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Rapport d’étude

(version finale)

Diagnostic agraire et commercialisation des semences dans la zone du projet SOA (Structuration des Orientations Agricoles) Sud de

Patrick RASOLOFO Léa RASOLOFOSON-RAJAONAH Nathalie RABEMALANTO

Janvier 2014

Les appellations employées dans ce produit d' information et la présentation des données qui y figurent n'impliquent aucune prise de position de la part de l' Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO ) quant au statut juridique ou de développement des pays , territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites . La mention de firmes ou de produits de fabricants, qu'ils soient ou non brevetés, ne signifie pas que ceux-ci ont été approuvés ou recommandés par la FAO, de préférence à d'autres de nature analogue qui ne sont pas mentionnés. Les opinions exprimées dans ce produit d'information sont celles de l'auteur (s) et ne reflètent pas nécessairement les vues ou la politique de la FAO.

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© FAO, 2014 TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION ...... 1

I. METHODOLOGIE ...... 3 I.1. Phase préparatoire ...... 3 I.2. Phase de terrain ...... 3 I.2.1. Les observations directes ...... 3 I.2.2. Les entretiens ...... 4 I.2.3. Les enquêtes par questionnaire ...... 4 I.3. Phase d’analyse et de rédaction ...... 6

II. PRÉSENTATION DE LA ZONE D’ÉTUDE ...... 7

III. DIAGNOSTIC DU SYSTÈME AGRAIRE ...... 8 III.1. Caractéristiques sociales et agro-écologique des zones étudiées ...... 8 III.1.1. Population et pressions sur les ressources naturelles ...... 8 III.1.2. Organisations sociales et traditions ...... 10 III.1.3. Conditions agro-climatiques ...... 12 III.1.4. Conditions agro-écologiques ...... 14 III.1.5. Statut foncier et accès à la terre ...... 16 III.2. Mise en valeur agricole ...... 19 III.2.1.Évolution des superficies cultivées par District et par catégorie de cultures ...... 20 III.2.2.Taille moyenne des parcelles et emplacement des cultures ...... 29 III.3. Mode de production ...... 30 III.3.1. Mode de labour et utilisation de la main d’œuvre pour les activités agricoles ...... 30 III.3.2. Utilisation d’intrants ...... 34 III.4. Système de culture ...... 36 III.4.1. Les cultures de délimitation ...... 36 III.4.2. Les cultures à l’intérieur des parcelles ...... 37 III.5. Calendriers culturaux et période de soudure ...... 40 III.5.1. Production des cultures pratiquées ...... 42 III.5.2. Destination de la production agricole ...... 43 III. 6. Typologie des agriculteurs ...... 47

IV. FILIERE SEMENCES ...... 52 IV. 1. Contexte et problématique nationaux ...... 52 IV. 2. Les offres actuelles de semences (SOA, urgences, paysans, etc.) ...... 55 IV. 2. 1. L’offre paysanne locale ...... 56 IV. 2. 2. Les aides d’urgence, les actions des organismes et des programmes de développement ...... 58 IV. 2. 3. Les types de semences sur le circuit de distribution ...... 67 IV. 3. Accès aux semences améliorées ...... 68 IV. 3. 1. Les périodes d’approvisionnement en semences et boutures ...... 71 IV. 3. 2. Prix des semences ...... 72 IV. 3. 3. Avis des paysans sur les prix de vente des semences ...... 74 IV. 3. 4. Critères de choix des ménages sur les diverses origines des semences ...... 75 IV. 4. Besoins en semences ...... 79 IV. 4. 1. Périodes de besoin de semences dans l’année ...... 79 IV. 4. 2. Besoins non satisfaits de semences (types de cultures, quantité) ...... 80 IV. 5. Les qualités de semences : réalités et perceptions paysannes ...... 83

V. Proposition d’amélioration de la stratégie de commercialisation des semences ...... 85

CONCLUSION ...... 93

BIBLIOGRAPHIE

ANNEXES

Liste des tableaux

TABLEAU 1. NOMBRE D ’ECHANTILLONS ...... 5

TABLEAU 2. TABLEAU 2- EVOLUTION DE L ’EFFECTIF DE LA POPULATION DE 2005 A 2013 ...... 8

TABLEAU 3. ÉVOLUTION DES SUPERFICIES CULTIVEES (EN HA) AUX NIVEAUX EXPLOITATIONS ET DISTRICTS ET NOMBRE

D’EXPLOITATIONS ...... 21

TABLEAU 4. CATEGORISATION DES TYPES DE CULTURES ...... 21

TABLEAU 5. SURFACES OCCUPEES PAR LES CULTURES PRINCIPALES ET LEURS PARTS RESPECTIVES DANS LES DISTRICTS ...... 27

TABLEAU 6. TAILLE MOYENNE DES PARCELLES DES EXPLOITATIONS AGRICOLES EN M ² ...... 29

TABLEAU 7. MODE DE LABOUR DES CULTURES (RIZ IRRIGUE ET AUTRES CULTURES ) ...... 30

TABLEAU 8. MODE DE TRAVAIL DES SOLS DES RIZIERES ...... 32

TABLEAU 9. RECOURS A LA MAIN -D’ŒUVRE (MO) ...... 33

TABLEAU 10. PROPORTION DE LA SUPERFICIE SELON LE SYSTEME DE CULTURE ...... 38

TABLEAU 11. SAISONS DANS LA REGION , VALABLES DURANT LES ANNEES 1960 A 1980 ...... 41

TABLEAU 12. PRODUCTIONS ET RENDEMENTS MOYENS DES CULTURES PRINCIPALES PRATIQUEES EN 2013 ...... 43

TABLEAU 13. LES TYPES DE SEMENCES DISTRIBUEES ACTUELLEMENT DANS LES REGIONS ANDROY ET ...... 67

TABLEAU 14. POURCENTAGE D ’EXPLOITANTS AYANT ACCES AUX SEMENCES AMELIOREES PAR DISTRICT ...... 70

TABLEAU 15. CALENDRIER DES PERIODES D ’APPROVISIONNEMENT EN SEMENCES DANS LE DISTRICT DE TSIHOMBE ...... 71

TABLEAU 16. CALENDRIER DES PERIODES D ’APPROVISIONNEMENT EN SEMENCES DANS LE DISTRICT D ’A MBOVOMBE ...... 72

TABLEAU 17. CALENDRIER DES PERIODES D ’APPROVISIONNEMENT EN SEMENCES DANS LE DISTRICT DE TSIHOMBE ...... 72

TABLEAU 18. PRIX MODAL EN ARIARY PAR MOIS DES SEMENCES DES PRINCIPALES CULTURES DANS LE DISTRICT DE TSIHOMBE .. 73

TABLEAU 19. PRIX MODAL PAR MOIS DES SEMENCES DES PRINCIPALES CULTURES DANS LE DISTRICT D ’A MBOMBE ...... 73

TABLEAU 20. PRIX MODAL EN ARIARY PAR MOIS DES SEMENCES DES PRINCIPALES CULTURES DANS LE DISTRICT D ’A MBOASARY

ATSIMO 74

TABLEAU 21. PRIX DE SEMENCES RAISONNABLES SELON LES PAYSANS ...... 75

TABLEAU 22. REPARTITION DES EXPLOITANTS SUIVANT LE LIEU OU ILS ONT OBTENU DES SEMENCES ET LEUR NIVEAU DE

SATISFACTION DANS LE DISTRICT DE TSIHOMBE ...... 76

TABLEAU 23. REPARTITION DES EXPLOITANTS SUIVANT LE LIEU OU ILS ONT OBTENU DES SEMENCES ET LEUR NIVEAU DE

SATISFACTION DANS LE DISTRICT D ’A MBOVOMBE ...... 76

TABLEAU 24. REPARTITION DES EXPLOITANTS SUIVANT LE LIEU OU ILS ONT OBTENU DES SEMENCES ET LEUR NIVEAU DE

SATISFACTION DANS LE DISTRICT D ’’A MBOASARY ATSIMO ...... 77

TABLEAU 25. LES RAISONS DE SATISFACTION ET DE DECEPTION ...... 78

TABLEAU 26. POURCENTAGE DES EXPLOITANTS AYANT DECLARE LA DISPONIBILITE DES SEMENCES EN TOUTE SAISON ...... 79

TABLEAU 27. EMPLACEMENT DES PARCELLES EN 2005 ...... 100

TABLEAU 28. EMPLACEMENT DES PARCELLES EN 2013 ...... 100 TABLEAU 29. SURFACES OCCUPEES PAR LES CULTURES PRINCIPALES ET LEURS PARTS RESPECTIVES DANS LES DISTRICTS EN 2005 101

TABLEAU 30. SURFACES OCCUPEES PAR LES CULTURES PRINCIPALES ET LEURS PARTS RESPECTIVES DANS LES DISTRICTS EN 2013 102

TABLEAU 31. PRODUCTIONS ET RENDEMENTS DES CULTURES PRINCIPALES PRATIQUEES EN 2013 ...... 103

TABLEAU 32. CALENDRIER CULTURAL DANS LE DISTRICT DE TSIHOMBE ...... 104

TABLEAU 33. CALENDRIER CULTURAL DANS LE DISTRICT D ’A MBOVOMBE ...... 105

TABLEAU 34. CALENDRIER CULTURAL DANS LE DISTRICT D ’A MBOASARY ATSIMO ...... 106

TABLEAU 35. DESTINATION DE LA PRODUCTION A TSIHOMBE ...... 117

TABLEAU 36. DESTINATION DE LA PRODUCTION A AMBOVOMBE ...... 117

TABLEAU 37. DESTINATION DE LA PRODUCTION A AMBOASARY ...... 117

Liste des graphiques

GRAPHIQUE 1. DESTINATION DES PRODUCTIONS DES CULTURES DES EXPLOITATIONS DU DISTRICT DE TSIHOMBE ...... 45

GRAPHIQUE 2. DESTINATION DES PRODUCTIONS DES CULTURES DES EXPLOITATIONS DU DISTRICT D ’A MBOVOMBE ...... 46

GRAPHIQUE 3. DESTINATION DES PRODUCTIONS DES CULTURES DES EXPLOITATIONS DU DISTRICT D ’A MBOVOMBE ...... 47

GRAPHIQUE 4. PROPORTION DES EXPLOITANTS N ’AYANT PAS ACCES SYSTEMATIQUEMENT AUX SEMENCES ...... 80

GRAPHIQUE 5. COMPARAISON DES QUANTITES EN TONNE DES BESOINS EN SEMENCES ET DE CELLES ACHETEES SUR LE MARCHE

DANS LE DISTRICT DE TSIHOMBE ...... 81

GRAPHIQUE 6. COMPARAISON DES QUANTITES EN TONNE DES BESOINS EN SEMENCES ET DE CELLES ACHETEES SUR LE MARCHE

DANS LE DISTRICT D ’A MBOVOMBE ...... 81

GRAPHIQUE 7. COMPARAISON DES QUANTITES EN TONNE DES BESOINS EN SEMENCES ET DE CELLES ACHETEES SUR LE MARCHE

DANS LE DISTRICT D ’A MBOASARY SUD ...... 82

GRAPHIQUE 8. COMPARAISON DES QUANTITES EN TONNE DES BESOINS EN SEMENCES ET DE CELLES ACHETEES SUR LE MARCHE

DANS L ’ENSEMBLE DE LA ZONE DU PROJET SOA ...... 82

GRAPHIQUE 9. CALENDRIER CULTURAL DU MAÏS POUR LE DISTRICT DE TSIHOMBE ...... 107

GRAPHIQUE 10. CALENDRIER CULTURAL DU MAÏS POUR LE DISTRICT D ’A MBOVOMBE ...... 107

GRAPHIQUE 11. CALENDRIER CULTURAL DU MAÏS POUR LE DISTRICT D ’A MBOASARY ATSIMO ...... 107

GRAPHIQUE 12. CALENDRIER CULTURAL DU MANIOC POUR LE DISTRICT DE TSIHOMBE ...... 108

GRAPHIQUE 13. CALENDRIER CULTURAL DU MANIOC POUR LE DISTRICT D ’A MBOVOMBE ...... 108

GRAPHIQUE 14. CALENDRIER CULTURAL DU MANIOC POUR LE DISTRICT D ’A MBOASARY ATSIMO ...... 109

GRAPHIQUE 15. CALENDRIER CULTURAL DE LA PATATE DOUCE POUR LE DISTRICT DE TSIHOMBE ...... 109

GRAPHIQUE 16. CALENDRIER CULTURAL DE LA PATATE DOUCE POUR LE DISTRICT D ’A MBOVOMBE ...... 110

GRAPHIQUE 17. CALENDRIER CULTURAL DE LA PATATE DOUCE POUR LE DISTRICT D ’A MBOASARY ATSIMO ...... 110 GRAPHIQUE 18. CALENDRIER CULTURAL DE ANTAKE (DOLIQUE ) POUR LE DISTRICT DE TSIHOMBE ...... 111

GRAPHIQUE 19. CALENDRIER CULTURAL DE ANTAKE (DOLIQUE ) POUR LE DISTRICT D ’A MBOVOMBE ...... 111

GRAPHIQUE 20. CALENDRIER CULTURAL DE ANTAKE (DOLIQUE ) POUR LE DISTRICT D ’A MBOASARY ATSIMO ...... 112

GRAPHIQUE 21. CALENDRIER CULTURAL DE VOANEMBA (NIEBE ) POUR LE DISTRICT DE TSIHOMBE ...... 112

GRAPHIQUE 22. CALENDRIER CULTURAL DE VOANEMBA (NIEBE ) POUR LE DISTRICT D ’A MBOVOMBE ...... 113

GRAPHIQUE 23. CALENDRIER CULTURAL DE VOANEMBA (NIEBE ) POUR LE DISTRICT D ’A MBOASARY ATSIMO ...... 113

GRAPHIQUE 24. CALENDRIER CULTURAL D ’ARACHIDE POUR LE DISTRICT DE TSIHOMBE ...... 114

GRAPHIQUE 25. CALENDRIER CULTURAL D ’ARACHIDE POUR LE DISTRICT D ’A MBOVOMBE ...... 114

GRAPHIQUE 26. CALENDRIER CULTURAL D ’ARACHIDE POUR LE DISTRICT D ’A MBOASARY ATSIMO ...... 115

GRAPHIQUE 27. CALENDRIER CULTURAL DU RIZ DE PREMIERE SAISON POUR LE DISTRICT D ’A MBOASARY ATSIMO ...... 115

GRAPHIQUE 28. CALENDRIER CULTURAL DU RIZ DE DEUXIEME SAISON POUR LE DISTRICT D ’A MBOASARY ATSIMO ...... 116

Liste des cartes

CARTE 1. TAILLE DES MENAGES DANS LA ZONE DU PROJET SOA ...... 9

CARTE 2. TYPE DE CLIMAT DE LA ZONE DU PROJET SOA ...... 13

CARTE 3. REPARTITION DES TROIS ZONES AGRO -ECOLOGIQUES DANS LA ZONE DU PROJET SOA ...... 15

CARTE 4. REPARTITION DES TERRAINS D ’EXPLOITATION SELON LE MODE D ’ACQUISITION ...... 18

CARTE 5. REPARTITION DES CULTURES DE MAÏS DANS LA ZONE D ’ETUDE SELON LES SUPERFICIES CULTIVEES ...... 23

CARTE 6. REPARTITION DES CULTURES DE MANIOC DANS LA ZONE D ’ETUDE SELON LES SUPERFICIES CULTIVEES ...... 24

CARTE 7. REPARTITION DES CULTURES DE PATATE DOUCE DANS LA ZONE D ’ETUDE SELON LES SUPERFICIES CULTIVEES ...... 25

CARTE 8. REPARTITION DES TERRAINS D ’EXPLOITATION SELON LES MODES DE LABOUR , TOUTES CULTURES CONFONDUES ...... 31

CARTE 9. REPARTITION DES TERRAINS D ’EXPLOITATION SELON L ’UTILISATION D ’ENGRAIS MINERAL /ORGANIQUE , TOUTES CULTURES

CONFONDUES ...... 34

CARTE 10. REPARTITION DES TERRAINS D ’EXPLOITATION SELON LES MODES D ’UTILISATION DU SOL ...... 39

INTRODUCTION

L’agriculture est un secteur incontournable à Madagascar, autant de par sa contribution au PIB, environ 26% 1, que par son rôle dans l’autosubsistance quotidienne des plus de 80% de la population vivant en milieu rural. Pourtant, son développement reste relativement limité pour un pays à majorité rurale et agricole. Le défi, pour les acteurs du développement, est d’intervenir dans ce secteur tout en tenant compte des grandes préoccupations actuelles, à savoir notamment le développement durable et la préparation aux risques et catastrophes.

Or, un grand nombre de facteurs entrent en jeu et rendent plus complexe la définition des stratégies de développement en faveur de l’agriculture. Le capital humain est doté d’un très faible niveau de formation, avec 89,8% de sans instruction parmi les ménages agricoles 2, donc a priori non- alphabétisés. L’enclavement des zones à forte potentialité agricole et la faiblesse des facteurs de production compromettent aussi le secteur agricole. L’inégalité d’accès au foncier, l’ins uffisance de la pluviométrie et la faible adoption des techniques modernes limitent largement la productivité et sont des facteurs particulièrement importants dans le Grand Sud de Madagascar. Les conditions climatiques au Sud ont aggravé la vulnérabilité, affectant les habitudes alimentaires des ménages 3. Selon le Programme Alimentaire Mondial (PAM), plus de 720 000 personnes ont ainsi été touchées par l’insécurité alimentaire en 2009/2010 dans les Régions Androy et Anosy 4, à la suite des sécheresses cycliq ues. En revanche, la crise alimentaire n’a pas frappé ces Régions durant ces deux dernières années.

L’agriculture dans le Sud est fortement handicapée par la chronicité de la sécheresse et l’effet des vents, qui occasionnent des pertes de production et au final une insécurité alimentaire persistante. Les périodes noires de mosary ou kere (famine) y sont réputées cycliques, la dernière ayant eu lieu en 2006-2007 où plus de 4 ménages sur 5 ont eu recours à la décapitalisation afin de faire face aux difficultés (Isabelle DROY et Jean-Etienne BIDOU). Cette situation passagère dépasse le « normal » vu la proportion de ménages ayant eu recours à la décapitalisation, bien que cette stratégie soit devenue normale dans le Sud pour subvenir aux besoins pendant les périodes de soudure.

1 World Development Indicators, World Bank, 2009, 456p. 2 Enquête Périodique auprès des Ménages, INSTAT, 2010, 372p, 3Le petit Obs ROR bulletin mensuel d’information . (2007), n°007, Antananarivo : EPP-PADR / Cellule ROR, 4p. 4 « Madagascar, insécurité alimentaire – L’étau se resserre », IRIN, février 2011. http://www.irinnews.org/fr/report/91851/madagascar-ins%C3%A9curit%C3%A9-alimentaire-l- %C3%A9tau-se-resserre

1

C’est dans ce cadre que s’inscrit le Projet Structuration des Orientations Agricoles (SOA), financé en totalité par l’Union Européenne et mis en œuvre par FAO et GRET, avec des contributions techniques du Groupement Semis Direct de Madagascar (GSDM), du Centre national de recherche agronomique appliqué au développement rural (FOFIFA), de la Direction Régionale du Développement Rural (DRDR), et d'autres services techniques du Ministère de l'Agriculture (Agence National de contrôle officiel de semences :SOC). Ce projet s’intéresse à la Région de l’Androy et se soucie, dans sa phase actuelle, de connaître la situation et l’évolution du système agraire et de la filière semences en particulier. Tel est l’objet de la présente étude qui doit contribuer à l’identification et à la priorisation des difficultés rencontrées par les paysans producteurs, ainsi qu’à l’élaboration d’un modèle viable dans l’organisation de la filière semences et la commercialisation. L’objectif spécifique est de permettre aux agriculteurs vulnérables du Grand Sud :

- D’accéder à des semences améliorées et adaptées - et de mettre en œuvre des techniques agricoles de conservation permettant une production agricole sécurisée et durable.

Selon le protocole d’accord, qui désigne comme titulaire des prestations relatives à cette étude le Centre d’Information Technique et Economique (CITE), les produits attendus sont :

- la caractérisation des modes d’exploitation, d’organisation et de fonctionnement des différentes situations agricoles sur la zone d’intervention du projet SOA ; - la définition des besoins en types de semences dans les 3 Districts du Sud : Tsihombe, Ambovombe et Amboasary Atsimo ; - l’élaboration d’une stratégie de commercialisation des différentes semences existantes dans les zones d’intervention.

La première partie de ce rapport analyse le système agraire, permettant de connaître le fonctionnement de la société étudiée et ses modes de production. Elle éclaire par la suite la deuxième partie sur la filière semence, base de l’agriculture. L’emphase sera mise sur l’offre et la demande actuelles dans la filière semences, le circuit actuel du système semencier et les améliorations qui doivent être apportées pour favoriser l’accès du plus grand nombre aux semences de qualité.

2

I. METHODOLOGIE

Ce rapport est le fruit d’un travail organisé en trois phases successives : la préparation, les travaux de terrain, l’exploitation des données, l’analyse et la rédaction.

I.1. PHASE PREPARATOIRE

Elle consiste à effectuer des recherches documentaires sur les systèmes agraires, agro- écologiques et fonciers des zones du projet SOA. L’objectif est d’analyser, à partir des divers do cuments, la situation et l’évolution des activités agricoles et du système agraire, et de comprendre les modes de mise en valeur des terres. Cela a été suivi d’une exploration des documents sur la filière semence à Androy et à Anosy afin de connaître globalement la filière, les principaux acteurs, leurs interventions et les principales semences produites et commercialisées dans les zones d’études et l’enjeu .

Les outils de terrain, notamment les questionnaires, le manuel de l’enquêteur et les guides d’entretien ont été élaborés durant cette phase. L’enquête est inspirée et conçue à partir de la méthodologie et des données du recensement agricole de 2005. Ce qui permet d’effectuer une analyse comparative et dynamique du système agraire de 2005 par rapport à 2013.

I.2. PHASE DE TERRAIN

Plusieurs méthodes de collectes d’informations ont été adoptées pour la réalisation de ce diagnostic agraire et de cette étude sur la filière semence.

I.2.1. Les observations directes

La lecture du paysage permet de décrire et de comprendre l’organisation, l’aménagement et l’occupation de l’espace. Elle fait ressortir les ressemblances et/ou les différences pour constituer des unités de paysages qui reflètent une certaine homogénéité des activités agricoles et des systèmes de vie des communautés.

Les visites des champs de cultures renseignent sur le mode d’exploitation, les pratiques culturales, les associations de cultures, et leurs efficacités ou non, etc.

Les visites au niveau des villages, aux domiciles même des paysans, permettent de constater les réalités des conditions de vie des ménages ruraux et des modes de

3 fonctionnement de leurs exploitations agricoles 5. Le focus group permet d’obtenir des informations sur les caractéristiques du volet production et les techniques de stockage de semences.

Les visites des marchés hebdomadaires et des boutiques sont importantes pour l’étude de marché et la commercialisation des produits agricoles et, plus particulièrement, celle des semences.

I.2.2. Les entretiens

Des entretiens individuels et semi-directifs, suivant d es guides d’entretien spécifiques, ont été effectués auprès de chaque acteur de la filière semence. Parmi ces acteurs, certains sont des producteurs de semences (PMS, CPSA ), d’autres travaillent dans l’urgence ou le développement (PAM, FAO, CRS, micro finance Fivoy, DRDR, GRET, etc.).

Les rencontres avec les villageois consistent souvent en un entretien collectif, sous forme de focus group. Elles complètent et éclairent sur les questions soulevées dans les observations directes.

Photo 1 : Focus group avec l’association Hafa Ty Taloha

I.2.3. Les enquêtes par questionnaire

L’enquête a couvert les trois Districts d’intervention du projet SOA, en l’occurrence, Ambovombe, Amboasary Atsimo et Tsihombe. Elle s’efforce de dégager la représentativité au niveau de chaque District . Le mode d’échantillonnage se fait à deux degrés : le

5« L’une exploitation agricole est une unité technico-économique de production agricole comprenant tous les animaux qui s’y trouvent et toutes les terres utilisées entièrement ou en partie pour la production agricole, et qui, soumise à une direction unique, est exploitée par une personne seule ou accompagnée d’autres personnes, indépendamment du titre de possession, du statut juridique, de la taille et de l’emplacement », Recensement Agricole, Tome 1, 2005.

4

Fokontany comme échantillon primaire et l’exploitation comme échantillon au second degré. En 2005, chaque Fokontany avait une probabilité égale d’être choisie, avec un tirage sans remise et indépendant par District . L’exploitation avait également la même chance d’être tirée, sans remise et indépendamment de chaque Fokontany échantillon. Pour constituer le panel d’exploitation, les chefs d’exploitations à enquêter sont identifiés dans la liste de ceux du recensement agricole de 2005.

Au premier degré, la base de sondage est constituée par la liste exhaustive des Fokontany issus des Communes rurales. Cette liste est obtenue par la confrontation de la base de données de la Direction de la Démographie et des Statistiques Sociales (DDSS/INSTAT) et celle du Ministère de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire (MDAT) à l’époque, mais séparé maintenant .

Au second degré, la base de sondage est constituée de la liste exhaustive des exploitations agricoles identifiées lors du dénombrement des Fokontany échantillons. Le tirage des échantillons au premier degré a été fait avec probabilité égale et sans remise dont le taux de sondage est de 30 %. Il a été fait de manière indépendante dans chaque strate (District). Les exploitations agricoles échantillons sont obtenues à travers un tirage aléatoire avec probabilité égale et sans remise et de manière indépendante dans chaque Fokontany échantillon. Le taux de sondage est de 7 %. Quelques anomalies et imprévus ont été constatés sur le terrain. Certains chefs d’exploitation sont décédés, d’autres ont migré. Quelques Fokontany n’ont pu être visités à cause de l’insécurité, comm e le cas de , notamment. La phase terrain a duré 20 jours. Le panel est ainsi constitué de 394 exploitations, soit 88 % de l’échantillon de base. Si le chef d’exploitation n’habite plus le village lors du passage de l’enquêteur, soit parce qu’il a m igré pour une longue durée soit pour cause de décès, il est remplacé par le nouvel occupant de son habitation ou l’exploitant actuel de ses parcelles. Ce cas représente 53 nouveaux exploitants.

Tableau 1. Nombre d’échantillons

2005 2013 Nombre Nombre de Nombre de Nombre Nombre District de l’échantillon l’échantillon d’exploitation d’exploitation Panel Fokontany de de

Fokontany Fokontany Amboasary 174 44 334 24 132 121 Atsimo Ambovombe 276 58 399 35 209 177 Tsihombe 62 21 226 15 106 96 TOTAL 512 123 959 74 447 394 Source : Données RGA-2005 et données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

5

Le recrutement des enquêteurs a été basé sur les critères suivants : maîtrise parfaite des dialectes , bonnes conditions physiques, aptitude à la communication et aux relations humaines, plus particulièrement en milieu paysan. Les superviseurs ont été plutôt choisis par rapport à leurs expériences et réussites avérées en matière de contrôle et supervision d’enquêtes, notamme nt dans les régions concernées par cette étude. La formation de l’équipe a eu lieu à Ambovombe durant les deux premiers jours.

L’enquête proprement dite a duré 15 jours. La saisie et l’apurement des données ont été effectués à Antananarivo. Globalement, l es données sont de bonne qualité. La liste d’erreurs n’est pas épaisse.

La limite de la méthodologie utilisée est qu’en recherchant la représentativité, elle apporte une idée globale de la situation, mais ne contient pas une analyse des particularités qui peuvent constituer des exceptions ou des réalités dans certaines parties des deux Régions. De même, l’étude de la filière semence n’est pas exhaustive par rapport aux variétés de semences qui devraient être concernées par l’analyse. Les variétés plutôt an alysées en détail sont celles vulgarisées par le GRET, mais les autres variétés développées par d’autres organismes ne sont pas analysées en profondeur dans cette étude.

I.3. PHASE D ’ANALYSE ET DE REDACTION

Le dépouillement statistique, l’analyse de donnée s ainsi que la rédaction du document final a pris deux mois. Cette phase a nécessité l’utilisation des techniques de statistique descriptive et de cartographie. Afin de couvrir entièrement toute la zone d’étude à travers les illustrations cartographiques, les données collectées ont été extrapolées en utilisant le poids de chaque Commune et en appliquant ensuite la méthode de calage à partir des données du RA 2005. L’analyse est à la fo is qualitative, avec les résultats de différents entretiens individuels et des observations directes, et quantitative grâce aux données chiffrées issues des enquêtes représentatives.

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II. PRÉSENTATION DE LA ZONE D’ÉTUDE

La zone d’étude, celle du Projet SOA, est constituée par trois Districts de l’extrême Sud de Madagascar, à savoir d’Est en Ouest Tsihombe et Ambovombe de la Région Androy et Amboasary Atsimo de la Région Anosy, majoritairement de peuplement Antandroy. Le District d’Ambovombe s’étend du littoral au nord de la Région Androy.

Le District d’Amboasary est constitué d’une zone spécifique qui est celle du Bas -Mandrare (fleuve traversant les Communes de Tanandava et Amboasary).

Le District de Tsihombe, le moins étendu avec une surface de 2513 km² (4 fois moins que pour celle d’Amboasary Atsimo), appartient en grande partie à la zone du littoral. L’ensemble de la zone d’étude s’étend alors sur 19.200 km².

