DERNIÈRES LETTRES DE CHEVALIER DE LORlMlER (1839). ÉDITION CRITIQUE ET COMMENTÉE

Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de 1'U niversité Laval pour l'obtention du grade de maître ès arts (M.A.)

Département des littératures FACULTE DES LErrRES UNIVERSITÉLAVAL

Décembre 2000

O Marie-Frédérique Desbiens, 2000 National Library Bibliothèque nationale 1+1 ofan, du Canada Acquisitions and Acquisitions et Bibliographic Services services bibliographiques 395 Wellington Street 395. rue Wellington Ottawa ON KIA ON4 Ottawa ON KIA ON4 Canada Canada Your file Vofre réference

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«Enfonçons des portes ouvertes: l'Histoire est une fiction, une production de ['esprit. Elle n'existe pas ailleurs que dans le ciel des idées. Vivre hors de l'histoire, c'est tout bonnement ne pas participer au roman historique.» (Jacques Godbout, Le Sort de I'Arnérnue, 1997)

REMERCIEMENTS

La rédaction de œ mémoire a bénéficié de l'appui et des commentaires généreux de plusieurs personnes que je voudrais ici remercier chaleureusement.

Ma gratitude va d'abord à Madame Marie-Andrée Beaudet dont l'enthousiasme, la disponibilité, la patience et l'ouverture en ont fait une directrice exceptionnelle. Je ne lui serai jamais assez reconnaissante de m'avoir fait découvrir, si brillamment, la littérature intime du XIXe siècle québécois et, bien sûr, les dernières lettres de Chevalier de Lorimier. Son enseignement m'a permis de trouver ma voie (voix) dans le vaste champ des études littéraires.

Je souhaite également exprimer mes plus sincères remerciements à Monsieur Denis Saint-Jacques ainsi qu'à toute l'équipe du Centre de recherche en littérature québécoise (CRELiQ) pour les nombreuses connaissances et l'expérience inestimable qu'ils m'ont permis d'acquérir. J'ai été accueillie au septième étage du De-Koninck par un groupe de chercheurs (enseignants et étudiants) dont l'érudition et le talent n'ont d'égal que la générosité intellectuelle.

Sur ma route, s'est trouvé un autre conseiller extraordinaire dont je ne peux passer sous silence la rigueur, l'intelligence et le dévouement, Monsieur Réal Ouellet. En plus de porter une attention particulière à mon travail, il a favorisé d'heureuses rencontres et des échanges on ne peut plus fructueux. Il m'a rassurée souvent quant à mes aptitudes, m'entraînant amicalement sur ce terrain inconnu qu'était pour moi ['édition de textes.

Je tiens à remercier le docteur ~eorges-&tienneCartier qui a eu l'extrême gentillesse de me faire parvenir une copie de la lettre autographe de Chevalier de Lorimier à Sir Georges Cartier, lettre tirée de sa collection personnelle. Mille mercis à Monsieur Georges Aubin pour la précieuse documentation qu'il m'a fournie. mais surtout pour le respect et la confiance qu'il m'a accordés au long de cette aventure. et audelà. je l'espère.

Je dois aussi une fière chandelle à Chantal Saint-Louis qui a bien voulu partager avec moi les résultats préliminaires de sa recherche sur Chevalier de Lorirnier. Le dossier qu'elle m'a permis de consulter a été le point de départ de cette étude.

Et que dire du soutien de ma famille et de ma belle-famille? Merci à mon père, Réal Desbiens, pour les discussions historiques et politiques que nous avons entretenues et qui ont sans cesse fait progresser ma réflexion. Merci à ma mère, Ciaudette Savard, pour l'amour des belles lettres qu'elle m'a transmis dès mon plus jeune âge et pour la tendresse sans pareille qu'elle me confère toujours. Merci à mon frère, Pierre-Luc, qui m'a laissé toute la place dont j'avais besoin et plus encore. Merci à Michelle et Serge Boivin qui, constamment, m'ont fait part de leurs encouragements.

Une grande partie de ma reconnaissance va ensuite à mes amis les plus chers, Martin Beaulieu, Marianne Thibeault et Melanie Otis, pour leur écoute, leur authenticité, leur présence simplement. C'est à eux qu'est revenue la lourde tâche de calmer mes folles angoisses et de m'arracher parfois au «lugubre cachot et à l'échafaud politique». Un merci particulier à ma première lectrice, Fannie Godbout, celle que j'ai rencontrée dans d'antre du savoir» et qui est vite devenue bien plus qu'une collègue.

Une personne encore mérite toute ma gratitude: mon guide, mon confident, mon compagnon, Yannick Boivin. Comme si ce mémoire aurait pu exister sans lui! Merci enfin à tous ceux qui de près ou de loin ont rendu possible ce travail (archivistes. bibliothécaires, techniciens, préposés). Merci aux Patriotes d'autrefois et à ceux d'aujourd'hui; merci aux «hommes debout)>, ils se reconnaîtront sans doute. À la mémoire de Julie Dufour * * .S. RESUME...... -..III

REMERCIEMENTS...... --iv

.-. TABLE DES MATIERES...... --VIII

* ABREVIATIONS...... -xi

.- AVANT-PROPOS...... XII

INTRODUCTION...... 1

1. Contexte historique...... -1 1.1 Les événements de 1837-1838...... -1 1.2 L'inscription mémorielle des Rébellions: histoire, littérature et cinéma...... -3 1.3 Un retour aux sources: éditions et r&ditio_ns des écrits de Patriotes...... -8

2. François-Marie-Thomas Chevalier de Lorimier ...... 9

3. La correspondance de Lorimier...... 11 Fortune des «dernières lettres»: du North American aux éditions Comeau 6 Nadeau...... Il Notre édition critique...... -19 3.2.1 L'établissement du texte...... 19 3.2.2 L'appareil critique...... 27 Les udernières lettres): documents historiques ou œuvre littéraire?.31

ANNEXE 1: Lettre de Chevalier de Lorimier à un ami de Plattsbutgh...... 133

ANNEXE II: Photocopie de la lettre autographe de Chevalier de Lorimier à R.=A..R. Hubert...... 135

INDEX DES NOMS PROPRES...... -138 ANQ-Q: Achives nationales du Québec (centre de Québec)

ANQ-M: Archives nationales du Québec (centre de Montréal)

ANC: Archives nationales du Canada

ASTR: Archives du Séminaire de Trois-Rivières

DBC: Dictionnaire biographique du Canada AVANT-PROPOS

Exécuté le matin du 15 février 1839, Chevalier de Lorimier laisse une trace indélébile dans l'Histoire du Québec:

On donnera le nom de Lorimier, en 1883, à la rue qui aboutÏt à la prison du Pied- du-Courant et qui s'était jusque-ià malencontreusement appelée Colborne. On rappellera le nom de Lonmier au Cimetière de la Côte-des-Neiges, à Saint-Denis, a Saint-Eustache. On le lira chez les historiens, les archivistes, les mémoriaIistes, les préfaciers, les chroniqueurs1.

Très tôt, Lorimier est considéré comme un héros de la nation. Le 15 févBer 1856, dix-sept ans jour pour jour après les pendaisons publiques, Hector Fabre prononce une conférence hagiographique sur lui devant les membres de l'Institut canadien de Montréal, consacrant ainsi son statut héroïque. L'«Esquisse biographique, de Fabre met en scène <

C'est donc, mesdames et messieurs, pour raviver en nous tous le souvenir béni de nos mawrs politiques, et pour déposer mon modeste témoignage, rehaussé par votre concours, sur leurs tombes, ue j'ai écrit la vie et la mort d'un des meilleurs de ces bons, Chevalier de Lorimie?.

Reprenant et amplifiant l'image du «modèle national», Laurent-Olivier David, dans son ouvrage de 1884, écrira de Lorimier qu' «il était de cette éternelle famille des martyrs qui meurt, depuis que le monde existe, pour toutes les saintes causes, la religion, la patrie, la liberté, le bonheur et le progrès de l'humanité3». Dès lors, l'homme se trouve hissé au rang des plus grands libérateurs du peuple. En 1965, Hubert Aquin affirmera encore que Lorimier «savait ce qu'il faisait et pourquoi il le

1 Laurent MAILHOT, «Notre jeune romantisme (1830-1 839)», Le Romantirne au Cd,sous la direction de Maurice Lemire, Québec, Nuit blanche, 1993, p. 301. Hector FABRE, Esquisse biogrqhique sur Chevalier de Lorirnier, Montréai, Éditions du Pays, 1856, . 1. 'Laurent-Olivier DAVID, Les Pmriores de 1837-1838, Montréai, Librairie Beauchemin, 1884, p. 237. faisait. II savait aussi que lonqu'on entreprend une guerre de libération nationale, il faut réussir ou mourir sur !'échafaud4~.

On peut se demander pourquoi Lorimier (dont l'implication dans les insurrections armées est demeurée assez secondaire) a été ainsi mythifié et pourquoi il a atteint si rapidement la notoriété des Chénier, Nelson et Papineau, figures les plus marquantes des Rébellions. Cela vient, selon nous, de œ que ses lettres de prison ont été très tôt largement diffusées et dramatisées- Contrairement aux écrits intimes d'autres Patriotes (complètement oubliés ou parus des décennies plus tard), les lettres de Lorimier connurent un traitement éditorial qui en firent, dès les années 1839-1840, le testament politique du martyr d'une grande cause-

Pourtant, si elles furent publiées tour à tour dans des journaux, des ouvrages historiques, des recueils et des récits littéraires, les «dernières lettres» n'ont jamais fait l'objet d'une véritable édition établie, annotée et commentée. II nous a paru nécessaire, pour bien distinguer ce qui appartient à Lorimier lui-même de ce qui vient du monument qu'on lui a construit au cours des ans, de donner à lire sa correspondance de prison dégagée de l'aura mythique qu'on lui a ajoutée. Pour ce faire, il nous fallait fournir une transcription absolument fiable des lettres du Patriote et l'assortir d'un appareil critique qui permit d'en comprendre toute la portée. C'est ce que nous avons tenté dans cet exercice de maîtrise.

4 Hubert AQUIN, «L'Art de Ia défaite- Considérations stylistiques», Liberlé, vol. 7, nO" 1-2, janvier-avril 1965, p. 41. INTRODUCTION

1. Contexte historique

1.1 Les événements de 1837-1838

Les années 1830-1840 marquent un tournant majeur dans l'Histoire du Québec (appelé à l'époque as-canada'). Soumis à la Couronne britannique depuis la Conquête de 1760, les Canadiens manifestent alors leur volonté de prendre part à la politique intérieure du pays qu'ils peuplent majoritairement, tout en préservant leur identité française et catholique. Réfutant les visées assimilatrices de l'Angleterre dont le premier Projet d'union présenté à la Chambre des Lords en 1822 incarnait ouvertement les desseins, Louis-Joseph Papineau et ses confrères, formant depuis 1827 le Parti patriote, réclament pour le peuple canadien des pouvoirs concrets et des institutions mieux adaptées à sa situation. Inspirés par le «mouvement des nationalités)) secouant diverses parties du monde et plus particulièrement par la Révolution américaine, les chefs bas-canadiens multiplient, à partir de 1834, les revendications auprès de la Métropole:

La Pologne martyre se soulevait, la Belgique conquérait son inddpendance a la suite de la Serbie et de la Grèce, et des républiques sud-américaines. Les Carlistes révolutionnaient l'Espagne; I'ftalie était soulevée par les Carbonari et la France venait de connaître la révolution de Juillet, «les trois glofleuses journéesn. L'indépendance belge, le soulèvement de la Pologne, les événements de 3uiliet, avaient enthousiasmé les Canadiens, et contribué plus que i'on pense à introduire chez eux le nationalisme et la conception de la volonté populaire. On s'enflammait aux seuls mots de réforme. de démocratie, de liberté, de progrès social2.

Les 92 Résolutions, faisant office de programme pour le Parti patriote, sont envoyées à Londres dans l'espoir d'enfin obtenir le droit à l'autodétermination3.

- ~- 1 L'Acte constitutionnel de 1791 avait divisé Ie territoire canadien en deux colonies: le Haut-Canada (qui équivalait a l'Ontario d'aujourd'hui) et le Bas-Canada (qui représentait à peu de choses près le Québec actuel). 2 Gérard FILTEAU, Histoire des Patriotes, tome I, L yerpIosi~~~du narionalisme, Montréal, Éditions de l'A. C.-F., 1938, p. 138-139. 3 La responsabilité ministérielle, c'est-à-dire la création de Conseils exécutif et législatif dépendants du peuple, était réclamée par les Canadiens depuis au moins 1805. Outre les quelque trente résolutions qui exposent les abus de pouvoir du système parlementaire anglais, on y dénonce le règne de l'oligarchie britannique dans le domaine du commerce et les principes aristocratiques qui empêchent l'exercice d'une véritable démocratie en sol bascanadien. Dans la plupart de ses discours, Papineau condamne ce système de favoritisme et d'exclusion qui prévaut au Canada:

Quand un peuple se trouve invariablement en butte à une suite d'oppressions systématiques, malgré ses vœux exprimés, de toutes les manières reconnues par l'usage constitutionnel, par des assemblées populaires et par ses représentans en parlement après mûre délibération; quand ses gouvemans, au lieu de redresser les maux divers qu'ils ont ewmêmes produits par leur mauvais gouvemement, ont solennellement enrégistre et proclamé leur coupable détermination de saper et de renverser jusqu'aux fondations de la likrté civile, il devient impérieusement du devoir du peuple de se livrer sérieusement à la considération de sa malheureuse position,4es dangers qui I'environnent,-et, par une organisation bien combinée, de faire les arrangements nécessairef pour conserver intacts leurs droits de citoyens et leur dignité d'hommes libres ,

Contre le nouveau gouvemement en place au pays, le chef de l'Assemblée prône, au nom des siens, des principes d'égalité et d'impartialité. Durant cette période, on affirme qu'en Amérique «où seul compte le travail, il n'y a d'aristocratie que celle du talent, il n'y a de force que celle du peuple5». Ayant espéré une réponse favorable aux 92 Résolutions, les Patriotes se sentent trahis face à l'annonce des Résolutions Russel arrivées au pays en avril 1837 et qui rejettent toutes les demandes canadiennes, sans exception. Devant l'impossibilité d'un modus vivendi concevable avec la Métropole, les Patriotes tentent par tous les moyens d'accéder à l'autonomie nationale. Les rapports extrêmement tendus entre Canadiens de souche francophone et nouveaux colons britanniques provoquent les batailles armées de Saint-Denis, Saint-Charles et Saint-Eustache: aLe premier vœu des Canadiens était de conserver leurs usages et leur nationalité [...] et c'est la conviction que l'Angleterre travaillait à les leur faire perdre qui entraîna la plupart

4 LouisJoseph PAPINEAU, Utz demi-siècle de combats. Imervetztiom publzpes, choix de textes et présentation par Yvan Lamonde et Claude Larin, Montréal, Fides, 1998, p. 495. Philippe REID, d'émergence du nationalisme canadien-fiançais: l'idéologie du Canadien (1 806- 1 842)», Recherches sociogtaphiques, vol. ?CïI, n" 1-2, janvier-août 1980, p. 33. de ceux qui prirent part ensuite à l'insurrection6~.Lors du premier soulèvement de l'automne 1837, les Patriotes, vainqueurs à Saint-Denis, subissent deux défaites marquantes: Saint-Charles et Saint-Eustache sont incendiés, huit hommes sont exilés aux Bermudes, plusieurs prennent ta fuite vers les États-unis. A partir de la frontière américaine, s'organise la seconde insurrection de 1838. Le Parti patriote se scinde alors définitivement en deux factions: tandis que Papineau, le modéré, affirme que les luttes doivent rester sur le terrain constitutionnei, Robert Nelson, celui-là même qui déclarera Idlndépendanœ du Bas-Canada, à Week's House le 28 février 1838, proclame qu'il est temps de (

1.2 L'inscription mémorielle des Rebellions: histoire, littérature et cinéma

Loin d'avoir été un simple enjeu historique, l'épisode des Rebellions a suscité des représentations fortes qui dépassent largement les explications socioéconomiques du mouvement. Significativement, l'image des Patriotes. associée aux temps forts du nationalisme canadien-français, resurgit dans le discours public lors des moments de crise politique. Dès 1845, l'Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours de François-Xavier Garneau, sans traiter directement des insurrections, cherche à répondre à Lord Durham qui avait

6 François-Xavier Garneau, Histoire rfu C& depuis la découvertejusqu 'or nos jours, tome 1, Québec, [S. n-1, 1845, p- 269 estimé le peuple canadien dépourvu d'histoire et de littérature7. Trois ans plus tard, James Huston, tentant de réfUter la seconde partie de l'assertion de Durham. compile le Réperfoire national ou recueil de litf6rature canadienne. En 1862, vingt- cinq ans après les événements, paraît Échapp6 de la potence. Souvenirs d'un prisonnier d'État canadien de 1838 de Félix Poutré (pseudonyme de Louis- Édouard Bois). Ces confessions, tenant plus de l'imagination que de la réalité8, obtiennent un énorme succès, tout comme la pièce intitulée Félix Poutré dont on a attribué la paternité à Louis réc ch et te! L'exceptionnelle fortune d'œuvres de ce genre atteste l'intérêt du public pour cette page de leur histoire. Durant les années 1880, la montée du nationalisme, liée à l'affaire ~iel''et à la fondation du Parti national d'Honoré Mercier, provoque plusieurs éditions et rééditions qatriotiques~:Fréchette publie ses pièces Le Retour de l'exil6 et Papineau. Charles-Auguste-Maximilien Globensky fait paraître un premier ouvrage historique sur les Rebellions, Laurent-Olivier David répond à Globensky et publie Les

Dans son Repwr on the AHZs of British NdAmerica de 1839, Lord Durham, chargé par le gouvernement anglais d'enquêter sur la situation canadienne, décIare au sujet des Canadianadiens:«There can hardly be conceived a nationality more destitute of all that can invigorate and elevate a people, than that wich is exhibiteci by the descendants of the French in , owing to their retaining theu peculiar language and manners. They are a people with no histoqr, and no Merature» (LordDurham'sReport, edited with an introduction by Sir Charles Lucas, vol. 2, New York Augustus M. Kelley publishers, 1912, -294). 'En réalité, Bois n'a été emprisonné que treize jours et il a accepté de jouer le r6le d'asent double pour la golice militaire. Dans une Iettre qu'il envoie au journal Le Soleil Ie 22 mars 1899, Fréchette affirme pourtant n'être pas l'auteur de cette œuvre: «Monsieur le rédacteur,/ Le «Soleil» a publié, ces jours derniers, un entrefilet annonçant la représentation d'un drame intitulé ««FélixPoutré~, et dont on m'attribue la paternité. Il me semble que cette charge devrait avoir un terme. Je ne suis pas I'auteur de ce drame./ Vers 1882, dors que j'étais étudiant, à la demande de feu foutré, je dramatisai une brochure censée contenir Ie récit de ses aventures; mais ce travail n'a jamais été imprimé./ Quelques années plus tard, tandis que je demeurais aux États-unis, quelquiin -je ne sais qui- fit imprimer a son bénéfice le drame qui se joue encore quelquefois, à l'aide de bribes extraites par4 par-là des diiérents rôles restés entre les mains des acteurs, et accola mon nom à ce pot-pourri indigeste, probablement pour échapper a une accusation de plagiat./ J'ai déjà réclamé plusieurs fois; en bonne justice, je le répète, cette charge devrait cesser. il n'y pas lignes de suite qui soient de moi dans cet ouvrage./ Cordialement à vous,/ Louis Fréchette.)) 10 Accusé d'avoir incité les Métis de l'Ouest canadien à se rebeler contre Ie gouvernement du pays qui tentait à cette époque d'implanter ses infkûuctures civiles dans les phines vierges (pensons notamment à la construction du chemin de fer du Chudian Pac~fic),Louis Riel est pendu le 16 novembre 1885. Plusieurs voient en lui un vrai Patriote de son temps:

On a énormément écrit sur les Patriotes, on a encore plus parlé deux et, en cette année du Centenaire, le sujet est plus que jamais d'actualité. En dépit d'une énorme quantité de discours, de conférences, d'artides de revues et de journaux, nous ne connaissons guère ce chapitre si complexe et si intéressant de notre histoire. En fait, il n'y a peut4tre pas une époque de la vie canadiennefiançaise qui soit si peu et si mal connue- Conférences a succès, articles, volumes, n'ont assez souvent qu'un mérite d'occasion, et servent davantage à enchevêtrer la question qu'à l'éclairer- Presque tous ces écrits apparaissent beaucoup plus comme des conclusions que comme un exposé des faits".

L'auteur n'aura jamais aussi bien dit: personne ne semble détenir le fin mot de «l'Histoire», pas même lui. Plus près de nous, pendant la décennie 1960, «la mémoire des Patriotes)) redevient particulièrement vive avec d'affirmation du nationalisme et du progressisme puis la montée. jusqu'au pouvoir, du Parti québécoisl*x Chaque année, depuis plus de quarante ans, plusieurs personnalités publiques, entourés de fervents nationalistes, se rassemblent en novembre (date de la victoire des Patriotes à Saint-Denis) pour rendre hommage aux insurrectionnaires. Y ont entre autres participé Marcel Chaput, Réginald Chartrand, Michel Chartrand. Raymond Lévesque, René Lévesque. Au cours de la Crise d'octobre 1970, le drapeau tric~lore'~est à nouveau arboré; dans son manifeste, le FLQ rappelle «ses ancêtres)) de 1837-1838: «Il nous faut lutter, non plus un à un. mais en s'unissant, jusqu'à la victoire, avec tous les moyens que l'on

11 Gérard FILTEAU, Hi~loiredes Parrio~es,tome I, L'explosion riEr mtionalisme, Montréal, Éditions de l'A. C.-F.,1938, p. 7. 12 Jean-Paul BERNARD, Les RébelIions de 1837-1838. Les Patrio~esdu Bus-Canrrda dans la mémoire collective et chez les hisionens, Montréai, Boréal Express, 1983, p. 12. Dans cet ouvrage, Bernard recense la emémoire des Pamotew des années 1830 aux années 1980. 13 Il s'agit du drapeau patriote qui était constitué de trois bandes horizontales: rouge pour les Anglais et les Écossais, blanche pour les Français et verte pour les Irlandais. On oublie aussi souvent que le véritabIe drapeau des Patriotes était garni de deux étoiles d'or, représentant le Bas et le Haut-Canada. Sur l'histoire de ce drapeau qui continue de côtoyer le fleurdelisé le 24 juin de chaque année, voir l'article de Georges Aubin («Chronique des pamotes de 1837-1 83 8»), dans Bulletin d'histoire politique, vol. 5, no 3, APHQ/ Comeau & Nadeau, 1997, p. 109 à 121. possède comme l'ont fait les Patriotes de 1837-1838 (ceux que Notre sainte mère l'Église s'est empressée d'excommunier pour mieux se vendre aux intérêts britanniques)'*,,. En 1972, Denis Hérow présente un premier film sur les Rébellions bas-canadiennes: Quelques arpents de neige. Sept ans plus tard, Yves Singelais réalise un long métrage au titre très évocateur: Race de bâtards. Du côté du théâtre, La Complainte des hivers muges de Roland Lepage, jouée a partir de 1974, devient vite une pièce à succès. L'image des Patriotes réapparaît aussi au tournant des années 1980, au moment même où près de la moitié de la population québécoise voit ses espoirs de souveraineté une nouvelle fois déçus'5- Les Rébellions se retrouvent au centre de plusieurs débats et études historiques: Daniel Salée prononce (dans le cadre de la réunion annuelle de l'Association canadienne de science politique) une conférence sur «la question nationale: le cas des insurrections de 1837-1838 au Québec», Jean-Paul Bernard compile Les Rébellions de 1837-1838. Les Patriotes du Bas-Canada dans la mémoire collective et chez les historiens, Claude-Henri Grignon et André Giroux soulignent le 150e anniversaire des Patriotes par la publication du Vécu à Saint-Eustache de 1683 à 1972: en hommage à nos patriotes, Gilles Gallichan signe Québec, été 1837, Paul Rochon publie les trois premiers tomes de sa tétralogie sur l'histoire des Patriotes: 1837: La petite histoire des patdofes, 1838: l'histoire oubliée des patriotes, 1839: la lente agonie des patriotes. En 1980, 1987 et 1988, Papineau et ses confrères font successivement l'objet d'un roman de Claire de Lamirande (Papineau ou l'épée à double tranchant), d'une exposition coordonnée par Bruce Wilson (Papineau et son temps) et d'un document produit par la soci&é Radio- Canada dans le cadre de la série télévisée c

14 Front de Libération du Québec, Manifeste d'octobre 1970, Notes et postface de Christophe Horguelin, Comeau & Nadeay 1999, p. 15. 1s Nous faisons bien sûr référence au référendum du 20 mai 1980 portant sur la séparation du Québec. Le «nom avait alors recueilli 59.56 pour cent des voix contre 40.44 pour cent pour le «oui» . Conquête anglaise de 1760 se voit remise en cause: s'agissait-il réellement d'une bataille canadienne? Les habitants du pays n'ont-ils pas plutôt été victimes d'étrangers venus se battre chez eux? C'est l'hypothèse que retient Jacques Godbout dans son documentaire intitulé Le Sort de I'Amémue (1996)'~. Selon l'historien Jocelyn ~étourneau'~.1837-1 838 viennent progressivement remplacer 1760 dans la mémoire des Québécois- Cette révolte, toute canadienne, est considérée comme le véritable point d'ancrage d'une Histoire riche en remous et en résistance. Le passé est revisité, pour ne pas dire revu et corrigé. Littérature. cinéma et lntemet commémorent tour à tour œ «haut fait» de l'Histoire nationale- Depuis décembre 1995, Gilles Laporte, historien et professeur à l'Université de Montréal, propose, en collaboration avec la Maison nationale des Patriotes. un site web offrant des «fichiers sur divers thèmes: des textes d'analyse sur I'économie. la société, la culture et la politique au Bas-Canada entre 1810 et 1840; une chronologie de l'évolution politique entre 1791 et 1840; une carte interactive permettant d'obtenir des informations succinctes sur les lieux d'affrontement en 1837 et en 1838; une courte biographie des principaux leaders patriotes; des documents historiques essentiels comme l'Acte constitotionnel ou des extraits du Rapport Durham; une bibliographie exhaustive des études sur ce thème; une carte administrative et cadastrale du District de Montréal en 1837 et des liens avec d'autres sites portant sur l'histoire du ~uébecl~n.En 1999, Michel Brault présentait son film inspiré de la seconde insurrection de 1838. Quand je serai parti. ..vous vivrez encore, pendant que Pierre Falardeau s'apprêtait à tourner 75 février 7839. long métrage relatant les dernières heures de Chevalier de Lorimier à la prison du Pied-du-Courant. Au cours de la dernière décennie. plusieurs ouvrages sur les événements révolutionnaires ont paru: Les Patriotes exilés en Australie en 7839: 1508 anniversaire par Henri Bergevin, Les derniers patriotes: les exilés de 7840

16 Heinz WEINMANN semble avoir été le premier à poser un tel regard sur l'importance de la Conquête et la signification des Rébellions dans un ouvrage intitulé Du Canacii3 au Québec: généalogie d'une histoire. Montréal, l'Hexagone, 1987. 17 Nous rappelons ici sa conférence prononcée à l'Université Lavai à l'hiver 1999, dans le cadre d'un séminaire portant sur la représentation. 18 aiesLAPORTE, «LaMémoire du Québec sur Internet: tout reste à faire», Bulletin d'hi~oirepolitique, vol. 5, no 3, APHQI Comeau & Nadeau, été 1997, p. 24. L'adresse électronique du site est Ia suivante: htt~://www.cvm.ac.ca/scri~tselaoorte/ vous parlent par Paul Rochon, Les Habits rouges et les patriotes par Elinor Kyte Senior, Habitants et patriotes: la RBbellion de 1837 dans les campagnes du Bas- Canada par Allan Greer, Rébellion: le soulèvement patriote de 1837 au Bas- Canada par Joseph Schull, Les Enfants de Papineau par Jacques Lamarche, Louis-Joseph Papineau, le grand tribun, le pacifiste: récif biographique par Marguerite Paulin. Le Roman de Julie Papineau, écrit par Micheline Lachance et publié en 1995, a soulevé un remarquable engouement populaire. Divers articles analysant les Rébellions bas-canadiennes continuent également d'enrichir les réflexions sur le sujet. Comme l'indique Georges Aubin, «on assiste au prolongement d'un phénomène unique en histoire littéraire: de tous temps, 1837- 1838 ont alimenté romanciers, conteurs, nou~el1istes'~n.Les Troubles n'en finissent plus de nourrir le discours des historiens, des écrivains et des cinéastes. À l'intérieur de leurs œuvres, tous adoptent une histoire, adaptent l'Histoire et participent à la mythification des événements et des rebelles: «c'est le présent qui dirige et suscite une certaine lecture du passé. On a donc des Patriotes au goût du jour et au goût de chacun20».

1.3 Un retour aux sources: éditions et rééditions des écrits de Patriotes

Depuis environ une décennie, plusieurs chercheurs tentent de rendre accessibles au grand public des textes de Patriotes, oubliés par la postérité dans différents dépôts d'archives. Déjà dans les années 1970, Robert-Lionel Séguin publiait le quatrième cahier du Journal d'exil de François-Maurice Lepailleur (1972) tandis qu'Hubert Aquin rééditait le Journal de Léandre Ducharme et les Notes d'un condamne politique de François-Xavier Prieur (1974). Mais il semble qu'il s'agissait là de cas isolés. C'est à Georges Aubin que l'on doit la plus grande part des éditions récentes d'écrits de Patriotes. Jusqu'à aujourd'hui. ce dernier a fait paraître plus d'une dizaine de titres, allant des journaux aux correspondances de

'' Georges AUBIN, Chronique des Patriotes), Bulletin d'histoire politique, vol. 5, t 3, APHQ/ Corneau & Nadeau, 1 997, p. 1 13. 20 Jean-Paul BERNARD, Les Rébelljotzs de 1837-1838. Les Patriotes du Bas-îanadQ &ns la mémoire collective et chez les historiens, Montréai, Bora Express, 1983, p. 12. révolutionnaires, en passant par leun déclarations et leurs souvenirs: Joumal d'un patnote (1837-1838) de Jean-Philippe Boucher-Belleville, Lettres 9 Judith de Siméon Marchesseault, Journal d'un patriote exilé en Australie 1839-1845 de François-Maurice Lepailleur, Déclaration d'indbpendance et autres écrits de Robert Nelson, Journal d'un Fils de la liberté et Souvenirs de jeunesse d'Amédée Papineau, Écrits d'un patrfote, 7872-1842 de Wolfred Nelson, Joumal de voyage en Europe: 78374838 de Louis-Hippolyte La Fontaine, Lettres d'un pafnote réfugié au Vermont de Louis Perrault, Mémoires de 1837-7838; suivis de La Quête de /'or en Californie d'Adélard-lsidor Des Rivières et Charles Rapin, Lettres à Julie de Louis-Joseph Papineau, et enfin une compilation de textes rédigés par des Patriotes détenus à la prison du Pied-du-Courant à Montréal. Dans la même veine, il faut souligner les œuvres éditées par Renée Blanchet, Une femme patriote: conespondance de Julie B. Papineau (1997) et Correspondance de Lactance Papineau (2000),de même que l'ouvrage présenté par John Hare et René Landry, Souvenirs d'un patriote exilé en Australie dfHypolite Lanctot (1 999). De tous ces ensembles textuels, dont la valeur documentaire est indéniable, le plus touchant demeure sans aucun doute la correspondance de prison de Chevalier de Lorimier rédigée dans les jours qui ont précédé sa mort (et rééditée par Robert Comeau et Jean-François Nadeau en 1996 sous le titre Lettres d'un patriote condamné à mort).

2. François-Marie-Thomas Chevalier de Lorimier

François-Marie-Thomas Chevalier de Lorimier est âgé de trente-cinq ans lorsque les Troubles de 1837 éclatent. Comme plusieurs jeunes gens de son temps, membres des professions libérales, ce notaire-patriote s'engage corps et âme dans la cause nationale. Les années 1820 marquent la fin de ses études classiques au Séminaire de Montréal et le début de son engagement politique, comme il le rappelle dans une de ses dernières lettres destinée au public et à ses amis: «Depuis 17 à 18 ans j'ai pris une part active dans presque toutes les mesures populaires. Et toujours avec conviction et sincérité». A partir de 1822. il appose sa signature au bas de pétitions qui dénoncent le Projet d'union et réclament'un gouvernement responsable. Admis à la pratique du notariat en août 1829, il semble jouir d'un grand respect dans son milieu: ~Histalent and honesty soon gained him very extensive pratice~,écrit de lui Cyrille-Hector-Octave Côté, Patriote réfugié en terre américaine et collaborateur au North Amencan, journal où sont publiés, dès 1839, les écrits du condamné. Aux élections de 1832 et 1834, Lorimier use de toute son influence pour faire élire les candidats du Parti patriote de Louis-Joseph Papineau. II assiste aux assemblées populaires de 1837 qui réunissent des milliers de militants et visent à condamner Russel et ses ~ésolutions~~.Le 15 mai 1837, Lorimier est nommé secrétaire de la grande assemblée de Saint-Laurent, puis du Comité central et permanent du district de Montréal. II agit de nouveau comme c~Faute de n'avoir pu capturer les véritables têtes dirigeantes du mouvement (Papineau et Nelson), les autorités britanniques condamnent Lonmier

'' Hector FABRE, dans son &kquie &iogny>hiqesur Chedier de Lorimier (Montréai, Éditions du pays, 1856, p. 6), affirme qu'cd1 prit une part active au mouvement politique et aux assemblées publiques qui organisèrent la résistance pacifique aux empiétements croissants de nos pe+meurs». " Egidius FAUTE- dans Pafriom rk. 1837-1838 (Montréaï, Les Editions des Diq 1950, p. 65), souligne que «Chevalier de Lorimîer, bien qu'il n'y porta aucune arme, semble y avoir joue un rôle de guelque importance. On le consultait souvent, et il prenait note de tout». Dans ses Notes d'un condamnépoZitiqz~ede 1838 (Montréai, Éditions du Jour, 1974, p. 94). F.-X.Prieur souligne encore que, jusqu'au soulèvement de Beauhamois en novembre 1838, Lorimier n'avait «pris aucune part active» dans les luttes armées. 24 Laurent-Olivier DAVID, Les Patriotes de 1837-1838, Montréal, Librairie Beauchemin, 1884, p. 240- à être pendu: clThat Chevalier de Lorimier be hanged by the neck till he be dead at such time and place as His Excellency the Lieutenant General Gouvenor in Chief and Commander on the Forces may appoint%. II montera au gibet le vendredi 15 février 1839.

3. La correspondance de Lorimier

3.1 Fortune des adernières lettres»: du North American aux éditions Comeau 8 ade eau^^

Les lettres de Lorimier paraissent pour la première fois en 1839 dans le NON, American, journal vermontain sympathique à la muse patriote27. Fondé cette même année à Swanton par un groupe de réfugiés canadiens et des Américains favorables aux rebelles du Bas-Canada, ce quotidien voit le jour peu après Le Patnote (fondé à Derby en 1837 par un certain Blanchard), Le Patriote Canadien

(fondé à Burlington par Ludger Duvemay en 1838) 28 et La Révolution Canadienne (fondé par Ludger Duvemay et Georges-Étienne Cartier en 1838 à Burlington), tous des journaux reliés aux Rébellions. Comme l'affirme Maximilienne Tétrault. «ces journaux étaient en effet des journaux canadiens publiés aux États-unis et

2' Extrait de la sentence de mort prononcée le 26 janvier 1839. (ANQ-Q, fonds du Ministère de la Justice, série des événements de 1837-1 838, cote 4M00-2486/ pièce no 3 1 16). 26 Nous avons retenu dans ce parcours éditorial les lieux de publication les plus importants, c'est-à-dire ceux ou les lettres de Lorirnier sont réunies en un corpus relativement établi et éditées pour elles- mêmes, de façon indépendante, non de manière £ïagmentaire. Par ailleurs, il faut souligner que, pendant le dernier quart du XIX' siècle, des lettres du Patriote ont été reproduites dans divers récits à caractère historique, biographique et littéraire. Le douzième entretien de Madame Genest à ses petits-enfants dans I'Hisioire populaire du Canada du docteur Hubert Larue, écnt en 1875, se termine par la ((déclaration de M- de hrirnier et les derniers adieux de M. de Lorirnier à son épouse». Trois lettres du Patriote ((K. De Lorimier annonçant sa mort à son cousin, Déclaration de M,De Lorimier et Derniers adieux de M. De Lorirnier à son épouse))) se retrouvent jusque dans un roman-feuilleton de Charles-Arthur Gauvreau, Captive er bourreau, tiré a part de La Gazette des Campagnes en 1882. Des textes du condamné accompagnent même un poème compose par Louis Fréchette, vers 1893, à la mémoire du Héros de Saint-Eirsrache. Jearr-Olivier Chénier. D'autres Patriotes (notamment François-Xavier Prieur) en inclurent également dans leur propre narration des insurrections, Pour notre édition critique, nous avons laissé de côté ces dernières transcriptions compte tenu qu'elles sont pour la plupart directement extraites des ouvrages de Laurent-Olivier David et de James Huston que nous avons plutôt privilégiés. 27 De toute évidence, c'est le docteur Cyrille-Hector-Octave Côté, compatriote de Lonmier et collaborateur au North Americm, qui fit p-tre Ies «dernières lettres» et une courte biographie de leur auteur. 28 Notons que trois lemes de Lorimier fixent publiées dans ce quotidien par Ludger Duvernay le 13 novembre 1839. qui avaient pour but de continuer la lutte que ces patriotes canadiens, en s'expatriant pour des raisons d'État avaient dû cesser au canada2'p. Le North Amencan, dont le premier numéro paraît au printemps 1839, publie divers articles ou documents touchant à la politique et plus spécifiquement aux insurrections. Ses principaux sujets sont l'indépendance du Canada et l'établissement d'une République canadienne, comme en fait foi sa devise: danadian Rights and Canadian Independance)>. II faut dire qu'au XIXe siècle les journaux, instruments de propagande par excellence, sont liés de façon explicite à un parti ou à une cause. H.J. Thomas et ses collègues mettent donc sur pied le Norfh American pour diffuser leurs idéaux patriotiques. Bilingue. l'organe des &anadians Americansn peut atteindre un large public. D'une part, on s'adresse a tous les Canadiens exiles en terre américaine, d'autre part on tente d'allier à la cause nationale les anglophones à travers tout le territoire.

Le 15 mai 1839, le North American publie, à la suite de la dist of those who have fallen victims of despotism in the Lower Province», I'coriginal biography)} de Chevalier de Lorimier et une traduction anglaise de son testament politique. Ces textes, qui condamnent la tyrannie du gouvernement britannique, vantent le courage de Lorimier, représenté comme un véritable héros de la nation:

Mr. De Lorimier was one of those tnte Canadian Patnots who were never disheartened by the sad reverses their causes had been subjected to. Independance and liberty he believed could not be bought too dear; and he always considered his Iife as of very little value while his contry was ovemn by a foreign foc?

