Le Grand Entretien 1Re Partie : 1945/1980
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L’HISTOIRE ET L’ACTUALITE DE TOUS LES JAZZ N° 646 – FEVRIER 2013 WAYNE SHORTER HENRI TEXIER LE GRAND ENTRETIEN 1RE PARTIE : 1945/1980 LA STORY L’INTERVIEW Interviews Son nouveau disque HELENE EUROPE 6,30 EUR – CANADA 9,99 $ CAD – SUISSE 12 FS LABARRIERE chroniqué par MAROC 63 DH - TUNISIE 10 TND – DOM 6,30 EUR – TOM 1620 CFP VERNON REID M 01923 - 646 - F: 5,00 E TORTOISE Esperanza Spalding CD événement et Dave Liebman ! &’:HIKLTC=XUZUUY:?k@q@e@g@a" MILES DAVIS ÉDITO À TRAVERS LES ÂGES Le magazine que vous tenez entre vos mains ne pourrait exister sans sa joyeuse bande de pigistes, qui chaque mois se mobilise avec JEAN-BAPTISTE MILLOT JEAN-BAPTISTE enthousiasme et passion pour nous rendre en temps et en heure les interviews, les articles et les chroniques de disques qui font toute la richesse de nos pages. Le plus jeune d’entre eux a moins de vingt-cinq ans, le plus âgé quatre-vingt cinq (et des poussières). Quand j’ai l’un ou l’autre au téléphone pour lui commander un article ou lui indiquer la fatidique date de bouclage, j’ai l’impression qu’ils ont le même âge : le mien, le vôtre, celui des vrais jazz lovers, qui ont toujours l’air plus jeune que les autres, tout le monde le sait. L’amour de la musique serait-il, sinon un élixir de jouvence, le plus sûr moyen de vieillir heureux ? Ce mois-ci, un jeune homme nommé Henri Texier a décidé de vous raconter ses vies d’homme-jazz. Je trouve ça passionnant. Je crois bien que je ne vais pas être le seul. Sinon, pour chroniquer comme il se doit le À la Une : Henri Texier, photo Sylvain flamboyant comeback discographique de Wayne Shorter sur Blue Note, nous avons Gripoix pour Jazz Magazine/Jazzman. embauché deux pigistes en tous sens exceptionnels : Esperanza Spalding et Dave Wayne Shorter, photo X/DR. Liebman. Pas mal, non ? p FRÉDÉRIC GOATY Directeur de la rédaction LE PROCHAIN NUMÉRO DE JAZZ MAGAZINE / JAZZMAN SERA EN KIOSQUE SOMMAIRE k FÉVRIER 2013 ILS ONT LE 28 FÉVRIER CONTRIBUÉ À CE NUMÉRO 5 ACTU 13 JAZZIN’ NEW YORK 48 ARCHIVES Jacques Aboucaya, Joachim QUI EST-ELLE ? STEVE WILSON DEXTER Bertrand, Roger Bertrand, Peter Cato, Pierre de Chocqueuse, GORDON Vincent Cotro, David Cristol, 6 RENDEZ-VOUS 14 PORTRAIT DUKE Guy Darol, Philippe Descamps, Doc Sillon, Lionel Eskenazi, LES MARTEAU ELLINGTON Julien Ferté, Ludovic Florin, ÉVÉNEMENTS ROUGE Guilhem Flouzat, Jonathan Glusman, Sylvain Gripoix, Hans Harzheim, DE FÉVRIER 56 GUIDE Paul Jaillet, Guy Le Querrec, 16 PASSE À TABLE DISQUES David Liebman, Félix Marciano, 8 HOMMAGE HÉLÈNE François Marinot, Jean-Baptiste DVD - LIVRES Millot, Misterioso, Stéphane Ollivier, GEORGE LABARRIÈRE Giuseppe Pino, Éric Quenot, GRUNTZ CHOCS Thierry Quénum, Jacques Réda, KRONIKEXPRESS Christian Rose, Pascal Rozat, 20 DOSSIER François-René Simon, 10 PORTRAIT FOCUS Lorraine Soliman, Alfred Sordoillet, WAYNE Esperanza Spalding, Philippe Vincent. TORTOISE SHORTER GROS PLANS COMPACTOTHÈQUE Pervulgateur inamovible Frank Tenot 11 HOMMAGE 30 À LA UNE Chairman emeritus Daniel Filipacchi 74 CLUBS/CONCERTS Directrice de la publication Sarah Tenot CLAUDE Éditeur Sarah Tenot JAZZAGENDA Conseiller Roger