28e F estival 11— 17 International Juillet Marseille

Revue de presse Sommaire

Presse internationale

CINEUROPA — SEPTEMBRE 2017 / Belgique 6 SIGHT & SOUND — SEPTEMBRE 2017 / Royaume-Uni 7 KINEMA JUNPO — SEPTEMBRE 2017 / Japon 8 DNEVNIK — SEPTEMBRE 2017 / Slovénie 9 CINENTRANSIT — SEPTEMBRE 2017 / Espagne 10 UPMEDIA — SEPTEMBRE 2017 / Taïwan 12 FILMAX — AOÛT 2017 / Thaïlande 14 QOSHE — AOÛT 2017 / Croatie 16 MODERTIMES — AOÛT 2017 / Norvège 17 CINEFORUM — JUILLET 2017 / Italie 18 2TM — JUILLET 2017 / Slovénie 19 INTERFERENCE — JUILLET 2017 / Allemagne 20 INTERFERENCE — JUILLET 2017 / Allemagne 21 REVERSE SHOT — JUILLET 2017 / États-Unis 22 IL MANIFESTO — JUILLET 2017 / Italie 24 RTVSLO — JUILLET 2017 / Slovénie 25 CRITIC — JUILLET 2017 / Allemagne 26 CINEPLAYERS — JUILLET 2017 / Brésil 27 CINEFORUM — JUILLET 2017 / Italie 28 IL MANIFESTO — JUILLET 2017 / Italie 29 IL MANIFESTO — JUILLET 2017 / Italie 30 ARKKI — JUILLET 2017 / Finlande 31 SENTIER I SELVAGGI — JUILLET 2017 / Italie 32 TELL ME MORE — JUIN 2017 / Belgique 34 URBANCULT — JUIN 2017 / Croatie 35 VECER — JUIN 2017 / Slovénie 36

Presse nationale

ROCK & FOLK — OCTOBRE 2017 38 MAD MOVIES — OCTOBRE 2017 39 DÉBORDEMENTS — OCTOBRE 2017 45 LA SEPTIÈME OBSESSION — SEPTEMBRE / OCTOBRE 2017 53 CAHIER DU CINÉMA — SEPTEMBRE 2017 54 TROIS COULEURS — SEPTEMBRE 2017 55 CARBONE — SEPTEMBRE 2017 59 MEDIAPART — AOÛT 2017 63 CHRONICART — AOÛT 2017 67 NEXT LIBÉRATION — AOÛT 2017 69 CRITIKAT — AOÛT 2017 70 CRITIKAT — AOÛT 2017 72 MOUVEMENT — AOÛT 2017 74 MOUVEMENT — JUILLET 2017 76

FIDMarseille — Revue de presse 2017 2 NEXT LIBÉRATION — JUILLET 2017 78 LIBÉRATION — JUILLET 2017 79 À BRAS LE CORPS — JUILLET 2017 81 LE MONDE — JUILLET 2017 82 LE FILM FRANÇAIS — JUILLET 2017 83 CROQUEANDROLLLIVE — JUILLET 2017 84 MOWWGLI — JUILLET 2017 85 OUEST FRANCE — JUILLET 2017 86 LES INROCKUPTIBLES — JUILLET 2017 87 L’ HUMANITÉ — JUILLET 2017 88 ARTPRESS — JUILLET 2017 89 BREF — JUILLET 2017 95 BREF — JUILLET 2017 96 LE MONDE — JUILLET 2017 97 LE FILM FRANÇAIS — JUIN 2017 98 LES INROCKUPTIBLES — MAI 2017 100

Presse régionale

LA PROVENCE — JUILLET 2017 103 ZIBELINE — JUILLET 2017 104 ZIBELINE — JUILLET 2017 105 ZIBELINE — JUILLET 2017 106 LA MARSEILLAISE — JUILLET 2017 107 LA PROVENCE — JUILLET 2017 108 LA MARSEILLAISE — JUILLET 2017 109 LA MARSEILLAISE — JUILLET 2017 110 MARSACTU — JUILLET 2017 111 LA PROVENCE — JUILLET 2017 112 VENTILO — JUIN 2017 113 GOMET — JUIN 2017 114 LA MARSEILLAISE — JUILLET 2017 116 ZIBELINE — JUIN 2017 117 LA MARSEILLAISE — JUIN 2017 118 LA PROVENCE — JUIN 2017 119 VENTILO — JUIN 2017 120 LA MARSEILLAISE — MAI 2017 121 LA MARSEILLAISE — AVRIL 2017 122 LA PROVENCE — AVRIL 2017 123 CNEWS MATIN — AVRIL 2017 124

FIDMarseille — Revue de presse 2017 3

Presse internationale

FIDMarseille — Revue de presse 2017 5 CINEUROPA — SEPTEMBRE 2017 PRESSE INTERNATIONALE Belgique — http://www.cineuropa.org 1/1

Playing Men, Matjaz Ivanisin

Playing Men : explorer quoi un autochtone nous raconte cultures de la zone adriatique, quelques anecdotes amusantes et méditerranéenne en général. la masculinité et liées à ce jeu. la compétitivité Playing Men est un documen- On passe ensuite au “morra”, un taire qui enquête, de la manière Playing Men, de Matjaž jeu qui se joue uniquement avec joueuse qui sied au sujet, sur la Ivanišin, a remporté la semaine les mains et dont les règles sont mentalité et les traditions liées au dernière le Vesna du meilleur difficiles à comprendre, d’autant mot “jouer” dans ses différentes documentaire au Festival du qu’il en existe différentes variantes acceptions, du sport à la musique film slovène de Portorose (lire autour de la Méditerranée, ce qui en passant par la vie personnelle l’article), après l’avant-première n’empêche cependant pas de se et les rôles qu’on y joue, mais aus- mondiale du film au FID de régaler de ces scènes qui que soit si par le cinéma, le théâtre et le Marseille. Le film surprend, le gagnant, tant cette discipline jeu au sens littéral du terme. Au tout au long des 60 minutes est cinématographique : deux par moyen d’une structure dynamique qu’il dure, par la manière dont il deux, les hommes brandissent leur qui surprend en se scindant en passe d’une forme documentaire main en l’air, avec un ou plusieurs deux moitiés (qui correspondent à l’autre, ce qui fait rire mais doigts levés, tout en criant des à l’angle social puis personnel), à aussi réfléchir. nombres – une gestuelle toute ita- travers des références culturelles lienne, bien que le jeu existe aussi qui vont du local au mondial, le Dès le début, le film va droit au dans les zones slovène et croate film réfléchit sur les expressions sujet annoncé dans le titre : le de l’Istrie. de la masculinité et les conno- réalisateur nous montre un tour- tations qui s’y rapportent, qu’il noi de lutte, en Turquie. À l’évo- Après une danse, et quelques ne manque pas de retourner sur cation de ce sport d’homme par autres sports (dont certains ne elles-mêmes dès que possible, en excellence (nonobstant ses as- sont plus pratiqués mais font par- changeant de contexte. La notion pects homo-érotiques évidents) tie de la mémoire folklorique des de compétitivité n’est jamais ex- fait suite une présentation très locaux), le réalisateur décide de plicitement mentionnée, mais iné- théâtrale d’un sport sicilien par retourner la caméra sur lui-même, vitablement, sa présence se fait un prêtre catholique nigérian qui par le biais d’un dispositif très toujours sentir à tous les niveaux se tient debout sur un balcon, cocasse qui est trop surprenant de lecture du récit. dans le village de Novara, une et efficace pour qu’on en dévoile roue de maiorchino (un fromage davantage. Il se met alors à ex- Playing Men a été coproduit par sicilien à base de lait de brebis) plorer, à travers son expérience Nosorogi (Slovénie) et Restart dans les mains. On voit ensuite propre, un match de légende dans (Croatie). le laitage dévaler longuement un sport spécifique mais univer- les rues pavées jusqu’à ce qu’un sellement évocateur qui est par- Vladan Petkovic obstacle n’arrête sa course, après ticulièrement bien ancré dans les

FIDMarseille — Revue de presse 2017 6 SIGHT & SOUND — SEPTEMBRE 2017 PRESSE INTERNATIONALE Royaume-Uni 1/1

WIDE ANGLE FESTIVAL UTOPIA UNLIMITED

Forms and genres mashed up, transposed and abandoned altogether – nothing was off limits at this year’s FID Marseille

By Kieron Corless If Cannes was the original film festival as utopian space, channelling a potent post-war idealism, then what about its younger, more disruptive and politically edgy cousin up the road in Marseille, the one known as FID? Since its current director Jean-Pierre Rehm took the helm in 2002, FID has pursued what we could call a revamped utopianism – steeped in cinema history but firmly plugged in to the digital era and resolutely focused on liberating cinema from confinement in any type of category, be it documentary, fiction, genre, whatever. In Women on the verge: Gastón Solnicki’s Kékszakállú follows a group of privileged young women that sense, this edition’s guest of honour, , was arguably the perfect fit; a producer- a remote part of the Siberian taiga facing violent modernist buildings in Lagos and Brasilia, built director who went his own sweet way, and in encroachment from predatory hunters who are by the same Yugoslav architects, which have whose hands the boundary between high and harboured by a hostile neighbouring family. similarly failed in their original aspirations, but low, genre and art was pretty much obliterated. Cogitore evokes the situation with swift strokes have also been repurposed by locals. As inRifle Corman’s closest soulmate at this edition and uncanny precision; the camerawork and and Braguino, a gentler way of life outside the had to be the Argentinian director Mariano direction are stunning, so alert to every detail and brutal regimes inflicted by capital is invoked, Llinás, whose monumental first featureHistorias psychological nuance. If Cogitore’s first feature but here given a pronounced utopian spin. It’s a extraordinarias (2008) made compelling play The Wakhan Front was a unique spin on the war spellbinding viewing experience, whose slowed with genre conventions and simultaneous film,Braguino is ultimately some kind of horror pulse, experimental sensibility and depiction storylines, conjured on an absurdly low budget. film, so sickeningly palpable is the family’s fear of homotopia put me in mind of Apichatpong The much-anticipated, long-gestating project La and paranoia at the end, and so deeply has the Weerasethakul’s Blissfully Yours (2002). flor is as yet unfinished, only two episodes of six viewer been made to inhabit and share it. Argentina’s Gastón Solnicki has taken a completed, but still weighs in at a formidable 220 The two best films I saw at FID were defiantly massive leap forward with his second film minutes. The first episode is a classic B movie sui generis, one-offs that followed through on Kékszakállú, whose subject is a group of privileged about a mummy’s awakening in a desert their own internal logics to brilliant effect. In young women making the precarious transition archaeological compound – taut, suspenseful All the Cities of the North, a debut feature by the into the adult world. The narrative, if you can call and fine as far as it goes. The second is better, Bosnian-born director Dane Komljen, two men it that, unfolds in a series of glancing, unrelated scrambling a story of tortured love between two have taken shelter in some kind of abandoned fragments, beautifully, glassily composed as static singers with a strange tale of a mysterious group holiday resort, a complex of empty, rundown tableaux that accord full weight to the perfectly of people who experiment with scorpions; but modernist-style buildings. They barely speak, chosen architectural spaces the protagonists for all its nifty ideas, sharp shifts in perspective perform ritualised daily tasks, and sleep a inhabit. The tension between a sense of and undermining of expectations, it didn’t quite lot, suggesting that some of what we see – an languorous drift on the surface and an underlying feel like an advance on the previous work. amazing, balletic nighttime underwater sequence anxiety and eeriness is more tightly wound by Two other films made much more incisive for instance – might be dreams, although we can’t stunning use of Bartók’s opera Duke Bluebeard’s use of genre tropes and atmospherics, in this be sure. A series of still photographs accompanied Castle. It’s rare to come across filmmaking this instance to illuminate intractable political by a softly intoned voiceover describes other intuitive, this sensual and graceful; formally, it situations. In Rifle, by Brazilian director Davi feels akin to a piece of music itself in the way it Pretto, an idyllic rural way of life on a small farm Roger Corman was arguably flows. Argentinian cinema is right on the cutting is under threat of extinction from predatory big edge at the moment (Eduardo Williams’s The business. A taciturn, ambiguous stranger who the perfect guest of honour for Human Surge was also showing at FID – see Films starts working on the farm wields the weapon of FID – a producer-director who of the Month, S&S, July), a critical mass of directors the title, chiefly to shoot cars off the nearby roads. new and established producing some of the most Pretto is drawing from a deep well of western went his own sweet way dynamic, radically inventive cinema around. archetype and allegory, but couched in languid rhythms with occasional bursts of dreamlike imagery – a burning car careering down a country road, for example. The ending is open, but points to a certain escalation of the protagonist’s psychosis, conveyed effectively through sound alone. John Ford and Abbas Kiarostami are the presiding influences, according to the end title sequence – unlikely bedfellows, but Pretto deserves some credit for attempting, not entirely successfully, to blanket them together. A much more effective exploration along similar thematic lines was Braguino, a documentary by Clément Cogitore, one of the brightest young talents in French cinema, about a family of environmentally minded settlers in Clément Cogitore’s Braguino Dane Komljen’s All the Cities of the North

20 | Sight&Sound | September 2017

FIDMarseille — Revue de presse 2017 7 KINEMA JUNPO — SEPTEMBRE 2017 PRESSE INTERNATIONALE Japon 1/1

FIDMarseille — Revue de presse 2017 8 DNEVNIK — SEPTEMBRE 2017 PRESSE INTERNATIONALE Slovénie — www.dnevnik.si 1/1

Matjaž Ivanišin: V slovenskem dokumentarnem filmu se pojavljajo avtorji, ki so drzni, nepopustljivi, p otrpežljivi in ki jim ni vseeno, kje in kako se bodo njihovi dokumentarni filmi predvajali. (Foto: Maruša Majer)

se pogovarjali po projekciji Playing To je bil pomemben element mo- Kakšno se vam zdi naše Matjaž Ivanišin, Men na sarajevskem festivalu. jega razmisleka o filmu. V doku- dokumentaristično področje? režiser: mentarnem filmu je pristop enako Kako je nastajal Playing Men? pomemben kot tema sama – gre za Počasi se razvija, tudi pri nas Dokumentarist avtorsko odločitev, kako boš glede dokumentarni film postaja vedno je slon v sobi Prvi del filma smo snemali v Turči- na vsebino našel pravo formo. Ve- bolj prodoren. Pojavljajo se avtorji, ji, na Hrvaškem, v Italiji in Slove- dno mi je bilo tuje, da bi o enem ki so drzni, nepopustljivi, potrpežl- Matjaž Ivanišin je za svoje niji. Vedel sem, katere vsebine in pristopu razmišljal kot o napač- jivi in ki jim ni vseeno, kje in kako filmsko ustvarjanje prejel že lokacije me zanimajo, sicer pa je nem samem po sebi, o drugem pa se bodo njihovi dokumentarni filmi več domačih in mednarodnih šlo za intuitiven, spontan proces: kot o pravem. Dokumentarist je predvajali. Brez tega ne gre. Imamo nagrad. Čeprav je posnel tudi v ekipi smo bili trije, potovali smo s namreč vedno tudi slon v sobi. pa še veliko dela pri razumevanju več kratkih in srednjemetražnih kombijem, veliko idej smo dobivali specifičnega procesa priprave igranih filmov, ga slovensko sproti – glede na to, na kateri loka- Zaradi filmskega traku in njegove dokumentarnega filma, pri nje- občinstvo morda najbolje pozna ciji smo bili, koga smo tam srečali, zrnatosti je film videti zelo retro. govem financiranju ter pri priča- po dokumentarnih: na primer po kakšen odnos smo z njim vzpos- Hkrati ste v svojem ustvarjanju kovanih časovnih okvirih, znotraj filmu Hiške, portretu življenja tavili. Zaradi odročnosti lokacij nasploh (denimo v Karpopotniku) katerih dokumentarni film nastaja. majhne štajerske vasi, ki ga je vračanje nekam, kjer smo že bili, povezani s starejšo filmsko V tem smislu je delo dokumenta- pred tremi leti posnel skupaj ni bilo mogoče. zgodovino, torej s filmi, ki so ristov pogosto v konfliktu s tre- z Darkom Sinkom, ter po eno nastajali še v času Jugoslavije. nutnimi razpisnimi pogoji. leto starejšem Karpopotniku, Je bil to razlog za ustvarjalno ki je avtorjevo osebno filmsko krizo na polovici filma, jo je bilo Moj namen ni bil, da bi film delo- Kako je biti samozaposleni posvetilo legendarnemu mogoče predvideti? val retro, vendar najbrž v času, v kulturi – filmski režiser v režiserju Karpu Godini, hkrati pa ko smo navajeni gledati filme, Sloveniji? lirično potovanje po Vojvodini Ne, nisem je predvidel. Vse izhaja posnete z digitalno tehnologi- skozi delno izgubljeni Godinov iz moje očaranosti z besedo igra, jo, že sama podoba, posneta na Vsi samozaposleni v kulturi smo film Imam jednu kuću iz leta v najširšem pomenu besede. Isto 16-milimetrski filmski trak, lahko nekako na prepihu. Kar se tiče 1971. besedo uporabljamo, ko igramo tako deluje. Pomembno pa se mi poklica filmskega režiserja, so po- družabno igro, ko nekdo igra vlogo je zdelo, da čas dogajanja v filmu goji za ohranjanje statusa vezani Pred kratkim je predstavil nov na odru ali v filmu, ko nekdo igra ne bi bil natančno določljiv – bolj na število posnetih filmov in na dokumentarni film z naslovom inštrument ali ko ne mislimo pov- kot konkreten časovni okvir so me vrhunske rezultate. Hkrati pa si je Playing Men, ki je na letošnjem fes- sem zares. Z režiserjevo ustvarjal- zanimali arhetipi in mitologija igre. s sredstvi, pridobljenimi na razpi- tivalu FID Marseille v tekmovalnem no krizo sem hotel film odmakniti S filmskim trakom sem se hotel sih, skoraj nemogoče zagotoviti programu dobil nagrado Georges od nekoliko antropološkega pr- omejiti tudi pri načinu snemanja, primerne razmere za delo. To se de Beauregard. Gre za izjemno vega dela. Zdelo se mi je dovolj saj smo za enourni film posneli le mi zdi problematično. Če želimo svojevrsten, metadokumentarni igrivo, pa tudi pošteno, da kamero nekaj ur materiala. imeti kinematografijo, moramo biti film o igri in igranju, v kar Ivanišin obrnem še v drugo smer, se zač- sposobni zagotoviti tudi primerne vključi tudi sam proces dokumen- nem igrati z vlogo režiserja in s sa- Karpopotnik pa se v celoti nav- razmere za delo – za vse, ki pri tarnega ustvarjanja – nekje na mim pripovednim medijem. V igro dihuje pri jugoslovanski kinema- filmu sodelujejo. Z novo tehnolo- sredini, denimo, film zastane, ker sem se, skratka, hotel vključiti še tografiji, saj je glavni protagonist gijo se k sreči da delati tudi brez naj bi režiser doživljal ustvarjalno sam. filma, Karpo Godina, eden njenih sredstev, če ima kdo kaj povedati, krizo. Z vsemi tremi filmi, ki so v ključnih avtorjev. Vse podobe, lahko to pove. Sijajno! Vendar to v našem filmskem prostoru vsaj v To je še posebno zanimivo zato, ki smo jih za ta film posneli, smo nacionalni kinematografiji ne sme zadnjih desetletjih zagotovo nekaj ker so prav dokumentaristi – še snemali tako, da bi prav lahko bile postati prevladujoči standard. Po- docela novega, kot režiser vedno posebno avtorji observacijskih posnete tudi v zgodnjih sedemde- dhranjenost filma ni nič novega, je znova dokazuje mojstrski občutek dokumentarnih filmov – setih. Hoteli smo na novo ustvariti pa skrajni čas, da to težavo začne- za združevanje nostalgične poe- sami sebe imeli za nekakšne making-of kratkega filma, ki ga je mo tudi reševati. tike in prikazov vsakdanjega živl- antropologe, muhe na zidu, ki Karpo posnel pred več kot štiride- jenja, ki so pogosto prežeti z iro- so od dogajanja odmaknjeni. Vi setimi leti. nijo. Z Matjažem Ivanišinom smo ste režiserja sneli s takšnega piedestala.

FIDMarseille — Revue de presse 2017 9 CINENTRANSIT — SEPTEMBRE 2017 PRESSE INTERNATIONALE Espagne — http://cinentransit.com 1/2

Braguino, de Clément Cogitore

Viajar a nuevos cuentro anual que se ha ganado comprometidas encuentran aquí Braguino (2017), la cinta francés un nombre en el panorama cinéfi- también un compromiso con el Clément Cogitore, ganó la Men- territorios lo por su arriesgada programación cine: no importa solo qué vamos ción Especial del jurado y, cier- y su insobornable compromiso a contar, sino cómo lo haremos. tamente, fue una de las apuestas Atraviesas la larga autopista que político. Hace ya varias ediciones Me viene a la mente una idea que más bellas de todas las vistas. Bra- une el aeropuerto de Marsella con dejó atrás la palabra documental siempre relaciono con el cine de guino es una zona desconocida de el centro de la ciudad y tienes la en su enunciado, lo que le permi- Jean Rouch: intentar desterrar los Siberia donde habitan dos clanes inmediata certeza de estar ante tió abrirse a nuevos lenguajes y defectos de la antropología tradi- enfrentados a los que les separa un paisaje eminentemente me- enriquecer aún más su propuesta. cional, basada en esa exploración un río. La película, cuya narrativa diterráneo: montañas áridas, ár- Esta apertura ha permitido, por clásica de tintes coloniales, y bus- se permite jugar —con acierto— boles tímidos, un cielo sin mácula ejemplo, que en los últimos años car vías hacía una antropología con un suspense digno de thriller, que ofrece una luz con un cierto se haya podido ver allí ciclos de compartida, en la que exista un de nuevo nos ofrece un terreno “esplendor trágico”, como acertó a Hong Sang-Soo o de Roger Cor- proceso de intercambio entre el poco explorado, aunque aquí la definir Albert Camus. De Marsella man, el homenajeado este año. que llega y el que habita. puesta en escena es más cuidada, se dice que tiene personalidad y más preciosista que la anterior. En carácter, es decir, estamos en una Tres días pude estar este año en En estos parámetros se mueve 7 Braguino se observan con cierto ciudad que quiere sentirse ajena Marsella. Tres días calurosos, in- veils (2017), la película de la iraní ensimismamiento modos de sub- a esa galopante homogeneización tensos, alguno azotado por el in- Sepideh Farsi. La directora viaja sistencia, una naturalidad rayana que sufren las grandes ciudades clemente viento Mistral, lo que a Afganistán con su cámara, y su con la poesía con la que el direc- europeas. Marsella no quiere pa- condicionaba la ubicación del relato deslavazado y espontáneo tor consigue hacernos cercano lo recerse a nadie, es una metrópo- bar del festival (una carpa junto al nos permite vislumbrar apuntes extraño. El momento álgido de la lis caótica y palpitante que no puerto), pero te obligaba a estar de ese país del que solo tenemos película podría ser esa caza del disimula su condición portuaria: más tiempo en las salas de cine. clichés. Los siete velos del títu- oso a la que asiste Cogitore en siempre mirando al mar y erigida lo son los que, según la leyenda, primera persona (muy comentada como un eterno lugar de tránsito Casi un mes después, ya en Bar- recubren el país, los que lo hacen en el festival), pero también los donde chocan, se cruzan y dialo- celona, pretendo hilar las pelícu- opaco y misterioso. Con fina instantes finales, que advienen gan culturas. las que vi en Marsella, y mientras ironía, a modo de diario y entre lo una expulsión del territorio por retomo mis notas me percato de personal y lo público, la cineasta parte de especuladores, nuevos Hasta las instituciones quisieron la enorme y variopinta diversidad pasea y dialoga con todo aquel conquistadores de traje y corbata. rendir su propio homenaje a esa que traje conmigo: paisajes en que se encuentra, intentando evi- mediterraneidad levantando su Siberia, países remotos como Af- tar en todo momento juicios de De un sitio sobre el que se cierne particular cubo blanco junto al ganistán, campos de refugiados valor y ofreciendo un mosaico va- la especulación a otro donde el mar. En esa Villa Mediterranée que en Calais, favelas brasileñas… El riado y subjetivo de la realidad del pasado quedó sepultado hace parece un moderno laboratorio de FID este año ha vuelto a viajar por país afgano. tiempo. Cartucho (Andrés Cháves pruebas ha encontrado su sitio el terrenos desconocidos, por ter- Sánchez, 2017) da nombre a una prestigioso Festival Internacional ritorios que quedan fuera de los antigua calle de Bogotá, un lugar de Cine de Marsella (FID), un en- mapas. Las temáticas narrativas de tráfico de drogas y alto grado

FIDMarseille — Revue de presse 2017 10 CINENTRANSIT — SEPTEMBRE 2017 PRESSE INTERNATIONALE Espagne — http://cinentransit.com 2/2

Baronesa, de Juliana Antunes de delincuencia que fue arrasado crear un relato único y veraz, que guerres), de Sylvain George. Pelí- vida. “Tierra heroica”, “Que des- hace años para convertirlo en pla- no debe más a uno u otro forma- culas de apariencia underground cansen en rebeldía”, posibles tra- za. Hoy día es un espacio de trán- to. En Baronesa se mira hacia ese que denuncian la tragedia de los ducciones a títulos consecuentes, sito sin alma, uno de esos lugares microcosmos con ternura y de refugiados en suelo francés y que rabiosamente contemporáneos, con aspecto de solar que parecen forma descarnada, sin ambages, evitan en todo momento la instru- que no se prestan a engaño. Ló- construidos para evitar la interac- dejando en evidencia esa estéti- mentalización de la compasión. La gico que ambas encontrasen su ción entre personas. De este ce- ca sensacionalista y basada en la mirada de los realizadores busca hábitat natural en el FID. mento parece emerger el archivo pornomiseria con la que se suele estar al mismo nivel de lo filmado de vídeo, un material de aparien- recrear el mundo de las favelas en (en el sentido físico y metafórico), © Aurelio Medina, agosto de 2017 cia arqueológica que sale a la luz el cine. Como pasa en No quarto la cámara sigue movimientos y se para mostrar qué se esconde en da Vanda (Pedro Costa, 2000), en acerca a los rostros sin dramatis- los fosos de esta obra: vidas en las la que pensé un par de veces, se mos… todo encaminado a ofrecer que reinaba la violencia y la des- consigue dignificar al ser humano retratos poderosos, exultantes de nutrición, pero también la música buscando luz entre tanta tiniebla. y modelos de vida basados en la supervivencia. Sobre las imágenes Por último, una de las proyec- de la plaza actual resuenan voces ciones señaladas durante la se- fantasmales del presente que ter- mana era la de L’Héroïque Lande minan de dotar de un nuevo signi- (Nicolas Klotz Elisabeth Perceval, ficado a esta plaza: ahora nos pa- 2017), un retrato épico sobre la rece una especie de memorial, un vida en el campo de refugiados recuerdo frío de otro tiempo. de Calais. Filmada durante varios años y teniendo como eje central Baronesa (2017), de la brasileña el desmantelamiento de 2016 de Juliana Antunes, se llevó tres pre- la mal llamada “jungla”, la pelícu- mios y el reconocimiento de todos la se muestra ambiciosa desde el los que pudimos verla. La película propio título —de reminiscencias acumula innumerables méritos. El clásicas— y ese ejercicio titáni- primero, entrar en un terreno ve- co nos da una película compleja, dado como es el de una favela y basada en el testimonio, donde conseguir ese tono íntimo, en el se evita personalizar en un único L’Héroïque Lande, de Nicolas Klotz y Elisabeth Perceval cual la cámara pasa lo más desa- protagonista para hacer un retra- percibida posible dentro de todas to coral. Una obra que dialoga o las situaciones y conversaciones acompaña en el recuerdo a otra que se muestran. Como en las que también vivió en Marsella en grandes obras, aquí la ficción y 2010 un punto de inflexión, Qu’ils el documental se disuelven para reposent en révolte (des figures de

FIDMarseille — Revue de presse 2017 11 UPMEDIA — SEPTEMBRE 2017 PRESSE INTERNATIONALE Taïwan — http://www.upmedia.mg 1/2

TIDF提供

別關注與當代藝術跨界匯流的作 攝的過程中將自己的故事帶入角色 品,無論是非常個人、非常風格化 之中,成為各自生命經驗的回顧與 的作品,或是放映中觀眾紛紛離 反思。這部紀錄與劇情交錯、影片 席、甚至影展策展人Jean-Pierre 本身即為一種「行動」的作品,在 Rehm自己都說看不懂的電影,在 馬賽影展「肖像的故事」單元中放 馬賽影展都有舞台。在這裡,你可 映,獲得不錯的迴響。 以遇到許多充滿熱情的創作者,或 許你看不懂、不喜歡他們的作品, 不過,馬賽影展中最受歡迎的還是 但絕對感受得到豐沛的創作能量。 法語片。許多法國導演的年度重要 作品都會在馬賽影展播映,今年 馬賽影展的選片多元而奔放,今年 包括Philippe Grandrieux、Pierre 入圍馬賽影展的台灣影片《錢江衍 Creton、Jean-Charles Fitous- 派》也屬較為跨界的作品。《錢江 si、Nicolas Klotz等導演,他們的 衍派》是一部由四個年輕人與他們 新片《Unrest》、《Va, Toto!》 的父母共同完成的電影,他們將文 、《Vitalium, Valentine!》、《La 學作家施明正的白色恐怖經歷改編 Frontière Brûle》分別在法國競賽 TIDF提供 為劇本,邀請父母飾演80年代的異 與國際競賽單元中播映,每場都幾 議份子。父母們一開始試著演出他 乎滿座。比較可惜的是部分法語片 一出馬賽聖查爾斯車站,湛藍的天 的界線,像今年的焦點導演是被稱 們想像中的異議份子,漸漸地在拍 沒有英文字幕(且手冊並無標示) 空和城市的街道便在眼前延展開 為「美國B級片之王」的羅傑科曼 來,馬賽影展紅色的路燈旗在不遠 (Roger Corman),影展放映了 處飄揚著,開闊的景色讓人一到馬 19部由他執導或監製的電影,本屆 賽就喜歡上這座城市。馬賽位於法 影展的開幕片也選映他的《死亡化 國南方,濱臨地中海,城市裡有許 裝舞會》(The Masque of the Red 多來自北非和中東的阿拉伯人,沿 Death),高齡91歲的導演更親自 街都是中東料理,連棍子麵包吃起 出席影展,舉辦大師講堂。其實羅 來都不那麼「法國」。混和著法國 傑科曼的作品和紀錄片類型完全搭 與阿拉伯風情,加上總是晴朗的天 不上邊,由此便可看出馬賽影展著 氣和碧藍海景,馬賽展現出豐富又 重的絕非類型,而是強烈的創作風 具生命力的色彩。 格。

不只是城市,馬賽影展也一樣奔 「每部影片都是一場旅行。」 放。馬賽影展以放映「怪片」著 (Each film is a journey.)馬賽影 稱,幾乎每一場放映結束出來大 展開宗明義地表示,他們希望能開 家的對話都是:「剛剛那部影片如 發並介紹給觀眾不一樣的電影形 何?」「有點怪。」馬賽影展原以 式。除了大量放映跨類型(劇情、 放映紀錄片為主,近年來打破類型 紀錄與實驗)影片,馬賽影展也特 TIDF提供

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TIDF提供

,映後座談也都沒有英文翻譯,非 一致,涵括跨類型與當代藝術的領 法語系觀眾難以深入了解這些作品 域。 和創作意念。 馬賽影展的放映與活動場地約有 除了影展放映,馬賽也有市場與培 十個,除了戲院之外,最主要的 訓活動,包括FIDLAB提案會與FID- 場地是在港區的MuCEM(歐洲和 CAMPUS馬賽電影學院。FIDLAB提 地中海文明博物館)和Villa Medi- 案會在馬賽影展期間舉行,為期二 terranee(地中海別墅)兩個博物 日,不同於IDFA Forum、Hot Docs 館。MuCEM是一個立方體建築, Forum等國際上主流的提案會,- 以玻璃和網面片狀混凝土結構為 FIDLAB沒有採用7分鐘提案、8分鐘 外牆,讓整個建築都充滿陽光和 問答的模式,而是讓每個提案有15 海景;Villa Mediterranee則是一個 分鐘的時間自由運用,有些提案者 「ㄈ」字型建築,下半部在海平 簡單開場之後就放映近15分鐘的片 面之下,上下結構中間形成一個「 花,有些提案者在講述的同時放映 水廣場」。這兩個建築物本身極具 以前的作品片段,聽說也曾有提案 特色,而且和地中海的地景文化連 台灣導演鄒隆娜(左二)及蘇弘恩(右二)入選本屆馬賽影展電影學院(FIDCAMPUS)。台灣影 者邀請到被攝樂團、直接舉行15分 結性高;建築物內除了多個放映影 片《錢江衍派》則入選影展「肖像的故事」單元,左一為導演之一李佳泓(TIDF提供) 鐘的現場演出。FIDLAB自2009年開 廳,更有腹地做各種活動、展覽, 辦,歷年入選的提案共有91個,其 也有書店、咖啡廳、餐廳供觀眾遊 中56部已經完成,在柏林、坎城、 憩交流,讓影展不需要用過多的視 酒、一邊看電影,甚至隨著音樂起 鹿特丹等國際各大影展首映。 覺輸出做裝飾,就能輕鬆打造影展 舞,是相當不同的觀影體驗。 的氛圍與環境。 FIDCAMPUS則是從2013年開辦, 這次在馬賽影展遇到了來自德國萊 一開始鎖定地中海地區的電影相 馬賽臨海,陽光炙熱,城市裡各式 比錫紀錄片與動畫影展(DOK Leip- 關學校/科系合作,逐年調整後不 各樣的活動,影展期間又適逢法 zig)的友人,他表示自己已經連續 再限定相關科系,只要是新銳導演 國國慶,好處是影展的氣氛相當 三年到馬賽影展觀摩。由於馬賽影 皆可報名;同時地域限制也逐漸放 輕鬆,壞處則是讓人有一種懶洋洋 展的選片風格和其他紀錄片影展迥 寬, 2016年起與國家電影中心合 的感覺,只想要一邊曬太陽一邊看 異,我們問他是否能找到適合DOK 作,每年推派台灣新銳導演參加, 海,不太想進戲院。或許是考量到 Leipzig的影片,他說其實不多, 明年則預計向全世界開放。台灣導 這樣的條件,馬賽影展也舉辦戶外 但即便如此,卻仍深受馬賽影展吸 演鄒隆娜和蘇弘恩,分別以劇情短 露天放映的活動,包括開幕典禮和 引。雖然馬賽影展選片的方向和 片《阿尼》和紀錄片《靈山》入選 一場音樂表演(其實連音樂表演 TIDF也不盡相同,但是其自由和跨 今年的FIDCAMPUS。FIDCAMPUS 的類型都很怪)結合音樂紀錄片 界卻帶給我們很大的刺激與想像, 和FIDLAB這兩項活動,負責策畫的 《Stop Making Sense》的放映,都 許多影片的敘事出乎意料,電影語 人員同時是影展的選片人,所以無 在離市區較遠的露天劇場Theatre 言和美學展現多元的樣貌,也讓我 論是FIDLAB的提案和新銳導演的選 Silvain舉行,同時容納二千多名觀 們思考,一個紀錄片影展的策展, 擇方向,都和馬賽影展的選片方向 眾,大家在海邊夕陽下一邊喝啤 其實有更多可能。(文╱吳凡)

FIDMarseille — Revue de presse 2017 13 FILMAX — AOÛT 2017 PRESSE INTERNATIONALE Thaïlande 1/2

072 073 FESTIVAL INTERNATIONAL FID MARSEILLE 2017DE CINEMA MARSEILLE เทศกาล xxxxxxxxxx xxxxxxxxxx ​มาร์เซย์นั้น​อยู่ทางตอนใต้เกือบสุดของฝรั่งเศส​ซึ่งที่นี่​ ถือเป็นเมืองที่ใหญ่ที่สุดเป็นอันดับสองของฝรั่งเศส​และเป็น เมืองที่มีนักท่องเที่ยวเดินทางมาเยี่ยมชมมากที่สุดแห่งหนึ่ง ​ในเมืองที่มีขนาดค่อนข้างกว้างใหญ่นี้​เทศกาล​FID​ Marseille​เป็นงานที่มีศูนย์กลางการจัดงานอยู่ที่​Mucem​ หรือคือพิพิธภัณฑ์อารยธรรมยุโรปและเมดิเตอร์เรเนียน​ สถานที่นี้เป็นอาคารขนาดใหญ่ที่อยู่ริมหาด​ไม่ไกลจากบริเวณ สถานที่ท่องเที่ยวหลักของเมืองซึ่งเป็นท่าเรือ​ซึ่งภายใน​มีห้อง ฉายหนังซึ่งใช้ฉายหนังในเทศกาลแห่งนี้​ขณะที่โรงฉายอื่นๆ​ จะกระจายอยู่ทั่วเมือง xxxxxxxxxx xxxxxxxxxx โรเจอร์ คอร์แมน ​FID​Marseille​เป็นเทศกาลที่เน้นการฉายหนังสารคดี ​วินเซนต์​ไพรซ์​นักแสดงชาวอเมริกัน​รับบทน�าในหนัง ประกวดหนังสารคดีนานาชาติ​ซึ่งในปีนี้​ทางเทศกาลฉาย ถ่ายท�าในป่าที่แคเมรูน​อันเป็นดินแดนที่เคยเป็นเมืองขึ้นของ ทดลอง​แต่ทางงานก็ยังมีการฉายหนังแนวอื่นๆด้วย​ซึ่งความ เรื่องนี้​ที่อาจต้องใช้เวลากว่า​50​ปี​กว่าจะคนจะหยิบมันมา หนังในสายประกวดนานาชาติทั้งหมด​15​เรื่อง​ซึ่งหนังที่ได้ ฝรั่งเศสกับเยอรมันมาก่อน พิเศษของปีนี้​ก็คือการที่ทางงาน​ได้จัดเช็คชั่นพิเศษเพื่อให้ ประเมินคุณค่าใหม่อีกครั้ง​ทั้งในด้านเนื้อหา​รวมถึงด้านงาน รับรางวัลใหญ่​ได้แก่​Let​The​Summer​Never​Come​ เกียรติกับโรเจอร์​คอร์แมน​โปรดิวเซอร์และผู้ก�ากับชื่อดัง สร้าง​ที่ไม่ใช่หนังทุนสร้างใหญ่โต​แต่ก็สวยงามด้วยสีแดงที่ Again​หนังเยอรมนี/จอร์เจีย​ของผู้ก�ากับ​อเล็กซานเดอร์​โค FRENCH COMPETITION ของอเมริกาผู้เป็นเจ้าพ่อหนังเกรดบี​ซึ่งโรเจอร์​คอร์แมน​ใน ฉูดฉาด​จากฝีมือการถ่ายของ​นิโคลัส​โร้ก​ที่กลายมาเป็นผู้ เบอร์ริตซ์​​หนังเรื่องนี้​เป็นหนังทดลอง​ความยาว​202​นาที​ที่ ​ในงาน​FID​Marseille​จะมีสายประกวด​ที่จัดส�าหรับ วัย​91​ปี​ก็เดินทางมาร่วมงานนี้ด้วยตัวเอง​ในการฉายรอบ ก�ากับที่ดังยิ่งกว่าคอร์แมนในเวลาต่อมา ถ่ายท�าในจอร์เจีย​โดยใช้โทรศัพท์มือถือโซนี่​อีริคสัน​ซึ่งภาพ หนังฝรั่งเศสโดยเฉพาะ​ซึ่งหนังที่ได้รับรางวัลใหญ่ของสายนี้​ เปิดเทศกาล​ที่จัดขึ้นที่​Theatre​Silvain​ซึ่งเป็นโรงละคร ​ในงาน​FID​Marseille​ครั้งนี้​ได้จัดโปรแกรมใหญ่​ซึ่ง ที่ได้นั้น​จะออกมาแตก​เบลอ​และไม่ชัดเจน​ซึ่งตัวหนังนั้น​ มีสองเรื่อง​คือ​Southern​Belle​ที่ผู้ก�ากับ​นิโคลัส​เพดุซซี​่ กลางแจ้งที่อยู่ริมทะเล ฉายทั้งหนังที่โรเจอร์​คอร์แมน​ก�ากับ​และสร้าง​นับสิบเรื่อง​ ด�าเนินเรื่องไปเรื่อยๆ​โดยติดตามชายคนหนึ่งในจอร์เจีย​ที่ ได้ถ่ายชีวิตของเทเลอร์​หญิงสาวชาวเท็กซัส​ซึ่งเป็นลูกสาว ​คนอาจคุ้นเคยกับผลงานที่โรเจอร์​คอร์แมน​เป็นผู้ เช่น​The​Intruder​หนังขาวด�าในปี​1962​ที่คอร์แมนหยิบ ต้องเดินทางเข้าไปในเมืองเพื่อหางานท�าในคณะเต้นร�า​แต่ที่ ของนักเบสบอลชื่อดัง​ที่ตายตั้งแต่ตอนที่เธอยังเป็นวัยรุ่น​ สร้าง​อันได้แก่หนังของ​New​World​Pictures​ทั้งหลาย​ นิยายของชาร์ลส์​โบมองต์​ที่พูดถึงตัวละครอย่างอดัม​เครเม ในเมือง​เขากลับต้องขายตัวให้กับผู้ชาย ซึ่งตัวหนังน�าเสนอภาพของบ้านนอกอเมริกาในปัจจุบัน​ที่ไม่ ขณะที่งานที่คอร์แมนก�ากับในช่วงยุค​60​ไม่ได้เป็นที่พูดถึง อร์​ชายผู้เป็นสมาชิกของกลุ่มเรซิสต์​ที่เดินทางมาเมืองเล็กๆ​ ​ขณะที่หนังเรื่อง​Braguino​ความยาว​49​นาที​จาก ได้สวยงาม​และเป็นสังคมที่รุนแรง มากเท่าไหร่​​FID​Marseille​ในปีนี้​จึงเปิดเทศกาล​ด้วย ทางตอนใต้ของสหรัฐ​เมื่อทางการ​มีนโยบายให้เด็กนักเรียน ฝรั่งเศส​ของผู้ก�ากับ​เคลมงต์​โคกิทัวร์​ได้รับรางวัล​Special​ ​7 ​Veils​ซึ่งเป็นหนังอีกเรื่องที่ได้รับรางวัล​เป็นผลงาน การฉายเรื่อง​The​Masque​of​the​Red​Death​ที่คอร์แมน​ ผิวด�า​เข้ามาเรียนในโรงเรียนที่เคยมีแต่คนผิวขาว​อดัมได้เริ่ม Mention​จากกรรมการ​ซึ่งผู้ก�ากับ​ได้เดินทางไปถ่ายท�า จากอัฟกานิสถาน​ของ​เซปิดาห์​ฟารซี​ผู้ก�ากับหญิงจากอิหร่าน​ สร้างจากเรื่องสั้นของเอ็ดการ์​อัลเลน​โป​โดยตอนที่หนังออก ยุยงคนในพื้นที่ให้ต่อต้านคนผิวด�าจนกลายเป็นความรุนแรง หมู่บ้านบรากุยโน​ที่อยู่ห่างไกลในไซบีเรีย​หมู่บ้านแห่งนี้​ ที่ปัจจุบันตัวเธออาศัยอยู่ในฝรั่งเศส​ซึ่งในการท�าหนังเรื่อง ฉายครั้งแรกในปี​1964​มันไม่ใช่หนังที่โลกยกย่องมากนัก​แต่ ​The​Intruder​ไม่ใช่งานที่ประสบความส�าเร็จของคอร์ ถูกปิดตายจากโลกภายนอก​(เพราะที่นี่​ต้องเดินทางเข้าไป นี้​เธอได้เดินทางไปยังอัฟกานิสถาน​ก่อนที่จะเดินทางไปทั่ว ตัวคอร์แมนก็ชอบผลงานเรื่องนี้มาก​และในปัจจุบัน​หนังก็น่า แมนในวันที่มันออกฉาย​และเป็นหนังเพียงเรื่องเดียวในชีวิต โดยใช้เฮลิคอปเตอร์)​คนที่นี่​ใช้ชีวิตอยู่กับธรรมชาติ​โดย ประเทศ​เพื่อสัมภาษณ์และพูดคุยกับผู้คนต่างๆที่เธอพบเจอ สนใจที่จะถูกน�ามาประเมินใหม่อีกครั้ง การท�างานของเขาที่ขาดทุน​แต่หากน�าหนังกลับมาประเมิน นับถือศาสนาคริสต์นิกายออร์โธดอกซ์ในรูปแบบที่เคร่งครัด​ ​The​Heart​of​the​Conflict​เป็นผลงานการก�ากับ ​หากพูดถึงเทศกาลภาพยนตร์ในฝรั่งเศส​ที่นี่ไม่ได้มีแต่เทศกาลภาพยนตร์เมืองคานส์เพียงแห่งเดียว​แต่ ​The​Masque​of​the​Red​Death​​กล่าวถึงความ ใหม่อีกครั้ง​จะเห็นการพูดเรื่องเหยียดผิวแบบถึงลูกถึงคน​​ จนกลายเป็นชุมชนที่แปลกแยกไปจากโลกภายนอกในยุค ร่วมของสองสามีภรรยา​จูดิธ​คาเฮน​และ​มาซายูสุ​เองุจิ​ที่ ประเทศนี้ยังมีเทศกาลภาพยนตร์อีกหลายแห่ง​และหนึ่งในนั้น​ก็คืองาน​FID​MARSEILLE​ที่จัดขึ้นทุกปี​ที่ ชั่วช้าของมนุษย์​ผ่าน​พรอสเพอโร​เจ้าชายผู้ปกครองเมือง และประเด็นที่หนังพูด​ก็ยังคงทันยุคทันสมัยมาจนถึงทุกวันนี้ ปัจจุบัน ถ่ายท�าทั้งที่ปารีส​ฟุกุชิม่า​และฮิโรชิม่า​ซึ่งหนังเรื่องนี้​ได้ เมืองมาร์เซย์​ในช่วงต้นเดือนกรกฏาคมมาร์เซย์เป็นเมืองท่าที่อยู่ทางตอนใต้ของฝรั่งเศสติดกับชายฝั่งทะเล แห่งหนึ่งอย่างโหดร้าย​ทั้งๆ​ที่ในโลกภายนอก​โรคมรณะ ​นอกจากหนังที่เขาก�ากับแล้ว​หนังที่เขาสร้าง​ไม่ว่าจะ ​ขณะที่รางวัล​Georges​de​Beauregar​Interna- รับรางวัล​Georges​de​Beauregar​International​Prize​​ เมดิเตอร์เรเนียน​ที่นี่เป็นเมืองท่องเที่ยวที่มีชื่อเสียง​และมีสถานที่ท่องเที่ยวมากมายหลายแห่ง​แต่ในขณะ แดงก�าลังระบาด​เจ้าชายสั่งให้เผาหมู่บ้านที่โรคนี้ระบาด​และ เป็น​Piranha,​Dementia​13,​Death​Race​2000,​Caged​ tional​Prize​นั้นตกเป็นของหนังสารคดีเรื่อง​Playing​Men​ ส�าหรับสายนี้ไป เดียวกัน​ก็มีการจัดงานนี้​ซึ่งจัดติดต่อกันมาเป็นครั้งที่​28​​FID​MARSEILLE​เป็นเทศกาลหนังสารคดี​ที่เน้น สั่งปิดวัง​เพื่อไม่ให้โรคร้ายจากภายนอกเข้าไปข้างในได้​เจ้า Heat​ก็ได้ถูกน�ากลับมาฉายใหม่ให้ได้ชมกันด้วย​ซึ่งบางเรื่อง จากประเทศสโลวีเนีย/โครเอเชีย​ของ​มาร์จาซ​อิวานิซิน​ซึ่ง ​Philippe​Grandrieux​กลับมาพร้อมกับหนังทดลอง การฉายหนังสารคดีเชิงทดลอง​ซึ่งเทศกาลนี้​ถือเป็นงานแรกในฝรั่งเศส​ที่ฉายหนังเรื่อง​ดอกฟ้าในมือมาร​ ชายยังลักพาฟรานเซสก้า​หญิงสาวชาวบ้านเข้าไปในวังเพื่อ นั้นได้ฉายเป็นฟิล์ม​35​มม. ตัวหนัง​น�าผู้ชมไปพบกับเกมมวยปล�้าของท้องถิ่น​(ที่ดูมีความ เรื่องใหม่​อย่าง​Unrest​ซึ่งในงานที่ความยาว​45​นาที​ชิ้น ในปี​2001​ก่อนที่เจ้ย​อภิชาติพงศ์​จะได้ไปคานส์กับหนังเรื่องต่อมาอย่างสุดเสน่หา​​ปีนี้​ฉันได้มีโอกาสไปเมือ เป็นนางสนม​ในวังนั้นเอง​ฟรานเซสก้าได้ค้นพบว่าเจ้าชาย อีโรติคแบบ​ชาย-ชาย)​ก่อนที่จู่ๆ​ตัวหนัง​จะตัดไปถ่ายตัวผู้ นี้​เขาได้ใช้กล้อง​จับไปยังเรือนร่างที่เปลือยเปล่าของผู้หญิง งมาร์เซย์​และไปร่วมงาน​FID​MARSEILLE​เป็นครั้งแรก​ซึ่งงานนี้​อาจไม่ใช่งานที่ใหญ่โต​แต่ก็มีความน่าสนใจ​ เป็นผู้บูชาซาตาน​แต่แล้ว​การมาเยือนของมัจจุราช​ในร่าง INTERNATIONAL ก�ากับเอง​และเปลี่ยนเรื่องที่เล่าไปเป็นอย่างอื่น ชาวญี่ปุ่น​ที่แสดงท่าทางต่างๆ​ท่ามกลางความมืดมิด​ซึ่งก็ ซึ่งเราจะไปดูกันว่า​เทศกาลในปีนี้เป็นอย่างไรบ้าง ของชายผู้สวมหน้ากากสีแดงและสวมผ้าคลุมสีแดง​ก็จะน�า COMPETITION ​หนังที่ได้รับรางวัล​Special​Mention​คือ​Tin- ถือเป็นงานที่ยาก​และท�าให้มีผู้ชมเดินออกจากโรงไปจ�านวน มาซึ่งจุดจบของทุกอย่าง ​FID​ Marseille​ มีสายประกวดหลัก​ ซึ่งเป็นสาย selwood​ที่ผู้ก�ากับมารี​โวกเนียร์​เดินทางจากฝรั่งเศสไป หนึ่งก่อนที่หนังจะจบ​

