150 ans d’activité bancaire

Sommaire

4 Introduction

6 Chronologie

8 1862–1912

16 1912–1945

22 1945 –1980

30 1980–2000

34 Le XXIe siècle

37 Perspectives Introduction

En 2012, UBS célèbre son 150e anniversaire. Ce jalon important dans notre longue histoire témoigne de la place de choix qu’occupe notre établissement dans l’évolution du secteur bancaire moderne dans le monde et de notre rôle charnière au sein de la tradition bancaire helvétique.

L’activité bancaire en Suisse se fonde sur Tout commence avec la création de la Hors de Suisse, les ancêtres d’UBS sont une tradition qui remonte aussi loin que Bank in Winterthur en 1862, qui fusionne déjà bien présents dans de nombreuses le Moyen-Age. Cet héritage ancien ensuite avec la en villes sur tous les continents, l’implan­ concourt à expliquer l’impression large- 1912 pour créer l’Union de Banques tation la plus ancienne, Londres, remon- ment répandue, dans le pays et au ni- Suisses. En 1872, la Basler Bankverein tant précisément à cent ans avant la veau international, que la Suisse a tou- est fondée et devient, après une série de ­fusion. Plus récemment, diverses acquisi- jours été une place financière bien fusions, la Société de Banque Suisse. tions viennent ancrer plus profondément établie, une perception encore renforcée UBS dans sa vocation mondiale. Les ra- à maintes reprises dans la littérature po- La fusion qui donne naissance à UBS en cines historiques de certains établisse- pulaire et dans d’autres médias. En réali- 1998 vise avant tout à créer un établis- ments repris par l’Union de Banques té, la taille et la portée internationale de sement véritablement mondial, capable Suisses, la SBS et UBS dans les années l’activité bancaire helvétique sont essen- de proposer à une clientèle privée, d’en- 1980, 1990 et 2000 remontent égale- tiellement un produit de la seconde treprises, institutionnelle et souveraine ment au XIXe siècle. C’est notamment le ­moitié du XXe siècle et ont été fortement l’accès à des services et des marchés, cas de la société de courtage américaine influencées par l’Union de Banques à des conseils et à une exécution des , qui est à l’origine de Suisses et la Société de Banque Suisse ordres et des mandats hors pair à travers ­l’actuelle division UBS Wealth Manage- (SBS), les deux banques qui par leur fu- le monde. La fusion permet à la nouvelle ment Americas. Parmi les premiers sion en 1998 ont donné naissance à UBS. UBS de s’appuyer sur l’expérience et exemples de l’héritage historique d’UBS les connaissances précieuses acquises au figure Phillips & Drew, un prédécesseur Parallèlement, cette évolution de l’activi- fil des années ainsi que sur les liens d’UBS Global Asset Management, créé té bancaire suisse moderne est profon- ­solides tissés dans plusieurs pays. en 1895. S.G. Warburg, un fondement dément ancrée dans la seconde moitié ­essentiel pour le développement de l’ac- du XIXe siècle. A cette époque, les «an- tuelle division Investment Bank d’UBS, cêtres» de l’Union de Banques Suisses et voit le jour quelques décennies plus tard. de la SBS sont bien établis et contribuent activement à la construction de l’écono- mie industrialisée de la Suisse moderne.

Une approche dynamique face au changement a été la clé de voûte de la réussite d’UBS.

4 Au fil des pages, cette brochure vous dans lequel puise l’actuelle UBS. Toute- Nous espérons que vous prendrez plaisir présente un aperçu des 150 premières fois, étant donné sa portée limitée, à découvrir ce survol fascinant du années d’existence d’UBS, en s’attachant cette publication n’a pas pour ambition ­parcours de notre établissement, un par- plus particulièrement à montrer que d’être un compte rendu exhaustif de cours qui, de toute évidence, est loin notre parcours est indissociable de l’histoire d’UBS ou de la Suisse. d’être terminé. Comme le montre claire- ­l’histoire politique et économique de ment cette brochure, une approche dy- notre marché national qu’est la Suisse. namique face au changement, reposant Nous évoquons les processus qui ont été sur la capacité d’identifier et d’exploiter à la base de l’évolution historique les opportunités et celle de relever les d’UBS tout en mettant en lumière le défis qui se présentent, a été la clé de ­profond enracinement international voûte de la réussite d’UBS et continuera d’être essentielle pour sa réussite future.

Le symbole des clés et le logo de l’Union de Banques Suisses sont réunis pour créer le logo actuel d’UBS.

5 Chronologie

Depuis la fondation de la Bank in Winter- jourd’hui. Toutes ces fusions et acquisi- seurs, au rang desquels l’Union de thur en 1862, plus de 300 établissements tions ont apporté leur pierre aux riches Banques Suisses et la Société de Banque financiers, qu’il s’agisse de banques fondations historiques de notre établisse- Suisse figurent en bonne place. Parmi ­privées, de caisses d’épargne, de gestion- ment, contribuant à sa diversité et au d’autres, les établissements financiers naires de fortune, de courtiers ou de ­caractère universel de son expérience. Le ­figurant dans le diagramme ont joué un banques commerciales, sont venus se diagramme ci-dessous présente une vue rôle important dans l’évolution d’UBS fondre dans ce qui est l’UBS d’au- d’ensemble de nos principaux prédéces- telle que nous la connaissons aujourd’hui.

                  

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7 1862–1912

De la Bank in Winterthur à l’Union de Banques Suisses

1862 La Bank in Winterthur devient opérationnelle. 1863 La Toggenburger Bank est fondée à Lichtensteig, dans le canton de Saint-Gall. 1872 La Basler Bankverein est fondée à Bâle. 1879/ Fondation de Jackson & Curtis suivie par Paine & Webber à Boston. 1880 1895 G. A. Phillips & Co. est fondé à Londres avant de devenir Phillips & Drew. 1897 Une série de fusions et acquisitions aboutissent à la Société de Banque Suisse. 1898 La SBS ouvre le premier bureau d’une banque suisse à Londres. 1901 La SBS commence à publier régulièrement des analyses économiques. 1906 La Bank in Winterthur acquiert l’immeuble au 44 Bahnhofstrasse et devient un courtier autorisé auprès de la Bourse de Zurich. 1912 La Bank in Winterthur fusionne avec la Toggenburger Bank pour former l’Union de Banques Suisses. La Bank in Winterthur à Winterthour.

Comité fondateur de la Bank in Winterthur.

La Toggenburger Bank à Lichtensteig.

L’UBS d’aujourd’hui est le fruit de la fusion en 1998 de deux grandes banques suisses, la Société de Banque Suisse et l’Union de Banques Suisses. Lorsque les deux banques fusionnent, elles ont derrière elles une longue histoire puisant ses racines dans la seconde moitié du XIXe siècle. Ces origines historiques d’UBS sont intimement liées à l’émergence de la Suisse moderne, que ce soit sur le plan politique ou économique.

En 1848, la Suisse devient un Etat fédéral composé de 22 can- thur entend soutenir activement le développement commercial tons auparavant indépendants. Parallèlement à la nouvelle et industriel de la région. Comptant alors environ 16 000 habi- Confédération helvétique, un espace économique unitaire est tants, la ville de Winterthour va devenir le pôle industriel du créé. A l’époque, l’économie industrielle de la Suisse est domi- nord-est de la Suisse dans la deuxième moitié du XIXe siècle. La née par le coton et la soie, suivis du secteur des montres et ville joue un rôle important dans la construction et l’expansion de l’horlogerie. Quelque 170 banques existent déjà aux côtés du réseau ferroviaire du pays, tant au sein de la région qu’au de plusieurs banquiers privés. Le pays manque cependant de travers de ses usines, notamment celles de la Schweizerische banques capables de financer son industrialisation, en particu- Lokomotiv- und Maschinenfabrik (Société suisse de construc- lier la construction de son système ferroviaire. A la fin des tion de locomotives et de machines). ­années 1850, 50 millions de francs suisses par an sont investis dans les chemins de fer pour répondre à la demande crois- En 1863 a lieu un autre événement important. La Toggenbur- sante générée par l’industrialisation galopante. ger Bank, qui tire son nom de la région du Toggenbourg située dans le canton de Saint-Gall, en Suisse orientale, est fondée De la Bank in Winterthur à l’Union de Banques Suisses dans la petite ville de Lichtensteig. Dotée d’un capital-actions La Bank in Winterthur sera justement ce type de banque. initial de 1,5 million de francs, elle est spécialisée dans le do- Lorsque la période de souscription de ses actions s’achève avec maine hypothécaire et l’épargne au plan national, même si elle succès le 25 juin 1862, la Bank in Winterthur voit officielle- contribue également au développement de l’industrie locale ment le jour avec un capital-actions initial de 5 millions de francs. La première pierre fondatrice de l’UBS d’aujourd’hui est posée. Prenant le nom de sa ville d’origine, la Bank in Winter-

9 1862–1912

de la broderie. En 1912, la Bank in Winterthur et la Toggen­ burger Bank fusionnent pour former l’Union de Banques En 1912, la Bank in Suisses.

De la Basler Bankverein à la Société de Banque Suisse ­Winterthur et la Toggen­ (SBS) Tandis que Winterthour devient un pôle d’industrialisation burger Bank fusionnent pour la Suisse dans la région de Zurich, la ville de Bâle, voisine de la France et de l’Allemagne, domine l’économie du nord- pour former l’Union ouest du pays. Avec ses quelque 40 000 habitants dans les ­années 1860, la ville est située à un carrefour stratégique, à la croisée des chemins de l’Europe centrale. Elle bénéficie de de Banques Suisses. sa position de berceau de l’industrie nationale des rubans de soie, un secteur d’exportation majeur, et en tant que base pour d’importants marchands, dépositaires et agents. actions dans la ville de Bâle». C’est chose faite en 1872 avec la Plusieurs banques privées sont établies depuis longtemps à naissance de la Basler Bankverein en tant que banque à part Bâle et la Basler Bankverein, l’ancêtre en ligne directe de la entière. ­Société de Banque Suisse (SBS), en est issue. En 1854, six éta- blissements bancaires signent un accord visant à la gestion La proximité de Bâle avec l’Allemagne influe sur la naissance conjointe des prêts. En 1856, les membres de ce consortium de la Basler Bankverein. La victoire de la Prusse sur la France bancaire, connu sous le nom de «Bankverein», décident d’unir en 1870–71 et l’unification consécutive de l’Allemagne dé- leurs forces et de «créer un grand établissement financier par clenchent un essor économique et financier massif en Alle- magne, qui se répercute également en Suisse. Non seulement le protocole pour la constitution de la Basler Bankverein est si- gné à Francfort, mais c’est une banque allemande qui apporte les capitaux, conjointement aux six banques privées bâloises. Avec sept des 17 administrateurs initiaux domiciliés hors de

Billets de banque en francs suisses émis par la Toggenburger Bank.

