 27%, et constituent, par ailleurs, un réservoir consistant pour l’emploi, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, étant donné le niveau de formation appréciable que garantissent les universités de Kenitra et de Rabat, consolidée par les nombreux instituts et hautes écoles de formation technique relevant de différents ministères.

185. Toutefois, quand bien même la zone SRL est dotée de toutes ces potentialités, elle souffre encore d’un taux de chômage, notamment chez les jeunes (Cf. Figure 11) et de pauvreté, assez élevé, qui interpellent tous les acteurs à se mobiliser et à explorer de nouveaux canaux et de nouvelles filières pour la création d’emploi (métiers verts et bleus, économie sociale et solidaire...), en adéquation avec les exigences de développement durable auxquelles le SRL doit répondre.

186. D’après la figure 29, ce sont les communes de , Sidi Boubker El Haj, Ben Mansour, et Bahhara Oulad Ayyad, de la province de Kenitra, qui affichent le taux de jeunes le plus élevé (> à 30%). C’est aussi celles qui ont le taux d’analphabétisme le plus élevé (plus de 70% à Chouafaa et Bahhara Oulad Ayyad). Sur les 38 communes et arrondissements de la zone SRL, 14 (dont 13 dans la province de Kenitra) ont un taux d’analphabétisme supérieur à 50%. L’éducation et la formation professionnelle sont donc prioritaires dans ces communes, afin de stabiliser les emplois et lutter contre la précarité et l’exode rural.

187. Dans les centres urbains, il a été montré auparavant (Figure 11) que le chômage est plus élevé chez ceux qui ont un certain niveau d'éducation, ce qui confirme l'inadéquation des formations avec les besoins du monde du travail, une autre problématique à laquelle il faut s’atteler pour réussir le vrai décollage économique de la zone SRL.

Figure 29 : Proportion de jeunes (Tranche d'âge 15-29 ans) et taux d'analphabétisme dans la zone SRL (Agreed, 2019 d'après les données du RGPH, 2014).

67 Diagnostic de la zone SRL RSK

3.12.2 Opportunités de métiers verts et bleus

188. Le SRL s’inscrit dans un processus éminemment de développement durable. La mise en œuvre de ses objectifs nécessite, entre autres, la recherche de nouvelles filières économiques génératrices d’emplois et respectueuses de l’environnement littoral dans sa dimension terrestre et marine.

189. Le contexte actuel du pays se caractérise par une volonté au plus haut niveau de l’état et un engagement volontariste en matière de formation professionnelle, corroboré par plusieurs initiatives présentées dans la nouvelle feuille de route, où chaque Région du Maroc aura sa cité des métiers et des compétences qui verront le jour en 2021.

o La Région RSK compte 212 établissements agro-industriels opérant dans les différents secteurs de l’agro-industrie offrant plus de 10000 postes d’emplois avec une valeur de la production estimée à 6 Milliards de dirhams. o Le secteur des services regroupe plusieurs activités à savoir : assurance, audit, communication, conseil, informatique, réparation, recherche, sécurité, services juridiques, télécommunication, transport, formation, finance, etc. o Le secteur du tourisme ‘nature’ est un levier considérable pour l’accélération de la croissance socio-économique de la zone SRL. o Le secteur des industries de la pêche est en évolution croissante et est appelé à se développer, notamment en matière de transformation et de valorisation des produits de la pêche et le développement de l’aquaculture. o Le secteur culturel offre de nombreuses niches à développer dans la formation aux métiers de la culture ou les équipements culturels, notamment avec la création des nouveaux établissements culturels : Le Grand Théâtre de Rabat, le Musée National de l’Archéologie et des Sciences de la Terre, la Maison des Arts et de la Culture et la Bibliothèque des Archives Nationales du Royaume du Maroc.

190. En tenant compte de ces nombreuses potentialités de la zone SRL et des filières classiques mais aussi émergentes, génératrices d’emploi, on peut proposer, comme niches d’opportunités à exploiter :

1. L’agriculture et l’agroécologie ; 2. L’éco-tourisme ; 3. L’aquaculture ; 4. La gestion et la valorisation des déchets marins ; 5. La protection de la nature et la valorisation biotechnologique ; 6. Les industries culturelles et créatives ; 7. Les mesures d’adaptation au changement climatique.

191. Cette liste est non exhaustive et nécessite une analyse plus détaillée des autres facteurs motivant et facilitant la création de l’emploi et de l’entreprenariat verts et bleus dans la zone SRL.

68 Diagnostic de la zone SRL RSK

192. Le projet YES GREEN19, qui visait la promotion de l’employabilité et l’entreprenariat verts des jeunes en zones vulnérables, avait montré que l’accès des jeunes au financement représentait une contrainte majeure dans le paysage du marché de travail. Mais cette contrainte pourrait être levée à l’avenir suite à l’appel Royal20 au système bancaire et financier, à soutenir les jeunes et à s’impliquer plus vigoureusement dans la dynamique de développement, pour accompagner les activités génératrices d’emploi et d’insertion socioprofessionnelle.

193. Outre le secteur financier, plusieurs acteurs institutionnels de la Région RSK21 collaborent avec le Centre Régional d’Investissement (CRI) dans les processus de création d’entreprises et d’investissement :

o Les administrations : OMPIC, DGI, tribunaux, BO, CNSS, Direction régionale des domaines, Agences Urbaines …) ; o Les organismes chargés des grands projets économiques de la région comme l’Agence pour l’aménagement de la Vallée du Bouregreg, la Chambre de Commerce, d’Industrie et de Services de Rabat-Salé-Kenitra, Medz…. ; o Les associations et fondations dédiées à la promotion et l’encouragement à la création d’entreprises et l’investissement : CGEM, Association des Femmes Chefs d’Entreprises du Maroc, Fondation Création d’Entreprises, Associations Arribat Moubadara, Sala Moubadara, Réseau Entreprendre Rabat…. ; o L’enseignement supérieur : Université Mohammed V de Rabat, Université Internationale de Rabat, Université Ibn Tofail, ENCG Kenitra… ; o Les chambres de commerce et ambassades étrangères et les organismes internationaux (Chambre Française de Commerce et d’Industrie au Maroc, CNUCED, BIT, USAID, Banque Mondiale…)

194. Pour relever ces défis de l’employabilité et de l’entreprenariat dans la zone SRL, plusieurs actions peuvent être proposées, parmi lesquelles :

o Explorer de nouvelles niches de croissance des filières agricoles, industrielles et commerciales de la zone SRL, en se mobilisant autour des programmes établis ou en cours d’établissement (Plan Agricole Régional, programme régional touristique, programme artisanat, Automotive City, ...) ; o Miser sur l’innovation sous toutes ses formes technologiques, organisationnelles et managériales pour apporter des réponses spécifiques aux besoins du la zone SRL (attractivité des entreprises, transformation rurale, protection de l’environnement, …) ; o Étudier l’opportunité de constituer un cluster autour des thématiques prioritaires pour la zone SRL (exemple : Économie bleue, tourisme durable, industrie culturelle, ...) avec un financement public et privé. L’enjeu est de soutenir les écosystèmes de

19 Soudi B. 2012 : Cartographie des opportunités d’employabilité et d’entreprenariat verts. Projet d’Employabilité des Jeunes dans les Métiers Verts (YES GREEN). 20 Discours prononcé par Sa Majesté le Roi Lors de l’ouverture officielle de la session d’octobre 2019 du Parlement 21 Source : https://www.rabatinvest.ma/

69 Diagnostic de la zone SRL RSK

croissance collaboratifs et performants pour accompagner l’émergence de projets innovants dans la région.

4. Les pressions qui s’exercent sur le littoral RSK

195. Outre les multiples formes d’usages et d’exploitation plus ou moins maitrisées, plusieurs pressions pèsent aujourd’hui sur les écosystèmes côtiers de la Région RSK (Pression foncière de l’urbanisation, consommation de l’espace, surexploitation des ressources naturelles, …) avec le risque de compromettre leur bon état écologique et leur durabilité.

4.1 Pression foncière et expansion urbaine

196. La dynamique démographique de la zone littorale se caractérise par une croissance essentiellement urbaine. Comme nous l’avions déjà noté, c’est principalement l’axe Kenitra-Temara qui constitue un grand groupement dominant largement l’armature urbaine de la Région RSK, avec plus de 70% de la population urbaine.

197. La préfecture de Rabat est entièrement urbanisée, les préfectures de Salé et de Skhirate-Temara sont également presque entièrement urbanisées (respectivement 93,2 % et 90,1 %) et la province de Kenitra a connu une hausse importante de son taux d’urbanisation (+8,7 points entre 2004 et 2014) pour atteindre 57,2 % en 2014 (Tableau 11 et Figure 30). A l’exception de la province de Kenitra, la zone SRL demeure ainsi largement plus urbanisée que la moyenne de la Région RSK (69,8%), elle-même plus urbanisée qu’au niveau national (60,4 %).

Tableau 11: Évolution démographique des provinces littorales de la Région RSK et part de l’urbain entre 2004 et 2014.

Population Part urbain 2004 Population Part urbain 2014

2004 (%) 2014 (%) Kenitra 938 245 48,5 1 061 435 57,2 Salé 814 871 93,4 982 163 93,2 Rabat 620 996 100 577 827 100 Skhirate-Temara 391 866 70,6 574 543 90,1 Région RSK 4 049 117 64 4 580 866 69,8

70 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 30: Taux d'urbanisation dans la Région RSK en 2014. (Source : Monographie générale de la Région Rabat-Salé-Kenitra, 2015)

198. En termes d’évolution démographique, la population de la préfecture de Rabat a diminué de 0,7 % par an. En revanche, la population de la préfecture de Skhirate- Temara a augmenté de 3,9 % par an. C’est d’ailleurs dans cette préfecture que l’urbanisation a le plus augmenté (+19,5 points en 10 ans). La création de nouveaux centres urbains s’est réalisée en parallèle avec une baisse de la population rurale.

199. Ainsi, outre l’accroissement démographique naturel, cette dynamique s’explique par l’exode rural, la création de nouveaux centres urbains et l’extension des périmètres urbains des villes côtières.

200. L’évaluation des pressions urbaines est un réel enjeu dans le diagnostic d’un territoire littoral. Le plus souvent, la pression urbaine est déterminée par l’analyse multi-dates entre deux états du statut d’occupation du sol. On parlera de pression urbaine quand généralement la part des surfaces artificialisées gagne sur celle des surfaces agricoles et/ou naturelles.

201. La comparaison des cartes du bâti urbain de 1973, 1987 et 2019, réalisées dans le cadre du projet Agreed (Figure 31), a permis d’analyser la dynamique urbaine au cours de ces dernières décennies (46 ans). L’évolution montre d’abord un étalement périurbain entre 1973 et 1987, notamment à la périphérie des agglomérations de Rabat, Salé et Kenitra. La superficie bâtie est passée de 39,4 km2 à 90,6 km2, soit une augmentation de 2,3 fois. L’état actuel (2019) de la configuration urbaine, révèle une multitude de petites agglomérations, dispersées par mitage, sur tous les territoires communaux de la zone SRL. La superficie bâtie est passée de 90,6 km2 en 1987 à 349,1 km2 en 2019, soit pratiquement le quadruple. Ces agglomérations ont l’air de suivre les cours des oueds

71 Diagnostic de la zone SRL RSK

Sebou et Bouregreg, mais caractérisent aussi les communes au nord de Kenitra et au sud de Rabat (Temara, Harhoura, Ain Atiq, Aïn Aouda). Le site de la lagune de Moulay Bousselham semble encerclé par de nouvelles agglomérations, qui risquent de compromettre son statut de site protégé.

Figure 31: Extension urbaine dans la zone SRL (Agreed, 2019).

202. L’extension urbaine se fait notamment au détriment des terres agricoles et des sols nus, comme le montre par exemple l’extension de Salé entre 1985 et 2011(Figure 32) (Goussot, 2011)22.

Figure 32: Extension de l'agglomération de Salé entre 1985 et 2011(source : cartes d'occupation de 1985 et de 2011 élaborées par Goussot, 2011).

22 Goussot E. (2011) Dynamique de l’occupation du sol, en relation avec les activités agricoles, sur le bassin versant du Bouregreg (Maroc) de 1985 à 2011. Mémoire d’Ingénieur AgroParistech.

72 Diagnostic de la zone SRL RSK

203. Par ailleurs, il y a lieu de signaler que le bâti dans le monde rural a grignoté de manière drastique les terres agricoles du périmètre irrigué du Gharb. En effet, la superficie bâtie au sein de ce périmètre est passée de 2 897 Ha en 1990 à 11 948 Ha en 2011, et selon les projections, cette superficie atteindrait pratiquement 18 000 Ha en 203023. Ceci n’est pas sans conséquence fâcheuse sur la sécurité alimentaire du pays (Figure 33).

Évolution du bâti en 1990

*Simulé par modélisation spatio- morphologique. Évolution du bâti en 2011

Figure 33: Évolution du bâti en 1990 (en haut), 2011(au milieu) et simulation pour 2030(en bas)

23 Département de l’Agriculture, 2013. Étude d’impact de l’urbanisation sur les terres agricoles et élaboration d’un plan d’action pour la protection des terres agricoles dans sept ORMVAs

73 Diagnostic de la zone SRL RSK

Simulation du bâti pour 2030

204. L’extension urbaine constitue une forte pression également sur les espaces naturels : o La forêt de la Mâamora, qui constitue un patrimoine naturel de la Région est menacée par différents facteurs dont notamment la pression urbaine. Depuis plus de cinquante ans, plus d’une centaine d’hectares a disparu au profit des besoins urbains et d’infrastructures : autoroute, équipements militaires, réservoir d’eau potable...

o La ceinture verte de Rabat-Temara, terrain collectif et espace foncier très convoité, est également menacée par l’extension urbaine et les demandes incessantes d'ouverture de certaines parties à l'urbanisation, malgré son inscription aux différents SDAU. Elle s’est en effet réduite au fil du temps, grignotée par l’urbanisation sous l’effet de l’extension de Hay Riad au Nord et des lotissements programmés en prolongement de la Cité des Oudayas au Sud. Ceci a fragilisé le rôle de rupture attribué à cette ceinture verte entre Rabat et Temara, dont la surface a déjà reculé de 1920 ha (SDAU de 1971) à 1188 ha (SDAU de 1995). 205. L’étalement urbain implique nécessairement l’artificialisation des terres qui conduit, entre autres à: o L’imperméabilisation du sol qui augmente les risques d’inondations ; o La fragmentation des habitats naturels et la perte de leurs services écosystémiques ; o Une diminution des ressources naturelles et agricoles ; o Et la dégradation des paysages.

206. Pour ce qui est des franges littorales, l’urbanisation linéaire en front de mer est souvent réalisée au détriment des dunes côtières, véritables réservoirs pour la régénérescence des plages, dont la disparition expose directement les infrastructures aux houles de tempête et autres aléas météo-marins.

207. Par ailleurs, avec le réchauffement climatique, la bétonisation entraine en plus une augmentation des îlots de chaleur urbains (ICU), et compromet le rôle des zones humides dans la régulation du climat en séquestrant le carbone.

208. La densification urbaine sous-tend forcément une démographie importante et la nécessité de produire plus pour satisfaire les besoins de la population. Comme corollaire à cette évolution, la génération de déchets solides et liquides qui, s’ils ne sont pas bien gérés, exposeraient la population au risque sanitaire.

74 Diagnostic de la zone SRL RSK

209. L'urbanisation est certes un moteur de développement, mais lorsqu’elle est mal maitrisée, elle augmente les risques naturels et anthropiques, du fait de l'emprise foncière, des besoins en eau et de la transformation de l'agriculture suburbaine (extension de l'irrigation, choix pour des productions fortement consommatrices en eau) ou de l'implantation de nouvelles activités comme l'industrie.

210. Au niveau de certains secteurs littoraux de la zone SRL, des projets d’aménagement et de développement de grande envergure pourraient hypothéquer l’avenir des réservoirs côtiers de la biodiversité. On peut citer le projet de “Mehdia ville durable”, le port offshore et la zone franche de Kenitra, dont la réalisation requiert des études d’impact préalables rigoureuses et un respect des cahiers de charge, si l’on veut réellement tendre vers un développement durable. Un autre exemple plus local, est celui de l’aménagement par la commune de Sidi Taïbi d’une plage au sud du lac de Sidi Boughaba, qui a déstabilisé le cordon dunaire et entraîné un ensablement des terres agricoles avoisinantes, de la route, mais aussi du lac, qui perd chaque année un hectare du fait de l’envasement et qui risque de disparaître dans un siècle24.

4.2 La surexploitation des ressources naturelles

4.2.1 Surexploitation des aquifères côtiers

211. Les nappes de Temara, de Shoul et de la Maâmora souffrent actuellement d'une exploitation abusive, en raison des sécheresses récurrentes qui frappent le pays depuis les années 80, et le creusement, souvent illégal et anarchique des puits, tant en milieu rural qu'en périmètre urbain, à des fins agricoles. La surexploitation des nappes s'est traduite par une baisse continue de leur niveau piézométrique, une diminution de la lame d'eau captée, une chute des productivités et une dégradation de la qualité des eaux. La baisse du niveau des aquifères côtiers, entraine par ailleurs une intrusion marine, aggravée par l’élévation du niveau de la mer liée au changement climatique.

Tableau 12: Bilan des nappes souterraines situées dans la zone SRL (entre 1939 et 2002 pour le Sebou) (Source : PDAIRE ABHS et PDAIRE ABHBC).

Nappe Entrées Sorties Bilan Gharb 224 261 -37 Maamora 160 172 -12 Dradeire-Souiere 111 111 0,0 Temara 16 16,5 -0,5 Shoul 3 3 0,0

212. Les nappes de la zone d’action de l’ABHS sont les plus sollicitées, notamment la nappe du Gharb qui accuse un déficit de 37 Mm3/an et celle de la Maâmora avec un déficit de

24 https://ecologie.ma/la-reserve-biologique-de-sidi-boughaba/

75 Diagnostic de la zone SRL RSK

12 Mm3/an (Tableau 12). D’après le PDAIRE du Sebou, les prélèvements directs sont utilisés notamment pour l’alimentation en eau potable et pour l’irrigation privée.

213. Le PDAIRE du Bouregreg attire également l’attention sur le fait que plus de la moitié des unités aquifères répertoriées (y compris les nappes de Shoul et Temara de la zone SRL) sont touchées, à des degrés divers, par la surexploitation (une trentaine de millions de m3 par rapport à un volume mobilisable de 75 hm3/an). Il recommande que toutes les nappes doivent faire l’objet d’un suivi très strict et très régulier des autorisations de pompage, des prélèvements et des niveaux piézométriques. Les nappes surexploitées devront systématiquement faire l’objet de contrats de nappe prévoyant les moyens de réduire les prélèvements à l’horizon 2020.

214. Au problème de surexploitation, s'ajoute le phénomène de pollution générée par la prolifération des unités industrielles et d'élevage ne respectant pas toujours les normes de rejets et de stockage des produits nocifs, ce qui aggrave davantage cette situation et risque de dégrader la qualité des eaux, en l'absence d'un système de collecte et de traitement des eaux usées adéquat (Voir chapitre Impacts et État).

215. Ces constats présagent malheureusement une continuité dans la dégradation des eaux des nappes de la zone SRL, si l’on considère la demande toujours en progression sur l’activité agricole et l’utilisation irrationnelle des engrais et pesticides qui s’en suivent.

4.2.2 Surexploitation du sable côtier

216. La multiplication des chantiers de construction et d’infrastructures accroit la pression sur le sable qui entre dans la composition du béton. A l’échelle nationale, les besoins en sable sont passés de 21 millions m3 en 2011 à 28 millions m3 en 2016 dont 15 millions m3 assurés par les dunes côtières (METLE, 2016). Actuellement, la grande partie d’approvisionnement est assurée par le secteur informel d’exploitation du sable des dunes côtières qui représente plus de 55 %. Le secteur formel représente 14,5 % et le dragage portuaire et estuarien représente 7 % (METLE, 2015). Les gisements de sable marin sont une alternative à cette exploitation illégale et renforcent l’approvisionnement à partir du dragage portuaire et estuarien (1,54 millions de m3).

217. Dans la zone SRL, la description du potentiel minéral a révélé l’existence d’importants gisements de sable littoral et marin. Toutefois, leur exploitation, parfois abusive et non contrôlée, peut s’avérer néfaste pour l’environnement côtier. A titre d’exemple, le volume de sable commercialisé de septembre 2004 à fin 2009, tel que déclaré par l’exploitant du dragage d’exploitation entrepris à Mehdia s’est élevé à 1 302 183 m3, soit 32 fois environ la moyenne du transit littoral annuel orienté du Nord vers le Sud25. Ce dragage contribue à la sensibilité de la plage de Mehdia à l’érosion26. Les principales menaces de l’exploitation des gisements de sable offshore sont liées aux aspects biologiques en raison de la présence d’espèces benthiques ou d’espaces protégés, ainsi

25 Benmohammadi A., Labraimi M. (2011) Impacts du dragage d’exploitation sur les fonds littoraux : cas de Mehdia Conférence Méditerranéenne Côtière et Maritime Edition 2, Tanger, Maroc (2011). 26 Hakkou et al. (2015) Perspectives d’optimisation technique de la gouvernance environnementale des activités du dragage du sable marin au Maroc. Bull Inst Sci. n°37, 1–11. Rabat.

76 Diagnostic de la zone SRL RSK

qu’aux aspects de navigation du fait de l’existence de zone de pêche, ou la proximité d’un port.

218. Avant l’adoption de la loi 27-13 sur les carrières en 2015 et d’après le Rapport du MATEE de 2005, 46 carrières étaient autorisées à l’exploitation au niveau de la Province de Kenitra. La commune rurale de Mnasra concentrait à elle seule 38 carrières où l’exploitation se faisait sur les dunes grises et les dunes blanches. Le volume exploité était estimé à 4,4 millions de m3/an. Mais plusieurs carrières étaient illégales que ça soit sur dunes comme à Bahhara Oulad Ayad, Ben Mansour et Mnasra ou sur plage comme à Skhirate.

4.3 La génération de déchets solides et liquides

4.3.1 Déchets solides 4.3.1.1 Taux de collecte des déchets

219. Le taux de collecte de déchets ménagers correspond à un objectif clé du PNDM « Assurer la collecte et le nettoiement des déchets ménagers ». Selon le tableau de bord du PNDM, le taux de collecte enregistré en 2018 au niveau national est de 85,2 % (SEDD, mars 2019). L’objectif fixé étant de 90% pour l’horizon 2022 et 100% pour l’horizon 2030.

220. L’analyse des données du HCP (Annexe A1), relative aux conditions d’habitat27, montre que le taux de la collecte au niveau des communes littorales relevant de la zone SRL, varie en milieu urbain de 8,8 à 99,6 % (la moyenne est de 77,5 %), alors qu’en milieu rural ce taux est très faible car il varie de 0,4 à 62,4 % (la moyenne est de 9,5 %). Cet écart constitue une source de pollution sporadique des déchets qui sont susceptibles d’alimenter le pool « détritus marins ». La figure 34 montre la répartition du taux de collecte de déchets dans les communes concernées par le SRL.

27 http://rgphentableaux.hcp.ma/Default1/

77 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 34 : Taux de collecte des déchets ménagers dans les communes littorales de la zone SRL. (Données compilées par Agreed, 2019).

4.3.1.2 Gisements générés

221. Le gisement déchets est un indicateur de pression, il concerne la génération de déchets dans les communes littorales de la Région RSK. Il est calculé sur la base des : i) données issues du HCP de 2014, ii) informations relatées dans le tableau de bord du PNDM (Département de l’Environnement, mars 2019) et iii) ratios de production des déchets (0,78 Kg/hab/jour en milieu urbain et 0,33 Kg/hab/jour pour les communes rurales28 29).

222. Le gisement total de déchets solides, au niveau des communes littorales relevant de la région de RSK, est de l’ordre de 1 114 051 tonnes/an.

223. L’information sur la production des déchets ménagers des communes relavant des Préfectures de Rabat, Salé et Skhirat-Témara (Rabat, Touarga, Salé, Sidi Bouknadel, Ameur, Skhirate, Harhoura, Temara, Ain Attig, Ain El Aouda, Oum Azza, Sabbah, El Menzeh) a été extraite du tableau de bord du PNDM de mars 2019. Celle des autres communes, a été estimée comme suit :

28 http://fr.le360.ma/economie/dechets-menagers-entre-realisations-et-defis-182809 29 https://lechiffredaffaires.com/monde/grand-maghreb/6327.html

78 Diagnostic de la zone SRL RSK

o En milieu urbain : Population de la Commune (RGPH 2014) x 0,78 Kg/hab./jour ; o En milieu rural : Population de la Commune (RGPH 2014) x 0,33 Kg/hab./jour.

4.3.1.3 Niveau de traitement des déchets

224. La quantité des déchets solides mise dans des Centres d’Enfouissement et de Valorisation (CEV) ou décharges contrôlées est de 928 228 tonnes/an, (Soit 83,3 % du gisement total). Ce taux est dû essentiellement à l’acheminement vers le Centre d’Enfouissement et de Valorisation d’Oumazza de presque tous les déchets produits par les trois grandes préfectures de la Région à savoir : Rabat, Salé et Skhirate-Temara. La quantité des déchets solides mise dans des décharges non-contrôlées ou dans des dépotoirs est estimée à 185 823 tonnes/an (Soit 16,7 %). Ces déchets sont produits par des communes relevant de la Province de Kenitra ; il s’agit de la commune urbaine (Ville de Kenitra) et 12 communes rurales (Mnasra, Bahhara Oulad Ayad, Chouafaa, Ben Mansour, Sidi Mohamed Ben Mansour, Mograne, Sidi Mohamed Lahmar, Lalla Mimouna, , Sidi Allal Tazi, Sidi Boubker El Haj, ). Ainsi, ce gisement de 185 823 tonnes/an constitue une pollution potentielle du littoral et particulièrement pour la ville de Kenitra, dont la décharge est située au niveau de l’embouchure de l’Oued Sebou. Le risque de charriage des déchets vers la mer est imminent. La pression est modérée à élevée.

4.3.2 Génération potentielle des déchets plastiques

225. Si l’on exclut le CEV d’Oumazza qui dispose d’une plateforme de recyclage, les 185 823 tonnes véhiculeront des gisements importants de plastiques et de papier carton : 24 147 tonnes/an de papiers et carton et 13 000 tonnes/an de plastiques. Ce calcul se base sur les moyennes nationales30,31,32. Le risque de charriage de ces détritus vers le milieu marin est probable en cas d’inaction.

226. La quantité de déchets marins répertoriés sur les plages de la zone SRL, selon les résultats récents de surveillance de la qualité du sable des plages (SEDD, 2019)33, est illustrée par la figure 35. On en déduit que la pression est modérée. Ce sont les déchets plastiques et papier-carton qui dominent.