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FIDMarseille — Revue de presse 2017 14 FILMAX — AOÛT 2017 PRESSE INTERNATIONALE Thaïlande 2/2

072 073 FESTIVAL INTERNATIONAL FID MARSEILLE 2017DE CINEMA MARSEILLE เทศกาล xxxxxxxxxx xxxxxxxxxx ​มาร์เซย์นั้น​อยู่ทางตอนใต้เกือบสุดของฝรั่งเศส​ซึ่งที่นี่​ ถือเป็นเมืองที่ใหญ่ที่สุดเป็นอันดับสองของฝรั่งเศส​และเป็น เมืองที่มีนักท่องเที่ยวเดินทางมาเยี่ยมชมมากที่สุดแห่งหนึ่ง ​ในเมืองที่มีขนาดค่อนข้างกว้างใหญ่นี้​เทศกาล​FID​ Marseille​เป็นงานที่มีศูนย์กลางการจัดงานอยู่ที่​Mucem​ หรือคือพิพิธภัณฑ์อารยธรรมยุโรปและเมดิเตอร์เรเนียน​ สถานที่นี้เป็นอาคารขนาดใหญ่ที่อยู่ริมหาด​ไม่ไกลจากบริเวณ สถานที่ท่องเที่ยวหลักของเมืองซึ่งเป็นท่าเรือ​ซึ่งภายใน​มีห้อง ฉายหนังซึ่งใช้ฉายหนังในเทศกาลแห่งนี้​ขณะที่โรงฉายอื่นๆ​ จะกระจายอยู่ทั่วเมือง xxxxxxxxxx xxxxxxxxxx โรเจอร์ คอร์แมน ​FID​Marseille​เป็นเทศกาลที่เน้นการฉายหนังสารคดี ​วินเซนต์​ไพรซ์​นักแสดงชาวอเมริกัน​รับบทน�าในหนัง ประกวดหนังสารคดีนานาชาติ​ซึ่งในปีนี้​ทางเทศกาลฉาย ถ่ายท�าในป่าที่แคเมรูน​อันเป็นดินแดนที่เคยเป็นเมืองขึ้นของ ทดลอง​แต่ทางงานก็ยังมีการฉายหนังแนวอื่นๆด้วย​ซึ่งความ เรื่องนี้​ที่อาจต้องใช้เวลากว่า​50​ปี​กว่าจะคนจะหยิบมันมา หนังในสายประกวดนานาชาติทั้งหมด​15​เรื่อง​ซึ่งหนังที่ได้ ฝรั่งเศสกับเยอรมันมาก่อน พิเศษของปีนี้​ก็คือการที่ทางงาน​ได้จัดเช็คชั่นพิเศษเพื่อให้ ประเมินคุณค่าใหม่อีกครั้ง​ทั้งในด้านเนื้อหา​รวมถึงด้านงาน รับรางวัลใหญ่​ได้แก่​Let​The​Summer​Never​Come​ เกียรติกับโรเจอร์​คอร์แมน​โปรดิวเซอร์และผู้ก�ากับชื่อดัง สร้าง​ที่ไม่ใช่หนังทุนสร้างใหญ่โต​แต่ก็สวยงามด้วยสีแดงที่ Again​หนังเยอรมนี/จอร์เจีย​ของผู้ก�ากับ​อเล็กซานเดอร์​โค FRENCH COMPETITION ของอเมริกาผู้เป็นเจ้าพ่อหนังเกรดบี​ซึ่งโรเจอร์​คอร์แมน​ใน ฉูดฉาด​จากฝีมือการถ่ายของ​นิโคลัส​โร้ก​ที่กลายมาเป็นผู้ เบอร์ริตซ์​​หนังเรื่องนี้​เป็นหนังทดลอง​ความยาว​202​นาที​ที่ ​ในงาน​FID​Marseille​จะมีสายประกวด​ที่จัดส�าหรับ วัย​91​ปี​ก็เดินทางมาร่วมงานนี้ด้วยตัวเอง​ในการฉายรอบ ก�ากับที่ดังยิ่งกว่าคอร์แมนในเวลาต่อมา ถ่ายท�าในจอร์เจีย​โดยใช้โทรศัพท์มือถือโซนี่​อีริคสัน​ซึ่งภาพ หนังฝรั่งเศสโดยเฉพาะ​ซึ่งหนังที่ได้รับรางวัลใหญ่ของสายนี้​ เปิดเทศกาล​ที่จัดขึ้นที่​Theatre​Silvain​ซึ่งเป็นโรงละคร ​ในงาน​FID​Marseille​ครั้งนี้​ได้จัดโปรแกรมใหญ่​ซึ่ง ที่ได้นั้น​จะออกมาแตก​เบลอ​และไม่ชัดเจน​ซึ่งตัวหนังนั้น​ มีสองเรื่อง​คือ​Southern​Belle​ที่ผู้ก�ากับ​นิโคลัส​เพดุซซี​่ กลางแจ้งที่อยู่ริมทะเล ฉายทั้งหนังที่โรเจอร์​คอร์แมน​ก�ากับ​และสร้าง​นับสิบเรื่อง​ ด�าเนินเรื่องไปเรื่อยๆ​โดยติดตามชายคนหนึ่งในจอร์เจีย​ที่ ได้ถ่ายชีวิตของเทเลอร์​หญิงสาวชาวเท็กซัส​ซึ่งเป็นลูกสาว ​คนอาจคุ้นเคยกับผลงานที่โรเจอร์​คอร์แมน​เป็นผู้ เช่น​The​Intruder​หนังขาวด�าในปี​1962​ที่คอร์แมนหยิบ ต้องเดินทางเข้าไปในเมืองเพื่อหางานท�าในคณะเต้นร�า​แต่ที่ ของนักเบสบอลชื่อดัง​ที่ตายตั้งแต่ตอนที่เธอยังเป็นวัยรุ่น​ สร้าง​อันได้แก่หนังของ​New​World​Pictures​ทั้งหลาย​ นิยายของชาร์ลส์​โบมองต์​ที่พูดถึงตัวละครอย่างอดัม​เครเม ในเมือง​เขากลับต้องขายตัวให้กับผู้ชาย ซึ่งตัวหนังน�าเสนอภาพของบ้านนอกอเมริกาในปัจจุบัน​ที่ไม่ ขณะที่งานที่คอร์แมนก�ากับในช่วงยุค​60​ไม่ได้เป็นที่พูดถึง อร์​ชายผู้เป็นสมาชิกของกลุ่มเรซิสต์​ที่เดินทางมาเมืองเล็กๆ​ ​ขณะที่หนังเรื่อง​Braguino​ความยาว​49​นาที​จาก ได้สวยงาม​และเป็นสังคมที่รุนแรง มากเท่าไหร่​​FID​Marseille​ในปีนี้​จึงเปิดเทศกาล​ด้วย ทางตอนใต้ของสหรัฐ​เมื่อทางการ​มีนโยบายให้เด็กนักเรียน ฝรั่งเศส​ของผู้ก�ากับ​เคลมงต์​โคกิทัวร์​ได้รับรางวัล​Special​ ​7 ​Veils​ซึ่งเป็นหนังอีกเรื่องที่ได้รับรางวัล​เป็นผลงาน การฉายเรื่อง​The​Masque​of​the​Red​Death​ที่คอร์แมน​ ผิวด�า​เข้ามาเรียนในโรงเรียนที่เคยมีแต่คนผิวขาว​อดัมได้เริ่ม Mention​จากกรรมการ​ซึ่งผู้ก�ากับ​ได้เดินทางไปถ่ายท�า จากอัฟกานิสถาน​ของ​เซปิดาห์​ฟารซี​ผู้ก�ากับหญิงจากอิหร่าน​ สร้างจากเรื่องสั้นของเอ็ดการ์​อัลเลน​โป​โดยตอนที่หนังออก ยุยงคนในพื้นที่ให้ต่อต้านคนผิวด�าจนกลายเป็นความรุนแรง หมู่บ้านบรากุยโน​ที่อยู่ห่างไกลในไซบีเรีย​หมู่บ้านแห่งนี้​ ที่ปัจจุบันตัวเธออาศัยอยู่ในฝรั่งเศส​ซึ่งในการท�าหนังเรื่อง ฉายครั้งแรกในปี​1964​มันไม่ใช่หนังที่โลกยกย่องมากนัก​แต่ ​The​Intruder​ไม่ใช่งานที่ประสบความส�าเร็จของคอร์ ถูกปิดตายจากโลกภายนอก​(เพราะที่นี่​ต้องเดินทางเข้าไป นี้​เธอได้เดินทางไปยังอัฟกานิสถาน​ก่อนที่จะเดินทางไปทั่ว ตัวคอร์แมนก็ชอบผลงานเรื่องนี้มาก​และในปัจจุบัน​หนังก็น่า แมนในวันที่มันออกฉาย​และเป็นหนังเพียงเรื่องเดียวในชีวิต โดยใช้เฮลิคอปเตอร์)​คนที่นี่​ใช้ชีวิตอยู่กับธรรมชาติ​โดย ประเทศ​เพื่อสัมภาษณ์และพูดคุยกับผู้คนต่างๆที่เธอพบเจอ สนใจที่จะถูกน�ามาประเมินใหม่อีกครั้ง การท�างานของเขาที่ขาดทุน​แต่หากน�าหนังกลับมาประเมิน นับถือศาสนาคริสต์นิกายออร์โธดอกซ์ในรูปแบบที่เคร่งครัด​ ​The​Heart​of​the​Conflict​เป็นผลงานการก�ากับ ​หากพูดถึงเทศกาลภาพยนตร์ในฝรั่งเศส​ที่นี่ไม่ได้มีแต่เทศกาลภาพยนตร์เมืองคานส์เพียงแห่งเดียว​แต่ ​The​Masque​of​the​Red​Death​​กล่าวถึงความ ใหม่อีกครั้ง​จะเห็นการพูดเรื่องเหยียดผิวแบบถึงลูกถึงคน​​ จนกลายเป็นชุมชนที่แปลกแยกไปจากโลกภายนอกในยุค ร่วมของสองสามีภรรยา​จูดิธ​คาเฮน​และ​มาซายูสุ​เองุจิ​ที่ ประเทศนี้ยังมีเทศกาลภาพยนตร์อีกหลายแห่ง​และหนึ่งในนั้น​ก็คืองาน​FID​MARSEILLE​ที่จัดขึ้นทุกปี​ที่ ชั่วช้าของมนุษย์​ผ่าน​พรอสเพอโร​เจ้าชายผู้ปกครองเมือง และประเด็นที่หนังพูด​ก็ยังคงทันยุคทันสมัยมาจนถึงทุกวันนี้ ปัจจุบัน ถ่ายท�าทั้งที่ปารีส​ฟุกุชิม่า​และฮิโรชิม่า​ซึ่งหนังเรื่องนี้​ได้ เมืองมาร์เซย์​ในช่วงต้นเดือนกรกฏาคมมาร์เซย์เป็นเมืองท่าที่อยู่ทางตอนใต้ของฝรั่งเศสติดกับชายฝั่งทะเล แห่งหนึ่งอย่างโหดร้าย​ทั้งๆ​ที่ในโลกภายนอก​โรคมรณะ ​นอกจากหนังที่เขาก�ากับแล้ว​หนังที่เขาสร้าง​ไม่ว่าจะ ​ขณะที่รางวัล​Georges​de​Beauregar​Interna- รับรางวัล​Georges​de​Beauregar​International​Prize​​ เมดิเตอร์เรเนียน​ที่นี่เป็นเมืองท่องเที่ยวที่มีชื่อเสียง​และมีสถานที่ท่องเที่ยวมากมายหลายแห่ง​แต่ในขณะ แดงก�าลังระบาด​เจ้าชายสั่งให้เผาหมู่บ้านที่โรคนี้ระบาด​และ เป็น​Piranha,​Dementia​13,​Death​Race​2000,​Caged​ tional​Prize​นั้นตกเป็นของหนังสารคดีเรื่อง​Playing​Men​ ส�าหรับสายนี้ไป เดียวกัน​ก็มีการจัดงานนี้​ซึ่งจัดติดต่อกันมาเป็นครั้งที่​28​​FID​MARSEILLE​เป็นเทศกาลหนังสารคดี​ที่เน้น สั่งปิดวัง​เพื่อไม่ให้โรคร้ายจากภายนอกเข้าไปข้างในได้​เจ้า Heat​ก็ได้ถูกน�ากลับมาฉายใหม่ให้ได้ชมกันด้วย​ซึ่งบางเรื่อง จากประเทศสโลวีเนีย/โครเอเชีย​ของ​มาร์จาซ​อิวานิซิน​ซึ่ง ​Philippe​Grandrieux​กลับมาพร้อมกับหนังทดลอง การฉายหนังสารคดีเชิงทดลอง​ซึ่งเทศกาลนี้​ถือเป็นงานแรกในฝรั่งเศส​ที่ฉายหนังเรื่อง​ดอกฟ้าในมือมาร​ ชายยังลักพาฟรานเซสก้า​หญิงสาวชาวบ้านเข้าไปในวังเพื่อ นั้นได้ฉายเป็นฟิล์ม​35​มม. ตัวหนัง​น�าผู้ชมไปพบกับเกมมวยปล�้าของท้องถิ่น​(ที่ดูมีความ เรื่องใหม่​อย่าง​Unrest​ซึ่งในงานที่ความยาว​45​นาที​ชิ้น ในปี​2001​ก่อนที่เจ้ย​อภิชาติพงศ์​จะได้ไปคานส์กับหนังเรื่องต่อมาอย่างสุดเสน่หา​​ปีนี้​ฉันได้มีโอกาสไปเมือ เป็นนางสนม​ในวังนั้นเอง​ฟรานเซสก้าได้ค้นพบว่าเจ้าชาย อีโรติคแบบ​ชาย-ชาย)​ก่อนที่จู่ๆ​ตัวหนัง​จะตัดไปถ่ายตัวผู้ นี้​เขาได้ใช้กล้อง​จับไปยังเรือนร่างที่เปลือยเปล่าของผู้หญิง งมาร์เซย์​และไปร่วมงาน​FID​MARSEILLE​เป็นครั้งแรก​ซึ่งงานนี้​อาจไม่ใช่งานที่ใหญ่โต​แต่ก็มีความน่าสนใจ​ เป็นผู้บูชาซาตาน​แต่แล้ว​การมาเยือนของมัจจุราช​ในร่าง INTERNATIONAL ก�ากับเอง​และเปลี่ยนเรื่องที่เล่าไปเป็นอย่างอื่น ชาวญี่ปุ่น​ที่แสดงท่าทางต่างๆ​ท่ามกลางความมืดมิด​ซึ่งก็ ซึ่งเราจะไปดูกันว่า​เทศกาลในปีนี้เป็นอย่างไรบ้าง ของชายผู้สวมหน้ากากสีแดงและสวมผ้าคลุมสีแดง​ก็จะน�า COMPETITION ​หนังที่ได้รับรางวัล​Special​Mention​คือ​Tin- ถือเป็นงานที่ยาก​และท�าให้มีผู้ชมเดินออกจากโรงไปจ�านวน มาซึ่งจุดจบของทุกอย่าง ​FID​ Marseille​ มีสายประกวดหลัก​ ซึ่งเป็นสาย selwood​ที่ผู้ก�ากับมารี​โวกเนียร์​เดินทางจากฝรั่งเศสไป หนึ่งก่อนที่หนังจะจบ​

AUGUST 2017 AUGUST 2017

FIDMarseille — Revue de presse 2017 15 QOSHE — AOÛT 2017 PRESSE INTERNATIONALE Croatie — http://qoshe.com 1/1

Playing Men, Matjaz Ivanisin

Letos sta v obtoku dva vaša znotraj katerega se običajno na- se dogovorila, da bova film delala je takrat še nastajal. Imeli smo ne- celovečerna dokumentarna bere ogromno posnetega materia- v sorežiji. Na koncu sem bil štiri kaj posnetih in grobo zmontiranih filma: Playing Men, pravkar la, kar pomeni dolg proces mon- mesece v Drami in še nekaj let v sekvenc nedokončanega projekta. nagrajen na festivalu v Marseillu, taže, kjer se tak tip filma oblikuje.» montaži. Z montažerjem Maticem Sodelujoči uredniki in producenti in Vsaka dobra zgodba je Drakulićem sva čas študija, ki so so se po ogledu materiala strinjali, ljubezenska zgodba, ki sta ga Zahtevna misija, posebej, ker ga ustvarjalci preživeli na odru, še da gre za zanimivo zadevo, ampak posnela z Rajkom Grlićem, o gre tudi v predstavi za preplet nekajkrat podoživela v montaži.» vsi so hoteli vedeti, o čem pra- predstavi Dušana Jovanovića intimnih zgodb, za stik javnega vzaprav govori tale Playing Men. Boris, Milena, Radko. Močno in zasebnega, za resnične Film Playing Men začne pot po Povejte nam več, so govorili. A mi leto? osebe? festivalih, svetovno premiero jim takrat še nismo znali povedati je doživel zdaj v Marseillu na nič kaj dosti več od tistega, kar je «Po svoje je, čeprav je treba ve- «Jovanović je osebam v drami festivalu dokumentarnega bilo na posnetkih. Nato so vsak po deti, da sta oba filma rezultat dela dal ista imena, kot jih imajo igral- filma. Že premiera je prinesla svoje začeli govoriti, za kaj prav- zadnjih treh, štirih let. To sta fil- ci, ki te osebe uprizarjajo, Milena prestižno nagrado, kar je zaprav gre. Ali za kaj bi moralo iti. ma, ki sta nastajala na popolnoma Zupančič igra Mileno, Radko Polič dobra popotnica. Vsak je imel svojo interpretacijo, drugačen način. Playing Men je Radka, Boris Cavazza pa Borisa. dokler ni urednik televizije ARTE, esejistični dokumentarni film, me- Igral se je z biografskimi elementi «Tako se je zgodilo. FID Marseille starejši gospod, rekel: pa saj je dtem ko je Vsaka dobra zgodba je in jih duhovito prepletal v fikcijo. In je izredno zanimiv festival, kjer je vendar jasno, to je film o absurd- ljubezenska zgodba observacijski v resnici se zgodi nekaj zanimive- mogoče videti filme zelo odprte nosti geste. To se mi še danes zdi dokumentarec. Za slednjega sem z ga, ko Milena Radku na odru reče forme in naracije. To, da je bil film precej lucidno. Lahko rečem, da režiserjem Dušanom Jovanovićem Radko in on njej Milena. Še poseb- dobro sprejet, je vsekakor lepa sem se v filmu Playing Men ukvar- in igralci Mileno Zupančič, Radkom no, ko se na odru odvija nekaj, kar popotnica, saj po svetovni pre- jal z igro ali bolje s svojo fascina- Poličem in Borisom Cavazzo v lju- je zelo podobno resnični zgodbi, mieri dobivamo vabila različnih cijo nad igro v najširšem pomenu bljanski Drami s kamero preživel ki se je med Radkom in Mileno festivalov in zdaj se skupaj s pro- te besede. In z atmosfero, ki se štiri mesece – od prve bralne vaje zgodila pred štiridesetimi leti.» ducenti odločamo, kako nadalje- ustvari med moškimi, ki določeno do premiere. Poskušal sem sledi- vati pot našega filma.» igro igrajo. Bolj kot pravila igre so ti njihovemu ustvarjalnemu toku, Kako pa je sploh nastal Film o absurdnosti geste me fascinirali ekspresivni obrazi vajam, kreativnim nihanjem, ce- ta projekt? igralcev, njihove roke, prsti, melo- lotnemu procesu, skozi katerega Kakšen film je Playing Men? dika kričanja, ritem, tekmovalnost, nastane gledališka predstava. Zato «Enkrat me je Dušan Jovanović skratka tisto skoraj mitološko, kar je bilo zame pomembno, da ust- poklical in rekel: poslušaj, a bi se ti «Če se je dalo pri filmu Vsaka dobra je onkraj pravil igre. Film smo sne- varjalna ekipa predstave razume dobil z Grlićem v zvezi s filmom ... zgodba je ljubezenska zgodba zelo mali na 16-milimetrski trak in tako mojo konstantno prisotnost in da ti pošljem tekst ... In tako je steklo. konkretno povedati, o čem je, je bili z materialom precej omejeni. imam zagotovljen dostop do vseh Verjetno sta z Rajkom v ekipi po- bilo pri filmu Playing Men nasprot- Ta način snemanja mi je zelo bli- lokacij znotraj Drame. Moja nalo- trebovala nekoga na domačem no. Pred leti je na festivalu Dei Po- zu. Nekakšno reduciranje samega ga je bila biti navzoč, potrpežljiv terenu, glede na to, da je Rajko poli v Firencah producentka filma sebe že na...... in beležiti. To je način snemanja, večino časa v Ameriki. In tako sva Marina Gumzi predstavljala film, ki © Večer

FIDMarseille — Revue de presse 2017 16 MODERTIMES — AOÛT 2017 PRESSE INTERNATIONALE Norvège — https://www.moderntimes.review 1/1

An even more surprising aspect Today the terrain has comple- is the fact that young women tely changed. The old Cartucho from elite families show up on this buildings were destroyed and re- death ground to have a good time. placed by the Third Millennium Plied with alcohol and drugs, they Park, an area of sterile, minima- become easy victims for paying list architecture lined with green clients, drug addicts themselves, plants. Some of the displaced in- including lawyers, engineers and habitants linger in the area, decla- other high ranking participants, ring that they still sense a cold and who lock themselves up with frightening silence on the ground. these women often for days on The zone is nearly empty. Cháves end. documents the reconstructed area mostly at night. Many of the Cartucho was even utilized by people today, who did not wit- medical students, who would nesses the old Cartucho, seem show up in the early hours asking oblivious to the fact that they may for cadavers, making special re- be walking over the largest ceme- quests such as, “with good legs” or tery in Bogota, where hundreds of “not killed by knife wounds”…. The anonymous skeletons are still bu- pragmatic acceptance of this level ried deep in the ground. of crime even from scientists may Marseille FID Film What makes Andrés Cháves Sán- appear astonishing at first. Again, In 2011, Andrés Cháves Sánchez chez’s documentary Cartucho it suggests that Cartucho was, wi- filmed an experimental short do- Festival presents an a decisive inclusion in the Mar- thout a doubt, accepted as a use- cumentary about an abandoned introspective look seilles FID Festival, a fest known ful working tool integrated into the ghost town (La Hortúa). Here he for valuing complex, sublime and functioning reality of Bogota. . focused on a crumbling, neglec- at Bogota in limbo. even sometimes contradictory ted hospital, which was once one forms far from the mainstream, Nearly 50,000 people lost their li- of the most important hospitals Resembling an actual combat is the fact that the filmmaker il- ves here, not counting those who in Colombia. Today, it is occupied zone, the block of ten houses lustrates life in this state of lim- disappeared or were buried. Uni- only by squatters, protesting its in Bogota’s Cartucho zone were bo in all its multiple paradoxes formed officers rarely offered pro- closure. Cháves discreetly follows once known as one of the most and ambiguities. He also includes tection to Cartucho’s residents, their daily life, between haunted dangerous territories in the wor- witness statements intercut with but rather used them as targets for memories and the actual silence ld. Knifings, rapes and shootings archival images of daily street life. some of their wilder killing sprees, and solitude of the inhabitants. were common daily occurrences Throughout the doc, Cháves in- even taking advantage of the hel- in this fatal place populated not corporates short interviews, cap- pless homeless in the streets. only by Columbians but by pover- turing skeptical, and at times, ag- ty stricken people from all over. gressive commentary from those Even a two euro debt could war- standing around, who refused to rant a death threat. Killing was not participate or collaborate in these only a practical struggle of money exchanges. Cháves continues to for life, but was often celebrated highlight other realties, for exa- in unrestrained massacres, vic- mple Cartucho’s habitants as hard tims struck with dozens of knife working people, who sift through wounds, their bodies ripped open. almost 70% of the garbage of Bo- gota looking for food or other use- Cartucho wasn’t always like this. ful materials. One sombre inter- A regular slum where inhabitants viewee points out the seriousness once consumed pills and mari- and dignity of their useful work for juana, it was completely trans- the town of Bogota. formed when crack, morphine, cocaine and other harder drugs What is quite surprising, in this began to be sold and consumed context, are the dancing parties in crack houses that appeared in the streets of Cartucho, expres- on every corner. Marked by an sing joy and fun. These images increasing rise in crime, the slum conclude Cháves’ wide panora- became a merciless death zone. ma of a life lived in chaos. From Local dealers accumulated more the distance, they look like death influence and power, as they mo- dances in an abyss, performed by ved to occupy the terrain. In this the stunned inhabitants, who have enclosed world, simply crossing a nothing to lose, expect or fear. road between two rival drug sel- “We are confronted with a para- lers could be a question of life or dox; that joy of life often unfolds death. Undercover police officers in the most unexpected situa- who infiltrated the gangs in this tions, where death is quite near. territory often disappeared and People who have always lived in a were never heard from again. Their dysfunctional society and whose bodies were most probably buried health has never been a priority, under cement. seem to find it much easier to ce- lebrate life, enjoying the little mo- ments of intensity. ”

FIDMarseille — Revue de presse 2017 17 CINEFORUM — JUILLET 2017 PRESSE INTERNATIONALE Italie 1/1

FID Marseille 2017 : contrapposti a altri che non hanno zione Internazionale e la Menzione petto ai ragazzi filmati da de Pe- mai lasciato l’isola, nemmeno per Speciale del Premio dei Licei. retti, rendendo ancor più evidente De Peretti e Cogitore le vacanze. come la lotta per la difesa di un Una famiglia, parte di una comu- luogo e il senso di appartenenza al Tra le visioni più sorprendenti del Ovviamente, e questo dipende nità patriarcale della Siberia, vive luogo stesso siano assolutamente FID Marseille, oltre alla notevole dal narcisismo e dall’ingenuità dei di caccia e di pesca. I bambini non pre-politici. opera prima firmata da Charlotte singoli, alcuni rendono il racconto vanno a scuola ma aiutano il padre Serrande, 1048 Lunes, due film della loro vita più romanzesco, a recuperare il cibo e a fare piccoli Con sguardo affascinato ma es- svelano con estrema precisione il mostrandosi coraggiosi e virili, lavori. Sono dei bambini già adulti, tremamente rispettoso – anche in legame di un popolo – numeroso nella speranza che la partecipa- i cui giochi imitano i gesti e le di- questo caso non si percepisce mai o sparuto che sia – con la propria zione a un film possa permettere namiche dei grandi. Dall’altra parte un giudizio paternalista o una po- appartenenza alla terra di origine. loro di cambiare la propria es- del fiume vive un’altra comunità, sizione “sbilanciata” per questioni istenza; altri, più lucidi e discreti, simile, regolata dalle medesime culturali – Clément Cogitore segue Lutte Jeunesse di Thierry de Pe- parlano con convinzione di cosa leggi, ma opposta, dunque nemica discretamente la vita di questa retti e Braguino di Clément Cogi- significhi essere corsi (non france- – per la carenza di cibo, per il ter- famiglia, rendendo però evidente tore, pur affrontando in maniera si). Non mancano le ambiguità, ritorio non accogliente, per il clima come il vero nemico non sia in- sostanzialmente differente il sen- anzi verrebbe da dire che tutto il rigidissimo, che non permette col- carnato dalla comunità identica e timento di identificazione degli film poggia sull’ambiguità, non solo tivazioni e che rende le condizioni opposta ma dai bracconieri, che uomini col proprio territorio – “io di chi parla, ma anche di chi filma, di vita assai ardue. Ognuno di loro non solo giungono con la volontà sono la terra che abito” – ne mos- il quale, assumendo e accettando difende il proprio territorio, minus- di appropriarsi di un territorio e dei trano con intelligenza il lato an- il sentimento di fascinazione nei colo, che diventa la heim, la casa beni che quel territorio produce, ti-sistemico, ribelle, in totale op- confronti di questi uomini e delle nel senso di patria, dalla quale non ma anche di portare, in un certo posizione alla globalizzazione, non loro convinzioni e pur riuscendo a migreranno e che difenderanno a senso, la globalizzazione in un luo- solo economica, ma soprattutto mantenere una certa distanza, non costo di morire dal momento che go che ancora non la conosce e culturale. si mette mai nella posizione di co- quell’appezzamento di terra, col non ne è stato toccato. lui che giudica o, peggio, di chi le- bosco e il fiume, è letteralmente Lutte Jeunesse nasce come as- gge le loro dichiarazioni in maniera la loro esistenza, donando loro La lotta di queste due comunità (o semblaggio, straordinariamente moralista; al contrario ne rispetta il sostentamento, riparo, vita. popoli) diventa dunque, più sottil- acuto, del casting di Une vie vio- punto di vista e i comportamenti, mente, una lotta contro il tempo, lente, sempre di de Peretti (pre- lasciando che lo spettatore, anche La piccola popolazione che Cogi- contro il livellamento culturale, sentato all’ultima Semaine de la il meno preparato sulla questione tore segue è assai più omogenea, a favore del riconoscimento di critique di Cannes). Per poter gi- corsa, veda i molteplici aspet- selvaggia e “estrema”, se rappor- un’identità che è separazione ma rare il suo film, che tratta il separa- ti che portano queste persone a tata alle abitudini occidentali, ris- è anche, ambiguamente, resisten- tismo corso, o quantomeno l’ade- pensare e agire in tal modo. za. sione a azioni mirate a ottenere il riconoscimento dell’indipendenza L’evidenza che accomuna questa della Corsica dalla Francia, il re- gente è il legame pre-politico alla gista aveva cercato attori non pro- loro terra e di conseguenza una tagonisti tra giovani corsi dell’età lotta che ha delle conseguenze compresa tra i venti e i trent’anni. I politiche, o meglio, può canalizzar- ragazzi che si sono presentati alle si in un discorso politico, pur nas- audizioni provengono da ceti di- cendo da qualcosa che politico, versi e da esperienze diversissime in senso stretto, non è, ma fisico, le une dalle altre. All’intellettuale sanguigno, familiare, culturale. laureato e estremamente razionale si affianca un giovane uomo da Qualcosa di simile accade nel film poco uscito dal carcere e senza di Clément Cogitore, Braguino, che istruzione, ragazzi che hanno viag- si è aggiudicato ben due premi: la giato e vissuto altrove vengono Menzione Speciale della Competi-

FIDMarseille — Revue de presse 2017 18 2TM — JUILLET 2017 PRESSE INTERNATIONALE Slovénie 1/1

Playing men, Matjaž Ivanišin

Фильм словенского режиссёра FID Marseille проходил в получил премию на течение недели до 17 июля. Он международном кинофестивале относится к числу крупнейших во фестивалей авторского кино. Франции На нём показываются как документальные, так и обычные Проект словенского режиссёра кинокартины. Ежегодно на и сценариста Матьяжа фестивале демонстрируется Иванишина отметили около 150 фильмов. На на 28-м международном просмотр приезжает примерно кинофестивале FID во Франции. 25 тыс. зрителей. Документальный фильм Playing Men, показанный в Марселе, Ранее Матьяж Иванишин уже получил премию Джорджа де заслужил славу своим фильмом Бургарда. Karpopotnik, премьерный показ которого состоялся в Картина также была награждена Роттердаме в 2014 году. Затем пост-продакшн студией Video картина была показана на de poche. Как сообщили в кинофестивале Tribeca в Нью- Словенском киноцентре, она Йорке и на фестивале Traverse сделает копию DCP-фильма. City. За данную картину он был удостоен нескольких наград. Премия Джорджа де Бургарда названа в честь известного Источник: rtvslo.si французского продюсера, родившегося в Марселе. Он участвовал в создании таких фильмов как «Презрение» (Pre- zir), «До последнего вздоха» (Do poslednjega diha) и «Жена – это жена» (Žena je žena).

FIDMarseille — Revue de presse 2017 19 INTERFERENCE — JUILLET 2017 PRESSE INTERNATIONALE Allemagne — http://xxxinterferencexxx.com 1/2

Va Toto, Pierre Creton Araby, Alfonso Uchao und João Duman

Zelebration der Seite der Situation zu würdigen, nem Familienangehörigen auf dem herkommenden Gestrandeten. gezwungen einzuschreiten. Das Lande Fuss zu fassen und erlebt Das Töten wurde oft zelebriert als Andersheit Paar, dem sich mitweilerweile noch dort am eigenen Leib, was Aus- Massaker, als Zerstückelung der Das 28. Marseiller FID eine andere ältere Dame zugesellt beutung ersten Grades auch heute Opfer mit Dutzenden Messers- hatte, wird zwangsgetrennt. noch bedeutet. tichen. Coke, Marihuana, Crack, Festivals bestätigt Pillen, Morphins, Kokain wurden erneut seinen Ruf Creton bietet ein sensibles Po- Selbst der Minimallohn wird nicht hier in “Crack Houses” verkauft tpourri schlichter Beobachten gezahlt, mit dem Vorwand man- und konsumiert. Getarnte Poli- als Fundgrube des einfacher Menschen, die ihr gelnder Verkäufe. Die Arbeiter zisten fanden oft niemals ihren abweichenden Films Handwerk verstehen und sich ge- werden mit einer kleinen Menge Weg zurück. Ihr Körper wurde nie meinhin zufriedengeben. Er lässt der Früchte entschädigt, die sie gefunden. Sie endeten irgendwo Das FID ist zweifellos eines der vor unseren Augen eine intakte selbst ernteten. Selbst kleine Far- einzementiert. außergewöhnlichen Festivals nicht Gegenwelt zu aktuellen Lebens- mer müssen ihre Erträge an die nur Frankreichs. Über die Jahre und Aktionsstress entstehen. grösseren verkaufen, da es ihnen Die Degradation und Transfor- hinweg ist es Jean Pierre Rehm Madeleines Tierliebe wird kontra- an Fahrzeugen mangelt, ihre Wa- mation eines vormaligen Armen- und seinem Team gelungen, hier punktiert mit Vincent Reise nach ren selbst zum Markt zu bringen. viertels zu einer gnadenlosen einen Schauplatz neuer und an- Indien, wo er seine Leidenschaft Rebellierende werden schnell iso- Todeszone vollzog sich ab dem dersartiger Ästhetiken zu etablie- und Faszination für ungezähmte liert und haben kein langes Leben. Moment, wo Crack das zuvor ren, das Fachpublikum wie lokale Affen ausleben kann. Creton por- Der übliche Weg führt Cristiano konsumierte Marihuana und die Filmenthusiasten (und zu Filmen- trätiert weitere unspektakuläre zu anderen niederen Arbeiten, Pillen verdrängte. Seitdem stieg thusiasten Gewordenen) gleicher- Ortseinwohner, folgt mit unauf- meist in Fabriken, die die Lungen die Krimininalitätsrate abrupt an. massen lockt. Feine und sublime, dringlicher Kamera ihren Sorgen der Arbeiter mit toxischen Staub Dealer gewannen an lokaler Macht aber auch schräge und dishar- und Wünschen. Er umzirkelt einen verpesten. Nur ein Mal flackert und dominierten ihre Terrains. Ein monische Töne sind hier gern in sich ruhenden Mikrokosmos der eine Liebesgeschichte auf, die Grenzüberschritt von einer Stras- gesehen. Hier wird nicht Mains- Gelassenheit. aber chancenlos zerschellt we- senseite auf die andere konnte tream Cinema präsentiert, keine gen eines minimalen Klasseun- schnell den Tod bedeuten. übliches Storykinos, sondern for- Ein schlichter, unprätentiöser terschiedes. Die berichtende Off- mbewusste Werke, die Transfor- Film, der scheinbar nur eine sehr Simme, zuweilen unterbrochen Andrés Cháves Sánchez illustriert mations- und Verfremdungsarbeit persönliche Geschichte aus dem von Dialogsequenzen, ist ruhig, in “Cartucho” das Leben in dieser leisten, schlicht, Filme, die einen Off erzählt, und doch zugleich gefasst, wie bereits entfernt Vorhölle in seiner paradoxen Viel- fremden Blick auf die eigene Kul- das Los grösserer Teile der Welt- vom eigenen Körper und Schick- falt. Er lässt Zeugen im Off zu Wort tur werfen. gemeinschaft resümiert, bieten sal. Sie berichtet von Müdigkeit kommen und integriert kurze In- Alfonso Uchao und João Dumans und zunehmenden körperlichen terviewsequenzen in seinen Film, Einer der diesjährigen viel beach- in “Araby” (Arábia) (Brasilien, 2017). Schmerzen. “Araby” (Arábia ist die bei ihrem Entstehen oft von teten Filme ist Pierre Cretons “Va, Sie berichtet vom Schicksal all de- ein fiktionaler Film, der bekannte den Lokalen misstrauisch beo- Toto”. Sein Leitfaden ist das skur- rer, die von Kindheit an nichts an- Fakten zu einem Porträt Chancen- bachtet und kommentiert wurden. rile Zusammenleben einer älteren deres haben als ihren starken Arm losen, permanenten Ungerechtig- In diesem Chaos, dessen Bewoh- Dame mit einem hübschen jungen und den Willen früh aufzustehen. keit Ausgesetzten synthetisiert. ner 70% der Mülls Bogotas he- Wildschwein, das allerdings bald In Brasilien lokalisiert, ausgehend Er kristallisiert ohne ideologische ranschafften um ihn systematisch an Grösse und Volumen gewinnt. von der Region Minas Gerais, fol- oder provokante Töne einen eben- zu durchforsteten nach möglichen Der drollige Lebenspartner wird gt der Film dem Leben Cristianos, so normalen wie unhaltbaren Zus- Nahrungsmitteln und anderen mit der gleichen Zärtlichkeit be- niedergelegt in seinem Tagebuch, tand, subtiler Appell und melan- nützlichen Stoffen, fanden ebenso handelt, die ansonsten nur akzep- das zufällig gefunden wird, als er cholische Auflehnung gegen den ausgelassene Feste statt, die aus tierten Haustieren wie Katzen bewusstlos im Krankenhaus liegt. Status Quo. der Ferne wie Todestänze all der und Hunden zu eigen wird. Dieser Einst folgte er einer Abforderung, Betäubten am Abgrund Lebenden kleine abweichende Akt bleibt in zu schreiben über sich, eine Auf- Die zehn Hausblöcke umfassende wirken, die nichts mehr zu verlie- der Dorfgemeinschaft nicht un- gabe, die ihm schwerfiel. Ein- Zone Cartucho in Bologna galt ren oder zu erwarten haben. Auch beachtet. Erste eher verwunderte mal begonnen entfaltet sich die als einer der gefährlichsten Ter- junge Frauen aus wohlhabenderen Kommentare schaukeln sich sch- übliche Matrix eines Lebens in Ab- rains weltweit. Messerstechereien, Familien kamen hier hin, um sich nell hoch zur Abwehr und Aggres- hängigkeit: während seiner Jugend Vergewaltigungen und Schusswaf- zu amüsieren. Einige unter ihnen sion gegen die Normabweichung. ohne Perspektive stiehlt er einen fengebrauch war in dieser Last- wurden trunken gemacht oder un- Schliesslich sieht sich der Bür- Wagen, wird inhaftiert und kann Station-Zone fanden täglich ihre ter Drogen gesetzt. germeisten, der es als Privatmann sich nach seiner Entlassung nur Opfer, nicht nur unter Kolum- vorgezogen hätte, die drollige davonmachen. Er versucht bei ei- bianern, sondern auch von weit

