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CRÉATIONMUSICALE

Directeur artistique : Eric De Visscher

Que retenir de l'année 2000 pour la création et la diffusion musicales à l’Ircam ? De nouvelles œuvres d'abord, répondant ainsi à l'objectif de réalisation de commandes passées à des compositeurs, dans des genres toujours différenciés : l'opéra, la musique pour la danse, l'installation sonore, mais aussi les différentes articulations du concert : musique d'ensemble ou soliste, instrumentale et/ou vocale. Comme chaque année, différentes générations de créateurs se croisent dans les studios, des jeunes découvertes issues de la sélection faite par le comité de lecture et d’autres confirmées qui travaillent régulièrement à l’Ircam. Rappelons que si certains compositeurs développent des relations à long terme avec notre institut, celles-ci sont toujours motivées par des projets de création bien précis et uniques, qui donnent lieu à un calendrierde productionétabli en fonction de la date de création. Au-delà de la réalisation technique de leur projet, l'Ircam entretient des liens profonds avec certains musiciens, renouvelés chaque année, engagés par l'Ircam comme compositeurs en recherche. Ici, le compositeur travaille de façon étroite avec une équipe du département recherche en apportant son expertise et son regard extérieur au développement d'un logiciel ou d'un dispositif technologique. Cette expérience permet au chercheur de mieux orienter ce développement vers les souhaits réels des utilisateurs. Quant à la programmation et la diffusion de ces œuvres, elle a été particulièrement riche en 2000, une année marquée par des projets phares issues des manifestations liées au passage du millénaire. La réouverture du Centre Pompidou fut l'occasion de relancer une collaboration accrue dans le domaine du spectacle et du concert, comme en témoignent les concerts de la saison musicale et les spectacles et concerts du festival Agora. Cette collaboration s'est également développée dans le champ des expositions, de par 120 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

l'importante participation de l'Ircam à l'exposition Le Temps, vite. Le festival Agora, qui a concentré en juin l'ensemble des activités de l'Ircam et s’est déployé dans de nombreux lieux parisiens, a véritablement pris son envol et constitue aujourd'hui un rendez-vous incontournable de la saison artistique ; jouant à fond le pari de l'interdisciplinarité, il a ainsi permis à des publics non-musiciens de se familiariser avec des pratiques musicales contemporaines, dans leurs rencontres avec la danse, le théâtre ou le cinéma.Au-delà de l'image de l'Ircam, qui s’en est trouvée plus ouverte et accessible, c'est aussi une tendance de la création artistique que l'Institut a ainsi voulu accompagner, car de plus en plus d'artistes, y compris de compositeurs, prennent aujourd'hui le pari du dialogue entre les arts.

1. Activités musicales en studio

Directeur de la production : Alain Jacquinot Directeur de la pédagogie, chargée du suivi technologique : Marie-Hélène Serra Coordinateur des assistants musicaux : Eric Daubresse Responsable de l’ingénierie sonore : Frédéric Prin

Les activités dans les studios de l’Ircam sont initiées et validées par le directeur artistique, encadrées par le directeur de la Production, pour les questions organisationnelles et administratives, et le directeur de la Pédagogie pour le suivi technico-scientifique. Ces derniers déterminent le choix de l’assistant musical et/ou de l’ingénieur du son pour chaque projet artistique et suivent l’évolution du travail jusqu’à sa réalisation finale. L'interaction entre la direction artistique et le département de la Production permet également d'organiser au mieux la programmation des concerts dans lesquels ces œuvres réalisées en studio sont présentées, qu'ils aient lieu à l'Ircam ou à l’extérieur. L'importance actuelle de l'activité de diffusion des œuvres démontre un intérêt grandissant à l’égard du « répertoire » de l'Ircam et nécessite la mise en œuvre d'une structure administrative et technique de plus en plus BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 121

performante. La documentation et les portages des œuvres sur des plates-formes récentes constitue de ce fait une activité capitale qui rend la diffusion des œuvres plus aisée, même sans l'intervention de techniciens de l'Ircam au concert.

1.1. Les compositeurs en production Lorsqu'un compositeur vient travailler dans les studios de l'Ircam, la précision de son projet et son degré d'intégration des processus techniques peuvent être parfois très variables. C'est ici qu'intervient tout le savoir-faire et la capacité de compréhension des assistants musicaux, chargés de réaliser de manière concrète les idées parfois peu formalisées des compositeurs. Le rôle de l'assistant ne se limite pas à cette simple exécution ou translation ; il devient bien souvent un véritable partenaire de la création, en proposant des idées et des processus techniques qui influencent en retour la création elle-même. L'intelligence de compréhension, la complicité dans le processus de travail et le respect des rôles de chacun sont donc des éléments essentiels de ce rapport unique qui lie le compositeur à l'assistant musical durant la réalisation de l’oeuvre. Les assistants musicaux du secteur Création de l'Ircam qui ont travaillé en studio avec les compositeurs en 2000 sont : Eric Daubresse (coordinateur des assistants musicaux), Carl Harrison Faia, Serge Lemouton, Gilbert Nouno, Olivier Pasquet, Manuel Poletti et Frédéric Voisin.

1.2. L’ingéniérie sonore Très tôt dans le processus de création, le compositeur en studio est amené à rencontrer l'équipe des ingénieurs du son afin d'intégrer au mieux la diffusion sonore en concert dans la composition elle-même. L'intérêt de plus en plus manifeste des compositeurs pour la spatialisation du son et ses dérivés (types de haut-parleurs, positionnement dans l'espace...) montre que le rôle de l'ingénieur du son ne se limite pas à la simple « sonorisation » d'une donnée musicale préétablie ; son expérience et ses conseils permettent au compositeur 122 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

de concevoir une vraie pensée de l'espace musical. Il intervient également lorsque des sources sonores doivent être mixées au préalable en studio. Les ingénieurs du son sont également pleinement impliqués – en étroite collaboration avec les assistants musicaux et l'équipe administrative – dans la préparation des tournées (repérages des salles, descriptif du dispositif technique, contacts aves les responsables techniques des lieux de concert, etc.) qui représente aujourd'hui une activité de plus en plus conséquente. Enfin, si les enregistrements de disques ont diminué en 2000 (par la faiblesse du marché et des partenaires impliqués), ils requièrent cependant toujours un travail soutenu de la part des ingénieursdu son.

1.3. Les compositeurs en recherche Les activités détaillées des compositeurs en recherche durant l'année 2000 se trouvent précisées sous la rubrique recherche, à l'en-tête des différentes équipes de recherche. Pour mémoire, citons les compositeurs choisis de commun accord entre les directions scientifiques et artistiques en 2000 : Jacopo Baboni Schilingi (Perception et cognition musicales) ; Karim Haddad (Représentations musicales) ; Mauro Lanza (ReprésentationsmusicalesetAcoustiqueinstrumentale); Philippe Manoury (Systèmes temps réel) ; Roger Reynolds(Perception et cognition musicales) ; Harold Vasquez (Acoustique instrumentale) ; Alejandro Viñao (Analyse/synthèse).

1.4. Les portages L'évolution technologique constante et la demande croissante de diffusion des œuvres réalisées à l'Ircam obligent à constamment revoir certaines œuvres pour adapter le dispositif électronique à de nouvelles plates-formes. En adoptant des outils couramment disponibles sur le marché informatique, l'Ircam rend également possible la reprise de ces œuvres sans que son intervention technique lors du concert ne BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 123

s’impose.Ainsi, la diffusion ne se trouve pas entravée pour des raisons de disponibilité du personnel de l'Ircam ou de budgets ne permettant pas de le faire voyager en tournée. En 2000, les œuvres suivantes ont été portées par les assistants musicaux vers de nouveauxstandards :

George Benjamin : Antara Pierre Boulez : …explosante-fixe… Anthèmes II James Dillon : Introitus Philippe Manoury : Jupiter Pluton La partition du ciel et de l’enfer Neptune En écho Emmanuel Nunes : Lichtung I Wandlungen Jean-Marc Singier : Bout à bout, tout à trac Klas Torstensson : Urban songs

1.5. Les développements techniques pour les projets danse et musique La réflexion et l'expérimentation sur l'interactivité entre musicien, danseur et ordinateur se sont nourries des récentes collaborations entre compositeurs et chorégraphes. Le système de conversion AtoMIC Pro a été amélioré et un prototype d'interaction geste/son a été conçu. Une nouvelle version du boîtier AtoMIC Pro 2 a été développée. Ce dispositif convertit les signaux analogiques de capteurs courants (pression, choc, potentiomètre, etc.) en données Midi. L'optimisation a consisté principalement à réécrire 70% du code pour un micro- processeurplus puissant et à ajouter des traitements sur les données. Un « cadre interactif » pour la création de Al segno a été réalisé. Il s’agit d’un objet de 2m par 1m50 supportant une grille de rayons infrarouges dont la coupure permet de déterminer la position et la surface occupée par le danseur dans le cadre. L'information de position et de surface est exportée vers l'ordinateur en Midi. Ce dispositif, placé dans des positions diverses, entre l'horizontale et la verticale, a été 124 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

utilisé dans deux sections de la pièce. Les mouvements du danseur étaient utilisés pour le contrôle de la génération sonore et de la spatialisation. Supervision : M.-H. Serra. Ingénieur électronicien : E. Fléty.

1.6. Les compositeurs du Cursus de composition et d'informati- que musicale Chaque année, l'Ircam accueille dix compositeurs, sélectionnés par le jury du comité de lecture, afin d'y parfaire leurs connaissances en informatique musicale et de rencontrer de manière privilégiée les compositeurs majeurs de notre époque8. À la fin de leur période de formation, ils réalisent une œuvre personnelle pour instrument soliste et dispositif électronique. Celles-ci sont réalisées dans le cadre des studios de la Pédagogie et avec l'aide des assistants de ce département. Le secteur Production intervient dans l'organisation du concert final et les séances d'enregistrements préalablesau travail en studio.

2. Réalisations musicales

2.1. Opéra et théâtre musical

Georges Aperghis : Machinations Spectacle musical pour 4 actrices-vocalistes, un assistant musical-acteur et sons électroniques Musique et mise en scène : Georges Aperghis Textes : François Regnault et Georges Aperghis Conception lumière et vidéo : Daniel Levy Assistante à la mise en scène : Emily Loizeau

8. Voir la section « 2.1.1. Cursus de composition et d’informatique musicale », page 187. BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 125

Commande : Ircam et Secrétariat à la culture de la Rhénanie-Westphalie (Allemagne) Assistants musicaux : Olivier Pasquet, Tom Mays Création : le 6 mai 2000 au Festival de Witten (Allemagne), création à Paris le 6 juin 2000, dans le cadre du festival Agora Interprètes : Sylvie Levesque, Donatienne Michel-Dansac, Sylvie Sacoun, Geneviève Strosser, voix ; Olivier Pasquet, ordinateur Technique Ircam Durée : 60 minutes Éditeur : Durand, Paris Le travail vocal et théâtral de Georges Aperghis fait depuis longtemps office de référence. L’utilisation de la technologie informatique pour transformer la voix constitue en revanche une première pour ce compositeur ; aussi a-t-il voulu, dans ce premier travail réalisé à l’Ircam, « mettre en scène » la technologie, de manière littérale, en plaçant sur scène le dispositif électronique et les personnes qui le pilotent. Sur scène également, quatre protagonistes, quatre femmes proférent tantôt des mots, tantôt des phonèmes, constamment transformés et modifiés par la machine. L'assistant musical est lui- même également mis en scène et participe directement de l'action vocale et scénique. L'œuvre a obtenu un succès public et médiatique remarqué et connaîtra des reprises dans diverses villes françaises et européennes durant la saison 2001-2002, suite à un travail intensif de diffusion et de contacts avec des institutions très diverses (festivals de musique, scènes nationales, etc.)

