CONCLUSION ET AVIS DU COMMISSAIRE ENQUETEUR SITE A L’ENQUETE RELATIVE A LA DEMANDE D’AUTORISATION UNIQUE DE CONSTRUIRE ET D’EXPLOITER UNE UNITE DE METHANISATION DE MATIERES ORGANIQUES, PRESENTEE PAR LA CENTRALE BIOGAZ DE L’AUMAILLERIE, POUR SON SITE DE LA SELLE EN LUITRE (ILLE ET VILAINE)

du 20 septembre au 21 octobre 2017 Dossier n° E170000235/35

Commune de LA SELLE EN LUITRE Département d’Ille et Vilaine

Sophie LE DREAN-QUENEC’HDU Commissaire enquêteur Dossier E17000235/35, demande d’autorisation unique de construire et d’exploiter une unité de méthanisation, commune de La Selle en Luitré (35), Avis

Table des matières

I. Avis sur la forme ...... 3 II. Sur le fond ...... 4 En conséquence, je considère que : ...... 14 ANNEXES ...... 15 observations portées au registre d’enquête ...... 15

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Mon rapport indique le déroulement de l’enquête, le contenu du dossier, relate la visite des lieux et la réponse du pétitionnaire à aux observations du public et à mes remarques. Le dossier présenté à l’enquête porte sur la demande d’autorisation unique de construire et d’exploiter une unité de méthanisation de matière organique, située sur la ZA de l’Aumaillerie à La Selle en Luitré (35), présentée par la Centrale Biogaz de l’Aumaillerie. Après épuration, le biogaz produit dans cette unité sera injecté dans le réseau de distribution de gaz d’une part et le digestat, solide et liquide produit sera valorisé par épandage. L’installation transformera environ 31020 tonnes de biomasses par an soit 85 t/j. Les communes concernées par le plan d’épandage des digestats sont La Chapelle Jançon, Luitré, Dompierre du Chemin, Fleurigné, Javené, La Selle en Luitré, Princé, , Chatillon en Vendelais, Beaucé, Billé, Saint Pierre des Landes, Saint Marc sur Couesnon, Saint Geroges de Chesné, Laignelet, Lécousse, , Fougères, , Parcé, Larchamp, Balazé, Combourtillé, Saint Ellier du Maine, La Chapelle Saint Haubert.

I. Avis sur la forme

L’enquête s’est déroulée du 20 septembre au 21 octobre 2017. J’ai assuré 5 permanences dans la commune de La Selle en Luitré. L’avis d’enquête a été affiché conformément à la réglementation à la mairie de La Selle en Luitré, sur le site de l’Aumaillerie en projet, visible de la route ainsi que dans les communes concernées par le rayon d’affichage de l’ICPE et par le plan d’épandage. La publicité a été conforme à la réglementation. Par ailleurs, le pétitionnaire a distribué des flyers de présentation du projet dans les différentes communes concernées et a rencontré les élus concernés ainsi que les entreprises voisines, comme rappelé dans le mémoire en réponse au procès-verbal de fon d’enquête.  Concernant le mode de communication choisi vers les riverains, le pétitionnaire indique qu’il a jusqu’ici, depuis l’initiation de ce projet, tenu une ligne à la fois plutôt proactive et informelle, dans ses échanges avec les riverains du site d’implantation projeté – mode de communication dans lequel il souhaite poursuivre. Concrètement, il a eu l’initiative de se présenter et présenter le projet [propositions de RdVs] dès 2013/2014 à chacune des entreprises voisines du site, et a par la suite de ces 1ers contacts informés régulièrement ses interlocuteurs de l’avancée des études associées. Le pétitionnaire a systématiquement indiqué à ses interlocuteurs à Fougères Agglomération de ne pas hésiter à relayer directement ses coordonnées à toute personne qui aurait souhaité se renseigner sur le projet. Il a en outre, plus récemment, mis à disposition des collaborateurs travaillant sur les sites voisins, mais aussi des élus locaux, des brochures d’information générale sur le projet – spécifiant également les contacts directs et coordonnées pour toute précision. Le pétitionnaire pense que cette relation directe et informelle avec les riverains du site fonctionne bien à ce jour. Il apparaît que CBAU est d’ores et déjà identifié comme un acteur du

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territoire – en témoigne la récente invitation dont il a été très heureux de bénéficier, dans le cadre de l’inauguration d’un site voisin de notre terrain d’implantation, il y a quelques semaines. Par ailleurs un article est paru dans la chronique de Fougères pendant l’enquête pour faire un point sur le projet. Pour autant, je n’ai eu que 4 observations et une visite au cours de l’enquête.

J’estime que la publicité a été faite de façon conforme et que le pétitionnaire a été proactif dans sa communication. Je ne pense pas que le défaut de fréquentation à l’enquête vienne d’un défaut de publicité mais plutôt d’un projet déjà bien intégré dans son environnement industriel.

Le dossier est complet et globalement facile à lire, les résumés non techniques reprennent l’essentiel des informations. Les mémoires en réponse à l’autorité environnementale ainsi qu’à mon procès-verbal de fin d’enquête reprennent certains arguments en les réexpliquant. Par ailleurs, le pétitionnaire a montré une volonté de transparence et de disponibilité en cours d’enquête pour répondre à mes questions et me faire visiter un site près de fonctionner. A la demande de l’association Passiflore de créer une commission de site, le pétitionnaire explique qu’il est prêt à communiquer mais plutôt sous une forme « interentreprise ». Il est effectivement compliqué d’animer de telle structure. Je note que dans tous les cas, les numéros de téléphone pour information ont été donnés à de nombreuses fois de façon publique (flyer notamment) ce qui montre la volonté de transparence du pétitionnaire.