FIDMarseille — Revue de presse 2017 20 INTERFERENCE — JUILLET 2017 PRESSE INTERNATIONALE Allemagne — http://xxxinterferencexxx.com 2/2

Cartucho, Andrés Cháves Sánchez

So dienten sie als willkommene Film will, eine künstliche Kreation und zumeist abwesenden Mutter macherpaar offeriert einen schwer Opfer gleichfalls drogenabhängi- als gemeinsames “Kind”. Ihre Leit- Cahens werden mit so harten verdaulichen und kaum einzuord- ge Anwälte und anderer Vertreter frage ist die nach einer möglichen politischen Fakten konfrontiert, nenden Film, der gerade deshalb ihrer Schicht, die sich mit ihnen Zukunft angesichts der nuklearen wie die Tatsache, dass Frankreich in Marseille seinen angemessenen über Tage hinweg eingeschlossen Bedrohung, besonders auch in Be- sich anschickt, MOX zu nutzen, Ort findet, da Kreativität jeder und amüsierten. Im Morgenkrauen zug auf die zivile Nutzung und die ein hochgiftiges, aus Pluto- Einordnung hier weit vorgezogen kamen die Medizinstudenten und ungelösste Frage der Beseitigung niumrückständen fabrizierten Öl. wird. Nach den überwiegend we- kauften die Kadaver für ihre Stu- radioaktiven Mülls. Man wird in Eine kurze Sequenz aus “Hiro- nig hoffnungsvoll stimmenden dien, nach Wunsch mit wenig Mes- Frankreich, den an Atomreaktoren shima, mon amour” Alain Resnais Dialogen und Faktenpräsenta- serstichen, oder mit guten Beinen am dichtesten bestückten Land fliesst wie beiläufig ein, wie auch tionen – Japan hat wieder alle etc.. Etwa 50000 Menschen weltweit, lange suchen müssen, die Stimme Margarete Duras im Reaktoren aktiviert, in Frankeich liessen hier ihr Leben, nicht gezählt um das Konfliktfeld überhaupt Off, mit ihrer Reflektion zur Schuld wird die Debatte über Nuklear- die Verschwunden und Begrabe- thematisiert zu finden. Die Ta- des Gebärens. Samuel Beckett technologie noch nicht einmal nen. Die Uniformierten galten mit buisierung greift offensichtlich Statement, schon besser vor der ernsthaft geführt - will der Film als die wildesten Killer der Szene, weit hinein in die “freien” Künste. Geburt aufzugeben, darf nicht nicht in Negativität enden. Eine die sich über hilflose Obdachlose Eguschi drehte 2012 einen Doku- fehlen. weite Hügellandschaft, komplett hermachten. Heute ist auf die- mentarfilm zur Kontaminierung in übersäht mit Solarzellen, Symbol sem Terrain der “Third Millennium Fukushima. Seine Lebenspartnerin Der assoziativ gelehrte Film ver- einer möglichen Zukunft, bildet Park” entstanden, in steriler Ar- Judith Cahen stellt sich die Frage schweigt Phasen der Zweifel seinen Abschluss. chitektur karg bepflanzt. Einhei- nach den heimtückischen kleinen und Ratlosigkeit während seines mische berichten, wie hier immer Dosen, selbst in Frankreich. Sie Entstehungsprozess in Form von Das Marseiller FID Festival noch Kälte und beängstigende suchen einen laufenden Reak- Dialogen des Paares nicht. Auch ist das französische Mekka Stille spürbar ist. Das Terrain wird tor auf, versuchen sich so weit das Thema Mutterschaft wird des abweichenden Films. Die kaum frequentiert. Cháves zeigt wie möglich dieser abgeschir- nicht reduziert auf politische zahlreichen angereisten Festival- es in seiner neuen Form vor al- mten Zone anzunähern, um ihre Strickmuster. Zuweilen wirken die gäste und das bemerkenswert lem zu nächtlichen Stunden. Nur eigenen Messungen durchzufüh- Dialoge, besonders die der heran- aktive lokale Publikum geben ihm den wenigsten ist nach Jahren ren, doch ein wirklicher Zugang gezogenen Jugendlichen, etwas Recht: Abweichungen sind weit der Reinigungsaktion heute noch zu detaillierten Informationen gestellt und naiv förmlich. Intimität faszinierender als das Bedienen bewusst, dass dieses Territorium wie auch zu möglichen Katas- und verweigerte Intimität, Politik von Standarterwartungen und der vielleicht grösste Friedhof Bo- trophenschutzplänen bleibt ihnen und Existenzängste treffen hier Ästhetiken gotas ist. Hunderte Skelette finden verwehrt. rüde aufeinander, Kurz, das Filme- sich noch ungehoben in der Erde. “Coeur du conflict – intime et po- Intimität und Politik, an diesem litique” (The Heat of the conflict Spannungsbogen zerbrachen – intimacy and politics) ist ein schon die Kommunen der Stu- Film über einen möglichen Film dentenrevolte, die mit Familien- zum Thema Mutterschaft, Kin- leben und Paarideologie Schluss derwunsch, Verantwortung, machen wollten. Politische Einsi- Widerstand und nuklearer Be- chten liessen sich nicht einfach drohung. Das Paar kommentiert umsetzen in privates Verhalten. während des Entstehungspro- Einen neuen Versuch wagt das zesses die bereits entstandenen französisch-japanische Künstler- Sequenzen. Sehr persönliche De- paar Judith Cahen und Masayasu tails, wie den Tod des Vaters Eguchi. Hier ist sie die treibende Eguchis und der Persönlichkeits- Kraft, die einen gemeinsamen verlust der Psychoanalytikerin The Heat of the conflict – intimacy and politics, J udith Cahen und Masayasu Eguchi

FIDMarseille — Revue de presse 2017 21 REVERSE SHOT — JUILLET 2017 PRESSE INTERNATIONALE États-Unis — http://reverseshot.org 1/2

Braguino, Clément Cogitore

The State of Things: On the of young filmmakers in his role as competition winner, Let the Sum- incidents that he observes and 28th Edition of FIDMarseille producer. mer Never Come Again (2017), a films for hours, to then tease out by Ela Bittencourt mysterious, crepuscular love sto- the few morsels. In this sense, he Corman’s The Masque of the Red ry by young Georgian filmmaker harks back to the wonder of ear- The international film festival Death (1964), which opened the Alexandre Koberidze. He shot his ly cinema, particularly Dziga Ver- FIDMarseille, which takes place festival, is visually flashy and entire film in low resolution on tov’s roving, omnivorous camera. in France’s scenic port town of narratively brazen, an expanded a pocket-size Sony camera and Yet unlike Vertov, Koberidze keeps Marseille, marked its 28th edition adaptation of Edgar Allan Poe’s then blew up the image. The result his montage to a minimum. He this July. With a strong focus on tale of carnal pleasure and immo- is so grainy that at times it comes does not manipulate the image, debut films in both international dest desire for immortality. In the across as swaths of garish color, as but his sound design is fairly and national competitions, and film, innocent village girl Frances- pulsation and rudimentary plays of conceptual. Certain scenes are the parallel FIDLab dedicated to ca (Jane Asher) is brought by force shadow and light. Koberidze’s film mute, others are spoken in Geor- developing young talents, the fes- to the court of a Satan worshipper, often veers towards abstract ex- gian and not translated; still others tival retains a fairly youthful air. Prince Prospero (Vincent Price). pressionism; indeed, Koberidze’s contain action that is summarized And while the selection includes Meanwhile in the woods, a myste- craft often lies in teasing out the in a narration in which one voice both fiction and nonfiction films, rious visitor clad in red prophesies details from near-pitch darkness. speaks the dialogue for every cha- the slant toward documentaries the end of Prospero’s tyranny. A On the narrative level, the film is racter. Asked about his choices, is pronounced: this year, out of deadly plague spreads, and justice a seamless blend of fiction and Koberidze explained that when he the 15 films presented in the in- and morality prevail, but the point documentary. The story, whose was growing up watching films in ternational competition, the vast of Corman’s film lies rather in the details Koberidze keeps to a mi- Georgia on television, they were majority were documentaries or delicious textures and luscious nimum, is of a young man who all dubbed in Russian, in a single fiction/nonfiction hybrids. colors of his mise-en-scène. The arrives in a Georgian city hoping voice, “So that’s what cinema key moment comes when the to dance in a traditional folk com- sounds like to me.” Following in the footsteps of Lo- righteous Francesca, rescued by pany. When he fails to find work, carno last year, this year’s FID- her lover, bestows a mournful par- he resorts to prostitution. Then, The estrangement this method Marseille honored the American ting kiss on Prospero that suggests by chance, he befriends a married creates, combined with the raw maverick director and producer she is better off for the sweet per- policeman, and the two become yet affecting footage, reveals Roger Corman, who was given a versity he has introduced her to. lovers. We never learn what brings a penchant for a playful mix of career-spanning retrospective The gesture illustrates Corman’s these two together or why, when poetry and irony, also present in (last year FIDMarseille honored boundless talent for never taking offered a post in a faraway loca- Nicolas Wackerbarth’s Casting Hong Sang-soo). The festival’s ge- himself—or his characters, for that tion, the policeman accepts, thus (2017), which was shown in the neral delegate, Jean-Pierre Rehm, matter—too seriously. cutting their ties. French film competition. The film stated in the program notes that is a gem of scriptwriting and en- the choice of Corman was mo- One of the few new films at FID- Koberidze’s film isn’t therefore semble acting. Admittedly, since tivated both by the filmmaker’s Marseille to display the sheer so much about the denouement almost the action all takes place fearless openness to genres and chutzpah of Corman’s cinema of this romantic relationship as inside a television studio, shot in formal invention and his fostering was certainly the international it is about the small everyday a Dogme-like style, the mise-en-

FIDMarseille — Revue de presse 2017 22 REVERSE SHOT — JUILLET 2017 PRESSE INTERNATIONALE États-Unis — http://reverseshot.org 2/2

L’Héroïque Lande, de Nicolas Klotz y Elisabeth Perceval scène is exceedingly plain. The Another gem at FIDMarseille was allowed poachers to make use of Baudelaire’s Also Known as Jihadi, film centers on a director, Vera Braguino (2017), a nonfiction hy- the surrounding area. The Bra- delving into the psychiatric eva- (Judith Engel), who wants to shoot brid by French filmmaker Clément guines spy the Kilines across the luations of a troubled young man; a television remake of Fassbin- Cogitore, featured in the interna- river that divides the two fami- or Nicolas Klotz and Élisabeth Per- der’s The Bitter Tears of Petra von tional competition. This story of lies, and the tension slowly rises, ceval’s L’Héroique land: La Fron- Kant, yet cannot decide on the the Braguines, a tight-knit family in the exchange of weary, furtive tière brûle, about the crushed female lead. Complications ensue, that for many years has occu- glances. The poachers come in hopes and dire living conditions and we find Vera bucking heads pied a picturesque, remote part helicopters, bringing with them of refugees in a camp in Calais, a with everyone on her team, from of the Russian taiga, but now must noise, guns, and a general disres- good number of films in the inter- the potential lead actresses to suddenly deal with the threat of pect for any sense of boundaries, national competition conveyed a her producer and casting director, armed poachers, is piercing, un- courtesy, or rights. The narrative profound unease with the current who lose faith in her. As in Kobe- derstated, and gorgeously shot. astutely teases out the tension in state of affairs. ridze’s film, Casting’s drama revol- Cogitore’s camera is subtle and how Russia’s moneyed elites treat ves around minute yet exquisitely unobtrusive, yet it gets close the “country bumpkins,” eyeing depicted moments. Each charac- enough for us to capture the any natural resource as both dis- ter follows a carefully thought-out emotions and the fleeting expres- posable and up for grabs. arc. In one case, this arc is a ve- sions of the family members, and ritable tour-de-force: when the to create a sense of drama—we Thus Braguino is first and foremost star male lead fails to show up to are present as the small Braguine a tender portrait of a defenseless the casting reading, a minor actor, children pluck feathers off of duc- people, left to their own resources, Gerwin (Andreas Lust), is called ks while expressing their innocent in a remote place where the go- up to read the script alongside love for the animals, or as the el- vernment is not willing to protect a number of famous actresses. der son helps his father hunt and them. We have seen stories like He is, by turns, berated for being then skin a wild bear. these from Russia before—but second-rate, blithely dismissed, unlike the more vocal films, such then suddenly reinstituted when The natural world the Braguines as Andrey Zvyagintsev’s Leviathan no one else auditions, and then inhabit and clearly respect and (2014) or Yuriy Bykov’s The Fool unexpectedly cast in the title role love, though also dominate, is (2014), or Sergei Loznitsa’s mor- and, finally, just as unexpectedly, violent enough—yet its biological bid My Joy (2010), Braguino does recast as a mere extra. The do- laws of survival are transparent not so much decry political or cile Gerwin turns cruel when he and easy to comprehend. This social injustice as place us is in gains the upper hand, and nearly is unlike the threat that slowly the midst of it, making us expe- unravels when his hopes for a big creeps in, from outside. Through rience fear and hopelessness and break are crushed. Similarly, none dinner-table conservations, in wariness of the future. Braguino’s of Casting’s characters are fixed— which family members refer to sense of foreboding fits in with the their behavior (grandiosity, res- “them,” we come to understand festival’s overall thematic preoc- pect, meanness, or unspeakable that their land is being increa- cupation: from Juliana Antunes’s pettiness) all depend on circums- singly invaded, mostly because Baronesa, capturing the strife of tance. their neighbors, the Kilines, have women in Brazil’s favelas; to Eric

FIDMarseille — Revue de presse 2017 23 IL MANIFESTO — JUILLET 2017 PRESSE INTERNATIONALE Italie 1/1

16 visioni giovedì 20 luglio 2017

Il festival del documentario che si è chiuso ieri FID MARSEILLE scommette su un’immagine eccentrica della realtà

la stanchezza. I bar, i piccoli ri- storanti che qualcuno ha aper- to, la musica, le partite di cric- ket, un «esistere» che cerca di riaffermarsi in qualche modo: il paesaggio somiglia a quello delle città nel Klondike dove ar- rivavano i cercatori d’oro inse- guendo il sogno di ricchezza, qui i sogni sono diversi, gli esiti nella loro delusione per molti forse simili. IN QUALE momento ciò che ve- diamo nella distanza dei media diventa vicino? Calais è molto altro che sporcizia e vergogna e tutte le ragioni per cui il gover- no francese ha raso al suolo la Jungle. È, appunto, quella vita di resistenza, la stessa che ap- partiene alla poetica dei due re- gisti, a un lavoro che a partire dai mezzi produttivi, cerca di rendere visibili le zone autono- me di esistenze in lotta: univer- Accanto si «paralleli» che del mondo «L’Heroique «principale» rivelano le contrad- Lande» di dizioni e il conflitto, frontiere Nicolas Klotz come quella che sepra lungo e Elisabeth l’autostrada la Jungle dal resto Perceval; della Francia: è un «terrain va- in alto, «Va gue» dove è possibile la solida- Toto!» di Pierre rietà, che lo sguardo di Klootz e Creton; Perceval ci restituisce nell’im- sotto mediatezza della vita. «Southern IMMAGINIAMO una anziana e bel- Belle» di la signora che vive in una fatto- Nicolas ria della Normandia, vicina di Peduzzi casa adorata dal cineasta che avrebbe sempre voluto filmarla senza riuscirci. Finché un gior- no non arriva Toto, un piccolo CRISTINA PICCINO cinghiale che la signora adotta Marsiglia contro le leggi che vietano di ad- domesticare animali selvatici. II Il Fid 2017, il ventottesimo, Paesaggi umani di resistenza, Il piccolo Toto mangia al bibe- si è chiuso, appuntamento al ron e trotterella dietro alla da- prossimo anno, sul palco insie- ma in campagna, gioca col cane me ai saluti «di rito», alle giurie, un po’ seccato, ronfa sul suo let- ai premi e ai premiati - nel con- il sentimento del presente tino davanti al fuoco. Va Toto! è corso internazionale Let the sum- il bel film di Pierre Creton, cine- mer never come again di Alexan- asta e fattore, tra i nomi cari al dre Koberidze e in quello france- Calais e la Jungle nel quotidiano, le vite solitarie nelle campagne francesi Fid, che coi suoi film compone se Southern Belle di Nicolas Peduz- una narrazione di un luogo, lad- zi e 7 Veli di Sepideh Farsi - all’al- dove abita, che è insieme emo- legria e al disappunto, la sodddi- zionale e dentro al tempo. Quel- sfazione di tutta l’equipe festi- sta coreano nouvelle vague a suoi fantasmi e le esperienze do che ci sfugge anche se ormai del racconto. Le storie che ascol- la di Madeleine, il nome della valiera orchestrata dal diretto- cui lo scorso anno era dedicata quotidiane: paesaggi umani e fi- (o forse per questo) si pensa di vi- tiamo si somigliano tra loro, so- signora, che nel corso del film re artistico Jean-Pierre Rehm la retrospettiva, come suggeri- sici, periferie e foreste, l’umano verlo «in diretta» ogni giorno. no odissee di violenza, miseria, potrebbe sembrare la strava- per una edizione che è riuscita sce il titolo - «Caméra» sta infatti e l’animale, esperienze private, Da questo paesaggio umano brutalità, le abbiamo sentite e ganza di una persona sola, di- a vincere anche la scommessa per macchina fotografica - sinte- narrazioni collettive, un mon- «comune» sono partiti Nicolas altre volte e succederà ancora. venta il segno di una condizio- del pubblico. Sale piene, una tizza con perfetta leggerezza il Klotz e Elisabeth Perceval che a Non è però questo che i due regi- ne contemporanea. Intorno a presenza di giovani - complice senso del filmare la realtà. Clai- Calais non erano mai stati co- sti francesi mettono al centro: lei c’è un universo in cui uomi- il Fid Campus per gli studenti di re - che è Isabelle Huppert, com- me tanti altri anche se quella la loro sfida è costruire a partire ni e animali intrecciano le lo- cinema - ma anche un maggio- plice pienamente a suo agio del città nel nord della Francia la da lì un immagine «antagoni- ro vite, fantasmi di un passato re radicamento nella città gli ul- regista - è una fotografa amato- conoscono ormai in tutto il sta» nel quale ciò che appartie- a volte doloroso che cerca in timi giorni già popolata dai va- riale che si aggira nelle strade di mondo; è diventata «The Jun- ne appunto a una sorta di «abitu- questa commistione una sua canzieri con le saracinesche ab- Cannes durante il festival per A Calais ci siamo trovati gle», la Giungla, baracche e ac- dine» dell’attualità mediatica si strana serenità. bassate di chi è partito. catturare immagini di chi at- campamenti in un grande ter- trasforma in cinema. Girato con libertà formale, CHE FESTIVAL è stato questo Fid trae il suo sguardo. «Fotografa- in una realtà a noi ignota reno vuoto dove vivevano fino LORO lo definiscono «un film pri- che trasforma grazie all’uso di che per chiudere ha scelto il re qualcuno lo cambia per sem- alla distruzione migliaia di mi- mitivo», lo hanno girato in un voci off di attori - quella di made- molto bello La Caméra de Claire, pre» ripete ai suoi soggetti. La che abbiamo sentito granti in attesa di arrivare un anno e più con una Black Magic leine è di Françoise Lebrun - in uno dei nuovissimi Hong questione è essenziale per un fe- subito vicina attraverso giorno in Inghilterra. cercando nella tecnologia e in personaggi Va Toto! è una ma- Sang-soo? - allo scorso festival stival del documentario - come È PROPRIO con questa iconogra- una economia del set leggeri un gnifica commedia umana in cui di Cannes in doppietta con Le vuole il suo nome, Fid - ma non gli incontri e le parole fia che i due cineasti si confron- rapporto di prossimità, ma sem- al centro non c’è solo l’uomo, ra- jour d’après quest’ultimo in con- ancorato al genere. E ciò che vie- Nicolas Klotz, tano in L’Heroique Lande - La fron- pre rispettoso, coi luoghi e coi ramente gli animali sono stati corso. Perché La Camèra de Claire ne interrogato nei film visti que- tière brule cambiando il segno loro abitanti. Le voci di quanto filmati con tante delicatezza e oltre a confermare il rapporto sti giorni è proprio il rapporto Elisabeth Perceval dell’attualità, della cronaca, del ciascuno ha attraversato, e le ra- sensibilità. In questo universo di affinità tra il festival e il regi- tra la realtà e l’immaginario, i vittimismo in una forma epica gioni della fuga, guerre, perse- comune sentimenti e fragilità cuzioni, anch’esse un motivo trovano una voce, un posto, un comune, si aprono ai vissuti in senso. Ci dicono dello stare al FIDLAB, LAVORI IN CORSO Fid che spesso invita nella sele- mine «infanzia» in una situazio- quel momento, al tempo di mondo e dell’amore, parlano zione i suoi lavori. Titolo Kafka ne simile. un’attesa di cui non si riesce a del femminile e del maschile, Vince Roe Rosen con «Kafka for Kids» for Kids, viene presentato Premiato anche A Portuguesa pensare un esito, che si ripete di quelle battaglie intime che dall’artista israeliano come un è il nuovo film della regista por- uguale nei molti tentativi di pas- appartengono a tutti. l’infanzia nei Territori occupati intreccio tra commedia musica- toghese Rita Azavedo Gomes, sare dall’altra parte, in Gran le, finzione e documentari, i ter- una storia di ispirazione medie- Bretagna, frustrati dalla poli- C.PI. nire – per fare qualche esempio reni che e percorre abitualmen- vale con una corrispondeza let- zia, dai controlli, da altre identi- Marsiglia al Fidlab sono passati Bitter Mo- te nelle sue opere, a cui si ag- teraria come nel precedente che violenze che obbligano i gli ney di Wang Bing, premio per giunge il formato delle serie tv. Correspondencias (stavolta il rac- abitanti della Jungle a nuove fu- II Centrale all'interno del fe- la sceneggiatura alla scorsa Mo- Lo scorpo è infatti rendere ac- conto di Musil) e il presente, il ghe, i cani, i gas, i manganelli. stival, il Fidlab (codiretto da Fa- stra di Venezia o El Auge del hu- cessibile l’universo di Kafka col vissuto dell’autrice. In questo spazio Perceval e Vivere in campagna non bienne Moris e Rebecca De Pas) mano di Eduardo Williams, vin- suo bagaglio di profonda in- TRA I FILM presentati c’era an- Klotz portano il loro universo ci- è cresciuto negli anni sino a di- citore dei Cineasti del presente quietudine ai bambini. Ma di che Barchini di Yuri Ancarani, nematografico, un cortocircui- ha senso se non si lavora venire un appuntamento obbli- al festival di Locarno 2016). quale infanzia si parla? Da qui ispirato alle piccole imbarcazio- to che prende forma nelle stra- gato nell'agenda di produttori, QUEST'ANNO la giuria - Fiorella progressivamente Roe Rosen ci ni che solcano la Laguna di Ve- dine di fango dove malgrado tut- Nei miei film mi piace programmatori di festival ecc. Moretti della distribuzione Lu- conduce nella realtrà dei terri- nezia; rapidi, colorati, rimanda- to la gente vive, tra quelle case, racocntare le persone È qui infatti che vengono pre- xbox, Roberto Olla, direttore tori occupati palestinesi, con no a una dimensione della città in alcuni momenti condivisi da- sentati i progetti ancora «in pro- esecutivo di Euroimages, Wil- sempre più minori detenuti lontrana dal turismo di gondo- vanti all’obiettivo, come quan- che conosco, che sento gress» alla ricerca di partner birg Brainini-Donnenberg, sce- nelle carceri israeliani, una vio- le e comitive che l’attraversano do una delle protagoniste cuci- in qualche modo vicine produttivi in una selezione che neggiatrice e programmatrice - lenta repressione e un sistema incessanti ogni giorno per rac- na e intanto litiga scherzosa- offre la possibilità di scoprire ha scelto il progetto di Roe Ro- militare che impongono di ri- contare una realtà e un vissuto mente con uno dei suoi amici. Pierre Creton tendenze e film importanti a ve- sen, uno dei filmmaker cari al flettere su cosa significa il ter- paralleli, quasi invisibili. Confidenze, istanti di allegria,

FIDMarseille — Revue de presse 2017 24 RTVSLO — JUILLET 2017 PRESSE INTERNATIONALE Slovénie — http://www.rtvslo.si 1/1

Ivanišin nas v Playing Men popelje v strogo moški svet. Foto: Restart

Novi dokumentarec moških in igri, med katerim reži- ser zapade v globoko ustvarjalno Matjaža Ivanišina krizo. V obdobju, ki sledi, začne nagrajen v Marseillu vso svojo okolico doživljati kot del igre. Spomini iz otroštva in po- Že prejšnji film, Karpopotnik, dobe iz nedokončanega projekta je bil festivalska uspešnica se pomešajo v odo o absurdnosti geste, so zapisali na SFC-ju. Dokumentarni film Playing Men, novi projekt režiserja in scenarista Ikona francoskega novega vala Matjaža Ivanišina, je na 28. med- narodnem filmskem festivalu FID v Nagrada Georgesa de Beauregar- Marseillu prejel nagrado Georgesa da je poimenovana po priznanem de Beauregarda. francoskem producentu, roje- nem v Marseillu, ki je med drugim Film je na isti prireditvi nagradila sodeloval pri filmih Prezir, Do poslednjega diha in Žena je žena. Naslednje festivalsko gostovanje Ivanišinovega filma bo avgusta tudi postprodukcijska hiša Video na sarajevskem filmskem festivalu. Foto: Restart de poche, ki bo izdelala kopijo DCP-filma, so sporočili s Slovens- FID Marseille, ki je letos pote- kega filmskega centra. kal med 11. in 17. julijem, sodi med najpomembnejše festivale av- Nagrada že na prvi postaji torskega filma. Prepoznaven je po festivalske poti predstavitvi tako dokumentarnih produkcij kot tudi igranih filmov. Film Playing Men, ki je bil uvrščen Na festivalu vsako leto prikažejo v tekmovalni program festivala, je okoli 150 filmov, ki si jih ogleda pri- obenem v Franciji doživel tudi sve- bližno 25.000 gledalcev. tovno premiero. Dokumentarec, ki je nastal pod okriljem produkcijs- Ivanišin se je proslavil že s svojim ke hiše Nosorogi in koproducenta dokumentarnim filmom Karpopot- Restart iz Hrvaške ter ob finančni nik, ki ga je leta 2014 premierno podpori SFC-ja in Avdiovizualnega predstavil v Rotterdamu, nato pa centra iz Hrvaške, prinaša zgod- še na filmskem festivalu Tribeca v bo o snemanju dokumentarca o New Yorku in na festivalu Traverse City. Zanj je prejel tudi več nagrad.

FIDMarseille — Revue de presse 2017 25 CRITIC — JUILLET 2017 PRESSE INTERNATIONALE Allemagne — http://www.critic.de 1/1

1048 Moons ziger ausgiebiger Gegenschuss zu tens als etwas fast Mechanisches, Shrimps. Dabei verweigert sich den heroischen Erzählungen, in Standardisiertes. Es sind keine 1048 Moons der Verortung, möchte Festival International de Cinéma denen die Männer der weiblichen individuellen Ausdrucksformen, allenfalls in der Nicht-Verortung de Marseille 2017: Den Männern Hauptfiguren verwickelt sind. sondern festgefahrene Bewegun- verortet werden, im Anachro- das Meer, den Frauen das Land: Charlotte Serrand erinnert daran, gen, immer wieder aufs Neue aus- nismus, im Widerspruch, in der In ihrem Regiedebüt nimmt sich dass auf jeden Helden irgendje- geführt, mit der Beständigkeit und Verwirrung. Die Küsten der Bre- die Französin Charlotte Serrand mand irgendwo wartet; sie rückt der Regelmäßigkeit des Mondes. tagne sollen nicht als Mittelmeer Ovids wartender Heldinnen an das Abseits ins Zentrum und ver- verkleidet werden, sondern dü- und ist mal so frei, sie zu eman- sieht es mit Bedeutung, plädiert Jeder Paddelschlag eine rfen, sollen Bretagne bleiben: zipieren. dafür, dass das Warten der Frauen Ermächtigung schroffe Kliffe, Bunkeranlagen. Der eine eigene Geschichte ist. Film lässt seine Protagonistinnen Sie warten. Sie treten auf der Es gibt in 1048 Moons keinen ur- in diesem unbestimmbaren Raum Stelle, sie gehen unablässig auf 1048 Moons fußt lose auf He- plötzlichen Befreiungsschlag. irren, führt sie aber konzentriert den Felsenriffen auf und ab; roides, in dem Ovid Paare der Der Umschlagspunkt ist schwer zu ihrer Emanzipation. „Die Erde vielleicht, weil die, auf die sie Mythologie aufgreift und die auszumachen, aber er wirkt sich soll unser Floß sein“, sagt eine der warten, über das Meer von ih- zurückgebliebene Frau dem zuallererst auf ebendiese starren Frauen irgendwann sehnsüchtig, nen gegangen sind und, wenn sie fortgegangenen Mann schreiben Körper aus, allesamt in lange, und das klingt nach einem ro- es denn endlich täten, über das lässt: Briseis an Achilleus, Phyl- einfarbige Gewänder gekleidet. mantisierten Arrangement mit der Meer zurückkämen. Der Blick lis an Demophon, Hero an Lean- Als Briseis ihren Bauch und ihre Rollenzuschreibung, die sie auf der verliert sich in der Ferne, der der … Fiktive Briefe von Frauen Scham entblößt und dem Meer Erde festnagelt. Charlotte Serrand Ungewissheit über die Rückkehr unterschiedlicher Erzählungen, entgegenstreckt, gibt es einen aber möchte kein Arrangement, sind ebenso wenig Grenzen ge- unterschiedlicher Zeiten; die al- ersten Bruch. Die Gesten werden sie möchte die Befreiung. In einer setzt wie dem scheinbar endlosen lermeisten unbeantwortet, dazu freier, seltsamer, das Urkomische der letzten Szenen schenkt sie Ozean, doch es ist weniger das verdammt, Monologe zu bleiben, platzt in die strengkomponierten ihren Protagonistinnen ein Boot Weite, das vom menschlichen wehmütige Klagen unterbroche- Bilder des Films. Der durch die Be- und lässt sie dem von Ovid für sie Auge Unabsteckbare, Unerfass- ner Existenzen. Charlotte Serrand gegnung der Frauen entstandene vorgesehenen Ausgang entfliehen; bare, für das das Meeresmotiv führt die Aneignung fort, bricht Anachronismus – sie hätten sich man weiß nicht, wohin die Hel- einmal mehr herhalten soll; es mit dem Monolog und holt die niemals begegnen können – wird dinnen paddeln, aber jeder Pad- ist viel eher ein Küstenmotiv, ein Frauen aus der Lethargie. Nicht auf die Spitze getrieben: Briseis delschlag ist Ermächtigung. Grenzenmotiv. Nicht das Weite, indem sie die Angebeteten endlich hat schlechten Radioempfang, sondern der Trug des Weiten; die antworten oder gar zurückkehren Penelope findet Polyester in ihren Begrenzung und das äußerste Vor- lässt, sondern indem sie die War- rücken bis an ebendiese Grenze, tenden zusammenführt und dazu bis ein Vorwärtskommen nicht ermächtigt, sich selbst zu genü- mehr möglich ist, bis der nächste gen, eine eigene Identität jenseits Schritt nur noch in den Tod führen des Bezugs auf den Abwesenden kann; der Stillstand. wiederzufinden.

Das Abseits rückt ins Zentrum Der Körper des Wartens

Der Felsenkamm, der das Meer Denn Warten ist nicht nur das, vom Land trennt und auf dem die was diese Frauen tun, sondern Kamera so oft zum Ruhen kommt, auch das, was sie sind. Das Le- als zeichne sie die scharfe Linie ben ist unterbrochen, es gibt die unablässig nach, ist hier Ort des Frauen nur noch als Wartende; Wartens, Ort der Sehnsucht, je- alle Sehnsucht, alle Kraft ist auf doch zuvorderst Geschlechter- den Abwesenden gerichtet, alles verortung. Der Globus ist säuber- Tun ist nur noch Verwalten des lich in zwei Hälften getrennt. Den Wartens: das Warten gestalten, Männern – die wir übrigens nie zu das Warten aussprechen, das sehen bekommen – das Meer, die Warten verkörpern. Charlotte Bewegung, die Eroberung; den Serrand zeigt präzise den Kör- Frauen die Erde, die Starre, das per, die Gesten des Wartens; sie Bewahren. 1048 Moons ist ein ein- zeigt die Körperlichkeit des War-

FIDMarseille — Revue de presse 2017 26 CINEPLAYERS — JUILLET 2017 PRESSE INTERNATIONALE Brésil — http://www.cineplayers.com 1/1

Baronesa, de Juliana Antunes

Filme brasileiro é premiado no FIDMarseille

Filme foi destaque no evento.

O longa-metragem brasileiro Ba- ronesa foi premiado no FIDMar- seille no último final de sema- na. Dirigido por Juliana Antunes, Baronesa levou os prêmios do júri popular, o Prix Marseille Es- pérance e o Prix Renaud Victor (em júri composto pelos detentos do Centro Penitenciário de Bau- mettes). Vale lembrar que Barone- sa foi o grande vencedor da 20a Mostra de Tiradentes no último mês de janeiro.

Baronesa não tem data de estreia confirmada no Brasil.

FIDMarseille — Revue de presse 2017 27 CINEFORUM — JUILLET 2017 PRESSE INTERNATIONALE Italie — http://www.cineforum.it 1/1

1048 Lunes, Charlotte Serrand

1048 Lunes di L’esordiente Charlotte Serrand Penelope è “la donna in attesa” per e enorme, per richiamare un im- si confronta con un testo molto antonomasia, ma è anche colei maginario, vederlo prendere vita, Charlotte Serrand complesso, ribaltandone il senso che con astuzia fa e disfa la tela respirare. e donando alle protagoniste un per tenere a bada i Proci. In 1048 Tre giovani donne attendono il destino più dolce. Influenzata dal Lunes ha il volto dell’eroina di quel Il potere evocativo delle immagi- ritorno dei loro compagni, parti- cinema di Straub e Huillet e da capolavoro senza tempo che è La ni è talmente forte da permettere ti per la guerra di Troia e mai più quello di Albert Serra, Serrand se Maman et la putain (1973) di Jean alla regista di usare il testo di Ovi- rientrati. Passano le giornate scru- ne libera abbastanza in fretta, di- Eustache. È lei a pronunciare, nel dio giusto come un canovaccio, tando il mare, scrivono lunghis- mostrando una consapevolezza e film di Eustache, ubriaca e in la- senza alcun timore reverenziale sime lettere che nessuno leggerà, una maturità piuttosto rare per la crime, lo straordinario monologo nei suoi confronti, inserendo suoni tessono tele in maniera minuzio- giovane età e una temerarietà che del pre-finale, che affranca la don- che appartengo alla contempora- sa, annodano reti. Sono sole, la le permette di usare l’ironia non na da qualsiasi luogo comune sulla neità, a rimarcare che ancora oggi, loro esistenza è riempita da una solo per alleggerire la tragedia, ma sessualità e sull’amore, donandole secoli e secoli più tardi, la donna mancanza, che cadenza il tempo come strumento di affrancamen- la dignità di essere desiderante, ha la necessità di emanciparsi, ha e dona un senso alle loro vite. I to (della regista dai suoi maestri vivo, libero. Nel film di Charlotte il bisogno di abbandonare final- loro corpi, completamente coper- e delle fanciulle dai loro eroi). Le Serrand è lei a usare l’ironia, è mente l’idea che l’amore sia sacri- ti dalle tuniche, sembrano dover tre donne iniziano a liberarsi della lei a tessere il drappo che viene ficio, attesa, dipendenza, giustifi- scomparire, necessari soltanto a loro condizione di dipendenza e mostrato solo nei dettagli, per es- cando la propria subordinazione accogliere l’eroe, o naturale richia- subordinazione all’uomo grazie a sere svelato alla fine, e è sempre anche erotico-sentimentale con mo al desiderio quando i nomi de- piccoli ma fondamentali dettagli. attraverso di lei che si compie la un sentimento il cui rovescio sem- gli uomini, urlati verso il mare, non trasmissione di un sapere e so- bra essere dolore e melanconia. ottengono risposta. Dopo aver incontrato una cac- prattutto di un desiderio di eman- ciatrice, le ragazze modificano la cipazione. È grazie alla vicinanza con le altre, La condivisione del dolore, l’in- postura del loro corpo, smettono alla condivisione e all’unione delle contro con una cacciatrice e di ripetere i gesti quotidiani per Lasciando che lo spettatore sco- proprie energie che si deve la quello con Penelope, a sua volta rimpiazzarli con altri più buffi, pra il film a poco a poco e confi- trasformazione di una reazione in in attesa di Ulisse, permettono alle meno delicati e ordinari, imparano dando nella sua intelligenza, un’azione, di una mancanza, di un tre ragazze di creare un piccolo a nuotare, a vedere il mare non più Serrand non esplicita nulla, lascia abbandono in un nuovo incontro, collettivo e finalmente agire. come una barriera posta tra loro che immagini e suoni rimandino della prostrazione in riacquistato e i compagni lontani, ma come un ad altro, riponendo nella messa in vigore. 1048 Lunes, liberamente tratto luogo da attraversare e conquis- scena e dunque nel cinema una fi- dalle Heroides (Eroidi) di Ovidio, tare. ducia totale. È sufficiente un velo Fino a scorgere all’orizzonte non il è un piccolo gioiello, un film es- intravisto in mezzo a una radura, vuoto, ma la possibilità di un inizio. tremamente ambizioso e pieno di Figura centrale per l’emancipa- una macchia di colore, un taglio grazia. zione delle tre è Penelope, inter- della luce, splendida, che riem- pretata da Françoise Lebrun. Il pie i volti delle donne e mette in cortocircuito qui diventa chiaro. ombra uno scoglio, la luna, gialla

FIDMarseille — Revue de presse 2017 28 IL MANIFESTO — JUILLET 2017 PRESSE INTERNATIONALE Italie 1/1

12 visioni venerdì 14 luglio 2017

«Also Known as Jihadi» è il titolo del nuovo film FID MARSEILLE di Eric Baudelaire in concorso al festival francese

gazzo e una ragazza, quest’ul- tima diventerà la moglie di Ab- del. Il padre dei due fratelli, an- La guerra nascosta dietro vite ordinarie che loro cresciuti a Parigi, nel- la sua testimonianza prende le distanze dai figli, spiega che Il regista si affida ai soli atti processuali nel racconto del giovane accusato di terrorismo né lui né la moglie sono mai stati praticanti, che quando la figlia ha iniziato a frequentare ragazze velate lui l’ha rimpro- verata. Poi è scomparsa, desti- nazione Siria, mentre il fratel- lo è il contatto francese di Aziz, gli permette di andare e venire dala Siria. ANCHE LA FAMIGLIA lo aiuta, la madre gli manda medicine e altro, lo coprono, lo sostengo- no... È strano perché più del «paesaggio» sono gli atti nella loro freddezza burocratica a parlare: ci dicono di vite ordi- narie, di giovanissimi che cer- cano qualcosa, ma cosa? Per- ché la guerra, perché la jihad quando come nel caso della giovane moglie di Aziz nem- Le possibili meno la famiglia impone la re- iconografie ligione? Sentirsi importanti, sfidare i genitori, avere un sco- del maschio po, sfuggire al grigio della in«Playing Men» pioggia e degli Hlm, opporsi al- la frustrazione di lavori squal- di Matias Ivanisin lidi, a una società che ti mette al lato? DOMANDE più che risposte ma questo è l’interesse del film (montato con sapienza da Clai- re Atherton), perché ritorna- no, sono le stesse che pongo- no i ritratti degli attentatori di questi anni, Bataclan, Nizza, esattamente un anno fa. Inter- rogarsi allontanandosi da schemi facili – sociologici, ste- reotipi, ecc - è dunque più che un’esigenza. Sulla rappresen- tazione lavora il film (concor- so internazionale) di Matias Scena da «Also Known as Jihadi», a destra il regista Eric Baudelaire sotto «Playing Men» di Matias Ivanisin Ivanisin, coproduzione Slove- nia e Croazia, Playing Men, ov- CRISTINA PICCINO difficile sempre e ovunque, e delaire il quale racconta che andava in Libano per ritrovare la «teoria del paesaggio», con- vero le possibili iconografie Marsiglia in una metropoli come questa nella costruzione si è ispirato i luoghi dell’esperienza di Ada- vinto che i luoghi con le loro del maschio e, tacitamente, il stratificata, «a sfogliatella» (ru- a A.K.A Serial Killer di Masao chi, arrestato in Giappone per strutture possono rivelare loro rovescio. Corpi che lotta- II C’è un bel vento che acca- bo alla descrizione di Napoli Adachi. Un legame artistico, la sua militanza nell’Armata l’oppressione di cui si fanno no, uomini al bar; sfide paesa- rezza il cielo azzuro, il mare, ma d’altra parte le mettono questo col regista giapponese, Rossa Giapponese. AKA. A se- portatori e i risultati di una po- ne a colpi di formaggio la cui le barche che dondolano pigre spesso vicino) ancora di più: sceneggiatore di Wakamatsu, rial killer raccontava la vita di litica sulle persone. forma viene fatta rotolare nel vecchio porto: Marsiglia, i tante realtà, tanti mondi, tan- che va indietro nel tempo, e Nogo Narayama, serial killer ABDEL AZIZ MAKKI è un combat- nelle stradine, un match di colori della Provenza, l’odore te facce, tante immagini, de- che rimanda anche a un altro di 19 anni che aveva ucciso tente, uno dei tanti ragazzi tennis ascoltato (Goran la glo- del sapone si mischia a quello grado, quartieri caldi (quelli a film di Baudelaire, L’Anabase, molte persone in diverse parti francesi (ha 25 anni) che dopo ria nazionale che batte McEn- dei rifiuti, il gusto del pastis al- nord), integralismi, gentrifica- in cui il filmmaker francese del Giappone. Cosa racconta il liceo, un tentativo di studi roe), gli aneddoti di un prete la frittura che viene servita zione, turismo. invece Baudelaire? L’inchiesta universitari, un po’ di disoccu- in Italia, gli sguardi (leggere nei ristorantini del centro cit- ECCO, il Panier, per dirne una giudiziaria su un giovane fran- pazione e impieghi da fattori- a proposito il sempre intra- tà. Il Fid si è appena inaugura- è cambiato, botteghine di la- cese di famiglia algerina accu- no o animatore del FranPrix (il montabile Saperci fare di Fran- to, le sale sono piene a tutte le vanda e souvenirs tantissime sato di terrorismo internazio- supermercato), comincia a col- co La Cecla). ore eppure nelle stradine del ma può anche ancora capitare nale e jihad, Non lo vedremo tivare l’idea di partire per la Si- IL PROGETTO è ambizioso e so- Panier, il quartiere che si ar- di venire invitati da chi si gode mai come non vedremo mai ria, di combattere, aderendo prattutto difficile, e dopo un rampica sopra al Mucem e alla il fresco fuori a bere un bic- La ricostruzione dei fatti nessuno degli altri coinvolti alla religione musulmana in inizio misurato sulla fisicità vi- bianca e boeriana (nel senso chiere insieme pur non cono- nella vicenda, il dispositivo di modo assoluto, come la regola rile di muscoli e combattimen- progettata da Stefano Boeri) scendosi. Qualcuno però si la- può risultare fredda, ma Baudelaire si affida infatti inte- del combattente vuole. to – anche violento – rischia il Villa Mediterranée, ci guarda- menta che il turismo non è an- ramente agli atti processuali, TABULATI TELEFONICI, testimo- catalogo sadomaso compreso no a noi festivalieri con le no- cora partito, la sera molti risto- in realtà può diventare mostrati sullo schermo, e alle nianze: da lì sappiamo che pro- – apprendiamo tra l’altro che stre tessere appese al collo in rantini sono chiusi, altri sono l’anima con la quale riprese dei luoghi a distanza: va a convincere i suoi amici a agli uomini piace il materasso modo quasi interrogativo. andati in vacanza, intanto il scorci anonimi che seguono il raggiungerlo in Siria ma quasi acquatico perché prolunga il «Bello – dice una giovane don- trenino del tour «città vec- il pubblico può costruire cammino dell’accusato, la pe- tutti tornano indietro, hanno piacere. Infine però questa ca- na offrendo un bicchiere di vi- chia» si inerpica tra i vicoli... un proprio punto di vista riferia francese dove è nato e paura. Lui invece rimane. Alla sistica maschile non si disco- no – è la ventottesima edizio- Also Known as Jihadi è il titolo cresciuto, l’Algeria delle origi- sua storia se ne intrecciano sta dall’immagine che vuole ri- ne ma non l’ho mai sentito». (competizione internaziona- Eric Baudelaire ni, la Turchia da dove è entra- delle altre, quelle dei due gio- velare, rimane sulla superficie Radicarsi nel territorio è certo le) del nuovo film di Eric Bau- to in Siria. Adachi la chiamava vanissimi fratelli turchi, un ra- senza un vero «controcampo».

