VertigO – La revue en sciences de l'environnement, Vol7no2, septembre 2006

DEGRADATION DES RESSOURCES VEGETALES AU CONTACT DES ACTIVITES HUMAINES ET PERSPECTIVES DE CONSERVATION DANS LE MASSIF DE L'AÏR (SAHARA, )

Fabien Anthelme1*, Maman Waziri Mato2, Dimitri de Boissieu1, Franck Giazzi3

1IRD, U.R. 136 Aires protégées, B.P. 11416, , Niger, 2Département de Géographie, Université Abdou Moumouni, Niamey, Niger, 3UMR 5194, Université J. Fourier, 14bis Avenue Marie Reynoard, 38100 Grenoble, France. *Auteur pour la correspondance : U.M.R. DIAPC, IRD, 911 avenue Agropolis, B.P. 64501, 34394 Montpellier cedex 5, France. Courriel: [email protected]

Résumé : Le massif de l’Aïr est une enclave montagneuse à l’intérieur du Sahara nigérien. Il abrite environ 80 000 habitants dépendants pour l'essentiel des ressources végétales locales. Notre objectif était de mettre en relation les variations récentes des activités humaines avec le niveau des ressources végétales afin d’anticiper un déficit dans une région aride régulièrement menacée par les sécheresses. Les résultats obtenus à travers des enquêtes auprès des acteurs locaux et des observations empiriques montrent une dégradation rapide des ressources végétales. Cette dégradation est liée à deux types d’impact de l’Homme sur l’environnement. Le premier, interne, se traduit par une pression plus forte sur la végétation autour des villages, et par l’expansion des cultures irriguées qui menace la pérennité des ressources en eaux souterraines. Le second impact, externe, concerne la pression croissante exercée par les centres urbains périphériques, en particulier sur les ressources en bois. On observe par ailleurs un processus d'invasion, encore limité, par un arbre introduit, Prosopis juliflora. Dans un contexte de sécheresses ces changements pourraient déclencher une altération rapide de la biodiversité et des ressources vivantes dans le massif. Un processus de cogestion des ressources naturelles de la réserve et de sa périphérie doit permettre d’enrayer cette dégradation. Il serait utile qu'il soit accompagné de recherches visant à mieux comprendre les processus écologiques liés à la dynamique de la végétation. En particulier, les processus de facilitation entre plantes peuvent être des outils de restauration écologique performants. Mots-clés : Agriculture irriguée, aridité, biodiversité, facilitation, Prosopis juliflora, Réserve naturelle, surpâturage.

Abstract : The Aïr mountain range is nested inside the Saharan part of Niger. It is populated with approximately 80000 inhabitants depending mostly on local vegetation resources. We aimed to study the relationships between the recent changes in human activities and the level of vegetation resource so as to anticipate a possible lack of resources in an arid region confronted to recurrent droughts. Investigations with local populations and empirical observations showed a rapid degradation of the vegetation related to human activities. Two types of effects are distinguished. First, local people increase pressure on vegetation around the villages, while the intensification of irrigated agriculture threatens the level of belowground water resources. Second, the peripheral urban zones have a growing negative impact on vegetation, especially on wood. In addition, an introduced species, Prosopis juliflora is expanding fast and should be regarded as an invasion process. These changes, if associated with severe droughts, could lead to a quick loss of biodiversity and vegetation resources in the massif. Co-management plans on natural resources including local inhabitants as managers should break this degradation cycle. It would also be consistent to make a better use of ecological knowledge as a restoration/conservation tool. Especially, facilitation between plants, and related nurse effects, can be taken as a relevant tool to restore degraded ecosystems in arid environments. Keywords : aridity, biodiversity, facilitation, irrigated, Nature Reserve, overgrazing, Prosopis juliflora.

Introduction spectaculaires qui font de la faune et la flore sahariennes actuelles un enjeu de conservation biologique et de Suite à l'augmentation graduelle des contraintes climatiques au développement humain durable important, bien que le nombre cours de l'Holocène (Le Houérou, 1997), le Sahara est devenu un d’espèces soit relativement faible (Ozenda, 2004). pôle d'aridité à l'échelle planétaire (Ozenda, 2004). Ce changement s’est accompagné de flux d’espèces végétales et La dégradation des écosystèmes arides est liée classiquement à animales, mais aussi d’adaptations diverses et souvent deux facteurs : les changements climatiques et les activités

