Cinquième au palmarès de la avec 258 victoires, Walter Nowotny obtint ses derniers succès aux commandes du chasseur à réaction Messerschmitt Me-262.

Quand Walter Nowotny trouva la mort dans le cockpit de son chasseur à réaction Messerschmitt Me-262, au cours du dernier hiver de la Seconde Guerre mondiale, la nouvelle parvint très vite aux pilotes alliés basés en Europe, qui l'accueillirent avec un sentiment mélangé de soulagement et d'admiration pour ce jeune aviateur au courage extrême.

Au sein de la Luftwaffe, Nowotny était considéré comme un meneur d'hommes, un chef-né, et comme un pilote de chasse hors du commun, dont la population allemande avait, pendant deux ans, suivi les exploits avec enthousiasme.

Né le 7 décembre 1920 à Gmünd (Autriche), Walter Nowotny entra dans la Luftwaffe peu après l'Anschluss de 1938 et suivit un entraînement de pilote de chasse en 1940. Promu Leutnant à l'âge de vingt ans, il fut muté le 23 février 1941 à la Staffel 9 du Jagdgeschwader 54 « Grünherz » (Coeur vert) qui, sous le commandement du fameux , combattait sur le front de l'Ouest avec ses Messerschmitt Bf-109.E.

Après un bref passage dans les Balkans, le JG-54 fut transformé sur Bf-109.F et transféré en juin dans le nord de la Pologne, en vue de prendre part à l'opération « Barbarossa » (invasion de la Russie), qui débuta le 22 de ce même mois.

Comme la plupart des grands as de la Luftwaffe, et particulièrement son ami Otto Kittel, Walter Nowotny eut un début de carrière assez discret, ne s'octroyant que quelques victoires dans les premiers jours de cette campagne.

Le 19 juillet, il volait avec sa Staffel quand il rencontra une formation d'une douzaine de biplans Polikarpov I-153 au-dessus du golfe de Riga. A l'issue d'un furieux combat, qui l'entraîna loin vers le large, Nowotny abattit trois de ses adversaires, mais fut lui-même obligé de faire un amerrissage forcé. Malgré les efforts déployés par les services de sauvetage de la Luftwaffe, il ne put être repéré, et c'est en ramant avec ses mains pendant trois jours qu'il parvint à ramener son dinghy à la côte.

A la fin de l'année 1941, Walter Nowotny avait ajouté à son palmarès une douzaine de victoires supplémentaires et étudiait soigneusement les tactiques mises en oeuvre par ses camarades, des pilotes chevronnés comme Horst Ademeit, Hans Beisswenger, , Herbert Broennle, Hans-Ekkehard Bob (son commandant d'unité) ou Max Stotz (Autrichien, comme lui).

Volant la plupart du temps avec Anton Dôbele, Rudolf Rademacher et Karl « Quax » Schnôrrer, le chef de ce Schwarm (Patrouille de chasse), Nowotny détruisit vingt-cinq avions dans les sept mois qui suivirent. C'est le 4 août 1942 qu'il s'adjugea sa première victoire « de masse » en abattant dans la journée sept appareils soviétiques. Un mois plus tard, alors qu'il était titulaire de cinquante-six victoires, il était fait chevalier de la Croix de fer. Hans-Ekkehard Bob ayant été muté dans une autre unité, il fut nommé Staffelkapitân le 25 octobre avec le grade d'Oberleutnant et poursuivit ses vols au sein du même Schwarm.

En février 1943, après la défaite de Stalingrad, le III/JG-54, commandé par le Major Reinhard Seiler, fut retiré du secteur nord du front russe pour aller renforcer la défense du Reich contre les bombardiers alliés, dont les raids se faisaient de plus en plus nombreux. Très vite, il apparut que l'armement des Bf-109.F était trop léger pour leur permettre d'attaquer les puissants quadrimoteurs américains. Les « Coeurs verts » furent donc transformés sur Focke-Wulf Fw-190.

Mais, avant que Nowotny ait eu la possibilité de tester ce nouveau matériel, le III/JG-54 repartait pour le front de l'Est, cette fois en vue de prendre part à l'opération « Citadelle », qui avait pour but de réduire le saillant de Koursk. Dans le mois qui précéda la grande bataille (elle débuta le 5 juillet), Nowotny inscrivit encore quarante et une victoires à son palmarès, le 15 juin, il en comptait plus de cent, auxquelles vinrent s'ajouter les dix avions abattus dans la seule journée du 24 juin.

Le 18 août, il atteignait le chiffre de cent cinquante et arrivait en seizième position sur la liste des as de la Luftwaffe. Trois jours plus tard, il s'adjugeait sept succès supplémentaires, et, le 4 septembre, quand il reçut la Croix de fer avec feuille de chêne, il était aussi le quatrième pilote allemand à avoir remporté deux cents victoires en combat aérien.