Philippe Manoury : K… D’après Le Procès de Franz Kafka Opéra pour voix, chœur, orchestre et dispositifs électroniques en temps réel Mise en scène : André Engel Adaptation : Bernard Pautrat Commande : Opéra national de Paris - Bastille Assistant musical : Serge Lemouton Ingénieur du son : David Poissonnier Développement informatique : équipes de recherche de l'Ircam Création : 7 mars 2001 à l’Opéra-Bastille Orchestre et Chœur de l’Opéra national de Paris Direction : Dennis Russel Davies 126 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

Technique Ircam Durée : 90 minutes Éditeur : Durand, Paris Après 60e Parallèle, créé au théâtre du Châtelet en 1997, l’Opéra- Bastille a passé commande d’un opéra à Philippe Manoury et le choix du compositeur s'est porté sur Le Procès de Franz Kafka. Ce projet d'envergure fut l'occasion de poursuivre de manière plus approfondie l'application de techniques de pointe en informatique musicale au domaine scénique, en collaboration avec plusieurs équipes de recherche de l’Ircam. En premier lieu, de nouvelles techniques de synthèse vocale ont été développées par Geoffroy Peeters de l’équipe Analyse/synthèse, pour créer un chœur virtuel, composé de quarante interprètes virtuels générés atome après atome sur l'environnement informatique temps réel jMax. Un ensemble de règles d'interaction entre les voix (désynchronisations, désaccords, variation de timbre, accentuations) dérivées d'études faites sur un chœur réel, constitue le « chef de chœur » virtuel dirigeant l'ensemble des interprètes virtuels. Par ailleurs, grâce au logiciel de traitement en temps réel jMax, l’électronique est utilisée comme un véritable instrument qui produit le son en temps réel au moment de la représentation et se synchronise avec l’orchestre et les voix, dirigés par le chef. Le résultat sonore (tempo, spatialisation, réverbération, mixage…) n’est pas fixé totalement à l’avance mais est contrôlé pendant le spectacle. Enfin, la spatialisation a été réalisée spécialement pour l’Opéra-Bastille par Véronique Larcher et Olivier Warusfel (équipe Acoustique des salles) en collaboration avec l’équipe des ingénieurs du son. Ph. Manoury a réellement composé avec l’espace, grâce au Spatialisateur, pour créer des lieux sonores virtuels qui modifient la perception habituellement frontale de l’opéra. Dans la salle de l'Opéra-Bastille, le rendu sonore de l’orchestre et des chanteurs est très différent suivant la position où se trouve le spectateur : à cet effet, l’équipe des ingénieurs du son de l’Ircam a été conduite à mener un délicat travail d’approche afin de garder pour l’ensemble des spectateurs une écoute équilibrée de la partie électronique de l’œuvre ou de sa fusion avec l'orchestre. BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 127

Kaija Saariaho: L'Amour de Loin Opéra pour 3 solistes, chœur, orchestre et sons électroniques Livret : Amin Maalouf Mise en Scène : Peter Sellars Commande : Festival de Salzbourg et Théâtre du Châtelet Assistant musical : Gilbert Nouno Création : le 15 août 2000 au Festival de Salzbourg, reprise à Paris au Théâtre du Châtelet le 26 novembre 2001 Orchestre du SWR (Baden-Baden & Freiburg) Arnold Schönberg Chor Solistes : Dawn Upshaw, Dagmar Peckova, Dwayne Croft Direction : Kent Nagano Durée : 90 minutes Éditeur : Chester Music, Londres L’argument de cet opéra prend sa source dans la Vie Brève de Jaufre Rudel, prince de Blaye, l’un des premiers grands troubadours du XIIe siècle. Sur la trame narrative de la biographie romancée de ce poète- musicien, et notamment son Amour de Loin pour la Comtesse de Tripoli, viennent se tisser librement des épisodes et des personnages inspirés tant de la poésie et des romans médiévaux que de la mythologie. Dans cette production prestigieuse par ses participants et la qualité de sa présentation, l’Ircam joue un rôle particulier en donnant à la compositrice la possibilité d’étendre les dimensions orchestrales et vocales au monde de l’électronique, de l’amplification et de la spatialisation du son afin de créer de nouveaux espaces sonores, semblables aux mondes multiples qui sont évoqués dans l’opéra. La création de l'opéra à Salzbourg en août 2000 a permis de mesurer toute la subtilité de ce rapport entre orchestre et partie électronique, celle-ci n'étant à certains moments qu'à peine audible afin de fusionner complètement à la couleur de l'orchestre. Mais tout comme la scénographie éclaire l'action dramatique par une colorisation toute poétique, l'électronique donne une toute autre irisation à la matière orchestrale. Il a donc fallu réaliser, en studio d'abord avec l'assistant musical, puis sur scène avec l'ingénieur du son, tout un travail en finesse pour faire fusionner les sons réalisés en studio avec l'orchestre et le chœur. La reprise de l'opéra au Châtelet en novembre 2001 sera suivie d'autres représentations, notamment à Berne (Suisse) et à Santa Fe (USA). 128 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

2.2. Ballet, film, installation, représentation

Andrea Cera : musique pour Permis de Construire/Avis de Démolition de Hervé Robbe Installation audiovisuelle et spectacle frontal Conception, chorégraphie, images vidéo, scénographie : Hervé Robbe Création vidéo : Christian Boustani Costumes : Laurence Alquier Lumières : Sylvie Garot, assistée de Jean-Gabriel Valot Danseurs : Romain Capello, Emeline Calvez, Christina Clark (Permis de construire), Ariane Guitton, Edmond Russo, Shlomi Tuizer, Yoshifumi Wako (Avis de démolition) Durée : 90 minutes Éditeur : inédit Voir département chorégraphique, «1.4. Préparation de créations ultérieures », page 176.

Heiner Goebbels : Le Temps, vite (1.Timée ; 2. La Vague Sonore ; 3. Le Soleil) Installation sonore pour l'exposition Le Temps, vite au Centre Pompidou Commande : Ircam Assistant musical : Frédéric Voisin Présentation : du 12 janvier au 17 avril 2000 au Centre Pompidou, puis du 1er juillet au 23 octobre 2000 au Palais des Expositions (Rome) et du 28 novembre 2000 au 25 février 2001 au Centre de Culture Contemporaine (Barcelone) Technique Ircam et diffusion CDP Durée : en boucle Éditeur : nc La collaboration active de l'Ircam à l'exposition de réouverture du Centre Pompidou, Le Temps, vite, fut l'occasion de mener une réflexion de fond sur le thème de l'installation et de la scénographie sonore. C'est au compositeur Heiner Goebbels que fut confiée cette responsabilité, un créateur dont l'expérience dans ce domaine spécifique était restreinte, mais qui, en revanche, connaît parfaitement les mécanismes de présentation de la musique dans des secteurs comme le théâtre musical. L'idée même d'une théâtralisation de la musique dans cette exposition semblait bien correspondre avec son propos. La participation de Heiner Goebbels s'est traduite en trois moments musicaux, situés à des points différents de l'exposition : BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 129

• une vague sonore, contenant des extraits musicaux transformés de chansons, de pop songs ou d'œuvres classiques et contemporaines relatives au temps, déferlantsur toute l’exposition à intervalles réguliers ; • une installation sonore, située à l’entrée de l’exposition et élaborée à partir d’un extrait du Timée de Platon, lu en différentes langues, et accompagné de transformations sonores spatialisées, issues de la lecture de ce texte ; • un couloir sonore d’environ vingt-cinq mètres diffusant, en tant qu’espace final de l’exposition, des mouvements sonores évoquant la vitesse, le déplacement et le passage progressif de l’ombre à la lumière. Il s'agit aussi d'extraits de texte, scientifiques cette fois, mais dont le contenu est rendu incompréhensible par un éclatement granulaire des phonèmes choisis. Outre la collaboration intense avec l'assistant musical, Heiner Goebbels a pu compter sur une expertise technique des ingénieurs du son, visant à rendre, malgré la disparité des lieux d'écoute, une qualité de rendu sonore équivalente à celle d'une salle de concert. Cet environnement a également du être adapté aux différents lieux de présentation, dans le cadre du montage de l'exposition à Rome et à Barcelone.

Cécile Le Prado : La traversée du vent Installation sonore pour le Pont du Gard Direction de projet : Jean-Pierre Brazs Scénographie et direction artistique : Guy-Claude François Réalisation film écrans : Christian Boustani Production film écrans : Europimages Réalisation théâtres optiques : Bruno Cohen (ATEA) Assistant musical : Gilbert Nouno Collaboration scientifique : équipe Acoustique des salles Dans le cadre de la rénovation des accès et installations d'accueil du Pont du Gard, Cécile Le Prado a réalisé un environnement sonore spatialisé pour un spectacle de projection d'images réalisé par Christian Boustani. Ce spectacle panoramique accueille le visiteur avant la visite du Pont, lui retrace l'histoire du site et le plonge dans l'ambiance du lieu. Un fort pouvoir de suggestion était donc nécessaire, non seulement dans le rendu des images, mais également dans l'installation spatiale des sons et de leurs sources. La compositrice a poursuivi le 130 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

travail mené avec le Spatialisateur dans des œuvres électroacoustiques comme Le Triangle d'Incertitude, appliqué cette fois à une relation forte et novatrice avec l'image.

Yan Maresz : Al Segno Musique pour guitare, harpe, cymbalum et électronique pour un spectacle chorégraphique Chorégraphie de François Raffinot et Emmanuelle Vo-Dinh Voir département chorégraphique, « 1.1. Créations de François Raffinot », page 173.