DAL 2 AL 12 AGOSTO Tra passioni, drammi, santuari e miracoli le storie di Locarno 70

ANTONELLO CATACCHIO Corriere della Sera, antifasci- piazza Grande il 31 luglio con mo, con Lucia Mascino prota- una sedia a rotelle che vedere Gaglianone e Per una rosa di sta, mobbizzato (relegato a fa- il lavoro di Marco Tullio Gior- gonista di una tormentata sto- di fronte a sé il santuario della Marco Bellocchio (entrambi II Nel presentare l’edizione re il critico cinematografico!) e dana I due soldati, realizzato ria d’amore e passione. In con- Madonna che dispensa mira- fuori concorso). Poi volendosi numero 70 di Locarno Festival, poi rifugiato a Locarno nel ’43, per la tv, che racconta i dram- corso arriva un esordiente, coli, miracoli che a lei eviden- allargare c’è sempre Sicilia! (in il presidente Marco Solari l’ha tra i fondatori della manifesta- mi vissuti dai giovani nelle zo- Germano Maccioni che firma temente non spettano e Ibi di piazza Grande) di Daniele Huil- presa alla lontana. Dai primi zione ticinese. Uno stretto rap- ne di camorra, presentato per Asteroidi, con Pippo DelBono e Andrea Segre su una singola- let e Jean Marie Straub che ver- nati tra i festival cinematogra- porto quindi con l’Italia e la l’occasione sul colossale scher- Chiara Caselli accanto a un nu- re e volitiva donna fotografa e rà insignito di un Pardo d’ono- fici, Venezia vetrina nera dal sua cultura, non solo per que- mo della piazza e preceduto trito gruppo di esordienti, per madre del Benin. re. Ci saranno poi tre nuove sa- ’32, Mosca vetrina rossa nel stioni linguistiche. dall’inedito corto, sempre di tradurre una storia di giova- E ANCORA Easy di Andrea Ma- le nel Palazzo del cinema e re- ’35 per arrivare a Locarno nato E INFATTI il direttore Carlo Giordana Scarlatti K.259 con il nissimi, non ancora ventenni, gnani e Il monte delle formiche di staurato il Gran Rex, poi scuole nel secondo dopoguerra, coeta- Chatrian ha proseguito sul chitarrista Antonio Mascolo. della provincia emiliana smar- Riccardo Palladino (cineasti del di cinema, incontri e molto al- neo di Cannes, quindi quarto solco dell’affinità italo-ticine- Poi è festival. Sempre in piaz- rita e deindustrializzata. Fuo- presente). Fine di un amore di Al- tro ancora. Ma per il program- FIDMarseillefestival — al Revue mondo per de nascita, pressese 2017 presentando i film made za Amori che non sanno stare al ri concorso sono invece i docu- berto Tamburelli (Pardi di do- ma completo meglio consulta- 29 vanta libertà assoluta per le in Italy selezionati quest’an- mondo, il nuovo film di France- mentari Anatomia del miracolo mani), Surbiles di Giovanni Co- re la rete: pardo.ch/it/pardo/fe- scelte artistiche, merito anche no. A partire dal prefestival, sca Comencini, che lo ha trat- di Alessandra Celesia, che rac- lumbu (Signs of Life), il corto stival-del-film-locarno/ho- di Filippo Sacchi, giornalista al con proiezione gratuita in to dal suo romanzo omoni- conta Giusy, costretta sia su Granma di Alfie Nze e Daniele me.html. IL MANIFESTO — JUILLET 2017 PRESSE INTERNATIONALE Italie 1/1

martedì 11 luglio 2017 visioni 13

MERCATO INTERNAZIONALE DELL’AUDIOVISIVO le imprese digitali della creativi- role di Zingaretti, l’istituzione tà e dell'audiovisivo». Le novità di un «Network di collaborazio- della terza edizione del Miaso- ne» fra diverse istituzioni che La terza edizione del Mia nel «distretto» Barberini no la data - quest’anno non si «costruisca un sistema invece di svolgerà in contemporanea con mettere in concorrenza eventi la Festa del cinema di Roma - e il simili». GIOVANNA BRANCA visivo - la cui terza edizione tro romano - a cui partecipano no la Regione prenderà parte al luogo, che come spiega Rutelli Il Mia è dunque il Mercato ita- Roma (9-23 ottobre) è stata presentata anche il Presidente della Regio- Mia con un contributo diretto, e sarà il «distretto» Barberini» tra liano su cui si è deciso di punta- ieri a Roma - nato proprio per fa- ne Lazio Nicola Zingaretti e il che proprio al Mercato dell’Au- il cinema, l’Hotel Bernini e lo re - «Lo metterò nel budget della II «La missione è portare l'Ita- vorire i contatti e la cooperazio- presidente dell’Apt Giancarlo diovisivo presenterà la seconda stesso Palazzo Barberini. prossima legge di bilancio» dice lia all'estero e viceversa», dice il ne tra l’industria italiana e quel- Leone - diventa occasione so- parte del bando da 5 milioni di NON CAMBIA invece il budget (cir- infatti Calenda - con buona pa- Ministro dello Sviluppo econo- la estera. prattutto per una promozione euro, in sostegno delle produ- ca 1,9 milioni) fornito da Mini- ce dei tentativi di far nascere un mico Carlo Calenda, a cui fa eco IL PROGRAMMA DEL 2017- che si istituzionale. «Nel primo trime- zioni internazionali. stero dello Sviluppo Economi- mercato al Festival di Venezia, il presidente dell’Anica France- articolerà intorno a tre settori: stre del 2017 l’export dell’Au- A ESSO si aggiungeranno un ban- co, Mibact, Istituto del Commer- dato che in quel periodo - inter- sco Rutelli e anche Lucia Milaz- cinema, televisione e documen- diovisivo del Lazio è aumentato do da un 1 milione e mezzo per cio Estero, Regione Lazio e Crea- viene Andrea Occhipinti - gli zotto, direttrice del Mia, il Mer- tario - verrà però presentato a del 43%» sottolinea infatti Zinga- le sale cinematografiche e un al- tive Europe. Una delle priorità operatori dell’industria audiovi- cato Internazionale dell’Audio- settembre. Di modo che l’incon- retti, che spiega come quest’an- tro da 9 milioni « a sostegno del- sottolineate da tutti è, con le pa- siva «sono tutti a Toronto». Fid Marseille, il cinema possibile

Il festival si apre oggi nel segno di Roger Corman, e con la scommessa di reinventare il racconto della realtà

CRISTINA PICCINO conto mai banale - né didascali- co - del tempo e della realtà. E II Fid Marseille numero 28, è che prova, al tempo stesso, a ri- giovane il festival diretto da definire il termine «documen- Jean-Pierre Rehm ma nono- tario» - Fid sta infatti per Festi- stante il passare del tempo val internazionale del docu- non rischia l’invecchiamento mentario. visto che direttore e gruppo Così nel concorso interna- (compatto) di lavoro dichiara- zionale (in giuria Sharunas Bar- no come obiettivo principale tas, Fabienne Babe, Nadia Tu- quello di mettersi in gioco a rincev,Carlos Casas, David ogni edizione. Nulla si ripete Schwatz) il racconto del mon- sugli schermi del Mucem o del- do può passare attraverso una la Villa Mediterranée o del Va- raccolta di ricordi (visivi) fami- rietés anche se le idee che gui- liari (What I Remember di Antoi- dano il festival sono coerenti e nette Zwirchmayr); un nonno negli anni hanno formato un che gestiva un bordello - «per «progetto» di cinema estrema- alcuni significa piacere ma è mente riconoscibile. solo un business come tanti» Il Fid 2017 si inaugura stase- dice la sua voce; un padre ban- ra (fino al 17 luglio) con The chiere e poi in Brasile, fram- Mask of the Red Death di Roger menti privati che dicono di Corman che è il protagonista una storia occidentale più am- della retrospettiva di questa pia e collettiva. edizione, una scelta politica e DEL DIARIO alla prima persona sintonizzata con le esplorazio- ha l’andamento (almeno in ni di un festival che da tempo parte) I vetri tremano, film italia- ha messo da parte la distinzio- no (anche se è una coproduzio- ne dei generi per puntare inve- ne con Cuba) di Alessandro Fo- «L’Heroïque Lande. La Frontière brule» di Nicolas Klotz e Elisabeth Perceval ce a un’immagine (immagina- careta (Piccolo Mondo), in cui gli rio) capace di restituire un rac- appunti dell’autore cercano ne, due ragazzine che abitano minante tra i migranti nella sperdere i suoi 11000 abitanti per le opere prime e una serie una corrispondenza negli scrit- nelle periferie di Belo Horizon- «giungla» di Calais dove sono ri- nei quattro angoli della Fran- di sezioni « a tema»), in cui la re- ti di Bolano, e il sud d’Italia, da te, in Brasile, e che la regista, mastia lungo a filmare prima cia». L’Heroïque Lande era stato gista prova a ricondurre altri dove si parte conduce a Cuba Juliana Antunes, accompagna delle espulsioni. l’anno scorso tra i progetti vin- possibili riferimenti alla narra- seguendo la strada del tabacco nel passaggio da lì a un’altra fa- L’HEROÏQUE LANDE è, come dico- citori del Fidlab, lo spazio pro- zione dell’Afghanistan che che gli americani avevano im- vela, la Baronesa che dà il titolo no gli autori nelle note sul cata- duttivo del festival in cui i pro- non siano soltanto talebani e piantato da noi dopo la guerra. al film. Distanza ravvicinata e logo (on line: www.fidmarseil- getti selezionati vengono pre- guerra, un conflitto infinito Con la prova dei film, E le foglie, il loro aspetto che invenzioni narrative, la scom- le.org): «Un film primitivo e sentati a possibili partner pro- che nei decenni ha cambiato cambia secondo il Paese in cui messa (riuscita) è uscire fuori epico, che racconta come que- duttivi che li aiutino a arrivare forse obiettivi e ideologie esa- vogliamo affermare che vengono prodotte. Anche quel- dai codici della rappresentazio- sta città nascente, in crescita, a termine - tra quelli di questa sperando la distruzione. la di Focareta è per certi aspet- ne di violenza, droga, margina- dove vivevano quasi 7800 per- edizione ci sono il nuovo film CON LA MACCHINA da presa la re- nessuna intimidazione ti una narrazione familiare, al- lità, la favela così come è stata sone viene distrutta per quasi di Yuri Ancarani, Barchini,e gista inizia il suo viaggio, scan- potrà ridurre la ricchezza la prima persona, e insieme iconizzata. la metà nel febbraio 2016. Di quello di Rita Azavedo Gomes, dito da incontri, forse possibili una storia che riguarda econo- O ancora laddove si inoltra- come i migranti espulsi dalla A Portuguesa. risposte:l’ambasciatore france- che esiste, e che il cinema mie, società, vite. no Nicolas Klotz e Elisabeth zona sud tentano di farne rina- LA RICERCA di un controcampo se, contadini, aristocratici, continua a moltiplicare La realtà può essere anche Perceval nel loro nuovo film, scere le ceneri nella parte nord allo «stereotipo» della realtà una donna, veterani del con- un paesaggio urbano e esisten- L’Heroïque Lande. La Frontière fino a che lo stato francese non guida anche Sepideh Farsi nel flitto con l’Unione sovietica, Jean Pierre Rehm ziale, quello in cui ci portano brule, portandoci con sguardo decide di cancellarla del tutto suo 7 Veils (nel concorso france- ciascuno con la sua parola per le esistenze di Andreia e Leidia- «strabico» rispetto a quello do- nell’ottobre del 2016 e di di- se a cui si aggiungono quello scrivere la Storia,

hanno il ciclo mestruale si invece di dare loro dei pantalo- ve essere sempre efficiente e mistero femminile - mi dice - Così l’artista ha aspettato che macchia con facilità. «Quando ni blu scrisse: «Da gennaio so- con gli ingranaggi in ordine. L’indifferenza con cui veniva l’azienda fornisse alle lavora- HabemusCorpus succede – aveva detto la dele- no in arrivo delle coulotte da Già me li immagino i ragiona- trattato mi rendeva furente. trici il cambio e alcune di loro gata Fiom Pina Imbreda – non indossare sotto la tuta per le menti degli astuti dirigenti. Noi lo diciamo quando e come le hanno mandato le tute vec- Le tute delle operaie sappiamo dove andare. Abbia- donne alle prese con indisposi- Devono aver pensato che il vogliamo, non quando lo vo- chie. Su quelle, Clelia ha fatto mo dieci minuti di pausa, ma zione mestruale». mestruo è una gran seccatura, gliono gli altri. Ho sentito una il suo lavoro d’artista. Su alcu- di Melfi diventano non ce la facciamo mica ad e peccato non esistano opera- violenza insopportabile che ni pantaloni ha ricamato dei arte femminista andare tutte le volte in bagno,  ie senza quell’indisposizione. solo con l’arte potevo risiste- cerchi rossi con dentro delle dove si accumula la coda delle Però mica si può cedere così e mare nel suo reale valore sim- macchie rosse con la vernice colleghe. Noi facciamo i me- A parte il fatto che non si cambiare la divisa a tutti i di- bolico troppo spesso ignorato acrilica. Sulle maglie ha rica- MARIANGELA MIANITI talmeccanici, stiamo tutto il capisce perché un uomo, ope- pendenti del gruppo, che co- in nome della parificazione mato cieli stellati uniti da un giorno in posizioni assurde rai compresi, debba fare delle sta, quindi foderiamole con che, in questo caso, era anche filo d’oro che procede a zig ue anni fa, 400 delle perché lavoriamo dentro le battute cretine sul mestruo, dei mutandoni, e pazienza se un’emancipazione d’ufficio». zag, a simboleggiare la capaci- 600 operaie della Fiat macchine, con il corpo piega- c’è molto da dire sul linguag- in estate sudano di più. Caspi- tà di relazione delle donne. Le Ddi Melfi scrissero una to dentro le scocche e diventa gio scelto dall’azienda. Già il ta, già gli diamo un lavoro e  tute di Clelia non sono ancora lettera all’azienda per chiede- facile sporcarsi quando hai il fatto che scrivano «indisposi- quelle vogliono pure scegliere state esposte. Come le operaie re di cambiare il colore della ciclo. Così scatta un senso di zione mestruale» la dice lunga il colore dei pantaloni. Stessi diritti, infatti, non di Melfi, aspettano che qualcu- tuta che, dal blu operaio di umiliazione perché tutti in su quanto i dirigenti Fiat abbia- Colpita da questa notizia, significa che bisogna appiatti- no le capisca e le ascolti, in una volta, i dirigenti avevano fabbrica lo vengono a sapere e no le idee confuse o sbagliate Clelia Mori, artista femmini- re o dimenticare le differenze questo caso le guardi, senza voluto bianco-grigio. Quel pi- qualcuno dei colleghi maschi sul mestruo. Da quando in qua sta, è entrata in contatto con che invece sono essenziali. pensare che si tratta di un’in- giamone, come lo chiamano i fa pure dei commenti stupi- il ciclo è una malattia? Forse lo le operaie di Melfi. «Tutte co- Clelia voleva lavorare sulle cresciosa indisposizione da lavoratori, fatto di un pantalo- di». L’azienda, che evidente- è per chi vede nel corpo di un nosciamo l’imbarazzo di ren- tute vere delle operaie, ma lo- donne. ne e una blusa crea seri proble- mente ci tiene ad avere lavora- operaio, in questo caso una dere pubblico quando non lo ro, giustamente, non hanno mi alle donne perché quando tori dall’aspetto immacolato, donna, una macchina che de- vogliamo il nostro personale voluto dare quelle macchiate. [email protected]

FIDMarseille — Revue de presse 2017 30 ARKKI — JUILLET 2017 PRESSE INTERNATIONALE Finlande — http://www.av-arkki.fi 1/1

Jan Ijäs’s Waste no.1 Money shows the inhabitants in Media artist and filmmaker Jan Ijäs Harare slums, Zimbabwe, fighting lives and works in Helsinki, Fin- Money, no. 2 Wreck, against the heavy inflation. They land. Ijäs works with documenta- and no. 3 Boom at conceal banknotes in clothing ry, fiction and alternative film. The which causes them to become films of Ijäs deal with serious and FID Marseille breeding grounds for bacteria. difficult social themes, like migra- Thus, the American dollars must tion into foreign and hostile socie- Three short documentaries from be gently washed by the money ties. Ijäs’s films have been shown Jan Ijäs’s seven-part Waste series launders. very widely abroad by over a hun- are screened at FID Marseille. The dred film festivals and as installa- 28th edition of the Marseille Inter- Wreck was filmed in 2014 and 2015 tions in museums and galleries. national Film Festival is held from in the graveyard for refugee boats July 11–17. on the Italian island of Lampe- dusa. It is a story about how the The festival marks the world pre- value of garbage and rubbish can miere for Waste no. 1 Money (2017) surprisingly change. and Waste no. 3 Boom (2017). Waste no. 2 Wreck, previously Boom was shot in Kittilä in nor- screened e.g. at Edinburgh Film thern Finland, in a ‘lunar lands- Festival, will have its French pre- cape’ on top of a hill where the miere. All films are included in the Finnish armed forces annually special screening “Histoires de disposes of expired explosives. Portrait“, curated by the director Calculations show that detona- of FID Marseille, film theorist and tion is the least expensive method critic Jean-Pierre Rehm. The pro- of disposal. During a week­long gramme gathers cinematographic camp a total of 1.2 million kg of portraits that make people see explosives are destroyed. The ex- and hear the articulation between plosion safety area is seven kilo- voice and gestures, body and metres. The explosion produces a phrases, props and tales. mushroom cloud that reaches up to the lowers clouds and creates a The screenings of Histoires de crater about ten metres deep and Portrait take place on Wednesday, thirty metres across. In the video, July 12, at 12:00 in Villa Méditer- army representatives talk about ‘a rannée and on Friday, July 14, at hole three majors deep’. 19:30 in Cinéma Les Variétés.

FIDMarseille — Revue de presse 2017 31 SENTIER I SELVAGGI — JUILLET 2017 PRESSE INTERNATIONALE Italie — http://www.sentieriselvaggi.it 1/2

«Tendo a rifiutare la definizione prendente, in apparenza, vista la Finalmente il primo lavoro “serio” film in una ripresa erano americani di “Re della serie B” perché non la natura del festival marsigliese, alla Fox verso la fine degli anni ’40. mentre nel controcampo li trucca- ho mai fatto un film di serie B in ma che in realtà si sposa alla per- «Analizzavo i gif critica 2soggetti vamo da indiani.» tutta la mia vita e per un semplice fezione con la “missione” del FID che venivano presentati e dopo Per il regista, l’epoca più eccitante motivo: il genere fu inventato dagli di scoprire le nuove forme del qualche tempo i capi comincia- fu negli anni ’50 quando produce- studios quando concepirono i fa- linguaggio cinematografico, cosa rono a lamentarsi perché non mi va e allo stesso tempo dirigeva film mosi double feature dove il film di che il regista, sempre nella sua piaceva niente di quello che le- poi una prima svolta. «Mi accorsi serie B era il secondo in program- doppia veste, ha fatto per una vita. ggevo. Poco dopo lasciai la Fox di aver creato qualcosa di comple- mazione. Dopo la seconda guerra Nell’impeccabile eloquio di uno ma per un altro motivo: ricevetti tamente nuovo durante la preview mondiale non li realizzarono più storytelling impreziosito da gustosi la prima stesura del film Roman- di Un secchio di sangue. I presen- quindi tecnicamente non l’ho mai e comici aneddoti, il regista ame- tico avventuriero di Henry King e ti prima urlavano di paura e poi fatto! Preferisco essere ricorda- ricano ha raccontato la sua vera e scrissi un lunghissimo resoconto si mettevano a sghignazzare e io to come creatore di exploitation propria personale epica, a partire sul film, indicando anche qualche pensai “Che ho fatto di sbagliato?” film!» Roger Corman ha ormai dai primissimi anni approcci come suggerimento di sceneggiatura. prima di accorgermi che il grande smesso da tempo di combattere critico cinematografico: «Mio pa- Quando mi accorsi che a film rea- successo sarebbe stato proprio per instaurare un dialogo con l’in- dre era un ingegnere e anch’io mi lizzato, non comparivo nei crediti questa combinazione di horror dustria hollywoodiana ma non ha laureai per seguire le sue orme per il lavoro realizzato, ho abban- e commedia. Successivamente perso l’autenticità e la bellezza di anche se già lavoravo come critico donato lo studio.» Il racconto cro- realizzai La piccola bottega degli rapsodo d’eccezione, di narratore per il Stranford Journal. Il mio pri- nologico di Corman prosegue con orrori seguendo quella intuizione. ebbro di memoria e mitologie, di mo lavoro durò quattro giorni ma la prima, esilarante esperienza sul Lo girai in due giorni e una notte. sublime tessitore di classicità e fu- grazie a quel pezzo di carta riuscì set come regista: «Il primo film Chi avrebbe mai pensato che un turo. Siamo a Marsiglia, nella cor- a ottenere i primi lavori tecnici ne- che ho diretto, il western Cinque piccolo film come quello sarebbe nice del FID Marseille. gli studios. Quando ero un critico colpi di pistola, fu realizzato in 9 diventato addirittura un musical La maschera della morte rossa, scrivevo di tutti film che uscivano giorni. Non avevamo i soldi per in- milionario portato in scena anco- capolavoro quasi bergmaniano del nelle sale ma confesso che avevo gaggiare dei veri indiani così utiliz- ra oggi! All’epoca non avevo certo 1964, ha aperto il festival francese una preferenza spiccata per John zai qualche scarto di altri film dove messo il copyright sul film e così e una corposa retrospettiva dedi- Ford, Howard Hawks ma anche per gli indiani si vedevano in campo i diritti furono acquistati da David cata ai film da lui diretti e prodot- i primi film europei che arrivavano lungo. Per risolvere invece il pro- Geffen il quale me li restituì gra- ti, ha impreziosito il ricchissimo in America.» blema dei primi piani, gli attori del tuitamente a patto di realizzare un programma, una scelta forse sor-

FIDMarseille — Revue de presse 2017 32 SENTIER I SELVAGGI — JUILLET 2017 PRESSE INTERNATIONALE Italie — http://www.sentieriselvaggi.it 2/2 remake del film. Sto ancora lavo- del cinema. C’era un grandissimo blemi di censura. Agli americani tiva che prevedeva che gli atto- rando al progetto!» incendio a Hollywood proprio nei non interessa censurare la politica ri interessati al ruolo pagassero giorni in cui giravamo il film e visto ma unicamente il sangue e il ses- una piccola cifra per fare l’audi- Dopo il grande successo de La che in una delle riprese serviva il so.» Purtroppo il racconto termina zione. Alla fine ha “vinto” Bill Ha- piccola bottega degli orrori, per fuoco, uscì dai teatri di posa con qui, senza il tempo di ricordare il der del Saturday Night Live e ora Corman arriva una svolta epo- una macchina da presa leggera, decennio glorioso della New World la pre-produzione è finalmente a cale. «A un certo punto ero stanco e senza troupe, per riprendere Pictures, la sua casa di produzione buon punto.» di realizzare due film in bianco e le fiamme. Fu come uscire per la fondata nel 1970, “responsabile” di nero da girare in pochi giorni con prima volta nel mondo reale, dopo capolavori come Femmine in gab- 40.000 dollari e così domandai allo tutti quegli anni di teatri di posa, e bia di Jonathan Demme, America studio di girarne solo uno, a colo- capì che dovevo evolvermi ancora 1929 – Sterminateli senza pietà di ri e con un budget maggiore. Fu reddeathun volta. Così nacque il Martin Scorsese, Anno 2000 – La così che realizzai I vivi e i morti nel desiderio di fare film come L’odio corsa della morte di e 1960, sentivo la necessità di evol- esplode a Dallas che fu addirit- Piranha di Joe Dante. E a propo- vermi. Lo studio si lamentò dopo tura invitato a Cannes forse per- sito di Dante, Corman ci svela che aver visto il film dicendo che non ché si stava respirando un nuovo «da almeno dieci anni Joe cerca di c’erano mostri senza capire che la clima politico. Anni dopo anche I realizzare un film su di me e sulle casa era il mostro! Fu proprio du- selvaggi fu invitato a Venezia, nel mie esperienze con l’LSD. Si chia- rante le riprese de I vivi e i morti 1966, anche se lo Stato americano ma The Man With Kaleidoscope che accadde una cosa che cam- cercò di bloccarlo per alcune sce- Eyes e finora ha raccolto qualche biò nuovamente la mia percezione ne violente. Non ho mai avuto pro- finanziamento grazie a un’inizia-

FIDMarseille — Revue de presse 2017 33 TELL ME MORE — JUIN 2017 PRESSE INTERNATIONALE Belgique — https://tellmemore.media 1/1

FIDMarseille — Revue de presse 2017 34 URBANCULT — JUIN 2017 PRESSE INTERNATIONALE Croatie — http://www.urbancult.hr 1/1

Playing men, Matjaž Ivanišin

Isprintajklikni i Ovaj dugometražni Redatelj i scenarist filma je Matjaž dokumentarni film u režiji Ivanišin (Slovenija), a producenti- isprintaj članak Matjaža Ivanišina nastao ca Marina Gumzi i producentska Playing Men u je u hrvatsko-slovenskoj kuća Nosorogi (Slovenija) uz ko- koprodukciji, a u Marseilleu produkciju Vanje Jambrović i Ti- natjecateljskom će imati svjetsku premijeru. bora Kesera iz Restarta (Hrvatska). programu 28. Montažer slike je Matic Drakulič Playing Men esejistički je doku- (Slovenija), a zvuka i miksa zvuka Međunarodnog mentarni film o mediteranskim Borna Buljević (Hrvatska). filmskog festivala muškarcima, koje promatra kroz njihove igre i odnose među igrači- Film je sniman na lokacijama u FIDMarseille ma. Sloveniji, Hrvatskoj, Italiji i Turskoj. Film Playing Men je sufinanciran Film je strukturiran kao dnevnik sredstvima Slovenskog filmskog putovanja po jugu Europe (Slo- centra, Viba filma i Hrvatskog au- venija, Hrvatska, Italija i Turska) diovizualnog centra. te predstavlja muškarce, mlade i stare, koji se sastaju baš kao što FIDMarseille jedan je od naj- su se i njihovi preci sastajali – kako začajnijih festivala dokumentarnog bi igrali igre. No, tijekom sniman- filma, kojeg zahvaljujući selekciji ja igrača redatelj filma iznenada filmova i industrijskom programu pada u duboku kreativnu krizu i svake godine posjeti oko 25.000 okreće kameru prema sebi pa se gledatelja. film pretvara u razigranu posvetu apsurdnosti. Njegovo 28. izdanje održat će se od 11. do 17. srpnja, a više infor- macija o ovogodišnjem izdanju potražite na službenoj stranici fes- tivala.

FIDMarseille — Revue de presse 2017 35 VECER — JUIN 2017 PRESSE INTERNATIONALE Slovénie — http://www.vecer.com 1/1

Playing men, Matjaž Ivanišin

Ivanišinov Dokumentarni film Playing men Gregor Božič in producentka Ma- režiserja in scenarista Matjaža rina Gumzi. Playing men je nastal Playing men Ivanišina se je uvrstil v tekmovalni pod okriljem produkcijske hiše v Marseillu program 28. mednarodnega festi- Nosorogi in koproducenta Restart vala FID Marseille, kjer bo doživel iz Hrvaške ter ob finančni podpori tudi svojo svetovno premiero. Na Slovenskega filmskega centra in Svetovna premiera festivalu se vsako leto predstavi Avdiovizualnega centra iz Hrvaške. okoli 150 filmov, ki si jih ogleda pri- Matjaž Ivanišin je svoj prejšnji na pomembnem bližno 25.000 gledalcev, letos bo dokumentarni film Karpopotnik filmskem festivalu potekal od 11. do 17. julija. uspešno predstavil na pomemb- nih festivalih: leta 2014 premierno V letošnji mednarodni tekmovalni v Rotterdamu, potem na festivalu program so uvrstili 15 filmov, osem Tribeca v New Yorku, Lizboni in svetovnih in sedem mednarodnih tako naprej. premier. Tekmovalni program je zanimiv tudi zaradi izbire dolžin FID Marseille sodi med najpo- filmov, saj so med njimi tako ce- membnejše festivale dokumen- lovečerni kot tudi srednjemetražni tarnega filma, prepoznaven je po filmi. Najkrajši film na programu je predstavitvi dokumentarnih pro- dolg 49 minut, najdaljši pa kar 225 dukcij in tudi igranih filmov. Poleg minut. Film Matjaža Ivanišina je tega FID Marseille organizira FID dolg 60 minut. Lab, podporno platformo medna- rodni koprodukciji, in FID Campus, Zgodba filma je takšna: med sne- kjer se študentje na delavnicah manjem dokumentarnega filma o usposabljajo v različnih filmskih moških in igri zapade režiser v glo- veščinah. boko ustvarjalno krizo. V obdobju, ki sledi, začne vso svojo okolico Zadnji slovenski film na festivalu doživljati kot del igre. Spomini iz v Marseillu je bil predstavljen leta otroštva in podobe iz nedokonča- 2013: to je bil film Deklica in dre- nega projekta se pomešajo v odo vo režiserja Vlada Škafarja. Leta o absurdnosti geste. Svečane 2009 je Vlado Škafar na festivalu v premiere se bodo udeležili režiser Marseillu predstavil tudi film Nočni Matjaž Ivanišin, direktor fotografije pogovori z Mojco. (pv)

FIDMarseille — Revue de presse 2017 36 Presse nationale

FIDMarseille — Revue de presse 2017 37 ROCK & FOLK — OCTOBRE 2017 PRESSE NATIONALE 1/1

FIDMarseille — Revue de presse 2017 38 MAD MOVIES — OCTOBRE 2017 PRESSE NATIONALE 1/6

FIDMarseille — Revue de presse 2017 39 MAD MOVIES — OCTOBRE 2017 PRESSE NATIONALE 2/6

FIDMarseille — Revue de presse 2017 40 MAD MOVIES — OCTOBRE 2017 PRESSE NATIONALE 3/6

FIDMarseille — Revue de presse 2017 41 MAD MOVIES — OCTOBRE 2017 PRESSE NATIONALE 4/6

FIDMarseille — Revue de presse 2017 42 MAD MOVIES — OCTOBRE 2017 PRESSE NATIONALE 5/6

FIDMarseille — Revue de presse 2017 43 MAD MOVIES — OCTOBRE 2017 PRESSE NATIONALE 6/6

FIDMarseille — Revue de presse 2017 44 DÉBORDEMENTS — OCTOBRE 2017 PRESSE NATIONALE http://www.debordements.fr 1/8

Nicolas Klotz Robert Bonamy : Ma première ré- bitants de la Jungle de Calais ne ner à l’écart de la rue principale, et flexion, à l’issue de la projection, sont absolument pas comparables nous faisaient passer derrière des et Elisabeth Perceval est simple : il me faut revoir ce avec notre trajet, mais entrer dans maisons. Tout ceci sans partager (2017) film. Non pas qu’il passerait par- cet univers totalement inconnu la langue. Un homme pouvait me fois trop vite à côté de quelque me rappelle un peu la confusion prendre par la main, je ne savais Présenté en première mondiale au chose, bien au contraire : il a la de l’homme près du feu qui nous pas pourquoi, mais c’était simple- FID Marseille lors de son édition patience d’enregistrer la manière confiait avoir été dans un flou -to ment pour me protéger. Et Nicolas de Juillet 2017, L’Héroïque lande (la dont les habitants de la Jungle tal en arrivant en Italie. Il n’avait courrait derrière… Je pensais qu’il frontière brûle) de Nicolas Klotz et partagent des élans. En tant que aucune idée d’où il se trouvait. pouvait s’intéresser à notre ma- Elisabeth Perceval prend à bras le cinéastes, vous trouvez une posi- Et moi, je ne savais plus non plus tériel, mais pas du tout… C’était corps ce projet que Gilles Deleuze tion, qui consiste à « faire place ». où j’étais. C’était un monde du fu- uniquement et simplement pour considérait comme constitutif du Et sans doute que cette patience tur, et en même temps un monde prendre soin de l’autre. Quand tu cinéma américain : raconter la est à considérer, encore, pour du très ancien. J’avais l’impression de prends soin avec ton regard de naissance d’une nation. Le para- devenir. faire un parcours dans l’inconnu, l’autre, il prend soin de toi avec doxe est cependant qu’il s’agit ici de traverser des frontières : fron- ses gestes. Ça me fait penser à de saisir en un même mouvement Elisabeth Perceval : Comme vous, tières des rencontres, avec ceux une phrase de Jean-Luc Nancy : le début et la fin, la création d’une c’était la première fois que nous qui t’accueillent, mais aussi ceux Si le regard prend soin de ce qu’il cité et sa destruction. Si la boue voyions le film dans une salle de qui te rejettent. Au bout d’un cer- regarde, il aura pris soin du réel. retourne à la boue, en ce temps cinéma, avec des spectateurs. tain temps, j’ai senti qu’on avait soudain contracté pointe pourtant C’est toujours pour moi un mo- davantage en commun, quelque J’ai aussi senti cette attention un monde hors du monde et qui ment intense, où j’ai le sentiment chose de commun se liait entre lorsque nous avons eu extrême- contient peut-être les ferments du de vivre plusieurs présents simul- nous, mais qui ne se disait pas. ment froid. Je n’ai jamais eu aussi monde à venir. A travers ces corps tanément. J’ai d’abord retrouvé la Parce que ces mots sont là depuis froid de ma vie, bien que j’aie vécu et ces trajectoires, ces lieux et réalité de la Jungle, avec toutes toujours, précèdent toute écri- au Québec. Et lorsque nous étions ces voix, il est question rien moins les personnes qui nous sont si ture. transis, les gens nous rappro- que de «renverser l’histoire» et de proches. Et puis, même si celle- chaient immédiatement d’un feu «redevenir l’origine du futur» [1]. ci a désormais disparu, le film Peu à peu les gens ont pris soin ou d’une tente dans laquelle on Ce qui exige à la fois l’ampleur de montre la naissance de cette ville de nous, ils comprenaient qu’on nous proposait un thé chaud. Je l’épopée et une grande douceur, sortie de la boue, dans laquelle les était là pour faire un certain tra- pense que nous avons ainsi pas- une grande attention. Comme l’ex- spectateurs entrent pour la pre- vail, avec eux. Personne n’allait sé une frontière, celle qui défait plique Elisabeth Perceval, chacun mière fois. Le sentiment étrange filmer ainsi, de nuit. Nicolas et moi l’image tragique des camps d’Eu- durant ce tournage prit soin de qui m’a traversé hier pendant nous sommes retrouvés dans des rope du 20ème siècle, pour nous l’autre, par-delà les différences. cette première projection est situations tout de même assez dire que quelque chose d’autre C’est à cette condition même qu’en arpentant pendant un an périlleuses et, comme nous avons est possible, prêt à surgir de la - de réciprocité et de mutualité - cet endroit, nous avions connu un certain âge, des personnes que boue. Certes pour être détruit à qu’une rencontre peut avoir lieu. notre propre périple. Notre exil, l’on ne connaissait pas du tout ont nouveau. Pourtant la jungle était L’Héroïque lande est le lieu de aussi. Évidemment, les épreuves veillé sur nous. Ils nous prenaient une belle opportunité. cette rencontre [2]. par lesquelles sont passés les ha- parfois par la main pour nous ame-

FIDMarseille — Revue de presse 2017 45 DÉBORDEMENTS — OCTOBRE 2017 PRESSE NATIONALE http://www.debordements.fr 2/8

La notion de « camp » n’est plus N.K. : Il s’est passé quelque chose supportable. On ne peut plus ac- de très étrange, physiquement. cueillir les gens dans un camp. Un Aussitôt que nous sommes entrés camp met l’autre dans un état de dans cette lande qu’on appelle la dépendance et dans l’obligation, Jungle, nous avons senti qu’elle toujours, d’être l’« autre », de ne était habitée par des puissances pas être lui. Un camp refuse aussi très singulières. Des forces ma- un commun de gestes quotidiens, gnétiques, des énergies, des qui se partagent en traversant lignes de fuite et de rencontres, des communautés qui sont pour- des ruptures spacio-temporelles. tant parfois totalement éloignées Des puissances quasi-telluriques a priori… C’est le sentiment qui générées par la vie collective très m’est venu hier - des gens qui intense qui se développait dans n’ont rien et qui insistent pour ce territoire qui est devenue une prendre soin de l’autre. Je sais que frontière. Le film est né de ces parler des sentiments n’est pas multiples puissances qui s’accu- très vendeur. Mais je ne suis pas mulaient à l’intérieur et le long de jour à Kahn le boulanger, prendre menaient pas vers la ville. L’échap- capable de travailler autrement. cette frontière. Une frontière tout un thé et manger son pain déli- pée n’est pas Calais, elle se trouve Je n’ai pas de bons ou de mauvais à la fois géographique, policière cieux, un nan cuit dans le four. Et à l’intérieur même de la Jungle et sentiments. Je ne suis pas dans et administrative, qui modifie la c’était parti jusqu’au soir. On s’y dans les têtes. Les passages qui une empathie, forcée ou maladive. perception du temps et de l’es- sentait tellement bien, on n’avait permettaient de franchir les fron- Nous filmons des personnes que pace. C’est un lieu hallucinant au pas du tout envie de sortir, mais tières sont invisibles à l’oeil nu et l’on rencontre, c’est ce que nous sens littéral. Un lieu d’une telle ré- d’aller retrouver nos amis. On sen- nous tournions, sans cesse, pour faisons depuis pas mal de temps, alité que les images, les couleurs, tait que c’était le lieu du film, son les trouver, comme si la caméra parce qu’on aime les gens, on aime les sons, circulaient partout dans cœur battant. Un film c’est d’abord était aimantée par ça. Dans les découvrir ce qu’ils sont et ce que une liberté très mouvante. Cela un lieu. Et celui-là était fascinant, groupes, les visages, comme dans je suis quand je suis avec eux. génère un tout autre rapport au à cause de l’énergie qui s’y dé- les espaces et les paroles. C’est simple. Un film en train de documentaire et à la fiction, au gage. C’est très fort ce qu’on res- se faire est toujours une manière temps. Et nous ne voyions pas sentait dans cette ville, ces ruelles E.P. : Ils la trouvent aussi, cette d’être vivant et de ressentir. Je me comment, dans le film que nous pleines de gens qui circulent, se échappée, dans leurs téléphones sens moi, simplement, dans une pressentions, dans le désir du film frôlent, cette proximité avec l’in- portables. Ils filment tout le temps. relation où ressentir tout ce qui qui était en train de naître, ne pas connu, c’est magique. On ne faisait Et c’est à travers leurs propres existe en commun fait aller très aller au bout de ce territoire. En y pas un film sur la Jungle mais de- images qu’ils trouvent comment bien ensemble. On est là, proches restant. Nous tournions. En rond. puis, de là où l’on est, sans savoir s’échapper, et qu’ils repèrent des d’eux, avec eux. C’est un mélange Par cercles. Toute la journée. La exactement où on arriverait. passages. Ce sont des repérages d’apprentissage, d’aventure et de nuit. Nous tournions autant dans qui ont l’allure de longs plan-sé- plaisir. Aimer passer des soirées les paysages, les ruelles, que dans Il y avait un mur de grillage sur- quences. Nous en avons gardé ensemble, écouter de la mu- les feux, les maisons et les pa- monté de barbelés entre la Jungle quelques-uns dans le film. Au mo- sique ensemble, rire de blagues roles. Comme dans un labyrinthe, et la plage. Sur un chemin à l’écart ment des feux, par exemples, les sans que le fait de ne pas parler en cherchant, avec tous ceux que du camp, le grillage avait été cou- gens ont filmé pendant deux jours la même langue pose problème. nous filmions, une sortie. Soli- pé pour créer un passage, je ne et deux nuits avec leur téléphone. Tout ceci est à la fois commun et daires avec eux. Jamais en « ob- sais plus qui nous l’a montré en Des quartiers étaient encerclés unique, cela n’existe que dans des servateurs ». Ce n’est pas parce premier, Yared ou Zeid. C’est par par le feu et les gens cherchaient moments d’exil. que Dondon et ses amis syriens là que nous sommes passés pour comment en sortir. Il peut arriver vont au LIDL et qu’ils peuvent aller sur cette plage. On traversait que des no-border viennent les Raphaël Nieuwjaer : Le film s’ouvre entrer et sortir de la Jungle, qu’ils d’abord une lande verdoyante et, chercher en camionnette pour les sur un trajet en voiture. Nous dé- en sortent réellement. Dans le re- ensuite, nous marchions dans des conduire jusqu’au port, près d’un couvrons par la vitre le mur de gard de la police et des habitants dunes de sable. C’est par ce trajet lieu d’embarquement vers l’An- barbelés qui marque la sépara- de Calais, JUNGLE est tatoué sur qu’ils atteignaient le port. Et c’est gleterre. Mais, autrement, les pas- tion entre la Jungle et le reste du leurs visages et dans leurs corps. uniquement parce qu’ils nous sages sont secrets. Comme celui territoire, en même temps que ce Leurs visages suffisent pour dési- ont montré ce passage qu’eux- qui les mène, et nous avec eux, travelling figure votre propre che- gner ce « camp » dans lequel ils mêmes prenaient que nous avons sur la plage. minement vers ce lieu. Ce qui est ont été assignés par l’administra- pu arriver jusqu’à la plage. Au- étonnant, c’est que, passé ce pro- tion et par les médias. Il n’y a plus trement, tout était fermé. Nous N.K. : D’ailleurs, nos yeux ne savent logue, nous ne sortons quasiment besoin de murs électrifiés, de mi- sommes bien allés dans la ville, pas voir et lire tout ce qu’ils voient. plus du camp. Pourquoi ne pas radors, de sentinelles ni de chiens par exemple lorsque Yared a com- Ils nous disaient sur la plage : « Re- avoir voulu montrer les liens, les policiers. Un visage aujourd’hui mencé à délirer, persuadé qu’il garde, voilà la police… Tu vois les passages, entre la Jungle et la ville suffit pour créer un camp. Un était possédé par le diable. Nous bateaux là-bas, les camions, le de Calais ? visage aspergé de gaz lacrymo- sommes sortis pour aller manger port ? ». Nous n’avions pas de filtre gène. Il reste la plage, qui était dans Calais. Nous pensions qu’il sur la caméra, le soleil était telle- Nicolas Klotz : Ce sont les récits, la un de leurs lieux de passage vers fallait faire quelque chose pour ment fort ce jour-là que même en parole, qui font le lien avec la ville. l’Angleterre, un désert de sable lui, rapidement. Mais nous n’avions fermant le diaphragme au maxi- surveillé par des caméras et des absolument pas envie de le filmer mum, l’image était presque en- R.B. : Il est souvent question des hélicoptères, et ces bateaux bien dans la ville. tièrement brûlée. Totalement su- courses au supermarché LIDL. réels qui apparaissent comme de rexposée. De ce que Zeid voyait, grands rêves. N.K. : Un spectateur nous a dit décrivait, la caméra n’enregistrait N.K. : Oui, absolument. Le LIDL, au FID que L’Héroïque Lande, que la brûlure. Il marche sur la c’est le temple. E.P. : On arrivait dans la Jungle tôt c’était Stalker en vrai. La sortie du plage, tout droit, comme dans un le matin, on traversait la rue prin- camp ne passe pas par un trajet désert infini. Comme un Stalker. R.N. : Mais vous n’avez pas eu en- cipale pour aller au café-restau- physique aussi définissable, les D’ailleurs, c’est là que nous l’avons vie de filmer ces déplacements ? rant le White Mountain, dire bon- chemins que nous cherchions ne filmé pour la dernière fois.