La figure du Patriote est sacralisée par la noblesse de la cause. Les écrits de Lorirnier, ainsi que ceux de certains autres rebelles, deviennent des fers de lance

29 iidaxirniiieme TÉTRAULT, <.LeRôIe de Ia presse dans l'évolution du peuple franco-américain de la Nouvelle Angleterra), the-de-doctorat présentée à Ia Faculté des lettres, Université de Paris, 1935, p. 14. 30 Cyrille-Hector-Octave COTE, «Original biographp, The North Americmr, 15 mai 1839, p. 1. du quotidien tout au long de son éphémère existence3'. Le 7 août 1839, les lettres de Lorimier destinées à Férréol Pelletier, à sa femme, à Richard Hubert et à John Colbome paraissent, toujours en traduction anglaise. Les éditeurs du journal réitèrent l'expérience le 6 novembre en publiant les lettres envoyées à sa sœur, à son cousin et à un ami anonyme. Une lettre écrite de Plattsburgh par LorÏmier à un ami patalt le 22 janvier 1840. Le 24 juin suivant, on y retrouve aanother letter of Mr. De Lorimier written on the day of his execution, to a lady [Adèle Berthelot] who had sent him an Album in wich she desired him to write a few lines, as a sacred memoriaB2». Viennent ensuite les lettres «to a Canadian gentleman who had been attentive to his wife and children during his imprisonmentn et à Jean-Baptiste- Henry Brien, «the arch-traitom. Les éditeurs du North Amerfcan affirment avoir obtenu toutes ces lettres de Jean-Baptiste Chamilly de Lorimier, frère de Chevalier exilé aux États-unis à la suite de sa participation à la seconde insurrection de 1838:

We are indebted to our inestimable fnend, Mr- Chamilly De Lorimier, for the following letters of his martyred brother. We shall always be happy to record in our columns such precious monuments of the fimness and patrÏotisrn of Canada's noble, brave and generous sonsa.

Cette publication de la correspondance, qui réunit plusieurs documents inédits de grande importance, pose le premier jalon d'un long parcours éditorial. Le Norfh American permet non seulement la diffusion des adernières lettres», mais offre aussi un précieux portrait biographique de leur auteur.

L'année 1848 marque le lancement, à Montréal, du premier recueil de littérature canadienne intitulé le Répertoire national. C'est à James Huston, membre actif de l'Institut canadien, que l'on doit cette œuvre monumentale. Composé de quatre volumes, le Répetfoire présente, par ordre chronologique (de 1734 à 1848), «les meilleures productions des écrivains canadiens et des

-

31 Le journal cessera de paraître en 184 1, deux ans seulement après sa méation. 32 neNorth American, 24 juin 1 840, p. 1 33 Ibid., p. 1 étrangers qui ont écrit en Canada, maintenant éparses dans les nombreux journaux franco-canadiens qui ont été publies depuis plus d'un demi-siècle%. Parti à la recherche de (

Par la publication de son Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu3 nos jours, en 1845, François-Xavier Garneau avait réfuté la première partie de !'assertion de Durham. Restait à démentir la seconde. La tâche paraissait à première vue relativement facile. L'opération revêtait cependant un caractère symbolique, car elle amorçait le discours constitutif de la littérature canadienne; elle prétendait implicitement sé arer le littéraire du non-littéraire et, en même temps, en délimiter les Frontières5: -

Aidé de plusieurs collègues et amis (Étienne Parent, Denis-Benjamin Viger, Joseph-Guillaume Barthe, Guillaume Lévesque) dans sa recherche des textes, Huston assure lui-même l'impression et la diffusion du Réperfoire. Comme il ne peut tout retenir, le compilateur procède à une certaine sélection des œuvres: «Nous avons laisse de côté tous les écrits politiques en prose, quoiqu'il y en ait beaucoup qui méiteraient d'être conservés et même étudiés; mais, pour être impartial, il aurait fallu reproduire les répliques ou les réfutations et cela nous aurait entraîné bien loin de la route que nous nous sommes tracéeJ6». II est intéressant de remarquer qu'Huston semble faire fi de l'aspect politique des lettres de Lorimier pour n'en retenir que leur qualité d'écriture.

3" James HUSTON, Le Répertoire national ou recueil de linérature canadienne, tome I, Montréal, Imprimerie Love11 & Gibson, 1848, p. 1. 35 La Vie littéraire au Québec, sous la direction de Maurice Lemire, tome III, 184û-1869. Un pple mrls histoire et sans littérature, Québec, Les Presses de IVniversité Laval, 1994, p. 5 12-5 13. 36 James HUSTON, Le Répertoire natiotud ou recueil de Iittérmre cmladie~rne,tome i, Montréal, Imprimerie Love11 & Gibson, 1848, p.1. Les <

37 Ibid.' p. 1. 38 James HUSTON, Le Répe~oirem~iond ou recueil de Zirsérazure cmtadieme, tome II, Montréal, Imprimerie Lovell & Gibsou, 1848, p. 239. 39 LLi Vie lir~émirem Québec, sous la direction de Maurice Lemire, tome III, 1840-1869. Un peuple sans hisroire et mts littérature, Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1994, p. 5 17. Paru en 1884, l'ouvrage de Laurent-Olivier David, Les Patriotes de 1837-1 838, s'inscrit dans l'idéologie dominante du temps voulant que le Québec s'affirme wmme nation française et catholique. Tentant de réhabiliter la mémoire des rebelles du Bas-Canada, l'auteur propose, en plus d'un récit chronologique des Troubles, plusieurs %biographies et portraits» de Patriotes: Ludger Duvemay, Édouard-~aymondFabre. Jean-Joseph Girouard, Jean-Oliver Chénier, Robert Nelson, Joseph-Narcisse Cardinal, Joseph Duquette, Charles Hindenlang, Pierre- Rémi Narbonne, François Nicolas, Arnable Daunais et Sien entendu Chevalier de Lorimier. L'œuvre de David cherche à introniser les rebelles au «panthéon des héros nationaux4'»:

Le seul but de ce livre est de montrer qu'ils [tous ceux qui en 1837-1838 sont morts sur les champs de bataille et les échafauds] ont droit à notre reconnaissance, et que nous devons accepter i'offrande de leurs safices et de leur sang pour l'honneur de notre nationalité et le triomphe de la liberté4'.

L'objectif premier de ce Iivre est en réalité de répondre à Charles-Auguste- Maximilien Globensky dont l'ouvrage à caractère loyaliste, publié l'année précédente, condamnait les insumections et les insurgés. Globensky avait souhaité, par son récit des événements, défendre l'honneur de son père, le capitaine Maximilien Globensky, commandant en chef d'une compagnie de volontaires anglais à la bataille de Saint-Eustache: «mon livre n'a été publié que pour deux fins: la première, pour prouver que mon père eut raison de combattre la rébellion; la seconde, pour prouver que cette rébellion a été condamnée par l'immense majorité du pays42». Accumulant les témoignages qui favorisent sa cause, Globensky cite entre autres les mandements des évêques et puise dans l'Histoire de Garneau des passages qui semblent confirmer sa position d'anti- révolutionnaire, d'anti-Chénier. Dès la sortie du livre, en 1883, L.-O. David en

40 Cette expression est tirée de La vie 1inerari.e au Québec, tome N,1870-1894 Je me souviens, sous la direction de Maurice Lemire et Denis Saint-Jacques, Québec, Les Presses de 1Vniversite Lavai, p. 253. 4 1 Laurent-Oliver DAVID, Les Patriotes de 183 7-1838, Montréal, Librairie Beauchemin, 1884, p. IO. 42 Charles-Auguste-Maximilien GLOBENSKY, Lu RébeIIion de 1837 a Saint-Eustache. Précédé dh exposé de la situation du Bas-Canada depuis la cession, Québec, A Cote, l8Ô3, Premier supplément, deuxième lettre, p. 17. dénonce le contenu ainsi que decrivain qui se laisse dominer par le ressentiment». Reprenant en volume une série d'articles sur des hommes de 37- 38)) qu'il avait publiés dans L'Opinion publique entre 1877 et 1881, David entreprend de réfuter publiquement La Rébellion à Saint-Eustache:

S'il fallait en croire M. Globenski et ses autorités, le beau rôle en 1837 n'a pas été joué par les patriotes mais les bureaucrates! C'est le renversement de l'histoire, la contradidion monstrueuse de toutes les idées reçues, l'anéantissement des traditions les plus populaires- Ce ne sont pas les victimes qui auraient droit à nos sympathies, mais leurs bourreaux! Ce ne sont pas les volontaires et les soldats qui ont brûlé les villages, jeté sur les chemins publics des centaines de femmes et d'enfants, pillé, tué et volé; on dirait que ce sont les patriotes4.

Comme Globensky riposte aussitôt, une véritable polémique s'enclenche dans les journaux (principalement La Vérité de Jules-Paul Tardive1 et La Minerve de Ludger Duvemay) et se poursuivra au-delà de l'année 1889. Malgré leur dimension fort controversée et partisane, les ouvrages de Globensky et de David constituent aujourd'hui des documents de premier ordre sur l'histoire des Rébellions.

C'est dans la seconde partie de son Histoire que L.-O. David donne une courte biographie de Lorimier, suivie de onze lettres du Patriote, soit celles destinées à François-Xavier Prieur, a Férréol Pelletier, a sa femme, à Treffié Chénier, au public et à ses amis, à sa sœur, à son cousin, à un ami anonyme, à Ferdinand Pemn, à Lady La Fontaine et à Jean-Baptiste-Henry Brien. Avant d'être remaniés pour publication en volume, les textes mentionnes étaient parus dans L'Opinion publique des IO février, 3 mars et 10 mars 1881, accompagnés par cette brève présentation de David:

La plupart des lettres qui précèdent n'ont jamais été publiées dans ie pays. Nous les avons tirées du Northem Journal [David confond avec le Norfh Amencan] publié à Swanton, en 1839, par des Canadiens réfugiés aux États-unis, et que M. Delisle, de Québec, a bien voulu nous prêter. Plusieurs avaient été remises à ce journal par M. Chamilly de Lorimier, frère de notre héros, et père de MM. de Lorimier, avocats de ont réal?

" Laurent-Olivier DAVID, Les Pmrioes de 18374838. Mont~éai,Librairie Beauchemin, 1 884, p. 290. 44 L'Opinion publique, 10 mars 188 1, p. 1. Plutôt que l'original, l'auteur a, semble-t-il, publié sa propre traduction des textes parus dans le North Amencan en 1839. Comme il le fit pour quelques documents d'époque. David ajouta certains passages de son cni dans les lettres de Lorimier afin de les dramatiser davantage. Néanmoins, il offre une traduction française de lettres non recensées par Huston et est le dernier auteur de sa génération à s'être intéressé de près aux écrits du condamné. Ce n'est que vers la fin des années 1990 que d'autres historiens, préoccupés de la (

La première édition autonome des lettres de Lorimier paraît en 1996, chez Comeau 8 Nadeau. De toute évidence, les éditeurs veulent réactualiser la charge politique des lettres en les faisant précéder d'une préface de Pierre Falardeau, dont les démêlés avec Téléfilm Canada sont bien connus du public45et qui établit un rapport étroit entre l'époque des Patriotes et la situation post-référendaire:

La Rébellion des Patriotes, donc, comme point final d'une époque, comme moment charnière de IBHisioire.Quand j'entends Jean Chrétien, dans les derniers jours du référendum, dire qu'il ne respectera pas le résultat du vote, je me dis que nous approchons d'un nouveau point final. Et quand j'entends le petit Dion vouloir changer les règles du jeu démocratique et parler de partition du Québec, je me dis que nous approchons de la fin dune période. Et quand j'entends hurler les hystériques de l'ouest de Montréal qui se prennent pour des orangistes d'Irlande du nord, je me dis qu'il est grand temps d'envisager l'envisageable. [---] Aujourd'hui, plus que jamais, l'indépendance est à portée de la main. [...] Pour I'instant, nous devons résister à toutes les menaces et nous préparer en conséquence. Au-delà de la légalité, nous devons continuer à jouer le jeu démocratique pour augmenter notre légitimité. Mais avec méfiance. Nous devons avoir à l'œil nos apartenairess qui seraient tentés de jovsr aux bras. S'ils veulent jouer à la partition, ils doivent savoir que le prix à payer sera très élevé, et que le tenitoire qu'ils veulent nous voler pourrait bien leur servir de cercueil46 .

Cette volonté de réactualiser et de dramatiser la correspondance de Lorimier se retrouve également dans le titre (Lettres d'un patriote condamné à mort) et dans

45 Tout un battage entoura la production de 15 février 1839 de Pierre Falardeau que Téléfilm Canada refùsa de financer à trois reprises. 46 Lemes d'un patriote cor2Ciirmné à mort, préface de Pierre Falardeau, Montréal, Comeau & Nadeau, 1996, p. 12. l'organisation globale du livre47. Après la préface de Falardeau, viennent t1d4dresse de l'Association des Industriels de Londres au peuple canadienn et la «Réponse du Comité central et permanent du comté de Montréal». Puis, se succèdent deux textes de Lorimier (lettres a sa sœur et a PierreClaude Boucher de la Bruère), un extrait de la sentence de mort, les lettres à un cousin, à un ami anonyme, à R.-A.-R. Hubert, à G.-E. Cartier, à Henriette Cadieux, a L.-A- Robitaille, à son frère, à John Colbome, à un ami anonyme, à un estimable ami anonyme (Ferdinand Pemn), au public et à ses amis, à P.-J. Beaudry, à F.-X- Prieur (pris pour Férréol Pelletier), au Baron Fratelin, à Adèle Berthelot, au docteur Men, à Guillaume Lévesque, à Treffié Chemer, à F.-X. Prieur et à sa femme. On retrouve également les lettres d8HenrietteCadieux (épouse de Lorimier) et d'Odile Chemer (cousine d1Henn'ette)au Baron Fratelin, de même que la cprésentation de Ludger Duvernay à la publication de trois lettres de Chevalier de Lorirnier~dans Le Patnofe canadien du 13 novembre 1839. Le livre se clôt sur un extrait des Patriotes de 1837-7838 de David et sur l'Esquisse biographique sur Chevalier de Lorimier d'Hector Fabre. Plutôt que de présenter une véritable édition critique de la correspondance, Robert Comeau et Jean-François Nadeau ont voulu rendre le texte accessible aujourd'hui et le situer dans les débats de l'époque par des documents annexes et non par un appareil scientifique important (les notes de l'ouvrage sont d'ailleurs réduites au strict minimum). Afin d'ajouter à ce travail, nous proposons ici notre propre édition des dernières lettres de Lorimier.

3.2 Notre édition critique

3.2.1 L'établissement du texte

L'édition crÏtique veut en premier lieu offiir au lecteur un texte sûr, «au plus

47 U faut dire que les lettres de Lorirnier sont en partie publiées pour venir en aide à Falardeau qui. devant les refis répétés de Téléfilm Canada, doit s'en remettre à l'appui de la population pour financer son projet cinématographique. Ii s'agit donc de faire d'une pierre deux coups: d'un côté, Falardeau, bien connu du grand public, permet aux lettres de circuler dans divers milieuy de l'autre, les lettres permettent au cinéaste de s'allier la faveur des lecteurs (sans doute fbturs spectateurs de 15février 1839). près de la forme définitive qu'a pu ou qu'a voulu lui donner son Elle exige donc une large quête des sources: versions manuscrites, dactylographiées, électroniques ou imprimées du texte, états préparatoires (projets, plans, brouillons), exemplaires annotés en vue d'une réédition- II faut également recueillir dans des bibliothèques, des centres d'archives ou chez des particuliers tout ce qui se rapporte à l'auteur ou à son œuvre: lettres, journal, articles de périodique, etc. Ce n'est qu'après avoir consulté une grande quantité de documents que l'éditeur peut fixer son choix du texte de base4g. Pour préparer l'édition de la correspondance de Chevalier de Lorimier, nous avons effectué plusieurs cueillettes en archives et consulté diverses publications des lettres. Ce n'est qu'au terme de ces recherches qu'il nous a été possible de choisir notre texte de base. Après avoir compulsé toutes les éditions de la correspondance. nous avons estimé à vingt-trois le nombre de lettres écrites par l'épistolier et conservées jusqu'à nous. Nous avons alors entrepris une véritable chasse aux autographess0» en vue de retrouver les documents originaux. Huit manuscrits (photostats, photographies et microfilms) se trouvent aux Archives nationales du ~uébec": au centre de Québec, nous avons pu mettre la main sur les lettres de Lorimier à Louis-Adolphe Robitaiile. au public et à ses amis, à Pierre Beaudry, au Baron Fratelin ainsi qu'à sa femme; au centre de Montréal, les lettres à Richard Hubert. John Colbome et Guillaume Lévesque ont été retracées. Nous avons également trouvé la lettre de Lorimier à Pierre-Claude Boucher de la Bruère aux Archives du Séminaire de Trois-Rivières et la lettre à Adele Berthelot, conservée dans l'album de cette dernière, au Musée David MacDonald Stewart (musée

" Cdope& daBibliothéque du Nouveau Monde)), Montréai, Les Presses de l'Université de Montréai, 1999, p. 2. 49 Pour reprendre les termes de la «BW, le texte de base est la ccéalisation concrète, manuscrite ou imprimée, que l'on choisit comme fondement de l'établissement de i'euvre a éditer et par rapport à laquelle seront relevées les variantes qui figurent dans les autres états du texte». Protocole d'édition critique prépuré pr le comité de réhction àu corpus d'éditions critiques pour les ouvrages de la «Bibliothèque du Nouveau Monde)) aux Presses de I'Université de Montréal, 1989, p -4. " L'expression est de Roger Pierrot: «Éditer une correspondance. Complétude et lisibilité)), Édirer des manuscrits: archives, complérude, Iisibiiifé, sous la diection de Béatrice Didier et Jacques Neefs, Vincennes, Presses universitaires de Vincennes, 1996, p. 59. 5 1 Les Archives nationales du Québec sont un service du Ministère des affaires cuIturelIes. Constituées en un réseau de neuf centres d'archives, elles sont présentes dans les principales régions du Québec: Québec, Montréai, Trois-Rivières, Rimouski, Chicoutimi, Sherbrooke, Hull, Noranda, sept-Îles. militaire) de l'!le Sainte-Hélène. Enfin, nous avons obtenu une photocopie de IrorÏginalde la lettre de Lorimier à Georges Cartier que le docteur ~eorges-Étienne Cartier, son arrière-petit-neveu, conserve à Montréal, dans ses papiers personnels. Pour les lettres dont nous n'avons pu retrouver les autographes, nous avons dû utiliser les transcriptions réalisées par les tiers éditeurs. Pour an mesurer la fiabilité, nous les avons comparées aux manuscrits quand ils existaient Ainsi, avec la lettre de Lorimier à Adèle Berthelot, publiée tour à tour dans le North Amekan, le Répertoire national, Les Patriotes de 1837-1838 et les Lettres d'un patriote condamné à morf, nous avons constaté que certains éditeurs demeurent fidèles au texte original, alors que d'autres s'en éloignent grandement. Pour illustrer notre propos, prenons un court passage du billet que Lorimier écrivit à l'épouse de Louis-Hippolyte La Fontaine quelques heures avant son exécution:

Vous me demandez un mot, Madame, pour votre Album, que puisje y mettre? Irois-je vous faire du pathétique dans des mots ronflants du touchant a vous voir fondre en larmes sur mon sort, tandis que ma situation sans les écrits et les paroles vous montrent le comble du malheur dans ma personne infortunée, vous assurer de mon respect? lorsque toute ma conduite passée a été pour vous le témoigner dans chaque circonstance. (leftre manuscrite de Chevalier de Lorfmier à Adéle Berthelot, conservée dans l'album de Lady La Fontaine, au Musée David MacDonald Stewak)

Les éditions qu'on en a faites diffèrent sur plusieurs points. Pour faciliter le repérage des écarts, nous avons souligné, dans chaque extrait, les signes, les mots et les groupes de mots ajoutés, soustraits ou changés:

You wish me, Madam, to write a word for you to put in your Album. Pray Mat can I write? Shall I express myself in tems of grief, or painful relections? This would sav, il1 becomes a noble sou1 sufferina in the areat cause of liberty. Shall I detail to vou my sufferinas in this dunaeon. since I fell into the hands of my cruel foes. in such a tone as to cal1 forth vour tears? This would also unbecornina in mv present attitude before the world. You have visited me in ttiis dark reqions. where the ravs of the sun are unknown to us Door victims of British tvranny. My present situation needs no words no writings to depict the deepest misery to which human nature can be subjected. Shall I assure you of my most profound respect, men you have had the past proofs of this through life? (Nom Amencan, vol. II, no 10, 24 juin 1840, p-37.) Vous me demandez un mot, Madame, pour votre glbum~quepuisje y mettre? Irais-je vous faire du pathetique dans des mots ronfiants, du touchant & vous faire fondre en larmes sur mon sort, tandis que ma situation,sans les 6aits et les paroles,vws montre_ le comble du malheur dans ma personne infortunée, Vous assurer de mes respects? lorsque toute ma conduite pass6e a 6té pour vous le témoigner dans chaque circonstance- (James Huston, Le Répedoi~national, tome II, Montréal, Imprimerie Lovell & Gibson, 1848, p.105.)

Vous voulez, madame, Que i'écrÏve un mot dans votre album. Que ~uis-ieécrire. ie vous le demande? Vais-Te abandonner mon âme a des sentiments de rearet. à de tristes pensées? Vous diriez aue ces sentiments ne sont as dianes d'un homme qui meurt Dour la Iiberté de son pays. Vous dirai-ie, pour vous attendrir. tout ce Que j'ai souffert dans mon cachot de~uisaue ie suis tombé dans les mains de mes cruels ennemis? Ce serait. comme ie viens de le dire. peu diane de ta position Que j'oçcu~edevant le monde. Vous m'avez visité dans ces noirs cachots où les rayons du soleil sont inconnus aux Dauvres victimes de la tvrannie andaise. II n'est pas nécessaire de parler ni d'écrire. pour faire comprendre l'état le DIUSmisérable auauel la nature humaine ~uisseêtre réduit Vous dirai-je tout le respect que i'ai pour vous, auand vous en avez eu tant de preuves. (Laurent-Olivier David, Les Patriotes de 1837-1 838, Montréal, Librairie Beauchemin,l884, p.260.)

Vous me demandez un mot, Madame, pour votre Nbu- Que puis-je y mettre? Dois-je vous faire du pathétique dans des mots ronflants du touchant à vous voir fondre en larmes sur mon sort, tandis que ma situation sans les écrits et tes paroles vous montrent le comble du malheur dans ma personne infortunée, vous assurer de mon respect? Lorsque toute ma conduite passée a été pour vous & le témoigner dans chaque circonstance. (Leffres d'un pafnofe condamné à mort, Montréal, Comeau & Nadeau, 1996, p. 70.)

Avec le North Amencan, nous sommes en présence d'une première publication et d'une traduction de la lettre originale dans laquelle I'éditeur ajoute plusieurs lignes de son cru. Comme les autres lettres (publiées en anglais) sont pareillement retouchées, nous ne pouvons utiliser cette édition pour notre travail. Quant à la transcription du RépertoKe national, elle se révèle davantage fidèle à l'original: seuls quelques termes ont été changés, certaines ponctuations remplacées et la graphie modernisée, mais jamais le contenu ou le sens des phrases ne sont touchés. En ce qui concerne Laurent-Olivier David, nous avons affaire à une entreprise fort différente: l'éditeur change la structure complète de plusieurs phrases, ajoute ou supprime carrément des groupes de mots. La lettre à Adèle Berthelot qui, dans la version manuscrite, fait environ une vingtaine de lignes, couvre deux pages imprimées dans Les Patriotes de 78374838. Elle paraît une traduction libre du North Amencan. D'autres relevés de variantes nous ont également démontré que David donne une transcription pour le moins subjective des lettres. Nous avons donc utilisé cette édition pour texte de base uniquement lorsque l'original n'était pas disponible et qu'Huston n'en donnait aucune version. Pour leur part, les éditeurs Robert Comeau et Jean-François Nadeau ne transcrivent pas toujours fidèlement les manuscrits, c'est pourquoi nous n'avons pas employé cette publication pour notre établissement du texte; elle nous a essentiellement servi à tester nos propres transcriptions. Dans l'édition de 1996, de même que dans celle de i99is2,on retrouve des erreurs de transcription et de lecture. Certains mots ou expressions ont été changés ( «déchirent» à la place de «déchirèrent» dans la lettre de Lorimier à P.-J. Beaudry; alorsque)) plutôt que «quand)> dans la lettre a G.-E. Cartier; «froid» en remplacement de «résigné>, dans la lettre à F. Pelletier; «notre» manage plutôt que amon)) mariage et <

'* La réédition de 1997 des Lems d'un putnote condmné P mon par Corneau & Nadeau diffère de l'édition de 1996 en ce qu'on y a ajouté la lettre de Lorimier à un ami écrite en 1838 à Plattsburgh ainsi quiine section concernant les «études sur Chevalier de Lorimiem. soulignés et les mots biffés ou en surcharge. Enfin, l'identification d'un destinataire est erronée: à la lettre 18, les éditeurs indiquent qu'il s'agit de François-Xavier Prieur plutôt que de Férréol Pelletier. Une nouvelle édition des Lettres d'un patriote condamné à mod prévue pour l'hiver 2001 (et à laquelle nous collaborons) devrait permettre de corriger les coquilles et les erreurs signalées.

Pour établir le texte de Ia correspondance de Lonmier, nous nous sommes largement inspirée du protocole de la c

Lettres ou mots manquants: - Nous avons rétabli, en italique, les lettres ou les mots manquants dans deux cas:

1- quand Lorimier saute un mot par inadvertance: «Adieu. Madame, soyez heureuse ainsi [que] Mr. votre époux vous le méritez)) (infra,p. 121).

53 CaiaZogue de daBibliothèque du Nouveau Monde», Montréai, Les Presses de IVniversité de Montréai, 1999, p- 1. 54 Prorocole d'édition critique prépare par le Comité de rédaction du corpus d'édifions cririques pour les muges de la d3ibliotheque du Nouveau Monde)) aux Presses de l'Université de Mon~&d,Université d'Ottawa, 1989, p. 4. 2- quand Huston ne donne que la première et la dernière lettre du nom d'un destinataire ou d'une personne dont l'identité nous était connue (par exemple, P[eiIetie]r, infra, p. 116 ou encore Trretflle, infra, p. 127

Graphie: - Nous avons conservé les traces de moyen français qui subsistent dans I'écriture de Lorimier, par exemple: paroisse pour paraissel foible pour faible/ monnoie pour monnaie / tems pour tempsf instans pour instants/ appartenans pour appartenant.

- En revanche, nous avons substitué les s courts aux s longs médians d'un mot parce que ces signes n'existent plus en typographie moderne. Nous avons transcrit pressant au lieu de preJant, assez au lieu de a*, connoissent au lieu de connoGnt, etc.

Abréviation: - Nous avons résolu les abréviations <

Majuscule: - Nous avons conservé la majuscule que Lorimier utilise pour désigner les mois de l'année ainsi que des êtres, des catégories sociales ou des concepts connotant le respect: Dieu. Providence, Liberté, Patrie, Ciel, Indépendance, Excellence, Monsieur, Madame, Docteur, Canadien, Anglais, Religieux.

- Nous avons rétabli les majuscules manquantes après un point final. Par exemple, dans la lettre à Georges-Étienne Cartier (infra, p. 98): «[...] faire mes adieux à mes amis. il en coute toujours à laisser le monde [...ln ou encore dans

'' Lorsqu'il publie son Riper~oiiremio~~al en 1848, Huston, pour préserver l'anonymat des personnes citées dans la correspondance de Lorimier, n'inscrit jamais leurs noms au complet. celle à Louis-Adolphe Robitaille (infra. p. 100): a[ ...] le jour de ma réclusion. je me suis bien familiarisé avec cette idée du trépasn.

Accentuation: - Nous avons maintenu les accents (ou l'absence d'accents), sauf dans le cas du <<à>>et du <(où>>pour éviter toute confusion homonymique. - Nous avons également corrigé trois accents visiblement erronés: gjouissois» (infra, p. 95), aarrétéu (infra, p. 103). adéchirérent~(infra. p. 115).

Ponctuation: - Nous avons conservé les longs tirets ou ies points de suspension (marquant tantôt le désarroi du condamné, tantôt un changement de perspective à l'intérieur d'un même paragraphe), mais nous avons remplacé les tirets courts par un point. une virgule ou un deux-points, selon l'usage actuel. par exemple dans la lettre à Pierre-Claude Boucher de la Bruère (infra, p. 79 à 81): je ne puis résister à vos prières-/ c'est une des belles consolations qui me reste-/ j'en ai le pressentiment- / nos exécutions serviront à la cause sacrée de ma chère patrie-/ Je ne regrette rien de ce que j'ai fait quoique malheureux-/ je m'enorgueillis de périr à la fleur de mon âge pour la meilleure des causes-/ je suis prêt de rendre compte de mes action- afin que je paraisse comme il le faut devant notre grand maître commun-/ j'espère qu'on ne me refusera pas_/ c'est ce qui m'afflige le plus-1 ma dernière pensée sera pour mes amis, ma famille et ma patrie-/ Chevalier de Lorimier-

- Nous avons mis partout le point manquant à la fin d'une phrase.

- Dans la lettre à Pierre-Claude Boucher de la Bruère (infra, p. 81), nous avons substitué les parenthèses aux barres obliques utilisées par Lorimier: aJ'ai demandé comme faveur a mon bon ami le Dr. Brienl qui attend lui aussi sa sentence de mort/ de m'assister dans mes derniers instanm Soulignement: Nous avons souligné les mots qui l'étaient dans l'original: ani enfants, ni amis ni Patrie (infra, p. 100), et nous avons même reproduit les traits discontinus à @_Le ------crime fait la honte 8 non pas------I'échaffaud~ (infra, p. 113).

Signature: - Nous avons transcrit par CDL le sceau que trace Lorimier à la fin de plusieurs lettres en entremêlant ses initiales.

Mots ratures, ajoutés ou en surcharge: - Les mots raturés, ajoutés ou en surcharge sur les manuscrits sont transcrits en notes infrapaginales et précédés, entre crochets, de la lettre A, R ou S. Les mots raturés apparaissent biffés dans la transcription.

Corn mentaires éditoriaux: - Nous avons placé les commentaires éditoriaux entre soufflets, par exemple: / .

Datation: - La plupart des lettres portent la date et l'heure à laquelle elles ont été écrites. Nous les avons donc placées par ordre chronologique de rédaction (du 20 décembre 1838 au 15 février 1839) et les avons numérotées après le titre placé en en-tête. Lorsque l'heure exacte d'écriture n'est pas mentionnée -par l'épistolier, nous avons classé les textes à partir d'indices temporels pouvant s'y retrouver.

3.2.2 L'appareil critique

Le second objectif fondamental de l'édition critique étant d'assurer la lisibilité du texte retenu, les notes infrapaginales doivent contenir atout ce qui peut éclairer le texte (identifcation de personnes, d'objets. de lieux, de sources; précisions chronologiques, historiques, géographiques, linguistiques, lexicographiques, etcJM». Pour faciliter et enrichir la lecture de la correspondance de Lorimier, nous avons rédigé une annotation abondante concernant aussi bien les événements révolutionnaires que les destinataires, les endroits et les personnes cités. Toujours dans l'optique d'éclairer les lettres. nous présentons également deux chronologies détaillées, la première portant sur l'Histoire du Canada de 1760 à 1860 et la seconde. sur la vie de Chevalier de Lorimier. Notre chronologie sociopolitique du Bas-Canada vise à faire connaître le contexte de production de la correspondance éditée. Comme nous l'avons démontré précédemment, l'histoire des Patriotes a suscité une grande variété de discours et de points de vue: plusieurs auteurs s'attardent au fondement national et politique des événements, d'autres à la perspective sociale et économique des années 1830, certains encore à la dimension religieuse ou linguistique des débats. Pour démarrer sur un terrain objectif. nous avons pensé utiliser en premier lieu quelques tableaux chronoiogiques, mais, en les comparant, nous avons vite détecté certaines divergences touchant la datation et la sélection des éléments. En vue de construire notre propre outil de travail, nous avons donc réuni des récits du XIXe siècle: Histoire de l'insurrection du Canada de Louis-Joseph Papineau (1839) et Les Patriotes de 1837-7838 de Laurent-Olivier David (1884), auxquels nous avons ajouté des ouvrages du XXe siècle: Histoire des patriotes de Gérard Filteau (1938), Patriotes de 7837-1838 d'Egidius Fauteux (1950). Les Rébellions de 18374838. Les Patnotes du Bas-Canada dans la mémoire collective et chez les historiens de Jean-Paul Bernard (1 983), Histoire populaire du Québec (tomes I et II) de Jacques Lacoursière (1995), Genèse de la société québécoise de Femand Dumont (1996), Histoire du Canada. Espace et différences de Jean-François Cardin, Claude Couture et Gratien Allaire (1996) et finalement Souvenirs d'un patriote exilé en Australie dlHypolite Lanctot présenté par John Hare et Renée Landry (1 999). Confrontés les uns aux autres, ces textes ont permis la constitution

" Profocole d'édirior critique préparé pur le Cornifé de rédrction corpus d'édi~ionscntiqtres pour les mivrages de la

Pour cette chronologie, nous avons retenu toutes les dates importantes entre 1837 et 1839 se rapportant tant aux assemblées, aux batailles, aux arrestations, aux procès qu'aux exécutions. Nous avons par la suite cherché à faire connaître l'origine des insurrections. Parce que les Rébellions s'enracinent dans un processus de construction identitaire qui s'enclenche dès l'époque de la Conquête anglaise, notre chronologie commence en 1760. Sous ce nouveau Régime, un premier espace public et national se constitue, grâce notamment à l'introduction des presses au pays (1764). à la création d'une Chambre d'assemblée (1791) et à la fondation du journal francophone Le Canadien (1806). Pour bien mettre en lumière les conditions et les facteurs qui entraînèrent les confrontations de 1837- 1838, l'Acte de Québec (1774), les luttes parlementaires entre l'Assemblée et les gouvemeurs Craig et Dalhousie (181 0-1 820), le premier Projet d'union (1 822), les 92 Résolutions (1834) sont autant d'éléments qu'il fallait mentionner. Sans prétendre à I'exhaustivité, nous avons ajouté, en guise de repères généraux, les populations approximatives du Haut et du Bas-Canada, le nom des gouverneurs, les séances du Parlement. Le plus souvent ce sont les événements liés de près ou de loin aux insurrections et à l'émergence du nationalisme canadien que nous avons privilégiés. Finalement, nous avons voulu donner un bref aperçu des

57 Cette chronologie paraît sur le site Lntemet constitué par Gilles Laporte dont nous avons domé l'adresse électronique pIus tôt (supra,pp. 7) . 58 Cette chronologie provient d'un recueil de notes de cours inédit et intitulé: <&a vie littéraire au Québec: la Littérature intime au Québec au XIX' siècle». conséquences et des effets des Rébellions en rappelant l'adoption de l'Acte d'union (1WO), le débarquement des Patriotes exilés en Australie (184O), l'acquisition de la responsabilité ministérielle au Canada-uni (1848) et l'abolition du régime seigneurial (1854). Notre chronologie s'achève avec l'érection d'un monument à la mémoire des victimes de 1837-1838, à Montréal, en 1858.

Parmi les quelques articles et études disponibles qui portent sur Chevalier de Lorimier, aucun ne contient de véritable chronologie. Nous avons donc décidé d'en construire une en utilisant trois types de sources: les textes traitant directement de l'auteur, les ouvrages portant sur les Rébellions de 1837-1838, ainsi que des documents d'archives (disponibles aux ANQ-Q, aux ANQ-M et aux ANC). le mémoire de maîtrise de Michel de Lorimier, intitulé Chevalier de Lotirnier, notaire et patnote montréalais de 1837-1838 et déposé à la Faculté d'histoire de l'université du Québec à Montréal en 1975, a constitué une aide précieuse en ce qui concerne la part biographique de notre travail, tout comme l'article rédigé par le même auteur dans le Dictionnaire biographique du Canada (tome VII) en 1988. Nous avons aussi utilisé, dans l'ouvrage de Laurent-Olivier David, Les Pafnotes de 1 837-1838, la partie consacrée à Lorimier, de même que les Notes d'un condamné politique de 7838 de François-Xavier Prieur à l'intérieur duquel le diariste raconte ses derniers moments passés auprès de Lorimier. L'«Esquisse biographique» d'Hector Fabre, tirée de sa conférence hagiographique du 15 février 1856. nous a fourni plusieurs informations pertinentes. Enfin, l'«original biography~du Patriote, parue dans le North Amencan le 15 mai 1839 et vraisemblablement rédigée par Cyrille-Hector- Octave Côté, s'est également avérée une source de renseignements appréciable. Les œuvres portant sur les Rébellions, fort nombreuses, sont à toutes fins pratiques les mêmes que nous avons retenues pour construire notre chronologie sociopolitique. Nous avons aussi examiné de nombreux documents d'archives, comme l'acte de naissance de Lorimier, son brevet de cléricature, son contrat de mariage, l'inventaire de ses biens, sans oublier les lettres elles-mêmes. Ainsi s'est construit peu à peu l'ensemble de notre appareil critique. 3.3 Les «dernières lettres,: documents historiques au œuvre littkraire?

Jouant sur l'intime et sur la réflexion politique, la correspondance de Lorimier, comme l'a déjà noté Laurent ailh hot'^, est à la fois journal, mémoires et testament politique. Elle veut en même temps exprimer un état d'âme, rappeler des convictions et faire agir. Nous n'avons pas ici affaire à un échange épistolaire au sens traditionnel du terme. Le condamné monologue plus qu'il ne dialogue, il livre ses états de conscience, visiblement sans attendre de réponse. On sent chez lui une volonté d'expliquer son combat, de diffuser da bonne nouvelle^ de la liberté politique. Ce n'est sans doute pas innocemment que son frére Chamilly recueille les textes destinées à la famille et aux amis pour les transmettre, dès 1839, à Cyrille-Hector-Octave Côte, rédacteur au North American. La dimension privée des lettres s'estompe rapidement au profit de la voix (voie) publique privilégiée par l'écrivain,

L'étude des figures et des procédés épistolaires laisse transparaître une mise en scène, une représentation de soi et des autres élaborée par Lorimier lui-même. Sa correspondance, visant a le faire connaître et reconnaître, devient pour lui l'ultime moyen de transmettre son message et de laisser sa marque dans l'Histoire du pays. En même temps qu'il écrit une page de l'Histoire canadienne, le Patriote narre son histoire individuelle, sa vie et sa mort. Fondées en grande partie sur une esthétique romantique importée au Canada dans les années 183060, les lettres font appel à toute une imagerie empruntée au registre du gothique : «Nous avons là tous les éléments du drame romantique le plus fort: jeunesse, énergie, courage, passion amoureuse et passion patriotique, échec, cachot. échafaud, testament6'».

59 Laurent MIULHOT, «Notre jeune romantisme (1 830-1 839)», Le Romantisme au Carradi, sous Ia direction de Maurice Lemire, Montréai, Nuit Blanche, 1993, p. 297 à 319, Dans cet article, le seul jusqu'ici consacré à la correspondance de Lonrnier, Mailhot, s'intéressant à l'aspect formel des «dernières lettres», étudie leur statut générique et l'esthétique romantique qui s'en dégage. 60 Nous reviendrons plus spécifiquement sur cet aspect du romantisme en fin d'introduction. 6 1 Laurent MAILHOT, «

À cette rhétorique de I'adieu, le Patriote superpose celle de I'autohéroïsation. A plusieurs occasions, il se déclare (

Le destinataire, intrinsèquement convoqué dans les lettres. prend également une place très significative au aur des stratégies narratives de l'épistolier. S'adressant tantôt à des intimes, tantôt à des connaissances éloignées, celui-ci module le propos de même que le ton de ses écrits. La mort, sujet fondamental du texte, est évoquée différemment d'une lettre à I'autre, d'un destinataire à l'autre. Lorsque Lorirnier écrit à sa femme, l'exécution devient déchirement, rupture et promesse :

Dans le peu de temps qui s'est écoulé depuis le jour de I'union sacrée de mon mariage à cetui de ma mort, tu m'as fait, chère épouse, jouir du vrai bonheur, tu m'as tout prodigué amitié, tendresse et sincérité. Je n'en étois pas ingrat et ne le serai pas. Aujourd'hui des assassins avides de sang viennent m'arracher de tes bras, ils ne pourront jamais m'ôter de ton cœur, j'en ai la conviction.