Prospectus d’actions de la Basler Bankverein, 1872.

La Basler Bankverein à Bâle.

10 Suisse, la Basler Bankverein, fondée avec un capital-actions de Zurich et Bâle 30 millions de francs suisses au total, affiche depuis le début A dix ans d’intervalle, la Basler Bankverein et la Bank in une vocation internationale. ­Winterthur convergent vers Zurich, la première en fusionnant avec la Zürcher Bankverein et en bâtissant un immeuble sur la Comme la Bank in Winterthur, la Basler Bankverein joue un Paradeplatz, la place aujourd’hui emblématique du secteur rôle important dans l’industrialisation rapide de la Suisse, bancaire zurichois. En 1906, la Bank in Winterthur acquiert ­notamment en contribuant à faire de la ville de Bâle le centre un bâtiment au 44 Bahnhofstrasse. Situé exactement en face de l’industrie chimique helvétique et en finançant la construc- du siège actuel d’UBS dans une rue construite moins de tion des chemins de fer. De fait, le projet ferroviaire le plus ­cinquante ans auparavant, il permet d’accéder facilement à ­ambitieux de l’époque est réalisé grâce à la participation active la Bourse de Zurich. Ouverte en 1880, la Bourse devient de la Basler Bankverein et de la Bank in Winterthur. En 1882, la plus importante de Suisse pendant la première moitié du le tunnel du Gothard long de 15 km, un projet de 227 millions XXe siècle. Plus ou moins à la même époque, en 1907, de francs suisses, est terminé, assurant une liaison ferroviaire la Banque nationale suisse (BNS) entre en activité à Berne et qui faisait cruellement défaut à travers les Alpes. La Basler Zurich après sa création en 1905 par décret fédéral. Cette Bankverein participe financièrement et personnellement à sa ­institution est alors, et le demeure aujourd’hui, un élément clé construction, tandis que la Bank in Winterthur finance les du développement futur de l’économie suisse en général et du ­locomotives qui utiliseront cet incroyable chef-d’œuvre d’ingé- secteur financier helvétique en particulier. Devenu la monnaie nierie. officielle de la Suisse en 1850, le franc suisse avait remplacé

Au cours des décennies suivantes, la Basler Bankverein se dé- veloppe en unissant ses forces avec la Zürcher Bankverein ­(Zurich) et la Schweizerische Unionbank (Saint-Gall). Après l’acquisition de la Basler Depositen-Bank, la banque prend le nom de Société de Banque Suisse (SBS) en 1897.

Paine, Webber & Co., Boston, 1881. Bahnhofstrasse / Poststrasse, Zurich, 1893.

Construction du tunnel du Gothard.

11 1862–1912

Fröschengraben, Zurich, qui fera ultérieurement partie de la Bahnhofstrasse.

Immeuble de la SBS à la Paradeplatz Accord de fusion entre la Bank in Winterthur de Zurich, 1910. et la Toggenburger Bank, 1912.

Bureaux de l’Union de Banques Suisses, Münzhof, Bahnhofstrasse, Zurich.

13 monnaies et 319 pièces différentes. Jusqu’à la fondation de pour étendre le champ de leurs activités sur le territoire helvé- la BNS, toutefois, l’émission des différents modèles de francs tique. Elles ont financé diverses activités qui auront leur suisses est confiée à des dizaines de banques commerciales ­importance pour l’avenir de la Suisse, notamment dans le dans tout le pays, dont la Toggenburger Bank. En 1907, ce ­secteur de l’assurance en plein essor. système ad hoc est remplacé par un franc suisse standard émis par la BNS sur la base de l’étalon-or. Malgré l’implantation des En ce qui concerne le rayonnement géographique, toutefois, deux prédécesseurs d’UBS à Zurich, leurs sièges demeurent la SBS va plus loin en devenant la première banque suisse à ­ailleurs. Celui de la SBS, par exemple, restera toujours dans sa s’implanter dans la City de Londres, qui est déjà à cette ville natale de Bâle. Quant à l’Union de Banques Suisses, elle époque une place financière internationale. Le 1er juillet 1898, conserve deux sièges sociaux à Winterthour et à Saint-Gall la Swiss Bankverein entre en activité à Londres et ouvre les jusqu’en 1945. La banque transfert ensuite son siège à Zurich, portes de sa nouvelle succursale au 40 Threadneedle Street. au bien nommé Münzhof (qui littéralement signifie «Cour Cette succursale est seulement la quatrième que la SBS ouvre de la Monnaie»). Le siège occupe désormais le 45 Bahnhof­ (après Bâle, Zurich et Saint-Gall) et atteste de sa reconnais- strasse, ouvert en 1917, et, avec sa pierre de taille rustiquée et sance précoce de la nécessité d’une présence internationale. ses éléments de ferronnerie décorative aux portes et aux fe- Durant les décennies qui suivent, la succursale SBS de Londres nêtres, il reflète un sentiment de solidité et d’imperturbabilité. est au cœur de toutes ses activités à l’étranger. Avec deux sièges à Bâle et à Zurich, la structure juridique ­actuelle d’UBS témoigne encore de ce parcours historique. Une présence à Londres est essentielle pour jouer un rôle actif dans les grandes tendances à l’échelle internationale. Londres A l’aube du XXe siècle est indubitablement la première place financière du monde et, En 1912, l’Union de Banques Suisses est créée avec un capital- selon une estimation contemporaine, son importance pour actions initial de 35 millions de francs suisses. La Bank in Win- l’économie mondiale est illustrée par le fait que la moitié des terthur et la Toggenburger Bank n’ont pas attendu leur fusion 160 banques présentes dans la City à cette époque ne sont pas britanniques.

Privilégiant au départ les activités de banque commerciale in- ternationale – notamment le financement d’importations vers la Russie et l’octroi de prêts pour le développement des

12 Les racines historiques d’UBS Wealth Management Americas

Il n’y a aujourd’hui rien d’étonnant à Durant la première moitié du Suite à divers changements, fusions et ce que la présence mondiale d’UBS XXe siècle, Paine, Webber & Co. est acquisitions, PWJ&C s’agrandit d’une ­repose fortement sur ses racines histo- contrôlée par la famille Paine. Réputé activité dans les instruments à revenu riques profondément ancrées au être l’un des hommes les plus riches fixe (F.S. Smithers & Co., 1973), d’une Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Cela de la Nouvelle-Angleterre, William A. société de fonds de placement fermés n’est pas seulement dû à une prise Paine meurt en septembre 1929, un (Abacus Fund, 1972), et d’un service de conscience précoce de la nécessité mois avant le terrible Vendredi noir qui d’analyse financière et de conseil en d’être implanté dans les principaux sonne le début du krach boursier de placement (Mitchell Hutchins, 1977). centres financiers du monde, mais Wall Street. Si Jackson & Curtis et Paine, En reprenant Abacus, la société entre en Bourse et décide, deux ans plus La présence mondiale d’UBS tard, de constituer PaineWebber Inc. en holding, avec PWJ&C comme filiale ­repose fortement sur ses racines principale. En 1980, l’établissement compte 161 succursales dans 42 Etats américains et six bureaux en Europe et historiques profondément en Asie. Paine Webber est ainsi im- planté dans toute l’Amérique et son ­ancrées au Royaume-Uni et populaire slogan publicitaire «Thank You, Paine Webber» le fait connaître aux Etats-Unis. au-delà de son importante base de clientèle. Paine Webber ne cesse de s’explique aussi par les importants pré- Webber & Co. en réchappent, l’onde se développer jusqu’à son acquisition décesseurs d’UBS dans ces pays. de choc de la Grande Dépression est par UBS fin 2000. En 1995 elle avait ­certainement à l’origine des discussions acquis la société bancaire de courtage L’exemple le plus significatif est la entamées en 1939 en vue d’un re- et d’investissement Kidder, Peabody & création de deux associations de cour- groupement. La fusion qui donne nais- Co. En avril 2000, il rachète encore tiers à Boston dans le dernier quart du sance à Paine, Webber, Jackson & Cur- J.C. Bradford & Co., ajoutant 900 XIXe siècle. William A. Paine et Wallace tis (PWJ&C) est scellée le 29 juin 1942. courtiers et 46 milliards de dollars G. Webber s’installent en 1880 (Paine, américains d’actifs clients aux 7600 Webber & Co. depuis 1881) dans la Parallèlement à la prospérité croissante courtiers et 452 milliards de dollars de même rue que le partenariat entre des Etats-Unis d’après-guerre, les acti- fonds de clients existants de Paine Charles C. Jackson et Laurence Curtis vités de PWJ&C se développent rapi- Webber. (Jackson & Curtis), établi en 1879. Ces dement. De 23 succursales à l’époque deux vénérables sociétés fusionnent de la fusion en 1942, l’établissement en 1942 et sont le fondement de ce passe à 30 bureaux en 1955, puis à 45 qu’est aujourd’hui l’activité Wealth dix ans plus tard. En 1963, son siège Management Americas d’UBS. est transféré de Boston à New York.

