L'art Moderne
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L<xA.-)Jl^ J.-K. HUYSMANS L'Art Moderne — DEUXIEME EDITION PARIS LIBRAIRIE PLON l'LON-NOURRIT et C'% IMPRIMEURS -EDITEURS 8, RUE GARANCIÈHE — 6" 1908 Tous droits réservés Droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays y compris k Suéde et la Norvège. LART MODERNE L'auteur et l'éditeur déclarent réserver leurs droits de traduction et de reproduction pour tous les pays, y compris la Suéde et la Norvège. Ce volume a été déposé au ministère de l'Intérieur (section de la librai- rie), en Juin 18S5, DU MÊME AUTEUR ROMANS Pages catholiques (pa^'es choisies). — Un fort volume in- 16, précédé d'une préface de M. l'Abbé Mugnier. — Paris. P.-V. Stock, 18(19^ ; Paris, P -V. Stock, in-8 , Sainte Lydwine^ de Schiedam . ^ r. "l^'^^c'^' " • ,• \ Pans, P.-V. Stock, in-ib, ( avril 1901. Marthe] Bruxelles. Jean Gay, .876. 1 Pans,DERVAU.\, 1870. Les Sœurs Vatard, Paris, Charpentier, 187(1. En Ménage, Paris, Charpentier, 188 i. A Rebours, Paris, Charpentier, 1884. En Rade, Pans, Tresse et Stock, 1887. Là-bas, Paris, Tresse et Stock, i8gi. En Route, Paris, Tresse et Stock. 1895. La Cathédrale, Paris, Tresse et Stock, 1898. NOUVELLES Sac au dos (dans les soirées de .Médanj, Paris, Charpentier, 1880. ^ Bru.xelles, K.iste.\iaeckers, 1882. A Vau l'Eau, / Paris, Tresse ET Stock, 1894. Un Dilemme. Paris, Tresse et Stock, 1887. CROQUIS, POÈMES EN PROSE Le Drageon- aux Épices. ^^f^^^' 874. ° '^ \ l^^'^' ' Pans, Maillet, iStS. et ^ (Eaux fortes de Forain de Raffaëlii). Croquis Parisiens. S Paris, V.\ton, 1880. V Paris, N'anier, 1886. La Bièvre. Paris, Genonceaux, 1890. '^^'".'S. P-'V- Stock, .898. La Bièvre et Saint-Séverin. \ ' Pans, Lahlre, 1900. De Tout. Paris, P.-V. Stock. 1901. CRITIQUES D'ART L'Art Moderne. Paris, Charpentier, i883. Certains. Paris, Tresse et Stock, i88g. PANTOMIME En collaboration avec Léon Hennique (dessins en couleur de Chéret). Pierrot Sceptique, Paris, Rouvevre, 1881. DIJON, IMP. DARANT1ERE J.-K. HUYSMANS L'ART MODERNE DEUXIKMK KDITION PARIS, -r P.-V. STOCK, ÉDITEUR 27. RU H DE RICHELIEU 1902 De cette nouvelle cdition il a clé tiré à part, niimhùtcs à la presse, dix exemplaires sur papier du J^apou et vingt- quatre exemplaires sur papier de Hollande. Contrairement à l'opinion reçue, j'estime que toute vérité est bonne à dire. C'est pourquoi je réunis ces articles qui ont paru, pour la plupart, dans le Foliaire, dans la Réforme, dans la Revue littéraire et artistique. J.-K. H. Juin iS83. LE SALON DE 1879 .^I». -^Ufc. «^Ife. -^^ «ïl^ -sMfe. -silfe. .âlfc. -titffc. -^ -4%. -aM*. -^ -^ -^ j^ .dlfc tflft. c»!^ -^ ^ J^ .^ M^ ^ i^ ^ i^ ^^ ^^ 1^ ^^^ ^Ti I& ^ Ife ^^ ^ ^1^^^ ^ip- "^jp* itip- ^i^ ^ïS" "W* "ftf^ "'^ "^i^ "^^i^ "^i^ '•i^ "^r^ "W" ^fe" ''iS" ^its" '»iS' "W" "W" "W* 'W' vi^ LE SALON DE 1879 I 'I j'excepte tout d'abord le Herkomer, le Fantin-Latour, les Manet, les paysages de Guillemet et deYon, une marine de Mesdag, plusieurs toiles signées Raffaëlli, Bar- tholomé et quelques autres, je ne vois pas trop ce qu'au point de vue de l'art moderne, nous pour- rons trouver de réellement intéressant et de réel- lement neuf dans ces coupons de toile qui se déroulent sur tous les murs du Salon de 1879. A part les quelques artistes que je viens de citer, les autres continuent tranquillement leur petit train-train. C'est absolument comme aux exhibitions des années précédentes, ce n'est ni meilleur ni pire. La médiocrité des gens élevés dans la métairie des Beaux-Arts demeure sta- lionnaire. lO L ART MODERNE On pourrait, — le présent Salon le prouve une fois de plus, — diviser tous ces peintres en deux camps : ceux qui concourent encore pour une médaille et ceux qui, n'ayant pu l'obtenir, cher- chent simplement à écouler leurs produits le mieux possible. Les premiers abattent ces déplorables rengaines que vous connaissez. Ils choisissent de préférence des sujets tirés de l'histoire sainte ou de l'histoire ancienne, et ils parlent constamment de faire distingué, comme si la distinction ne venait point de la manière dont on traite un sujet et non du sujet lui-même. Tenez que la plupart n'ont reçu aucune édu- cation, qu'ils n'ont rien vu et rien lu. que « faire distingué », pour eux, c'est tout bonnement ne pas faire vivant et ne pas faire vrai. Oh ! cette expression et cette autre : le grand art, en ont-ils plein la bouche, les malheureux! Dites-leur que le moderne fournirait tout aussi bien que l'an- tique le sujet d'une grande œuvre, ils restent stu- péfiés et ils s'indignent. — Alors, c'est donc du grand art, les stores peints qu'ils font clouer dans des cadres d'or ? du grand art, les qccq homo, les assomptions de Vierges vêtues de rose et de bleu comme des papillotes ? du grand art, les Pères éternels à barbe blanche, les Brutus sur com- LE SALON DE 1879 II mande, les Vénus sur mesure, les turqueries peintes aux Batignolles, sous un jour froid ? — Ça, du grand art ? allons donc ! de l'art industriel, et tout au plus ! car, au train dont il marche, l'art industriel sera bientôt le seul que nous devrons étudier, lorsque nous serons en quête de vérité et de vie. Tels sont les peintres qui suivent, en s'appli- quant, la tradition des Beaux-Arts. Passons main- tenant aux autres. Ceux-là n'écoutent plus les principes maternels de l'école, lâchent l'anti- quaille qui ne se vend point et s'efforcent, pour gagner de l'argent, de flatter, par des gentillesses et par des singeries, le gros goût public. Ils pour- léchent des bébés en sucre, habillent des poupées de soie en fer-blanc, donnent à bercer à une mère qui a perdu son fils une bûche enveloppée de langes, mettent un fusil entre les mains d'un mou- tard mal éclos, et ils décorent le tout de titres de ce genre : Premiers troubles ; Douleur ; le Volon- taire d'un an ; Puis-je entrer ? Rêverie ! Inutile d'ajouter que ceux-là ne sont pas plus affinés que les autres et que, s'ils commencent à blaguer le grand art, ils ont, eux aussi, la prétention de ne travailler que dans le distingué. Allons, on peut sans crainte de se tromper poser cet axiome : Moins un peintre a reçu 12 L ART MODERXE d'éducation, et plus il veut faire du grand art ou de la peinture à sentiments. Un peintre éievé chez des ouvriers ne représentera jamais des ouvriers nKiis bien des gens en habit noir, qu'il ne connaît pas. On ne saurait décidément nier que l'idéal ne soit une bien bc;lle chose ! Et voilà où nous en sommes, en l'an de grâce 1879, alors que le naturalisme a essayé de jeter baî toutes les vieilles conventions et toutes les vieilles formules. Alors que le romantisme se meurt, la peinture admise dans la Bourse aux huiles des Champs-Elysées continue à vivoter pla- cidement, ferme les yeux devant tout ce qui passe dans la rue, reste indifférente ou hostile aux ten- tatives qui se produisent., En peinture, comme en poésie, nous en sommes encore au Parnasse. Du fignolage et du truc, el rien de plus. Ah ! plus intéressants sont ces troub!e-fètes, si honnis et si conspués, les indépendants (i). Je (1) Je tiens à m'expliquer, une fois pour toutes, sur les termes génériques que je vais être obligé d'employer, dans ces articles. En dépit de la systématique injustice et de la basse étroitesse qui consistent à enrégimenter, à affubler du même uniforme des gens de talent personnel, d'opi- nions diverses, je n'ai pu cependant scinder en deux camps les peintres dits impressionnistes, tels que MM. Pissaro, Claude Monet, Sisley, M'" Morizot, MM. Guillaumin, Gau- guin et Cézanne, et les artistes désignés sous l'épithète d'Indépendants, qui les englobe tous aujourd'hui, sans distinction de groupes, tels que M. Degas, .M'" Cassatt, LE SALON DE 1879 I3 ne nie point qu'il n'y ait parmi eux des gens qui ne connaissent pasassez leur métier ; mais prenez un homme de grand talent, comme M. Degas, prenez même son élève, M"" Mary Cassatt, et voyez si les oeuvres de ces artistes ne sont pas plus intéressantes, plus curieuses, plus distinguées que toutes ces grelottantes machinettes qui pen- dent, de la cymaise aux frises, dans les intermi- nables salles de l'Exposition. C'est que, chez eux, je trouve un réel souci de la vie contemporaine, et M. Degas, sur lequel je dois un peu m'étendre, — car son œuvre me MM. Raffaëlli, Caillebotte et Zandoinéncghi. D'abord par- ce qu'en n'agissant pas ainsi, j'eusse été forcément incom- plet ; les points de comparaison faisaient défaut à cause de l'abstention d'un certain nombre de peintres dits impres- sionnistes qui n'ont pas exposé pendant la période de trois' années qu'embrassent ces Salons ; ensuite parce que c'eût été se livrera de singulières minuties et s'exposer à d'iné- vitables mécomptes, que de tenter de rejeter, en un camp ou en un autre, des artistes comme M. Renoir qui a, tour à tour, délaissé et repris la formule impressionniste, comme M. Forain, qui s'est écarté du chemin tracé par M. Manet et suit maintenant la voie frayée par M. Degas. U me fallait néanmoins séparer ces peintres des peintres officiels. Aussi, les ai-je indilTéremment désignés par les épithètes, usitées, compréhensibles, connues, d'impression- nistes, d'intransigeants ou d'indépendants ; ce parti pris me permettait seul de me confiner dans le petit cadre que je m'étais tracé : montrer simplement la marche parallèle, pendant ces dernières années, des salons indépendants et des salons officiels, et mettre au jour les conséquences qui ont pu en résulter, au point de vue de l'art.