La Faune entomologique en Nouvelle-Calédonie par Pierre JOLIVET 67, Boulevard Soult, F-75012 Paris

Résumé.- Comme celle de Madagascar, la disparues à l’Oligocène (WATERS & CRAW , faune entomologique de Nouvelle-Calédonie est 2006 ; SCHELLART et al ., 2006 ; TREWICK et al ., disharmonique, mais l’île étant moins grande, elle 2006 ; MURIENNE et al . 2005) par submersion, en est proportionnellement moins riche. C’est là une Nouvelle-Calédonie et en Nouvelle-Zélande, ne des conséquences de la loi de MAC ARTHUR & tient pas à l’examen des vraies reliques WILSON (1967). Théoriquement, la faune des îles crétacées. Comment les poissons d’eau douce, est proportionnelle à leur surface et inversement les amphibiens, les tuataras, les moas seraient- proportionnelle à la distance du continent voisin. ils revenus en Nouvelle-Zélande par exemple ? Cela est vérifiable pour beaucoup de groupes Les spylopyrines qui ont subsisté en Nouvelle- d’insectes, notamment les Coléoptères Calédonie sont très différents de ceux de Scarabéides (PAULIAN , 1991) et les l’Australie et de la Nouvelle-Guinée et très voisins Chrysomélides (JOLIVET & VERMA , sous presse). de ceux du Chili (VERMA & JOLIVET , 2006). Dans certains groupes, notamment les Comment seraient-ils revenus ? Hyménoptères, les lacunes semblent impor- On n’a toujours pas trouvé de restes de tantes. dinosaures dans la géologie tourmentée de la Pierre Tripotin interprète la perturbation de Nouvelle-Calédonie, alors qu’ils sont connus des cette faune par l’introduction d’espèces exo- Chatham, devenu un sanctuaire dinosaurien tiques importées, les abeilles, les Polistes et les après leur séparation du Gondwana (la Nouvelle- guêpes, qui déplacent les espèces locales. Il Zélande), il y a 80 MA (STILWELL et al ., 2006). Il semble aussi qu’en forêt de moyenne altitude est possible que les dinosaures du froid de tous les insectes dont les Coléoptères semblent l’Australie n’aient jamais pénétré en Nouvelle- être affectés par la multiplication des fourmis Calédonie pour des raisons non élucidées ou que électriques sur les arbres. leurs restes aient été éliminés par les Il est évident aussi que l’introduction par soubresauts de l’écorce ou les submersions. Xavier Montrouzier vers la fin du XIX° siècle du Notons que la faune terrestre de la Nouvelle- merle des Moluques, pour lutter contre les Calédonie est très originale et tout autant la faune sauterelles, a dû aussi diminuer la faune marine. Remarquons que c’est à la limite de la entomologique originelle. Par contre, la faune fosse de Norfolk qu’ont été pêchés les premiers arachnologique semble très riche et encore fort graptolites vivants, Cephalodiscus graptolitoides , mal connue. Il est certainement très difficile de des organismes hémichordés connus du discerner les affinités gondwaniennes dans des Paléozoïque inférieur, au début du Cambrien (- groupes tels que les araignées ou les Diptères, 530 à -300 MA), mais que l’on croyait à jamais car la dissémination par le vent ou les ouragans disparus, comme les trilobites. Des fossiles est constante et extrêmement variée. Même chez vivants qui firent peu de bruit dans la presse à les petits Chrysomélides, comme le Chaeto- l’époque (DILLY , 1993 ; RIGBY , 1993 ; RICHIER DE cnema confinis Crotch, l’invasion est toute FORGES et al ., 1998), mais furent quand même récente, à cause des femelles parthéno- mentionnés dans Nature . Leur découverte a génétiques. La dissémination à partir d’insectes permis d’interpréter correctement des organites nord-américains, primitivement sexués, s’est restés mystérieux sur les fossiles. Remarquons faite à travers l’Afrique tropicale, l’Asie que Norfolk a été relié quelque temps à la méridionale et l’Indonésie. Nouvelle-Calédonie et qu’il possède un Araucaria Ce Chaetocnema envahit actuellement le et des Dematochroma . Lord Howe Island, plus monde tropical tout entier grâce aux ouragans, à près de l’Australie, n’a pas d’ Araucaria , mais sa légèreté et à sa faculté de se passer du mâle. possède aussi des Dematochroma . On peut imaginer cette origine pour de nombreux Summary .- As in the case of Madagascar, eumolpines légers en provenance de l’Indonésie New Caledonian fauna is disharmonious, but the au nord, quoique tous soient sexués. island being smaller, is in comparison less rich. La théorie, en vogue actuellement, de la Here is one of the illustrative examples of Mac recolonisation passive au Miocène et au Pliocène ARTHUR & WILSON ’s law (1967). As per this law, et après, d’une faune et d’une flore prétendument island fauna is proportional to the island surface