2.3. Œuvres pour ensemble

Mary Finsterer : Sand Œuvre pour ensemble et électronique Commande : Ircam Assistant musical : Manuel Poletti Création : le 14 décembre 2001 au Centre Pompidou Ensemble Intercontemporain Direction : Rolf Gupta Durée : environ 25 minutes Éditeur : Ricordi, Milan Lauréate du comité de lecture 1997-1998, l'Australienne Mary Finsterer a étudié et travaillé aux Pays-Bas, notamment avec . Après le stage d'informatique musicale qu'elle a suivi en octobre 1999, elle a débuté à l'automne 2000 la production d'une nouvelle œuvre qui comporte également un travail sur l’aspect scénique du concert, par l’utilisation de l’éclairage et de la vidéo (en collaboration avec le réalisateur Dean Golja). Ces aspects seront traités en étroite symbiose avec la génération de sons et la gestion de fichiers sonores dans Max, grâce au logiciel Nato, pour Max/MSP, qui autorise la gestion d'images. L’œuvre est inspirée par la notion de paysage, sonore et visuel, dans sa confrontation entre l’immensité du désert australienet la densité étouffante des villes actuelles. BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 131

Jean-Luc Hervé : Encore Œuvre pour ensemble, 2 pianos disklaviers et électronique Commande : Ircam Assistant musical : Frédéric Voisin Création : le 9 mars 2000 dans le cadre de l’exposition Le Temps, vite, au Centre Pompidou Ensemble Intercontemporain Direction : Patrick Davin Durée : 20 minutes Éditeur : Suvini Zerboni, Milan Sélectionné par le comité de lecture 1996-1997, Jean-Luc Hervé a réalisé une œuvre dans laquelle les dimensions actuelles de son travail, à savoir les microintervalles, le concept de geste musical et la spatialisation des sources sonores se sont vues amplifiées et développées grâce aux moyens électroniques. L'idée de répétition traverse toute la pièce, en circulant parmi les différents niveaux hiérarchiques de la structure de l'œuvre. En plus de l'orchestre qui représente la situation habituelle du concert, la pièce met en scène, grâce à l'électronique, deux types de relations : des sons enregistrés que l'on entend mais que l'on ne voit pas et des séquences musicales jouées par des pianos disklaviers. Ceux-ci organisent tantôt le lien entre les deux groupes instrumentaux présents sur scène, tantôt mènent leur propre existence comme producteurs de gestes sonores. En n’apparaissant que rarement à l'avant-plan du discours musical, ils sous-tendent une présence musicale qui n'est rendue manifeste qu'à la toute fin de la pièce. Ce travail de synthèse sonore et de création de gestes pour disklavier fut précédé d'une utilisation intensive des outils de composition assistée par ordinateur, un travail que Jean-Luc Hervé poursuivra en 2001 en tant que compositeur en recherche dans l'équipe de Représentations musicales.

Marc Monnet : Bosse, crâne rasé, nez crochu Œuvre pour piano solo, ensemble et électronique, avec trois intermèdes pour 2 pianos Effectif : 2 piano solistes, 3 clarinettes, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes, 2 trombones, tuba, 2 percussions, 2 claviers, 3 violons, 2 altos, 2 violoncelles et contrebasse Commande : Ircam 132 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

Assistant musical : Gilbert Nouno Création : le 20 décembre 2000 au Centre Pompidou Hideki Nagano, Michaël Wendeberg, pianos Ensemble Intercontemporain Direction : Pierre-André Valade Durée : 45 minutes Éditeur : Cerise Music Cette création instrumentale tire son titre de la représentation de Maccus, l’un des quatre personnages du théâtre de Farces des Attellanes (de la ville d’Atella, en Campanie). Elle est divisée en cinq mouvements qui sont interrompus par trois intermèdes pour deux pianos (« Tulipes », « Acrobates », « Chatouillement »). Cette forme inhabituelle, tout comme la volonté de ne pas considérer cette œuvre comme un « concerto pour piano(s) », prouve la volonté chez Marc Monnet d'explorer des sentiers peu entamés, comme il l’exprime lui- même : « Hormis la forme, la musique ne peut être classée facilement. Tantôt extrêmement rapide, ponctuelle, elle caresse un travail de transformation du son qui allonge le temps, mais jamais de façon systématique. À d'autres instants, elle devient presque répétitive, inachevée, suspendue. Il n'y a pas de volonté de s'inscrire dans une logique d'écriture. Au contraire, le propre de ce travail est une grande liberté. ». Ce qui n'empêche pas d'atteindre une grande complexité dans la synthèse sonore, sa spatialisation et son ancrage dans la matière instrumentale. L’écriture informatique du compositeur (traitement individuel en temps réel de groupe d’instruments bien distincts) a contraint les ingénieurs du son à travailler chaque groupe de manière indépendante par des techniques de filtrage et de positionnement type de microphones. Ainsi, les sons instrumentaux ont pu subir un traitement électronique qui soit le plus individualisé possible, tout en gardant la richesse de leur timbre initial.

François Narboni : El Gran Masturbator Œuvre pour ensemble et électronique Effectif : 2 clarinettes, 2 bassons, 2 cors, trompette, trombone, tuba, 2 percussions, 2 claviers, 2 violons, alto, violoncelle et contrebasse Commande : Ircam Assistant musical : Frédéric Voisin Création : le 18 avril 2000 à la Cité de la musique Ensemble Intercontemporain BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 133

Direction : David Robertson Durée : 18 minutes Éditeur : Editions musicales européennes, Paris Avec l’humour et le détachement qu’on lui connaissait déjà dans d’autres œuvres, François Narboni (qui suivit le Cursus de composition et d’informatique musicale à l’Ircam en 1997-1998) réalise ici la commande qu’il a obtenue du comité de lecture de 1997. Il considère cette œuvre comme du « pop art musical » utilisant des sons issus des répertoire jazz, jazz-rock, funk, rock… des années 1970-1980 (Miles Davis, James Brown, Rolling Stones…). De ces sources, il extrait des sons brefs, qui isolés de leur contexte, fonctionnent essentiellement comme matériau rythmique qui se mêlera aux rythmes instrumentaux. Les sons électroniques sont déclenchés par des claviers électroniques dans l’orchestre. Le titre provient d’un célèbre tableau de Salvador Dali, autre « objet trouvé ».

Emmanuel Nunes : Lichtung II Œuvre pour ensemble et électronique Effectif : 2 clarinettes, clarinette basse, cor, trombone alto, tuba, 4 percussions, harpe, violon, alto, violoncelle et contrebasse Commande : Françoise et Jean-Philippe Billarant Assistant musical : Eric Daubresse Création partielle : le 16 mai 1996 à la Fondation Gulbenkianà Lisbonne Création de la version complète : le 22 juin 2000 au Théâtre du Rond- Point Champs-Elysées, dans le cadre du festival Agora Ensemble Intercontemporain Direction : Jonathan Nott Durée : 35 minutes Éditeur : Ricordi, Munich Lichtung II, dans sa version définitive, est certainement l’œuvre d'Emmanuel Nunes qui pousse le plus loin l’intégration de l’espace et de l’informatique dans l’écriture instrumentale. Pour la première fois (mais aussi, selon lui, la dernière), le compositeur utilise un cadre temporel et structurel posé a priori, avant la réalisation de la partition. Néanmoins, il a toujours insisté sur le fait que la forme n’est pas un schéma que l’on remplit de musique, mais qu’elle réside plutôt dans l’articulation des contenus. On peut donc soupçonner que Lichtung II est une tentative de synthèse entre ces deux tendances et méthodes. 134 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

Un autre enjeu important de cette œuvre est le travail très développé des timbres et de l’orchestration, travail transcendé par la spatialisation. En effet, l’association pointilliste des instruments, dans telle ou telle localisation spatiale, favorise la fusion des timbres et se superpose à l’orchestration acoustique. Un agencement de sous-groupes d’instruments permet le développement d’une écriture spécifique guidée par la recherche d’une « tonique de timbres » (mélange fixe d’instruments). Du point de vue temporel, la spatialisation est beaucoup plus littérale que dans Lichtung I, en ce sens qu’elle est très souvent synchronisée avec le jeu instrumental. Alors que, dans cette dernière, la durée était pensée par « briques » de temps, indépendamment du rythme instrumental, c’est au contraire dans Lichtung II le niveau instrumental qui dirige pratiquement le rythme spatial. Le dispositif de diffusion est plus important aussi, puisqu’il déploie douze haut-parleurs, au lieu de huit dans Lichtung I (A. Bioteau).

Brice Pauset : Perspectivae Sintagma II (canons) Œuvre pour piano, haute-contre, contralto, ensemble et dispositif électronique Effectif de l'ensemble : flûte, clarinette, tuba, violon, alto, violoncelle, contrebasse Textes : syntagmes réunis par Peter Szendy Commande : Ircam Assistant musical : Olivier Pasquet Création : le 3 avril 2001 à l’Ircam Jean-Pierre Collot (piano), Jean Nirouët (haute-contre), Catherine Dagois (contralto), (Freiburg) Direction : Johannes Kalitzske Durée : 35 minutes Éditeur : Henry Lemoine, Paris En 1997, suite à une commande conjointe du festival de Donaueschingen et de l’Ircam, Brice Pauset réalisa Perspectivae Sintagma I pour piano et dispositif électronique en temps réel. Très vite, il fut décidé qu’une grande partie des développements informatiques et musicaux de ce projet trouverait des prolongements dans une œuvre plus élaborée où la relation entre le piano et l’électronique serait prolongée par la dimension « orchestrale » de l’ensemble. En accord avec le compositeur, qui a déjà fréquemment fait BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 135

appel à cette formation, ce sont le pianiste et les autres membres de l’Ensemble Recherche qui ont été choisis pour la création de l’œuvre. Le livret a été écrit par Peter Szendy, à partir de textes aussi divers que ceux de Pseudo-Aristote, Derrida, Baudelaire ou Léonard de Vinci. Outre la synthèse sonore qui se rapproche du premier Perspectivae, un travail important de spatialisation a ici été mené, comportant une réelle composition rythmique du mouvement, corrélée à – et parfois disjointe de – l'écriture de la partition.

Roger Reynolds : The Angel of Death Œuvre pour piano, ensemble et électronique Effectif : piano solo, flûte, hautbois, clarinette, clarinette basse, basson, cor, 2 trompettes, 2 trombones, 2 percussions, 2 violons, alto, violoncelle et contrebasse Commande : Ircam Assistant musical : Frédéric Voisin Création : le 7 juin 2001 au Centre Pompidou dans le cadre du festival Agora Jean-Marie Cottet, piano Ensemble Court-circuit Direction : Pierre-André Valade Durée : 25 minutes Éditeur : Peters Edition, Londres Cette œuvre unique en son genre constituera le résultat d'une collaboration extrêmement poussée entre le compositeur Roger Reynolds et l’équipe de recherche Perception et cognition musicales dirigée par Stephen McAdams. À tous les stades de la conception de la pièce, une concertation intense est menée : la pièce elle-même possède une forme mobile, dans laquelle certaines parties sont interchangeables. Le matériau écrit pour le piano peut être interprété par l'ensemble et vice-versa ; de même, l'ordre des deux séquences principales de l'œuvre peut être inversé. Ces variations permettront aux scientifiques de recueillir un maximum de données sur la perception de la forme par l'auditeur et sur les critères de reconnaissance et de variabilité des matériaux musicaux. En effet, dans la présentation « expérimentale » de la pièce, les auditeurs auront à réagir au « stimulus » musical sur ces critères au moyen d'un système de capteurs spécialement conçus à cet effet. 136 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

Rand Steiger : nouvelle œuvre Œuvre pour ensemble instrumental et électronique Commande : Ircam Assistant musical : Olivier Pasquet Création : le 1er mars 2002 au Centre Pompidou Ensemble Intercontemporain Direction : Patrick Davin Durée : 20 minutes Éditeur : nc Lauréat du comité de lecture en 1999, le compositeur américain Rand Steiger a proposé un projet dans lequel l’interaction entre instruments et électronique sera fortement développée. Professeur à l’université de Californie à San Diego, il connaît particulièrement bien les outils logiciels de l’Ircam et notamment le suivi de partition et le traitement du son en temps réel. L’œuvre, écrite pour ensemble, comportera un certain nombre de parties solistes qui bénéficieront d’un traitement informatique particulier. Elles seront mêlées à des sons de synthèse, puis spatialisées. Le compositeur envisage de lier la production de sons électroniques à des images vidéo, réalisées par la vidéaste Vibeke Sörensen. Ce projet est actuellement en discussion avec l’École du Fresnoy (Tourcoing), spécialisée et parfaitement équipée dans le traitementde pointe de l’image numérique.