Les reliefs et les microclimats se différencient sensiblement du sud au nord, allant des dunes littorales de forte érosion éolienne à des plateaux collinaires fertiles et à conditions hydro- climatiques plus clémentes en passant par des pénéplaines de bush à climat aride à potentialités pastorales (cf. carte n° 1 et2).

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III. DIAGNOSTIC DU SYSTÈME AGRAIRE

L’analyse – diagnostic du système agraire des Région s d’Androy et d’Anosy – a pour but d’identifier les éléments qui conditionnent l’évolution des systèmes de production agricole. Il s’agit de décrire les caractéristiques démographiques et ethno -sociales, le foncier, les conditions agro-climatiques et agro-écologiques, les modes et techniques de mise en valeur, la production agricole. On se penchera particulièrement sur les caractéristiques et le fonctionnement des exploitations agricoles. Ce diagnostic ressortira les spécificités de chaque District et même de quelques Communes, permettant aussi de faire le lien avec l’analyse de la filière semence par la suite. Cette partie part des bases historiques (migration, mode d’accès aux biens, valeur accordée aux ressources, etc.) pour caractéris er les zones d’étude et expliquer l’évolution vers le système de production agricole existant actuellement.

III.1. CARACTERISTIQUES SOCIALES ET AGRO - ECOLOGIQUE DES ZONES ETUDIEES

III.1.1. Population et pressions sur les ressources naturelles

L’ensemble de la population, pour les trois Districts étudiés en 2013, est très jeune. Les enfants de moins de 15 ans représentent 54% de la population totale. De 2005 à 2013, en huit ans, la population a augmenté en moyenne de 27%, soit un rythme d’environ 3% par an, un peu plus élevé que le taux de croissance national estimé à 2,8% par an.

Tableau 2. Tableau 2- Evolution de l’effectif de la population de 2005 à 2013

Variation District 2005 2013 en huit ans Ambovombe 272 414 348 053 27,77% Tsihombe 86 946 109 692 26,16% Amboasary Atsimo 131 965 169 436 28,39% Source : Données « diagnostic du système agraire et étude filière semence »-2013

Historiquement, la majorité de la population s’est installée sur les littoraux dans la zone sédimentaire. La bande littorale comprise entre et Tanandava-Sud présente la plus forte densité de la population avec une moyenne de 120 hab/km². Plus on s’achemine vers le nord, plus cette densité de la population s ’affaiblit ; elle est de 52 hab/km² dans le District d’Ambovombe, de 44 hab/km² à Tsihombe et de 16 hab/km² à Amboasary Atsimo. En effet, la migration massive de la population vers le sud s’est faite à partir des années successives

8 de sécheresse et de crise alimentaire de 1930, 1943 et de 1956. Elle est aussi liée à la rareté des puits dans la partie nord. Cette forte migration a dicté les pratiques jusqu’à aujourd’hui, d’où une concentration des ménages comptant le plus d’individus (supérieurs ou égaux à 6 par ménage) dans les zones sédimentaire et intermédiaire, c'est-à-dire au sud et sur une partie de la bande centrale. Ce phénomène démographique qui distingue la partie sud de la zone d’étude est bien délimité sur la carte suivante :

Carte 1. Taille des ménages dans la zone du projet SOA

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Ainsi, la croissance démographique a contraint la population à cultiver les zones de pâturages dans les zones surpeuplées, notamment sur la bande littorale. Cette situation a aussi contraint certains éleveurs à pratiquer la transhumance vers le centre et la zone cristalline. Les zones de pâturages permanentes et les zones forestières tendent à disparaître sous les actions anthropiques. Mais la divagation des bétails génère très souvent des conflits surtout dans les zones surpeuplées, malgré le système de gardiennage des bœufs instauré et mutualisé dans chaque village. Pour faire face à cette situation, la population s’ est ouverte aux nouvelles techniques de production agricole, comme la pratique de jachère. Une pratique qui consiste à laisser le champ au repos, faisant ainsi pousser les herbes.

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Concernant les ressources forestières, les espaces boisés se font aussi rares, et la plupart de ceux qui restent sont des endroits sacrés comme le « kibory » ou cimetière. Les feux de brousse dans la zone cristalline détruisent les plantes endémiques et la biodiversité au profit des savanes pyrophytes. Les zones d’habitations (Ambovombe, Amboasary, Tsihombe) se développent et s’étendent au détriment de la couverture forestière, avec l’exploitation des bois à usage multiple : cons truction de nouveaux bâtiments, utilisation en tant qu’énergie (bois de chauffe), clôture de la propriété, pharmacopée traditionnelle. Sans connaître les valeurs commerciales de ces bois, la population a surexploité le Dalbergia (palissandre), Cedrelopsis ( Katrafay ) et Alluaudia ( Fantsilotse ) qui n’ont pas été renouvelés de manière proportionnelle par rapport aux ressources utilisées.

MESSAGE CLE 1 :

La taille de la population a beaucoup évolué ces huit dernières années, soit de 2005 à 2013, dans l’Androy et l’Anosy. Une croissance de 27% a été notée, ce qui augmente le nombre de population qui occupe, en majorité, la zone littorale. Cette forte présence démographique exerce une pression sur les ressources naturelles, notamment à travers le surpeuplement des zones de pâturages sur le littoral. Les zones de pâturages et les zones forestières ont été progressivement réduites sous l’effet des feux de brousse, les extensions des zones d’habitation et les autres activités des hommes sur les ressources naturelles.

III.1.2. Organisations sociales et traditions

L’ethnie majoritaire est l’Antandroy, et dans les villes, on rencontre d’autres ethnies comme les Betsileo, les Bara et les Sakalava qui cohabitent. En milieu rural, la cohésion sociale est basée sur l’appartenance lignagère ( raza ). Ce groupe de parenté réelle ou sociale reste assez fort. Globalement, chaque Commune est habitée ou dominée par un clan. Les clans dominants sont les premiers installés et ils se retrouvent en surnombre par rapport aux clans rattachés qui sont venus s’installer plus tard. Par exemple, à Ambovombe, le clan dominant est le sevohitse et le clan rattac hé l’a njeka . La grande famille ( tarike ) constitue l’échelon de base de la société Antandroy, formant souvent un hameau d’habitation avec l’existence d’un parc à bœufs ( zoloke ). Elle est confondue avec le fokonolona et est soumise à l’autorité d’un chef vil lageois. Les marques d’oreille s des zébus indiquent la noblesse et l’appartenance lignagère du propriétaire : celle sur l’oreille droite indique le clan auquel le propriétaire appartient, tandis que celle de gauche exprime la communauté d’origine du zébu. Cela

10 reflète l’importance culturelle accordée à la fois au lignage et au zébu, lequel est signe de richesse de ce lignage.

Les modes d’activités agricoles sont aussi étroitement liés au mode d’organisation sociale. Les recours aux entraides font partie des pratiques courantes notamment chez les agriculteurs. Les formes d’entraide dépendent des besoins des demandeurs et des circonstances. Le « Kiomba » est une forme d’entraide tournante dans le cadre des travaux des champs. Depuis l’utilisation des charrues, cette pratique devient de moins en moins fréquente. Les liens familiaux entre belles-familles se renforcent par des entraides dites «findrane » ou services réciproques.

Par ailleurs, au- delà des activités économiques, certains produits agricoles et d’éleva ge, comme le niébé, le sorgho et le miel, sont utilisés pour les offrandes et les zébus pour les sacrifices pendant les rites traditionnels dirigés par le chef spirituel ( Mpisoro ou Mpitana hazomanga ). Les relations entre les hommes et les femmes ainsi que les rôles attribués à chacun déterminent aussi leurs responsabilités dans les activités domestiques, sociales et économiques. Pendant les réunions communautaires, les hommes regroupés d’un côté, participent activement à la discussion, et les femmes et les enfants assis à même le sol, rassemblé s de l’autre côté, assistent, mais n’ont pas droit à la parole. Grâce à l’incitation auprès des femmes à travers les différents projets/programmes qui utilisent l’approche genre, certaines femmes s’engagent dans une p lus grande prise de responsabilité, notamment comme membres de bureau d’une association.

La polygamie est une pratique courante encore présente dans les sociétés actuelles de la Région. Un homme peut avoir 2 ou 3 femmes, voire plus, avec l’autorisation d e la première femme et en échange de zébus ou autres biens jugés de grande valeur.

Globalement, les femmes n’héritent ni des terres, ni des zébus. Elles n’ont pas droit à la propriété, mais elles ont un droit d’usage. Elles ne peuvent ni vendre, ni transfé rer les biens qui leur ont été confiés, sauf les volailles. En l’absence physique de l’homme (décédé ou autre quelconque motif), le frère du mari décide à la place de l’absent. Ainsi, si l’homme a le pouvoir de décider sur l’ utilisation des biens possédés, la femme assure quelques tâches quotidiennes de gestion et de production agricole.

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MESSAGE CLE 2 :

Les communautés du Sud maintiennent leur cohésion sociale basée sur l’appartenance lignagère ( raza) et cela renforce l es groupements claniques. Cette organisation sociale est notamment exploitée dans les pratiques courantes des ménages agricoles à travers les entraides. La répartition des responsabilités entre les hommes et les femmes dans les activités domestiques, socia les et économiques se base aussi sur une organisation sociale bien définie : l’homme dans le ménage possède l’autorité décisionnelle concernant les biens possédés. Le rôle des femmes a été, ces dernières années, renforcé par les projets/programmes qui encouragent leur prise de responsabilité dans les associations ainsi que leur participation aux réunions.

III.1.3. Conditions agro-climatiques

Le climat du Sud est très hétérogène. Des variations importantes ont souvent lieu à l’intérieur d’un District ou mêm e, à l’intérieur d’une Commune. Au niveau des Fokontany, on peut observer également un microclimat local dû, par exemple, aux jonctions de deux types de climats différents. Ainsi la classification des climats par l’agronome R. Dufournet reflète bien les réalités de cette partie du Sud. En effet, il a distingué quatre types de climats pour le Sud de Madagascar qui caractérisent bien les trois Districts étudiés.

Le climat tropical sub-aride et chaud caractérisé par une longue période sèche pouvant aller de 9 à 11 mois avec une pluviométrie annuelle moyenne de 400 mm. L’année est généralement découpée en trois saisons : chaude et pluvieuse de novembre à février, chaude de mars à mai, fraîche et sèche de juin à octobre. D’où la possibilité de pratiquer la culture de contre-saison dans la partie sud de la Région, tandis que la contre- saison n’existe pas dans le nord. Généralement, la pratique agricole est difficile sauf pour les plantes résistantes à la sécheresse. Les Communes de Tsihombe notamment Marovato et Faux- cap, qui se trouvent au bord de la mer, sont sous ce type de climat.

Le climat tropical semi-aride et chaud dans l’extrême Sud de Madagascar se distingue par l’instabilité de la pluviométrie . Il peut pleuvoir, quelques jours par mois avec des faibles précipitations annuelles ne dépassant pas 600 mm, ou pas du tout pendant l’année. C’est le cas du littoral du District d’Ambovombe avec des vents du Sud et du Sud -Est ( tioka atsimo et tiomena ). Les spéculations agricoles pratiquées sont les cultures résistantes à la sécheresse et aux vents.

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Quant au climat tropical sub-semi-aride et chaud, la sècheresse dure 7 à 8 mois avec une pluviométrie comprise entre 400 mm et 600 mm. La principale saison de pluie est concentrée de décembre à mars. Ce type de climat couvre une bonne partie des Communes des Districts de Tsihombe, d’Ambovombe et une partie des deux Communes du District d’Amboasaryqui sontBehara et . À , la pratique de la riziculture est possible grâce à l’installation de barrages et de canaux d’irrigation.

Le climat tropical sub-semi-humide et chaud, avec une précipitation moyenne annuelle comprise entre 600 mm et 1200 mm, domine le climat du District d’Amboasary Atsimo. Dans certains endroits comme à Tsivory, la riziculture est pratiquée grâce aussi à des aménagements hydro-agricoles.

Carte 2. Type de climat de la zone du projet SOA

Source : Extrait de la carte dans Données structurelles concernant la sécurité alimentaire, SAP Madagascar/AEDES/Union Européenne, 2001.

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III.1.4. Conditions agro-écologiques

Le Sud est divisé en trois zones agro-écologiques : la zone sédimentaire, la zone intermédiaire et la zone cristalline.

La zone sédimentaire se trouve sur la partie sud, sur la bande littor ale d’Ambovombe et de Tsihombe. On y observe une pénéplaine. Généralement, les vents y sont violents et asséchant. L’avancement des dunes à l’intérieur des terres, la forte inclinaison des arbres et les tourbillons de poussière prouvent l’intensité éolienn e de cette zone. Les sols sont constitués de grès calcaires, de sables blancs apportés par les vents et essentiellement de sable roux. Ils sont très fragiles et pauvres en matières organiques, mais très cultivés en raison des nécessités alimentaires.

On rencontre très souvent des brouillards dans la sous-zone de Faux-Cap. Ce qui contraste avec la sous- zone du Lac Anony et d’Ambovombe qui est livrée en permanence à des vents violents et asséchant. Les cours d’eau sont inexistants. En effet, l’eau pénètre en profondeur dans le sol. L’accès à l’eau constitue un problème majeur. Les cultures pratiquées sont diversifiées et sont essentiellement vivrières : maïs, sorgho, patate douce, manioc, légumineuses comme le antake (dolique). Le ricin ( Ricinus communis ) et la pervenche (Catharanthus roseus ) poussent à l’état sauvage.

La zone intermédiaire au centre est une pénéplaine de transition allant du littoral des Districts d’Amboasary, d’Ambovombe et de Tsihombe jusqu’à la zone nord, dans les Communes de et d’ . Les sols sont rouges et peu humifères. Le climat est très sec avec une faible pluviosité au fur et à mesure qu’on avance à l’intérieur. Cette zone était couverte principalement de bush xérophytique, Alluaudia ( fantsilotse ) et de mimosées épineuses dites le « roy » d’où justement l’appellation « Androy ». Ces arbustes, certains épineux, commencent à disparaître sous la pression démographique. De nombreuses mares se forment cependant dans ce milieu au nord de . L’élevage de bovins, caprins et ovins y est très prépondérant et constitue une activité dominante, suivi de l’apiculture et de l’agriculture de subsistance tels le maïs, le manioc, la patate douce, le dolique, le niébé et les cucurbitacées (melon, courge, pastèque).

La zone cristalline est située dans la partie nord. Le relief est formé de plateaux collinaires. Les sols sont rouges ferralitiques, rocailleux et sensibles à l’érosion, ils sont couverts de savane arborée ( sakoa ). Sur les nappes d’épandage assimilables à des bas -fonds, on rencontre des sols argileux noirs très fertiles. La terre cultivable n’atteint qu’environ 10 % de la superficie totale de la zone cristalline. Grâce à une pluviosité plus abondante par rapport

14 aux deux zones précédentes, les ruisseaux ( sakasaka ) sont plus nombreux avec un peu d’eau en permanence. Cette zone encore à faible densité de population offre des espaces pour les pâturages et de lieu de transhumance des troupeaux venant de la zone sédimentaire. L’élevage y reste une activité importante et ne cesse d’attirer des velléités d’actes des dahalo 6. Dans les bas-fonds, les paysans cultivent des plantes vivrières, la canne à sucre, le voanjobory (pois de bambara) ou l’arachide. Les cultures exigeantes en eau semblent adaptées dans cette zone.

Carte 3. Répartition des trois zones agro-écologiques dans la zone du projet SOA

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

6 Voleurs de zébus

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MESSAGE CLE 3 :

Les trois zones agro -écologiques dans l’Androy et l’Anosy sont bien distinctes : sédimentaire, intermédiaire et cristalline. La première, sur la bande littorale, est caractérisée par des sols fragiles et pauvres mais très cultivés. Les cultures résistantes à la sécheresse (manioc, patate douce) y sont très pratiquées. La deuxième, au centre, est aussi dotée d’un climat très sec mais d’autres types de cultures servant à la subsistance (cucurbitacées) se rajoutent aux plantes à tubercules. Les activités d’élevage y sont également plus courantes (bovins, caprins, porcins). La troisième, se trouvant au nord, dispose de moins de terres cultivables, tandis que la pluviosité y est plus abondante. Elle est caractérisée par l’élevage et la pratique de cultures plus exigeantes en eau (ex : canne à sucre).

III.1.5. Statut foncier et accès à la terre

Le Service des Domaines existe à Ambovombe depuis 1970. Il a enregistré 395 titres fonciers exclusivement urbains. Aucun titre n’est encore délivré aux paysans ruraux. Le guichet foncier est aussi fonctionnel depuis 2008 à Ambovombe et a délivré jusqu’ ici 10 certificats fonciers. Dans le District de Tsihombe, on compte 80 titres fonciers délivrés. Les guichets fonciers communaux y sont relativement nombreux, actuellement au nombre de 7.

En général, les paysans sont quasiment déconnectés de ces services fonciers. Plusieurs facteurs expliquent cette déconnexion : éloignement du service foncier, faible taux d’alphabétisation, procédures d’acquisition assez longues, en plus d’être coûteuses et opaques, manque d’information sur les services fonciers et les r ègles foncières, prédominance du traditionnel. En effet, selon le régime foncier en vigueur à Madagascar depuis l’indépendance en 1960, l’Ordonnance n°60 -146 du 3 octobre 1960, inspirée du système domanial de la colonisation française et du Torrens Act australien, la terre appartient à l’État, lequel reconnaît les droits d’utilisation traditionnelle en immatriculant ces terres comme propriétés privées (André Teyssier, 2010), sous condition cependant d’une preuve de mise en valeur de 10 ans au moins.

Les pro cédures de demande d’acquisition d’un terrain domanial ne sont guère à la portée des paysans, puisqu’elles sont très longues : vingt-quatre étapes durant environ six ans (André Teyssier, 2010). Elles sont aussi coûteuses avec beaucoup d’imprévus. Les frais dépendent du prix du terrain, du coût de bornage qui se calcule au prorata de la superficie, des frais de déplacement pour la reconnaissance et varient selon l’éloignement du terrain.

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En revanche, les demandeurs ayant des moyens financiers conséquents peuvent obtenir un titre en deux mois à Ambovombe. Ils deviennent ainsi une menace pour la sécurité foncière.

En parallèle et face à la complexité de l’immatriculation foncière, le droit coutumier continue de régir le système foncier en milieu rural. L’acquis ition de terre se fait par le traçage de « efitra » ou délimitation avec des haies de cactus ou des plantations d ’arbres. Les habitants reconnaissent les propriétés lors d’une réunion suivie d’un kabary (discours ) d’institution de « dina », sorte de convention communautaire orale. Tous les actes de partage des héritages se font à travers le kabary. D’ailleurs, 88 % des parcelles recensées en 2013 sont acquises par héritage et sont sécurisées par les autorités traditionnelles par le biais du kabary. L’accès à la terre peut se faire également par don, par achat ou par emprunt. L’acquisition par achat est plus fréquente dans la partie Sud par rapport aux autres zones. La présence des guichets fonciers dans cette partie des trois Districts, qui est à proximité des structures d’Administration étatiques, a en effet facilité l’acquisition formelle des terrains. Néanmoins, cette pratique reste plutôt marginale, puisque seule la Commune de Tsimananada regroupe plus de 20% de terrains achetés. Ce pourcentage dépasse également 20% à Andalatanosy où le développement des cultures pérennes, entre autres l’arachide, a pris de l’importance et la nécessité de sécuriser les terres serait plus grande.

Le métayage (moitié de la production au propriétaire et l’autre moitié à l’exploitant) et le fermage ( location) seraient peu répandus. Suite à la pression sur les terres cultivables, ces pratiques tendent même à disparaître. L’enquête de 2013 illustre ces propos en révélant que 94 % des parcelles sont en mode de faire-valoir direct, c'est-à-dire que le propriétaire exploite directement ses parcelles. Le don concerne seulement 2,7 % des parcelles en 2013 contre 7 % en 2005. La pratique du métayage disparaît progressivement et ne présente plus que moins de 1 % des parcelles suivies. La carte suivante présente la répartition des terrains selon leur mode d’acquisition et affiche la prédominance très marquée de l’acquisition par héritage dans le territoire étudié :

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Carte 4. Répartition des terrains d’exploitation selon le mode d’acquisition

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Dans le système traditionnel, au niveau d’une famille dirigée par un chef masculin propriétaire par héritage (normalement après décès de son père), les terres ne peuvent être transmises à son fils qu’après le décès de cet homme, mais peuvent auparavant être mises à disposition. Si ce fils est chef de ménage ( lohan -tokantrano ), il peut constituer une unité de production avec le champ à sa disposition, organiser la production agricole, gérer le stock issu de cette production et nourrir sa famille au moyen de sa propre cuisine , tout en restant parfois encore dépendant de la main- d’œuvre et de l’équipement de ses aînés et en devant des prémices de récolte à son père, si ce dernier est encore vivant. Si ce fils est encore jeune célibataire, il travaille essentiellement sur les champs du ménage de son père et de sa mère. Si les terres sont disponibles, il peut parfois cultiver une parcelle pour son propre usage, tout en restant rattaché au ménage de sa mère et à la cuisine de celle-ci.

En fait, l’accès à la terre fait partie des critères importants définissant le statut social des hommes, avec la possession de cheptel bovin, la constitution d’un ménage indépenda nt et le nombre des enfants. Quant à la femme, il est d’usage que l’accès à la terre par héritage ne lui soit pas permis. La femme mariée avec enfants dans le système polygame, a son propre foyer mais dépend de l’autorité d u mari qui lui prête une terre à cultiver. Exemple pour le

18 projet SOA, il lui sera difficile d’utiliser une parcelle potentielle de terrain pour la production de semences sans l’accord inconditionnel de son mari.

De nos jours, dans certaines familles, il est pos sible pour une femme d’hériter de terres au moment de l’exécution du testament de son père chef de famille, surtout s’il était très lié à elle. Elle a alors autorité sur ces terres, qu’elle transmettra en héritage à ses enfants. Une femme peut également, l orsqu’elle est veuve, acheter des terres, et devenir une propri étaire terrienne de même ordre – cas vu à (Floriane THOUILLOT et Jérémie MAHARE).

Cette acquisition traditionnelle est encore très dominante et son recours devient de plus en plus fréquent à cause des conflits sur les limites de parcelles. Dans la zone cristalline, les pâturages naturels dominent le paysage. Ils ne sont pas délimités et appartiennent à la communauté, c’est -à-dire aux clans. Durant les trois dernières années, le climat a semblé favorable à l’agriculture. Ce qui favorise l’extension des terres cultivées dans les zones intermédiaires et cristallines, notamment dans les Districts de Tsihombe et Amboasary Atsimo. Dans ces zones, l’espace est encore disponible, contrairement à Ambovombe où l’extension paraît difficile, c ar les terres vacantes et sans maîtres sont quasiment inexistantes. Effectivement, à Ambovombe, les zones de pâturages naturelles n’existent plus. Pour disposer de ces zones, certaines parcelles sont laissées volontairement à l’abandon.

MESSAGE CLE 4 :

Des guichets fonciers sont fonctionnels dans les trois Districts depuis quelques an nées mais ces services fonciers sont encore hors de la portée des paysans, à la fois en raison de l’importance des coûts et la complexité des procédures. Ainsi, l’acquisition de terrain par héritage concerne encore une majorité de 88% des parcelles recensées en 2013. Toutefois, une fréquence relative de l’acquisition de terrain par achat a été notée dans le Sud.

III.2. MISE EN VALEUR AGRICOLE

Malgré les inégalités socioéconomiques entre les ménages agricoles, la conduite des systèmes de production reste assez homogène. L’élevage extensif de ruminants est l’activité des hommes, l’élevage de volaille dans la cour des enclos est l’aff aire des femmes. Les cultures pratiquées se font selon des associations et successions similaires très dépendantes du climat, intégrant des jachères en fonction de la disponibilité en terres, en

19 matériel et/ou en semences. Tous les systèmes de production utilisent les terres collectives disponibles et des pâturages privés, afin de nourrir le bétail et d’en exploiter certaines ressources (cueillette, eau). Les objectifs liés à l’activité de production sont les mêmes pour les différents ménages (référentiel commun, traditions), mais les possibilités de les réaliser dépendent du niveau économique et du cadre de contraintes climatiques et familiales (forte variabilité interannuelle) 7.

III.2.1.Évolution des superficies cultivées par District et par catégorie de cultures

Les enquêtes ont permis d’établir l’évolution entre 2005 et 2013 du nombre total des exploitations agricoles et de la superficie cultivées par District, de même pour la taille moyenne de l’exploitation agricole dans ces Districts 8.

La variation plus que significative du nombre des exploitations à Amboasary Atsimo (24 %) s’explique par la migration continue de la population de certaines zones sédimentaires du littoral et de la zone intermédiaire vers les pâturages et les terrains forestiers du nord. Cette migration est motivée également par la recherche des terres cultivables suite à des bonnes conditions climatiques des trois dernières années.

Le District de Tsihombe fait partie des zones de départ, entraînant une diminution de 2 % du nombre de ses exploitants. Les superficies cultivées ont faiblement varié à la suite des mouvements simultanés de transfert par héritage/vente/location, de morcellement, de migration et d’extension des terres cultivées.

Le nombre accru des exploitants a entraîné partout la diminution (de 20 à 30 % en huit ans selon le District) de la surface moyenne cultivée par exploitation, et provoquant ainsi la recrudescence des litiges : problème de chevauchement des limites de parcelles, détention durable de terre empruntée, co nflits d’ héritage, etc. La pression sur la terre cultivable est réelle. Selon l’entretien pendant le s focus groupe, depuis la crise politique de 2009, la sécurité n’est plus assurée et les riches disposant de plusieurs têtes de zébus ont préféré abandonner l’élevage et plutôt s’investir à l’achat et à la mise en valeur des terrains.

7Patetsos, E. Agriculture et développement en pays Antandroy : l’expérience du projet FASARA. GRET, GSDM, Objectif Sud, 210p. 8 Le nombre d’exploitations enquêtées étant de 447, les nombres inscrits dans ce tableau sont ceux déjà extrapolés.

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Tableau 3. Évolution des superficies cultivées (en Ha) aux niveaux exploitations et Districts et nombre d’exploitations

Tsihombe Ambovombe Amboasary Ensemble (cumul) Nombre total d’exploitations 2005 37 049 121 155 59 252 217 456 dans le District 2013 36 370 123 395 73 593 233 358 % d’évolution -2 % 2 % 24 % 7 % Superficie totale cultivée 2005 8 503 29 035 15 830 53 367 dans le District 2013 8 978 28 395 17 183 54 558 % d’évolution 6 % -2 % 9 % 2 % Superficie moyenne en ha de 2005 0,64 0,68 0,78 0,70 l’exploitation 2013 0,50 0,42 0,56 0,48 % d’évolution -22 % -38 % -28 % -31 % Source : Données RGA-2005 et données et de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »- 2013.

Il a été aussi possible de dresser la distribution des cultures pratiquées dans chacun des Districts d’étude, en termes de surfaces et de parts dans l’ensemble. On a identifié 26 spéculations différentes. Mais pour simpli fier l’analyse, il est avancé un regroupement rationnel de certaines spéculations en catégories tel qu’il se présente ci -dessous :

Tableau 4. Catégorisation des types de cultures

CATÉGORIES Type de cultures Céréales riz, maïs, sorgho Tubercules manioc, patate douce, taro Légumineuses antake (dolique), haricot, voanjobory (pois de bambara), voanemba (niébé), pois du cap, autres grains Oléagineux arachide Cultures de Canne à sucre, ricin, tabac rente/industrielles Cucurbitacées Citrouille, pastèque, concombre, courge, courgette Cultures maraîchères Choux, choux de chine, petsay (choux de Chine), tomate, carotte, oignon, autres racines et bulbes Fruits Cactus et autres fruits Source : « Diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Cette catégorisation a permis de dresser un tableau qui explicite l’étendue des exploitations correspondant à chaque groupe de culture par District. Les trois Districts affichent tous une croissance des superficies cultivées. Celle-ci est passée de très faible à modeste en considérant les huit ans entre les deux observations : +1 % pour Ambovombe, +8 % pour Tsihombe et +12 % pour Amboasary Atsimo. Cette augmentation est essentiellement due au développement notable de la maïsiculture et accessoirement de la culture d’arachide (voir en annexe la carte de répartition de la culture d’arachide), de légumes et de légumineuses (hors antake (dolique) telles que haricot, voanjobory (pois de bambara), voanemba (niébé), pois

21 du cap. Ces cultures se sont développées grâce aux conditions, notamment pluviométriques, qui ont été favorables, du moins durant ces trois dernières années.

Cependant, ils se différencient beaucoup par :

Z L'importance de ces superficies : Ambovombe se tient de loin en tête avec 28 400 ha, soit plus de trois fois la surface totale à Tsihombe et un écart de 80 % par rapport à celle d'Amboasary Atsimo. Amboasary Atsimo confirme ses contraintes physiques de mise en valeur (reliefs accidentés et sols peu fertiles), relativement à Ambovombe où les paysans sont plus avantagés par l'étendue des terres de plateaux et des terres cultivables ; Z La distribution des spéculations agricoles dans l'espace : d’abord, la riziculture ne se pratique que dans le District d'Amboasary Atsimo à la faveur des ressources du réseau hydrographique de la Mandrare. Mais elle n'y est plus dominante et se trouve même très diminuée en huit ans (de 33,8 % à 11,2 % de la surface totale agricole, la reléguant à la 5ème place des cultures). Les paysans ont délaissé la culture de riz à cause de plusieurs facteurs : les maladies du riz se manifestant par des panicules blanches avec des épillets vides, des feuilles rabougries de couleur de paille et parfois blanchâtres, (maladie qui ressemble beaucoup à la pyriculariose, voir photo ci- dessous montrant des plages de desséchement des feuilles) et entrainant la diminution de rendement des récoltes; la décimation du cheptel utile aux travaux (actes des dahalo ), suivie de la forte tendance récente à la décapitalisation (vente de bétail à destination d’autres régions) chez les riches éleveurs de peur d’être attaqués par les dahalo ; d’autant plus que la culture du riz exige beaucoup de travaux.