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Pierre JOLIVET and inversely proportional to the distance from séum de Paris, américaines, avec J. L. the neighbouring continent. Gressitt et ses collaborateurs, austra- That is verifiable for many groups of in liennes, néo-zélandaises, avec Willy Kus- New Caledonia, namely for the Scarabeids chel, se succédèrent. Il ne faut pas oublier la (PAULIAN , 1991) and the Chrysomelids (JOLIVET & mission germano-suisse Sarasin et Roux, VERMA , in print). Among certain groups, namely Hymenoptera, the gaps are important, probably avant la première guerre mondiale, et dont due in part to the introduction of exotic , les Coléoptères furent étudiés, en 1916, par such as bees, ants, wasps which have destroyed Karl M. Heller (1864-1945). Heller citait à or displaced part of the original fauna. On the l’époque 63 familles de Coléoptères, avec contrary, spiders are very much diversified. The 530 genres et 1139 espèces. Il y avait déjà à geological hypotheses of a total submersion of cette époque 142 espèces de Curculionides New Caledonia and New Zealand in the de décrits, la famille dominante avec les Oligocene and their passive recolonisation of the Cérambycides (145 espèces). Les fauna during the Miocene and the Pliocene does not hold, when you consider the Cretaceous Carabidae connus étaient déjà au nombre relics in both archipelagoes. How the fresh water de 85 et les Chrysomélides au nombre de fishes, the amphibians, the tuataras, the moas 50, alors qu’ils ont à présent plus que would have come back to New Zealand by doublé, mais toute cette nomenclature themselves crossing the sea? Spylopirines, which ancienne devait être totalement révisée plus are archaic Eumolpinae, have survived in New tard par de nombreux auteurs. Si je puis me Caledonia. They are different from those of permettre une extrapolation, j’estime que le Australia, but are closely related to Chilean nombre des Coléoptères en Nouvelle- genera. How could they have come back at the Calédonie approche les 3000 espèces, peut- end of the Neogene? Dinosaurs have never been found in the être légèrement plus, et que les turbulent geology of New Caledonia, while they Chrysomélides décrits ou non peuvent are known from the Chatham islands, which atteindre 150 espèces, peut-être même 200. became a dinosaur sanctuary after their separation from Gondwanian New Zealand. Discussion Probably the dinosaurs never entered New Madagascar a été peuplée autrefois Caledonia from Australia, or their remains have grâce à ses liaisons africaines mésozoïques been washed out. et aux apports occasionnels indonésiens, la It is notable that the New Caledonian land fauna is very original, mostly among insects, and Nouvelle-Calédonie par ses connections the marine fauna is also very special and rich. avec Gondwana, c’est-à-dire avec l’Australie New Caledonia is at the limit of Norfolk trough, in et l’Antarctique, qui furent des relais et des which were collected the first living graptolites, centres d’évolution, mais aussi par des Cephalodiscus graptolitoides , hemichordates, apports successifs et accidentels venant des known from the inferior Palaezoic, at the archipels voisins, des îles du Vanuatu, Fidji, beginning of the Cambrian (-530 to -300 Myr). Nouvelle-Guinée, via les îles Salomon. Les These were earlier thought to be extinct liaisons de Madagascar avec le continent like the Trilobites. africain datent du Mésozoïque moyen

(Jurassique) et sont très anciennes. Il y a Introduction 135 millions d’années, il y avait déjà un Les pionniers de l’étude des Insectes de canal de Mozambique bien formé et Nouvelle-Calédonie furent Xavier Montrou- l’Antarctique était encore toute proche. zier (1821-1897), Benoît Perroud (1796- L’existence d’un Hippopotame nain dans la 1878) et Albert Fauvel (1840-1921). Ensuite grande île reste ainsi toujours inexpliquée. Il des entomologistes comme Jean Risbec y a relativement peu là-bas de vraies (1895-1964) restèrent des entomologistes reliques gondwaniennes chez les Chryso- agricoles et, avec l’installation de l’ORSTOM mélides, mais la présence de deux espèces (IRD), après la guerre, plusieurs entomo- du Sagrine archaïque Megamerus , présent logistes succédèrent à François Cohic aussi au Brésil et bien différencié en (1921-1992), le spécialiste des Aleurodes, Australie, reste surprenante. Très pro- notamment Paul Cochereau et Jean bablement, l’insecte provient du centre de Chazeau. Les expéditions françaises du Mu- différenciation que fut, au Jurassique, l’An-

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La Faune entomologique en Nouvelle-Calédonie tarctique. Le genre est également apparenté aux Atalasis argentins et aux nombreuses formes australiennes. Les Sagrines récents ou archaïques manquent totalement en Nouvelle-Calédonie et aussi en Nouvelle- Zélande, alors que des Chrysomélides primitifs, comme les Zeugophorinae sont encore représentés (Daccordi, com. pers.) en Nouvelle-Calédonie. Madagascar et l’Inde se séparèrent de l’Afrique il y a 160 millions d’années (MA) (SANMARTIN , 2002 ; SANMARTIN & RONQUIST , 2004) et Madagascar atteignit son actuelle position Carte de la Nouvelle-Calédonie au début du Crétacé, soit il y a 121 MA. Pour GHEERBRANT & RAGE (2006), bien que l’Afrique appartienne paléobiogéo- graphiquement au Gondwana, elle s’en est séparée à la fin du Jurassique, ce qui explique les lacunes importantes. Il n’y a pas d’ Araucaria vivants en Afrique et à Mada- gascar. L’archaïsme de la flore néo-calé- donienne est patent (RICHIER DE FORGES et al ., 1998). Il y a non seulement les Amborellacées, endémiques et les plus primitives de tous les Angiospermes, mais aussi les Monimiacées, les Wintéracées, les Bohulmiljania caledonica Jolivet sur Syzygium

Athérospermatacées, etc. Ces dernières montrent certainement des disjonctions transantarctiques, plutôt qu’une dispersion transocéanique (RENNER et al ., 2000). Elles cohabitent en Nouvelle- Calédonie avec les Nothofagus . Les groupes d’origine gondwanienne, comme les Cunoniacées, les Protéacées, les Myrtacées, ont aussi des affinités austra- liennes et souvent des parentés papoues, voire exceptionnellement sud-africaines ou subantarctiques. Les Gunnéracées, ces plantes aux énormes feuilles, rappelant la Vers le sommet du Mont Humbold rhubarbe, curieusement manquent alors qu’elles sont présentes en Tasmanie et en Nouvelle-Zélande (WANNTORP & WANNTORP , 2003). Ce sont sur les Myrtacées que se trouvent les Spilopyrini gondwaniens (Bohumiljania ). Curieusement le genre Amborella ne semble pas abriter d’insectes archaïques, mais les Myodocarpacées (Araliacées primitives) abritent l’unique Chrysomelinae endémique de l’île, le genre Zira, probablement apparenté à un genre sud-américain et à un autre australien (REID