II. Sur le fond

Le projet présenté à l’enquête est une installation de méthanisation, portée par la Centrale Biogaz de L’Aumaillerie, société de projet, projet initié par la société Vol V-Biomasse en 2013. Vol V-Biomasse fait partie du groupe Vol V (avec Vol V-eole et Vol V-solar), fondé en 2005 et spécialiste des énergies renouvelables. Les capacités techniques et financières sont fournies par le groupe Vol-V et ses partenaires. Le site en projet est situé sur la zone d’activité de l’Aumaillerie, sur la commune de La Selle en Luitré, au sein de Fougères Agglomération. Au niveau de la ZA, 5 habitations se situent dans un rayon de 550 m : rue Georges Friedman à 310 m au nord-est (ilot d’habitations), La petite Reboussière à 310 m au sud, La Basse Reboussière à 400 m au sud-ouest, La Charbonière à 450 m à l’ouest, Les Rougeries à 530 m au sud-est.

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L’installation est destinée à la production de biogaz, qui sera épuré et valorisé par injection au réseau GRDF (une partie est utilisée par le process). Le résidu de digestion ou digestat sera valorisé par épandage sur terres agricoles (voir partie sur le plan d’épandage). L’installation se compose d’une unité de méthanisation en voie liquide avec valorisation du biogaz et d’équipement annexes (réception et stockage des matières entrantes, séparation de phase du digestat, stockage des digestats). Le principe de la méthanisation est une digestion anaérobie par des microorganismes : il est produit du biogaz (méthane) et du dioxyde de carbone pour les gaz et de la matière organique dégradée (le digestat). Les matières organiques pouvant être traitées dans l’installation en projet sont des déchets, produits et sous-produits organiques. La nature des intrants dans la production de méthane pour l’injection dans les réseaux de gaz naturel est fixée par l’arrêté du 23 novembre 2011. Le projet a été dimensionné en fonction du gisement identifié de matière admissible. Les étapes de la méthanisation sont : - Réception, stockage et préparation des différentes biomasses à méthaniser (partie solide /partie liquide, matières végétales peu odorantes) - Traitement par méthanisation (temps de séjour moyen dans les digesteurs entre 50 et 100 jours) : 3 cuves en béton isolées, dôme PVC/PEHD, de 25,4 m de diamètre interne, 14 m de haut max dont 6 m de gazomètre - Traitement et valorisation du biogaz par injection : déshydratation dans les conduites de gaz, désulfuration par injection d’air ou d’oxygène, élimination du CO2 et des impuretés, l’unité d’épuration étant implantée dans un local situé à l’intérieur du bâtiment avec des parois coupe-feu 2h. - Traitement du digestat : séparation de phase, stockage (3 cuves de stockage de 32,2 m de diamètre interne et 14,5 m de hauteur au faitage) et évacuation. L’intérêt de la méthanisation comme producteur d’énergie renouvelable est rappelée dans l’observation de GRDF : « Sur le plan économique, l’injection de biométhane dans le réseau de distribution, permet de faire circuler une énergie renouvelable dans des infrastructures qui sont la propriété des collectivités locales, mais déjà financées par les concessionnaires (tels que GRDF) ». Le choix de la zone de l’Aumaillerie permet cette injection directe dans le réseau. Les digestats solides et liquides sont valorisés par épandage, sur un plan d’épandage situes dans un rayon de 20 km autour du site projet. Il comprend 1 956 ha mis à disposition dont 1 501,4 ha de surface épandable, pour 21 exploitations, sur 25 communes (les sièges d’exploitations sont répartis sur 6 communes), en Ille et Vilaine et en Mayenne. Les apports d’éléments fertilisants représentés par les digestats viennent en substitution dans les plans d’épandage d’une partie des effluents d’élevage des mêmes exploitations qui seront intégrées dans le processus de méthanisation sur le projet, d’autres apports organiques et en substitution partielle de fertilisants minéraux (azote présent dans les digestats majoritairement sous forme minérale).

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Il n’y a eu aucune remise en cause du projet, qui est par ailleurs soutenu par la collectivité.

Les avantages du projet sont donc la production de biogaz à partir de déchets de matières organiques et donc la production d’énergie renouvelable directement utilisable, tout en répondant à la question du traitement de déchets de matière organique. La localisation du site et le travail en relation avec les partenaires locaux permettent la réinjection directement dans le réseau GRDF et la valorisation des compétences locales. Par ailleurs, les digestats issus de cette production viennent en substitution d’autres fertilisant et non pas en surajout. Par ailleurs, lors de ma visite sur le site et de lors de mes rencontres avec le pétitionnaire, j’ai pu constater sa maitrise du projet en cours ainsi que des autres projets en voie d’installation ou en cours de fonctionnement.

En termes d’inconvénient, il peut exister différentes nuisances liées au process ainsi que des dangers liés à la production de gaz. Les observations du public portent essentiellement sur les odeurs et le trafic routier, ainsi que sur les impacts de la valorisation des digestats (utilisation locale et s risques liés à une éventuelle contamination des digestats par des pesticides).

En termes de pollution du sol, l’ensemble des installations à risque est situé sur des aires étanches et régulièrement entretenues. Les produits potentiellement polluants sont stockés dans des réservoirs à double paroi ou sur des dispositifs de rétention.

En termes de bruits, une modélisation a été réalisée pour évaluer les émergences en fonctionnement, les niveaux sonores en limite de propriété et chez les tiers. Les résultats montrent un impact sonore inférieur aux valeurs réglementaires. Le pétitionnaire propose de retenir les valeurs de 70 dB (A) en période de jour et 60 dB(A) en période de nuit, en limite de propriété, compte tenu de l’isolement du site et des faibles émergences calculées. Une campagne de mesure sera réalisée en première année de fonctionnement pour vérifier le respect de ces valeurs.