Lorimier est ici avant tout homme, amant. époux, tendre père. En contrepartie, quand il s'adresse à des gens d'influence, comme le Baron Fratelin, Lorimier évoque une mort plus que glorieuse : «Plut à Dieu que ma Patrie n'eut que mon sang à leur reprocher, que ma mort put faire tomber ses chaînes et que ces Cannibales n'eussent plus le pouvoir de faire le mal». Dans sa lettre à Georges- Étienne Cartier, Patriote qui, dans les années 1840-1850, reniera son passé révolutionnaire pour mieux accéder à une fructueuse carrière politique, Lorimier se montre de nouveau fort et digne: «Plus on la considère de près [la mort], moins elle est dure, moins elle est cruelle. Si beaucoup la redoutent autant, c'est parœqu'ils n'ont pas pensé sérieusement à mourir. Pour ma part, cher Cartier, je suis dévoué, ferme & résolu». C'est moins l'homme qui parle ici, que le rebelle, le com battant politique. Outre cette portée lyrique et autohéroisante, la correspondance traduit encore une visée conative certaine. L'éloquence de Lonmier amènera généralement les destinataires à répondre aux demandes épistolaires. Par exemple, lonqu'il écrit à un aestimable ami anonymex aMon dernier soupir sera pour ma patrie, ma femme et mes enfants et les bonnes âmes qui les ont secourus dans leur malheun, Lorimier tente tacitement de rehausser i'estime du récepteur qui. une fois conquis, voudra manifester sa grandeur d'âme en veillant au bien-être dlHenrÏette et de ses enfanta Dans la lettre à Ferdinand Perrin, il évoque subtilement les mêmes attentes: «En mourant, mon dernier soupir sera pour ma femme, mes enfants, leun protecteurs et ma patrie. Si d'un autre monde je puis contempler vos vertus et votre bienfaisance, je prierai Dieu pour vous et votre Dame)). En échange de services rendus, Lorimier promet ni plus ni moins que la protection divine. Par cette rhétorique de la compassion, il cherche à influencer tout un réseau de personnes. depuis ses proches jusqu'à un large public. La lettre, «texte pluriel qui s'inscrit dans un vaste champ idéologique et socia~~~x,permet au «moi» de recouvrer une double identité, individuelle et collective, présente et future. Lorimier participe ainsi de tous les temps, de tous les espaces :

Lonmier est tout entier dans ces lettres qui annoncent, préparent, scellent son départ définitit Mais nous y sommes aussi. nous, lecteurs de la fin du XX= siècle. comme tous ses proches, ses contemporains, patriotes ou non. Nous y lisons notre destin individuel; nous pouvons y trouver la fin et le wmmgncement, la suite et le sens, l'ouverture ou la fermeture de notre histoire collective .

Une dernière figure, elle aussi très importante, intervient dans les lettres du condamné, celle du tiers exclu du contact épistolaire, mais bien présent dans l'acte de parole. L'ennemi, l'Anglais Colborne, présenté dans son rôle de non- personne, est décrit en termes de bourreau et d'assassin. Représentant des autorités coloniales britanniques, le duin, qui n'a jamais accès à la conversation in absentia entre Lonmier et ses récepteurs. est tenu responsable du tragique de la

62 Marie-Ciaire GRASSI, L'art de la lettre au temps de la mileHélofie et romtisrne, Genève, Slatkine, 1994, p. 21 9. 63 Laurent MALHOT, Wtre jeune romantisme (1830-1839)», Le Romanfime ai Cd,sous la direction de Maurice Lemire, Montréai, Nuit Blanche, 1993, p. 3 15. situation dans laquelle se trouvent toutes les victimes de 1838: tpuissiez-vous voir le jour où le sort cniel de nombreux martyrs qu'a faits notre sanguinaire et barbare Gouverneur Sir John Colbome, aura sa complète revanche sur les coupables qui ont versé le sang innocent>t. Par ces propos violents, la haine du régime oppresseur passe directement au récepteur. Discréditant Colbome, Lorimier rallie à sa cause le destinataire visé et, œ faisant, tous les récepteurs hors champ. La cruauté de Colbome, son manque flagrant d'empathie (dont fait foi l'unique lettre écrite par Lorimier au Gouvemeur dans l'espoir d'obtenir un sursis qui lui sera refusé) sont continueIlement mis en évidence. Le mauvais et méchant Anglais s'en prend à la bravoure, à la générosité, à la bonté du Patriote intègre qui dénonce ouvertement l'injustice dont il est victime: «Je laisse des enfants qui n'ont pour héritage que le souvenir de mes malheurs Pauvres orphelins; c'est vous que je plains. C'est vous que la main sanglante et arbitraire de la loi martiale frappe par ma mort». Lorimier consent certes à mourir pour la libération de sa patrie, mais avant il prend grand soin de démontrer à quel point les pratiques gouvernementales de son époque sont répréhensibles. II souhaite persuader le peuple canadien qu'il ne doit rien attendre des conquérants britanniques: «Quant à vous mes compatriotes! Puisse mon execution et celle de mes compagnons d'echaffaud vous être utiles- Puissent-elles vous démontrer ce que vous devez attendre du gouvernement Anglais)). Laurent Mailhot a bien vu l'habilité de cette rhétorique qui fait appel à la figure du mort pour mieux rejoindre les vivants:

L'auteur, encore vivant, plus vivant que jamais, parie à la place du mort qu'il sera bientôt et à la place du gouvernement et des juges qui s'atta uent non seulement a sa personne physique, mais à sa réputation et a sa m6moire24 -

Cette rhétorique à la première personne sous-tend l'œuvre entière et s'insinue peu à peu dans les réquisitions contre la non-personne. L'imagerie sanglante qui entoure le id» détermine l'aspect dramatique de la condamnation. Le bon Patriote meurt sous le joug partial des «forces du mal» dans la mise en scène tragique du tout ou rien: Cardinal, Decoigne, je vais vous rejoindre sous peu, je vais périr par la main qui vous a lancés dans l'autre monde, Nous sommes criminels aux yeux du gouvernement, nous avons voulu infructueusement le renverser. Le gouvernement ne peut laisser libres ses ennemis. Eux ou lui doivent tomber. Je suis le plus foible, je suis entre les mains de mes ennemis. Leur politique cruelle du tems me condamne, je me résigne, les barbares peuvent m'arracher la vie mais non l'honneur et je mourrai ferme car j'ai la conviction que nos exécutions serviront à la cause sacrée de ma chère patrie,

La dramatisation s'inscrit dans cette opposition manichéenne des figures du ciln et du <,aux .assassins avides de sang>a, aux atyrans~, aux aoppresseurs,, Lorimier n'est qu'un ufoiblen homme, seul et impuissant. De même, I'autohéroisation du Patriote ne peut atteindre son point culminant que par la dichotomie bienlmal, représentative de la relation Lorimier (je- canadien)/Colbome (il-britannique). La force et le courage de Lorimier sont d'autant plus marqués qu'il tente de combattre l'exécrable monstre Colborne. Indirectement, l'ennemi juré donne tout son sens à la représentation héroïque de la figure du «moi)). La «préservation de soi» se construit sur la «désintégration de l'Autre». Vaincu par les armes. Lorimier poursuit son combat avec la plume: le littéraire réussira là où le révolté a perdu. Ce retournement de l'échec en victoire rappelle en partie la thèse développée par Femand Dumont. dans Genèse de la société québécoise, selon laquelle les Canadiens français, en se réfugiant dans l'imaginaire littéraire et plus précisément dans l'utopie, seraient parvenus à se bâtir une origine, une histoire (

«Écrivain sans le savoirE», Lorimier laisse donc derrière lui une œuvre fort

65 Fernand DUMONT, Genèse cie la société québécoise, Montréal, Boréal, 1993, p. 308. 66 Nous référons ici à l'article de Marie-OdiIe Sweetser,

67 Pierre FALARDEAU, I5février 1839, Montréal. Éditions Stanké, 1996, 169 pages. 68 Laurent MALHOT, La linératwe québécoise, Momtréai, Typo, 1997, p. 32 1. CHRONOLOGIE SOClOPOLlTlQUE DU CANADA (1760-1860)

Automne: Conquête anglaise. Aux lendemains de la Bataille des Plaines d'Abraham et de la défaite des armées du Maquis de Montcalm (le 13 septembre 1759), les Britanniques prennent Québec.

8 septembre: La reddition de Montréal est le prélude à la fin de la Nouvelle-France-

9 septembre: Instauration du régime militaire britannique sous les ordres de Jeffrey Amherst, commandant en chef des troupes et forces de Sa Majesté le Roi de Grande-Bretagne dans l'Amérique septentrionale. Des officiers de milice font prêter le serment d'allégeance aux habitants de la colonie envers le roi George II. Population de la colonie: 70 000 habitants.

7 O févtïer: Par le traité de Paris, la France cède a L'Angleterre toutes ses possesions en Amérique du Nord, à l'exception des îles Saint- Pierre et Miquelon. Elle conserve également son droit de pêche et de sécherie sur une partie de la côte de Terre-Neuve.

7 octobre: Avec la proclamation royale, la "Province of Quebec" devient la quinzième colonie de l'Amérique du Nord britannique.

21 novembre: Nommé capitaine général et gouverneur en chef de la province de Québec par George III, James Murray établit la Common Law britannique au Canada. Par le serment du Test, qui nie la transsubstantiation de l'eucharistie tout comme l'autorité papale et qui doit être prêté par tous les serviteurs de la Couronne, les catholiques sont exclus des hautes fonctions administratives.

Octobre: A Québec, ies Britanniques demandent aux autorités d'établir une Assemblée législative composée exclusivement de sujets protestants de la colonie. Le 29, quatre-vingt-quatorze cornmerqants canadiens adressent une pétition au Roi pour dénoncer cette proposition. Été: Implantation des premières imprimeries à Québec et a .

27 juin: Parution du journal bilingue, La Gazette de QuébeclThe Quebec Gazette, fondé par William Brown et Thomas Giimore.

70 août Un gouvemement civil remplace le Régime militaire.

Pétition signée par quatre-vingtquinze canadiens' demandant d'être reconnus comme sujets à part entière dans la colonie.

Guy Carleton remplace James Murray, jugé trop conciliant pour les vaincus, au poste de gouverneur de la colonie.

Pétition de Canadiens de langue française réclamant le rétablissement des lois et coutumes françaises. Pétition des Britanniques requérant une Chambre d'assemblée.

Nouvelle pétition au Roi des sujets de langue française. Les marchands britanniques s'adressent au lieutenant-gouverneur pour obtenir une Chambre d'assemblée.

22 juin: Pour éviter que les Canadiens ne s'allient aux «indépendantistes» américains, Londres proclame l'Acte de Québec qui assure la maintien du régime seigneurial, la pleine liberté religieuse, le droit civil français et qui permet la participation des Canadiens d'origine française au gouvemement de la colonie.

1 A l'époque, le terme «Canadien» ou mouveau sujet)) désigne les habitants francophones du temtoire par opposition aux «anciens sujets anglais», d'origine britannique. La distinction que l'on cornait entre Canadien fiançais et Canadien anglais émerge plus tard, au milieu du =siècle (plus précisément après la Confédération de 1867). 7 mai: Avec l'entrée en vigueur de l'Acte de Québec, la province inclut dorénavant toute la région des Grands-Lacs. Des Anglais de la province envoient au Roi une pétition demandant que l'Acte de Québec soit abrogé ou amendé.

13 novembre: Invasion américaine. Assiégée par les insurgés américains, Montréal capitule.

31 décembre: Les troupes américaines échouent devant Québec-

Les révolutionnaires américains sont chassés de la colonie.

Révolution américaine-

26 mars: Après la démission de Guy Carleton, Frederick Haldirnand devient gouverneur de la province de Québec.

Début de La Gazette littéraire de Monfréal.

Le Traité de Versailles reconnaît l'indépendance des Américains et interdit tout commerce entre le Canada et les États-unis. L'Angleterre cède aux États-unis le territoire situé au sud des Grands Lacs. Sept mille loyalistes fuient les États-Unis pour s'établir dans la province de Québec.

Plusieurs sujets britanniques envoient des pétitions au Roi de Grande-Bretagne demandant l'instauration d'une Chambre d'assemblée. Population de la colonie: 1 13 000 habitants. 16 novembre: Avec le départ dtHaldimand, Henry Hamilton devient lieutenant- gouverneur de la colonie.

Henry Hope est le nouveau lieutenant-gouvemeur. Des loyalistes demandent au gouvernement britannique d'abolir la tenure seigneuriale et les lois françaises. Dans une pétition au Roi, les Canadiens réclament une représentation proportionnelle des anciens et nouveaux sujets au sein du Conseil législatif.

Guy Carleton, premier Baron Dorchester, redevient gouverneur.

Révolution française.

Octobre: William Wyndham Grenville, secrétaire d'État à l'Intérieur, propose un premier projet de loi qui prévoit la création du Bas et du Haut-Canada, d'une Chambre d'assemblée et de Conseils exécutif et législatif.

Alured Clarke est nomme lieutenant-gouverneur. Fondation à Montréal de La Société des Patriotes. Population: 160 300 h.

IOjuin: Le gouvernement britannique adopte l'Acte constitutionnel qui divise le territoire canadien en deux colonies (le Bas-Canada, à forte majorité francophone, et le Haut- Canada, à forte majorité anglophone) et qui reconnaît les droits linguistiques et religieux des Canadiens. Création d'une Assemblée législative, élue au suffrage censitaire, qui n'a qu'une voix consultative (sauf en ce qui concerne le budget). Mai: Premières élections législatives dans l'Histoire du Québec qui compte vingt-et-une circonscriptions.

17 décembre: À l'ouverture de la Chambre d'assemblée du Bas-Canada, au palais épiscopal de Québec, Jean-Antoine Panet en est élu président.

Débat en Chambre sur la question linguistique. Le français y est admis comme "langue de traduction".

II novembre: Ouverture de la deuxième session du premier Parlement.

Robert Preswtt est nommé gouverneur du Bas-Canada. Le Traité de Jay entre la Grande-Bretagne et les États-unis rétablit le commerce entre les États-unis et le Canada.

Après la dissolution du Parlement, de nouvelles élections ont lieu.

26 janvier. Inauguration de la première session du deuxième Parlement provincial.

Début de l'immigration irlandaise au Canada.

29 juillet: Robert Shore Milnes devient lieutenant-gouverneur du Canada.

La France et l'Angleterre sont en conflit (guerres napoléoniennes). 4 juin: Dissolution du Parlement et annonce de la tenue d'élections générales.

L'Union Jack devient l'emblème du Royaume-Uni de Grande- Bretagne et d'lriande.

8 janvier Ouverture de la première session du troisième Parlement provincial.

Été: Tenue de nouvelles élections générales.

Création du composé de réformistes canadiens francophones.

Janvier: Fondation du Daily Quebec Mercury, journal de la grande bourgeoisie d'affaires bitannique de Québec. On y ridiculise les Canadiens et leurs idées politiques. Ouverture de la première session du quatrième Parlement provincial.

Population du Bas-Canada: 250 000 h./ Population du Haut- Canada: 70 700 h-

22 novembre: Parution du premier numéro du Canadien, journal à tendance libérale et nationaliste. En réaction au Mercury, Le Canadien dénonce l'oligarchie anglaise et s'en prend aux pratiques injustes du gouvernement britannique.

29 août: devient gouverneur du Bas-Canada- Épreuve de force entre le gouverneur Craig et I'Assem ;blée.

27 avril: Dissolution du Parlement. La campagne électorale s'emgage dès le début mai.

70 avnl: Première session du cinquième Parlement.

15 mai: Persuadé que la majorité des députés veut s'opposer à son autorité, Craig dissout le Parlement.

23 novembre: Avec l'élection d'une majorité de représentants du Parti canadien, le journal Le Canadien devient l'ennemi à abattre.

2 février. Début de la première session du sixième Parlement-

1O mars: Fondation du Vrai Canadien, hebdomadaire qui appuie ouvertement la politique gouvernementale. Le Canadien réagit fortement à cette concurrence directe.

17 mars: Craig et le Conseil exécutif font saisir les presses du Canadien et emprisonner ses principaux rédacteurs et distributeurs à travers la province.

13 septembre: George Prevost remplace Craig au poste de gouverneur.

4 juin: Déclaration de guerre entre les États-unis et la Grande- Bretagne. Les Américains veulent prendre possession du Canada 26 octobre: Lon de la Bataille de Châteauguay, Charles de Salaberry triomphe de l'armée américaine; douze Canadiens sont tués, vingt blessés.

Louis-Joseph Papineau est élu chef du Parti canadien qui deviendra, en 1827, le Parti patriote. Population du Bas-Canada: 335 000 h./ Population du Haut- Canada: 95 000 h.

24 décembre: La paix entre la Grande-Bretagne et les États-unis est formellement déclarée.

2 7 janvier: Louis-Joseph Papineau, représentant du quartier ouest de la ville de Montréal, est élu président de la Chambre d'assemblée et le demeure à peu près sans interruption jusqu'en 1837.

3 avnL Prevost quitte le Canada, remplacé par .

A vnï: Nouvelles élections générales.

Mai: Drummond est remplacé par John Wilson, lequel sera remplacé à son tour, deux mois plus tard, par .

75 janvier: Ouverture de la première session du neuvième Parlement.

29 juiiiet Charles Lennox, quatrième Duc de Richmond, devient gouverneur.

28 août Mort du duc de Richmond remplacé par George Ramsay, neuvième comte de Dalhousie. A vrii: Mort du Roi George III et accession au trône de son fils George IV. Le Parlement est a nouveau dissous.

74 décembre: Ouverture de la première session du onzième Parlement.

Premier Projet d'union du Haut et du Bas-Canada. Dans le but, d'assimiler lentement les Canadiens, les Britanniques de Montréal forment le projet de proscrire l'usage législatif du français. Rapidement, la population francophone se mobilise et multiplie les pétitions pour signifier au Roi son mécontentement grandissant. Unionnaires et anti-unionnaires s'opposent violemment-

Février: Louis-Joseph Papineau et John Neilson se rendent à Londres pour contester le Projet d'union. Des pétitions signées par plusieurs Canadiens sont remises aux membres du gouvernement. Le Projet sera momentanément abandonné par les autorités britanniques-

Juillet Après la dissolution du Parlement, l'Union devient le thème dominant des élections générales.

Population du Bas-Canada: 480 000 h.1 Population du Haut- Canada: 158 000 h-

7 0 janvier, Ouverture de la première session du douzième Parlement.

À la suite d'un deuxième Projet d'union des deux Canadas, Papineau en vient à la conclusion que l'Angleterre n'est plus gardienne des droits des Canadiens. Le Parti canadien devient le Parti patriote. Fondation de Bytown (Ottawa). Fondation du journal libéral et patriotique, La Minerne. Affrontement entre le gouvemeur Dalhousie et les députés de l'Assemblée législative, désignée désormais sous le nom de Parti patriote. Tous les députés du Parti patriote perdent leur poste de juges de paix.

5 juillet Le gouvemeur Dalhousie dissout le Pariement et ordonne la tenue d'élections générales. La campagne électorale se déroule autour de la question des subsides, c'est-à-dire les sommes nécessaires pour le bon fonctionnement du gouvernement (salaires des députés, du gouvemeur, du président de la Chambre, etc.)-

20 novembre: Inauguration de la première session du treizième Parlement. Dalhousie refuse de reconnaître l'élection de Papineau a la présidence de la Chambre d'assemblée. Une nouvelle crise éclate.

78 décembre: Assemblée du comité constitutionnel de Montréal. Les réformistes du Bas-Canada souhaitent obtenir le gouvernement responsable et une Chambre d'assemblée où la représentation serait proportionnelle pour les Canadiens. Durant ce temps, des habitants de Montréal dénoncent la conduite despotique de Dalhousie et demandent au Roi George IV de rappeler le gouverneur. Ludger Duvemay, imprimeur des journaux La Minerve et le Canadian spectator, est accusé de libelle contre le Gouvernement de Sa Majesté. Jocelyn Waller, journaliste du Spectator, est arrêté.

Juillet: James Kempt est nommé gouvemeur du Bas-Canada en remplacement de Dalhousie, rappelé en Angleterre.

Enquête sur I'adrnistration de la ville de Québec. Des députés canadiens accusent les magistrats britanniques d'avoir agi contre les intérêts de la population. 30 aoOt Annonce officielle de la mort du Roi George IV survenue le 22 juin- Comme le veut la tradition, le Parlement est dissous et de nouvelles élections sont décrétées.

Sepfemb~: Guillaume IV accède au trône de Grande-Bretagne, en même temps que Matthew Whitworth, Lord Aylmer, est nommé gouverneur du Bas-Canada.

Près de 50 000 Irlandais immigrent au Canada. Population du Bas-Canada: 553 000 h./ Population du Haut- Canada: 237 000 h,

7 5 janvier. Ludger Duvemay et Daniel Tracey, deux journalistes militants pour le Parti patriote, sont arrêtés par des représentants du gouvernement anglais. Des assemblées sur la liberté de presse s'organisent à Montréal et à Québec. Les deux hommes seront libérés le 25 février suivant.

27 janvier: Ouverture de la première session du quatorzième Parlement.

27 mai: Élection partielle à Montréal. L'armée britannique ouvre le feu sur les partisans de Daniel Tracey (candidat patriote) rassemblés sur la Place d'Armes: François Languedoc, Pierre Bilette et Casimir Chauvin sont tués et une dizaine d'autres sont blessés. Tracey, finalement élu, mourra en juillet du choléra.

17 févnër: Rédigées par Louis-Joseph Papineau, Elzéar Bédard et Augustin-Norbert Morin, les 92 Résolutions sont déposées à la Chambre. Le Parti patriote y réclame la responsabilité ministérielle et des institutions mieux adaptées à la situation bas- canadienne. 18 février- Un comité spécial est chargé d'étudier les 92 Résolutions, qui 1 mars: sont finalement adoptées par cinquante-six voix contre vingt- trois*

9 octobre: Le gouverneur dissout le Parlement et la campagne électorale porte exclusivement sur les 92 Résolutions. Les arésolutionnaires» remportent soixante-dix-sept des quatre- vingt-huit sièges.

2 1 février. Ouverture de la première session du quinzième Parlement.

Août Archibald Acheson, Comte de Gosford, est nommé gouvemeur-

6 mars: Présentation aux Communes de Londres des Résolutions Russe1 qui rejettent les 92 Résolutions et retirent à l'Assemblée son seul pouvoir, celui de voter le budget. Ce projet de loi, considéré par les Patriotes comme une «violation du contrat social», ne recevra pas la sanction royale.

3 avril: Plus de sept cents personnes se réunissent à la Cmwn & Anchor Tavem en Angleterre pour dénoncer l'attitude du gouvernement britannique face aux problèmes canadiens. L'Association des ouvriers et celle des industrÏels adoptent des résolutions favorables & la Chambre d'assemblée du Bas-Canada.

La nouvelle des Résolutions Russel arrive au pays.

La Minenle encourage le peuple à entreprendre des «protestations énergiques)).

Le Vindicatorafhrne que le peuple du Bas-Canada doit s'abstenir de consommer des articles importés et encourager la contrebande: <

La Mherve annonce la convocation d'une assemblée dans le comté de Richelieu pour aréprouver les mesures coercitives du Parlement impérial». 7 mai: Assemblée populaire a Saint-Ours, sous la présidence de M. Séraphin Chemer. pour protester contre les Résolutions Russel. Près de mille deux cents personnes participent à cette réunion où Wolfred Nelson et Siméon Marchesseault prennent la parole. Saint-Ours pose les premiers jalons d'une longue série d'assemblées populaires où l'on vote des propositions en vue de résister au gouvernement britannique.

15 mai: Assemblée populaire à Saint-Laurent et à Saint-Marc. Papineau invite les Canadiens à boycotter les produits venant de I'Ang leterre et, par conséquent, a promouvoir d'étoffe du pays» et l'industrie nationale, Assemblée à Québec regroupant des Irlandais réformistes.

23 mai: Première réunion du Comité central et permanent du district de Montréal.

28 mai: Assemblée à Québec qui réunit près de six cents personnes.

1juin: Assemblées à Saint-Hyacinthe et à Sainte-Scholastique. Papineau intervient durant la seconde et Jean-Olivier Chénier parle de bientôt prendre les armes.

4 juin: Nouvelles assemblées à Québec et à Longueil.

IO juin: Lord Gosford écrit à Lord Glenelg. secrétaire d'État, en Angleterre: «Le plan de M. Papineau a visiblement pour premier objectif de provoquer des expressions d'indignation contre les mesures ministerieiles, et par là créer un sentiment d'hostilité contre le gouvernement».

75 juin: Proclamation de Gosford interdisant la tenue d'assemblées.

7 8 juin: Malgré l'interdiction, sept cents personnes participent à l'assemblée de Saint-François-du-Lac. Assemblée à Berthier.

20 juin: Lord Gosford lance des mandats d'amener contre certains chefs patriotes: Wolfred Nelson, Cyrille-Hector-Octave Côté, Jean- Olivier Chénier, Amury Girod, Edmund O'Callaghan, Joseph- Toussaint Drolet. Édouard-Étienne Rodier. Jean-Joseph Girouard. 22 juin: Lors de sa réunion hebdomadaire, le Comité central et permanent de Montréal adopte une contre-résolution concernant la tenue d'assemblées publiques.

23 juin: Nouvelle assemblée à Saint-Hyacinthe.

24 juin: La fête de la Saint-Jean-Baptiste est ponctuée de plusieurs réunions anticoercitives, notamment à Montmagny, Montréal et Saint-Denis-sur-le-Richelieu- Des célébrations se déroulent également à Trois-Rivières. Québec. Varennes, Pointe-aux- Trern bles et l'Assomption.

26 juin: Assemblée à Saint-Thomas (comté de Bellechasse et de I'lslet).

29 juin: Assemblée de la ville de Montréal.

3 juillet Au parlement de Londres, la Chambre des communes renonce à ses Résolutions du 6 mars précédent, et vote une somme pour solder les arriérés au compte de l'administration de la justice et du gouvernement civil du Bas-Canada. Un détachement de deux cents hommes, faisant partie du Régiment des Royaux, débarquent à Montréal.

4 juillet Assemblée à Stanbridge (comté de Missisquoi) où la foule est mmposée en grande partie de sympathisants américains.

6 juillet: Des loyalistes se réunissent sur la Place d'armes. à Montréal.

7 7 juillet Des soldats en provenance d'Halifax arrivent à Montréal.

16 juilie t: Assemblée à Deschambeault.

24 juillet: On annonce la mon de Guillaume IV survenue le 20 juin précédent et. du même coup, l'accession au trône de la jeune princesse Victoria, petite-fille de George III. Le clergé ordonne chants et célébrations à la faveur de la nouvelle souveraine.

26 juillet: Assemblée à Yamachiche (comté de Saint-Maurice).

29 juillet: Assemblée à l'Assomption.

5 août: Vandalisme dans deux journaux réformistes: le Township Reformer, publié à Stanbridge, et La Minerve. 6 août: Assemblée à Saint-Constant (comté de Laprairie).

37 août: Séance du Comité permanent de Montréal où les Patriotes protestent contre le vote du 3 juillet au sujet de l'administration du pays-

5 septembre: Lors d'une assemblée à l'hôtel Nelson, sur la Place Jacques- Cartier, cinq à sept cents jeunes gens de Montréal participent à la fondation d'une société politique, les Fils de la ~iberté',dont la devise est: "En avant!". Cette organisation, moitié civile, moitié militaire, veut agir d'une part par la plume et les discours, d'autre part, par les armes- André Ouimet est président de la division civile, Thomas Storrow Brown, général de la division militaire. Pour contrer cette association canadienne, les bureaucrates anglais de Montréal forment le Dorie Club.

1 octobre: Le Comité permanent de Deux-Montagnes décide de convoquer, le 15 octobre, à Saint-Joachim, les habitants des différentes paroisses pour élire des juges de paix et former des corps de milice volontaires.

2 octobre: Réunion des Fils de la Libedé regroupant près d'un millier de militants.

4 octobre: Les Fils de la Liberté publient un manifeste réclamant le droit de choisir un gouvernement républicain.

75 octobre: Élection des juges de paix à Saint-Joachim.

22 octobre: Plusieurs Fils de la Liberté préparent la réunion prévue pour le lendemain à Saint-Charles. Mille à deux mille hommes défilent sur le Coteau à Baron, vis-à-vis de l'église Saint-Jacques, à Montréal.

23 octobre: Quatre à cinq mille personnes assistent à la grande assemblée des Six-Comtés à Saint-Charles-sur-le-Richelieu. Les participants adoptent plusieurs résolutions concernant la centralisation politique et la création d'une Convention nationale. «La colonne de la liberté» est érigée en l'honneur du chef patriote et porte l'inscription suivante:«À Papineau, ses compatriotes reconnaissants, 1 837~. Au même moment, quelques milliers de bureaucrates se rassemblent sur la Place d'armes à Montréal.

-- 2 Le nom est d'inspiration américaine: Sors ofliber&. 24 octobre: Au nom de la Confédération des Six-Comtés, Wolfred Nelson, Joseph-Toussaint Drolet, Jean-Phillipe Boucher-Belleville et Amury Girod rédigent une adresse au peuple du Canada qui se veut un appel à la résistance- Des mandements de Mgr Lartigue, évêque de Montréal, et de Mgr Signay, évêque de Québec, dénoncent la volonté de révolte qui se manifeste chez les habitants du Bas-Canada.

25 octobre: Le gouverneur lance des mandats d'amener contre les chefs politiques de la Rébellion, accusés de haute trahison.

2 novembre: Assemblée du Comité permanent de Québec qui se déclare solidaire de la Confédération des Six-Comtés.

4 novembre: Les Fils de la Liberfé annoncent la tenue d'une réunion à Montréal, sur la Place d'Armes, pour y planter l'arbre de la liberté.

5 novembre: La cour interdit les rassemblements dans les rues de Montréal.

6 novembre: À Montréal, bagarre entre les Fils de la Liberté et les membres du Donc Club. Les locaux du Vindicator, journal patriote de langue anglaise, sont saccagés par les loyalistes, de même que les maisons d'André Ouimet, président des Fils de /a Liberfé, d'Henri-Alphonse Gauvin, de Papineau et de Louis Perrault, propriétaire du Vindicator. Battu par des loyalistes, T.S Brown, est grièvement blessé et perd la vue d'un œil.

77 novembre: Plusieurs arrestations dans la région de Québec: Pierre Chasseur, Joseph Légaré, Barthélémi Lachance, Eugène Trudeau.

13 novembre: Épuration de la magistrature de Montréal: une nouvelle commission de paix est nommée. Papineau, accompagné d'O'Callaghan et de son neveu Louis- Antoine Dessaulles, quitte Montréal incognito en direction de Varennes.

75 novembre: Augustin-Norbert Morin, député de Bellechasse, est arrêté. 16 novembre: André Ouimet, président des Fils de la Liberte. et cinq de ses lieutenants sont arrêtés et emprisonnés. Cère des assemblées est terminée. Amury Girod se rend à Deux-Montagnes où il propose, sur les conseils de Papineau. d'O'Callaghan et de Boucher-Belleville. l'établissement d'un gouvernement provisoire. Girod part ensuite pour le Nord (Grand-Brûlé) où il souhaite établir des retranchements. Le gouverneur émet des mandats d'arrêt contre vingt-six Patriotes: neuf seront arrêtés dans les jours suivants, les autres ont déjà quitté la région de Montréal. Le docteur Joseph- François Davignon et le rnaitre de poste PierrePaul Demaray (ou Desmarais) sont faits prisonniers-

17 novembre: Une bande de Patriotes armés, sous la direction de Bonaventure Viger et de Joseph Vincent, libèrent les prisonniers Davignon et Demaray près de Chambly.

18 novembre: Le général des Fils de la Liberté. T. S. Brown, s'empare du manoir du seigneur Debartzch (considéré comme un traître de la cause nationale) à Saint-Charles et y établit un camp où mille cinq cents à deux mille PatrÏotes Muent de toutes parts. Un détachement de troupe sous le commandement du colonel George Augustus Wetherall quitte Montréal vers Chambly.

79 novembre: Les magistrats de Montréal émettent une proclamation enjoignant la population au calme.

20 novembre: Les magistrats de Québec interdisent à la population de prendre part aux activités révolutionnaires.

22 novembre: Le colonel Charles Stephen Gore quitte Montréal avec cinq cents hommes à bord du vapeur Sainf-George pour se rendre à Sorel et opérer une jonction à Saint-Charles avec le colonel Wetherall dans le but de disperser les Patriotes et d'arrêter leurs chefs. Sept ou huit Patriotes s'emparent du contenu du coffre de la Fabrique. 23 novembre: Bataille de Saint-Denis. Gore, à la tête de six compagnies d'infanterie et d'un détachement d'artillerie, attaque les Patriotes commandés par Wolfred Nelson et retranchés à Saint-Denis autour de la maison de dame Chari= Saint-Germain. La fusillade commence vers les neuf heures. Après plus de six heures de combat, Gore se retire, laissant la victoire aux Patriotes. Du côté de l'année britannique, cent seize hommes manquent à l'appel, tandis que, chez les Patriotes, environ quatorze hommes ont été tués et une dizaine blessés. Un jeune officier anglais du 32e Régiment eçt fait prisonnier et abattu par quelques Patriotes (Maillet, Pratte, Jalbert), en tentant de s'échapper. On parlera de cet événement comme de

24 novembre: Girod veut envahir Montréal. mais, après um conseil de guerre, les Patriotes décident de rester sur la défensiive.

25 novembre: Bataille de Saint-Charles. Les troupes britanniques attaquent les Patriotes retranchés autour du manoir De-bartzch. Après une heure de combat, les Patriotes doivent se rendre- Les rapports officiels font état de trois morts et dix-huit blessés du coté anglais. On estime à trente le nombre dePatriotes tués et à cinquante le nombre de blessés. Après la bataille, les soldats de Wetherall enwahissent le village. incendient tous les bâtiments et s'emparent de«la colonne de la liberté» dressée lors de l'assemblée des Six-Comtés.

27 novembre: Après un procès populaire, Joseph Armand dit Chartrand, accusé de traîtrise, est exécute à l'Acadie pa;r les Patriotes Amable Damais, François Nicolas, Joseph et Gédéon Pinsonneault.

28 novembre: Escarmouche à la Pointe-Olivier (Saint-MathBas) où deux Patriotes sont tués.

30 novembre: Wetherall et ses troupes entrent à Montrréal triomphant: ils ramènent environ trente prisonniers et exhibent «la colonne de la liberté», érigée à Saint-Charles le 23 octZobre. en guise de trophée. Raid sur Oka où Amury Girod, acompagné dedeux cents hommes, se rend à la mission amérindienne du lac des Deux- Montagnes et au magasin de la Hudson's Bay Company pour s'emparer des armes et des munitions qui s'y trouvent. 7er décembre: Papineau, formellement accusé de haute trahison, traverse la frontière américaine. Au début de décembre, la plupart des dirigeants du soulèvement de la vallée du Richelieu prennent la direction des États-unis.

2 décembre: Gore revient a Saint-Denis et fait incendier plusieurs demeures et dépendances, parfois même des édifices appartenant à des citoyens nullement impliqués dans la Rébellion.

3 décembre: Même scénario à Saint-Charies.

4 décembre: Les troupes de Gore marchent jusqu'à Saint-Hyacinthe.

5 décembre: Gosford proclame la loi martiale dans le district de Montréal.

6 décembre: Un groupe d'environ quatre-vingts Patriotes tentent de revenir des États-unis. Trois œnts miliciens les attendent à Moore's Corner (Philipsburgh) où l'affrontement dure une quinzaine de minutes. Les Patriotes doivent se retirer, laissant trois prisonniers, deux blessés et un mort. Les Patriotes de Terrebonne et de Deux-Montagnes tentent de faire sauter le pont Porteous à Sainte-Rose.

7 décembre: Gore rentre à Montréal.

1O décembre: Un détachement britannique établit ses quartiers à Saint-Martin (île Jésus) afin de garder le pont qui, à partir de l'île de Montréal. mène à Saint-Eustache et à Saint-Benoît,

13 décembre: Colborne quitte Montréal en direction de Saint-Eustache avec mille trois cents hommes. Le gouverneur de l'État du Vermont, S.H. Jenison. publie une proclamation de neutralité,

14 décembre: Bataille de Saint-Eustache. Après quatre heures de combat, l'armée britannique réussit à vaincre les Patnotes, dont soixante- dix sont tués. Les soldats britanniques incendient le village de Saint-Eustache et Chénier, un des chefs patriotes, est abattu.

15 décembre: À Saint-Benoit, les troupes britanniques forcent les Patriotes à capituler et détruisent entièrement le village. Avec Saint- Eustache et Saint-Benoît, la première vague du soulèvement prend fin. Plus de deux œnts prisonniers politiques sont incarcérés à Montréal. 21 décembre: Gosford donne le pouvoir à cent quatre-vingtquatorze commissaires de faire prêter le serment d'allégeance aux sujets de Sa Majesté dans toute la province. Certains, qui refusent de prêter serment, sont arrètés.

2 janvier. Les chefs patriotes, réunis à Middlebury (Vermont) discutent de l'organisation d'une autre insurrection. Le groupe se divise en deux factions: d'un côté on retrouve les modérés, tels Louis- Joseph Papineau et Edmund OJCallaghan,de l'autre, les radicaux. tels Robert Nelson, Cyrille-Hector-Octave Côté et Édouard-Élisée Malhiot. Ces derniers font triompher leur point de vue et prônent la création d'une République, l'abolition du régime seigneurial et des privilèges de ['Église catholique.

5 janvier: Le Président Martin Van Buren proclame solennellement la neutralité des États-unis et affirme que tous ceux qui compromettront la neutralité du gouvernement «s'exposent à être arrêtés et punis et qu'ils ne devront attendre aucune assistance ou protection s'ils se trouvent en difficulté avec quelque nation voisines.

8 janvier. Mandement de Lartigue. évêque du diocèse de Montréal, qui dénonce les insurrections et leurs chefs.

75 janvier: John George Lambton. Lord Durham, nommé gouverneur des provinces anglaises de l'Amérique du Nord, a pour mission principale d'enquêter sur la situation du Canada.

1 7 jan vie^ Un projet de loi déposé à la Chambre des communes de Londres recommande de suspendre la constitution de 1791.

l O févner, Le projet de loi concernant la constitution de 1791 reçoit la sanction royale.

27 février: Lord Gosford. qui avait demandé son rappel en septembre, retourne en Angleterre le jour même où John Colborne est assermenté administrateur du Bas-Canada.

24 févtfer: Vol d'armes à Elizabethtown (New York) par les Patriotes qui préparent un second soulèvement.

26-2 7 février. Raid sur Potton, dans les Cantons de l'Est, à partir de Troy (Vermont). Les Patriotes veulent y désarmer les loyalistes. 28 février. Les Patriotes, commandés par Robert Nelson et Cyrille-Hector- Octave Côté, entrent dans la province et s'arrêtent à Week's House, non loin de Caldwell's Manor. Robert Nelson, président du gouvernement provisoire du Bas-Canada et dirigeant du Parti depuis le départ de Papineau, déclare l'indépendance du Bas- Canada- Cette déclaration dénonce ales aimes dont la Grande- Bretagne s'est rendue coupable envers le peuple canadien» et condamne l'union explicite qui existe entre l'Église et 1' État.