& SMITH , 2004 ; JOLIVET et al ., 2005). Mont Do, Araucaria

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Insectes de Nouvelle-Calédonie Zira nitens sur Myodocarpus crassifolius

Dematochroma doiana sur Araucaria Mont Humboldt, Araucaria

Pour comparaison, on compte 826 Notons que l’Australie possède trois genres de Phanérogames, dont 104 genres, Araucaria , Agathis et Wollemia , endémiques, avec 5322 espèces, dont 2320 dans le nord-est. La Nouvelle-Calédonie endémiques en Nouvelle-Calédonie (77,3% possède 13 genres endémiques d’ Araucaria d’endémiques) (JAFFRE et al ., 2001 ; et 5 genres d’ Agathis . Sur les cônes mâles Fambart-Tinel, comm. pers.). Aux Fidji, un d’ Araucaria, vivent les Nemonychidae, mais petit archipel non « gondwanien », on aussi les Chrysomélides Palophaginae. Les compte (HEADS , 2006) 484 genres et 1315 premiers sont présents partout, mais les espèces de Phanérogames (environ 60% seconds n’ont été trouvés à présent qu’au d’endémisme), ce qui semble important pour Chili et en Australie. Ils sont rares, difficiles à des îles volcaniques, mais contrairement à trouver et à élever. la Nouvelle-Calédonie, la flore locale, Il y a bien des reliques gondwaniennes comme en beaucoup d’autres îles du parmi les insectes en Nouvelle-Calédonie, Pacifique, a surtout évolué sur place. comme il y en a en Australie, en Afrique du L’archipel de Vanuatu semble lui aussi Sud, en Nouvelle-Zélande et en Nouvelle- montrer un endémisme assez élevé. Les Guinée. La faune entomologique qui Araucaria , si diversifiés en Nouvelle- peuplait les forêts du nord de l’Antarctique a Calédonie, ont une distribution actuelle malheureusement disparu au milieu du gondwanienne, et étaient présents en Tertiaire et on ne connaît pratiquement rien Antarctique et dans certaines îles des fossiles qui pourraient nous éclairer sur subantarctiques. Ils ont subsisté à Norfolk, les liaisons anciennes. En Nouvelle- en Nouvelle-Zélande, en Nouvelle-Guinée, Calédonie, chez les Coléoptères Chry- au Chili, au Brésil, en Australie, mais somélides, les fossiles vivants, reliques manquent, comme toutes les Araucariaceae, gondwaniennes, sont surtout représentés à Madagascar et en Afrique méridionale. par des Eumolpines primitifs, les Bohumi- ljania (Spilopyrini), classés par REID (2000)

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La Faune entomologique en Nouvelle-Calédonie en une sous-famille spéciale, les Spilopyri- Aucun de ces genres n’a atteint la nae et représentés au Chili, Australie, Nou- Nouvelle-Zélande ou la Nouvelle-Calédonie, velle-Calédonie et Nouvelle-Guinée (JOLI - mais le genre Zira , d’affinités néotropicales, VET , 2004 ; VERMA & JOLIVET , 2006 ; JOLIVET a survécu sur les montagnes calédoniennes. & VERMA , 2007). Le groupe semble manquer Les affinités réelles des petits Chrysome- en Afrique du Sud et à Madagascar, déjà linae néo-zélandais sont encore imprécises, séparés au Jurassique du continent sud- mais restent un fonds ancien, différencié sur américain. place, comme d’ailleurs les Eumolpinae. L’unique Chrysomelinae néo-calédonien, Les Chrysomélides actuellement recen- Zira , une espèce montagnarde, semble sés en Nouvelle-Calédonie dépassent légè- peut-être aussi apparenté, d’après Daccordi rement une centaine d’espèces (JOLIVET & (comm. pers.), à un genre sud-américain, le MILLE , sous presse; JOLIVET et al . 2003, genre Lioplacis . En tout cas, il ne semble 2005, 2006). On peut estimer le nombre pas avoir d’affinités néo-zélandaises, où les total d’espèces à 150, peut-être légèrement Chrysomelinae ne renferment que de très plus (200 ?), mais la majorité des petites espèces. Peut-être aurait-t-il aussi découvertes à faire concerne les eumolpines des affinités avec un genre australien, et les hispines. Strumatophyma (REID & SMITH , 2004). Les Certaines montagnes, assez bien parentés australiennes de certains genres explorées par les botanistes, restent encore de Nouvelle-Calédonie, comme le genre à être prospectées par les entomologistes. Stethopachys , un criocerine, et certains D’immenses zones restent encore à visiter cryptocephalines ( Ditropidus ) sont aussi au sud comme au nord. Un article récent de évidemment d’affinités australes. Beaucoup, SCHÖLLER (1995) propose le chiffre de 600 sinon la majorité des autres genres, espèces encore à découvrir parmi les proviennent d’introductions passives à la Coléoptères. faveur des courants, des cyclones, des A mon avis, ce n’est pas exagéré et reste arrivages passifs ou du fait de l’homme. Il certainement très en dessous de la vérité, est parfois fort difficile dans des sous- bien que ces îles aient été certainement familles, telles que les Hispinae, Galeru- isolées pendant très longtemps, partiel- cinae, Alticinae, de différencier le stock lement submergées et que les connections antique et le stock récemment ou ancien- éphémères n’aient pas permis d’y introduire nement importé. une faune très diversifiée. Les Eumolpines Notons qu’un Coléoptère eumolpine, se sont probablement diversifiés sur place à Dematochroma doiana , semble lié à l’ Arau- partir de souches relativement récentes. caria laubenfelsii sur le Mont Do en Les Dematochroma , par exemple, sont Nouvelle-Calédonie. Cela est peut-être une très voisins de ceux de Norfolk et de Lord adaptation récente, car le genre comprend Howe Island, un argument de plus en faveur des espèces relativement polyphages. de liaisons éphémères avec ces îles. Il y a aussi des relations gondwaniennes Comme je le rappelais plus haut, HEADS chez les Chrysomelinae, comme l’a montré (2006) a écrit que la flore des Fidji et du DACCORDI (1994 ; 1996). Par exemple, Pacifique en général était issue non DACCORDI (1994) cite les parentés étroites d’immigrants en provenance d’Asie ou entre Brachyhelops (Chili), Gasterantrodes d’Australie, mais a tout au contraire évolué (Afrique du Sud) et Ethomela (Australie), plus ou moins localement. Cela reste migrations probablement datant de la fin du certainement vrai, en Nouvelle-Calédonie, Jurassique, quand l’Afrique australe restait au moins pour certaines sous-familles encore lâchement connectée; entre le genre d’insectes. sud-américain Araucanomela et le genre Ces réflexions sont valables dans australien, Novocastria, associés tous les beaucoup d’autres familles de coléoptères deux au genre Nothofagus , le hêtre comme les Scarabéides (PAULIAN , 1991), les antarctique; entre le genre sud-américain Ténébrionides (KASAP , 1982) et beaucoup Gavirga et le genre australien Paropsi- d’autres groupes. morpha .