13 1862–1912

Survivre aux premières crises

Dans le dernier quart du XIXe siècle, En 1883, la Bank in Winterthur épuise dateur du partenariat, à se retirer. l’industrialisation de pays comme la également ses réserves de 1,3 million Mais, lorsqu’il veut reprendre le Suisse progresse à un rythme sans de francs et se retrouve avec un bilan ­capital investi dans la société, «il n’y a précédent. Le développement écono- débiteur de près de 2 millions de plus rien à retirer». Paine, Webber & mique de l’Europe et des Etats-Unis francs. La banque voit le cours de son Co. a survécu. William A. Paine dira est néanmoins sévèrement ébranlé, action chuter à 350 francs en 1883 plus tard à propos de la crise de à intervalles réguliers, par différentes (contre 650 dix ans plus tôt) et ne 1893: «Nous avions passé treize ans à crises. Ces événements n’épargnent peut verser aucun dividende entre gagner la confiance des gens et à pas les ancêtres de l’UBS d’au- 1884 et 1886. Il en résulte un rema- ­développer nos ressources précisé- jourd’hui. Si la Bank in Winterthur niement complet du conseil d’admi- ment dans l’optique d’une telle crise. peut annoncer, en 1872, un divi- nistration en 1884, seuls trois des Lorsqu’elle a éclaté, nous l’avons dende total de 11% pour ses action- ­anciens membres continuant d’y sié- ­surmontée plus facilement que des naires, une crise majeure est cepen- ger, mais aucun de ceux qui ont groupes beaucoup plus riches que dant sur le point d’éclater. Le 9 mai ­fondé la banque en 1862. En 1895, la nous.» 1873, l’Europe et les Etats-Unis Bank in Winterthur s’est redressée, à plongent dans une grave dépression l’instar de l’autre grand prédécesseur économique, qui se prolongera au- d’UBS, la Basler Bankverein, qui a dû, delà de 1879. Cette crise finit par for- quelques années auparavant, recon- cer la banque à créer un «compte de naître publiquement que «l’établisse- liquidation» dans lequel elle transfert ment se trouve dans un état précaire». la moitié de ses réserves ordinaires pour couvrir les pertes effectives et Aux Etats-Unis, Paine, Webber & Co. futures potentielles. Porté à 1,9 mil- subit la crise financière de 1883 et, lion de francs suisses à fin 1879, le dix ans plus tard, la Panique de 1893, compte est entièrement utilisé. qui pousse Wallace Webber, co-fon-

Rue de la Corraterie, Genève, 1906.

14 chemins de fer en Asie de l’Est – la SBS de Londres ne tarde pas moins déjà noué des liens commerciaux avec les Etats-Unis pas à étendre son champ d’action avec l’acquisition de la en 1912. La trace de ces liens relie toutefois la banque à l’un banque privée Blake, Boissevain & Co. Cela lui donne accès à des événements les plus tragiques de l’histoire du tourisme et un large éventail d’opérations sur titres en Hollande et aux des voyages. Lors d’un déplacement professionnel à New York, Etats-Unis ainsi qu’à des contacts élargis en Suisse et en Alle- le président de la SBS et son successeur réchappent en effet magne. Une deuxième succursale est ouverte en février 1912 du naufrage du navire à bord duquel ils voyagent, le triste- dans le West End londonien, à côté du bureau des chemins de ment célèbre Titanic. fer suisses, afin d’offrir ses services au secteur lucratif des voyages et du tourisme. Au lendemain de la Première Guerre Au début du XXe siècle, en dépit des activités de la SBS à mondiale, la SBS (re)devient rapidement une des banques l’étranger, aucune banque helvétique n’est classée parmi les étrangères de premier plan à Londres. Preuve manifeste de son 50 premières banques mondiales. En 1900, le secteur suisse esprit d’innovation tourné vers l’avenir, c’est dans ses nou- veaux locaux à l’angle de Gresham Street et de Coleman Street que le premier commutateur téléphonique interne de e Londres est installé. Au début du XX siècle,

En 1912, la SBS montre également son intérêt à regarder ­au-delà des côtes européennes et en direction du pays qui est aucune banque helvé­ en train de supplanter la Grande-Bretagne en tant que pre- mière puissance économique mondiale, à savoir les Etats-Unis tique n’est classée d’Amérique. Si ce n’est pas avant l’éclatement d’un autre conflit majeur, en 1939, que la SBS prend pleinement pied à parmi les 50 premières New York, devenu alors le pôle financier du monde, elle n’en a banques mondiales.

des services financiers dans son ensemble occupe le septième rang mondial, derrière Londres, Paris, Berlin, New York, Bruxelles et Amsterdam. Cela va profondément changer au cours des décennies suivantes. A la fin des années 1940, le secteur financier helvétique s’est alors hissé au troisième rang, derrière New York et Londres.

Bureaux de l’Union de Banques Suisses à Aarau.

Bureaux de la SBS à Saint-Gall.

15 1912–1945

Des temps difficiles – deux guerres ­mondiales et une crise économique

1912 L’Association suisse des banquiers est créée. 1917 L’Union de Banques Suisses inaugure son nouveau bâtiment au 45 Bahnhofstrasse, à Zurich, son siège actuel. 1917 L’Union de Banques Suisses crée un fonds de pension pour ses collaborateurs. 1924 Dillon, Read & Co., New York, lance le premier fonds de placement fermé depuis la fin de la Première Guerre mondiale. 1934 L’Union de Banques Suisses lance son magazine interne trimestriel SBG-Blätter. 1938 La SBS co-crée le premier fonds immobilier suisse (Swissimmobil Serie D). 1938 L’Union de Banques Suisses fonde Intrag, Zurich, une société de gestion de fonds de placement. 1938 Intrag lance AMCA, le premier fonds de placement suisse à capital variable. 1942 Jackson & Curtis et Paine, Webber & Co. fusionnent pour devenir Paine, Webber, Jackson & Curtis, basé à Boston. 1945 Le siège de l’Union de Banques Suisses est transféré de Winterthour et Saint-Gall à Zurich.

16 «Vendredi noir» à New York, octobre 1929.

La SBS à Londres dans les années 1920.

La Suisse dans la Première Guerre mondiale.

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en 1914, l’Union de Banques Suisses et la SBS ont toutes deux gagné leurs galons de grandes banques de Suisse. De fait, les fondements histo- riques de l’ensemble des divisions de l’UBS d’aujourd’hui sont déjà posés à cette époque. Il en va de même des activités de gestion de fortune, même si les prédécesseurs d’UBS ne mettent pas sur pied des unités expressément consacrées au «private banking» avant les années 1990.

Ces services sont offerts quasiment depuis le début. La Toggen­ les clients. Même si l’impact de la Première Guerre mondiale burger Bank, par exemple, se dote d’un «service spécialisé pour est clairement ressenti dans le pays, sa neutralité contribue à les capitalistes et la gestion de fortune». Dans le jargon de la protéger ses citoyens des dégâts sans précédent et des ter- conformité de l’époque, la banque précise que ce service (ins- ribles pertes humaines que ses voisins subissent. tallé dans un bureau séparé avec une entrée séparée) «ne doit proposer que des investissements en capital solides et doit sé- Les destructions provoquées par la Première Guerre mondiale rieusement s’abstenir d’encourager les clients à investir au-­ et ses suites touchent également certains secteurs de l’écono- dessus de leurs moyens ou dans des titres douteux car cela va mie suisse en particulier. A titre d’exemple, en 1922, la SBS totalement à l’encontre des principes et de la tradition de la ­célèbre son 50e anniversaire, marquant l’occasion en donnant banque». En conséquence, des activités de conseil en place- à chacun de ses employés une montre de poche suisse. Cette ment et de gestion de fortune sont déployées, généralement initiative apporte un appui précieux à l’industrie horlogère par des gestionnaires individuels s’occupant de clients fortunés ­helvétique, dont les exportations vers les Etats-Unis ont accusé individuels, même si elles restent relativement marginales au re- une sévère baisse. gard de l’ensemble des services proposés par les ancêtres d’UBS. Au début des années 1920, le nombre d’employés de la SBS La Première Guerre mondiale et ses suites franchit pour la première fois la barre des 2000, l’Union de Basées dans un pays resté neutre durant la Première et la Se- Banques Suisses en comptant 1000, signe que les retombées conde Guerre mondiale, l’Union de Banques Suisses et la économiques de la guerre sur les deux banques n’ont pas été SBS bénéficient de la stabilité de la Suisse, tant recherchée par trop dramatiques.

17 1912–1945

Les deux établissements ne sont toutefois pas épargnés par les En Suisse, la spirale descendante de l’économie internationale conséquences de la Première Guerre mondiale, telle l’instabili- est parfaitement symbolisée par la situation désastreuse dans té politique et économique qui frappe la majeure partie de laquelle se retrouve l’industrie emblématique de l’horlogerie. l’Europe. Au lendemain du conflit, l’Allemagne, qui est alors, Dans les années 1930, les exportations horlogères sont ré- comme aujourd’hui, le pivot de l’économie européenne, est duites des deux tiers et près de la moitié des 60 000 employés confrontée à de graves difficultés économiques et financières, du secteur perdent leur emploi. La tendance à engager du symbolisées par les niveaux d’inflation records atteints en 1923. ­personnel qui caractérise les prédécesseurs d’UBS s’inverse Si une certaine stabilité se fait jour les années suivantes, ce également, l’Union de Banques Suisses réduisant ses effectifs bref «âge d’or» ne va pas durer. En 1929, la Grande Dépres- d’un quart entre 1931 et 1936. sion bouleverse radicalement la situation économique et finan- cière de la plupart des pays du monde. Les bouleversements politiques et économiques de la décen- nie, symbolisés et accélérés par des événements aussi drama- La Grande Dépression tiques que la faillite, en 1931, de l’établissement autrichien Le 3 septembre 1929, la Bourse de New York grimpe à 381, Creditanstalt, la plus grande banque d’Europe centrale et un sommet qu’elle n’atteindra plus durant plus d’un quart de orientale, plongent la place financière helvétique dans une siècle. Il n’est cependant pas immédiatement apparent que zone de turbulences dangereuse. En 1933, la Suisse est Wall Street est sur le point de s’effondrer, ce qu’elle fait à fin contrainte de venir au secours de l’une de ses grandes banques, octobre (le Dow touchant son plancher à 41 en juillet 1932). la Banque Populaire Suisse, en reprenant 100 millions de Une observation formulée dans une brochure commémorant francs du capital coopératif de la banque, l’équivalent à peu le 50e anniversaire de Jackson & Curtis fin 1929 donne une de choses près du quart des dépenses totales du gouverne- idée de l’optimisme irrationnel qui prévaut durant cette pre- ment helvétique pour cet exercice. D’autres banques ont mière phase de la récession: «La situation financière de l’Amé- moins de chance, une soixantaine étant rachetées ou fermées rique est si solide que le ralentissement n’a pas été marqué entre 1930 et 1939. En 1936, la Suisse est obligée de dévaluer par les événements dramatiques auxquels on avait assisté en 1893 et 1907. Il s’est agi tout au plus d’un gros orage au milieu d’une journée ensoleillée.»