En termes d’émission atmosphérique, le projet prévoit la production de biogaz à partir de déchets organiques. Ce biogaz doit être de bonne qualité pour être valorisé avec un rendement maximum. Dans le projet le biogaz sera fortement épuré et sa teneur en H2S sera largement inférieure à 300 ppm avant son envoi en chaudière. Concernant les odeurs, il est rappelé que la méthanisation aura lieu dans des réacteurs fermés, étanches et dont l’atmosphère intérieure sera contrôlée. L’ensemble du biogaz sera capté, épuré puis valorisé ou détruit. Il n’y aura donc pas de rejet direct dans l’atmosphère. Par ailleurs toutes les opérations de réception et de préparation de matières odorantes auront lieu dans des locaux fermés placés sous légère dépression et équipés d’un dispositif de renouvellement d’air. Le stockage des digestats solides sera bâché. Les flux d’odeurs seront captés par mise en dépression générale des locaux et envoyé sur un biofiltre : les

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 Aux observations s’inquiétant d’éventuelles nuisances olfactives, notamment pendant le transport des matières entrantes et en comparaison avec un autre site de la zone traitant de déchets organiques, le pétitionnaire répond que la mise en œuvre du système de traitement d’air du bâtiment de réception (biofiltre) est rendue obligatoire de fait par le dossier de demande d’autorisation et la retranscription de ses éléments dans l’arrêté préfectoral d’autorisation. Les rejets du biofiltre seront en outre contrôlés régulièrement et a minima annuellement. Les prescriptions et limites d’émissions des rejets du biofiltre seront également reprises dans l’arrêté préfectoral, et constituent des valeurs mesurables et contrôlables. De même, le contrôle des odeurs dans l’environnement est effectué en comparaison avec un état initial des odeurs, dans un délai d’un an après la mise en service de l’installation, comme prévu dans l’arrêté de prescriptions générales de la rubrique 2781 en régime « autorisation ». Les résultats seront l’objet d’un rapport transmis à l'inspection des installations classées au plus tard dans les trois mois qui suivent sa réalisation. Un investissement représentant une part non négligeable du coût complet de l’installation est par ailleurs prévu pour le seul équipement de maîtrise des odeurs sur le site – comme cela est détaillé au dossier page 168 [synthèse des coûts et mesures de suivi / maîtrise des impacts] ; plus de 80% du montant des investissements dédiés aux mesures environnementales / maîtrise des impacts sur le site sont en effet dédiés à cette rubrique de maîtrise/traitement des odeurs. Ces éléments relatifs à l’analyse et aux moyens de maîtrise prévus sur les émissions olfactives sur le site sont développés au dossier – partie étude d’impact – en pages 82 + 142 à 146. Cette thématique a en outre été développée et précisée dans notre mémoire en réponse à l’avis de l’Autorité Environnementale [joint au dossier consultable à l’enquête publique], pages 11 à 13. Sur le fait de s’assurer d’une « équité de traitement entre industries », le pétitionnaire précise que la rubrique au titre de laquelle la CBAUM est classée sous le régime autorisation / ICPE est à titre principal la 2781 – rubrique spécifiquement dédiée à la méthanisation de matières organiques (Méthanisation de déchets non dangereux). Cette réglementation nationale assure ainsi une équité de traitement entre activités similaires, devant répondre aux mêmes règles en termes de maîtrise des impacts sur leur environnement en général. La CBAUM est également classée au titre d’une rubrique plus générique : régime « enregistrement » pour la rubrique 2910, relative aux rejets de combustion [rejets chaudière]. Enfin, l’autorité de l’Etat compétente pour le suivi de l’installation (et en charge de la coordination et la synthèse de l’instruction du dossier de demande d’autorisation) est la DREAL qui suit un certain nombre d’autres activités industrielles sur le secteur, en synergie avec les autres administrations

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référentes par types d’activités (DDTM, DDCSPP…). Concernant le parallèle avec l’entreprise Caillaud (aujourd’hui Soleval, groupe Akiolis), ce site a récemment fait l’objet d’un dossier de demande d’autorisation dans le cadre d’une évolution de son activité : cette activité ne traite pas des mêmes matières organiques que celles projetées dans d’approvisionnement de la CBAUM (notamment : cadavres d’animaux entiers), et dans des tonnages très différents : site Soleval Javené : actuellement 210 000 T/an soit 820 T/J, et une capacité dont l’augmentation a été récemment sollicitée à 260 000 T/an soit 1170 T/J – et pour la CBAUM : 31 020 T/an soit une capacité maximale de 85T/J, soit environ 10 fois moins. En fait et en synthèse sur ce point, le pétitionnaire précise que les activités de l’entreprise Soleval site de Javené et de la CBAUM sont ainsi suivies au titre des Installations Classées dans le cadre de rubriques réglementaires distinctes, mais toutes 2 soumises à une réglementation nationale très précise et relevant d’une autorisation préfectorale, édictant les règles découlant du Code de l’Environnement (réglementation relative au traitement de déchets) et du Code Rural (réglementation sanitaire). Concernant les nuisances olfactives pendant le transport, le pétitionnaire répond que comme précisé dans le dossier notamment page 150, les transports de matières odorantes entrantes et sortantes se feront par camions bâchés pour les matières solides et citernes pour les matières liquides, afin de maîtriser les risques nuisances olfactives y compris en amont et en aval de l’activité sur le site, dans le cadre des transports. Cela est envisageable dans la mesure où les transports amont et aval seront commandités par la CBAUM, qui sera en charge de l’organisation de cette logistique (et, partant des prescriptions imposées aux transporteurs / prestataires associés). Sur ce sujet des transports de matières, M. Royer fait à nouveau le parallèle avec les flux liés à l’activité de l’entreprise Caillaud. Sans préjuger ici de l’engagement ni des moyens mis en œuvre par cette société, le pétitionnaire rappelle (cf point précédent) qu’il ne transportera pas le même type de matières, et notamment pas les matières présentant un risque accru de nuisances lors du transport tels que cadavres animaux entiers et autres sous-produits animaux de catégorie 2 non dérogataires.