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Par exemple, Paulian cite des Cranopoeous , ce genre licornesque Canthonines et le genre Hemicyrthus datant semble partagé avec les archipels voisins très probablement du Jurassique. du nord et de l’est Fiji, Samoa, Marquises. Il D’autres comme les Mélolonthides, les existe aussi d’après Kuschel dans les Dynastides, les Hybosorides sont aussi Nouvelle-Galles-du-Sud et au Queensland, d’origine australienne, mais pas forcément en Australie. A rechercher au Vanuatu et gondwanienne ancienne. Il y a aussi parmi aux Salomon, où il n’a pas encore été les Scarabéides des éléments d’origine plus trouvé. Ce genre et des genres voisins du récente, des importations passives datant du même groupe semblent particulièrement Tertiaire et d’une date plus récente. D’après diversifiés en Nouvelle-Calédonie. Cette COCHEREAU (1970), parmi les espèces de belle corne se détache facilement et semble Scarabéides qui ont été signalés en positivement collée sur le pronotum. Une Nouvelle-Calédonie, plusieurs se dévelop- sécrétion, une colonne de cire, pent, à l’état larvaire, dans les bois probablement produite par des glandes pourrissants. Notons qu’en Australie, se cérifères ? Elle semble se développer chez rencontrent des Curculionides coprophages l’adulte préimaginal à l’intérieur de la (Tapperia , Cryptorhynchinae) et des Sca- chambre nymphale. Etrange, car c’est rabéides phytophages, les Cephalodesmius complètement assorti au corps de l’insecte, (Monteith and Storey, 1981), fabriquant, lui aussi entièrement cireux, en tant que avec des plantes, une boule pseudo- structure et coloration. Il semble y avoir en stercoraire. La biologie des Scarabéides et Nouvelle-Calédonie beaucoup d’espèces Curculionides reste pour la plupart du temps inédites de Cranopoeus avec des structures inconnue en Nouvelle-Calédonie. de corne différentes. L’expérience de Les Curculionides sont extrêmement "fogging" réalisée en Nouvelle-Calédonie par variés et nombreux en Nouvelle-Calédonie. GUILBERT et al . (1995), dans la région de la Willy Kuschel qui les étudie présentement Rivière Bleue, ne nous permet mal- estime que moins de 20% sont actuellement heureusement pas d’avoir une idée précise connus dans l’île. Il est vrai que les de l’abondance des Curculionides et autres, Curculionides sont présents partout, là où car l’identification précise, même en même les Chrysomélides manquent, comme morpho-species, manque cruellement. dans les îles subantarctiques ou même le D’après Willy Kuschel, le groupe des Groenland. Certains comme les Cranopoeus Cranopoeus comprend plus de 20 espèces, (Cryptorrhynchinae) sont vraiment extra- répartis en 5 genres, dont une espèce ordinaires avec leur énorme bosse sur le décrite par Montrouzier. Il y a quelque fois, pronotum. Ces formes bizarres, comme l’a sur ces espèces inédites, formation de découvert Christian Mille, semblent sortes d’excroissances cireuses sur les inféodées à un arbre rare de la montagne, élytres. Cranopoeus reste immobile sur les Sloanea lepida Tirel (Elaeocarpaceae), qui feuilles ou les tiges et s’envole brutalement était en fleurs de mars à mai 2006, lors de et subitement lorsqu’il se « sent » découvert. ma dernière visite. D’autres espèces Je ne puis que le comparer à un autre semblent vivre sur Syzygium , Nothofagus , Curculionide Baridinae, le Peridinetus , dont il d’après Willy Kuschel, qui nomme existe plusieurs espèces au Brésil et au provisoirement notre espèce néo-calé- Panama. Cet insecte au repos sur les donienne : Cranopoeus columnaris n. sp . feuilles des Piper se couche sur le côté et Peu d’exemplaires de Sloanea lepida présente largement ses écailles blanches au sont connus et il semblerait que l’arbre que soleil. Il mime ainsi étonnamment un nous avons étudié reste parmi les derniers excrément d’oiseau, surtout lorsqu’il se spécimens vivants de l’espèce dans la place auprès de ses propres excréments et région du Col d’Amieu, probablement le parfois aussi près d’excréments blancs dernier. Les deux autres cités lors de la d’oiseaux (MONTEIRO , 1998; JOLIVET , 1993). description botanique semblent avoir été Il reste immobile longtemps, mais, dès coupés par les forestiers lors de la création qu’il réalise la capture imminente par un pré- des chemins. dateur, il s’envole aussi verticalement vers le ciel.

