Le Retour Des Cendres, 1840. Suivi D'un Épilogue Sur Le Retour Du Roi
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Il a été tiré de cet ouvrage 32 exemplaires sur papier pur fil des papeteries Lafuma, à Voiron, dont 25 numérotés de 1 à 25, et 7 hors com- merce, marqués H. C. LE RETOUR DES CENDRES DU MÊME AUTEUR : Collections et Souvenirs de Malmaison. Grand in-4°, illustré de 44 planches (Paris, DEVAMBEZ, repris par FLAMMARION). Une Visite à Malmaison. Avec préface de M. Ernest Babe- lon, membre de l'Institut (Paris, LECHEVALIER). Le Palais National de Malmaison. Avec une préface de M. Fernand Sabatté, membre de l'Institut (Versailles, Éditions BOURDIER). Malmaison, Musée National d'art et d'histoire de l'Époque Napoléonienne. In-8°, 1938 (Librairie de Paris, Firmin DIDOT et C. Les Adieux de Malmaison. In-12 (Paris, LECHEVALIER). L'Album de voyage de l'Impératrice Joséphine en 1810. Avec 33 dessins de Turpin de Crissé reproduits en fac- similé par Léon Marotte (Paris, Librairie HELLEU). Le Second Empire à Malmaison. In-8° (Paris, illustrations et imprimerie de Léon MAROTTE). Napoléon Bonaparte. 2 vol. in-4° (Paris, LES ÉDITIONS NATIONALES). (Ouvrage couronné par l'Académie des Sciences morales et politiques.) Mémoires, lettres et papiers de Valérie Masuyer, publiés avec une introduction et des notes. In-8° (Paris, PLON). Corvisart, premier médecin de l'Empereur. Avec une préface du professeur Fernand Lemaître, membre de l'Aca- démie de médecine (Éditions CIBA). Ce volume a été déposé à la Bibliothèque Nationale en 1941. JEAN BOURGUIGNON CONSERVATEUR DES MUSÉES NATIONAUX CHARGÉ DU DÉPARTEMENT DES MUSÉES NAPOLÉONIENS (COMPIÈGNE, FONTAINEBLEAU, MALMAISON) VICE-PRÉSIDENT DU CONSEIL D'ADMINISTRATION DU MUSÉE DE L'ARMÉE LE RETOUR DES CENDRES 1840 Suivi d'un épilogue sur LE RETOUR DU ROI DE ROME PARIS LIBRAIRIE PLON LES PETITS-FILS DE PLON ET NOURRIT Imprimeurs-Éditeurs - 8, rue Garancière, 6e Tous droits réservés Copyright 1941 by Librairie Plon. Droits de reproduction et de traduction réservés pour tous pays, y compris l' U. R. S. S. LE RETOUR DES CENDRES CHAPITRE PREMIER LA MORT DE NAPOLÉON ET LES FUNÉRAILLES DE SAINTE-HÉLÈNE Un de nos plus grands écrivains, Chateaubriand, a noté d'une façon saisissante, dans une phrase lapidaire, la mort de Napoléon : « Le 5 mai 1821, « à six heures moins onze minutes du soir, au « milieu des vents, de la pluie et du fracas des « flots, Bonaparte rendit à Dieu le plus puissant « souffle de vie qui jamais anima l'argile humaine. » Lorsque éclata aux quatre vents la formidable nouvelle de cette mort, — pour reprendre l'expres- sion d'Edgar Quinet, — des semaines s'étaient écoulées. C'est seulement le 5 juillet qu'elle par- vint à Paris. L'inhumation était déjà, depuis le 9 mai, un fait accompli à Sainte-Hélène. Nous savons quelle était à cet égard la volonté formelle de l'Empereur. Il l'avait exprimée, le 15 avril 1821, dans un codicille à son testament : « Je désire, avait-il écrit de sa propre main, que mes cendres reposent sur les bords de la Seine au milieu de ce peuple français que j'ai tant aimé. » Dès que la mort eut été constatée par les méde- cins anglais, et que les fidèles compagnons de l'Empereur eurent pris connaissance du testament et de ses codicilles, le comte de Montholon fit porter aussitôt au gouverneur de Sainte-Hélène, sir Hudson Lowe, une lettre dont l'Empereur avait songé lui-même à dicter les termes, et dont la date seule était naturellement restée en blanc. « Monsieur le Gouverneur, « L'Empereur Napoléon est mort le (5 mai) à « la suite d'une longue et pénible maladie. J'ai « l'honneur de vous en faire part. Il m'a autorisé « à vous communiquer, si vous le désirez, ses « dernières volontés. Je vous prie de me faire « savoir quelles sont les dispositions prescrites « par votre gouvernement pour le transport de « son corps en Europe, ainsi que celles relatives « aux personnes de sa suite. » Dès le lendemain 6 mai, le gouverneur fit tenir sa réponse. Il avertissait le comte de Montholon que depuis 1820 il avait l'ordre de ne point laisser sortir de l'île la dépouille mortelle « du général Bonaparte ». Mais il ajoutait qu'il lui était indiffé- rent qu'elle fût dans tel ou tel lieu de l'île et qu'il en laissait le choix. C'est alors que les exécuteurs testamentaires institués par Napoléon, les comtes Bertrand, Mon- tholon et Marchand, décidèrent de choisir la fon- taine Torbet, sur la proposition de l'un d'entre eux, le comte Bertrand. Celui-ci rappela en effet que, lorsqu'il habitait Hutsgate, l'Empereur était venu un jour lui rendre visite. Il avait descendu assez difficilement la vallée qui plongeait devant