30 Ministère de l’Intérieur/GIZ (2015) Essais de caractérisation des déchets ménagers et assimilés réalisés au Maroc 31 Soudi, B. & H. Chrifi. 2007. Options de gestion des déchets solides municipaux adaptées aux contextes des Pays du Sud (in French) - Options for managing municipal solid waste adapted to the contexts of countries in the South. ENDA Maghreb, ENDA Tiers Monde, Morocco 32 Soudi. B. 2001. Compostage des déchets ménagers et valorisation du compost : Cas des petites et moyennes communes au Maroc 33 SEDD. 2019. Surveillance de la qualité du sable des plages (Édition 2019) : nombre de déchets marins collectés

79 Diagnostic de la zone SRL RSK

Région RSK

Figure 35 : Nombre de déchets marins collectés au niveau de 25 plages des différentes Régions (y compris la Région RSK) de la zone atlantique marocaine (Source : SEDD, 2019)

227. Les décharges publiques non contrôlées constituent une source de pollution non négligeable sur les eaux et les sols. En plus de leur localisation en général à côté des villes et parfois non loin des milieux hydriques (oueds, nappes), elles dégagent des lixiviats qui rejoignent les eaux superficielles ou souterraines selon la géologie du site.

4.3.3 Génération de déchets agricoles

228. Des gisements importants de déchets organiques sont générés dans le périmètre irrigué du Gharb respectivement par la tomate, l’arachide, l’artichaut, les agrumes et les primeurs avec une tendance à la hausse suite à la mise en œuvre du Plan Maroc Vert. Le gisement total des déchets et résidus organiques est d’environ 700 000 tonnes par an. Il sera multiplié par environ 2,30 fois et passera à 1 610 000 tonnes par an à l’horizon 202034.

229. Selon la même source, les principaux déchets inorganiques générés dans la zone irriguée de la région RSK et tout particulièrement dans la zone côtière sont les armatures métalliques des serres et les fils de fer. Ces déchets constituent le gisement le plus marquant de la catégorie des déchets inorganiques au niveau de cette zone avec une valeur actuelle de 18 000 tonnes/an qui accroitra de 1,45 fois en 2020 ce qui générera près de 26 100 tonnes/an. La deuxième catégorie de déchets, montrant une quantité importante, est représentée par les films plastiques des serres, et les plastiques de paillage avec une valeur actuelle d’environ 6 000 tonnes/an. Ce gisement est candidat à un accroissement d’environ 180%, ce qui engendrera 10 800 tonnes/an à l’horizon 2020. Aussi, les déchets des équipements d’irrigation enregistrent une valeur actuelle de 3 500 tonnes/an qui accroitra d’ici 2020, de 3 fois, soit environ 10 500 tonnes/an.

34 Soudi, B. 2014. Étude pour une gestion durable des déchets agricoles dans les périmètres irrigués du Gharb et du Souss- Massa : Diagnostic et recommandations. Pour la Fondation Crédit Agricole du Maroc pour le Développement Durable

80 Diagnostic de la zone SRL RSK

230. Au total, le gisement de déchets inorganiques enregistré en 2014 était de 27 500 tonnes. Il est estimé actuellement à plus de 48 000 tonnes.

231. En absence de filières formelles et organisées de recyclage des déchets inorganiques ou de compostage des déchets organiques, ces déchets constituent une grande menace environnementale. Très souvent, ils sont sporadiquement éliminés dans les forêts de la région ou à proximité des exploitations agricoles.

4.3.4 Eaux usées domestiques

232. Ce domaine est en lien direct avec la cible 6.3 de l’ODD 6 « D’ici à 2030, améliorer la qualité de l’eau en réduisant la pollution, en éliminant l’immersion de déchets et en réduisant au minimum les émissions de produits chimiques et de matières dangereuses, en diminuant de moitié la proportion d’eaux usées non traitées et en augmentant considérablement à l’échelle mondiale le recyclage et la réutilisation sans danger de l’eau ».

233. Le dépouillement des données détaillées sur les dispositifs de traitement des eaux usées sans danger (voir Annexe A2), exploitées à partir du tableau de bord du PNA (SEDD, mars 2019), montre que sur une population de près de 2.9 Millions d'habitants que totalisent les communes littorales de la région RSK, seulement 10% de cette population est non desservie par un dispositif d'épuration (STEP). Il est toutefois important de préciser que le taux de 90%, relatif à la population disposant de STEPs, intègre aussi bien les communes dotées actuellement de STEP que les communes dont les STEPs sont en cours de réalisation ou programmées. Les communes littorales de la région RSK qui sont en attente d'un dispositif de traitement des eaux usées sont les suivantes :

Province/préfecture Commune Mnasra Bahhara Oulad Ayad KENITRA Chouafaa Sidi Mohamed Ben Mansour Sidi Boubker El Haj SALE Ameur Ain Attig Oumazza SKHIRATE-TEMARA Sabbah El Menzeh

234. Ajoutons que le taux de réutilisation est relativement faible et que les normes de rejets sont assez élevées. Cela pourrait impacter la qualité des eaux de surface (les oueds côtiers) lorsque les rejets s’opèrent dans le domaine public hydraulique. La charge

81 Diagnostic de la zone SRL RSK

organique (représentée par la DBO) et les éléments nutritifs (N et P) pourraient atteindre l’eau de mer.

La pression est modérée à mineure dans le moyen terme, tenant compte du rythme soutenu du PNA et de l’avènement du PNAR.

4.4 Les aléas côtiers

235. Face aux pressions qui s’exercent sur le littoral de la région RSK, et en raison de sa fonction organique d’interface terre-mer, la frange côtière est confrontée à différents risques naturels qui peuvent compromettre son développement durable. En effet, les aléas climatiques et météo-marins, à plus ou moins forte intensité et occurrence, peuvent entraîner des catastrophes mettant en péril la sécurité collective et provoquer des dommages directs ou indirects aux populations, aux biens, aux infrastructures, aux écosystèmes naturels et à l’économie. Parmi les aléas naturels, ceux qui menacent le littoral de la Région RSK sont principalement : les inondations des plaines côtières, les submersions marines, l’érosion côtière et les risques de tsunami.

4.4.1 L’Aléa d’inondation

236. Ce sont sans conteste les inondations fluviales par débordement de cours d’eau ou par ruissellement qui constituent les principaux facteurs d’aléas météorologiques, notamment dans les plaines côtières de la région. Le Programme national de prévention des inondations (PNPI), avait déjà recensé en 2002 une trentaine de sites vulnérables aux inondations continentales sur le territoire de la Région RSK.

237. La figure 36 représente la carte de l’aléa inondation dans la zone SRL, avec une période de retour de 50 ans. Les zones inondables sont sans surprise, les zones basses du Gharb qui ont connu et connaissent des inondations récurrentes.

Figure 36: Aléa inondation dans la zone SRL, avec une période de retour de 50 ans (Agreed, 2019).

82 Diagnostic de la zone SRL RSK

Plaine côtière du Sebou

238. Compte tenu de son réseau hydrique, de sa basse altimétrie, de la nature de son sol et de son climat, la plaine du Gharb constitue l’un des principaux bassins soumis au risque d’inondations dans la zone SRL. L’événement pluviométrique exceptionnel mentionné dans les différentes études, et qui constitue l’événement de référence, est la crue historique de 1963 : son débit de pointe en aval a été estimé à 4600 m3/s, avec une période de retour comprise entre 50 et 100 ans.

239. Les crues majeures du Sebou et de ses affluents (1941, 1950, 1963, 1973, 1989, 1996, 2002, 2009, 2010) ont occasionné des dégâts significatifs aux cultures, à l’élevage et aux équipements avec des conséquences très lourdes sur l’économie agricole. Ces crues ont également impacté les zones bâties et nécessité l’évacuation de plusieurs milliers de personnes ; les réseaux de communication ont également été fortement dégradés, altérant le fonctionnement global du territoire.

240. Les figures 37 représentent les risques d’inondation de la plaine du Sebou pour des périodes de retour de 2 (figure gauche) et 20 ans (figure droite)35.

PR 20 PR 2 Pr2 Pr2 Pr2 Pr2

Figure 37: Carte des risques d’inondation au niveau du bassin de Sebou pour des périodes de retour de 2 ans (gauche) et 20 ans (droite). (Source : Banque Mondiale, 2012) Vallée du Bouregreg 241. Les zones en aval de l’oued Bouregreg apparaissent également comme des secteurs très exposés aux inondations avec de forts enjeux économiques et humains (logements, infrastructures, activités…). Près de 1000 hectares sont estimés inondables.

242. Les niveaux d’eaux extrêmes dans la vallée sont la conjonction entre : o Les débits à l’amont (lâchers du barrage SBMA et débits de l’oued Akrech) ; o La marée, les surcotes météorologiques, et l’élévation du niveau de la mer liée au changement climatique.

35 Banque Mondiale, Morocco Natural Hazards Probabilistic Risk Analysis and National Strategy Development, 2012. Flood Hazard Report, 2012, 171p.

83 Diagnostic de la zone SRL RSK

243. Le développement de la construction informelle, sous la pression de l’urbanisation, sur des zones à risques (lits d’oueds, pentes instables, proximité de sites dangereux…) constitue un facteur important d’aggravation de ces risques.

4.4.2 Le risque actuel de submersion marine

244. La côte de la zone SRL est également exposé aux phénomènes de submersion marine par temps de tempêtes, notamment en cas de surcotes marines (Conjonction de marées de vives eaux et de fortes houles de tempêtes), comme ce fût le cas le 6 janvier 2014, lorsque la hauteur maximale des houles avait atteint 13,62 m à la bouée au large de Mohammedia (Figure 38).

Figure 38: Hauteurs significative et directions principales des houles le 6 janvier 2014(Source : Ministère de l’Équipement, du Transport et de la Logistique, 2014)

245. Cette tempête a occasionné des dégâts considérables sur toute la côte atlantique. Celle de la zone SRL n’y a pas échappé. Les infrastructures en front de mer de Salé, Rabat et Skhirate ont été significativement affectées.

246. Le port de Kenitra a subi l’endommagement d'un mur, un ensablement provenant de la plage vers le chenal et l’apparition de brèches au niveau des digues sud et nord du port de Mehdia.

247. Le risque de submersion marine à l’embouchure de l’oued Bouregreg a été estimé lors de l’étude de la Banque mondiale en 201136, sur “Adaptation au changement climatique

36 Banque Mondiale (2011) : Adaptation au changement climatique et aux désastres naturels des villes côtières d’Afrique du Nord

84 Diagnostic de la zone SRL RSK

et aux désastres naturels des villes côtières d’Afrique du Nord”. Cette étude a estimé qu’en termes d’aléa de submersion marine, une surcote à +2,65 m NGM conduirait à la submersion quasi totale de la plage de Rabat et partielle de la plage de Salé ; et elle ajoute que cette submersion n’affecterait pas les équipements et l'urbanisation limitrophe des plages, sauf très ponctuellement si des équipements étaient installés sur la partie basse de la plage.

248. La carte de risque submersion en situation actuelle (Figure 39), issue du croisement de l’aléa submersion et des enjeux, montre que le risque est fort pour la plage de Rabat et moyen pour la plage de Salé.

249. Il convient de rappeler ici que ces estimations ont été faites avant l’installation des nouvelles digues à l’embouchure, et dont le rôle est justement d’atténuer l’énergie et la pénétration des houles à l’intérieur et de protéger les plages.

Figure 39 : Risque de submersion marine au niveau de l’embouchure du Bouregreg. (Banque Mondiale (2011).

4.4.3 Le risque d’érosion côtière

250. La seule étude de risque d’érosion côtière dans la zone SRL, est celle de la Banque mondiale (2011) réalisée pour l’embouchure du Bouregreg, et qui a permis de montrer, en combinant l’aléa et la sensibilité des enjeux, que le risque en situation actuelle est fort sur les deux plages de l'embouchure de la vallée du Bouregreg (Figure 40).

85 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 40 : Risque d’érosion côtière à l’embouchure du Bouregreg (Banque Mondiale, 2011).

4.4.4 Risque de tsunami

251. Le risque de tsunami, qui serait lié à un séisme au large du Maroc, pourrait avoir des conséquences dramatiques sur les côtes marocaines où se concentrent les populations et les enjeux économiques. L’analyse des évènements historiques et du contexte sismotectonique indique une exposition de la côte ouest marocaine au risque de tsunami relativement importante. L’évaluation de ce risque a montré que la zone côtière de la Région est exposée, en raison de sa population dense et de son taux d'urbanisation côtière (Figure 41).

86 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 41 : Indicateurs d'exposition humaine (a), d'exposition urbaine (b) et d'exposition industrielle (c) à la submersion marine par tsunami (scénario type 1755) (Source : Mellas et al. 2012 37).

37 Mellas S et al. 2012 « Le risque tsunamique au Maroc : modélisation et évaluation au moyen d'un premier jeu d'indicateurs d'exposition du littoral atlantique », Physio-Géo, Volume 6 | 2012 http://journals.openedition.org/physio- geo/2589

87 Diagnostic de la zone SRL RSK

252. Une étude, réalisée à partir de la modélisation du scénario de tsunami le plus défavorable (basé sur le séisme historique de Lisbonne de 1755), et de l’exposition des bâtiments dans le littoral de Rabat et Salé, a permis d’évaluer la vulnérabilité de ces derniers face au risque de tsunami38. Les résultats obtenus révèlent que sur environ 9,5 km de zones côtières centrées sur l’oued Bouregreg et 9 km le long de cet oued, 897 bâtiments et maisons de différents types sont situés dans la zone inondable par le tsunami. Les bâtiments les plus vulnérables et qui subiraient des dommages importants sont principalement situés dans l'ancienne médina et le long de la plage de Rabat. La zone urbaine de Salé, principalement l'ancienne Médina, présente un faible risque grâce à sa distance relativement lointaine de la côte et de l’oued et à l'élévation de la zone urbaine, à l’exception des nouveaux bâtiments situés dans la partie plate de la vallée du Bouregreg (Figure 42).

Figure 42 : Distribution spatiale de la vulnérabilité des bâtiments dans la zone côtière potentiellement inondée de Rabat (droite) et Salé (gauche) (1755 Lisbonne Scénario) (Source : Atillah et al. 2011).

38 Atillah et al. 2011: Tsunami vulnerability and damage assessment in the coastal area of Rabat and Salé, Morocco, Nat. Hazards Earth Syst. Sci., 11, 3397-3414, https://doi.org/10.5194/nhess-11-3397-2011.

88 Diagnostic de la zone SRL RSK

253. L’observation et l’analyse des blocs de rochers observés le long de la côte au sud de Rabat (Figure 43 et photos) et pouvant peser plus de 100 tonnes suggèrent qu'ils ont été mis en place récemment, le plus probablement pendant le tsunami de Lisbonne de 1755 après JC.39

Figure 43 : Blocs de rochers observés sur la côte de Rabat et photos de ces rochers sur les plages de Skhirate (à gauche) et Harhoura (à droite) (Source : Mhammdi et al. 2008)

4.4.5 Risques d’instabilité et de glissement de terrain

254. Les versants de la vallée du Bouregreg, constitués de marnes sableuses jaunâtres, de molasses et marnes bleues, associées à de fortes pentes (supérieures à 30% voire 50%), sont des zones à risque de glissements de terrains en période de pluies, en raison de la saturation des sols. Les coteaux de la vallée en amont de Rabat Salé, présentent de nombreux signes d’instabilité en raison de la géomorphologie particulière de la vallée

39 Mhammdi et al., 2008: Large boulders along the Rabat coast (Morocco); possible emplacement by the November 1st, 1755 A.D. Tsunami. Science of Tsunami Hazards, Vol. 27, No. 1, page 17 (2008).

89 Diagnostic de la zone SRL RSK

(pentes abruptes, sols argileux) (Figure 44). Ces glissements menaceraient les constructions actuelles et prévues dans la vallée.

255. En 2010, du fait de la densité limitée de la population et des installations dans la vallée, ces risques étaient évalués avec un niveau faible, mais ils sont catalogués comme risques moyens dans le scénario 203040. En effet, ils pourraient augmenter avec le changement climatique et des pluies torrentielles plus fréquentes.

Figure 44: Carte de la susceptibilité aux mouvements de terrain de la vallée de Bouregreg (Banque Mondiale, 2011).

4.4.6 Risques liés au changement climatique

256. Le littoral, axe socio-économique structurant de la Région, pourrait représenter un handicap dans le cadre de l’élévation du niveau de la mer liée au changement climatique. Les risques pesant sur les espaces côtiers sont nombreux ; les plus significatifs étant la submersion marine, l’érosion côtière et la salinisation des estuaires et aquifères côtiers qui auront inévitablement des conséquences sur les écosystèmes, les ressources en eau, l’agriculture, la population et toute l’économie.

257. L’étude de la Banque mondiale réalisée en 2011 dans la vallée du Bouregrag a montré une certaine vulnérabilité au changement climatique. En effet :

o Les projections futures à l’horizon 2030 (2021-2050) ont été évaluées à l’aide des données de descente d’échelle dynamique issues de 3 modèles du projet européen ENSEMBLES avec le scénario A1B et du modèle de Météo-France ARPEGE-Climat avec

40 Banque mondiale (2012) : Adaptation au changement climatique et aux désastres naturels des villes côtières

90 Diagnostic de la zone SRL RSK

les scénarios A1B, A2 et B1. Les changements sont calculés par rapport à la période de référence (1961-2000). La température annuelle à Rabat augmente à l’horizon 2030 de 1 à 1.3 °C, et les cumuls pluviométriques diminuent de 14 à 29% en hiver, de 3 à 37% en automne et de 5 à 18 % à l’échelle annuelle. Ces projections risquent d’aggraver la situation de stress hydrique dans la Région.

o Les hypothèses associées au changement climatique pourraient entraîner un accroissement du débit de pointe de la crue centennale en aval du barrage SMBA de l’ordre de 17%. Cet accroissement entraînerait une surélévation des niveaux d’eau dans la zone inondable de l’oued Bouregreg variant entre +35 cm en aval du pont Moulay Hassan, entre +20 et +30 cm dans le secteur compris entre le pont ONCF et la voie de contournement. Le niveau d'eau pris en compte à l’horizon 2030 associé à une tempête entrainerait également une remontée du niveau des eaux jusqu'au barrage SMBA (Figure 45). Cette remontée pourrait entrainer une submersion des zones du lit majeur du Bouregreg. La superficie de terrain supplémentaire impactée à l’horizon 2030 par rapport à la situation actuelle est de l’ordre de 105 ha.

258. D’ici 2030, le risque de submersion marine liés à une tempête exceptionnelle de retour centennal s’étendrait au-delà des zones actuellement vulnérables, indiquées en bleu sur la figure 45, pour inclure des zones supplémentaires, indiquées en rouge.

Figure 45: Zones de la vallée du Bouregreg impactées par une surcote marine exceptionnelle en situation actuelle et à l’horizon 2030 (Banque Mondiale, 2011)

259. En ce qui concerne l’embouchure du Bouregreg, le risque de submersion à l’horizon 2030, sous l’effet du changement climatique, peut être considéré comme moyen pour les plages de Rabat et de Salé, en raison des aménagements de protection programmés (Figure 46).

91 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 46 : Risque de submersion marine dans la vallée du Bouregreg à l’horizon 2030, sous l’effet du changement climatique (Banque Mondiale, 2012).

260. La figure 47 résume les principaux risques naturels, dus aux aléas géotechnique, sismique, d’inondation et de submersion dans la vallée du Bouregreg41.

Figure 47 : Carte générale des risques naturels dans la vallée du Bouregreg (Banque Mondiale, 2011)

261. En ce qui concerne la côte de Kenitra, les simulations montrent qu’elle n’est pas non plus protégée contre le risque d'inondation côtière lors de tempêtes extrêmes42 (Figure 48). Les zones les plus vulnérables se situeraient près des embarcadères de l'embouchure du Sebou au sud de l’estuaire (plage de Mehdia) et au nord (plage de

41 Banque Mondiale (2011) Adaptation au changement climatique et aux désastres naturels des villes côtières d’Afrique du Nord. Phase 2 : Plan d’adaptation et de résilience de la Vallée du Bouregreg. Rapport final 42 Hakkou et al. (2019): Assess and mapping the flooding hazards using geospatial tools and empirical model along Kenitra coast, Morocco. Ocean and Coastal Management 163 (2018) 232–239

92 Diagnostic de la zone SRL RSK

Chlihat). L'extension des zones inondées serait comprise entre environ 402 500 m2 et 647 900 m2 pour les niveaux d'eau correspondant à 25 et 100 ans de période de retour, respectivement.

262. Donc en dépit des incertitudes sur la valeur réelle de l’élévation du niveau de la mer dans le futur, celle-ci aura une incidence certaine sur la morphologie côtière des embouchures du Bouregreg et du Sebou.

Figure 48 : Étendue de la submersion marine pour des périodes de retour de 10, 25, 50 et 100 ans respectivement (Hakkou et al. 2019).

263. En ce qui concerne l’érosion côtière, il est évident que l’élévation du niveau marin aura des impacts incontestables sur la morphologie du littoral, avec des conséquences immédiates lors d’évènements extrêmes de tempêtes : les plages sableuses reculeraient en moyenne de 10 à 15 m, ce qui risque d’endommager les infrastructures urbaines du front de mer qui s’en trouveront directement exposées aux fortes houles. Dans les secteurs où le haut de plage est encore à l’état naturel, l’effet du recul sera relativement moins impactant, en raison de l’absence d’enjeux économiques et humains.

264. Les simulations réalisées pour la plage de Mehdia, en utilisant un ensemble de cinq modèles morphodynamiques (3 numériques et 2 analytiques), ont permis d’estimer aussi bien le recul à long terme de la plage, dû à l'élévation du niveau de la mer, que le retrait à court terme dû aux ondes de tempête exceptionnelle43 (Figure 49). Par

93 Diagnostic de la zone SRL RSK

exemple pour le scénario d’élévation du niveau de la mer de 1,5 m, le recul de la plage de Mehdia serait entre 27 et 37 m environ. En tenant compte de l’état actuel de la plage, celle-ci pourrait perdre jusqu’à 50% de sa largeur, et par conséquent de sa capacité d’accueil, augurant de pertes économiques pour le secteur touristique.

Figure 49 : Érosion de la plage de Mehdia (en m en ordonnée) en fonction de différents

scenarios d’élévation du niveau de la mer

(en abscisse) et selon un ensemble de 5 modèles (Bruun, Edelman, Dean, Leont’yev et SBeach) (Kasmi et Snoussi, 2019).

265. Au niveau de l’embouchure de la vallée du Bouregreg, le risque du littoral à l’aléa érosion est considéré comme faible pour les deux plages Rabat et Salé, compte tenu du projet de réalisation de la nouvelle digue nord (Figure 50).

Figure 50 : Risque d’érosion côtière de l’embouchure du Bouregreg à l’horizon 2030, suite aux effets du changement climatique (Banque Mondiale, 2011).

43 Kasmi et Snoussi. Increasing pressures, disappearing beaches and climate change in Morocco. Journal of African Earth Sciences, 2019.

94 Diagnostic de la zone SRL RSK

5. État de l’environnement et Impacts

266. Les activités humaines et le développement économique croissant du littoral de la région RSK ont conduit, à certains endroits, à un fort impact environnemental, visible notamment par la dégradation des eaux et des habitats de certaines zones humides côtières. En effet, les pressions multiples générées créent un certain nombre de « points critiques de pollution », où les rejets et les émissions de contaminants provenant des centres urbains, des complexes agricoles et industriels, impliquent d’importantes perturbations environnementales. L’analyse de l’impact de ces pressions est approfondie dans ce chapitre.

5.1 Qualité des eaux et des sols

267. La qualité moyenne des ressources en eaux apparait aujourd’hui relativement dégradée, avec des impacts multiples sur la santé publique et les écosystèmes, et se traduit souvent par des coûts économiques importants en termes de traitement et de dépollution.

5.1.1 Pollution des eaux continentales

268. Les eaux de surface de l’oued Sebou, sont moyennement à fortement polluées (Figure 51) par les rejets directs d’origine industrielle (papeterie, sucrerie, huileries…) et urbaine, et par des pollutions induites par les dépôts d’ordures et décharges sauvages.

269. La pollution domestique constitue également une problématique majeure de l'environnement de la zone SRL. En effet, le territoire présente des insuffisances en matière de raccordement au réseau public d'assainissement. L’embouchure de l’oued Sebou, en particulier, draine tous les rejets domestiques, industriels et agricoles des villes de Fès, de Meknès, de Sidi Kacem, de Sidi Slimane et de Kenitra. L’Oued Sebou et ses affluents sont d’ailleurs aujourd’hui considérés comme parmi les oueds les plus pollués du Maroc. Les eaux du cours aval de l’oued Cherrat sont aussi fortement polluées par les industries environnantes.

270. Les eaux du barrage Sidi Mohamed Benabdallah sur le Bourgreg ont également été impactées par un surplus de rejets d’eaux usées provenant des centres pénitentiaires El Arjat 1 et El Arjat 2, mais depuis ces centres disposent maintenant de Step (celle de Arjat 1 est en cours de mise à niveau). Ainsi, les eaux usées provenant de ces centres sont traités (traitement tertiaire) avant d’être rejetés. Au niveau du déversoir du barrage, les eaux du Bouregreg restent généralement non utilisables, à cause des rejets liquides ménagers et industriels.

95 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 51 : État de la qualité des eaux de surface dans le bassin du Sebou (Agence du Bassin Hydraulique du Sebou, 2011).

271. La qualité des eaux souterraines (Figure 52) est également fortement impactée localement par les pollutions d’origine agricole (engrais, pesticides) et par les rejets des eaux usées domestiques dans des puits perdus, en l’absence de système de collecte. Environ 53% des points d’eau surveillés présentent une qualité dégradée.

Figure 52 : Qualité des eaux souterraines dans la zone SRL et dans l’ensemble du bassin du Sebou (Carte Agreed d’après les données de l’Agence du Bassin Hydraulique du Sebou de 2011)

272. L'activité agricole, assez développée dans la plaine du Gharb, induit une pollution des eaux souterraines qui se manifeste notamment par l'augmentation de la teneur en nitrates, posant des risques sanitaires. En effet, la forte intensification agricole de cette plaine, basée sur l'irrigation et l'apport massif d'intrants chimiques, notamment d'engrais azotés, sont à l’origine de la détérioration continue des aquifères côtiers. L’exemple de la pollution agro-chimique de Merja Zerga et celui de la nappe de Mnasra, entre autres, sont édifiants à ce sujet.

96 Diagnostic de la zone SRL RSK

Pollution de la nappe de Mnasra

273. La nappe de Mnasra représente la quasi-totalité des ressources en eau actuellement mobilisées et joue un rôle prépondérant dans le développement socio-économique de la zone SRL. Elle constitue la principale ressource pour l’approvisionnement en eau potable de la population et permet le développement d’une irrigation dynamique sur une superficie de l’ordre de 40 579 ha. Cette agriculture intensive est à l’origine d’une pollution nitrique critique de la nappe qui fait que la concentration en nitrates dépasse très souvent la norme de potabilité. La figure 53 illustre la répartition de la teneur en nitrates dans la zone côtière (Mnasra) et dans le reste de la plaine du Gharb (selon SCET, Maroc pour le Département de l’Environnement, 1999).