1er mars: Arrestations de Nelson, de Côté et de leurs compatriotes par l'armée américaine pour avoir enfreint la loi de neutralité en vigueur aux États-unis. Les accusés sont cependant acquittés par un jury sympathique à la cause nationale des Canadiens. Par la suite. le Congrès américain vote une nouvelle loi de neutralité beaucoup plus rigoureuse que la précédente. Nelson et ses compatriotes fondent la société des Fréres chasseurs3 pour organiser une deuxième insurrection armée à partir de la frontière américaine. Les Patriotes recrutent plusieurs membres & l'intérieur du Canada pour soutenir l'offensive patriote lancée depuis les États-unis par un soulèvement général.

27 mars: Colbome proclame la suspension de l'Acte constitutionnel de 1791 et annonce la constitution d'un Conseil spécial.

Avec la révocation de la loi martiale dans le district de Montréal, plusieurs Patriotes sont libérés.

l er juin: Le Conseil spécial est remplacé par un Conseil exécutif.

18 juin: Huit Patriotes (Robert-Shore-Milnes Bouchettef Wolfred Nelson/ Rodolphe Desriviered Luc-Hyacinthe Masson1 Henri-Alphonse Gauvini Siméon MarchesseauW Toussaint-Hubert Goddul Bonaventure Viger) signent un aveu de culpabilité en échange de la libération des autres prisonniers politiques. Cet aveu est jugé inacceptable par Durham qui ne le considère pas assez incriminant.

22 juin: Évasion de Louis Lussier. un des accusés du meurtre de Weir.

3 Le nom de la société est une réplique fi-ançaise des Hunters ' Mges, mouvement amibritannique américain. Ses cadres correspondent à ceux de l'armée et tout s'y fait sous le sceau du secret; contrairement à la première insurrection, le second soulèvement prend donc la forme d'une conjuration. 26 juin: Les huit rebelles signent un second aveu, acccepté cette fois par le gouverneur.

28 juin: Proclamation d'amnistie et libération (moyennant caution) pour tous les détenus à l'exception des huit chefs qui ont signe l'aveu en échange du pardon des autres. Les seize Patriotes réfugiés aux États-unis, les accusés du meurtre de Weir et de Chartrand. de même que les Patriotes soupçonnés d'être complices dans l'évasion de Luissier sont aussi exclus de cette proclamation-

Juillet, Les huit Patriotes condamnés à l'exil sont conduits aux Bermudes à bord du bâtiment de guerre le Vestal.

7 6 août Le Parlement de Londres passe un «bill d'indemnité» qui désavoue la politique de Durham.

9 octobre: Durham annonce offciellement le désaveu de son ordonnance du 28 juin.

26 octobre: Les huit exilés aux Bermudes sont libérés. fer novembre: Durham s'embarque pour l'Angleterre et John Colborne, premier Baron Seaton, prend immédiatement charge du gouvernement.

3-10novembre: Des groupes révolutionnaires établissent piusieurs camps (Camp Baker1 Camp de Napiervillel Beauharnoisl Châteauguay1 Boucherville).

3 novembre: Rassemblement des Fréres chasseurs à Montréal. Cette société secrète à vocation politique et paramilitaire se répand partout dans les deux Canadas et dans les États du Nord (Michigan/ New YorW New Hampshire1 aine)*. Elle permet d'élaborer pIusieurs plans d'invasion. Un parti de Patriotes à Saint-Constant désarme des loyalistes. À La Tortue. des Patriotes attaquent la maison de David Vitty et Aaron Walker, un loyaliste, est tué; Joseph Robert, François- Xavier Hamelin, Charles Sanguinette et Ambroise Sanguinette (ou Sanguinet), quatre des responsables du meurtre, seront exécutés en févrÏer 1839 sous les ordres de Colborne. A Châteauguay, des Patriotes, Léandre Ducharme en tête, tentent de désarmer des Écossais.

- 4 On croit même qu'il y avait des ramifications en France. Le nombre d'adhérents est évalué a près de dix mille.

% 4 novembre: Colborne proclame la Loi martiale. Une centaine de Patriotes de Châteauguay, commandés par Joseph-Narcisse Cardinal et Joseph Duquette (ou Duquet), se rendent à Cauhgnawagha (Kahnawake) pour obtenir des armes des Mohawks. Ces derniers font prisonniers Cardinal et Duquette et les remettent entre les mains des autorités britanniques. À Beauhamois, des Patriotes s'emparent de la maison du seigneur Edward Ellice. La police arrête un Patriote à Terrebonne À Napierville, Robert Nelson proclame de nouveau l'indépendance du Bas-Canada devant sept cents Patnotes.

5 novembre: Les Patriotes de Beauhamois s'emparent du bateau à vapeur le Brougham et font prisonniers ses occupants anglais qui sont ensuite amenés au camp Baker. À Terrebonne. les loyalistes et les Patnotes concluent un traité de paix. Le gouverneur le renie et les Patriotes dispersés sont arrêtés. Sous le commandement de Côté, trois cents Patnotes se dirigent vers Lacolle où sont postées les troupes régulières de Colborne. Les Patriotes se dispersent après trente minutes de combat, laissant huit morts. Des Patriotes se rendent à Rouse's Point pour prendre des armes et enrôler d'autres hommes.

7 novembre: À Terrebonne, un rassemblement fait obstacle a des soldats qui veulent arrêter les Patriotes.

8 novembre: Six cents Patriotes armés marchent vers Odelltown afin de rétablir les communications avec la frontière. Ils campent à Lacolle où il y a mutinerie: quelques hommes tentent de capturer Nelson sans succès. L'habeas corpus est suspendu dans le as-canada5. Les exilés des Bermudes arrivent aux États-unis et s'y établissent attendant le jour où ils pourront rentrer au pays.

5 La supension de l'habeas copis est l'équivalent des mesures de guerre: aucun prisonnier ne peut contester son arrestation ni les moyens pris contre lui par l'armée britannique. 9 novembre: Bataille dlOdelltown. Après deux heures de combat contre les loyalistes, les Patriotes doivent se retirer au moment de I'arrtvée des troupes britanniques, en laissant sur le terrain une cinquantaine de morts. Robert Nelson se réfugie aux États-unis, pendant que plusieurs Patriotes, qui ne réussissent pas à passer la frontière, sont faits prisonniers.

9-70 novembre: Colbome amve à Napierville à la tête de huit mille soldats pendant que Malhiot établit un camp patnote à Boucherville et tente de regrouper des militants.

13 novembre: Les Patriotes de Boucherville se dispersent à l'annonce de l'arrivée des soldats anglais. Les rassemblements de Châteauguay, de Napierville, du Camp Baker et de Beauhamois se fractionnent; la révolte est vaincue.

78 novembre: Le gouvernement anglais porte des accusations de haute trahison contre huit cent cinquante-cinq personnes.

27 novembre: Colbome institue la cour martiale afin de juger cent huit Patriotes. Pendant la deuxième insurrection, huit cent seize personnes ont été arrêtées à Montréal, dix-huit à Québec, dix-neuf à Sherbrooke et deux à Trois-Rivières.

28 novembre- Au cours de quatroze procès devant la cour martiale, neuf fer mai 7839: Patriotes sont acquittés et quatre-vingt-dix-neuf sont condamnés. De ce nombre, douze seront exécutés, cinquante- huit déportés en Australie, deux bannis et vingt-sept libérés sous caution.

21 décembre: Exécutions de Joseph-Narcisse Cardinal et Joseph Duquette.

2janvier. Joseph-Guillaume Barthe, poète, et Napoléon Au bin, journaliste, sont emprisonnés. L'un pour avoir écrit une ode aux exilés, l'autre pour l'avoir imprimée dans son journal, Le Fantasque.

7 8 jan vier. Exécutions de Pierre-Théophile Decoigne, François-Xavier Hamelin, Joseph-Jacques Robert, Ambroise et Charles Sanguinette. 4 février: Dans son rapport présenté au Bureau des colonies, Durham propose d'assurer une majorité anglaise et loyale au Bas- Canada, d'établir la responsabilité ministérielle et d'angliciser peu à peu les Canadiens, qui, selon lui, n'ont aucune chance de survie dans une Amérique anglo-saxonne.

Le Times de Londres publie de larges extraits du Report on the Aflairs of Bn'fish North Amenca from Eari of Durham.

Présentation du Rapport Durham au Parlement de Londres- Préconisant un projet ferme pour assujettir les Canadiens, la Métropole rejette l'octroi de la responsabilité ministérielle.

15 février: Exécutions de Amable Daunais, Charles Hindenlang, Chevalier de Lorimier, Pierre-Rémi Narbonne et François Nicolas- Après ces pendaisons, le gouverneur Colbome suspend la peine capitale.

8 avril: Le Canadien commence à publier une traduction du texte de Durham.

3 juin: Lord Russel présente à la Chambre des communes un projet de loi visant à unir les deux Canadas-

3 septembre: Au terme de son procès, le capitaine Jalbert, incarcéré depuis deux ans pour le meurtre du lieutenant George Weir, est finalement libéré.

28 septembre: Les cinquante-huit Patriotes du Bas-Canada et les quatre-vingt- trois du Haut-Canada qui sont condamnés à l'exil quittent la province à destination de l'Australie (Nouvelle-Galles-du-Sud) à bord du voilier H.M.S. Buffalo.

7 7 octobre: Charles Edward Poulett Thompson, Lord Sydenham, est assermenté gouverneur général.

23 juillet L'Acte d'union (An Act to reunite the Provinces of Upper and lower Canada), visant à établir un seul Parlement pour les deux Canadas et à faire de l'anglais la seule langue officielle (en vertu de l'article 41), reçoit a sanction royale.

11 mars: Les exilés sont envoyés à Long Bottom, établissement pénitentiaire situé à douze kilomètres de Sydney. 28 août Les Canadiens exilés présentent une requête au gouverneur afin d'obtenir une libération conditionnelle-

Janvie~ Les exilés envoient une adresse à la Reine pour réclamer leur libération.

1O février. La nouvelle constitution établie par l'Acte d'union entre en vigueur et fait de l'anglais la seule langue officielle du gouvemement-

30 août L'Assemblée législative du Canada4ni vote une résolution en faveur du pardon de toutes les personnes impliquées dans les Rébellions.

Septembre- Les exilés de la Nouvelle-Galles-du-Sud sont assignés au Octobre: service de particuliers pour six mois avant d'obtenir une liberté relative et de pouvoir travailler et vivre à leur convenance.

Charles Bagot est nommé gouverneur du Canada-Uni. Louis-Hippolyte La Fontaine prête serment comme procureur général du Bas-Canada et chef du gouvemement. Avec le Ministère La FontainefBaldwin un parti représente, pour la première fois, une alliance entre des francophones et des anglophones. La Fontaine réaffirme à la Chambre d'assemblée les droits du français comme langue parfementaire.

Charles Theophilus Metclafe est nommé gouverneur; le Ministère de La Fontaine démissionne en bloc.

Le Parlement déménage de Kingston à Montréal. qui devient Capitale du Canada-Uni. Sous le Ministère VigerfDraper, l'oeuvre de pardon envers les Patriotes commence; deux ans après. cinquantecinq des cinquante-huit exilés sont de retour au pays (un premier exilé est succombé durant le voyage d'aller. un second s'est marié et établi en Australie. un autre y est décédé). Population du Bas-Canada: 700 000 h. Retour des exilés politiques. Pétition adressée au gouvernement par la Chambre d'assemblée du Canada-Uni pour demander l'abrogation de l'article 41 de l'Acte d'union.

Charles Murray Cathcart devient gouvemeur.

Adoption du libre-échange économique par la Grande-Bretagne.

James Bruce, huitième comte d'Elgin, devient gouvemeur. Ouverture à Québec du premier magasin de provisions tenu par un Canadien, Jean-Baptiste Renaud. Auparavant, le monopole de l'alimentation appartenait aux Britanniques.

immigration de près d'un million d'Irlandais.

Acquisition de la responsabilité ministérieIle au Canada-Uni et en ~ouvelle-Écosse. Louis-Hippolyte La Fontaine devient le premier Premier Ministre élu au Canada. Premier gouvernement responsable par La Fontaine et . Retour de Papineau à la Chambre. Le Parlement britannique reconnaît offciellement la langue française en Chambre et dans les documents officiels. La loi d'indemnisation des sinistrés de 1837-1 838, sanctionnée par Lord Elgin, entraîne des émeutes à Montréal et l'incendie des édifices parlementaires. Abrogation de l'article 41 de l'Acte d'union. Plusieurs citoyens prônent l'intégration aux États-unis. Un manifeste annexionniste est signé par plusieurs commerçants anglais et même par Papineau qui, depuis son retour d'exil, joue un rôle secondaire dans la politique canadienne. Toronto devient la capitale du Canada-Uni.

Québec redevient la capitale du Canada-Uni. Démission de La Fontaine et Baldwin. remplacés par Francis Hincks et Augustin-Norbert Morin- Le Canada-Uni adopte une monnaie décimale (dollars et cents) pour remplacer la monnaie anglaise (livres, shillings et pences). Pour la première fois, la population du Haut-Canada (950 000 h.) dépasse celle du Bas-Canada (890 000 h.).

Fondation de l'université Laval, première université canadienne- française et catholique.

Edmund Walker Head est nommé gouverneur du Canada- Uni. Abolition de la tenure seigneuriale comme mode de concession des terres. Traité de réciprocité avec les États-unis. Nouveau ministère: AIlan Napier MacNabIAugustin-Norbert Morin. Toronto redevient la capitale du Canada-Uni. Avec l'arrivée de La Capricieuse à Québec, les liens entre la France et le Canada sont rétablis. Nouveau ministère: Allan Napier ~ac~ablÉtienne-paschal Taché.

Le Conseil législatif du Canada-Uni devient électif. Nouveau ministère: Étienne-Paschal TachéfJohn Alexander MacDonald.

La Reine désigne Ottawa comme capitale. Ministère John Alexander ~acDonald/Georges-ÉtienneCartier.

Un monument est érigé à la mémoire des victimes de 1837-1838 dans le cimetière Notre-Dame-des-Neiges à Montréal. Les familles et amis de plusieurs Patriotes y transportent les cendres des leurs. CHRONOLOGIE DE CHEVALIER DE LORlMlER (1803-1839)

27 décembre: Naissance de François-Marie-Thomas-Chevalier de Lorimier à Saint-Cuthbert, dans le comté de Berthier. Il est le troisième des dix enfants de Guillaume-Clément-Édouard Verneuil de Lorimier, cultivateur, et de Marie-MargueriteAdélaïde Perrault, de Châteauguay. Les Lorimier sont descendants d'une vieille famille de nobles français, restés au Canada après la Conquête et qui se sont iflustrés notamment dans le domaine militaire.

Chevalier de Lorimier commence ses études au Petit Séminaire de Montréal-

A la fin de ses études classiques, Lorimier n'est pas encore f»<é sur son choix de camère, mais il commence à s'intéresser à la politique.

Lorimier participe au mouvement populaire contre le Projet d'union du Haut et du Bas-Canada appuyé par les marchands anglais de Montréal. Son nom figure au nombre des soixante mille signataires d'une pétition envoyée au roi d'Angleterre en guise de protestation.

Lonmier entreprend sa cléricature auprès de Pierre Ritchot, notaire réputé de ontr réal', avec lequel il se lie d'amitié.

Ritchot se fera par la suite connaître comme secrétaire de l'assemblée du comité constitutiomel de Montréal, tenue le 18 décembre 1827. Cette assemblée marquera l'une des principaIes étapes de la campagne menée par les réformistes du Bas-Canada en 1 827-1 828 pour obtenir le gouvernement responsable et une Chambre d'assemblée où la représentation serait proportionnelle. Décembre: Le nom de Lonmier figure en tête de liste d'une autre pétition des citoyens du Bas-Canada qui dénonce la conduite despotique de Dalhousie, demande son rappel en Angleterre et réclame un gouvernement responsable ainsi que la représentation proportionnelle pour les Canadiens à la Chambre d'assemblée.

25 août Admis à la pratique du notariat, Lorimier signe son premier acte le 6 septembre suivant. Son étude est située rue Saint- Jacques à ontr réal^.

LorÎmier s'associe à son ancien maître et ami, Pierre ~itchot~.

7 O jan vier. Lorimier épouse Marguerite-Henriette Cadieux (de Courville), la fille aînée de feu Jean-Marie Cadieux, l'un des notaires les plus riches et les plus éminents de la ville de Montréal. La maison en pierre de deux étages occupée par le couple était située rue Saint-Jacques, à Montréal. et avait été acquise de la succession du notaire Jean-Marie Cadieux, père dlHenriette. Le couple LorimierlCadieux avait pour voisin, d'un côté, le notaire Joseph- Augustin Labadie (l'associé du notaire Joseph Belle) et de i'autre la Société d'Histoire naturelle. De leur union naîtront quatre filles et un garçon. Marguerite- Henriette (baptisée le 28 décembre 1832) et Henriette-Rachel- Adélaïde (baptisée le 7 décembre 1833) décéderont en bas âge. Durant la Rébellion, la famille ne sera composée que de 3 enfants: Adélaïde-Zénolse-Leopoldine (baptisée le 24 novembre 1834). Stéphanie-Marguerite-Malvina (baptisée le 12 mai 1836) et Ernest-François-Napoléon de Lonmier (baptisé le 4 mai 1838). tejeune garçon mourra peu après son père en 1839. Les deux filles vivront avec leur mère à l'Assomption et décéderont respectivement en 1898 et 1904.

D'après Michel de Lorimier, «une analyse de son minutier révèle qu'il recrutait ses clients surtout parmi les membres des professions libérales, les petits marchands, les artisans ainsi que les cultivateurs canadiens de la ville et de lile de Montréab. Dans la Revue du noirnior (no 69, novembre 1966, p. 122-132), Jean-lacques Lefebvre, qui signe un article sur Jean-Marie Cadieux (beau-père de Lorirnier) et sa descendance, donne une f ste artieIle des clients de Lorimier. Après la mort de ce dernier en 183 1, Lorimier dresse lui-même l'inventaire des biens de la famille en signe de reconnaissance et d'affection. 21 mai: A l'élection partielle du Comté de Montréal ouest, Lorimier appuie Daniel Traœy, éditeur du Vindicator et candidat du Parti patriote qui vient de passer trente-cinq jours à la prison de Montréal en compagnie du rédacteur de La Minerve, Ludger Duvemay, pour libelle envers le Conseil législatif'! Pendant l'émeute qui suit la victoire de l'Irlandais Tracey sur le commerçant anglo-montréalais Stanley Bagg, une balle brise dans la main de Lorimier le manche de son parapluie, au même moment où l'un de ses camarades tombe mortellement frappé à quelques pas de lui. Trois jeunes Canadiens, deux ouvriers et un imprÏmeur, sont tués lorsque l'armée britannique ouvre le feu sur la foule patriote.

Octobre- Lorimier participe activement aux élections générales pour Novembre: faire élire le plus grand nombre possible de candidats favorables aux 92 Résolutions à l'Assemblée législative du Bas-Canada. Après ces élections, Chevalier apparaît de plus en plus comme l'une des personnalités importantes de l'aile démocratique du Parti de Papineau.

Mars: Après l'annonce des Résolutions Russel, Lorimier adhère au mouvement de résistance pacifique qui s'organise au pays et assiste à presque toutes les assemblées populaires.

15 mai: Lorimier est nommé secrétaire de la grande assemblée à Saint- Laurent où est créé le Comité central et permanent du district de Montréal.

23 mai: Première réunion du Comité central et permanent de Montréal dont Lorimier et Georges-Étienne Cartier sont secrétaires otficiels5.

- ..- - - 4 Tracey avait prétendu que le Conseil Iégislatif était nuisible aux intérêts des Canadiens. 5 Ce comité devait se réunir chaque semaine à la librairie dgdouard-~apondFabre, rue Saint-Vincent, et ((avait pour tâche de veilIer aux intérêts politiques de ce comté wontrd] et de correspondre avec les comités des autres comtés de la province,» (Michel de Lorimier, DBC, tome W,p- 554-555). 29 juin: Lorimier agit à titre de secrétaire de l'assemblée de la ville de Montréal où l'on proteste contre l'application des Résolutions Russell.

23 octobre: Lorimier assiste à l'assemblée des Six-Comtés qui a lieu à Saint- Charles-sur-le-Richelieu.

6 novembre: Participant à l'assemblée des Fils de la Liberté, Lorimier est atteint par une balle à la jambe durant l'affrontement avec les membres du Donc Club-

75 novembre: Lorimier cesse de pratiquer sa profession à la mi-novembre, au moment de l'émission par les autorités coloniales bas- canadiennes des mandats d'arrestation contre les chefs patriotes. Il abandonne travail, femme et enfants pour se rendre dans le comté de Deux-Montagnes où, à titre de capitaine, il seconde Girod et Chénier qui préparent la première insurrection.

74 décembre: Présent à la bataille de Saint-Eustache, Lorimier y voit Chénier atteint mortellement au cœur, pendant que Colborne écrase les dernières résistances des Patriotes. Après la défaite des siens, il traverse, avec plusieurs de ses compatriotes, la frontière américaine en passant par Montpellier pour se rendre à Middlebury (Vermont).

2 janvier. Lorimier participe à la réunion des réfugiés canadiens touchant le projet d'un second soulèvement. Militant dès lors dans la faction radicale du Parti patriote6, il va rejoindre Robert Nelson à Plattsburgh (New York) et l'aide à préparer une expédition de revanche contre l'ennemi anglais.

28 février, Un groupe de Patriotes armés entrent au Bas-Canada par Beach Ridge. Lorimier se trouve aux côtés de Robert Nelson lorsque celui-ci lit sa déclaration d'indépendance à Week's House. Les Patriotes sont rapidement dispersés et retraitent aux États-unis où ils sont incarcérés pour avoir violé la loi de neutralité américaine. Le jury, sympathique à la cause des Patriotes canadiens, les acquitte.

ci Comme l'indique Michel de Lorirnier: (dl est très vraisemblable que l'attitude temporisatrice et hésitante de Papineau au cours de caerencontre ait déçu Lorimier dans ses attentes.)) (DBC,tome VII, p. 555). Mars: Lorimier participe à la création de l'association des Frères chasseurs, société à vocation paramilitaire qui vise à soutenir l'offensive patriote lancée depuis la frontière américaine par un soufèvement à l'intérieur du Bas-Canada.

Mai: ta femme de Lorimier, Henriette Cadieux, vient le rejoindre à Plattsburgh, où elle vivra avec lui jusqu'en août7.

Été: Lorimier, devenu un des membres importants de la société secrète des Frères chasseurs, est chargé d'aller organiser le soulèvement dans les comtés de Deux-Montagnes et de Beauhamois. II rentre plusieurs fois au Bas-Canada et recrute de nombreux partisans dans les comtés de Beauhamois, Sainte- Martine et Sainte-Scholastique.

6 juillet Dans une lettre qu'il écrit de Plattsburgh à un ami, Chevalier affirme être «toujours prêt de verser son sang sur le sol qui l'a vu naître, afin de renverser l'infâme gouvernement britannique - sa cime, ses branches, ses racines, tout8».

34novembre: Lors de la seconde insurrection, Lorimier commande la garnison de Beauharnois à titre de brigadier-général. Vraisemblablement, il participe à la prise du manoir Ellice et du bateau à vapeur Henry Brougham, de même qu'à l'arrestation des bureaucrates du village. II doit faire la jonction avec le corps principal de l'armée patriote à Napierville.

7 novembre: Lorimier, à la tête de deux cents hommes, se dirige vers Sainte- Martine pour apporter du renfort aux Patriotes du camp Baker.

9 novembre: Peu de temps après la bataille d'Odelltown, les Patriotes de Beauharnois apprennent la défaite de Nelson,

70 novembre: Lorimier conseille à ses hommes de se disperser. Plusieurs d'entre eux, sous la conduite de Lorimier, tentent de s'enfuir aux États-unis.

12 novembre: En essayant de rejoindre la frontière, Lorimier est encerclé par un groupe de volontaires anglais, arrêté (entre une heure et deux heures du matin) et amené à la prison de Napierville.

7 Selon Michel de Lorimier, «il est permis de penser que ce séjour dut entraîner de graves tiraillements chez Lorimier entre ses obligations familiales et son engagement révolutionnaire.» @BC, tome VII, p. 555). Voir la transcription de cette le?tre en annexe, p. 133-134. 22 novembre: Chevalier de Lor-imier est transféré à la prison de Montréal (prison du Pieddu-Courant) avec plusieurs de ses compatriotes.

1 l janvier. Lorimier comparait devant la cour martiale avec les autres chefs du soulèvement de Beauhamois: Jean-Baptiste-Henry BrÏen, Ignace-Gabriel Chevrefils, Louis Dumouchel, Joseph Dumouchelle, Jacques Goyette. Jean Laberge, François- Xavier Prieur, Toussaint Rochon, François-Xavier Touchette et Joseph Wattier Chevalier dépose sans succès un protêt dénonçant l'illégalité de la cour martiale et le procès se poursuit dans un climat de violence jusqu'au 21 janvier. Faute de n'avoir pu arrêter les véritables têtes dirigeantes du mouvement (Papineau et Nelson), Colborne et les membres du tribunal s'en prennent surtout à ~orirnier? Durant le procès, le docteur Brien cède aux pressions des autorités britanniques et signe une déclaration dans laquelle il dénonce Lorimier comme instigateur de la Rébellion.

26 janvier. Tous les accusés sont condamnés a mort- Les démarches entreprises par les avocats Drummond et Hart pour sauver Lorimier échouent toutes. Henriette écrit en vain a Colborne pour demander la clémence envers son mari, tandis que Lorimier lui-même s'adresse au gouverneur dans le but d'obtenir un sursis qui lui sera refusé.

7 1 février, Deux sulpiciens rendent visite aux condamnés et leur apprennent que sept cercueils ont été commandés par les dirigeants de la prison.

12 février. On infome officiellement les condamnés que le jour de l'exécution est fixé au 15 février suivant. Parmi tous les participants aux affrontements de Beauhamois, seul Lorimier est appelé à monter sur l'échafaud, les autres ayant été acquittés ou déportés.

12 au15 février. De sa cellule, Lorimier écrit plusieurs lettres à sa femme, à ses amis et à ses compatriotes.

9 Le juge-avocat Charles Dewey Day le décnt comme un miminel dangerewc L.4. David affirme que «c'est à de Lorirnier qu'on en voulait surtoub>et que «c'est sur lui qu'on s'acharna pour le faire trouver coupable.» (Les Patriotes de 1837-1838, Montréai, Librairie Beauchemin, 1884, p. 240). 74 février, Henriette Cadieux, accompagnée de la soeur et du cousin de son époux, rend visite au condamné en pfison. Les prisonniers donnent un souper d'adieu en l'honneur de Lorimier et Hindenlang-

15 février. Vers les neuf heures du matin, Chevalier de Lorimier est pendu publiquement sur l'échafaud érigé devant la prison de Montréal avec quatre autres Patriotes accusés de haute trahison: Amable Daunais, Charles Hindenlang, Pierre-Rémi Narbonne et François ~icolas'~.

Les cendres de plusieurs patriotes, dont celles de Lorimier, sont exhumées et transportées au pied du monument dédié aux patriotes de 1837-1 838, dans le cimetière Notre-Dame-des- Neiges-

Une souscription publique en faveur dliHenriette Cadieux et de ses deux filles, organisée par L.-O. DavEd, Honoré Beaugrand et Louis Fréchette, recueille 1 000$ qui somt remis à la veuve de Lorimier en guise de réparation nationale.

1O Si I'on en croit Michel de Lorimier, «le wrps de Lorimier fut entené dans une fosse de l'ancien cirnetiére catholique de Montréal, la où se trouve aujourd'hui le square Dominion.» (DBC, tome VII, p. 556). I Lettre de Chevalier de Lorimier sa soeur'

Montréal, Prison ~euve*,20 décembre 1838.

Ma chère sœu?,

Notre prison offre aujourd'hui un aspect terrible; immédiatement sous nos yeux les valets altérés de sang d'un gouvernement cruel et despotique s'occupent joyeusement a dresser ['échafaud sur lequel doivent d'abord périr deux de nos braves compatriotes qui seront suivis d'un plus grand nombre4. Les deux

1 L'original de cette lettre demeurant introuvable, nous empruntons la transcription de Laurent-Olivier David (Les Parriores de 1837-1838, Montréal, Librairie Beauchemin, 1884, p. 254-255). 2 La prison du Pied-du-Courant à Montréal etait aussi appelée «Prison Neuve», parce que, commencée en 1831, d'après un plan de l'architecte anglais George Blaiklock, elle venait d'être terminée en 1837. François-Roch de Saint-Ours, shénf de La vilIe, en était alors directeur. Sur la prison, voir Georges Aubin, ,paru dans le Bullent1 d'histoire politique, vol. 6, no 2, 1998, p. 123 à 130. 3 il s'agit vraisemblablement de Joseph-Adélaïde-Rosalie-Guilmine, baptisée le 29 septembre 1796, à Saint-Cuthbert. Si l'on se fie au témoignage laissé par François-Xavier Prieur dans ses Notes d'un co~zdmr~époiitique de 1838 (Moméai, Éditions du Jour, 1974), Ia sœur aînée de ChevaIier de Lorimier lui aurait rendu visite à deux reprises a la de Montréal. C'est sans doute elle qui accompagnait Henriette Cadieux lors de son ultime rencontre avec son mari le 14 février 1839. Concemant cette dernière visite voir Iettres de Lorimier a son cousin (infi.a, pp.84), et à Henriette Cadieux, sa femme (infia, p. 91 et 130). Les premières exécutions consécutives aux insurrections eurent lieu le 21 décembre 1838. Dix autres pendaisons publiques suivirent les 18 janvier et 15 février 1839. 75

infortunés et généreux patriotes qui doivent être sacrifiés demain, sont messieurs Joseph-Narcisse cardinal5, notaire public, et Joseph ~uquet! François-Maurice

' Joseph-Narcisse Cardinal, baptisé à Saint-Constant le 9 février 1808, fils de Joseph Cardinal. agriculteur, aubergiste et commerçant, et de Marguerite Cardinal (cousine de ce dernier). Après avoir fait ses études légales auprès de François-Georges Lepailleur (ou Le Pallieur), il fut admis a la profession de notaire le 29 juin 1829 et, cette même année, il s'établit à Châteauguay. Le 22 novembre 1834, il devint député du comté de Laprairie jusqu'à la dissolution de la Chambre d'assemblée en 1837. Ii se réfugia alors aux États-unis et revint au pays en février de l'année suivante. Cardinal participa activement au second soulèvement de 1838: il fit partie de la société secrète des Frères chasserirs et fût nommé brigadier général dans l'armée patriote. En novembre 1838, il prépara l'expédition à la réserve de Cauhgnawagha (Katuiawake) qui visait à «emprunter les armes des Sauvages >>, mais il fut pris et les Mohawks le livrèrent aux autorités britanniques le 4 novembre. Conduit à ia prison de Montréal, il subit son procés pour haute trahison devant la cour martiale. Condamné a mort le 14 décembre 1838, il fit le premier à monter sur le gibet. Cardinal laissa dans le deuil sa femme, Eugénie Saint-Germain, qu'il avait épousée en 183 1, et ses cinq enfants. 6 Joseph Duquette (ou Duqueî), né Ie 18 septembre 1815 a Châteauguay, fils de Joseph Duquette, aubergiste, et de Marie-Louise Dandurand. Il fit ses études classiques au Collège de Chambly et décida par la suite de s'orienter vers le notariat. 11 étudia d'abord avec le notaire Joseph-Narcisse Cardinal, puis, à Montréal, auprès de Chevalier de Lorimier. Pendant son séjour a Montréal, il se joignit aux Fils de la liberlé. En octobre 1837, il se rendit chez son oncle, Pierre-Paul Demaray (ou Desmarais), a Saint-Jean, pour y achever sa cléricature. 11 était présent la nuit du 16 novembre lorsque Demaray fbt fait prisonni? par une troupe & soldats anglais- Duquette participa à la bataille de Moore's Corner et se réfugia aux Etats- Unis. 11 revint au Canada en novembre 1838 et fi avec Cardimi, de l'expédition de Cauhgnawagha Il fût arrêté, condamne et pendu le même jour que Joseph-Narcisse Cardinal vers neuf heures du matin. Si l'on en croit Ægidius Fauteux, sa mort fut particulièrement pénible: dacorde ayuit été mal ajustée et le nœud se trouvant place entre la bouche et le nez, le malheureux Duquerte ne fùt pas &ranglé lorsque la trappe tomba. [-..] L'on prétend qu'il se passa une vingtaine de minutes avant que le bourreau ne se procurât une corde nouvelle et ne recommençât l'exécution après avoir ramené sur l'échafaud le supplicié toujours vivant.» (Putrio~esrle 1837-1838, Montréal, Les Éditions des Dix, 1950, p. 238). Demewé célibataire, Duquerte laissa dans le deuil sa mère et ses trois sœurs (Elmire, Clorinthe et Sophie). Sa dépouiile firt enterrée dans la même fosse que celle de Cardinal. 1epailleur7 et Maurice ~hibert'qui ont été condamnés dans le même temps ont obtenu un sursis. Ils sont tous de Chateauguay. A chaque minute je m'attends à être séparé de mes compagnons de prison et d'être mis dans une autre pièce pour y attendre mon procès qui aura probablement lieu bientôtg. L'échafaud dressé devant moi ne jette pas de terreur dans mon âme, car depuis longtemps je suis résigné à mon sort. La plateforme est érigée audessus de la porte principale de la pri~on'~.On la peut voir de la nie près des grands arbres qui sont au sud.

7 Nous corrigeons Ia transcription de David qui écrit fautivement

II Depuis novembre 1838, Su John Colborne, premier Baron Seaton, commandant en chef des troupes militaires britanniques, était devenu gouverneur général du Haut et du Bas-Canada, a la suite du rappel de Lord Durham. Doté de tous les pouvoirs civiIs et militaires, Colborne proclama la loi martiale dès le 4 novembre et suspendit Z'haheas corpus le 8 novembre suivant- 11 marcha avec ses troupes sur Napiemille le IO novembre et incendia des centaines de demeures, ce qui lui valut le surnom de Viezcx bnjlot. Des lors, les arrestations se multiplièrent. Une fois la révolte vaincue, le nouveau gouverneur constitua me cour martiale de façon à ce que les accusés reçoivent une sentence exemplaire. Au terme de quatorze procès pour haute trahison, douze patriotes montèrent sur le gibet. C'est Colborne qui ordonna les exécutEons; on parlera de lui comme d'un militaire assoiffé de sans%on le surnommera même «Lord Satan. Si l'on en croit la lettre qu'il écrivit à Lord GleneIg, secrétaire dYEtat,il suspendit les exécutions parce qu'il croyait avoir convaincu les rebelles qu'on ne défie pas impunément Ia loi: <

Votre tendre frère, CHEVALIER DE LORIMIER.

13 Marguerite-Henriette Cadieux de Courville, fille aînée de Jean-Marie Cadieux (de Courville), notaire. Chevalier de Lorimier et Elenriette Cadieux se marièrent à Montréal le 10 janvier 1832. Voir lettre de Lorirnier à Henriette (iea,p. 89) l4 Lorimier n'avait pas pratiqué le notariat depuis novembre 1837. La famille se trouvait donc sans fortune ni protection. Henriette Cadieux et ses filles vécurent toujours très modestement. En 1883, une souscription publique fbt organisée par Laurent-Olivier David, Honore Beaugrand, Louis Fréchette et quelques-uns des principaux citoyens de ta ville de Montréai. En guise de réparation nationale, I000$, provenant de cette souscription, furent remis à Madame Lorimier. '' Cene lettre semble effectivement être la seule que Chevalier écrivit à sa xeur, bien qu'il ne fut exécuté que deux mois plus tard. II Lettre de Chevalier de Lorimier B PieneClaude Boucher de la p ru ère'

Prison de Montréal, 22 Janvier, 1839.