l'habitation et qui se trouvait comprise dans le large cirque qu'on appe- lait le « Bol à punch du Diable », à cause de sa forme et de sa dimension. Parvenu à une sorte de rebord, d'où l'on découvrait la mer, il s'était approché d'une fontaine — la fontaine Torbet — qu'on voyait sourdre au creux d'un vallon et qu'abritaient de leurs branches tombantes trois saules pleureurs. Il avait goûté un peu de repos et de fraîcheur dans ce creux solitaire que baignait une lumière douce de crépuscule et où régnait une grande paix silencieuse. Or, en s'éloignant, il avait dit à Bertrand : « Bertrand, si, après ma mort, mon corps reste entre les mains de mes ennemis, vous le déposerez ici. » Au surplus, l'eau lui ayant semblé très pure et très fraîche, il avait demandé, dès son retour à Longwood, qu'on allât tous les jours en puiser pour son usage personnel à la source bienfaisante (1). Un Chinois fut d'abord chargé de ce service. Mais l'un des serviteurs de confiance, l'ancien piqueur Archambault, pour plus de sû- (1) Le capitaine du Génie Masselin, envoyé en mission à Sainte-Hélène, en 1861, a noté que la source Torbet sort de terre dans une sorte de niche, formée par une anfractuosité du rocher et remplit un petit bassin bordé d'une pierre. Il a constaté que le débit de cette source est constant et donne quatre litres d'eau par minute. reté reçut bientôt la mission d'apporter l'eau lui- même dans deux grandes bouteilles d'argent dont l'Empereur se servait en campagne (1). Ainsi Napo- léon n'était venu qu'une seule fois dans ce val sauvage, tout embroussaillé de myrtes et d'églan- tiers, qu'on a appelé depuis : la vallée du Géra- nium (Geranium Valley). « Mais un bon souvenir lui en était resté, dit Marchand, le calme lui en avait plu. » La confidence faite à Bertrand valait donc une désignation formelle. Puisqu'on ne pou- vait envisager le retour en France, c'était le lieu de sépulture qui s'imposait. Mais l'aménagement de cette sépulture, la cons- truction même du tombeau, nécessitaient des travaux importants. Commencés le 7 mai au matin, ces travaux, malgré la célérité qu'on y apporta, ne purent être terminés que le 9 dans la matinée. Ils comprenaient d'abord un déblai in- dispensable de onze pieds de profondeur, l'établis- sement au fond de la fosse d'un épais massif de maçonnerie et la construction d'un mur de pour- tour pour retenir les terres. Le tombeau propre- ment dit, qui devait recevoir le cercueil, fut formé de six dalles de pierre qui provenaient de la maison neuve et qui devaient servir au pavage de la cuisine. Le 9 mai eurent lieu les obsèques. A dix heures, (r) La collection des Souvenirs d'Archambault, acquise en faveur du Musée national de Malmaison par M. Max Bondi, comprend un petit flacon carré rapporté de Sainte-Hélène, et qui contient, comme l'indique une petite plaque de métal, un peu d'eau de la source adoptée par Napoléon. l'abbé Vignali célébra la messe et l'office des morts. Les compagnons de l'Empereur seuls y assistèrent. Cependant le gouverneur de l'île avait décidé que ce même jour la garnison prendrait les armes en signe de deuil et qu'à onze heures le cor- tège funèbre se mettrait en marche. Il arriva en effet pour l'heure indiquée, accompagné du contre- amiral et suivi de toutes les autorités civiles et militaires. A onze heures précises, douze grenadiers prirent sur leurs épaules le quadruple cercueil (1) qui en- fermait le corps de l'Empereur. En raison de son poids, ils ne le transportèrent pas sans peine dans la grande allée du jardin de Longwood où station- nait le corbillard. Lorsqu'il fut placé sur le char funèbre, on le recouvrit d'un manteau, celui sans doute de Marengo, et le comte Bertrand y déposa sa propre épée, dans la crainte peut-être d'exposer celle de l'Empereur. Et le cortège s'ébranla. L'abbé Vignali en avait pris la tête. Il était revêtu des ornements sacerdotaux. Le jeune Henry Bertrand l'assistait, porteur d'un bénitier d'argent et de l'aspersoir. Les docteurs Arnott et Antomarchi précédaient ensuite le corbillard, que traînaient quatre chevaux conduits par quatre palefreniers en deuil et qu'escortaient les douze grenadiers sans armes qui devaient porter le cer- (1) L'Empereur avait été mis le 7 mai dans un cercueil de fer blanc, garni de satin blanc ouaté. Ce premier cercueil fut placé dans un second cercueil en acajou, que vint recouvrir un troisième cercueil en plomb, contenu à son tour dans un quatrième cercueil en acajou, fermé par des vis à tête d'argent. cueil, lorsqu'on arriverait à la Vallée. Les coins du drap mortuaire étaient tenus par les comtes Bertrand, Montholon et Marchand et par le jeune Napoléon Bertrand.