Vu la rapide détérioration de la conjoncture américaine, cette brochure commémorative – avec sa vision optimiste vite réfu- tée – n’est sans doute pas restée longtemps en circulation. Parmi les événements dramatiques qui marquent le début des années 1930, le futur partenaire de fusion de Jackson & Curtis, Paine, Webber & Co., est entraîné dans la chute de l’empire ­ferroviaire des frères Van Sweringen et les actions détenues à titre de garantie pour les 33 millions de dollars dus à Paine, Webber & Co. doivent être vendues à perte.

La Seconde Guerre mondiale.

New York à la fin des années 1930.

18 La SBS voit également son bilan retomber d’un pic de 1,6 mil- Les bouleversements liard de francs en 1930 à environ 1 milliard en 1935. Elle pro- cède à des dépréciations d’actifs de l’ordre de 32,5 millions de francs entre 1930 et 1939, qui la conduisent à entreprendre ­politiques et écono­ en 1935 un examen rigoureux de l’ensemble des crédits en cours. La banque résilie dans la mesure du possible ou au miques des années 1930 moins ­réduit les engagements qui ne sont pas parfaitement sains ou ne génèrent pas un rendement adéquat. Parallèle- plongent la place ment, elle ­considère la crise comme une opportunité de ­renforcer d’autres domaines de son activité, cherchant par exemple ­davantage à «cultiver et élargir son cercle de clients ­financière helvétique privés». La crise laissera un héritage durable: le nouveau logo que la SBS décide de faire développer en 1937. Elle optera dans une zone de pour les trois clés, symbole de confiance, de sécurité et de discrétion,­ des clés qui occupent toujours une place de turbulences­ dangereuse. ­premier plan dans le logo actuel d’UBS. Le secret bancaire la monnaie nationale (de 30%) pour la première et unique fois D’une certaine façon, les clés de la SBS symbolisent un autre à ce jour. héritage des années 1930, qui revêt une importance directe pour l’ensemble du secteur financier en Suisse. Lorsque les L’Union de Banques Suisses et la SBS ne sont pas épargnées par ­autorités helvétiques introduisent la Loi fédérale sur les ces bouleversements. Le total du bilan de l’Union de Banques banques et les caisses d’épargne en 1934–35, la première loi Suisses passe de près de 1 milliard en 1930 à 441 millions de nationale sur les banques, celle-ci comprend un article qui francs en 1935 (et ne se remet ensuite que progressivement). ­générera par la suite de nombreux débats, et autant d’ou- Un important facteur dans la dégradation de la situation tient à vrages et de films. L’article 47 de la nouvelle loi fait officielle- ce que l’on a appelé «l’entrave au transfert» d’actifs, un eu- ment référence au secret bancaire, un aspect de l’activité phémisme pour qualifier les actifs bloqués à l’étranger (princi- ­bancaire suisse qui existe en fait déjà depuis longtemps dans palement en Allemagne). L’Union de Banques Suisses réduit ces les relations des banques avec leurs clients. Comme le fait actifs au milieu des années 1930 et doit simultanément adop- ­remarquer un historien, le secret bancaire s’est «imposé ter des mesures draconiennes. Elle abaisse ses réserves de comme un code de confidentialité tacite semblable à celui ­moitié, son capital-actions passe de 100 millions de francs qu’offrent les avocats, les médecins ou les prêtres». Le règle- suisses en 1933 à 40 millions en 1936, et réduit le dividende ment de l’Union de Banques Suisses, par exemple, fait déjà par action et les salaires. En 1938, toutefois, les salaires état en 1915 d’une «règle de confidentialité» s’appliquant ­repartent à la hausse, tout comme le nombre d’employés. aux employés de banque.

En 1939, vu l’imminence de la guerre, la SBS ouvre une agence à New York. Lorsque le deuxième conflit mondial en moins d’une génération éclate en septembre 1939, la Suisse se déclare neutre, comme elle l’a fait lors de la Première

Evacuation des locaux de la SBS à Londres, 1940.

19 1912–1945

Guerre mondiale. En fait, rien ne pouvait moins surprendre le sonnes éminentes), ont un accès illimité à tous les comptes monde. Après tout, la Suisse a pour ainsi dire toujours été bancaires ouverts auprès de 63 banques suisses. L’ICEP conclut neutre. Sa neutralité est reconnue internationalement, premiè- à l’absence de preuve d’une destruction systématique de la rement dans les Actes du Congrès de Vienne, puis à nouveau trace des comptes des victimes ou d’une discrimination orga- en 1919, et elle existe depuis plus longtemps que dans n’im- nisée contre les victimes des persécutions nazies. Le Comité porte quel autre pays. Officiellement neutre depuis 1815, la estime en revanche qu’il y a des preuves avérées d’actions Suisse en tant qu’Etat est associée, tant au niveau national ­discutables et trompeuses de la part de certaines banques qu’à l’étranger, à son statut de neutralité. dans le traitement des comptes des victimes. Le débat atteint son apogée précisément au moment où l’Union de Banques Avant 1939, l’Allemagne a largement contribué à l’économie Suisses et la SBS négocient leur fusion. Un règlement est fina- suisse, et ce durant de nombreuses années. Il serait toutefois lement conclu en août 1998, aux termes duquel les banques erroné de prétendre que, durant la guerre, la Suisse choisit suisses acceptent de verser 1,25 milliard de dollars américains. ­volontairement de réorienter son commerce extérieur vers ­l’Allemagne, au détriment de la Grande-Bretagne et de la France. Après la capitulation de la France en 1940 et compte tenu de la position de la Suisse au sein d’une Europe dominée Vers la moitié des années par l’Allemagne, on pouvait s’attendre à une réorientation du commerce extérieur du pays. La baisse du commerce helvé- 1930, la Suisse a intro­ tique avec l’Ouest est néanmoins considérable tandis que les échanges avec l’Allemagne augmentent fortement. Outre ­l’aspect économique, la neutralité de la Suisse et sa position duit la Loi fédérale de centre financier international permettent également à ­l’Allemagne d’obtenir d’importants services financiers de son sur les banques et les voisin du sud.

Des décennies après le conflit, les relations de la Suisse avec caisses d’épargne, l’Allemagne durant la guerre et les conséquences terribles des actes barbares perpétrés par le régime nazi en Allemagne et la première loi nationale dans une grande partie de l’Europe, suscitent une vive contro- verse, qui touche plus particulièrement les banques suisses. pour les banques. Dans les années 1990, des recours collectifs sont intentés contre les banques sur la question des comptes en déshérence remontant à l’époque de la Seconde Guerre mondiale. Entre L’accord de règlement formel prend effet le 30 mars 1999 et 1996 et 1999, les banques helvétiques se soumettent à une les banques effectuent le versement final en 2000. Le traite- enquête indépendante, unique en son genre, visant à identi- ment ultérieur des plaintes et les indemnités pécuniaires sont fier des actifs potentiellement liés à l’Holocauste datant de la entièrement du ressort d’un juge de New York et des avocats Seconde Guerre mondiale, voire d’avant. Quelque 650 vérifi- spéciaux désignés par lui. UBS et les autres banques concer- cateurs judiciaires, sous la supervision d’un ancien président de nées par le règlement n’ont pas leur mot à dire dans ce pro- la Réserve fédérale américaine et de l’«Independent Commit- cessus. tee of Eminent Persons» (ICEP / Comité indépendant de per-

Le siège de la Banque Fédérale à Berne; photo prise autour de 1895.

20 Les racines historiques d’UBS Global Asset Management

En 1895, George Phillips fait appel à Dans les années 1980, si elle n’est Avec la fusion de l’Union de Banques Richard Drew pour l’aider à gérer une plus unique, la réputation de Phillips & Suisses et de la SBS, la nouvelle entité maison de courtage. Connue alors Drew n’en continue pas moins de hérite de trois activités importantes de sous le nom de G.A. Phillips & Co., ­briller. En termes d’activités, la société gestion d’actifs, qui seront combinées son portefeuille d’actions comprend détient une part prédominante du par la suite et donneront naissance, des noms prestigieux (et oubliés de- marché des bons du Trésor britannique en avril 2002, à UBS Global Asset puis longtemps) comme Thunderbolt et des marchés à intérêt fixe, elle est ­Management en tant que division Patent Governor et Automotive le premier négociant de titres conver- unique: Phillips & Drew et UBS Asset ­Syndicate. Elle a également des inté- tibles du pays et le premier gérant Management issus de l’Union de rêts dans des compagnies aurifères d’actifs parmi les courtiers britan- Banques Suisses et d’Australie occidentale. En 1905, la niques. Durant le «Big Bang» de la issu de la SBS. Ce dernier est né en société prend le nom de Phillips & déréglementation du secteur financier 1989 suite à un rachat par la direction Drew avec l’arrivée d’un nouveau par- britannique au milieu des années de First Chicago Investment Advisors, tenaire, Geoffrey Harvey Drew. 1980, l’Union de Banques Suisses ra- la filiale de gestion d’actifs fondée en Jusqu’à la fin des années 1940, la fa- chète Phillips & Drew. Son patronyme 1984 par la First National Bank of mille Drew continue de détenir une perdure dans l’activité britannique de Chicago. En 1994, lorsque la société participation majoritaire, tout comme gestion d’actifs de l’Union de accepte l’offre de rachat de la SBS, la famille Paine au sein de Paine Banques Suisses, qui prend le nom de Brinson Partners compte 10 associés ­Webber. A la fin des années 1960, Phillips & Drew Fund Management directeurs et 250 employés. Il a son l’entreprise est ainsi décrite par un (ou PDFM). Celle-ci continue d’opérer siège à Chicago et des bureaux à observateur de l’époque: «Très profes- de manière relativement indépen- Londres et à Tokyo. sionnelle, largement méritocratique dante. Grâce à la rapide croissance et prônant une philosophie qui privilé- enregistrée à la fin des années 1980 gie le travail d’équipe plutôt que les et au début des années 1990, la so- vedettes, Phillips & Drew jouit à ce ciété est un acteur de premier plan stade de son histoire d’une réputation dans le secteur de la gestion de fonds unique dans la City.» au Royaume-Uni.