Mon bon ami2,

Vous me demandez mes adieux par écrit, et vous le faites d'une manière si pressante que quelque peine j'aie à me rappeler le sort qui m'attend en me séparant de mes amis, je ne puis résister à vos prières. Vous allez me laisser, cher ami. vous allez rentrer dans le monde. Vous n'appartiendrez plus à la prison que par vos souvenirs, mais ces souvenirs seront assez forts pour résister au tems, j'espère que la même attention, la même bienveillance que vous avez toujours voulu m'accorder existeront en dehors des murs de cette malheureuse enceinte, c'est une des belles consolations qui me reste. Ma carrière est finie, le soleil de ma vie beau ou mauvais comme vous le voudrez, doit se coucher pour

Lettre conservée aux ASmCollection Montarville Boucher de la Bruère, cote 0032-01956. 2 I1 s'agit de Pierre-Claude Boucher de la Bruère, fils du colonel René Boucher de la Bruère et de Marie- Julie Weiibremer, baptisé à Boucherville le 28 septembre 1808. Après des études classiques, il fut admis à la pratique de la médecine en mars 1829. Le docteur de la Brutire se distingua notamment comme enseigne aide-major, lieutenant aide-major de la division de Ia milice de Boucherville et capitaine aide-major du 1" bataillon du comté de Kent. En 1836, il fonda une banque à Saint-Hyacinthe où il s'était établi depuis peu. Toutefois, les insurrections de 1837 mirent fin à cette entreprise, On soupçonna la Bruère d'être sympathique à la cause patriote et même d'avoir établi son institution bancaire à l'intention des révolutionnaires. &roué à la prison de Montréal le 4 décembre 1838, iI fut remis en liberté quelque temps après, aucune charge n'ayant été retenue contre lui. En 1847, il était nommé major du 5' bataillon de Ia milice de Saint-Hyacinthe. Le gouvernement lui confra, en 1862, le poste d'Inspecteur des agences des terres de la Couronne, puis, en 1867, celui de Directeur de la Colonisation au Bas-Canada. Pierre-Claude Boucher de la Bmère mourut à Saint-Hyacinthe le 19 mai 1871, Sa femme, Marie-Hippolyte Boucher de la Broquerîe, qu'il avait épousée le 3 octobre 1836, décéda en cette ville en novembre 1874- Egidius Fautewc affirme que «de son mariage, le Dr de la Bruêre eut un fils unique, Pierre-René-Joseph-Hippolyte, qui mourut le 6 mars 1917, après avoir été de longues années Surintendant de l'Instruction Publique, laissant, entre autres enfants, MontaMlle Boucher de la Bruère, qui tut trésorier de la Sociaé historique de Montréal, et I'un des membres fondateurs des 'Dix". D (Paniores de 1837-1838, Montréal, Les Éditions des Dix, 1950, p. 124). ne plus reparaître sur l'horizon du tems, j'en ai le pressentiment. cardinal3, ~ecoigne*,je vais vous rejoindre sous peu, je vais périr par la main qui vous a lancés dans l'autre monde- Nous sommes criminels aux yeux du gouvemement, nous avons voulu infnictueusement le renverser. Le gouvemement ne peut laisser libres ses ennemis. Eux ou lui doivent tomber. Je suis le plus foible, je suis entre les mains de mes ennemis. Sa5 Leur politique cruelle du tems me condamne, je me résigne, les barbares peuvent m'arracher la vie e6mais non l'honneur et je mourrai ferme car j'ai la conviction que nos exécutions serviront à la cause sacrée de ma pa7 chère patrie. Je ne regrette rien de ce que j'ai fait quoique malheureux- Mon cher ami, si mes prévisions sinistres s'accomplissent8, pensez dans la suite à moi, faites apprendre mon nom à vos petits enfants, dites leur ainsi qu'à ceux qui me wnnoissent que les exécutions politiques n'ont rien de bien effrayant pour ceux qui en sont les victimes, et que je m'enorgueillis de périr à la fieur de mon âge pour la meilleure des causes. Adieu, Adieu, mon cher ami, j'ai besoin de vos prières, c'est tout ce que je puis vous demander en ce tems, c'est la monnoie qui rachète nos fautes dans l'autre monde et je suis prêt de rendre compte de mes actions. Je vous prie de joindre vos prières aux miennes, afin que

3 Joseph-Narcisse Cardinal fût l'un des premiers condamnés a être exécutés le 21 décembre 1838. Voir lettre de Lorimier à sa sur(supra, p. 75)- 4 Pierre-Théophile Decoigne, fils de Louis Decoigne, notaire7et de Marguerite Bezeau, né a Saint-Philippe- de-lapraine le 13 mars 1808. Ii étudia le droit auprès de son beau-fière, le notaire Jean-Baptiste Lukin, et fiit admis a la pratique du notariat Ie 7 octobre 1837. Tl s'établit à Napierville et prit une part active dans son comté lorsque les troubles de 1837 éclatèrent. En novembre 1838, lors du second soulèvement générai, Decoigne fut nommé capitaine de la division de son village. Il se fit remarquer pour sa bravoure lors de Ia bataille dYOdelltownle 9 novembre. Fait prisonnier en tentant de passer la frontière américaine, ii kt amené a la prison de Montréal Ie 14 novembre- Accusé de haute trahison en cour martiale, il fût condamné à mort le 2 janvier 1839 et pendu le 18 janvier suivant, lors des secondes exécutions publiques, au.côtés de François-Xavier Hamelin, cultivateur de Saint-Philippe, âgé de 23 ans, célibataire, de Joseph-Jacques Robert, cultivateur de Saint-Philippe, âgé de 38 ans et père de cinq enfants, de Charles Sanguinette, cultivateur de Saint-Philippe, âge de 36 ans et père de deux enfants et d'Ambroise Sanguinette, cultivateur de Saint-Constant, âgé de 38 ans et père de cinq enfants. Decoigne laissa dans le deuil sa femme Mary McCabe, une Américaine qu'il avait épousée à Napierville en octobre 1832, et deux jeunes enfants. La veuve Decoigne fiit indemnisée par la Commission des Pertes, en 1852, pour la moitié de la valeur des effets pillés par les volontaires. Voir notice biographique de Femand Ouellet @BC, tome VTI, p. 258-259). * SB] [AS Leur] politique cruelle du tems me condamne. 6 Les barbares peuvent m'arracher la vie Lp et] [AS mais] non 17honneur. 7 [.. .] la cause sacrée de ma pal chère patrie. * Lorimier sait qu'il subira sous peu son procès pour haute aahison. Ii co-t les sentiments de la Couronne a son égard et envisage lucidement sa propre exécution. je parroisse comme il le faut devant notre grand maître commung. J'ai demandé comme faveur à mon bon ami le Dr 9rienlo (qui attend aussi lui la sentence de mort) de m'assister dans mes derniers instans & besoins et de rester avec lui jusqu'à la fin, j'espère qu'on ne me refusera pas.- Vous m'offrez. cher ami, votre main secourable, je vous remercie, je n'ai besoin personnellement de rien, mais, ma1' bien aimée épouse et mes chen petits enfants...... qui auront perdu leur soutien auroient peut-être besoin de quelque ami de leur père. Je vous prie de ne pas les oublier. Ils souffriront horriblement de mes malheurs sans l'avoir - mérité, c'est ce qui m'afflige le plus. Adieu, cher ami, encore une fois. et croyez que ma dernière pensée sera pour mes amis, ma famille et ma patrie.

Je suis 8 serai jusqu'au dernier soupir, le meilleur de vos amis. Chevalier de Lorimier.

-- 9 Lorimier était résolument chrérien. Comme l'indique à plusieurs reprises François-Xavier Prieur, qui fut durant les demiers moments son compagnon de cellule, il semble avoir été très pieux: desoir, son confesseur vint le voir et demeura seul avec lui pendant une heure. 1.. .]/ Le matin je le trouvai tranquille et reposé; il pria longtemps. [...]/ Le confesseur de Lorimier vint au commencement de la soirée et passa quelque temps seul avec lui dans sa ceilule. L..]/ Je priai avec lui une partie de la nuit (Noles d'zm condamné politique, Montréal, Editions du Jour, 1974). 1O Jean-Baptiste-Henry Brien était âgé d'environ 22 ans lorsque la Rébellion éclata. Après cinq années d'études, dont trois sous l'éminent docteur Smallwood, iI fut admis à la pratique de la médecine le 2 octobre 1837. il n'exerça jamais sa profession puisqu'il fut entraîné dans les événements politiques de l'époque. Membre de l'association des Frères chussez~rs,il participa activement à la seconde insurrection. En fèvrier 1838, réfiigié en sol américain avec plusieurs autres Patriotes, dont Lorimier, il prit part à I'élaboration d'un plan d'invasion au Canada Selon toute vraisernbIance, iI firt aux côtés de Robert Nelson lorsque celui-ci fit sa déclaration d'indépendance du BasCanada à Week's House le 28 février. En juillet 1838, Bnen quitta les États-unis et s'établit à Sainte-Martine pour préparer le souIèvement générai dont la date avait été fixée au 4 novembre suivant, Au jour fatidique, 2 commandait le groupe de Patriotes qui firent prisonnier le seigneur Ellice et ses compagnons au Manoir de Beauharuois. Arrête alors qu'il tentait de fùir vers la £ioiitière, Brien fut conduit à la prison de Montréal le 16 novembre 1838, Il subit son procès en compagnie de Chevalier de Lorimier et de neuf autres Patriotes. Cédant aux pressions des autorités britanniques, il signa une déclaration dans laquelle il confessait ses fautes et dénonçait plusieurs de ses compagnons. Cet aveu fut extrêmement incriminant pour Lorïrnier, qui ignora jusqu'à la fin la trahison de son ami. Ne pouvant soutenir la présence de Chevalier, Brien demanda à Prieur de prendre sa place dans la cellule. Comme ses coaccusés, le docteur Brien fit condamné à mort, mais, en considération des renseignements qu'il avait fournis à la Couronne, il ne firt pas exécuté. Condamné à l'exil il se réfùgia aux ~tats-unis.Nous possédons peu d'informations concernant sa vie d'exilé, mais des journaux, tels Le Parriore Crnradien et La Minerve, affirment qu'il vécut et mourut (à New York en 1841) dans la honte la lus grande. Voir lettres de Lorimier a L.-A. Robitaille (infia, p. 10 1) et à J.-B.-H. Brien (infia, p. 122). Je n'ai besoin [R de rien] penonnellement de rien. 12 fS ma] bien aimée épouse et mes chers petits enfants...... N.B. Excusez le mauvais style, vous me presser un peu. e#13 d'ailleurs mes tallents sont bien foibles et je suis bien fatigué CDL

l3 et] d'ailleurs mes tallents sont bien foibles et je suis bien fatigué. 111 Lettre de Chevalier de Lorimier son cousin'

Prison de Montréai, 12 février 1839.

Mon cher cousin et amiz,

Quelque douleur que j'aie à vous communiquer dans ce jour de malheur la triste nouvelle qui vient de m'être annoncée3, je dois le faire sans hésitation: mes devoirs dus à votre générosité. à votre bonté, le souvenir de vos bienfaits, me

1 L'originaI de cette lettre demeurant introuvable, nous empruntons la transcription de James Huston (Le Répertoire mrion~l,tome II, Montréal, Imprimene Lovell et Gibson, f 848, p. 97-98). 2 Selon la généalogie de la famille Lorimier reproduite par Édouard-zotique Massicotte dans le BufZerirr des Recherches Historjques en janvier et février 191 5 (vol. XM, no l/ vol. XM, no Z), il semble qu'il s'agisse de Chevalier de Lorimier (pour éviter toute confhion, soulignons que Chevalier et son cousin portaient vraisemblablement le même prénom). Il était le fils de François-Thomas de Lorimier, parrain de François- Marie-Thomas Chevalier de Lorimier, et de Marie-Josephe Boulet, veuve de Joseph Perrault et belle-mère de ~uillaume-clément-ÉdouardVerneuil (le père de François-Marie-Thomas avait épousé en 1795 la filIe de Marie-Josephe Boulet, Marguerite Perrault). Dans la première lettre qu'il écrivit a Henriette, le condamné parla d'ailleurs de son cousin Chevalier: de ne dois plus te le dissimuler, mon sort est fixé.. .Mon cher cousin Chevalier te le dira de vive voix, je l'en ai chargé par une lettre.» (irlfia, p. 90). Il fut reconnu comme un homme de lettres important a Saint-Hyacinthe, ville progressiste par excellence au début du MX' siècle et y mounit vers 1850. Lorimier fÙt notifié le 12 février 1839 vers trois heures de l'après-midi. On informa alors les victimes que le jour de l'exécution était fixé au vendredi 15 février suivant. Le jour même de sa notification, Lorimier écrivit sept lettres différentes. Voir lettre de Lorirnier a Henriette Cadieux (irrfLa, pp.90). l'ordonnent et je m'y soumets. M. ~a~~ vient de m'avertir de me préparer à la mort pour vendredi. Tous vos efforts pour sauver votre malheureux cousin ont été inutiles; mais a l'heure suprême je ne vous en suis pas moins reconnaissant; on ne doit pas juger d'une chose par le succès ou I'irréussite qui ont accompagné la tentative: vous avez tout fait en votre pouvoir pour moi, voilà ce que je considère et ce pourquoi je vous offre les sentiments de la plus profonde gratitude5. II me reste une chose à vous demander: aIlez, je vous prie, allez voir ma chère Hennette, c'est à vous de lui ofhïr les consolations qu'elle pourra goûter? Pauvre épouse! je vois, je sens son sein déchiré par la peine, éclater en sanglots! mais, quoique naturels, à quoi servent-ils? mon sort est fixé, la mort est inévitable, il faut la voir arriver de notre mieux..--...plus on est faible, plus la mort a d'horreur. D'ailleurs ne vais-je pas passer par la voie ordinaire à tous les hommes? Si ma mort amve un peu plus tôt, elle est pour des motifs dont je ne puis rougir: je meurs en sacrifice à mon pays. Puisse sa cause désolée en recueillir quelques fruits!

Charles Dewey Day, juge-avocat de la Couronne, contribua grandement à la condamnation de Lorimier. Durant le procès en cour martiale, dans une adresse au tn'bunai, il décrivit Lorimier comme un dangereux criminel. Day, né le 6 mai 1806 à Bennington dans le Vermont, était le fils de Ithmar Hubbell Day et de Laura Dewey- Sa famille était venue s'installer à Montréal en 1812 pour y établir un comrnerce de produits pharmaceutiques et alimentaires. Charles Dewey étudia le droit chez Samuel Gale. Admis au Barreau du Bas-Canada le 25 mai 1837, il œuvra surtout dans la vallée de l'Outaouais comme avocat-conseil auprès des grands du commerce du bois- En 1838, il fut nommé conseiller de la Reine, puis juge-avocat suppléant du tribunal militaire charge de présider aux procès des Patriotes emprisonnés. Deux ans plus tard, il devint solliciteur général au sein du Conseil exécutif en vue de mettre à exécution le Projet d'union. Élu député de la circonscription d'Ottawa en 1841, il fut promu juge puîné de la Cour supérieure en 1850. Le gouvernement conservateur CartierMacDonald le nomma à la Commission des !ois civiles du Bas-Canada en 1859. Durant les années suivantes, Day participa à plusieurs commissions. Ii s'occupa également d'éducation, notamment comme membre de I'Institution royale pour l'avancement des sciences. Xi fut directeur intérimaire du McGilI College de 1853 à 1855 et chancelier de ITJniversité de 1864 a 1884. Le 3 1 janvier de cette dernière année, il mourut au murs d'un voyage en Angleterre- En 1830, il avait épousé Barbara Lyon; de leur union étaient nés trois enfants- En 1853, il s'était remarié avec Marie Margaret Holmes. Voir notice biographique de Carmm Miller @BC, tome XI, p.26 1-263). Voir également lettres de Lorimier à son frère (i@-a,p. 87) et Henx-ïette Cadieux (infia, p. 90). 'Nous ne savons pas exactement ce que fit Chevalier de Lorhier pour sauver son cousin, mais, de toute évidence, il rendir de grands services a la famille dont il était visiblement très proche, 6 A' ia demande de son cousin et ami, Chevalier se rendit voir Henriene Cadieux pour l'aider en ce temps d'épreuves. 11 accompagna et soutint Henriette lors de sa dernière rencontre avec son époux le 14 février 1839. Voir lettres de Lorimier a sa mur (supra, p. 74) et à Henriette Cadieux, sa femme (infia, p. 91 et 130)- Assurez votre ~arne~de mon amitié constante et de mes respects, et vous, mon cher cousin, vivez heureux et pensez quelquefois à un homme plus malheureux que coupable.

Votre cousin et ami, CHEVALIER DE LORIMIER-

Nous ne co~aissompas I'identite de cette personne. Curieusement, les informations disponibles veulent que le cousin de Chevalier ait été célibataire sa vie durant. IV Lettre de Chevalier de Lorimier à son frère'

Prison de Montréal, 12 février 1839.

Mon cher frère2,

C'est pour la dernière fois que je mets la main à la plume pour t'écrire, et encore c'est pour te faire mes derniers adieux. Tu dois avoir appris par les

I L'original de certe lettre demeurant introuvable, nous empruntons la transcription de James Huston (Le Répertoire national, tome II, Imprimene Love11 & Gibson, 1848, p. 99). 2 Xl peut s'agir de Louis-Charles-Guillaume de Lorimier, agriculteur et instituteur, marié en 1834 à Marie- Louise Saint-Aubin et décédé à Saint-Jérôme vers 1880, de Louis-Gonzague-Verneuil de Lorimier, marié à Sarah Hempstead et établi aux États-unis, de Gédéon-Georges de Lorirnier, né en mai 1818, marié à Marguerite Flaherty et décédé aux États-UNS en 1916, de Jean-Baptiste-Chamilly de Lorimier, né en juin 1808, marie à Rachel Cadiewc et décédé en juillet 1865 ou encore de Charles de Lorimier, établi aux États- Unis et décédé vers 1880. Gédéon-Georges était étudiant en médecine lorsque les Troubles éclatèrent. Ii panicipa aux insurrections et se réfùgia ensuite aux États-unis ou il prit notamment part a la niée vers l'or de 1848. Pour sa part, ChamilIy, étudiant en droit, participa activement à l'organisation des Fik & la Liberré, société secrète à vocation paramilitaire. À la suite des insurrections, il se réfùgia aux États-unis où il demeura jusqu'en 1843. En 1832, il avait épouse la sœur dwenriette Cadieux (femme de Chevdier), Rachel avec qui il eut sept enfants. C'est lui qui transmit les lettres du condamné au North Amerïcan, journal du Vermont sympathique à la cause patriote (soulignons que la lettre au fière ne faisait pas partie de ce lof ce qui viendrait confirmer qu'elle ne lui fiit pas destinée). Chamilly mourut le 19 juillet 1865 à I'âge de 59 ans; son corps kt retrouvé dans le canal Lachine, près du pont Wellington. Quant à Charles de Lorimier, il aida grandement Chevalier lors de son ernpnsomernent, comme nous l'indique la lettre au gouverneur Colborne, Charles rendit service à son frère, dont il connaissait parfaitement la situation précaire: «Un homme de confiance, mon fière Charly de Lorimier est parti déjà pour aller chercher avec deux de mes enfants qui sont là ces papiers que toute la hâte possible ne lui permettra pas d'apporter assez tôt.» (voir lettre de Lorirnier à Colborne, ifla, p. 104). journaux3 que j'avais subi mon procès pour haute-trahison, devant la cour martiale qui s'est tenue et se tient encore à ontr réal', et dont le major général Clitherow en est le Président. Cette cour m'a trouvé coupable et j'ai été condamné à mort le 29 janvier dernier, sans spécifier le temps6. Aujourd'hui à trois heures P.M., M. ~a~',avocat, et M. ~ulleasont venus me notifier. en même temps que l'infortuné

Les journaux de l'époque suivirent avec grand intérêt le déroulement des procès pour haute trahison. Par exemple, le Montreal Herald, organe loyaliste, prôna incessamment Ia mise à mort des rebelles, pendant que La Minerve, quotidien canadien de langue hnçaise, défendit toujours l'honneur des Pamotes et encouragea ses lecteurs à soutenir la cause nationale- 4 Jusqu'au 1" mai 1839, quatorze procès eurent lieu devant la cour martiale, instituée le 27 novembre 1838. John Clitherow, major général dans l'armée britamîque, fit nommé président de la cour martiale qui était composée de quatorze membres choisis chez le 7' Hussard, le 2' bataillon des Grenadiers Guards, le 15' Régiment et la garnison de Montréal. 6 Chevalier de Lorimier subit son procès du 11 au 21 janvier 1839 avec dix de ses compatriotes, soit Jean- Baptiste-Henry Brien, médecin de Sainte-Martine, âgé de 22 ans, célibataire, Ignace-Gabriel Chèvrefils, cultivateur de Sainte-Mutine, âgé de 43 ans, pere de sept enfants, Joseph Dumouchelle, cultivateur de Sainte-Marthe, âgé de 45 ans, père de quatre enfants, Louis DumouchelIe, hôtelier de Sainte-Marthe, âgé de 40 ans, pere de six enfants, Jacques Goyette, cultivateur de Saint-Clément de Beauhamois, âgé de 48 ans, père de trois enfaots, Jean Laberge, charpentier de Sainte-Martine, âgé de 34 ans, père de six enfants, François-Xavier Prieur, marchand de Saint-Timothée, âgé de 23 ans, célibataire, Toussaint Rochon, charron de Saint-Clément, âgé de 28 ans, père de deux enfants, François-Xavier Touchette, forgeron de Sainte- Marthe, âgé de 30 ans, père de quatre enfants et Joseph Wattier, marchand des Cèdres, âgé de 57 ans, père de neuf enfants. 11 s'agissait alors du cinquième procès à se dérouler en cour martiale. Tous les accusés fiirent condamnés à mort, mais seul Lorimier fut exécuté. ' Charles Dewey Day fut nommé procureur de la Couronne lors de la formation de la cour martiale le 27 novembre 1838. il fût entouré notamment de Dominique Mondelet (un Canadien français). Comme nous l'avons souligné précédemment, Day prit Lorimier à partie dans son adresse à la cour martiale. À ce sujet, Laurent-Oliver David affirme : KM.Day le [Chevalier de brirnier] représenta comme un homme des plus dangereux, l'un des fauteurs de la Rébellion, celui qui méritait le plus de mourir sur l'échafaud». Voir lettres de Lorirnier à son cousin (supra, p. 84) et a Henrïette Caàieux (infia, p. 90). Edward Angier Muller, officier anglais, hit également procureur de la Couronne sous la présidence de Clitherow, à partir de novembre 1838. Charles ~indenlang'et trois autres1', pour être pendus après-demain (vendredi)". II m'est douloureux de laisser ma patrie encore dans les chaînes, et ma famille dans l'infortune; quoiqu'il en soit, il faut que je meurs, mais je meurs courageux, ferme et calme. Comme il ne me reste que bien peu de temps je ne puis t'écrire plus long.

J'ai cherché et je me suis interrogé si, ayant embrassé la cause de la patrie, mon âme était engagée12; la liberté qui est écrite dans mon âme en lettres de feu, - me dit non. Aujourd'hui suis-je criminel parce que je ne réussis pas? Si je réussissais demain, je serais bienheureux. La cause n'est-elle pas la même"?

Charles Hindenlang nit notifié le 12 février 1839 en même temps que Lonmier On les pendit ubliquement le 15 février 1839- Voir lettre de Lorimier a Henriette Cadieux (infia, pp.90). Les compagnons d'échafaud de Lorimier et Kindenlang fùrent Amable Daunais, PierreRémi Narbonne et François Nicolas- Né à l'Acadie, Daunais était, au temps des Rébellions, cultivateur à Saint-Cyprien-de- Napierville. Il participa au soulevement de 1837. Accusé du meurtre du volontaire Joseph Armand dit Chartrand, il fut déclaré innocent le 7 septembre 1838 par un tn'bunaI canadien-fiançais. Deux mois plus tard, il répondit à I'appeI de Robert Nefson et devint l'un des Patriotes les plus actifs du camp de Napierville. Arrêté après la défaite d'odelltown, il subit son procès en janvier 1839 (id s'agissait alors du septième procès tenu en cour martiale). Les membres du tribunal se souvuirent de l'affaire Chartrand et le condamnèrent à mort le 6 février- Daunais n'était pas marié et l'on estime qu'il avait environ 22 ou 23 ans. Pour sa part, François Nicolas, instituteur de Saint-Athanase, prit également part à l'insurcection de 1837. Il fut, tout comme Daunais, accusé du meurtre de Joseph Armand. A la suite d'un procès mémorable, il fut innocenté par le tribunal de l'époque et put alors s'investir dans le second soulèvement de 1838. Arrêté en novembre, il subit son procès en même temps que Daunais, du 26 janvier au 6 février 1839. Nicolas fût condamné à mort et exécuté le 15 février 1839- Il était âgé de 44 ans et célibataire. Quant à lui, Pierre-Remi Narbonne, né à Bouche~lleen 1807, fut peintre et huissier à saint-Édouard. Mêlé depuis longtemps au mouvement réformiste, il participa activement au second soulèvement. Il recruta plusieurs Frères chasseurs et commanda au sein de l'armée patriote. Il participa vraisemblablement à la bataille d'Odelltown. Pris par les volontaires anglais et écroué Ie 14 novembre 1838, il subit son procès en même temps que Daunais et Nicolas en janvier 39 et fùt exécuté a leurs côtes. Edius Fauteux décrit en ces termes la tragique pendaison de Narbonne : f dès que la trappe s'ouvrit, Narbonne d'un mouvement se dégagea et saisit de la main qui lui restait [il était manchot] la corde a laquelle il était suspendu, l'empêchant ainsi de l'étrangler. Comme, à coups de crosse de fùsil, on parvenait à lui faire lâcher prise, on prétend qu'il ressaisissait la corde aussitôt et qu'il répéta cette manœuvre deux ou trois fois. Au dire des témoins, son affreuse agonie aurait ainsi duré une quinzaine de minutes.» (Patriotes de 1837-1838, Montréai, Les Éditions des Dix, 1950, p.332). Narbonne avait épousé, en octobre 1831, Cathe~eLeclair qui mourut quelques jours après avoir appris que son mari était tombé aux mains de l'ennemi- Leurs deux jeunes enfants demeurèrent donc sans aucun soutien- " C'est-à-dire le 15 février 1839, vers les neuf heures du matin. Certaines sources précisent qu'il était exactement neuf heures trente. 12 Chevalier de Lorimier utilise ce terme, comme il est ftéquent au XDC siticle, dans le sens de damnée. 13 Cette lettre, non signée, semble n'avoir jamais été achevée, comme le précise James Huston. v Lettre de Chevalier de Lorimier à Henriette ~adieux'

Prison de Montréal, 12 février 1839.

Ma chère ~enriettg.

...... --..-. -.- ..-3~ans ce monde tout change à l'instant: aujourd'hui espérance, demain désespoir. II faut s'attendre à avoir des malheurs dans la vie humaine, c'est le sort qui attend tous les hommes. Non seulement l'homme montre du courage, de la grandeur d'âme dans les vicissitudes, les dangers et les malheurs, mais la femme se montre sa rivale dans plus d'une occasion. Je te prie de te montrer digne de moi, et de montrer à tes

' L'original de cette leme demeurant introuvable, nous empruntons la transcription de James Huston (Le Répertoire rrationuf,tome Li, Montréal, Imprimerie Love11 et Gibson, 1848, p. 98-99). Lorimier écrivit cette lettre à sa femme, Marguerite-Henriette Cadieux de Courville. fille de Jean-Marie Cadieux de CouMlIe, éminent notaire de la ville de Montréai, et de Marie-Marguerite Roy, née en mars 1813. Certaines études, entre autres ceIles de Michele Lalonde,

' Ici, ie mot «chrétienne» s'entend dans le sens d'une inconditionnelle so~ssiona Dieu. Lorimier, acceptant lui-même de mourir en véritable catholique professant sa foi en Dieu, demande a sa femme de s'en remettre à la Providence, 5 Il s'agit de Stéphanie, Léopoldine et Napoléon de Lorimier. Voir lettre de Lorîmier à sa çQur (supra, -77). 'Comme nous l'avons déjà souiigné, Lorimier apprit ce mhejour qu'ii serait pendu publiquement le 15 février 1839. Voir lettre de Lorimier à son cousin (supra, p. 83). 7 Lorimier avait écrit ce jour-là à son cousin, Chevalier de Lorimier, pour lui annoncer la nouvelle de son exécution et lui demander d'en avertir sa femme. Voir lettre de Lorimier a son cousin (supra,p- 84) 8 Ce sont ces deux juges-avocats de la Couronne qui vinrent annoncer aux victimes choisies que Ie jour de l'exécution était fixé au vendredi 15 février 1839. Voir lettres de Lorimier à son cousin (supra, p. 84) et à son fière (irzfia' p. 87). 9 Charles Hutdenlang, né le 29 mars 1810, appartenait a une famille d'origine suisse et protestante établie a Paris depuis longtemps. Il y fit son service pilitaire, puis quitta la France pour tenter de faire fortune en Amérique. Des Canadiens réfûgiés aux Etats-Unis lui racontèrent ce qui se passait au Canada et Hindenlang, épris de liberté, vint se joindre aux Patriotes. Xi participa activement à la seconde insurrection et fit nommé général de brigade lors de la bataille d70delltownle 9 novembre 1838. Traqué par les soldats anglais le 11 novembre, Hindenlang tenta de rejoindre la frontière sans succès. Conduit à la prison de Montréal le 14 novembre 38, il subit, seul, son procès le 22 janvier 1839. Condamné le même jour à être pendu, il ne fit exécuté que trois semaines plus tard en même temps que Daunais, Lorimier, Narbonne et Nicolas (voir lettre de Lorimier à son fière, supra, p. 88). Durant ses derniers moments en prison, ii prononça, devant ses compagnons de cellule, pIusieurs discours contre l'Angleterre et sa tyrannie. 11 écrivit également quelques lettres à ses proches, dont deux au Baron Fratelin, dans lesquelles il réafknait ses convictions :

Mes amitiés à M. et Mme ~[ernin"et à mes amis. En attendant le plaisir de te revoir encore une fois, crois-moi pour toujours ton affectionné époux. Je suis ferme et calme comme de coutume.

CHEVALIER DE LORIMIER.

'O Hem'ette Cadieux ne rendit visite à son mari en prison qu'urne seule fois, non pas le 13, comme l'en priait Lonmier, mais bien le 14- Elle était alors accompagnée de la sczur de Chevalier et de son cousin. Dans ses Notes d'un co~tciam~repolitique, F.-X. Prieur raconte la pathétique rencontre des époux Lorimier: «La pauvre jeune femme ailait donc dire à son mari un éternel adieu! A la suite de bien des hésitations, des sanglots et des larmes, elle se jeta à son col et s'évanouit de nouveau. De Lorirnier la souleva dans ses bras, et, la tenant comme un enfant qu'on va déposer dans son berceau, il se dirigea vers la porte, les yeux attachés sur cette figure agonisante de la compagne de sa vie : araivé sur le seuil, il déposa un baiser sur le fiont décoloré de sa femme, et la remit entre les bras de ses parents, en leur recommandant d'en avoir tous les soins possibles ...et la porte se referma sur nous.» (Nores d'un condamné polirique de 1838, Montréal, Éditions du Jour, 1974, p. 129). Voir lettres de Lorimier à sa sczur (supra, p. 74), à son cousin (supra, 84) et a sa femme (infia, p. 130). Dans la transcription de la correspondance de Lorirnier qu'il publie, Huaon ne donne généralement que la première et la dernière lettre des noms mentionnes (voir lettres de Lorimier Ferdinand Perrin, i@u, p. 106, à Férrbl Pelletier, i@a, p. 116 et à Treffle Cherrier infra, p. 127). Peut-être s'agit-il ici de Monsieur Perrin, marchand de la ville de Montréal, et de sa femme à qui Lorïmier souhaite transmettre ses amitiés particulières? VI Lettre de Chevalier de Lorimier à un ami anonyme1

Montréal, Prison Neuve, 12 février 1839.

Mon cher ami2,

Je n'ai plus que deux devoirs à remplir; le premier c'est de me tenir prêt pour le long voyage de l'éternité, le second d'écrire à mes amis et de leur faire mes derniers adieux. Quand un homme est attache à ce monde par des liens aussi forts que ceux qui m'y retiennent, il est bien dur pour lui de mourir avant sa fin naturelle. Mais le sacrifice n'est pas aussi pénible qu'on pourrait le croire. quand on n'a pas considéré sa mort très prochaine. Plus nous pensons que la mort est proche, moins nous trouvons dur de mourir, et plus nous nous sentons résignés à notre sort. Si beaucoup d'hommes craignent, c'est qu'ils n'ont pas sérieusement pensé à mourir. Pour moi, mon cher ami, je suis résigné à mon sort aussi cruel que peu mérité. Je suis ferme et tout à fait déterminé à mourir comme un homme qui sacrifie sa vie à une bonne cause- Je remercie le Ciel de m'avoir donné autant de courage. Je ne pouvais entreprendre ce long voyage vers ['éternité sans vous

1 L'original de cette lettre demeurant introuvable, nous empruntons la transcription de Laurent-Olivier David (Les Patriotes de 1837-1838, Montréal, Librairie Beauchemin, 1884, p. 258-259). David n'indiquant pas Ie nom du destinataire, il nous a été impossible d'identifier avec certitude cet ami. Cependant, au fil de nos recherches, une hypotàése s'est imposée à nous: en comparant cette lettre et celle deninée à Ckorges-Étienne Cartier, nous avons relevé de multiples concordances entre les deux (par exemple, la date d'envoi, le contenu des lettres, de même que leur organisation générale). Comme David retravailla considt5rabIernent les missives de Lorimier qu'il publia dans les années 1880, iI est permis de croire que cette lettre est en réalité celle envoyée à Cartier et transcrite aux pages 97 à 99. On peut aussi penser que Lorimier, compte tenu du temps restreint qui lui était alloué, ait lui-même volontairement redoublé le contenu de ce texte. Souli_enons que nous avons cm bon d'annoter cette lettre de façon indépendante, en invitant le lecteur à tàire lui-même la comparaison avec la lettre de Lorimier à Georges- Étienne Cartier. remercier des nombreux services que vous m'avez rendus3. Permettez-moi. avant de vous quitter pour toujours, de vous assurer, que je vous ai toujours estimé comme un ami, et de vous exprimer aussi ma reconnaissance des secours que vous m'avez apportés durant mon malheureux emprisonnement. Puisse la Providence vous donner sur cette terre de misère une carrière longue et heureuse! Puissiez-vous voir le jour où le sort cruel des nombreux martyrs qu'a faits notre sanguinaire et barbare Gouverneur Sir John ~olborne~,aura sa complète revanche sur les coupables qui ont versé le sang innocent? Puissiez- vous prospérer autant que vous le méritez et vous rappeler quelquefois la mémoire de votre ami malheureux mort sur l'échafaud pour racheter son pays opprimé.

Adieu pour toujours.

Votre ami sincère et dévoue, CHEVALIER DE LORIMIER.

NOUSne pouvons déterminer la nature exacte de ces services. C'en ce gouverneur qui ordonna l'exécution de Lorimier et des autres condamnes. Voir lettres de Lorimier à sa sœur (supra, pp.77), à John Colborne (infia,p. 102) et au public et à ses amis (infra,p. 112). VI1 Lettre de Chevalier de Lorimier B RenBAuguste-Richard ~ubert'

R.A.R. Hubert. ~cuïe? Avocat, présent.'

Prison de Montréal, 12 Février 1839. 7 heures P.M.

' Lettre conservée aux ANQ-h4, fonds Famille de Lonmier, cote P1000-D167. 2 «&mien>en un titre que portaient autrefois, en France, les simples gentilshommes et les anoblis. Les Anglais faisaient parfois suivre leur nom de ce titre purement honorifique, qui se dit «squire» ou «esquire» dans leur langue. Le mot était également synonyme de fidèle, dévoué, noble, généreux, courageux, intrépide, brave, valeureux. Pour une définition plus approfondie, voir le Grand dictiomaire universel drr XUP siècle. Français, historique, géographique, mytholog-que, bibliographique, littéraire. artistique, scientifique, etc, etc. Genève/ Paris, Slatkine, 1982, tome VII, p. 181-184). Voir égaiement lettre de Lorimier à Guillaume Lévesque (infa, p. 2 24). Richard Hubert, nous le savons, a participe à I'insumection et a été lui aussi prisonnier politique à la prison de Montréal. Toutefois, on le libéra quelque temps après son arrestation, moyennant une caution de £2,000. Hubert fùt interrogé par les autorités anglaises à différentes occasions. Lorimier utilise le terme qresenb) à deux reprises sur ses adresses (lettres à Hubert et à Cartier, in*, p. 97). En consultant les correspondances d'autres Patriotes, nous avons pu constater que plusieurs d'entre eux emploient ce terme en remplacement de <@rison» ou de . Mon cher ~ubert~,

II est de mon devoir de t'écrire un mot, un dernier mot avant que de mourir. Ce n'est que le foible tribut de reconnaissance que je puis te donner. C'est. je l'avoue, payer d'une manière imparfaite les services signalés que tu m'as rendus6, mais enfin, je ne puis le faire d'une manière plus flatteuse pour tes sentiments et plus conforme à mon gout. Je n'ai plus d'espérance sur la terre. Tout est perdu pour moi. Les services de mes amis, leurs efforts ont été impuissants pour m'arracher à la mort qui va bientot m'offrir, ici, le terme de mes souffrances. Je n'en reste pas moins obligé, reconnaissant envers eux, et envers toi, mon cher ami, en particulier. Je ne puis en écrire long. J'ai maintenant à me préparer à paroître devant mon juge suprême. Garde, cher ami, le souvenir d'un homme qui va bientôt cesser7 de vivre pour l'amour d'une cause que tu soutiens et chéris8. Le seul regret qui m'oppresse, est de voir mes compatriotes dans

l'esclavage et ma famille dans l'indigence par suite de mes longs -9 sacrifices et malheurs. Si je voyais mon pays et ma famille heureux, que je mourrais content. Je suis toujours comme lorsque je jouissois du plaisir de te voir, calme et ferme.

René-Auguste-Richard Hubert, fils de ~ouis-ÉdouardHubert et de Cécile Cartier, né à Saint-Denis le 5 juin 181 1 (cousin germain de ~eorges-ÉtienneCartier). Richard Hubert fit ses &des au Collège de Saint- Hyacinthe et fit admis au Barreau le 16 avril 1836. Il prit une part active à I'insurrection de 1837 et participa notamment à la bataille de Saint-Eustache le 14 décembre. Écroué a fa prison de Montréal en janvier 1838, il fiit rapidement relâche. Pendant près de trente ans, il exerça sa profession d'avocat. ii fut nommé protonotaire du district de Montréal en 1866, poste qu'il occupa jusqu'à sa mort le 18 juin 1884. Richard Hubert avait épousé, en décembre 1833, Hermine Viger. 6 il sembIe que R-A-R Hubert tùt d'un grand soutien lors de I'emprkonnement de Lorîmier. Comme le souligne F.-X.Prieur dans son journal, Hubert fit quelques interventions en faveur des accusés lors des procès en cour martiale. Les membres du tribunal affirmaient qu'il s'agissait ià d'un rebelle défendant des rebelles et aucune crédibilité ne lui fût accordée- 7 . Comme nous I'avons signalé plus tôt Hubert était lui-même engagé dans la cause nationale. Plusieurs Patriotes vont lui écrire, dont Siméon Marchesseault qui, dans une de ses lettres, raconte la situation des Patriotes déportés aux Iles Bermudes (ANQ-M, cote P224/ 1972-00-269-1). [. ..] par suite de mes longs [R maiheurs.] sacrifices et malheurs. Adieu, pour toujours adieu- Chevalier de Lorirnier.

N.B. Comme il ne me reste que bien peu de temps, je te prie de faire mes adieux à tous mes amis- CDL Vlll Lettre de Chevalier de Lorimier à ~eorges-Étienne~artier'

Georges Cartier, EcuTer. Avocat

Prison de Montréal, 12 Février, 1839. 9 heures du soir.

' Lettre conservée dans la colleaion personnelle du docteur ~eoqges-ÉtienneCartier, descendant de Sir Cartier, à Montréal. Sur l'emploi du terme «présent», voir lettre de Lorimier à Hubert (npru, p. 94). Mon cher ~artie?,

II ne me reste plus qu'à préparer ma conscience pour un autre monde et à faire mes adieux à mes amis. II en coute toujours à laisser ce monde quand des liens aussi forts que ceux qui m'unissent à la terre existent, mais pas autant qu'on se l'imagine lorsque la mort se montre dans le lointain. Plus on la considère de près. moins elle est dure, moins elle est cruelle. Si beaucoup la redoutent autant, c'est q4A4 parcequ'ils n'ont pas pense sérieusement à mourir. Pour ma part, cher Cartier, je suis dévoué. ferme & résolu. Je remercie le Ciel de me donner autant de force. Je n'ai pas voulu entreprendre le voyage long de l'éternité sans t'adresser mes remerciments sincères pour tes services nombreux que tu m'as rendus5 et t'assurer de mes sentiments de gratitude et d'amitié que j'entretiens envers toi.

~eor~es-ÉtienneCartier (ou ~eor~e-ÉtienneCartier, orthographe à l'anglaise du prénom George DI, en l'honneur de qui il fùt ainsi baptisé), fils de Jacques Cartier et de Marguerite Paradis, né le 6 septembre 1814 a Saint-Antoine-sur-Richelieu, et futur Premier Mini-. II fit ses études classiques au CoIlege de Montréal. puis entreprit sa cléricature au bureau d'Édouard- tienne Rodier. 11 fut admis au Barreau le 9 novembre 1835. Très tôt, Cartier fit un ardent patriote. Il participa activement aux assemblées populaires de 1837. Le 15 mai de cette année-là, il fit nommé cosecrétaire du Comité central et permanent du disuin de Montréai avec Chevalier de Lorimier. Il se distingua notamment durant la batailIe de Saint-Denis, le 23 novembre 1837- Après celle de Saint-Charles, il dut fiir pour se soustraire aux autorités britanniques qui l'accusaient de haute trahison. II se réfugia dans le comté de Vercheres, chez un riche cultivateur, où iI passa l'hiver en compagnie de son cousin Henry Cartier. Au printemps 1837, tous deux passèrent la frontière américaine et se fixèrent à Plattsburgk puis à Burlington. Après la déclaration d'amnistie le 28 juin 1838, Cartier rentra au pays. Dans une lettre destinée au secrétaire de Lord Durham, Charles Buller, et datée du 20 décembre 1838, il nia toute participation aux événements patriotiques : «11 est vrai que j'ai quirté Monuéal le dix sept Novembre dernier pour aller passer quelques jours dans ma famille qui réside à la campagne, et la seule chose qui m'ait empêché de retourné à la file est la rumeur parvenue à mes oreilles qu'un mandat d'arrestation pour Haute-Trahison avait été émané contre moi. [-..] Me voici aujourd'hui condamné à l'Exil pour une offense dont m'absout entièrement ma conscience; je soufie d'une punition imméritée.» (ANQ-Q, fonds du Ministère de la Justice, série des événements de 1837-1838, cote 4M00-2486, pièce no 897). Apres s'être repenti de son passé révolutionnaire, Cartier entreprit une importante camere politique. En 1848, il accepta un mandat des électeurs de Vercheres. Il remplit la fonction de secrétaire provincial pour le Canada est dans le cabinet McNab/Taché en 1855. Cartier fÙt Premier Ministre conjointement avec John A MacDonald a deux reprises, soit de 1857 à 1858 et de 1858 a 1862. Ii ne se remit jamais de sa défaite dans la circonscription de Montréal est aux élections de 1872. Celui que l'on considère aujourd'hui comme un des pères de la Confédération mourut à Londres le 20 mai 1873, laissant dans le deuil sa femme, Hortense Fabre (fille d'Édouard-Raymond Fabre et de Luce Perrault), et ses deux filles. 4 [.. .] c'est [p qu'il] parce qu7ils n'ont pas pensé sérieusement à mourir. NOUSne pouvons déterminer avec exactitude la nature des services que Cartier rendit à Lorimier. Puisse le ciel t'accorder une longue et heureuse carrière6. Puisse tu prospérer comme tu le mérites et te rappeler que je suis mort sur I'échaffaud pour mon pays.

