LE MONDE DES LIVRES

VENDREDI 2 FÉVRIER 2001

LE MONDE DES POCHES L’HONNEUR PERDU DE L’ITALIE MEATYARD, INQUIÉTANTE ÉTRANGETÉ SÉLECTION Rosetta Loy, enfance dans les années Pour découvrir enfin l’œuvre inclassable La liste des livres fascistes et antisémites et enquête sur et méconnue du photographe américain, de poche parus le rôle de l’Eglise : accablant p. III peuplée de fantômes et d’enfants p. X en janvier p. XIII à XV a Les « lettres » de D. H. Lawrence a Les écrits de Brecht

sur le théâtre SUPPLÉMENT AU MONDE DU VENDREDI 2 FÉVRIER. N˚ 17426 - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : JEAN-MARIE COLOMBANI - IMPRIMERIE LE MONDE www.lemonde.fr 57e ANNÉE – Nº 17426 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

Pour éviter la récession, Paris : la droite en perdition ? b Les sondages ne cessent d’annoncer sa déroute et ses divisions s’étalent b Elle est donnée battue la Réserve fédérale dans des arrondissements hier hors de portée de la gauche b Philippe Séguin appelle ses partisans américaine baisse à refuser cette « spirale de la défaite » b L’Elysée redoute un déballage sur les affaires après le scrutin LA DROITE paraît tétanisée par d’opinion, est impressionnan- (fief du maire sortant Jean Tiberi), tisans à « sortir de la spirale de la à nouveau ses taux sa défaite, annoncée sondage te. Outre les six arrondissements 9e,12e,13e et 14e. Du coup, les amis défaite ». Certaines têtes de liste après sondage, aux élections muni- qu’elle détient depuis 1995, elle de Philippe Séguin, chef de file de la droite parisienne commen- POUR la deuxième fois en un cipales à Paris. A quarante jours serait en mesure de l’emporter RPR-UDF-DL, s’affolent. Il a lui- cent déjà à manœuvrer pour s’as- mois, la Réserve fédérale américai- du scrutin, la lame de fond de la dans cinq autres que l’on croyait même souligné l’ampleur de ce surer la présidence des groupes AFP ne (Fed) a pris, mercredi 31 jan- gauche, exprimée par les enquêtes fermement ancrés à droite : les 5e qui le menace en appelant ses par- d’opposition à la mairie. « C’est vier, d’énergiques mesures de poli- une telle chienlit… », soupire-t-on AGRICULTURE tique monétaire pour éviter la à l’Elysée, où l’on craint les consé- récession, ramenant son taux au quences de ce désastre annoncé, jour le jour de 6 % à 5,5 %. La bais- Bertrand Delanoë, chef de file des Le combat se du loyer de l’argent aux Etats- socialistes, ayant promis, en cas Unis depuis le début de l’année est de victoire, audits et ouvertures la plus rapide depuis décem- d’archives. « Ils vont nous distiller Guyau-Bové bre 1991. Alan Greenspan, prési- des documents jusqu’à la présiden- dent de la Fed, soulignait la semai- tielle », redoute un conseiller de La Confédération paysanne de José ne dernière lors d’une audition au . « Paris ne sera pas Bové (photo) progresse et la FNSEA de Sénat que la croissance était « très un test national », répètent désor- Luc Guyau est en recul sensible aux probablement très proche de zéro ». mais les chiraquiens afin de limi- élections des chambres d’agriculture. Les chiffres économiques publiés ter les dégâts d’une défaite dans la Selon les premiers résultats de ce scru- récemment confirment son analy- capitale dont Jacques Chirac a été se : la croissance du produit inté- le maire pendant dix-huit ans. tin, la Confédération gagne plus de rieur brut américain s’est limitée à Le Monde continue son tour de 6 points (26,39 % au lieu de 20,07 % 1,4 % (en rythme annuel) au der- France des grandes villes en cam- en 1995), la FNSEA et le CNJA en per- nier trimestre 2000, sa performan- pagne. Aujourd’hui, Orléans, qui, dent 6 (53,67 % au lieu de 59,79 %). ce la plus faible en cinq ans. Mer- à une heure de Paris, a su dépas- Les amis de José Bové progressent là où credi, les marchés financiers sont ser ses complexes vis-à-vis de la restés stables. capitale. ils étaient mal implantés, mais perdent leur bastion du Finistère. p. 8 Lire page 18 Paris page 6, Orléans page 11 et notre éditorial p. 16 Réconcilier Israël Deux chercheurs sur la piste de Dieu, au cœur du cerveau humain POURQUOI bon nombre d’êtres humains Pendant deux ans, de 1996 à 1998, il a étudié les engendrées par certaines danses endiablées. et les Palestiniens continuent-ils à croire en Dieu ? Bien avant fonctions cérébrales et les flux sanguins du cer- L’action sur d’autres zones cérébrales produirait Nietzsche, dès la fin du dix-huitième siècle, cer- veau de huit bouddhistes tibétains pendant leur le sentiment de canaliser toute l’énergie cosmi- LES CONDITIONS et le ryth- tains prétendaient, au nom de la science, que la méditation. Des nonnes franciscaines en prière que… Les expériences mystiques ne seraient ain- a me d’une réconciliation israé- religion était condamnée. Deux siècles plus tard, ont subi les mêmes tests. Andrew Newberg utili- si qu’une production du cerveau stimulé par les lo-palestinienne durable conti- ni la foi ni les pratiques religieuses n’ont disparu. se des marqueurs pour distinguer les parties du rites religieux. JAY DIRECTO/AFP nuent d’alimenter une ample dis- Ce constat, d’autant plus troublant aux Etats- cerveau qui sont activées par les processus men- Prudents, les chercheurs américains préci- cussion. Le sociologue Edgar Unis où les sectes de tout poil prolifèrent, a pous- taux ou les actions physiques. saient, dans un article publié le 21 février PHILIPPINES Morin décrit, dans nos pages sé deux chercheurs de l’université de Pennsylva- Les chercheurs ont étudié les cerveaux plon- 1998 par le quotidien The Philadelphia Inquirer, « Débats », les paradoxes de la nie, Eugene D’Aquili et Andrew Newberg, à gés dans ces états mystiques à l’aide des images qu’il serait « insensé » de supposer que les situation. Trois autres points de créer une nouvelle discipline, la neurothéologie. fournies par un tomographe à émission de pho- visions religieuses « sont réductibles à un flux neu- Comment Estrada vue abordent les questions de Jéru- L’hebdomadaire Newsweek indique, dans son tons. Sur les clichés de coupes horizontales, les rochimique ». Leur découverte reste loin, en salem et du droit au retour des édition datée du 5 février, qu’ils s’apprêtent à lobes pariétaux postérieurs supérieurs gauche et effet, de répondre à toutes les questions. L’altéra- est tombé Palestiniens ainsi que la situation révéler les résultats de leurs travaux dans un livre droit affichent des luminosités très nettement tion du fonctionnement du cerveau est-elle la Un message écrit diffusé sur des télé- politique intérieure en Israël. Sur au titre évocateur : Pourquoi Dieu ne disparaîtra inférieures à la normale. La méditation mettrait cause ou le résultat des états de méditation ou phones portables appelait à empêcher le terrain, en Israël, le premier pas. L’ouvrage, qui sera publié le 3 avril par Balla- ainsi en veilleuse certaines fonctions cérébrales. de transes ? L’organe lui-même et les Joseph Estrada de retirer son argent des ministre sortant, Ehoud Barak a tine Books, contient une réponse claire : « Parce Or les zones affectées correspondent, selon les connexions de ses neurones ne sont-ils pas l’œu- annoncé qu’il refuserait de partici- que le cerveau humain a été génétiquement conçu scientifiques, au sens de la dichotomie de la per- vre d’un créateur ? Sans répondre à ces interro- banques de Manille avant de prendre la per à un gouvernement d’union pour encourager les croyances religieuses. » sonnalité, c’est-à-dire à l’aptitude à se distinguer gations légitimes, les chercheurs américains esti- fuite. Notre correspondant en Asie du nationale en cas de victoire de son Associé depuis 1993 à Eugene D’Aquili, profes- des autres et de