Figure 53 : Répartition de la teneur en nitrates dans les nappes de la plaine du Gharb (selon SCET Maroc pour le Département de l’Environnement, 1999).

274. Le suivi de la pollution nitrique de la nappe côtière de Mnasra, par l'Office Régional de Mise en Valeur Agricole du Gharb (ORMVAG) depuis 1993, a fait l’objet de nombreux travaux scientifiques qui ont révélé que les concentrations des nitrates ont fortement augmenté et que la superficie où la teneur des eaux en nitrates est supérieure à 250 mg/l, est passée de 12 à 52 %. Selon Batchi et al. (2017)44, la carte de vulnérabilité à la pollution obtenue par la méthode DRASTIC (Figure 54) montre que les zones de forte vulnérabilité occupent 57 % de la zone d'étude (278 km2). Celles-ci correspondent aux cordons dunaires sableux et aux dunes intérieures couvertes de sables remaniés récemment. Les eaux y sont peu profondes, les pentes faibles et les matériaux très perméables. Les zones de faible vulnérabilité ne représentent que 19 % du terrain d'étude (93,2 km2). Elles correspondent aux anciennes merjas, secteurs où les sols, argileux, sont peu perméables.

44 M. Batchi, J. Al Karkouri, I. Fenjiro Et M. El Maaqili (2017) Étude comparative de deux modèles (DRASTIC et SI) pour l'évaluation de la sensibilité de la nappe phréatique de Mnasra (Maroc nord-occidental) à la pollution d'origine agricole. Physio-Géo Volume 11 | 2017 : Varia 2017

97 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 54 : Carte de vulnérabilité à la pollution des eaux souterraines obtenue par la méthode DRASTIC.

(Source : Batchi et al. 2017)

275. La nappe de Mnasra est également menacée par la contamination par les pesticides (ORMVAG 2010). Des concentrations dépassant la limite admissible45 ont été relevées dans la nappe du Gharb au niveau de Souk Tlet (El Gueddari, 1998 et El Abidi, 2008)46.

276. Les nappes souterraines de Temara, Shoul et Maâmora sont également de mauvaise qualité, en raison notamment de la pollution par les nitrates.

277. Cette pollution est croissante selon le diagnostic effectué par Soudi (2016)47. En effet, les quantités d’engrais azotés consommées sont de 27 110 tonnes pour le bassin de Sebou et de 4 909 tonnes pour le bassin de Bouregreg. Sur la base du ratio de

45 La valeur maximale admissible est de 0,1 µg/l par matière active et de 0,5 µg/l pour la somme des concentrations des matières actives dans les ressources en eau 46 El Gueddari Z. (1998). "L'impact de l'industrie agricole sur l'eau et l'environnement de la région du Gharb. Thèse présentée pour répondre aux exigences partielles de la maîtrise en études de l’environnement Faculté des études supérieures et de la recherche." Campus de Moncton, Université de Moncton. 47 Soudi, B. 2016. Rapport de diagnostic pour l’élaboration du manuel de bonnes pratiques agricoles préservatrices de la qualité des eaux. Pour le Département de l’Eau/DRPE.

98 Diagnostic de la zone SRL RSK

délivrance à la nappe estimé à 10%, les deux bassins envoient respectivement à la nappe 2 711 et 491 tonnes par an. La délivrance de phosphore vers les eaux de surface est aussi importante, évaluée à 3% du tonnage consommé (17 042 tonnes/an pour le Sebou et 7 085 tonnes/an pour le Bouregreg), elle serait de 511 tonnes/an et 319 tonnes/an pour le Sebou et le Bouregreg respectivement. Cette pollution du Sebou représente un risque élevé d’eutrophisation des eaux de surface et de la Merja Zerga.

278. La délivrance des pesticides est estimée à : o Sebou : 40 tonnes/an par ruissellement et érosion et 48 tonnes/an par lixiviation ; o Bouregreg : 16 tonnes/an par ruissellement et érosion et 19 tonnes/an par lixiviation.

279. Une étude cartographique réalisée par Amharref et al. (2007) montre la grande vulnérabilité et le grand risque de pollution de la nappe du Gharb par les pesticides (Figure 55). La partie nord-ouest de la nappe, qui fait partie de la zone SRL, affiche une vulnérabilité forte à très forte, voire même localement une vulnérabilité extrême.

Figure 55: Vulnérabilité intrinsèque de la nappe superficielle de la plaine du Gharb (Source Amharref et Bernoussi 2007).

5.1.2 Niveaux d’Impacts des déchets solides et des eaux usées domestiques sur le littoral RSK

280. Sur la base des données relatives à l’assainissement liquide et la gestion des déchets ménagers dans les principales communes de la zone SRL, nous distinguons deux catégories d’impacts potentiels : i) impact des rejets des eaux usées sur la qualité des

99 Diagnostic de la zone SRL RSK

eaux de surface et de la mer en termes de pollution organique et d’eutrophisation et ii) impact des déchets non traités ou non acheminés vers des systèmes d’élimination- recyclage sécurisés. Trois niveaux d’impact sont considérés et illustrés dans le tableau 13 : impact majeur, impact modéré et impact mineur. Ces impacts (Figure 56) se manifestent par la perte de la biodiversité, la désoxygénation des eaux de surface et de la mer, et l’augmentation des détritus marins.

Figure 56: Impacts des déchets solides et des eaux usées domestiques dans la zone SRL. (Agreed, 2019)

281. Au niveau de la décharge d’Oum Azza, la problématique des lixiviats a pris récemment une ampleur importante. On enregistre en fin décembre 2018, un volume total de 300.000 m3 de lixiviats qui sont stockés dans 6 bassins du site de la décharge. Ces lixiviats ont des impacts considérables sur l’environnement et le cadre de vie des populations. En effet, en plus de leur impact négatif sur les ressources en eaux souterraines, les lixiviats dégagent des odeurs nauséabondes, ce qui pose un sérieux problème de qualité de l’air des zones avoisinantes. Pour pallier à ce problème, l’appel d’offres d’un nouveau cahier des charges a été récemment lancé, et des essais préliminaires ont également été initiées. Par ailleurs, une étude a été commanditée par le Département de l’eau pour évaluer les impacts des décharges sur l’environnement au niveau national.

282. C’est ainsi que malgré les avancées en termes d’installation de stations d’épuration, le littoral de la zone RSK est encore confronté, à certains endroits, à un retard en matière d’assainissement liquide et solide qui ne permet pas une maitrise totale des émissions d’eaux usées et des déchets ménagers.

100 Diagnostic de la zone SRL RSK

Tableau 13: Niveau d’impacts des déchets solides et des eaux usées domestiques sur le littoral RSK (Agreed, 2019)

Niveau d’impact lié aux rejets des eaux usées Estimation domestiques Préfecture/ Procédé du volume STEP Population Opérateur  Pollution organique (DBO) Province d’épuration produit (m3/j)  Eutrophisation par les éléments nutritifs (N,P) STEP réalisées Rabat + Harhoura + Prétraitement + Rabat 902 766 61 388 Mineur Témara+ Touarga Emissaire en mer Redal (Concessionnaire) Skhirate-Témara Skhirate 59 757 Lagunage naturel 3 107 Mineur STEP en cours de réalisation Kénitra Kénitra+Mehdia+ Sidi Taibi 513 367 Boues activées Régie (RAK) 34 900 Modéré Skhirate-Témara Ain El Aouda 49 816 Boues activées ONEE 2 590 Modéré STEP programmées My Bousselham 26 608 - ONEE 1 384 Modéré Ben Mansour 43 822 - ONEE 2 279 Modéré Mograne 31 292 - ONEE 1 627 Modéré Sidi Mohamed Lahmar 42 637 - ONEE 2 217 Modéré Kénitra Lalla Mimouna 29 479 Lagunage naturel ONEE 1 533 Modéré Oulad Slama 19 488 - ONEE 1 013 Modéré Sidi Allal Tazi 18 055 - ONEE 939 Modéré Souk Tlet El Gharb 22 554 - ONEE 1 173 Modéré Salé Salé+ Sidi Bouknadel 935 573 Prétraitement + Redal 63 619 Modéré

101 Diagnostic de la zone SRL RSK

Niveau d’impact lié aux rejets des eaux usées Estimation domestiques Préfecture/ Procédé du volume STEP Population Opérateur  Pollution organique (DBO) Province d’épuration produit (m3/j)  Eutrophisation par les éléments nutritifs (N,P) Emissaire en mer Sidi Kacem Sidi Al Kamel 30 199 - ONEE 1 570 Modéré Communes non dotées de STEP Mnasra 34 429 - 1 790 Majeur Bahhara Oulad Ayad 31 860 - 1 657 Majeur Chouafaa 18 436 - 959 Majeur Kénitra Sidi Mohamed Ben Majeur 19 237 - 1 000 Mansour Sidi Boubker El Haj 19 327 - 1 005 Majeur Salé Ameur 46 590 2 422 Majeur Ain Attig 25 078 1 304 Majeur Oum Azza 57 790 3 005 Majeur Skhirate-Témara Sabbah 15 029 721 Majeur El Menzeh 6 197 297 Majeur

Tableau 14: Niveau d’impact lié aux déchets ménagers (Agreed, 2019)

102 Diagnostic de la zone SRL RSK

Niveau d’impact lié aux déchets Estimation Quantité de ménagers des déchets Province déchets ménagers  Détérioration de la qualité des Communes concernées Population Consistance du CEV ménagers collectée et eaux de surface produits mise en CEV  Augmentation des détritus (T/an) (T/an) marins Centres d’enfouissement et de valorisation (CEV) réalisés Rabat Mineur Touarga Mineur Salé Mineur Sidi Bouknadel Mineur

Ameur CEV d’Oum Azza : Mineur Skhirate  Aménagement des casiers Mineur Skhirate- Harhoura 2 011 041 912 500  Création des bassins de lixiviats et Mineur Témara traitement. Temara  Construction du Centre de tri Mineur Ain Attig  Production d’énergie Mineur Ain El Aouda Mineur Oumazza Mineur Sabbah Mineur El Menzeh Mineur CEV en cours de lancement et programmés en 2019  Aménagement des casiers Kénitra+Mehdia+ Sidi Kénitra 513 367 146 000  Création des bassins lixiviats Modéré Taibi  Construction des locaux

103 Diagnostic de la zone SRL RSK

Décharges sauvages réhabilitées  Réhabilitation : remodelage, Moulay Bousselham 26 608 7575 enfouissement des déchets. Modéré  Aménagement d’un casier Kénitra  Réhabilitation : remodelage, Mehdia 28 636 8153 enfouissement des déchets. Modéré  Aménagement d’un casier Décharges sauvages Mnasra 34 429 4146 Majeur BahharaOuladAyad 31 860 3838 Majeur Chouafaa 18 436 2221 Majeur Ben Mansour 43 822 5278 Majeur Sidi Mohamed Ben Majeur 19 237 2317 Mansour

Kénitra Mograne 31 292 3769 Majeur Sidi Mohamed Lahmar 42 637 5136 Majeur LallaMimouna 29 479 3551 Majeur OuladSlama 19 488 2347 Majeur Sidi Allal Tazi 18 055 2175 Majeur Sidi Boubker El Haj 19 327 2328 Majeur Souk Tlet El Gharb 22 554 2717 Majeur

104 Diagnostic de la zone SRL RSK

5.1.3 Qualité des eaux marines et de baignade

283. Les rejets des eaux usées et des déchets solides, qu’ils soient directs sur les plages, ou véhiculés par les réseaux hydrographiques du Sebou, Bouregreg, et leurs affluents, ainsi que par les oueds Ykem et Cherrat, constituent une réelle menace pour la qualité des eaux de baignade des plages situées non loin des embouchures de ces oueds dans la frange littorale de la Région RSK.

Tableau 15: Évolution de la qualité des eaux baignades des plages du littoral de la Région RSK depuis le début des campagnes de surveillance (Source : SEDD, 2019)48.

Plage 06- 07- 08- 09- 10- 11- 12- 13- 14- 15- 16- 17- 18- 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 My Bousselham Mehdia Sidi Boughaba Les Nations Salé Rabat Harhoura Guy-Ville Temara Contrebandiers Sable d’Or Sid El Abed Val d’Or Petit Val d’Or

Aïn BonneAttig qualité (A) Qualité moyenne (B) Momentanément polluées (C) Qasba1Mauvaise (Rose qualité (D) Marie) Qasba 2 (Jouhara) Skhirat Amphitrite

284. La qualité des eaux de baignade des 18 plages du littoral RSK, intégrées dans le programme de surveillance de la qualité des eaux de baignade, suivi par le Laboratoire

48 SEDD: Surveillance de la qualité des eaux baignade des plages du Royaume. Rapport National, 2019

Diagnostic de la zone SRL RSK

105 Diagnostic de la zone SRL RSK

National d’Études et de Surveillance de la Pollution49 (LNESP/SEDD), est présenté dans le tableau 14. Depuis le début des campagnes de surveillance, la qualité est en général bonne à moyenne, à l’exception d’une station à Rabat dont les eaux étaient de mauvaise qualité en 2006-2007, mais qui a depuis évolué vers une qualité moyenne. On peut également noter que ce sont les plages de Rabat, Salé, et même Harhoura, qui affichent des qualités moyennes stables sur plusieurs saisons.

285. La station de prétraitement des eaux usées de Rabat-Témara est dimensionnée pour traiter 6m3/s d'eaux usées en temps sec et 11ml/s en période pluviale. Les ouvrages de prétraitement permettent l'élimination d’une douzaine de tonnes par jour de matières solides transportés par les eaux usées issues des agglomérations des villes de Rabat et Témara. A priori, et tant que des projets de réutilisation des eaux usées rejetées en mer ne se sont pas encore concrétisés, cette station opérationnelle permet de dépolluer le tronçon du littoral de Rabat, Salé, Témara, Harhoura et Ain Attiq, en évitant les rejets directs des usées brutes en mer. Le dispositif de prétraitement et de rejet est composé de : i) système d'intercepteurs, ii) Émissaire en mer par lequel ces eaux traitées sont évacuées à 2 km au large de la côte atlantique et iii) station de prétraitement permettant de réaliser des traitements physiques préliminaires avant le rejet des eaux traitées dans le milieu naturel via l'émissaire en mer. Il est unanimement admis que ce système de dépollution permet de préserver l'environnement de l’écosystème côtier et fluviatile, de valoriser la façade côtière et les oueds et d'améliorer la qualité des eaux de baignade. En effet, il privilégie le pouvoir auto-épurateur de l'océan, à travers la construction d'un émissaire en mer précédé d'un prétraitement.

286. Des mesures ont été aussi préconisées pour l’atténuation des impacts résiduels (odeur, bruit et aspect visuel). Il s’agit notamment de mettre en place des conduites de refoulement en béton, des ouvrages de relevage et de traitement confinés dans un bâtiment fermé avec un système d’aspiration associé à un traitement biologique. Pour l’aspect visuel, les ouvrages sont construits dans des bâtiments semi enterrés, tandis que l'intégration paysagère a été soigneusement étudiée afin d'intégrer le projet de façon harmonieuse au contexte du site.

287. Une autre source de pollution des eaux marines et côtières est liée aux activités maritimes, notamment portuaires et de pêche. En effet, le déballastage des navires, les accidents éventuels en mer et les points de débarquement des poissons contribuent également à la pollution des eaux côtières.

288. Il n’y a pas de réseau de suivi de la qualité des eaux côtières à l’instar de celui de la Méditerranée à travers le programme MedPol. Il faudra à ce titre veiller à intégrer des stations de mesure au niveau des hot-pots de pollution sur la zone SRL dans le futur programme AtPol.

49 La classification de la qualité des eaux de baignade est faite conformément à la norme Marocaine (03.7.200) et les normes internationales et les directives de l'Organisation Mondiale de la Santé applicables à la surveillance sanitaire des eaux de baignade.

Diagnostic de la zone SRL RSK

106 Diagnostic de la zone SRL RSK

5.2 Qualité de l’air

289. La pollution atmosphérique dans les agglomérations urbaines est devenue un problème d’environnement et de santé publique de plus en plus préoccupant. L’amélioration de la qualité de l’air s’impose donc comme une priorité de la politique nationale en matière de gestion de l’environnement. Dans ce cadre, les pouvoirs publics ont procédé à la promulgation de la loi n° 13-03 du 12 mai 2003 relative à la lutte contre la pollution de l’air et préparent des décrets fixant d’une part les valeurs limites des émissions polluantes dans l’air émanant de sources de pollution fixes et les modalités de contrôle de ces émissions et d’autre part les valeurs limites des émissions polluantes dans l’air émanant de sources mobiles (normes EURO 3 à partir du 1er janvier 2010).

290. Parallèlement, le Ministère chargé de l’Environnement a adopté une stratégie pour la réalisation des cadastres des émissions atmosphériques dans les grandes villes du Royaume. Ces derniers permettront non seulement de dresser un état des lieux de la pollution atmosphérique dans ces villes, sa répartition et ses origines, mais aussi de prévoir l’évolution de cette pollution à moyen terme et de proposer un plan d’actions et de mesures de réduction de cette pollution.

291. La dynamique de développement soutenue de la Région RSK a permis certes de développer le tissu productif, de générer d’importantes opportunités d’emploi, mais au détriment de la qualité de l’environnement et particulièrement celle de l’air. L’axe Temara-Kenitra est le plus densément peuplé et celui qui compte le plus de zones industrielles et autres entités emettrices de polluants atmosphériques. La qualité de l’air y a été évaluée à partir de l’exploitation des quelques données disponibles, relevées à la seule station de mesures opérationnelle installée au niveau de la ville de Salé pour l’année 2016. Il faut en plus signaler que cette station n’a pas fonctionné durant l’ensemble de la période de mesures. Par conséquent l’évaluation annuelle qui en est déduite est entachée de beaucoup d’erreurs.

292. D’après le Rapport régional de la qualité de l’air dans la Région RSK50, l’évaluation de 2016 a porté sur cinq polluants : le dioxyde d’azote (NO2), le dioxyde de soufre (SO2), les matières particulaires en suspension (PM10), l’ozone (O3) et le monoxyde de carbone (CO), et a révélé que l’état de la qualité de l’air au niveau de Salé, montre quelques dépassements par rapport aux valeurs limites, et deux polluants (NO2 et O3) présentent des dépassements des seuils d’information et d’alerte.

293. Par ailleurs, le cadastre des émissions atmosphériques réalisées par le SEDD dans la Région RSK, à travers des campagnes de mesures par tubes passifs, durant la période

50 SEDD (2018) : Etude relative à la surveillance de la qualité de l’air. Mission 1 Rapport régional de la qualité de l’air- Région Rabat-Salé-Kenitra.

Diagnostic de la zone SRL RSK

107 Diagnostic de la zone SRL RSK

2010-2012 au niveau des villes de Rabat, Salé et Temara51 et des provinces de Kenitra, Sidi Kacem et Sidi Slimane en 201352, ont montré les résultats suivants :

5.2.1 Pollution atmosphérique des villes de Rabat, Salé et Temara

294. Les moyennes annuelles des dioxydes d’azote (NOx) et du monoxyde de carbone (CO) montrent un dépassement par rapport aux valeurs limites pour la protection de la santé et pour la protection de la végétation. La pollution au NOx est importante au niveau des zones urbaines et des zones industrielles et celle de CO montre les concentrations les plus élevées au niveau des zones résidentielles et le long des axes routiers structurants (Figure 57). Par contre les valeurs de SO2 et PM10 sont largement inférieures aux valeurs limites pour la protection de la santé et la végétation.

Figure 57 : Concentrations moyennes annuelles de NOx (gauche) et CO (droite) en 2010 dans les villes de Rabat, Salé et Temara (SEDD, 2018).

295. Les différentes sources de ces pollutions sont classées en trois catégories :

o Les grandes sources ponctuelles (GSP) : Ce sont généralement de grands établissements industriels dont les émissions sont bien identifiées (Cimenterie, centrale thermique, complexe industriel de production d’engrais phosphatés, décharges sauvages, etc.). Un aéroport ou différentes parties d’une zone portuaire peuvent également être considérées comme des grandes sources ponctuelles ; o Les grandes sources linéaires (GSL) : Ce sont les grands axes routiers avec un trafic important (autoroutes par exemple). Le trafic est généralement connu grâce à des comptages permanents ou périodiques ; o Les sources surfaciques (SOS) : Ce sont des sources de rejet qui ne peuvent pas être individualisées ; par exemple des petites installations industrielles, des activités

51 Ministère délégué auprès du Ministre de l’Énergie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, chargé de l'Environnement (2011) : Étude du cadastre des émissions atmosphériques des villes de Rabat, Salé et Temara. Phase 2 : Inventaire des émissions atmosphériques 52 Ministère délégué auprès du Ministre de l’Énergie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, chargé de l'Environnement (2016) : Étude sur le cadastre des émissions atmosphériques au niveau des provinces de Kenitra, Sidi Slimane et Sidi Kacem. Phase II : Inventaire des émissions atmosphériques

Diagnostic de la zone SRL RSK

108 Diagnostic de la zone SRL RSK

artisanales, des activités domestiques (chauffage), des activités de loisirs, le trafic sur le réseau routier secondaire, les zones agricoles, les zones forestières, etc.

296. La figure 58 présente la synthèse des émissions ainsi que le poids respectif des différents types de sources dans les villes de Rabat, Salé et Temara.

Figure 58: Répartition des émissions selon les catégories des sources à Rabat, Salé et Temara

297. Il apparait ainsi que pour le SO2 et le CO2, le poids des grandes sources ponctuelles (GSP) est prépondérant (avec 50% et plus). Pour les particules (PM10), les composés organiques volatils non méthaniques (COVNM), NOx et CO, les sources d’origine surfacique représentent la source prépondérante, avec une contribution à l’ensemble des émissions comprises entre 81% et 86%.

5.2.2 Pollution atmosphérique dans la province de Kenitra

298. Les moyennes annuelles des dioxydes d’azote (NOx) montrent là aussi un dépassement par rapport aux valeurs limites pour la protection de la santé et pour la protection de la végétation. La cartographie de dispersion de cette pollution est importante sur la ville de Kenitra au niveau des zones caractérisées par un trafic routier très dense (Figure 59A).

299. Les moyennes annuelles de SO2 sont également supérieures aux valeurs limites pour la protection des écosystèmes, notamment dans la partie Nord-Est de la ville de Kenitra (Figure 59B), au niveau de la centrale thermique, de la fonderie du Gharb et de la Compagnie Marocaine des Cartons et des Papiers.

300. Les concentrations en matières particulaires en suspension (PM10) et en monoxyde de carbone (CO) sont inférieures à la valeur limite pour la protection de la santé (Figures 59 C et D).

Diagnostic de la zone SRL RSK

109 Diagnostic de la zone SRL RSK

A B

C D

Figure 59 : Moyennes annuelles des concentrations en NOx (A), SO2 (B), PM10 (C) et CO (D).

301. Le cadastre régional des émissions atmosphériques au niveau des provinces de Kenitra, Sidi Kacem et Sidi Slimane53, donne par ailleurs une évaluation des quantités des principaux polluants émises par les sources fixes (secteurs industriels, tertiaires et résidentiel, décharges, agriculture, carrières, etc., et par les sources mobiles (trafic routier) identifiées dans ces provinces et en particulier celle de Kenitra :

o En termes de quantités de polluants émises dans l’atmosphère, toutes sources d’émissions confondues, on trouve en premier le dioxyde de carbone (CO2). Les émissions annuelles des autres polluants sont plus faibles ; o La quasi-totalité des émissions de SO2 provient du secteur de l’industrie. De même, ce secteur est la principale source d’émissions des poussières (90%), de CO2 (59%) et des métaux lourds (Plomb : 55% et Cadmium : 78%). Le secteur du transport routier génère les quantités les plus importantes des émissions de NOx (55%), CO (51%) et Benzène (92%) ; o La majorité des émissions de COVNM provient du secteur forestier (42%) et des cultures (33%). Les activités d’élevage sont les principales sources d’émission du CH4 (65%). Le secteur résidentiel tertiaire est responsable de faibles quantités d’émissions des polluants considérés (20%).

302. En résumé, on peut dire que bien que les données soient incomplètes et parfois approximatives à l’échelle annuelle, les campagnes de mesures et les cadastres atmosphériques donnent néanmoins des informations précieuses sur la qualité de l’air dans la zone SRL. Il en ressort que dans les villes de Rabat, Salé et Temara, ce sont les polluants NOx et CO, émis par les zones urbaines, les zones industrielles et le long des

53 Ministère délégué auprès du Ministre de l’Énergie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, chargé de l'Environnement (2016) : Étude sur le cadastre des émissions atmosphériques au niveau des provinces de Kenitra, Sidi Slimane et Sidi Kacem. Phase II : Inventaire des émissions atmosphériques

Diagnostic de la zone SRL RSK

110 Diagnostic de la zone SRL RSK

axes routiers structurants, qui dépassement les valeurs limites pour la protection de la santé et la végétation. A Kenitra où le secteur industriel est plus développé, le SO2 s’ajoute à ces polluants et montre également un dépassement des valeurs limites. Au vu de la dynamique de développement que connaît la zone SRL, il est impératif d’intégrer la lutte contre cette pollution dans les enjeux de la zone, mais d’abord de renforcer le réseau de surveillance de la qualité de l’air au niveau de toute cette zone, afin de disposer de données fiables pouvant servir à proposer des mesures d’amélioration.

5.3 État environnemental des zones humides côtières

303. Outre les multiples formes de pollution, d’autres pressions pèsent sur les écosystèmes côtiers de la Région RSK, compromettant leur bon état écologique et leur durabilité : Pression foncière de l’urbanisation, consommation de l’espace, mitage, surexploitation des ressources naturelles (halieutiques, bois, sable, …), fréquentation abusive, surpâturage…

304. Au niveau de certains secteurs littoraux, des projets d’aménagement d’envergure pourraient hypothéquer l’avenir de ces réservoirs de la biodiversité, s’ils ne sont pas réalisés avec une vision intégrée et concertée. En effet, la combinaison de pressions multiples peut exacerber l’ampleur des impacts individuels ou engendrer des perturbations qui pourraient dépasser le seuil de résilience des écosystèmes.

305. Ce sont surtout les SIBEs de Merja Zerga et de Sidi Boughaba qui sont soumis à plusieurs contraintes et menaces mises en évidence par la Direction Régionale des Eaux et Forêts et de la Lutte Contre la Désertification du Nord-Ouest, dans le cadre des études réalisées pour l'élaboration de Plans d’Aménagement et de Gestion Intégrée pour ces deux sites54,55.