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humaines. Les premiers sont considérés comme inéluctables à dégradés, en particulier les processus de facilitation plantes- l'échelle du siècle. Cependant, la végétation des zones arides est plantes (Padilla et Pugnaire, 2006). adaptée à ce type de changements récurrents, et leurs effets sur la disparition d’espèces sont généralement limités (Darkoh, 2003). Méthodologie En revanche, l’impact des activités humaines (et notamment l'élevage) sur la végétation reste à définir sur le court terme. Il est Secteur d’étude susceptible d’être à l'origine de modifications majeures et peut- être irréversibles du couvert végétal, et donc des ressources Le massif de l’Aïr est une enclave granitique ponctuée de naturelles vivantes (Khresat et al., 1998 ; Darkoh, 2003). volcanisme ancien, située en zone sud-saharienne au Niger (Figure 1). Sa localisation lui confère une aridité particulièrement Par leur hétérogénéité structurelle, les massifs montagneux élevée qui se matérialise par des précipitations faibles et rassemblent sur des surfaces restreintes l'essentiel de la aléatoires (Newby, 1991), des températures moyennes très biodiversité saharienne. C’est dans une volonté de protéger les élevées et une humidité atmosphérique très basse (Ozenda, 2004, espèces végétales et animales remarquables que la Réserve Anthelme et al. 2007). Excepté le long des cours d’eau Naturelle Nationale de l’Aïr et du Ténéré a été créée en 1988. temporaires (koris) les sols sont soit absents, soit squelettiques, (RNNAT, Saibou, 1988). Elle regroupe la partie Est du massif de ils appartiennent aux groupes des régosols et des lithosols l’Aïr et une portion du désert du Ténéré. (Giazzi, 1996).

Les priorités de la réserve, d'abord orientées vers la conservation L’Aïr peut être divisé en deux types d’écosystèmes. Les de la biodiversité, ont évolué vers le développement des montagnes (1000-2000 m) couvrent des surfaces fragmentées à populations locales, qui sont considérées comme des l’intérieur du massif de l’Aïr (Figure 1). Elles forment des gestionnaires et des utilisatrices des ressources naturelles. Ces sommets souvent tabulaires, très isolés les uns des autres. Les nouvelles priorités associées à l’instabilité politique qui a touché principales montagnes sont les Bagzane (Idoukal’n’taghes : 2022 la zone dans les années 90 ont été peu propices aux travaux m), le Tamgak, le Takolokouzet, le Greboun et le Taghmert. Ces concernant l’état de la biodiversité et des ressources naturelles. écosystèmes sont peu fréquentés – ou ponctuellement – par De ce fait, depuis la synthèse des connaissances dans la réserve l’Homme, dont l’activité se réduit à la présence sporadique de réalisée par l’UICN jusqu’à la période 1991 (Giazzi, 1996), les bergères et de leurs troupeaux de chèvres. Les Monts Bagzane données concernant la faune et la flore du massif de l’Aïr sont font toutefois office d’exception, ils abritent des plateaux rares et isolées (voir cependant Poilecot, 1999 ; Saadou et Lykke, argileux où les populations sont historiquement sédentarisées 2001 ; Aoutchiki, 2001 ; Ostrowski et al., 2001 ; Abdoulkader, sous la forme d'une dizaine de villages entre 1500 et 1800 m 2005 ; Anthelme et al., 2007). d’altitude (Adamou et Morel, 2005).

Le retour à une situation politique calme depuis quelques années Les vallées et plateaux inter-montagneux abritent les a incité divers organismes nationaux et internationaux à relancer écosystèmes situés autour des montagnes proprement dites. des programmes de recherche/gestion/développement dans la Situés entre 600 et 1000 m, ils abritent une végétation zone. Dans le cadre de la première phase du programme relativement abondante du fait d’un bilan hydrique favorable COGERAT (cogestion des ressources de l’Aïr-Ténéré), un état généré par les écoulements en provenance des montagnes des lieux des conditions écologiques et socio-économiques de la (Saadou, 1990). C’est le siège des principales activités humaines, région a été réalisé (Anthelme et al., 2005 ; Giazzi et al. 2005). l’élevage et l’agriculture oasienne, qui peut être irriguée ou sous la forme de phoeniculture. En s'inspirant de ces travaux, l'objectif est ici d'identifier les relations qui existent actuellement entre des activités humaines L’Homme est présent dans tous les écosystèmes du massif. La en pleine mutation et les ressources végétales de l'Aïr. Il répond à population est estimée à 83000 habitants (Anthelme et al., 2005), un besoin urgent de suivi de la biodiversité en Afrique saharienne et la commune de Tabelot au sud-est du massif dépasse à elle et subsaharienne sous la menace de la pression grandissante des seule 30000 habitants (Adboulkass, comm. pers.). Les activités activités humaines (Darkoh, 2003). traditionnelles sont le pastoralisme nomade, l’agropastoralisme et le commerce caravanier (Bernus, 1978 ; Bourgeot, 1994). Les résultats ont pour double objectif de servir de référence pour Cependant les zones les plus fertiles et les plus accessibles l’orientation des futurs travaux de recherche dans l'Aïr, et semblent actuellement se tourner massivement vers la culture d’optimiser les plans de gestion à venir. Il s'agit de prendre en irriguée de rente (Figure 1), en particulier celle de l'oignon compte à la fois l'importance des habitants locaux en tant que (Waziri Mato et Anthelme, 2005). Les activités touristiques sont gestionnaires des ressources et d'utiliser les connaissances aussi progressivement en train de se développer (Abdoulkader, écologiques à même d'optimiser la restauration des écosystèmes 2005 ; Anthelme et coll., 2005).