Lajus NOBS Directeur de la rédaction Frédéric Goaty (fredericgoaty@ jazzmagazine.com) HENRI 82 MASTERCLASS Rédacteur en chef Franck Bergerot 12 PORTRAIT ([email protected]) BILL COLONEL Directrice artistique Claude Gentiletti CHARLAP SKOPJE Best man Philippe Carles TEXIER Directeur de la publicité François Lacharme (01 56 88 16 69, [email protected]) Jazz Magazine/Jazzman N° 646 - Février 2013 Diffusion NMPP © 2013 NEMM & Cie marque et les adresses qui figu- RENSEIGNEMENTS, RÉCLAMATIONS, CHANGEMENT D’ADRESSE rent dans les pages rédaction- est édité par NEMM et Cie, Jazz Magazine/Jazzman N°de commission paritaire: Imprimé en France. nelles de ce numéro sont données 15, rue Duphot, 75001 Paris est une publication mensuelle 1112 K 90618 Imprimeries Léonce Déprez, à titre d’information. La repro duc - Principaux associés NEMM & Cie N° ISSN : 1965-1740 Z. I. Le Moulin, 62620 RUITZ. tion des textes, photographies et dessins publiés est interdite. Ils Famille Tenot, NEMM Gestion S. N. C. au capital de La rédaction n’est pas responsa- sont la propriété exclusive de Jazz SERVICE ABONNEMENT Administration 1000000 euros ble des textes, illustrations, pho- Magazine qui se réserve tous Édilande : Thierry Lalande R. C. S. Paris B 712 019 850. tos et dessins publiés qui engagent droits de reproduction et de tra- la seule responsabilité de leurs duction dans le monde entier. ET COMMANDE D’ANCIENS NUMÉROS et Fatima Drut-Jasic Dépôt légal : auteurs. Les documents reçus ne (tél. : 01 49 53 08 30 - 1er trimestre 2013 sont pas rendus et leur envoi TÉLÉPHONE 01 44 84 80 55 Fax : 01 49 53 08 31 implique l’accord de l’auteur pour EMAIL [email protected] leur libre publication. Les prix peu- thierry.lalande@ vent être soumis à de légères DIP, 18 À 24, QUAI DE LA MARNE, 75164 PARIS CEDEX 19 nemmmedia.com) variations. Les indications de FÉVRIER 2013 k NUMÉRO 646 k JAZZ MAGAZINE JAZZMAN 3 Séance photo commandée par Jean-Marie Salhani, le 30 novembre 1975, pour la pochette de l’album solo “Amir”. L’idée était d’amener un instrument “intouchable” dans la boue et les chaumes d’automne de cette campagne de l’Essonne qu’il avait fait sienne. La séance se termine à temps pour laisser la place aux chasseurs que l’on voit arriver au fond. Cette fois-ci, la renommée ne lui posait pas un lapin puisque le succès d’“Amir” donna l’idée à au programmateur Bernard Lenoir de lui commander le générique du Pop Club de José Arthur. LE GRAND ENTRETIEN HENRI1RE PARTIE : 1945/1980 30 JAZZ MAGAZINE JAZZMAN k NUMÉRO 646 k FÉVRIER 2013 TEXIER : GUY LE QUERREC PHOTO FÉVRIER 2013 k NUMÉRO 646 k JAZZ MAGAZINE JAZZMAN 31 HENRI TEXIER En mars, HENRI TEXIER publiera un nouveau disque live avec son Hope Quartet et donnera un concert exceptionnel au Théâtre du Châtelet. En écho à cette double actualité, quoi de mieux qu’un “Grand Entretien Jazz Magazine/Jazzman” en deux parties ? Passion, émotion, souvenirs et anecdotes : sa vie d’homme-jazz est un roman qui se dévore sans attendre. Par Stéphane Ollivier. Avec sa face ronde de barde breton, sa bonhomie confortable et son accent parigot des faubourgs, Henri Texier peut parfois donner l’impression de sor- tir tout droit d’un roman de Raymond Queneau. C’est