5.3.1 Merja Zerga

306. Le diagnostic de l’étude lancée par la Direction Régionale des Eaux et Forêts et de la Lutte Contre la Désertification du Nord-Ouest pour l'élaboration d'un Plan d’Aménagement et de Gestion Intégrée et concertée de la Merja Zerga, a montré que bien que son état soit encore favorable, ce site naturel subit d’importantes modifications des processus écologiques. Les activités anthropiques de plus en plus croissantes ont des impacts négatifs indéniables et tangibles sur la lagune. On peut citer entre autres la destruction de la végétation naturelle (la bande de jonçaie), pour l’extension des zones agricoles, le braconnage et le ramassage anarchique des produits de la lagune, la fragmentation des habitats, les activités touristiques et balnéaires de masse durant la période estivale, etc.

54 HCEFLCD (2018) : Étude pour l’élaboration d’un Plan d’Aménagement et de Gestion Intégré et concerté de la Merja Zerga. 55 HCEFLCD (2016) : Étude pour l’élaboration d’un Plan d’Aménagement et de Gestion Intégré de la Reserve Biologique de Sidi Boughaba. Commune Urbaine Mehdia et Commune Rurale Sidi Taibi, Province Kenitra.

Diagnostic de la zone SRL RSK

111 Diagnostic de la zone SRL RSK

307. Mais, c’est particulièrement l'intensification de l'agriculture par l’irrigation et l’usage de produits phytosanitaires au niveau de la région, qui, s’ils ont contribué de façon significative à l’augmentation de la production agricole, sont en revanche en partie responsables de la pollution diffuse et de la détérioration de la qualité des eaux de l’écosystème lagunaire. Plusieurs études ont montré la présence de teneurs élevées de pesticides dans les eaux et les sédiments de la lagune de Moulay Bousselham (Mehdaoui et al. 2000 ; ORMVAG, 2007 ; Ayadi-Hajji, 2013). La force motrice à l’origine de cette pollution est l’occupation des sols dans le bassin versant de la Merja, illustrée par la figure 60.

Figure 60 : Carte d’occupation du sol du bassin versant de la Merja Zerga (Source : Ayadi H. et al., 2013)56.

308. La Merja Zerga reçoit en effet les eaux du bassin versant par deux voies principales : i) l’Oued Drader au nord-est qui draine un sous-bassin versant de 318 km2 et ii) le canal artificiel de Nador, débouchant dans la partie sud de la Merja, alimenté par plusieurs groupes d’assainissement en rive droite du Sebou (groupe de l’oued Mda, groupes de Madegh et de la Merja Merktane (ORMVAG 2010))57. Selon Taky (2008)58, le mode d’exploitation du réseau d’assainissement a montré qu’il s’agit d’un réseau enchevêtré,

56 Ayadi H., Marjorie Le Bars M., Le Grusse Ph., Mandart E., Fabre J., Bouaziz A., Bord J-P. (2013). "SimPhy: a simulation game to lessen the impact of phytosanitaries on health and the environment - The case of Merja Zerga in Morocco". Environmental Science and Pollution Research, ESPR-D-13-00311R2. 57 ORMVAG (2010). Eude de la faisabilité de l’aménagement hydro-agricole de la zone côtière de la troisième tranche d’irrigation du Gharb. Mission 1: Diagnostic de la situation actuelle, 2010 Doc n°1367 -S1231 -10c Marché n° 53/2009/DAM Edition définitive : décembre, 2010 Maroc. 58 Taky A. (2008). "Maitrise des excès d'eau hivernaux et de l'irrigation et leurs conséquences sur la productivité de la betterave sucrière dans le périmètre irrigue du Gharb (Maroc). Analyse expérimentale et modélisation."Thèse de doctorat, AgroParisTech (12/12/2008), http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00397822.

Diagnostic de la zone SRL RSK

112 Diagnostic de la zone SRL RSK

avec une dépendance fonctionnelle de l’aval vers l’amont, composé des colatures quaternaires qui recueillent les excédents d’eaux au niveau des parcelles des agriculteurs avant de rejoindre la lagune de Merja Zerga. A moyen terme, le plus grand défi pour préserver cette lagune côtière et ses services écosystémiques, serait le besoin de contrôler de développement de l’agriculture moderne tout en assurant le développement durable de l’économie locale.

309. Toutes ces pratiques ont entrainé une perturbation du fonctionnement global du site et/ou de ses habitats, voire parfois leur disparition. Le détail des impacts potentiels générés par les activités humaines de la région est présenté dans le tableau 15.

Tableau 16: Synthèse des contraintes anthropiques et leur impact potentiel sur la Zone humide de Merja Zerga (D’après HCEFLCD (2018) : Étude pour l’élaboration d’un Plan d’Aménagement et de Gestion Intégré et concerté de la Merja Zerga).

Menaces et Contraintes anthropiques Impacts potentiels

Agriculture : Baisse du niveau de la nappe phréatique, salinisation, Extension des périmètres d’irrigation, Polluants agricoles (engrais, pesticides) Surexploitation des ressources en eau, creusement incontrôlé des puits, Pompage Eutrophisation et contamination des eaux et des excessif de l’eau, utilisation de produits sédiments de la Merja phytosanitaires et de fertilisants. Réduction des habitats naturels et assèchement des Mutation du système agraire où dominaient marais les cultures céréalières non irriguées vers Polluants Organiques Persistants une dominance des cultures commerciales Changements dans la composition spécifique de la Prolifération des cultures sous serres végétation. Défiguration et pollution des paysages Fragmentation des habitats par le (déchets plastiques) Perturbation de la quiétude de la foisonnement des parcelles et des serres faune notamment l’avifaune Dégradation des sols, réduction du couvert végétal, déstabilisation des dunes Broutage sélectif d’espèces telles que Phragmites Surpâturage australis, Impact sur la modification de la composition floristique. Dérangement des oiseaux surtout durant la période de reproduction. Pêche

Surexploitation, liée à un nombre Régression de la production halieutique croissant des pêcheurs et à l’utilisation des engins de pêche non réglementaires. Diminution des ressources halieutiques

Chasse Dérangement d'oiseaux, ce qui minimise encore les Braconnage chances d'installation d'une avifaune reproductrice. Ramassage des œufs par les enfants Fréquentation touristique : Ensablement, Ordures ménagères, Infiltration des

Diagnostic de la zone SRL RSK

113 Diagnostic de la zone SRL RSK

Menaces et Contraintes anthropiques Impacts potentiels eaux usées Fréquentation incontrôlée des dunes par les estivants Dépôts organiques, Pollution Accueil des investissements touristiques Accumulation volontaire ou involontaire des déchets essentiellement liquide, (déchets des rizières, déchets Navigation des barques de passages estivants)

Nuisance pérenne. Drainage par le canal du Nador Envasement de la Merja Apport des polluants agricoles Extension urbaine Absence d’un réseau d’assainissement (recours aux fosses septiques) Contamination de la nappe phréatique par les fosses Statuts fonciers contraignants (domaine septiques, Réduction de l’espace nature, forestier, terres collectives, réserve naturelle) ; Détérioration de la valeur paysagère Deux secteurs d’habitats non réglementaires Pollution de Ryah et Zaouia Problème d’accessibilité et de desserte : le Fragmentation des habitats Centre de Moulay Bousselham a un seul accès constitué par la R.R. 406 ; Coupe de joncs : Les douars qui continuent toujours à exploiter le jonc sont surtout Régression du couvert végétal, appauvrissement en Oulad Mçbah Lekbar, Gnafda, Mghiten, termes de biodiversité par la disparition d’habitats Maarfa, Ahmiri, et Lkaid. écologiques, dérangement des oiseaux, faible taux de Cette activité est pratiquée durant toute nidification et risque perturbation et de l'année. Le stock de la matière première dysfonctionnement de la MZ utilisée en hiver est constitué pendant l'été. Changement de la topographie et des caractéristiques du bassin hydrographique le système d'assainissement de l'autoroute et des axes routiers déverse une partie de ses eaux de ruissellement directement dans la Merja ; ce qui se Autoroute, ligne de TGV et axes routiers traduit par une augmentation des concentrations des hydrocarbures et de certains métaux lourds dans les eaux et les sédiments du site. Fragmentation des habitats Nuisance sonore Transformation de la structure socioculturelle Perturbations physico-chimiques dans le milieu lagunaire : Apports amont, très Effets sur les biotopes de la réserve et leurs chargés en substances chimiques liés aux composantes floristiques et faunistiques. pratiques agricoles utilisatrices d’engrais et Effets sur l’originalité ornithologique de produits phytosanitaires

Diagnostic de la zone SRL RSK

114 Diagnostic de la zone SRL RSK

Menaces et Contraintes anthropiques Impacts potentiels Déséquilibre du budget sédimentaire de la lagune Perturbations hydrologiques, entrainant des zones d’ensablement/envasement et sédimentologies et hydrochimie des zones d’érosion

5.3.2 Réserve Biologique de Sidi Boughaba

310. Le diagnostic de l’état des lieux de la Réserve Biologique de Sidi Boughaba, réalisé dans le cadre de l’étude pour l'élaboration du Plan d’Aménagement et de Gestion Intégré de ce site, a souligné le fait que la croissance de la population et l’expansion urbaine autour de la réserve, constituent une menace réelle pour le maintien du statut actuel de cette zone humide. En effet, les nouveaux développements urbains « Lotissement de Mehdia », situés à l’Est du Site de Sidi Boughaba et les projets touristiques conçus par le Plan Biladi (Figure 61), et la prolifération rapide et anarchique de l’habitat non- réglementaire dans la commune de Sidi Taibi, auront inéluctablement un impact sur l’espace naturel du lac. Aux développements urbains résidentiels et touristiques prévus s’ajoute l’exploitation agricole de la zone, ce qui génère inéluctablement des conflits pour l’utilisation du sol, entre différents secteurs.

311. Selon le SDAU (version provisoire), la croissance urbaine fulgurante des deux centres de Mehdia et Sidi Taibi observée au cours des deux dernières décennies, suite au lancement de projets dans les domaines de l’habitat et du tourisme (Plan Biladi), se poursuivra au moins jusqu’au milieu des années 2020.

312. Parmi les conséquences de cette anthropisation croissante, on peut citer entres autres : o Risque d’empiètement de l’urbanisation de la ville de Mehdia, située à l’intérieur de la zone de servitude, sur le milieu naturel de Sidi Bougahaba ; o Problème d’accès des véhicules et pollution sonore liés à la route traversant le site de Sidi Boughaba ; o Problème de stockage des ordures en raison du dépotoir de la municipalité de Mehdia situé à l’intérieur du site côté Nord Est du lac ; o Piétinement continu de la végétation en raison de l’augmentation de visites non contrôlées, ce qui implique une dégradation de la flore naturelle et une perturbation des processus écologiques ; o Limitation du champ visuel des oiseaux migrateurs à cause des hauteurs des bâtiments.

Diagnostic de la zone SRL RSK

115 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 61 : Projets urbains futurs ou en cours au niveau du site de Sidi Boughaba (Source, HCEFLCD, 2016)

313. Un autre projet touristique de grande envergure, programmé non loin de la réserve, et qui ne manquera pas d’aggraver ces incidences sur le lac de Sidi Boughaba, est la Nouvelle Station Touristique de Mehdia.

314. Les risques d’empiétement de ces projets immobiliers et touristiques sur le milieu naturel mitoyen du site de Sidi Boughaba, au-delà de sa limite foncière, nécessite forcément la création d’une zone tampon, afin de limiter les effets négatifs de ces développements, pourtant nécessaires pour dynamiser l’économie de la région.

315. Un autre risque majeur pour l’environnement du site de Sidi Boughaba est l’eutrophisation des eaux du lac, causée par un excès de nutriments dans l’eau, principalement azote et phosphore, provenant essentiellement des activités urbaines et de l’utilisation de pesticides dans l’agriculture. Ce processus peut avoir des conséquences irréversibles sur les êtres vivants dans le lac.

316. Par ailleurs, malgré la croissance considérable de la population de Mehdia au cours des dix dernières années, le réseau d´assainissement n'a pas été dimensionné en

Diagnostic de la zone SRL RSK

116 Diagnostic de la zone SRL RSK

conséquence ; d’autant plus que pendant la saison estivale, le nombre de visiteurs peut atteindre jusqu’à 147 000 personnes.

317. D´autre part, la multiplication des fosses d’aisance et fosses septiques dans la commune de Sidi Taibi en raison de la construction de logements illégaux, a pour conséquence une contamination des eaux de la nappe phréatique, ce qui constitue un risque sanitaire aussi bien pour les personnes que pour la faune et la flore de l’écosystème.

318. L’aménagement de la plage de Sidi Taïbi au sud du lac de Sidi Boughaba, a provoqué une déstabilisation du cordon dunaire et entraîné un ensablement des terres agricoles avoisinantes, de la route, et aussi du lac, qui perd chaque année un hectare du fait de l’envasement et qui risque de disparaître dans un siècle.59

5.3.3 Merja Fouarate

319. Le diagnostic de l’état des lieux de la Merja Fouarate, réalisé dans le cadre de l’étude pour l'élaboration du Plan d’Aménagement et de Gestion Intégré de ce site60, a montré que la Merja a souffert ces dernières décennies d’une forte détérioration. Ceci est dû d’une part aux pressions urbaines liés à la construction de nouveaux logements sur la rive Ouest de la lagune et, d’autre part, à la pollution d’origine domestique et industrielle provenant des rejets des eaux non traitées directement dans la Merja61 (Figure 62). À cela, il faut ajouter la surexploitation de la nappe phréatique, les rejets de déchets solides sur les rives du lac et la forte détérioration de la qualité du paysage.

320. Cette zone humide périurbaine se situe à l’intérieur du périmètre urbain de la ville de Kenitra, et ses abords, très convoités, suscitent de nombreux conflits d’usage du sol entre logements, industrie, équipements, agriculture et biodiversité. L’utilisation urbaine occupe la partie occidentale alors que les industries se sont installées au nord du lac, et l’agriculture dans la partie est de la zone. Les infrastructures de transport (Route N1 et chemin de fer) ont déjà fragmenté les habitats de la zone humide et sont susceptibles de causer une diminution de la taille de ses habitats, voire leur destruction, et entrainer des effets de bordure, de barrière et de filtre.

59 https://ecologie.ma/la-reserve-biologique-de-sidi-boughaba/ 60 Haut-Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification. Direction Régionale des Eaux et Forêts et de la Lutte Contre la Désertification du Nord-Ouest (2018) Élaboration d’un Plan d’aménagement et de Gestion de La Merja Fouarate Mission I : Diagnostic de l’état des lieux. 61 El Boti O. (2013) : Élaboration de la carte de risque global au niveau de La Merja Fouarate et le canal d’assainissement (ville de Kenitra). Diplôme de Master. Université Sidi Mohammed Ben Abdellah

Diagnostic de la zone SRL RSK

117 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 62 : Carte d'occupation des sols autour de la Merja Fouarate (Gauche) et Points de rejets (Droite) (Source : HCEFLCD, 2017) et El Boti (2013)

321. La pression continue du développement urbain aux alentours de la Merja Fouarate, pourtant classée site RAMSAR depuis 2018, représente une menace sérieuse pour l'avenir de cet espace naturel. Le problème, loin d’être résolu, reste préoccupant car il existe de nombreux projets urbains et immobiliers qui tentent d’occuper les rares espaces vacants situés dans les environs du lac.

322. Urbanisation (photo de gauche), rejets d’eaux usées (photo du centre), et déchets solides (photo de droite) sur les rives de Merja Fouarate (Source : HCEFLCD, 2018)

323. Le diagnostic et les travaux antérieurs ont montré que les rejets d’eaux usées domestiques, agricoles et industrielles dans le lac, ont de nombreux impacts sur

Diagnostic de la zone SRL RSK

118 Diagnostic de la zone SRL RSK

l’environnement, sur la chaîne alimentaire et in fine sur la santé publique, et mettent en péril la survie et la préservation de la faune et la flore de cette zone humide de grande valeur écologique et environnementale. Un des risques majeurs pour l’environnement est l’eutrophisation des eaux du lac et la pollution de la nappe de la Maâmora. La qualité des eaux souterraines s’est en effet progressivement dégradée, en particulier en matière de nitrates dont les valeurs enregistrées (97 mg/l) dépassent largement les normes marocaines relatives à la qualité des eaux d’alimentations en eau potable (≤50mg/l)62. En plus des polluants agricoles, les activités industrielles qui se sont également développées à proximité du lac sont à l’origine de sa contamination par les métaux lourds.

324. Mais malgré la pression démographique et celle des activités économiques exercées sur la zone humide, la prise de conscience croissante de la part de la population et des autorités locales, offre une opportunité pour la conservation de cet espace de grande valeur écologique, du fait de sa position stratégique, et de son rôle de refuge pour les oiseaux migrateurs, ou d’abri de reproduction et de nourriture pour de nombreux animaux. Le futur usage public de Fouarate doit être compris comme un outil pour sa conservation à venir, étant donné que la pression qu’elle subit est démontrée, celle-ci étant issue des utilisations non ordonnées de cet espace.

5.4 État des plages

325. Les côtes sableuses de la zone SRL sont fortement exposées à l’érosion. Les seules études qui ont tenté d’évaluer l’évolution du trait de côte de la région, concernent principalement les plages mitoyennes de l’embouchure de l’Oued Sebou. Elles ont montré une évolution différente de part et d’autre de l’embouchure du Sebou63 (Figure 63). La plage de Chlihat au nord de l’embouchure a subi une accrétion entre 1963 et 1993, alors que le secteur sud, avec ses deux plages Mehdia et Sidi Boughaba, a connu une érosion généralisée. L’analyse de ces tendances évolutives des plages au nord et au sud du Sebou et la connaissance des forçages hydrodynamiques de ce littoral (Figure 64), peuvent s’expliquer par la combinaison de nombreux facteurs :

1. L’implantation des barrages sur le bassin versant du Sebou qui ont drastiquement réduit les apports sédimentaires à la côte ; 2. Le prolongement de l’embouchure du Sebou par deux digues jusqu’à des profondeurs de -7 m ZH et qui bloquent les flux sédimentaires de la dérive littorale nord-sud ; 3. Les travaux de dragage d’exploitation au débouché de l’embouchure qui soustraient une quantité non négligeable de sable à l’équilibre du budget sédimentaire ; et 4. Le transit éolien : estimé à 20 m/ml/an qui renforce davantage le démaigrissement de la plage de Mehdia.

62 Selon une étude réalisée en 2012-2013 par le Laboratoire Environnement & Energies Renouvelables, Faculté des Sciences, Université Ibn Tofail (Kenitra). (Citée dans le Diagnostic du HCEFLCD) 63 Hakkou et al. (2018) Multi-decadal assessment of shoreline changes using geospatial tools and automatic computation in Kenitra coast, Morocco. Ocean and Coastal Management 163 (2018) 232-239).

Diagnostic de la zone SRL RSK

119 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 63: Évolution du trait de côte de part et d’autre de l’embouchure des plages de Chlihat, Mehdia et Sidi Boughaba entre 1936 et 2005 (Hakkou et al., 2018).

Figure 64 : Principaux facteurs de la dynamique hydro-sédimentaire de part et d’autre de 64 l’embouchure du Sebou (Source : DPDPM, 2011)

64 DPDPM (2011) : Étude d’expertise sédimentologique de la plage de Mehdia. Rapport d’étude final.

Diagnostic de la zone SRL RSK

120 Diagnostic de la zone SRL RSK

326. Le dragage du sable en mer et à l’embouchure du Sebou, aurait également un autre type d’impact sur l’environnement. En effet, le Sebou véhicule vers l’embouchure et le proche plateau continental d’importantes quantités de métaux lourds associés aux flux sédimentaires qu’il draine dans le bassin versant et transfère de l’amont vers l’aval. Le dragage peut ainsi remobiliser ces polluants métalliques et représenter un risque sanitaire.

327. A l’heure actuelle, il n’existe pas de données sur le recul des falaises rocheuses du littoral de la région RSK. Les falaises, notamment celles qui longent le littoral de la partie sud de la zone SRL, montrent des entailles et des éboulements de blocs, qui ont déjà entrainé un recul important du trait de côte à certains endroits, témoignant ainsi de l’importance de l’action marine. On ne dispose pas de données quantifiées de ce recul, mais les falaises du littoral de Rabat sont parmi celles dont le paysage est le plus représentatif de ce phénomène.

328. Sur le plan qualitatif (détaillé dans le chapitre Pressions), en dehors des plages urbaines qui disposent d’un réseau d’assainissement convenable, la plupart des autres plages sont dépourvues d’un tel système, les eaux usées étant rejetées dans des fosses septiques, ce qui représente une source de pollution potentielle en raison des débordements qui se produisent parfois. Les exemples des plages de Mehdia et de Harhoura (Figure 65), montrent l’emplacement de ces fosses septiques.

Figure 65 : Plages de Harhoura (en haut) et Mehdia (en bas)) montrant l’emplacement des fosses septiques (Source : Ministère chargé de l’Environnement, 2015).

Diagnostic de la zone SRL RSK

121 Diagnostic de la zone SRL RSK

329. L’autre source de détérioration des plages est représentée par les déchets et les détritus occasionnés par les visiteurs, notamment lorsque la plage ne dispose pas de poubelles ni d’entretien (Cf. Figure 33 (section 3.1 du chapitre sur les pressions)).

5.5 État des forêts

330. Comme analysé auparavant, le patrimoine forestier est menacé par différentes pressions dont principalement la pression urbaine. Depuis une cinquantaine d’années, plus d’une centaine d’hectares de la forêt de la Maâmora ont disparu au profit des besoins urbains et d’infrastructures : autoroute, équipements militaires, réservoir d’eau potable.

331. L’autre formation arborée menacée par l’expansion urbaine dans la zone SRL est la ceinture verte de Rabat-Temara, qui, malgré son inscription aux différents SDAU, a vu sa superficie se réduire au fil du temps, grignotée par l’urbanisation sous l’effet des extensions de Hay Riad au nord et des lotissements programmés en prolongement de la Cité des Oudayas au sud. Ceci fragilise le rôle de rupture attribué à la ceinture verte entre Rabat et Temara dont la surface de 1920 ha au départ a reculé de 51 ha entre 1971 et 2016, en raison de l’extension urbaine.

332. Une autre menace qui pèse sur les forêts est représentée par les risques d’incendies et ce malgré les efforts louables fournis par le HCEFLCD pour les endiguer. Dans la forêt de la Maâmora par exemple, 232 incendies ont été déclarés durant la période 1997-2010 (Figure 66), endommageant ainsi une superficie de 1118,5 ha ; soit une moyenne de 4,8 ha par incendie (Chekri, 2011). L’analyse de l’occurrence des incendies dans cette forêt65 a montré une variabilité interannuelle aussi bien en termes de nombre qu’en termes de superficies touchées, avec une forte augmentation durant la période 2003- 2005.

Figure 66: Évolution annuelle des incendies dans la Maâmora

(Source : Cherki, 2011)

65 Chekri K. 2011 : Analyse de la répartition spatiale des incendies de forêt en fonction des facteurs anthropiques, écologiques et biophysiques. Le cas de la forêt de la Maamora (Maroc septentrional).

Diagnostic de la zone SRL RSK

122 Diagnostic de la zone SRL RSK

333. L’étude a également montré que la teneur en eau de la charge du combustible, notamment dans la strate basse, reste le facteur prépondérant qui régit en grande partie aussi bien l’occurrence que la propagation des incendies de forêts. Cette charge du combustible est, elle aussi, liée à d’autres variables : o La quantité des précipitations reçues qui pourrait améliorer le bilan hydrique des sols si les conditions édaphiques sont favorables ; o La continentalité qui intervient pour orienter différemment l’évolution du combustible.

334. Ainsi dans les zones forestières de la zone SRL proches de l’océan, la vulnérabilité aux incendies serait moindre.

335. Par ailleurs, l’étude a mis en exergue que la superficie forestière de la Mâamora est presque à 90 % recouverte par des formations végétales dont la sévérité du feu est jugée faible à moyenne, et que presque 75 % de ces formations reprennent convenablement en termes de régénération post-incendie (Figure 67) (Chekri et Gmira, 2013)66. La partie occidentale de la forêt, comprise dans la zone SRL montre des zones à sévérité du feu élevée notamment entre Salé et Kenitra.

Figure 67 : Cartes statiques de la sévérité du feu en forêt de la Mâamora (gauche) et de la dynamique de sa régénération post-incendie (droite) (Source : Chekri et Gmira, 2013)

6. Identification des Hot Spots et zones sensibles du littoral RSK : L’apport des SIG

336. L’analyse des potentialités et des contraintes du littoral de la Région RSK a permis de faire ressortir les tendances de l’utilisation de ce territoire et les trajectoires plus ou moins durables de son développement. Il s’agit maintenant de délimiter les zones problématiques nécessitant une intervention urgente. L’identification des zones sensibles et vulnérables, notamment en matière de pollution et de risques climatiques nous permettra de comprendre et d’orienter les propositions d’actions.

66 Chekri K. et Gmira N. Dynamique de régénération post-incendie et sévérité des incendies dans les forêts méditerranéennes : cas de la forêt de la Mâamora, Maroc Septentrional. Rev. Écol. (Terre Vie), vol. 68, 2013.

Diagnostic de la zone SRL RSK

123 Diagnostic de la zone SRL RSK

337. Ce zonage du territoire littoral et l’identification des zones les plus sensibles, pour des fins de planification ou de gestion, a nécessité le recours à un référentiel géographique et une structuration de l'ensemble des données spatiales, à travers l’élaboration d’un Système d’Information Géographique (SIG) qui a permis d’abord de mobiliser l’information, de la croiser pour l’analyser, de l’interpréter et de la traduire en termes compréhensibles, pour ensuite visualiser l’information résultante. Par ailleurs, les bases de données géoréférencées associées aux SIG constituent une banque d’informations dynamiques et accessibles, tant pour faire une étude plus détaillée que pour effectuer un suivi dans le futur ou encore implémenter une action de planification, gestion, aménagement, etc.

6.1 Identification des Hot Spots et Zones Sensibles liés à la pollution tellurique du milieu marin de la Région RSK

338. La démarche d’identification des points chauds (Hot spots) et zones sensibles, liés à la pollution du milieu marin, est celle préconisée par le Plan d’Action pour la Méditerranée relevant du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PAM/PNUE, 2014)67. Selon le PAM/PNUE, l’identification de ces Hot-Spots et zones sensibles permettrait de contribuer à un développement durable du milieu marin et de sensibiliser l’opinion publique et les décideurs politiques pour protéger les écosystèmes marins et côtiers. Ainsi, il a été procédé à la mise au point, en 2014, des critères pour l’identification et l’évaluation de ces points chauds et zones sensibles.