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Figure 1. Situation du Niger et de l'Aïr dans un contexte saharien, et présentation du massif de l'Aïr, des limites de la Réserve, des localités (villages et zones pastorales) échantillonnées en avril 2005, et des principaux centres agricoles.

Déroulement des enquêtes ont été prises en compte: végétation, eau, sols et activités humaines (agriculture, élevage, tourisme, transports, activités Devant l’immensité de la zone d’étude, les données ont été minières, artisanat). Les autres composantes ne montrent pas de récoltées prioritairement sous la forme d’enquêtes auprès d’un tendances significatives sur une période de 15 ans (composantes échantillonnage représentatif des populations de la réserve et de climatiques) ou dépassent le cadre de ce travail (patrimoine sa périphérie. Cette logique s'appuie sur le fait que les acteurs historique et archéologique, faune, éducation, santé, niveau de locaux de l'Aïr ont une connaissance particulièrement bonne de vie général de la population). Elles ont été abordées seulement de leur environnement (Bernus, 1978; Giazzi, 1996), comme c'est manière ponctuelle (voir Anthelme et coll., 2005). souvent chez les populations rurales en zone saharo-sahélienne (e.g. Lykke et coll., 2004). Cependant, le choix a été fait de laisser la liberté aux interlocuteurs d'aborder chaque point comme ils le souhaitaient à L'enquête a été de type hybride. De nature structurée, elle a l'intérieur de ce cadre plutôt que de leur imposer (valuation concentré le questionnaire autour de trois points : état de model, Lykke et al., 2004). Cette méthode nous a permis d'éviter l'environnement, changements depuis le dernier état des lieux de recevoir des opinions sur des sujets pour lesquels les gens réalisé en 1991 (Giazzi, 1996), et causes invoquées pour ces n'ont pas d'avis mais auxquels ils répondent tout de même. En changements. Ces trois points ont été développés pour 16 contrepartie, les données recueillies ne sont pas exhaustives et composantes de l'environnement parmi lesquelles les suivantes plus difficilement quantifiables.

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Cette régression est ressentie plus durement dans les villages de Un plan d’échantillonnage équilibré entre villages et zones l’ouest du massif. Ainsi Elmeki cite six espèces en régression, pastorales a été conduit au cours du mois d'avril 2005 (Figure 1), Gougaram neuf, et Iférouane huit, dont deux ont disparu. auprès des acteurs locaux de la réserve. Dans chaque site, un Parallèlement, Tabelot cite une seule espèce en régression, et groupe rassemblant un échantillon représentatif des différentes deux (Tableau 2). activités développées localement a été interrogé sur une durée moyenne de 2h30. Les assemblées des acteurs locaux Le premier facteur de variation des ressources pastorales, regroupaient des représentants des structures paysannes unanimement cité, est la pluviométrie. C’est le seul facteur cité organisées, les services techniques de l’Etat, les ONG, les par les populations pastorales de Baouet, In’Dakat et autorités coutumières, les conseillers communaux et des Tchirozérine. En revanche, certains villages avancent des causes personnalités ayant des expériences avérées dans des domaines anthropiques pour justifier la régression de leurs ressources précis. Les données sont le résultat de la synthèse des opinions pastorales. C’est le cas d’Elmeki et Timia qui citent le recueillies. surpâturage comme un facteur de régression. Timia et Gougaram évoquent les prélèvements abusifs d'espèces fourragères pour le Les villages sélectionnés sont les chefs lieux de communes stockage et/ou les coupes abusives. Enfin, Elmeki et Gougaram (Tabelot, Timia, Gougaram, Iférouane) et les autres principaux citent l’expansion d’un ligneux invasif, Prosopis juliflora, centres sédentaires du massif (Elmeki, Tchintoulous). comme ayant une influence négative directe sur l’abondance des ressources pastorales. Les zones pastorales ont été sélectionnées dans des lieux géographiques diversifiés pour améliorer la représentativité de Régression des espèces ligneuses l’échantillonnage. Il s’agit de zones occupées par quelques campements nomades : In’Dakat, Baouet, Zagado, Zomo et Les espèces ligneuses, dont l’abondance est naturellement très Tadek. Les enquêtes dans les zones pastorales ont été menées sur limitée par l’aridité, sont une autre ressource essentielle pour des groupes restreints du fait de l'absence de certains corps de l’Homme. Les peuplements ligneux les plus importants se situent métier tels que les agriculteurs, les artisans ou les bouchers. dans les écosystèmes inter-montagneux, au bord des koris, mais ils peuvent se développer ponctuellement dans toute la zone. Les données ont ensuite été organisées en termes de causes et effets afin de dresser un diagnostic de la dynamique récente des La perception qu’ont les habitants de l’Aïr de l’état des ressources naturelles dans l'Aïr. ressources ligneuses est pessimiste également. Les assemblées villageoises considèrent en effet à l'unanimité qu’elles sont en Résultats régression alors que dans les zones pastorales, l’avis est plus optimiste et seuls les résidents d'In’Dakat évoquent une Les observations les plus marquantes faites dans l’Aïr par les régression (Tableau 1). populations locales au cours des dernières années sont la dégradation rapide du couvert végétal et l’expansion d’une Un total de douze espèces ligneuses est cité comme étant en espèce introduite, Prosopis juliflora. Ces changements affectent régression (Tableau 3). Encore une fois ce sont les villages qui principalement les écosystèmes inter-montagneux, les plus présentent le plus d’espèces menacées, notamment Gougaram productifs de la zone. La dégradation concerne en particulier (six espèces), Elmeki (huit), Tabelot (six) et Iférouane (huit). En deux groupes de végétaux qui sont des ressources essentielles revanche Timia, dont l'agriculture est principalement pour l’Homme, les espèces fourragères et les espèces ligneuses. agroforestière, ne présente que deux espèces en régression. Les Les Monts Bagzane, du fait d’une présence humaine importante zones pastorales sont nettement moins touchées. En particulier et sédentarisée, présentent aussi une dégradation importante de In’Dakat, Baouet et Tadek ne présentent aucune espèce dont les leur couvert végétal (Schulz et Adamou, 1994). effectifs sont en baisse depuis 15 ans.