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Que de fois je l’ai raté, le croyant tota- ptères, ne semble guère être représenté lement immobile. chez les Chrysomélides. Les larves de Peridinetus sont probablement Il y a par contre beaucoup de Chryso- foreuses dans les tiges de Piper et celles de mélides myrmécophiles chez tous les Cranopoeus très vraisemblablement se Clytrines, certains Cryptocephalines et développent dans les fruits ou les graines de Eumolpines. Généralement, il y a évitement Sloanea. Dans le premier cas, il s’agit de chez les larves de Clytrines qui se rétractent mimétisme (ou d’homochromie, si vous dans la statoconque ou les adultes qui préférez). Dans le second cas, cela recourent à l’immobilisation réflexe pour ressemble à de l’hypertélie (un concept éviter les fourmis. Les Clytrines et Crypto- ignoré des Darwinistes), comme chez les céphalines myrmécophiles des Acacia du Membracides, mais c’est aussi du Kenya ont des trichomes jaunes sécréteurs mimétisme, car l’insecte ressemble à une pour apaiser leurs hôtes, mais ils présentent graine ou à une fleur de Sloanea avec sa aussi une sorte de mimétisme wassman- tige. nien. Dans la même région, au Col d’Amieu, Curieusement, si les fourmis fréquentent vers 600 m, mais près des montagnes largement les plantes à nectaires centrales, aussi sur le même Sloanea , extrafloraux (Nepenthes vieillardi Hook j. par Christian Mille a capturé des Cérambycides exemple), il ne semblait pas y avoir, jusqu’à macroptères, brachélytres, mimant des une date récente, de véritable myrmé- fourmis. Ce Cérambycide semble mimer des cophyte en Nouvelle-Calédonie, alors que fourmis du genre Polyrachis . les Myrmecodia, Hydnophytum et quelques L’espèce a été étudiée par Eduard Vives autres, dont quelques Euphorbiacées hôtes qui l’a nommée provisoirement in litt. Cale- des Uraniidae ( Endospermum , Omphalea ), domicrus mimeticus n. gen., n. sp. Il y a sont représentées au Queensland, notam- même d’après Vives (comm. pers.) un ment par Endospermum myrmecophilum L. deuxième genre myrmécomorphe encore S. Smith. inédit également. Ce phénomène de Ce sont les restes d’une flore sud-asiatique, mimétisme est bien connu chez les venant de Nouvelle-Guinée. Cérambycides en Amérique tropicale, mais il Cependant, MOULY (2006) vient de est aussi connu d’Australie et du sud-est découvrir une Rubiacée myrmécophile avec asiatique. des domaties le long des branches Chez Caledomicrus , les ailes sont terminales Psydrax paradoxa (Virot), au conservées et le coléoptère peut donc voler, nord de la Grande Terre. Il reste d’autres mais il reste brachélytre. Il ressemble ainsi Psydrax à étudier en montagne, sans doute fort à ces coléoptères africains qui aussi myrmécophiles. L’un d’entre eux, envahissent les maisons et les tentes, le Psydrax odorata (G. Forster) AC Sm. & soir, en bourdonnant, dans le centre du Darwin l’est certainement (Jacqueline Congo, les Atractocerus brevicornis Fambart, comm. pers.). Jusqu’à présent on (Lymexylidae). Ceux-ci également n’ont croyait la chose impossible en Nouvelle- qu’un petit bout d’élytre et des ailes Calédonie, comme elle l’est en Nouvelle- complètes et fonctionnelles. Il faut savoir Zélande, plus tempérée. qu’il s’agit de Coléoptères quand on les voit Les Histeridae myrmécophiles, actuel- voler, car on les prend pour des Diptères ou lement étudiés par Yves Gomy et Nicolas des Hyménoptères. Ils ont un vol lourd, Degallier, semblent fréquents en Nouvelle- maladroit et sont attirés par les lumières et Calédonie. Ils viennent aux pièges d’inter- bourdonnent autour de vous. On les appelait ception et leur biologie et leurs hôtes restent sous la tente au Congo les gros imbéciles, totalement inconnus. car ils tournaient partout comme des Citons aussi ces Cérambycides, comes- hannetons. Remarquons que le phénomène tibles à l’état larvaire, des Prioninae, de myrmécomimétisme, s’il est répandu Agrianome fairmairei (Montrouzier, 1861), chez beaucoup d’Insectes et de Coléo- qui vivent sur le Bancoulier, Aleurites moluccana (L.) Willd. (Euphorbiaceae), cet