Le siège de la Basler Handelsbank à Bâle.

21 1945–1980

Reconstruction et boom économique

1945 L’Union de Banques Suisses acquiert la Banque Fédérale, la SBS reprend la Basler Handelsbank. 1958 S.G. Warburg orchestre la première OPA hostile de la City de Londres. 1958 L’Union de Banques Suisses ouvre son premier guichet drive-in. 1960 Paine, Webber, Jackson & Curtis invente l’option dite de surallocation («Green Shoe»). 1963 S.G. Warburg joue un rôle de pionnier dans le lancement du marché des euro-obligations. 1963 Le siège de Paine, Webber, Jackson & Curtis est transféré de Boston à New York. 1965 L’Union de Banques Suisses est l’une des premières sociétés à faire connaître sa marque à la télévision suisse. 1967 L’Union de Banques Suisses lance le premier distributeur automatique de billets d’Europe continentale. 1970 L’Union de Banques Suisses ouvre la première agence bancaire souterraine de Suisse, dans les galeries marchandes de la gare centrale de Zurich. 1970 La SBS est la première banque suisse à ouvrir une succursale à part entière à Tokyo. 1972 L’Union de Banques Suisses lance la première obligation à option en Suisse.

22 La SBS à Bâle.

Salle des coffres-forts de La SBS à Londres l’Union de Banques Suisses, au début des début des années 1960. ­années 1960.

Construction de l’agence de l’Union de Banques Suisses, gare centrale de Zurich, 1970.

«Au lendemain de la guerre, en Suisse, le taux d’épargne était élevé, le budget de l’Etat ­équilibré, le franc stable et l’inflation faible. En raison des dispositions strictes sur les fonds propres applicables aux banques, les établissements financiers suisses avaient à l’étranger la réputation d’être très solides. De plus, la loi sur les banques protégeait les clients et leur sphère financière privée. Le secteur bancaire suisse a pu se bâtir une réputation unique grâce à ces conditions-cadres.» 1

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis Basler Handelsbank. Au cours de son histoire, la ­Basler Han- et l’Europe de l’Ouest entrent dans une période de croissance delsbank, qui est fondée en 1862, joue un rôle important dans ininterrompue sans précédent qui durera jusque dans les le développement économique de l’Europe, plus particulière- ­années 1970. Au début de cette période, la plupart des Euro- ment dans le cadre de son électrification. En 1896, en asso­ péens se montrent toutefois pessimistes quant aux perspec- ciation avec Siemens Halske AG, Berlin, la banque crée la tives futures, tant politiques qu’économiques. Au soulagement Schweizerische Gesellschaft für elektrische Industrie (INDELEC) suscité par la fin du conflit le plus meurtrier de l’histoire se à Bâle. Par la suite, INDELEC financera de nouvelles centrales mêle l’incertitude provoquée par l’amorce de la Guerre froide hydroélectriques en Suisse, en Europe et au Mexique et sera à entre les Etats-Unis et l’Union soviétique. Parallèlement, on l’origine de l’électrification de grandes villes, dont Paris, Saint- peine à imaginer comme l’Europe parviendra à se relever du Pétersbourg, Moscou, Riga, Lodz ou encore Bakou. champ de ruines économiques laissé par l’occupation nazie de la quasi-totalité du continent.

En 1945, l’Union de Banques Suisses et la SBS renforcent lar- gement leur position en rachetant deux gros concurrents en difficulté. En reprenant la Banque Fédérale (fondée en 1863), l’Union de Banques s’adjuge le total de ses actifs estimé à 1 Extrait d’un bref historique en ligne de Finanzplatz Zurich, 1,5 milliard de francs suisses, tandis que la SBS gonfle son bilan http://www.finanzplatz-zuerich.ch/Finanzplatz/Geschichte/ de près de 2 milliards de francs en faisant l’acquisition de la Bankkundengeheimnis/tabid/145/language/fr-FR/Default.aspx

23 1945–1980

Le premier distributeur automatique de billets en 1967.

Immeuble de la SBS, Paradeplatz à Zurich, Le premier guichet drive-in en 1958. années 1960.

Toutefois, en 1945, tant la Banque Fédérale que la Basler actifs et de leurs fonds propres décuplant entre la fin des ­Handelsbank ­rencontrent de graves problèmes de liquidités en ­années 1960 et les années 1980. raison de leur important engagement financier en Allemagne au cours des décennies précédentes. Grâce à ces deux rachats, A cette époque, les deux prédécesseurs d’UBS continuent de l’Union de Banques Suisses et la SBS se retrouvent en bonne concentrer leurs activités sur le marché helvétique, même si les position pour profiter de la reprise économique des années deux banques ont déjà une présence dans d’autres centres 1950. Au milieu des années 1960, le total des actifs des deux ­financiers. Outre ses deux succursales à Londres, la SBS ouvre banques dépasse pour la première fois la barre des 10 milliards une agence à New York en 1939 tandis que l’Union de de francs suisses, tandis que les fonds propres passent à plus Banques Suisses y établit un bureau de représentation en de 1 milliard de francs à la fin de la décennie. 1946.

Expansion dans les années 1960 A plus d’un titre, les années 1960 s’avèrent être une période Jusqu’au début des années 1960, l’Union de Banques Suisses clé pour les deux ancêtres d’UBS, une période d’expansion et se classe traditionnellement troisième parmi les grandes d’innovation tant en Suisse qu’à l’étranger que vient couron- banques suisses derrière la SBS qui occupe la première ou la ner la célébration du 100e anniversaire de l’Union de Banques deuxième place. Cette situation va changer du tout au tout en Suisses en 1962, suivie de celui de la Société de Banque Suisse 1967 lorsqu’Interhandel (Internationale Industrie- und Han- dix ans plus tard. Parmi les autres jalons essentiels, citons delsbeteiligungen AG, Bâle), l’ancien holding I.G. Chemie fon- l’inauguration officielle du nouvel immeuble de bureaux de la dé à Bâle en 1928, fusionne avec l’Union de Banques Suisses. SBS à la Paradeplatz à Zurich en juin 1960, qui remplace le Cette dernière contrôle à elle seule ce holding depuis 1961. premier bâtiment de la banque qui date du début du siècle. En vertu d’un accord passé entre Interhandel et le gouverne- ment américain en 1963 sur les intérêts détenus à l’origine par Lorsqu’au début des années 1970, l’Union de Banques Suisses I.G. Chemie aux Etats-Unis, Interhandel recevra 122 millions fait l’acquisition de la banque Pozzy, fondée en 1747 dans la de dollars (soit 500 millions de francs suisses) de la vente de pittoresque ville suisse de Poschiavo, elle plonge dans un passé ces intérêts. En 1967, lorsque l’Union de Banques Suisses fu- aux racines encore plus profondes que les siennes. sionne avec Interhandel, ces ressources reviennent à la banque qui devient ainsi la plus grande banque de Suisse et l’une des plus solides d’Europe en termes de capital. L’Union de Banques Suisses et la SBS poursuivent leur croissance, le total de leurs

24 Siegmund Warburg, 1972.

Bureau de représentation de l’Union de Banques Suisses, Rio de Janeiro.

En 1946, le réseau de succursales des grandes banques Au début des années 1970, la SBS et l’Union de Banques suisses, dont font partie la SBS et l’Union de Banques Suisses, Suisses sont représentées sur tous les continents, depuis est encore de taille modeste par rapport aux autres banques ­l’Australie (Sydney et Melbourne) jusqu’à l’Asie de l’Est et du helvétiques, sa part de marché se limitant à 20%. En moins de Sud-Est (Hong Kong, Tokyo, Singapour) en passant par 25 ans, cette part va passer à 40% dans le domaine des activi- l’Afrique du Sud (Johannesbourg) et les Amériques (Montréal, Lorsqu’au début des années 1970, l’Union de Banques Suisses fait l’acquisition de la banque ­Pozzy, fondée en 1747, elle plonge dans un passé aux racines encore plus profondes que les siennes. tés de détail. Poursuivant des stratégies similaires en matière Chicago, San Francisco, Mexico, Caracas, Bogotá, Rio de de croissance et d’augmentation de leurs parts de marché, ­Janeiro, São Paulo, Buenos Aires). l’Union de Banques Suisses et la SBS acquièrent plusieurs pe- tites banques helvétiques et ouvrent de nouvelles succursales. L’expansion du réseau de succursales met en lumière la priorité La SBS porte le nombre total de ses succursales et agences en désormais accordée aux besoins bancaires du citoyen suisse Suisse à 110 à fin 1970, tandis que l’Union de Banques en moyen. Au début des années 1960, les grandes banques compte159, dont la première agence bancaire souterraine de suisses sont encore essentiellement des banques commerciales. Suisse établie en octobre 1970 dans les galeries marchandes Un collaborateur, désormais retraité, se souvient: «En 1964, de la gare centrale de Zurich. l’Union de Banques Suisses, en tant que banque commerciale, ne proposait pas d’hypothèques, de comptes d’épargne et de

25 1945–1980

comptes salaires. Les technologies de traitement des données n’en étaient alors qu’à leurs débuts. Même si les bulletins de Au début des années salaire et les relevés de dépôt étaient générés par un système de traitement des données, ils devaient être expédiés manuel- lement chaque trimestre par une armée de collaborateurs.» 1970, la SBS et l’Union Cependant, à la fin de la décennie, les deux banques se lancent avec enthousiasme dans les activités bancaires privées de Banques Suisses sont et de détail. représentées sur tous Le progrès technologique est indéniable et a un impact direct sur les clients. L’installation d’un réseau de distributeurs auto- matiques de billets en est un exemple parlant. En novembre les continents, depuis 1967, l’Union de Banques Suisses est la première banque d’Europe continentale à installer un distributeur automatique l’Australie jusqu’à l’Asie de billets au sein de son siège social à Zurich. Cette première tentative est suivie par la mise en place d’un système uniforme de Bancomat par plusieurs banques suisses (dont l’Union de de l’Est et du Sud-Est Banques Suisses et la SBS) en 1968. La même année, l’Union de Banques Suisses propose ses premiers comptes d’épargne en passant par l’Afrique au grand public et deux ans plus tard, elle introduit les comptes courants, suivis de la carte de compte. du Sud et les Amériques.