Régression des espèces fourragères Parmi les espèces menacées, la plupart sont caractéristiques des bords de koris. Les plus régulièrement citées et utilisées ont déjà Les espèces fourragères sont une ressource essentielle pour été mentionnées comme particulièrement menacées dans des l’élevage, qui reste la première activité humaine dans l’Aïr. La travaux antérieurs (Saadou et Lykke, 2001). Il s’agit de plupart des habitants des habitants des villages considèrent que Faidherbia albida (fabrication de mortiers, de tabourets, Ganaba cette ressource est en régression (excepté à Tabelot où l’élevage et coll., 2005), Acacia nilotica (excellent bois de chauffe), Acacia est délaissé au profit de l'agriculture, Tableau 1). L’avis est plus tortilis subsp. raddiana (nombreuses utilisations, Grouzis et Le nuancé dans les zones pastorales, puisqu’à Tadek et dans le Floc’h, 2003), Salvadora persica et Ziziphus mauritiana. La Zagado on constate une régression, alors que les ressources sont régression de Boscia senegalensis, pourtant peu utilisé comme estimées aléatoires ou stables à Zomo, Baouet et In’Dakat. bois indique que le couvert végétal est gravement atteint à Elmeki et Gougaram.

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Tableau 1 : Evolution des ressources végétales selon les acteurs locaux des différentes zones de l’Aïr sur ces quinze dernières années (→ : aléatoire ou stable ; ↓ : régression).

Villages Zones pastorales Elm Tab Tim Tch Ife Gou InD Bao Zom Zag Tae Espèces ↓ → ↓ ↓ ↓ ↓ → → → ↓ ↓ fourragères Espèces ↓ ↓ ↓ ↓ ↓ ↓ ↓ → → → → ligneuses Légende : Elm : Elmeki, Tab : Tabelot, Tim : Timia, Tch : Tchintoulous, Ife : , Gou : Gougaram, InD : In'Dakat, Bao : Baouet, Zom : Zomo, Zag : Zagado, Tae : Taedek.

Tableau 2. Espèces fourragères dont les effectifs sont en régression remarquable (+) ou disparues (o) selon les acteurs locaux des différentes zones de l’Aïr sur ces quinze dernières années.

Villages Zones pastorales Nom latin Nom Elm Tab Tim Tch Ife Gou InD Bao Zom Zag Tae Tamasheq Tribulus terrestris Tagaroft + + + + Eragrostis pilosa Tejit + + + + + Panicum turgidum Afazo + + + + Panicum laetum Ishibaen + + + + Cenchrus biflorus Wejjag + Senna obtusifolia + Lasiurus hirsutus Gerfiz + + + + Stipagrostis uniplumis Ejouf + + +o o Stipagrostis ciliata Teïtoum o Teshila o Tribulus sp. Eglis + Gisekia pharnacioides Tamarkoess + Sorghum Achaghour + arundinaceum Cornulaca Tazera + monacantha Senna italica Aguirguir + Salsola baryosma Echim o Schouwia thebaica Alwat + Légende : Elm : Elmeki, Tab : Tabelot, Tim : Timia, Tch : Tchintoulous, Ife : Iferouane, Gou : Gougaram, InD : In'Dakat, Bao : Baouet, Zom : Zomo, Zag : Zagado, Tae : Taedek. a Espèce non déterminée.