FIDMarseille — Revue de presse 2017 46 DÉBORDEMENTS — OCTOBRE 2017 PRESSE NATIONALE http://www.debordements.fr 3/8

E.P. : C’est un chemin qu’il a dû logions à l’auberge de jeunesse où avant de reprendre leur route. Et E.P. : Yared, qui intervient plusieurs prendre trente ou quarante fois. nous pouvions discuter le matin la réponse de L’Etat a été : on dé- fois dans le film, souhaitait — Sans filtre sur l’objectif, la plage en avec eux. Ils étaient très occupés truit. Après toutes les tragédies jusqu’à ce moment — uniquement plein soleil devient un désert, ce- à distribuer des vêtements, de la qu’ils ont traversé, toutes celles parler dans sa langue. Et parler lui qu’emprunte des milliers de mi- nourriture, des soins. Ils restaient que l’Occident a provoquées chez sans qu’il soit questionné. Il savait grants. La silhouette de Zeid mar- généralement une quinzaine de eux, tout ce qu’ils ont construit beaucoup mieux que nous ce qu’il chant dans le désert, c’est celle de jours, très peu étaient Français. pour tenter de fonder un autre avait à dire. Quand Yared est entré l’exil, de la fuite, de l’émigration, du avenir, retrouver un peu de liber- dans cette confusion, lorsque les départ toujours recommencé, re- N.K. : L’idée n’était pas trop de faire té. On détruit. Leurs maisons, leur prêtres se sont emparés de lui, en pris et répété sans fin. un film sur la Jungle et d’essayer vie quotidienne, leur avenir. Com- lui rasant la tête, en organisant des de montrer tout ce qui s’y passait. ment appeler cela, la destruction cérémonies de désenvoûtement, N.K. : Quelques semaines plus Mais, depuis nos rencontres avec de l’avenir ? C’est ce dont parle nous avons eu le sentiment qu’il tard, il nous a appelé depuis Glas- ses habitants, de trouver le che- Yared sur la plage quand il affirme était perdu. Il nous a demandé à gow. Il avait réussi à trouver le pas- min vers quelque chose qui serait que le diable a fermé son futur. parler anglais, pour la première sage, mais par Brest. Un homme l’a le film et qui prolonge d’autres Nous, l’Europe, l’Occident, avons fois. Pour ses autres temps de pa- emmené en voiture, caché dans le pans de notre cinéma. une dette immense, de plusieurs role, nous n’avons compris ce qu’il coffre. La frontière s’est un instant siècles… La dimension fantastique disait qu’au moment du montage. ouverte et il a pu passer. R.N. : Cela définit un rapport très apparaît avec tout ce qui revient. particulier, fantastique, au lieu. Les spectres, les revenants et les N.K. : La veille, près de l’étang, R.N. : Cette idée de passage et guerres. Ils sont là, bien sûr pas nous avons filmé cet entretien de lieu presque clos renvoie aus- N.K. : Absolument. Ces gens comme revenants, mais pourtant où Yared évoque la dictature en si à ce choix de filmer très peu viennent de très loin. De pays quelque chose revient avec eux. Erythrée. « L’armée modifie exac- les associations ou les gens qui lointains, mais aussi de L’Histoire. Ou, plutôt, quelque chose arrive à tement ton cerveau / Tu penses viennent de l’extérieur. Cela a D’une Histoire, de l’esclavage, de nouveau. comme un dictateur / Tu n’as de même presque totalement disparu la colonisation, de la guerre. Ils pitié pour personne. » Le lende- du film, en dehors d’une mention à sont habités par leur Histoire et ils R.B. : La communauté serait à venir. main, nous sommes allés le revoir, la fin d’un dialogue. Ou à l’occasion sont en quelque sorte invincibles. Des détails du film suscitent une la police était là. Il était très mal. d’une manifestation. Même si, individuellement, ils ne vraie réflexion, à travers quelques On l’a emmené avec nous, pour le sont pas, collectivement ils sont interventions sonores notamment. le sortir de l’église et l’éloigner du E. P. : Ils sont peu présents la nuit, invincibles. C’est pour cela que Il y a un moment précis où votre prêtre qui disait qu’il était habité par exemple. Et, le jour, ils n’ont j’aime bien quand tu décris, Elisa- voix intervient (puisque dans le par le diable. Nous avons été dans pas très envie d’être filmés. Cela beth, le rapport particulier au lieu, premier plan vos mots ne sont pas un café, et il a commencé à parler. prend déjà beaucoup de temps celui d’une ville du futur. La Jungle entendus, ils s’inscrivent en sous- Nous lui avons demandé si nous d’établir des contacts avec les était une revanche sur l’Histoire. titre) : il s’agit de la séquence sur pouvions l’enregistrer. Il a accep- personnes qui vivent dans la Comme si tous les peuples fugi- la plage avec Yared, qui se dit té : « No Problem ». Il s’est donc Jungle, il nous aurait fallu un deu- tifs réapparaissaient là, devant possédé par le diable. Votre voix, mis à parler en anglais et j’ai pu xième film pour prendre contact nous. Et pouvaient se poser, se Elisabeth, questionne, cherche à traduire à Elisabeth qui me posait avec les bénévoles. C’est complè- reposer, panser leurs blessures, comprendre… des questions, que je lui reposais tement une autre position. Nous s’organiser, reprendre des forces, en anglais. Nous sommes ensuite

FIDMarseille — Revue de presse 2017 47 DÉBORDEMENTS — OCTOBRE 2017 PRESSE NATIONALE http://www.debordements.fr 4/8 allés sur la plage, il commençait à ce trajet vers la plage. En nous nous interrogent là – maintenant – conditions physiquement diffi- sortir de sa crise, mais ses paroles disant que nous pourrions utiliser en ce moment il se passe ça pour ciles, car filmer dans un espace continuaient à planer dans l’air, le son de ce dialogue, off, sur ce nous, pour moi – et demain qu’est comme la Jungle, c’est physique, dans l’image. Et tout s’est mis à trajet. Le blockhaus lui faisait très ce qu’on fait ? Ils nous parlent extrêmement physique, à cause circuler autrement. peur. Il y voyait une figure diabo- de leurs histoires, « de l’Histoire des distances, du froid, du vent, de lique. Pour lui, c’était la maison » au présent, des désastres, des la boue… et sans production au- E.P. : Je demandais comment du diable. En Libye, la plage était guerres qui les font fuir, tout un cune durant toute cette période. il savait que c’était le diable, un lieu très violent et des sou- contexte dont nous sommes les C’est au montage que nous avons par exemple. Des choses très venirs revenaient dès qu’il aper- contemporains. Nous assistons à pris conscience de l’aspect cho- concrètes. Si quelqu’un l’ai- cevait la mer. Quand Zeid allait ce vaste mouvement migratoire ral du film. C’est ça, un chœur de dait dans ses moments de crise. sur la plage, il était très solaire. Il du Sud vers le Nord. Il ne s’agissait voix, de langues : l’Afghan, l’Arabe, C’était une conversation où l’on jouait au football, rencontrait des donc pas de faire revenir un passé l’Amharic, le Tigrinya, le broken essayait d’appréhender une situa- amis. Une joie folle envahissait son dans le présent. On ne se trouvait English, le Pachtoune, le Persan… tion complètement inconnue. Que corps et chassait la mélancolie. pas dans une construction-re- C’est très beau à entendre cette le diable puisse parler à travers lui Avec Yared, on sentait physique- construction de la mémoire du diversité d’adresses. Je dirais, oui, est, de son point de vue, une ré- ment la peur. C’est vrai que nous passé, mais d’autre chose : les que ce sont des adresses. Bien alité. Yared n’est pas quelqu’un de aimons beaucoup le cinéma de évènements dont ils parlent se plus que des entretiens. Ils nous dérangé, pas du tout. Il a fait une Tourneur et que certains plans déroulent en ce moment sous nos adressent une parole, un senti- année de médecine, il est culti- peuvent apparaître comme des yeux, au présent. Le présent, non ment, une pensée, en s’adressant vé. Tout à coup, un basculement citations, mais c’est venu comme comme actualité immédiate, mais à nous, aux spectateurs. extrêmement violent s’est pro- ça. Par le corps de Yared. Nous « comme ce qui est en train de se duit chez lui. J’ai l’impression que avons filmé ses pieds, marchant passer, de passer… ce qui est en N.K. : Tu parles d’exil. Hier soir, c’était plutôt l’église qui le possé- dans le sable, vers la plage. A un train de se transformer et que l’on après le film, je discutais avec Cyril dait, qui avait pris possession de moment, il a pris une pierre pour ne sait pas encore voir ». Neyrat qui évoquait la désertion, à lui, en lui faisant subir un certain la lancer, sans bouger, et suivre partir de l’idée d’un cinéma qui dé- nombre de traitements, tout en des yeux où elle atterrissait. Le Nous ne parlions pas la même serte. Il faudrait déserter pour faire le convaincant qu’il était possé- même geste que dans Stalker. Les langue, mais il n’y a pas de fron- du cinéma, ou déserter quelque dé par le diable. On l’a vu après gestes sont des adresses connec- tières. Nous sentions que lors- chose. Et là, Elisabeth, tu parles la destruction de la zone Sud et il tées à d’autres gestes, d’autres qu’ils parlaient, surtout Yared, d’exil. Nous sommes partis filmer était très perturbé. Il s’était retrou- films, d’autres époques. Des cita- les identités se reconstruisaient, sans aucun financement. Nous vé au milieu des incendies, des tions immédiates du réel. Il avait physiquement. C’est pour cela avons obtenu un peu d’argent plus gens s’échappaient des maisons beaucoup de mal à faire avancer que la parole ne se fait pas sur le d’un an après. Le fait de nous éloi- en feu, il avait filmé pendant deux son corps, ses pieds. Comme s’il y mode de questions, ce qui aurait gner totalement du système pour jours et deux nuit sans dormir. avait effectivement un danger et évoqué pour eux l’interrogatoire : faire du cinéma s’est avéré être Cela lui rappelait évidemment la qu’il ne fallait pas marcher n’im- alors, comment t’es venu, pour- quelque chose de très fort. Nous guerre, les choses terribles qu’il a porte où. C’est la dernière fois que quoi tu as fui ton pays, qu’est-ce n’étions plus dans le système de vécues. Les religieux de sa com- nous avons filmé Yared. Sur cette que t’as fait ? etc… Cela ne servait demandes de subvention, de ré- munauté s’en sont alors emparé. même plage où nous avions filmé à rien. Souvent, ce sont eux qui dactions de projets, d’attentes in- C’est pour cela qu’il y a cette sé- Zeid aussi, pour la dernière fois. décidaient de la durée du plan. terminables. N’importe quel finan- quence où nous parlons à trois. Yared est à Londres aujourd’hui. Il Ils arrivent devant la caméra, « cement prend des mois, voire des Mais quelle est la nature de votre va beaucoup mieux. En s’échap- Action », ils disent ce qu’ils ont à années, et parfois il n’arrive jamais. trouble face à ce passage du film ? pant de ce que la Jungle était en nous dire, nous remercient et s’en Pendant ce temps-là, tout ce que train de devenir, c’est-à-dire une vont quand ils le souhaitent. Nous l’on a filmé aurait purement et sim- R.B. : D’abord, le fait d’entendre grande prison sur le point d’être voulions qu’ils construisent le film plement disparu. Sans laisser de votre voix pour la première fois, détruite, il a échappé au diable. avec nous. Nous nous sommes traces. Aucune trace. La vie serait alors que le terme du film ap- Quand il dit « Le diable marche donc mis, inconsciemment, dans simplement passée. Nous avons proche. Un changement inter- longtemps à tes côtés / sans que une situation où nous étions deux dû nous exiler de ce système pour vient, un temps de crise, en tu t’en rendes compte / tu t’en exilés, parmi les exilés, qui circu- entrer dans cet autre territoire. Et termes d’identité chez un des rends compte que lorsque tu es laient dans la jungle. Aujourd’hui, tourner un film qui se faisait au fur protagonistes, se produit, et est possédé. » C’est une phrase tel- je peux en parler en riant, car hier et à mesure. C’est un exil de l’en- accompagné par l’apparition d’une lement incroyable. Comme : « Le soir devant le film je me suis dis : « droit où les films se construisent voix qui voudrait en savoir un peu diable a fermé mon avenir. » Ces Voilà, les deux petits vieux étaient habituellement, du papier, des plus. phrases sont venues par le trajet aussi deux exilés ». Au milieu de financements, des contrats, des que nous avons effectué les uns tous ces peuples dont nous ne notes d’intention, des commis- E.P. : Oui, parce qu’il se crispe, que avec les autres pendant des mois parlions pas la langue, dans des sions, etc. Le film s’est fait loin de son état de crise pouvait se passer dans la Jungle. Ce ne sont pas des avec nous. phrases qui tombent du ciel.

N.K. : « Peut-être », disait-il… E.P. : Pour nous, il ne s’agissait pas « Maybe »… d’aller prendre la parole, sous la forme de témoignages, au sens E.P. : Au fur et à mesure de la d’une enquête à mener sur un pas- conversation, Yared était de plus sé. Ni d’informer sur des évène- en plus calme. Il commençait à ments qui nous seraient inconnus, sourire. D’ailleurs, on entend qu’il dont nous n’aurions pas d’images. parle en souriant. Nous avions Les prises de parole se faisaient réellement le sentiment qu’il allait dans l’instant du film en train de se mieux à chaque fois qu’on l’éloi- faire. Les situations dont parlent gnait de cette église. les personnages, les fragments de récits qu’ils racontent, sont en N.K. : Nous sommes ensuite partis train d’avoir lieu dans le présent. avec lui, simplement pour filmer Les adresses qui nous sont faites,

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tout cela, chaque jour, avec des tuation est différente pour L’Hé- était tout de suite là, dans le réel, soit parce que cela allait trop vite gestes de cinéma les plus primitifs roïque Lande, puisque tout était partout autour de nous. Nous ne et que je n’étais pas prêt. Ça rend possibles. Et c’était réjouissant de amené à se métamorphoser rapi- commencions pas ce film avec dingue. Par exemple, avec Alfati, travailler avec autant de liberté. dement, les habitants pouvaient l’idée de faire un documentaire ou le Soudanais avec le passe-mon- partir, la menace de la destruction une fiction. Le rapport que nous tagne qui dit « Nous avons fuit la E.P. : Depuis Paria (2001), nous de la zone Sud planait. Les tenta- entretenons avec notre cinéma guerre là-bas / et nous ne vou- avons choisi de parler d’un monde tives de traversées s’accéléraient. nous permet de développer des lons pas faire la guerre ici » Nous plutôt que d’un autre. Nous déve- Il était donc hors de question choses sans passer nécessaire- avons passé beaucoup de temps loppons notre méthode, pas pour d’écrire une fiction. La trame s’est ment par un scénario. De l’écrit, avec lui. Une nuit, il avait très mal faire des films qui expliquent ou écrite au fil du film, nous n’avions oui, toujours. Elisabeth écrit, prend dormi. On était une dizaine autour informent, mais pour faire des aucune nécessité à écrire une fic- beaucoup de notes, réunit des du feu dans la cabane. Il parlait de films qui porteraient la trace de tion. Je pense qu’on ne fait que se textes, qui inspirent et organisent son désarroi, il ne savait plus s’il ce conflit, de la brutalité des répéter d’un film à l’autre. Nous des espaces dans le film. C’est fallait tenter le passage ou deman- deux mondes ; les puissants et inventons des clefs pour ouvrir une méthode qui habitent déjà der l’asile en France. Ça ne cessait les pauvres. Avec Paria, nous nous la porte et entrer, dans un squat, nos fictions. Pendant la projection pas de tourner dans sa tête et de étions exilés pendant deux ans un centre, la jungle, une tente… Il du film, je me disais : le réel génère se mélanger avec des souvenirs dans des rues, dans le métro, dans y a une continuité dans nos films. de la fiction qui génère du réel qui du Soudan. Il était en train de par- des centres, etc. C’était aussi une C’est ça la répétition. génère de la fiction… La fiction ler de tout cela quand deux béné- méditation. Une interrogation au- surgit du réel. En même temps, ce voles sont arrivés avec des kits de tour des questions liées à la pré- R.N. : C’est vraiment l’évolution de réel est toujours en mutation. Et survie, en disant : « tenez, si jamais sence d’un corps interdit – com- la situation qui a fait que, à un mo- nous filmons les mutations du réel il y a un problème… » Quelque ment le regarder ? Le filmer ? Au ment, vous n’avez pas eu de dé- comme s’il s’agissait d’une fiction chose s’est passé à ce moment-là. centre des ces questions, il y a sir de fiction ? Était-ce toutefois qui se déploie. J’ai senti son angoisse, l’angoisse l’idée du droit à l’existence. Nous possible au départ ? Etiez-vous de tous ceux à qui les sacs étaient avons alors erré, rencontré des arrivés d’emblée avec le projet de Quand je filme, je cherche tou- distribués. Je n’ai même pas pen- gens, écouté à l’intérieur des bus réaliser un documentaire ? jours dans le visible ce que je sé à sortir la caméra. Lorsque les de ramassage. La différence est cherche à voir au-delà du visible. bénévoles sont partis, ils étaient que nous avons écrit une fiction à N.K. : Ce sont des questions pas- Tu parlais de sentiments, Elisa- très énervées. Alfati m’a expliqué partir de tout ce que nous avions sionnantes, à la naissance même beth. Oui, ça peut être des choses que c’était un mauvais présage. Si collecté. La méthode est la même, du désir de commencer ce film. liées aux sentiments, aux gestes, on te donne quelque chose pour mais le prolongement, pour Paria, De filmer, de monter, d’écrire, de à la couleur, à la pensée. Elles ap- te protéger en cas de malheur, était une fiction. Pour La Blessure filmer, de monter, d’écrire encore… paraissent et disparaissent. A leur surtout n’y touche pas, car le mal- (2003), nous avons travaillé en cir- Nous filmons beaucoup de choses rythme. Les présences, les par- heur arrivera par ça. Ils se sont culant dans des centres d’accueil, que nous laissons en chantier, que tis-pris de mise en scène, la camé- empressés de jeter les sacs. Elisa- des petits hôtels, des squats, des l’on ne montre pas. Il nous arrive ra, les attirent. Il faut être là. Nous beth, tu m’as demandé pourquoi lieux clos, aux fenêtres murées. d’y revenir. Depuis la réalisation de avons vu tellement de choses je n’avais pas filmé… Mais cela ne Deux ans de travail sans aucun Low Life (2011), nous sommes as- fortes, belles, surgir, souvent im- m’est même pas venu à l’esprit, financement. Celui-ci n’arrivait sez indépendants techniquement. possibles à filmer. Soit parce que j’étais complètement saisi par ce qu’avec le scénario écrit. La si- Pour L’Héroïque Lande, la fiction les personnes ne voulaient pas, qui se passait.

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E.P. : Cartier-Bresson avait une ex- la mienne, la tienne. Et peut-être R.B. : Oui, de plus la Blackma- jeune que je ne le suis. Tu pars en pression. Il disait : Je ne suis pas qu’aujourd’hui… gic pocket n’est pas équipée de exil et tu perds vingt ans ! Les un type gentil, je suis un chasseur, viseur. Mais il est possible d’en Syriens, qui sont beaux comme je tire, je tire. Nous travaillons dif- E.P. : Nicolas ne cache jamais la adapter un. des dieux, j’ai réussi à avoir leur féremment, c’est sûr. Mais Nicolas caméra. Elle est toujours visible, accord pour les filmer, alors qu’ils n’hésite pas à prendre des risques, présente. On cherche une relation N.K. : Nous l’avons acheté après. refusaient tout à Nicolas. Il fallait j’ai souvent eu très peur et des ré- avec les gens qu’on filme. Et ça a Jusque là, nous utilisions juste un les charmer, je leur demandais ce actions violentes, nous en avons beaucoup à voir avec le désir, les voile noir. Elisabeth était obligée qu’ils écoutaient comme musique, vécus pas mal. Quand Nicolas rêves, les secrets, regarder, échan- de me suivre en le tenant, à cause ils ont commencé à me parler suit les deux adolescents avec ger. Peut-être aussi nos cauche- des rafales de vent. A certains mo- de Oum Kalthoum, que j’adore. le cerf-volant. certains n’étaient mars, nos peurs. On peut dire que ments, on entend le voile qui bat J’ai commencé à chanter. Sans pas d’accord. On le voit à leurs les gens savaient quand Nicolas contre la caméra. Et nous avons cela, ils n’auraient jamais accep- regards. Souvent il s’agit de pas- les filmait. Et quand ils n’étaient gardé ce son qui est très beau, té de chanter. Et tout à coup, on seurs ou de personnes venues pas d’accord, on continuait à dis- qui évoque la science-fiction. Ces a chanté ensemble. Petit à petit, faire leurs business. Là, ils n’ont cuter, à manger, à chanter, ça dé- surprises qui arrivent sans cesse une vraie complicité s’est formée. pas eu le temps de réagir, sinon pendait des situations. Nicolas a sur un tournage ne se passent pas Je ne fumais pas, je ne buvais pas on se serait fait agresser. Pen- travaillé avec un seul objectif, le seulement devant la caméra, elles d’alcool. J’avais compris qu’il y dant la grande manifestation, Ni- 35 mm. Le choix de l’objectif or- peuvent être autour ou derrière. avait un certain nombre de gestes colas filme au milieu de la foule, ganise ta relation au monde. Il y Elles se manifestent pourtant dans à ne pas faire. J’étais à la fois une et là encore, on s’en doute, tout a le véritable espace dans lequel le film. proximité, française, et comme le monde n’est pas venu pour les on se trouve, et il y a le cadrage. une mère. Il y avait de la séduction mêmes raisons. Mais ce qui avait Le cadre est une manière de E.P. : Je voulais juste revenir sur et un désir qui était très beau. lieu était trop important. Dans ces construire l’espace du film. On es- ce que tu as dit sur le commun moments, si tu es trop prudent, un saie d’organiser sa réalité entre le du son. Tu ne parlais pas des lan- N.K. : La circulation du désir, c’est peu effrayé, si tu commences à véritable espace et le cadre. Les gues ? la pulsation même du tournage. Le hésiter, c’est dommage. Il ne faut choses autour de nous, évidentes, désir qui est à la fois très char- pas trop penser, juste y aller, c’est réalistes, un repas qui se prépare R.B. : La polyglossie rejoint claire- nel, immédiat, et qui ouvre sur un la meilleure approche. par exemple, un couple qui se dis- ment cet enjeu. Mais, je pensais au-delà du charnel. pute, des gens qui se réchauffent en effet aux bruits, aux accidents R.B. : C’est aussi une manière de près d’un feu, toutes ces choses sonores. R.N. : Vous avez d’ailleurs choisi refuser toute logique programma- sont importantes et nous aident de garder une scène entière qui tique, scénarisée. Cela permet au à trouver notre manière d’appro- N.K. : Elisabeth me demandait prend des allures de comédie film d’accéder à une communauté, cher la réalité. On ne filme pas souvent si j’avais coupé mon télé- romantique, entre Almaz et son au commun et au « comme eux ». ce que l’on voit, mais ce que l’on phone. Bien entendu, il l’était. Ces compagnon. Ils se disputent, mais Les individus que vous filmez ont sent, et ce que nous voyons n’est interférences sont produites par on perçoit un sur-jeu pour la ca- leurs trajets, des nationalités dif- pas important si nous n’avons pas leurs appareils, qui sont constam- méra. férentes. Il y a à la fois un principe de sentiments. Leur maison était ment actifs. d’individuation, mais tout autant très petite, 6 m2 maximum, par- N.K. : Je venais de filmer la pré- quelque chose de non-différent. fois nous étions 8,10 personnes. La R.B. : Oui, on voit à la fois leurs paration de l’ail par Almaz. L’autre Vous filmez aussi des choses très proximité avec la caméra était très images dans vos images, mais le gars est parti. J’étais seul avec communes : la fabrication du pain, grande, et pourtant ils finissaient son plus aléatoire des ondes de elle qui cuisinait, on attendait etc. Mais ce qui est commun est par ne plus la voir. Chez les amis leurs appareils est très sensible. d’autres gens. Une amie frappe à aussi brut. Dans le son du film, syriens qui chantent, Nicolas les la porte. On était enfermé, Almaz par exemple, quand on entend les touchait presque, il n’avait aucun N.K. : Quand Almaz prépare l’ail, lui dit d’ailleurs : « Dawitt m’a en- interférences produites par les recul. Il y a des moments fantas- un ami éthiopien est en train de fermée / Pourquoi ? / Je ne sais ondes téléphoniques. Ce sont des tiques, magiques, des moments regarder une vidéo sur youtube. Il pas. » Dawitt arrive quelques mi- ondes communes. Ces ondes re- où les personnes devant la camé- s’agit du reportage d’un journaliste nutes plus tard et, aussitôt, ils se montent, réelles et mystérieuses, ra se laissent aller, d’une manière anglais que Yared nous montre au mettent à se quereller. Je ne sa- elles ne sont pas programmées. très simple, d’une manière très début. Et, donc, il y a ce gars qui vais pas du tout ce qui se passait, Le vent souffle aussi comme il humaine, comme si la personne se est là, dans le noir, avec son té- je ne comprenais pas de quoi ils veut dans les micros. Il y a, en- disait j’accepte que tu me filmes, léphone portable qui éclaire son parlaient. Avec la vapeur, la cha- core, leurs images, celles qu’ils comme ça, c’est ça que j’ai envie visage et que je filme pas, parce leur, c’était tout à fait fascinant. filment, qui sont dans vos images. de dire. Et c’est magnifique. Pour que je filme Almaz et qu’elle me J’ai commencé à les filmer, alors Dans nos images. L’hypothèse se- nous tous. Pour Nicolas et moi laisse faire. La beauté d’Almaz me qu’ils se disputaient déjà depuis rait celle d’un film en commun, du c’est un immense privilège. Tu n’en fascinait. une ou deux minutes. La buée en- commun. parles pas, tu le sens. vahissait l’optique, je cherchais les E.P. : Nicolas a commencé à tour- angles qui permettait à cette buée N.K. : Oui. Par exemple, la langue N.K. : Bien que je ne me serve plus ner sans moi et quand je suis arri- qui recouvrait de plus en plus l’ob- de Zeid, sa manière de parler trop de l’expression de mise-en- vée deux jours plus tard, elle m’a jectif de s’évaporer, sans arrêter la s’envole en présence de la ca- scène, celle-ci se faisait au fur et à peine regardé. Je n’existais pas caméra. Je sentais que cela allait méra. Par pure jouissance. Celle à mesure du tournage. La direc- pour elle. Et le jour où elle offre durer. C’est vrai qu’ils savaient que de l’amitié, de la joute, du désir. Il tion vient de tous les côtés. Ce ce regard magnifique à la camé- je les filmais, ils en parlent même. joue avec nous quand on tourne, n’est pas simplement la personne ra, c’est la première fois que je la un peu comme lorsqu’il joue au derrière la caméra. Par exemple, rencontre. Je ne sais pas si vous R.N. : Oui, et ils ne cessent pas. Ils football. Il a cette manière de nous arrivons sur la plage, la ca- voyez son jeu… Elle regarde Nico- ne partent pas. Au contraire, ils re- parler, cet humour, cette mélan- méra n’est pas équipée de filtre. las, qui ne lui a pas du tout deman- prennent. colie, cette joie C’est une langue Je ne voyais rien du tout quand je dé de regarder la caméra. C’est la N.K. : Oui, « Almaz is a criminal / qui s’est inventée avec la caméra. courais après Zeid. Je devinais le première fois que je me suis assise She wants to fight with me »… Il Un anglais cassé, en mille mor- cadre plutôt que je le faisais. dans sa maison, elle nous prépare ont improvisé et mis en scène ceaux, qu’il faut rassembler très du thé, elle se retourne et elle fait eux-mêmes cette séquence. vite pour se faire comprendre. Je ça. (Rires.) Le désir circulait beau- regrette de ne pas avoir plus tra- coup. En ce qui me concerne, les vaillé les voix, j’ai beaucoup coupé hommes me voyaient souvent plus

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E.P. : Ce soir-là, des no-borders familles. Et ils ont apporté avec dant tout le montage. Comme sur intérieure que visible. La couleur étaient passés les voir. Une ten- eux ce mauvais vent. Quinze la texture de voix, des sons. J’aime révèle quelque chose du vivant tative de départ vers l’Angleterre jours après, la zone sud était dé- beaucoup Final Cut X. Je sais que que le numérique peut ensuite était prévue. Très peu de temps truite. Il y a le vent du son direct les monteurs ont leurs habitudes creuser. Davantage qu’avec la pel- après leur dispute, quelqu’un a et d’autres vents. Une circulation avec Final Cut 7 et AVID, mais c’est licule. Le numérique nous expose frappé à la porte. Une prénommée indépendante des vents. Peut- justement ça que j’aime dans le à la couleur de manière plus spec- Francesca venait les chercher en être une citation d’Un Condamné FCPX. C’est un prototype très in- trale. Il offre un spectre beaucoup camionnette pour les conduire à à mort s’est échappé, et son sous- tuitif, en évolution permanente, plus large. Il faudrait pouvoir s’ap- l’entrée du port. Tout est allé très titre le vent souffle où il veut. dont les monteurs se méfient. procher de la vision des animaux… vite. Almaz est partie pieds nus, Après le mixage, nous sommes On n’est plus dépendant d’une lu- elle est revenue très rapidement E.P. : Cette grande manifestation, allés à Bruxelles travailler avec Ju- mière qu’il faudrait diriger quelque mettre des chaussures. Ils étaient pleine d’espoir, est traversée de lien Sigalas chez Stemple et Loup part, pour voir ceci ou cela. Les trois ou quatre. Il ne fallait plus fil- part en part par ce mauvais vent Brenta chez Cobalt avec qui nous couleurs sont habitées par une mer « no camera, no camera ! ». qui a fini par s’installer dans la terminons les finitions de nos liberté de mouvement et d’inten- Il ne fallait évidemment pas por- Jungle jusqu’à la faire disparaître. films. Loup passe quelques jours sité qui dialogue avec la manière ter préjudice à cette femme qui seul avec le film pour reproduire dont les habitants déplacent les essaye de les aider à passer la N.K. : Nous travaillons sur les sons ce que nous avons fait. Ensuite couleurs « ordinaires » vers des frontière. Le comique, c’est que sans aucune hiérarchie en termes Elisabeth et moi allons chercher zones plus sensibles. En écoutant je n’étais pas là ce soir-là. Nico- de beauté ou de qualité. Ce sont avec lui dans les bas-fonds des tous les discours officiels, admi- las était donc seul, enfermé avec des matériaux qui circulent dans courbes, les intensités, les den- nistratifs et médiatiques, répéter Almaz. Mais il m’a tout raconté, la Jungle, dans nos micros, tels sités, que le FPCX n’arrive pas à en boucle « qu’il n’est pas décent dit-il… quels, que Mikael Barre, le mixeur, atteindre. L’héroïque Lande est de laisser les migrants vivre dans retravaille ensuite pour les faire un film sur la couleur. C’est la pre- la boue » - alors qu’ils ne vivaient R.N. : Plusieurs séquences jouent circuler dans le film. Et si le son mière impression qui m’est venue pas dans la boue, ils faisaient naître d’un effet d’ouverture. Dans un es- participe à la dimension fantas- en commençant à tourner. Un film une ville de la boue -, on voyait à pace réduit, une porte va battre tique, c’est de cette manière-là. sur la couleur. Avec le numérique, quel point ils voulaient éteindre la au vent, par exemple. En allant chercher dans le son on pourrait penser que la couleur vie dans la Jungle. Et les caméras des fréquences souvent moins est un affaire classée. Notamment Haute Définition venaient filmer la E.P. : Chez les Syriens, nous étions audibles, recouvertes par d’autres parce que les caméras sont toutes boue en 4K pour illustrer les com- nombreux. Pourtant, cet intérieur fréquences plus envahissantes. formatées pour générer une es- mentaires écrits à l’avance par les ne fait que six mètres carrés. Nous Depuis Paria, la dimension fantas- thétique de la couleur propre à services de communication du étions là depuis deux heures, au tique est entré dans notre travail. chaque marque. Sony, Panasonic, Ministère de l’Intérieur. Les camé- moins, à plus de dix, sans comp- Le fantastique nait du documen- Arri, Canon… Comme si la cou- ras des médias ont préparé l’opi- ter un feu alimenté par beaucoup taire. leur ne précédait plus le cinéma. nion à accepter, à désirer même, la de bois. Ils fumaient tous énor- Comme si elle n’était devenue destruction de la Jungle. mément. Le lieu est devenu irres- R.B. : Dans l’appareil, la caméra, qu’une esthétique de post-pro- pirable. J’ai fait un signe au jeune réside une puissance fantastique. duction. Les couleurs de la Jungle R.B. : Oui, dès le premier mouve- homme assis près de la porte Ce n’est pas pour rien que vous sont des couleurs que tu ne peux ment d’appareil à l’intérieur de la pour qu’il l’ouvre, tout simple- utilisez une Blackmagic, avec un observer nulle part ailleurs. Elles jungle. On passe d’un travelling ment. On voit alors toute la fumée capteur 16mm. Elle implique une sont furtives et mouvantes. Inat- gris, sur la route, à une multitude s’échapper, en même temps que espèce de magie noire, avec no- tendues. Animales. de couleurs. la lumière entre dans cet intérieur tamment des lumières de basses saturé de corps bouillonnants. On intensités et des surexpositions Je réfléchis beaucoup à tout cela E.P. : Tous les murs du monde sont entend aussi un chant, qui vient qui brûlent l’image. pour essayer de formuler pourquoi sans couleurs. C’est la même en- d’une mosquée. la couleur me semble devenue treprise, le même système qui N.K. : La magie noire est dans aujourd’hui une question poli- les reproduit à l’infini. Le mur que N.K. : Nous n’avons procédé à au- notre cinéma parce que nous tique importante. Cela a commen- longe le premier travelling qui cun ajout autre que le son direct. nous interrogeons sur les effets de cé avec la lecture d’un livre de ouvre le film pourrait se trouver Tout ce que l’on entend, les sons, la colonisation aujourd’hui. Et tu as Jean-Christophe Bailly qui s’inti- n’importe où. Là, nous sommes en les ambiances, les paroles, a été raison, choisir cette caméra, avec tule Le Visible est le caché (2009). France. Pas très loin de Paris. La enregistré par nous, pendant le cet objectif, nous a permis de fil- Bailly y évoque la manière dont première fois que je l’ai vu, je n’en tournage. Avec le micro témoin de mer les couleurs extrêmement apparaissent et disparaissent les croyais pas mes yeux. la caméra, l’enregistreur Tascam singulières de la Jungle. L’objectif animaux. Il parle de la souffrance d’Elisabeth et le zoom MS d’un ami Voigtländer que j’avais ouvrait à des animaux du zoo, sans cesse N.K. : Par exemple dans la Jungle, qui est venu nous aider quelques 0,95. C’est un capteur, comme tu exposés aux regards des visiteurs. à la tombée du jour, il y a le jour jours. Les muezzins au loin, c’est le dis, 16 mm, qui est petit. Il a l’avan- Le principe vital de l’animal est de et la nuit en même temps. Il suf- son direct de la séquence. Le vent tage de pouvoir travailler sur du pouvoir disparaître des regards, se fit de voir cela pour comprendre contre la capsule que tu évoquais proche alors que la lumière est cacher et apparaître à nouveau. tout ce que l’on ne peut plus voir revient souvent, c’est le son des très faible. Mais quand le capteur C’est leur manière de respirer, le dans nos villes où les lumières esprits qui habitent ce territoire. est petit, dans les basses lumières, principe même de la liberté. Je bousillent complètement les cou- Celui de tous les exilés. Ce vent le point flotte au loin. Là aussi, cela crois que la couleur fonctionne leurs, imposent des teintes et des peut être des pleurs, des râles, des donne quelque chose de troublant un peu comme ça. Elles appa- intensités financés, produites, par colères. Il peut être plus simple- quand les plans larges sont un peu raissent et disparaissent. Elles des agences de design urbain et ment du souffle. Et aussi, un vent sombres. ne sont jamais définitives. Elles de publicité. Les lumières dans mauvais, quand la police inter- bougent évidemment par rapport les grandes villes se transforment vient, faisant disjoncter la musique R.B. : L’image est enregistrée en à la lumière, mais aussi en fonc- en produits financiers. Et la cou- de Brahms. On voit la préfète et ProRes ? Comment s’est déroulé tion de l’atmosphère et de ce qui leur fout le camp à cause de ces ses sbires, les policiers en civil, l’étalonnage ? se passe. Lorsque la lumière natu- lumières qui se propagent partout. les notables, qui ont beaucoup de relle n’était pas intéressante, nous J’essaie actuellement d’écrire mal avec la boue. Ils étaient venus N.K. : J’étalonne toujours au fur et ne tournions pas, ce n’était pas le là-dessus. Ça prend du temps et pour constater le nombre de per- à mesure du premier montage sur moment. Pas juste pour l’image. La je pense qu’il faudra un ou deux sonnes qui vivaient là, le nombre Final Cut X. Et nous y revenons lumière ne fait pas qu’éclairer, elle films de plus pour y arriver. J’ai de mineurs isolés, le nombre de souvent, Elisabeth et moi, pen- est une présence vivante, aussi commencé à discuter un peu de

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Also Known as Jihadi, Éric Baudelaire, 2017. la couleur avec Sylvain George, R.B. : Rien que selon la terminolo- E.P. : Certes, nous n’avons pas filmé lui qui travaille surtout en noir et gie, pour l’appareillage, on nomme la destruction, mais nous voyons blanc. Elisabeth et moi le connais- « capteur » ce qui, avec votre ca- le départ de Blandine, de Papi, sons bien, nous aimons son travail. méra numérique, ne cherche pas d’Amadu, et de tous les person- nécessairement à capter, encore nages. Après il ne reste que la cour R.N. : Il fait notamment surgir la moins à capturer. Quant à aller vide, le silence est plus saisissant couleur de temps en temps, le vers d’autres cinéastes, vous évo- encore que le bruit des machines rouge… quez George et Diaz, pour ma part de destruction. Et pour eux, c’est j’ai beaucoup songé à la fin d’In- un nouvel exode qui recommence. N.K. : Oui, sur un drapeau. Sur le land, le film de Tariq Teguia. Les drapeau français ! Mais le rouge deux films se rencontrent, entre N.K. : Et avec L’Héroïque lande, ils c’est la chambre noire. Je lui ai désert brûlant et plage venteuse, sont quatorze mille dans un squat d’ailleurs décrit les choses comme mais qui brûle. qui est une vraie forêt. A ciel ou- ça : quand tu étalonnes en rouge, vert, avec aussi une destruction c’est parce que tu es dans une N.K. : Nous aimons beaucoup le programmée. Les gestes de L’Hé- chambre noire, que tu fais du noir cinéma de Tariq Teguia. Particu- roïque lande prolongent ceux de et blanc, et que le rouge est la lièrement Inland et Rome, plutôt La Blessure…. Oui, le désert, à la seule couleur qui ne bousille pas que vous. Ainsi que l’ambition co- fin d’Inland est très beau. A la fin le noir et blanc. Sylvain travaille lossale de Révolution Zendj, qui de L’Héroïque lande, nous aurions avec une Panasonic DVX, je crois. est de redéfinir la carte du monde eu besoin d’un filtre que nous Nous en avons une aussi. On a arabe. Redéfinir les territoires n’avions pas. On ne sait juste plus beaucoup travaillé avec, jusqu’à la dans lesquels nous vivons est un s’il s’agit d’une plage ou d’un dé- sortie de la Blackmagic. La Pana- des plus beaux défis du cinéma sert. Peut-être les deux. sonic reste plus proche du cinéma contemporain. C’est peut-être là argentique parce qu’elle est moins où nous nous rencontrons. Dans Entretien réalisé en juillet 2017 sensible. Il faut quand même La Blessure, une vingtaine d’Afri- à l’occasion du FID Marseille. éclairer un peu à l’ancienne. On cains, d’Algériens, de Kabyles, Retranscrit par Robert Bonamy peut être très déçu si on ne tra- avaient organisés un territoire et relu par Raphaël Nieuwjaer. vaille pas suffisamment la lumière. de vie commune dans un grand Toutes les images sont tirées de Voir des choses et ne plus les voir. squat, à la frontière entre Paris et L’Héroïque lande (la frontière Ce sont des discussions que nous la banlieue. brûle) (Nicolas Klotz et Elisabeth avons aussi eues avec Lav Diaz [3] Perceval, 2017). qui investit pleinement le numé- E.P. : …qui est aussi détruit, à la fin rique et qui n’est pas du tout dans du film. un rapport de nostalgie avec la pellicule. Lav travaille aujourd’hui N.K. : On apprend qu’il va être dé- avec une Sony Alpha Plus et un truit. Nous n’avons pas filmé sa zoom Sony. destruction.