339. Par définition, un point chaud ou Hot-Spot, est une zone côtière où “l’environnement est sujet à la pollution en raison d’activités humaines intenses, indépendamment de leur emplacement ou source, affectant potentiellement la santé publique, menaçant la biodiversité, dégradant les systèmes écosystémiques et mettant en danger les perspectives pour le développement durable, à la fois sur place et dans une zone plus vaste (Banque Mondiale, 2011). Les zones sensibles sont “les zones côtières définies où le milieu marin est sujet à la pollution d’un ou plusieurs points ou sources diffuses sur la côte méditerranéenne pouvant potentiellement affecter grandement la santé humaine, les écosystèmes, la biodiversité, la durabilité ou l’économie”. (PAM/PNUE).

340. Il est important de souligner que ce protocole a été conçu pour la protection de la Méditerranée. Sa robustesse et sa pertinence nous ont conduits à l’adopter pour le tronçon atlantique de la région RSK.

341. Les données requises sont diverses dont notamment : o Démographie ; o Rejets et/ou traitement des eaux usées domestiques (paramètres essentiels : nutriments (N et P) et DBO (source : Tableaux de bord PNA, 2019) ; o Déchets solides (ou déchets ménagers : présence ou absence de décharges contrôlées ou CEV, etc.) (Source tableaux de bord PNDM, 2019) ;

67 PNUE/PAM, décembre 2014. Critères proposés et mis à jour pour déterminer les points chauds et les zones sensibles (UNEP(DEPI)/MED WG.404/3)

Diagnostic de la zone SRL RSK

124 Diagnostic de la zone SRL RSK

o Activités touristiques (indicateur d’Intensité touristique) et liens avec la production des déchets et la génération des eaux usées ; o Qualité des plages et des eaux de baignade ; o Déchets marins ; o Etc. 342. Ainsi, onze catégories sont utilisées pour évaluer les « points chauds » et les zones sensibles répartis sur quatre critères. Pour marquer l’importance des impacts, un multiplicateur est attribué à chaque catégorie pour le scoring (Cf. Annexe 4). Les critères d’évaluation des sites de la région RSK sont rapportés en Annexe 5.

343. Les résultats de l’évaluation des points chauds et des zones sensibles au niveau des principales agglomérations de la Région RSK sont récapitulés par la matrice suivante (Tableau 16) et par une carte synthétique globale (Figure 68).

Tableau 17: Matrice d’évaluation des points chauds et des zones sensibles au niveau des principales agglomérations littorales de la Région de Rabat-Salé-Kenitra.

Zone Raisons o Absence de traitement des eaux usées d’où rejet dans le milieu marin de quantités importantes de matières organiques et de nutriments My Bousselham o Absence de décharge contrôlée ou CEV o Impact négatif sur la lagune de Moulay Bousselham o Population > 100 000 habitants o Absence de traitement des eaux usées domestiques et industrielles d’où rejet dans le milieu marin de quantités importantes de matières Kenitra + Mehdia + organiques, de nutriments et de contaminants. Les eaux usées de ces 3 Sidi Taibi communes seront traitées dans une même STEP (en cours de réalisation) o Absence de décharge contrôlée ou CEV o Population > 100 000 habitants o Absence de traitement des eaux usées d’où rejet dans le milieu marin Salé des quantités importantes des matières organiques et des nutriments o Rejet des contaminants dans le milieu marin provenant des effluents industriels non traités o Absence de traitement des eaux usées domestiques et industrielles d’où rejet dans le milieu marin des quantités importantes des matières Ain Attig organiques, des nutriments et des contaminants o Absence de décharge contrôlée ou CEV

Diagnostic de la zone SRL RSK

125 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 68 : Carte des points chauds et zones sensibles liés à la pollution tellurique (Source : Agreed, 2019).

L’analyse de la situation nous permet de constater que (Tableau 17) :

● Sur les 8 principales agglomérations littorales de la Région RSK, 4 sont classées ‘’Points chauds B’’ (Score total entre 82 et 106) et ce pour les principales raisons énoncées dans la tableau 16.

● Les villes de Rabat et Temara ainsi que la commune de Harhoura sont considérées comme zones sensibles (Score total entre 81 et 58). Cette sensibilité est attribuée surtout à l’insuffisance du traitement des eaux usées urbaines (émissaire marin) et les eaux de baignade sont de qualité moyenne pour la baignade (Classées B).

● La zone de Skhirate n’est pas un point chaud (Score total entre 57 et 33) car les eaux usées rejetées sont traitées, les eaux de baignade sont de bonne qualité (Classées A) et les déchets solides sont collectés et mis dans la décharge contrôlée d’Oumazza.

Diagnostic de la zone SRL RSK

126 Diagnostic de la zone SRL RSK

Tableau 18: Matrice récapitulative d’identification des Hot-Spot et zones sensibles dans les principales agglomérations littorales de la région RSK

1 2 3 4 5 6 7 8 My Kenitra + Site Salé Rabat Harhoura Temara Ain Attig Skhirate Multiplicateur Bousselham Mehdia+Sidi Taibi Santé publique Population 3 4 4 4 3 4 3 3 4 Traitement des eaux usées 4 4 4 3 3 3 4 2 4 Qualité de l'eau potable 1 1 1 1 1 1 1 1 4 Qualité des eaux de baignade 1 1 2 2 2 1 3 1 4 État de l’environnement et Pressions Matière organique 4 4 4 3 3 3 4 2 3 Nutriments et état biologique 4 4 4 3 3 3 4 2 3 Contaminants 2 4 4 3 2 3 4 2 3 Déchets marins 4 4 2 2 2 2 2 2 3 Économie Activités économiques et des 4 4 4 2 2 2 4 2 2 services écosystémiques Effets transfrontaliers Effets transfrontaliers 1 1 1 1 1 1 1 1 1 Score Total 87 97 95 78 71 74 95 57 HOT SPOT HOT SPOT Classe HOT SPOT (B) HOT SPOT (B) SENSITIVE (C) SENSITIVE (C) SENSITIVE (C) NOT (D) (B) (B) Impact sévère modéré léger négligeable Note 4 3 2 1 Couleur

127 Diagnostic de la zone SRL RSK

6.2 Évaluation du risque inondation

344. L’évaluation du risque inondation s’est basée sur une approche probabiliste robuste faisant appel à des modèles hydrologiques et hydrauliques qui permettent d’estimer la distribution géographique de l’aléa inondation selon différentes périodes de retour. Les cartes générées à partir de ce processus de modélisations ont été croisées, dans un environnement SIG, avec une couche d’information qui décrit l’exposition des biens (Assets) et les vulnérabilités qu’y sont associées. Une description succincte des principales étapes et des résultats obtenus est relatée ci-dessous.

6.2.1 Cartographie de l’aléa inondation

345. Les cartes de l’aléa inondation ont été simulées à travers la plateforme MnhPRA (Moroccan natural hazards probabilistic Risk Analysis). Il s’agit d’un outil développé par le Ministère des Affaires Générales et de la Gouvernance avec l’appui de la Banque Mondiale dans le cadre du projet « MAGG, 2012. Moroccan Natural Hazards Probabilistic Risk Analysis and National Strategy Development”.

346. La figure 69 relate le diagramme méthodologique simplifié de l’approche préconisée pour la cartographie de l’aléa inondation dans le cadre du projet MnhPRA. A cet effet, les données météorologiques et hydrologiques, notamment les précipitations et les débits journaliers des stations localisées dans ou à proximité la zone d’étude ont été traitées. Ces données ont été utilisées pour extraire la répartition géographique des précipitations et pour déterminer les débits de pointe relatifs à différentes périodes de retour. Ces informations ont servi subséquemment à l’identification et à la caractérisation des crues de référence, à travers une analyse fréquentielle. Ensuite, les cartes de l’aléa inondation ont été élaborées en se basant sur la modélisation hydrologique et hydraulique à l’échelle des principaux bassins versant qui couvrent la région de Rabat-Salé-Kenitra.

Figure 69 : Méthodologie pour la modélisation de l’aléa inondation

128 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

347. Il est à noter que la modélisation hydrologique et hydraulique repose sur des modèles et des logiciels libres (open source) en usage au niveau international. La modélisation hydrologique a permis de simuler la fonction d’accumulation (transformation des précipitations en lames ruisselées). A cet effet, les données des précipitations prétraitées, la carte d’occupation du sol, la carte pédologique ou géologique, la carte des pentes et d’altitudes ont été intégrées dans le modèle HEC-HMS de l’USACE68 pour estimer les lames ruisselées. Ce travail a été enchainé par une modélisation hydraulique qui a permis de simuler la fonction du transfert (propagation de la crue) en s’appuyant sur le logiciel hydraulique HEC-RAS de l’USACE. Ce modèle a permis d’estimer les hauteurs des crues de référence pour différente périodes de retour et ce en se basant sur les coupes en long et à travers (issues du modèle numérique du terrain), l’occupation du sol, les pentes et les débits de pointe.

348. Les résultats cartographiques relatifs à une période de retour de 50 ans sont relatés à travers la figure 70. Cette carte d’aléa présente l’étendue des inondations et leurs profondeurs et peuvent être ainsi utilisées pour identifier les classes d’occupation du sol et les enjeux exposés aux inondations.

Figure 70 : Carte de l’aléa inondation pour une période de retour de 50 ans

68 United States Army Corps of Engineers

129 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

6.2.2 Évaluation de l’exposition aux inondations

349. En plus des cartes d’inondation, la base de données MnhPRA contient une carte d’occupation du sol composée de trois grandes classes, en l’occurrence la classe des zones à dominance résidentielle, la classe des zones à dominance commerciale et les classes des zones à dominance industrielle. A cette carte d’occupation du sol, s’ajoutent également plusieurs couches afférentes aux sites à caractère spécifique (Aéroport, ports, les systèmes de communication, les forages et stations de pompage, pipeline de gaz, réseau de l’eau potable, réseau d’électricité, les gares, le réseau ferroviaire et ses ouvrages d’art (pont et tunnel), le réseau routier, les pistes d’atterrissage, réseau d’assainissement).

350. En vue d’analyser l’exposition aux inondations, les cartes de cet aléa ont été superposées avec celles d’occupation du sol dans un environnement SIG. Cette analyse a été envisagée en prenant en considération différentes périodes de retour, notamment 10, 50 et 100 ans. La figure 71 donne un aperçu sur deux cas d’exposition aux inondations selon une période de retour de 50 ans. Le premier cas montre la submersion des terrains de cultures et le deuxième focalise sur l’exposition des zones de bâtiment aux inondations.

Figure 71 : Carte d’exposition à l’aléa inondation pour une période de retour de 50 ans (A : exposition des terrains de cultures, B : exposition des bâtiments)

130 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

6.2.3 Courbe de vulnérabilité

351. Les courbes de vulnérabilité, appelées aussi les fonctions de vulnérabilité ou les courbes d’endommagement, mettent en relation le niveau de dommage et l’intensité de l’aléa (dans notre cas la profondeur de l’eau). Dans le cadre du projet MnhPRA, les courbes de vulnérabilité ont été établies pour les différentes classes d’occupation du sol et pour les enjeux à caractère spécifique. Les courbes de vulnérabilité de la plateforme MnhPRA ont été compilées et adaptées au contexte marocain en se basant sur plusieurs études entreprises au niveau international. Plus de détail sur les courbes de vulnérabilité peut être consulté dans le rapport du projet MnhPRA élaboré par le MAGG et la Banque Mondiale (MAGG, 2012).

352. Un exemple de courbes de vulnérabilité est illustré par la figure 72 qui montre l’évolution de la vulnérabilité d’un bâtiment en fonction de la profondeur de l’eau. Il convient de mentionner que la vulnérabilité des bâtiments face aux inondations dépend de plusieurs facteurs, entre autres la nature des matériaux de construction et l’âge des bâtiments. Dans le cadre du projet MnhPRA, en fonction de la combinaison de ces facteurs, trente courbes de vulnérabilité des bâtiments face aux inondations ont été établies. Ces courbes sont d’une grande utilité pour l’estimation monétaire des dommages probables engendrés par les catastrophes.

Figure 72 : Courbe de vulnérabilité de bâtiments (Structure avec mur de pierre et toit en BA)

353. Il convient de mentionner qu’en plus des courbes de vulnérabilité pour les bâtiments, la plateforme MnhPRA englobe d’autres courbes, comme celles afférentes aux sites à caractère spécifique susmentionnés.

6.3 Vulnérabilité aux sécheresses

354. L’évaluation de l’aléa sécheresse requière des séries chronologiques pluviométriques et météorologiques couvrant une période très longue, au minimum une trentaine d’années. Dans le cadre du projet MnhPRA, les données relatives à plusieurs stations situées à l’intérieur et à proximité de la région RSK ont été collectées, compilées et utilisées pour la caractérisation de la sécheresse météorologique.

131 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

355. La sécheresse météorologique est essentiellement liée, au déficit pluviométrique. Ce type de sécheresse survient généralement en absence prolongée de précipitations, lorsque la quantité, de pluie est inférieure à la normale ou sa répartition est inégale. Ce type de sécheresse s’accompagne en général d’ensoleillement intense et de températures élevées.

356. Une multitude d’indices sont préconisés pour caractériser et suivre la sécheresse météorologique. Parmi ceux-ci, l’indice standardisé de la sécheresse (SPI), en anglais (Standardized Precipitation Index). Le SPI a été adopté comme étant un indice universel de la sécheresse (WMO, 2009). Le SPI a été développé en vue de caractériser le déficit des précipitations pour une période donnée. Il permet de classer les périodes de sécheresse ainsi que leur sévérité en se basant sur les deux équations ci- dessous (Figure 73):

Figure 73 : Équations de calcul du SPI et seuils préconisés

357. Avec Pijk = Précipitation de l’année i à une échelle de temps donnée, P = Précipitation moyenne d’une longue série de données et Pij = Ecart type.

358. Une fois calculé, la fonction de densité de la loi normale a été appliquée, et ce conformément à l’approche proposée par McKee, 1993. Les valeurs du SPI calculées au niveau de la région RSK ont été classifiées en sept classes, selon la grille présentée dans le tableau, ci-dessous.

Tableau 19: Classes de sévérité de la sécheresse selon SPI

Valeur du SPI Couleur Classe de la sécheresse

Plus de 2 Extrêmement humide

1.5 à 1.99 Très humide

1 à 1.49 Modérément humide

-0.99 à 099 Proche de la normale

132 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

Valeur du SPI Couleur Classe de la sécheresse

-1 à -1.49 Modérément sèche

-1.5 à -1.99 Sévèrement sèche

-2 et moins Extrêmement sèche

359. Les valeurs du SPI ont été ensuite interpolées géographiquement en se basant sur les fonctionnalités offertes par les SIG et ce, afin de couvrir toute la région. A ce propos, l’algorithme de pondération par distance inverse (IDW) a été appliqué pour spatialiser les valeurs de l’SPI à une résolution kilométrique, année par année.

360. Il est à noter que le nombre de stations pluviométriques demeurent insuffisant pour une meilleure interpolation de l’indice standardisé de la sécheresse. Les résultats de cette interpolation pourraient être améliorés davantage en considérant plus de stations.

361. La spatialisation de l’indice standardisé de sécheresse au niveau de la région RSK s’est enchainée par une analyse fréquentielle, qui a permis d’estimer la répartition de la sécheresse pour différentes périodes de retour. La répartition géographique de la sécheresse faible, modérée et élevée est relatée à travers la figure 74.

362. La lecture de ces cartes permet de révéler que toute la zone d’intérêt pourrait connaitre une sécheresse météorologique modérée au cours d’une période de 5 ans. Cependant cette sécheresse ne se produirait pas nécessairement au cours de la même année. De même, au moins une sécheresse sévère pourrait se produire dans toute la zone au cours d’une période de 30 ans.

133 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 74 : Cartes d’occurrence de l’aléa sécheresse

363. Compte tenu de ces périodes de retour de la sécheresse dans la région RSK, on peut conclure que ce phénomène est une composante structurelle du climat de cette zone. Dans ce sens, il est fortement recommandé de mettre en place une stratégie d’atténuation de ses effets.

6.4 Vulnérabilités et risques côtiers liés au changement climatique

364. Dans le contexte actuel de pressions anthropiques croissantes sur la zone littorale de la Région RSK, le changement climatique devrait amplifier le stress sur ces espaces et engendrer des pressions additionnelles. La conséquence la plus évidente du changement climatique sur ces franges littorales est l’élévation accélérée du niveau de la mer, conduisant à une submersion et une érosion accrue des habitats côtiers et des infrastructures, la salinisation des aquifères côtiers et des sols de faible altitude, et une augmentation de la fréquence et probablement de l’intensité des houles de tempêtes.

365. Par conséquent, si les impacts du changement climatique ne sont pas pris en compte de façon préventive dans la planification territoriale, tout développement côtier pourrait se révéler non sécuritaire pour vivre, trop coûteux à gérer et à entretenir, et non rentable, à long terme, pour les investisseurs. Parmi les nombreux outils qui peuvent aider les décideurs dans la mise en œuvre de stratégies de gestion préventive, figure l'élaboration de cartes de vulnérabilité et de risques côtiers. Ces cartes guideront les décideurs dans le choix des zones prioritaires à protéger.

134 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

366. D’après le GIEC (IPCC, 2012)69, le risque est représenté comme “la probabilité d’occurrence de tendances ou d’événements dangereux que viennent amplifier les conséquences de tels phénomènes lorsqu’ils se produisent”. Le risque découle en fait des interactions de la vulnérabilité, de l’exposition et des aléas, selon les définitions suivantes :

Composantes Description du risque Évènement -climatique ou d’origine climatique- susceptible de se produire (avec une probabilité plus ou moins élevée) et pouvant entraîner des Aléa dommages sur les populations, les activités et les milieux. Les aléas peuvent être soit des évolutions tendancielles, soit des extrêmes climatiques. Prédisposition à être affecté négativement. La vulnérabilité englobe une Vulnérabilité variété de concepts et d'éléments, y compris la sensibilité ou la vulnérabilité au préjudice et le manque de capacité à faire face et à s'adapter. Présence de personnes, de moyens de subsistance, d'espèces ou d'écosystèmes, de fonctions environnementales, de services et de ressources, Exposition d'infrastructures ou d'atouts économiques, sociaux ou culturels dans des endroits et des environnements susceptibles d'être affectés.

367. Il existe désormais tout un arsenal de méthodes destinées à évaluer les risques littoraux. Les plus simples et communément utilisées sont les approches multicritères, basées sur les indices, car elles permettent de traduire une réalité complexe en une mesure unique soit par le biais d’analyses statistiques ou de jugement d’experts. L’approche de l’Indice de Risque Côtier (CRI) proposée par le Plan Bleu (Satta et al. 2016) pour la Méditerranée semble appropriée et sera appliquée pour l’évaluation des risques côtiers du littoral de la Région RSK. Cette méthode intègre le concept de risque tel que proposé par le GIEC et prend en compte des variables tant physiques que socio- économiques. Par ailleurs, cette méthode combine plusieurs couches de variables spatiales, de manière à ce que des «Hot-Spots» côtiers ainsi que des zones à risque relativement moins élevé émergent de l'intégration des couches.

368. La méthode CRI est articulée autour des 4 étapes suivantes : o Définition de la zone d’application du CRI ou Zone d’Aléa Côtier ; o Définition des variables associées à chaque sous-indice (Aléa, Vulnérabilité et Exposition), attribution de scores et de facteurs de pondération, classification des variables ; o Agrégation des variables et calcul des 3 sous-indices et de l’indice final ; o Construction des cartes de risques.

69 IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change): Climate Change, 2012. In: Field, C.B., Barros, V., Stocker, T.F., Qin, D., Dokken, D.J., Ebi, K.L., Mastrandrea, M.D., Mach, K.J., Plattner, G.-K., Allen, S.K., Tignor, M., Midgley, P.M. (Eds.), Managing the Risks of Extreme Events and Disasters to Advance Climate Change Adaptation. Cambridge University Press, pp. 582p.

135 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

6.4.1 Définition de la Zone d’Aléa Côtier dans le champ spatial du SRL

369. La Zone d’Aléa Côtier (ZAC) correspond à une zone susceptible de subir un niveau maximum de risque produit par les forçages côtiers (Satta, 2014). Pour délimiter cette zone, il est nécessaire de prendre en compte le niveau d'eau maximal (niveau de submersion) sur le littoral, résultant des conditions de houles extrêmes (période de retour de 100 ans) et de l'élévation extrême du niveau de la mer. Le résultat obtenu pour la zone SRL est de 8 m (Figure 75).

Figure 75: Délimitation de Zone d’Aléa Côtier dans la zone SRL (Agreed, 2019)

6.4.2 Choix des variables, scoring et pondération.

370. Selon différentes classes proposées dans la littérature, avec quelques ajustements, opérés par jugement d’experts et adaptés au contexte local du littoral RSK, et en fonction de la disponibilité des données, il est proposé 3 variables pour le sous-indice Aléa Côtier, 9 variables pour le sous-indice Vulnérabilité Côtière et 2 variables pour le sous-indice Exposition Côtière, pour un total de 14 variables (Tableau 19).

371. Le choix des variables, l'attribution des scores et de poids aux différentes classes, ont été définis et validé lors d’un atelier participatif d’experts (Cf Annexe 5).

Tableau 20: Variables retenues pour le calcul des indices d’aléa, de vulnérabilité et d’exposition dans la zone SRL. ALÉA VULNÉRABILITÉ EXPOSITION Élévation du niveau de la mer Typologie géographique Couverture du sol Houles de tempêtes Pente côtière Densité de population Précipitations maximales Évolution historique du trait de Patrimoine culturel et journalières (Moyennes/an) côte historique

136 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

Élévation Distance de la côte Régulation du débit des rivières État de santé des écosystèmes Niveau d’éducation Âge de la population

6.4.3 Résultats : Cartes d’aléa, de vulnérabilité, d’exposition et de risques 6.4.3.1 Aléas côtiers

372. Deux classes : ‘Extrêmement élevée’ au nord de Salé et ‘Élevée’ au sud, caractérisent la zone d’aléa côtier (ZAC). En fait, les variables météo-marines utilisées pour évaluer ce facteur étaient considérées les mêmes dans toute la zone d'étude. En effet, l’absence de données locales sur le niveau de la mer et les houles de tempêtes qui ont été récupérées au niveau régional, réduit la précision à l’échelle locale.

373. Ce sont principalement les précipitations maximales journalières, un peu plus élevées au nord qu’au sud de la zone, qui distinguent les 2 classes d’aléa (Figure 76).

Figure 76: Carte de distribution de l’Indice d’Aléa Côtier dans la zone du SRL (Agreed, 2019)

6.4.3.2 Vulnérabilité côtière

374. La vulnérabilité combine des variables physiques, environnementales et sociales. Globalement, la ZAC est vulnérable à très vulnérable (Figure 77). Les zones qui apparaissent extrêmement vulnérables caractérisent les zones rurales, topographiquement basses au nord du Sebou et affichant des indicateurs sociaux faibles. La catégorie de vulnérabilité faible est très peu représentée, dans des “poches” naturelles ou inoccupées à l’intérieur de communes urbaines. Les zooms sur les deux

137 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

plaines littorales du Sebou et du Bouregreg (Figure 78) montre des mosaïques qui traduisent la complexité d’imbrication de toutes les variables considérées.

Figure 77 : Carte de distribution de l’Indice Vulnérabilité Côtière dans la zone du SRL (Agreed, 2019)

Figure 78 : Zooms de l’Indice de Vulnérabilité Côtière dans les vallées aval du Sebou (gauche) et Bouregreg (droite)) (Agreed, 2019).

6.4.3.3 Exposition côtière

375. Les zones avec une ‘Exposition extrêmement élevée’ caractérisent des zones urbaines, associées à une densité de population élevée. Elles sont localisées dans la province de Kenitra, Salé et Rabat, notamment de part et d’autre de l’oued Bouregreg (Figure 79). Des zooms sur ces secteurs donnent plus de détails sur les différentes classes (Figure 80). L’extrême exposition de la vallée du Bouregreg est aussi due à la présence de nombreux sites culturels et monuments historiques. Ailleurs, hormis quelques cellules

138 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

caractérisées par des terrains inoccupés ou à faible densité (indiqués en vert), la majorité de la zone présente des valeurs d'exposition modérée.

Figure 79 : Carte de distribution de l’Indice d’Exposition Côtière dans la zone SRL (Agreed, 2019)

Figure 80 : Zooms de l’Indice d’Exposition Côtière dans les vallées aval du Sebou (gauche) et Bouregreg (droite) (Agreed, 2019).

6.4.3.4 Risques côtiers et Hot-Spots

376. Les niveaux de risque élevé à extrêmement élevé sont dus à l'effet cumulatif d'une exposition et d'une vulnérabilité élevés à extrêmement élevées. Les zones qui affichent ces niveaux sont par conséquent la vallée du Bouregreg, Merja Zerga, et les zones situées au nord du Sebou (Figure 81).

139 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

377. On peut noter que certains secteurs situés très près du trait de côte sont moins à risque que d’autres situés dans l’arrière-pays. Ceci est dû au poids des autres variables physiques et sociales qui en font des zones à plus grand risque. Ceci traduit en fait la faible résilience de ces espaces et de leurs populations face au changement climatique.

378. Si on considère comme ‘Hot-Spot’ en matière de risques côtiers liés au changement climatique, tout espace affichant un Indice de Risque Côtier (CRI) “ Extrêmement élevé ”, on peut alors en gros déduire à partir de la carte de distribution du CRI que, outre de nombreux points dispersés dans toute la zone SRL, les ‘Hot-Spots’ sont du nord au sud (Figure 82): o Le pourtour de Merja Zerga avec le village de Moulay Bousselham, o La ville de Kenitra avec la commune de Oulad Slama et Sayyad, et o La vallée du Bouregreg

Figure 81: Distribution de l’Indice de Risques Côtiers dans la zone SRL (Agreed, 2019)

140 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 82: Zooms sur les zones avec des CRI « Extrêmement élevés » autour de Merja Zerga (gauche), Kenitra (centre) et la vallée du Bouregreg (droite) (Agreed, 2019)

379. C’est ainsi qu’à travers une combinaison des caractéristiques locales, il a été possible d’évaluer les risques côtiers générés ou exacerbés par les forçages climatiques et non climatiques. Il convient de souligner ici que les incertitudes liées à l’élévation future du niveau marin et les houles de tempêtes, constituent l'une des principales faiblesses potentielles de l'évaluation des risques côtiers et de la planification de l'adaptation dans les régions littorales.

380. L’outil SIG s’est avéré fondamental, non seulement dans l’intégration des données et la construction des cartes, mais aussi dans le processus participatif de la GIZC, d’abord pour mettre à disposition et partager des connaissances pertinentes sur les risques de la zone SRL, mais surtout pour éclairer les parties prenantes et les aider dans la prise de décision.

381. Pour ce qui est de la côte de l’oued Ykem, le CRI est est généralement faible à modéré, avec quelques parties à CRI élevé. Il convient de rappeler ici que cette configuration correspond à la situation du bâti actuel, et ne tient pas compte des grands projets immobiliers qui sont programmés sur ce littoral et qui risquent de faire basculer le CEI de la majorité de ce littoral dans la classe d’exposition ‘extrêmement élevée’, et de le rendre par conséquent à risque côtier extrêmement fort.

