Centre D'ethnologie Méditerranéenne 102, Avenue J. Et B. Fontenaille
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Centre d'Ethnologie Méditerranéenne 102, avenue J. et B. Fontenaille 13100 Aix-en-Provence Ministère de la Culture Mission du Patrimoine Ethnologique 65, rue de Richelieu 75002 Paris ETHNOLOGIE PARALLELE ET SAUVEGARDE DU PATRIMOINE ETHNOLOGIQUE EN HAUTE-PROVENCE RAPPORT FINAL iViarie Hélène Guyonnet Mars 2000 Remerciements Je remercie toutes les personnes rencontrées ou contactées au cours de cette recherche, en particulier les responsables d'associations patrimoniales et tous les passionnés de patrimoine qui m'ont accueillie et ont accepté de répondre à mes questions avec patience et bienveillance. Je me suis attachée à reproduire le plus fidèlement possible leurs propos ainsi que les informations qu'ils m'ont communiquées. J'espère qu'ils voudront bien excuser les erreurs éventuelles. Mes remerciements s'adressent aussi à Danielle Musset, dont la connaissance du terrain m'a fourni une aide précieuse, et à Annie- Hélène Dufour pour ses encouragements et son soutien. Marie-Hélène Guyonnet Sommaire Introduction 1 DE LA. SOCIETE SAVANTE A L'ASSOCIATION DE SAUVEGARDE DU PATRIMOINE « Alpes de Lumière », précurseur du mouvement patrimonial en Haute-Provence 5 Physionomie actuelle du mouvement patrimonial 14 CHERCHEURS DE PATRIMOINE Entre engagement et passion 22 Goût du savoir et aspirations culturelles 30 ASSOCIATIONS PATRIMONIALES ET STRATEGIES D'INTÉGRATION Une région d'immigration 35 Sociabilité locale et intégration 37 Une sociabilité élective 42 UNE COLONISATION DOUCE ? Imaginaire néorural et valorisation des traditions 46 Représentation du passé et captation de la mémoire 50 Les associations patrimoniales, un lieu de contre-pouvoir 53 AnnexConclusioe n 603 Bibliographie 63 Introduction Cette recherche s'inscrit dans le prolongement d'une étude sur les structures de l'ethnologie dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur1, réalisée en 1995 à la demande de la Direction Régionales des Affaires Culturelles PACA et de la Mission du Patrimoine ethnologique (ministère de la Culture). Cette étude avait, en effet, mis en évidence le rôle prépondérant du mouvement associatif dans la multiplication, depuis les années soixante- dix, dans les zones rurales de Parrière-pays provençal. C'est ainsi qu'entre 1970 et 1995, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur a vu la création de dix-huit structures muséographiques à caractère historique et ethnographique (musées, écomusées, conservatoires), dont quatorze pour la seule Haute-Provence. Sur ces dix-huit structures, quatorze ont été fondées à l'initiative d'une association locale de sauvegarde du patrimoine. Plus généralement, la Haute-Provence s'affirme comme une des terres d'élection de la passion patrimoniale : un recensement des associations « culturelles et de sauvegarde » réalisé, en 1989, dans le département des Alpes-de-Haute-Provence2 den tifie quatre-vingt- quatorze associations locales et cinq associations départementales (le département compte deux cents quarante-cinq communes). Depuis, de nouvelles associations à vocation patrimoniale ne cessent de se créer. L'attrait pour la cause patrimoniale n'est pas propre à la Haute-Provence. Rappelons, à cet égard, que c'est vers le milieu des années soixante-dix que commence à se manifester en France un vif intérêt pour les cultures traditionnelles et les particularismes locaux. Depuis un quart de siècle, cet engouement n'a cessé de se développer, jusqu'à constituer aujourd'hui un véritable phénomène social3. Au sein de cette évolution, l'année 1980 apparaît cruciale : elle marque la consécration, sur le plan institutionnel et politique, de l'inclusion des cultures et des traditions populaires dans la notion de patrimoine artistique et historique. À côté des œuvres reconnues comme les plus prestigieuses du «génie national », on accueille désormais le petit patrimoine local, c'est-à-dire « le lavoir de village, la petite église rurale, le parler local ou la chanson »\ La réalisation, au Grand-Palais, d'une exposition intitulée Hier pour demain. Arts, traditions et patrimoine, qui porte sur la découverte et la sauvegarde du patrimoine ethnographique français illustre cette vision élargie. Enfin, la création de la Mission du Patrimoine ethnologique au sein du ministère de la Culture concrétise la nouvelle acception de la notion de patrimoine et confère une forte légitimité aux travaux d'étude et de préservation des cultures populaires et traditionnelles. Sur le terrain, cette conjonction d'événements se traduit généralement par un foisonnement 1 Guyonnet M.-H., Les structures de l'ethnologie en Vrovence-Alpes-Côte d'Azur, Aix-en-Provence et Paris, Centre d'ethnologie méditerranéenne et Mission du Patrimoine ethnologique, 1995. 