Dossier : Henry De Monfreid
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:: Dossier : Henry de Monfreid ROUTARD MAG GUIDE PARTIR COMMUNAUTÉ BOUTIQUE Édito Infos du monde L'événement L'invité Dossiers Le slow food Par Thibaut Pinsard Le thé Le bouddhisme Nomades et nomadisme Abd el-Haï, l'esclave du vivant, tel est le nom pris Henry de Monfreid par Henry de Monfreid (1879-1974) au moment de :: Tous les dossiers :: sa « conversion » à l'Islam en 1914, après une violente tempête en mer Rouge qui faillit lui coûter Reportages la vie. Ce nom, il allait l'honorer avec assiduité Carnets de voyage durant son existence longue et mouvementée. Ainsi Livres de route donc, Monfreid ne fut l'esclave que du vivant ; ce Musiques du monde qui explique sa vie d'aventures multiples sur mer et Objets nomades sur terre, de créations innombrables tant littéraires que picturales, mais également de rencontres :: newsletter uniques. En effet, qui peut se vanter d'avoir été vous voulez recevoir la trafiquant d'armes et de drogues, fabricant de lettre de routard.com ? nouilles ou d'électricité, d'avoir eu pour ami Cocteau, Kessel ou de Chardin, et d'avoir écrit plus © Fonds documentaire de soixante-dix ouvrages ? Peu de personnes… Henry de Monfreid Pendant des années, les Anglais eurent les pires Tous droits réservés :: liens promotionnels difficultés à appréhender celui qu'ils surnommaient Prêt conso le sea wolf. Tenter de cerner Monfreid peut conduire aux mêmes échecs. Voici Rencontre toutefois quelques pistes qui peuvent mener jusqu'à lui… Appareil photo Tout au long de ce dossier, le petit-fils et ayant droit de Henry, Guillaume de Maillot de bain Monfreid, nous éclairera de ses commentaires et anecdotes. HAUT DE PAGE http://www.routard.com/mag_dossiers.asp?id_dm=34&ordre=1 [9/10/2004 16:09:45] :: Dossier : Henry de Monfreid :: Page 2 ROUTARD MAG GUIDE PARTIR COMMUNAUTÉ BOUTIQUE Édito Infos du monde L'événement L'invité L'indispensable départ Dossiers Le slow food Le thé Le bouddhisme Henry de Monfreid naquit en 1879 à Leucate, dans l'Aude. Nomades et Son père, George Daniel n'est pas démuni, mais il aime à nomadisme côtoyer les milieux artistiques parisiens de la fin du XIXe Henry de Monfreid siècle. C'est aussi lui qui donnera à Henry son premier :: Tous les dossiers :: contact avec la mer, en l'emmenant régulièrement voguer pendant ses jeunes années. Les parents d'Henry se Reportages séparent en 1892, et c'est sa mère, Amélie, qui en a la Carnets de voyage garde. Quelques années plus tard, Henry tente le concours Livres de route d'entrée de l'École Centrale, qu'il rate de peu : Henry ne Musiques du monde sera pas ingénieur, au désespoir de sa mère. Il rencontre Objets nomades Lucie Dauvergne la même année. Elle sera la mère de son premier enfant en 1905. Henry ne suit dès lors plus la voie :: newsletter bourgeoise qui aurait pu être la sienne. Il travaille tout vous voulez recevoir la d'abord dans le café, en tant que colporteur. Cette © Fonds documentaire lettre de routard.com ? expérience peu enrichissante à tous points de vue sera Henry de Monfreid suivie de celle de chauffeur de maître sur les premières Tous droits réservés automobiles, puis enfin d'un poste de chimiste analyste pour Maggi. Au fil des années, sa position se stabilise au sein de la firme suisse, et il :: liens promotionnels prend du grade. Il s'installe à Fécamp avec sa famille encore agrandie. La proximité de Prêt conso la mer a un effet immédiat sur Henry qui pratique la navigation avec assiduité et Voile s'aguerrit à ce moment-là. Sa vie de couple bat de l'aile, et sa vie professionnelle le Caméra numérique barbe : seuls l'animent l'élément marin et le rêve naissant d'un départ. Henry approche Maillot de bain de la trentaine. En apparence, il a « réussi », sa situation lui permet de subvenir aux besoins de sa famille. Mais les choses se gâtent très vite lorsqu'il est renvoyé de chez Maggi pour une histoire de lait frelaté. Dès lors, rien ne le retient plus en France, ni même Lucie et ses enfants. Considérant qu'il a raté sa vie, il va céder à l'appel du lointain et partir pour les colonies, lorsqu'il tombe malade et est soigné par Armgart Freudenfeld. On est en 1910, la France n'a toujours pas pris sa revanche sur l'Allemagne depuis la défaite de 1870, la Grande Guerre approche et Henry ne trouve rien de mieux que de s'amouracher de celle qui prend soin de lui, la fille du gouverneur allemand de l'Alsace