En 1969, les clients de la banque profitent de progrès supplé- mentaires grâce à la mise en place d’une carte de chèque suisse permettant à son détenteur d’encaisser des chèques jusqu’à une valeur de 300 francs suisses. C’est également à cette période qu’est créé le Zurich Gold Pool, un cartel d’ache-

L’Ecole de Banque et de Cadres de l’Union de Banques Suisses.

Cantine du personnel dans les années 1960.

La présence mondiale de la SBS vers la fin des années 1960.

26 teurs regroupant l’Union de Banques Suisses, la SBS et le Prédécesseurs d’UBS au Royaume-Uni et aux Etats-Unis ­Crédit Suisse, qui permet à la Suisse de devenir le plus grand Durant la même période, une part importante de l’héritage marché d’or au monde. d’UBS s’impose dans la City de Londres. Fondée en 1946, la banque d’affaires S.G. Warburg marque pour la première fois La multiplication et l’amélioration des services, l’augmentation les esprits de ses concurrents quand, en 1958, elle orchestre la du nombre de clients et la gamme de produits étendue sont première prise de contrôle hostile de la City. Quelques années autant de facteurs qui créent une importante surcharge de tra- plus tard, en 1963, S.G. Warburg ouvre un nouveau chapitre vail. Au cours des années 1960, les effectifs de la SBS et de dans l’histoire de la City en jouant un rôle de pionnier dans le l’Union de Banques Suisses vont considérablement augmenter. lancement du marché des euro-obligations avec la première Entre la fin 1962 et la fin 1972, la SBS recrute près de 4000 émission obligataire internationale à long terme (pour la socié- nouveaux collaborateurs, ce qui porte ses effectifs totaux à té Autostrade en Italie), libellée en dollars, mais vendue entiè- près de 9400. A l’Union de Banques Suisses, les rangs des col- rement à partir de l’Europe et non des Etats-Unis. laborateurs passent d’à peine 4000 en 1960 à près de 10 000 en 1970 (dont près de la moitié a moins de 25 ans). Cette évo- Si S.G. Warburg se fait un nom en tant que banque d’affaires lution conduit les banques à mettre en place de nouvelles et Paine Webber s’illustre comme un gestionnaire de fortune conditions de travail. En 1962, l’Union de Banques Suisses in- efficace, les frères O’Connor, Edmund et William, s’imposent troduit la journée de travail continue, la pause de midi de comme des acteurs incontournables du Chicago Board of 45 minutes et des cantines destinées au personnel. Pour assu- Trade. A partir de la fin des années 1960, les O’Connor jouent rer l’évolution professionnelle d’un personnel toujours plus un rôle de pionnier sur le marché des options modernes en nombreux, l’Union de Banques Suisses crée sa propre Ecole de tant que véritables catalyseurs du Chicago Board Options Ex- Banque et de Cadres en 1965. Dix ans plus tard, elle fait change et en tant que fondateurs de la première société de du domaine de Wolfsberg, situé sur les rives suisses du lac de compensation d’options de Chicago, la First Options Corp., en Constance, son centre de formation à la gestion. 1973. Quatre ans plus tard, ils décident de financer la mise en place d’O’Connor & Associates en tant que partenariat privé dans le cadre duquel ils négocient des options sur actions sur les Bourses américaines en s’appuyant sur des stratégies de négoce explicitement théoriques (notamment Black-Scholes- Merton). Au début des années 1990, la société est rachetée par la SBS, une étape importante vers la constitution de l’ac- tuelle UBS Investment Bank.

Innovation publicitaire

Pour certains, l’Union de Banques présents dès le début afin de montrer l’annoncent au Conseil d’administra- Suisses doit être la première à se lan- une nouvelle fois que nous sommes en tion de la banque en octobre: «Notre cer dans la publicité télévisée. Pour avance sur notre temps.» C’est ainsi service n’a rien à voir avec le fait d’autres, ce nouveau média ne corres- que l’Union de Banques Suisses de- qu’une scène du nouveau film Gold- pond pas au «statut et à la réputation vient l’une des premières sociétés à finger se déroule dans la salle des d’une grande banque». Nous sommes faire connaître sa marque à la télévi- coffres-forts d’UBS à Genève. Néan- en 1964. La Suisse se prépare à lancer sion suisse. Les premiers spots publici- moins, nous sommes ravis de la publi- ses premières publicités à la télévision taires du pays font leur apparition à cité gratuite dont UBS a bénéficié et à l’Union de Banques Suisses, le 19 h 25 le 1er février 1965. La même grâce à un article dans l’un des der- ­débat fait rage. Finalement, ce sont les année, l’Union de Banques Suisses niers numéros du Time Magazine.» spécialistes du marketing et de la marque un grand coup grâce à James ­communication qui l’emportent. Pour Bond. Comme les spécialistes du eux, pas de doute: «Nous devons être ­marketing et de la communication

27 1945–1980

UBS Investment Bank

«Warburg s’est avérée être la banque M.M. Warburg ayant vu le jour à en accompagnement d’un prêt de d’affaires la plus florissante fondée de- ­Hambourg en 1798. 25 millions de dollars consenti par la puis la guerre. [Néanmoins,] eu égard Banque mondiale à l’Autriche est im- à nos façons traditionnelles, nous ne A son arrivée à Londres, Siegmund médiatement suivie par son coup voudrions pas que notre nom appa- Warburg devient cofondateur et direc- d’éclat le plus spectaculaire à ce jour: raisse dans le même prospectus.»1 teur général associé de la New Trading le succès qu’elle remporte dans les Company (NTC). En janvier 1946, ­fameuses «guerres de l’aluminium». Le commentaire d’Evelyn Baring il- M. Warburg décide de consolider sa Aujourd’hui, peu de gens assimile- lustre parfaitement non seulement la présence commerciale à Londres en raient ce qui s’est passé à la fin des place que S.G. Warburg (Warburgs) transformant NTC en une véritable années 1950 à une guerre. Pourtant, à s’est taillée au sein de la City de banque d’affaires, S.G. Warburg & Co. l’époque, la reprise de la British Alumi- Londres depuis sa fondation 15 ans Les débuts sont lents, la société étant nium Company (BAC) par la société plus tôt mais aussi le regard que confrontée à la conjoncture écono- américaine Reynolds Metals est vécue portent les plus anciens piliers de la mique difficile au lendemain de la comme telle par les participants et les communauté financière de la City sur guerre au Royaume-Uni et aux préju- observateurs. En sa qualité de conseil- la «nouvelle venue». Certes, dès le gés liés à son statut de nouveau venu ler financier de Reynolds Metals, War- ­début des années 1960, la Warburgs au sein des communautés financière et burgs aide son client à acquérir BAC, s’est déjà fait un nom. Mais comme le industrielle du pays. Cependant, dès le surmontant l’opposition d’un grand laisse aisément deviner la remarque milieu des années 1950, grâce à plu- consortium regroupant des sociétés de sardonique de M. Baring, cette évolu- sieurs activités d’envergure qui allaient la City qui soutenaient une reprise de tion repose largement sur une ap- laisser leur marque dans l’histoire de la BAC par Aluminum Company of proche pour le moins peu orthodoxe. City, Warburgs se hisse parmi les pre- ­America (ALCOA). La bataille est fé- mières banques d’affaires du pays. Ses roce et acrimonieuse, mais redonne vie Siegmund Warburg, fondateur et per- actions témoignent de la volonté de la à la City, les offres de rachat telles que sonnage emblématique de la banque direction de la banque d’ignorer les celle inaugurée par Warburgs deve- d’affaires, arrive à Londres en 1934 traits traditionnels qui continuent de nant alors monnaie courante. En tant après avoir quitté l’Allemagne, poussé dominer la mentalité de la plupart de que pionnière, la banque Warburgs par la montée de l’oppression nazie. ses concurrents de la City. tire pleinement parti de ce succès et M. Warburg fait partie d’une famille des changements qu’il a introduits. dont les racines remontent loin Sa participation fin 1958 à un consor- dans l’histoire de la communauté ban- tium souscrivant l’émission publique Bien d’autres tours de force vont caire allemande, la banque familiale de 25 millions de dollars d’obligations suivre jusqu’à son fait d’armes absolu,