2 Le patrimoine religieux de la Haute-Provence, Bulletin de l'Association pour l'étude du patrimoine religieux de la Haute-Provence, Digne, n°8,1989. 3 Les programmes de radio et de télévision reflètent ce repli social sur un autrefois idéalisé. Le journal de 13 heures de TF1 consacre chaque jour un sujet aux traditions régionales : vieux métiers artisanaux, fêtes et coutumes locales, produits du terroir, etc. Le journal de France 2 présente lui aussi, quoique de façon discontinue, des reportages de la même veine. Citons encore, à cet égard, parmi les émissions périodiques, sur la Cinquième : « La France aux mille villages » et « Détours de France » (1998) ; sur France-Info, « La France des terroirs ». Enfin, à destination des jeunes, l'émission hebdomadaire de France 3, «Va savoir ». 4 Jean-Philippe Lecat, cité par Jean-Pierre Rioux, « L'émoi patrimonial », Le temps de la réflexion, t. VI (Le passé et son avenir. Essai sur ¿a tradition de l'enseignement), Paris, Gallimard, 1985, P. 39-48. d'initiatives locales dans le domaine patrimonial, et, corrélativement, par l'émergence d'un nombre encore jamais égalé de vocations d'ethnologues et d'historiens amateurs. La région retenue comme cadre de cette recherche, communément appelée Haute- Provence, correspond géographiquement aux Préalpes méridionales, zone de transition entre les Alpes du Sud et les plaines de la basse Provence, où dominent les montagnes d'altitude moyenne (entre mille et deux mille mètres) et les hauts plateaux. Sur le plan morphologique, cette région est caractérisée par un relief hétérogène et morcelé où s'enchevêtrent plateaux calcaires (Albion, Valensole, etc.), bassins (Forcalquier, etc.), petites et grandes vallées (Jabron, Durance, Verdón, Var, etc.), canons (gorges du Verdón, d'Oppedette, etc.) et massifs montagneux (Luberon, Ventoux, Lure, massif des Monges, etc.). La région est traversée par trois grands fleuves : la Durance, affluent du Rhône, principale voie de pénétration vers le nord, et dont le cours dans sa partie basse - où la rivière coule d'est en ouest —, marque la frontière avec le bas-pays provençal ; le Verdón, principal affluent de la Durance qui prend sa source au nord-est du département des Alpes de Haute-Provence et rejoint la Durance au sud-ouest, aux environs de Manosque ; enfin, à l'est, le Var qui se jette dans la Méditerranée non loin de Nice. Le climat de la Haute- Provence, qui relève du régime méditerranéen, est marqué par l'irrégularité des pluies, qui se concentrent sur quelques jours au printemps et en automne, la sécheresse et un ensoleillement annuel d'une longueur exceptionnelle. Le haut-pays provençal est une région essentiellement rurale où l'économie traditionnelle est fondée sur l'élevage ovin, les céréales et les cultures vivrières qui assurent l'autosuffisance alimentaire. À quoi s'ajoutent, selon les endroits, la culture de l'olivier et des plantes aromatiques (lavande). À l'exception des riches terres de la basse vallée de la Durance et du bassin de Forcalquier, les sols sont naturellement peu fertiles. De façon générale, les terres cultivables sont, dans cette région vallonnée et montueuse, de faible superficie et de surcroît situées sur des déclivités, de sorte qu'elles ne peuvent être cultivées qu'avec des moyens rudimentaires. Les conditions de vie en Haute-Provence ont toujours été difficiles et souvent misérables, en particulier dans certaines vallées reculées et sur les hauts plateaux arides. Aussi, les débuts de l'industrialisation se traduisent-ils par une hémorragie de la population vers les régions industrielles et les grandes métropoles. Dans le département des Alpes de Haute-Provence on constate une diminution de la population de presque la moitié entre les années 1830 et les années 1940. Il faudra attendre la fin des années cinquante pour voir la tendance s'inverser durablement. La Haute-Provence géographique et culturelle ne se réduit pas aux limites du département des Alpes-de-Haute-Provence mais s'étend en partie sur les départements provençaux limitrophes comme le Vaucluse (Luberon, Ventoux), le Var, les Alpes- Maritimes (préalpes de Grasse) ou encore la Drôme. Notons que ce travail est en partie centré sur le département des Alpes de Haute-Provence. A cela deux raisons principales : ce département, qui est au cœur de la région et recouvre l'essentiel de son territoire, présente une concentration inégalée d'associations à vocation patrimoniale ; le cadre départemental reste incontournable dans l'accès à certaines sources, comme pour l'obtention de données homogènes d'ordre historique, économique, statistique, etc. 2 o uJ > O c¿ Cu I Mi I- <£ X I UJ P I iP uJ o. < DE LA SOCIÉTÉ SAVANTE À L'ASSOCIATION DE SAUVEGARDE DU PATRIMOINE L'extraordinaire déploiement à partir des années quatre-vingt du mouvement associatif patrimonial dans le haut-pays provençal est d'autant plus remarquable que