FIDMarseille — Revue de presse 2017 52 LA SEPTIEME OBSESSION — SEPTEMBRE/OCTOBRE 2017 PRESSE NATIONALE 1/4

FIDMarseille — Revue de presse 2017 53 CAHIER DU CINÉMA — SEPTEMBRE 2017 PRESSE NATIONALE 1/1

FIDMarseille — Revue de presse 2017 54 TROIS COULEURS — SEPTEMBRE 2017 PRESSE NATIONALE 1/4

FIDMarseille — Revue de presse 2017 55 TROIS COULEURS — SEPTEMBRE 2017 PRESSE NATIONALE 2/4

FIDMarseille — Revue de presse 2017 56 TROIS COULEURS — SEPTEMBRE 2017 PRESSE NATIONALE 3/4

FIDMarseille — Revue de presse 2017 57 TROIS COULEURS — SEPTEMBRE 2017 PRESSE NATIONALE 4/4

FIDMarseille — Revue de presse 2017 58 CARBONE — SEPTEMBRE 2017 PRESSE NATIONALE 1/4

Roger Corman et Vincent Price

Je suis une légende Redécouvrir la carrière de Corman, filmographie, un puits sans fond, de Murnau pour Tabou) ; à la mu- c’est balayer du regard un miri- d’où l’on peut remonter les meil- sique, Les Baxter ; à la direction Comment Roger fique et pétaradant laboratoire de leures pépites comme les pires artistique, Daniel Haller. Un carré Corman a changé création. C’est explorer les éta- nanars. À l’heure de lui rendre un d’as parfaitement optimisé, à quoi gères d’un Stakhanov touche-à- énième hommage (l’année der- il faut bien évidemment ajouter Hollywood tout, qui aura cumulé sans souci nière, c’était le festival de Locarno Vincent Price, qui achèvera de du grand œuvre les expérimen- qui s’y collait), Jean-Pierre Rehm donner une cohérence et une Du 11 au 17 juillet, le FID (Festival tations les plus disparates – res- et son équipe avaient donc l’em- homogénéité à la série, tenant le international de cinéma) de suscitant des genres morts, pré- barras du choix. Or, malgré le vi- rôle-titre sept fois. Dépositaire de Marseille ouvrait ses portes figurant les nouvelles lubies du vier de bizarreries que constitue la la folie fabuleuse de tout le cycle à la coterie du documentaire cinéma américain, exploitant ses filmographie de Corman, le festival Poe, l’acteur jouera à quelques ex- d’avant-garde, en ménageant propres filons jusqu’à l’usure. En aura fait la part belle aux œuvres ceptions près le même rôle d’aris- en coulisse un invité pour le plus de cinquante ans d’activité (re)connues du maître, lesquelles tocrate fin de race, chaque fois moins saugrenu : Roger Corman. comme réalisateur et producteur, attestent de la crédibilité impé- animé par des prophéties autoré- L’homme de 91 ans succède Corman aura à peu près tout es- rissable de ce totem cinéphile. alisatrices qui le pousseront, pêle- ainsi à Manoel de Oliveira et sayé, tout tenté, tout réussi, tout Avec, en premier lieu, le cycle mêle, à enterrer vivante sa sœur, à Hong Sang-soo, honorés lors raté – du film d’horreur au western, Edgar Allan Poe (1960-1964), âge emmurer sa femme, à torturer ses des deux éditions précédentes, de la comédie satirique au film de d’or de Corman en tant que met- hôtes, tout en incendiant à plu- avec qui l’auguste roi de la gangsters. Obsédé par les écono- teur en scène (huit films, presque sieurs reprises son château. série B ne partage pas grand- mies et la rentabilité de ses films, tous parfaits) et corpus idéal pour chose, sinon une filmographie ce manager redoutable ne rentre comprendre le fonctionnement de There will be blood longue comme le bras (près de dans aucune case et aura été à la sa petite boutique cinématogra- 60 films, plus de 400 produits), fois un défricheur et un recycleur, phique (budget serré, préparation On ne reprochera d’ailleurs pas un goût de l’indépendance un opportuniste et un avant-gar- au cordeau, tournage expéditif). au FID d’avoir ouvert les hosti- farouche mais, surtout, un diste. Figure tutélaire et bien- lités du festival avec le superbe penchant pour l’artisanat et la veillante du Nouvel Hollywood, il Ici, la référence aux écrits de Poe Masque de la mort rouge, sommet débrouille, sensible dans cette aura mis le pied des plus grands n’est bien souvent qu’un prétexte de cynisme et de dépravation sa- petite entreprise de cinéma à l’étrier, autant devant (Jack Ni- (un titre, un point de départ, un tanique, où Price joue un prince qu’il fit fructifier pendant un cholson, Peter Fonda, Bruce Dern) personnage, un paragraphe) pour décadent qui se revendique de demi-siècle – avec un succès que derrière la caméra (Francis élaborer une histoire toujours Belzébuth. Animé par la perversité fluctuant, mais un goût de Ford Coppola, Joe Dante, Martin ancrée dans un décor unique (un sans borne de l’acteur, ce conte l’invention et de l’humilité Scorsese, Jonathan Demme). château noyé dans la brume), à de fées injecté de venin multi- constant. Retour, forcément l’intérieur duquel le cinéaste va plie les tours de force zinzins (une incomplet, sur la carrière de Vite fait, bien fait réunir un groupe réduit de fidèles : roulette russe exécutée avec des l’une des boussoles majeures à l’écriture, Richard Matheson dagues empoisonnées, une im- du cinéma américain. Aussi, les ramifications de son in- (l’auteur de Je suis une légende et molation d’un convive déguisé en fluence sur l’imaginaire de l’enter- L’homme qui rétrécit) ; à l’image, macaque) avant de s’achever en tainment semblent infinies. Et sa Floyd Crosby (le chef opérateur une étourdissante danse macabre, dont le kitsch horrifique renvoie

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Le Corbeau

autant aux délires hallucinatoires connivences avec (Le C’était déjà cet amour mêlé de cinéma en 1986 par Frank Oz (qui de Dario Argento (Suspiria, 1977) Corps et le Fouet, 1963) et plus farce et d’horreur qui faisait le multipliera le budget de l’original qu’à la grâce pastel de Jacques généralement avec le giallo (on re- charme modeste mais inaltérable par mille). Deux ans auparavant, Demy (Les Demoiselles de Roche- trouvera notamment chez Argento de La Petite Boutique des horreurs les pitres du National Lampoon fort, 1967). ce même goût des maisons han- (1960), satire de la faune frappa- et du Saturday Night Live (Dan tées, des vierges égarées et des dingue de la côte californienne Aykroyd, Harold Ramis, Bill Murray) À l’orée des sixties, Corman irri- filtres multicolores). en même temps que prouesse avaient du reste déjà repris à leur guera ainsi en continu les salles artisanale sans précédent (le film compte la formule comicofantas- d’exploitation de ses fantaisies Farces et attrapes fut tourné en deux jours pour une tique de La Petite boutique – dans morbides, dépliant d’un film à poignée de dollars). Saugrenues SOS Fantômes d’Ivan Reitman – l’autre les mêmes demeures go- Une réussite d’autant plus pro- sur le moment, nombre des intui- avec la postérité que l’on sait. thiques aux souterrains lugubres, bante que, sous ses airs de fran- tions de Corman seront par la suite où s’amoncellent machines de chise opportuniste, déclinant ad payantes, chaque graine plantée Le vieux cornac torture, traumatismes familiaux et nauseum la même formule, la révélant plus tard une fleur aux légendes ésotériques. Des succès série parviendra à se renouveler bourgeons fructueux : avec sa Toujours à l’affût des bons coups consécutifs qui profitent chaque d’épisode en épisode, glissant de plante carnivore aux injonctions (Piranhas de Joe Dante, qu’il pro- fois de quelques astuces pour l’épouvante premier degré à une rudimentaires (« Feeeeeeed me »), duit en 1978, surfa sans se cacher raboter leur budget prévisionnel forme de bouffonnerie délicieuse. cette production low cost accè- sur le succès des Dents de la – par exemple, en recyclant des Réalisé en 1963, Le Corbeau dera rapidement au rang de film mer), Corman ne s’est donc jamais décors et accessoires de produc- réunit ainsi Vincent Price, Peter culte. Au point de donner nais- contenté de passer à la caisse. tions Universal des années 1930 Lorre et Boris Karloff, pour une sance à une comédie musicale On l’oublie parfois : ce berger du ou en employant à plusieurs re- escarmouche délirante entre né- à Broadway, ensuite adaptée au cinéma indépendant a souvent prises les mêmes bandes de film cromanciens vieillissants. Une pour figurer l’épilogue fétiche de la sorte d’Expendables ésotérique, franchise (l’incendie des lieux). où les grimoires remplacent les fusils-mitrailleurs et les capes de L’héritage du cycle Poe sur le velours les treillis militaires. Ex- monde de l’épouvante est au- ploitant avec gourmandise les jourd’hui impossible à recenser : recoins farfelus de son postulat, on lui doit certainement le meil- le film s’achève sur un magni- leur film de Burton Sleepy( Hol- fique duel entre magiciens, sous low, 1999), le premier « roman » la forme d’un shifumi cabalistique imprimé de Stephen King (qui no- aux effets rudimentaires mais à vellisera La Chambre des tortures l’inventivité sidérante – troublante alors qu’il n’était qu’au lycée, pour coïncidence de calendrier, Le l’écouler ensuite clandestinement Corbeau sort la même année que à ses camarades de classe, avant Merlin l’Enchanteur de Wolfgang de se faire choper par le direc- Reitherman et son inoubliable teur), sans compter ses multiples duel métamorphe entre Merlin et madame Mim. Le Masque de la mort rouge

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Affiche originale d’Easy Rider (detail)

été là avant tout le monde, se fai- L’air de rien, Corman amorce avec 2000, 1975, inspiré d’une nouvelle Par la suite, les fruits de ce ré- sant piller sans vergogne, ratant ces deux films parfois mal dégros- d’Ib Melchior), l’un des plus gros jouissant navet anar seront pres- de quelques marches le prestige sis une page à la fois marginale et succès de Corman comme pro- sés sans ménagement par la de la consécration. Corman a eu essentielle du cinéma américain : ducteur. Pour certains, le film pré- culture pop, pour le pire et pour le plus d’une corde à son arc, et son le psychédélisme. Un an avant le figure l’orgie de tôle froissée de meilleur. forgera ainsi influence dépasse largement les 2001 de Kubrick et son maelström Mad Max de George Miller (1979) ; le canevas sulfureux des succès limites du cinéma d’épouvante. À final (« Beyond the infinite »), -Pe pour d’autres, il n’est qu’une va- vidéoludiques Destruction Derby revoir Les Anges sauvages (1966), ter Fonda sous LSD se laissait déjà riation Z du Rollerball de Norman et Carmaggeddon, dont les pour- son film inspiré des Hells Angels, embarquer dans un interminable Jewison, qui sort la même année suites motorisées, sans pitié pour lui aussi programmé au FID, on me- tunnel de couleurs flashy, avant et fantasme lui aussi un futur dé- les piétons, hérisseront les as- sure ainsi un peu plus la pénétra- d’achever son trip sur un gros coït généré et dystopique, où la popu- sociations de protection de l’en- tion du cinéaste, qui documenta kaléidoscopique, qui n’était pas lation est apprivoisée grâce à un fance – qui sont loin d’être au bout l’avènement des contre-cultures sans annoncer la partouze dé- spectacle sportif sans foi ni loi. On de leurs peines, puisque ce dernier hédonistes aux États-Unis (The doublée de Zabriskie Point d’An- peut tout autant y voir une adap- sort quelques semaines à peine Trip, 1967 ; Gas-s-s-s, 1970), tout tonioni (1970), œuvre majuscule tation pour adultes de la sublime avant le premier GTA. Ces dix der- en ouvrant d’un geste presque du genre. Sous ses airs de vieux série d’animation Les Fous du vo- nières années, pas moins de trois désintéressé la voie au Nouvel de la vieille, Corman est un astre lant (créée par Hanna-Barbera), nouvelles déclinaisons du film ver- Hollywood. Avec sa meute de mo- encore chaud autour duquel, sans qui fait le bonheur des téléspecta- ront le jour : un remake avec Jason tards gavés d’alcool et de soleil, même le savoir, la culture améri- teurs depuis sa première diffusion Statham en 2008 (à la production qui fusent à travers le macadam caine continue de graviter. Si son en 1968. duquelle Corman participa), une et foutent la pagaille partout où ils rayonnement s’estompera dès lors suite encore plus nanardeuse garent leurs montures, Les Anges que les prodiges du Nouvel Hol- (Death Race 2, qui est en fait une sauvages est un proto-Easy Rider lywood prendront le pouvoir, si qui n’a pas grand-chose à envier son nouveau studio, New World, au futur fleuron du Nouvel Hol- spécialiste de la sensation forte à lywood – sorti trois ans plus tard, bas coût, subira de plein fouet les le film de Dennis Hopper devait succès des Dents de la mer et de d’ailleurs initialement être pro- Star Wars (qui feront du cinéma de duit par Corman. Glissé entre ces divertissement la nouvelle chasse œuvres jumelles, The Trip viendra gardée des grands studios), son parfaire la généalogie en s’offrant œuvre en forme de mille-feuille le luxe de réunir le futur trio de ne cessera d’innerver les esprits. choc d’Easy Rider : Peter Fonda (déjà protagoniste des Anges sau- Pour le pire et pour le meilleur vages), Dennis Hopper (qui joue un second rôle de gourou perché) et Il n’y qu’à prendre l’exemple de Jack Nicholson (crédité au scéna- de Paul Bar- rio du film). tel (La Course à la mort de l’an

Suspiria (version restaurée par Synapse Films)

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Les Anges sauvages

préquelle), et un nouveau chapitre petite entreprise de divertisse- œuvre engagée qui porte par ail- au-delà de l’imaginable (Death ment, ne prétendant jamais au leurs bien son titre, tant elle ap- Race 2050, qui est en fait un re- statut d’auteur, produisant au pas paraît comme un intrus dans la fil- boot – on s’y perd). Mais il faut de charge et multipliant les acti- mographie de Corman. Car on ne savoir gré au tandem Wachowski vités parallèles (il distribuera sur l’y reprendra plus : échec public, d’avoir rendu en la matière la plus le territoire américain les œuvres ce camouflet amer achèvera en belle copie : leur ovni Speed Racer d’auteurs européens de prestige : effet de forger l’inébranlable prag- (2008) et sa séquence maîtresse, Resnais, Fellini, Bergman). Toujours matisme de ce grand intendant de le rallye de Casa Cristo, puisent en activité mais plus que jamais cinéma : « J’ai réalisé un film per- ainsi une partie de leur imaginaire à la marge, il est semblable à ces sonnel une fois, et c’est le seul qui délirant dans le film de Paul Bartel plantes grimpantes auxquelles on a perdu de l’argent. » Le seul. (bolides aux carlingues multico- ne fait même plus attention, mais Corman, l’essentiel lores, pilotes aux accoutrements qui continuent de se propager en folkloriques, courses aux péripé- continu sur les murs de nos in- La filmographie de Roger ties cartoonesques, où le pilotage conscients. Corman affiche plus de 400 le plus audacieux le dispute à la titres à son crédit, productions tricherie la plus fourbe). Autant de Ouvert à tout, comme exempt de et réalisations confondues. motifs et de ressorts que la sé- narcissisme, il n’aura eu durant sa Rapide liste, non exhaustive quence décline en une frise shiny vie qu’une seule règle : la rentabi- mais personnelle, des films et pétillante, comme débridée par lité de chaque production. Règle que l’on retient. les prodiges du numérique. qui l’incita à donner à toutes les têtes brulées qu’il initia le même Corman réalisateur : L’ i n t r u s et étrange conseil pour la suite La Petite Boutique de leur carrière : ne jamais racon- des horreurs (1960) Trait d’union entre deux âges du ter d’histoires qui leur tiennent à The Intruder (1962) cinéma américain, Corman est une cœur. Le cinéaste tire en fait cet L’Horrible Cas du docteur X (1963) figure qui aura elle-même toujours enseignement de sa difficile -ex Le Masque de la mort rouge (1964) cultivé l’entre-deux, le paradoxe. périence sur The Intruder (1962), Les Anges sauvages (1966) Menant une lucrative carrière lui aussi présenté au FID dans une dans le dos des grands studios, copie splendide. Adapté du roman Corman producteur : cet électron libre aura presque de Charles Beaumont (autre fi- Dementia 13 de Francis Ford toute sa vie été un indépendant. dèle), ce film sur la déségrégation Coppola (1963) Véritable monstre sacré, il est un trouve aujourd’hui une résonance Bertha Boxcar de Martin Scorsese mentor dont tous les épigones trouble avec l’actualité améri- (1972) finiront pourtant par réaliser de caine, en rappelant combien les La Course à la mort de l’an 2000 meilleurs films que lui. Défricheur États-Unis peuvent rebasculer de Paul Bartel (1975) insatiable, il se sera employé dans le racisme le plus aveugle Piranhas de Joe Dante (1978) toute sa vie à maintenir à flot sa en un claquement de doigts. Une Mutant de Allan Holzman (1982)

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Also Known as Jihadi, Éric Baudelaire, 2017.

Eric Baudelaire: Alep, aux côtés du front Al-Nosra, (2011), qui correspond à la pre- En janvier 2016, on commençait à avant de se faire arrêter en Es- mière fois où je me mets à réflé- tourner. «Face au terrorisme, pagne et d’être incarcéré. Le film chir à cette affaire de « théorie je regarde les s’appuie aussi sur des documents du paysage » de Masao Adachi. Pourquoi avez-vous retenu le tirés du dossier judiciaire de cette Je découvre cette manière de parcours de ce jeune Francilien structures et le filière du Val-de-Marne : retrans- penser le cinéma, en filmant des parti en Syrie, plutôt qu’un contexte» criptions d’écoutes téléphoniques, paysages, plutôt qu’un sujet. Dans autre ? extraits d’interrogatoires, etc. L’ A nabase et d’autres films que j’ai par Ludovic Lamant Éric Baudelaire s’exerce ainsi à la réalisés par la suite, on trouve des ÉB. J’ai rencontré des journa- « théorie du paysage », mise au clins d’œil appuyés à cette théo- listes et des magistrats. J’ai fini Après les attentats de 2015, point par un cinéaste japonais rie, mais je ne l’ai jamais résolu- par tomber sur l’histoire d’une fi- Manuel Valls avait lancé : marxiste, Masao Adachi. Dans ment mise en pratique. À un mo- lière située dans le Val-de-Marne, « Expliquer, c’est déjà vouloir A.K.A. Serial Killer (1969), ce der- ment, je me suis dit que ce serait qui m’a paru intéressante parce un peu excuser. » Visible à partir nier décrivait les lieux fréquentés intéressant de faire, sincèrement, qu’elle impliquait des jeunes dont du 5 septembre à Paris, un film par un tueur en série de 19 ans et sérieusement, un film de théorie on ne comprenait pas complète- d’Éric Baudelaire s’applique à tentait d’identifier des structures du paysage. ment les intentions, ni au départ, démonter la sortie de l’ancien d’oppression présentes dans les ni au retour. L’autre particularité, premier ministre. Also Known as paysages du Japon. Mais le film Le film d’Adachi, A.K.A. Serial Kil- c’est que leur procès allait s’ouvrir Jihadi revient sur le parcours de Baudelaire, très vite, s’échappe ler [pour Also known as Serial Kil- trois semaines après les attentats d’un Francilien parti combattre et pose des questions plus trou- ler – ndlr] date de 1969. Je m’étais de novembre 2015. Cela allait donc en Syrie. blantes, par exemple sur les limites toujours dit que l’équivalent, au- devenir le premier grand procès de l’institution judiciaire face au jourd’hui, consisterait à tourner un de djihadistes qui s’ouvrait après C’est un film tourné dans l’urgence, phénomène du djihadisme. A.K.A. Jihadi. Dans ma tête, c’est le 13-Novembre, dans un climat après les attentats de novembre Mediapart s’est entretenu avec vraiment venu d’abord comme un politique qui compliquerait forcé- 2015 à Paris et Saint-Denis. C’est Éric Baudelaire et la monteuse du titre de film. C’était l’un des pro- ment le travail de la justice. aussi l’une des expériences de ci- film, Claire Atherton (qui fut aussi jets que j’avais dans le tiroir, parmi néma les plus singulières de l’an- la monteuse de Chantal Akerman), d’autres. Il n’y avait rien d’urgent. Une fois identifiée la filière, née, sans paroles ni témoignage, pour comprendre le processus de Le matin du 13 novembre 2015, pourquoi retenez-vous le « découverte en compétition cet fabrication de ce film parfois dé- j’étais à Séoul, en train de travailler personnage », si l’on peut parler été au festival de Marseille, le routant et la manière dont Aziz, « sur un autre projet. J’ai été réveil- ainsi, d’Aziz ? FID, et qui sera visible du 6 au 18 personnage d’archives », est deve- lé par des textos d’amis à Paris. septembre au centre Pompidou nu un « personnage de cinéma ». D’un coup, je n’avais plus du tout ÉB. Oui, je pense que l’on peut à Paris. Dans Also known as Jiha- la capacité à travailler sur le film parler de personnage. À ce sujet, di [« également reconnu comme D’où vient le projet de ce film ? en cours, en Corée, qui s’est trou- il y a une décision importante que djihadiste »], Éric Baudelaire filme vé relégué au second plan face à l’on a prise, avec Claire [Ather- les lieux qu’a traversés, depuis son Éric Baudelaire. Il y a plusieurs ma- un sentiment d’urgence. Il fallait ton], au moment du montage : le enfance, un habitant de Vitry-sur- nières de répondre à la question. rentrer en France. Ce film de théo- film ne s’appelle plus A.K.A. Jihadi, Seine parti combattre, en 2012, à L’une commence avec L’ A nabase rie du paysage était le film à faire.

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objets comme les autres […]. La commis. C’est la théorie au sens déclaration de l’impensable c’est strict, elle date de 1969, elle a été toujours une défaite de la pen- mise au point par un réalisateur sée [qui] est toujours la victoire marxiste. précisément des comportements Ce n’est pas dans cet état d’es- irrationnels, et criminels. » Je prit que je décide d’en faire un suis d’accord pour dire que rien outil de travail aujourd’hui. Je n’ai n’est hors du champ de la pen- pas revu A.K.A. Serial Killer de- sée. Mais je ne suis pas persuadé puis 2011. Pour moi, l’important, qu’une posture de cinéaste puisse ce n’est pas le film d’Adachi, c’est se construire à partir de cette ré- l’idée qu’il porte. C’est peut-être flexion de Badiou. lié à ma manière de faire des films. Je voulais faire un film qui réfute Je ne sais pas écrire un film avec la citation de l’homme politique – un début, un milieu, une fin, et un Valls – mais qui reste à distance, script à suivre. Je choisis de ma- aussi, de celle du philosophe – nière parfois arbitraire, intuitive, Also Known as Jihadi, Éric Baudelaire, 2017. Badiou. Le film doit fabriquer un un programme, presque un dis- espace d’expérience, qui suggère positif, même si c’est un mot que comme je l’avais en tête au dé- de cause à effet, la possibilité qu’il qu’il y a peut-être quelque chose je n’aime pas, je dirais un système part, mais Also known as Jihadi. y ait des formes de violence qui à expliquer, et que ce n’est cer- de fabrication, qui va nous donner On a choisi de déplier l’acronyme. soient des répercussions d’autres tainement pas obscène d’expli- des règles de travail. À l’intérieur Ce n’est pas un film sur Aziz – qui violences que l’on se refuse à re- quer, mais qu’en même temps, il y de ces règles, il va se passer des est d’ailleurs un pseudonyme –, garder en face. a une forme d’incompréhension, choses qui vont nous faire dévier mais plutôt sur le fait d’être “also Notre société est obsédée par le d’incertitude, face à l’indicible, de la règle. known as” [“également connu sous sujet, la personne, le singulier. Le dans lequel il est possible de faire Mon intuition, c’était de dire : on le nom de”]. C’est un film sur un simple geste de dire « je tourne la du cinéma. Dans le brouhaha qui part de cette idée, qui est belle, phénomène, sur un archétype, da- caméra de 180 degrés » pour ne suit les catastrophes, marqué par parce qu’elle pose la question du vantage que sur une personne. Je pas filmer la personne, mais plu- cette obsession pour les grandes contexte, mais qui est laide aus- n’ai jamais eu l’intention de faire tôt ce qu’elle a vu, revient à dire : phrases, je trouve cela important si, parce qu’elle est objectivante, un film sur qui est cette personne. je regarde les structures et le de proposer un temps différent, déterministe. Évidemment, ce C’est un film sur pourquoi cette contexte historique. dans une salle de cinéma, où l’on n’est pas parce que l’on a grandi personne est connue. peut penser autrement. dans une cité que l’on va devenir À quel moment, Claire Atherton, CA. L’art est le lieu de la question. délinquant. La manière dont je Je reviens un peu en arrière : rejoignez-vous le projet ? Quel Un film qui explique les causes travaille, c’est de construire un pa- en quoi est-ce si évident que était votre sentiment, à l’origine, d’un départ en Syrie en se conten- radigme de départ puis de convier l’équivalent contemporain de sur cette théorie du paysage ? tant de montrer les lieux d’où vient des gens, comme Claire Mathon la critique du capitalisme, telle cette personne, c’est pauvre. Mais à l’image, ou Claire Atherton au qu’elle est formulée chez Adachi Claire Atherton : Je rencontre Éric un film qui cherche, à partir d’un montage, ou d’autres personnes en 1969, ait à voir le terrorisme en avril 2016, mais on ne com- paysage visuel, sonore, sensitif, au son, et chacun d’eux va lutter, djihadiste ? mence à travailler sur le montage à enclencher un mouvement de se rebiffer, interpréter à sa façon, qu’en septembre. Je n’avais pas pensée, cela devient passionnant. proposer une autre voie, etc. Et ÉB. À mes yeux, il y a un malaise, vu A.K.A. Serial Killer – je ne l’ai vu On a beaucoup parlé, pendant l’on finit par contredire le principe depuis 15 ans, depuis le 11 sep- qu’à la fin du montage. J’étais à la le montage, de mon travail avec de travail que l’on s’était fixé. J’ai tembre 2001, lié à la manière dont fois intéressée et un peu inquiète. Chantal Akerman sur Sud [1999, au- voulu faire un film de paysage, tout on parle dans les médias, et dans J’avais peur de quelque chose tour de crimes racistes dans le sud en sachant parfaitement que cela la société en général, des atten- de démonstratif. Dès le début du des États-Unis – ndlr]. Si Chantal a échouerait. tats et des phénomènes dits ter- montage, nous avons eu de lon- choisi d’aller là-bas, c’est parce CA. J’avais l’impression qu’Éric roristes. Cette discussion, en tout gues conversations sur la théorie qu’elle était obsédée par le silence n’attendait qu’une chose, que je cas côté occidental, fait souvent du paysage. J’étais plutôt scep- oppressant du Sud, dans lequel dérègle une mécanique trop bien abstraction du contexte dans le- tique, tout en reconnaissant que elle sentait un écho à la violence. réglée. Le tournage s’était dérou- quel ces événements ont lieu. Dé- cette démarche ouvrait plein de Elle voulait filmer la manière dont lé de manière très méthodique. cider de faire un film de théorie du possibles. Ce que je cherche en l’Histoire hante les paysages, et J’avais d’une part un inventaire paysage, c’est une manière d’affir- montage, c’est de provoquer un s’inscrit dans notre regard. des lieux, des adresses et des mer que le sujet va d’abord être le mouvement vers une tentative de dates, et d’autre part les extraits contexte, plutôt que les singulari- compréhension, qui ne se résume Le film ne dit pas que c’est du dossier judiciaire qui faisaient tés ou les personnalités. ni à une explication, ni à une jus- parce que l’université où Aziz référence à ces lieux. J’ai tout de Je me souviens de ces phrases tification, ni à une condamnation, a étudié a été construite de suite eu besoin de brouiller cette de Manuel Valls, dans la foulée mais qui tend vers un questionne- telle manière, ou parce qu’il a correspondance pour ne pas en des attentats, d’abord devant le ment et nous fait réfléchir. C’est grandi dans une cité difficile être prisonnière, et pour qu’on ne Sénat, ensuite lors d’un hommage cette piste que nous avons d’em- qu’il a choisi, plus tard, d’aller soit pas dans l’illustration. Le tour- aux victimes de l’Hyper Cacher, blée suivie ensemble, et qui s’op- combattre en Syrie. C’est plus nage a été systématique, mais le en janvier 2016, où il avait lancé : pose évidemment à la phrase de compliqué… film ne l’est pas. « Expliquer, c’est déjà vouloir un Manuel Valls. Il fallait que l’on dépasse rapide- peu excuser. » Cela m’a ramené ÉB. Alain Badiou a dit lors d’une ÉB. Le précepte de la théorie du ment la question du déterminisme en arrière : au moment du 11 sep- conférence quelques semaines paysage, c’est qu’en filmant le des paysages, qu’on évite l’écueil tembre 2001, j’habitais aux États- plus tard, en réaction aux sorties paysage dans lequel quelqu’un a de l’explication binaire qui rassure Unis et l’une des choses les plus de Valls, quelque chose d’impor- grandi et vécu, on pourra éven- en désignant un coupable. Nous troublantes que j’ai constatées, tant pour moi, qui a nourri notre tuellement discerner dans l’image voulions que le film interroge de c’est que le gouvernement amé- travail :« Il y a des conduites ab- des signes de structures qui ont manière plus large les raisons qui ricain, et une grande partie de la solument irrationnelles, crimi- contribué à un état psycholo- expliquent ces départs vers la Sy- population américaine avec lui, nelles, pathologiques, mais tout gique, social, politique, dans le- rie. On en revenait aux attentats évacuait complètement la relation cela constitue pour la pensée des quel certains actes ont pu être de novembre 2015 : comment en

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Also Known as Jihadi, Éric Baudelaire, 2017. Also Known as Jihadi, Éric Baudelaire, 2017. est-on arrivé là ? Et pas seulement « Une histoire qui que vous utilisez, des pièces n’était pas seulement leur contenu comment cela se fait qu’Aziz, lui, du dossier judiciaire. Ce qui importait, mais aussi leur ty- en soit arrivé là. Quelle est aussi, peut se vivre de qui est troublant, c’est que pographie, leur ton, et même leurs notre responsabilité ? manière plus forte, l’on n’apprend pas vraiment fautes d’orthographe. ÉB. Si l’idée du film avait été de grand-chose de neuf sur le Dans la construction du film, il dire : si on grandit dans une cité si on lâche certaines phénomène : cela relève y a eu des moments charnières. difficile, on commet des actes de choses » surtout les limites de Je pense au long travelling sur la violence, alors j’aurais choisi un l’institution judiciaire… route, près de la Syrie, qui cor- autre personnage. Lui, justement, Quand vous filmez dans une ville respond au moment du départ n’a pas grandi dans une cité par- à la frontière entre la Turquie ÉB. On parlait de réel et de vérité. d’Aziz vers Alep. C’est comme si ticulièrement difficile. Les lycées et la Syrie, vous ne pouvez pas Tout cela devient autrement plus la caméra devenait tout à coup dans lesquels nous avons filmé savoir s’il est passé dans telle important quand on parle de jus- subjective et que c’était Aziz lui- sont plus beaux que les lycées ou telle rue… tice : à la fin, il y a des gens qui même qui avait filmé. En écho, que j’ai fréquentés. Ce qui m’a at- vont prendre six, sept ou neuf ans les documents que l’on a choisis tiré, dans cette trajectoire, c’est ÉB. On sait dans quelle ville il dort, de prison. Quand j’ai décidé de racontent son départ de manière justement que le cadre n’est pas parfois dans quel hôtel. Mais au travailler à partir d’un dossier judi- assez intime. C’est un extrait d’un particulièrement misérabiliste. On fond, tout cela ne m’intéresse pas : ciaire, j’ai très vite pris conscience interrogatoire de l’un de ses amis. est dans le Val-de-Marne, dans on pourrait être dans un autre vil- qu’on ne travaillait pas avec des Il est question de leur départ à des quartiers relativement mélan- lage que celui qu’il a traversé, cela documents qui disaient la vérité. tous les deux, d’une lettre laissée gés, avec des infrastructures plu- n’a pas tant d’importance. Ma Une analyse psychologique du à sa mère et du désir de cet ami tôt bonnes. Et pourtant, ce cadre- ligne de conduite, c’était d’essayer personnage, ce n’est pas la vérité, d’apprendre l’arabe en Égypte. là produit une situation où cinq ou d’être dans tous les lieux que l’on c’est l’opinion d’un psy qui a passé C’est un moment important dans six gars décident qu’ils doivent a été capables d’identifier de ma- 45 minutes avec un prévenu qui le film parce que, pour la première aller ailleurs, pour assouvir une re- nière certaine. Non pas parce que risque dix ans de prison, et qui va fois, il y a une forme de simulta- cherche, poursuivre un autre des- c’est important pour moi du point faire une hypothèse sur son état néité entre toutes les matières. tin. Les questions sont plus vastes de vue de la vérité, mais parce d’esprit. Tout est au présent. que le seul paysage, ce sont des que j’avais l’intuition que cela questions que la caméra ne peut donnerait une force supplémen- Comment avez-vous construit le Dans des films ou des pas forcément capter, d’ordre so- taire au film. rapport, assez troublant, entre installations par le passé, cial ou politique. Cela touche au À Almeria, en Espagne, on filme les paysages et les documents ? Éric, vous avez régulièrement projet de société en France, et à la l’hôtel La Perla, où il dort la der- malmené les documents, en manière dont certaines personnes nière nuit avant son arrestation, ÉB. Nous avions environ 25 heures inventant de fausses archives, en sont exclues. au moment de vouloir rejoindre de rushes, et surtout 6 000 pages en rayant des articles de presse, ÉB. Si l’on décide de filmer la cli- l’Algérie. Nous avons même dor- de dossier judiciaire. Plusieurs etc. Avez-vous glissé de fausses nique dans laquelle il est né, il n’y mi dans cet hôtel, j’ai pensé que préoccupations nous ont gui- pièces, dans la narration a aucune raison que l’on ne filme cela produirait peut-être quelque dés. L’une était simplement de de ce film-là ? pas la plage, à Chéraga, dans la chose par la suite, au moment du faire avancer le récit, comme banlieue sud d’Alger, où il se rend montage. dans n’importe quel film de ci- ÉB. J’ai un rapport complexe à tous les étés. Il le dit dans le dos- Mais cela ne s’est pas toujours néma, pour que l’on comprenne cette affaire de vrai et de faux. J’ai sier judiciaire, il veut rentrer « passé comme cela. Avant de dé- qui sont les personnages et ce besoin d’ancrer mon travail de re- chez lui », là où habite sa grand- ménager dans un quartier plus qui leur arrive. Il fallait aussi faire cherche avec des choses qui sont mère. On a beaucoup filmé en calme, Aziz a grandi dans le quar- comprendre que tout cela n’est vraies, avec une rigueur qui vient Algérie. Nous n’avons gardé que tier Balzac, qui n’existe plus. Il pas une donnée objective mais bêtement de mes années de re- trois plans, parce que cela nous a été dynamité en 2007, parce bien, le plus souvent, la perspec- cherche en sciences politiques. semblait suffire, pour pointer vers que c’était une cité plutôt dure. tive d’un flic ou d’un juge. Et après, J’ai passé un an de ma vie, par quelque chose, sans trop appuyer J’ai donc filmé d’autres barres c’est une affaire de sensations au exemple, à étudier les 14 jours de vers autre chose. C’est la même que celles de Balzac, qui y res- montage. la crise des missiles de Cuba en logique quand on filme sur le par- semblent. D’ailleurs, lorsqu’ils ont CA. J’ai d’abord regardé toutes les octobre 1962, en fouinant dans vis de La Défense : c’est parce dynamité Balzac, des gens ont images du tournage. Puis j’ai dé- les archives américaines pour sa- que l’on sait qu’il a distribué, à un pleuré. Je n’ai pas su comment couvert les documents du dossier voir ce qui se passait, heure par moment de sa vie, des tracts sur l’intégrer au film, ce rapport affec- au fur et à mesure du montage. heure, dans les couloirs de la Mai- le parvis. tif à une cité dure. Très vite, les documents sont de- son Blanche. Mon travail consistait venus une matière à part entière, à établir les circonstances dans Venons-en aux documents comme les images et les sons. Ce

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Also Known as Jihadi, Éric Baudelaire, 2017. lesquelles avaient été prises des ÉB. Ce sont les hauts de Vitry. On Avec Aziz, c’est un peu pareil : faire décisions qui auraient pu faire voit toutes les strates de ce qui a d’un personnage d’archive, un per- basculer l’humanité dans la guerre eu lieu depuis 50 ans dans cette sonnage de cinéma. Comme dans nucléaire. C’était un travail minu- périphérie urbaine : on voit les De sang-froid, de Truman Capote, tieux d’archiviste pour apprendre usines, les pavillons ouvriers, les je cherche à donner une autre qui, de John ou de Robert Kenne- cités HLM. dimension à l’enquête, émotive, dy, parlait dans telle archive so- CA. C’est aussi le son de ce plan, intellectuelle, affective. Et je ne nore… J’ai donc un rapport totale- le bruit de marteau-piqueur, ou peux pas l’obtenir si je n’utilise pas ment obsessionnel à l’archive. d’une pelle, qui a fait qu’il s’est im- cette liberté qui consiste à brouil- Mais en même temps, l’idée qu’il posé comme premier plan. Je ne ler des pistes, inverser des ordres, puisse y avoir des emballements voulais surtout pas commencer tout en restant dans un rapport de cinéma, dans l’espace de la par la clinique où Aziz est né, ça constant au réel, que l’on garde fiction, m’intéresse énormément. aurait concentré le film sur son au coin de l’œil. C’est une histoire Je ne peux pas dire qu’il y ait une histoire à lui. Ce bruit est fort, il qui peut se vivre de manière plus règle. Je sais qu’il était important a tout de suite évoqué pour moi forte, si on lâche certaines choses. pour moi de filmer dans le village l’idée d’une recherche, d’un mou- à la frontière syrienne par lequel vement pour aller voir en dessous. Allez-vous montrer le film à Aziz est réellement passé, mais Dès le début, on creuse. celui que vous appelez Aziz ? je ne pourrais pas le justifier d’un ÉB. Les références du film ne sont point de vue éthique ou déontolo- pas du côté du documentaire. ÉB. Cela m’importait de l’informer gique. C’est un socle, une manière Après avoir travaillé sur la crise que le film existait, mais je suis pour moi d’organiser le tournage, des missiles de Cuba, j’ai décou- aussi conscient du fait qu’il ne et peut être qu’il s’en dégagerait vert juste après Libra [publié en peut pas le voir, physiquement, aussi un effet de réel. 1988 – ndlr], de Don De Lillo, qui les gens incarcérés dans les quar- CA. C’était important pour moi de évoque l’assassinat de Kenne- tiers terroristes des prisons étant me tenir à distance de ce travail dy. C’est une période historique coupés du monde. D’une certaine d’exactitude. Il fallait que je m’en sur laquelle j’avais travaillé dans manière, la réalité carcérale est un affranchisse, pour qu’autre chose un cadre universitaire et je lis un énorme hors-champ du film. advienne. Par exemple, je voulais livre très documenté, lui aussi, sentir quel plan devait ouvrir le mais libre, qui s’appuie sur des film, mais je ne voulais pas savoir personnages pour certains de fic- si c’était exactement là qu’Aziz tion, pour d’autres réels. J’ai eu le avait vécu, petit. sentiment d’entrer dans une com- préhension d’une situation histo- Où a été tourné le beau plan rique bien plus intense que ce que d’ouverture, d’ailleurs [capture je ressentais quand je travaillais ci-dessus] ? strictement à partir d’archives.

FIDMarseille — Revue de presse 2017 66 CHRONICART — AOÛT 2017 PRESSE NATIONALE http://www.chronicart.com 1/2

FID 2017: bilisent est la force indéniable du Même chose dans Braguino où L’Héroïque Lande, La Frontière FID, qui est avant tout un festival il s’agit de regarder le quotidien Brûle (Nicolas Klotz et Elisabeth Pays(ages) hantés d’ « essais », au sens le plus aven- d’une famille isolée au milieu de la Perceval) tureux du terme. Ce « D » qui per- taïga sibérienne. Cachée dans un Comme chaque année, le FID, siste comme un bruit de fond n’en angle mort de la civilisation, la fa- C’était, pour des raisons en partie dédié au cinéma documentaire a pas moins le mérite de souligner mille vit de chasse (une séquence similaires, la projection la plus at- (mais pas tout à fait, quoique qu’il y a un geste documentaire au ahurissante voit le père abattre un tendue et en même temps la plus un peu quand même, enfin c’est coeur du moindre film – à condi- ours, sitôt débité pour en faire no- redoutée : quatre heures de re- compliqué) ouvrait sous le soleil tion de considérer qu’il ne s’y agit tamment des chaussons d’enfant) portage embedded dans la jungle marseillais l’été des festivals de pas de documenter quoi que ce et dans une peur sourde qui est de Calais, par Nicolas Klotz et Eli- cinéma. Entre chasse à l’ours et soit, mais simplement de savoir le vrai sujet du film. C’est qu’une sabeth Perceval dont le dernier visionnage des Feux de l’amour, regarder ce qui se présente. Il y double présence menace ce film, Low Life, nous avait laissé petit aperçu des choses vues a des documentaires qui sont de havre de paix: à côté, une famille un souvenir pour le moins migrai- parmi les riches sélections de bonnes fictions, et des fictions qui rivale que le film ne montre pas; neux. Le titre de celui-ci laissait cette 28ème édition. font de bons documentaires: les au-dessus: un inquiétant ballet redouter, sur un terrain particu- meilleurs films vus au FID ont en d’hélicoptères, dont la présence lièrement glissant, le même genre Aux élus, aux partenaires qui dé- commun, peut-être, la valeur qu’ils invasive dit l’étau de la civilisation de lyrisme vaniteux. Or la couple filent sur scène au moment d’ou- donnent à cette évidence. qui se resserre. On voit bien qu’il a judicieusement réprimé ses vel- vrir ou de conclure ce précieux s’agit moins pour Cogitore d’éclai- léités d’avant-garde périmée, pour festival, le même embarras léger Braguino (Clément Cogitore) rer un mystère que d’intensifier embrasser avec une certaine mo- et amusant depuis quelques an- au contraire la hantise, de respi- destie la tâche qu’il s’est donnée – nées : faut-il encore dire « Do- Le nouveau film de Clément Co- rer à pleins poumons les effluves soit, simplement, enregistrer par cumentaire » au sujet du FID, que gitore est, à cet égard, un cas fantastiques dégagées par ce le témoignage et l’observation la faire avec ce « D » encombrant d’école. Il y a six ans, Cogitore fil- quotidien hors-normes. Le film, réalité de ce lieu de transit deve- qui n’est plus l’initiale de rien, mait dans Bielutine un ahurissant d’une beauté rare, laisse échap- nu bidonville à part entière, entre puisque le festival lui-même se couple d’amateurs d’art reclus per des visions stupéfiantes – à les grillages duquel s’agglutinent revendique « de cinéma », tout dans un appartement moscovite commencer par ces jeux d’enfants des milliers de réfugiés prêts à court, et qu’on y invitait cette an- où les cernaient des dizaines de tous blonds, comme échappés du traverser la Manche. La caméra née Roger Corman après avoir cé- chefs d’oeuvre de la Renaissance Village des damnés pour s’ébattre de Klotz et Perceval extrait de ces lébré l’an dernier Hong Sang-soo ? à la provenance pour le moins dans une nature aussi virginale limbes engorgés un échantillon de S’en libérer est évidemment une mystérieuse. Plutôt que de révé- qu’inquiétante. Le film est annon- visages et d’histoires, tous animés chance pour le festival et pour les ler quoi que ce soit, le portrait, à cé en salles, couplé à Bielutine, par l’espoir doublement vain de films invités: si la plupart relèvent mesure qu’il progressait, semblait pour l’année prochaine: il ne fau- passer en Angleterre. Vain parce bien de ce que d’autres appellent au contraire s’en remettre com- dra pas le louper. que les mesures policières radi- cinéma « du réel », s’ils se colti- plètement à l’opacité de leurs ex- cales (fouilles, scanners, chiens) nent un matériau « documentaire plications fantasques et de leur rendent cette migration presque », l’éventail des formes qu’ils mo- vie comme noyée dans la fiction.