Après visite du site de Montauban j’ai pu effectivement voir les installations d’entrée des matières organiques ainsi que leur traitement. Je note par ailleurs que le pétitionnaire s’engage à un suivi et que des mesures de gestion sur le site sont précisément décrites. Ce point est probablement un point critique en termes d’acceptabilité du projet mais il me semble bien maitrisé par le pétitionnaire qui a déjà d’autres sites en fonctionnement dont un (Quimperlé) plus proche des habitations que celui en projet. Par ailleurs, je suis également d’accord avec le pétitionnaire pour dire que les activités de Soléval Javené sont très différentes quant aux matières traitées et aux tonnages traités et peuvent donc être difficilement comparées avec le projet à l’enquête.

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L’accès au site se fait par la RD 706 puis par les voies d’accès au sein de la ZA de l’Aumaillerie. Sur la RD978, le trafic est estimé actuellement à 8871 véhicules jour. Le projet générera le déplacement de 15 à 37 véhicules lourds par jours et 6 véhicules légers (3 allers- retours). L’impact est donc jugé faible. Pour autant des mesures seront prises pour assurer la sécurité sur le site et au sortir du site. Le sujet de l’augmentation du trafic est présent dans les observations (CE 1) et un point également relevé par l’autorité environnementale.  Le pétitionnaire rappelle que le sujet du trafic généré par l’activité est développé au dossier ICPE pages 147 à 150, et précisé dans le mémoire en réponse à l’avis de l’AE [pages 8 à 10]. En complément, il précise que la zone d’activités de l’Aumaillerie accueille aujourd’hui des activités industrielles et logistiques d’envergure, et comprend des terrains réservés pour son extension. Les infrastructures associées à l’accueil de nouvelles entreprises sur cette zone, gérées par Fougères Agglomérations, sont dimensionnées pour l’implantation de nouvelles entreprises telles que celle projetée par la CBAUM. Le pétitionnaire rappelle la donnée synthétique relative au trafic généré par la CBAUM telle qu’indiquée dans son dossier. Pour rapporter cette donnée à des éléments d’approche du trafic existant sur la zone de l’Aumaillerie elle-même, au-delà de son accès par la RN12, le pétitionnaire indique qu’il n’existe pas à sa connaissance de donnée agrégée de trafic interne à cette zone. Cependant, on peut recouper quelques informations permettant de l’appréhender. Selon les indications de Fougères Agglomération [site internet – volet développement économique] : « le PA de l’Aumaillerie accueille aujourd’hui environ 60 entreprises (industrie, artisanat, commerce de gros). » On peut citer parmi ces entreprises notamment des bases logistiques et garages de poids lourds, des sites de transit/commerce de gros… générant a priori des flux substantiellement plus importants que ceux induits par l’activité future de la CBAUM. Le site de peinture industrielle SFPI génère un trafic journalier de 41 poids lourds + 123 véhicules légers [source : RNT – DDAE 2016 – en ligne, site de la Préfecture]. Le site du Groupe Royer génère un flux de l’ordre de 20 véhicules lourds (semi- remorques ou porte-conteneurs) quotidiens [source : site internet du groupe Royer – volet Logistique : « Principal site de stockage du Groupe, les entrepôts de Fougères reçoivent chaque jour entre 10 et 12 conteneurs. Les marchandises sont ensuite entreposées, étiquetées, réparties et préparées pour chaque client. Le Groupe s’est en outre assuré du concours d’un efficace réseau de transporteurs afin de pouvoir gérer totalement la chaîne logistique jusqu’aux points de vente. Une dizaine de semi- remorques quittent les quais bretons quotidiennement. » Parmi les dossiers de demande d’autorisation récents [site Préfecture 35], le site de Soleval [Akiolis], directement attenant (Ouest) au PA de l’Aumaillerie, indique dans son DDAE [p.186] : « Dans le cadre du projet, le trafic journalier est estimé entre 196 et 203 véhicules par jour dont 40% de poids lourds » ; soit, plus de 100 poids lourds quotidiens. Enfin, sans développer chaque activité pré-existante, le pétitionnaire cite la liste des entreprises

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spécifiée sur le site de la mairie de La Selle-en-Luitré parmi celles situées sur la zone d’activités de l’Aumaillerie. Le pétitionnaire indique qu’il sera attentif, comme les autres entreprises implantées au suivi et à l’entretien, du réseau routier interne à l’Aumaillerie comme des autres infrastructures communes du parc d’activités de manière générale (bassin incendie, signalisation, accès…). Il est en outre engagé au côté de la collectivité dans une démarche en cours de réflexion sur la valorisation des fauches de bordures de routes dans le futur méthaniseur – ce qui le cas échéant pourrait accompagner l’évolution de l’entretien des bordures de voiries telle qu’envisagée / étudiée par quelques élus locaux. La CBAUM participera enfin comme chaque entreprise au financement des infrastructures routières communales au travers des différents impôts et taxes dont elle s’acquittera.

Je considère que l’augmentation de trafic liée au projet est bien décrit dans le dossier et cohérent avec l’activité projetée. Par ailleurs, la localisation en zone d’activité permet une bonne adaptation de la voirie à la circulation des poids lourds notamment, d’autant plus que la zone d’activité n’est pas entièrement remplie actuellement. Je considère donc que cet inconvénient d’augmentation du trafic est bien pris en compte par le pétitionnaire et bien maitrisé.