Parcelle de riz à Behara atteinte d’une maladie de plante (voir description ci-dessus)

L’exploitation agricole est pour la plupart vivrière, un point saillant commun pour les trois Districts. Les produits de base pour l'alimentation, c'est-à-dire le maïs, le manioc, et la patate

22 douce, occupent une part importante des exploitations. En termes de part, on note un net développement de la culture de maïs, il est enregistré une croissance de 8,5 % (Ambovombe) à 22 % (Amboasary) grâce au climat particulièrement favorable. Ambovombe reste une grande zone productrice de manioc (10 827 ha en 2013) et de patate douce (4331 ha) malgré un recul respectif de 8 % et 5 %. Tsihombe a aussi essuyé une régression beaucoup plus forte, respectivement -10 % et -15 % pour ces deux cultures. En revanche, les producteurs d'Amboasary Atsimo ont visiblement complété la compensation de l'effondrement de la riziculture par au moins le maintien de l'étendue des cultures de manioc et de patate douce en plus du développement de la maïsiculture.

La répartition de la culture de maïs sur la carte ci-dessous présente une forte concentration sur les littorales des trois Districts. Cette partie de la zone sédimentaire est en effet la plus favorable à cette culture avec une humidité plus marquée bien que soumise à un climat tropical sub-aride et chaud. Les C ommunes de jusqu’à Ambazoa, puis Sampona, Amboasary Atsimo et Behara sont ainsi les plus grandes cultivatrices de maïs. Plus de 40% des superficies des parcelles sont des cultures de maïs. Le sorgho qui dominait auparavant les terrains d’Ambazoa a notamment été remplacé par le maïs. Viennent ensuite quelques communes de la zone intermédiaire, où le maïs occupe entre 20 et 40% des superficies, à savoir Antanimora Atsimo, Ambohimalaza et Ifotaka.

Carte 5. Répartition des cultures de maïs dans la zone d’étude selon les superficies cultivées

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

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La culture de manioc est plus favorable en zones intermédiaire et cristalline. Elle occupe une grande majorité des superficies cultivées à Marovato Befeno (87%), Analamary (85%) et Ranobe (70%). Cette culture s’adapte en effet très bien aux conditions clim atiques dans ces zones assez peu humides car elle résiste à la sécheresse. La culture de manioc couvre quasiment toute la zone d’étude, à l’exception de quelques Communes comme Anjampaly, Behara et qui sont beaucoup plus favorables à la culture de maïs.

Carte 6. Répartition des cultures de manioc dans la zone d’étude selon les superficies cultivées

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Quant à la patate douce, les plus importantes parts d’exploitations sont situées dans les zones sédimentaire et intermédiaire. Cette culture résistante à la sécheresse couvre 41% des superficies cultivées à Ambanisarike. Une grande majorité des Communes de la zone d’étude pratiquent cette culture sur moins de 20% des superficies , à l’exception de certaines Communes comme Tsihombe, Antanimora Atsimo, et Eloty. Cette dernière, par exemple, est soumise au climat tropical sub-semi-aride et chaud et développe plutôt la culture de légumineuses.

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Carte 7. Répartition des cultures de patat e douce dans la zone d’étude selon les superficies cultivées

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Les autres cultures sont de faible envergure. On ne distingue que les légumineuses qui représentent 4% (Amboasary Atsimo) à 14% (Ambovombe) et comprennent essentiellement le antake (dolique) , mais qui est en régression, et le voanemba (niébé). Des traces de haricot et de voanjobory (pois de bambara) apparaissent sporadiquement. L'évolution des surfaces est globalement positive et c'est principalement attribuable au développement de la culture de voanemba (niébé), principalement à Ambovombe où elle concerne plus de 10% des superficies : 20% à et 19% à Tsimanato. Toutefois, , dans le District de Tsihombe, est la plus grande Commune cultivatrice de voanemba (niébé), soit 30% des cultures existantes dans cette localité. Les cultures légumières et fruitières sont insignifiantes, on en relève juste un embryon de croissance pour les légumes à Ambovombe. La présence des cultures de rente comme la canne à sucre, le tabac et le ricin, est symbolique.

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MESSAGE CLE 5 :

Les superficies cultivées ont augmenté entre 2005 et 2013, principalement grâce aux cultures de maïs, d’arachide et de légumineuses. La pratique de riziculture à Amboasary Atsimo a diminué en raison des maladies qui ont attaqué les plantes. Les produits de base de l’alimentation dominant sont le maïs sur le litto ral, le manioc dans les zones intermédiaire et cristalline, et la patate douce dans les zones sédimentaire et intermédiaire. Les terres cultivées dans les zones intermédia ires et cristallines s’étendent sous l’effet de la migration vers cette zone suite aux bonnes conditions climatiques durant ces trois dernières années. En général dans toute la zone d’étude, le nombre d’exploitants s’est accru, ce qui entraine une diminution de la surface moyenne cultivée par exploitation et une augmentation des litiges liés au foncier et à l’exploitation.

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Tableau 5. Surfaces occupées par les cultures principales et leurs parts respectives dans les Districts

TSIHOMBE AMBOVOMBE

2005 2013 2005 2013 2005 2013 Surface Surface Surface Surface Surface Surface CATÉGORIES % % % % % % en ha en ha en ha en ha en ha en ha Riz 0 0,00 0 0,00 0 0,00 0 0,00 4965 31,37 1616 9,41 Maïs 2259 26,57 4263 47,48 4524 15,58 6821 24,02 3217 20,32 7307 42,53 Autres céréales 177 2,08 6 0,07 37 0,13 399 1,40 82 0,52 173 1,00 Manioc 3552 41,77 2868 31,95 13 357 46,00 10 827 38,13 4149 26,21 4649 27,06 Patate douce 1779 20,92 549 6,12 5973 20,57 4331 15,25 1418 8,96 2107 12,26 Autres tubercules 0 0,00 79 0,27 2 0,01 Antake (dolique) 83 0,98 234 2,61 2528 8,71 1381 4,86 324 2,05 262 1,52 Autres légumineuses 424 4,99 676 7,53 270 0,93 2651 9,34 231 1,46 479 2,79 Arachide 0 0,00 154 1,71 768 2,65 1598 5,63 230 1,45 234 1,36 Cultures de rente 4 0,05 53 0,59 203 0,70 94 0,33 195 1,23 6 0,04 Cucurbitacées 10 0,12 120 1,34 89 0,31 14 0,05 43 0,27 17 0,10 Légumes divers 0 0,00 0 0,00 44 0,15 255 0,90 5 0,03 30 0,17 Fruits 0 0,00 0 0,00 0 0,00 24 0,09 38 0,24 0 0,00 TOTAL 8288 97,47 8979 100,00 28 056 96,63 28 396 100,00 15 276 96,50 17 184 100,00 N,B, Les restes des surfaces totales sans cultures (ex, 100-97, 47=2,53 % pour Tsihombe en 2005) représenteraient la mise en jachère,

Source : Données RGA-2005 et données et de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

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III.2.2.Taille moyenne des parcelles et emplacement des cultures

La taille moyenne des parcelles dans chaque District n’a pas beaucoup évolué depuis 2005, avec un taux de variation allant de -3 % à Ambovombe à 5 % à Amboasary Atsimo. Paradoxalement, les superficies cultivées (totales) peuvent évoluer (voir tableau 3).Cette légère variation de la taille moyenne des parcelles peut d’ailleurs être due à l’écart de mesure de la superficie étant donné que la méthodologie utilisée en 2005 a été le métrage avec boussole tandis qu’en 2013, la mesure s’est faite avec des GPS.

En huit ans, de 2005 à 2013, le nombre moyen de parcelles par exploitation reste autour de 3 parcelles dans chaque District. La possession de 3 parcelles permet aux paysans de diversifier leurs cultures en guise de stratégie de sécurité alimentaire face à des périodes d’incertitude par rapport au climat. Mais l’inégalité par rapport à l’accès à la terre est énorme. En effet, la moitié des exploitants ont moins de 3 parcelles et un quart, sans doute les plus riches, dispose 4 à 10 parcelles avec une superficie totale par exploitation pouvant aller jusqu’à 15 ou 26 ha.

Tableau 6. Taille moyenne des parcelles des exploitations agricoles en m²

Tsihombe Ambovombe Amboasary Superficie moyenne en m² 2420 2293 2972 des parcelles en 2013 Superficie moyenne en m² 2322 2352 2832 des parcelles en 2005 Taux de variation 4 % -3 % 5 % Minimum (2013) 82 33 41 25 % ou quartile1 969 873 937 50 % ou quartile2 1 655 1 552 1 961 75 % ou quartile3 3 339 2 839 3 696 Maximum (2013) 17 238 20 000 26 381 Source : Données RGA-2005 et données et de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »- 2013.

Quant à l’emplacement des cultures, celles qui exigent plus de soin ou à récolte facile (cueillette), telles que les cultures maraîchères et l'arboriculture fruitière, sont en général pratiquées près de la résidence de l'exploitant (moins de 400 m). Les parcelles consacrées aux cultures de base telles que le manioc, le maïs et la patate douce, et celles des légumineuses, se trouvent à des distances moyennes comprises entre à 1 à 2 km.

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III.3. MODE DE PRODUCTION III.3.1. Mode de labour et u tilisation de la main d’œuvre pour les activités agricoles

Les techniques de mise en valeur peuvent être appréciées à partir du mode de préparation des sols. Il importe de rappeler que la culture attelée avec la vulgarisation de la culture en ligne n'a été introduite dans le Sud de Madagascar qu'au début des années 1970 dans le cadre de deux projets gouvernementaux successifs, l’«Opération Androy » et l'« Opération charrue ». Cette dernière a vu un grand engouement des paysans qui appréciaient le bénéfice d'un subventionnement du prix de la charrue et la possibilité d'accroître les surfaces cultivées.

Tableau 7. Mode de labour des cultures (riz irrigué et autres cultures)

TSIOMBE AMBOVOMBE AMBOASARY 2005 2013 2005 2013 2005 2013 Angady (bêche) (ha) 5405 4472 9905 11 148 4658 7763 Part 64 % 50 % 34 % 39 % 42 % 50 % Var° -17 % 13 % 67 % Charrue (ha) 2881 4503 18 007 17 201 5317 7594 Part 34 % 50 % 62 % 61 % 48 % 49 % Var° 56 % -4 % 43 % Piétinage(ha) 237 209 Part 0 % 0 % 0 % 0 % 2 % 1 % Var° -100 % -12 % Sans labour (ha) 140 45 236 Part 0 % 0 % 0 % 0 % 2 % 0 % Var° -68 % -100 % Jachère/pâturage (ha) 217 979 553 Part 3 % 0 % 3 % 0 % 5 % 0 % Var° -100 % -100 % -100 % Total 8503 8978 29 035 28 394 11 009 15 566 Part 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % Source : Données RGA-2005 et données et de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »- 2013.

Malgré tout, le développement de la culture attelée s'est avéré lent en une quarantaine d'années d'intervalle, comme le montre ce tableau. Plus de 34 % des surfaces agricoles sont encore préparées manuellement. Les données distinguent deux catégories de cultures : d'une part le riz irrigué qui ne se pratique qu'à Amboasary Atsimo, et d'autre part les autres cultures. Les exploitants se comportent différemment selon le District quel que soit la catégorie de culture.

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Pour les cultures autres que le riz, seuls deux modes de labour se démarquent : l'utilisation de l' angady et le labour à la charrue. Dans l'ensemble, on note une stagnation des rapports entre les deux modes avec un avantage de la charrue. Cette stagnation est le fait d'Ambovombe et Amboasary, à des taux respectifs d'environ 61 % et 49 % de pratique de ces deux modes de labour, tandis que Tsihombe enregistre une amélioration significative : une croissance de 34 % à 50 % pour l'usage de la charrue à la suite des dotations effectuées par le Ministère de l’Agriculture en 2011.

La carte suivante montre, à côté de la domination des modes de labour par l’utilisation de l’ angady et de la charrue, l’abse nce de labour pour la majorité des Communes dans la zone cristalline, à partir de Fenobe jusqu’à toutes les Communes du nord de la zone. Car le non- labour fait aussi partie de l’agriculture traditionnelle et peut contribuer à la conservation de l’environne ment si toutes les conditions sont respectées, notamment la rotation des cultures. Sa pratique se limite à la zone cristalline car le climat y est plus humide que dans la partie Sud et la production de biomasse y est plus grande que dans les zones à climat semi-aride.

Carte 8. Répartition des terrains d’exploitation selon les modes de labour, toutes cultures confondues

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

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Les paysans assimilent bien l’intérêt de l’emploi de la c harrue, notamment en découvrant la possibilité de cultiver en lignes, mais ils sont très rares à pratiquer les techniques élémentaires de conservation des sols. En effet, ces lignes ne sont pas orientées en courbes de niveau. Les cultures, suivant la plus grande pente, restent d’usage car la technique suivant les courbes de niveau n’est pas encore adoptée par la majorité des paysans qui s’en tiennent à leurs propres connaissances. Cela est probablement dû au manque de formation des paysans et à l’absence de dangers tangibles de l’effet de l’érosion sur les pentes. Le sens de labour qui permet d ’aller plus vite justifie le non respect de la technique des courbes de niveau, renforcé par les dimensions de la parcelle qui peuvent assez importants pour les agriculteurs.

Concernant la riziculture, sous sa forme irriguée, seul le District d'Amboasary Atsimo est concerné et un grand bouleversement s'y est produit : le mode piétinage a pratiquement disparu, de même que le labour à la charrue, ne laissant comme alterna tive que l’usage de l’ angady . Pour minimiser les risques suite à des maladies du riz, les paysans ne se sont plus investis sur de grande surface nécessitant le piétinage par zébu et le trait des charrues. En conséquence, les surfaces mises en valeur ont considérablement diminué de 4 929 ha à 1616 ha, soit une baisse de 67 %. De toute évidence, l’utilisation de l’a ngady compromet un peu la productivité par rapport aux deux autres modes qui sont plus performants.

Toutefois, l’utilisation de la charrue n’est pas sans inconvénient par rapport à la préservation des qualités agrobiologiques du sol. Ce matériel creuse en profondeur et expose le sol au vent qui, à la longue, affaiblit la valeur énergétique de la biomasse. De plus, cette pratique favorise l’érosion et la minéralisation trop rapide de la matière organique. Pour éviter cette perte de biomasse, plusieurs projets proposent des solutions alternatives dans le cadre de l’agriculture de conservation notamment l’utilisation des charrues sillonneurs (introduite par la FAO, Ampela Mitraoka, CIRAD, TAZA …) , le zéro labour et le système de culture sous couverture végétale (SCV). L’essai de la culture SCV à Androy a démarré depuis 2004. A titre d’exemple, le projet CRS/SALOHI dans son volet CFCA (Conservation Farmi ng et conservation agricole) encadre les paysans dans l’application du zéro labour.

Tableau 8. Mode de travail des sols des rizières

Année 2005 2013 Angady (ha) 1114 1564 Part 23 % 97 % Var° 40 % Charrue (ha) 523 26 Part 11 % 2 %

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Var° -95 % Piétinage (ha) 3292 26 Part 67 % 2 % Var° -99 % Total (ha) 4929 1616 Part 100 % 100 % Var° -67 % Source : Données RGA-2005 et données et de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »- 2013.

Quant à l’utilisation de la main -d’œuvre agricole, l a grande majorité des exploitants de la zone d’étude, 67 %, dont les plus nombreux à Tsihombe, engagent exclusivement les mains- d’œuvre familiales dans les travaux agricoles. Les Districts se différencient ainsi en termes de recours à la main d’œuvre extérieure. 46 % des paysans en font appel à Amboasary contre 21 % à Tsihombe. En moyenne une exploitation compte 3 main- d’œuvre familiales (Amboasary) contre 5 à (Ambovombe). Le tableau ci-dessous rapporte le recours à la main- d’œuvre par District.

Tableau 9. Recours à la main- d’œuvre (MO)

Amboasary Tsihombe Ambovombe Ensemble Sud Nombre de MO familiales par 4 5 3 4 exploitation % exploitants ayant recours à la 21 29 46 33 MO extérieure Nb exploitations concernées 6 151 28 471 25 219 59 841 Source : Données RGA-2005 et données et de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »- 2013

MESSAGE CLE 6 :

Les principaux modes de labour sont l’usage de l’ angady et de la charrue. La préparation manuelle est encore effectuée sur 34% des surfaces agricoles et le taux de pratique des deux modes de labour (angady et charrue) n’a pas évolué depuis 2005, sauf à Tsihombe où l’usage de la charrue a largement augmenté . A AmboasaryAtsimo, les surfaces des parcelles de riz ont diminué et seul l’ angady est désormais utilisé pour travailler le sol. La pratique du labour est, en revanche, inexistante dans la zone cristalline qui est plus humide et dont les conditions climatiques répondent aux exigences du non -labour. Quant à la main -d’œuvre, la majorité des exploitations regroupe encore uniquemen t la main- d’œuvre familiale. Amboasary Atsimo compte le plus d’exploitations ayant recours à la main-d’œuvre extérieure, soit 46%.

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III.3.2. Uti lisation d’intrants

Les intrants traités dans ce chapitre concernent les produits chimiques ou organiques utilisés pour la fertilisation du sol, la lutte contre les maladies de plantes et le stockage des produits agricoles.

La majorité des exploitants agri coles n’utilisent presque pas d’intrants chimiques. Une proportion très faible d’agriculteurs, à peine 0,3%, utilise des engrais chimiques et des insecticides. Ces faibles proportions s’expliquent en partie par la rareté ou l’inexistence des vendeurs d’int rants et par la cherté de ces produits. Les quelques paysans ayant accès à ces produits sont généralement encadrés par des projets/programmes (PAM, FAO, projet SOA, etc.), soit dans la protection des végétaux ou de relance de l’agriculture.

L’utilisation d’engrais minéral/organique est surtout localisée dans la zone cristalline caractérisée notamment par la riziculture. L’utilisation d’engrais minéral/organique est toutefois plus importante à Anjampaly qui bénéficie d’un peu d’humidité et développe par exemple la culture de maïs. La carte suivante montre bien la non utilisation d’engrais sur toute la partie centrale vers le littoral de la zone étudiée :

Carte 9. Répartition des terrains d’exploitation selon l’utilisation d’engrais minéral /organique, toutes cultures confondues

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

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Concernant la fertilisation du sol par des matières biologiques, et malgré la diffusion de techniques agro- écologiques sous l’impulsion du Groupe Semi -Direct Madagascar ou GSDM, encourageant l’usage de la fumure organique comme les bouses ou du compost, son utilisation reste très timide. Pour les bouses, la tradition interdit l’exploitation des excréments des animaux dans les parcs à bœufs pour la fertilisation du sol, selon la tradition qui attribue un honneur et un prestige aux agriculteurs qui accumulent les bouses dans les parcs (GRET, 2009 9). Plusieurs facteurs expliquent aussi la faible utilisation du compost. D’abord, certains paysans considèrent que la terre est déjà fertile 10 . Mais le compost est surtout peu utilisé en raison du manque d’eau nécessaire à sa préparation.

Quant aux insecticides, ils se révèlent parfois inefficaces à cause du vent. Renforcé par le traitement qui n’est pas uniforme dans un champ de culture communautaire et le manque de technicité, ces traitements augmentent le coût de production mais ne solutionnent pas tout à fait les attaques sur les cultures. Pourtant, les insectes sont nombreux comme la chenille et la cochenille, attaquant les patates douces et les sorghos dans les champs. Par conséquent, les paysans procèdent parfois aux récoltes précoces de peur des attaques des insectes. Ce sont les cas pour les légumineuses telle s le niébé et le dolique. D’autres paysans utilisent des plantes locales, par exemple les piments ou les oignons pour lutter contre les insectes en les broyant et les disséminant sur les champs ou en les plantant autour des cultures.

Pour le stockage des produits, les paysans trouvent des astuces pour conserver les grains secs réservés à la consommation ou à la semence. Ils les placent dans la cuisine au-dessus du feu, les fumées les protègent contre les insectes. La difficulté réside dans le stockage de tubercules comme les maniocs. Souvent, ces denrées sont placées en vrac dans un grenier sans traitement et constituent les proies des insectes. Pour éviter la moisissure, les paysans ne déposent pas le produit sur le sol nu. Ils utilisent parfois des nattes ou des étales en bois. De même, le stockage des semences peut se faire sur arbre, à l’abri de l’attaque des rats et des insectes.

9GSDM, MAEP. (2007) Stratégie du GSDM pour la mise au point, la formation et la diffusion des techniques agro-écologiques à Madagascar. 38p. 10 Résultat de l’entretien qualitatif effectué durant l’enquête auprès des paysans.

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Reste de manioc stocké sur une étale, Andalatanosy

MESSAGE CLE 7 :

L’utilisation d’intrants chimiques (engrais et insecticide) est encore très faible. Ces produits sont très peu commercialisés dans la zone d’étude. Néanmoins, l’engrais minéral/organique est plus utilisé notamment en riziculture dans la zone cristalline. Le compost est aussi peu utilisé par les paysans. Plutôt que d’utiliser les intrants chimiques, les paysans ont déjà leurs propres pratiques et astuces pour lutter contre l’attaque des insectes (utilisation de plantes locales) et stocker les produits.

III.4. SYSTEME DE CULTURE

L’observation des parcelles permet de mieux scruter le système de culture en passant par les cultures de délimitation (haies vives : cactus, sisal, aloès, etc.) de la parcelle et les cultures pratiquées à l’intérieur.

III.4.1. Les cultures de délimitation

Les haies vives ont plusieurs fonctions : délimitation de la parcelle, protection contre la divagation des bétails, brise- vent, réserve d’eau pour l’ alimentation de bétail en cas de sécheresse, alimentation et revenu complémentaire des paysans. Le cactus armé remplit toutes ces fonctions. Malheureusement, son utilisation pour alimentation de bétail nuit à la fertilisation du sol. En effet, les paysans brûlent les cactus à partir des couvertures mortes à l’intérieur des parcelles pour enlever les épines. Sous l’action du feu, la terre devient nue et très fragile à l’érosion éolienne. Pour éviter cette pratique nuisible à la fertilité du sol, le

36 cactus sans épine a été vulgarisé, mais il n’empêche pas la divagation de bétails, constituant ainsi une source de conflits. La consommation des fruits de cactus, qui était un signe de détresse alimentaire à l’époque, devient courante actuellement. En revanche, la consommation de fruit de cactus rouge est signe de difficultés alimentaires. De même, l’augmentation de la consommation journalière de fruits de cactus est un signe de détresse.

Le ricin est aussi une plante potentielle pour le brise- vent. C’était une plante sauvage en disparition progressive durant la période de 1960 à 1980 suite au taillage systématique pour la vente des grains aux indiens et en vue de fabrication d’ huile de ricin artisanal. Actuellement, la société Phileol vulgarise de nouvelles variétés et le GRET effectue les essais de multiplication de semences. La société collecte les grains de ricin auprès des paysans et du GRET pour les transformer en huile essentielle. Ces activités génèrent du revenu supplémentaire pour les paysans.

Pour l’amélioration du sol dans le cadre de l’agriculture de conservation, plusieurs autres espèces ont été vulgarisées. Tel est le cas des légumineuses comme le cajanus ( Ambatry ), le konoke, appréciés et cultivées par un grand nombre de paysans, et le mucuna. Malgré plusieurs avantages procurés par ces plantes (enrichissement du sol, possibilité de culture associée, alimentation), certains paysans, en dehors de ceux encadrés par les projets (SOA, GSDM, etc.) ne sont pas encore favorables à les cultiver. En effet, les paysans préfèrent plutôt les cultures servant à l’alimentation courante (ex. : niébé, antake (dolique) et haricot) pour répondre au x besoins prioritaires de l’ali mentation. Ainsi, ces produits sont, pour l’instant, en surproduction. Le cajanus est interdit par la tradition dans certaines zones car selon la croyance, la cuisson de cajanus empêche la multiplication du cheptel. Mais cette tradition est désuète pour certains paysans, notamment à Ambombe et Amboasary Atsimo où la production est assez importante.

III.4.2. Les cultures à l’intérieur des parcelles

Les cultures les plus pratiquées sont les cultures vivrières : maïs, manioc, patate douce, et légumineuses. En 2005 (Recensement Agricole), les cultures pures dominent dans les Districts d’Ambovombe et d’Amboasary avec une proportion respective de 51,9% et de 72,4% des surfaces totales cultivées. La tendance est inversée en 2013 où les surfaces

37 consacrées aux cultures pures 11 s’amen uisent au profit des cultures associées 12 . On constate alors une évolution vers l’extension du système d’ association qui a couvert 59 % des surfaces pour l’ensemble des Districts.

Tableau 10. Proportion de la superficie selon le système de culture

Système de Tsihombe Ambovombe Amboasary Ensemble culture 2005 2013 2005 2013 2005 2013 2005 2013 Pure 31.7 % 31.2 % 51.9 % 36.7 % 72.4 % 40.2 % 55 % 37 % Associée 65.8 % 66.3 % 44.5 % 60.8 % 23.6 % 53.1 % 42 % 59 % Mixte 0.0 % 2.5 % 0.2 % 2.5 % 0.4 % 6.7 % 0 % 4 % Jachère 2.5 % 0.0 % 3.4 % 0.0 % 3.5 % 0.0 % 3 % 0 % Total 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % Nombre parcelles 8,503 8,98 29,03 28,4 15,8 17,2 53,68 54,56 Source : Données RGA-2005 et données et de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »- 2013.

Ainsi, du point de vue de la répartition géographique, les modes d’utilisation du sol sont clairement différents du nord vers le sud des trois Districts. Les agriculteurs de la zone cristalline sont spécialisés dans les cultures pures, dominées par les légumineuses. En revanche, les agriculteurs dans les zones sédimentaire et intermédiaire développent les cultures associées, leur permettant de diversifier leur production pour limiter les risques climatiques et économiques (fluctuation de prix ayant des répercussions sur le revenu). Ces informations sont essentielles pour les organismes de développement qui appuient les paysans car la technique de multiplication de semences, par exemple, exige une culture pure, tandis que l’agriculture de conservation recommande l’association de culture . Selon les zones géographiques où ils vont intervenir, ils doivent tenir compte au préalable de ces pratiques courantes des paysans et des mesures d’adaptation possible s par rapport aux nouvelles techniques à introduire.

11 Une parcelle est en culture pure quand elle ne porte qu’une seule culture. Il s’agit aussi de la monoculture (Manuel d’instruction aux enquêteurs, RGA2005)

12 L’association des cultures est la méthode d’après laquelle les agriculteurs mettent sur une même parcelle plusieurs cultures (Manuel d’instruction aux enquêteurs, RGA2005)

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Carte 10. Répartition des terrains d’exploitation selon les modes d’utilisation du sol

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Les associations de cultures les plus fréquentes sont le maïs avec l’une des cultures annuelles suivantes : cucurbitacée, manioc, patate douce, voanjobory ( pois de bambara), voanemba (niébé) ou arachide. Ce système d’association de culture est une stratégie pour la diversification des cultures pour se prémunir contre l’insécurité alimentaire et pour avoir une résilience en cas de sécheresse. En fait, l’agriculteur du Sud n’a pas un comportement systématique. Signe d’adaptation aux caprices du climat, il réagit promptement aux premières pluies pour semer. La surface mise en valeur dépend de la durée et de l’intensité des pluies. La seconde vague de pluie peut donner lieu à d’autres semailles qui favorisent l’association de cultures en système relais. Il semble que ce système a it gagné du terrain ces dernières années à Ambovombe et à Amboasary.

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Parcelle de cultures associées arachide et maïs dans le Fokontany d’ Ankako

Les jachères 13 et les cultures mixtes 14 sont de faibles proportions en termes de superficies cultivées. Cependant, on remarque la disparition de la pratique de jachère en 2013 due à deux types de facteurs incitatifs. D’une part, les facteurs immédiats, essentiellement le climat favorable à l’agriculture depuis deux ans et demi Ainsi, les paysans profitent pour cultiver toutes leurs parcelles. D’autre part, l a pression démographique constitue un facteur lent et continue qui les oblige aussi à cultiver davantage. Quant aux cultures mixtes, on observe une nette augmentation des superficies entre 2005 et 2010 suite aux différentes interventions des projets/programmes et des organismes divers sur l’arboriculture fruitière (orange, etc.) et les cultures industrielles (ricin). Elles sont également très fréquemment pratiquées dans les zones semi-arides.