FIDMarseille — Revue de presse 2017 67 CHRONICART — AOÛT 2017 PRESSE NATIONALE http://www.chronicart.com 2/2 impossible ; vain, ensuite, parce sant avec vanité leur rêve de mort journée complète d’un poète ami Retour à Genoa City que les témoignages des rares avant de se rétracter in extremis du cinéaste, Karl Holmqvist, instal- (Benoit Grimalt) miraculés n’incitent pas à l’en- devant le péril du réel. lé à Berlin. L’étrangeté du film vient têtement – « England no good. de ce que ce quotidien est plutôt Montré (et primé) à la dernière Rain everyday. No good. Fuck Va, Toto (Pierre Creton) du genre patachon: le poète n’a Quinzaine des Réalisateurs, le England ! » explique l’un d’eux au pas exactement un agenda sur- court métrage de Benoît Grimalt téléphone avant de conclure : Pierre Creton est un peu plus chargé, si bien que tout est mis au a pour lui un programme parfaite- « I miss Jungle… ». Sous l’ironie qu’un habitué du FID: tournés en même niveau – brossage de dents, ment attachant. En visite chez sa amère de cette conclusion, c’est pays de Cau où celui-ci poursuit arrosage de plantes, balade à vélo. grand-mère et son grand oncle, bien évidemment un autre tableau depuis vingt ans une oeuvre aus- C’est extrêmement bien filmé, le réalisateur s’amuse à enquêter que le film s’emploie à révéler : si complexe qu’accueillante, ils mais il y aurait quand même de sur leur passion d’augustes retrai- celui d’une communauté clandes- ont tous été montrés ici. Va, Toto quoi s’impatienter si ledit Karl ne tés : Les Feux de l’amour. Tordant tine de vivants, amalgamant dans retrouve, sur les mêmes terres se révélait dans sa nonchalance lorsqu’il se hasarde à résumer un même creuset d’espérance les (mais avec un détour par l’Inde) un comme un attachant personnage powerpoint à l’appui cet invrai- cultures et les destinées, au point cadre opératoire familier, où s’en- burlesque (et à l’évidence membre semblable feuilleton (45 saisons, de constituer une nation à part trelacent quelques trajectoires honoraire – le sait-il ? – de la socié- 11 000 épisodes, une avalanche de entière. formulant une douce théorie de té des « Fils de Lee Marvin » jadis retournements ubuesques), le film l’affection. Affection de Madeleine, fondée par Jim Jarmush). C’est le ne manque pas d’afficher des am- Also known as Jihadi voisine de Pierre, pour le Toto du titre, en fait, qui donne la clef co- bitions plus nobles : esquisser, en (Éric Baudelaire) titre qui est un marcassin dont elle mique du film: cette journée à ne contrepoint de cette saga familiale a fait un ami, presque un enfant – (presque) rien foutre est la journée grandiloquente, l’histoire plus in- En 2011, Eric Baudelaire venait « nous avons une tendre vie », idéale de Karl, idéalement cou- time de ses deux aïeux, scotchés présenter au FID son premier dit Madeleine. Affection de Pierre ronnée au bout du film par une chaque jour devant leur poste de long-métrage, au titre aussi co- pour Madeleine (le film est en performance musicale zinzin et télévision. Là-dessus, pas beau- pieux qu’énigmatique : L’A nabase partie un prétexte à cet échange) impeccable avec Arto Lindsay. coup de mystère : à travers ce de May et Fusako Shigenobu, mais aussi pour Joseph, autre voi- soap interminable, ce frère et Masao Adachi, et 27 années sans sin, qui a une apnée du sommeil Vitalium, Valentine ! cette sœur trouvent quotidien- images. En fait, un double portrait et qui raconte ses rêves à la de- (Jean-Charles Fitoussi) nement de quoi dérober leurs re- complexe (celui de May Shigeno- mande de Pierre, des rêves qu’il gards à la grande tragédie de leurs bu et de Masao Adachi), composé fait chaque nuit par la faute de la « Le cadavre tousse, c’est bon existences – leur exil d’Algérie, où à la fois d’entretiens et de plans machine « à pression continue » signe ! »: la meilleure réplique de ils ne reviendront jamais. Sous le de paysages, ces derniers ayant qui l’aide à dormir. Et puis sou- l’année était cachée là, dans cette perpétuel ronronnement de la fa- vocation à retracer la trajectoire dain on est en Inde, via l’affection nouvelle pièce du Château de ha- brique d’oubli, affleurent donc peu géographique et fantasmatique de de Pierre pour Vincent, qu’a gui- sard qui nous fait retrouver avec à peu les stigmates d’une vie ron- ces deux personnalités. Manière, dé là-bas son affection pour les bonheur la filmographie ultra-in- gée par un regret muet et tenace, au passage, de rendre hommage singes. C’est aussi simple que ça sulaire de Fitoussi, et un person- que chacun semble avoir enterré au film phare d’Adachi, A.K.A. Se- (des moments passés, des visites nage qui se retrouve au premier au plus profond de soi. Dommage rial Killer, lequel revenait sur l’iti- d’une ferme à l’autre, en marchant plan après avoir hanté les précé- que la sympathique modestie de la néraire meurtrier d’un Japonais dans la terre mouillée) et en même dents films. Le professeur Stein, mise en scène finisse pas révéler d’à peine dix neuf ans, coupable temps plus compliqué : l’image, la dont le nom planait jusque-là les limites de l’objet, qui manque de quatre assassinats répartis sur narration, les récits suivent des comme une légende (il y a de quoi: d’inspiration au moment précis où autant de lieux différents. Si Bau- voies propres qui s’emmêlent sans c’est, nous dit-on, l’arrière petit il devrait nous bouleverser. delaire, dans son premier film, re- toujours concorder (Creton ex- fils de Victor Frankenstein) mène prenait à son compte la fameuse « périmente notamment avec des ici dans un château de la Drôme Louis Blanchot théorie du paysage » du cinéaste split-screens splendides, qui sont une expérience qui rappelle très et Jérôme Momcilovic (soit : retrouver dans le paysage autant de modestes installations fort L’Invention de Morel de Bioy les structures d’oppression qui le déposées au coeur du film), la fic- Casares: il s’agit de faire revivre constituent), il précise encore un tion soutenant le documentaire, les anciens occupants des lieux à peu plus cet héritage en revenant et inversement. C’est moins un travers le corps des actuels châ- cinq ans plus tard sur la trajec- montage (entre des personnages, telains, et rejouer avec eux, sans toire d’un aspirant au djihad, parti entre des idées) qu’une respiration fin, des scènes d’un autre temps. de France sur les chemins d’Alep. commune entre tout ce que le film Frappe dans ce film très court le Also known as Jihadi alterne ainsi nous montre, avec une douceur désir qu’a eu Fitoussi, cette fois, entre extraits de procès verbaux jamais forcée – une sorte d’hyp- de resserrer son intérêt autour filmés plein cadre, et fragments nose bienveillante, qui rend atten- de ce seul argument de série B de paysages (à Vitry où il est né, tif comme on nous offre rarement gothique, plutôt que de le laisser en Turquie où il a fait escale, etc.) de l’être. s’envoler dans les volutes d’im- censés recomposer le parcours provisation narrative auxquelles il du jeune terroriste ainsi que des Karl’s Perfect Day nous avait habitué – à l’exception membres qu’il a tenté de recru- (Rirkrit Tiravanija) peut-être des Jours où je n’existe ter. À l’arrivée, c’est à la fois tota- pas. C’est d’autant plus réjouissant lement hypnotisant et totalement Plus connu dans le monde de qu’en s’adonnant aussi frontale- rébarbatif, Baudelaire usant de son l’art contemporain, Rirkrit Tirava- ment à ce genre, le film libère du dispositif avec une solennité et nija a réalisé voilà six ans un très même coup une veine burlesque une monotonie totales, convain- beau film, Lung Neaw Visits His débridée: il est par moments vrai- cu que l’opiniâtreté de sa mine Neighbours, minuscule odyssée ment hilarant. C’est à la fois inat- en scène jouera pour lui. Il n’a, du contemplative dédiée au quoti- tendu et pas tant que ça, tant le reste, pas tout à fait tort, puisque dien d’un vieux paysan de Thaï- cinéma de Fitoussi semblait, à y le film finit bel et bien par capti- lande du Nord. Karl’s Perfect Day repenser, faire en de nombreux ver, notamment par sa manière ne change pas de méthode mais endroits des promesses de bédé d’exposer la psychologie labile de de sujet, puisqu’il s’y agit d’obser- smart et maboule. ces égarés sans visage, embras- ver, dans les moindres détails, la

FIDMarseille — Revue de presse 2017 68 NEXT LIBÉRATION — AOÛT 2017 PRESSE NATIONALE http://next.liberation.fr 1/1

Thierry de Peretti montre l’histoire non pas à travers les événements et les discours qui la façonnent, mais dans ses interstices. Photo Elise Pinelli

«Une vie violente», la violence. Une scène de mariage qu’il se penche ici sur sa propre idéalisme et appât du gain. On évoque le Parrain de Coppola, une génération, à travers des person- pourrait reprocher au film de ne graines de vengeance autre, dans une boîte de nuit, rap- nages tels qu’il a pu en côtoyer à pas nous montrer précisément ce pelle les Affranchis de Scorsese - l’époque. qui anime les personnages, mais Guerres fratricides, luttes et un poster, où des palmiers noirs c’est justement, nous suggère- nationalistes, liaisons mafieuses, se découpent sur un coucher de Mais cette vérité, on la doit aussi t-il, parce qu’ils ne le savent pas représailles : dans une fresque soleil orange, est sans doute une au casting mené pour lui par Ju- clairement eux-mêmes. Stéphane, tragique et distante, Thierry de réminiscence d’un célèbre décor lie Allione, qui pendant un an a le personnage central, inspiré Peretti plonge dans le quotidien du Scarface de De Palma. Ces rencontré et interviewé un grand d’un cas réel, incarne l’ambiguï- d’une certaine jeunesse corse références révèlent surtout de nombre de jeunes Corses afin de té d’un combat lorsqu’il se teinte de la fin des années 90 éprise quel imaginaire pourrait se nour- trouver les acteurs principaux. On de romantisme, et l’impasse d’un d’indépendance. rir le parcours fatal de ces jeunes peut voir une trace de ce travail engagement qui se fait complice hommes, politiquement cadré par dans Lutte jeunesse, passionnant d’une sanglante criminalité. Une Une vie violente évoque une pé- l’engagement des pères et mora- film constitué d’un montage de pente vers la mort que le cinéaste riode précise de l’histoire du mou- lement permis par une culture de certains de ces entretiens, réalisé refuse de juger ou d’idéaliser et vement indépendantiste corse : sa la violence. par Thierry de Peretti et présenté qui finit par nous toucher dans la dérive mafieuse, ses dissensions, au FID, festival international de très belle dernière scène, parce ses règlements de comptes et Casting d’un an cinéma de Marseille, cette année. que ne reste plus que la tragédie ses luttes fratricides qui provo- Le but des entretiens était de ren- d’un jeune homme qui assume et quèrent un véritable carnage dans Si l’on pense aux films cités plus contrer des acteurs capables de attend son sort fatal. la jeunesse locale à partir de la haut, c’est qu’il y a dans le désir comprendre et d’incarner naturel- fin des années 90. L’essentiel de d’être voyou une part de mimé- lement tous les enjeux du film. Ces Marcos Uzal ce qu’il faut savoir d’un point de tisme, entre autres façonnée par hommes y parlent de leur rapport vue d’historien est contenu dans les films, mais le réalisateur frôle au nationalisme, à leur terre, au les cartons qui ouvrent le film, car quant à lui le cinéma de genre besoin de la quitter ou d’y revenir, le didactisme n’est pas le souci américain sans jamais le singer. à la tentation de l’argent facile, et principal de Thierry de Peretti. Il Notamment parce qu’en se tenant il est assez saisissant de constater cherche plutôt à rendre compte toujours à distance des person- jusqu’à quel point ils se sont tous de l’évolution de ses personnages nages et de leurs actes, il ne se construits par rapport à la vio- à travers ce que seul le cinéma laisse pas séduire par leur goût de lence, avec, malgré ou contre elle. peut faire : montrer l’histoire non la violence, et rarement émouvoir pas à travers les événements et par leurs tourments. La mise en Combat ambigu les discours qui la façonnent, mais scène reste sèche malgré la rage dans ses interstices. qui les anime. Lutte jeunesse est comme le sous-texte d’Une vie violente, qui Par exemple, comment un rap- L’une des qualités du film est choisit de ne pas dire les choses port amical, politique ou crapu- d’être très ancré dans la réalité aussi frontalement que le font les leux peut évoluer et basculer en corse, ses paysages, sa lumière, sa témoignages. Sa distance fait que quelques minutes, le temps d’une langue, ses accents, et bien sûr les les dialogues et ce qui s’y joue conversation. Ainsi, le film est mécanismes sociaux et culturels n’est pas toujours d’une grande principalement constitué de lon- qui ont engendré les dérives évo- clarté, mais la confusion créée par gues scènes où nous est à chaque quées ici. Ainsi il ne tend aucune ce réalisme est sans doute ce qui fois montré comment une discus- perche à une surinterprétation du rend le mieux compte de la confu- sion dégénère dans l’excès ou de type «ça nous parle aussi du jiha- sion morale et politique dont est quelle manière une situation se disme». Cela est dû au fait que le victime cette jeunesse partagée complexifie jusqu’à sombrer dans cinéaste est lui-même corse et entre radicalisme et frime, entre

FIDMarseille — Revue de presse 2017 69 CRITIKAT — AOÛT 2017 PRESSE NATIONALE http://www.critikat.com 1/2

Braguino, de Clément Cogitore

28e FIDMarseille Southern Belle pendant de solitude quand, sur Tinselwood le parking du Costco, l’héroïne Pour se faire une idée de cette Joli complément de programme se livre ensuite à une chorégra- À l’opposé de ces effusions de 28e édition du FID, il fallait se à la rétro Roger Corman sur le phie en compagnie de son petit bonheur triste sur fond d’oisi- rendre au concert organisé par le terrain du réel, Southern Belle chien. Tout concorde alors à faire veté, se trouvait Tinselwood de festival à quelques kilomètres du de Nicolas Peduzzi venait oppor- de cet ego trip le point final d’un Marie Voignier. Six ans après en Mucem. Au menu : un live ébou- tunément satisfaire les appétits tableau globalement pathétique, avoir fait le décor du très beau riffant d’Arto Lindsay (fringuant festivaliers en visions d’Amérique. mais plutôt que de l’abandonner L’Hypothèse du Mokélé-Mbembé vétéran de la No Wave) suivi d’une Il ne faut pas chercher plus loin à son délire comme un hamster (FID, 2011), la cinéaste plonge une projection de la fameuse perfor- l’horizon de cette chronique sur de labo se cognant aux parois de nouvelle fois sa caméra dans les mance des Talking Heads captée les affres d’une héritière débous- son enclos, le film l’accompagne couches de cette forêt primaire, par Jonathan Demme (Stop Ma- solée, puisque le récit, collier de en musique, conférant à sa danse au sud-est du Cameroun, saturée king Sense, 1984). À l’entrée du disputes familiales ponctué de un air d’abandon libéré de toute du vert tendre de son feuillage Théâtre Sylvain, converti pour scènes d’ivresse et de jalousies rancœur. En filigrane, se devine le tropical et du rouge sang de sa l’occasion en temple schizophrène (l’intégralité de son empire ayant doigt d’honneur post mortem d’un terre. On y voit la vie s’organiser (la « No » Wave du premier répon- été légué par un entrepreneur à sa papa qui a fait le choix de main- par tableaux étanches, ses enfants dant sarcastiquement à la « New fille unique, le reste des proches tenir sa fille adorée dans l’illusion confectionner des petits pièges » Wave des seconds sur la scène se retrouve à graviter autour d’une vie de féerie, plutôt que de avec une ingéniosité oubliée, ses post-punk), une affiche d’un show de la jeune femme comme des nourrir une horde de vautours. pêcheurs deviser sur l’héritage à venir de Patrick Sébastien. Le spectres rongés par l’amertume), Rien de vraiment neuf au rayon trouble des colonies (allemandes FID, c’est un peu cet instantanée ne vise pas grand-chose d’autre des fables de la décadence, mais puis françaises), ses pelleteuses d’underground sur le terrain du que le cliché white trash qui s’offre il faut porter au crédit de Nicolas de marques européennes et amé- cinéma : il y a du documentaire, à lui. Ceci posé, le film tisse en Peduzzi d’avoir épuré son pro- ricaines déplacer des troncs aux des essais qui s’en détachent en transparence une histoire assez pos de toute démagogie, et su se proportions pachydermiques, un brouillant les pistes, le tout ayant touchante, bien aidé par sa galerie maintenir devant cette « southern cimetière allemand et des sor- pour point commun de se tenir à de trognes ciné géniques (prime belle » à un point d’équilibre d’au- ciers, dont les sortilèges semblent la marge du mainstream. Retour à l’oncle lésé, dont la jovialité ex- tant plus fragile pour lui qu’elle vouloir hanter le film et sa forêt. Le sur le meilleur d’une édition dé- cessive vire à la colère en un clin fut (de son propre aveu lors de la problème, c’est qu’au terme d’un boussolante et riche, cette année d’œil, et qui semble sorti du chu- présentation du film) son premier bout à bout d’1h20, aucun propos encore, de sa grande diversité for- tier d’un épisode des Soprano) et amour. ne se dessine. C’était déjà la limite melle. un bel épilogue. On y voit la jeune des moins bons films de Marie fille de vingt-cinq ans piocher Voignier (comme Hinterland, 2009, dans les rayons d’un hypermarché et Tourisme international, 2014), ayant appartenu à son père avec où la sécheresse du protocole la souveraineté d’une enfant trop virait à l’observation mécanique, gâtée. La désinvolture du shop- abandonnant le spectateur à ses ping vient idéalement trouver son

FIDMarseille — Revue de presse 2017 70 CRITIKAT — AOÛT 2017 PRESSE NATIONALE http://www.critikat.com 2/2 seules hypothèses. On n’ira pas qu’un documentaire de famille Va, Toto ! jusqu’à dire que ces films sont dé- abandonne la complaisance gaga pourvus de regard, ni pour les pré- qui fait la loi du genre pour poser Hasard ou non, plusieurs films cédents ni pour celui-ci, mais rien un regard sans méchanceté sur la (souvent bons) prennent les ani- ne nous empêchera en revanche comédie de la vieillesse, on ne va maux pour sujet de leurs intrigues, de comparer Tinselwood et son pas le lui reprocher. ménageant chaque année au fil fil rouge (pâle et décousu) sur le des multiples sélections du festi- travail sous toutes ses formes à Braguino val un petit bestiaire transversal. un autre documentaire vu récem- Cette fois-ci, toute la ménage- ment à Cannes qui risque de lui Plus attendu que Retour à Genoa rie du FID semblait s’être blottie faire de l’ombre : Makala, d’Em- City, le nouveau film de Clément dans un récit : Va, Toto ! de Pierre manuel Gras, qui, à sujet compa- Cogitore avait tout pour s’attirer Creton, véritable arche de Noé rable (le labeur, dans un Far West les soupçons. Documentaire de de cette 28e édition, tant par la post-colonial) se distinguait jus- moins d’une heure précédé d’une diversité de ses protagonistes (un tement par l’extrême simplicité de réputation de petit film de tran- sanglier, des singes, des chats) sa narration et de son propos. Aux sition, Braguino confirme en fait que sa discrète monumentalité. dernières nouvelles, les deux films tout le bien que laissait entrevoir Tout commence avec Toto, mar- devraient sortir à l’automne, et Ni le ciel ni la terre. Le programme cassin abandonné que recueille c’est peu dire qu’en dépit de vrais est identique, les ambitions aus- et élève Madeleine, une veuve qualités (plastiques notamment), si, mais ce dernier film parvient à solitaire de Vattetot-en-Caux où on ne misera hélas pas cher sur le épaissir la menace que le premier vivent Pierre, le narrateur princi- film de Marie Voignier dans le duel cité finissait par diluer, trouvant le pal, et une galerie de personnages qui risque de les opposer. chaînon manquant à Ni le ciel ni la impliquant Vincent, fasciné par les terre pour donner plus de poids singes, et Joseph, ouvrier agricole Retour à Genoa City à son virage fantastique. Dans un pendu aux fils de son appareil res- hameau perdu au cœur de la taï- piratoire. Toto grandit et fascine Dans un festival aussi copieux que ga vivent les Braguine, commu- Madeleine, qui en fait par la place le FID, il faut savoir tendre l’oreille. nauté familiale de Vieux Croyants qu’il occupe dans sa nouvelle vie Une bonne surprise se propage coupée comme le sont les Amish l’équivalent d’un second mari. toujours comme une traînée de de toute autorité centrale. Mais Vincent voyage en Inde en quête poudre, et le film dont la réputa- l’Éden promis par cette vie d’iso- d’une réponse à l’étrange fascina- tion s’est enflammée en quelques lement tutoie un feuilleté de me- tion qu’il nourrit pour les singes jours se nommait cette année naces ; à l’image de cette famille (laquelle flirte avec le fantasme), et Retour à Genoa City. Pas tout à adverse filmée de loin comme un se trompe de thérapeute, confon- fait au niveau de sa prodigieuse sniper mettrait en joue, ou celle dant deux homonymes dans un ascension festivalière, ce portrait de l’armée, qui bafoue le terri- service psychiatrique. Le film, de famille par le biais des Feux de toire des Braguine. Rien d’édifiant autobiographique et joueur, est à l’amour avait néanmoins le mé- à première vue, si ce n’est cette l’image de ces deux destins : em- rite d’interpeller par son humour, scène de traque et de dépeçage ployé à trouver la clef du secret dans un sous-genre très prisé d’un grizzly, qui sidère par sa so- de nos liens les plus enfouis avec des jeunes documentaristes (le briété, et surtout la tentation gran- les bêtes, et donnant l’illusion de portrait de famille, donc), quoique dissante du recroquevillement, progresser au hasard de ses ren- trop rarement pour son poten- empiétant sur l’hypothèse d’une contres, à l’image de la méprise tiel comique (même si d’autres vie sans entraves. Or le prisme de Vincent, qui vient jeter sur son exemples viennent en tête, à com- de ce trouble, qui fait le chaînon cas, et tout le récit, un éclairage mencer par Pauline Horowitz, qui manquant à Ni le ciel ni la terre et opportun. La beauté de Va, Toto ! n’hésite pas à faire de son père le tout le prix de ce Braguino d’ap- tient à ce simulacre d’enquête rôle-titre d’un univers burlesque). parence plus modeste, c’est le à l’avenant – en vérité impecca- Étalé sur deux décennies en te- miroir grossissant de l’imaginaire blement écrite et sublimée par nant compte des archives fami- des enfants. Dans une dernière le montage, qui ne s’interdit pas liales tournées au caméscope, le scène littéralement hallucinante, quelques coquetteries comme le film de Benoît Grimalt se penche où un radio-émetteur crache un split screen et des voix off profes- sur sa grand-mère et son grand- message brouillé par les intem- sionnelles –, son profond ancrage oncle, deux immigrés italiens péries nocturnes, Cogitore fait le local et l’épaisse mélancolie qui particulièrement friands du soap choix de filmer toute la séquence s’en dégage, comme si le sort du à l’eau de rose. Limité par le cir- depuis leur point de vue ; lesquels paysage et de ses saisons dépen- cuit cocasse des allers-retours regardent le transmetteur comme dait organiquement de celui des entre le récit absurdement inter- on poserait des yeux ahuris sur individus. Ni fiction, ni tout à fait minable du programme et la mé- un phénomène extraterrestre. documentaire, à la fois autobio- moire défaillantes des aînés, le film Plutôt qu’un épilogue synonyme graphique et laissant libre cours se prend au piège de sa belle idée de retour au calme, le film donne au fantasme, Va, Toto ! avait tout de départ, concentrant ses forces l’impression de s’éterniser dans un du parfait représentant du FID : sur la série la plus radoteuse et la cauchemar d’enfant, et de ne pas un pur morceau de cinéma sans métaphore parfaite qu’elle offre de vouloir regagner le plancher de la étiquette, flottant souverainement la sénilité, au prix de personnages raison. Ce n’est pas grand-chose, au-dessus de la mêlée, avec la qu’il finit un peu par délaisser. On mais c’est suffisant pour dissiper force de ces films si uniques qu’on sent bien que l’idée d’accorder tous les doutes sur Clément Cogi- en oublie de se demander de quoi Genoa City, cadre imaginaire des tore, et nous inciter à aller voir son ils sont faits. Feux de l’amour, au paradis per- prochain long avec plus d’appétit du de leur jeunesse en Italie n’est que s’il nous avait laissé sur la stu- No new wave, qu’une idée de papier, mais c’est péfaction mitigée de sa première par Adrien Dénouette un moindre mal : pour une fois fiction.

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Alexandre Koberidze sionnisme numérique qui lui est À l’issue de la première projec- surtout des ombres. De toute fa- propre, donne à voir des choses et tion au FID, vous avez expliqué çon, filmer un visage n’est jamais Ce que l’on observe et enregistre, des êtres en se posant la question que Tbilissi est une ville qui s’est un acte neutre, a fortiori en HD. En c’est ce que l’on va montrer : de la distance à adopter. transformée et qui souffre. tant que cinéaste, on ne peut es- éthique et pratique du jeune ci- camoter ce genre de question ou néaste géorgien Alexandre Ko- Alexandre Koberidze reconnaît Tbilissi est un lieu très vivant, de problème. beridze. Les 202 minutes de Let volontiers les influences des ci- une belle ville avec tout ce qu’il the Summer Never Come Again néastes géorgiens Otar Iosseliani faut pour devenir un lieu parfait Basse résolution, trame nar- captent une histoire simple dans ou Alexandre Rekhviashvili, mais où vivre. Malheureusement, jour rative volontairement ténue, une basse résolution assumée et plus encore de Soso Chkhaidze, après jour, cet aspect positif dis- signes hérités du cinéma muet : très peu étalonnée. À l’ère de la l’auteur du Berger de Tushteti paraît et une autre sorte de mu- êtes-vous en quête d’un surenchère HD, on a d’abord une (Tushi Metskhvare) et de l’inache- tation a lieu, qui ne concerne pas cinéma épuré, voire primitif ? impression de flou. Pourtant, l’on vé Shvidkatsa. Comme eux, il per- que Tbilissi : plus je voyage, plus je voit bien qu’un homme en aime çoit dans le réel autant d’âpreté ressens un désastre international. Le cinéma mainstream, c’est seu- un autre, qu’il souhaite devenir que de possible enchantement, lement une possibilité de filmer, danseur à Tbilissi, que sa vie mar- comme eux il tend à un cinéma de Le synopsis du film indique une entre mille qu’on a d’une cer- ginale l’oblige à fréquenter les poésie. qu’il s’agit de « l’histoire entre taine manière désignée comme bas-fonds, qu’une guerre n’est deux hommes, mais aussi (sinon étant LE cinéma. À partir de là, pas loin ou qu’un arbre isolé ploie Quelle est cette guerre qui davantage) de ce qui se passe toute autre perspective se voit sans casser sous le vent. Se sou- hante Let the Summer Never autour ». Que recouvre ce der- caractérisée par une étiquette : venant des ressources du cinéma Come Again ? nier mot ? « artistique », « expérimental »… muet, le film limite les dialogues ce qui n’a guère de sens. Une pro- et recourt fréquemment aux in- Coïncidence, je réponds à Lorsque j’ai commencé à tourner, duction hollywoodienne n’est pas tertitres. Doublement honoré au cette question un 8 août. Or, le j’ai découvert que ce qui se pas- un film normal dont une œuvre de FID, il exerce notre œil à regarder 08/08/08, la Russie est entrée sait autour de nous était souvent Jonas Mekas serait seulement la autrement et l’invite à entrer dans en guerre contre la Géorgie, il y a plus intéressant que la scène que variation. Mais on en est là. Il me une « zone » visuelle singulière où exactement neuf ans, pas assez j’avais écrite au préalable. Il deve- semble d’ailleurs qu’il serait utile dans les rues de la capitale des longtemps pour qu’une telle ombre nait alors clair que je devais m’ou- de regarder en arrière : on dé- chiens errants croisent la statue s’efface. La guerre moderne, c’est vrir à toutes les opportunités et ne couvrirait de nombreux chemins, de Maïakovski. Les surfaces chro- quelque chose qui fait croire que pas me contenter de suivre deux encore vierges, de la pratique ci- matiques semblent parfois s’effri- l’on n’est rien, et tout geste artis- personnages. Néanmoins, et bien nématographique. ter, les personnages deviennent tique devient la preuve que c’est que j’aie un portable muni d’une d’incertaines silhouettes et les faux. Anna Politkovskaïa a écrit un caméra, je suis assez méfiant à lumières nocturnes déchirent jour que la guerre est comme une l’égard de certains réflexes docu- l’obscurité. Ces images vibrent et injection que l’on vous fait et une mentaires qui semblent permettre tremblent : Let the Summer Never fois que c’est arrivé, vous ne vous qu’on filme n’importe qui n’im- Come Again, animé par un impres- en débarrassez plus. Quoi que l’on porte comment. En fait, on capte fasse, ce sera là.

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Dans l’un de vos courts mé- films géorgiens comportent une En un sens rien n’a changé, sinon trages, Colophon, vous recouriez dimension comique, même les le regard du protagoniste, voire le davantage encore aux inter- plus tristes d’entre eux. Récipro- nôtre. titres, sur un mode parfois très quement, les plus amusants sont narratif et descriptif : les images empreints d’une certaine tristesse. Rien ne change, sinon le regard, de navigation s’entrelaçaient par Nicolas Geneix avec un livre de bord qui relevait Dans Let the Summer Alexandre Koberidze du journal intime. Cette pratique Never Come Again, les enfants du « carton » semble se diver- semblent parfois assez sifier et s’affiner dans Let the ambigus, à commencer par Summer Never Come Again. le « petit voleur » au début.

De manière générale, la fonction Un enfant est assez imprévisible, des intertitres s’avère très diverse, ce qui fait de lui le meilleur des et c’est une question importante : acteurs de cinéma. Il peut faire que doit-on montrer et que doit- n’importe quoi, jamais sans rai- on dire dans un film ? Certaines son cependant – comme un chat. informations seront nécessaires Le truc, c’est que les enfants pour la compréhension de l’his- grandissent et perdent assez vite toire, et j’utilise souvent le texte ce talent, alors que les chats le pour me débarrasser d’images conservent. qui ne seraient qu’informatives. Prenons un exemple : deux per- Votre utilisation de la musique sonnes, qui s’aiment, font la vais- s’avère assez plurivoque, selle. Un texte indiquera leurs matrice lyrique ou contrepoint sentiments, l’image les donnera à par rapport à l’image. regarder. Parce que je ne suis pas sûr de savoir si deux amoureux On peut parler de magie : une font la vaisselle d’une manière image, un morceau de musique, particulière… Pourtant, beaucoup et quelque chose de très intéres- de spectateurs vont souhaiter voir sant se passe. Le secret de cet al- une confirmation dans l’image, liage, je ne veux pas le connaître, pouvoir y croire, car ils se méfient et encore moins y renoncer. Les des mots. Ce hiatus est pour moi exemples ne manquent pas, bien très intéressant. entendu, de films qui abusent ou mésusent. Mais j’aime beau- La dernière image de Let the coup d’œuvres dans lesquelles Summer Never Come Again la musique est importante, et je reste en mémoire… cherche des moyens de l’utiliser de manière adéquate, en cher- Un arbre dans un champ, un chant moins les émotions que homme s’approche, s’arrête un des rythmes cachés et la logique instant près de lui et reste dans de l’environnement sonore. Si l’on son ombre. Il faut avoir beaucoup observe un lieu et que l’on écoute de calme et de confiance pour la foule passer, on a la plupart du faire ça. Je ne parle pas de s’ins- temps une impression de chaos. taller sous un arbre avec des amis Mais si l’on regarde avec des ou la personne qu’on aime : ici, écouteurs sur les oreilles, la même on est seul. Et c’est presque une scène chaotique apparaîtra peut- sorte de miracle. être dans une nouvelle lumière. Une logique inattendue surgit : Dans le film, vivre avec certains diront que ce n’est qu’une quelqu’un semble particulière- illusion, mais j’affirme que c’est ment difficile : peut-on parler plus que cela. d’une certaine mélancolie ? Plusieurs de vos travaux À deux ou tout seul, il est difficile s’articulent autour de trajets : de « vivre ». Porter un regard mé- un film, c’est un voyage, voire lancolique sur « la vie » n’est-il pas une odyssée ? alors justifié ? Dans Colophon, on se déplace Mais vous faites aussi preuve sur l’eau, en ligne droite, dans Let d’un certain humour… the Summer Never Come Again, il s’agit de mouvements circulaires. Ce n’est presque jamais calculé Et si Colophon n’avait ni point de ma part. La plupart du temps, de départ ni lieu d’arrivée, dans c’est comme un surgissement im- Let the Summer… on finit là d’où prévu et il suffit de se montrer à on est parti. Mais dans les deux même de le recevoir ou de le per- cas, on bouge émotionnellement. cevoir. Beaucoup de spectateurs La vue a-t-elle changée depuis ne verront aucun humour dans la péniche, l’arbre dans le champ mon film. De manière générale, les est-il le même qu’auparavant ?

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Tinselwood de Marie Voignier

Marie Voignier Pouvez-vous revenir sur la Vous avez une démarche proche d’autres urgences, son enclave- cryptozoologie ? En quoi cette de celle d’une historienne ment imposé, l’absence de routes Une incompréhension, un recherche a interpellé votre qu’on pourrait dire engagée, par exemple. C’est de cette éco- paradoxe ou un manque pratique artistique ? intéressée par la transmission nomie au présent liée à la forêt, d’histoire. Les films de Marie d’une histoire locale. aux cultures, au sous-sol et au Voignier émergent à partir des « La cryptozoologie est la science braconnage, que les gens ont en- silences des récits historiques des animaux qui ne sont pas re- « C’est vrai qu’il y a cette dimen- vie de parler aujourd’hui et qui est et médiatiques. Dans son atelier connus par la zoologie officielle : sion de recherche et d’enquête la matière même de Tinselwood. du XVIIIe arrondissement de le yéti, le monstre du Loch Ness, dans beaucoup de mes films. Tout Paris, bercé par le passage Big Foot, l’Okapi pour les plus film part pour moi d’un ensemble Comment la sorcellerie très des trains de la gare du Nord, connus. C’est donc l’étude de de questions en suspens, de pa- présente lors les entretiens on a retrouvé l’obstination quelque chose qui n’est pas là et radoxes. Parfois, cette recherche menés dans le livre La Piste bienveillante qui anime tous qui est remplacé, étudié, décrit a fait que j’ai été « rangée » du rouge qui accompagne le film tses films. par des photographies, des traces, côté du journalisme. J’ai d’ailleurs s’articule-t-elle avec ces enjeux des dessins, des schémas. C’est fait un film là-dessus,Hearing the de pouvoir et de politique ? Pour L’hypothèse du Mo- ce rapport à l’image de quelque Shape of a Drum où je me fonds kélé-Mbembé réalisé en 2011 au chose qui n’existe pas « physique- dans une masse de journalistes « Dès que les questions politiques Cameroun, Marie Voignier suivait ment » qui m’intéresse et pour le- pour regarder la façon dont ils sont abordées, inévitablement la pendant plusieurs semaines un quel j’ai suivi Michel Ballot. travaillent à la construction d’un sorcellerie fait partie de la discus- cryptozoologue à la recherche récit médiatique. Mais je ne suis sion au même titre que le pouvoir d’un animal inconnu de la zoolo- « Évidemment, la recherche du pas historienne, ni journaliste. exécutif ou coutumier. Quelles gie. Son dernier film Tinselwood, Mokélé-Mbembé n’est pas la Quand je fais des entretiens, je le étaient les formes de contre-pou- récompensé au FID cet été, re- même que celle d’un Big Foot fais dans l’idée de repérage pour voir à la colonisation ? Il y a eu bien vient sur le passé colonial du aux États-Unis. Dans cette région un film. Pour préparer Tinselwood, sûr les indépendantistes de l’UPC Sud-Est camerounais dont, nous extrêmement enclavée de forêt je m’interrogeais sur la façon dont (l’Union des Populations du Came- dit-elle, on ne veut toujours pas tropicale camerounaise, ce que cette histoire est localement roun) mais leurs idées étaient peu parler en France. Des exactions nous racontent les habitants ren- connue et transmise, ce qui en a répandues dans cette zone fores- commises et du travail forcé, la voie à une autre conception de été oublié, ce qui reste, ce qui est tière complètement enclavée. La cinéaste compose différents ta- la zoologie extrêmement intéres- transformé. sorcellerie est une façon alterna- bleaux d’une forêt filmée au tra- sante. L’héritage de la colonisa- tive d’organiser les circulations de vail, au présent. tion se fait déjà sentir dans ces Quand je pose des questions sur pouvoir au sein d’un groupe social. échanges-là autour d’une bête. les brutalités coloniales, les gens Je suis donc allée voir un « sorcier Le Mokélé-Mbembé nous amène me répondent bien volontiers », un guérisseur, Pierre Bakandja, à parler de ce qui existe, ce qui mais ils sont plus préoccupés par pour qu’il me parle de son activité. n’existe pas, de ce qui est mys- le présent et l’avenir. La situation tique, d’autres modalités d’exis- économique d’extrême préca- tences mobilisant d’autres types rité dans la région Est implique de croyances, de sciences ou de religion.

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L’hypothèse du Mokélé-Mbembé de Marie Voignier. p. D. R. Hinterland de Marie Voignier. p. D. R.

« Ce qui m’a également frappée ports-là à la forêt peuvent d’une ce qu’elle donne à voir à des visi- a différentes classes. Quels sont dans le discours sorcier, c’est la manière complètement muette teurs occidentaux. Quels types de leurs pouvoirs ? Où est le pou- nécessaire responsabilité humaine être des traces de l’histoire colo- représentations, de mise en scène, voir ? Les guides sont à un en- du malheur. Il est extrêmement niale ? Je ne m’inscris pas dans de récits vont être mobilisés par le droit trouble puisqu’elles sont en délicat d’aborder la question des une démarche ethnographique régime pour construire sa repré- général filles de diplomate ou de discours sorciers en raison de mais dans une volonté d’historici- sentation officielle ? La position personnalités assez haut placées son exotisation historique. Mais ser le regard. de touriste était la plus pertinente. dans le régime. Elles ont vécu à contourner pudiquement le pro- C’est un endroit où non seulement l’étranger et sont là pour être les blème, c’est refuser de voir où se Vous semblez filmer à partir on est autorisé à filmer mais il est garantes d’une certaine image du discutent et se construisent les de lieux qui cristallisent le plus attendu de nous qu’on filme. C’est pays auprès de ses visiteurs. Elles circulations de pouvoir pour une de contradictions sociales là où la dimension d’enquête s’ar- sont capables de nous présenter partie importante des personnes et politiques possibles. L’île rête. Je veux filmer depuis une po- avec diplomatie la version offi- que j’ai rencontrées. tropicale artificielle allemande sition ouverte. cielle de l’histoire de la Corée du dans Hinterland a été construite Nord de façon à ce que les Oc- Le terme postcolonial vous sur une ancienne base militaire. En dehors de ce qu’on vous cidentaux puissent entendre, loin paraît-il encore pertinent, Vous êtes aussi partie en Corée montre en Corée du Nord, d’un discours rigide. Elles sont très notamment pour qualifier du Nord immergée au sein est-il interdit de filmer ? fines ces jeunes femmes guides et votre travail ? d’un groupe de touristes dans elles sont à un endroit assez fasci- Tourisme international où vous « Il n’y a pas de « en-dehors ». On nant du trouble du pouvoir. » « Je n’utilise pas souvent le terme n’avez filmé que ce qui était est forcément accompagné de « postcolonial » pour parler de autorisé à filmer par le régime guides locaux. En tant que res- mon travail. Ce terme fonctionne dictatorial. sortissant étranger on ne peut pas comme un raccourci, avec tout se promener librement et le guide ce que cela a de pratique, d’effi- « Tropical Islands constitue en soi nous emmène là où il est prévu cace et d’insuffisant. Tinselwood un espace contradictoire puisqu’il d’aller. bien évidemment s’inscrit dans est implanté sur une ancienne cette histoire politique-là. Pour le base aérienne de l’Armée rouge, Qui sont ces guides nord-co- livre La Piste rouge, je suis arrivée sur laquelle, après le départ des réennes que vous filmez parfois avec ma question « Qu’est-ce que Russes a été construite une im- dans un certain malaise face les Français ont fait là ? » et j’ai eu mense halle en forme de bulle, pour aux touristes étrangers ? des éléments de réponse. Mais faire du transport de marchandise pour Tinselwood, j’ai voulu trouver en zeppelin. Ce projet écolo- « Qui sont ces gens, à qui a-t-on au-delà des mots, quelles seraient gique a fait faillite. Des investis- affaire ? Évidemment, une réponse les formes cinématographiques seurs sont alors venus construire binaire ne m’intéresse pas, elles ne qui pourraient prendre en charge ce parc d’attraction touristique font pas partie de la même façon cette question politique. Com- avec comme base idéologique l’ que d’autres d’un peuple opprimé, ment le paysage porte-t-il cette « authenticité tropicale ». Ils ont car même chez les opprimés, il y histoire ? Moi qui ai filmé dans fait venir des plantes, des bouts cette forêt quelqu’un qui cherche d’architectures « tropicales » et le Mokélé-Mbembé, comment pour finir des danseurs brésiliens vais-je filmer ce même paysage qui ont ensuite été expulsés une une fois que je sais qu’il a été le fois les contrats finis. Cette région contexte d’une hécatombe ? Ce (Brandenburg) est traversée par ne sont plus les mêmes paysages. une forte xénophobie. Ce nœud Tinselwood filme ce paysage aussi spatio-historique étrange devient dans ce qu’il est façonné par les le symptôme contemporain d’un personnes qui le traversent, le rapport complètement paradoxal travaillent, y agissent. J’ai voulu à l’autre, entre capitalisme, mon- interroger les différents rapports dialisation et xénophobie. d’échelle, de perspectives, les différentes manières d’interagir « Pour Tourisme International, la avec la forêt – de la manipulation difficulté qui m’intéressait était du brin d’herbe jusqu’à la tronçon- la manière dont une dictature neuse. Comment tous ces rap- construit une image touristique,

Tourisme International de Marie Voignier. p. D. R.

FIDMarseille — Revue de presse 2017 75 MOUVEMENT — JUILLET 2017 PRESSE NATIONALE http://www.mouvement.fr 1/2

Braguino, de Clément Cogitore

FID, 28e édition Humanimalités de Surya, les correspondances de mieux les remettre en vie grâce Burroughs) pour initier un boule- à deux serums, la Résurrectine et Le FID se tenait à Marseille, avec Petit miracle ouvrant ce séjour versant projet humaniste, dans le Vitalium. Grâce à l’ « ADN mé- un florilège de films à la lisière riche en découvertes, Va, Toto ! lequel l’homme fait littéralement moriel » insufflé dans leur orga- entre le documentaire, l’essai et de Pierre Creton apparaît à la fois corps avec le monde. nisme, les corps reprennent vie la fiction. Le festival réaffirme comme une fable philosophique comme des pantins, rejouant la son soutien à un cinéma de et un poème panthéiste. Cinéaste On ne dira jamais assez tout ce même partition que des siècles recherche, libre et intransigeant, discret (Grand Prix du FID en 2010 que la France recèle comme ci- auparavant. Oscillant entre le hié- et s’identifie plus que jamais à avec L’Heure du Berger) menant néastes secrets, méconnus ou ratisme des Straub-Huillet, dont la vigie d’un monde sens dessus en parallèle une activité d’agri- tout bonnement invisibles, leur il fut l’assistant, et un burlesque dessous. culteur dans le bocage normand, singularité les plaçant en porte- amidonné à la Benoit Forgeard Creton dépeint la vie rurale avec à-faux avec les enjeux industriels. (oui, c’est possible), Fitoussi met Pourvues de budgets souvent res- une douceur enveloppante. À Il en va ainsi de Jean-Charles Fi- en scène une Comédie humaine treints, les réalisations montrées l’aide de procédés vieux comme toussi, franc-tireur appartenant figée dans un éternel retour. C’est au FID façonnent des formes radi- le monde (split screens, surim- à la génération des Bozon, Gui- dans la rigidité des plans, taillés au cales et novatrices, comme autant pressions, voix-off), le film entre- raudie, Caumon et autres Larrieu. cordeau, mais aussi dans la diction de voyages immobiles dans les croise trois récits, trois figures, Son œuvre se décline comme les théâtrale des comédiens, comme détours du monde. Déplacements, trois destins inextricablement liés pièces d’un seul et même palais en état d’hypnose, qu’éclot son exils, errances : ce qui s’opère par une obsession animalière. Voi- baptisé Château de Hasard. Re- humour à froid. L’incongruité des en creux est une circulation des sine du cinéaste, Madeleine est noir et Rivette, Bresson et Ozu, dialogues et des situations crée identités, transitant d’un corps à une vieille dame élégante qui a re- Tourneur et Franju, sont les clés un effet de distanciation comique, l’autre, d’un humain à un animal, cueilli un marcassin, Vincent est le de voûte de cette mystérieuse à plus forte raison lorsqu’il confine d’un bout du monde à l’autre. La compagnon du cinéaste, obsédé bâtisse cinématographique, dont à l’effroi. On y retrouve également globalisation, ce qu’elle révèle des par les singes qu’il part observer Les Jours où je n’existe pas (2001), tout un héritage littéraire : celui du mœurs actuelles et des soubre- en Inde dans l’espoir de soigner Je ne suis pas Morte (2008) et feuilleton gothique à la Mary Shel- sauts de l’histoire, n’aura jamais ses névroses, tandis que Joseph, L’Enclos du Temps (2012) forment ley, de la philosophie de l’imma- été aussi prégnante que dans souffrant de troubles du som- les « pièces » les plus vastes, tan- nence (Rosset, Schopenhauer) et cette édition. meil, est affublé d’une machine à dis que ce dernier volet occupe de L’Invention de Morel, le conte respirer lui causant des rêves où un plus modeste entresol. Exquis métaphysique de Bioy Casares. abondent les chats. Baigné d’une comme un cadavre, Vitalium, Va- Cette farce macabre – présentée sensualité profonde, Va, Toto ! lentine ! nous plonge dans les dans une version télévisuelle rac- célèbre la magnificence de la vie, affres d’une aristocratie recluse courcie d’une heure – atteste que de la nature et de l’amour, tout en dans un château de la Drôme où le cinéma est un art de l’ellipse et dénudant la part sauvage et re- sévit le docteur Stein, arrière pe- de l’anamnèse, capable aussi bien foulée de l’inconscient. Par delà tit-fils de Frankenstein qui hantait d’embaumer les vivants que de la chronique rurale, Creton puise déjà L’Enclos du Temps. Le savant faire revivre les morts. Un art en aussi bien dans son quotidien que fou administre à ses cobayes une quête d’immortalité ? dans ses lectures (Humanimalités dose mortelle de poison pour

FIDMarseille — Revue de presse 2017 76 MOUVEMENT — JUILLET 2017 PRESSE NATIONALE http://www.mouvement.fr 2/2

L’impossibilité d’une île Télé réalités prise est de taille. Stakhanoviste des studios (60 films réalisés, plus La jungle moite de Tinselwood Film-dispositif aussi rigoureux et de 400 en tant que producteur), ou la taïga glaciale de Braguino inflexible que la détermination le mentor du Nouvel Hollywood servent de décors à une forme de son protagoniste anonyme, entra dans la légende en révélant inédite d’anthropologie, entre Also Known As Jihadi d’Éric Bau- des auteurs tels que Francis Cop- documentaire et fiction. Chez delaire retrace le parcours d’un pola, Martin Scorsese, Monte Hell- Voignier, la jungle camerounaise jihadiste, de sa naissance jusqu’à mann, Joe Dante ou Peter Bogda- devient le réceptacle de toute son emprisonnement. Inspiré du novich. À 91 printemps et des faux la mémoire coloniale et de ses film A.K.A Serial Killer (1969) de airs de Hugh Hefner, sa faconde et séquelles. Ne subsistent que de Masao Adachi et de sa « théorie sa prestance sont intactes. Cette précaires populations locales qui du paysage », Baudelaire filme une invitation n’est évidemment pas vivotent en accomplissant de me- alternance de documents judi- anodine de la part de Jean-Pierre nues besognes dans ces terres en ciaires (dépositions, procès-ver- Rehm, directeur du festival, qui a friche : poser des pièges, couper bal, conversations téléphoniques) délaissé le sens initial de l’acro- des arbres, chercher de l’or. Des et de plans-séquences explorant nyme FID (Festival International du activités qui semblent être davan- les lieux que cet homme a tra- Documentaire) pour mettre l’ac- tage des passe-temps que des versé, avec pour seule bande- cent sur le cinéma tout court. On gagne-pains lucratifs, et qui sont son les bruits de fond prélevés discerne dans ce geste une vo- ici décortiquées en plans-sé- in situ. Dans cette reconstitution lonté de réconciliation entre deux quences fondus les uns dans les strictement factuelle, où voix et conceptions adjacentes, toutes autres. La dernière scène, où l’un visages sont absents, Baudelaire deux en marge de l’industrie et des personnages s’est constitué interroge le désir de comprendre. bien plus proches l’une de l’autre un jardin de fleurs exotiques de- À la recherche d’indices, la ca- qu’on pourrait le croire. Au même vant sa modeste bicoque, en dit méra scrute le moindre recoin titre que l’essai documentaire, la long sur les ravages de la défores- de ces paysages sans qualité : les série B est « un centre actif d’ex- tation et de l’emprise des multina- cités de Vitry, un établissement périmentation et de création », tionales pétrolières. scolaire, une banlieue ordinaire. ainsi que le rappelle Deleuze dans Puis la route, les chambres d’hô- L’Image-Mouvement. Leur point Dans le film de Clément Cogitore, tel, la frontière turco-syrienne, la commun ? L’inventivité et le sys- l’impossibilité du « vivre ensemble fuite en Italie. À la manière d’un tème D comme expédients au » et la délimitation d’un territoire, détective privé, le réalisateur manque de moyens. à l’origine de tout conflit humain, restitue son trajet, consignant sont au cœur du récit. Inspiré par méthodiquement chaque dé- Hors-compétition se nichaient la poésie de Rilke et de Mandels- tail. Mais les images, tout comme aussi quelques perles, dont la tam, Cogitore poursuit sa quête les dépositions, ne livrent aucun tournure plus légère en apparence mystique en s’immisçant dans éclaircissement, si ce n’est l’alibi dénotait au sein d’une program- la vie d’une famille de chrétiens d’une idéologie épousée à l’em- mation particulièrement aride. Au- orthodoxes, les Vieux Croyants, porte-pièce et la fascination pour réolé de son prix du court-métrage vivant en osmose avec la nature l’ « exotisme » de la guerre, perçue à la Quinzaine des Réalisateurs, au fin fond de la taïga. Tout pa- comme un survival de télé-réa- Retour à Genoa City de Benoît Gri- raît au premier abord d’une quié- lité. De là naît un sentiment ver- malt compte parmi ces soi-disant tude idyllique : le père chasse en tigineux sur la banalité du mal et « petits films », modestes par leur barque dans les lacets du fleuve, nombre de questions demeurent forme et leurs moyens, mais dont la mère fait mijoter de délicieuses en suspens : à quel moment et la justesse, la drôlerie et l’émo- tambouilles, tandis que de magni- pourquoi s’opère un tel bascule- tion vont droit au cœur. Mémé et fiques enfants à la crinière blonde ment dans la vie de ce banlieusard Tonton Thomas n’ont pas loupé un jouent comme des farfadets au de classe moyenne, choyé par sa seul épisode des Feux de l’Amour cœur d’un monde archaïque, tout famille ? Les lieux qui l’ont vu depuis 25 ans, et Grimalt s’est droit sorti d’un conte populaire naître et grandir ont-ils condition- mis en tête de leur demander de russe. Mais la tension couve der- nés son existence ? Le sentiment résumer l’histoire. Hilarant au dé- rière la sérénité apparente… d’oppression est-il intrinsèque but, le film prend une tournure de aux politiques d’urbanisation ? Si plus en plus mélancolique, le soap Toute la grammaire formelle du l’engrenage de l’embrigadement opera entrant en collision avec cinéma de fiction est au service demeure un mystère, la réflexion une généalogie intime et réveillant d’une plongée à l’intérieur d’un que provoque cet essai concep- les blessures de l’exil. À travers le microcosme où l’homme est un tuel, presque ballardien dans sa registre dilettante du homemovie, loup pour l’homme. Le prédateur manière de disséquer les lotisse- Grimalt fait ressurgir, mine de rien, n’est plus l’ours, abattu et dépecé ments périurbains, n’en finit pas les séquelles de la guerre d’Algé- comme un vulgaire poulet, mais de poursuivre le spectateur. rie, ouvrant une plaie profonde qui une famille ennemie, installée sur n’a jamais cicatrisé. l’autre rive du fleuve qui sépare Série B, Système D leur terre en deux. Cette menace omniprésente prend aussi la forme Le pape du B-movie Roger Cor- d’une horde de chasseurs « civi- man avait l’honneur d’une rétros- lisés », atterrissant en hélicoptère pective et d’une masterclass, à et venus saccager cette uto- l’issue de laquelle lui fût décerné pie édénique. Pas d’entourloupe la médaille de Chevalier des Arts théorique, de radicalité feinte ou et Lettres. De la part d’un festival d’exotisme déplacé ici, mais la dont la réputation s’est bâtie sur puissance conjuguée de l’investi- des films austères, en prise avec gation documentaire et d’une my- la réalité la plus frontale, la sur- thologie païenne.

