CHRONIQUES HISTORIQUES SAVOYARDES Du Temps De La Révolution
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CHRONIQUES HISTORIQUES SAVOYARDES du temps de la Révolution Marcel GIANADA CHRONIQUES HISTORIQUES SAVOYARDES du temps de la Révolution Préface de Marcel FIVEL-DEMORET Collection "Chroniques Savoyardes" HORVATH "Tous Droits Réservés" pour les photos, dessins, documents dont nous ne pouvons pas identifier l'origine. Réalisation Danièle ROBERT © Editions HORVATH 27, bd. Charles de Gaulle 42120 LE COTEAU I.S.B.N. 2.7171.0657.X PRÉFACE Rien de ce qui a trait à l'histoire de la Savoie n'a jamais laissé indifférent notre ami Marcel Gianada qui, depuis plus de trente ans, a collaboré à notre journal, à d'autres hebdoma- daires et à de nombreuses revues, ayant été chargé également, par le Rectorat d'Académie de Grenoble, de longues années durant, d'évoquer comme chargé de conférences, pour les élèves-maîtres de l'Ecole normale de la Savoie à Albertville, la vie de la Savoie à tra- vers les siècles. De même fit-il, en maintes circonstances, au sein des diverses sociétés savantes savoyardes, dont il est membre soit titulaire, soit correspondant, la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie, l'Académie florimontane, la Société d'histoire et d'archéologie de Maurienne, les associations des Amis du vieux Chambéry, les Amis de Montmélian et environs, des musées chambériens et de quelques autres. Il a fondé le groupe historique et archéologique "Connais- sance de La Ravoire et des environs " et il est membre de la Commis- sion municipale culturelle et scolaire de cette localité. Comment le bicentenaire de la Révolution française, et l'inci- dence des événements qui pendant tant d'années, allaient marquer la nation française et la nation savoyarde, aux destins intimement liés, ne nous eussent-ils pas imposé de l'évoquer dans les colonnes de sous la plume de Marcel Gianada ? Et c'est ainsi que depuis plusieurs mois, revivent, dans le style qui lui est particulier, et avec une grande probité intellectuelle, un cer- tain nombre de personnages savoyards de l'époque, connus ou ignorés, célèbres ou modestes, nobles ou roturiers, paysans, offi- ciers, fonctionnaires, qui ont forgé ou subi la Révolution française, à Vizille, à Paris, en Savoie ou ailleurs... Marcel Gianada, à travers l'évocation de tous ces hommes et de toutes ces femmes, nous permet en outre, de comprendre ce que fut la vie savoyarde en ces temps pour le moins difficiles. Et je ne doute pas que cet ouvrage, qui rassemble, non seulement les "papiers" parus dans mais aussi d'autres iné- dits ou qui suivront, sera justement apprécié. Marcel FIVEL-DEMORET Directeur honoraire de à Annecy AVANT-PROPOS Cet ouvrage n'est pas une histoire de la Révolution en Savoie. Il s'agit principalement de biographies d'hommes et de femmes qui ont fait, ou vécu, ou même subi, la Révolution en Savoie, figures tirées des sources les plus sérieuses, notamment d'encyclopédies anciennes. La vie, le comportement et les actions de ces hommes et de ces femmes pendant cette période mouvementée et souvent tragique ont été complétés autant que possible, pour en augmenter l'inté- rêt, par l'évocation d'autres gens, d'événements et de faits parti- culiers s'y rattachant. Cette étude n'est pas exhaustive, d'autres personnages pour- ront, sans doute, être évoqués bientôt. Et si ce premier volume est consacré en majeure partie à la Savoie, il débute par les événe- ments préliminaires de Vizille en 1788 avec les principaux person- nages dauphinois qui y ont participé : Barnave, Mounier, Claude Perrier et aussi La Fayette. Et il y eut tant de liens entre le Dau- phiné et la Savoie, pays voisins. J'exprime ma sincère gratitude à tous ceux qui m'ont apporté de précieux renseignements ou d'intéressantes précisions pour l'un ou l'autre des chapitres de ce livre : MM. le Professeur agrégé André Palluel-Guillard, maître-assistant à l'Université de Savoie, et président de la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie ; le général René Deblache, secrétaire perpétuel de l'Académie de Savoie ; l'abbé Paul Charve, ancien curé de La Ravoire ; le commandant E.R. Paul Charve, des Amis de Mont- mélian ; Gilbert Pallatier à Barberaz, et André Leprovost, prési- dent des Amis du Vieux-Chambéry. Je remercie également avec émotion les auteurs des ouvrages auxquels je me suis référé et que j'ai indiqués dans les notes annexes. Enfin, je dédie cet ouvrage à mon épouse, à mes enfants et petits-enfants. M. G. BARNAVE à Vizille en 1788 On connaît les principaux personnages de la Révolution fran- çaise : Danton, Robespierre, Desmoulins, Mirabeau, Tallien... Mais il y en eut beaucoup d'autres dont les noms sont aujourd'hui méconnus ou oubliés. Certains concernaient plus spé- cialement la Savoie, ou les régions proches, le Dauphiné, le Lyon- nais, ou Genève. C'est par