III.5. CALENDRIERS CULTURAUX ET PERIODE DE SOUDURE

Les enquêtes ont permis de collecter des données sommaires du calendrier cultural de chacune des principales spéculations pratiquées dans les Districts d’étude : maïs, manioc, patate douce, antake (dolique), voanemba (niébé) , arachide, auxquelles s’ajoute le riz pour Amboasary Atsimo. Les données sont sommaires parce qu’on n’a demandé pour une parcelle que les mois de réalisation de trois types de travaux (labour, semis ou plantation, récolte) ; et elles sont limitées à ces cultures parce que les autres sont de faible importance dans le paysage agricole.

13 Elle correspond à un champ qui, après avoir été cultivé pendant une certaine période, est laissé au repos pour permettre la régénération du sol.

14 C’est la présence simultanée sur une parcelle d’une ou plusieurs cultures permanentes et d’une ou plusieurs cultures vivrières.

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Théoriquement, on distingue deux saisons de cultures sur le littoral : la grande saison de novembre à mai et la contre saison de juin à octobre. Une petite variation de la durée de saison s’observe selon la zone agro -écologique (cf. calendrier agricole par District en annexe). Les saisons durant les années 1960 à 1980 étaient clairement distinguées, telles que présentées dans le tableau suivant :

Tableau 11. Saisons dans la Région Androy, valables durant les années 1960 à 1980

Mois Nom du mois en tandroy Saison Octobre Saramanitse Lohataogne (printemps) Novembre Vatravatra formation des orages Décembre Safary Asara (été) Janvier Hatsika Février Valasira A partir du 15 mars Volamaka Bora ampemba = Asotry (hiver) Avril ouverture/formation de panicule 15 avril à 30 juillet Volan-tataka (« manataka » = Mai mois de récolte) Juin Sakamasary = mena vahogne Juillet Sakavery Août Volambita Faosa (automne) Saramanty = repos, pas 15 août (début des vents Septembre d’évènement, pas de violents) au 1 er octobre funérailles, etc. Sources : Jérémie Maharetse, Ambovombe, 2013.

En fait, l’agriculture du Sud de Madagascar est actuellement très aléatoire, mais les grandes périodes semblent ne pas avoir beaucoup décalé au vu de cet ancien calendrier. Mis à part le cas de l’arachide, l’étalement de chaque type de travaux est grand (plus de 4 mois), reflétant l’incertitude de l’installation des cultures : dans la zone d’étude, les facteurs ressources en eau et disponibilité de semences sont déterminants ; la semence risque plusieurs re-semis à cause de l’irrégularité de la pluie. Il est donc délicat de prétendre une concentration réelle des travaux agricoles sur une période précise dans l’année .

Malgré tout, trois périodes de concentration apparente de travaux sont à relever :

- de novembre à février, période de la grande saison, théoriquement pluvieuse, période des grands travaux : travail du sol et semis/plantation et où la grande majorité des parcelles sont mises en culture. La période de soudure rentre dans cette

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période, plutôt à partir de janvier si la récolte de culture de contre saison a été bonne. La période de soudure peut parfois être précoce en novembre en cas de difficulté (sècheresse, épuisement des stocks de dolique et de patate douce). - de mars à mai période des récoltes. Celles-ci se poursuivent de manière disparate de juin à octobre et s’interrompt plus ou moins de novembre à février, du moins pour les cultures de base. - de juin à octobre : période de contre saison favorables aux cultures de patate douce manioc et voanemba (niébé) (Cf. détail par culture en annexe : calendrier agricole par District). Souvent, les récoltes de manioc, de dolique et de patate douce commencent même en juin.

Les exploitants se différencient donc selon la longueur de période de soudure. Elle est précoce et pénible pour certains qui ne disposent pas assez de stocks et n’ont plus rien à récolter entre juin à octobre. Elle peut-être amortie pour les exploitants ayant pu pratiquer des cultures de contre-saison.

MESSAGE CLE 8 :

Le calendrier cultural était assez précis il y a une quarantaine d’années. A présent, les travaux de cultures ont un peu décalé mais sont surtout aléatoires en raison de l’incertitude par rapport au climat. La période de soudure varie beaucoup, mais elle s’étend généralement entre janvier et mars.

III.5.1. Production des cultures pratiquées

L’enquête s’est intéressée à la performance économique des exploitations, en particulier à la production des cultures pratiquées, ce qui a permis d’évaluer leurs rendements respectifs à partir des surfaces déterminées plus haut. Le tableau ci- dessous s’est limité à la présentation des données relatives aux cultures principales. Il faut, en effet, noter que pour les spéculations de très faibles envergures, les productions sont aisément sujettes à des déclarations biaisées, d’où des rendements parfois irréalistes. Le s niveaux de rendements sont modestes : moins de 2 t/ha pour le maïs, moins de 6 t/ha pour le manioc, moins de 4 t/ha pour la patate douce.

Les données sur la production confirment, d’une part , l’importance du maïs, du manioc et de la patate douce dans les exploitations de la zone d’étude et, d’autre part, les inégales distributions entre Districts . À l’instar des superficies, les productions d’Ambovombe sont les

42 plus élevées pour toutes les spéculations, suivies par Amboasary Atsimo puis Tsihombe. Les facteurs explicatifs de cette production élevée à Ambovombe résident dans la superficie totale mise en culture, un rendement un peu plus élevé par rapport aux deux autres Districts, la proximité des plusieurs projets de développement et actions humanitaires notamment les actions sur les semences.

Tableau 12. Productions et rendements moyens des cultures principales pratiquées en 2013

Cultures Tsihombe Ambovombe Amboasary Atsimo Prod° Rendt(t/ha) Prod° Rendt (t/ha) Prod° Rendt (t/ha) Riz irrigué - 876 0,7 Maïs (épis) 4 767 1,1 8 185 1,2 7 690 1,7 Sorgho (max 1t) 15 2,6 1 857 2 40 0,2 Manioc 11 300 6,0 56 600 8 19 000 6,5 Patate douce 1 306 6,4 14 300 6,3 6 349 6,0 Haricot 3 1,0 488 1,5 193 1,4 Antake (dolique ) 352 0,8 1 615 0,7 390 0,8 Voanjobory (pois de bambara) 17 0,3 1 064 1,5 - 0,0 Voanemba (niébé) 572 1,1 3,644 2,0 570 1,7 Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

MESSAGE CLE 9 :

Les rendements sont faibles, dans toute la zone étudiée, pour les cultures principales : maïs, manioc et patate douce. Ambovombe est plus avantagé que les autres Districts. Les actions des organismes de développement ont contribué à accroître la performance agricole de ce District.

III.5.2. Destination de la production agricole

La mesure du niveau d’intégration économique est mesurée entre autres à travers les destinations de la production. Tel est l’intérêt des représentations graphiques suivantes qui reproduisent par produit les parts d’autoconsommation, de vente, d’utilisation pour les semences et celle destinée à l’élevage.

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Parmi les spéculations pratiquées dans le District de Tsihombe, quelques unes sont vendues à raison de 40 % et plus de la production. Et ce sont toutes des spéculations peu pratiquées dans les exploitations : dans l’ordre décroissant des parts commercialisées, il s’agit du sorgho/mil , de la canne à sucre, de l’arachide , le voanemba (niébé) et l’ antake (dolique).

Le sorgho n’ est apparemment pas encore adopté par certains agriculteurs comme nourriture quotidienne, car une large proportion de leur production est destinée à la vente à Tsihombe (67%) et à Ambovombe (64%). En effet , le sorgho est un revenant puisqu’il a disparu en 1979-1980 suite à une grande sécheresse, puis a été relancé en 2007 avec de nouvelles variétés introduites, il en est de même pour le mil, par exemple le mil à barbe. Le Projet SOA contribue à la vulgarisation de ces cultures face à la nécessité de développer des semences adaptées à la sécheresse et surtout de les mettre à disposition de la population pendant la période de semis.

Quant à l’arachide, le voanemba (niébé) et l’ antake (dolique), ils sont naturellement destinés à la vente, cela n’empêche pas les ménages d’en consommer , notamment non mûrs, et de réserver une partie pour les semences dont les quantités sont particulièrement significatives (9 % à 22 %). Ce sont des cultures apportant à la fois des revenus et servant à l’alimentation.

Concernant les produits de base, la quantité autoconsommée occupe la plus grande part, mais les ventes sont aussi assez conséquentes : 39 % pour la patate douce, 30 % pour le maïs et 28 % pour le manioc.

Les produits non destinés à la vente font partie de ceux de très faible production et très faiblement cultivés comme le haricot et le voanjobory (pois de bambara).

Une faible part de la production de certaines cultures est gardée pour servir de semences. Pour l’ antake (dolique) et l’arachide , une proportion plus grande de la production sert de semences au prochain semis, soit respectivement 77t (22%) et 17t (13%), sachant que la majorité de la production est destinée à la vente. Cette proportion ne dépasse pas 10% pour les autres cultures, tandis qu’en quantité absolue, cela peut être relativement élevé pour ces autres cutlures. Ainsi, la production servant de semences au prochain semis constitue 298,7t pour le maïs et 53,2t pour le voanemba (niébé).

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Graphique 1. Destination des productions des cultures des exploitations du District de Tsihombe

100%

80% Autre 60% semence 40% vente 20% élevage 0% Autoconsommation

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Pour les exploitants du District d’Ambovombe , les produits de base affichent toujours des parts prépondérantes de l’autoconsommation, surtout le manioc. On y relève aussi des parts commercialisées assez importantes, en particulier concernant la patate douce (44%) et le maïs (37%). 4t de la production d’orge (25%) ??? et 772,6t (16%) de la production d’arachide sont utilisées comme semences. Le sorgho, l'arachide et le voanemba (niébé) figurent toujours parmi les produits les plus vendus (51% à 65 %). La différence avec Tsihombe réside dans le fait que les productions de antake (dolique) et de voanjobory (pois de bambara) soient beaucoup plus autoconsommées et que la vente de haricot et d'autres légumineuses soit importante.

Certaines productions ne donnent pas lieu à des réserves pour semences ou très peu, à savoir le sorgho et certaines légumineuses (cajanus, konoke, mucuna). Les semences pour ces cultures ne sont généralement pas prélevées sur la dernière récolte, car ces variétés sont nouvelleme nt introduites et ne sont pas encore dans l’habitude des paysans. D’ailleurs à part l’autoconsommation , la production est partiellement vendue auprès des projets pour triage et est redistribuée ou vendue comme semences à prix subventionnés, le reste est revendu sur le marché.

Les produits des jardins potagers (choux de Chine, citrouille) pas loin des habitations se sont aussi développées et sont essentiellement destinées à l’autoconsommation. Pour le moment, les paysans gardent un peu de semences pour ces cultures maraîchères mais dépendent en partie des projets (CRS, FAO, etc.). Par ailleurs, les paysans disposent souvent de semences de cucurbitacées issues de leur propre récolte.

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Graphique 2. Destination des productions des cultures des exploitations du District d’Ambovombe

100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% Autre 30% 20% semence 10% 0% vente élevage Maïs Antake Haricot manioc Autoconsommation Arachide Citrouille Voanemba Sorgho/mil Voanjobory Autres fruits Patate douce Choux chine de

Autres légumineuses

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Deux remarques importantes peuvent être formulées selon la lecture du graphique ci- dessous, relatif à Amboasary Atsimo, comparées aux observations sur les deux autres Districts : les taux d’autoconsommation de produits de base (maïs, manioc et patate douce) et même du sorgho sont généralement plus élevés.

Ce District se démarque par les cultures commerciales comme l a canne à sucre et l’oignon. C’est aussi une zone de grande production de haricot, d’arachide et d’ antake (dolique) avec une proportion importante (plus de 68% de la production) commercialisée.

Une petite quantité de la production est réservée à la semence pour toutes les cultures en général dans ce District. Pour les plus grandes proportions, 35t (4%) de la production sont utilisées comme semences au prochain semis pour le riz irrigué de première saison, 38,1t (4%) pour le riz de tavy et 17,7t (5%) pour la canne à sucre.

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Graphique 3. Destination des productions des cultures des exploitations du District d’Ambovombe

100% 90% 80% 70% 60% Autre 50% semence 40% vente 30% 20% élevage 10% Autoconsommation 0%

Source : Données RGA-2005 et données et de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »- 2013.

MESSAGE CLE 10 :

Les produits de base, c'est-à- dire le manioc, le maïs et la patate douce, sont majoritairement destinés à l’autoconsommation sur toute la zone d’intervention. Certaines cultures sont quasiment essentiellement destinées à la vente, à savoir notamment le sorgho, le antake (dolique), le voanemba (niébé) et le mucuna. L’arachide et la canne à sucre sont naturellement des sources de revenu importants. Le cajanus et le konoke, qui sont actuellement promus par les organismes de développement, sont autoconsommés et vendus mais l’appui doit être renforcé quant au développement de leurs semences.

III. 6. TYPOLOGIE DES AGRICULTEURS

La typologie des agriculteurs a été construite à partir du revenu agricole hors élevage. Les exploitants ont été partagés en quartile selon le niveau de revenu agricole annuel, soit 25% des exploitants appartenant à chacun des quatre types définis. Les quatre types ont ensuite été caractérisés au travers d’ un modèle logit (Cf. annexe expliquant en détail ce modèle). Ce dernier est un modèle de régression permettant d’expliquer une variable à partir de plusieurs

47 variables explicatives. Les résultats détaillés du modèle logit sont présentés en annexe. Pour mieux caractériser chaque type, les variables considérées ont été regroupées comme suit :

- Les caractéristiques du ménage et du chef d’exploitation :

Le sexe, l’état matrimonial, l’ âge, le niveau d’éducation du chef d’exploitation ainsi que la taille du ménage n’influencent pas le niveau de revenu agricole. En d’autres termes, ces variables ne sont pas discriminantes. Pour le niveau d’éducation, par exemple, les chefs de ménage ont gén éralement quitté l’école au niveau de la classe de 9 ème ou CE2.

Le fait de pratiquer ou non des activités secondaires a un impact sur le revenu agricole. En effet, les chefs de ménages exerçant des activités secondaires ne font pas partie des catégories des ménages ayant des revenus élevés.

- Les caractéristiques de l’exploitation

La surface de l’exploitation et la pratique de culture pure, associée ou mixte influencent si gnificativement l’appartenance à des types (de quoi ???). La pratique de culture pure augmente la probabilité d’appartenir au type d’agriculteurs à revenu agricole faible tandis que les cultures mixtes correspondent au groupe à revenu élevé. Ainsi, les exploitants les plus vulnérables pratiquent de la monoculture de manioc et de patate douce.

- Accès à la terre

La non possession de terre, l’ accès à la terre par héritage ou par achat ne sont pas discriminants. La plupart des paysans sont propriétaires et exploitent directement leurs parcelles et l’accès à la terre se fait essentiellement par héritage. Mais le mode de faire valoir direct influence particulièrement le revenu des ménages du deuxième quartile.

- Mode d’exploitation

Le labour manuel à l’angady ou la traction animale (attelé) influencent l’appartenance à des types (de quoi ???). En effet, un ménage pratiquant le mode de labour attelé a généralement un revenu agricole élevé.

L’utilisation d’engrais et de semence améliorée n’est pas significative. En revanche, un ménage à revenu agricole élevé a une forte chance de s’approvisionner en semences auprès des services publics et dans les boutiques privées.

- Destination de la production

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Les ménages à revenu moyen et à revenu élevé se distinguent par leur capacité de vendre plus de 20% de leur production. Cela présume une autoconsommation importante chez les ménages à faible revenu.

- La localisation géographique

Cette variable est déterminante du revenu agricole. Dans le District d’Ambovombe, les ménages ont un revenu agricole plus élevé que ceux des Districts d’Amboasary et de Tsihombe. C eci s’explique par la proximité du District d’Ambovombe des services publics et des organismes d’appui en tant que Chef-lieu de la Région Androy.

Type 1 – Les exploitants ayant un revenu agricole annuel très faible à moins de 240 000 Ariary :

La taille des ménages des exploitants ne varie pas significativement entre les différents types. Toutefois, les ménages composés de 6 à 8 membres tendent à appartenir à ce premier type d’exploitants. La production est destinée essentiellement à l’autoconso mmation et non à la vente. L’exploitant obtient des semences soit par prélèvement sur la dernière récolte, soit par des dons ou prêts provenant des organismes travaillant dans l’urgence/développement, soit par des échanges entre paysans. Cette catégorie d’ exploitants agricoles pratique majoritairement de la culture pure. Ces exploitants cultivent du maïs, du manioc, des patates douces et de l’arachide mais d’une manière très limitée en termes de superficie et de volume de production.

Type 2 – Les exploitants ayant un revenu agricole annuel faible compris entre 240 000 Ariary et 523 000 Ariary :

La production est également destinée essentiellement à l’autoconsommation et non à la vente. Les exploitants agricoles de ce type ne s’approvisionnent pas auprès d u service semencier public ou de boutiques privées, mais plutôt auprès des paysans. Parfois, ils prélèvent aussi ces semences à partir de leur dernière récolte. Ils exploitent leurs propres parcelles (mode de faire valoir direct). Pour compléter leur revenu, ils se livrent à des activités secondaires notamment le salariat agricole. Ils sont enclins à répondre aux travaux HIMO de type VCT ou ACT. Par ailleurs, la taille du ménage assez grande grève sur le revenu par tête.

Type 3 – Les exploitants ayant un revenu agricole annuel moyen compris entre 523 000 Ariary et 1 071 500Ariary

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Ces exploitants cultivent du maïs, du manioc et de l’arachide, mais avec une superficie plus importante. Le volume de production des ménages du Type 3 leur permet de vendre plus de 20% de la production. Ces ménages ont plus accès au marché et ont pu saisir les opportunités offertes. En revanche, l’exercice d’activités secondaires ne se révèle pas significatif quant aux facteurs déterminant l’appartenance à ce type d’exploitants .

Type 4 –Les exploitants ayant un revenu agricole annuel élevé supérieur à 1 071 500Ariary

Des ménages du District d ’Ambovombe ont une forte probabilité d’appartenir à ce type car pour les exploitants de cette catégorie, une part importante, plus de 20%, de la production est consacrée à la vente. Contrairement aux ménages des types précédents, ces exploitants achètent les semences auprès du service semencier public ou d’organismes privés et boutiques. Les chefs d’exploitation exe rçant des activités secondaires telles que le salariat agricole ou le gardiennage de bétails ont moins de possibilité d’appartenir à ce type ayant un revenu agricole élevé . En revanche, l’activité secondaire la plus fréquente de ces ménages est le commerc e (épicerie, gargote, …). Ce type se démarque également par le mode de labour attelé et la pratique de culture mixte, c'est-à-dire à la fois des cultures vivrières et des cultures pérennes (ricin, arbres fruitiers, …) . Ces modes et pratiques laissent comprendre la possession de bœufs par ces exploitants dont les superficies cultivées sont relativement conséquentes. Ils cultivent du maïs, du manioc, des patates douces et de l’ antake (dolique) . Ce type semble être perméable aux progrès techniques. Néanmoins, ces ménages sont aussi soumis aux contraintes locales telles que le climat, empêchant un développement plus important de leurs activités.

Cette analyse diagnostique du système agraire a ressorti les éléments qui conditionnent l’évolution des systèmes de production agricole dans la Région d’Androy , surtout depuis 2005. Chaque composante de l’analyse a démontré une faiblesse de l’adoption des techniques nouvelles par les paysans, ce qui explique en partie le développement limité de l’agriculture dans l’Androy et l’Anosy. Le mode de labour à majorité manuelle et la non utilisation d’intrants pour la fertilisation du sol et la protection des cultures contre les insectes en sont les preuves concrètes. Cette tendance peut s’expliquer par la faiblesse de leurs moyens ou de leurs priorités financières.

Le développement limité de l’agriculture s’explique aussi par l es principales pressions en milieu rural, identifiées à partir de l’analyse des données sur l’évo lution des activités agricoles. Il s’agit de la pression démographique et l ’insécurité. La forte croissance

50 démographique exerce, en effet, une pression sur les zones de pâturages et les zones forestières. L’insécurité menace les activités d’élevage , entraînant un abandon de cette activité et une augmentation de la pression sur le foncier car une partie de la population cherche à développer les parcelles d’ exploitations agricoles à la place de l’activité d’élevage .

De plus, l’étude a mis en exergue la division de la Région en 3 zones agro-écologiques et avec un climat hétérogène, d’où la possibilité de la pratique de diverses activités agricoles (cultures vivrières, élevage, apiculture, etc.). Les spéculations développées dans chaque Commune sont en cohérence avec les conditions agro-écologiques et climatiques dans chaque zone. Par ailleurs, l es superficies moyennes cultivées ont plutôt diminué sous l’effet de l’accroissement démographique et de la réduction de l’accès la ter re. Les terres cultivées se sont étendues dans les zones intermédiaire et cristalline.

Une conclusion à retenir de tous ces résultats est que l’agriculture dans le Sud avance à son propre rythme et ne peut forcément suivre les pratiques développées à l’étr anger. Le modèle de la révolution verte, certes recommandé pour faire fructifier de véritables activités d’agro- business, ne serait donc pas encore approprié dans les zones d’Androy et d’Anosy. Les pratiques agricoles y restent influencées par les pratiques traditionnelles. L’introduction des techniques modernes demeure un défi qui est encore difficile à relever. Les interventions de développement consistent plutôt à concilier les nouvelles techniques avec les techniques habituelles locales. Cela se vérifiera à travers l’analyse du système semencier en ce qui concerne la détermination des normes de production des semences améliorées.

Quant au calendrier cultural, d’un point de vue général, il est très aléatoire en notant toutefois que la période allant de novembre à février est très critique en termes de sécurité alimentaire. Et enfin, on retient que l’agriculteur du Sud n’a pas un comportement systématique, mais surtout adapté à la variation du climat.

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IV. FILIERE SEMENCES

Les semences constituent un intrant stratégique pour les agriculteurs. Elles jouent un rôle fondamental dans la réduction de la pauvreté des producteurs, et de la population en général, et dans l’insertion au marché agricole international. Face à cet enjeu, la loi semencière malgache n° 94 038 du 03 novembre 1995 vise spécifiquement à promouvoir l’utilisation des semences de variétés améliorées pour atteindre un développement rapide et harmonieux du marché des semences. Toute la problématique du système semencier actuel, dans la recherche de cet objectif, concerne la professionnalisation de la filière et la mise à disposition ainsi que l'utilisation de semences de qualité par les producteurs 15 .

Dix ans après la promulgation de c ette loi, l’adoption des semences améliorées a été encore faible à Madagascar : seules 1% des parcelles cultivées sont concernées, et 0,18% dans la Région Androy, d’après le recensement agricole de 2004 -2005. Face à cette situation, le Projet SOA vise à la fois l’accès des agriculteurs vulnérables du grand Sud à des semences adaptées et l’adoption des techniques de l'agriculture de conservation permettant une production agricole sécurisée et durable. A cet effet, la connaissance des besoins en semences, dan s la zone d’intervention du projet, est indispensable. De même, repenser la stratégie de commercialisation des semences est une étape inéluctable pour l’amélioration de l’accès à cet intrant.

IV. 1. CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE NATIONAUX

Depuis toujours, il est d’usage que les paysans producteurs utilisent des semences prélevées sur leurs récoltes. Comme ce système ne pouvait pas assurer la mise à disposition durable de semences de qualité et renouvelées, les services décentralisés du Ministère de l’Agricultu re apportaient aux paysans leur appui en diffusant des variétés améliorées produites par les CMS (Centre de Multiplication de Semences) sous leur autorité pour répondre aux besoins des producteurs en semences commerciales adaptées. La recherche variétale et la production de semences pré-base étaient toujours assurées par le

15 Ravohitrarivo, C. P., Ratsimbarison, R., Rakotomaharo F., Rabevohitra, L. S., (2011) Appui à la mise en place d’un système de production et de distribution de semences améliorées dans les zones d’intervention de PARECAM. Rapport préliminaire sur l’état des lieux . Programme d'Appui à la Résilience aux Crises Alimentaires à Madagascar (PARECAM). 59p.

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FOFIFA et dans une moindre mesure par FIFAMANOR pour la pomme de terre, le blé et les cultures fourragères. En aval, les projets/programmes ont appuyé la mise en place et le fonctionnement de groupements de paysans semenciers, en réponse aux désirs d’approvisionnement de proximité. Il fut alors constaté que l’Etat ne pouvait plus continuer à subventionner le fonctionnement de ces Centres dont certains se dégradaient ou se trouvaient obligés de fermer.

En 1994, la politique de libéralisation et de désengagement de l’Etat l’a amené à céder ces CMS au secteur privé, au moins sous un régime de location- gérance. C’est un des aspects de la législation semencière malgache promulguée le 3 janvier 1995 par décret loi n°94038 et du décret n°2006-618 du 22 août 2006 et portant mise en place des organismes chargés de la mise en œuvre de la politique semencière. Plusieurs textes réglementaires ont été par la suite élaborés avec l’appui technique de la FAO, concernant la réglementation de la production et la mise en place du système de contrôle et de certification et de commercialisation des semences. En application du décret n°2010-1009, les institutions et organes mis en place sont :

- Le Conseil National des Semences (CONASEM) ; - Le Service Officiel de Contrôle de la qualité des semences (SOC) ; - Le Comité Technique d’Admission au Catalogue (CTAC), rattaché au CONASEM ; - Le Catalogue National des Espèces de Variétés de plantes cultivées (CNEV) ;

L’applicat ion des attributions de ces institutions et organes exige rigueur, obligations et charges de qualité de la part des acteurs du système semencier sur le terrain. En particulier, le dispositif actuel n’a pas prévu d’alternatives pour l’amélioration des systè mes informels d’approvisionnement en semences des producteurs ruraux. En effet, l’économie des ménages agricoles peut être compliquée à appréhender, en particulier celle des ménages du Sud de Madagascar, car elle est fonction de nombreux facteurs :

- les productions permises par le milieu physique et leur répartition dans le temps ; la place du ménage dans la société ; - le statut de l’agriculteur et la structure démographique de son ménage (homme ou femme et sa trajectoire de vie prenant compte de certains aléas personnels, nombre d’enfants qui conditionne la quantité consommée par le ménage) ; - l’accès aux ressources productives et de stockage : taille du parcellaire par rapport à la pression du foncier et accès aux ressources portées par ces terres, équipement de production possédé ou accessible autrement, main- d’œuvre mobilisable, la capacité de stockage disponible (grenier ou dans la maison) ; - l’accès au matériel végétal (semences, lianes, boutures) ;

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- les autres alternatives de source de revenus influent sur l’économie des ménages (petit ou grand élevage, salariat agricole ou non-agricole, etc.) - la répartition inégale des pluies qui conduit généralement à devoir re-semer à plusieurs reprises la même spéculation.

Ce sont les facteurs inséparables à considérer dans tout modèle de développement agricole.

Concernant spécifiquement la production de semences dans le Sud, elle est soumise à un contexte particulièrement difficile, aggravé par la succession de sécheresses depuis plusieurs décennies. A l’heure actuelle , deux principaux centres de production de semences sont fonctionnels dans la zone d’étude. Le CMS de Behara a été créé dans le cadre de l’application de la politique de désengagement de l’Etat. Ce Centre poursuit toujours sa vocation de multiplicateur de semences sous un régime de location-gérance par un privé. Tandis que le Centre de Production de Semences d’Agnarafaly (CPSA), le long du fleuve Mandrare à 22 km d’Amboasary Atsimo, se trouve géré par GRET depuis 2002. Plusieurs facteurs ont freiné le développement de ces centres, à savoir : les changements climatiques tendant à la baisse de la pluviométrie ; la disparition progressive de certaines variétés de semences à la suite de vagues périodiques de sécheresse et l’absence de financement de la recherche pour le maintien des souches; l’insuffisance de l’offre de matériel végétal etc.

Faut-il rappeler le déficit pluviométrique et la destruction des raketa 16 qui ont frappé le Grand Sud depuis 1928 et ont déclenché la crise d’élevage, provoquant une très for te émigration. Cette dernière s’est accrue en 1931, suite à une importante sècheresse. La situation s’est aggravée de 1941 à 1944, avec la grande famine au nom évocateur de « marotaola » (qui signifie « beaucoup d’ossements humains »). Cela a entraîné la migration de la quasi-totalité des antandroy de la zone sédimentaire 17 . Des périodes successives de sécheresse ont également eu lieu de 1980 à 1992 18 . La plus récente kere date de 2006 avec une forte

16 Raketa : figuier de barbarie consommé par les animaux et, au pire, lors de la disette par les hommes. En 1928, les raketa ont été détruits par une cochenille importée de l’île de la Réunion. 17 De plus, un sacrifi ce massif de zébus a eu lieu en 1945, en collaboration avec l’administration coloniale, pour faire revenir la pluie. 18 1980 : Après 25 années à peu près normales, sécheresse nommée « santiravy » (« ceinture de fer ») 1982 : Sécheresse « malalak’akanjo » (« on est large dans ses vêtements ») 1986 : Sécheresse « bekalapake » (« manioc séché ») 1989-1992 : Famine et sécheresse, beaucoup de décapitalisation, migrations importantes « tsymitolike » (« on mange sans se retourner ») pour décrire la lutte individuelle pour la survie. Plusieurs milliers de morts. Source : Enquête de l’Observatoire rural d’Ambovombe. KIOMBA -MADIO, 1997.

54 pénurie alimentaire. En 2008/2009, la sécheresse a affecté beaucoup de cultures. Depuis les trois dernières années, les conditions climatiques sont plus favorables à l’agriculture.