Adieu,, ,

Ton sincère & dévoué ami, Chevalier de Lorimier.

Lorimier avait vu juste: Georges-Étienne Cartier eut effectivement une Iongue et fructueuse carrière en tant que politicien. Sur Cher, voir l'ample biographie de Bnan Young: George-Étienne Carrier. Marmed bourgeois, Montréal, McGiII Queen's University Press, 198 1 (traduit de I'anglais par André D'Allemagne, Montréai, Boréal Express, 1982). La lettre de Lorimier à Cartier y est reproduite. Voir également la notice de Jean-Claude Bonenfant (DBC,tome X, p. 155-166)- lx Lettre de Chevalier de Lorirnier Louis-Adolphe obit taille'

Prison de Montréal, 12 Février 1839. 10 heures du soir.

Mon cher obit taille^,

Le grand jour du départ approche, il va me falloir vous laisser ainsi que tant d'autres amis. Je ne regretterois pas la vie si je n'avois ni femme, ni enfants, ni amis ni Patrie... si je n'avois les liens qui attachent à la terre qui contient des objets si chers et si précieux à un coeur tendre. Malgré tous ces noeuds, je ne réprouve pas mon sort. Je meurs pour une noble cause, j'ai eu le temps de me préparer. J'entrevois la mort depuis le temps3 jour de ma réclusion4. Je me suis bien familiarisé avec cette idée sinistre du trépas. Je vais mourir, mais mourir ferme et toujours le même, fidèle à mes amis et à la cause infortunée de ma patrie. Je n'ai plus que deux soleils à voir luire et se coucher sur moi, ma vie

1 Un photostat de I'original de cette lettre se trouve aux ANQ-Q, fonds Sieur Robitaille, cote P100C- D 1806. 2 Louis-Adolphe Robitaille, notaire de la paroisse de Varennes. A l'époque des Troubles, il avait 41 ans, était marié à Marie-Justine Monjeau et père de 4 enfants. Nous savons que cet homme participa à la Rébellion, mais nous ne pouvons déterminer son apport exact aux insurrections armées. Robitailie fut appréhendé par l'armée angIaise le 6 novembre 1838. il subit son examen volontaire le lendemain et déclara être tout à fait innocent. On Ie relâcha aussitôt, aucune charge n'ayant été retenue contre lui. 3 J'entrevois la mon depuis le temps1 jour de ma réclusion. 4 Rappelons que Chevalier de Lorhier, arrête le 12 novembre 1838, fùt d'abord incarcéré a la prison de Napierville. doit s'éteindre à ce terme, cet astre qui anime et vivifie tout ne fera plus qu'éclairer l'ami qui viendra verser une pleur auprès de mes cendres5 inanimées. Quand dans de longues années on répétera mon nom (si l'on m'en trouve digne) parmi ceux des martyres pour la liberté, rappelez-vous que je suis mort votre ami sincère 8 reconnoissant et pensez aux malheureux proscrits, et voués à I'échaffaud, parmi lesquels je vais bientôt marcher. Cher ami & concitoyen, je n'oublierai pas l'embrassement amical que vous me donnâtes à l'heure de notre séparation. lorsque l'on me mit dans ma cellule, sous les verroux avec mon compagnon d'infortune le Dr. ~risn',j'en ai compris le sens, il m'a pénétré du feu sacré de l'amitié plus que les paroles les plus éloquentes7. Soyez heureux et pensez toujours à moi,

Adieu. Chevalier de Lonmier.

' 6 Jean-Baptiste-Henry Brien fùt le compagnon de cellule de Lorimier jusqu'à ce qu'il l'ait dénonce aux autorités britanniques. Voir lettres de Lonmier à Pierre-Claude Boucher de la Bruère (supra, p- 81) et à J.- B.-H.Brien (infa,p. 122) 'Nous présumons que Louis-Adolphe Robitaille, proche de Lorimier, fur à ses côtés lors de son transfert à la prison de Montréal le 22 novembre 1838. Lettre de Chevalier de Lorimier B John colborne'

À Son Excellence Sir John Colborne, Chevalier du très honorable ordre militaire du Bain. Gouverneur Général du Haut & Bas canada2 &c &c &c

Qu'il plaise à votre Excellence,

Amvé au terme de mon existence, sur le point de Paraitre devant mon Dieu, juge souverain de tous les hommes, j'ose faire un appel aux sentiments Religieux qui dirigent votre Excellence dans ses décisions.

I Cette lettre manuscrite, mais non autographe, se trouve aux ANQ-M, fonds Famille de Lorimier, cote P1000-D167. La calligraphie de ce document, différente de celle des autres lettres de Lorimier, nous fait penser qu'elle est i'œuvre d'un copiste. John Coiborne, premier Baron Seaton, fils unique de Samuel Colbome et de Cordelia Anne Garstin, né le 16 février 1778 à Lyndhurst en Angleterre. Devenu orphelin à l'âge de 13 ans, le jeune Colborne fit ses études au Christ's Hospital à Londres. Ii s'engagea dans l'armée en 1794 et fut promu Iieutenant-capitaine cinq ans plus tard. Colborne fit carrière dans Ie 52' Régiment de I'Odordshire Light Infantry, un des trois célèbres régiments de la Liht Brigade. En 1815, il participa à la défaite de Napoléon à Waterloo. II fut lieutenant-gouverneur de I'Ile de Guernesey de 1821 à 1828 avant de devenir lieutenant-gouverneur du Haut-Canada en 1828, puis gouverneur du Bas-Canada en 1838, De retour en Angleterre en novembre 1839, il fut largement reconnu et récompensé. En 1843, il reçut la grand-croix de l'ordre de Saint-Michel et Saint-George. Il fût promu général et nommé colonel du second Régiment des Life Guards en 1854. Lorsqu'il prit sa retraite en 1860, Colbome fut élevé au plus haut grade militaire d'Angleterre, celui de feld- maréchal. Il mourut quelque temps après, à I'âge de 85 ans. Marié à Elizabeth Yonge en 1813, il était père de plusieurs enfants. Voir notice biographique d'Man Wilson @BC, tome IX, p. 1 50-1 57). Voir également lettres de Lorimier à sa mur (supra, p, 77), à un ami anonyme (supra,p. 93) et au public et à ses amis (in$-a,p. 112). Chargé avec confiance des intérêts des3 plusieurs familles opulentes, je dois à la divinité un compte exact des affaires dont j'ai eu la direction, de la fortune que ces familles possèdent et qu'elles m'ont remise entre les mains4. Dans œ moment terrible le cri de ma conscience me dit qu'une famille entière que de jeunes enfants attendent que j'aie mis la dernière main à plusieurs actes, signé plusieurs papiers pourqu'elles puisse jouir enfin d'une fortune fi-uit des longs travaux et de l'économie d'un mari et d'un père. Je dois à cette conviction d'exposer q& à votre exceilence. --..+--, #ai En ma qualité de notaire, j'ai procédé5 à l'inventaire et la vente des effets appartenans à la succession de feu André Vincent6, cidevant sellier7, résidant au fauxbourg Saint-Joseph, de la cité de Montréal. La plupart des sommes qu'a produit cette vente restent entre les mains des acheteurs. Moi seul d'après la- 'confiance qui a été accordée à ma profession, je possède la connaissance de ces transactions d'ou dépendent la s& fortune ou la ~uine~de cette famille. Au moment où j'ai été arrêté ces affaires étaient loin d'être terminées. Depuis mon

- a*. emprisonnement l'a kpewh-k de communiquer au dehors m'a mis dans l'impossibilité de les régler. La plupart des papiers relatifs a cette succession se trouvent hors du pays, a Plattsburg dans les Etats Unis. Le très court délai qui s'écoule entre mon arrêt définitif qui m'a été signifié hier à trois heures" et le jour fixé pour mon exécution, m'ôte l'espoir de les voir amver avant vendredi. Un

de CR s]. Chevalier de Lonmier s'était bâti une bonne clientèle, composée essentiellement de membres de la petite bourgeoisie. Voir à ce sujet, Michel de Lorimier, Chevalier de Lonmier. Notaire etpam-ore montréalais de 1837-1838, Mémoire de maîtrise en histoire, Université du Québec a Montréai, 1975. le dois à cette conviction d'exposer [R qu'] à votre excellence qu'entre autres affaires, j'ai] En ma 2ualité de notaire, j'ai proeédé à l'inventaire [...]. Sur cet homme, nous ne possédons pas d'autres renseignements que ceux donnés par Lorimier dans cette lettre. 'Fabriquant et marchand de seIles, d'ouvrages de sellerie. Moi seul d'après la [mot illisible] codance [.. -1. [. ..] d'ou dépendent la IR sort] [AS fortune ou la Ruine] de cette famille. 'O 1 '1 a impossibilité] [AS difficulté] de communiquer au dehors [...]. l1 mon arrêt définitif [S qui m'a été signifié hier à trois heures]- homme de confiance, (el2 mon frère, Charly de ~orimier'~est parti déjà pour aller chercher avec deux de mes enfantsq5qui sont là ces papiers que toute la hate possible ne lui permettra pasq6d'apporter assez tôt.

D'après l'exposé cidessus je sollicite instam mant de votre excellence de surseoir à mon exécution et de m'accorder un délai de quelques jours. Le sacrifice de ma vie est fait, je suis préparé à Paraître devant Dieu, ce seul cri s'éleve encore dans mon coeur. Que votre excellence daigne m'accorder un délai del7 de vivre jusqu'à tout autre jour que vous voudrez bien fixer pour pouvoir y répondre, et je mourrai avec la conviction de jouir a+&&d&a dans un autre monde d'une vie meilleurel8. J'ose me flatter que votre excellence ne sera pas sourde à cette prière que me dicte ma conscience et qu'elle m'accordera cette grace pour laquelle je ne cesserai de prierqg.

l2 CR le] [AS mon] fiére l3 [R du con] Charly de Lorimier [...] 14 Il s'agit de Charles de Lorïmier dont nous savons seulement qu'il mourut en 1850 aux Étatats-unis où il avait passé une partie de sa vie. Voir lettre de Lorirnier à son fière (supra, p- 86). l5 ~n mai 1838, Henrïette Cadieux avait rejoint son mari réfùgié en terre américaine. Elle y demeura jusqu'en août. ïi est possible, compte tenu de l'infortune et des miséres de la famille, qu'eue confia ses deux plus jeunes enfants à des amis pendant quelque temps, ce qui expliquerait leur présence aux États- unis. l6 [.. .] ne lui permettra [AS pas] d'apporter assez tôt- 17 [.-.] Waccorder CR mon délai de] de vivre [. .-1. l8 [...] je mourrai avec la conviction de jouir au-delà de la] dans un autre CS monde] d'une vie meilleure- 19 Non seuIement Colbome n'accorda-t-il aucun délai à Lorimier, mais il semble qu'il ne lui répondit jamais. La femme de Chevalier, Henriette Cadieux, s'adressa également (le 14 février 1839) au gouverneur; sans succès: cc[. ..] Que votre suppliante, pour sa subsistance et ceIle de ses enfants, dépendant du peu de gain que donnait à son époux la profession de notaire et qu'elle voit arriver avec douleur et fiayeur l'instant fatal où elle va devenir sans ressources et mendiante./ Que ce n'est pas l'intention de votre suppliante d'entrer en ce moment dans le détail des qualités de son époux et des services que sa famille a rendus depuis un temps considérable au gowernement britannique./ Que votre suppliante s'adresse à Votre Excellence comme épouse et mère, qui va se trouver bientôt privée de ce qu'elle a de plus cher au monde./ que, quoiqu'il paraisse à votre suppliante que le sort de son époux est immuablement arrêté, néanmoins se confiant dans la bonté et la sensibilité de wur de Votre Excellence, elle n'a pas perdu tout espoir, et elle a cru que dans Ie cas où la vie de son mari pourrait être épargnée, sa prière ne sera pas sans effet.» (ANC, fonds Colborne, MG A40, vol- 21, p. 6123-6 125). J'ai L'honneur d'être de votre Excellence Avec la plus haute considération le Très humble serviteur

Prison de Montréal, 13 Février 1839.

Chevalier de Lorimier. XI Lettre de Chevalier de Lorimier a Ferdinand ~emn'

Prison de Montréal, 14 février, 1839, 1 heure du matin-

Mon cher monsieur et ami2 ',

Vous avez été, ainsi que votre ~arne~,si bons pour moi, ma chère épouse5 et mon petit garçon6, que je me sens obligé de vous présenter mes remerciements les plus sincères. Je vais mourir dans quelques heures, mais j'emporte dans l'autre monde un cœur rempli de reconnaissance. Vous avez été les amis généreux et le soutien d'une pauvre femme dont le mari souffre dans les cachots

1 L'original de cette lettre demeurant introuvable, nous empruntons la transcription de James Huston (Ze Repenoire ruzriona?, tome II. Imprimerie Love11 & Gibson, 1848, p. 104). 2 il s'agit vraisemblablement de Monsieur Ferdinand Pemn, celui-là même dont parlait Lorimier dans sa lettre a Henriette (supra, pp.91). Son nom apparait dans (d'inventaire des biens de la communauté qui a existé entre feu Chevalier de Lorimier et Henriette Cadieux de CourvilIen, à la nibrique des dettes passives. (APU'Q-M, minutier de Joseph Belle, cote CN 601-3 1, pièce no 2872). De toute évidence, ce marchand de la ville de Montréal, fit le protecteur de la famille Lorimier. Nous ne pouvons toutefois déterminer avec exactitude l'identité de cet homme puisqu'Huston ne donne aucun indice sur Ie destinataire de cette lettre (sur la transcription partielle d'Huston, voir lettres de Lorimier à Henriette Cadieux (supra, pp.91), à Férréol Pelletier (irt$Pa, pp.1 16) et à Treffle Chemer (ifla,p. 127)- 3 Comme pour la lettre de Lorimier à un ami anonyme, ce texte a fort probablement été «démultiplié». En effet, il semble que la transcription de la lettre de Lorimier a un estimable ami anonyme donnée par L.-O. David (infra, p. 108-109) soit en fait une nouvelle version de la lettre à Ferdinand Perrin. Les modifications apportées par David auraient eu pour effet de transformer le texte à un point tel que l'on a pu croire a l'existence de deux lettres différentes. Cependant, les similitudes dans le contenu et le ton employé par l'épistolier tendent à confirmer notre hypothèse. Nous n'écartons toutefois pas Ia possibilité que Lorimier ait lui-même redoublé le contenu de la lettre, soucieux, durant les dernières heures de sa vie, de remercier tous ses amis, c'est pourquoi nous avons cru bon d'annoter chacune des deux lettres de façon indépendante, laissant le soin au lecteur de formuler ses propres hypothèses. 4 Nous ne connaissons pas I'idernité de cette personne. Marguerite-Henriette Cadieux de Courville. Voir lettre de Loirnier à Henriette (supra,p. 89 ). Emest-François-Napoléon, baptisé le 4 mars 1838 et décédé à Montréal le 6 avril 1839. Voir lettre de Lonmier à sa sœur (supra,p- 77). pour la liberté de son pays7. Dieu veuille vous récompenser et répandre sur vous les dons de sa miséricorde et de sa puissance- En mourant, mon dernier soupir sera pour ma femme, mes enfants. leurs protecteurs et ma patrie. Si d'un autre monde, je puis contempler vos vertus et votre bienfaisance, je prierai Dieu pour vous et votre Dame. Veuillez faire agréer mes meilleures amitiés et respects à madame R...... n et sa demoiselle8. Soyez heureux vous et madame P[em]n, c'est le vœu d'un malheureux. Adieu pour toujours, adieu. CHEVALIER DE LORIMIER,

7 Ce couple fut, semble-t-il, d'un grand secours pour Henriette Cadieux et ses enfants, mais nous ne savons Fas quels furent véritablement les services rendus à la famille. Comme Huston ne fournit aucune précision sur ces deux femmes, il nous a été impossible de rmouver des renseignements a leur sujet. Lorsque l'on compare avec la lettre à un estimable ami anonyme (ily5-a, p. log), nous pouvons penser qu'il s'agit de la surde Madame Pemn et de sa fille. XII Lettre de Chevalier de Lorimier à un estimable ami anonyme'

Montréal, Prison Neuve, 14 février 1839, 10 heures a-m.

Cher monsieur et estimable ami2,

Vous et votre femme3 m'avez témoigné tant de bienveillance pendant ma cruelle captivité, que je me sens très obligé envers vous. Ce que je ne pourrai surtout oublier, meme au-delà de la tombe, c'est votre bonté pour ma malheureuse femme et mon fils chéri4. Veuillez accepter mes plus sincères remerciements. Dans quelques heures je ne serai plus! Mais je me flatte que j'emporterai avec moi dans l'autre vie un cœur que t'ingratitude n'aura jamais souillé. Vous avez été pour moi un ami véritable et dévoué, et vous avez généreusement assisté la femme éplorée d'un homme qui souffre dans les cachots pour la cause sacrée de la liberté de son pays5. Puisse le Dieu tout- puissant vous récompenser comme vous le méritez et vous accorder ses bénédictions et sa protection! Mon dernier soupir sera pour ma patrie, ma femme et mes enfants et les bonnes âmes qui les ont secourus dans leur malheur. Si dans le monde des esprits, il m'est donné de voir vos mérites et votre bonté

1 L'original de cette lettre demeurant introuvable, nous empruntons la transcription de Laurent-Olivier David (Les Pairiotes de 183 7-1838,Montréai, Librairie Beauchemin, 1884, p- 259-260). David donne ici une traduction française de la lettre parue dans le North American et retouchée, semble-t- il, par les éditeurs du quotidien, Nous croyons que cette lettre est en réalité celle envoyée à Ferdinand Perrin, le protecteur des Lorimier. Voir lettre de Lorimier à Ferdinand Pemn (supra, p. 106-1 07). 3 Nous n'avons pu découvrir l'identité exacte de cette femme. 4 11 s'agit dlErnest-François-Napoléon,né en 1838 et décédé deux mois après l'exécution de son père- Voir lettre de Lorimier à sa saeur (supra, pp.77). 'Nous ne pouvons déterminer avec exactitude la nature des services que ce couple rendit à la famille. envers des orphelins, j'offrirai pour vous au roi du Ciel les prières les plus ardentes, Assurez votre belle-sœur et sa charmante fille6 de ma plus tendre amitié. Soyez heureux, vous et votre femme; c'est le vœu d'une âme malheureuse mais patriotique qui dans quelques heures défiera les tortures des tyrans anglais et ira dans l'éternelle demeure des justes où les tyrans ne sont jamais admis. Adieu pour toujours! Prenez courage; notre pays sera délivré du joug de l'Angleterre. Vous verrez cela, mais moi! ...... Adieu encore une fois pour toujours! Je ferme cette lettre. Gardez-la comme souvenir.

CHEVALIER DE LORIMIER.

- - - XOUSne savons pas qui &aient précisément ces personnes, mais notre hypothèse concernant la démultiplication des lettres n" XI et XU nous porte à croire qu'il est question de Madame R... . -. .n, la sœur de Madame Pemn, et de sa fille. Voir lettre de Lorimier à Ferdinand Perrin (infi-a,p. 107). Xlll Lettre de Chevalier de Lorimier au public et à ses amis'

Prison de Montréal 14 Février. 1839 11 heures P-M-

Le public & mes amis en particulier attendent peut être une déclaration sincère de mes sentiments. À l'heure fatale qui doit nous séparer de terre, les opinions sont toujours regardées et reçues avec plus d'impartialité. L'homme chretien se depouille en ce moment du voile qui a obscurci beaucoup de ses actions pour se laisser voir en plein jour. L'intérêt & les passions expirent avec son âme. Pour ma part, à la veille de rendre mon esprit à son créateur, je desire faire connoitre ce que je ressens & ce que je pense. Je ne prendrois pas ce parti si je ne craignois qu'on ne representât mes sentiments sous un faux jour. On sait que le mort ne parle pius et la même raison d'Etat qui me fait expier sur I'echaffaud ma conduite

' Cette lettre. écrite par Chevalier de Lorimier quelques heures avant son exécution, est considérée comme son testament politique. Les ANQ-Q en conservent un photostq fonds François-MarkThomas de Lorimier, cote P 1000-D 1317. La calligraphie différant quelque peu de celle des autres lettres autographes, nous doutons qu'il puisse s'agir de l'original. Par ailleurs, il est également possible de penser que Lorimier mit un soin particulier à écrire cette déclaration solennelle à caractère public, ce qui pourrait expliquer l'écriture plus petite et resserrée du document. Une copie de cette lettre se trouve également aux ANQ-M et au Musée du Château Rarnezay à Montréal- politique pourroit bien forger des contes à mon sujet? J'ai le tems et le désir de prevenir de telles fabrications et je le fais d'une manière vraie 8 solennelle, a mon heure dernière, non pas sur I'echaffaud environne d'une foule insatiable de sang 8 stupide, mais dans le silence & les reflexions du cachot. Je meurs sans remords. Je ne désirois que le bien de mon pays dans l'insurrection & l'independance3. Mes vues & mes actions etoient sincères & n'ont été entachés d'aucuns a&w4 crimes qui deshonorent l'humanité et qui ne sont que trop communs dans l'effervescence des passions déchaînées. Depuis 17 à 18 ans j'ai pris une part active dans presque toutes les mesures populaires. Et toujours avec conviction & sincérité5. Mes efforts on été pour I'independance de mes compattiotes. Nous avons été malheureux jusqu'à ce jour. La mort a déjà décimé plusieurs de mes

Lorimier fait ici ailusion aux propos de Pierre-Théophile Decoigne qui furent déformés par les autorités britanniques, les volontaires anglais et les journaux Ioydistes après sa pendaison publique. Comme I'indique Michel de Lonmier: «

conscience -Io tranquille me l'assurent. Voilà ce qui me remplit de joie lorsque tout est désolation & douleur autour de moi. Les plaies de mon pays se cicatriseront tetijw~~~.Après les malheurs de l'anarchie & d'une revolution sanglante, le paisible Canadien verra renaitre le bonheur & la liberté sur le Saint-

Laurent. Tout à12 concourt à ce but; les exécutions même. Le sang & les larmes versés sur l'autel de la Liberté arrosent aujourd'hui les racines de l'arbre qui fera flotter +%twda&l3le drapeau marqué des deux etoiles des canadas".- Je laisse des enfants qui n'ont pour héritage que le souvenir de mes malheurs. Pauvres orphelins; c'est vous que je plains. C'est vous que la main sanglante et arbitraire de la loi martiale frappe par ma mort. Vous n'aurez pas connu les douceurs & les avantages d'embrasser votre père aux jours d'allegresse, aux jours de fête.

Sans compter ses compagnons morts au combat, Lorimier a déjà perdu sept de ses compatriotes sur l'échafaud: Joseph-Narcisse Cardinal (voir lettre de Lorimier a sa sœur, supra, pp.75)' Joseph Duquette (voir lettre de Lorimier a sa sczur, supra, p. 75)' Pierre-Théophile Decoigne, François-Xavier Hamelin, Joseph- Jacques Robert, Charles Sanguinette et Ambroise Sanguinette (voir lettre de Lorirnier à Pierre-Claude Boucher de la Bruere, supra, pp.80)- 7 Plus de deux cents personnes furent incarcérées a la Prison de Montréal pour haute trahison ou menées séditieuses après le premier soulèvement de 1837. On estime à huit cent cinquante-cinq le nombre de personnes qui furent écrouées à la suite de la seconde insurrection de 1838. L'historien Gilles Lapone affirme que d'arrestation de 855 Québécois par la suspension de l'habeas corpus, l'équivalent des mesures de guerre, en représenterait au moins IO 000 en 1970! Pour la seule ville de Montréal 816 arrestations en 1838 pour une population de 30 000 seraient l'équivalent de 40 000 en 1970!». À la mite de l'insurrection de 1837, huit Patriotes furent exilés aux Bermudes: après celle de 1838 cinquante-huit hommes furent déportés en Nouvelle-Gailes-du-Sud (Australie), colonie pénale de la Grande-Bretagne. 9 Après la bataille d'Odelitown, le 9 novembre 1838, l'année anglaise brûla des centaines de maisons et de bâtiments canadiens, comme le rappelle François-Xavier Prieur dans ses Notes d'un conciamné politique: «Il n'est pas sans importance de remarquer qu'en sus des emprisonnements, procès et condamnations, la plupart des victimes de cette malheureuse époque ont VLI réduire en cendres leurs propriétés avant le jour de leur exécution ou de leur départ pour l'exil. Ce sont ces inutiles et barbares brûlades de centaines d'habitations qui avaient fait surnommer Sir John Colbome le vieux bnîlor.» (Éditions du Jour, 1974, p. 134). Voir lettres de Lorimier à sa saxr (supra, p- 77),à un ami anonyme (supra, pp.93) et à John Colbome (supra, p. 102) 'O Un pressentiment certain, ma conscience IR certaine] tranquille me l'assurent. 11 Les plaies de mon pays se cicatriseront toujours]. 12 Tout à] concourt à ce but. l3 [. -.]l'arbre qui fera flotter l'étendard] le drapeau marqué des deux etoiles des Canadas. 14 Lorimier fait référence aux deux étoiles d'or qui représentaient les républiques jumelles du Haut et du Bas-Canada. Quand votre raison vous permettra de reflechir, vous verrez votre père qui a expié sur le gibet des actions qui ont immortalisé se~leç'~d'autres hommes plus heureux. Le crime de votre père est dans I'irréussite. Si le succès eut accompagné ses tentatives, on eût honoré ses actions d'une mention respectable. 'Le_gdme-fat ------la honte & non pas------~'echaffaud"'~. Des hommes d'un mérite superieur au mien m'ont déjà battu la triste ~amèrequi me reste à courir de la prison obscure au gibet. Pauvres enfants! Vous n'aurez plus qu'une mère tendre 8i désolée pour soutien et si ma mort et mes sacrifices vous réduisent à l'indigence, demandez quelquefois en mon nom. je ne fus pas insensible aux malheurs de infortune'^. Quant a vous mes compatriotes! Puisse mon execution et celle de mes compagnons d'echaffaud vous être utiles- Puissent-elles vous demontrer ce que vous devez attendre du gouvernement Anglais. Je n'ai plus que quelques heures à vivre mais j'ai voulu partager ce temps precieux entre mes devoirs religieux et ceux à mes compatriotes. Pour eux, je meurs sur le gibet de la mort infarne du meurtrier, pour eux je me sépare de mes jeunes enfants, de mon epouse, sans autre appui que mon industrie et pour eux je meurs en m'ecriant: Vive la Liberté, Vive ~'lndépendance'~.

Chevalier de Lorimier.

------1s [...] qui ont immortalisé [R celles] d'autres hommes plus heureux- '' decrime fait la honte et non pas l'échafaud» est un vers de 12 pieds fun alexandrin) de Thomas Corneille, le frère de Pierre Corneille. La citation est tirée de son livre intitulé Le Comte d'!ex(Le théâ~e [Ariane; Circé; La mort d'Achille; Dom César #Avalos; L'incomu; Le Comte d'Essex; Br&mte] de T. Conieille, Paris [S. 1.1, 1692). 17 Lorirnier kt souvent décrit par ses contemporains comme un homme généreux et sensible. En 183 1, lors de la mort de son -tre et associé, Pierre Ritchof il devint même le protecteur de la famille. Le biographe du Norrh Amencan, Cyrille-Hector-Octave Côté, parla de Chevalier en ces termes:

Prison de Montréal, 14 Février, 1839. minuit.

Mon cher ~eaudr~~,

Je n'ai plus qu'une chose à te demander, c'est le dernier devoir d'un ami constant pour un ami malheureux. Après ma mort, qui sera dans quelques heures, je te prie, au nom de notre ancienne amitié au nom de l'humanité souffrante de veiller a ce que mon corps soit placé convenablement dans la bière. Je mourrai plus tranquille lorsque je saurai que tu veilles à ce que l'on respecte le corps froid et inanimé d'un malheureux. Je suis calme et plus courageux que jamais, je vois arriver la mort, de sang froid, puisse mon courage de ne pas me trahir à ma

l Lettre conservée aux ANQ-Q, fonds Pierre-J. Beaudry, cote P 1000-D124. ll s'agit de Pierre-Jacques Beaudry, né en 1801. Les prisonniers lui donnaient le titre d'assistant-geôlier de la prison de Montréal, mais Beaudry se définit plutôt ainsi: «Jene suis pas geôlier de la prison nouvelle de Montréal- Je tiens les livres et autres documents de cette prison. Ma besogne est aussi d'examiner les provisions et autres articles pour les prisonniers, qui entrent et qui sortent de la prison, tous les jours, de midi à 2 heures.)) (Procès de Joseph-hf Cardiml par un étudiant en droit, Montréai, Imprimerie Lovell, 1839, p- 63-64). Si l'on en juge par le nombre de lettres de remerciements qui lui firent adressées, Beaudry était très apprécié des prisonniers. Voir, par exemple, les lettres suivantes conservées aux ANQ-Q, sérÎe P- 1000 D-124, cote AP-P-124: lettre de Léandre Ducharme a Pierre Beaudry, lettre de Guillaume Lévesque a Pierre Beaudry, lettre de François-Maurice Lepailleur a Pierre Beaudry, lettre de Joseph Marceau à Pierre Beaudry, assistant geôlier de la Prison de Montréal, lettre de François-Xavier Prieur à Pierre Beaudry. Marié d'abord à Mary Magdelene Smith, Beaudry épousa en secondes noces Marie-Marguerite Masson- Notaire à Montréal de 1843 à 1867, il y mourut en 1876. Manifestement, lors de son travail à la prison de Montréai, il contribua à faire circuler des écrits de prisonniers, dont certaines lettres de Lorirnier. Outre Beaudry, les dames Gauvin et Gamelin, qui avaient accès à la prison, servirent aussi d'intermédiaires entre les condamnés et leurs connaissances- Madame Gauvin avait vu son fils prendre la route de l'exil à fa suite du mouvement imectionneI de 1837 et aidait depuis les prisonniers. Quant à Émilie Gamelin, qui fonda en 1843 le couvent des Sœurs de la Providence a Montréal, elle apportait constamment son soutien aux plus démunis. En raison de son dévouement. on la surnommait d'ange des prisons». Sur Érnilie Gamelin, voir Denise Robillard, Émilie Tavernier-Gamelin, Montréal, Éditions du Méridien, 1988. dernière minute. Aujourd'hui a été &3 une temble épreuve pour moi, les pieun et les sanglots d'une épouse et d'une soeur chéries, et d'amis, me déchirèrent le coeur.

Accepte l'assurance de mon amitié & de ma reconnaissance avec laquelle je suis,

Ton ami, adieu. Chevalier de Lonmier.

Aujourd'hui a été d '1 une tembIe épreuve pour moi [. .-1. XV Lettre de Chevalier de Lorirnier B Férreol pelletier1

De mon cachot, Prison de Montréal, 15 février 7 839,4 heures du matin.

Mon cher ~[e~letie]?,

II ne me reste plus qu'un instant à vivre: dans cinq heures j'aurai péri sur l'échafaud politique; il me reste un dernier devoir, devoir précieux, c'est celui de la reconnaissance. II me serait plus agréable de m'en acquitter dans toute autre circonstance; malgré tout, je me soumets volontiers à la force des choses: ma conduite ne me reproche rien.

Je suis calme et résigné plus que jamais. Le seul regret que j'emporte est pour ma famille dans l'infortune. Pourquoi me plaindre pour ce que l'on me fait personnellement? Mon pays me connaît, et j'ai le plaisir en mourant d'avoir l'estime de mes bons compatriotes, et la tienne en particulier. Cette pensée me réjouit et remplit mon cœur de joie. Mes bourreaux m'envoient périr sur un échafaud, sur un gibet! Mais que m'importe de mourir lancé dans l'air: la mort

1 L'original de cette lettre demeurant introuvable, nous empruntons Ia -ption de James Huston (Le Reprioire mional, tome II, Montréal, Imprimerie Lovell & Gibson, 1848, p. 104-1 05). ' Même si, encore une fois, Huston ne donne que la première et la dernière lettre du nom du desthtaire, une lettre de Cyrille-Hector-Ocatve Côté, colIaborateur au North American, envoyée à Ludger Duvernay, rédacteur au Patriote Canaden, et datée du 6 juillet 1839, nous laisse présumer qu'il s'agit ici de Férréol Pelletier, avocat de Montréal: a[..,] Je viens de recevoir une longue liste de papiers de Montréal parmi lesquels se trouvent plusieurs lettres de DeLorimier- Elles me sont données sous le sceau du secret, c'est-à- dire que je dois garder par-devers moi qui me les a envoyées et à qui diverses de ces lettres ont été écrites. Cependant connaissant votre intégrité et votre honneur comme publiciste, je me permettrai de vous dire quelques mots sur ces lettres. Ni 1 est adressée à M. R-Hubert, avocat; Na 2 a Férréol Pelletier.)) (ANQ-Q, fonds Ludger Duvernay, P 68-3, pièce 3 13). sous ses formes variées, soit par le supplice de la croix ou par l'empalement. par le feu ou par la guillotine, par la corde ou par l'épée, ne produit toujours que le même effet3. Si des hommes ignorants ou préjugés attachent des idées de déshonneur, de honte ou de préférence à aucun de ces divers modes de supplices. c'est parce qu'ils ne refléchissent pas sur les causes qui les ont amenés, ou sur le résultat inévitable de tous ces supplices: la mort. Je te prie, cher ami. avant de mourir. d'agréer mes plus sincères remerciements pour la faveur distinguée que tu accorderas à mes restes inanimés descendus de l'échafaud4;et je te prie de me croire jusqu'à mon dernier soupir, -adieu- adieu,

Ton affectionné et malheureux ami,

CHEVALIER DE LORIMIER.

Voulant mourir en homme d'honneur et en héros, Lorimier s'affirma toujours «ferme et calmes a l'approche de son exécution. Comme l'indique Laurent Mailhot: dorimier veut faire une belle mort non seulement du point de vue chrétien, mais du point de vue humain, humaniste, nationaliste et romantique.» (<

Monsieur le Baron de Fratelin prisonnier politique2 ontr réal^

De mon cachot. Prison de Montréal, 15 Février 1839. 4 % heures du matin.