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Pierre JOLIVET arbre qui paraît tout blanc dans la forêt au Les Passalidae, au nombre de deux ou milieu des niaoulis. Avec les roussettes trois espèces, d’affinités asiatiques et farcies, ces vers de bancoule constituent un australiennes (Aulacocyclinae), les Lucani- mets de choix au restaurant de Mammy dae, y sont relativement difficiles à trouver et Fagliani, à Farino. assez peu communs. Les Carabiques et les Cérambycides ont D’après Jean-Michel Maes (com. pers.), été assez bien étudiés dans l’archipel néo- il y a quatre genres de Lucanidae en calédonien, mais les nouveautés abondent Nouvelle-Calédonie et en tout cinq espèces. lorsqu’on explore la zone nord, notamment Certains ont une distribution dans toute et les montagnes. Ces montagnes n’ont pas l’Afrique et l’Asie tropicale ( Figulus et été visitées par les pionniers qui se sont Prosopocoilus ), Aegus se retrouve dans contentés de la zone littorale. Il n’y a pas toute l’Asie tropicale, les Salomon, Samoa et cependant en Nouvelle-Calédonie de gros la Nouvelle-Guinée. Seul le genre Syndesus , carabiques colorés comme les Pamborus aussi présent à Vanuatu, semble provenir d’Australie ou le Maoripamborus de Nou- d’un stock gondwanien (Chili, Brésil, velle-Zélande. La découverte récente d’un Colombie, Equateur et Australie). Les nouveau genre de Cicindèles monta- Elateridae peuvent être aussi très gros et gnardes (DEUVE , 2006 a et b) montre que la relativement communs, mais de faune locale est loin d’être inventoriée. Ces nombreuses espèces semblent encore Manautea ne sont connues que du Col inédites. d’Amieu et du pic d’Amoa. Elles vivent, Comme le soulignent RICHIER DE d’après Deuve, en forêt dense et leur FORGES et al . (1998), les araignées sont très biologie est inconnue. Il n’y aurait, d’après diverses en Nouvelle-Calédonie et les cet auteur, en Nouvelle-Calédonie aucun re- scorpions et les mygales, celles-ci voisines présentant carabique des anciennes lignées de celles du Queensland, y sont bien gondwaniennes, contrairement à l’Australie représentés. Les acariens y ont été peu et à la Nouvelle-Zélande. Cela semble étudiés, mais ils ont certainement aussi un surprenant, car d’après les géologues cette intérêt biogéographique. Les mille-pattes dernière île aurait été aussi totalement comportent notamment un chilopode géant, immergée à l’Oligocène. que l’on trouve sous les écorces et sous les On voit une fois de plus, l’inconséquence pierres, et de nombreux petits diplopodes des spécialistes de la tectonique des qui contrairement à leurs cousins plaques. Comment ces caraboïdes aptères, indonésiens semblent faibles producteurs de rappelant nos Carabus , auraient-ils regagné quinones. la Nouvelle-Zélande après le déluge Les pauropodes ont été aussi étudiés. Ils annoncé ? Au mois de février, les gros sont souvent, pour les diplopodes, dans les Calosoma oceanicum viennent à la lumière. arbres en forêt humide, ainsi que de rares Ils mangent les pucerons. Eux peuvent crustacés endémiques amphipodes ( Talor- voler. Leur apparition est courte, comme chestia antennulata Chevreux). toujours avec ces carabiques. Les isopodes sont parmi les rares Voisins de Ténébrionides, les Zophe- crustacés terrestres inventoriés. Beaucoup ridae, aplatis, souvent découpés autour du d’insectes ont été révisés, parmi les pronotum, avec fréquemment des structures Coléoptères, Collemboles, Diptères, Psoco- tuberculées sur le dos, sont abondants dans ptères, Odonates, Ephéméroptères, Tricho- les arbres. Plusieurs genres, probablement ptères, Plécoptères, Grillons, Blattes, Der- au moins six, sont connus et il reste maptères, Diptères, Lépidoptères (40% beaucoup d’espèces inédites. Leurs affinités d’endémisme et les Micropterigidae, si semblent être australiennes, mais la famille primitifs, y sont très nombreux), Psoco- est distribuée depuis l’Amérique du sud. ptères, Homoptères, Hétéroptères, etc. Leurs larves vivent dans les champignons et A propos des Trichoptères, Kjell Arn les adultes sont presque toujours couverts Johanson a publié une liste en 2006 d’acariens phorétiques, des Gamasidae, (Octobre 2003) de 109 espèces, toutes ou suçant les sécrétions des tubercules.