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Tableau 3 : Espèces ligneuses dont les effectifs sont en régression remarquable ou disparues selon les acteurs locaux des différentes zones de l’Aïr sur ces quinze dernières années.

Villages Zones pastorales Nom latin Nom Tamasheq Elm Tab Tim Tch Ife Gou InD Bao Zom Zag Tae Hyphaene Tedinnis + + thebaica Salvadora persica Abizguine + + + + Balanites Aborak + + + aegyptiaca Acacia nilotica Tiggert + + + + + + Ziziphus Corna + + + + mauritiana Acacia Tamat + + ehrenbergiana Boscia Tadent + + senegalensis Faidherbia albida Atis + + + + + Maerua Agar + + + + crassifolia Acacia tortilis Afagag + + + + Acacia laeta Tazeit + Leptadenia Enneg + pyrotechnica Légende : Elm : Elmeki, Tab : Tabelot, Tim : Timia, Tch : Tchintoulous, Ife : Iferouane, Gou : Gougaram, InD : In'Dakat, Bao : Baouet, Zom : Zomo, Zag : Zagado, Tae : Taedek.

Le prélèvement de bois mort en tant que combustible est sinistrées par les sécheresses, sa distribution s'étend rapidement considéré comme la première cause de régression de la ressource dans les zones perturbées et son potentiel d'expansion est ligneuse et conduit à la coupe abusive des arbres vivants. Il est inconnu. reporté dans tous les lieux à l’exception de deux zones pastorales particulièrement isolées : In’Dakat et Zagado. P. juliflora colonise en particulier les berges de koris et les alentours des villages, montrant une capacité élevée à se La pluviométrie reste citée comme une cause de variation développer sur les écosystèmes perturbés par les activités majeure, cependant, elle n’est pas citée dans les trois villages les humaines. Selon les habitants de l’Aïr, il semble pouvoir plus importants : Iférouane, Tabelot et Timia. développer un système racinaire de plusieurs dizaines de mètres en profondeur, ce qui pourrait le conduire à coloniser Les autres causes principales sont par ordre d’importance massivement les zones pourvues de nappes phréatiques peu décroissant le surpâturage et en particulier son effet négatif sur la profondes. régénération, les coupes abusives, et l’expansion de Prosopis juliflora. Simberloff (2003) attire l’attention sur le fait qu’il est parfois erroné et dangereux d’assimiler un processus d’invasion à un évènement nécessairement négatif. Des arguments écologiques et Invasion par Prosopis juliflora économiques peuvent néanmoins diagnostiquer l’effet d’une espèce invasive sur l’écosystème. Dans l’Aïr, l’expansion de P. Les dérèglements écologiques causés dans l’Aïr par l’Homme juliflora a principalement des effets négatifs sur ces deux plans. sont à l’origine de processus d’expansion d’espèces natives ou L’espèce est notamment une compétitrice redoutable pour les exotiques, comme c'est le cas dans la quasi-totalité des autres espèces végétales, et elle accentue remarquablement la écosystèmes terrestres (Mack et coll., 2000). L’expansion la plus mortalité du bétail (Tableau 4). remarquable est sans nul doute celle de Prosopis juliflora, un ligneux arbustif originaire d’Amérique centrale. Planté dans l’Aïr P. juliflora est aujourd’hui introduite dans la plupart des dans les années 80 pour accélérer le reboisement des zones écosystèmes des zones arides et semi-arides (Harris et al., 2003)

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comme moyen de lutte contre le déficit du couvert végétal. Si d’un point de vue économique, l’espèce est considérée comme Selon les réponses apportées par les populations locales, les une ressource multiple au Sénégal (Deans et coll., 2003) et une ressources végétales sont dans un état de dégradation élevé dans ressource en bois en Ethiopie (Shiferaw et coll., 2004), sur le l’Aïr. La faible pluviométrie est constamment citée lors des plan écologique son effet négatif en tant qu’espèce invasive est enquêtes comme un paramètre majeur de variation de la souvent cité (Sharma et Dakshini, 1998, Shiferaw et al., 2004, El biodiversité en général, et des ressources pour l’Homme et le Keblawy et Ksiksi, 2005). En particulier, sa production bétail en particulier. Ce constat s’explique par l’aridité élevée de d’alcaloïdes peut être une contrainte pour le développement des l’Aïr. autres espèces végétales (Nakano et al., 2004), et un poison pour le bétail s’il dépasse 200g par kg dans leur régime alimentaire Les données pluviométriques annuelles de deux stations, (Mahgoub et coll., 2005a). Iférouane et Tabelot (Figure 2) au cours des 15 dernières années mettent en évidence des variations interannuelles élevées, et des quantités annuelles moyennes relativement faibles (58 mm à Tableau 4 : Effets de l'espèce introduite Prosopis juliflora sur Iférouane, 76 mm à Tabelot). Pourtant, comparées aux données l’environnement, selon les habitants de l’Aïr antérieures sur la zone (Newby, 1991), ces valeurs sont significativement en hausse à l'échelle de l'Aïr (Giazzi, 2004), Effets positifs Effets négatifs phénomène qui a été également observé dans d’autres zones Formation rapide d’un Compétition avec les autres sèches d’Afrique sur la même période (Kraaij et Milton, 2006). couvert végétal espèces végétales Augmentation de la mortalité Par conséquent, les valeurs mesurées depuis 15 ans ne semblent Production rapide de bois du bétail pas être responsables de la dégradation remarquable du couvert Stabilisation des berges de végétal des dernières années écoulées. Ce constat ne remet pas en Monopolisation de la kori (protection des cultures cause toutefois l’importance des déficits pluviométriques et leur disponibilité en eau dans le sol irriguées) caractère aléatoire comme facteur principal de la désertification Production d’épines dans l’Aïr sur des pas de temps plus longs (c.f. Giazzi, 1996).