Dans ce cadre de sécheresse récurrente, trois différents projets ont été exécutés par GRET pendant une dizaine d’années, sous financement de l’Union Européenne, dans l’objectif d’améliorer la sécurité alimentaire des populations des régions du Sud, particulièrement :

- Objectif Sud, de 2002 à 2005 ; - Le Programme d’appui aux Filières Agricoles et d’amélioration de la Sécurité Alimentaire dans la Région Androy (FASARA), de 2005 à 2008 ; - Le Projet de Sécurisation de l’Approvisionnement en Semences pour l’Androy (PSASA), de 2009 à 2011.

On attendait de ces projets et programme la mise en place d’une filière semencière fonctionnelle avec un réseau de production et de commercialisation des semences des cultures adaptées aux conditions agro-écologiques des régions du Sud. Certaines composantes donnaient satisfaction, dont principalement des essais comparatifs et la sélection et la diffusion de no uvelles variétés. Mais l’objectif n’est pas encore atteint car il reste à renforcer les capacités des différents acteurs du secteur semencier pour assurer un système durable de production et de commercialisation des semences de qualité.

Le Projet « Structuration des Orientations Agricoles » SOA , mis en œuvre par FAO et GRET, vient récemment de prendre le relais sous le financement à travers des Fonds de Contre- valeur co- gérés par la DUE et le Ministère de l’Agriculture , en visant à atteindre les résultats suivants :

- Les semences adaptées sont disponibles et accessibles pour les agriculteurs de la zone du projet. - L’agriculture de conservation (AC) se développe dans le Grand Sud et permet la restauration de la productivité ainsi qu’une meilleure résilience au changement climatique. - Les actions d’urgence et de réhabilitation s’intègrent de manière efficace avec les actions de développement selon l’approche LRRD.

IV. 2. LES OFFRES ACTUELLES DE SEMENCES (SOA, URGENCES , PAYSANS , ETC .)

Les offres de semences actuelles sont diverses, mais elles sont rarement structurées et sont parfois ponctuelles au gré des conditions ou événements du moment : approvisionnement

55 local en temps normal (autoproduction, échanges entre paysans) dominé par le système informel, distribution formelle (boutique), situation d’urgence post catastrophe. De plus, les diverses sources affirment qu’elles ne sont pas régulières. A part la quantité qui est donc aléatoire, la qualité des semences disponibles n’est pas toujours sûre de répondre idéalement aux normes de qualité.

IV . 2. 1. L’offre paysanne locale

Le produit proposé est appelé « semences paysannes ». Ce sont des semences sélectionnées par les paysans et qui sont adaptées à leurs terroirs. Jusqu’ici, l’auto approvisionnement et l’échange ent re paysans (gratuit ou acheté) sont les systèmes les plus adoptés par les paysans de la zone d’étude. L’échange se fait dans le village ou au marché. Ces systèmes ont l’avantage d’être durables mais d’une part, la méconnaissance des origines de ces semence s paysannes suscite beaucoup de doutes sur leur qualité et d’autre part, sans alternatives, la sécheresse peut provoquer l’épuisement des stocks. Les paysans eux-mêmes reconnaissent la mauvaise qualité par dégénérescence de certaines variétés.

Néanmoins, l ’entretien avec le représentant de l’association Sandratra, réalisé le 20 mars 2013 dans le Fokontany d’Ankako, District Ambovombe, a ressorti la justification de l’intérêt que portent les paysans envers les semences paysannes locales : ils recherchent en priorité la quantité de semences dont ils ont besoin à un moment donné, plutôt que la qualité de celles- ci. Ainsi, ils ont pris l’habitude de ne pas chercher à connaître l’origine des semences qu’ils utilisent. L’investigation sur le marché d’Ambovombe au cours du mois de mars 2013 a permis de dresser une étude sommaire de l ’approvisionnement du marché en grains secs et maniocs. Trois grandes zones de production peuvent être distinguées :

- à l’Ouest, les villages d’Ambohimalaza, d’Ambanisarika et d’Anamalao ; - à l’Est, les villages d’Anjekibenatara, et de Maroeloka ; - au Sud, les villages d’Ambazoa, d’Erada et de Tarifarika.

Le prix de ces produits fluctue beaucoup en fonction des saisons. Il est ressorti de l’investigation au marché d’Ambovombe que pendant la période d’observation, au mois de mars 2013, les grains secs ont été vendus sur le marché aux prix quasi-uniques allant de 160 Ariary à 170 Ariary/ kapoaka 19 . Ce niveau de prix est le même quel que soit la nature des grains, leur degré de séchage, ou toutes autres considérations qualitatives. Il n’y a pas de distinction entre les grains secs destinés à la consommation et ceux achetés pour les semences. La formation de prix est très simple : la taxe de péage à l’accès du marché est le

19 Un kapoaka est une unité de mesure qui correspond à une boîte de lait concentré d’un volume de 250 ml.

56 seul et unique frais considéré. Le prix est aussi naturellement influencé par le marché, c'est- à- dire la disponibilité des produits et l’importance de l’offre et de la demande. Ainsi, les semences sont deux fois plus chères, si ce n’est plus, pendant la période de semis . Le prix des grains secs est de 350 Ariary/ kapoaka pendant cette période. Il atteint même 700 Ariary/ kapoaka et plus, par exemple pour le voanemba (niébé).

D’après l’investigation sur marché dans le cadre de cette étude, le coût d’approche du marché, en termes monétaires, est nul pour les paysans qui viennent commercialiser leurs semences dans la mesure où le transport des produits se base généralement sur l’emprunt. En effet, dans la culture paysanne Tandroy, si le ménage ne possède pas de charrette, il suffit d’emprunter, à titre gracieux, celle d’un membre de la famille ou d’une simple connaissance pour emmener ses produits au marché. Pour rejoindre le marché d’Ambovombe, les paysans des Communes voisines quittent leurs villages très tôt le matin, vers une heure, voire vers minuit, ou carrément la veille, pour arriver à Ambovombe vers 05 heures 30 du matin. Plus ils arrivent tôt, plus ils ont la certitude d’éviter l’embouteillage de charrettes sur les trois entrées du marché.

Entrée Nord du marché : embouteillage de 64 charrettes sur deux rangées

On distingue deux types d’acheteurs sur le marché : les simples paysans et les collecteurs.. Le circuit de distribution peut être direct, allant des paysans offreurs aux paysans demandeurs. Si les produits passent par les collecteurs, le circuit peut-être simple ou complexe selon l’existence ou non d’intermédiaires. Si l’acheteur est un projet, les graines subissent un triage pour être redistribuées en tant que semences auprès des paysans cultivateurs. Avant juin 2012, le GRET a aussi acheté une part minime de semences au

57 marché, qu’il trie et revend par la suite. Il achetait uniquement le maïs local, le dolique et le niébé local. Ce système n’était que temporaire, risquant d’ailleurs de dévaloriser les semences produites par les PMS bien qu’indispensable pour répondre au besoin en quantité de semences à l’époque .

IV . 2. 2. Les aides d’urgence, l es actions des organismes et des programmes de développement

Plusieurs organismes internationaux et programmes de développement interviennent dans la distribution de semences gratuites dans les Régions Anosy et Androy, notamment en temps de crise. Il s’agi t principalement de la FAO (principales spéculations : haricots, maïs, patate douce, manioc, arachides, sorgho de cycle court, niébé et dolique), de l’AROPA (spéculations : riz, maïs, pomme de terre, oignon, arachide, sorgho et manioc 20 ) et du Ministère de l’Agriculture (exemple de spéculation : patate douce). La distribution de semences est indispensable si elle s’adresse à des couches très vulnérables. Quoique la distinction entre les vulnérables et non vulnérables s’avère difficile sur le terrain et pose incessamment des difficultés de ciblage. Ces interventions peuvent toutefois être contradictoires au concept de développement dans la mesure où elles ne renforcent pas les capacités des paysans à produire eux-mêmes et à augmenter leur production de semences. Ce manque de ciblage des plus vulnérables constitue bien la tendance actuelle de ces interventions, faute de système d’information sur la vulnérabilité des populations dans les zones concernées, mais aussi la disponibilité en semences.

D’autres interven ants pratiquent le prêt en nature de semences, de type remboursement de 2 Kg à la récolte pour 1 Kg d’emprunt. Et si on valorise en termes monétaires, cela signifie que le taux d’intérêt est très élevé (100%), bien que cela respecte en effet l’objectif de renforcer la capacité des paysans à produire des semences. Encore faut-il que ces paysans soient bien encadrés dans leur activité de production afin de garder une part relativement importante de semences après remboursement. C’est dans ce but que la FAO a ccompagne son action de distribution de semences d’une collaboration avec des associations locales, à l’instar de l’Ampela Mitraoka, pour assurer la formation des paysans bénéficiaires des semences. Ce processus va jusqu’à la réalisation du suivi de ces pa ysans, étape qui est défaillante, pour le cas d’Ampela Mitraoka, selon le représentant des paysans bénéficiaires à Ankako, consulté le 20 mars 2013.

20 Ravohitrarivo, C. P., Ratsimbarison, R., Rakotomaharo F., Rabevohitra, L. S., (2011) Appui à la mise en place d’un système de production et de distribution de semences améliorées dans les zones d’intervention de PARECAM. Rapport préliminaire sur l’état des lieux . Programme d'Appui à la Résilience aux Crises Alimentaires à Madagascar (PARECAM). 59p.

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Par ailleurs, les semences distribuées par les urgentistes et les programmes de développement proviennent d ’abord des centres de recherche spécialisés, tels que le FOFIFA ( Fohibe Fikarohana ampiharina amin'ny Fampandrosoana ny eny Ambanivohitra – Centre National de la Recherche pour le Développement) ainsi que d’autres établisseme nts semenciers (CMS Sakay, Andri Ko, Centres semenciers Laniera, SD Mad, etc.). Ils achètent également des semences auprès d’organismes tels que le GRET, qui est considéré comme fournisseur de proximité. Ces semences viennent des producteurs de semences que le GRET appuie. Ceci con stitue un recours, faute de fourniture d’une quantité suffisante de semences et à temps par les centres de recherche.

Dès lors, l’origine des semences distribuées pose problème pour deux raison. Tout d’abord, les paysans doutent de l’adaptabilité de la var iété aux conditions agro-écologiques locales, pour les semences introduites d’autres R égions. Ensuite, la génération des semences qui doivent être produites n’est pas précisée dans la norme QDS et on ignore la génération des semences actuellement produites par les PMS (ambigüité sur l’identification de la génération), triées par GRET et achetées par ces organismes. Néanmoins, nombreux sont les facteurs qui peuvent déterminer le rendement de ces semences, à savoir la qualité de celles-ci, mais aussi les techniques utilisées par les paysans, les conditions climatiques, etc. Afin de baliser l’activité de distribution de semences dans les situations d’urgence, la FAO est en pleine conception d’un projet, qui se raccroche aux normes QDS, et qui exige un minimum de normes à respecter par rapport à ces semences distribuées gratuitement.

D’un autre point de vue, la distribution de semences perpétue l’assistanat et détourne l’insertion de celles -ci dans les circuits commerciaux vers les distributions gratuites, sous les régimes de la subvention. Elle fait concurrence avec les boutiques de semences mises en place et renforcées par le Projet SOA. En réalité, il n’y a donc pas une réelle contribution à l’amélioration du développement du système semencier à travers la dist ribution gratuite. Afin de minimiser le risque d’assistanat chez les paysans, le système de distribution de semences doit cibler uniquement les couches de population les plus vulnérables. Or, ce système est difficile à appliquer dans le Sud où la société c lanique s’approprie tous les produits distribués et les redistribue au sein de la société de manière égale. Une distinction claire doit être faite au sein de ce type de société, entre la distribution égale des biens et la nécessité de privilégier certaines couches lors des actions de développement telles que dans le secteur de la sécurité alimentaire. Pour un meilleur ciblage, il est donc aussi nécessaire de disposer d’informations à jour et fiables sur l’identification de ces populations les plus vulnérables, qui ne peuvent se procurer les semences nécessaires à leur production.

59

En termes d’interaction entre les acteurs, la coordination des activités au s ein du cluster Sécurité Alimentaire et Moyens de Subsistance (SAMS) est très encourageante avec l’application de l’approche LRRD. Toutefois, la cohérence technique des interventions en matière de développement et d’urgence est requise afin de produire un impact réel à long terme sur les capacités de production des paysans et des localités. De plus, le manque d’information contribue largement à rendre les objectifs plus difficiles à définir. Les efforts de coordination devraient donc être appuyés par des outils performants, en particulier un système d’information sur la sécurité alimentaire et la vulnérabilité avec un œil particulier sur la filière semence. Ce système devrait être neutre, léger et pérenne et doit alimenter en informations les concertations en tre les acteurs de développement et ceux d’urgence en vue d’une planification et d’une meilleure coordination des activités.

Un autre système de mise à disposition des semences est mis en œuvre dans les zones d’étude, à travers les boutiques d’agrofourniture s. L’objectif est d’offrir, par un système de proximité, des semences adaptées, diversifiées, répondant surtout aux besoins en quantité de semences. Ce système est appelé à éradiquer la pénurie de semences. 104 boutiques ont été ainsi mises en place par GRET, dans le cadre du Projet SOA. Elles sont destinées à commercialiser les intrants agricoles. L’accessibilité de ces boutiques est renforcée par un système de bon d’achat qui est fonctionnel depuis le début du Projet SOA. C’est une distribution gratuite auprès des boutiques qui permet aux paysans de gérer eux-mêmes leurs achats, au lieu de recevoir directement des dons, et d’accéder aux semences de leur propre choix. Ce système de bon d’achat correspond à une dotation en semences adaptées pour les ménages vulnérables, notamment en cas de crise , ce qui est un effort d’intég ration à l’approche LRRD. Plus de 10 t de semences ont été achetées par ce système de bon d’achat

MESSAGE CLE 11 :

La distribution de semences dans le Sud, à travers les aides d’urgence et les programmes de développement, est un système incontestablement nécessaire pour maintenir les activités de production des paysans. Néanmoins, les failles de ces actions se révèlent dans la pratique en termes d’adaptabilité des semences aux caractéristiques agro -écologiques de la zone, de respect du calendrier cultural et de risque de non renforcement de capacité des paysans en matière de production de semences. Des efforts doivent encore être fournis afin de répondre aux besoins immédiats des populations les plus vulnérables tout en anticipant les effets des actions menées dans le futur.

60 jusqu’à maintenant. Cela témoigne de l’utilité de ce système pour les paysans vulnérables.

En amont, tout un système de production et d’acheminement des semenc es est mis en place, destiné uniquement à fournir ces boutiques. Le centre d’essais variétaux, dénommé Centre de Production de Semences d’Agnarafaly (CPSA), teste l’adaptation et la performance des variétés introduites et produit des semences du type R1 et R2. Les semences testées par ce centre proviennent, en principe, du centre national de recherche- développement FOFIFA, de l’ICRISAT, de l’IRAT et du CIRAD. Le GRET utilise surtout des variétés IRAT et CIRAD et les variétés locales triées et épurées. Ces dernières sont choisies sur la base de tests au cours du projet FASARA et sont issues des sélections paysannes. Ces variétés locales triées et en vente dans les boutiques sont plus volumineuses que celles produites par les centres de recherche. Car le FOFIFA, par exemple, ne satisferait pas les besoins du GRET en termes de quantité de semences demandée. Les paysans multiplicateurs de semences (PMS), souvent regroupés en associations, sont chargés de la multiplication des semences produites par le CPSA. Après récupération et triage par le GRET, les semences multipliées sont vendues dans les boutiques.

Afin d’assurer la qualité des semences produites, un comité de réflexion sur la norme QDS a été mis en place, composé du FOFIFA, de la FAO, du SOC et du Ministèr e de l’Agriculture. Ce comité devrait concerter sur le contenu et l’application de la norme QDS, mais il n’est pas encore fonctionnel et surtout, il ne comprend pas une institution représentante des paysans. Si la représentation des paysans au sein de ce c omité n’est pas appropriée, l ’implication des paysans dans la sélection des variétés à produire est toutefois prévue dans ce processus. D’ailleurs, à titre d’exemple, il reste une grande quantité de semences de cajanus, de sorgho et de mil non liquidée auprès du GRET 21 , preuve que les variétés produites, ou du moins leur proportion, sont à reconsidérer tout en tenant compte de la caractéristique adaptée aux zones semi-arides de ces plantes.

Par ailleurs, ce comité de réflexion est destiné à adapter la norme QDS à l’objectif du Projet SOA de vulgariser les semences améliorées, pour accroître la production. Suite aux réalités constatées sur t errain, la démarcation entre la vulgarisation d’une technique d’agriculture de conservation et la multiplication des semences doit aussi être faite, tout en visant une cohérence des techniques transmises aux paysans. Les techniques de l’agriculture de conservation sont indispensables dans des zones déjà fragiles comme l’Androy et l’Anosy. Les réflexions sont donc axées sur la possibilité de développer ces techniques sans ternir la

21 Le GRET a défini comme perspective de trouver un débouché pour liquider ces semences. Discussion lors de la réunion du comité de pilotage du Projet SOA, FAO Ambovombe, 18 mars 2013.

61 production de semences suivant la norme QDS. Cela évitera aussi les éventuelles confusions à la fois entre les accompagnateurs techniques des paysans et les instances de contrôle, et également du côté des PMS.

En guise de récapitulation, le schéma suivant présente le circuit du système semencier actuel qui fait intervenir à la fois les paysans, les organismes de développement et les urgentistes :

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Figure 1 : Circuit du système semencier actuel

Production de Importation de achat Test et production Production semences de semences des de semences par paysanne de base par le centres de le CPSA graines FOFIFA recherche étranges (IRAT, CIRAD, etc.) Possibilité d’achat Multiplication des Contrôle par par les collecteurs semences par les les agents PMS DRDR (SOC) Achat par acteurs Echange ou achat de l’urgence et du Vente au par les paysans développement marché (au village) Collecte et tri par GRET

Vente des écarts Achat de Achat par les Stockage à dans les locaux Triage variétés paysans Ambovombe Distribution du GRET locales par gratuite par les GRET ONG et accompagnement par les Vente de associations/ONG semences/graines (FOFIFA pour les triées en boutiques producteurs de semences)

Achat par les paysans

Utilisation par les paysans cultivateurs

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Hormis le progrès indéniable du système semencier ces dernières années grâce aux projets qui ont été développés dans la zone d’étude, un regard critique sur ce schéma permettra de poursuivre et d’améliorer les efforts dépl oyés. En effet, quelques imprécisions dans les rôles et le fonctionnement des acteurs sont à signaler. Ces failles font que les projets de développement ne profitent pas entièrement aux paysans, pour les raisons suivantes :

Z Les semences fournies par les c entres de recherche (en l’occurrence le FOFIFA) et les autres établissements semenciers sont en quantité insuffisante et le temps de commande jusqu’à la livraison est parfois long. Ainsi, le GRET figure parmi l es principaux fournisseurs de semences aux autres organismes de développement et aux urgentistes. Celui- ci est aussi l’unique source d’approvisionnement en semences de mils, de cajanus, de mucuna, de konoke et d’autres variétés de semences nouvellement introduites. Celles-ci sont disponibles en quantité suffisante pour les autres acteurs du développement qui souhaitent développer l’agriculture de conservation. Par ailleurs, le stockage de toutes les semences multipliées et collectées se fait chez GRET. Cela requiert des conditions de stockage assez strictes, difficiles à respecter, afin de préserver la bonne qualité des semences. Z Force est de constater que la commercialisation des variétés locales reste un moyen incontournable de mettre à disposition le maximum de quantité de semences possibles dans le Sud. Toutefois, dans le cas de la collecte par GRET, par exemple, la qualité de ces graines paysannes n’est pas assurée . Car elles sont sélectionnées plutôt arbitrairement par les paysans, sans qu’il n’ y ait de vérification systématique de leur système de production et de leur qualité. Certes, une fois collectées, ces variétés locales subissent un triage et un traitement chimique, avec des conditions de stockage plus ou moins bonnes, mais leur rendement n’est pas assuré à cause des défaillances possibles en amont. La preuve en est l’existence d’écarts assez importants après le triage de ces variétés locales. Z Enfin, une faille importante est que le GRET n’a encore demandé la réalisation de contrôle par le SOC, que sur les activités de multiplication par les PMS, en excluant les boutiques. Cela est appliqué auprès de 3 associations de PMS, à Bevato (HafaTyTaloha), à Behara (FMDB) et à Antsomotsoy (FMMDA). Autrement dit, le véritable contrôle du système, de la multiplication jusqu’à la commercialis ation des semences est encore défaillant. Or, sans la mise en œuvre périodique de ce contrôle auprès de tous les PMS, tout le système prévu ou mis en place ne peut être efficace. Malgré l’encadrement par les techniciens du GRET, le respect des normes (normes qui ne sont finalement pas

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encore clairement définies) par les PMS est encore loin d’être assuré. Il est donc primordial d’accélérer le processus pour élargir le contrôle par le SOC.

Il est aussi nécessaire d’anticiper déjà les impacts de ce système se mencier actuel sur la capacité des paysans à produire de semences dans le futur. Les organismes de développement dans ce secteur doivent se concerter par rapport à la perspective d’autonomisation des boutiques à long terme. Car la vente dans les boutiques est actuellement subventionnée par le GRET, ce qui risque de créer une dépendance des boutiquiers. Ces derniers n’ont qu’un rôle de vendeur, puisque GRET récupère ensuite les recettes après déduction de la rémunération des gérants (15% des chiffres d’affai res). Néanmoins, ce système de subvention sera indispensable pour plusieurs années car les coûts de transport, de traitement, de stockage et de commercialisation sont encore trop lourds pour être supportés par les paysans.

Par ailleurs, le développement de ce circuit se confronte à la forte concurrence avec le secteur semencier informel qui paralyse le marché. Pour inverser cette situation au profit des paysans utilisateurs des semences, le circuit actuel doit être revu pour atteindre des bénéficiaires plus larges. Néanmoins, la disponibilité en quantité des semences est la priorité, d’où la nécessité de maintenir le circuit même dans le système informel.

Le rôle du CPSA, en particulier, est également à réviser afin de ne pas accaparer les compétences des autres institutions au détriment de sa propre mission. Ce Centre devrait fonctionner comme un établissement privé ou semi-privé, en tout cas en gestion autonome. Il recevrait l’appui de l’ONG CTAS (Centre Technique Agroécologique du Sud) qui relaye le GRET. Mais avant tout, les PMS doivent déterminer clairement ce qu’ils attendent de ce centre (le CPSA), et comment ils comptent en exploiter les services. Concernant l’insertion des activités du CPSA dans les normes en matière de semences, celles provenant du CPSA et utilisées par les PMS sont, pour le moment, difficiles à classer dans les catégories conventionnelles admises par le CNEV.

D’autres entités s’efforcent de satisfaire des demandes identifiées dans le cadre de leurs activités respectives. Mais elles ne mènent que des actions ponctuelles et localisées. Pour les plus récentes, on peut citer :

- Le CMS de Behara qui produit des semences de haricot, de riz et d’oignon. Ces semences sont utilisées par les paysans mais elles sont de qualité hétérogène et ne sont pas validées par le SOC ; - Un projet financé pas la coopération suisse, en collaboration avec l’ONG AIM, qui encadre des groupements de production de semences (GPS) dans la zone cristalline

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du nord de la zone d’étude. Cet ONG a contribué à la productio n de semences à Bekily mais le projet a actuellement pris fin ; - D’autres ONG comme CARE, CRS et Caritas qui appuient leurs bénéficiaires en semences de qualité, surtout les semences de haricot.

MESSAGE CLE 12 :

D’importants efforts ont été fournis, en l’occurrence à travers le Projet SOA, pour améliorer l’accès aux semences dans le Sud avec le circuit actuel impliquant les PMS. C e circuit assez complexe et pas totalement maîtrisé peut être amélioré, notamment au profit de bénéficiaires plus larges. La pérennité de ce circuit est aussi un aspect essentiel à ne pas négliger. La perspective pour l’autonomisation des boutiques, à long terme, fait partie des questions de pérennité à prendre en compte dès maintenant.

Boutique Gret à Erada

Dépôt communal du Gret à Erada

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IV. 2. 3. Les types de semences sur le circuit de distribution

Au vu du schéma de synthèse du circuit actuel du système semencier dans le Sud, l’utilisation de chaque type de semences ne correspond pas encore à des normes claires. Cela inclut les normes sur la génération de semences à commercialiser dans les boutiques. Aucune institution n’est aussi chargée d’assurer le contrôle complet à toutes les étapes de ce processus, c'est-à-dire de la production à la commercialisation en passant par la multiplication des semences Ainsi, le manque de traçabilité des semences produites par GRET, par exemple, ne peut être remis en cause. Bien que ce ne soit actuellement pas le but premier de l’appui à la production de semences, l e développement des capacités locales à produire et à commercialiser des semences de qualité sont entravées dans ce système sans contrôle complet et sans normes claires.

Le tableau ci-dessous présente les types de semences qui sont actuellement distribuées dans le Sud (au village, au marché et dans les boutiques), que ce soit à travers les organismes de développement ou les aides d’urgence. Les critères retenus sont confondus, en fonction de ce qui existe sur le terrain :

Tableau 13. Les types de semences distribuées actuellement dans les Régions Androy et Anosy

Type de semences Cultures Utilisation Institutions impliquées dans la distribution

Semences de base Riz, haricots, Vente aux FOFIFA manioc, etc. organismes de développement et urgentistes pour multiplication ou distribution directe auprès de la population

Semences Cultures vivrières : Distribution aux GRET, FAO, ONG commerciales ou sorgho, maïs, mil, paysans cultivateurs 2H, AROPA certifiées (variétés arachide, manioc, et aux PMS nouvellement patate douce, etc. introduites), traçabilité pas claire pour la plupart des variétés distribuées par le GRET .

Pour la FAO, le sorgho a été introduit de l’ICRISAT et multiplié par la

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FOFIFA.

Semences certifiées Cultures Distribution aux FAO (variétés maraîchères : paysans cultivateurs nouvellement oignon, ail, etc. et aux PMS introduites) fournies par le SEDD FAS Laniera et sous contrôle du SOC .

Semences Cajanus, bracharia, Distribution aux PMS GRET commerciales etc. pour constituer des (variétés brise-vents nouvellement introduites) traçabilité pas claire pour la plupart des cultures .

Semences Manioc, patate Vente informelle : au Paysans cultivateurs paysannes douce, maïs, riz, village et au marché arachide, petit pois, haricots, oignons, etc.

Source : « Diagnostic agraire et commercialisation des semences dans la zone du Projet SOA, Sud de Madagascar », Rapport d’étude, FAO -CITE, 2013.

Cet essai de classification se base uniquement sur la connaissance du terrain et des activités des différents acteurs sur la base des entretiens et des documents consultés. Ainsi, la liste n’est pas exhaustive. Néanmoins, la principale conclusion à partir de ce tableau est l’absence des semences de qualité dans le circuit actuel, sachant que même les normes concernant la production de telles semences ne sont pas encore clairement définies ni appliquées. Il est normal que les semences paysannes dominent le marché car, d’un côté, le FOFIFA à lui seul ne peut assurément pas répondre à la demande en semences et, d’un autre côté, les semences commerciales n’att irent pas encore assez les paysans. La vulgarisation des semences commerciales et des semences de qualité fait donc partie d’un tout où il serait indispensable de sensibiliser d’abord les paysans sur la nécessité d’utiliser les semences de qualité.

IV. 3. ACCES AUX SEMENCES AMELIOREES

L’analyse du circuit actuel à travers le schéma du système semencier et le tableau de classification présentés précédemment ressortent la présence des semences améliorées, entendues comme des semences qui n’existaient pas auparavant et qui sont produites par la recherche. Celles produites par le CPSA et commercialisées dans les boutiques en font

68 partie. En revanche, les normes définissant des critères clairs de ces semences ne sont pas encore fixées. Les réflexions sur les précisions dans les normes QDS sont en cours.

Ces données montrent que les exploitants de la zone d’étude sont encore loin d’avoir accès aux semences améliorées. Même parmi les 38% de paysans cultivant du maïs à Tsihombe (nombre : 13879), on compte seulement 5.5% ayant accès aux semences améliorées, soit 305 exploitants ou 2,1% de l’ensemble des pratiquants de la culture. Les cas de toutes les cultures de base dans tous les Districts sont similaires : au maximum 3% de l’ens emble ayant accès au matériel végétal amélioré pour le manioc à Amboasary. Pour les autres cultures, bien que développées par la totalité des exploitants, le pourcentage d’accès aux semences améliorées est largement insignifiant, par exemple : 0,3% pour le voanemba (niébé) à Ambovombe.

Dans la grande majorité des cas, les paysans s’approvisionnent en semences auprès de leurs collègues voisins ou prélèvent sur leurs dernières récoltes, à moins de bénéficier de dons des organismes d’appuis (cf. détails en annexes). Les cas d’acquisition auprès de services semenciers ad hoc (boutiques d’agrofournitures) sont très rares ou concernent des cultures très peu pratiquées. Tels sont les cas de certaines cucurbitacées à Tsihombe ; du voanemba (niébé), antake (dolique), sorgho, choux de chine à Ambovombe ; voanemba (niébé), sorgho, oignon à Amboasary Atsimo.

Concernant les cultures de base, on peut trouver quelques paysans qui s’approvisionnent (au marché et dans les boutiques) en semences de maïs dans les Districts d’Ambovombe (environ 21%) et de Tsihombe (près de 11%). Sinon les semences de maïs s’acquièrent généralement par achat auprès d’autres paysans, contrairement au manioc et à la patate douce qui se contentent facilement de boutures d’aut oproduction. De même pour le riz à Amboasary.