Figure 83 : CRI du la côte de Oued Ykem (Agreed, 2019)

141 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

7. Les réponses : initiatives en faveur de la protection et de la mise en valeur du littoral RSK

7.1 Instruments juridiques en faveur de la protection, de la conservation et de la mise en valeur du littoral marocain

382. L’arsenal juridique marocain dispose d’un nombre important de lois et décrets portant sur la gestion de l’environnement en général avec parfois une référence spécifique à l’environnement littoral. Force est de constater que malgré cette pléthore de lois, le littoral marocain continue à subir de multiples pressions qui le rendent moins résilient à tout changement futur, notamment climatique.

383. Le diagnostic élaboré dans le cadre du PNL relate en détail ces lois à l’échelle nationale, ainsi que les différentes conventions et accords internationaux et régionaux que le Maroc a ratifiés. Il apparaît ainsi que c’est véritablement à partir de 2011, avec la Constitutionnalisation de l'environnement et du développement durable et l’adoption de la Charte Nationale de l’Environnement et du Développement Durable, que le Maroc a réellement affirmé sa volonté politique pour opérationnaliser les principes du développement durable et renforcer sa gouvernance. Et c’est à travers la Stratégie Nationale du Développement Durable (SNDD), et notamment son Axe stratégique 1 (Enjeu 5) : “Améliorer la gestion durable du littoral”, que cet engagement a commencé à se concrétiser progressivement dans les politiques publiques concernant le littoral, notamment à travers la mise en place de programmes, plans et stratégies spécifiques pour assurer le développement durable du littoral.

384. En 2015, le Maroc adopte la loi 81-12 relative au littoral et qui est venue combler le vide juridique que connaissait le littoral marocain en matière de protection, conservation et mise en valeur. En effet, ce nouveau texte est en général en ligne avec les grandes orientations et règles de base de la gestion intégrée des zones côtières (GIZC), telles que stipulées dans le Protocole GIZC de la Convention de Barcelone. Dès lors, de nombreux plans et stratégies, en étroite relation et/ou impliquant directement le littoral ont été mis en place ces dernières années. Leur objectif étant de créer des conditions favorables pour un développement durable et harmonieux et reposant sur un cadre législatif et réglementaire adéquat.

385. C’est cette même loi qui stipule dans sa section 2 (Articles 6 à 9) d’élaborer le schéma régional d'aménagement, de protection, de mise en valeur et de conservation du littoral appelé “Schéma Régional du Littoral ” (SRL) avec dans sa section 3 (Articles 10 à 12), des dispositions communes avec le Plan National du Littoral (PNL).

386. Pour rappel, les principaux instruments juridiques en matière d’environnement en général et du littoral en particulier sont, sans être exhaustifs, comme suit : o Loi-cadre portant Charte de l’environnement et du développement durable. Dahir n° 1-14-09 du 6 mars 2014 portant promulgation de la loi-cadre n° 99-12 portant Charte nationale de l’environnement et du développement durable. B.O n° 6240 du 20 mars 2014, page 2496).

142 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

o Loi du 12 mai 2003 relative à la protection et à la mise en valeur de l’environnement (Dahir n° 1.03.59 du 12 mai 2003 B.O n° 5118 du 19 juin 2003, page 500) o Loi du 12 mai 2003 relative aux études d'impact sur l'environnement (Dahir n° 1.03.80 du 12 mai 2003 B.O n° 5118 du 19 juin) 2003, page 507) o Loi 36-15 sur l’eau o Loi du 16 juillet 2010 sur les aires protégées (Dahir n° 1.10.123 du 16 juillet 2010 B.O n° 5861 du 2 août 2010 page 3904) o Loi n° 28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination du 22 novembre 2006 (Dahir n° 1-06-153 du 22 novembre 2006 B.O n° 5480 du 7 décembre 2006) o La loi 77-15 portant interdiction de la fabrication, de l'importation, de la commercialisation et de l'utilisation de sacs en matières plastiques et notamment ceux destinés à l’emballage. o Loi n° 13-03 du 12 mai 2003 relative à la lutte contre la pollution de l'air (Dahir n° 1.03.167 du 12 mai 2003 B.O n° 5118 du 19 juin 2003 page 511) o Loi 12-90 sur l’urbanisme o Loi 29-05 relative à la protection des espèces de flore et de faune sauvages et au contrôle de leur commerce o Projet de loi relatif à la préservation des écosystèmes halieutiques et à la protection du milieu marin contre la pollution o Dahir du 1er juillet 1914 sur le domaine public (BO du 10 juillet 1914, page 529) o Dahir n° 1-14-95 du 12 rejeb 1435 (12 mai 2014) portant promulgation de la loi n° 15- 12 relative à la prévention et la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée et modifiant et complétant le dahir n° 1-73-255 du 27 chaoual 1393 (23 novembre 1973) formant règlement sur la pêche maritime. o Dahir de 1926 sur la police du domaine public maritime (Dahir du 2 novembre 1926 B.O n° 739 du 21 décembre 1926, page 2398) o Dahir du 23 novembre 1973 formant règlement sur la pêche maritime (Dahir portant- loi n° 1-73-255 du 23 novembre 1973 B.O n° 3187 du 28 novembre 1973 page 2040) o Dahir du 10 octobre 1917 relatif à la Conservation et l’Exploitation des Forêts tel qu’il a été modifié et complété o Dahir portant loi n°08-01 du 5 mai 1914 relatif à l’exploitation des carrières remplacé par la loi 27-13 relative aux carrières o Décret n° 2-15-769 15 décembre 2015 fixant la composition, le nombre des membres, les attributions et les modalités de fonctionnement de la commission nationale de la gestion intégrée du littoral et des commissions régionales ainsi que les modalités d’élaboration du plan national et des schémas régionaux du littoral (BO n° 6428 du 07/01/2016 page 5) o Décret du 1996 relatif à la préparation et à la lutte contre les pollutions marines accidentelles (PUN) (Décret n° 2-95-717 Du 22 novembre 1996 B.O n° 4440 du 19 décembre 1996 page 912).

143 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

o Décret du 4 novembre 2008 relatif aux attributions et au fonctionnement du comité national et des comités régionaux des études d'impact sur l'environnement (Décret n° 2-04-564 du 4 novembre 2008 B.O n° 5682 du 13 novembre 2008) o Décret du 4 novembre 2008 fixant les modalités d'organisation et de déroulement de l'enquête publique relative aux projets soumis aux études d'impact sur l'environnement (Décret n° 2-04-564 du 4 novembre 2008 B.O n° 5682 du 13 novembre 2008) o Décret du 8 décembre 2009 fixant les normes de qualité de l’air et les modalités de surveillance de l’air (Décret n° 2-09-286 B.O n° 5806 du 21 janvier 2010 page 35) o Arrêté du Premier Ministre de 2003 portant application du décret du 22 novembre 1996 sur le PUN (Arrêté n°3300 du 16 juillet 2003 B.O n° 5132 du 7 août 2003 page 797). o Arrêté du ministre de l'agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts n° 1950-17 du 14 kaada 1438 (07 août 2017), fixe les conditions relatives au classement sanitaire des zones maritimes de production conchylicole. o Circulaires du ministère l’équipement et du transport n° 784/33 du 28/09/2001 et n° 04/32 du 19/08/2004 sur les occupations illégales du Domaine Public Maritime.

387. Par ailleurs, en termes de conventions internationales et régionales que le Maroc a ratifiées, on peut se référer au rapport diagnostic du PNL qui a relaté et analysé toutes les conventions en matière d’environnement littoral et marin. Il a en particulier souligné les difficultés qui entravent leur transposition et mise en œuvre à l’échelle nationale, dont notamment les faibles ressources financières et les retards dans la promulgation des lois.

7.2 Initiatives en faveur de la protection et de la mise en valeur du littoral

388. Les stratégies, programmes et plans nationaux qui militent en faveur de la protection, de la conservation et de la mise en valeur du littoral marocain, et dont bénéficie le littoral RSK, sont nombreux, mais restent néanmoins en majorité, avec une empreinte plus ou moins sectorielle. On peut citer entre-autres : o L’étude d’élaboration du schéma directeur de valorisation du DPM à l’horizon 2035 commanditée par le METLE, et qui vise l’élaboration d’une vision et d’un schéma directeur de gestion intégrée et durable du DPM en intégrant toutes les stratégies sectorielles et en faisant fédérer tous les organismes concernés.

o La Stratégie nationale de gestion intégrée du littoral : en cours d’élaboration par la Direction de l’Aménagement du Territoire du Ministère de l’Aménagement du Territoire National, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la Ville. Un premier diagnostic a permis d’identifier les principaux enjeux notamment : l’équilibre entre développement économique et durabilité des ressources, la gouvernance, la maîtrise des risques littoraux, l’anticipation des effets du changement climatique et l’aménagement intégré des zones côtières. Dans un deuxième temps, l’étude proposera un ensemble d’éléments permettant de forger puis mettre en œuvre cette stratégie.

144 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

o Le Plan « Halieutis » : une stratégie de développement du secteur halieutique axée sur la durabilité de la ressource, la performance et la compétitivité.

o La Stratégie portuaire à l’horizon 2030, élaborée par le METLE, et notamment son axe stratégique 6 : “Intégrer les objectifs environnementaux et urbains dès la phase de conception des projets d’investissement » à travers deux points :

1. Minimiser l’impact environnemental global des ports, notamment en externalisant certains flux et trafics sur des ports hors milieu urbain, et en positionnant les nouveaux ports dans des sites favorables ; et 2. Ouvrir les ports sur la ville et permettre une mutation des vocations de certains ports hyperurbains comme Tanger, Kenitra, Casablanca, Safi.

o Les Schémas Directeurs d’Aménagement Urbain (SDAU), qui ont un rôle dans la protection et la valorisation du littoral. En effet, le SDAU coordonne les actions d'aménagement entreprises par tous les intervenants en déterminant les choix et les options d'aménagement qui doivent régir le développement harmonieux économique et social du territoire concerné. Il a également pour rôle de fixer la destination générale des sols en déterminant, en plus des zones d'habitat avec leur densité, des zones industrielles, commerciales ou touristiques, la localisation des sites naturels à protéger et/ou à mettre en valeur tel que les lagunes, les embouchures des oueds, et les baies ainsi que les zones dont l'aménagement fait l'objet d'un régime juridique particulier tel que le Domaine Public Maritime (DPM). Aussi, un ensemble de SDAUs spécifiques aux littoraux (SDAULs) ont été mis en place afin d’établir, pour les différents horizons, des choix prospectifs pour la valorisation du front de mer et la protection des sites d’intérêt biologique et écologique, notamment le Domaine Public Maritime, en prévoyant des zones non constructibles au niveau des plages, falaises, côtes rocheuses, lagunes et embouchures.

En matière d’assainissement liquide

389. Le projet de dépollution du littoral atlantique et de la vallée du Bouregreg devait en principe être achevé avant 2010, mais il a fallu attendre 2013 pour la mise en service de la station de prétraitement côté Rabat. Les eaux usées des villes de Rabat et Temara sont donc prétraitées puis rejetées en mer via un émissaire d’une capacité de 6 m3/s et une longueur de 2.150 km. Les ouvrages de prétraitement permettent l'élimination d’une douzaine de tonnes par jour de matières solides transportées par les eaux usées issues des agglomérations des villes de Rabat et Temara. A priori, et tant que des projets de réutilisation des eaux usées rejetées en mer ne se sont pas encore concrétisés, cette station opérationnelle permet de dépolluer le tronçon du littoral de Rabat, Salé, Témara, Harhoura et Ain Attiq, en évitant les rejets directs des usées brutes en mer. Le dispositif de prétraitement et de rejet est composé de : i) système d'intercepteurs, ii) Émissaire en mer par lequel ces eaux traitées sont évacuées à 2 km au large de la côte atlantique et iii) station de prétraitement permettant de réaliser des traitements physiques préliminaires avant le rejet des eaux traitées dans le milieu naturel via l'émissaire en mer. Il est unanimement admis que ce système de dépollution permet de préserver l'environnement de l’écosystème côtier et fluviatile, de valoriser la façade côtière et les oueds et d'améliorer la qualité des eaux de baignade. En effet, il

145 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

privilégie le pouvoir auto-épurateur de l'océan, à travers la construction d'un émissaire en mer précédé d'un prétraitement. Des mesures ont été aussi préconisées pour l’atténuation des impacts résiduels (odeur, bruit et aspect visuel). Il s’agit notamment de mettre en place des conduites de refoulement en béton, des ouvrages de relevage et de traitement confinés dans un bâtiment fermé avec un système d’aspiration associé à un traitement biologique. Pour l’aspect visuel, les ouvrages sont construits dans des bâtiments semi enterrés, tandis que l'intégration paysagère a été soigneusement étudiée afin d'intégrer le projet de façon harmonieuse au contexte du site.

390. Par contre, la construction de la station de Salé a pris du retard, mais d’après Redal, l’achèvement de ce chantier structurant permettra au littoral de Rabat-Salé de jouir d’un taux de dépollution de 100%, avec zéro point de rejet d’eaux usées brutes à la côte ce qui aura de nombreux impacts positifs sur la région : o Amélioration des conditions de vie des citoyens ; o Préservation de l'hygiène publique ; o Amélioration de la qualité des eaux de baignade ; o Suppression des mauvaises odeurs le long du littoral et du Bouregreg ; o Développement de l'activité touristique grâce à la revalorisation de la façade côtière et de la vallée du Bouregreg ; o Accompagnement des projets d'aménagement de la corniche de Rabat et de la vallée du Bouregreg ; o Préservation de l'environnement et de l'écosystème côtier et fluvial.

391. Par ailleurs, il convient de signaler qu’en matière de valorisation des ressources en eau, le projet d’arrosage du Royal Golf Dar Essalam à Rabat par les eaux usées épurées de la STEP de Ain Aouda est en cours de finalisation, de même qu’un autre projet relatif à l’arrosage des espaces verts de la ville de Rabat par les eaux usées épurées va bientôt démarrer.

En matière d’assainissement solide

392. En ce qui concerne les réponses en matière de gestion intégrée et durable des déchets, il y a lieu de mentionner le progrès important enregistré grâce aux initiatives suivantes : o La mise en œuvre du PNDM pour la période 2008-2023, qui vise à : (i) atteindre un taux de collecte de 100% en 2020, (ii) réaliser des décharges contrôlées et des CEV dans tous les centres urbains à l’horizon 2020, (iii) réhabiliter ou fermer toutes les décharges non contrôlées, (iv) développer la filière de « tri-recyclage-valorisation », pour atteindre un taux de 20 % du recyclage en 2020, etc., o La mise en place des Plans directeurs de gestion des déchets ménagers et assimilés dans les provinces et préfectures pour une durée de vie de 10 ans, ainsi que le plan directeur régional de gestion des déchets industriels, médicaux et pharmaceutiques non dangereux, des déchets ultimes, agricoles et inertes dans la région RSK (en cours). o Autres initiatives en cours d’opérationnalisation. Il s’agit de :

146 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

o La migration des décharges contrôlées vers des centres d’enfouissement et de valorisation (CEV), o La mise en place du Programme national de valorisation des déchets (PNVD), o La stratégie nationale de réduction et de valorisation des déchets (SNRVD) récemment formulée ; cette stratégie ne se limite pas aux déchets ménagers et assimilés mais s’étend sur les autres catégories (déchets industriels, déchets de construction et de démolition, etc.).

393. Depuis juin 2011, le centre de tri mécanisé de déchets installé à Oumazza reçoit les déchets des villes de Rabat, Salé et Temara. La couverture de collecte atteint 100 % à Rabat, mais quelques secteurs enregistrent des taux faibles dans les quartiers périphériques d’habitats informels et dans les bidonvilles (Salé, Skhirate-Temara) où la configuration des tissus urbains rend difficile une collecte régulière et efficace, faute de moyens techniques adaptés. Cette défaillance augmente le risque que les déchets solides atteignent et polluent le littoral et ses ressources naturelles.

394. Pour le cas de l’assainissement liquide, représentant un des impacts importants sur le littoral comme il a été indiqué auparavant, les initiatives les plus importantes prises depuis 2006, sont les suivantes : o Lancement en 2006 du PNA (Objectifs : Atteindre en 2020 : (i) un taux de raccordement global au réseau d’assainissement en milieu urbain de 80% et (ii) un volume des eaux usées traitées de 60%. Ce Programme est décliné au niveau de RSK de manière satisfaisante bien que la grande STEP de Kenitra demeure menacée par l’intrusion des rejets industriels dans le réseau d'assainissement) ; o La nouvelle loi sur l’eau 36-15 qui stipule de nouvelles dispositions concernant la valorisation et l’utilisation des eaux non conventionnelles ; o La publication au B.O. des valeurs limites de rejets dans le DPH ; o La mise en place du Plan national de réutilisation des eaux usées (PNREU) ; o La mise en place du PNAR ; o En 2018, il a été procédé à la mise en place d’un Plan National d’Assainissement Mutualisé (PNAM) regroupant les programmes et plans d’assainissement (PNA et PNAR) et de réutilisation des eaux usées traitées (PNREU).

395. D’autres stratégies et plans sectoriels s’appliquent également au littoral sans lui être spécifiquement dédiés : Stratégie du Tourisme Vision 2020, Stratégie Nationale de l’eau, Plan directeur des aires protégées, Plan Maroc vert, etc.

En matière de contrôle de la qualité de l’air

396. Afin de lutter contre la pollution atmosphérique et améliorer la qualité de l’air, le Maroc a mis en place un Plan National de l’air (PNair), qui sera mis en œuvre selon trois échéances : une première étape de 2018 à 2021, une deuxième étape de 2021 à 2025

147 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

et une troisième étape de 2026 à 2030. La répartition des stations existantes en 2018 et à acquérir à ces différentes échéances (2021, 2025 et 2030) au niveau de la Région RSK est représentée sur la figure 84 et dans les tableaux (A et B).

Figure 84 : Stations existantes en 2018 et stations exigées et à acquérir dans la Région RSK. (Source : SEDD 2018)70

Tableau 21 : Stations existantes et exigées dans la Région RSK (Source : SEDD, 2018)

397. Pour récapituler, en plus des 3 stations existantes en 2018, le nombre de stations à acquérir à échéance 2030 s’élève à 13, pour atteindre les 16 stations exigées à cette échéance.

70 SEDD (2018) : Programme National de l’air (PNair). Rapport définitif. Septembre 2018.

148 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

En matière de réhabilitation et de protection des écosystèmes

Lutte contre l’ensablement

398. Plusieurs secteurs du littoral RSK connaissent des problèmes d’ensablement, dus soit à la dynamique marine (cas de la passe de la lagune de Moulay Bousselham qui se ferme souvent en raison d’importantes quantités de sable apportées par la dérive littorale lors de fortes houles de tempête) ou de déflation éolienne, souvent causée ou aggravée par les activités anthropiques (fréquentation de masse, exploitation du sable dunaire, circulation de véhicules motorisées, etc.).

399. Au niveau du littoral de Mehdia par exemple, la destruction de la Junipéraie pour l’extension des constructions à Mehdia, la coupe du genévrier et du Rtam lors du Moussem d’été de Sidi Boughaba, le défrichement de la végétation naturelle à proximité des douars pour l’agriculture, ont engendré une déstabilisation des dunes et une mobilisation de sable qui a envahi les routes, les constructions voisines et les terres agricoles. En 1990, les services des Eaux et Forêts ont mené un programme de fixation des dunes mobiles de Sidi Boughaba et de Chliha avec des espèces exotiques notamment Acacia cyanophylla sur une bande côtière de 30 hectares. Les résultats ont été quelque peu bénéfiques pour Chlihat où les arbustes sont assez développés quoique la densité végétale soit faible. Par contre, les implantations sur les dunes de Sidi Boughaba n’ont pas résisté à la force éolienne et l’impact des cycles de sécheresse.

Ensablement du muret de la corniche en septembre 2009 côté Progression des dunes à . nord photo de gauche) et Zone Centre et Sud (photo de droite) Chlihat Photos SOGREAH Photo M. Laatiris 400. L’étude réalisée par la SOGREAH pour le compte de la DPDPM en 2011 a proposé deux solutions pour limiter les apports éoliens sur la corniche :

o Solution n°1 : le reprofilage du haut de plage afin, en particulier, d’abaisser la côte d’arase de la plage contre le mur côté mer.

o Solution n°2 : le reprofilage de la plage tel que prévu à la solution n°1 et la mise en place d’un système de ganivelles pour constituer un cordon dunaire en haut de plage en bordure du front de mer pour réduire les apports sur la corniche.

Pour le moment aucune mesure n’a été entreprise.

401. En qui concerne Merja Zerga, la fermeture de la passe due aux tempêtes marines, entraine des impacts négatifs sur le tourisme, l’activité de la pêche du fait de la

149 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

réduction des échanges avec la mer et, par conséquent, le confinement de la lagune, la réduction du temps de travail des pêcheurs et l’augmentation des risques liés aux conditions difficiles de navigation. Pour pallier à ce problème, la Direction des ports et du domaine public maritime a lancé une étude technique visant la réhabilitation de la lagune afin d’apporter une solution à cette problématique d’ensablement.

402. L’embouchure du Sebou est également sujette à un ensablement récurrent, qui nécessite des opérations de dragage d’entretien qui sont réalisées chaque année (~460 000 m3 /an en moyenne au cours des 10 dernières années). Cet ensablement serait dû aux apports sédimentaires du Sebou, au transit littoral qui n’est pas intercepté par les digues de l’Oued et aux apports de sable par transit éolien.

Lutte contre l’érosion des plages sableuses

403. C’est surtout la plage sableuse de Mehdia qui connaît une érosion importante (environ -1 m/an) qui a suscité des études pour lutter contre son recul. L’étude de la SOGREAH (2011) préconise d’injecter le long de la plage une partie du sable dragué lors des dragages d’entretien. Les opérations de rechargement artificiel pourront s’effectuer périodiquement à une fréquence qui dépendra du déficit sédimentaire mesuré.

En matière de risques naturels

404. Le Plan national de protection contre les inondations mis en place en 2002 a été actualisé en 2017, et ce dans le but de présenter l’inventaire exhaustif des sites exposés aux risques d’inondations et de proposer des plans d’action pour assurer une meilleure protection contre ces risques.

405. Dans le cas de la Région RSK, un Plan directeur de protection et de gestion du bassin du Sebou contre les inondations a été initié par le secrétariat d'État chargé de l'Eau en collaboration avec l'Agence coréenne de coopération internationale. Les différentes mesures et actions de ce Plan concernent essentiellement l'amélioration du système de gestion des retenues de barrages, la mise en place d’un système de prévention et d'alerte aux crues dans le bassin, l'amélioration législative et l'élaboration des normes, ainsi que le renforcement du cadre légal du système d'entretien des oueds.

406. Par ailleurs, dans le cadre du Plan Agricole Régional de Rabat‐Salé‐Kenitra (Programme SESAME), un programme de curage de la totalité des réseaux d’assainissement a été réalisé dans la plaine du Gharb entre 2009 et 2013 et ce afin de préserver leur fonctionnalité et leur rôle dans l’atténuation de l’impact des inondations éventuelles. Le linéaire récuré entre 2013 et 2016 s’élève à 660 km71.

407. En front de mer, les houles de tempêtes peuvent également causer des dégâts aux infrastructures côtières. En l’occurrence, la tempête du 11/13 Mars 2003 (Hs~7.5 m ; Tp = 18s) avait endommagé le musoir de la digue Sud de l’embouchure du Sebou et a nécessité des travaux de confortement qui ont été réalisés entre janvier 2007 et Février 2008 pour reconstruire et rallonger d’environ 50 m le musoir de la digue.

71 Arrifi El Mahdi (2017) : Le Plan Agricole Régional de Rabat‐Salé‐Kenitra : Un modèle de gouvernance territoriale pour un développement durable. SESAME 5 Panel 2 : La gouvernance territoriale au niveau régional

150 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

En matière de développement humain

408. Plusieurs programmes ont été mis en place dans le cadre de l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH). Parmi ceux qui concernent le littoral de la Région RSK, il y a :

o Le Programme de lutte contre la pauvreté en milieu rural qui cible les communes rurales dont le taux de pauvreté est supérieur à 14%. Les communes ciblées dans le programme 2011-2015 sont : 1 commune dans la préfecture de Salé, deux communes dans la préfecture de Skhirate-Temara et 17 communes dans la province de Kenitra ;

o Le Programme de lutte contre l’exclusion sociale en milieu urbain ciblant 532 quartiers défavorisés. Au niveau des préfectures et provinces littorales de la Région RSK, les quartiers ciblés sont au nombre de 15 à Rabat, 17 à Salé, 17 dans la préfecture de Skhirate-Temara et 14 dans la province de Kenitra ;

o Le Programme de lutte contre la précarité au profit de 10 catégories sociales en situation précaire notamment les jeunes sans abri, les enfants de rue, les personnes âgées démunies…

409. Par ailleurs, quatre programmes principaux ont été mis en place pour résorber les déficits cumulés concernant le logement :

o Le Programme Villes sans Bidonvilles (VSB) propose un plan d’intervention globale au niveau de plusieurs villes, destiné à trouver une solution durable au problème de l’habitat insalubre. Il concerne, entre autres, 9 000 ménages à Rabat, 9 000 à Kenitra ou encore 18 000 à Temara. A Rabat, 3 000 ménages sont en train d’être relogés (attribution de logements) et 6 000 recasés (attribution de lots). La Direction régionale concernée estime que la situation concernant les bidonvilles est maîtrisée. Mais à Temara, la réalisation de ce programme rencontre de nombreuses difficultés majeures ;

o Le Programme Habitat Menaçant Ruine (HMR) concerne les anciennes médinas de Rabat et de Salé. L’objectif est de conforter les habitations dégradées et reloger les habitants des maisons ruinées. Actuellement un recensement de mise à jour est réalisé afin de catégoriser les logements (à démolir ou à renforcer).

7.3 Contraintes et faiblesses

410. Sur le plan juridique et institutionnel, plusieurs grandes lois ont fait évoluer le cadre général de la planification et de l’aménagement du littoral. Le SRAT et le PDR de la Région RSK ont accompli un saut qualitatif en matière de planification et d’aménagement intégré à l’échelle régionale, et le SRL marquera certainement un renouveau dans les modes de gestion et de gouvernance régionale de l’espace littoral.

411. Toutefois, compte tenu de la panoplie des plans et stratégies sectoriels, on assiste, à l’image de l’échelle nationale, à une défaillance en matière de coordination horizontale et une absence d’intégration et d’harmonisation entre les politiques sectorielles. Ces faiblesses sont encore plus amplifiées à l’échelle régionale en raison du poids encore

151 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

prégnant des services centraux, malgré les nombreuses prérogatives accordées à la Région dans le cadre de la régionalisation avancée.