dangereuses pour l'Homme Les autres causes citées pour expliquer les variations du couvert Expansion rapide et incontrôlée végétal sur les quinze dernières années sont essentiellement Appauvrissement du sol par anthropiques. L’Homme apparaît donc comme le facteur une mauvaise décomposition principal de la régression généralisée du couvert végétal durant des feuilles cette période. Trois causes fondamentales semblent être à Diminution de la rentabilité des l’origine d’une modification majeure des interactions Homme- cultures biodiversité : le conflit armé ayant sévi dans la région dans les années 90, l’accroissement démographique soutenu, et l’accès à des techniques et des méthodes de travail nouvelles. Aujourd'hui, l’effet de l’Homme se divise en une composante interne au Les enquêtes dans l’Aïr vont dans ce sens en focalisant sur une massif de l’Aïr et une composante externe, en provenance des augmentation de la mortalité du bétail qui se nourrit de P. villes alentours. juliflora, souvent frais. On peut penser que le caractère invasif et la présence de peuplements monospécifiques sont responsables Impact des activités internes d’une part trop importante de P. juliflora dans le régime animal. Moins fréquent et à l’état sec sous forme de farine, il serait en Malgré la persistance d’actes isolés, le conflit armé opposant revanche assimilable, comme proposé par Maghoub et coll. l’Etat Nigérien à une partie des populations touarègues de l’Aïr (2005b). appartient au passé (McNeely, 2003). La paix retrouvée est à l’origine d’une revitalisation du secteur économique et du retour Le statut de l’espèce dans l’Aïr est finalement paradoxal dans le d'investisseurs et de bailleurs de fonds. L’activité touristique, sens où il comble un déficit important en ressources ligneuses après avoir retrouvé son niveau antérieur au conflit obtient des mais constitue une menace à long terme pour l’écosystème. Une chiffres de fréquentation jamais connus jusqu’à présent meilleure connaissance de ses utilisations par les habitants (Abdoulkader, 2005). pourrait conduire à une situation plus équilibrée, comme en Ethiopie (Shiferaw et al., 2004).

Discussion

L’Homme, principal facteur des changements environnementaux à court terme

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150 Iférouane 150 Tabelot

100 100

50 50

Précipitations (mm) Précipitations (mm)

0 0 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 Années Années

Figure 2. Précipitations annuelles, période 1990-2004. Stations d'Iférouane (gauche) et de Tabelot (droite). Source : Direction de la Météorologie Nationale de la République du Niger.

350 000

300 000 augmentation de 56,7% 250 000

200 000 augmentation de 61,9% 150 000 Population

100 000

50 000

0 1977 1988 2001 Année

Figure 3. Evolution de la population de la région d’ de 1977 à 2001 (Martel et Taylor, 2000 ; Anon, 2005).

Aujourd’hui, le nombre des parcelles cultivées est en croissance Dans ce contexte, l’émergence de techniques et de méthodes rapide dans la commune de Tabelot (3200 en 2004 contre 2300 nouvelles, l'accroissement démographique de plus de 56 % entre en 2000 ; Tilalt et Bouyer, 2000 ; Anthelme et coll., 2005). La 1988 et 2001 dans la région d’Agadez (Figure 3), ainsi que proportion d’habitants se tournant vers cette activité devient l’apparition d’un nouveau marché international de l’oignon de majoritaire, elle qui était déjà estimée à 48 % en 2000 (Tilalt et contre-saison engendrent l’essor de l’agriculture irriguée dans le Bouyer, 2000). La croissance des jardins bénéficie également de massif de l’Aïr. l’importation de techniques et méthodes nouvelles, en particulier des motopompes. Pesticides et engrais chimiques sont également Activité traditionnelle secondaire sous forme d’agro-pastoralisme de plus en plus utilisés. Enfin, la présence de transports motorisés depuis des siècles, l'agriculture irriguée opère une première de plus en plus nombreux favorise l’écoulement de plus grandes mutation dans les années 70 avec la culture de rente de la pomme quantités de produits vers les villes et les pays avoisinants. de terre. Depuis quelques années, une autre culture de rente, l’oignon (Figure 4), est devenue dominante au détriment de la Les conséquences du développement et de l’intensification des pomme de terre et des cultures vivrières (blé, tomate, maïs, cultures irriguées sur les ressources végétales sont plurielles et Figure 5 ; Waziri Mato et Anthelme, 2005). certaines sont négatives pour l'environnement. A travers le développement des zones sédentarisées jusque là limitées dans l’Aïr, elles entraînent une exploitation intense des ressources