Mon cher ~aron~,

- 1 Lettre conservée aux ANQ-Q,fonds du Ministère de la Justice, série des événements de 1837-1838, cote 4M00-2486/ microfilm M 1 65/5, pièce no 2972. 2 Prisonnier poiitique à Montréal en 1839, Ie Baron Fratelin ne subit jamais son procès devant la cour martiale, aucune charge n'ayant été retenue contre lui, 3 Ii s'agit de John Broditch Eliovith alias Fratelin, aventurier. Selon Jean-Paul Bernard (Les Rébellions de 1837-1838, Boréal Express, 1983), ce Baron d'origine hongroise, œuvra surtout dans le comté urbain de Québec- Lors de son interrogatoire le 24 mai 1838, il déclara que l'épouse du consul de Russie a Boston viendrait à Montréal pour aider les insurgés. 11 soutint également que l'qent commercial russe a New York engageait les Polonais des États-unis a prendre part a Ia RébelIion. A la suite de cette déclaration, Ies autorités anglaises donnèrent l'ordre de fouiller le consulat de Russie à Montréal, ou l'on ne trouva aucun document compromettant. En décembre 1838, Fratelin fut conduit a la prison de Montréal- Rapidement, il se lia d'amitié avec plusieurs patriotes, dont Jean-Baptiste-Henry Brie& Charles Hindenlang et Guillaume Lévesque. Tous écrivirent au Baron en 1839 (quelques-unes de ces lettres sont conservées aux ANQ-Q, fonds Baron Fratelin, P1000-D766). À la fin d'avril 1839, des soldats britanniques conduisirent Fratelin ii la fiontiere américaine et l'interdirent de séjour au Canada. Puisqu'il me faut mourir, je ne veux le faire sans vous présenter une petite note qui communiquera mon amitié et mes adieux. Je ne pus vous connaître qu'un moment dans la vie, mais l'impression favorable que votre caractère m'a faite est telle que je regretterois de mourir aujourd'hui pour vous posséder pius longtemps si d'autres raisons ne rn'attachoient encore à la vie d'une manière forte5. À 34 ans6 il est triste & cruel de mourir sur un gibet! Mais que dis-je? Que pense-je? Oubliois-je de refléchir que je meurs pour mon pays, pour sa liberté. Je pardonne à mes assassins qui me sacrifient à leur politique de sang. Plut à Dieu que ma patrie n'eut7 que mon sang à leur padeww reproche?, que ma mort put faire tomber ses chaines et que ces Cannibales n'eussent plus le pouvoir de faire le mal, II est 4 % heures a-m. Neuf heures de ce matin est le terme de mon existence. Je ne puis vous en écrire long. Mais je vous prie de penser quelquefois à moi, de croire à la haute considération avec laquelle je suis votre ami sincère.

mon cher Baron,

Chevalier de Lorimier-

5 Selon toute Maisernblance, Lorimier rencontra le Baron Fratelin alors qu'ils étaient tous deux écroues a la prison de Montréal. Eliovith devint l'ami et l'homme de confiance de Chevalier qui le présenta a sa femme, Henriette Cadieux- Le lendemain de l'exécution, Ie 16 février 1839, cette dernière écrivit a Eliovith une longue lettre dans laquelle elle exprima ses propres sentiments patriotiques (voir lettre de Lorimier a Henrietre Cadieuy supra, p. 89). Un mois jour pour jour après la mort de Chevalier (le 15 mars 1839)- Odile Cherrier, la cousine dxenriette Cadieux, envoya un mot à Fratelin dans lequel elle réclamait le portrait que ce dernier avait prise de Chevalier a la prison: «Veuillez donc ne pas trouver mauvais que je vous rappelle votre promesse. Vous aüez sans doute me trouver impatiente; mais, comme vous Ie savez, c'est un peu le défaut des femmes. Le désir que j'ai de posséder le portrait que vous m'avez promis, me servira peut-être d'excuse. » (ANQ-M, Collection Rébellion de 1837- 183 81 06M-P224).Malheureusement, nous n'avons pu mettre la main sur ce portrait. Les seuls portraits au crayon de Chevalier de Lorimier dont nous disposons sont ceux réalisés par Alfred Bayard, reproduit dans la réédition de 1893 du Repmoire et de Jean-Joseph Girouard contenu dans l'album de Lady La Fontaine (voir lettre de Lorimier à Adèle Berthelot, ieu,p. 120). Lorimier avait plutôt 35 ans et quelques mois. Son acte de naissance, conservé aux ANQ-Q dans les registres paroissiaux de Saint-Cuthbert, comté de Berthier, date du 27 décembre 1803. Comme le donnent a penser les recensements de l'époque (à partir de 1831)' il était fiéquent qu'un individu ne connaisse pas son âge exact. Les anniversaires de naissance étant rarement soulignés, l'âge d'une personne était souvent calculé en fonction des années d'études. Comme Lonmier interrompit les siennes entre 1820 et 1823, il est possible qu'il se croit plus jeune qu'il ne l'est en réalité. * [...]n'eut que mon sang a leur [R pardonner AS reprocher], que ma mort put faire tomber ses chainesr. ..]. IR Adieu], mon cher Baron, IR adieu]. Xvl l Lettre de Chevalier de Lorimier B Adèle 8erthelot1

Prison de Montréal, de mon cachot, 15 Février, 1839- 5 heures du matin-

Vous me demandez un mot, ~adame~,pour votre ~lburn~,que puis-je y mettre? Irois-je vous faire dw pathétique dans des mots ronflants du touchant à vous voir fondre en larmes sur mon sort, tandis que ma situation sans les écrits et les paroles vous montrent le comble du malheur dans ma personne infortunée, vous assurer de mon respect? lorsque toute ma conduite passée a été pour vous le témoigner dans chaque circonstance. Malgré tout, en définitive, je croirois manquer à mes devoirs envers vous, Madame, si je ne me soumettois & ne souscrivois à votre désir. Permettez-moi donc de vous prier de penser à moi; vous

1 Ce mot de hrirnier se trouve daas l'album d'Adèle Berthelot, conservé au musée David MacDonald Stewart (musée militaire et rnrrritime de l'Île Sainte-Hélène), a Montréal, cote RB 971-038 LI3 1838. 2 Il s'agit d'Adèle Bertheloat, première femme de Louis-Hippolyte La Fontaine, notaire et Patriote montréalais. À la fin des annuies 1830, elle se dévoua, semble-t-il, à visiter les anciens collègues de son mari incarcérés après les insumections et i subvenir aux besoins matériels de leurs famiIIes. 3 Au XIX siècle, les femmes de la petite bourgeoisie possédaient souvent un album dans Iequd elles conservaient des autographes ou même des portraits de gens «connus». L'album de lady La Fontaine contient entre autres un dessin au crayon de Lorimier attribué a Jean-Joseph Girouard, un des chefs du Parti patriote qui fUt incarcéré durarnt l'été 1838. me survivrez, je vais périr sur le gibet politique dans quatre heures mais faites que je vive dans votre estime et celle de votre époux Mr ~afontaine~.Cette idée me supportera dans mes derniers instans, jointe à celle de la cause sacrée pour laquelle je vais bient6t expirer. Adieu, Madame, soyez heureuse ainsi que M'. votre époux vous le méritez. C'est le voeu d'un homme qui va dans un instant monter sur I'échaffaud pour son pays & sa liberté.. Adieu, chère dame, Adieu. CDL

4 Louis-Hippolyte La Fontaine, fils d'Antoine Ménard, dit La Fontaine, menuisier, et de Marie-Josephte Fontaine, dit Bienvenue, né le 4 octobre 1907, à Boucherville. Après des études ciassiques, il s'engagea comme clerc au bureau de l'avocat François Roy et kt reçu au Barreau en 1828. Deux ans plus tard, il entra en politique et se fit élire députe de Terrebonne. Il se fit également porte-parole du Parti patriote. Incarcéré et interrosé, i1 fiit relâché le 13 décembre sans qu'aucune accusation ne soit portée contre lui. Après l'échec des Rébellions, il tenta de convaincre ses compatriotes des bienfaits de 1'Union qui, selon Iui représentait le prix à payer pour obtenir le gouvernement responsable. En 1842, il fut nomme chef du gouvernement du Bas-Canada et souhaitait toujours démontrer que lunion pouvait servir les intérêts des Canadiens, ce que lui reprochaient plusieurs de ses concitoyens fkcophones. Dès 1843, il donna sa démission et agit comme chef de l'opposition jusqu'en 1847. Lors des élections de 1847-1848, La Fontaine et ses partisans remportèrent une victoire éclatante. Assermenté au début de mars 1848 comme procureur général, il fiit Ie premier Canadien à devenir Premier Ministre et le premier Canadien fiançais élu par les siens. En 1849, iI travailla notamment à faire voter une indemnité aux victimes des insurrections de 1837-38. Fatigué et malade, il remit sa démission le 26 septembre 1851. La Fontaine avait atteint ses objectifs: IZTnion était acceptée, les rebelles étaient amnistiés, les victimes indemnisées, et la responsabilité ministérielle avait étë acquise en 1848. Il retourna à la pratique du droit, puis, le 13 août 1853, il fut nommé juge en chef de la Cour du banc de la Reine. Il mourut le 25 février 1864- La Fontaine avait épousé le 9 juillet 183 1, Adèle, fille d'Amab1e Berthelot, riche avocat, bibliophile, collectionneur et homme politique. Le 30 janvier 186 1, il s'était remarie avec ~ulie-Élizabeth-GeneviéveMorrison, âgée de 39 ans et mère de trois filles. Sur La Fontaine, voir Réjane Soucy, Bio-bibliographie de sir Louis-Hlppolpe Lu Fontaine (thèse de bibIiothéconomie, Université de Montréal, 1947)- et Jacques Monet @BC, tome 1.p. 486497)- XVllt Lettre de Chevalier de Lorimier a Jean-Baptiste-Henry rien'

Prison de Montréal, 15 février, 1839, 6 heures du matin-

Mon cher 8rien2,

Je te laisse, la mort m'appelle sur l'échafaud, il faut que je lui obéisse; je vais périr, mais garde ce souvenir d'un ami sincère. Si tu échappes au malheur qui m'attend3, puisse ta carrÏere être longue et heureuse. Tu as été mon compagnon de cachot, nous partagions la même cellule, le même lit depuis notre sentence de

L'original de cette leme demeurant introuvable, nous empruntons la transcription de James Huston (Le Réperroire t~ationai,tome II, Montréai, Imprimerie Love11 et Gibson, 1848, p. 106). Jean-Baptiste-Henry Bnen participa activement à la seconde insurrection de 1838. Compagnon de cellule de Lorimier à la prison de Montréal, il subit son pro& pour haute trahison du Il au 21 janvier 1839, A l'insu de Lorimier, Bnen signa, contre une promesse d'indulgence des autorités, une déclaration dans laquelle il le dénonçait comme chef de la Rébellion. Selon Michel de Lonmier, cette confession «s'avéra plus prejudiciable a Lorimier que toutes les dépositions des témoins.)) @BC, tome VII, p. 556). Trois heures avant son exécution, Lorirnier écrivit a Brien qu'il considérait comme un ami très proche et dont il ignora jusqu'à la fin la trahison. Voir lertres de Lorimier à Pierre-Claude Boucher de La Bmère (supm, p. 81) a à L.-A. Robitaille (supra, p -101) Bnen échappa effectivement à l'exécution- Comme ses dix coaccusés, il fût condamné à mort le 21 janvier 1839, mais, tel que le souIigne Ægidius Fauteux, «ce n'était que pour la forme, car, dès le 11 février suivant, le Conseil exécutif décida que, en conséquence des renseignements qu'il a fournis, Jean- Baptiste-Henri Bnen ne sera pas exécuté.» (Patriotes de 1837-1838, Montréal, Les Éditions des Diy 1950, p. 142). Le 26 septembre 1839, il kt gracié et libéré à la condition de s'éloigner de la province à une distance d'au moins six cents milles. Banni dii pays, il se réfbgia en terre américaine- Dans les diverses listes de réfugiés que publièrent les journaux après coup, l'on retrouve toujours à la suite de son nom la mention «adresse inconnue)). mort4; tu m'as offert les consolations recevables dans ma position: je t'en remercie infiniment, le ciel Pen tiendra compte. Pour ma part je fais avant que de mourir les vœux les plus sincères pour ton bonheur. Tu diras 6 mes amis comment je suis mort, et que, si le gibet a pu couper le fil de ma vie, il ne put atteindre le fil de mon courage- Adieu cher ami adieu. CHEVALIER DE LORIMIER.

' Le 13 février 1839, Brien demanda à François-Xavier Prieur de prendre sa place aux côtés de Chevalier de Lorimier: «Vers les six heures du soir, les guichetiers vinrent nous dire qu'il fallait entrer dans nos cachots, nos visiteurs se retirèrent alors la douleur dans le murUTJ'ai deja dit que nous étions deux par deux; le compagnon de cachot de De Lorimier avait été, jusque-là, le Dr Brien; dans ce moment, celui-ci vint me prier de vouloir bien changer de cellule, disant qu'il ne se sentait pas la force de partager le cachot de la victime. Ah! C'est que, voyez-vous, il y avait un remords dans la conscience de ce malheureux qui avait obtenu un demi-pardon au prix de la délation, comme nous l'apprîmes plus tard- On conçoit, en effet, quel voisinage ce devait être pour lui que celui de cet homme qu'il avait trede cet homme qui allait mourir dans le sein de l'honneur et la paix de Dieu! Je devins donc le compagnon de cellule de Chevalier de Lorirnier.» (Noles d'un cotiamnépolitique de 1838, Montréal, Éditions du Jour, 1974, p. 127). XIX Lettre de Chevalier de Lorimier B Guillaume ~évesque'

Guillaume Levesque, gentil homme2 condamné à mort3- prison Neuve de ontr réal^^

Prison de Montréal, 15 Février, 4 839. 6 % heures du matin.

1 Lettre conservée aux ANQ-M., Collection Rébellion de 1837-1838, wte P224/1972-00-269-1/ microfilm 06, M-P224- 2 Ce genre de formule de politesse était fréquemment utilisée dans les correspondances du XIX siècle. Voir lettre de Lorimier à R.AR Hubert (supra, p. 94). Guillaume Lévesque prit une part active dans le second soulèvement de 1838. Incarcéré à la pnson de Montréai, il subit son procès pour haute trahison du 24 décembre 1838 au 2 janvier 1839. Il s'agissait alors du troisième procès tenu devant Ia cour martiale. Condamné à mort, il vit sa peine transmuée en exil. 4 Mon cher ~evesque~,

Je t'écrirai peu de mots en souvenir de tes bienfaits et de notre amitié. Fatigué, épuisé, je n'ai pas besoin d'excuse. Tu connois ce qui me regarde. Mon cher ami, garde le souvenir de notre amitié6. Je prierai l'éternel de te rendre heureux comme tu le mérites. Le foible trouve un soutien généreux chez toi, l'opprimé un coeur sensible et l'honnête homme un ami désintéressé. Puisse le

Louis-Guillaume Lévesque, fils de Marc-Antoine-Louis Lévesque, protonotaire7et de Charlotte-Mélanie Panet, né le 30 août 1819, à Montréal. Il fit des études au Petit Séminaire de Montréal pendant six ans. En 1835, il entreprit son stage de clerc chez ~douard-ÉtienneRodier, puis poursuivit ses études en droit l'année suivante chez Hippolyte Guy. Lorsqu7il s'engagea dans le second mouvement insurrectionnel, il était commis aux écritures au bureau du shénf de Montréal. Lévesque adhéra rapidement à l'association des Frères chasseursS11 était présent à Montréal dans la nuit du 3 novembre 1838 Iors du grand rassemblement patriote. Selon Ægidius Fauteux (Patriotes de 1837-1838,Montréal, Les diti ions des di& 1950, p. 302- 302)- Lévesque était attaché au commissariat de l'armée patriote- il participa à la bataille dfOdelltown le 9 novembre 1838. Le IO novembre, il tenta de fiir vers la ftontiére américaine avec plusieurs de ses compatriotes, dont Hypolite Lanctot. Arrêté le 14 novembre 1838, il subit son procès en cour martiale avec dix de ses compatriotes dès le 24 décembre. Le seul de son groupe à plaider coupable, il fit condamné à mort le 2 janvier 1839, mais les juges recommandèrent la clémence. Les familles Lévesque et Panet s'étant alliées aux loyalistes, il fut entendu que le jeune GuiIlaume serait épargné à la condition de s'éloigner du pays. Lévesque quitta donc sa patrie pour la France. Le Ccazudien du 19 juin 1840 donne des nouvelles de l'exilé:

Adieu, mon ami, Chevalier de Lorimier-

7 XX Lettre de Lorimier a Treffle ~hemer'

Prison de Montré;al, 15 février, 1839, 6 % heures du matin.

Mon cher ~[reffl]é~,

Vous m'avez demandé un mot, je vous l'ai promis. Je ne puis manquer à ma parole: je l'ai respectée en tous lieux. Cher ami, avant que de- mourir, je vous prie de penser à moi ainsi qu'à ma famille qui va perdre son protecteur et son appui. Veillez sur leur sort, c'est ta prière de votre ami sincère qui va périr sur l'échafaud pour la cause commune de notre patrie3.

Adieu pour toujours, CHEVALIER DE LORIMIER.

L'original de cette leme demeurant introuvable, nous empruntons la transcription deJames Huston (Le Répertoire imzioiial, tome II, Montréal, Inprimerie Lovell & Gibson, 1848, p. 107). 2 Bien qu'Huston ne donne, encore une fois, que les première et dernière lettres du nom du destinataire, nous pouvons présumer qu'il s'agit ici de Trefflé Cherrier, fils d'Hypolite Chemerr, cousin d'Henriette Cadieux et frère d'Odile Chemer qui soutint la veuve de Lorimier dans ses lourdes &preuves et a qui l'on doit plusieurs traductions de littérature anglaise (voir lettre de Lorimier au Baron Frartelin, supra, p. 119). Sans aucun doute très proche de la famille Lorimier, il signa même le contrat de mkage de Chevalier et dwenriette cadi eu‘^, établi le 9 janvier 1832 , ' Trefflé Chemer ne prit pas diecternent part aux insurrections armées de 1837-1838, mais il partagea vraisemblablement les idéaux patriotiques de Lorirnier. XXI Lettre de Chevalier de Lorimier a sa femme'

Prison Neuve de Montréal, 15 Février, 1839. 7 heures du matin.

Ma chère & bien aimée2,

À la veille de partir de mon lugubre cachot, pour monter sur I'echafiaud politique déjà ensanglantée de plusieurs victimes qui m'y ont devancé3,je dois à mon devoir marital et à mon inclination de t'écrire un mot

' Une photographie de l'original de cette lettre (signée «Edgar Gariepy Photographie Artistique et IndustrïelIe Montréal» et datée de 184 1) est conservée aux ANQ-Q, fonds François-Marie-Thomas de Lorimier, cote P 1000-D 13 17. 2 Cette lettre est la dernière que Chevalier de Lorimier écrivit à sa femme, Henriette Cadieux, deux heures avent son exécution (voir lettre de Lorimier a Henriette Cadieux, supra, p. 89 à 93). L.-O- David soutient qu'elle fiit retrouvee sur le mur du patriote après sa pendaison. Joseph-Narcisse Cardinal et Joseph Duquette avait été exécutés le 21 décembre 1838 (voir leme de Lorimier a sa sœur, supra, p. 75). Pierre-Théophile Decoigne, François-Xavier Hamelin, Joseph-Jacques Robert, Ambroise Sanguinette et Charles Sanguinette avaienr été pendus lors des secondes exécutions publiques du 18 janvier 1839 (voir lettre de Lorimier à Pierre-Claude Boucher de La Bruère, supra, p. 80). Après la mise à mort de Chevalier de Lorimier, Amable Daunais, Charles Hindedang, Pierre-Rémi Narbonne et François Nicolas (voir lettre de Lorimier à son fière, supra, p. 88), les exécutions s'arrêtèrent aussi arbitrairement qu'elles avaient commencé. Selon L.-O-David, d'opinion publique s'agitait en Angleterre, des protestations éloquentes s'étaient faites entendre dans le parlement anglais contre ces exécutions dont la légalité était fortement contestée. Le gouvernement anglais jugea à propos d'arrêter le bras de Colborne, d'interrompre son mvre de répression et de vengeance. Dans le mois de juin, les condamnés apprirent que leurs sentences seraient probablement commuées et que la mort ferait place à 1' exil.» (LesPairrotes de 183 7-1838, Montrkal, Librairie Beauchemin, 1884, p. 206). En réalité, il semble que ce füt plutôt le gouverneur lui-même qui décida de mettre fin aux exécutions (voir lettre de Lorimier à sa sœur, supra, p. 77). avant de paroître devant mon Dieu, le dépositaire de mon âme. Dans le peu de temps qui s'est écoulé depuis le jour de l'union sacrée de mon manage4 à celui de ma mort, tu m'as fait, chère épouse, jouir du vrai bonheur, tu m'as tout prodigué amitié, tendresse et sincérité- Je n'en &ois pas ingrat et ne le serai pas. Aujourd'hui des assassins avides de sang viennent m'arracher de tes bras, ils ne pourront jamais m'ôter de ton coeur, j'en ai la conviction. Ils viennent t'arracher ton soutien et ton protecteur ainsi que de mes chers petits enfants5, la providence et les amis de ma Patrie pourvoiront Ils ne m'ont seulement pas donné le temps de voir mes deux chères petites filles. pour les serrer contre mon coeur paternel et leur donner un dernier adieu. Je suis privé de voir mon bon vieux père6, mes frères7 et soeurs8 pour leur dire adieug. Ah! cruelle pensée. Cependant je leur pardonne tous du profond de1* mon cœur. Quand à toi. ma chère. tu dois prendre courage; et penser que tu dois vivre pour tes pauvres petits enfants qui ont

grandement besoin il1des soins maternels de leur tendre et dévouée mère. lis seront privés de mes caresses de mes soins. Je puis t'assurer ma chère Henriette, que si de la voute du Ciel je puis faire quelque chose, j'emploierai tout pour te secourir et te soulager. Mes chers petits enfans seront prives de mes caresses, emploie, s'il y a moyen, double caresse afin qu'ils ne

4 Lon'rnier épousa Henriette le 10 janvier 1832. ' II s'agit de Adélaïde-Zénoïse-Léopoldk, Stéphanie-Marguerite-Malivina et Ernest-François-Napoléon. Voir lettre de Lorimier à sa sœur (supra, p. 77) 6 ~ui11aume-~1ément-Édouardde Lorirnier, dit Verneuil, fils de François-Thomas de Verneuil de Lorimier et de Marguerite Sabrevois de BIeury, né au Fort de la Galette en 1769 et inhumé a Saint-Laurent le 2 janvier 1843. 7 Cinq fières de Chevalier étaient toujours vivants en 1839: Louis-Charles-GuiIIaume, Jean-Baptiste- Charnill y-Verneuil, Charles, Louis-Gonzague-Verneuil et Gédéon-Georges de Lorimier. Voir lettre de Lorimier a son fière (supra, p. 86). Chevalier de Lorimier avait trois murs: Joseph-Adélaïde-Rosalie-Guilmine, Marguerite et Émilie de Lorimier. Sur Rosaiie-Guilmine, voir leme de Lorîmier a sa mur (supra, p. 129). Sur Marguerite et Émile, nous disposons de peu d'informations, si ce n'est qu'elles étaient toutes deux décédées en 1839- 9 Durant son séjour en prison, Lonmier reçut la visite de sa sœur GuiIrnine, de son cousin Chevaiier, d'une de ses cousines et de sa femme. Il ne put jamais revoir les autres membres de sa famille. IO 11 [...] qui ont grandement besoin [R de RS tes R soins maternels] des soins maternels de leur tendre et dévouée mère. perdent rien. Je ne te reverrai plus de sur cette terre, tu pourrois me revoir encore une fois et pour la dernière, mais je serai froid, inanimé et défiguré ... Je termine,

chère Henriette en offtant à I'Etemel mes vœux les plus sincères pour ton bonheur et celui de mes chers petits enfants. Tu as reçu hier au soir mes derniers em brassementsl*, mes derniers adieux, pourtant je t'embrasse encore de tout mon cœur et te dit adieu pour la dernière fois. Sois heureuse, chère et malheureuse épouse ainsi que mes chers petits enfans c'est le vœu le plus ardent de mon âme.. Adieu, ma tendre épouse encore une fois, adieu, vit et sois heureuse.

Ton malheureux époux

Chevalier de Lorimier.

l2 Henriette ne rendit visite à son époux emprisonné qu'une seule fois, le 14 février. Prieur raconte les circonstances de cette rencontre: «Vers Ies trois heures de l'après-midi, madame de Lorimier, accompagnée de la sce.ur et de la cousine de son et conduite par un M. de Lorimier, cousin du condamné, entrèrent dans notre logement. Madame de Lorïmier portait sur la figure une expression de douleur à fendre le cœur, mais elle ne pleurait pas: ses deux compagnes fondaient en larmes. Nous avions pris des arrangements pour donner a nos deux malheureux amis un dîner d'adieu. La table chargée de mets prépzés sur notre ordre par le geôlier, avait été placée dans une piëce située près de la porte qui donnait sur Ie corridor. A quatre heures on se mit a table, Hindenlang présidait au banquet. De Lorimier n'occupa pas le siège qui lui était réserve; mais il vint prendre avec nous un verre de vin. Pendant le repas, il se promenait dans le corridor, ayant madame de Lorimier au bras; les autres membres de sa famille occupaient des sièges, tantôt dans sa cellule, tantôt dans le corridor: les dames, de temps à autre, prodiguaient à la malheureuse épouse des caresses de consolations. [...] Un instant après, on vint nous dire que madame de Lorimier venait de perdre connaissance: elle gisait en ce moment, dans un état de complet évanouissement, dans le cachot de son mari.» (Notes d'un cordamiré poIitique de 1838, Montréal, Éditions du Jour, 1974, p. 128). Voir lettres de Lorirnier à sa sœur (supra, p. 74), à son cousin (supra,p. 84) et à Henriette Cadieux (supra, p. 9 1). Xxll Lettre de Chevalier de Lorimier François-Xavier prieur1

Prison de Montréal, 15 février 1839.

Cher pneu?,

1 L'original de cette lettre demeurant introuvable, nous empruntons la transcription de Laurent-Olivier David (Les Patriotes de 183 7-1838, Montréal, Librairie Beauchemin, 1884, p. 246). 2 François-Xavier Prieur, né le 9 mars 18 14, fils d'Antoine Prieur et d'Archange Denis. Originaire de Saint- Polycarpe, il devint marchand et s'établit à Saint-Thimothée en 1835. 11 prit une part active au second soulèvement de 1838 et il assista notamment au grand rassemblement des Frères cheursle 3 novembre de cette même année. Il agit à titre de commandant du camp Baker et participa à la prise du bateau a vapeur britannique, le Brotlgharn. Avec plusieurs de ses compatriotes, il procéda à l'arrestation d'Edward Eliice, seigneur de Beauharnois récemment arrivé d'Angleterre, et d'autres personnes connues pour Ieur ferme soutien au gouvernement. Le 9 novembre, il participa à la bataille d70ddeltown. Après la défaite des Patriotes, il décida de prendre la route des États-unis. En passant par Saint-Thimotée, il pu constater avec grand désarroi que ses habitations avaient été détruites par I'annee de Colborne. ii se réfbgia dors chez un dénommé Hurtubise jusqu7à ce qu'il Fut mis sous arrêt le 20 novembre. Il subit son procès du 11 au 21 janvier 1839 avec dix de ses camarades, dont notamment Chevalier de Loiimier. Ii s'agissait alors du cinquième procès pour haute trahison tenu devant la cour martiale. Condamné à mort, Prieur vit sa peine cornmu& en déportation. Le 27 septembre 1839, il s'embarqua, avec cinquante-sept autres condamnés bas- canadiens, à bord du voilier Buflafo à destination de l'Australie- Amnistie à l'été 1844, il rentra au pays le 14 septembre 1846. Le 17 juillet 1849, ii épousa Marguerite Neveux et s'établit à Sainte-Marthe- Nomme surintendant du pénitencier de Saint-Vincent-de-Paul en 1860, il devint l'un des trois directeurs des prisons fédérales dans ies années 1870. Prieur mourut en 1891 à l'âge de 76 ans. Durant ses longs mois d'exil, il avait rédigé un journal de voyage, publié pour la première fois en 1864 dans Les Soirées canademes, sous le titre Notes d'un con&mné polirique de 1838. Réédité par Hubert Aquin en 1974 (aux Éditions du Jour), ce témoignage est aujourd'hui indispensable pour comprendre les insiirrections bas-canadiennes : «Je le répète, je ne parle que de ce que j'ai pu connaître directement, de science certaine, et j'en parle sans rancune, mais aussi sans peur : à chacun ses œuvres pour I'histoire et l'enseignement de tous.» (p. 88). Vous me demandez un mot pour souveni?. Cher ami, que voulez-vous que je vous écrive, je pars pour ['échafaud. Soyez courageux et je meun votre ami.

Adieu, CHEVALIER DE LORIMIER.

Incarcéré à la prison de Montréal avec plusieurs de ses compatriotes, Prieur demanda aux condamnés Lonmier et Hindeniang de lui écrire un mot en guise de souvenir: d'avais demandé à nos infortunés amis de me laisser comme souvenir quelque chose venant directement d'ew ce fut alors que chacun me remit une mèche de ses cheveux; ceux de De Lorimier étaient contenus dans un billet dont voici Ia copie. Prison de Montréal./ 15 février 1839.1 Cher Prieur,] Vous me demander un mot pour souvenir; cher ami, que voulez [vous] que je vous écrive, je pars pour l'échafaud- Soyez courageux et je meurs votre ami J Adieu./ Chevalier de Lorimier. / Hindenlang avait écrit le matin quelques lignes dont il nous laissa la copie, c'était l'allocution qu'il devait faire au pubtic témoin de son supplice.» (Notes d'un cormbnné politique de 1838, Montréal, Editions du Jour, 1974, p. 13 1). ANNEXE I

Lettre de Chevalier de Lorimier a un ami de ~lattsburgh'

Plattsburghl 6 juillet 1838

Mon cher ami,

Comme mon seul but est d'être utile à ma patrie et de la délivrer de la tyrannie de l'infâme gouvernement britannique, il est fort malheureux que je sois enpêché d'aller de l'avant dans mes projets faute de moyens pécuniaires. Dans les circonstances où je me trouve présentement. je rencontre plus d'un obstacle. II faut amonter des espioris de toutes sortes. Deux de nos frères réfugiés s'occupent à semer la division et la confusion dans nos rangs. Ils feront tout en leur pouvoir pour décourager notre peuple et contrecarrer tous nos plans. Je crois que je gagne maintenant du terrain sur eux- Je pense que je réussirai pleinement [dans ma mission], mais non sans difficultés. M. ... m'apporte une aide considérable. Tous ici sont bien disposés et prêts à passer à l'action le temps venu. Si j'en avais les moyens, je voyagerais et pourrais sans doute faire beaucoup pour notre cause.

J'ai récemment eu le plaisir de voir notre brave ami, M. Julien Gagnon, dont je suis heureux de dire qu'il demeure inflexible dans sa résolution. II semble aussi déterminé que jamais à se battre pour la cause de son pays et à ne pas se soumettre docilement aux lourdes chaînes que l'Angleterre prépare pour ses compatriotes. Sa réputation de brave est grande auprès des Américains et des Canadiens. C'est la terreur des tories à la frontière. J'espère qu'il désarmera

1 Une transcription de cette lettre a d'abord paru en anglais dans Ie North Amerkm du 22 janvier 1840 . L'original demeurant introuvable, nous empruntons la traduction qu'en donne Michel de Lorimier dans Letires d'un patriote conahné à mort, Montréal, Comeau & Nadeau, 1997, p. 36. encore plusieurs de ces vils et courageux esclaves, comme il l'a fait avec le vieux Taylor de la baie Missisquoi-

Quant à moi, je suis toujours prêt de verser mon sang sur le sot qui m'a vu naître, afin de renverser l'infâme gouvernement britannique - sa cime, ses branches, ses racines, tout. Mais je dois avouer que mon cœur saigne à l'idée de laisser ma famille sans aucun moyen de subsistance. Cette pensée m'a souvent fait monter les larmes aux yeux.

À la hâte, Ton fidèle ami et compatriote, Chevalier de Lorimier ANNEXE II

Copie de la lettre autographe de Chevalier de Lorimier R.-AR Hubert

-- - - - ai.

Acheson, Archibald (Lord Gosford) 49, 50, 56, 57 Ailaire, Gratien 28 Amherst, Jefftey 38 Aquin, Hubert xi, xiii, 8, 131 Armand, Joseph (dit Chartrand) 55, 59, 88 Aubin, Georges 5, 8, 74, 76 Aubin, Napoléon 15. 6% Bagg, Stanley 69 Bagot, Charles 63 Baldwin, Robert 63, 64,, 65 Barthe, Joseph-Guillaume 14, 15, 61 Bayard, Alfred 11 9 Beaudet, Marie-Andrée 29 Beaudry, Pierre-Jacques ix, 19, 20, 23, 114 Beaugrand, Honoré 73, 78 Bédard, Etzéar 48 Belle, Joseph 68, 106 Bergevin, Henri, 7 Bernard, Jean-Paul 5, 6, 8, 28, 118 Berthelot, Adèle (épouse de Louis-Hippolyte La Fontaine) ix, 13, 15, 17, 19, 20- 22,37,120, 121 BertheIot, Amable 121 Bezeau, Marguerite 80 Bilette, Pierre 48 BIaiklock, George 74 Blanchard 11 Bianchet, Renée 9 Bois, ~ouis-Édouard(Fblix Poutré) 4 Boivin, Aurélien 125 Bonaparte, Napoléon, 102 Bonenfant, Jean-Claude 99 Boucher Belleville, Jean-P hilippe 9, 53, 54 Boucher de la Broquerk, Marie-Hippolyte 79 Boucher de la Bruère, Montarville 79 Boucher de la Bruère, Pierre-Claude ix, 19, 20, 23, 26, 79-82, 101, 112, 122, 128 Boucher de la Bruère, Pierre-René-Joseph-Hippolyte 79 Bouchette, Robert-Shore-Milnes 58 Boulet, Marie-Josephe 83 Brault, Michel 7, 37 Brien, Jean-Baptiste-Henry ix, 13, 15, 17, 19, 26, 72, 77, 81, 87, 101, 11 8, 122, 123 Brown, Thomas Strorrow 52, 53, 54 Brown, William 39 Bruce, James (Lord Elgin) 64, 65 Bruneau, Julie (épouse de Louis-Joseph Papineau) 8, 9 Buller, Charles 98 Byron, George Gordon (Lord Byron) 37 Cadieux (de Courville), Henriette ix, 13, 15, 17, 19, 20, 23, 32-34, 68, 71, 72, 73, 74, 77, 78, 83, 84, 87-89, 91, 106-108, 113, 115, 119, 127-130 Cadieux (de Courville), Jean-Marie 68, 78, 89 Cardin, Jean-François 28 Cardinal, Adélaïde-Domitile 76 Cardinal, Joseph-Narcisse 16, 35, 36, 60, 61, 75, 76, 80, 112, 117, 128 Cardinal, Marguerite 75 Carleton, Guy (Baron Dorchester) 39, 40 Caron, Louis 6 Cartier, Cécile 95 Cartier, Georges-Étienne ix, 11, 15, 19, 21, 23, 25, 33, 66, 69, 84, 92, 94, 95, 97-99 Cartier, Georges-Étienne (docteur) 21, 97 Cartier, Henry 98 Cartier, Jacques 98 Cathcart, Charles Murray 64 Chaput, Marcel 5 Chartrand, Réginald 5 Chartrand, Michel 5 Chasseur, Pierre 53 Chateaubriand, François-René de 37 Chauveau, Pierre-Joseph-Olivier 14 Chauvin, Casimir 48 Chénier, Jean-Olivier xiii, 5, 11, 16, 50, 56, 70 Chemer, Hypolite 127 Cherrier, Odile 19, 119, 127 Cherrier, Séraphin 50 Cherrier, Trefflé ix, 15, 17, 19, 25, 91, 106, 127 Chèvrefils, Ignace-Gabriel 72, 87 Chrétien, Jean 18 Clarke, Alured 41 Clitherow, John 87 Colborne, John (Baron Seaton) ix, 3, 13, 14, 19, 20, 34-36, 56, 57, 58, 59, 60, 61, 62, 70, 72, 86, 89, 93, 102-105, 112, 128, 131 Colborne, Samuel 102 Comeau, Robert 9, 19, 23, 89 Corneife, Pierre 113 Corneille, Thomas 113 Côté, Cyrille-Hector-Octave 20-1 2, 30, 31, 50, 57, 58, 60, 113, 141 Couture, Claude 28 Craig, James Henry 29, 43, 44 D'Allemagne, André 99 Dandurand, Marie-Louise 75 Daunais, Amable 16, 55, 62, 73, 88, 90, 117, 128 David, Laurent-Olivier xii, 4, 10, 11, 15-19, 22, 23, 28, 30, 72-74, 76, 78, 90, 92, 104,106, 108, 117, 128,131 Davignon, François 54 Day, lthmar Hubbell 84 Day, Charles Dewey 72,84, 87, 90 Debartzch, Pierre-Dominique (seigneur) 54, 55 Decoigne, Louis 80 Decoigne, Pierre-Théophile 36, 61, 80, 11 1, 112, 1 17, 128 Delisle, M. 17 Demaray (ou Desmarais), Pierre-Paul 54, 75 Denis, Archange 131 Derome, François-Magloire 15 Des Rivières, Adélard-lsidor 9 Des Rivières, Rodolphe 58 Dessaulles, Louis-Antoine 53 Dewey, Laura 84 Didier, Béatrice 20 Dion, Stéphane 18 Draper, William Henry 63 Drolet, Joseph-Toussaint 50, 53 Drurnmond, Gordon 45 Drummond, Lewis Thomas 72 Ducharme, Léandre 8, 59, 114 Dumas, Alexandre 37 Dumont, Fernand 28, 36, 111 Dumouchelle, Louis 72, 87 Dumouchelle, Joseph 72, 75,87 Duquette (ou Duquet), Joseph 16,60,61,75, 76, 112, 117, 128 Duquette (ou Duquet), Clorinthe 75 Duquette (ou Duquet), Elmire 75 Duquette (ou Duquet), Sophie 75 Duvemay, Ludger 11, 16, 17, 19,47,48,50,69, 116 Etlice, Edward (seigneur) 60, 71, 81, 131 Eliovith, John Broditch (Baron Fratelin) ix, 19, 20, 23, 33, 89, 90, 118, 119, 127 Fabre, Édouard-~ayrnond16,69,98 Fabre, Hector ii, xi, 10, 19, 30 Fabre, Hortense 98 Falardeau, Pierre 7, 18, 19, 37 Fauteux, Ægidius 10, 28, 75, 76, 79, 88, 122, 125 Filteau, Gérard 1, 5, 28 Flaherty, Marguerite 86 Fontaine, Marie-Josephte (dit Bienvenue) 121 Fréchette, Louis 4, 11, 73, 78 Gagnon, Julien 133 Galameau, Claude 90 Gale, Samuel 84 Gallichan, Gilles 6 Gamelin, Émilie 114 Gariépy, Edgard 128 Garneau, François-Xavier 3, 14-16 Garstin, Cordélia Anne 102 Gauvreau, Charles-Arthur 11 Gauvin (Mme) 1 14 Gauvin, Henri-Alphonse 53, 58 Genest (Mme) 11 George II (Roi de Grande-Bretagne) 38, 51 George III (Roi de Grande-Bretagne) 38, 40, 46 George IV (Roi de Grande-Bretagne) 46-48 Glenelg (Lord) 50, 72 Gilmore, Thomas 39 Girod, Amury 50, 53-55, 70 Girouard, Jean-Joseph 16, 50, 120 Giroux, André 6 Globensky, Charles-Auguste-Maximilien 4, 16, 17 Globensky, Maximilien (capitaine) 16 Godbout, Jacques ii, 7 Goddu, Toussaint-Hubert 58 Goyette, Jacques 72, 87 Gore, Charles Stephen (colonel) 54-56 Grassi, Marie-Claire 34 Greer, Allan, 8 Grenville, William Wyndham 41 Grignon, Claude-Henri 6 Guillaume IV (roi de Grande-Bretagne) 48, 51 GUY,Hippolyte 125 Haldimand, Freden'ck 40, 41 Hamelin, François-Xavier 59, 6 1, 80, 112, 11 7, 128 Hamilton, Henry 41 Hare, John 9, 28 Hart 72 Head, Edmund Walker 65 Hempstead, Sarah 86 Héroux, Denis 6 Hincks, Francis 65 Hindenlang, Charles 16, 62, 73, 88, 90, Ili, 118, 125, 128, 130, 132 Holmes, Marie Margaret 84 Hope, Henry 41 Horguelin, Christophe 6 Hubert. ~ouis-Édouard95 Hubert, René-Auguste-Richard ix, x, 13, 19, 20, 94-96, 124, 135-137 Hugo, Victor 37 Hurtubise 13 1 Huston, James 4, 11, 13-15, 18, 22, 23, 25, 83, 86, 88, 89, 106, 107, 116, 119, 122, 127 Jalbert, François (capitaine) 55, 62 Jenison, S.H. 56 Julien, Suzanne 6 Kempt, James 47 Labadie, Joseph-Augustin 68 Laberge, Jean 72, 87 Lachanœ, Micheline 8, 89 Lachance, Barthélémi 53 Lacoursière, Jacques 28 La Fontaine, Louis-Hippolyte 9, 21, 37, 63-65, 120, 121 Lalonde, Michèle 89 Lamarche, Jacques, 8 Lamartine, Alphonse de 37 Lambton, John George (Lord Durham) 3,4, 7, 14, 57, 58, 59, 62, 77 Lamennais, Félicité Robert de 37 Lamirande, Claire de 6 Lamonde, Yvan 2 Lanctot, Hypolite 9, 28, 125 Landry, Renée 9, 28 Languedoc, François 48 Larin, Claude 2 Laporte, Gilles 7, 29, 112 Lartigue, Jean-Jacques (Monseigneur) 53, 57 Larue, Hubert 11 Leclair, Catherine 88 Lefebvre, Jean-Jacques 68 Lemire, Maurice xii, 14-16, 31, 11, 117 Lennox, Charles (Duc de Richmond) 45 Lenoir, Joseph 15 Lepage, Roland 6 Lepailleur (ou Le Pallieur), François-Maurice 8, 9, 76, 114 Lepailleur (ou Le Pallieur), François-Georges 75, 76 Létourneau, Jocelyn, 7 Lévesque, Louis-Guillaume ix, 14, 19, 20, 77, 94, 114, 118, 124-126 Lévesque, Marc-Antoine-Louis 125 Lévesque, Raymond 5 Lévesque, René 5 Loranger, Thomas-Jean-Jacques 15 Lorimier, Adélaïde-Zénoise-Léopoldine (fille de Chevalier de Lorimier) 35, 68, 73, 77, 78, 90, 100, 107-109, 112, 129, 130 Lorimier, Charles de (frère de Chevalier de Lorimier) 86, 104, 129 Lorimier, Chevalier de (cousin de Chevalier de Lorimier) ix, 13, 15, 17, 19, 73, 74, 83-85, 87, 90, 91, 129, 130 Lorimier, Emest-François-Napoléon de (fils de Chevalier de Lorimier) 35, 68, 77, 78, 90, 100, 104, 106-109, 112, 113, 129, 130 Lormier, Émilie de (sœur de Chevalier de Lorimier) 129 Lorimier, François-Marie-Thomas Chevalier de ii, iii, viii, ix, xiii, 7, 9-21, 23-28, 30-37, 62, 67-72, 74-1 37 Lorimier, François-Thomas (oncle de Chevalier de Lorimier) 83 Lorimier, François-Thomas Verneuil de (grand-père de Chevalier de Lorimier) 129 Lorimier, Gédéon-Georges (frère de Chevalier de Lorirnier) 86, 129 Lorimier, ~uillaume-clément-Édouard Verneuil de (père de Chevalier de Lorimier) 67, 83, 129 Lorimier, Henriette-Rachel-Adélaïde (fille de Chevalier de Lorimier) 68, 77 Lorimier, Joseph-Adélaïde-Rosalie-Guilmine (sœur de Chevalier de Lorimier) ix, 13, 17, 19, 73, 74, 78, 84, 90, 91, 93, 102, 106, 108, 112, 113, 15128, 129, 130 Lorimier, Jean-Baptiste-Chamilly Verneuil de (frère de Chevalier de Lonmier) 13, 17, 31, 86, 129 Lorimier, Louis-Charles-Guillaume de (frère de Chevalier de Lorimier) 86, 129 Lorimier, Marguerite de (sœur de Chevalier de Lorimier) 129 Lorimier, MargueriteHenriette (fille de Chevalier de Lorimier) 68, 77 Lorimier, Michel de 30, 68, 70, 71, 73, f03, 11 1, 122, 133 LorÏmier, Stéphanie-Marguerite-Malvina de (fille de Chevalier de Lorimier) 35, 68,73,77,78,90, 100, 104, 107-109, 112, 113, 129, 130 Lorimier, Louis-Gonzague-Verneuil de (frère de Chevalier de Lorimier) 86, 129 Lucas, Charles 4 Lukin, Jean-Baptiste 80 Lussier, Louis 58 Lyon, Barbara 84 Mac Donald, John Alexander 66, 84, 98 MacNab, Allan Napier 65, 66, 98 Mailhot, Laurent xii, 3 1, 34-37, ? 11, 11 7 Malhiot, Édouard-Élisée 57, 61 Maillet, Jean-Baptiste 55 Marceau, Joseph 114 Marchesseault, Judith 9 Marchesseauli, Siméon 9, 50, 58,95 Massicotte, Édouard- otique 83 Masson, Luc-Hyacinthe 58 Masson, Marie-Marguerite 114 McCabe, Mary 80 Ménard, Antoine 121 Mercier, Honoré 4 Metclafe, Charles Théophilus 63 Miller, Carman 84 Milnes, Robert Shore 42 Mondelet, Dominique 87 Monet, Jacques 121 Monjeau, Marie-Justine 100 Montclam, Louis-Joseph de (Maquis de) 38 Morin, Augustin-Norbert 48, 53, 65 Morisson, ~ulie-Élizabeth-~eneviève 1 21 Muller, Edward Angier 87, 90 Murray, James 38, 39 Nadeau, Jean-François 9, 19, 23, 89 Narbonne, Pierre-Rémi 16, 62, 73, 88, 90, 117, 128 Neefs, Jacques 20 Neilson, John 46, 70 Nelson, Robert xiii, 3, 9, 10, 16, 57, 58, 60, 61, il,72, 81, 88 Nelson, WoIfred 9, 50, 53, 55, 58 Nicolas, François 16, 55, 62.73, 88, 90, 117, 128 OrCallaghan, Edmund Bailey 50, 53, 54, 57 Ouellet, Fernand 80 Ouirnet, André 52-54 Panet, Chariotte-Mélanie 125 Panet, Jean-Antoine 42 Papineau, Amédée 9, 125 Papineau, Lactance 9 Papineau, Louis-Joseph ii, xiii, 1-4. 6, 8-1 0, 28, 45-48, 50, 52-54, 56-58, 69, 72, 111 Paradis, Marguerite 98 Parent, Étienne 14 Paulin, Marguerite 8 Pelletier, Férréol ix, 13 ,15, 17 ,19, 24, 25, 91, 106, 1 16, 117 Perrault, Joseph 83 Perrault, Louis 9, 53 Perrault, Luce 98 Perrault, MargueriteAdélaïde 67, 83 Perrin (Mme) 9l,lO6,lO7, 109 Perrin, Ferdinand ix, 15, 17, 19, 34, 91, 106-109 Pierrot, Roger 20 Pinsonneault, Gédéon 55 Pinsonneault, Joseph 55 Pratte, Joseph 55 Prescott, Robert 42 Prévost, George 44, 45 Prieur, Antoine 131 Prieur, François-Xavier ix, 8, 10, 1 1, 17, 19, 24, 30, 72, 74, 81, 87, 91, 95, 112, 114, 123, 125, 131, 132 Provencher, Jean 29 R ...... n (Mme) 107, 108 R...... n (demoiselle) 107, 108 Ramsay, George (Comte de Dalhousie) 29, 45, 47, 68, 11 1 Rapin, Chartes 9 Raymond, Joseph-Sabin 15 Reid, Philippe 2 Renaud, Jean-Baptiste 64 Riel, Louis 4 Ritchot, Pierre 67, 68, 113 Robert, Joseph-Jacques 59,61, 80, 112, 117, 128 Robillard, Denise 114 Robitaille, Louis-Adolphe ix, 15, 19, 20, 26, 100, 101 Rochon, Paul 6, 8 Rochon, Toussaint 72, 87 Rodier, Édouard-Étienne 50, 98. 125 Roy, François 121 Roy, Marie-Marguerite 89 Russel John (Lord Russel) 2, 10, 49, 62.69, 70 Sabrevois de Bleury, Marguerite 129 Saint-Au bin, Marie-Louise 86 Saint-Germain, Charles (dame) 55 Saint-Germain, Eugénie 75, 76 Saint-Jacques, Denis 16 Saint-Ours, François-Roch de 74 Salaberry, Charles de 45 Salée, Daniel 6 Sanguinette (ou Sanguinet), Charles 59, 61, 80, 112, 117, 128 Sanguinette (ou Sanguinet), Ambroise 59, 61, 80, 112, 117, 128 Schull, Joseph 8 Scott, Walter 37 Senior, Elinor Kyte 8 Séguin, Robert-Lionel 8, 76 Sévigné (Mme de) 36 Sherbrooke, John Coape 45 Signay, Joseph (évêque) 53 Singelais, Yves 6 Smallwood (docteur) 81 Smith, Mary Magdelene 114 Soucy, Réjane 121 Staël (Mme de) 37 Stanley, G.-B.-F 4 Sweetser, Marie-Odile 36 Taché, Étienne-paschal 66, 98 Tardive!, Jules-Paul 17 Taylor 134 Tétrault, Maximilienne 11, 12 Thibert, Maurice 76 Thibert, Jean-Louis 76 Thomas, H, J- 12 Thomson, Charles Edward Poulett (Lord Sydenham) 62 Touchette, François-Xavier 72, 87 Tracey, Daniel 48, 69 Trudeau, Eugène 53 Van Buren, Martin 57 Victoria (Reine de Grande-Bretagne) 51, 53 Viger, Bonaventure 54, 58 Viger, Denis-Benjamin 14, 63 Viger, Hermine 95 Vincent, André 103 Vincent, Joseph 54 Vitty, David 59 Walker, Aaron 59 Waller, Jocelyn 47 Wattier, Joseph 72, 87 Weir, George 55, 58, 59, 62 Weilbrenner, Marie-Julie 79 Weinmann, Heinz 7 Wetherall, George Augustus (colonel) 54, 55 Whitworth, Matthew (Lord Ayl mer) 48 Wilson, Alain 102 Wilson Bruce 6 Wilson, John 45 Yonge, Elizabeth 102 Young, Brian 99 BIBLIOGRAPHIE