l’environnement. La mise hors ment que le cerveau est programmé pour aider Sud-Est raconte les dessous de la chute rival de droite, Ariel Sharon, aux seur de psychiatrie et anthropologue des reli- service de cette fonction expliquerait les sensa- l’humanité à survivre dans un monde cruel en du président philippin, porté sur le jeu élections législatives du 6 février. gions, Andrew Newberg, un neurophysiologiste tions de plénitude absolue, de communion trans- donnant un sens à son existence. Reste à identi- et l’alcool, corrompu, obsédé par l’enri- de trente-trois ans spécialisé dans l’imagerie cendentale avec l’humanité et l’univers générale- fier le programmeur. Lire les débats pages 14 et 15 scanner, sonde les neurones de patients en exta- ment associées à une manifestation divine. Un chissement de sa famille et de ses amis. et nos informations page 3 se pour y découvrir l’origine de leurs sensations. processus semblable expliquerait les transes Michel Alberganti Notre enquête p. 13 Roland Dumas Rêver une vraie défense menace ses juges antimissile LE BOUCLIER stratégique anti- retour à la stratégie navale où, face missile que les Etats-Unis enten- aux tourmentes de l’Ancien Monde dent se donner est, sans aucun et de l’Asie, l’île mondiale que doute, le détonateur de la plus représentent les Etats-Unis n’aura grande crise géopolitique de ce besoin que de deux flottes de AFP début de siècle. Il peut être l’instru- guerre, à Hawaï et en Islande, pour INFORMATIQUE ment d’une nouvelle alliance sino- défendre son utopique prospérité russe que rien par ailleurs n’im- des barbaries environnantes : rem- pose, un élément de brouille et de placez les océans par le cyberes- De la lumière polémique au sein de l’Alliance pace des grands ordinateurs et l’es- et des puces JEAN-PIERRE CHAMPRENAULT atlantique, une distraction des pace stratosphérique où évoluent tâches sérieuses du maintien de la les armes laser et les missiles basés L’envoi d’un e-mail est une alchimie LE SUBSTITUT du procureur de paix et, pour couronner le tout, un sur des satellites, et vous êtes reve- la République pressait Roland facteur d’accélération de la proli- nus vers le vieux rêve isolationniste subtile : électrons et photons font suc- Dumas de s’expliquer, mercredi, fération nucléaire et un catalyseur pré-rooseveltien, qui s’accompa- cessivement équipe pour transmettre le sur des dépots d’argent liquide sur du nationalisme japonais. Et, pour- gne d’ailleurs inévitablement d’un message à l’autre bout de la planète. ses comptes entre 1989 et 1997. tant, il se fera… inexorablement. autre retour, le panaméricanisme, L’ambition des chercheurs est de passer L’ancien ministre a perdu son sang- Deux facteurs jouent en effet avec le projet d’une zone de libre- froid, menaçant de « s’occuper de massivement en sa faveur dans échange et de valeurs partagées au tout-lumière pour améliorer encore certains magistrats ». l’opinion américaine comme dans « de l’Alaska à la Terre de Feu ». les performances des puces électroni- le jugement des élites du pays : il Mais, parallèlement, ce grand ques (photo). Un rêve lointain pour les Lire page 9 et la chronique page 34 est conforme à une stratégie améri- projet architectonique réveille accros d’Internet, qui disposent désor- caine idéale, rêve éveillé dont Roo- aussi la nostalgie de « la bonne Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, sevelt a dû extirper la classe poli- guerre », celle qui amène enfin le mais à Paris d’un cybercafé géant 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; Côte d'Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; tique peu à peu dans les années plein emploi en faisant tourner les ouvert 24 heures sur 24. p. 25 et 27 Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Breta- 1930 : celui de l’insularité parfaite. industries les plus avancées, recrée gne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; Il irrigue par ailleurs juste à point un secteur de haute technologie Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; International...... 2 Tableau de bord ...... 22 Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ; une industrie de défense bien mise protégé pour des raisons d’Etat, Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; France...... 6 Aujourd’hui ...... 25 Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. à mal par dix années de paix et de irréfutables par les free traders,au Société...... 9 Météorologie-Jeux...... 28 diminutions budgétaires, ainsi que cœur de l’économie. Régions ...... 11 Culture ...... 29 par une concurrence européenne M 0147 - 202 - 7,50 F Carnet...... 12 Guide culturel ...... 31 plus coriace que prévu. Nous avons Alexandre Adler Horizons ...... 13 Kiosque ...... 32 ainsi la réconciliation apparente, pour 0123 Entreprises...... 18 Abonnements ...... 32 sur le front intérieur, de deux âges 3:HJKLOH=UU\ZUV:?a@c@a@m@k; Communication...... 21 Radio-Télévision ...... 33 d’or contradictoires : d’un côté, le Lire la suite page 16 2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001

LIBYE Le tribunal écossais sié- commis l’attentat contre un Boeing Basset Ali El Megrahi, a été reconnu planification et l’exécution de l’at- FRANCE, le colonel Mouammar Kad- geant aux Pays-Bas selon la juridic- de la PanAm en décembre 1988 pro- coupable de meurtre et condamné à tentat étaient d’origine libyenne. hafi demeure sous la menace de tion écossaise a rendu mercredi voquant son explosion en vol la prison à perpétuité. L’autre a été b WASHINGTON ET LONDRES ont poursuites judiciaires à propos de 31 janvier son verdict dans le procès au-dessus de la localité de Locker- acquitté. Dans ses attendus, les trois aussitôt demandé que la Libye l’attentat contre le DC-10 d’UTA en des deux Libyens suspects d’avoir bie. b L’UN DES ACCUSÉS, Abdel juges estiment que la conception, la reconnaisse sa responsabilité. b EN septembre 1989 au-dessus du Niger. Lockerbie : Tripoli doit reconnaître sa responsabilité, estime Washington Le tribunal écossais a rendu son verdict dans le procès des deux Libyens. L’un a été condamné à la prison à vie, l’autre a été acquitté. En France, l’affaire de l’attentat contre le DC-10 d’UTA n’est pas terminée, et le colonel Kadhafi est toujours menacé de poursuites judiciaires

LA HAYE Abdel Basset Ali El Megrahi a L’autre accusé, Al Amine Khalifa Lord Sutherland, président de la nécessaires pour rester aux Pays- geant une peine de prison pour ter- de notre correspondant été reconnu coupable de meurtre. Fhimah, 44 ans, était, à l’époque cour. Fhimah a immédiatement Bas. « Les détails sur son lieu de rési- rorisme. L’un des témoignages les Il se sera écoulé douze ans et un Selon le jugement de 82 pages, cet des faits, chef d’escale à Malte des quitté l’audience, accompagné de dence provisoire et les modalités de plus importants a sans conteste été mois entre l’attentat contre le vol homme de 48 ans occupait «un Libyan Arab Airlines. Mais l’accusa- son avocat. Le ministère néerlan- son départ resteront confidentielles, celui d’Anthony Gauci. Ce bouti- de la PanAm 103 au-dessus de la poste relativement élevé dans la tion n’a pas pu convaincre les juges dais de la justice s’est alors empres- pour des raisons de sécurité. » quier de Malte a affirmé avoir ven- petite ville écossaise de Lockerbie Jamahariya Security Organisa- « au-delà de tous doutes raisonna- sé de rappeler que l’intéressé, qui a Le procès des deux hommes s’est du à Megrahi un grand nombre de et un verdict prononcé mercredi tion », les services secrets libyens. bles » de sa culpabilité. « Vous êtes passé deux ans en détention pré- étalé sur neuf mois, soit, plus exac- vêtements, dont des fragments