Cela pourrait s’expliquer par un prix difficilement accessible pour l’ensemble des exploitants ou la faible confiance qu’ils accordent aux fournisseurs de semences améliorées. Soit qu’ils doutent de la qualité des produits proposés, soit qu’ils jugent préférable de rester dans leur pratique habituelle, moins risquée. Cette faiblesse de confiance pourrait résulter du fait que les agriculteurs préféreraient voir par eux-mêmes les effets de ces semences améliorées comparées aux traditionnelles pour réaliser concrètement le gain que cela leur procure, le plus souvent, sur le court terme. De plus, il est à signaler que cette zone de l’Androy connait des conditions climatiques très instables que les agriculteurs eux-mê mes n’arrivent pas à gérer. Malgré la multiplicité des interventions dans l’offre de semences améliorées, l’accès est toujours très faible. Il y aurait donc encore beaucoup d’amélioration à faire au niveau de la diffusion de ces semences, la sensibilisation des agriculteurs et la mise en adéquation du

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moment et de la qualité de l’offre de ces semences avec le contexte socio -économique et climatique de la zone.

Tableau 14. Pourcentage d’exploitants ayant accès aux semences améliorées 22 par District

Tsihombe Ambovombe Amboasary Atsimo % ayant % ayant % ayant % % % accès accès accès pratiquan pratiquan pratiquan parmi parmi parmi ts de la ts de la ts de la pratiquan pratiquan pratiquan culture culture culture ts ts ts Accès aux semences améliorées 2.4 3.1 Maïs 38.2 5.5 27.0 2.2 36.9 4.5 Manioc (bouture) 34.8 3.2 26.8 11.3 Patate douce 12.5 10.3 10.3 5.3 Autres racines et bulbes 0.3 100.0 Voanemba (niébé) 7.3 3.8 5.9 5.2 2.1 Voanjobory (pois de bambara) 3.4 4.6 Antake (dolique) 1.7 32.9 Autres grains 0.3 100.0 Arachides 8.3 1.9 Choux de chine 0.4 100.0 Nombre total d’exploitants 36 370 123 235 73 593 Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

MESSAGE CLE 13 :

L’accès aux semences des aliments de base est particulièrement limité. La majorité des paysans ont recours au système informel pour accéder aux semences. Les boutiques sont encore très peu fréquentées. Certaines cultures des semences qui y sont vendues sont en réalité encore insuffisamment pratiquées par les paysans, notamment le sorgho. L’achat de semences de maïs auprès d’autres paysans est plus fréquent par rapport aux autres cultures de base qui sont simplement prélevées sur les récoltes précédentes. Cet attachement au système informel et aux « vieilles cultures » reflète la réticence des paysan s à utiliser de nouveaux intrants de production. La sensibilisation de ces derniers serait alors de mise afin de surpasser le problème de disponibilité des semences.

22 La définition des « semences améliorées » telle qu’entendue dans le questionnaire est, par opposition aux « semences traditionnelles » : des semences dont au moins une des caractéristiques de la variété présente des performances supérieures à celles des variétés traditionnelles. Les chiffres dans ce tableau sont calculés à partir de la déclaration des exploitants sur les types de semences auxquels ils ont accès.

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IV . 3. 1. Les périodes d’approvisionnement en semences et boutures

Il a été demandé aux exploitants de préciser les mois d’approvisionnement en semences et boutures pour chaque culture pratiquée. Pour simplifier la lecture, les tableaux ci-dessous ne repro duit que les calendriers d’approvisionnement relatifs aux principales cultures avec les pourcentages mensuels d’exploitants déclarant.

Pour la zone d’étude, les tableaux ci -dessous montrent que l’année est particulièrement chargée en recherche de semences, surtout pour les cultures destinées à l’alimentation de base. En examinant en parallèle le calendrier agricole, on observe dans tous les Districts que l’approvisionnement en semences coïncide bien avec les travaux de semis sur de longues périodes. Du moins pour les cultures de base, cela confirme le caractère aléatoire du calendrier cultural. La famille entière se précipite à cultiver les champs à la moindre pluie. Si elle ne constate aucune germination ou que la plante meurt au stade de développement pour cause de sécheresse, elle sème de nouveau. Elle continue sur d’autres parcelles en d’autres moments autant qu’elle le peut. A ce rythme elle est tenue de disposer continuellement de semences. Les cas d’épuisement généralisé de semences responsables de cam pagne blanche doivent toujours être l’objet de prévention au niveau régional pour éviter la famine.

Pour le maïs, les paysans n’arrêtent pas de chercher des semences, immédiatement mises en culture pendant 5 à 8 mois. De même pour le manioc pendant 7 à 9 mois, entre mai et février, et cela peut se poursuivre dans la même simultanéité pendant l’intersaison. La plus longue période intense concerne Tsihombe, de mai à décembre. Pour la patate douce, la période d’approvisionnement en semences est en moyenne de 7 mois, entre octobre et juin.

Tableau 15. Calendrier des périodes d’approvisionnement en semences dans le District de Tsihombe

Prati- MOIS J F M A M J J A S O N D Total quants Maïs 14% 5% 8% 1% 2% 3% 4% 41% 22% 100% 38.2% Manioc 3% 5% 14% 13% 4% 29% 19% 13% 100% 38.1% Patate douce 9% 25% 9% 15% 8% 5% 29% 100% 5.5% Voanemba (niébé) 10% 4% 10% 6% 11% 13% 35% 11% 100% 7.3% Antake (dolique) 24% 14% 27% 24% 5% 6% 100% 3.7% Arachide 10% 90% 100% 2.1% Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

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Tableau 16. Calendrier des périodes d’approvisionnement en semences dans le District d’Ambovombe

Prati- MOIS J F M A M J J A S O N D Total quants Maïs 13% 5% 4% 1% 1% 1% 8% 4% 16% 28% 19% 100% 27.0% Manioc 2% 1% 1% 1% 3% 22% 14% 4% 4% 16% 23% 9% 100% 34.8% Patate douce 17% 8% 27% 4% 16% 4% 4% 3% 17% 100% 12.5% Voanemba (niébé) 16% 15% 13% 20% 8% 28% 100% 5.9% Antake (dolique) 37% 27% 18% 19% 101% 3.8% Arachide 11% 2% 3% 3% 8% 11% 38% 24% 100% 8.3% Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Tableau 17. Calendrier des périodes d’approvisionnement en semences dans le District de Tsihombe

Prati- MOIS J F M A M J J A S O N D Total quants Maïs 18% 14% 0% 1% 2% 2% 14% 34% 15% 100% 36.9% Manioc 7% 7% 1% 4% 8% 4% 23% 6% 27% 11% 2% 100% 26.8% Patate douce 4% 20% 16% 7% 19% 6% 3% 25% 100% 10.3% Voanemba (niébé) 39% 20% 5% 35% 100% 2.1% Antake (dolique) 16% 49% 12% 23% 100% 1.7% Arachide 12% 14% 74% 100% 2.1% Riz irrigué 1ère saison 67% 21% 12% 100% 7.3% Riz irrigué 2ème saison 91% 9% 100% 1.7% Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

MESSAGE CLE 14 :

Selon l’enquête effectuée au Sud, la demande en semences pour cette année s’étale sur plusieurs mois pour les aliments de base : 5 à 8 mois pour le maïs, 7 à 9 mois pour le manioc, et environ 7 mois pour la patate douce. Le contenu des calendriers dans chaque District confirme la tendance des agriculteurs à semer à la moindre tombée de pluie, face à l’incertitude de la quantité de la pluviométrie pendant l’ensemble de la saison.

IV. 3. 2. Prix des semences

Les exploitants enquêtés ont dévoilé les prix auxquels ils ont acheté les semences des principales cultures qu’ils ont pratiquées, toutes provenances confondues. Les tableaux ci -

72 dessous les présentent, sous leur version modale à défaut de pouvoir calculer des moyennes pondérées. Néanmoins, ces résultats ne font pas ressortir l’importante variabilité qui se situe dans la semaine qui suit chaque pluie. En effet, le prix des semences peut facilement doubler durant cette période et cette variabilité est dissimulée dans les moyennes mensuelles.

Tableau 18. Prix modal en Ariary par mois des semences des principales cultures dans le District de Tsihombe

J F M A M J J A S O N D Maïs Kpk * 300 500 250 500 150 150 250 250 400 Manioc Fehiny** 2000 2500 2000 1000 1000 Patate douce Fehiny 1000 3000 Antake (dolique) kpk 200 500 200 600 Voanemba (niébé) kpk 300 400 300 200 300 300 600 600 Voanjobory (pois de bambara) kpk 400 400 Arachide kpk 609 300 * Kpk = kapoaka (boîte de lait concentré sucré) * Fehiny = fagot

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Tableau 19. Prix modal par mois des semences des principales cultures dans le District d’Ambombe

J F M A M J J A S O N D Maïs kpk 300 200 200 600 300 300 300 200 200 200 Manioc Fehiny 1000 1200 2000 2000 2000 2000 2000 1000 1000 Patate douce Fehiny 4000 3000 3000 Antake (dolique) kpk 300 400 250 300 Voanemba (niébé) kpk 500 700 400 300 350 300 Voanjobory (pois de bambara) kpk 400 500 400 300 Arachide kpk 500 700 500 400 500 700 Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

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Tableau 20. Prix modal en Ariary par mois des semences des principales cultures dans le District d’Amboasary Atsimo

J F M A M J J A S O N D Maïs kpk 200 300 150 150 500 300 200 Manioc Fehiny 6000 5000 1500 2000 Patate douce Fehiny 2000 3000 2000 800 Antake (dolique) kpk 500 490 500 400 Voanemba (niébé) kpk 600 400 250 300 Arachide kpk 500 800 Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

La stabilité du niveau des prix est un indice de sécurité du système des semences. Ici, on observe d’emblée que, quel que soit le produit, les prix des semences fluctuent considérablement tout au long de l’année. Mais le niveau des prix de manioc et de patate douce, par exemple, est particulièrement élevé. Cela reflète des difficultés d’accès et des problèmes de disponibilité qui font fonctionner la loi de l’offre et de la demande dans un sens pervers. Et il n’est plus à souligner que ce sont les paysans qui en subissent les conséquences. Leurs avis ont donc été également pris en compte dans cette étude.

IV. 3. 3. Avis des paysans sur les prix de vente des semences

Faut- il tenir rigueur des déclarations des paysans lorsqu’ils disent qu’ils trouvent en grande majorité que les prix de vente des semences ne sont pas raisonnables ? Ils sont 73% à 87% à le prétendre parce qu’ils les estiment chers, alors que les proportions des avis positifs et conditionnels sont parfois significatives à Tsihombe, et tout particulièrement concernant l’arachide, le manioc, la patate douce et le maïs.

Les paysans trouvent normal qu’on se réfère au rapport « semences/production » en termes de poids pour apprécier la rentabilité de la culture et partant de la logique du prix des semences. Cependant, ils s’expriment souvent par rapport à leur solvabilité monétaire au moment de l’achat et oublient le critère qualité. Une formation s’avère importante pour persuader ces paysans sur l’intérêt du jugement suivant le rapport « qualité/prix ». Dans chaque District , ils ont avancé des prix qu’ils jugent raisonnables pour les semences de chaque type de produit. Ces prix sont reproduits dans le tableau suivant en face de la fourchette de prix recueillis pendant l’année et extraits du tableau supra.

Tout d’abord, ces données révèlent qu’une bonne majorité des enquêtés se sont exprimés. Ensuite, elles montrent que les paysans de la zone souhaitent, presque systématiquement, des prix de semences inférieurs aux prix auxquelles ils les ont achetées. Ce qui est normal

74 comme comportement en tant que client. Mais, même en considérant les minima des fourchettes, les écarts entre la réalité et le prix souhaité sont conséquents. Enfin, ce qu’on observe c’est que ces minima peuvent concerner des variétés locales de qualité douteu se. Ces opinions soulèvent la question du subventionnement, d’autant plus qu’elles sont exprimées en milieu vulnérable.

Tableau 21. Prix de semences raisonnables selon les paysans

Tsihombe Ambovombe Amboasary sud Fourchette Fourchette Fourchette de prix de prix de prix Prix Prix Prix % % % modal dans modal dans modal dans Unité décla- décla- décla- souhaité souhaité souhaité rants l’année rants l’année rants l’année (Ar/kg) (Ar/kg) (Ar/kg) (Ar/kg) (Ar/kg) (Ar/kg)

Maïs kpk 100 57.9 200 à 600 100 57.8 200 à 600 100 46.0 150 à 500 1000 à 3000 à 1500 à Manioc Fehiny 1000 70.7 2500 400 53.5 4000 1000 68.0 6000 1000 à 3000 à Patate douce Fehiny 1000 56.8 3000 500 42.0 4000 1000 50.0 800 à 3000 Antake (dolique) kpk 20 62.0 200 à 600 50 61.0 250 à 400 100 48.0 400 à 500 Voanemba (niébé) kpk 100 55.6 200 à 600 100 56.0 300 à 500 100 51.0 250 à 600 Arachide kpk 200 45.0 609 200 44.0 400 à 700 450 84.0 500 à 800 Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Ce tableau exprime le prix que les paysans estiment raisonnables pour les semences dont les qualités sont inconnues, donc à majorité paysanne. Une analyse du consentement à payer par rapport à des semences de qualité devrait donc compléter l’étude du développement du système semencier.

IV. 3. 4. Critères de choix des ménages sur les diverses origines des semences

Au cours de la dernière campagne, les exploitations de la zone d’étude se sont approvisionnées en semences ou boutures de différentes manières. Pour chaque fournisseur approché, les tableaux suivants révèlent, par District, la raison du choix et le niveau de satisfaction des exploitants à l’égard des fournisseurs.

A Tsihombe, les enquêtes révèlent la priorité des exploitants pour l’offre de leurs collègues producteurs d’une part, et pour l’autoproduction d’autre part. Les raisons en sont principalement la proximité et la simplicité d’acquisition. Ceux qui autoproduisent se déclarent généralement satisfaits, alors que les avis de ceux qui ont acheté chez les paysans voisins sont très partagés. Cela va de soi quand les qualités offertes sont aléatoires.

75

Peu d ’exploitants ont approché d’autres fournisseurs, 13%. Les services semenciers de l’Etat ( dont la DRDR), dont ils espèrent des semences bon marché et de meilleure qualité, ne leur ont pas procuré satisfaction quant à ces deux critères (prix et qualité). Ce niveau de satisfaction est pareil pour une bonne partie (42%) de ceux qui ont acheté auprès des boutiques d’agrofournitures non étatiques ( celles mises en place par le GRET). Pourtant, ils ont pourtant apprécié la simplicité d’acquisition des semences auprès de ces boutiques. En effet, les semences sont disponibles, les prix sont affichés et la vente est directe, sans aucun intermédiaire.

Tableau 22. Répartition des exploitants suivant le lieu où ils ont obtenu des semences et leur niveau de satisfaction dans le District de Tsihombe

service Echange Auto- Ensembl Marché semenci boutique Dons entre producti e er paysans on

Mode d'approvisionnement 41% 5% 5% 2% 1% 46% 100% Nb exploitation concerné 14,776 1,920 1,894 644 297 16,839 36,370 Motifs d’approche de ces fournisseurs de semences Moins cher 6% 33% Meilleure qualité 5% 18% Plus proche 36% 86% 21% 100% 34% Plus simple 35% 34% 14% 79% 45% Sans motif 3% 15% 21% Autre 14% 1% TOTAL 100% 100% 100% 100% 100% 100% % Exploitants satisfaits 48% 0% 58% 100% 0% 82% Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Les choix et les motivations des agriculteurs d’Ambovombe diffèrent de peu de celles de Tsihombe. A la différence que les services de l’Etat ont beaucoup plus attiré les agriculteurs d’Ambovombe. On constate ici plus de satisfaction à l’égard des services ad hoc de la DRDR et des boutiques d’agrofournitures non étatiques, mais beaucoup plus de déception envers les paysans voisins.

Tableau 23. Répartition des exploitants suivant le lieu où ils ont obtenu des semences et leur niveau de satisfaction dans le District d’Ambovombe

service Echange Auto- Ensembl Marché semenci boutique Dons entre producti e er paysans on Mode d'approvisionnement 36% 13% 3% 3% 1% 44% 100% Nb exploitation concerné 44,727 16,263 3,082 4,224 829 53,867 122,992 Motifs d’approche de ces fournisseurs de semences

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Moins cher 5% 33% 7% 1% Meilleure qualité 11% 16% 8% 1% Plus proche 27% 9% 8% 12% Plus simple 35% 42% 51% 54% 74% Sans motif 8% 2% 22% 100% 9% Autre 15% 6% 40% 3% TOTAL 100% 100% 100% 100% 100% 100% % Exploitants satisfaits 35% 33% 72% 61% 0% 83% Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Les exploitants d’Amboasary Atsimo se sont approvisionnés en semences presque exclusivement auprès de leurs collègues (43%) ou dans leurs propres productions (50%) pour des raisons de proximité et de simplicité. Certains d’entre eux ont tout de même approché les services du DRDR (4%) et en sont généralement plus satisfaits que ceux se contentant de l’offre locale.

Tableau 24. Répartition des exploitants suivant le lieu où ils ont obtenu des semences et leur niveau de satisfaction dans le District d’’Amboasary Atsimo

Service Echange Auto- Ensembl Marché semenci Boutique Dons entre producti e er paysans on

Mode d'approvisionnement 43% 4% 0% 1% 0% 50% 100% Nb exploitation concerné 31,983 3,057 222 875 354 37,101 73,592 Motifs d’approche de ces fournisseurs de semences Moins cher 6% 24% Meilleure qualité 11% 17% 100% 33% Plus proche 25% 16% 35% Plus simple 25% 53% 100% 57% Sans motif 4% 6% 51% 8% Autre 29% TOTAL 100% 100% 100% 100% 100% 100% % Exploitants satisfaits 32% 69% 0% 87% 100% 75% Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

L’analyse des critères de satisfaction des paysans par rapport aux différents modes d’approvisionnement démontre un décalage par rapport à la pratique. Car, en fin de compte, les paysans ne sont pas satisfaits de la qualité des semences paysannes, mais leur majorité continue à choisir ce mode d’approvisionnement par simple commodité. La poursuite de cette pratique se justifie aussi par les contraintes imposées par les re-semis où les semences sont achetées au plus bas prix, permettant l’accès à la plus gran de quantité de semences possible. Leurs critères de satisfaction reposent aussi sur des croyances non fondées. Car suivant les explications des paysans, l’expression « vente sans informations »

77 comme critère d’insatisfaction par rapport à l’achat auprès de s services semenciers étatiques n’a pas un sens rationnel. Cela signifierait qu’ils attendent de l’Etat une sorte de promesse de météo favorable. S’il ne pleut pas au moment voulu, on reproche aux services sur place qu’ils ne l’ont pas prévu. Normalement, les semences fournies par le DRDR proviennent du FOFIFA.

Quant aux boutiques, qui ne sont autres que les boutiques promues par GRET dans le cadre de leurs efforts de mise en proximité, les paysans regrettent qu’il n’y ait pas plusieurs variétés à choisir. Il convient de préciser que le GRET prône la diversité des semences adaptées. Mais il est quand même tenu de respecter un certain nombre de critères avant de mettre en vente des semences d’une variété donnée. S’il s’agit de semences de variétés locales, qu ’il a achetées au marché et dont il a fait le triage, l’épuration et le stockage, il est important de connaître leurs origines. Les paysans l’exigent aussi.

Les paysans qui autoproduisent leurs semences savent que celles-ci ont des défauts, d’autant plus q ue le renouvellement dépasse souvent le stade R4. Sans la vulgarisation d’autres semences et étant éloignés des points de vente, il est normal qu’ils n’aient pas le choix. Néanmoins, la dégénérescence dépend des variétés de semences. Les maïs composites, par exemple, peuvent être produits sur plusieurs générations sans dégénérescence.

Tableau 25. Les raisons de satisfaction et de déception

Mode d’approvisionnement INSATISFACTION SATISFACTION Cher Achat auprès des services Vente sans informations semenciers étatiques Sensible aux maladies (insectes) Quantité insuffisante Relation conviviale Boutique Pas de choix de variétés Renouvellement semence Semence de bonne qualité Cher Habitude Mauvaise qualité de semence Proximité Achat auprès des paysans Mauvaise germination Choix Accessible et disponible Dons Gratuit Echanges entre paysans Quantité insuffisante Dépannage Autoproduction Production insuffisante Habitude Consommée en cas de sécheresse Aucune dépense Vieille semence Résistante Pas de choix Facile à constituer Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

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IV. 4. BESOINS EN SEMENCES IV . 4. 1. Périodes de besoin de semences dans l’année

On vient de voir que chaque exploitant a ses propres sources d’approvisionnement en semences. La question est ensuite posée sur le niveau de disponibilité de ces semences par type de culture et toutes origines confondues lors de la dernière campagne.

Lors de la dernière campagne, les exploitan ts de la zone d’étude n’ont eu généralement pas de peine à trouver les semences qu’ils cherchent. Sans considérer les cultures maraîchères, la bonne majorité de ces exploitants sont satisfaits de la disponibilité de cet intrant (plus de 70%). Seuls le manioc, le haricot et le antake (dolique) à Tsihombe puis l’arachide à Ambovombe affichent plus de 30% de demandes non satisfaites.

La non disponibilité de semences dans l'exploitation se manifeste, en général, pendant la période d'installation de la plupart des cultures -de septembre à mars- notamment les cultures de base. Cela s’opère même dès le mois d’août pour Tsihombe. Plus de 20% des exploitants sont concernés pour au moins un type de culture et durant au moins un mois de cette période. Les exploitants d ’Amboasary Atsimo affichent une meilleure gestion de leurs stocks de semences, car les difficultés ne leur apparaissent globalement qu’à partir du mois d’août à novembre pour les trois cultures d’alimentation de base.

Tableau 26. Pourcentage des exploitants ayant déclaré la disponibilité des semences en toute saison

AMBOASARY Culture TSIHOMBE AMBOVOMBE ATSIMO Riz 97.4 Maïs 84.7 100.0 81.2 Sorgho/mil 100.0 80.8 100.0 Manioc 67.5 100.0 84.7 Patate douce 100.0 70.1 79.8 Haricot 59.6 79.3 100.0 Antake (dolique) 60.5 89.9 88.2 Voanjobory (pois de bambara) 72.5 100.0 Pois du cap 100.0 Voanemba (niébé) 100.0 79.9 100.0 Autres légumineuses 100.0 100.0 Canne à sucre 100.0 100.0 Arachide 0.0 36.0 100.0 Ricin 0.0 100.0 Tabac 100.0

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Choux de chine 100.0 Courges 0.0 Citrouille/Pastèque 0.0 Oignon 100.0 Tomates Autres racines et bulbes 100.0 Autres fruits Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013. IV. 4. 2. Besoins non satisfaits de semences (types de cultures, quantité)

Les paysans se plaignent qu’ils n’ont pas accès systématiquement aux types de semences les plus prisées, notamment le haricot, le voanemba (niébé), le maïs et l’arachide dans les trois Districts. Ce tte difficulté d’accès s’observe durant toute l’année, que ce soit en période de soudure ou hors soudure.

Graphique 4. Proportion des exploitants n’ayant pas accès systématiquement aux semences

Mil/Sorgho Pois du cap Voanjobory Antake Arachide Maïs Autres Voanemba Haricot

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Il est clair que l’évaluation des besoins en semences est très aléatoire et dépend de la régularité de la pluie. En effet, si la pluie tombe régulièrement et est bien répartie, la quantité de semences nécessaire est, en théorie, assez fai ble. Or, même s’il a suffisamment plu, il est fréquent de trouver, dans un même champ, des cultures présentant différents stades de développement, signifiant que le paysan a semé plusieurs fois sur la même parcelle. Dans ce cas, les seules limites aux sem ailles répétitives sont l’exigüité de l’exploitation ou le manque de terre.

80

Les tableaux suivants comparent les besoins estimés des semences selon les périodes de l’année (soudure et hors soudure) et la quantité totale de semences achetées sur le marché par District. Cette comparaison de la demande et de l’accès réel aux semences permet d’estimer la part de demande éventuellement non satisfaite. Les besoins des paysans en semences semblent loin d’être satisfaits par le marché. Pour le maïs, l’ antake (dolique) et l’arachide, à peine 23 à 25% des besoins de la zone de projet sont couverts par le marché. Pour se sentir en sécurité semencière, les paysans souhaitent avoir accès aux marchés tout au long de l’année.

Graphique 5. Comparaison des quantités en tonne des besoins en semences et de celles achetées sur le marché dans le District de Tsihombe

300

250 Besoins en période 200 de soudure Besoins hors période 150 de soudure Achetés 100

50

0

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Graphique 6. Comparaison des quantités en tonne des besoins en semences et de celles achetées sur le marché dans le District d’Ambovombe

1600 1400 Besoins en période de 1200 soudure 1000 Besoins hors période 800 de soudure 600 400 200 0

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

81

Graphique 7. Comparaison des quantités en tonne des besoins en semences et de celles achetées sur le marché dans le District d’Amboasary Sud

300

250 Besoins en période de 200 soudure 150 Besoins hors période de soudure 100 Achetés

50

0 maïs antake voanemba haricot arachide mil/sorgho

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Graphique 8. Comparaison des quantités en tonne des besoins en semences et de celles achetées sur le marché dans l’ensemble de la zone du Projet SOA

2000 1800 1600 1400 Besoins en période de 1200 soudure 1000 Besoins hors période 800 de soudure 600 Achetés 400 200 0 maïs antake voanemba haricot arachide mil/sorgho

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

82

IV. 5. LES QUALITES DE SEMENCES : REALITES ET PERCEPTIONS PAYSANNES

Les paysans reconnaissent facilement les semences de bonne qualité, grâce à des expériences de longues an nées transmises d’une génération à l’autre. Pour les légumineuses et le maïs, les graines destinées à la semence sont sèches, robustes et grandes par rapport aux autres. Pour le maïs, l’épi est lourd et les graines ne sont ni rongées par les insectes, ni moisies. La couleur des graines (bien jaune pour le maïs) et leur propreté ainsi que l’œil de la graine constituent des critères de choix de semences de bonne qualité.

Sur le marché, les paysans reconnaissent les semences de qualité, puisque souvent elles coûtent plus cher. Sont ainsi assimilées comme étant de bonne qualité, les semences vendues par le ministère ou d’autres agences agréées.

Les boutures de manioc sont de bonne qualité si les bourgeons sont bien espacés sur une tige. Elles sont toutes vertes et pas fanées. Les boutures ne présentent pas de signes de maladies, des morsures d’insectes. Lors de la récolte, les paysans repèrent le manioc ayant des tubercules plus grands, les tiges servent de boutures pour les plantations. Pour les lianes de patate douce, le choix de lianes se fait grâce à des feuilles de patates douces assez pleines, sans traces de maladie et non rongées par les insectes.

Globalement, les paysans jugent les semences, achetées de bonne qualité, au moins acceptables. Aucun paysan n ’a décrié des semences de haricot et d’arachide de mauvaise qualité.

Pour le maïs, une proportion non négligeable (10% soit 1484) des exploitants déclare que les semences achetées sont de mauvaise qualité. Soit elles sont atteintes de bactéries, abîmées par les insectes, soit elles sont moisies.

Pour le manioc, la maladie due à un virus appelé « mosaïque » attaque les boutures à Ambovombe et à Amboasary Sud. Les lianes de patate douce se fanent facilement avec la température élevée de la Région, favorisant ainsi le développement des bactéries et la moisissure.

Quant aux légumineuses, notamment, l’ antake (dolique) et le voanemba (niébé), la conservation des semences contre les insectes pose d’énormes difficultés. Les semences de sorgho et de mil ne répondent pas aux attentes des paysans pour plusieurs raisons dont les attaques des insectes et des oiseaux qui contribuent à réduire le taux de germination des graines.

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Culture de sorgho d’un PMS de Behara fortement attaquée par les chenilles

La filière semence est d’un poids important dans l’ensemble du système agricole et alimentaire de l’Androy. Elle peut revêtir un caractère assez com plexe dans la mesure où elle fait intervenir plusieurs acteurs aussi bien au niveau de la production que de la vente, la distribution et l’utilisation. A travers l’analyse, plusieurs points importants peuvent être mis en évidence. La première concerne l’in tervention de différents acteurs dont les rôles sont interdépendants et dont il convient de renforcer la synergie. Ensuite, il est à signaler que les PMS ressentent des avancées au niveau des techniques de production et de la productivité grâce au projet SOA. Toutefois, dans la priorisation de l’accompagnement du développement agricole, les perspectives d’allègement des appuis de proximité ne doivent pas être écartées.

Les données recueillies montrent que les exploitants de la zone d’étude ont encore une grande difficulté d’accès aux semences améliorées. L’accès aux semences n’est effectivement pas systématique. Un autre fait marquant concerne le caractère aléatoire du calendrier cultural. Quant aux choix de l’offre de semences, d’une manière générale, il e st tourné vers les collègues producteurs et l’autoproduction. Les prix des semences fluctuant beaucoup tout au long de l’année quel que soit le produit, les paysans n’ont de souhait que d’accéder à ceux -ci à des prix inférieurs à ce qu’ils paient actuellem ent.