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autour des villages, qui sont les zones les plus dégradées selon nos enquêtes (Tableau 1). Les terrains pastoraux disparaissent donc avec leurs espèces caractéristiques (Panicum turgidum notamment, Aoutchiki 2001) ce qui mène encore plus les Blé, tomate, maïs populations vers la pratique unique de l’agriculture intensive, 7% alors que l’aridité élevée de la zone sied plutôt à des activités Pomme de terre mixtes agro-pastorales peu intensives (Darkoh, 2003). 7%

Ce type de pratique entraîne également une surexploitation des nappes phréatiques et des sols qui semble déjà poser un problème de pérennité des ressources à long terme. Ainsi, nos enquêtes Ail révèlent que le niveau des nappes baisse dans les principales 24% zones agricoles (Tabelot, Timia, Elmeki, Iférouane, Gougaram) Oignon alors que les zones pastorales (In'Dakat, Baouet, Zomo, Zagado 62% et Taedek) conservent des niveaux généralement stables.

Enfin, l'essor de l'activité agricole et la sédentarisation qui en résulte conduisent à une coupe abusive du couvert arboré, encore intensifiée par l'accroissement démographique local. Une des conséquences sur l'écosystème est l’érosion accélérée des sols. Figure 5. Culture dominante sur un échantillon aléatoire de 70 On observe ainsi une dégradation importante des « Etaghas », jardins de la commune de Tabelot, avril 2004 (Anthelme, zones argileuses d'épandage très recherchées par les éleveurs données non-publiées). (Giazzi et coll., 2005).

Parallèlement, l'élevage est une activité plus stable. Cependant la sédentarisation autour des villages et l'accroissement démographique (Tableau 5) sont à l'origine d'un surpâturage cité dans les enquêtes comme responsable d'un déficit en espèces ligneuses et fourragères. Il a en particulier un effet négatif sur la régénération des arbres lors de leur première année de croissance.

Impact des activités externes

La dégradation des ressources végétales dépend également des prélèvements humains externes. Autour du massif de l’Aïr, deux

villes importantes se sont développées, et Agadez. Si Agadez est une ville ancienne, Arlit est une ville récente dont l’essor est directement lié à l’exploitation de mines d’uranium depuis quelques dizaines d’années à l’ouest du massif. Ce site hyperaride a la particularité d’abriter un couvert végétal minimal qui a rapidement été réduit à néant par l’Homme. Dès lors, les richesses naturelles de l’Aïr voisin sont l’objet de convoitises et un trafic de bois et d’espèces fourragères s’est organisé.

La commune de Gougaram, la plus proche d’Arlit, est logiquement la plus touchée par la dégradation du couvert végétal (Tableau 1), mais les autres communes ne sont pas épargnées, et récemment ce sont les communes de Timia et d’Iférouane qui ont fait l’objet de prélèvements massif de bois. Les prélèvements anarchiques par camions progressent de plus en Figure 4. L'oignon, culture irriguée de rente. Devenue plus vers l’Est, à l’intérieur de la réserve. Les techniques utilisées dominante dans l'Aïr, elle entraine une intensification des par les exploitants sont de plus en plus agressives et les prélèvements en eau et une chute du couvert arboré sur les ressources en bois vivant sont maintenant exploitées. berges des koris. Clichés : S. Kluser (Tchintoulous, 2006) et F. Cugny (Tchintoulous, septembre 2005).