ont 31 janvier par trois juges écossais C’est à Malte qu’il a préparé et exé- libre de vous en aller », lui a déclaré ventive, n’avait pas les documents tement, 85 jours d’audiences. Les été retrouvés dans la valise abritant siégeant dans un ancien camp mili- cuté un plan visant à faire explo- trois juges – perruque et toge rou- la bombe. taire, transformé en un complexe ser un Boeing de la compagnie ge et blanc – ont écouté La défense a tenté de prouver mêlant tribunal et prison, le tout américaine. L’Etat libyen n’est pas responsable, assure Tripoli 230 témoins présentés par l’accusa- que l’attentat était le fait d’un grou- sous administration écossaise, aux Un lecteur de cassettes piégé tion et étudié plus de 10 000 pages pe palestinien soutenu par Damas. Pays-Bas. avait été introduit dans l’avion, La Libye « en tant qu’Etat n’a aucune responsabilité » dans l’attentat de documents. Certains de ces Elle s’était engagée à montrer des Mais les tractations diplomati- qui se désintégra au-dessus de de Lockerbie, a affirmé mercredi 31 janvier le porte-parole du ministè- témoins ont plus semé le doute documents en provenance du gou- ques, les pressions sur la Libye et Lockerbie, tuant instantanément re des affaires étrangères, Hassouna El Chaouch, rejetant ainsi les exi- que permis d’éclaircir l’affaire. Ce vernement syrien disculpant les les innovations juridiques pour per- les 259 personnes à bord et fai- gences américaines et britanniques. « C’est une affaire judiciaire », a-t-il fut le cas d’Edwin Bollier, industriel accusés. Las, ceux-ci n’ont jamais mettre de juger deux ressortissants sant 11 victimes au sol. « Mon estimé lors d’une conférence de presse. Interrogé sur les compensa- zurichois qui aurait vendu la minu- été communiqués. Dès la fin du libyens accusés d’avoir placé la client maintient qu’il est inno- tions aux familles des victimes réclamées par Washington et Londres, terie de la bombe. Bollier soutenait troisième témoignage à décharge, bombe qui explosa en vol le cent », a déclaré son avocat à l’is- Hassouna El Chaouch s’est borné à dire que la Libye devait elle-même la thèse d’une manipulation des ser- la défense annonçait qu’elle en 22 décembre 1988 n’auront pas été sue de l’audience. Me Taylor a être indemnisée pour les pertes subies en raison des sanctions. « L’asso- vices secrets américains. La présen- avait terminé. C’était le 8 janvier. vaines : au terme d’un procès quatorze jours pour faire appel du ciation des familles des victimes de l’attaque américaine de 1986 demande ce d’autres témoins a pu surpren- Trois jours plus tard, les juges se sérieux, l’un des accusés est ressor- verdict d’emprisonnement, assor- aussi à être indemnisée », a-t-il ajouté, dans une allusion aux raids amé- dre, comme une mystérieuse taupe retiraient pour délibérer. ti libre, tandis que l’autre a été con- ti d’une période incompressible ricains de 1986 sur Tripoli et Benghazi qui avaient fait 37 morts, dont la de la CIA, ou encore Mohamad damné à la prison à perpétuité. de vingt ans. fille du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. – (AFP.) Abou Talb, un Palestinien pur- Alain Franco Les Etats-Unis n’envisagent pas une levée des sanctions M. Kadhafi est menacé de poursuites judiciaires en France WASHINGTON pour qu’elle reconnaisse sa responsa- cains pourraient inciter l’administra- ONZE ANS après l’attentat le plus meurtrier jamais te judiciaire française, la Libye avait ensuite assoupli de notre correspondant bilité (…) et indemnise les familles. » tion à la prudence. En outre, alors commis contre des intérêts français – 170 morts dans sa position. Par une lettre adressée au président Jac- Les Etats-Unis sont satisfaits de La Maison Blanche a ajouté dans que la cour écossaise a prononcé l’explosion d’un DC-10 d’UTA, le 19 septembre 1989, ques Chirac en mars 1996, M. Khadafi avait accepté la condamnation d’un des deux un communiqué que Londres et un verdict définitif, l’intransigeance au-dessus du désert du Ténéré (Niger) –, le colonel l’idée d’un procès par contumace et s’était engagé à agents libyens pour l’attentat con- Washington « ont indiqué claire- de Washington risquerait d’être Kadhafi reste sous la menace de la justice française. ce que son pays « s’acquitte de ses obligations » dans tre le vol Pan Am 103, mais il n’est ment au gouvernement libyen qu’un mal comprise par certains alliés ara- Malgré la volonté de réconciliation affichée par Paris l’hypothèse d’une condamnation. De fait, la Libye pas question pour le moment qu’ils verdict contre les suspects (…) ne bes, déjà mécontents de la situation et Tripoli, les familles des victimes entendent tou- avait facilité la tâche des enquêteurs français, si bien lèvent leurs sanctions contre le régi- signifiait pas en soi que les sanctions dans les territoires occupés. jours solder les comptes avec un régime naguère accu- que le juge Bruguière avait salué la bonne coopéra- me de Tripoli. Le président Bush a imposées par les Nations unies seront Le secrétaire d’Etat a déjà laissé sé d’être l’un des parrains du terrorisme international. tion judiciaire de Tripoli, en novembre 1997, dans un fait part, mercredi 31 janvier, de levées ». Il faudrait pour cela que Tri- entendre que le temps n’était pas Déposée le 16 juin 1999 par SOS-Attentats et par la courrier au ministre des affaires étrangères, Hubert son « appréciation » du verdict et poli « satisfasse à certaines exigences venu de lever les sanctions. Le géné- sœur de l’une des victimes, une plainte pour « compli- Védrine. Un an plus tard, la France s’était fondée sur du rôle joué par l’administration comme la compensation des victimes ral Colin Powell est néanmoins con- cité d’homicides volontaires » vise en effet personnelle- ce satisfecit pour apporter son soutien à la suspension américaine dans l’enquête et décla- et la reconnaissance de sa responsabi- nu pour son opposition à ce type de ment le Guide de la révolution libyenne. Et le juge des sanctions internationales contre la Libye. Puis le ré que « rien ne pourra altérer la lité dans cet acte de terrorisme, ce pressions, souvent nuisibles aux Jean-Louis Bruguière, qui a mené de bout en bout l’en- processus avait conduit à la condamnation des six souffrance et la perte causées par cet qui n’est pas encore le cas ». Le por- intérêts commerciaux américains. quête sur l’attentat, est à présent décidé à instruire accusés absents au procès d’assises. acte terrible ». « Je veux, a-t-il dit, te-parole du département d’Etat a A la mi-janvier, devant la commis- cette plainte mettant en cause la responsabilité péna- assurer les familles et les victimes que énuméré quatre conditions : «Le sion des affaires étrangères du le de Mouammar Kadhafi. COUR DE CASSATION le gouvernement des Etats-Unis conti- gouvernement libyen doit assumer les Sénat, il avait eu ces mots : « Je vou- Dans cet interminable feuilleton judiciaire, les servi- La plainte de SOS-Attentats a depuis ruiné ce bel nuera de faire pression sur la Libye actes commis par ses agents. Cela drais encourager le Congrès à s’arrê- ces secrets libyens ont déjà été jugés responsables de ordonnancement. Certes, le ministère public a requis signifie qu’il doit révéler tout ce qu’il ter un moment (…), regarder et écou- l’attentat par la cour d’assises de Paris. Le 10 mars un classement définitif du dossier en estimant que sait sur l’attentat de Lockerbie, payer ter avant d’imposer des sanctions. 