2.4. Œuvres pour solistes ou musique de chambre

James Dillon : La Coupure Œuvre pour percussion, dispositif vidéo et électronique Commande : Ircam, festival Ars Musica (Bruxelles) et festival Archipel (Genève) Assistant musical : Carl Harrison Faia Création : le 11 mars 2000 à l’Espace de projection à l’Ircam dans le cadre de l’exposition Le Temps, vite Steven Schick, percussion Durée : 60 minutes Éditeur : Peters Edition, Londres Prévue depuis le début des années 1980, La Coupure est la dernière œuvre d'un cycle imposant, intitulé Nine Rivers, pour ensemble, chœur et électronique dont la thématique est le concept de flux temporel. BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 137

James Dillon avait précédemment réalisé une autre pièce de ce cycle à l'Ircam, intitulée Introïtus. Dans le cycle, cette œuvre pour percussion occupe une position centrale, car elle sépare les pièces purement acoustiques de celles faisant appel au dispositif électronique. Il s'agit d'une pièce hautement virtuose, nécessitant un interprète très présent sur scène. Pour des raisons musicales et scéniques, l'interprète, Steven Schick, a dû apprendre par cœur l'entièreté de la partition. Située entre l’installation et le concert, cette œuvre complexe fait appel à un dispositif d'éclairage particulier et à un système de captation d’image. Certains traitements du son en temps réel sont déclenchés par le dispositif de captation vidéo BigEye, développé au studio Steim d’Amsterdam et adapté par l’Ircam aux besoins de cette production. La création de l'œuvre à Paris a été suivie d'une tournée passant par la Belgique (Mons, dans le cadre du festival Ars Musica) et la Suisse (Genève,festivalArchipel).

Gérard Grisey : Prologue (nouvelle version) Œuvre pour alto et électronique Assistant musical : Eric Daubresse Création : le 3 avril 2001 à l’Ircam Interprète : Garth Knox Durée : 15 minutes Éditeur : Ricordi, Milan Cette création posthume est le résultat naturel d’un travail entrepris du vivant du compositeur. Dès 1996, il avait pris contact avec l’Ircam en vue d’élaborer une nouvelle version de Prologue (pour alto solo, première pièce de la série des Espaces Acoustiques) où le son de l’alto se voyait initialement prolongé par des résonateurs « naturels » ou acoustiques (piano, palmet gong d’onde Martenot, tam tam et caisse claire). Ce dispositif, lourd à installer et à déplacer, pouvait se voir facilement remplacé par des résonateurs « artificiels » réalisés par des logiciels informatiques. Des contacts intenses avec Eric Daubresse avaient ainsi permis de développer plus avant des techniques de résonance. Ce travail qui n’a pu être achevé dans ses moindres détails par le compositeur, a été poursuivi par l’assistant musical, en étroite collaboration avec Garth Knox, instrumentiste hors pair, impliqué dès le début dans ce projet. 138 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

2.5. Musique vocale

Brian Ferneyhough : Stele for the Failed Time Œuvre pour chœur et électronique Effectif : 16 voix (sopranos, altos, ténors, basses) Commande : Françoise et Jean-Philippe Billarant Assistant musical : Gilbert Nouno Création : 13 juin 2001 à l’Ircam dans le cadre du festival Agora Neue Vocalsolisten Stuttgart Direction : Manfred Schreier Durée : 12 minutes Éditeur : Peters Edition, Londres Alors que Brian Ferneyhough avait déjà fréquemment collaboré aux activités pédagogiques de l'Ircam et qu'il utilise régulièrement des logiciels comme PatchWork dans le cadre de la composition assistée par ordinateur, il n'avait à ce jour encore jamais réalisé d'œuvres dans les studios de l'Ircam. Cette nouvelle pièce vocale lui fournit une occasion de revenir au traitement électronique du son de la voix, tel qu'il l'avait déjà pratiqué dans des pièces antérieures. L'entièreté du matériau électronique est générée à partir d'échantillons de voix, et des enregistrements de la propre voix du compositeur, lisant des textes dans une langue inventée et incompréhensible, serviront notamment de matériau vocal de base. Bien qu’ayant une existence propre, cette composition pour chœur et électronique constituera également le postlude d'un opéra de chambre dont la réalisation est en cours. Cet « opératorio », consacré à la pensée du philosophe allemand Walter Benjamin, sera présenté à la Biennale de Munich en mai 2002, pour tourner ensuite dans les principales capitales européennes.

Mauro Lanza : Erba nera che cresci segno nero tu vivi Œuvre pour voix solo et électronique Effectif : soprano et sons de synthèse Texte : Amelia Rosselli (1930-1996) Création partielle : le 29 septembre 1999 à l’Auditorium Germain-des- Prés dans le cadre du concert Cursus Assistant musical : Mikhail Malt Création de la version finale : le 2 mai 2001 au Théâtre Silvia Montfort Donatienne Michel-Dansac, soprano BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 139

Durée : 14 minutes Éditeur : inédit Au départ de la recherche musicale de Mauro Lanza, compositeur né en 1975, ayant suivi le Cursus de composition et d'informatique musicale de l'Ircam en 1998-1999, il y a une réflexion soutenue sur les rapports entre la musique et le langage, plus sur le plan formel que sémantique : comment le langage engendre-t-il des formes à partir d'un nombre réduit de symboles ? C'est ce même principe qui gouverne son écriture musicale, et dans Erba nera che cresci segno nero tu vivi, la composante rythmique génère l'essence du matériau musical. Grâce à OpenMusic, Mauro Lanza a pu construire une grande complexité rythmique, tandis que la relation entre la voix et les sons électroniques s'est faite par une synthèse sonore basée sur des modèles physiques, en particulier par l'utilisation extrêmement poussée du logiciel Modalys. Mauro Lanza n'ayant pu terminer son œuvre pour le concert du cursus en 1999, il fut décidé de lui permettre de poursuivre ce travail dans les studios de productionet une recréationde l'œuvre fut programméepour mai 2001.

François Nicolas : Duelle Œuvre pour mezzo-soprano, violon, piano et dispositif électroacoustique Commande : (en cours) auprès du ministère de la Culture et de la Communication (commande d’État) Assistant musical : Eric Daubresse Collaborations scientifiques : René Caussé, Nicolas Misdariis, Olivier Warusfel Création : le 15 juin 2001 à l’Ircam dans le cadre du festival Agora Interprètes : Marie Kobayashi, mezzo-soprano, Fuminori Tanada, piano, Nicolas Miribel, violon Durée : 30 minutes environ Éditeur : nc Cette œuvre s’inscrit dans la continuité du travail effectué par François Nicolas comme compositeur en recherche auprès des équipes Acoustiqueinstrumentale etAcoustique des salles. La démarche portait sur la directivité des haut-parleurs et le rayonnement des sources. Le point de départ de ce projet est la constitution d’un duo pour instruments et la Timée (un hexaèdre comprenant plusieurs haut- parleurs capables de rayonner le son dans différentes directions), chacune de ces sources ayant un rayonnement particulier.Au lieu d’une 140 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

diffusion électronique qui englobe ou entoure l’auditeur dans la salle, il s’agit ici d’un dispositif qui permet à ce dernier de localiser de manière précise la source du son, comme c’est le cas pour un instrument acoustique. Le travail sur la voix servira de « lien » entre les instruments et les sons électroniques, ces derniers étant principalement réalisés par des procédés de synthèse granulaire.

3. Programmation

Les temps forts de la programmation 2000 ont été les suivants : 1. la participation de l'Ircam à l'exposition de réouverture du Centre Pompidou, Le Temps, vite, s’est concrétisée de quatres manières : • commande de l'Ircam au compositeur Heiner Goebbels pour trois installations sonores diffusées dans l'exposition et spécialement liées au contenu de celle-ci ; • sélection par la direction artistique de l'Ircam d'œuvres musicales présentes dans le parcours de l'exposition : œuvres de concert et installations sonores de Pierre Boulez, Morton Feldman, György Ligeti, Christian Marclay, Steve Reich, Michael Snow et Karlheinz Stockhausen, ; • réalisation par le département pédagogique de l'Ircam de quatre bornes interactives explicitant certains aspects de la perception temporelle du son (tempo, reproduction du rythme, variation naturelle, etc.) ainsi que la notion de temps réel, telle qu'elle est couramment utilisée aujourd'hui en informatique musicale ; • constitution d'un fonds documentaire consacré aux aspects temporels de la musique et destiné à compléter la bibliothèque présente dans l'exposition. En outre, l'Ircam a également programmé une série de concerts autour de l'exposition (voir concerts). 2. Poursuite de la saison musicale parisienne présentée conjointe- ment avec l'Ensemble Intercontemporain et incorporant outre les con- certs, un certain nombre de spectacles et de participations à des projets chorégraphiques. BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 141

3. Enracinement du festival Agora dans le paysage musical et culturel parisien. Point d'orgue de la programmation de l'Ircam et symbole de l'ouverture menée par l'Ircam depuis plusieurs années, il a pu toucher en 2000 un large public, souvent moins familiers de cette musique que d’autres domaines artistiques. 4. La collaboration avec le Centre Acanthes, à l'été 2000, visant à créer une manifestation de concerts et d'activités pédagogiques dans trois villes européennes de la culture :Avignon, Cracovieet Helsinki. 5. Suite à la réalisation de projets pluridisciplinaires majoritairement produits et financés par l'Ircam (spectacles de Georges Aperghis et de François Raffinot, concert-spectacle de James Dillon), mise en place d’une politique de diffusion et de tournées plus intense. Au-delà des reprises d'œuvres du répertoire de l'Ircam dans des festivals spécialisés, cette politique vise, tout comme le festival Agora, à sortir du cadre proprement musical pour se tourner vers d'autres publics. Elle requiert de la part de l'Ircam une organisation spécifique et renforcée visant à assurer une logistique optimale pour ces tournées et la recherche de contacts dans des secteurs qui jusqu'à présent n'avaient pas été sollicités par l'Ircam.