412. Par ailleurs, la réussite de la mise en œuvre du SRL est conditionnée, comme tous les autres schémas et plans, par l’application rigoureuse des textes de lois et la limitation des dérogations qui, souvent constituent de véritables « points noirs » à l’atteinte des objectifs visés.

413. Une autre faiblesse réside dans l’absence de la dimension « mer » du littoral longtemps oubliée dans les documents de planification, et qui aujourd’hui s’impose plus particulièrement, compte tenu de l’intérêt de plus en plus accordé aux potentiels de la croissance bleue et des services écosystémiques marins.

8. Analyse SWOT du littoral de la région RSK

8.1 Pourquoi une analyse SWOT ?

414. Une analyse SWOT72 est une technique couramment utilisée pour aider à identifier l'orientation stratégique d'une organisation ou d'un projet. Elle fournit des informations utiles sur la viabilité future du système considéré. Les capacités prédictives de cet outil proviennent de la prise en compte des forces et des faiblesses du système dans le contexte de la zone d’intervention, ainsi que des opportunités et des menaces. La finalité est de déterminer comment le système (Projet SRL et Zone SRL dans notre cas) se comporterait à la lumière des changements qui se produisent autour de lui (Paliwal, 2006)73. Les forces et les faiblesses se traduisent par des facteurs internes, tandis que les facteurs externes correspondent aux opportunités et menaces. Les forces peuvent être définies comme toute ressource disponible pouvant être utilisée pour améliorer la performance du projet. Les faiblesses sont des lacunes ou insuffisances de tout système qui peuvent entraîner la perte d'un avantage concurrentiel, de l'efficacité ou des ressources financières. Il est parfois recommandé d’identifier d’abord les opportunités et les menaces afin de mettre plus rapidement en évidence les forces et les faiblesses du système. De plus, l'analyse SWOT aide à catégoriser les principaux facteurs internes et externes qui sont importants pour atteindre l’objectif.

415. L'analyse SWOT n'est qu'une méthode de catégorisation et a ses propres faiblesses (Hills et Westbrook, 1997)74. Les informations d'entrée de cette analyse sont généralement basées sur des entrevues avec diverses parties prenantes et expériences des experts lors de visites sur le terrain. Remarquons que ces ingrédients sont parfaitement considérés dans la démarche adoptée pour le projet SRL-RSK.

72 Strengths, Weaknesses, Opportunities and Threats - 1970’s as a tool for business management (Porter, Harvard University). 73 Paliwal, R., 2006. EIA pracitice in India and its evaluation using SWOT analysis. Environ Impact Assess Rev 26, 492-510. 74 Hills, T., Westbrook, R., 1997. SWOT analysis: it’s time for a product Recall. Long Range Planning 30 (1), 46-52

152 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

8.2 Démarche adoptée pour LE SRL -RSK

416. Compte tenu de la nature du projet SRL, la forme adoptée pour l'analyse SWOT est de nature qualitative. D’ailleurs, elle est souvent utilisée pour identifier les stratégies de développement dans la politique régionale européenne, et elle a été également utilisée dans des projets de gestion côtière, tels que le projet MECO (Scapini et al., 2000)75.

417. L'analyse spatiale est un outil fondamental pour l'analyse SWOT. En effet, grâce à l'utilisation d'un SIG du territoire, il est possible de mesurer des coefficients spatiaux qui sont fondamentaux pour obtenir des résultats numériques. En outre, un SIG rend plus évidents les aspects environnementaux et les interactions humaines avec l'environnement naturel, en superposant des couches thématiques.

418. Dans notre cas, nous avons adopté l’approche qualitative de l’analyse SWOT pour les trois phases du Projet SRL (initiation, planification et mise en œuvre) et pour la zone SRL comme l’illustre la figure 84.

SWOT 1 Exploiter les forces, saisir les opportunités, combler les faiblesses, et gérer et prendre en compte les risques et Élaboration et mise en les menaces pour une formulation pertinente et une œuvre du SRL mise en œuvre efficace du Projet SRL-RSK

SWOT 2 Exploiter les forces, saisir les opportunités, combler les faiblesses, et gérer et prendre en compte les risques et Zone SRL les menaces pour assurer la protection, la conservation

et la mise en valeur du littoral RSK

Figure 85 : Composantes thématiques de l’analyse SWOT – SRL

419. Cette double analyse est adoptée pour traiter, dans un premier temps, l’efficacité recherchée par l’instrument SRL (SWOT 1) et l’achèvement de ses objectifs en matière de protection, de conservation et de mise en valeur du littoral (zone SRL) en considérant prioritairement les atouts et potentiels ainsi que les menaces caractérisant la zone SRL (SWOT 2). Il est ainsi crucial de noter que ces deux analyses sont interdépendantes pour les raisons suivantes : o L’élaboration du SRL a pour objectif l’aménagement de la zone SRL pour sa protection, sa conservation et sa mise en valeur durable ; o L’efficacité de mise en œuvre du SRL se traduirait par l’opérationnalisation des mesures et projets de prévention, de protection, de réhabilitation et de mise en valeur ; o Les atouts et potentiels de la zone SRL conditionnent les projets à entreprendre en matière de valorisation ;

75 Scapini, F. et al., 2002, Baseline Research for the Integrated Sustainable Management of Mediterranean Sensitive Coastal Ecosystems, Ed. Istituto Agronomico per l’Oltremare.

153 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

o La GIZC, instrument de planification et de gestion du littoral, est holistique dans la mesure où elle concerne l’espace biophysique, le milieu humain, les parties prenantes (SWOT 2) et le mode de gouvernance basé sur l’intégration (SWOT 1) ; o Etc.

420. Eu égard à ces considérations, et bien que l’analyse SWOT soit scindée en deux volets pour un souci didactique et de clarté, les axes stratégiques et les orientations potentielles d’amélioration seront formulées pour l’ensemble des deux analyses selon une agrégation thématique.

421. Ainsi, à la lumière des résultats de diagnostic et du processus de concertation avec les parties prenantes, cette analyse a été effectuée dans le cadre d’un atelier technique réunissant les experts de l’Assistance Technique (Agreed), la DRE-RSK, les membres de « l’UGP » relevant des structures concernées du Département de l’Environnement, et les deux partenaires clés : la Wilaya et la Région.

422. Cette analyse, conduite de manière participative, s’est basée sur le principe de pertinence et sur des faits réels dans la formulation des forces et des faiblesses (diagnostic interne) et des opportunités et menaces (diagnostic externe). Ainsi, le groupe de travail a décidé de ne pas produire un SWOT trop élargi avec une longue liste exhaustive interminable qui ne permettra pas de déduire des conclusions claires. En effet, selon la littérature sur cet outil, le SWOT doit être synthétique pour ne contenir que les faits ou enjeux majeurs et les points clés et pour permettre, en fin de compte, de secréter les éléments saillants, de définir les problèmes majeurs et identifier les priorités et les principaux leviers. La finalité est de dresser des recommandations stratégiques qui trouvent leur essence dans la capitalisation sur les forces, la mitigation des faiblesses, la saisie des opportunités et la prise en compte et la gestion des menaces. Ces recommandations constituent une base pour accomplir l’exercice de formulation du SRL.

154 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

8.3 Résultats de l’analyse SWOT

423. Les matrices des analyses SWOT 1 et SWOT 2 sont rapportées ci-après (Tableaux 20 et 21).

Tableau 22 : Matrice d’analyse SWOT 1 « Élaboration et mise en œuvre du SRL ».

Forces Faiblesses Cadre juridique établi Faiblesse de capacités de réalisation de projets o Manque d’adéquation Objectifs-Ressources o Loi 81-12 relative au Littoral o Manque d’une stratégie d’action o Décret n°2-15-769 du 3 rabii I 1437 (15 décembre 2015) fixant la composition, le nombre des o Insuffisance des moyens financiers membres, les attributions et les modalités de fonctionnement de la commission nationale de la gestion intégrée du littoral et des commissions régionales ainsi que les modalités Chevauchement du SRL avec d’autres documents de planification d’élaboration du plan national et des schémas régionaux du littoral. territoriale o SRAT Existence du PNL o SDAU et PA o Plan à portée stratégique qui oriente l’élaboration des SRL o Vision sur le littoral marocain définie et sera spécifiquement adaptée aux régions littorales Difficulté d’une délimitation commune de la zone SRL dans le cadre des SRL o Insuffisance de compréhension commune de la portée du SRL o Instrument parfois perçu comme une exigence réglementaire et/ou L’approche GIZC bien initiée comme interdictions et restrictions de certaines activités (alors que la o Appropriation politique en vue d’assurer une intégration intersectorielle et améliorer loi sur le littoral est à la fois de nature réglementaire et de l'utilisation durable des ressources côtières développement durable) o Expérience acquise en matière d’intégration de la GIZC dans la planification territoriale Insuffisance en matière d’intégration et d’appropriation Existence d’un cadre référentiel et d’initiatives déclinées au niveau du territoire de la région o Multitudes d’intervenants RSK o Faible appropriation des parties prenantes o La SNDD : un axe et des objectifs dédiés au littoral o Non continuité des instances politiques o Le PDR : allocation d’un crédit de payement pour le littoral o SRAT : document réglementaire pratiquement disponible pour la région RSK o Référentiel régional méditerranéen : Mise en œuvre du protocole GIZC à travers le cadre régional commun Adoption de la notion de la planification de l’espace maritime au niveau de la communauté internationale Entité de gouvernance mise en place pour l’élaboration du premier SRL

155 Diagnostic de la zone SRL RSK

o UGP constitué regroupant les structures concernées du DE et coordonnée par la DRE-RSK o Plus d’implication et d’enthousiasme des membres de l’UGP o Caractère pilote du SRL-RSK Parties prenantes clés engagées et informés o Intérêt du secteur privé au SRL o Présence d’un tissu associatif actif et engagé o Prise de conscience accrue des risques Opportunités Menaces Possibilité de mobilisation de fonds Difficulté d’application des dispositifs juridiques et procédures o Coopération internationale o Entraves à la mise en application des textes juridiques o Fonds Vert Climat o Éventuel retard dans le processus d’adoption du SRL o Possibilité de mobilisation de partenaires o Absence de normes bien définies sur les paramètres environnementaux pour surveiller la dégradation l’écosystème littoral Compétences et cadre favorable d’innovation et de développement du littoral due aux activités anthropiques et aux rejets en mer o Forte présence d’universités et instituts de formation et de recherche o Centres de formation professionnelle Des approches politiques fragmentées et sectorielles occasionnant o Émergence du concept de l’économie bleue o Un conflit d’usage o Un dépassement de la capacité de charge Synergie du SRL avec d’autres projets et programmes o Projet WAVES à travers sa composante « micro » ciblant la zone SRL Risque de non pérennité des actions d’aménagement et de o Projet GIZC réhabilitation o Les aléas et l’ampleur des risques difficilement prédictibles

156 Diagnostic de la zone SRL RSK

Tableau 23: Matrice de l’analyse SWOT 2 « Zone SRL ».

Forces Faiblesses o Présence de la Capitale o « Coups partis » urbanistiques o Présence d’élite politique sensibilisée au o Contraintes liées au foncier développement durable o Manque de synergie entre les acteurs et o Position géostratégique d’harmonisation de l’utilisation de l’espace o La zone SRL rassemble des potentiels et des o Sous valorisation des potentiels (naturel et culturel) pressions représentatifs des régions o Inadéquation de la recherche avec l’emploi littorales ce qui conforte son caractère o Disparités sociales et territoriales pilote o Faible intégration de l’approche genre o Pressions sur la qualité des ressources (pollution, Potentiels importants et diversifiés urbanisation, exploitation des sables…) o Naturel o Hydrique o Énergétique o Touristique o Culturel o Etc. o Existence de grands projets structurants o Zone fortement dotée en équipement et infrastructures o Plans et programmes d’assainissement et de dépollution (PNA, PNDM, FODEP, MVDIH) o Présence d’ONGs engagées pour la protection du littoral à travers le plaidoyer et la sensibilisation sur les potentiels et menaces o Gisement démographique favorable (tranche d’âge 15-35 ans relativement importante) o Présence de zones encore vierges Opportunités Menaces o Existence de potentiel recherche, o Difficultés d’application des textes réglementaires innovation et formation dans la région o Faible engagement des secteurs dans la mise en o Émergence de filières économiques à forte œuvre du SRL et dans l’adoption de la GIZC employabilité o Extension non maitrisée de l’urbanisation o Menace sur le patrimoine culturel o Pollutions venant de l’extérieur de la zone o Exposition de la zone SRL aux risques liés au changement climatique o Menaces sur la biodiversité (SIBE, zone humides…). o Migrations o Dépassement de la capacité de charge

157 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

9. AXES STRATEGIQUES ET ORIENTATIONS POTENTIELLES D'AMELIORATION

9.1 La gouvernance

424. En ce qui concerne le volet juridique, il y a lieu de constater que la force majeure réside dans la présence d’un cadre juridique établi.

425. Toutefois, il va falloir le parachever par les textes d’application et booster l’applicabilité des dispositifs juridiques en relation avec la protection, l’aménagement et le développement du littoral.

426. Sur le plan institutionnel, le Département de l’Environnement et sa DRE ont les outils idoines, balisés dans le cadre de la SNDD, pour le pilotage de la mise en œuvre du SRL en coordination avec la Wilaya, le Conseil régional et les secteurs intervenants dans la zone SRL. Aussi, la commission Régionale de Gestion Intégrée du Littoral (CRGIL) instituée, constitue un cadre d’adoption, de validation du Projet SRL et pourrait faire office d’une commission de pilotage de la mise en œuvre du programme de mesures ou du plan d’action qui sera formulé.

427. Toutefois, considérant le nouveau modèle de gouvernance, basé sur la Régionalisation avancée, il serait judicieux de mettre en place une entité régionale chargée de la régulation sectorielle pour une meilleure intégration. La DRE – OREDD, l’Agence Régionale d’Exécution des Projets (AREP) et le CRI pourraient constituer le noyau dur de cette entité. Cet aspect mériterait un débat dans le cadre d’un atelier dédié.

428. La participation et l’implication des parties prenantes est l’un des principes fondamentaux de la gouvernance de la mise en œuvre du SRL eu égard à son caractère multi-acteurs. C’est pour cette raison que l’Assistance Technique (Agreed), en collaboration avec la DRE et son entité de pilotage (UGP) s’est engagée précocement et tout au long du processus dans la concertation avec toutes les parties prenantes. En effet, il est admis qu’un engagement efficace et effectif de toutes les parties prenantes peut aider à avoir le soutien nécessaire pour que le SRL atteigne ses objectifs et réponde aux attentes et aspirations de la communauté régionale et locale. Pour le cas du SRL, l’engagement des institutions publiques est assez bien établi par la force des dispositions de la loi (Force). Aussi, l’analyse SWOT, inspirée des résultats des consultations avec les parties clés dont les ONGs et les acteurs du secteur privé, a mis en exergue dans le SWOT 1 et SWOT 2 des forces importantes respectivement en faveur de l’élaboration et la mise en œuvre et la gestion durable de la zone SRL. En effet, il a été noté que les ONGs sont engagées pour la protection du littoral à travers le plaidoyer et la sensibilisation sur les potentiels et menaces. Également, les acteurs du secteur privé expriment un intérêt fort pour le SRL. Ces engagements sont en faveur de l’instauration de la GIZC, approche assez bien initiée au Maroc (un autre point fort relaté par l’analyse SWOT).

429. Toutefois, à la lumière du benchmark international, l’effectivité d’implication, de participation et d’engagement n’est pas toujours satisfaisante. La complexité provient du fait qu'il existe de nombreuses parties prenantes avec des objectifs divers et

158 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

conflictuels. Ainsi, il va falloir adopter une démarche itérative de participation et d’implication des parties prenantes dans un schéma de GIZC. Pour cela, et en vue de passer d’un engagement « déclaration d’intention » à un engagement effectif, il va falloir procéder à :

1. identifier et cartographier les parties prenantes dans la région et la zone SRL sur la base de critères pertinents (leur représentativité, l’urgence de leurs préoccupations, la légitimité de leurs intérêts et le pouvoir qu'elles détiennent (Buanes, 2005)76. La partie prenante ayant un score élevé pour ces critères est un gage d’engagement effectif dans le dispositif de gouvernance et dans le processus de prise de décision, 2. intégrer les divers intérêts des parties prenantes (collectivités locales, ONGs, Secteur privé, etc.) dans la formulation et la mise en œuvre du SRL pour assurer l’atteinte de ses objectifs multiples (sociaux, culturels, économiques et écologiques), la réponse aux attentes des populations littorales et l’efficacité de valorisation des opportunités, 3. mettre en place des mécanismes de réseautage formalisé (pacte avec le secteur privé, Forum littoral – ONGs, etc.), 4. renforcer les capacités des ONGs en mettant l'accent sur les principes du développement durable, promouvoir la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), intégration effective de la GIZC dans les plans d’action communaux, etc. Ces mesures devront être prévues dans la formulation du SRL pour garantir l’effectivité de l’engagement des parties prenantes.

430. Le financement est crucial. Il se caractérise par une équation déséquilibrée entre les forces – opportunités et « faiblesses » en défaveur avec la capacité d’exécution. En effet l’analyse SWOT montre les forces résidant dans les initiatives de développement régional (PDR), la synergie avec des projets en pipeline, le gisement de ressources humaines et de compétences, l’engagement du secteur privé, etc., et des opportunités diverses (possibilités de mobilisation de fonds auprès de la coopération internationale, émergence des filières vertes et bleues, etc.). Devant ces forces et opportunités, force est de constater l’absence d’une stratégie d’action et l’inadéquation objectifs – ressources.

431. Ainsi, il est recommandé de renforcer la capacité de réalisation des projets à travers un processus de planification guidée par une vision claire et orientée vers une stratégie d’action décrivant l’approche et les projets à mettre en œuvre, selon un échéancier précis, afin d’améliorer l’efficacité de mise en œuvre. Aussi, des modèles de Partenariat Public Privé pour l’exécution des projets d’assainissement, de protection, de réhabilitation et de mise en valeur, méritent d’être développés. Il s’agit d’une entrée intéressante du secteur privé qui se montre engagé à participer à ces projets. Le renouveau législatif apporté par la loi marocaine n°86-12 (et sa loi modificative en projet n°46-18) relative aux contrats de partenariat public-privé, promulguée le 24 décembre 2014, pourrait assurer la viabilité de ces partenariats.

76 Buanes A, Jentoft S, Karlsen GR, Maurstad A, Soreng S. 2005. Stakeholder participation in orwegian coastal zone management.Ocean & Coastal Management 2005;48(8-10):658–69.

159 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

9.2 La protection et la conservation de la zone SRL du littoral RSK

432. Les principales menaces mises en exergue dans l’analyse SWOT sont de grande ampleur : i) extension non maitrisée de l’urbanisation, ii) menaces sur le patrimoine culturel, iii) exposition de la zone SRL aux risques liés au changement climatique, iv) menaces sur la biodiversité (SIBE, zone humides…), v) pollution tellurique, vi) dépassement de la capacité de charge, etc.

433. Pour faire face à ces menaces, la formulation du SRL devra prévoir des mesures transversales et spécifiques à des espaces ou zones dégradées ou vulnérables assez bien documentés par le diagnostic. De manière anticipée, il s’agira notamment de formuler des actions et projets visant : i) la protection contre la pollution et les risques liés au changement climatique, ii) la dépollution (eaux usées domestiques, rejets industriels, déchets solides, etc.), iii) la sauvegarde de la biodiversité marine et terrestre, etc. A côté de ces mesures « Hard », des mesures préalables de type « Soft » conditionneraient la pérennité des premières. Il s’agira notamment de : i) parachever les dispositifs juridiques et améliorer leur application tel qu’il est mentionné plus haut, ii) élaborer des programmes de renforcement des capacités, d’information et de sensibilisation sur les menaces et risques, iii) renforcer les mécanismes financiers de dépollution et iv) renforcer la recherche – innovation pour le développement durable du littoral, etc. L’ensemble de ces mesures devront être agrégées dans des projets GIZC qui comporteraient aussi la composante « valorisation des ressources et mise en valeur de la zone SRL » qui sera traitée ci-après.

9.3 La mise en valeur des ressources littorales – zone SRL

434. Comme le montre la figure 85 ci-dessous, l’analyse SWOT a clairement montré un « effet ciseaux » entre les opportunités et le niveau de valorisation et les menaces. Cela correspond à une tendance de déperdition des ressources et leur sous-valorisation malgré leur richesse et leur diversité.

Faibles Opportunités Canaux de mobilisation de Sous valorisation des potentiels ses fonds (naturel et culturel) Émergence des filières vertes et bleues (employabilité et entreprenariat Manque de synergie entre les

acteurs et d’harmonisation de Institutions et centres de formation et

l’utilisation de l’espace de recherche

Forces Gisement de ressources Menaces humaines à l’âge Pressions et menaces : s d’activité o Extension non maitrisée de Position géographique connectée aux

grandes villes et à Tanger-Med l’urbanisation o Menace sur le patrimoine culturel Plans et Programmes de mise à niveau o Pollutions environnementale o Exposition de la zone SRL aux risques liés au changement

Projets structurants & climatique infrastructures o Menaces sur la biodiversité (SIBE, zone humides…).

Potentiels riches et o Migrations variés o Dépassement de la capacité de charge Diagnostic de la zone SRL RSK 160 Diagnostic de la zone SRL RSK

Figure 86. Tendances croisées entre la valorisation et la déperdition des ressources littorales dans la zone SRL

435. Pour inverser les tendances, il va falloir que le SRL prévoie dans sa formulation, les actions Hard et Soft de protection et de conservation, mentionnées plus haut et de promouvoir la mise en valeur durable des ressources naturelles et culturelles et la valorisation des services éco systémiques (Protéger et conserver d’abord et développer et valoriser ensuite). Cela va de pair avec la logique d’inscription dans la GIZC. Ainsi, il va falloir développer, dans la formulation du SRL, des actions et projets autour des filières vertes et bleues en capitalisant sur les potentialités et les opportunités offertes dans la zone SRL. Ces projets devront être planifiés selon un cadre logique clair, tenir compte des risques liés à leur opérationnalisation ou à leur viabilité, et définir les engagements et les contributions des parties prenantes concernées. Des dispositifs de monitoring des indicateurs de mise en œuvre devront également être établis.

436. La capitalisation sur les initiatives engagées est indispensable. Cela permettra de développer une synergie avec les autres plans et programmes en cours ou projetés. A juste tire, un travail concerté avec le Projet WAVES-Banque mondiale, dans sa composante Micro pour la région RSK, devra être déclenché dès à présent. Dans le cadre de cette composante, WAVES appuiera les processus de prise de décision au niveau régional ou local, en vue de façonner les décisions en matière de planification économique, sectorielle et spatiale. À cet égard, il est envisagé que le programme puisse contribuer à la conception du futur projet d'investissement pour la Gestion Intégrée des Zones Côtières (GIZC) dans la région RSK. Par ailleurs, le programme WAVES pourrait également contribuer à l’élaboration d’une méthodologie pour l’intégration des valeurs (comptes) des services écosystémiques côtiers dans la planification du littoral et qui pourrait être appliquée dans d’autres régions littorales.

161 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

10. ANNEXES

Annexe 1 : Taux de collecte des déchets ménagers

Taux de collecte des déchets Province/ Préfecture Commune littorale ménagers Urbain Rural Mehdia 99,6

Mnasera 0,4 Moulay Bousselham 69 1,6 Sidi Taibi 32,8 2,9 Bahhara Oulad Ayad 0,4 Chouafaa 0,5 Ben Mansour 0,8 Sidi Mohamed Ben Mansour 3,4 Kenitra Kenitra 96,8 Mograne 0,5 Sidi Mohamed Lahmar 0,8 Lalla Mimouna 8,8 0,7 Oulad Slama 1,2 Sidi Allal Tazi 67,9 0,4 Sidi Boubker El Haj 0,6 Souk Tlet El Gharb 5,5 Rabat Ville de Rabat 99 Ville de Salé 98,4 Salé Sidi Bouknadel 75,8 Ameur 45 Sidi Kacem Sidi Al Kamel 0,5 Skhirate 85,5 Harhoura 97,4 Temara 97,3 Ain Attig 60,2 Skhirate-Temara Ain El Aouda 96,8 Oumazza 11,4 Sabbah 40,8 El Menzeh 62,4

162 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

Annexe 2 : Centres d’enfouissement et de valorisation (CEV), décharges réhabilitées et décharges sauvages (situation Mars 2019)

Quantité Estimation de des déchets Communes déchets ménagers Province Population Consistance concernées ménagers collectée produits et mise (T/an) en CEV (T/an) Centres d’enfouissement et de valorisation (CEV) réalisés CEV d’Oumazza :

o Aménagement des casiers Communes des 3 Skhirate- préfectures Rabat, 2 011 o Création des bassins de lixiviats et 912 500 Temara Salé et Skhirate- 041 traitement. Temara o Construction du Centre de tri

o Production d’énergie CEV en cours de lancement et programmés en 2019

o Aménagement des casiers Kenitra+Mehdia+ Kenitra 513 367 146 000 o Création des bassins lixiviats. Sidi Taibi o Construction des locaux Décharges sauvages réhabilitées

Salé Salé o Réhabilitation : remodelage, enfouissement des déchets. Temara Temara o fermeture de la décharge Rabat Akkreuch o Intégration paysagère du site

Moulay o Réhabilitation : remodelage, Kenitra 26 608 7 575 Bousselham enfouissement des déchets.