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La Faune entomologique en Nouvelle-Calédonie presque endémiques (sauf deux à partager les Phasmes, 100% chez les Psoques et avec l’Australie). Ces aquatiques ont donc chez les Cigales, 40% chez les Lépido- résisté dans l’eau douce à l’hypothétique ptères, qui pourtant peuvent facilement submersion oligocène. migrer, et toute cette faune a très souvent Les Ornithoptères, présents au Queens- des affinités australo-papoues et gondwa- land et aux Salomon, manquent et il y a peu niennes, mais parfois aussi elle est d’espèces spectaculaires en Nouvelle- d’importation plus ou moins récente, via les Calédonie. Citons parmi les Lépidoptères, la archipels voisins, et présente ainsi des fameuse hépiale apparentée à la faune éléments mobiles d’origine indonésienne. australienne, le bel Aenetus cohici , l’azuréen Il y a aussi les importations humaines, montrouzieri, commun dans les sous- plus ou moins volontaires, récentes, mais bois, apparenté à de elles ont très faibles, comme ces Nouvelle-Guinée et Queensland. Comme lui, Scarabéides pour aider à l’étalement des il vit sur Rutacées sauvages, mais s’adapte bouses de vache ou les Phola des Vitex . bien aux Agrumes ( Citrus sp.). Les Des Chaetocnema ( C. confinis ) ont été sphingides sont nombreux (18) et bien importés aussi récemment par les ouragans étudiés, avec plusieurs endémiques (6 en ou les vents atmosphériques (ou strato- tout). Parmi les lépidoptères diurnes, on a sphériques), car ils sont légers, ailés et relevé (selon Alain Renevier-Faure) 73 parthénogénétiques. espèces dont 11 endémiques. Curieusement, les Paropsini, qui se sont Les nocturnes nécessitent encore une tellement différenciés en Australie, à partir étude approfondie. Aenetus cohici (Hepia- de quelques Chrysomelinae locaux et qui lidae) (Viette, 1961) a une larve qui creuse ont gagné le sud de la Papouasie, sur la les troncs de Nothofagus , et est une relique marge du craton australien, n’ont atteint gondwanienne (BOUDINOT , 1991). dans le passé ni la Nouvelle-Calédonie, ni la On connaît environ 25 espèces Nouvelle-Zélande. d’ Aenetus , en Australie, Indonésie (Ambon), La différentiation et l’évolution du genre Nouvelle-Guinée, Nouvelle-Calédonie et ont dû se faire après la séparation de ces Nouvelle-Zélande. La biologie est assez archipels et de l’Australie, quand la compliquée, car la larve présente une phase Nouvelle-Guinée méridionale restait encore dans la litière où elle se nourrit sur les connectée. Polypores, et ensuite elle creuse dans les Matile a étudié notamment les Keropla- troncs. DE JONG (2003) suggère que les tinae (Mycetophiloidea), mais les Diptères relations gondwaniennes des papillons de lumineux ( Arachnocampa ) de l’est de jour dans la région australienne sont l’Australie et de Nouvelle-Zélande semblent difficiles à prouver, car la différentiation totalement manquer à l’extérieur comme selon lui date de 30 MA, bien après la dans les grottes, alors qu’ils seraient brisure du continent de Gondwana et bien présents (en réalité, les données sont peu après la glaciation de l’Antarctique. Tous les sûres) aux Fidji et en Nouvelle-Guinée. groupes cités plus haut parmi les insectes Curieuse lacune qu’il est difficile d’expliquer présentent encore beaucoup d’inédits et les (JOLIVET , 2005). Matile n’a trouvé dans les endémiques sont foison. Il y a des grillons grottes visitées que des vers luisants ! cavernicoles, rappelant vaguement les gros De nombreuses familles de Diptères ont wetas de la Nouvelle-Zélande. été étudiées (Tipulidae, Mycetophilidae au Ce genre de grillons existe partout aux sens large, Muscidae, Tachinidae, Drosophi- tropiques et est fortement parasité par des lidae, Dolichopodidae, Tephrididae, Bombyli- Grégarines. Deux espèces de wetas sont dae, Tabanidae, Psychodidae, etc.). Voir les présentes et ont été décrites au début du différentes séries de Zoologia Neo-caledo- XXème siècle : Carcinopsis rouxiana Griffini nica (1988 ; 1991 ; 1993 ; 1997 et 2002). 1914 et C. sarasiniana Griffini 1914 (Anosto- Les Coccoidea Margarodidae géantes, stomatidae). On considère que, chez les Tessarobelus guerini et autres (BHATTI , Blattes, 80% sont endémiques, 70% chez 1991), sont communes sur les feuilles de

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Pierre JOLIVET certaines Myrtacées dans la région de La dans la région australo-papoue et dans le Foa, à moyenne altitude. Sud-Est Asiatique, mais ils manquent aussi La grande mode actuellement est pour en Nouvelle-Calédonie. les géologues de préconiser une immersion totale à l’Oligocène de la Nouvelle- Conclusion Calédonie et de la Nouvelle-Zélande. En conclusion, la faune entomologique Certains botanistes et zoologistes ont de la Nouvelle-Calédonie est relativement adopté cette idée en imaginant une riche, mais fort disharmonique. Des groupes recolonisation passive par delà les mers au entiers manquent, comme les Sagrines cours du Néogène. C’est ainsi que récents ou archaïques, présents à Mada- MURIENNE et al . (2005) ont émis l’hypothèse gascar, en Australie et en Nouvelle-Guinée. que les blattes endémiques néo- Les Sagrinae primitifs, voisins des Bruchides calédoniennes du genre Angustonicus d’une et même des Cérambycides, existent aussi sous-famille australienne d’origine se sont en Amérique tropicale, au nord-est du Brésil différenciées localement en moins de deux et en Argentine, mais non les Sagrinae millions d’années. Ceci ne contredit pas en récents. Il s’agit d’un élément gondwanien, réalité l’origine ancienne et australe du pour les genres anciens, qui fait aussi défaut genre lui-même et de la sous-famille. Autant en Nouvelle-Zélande. Les Sagra proprement que je sache, personne jusqu’à présent n’a dits, actuellement exclusivement distribués estimé la durée de la différentiation extrême dans les paléo-tropiques, ont eux existé au des Paropsini (Coleoptera Chrysomelinae) à Tertiaire dans l’hémisphère nord. Les liens partir d’un ancêtre mésozoïque en Australie. entomologiques avec la Nouvelle-Zélande et Cette durée peut être récente et courte ou les îles Norfolk/Lord Howe Island sont très bien fort ancienne. Cela ne rejette pas les faibles, bien qu’une relation terrestre ait affinités gondwaniennes de la tribu. probablement eu lieu un court temps au Sur les côtes néo-calédoniennes, on passé. trouve un Cycas , d’affinités indonésiennes, Les Chrysomélides, par exemple, sont Cycas celebica Braun, dont l’identité n’est différents, sauf pour certains eumolpines, pas sûre à 100%. Ce serait actuellement comme les Dematochroma qui sont Cycas seemannii A. Br. d’après KEPPEL représentés à Norfolk, à Lord Howe et éton- (2001). Jusqu’à présent aucun des coléo- namment diversifiés en Nouvelle-Calédonie. ptères inféodés à ces plantes n’a été trouvé Dans l’ensemble, comme pour la flore, le sur les cônes ou sur les feuilles. La fonds entomologique néocalédonien est dispersion des graines semble être partiellement gondwanien et ne semble océanique, et c’est la raison pour laquelle il guère avoir été affecté par les prétendues est trouvé presque exclusivement dans les submersions oligocènes. Il y eut dans le habitats côtiers. Sa fécondation semble être passé une autre topographie et des zones, exclusivement anémophile et seulement des qui sont actuellement sous l’océan, furent larves de lépidoptères minent les feuilles. autrefois émergées. Les zones d’immersion Probablement les insectes pollinisateurs et de soulèvement, comme cela est connu n’ont pas suivi la dissémination océanique en Nouvelle-Zélande, peuvent être aussi très des graines. D’après Thierry Salesne localisées. Pour Heads (comm. pers.), parmi (comm. pers., 2006), C. seemannii est l’hôte les différents terrains qui ont constitué la d’un Lycaenidae importé, en Nouvelle- Nouvelle-Calédonie, les terres réellement Calédonie : Luthrodes cleotas excellens dont gondwaniennes sont situées dans le tiers la chenille mange les jeunes feuilles. On sait central de l’île. que des Lycaenides spécifiques et Cette partie est composée de terrains aposématiques ( Eumaeus spp.) attaquent qui se sont accrétés par le nord-est avec les Zamia (Cycadales) en Amérique l’Australie, et cette région est, pour lui, le tempérée (Floride) et tropicale. principal centre d’endémisme de la Grande D’autres espèces spécifiques sont Terre. La faune originale néocalédonienne a connues de l’Ancien Monde tropical. Il y a dû se reconstituer à partir de refuges élevés aussi des Criocerinae spécifiques sur Cycas ou de zones planes épargnées.