1999, la cour a condamné, par contumace, à la réclu- « le droit coutumier international » reconnaîtrait une des réparations, admettre sans équi- (…) Je voudrais vous encourager à fai- sion criminelle à perpétuité les six Libyens désignés immunité à un chef de l’Etat en exercice, sauf pour voque sa responsabilité pour l’action re preuve d’autodiscipline: quand par l’enquête du juge Bruguière. Absent du procès, « crimes contre l’humanité ». Mais, le 20 octobre 2000, de ses fonctionnaires et le montrer de quelque chose vous rend furieux ou comme les autres accusés, le propre beau-frère de la cour d’appel de Paris a jugé que M. Bruguière est manière claire et sans ambiguïté. » quand les intérêts de vos constituants M. Kadhafi, Abdallah Senoussi, chef des services fondé à instruire les poursuites visant M. Khadafi, en sont en jeu, arrêtez-vous je vous en secrets de Tripoli, a ainsi été condamné. Mais le Gui- estimant qu’« aucune immunité ne saurait couvrir » PRESSIONS CONTRADICTOIRES prie, comptez jusqu’à 10, appelez- de de la Jamahiriya n’a jamais fait pleinement exécu- des faits « consistant pour un chef d’Etat à avoir ordon- Confronté à son premier gros moi, discutons-en avant de m’impo- ter cette décision. L’Etat libyen s’est borné à verser les né l’explosion d’un avion de ligne transportant 170 pas- dossier international, « W » est sou- ser de nouvelles procédures bureau- « indemnités » financières fixées par la cour d’assises. sagers ». mis à des pressions contradictoires. cratiques. » Loin de s’en satisfaire, SOS-Attentats a donc considé- Le ministère public s’étant pourvu contre cette déci- D’un côté, les familles des victimes Le général Powell veut également ré, dans sa plainte, qu’il serait « inconcevable que les sion, il reviendra à la Cour de cassation de décider, le – qui trouveront toujours un appui « réexaminer » les sanctions contre services secrets libyens, dirigés par le propre beau-frère 27 février, de la suite à donner à la plainte. Sera du auprès de leurs représentants au l’Irak. Mais les ressentiments sem- du colonel Kadhafi, aient pu opérer sans son aval ». même coup tranchée la demande dernièrement dépo- Congrès – l’incitent à pousser plus blent trop forts, du côté américain, Dès octobre 1991, les sommets du régime de Tripoli sée par SOS-Attentats, toujours auprès du juge Bru- avant, y compris en poursuivant le pour que la Maison Blanche prenne avaient été désignés par le juge Bruguière, qui avait guière, afin qu’un mandat d’arrêt international soit colonel Mouammar Kadhafi com- une décision dans ce sens. fait diffuser quatre mandats d’arrêt internationaux désormais délivré à l’encontre de Mouammar Khadafi. me l’instigateur de l’attentat. De contre des membres des services secrets, dont l’autre, les intérêts pétroliers améri- Patrice de Beer M. Senoussi. Incitée par l’ONU à collaborer à l’enquê- Erich Inciyan Le verdict de la cour écossaise ne clôt pas l’affaire LE VERDICT rendu mercredi membre de l’Organisation de sécurité D’ores et déjà, des parents de victi- « suspendues » par le Conseil, lors- ple des sanctions. Le dirigeant 31 janvier par une cour écossaise de la Jamahiriya », les services mes déplorent la condamnation de que, en avril 1999, Tripoli avait livré libyen est vraisemblablement égale- ne clôt pas l’affaire Lockerbie : au secrets libyens, au sein desquels il a simples lampistes là où, disent-ils, il El Megrahi et Fhimah à la justice ment assuré du soutien de ses pairs plan juridique d’abord, ne fût-ce « occupé des postes assez élevés »,et est évident qu’il s’agit de terrorisme écossaise. Leur levée totale demeu- africains. C’est à eux qu’il doit, au que parce que Abdel Basset Ali El qu’il était également impliqué dans d’Etat. La presse américaine, quant rait tributaire de la disposition des moins en partie en tout cas, le la fourniture d’équipements militai- à elle, avait dès 1999 mis en garde autorités libyennes à remplir la tota- début de la fin de sa mise en quaran- ANALYSE res. Autrement dit, El Megrahi contre un éventuel marché en vertu lité des clauses du contrat, taine, puisqu’ils furent les premiers n’était ni un illuminé ni un simple duquel deux « boucs émissaires » c’est-à-dire coopérer lors de l’enquê- à briser l’embargo aérien imposé à La Libye cherche, avec homme de main. seraient condamnés pour « acheter te, des procédures et du procès – ce son pays. Ils ont ainsi contribué l’aide des pays arabes Qui plus est, ayant exploré une pis- la levée des sanctions », selon une dont elles se sont acquittées – et dans une large mesure à l’infléchis- et africains, une levée te conduisant à deux organisations formule du Washington Post. renoncer par « des actes concrets » sement des positions américaine et définitive des sanctions palestiniennes dissidentes de l’OLP, C’est de fait la levée des sanctions au terrorisme. britannique dans l’affaire Lockerbie le Front populaire pour la libération que cherche la Libye, en même et ouvert la voie à la médiation de la Palestine-Commandement temps que des réparations pour les « ACTES CONCRETS » saoudo-sud-africaine, relayée par Megrahi, reconnu coupable de l’at- général et le Front de lutte populai- pertes subies à cause d’elles. Impo- Reste à savoir quelle sorte une mission du secrétaire général tentat contre un Boeing de la re, les juges ont acquis la conviction sées par le Conseil de sécurité des d’« actes concrets » répondent à de l’ONU. C’est ainsi qu’avait pris PanAm le 22 décembre 1988, à Loc- qu’elles n’étaient pas incriminées Nations unies en 1992, puis renfor- cette exigence. En mars 1999, à la fin le bras de fer de dix ans entre kerbie, en Ecosse, peut encore faire dans l’affaire Lockerbie. « La concep- cées en 1993, ces sanctions avaient veille de la remise à la justice écos- Londres et Washington d’une part, appel, et la procédure écossaise en tion, la planification et l’exécution » précisément pour objectif d’obliger saise des deux suspects, le ministre Tripoli de l’autre et que s’était déga- la matière est longue et à plusieurs de l’attentat « étaient d’origine Tripoli à « extrader vers la Grande- libyen des affaires étrangères avait gé un compromis pour l’ouverture étages. Mais, surtout, l’affaire n’est libyenne », assurent-ils dans les Bretagne ou les Etats-Unis les deux adressé à Kofi Annan, le secrétaire du procès. pas close au plan politique, parce attendus du jugement. Ils pouvaient Libyens présumés responsables de l’at- général de l’ONU, une lettre assu- Mais autant sinon plus que les qu’un attentat est forcément sous- difficilement être plus clairs. tentat » de Lockerbie et à « répon- rant que son pays « est opposé à sanctions internationales, Tripoli, tendu par un objectif politique et Dès lors, il allait pratiquement de dre favorablement à la demande toutes les formes de terrorisme et en mal de respectabilité, voudrait commandité par un groupe terroris- soi que les Etats-Unis et la Grande- française d’interroger quatre présu- condamne tous ces actes criminels voir la fin des sanctions que les te, une faction, des services ou un Bretagne exigeraient de la Libye de més responsables de l’attentat contre haineux ». Etats-Unis lui ont unilatéralement Etat. Au niveau diplomatique enfin, « reconnaître sa responsabilité dans un DC-10 d’UTA », en septembre Visiblement, une telle déclaration imposées, avec l’espoir secret que la c’est seulement du véritable épilo- l’attentat » et de dédommager les 1989, au-dessus du Niger. Le Con- ne suffit pas, notamment après le nouvelle administration républicai- gue de l’affaire que dépendra la victimes. Le piège que Tripoli redou- seil exigeait également du gouverne- verdict de mercredi. Le récent vira- ne américaine, réputée proche des réhabilitation pleine et entière de la te – c’était déjà sa hantise avant la ment libyen de « s’engager à cesser ge pris par le colonel Mouammar compagnies pétrolières, sera plus Libye au sein de la communauté remise à la