3.1. Concerts dans le cadre de l'exposition Le Temps, vite

9 mars, Centre Pompidou, Grande salle Ensemble Intercontemporain Direction Patrick Davin Conlon Nancarrow : Pièce n˚2 for small orchestra Jean-Luc Hervé : Encore*9, commande de l’Ircam, création mondiale Joël-François Durand : La Terre et le feu Gérard Grisey : Le temps et l’écume (358 spectateurs) 10 mars, Centre Pompidou, Grande salle Ensemble Court-circuit Direction Pierre-AndréValade Örjan Sandred : Amanzule Voices* Marc-André Dalbavie : In advance of the broken time Mathias Spahlinger : Gegen unendlich

9. * Œuvres réalisées à l’Ircam 142 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

Gérard Grisey : Vortex Temporum (186 spectateurs) 11 mars, Centre Pompidou, Grande salle 20 h Antoine Dreyfuss, cor Ensemble Itinéraire Direction Patrick Davin Tristan Murail : Mémoire/Erosion Thierry Blondeau : Musique taïngli, création mondiale YassenVodenitcharov : Pictogrammes, création mondiale Gérard Grisey : Jour, contre-jour (246 spectateurs) 22 h 30, Ircam, Espace de projection Steven Schick, percussion James Dillon : La Coupure*, pour percussion et électronique, commande de l’Ircam, du festival Ars Musica et du festival Archipel, création mondiale (130 spectateurs) 12 mars, Centre Pompidou, Grande salle Solistes de l’Ensemble Intercontemporain Harrison Birtwistle : Harrison’s Clocks, création française Steve Reich : NewYork Counterpoint Morton Feldman : Why Patterns (238 spectateurs)

3.2. Concerts de la Saison Ircam-Ensemble Intercontemporain

3.2.1. Coproductions Ircam/Ensemble Intercontemporain 3 avril, Théâtre du Châtelet Sophie Cherrier, Emmanuelle Ophèle, flûtes Pierre-LaurentAimard, clavier numérique Ensemble Intercontemporain Direction Kent Nagano George Benjamin : Antara* Groupe de flûtes de pan « Los Gringos » Musique traditionnelle sud-américaine pour flûte de pan (453 spectateurs) 18 avril, Cité de la musique, salle des concerts 19 h 30Atelier BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 143

Daniel Ciampolini, vibraphone Ensemble Intercontemporain Direction et présentation David Robertson Philippe Hurel : Variations, commande de l’Ensemble Intercontemporain, création mondiale 21 h. Concert Charlotte Riedijk, soprano Ensemble Intercontemporain Direction David Robertson François Narboni : El Gran Masturbador*, commande de l’Ircam, création mondiale Klas Torstensson : Urban Songs (526 spectateurs) 20 décembre, Centre Pompidou, Grande salle Ensemble Intercontemporain Direction Pierre-AndréValade Marc Monnet : Bosse, crâne rasé, nez crochu*, commande de l’Ircam- Centre Pompidou, création mondiale Juan Campoverde : Altares, commande de l’Ensemble Intercontemporain, création mondiale Ivan Fedele : Richiamo* (275 spectateurs) 3.2.2. Autres concerts de l’Ensemble Intercontemporain dans le cadre de la saison commune Ircam/Ensemble Intercontempo- rain 14 janvier, Goethe-Institut Solistes de l’Ensemble Intercontemporain : ...some leaves II... Klaus Huber : Sabeth Hans Zender : Tre Pezzi Johannes Schöllhorn : Under one’s breath Günter Steinke : ...kaum einen Hauch... Heinz Holliger : Trio (202 spectateurs) 20 janvier, Musée d’Orsay,Auditorium Solistes de l’Ensemble Intercontemporain Direction Peter Eötvös* Peter Eötvös Kosmos Psy 144 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

Two poems for Polly Intervalles/Intérieurs Arnold Schoenberg* : Suite, opus 29 (251 spectateurs) 27 janvier, Cité de la musique, salle des concerts 19 h 30Atelier Helmut Lachenmann, récitant et présentation Ensemble Intercontemporain Direction et présentation Peter Eötvös Helmut Lachenmann « …Zwei Gefühle... » Musik mit Leonardo 21 h. Concert Peter Eötvös Claire Bloom, récitante Gérard Buquet, trombone contrebasse à deux pavillons Benny Sluchin, trombone alto à deux pavillons Thea Brejzek, mise en scène Direction artistique, Peter Eötvös Ensemble Intercontemporain As I crossed a bridge of dreams, monodrame d’après le journal d’une Japonaise du XIe siècle, création française (686 spectateurs) 6 février, Cité de la musique, salle des concerts Jeanne-Marie Conquer, Maryvonne Le Dizès, violons Ensemble Intercontemporain Direction et présentation David Robertson Antonio Vivaldi : Concerto opus 8 n˚ 4, L’hiver (extrait des Quatre saisons) Luciano Berio : Corale (483 spectateurs) 7 février, Théâtre du Châtelet Florent Boffard, piano Pierre-LaurentAimard, clavecin Ensemble Intercontemporain Direction David Robertson Elliott Carter : Double concerto King’s Singers Roland de Lassus Madrigaux et Motets « Musica dei donum optimum » (591 spectateurs) BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 145

23, 24 février, Cité de la musique, salle des concerts Christophe Desjardins, alto Ensemble vocal Synergy Orchestre du Conservatoire de Paris Ensemble Intercontemporain Direction David Robertson Steve Reich : Proverb BerndAlois Zimmermann : Antiphonen Luciano Berio : Sinfonia (547, 617 spectateurs) 1er mars, Goethe-Institut Solistes de l’Ensemble Intercontemporain Anton Webern Six Bagatelles, opus 9 Cinq mouvements, opus 5 George Benjamin : Viola, Viola Klaus Huber : Ecce homines (153 spectateurs) 24, 25 mars, Cité de la musique, salle des concerts ValdineAnderson, soprano Ensemble Intercontemporain Direction Pierre Boulez Pierre Boulez : Pli selon pli, portrait de Mallarmé pour soprano et orchestre (847, 787 spectateurs) 19 avril, Goethe-Institut Solistes de l’Ensemble Intercontemporain Klaus Huber : Schattenblätter György Kurtág : Sept pièces BerndAlois Zimmermann : Tempus loquendi Carlos Grätzer : Alquimia Günter Steinke : Durchbrochene Raüme, création française Michael Reudenbach : Szenen, Standbilder, création française (114 spectateurs) 26 avril, Cité de la musique, amphithéâtre du Musée Solistes de l’Ensemble Intercontemporain György Kurtág œuvres pour hautbois, clarinette, piano, instruments à vent... Játékok, (Jeux), volumes 5 à 8 (extraits) Belá Bartók En plein air (1926) 146 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

Neuf petites pièces pour piano (1926) (253 spectateurs) 23 mai, Cité de la musique, salle des concerts Sophie Cherrier, flûte Chœur de chambreAccentus, chef de Chœur Laurence Equilbey Ensemble Intercontemporain, Direction Jonathan Nott Luciano Berio : Tempi concertati Pascal Dusapin : Granum Sinapis Hanspeter Kyburz : The Voynich Cipher Manuscript, création française (520 spectateurs) 7 juin, Cité de la musique, salle des concerts Programme composé d’œuvres travaillées avec des élèves du Conservatoire national de région d’Aubervilliers-La Courneuve Direction artistique David Robertson avec la participation des Solistes de l’Ensemble Intercontemporain 8 juin, Cité de la musique, salle des concerts 19 h 30.Atelier Ensemble Intercontemporain Direction et présentation David Robertson Eliane Aberdam : Quoi ? Ce point, d’après Le système périodique de Primo Levi, commande des Amis de l’Ensemble Intercontemporain, création mondiale 21 h. Concert Ensemble Intercontemporain Direction David Robertson Mauricio Kagel La Trahison orale Une épopée musicale sur le diable (591 spectateurs) 22 septembre, Cité de la musique, salle des concerts AccentusAxe 21 Ensemble Intercontemporain Direction David Robertson : Akrostichon -Wortspiel LouisAndriessen : Tao (De Weg) Péter Eötvös : Chinese Opera (396 spectateurs) 13 octobre, Cité de la musique Chœur de chambreAccentus BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 147

Chef de chœur, Laurence Equilbey CamerataAcademica Salzbourg Ensemble Intercontemporain Direction Pierre Boulez Alban Berg : Trois pièces de la Suite Lyrique Arnold Schoenberg : Musique d’accompagnement pour une scène de film, opus 34 Anton Webern : Symphonie, opus 21 Deuxième Cantate, opus 31 Das Augenlicht, opus 26 Variations pour orchestre, opus 30 Première cantate, opus 29 (971 spectateurs) 19 octobre, Cité de la musique Orchestre du Conservatoire de Paris Ensemble Intercontemporain Direction Heinrich Schiff Anton Webern : Cinq Mouvements, opus 5 Franz Schreker : Symphonie de Chambre Arnold Schoenberg : La nuit transfigurée, opus 4 (version pour orchestre à cordes) (559 spectateurs) 26 octobre, Musée d’Orsay,Auditorium Ensemble Intercontemporain Direction Patrick Davin Igor Stravinsky Octuor Trois pièces pour clarinette Ragtime, pour onze instruments Pétrouchka, trois mouvements pour piano Suite - Histoire du soldat (245 spectateurs) 4 novembre, Centre Pompidou, Grande salle Solistes de l’Ensemble Intercontemporain Edmund J. Campion : Domus Aurea, création mondiale Diogénes Rivas : Sonate BerndAlois Zimmermann : Konfigurationen Liza Lim : Spirit weapons, commande de l’Ensemble Intercontemporain, création mondiale Franco Donatoni : Cinis II (300 spectateurs) 148 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

7 novembre, Cité de la musique, salle des concerts Ensemble Intercontemporain Direction Kent Nagano Kaija Saariaho : Graal Théâtre (version de chambre) Elliott Carter : What Next ? (opéra en version de concert), création française (650 spectateurs) 16 novembre, Goethe-Institut Solistes de l’Ensemble Intercontemporain Hanns Eisler : Mouvement de sonate, opus 49 Patrick Marcland : Mètres IsangYun : Sonate Walter Feldmann : « courbes » - séquences (nc) 25 novembre, Théâtre du Châtelet Ensemble Intercontemporain Direction Jonathan Nott Steve Reich : Eight lines JohnAdams : Gnarly Buttons Conlon Nancarrow : Study No. 1 Study No. 7, transcriptionsYvar Mikhashoff JohnAdams : Chamber Symphony (731 spectateurs) 26 novembre, Cité de la musique, salle des concerts Ensemble Intercontemporain Direction et présentation Jonathan Nott Igor Stravinsky : Suite - Histoire du Soldat (extraits) Iannis Xenakis : Psappha (nc spectateurs) 5 décembre, Cité de la musique Ensemble Intercontemporain Direction Markus Stenz ClaudeVivier : Bouchara (Chanson d’amour) Toshio Hosokawa : Extasis, création mondiale György Kurtág : ...quasi una fantasia..., opus 27 Qigang Chen : Poème Lyrique II Toru Takemitsu : Archipelago S. (533 spectateurs) 9 et 10 décembre Concours Messiaen BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 149

Ensemble Intercontemporain Direction Jonathan Nott Olivier Messiaen : Oiseaux Exotiques (449 et 330 spectateurs) 3.2.3. Concerts avec d'autres formations ou solistes 18 janvier, Ircam, Espace de projection Nicolas Miribel, violon L’Itinéraire Direction Renato Rivolta Gérard Zinsstag : Artifices I Favio Daiban : Recomposition n˚3 – « Alman », création mondiale Philippe Leroux : d’Aller, concerto pour violon Benjamin de la Fuente : cassure d’âme (deuxième regard), création mondiale Gérard Grisey : Périodes (208 spectateurs) 19 janvier, Théâtre du Châtelet, foyer Anssi Karttunen, violoncelle Kaija Saariaho : Près* Jean-Sébastien Bach : Suite en ré M (95 spectateurs) 25 janvier, Ircam, Salle Igor-Stravinsky Un compositeur, une œuvre ArmandAngster, clarinette GeorgesAperghis : Simulacre IV (55 spectateurs) 26 janvier, Théâtre du Châtelet Dawn Upshaw, soprano Gil Kalish, piano Olivier Messiaen : Harawi (extraits) Kaija Saariaho : Lonh* John Harbison : Mirabai Songs (935 spectateurs) 8 février, Ircam, Salle Igor-Stravinsky Un compositeur, une œuvre Pascal Gallois, basson José Luis Campana : D’un geste apprivoisé...*, pour basson et électronique (50 spectateurs) 150 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