peut-être la raison pour laquelle nombreux sont ceux qui, au fil des années, se sont si largement trompé sur son compte, considérant notamment sa manière instinctive de proposer une synthèse entre le free et la forme, l’Amérique et l’Europe, le figuratif et l’abs- trait, comme un sens du compromis et de la tempé- peu Zola à la maison… Le Paris en noir et blanc des au Mont-Valérien. Ma mère l’adorait et l’avait beau- rance alors qu’il s’agissait plus fondamentalement films de Carné et Prévert. Au niveau de l’ambiance, coup aidé durant la guerre, elle avait pris énormé- d’un appétit de musique démesuré le poussant à du look des gens, des bagnoles, on était encore dans ment de risques pour lui, au point de se retrouver embrasser dans un même geste d’amour dévorant les années 40 à ce moment-là. Mais le truc, quand emprisonnée à la Santé pendant quelques mois. Bref toutes les aventures, toutes les traditions et tous les on travaillait à la SNCF, c’est qu’en dehors de la paie c’était le héros de la famille et on vivait un peu dans devenirs simultanés du jazz moderne, sans jamais qui était ridicule, on bénéficiait d’un tas d’avantages : son aura, dans le souvenir de son engagement. Mais sacrifier à la nécessité de choisir. Reprendre pas à on habitait un appartement de fonction, on avait accès au-delà de ça, on avait ce qu’on peut appeler une pas, en sa compagnie, l’histoire tendre et épique de à un économat, on partait en colonies de vacances, conscience de classe, on voyait bien de quel côté de ce petit garçon fils d’émigré breton qui se prenait et surtout on avait le train gratuit. Ça c’était énorme ! la société on se situait. Très vite on m’a envoyé au Apour un musicien noir américain, c’est non seule- Ça nous permettait de retourner toutes les semaines Lycée Carnot qui se trouvait de l’autre côté du 17e ment replonger dans un monde révolu où le jazz s’ap- à Rennes. Vite après le boulot le samedi soir on pre- arrondissement, chez les rupins, pas loin de l’avenue prenait sur le vif, dans un corps à corps incessant nait le tortillard en 3e classe, on arrivait de nuit chez de Wagram et là j’ai tout de suite compris que ce avec le réel, mais découvrir à travers les mille et une ma grand-mère, et le lendemain midi, le dimanche, n’était pas ma place. C’est là que j’allais au catéchisme rencontres qui émaillent un parcours réellement c’était la grande réunion familiale… On revenait avec d’ailleurs… Un peu par superstition, par atavisme exceptionnel, ce que le terme “passion” recouvre, et le beurre salé, les galettes de sarrasin, les œufs frais, catholique, avec l’idée qu’« on ne sait jamais… » Mais quel type très particulier de musicien le jazz aura la saucisse bretonne, et on mangeait ça pendant la surtout parce qu’il aurait été mal vu de ne pas le engendré au cours du XXe siècle. Des nuits narco- semaine, avec les doigts s’il vous plaît, selon la tra- faire… On avait beau bouffer du curé et gueuler contre tiques du Paris des clubs à l’invention d’un jazz spé- dition… Je n’en avais pas vraiment conscience à les bourgeois, on ne faisait pas trop les malins à cifiquement européen ; de la musique médiumnique l’époque mais je m’aperçois aujourd’hui que durant l’époque.