justice écossaise des de manière définitive toute forme Kadhafi, qui se veut un apôtre de la sensible à leurs sirènes. Ces sanc- internationale. deux suspects – est que par le biais d’action terroriste et toute assistance paix, notamment en Afrique, tions-là remontent à 1981, et elles Les trois juges du tribunal, qui d’un aveu, clairement énoncé ou aux groupes terroristes » et de sera-t-il plus convaincant ? ont été doublées en 1996 de mena- ont rendu leur jugement à l’unani- implicitement admis par le biais des « démontrer rapidement, par des Le colonel Kadhafi peut en tout ces de sanctions transnationales mité, ont certes jugé deux indivi- indemnisations, il soit forcé, de fil actes concrets, sa renonciation au ter- cas compter sur la solidarité arabe envers toute société étrangère qui dus, dont le second, Al Amine Khali- en aiguille, de se livrer à un exercice rorisme ». puisque, dès mercredi, le secrétaire investirait pour plus de 20 millions fa Fhimah a été acquitté. Mais il ne de transparence totale et de dési- Ces sanctions – essentiellement général de la Ligue arabe a fait de dollars en Libye (et en Iran). fait aucun doute pour eux que le gner la chaîne de commandement un embargo militaire et aérien et le savoir qu’il plaiderait auprès de coupable, quoi qu’il en dise, « était jusqu’aux plus hauts responsables. gel des avoirs financiers – ont été M. Annan pour la levée pure et sim- Mouna Naïm INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 / 3

La Cisjordanie tend à s’émanciper Dialogue entre la junte de la tutelle de l’Autorité palestinienne et l’opposition en Birmanie Le fossé se creuse entre la population et l’administration de Yasser Arafat, confinée à la bande de Gaza Les militaires ont suspendu leurs attaques me L’Autorité palestinienne a démenti, mercredi quelles l’Etat juif et les Palestiniens seraient par- danie, le fossé se creuse entre la population et contre M Aung San Suu Kyi, 31 janvier, les informations publiées le jour venus à s’entendre sur les grandes lignes d’un l’Autorité qui, confinée à la bande de Gaza, est même par le quotidien israélien Maariv selon les- accord de paix (Le Monde du 1er février). En Cisjor- en train de perdre pied (lire aussi pages 14 et 15). qui se dit « prudemment optimiste »

JÉRUSALEM découlant des marchandises tou- BANGKOK tie (LND), le mouvement de Mme de notre correspondant jours bloquées dans les ports. de notre correspondant Suu Kyi, ont été relâchés et une La rumeur ne le mettait qu’en Saddam Hussein soutient d’un en Asie du Sud-Est trentaine de libérations supplémen- deuxième position, juste derrière chèque de 10 000 dollars chaque Les négociations engagées en taires – des députés de la LND élus un important homme d’affaires et famille qui a perdu un « martyr ». octobre 2000 entre l’opposition et en 1990 – pourraient suivre. Les devant cinq autres personnalités Mais les Etats arabes sont, eux, la junte birmanes sont les plus persécutions contre des militants du commerce ou de la politique. Et moins généreux. Du milliard de dol- substantielles depuis le retour au de la LND auraient diminué. Selon pourtant, Hicham Mekki a été le lars promis lors du sommet du Cai- pouvoir des militaires en 1988, le ministère thaïlandais des affaires premier des sept à être assassiné, re d’octobre 2000 (et discrètement mais ce processus, sous médiation étrangères, la junte et Mme Suu Kyi tué le 17 janvier par deux hommes ramené à 650 millions de dollars onusienne, « n’est pas encore irré- ont indiqué souhaiter que « les dis- masqués, alors qu’il déjeunait dans une fois la réunion terminée), pres- versible », a estimé, mercredi 31 jan- cussions avancent ». un restaurant du front de mer à que rien n’avait encore été versé à vier, à Bangkok, une délégation Gaza. Son assassinat a été revendi- la mi-décembre 2000, Saoudiens et européenne à l’issue d’une mission TRANSITION À LONG TERME qué, peu après, par une « Brigade Jordaniens retenant même sur les d’information de trois jours à Ran- Nommé, en avril 2000, représen- des martyrs d’El Aqsa », déjà à l’ori- sommes promises le prix des soins goun. La délégation a rapporté, tant spécial du sécrétaire général gine de plusieurs actions armées prodigués aux blessés palestiniens après s’être entretenue pendant de l’ONU pour la Birmanie, le diplo- contre des colons. accueillis dans leurs hôpitaux. C’est deux heures avec Aung San Suu mate malaisien Razali Ismail sem- Après sa mort, la rumeur a dit pour le moment l’Europe qui, grâ- Kyi, que la figure de proue de l’op- ble avoir relancé la négociation sur que Hicham Mekki faisait partie ce à deux prêts d’urgence, assure position birmane était « prudem- des bases plus pragmatiques. d’une liste de sept « corrompus », l’ordinaire de l’appareil palestinien ment optimiste » sur l’avenir du dia- L’idée serait, à long terme, d’orga- que la Brigade des martyrs d’El en état de subsistance minimale. logue amorcé en octobre dernier niser une transition civile avec Aqsa avait décidé d’éliminer. Le 30 avec le général Khin Nyunt, numé- l’aval de la LND, de la junte et, janvier, un tract distribué dans les « PERTE DE TEMPS » ro trois de la junte, que les délé- bien entendu, des minorités ethni- territoires et signé, lui aussi, de la Pour autant, la Cisjordanie n’en gués européens ont également ren- ques armées qui, à une exception « Brigade » a exigé de Yasser Ara- a pas sombré dans le chaos. A contré. près, évoluent en quasi-autono- fat qu’il destitue le directeur de la Ramallah, les vols de voitures Tout en réitérant « l’appui total » mie. Banque de Palestine, Hachem de Gaza, où Yasser Arafat a ses lences et les bouclages israéliens seraient même moins nombreux de l’UE à la démarche onusienne, Le premier ministre malaisien Shaoua, qu’elle accuse de vol et de quartiers. ont ruiné l’agriculture et le touris- qu’auparavant et les policiers le chef de la mission européenne, Mahathir Mohamad, qui a l’oreille corruption. Faute de quoi, le ban- Complaisamment noirci pour me qui faisaient vivre des milliers mieux respectés. Comme si la socié- le Suédois Boerje Ljunggren, a esti- des généraux de Rangoun, aux- quier serait, lui aussi, assassiné. d’évidentes raisons de propagan- de familles. Les hôtels fermés ne se té qui les sait se livrer, la nuit, à des mé que le « délicat » dialogue quels il a rendu visite au début de Un court moment, certains ont de, le tableau n’est cependant pas comptent plus, tandis que l’arrêt actions armées anti-israéliennes, demeurait dans sa phase « initia- l’année, a pour sa part déclaré, mar- laissé entendre que Hicham Mekki dénué de fondement. Ni les gangs du casino de Jéricho a mis sur la leur pardonnait de servir, le jour, le ». Le général Khin Nyunt aurait di 30 janvier, au quotidien japonais avait été la victime des Israéliens, ni les groupes de vengeurs mas- paille les centaines de jeunes Cisjor- un pouvoir qu’elle juge profondé- confirmé que les deux camps Mainichi Shimbun, que des élec- qui ont assassiné plusieurs respon- qués ne font la loi à Ramallah, daniens qui y travaillaient. Proté- ment corrompu. Isolement imposé s’étaient entendus pour n’en dévoi- tions n’interviendraient pas avant sables palestiniens soupçonnés Hébron ou Naplouse, mais les vil- gée par sa tradition de solidarité et aidant, les Palestiniens de Cisjorda- ler « ni la nature ni le contenu » « quelques années ». Les dernières, d’actes hostiles envers leur pays. les de Cisjordanie paraissent vivre instruite des leçons de la première nie, presque insensiblement, tant qu’un « climat propice » organisées par la junte en 1990, La télévision, dont il était le direc- à un autre rythme que celles de la Intifada, la société a appris à