1- Lettres de Chevalier de Lorîmier (manuscrits et texte de base) - «Lettre de Chevalier de Lorimier à sa sœun>,dans Laurent-Olivier David, Les Patriotes de 1837-7838, Montréal, Librairie Beauchemin, 1884, p. 254-255.

- «Lettre de Chevalier de Lorimier à Pierre-Claude Boucher de la Bruère», ASTR, Collection Montarville Boucher de la Bruère, cote 0032-01 956-

- «Lettre de Chevalier de Lorimier à son cousin», dans James Huston, Le Repertoim national, tome II, Montréal, ImprÏmerie LoveIl& Gibson, 1848, p. 97-98.

- «Lettre de Chevalier de Lorirnier à son frère», dans James Huston, Le Répertoire national, tome II, Montréal, Imprimerie Lovelf & Gibson, 1848, p. 99.

- «Lettre de Chevalier de Loi-ïrnier à Henriette Cadieuxn, dans James Huston, Le Répertoire national, tome II, Montréal, Imprimerie Lovell 8 Gibson, 1848, p. 98-99.

- «Lettre de Chevalier de Lorimier à un ami anonyme», dans Laurent-Olivier David, Les Patbotes de 1837-1 838, Montréal, Librairie Beauchemin, 1884. p. 258- 259.

- «Lettre de Chevalier de Lorimier à René-AugusteRichard Hubert», ANQ-M, fonds Famille de Lorimier, cote Pl000-Dl 67.

- «Lettre de Chevalier de Lorimier à ~eorges-ÉtienneCartier», collection personnelle du docteur Georges-Étienne Cartier, à Montréal.

- «Lettre de Chevalier de Lorimier à Louis-Adolphe Robitaille)), ANQ-Q. fonds Sieur Robitaille, cote Pl000-Dl 806.

- «Lettre de Chevalier de Lorimier John Colborne», ANQ-M, fonds Famille de Lorirnier, cote PI000-Dl 67-

- «Lettre de Chevalier de Lorimier à Ferdinand Perrin», dans James Huston, Le Répertoire national, tome II, Montréal, Imprimerie Lovell & Gibson, 1848, p. 104.

- <

- «Lettre de Chevalier de Lorimier au public et à ses amis (testament politique)». ANQ-Q, fonds François-Marie-Thomas de Lorimier, cote Pl000-Dl 31 7. - ((Lettre de Chevalier de Lorimier à Pierre-Jacques Beaudry». ANQ-Q, fonds Pierre-J. Beaudry, cote Pl000-Dl 24.

- «Lettre de Chevalier de Lorimier à Férréol Pelletien>, dans James Huston, Le Répertoire national. tome II, Montréal, Imprimerie Lovell & Gibson, 1848, p. 104- 105.

- lettre de Chevalier de lurimier au Baron de FrateIin», ANQ-Q, fonds du Ministère de la Justice, série des événements de 1837-1838, cote 4M00-24861 microfilm M16515, pièce no2972.

- «Lettre de Chevalier de Lorirnier à Adèle Berthelot», Musée David MacDonald Stewart, cote RB 971-038 LI3 1838.

- ((Lettre de Chevalier de Lorirnier à Jean-BaptisteHenry Brien», dans James Huston, Le Répertoire national, tome II, Montréal. Imprimerie Lovell & Gibson, 1848, p. 106.

- alettre de Chevalier de Lorimier à Guillaume Lévesque», ANQ-M, Collection Rébellion de 1837-1838, cote P224f 1972-00-269-11 microfilm 06, M-P224.

- «Lettre de Chevalier de Lorimier à Trefflé Cherrien>,dans James Huston, Le Répertoire national, tome II, Montréal, lmprimerie Lovell 8 Gibson, 1848, p. 107.

- «Lettre de Chevalier de Lorimier à sa femme», ANQ-Q, fonds François-Mane- Thomas de Lorimier, cote Pl000-0 1317.

- «Lettre de Chevalier de Lorimier à François-Xavier Prieun>,dans Laurent-Olivier David, Les Patriotes de 7837-7838, Montréal, Librairie Beauchemin, 1884, p. 246.

II- Autres lieux de publication des lettres de Lorimier

- Bulletin des recherches historiques, vol. XLVII, no 1, janvier 1941.

- FRÉCHETTE, Louis, Le Héros de Saint-Eustache, Jean-Olivier ChBnier [microforme], Montréal, E. Derners, [1893?], 22 images.

- GAUVREAU, Charles-Arthur, Captive et Bourreau [microforme], Québec, La Gazette des campagnes, 1882, 36 images.

- LARUE, Hubert, Histoire populaire du Canada ou entretiens de Madame Genest à ses petits-enfants, Québec, Blumhart, 1875, 322 pages.

- Le Patriote canadien, 13 novembre 1839.

- L'Opinion publique, 10 février 188 1, 3 mars 188 1, 10 mars 188 1. - LORIMIER, Chevaiier de, Lettres d'un patriote condamné d mort, Montréal. Corneau & Nadeau éditeurs, 1996, 132 pages.

- LORIMIER, Chevalier de, Lettres d'un patriote rondamnt5 a mort, Montréal, Corneau & Nadeau éditeurs, 1997, 11 1 pages.

- PR1EUR, François-Xavier, Notes d'un condamné politique de 1838, suivi du Journal d'un exilé politique aux terres australes de Léandre Ducharme. présentation de Hubert Aquin, Éditions du Jour, 1974, 245 pages.

- Rapport des Archives nationales du Québec, 1924, 1925, 1926-1 927.

- The North American, 15 mai l839,7 août l839,6 novembre l839,SS janvier 1840, 24 juin 1840, 25 juillet 1840.

III- Ouvrages sur l'histoire du Canada et sur les Rébellions

- BOUCHER-BELLEVILLE, Jean-Philippe, Journal d'un paf~ote(1 837-18381, Montréal, Guérin Littérature, 1992, 174 pages.

- BERNARD, Jean-Paul, Les Rébellions de 1837-7 838, Les Patriotes du Bas- Canada dans la mémoire collective et chez les historiens, Montréal, Boréal Express, 1983, 349 pages.

- BERNARD, Jean-Paul, Les Rébellions de 7837 et de 1838 dans le Bas-Canada, Ottawa, Société historique du Canada, 1996, 41 pages.

- BOIS, ~ouis-Édouard[Félix Poutré]. Échappé de la potence :souvenirs d'un prisonnier d'état canadien en 1838 [microforme], Montréal, De Montign y, 1862, 71 images.

- CARDIN, Jean-François et Claude COUTURE avec la collaboration de Gratien ALLAIRE, Histoire du Canada. Espace et différences, Sainte-Foy, Les Presses de l'université Laval, 1996, 397 pages.

- DAGNEAU, Jacques, «Les Historiens canadiens-français face aux événements de 1837-1838», Thèse de doctorat en histoire, Université Laval, 1968, 230 feuillets.

- DES RIVIÈRES, Adélard-Isidore et Chades RAPIN, Mémoires de 1837- 7838, suivis de La Quête de l'or en Californie, textes établis et annotés par Georges Aubin, Éditions du Méridien, collection aMémoire québécoise)) no 7, 2000, 195 pages.

- DUMONT, Femand, Genèse de la société québécoise, Montréal, Boréal Compact, 1993,393 pages. - DUCHARME, Léandre, Journal d'un exilé polifique aux terres australes, Montréal, F. Cinq-Mars, 1845, 106 pages.

- FABRE, Hector, Esquisse biographique sur Chevalier de Lorimier (patriote de 7837-38) [microforme], Montréal, Éditions du Pays, 1856, 11 images.

- FAUTEUX, Egidius, Patriotes de 18374838. Montréal, Les Éditions des dix, 1950,433 pages-

- FILTEAU, Gérard, Histoire des patriotes, Montréal, Éditions de l'A. C.-F., 1938, 3 vol,

- GARNEAU, François-Xavier, Histoire du Canada :depuis sa découverte jusqu'à nos jours, Québec, [s.n.], 1845, 4 vol.

- GLOBENSKY, Charles-Auguste-Maximilien, La Rébellion de 7837 à Saint- Eustache. Précédé d'un exposé de la sifuation du Bas-Canada depuis la cession, Québec, A. Côté, 1883, 466 pages-

- GLOBENSKY, Charles-Auguste-Maximilien, La Rébellion de 7 837-38 ou réponse de M.L.A. Globensky à M. L.O. David [microforme], 1884, 56 images.

- GREER, Allan, Habitants et patriotes: la Rébellion de 1837 dans les campagnes du Bas-Canada, Montréal, Boréal, 1997, 370 pages.

- HIN DENLANG, Charles, Déclaration volontaire de M. Charles Hindenlang, général de brigade dans l'armée des rebelles [microforme], Montréal, [s.n.], 1838, 5 images. - LACOURSIÈRE, Jacques, Histoire populaire du Québec, Sillery, Éditions du Septentrion, 1995,4 vol. - LA FONTAINE, Louis-Hippolyte, Journal de voyage en Europe (1837-7 838), texte établi et annoté par George Aubin, Siilery, Septentrion, «Les cahiers du Septentrion» no :4,1999, 153 pages.

- LAMBTON, John George, 1er Comte de Durham, Le Rapport de Durham, présenté, traduit et annoté par Marcel-Pierre Hamel de la Société historique de Montréal, Québec, Éditions du Québec, 1948, 376 pages.

- LAMBTON, John George, Lord Durham's Report on the affairs of British North Amerka, edited with an introduction by Sir Charles Lucas, New York, Augustus M. Kelley Publisher, 3 vol.

- LANCTOT, Hypolite, Souvenirs d'un patriote exilé en Australie, l83&l845, texte établi, avec introduction et notes, par John Hare et Renée Landry, «Les cahiers du Septentriona no 15, Sillery, Septentrion, 1999, 220 pages. - LEPAILLEUR, François-Maurice, Journal d'exil, présenté par Robert-Lionel Séguin, Montréal, Éditions du Jour, 1972, 198 pages.

- LEPAILLE UR, François-Maufice, Joumal d'un patriote exil6 en Australie (1 839- 7945). texte établi, avec introduction et notes, par Georges Aubin, Sillery, Septentrion, 1996, 41 1 pages.

- LORIMIER, Michel de, 'lorimier, Chevalier de", dans Dictionnaire biographique du Canada, tome VIi, Sainte-Foyl Toronto. Les Presses de l'université Lavall Press, 1988, pages 553 à 558-

- LORIMIER, Michel de, 'Chevalier de Lorimier. Notaire et patnote montréalais de 1837-1838". Mémoire de maitrise en histoire, Université du Québec a Montréal, 1975, 147 feuillets.

- MARCHESSEAULT, Siméon, Lettres à Judith, correspondance d'un patriote exilé, textes présentés et annotés par Georges Aubin, «Les cahiers du Septentrion)) no 7, Sillery, Septentrion, 1996. 124 pages.

- NELSON, Robert, Déclaration d'indépendance et autres écrits, textes présentés et annotés par Georges Aubin, Montréal, Comeau & Nadeau, 1998, 90 pages.

- NELSON, Wolfred, EC~d'un patriote (1 812-1 8&), textes présentés et annotés par George Aubin, Montréal, Comeau & Nadeau, 1998, 177 pages.

- PAPINEAU, Amédée, Journal d'un Fils de la Liberté (1838-1855), textes présentés et annotés par Georges Aubin, Sillery, Septentrion, 1998, 957 pages.

- PAPINEAU, Amédée, Souvenirs de jeunesse (1822-1 8W),textes présentés et annotés par Georges Aubin, «Les cahiers du Septentrion» no 10, Sillery, Septentrion, 1998, 134 pages.

- PAPINEAU, Julie B,, Une femme patriote: correspondance, 1823-1 862, texte établi avec introduction et notes de Renée Blanchet, Sillery, Septentrion, 1997, 518 pages.

- PAPINEAU, Louis-Joseph, Histoire de l'insurrection du Canada en réfutation du rapport de Lord Durham [microforme], Burlington, Vt. L. Duuemay, 1839, 21 images.

- PAPINEAU, Louis-Joseph, Histoire de I'insumction du Canada, suivi de la Réfutation de l'écrit de Louis-Joseph Papineau de Sabrevois de Bleury, introduction par Hubert Aquin, Montréal, Leméac, 1968, 104 pages. - PERRAULT Louis, Lettres d'un patriote efugié au Vermont (7 837-7839), textes établis et annotés par Georges Aubin. Montréal, Éditions du Méridien, aMémoire québécoise, no 3, 1999, 198 pages.

- PROVENCHER, Jean, Chronologie du Québec. 7534-1 995, édition mise à jour, Montréal, Bibliothèque québécoise, 1997, 365 pages-

- Report of the State Trias before a general court martial held at Montreal in 18389: exhibiting a complete history of the late Rebellion in Lower Canada [microforme], Montréai, Amour and Ramsay, 2 vol.

- ROCHON, Paul, 1837: la petite histoire des patriotes, Montréal, Éditions du Taureau, 1937,283 pages.

- ROCHON, Paul, 7838: l'histoire oubliée des patriotes. Montréal, Éditions du Taureau, 1988,287pages.

- ROCHO N, Paul, 1839: la lente agonie des patnofes, Montréal, Éditions du Taureau, 1988,287 pages.

- ROCHON, Paul, Les derniers patriotes: les exilés de 1840 vous parlent, Montréal. Éditions du Taureau. 1993, 287 pages.

- SCHULL, Joseph, Rébellion. Le Soulèvement patriote de 7837 au Bas-Canada, Montréal, Québec/ Amérique, 1997,303 pages.

- SÉGUIN.Robert-Lionel, La Victoire de Saint-Denis, Montréal, Parti pris, «Paroles», 1964, 45 pages.

- SENIOR, Elinor Kyte. Les Habits rouges et les patriotes, Montréal, VLB. 1997, 310 pages.

- WEINMANN, Heinz, Du Canada au Québec: généalogie d'une histoire, Montréal, l'Hexagone, 1987, 477 pages.

IV- Ouvrages sur l'histoire littéraire, la sociologie de la littérature et la littérature québécoise

- BOURDIEU, Pierre, Les Règles de l'art: genèse et structure du champ littéraire, Paris, Seuil, 1992, 480 pages.

- HAYNE, David M., 'Problèmes d'histoire littéraire du XlXe siècle québécois", dans Revue d'histoire littéraire du Québec et du Canada français, no 2 (1980- 1981), pages 25 à 32.

- HÉBERT, Pierre, 'La Réception de la littérature canadienne-française au XlXe siècle", dans Voix et images, vol. XI, no 2 (hiver 1986), pages 265 a 300. - HUSTON, James, Le Répertoire national ou recueil de la littérature canadienne. Montréal, Lovell et Gibson imprimeurs, 1848, 4 vol-

- LEMIRE, Maurice, "Les Difficultés d'écrire l'histoire littéraire au Québecn,dans Revue d'histoire littéraire du Québec et du Canada français, no 2 (1980-1 981). pages 25 à 32.

- LEMIRE, Maurice (dir.), La Vie Iittéraire au QuBbec, Sainte-Foy, Les Presses de l'université Laval, 1991, 4 vol.

- MAILHOT, Laurent, La Littérature québécoise, Montréal, Typo, 1996, 445 pages.

- MOISAN, Clément (dir.), L'Histoire littéraire. Théories, méthodes, pratique, Sainte-Foy, Les Presses de l'université Laval, 1989, 284 pages.

- RIFFATERRE, Michael, « The stylistic approach to Iiterary history », Ralph COHEN (éd.), New directions in literaiy history, Baltimore, John Hopkins University Press, 1974, pages 147 à 164.

- RU DLER, Gustave, Les Techniques de la critique et de I'hisforie litt&aires en liftérature française moderne, Paris, Slatkine, «Ressources», 1979, 204 pages.

V- Éditions critiques et ouvrages portant sur la textologie

- BONNAT, J.L., et M. BlSSlS (dir.), Écrire, publier, lire les conespondances (problématique et économie d'un genre Iitiéraire), Actes du colloque Les Correspondances (1982), Nantes, Université de Nantes, 1983, 20 1 pages.

- BOUCHARD, Emmanuel, «Édition critique de Bacqueville de La Potherie, Histoire de l'Amérique septentrionale, lettre XII, tome IV», Mémoire de maîtrise en littérature, Faculté des Lettres, Université Laval, 1997, 289 feuillets,

- CARTIER, Jacques, Relations, édition critique par Michel Bideaux, Montréal, Les Presses de l'université de Montréal, «Bibliothèque du Nouveau Monde)), i 986, 500 pages.

- Catalogue de la «Bibliothèque du Nouveau Monde)), Montréal, Les Presses de l'université de Montréal, 40 pages.

- CONTAT, Michel, Problèmes de l'édition crifique, cccahiers de textologie 2», Paris, Minard, 1988, 167 pages.

- DIDIER, Béatrice, et Jacques NEEFS, Éditer des rnanusc~ts:archives, complétude, lisibilité, Vincennes, Presses universitaires de Vincennes, 1996, 200 pages. - FOURNIER, Pierre-François, Conseils pratiques pour le classement et l'inventaire des archives et de l'édition des documents histon'ques écrifs, Paris, Champion, 1924,91 pages.

- GRÉSILLON , Alm uth, Éléments de critique génétique: lire les manuscrits modernes, Pans, Presses universitaires de France, 1994, 258 pages.

- GRÉSILLON,Aimuth. Michaei WERNER, et Louis HAY, Leçons d'écriture, ce que disent les manuscrits, Pans, ((Lettres modernes», 1985, 361 pages.

- HAY,Louis, Carnets d'écrivains: Hugo, Flaubert, Proust, Valéry, Gide, du Bouchet, Pérec, Pans, 1990,253 pages.

- HAY, Louis, De la lettre au Iivrie: sémiotique des manuscrits littéraires, «Textes et manuscrits», Paris, 1989, 195 pages.

- HAY, Louis, La Naissance du texte, Pans, José Corti, 1989, 226 pages.

- LAHONTAN, Louis Armand de Lom dlArce, baron de, Oeuvres complètes 1, Il, édition critique par Réal Ouellet et Alain Beaulieu, Montréal, Les Presses du l'Université de Montréal, «Bibliothèque du Nouveau Monden, 1990, 2 vol.

- LAUFER, Roger, lntmductlon à la textologie- Vérification, établissement, édition des textes, Paris, Librairie Larousse, 1972, 159 pages.

- LAUFER, Roger, Le Texte et son inscription, Paris, Éditions du CNRS, 1989, 233 pages.

- LECLERCQ, Chrestien, Nouvelle Relation de la Gaspésie, édition critique par Réal Ouellet, Montréal, Les Presses de l'université de Montréal, «Bibliothèque du Nouveau Monde», 1999,796 pages.

- PAQUET, Isabelle, «Édition critique d'une lettre de Cavelier de La Salle à son associé Thouretn, Mémoire de maîtrise en littérature, Faculté des Lettres, Université Laval, 1997, 366 feuillets.

- Protocole d'édition critique de la «Bibliothèque du Nouveau Monde», préparé par le comité de rédaction du corpus d'éditions critiques, Ottawa, Université d'Ottawa, 1989.

- TREMBLAY, Mylène, <&dition critique des Mœurs des Sauvages de Louis Hennepin)), Mémoire de maîtrise en littérature, Faculté des Lettres, Université Laval, 1995, 49 1 feuillets. VI- Owrages sur ISesth6tiqueromantique

- ALLEN, James, 'Y a-t-il eu en France une génération romantique de 1830?", dans Romantisme, vol. 28-29, 1980, pages 1O3 à 117.

- BENICHOU, Paul, Les Mages romantiques, Paris, Gallimard, 1988,553 pages. - BISSON, Laurence A., Le Romantisme iitferaire au Canada français, Pans, Droz, 1932,285 pages.

- CLAUDON, Françis (dir.), Le Rayonnement internationalde Victor Hugo, New York, Peter Lang publishing, 1989, 273 pages.

- DASSONVILLE, Michel, 'Crémazie. le romantisme et nous", dans Revue de l'université Laval, vol. IX, no. 3 (novembre 1954), pages 21 0 à 221.

- DUGAS, Marcel, Un romantique canadien: Louis Fréchette, 18394908, Pans, Revue mondiale, 1934, 294 pages-

- FIZAINE, Jean-Claude, 'Les Romantismes et la Révolution de Juilletn, dans Romantisme, vol. 28-29, f 980, pages 29 à 46.

- HAYNE, David M., 'Sur les traces du préromantisme canadienn,dans Paul Wyczynski, Bernard Julien et Jean Ménard (dir.), Mouvement littéraire de Québec 1860. Bilan littéraire de l'année 1960, Ottawa, Éditions de l'Université d'Ottawa, Centre de recherche de littérature canadienne-française, archives des Lettres canadiennes», pages 7 a 27.

- HUGO, Victor, Le Dernier Jour d'un condamné, Pans, Gallimard, «Foliou, 1982, 434 pages.

- JONES, Howard Mumford, Revolution & mmanticism, Cambridge, Harvard University Press, 1974, 487 pages.

- JOUSSAI NI André, Romantisme et politique, Paris, Bossard, 1924, 290 pages.

- LEMIRE, Maurice (dir.), Le Romantisme au Canada, Québec, Nuit Blanche éditeur, «Les Cahiers du Creliq)), 1993, 341 pages.

- MARION, Séraphin, Les Lettres canadiennes d'autrefois, tome VII, bataille romantique au Canada français, Hull/ Ottawa, Éditions de l'Éclair/ Éditions de l'université d'Ottawa, 1947, 168 pages.

- MILLET, Claude (dir.), L'Esthétique romantique en France. Une Anthologie, Paris, Éditions Agora, des Classiques)), 1994, 337 pages. - POISSON. Jacques, Le Romantisme et la souveraineté: enquete bibliographique sur la philosophie du pouvoir pendant la Resfauretion et la Monarchie de Juillet (1875-1 848), Park, Vnn, (Bibliothèque d'histoire de la philosophie), 1932, 188 pages.

- SABBAH, Hélène, Le Hems romantique. Thèmes et questions d'ensemble, Pans, Hatier, <

VII- Ouvrages portant sur l'énonciation, l'art épistolaire et les écrits intimes

- CHARTIER, Roger (dir.), La Correspondance: les usages de la leftre au XI* siècle, Pans, Fayard, 1991 , 462 pages.

- DIDIER, Béatrice, Le Journal intime, Paris, Les Presses universitaires de France, 1976,205 pages.

- Discours et pratiques de l'intime, Textes présentés au colloque tenu au Centre d'études québécoises de l'Université du Québec à Trois-Rivières, les 5 et 6 novembre 1992, sous la direction de Manon Brunet et de Serge Gagnon, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1993, 267 pages.

- Entre l'Histoire et le roman: la littérature personnelle, Actes du séminaire de Bruxelles tenu les 16 et 17 mai 1991, édités par Madeleine Frédéric et distribués par le Centre d'études canadiennes, Université de Bruxelles, 1992, 272 pages.

- GRASSI, Marie-Claire, L'Ad de la lettre au temps de la Nouvelle Héloïse et du romantisme, Genève, Slatkine, 1994, 366 pages,

- GURKIN ALTMAN, Janet, Epistolariw approches to a form, Colombus, Ohio State University Press, 1982, 235 pages.

- GUSDORF, Georges, Lignes de vie, t.7. Les Écritures du moi, Paris, Éditions Odile Jacob, 1991, 431 pages.

- HÉBERT, Pierre, avec la collaboration de Marylin Baszczynski, Le Journal intime au Québec: strvcture, &olution, réception, Montréal, Fides, 1988, 209 pages.

- WUFMANN, Vincent, équivoque épistolaire, Paris, Éditions de Minuit, 1990, 221 pages.

- KERBRAT-ORECCHIONI, Catherine, é énonciation. De la subjectivité dans le langage, Pans, Armand Colin, «Linguistique», 1988, 290 pages.

- LAMONDE, Yvan, Je me souviens: la littérature personnelle au Québec (7860- 7980), Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1985, 276 pages. - La Lettre: approches sémiotiques, Actes du Vie colloque interdisciplinaire de l'Université de Fribourg, Fribourg, Éditions universitaires de Fribourg-Suisse, 1988, 147 pages.

- ME1 LLEURI Jean-Baptiste, Court traité sur l'art épistolarie [microforme], Montréal, F. Cinq-Mars, 1863, 40 images.

- MELANÇON, Benoît, Diderot épisto/ier. Cmtribution à une poétique de la lettre familière au XVllF siècle, Montréal, Fides, 1996, 428 pages.

- MELANÇON, Benoît, et Pierre POPOVIC (dir.), Recherches entessur I'épistolaire français et québécois, Montréal, Centre universitaire pour la sociopoetique de l'épistolaire et des correspondances, 1993, 241 pages.

- ROEY-ROUX, Françoise van, La Littérature intime du Québec, Montréal, Boréal Express, 1983, 254 pages.

- ROUSSET, Jean, Le Lecteur intime. De Balzac aujournal, Pans, José Corti, 1986,220 pages.

VIII- Ouvrages et études complémentaires

- AUBIN, Georges, «La Prison du Pied-du-Courant)), Bulletin d'histoire politique, 1998, vol. 6, no 2, pages 123 à 130.

- BERGEVIN, Henri, Les Patriotes exilés en Australie en 1836: 150e anniversaire, patriotes, 2e édition, Joliette, Société de généalogie de Lanaudière, 1991 , 52 pages.

- BERNARD, Jean-Paul, Les idéologies québécoises au lge siècle. Montréal, Boréal Express, 1973, 149 pages.

- BOIVIN, Aurélien, «Lévesque, Guillaume», dans Dictionnaire biographique du Canada, tome VIII, Sainte-Foy1 Toronto, Les Presses de l'université Laval1 University of Toronto Press, 1985, pages 557 à 559.

- BONENFANT, Jean-Charles, {(Cartier, ~eorge-Étienne)?,dans Dictionnaire biographique du Canada, tome X, Sainte-Foy1 Toronto, Les Presses de l'Université Lavai1 University of Toronto Press, 4 972, pages 155 à 166.

- CAMBRON, Micheline, "Du Canadien errant au Salut des exilés: l'entrecroisement de l'histoire et de la fictionn, dans Études françaises, (printemps 1991), pages 75 à 86. - FALARDEAU, Éric, deréécriture de l'histoire dans Les Fils de la liberte de Louis Caron», Mémoire de maîtrise en littérature, Université Laval, 1997, 118 feuillets. - FALARDEAU, Pierre, 15 févrkr 1839, Montréal, A. Stanké, 1996, 169 pages,

- FRÉCHETTE, Louis [?JI FaPoutré :drame en quatre actes [microforme], Montréal, Beauchemin, [1871 ?], 28 images.

- FRÉCHETTE, Louis. Le Retour de l'exilé :drame en cinq actes et huit tableaux [microforme], Montréal, Chapleau & Lavigne imprimeurs, 1880, 40 images.

- FRÉCHETTE, Louis, Papineau: drame historique canadien en quafm actes ef neuf tableaux [microforme], Montréal. 1s-n.], 57 images.

- GALARNEAU, Claude, ~Hindenlang,Charles)), dans Dictionnaire biographique du Canada, tome VII, Sainte-Foyl Toronto, Les Presses de l'université Laval/ University of Toronto Press, 1988, pages 444 à 446.

- GALLiCHAN, GiIles, Québec, été 1837, Montréal, Les Cahiers des Dix, no49, 1994, pages 11 1 à 138.

- GRIGNON, Claude-Henri et André GIROUX, Le Vécu à Saint-Eustache de 7683 à 1972: en hommage à nos patriotes. Saint-Eustache, Éditions Corporation des fêtes de Saint-Eustache, 1987, 11 1 pages.

- LACHANCE, Micheline, Le Roman de Julie Papineau, Montréal, Québec/Amérique, 1995. 2 vol.

- LACHANCE, Micheline, cI837. La femme patriote)), L'Actualité, vol. XIII, no 10, octobre 1987, pages 132 à 140.

- LALONDE, Michete, «La femme de 1837-1838: complice ou contre- révolutionnaire?», Libertg, nos 37-38, janvier-avril 1965, pages 146 à 173.

- LAMARCHE, Jacques, Les Enfants Papineau, Montréal, Lidec, 1998, 59 pages.

- LAMIRANDE, Claire de, Papineau ou l'épée à double tranchant, Montréal, Quinze, 1980, 187 pages.

- LAPORTE, Gilles, ciLa Mémoire du Québec sur Internet: tout reste à faire», Bulletin d'histoire politique, vol. 5, no 3, APHQl Comeau 8 Nadeau, été 1997, p.24 à 27. - Le grand dictionnaire universel du X»(e siècle, Genève, Slatkine, 1982, 34 vol.

- LEPAGE, Roland, La Complainte des hivers rouges, Montréal, Léméac, 1974, 101 pages.

- LouisJoseph Papineau: un demi-siècle de combats: interventions publiques, choix de textes et présentation par Yvan Lamonde et Claude Larin, Saint-Laurent, Fides, 1998, 662 pages-

- MASSICOlTE, Édouard- otique, %LaFamille de Lorimier. Notes généalogiques et historiques)) , Bulletin des recherches historiques, vol. XXI, no 2, pages 33 à 45.

- MILLER, Cannan, ccDay, Charles Dewey)), dans Dictionnaire biographique du Canada, tome XI 1, Sainte-Foy/ Toronto, Les Presses de l'Université Laval/ University of Toronto Press, 1990. pages 26 1 à 263.

- MONET, Jacques, «La Fontaine, Louis-Hippolyte)), dans Dictionnaire biographique du Canada, tome IX, Sainte-Foy/ Toronto, Les Presses de l'université Laval1 University of Toronto Press, 1977, pages 486 à 497.

- MONIÈRE, Denis, Le Développement des idéologies au Québec, des origines à nos jours, Montréal, Québec /Amérique, 1977, 381 pages.

- OUELLET, Femand, ~Dewigne,Pierre-Théophile)), dans Dictionnaire biographique du Canada, tome VI 1, Sainte-Foy/ Toronto, Les Presses de l'Université Laval/ University of Toronto Press, 1988, pages 258 à 259.

- PAULIN, Marguerite, Louis-Joseph Papineau, le grand tribun, le pacifiste: récit biographique, Montréal, XYZ, 2000, 205 pages.

- PÉPIN, Dave, «L'Influence du discours social dominant dans les Notes d'un condamné politique de 7838 de François-Xavier Prieum, Mémoire de maîtrise, Faculté des Lettres, Université Laval, 1997, 10 1 feuillets.

- REID, Phillipe, «L'Émergence du nationalisme canadien-français: l'idéologie du Canadien (1806-1 842), Recherches sociographiques, vol. XXI, janvier-août 1980, pages 1 à 53.

- Rhétorique générale, sous la direction du groupe U, Pans, Librairie Larolisse, 1970, 206 pages.

- SALÉE, Daniel, Fétichisme, analyse historique et la question nationale: le cas des insurrections de 78374838 au Québec, Département de science politique, Université de Montréal, 98 1, 60 pages. - SIMARD, Marc, Papineau et les patffotes de 7837, Agincourt, Société canadienne du livre, 1983, 71 pages-

- SOUCY, Réjeane, «Bio-bibliographie de sir Louis-Hippolyte La Fontaine)), Thèse en bibliotheconomie, Université de Montréal, 1947, 163 feuillets.

- TH~RAULT,Maximilienne, <

- WILSON, Alan, «Coiborne, John», dans Dictionnaire biographique du Canada, tome IX, Sainte-Foyl Toronto, Les Presses de l'Université Laval1 University of Toronto Press, 1977, pages 150 a 157.

- YOU N G, Brian, George-Étienne Cartiec Montreal bourgeois, Montréal, McGill- Queen's University Press, 1981, 181 pages.

IX- Journaux dépouillés (entre 1830 et 1840)

- La Gazette de Québec

- La Gazette littéraire de Montréal

- La Minerve

- La Révolution canadienne

- Le Canadien

- Le Fantasque

- Le Patriote

- The Canadian spectator

- The Montreal Herald

- The North Amencan

- The Vindicator

X- Documents audiovisuets

- BRAULT, Michel, Quand je serai parti.. .vous vivrez encore, 1999. - GODBOUT, Jacques, Le Sort de I'Aménque, 1996. - HÉROUX, Denis, Quelques arpents de neige, 1972. - «Les Patnotess, Société Radio-Canada, Le Point, 1988.

- SINGELAIS, Yves, Races de Mitards, 1979.