Nommé à la tête du Gruppe III le 18 août, Walter Nowotny allait encore se distinguer au cours du mois d'octobre. En l'espace de dix jours, il détruisit en effet trente-deux adversaires, dont huit dans la seule journée du 9. Cinq jours plus tard, il devenait le premier pilote au monde à totaliser deux cent cinquante victoires remportées en 442 sorties. C'est alors que son Schwarm fut dissous : en un peu plus d'un an, il avait détruit pas moins de cinq cents appareils soviétiques, ce qui constitue sûrement un record pour un si petit nombre de pilotes.

Nowotny put ajouter le glaive à sa croix de chevalier le 22 septembre et les diamants, récompense suprême, le 19 octobre. Entre-temps, il avait été promu au grade de Hauptmann. Au terme de treize mois d'activité, il se trouvait donc commandant d'un groupe de chasse, titulaire de la plus haute distinction allemande et as des as de la Luftwaffe, ce alors qu'il n'avait que vingt-deux ans. Il devait ajouter une ultime victoire à son palmarès sur le front de l'Est le 15 novembre 1943.

Après une courte permission en Allemagne, où la population lui réserva un accueil triomphal, Nowotny fut ensuite envoyé en France à la tête du Schulegeschwader 101, une unité d'entraînement qu'il devait commander pendant six mois. A l'époque, le nouveau chasseur à réaction Messerschmitt Me-262 achevait ses essais, et les pilotes sélectionnés pour faire voler les premiers exemplaires de présérie qui leur furent livrés au cours de l'été 1944 arrivaient à la section E-2 du centre d'essais de Rechlin, où ils devaient être regroupés, sous le commandement du Hauptmann Werner Thierfelder.

Les ayant rejoints en juillet, Nowotny vola d'abord au sein d'une formation expérimentale, puis dans le cadre d'une unité semi-opérationnelle, l'Erprobungskommando 262 (Ekdo-262), constitué avec les nouveaux chasseurs à réaction allemands. En septembre, il fut chargé de mettre sur pied une petite unité opérationnelle avec des pilotes de l'Ekdo-262. Créé officiellement le 18 septembre et basé à Achmer et à Hesepe, le Kommando « Nowotny » était composé de deux Staffeln, formées chacune d'une vingtaine d'appareils, dont la moitié se trouvait en permanence en réparation.

Du fait des controverses qui divisaient le haut commandement allemand quant à l'emploi opérationnel du nouvel appareil, ordres et contrordres se succédaient. Les pilotes eurent d'abord pour consigne d'attaquer les B-17 Flying Fortress et les B-24 Liberator sans se préoccuper de la chasse d'escorte. Mais, forcés de ralentir pour effectuer leurs passes de combat face aux lourds bombardiers, les Messerschmitt devenaient dès lors très vulnérables et se trouvaient à la merci des P-51 Mustang et des P-47 Thunderbolt.

Il fut donc décidé de les engager uniquement contre les chasseurs d'escorte, tandis que les Fw-190 et les Bf-109, dotés d'épais blindages et puissamment armés, attaqueraient les « boxes » de bombardiers. Durant ses six mois d'existence, le Kommando « Nowotny » ne perdit que deux appareils, abattus le 10 octobre par les Mustang du 361st Fighter Group de la 8th Air Force.

Ayant rapidement identifié les bases d'Achmer et de Hesepe, les Alliés lancèrent contre celles-ci toute une série d'attaques, menées par des Mustang et visant à détruire les chasseurs allemands au sol. Nowotny fit alors mettre en place une formidable concentration de batteries de Flak, qui, se révéla très efficace et provoqua des pertes importantes dans les rangs alliés.

Le 8 novembre, Nowotny décolla pour une mission d'interception qui devait être la dernière de sa carrière. Après avoir détruit un quadrimoteur américain, il prit le chemin du retour et se trouvait en vue d'Achmer quand, pour une raison inconnue, son avion s'écrasa au sol et explosa.

Selon certaines versions, il aurait été pris dans un combat aérien opposant un chasseur britannique et un Messerschmitt Bf-109, lequel aurait pris l'air pour protéger les Me-262 de retour de mission. Mais, autant que l'on sache, aucun avion allié ne se trouvait à ce moment dans le secteur. D'aucuns pensent donc que Nowotny aurait pu être victime d'une erreur de la Flak guidée par radar, mais ce point n'a jamais été véritablement élucidé.

Deux jours après la mort du célèbre pilote, sa formation fut dissoute, et une unité véritablement opérationnelle fut mise sur pied : le Jagdgeschwader 7, basé à Brandenburg et placé sous le commandement d'un vétéran, . Plusieurs pilotes de l'ancien Kommando « Nowotny » y furent mutés et, en hommage à leur chef disparu, ceux-ci donnèrent son nom au JG-7.

Sitographie : http://fandavion.free.fr/Nowotny_Walter.htm