4 avril, Ircam, Salle Igor-Stravinsky Un compositeur, une œuvre Christophe Desjardins, Odile Duhamel, altos George Benjamin : Viola, Viola, pour duo d’altos (40 spectateurs) 17 avril, Théâtre du Châtelet, foyer Camilla Hoitenga, flûte Frédérique Cambreling, harpe Garth Knox, alto Claude Debussy : Sonate n˚ 2 en Fa majeur Kaija Saariaho : NoaNoa Claude Debussy : Six Epigraphes, arrangement pour flûte et harpe Kaija Saariaho : New Gates (173 spectateurs) 9 mai, Ircam, Salle Igor-Stravinsky Un compositeur, une œuvre Brice Pauset, clavecin Brice Pauset : Six préludes, création française (81 spectateurs) 20 septembre, Ircam, Espace de projection Concert du Cursus 1999-2000 Solistes de Court-circuit Frédéric Pattar : Chaman* Juan-Felipe Waller : Suite-Poursuite* KeikoYamanaka : L’Air tombé* Sue-Ya Wang : Cellule* Vykintas Baltakas : Das Lied* Technique Ircam (215 spectateurs) 21 septembre, Ircam, Espace de projection Concert du Cursus 1999-2000 Solistes de Court-circuit Juha T. Koskinen, Flibbertigibbet* Athanasia Tzanou, Epigramma I* Joakim Sandgren, Déambulation oculaire* Emmanuel Witzthum, and, yet* Shintaro Imai, La Lutte bleue* Technique Ircam (217 spectateurs) 6, 7, 8 octobre,Villepinte Orchestre de Paris BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 151

Compagnie Zingaro Triptyk Technique Ircam (3300 spectateurs) 7-10 décembre, Centre Pompidou , Grande Salle Spectacle chorégraphique Chorégraphie et conception : Emmanuelle Huynh Thanh-Loan Danse : Yves-Noël Genod, Emmanuelle Huynh Thanh-Loan, Julie Nioche, Elise Olhandéguy, Rachid Ouramdane, Christian Rizzo Musique : Christian Marclay Lumière : Cathy Olive Astrophysicien : Thierry Foglizzo Compagnie MUA (288, 290, 290 et 290 spectateurs) 8 décembre, Ircam, Espace de projection Un compositeur, une œuvre Vincent David, saxophone Andrea Cera : Deliverance* (154 spectateurs)

3.3. Concerts et spectacles dans le cadre du festival Agora 2000

Du 5 au 25 juin 2000 5 juin, Grande Salle, Centre Pompidou London Sinfonietta Dawn Upshaw, soprano Timothy Lines, clarinette Anssi Karttunen, violoncelle Direction Esa-Pekka Salonen Technique Ircam et Sound Intermedia David Sawer : Tiroirs Kaija Saariaho : Amers* Esa-Pekka Salonen : Five Images after Sappho, création française Yan Maresz : Eclipse (400 spectateurs) Du 6 au 10 juin, Ircam, Espace de projection Machinations* Spectacle musical de Georges Aperghis, commande de l’Ircam-Centre Pompidou et du Secrétariat à la culture de la Rhénanie-Westphalie (Allemagne), création française 152 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

Musique et mise en scène : GeorgesAperghis Textes : François Regnault et GeorgesAperghis Conception lumière et vidéo : Daniel Levy Assistante à la mise en scène : Emily Loizeau Sylvie Levesque, Donatienne Michel-Dansac, Sylvie Sacoun, Geneviève Strosser, voix Olivier Pasquet, ordinateur Assistants musicaux : Olivier Pasquet, Tom Mays Technique Ircam (1165 spectateurs) Du 7 au 24 juin, Parc de laVillette, Parquet de Bal Le Site Cra* Musique, conception et mise en scène de RolandAuzet Musique, vidéo temps réel et dispositifs informatique réalisés dans les studios de l’Ircam Assistant musical : Marie-Hélène Serra Ingénieur-concepteur : Emmanuel Fléty Assistant vidéo temps réel (logiciel Image/Ine du Steim, Amsterdam) : Jean Lochard Assistante à la mise en scène :Véronique Bétourné Collaboration artistique, scénographie, lumières, costumes : Philippe Daney Assisté de Julien Maysonave (costumes), Mathieu Casseau (objets scénographiques),Alexis Coussement (lumières scéniques) Collaboration artistique – acrobatie : Guillaume Bertrand Collaboration artistique – jonglage : Philipp Boë Images de synthèse du Cyber-Zoo : Chen ChuYin réalisées sur les ordinateurs du département Arts et Technologies de l’Image de l’université de ParisVIII Assistante à la chorégraphie : Ximena Wallersteim Interface de Jonglage-Laboratoire LTCM ParisVIII : Jean-Paul Mazeau Le Cirque du tambour RolandAuzet, percussion et électronique Guillaume Bertrand, acrobate Philipp Boë, jongleur Vanessa Ricolleau, acrobate-contorsionniste-tissus aériens CathieVerdin, danseuse (3344 spectateurs) 8 juin, Centre Pompidou, Grande Salle Les Percussions de Strasbourg Direction LorraineVaillancourt(*) Gérard Grisey : Tempus ex Machina DanielAugusto D’Adamo : Die Runde Zahl BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 153

Philippe Hurel : Kits Emmanuel Nunes : Clivages(*) (400 spectateurs) 10 juin, Forum des Images,Auditorium Greenaway –Andriessen Film/Musique Rosa, film de Peter Greenaway sur la chorégraphie d’Anne Teresa De Keersmaeker Musique de Béla Bartók, Sonate pour violon Hae-Sun Kang, violon Musique Hymn to the memory of Darius Milhaud On JimmyYancey Musique de LouisAndriessen Orchestre DeVolharding Direction Jurjen Hempel Film/musique M is for Man, Music and Mozart Film de Peter Greenaway Musique de LouisAndriessen, création française Astrid Seriese, soprano Orchestre DeVolharding Direction Jurjen Hempel (424 spectateurs) 12, 14, et 15 juin, Centre Pompidou, Grande Salle Hommage Cage-Cunningham Ryoanji Une installation sonore de Jean-Pierre Robert Partition chorégraphique : Olivia Grandville Musiques : John Cage (Ryoanji, Child of tree, Branches, Variation IV) Scénographie : MartinVerdet Création lumières : MarieVincent Assistante chorégraphique :Alice Normand Dispositif électronique (GMEM) : Jérôme Decque, Laurent Pottier Régie son (GMEM) : Hugues Barroéo Olivia Grandville, danseuse Isabel Soccoja, mezzo-soprano Jean-Pierre Robert, contrebassiste Nothing to say about… Chorégraphie et interprétation : Emmanuelle Huynh-Thanh-Loan 154 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

Accompagnateur à la conception : Christian Rizzo Musique : Christian Marclay Lumière : Cathy Olive Réalisation de l’objet : Jérôme Dupraz (1138 spectateurs) 13 juin, Ircam, Espace de Projection Intégrale Dusapin 19h Sonia Wieder-Atherton, violoncelle Quatuor Danel Musique fugitive, trio à cordes Incisa, pour violoncelle solo Quatuor à cordes n˚1 Invece, pour violoncelle solo Quatuor à cordes n˚3 (315 spectateurs) 21h Sonia Wieder-Atherton, violoncelle QuatuorArditti Quatuor à cordes n˚2 Immer, pour violoncelle solo Quatuor à cordes n˚4 (315 spectateurs) 15 et 16 juin, Forum des images La Grève Film de Serguei Mikhaïlovitch Eisenstein (URSS, 1924, muet, noir et blanc, 73 mn) Musique de et par Pierre Jodlowski (1999), commande de la Cinémathèque de Toulouse Technique Ircam (511 spectateurs) 16 et 17 juin, Ircam, Espace de projection Lumière brisée Musique et mise en scène : Gualtiero Dazzi Livret : Michel Cassé Vidéos : Christopher Kondek Scénographies lumineuses : Christian Dubet Costumes : Bettina Walter Assistant musical : Brian Clevinger Assistant video : Peter Flaherty Spatialisation sonore : Laurent Pottier (GMEM) BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 155

Technique Ircam et GMEM Philippe Duclos, le récitant (M-1) Donatienne Michel-Dansac, soprano (Y) Isabel Soccoja, mezzo-soprano (Y) Cécile Daroux, flûtes Lisa Erbès, violoncelle Louis-Vincent Bruère, clarinettes Florent Jodelet, percussions (450 spectateurs) 19, 21, 22 et 23 juin, Centre Pompidou, Grande Salle Al Segno Conception : Yan Maresz, François Raffinot, Emmanuelle Vo-Dinh, Musique :Yan Maresz, commande de l’Ircam-Centre Pompidou, création française Chorégraphie : François Raffinot, EmmanuelleVo-Dinh, Assistant musical : Manuel Poletti Lumières : Françoise Michel Costumes : Guilène Lloret Technique Ircam Interprètes : Saül Dovin, Jean-Michel Féte, Anja Hempel, Serge Louis- Fernand, Bettina Masson, Pénélope Parrau Musiciens : Thierry Mercier (guitare), Françoise Rivalland (cymbalum), Nicolas Tulliez (harpe) (1035 spectateurs) 20, 21 juin, Théâtre de la Bastille Paradis verrouillé Deux essais d’après HeinrichVon Kleist Réalisation : Stéphane Braunschweig Lumières : Marion Hewlett Costumes : Bettina Walter Assistant à la mise en scène : Georges Gagneré Sur le théâtre de marionnettes Texte français et réalisation : Stéphane Braunschweig Acteur : Jean-Marc Eder Fragments de Penthésilée Texte français : Eloi Recoing et Ruth Orthmann Musique : Gualtiero Dazzi Interprètes : Flore Lefebvre des Noëttes, Alexandra Scicluna, Lisa Erbès (violoncelle) (358 spectateurs) 22 juin, Théâtre du Rond-Point Champs-Elysées Ensemble Intercontemporain 156 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

Direction Jonathan Nott Assistants musicaux : Eric Daubresse, Ipke Starke Technique Ircam Emmanuel Nunes Lichtung I* Lichtung II*, commande de Françoise et Jean-Philippe Billarant, création mondiale (462 spectateurs) 24 juin, Centre Pompidou, Grande Salle et Ircam, Espace de Projection 20h 30 La nuitAgora 1 Danse Polaroid Chorégraphie et interprétation : Hervé Robbe Musique : Francisco Lopez et Donna McKevitt Lumière :Arnaud Lavisse Création vidéo :Aldo Lee Musique Orchestre des Percussions des Conservatoires de Paris et de Genève Direction Michel Cerutti Yan Maresz : Festin Didier Métrailler, percussion Karlheinz Stockhausen : Zyklus Danse Solo Stockhausen Chorégraphie et interprétation : Michèle Noiret Musique : Karlheinz Stockhausen (extraits de Tierkreis pour clarinette et piano, interprétés par Suzanne Stephens et Majella Stockhausen) Costume : Patricia Eggerickx et Colette Huchard Lumières : Xavier Lauwers (400 spectateurs) 23h La nuitAgora 2 Film Les Disparates Film de CésarVayssié d'après une chorégraphie originale de Dimitri Chamblas et Boris Charmatz, interprétée par Boris Charmatz Concert Bang on a CanAll-Stars BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 157

David Lang : Cheating, Lying, Stealing Michael Gordon : I Buried Paul Julia Wolfe : Believing Brian Eno : Music for Airports 1/1 (arrangement de Michael Gordon) Music for Airports 2/2 (arrangement d'Evan Ziporyn) (183 spectateurs) 24 et 25 juin, Ircam Journées portes ouvertes Visites, conférences, démonstrations, installations, concerts.