survi- s’émancipent de la tutelle de Gaza, n’aura pas été créé. Mme Suu Kyi, avaient été emportées haut la main teur, ne diffusait-elle pas, à lon- bande de Gaza. Depuis le début de vre. Mais tous les commerçants le là où règnent Arafat et ses « Tuni- assignée à résidence et interdite de par la LND. gueur d’émissions, images brutales siens », responsables rentrés d’exil contacts avec l’extérieur depuis le Dans l’intervalle, les choses res- et commentaires violents appelant en 1994 et qui n’ont jamais été tota- 22 septembre 2000, aurait égale- tent, pour l’essentiel, en l’état. La à la révolte contre l’occupant ? Hicham Mekki, un corrompu, non un « martyr » lement acceptés. Beaucoup d’habi- ment accepté de garder le silence. délégation européenne a affirmé Mais l’explication n’a pas convain- tants de Cisjordanie ne sont dispo- La junte a fait quelques gestes ne pas avoir abordé avec la junte la cu. Lors de ses obsèques, Yasser Hicham Mekki n’avait pas bonne réputation. Directeur de la télévi- sés à aucun compromis, convain- ces dernières semaines en direc- question des sanctions, dont le pro- Arafat a bien porté en personne sion palestinienne, proche de Yasser Arafat, l’homme était connu cus que le pouvoir est prêt à tout tion de l’opposition. Les attaques chain renouvellement semestriel, son cercueil, mais, signe qui ne pour son grand bureau, ses beaux costumes et ses voitures de luxe brader pour obtenir un accord. des médias contre le Prix Nobel de qui intervient en avril, est du res- trompe pas, les messages de condo- hors de portée de son salaire officiel de haut fonctionnaire. « Tout le monde ici est content la paix 1991 ont été suspendues. sort des ministres de l’UE. léances que l’on se doit de faire Pour beaucoup, Hicham Mekki était le prototype même du bras- d’avoir réussi à arrêter la normalisa- Quatre-vingt-quatre membres de publier, dans la presse locale, pour seur d’affaires corrompu, un homme dont les frasques, réelles ou sup- tion que menait l’Autorité », expli- la Ligue nationale pour la démocra- Jean-Claude Pomonti exprimer l’estime que l’on portait posées, nourrissaient les ragots qui courent dans Gaza, suscitant l’in- que un employé. Comme la plupart au défunt, ont été moins nom- dignation des centaines de milliers de Palestiniens réduits à la pau- de ses concitoyens, il n’a cure des breux qu’à l’habitude. vreté par le chômage et la guerre. A l’évidence, Hicham Mekki n’avait résultats des prochaines élections rien du « martyr ». – (Corresp.) israéliennes. « C’est strictement UN AUTRE RYTHME pareil », assure-t-il. Au diapason Pour beaucoup, l’assassinat de des habitants des camps, il veut le Hicham Mekki et les menaces por- la deuxième Intifada, et à une disent : l’argent manque. retour aux frontières de 1967, l’est tées contre le directeur de la Ban- exception près, le soir de Noël, Yas- L’argent manque aussi dans les de Jérusalem, la souveraineté pales- que de Palestine sont un signe ser Arafat ne s’est pas montré à caisses de l’Etat. Les Israéliens ne tinienne sur le mont du Tem- inquiétant de la faiblesse actuelle Ramallah, pourtant considérée reversent qu’avec retard, voire pas ple - esplanade des Mosquées et le du pouvoir palestinien, incapable comme sa capitale en Cisjordanie. du tout, les taxes qu’au nom des retour des réfugiés. Pourquoi, dans de faire régner la loi et l’ordre. Les « On ne sent pas l’existence du pou- douanes palestiniennes ils prélè- ces conditions, préférer l’un des services de sécurité israéliens ne voir, se désole un professeur de vent sur les marchandises débar- candidats à l’autre, alors qu’aucun sont pas les derniers à l’affirmer, l’université de Bir Zeit, la volonté quées dans leurs ports et aéro- des deux n’est prêt à négocier de laissant entendre que les désordres politique de l’Autorité est absente. ports, sommes qui représentent bonne grâce ces revendications ? guettent les territoires palesti- Les ministres et Arafat sont à Charm 60 % des revenus de l’Autorité. En Mercredi, la direction du Fatah niens, où l’Autorité serait en train el Cheikh, à Gaza, à Taba, ou à décembre 2000, les douanes israé- de Cisjordanie a solennellement de perdre pied. Divers incidents, CNN, mais pas à Ramallah. Les liennes devaient encore à l’Autori- préconisé l’intensification de l’Inti- les assassinats ou l’incendie de mai- ministères sont vides, les fonctionnai- té palestinienne 46 millions d’euros fada, estimant que les récents sons de « collaborateurs » consti- res ne viennent plus au bureau. On déjà prélevés ; à quoi il fallait rajou- entretiens de Taba avaient été tuent, aux yeux des Israéliens, la sent partout la dépression, le laisser- ter, selon les estimations des écono- « une perte de temps ». preuve que l’anarchie s’étend dans aller.» mistes, quelque 75 millions d’euros les territoires de Cisjordanie, loin Les temps sont sombres. Les vio- représentant le manque à gagner Georges Marion M. Barak rejette le projet de gouvernement d’union nationale proposé par M. Sharon JÉRUSALEM l’occasion de rappeler que, dès le doit oublier cette idée. C’est tout sim- nationale depuis longtemps. » Fon- correspondance soir des élections, il demandera à plement une supercherie. Le choix damentalement, les projets politi- Au poste de premier ministre, siè- ses adversaires de participer au gou- est entre Barak et Sharon, entre la ques des deux hommes sont si éloi- gerait Ariel Sharon. A ses côtés, vernement. La volonté d’union paix et la guerre. » gnés, qu’une entente est difficile à Ehoud Barak, ministre de la défen- nationale d’Ariel Sharon n’est pas Au début de la semaine, Ehoud imaginer. A cet égard, Colette Avi- se et Shimon Pérès, ministre des feinte. Outre qu’elle constitue un Barak a, lui aussi, clairement refusé tal, députée du Parti travailliste, sou- affaires étrangères, constitueraient argument électoral, l’homme sait cette option, en réagissant aux ligne : « Je ne vois pas sur quoi ils peu- ses piliers de soutènement. Ce scé- que l’alliance avec le Parti travaillis- déclarations tonitruantes d’Avi- vent s’entendre. Il est inconcevable de nario-là, présenté comme une te est sa meilleure chance de survie gdor Lieberman qui soutient offi- se joindre à une plate-forme politique hypothèse sérieuse dans l’entoura- politique s’il est élu premier minis- ciellement la candidature de qui, d’après les informations dont on ge du candidat de la droite à l’élec- tre. Sans elle, sa coalition risque M. Sharon. Le chef du parti russo- dispose, prévoit de ne rendre aux tion d’un premier ministre, le d’être aussi fragile que celle dont phone « Israël notre maison », Palestiniens que 42 % de la Cisjorda- 6 février, a peu de chances de se s’était entouré M. Barak, prisonniè- avait précisé qu’en cas d’attaques nie. Tout dépend de ce que Ariel Sha- réaliser un jour ; mais un gouverne- re des desiderata des uns et des palestiniennes, il faudrait bombar- ron a dans la tête. Si entre quatre ment d’union nationale, articulé autres, et notamment des dix-sept der Beit Jala, un faubourg de Beth- yeux, il présente à Ehoud Barak un sur l’alliance du Likoud et du Parti députés du parti Shass. « L’union léem, Téhéran, Le Caire et le barra- plan de solution du conflit qui semble travailliste, difficile à mettre en est une nécessité politique. La Knes- ge d’Assouan. « Je ne serai pas acceptable, alors… » œuvre, n’est pas totalement exclu. set ne s’étant pas autodissoute, il ne ministre de la défense de M. Sharon, En revanche, ceux qui, au Parti Cette solution a tout au moins la faut pas être à la merci de deux ou a répliqué le premier ministre sor- travailliste, préparent déjà la relève faveur d’Ariel Sharon. Dès le début trois députés qui auraient des tant. L’extrémisme de MM. Sharon de M. Barak, sont plutôt favorables du mois d’octobre, quelques jours vapeurs », dit un membre du et Lieberman indique qu’ils forme- à un gouvernement d’union natio- après le déclenchement de la nou- Likoud. Une coalition de droite fluc- ront un gouvernement qui mettra le nale. Des contacts auraient déjà été velle Intifada, M. Sharon en a fait tuerait entre 57 et 65 députés sur pays en danger, et je ne pense pas pris avec certains par le Likoud. son principal atout politique. 