occupée… Son départ est différé, mais effectif en 1911. Il part pour Djibouti parce qu'un ami de son père lui a trouvé une place là-bas. Le temps de la mue Henry de Monfreid n'est pas arrivé sabre au clair à Djibouti, prêt à mettre la mer Rouge à sac. Tout d'abord parce qu'il n'a jamais été corsaire ou pirate, mais aussi, parce qu'à son arrivée, il était comme n'importe quel colon. La vie dans cette colonie brûlée par le soleil n'était pas plus aisée pour lui que pour tout nouvel arrivant. Comme le raconte son descendant Guillaume de Monfreid : « À travers ses lettres, vous voyez la transformation. C'est très étonnant. Au début, on a affaire à un gars comme vous et moi, français moyen qui a essayé de gagner un peu d'argent, qui n'a pas vraiment réussi et qui est parti aux colonies, comme beaucoup de monde à l'époque. Quand notre homme arrive là-bas, il déteste d'abord : il fait trop chaud le jour, il fait trop froid la nuit, on a la fièvre, il y a les moustiques, on crève de soif, on risque sa peau à tous les coins de rue, c'est horrible. Pendant deux, trois mois, il est très déçu et il le dit. Et petit à petit, il découvre la liberté. Au bout de six mois, dans l'une de ses lettres, il dit déjà “je ne serai pas fichu de redevenir un Européen”. » Djibouti n'est pas réellement une colonie comme les autres. Djibouti n'existe essentiellement que par son port donnant dans le golfe d'Aden, à l'entrée de la mer Rouge. C'est un petit bout de terre aride, peuplé de coloniaux fiers d'habiter dans la capitale de la « colonie des Côtes françaises des Somalis ». Mais Henry comprend très vite, par son travail qui l'amène à fréquenter les tribus indigènes, et par son goût des femmes du cru, qu'il existe une alternative au port du casque colonial. Le premier http://www.routard.com/mag_dossiers.asp?id_dm=34&ordre=2 (1 sur 3) [9/10/2004 16:10:13] :: Dossier : Henry de Monfreid :: Page 2 symbole chéri des coloniaux qu'il rejette sera celui-ci. Ce ne sera que le premier rejet d'une longue série… « Il ne supportait même pas sa chemise sur le dos, parce que c'était déjà une contrainte. Quand vous raisonnez comme ça, il est clair que vous avez du mal à vous insérer en société. Et les coloniaux qui avaient des schémas tout faits sur ce que l'on devait faire, ne pas faire, n'ont pas supporté de voir un type de cette nature. » Les distances que prennent avec lui les colons achèvent de le libérer de son mode de vie passée. Diré-Daoua, en Abyssinie, l'accueille pendant deux ans. Il y effectue son travail de courtier en café, sans grande passion. Mais il découvre vite l'intérêt des cultures des ethnies locales Danakil, Gallas, Issas ou Afars. Il apprend l'arabe et entame son premier trafic d'armes en parallèle à son travail avec son concurrent et ami, Lavigne. La mer est encore loin d'Henry, mais elle l'attend, fidèle. Il la retrouve deux ans plus tard, en 1913, à l'occasion d'un changement de poste. « Sa transformation se voit dans ses lettres, mais pas du tout dans ses romans. En effet, la première ligne des Secrets de la mer Rouge, commence par : “Non monsieur, vous n'irez pas à Tadjoura !”. Mais quand vous lisez cette phrase-là, cela fait déjà trois ans qu'il est sur place ! Il fait un pied de nez au gouverneur en pensant à peu près ceci : “Cause toujours, tu m'intéresses, tu ne veux pas que j'aille à Tadjoura, mais j'y vais dans cinq minutes, tu pourras dire tout ce que tu veux…” » Enfin sur la mer Rouge L'année 1913 voit plusieurs changements importants dans la vie de Henry. Il cesse en premier lieu de travailler pour Guigniony, qui l'embauchait depuis son arrivée à Djibouti. Puis, il part en France. À cette occasion, il se marie en août avec Armgart Freudenfeld, la fille de l'administrateur allemand de l'Alsace. Depuis les soins qu'elle lui avait prodigués avant son départ de France, en 1911, une complicité grandissante était née. Henry repart à Djibouti en octobre, sans Armgart, mais avec des armes, commandées auprès d'un fabricant français. Ses objectifs, une fois de retour, sont clairement définis : ses activités se feront sur la mer Rouge. La raison en est simple, au- delà de la passion d'Henry pour l'élément marin : les côtes de cette mer abritent de nombreuses ethnies (d'abord yéménites) demandeuses en armes, quant à ses eaux, elles sont propices à la culture perlière qu'Henry veut pratiquer. Pour ce faire, Henry acquiert un boutre, un petit bateau traditionnel, le Fat el-Raman. Il l'améliore.