Nombre total de visiteurs du festivalAgora : 19 000 personnes.

3.4. Concerts donnés dans le cadre de la collaboration avec le Centre Acanthes En juillet 2000, l'Ircam a été invitépar le CentreAcanthes pour organiser à Villeneuve-lez-Avignon un cours d'été consacré à la composition musicale et l'utilisation des nouvelles technologies. Cours de composition et d'interprétation se sont succédés, attirant plus de 200 étudiants venus du monde entier. Dans le cadre des manifestations de l'an 2000, l'événement en Avignon fut prolongé dans deux autres villes européennes de la culture : Cracovie et Helsinki Du 3 au 7 juillet Cracovie,Académie de Musique Cours de composition de Jonathan Harvey, Martin Matalon, Tristan Murail Séminaires sur la recherche musicale par Marc Battier, Marek Choloniewski, Eric DeVisscher,Andrew Gerzso, Xavier Rodet Concerts : 5 juillet 2000, Cracovie Nieuw Ensemble Direction Ed. Spanjaard Martin Matalon : La Cifra Tristan Murail : La Barque Mystique Jonathan Harvey : Nataraja Marcel Chyrzynski : In C Theo Loevendie : Six Turkish Folkpoems (110 auditeurs) 7 juillet 2000, Cracovie Nieuw Ensemble 158 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

Direction Ed. Spanjaard Tristan Murail : L’esprit des dunes Jonathan Harvey : Bhakti Technique Ircam (125 auditeurs) 10 au 23 juillet Avignon, CentreAcanthes Cours de composition de Ivan Fedele, Jonathan Harvey, Michael Jarrell, Magnus Lindberg, Martin Matalon, Tristan Murail, Cours d'interprétation de Sophie Cherrier,Anssi Karttunen, Steven Schick Cours d'informatique musicale Concerts : Samedi 15 juillet Ensemble Ictus Direction Georges-Elie Ictors Magnus Lindberg : Ur* Ivan Fedele : Mixtim Jonathan Harvey : Wheel of Emptiness Michael Jarrell : Formes-Fragments IIb* Martin Matalon : Las siete vidas de un gato (247 spectateurs) Lundi 17 juillet Solistes de l’Ensemble Ictus Technique Ircam Jonathan Harvey : Tombeau de Messiaen Tristan Murail : Attracteurs étranges Michael Jarrell : Rhizomes* Tristan Murail : La Mandragore Magnus Lindberg : Related Rocks* (210 spectateurs) Jeudi 20 juillet Concert des professeurs d’interprétation Sophie Cherrier, flûte ; Steven Schick, percussion ; Anssi Karttunen, violoncelle Technique Ircam Brian Ferneyhough : Bone Alphabet Pierre Jodlowski : Dialog/No dialog* Magnus Lindberg : Stroke Kaija Saariaho : Six japanese gardens Ivan Fedele : Donax Jukka Tienssu : Oddjob BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 159

(198 spectateurs) Dimanche 23 juillet Concert des stagiaires Philippe Manoury : Jupiter* Kaija Saariaho : Près* Jonathan Harvey : Advaya* Edmund J. Campion : Losing Touch* RolandAuzet : Oroc.pat* Ivan Fedele : Donacis Ambra * Orjan Sandred : Amanzule Voices* (150 spectateurs) 27 juillet - 5 août Helsinki, Académie Sibelius Cours de composition de Martin Matalon, Ivan Fedele, Michael Jarrell Cours d'interprétation de Anssi Karttunen, Camilla Hoitenga, Daniel Ciampolini Cours d'informatique musicale Concerts : Dimanche 30 juillet EnsembleAvanti ! Direction Pierre-AndréValade Technique Ircam Ivan Fedele : Richiamo* Lotta Wennäkoski : Sade Avaa Michael Jarrell : Congruences* Martin Matalon : Rugged Lines (165 spectateurs) Mercredi 2 août Solistes de l’EnsembleAvanti ! Technique Ircam Ivan Fedele : Two Moons Michael Jarrell : …some leaves II… Kimmo Hakola : Capriole Ivan Fedele : Elettra Michael Jarrell : Aus Bebung (150 spectateurs) Jeudi 3 août Concert des professeurs Iannis Xenakis : Psappha* Kaija Saariaho : NoaNoa 160 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

Kaija Saariaho : Oi Kuu Jukka Tienssu : Oddjob (147 spectateurs) Samedi 5 août Concert des stagiaires Iannis Xenakis : Psappha* Edmund J.Campion : Losing Touch* Steve Reich : Marimba Phase Elliott Carter : Huit pièces pour timbales, n˚1 Saëta et n˚8 March Pierre Jodlowski : Dialog/No dialog* Ivan Fedele : Donacis Ambra Orjan Sandred : Amanzule Voices* Kaija Saariaho : Près* (98 spectateurs)

3.5. Tournées

3.5.1. Tournées avec l'Ensemble Intercontemporain

5 février Cologne Pierre Boulez : Anthèmes II (nc) 2 octobre Luxembourg Ensemble Intercontemporain, direction Jonathan Nott Grätzer : Aura Cärneci : Trojtza Satue Ros : Agregados Pierre Boulez : …explosante-fixe…* (600 spectateurs) 5 octobre Dresden Ensemble Intercontemporain, direction Jonathan Nott Technique Ircam Yan Maresz : Eclipse Philippe Hurel : Quatre variations Pierre Boulez : …explosante-fixe…* (550 spectateurs) BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 161

11 novembre Forbach 13 novembre Milan Ensemble Intercontemporain, direction Pierre Boulez Pierre Boulez : Dérive 2 et 1 Pierre Boulez : Anthèmes II* Pierre Boulez : sur Incises (700 et 800 spectateurs) 3.5.2. Tournées avec d'autres formations

18 mars Mons, festivalArs Musica 22 mars Genève, festivalArchipel Steven Schick, percussion James Dillon : La Coupure* Technique Ircam (560, 220 spectateurs) 22 mars Metz, L'Arsenal Concerts des solistes de Play-Back Philippe Hurel : Opcit François Narboni : Heldenplatz Edmund J. Campion : Losing Touch Philippe Manoury : Le Livre des Claviers (extraits) Giacinto Scelsi : C’est bien la nuit Andrea Cera : Deliverance 23 mars Metz, l’Arsenal Play-Back de François Raffinot/Edmund J. Campion Technique Ircam (150, 350 spectateurs) 25 mars Londres London Sinfonietta Œuvres de Pierre Boulez Direction George Benjamin Pierre Boulez : Sur Incises Pierre Boulez : Anthèmes II* 162 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

Technique Ircam (500 spectateurs) 6 mai Witten, Festival GeorgesAperghis : Machinations* Technique Ircam (600 spectateurs) 21 juin Barcelone Ensemble Barcelona 216 Metropolis*, Film de Fritz Lang, Musique de Martin Matalon (800 spectateurs) 15 au 30 août Salzbourg 2 septembre Bruxelles Orchestre du SWR, dir. Kent Nagano L'Amour de loin*, opéra de Kaija Saariaho Technique Ircam (6 830 spectateurs) 5 octobre Stuttgart NeueVocalsolisten Michael Levinas : Concertation* Technique Ircam (100 spectateurs) 20 octobre Octeville (Cherbourg) Hae-Sun Kang, violon Technique Ircam Béla Bartók : Sonate (Melodia, Presto), avec projection du film ROSA de Peter Greenaway, sur une chorégraphie d’Anne Teresa de Keersmaeker Steve Reich : Violin Phase Pierre Boulez : Anthèmes II* (200 spectateurs) 2 décembre Grenoble GeorgesAperghis : Machinations* + concert BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 163

Pierre Jodlowski : Dialog/No dialog* Luca Francesconi : Animus* Kaija Saariaho : Près* (243 spectateurs) 2 décembre Dijon, festival Why Note NeueVocalsolisten Technique Ircam Michael Levinas : Concertation* (163 spectateurs) 8 décembre Clermont-Ferrand Hae-Sun Kang, violon Technique Ircam Béla Bartók : Sonate (Melodia, Presto), avec projection du film Rosa de Peter Greenaway, sur une chorégraphie d’Anne Teresa de Keersmaeker Steve Reich : Violin Phase Pierre Boulez : Anthèmes II* (200 spectateurs)

4. Enregistrements

Le ralentissement du marché du disque et le développement exponentiel d'autres activités (festival, tournées) ont mené à un net ralentissement de l'activité d'enregistrement. L'acquisition d'une nouvelle console de mixage pour le studio 8 a cependant permis de dégager des possibilités prometteuses pour l'avenir, tant pour les besoins internes de l'Ircam que pour une valorisation externe. L'année 2000 a d'abord été consacrée à la mise au point de cette console, puis a servi pour les productions suivantes : • finalisation de la post-production et mixage pour le disque Antoine Bonnet (Universal Music France, dans la série Compositeurs d'aujourd'hui. Voir la rubrique « 6. Éditions », page 166) ; • enregistrement et montage de l'œuvre Pour Luigi de Philippe Hurel, interprété par l'Ensemble Court-circuit, pour un disque produit par Aeon (sortie prévue en 2001) ; 164 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

• mixage final d'un disque monographique consacré à Joshua Fineberg (Accord, sortie prévue en 2001). La valorisation des espaces prévus pour l'enregistrement (Espace de Projection et/ou Studio 8) s'est effectuée par leur location à des sociétés de productiondiscographique comme Harmonia Mundi et Agon.

5. Comité de lecture

L’Ensemble Intercontemporain et l’Ircam, deux institutions au service de la création musicale contemporaine, animent ensemble, depuis plusieurs années, un comité de lecture chargé de découvrir de nouveaux talents et d’offrir à des compositeurs encore peu connus la possibilité d’écrire une œuvre nouvelle ou de se former aux technologies de pointe dans le domaine de l’informatique musicale. De nombreux compositeurs, aujourd’hui reconnus par la critique et le public, ont été sélectionnés par ce comité. Chaque année, un nouveau jury se réunit. Il est formé de spécialistes indépendants et reconnus de la vie musicale d’aujourd’hui : ils sont compositeurs, chefs d’orchestre, musicologues, producteurs de radio ou organisateurs de festivals. Ils connaissent les exigences de la création. C’est à ce titre que l’Ensemble Intercontemporain et l’Ircam leur confient la responsabilité de reconnaître les talents de demain. En 2000, le jury fut composé des personnalités suivantes : Hans-PeterJahn (Allemagne), producteurde radio, Salvatore Sciarrino (Italie), compositeur, Alejandro Viñao (Grande-Bretagne), compositeur, Jonathan Nott (Grande-Bretagne), chef d’orchestre et directeur musical de l'EnsembleIntercontemporain, Eric De Visscher (Belgique), directeur artistique de l'Ircam (en remplacement de Marc-AndréDalbavie, compositeur).