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A Agadez, la situation est moins alarmante, d’une part parce que berges de koris, il s’agit là principalement des espèces ligneuses la région, moins aride, possède encore quelques ressources, et telles que Acacia nilotica ou Faidherbia albida. d’autre part parce que la croissance de cette ville a été plus graduelle, au cours d’une longue période. Néanmoins, la pression Une contrainte majeure à la régénération de ces espèces, outre sur les ressources de l’Aïr depuis Agadez est ressentie durement l'aridité, est leur fragilité face à l'herbivorie dans un contexte de par les populations locales. Elle est complétée par la montée des surpâturage. Les processus d'interactions positives entre espèces, troupeaux d’animaux du sud de la ville qui investissent qui sont importants en milieu aride (Bruno et coll., 2003 ; massivement les pâturages du sud de la réserve en périodes Michalet, 2006) et souvent efficaces face à l'herbivorie (Padilla et sèches. Pugnaire, 2006), sont susceptibles d'augmenter la réussite de ces régénérations par des processus de facilitation indirecte Eléments pour améliorer la conservation et la restauration des (Michalet, 2006). ressources végétales Dans l'Aïr, des travaux récents ont montré que Panicum turgidum Gestion de la réserve et de ses zones périphériques facilite le développement juvénile de nombreuses autres espèces, dont des arbres, en les protégeant à la fois de l’aridité et de L’un des éléments essentiels pour espérer conserver les l'herbivorie grâce notamment à la densité et la résistance de leurs ressources végétales de l’Aïr est la relance de la gestion de la tiges (Anthelme et coll., 2007, Figure 6). Un certain nombre de Réserve Naturelle et de ses zones périphériques, interrompue graminoïdes pérennes en touffes sont aussi potentiellement des depuis 2003 (de Boissieu, 2004). Le projet Cogerat, aux côtés des plantes nurses dans l’Aïr, elles constituent un réservoir nouvelles communes rurales et des autorités coutumières, doit intéressant d'outils pour la restauration du couvert végétal dont permettre la mise en place d’un réel processus de cogestion des l'efficacité doit être testée comme celle de P. turgidum. ressources naturelles de l’Aïr.

Il est ainsi important d’orienter l’agriculture et le tourisme vers des pratiques durables et de soutenir le monde pastoral. Certains aménagements sont nécessaires pour restaurer les pâturages dégradés et permettre une recharge plus importante des nappes phréatiques. Un important travail est à mener au niveau régional pour développer des alternatives énergétiques au bois de feu dans les centres urbains et pour planifier une exploitation du bois rationnelle respectant les seuils de régénération des écosystèmes.

Enfin, la surveillance de la réserve devrait reprendre, ainsi que des programmes de sensibilisation, d’éducation à l’environnement, de recherche et de suivi scientifique.

Espèces indispensables et interactions positives Figure 6. Touffe de Panicum turgidum servant de plantes-plantes plante nurse à un jeune Acacia tortilis subsp. raddiana face à l'aridité et l'herbivorie, Face à l’érosion rapide de la biodiversité et des ressources Tchintoulous, août 2004. Cliché : F. Anthelme. végétales, les priorités s’orientent vers la restauration et la conservation des espèces jugées indispensables au Conclusion fonctionnement de l’écosystème et au développement des populations locales (Grime, 1997; Child, 2003). A ce titre, ce La régression des ressources végétales de l’Aïr est hautement sont les espèces végétales qui doivent focaliser l’attention des corrélée à l’évolution rapide des activités humaines durant les scientifiques comme des gestionnaires car elles constituent la quinze dernières années. Un constat similaire est effectué sur la charpente de l’écosystème. faune sauvage de l’Aïr-Ténéré (de Boissieu et coll., in prep.). Les conflits, l’accroissement démographique, la sédentarisation, Il est nécessaire de dresser une liste de types fonctionnels de l’intensification de l’agriculture fragilisent le couvert végétal et plantes à protéger. Parmi ces types, les espèces fourragères menacent la pérennisation des ressources - et les populations (Tableau 2) et arborées (Tableau 3) sont prioritaires parce humaines qui en dépendent - à long terme. Ce sont des causes qu’elles sont des ressources indispensables à l’Homme. régulièrement citées pour expliquer l’érosion rapide de la biodiversité en Afrique sèche (e.g. Khresat et coll., 1998 ; Il est tout aussi important de privilégier les espèces susceptibles Darkoh, 2003). de contrecarrer les processus d’érosion, en particulier sur les

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Il est nécessaire de développer des actions de sauvegarde de la and soil amelioration by nitrogen-fixing tree species in semi-arid Senegal. biodiversité et du couvert végétal dans cette zone. La restauration Forest Ecology and Management 176 : 253-264. de Boissieu, D., 2004. Une aire protégée de la 3ème génération : la Réserve des écosystèmes dégradés nécessite l’implication de tous les Naturelle Nationale de l’Aïr et du Ténéré (Niger). Communication aux acteurs locaux dans des programmes ambitieux de gestion premières journées de l’ATI « Des aires protégées aux territoires de concertée des ressources naturelles et des aires protégées, Ceux- conservation » de l’IRD, 14 et 15 décembre 2004, Orléans, France, 15 ci doivent se baser à la fois sur les connaissances endogènes des pages. El Keblawy, A. et Ksiksi, T., 2005. Artificial forests as conservation sites for the populations locales et sur celles développées en biologie de la native flora of the UAE. 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