Barnave que débute cette évocation d'hommes et de femmes de la Révolution, parce qu'il fut l'un des principaux acteurs et orateurs de l'Assemblée de Vizille en 1788, avec Claude Perrier et Mounier, auxquels sont consacrées les biographies de cet ouvrage. L'Assemblée des Etats de la province du Dauphiné, composée des délégués de la noblesse, du clergé et du tiers état, ces derniers étant essentiellement des bourgeois, n'avait pu se tenir à Gre- noble, où elle siégeait normalement, en raison des événements graves qui venaient de s'y dérouler. Il y avait eu des manifesta- tions et des émeutes du fait de la suppression par le roi et ses ministres, notamment Brienne, des prérogatives des Parlements de province, dont celui de Grenoble, décision notifiée par le duc de Clermont-Tonnerre, et que faisait appliquer le terrible maré- chal de Vaux. Il y avait eu surtout la sanglante journée des " Tuiles " du 7 juin, que le célèbre écrivain Stendhal, natif de Grenoble comme l'on sait, évoquera plus tard. Petit garçon Henri Beyle - Stendhal - qui n'avait que 5 ans, y avait assisté du balcon du logement de son grand-père, situé dans une maison voisine. Il l'a racontée dans son roman La vie d'Henri Brulard. Une autre anecdote doit être rap- pelée au sujet de cette triste journée des "Tuiles" : c'est que, parmi les civils et les militaires blessés, se trouvait un jeune ser- gent dont l'Histoire retiendra le nom, car il deviendra célèbre. C'est Bernadotte, futur maréchal d'Empire, qui sera ensuite roi de Suède. Le château de Vizille. Claude Perier, riche industriel de Grenoble, nouveau proprié- taire du château de Vizille, luxueux édifice que le connétable de Lesdiguières avait fait construire, proposa que les Etats de la pro- vince du Dauphiné, dont il faisait partie, se tiennent donc dans son château. Cette assemblée pré-révolutionnaire du 21 juillet 1788 a été ainsi le grand événement historique de Vizille. Elle se déroula .dans la salle du Jeu de Paume qui n'existe plus aujourd'hui, ayant été détruite par un incendie. Cette assemblée du Dauphiné com- prenait 540 membres dont 165 nobles, 50 ecclésiastiques et 325 représentants du tiers état. On discuta sans interruption de 8 heures du matin jusqu'à 3 heures de la nuit, réunion ponctuée de nombreuses et intermina- bles déclarations et d'altercations très vives. Les orateurs les plus écoutés furent deux jeunes avocats grenoblois, nommés Mounier et Barnave, qui allaient tenir une place importante et jouer un rôle déterminant pendant la Révolution française. Les doléances de l'assemblée de Vizille, si elles furent plus véhémentes encore que celles du Parlement de Grenoble, expri- maient sensiblement les mêmes protestations et revendications : maintien de leurs prérogatives, convocation des états généraux à Paris, auxquels il appartiendrait de fixer les impôts, car ils étaient très élevés. Mais l'assemblée réclamait surtout et avec insistance la liberté individuelle pour tous les Français. Barnave dans sa prison. (B.M. Grenoble) Le rapport de synthèse, rédigé par Barnave, fit l'objet d'une résolution adressée au roi Louis XVI, motion qui souleva l'en- thousiasme général des délégués des Etats du Dauphiné, et qui allait être repris par le pays tout entier. Ces journées pre-révolu- tionnaires de Grenoble et de Vizille engendreraient très rapide- ment le tourbillon qui s'enflerait et s'accélèrerait au point de chan- ger la face du monde. Ainsi, le Dauphiné fut le berceau de la Révolution, et les Dauphinois en tirent avec raison une légitime fierté. Ils l'ont déjà prouvé, en commémorant, par de remar- quable évocations, les événements de Grenoble et de Vizille, qui viennent d'être rappelés. Après l'assemblée de Vizille, Antoine-Joseph Barnave (1761- 1793), et Jean-Joseph Mounier (1758-1806) ont été mêlés à des événements importants de la Révolution française. Tous deux, excellents orateurs, ont joué un rôle essentiel aux états généraux de 1789 à Versailles, puis à l'Assemblée Constituante, dont ils ont Arrestation de Louis XVI à Varennes. assuré un temps la présidence. On a souvent comparé Barnave à Mirabeau, dont il fut d'ailleurs l'éloquent rival aux états géné- raux, lequel reconnaissait néanmoins ses talents. Barnave fut désigné pour aller au devant de Louis XVI, lors de sa fuite à Varennes, où il avait été arrêté. Il témoigna les plus grands égards au roi et à la reine qu'il ramena à Paris. Il s'efforça alors de rapprocher le Parti constitutionnel de la Monarchie, mais sans y parvenir. Plus modérés que beaucoup d'autres, Barnave et Mounier condamnaient les excès, réprouvaient la terreur et quit- tèrent le club des Jacobins, prévoyant des grands malheurs pour la France. Barnave se retira à Grenoble, sa ville natale, dont il devint le maire, et profita de ce temps pour écrire un ouvrage qui fit grand bruit : « Introduction à la Révolution française ».