120, tandis qu’un gouvernement que nous devons en faire partie. » Haïm Ramon, ministre de l’inté- Dans l’adversité, la population d’union réunirait une majorité sta- rieur pourrait en être. Le président israélienne aspire à l’union plutôt ble de 63 députés, excluant tous les ENTENTE DIFFICILE de la Knesset, Abraham Burg, n’ex- qu’aux luttes partisanes. Ehoud partis religieux et la droite ultrana- Pourquoi avoir tant tardé à reje- clut pas non plus une telle hypothè- Barak n’était pas alors opposé au tionaliste. ter l’union nationale ? Pourquoi se à la condition que ce gouverne- principe, mais Ariel Sharon, chef Au Parti travailliste, les avis sont avoir laissé aux électeurs le senti- ment poursuive les efforts de paix du Likoud, réclamait un droit de partagés. Ehoud Barak et ceux qui ment que cette solution était via- et qu’il exclue tous les partis extré- veto sur les questions diplomati- sont étroitement associés à son ble ? Certains soupçonnent mistes. Quoi qu’il en soit la déci- ques, ce que M. Barak n’était pas action, sans être nécessairement de M. Barak de vouloir rester au pou- sion de participer à un gouverne- prêt à lui accorder. Devenu candi- ses proches, sont contre. Yossi Bei- voir à n’importe quel prix. « Cela ment d’union ne peut être prise dat au poste de premier ministre, lin, ministre de la justice, opposé à n’a pas de sens, remarque un pro- que par le comité directeur ou le Ariel Sharon a relancé l’idée de cette formule, a récemment mis en che du Parti travailliste, pourtant comité central du Parti travailliste, l’union nationale. « Ensemble, on garde les électeurs. « Le Parti tra- très critique à l’égard de M. Barak. deux instances, où jusqu’à ce jour peut faire de grandes choses », souli- vailliste ne participera pas à un gou- Depuis des mois, Ehoud Barak prend M. Barak dispose encore d’une gne-t-il dans un de ses spots électo- vernement d’union nationale. Celui des risques. Il n’a jamais choisi la majorité. raux, la mine souriante et l’œil ras- qui pense, en votant Sharon, qu’il facilité. (…) S’il était opportuniste, il surant. Chaque rassemblement est décrochera aussi le Parti travailliste aurait fait un gouvernement d’union Catherine Dupeyron 4 / LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 b INTERNATIONAL Joseph Kabila a été reçu Paris et Berlin réaffirment leur volonté à Paris par Jacques Chirac PARIS. Le nouveau président de la République démocratique du de préparer ensemble l’intégration européenne Congo (RDC), Joseph Kabila, a été reçu, mercredi 31 janvier, pen- dant une demi-heure à l’Elysée par Jacques Chirac, puis par ses col- laborateurs. Il a déclaré que leurs entretiens avaient été « assez fruc- Les leçons de l’échec de Nice devront être tirées d’ici à 2004 tueux et profitables à la République démocratique ». Le « fils héri- tier » de Laurent-Désiré Kabila (assassiné le 16 janvier) a confirmé à Le dîner organisé à Blaesheim, près de Stras- mand Gerhard Schröder, a permis à la France et péenne malgré les « petits conflits quotidiens » M. Chirac sa volonté de voir appliquer les accords de Lusaka «en bourg, entre le président Jacques Chirac, le pre- à l’Allemagne de réaffirmer leur volonté de conti- qui ont entaché ces derniers mois leurs rela- insistant sur la nécessité de la restauration d’un Congo libre dans ses mier ministre , et le chancelier alle- nuer à œuvrer ensemble à la construction euro- tions, menant au fiasco du sommet de Nice. frontières internationalement reconnues ». Il s’est dit « immédiate- ment disponible, en parallèle, pour un dialogue national sans préala- BLAESHEIM (Bas-Rhin) qu’on ne perde pas de temps en Ce sera vrai également pour le futur bien « une vision commune » sur ble », a indiqué un porte-parole de l’Elysée. de notre envoyé spécial dépit des échéances électorales de l’Europe élargie », a-t-il souligné. l’avenir de l’Union. Quant à Lionel Joseph Kabila faisait une escale technique à Paris avant de se rendre L’annonce dans la nuit d’un nationales. Les deux ministres, Le chancelier a souligné à Jospin, auquel il est souvent repro- à Washington, où il devait rencontrer, jeudi, le secrétaire d’Etat amé- accord sur la reprise des transports Hubert Védrine et Joschka Fischer, Blaesheim l’importance, pour conso- ché de ne pas s’être prononcé sur ricain, Colin Powell. Ce dernier a eu, jeudi, un entretien avec le prési- de déchets nucléaires entre la Fran- ont été chargés de s’occuper des lider « une Europe de paix durable et son projet européen, il a estimé que dent du Rwanda, Paul Kagamé, sur « la manière de profiter de l’op- ce et l’Allemagne est venue concréti- « modalités » de la reprise de ce dia- de prospérité », que la France et l’Al- « nous avons suffisamment de rendez- portunité [l’arrivée au pouvoir de Joseph Kabila] dans la région pour ser la volonté affichée par les diri- logue franco-allemand dont l’impor- lemagne poursuivent leur mission vous devant nous pour que nous mettre en œuvre les accords de Lusaka, pour amener la paix et la geants des deux pays, qui ont dîné n’ayons aucun mal, notamment pour réconciliation », selon un porte-parole. Une rencontre à Washing- ensemble, mercredi soir 31 janvier, ce qui me concerne qui ai peut-être ton entre Paul Kagamé et Joseph Kabila n’est pas exclue. — (AFP ; à Blaesheim, près de Strasbourg, de Reprise annoncée des transports des déchets nucléaires été le plus discret jusque-là, à définir Reuters.) continuer à œuvrer de concert pour une doctrine dans l’action ». construire l’Union européenne en « Un premier convoi de déchets vitrifiés vers l’Allemagne aura lieu à la L’accord sur les déchets nucléai- dépit des turbulences qu’une certai- fin du mois de mars, début avril », indique le communiqué rendu res tombait à pic pour illustrer une Augusto Pinochet officiellement ne rivalité a pu provoquer ces der- public, mercredi 31 janvier, par Matignon pour annoncer les termes volonté commune de pragmatisme. niers mois dans leurs relations. de l’accord survenu en marge du sommet franco-allemand de Depuis six mois Paris refusait aux « Nous avons eu une discussion très Blaesheim sur la reprise des transports de déchets nucléaires entre Allemands que leurs centrales inculpé et assigné à résidence honnête et de fond sur les fautes que les deux pays. « Alors pourra reprendre le cours normal des transports nucléaires, dont certaines sont nous avons commises dans le passé, vers la France des combustibles usés provenant des centrales nucléaires aujourd’hui au bord de la satura- SANTIAGO DU CHILI. L’ex-dictateur chilien Augusto Pinochet, mais le plus important c’est ce qu’on allemandes qui seront traités à la Hague, puis réexpédiés vers l’Allema- tion, envoient au centre de retraite- sous le régime duquel des centaines de milliers d’opposants ont été va faire maintenant » a indiqué le gne », ajoute-t-il. « Un autre transport vers l’Allemagne de déchets vitri- ment de la Hague leurs combusti- tués, emprisonnés ou contraints à l’exil, a passé, mercredi 31 janvier, chancelier allemand, Gerhard fiés issus du retraitement aura lieu avant la fin de l’année. Il a été conve- bles usés tant que l’Allemagne ne son premier jour de détention préventive dans