Le sujet des risques liés à l’activité avec du gaz et des déchets est abordé dans l’étude sanitaire et l’étude des dangers.  A ma question sur le fonctionnement en mode dégradé de l’unité, le pétitionnaire répond que les procédures de fonctionnement en mode dégradé seront établies en lien avec le constructeur selon le fonctionnement des installations et notamment des organes de pilotage des installations, des organes de coupures, des dispositifs d’alerte, etc. Ces procédures seront également établies avec le personnel d’exploitation. Actuellement, le projet de la CBAUM est au stade des études et des autorisations administratives. Les éléments décrits dans le paragraphe ci-avant ne sont pas encore fixés définitivement et ne permettent pas d’établir les procédures d’exploitation et de fonctionnement. Dans tous les cas, celles-ci seront établies avant la mise en service de l’installation. Cependant au-delà des procédures formalisées à proprement parler, le volet Etude de dangers du dossier présente bien les grandes catégories de dysfonctionnement susceptibles d’affecter la bonne marche de l’installation, et les moyens mis en œuvre pour gérer chaque situation – et notamment celles affectant le fonctionnement des digesteurs; on peut ici renvoyer notamment : pages 234-235 du volet ICPE du dossier sont récapitulées les mesures de maîtrise des risques sur les digesteurs. Le tableau récapitulant plus généralement l’analyse préliminaire des risques est présenté pages 247 à 252 – avec les points concernant spécifiquement les digesteurs pages 248-249. Enfin, les filières alternatives de traitement des digestats (et/ou contenu en cours de digestion des

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digesteurs) sont en outre mentionnées en page 108 dans le volet ‘plan d’épandage des digestats’. Le pétitionnaire résume les principaux dispositifs de sécurité ‘process’.

Je considère que l’étude sanitaire et l’étude des dangers sont bien détaillées dans le dossier et bien maitrisées par le pétitionnaire. La question du fonctionnement en mode dégradé est également répondue de façon argumentée et adaptée au mode de fonctionnement particulier d’une unité de méthanisation.

Concernant la valorisation des digestats, le principal inconvénient est la valorisation à distance de la production ainsi que d’éventuelles contaminations venant des matières organiques entrantes (pesticides, agents pathogènes, métaux lourds …). La crainte de ces inconvénients est d’ailleurs exprimée dans l’observation de l’association Passiflore (CE4) (Afin de réduire les pollutions diffuses pouvant altérer la vie des sols et impacter la qualité des eaux brutes, nous préconisons le suivi par la société CBAUM de la qualité des digestats liquides et solides par un suivi de la charge en résidus pesticides avant épandage et commercialisation (…) Afin de valoriser mieux et localement les 2/3 digestats solides commercialisables, la CBAUM conçoit-elle de proposer à d’autres agriculteurs l’utilisation de ces digestats solides ? …Cette perspective commerciale et agronomique contribuerait à réduire, sur le territoire élargi autour de la CBAUM, le recours aux engrais minéraux d’origine fossile. Elle participerait à réduire ainsi directement et indirectement des GES dus aux transports lointains d’acheminement. Ceci rentrerait au bilan de la CBAUM quant à sa contribution à la réduction des GES.)  le pétitionnaire explique que les digestats feront l’objet d’analyses sur les Composés Traces Organiques, qui incluent les pesticides. Un suivi de l'évolution de cette teneur pourra ainsi être réalisé dans le cadre du bilan annuel. Cet aspect du suivi / analyses digestats est spécifié au dossier – volet ‘Plan de valorisation agronomique des digestats’, pages 31 et 106 notamment. Les sols des parcelles intégrées au plan d’épandage sont également l’objet d’un suivi / analyses résidus dont ETM (éléments traces métalliques) (cf mention p.8 + détail des analyses déjà réalisées en annexe 2 du dossier plan d’épandage). Sur le risque « pesticides » supposé, en lien avec la qualité des eaux et lié aux épandages de digestats, le pétitionnaire rappelle que la règle d’éloignement des cours d’eau est de 35m dans le cadre d’un apport de digestat (dans les conditions pédo-climatiques favorables, de surcroît) – alors que les règles applicables en termes d’éloignement des cours d’eau pour des apports de pesticides sur les cultures est de 5 mètres – selon un arrêté daté de juillet 2017 sur ce territoire. Le pétitionnaire ajoute que, si assez peu de références bibliographiques développent ce propos, la réaction de méthanisation est susceptible de dégrader en partie certains types d’éventuels résidus de pesticides qui seraient susceptibles de se trouver dans les matières introduites dans le digesteur. Il cite un extrait d’une synthèse produite en 2002 par un chercheur référent sur la filière méthanisation, C.