Kenitra Mehdia 28 636 8 153 o Aménagement d’un casier Réhabilitation des décharges sauvages programmée en 2019

o Réhabilitation : remodelage, Kenitra Kenitra 431 282 enfouissement des déchets. o Intégration paysagère du site Décharges sauvages Mnasra 34 429 4 146 Bahhara Oulad 31 860 3 838 Kenitra Ayad Chouafaa 18 436 2 221 Ben Mansour 43 822 5 278

163 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

Quantité Estimation de des déchets Communes déchets ménagers Province Population Consistance concernées ménagers collectée produits et mise (T/an) en CEV (T/an) Sidi Mohamed Ben 19 237 2 317 Mansour Mograne 31 292 3 769 Sidi Mohamed 42 637 5 136 Lahmar Lalla Mimouna 29 479 3 551 Oulad Slama 19 488 2 347 Sidi Allal Tazi 18 055 2 175 Sidi Boubker El Haj 19 327 2 328 Souk Tlet El Gharb 22 554 2 717

164 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

Annexe 3 : Dispositifs de traitement des eaux usées domestiques dans la zone d’étude – SRL

Taux Capacité Estimation du dépuratio Préfecture/ Procédé nominale STEP Population Opérateur volume n Remarque Province d’épuration 3 produit (m /j) (m3/j) (%) STEP réalisées Rabat + Harhoura + Prétraitement + Rabat 902 766 Redal 61 388 110 000 100 Temara Emissaire en mer Capacité de traitement > Volume (Concessionnaire Skhirate- produit Skhirate 59 757 Lagunage naturel ) 3 107 6000 100 Temara STEP en cours de réalisation Kenitra+Mehdia+ Sidi Kenitra 513 367 Boues activées Régie (RAK) 34 900 70 000 100 Taibi Capacité de traitement > Volume Skhirate- produit Ain El Aouda 49 816 Boues activées ONEE 2 590 9 900 100 Temara STEP programmées My Bousselham 26 608 - ONEE 1 384 Ben Mansour 43 822 - ONEE 2 279 Mograne 31 292 - ONEE 1 627 Kenitra Sidi Mohamed Lahmar 42 637 - ONEE 2 217 Capacité de traitement > Volume Lalla Mimouna 29 479 Lagunage naturel ONEE 1 533 1320 100 produit Oulad Slama 19 488 - ONEE 1 013

165 Diagnostic de la zone SRL RSK

Taux Capacité Estimation du dépuratio Préfecture/ Procédé nominale STEP Population Opérateur volume n Remarque Province d’épuration 3 produit (m /j) (m3/j) (%) Sidi Allal Tazi 18 055 - ONEE 939 Souk Tlet El Gharb 22 554 - ONEE 1 173 Redal Prétraitement + Salé Salé+ Sidi Bouknadel 935 573 (Concessionnaire 63 619 Emissaire en mer ) Sidi Kacem Sidi Al Kamel 30 199 - ONEE 1 570 Communes non dotées de STEP Mnasra 34 429 - 1 790 Bahhara Oulad Ayad 31 860 - 1 657 Chouafaa 18 436 - 959 Kenitra Sidi Mohamed Ben 19 237 - 1 000 Mansour Sidi Boubker El Haj 19 327 - 1 005 Salé Ameur 46 590 2 422 Ain Attig 25 078 1 304

Skhirate- Oumazza 57 790 3 005 Temara Sabbah 15 029 721 El Menzeh 6 197 297

166 Diagnostic de la zone SRL RSK

Annexe 4 : Catégories et critères d’évaluation

Critères de la “SANTE PUBLIQUE”

Catégorie Note de Population Traitement des eaux usées Qualité de l’eau potable Qualité des eaux de baignade l’impact La qualité de l’eau dans les eaux de baignade et dans les autres zones a) Les eaux usées urbaines Des eaux usées urbaines ou récréatives est mauvaise et peut (agglomération de plus de 10 000 EP) industrielles, des déchets sérieusement mettre en péril la santé de La taille de la population non collectées ou traitées2 et/ou agricoles ou des l’homme : 4 dans un rayon de 10 km ruissellements agricoles b) Des charges significatives de (a) Pourcentage des concentrations en est > 100 000 habitants. parvenant à une source substances dangereuses industrielles entérocoques intestinaux (90ème d’eau potable sans déversées dans le système de collecte percentile des entérocoques intestinaux traitement. municipal sans traitement. /100 ml) > 185 cfu/100 mL et/ou (b) Pas de données de contrôle. (a) Les eaux usées urbaines (agglomérations de plus de 2 000 EP) (a) La taille de la non collectées ou traitées(2) et/ou Des eaux usées urbaines ou La qualité de l’eau dans les eaux de population dans un rayon (b) Les eaux usées urbaines sont industrielles, des déchets baignade et dans les autres zones de 10 km varie entre 10 collectées et traitées : agricoles ou des récréatives est suffisante, mais peut mettre 000 -100 000 habitants ruissellements agricoles légèrement en péril la santé de l’homme : et/ou I. Seul le traitement mécanique parvenant à des sources 3 (primaire) pour les eaux usées Pourcentage des concentrations en (b) La taille de la d’eau potable, filtrés mais collectées et/ou entérocoques intestinaux (90ème population est > 100 000 non désinfectés avant percentile des entérocoques intestinaux habitants dans un rayon II. Le réseau des égouts présente de l’entreposage et la /100 ml) = 185 cfu/100 mL de 20 km. grandes fuites et la station d’épuration distribution. des eaux usées déborde fréquemment, et/ou

167 Diagnostic de la zone SRL RSK

Catégorie Note de Population Traitement des eaux usées Qualité de l’eau potable Qualité des eaux de baignade l’impact (c) Les charges industrielles des substances dangereuses sont déversées dans le système de collecte municipal sans traitement. (a) Les eaux usées urbaines (agglomérations de moins de 2 000 EP) non collectées ou traitées (2) et/ou (a) La taille de la (b) Les eaux usées urbaines sont Des eaux usées urbaines ou population dans un rayon collectées ou traitées : industrielles, des déchets La qualité de l’eau dans les eaux de de 10 km varie entre 2 agricoles ou des baignade et dans les autres zones I. Traitement biologique (secondaire) 000 -10 000 habitants ruissellements agricoles récréatives est bonne : et/ou pour les eaux usées collectées et/ou 2 parvenant à des sources Pourcentage des concentrations en (b) La taille de la II. Le réseau des égouts présente des d’eau potable, bien filtrés entérocoques intestinaux (95ème population varie entre 10 fuites mineures et la station d’épuration et désinfectés avant percentile des entérocoques intestinaux 000 -100 000 habitants des eaux usées déborde rarement et/ou l’entreposage et la /100 ml) entre 101-200 cfu/100 mL dans un rayon de 20 km. (c) Des charges industrielles distribution. insignifiantes de substances dangereuses sont déversées dans la STEP. (a) La taille de la La qualité de l’eau dans les eaux de population dans un rayon (a) >99% de la population est connectée baignade et dans les autres zones de 10 km est < 2 000 au système d’assainissement et/ou récréatives est excellente : habitants et/ou Pas de déversements/de (b) Le traitement avancé (tertiaire) ou 1 ruissellements affectant les Pourcentage des concentrations en (b) La taille de la tout autre traitement supplémentaire sources de l’eau. entérocoques intestinaux (95ème population varie entre 2 au-delà du secondaire, p.ex. la percentile des entérocoques intestinaux 000 -10 000 habitants désinfection des eaux usées collectées. /100 ml) < 100 cfu/100 mL dans un rayon de 20 km.

168 Diagnostic de la zone SRL RSK

Critères de “l’ETAT ENVIRONNEMENTAL” Catégorie Note de Matière organique Nutriments Contaminants Déchets marins l’impact (a) Une augmentation (a) Une augmentation significative (a) Une augmentation (a) Une augmentation significative du nombre significative des intrants de de l’ensemble des intrants de N significative des intrants de zones ayant des déchets marins accumulés la DBO5 dans les eaux de et/ou P dans les eaux de mer de de contaminants dans les dans la zone côtière ou jusqu’à 1 km de mer de l’année/des années l’année/des années précédente(s) eaux de mer, en l’embouchure du fleuve ou le système de précédente(s) et/ou une et/ou comparaison avec drainage du ruissellement et/or déviation significative de la l’année/les années (b) Une augmentation significative (b) Une augmentation significative de la VLE nationale/PR à partir de précédente(s) et/ou dans des concentrations de chlorophylle quantité de déchets rejetés et/ou déposés sur sources ponctuelles et/ou les occurrences de sévères ou d’oxygène dissous dans la les littoraux et/ou incidents de pollution (b) Une déviation colonne d’eau et/ou et/ou (c) Les décharges non sanitaires et/ou les significative de l’objectif BEE (c) Une déviation significative de dépotoirs illégaux près de (à X Km) du littoral et/ou de la NQE/seuils (b) Une augmentation l’objectif BEE3 et/ou des ou du bassin du fleuve. nationaux/régionaux/sous- significative des NQE/seuils régionaux. concentrations de nationaux/régionaux/sous- 4 contaminants dans les régionaux. sédiments et le biote et/ou dans la fréquence des cas d’échantillons de fruits de mer au-delà des limites réglementaires pour les contaminants et/ou (c) Une déviation significative de l’objectif BEE et/de la NQE/seuils nationaux/régionaux/sous- régionaux (p.ex. VLE régionale sur Hg4).

169 Diagnostic de la zone SRL RSK

Catégorie Note de Matière organique Nutriments Contaminants Déchets marins l’impact (a) Une augmentation des (a) Une augmentation des entrants (a) Une augmentation des (a) Une augmentation du nombre des zones intrants de la DBO5 dans les de l’ensemble des intrants de N intrants de contaminants ayant des déchets marins accumulés dans la eaux de mer de l’année/des et/ou de P dans les eaux de mer de dans les eaux de mer, en zone côtière ou jusqu’à 1 km de l’embouchure années précédente(s) et/ou l’année/des années précédente(s) comparaison avec du fleuve ou le système de drainage du une déviation de la VLE à et/ou l’année/les années ruissellement et/ou partir de sources ponctuelles précédente(s) et/ou (b) Une augmentation des (b) Une augmentation de la quantité de et/ou concentrations de chlorophylle ou (d) Une augmentation des déchets rejetés et/ou déposés sur le littoral (b) Une déviation de d’oxygène dissous dans la colonne concentrations de et/ou l’objectif BEE et/ou de la d’eau et/ou contaminants dans les (c) Des décharges non sanitaires et/ou des NQE/seuils sédiments et le biote (c) Une déviation de l’objectif BEE3 dépotoirs illégaux près de (à Y Km) la zone nationaux/régionaux/sous- et/ou dans la fréquence et/ou la NQE/seuils côtière ou le bassin du fleuve. régionaux, et/ou des cas d’échantillons de nationaux/régionaux/sous- 3 fruits de mer au-delà des (c) Pas de données régionaux et/ou limites réglementaires disponibles. (d) Pas de données disponibles. pour les contaminants et/ou (b) Une déviation de l’objectif BEE et/de la NQE/seuils nationaux/régionaux/sous- régionaux (p.ex. VLE régionale sur Hg) et/ou (c) Pas de données disponibles.

170 Diagnostic de la zone SRL RSK

Catégorie Note de Matière organique Nutriments Contaminants Déchets marins l’impact (a) Une augmentation des intrants (a) Une augmentation des (a) Un nombre maintenu de zones ayant des de l’ensemble des intrants de N intrants dans les eaux de déchets marins accumulés dans la zone et/ou de P dans les eaux de mer, mer, mais réalisation des côtière ou jusqu’à 1 km de l’embouchure du mais réalisation des objectifs BEE3 objectifs BEE et/ou de la fleuve ou le système du drainage du (a) Une augmentation des et/ou la NQE/seuils NQE/seuils ruissellement et/ou nationaux/régionaux/sous- nationaux/régionaux/sous- intrants de la DBO5 dans les (b) Des tendances maintenues dans les régionaux et/ou régionaux (p.ex. VLE eaux de mer et/une quantités de déchets rejetés et/ou déposés régionale sur Hg) et/ou déviation de la VLE (b) Une augmentation des sur les littoraux et/ou 2 nationale/PR, mais concentrations de chlorophylle ou (b) Une augmentation des (c) Des décharges non sanitaires et/ou des réalisation des objectifs BEE d’oxygène dissous dans la colonne concentrations de dépotoirs illégaux de la zone côtière ou du et/ou des seuils d’eau, mais réalisation des contaminants dans les bassin du fleuve (Z km). nationaux/régionaux/sous- objectifs BEE3 et/ou la NQE/seuils sédiments et le biote, mais régionaux. nationaux/régionaux/sous- réalisation des objectifs régionaux. BEE et/ou de la NQE/seuils nationaux/régionaux/sous- régionaux (p.ex. VLE régionale sur Hg). (a) Une diminution des intrants de (a) Une diminution des (a) Des tendances à la baisse dans un nombre l’ensemble des intrants de N et/ou intrants de substances de zones ayant des déchets marins dans la de P dans les eaux de mer et dangereuses dans les eaux zone côtière ou jusqu’à 1 km de l’embouchure (a) Une baisse des intrants réalisation des objectifs BEE3 de mer et réalisation des du fleuve et/ou de la DBO5 dans les eaux de et/ou NQE/seuils objectifs BEE et/ou de la (b) Des tendances à la baisse dans les mer et/ou réalisation des nationaux/régionaux/sous- NQE/seuils 1 quantités de déchets rejetés et/ou déposés objectifs BEE et/ou des seuils régionaux et/ou nationaux/régionaux/sous- sur les littoraux et/ou nationaux/régionaux/sous- régionaux (p.ex. VLE (b) Une diminution des régionaux. régionale sur Hg) et/ou (c) Des décharges non sanitaires et/ou des concentrations de chlorophylle ou dépotoirs illégaux. d’oxygène dissous dans la colonne (b) Une diminution des d’eau et réalisation des objectifs concentrations de

171 Diagnostic de la zone SRL RSK

Catégorie Note de Matière organique Nutriments Contaminants Déchets marins l’impact BEE3 et/ou la NQE/seuils contaminants dans les nationaux/régionaux/sous- sédiments et le biote et régionaux réalisation des objectifs BEE et/ou de la NQE/seuils nationaux/régionaux/sous- régionaux (p.ex. VLE régionale sur Hg).

172 Diagnostic de la zone SRL RSK

Critères de l’ECONOMIE

Catégorie Note de Activités économiques et services écosystémiques Investissements l’impact (a) Une zone connaissant une nette baisse du tourisme et des autres activités récréatives et/ou une zone touristique (a) Les investissements très importante (>500 000 touristes par an) et/ou nécessaires pour une (b) Impact sévère sur l’aquaculture ou la pêche et/ou près solution respectueuse 4 d’une zone d’aquaculture et de pêche très importante (y de l’environnement compris les sites de frai) et/ou varient entre X et Y millions DH. (c) Un impact sévère sur la provision de services écosystémiques. (a) Une zone connaissant une baisse du tourisme et des autres activités récréatives et/ou une zone touristique (a) Les investissements importante (100 000 – 500 000 touristes par an) et/ou nécessaires pour une (d) Impact modéré sur l’aquaculture ou la pêche et/ou solution respectueuse 3 près d’une zone d’aquaculture et de pêche importante de l’environnement et/ou varient entre Y et Z millions DH. (b) Impact modéré sur la provision de services écosystémiques. (a) Le tourisme et autres activités récréatives sont maintenus et/ou il s’agit d’une zone touristique entre 10 (a) Les investissements 000 – 100 000 touristes par an et/ou nécessaires pour une (b) Impact léger sur l’aquaculture ou la pêche et/ou solution respectueuse 2 relativement loin d’une zone d’aquaculture et de pêche de l’environnement et/ou varient entre Z et A millions DH. (c) Impact léger sur la provision de services écosystémiques. (a) Le tourisme et autres activités récréatives sont à la hausse et/ou c’est une zone touristique en-dessous de 10 000 touristes par an et/ou (a) Des investissements mineurs sont 1 (b) Impact négligeable sur l’aquaculture ou la pêche ou pas nécessaires (en-dessous d’activités d’aquaculture et de pêche à proximité et/ou de A millions DH). (c) Impact négligeable sur la provision de services écosystémiques.

173 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

Critères des “EFFETS TRANSFRONTALIERS”

Catégorie Note de Effets transfrontaliers l’impact Une zone à proximité des frontières directement affectant/se déversant dans la Méditerranée et (a) Une déviation significative des seuils de référence (Annexe III) sur : 4 I. La santé publique (métaux lourds et/ou polluants organiques et/ou population) et/ou II. Pêche et/ou aquaculture (DBO et/ou CDO et/ou TSS). Une zone à proximité des frontières directement affectant/se déversant dans la Méditerranée et (a) Déviation modérée des seuils de référence (Annexe I) sur : I. La santé publique (métaux lourds et/ou polluants organiques et/ou population) et/ou 3 II. La pêche et/l’aquaculture (DBO et/ou CDO et/ou TSS) et/ou (b) Une déviation significative des seuils de référence (Annexe I) sur : I. Biodiversité marine et habitats (nutriments et/ou population) et/ou II. Tourisme et activités récréatives. Une zone à proximité des frontières indirectement affectant la Méditerranée et (a) Pas de déviation des seuils de référence en matière de santé publique ou pêche (Annexe I) et/ou 2 (b) Déviation modérée des seuils de référence : I. Biodiversité marine et habitats (nutriments et/ou population) et/ou II. Tourisme et activités récréatives. 1 Zone loin de la frontière sans effet direct/indirect.

174 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

Notation et catégorisation des points chauds

Tous les points chauds de pollution identifiés obtiennent des scores par rapport aux catégories et aux critères susmentionnés et sont résumés dans le tableau suivant.

Le score maximal pour un site de point chaud de pollution est de 132 points alors que le score minimal est de 33 points.

Catégorie Multiplicateur Score Santé publique 1) Population 4 1-4 2) Traitement des eaux usées 4 1-4 3) Qualité de l’eau potable 4 1-4 4) Qualité des eaux de baignade 4 1-4 État environnemental 5) Matière organique 3 1-4 6) Nutriments 3 1-4 7) Contaminants 3 1-4 8) Déchets marins 3 1-4 Économies 9) Activités économiques et services 2 1-4 écosystémiques qui les sous-tendent Effets transfrontaliers 10) Effets transfrontaliers 1 1-4

Selon le score total calculé, chaque point chaud est classé dans l’une des classes suivantes : A, B, C ou D

Classe Total pondéré A : Point chaud prioritaire 132 – 107 B : Point chaud 106 – 82 C : Zone sensible 81 – 58 D : Pas de point chaud 57 - 33

Impact sévère modéré léger négligeable Note 4 3 2 1 Couleur

175 Diagnostic de la zone SRL RSK Diagnostic de la zone SRL RSK

Principaux critères d’évaluation des sites analyses

Site Critères du choix Moulay Bousselham Situation : le village de Moulay Bousselham est situé à proximité de la lagune de Moulay Bousselham (ou Merja Zerga) qui est caractérisée par sa richesse halieutique et par une grande diversité de ses habitats. Elle détient le premier rang marocain pour le transit et l'hivernage de nombreux oiseaux migrateurs notamment les Anatidés et les Limicoles paléarctiques77. Population : 26 608 (Entre 10 000 et 100 000) Traitement des eaux usées : Absence de traitement des EU (rejet important de matières organiques et de nutriments) Qualité des eaux de baignade : les eaux de baignade sont classées A* Contaminants : Pas d’industrie dans la zone, les quantités de métaux lourds dans les rejets sont faibles Déchets : Pas de décharge contrôlée ou CEV Activités socioéconomiques : Moulay Bousselham est un village balnéaire (camping et hôtels). En été, sa plage est fréquentée quotidiennement par 30 000 estivants78. La zone de Moulay Bousselham est connue par une grande production agricole notamment les fraises et l’avocat79. La forte fréquentation, en été, du site et le non traitement des EU et déchets ont impact sévère sur le SIBE. Zone Kenitra-Mehdia- Population : 513367 habitants > 100 000 Sidi Taibi Traitement des eaux usées : Rejet des EU sans traitement dans l’Oued Sebou et en mer (rejet important de matières organiques et de nutriments). Le traitement des EU des 3 agglomérations est prévu dans la même STEP (en cours)80. Qualité des eaux de baignade : 2 plages classées A : Mehdia (70 000 estivants/j) et Sidi Boughaba relevant de la commune de Sidi Taibi (3 000 estivants/j). Contaminants : Présence des métaux lourds dans les rejets provenant de la zone industrielle à Kenitra Déchets : Pas de décharge contrôlée ou CEV81

77 http://ma.chm-cbd.net/manag_cons/esp_prot/sibe_ma/sibe_lit/merja-zerga-l16-./sibe_l16 78 SEDD, 2019. Surveillance de la qualité des eaux de baignade des plages du Royaume. Rapport analytique édition 2019 79 https://fr.wikipedia.org/wiki/Moulay_Bousselham 80 SEDD, Mars 2019, Tableau de bord du Programme National d’Assainissement Liquide Mutualisé (PNAM)

176 Diagnostic de la zone SRL RSK

Site Critères du choix Activités socioéconomiques : Les rejets liquides déversés, en mer, sans traitement ont impact sévère sur la pêche. Salé et Sidi Bouknadel Population : 982 163 habitants > 100 000 Traitement des eaux usées : Rejet des EU sans traitement directement en mer (rejet important de matières organiques et de nutriments) Qualité des eaux de baignade : 2 plages : Des Nations classée A (30 000 estivants/j) et Salé classée B* (30 000 estivants/j). Contaminants : Présence des métaux lourds dans les rejets provenant des activités industrielles Déchets : Tous les déchets solides sont collectés et mis dans la décharge contrôlée d’Oumazza Activités socioéconomiques : Les rejets liquides déversés, en mer, sans traitement ont impact sévère sur la qualité des eaux marines et sur la pêche. Rabat Population : 577 827 habitants > 100 000 Traitement des eaux usées : Rejet en mer des EU prétraitées via un émissaire marin de 2,15 Km (Réduction de la charge en matières organiques et des nutriments) Qualité des eaux de baignade : Plage de Rabat classée B (40 000 estivants/j). Contaminants : Les effluents industriels sont prétraités et rejetés via l’émissaire marin, les quantités de métaux lourds dans les rejets sont faibles Déchets : Tous les déchets solides sont collectés et mis dans la décharge contrôlée d’Oumazza Activités socioéconomiques : Les eaux usées prétraitées et rejetées en mer par un émissaire marin ont impact léger sur la pêche Harhoura Population : 15 361 habitants (entre 10 000 et 100 000) Traitement des eaux usées : Rejet en mer des EU prétraitées via un émissaire marin de 2,15 Km (Réduction de la charge en matières organiques et des nutriments) Qualité des eaux de baignade : La commune de Harhoura dispose de 8 plages, classées toutes B, fréquentées par 36 000 estivants/j environ : Harhoura (1 000), Guy-Ville (600), Temara (10 000), Contrebandiers (8 000), Sable d’Or (10 000), Sid El Abed (3 000), Val

81 SEDD, Mars 2019, Tableau de bord du Programme National des Déchets Ménagers (PNDM)

177 Diagnostic de la zone SRL RSK

Site Critères du choix d’Or (2 500), Petit Val d’Or (1 000) Contaminants : Pas d’industrie dans la zone, les quantités de métaux lourds dans les rejets sont faibles Déchets : Tous les déchets solides sont collectés et mis dans la décharge contrôlée d’Oumazza Activités socioéconomiques : Les eaux usées prétraitées et rejetées en mer par un émissaire marin ont impact léger sur la pêche Temara Population : 313 510 habitants >100 000 Traitement des eaux usées : Rejet en mer des EU prétraitées via un émissaire marin de 2,15 Km (Réduction de la charge en matières organiques et des nutriments). Qualité des eaux de baignade : La commune de Temara ne dispose pas de plage. Contaminants : Les effluents industriels sont prétraités et rejetés via l’émissaire marin, les quantités de métaux lourds dans les rejets sont faibles Déchets : Tous les déchets solides sont collectés et mis dans la décharge contrôlée d’Oumazza Activités socioéconomiques : Les eaux usées prétraitées et rejetées en mer par un émissaire marin ont impact léger sur la pêche. Ain Attig Population : 25 078 habitants (entre 10 000 et 100 000) Traitement des eaux usées : Rejet en mer des EU prétraitées via un émissaire marin de 2,15 Km (Réduction de la charge en matières organiques et des nutriments) Qualité des eaux de baignade : La commune dispose de 3 plages, La plus grande plage de la commune est la plage de l’embouchure Oued ykem (6 000 estivants/j) classée C* (non conforme à la baignade). les 2 autres plages de la commune classées B sont Rose Marie (3 000 estivants/j) et Jouhara (400 estivants/j) Contaminants : Présence des métaux lourds dans les rejets provenant des activités industrielles Déchets : Tous les déchets solides sont collectés et mis dans la décharge contrôlée d’Oumazza Activités socioéconomiques : L’absence de traitement des EU a impact sévère sur la qualité des eaux marines et sur la pêche. Skhirate Population : 59 775 habitants (entre 10 000 et 100 000) Traitement des eaux usées : Les EU sont traitées dans la STEP de la ville (Réduction de la charge en matières organiques et des nutriments)).

178 Diagnostic de la zone SRL RSK

Site Critères du choix Qualité des eaux de baignade : La commune dispose d’une plage classée A : Plage Amphitrite (20 000 estivants/j). Contaminants : Les effluents industriels sont traités dans la STEP de la ville, les quantités de métaux lourds dans les rejets sont faibles Déchets : Tous les déchets solides sont collectés et mis dans la décharge contrôlée d’Oumazza Activités socioéconomiques : Les eaux usées traitées ont impact léger sur la pêche.

(*) : A : Eaux de bonne qualité pour la baignade ; B : Eaux de qualité moyenne pour la baignade ; C : Eaux momentanément polluées ; D : Eaux de mauvaise qualité

Il est à signalé que :

o La qualité de l'eau potable distribuée est bonne dans toutes les communes o Aucun effet transfrontalier

179 Diagnostic de la zone SRL RSK

Annexe 5 : Scores et facteurs de pondération des variables retenues pour l’évaluation des risques côtiers liés au CC

Indice d’Aléa Côtier

Variables Classes et Scores Facteur de pondération 1 2 3 4 5 (%) ENM (mm/an) - - - 2,4 à 3,2 - 15% (25%) 2,5 - 3,50 Houles de tempêtes (m) <0,5 0,5 - 1,5 1,5 - 2,5 >3,5 35% (50%)

Moyenne annuelle des (40 - 60) (60 - 80) <20 20 - 40 >80 20% (25%) précipitations max/jour (mm/j)* Indice de vulnérabilité côtière Côte Type de Côte Côte avec platiers Côtes avec Plage rocheuse Plage sableuse 20% rocheux embouchures sableuse Roches dures

Changement historique du trait > 30% en 30% à 10% 9,9% à -9,9% 10% -30% en > 30% en 10% de côte* accrétion accrétion Stable érosion érosion Élévation de terrain (m) >30 20 - 30 10 - 20 5 - 10 <5 15% Pente côtière >5 3 - 5 2 - 3 1 - 2 <1 10% Distance d’éloignement du trait >100 80 - 100 60 - 80 35 - 60 <35 15% de côte (km)

180 Diagnostic de la zone SRL RSK

Barrages Barrages seulement Pas de sur le Régulation du débit des rivières / dans les affluents / 5% Barrages cours secondaires principal Ilôt Skhirate Sidi Boughaba Etat de santé des écosystèmes Moulay Sidi Moussa Merja Halloufa Fouarate - 5% (SIBEs Côtiers) Bousselham Merja Bargha Forêt Maamora Taux d’analphabétisme (%) <20 20 - 30 30 - 40 40 - 50 >50 15% Taux de population de plus de <6 6 - 8 8 - 10 10 - 15 >15 5% 65ans (%) Indice d’Éxposition côtière

Densité de la population < 1300 1300 -5500 5500 - 8500 8500- 18000 > 18000 40% (hab/km²) Arbustes, prairies, Terrains nus Zones végétation Forêts et plans d'eau Zones Agricoles 40% Occupation du sol Urbaines clairsemée

Patrimoine culturel et Absence - - - Présence 20% historique

181 Diagnostic de la zone SRL RSK