1 Evelyn Baring, 1961.

28 UBS Investment Bank

du moins du point de vue de son im- prévient que: «l’arrogance, la tendance miers souscripteurs d’actions interna- portance historique: en 1963, War- à se mettre en avant, la négligence, tionales. Cette même année, les burgs joue un rôle clé dans le lance- un mauvais style à l’écrit et un esprit charges salariales et autres dépenses ment du marché des euro-obligations bureaucratique» sont néfastes tant connexes de Warburgs explosent sans avec la première émission obligataire aux clients qu’aux collaborateurs. que les rendements ne suivent. En internationale à long terme (pour la 1994, la chute des marchés obliga- société Autostrade en Italie), libellée En 1982, année du décès de Sieg- taires internationaux s’avère encore en dollars, mais vendue entièrement à mund Warburg, la société qu’il avait plus dévastatrice que les difficultés partir de l’Europe et non des Etats- fondée est la banque d’affaires la plus ­financières nées de l’expansion coû- Unis. Par la suite, Warburgs demeurera rentable de la City. La société compte teuse des opérations aux Etats-Unis. l’un des acteurs clés de la gestion des près de 800 collaborateurs, soit seule- Le 2 mai 1995, à la veille de l’annonce offres d’euro-obligations. ment quelque 500 personnes de plus par la banque d’un avertissement sur que 20 ans auparavant. Au cours des les résultats concernant l’exercice Au début des années 1960, Warburgs cinq années qui suivent, Warburgs ­précédent clôturé à fin mars, elle crée s’est définitivement imposée au sein connaît ensuite une forte croissance la surprise en divulguant qu’elle exa- de la City. Toutefois, sa contribution la en rachetant les teneurs de marché mine actuellement une offre émanant plus importante au renouveau de la Akroyd & Smithers, le premier négo- de la SBS pour la reprise de ses activi- City de Londres est peut-être son ap- ciant en valeurs boursières de l’époque, tés de banque d’investissement. Une proche méritocratique qu’elle applique Rowe & Pitman, qui figure parmi les semaine plus tard, le 10 mai, les (der- en particulier au recrutement de nou- trois principaux courtiers, et Mullens & niers) résultats financiers de Warburgs veaux collaborateurs. Dès les années Co., le courtier de l’Etat. sont publiés. Le même jour, la SBS an- 1950, la banque Warburgs s’oppose nonce le rachat de la banque d’affaires au népotisme qui régit le recrutement Pendant un temps, Warburgs s’avère pour 860 millions de livres sterling. des autres sociétés de la City. Au lieu être l’un des «produits» britanniques de cela, la direction de la banque d’af- les plus fructueux du «Big Bang». En faires privilégie la sélection au mérite 1994, comptant 5800 collaborateurs, sur la base de critères énoncés par Warburgs est le principal souscripteur Siegmund Warburg: «vivacité d’esprit, d’actions du Royaume-Uni. La banque indépendance de pensée, intelligence, reste numéro un des fusions et acqui- précision, aptitudes sociales (et non sitions en Grande-Bretagne, numéro origines sociales) et surtout courage et un de l’analyse en matière d’actions bon sens». En revanche, M. Warburg européennes et parmi les cinq pre-

29 1980–2000

La constitution d’UBS

1986 La SBS est l’une des premières banques en Europe à proposer des options sur or. 1986 L’Union de Banques Suisses est le sponsor principal du voilier UBS Switzerland, vainqueur de la Whitbread Round the World Race. 1986 L’Union de Banques Suisses ouvre sa première succursale de banque électronique (à Zurich). 1988 La SBS lance TicketCorner, le premier service de billetterie du genre offert par une banque en Europe. 1991 La SBS acquiert une part majoritaire dans la société australienne DBSM qui devient SBC Dominguez Barry, à partir de 1994 SBC Australia. 1994 La SBS lance KeyClub, le premier programme de primes de ce type en Europe. 1995 La SBS acquiert S.G. Warburg à Londres, une banque d’investissement de pointe en Europe. 1998 UBS SA, Zurich et Bâle, est créée par la fusion de l’Union de Banques Suisses et la Société de Banque Suisse. 1999 UBS est un membre fondateur du Groupe Wolfsberg. 1999 UBS est la première banque à obtenir la certification ISO 14001 relative aux systèmes de gestion environnementale des établissements bancaires dans le monde. 1999 UBS ouvre sa nouvelle salle des marchés à Opfikon (Suisse), la plus grande d’Europe. 2000 UBS acquiert le courtier américain Paine Webber.

30 Annonce de la fusion de l’Union de Banques Suisses et de la SBS.

Le «Hammering Man» à l’extérieur du siège social d’UBS à Bâle.

Siège social d’UBS à Zurich.

Au milieu des années 1980, la Suisse compte 581 établissements bancaires pour un total d’actifs et de passifs de 723 milliards de francs suisses et des effectifs de 100 000 collaborateurs. Parmi ces banques, la SBS et l’Union de Banques Suisses, ainsi que le Crédit Suisse, dominent le marché national. Mesurées à l’aune de leurs bilans, leur part de marché cumulée s’élève à 50%. Parallè- lement, cependant, et malgré leur expansion à l’échelle internationale dans les années 1960, ni la SBS, ni l’Union de Banques Suisses ne jouent un rôle notable en dehors du marché helvétique.

Le secteur financier suisse commence à subir des pressions dès Au début des années 1990, la Suisse fait face à une crise la fin des années 1980. «A la suite de la politique monétaire ­hypothécaire à la suite d’une expansion massive des volumes expansionniste pratiquée par la Suisse dans les années 1980, de prêts. La SBS, par exemple, a augmenté son volume total une bulle immobilière se forme. Les banques adoptent des de prêts hypothécaires de 9,5 milliards de francs suisses fin ­politiques de prêt agressives. Puis, la banque centrale perce la 1980 à 46,8 milliards de francs fin 1993. Pour la période bulle, ce qui débouche sur une période de 1990 à 1997 1991–1996, le total des dépréciations d’actifs par les banques ­caractérisée par une absence de croissance réelle en Suisse. helvétiques est estimé à 42 milliards de francs, 70% de ce Cette absence de croissance, associée à une forte augmenta- montant étant le fait des grandes banques. Au cours de tion des pertes sur crédit, fait que les banques perdent de ­l’exercice 1996, la SBS et l’Union de Banques Suisses essuient l’argent, tant sur le marché des prêts aux entreprises que sur d’importantes pertes (348 millions de francs pour l’Union de celui des prêts aux particuliers suisses.» Ces conditions, que ré- Banques Suisses, 457 millions de francs pour la SBS), large- sume ici un membre de la direction ayant pris part à la fusion ment liées à la nécessité de constituer des provisions spéciales. d’UBS, alliées à la déréglementation du secteur bancaire suisse après 1990, forcent les banques à revoir leur stratégie. Vers la constitution d’UBS Comme le note The Economist: «Le choc est rude pour les Les effets combinés de la déréglementation et de la crise sont banquiers suisses. Ils sont contraints... de se mesurer à la profonds et se traduisent notamment par une accélération concurrence» (janvier 1991). de la consolidation du secteur financier. Avec le rachat de la banque Leu en 1990 et de la Banque Populaire Suisse en 1993 par le Crédit Suisse, le nombre des grandes banques passe de

31 1980–2000

Paine Webber, Avenue of the Americas, New York.

UBS, Avenue of the Americas, New York.

5 à 3. Au vu de leurs parts de marché déjà considérables en tionnels de la SBS. La nouvelle structure comprendra un Cor- Suisse, ces dernières n’ont d’autre choix que de regarder porate Center dont la mission consiste à soutenir les groupes ­au-delà de leurs frontières pour poursuivre leur croissance. Au d’affaires et à renforcer la séparation entre les activités com- début des années 1990, la SBS et l’Union de Banques Suisses merciales et la gestion des risques. en viennent aux mêmes conclusions. Leur avenir repose sur les grands marchés financiers mondiaux, au-delà des frontières Au cours des journées cruciales du 19 au 21 novembre 1997, helvétiques. Elles doivent donc s’aventurer en dehors de leurs les deux parties résolvent les derniers points clés en suspens. activités bancaires traditionnelles de détail, privées et commer- Premièrement, elles définissent la nouvelle structure juridique ciales en Suisse. Donc, dès la fin des années 1980, les deux et le rapport d’échange des actions. Deuxièmement, elles ré- banques axent-elles leur croissance sur l’étranger, se transfor- visent le modèle d’affaires. Troisièmement, elles décident qui mant en établissements financiers mondiaux de premier plan siégera désormais au nouveau directoire du groupe. Enfin, dotés de cultures d’entreprise internationales et d’effectifs elles établissent les contrats juridiques relatifs à la fusion et multinationaux afin de se tailler un avantage concurrentiel à élaborent le plan de communication. Le 5 décembre, les long terme. conseils d’administration de direction des deux banques votent en faveur de la transaction et la fusion est annoncée comme Au milieu des années 1990, la SBS et l’Union de Banques prévu le 8 décembre 1997. Au cours de leurs négociations, Suisses se sont toutes deux rapprochées de leurs objectifs l’Union de Banques Suisses et la SBS ont été confrontées à des ­stratégiques. Mais seule une fusion qui fera date permettra de difficultés qui les ont convaincues de la nécessité d’une fusion parcourir la dernière ligne droite. En décembre 1997, l’Union et du caractère opportun d’une telle opération. Ces contraintes de Banques et la SBS annoncent qu’elles vont désormais mises à part, la fusion constitue une étape positive et orientée joindre leurs forces pour créer UBS, jetant ainsi les bases d’une vers l’avenir. Elle vise notamment à placer les principales acti­ société mondiale de services financiers intégrés. En 1996, la vités de la ­nouvelle société en pole position et à créer une ­direction change à la tête des deux banques. C’est dans le ­importante ­valeur ajoutée pour les actionnaires. La nouvelle cadre de ce nouveau contexte organisationnel que s’ouvrent société aspire à devenir parmi les leaders mondiaux dans ses en janvier 1997 les discussions relatives à la fusion. Dès la troi- quatre segments d’affaires internationaux (banque d’affaires, sième semaine de novembre, les principaux aspects de cette transaction sont réglés. Il est convenu que la société fusionnée adoptera en grande partie le modèle et les principes organisa-

32 Le logo UBS depuis 1998.

UBS est un membre fondateur du Group Wolfsberg.