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V. Proposition d’amélioration de la stratégie de commercialisation des semences

Pour atteindre les objectifs du Projet SOA, c'est-à- dire l’accès du plus grand nombre de paysans à des semences de qualité et en quantité suffisante tout en promouvant l’agriculture durable, un modèle de production et de commercialisation est proposé dans cette dernière partie. L’idée principale sur laquelle repose cette proposition est que le Projet SOA devrait être un catalyseur et un accompagnateur des différents acteurs de la filière semence : paysans multiplicateurs de semences, boutiques distributrices de semences, les différents organismes d’appuis étatiques ou privés, etc., sur une durée limitée. Le projet devrait amorcer cette dynamique qui devrait fonctionner, à terme, de façon autonome avec progressivement une plus grande intégration au marché.

Un système de banques de semences est proposé, plutôt qu’un recentrage des semences au niveau du GRET, afin d’assurer la mise à disposition des semences dans un plus grand nombre de localités, en partant de l’expérience du Projet SOA. Dans ce même objectif, le GRET a déjà tenté de lancer la vente de semences auprès des petits commerces. Malheureusement, cet effort n’a pas porté ses fruits car les commerçants ne sont pas intéressés par cette activité. Le stock de semences occuperait de la place dans leurs locaux alors que les bénéfices sont relativement faibles pour eux. Ainsi, l’expérience de mise en place des boutiques doit être transposée dans de nombreux endroits encore, tout en améliorant les conditions et la valorisation des produits. Une intensification de la multiplication de semences par les paysans doit aussi accompagner cette extension du réseau commercial. Quant à l ’aide d’urgence , elle ne devrait plus intervenir qu’en cas de catastrophe majeure avec un risque de famine généralisée, et uniquement pour cette période donnée.

L’analyse de l’offre actuelle, en prenant compte de la qualité des semences et de tout le système d’approvisionnement en amont, nous a permis d’élaborer la proposition de modèle de production et de commercialisation des semences ci-dessous. Les modifications apportées par rapport au circuit actuel sont marquées en vert. Ce schéma souligne l’importance de l’implication d’un organisme indépendant et autonome pour assurer la sélection des variétés à multiplier, l’achat des semences de base et l’accompagnement des PMS. Cela pourrait être le rôle du CTAS en relayant et en apportant des améliorations aux réalisations du GRET. Quant aux boutiques, le CTAS a également pour mission d’appuyer

85 leur développement et d’améliore r leur réseau. A cet effet, cet ONG devrait équiper davantage les boutiques et renforcer les capacités techniques, de gestion et de marketing des boutiquiers.

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Figure 2 : Nouveau circuit du système semencier propos

Production paysanne de Production de Achat par un Sélection des variétés à produire Expérimentations graines semences de base organisme en milieux paysans par un organisme indépendant et par les centres de indépendant et autonome (CTAS et/ou autres), recherche autonome (CTAS) avec participation des paysans

Possibilité d’achat par les Multiplication et tri des collecteurs semences par les PMS

Achat par Vente au acteurs de Stockage dans les marché l’urgence et du magasins de développement stockage des PMS Echange ou achat par Contrôle par les les paysans (au village) agents DRDR (SOC) Collecte et stockage au sein des banques de semences

Distribution gratuite par Achat par les les ONG en cas de paysans risque de sécheresse ou de famine et accompagnement par Vente de semences les associations triées dans les locales/ONG boutiques

Achat par les paysans

Utilisation par les paysans cultivateurs

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En plus de ces modifications du circuit global du système semencier actuel, il convient d’insister sur quelques aspects spécifiques qui contribuent à faire fonctionner au mieux ce nouveau système proposé :

Z Le développement d’un système local de production de semences répondant aux besoins des agriculteurs est fortement recommandé. Ce système se fonde sur le système QDS de la FAO et ses pays membres, dont les objectifs 23 correspondent au mieux au contexte du Sud de Madagascar. La production de semences devrait se concentrer sur trois types de variétés : o les variétés paysannes des cultures vivrières de base (le maïs, le manioc, la patate douce) et des légumineuses (dolique, niébé, voanjobory , etc) les plus pratiquées et très demandées par les paysans ; elles figurent parmi les priorités du projet SOA et sont encore en désavantage par rapport aux autres semences actuellement vulgarisées ; o les variétés locales répondant aux besoins en nourritures des animaux et aux protections des cultures (brise vent, clôture de champ, protection ou restauration de la fertilité du sol) ou d’activités géné ratrices de revenu (ricin). o les variétés figurant dans le catalogue national des semences adaptées et rodées aux conditions agro-écologiques du Sud. Z L’importation de semences par les acteurs du développement et de l’urgence est à éviter car elle pose de multiples problèmes : inadaptation au terroir et aux conditions agro-climatiques du Sud, risque de livraison après le calendrier de semis à cause des procédures assez lourdes de l’agence d’aide ou de la non disponibilité de la quantité de semences commandée, strictes conditions de transport à respecter pour éviter la dégradation des semences, risques d’introduction de maladies, pérennité réduite avec surtout un effet pervers d’assistanat chez les paysans. Cette pratique pourrait ainsi perturber le circuit de distribution commerciale instaurée. Dans l’obligeance, c'est-à- dire en cas d’insuffisance des semences produites dans le territoire national, la distribution de semences importées peut être un recours pour les urgentistes . C’est le cas lors d’une séchere sse ou une situation de famine, seule période où les actions d’urgence doivent avoir lieu. Le respect strict des règles pour assurer l’adéquation avec le contexte local, tout en valorisant les acquis du développement, est indispensable. Le ciblage des populations les plus vulnérables

23 Le QDS vise trois objectifs «1- éviter de contribuer à l’insécurité alimentaire en fournissant des semences de mauvaise qualité aux producteurs. 2- Processus et normes d’assurance satisfaisante de la qualité sans mobiliser beaucoup de ressources humaines et matérielles. 3- Normes pour les cultures moins importantes dans le commerce des semences malgré leur rôle primordial dans la sécurité alimentaire des populations locales » (Dr NIZIGIYIMANA Aloys).

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devrait aussi s’appuyer sur des typologies et des données plus fiables. L’application de l’approche LRRD est fortement conseillée et encouragée. Cela inclut par exemple le processus de mise en place de la plateforme de concertation, du comité de coordination et de synchronisation des approches. Z Quant aux recommandations techniques par rapport à la qualité des semences, en plus de la nécessité de respecter les normes (techniques de culture, tri, stockage, conditionnement) définies dans les documents de référence, les techniques de lutte contre les maladies des semences doivent être renforcées. Il serait bénéfique de concevoir et de distribuer aux paysans des fiches techniques sur les maladies qui peuvent atteindre les semences et les cultures. Des techniques simples et directement applicables peuvent aussi être vulgarisées. Il s’agit, entre autres, du retrait des plantes atteintes par les maladies (car les paysans pensent parfois qu’elles sont naturellem ent séchées et ne se précipitent pas à les enlever). Des techniques traditionnelles sont aussi efficaces, par exemple le dépôt de piments et de gros oignons autour du champ pour les cultures maraichères , pour lutter contre l’attaque des chenilles. Le crépi de neem , pillé et éparpillé sur les cultures, peut aussi lutter contre l’invasion des chenilles. Z L’implication et la participation des paysans dans le processus de développement du système semencier sont fortement recommandées. La sélection des variétés à produire devrait se faire avec les paysans. Ainsi, ils doivent pouvoir participer, au préalable, au test des variétés nouvellement introduites afin que les organismes de développement et les paysans eux-mêmes puissent concerter, dès le départ, sur les variétés adaptées au contexte local. Pour mieux les impliquer, il faudrait aussi définir avec eux des protocoles de production de semences paysannes. Tout cela rentre dans un processus global de renforcement de capacité des paysans et, en même temps, de sensibilisation à se tourner vers les semences de qualité et ne pas se contenter uniquement de la quantité suffisante des semences. Dans cet effort d’implication des paysans, une contradiction mérite d’être prise en compte quant à l’interdiction de pratiquer des associations culturales selon les normes QDS . Cette interdiction compromet l’efficacité des paysans qui souhaitent pourtant poursuivre cette pratique afin d’augmenter la production , de protéger et de fertiliser le sol. C es vertus de l’association de cu lture sont reconnues dans de nombreux pays et cette pratique y est autorisée afin de combattre notamment l’insécurité alimentaire. Z La mise en place effective de banques de semences permet de conserver les variétés locales et paysannes pour se prémunir de la disparition de certaines semences en cas de sécheresse. Ces banques devraient être gérées par une structure privée indépendante et autonome (par exemple le CTAS) pour éviter la consommation des

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semences par les paysans en cas de disette. En attendant que le réseau d’associations du PMS arrive à produire suffisamment les quantités nécessaires de semences de qualités, le triage suivi de test de germination pourrait continuer mais devrait disparaître progressivement. Un réseautage de ces banques de semences est nécessaire afin d’équilibrer la quantité de semences disponibles auprès de chaque banque tout en assurant une plus grande couverture géographique de ces banques. Z Le rôle du CTAS dans ce modèle de production et de commercialisation de semences doit donc être centré sur : o La sélection des variétés à vulgariser, en interaction notamment avec les paysans ; o L ’appui à l’expérimentation paysanne sur ces variétés avant de passer à la multiplication par les PMS ; o La collecte des semences auprès des magasins de stockage des PMS et la gestion des banques de semences. Z Des efforts doivent aussi être déployés durant les années où il sera encore indispensable de procéder à la collecte des variétés paysannes, bien que ce ne soit plus marqué dans le schéma de proposition d’un nouveau circuit du système semencier. La réduction des écarts doit faire l’objet d’une plus grande mobilisation pour s’assurer de la qualité de sélection faite par les paysans sur leurs graines. De même si possible, un suivi plus strict de leur système de production de semences doit être effectué par le CTAS. Quant à la commercialisation des écarts qui restent après triage de ces graines paysannes, le message doit systématiquement être passé aux paysans acheteurs que ces graines ne doivent plus servir comme semences mais uniquement pour l’alimentation. Z Le conditionnement, l’emballage, la manutention et le stockage devraient s’inspirer de la pratique locale en apportant d’importantes améliorations pour la conservatio n des qualités de semences. L’utilisation des produits de conservation biologique non toxique est fortement encouragée. Les sacs plastiques de 50 kg sont les plus utilisés pour le conditionnement et sont plus pratiques pour la manutention et le stockage. La diminution des pertes sur stockage à cause des rats et des insectes est aussi un défi majeur. D’où la nécessité de vu lgariser les équipements tels que les malles en métal pour stocker les intrants dans les boutiques. Z Le développement du système semencier conventionnel sur le modèle de la révolution verte est à déconseiller dans le Sud. Etant donné que les paysans ont un faible niveau d’éducation, disposent de terrains cultivés de plus en plus exigus, utilisent très peu d’intrants et pratiquent des cultures associées permettant de diversifier les nourritures et le revenu agricole, ils ne sont pas enclins à s’investir dans les exigences de la

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révolution verte (utilisation d’engrais, pesticides, tracteurs, etc.). Persistant sur cette voie, le projet risque de creuser davantage les inégalités paysannes, de contribuer activement à la disparition de la biodiversité et à une dépendance des paysans par rapport aux firmes semencières. Ce type de production conventionnelle de semences est plutôt conçu pour répondre aux besoins des grandes exploitations agricoles, de type agro- business et non aux agricultures familiales de l’Androy. Z En définitive, par rapport au projet SOA, les suggestions ci-dessus réorientent les activités de manière à se focaliser plutôt sur les structurations paysannes (réseau des PMS, réseau des distributeurs de proximité). Ce schéma exige aussi le développement des activités de renforcement de capacités et des accompagnements des paysans multiplicateurs de semences et des boutiquiers. Ce renforcement de capacités concerne : o Les techniques de production des PMS, en respectant les normes QDS adaptées au système agr aire local et à l’agriculture de conservation (association de cultures, agro-microbiologique avec utilisation de compost et déjections des animaux, agriculture durable avec respect des courbes de niveau pour les cultures en pente, etc.). Les formations sont dispensées en milieu paysan à travers des « champs-école » et des champs de démonstration, en s’appuyant sur les paysans leaders. o Les techniques de triage et de stockage. o Les techniques de vente, les techniques de gestion et de communication, la gestion de stock, la tenue de comptabilité simple pour les boutiquiers et les petites commerçants.

Ces activités doivent impliquer les différents services décentralisés et déconcentrés de l’Etat (DRDR, Direction régionale du commerce) en termes de formation, de suivi, de contrôle et de coordination. Il est également nécessaire de collaborer étroitement avec les services de recherche (FOFIFA, FIFAMANOR, etc.), le SOC, le CONASEM, le CORSEM, L’Association Malagasy pour la Promotion des Semences (AMPROSEM), pour les nouvelles variétés identifiées avec les paysans semenciers, en vue de les caractériser, les stabiliser et les inscrire dans le catalogue.

En dehors de ces recommandations liées directement au système semencier dans le Sud, la mise en place d’un système d’information permettant d’alimenter les concertations entre les différentes parties prenantes est indispensable en vue de l’anticipation et de la planification des activités à entreprendre. C’est un outil pour l’approche LRRD. Ce dispositif d’information devrait être à la fois un système de surveillance, de veille, d’alerte et de suivi. Il devrait comporter plusieurs informations sur l’état des cultures, la pluviométrie, la disponibilité en

91 semences, les prix de bétails renseignant sur les situations de détresses comme la décapitalisation, la situation alimentaire, etc. A la différence du SAP, ce sera un système léger, peu coûteux, fournissant des informations fiables, et régulières.

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CONCLUSION

Comme le nom d’une des associations de PMS visitées durant la mission l’exprime si bien, « Hafa Ty Taloha ». En agriculture, les enjeux ont évolué durant les dernières décennies, les moyens aussi ont évolué, les objectifs et les connaissances. L’on s’accorde à reconnaître la nécessité de « bien investir » d ans l’appui aux activités agricoles pour assurer la sécurité alimentaire, primordialement en milieux ruraux. La situation de la sécurité alimentaire au Sud de Madagascar a relativement progressé depuis la mise en œuvre de grands projets agricoles (Objectif Sud, FASARA et PSASA) qui ont aussi vulgarisé de nouvelles pratiques telles que l’agriculture de conservation. Ce rapport a éclairci la situation actuelle, qui résulte de ces efforts de développement agricole, avec des données quantitatives à l’appui. Il établit le lien entre le système agraire et la filière semences en éclaircissant les réussites ou les échecs et en expliquant les comportements d’ouverture ou de réticence à la vulgarisation de certaines semences et aux exigences des projets agricoles.

Con formément à la réalité sur les types d’agriculture pratiqués à Madagascar, les pratiques traditionnelles dominent dans le Sud, a fortiori dans cette zone fortement marquée par la culture. Les modes de production n’ont pas beaucoup évolué depuis une quarant aine d’années. C’est dire que la population est solidement attachée aux pratiques traditionnelles. En conséquence, les exploitations ne se sont pas développées, dans l’ensemble, en superficie, d’autant que la pression actuelle sur le foncier ne permet souv ent pas aux agriculteurs d’étendre leurs parcelles. L’adaptation au climat se fait aussi de manière basique et rend le calendrier cultural aléatoire. Néanmoins, la période de novembre à février est communément la plus difficile en termes de sécurité alimentaire dans les trois Districts étudiés. La disponibilité des aliments de base pendant cette période et la disponibilité de leurs semences ont été fondamentales dans ce rapport.

Les données de l’enquête montrent la difficulté persistante des exploitants à a ccéder aux semences adaptées à leurs besoins au moment où elles sont le plus recherchées, plus particulièrement celles des cultures de base. La principale offre de semences est celle dans le système informel, auprès des paysans eux- mêmes, sinon l’autoprodu ction. Or, ces semences de cultures de base ne constituent pas des priorités dans les projets d’appui à la filière semences. Les différentes catégories d’acteurs qui œuvrent dans le secteur semencier n’échangent pas assez sur ces types de semences réelleme nt recherchés par les paysans qui sont les premiers concernés. Les PMS ont adopté de nouvelles cultures et techniques. Ils reconnaissent l’avancée de leurs activités, mais les besoins non satisfaits restent à

93 considérer. Le circuit du système semencier mis en place par le GRET est une innovation ambitieuse qui implique les PMS dans la production de semences de qualité. Quelques ajustements aideraient à mieux exploiter les moyens mobilisés dans un tel circuit pour atteindre une population plus large avec des semences adaptées.

Le Projet SOA devrait promouvoir la synergie entre les acteurs qu’il accompagne en lançant une dynamique qui peut tenir sur le long terme. Celle-ci doit impliquer les paysans dans les décisions fondamentales telles que les variétés de semences sur lesquelles le Projet doit miser. Le système semencier doit aussi être renforcé à travers l’application d’un système de contrôle effectif et efficace engageant notamment l’Etat, la réduction des coûts de distribution et en renforçant les capacités des PMS qui se sont lancés dans cette spécialisation. Enfin, un outil essentiel est à mettre en place pour alimenter les réflexions sur ces questions et informer chaque acteur des réalités sur les terrains : il s’agit d’un système d’information léger mais complet qui doit relayer le SAP dans le Sud.

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ANNEXES

Les Communes des Districts de la zone d’étude et leur distance par rapport à leurs chefs lieux respectifs

Distance par rapport au DISTRICT COMMUNE chef lieu (km) Amboasary 0 Behara 10 Tanandava-Atsimo 18 Sampona 20 Ifotaka 45 Tranomaro 52 85 Amboasary-Atsimo 10.173 km² 110 110 110 135 Tsivory 140 170 Tomboarivo 197 198 Ambovombe 0 Ambanisarika 10 18 Erakoka 18 25 Aninoke 32 Antanimora Atsimo 62 Andalatanosy 89 Jafaro 82 AMBOVOMBE 6.514 km² 132 BefenoMarovato Ambazoa Erada Marolalompoty Sihanamaro Ambohimalaza Ambovombe-Androy

Tsihombe 0 Imongy 15 TSIHOMBE 2.513 km² Marovato 36 Faux-Cap 30 38 Source : MAEP, UPDR. (2003) Monographie de la Région d’Anosy . 96p.

Evolution de l’emplacement des parcelles cultivées Tableau 27. Emplacement des parcelles en 2005

Tsihombe Ambovome Amboasary Atsimo Ensemble Culture principale Surface en ha % Surface en ha % Surface en ha % Surface en ha %

Plaine/bas fond 133 1,6% 1.313 4.5% 3.145 19,9% 4.591 8,6% Vallée 10 0,1% 129 0.4% 2.233 14,1% 2.373 4,4% Plateau 7.899 92,9% 27.152 93.5% 7.501 47,4% 42.552 79,7% Colline 0,0% 0.0% 74 0,5% 74 0,1% Gradin/Terrasse 0,0% 0.0% 545 3,4% 545 1,0% Baiboho 461 5,4% 441 1.5% 2.332 14,7% 3.233 6,1% TOTAL 8.503 100,0% 29.035 100.0% 15.830 100,0% 53.368 100,0% Source : Données RGA-2005.

Tableau 28. Emplacement des parcelles en 2013

Tsihombe Ambovome Amboasary Atsimo Ensemble Culture principale Surface en ha % Surface en ha % Surface en ha % Surface en ha %

Plaine/bas fond 4.127 46,0% 14.823 52,2% 6.203 36,1% 25.153 46,1% Vallée 99 1,1% 550 1,9% 2.014 11,7% 2.663 4,9% Plateau 4.575 51,0% 12.684 44,7% 8.002 46,6% 25.261 46,3% Colline 0,0% 0,0% 0,0% 0.0%

Gradin/Terrasse 0,0% 0,0% 157 0,9% 157 0,3%

Baiboho 177 2,0% 338 1,2% 807 4,7% 1.322 2,4% TOTAL 8.978 100,0% 28.395 100,0% 17.183 100,0% 54.556 100,0% Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Evolution des surfaces occupées par les cultures principales Tableau 29. Surfaces occupées par les cultures principales et leurs parts respectives dans les Districts en 2005

Tsihombe Ambovome Amboasary Atsimo Ensemble Surface en Surface Surface en Culture principale ha % en ha % Surface en ha % ha % Riz de Tavy 0.00% 0.0% 0 0.00% 0 0.00% Riz de Tanety 0.00% 184 0.6% 377 2.38% 561 1.05% Maïs 2,259 26.57% 4,524 15.6% 3,217 20.32% 10,000 18.74% Sorgho 177 2.08% 37 0.1% 82 0.52% 296 0.55% Manioc 3,552 41.77% 13,357 46.0% 4,149 26.21% 21,058 39.46% Patate douce 1,779 20.92% 5,973 20.6% 1,418 8.96% 9,170 17.18% Saonjo/igname - 0.00% 79 0.3% 2 0.01% 81 0.15% Haricot 2 0.02% 0 0.0% 42 0.27% 44 0.08% Antake (dolique) 83 0.98% 2,528 8.7% 324 2.05% 2,935 5.50% Voanjobory (pois de bambara) 53 0.62% 125 0.4% 178 1.12% 356 0.67% Voanemba (niébé) 368 4.33% 97 0.3% 11 0.07% 476 0.89% Autres grains 1 0.01% 15 0.1% - 0.00% 16 0.03% Canne à sucre 0 0.00% 15 0.1% 195 1.23% 210 0.39% Arachides 0 0.00% 768 2.6% 230 1.45% 998 1.87% Ricin 0 0.00% 0 0.0% - 0.00% 0 0.00% Tabac 4 0.05% 188 0.6% - 0.00% 192 0.36% Citrouille/pastèque 0 0.00% 17 0.1% 29 0.18% 46 0.09% Choux de Chine/petsay - 0.00% 17 0.1% - 0.00% 17 0.03% Tomates - 0.00% 19 0.1% - 0.00% 19 0.04% Autres fruits - 0.00% 0 0.0% 38 0.24% 38 0.07% Orge - 0.00% 0 0.0% - 0.00% 0 0.00% Riz irrigué 1ère saison - 0.00% - 0.0% 218 1.38% 218 0.41% Riz irrigué 2ème saison - 0.00% - 0.0% 4,747 29.99% 4,747 8.89% Pois du cap - 0.00% 33 0.1% 0 0.00% 33 0.06% Concombres 28 0.1% 0.00% 28 0.05% carottes 2 0.01% 2 0.00% Courges/courgettes 10 0.12% 44 0.2% 14 0.09% 68 0.13% Oignons - 0.00% 8 0.0% 3 0.02% 11 0.02% Autres racines et bulbes - 0.00% - 0.0% 0 0.00% 0 0.00% TOTAL cultivé 8,288 97.47% 28,056 96.6% 15,276 96.50% 51,620 96.72% Pas de cultures 215 2.53% 979 3.4% 554 3.50% 1,748 3.28% TOTAL 8,503 100.00% 29,035 100.0% 15,830 100.00% 53,368 100.00% Source : Données RAG-2005.

Tableau 30. Surfaces occupées par les cultures principales et leurs parts respectives dans les Districts en 2013

Tsihombe Ambovome Amboasary Atsimo Ensemble Surface en Surface en Surface en Surface en Culture principale ha % ha % ha % ha % Riz de Tavy 8 0.09% - 0.0% 302 1.76% 311 0.57% Riz de Tanety 46 0.51% - 0.0% - 0.00% 46 0.08% Maïs 4,263 47.48% 6,821 24.0% 7,307 42.53% 18,391 33.71% Sorgho 6 0.07% 369 1.3% 173 1.00% 547 1.00% Manioc 2,868 31.95% 10,827 38.1% 4,649 27.06% 18,345 33.62% Patate douce 549 6.12% 4,331 15.3% 2,107 12.26% 6,988 12.81%

Haricot 55 0.61% 75 0.3% 136 0.79% 266 0.49% Antake (dolique) 234 2.61% 1,381 4.9% 262 1.52% 1,877 3.44% Voanjobory (pois de bambara) 59 0.66% 694 2.4% - 0.00% 753 1.38% Voanemba (niébé) 511 5.69% 1,815 6.4% 327 1.90% 2,653 4.86% Autres grains 51 0.57% 68 0.2% - 0.00% 119 0.22% Canne à sucre 4 0.04% - 0.0% 6 0.04% 10 0.02% Arachides 154 1.71% 1,598 5.6% 234 1.36% 1,986 3.64% Ricin 50 0.55% 16 0.1% - 0.00% 66 0.12% Tabac - 0.00% 78 0.3% - 0.00% 78 0.14% Citrouille/pastèque 120 1.34% 14 0.0% - 0.00% 135 0.25% Choux de Chine/petsay - 0.00% 251 0.9% - 0.00% 251 0.46% 207 - 0.00% 4 0.0% - 0.00% 4 0.01% Autres fruits - 0.00% 24 0.1% - 0.00% 24 0.04% Orge - 0.00% 30 0.1% - 0.00% 30 0.06% Riz irrigué 1ère saison - 0.00% - 0.0% 1,227 7.14% 1,227 2.25% Riz irrigué 2ème saison - 0.00% - 0.0% 389 2.27% 389 0.71% Pois du cap - 0.00% - 0.0% 17 0.10% 17 0.03%

Courges/courgettes - 0.00% - 0.0% 17 0.10% 17 0.03% Oignons - 0.00% - 0.0% 8 0.05% 8 0.01% Autres racines et bulbes - 0.00% - 0.0% 22 0.13% 22 0.04% TOTAL 8,979 100.00% 28,396 100.0% 17,184 100.00% 54,558 100.00% Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Productions et rendements des cultures principales pratiquées en 2013 Tableau 31. Productions et rendements des cultures principales pratiquées en 2013

Amboasary Tsihombe Ambovombe Ensemble Cultures Atsimo Rendt Rendt Rendt Rendt Prod° Prod° Prod° Prod° (t/ha) (t/ha) (t/ha) (t/ha) Riz irrigué 1ère saison - 876 0.7 876 0.7 Riz irrigué 2ème saison - 491 1.3 491 1.3 Riz de Tavy 46 5.5 - 953 3.2 1,000 3.2 Riz de tanety 32 0.7 - - 32 0.7 Maîs 4,767 1.1 23,500 3,4 12,300 1.7 40,500 2.2 Sorgho 15 2.6 1,857 5.0 40 0.2 1,911 3.5 Orge - 16 0.5 - 16 0.5 Manioc 11,300 4.0 56,600 5.2 19,000 4.1 86,900 4.7 Patate douce 1,306 2.4 14,300 3.3 6,349 3.0 22,000 3.1 Haricot 3 0.1 488 6.5 193 1.4 683 2.6 Antake (dolique) 352 1.5 1,615 1.2 390 1.5 2,357 1.3 Voanjobory (pois de bambara) 17 0.3 1,064 1.5 - 0.0 1,081 1.4 Voanemba (niébé) 572 1.1 3,644 2.0 570 1.7 4,786 1.8 Autres légumineuses 55 1.1 72 1.1 - 127 1.1 Canne à sucre 33 9.1 - 355 55.6 388 38.7 Arachides 127 0.8 4,829 3.0 184 0.8 5,140 2.6 Ricin 58 1.2 103 6.3 - 161 2.4 Tabac - 13 0.2 - 13 0.2 Choux de chine - 8 0.0 - 8 0.0 Courges/courgettes - - 91 5.3 91 5.3 Citrouille/Pastèques - 141 10.0 - 141 1.0 Oignons - - 13 1.7 13 1.7 Autres racines et bulbes 1 0.5 1 0.1 Autres fruits tropicaux 104 4.3 1 0.1 104 4.3 Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Calendriers culturaux (% des exploitants concernés) Tableau 32. Calendrier cultural dans le District de Tsihombe

Août Sept Oct Nov Déc Janv Fév Mars Avr Mai Juin Juil Maïs

Manioc

Patate douce

Antake n (dolique)

Voanemba (niébé)

Arachide

Août Sept Oct Nov Déc Janv Fév Mars Avr Mai Juin Juil N.B. L’épaisseur des tirets d’étalement des travaux représente le nombre de parcelles concernées. Plus ces parcelles sont nombreuses, plus le tiret est épais, indiquant ainsi une concentration des travaux.

Labour Semis ou Récolte Plantation

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Tableau 33. Calendrier cultural dans le District d’Ambovombe

Août Sept Oct Nov Déc Janv Fév Mars Avr Mai Juin Juil Maïs

Manioc

Patate douce

Antake (dolique)

Voanemba (niébé)

Arachide

Août Sept Oct Nov Déc Janv Fév Mars Avr Mai Juin Juil N.B. L’épaisseur des tirets d’étalement des travaux représente le nombre de parcelles concernées. Plus ces parcelles sont nombreuses, plus le tiret est épais, indiquant ainsi une concentration des travaux.

Labour Semis ou Récolte Plantation

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Tableau 34. Calendrier cultural dans le District d’Amboasary Atsimo

Août Sept Oct Nov Déc Janv Fév Mars Avr Mai Juin Juil Maïs

Manioc

Patate douce

Antake (dolique)

Voanemba (niébé)

Arachide

Riz 1re saison

Riz 2 ème saison

Août Sept Oct Nov Déc Janv Fév Mars Avr Mai Juin Juil N.B. L’épaisseur des tirets d’étalement des travaux représente le nombre de parcelles concernées. Plus ces parcelles ne sont nombreuses, plus le tiret est épais, indiquant ainsi une concentration des travaux.