Les résultats de leurs délibérations ont été les suivants : 1. Attribution d’une commande pour ensemble instrumental (sélection Ensemble Intercontemporain) Pierluigi Billone (Italie) Emanuele Casale (Italie) BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 165

2. Attribution d’une commande incluant des nouvelles technologies, à réaliser à l'Ircam (sélection Ircam) Javier Alvarez(Mexique) Fredrik Hedelin (Suède)

3. Participation au Stage d'informatique musicale (25 septembre au 20 octobre 2000) à l'Ircam Stéphane Bortoli (France) Renaud De Putter (Belgique) Alan Hilario (Philippines) Kim Jinho (Corée) PatriziaMattioli (Italie) Giacomo Platini (Italie) Jan Schacher (Suisse) Reynold Tharp (États-Unis) Larisa Vrhunc (Slovénie)

4. Participation au Cursus annuel de composition et d'informatique musicale à l'Ircam (octobre 2000 à septembre 2001) ChristopheBertrand (France) Francesco Filidei (Italie) Frédéric Kahn (France) Paola Livorsi (Italie) Kumiko Omura (Japon) Oliver Schneller (Allemagne) Stephanie Schweiger (Allemagne) Rogelio Sosa (Mexique) Georgia Spiropoulos (Grèce) Johan Tallgren (Finlande) 166 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

6. Éditions

Directeur artistique : Eric De Visscher Responsables de la cellule éditoriale : Peter Szendy et Claire Marquet

Le secteur des éditions a connu en 2000 une réorientation de ses activités afin d'intégrerpeu à peu de nouveaux supports de transmission dans sa pratique éditoriale. C'est ainsi qu’il a été décidé d'abandonner le magazine Résonance dans sa version papier et de poursuivre la mission de cet organe sur l’Internet. En effet, dès 2001, une nouvelle version sera disponible sur le site Web de l'Ircam et rendra compte, de manière plus immédiate, des actualités, projets et développements en cours à l'Institut. La souplesse de l'édition électronique et sa diffusion grandissante permettront ainsi de mieux suivre les rapides évolutions des activités de l'Ircam. Dans le même sens, l'équipe éditoriale a été chargée de réfléchir aux contenus et présentations du site Internet de l'Ircam. Elle a également travaillé à la réalisation de la brochure de présentation du festival Agora. En parallèle, les éditions poursuivent leur collaboration avec les Éditions L'Harmattan pour la réalisation de deux collections, celle des monographies « Compositeurs d'Aujourd'hui » et les ouvrages collectifsde la série « Les Cahiers de l'Ircam ». L'activité discographique a connu en 2000 un net ralentissement, en raison des incertitudes affectant le marché du disque et du manque de partenaires sérieux et confiants dans l'avenir. L'ensemble de cette profession est en fait dans l'expectative concernant le devenir du médium et ses possibilités d'extension via les réseaux Internet. Les collections contemporaines résistent cependant bien, au regard de certains répertoires classiques qui, eux, ont connu des déconvenues majeures par saturation du marché. À moyen terme, et en repensant le système de distribution via l’Internet, il sera possible d’atteindre des niches de publics qui chercheront à obtenir directement à l'Ircam ou sur d'autres sites spécialisés les enregistrements souhaités. Cette stratégie nécessite donc de la part de l'Ircam une refonte de ses mécanismes de distribution. Une réflexionest en cours. BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 167

6.1. Ouvrages publiés en coédition avec L’Harmattan

6.1.1. Dans la série « Les Cahiers de l’Ircam » Arrangements, dérangements. La transcription musicale aujourd’hui, textes réunis par Peter Szendy, 142 p. Arranger, c’est transcrire : de l’orchestre au piano, du piano à l’orchestre, de tel effectif instrumental à tel autre. Cette pratique, qui a connu son « âge d’or » au XIXe siècle, a largement déserté le paysage de la musique dite « contemporaine ». Pourquoi ? Et pourquoi certains continuent-ils d’arranger malgré tout ? C’est que l’arrangement – selon un bon mot de Liszt – dérange. Il dérange la stabilisation des œuvres, leur rigidification en formes canoniques. Il prend le parti de les rendre plastiques : élastiques, déformables, en vue d’une autre expérience d’écoute. Si la pratique de l’arrangement a longtemps constitué une manière de diffuser les œuvres (avant l’invention de la phonographie), si elle a ensuite connu son déclin après une controverse célèbre entre Schoenberg et Busoni (on trouvera ici les clefs de l’affaire, ainsi que des inédits), elle survit néanmoins aujourd’hui, comme en témoignent nombre de compositeurs-transcripteurs ayant contribué à ce recueil. Avec eux, elle devientune sorte de critique musicale, mais en musique. Sommaire Ouverture : Peter Szendy, L’arrangement dérange… Autour de Schoenberg et Busoni : Arnold Schoenberg, Lettre au chef d’orchestre Fritz Stiedry ; Ferruccio Busoni, Valeur de l’arrangement ; Carl Dahlhaus, Instrumentation analytique : le ricercare à six voix de Bach dans l’orchestration d’Anton Webern ; François Nicolas, La puissance et la gloire de la transcription. De la confrontation Schoenberg – Busoni ; Alain Poirier, De Bach à Schoenberg : la transcription comme forme de réception chez Busoni Transcrire et arranger aujourd’hui: Luciano Berio, Préface. à Rendering ; Hans Zender, Le Voyage d’hiver de Schubert : une interprétation composée ; Salvatore Sciarrino, Après Giovanna D’Arco, deux réflexions, suivi de Mozart à neuf ans ; Michael Jarrell, L’orchestration comme art de mentir (À propos des Trois Études de Debussy) ; Yan Maresz, De quelques travaux d’arrangeur ; Johannes Schöllhorn, « Comment savoir de quoi l’ombre est l’ombre ? » ; Brice Pauset, La transcription comme composition de l’écoute. 168 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

L’écoute, textes réunis par Peter Szendy, 318 p. L’écoute est-elle inscrite dans les œuvres musicales, prescrite par elles ? Parmi les auteurs ayant contribué à ce livre, les uns (Helmut Lachenmann, François Nicolas, mais aussi François Regnault pour ce qui touche à l’écoute d’un poème) tiendront en quelque sorte que l’écoute est déjà à l’œuvre dans l’œuvre ; tandis que les autres (Michel Chion ou, plus radicalement, John Oswald) tiendront qu’elle est autonome, qu’elle se pratique avec et à partir de nos instruments d’écoute qui sont autant de moyens pour articuler ou scander un flux sonore. Arbitrairement ? C’est toute la question, sans doute. Laquelle est effleurée, de manière peut-être plus marginale mais tout aussi éclairante, par Christian Marclay (qui pratique en musicien-plasticien l’art du DJ) et par Salvatore Sciarrino (qui, dans Efebo con radio, recompose à l’orchestre ses écoutes radiophoniques d’enfant). Cette question de l’écoute « structurelle » (comme disait Adorno) conduit indirectement au second enjeu de ce colloque : qui est celui qui écoute ? Les textes de Marie-Louise Mallet, Serge Margel et Jean-Luc Nancy se mesurent, chaque fois différemment, à cet enjeu du sujet de, dans ou à l’écoute, à travers des corpus plus philosophiques (Saint Augustin, Nietzsche…). Il y va, ni plus ni moins, d’une pensée de l’écoute pour aujourd’hui. Sommaire Ouverture : Peter Szendy, De Wagner à Schoenberg et au-delà, ou la facture de l’oreille moderne. Technique d’écoute : Michel Chion, Comment tourner autour d’un objet sonore ; John Oswald, Listening ; Salvatore Sciarrino, Efebo con radio. Interlude : Christian Marclay, Le son en images. Structure d’écoute : Helmut Lachenmann, L’écoute est désarmée – sans l’écoute ; François Nicolas, Quand l’œuvre écoute la musique… ; François Regnault, Écouter dire un poème. Sujets d’écoute : Marie-Louise Mallet, Nietzsche : énigmes de l’écoute ; Serge Margel, Un silence de bruit, ou les confessions d’une sourdeoreille. Coda : Jean-Luc Nancy, Être à l’écoute. BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE 169

6.1.2. Dans la série « Compositeurs d’aujourd’hui » Arnold Whittall, Jonathan Harvey, traduit de l’anglais par Peter Szendy et Eric de Visscher Né en 1939, Jonathan Harvey est l’une des figures majeures de la scène musicale anglaise. Encouragé par Benjamin Britten, formé auprès d’Erwin Stein dans la tradition schoenberguienne, il est également l’héritier d’une histoire proprement britannique : celle des chœurs et de la musique d’église. Ouvert aux influences de ce qu’il appelle lui-même le « haut modernisme », auteur d’un essai sur Stockhausen, J. Harvey est aussi un explorateur actif des technologies nouvelles du son. Le rayonnement de sa musique, depuis les années soixante, lui a valu une reconnaissance internationale. Il a enseigné, jusqu’à cette année, la composition à l’université de Stanford, aux États-Unis. Cette monographie, qui comprend un entretien avec le compositeur et un parcours plus analytique de ses œuvres, est la première documentation d’envergure disponible en France sur une trajectoire aussi singulière que celle de J. Harvey. La synthèse qu’il propose est unique : elle convoque conjointement des techniques d’écriture issues du sérialisme ou de la musique spectrale et des figures chargées d’une spiritualité intemporelle, volontiers adossée à la méditation sur la vie après la mort. Arnold Whittall, musicologue, est l’auteur de nombreux écrits sur la musique des XIXe et XXe siècles. Professeur émérite de théorie musicale et d’analyse au King’s College de Londres, il collabore régulièrement à différentes revues musicales britanniques. Il a récemment publié des essais sur Alban Berg, Anton Webern, Michael Tippett et Harrison Birtwistle.

6.2. Disques

6.2.1. Dans la collection « Compositeurs d'Aujourd'hui », en coproduction avec l'Ensemble Intercontemporain et Universal Music France Antoine Bonnet Epitaphe Nachtstrahl La Terre Habitable 170 BILAN 2000 : CRÉATION MUSICALE

Catherine Ciesinski,mezzo-soprano Ensemble Intercontemporain Direction Pierre Boulez (La Terre Habitable) et David Robertson (Epitaphe, Nachtstrahl) Ce disque fait le point sur la création la plus récente du compositeur Antoine Bonnet (1958) et sur la collaboration qu'il a menée avec l'Ircam et l'Ensemble Intercontemporain depuis 1992 . D’une part, le grand cycle de cinq pièces intitulé La Terre Habitable (réalisé entre 1995 et 1998), d'autre part, l'œuvre réalisée à l'Ircam, Epitaphe, ainsi qu’une œuvre vocale, commande de la Fondation Royaumont, qui reprend le dispositif instrumental du Pierrot Lunaire de A. Schoenberg : Nachtstrahl, sur des textes de Paul Celan. 6.2.2. Dans d'autres collections Collection 20/21, Deutsche Grammophon Pierre Boulez Sur Incises Messagesquisse Anthèmes II Hae-Sun Kang, violon Jean-Guihen Queyras,violoncelle Ensemble deVioloncelles de Paris Ensemble Intercontemporain Direction Pierre Boulez Après la sortie en 1999 dans la collection 20/21 du disque consacré à Répons de Pierre Boulez (réalisé avec la collaboration de l'Ircam), la société Deutsche Grammophon a souhaité publier d'autres œuvres récentes de Pierre Boulez : les œuvres maîtresses de ce CD sont bien évidemment sa dernière production à l'Ircam, Anthèmes II pour violon et dispositif électronique et Sur incises pour 3 pianos, 3 harpes et 3 percussions.