gestion d’actifs institutionnels, banque privée et private equi- Au milieu de ces efforts, le groupe UBS est touché par l’implo- ty), tandis qu’en Suisse, elle entend être le premier prestataire sion du hedge fund Long Term Capital Management (LTCM) de services bancaires pour les particuliers et les entreprises. dans lequel l’Union de Banques Suisses a investi. Le 23 sep- tembre 1998, UBS annonce 793 millions de francs suisses de La fusion d’UBS pertes avant impôts, dues à son exposition à LTCM. La banque La date de finalisation de la fusion dépend du feu vert des injecte également 300 millions de dollars dans le fonds dans ­actionnaires et des autorités de réglementation. Les action- le cadre d’un plan de sauvetage coordonné par la Réserve naires donnent leur accord lors d’assemblées générales extra- ­fédérale américaine. Plusieurs dirigeants d’UBS en assument la ordinaires qui se tiennent à Zurich pour l’Union de Banques responsabilité et démissionnent le 6 octobre. Plus que son Suisses et à Bâle pour la SBS. Dans les deux cas, la proposition ­impact financier, l’épisode de LTCM porte un coup sévère à recueille un très large appui. En ce qui concerne les autorités l’image et à la confiance de l’entreprise naissante. de réglementation, la Banque d’Angleterre est la première à donner son aval le 30 mars 1998. Il faudra attendre plus long- Les coûts de l’intégration, ainsi que les problèmes liés à LTCM temps pour obtenir l’accord des autorités suisses et améri- et d’autres épisodes, se traduisent par une première année caines. ­décevante pour la toute jeune société, mais ses performances s’améliorent dès la fin 1999. Malgré les doutes suscités par ses Le 29 juin 1998, la fusion de l’Union de Banques Suisses et de divisions de banque privée et de gestion d’actifs, UBS a toutes la Société de Banque Suisse est entérinée, donnant naissance les raisons de regarder l’avenir avec optimisme. En 2000, elle à UBS SA, Zurich et Bâle. La mise en œuvre de la fusion est présente ses premiers résultats financiers solides. En mai de la ­toutefois une tâche titanesque étant donné le nombre de col- même année, ses actions nominatives internationales sont laborateurs concernés, le vaste éventail d’activités et le volume ­cotées pour la première fois à la Bourse de New York. Il s’agit des bilans. Aucune des parties n’a encore entrepris une inté- là d’une première étape vers l’acquisition du courtier américain gration de cette envergure. Heureusement, la nouvelle organi- Paine Webber, une opération qui transforme la portée et sation peut s’appuyer sur l’expérience de la SBS qui a intégré ­l’ampleur des activités de gestion de fortune de la banque en S.G. Warburg en 1995. Cet épisode a montré l’importance Amérique. d’une gestion de projet serrée et d’une mise en œuvre rapide, des enseignements qui pourront être appliqués à l’intégration de l’Union de Banques Suisse et de la SBS.

33 Le XXIe siècle

Croissance et défis

2000 UBS est la première banque non américaine à être cotée à la Bourse de New York. 2000 UBS est l’une des 38 premières sociétés à signer le Global Compact de l’ONU. 2001 UBS devient membre fondateur du Forum européen pour l’investissement socialement responsable (EUROSIF). 2001 UBS lance l’initiative de marketing «The Bank for Banks». 2002 UBS termine sa salle des marchés à Stamford, Connecticut, la plus grande salle de négoce de titres sans colonnes du monde. 2003 UBS est le sponsor principal d’Alinghi, le premier voilier européen à remporter la Coupe de l’America. 2003 UBS obtient le statut officiel de «Qualified Foreign Institutional Investor» (QFII) et est autorisée à participer au marché boursier chinois. 2009 Après une crise profonde qui a commencé vers la moitié de 2007, au quatrième trimestre UBS renoue avec la profitabilité. 2010 UBS lance sa nouvelle campagne publicitaire «Nous aurons pas de répit».

34 Bureaux d’UBS, Raffles Quay, Singapour.

Hall d’entrée du siège social d’UBS, Bahnhofstrasse 45, Zurich.

UBS débute le nouveau millénaire par une énorme avancée dans sa stratégie d’expansion mondiale. Avant le grand virage que constitue l’acquisition de Paine Webber, UBS est avant tout suisse, les deux tiers de ses quelque 50 000 collaborateurs étant toujours basés dans son pays d’origine. L’acquisition de Paine Webber modifie du tout au tout son profil tant démographique que culturel. Le nombre de collaborateurs UBS non suisses progresse à plus de 40 000, représen- tant 58% des effectifs totaux.

Avec l’acquisition de Paine Webber, UBS s’adjuge une pré- 50 milliards de francs suisses. La plupart de ces dépréciations sence de taille aux Etats-Unis, le plus grand marché financier sont attribuables à la crise mondiale des marchés financiers qui au monde. Par la suite, d’autres acquisitions de taille plus puise ses origines dans les activités de produits financiers ­modeste viennent renforcer le groupe qui poursuit d’autre part ­structurés liées au marché­ de l’immobilier résidentiel américain. sa croissance organique et étend rapidement sa présence sur La crise subie par UBS s’aggrave encore quand le Département les marchés émergents. Ses ambitions internationales se tra- américain de la Justice et plus tard la Securities and Exchange duisent également par l’introduction de la marque unique UBS Commission ­informent UBS de l’ouverture d’enquêtes sur en 2003. Début 2007, UBS annonce fièrement que 2006 est les activités de la banque au motif d’irrégularités qui entache- l’année la plus fructueuse de son histoire. Pourtant, quelques raient ses activités transfrontalières aux Etats-Unis. Cette si­ mois plus tard seulement, la banque est contrainte d’admettre tuation conduit UBS à cesser de proposer ce type de services de graves revers de fortune. Le 1er octobre, elle annonce que aux particuliers domiciliés aux Etats-Unis par le biais d’entités «nous enregistrerons probablement au troisième trimestre non soumises à la législation américaine. une perte globale à la suite d’un correctif de valeur dans ­l’Investment Bank en rapport, pour l’essentiel, avec une dété- UBS réagit à la crise financière en augmentant son capital, rioration du marché hypothécaire à risque aux Etats-Unis». ­notamment en émettant 13 milliards de francs suisses d’obli- gations à conversion obligatoire (MCN) fin 2007 et par le biais Entre le troisième trimestre 2007 et le quatrième trimestre d’une émission publique de droits d’environ 15 milliards 2009, UBS subit des dépréciations d’actifs s’élevant à plus de de francs en juin 2008. La même année, la Banque nationale

35 Le XXIe siècle

La salle de négoce à ­Stamford, Connecticut.

Bureaux d’UBS de Londres.

suisse (BNS) et UBS annoncent une solution exhaustive visant UBS maintient sa rentabilité en 2010 et 2011 malgré un nou- à réduire considérablement le bilan d’UBS et la composante veau repli en septembre 2011. Le 15 septembre 2011, elle risque de celui-ci. L’un des principaux éléments de la solution ­annonce en effet avoir découvert que l’un des courtiers de sa consiste en la mise en place par la BNS d’un fonds destiné à division Investment Bank s’était livré à des opérations de né- acquérir des titres détenus par UBS jusqu’à hauteur de 60 mil- goce non autorisées, entraînant une perte de 2,3 milliards de liards de dollars américains afin d’alléger le bilan d’UBS. Au printemps 2009, les titres acquis par le SNB StabFund, le véhi- cule ad hoc établi par la BNS, s’élèveront à 39,6 milliards de dollars. UBS demeure en bonne

Par ailleurs, UBS reçoit une injection de capital à hauteur de 6 milliards de francs de la part de la Confédération helvétique position pour relever les sous la forme de MCN. En 2009, cette dernière réussit à placer 332,2 millions d’actions UBS issues de la conversion de ces défis à venir dans un titres. Parallèlement, la Confédération revend à UBS son droit au paiement des coupons futurs des MCN contre une indem- environnement­ bancaire nisation en espèces. Elle se désinvestit ainsi totalement d’UBS, récupérant son investissement initial de 6 milliards de francs tout en réalisant un bénéfice d’environ 1,2 milliard de francs. en rapide mutation.

En termes de gouvernance d’entreprise, enfin, un conseil dollars. Malgré cette déception, UBS demeure en bonne ­d’administration largement remanié s’associe au nouveau di- ­position pour relever les défis à venir dans un environnement rectoire du groupe pour s’attaquer à la restructuration d’UBS bancaire en rapide mutation. Sa structure de financement en 2009. Un premier signe positif apparaît au quatrième et son assise financière sont indéniablement saines et viennent ­trimestre 2009, lorsque UBS renoue avec la rentabilité après soutenir sa réussite future. avoir réduit de près de 50% son total du bilan et des risques par rapport à la situation qui prévalait au moment de l’éclate- ment de la crise financière.

36 Perspectives

En 1998, UBS naît de la fusion de deux leur ­offrons. Pour concrétiser notre grandes banques suisses: l’Union de ­vision d’être la banque de choix des Banques Suisses et la Société de Banque clients dans le monde entier, nous Suisse (SBS). Les deux banques pos- ­devons leur donner un profond senti- sèdent un long héritage remontant à la ment de sécurité et faire montre d’une deuxième moitié du XIXe siècle et à deux approche du service sans égale. établissements de crédit régionaux, la Basler Bankverein pour la SBS, fondée il Pour ancrer notre performance dans y a 140 ans en 1872, et la Bank in la durée, nous devons être en mesure ­Winterthur pour l’Union de Banques de nous adapter. Nous devons accroître Suisses, créée il y a 150 ans en 1862. Le l’efficacité de notre banque si nous développement de notre société, de ses ­voulons assurer la stabilité de notre ren- origines modestes à un groupe financier tabilité à long terme. Nous voulons d’envergure mondiale, est une success améliorer encore la qualité des services story remarquable, malgré les quelques que nous proposons à nos clients et revers et crises auxquels elle a dû faire ­renforcer la coopération au sein de face. ­l’entreprise. L’accent est également mis sur la gestion du risque. C’est sur cette Notre 150e anniversaire constitue une base qu’UBS pourra être un partenaire excellente occasion de regarder vers attrayant pour les clients, les action- l’avenir. Depuis des décennies, nos naires et les collaborateurs. Nous avons ­principaux atouts sont la priorité que toutes les raisons d’avoir confiance en nous ­accordons à nos clients ainsi l’avenir. que la stabilité et la fiabilité que nous

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