Labour Semis ou Récolte Plantation

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Graphique 9. Calendrier cultural du maïs pour le District de Tsihombe

70%

60%

50%

40% Labour 30% Semis 20% Recolte 10%

0%

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Graphique 10. Calendrier cultural du maïs pour le District d’Ambovombe

40% 35% 30% 25%

20% Labour 15% Semis 10% Recolte 5% 0%

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Graphique 11. Calendrier cultural du maïs pour le District d’Amboasary Atsimo

40% 35% 30% 25%

20% Labour 15% Semis 10% Recolte 5% 0%

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Graphique 12. Calendrier cultural du manioc pour le District de Tsihombe

40% 35% 30% 25%

20% Labour 15% Semis 10% Recolte 5% 0%

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Graphique 13. Calendrier cultural du manioc pour le District d’Ambovombe

25%

20%

15% Labour 10% Semis Recolte 5%

0%

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Graphique 14. Calendrier cultural du manioc pour le District d’Amboasary Atsimo

35%

30%

25%

20% Labour 15% Semis 10% Recolte 5%

0%

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Graphique 15. Calendrier cultural de la patate douce pour le District de Tsihombe

40% 35% 30% 25%

20% Labour 15% Semis 10% Recolte 5% 0%

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Graphique 16. Calendrier cultural de la patate douce pour le District d’ Ambovombe

35%

30%

25%

20% Labour 15% Semis 10% Recolte 5%

0%

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Graphique 17. Calendrier cultural de la patate douce pour le District d’ Amboasary Atsimo

35%

30%

25%

20% Series1 15% Series2 10% Series3 5%

0%

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Graphique 18. Calendrier cultural de antake (dolique) pour le District de Tsihombe

80% 70% 60% 50%

40% Labour 30% Semis 20% Recolte 10% 0%

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Graphique 19. Calendrier cultural de antake (dolique) pour le District d’ Ambovombe

45% 40% 35% 30% 25% Labour 20% 15% Semis 10% Recolte 5% 0%

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Graphique 20. Calendrier cultural de antake (dolique) pour le District d’ Amboasary Atsimo

50% 45% 40% 35% 30% 25% Labour 20% Semis 15% Recolte 10% 5% 0%

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Graphique 21. Calendrier cultural de voanemba (niébé) pour le District de Tsihombe

40% 35% 30% 25%

20% Labour 15% Semis 10% Recolte 5% 0%

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Graphique 22. Calendrier cultural de voanemba (niébé) pour le District d’Ambovombe

35%

30%

25%

20% Labour 15% Semis 10% Recolte 5%

0%

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Graphique 23. Calendrier cultural de voanemba (niébé) pour le District d’Amboasary Atsimo

0,45 0,4 0,35 0,3 0,25 Labour 0,2 0,15 Semis 0,1 Recolte 0,05 0

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Graphique 24. Calendrier cultural d’arachide pour le District de Tsihombe

100% 90% 80% 70% 60% 50% Labour 40% Semis 30% Recolte 20% 10% 0%

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Graphique 25. Calendrier cultural d’arachide pour le District d’Ambovombe

50% 45% 40% 35% 30% 25% Labour 20% Semis 15% Recolte 10% 5% 0%

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Graphique 26. Calendrier cultural d’arachide pour le District d’Amboasary Atsimo

120%

100%

80%

60% Labour

40% Semis Recolte 20%

0%

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Graphique 27. Calendrier cultural du riz de première saison pour le District d’Amboasary Atsimo

100% 90% 80% 70% 60% 50% Labour 40% Semis 30% Recolte 20% 10% 0%

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Graphique 28. Calendrier cultural du riz de deuxième saison pour le District d’Amboasary Atsimo

120%

100%

80%

60% Labour

40% Semis Recolte 20%

0%

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Destination de la production à Tsihombe Tableau 35. Destination de la production à Tsihombe

Autocon- Production code Cultures élevage vente semence Autre Total sommation en tonne

104 Riz de tavy 92.9% 0.0% 0.0% 7.1% 0.0% 100% 46 106 Riz de Tanety 95.6% 0.0% 2.2% 2.2% 0.0% 100% 32 107 Maïs 64.5% 0.0% 30.1% 6.1% 0.0% 101% 4,767 109 Sorgho 33.3% 0.0% 66.7% 0.0% 0.0% 100% 15 120 Manioc 70.6% 0.07% 28.0% 1.0% 0.0% 100% 11,300 121 Patate 61.4% 0.0% 38.6% 0.0% 0.0% 100% 1,306 130 Haricot 100.0% 0.0% 0.0% 0.0% 0.0% 100% 3 132 Antake (dolique) 32.5% 0.0% 45.6% 21.9% 0.0% 100% 352 133 Voanjobory (pois de bambara) 91.7% 0.0% 0.0% 8.3% 0.0% 100% 17 135 Voanemba (niébé) 40.4% 0.0% 50.0% 9.3% 0.0% 100% 572 139 Autres légumineuses 96.5% 0.0% 0.0% 3.5% 0.0% 100% 55 140 Canne à sucre 40.0% 0.0% 60.0% 0.0% 0.0% 100% 33 141 Arachide 35.3% 0.0% 51.3% 13.4% 0.0% 100% 127 144 Ricin 0.0% 88.0% 12.5% 0.0% 0.0% 100% 58 Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Tableau 36. Destination de la production à Ambovombe

Autocon- Production code Cultures élevage vente semence Autre Total sommation en tonne

107 Maïs 61% 0% 37% 2% 0% 100% 23,500 109 Sorgho/mil 36% 0% 64% 0% 0% 100% 1,857 111 Orge 75% 0% 0% 25% 0% 100% 16 120 maniooc 73% 1% 20% 6% 0% 100% 56,600 121 Patate 48% 8% 44% 0% 0% 100% 14,300 130 Haricot 51% 0% 49% 0% 0% 100% 488 132 Antake (dolique) 74% 0% 23% 3% 0% 100% 1,615 133 Voanjobory (pois de bambara) 55% 0% 37% 8% 0% 100% 1,064 135 Voanemba (niébé) 35% 0% 65% 0% 0% 100% 3,644 139 Autres légumineuses 0% 0% 100% 0% 0% 100% 72 141 Arachide 33% 0% 51% 16% 0% 100% 4,829 170 Tabac 0% 0% 100% 0% 0% 100% 13 186 Choux de chine 100% 0% 0% 0% 0% 100% 8 194 Citrouille 100% 0% 0% 0% 0% 100% 141 299 Autres fruits 4% 0% 96% 0% 0% 100% 104 Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Tableau 37. Destination de la production à Amboasary

Autocon- Productio cod Cultures sommati élevage vente semence Autre Total n en e on tonne

101 Riz irrigué 1ère saison 80% 0% 16% 4% 0% 100% 876 Riz irrigué 2ème 102 saison 99% 0% 0% 1% 0% 100% 491 104 Riz de tavy 65% 0% 33% 4% 0% 102% 953 107 Maïs 73% 0% 25% 3% 0% 100% 12,000 109 Sorgho/mil 67% 0% 33% 0% 0% 100% 40 120 Manioc 69% 0% 30% 1% 0% 100% 19,100 121 Patate douce 67% 0% 32% 1% 0% 100% 6,224 130 Haricot 19% 0% 79% 2% 0% 100% 193 132 Antake (dolique) 32% 0% 68% 0% 0% 100% 2,448 135 Voanemba (niébé) 60% 0% 40% 1% 0% 100% 570 140 Canne à sucre 5% 0% 91% 5% 0% 100% 355 141 Arachide 25% 0% 74% 1% 0% 100% 184 192 Courges 75% 0% 25% 0% 0% 100% 91 201 Oignon 10% 0% 90% 0% 0% 100% 13 209 Autres racines 0.2 0 0.8 0 0 100% 1 Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

Quelques éléments de l’agriculture de conservation L’agro -écologie s’inspire du fonctionnement des écosystèmes naturels et des formes traditionnelles d’agriculture. Dans ces systèmes, la productivité de la végétation est importante due à l’efficacité des organismes vivants dans le recyclage des nutriments (Altieri, 1998). Les concepts et principes de l’écologie appliqués à l’agriculture sont :

- Recyclage de la matière organique dans un système fermé pour limiter les pertes de nutriments ; - Diversité d’espèces liées par des relations à bénéfices mutuels (symbiose, complémentarité) ; - Forte productivité de biomasse du milieu.

Le projet SOA vise à ce que « les agriculteurs vulnérables du grand Sud ont accès à des semences adaptées et mettent en œuvre des techniques d’agriculture de conservation permettant une production agricole sécurisée et durable ».

Dans l’Agriculture de Conservation (AC), la mise en valeur agricole utilise les systèmes agro - écologiques dont le fonctionnement repose souvent sur les cinq composantes et fonctions suivantes :

Z Forte productivité de biomasse par unité de surface ou apports réguliers de matière organique aux sols : il faut nourrir le sol en matière organique pour stim uler l’activité biologique et améliorer sa structure et sa fertilité chimique. Z Couverture végétale permanente du sol : il s’agit de protéger le sol de l’érosion et des hautes températures pour mieux conserver l’eau et la fertilité des sols. Z Réseau dense et profond de racines :cela consiste à améliorer la structure physique et l’efficacité biologique du recyclage des nutriments. Z Utilisation minimum de produits chimiques (engrais, pesticides…) : l’idée est de concilier une production viable et de maintenir une biodiversité importante dans les cultures et les sols Z Travail de la terre minimum : ne pas bouleverser la structure bio-physique du sol et éviter l’assèchement des sols ainsi que l’oxydation et l’érosion de la matière organique et des nutriments.

Les tec hniques préconisées sont diverses. Ils peuvent varier d’un pays à l’autre, d’une région à l’autre voire sur les toposéquences d’un terroir donné. On peut cependant retenir quelques - unes appliquées à Madagascar :

- Semis sur couverture végétale permanente (SCV)

- Association et succession de cultures - Intégration agriculture-élevage (IAE) - Agroforesterie et bandes enherbées anti-érosion - Associations de techniques et de systèmes agro-écologiques

Le remplacement du labour à la charrue par des SCV implique des désherbages supplémentaires au début.

Le modèle logit

Ce modèle est utilisé lorsque la variable dépendante Y est une variable dichotomique à deux modalités (1 ou 2 par exemple). Cette caractéristique empêche d’utilise r la méthode habituelle pour l’estime r car la perturbation suivrait une loi discrète, ce qui n’es t pas compatible avec les hypothèses de continuité et de normalité des résidus.

Un modèle logit suppose que les réponses observées sont la manifestation d’un e variable latente Z qui est continue:

, avec X représentant l’ensembl e des variables explicatives. La probabilité que l’entrepris e i réponde Y i=1 est:

Si on note F la fonction de répartition de -u, c’es t à dire la fonction définie par: F(w)=P [-u

Dans les modèles que nous avons estimés, afin qu’un e variable fortement pondérée ne joue pas plus que les autres, nous avons recalculé la pondération de chaque entreprise au sein de l’échantillon . Ainsi, la somme des poids est égale au nombre d ’unité s dans l’échantillon.

Pour réaliser l'estimation, le logiciel utilisé (Stata) recherche la valeur de l'estimateur de qui maximise le logarithme de la vraisemblance :

24 Dans le modèle probit, F est la fonction de répartition de la loi normale centrée réduite:

.Les estimateurs obtenus avec le modèle logit seront donc

fois plus grands que ceux obtenus avec le modèle probit. Comme cela se pratique en général, nous avons choisi d ’utilise r le modèle logit qui est d’un e plus grande simplicité numérique que le modèle probit.

Dans le cas des modèles logit et probit, la log-vraisemblance est concave et b est la solution de l'équation :

Pour étudier la validité générale du modèle, nous présentons dans les tableaux de résultats le test du rapport de vraisemblance (LRT):

Si L désigne la log-vraisemblance, l'estimateur du maximum de vraisemblance, l'estimateur du maximum de vraisemblance sous la contrainte on a :

L’hypothèse de nullité simultanée des coefficients doit être rejetée si la valeur de la statistique dépasse le seuil critique (c'est-à-dire la valeur du Chi2 à q degrés de liberté). En d’autres termes, ce test compare le modèle complet à celui qui contient juste la constante. Plus le seuil de significativité est faible, plus la différence entre les deux modèles est importante, et plus le modèle présenté est globalement valable.

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Résultats détaillés du modèle logit Variable à expliquer : l’appartenance au type 1

Logistic regression Number of obs = 440 LR chi2(29) = 140.53 Prob > chi2 = 0.0000 Log likelihood = -173.81043 Pseudo R2 = 0.2879

Signification variable Nom variable Revenu quartile1 revenu_q1 Coef. Std. Err. z P>z [95% Conf. Interval] ambovombe ambovombe .0826098 .377004 0.22 0.827 -.6563044 .8215241 amboasary amboasary -.0392184 .3937194 -0.10 0.921 -.8108943 .7324574 Surface <=2000 m² msurf_1 .4715893 .3205872 1.47 0.141 -.1567501 1.099929 Vente produit >=20% pvente -2.147267 .3470788 -6.19 0.000 -2.827529 -1.467005 Utilisation semence amélioré mameliore .3792914 .6496922 0.58 0.559 -.894082 1.652665 Approvisionnement semence mappro1 -.1600466 .4157953 -0.38 0.700 -.9749904 .6548973 Disponibilité semence mdispo 1.332447 .467088 2.85 0.004 .4169714 2.247923 Sexe du CE sexe .0093613 .3910007 0.02 0.981 -.756986 .7757086 Etat matrimonial du CE matri .6556653 .4326615 1.52 0.130 -.1923357 1.503666 Niveau éducation du CE >T3 ecole .0010816 .3825605 0.00 0.998 -.7487231 .7508864 Ce pratiquant Activité secondaire actsec -.3912772 .5512108 -0.71 0.478 -1.471631 .6890762 Age du CE age .0119712 .0098639 1.21 0.225 -.0073617 .0313041 Taille du ménage taille -.042637 .0468585 -0.91 0.363 -.134478 .049204 Utilisation Main-d'œuvre mo .4295315 .3322041 1.29 0.196 -.2215765 1.08064 Culture pure mpure .8398744 .399679 2.10 0.036 .056518 1.623231 Culture associée massocie .8249385 .4593523 1.80 0.073 -.0753754 1.725252 Culture mixte mmixte 1.074559 .7019885 1.53 0.126 -.301313 2.450431 Labour par Angady mangady .1991097 .7486794 0.27 0.790 -1.268275 1.666494 Labour attelé mattele -.5196411 .7273307 -0.71 0.475 -1.945183 .9059008 Mode de faire valoir direct mdirect -1.267115 .8354471 -1.52 0.129 -2.904561 .3703316 Paysan sans terre msterre .6549568 .7661106 0.85 0.393 -.8465924 2.156506 Acquisition terrain par héritage mheritage -.4053816 .7381479 -0.55 0.583 -1.852125 1.041362 Acquisition terrain par achat machterre .6476651 .7967163 0.81 0.416 -.9138702 2.2092 Culture du maïs mmais -.9250388 .3572736 -2.59 0.010 -1.625282 -.2247954 Culture manioc mmanioc -1.54911 .3601253 -4.30 0.000 -2.254942 -.8432772 Culture patate douce mpatate -.9615436 .4309707 -2.23 0.026 -1.806231 -.1168566 Culture antake mantake -1.068412 .6593757 -1.62 0.105 -2.360764 .223941 Culture voanemba mvoanemba -.008438 .4858908 -0.02 0.986 -.9607664 .9438905 Culture arachide marachide -1.939592 .7367338 -2.63 0.008 -3.383563 -.4956201 Constante _cons .1004502 1.414147 -0.07 0.943 -2.872128 2.671227

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

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Variable à expliquer : l’appartenance au type 2

Logistic regression Number of obs = 440 LR chi2(30) = 52.21 Prob > chi2 = 0.0072 Log likelihood = -225.15843 Pseudo R2 = 0.1039

Signification variable Nom de variable Revenu quartile1 revenu_q2 coef Std. Err. z P>z [95% Conf. Interval] ambovombe ambovombe -.4283238 .3108142 -1.38 0.168 -1.037508 .1808609 amboasary amboasary -.4449619 .3303522 -1.35 0.178 -1.09244 .2025164 Surface <=2000 m² msurf_1 .2775285 .2783448 1.00 0.319 -.2680173 .8230743 Vente produit >=20% pvente -.7033683 .2517958 -2.79 0.005 -1.196879 -.2098576 Utilisation semence amélioré mameliore -.2087622 .6444082 -0.32 0.746 -1.471779 1.054255 Approvisionnement semence mappro1 -.6897474 .3797876 -1.82 0.069 -1.434117 .0546225 Disponibilité semence mdispo -.3970914 .3387207 -1.17 0.241 -1.060972 .2667891 Sexe du CE sexe -.0446926 .3445235 -0.13 0.897 -.7199463 .6305611 Etat matrimonial du CE matri -.4280743 .3970768 -1.08 0.281 -1.20633 .3501819 Niveau éducation du CE >T3 ecole .1718338 .3174176 0.54 0.588 -.4502933 .7939609 Ce pratiquant Activité secondaire actsec .8125554 .4330999 1.88 0.061 -.0363049 1.661416 Age du CE age -.0070091 .008853 -0.79 0.429 -.0243606 .0103424 Taille du ménage taille -.0755635 .0406486 -1.86 0.063 -.1552334 .0041064 Utilisation Main-d'œuvre mo -.1929872 .2906068 -0.66 0.507 -.762566 .3765916 Culture pure mpure -.0078028 .3458973 -0.02 0.982 -.6857489 .6701434 Culture associée massocie -.362441 .3699326 -0.98 0.327 -1.087496 .3626136 Culture mixte mmixte -1.233022 .6442886 -1.91 0.056 -2.495805 .0297603 Labour par Angady mangady -.3229769 .5802087 -0.56 0.578 -1.460165 .8142113 Labour attelé mattele -.3136794 .5686744 -0.55 0.581 -1.428261 .800902 utilisation engrais mengrais -1.024719 1.470645 -0.70 0.486 -3.90713 1.857691 Mode de faire valoir direct mdirect 1.674791 .9944111 1.68 0.092 -.2742192 3.623801 Paysan sans terre msterre .582621 .7359869 0.79 0.429 -.8598868 2.025129 Acquisition terrain par héritage mheritage .3557512 .757732 0.47 0.639 -1.129376 1.840879 Acquisition terrain par achat machterre .6288362 .7759536 0.81 0.418 -.892005 2.149677 Culture du maïs mmais -.6646695 .2877745 -2.31 0.021 -1.228697 -.1006418 Culture manioc mmanioc -.4891364 .2793011 -1.75 0.080 -1.036556 .0582836 Culture patate douce mpatate -.4021827 .3407413 -1.18 0.238 -1.070023 .265658 Culture antake mantake -.4150544 .5407623 -0.77 0.443 -1.474929 .6448201 Culture voanemba mvoanemba -.0932596 .4136213 -0.23 0.822 -.9039423 .7174232 Culture arachide marachide -.7995622 .512981 -1.56 0.119 -1.804986 .2058621 Constante _cons 1.229679 1.933773 0.64 0.525 -2.560447 5.019805

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

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Variable à expliquer : l’appartenance au type 3

Logistic regression Number of obs = 440 LR chi2(29) = 49.19 Prob > chi2 = 0.0110 Log likelihood = -223.92387 Pseudo R2 = 0.0990

Signification de variable Nom de variable Revenu quartile3 revenu_q3 coef Std. Err. z P>z [95% Conf. Interval] ambovombe ambovombe -.0605426 .3189316 -0.19 0.849 -.685637 .5645518 amboasary amboasary -.0816403 .3427701 -0.24 0.812 -.7534574 .5901768 Surface <=2000 m² msurf_1 -.506328 .3153267 -1.61 0.108 -1.124357 .1117009 Vente produit >=20% pvente .7751098 .2483217 3.12 0.002 .2884082 1.261811 Utilisation semence amélioré mameliore -.6017317 .7104425 -0.85 0.397 -1.994173 .79071 Approvisionnement semence mappro1 -.1388673 .363295 -0.38 0.702 -.8509124 .5731778 Disponibilité semence mdispo -.1714066 .340325 -0.50 0.615 -.8384314 .4956182 Sexe du CE sexe -.2454977 .3469291 -0.71 0.479 -.9254663 .4344709 Etat matrimonial du CE matri .4615944 .3813863 1.21 0.226 -.285909 1.209098 Niveau éducation du CE >T3 ecole .0553133 .3095322 0.18 0.858 -.5513587 .6619852 Ce pratiquant Activité secondaire actsec .278753 .4174843 0.67 0.504 -.5395012 1.097007 Age du CE age -.013821 .0093494 -1.48 0.139 -.0321456 .0045035 Taille du ménage taille .0602881 .0404261 1.49 0.136 -.0189455 .1395217 Utilisation Main-d'œuvre mo .1165099 .2908531 0.40 0.689 -.4535517 .6865714 Culture pure mpure -.3167925 .3434621 -0.92 0.356 -.9899658 .3563809 Culture associée massocie -.5440378 .3591744 -1.51 0.130 -1.248007 .159931 Culture mixte mmixte -.4823613 .6225679 -0.77 0.438 -1.702572 .7378494 Labour par Angady mangady .0536066 .4791244 0.11 0.911 -.8854599 .9926732 Labour attelé mattele -.1147254 .4647895 -0.25 0.805 -1.025696 .7962454 Mode de faire valoir direct mdirect -.8476093 .7222125 -1.17 0.241 -2.26312 .5679012 Paysan sans terre msterre -.3170151 .6691199 -0.47 0.636 -1.628466 .9944358 Acquisition terrain par héritage mheritage .847063 .7665379 1.11 0.269 -.6553237 2.34945 Acquisition terrain par achat machterre -.257934 .8301267 -0.31 0.756 -1.884952 1.369084 Culture du maïs mmais .6710434 .283595 2.37 0.018 .1152074 1.22688 Culture manioc mmanioc .4736889 .2812096 1.68 0.092 -.0774718 1.02485 Culture patate douce mpatate -.1153333 .3265219 -0.35 0.724 -.7553044 .5246378 Culture antake mantake .3803938 .5039203 0.75 0.450 -.6072718 1.368059 Culture voanemba mvoanemba -.2105435 .4661762 -0.45 0.652 -1.124232 .703145 Culture arachide marachide .7968934 .4143697 1.92 0.054 -.0152563 1.609043 Constante _cons -1.068969 1.16453 -0.92 0.359 -3.351405 1.213468

Source : Données de l’enquête « diagnostic du système agraire et filière semence »-2013.

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Variable à expliquer : l’appartenance au type 4

Logistic regression Number of obs = 440 LR chi2(30) = 138.96 Prob > chi2 = 0.0000 Log likelihood = -179.62163 Pseudo R2 = 0.2789

Revenu quartile 4 revenu_q4 Coef. Std. Err. z P>z [95% Conf. Interval] ambovombe ambovombe .9992087 .3864767 2.59 0.010 .2417282 1.756689 amboasary amboasary .6736008 .4095655 1.64 0.100 -.1291329 1.476335 Surface <=2000 m² msurf_1 -.7462641 .3769103 -1.98 0.048 -1.484995 -.0075335 Vente produit >=20% pvente 1.851536 .3034233 6.10 0.000 1.256837 2.446234 Utilisation semence amélioré mameliore -.1232074 .7277457 -0.17 0.866 -1.549563 1.303148 Approvisionnement semence mappro1 1.018672 .3797529 2.68 0.007 .2743703 1.762974 Disponibilité semence mdispo -.4023813 .3807613 -1.06 0.291 -1.14866 .3438972 Sexe du CE sexe -.1908378 .3955012 -0.48 0.629 -.966006 .5843304 Etat matrimonial du CE matri -.6254245 .4702488 -1.33 0.184 -1.547095 .2962463 Niveau éducation du CE >T3 ecole -.3381646 .3235594 -1.05 0.296 -.9723293 .2960001 Ce pratiquant Activité secondaireactsec -1.484556 .6678262 -2.22 0.026 -2.793471 -.1756408 Age du CE age .0056107 .0104196 0.54 0.590 -.0148114 .0260327 Taille du ménage taille .0433243 .046488 0.93 0.351 -.0477906 .1344392 Utilisation Main-d'œuvre mo -.4183808 .3429009 -1.22 0.222 -1.090454 .2536926 Culture pure mpure -.2359412 .3847644 -0.61 0.540 -.9900655 .5181831 Culture associée massocie .5613693 .4179676 1.34 0.179 -.2578322 1.380571 Culture mixte mmixte 1.478947 .6370668 2.32 0.020 .2303192 2.727575 Labour par Angady mangady .4446651 .5388954 0.83 0.409 -.6115505 1.500881 Labour attelé mattele 1.244861 .5468695 2.28 0.023 .1730169 2.316706 utilisation engrais mengrais -.6623551 1.493776 -0.44 0.657 -3.590102 2.265392 Mode de faire valoir direct mdirect 1.304759 .9826977 1.33 0.184 -.6212935 3.230811 Paysan sans terre msterre -1.29724 .9760528 -1.33 0.184 -3.210269 .6157882 Acquisition terrain par héritage mheritage -1.221068 .8771595 -1.39 0.164 -2.940269 .4981335 Acquisition terrain par achat machterre -1.29536 .9160791 -1.41 0.157 -3.090842 .5001221 Culture du maïs mmais .7746902 .3230713 2.40 0.016 .1414822 1.407898 Culture manioc mmanioc 1.106266 .3259614 3.39 0.001 .4673931 1.745138 Culture patate douce mpatate .9168463 .3578756 2.56 0.010 .215423 1.61827 Culture antake mantake 1.121737 .5142733 2.18 0.029 .1137795 2.129694 Culture voanemba mvoanemba -.1824624 .488992 -0.37 0.709 -1.140869 .7759442 Culture arachide marachide .7512939 .4719543 1.59 0.111 -.1737196 1.676307 Constante _cons -4.775648 2.002402 -2.38 0.017 -8.700285 -.8510118

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Normes QDS (Quality Declared Seeds) Sources: Dr NIZIGIYIMANA Aloys, expert en sélection et production de semences

Les normes QDS ou SQD (Semences de Qualité Déclarées) sont l’aboutissement d’un projet de la FAO pour les situations de catastrophe, pour qu’il y ait un minimum de normes sur les semences à distribuer en cas d’urgence :

- Bonne motivation du paysan multiplicateur de semences (PMS ), c’est un producteur enregistré auprès de l’autorité nationale compétente (SOC) - PMS alphabetize sachant calculer - Parcelle isolée, assez proche de la maison - Semences sélectionnées mères provenant d’un mainteneur de pureté génétique qui peut assurer la certification (GRET, FOFIFA) - Contrôle de la qualité des QDS commercialisés - Un paquet de prescriptions techniques : o Culture pure o Variétés inscrites dans le catalogue des variétés « admissibles » pour fournir des QDS. Les semences que GRET a pu y inscrire : sorgho Irat 204, Arachide, Maïs o Parcelle bien sarclée o Utilisation de semences de base et produits triées o Production en techniques améliorées o De préférence irrigation o Cultures en lignes - Pour les variétés locales, le protocole de maintenance est assuré par le paysan - Favoriser l’application au niveau des paysans moyens - Contrôle de qualité o Inspection des parcelles : état phytosanitaire, entretien des parcelles, respects des techniques agronomiques, etc… o Contrôle de la qualité des semences après de conditionnement (au stock). Prélèvement des échantillons pour l’analyse des qualités physiques, physiologiques, génétiques et l’état sanitaire

Les responsabilités de l’autorité chargée du contrôle et des différents acteurs du système semencier sont bien définies.

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L’insp ection des parcelles à classer QDS est faite par un comité qui devrait comprendre aussi le SOC qui représente le DRDR (il en existe 1 par région de zone d’étude) et des représentants de GRET et de la FAO. Cette inspection porte sur les aspects qualité cités plus haut.

Un comité de réflexion sur le système QDS est actuellement en cours de mise en place. Il comprend les représentants de FOFIFA, FAO, SOC, MinAgri

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Caractéristiques principales de quelques cultures promues par GRET Système de culture Cultures Nom vernaculaire Type Intérêts Rendement attendu Dose de semis recommandée avec Dolique à cycle Antake (dolique) Légumineuse Alimentation 0,95 à 2,2 t/ha Assoc° avec 6 à 7 kg/ha long humaine et Maïs (Dolichoslablab) animale Sorgho Amélioration du Mil sol Konokeœil rouge Légumineuse Alimentation 1,5 à 2 t/ha Assoc° avec 6 à 7 kg/ha (Phaseoluslunatus) sur sable humaine En 3 récoltes Maïs roux, blancs, Amélioration du Sorgho dunaires sol Mil Anti-divagation Cajanus des animaux Sorgho Ampemba Céréale Alimentation 350 kg/ha Assoc° avec 1,6 à 3 kg/ha (IRAT 204) humaine +200 kg/ha si traité contre les Dolique Amélioration du chenilles et plus de 1t/ha Niébé sol apport de fumure organ. Arachide Voandzou Cajanus Mil à barbes Bajiry ou Céréale Alimentation 0,25 à 1,5 t/ha Assoc° ou rot° 3 à 5 kg/ha Ampembatsofa sur sols humaine et avec legers, bien animale Dolique drainés, mais Niébé tolerant Voandzou d’autres sols Cajanus Cajanuscajan Ambatry Légumineuse Alimentation - Assoc° avec 60 à 90 g par C. indica humaine et Maïs bande de 10m animale Sorgho Brise-vent Mil Amélioration du Voandzou sol Arachide Sources : Fiches techniques version 2010 élaborées par GRET

"Ce document a été réalisé avec le soutien financier de l'Union Européenne. Les opinions exprimées ici ne peuvent en aucun cas être considérées comme reflétant la position officielle de l'Union Européenne."

© FAO, 2014

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