FIDMarseille — Revue de presse 2017 77 NEXT LIBÉRATION — JUILLET 2017 PRESSE NATIONALE http://next.liberation.fr 1/1

Va, Toto ! , Pierre Creton

Du marcassin Vincent, qui règle sa fascina- C’est l’histoire d’un riche châtelain tion-répulsion pour les singes lors qui tue toute sa famille pour s’en au châtelain tueur d’un voyage en Inde ; Joseph, dont libérer tout en offrant les cadavres l’appareil qui l’aide à respirer pro- et son château à un certain William Le festival montrait les voque des rêves de chats. On y Stein (arrière-petit-fils de Victor derniers films de deux retrouve un mélange de sensualité Frankenstein) pour qu’il s’adonne Français travaillant hors terrienne et d’onirisme, où la pas- librement à ses expériences de des cadres usuels. sion des bêtes côtoie l’amour de la résurrection… Bien qu’ils forment littérature. un ensemble, on peut voir chaque Cette édition du FID nous a don- film de Fitoussi indépendamment né l’occasion de voir les derniers Autre précieux témoignage d’un des autres, et on espère que ce- films de deux cinéastes qui ont entêtement opiniâtre d’outsider, lui-ci connaîtra une distribution en en commun d’être parmi les plus Vitalium, Valentine ! est la nouvelle salles, privilège qui ne fut pour le importants du cinéma français pièce de l’œuvre feuilletonesque moment accordé qu’à un seul de tout en demeurant parmi les plus façonnée par Jean-Charles Fi- ses films, le magnifique les Jours secrets et invisibles : Pierre Creton toussi et dont le titre général est où je n’existe pas (2002). et Jean-Charles Fitoussi. le Château de hasard. Au centre de cette série se trouve ce que Marcos Uzal Pierre Creton est un habitué du l’on peut considérer comme l’un festival, il y est même un peu chez des plus grands films français lui puisque la plupart de ses films des dix dernières années : Je ont été présentés ici. Il est unique ne suis pas morte (2008). Tous par sa façon de pratiquer le ciné- ceux qui l’ont vu le savent, mais ma et de l’imbriquer dans sa vie, ils sont peu nombreux. À ceux notamment parce qu’il exerce un qui ne connaissent pas son tra- autre métier, ouvrier agricole, et vail, on pourrait dire que c’est un qu’il reste ancré dans un territoire, mélange de Mary Shelley et de le pays de Caux. Ses films sont Raymond Roussel, de Jean-Marie nourris par les lieux qu’il habite et Straub et de Terence Fisher (entre par les êtres (humains ou animaux) autres). C’est à la fois austère et qu’il croise chaque jour, comme totalement fantaisiste. Vitalium, autant d’appels au désir et à l’ima- Valentine ! a été défini par son ré- ginaire. Va, Toto !, son nouveau alisateur comme une tentative de film (en salles le 4 octobre), entre- mêler le macabre au burlesque. mêle trois histoires d’hommes et d’animaux : Madeleine, amoureuse d’un marcassin qu’elle a recueilli ;

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FIDMarseille — Revue de presse 2017 79 LIBÉRATION — JUILLET 2017 PRESSE NATIONALE 2/2

FIDMarseille — Revue de presse 2017 80 À BRAS LE CORPS — JUILLET 2017 PRESSE NATIONALE http://www.abraslecorps.com 1/1

Va, Toto ! , Pierre Creton

Va, Toto! d’un cinéaste, mais aussi com- du cinéaste nous fait comprendre animalité de l’homme, une lecture ment elle aboutit à la suggestion que ses hantises étaient liées à la de Catherine Mouchette s’inter- de Pierre Creton d’une disparition finale. Sans en figure paternelle, aux coups reçus. rogeant sur la présence animale dire trop, si le marcassin fait son Il décide alors d’ouvrir la fenêtre chez Lucrèce). Dans Va, Toto !, Le souci - qu’il est beau ! - est entrée dans le film en sortant d’un aux singes et de pisser sur feu son l’agencement des voix (celles de qu’au premier jour du FID 2017, il y espace de la taille d’une chatière, père. Une magnifique scène en Françoise Lebrun, de Jean-Fran- a Madeleine, le prénom de la pre- il faudra plus loin lui ouvrir une Inde, dans une ville sur-habitée çois Stévenin), des textes, des mière et principale figure humaine grande porte, avant que cela soit de singes (dont la chasse menace corps, des grâces, sait fréquenter de Va, Toto!. Cette femme a un un écran-fenêtre qui l’agrandisse d’être autorisée), montre Vincent les parallèles animales. charme fou car non-cosmétique, démesurément, dans un écran de dormant tout contre les libres une élégance qui ne s’invente sommeil. Après-coup, la logique chorégraphies de quelques subtils PS. Le plus heureux, pour moi — pas. Nécessairement, comme une de l’écran divisé, qui ne manque et malicieux énergumènes qui tra- spectateur ordinaire : Creton sait autre Madeleine beaucoup plus pas d’interroger lors de ses appa- versent la fenêtre de sa chambre, approcher des bêtes sans les connue, elle est incollable quand il ritions, produit son sens. un écran ouvert. chercher plus lumineuses ou plus s’agit de roses. Ce sanglier n’est pas chassé, mal- Si le poids colossal de Toto le sombres qu’elles ne le sont. Il veille gré les habitudes locales et fami- sanglier habite une fausse fenêtre, à ne brûler aucun corps, aucun vi- Oui, Pierre Creton filme toujours liales. Un jour, cela ne s’invente un écran de sommeil, après qu’il sage. Pour moi, il a toutefois réussi dans la proximité de sa vie en Nor- pas, Madeleine est tombée amou- ait quitté Madeleine, le passage à me faire comprendre pourquoi mandie (la campagne de la Haute). reuse d’un jeune artiste qui voulait est étrangement léger et concret je voulais brûler de ma mémoire Non, pas seulement, pas unique- faire d’elle une comédienne. Pour pour les singes de Vincent qui un film de chasse, avec des porcs ment. le rejoindre, elle a refusé une par- franchissent le seuil d’une autre pour faux personnages. tie de chasse imposée par son fenêtre, en Inde. Avec, pour Va toto ! le seul humour Madeleine vit à la campagne en- père. Un coup du père — une gifle qui vaille. Oui, alors c’est l’histoire tourée de poules, d’un vieux chien — et la fin de l’obéissance. Made- N’oublions pas les chats de Jo- de Toto qui… et de Toto ; sans doute a-t-elle au leine poursuit, raconte d’autres seph. Mais lesquels ? Ceux qu’il moins 75 ans, sa chevelure grise détails, qui, eux non plus, ne nourrit ou ceux, qui, après que n’a jamais besoin d’un apprêt for- peuvent s’inventer. notre homme soit tombé malade cé. Il faut dire que Madeleine a et devenu dépendant d’une ma- décidé de faire d’un sanglier son Et c’est ainsi que le film trouve chine le faisant respirer artificiel- compagnon, d’élever ce « Toto » sa forme, sa délicatesse, ses ou- lement, accompagnent ses nuits au biberon, qu’il tète «comme un vertures. Il agence en réalité trois comme des fantômes ? cochon»… portraits où l’animal fréquente les Il faut aussi ne serait-ce qu’es- rêves de sommeil de deux hommes Le film se projette ainsi dans une quisser les puissances de cette et de Madeleine. Pour Vincent, les magnifique poésie animale. Avec réunion, la manière dont Toto rap- cauchemars anxieux habités par des mots et des animaux (on proche progressivement Made- des singes sont guéris lors de son écoute des pages de Michel Su- leine d’une autre femme, en plus voyage en Inde. Le compagnon rya : Humanimalité. L’inéliminable

FIDMarseille — Revue de presse 2017 81 LE MONDE — JUILLET 2017 PRESSE NATIONALE 1/1

FIDMarseille — Revue de presse 2017 82 LE FILM FRANÇAIS — JUILLET 2017 PRESSE NATIONALE 1/1

FIDMarseille — Revue de presse 2017 83 CROQUEANDROLLLIVE — JUILLET 2017 PRESSE NATIONALE https://croqueandrolllive.wordpress.com 1/2

François Olislaeger, Arto Lindsay

Le talentueux François Olislaeger, auteur entre autres de Mathilde : danser après tout chez Denoël Graphic, quitte la bande dessinée le temps suspendu d’un concert…

Avec sa poésie coutumière, il nous livre ces merveilleux dessins du concert d’Arto Lindsay, organisé dimanche 16 juillet dans le cadre du FIDMarseille 2017.

Minimalistes, plein d’espace et d’une légèreté aérienne, des cro- quis qui, à l’image du jeu groovy aux accents bossa du guitariste américain, sont une invitation à l’évasion.

FIDMarseille — Revue de presse 2017 84 MOWWGLI — JUILLET 2017 PRESSE NATIONALE h t t p : // m o w w g l i . c o m 1/1

Festival International de Cinéma de Marseille FID

La 28e édition du Fid a ouvert ses portes avec la présence fa- cétieuse de Roger Corman, l’im- mense réalisateur américain qui lança entre autres Peter Fonda et Jack Nicholson. Une rétrospective sélective du réalisateur, producteur proli- fique, plus de 150 films!, lui est consacrée. Alors pour frémir avec Vincent Price, son acteur fétiche, rendez-vous à Marseille!

Et ne manquez pas un petit bijou, The Shooting de Monte Hellman, réalisateur de Macadam à deux voies, qui a fait ses classes avec Corman, le 16 juillet au Miroir à 13h30. Western taiseux et intense devenu culte, adulé par et Gus Van Sant, bien qu’il ait fait un flop à sa sortie en 1967 où l’on peut découvrir un tout jeune acteur prometteur, Jack Ni- cholson.

Le Fid, c’est 130 films documen- taires et de fiction, 35 films en compétition projetés en première mondiale, des tables-rondes, des rencontres, des masterclass … Demandez le programme!

FIDMarseille — Revue de presse 2017 85 OUEST FRANCE — JUILLET 2017 PRESSE NATIONALE http://www.ouest-france.fr 1/1

Charlotte Serrand, en tournage devant l’île des Rimains.

Charlotte Serrand Pendant quinze jours, à la pointe tra-contemporaine, monocorde et du Grouin, à la plage du Petit-Port, un peu mélancolique d’un jeune présente son film ou encore à la grève aux Filles, elle compositeur, Blumone. « J’aime sa à Marseille va tourner avec Françoise Lebrun, musique, et je lui ai demandé de actrice professionnelle, qui avait faire la composition originale pour Le film tourné sur les lieux aimé l’originalité du scénario, et le film. » de son enfance, à Cancale, ses amies. est sélectionné au Festival Plus de deux ans se sont écou- international du cinéma de 1 048 lunes lés, le travail collectif est terminé. Marseille. Elle le présentera Charlotte Serrand est sereine : dans la compétition Premier Charlotte Serrand est ensuite « Je vais laisser, maintenant, le Film, le 15 juillet. passée aux différentes phases de film vivre. Je suis très curieuse la fabrication du film: montage, de connaître ce que les gens en L’initiative mixage, étalonnage. « Elles ont pensent. Cette sélection est une toutes été des nouvelles parties première étape, et j’espère qu’il Après avoir obtenu les fonds né- créatrices, grâce auxquelles le film sera bien accueilli. Ensuite, je sou- cessaires par un financement a beaucoup évolué. J’ai changé le haiterais le présenter à Cancale. » participatif, Charlotte Serrand a titre : 1 048 lunes. Car au-delà de Elle a maintenant d’autres projets, tourné le film 1 048 lunes, en août la durée, il y a quelque chose de et déjà plusieurs idées sur le scé- 2014, sur les lieux de son enfance, purement visuel dans l’attente, nario d’un prochain film. à Cancale, où sa famille possède encore palpable dans certaines une maison. régions, où il reste des femmes de marins : une silhouette de dos qui Inspiré des lettres d’amour d’hé- se découpe dans le ciel, face à la roïnes de la mythologie, écrites mer. Le temps qui passe, compté par le poète Ovide, le film, qui en nombre de lunes, rehausse l’as- s’appelait au début Héroïdes, pect à la fois ludique, fantastique abordait le thème de l’attente de et mystérieux de la durée. » l’être aimé. Que l’on soit une hé- roïne grecque ou une femme de Après avoir choisi,dans un pre- marin breton, le temps qui passe mier temps, la musique de Bizet et la souffrance qu’il suscite est la pour son film, elle s’est finalement même. orientée vers une musique ul-

FIDMarseille — Revue de presse 2017 86 LES INROCKUPTIBLES — JUILLET 2017 PRESSE NATIONALE 1/1

FIDMarseille — Revue de presse 2017 87 L’ HUMANITÉ — JUILLET 2017 PRESSE NATIONALE 1/1

FIDMarseille — Revue de presse 2017 88 ARTPRESS — JUILLET 2017 PRESSE NATIONALE 1/6

FIDMarseille — Revue de presse 2017 89 ARTPRESS — JUILLET 2017 PRESSE NATIONALE 2/6

FIDMarseille — Revue de presse 2017 90 ARTPRESS — JUILLET 2017 PRESSE NATIONALE 3/6

FIDMarseille — Revue de presse 2017 91 ARTPRESS — JUILLET 2017 PRESSE NATIONALE 4/6

FIDMarseille — Revue de presse 2017 92 ARTPRESS — JUILLET 2017 PRESSE NATIONALE 5/6

FIDMarseille — Revue de presse 2017 93 ARTPRESS — JUILLET 2017 PRESSE NATIONALE 6/6

FIDMarseille — Revue de presse 2017 94 BREF — JUILLET 2017 PRESSE NATIONALE http://www.brefcinema.com 1/1

Marseille à l’heure longs et moyens métrages (Cartu- cho du Colombien Andrés Cháves du FID Sánchez, Edith Walks d’Andrew Kötting, qui dure 61 minutes, etc.). Le 28e Festival international Le GNCR proposera de son côté du film de Marseille déroule du une alléchante compétition d’une 11 au 17 juillet, avec un très riche dizaine de titres, parmi lesquels Va programme entre différentes Toto ! de Pierre Creton, Tinselwood compétitions (internationale, de Marie Voignier ou encore Kéks- nationale, premier film, GNCR zakállú de l’Argentin Gastón Sol- et Écrans parallèles) et de nicki (photo de bandeau). nombreuses séances spéciales Parmi les quelques 150 films à voir L’ouverture se fera ce mardi au total, on citera particulièrement en présence du légendaire Ro- les Tijuana Tales de Jean-Charles ger Corman, qui présentera son Hue (vu à la Quinzaine en mai der- Masque de la mort rouge. Sur les nier), le court métrage Les cow- formats de moins d’une heure, on boys de Julie Chaffort (en pre- surveillera en compétition fran- mière mondiale) et Luce, à propos çaise Il canto del mare de Claudia de Jean Vigo de Leïla Férault-Lévy, Neubern, Saint’s Game d’Amé- qui permet de retrouver à l’écran lie Derlon Cordina et Unrest de notre regrettée collaboratrice et Philippe Grandrieux (photo ci- amie Luce Vigo. contre). En compétition interna- tionale sera présenté Braguino de Christophe Chauville Clément Cogitore, entre autres

FIDMarseille — Revue de presse 2017 95 BREF — JUILLET 2017 PRESSE NATIONALE http://www.brefcinema.com 1/1

«Braguino» Braguino a également reçu une mention spéciale de la part du remarqué à Marseille Jury des lycéens et sa sortie en salles est prévue le 1er novembre Le dernier moyen métrage prochain. Le film a été tourné au de Clément Cogitore a été milieu de la taïga sibérienne dans cité à deux reprises au un hameau isolé vivant en autar- palmarès du FID. cie, à 700 kilomètres du village le plus proche... Deux familles an- Le jury de la compétition inter- tagonistes y vivent, séparées par nationale du 28e Festival inter- une barrière... national de cinéma de Marseille, qui était présidé par le cinéaste Clément Cogitore avait obtenu lituanien Sharunas Bartas, a at- pour ce projet le Prix “Le Bal” de la tribué une mention spéciale au jeune création en 2016, après avoir documentaire Braguino, qui était été remarqué pour sa fiction Ni le présenté en première mondiale et ciel, ni la terre l’année précédente. dont les quarante-neuf minutes Une exposition reliée au projet se de durée contrastent – c’est tout tiendra à l’automne au Bal. le charme du FID – avec les deux- cent deux du film ayant obtenu Christophe Chauville le Grand prix, Let the Summer Never Come Again, une produc- tion germano-géorgienne signée Alexandre Koberidze.

FIDMarseille — Revue de presse 2017 96 LE MONDE — JUILLET 2017 PRESSE NATIONALE 1/1

Je venais de tourner une soixan- la situation raciale dans le Sud. La taine de films en dix ans, j’étais critique a été très élogieuse, mais tout simplement fatigué. Je me c’était la première réalisation pour suis dit que j’allais prendre une laquelle j’ai perdu de l’argent, pour année sabbatique. deux raisons : j’étais si concentré Très vite, je me suis ennuyé et j’ai sur le message et sur mon propre lancé ma société de production et point de vue que j’ai oublié d’en de distribution. C’est devenu un tel faire un film divertissant. Je pense succès que je n’ai pas eu l’occa- que le public ne voulait pas voir de sion de revenir à la réalisation. film sur ce sujet.

De tous les cinéastes que vous Un homme qui exalte le pire avez lancés, lequel, selon vous, du peuple américain : c’est est resté fidèle à ce que l’on toujours d’actualité, non ? pourrait appeler un « esprit Corman » ? Absolument, et ça ne concerne pas seulement les Américains ; il Je pense spontanément à un ré- y a des gens comme ça dans tous Roger Corman : d’acteur ; j’ai donc fait une école alisateur qui, de prime abord, ne les pays. d’art dramatique, non pas pour de- donne pas le sentiment d’avoir été « Je fais partie des venir acteur, mais pour apprendre fidèle à un « esprit Corman », c’est Qu’avez-vous aimé récemment sprinteurs » à diriger. . Titanic (1997) au cinéma ? et Avatar (2009) sont les films les Le cinéaste américain Comment fait-on un film en plus chers de l’histoire du ciné- J’aime les films de Christopher à l’œuvre prolifique était l’invité deux jours ou avec seulement ma. Mais, lorsqu’on les regarde, on Nolan, que je trouve très inven- du Festival international du film 500 dollars ? se rend compte qu’il a dépensé tif. J’apprécie également George de Marseille. l’argent de façon très intelligente. Miller : il a compris comment faire Le secret, c’est la préparation. Cameron fait les films les plus un film d’action très divertissant. Propos recueillis par Vous savez ce que vous allez fil- chers du monde, mais il reste fi- Quand je l’ai rencontré, il m’a dit Murielle Joudet mer, vous discutez étroitement dèle à ce qu’il a appris sur des qu’il avait vu Death Race 2000 avec les acteurs. Quand vous ar- films à petit budget. Je trouve que (Paul Bartel, 1975) – que j’ai produit La vie de Roger Corman remplit rivez sur le plateau, vous ne vous les cinéastes d’aujourd’hui se pré- – et s’était dit : je peux faire un film à elle seule un chapitre entier dites pas : où je mets la caméra ?, occupent un peu trop des effets comme ça. Je lui ai répondu : « Tu du cinéma américain. Baptisé le vous savez quoi faire. Bien sûr, spéciaux au détriment des per- l’as fait, Death Race 2000 est un « roi de la série B », il a réalisé, en vous ne suivez pas vos plans à sonnages. James Cameron arrive à bon film mais Mad Max est bien seulement deux décennies, une 100 %, mais vous êtes préparé à allier les deux : des effets spéciaux meilleur ! » soixantaine de films à petit budget tous les imprévus. merveilleux tout en conférant une touchant à tous les genres (wes- épaisseur au récit et aux person- Quel conseil donneriez-vous à tern, épouvante, science-fiction, La limite de temps ou d’argent nages. un jeune cinéaste et à un jeune film de gangsters), distribué des semble être chez vous un motif producteur ? grands noms du cinéma européen d’excitation plus que Vous avez toujours dit que « aux Etats-Unis (Fellini, Resnais, de frustration… The Intruder » (1962), l’histoire Le producteur est plus important Bergman), produit plus de 400 d’un homme qui arrive dans aux Etats-Unis qu’en Europe mais, films et lancé la carrière de toute Oui, tout à fait. La plupart de mes une ville du sud des Etats-Unis personnellement, je rejoins l’avis une génération de cinéastes, ac- films ont été réalisés en trois se- pour exacerber le racisme de des critiques de la Nouvelle Vague teurs et scénaristes : Joe Dante, maines, autant dire que je n’avais la population, était le film dont qui défendaient la prééminence Scorsese, Coppola, Monte Hell- pas le temps d’être frustré ! Pour vous étiez le plus fier. Pourquoi ? du réalisateur. Néanmoins, il faut man, Jack Nicholson… Roger Cor- moi, il y a deux types de cinéastes : que le producteur et le réalisateur man était l’invité d’honneur du les sprinteurs et les coureurs de C’est probablement le film le plus travaillent en une collaboration 28e Festival international du film fond. Je fais partie des sprinteurs. proche de ce qu’on appelle un plus étroite : il n’y a que cela qui de Marseille (FID Marseille) – qui film d’auteur. Je voulais parler de peut aider les films. s’est tenu du 11 juillet au 17 juillet –, Vos films ne coûtaient rien et dans le cadre de laquelle une large marchaient très bien : on dirait rétrospective lui était consacrée. que ce rapport s’est inversé… Agé de 91 ans, il se prête toujours aussi élégamment à l’exercice de C’est une situation malheureuse. l’entretien. À l’époque, mes films à petit budget sortaient dans toutes les Vous faites partie de la dernière salles. Aujourd’hui, les films à 100 génération qui n’a pas fait millions, voire 200 millions de dol- d’école de cinéma ; comment lars accaparent tout. Il y a encore avez-vous appris la mise quelques films à petit budget qui en scène ? arrivent à se faire une place. Le cinéma a toujours été un art et un J’ai commencé à faire des cri- business, mais aujourd’hui, la ba- tiques de cinéma dans le journal lance penche davantage du côté de mon université. Quand je me du business. suis lancé dans le cinéma, ma formation d’ingénieur m’a énor- Avez-vous arrêté le cinéma mément aidé pour toute la partie parce que vous estimiez technique. C’était beaucoup plus que le cinéma et le public difficile d’apprendre la direction changeaient ?

FIDMarseille — Revue de presse 2017 97 LE FILM FRANÇAIS — JUIN 2017 PRESSE NATIONALE 1/2

FIDMarseille — Revue de presse 2017 98 LE FILM FRANÇAIS — JUIN 2017 PRESSE NATIONALE 2/2

FIDMarseille — Revue de presse 2017 99 LES INROCKUPTIBLES — MAI 2017 PRESSE NATIONALE 1/1

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Presse régionale

FIDMarseille — Revue de presse 2017 102 LA PROVENCE — JUILLET 2017 PRESSE RÉGIONALE 1/1

FIDMarseille — Revue de presse 2017 103 ZIBELINE — JUILLET 2017 PRESSE RÉGIONALE http://www.journalzibeline.fr 1/1

ROUGE FID sur les quelque 400 qu’il a pro- innovant. Celui qui nous regarde que Zibeline a aimés, comme duits : un échantillon significatif autant qu’il est regardé. Celui qui Mourir plutôt que mourir de Nata- La 28e édition du FID de la filmographie pléthorique de comme l’a dit Paul Otchakovsky cha Nisic ou L’ Exilé de Marcelo réaffirme ses exigences ce touche à tout, jaloux de son lors de la cérémonie de clôture Novais Teles. Notons la présence cinématographiques indépendance. Réalisateur-ac- le 17 juillet à la Villa Méditerranée, de six femmes dans ce palmarès, et remplit les salles teur-producteur-découvreur de «fait un pas de côté» quittant les quelque chose qui devrait aller talents ( Bogdanovich, Hellman, rangs d’une production qui ne de soi, mais qui par rapport aux Rouge. C’était la couleur du Fid Coppola, Dante, Scorsese, Ruiz, chercherait qu’ «un retour sur in- autres festivals internationaux de- 2017. Rouges les sacs de toile por- entre autres), diffuseur, au pays de vestissement». meure exceptionnel. tés en bandoulière par les festiva- l’Oncle Sam du cinéma, de Fellini, e liers, où s’affichaient en majuscules Bergman, Truffaut, élégant et rieur Au palmarès 12 films récompensés Le 28 Festival International de blanches les initiales du Festival du haut de ses 91 ans, Roger Cor- et 18 distinctions comprenant les Cinéma de Marseille s’est achevé International du Documentaire. man, légende hollywoodienne, a 12 prix des différentes compéti- avec La Caméra de Claire de Hong Rouges les tapis foulés par le pu- reçu, au nom de l’État français, à tions, les 5 mentions spéciales Sang-soo, invité d’honneur de blic cosmopolite et nombreux, l’issue de sa master class du 13 juil- et 2 films ex aequo. Autant dire l’édition 2016, toujours aussi roh- de l’esplanade du J4 aux trottoirs let, l’insigne de Commandeur dans que certains films ont raflé plu- mérien, s’interrogeant non sans de la Canebière, de Belsunce au l’Ordre des Arts et des Lettres des sieurs récompenses. C’est le cas malice sur l’innocence et l’honnê- cours Julien. Rouge le masque mains du Président du FID Mar- du Grand Prix de la Compétition teté dans les rapports amoureux de la mort du film inaugural, pro- seille, Paul Otchakovsky-Laurens. Internationale Let the summer et professionnels d’un réalisateur jeté au Théâtre Silvain, farce ma- never come again d’Alexandre coréen et de ses deux maîtresses cabre, culte et kitch, adaptée de Outre l’hommage au cinéma des Koberidze qui obtient aussi le Prix lors d’un Festival de Cannes. Un la nouvelle d’Edgar Poe et signée «pères», le FID, qui se place dé- du Premier Film. Ou encore de trio révélé par les photos de Claire par l’invité d’honneur du festival : finitivement dans la cour des Baronesa de la jeune Brési- (Isabelle Huppert). Une conclu- Roger Corman. Un choix qui a dé- Grands avec ses 140 projections et lienne Juliana Antunes, un film de sion lumineuse, en forme de fable. concerté quelques «fidnomanes» ses Premières mondiales et inter- femmes sur les femmes qui nous «L’honnêteté c’est difficile quand peu portés sur ce qui s’apparente, nationales, a proposé cette année conduit dans les favelas de Belo on fait des films» dit un des pro- par la rapidité du tournage et la encore un programme foisonnant, Horizontes, plébiscité à trois re- tagonistes. Gageons qu’il y a dans modestie du budget, à un cinéma «buissonnant», audacieux, ouvert prises tout comme Le Cœur du la programmation de Jean-Pierre de série B, mais qui par l’habileté aux créations contemporaines. conflit du couple franco-japonais Rehm, Délégué général du FID, de ce cinéaste décomplexé, par Entre Corman et Kafka, invité Masayasu Eguchi et Judith Cahen, cette recherche-là aussi. la stylisation revendiquée et la virtuel dont Hanns Zischler a tra- « une fable politique où l’irradia- patine involontaire du temps de- qué dans la correspondance et le tion joue autant comme méta- Élise Padovani vient un objet filmique des plus journal, la trace des films évoqués, phore et principe que comme singuliers. La rétrospective Cor- place aux jeunes avec le FIDLab, menace invisible et tangible». Prix man programmée par cette 28è le FIDcampus, les premiers films, International Georges de Beaure- édition du FID offrait dix films sur les films rares en quête de distri- gard pour Playing men de Matjaž la soixantaine réalisés, et neuf buteurs, place au cinéma vivant, Ivanišin qui fait partie des films

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Photo : Marcelo Novais Teles et l‘équipe du film -c-A-Gava

FID 2017 – Marcelo Novais Teles et « L’ e x i l é »

L’un des co-scénaristes de « Tour- née » de Mathieu Amalric, Marce- lo Novais Teles, présentait cette année son premier long-métrage au FID 2017 : « L’exilé » . Un film chaleureux qui parle de la vie, de l’amitié, du temps qui passe, et où l’on croise Mathieu Amalric, Isabelle Ungaro, Olivier Broche et bien d’autres…Un film présenté en compétition française, compéti- tion Premier Film et compétition GNCR (Groupement National des Cinémas de Recherche). Interview avec le réalisateur et ex- traits du film sur WebTV Zibeline.

Par Annie Gava et Marc Voiry

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Photo : image du film -c-natacha nisic

FID 2017 – Natacha Nisic – « Plutôt mourir que mourir »

Natacha Nisic présentait en pre- mière mondiale au FID 2017 Plutôt mourir que mourir dans l’Écran parallèle, Histoire de portraits. La Grande Guerre appréhendée à tra- vers le travail et la folie d’Aby War- burg, historien de l’art allemand majeur du début du XXe siècle. Une approche passionnante, com- plexe, nourrie d’archives et servie par de belles intuitions.

WRZ a rencontré la jeune réali- satrice qui a par ailleurs écrit le scénario et assuré le montage de son film.

Entretien réalisé par Elise PA- DOVANI et Annie GAVA

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Au Mucem, l’écoute du large le 15 juillet

Casque sur les oreilles et installé au fort St-Jean face à la mer, le public est convié à écouter des pépites radiophoniques déni- chées dans des archives de l’Ina qui abordent les notions de liber- té. Le 15, cette étonnante Nuit de la Radio, imaginée par la Scam (Société civile des auteurs multi- média), se déroule dans le cadre du Fid, Festival international de Cinéma Marseille.

Le 15 juillet à 21h. Le Mucem : en- trée par le quai du Port au pied du fort St-Jean, Marseille (2e). Entrée libre et carte d’identité obligatoire. fidmarseille.org

H.G.

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FIDMarseille — Revue de presse 2017 109 LA MARSEILLAISE — JUILLET 2017 PRESSE RÉGIONALE http://www.lamarseillaise.fr 1/1

Vitry-sur-Seine, là où Abdel Aziz Mekki a grandi. Photo dr L’utilisation de l’article, la reproduction, la diffusion est interdite - LMRS - (c) Copyright Journal La Marseillaise

FID de Marseille : Vitry-sur-Seine et le quartier Bal- déroulée », explique le réalisateur les gens qui font ce genre de film. zac d’où le jeune djihadiste est dans la gazette du FID. Éloigne-toi du marché grand pu- des paysages originaire, Égypte, Turquie route blic, fais quelque chose de diffé- marqués par la d’Alep, jusqu’au retour au tribunal Terreur à Chicago, rent ». Un conseil que le bon vieux en France. Autant de plans venant fureur de l’Arkansas Martin (n’)aura suivi (qu’) à moitié. violence rythmer avec une certaine froi- deur le film d’Éric Baudelaire qui Mais ces territoires marqués par Philippe Amsellem Le FID de Marseille a projeté ausculte ainsi méthodiquement différentes formes de violence ne jeudi dans le cadre de la tous ces chemins traversés par se retrouvaient pas seulement, compétition internationale Abdel Aziz Mekki. Un storytelling lors de la journée d’hier au FID, « Also known as Jihadi ». Un muet mais qui illustre avec beau- dans Also Known as Jihadi. Le Fes- travail d’enquête filmé par Éric coup de vigueur le parcours du tival international de cinéma de Baudelaire qui suit les traces jeune homme, sans jamais porter Marseille projetait également The d’un jeune djihadiste français. aucun jugement. Ici, pas de pa- St Valentine’s day massacre ainsi thos ni de sentiments qui vien- que Boxcar Bertha dans le cadre En 1969, le japonais Masao Adachi draient ternir le remarquable tra- de la rétrospective dédiée au ré- réalisait A.K.A. The serial killer. vail d’enquête du réalisateur et de alisateur et producteur américain Un film sur le tueur en série No- son équipe. Un principe poussé Roger Corman. Le premier film cité rio Nagayama, qui inspira au ci- jusqu’à l’extrême dans la mesure montrait la lutte sanglante entre Al néaste « la théorie du paysage ». où aucun protagoniste de l’affaire Capone et Bugs Morgan pendant Un axiome selon lequel « la ca- n’apparaît à l’écran. Plans d’en- la prohibition à Chicago, tandis méra scrute le paysage pour y semble des sinistres théâtres de que Boxcar Bertha - le second déceler les structures du pouvoir la route vers le Djihad, puis copies long-métrage réalisé par Scorsese et contextualiser des actes de de dépositions lors de gardes à en 1972 - prenait ses quartiers violence spontanée difficilement vue tournant autour de cette af- dans l’Arkansas. Ou le road trip compréhensibles en dehors de faire. Tel est le combo prismatique, d’une femme devenue criminelle leur contexte politique et géogra- alternant tour à tour à l’écran, par par nécessité pendant la Grande phique », détaillait en 2011 au FID lequel Éric Baudelaire narre l’his- dépression. Un film paradoxale- Marseille le réalisateur Éric Bau- toire du djihadiste français. Un ment assez drôle et bien ficelé, qui delaire. Une méthode empathique temps lent, presque contemplatif, n’a pourtant pas laissé un souve- dont a usé ce dernier dans Also propice à la narration objective. nir impérissable. Pour l’anecdote, known as Jihadi, qui part sur les Et aussi « une manière de faire John Cassavetes dit au moment traces d’Abdel Aziz Mekki, Val-de- un film sur un contexte. On passe de la sortie du film à Scorsese : Marnais de 25 ans qui a rejoint le d’un film sur un sujet à un film sur « Tu viens de passer un an de ta Front Al Nosra en 2012. le paysage architectural, politique, vie à faire une merde. C’est un social, dans lequel l’histoire s’est bon film mais tu es meilleur que

FIDMarseille — Revue de presse 2017 110 MARSACTU — JUILLET 2017 PRESSE RÉGIONALE https://marsactu.fr 1/1

FIDèlement vôtre C’est bien pour ces raisons que le toujours acéré sur toutes formes Festival international de cinéma de créations internationales, il a su Le FID dévoile une vingt- de Marseille (et comme une poi- dans son histoire ouvrir ses écrans huitième édition pleine gnée d’autres, encore trop rares, aux cinéastes de la cité pho- de promesses qui nous fera dans l’hexagone) joue un rôle des céenne, comme en témoignent cinématographiquement plus essentiels. En permettant la cette année encore les sélections naviguer, entre autres lieux, découverte, en première mon- de belles artistes telles que Flo- du Mucem aux Variétés, diale, d’œuvres passionnantes de rence Pazzottu, Claudia Neubern du Théâtre Silvain au l’image en mouvement, l’équipe du ou Amélie Derlon. À l’instar des Vidéodrome 2. FID, portée par son délégué géné- années précédentes, ce sont les ral Jean-Pierre Rehm, offre à voir écrans parallèles qui se révèlent Ils sont rares aujourd’hui, à s’in- tout autant l’état du monde que être, également, des écrins de terroger sur « Qu’est-ce que le celui de la goutte dans lequel il se joyaux cinématographiques. Ne cinéma ? ». Peut-être aurait-il fal- reflète, le cinéma. Dont acte avec revenons pas sur la présence ex- lu rendre la question récurrente, cette nouvelle édition, qui multi- ceptionnelle de l’immense Roger et par décennies se demander plie derechef les propositions et Corman (récemment soulignée « Qu’est-ce que le cinéma, au- croise les regards, exécutant avec dans ces colonnes), mais gageons jourd’hui ? » Car incontestable- maestria le difficile exercice fu- qu’entre Histoires de portraits, Ah, ment, malgré les divers langages nambulesque de la diversité et de la musique !, Les sentiers et Kafka qui ont fait signes, les formes, la cohérence. va au cinéma — sans oublier le elles, ont évolué et impacté le FidLab —, tout spectateur un brin fond. De nombreuses frontières Au sein, de prime abord, des di- curieux trouvera les chemins de ont volé en éclats (de lumière), et verses compétitions (interna- traverse d’un réel bonheur ciné- les techniques — jamais éloignées tionale, nationale, premier film, phile, où une fois encore, il parti- du geste cinématographique — ont GNCR) : s’y côtoieront les noms cipera au temps des films. élargi champs et hors-champs. de cinéastes dont l’œuvre nous Au-delà d’un système, disons-le a d’ores et déjà marqués (Andrew Emmanuel Vigne clairement, ploutocratique, la Kötting, Nicolas Klotz, Annik Le- création, comme l’eau dans la roy, Philippe Grandrieux, Pierre roche, a toujours su se frayer un Creton, Jean-Charles Fitoussi…), chemin. Sauf, malheureusement, et d’autres qu’un large public dé- sur la question de la diffusion des couvrira, non sans plaisir, lors des œuvres, maillon essentiel de l’in- séances spéciales. Soulignons par dustrie. ailleurs que si le FID garde un œil

FIDMarseille — Revue de presse 2017 111 LA PROVENCE — JUILLET 2017 PRESSE RÉGIONALE 1/1

FIDMarseille — Revue de presse 2017 112 VENTILO — JUIN 2017 PRESSE RÉGIONALE 1/1

FIDèlement vôtre C’est bien pour ces raisons que le toujours acéré sur toutes formes Festival international de cinéma de créations internationales, il a su Le FID dévoile une vingt- de Marseille (et comme une poi- dans son histoire ouvrir ses écrans huitième édition pleine gnée d’autres, encore trop rares, aux cinéastes de la cité pho- de promesses qui nous fera dans l’hexagone) joue un rôle des céenne, comme en témoignent cinématographiquement plus essentiels. En permettant la cette année encore les sélections naviguer, entre autres lieux, découverte, en première mon- de belles artistes telles que Flo- du Mucem aux Variétés, diale, d’œuvres passionnantes de rence Pazzottu, Claudia Neubern du Théâtre Silvain au l’image en mouvement, l’équipe du ou Amélie Derlon. À l’instar des Vidéodrome 2. FID, portée par son délégué géné- années précédentes, ce sont les ral Jean-Pierre Rehm, offre à voir écrans parallèles qui se révèlent Ils sont rares aujourd’hui, à s’in- tout autant l’état du monde que être, également, des écrins de terroger sur « Qu’est-ce que le celui de la goutte dans lequel il se joyaux cinématographiques. Ne cinéma ? ». Peut-être aurait-il fal- reflète, le cinéma. Dont acte avec revenons pas sur la présence ex- lu rendre la question récurrente, cette nouvelle édition, qui multi- ceptionnelle de l’immense Roger et par décennies se demander plie derechef les propositions et Corman (récemment soulignée « Qu’est-ce que le cinéma, au- croise les regards, exécutant avec dans ces colonnes), mais gageons jourd’hui ? » Car incontestable- maestria le difficile exercice fu- qu’entre Histoires de portraits, Ah, ment, malgré les divers langages nambulesque de la diversité et de la musique !, Les sentiers et Kafka qui ont fait signes, les formes, la cohérence. va au cinéma — sans oublier le elles, ont évolué et impacté le FidLab —, tout spectateur un brin fond. De nombreuses frontières Au sein, de prime abord, des di- curieux trouvera les chemins de ont volé en éclats (de lumière), et verses compétitions (interna- traverse d’un réel bonheur ciné- les techniques — jamais éloignées tionale, nationale, premier film, phile, où une fois encore, il parti- du geste cinématographique — ont GNCR) : s’y côtoieront les noms cipera au temps des films. élargi champs et hors-champs. de cinéastes dont l’œuvre nous Au-delà d’un système, disons-le a d’ores et déjà marqués (Andrew Emmanuel Vigne clairement, ploutocratique, la Kötting, Nicolas Klotz, Annik Le- création, comme l’eau dans la roy, Philippe Grandrieux, Pierre roche, a toujours su se frayer un Creton, Jean-Charles Fitoussi…), chemin. Sauf, malheureusement, et d’autres qu’un large public dé- sur la question de la diffusion des couvrira, non sans plaisir, lors des œuvres, maillon essentiel de l’in- séances spéciales. Soulignons par dustrie. ailleurs que si le FID garde un œil

FIDMarseille — Revue de presse 2017 113 GOMET — JUIN 2017 PRESSE RÉGIONALE 1/2

FIDMarseille — Revue de presse 2017 114 GOMET — JUIN 2017 PRESSE RÉGIONALE 2/2

FIDMarseille — Revue de presse 2017 115 LA MARSEILLAISE — JUILLET 2017 PRESSE RÉGIONALE 1/1

FIDMarseille — Revue de presse 2017 116 ZIBELINE — JUIN 2017 PRESSE RÉGIONALE 1/1

FIDMarseille — Revue de presse 2017 117 LA MARSEILLAISE — JUIN 2017 PRESSE RÉGIONALE 1/1

FIDMarseille — Revue de presse 2017 118 LA PROVENCE — JUIN 2017 PRESSE RÉGIONALE 1/1

FIDMarseille — Revue de presse 2017 119 VENTILO — JUIN 2017 PRESSE RÉGIONALE 1/1

FIDMarseille — Revue de presse 2017 120 LA MARSEILLAISE — MAI 2017 PRESSE RÉGIONALE 1/1

FIDMarseille — Revue de presse 2017 121 LA MARSEILLAISE — AVRIL 2017 PRESSE RÉGIONALE 1/1

FIDMarseille — Revue de presse 2017 122 LA PROVENCE — AVRIL 2017 PRESSE RÉGIONALE http://www.laprovence.com 1/1

FIDMarseille — Revue de presse 2017 123 CNEWS MATIN — AVRIL 2017 PRESSE RÉGIONALE 1/1

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