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Couturier, et basée notamment sur une étude de l’ADEME de 1999 et une compilation de résultats plus récents. Plus généralement, et conscients de la spécificité du secteur proche de Fougères / sensibilité toute particulière du fait de la proximité relative des zones de captage d’eau potable alimentant pour partie la métropole rennaise, le pétitionnaire a pris contact, dans le cadre de ce dossier, avec le Président du SMPBC [Syndicat Mixte de Production du Bassin du Couesnon], afin de présenter plus généralement le projet et ses enjeux relatifs notamment à la ressource en eau. Le projet de la CBAUM ainsi que les cartographies de l’ensemble de son parcellaire ont ainsi été présentés au siège du SMPBC le 6 février 2017, en présence de : M. Joseph Boivent (Président), M.Hubert Couasnon (élu, adjoint Lécousse), et M. Valentin Garault (SMPBC). M. Boivent s’est dit, à l’issue de notre entrevue, convaincu de l’intérêt du projet dans le cadre de la protection de la ressource en eau son territoire ; il a à ce titre proposé de se rendre disponible si certains de nos interlocuteurs sur le projet souhaitaient recueillir son avis de vive voix. Le pétitionnaire précise que cette entrevue lui avait en outre permis d’identifier un projet de future zonage de captage au niveau des drains de Fougères, alors non répertorié sur les documents de référence accessibles par notre bureau d’études ; par précaution et dans l'anticipation de la parution de la Déclaration d'Utilité Publique de ce captage, il a alors classé 2 ilots concernés de son plan d’épandage comme non épandables.  Concernant la valorisation locale des digestats solides commercialisables, le pétitionnaire précise qu’un éclairage / explication sur le choix retenu pour la valorisation du digestat solide notamment est développé au dossier (volet ICPE) pages 165 à 167, + complété dans le mémoire en réponse à l’avis de l’AE en page 3. Pour résumer, le pétitionnaire indique que le fait qu’il envisageait l’homologation (dite aujourd’hui ‘autorisation de mise sur le marché – AMM) du digestat solide semble avoir été interprété comme une démarche « commerciale » permettant un export plus lointain de cette matière, qui serait ainsi sortie du statut de déchet. Mais, s’il a la possibilité, – dans les conditions de respect des besoins des cultures / équilibre ‘Corpen’ – de trouver un débouché sur terres agricoles proches, cette voie sera évidemment privilégiée. A date cependant et en 1ère analyse, il lui est apparu qu’une matière avec un ratio N/P potentiellement bien inférieur à 2 présentait une contrainte sur un secteur globalement déjà très changé en phosphore, structurellement (peu d’assolement en céréales, apports de fumier historiquement sur de petites surfaces…). Il conclut que le bilan tel que présenté au dossier, intégrant bien des flux de transport / export de digestat solide et toutefois permettant d’aboutir à un bilan C et GES nettement positif, est en quelque sorte un bilan positif « minimum » : il n’exclue pas qu’il puisse être encore amélioré dans la mise en œuvre effective du projet.

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J’estime que concernant la valorisation des digestats la valorisation par épandage est une solution agronomique cohérente au regard de leur valeur fertilisante. Concernant le digestat solide et compte tenu des contraintes locales, l’exportation est une solution envisageable et j’ai bien noté que la valorisation locale est une priorité du pétitionnaire dans la mesure de la faisabilité technique. Concernant la qualité des digestats épandus, je note que leur qualité sera suivie notamment pour les composés traces organiques et métalliques. Je note également que la réponse du pétitionnaire est argumentée et basée sur la bibliographie existante, même si celle-ci est relativement faible pour le moment. Je note également la volonté du pétitionnaire de communiquer avec les différents intervenants de la qualité de l’eau et la bonne intégration du projet.

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En conséquence, je considère que :

- le dossier présenté, est complet, et clair, et bien complété avec les précisions apportées dans le mémoire en réponse, - il n’y a pas de remise en cause du projet, - le projet de construire et d’exploiter une unité de méthanisation sur la commune de la Selle en Luitré est justifié par la présence d’un gisement de déchets organiques à exploiter ainsi que par l’existence d’un débouché local pour le biogaz et les digestats, - le projet est en cohérence avec la politique de développement durable, par la production d’énergie renouvelable et par l’amélioration de l’autonomie énergétique du Pays de Fougères, - le pétitionnaire maitrise bien son activité et son dossier et exploite d’autres sites de méthanisation, - le projet d’épandage est justifié par la valeur agronomique des digestats, les différentes filières alternatives sont bien décrites - le plan d’épandage permet d’épandre la totalité des digestats, - les différents inconvénients du projet (odeur, augmentation du trafic, risques, pollution) sont bien identifiés dans le dossier et dans le mémoire en réponse, et bien maitrisé et géré par le pétitionnaire, de façon à limiter les impacts de l’activité, - le pétitionnaire est engagé dans une démarche de transparence avec les autres entreprises de a zone et la collectivité, - l’enquête s’est déroulée de façon satisfaisante, concernant l’information et l’accueil du public, avec une volonté de communication et d’explication du pétitionnaire.

J’émets donc un avis favorable à la demande d’autorisation unique de construire et d’exploiter une unité de méthanisation de matière organique, située sur la ZA de l’Aumaillerie à La Selle en Luitré (35), présentée par la Centrale Biogaz de l’Aumaillerie.

Fait à , le 20/11/2017

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ANNEXES observations portées au registre d’enquête

CE1 17/10/2017 M. Jacques ROYER dirigeant du groupe ROYER, indique être un acteur économique reconnu localement et se réjouit de l'implantation de nouvelles unités industrielles dans la périphérie de Fougères qui participe au renforcement et à la diversité du tissu économique local. Toutefois, M. Royer précise que le développement de ces nouvelles activités mérite de se faire dans le respect de l’environnement existant, et dans un contexte maitrisé. Etant située en zone industrielle de l’Aumaillerie, à proximité de la société d’équarrissage Caillaud, son entreprise a connu pendant longtemps, au même titre que la ville de Fougères, les désagréments liés aux odeurs nauséabondes de cette activité. Ce n’est qu’au prix d’investissements importants faits par la société Caillaud, qu’à ce jour ces désagréments sont maitrisés et très amoindris. Autoriser l’implantation d’une industrie qui peut potentiellement amener les mêmes désagréments nécessite alors de s’entourer de toutes les précautions et tous les contrôles nécessaires à la protection de l’environnement olfactif. Caillaud a su démontrer qu’il était possible de lutter contre les mauvaises odeurs, les usines de méthanisation disposent certainement des mêmes outils, il conviendrait alors de s’assurer de leur mise en œuvre obligatoire, de contrôler leur bonne utilisation, pour le maintien d’une qualité de l’air localement, et pour une équité de traitement entre industries. Il est à noter que si l’usine de méthanisation peut mettre en œuvre des solutions adaptées pour lutter contre les odeurs, celles-ci ne sont pas transposables aux moyens de transport. Selon M. Royer, les nuisances olfactives seront donc bien réelles même si elles ne persisteront que le temps du transport sur la localité. Par ailleurs, M. Royer souhaite attirer l'attention sur l’adaptation du réseau routier. Si la route nationale 12, a été construite pour absorber un trafic routier important, il n’en est pas de même du réseau secondaire qui se détériore rapidement, suivant le poids journalier transporté, comme il a pu le constater sur la zone industrielle de l’Aumaillerie.