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La Faune entomologique en Nouvelle-Calédonie

Curieusement un oiseau, le Cagou, se Cela rejoint le problème de la présence rapproche de fossiles de la Nouvelle- des boas dans toutes ces îles, alors qu’ils Zélande et du seul représentant sud- manquent sur la Grande Terre. américain des Eurypygidés, le Caurale Une hypothèse veut que ces serpents soleil. furent introduits autrefois par les navigateurs Probablement des traces de liaisons polynésiens, mais d’autres hypothèses anciennes. gondwaniennes ou paragondwaniennes ont Une grande partie de la faune été aussi émises (NOONAN & CHIPPINDALE , néocalédonienne appartient aussi aux 2006). Peut-être même y eut-il, mais c’est groupements centre-pacifiques. Il y eut donc peu vraisemblable, des liaisons temporaires une dispersion à longue distance d’une avec la région. faune non gondwanienne. Il y eut donc par ce moyen un apport, via les archipels Remerciements . voisins, Vanuatu, Fidji, Samoa, Salomon, Nous remercions ici ceux qui nous ont d’une faune indonésienne et papoue, aidé à la rédaction de cet article : notre ami constituée surtout d’éléments volant bien ou Dr. Christian Mille, qui a inspiré le travail et légers. nous a tant aidé sur le terrain ; Dr. Jean- Remarquons que parmi les Chrysomé- Michel Maes, du Museo Entomologico, lides, les éléments lourds ( Bohumiljania et Leon, Nicaragua, pour les Lucanides ; Dr. Zira ) sont gondwaniens. Mark Judson du Muséum national d’Histoire L’apport australien récent n’est pas non naturelle, Paris, pour les Acariens ; Dr. plus négligeable. Les radeaux flottants, Eduard Vives, de Barcelone, Espagne, pour l’apport avec les graines ou les fruits les Cérambycides ; Dr. Willy Kuschel, de la flottants, l’apport humain par le passé ont New Zealand Collection, tous dû également jouer un rôle, comme ces Landcare Research, Aukland, Nouvelle- fourmis, Pheidole et Wasmannia, qui Zélande pour les Curculionides ; Dr. Thierry certainement modifient la faune en plaine au Deuve, du MNHN, Paris, pour les moins en pourcentage. Caraboidea ; Ing. Thierry Salesne, lépido- Finalement une faune disharmonique, ptériste, de La Foa, Nouvelle-Calédonie ; gondwanienne, c’est-à-dire australo-papoue Ing. Pierre Tripotin, hyménoptériste, de à la base et des apports passifs et Séoul, Corée du Sud ; Professor Sandro abondants de l’Indonésie et de ses Ruffo du Museo Civico di Historia Naturale, dépendances. Notons que ce fond de Verona, Italie qui a déterminé l’amphi- gondwanien a donc dû, comme on l’a pode arboricole ; Dr. Mauro Daccordi, du souligné plus haut, être préservé par- Musée Régional des Sciences Naturelles de tiellement dans des zones émergées dans le Turin, Italie, qui a trouvé les Zeugophora ; passé et qui n’existent plus depuis Dr. Jacqueline Fambart-Tinel, de l’IRD à longtemps. C’est sur les montagnes surtout Nouméa, qui nous a documenté sur la flore ; que l’on trouve actuellement, parmi les Dr. Arnaud Mouly, du MNHN, Paris, insectes, les vraies reliques du Gondwana. botaniste ; Prof. Dr. Michael Heads, Un récent travail de WORTHY et al . botaniste, Suva, Fidji. (2006), révélant la découverte de restes d’un Enfin nous tenons à remercier tout mammifère Miocène dans l’île du sud de la spécialement le Prof. Dr. Isabel Sanmartin, Nouvelle-Zélande, suppose la persistance du département de Zoologie Systématique, de terres émergées durant la transgression de l’Université d’Uppsala, en Suède, dont les marine de l’Oligocène. travaux sur la Gondwanie ont fortement Le problème des îles Loyauté reste inspiré cet essai. pendant. Ces îles sont d’émersion très J’adresse aussi un remerciement tout récente et les introductions à partir de la spécial à Christian Mille de l’IAC, Grande Terre ont dû se faire passivement, Pocquereux, et à Hervé Jourdan, Nouméa, bien que cela soit difficilement explicable qui nous ont procuré les cartes de la pour des formes australes anciennes Nouvelle-Calédonie. comme les Criocérines.

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Pierre JOLIVET

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La Faune entomologique en Nouvelle-Calédonie

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