CE2 19/10/2017, M. Eric FEUILLET pour GRDF souhaite apporter le témoignage de GRDF - principal opérateur de réseaux de distribution gaz sur le territoire français – sur la filière d’injection de biométhane. Cette démarche ne porte pas un avis direct sur le projet «Centrale biogaz de l’Aumaillerie» en tant que tel, mais elle permettra de le situer dans les enjeux énergétiques et environnementaux nationaux et locaux. Depuis la loi Grenelle II, le biogaz produit à partir de déchets organiques de l’agriculture, des industriels ou des collectivités, ainsi que le biométhane (sa version épurée), sont en effet reconnus comme énergie renouvelable et décarbonée. Plus récemment, la Loi de Transition Energétique pour une Croissance Verte s’est fixé l’objectif d’atteindre 10% des quantités de gaz acheminées sur les réseaux issus de gaz renouvelable. Cet objectif s’est traduit par des jalons intermédiaires de production annuelle de biométhane à hauteur de 1,7 TWh en 2018 et 8 TWh en 2023 (arrêté du 26 avril 2016, relatif au développement des ENR). GRDF s’est vu

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Sur le plan énergétique, le projet de la Centrale Biogaz de l’Aumaillerie s’inscrit pleinement dans cette dynamique et contribue à l’indépendance énergétique du pays en s’appuyant sur des ressources locales et en pérennisant des emplois locaux. Sur le plan environnemental, la méthanisation, dont est issu le biométhane, contribue à apporter une solution au problème de traitement des déchets organiques que rencontrent les territoires (notamment en zone d’excédent structurel d’azote ou de phosphore), à réduire les émissions de méthane, puissant gaz à effet de serre, dans l’atmosphère, àréduire la quantité d’engrais synthétiques achetés par les agriculteurs, grâce au digestat qui revient sur les sols. La filière méthanisation avec injection est encore naissante en , mais elle s’appuie sur des technologies éprouvées en Europe et des opérateurs qui savent intégrer leurs projets. Dans ces conditions, et sous le strict contrôle des pouvoirs publics, l’expérience montre qu’elle réduit les nuisances existantes plutôt qu’elle n’en crée. Sur le plan économique, l’injection de biométhane dans le réseau de distribution, permet de faire circuler une énergie renouvelable dans des infrastructures qui sont la propriété des collectivités locales, mais déjà financées par les concessionnaires (tels que GRDF). La valorisation du biométhane est multiple et peut être déportée de son lieu de production : production de chaleur, d’électricité ou de carburant. Les projets biométhane permettent de faire entrer en synergie les acteurs d’un territoire : agriculteurs, collectivités, industries agro- alimentaires, consommateurs. Il s’agit de véritables projets d’économie circulaire, quelle que soit leur taille ou la nature des porteurs de projet (projet agricole autonome, industriel ou territorial). GRDF pour sa part investit afin de développer les capacités d’injection et faciliter le raccordement des producteurs. Localement, des collectivités telles que Fougères Agglomération s’intéressent particulièrement à l’utilisation carburant de ce gaz produit localement et décarboné. Le syndicat d’énergie d’Ille-et-Vilaine s’implique désormais dans le développement de stations de recharge en gaz naturel véhicule (GNV), aux côtés de la région Bretagne qui a répondu à l’appel à projets pour développer un réseau de stations. Pour cette raison, la localisation de ce projet de méthanisation répond aux enjeux de ce territoire à fort potentiel. Pour terminer, en tant qu’acteur de l’aménagement durable des territoires, GRDF est activement engagé dans le développement de la filière biométhane depuis 2008 ; il a notamment participé au groupe de travail organisé par le ministère sur les conditions techniques d’injection. Depuis mai 2010, dans le cadre de son partenariat avec l’ADEME, GRDF pilote un groupe de travail de concertation qui réunit les acteurs de la filière ayant pour vocation l’optimisation de ces conditions d’injection et la diffusion des bonnes pratiques notamment via le site internet www.injectionbiomethane.fr. GRDF s’est ainsi donné un rôle d’information, de pédagogie, et d’accompagnement des différents acteurs.

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Aujourd’hui, en France, 37 sites produisent et injectent du biométhane dans les réseaux de gaz avec un bilan économique et environnemental particulièrement positif. La filière est en plein essor puisque qu’à fin aout 2017, nous avons enregistré près de 8 TWh de réservation de capacité d’injection, soit l’objectif de la PPE à horizon 2023. GRDF a, par ailleurs, raccordé autant de sites en injection en 2017 que pour l’ensemble de la période 2011 à 2016, avec un triplement du gaz renouvelable effectivement injecté. Des graphiques sont joints. CE3 20/10/2017 M. Vincent GAUTIER-SAUVAGNAC gérant de MENARD TP à Medréac indique être en tant que citoyen pour les projets de méthanisation car cela permet de valoriser des déchets dont on ne sait que faire pour créer de l'énergie verte en toute saison. De même en tant qu'entrepreneur, il est également favorable à ce type de construction car cela donne du travail aux entreprises locales pendant les travaux et dynamise le bassin économique de la ville. CE4 21/10/2017 M. André ROBINARD administrateur de l'association PASSIFLORE, pour l'association, présente l'association PASSIFLORE, association de protection de la nature et de l'environnement, ayant pour objet toute activité d'intérêt écologique dans la perspective d'un développement durable. Leurs observations portent sur le projet d'ICPE. Concernant l'utilisation par épandage des digestats liquides et du 1/3 des digestats solides, l'association indique qu'une grande partie de la surface d'épandage est située en Zone Vulnérable : l'apport en azote et phosphore organiques / ha par utilisation des digestats liquides et solides doit correspondre à une diminution de la charge azotée minérale. Afin de réduire les pollutions diffuses pouvant altérer la vie des sols et impacter la qualité des eaux brutes, l'association préconise le suivi par la société Centrale Biogaz Aumaillerie, de la qualité des digestats liquides et solides par un suivi de la charge en résidus pesticides avant épandage et commercialisation. Selon les résultats obtenus, des objectifs, vertueux et volontaires, de diminution de la charge pesticides sont souhaitables. Ces objectifs sont à définir entre la Chambre d'agriculture, I'inspection des installations classées, les agriculteurs proposant les parcelles à l'épandage et la société CBAUM. Ces objectifs et ces efforts seraient rémunérés. Pour faire un parallèle, l'association pense au mécanisme financier d'incitation Eco Méthane en place à Liffré et sur le Pays de Fougères. Par ailleurs, l'association demande si afin de valoriser mieux et localement les 2/3 de digestats solides commercialisables, la CBAUM conçoit de proposer à d'autres agriculteurs I’utilisation de ces digestats solides ? Cette perspective commerciale et agronomique contribuerait selon elle à réduire, sur le territoire élargi autour de la CBAUM, le recours à des engrais minéraux d'origine fossile. Elle participerait à réduire ainsi directement et indirectement des GES dus aux transports lointains d'acheminement. Ceci rentrerait au bilan de la CBAUM quant à sa contribution à la réduction des GES. Concernant les odeurs, il est à noter qu'un autre site proche de I'Armaillerie, SOLEVAL, Javené, de transformation de matières animales génère parfois des odeurs ressenties sur les communes périphériques (Fougères, Javené, Beaucé) autour de I'entreprise. L'association

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Dossier E17000235/35, demande d’autorisation unique de construire et d’exploiter une unité de méthanisation, commune de La Selle en Luitré (35), Avis note qu'un réseau de "nez" fonctionne de façon insatisfaisante : peu de réactivité des "nez", collecte des observations par SOLEVAL. L'association souhaite chercher avec I'entreprise, les collectivités à rendre ce réseau de «nez» plus indépendant des producteurs d'odeurs, plus efficient. L'occasion se présente selon elle de mettre les acteurs concernés autour de la table, entreprises CBAUM et SOLEVAL, collectivités, riverains, associations pour reformer ce réseau de «nez»-Aumaillerie.

L'association La Passiflore souhaite qu'une commission de suivi de site soit mise en place sur la CBAUM comme le prévoit l'article L.125-2-l du Code de I'Environnement. Tout comme SOLEVAL qui transforme des matières animales en produits valorisés, la CBAUM traitera et transformera des déchets d'élevages et agro-industriels en matières fertilisantes ; la CBAUM produira du biogaz, produit hautement énergétique. Cette CSSite serait aussi une manière d'associer riverains, associations à ce projet novateur pour le territoire.

CE5 21/10/2017, M. Sébastien GAUDIN, dirigeant de la société CNR Construction, entreprise locale de 160 salariés, spécialisée notamment dans la réalisation d’ouvrages étanches en Génie-civil, tient à apporter son témoignage et son soutien au projet de méthanisation qui lui semble utile et bon pour l’économie locale. En effet, son entreprise a eu l’occasion de travailler avec la société VOL-V Biomasse à plusieurs reprises et il a apprécié le professionnalisme et l’attention toute particulière apportée à la réalisation du projet pour avoir un résultat qualitatif et respectueux de l’environnement. Le développement de ce type de projet rentre dans la cadre des énergies renouvelables mais la société VOL- V Biomasse, compte tenu de sa volonté à travailler avec des acteurs locaux qualifiés, participe également à la diminution de la trace carbone en phase projet. Il lui semble important de souligner également la démarche de cette société qui réalise un appel d'offre avec une politique du mieux disant; c’est une démarche rare et qui mérite d’être soulignée car ce type de projet met en place un process complexe qui doit être parfaitement maîtrisé. L'approximation qui pourrait découler d’une offre moins-disante est donc exclue et garantie ainsi une réalisation de qualité. Son entreprise travaille également dans le domaine de l’eau : elle a les qualifications requises pour la réalisation d’ouvrages étanches en béton armé et bénéficie d’une assurance par capitalisation garantissant une couverture décennale à la hauteur des enjeux pour ce type de projet. Cette précision est importante car la société Vol-V Biomasse regarde également ces critères, ce qui traduit, selon M. Gaudin, un vrai professionnalisme et une volonté de faire un projet qualitatif. En conclusion, si ce projet aboutissait, M. Gaudin est convaincu que la société VOL-V Biomasse est l’acteur idéal pour mener à bien ce projet et dynamiser l’économie locale tout en étant respectueux des engagements environnementaux par la recherche d’un travail de qualité. Ce témoignage lui semblait important car ce type de projet demande la prise en considération de nombreux paramètres et notamment la garantie d’un ouvrage de qualité réalisé par des entreprises sérieuses et responsables.

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