sa propriété de la Schröder, à la sortie de la choucrou- nu que d’autres transports seraient organisés chaque année au rythme reprendrait pas en retour ses côte du Pacifique, où il a été assigné à résidence. Le général Pino- te-party qu’il a partagée avec le pré- de deux transports par an. » Le suivi de cet accord sera assuré par un déchets retraités. Le retour de ces chet, âgé de quatre-vingt-cinq ans, s’est vu officiellement notifier à sident Jacques Chirac et le premier groupe de travail constitué de fonctionnaires des deux pays, qui « exa- déchets vitrifiés, qui s’entassent à La Los Boldos, près de Bucalemu (120 km au sud-ouest de Santiago), ministre, Lionel Jospin, en compa- minera régulièrement toutes les questions à régler pour l’organisation de Hague, est bloqué depuis 1998. De son inculpation et son assignation à résidence ordonnées lundi par gnie des deux ministres des affaires ces futurs transports ». violentes manifestations avaient le juge Juan Guzman. étrangères. amené le gouvernement de l’épo- Des hommes de l’armée de terre, qu’il a commandée pendant vingt- Les échéances ne manquent pas : que à suspendre tout transport. La cinq ans jusqu’en mars 1998, ont été déployés pour assurer la sur- finalisation du nouvel élargisse- tance est réaffirmée. Des rencon- historique en dépit « des petits con- crainte d’une reprise de ces manifes- veillance de cette propriété dont l’ancien dictateur ne pourra plus ment de l’Union européenne, rem- tres informelles au plus haut flits quotidiens ». tations pose un problème à la coali- sortir jusqu’à son procès. Cette arrestation, onze ans après la restau- placement des monnaies nationales niveau, toutes les six à huit semai- Ces assurances ont été enregis- tion allemande, qui comprend le ration de la démocratie au Chili, est le point culminant d’un proces- par l’euro, la question des compé- nes, sont prévues. trées à Paris où l’on soupçonnait parti Vert. Mais les entrepôts de sus commencé le 16 octobre 1998, avec sa première interpellation tences et de l’organisation de cette l’Allemagne, depuis les marchanda- stockage des résidus nucléaires sont par des policiers de Scotland Yard à Londres. – (AFP.) future Union élargie… Le Sommet MISSION HISTORIQUE ges du sommet de Nice sur la pondé- pleins et il fallait bien trouver une de Nice, qui a souligné la difficulté A la veille de cette réunion, M. Fis- ration des voix au sein des institu- solution qui satisfasse tout le mon- pour les Quinze de préciser leur pro- cher a assuré, lors d’un débat organi- tions européennes, de vouloir mon- de. Un groupe de travail avait été La piraterie maritime a atteint jet politique, a prévu un nouveau sé par le centre français de l’universi- trer ses muscles. Le président Chirac chargé de trouver une solution sous rendez-vous en 2004 qu’il faut com- té de Fribourg, que l’Allemagne a rappelé que pour que le moteur la direction de Christian Pierret, mencer à préparer en tirant la leçon n’avait pas l’intention de rabaisser franco-allemand marche bien, il fal- secrétaire d’Etat à l’industrie, et de un niveau record en 2000 des échecs passés. Le chancelier l’influence de la France en Europe. lait que la France et l’Allemagne, «à Frank Steinmeier, le bras droit du Schröder, qui a invité les Français à « La construction européenne a été égalité de devoirs et de droits », tirent chancelier. LONDRES. Les actes de piraterie en mer ont augmenté de 56 % en accepter une plus grande intégra- conçue au départ à Paris et marquée ensemble. Dans ces conditions, le 2000, atteignant des proportions jamais observées, selon un rap- tion dans l’Europe, insiste pour dès le début du sceau de la France. chef de l’Etat a observé qu’il y avait Henri de Bresson port du Bureau maritime international (IMB). Un total de 469 atta- ques ont été recensées en 2000, contre 300 en 1999 et 107 il y a dix ans. Les abordages sont de plus en plus violents : 72 marins ont été tués et 99 blessés l’an dernier, contre 3 tués et 24 blessés en 1999, A court d’argent, la PAC devra être réformée tandis que 26 membres d’équipage restent portés disparus. Les eaux au large de l’Indonésie sont les plus dangereuses au mon- de. Le détroit de Malacca, entre l’île indonésienne de Sumatra et la Le projet de budget rectificatif et supplémentaire porte sur plus de 6 milliards de francs côte ouest de la Malaisie, a connu une hausse impressionnante des cas de piraterie : 2 en 1999 et 75 en 2000. Troisième cible, le Bangla- BRUXELLES 2000 » à Berlin, en mars 1999, et Cet avertissement pourrait présa- sait de dégager de l’argent frais desh a subi 55 actes de piraterie contre 25 en 1999. Les parages de de notre bureau européen confirmé par les chefs d’Etat et de ger, dans un premier stade, une pour reconstruire le Kosovo, la l’Inde, de l’Equateur et le sud de la mer Rouge ont aussi été victi- « Il n’y aura désormais plus d’ar- gouvernements à Nice, en décem- réduction sensible des subventions Commissaire avait proposé — il est mes d’attaques répétées. – (AFP.) gent frais pour l’agriculture » a fait bre dernier, est quasiment atteint. à l’exportation. Cependant vrai sans succès — de modifier les savoir avec netteté, Michaele Par conséquent les marges de Mme Schreyer ajoute qu’en applica- « perspectives financières » en préle- Schreyer, commissaire européen, manœuvre sont irrémédiablement tion des règles sur la discipline bud- vant des crédits sur le budget agri- Nouvelle offensive de propagande en présentant le projet de budget épuisées. Que faire alors ? Prendre gétaire, et afin d’éviter des risques cole au profit de l’aide extérieure. rectificatif et supplémentaire rapidement des mesures pour chroniques de dérapage, il faudra Outre les remous politiques que (BRS) pour 2001. En d’autres ter- réduire la production et donc frei- prévoir des économies en prépa- ne vont pas manquer de susciter contre la secte Falun Gong mes, si les dépenses liées à la crise ner l’apparition d’excédents coû- rant le budget agricole pour 2002. ces manœuvres budgétaires et agri- de la « vache folle » augmentent teux à résorber. La Commission Une manière d’inviter à accélérer la coles — notamment en France — PÉKIN. Après une semaine de silence, la télévision chinoise a diffu- encore, il reviendra aux trésors s’apprête à faire des propositions réforme de la PAC tout en rédui- cette politique d’extrême rigueur sé, mardi 30 janvier, des images des cinq adeptes de la secte interdi- nationaux et aux agriculteurs eux- dans ce sens. Elles sont présentées sant bien sûr le soutien accordé n’est pas forcément compatible te Falun Gong qui se sont immolés par le feu le 23 janvier sur la pla- mêmes d’en subir les conséquen- comme un moindre mal, même si aux paysans. avec le projet d’infléchissement de ce Tiananmen. Filmées par les policiers, ces images montrent Wang ces. Dans cette hypothèse très vrai- on est conscient qu’il en résultera la PAC dans un sens moins produc- Jindong, âgé de cinquante ans, le seul homme parmi les cinq, présen- semblable, Mme Schreyer a en effet un manque à gagner pour les agri- REMOUS POLITIQUES tiviste dont Franz Fischler est un té comme « l’organisateur » du suicide. « tout à fait exclu » de puiser dans culteurs. Néanmoins, Mme Schreyer La Commission et tout particuliè- partisan. Afin d’être politiquement Les vêtements brûlés, Wang, assis dans la position du lotus, crie que d’autres chapitres du budget euro- ne cache pas que, selon toute pro- rement Mme Schreyer n’ont pas tou- acceptable, une telle réforme devra « le Falun Gong est la loi que tout le monde doit respecter ». Il est péen pour aider les éleveurs à tra- babilité, cela ne sera pas suffisant. jours manifesté un tel souci de res- s’étaler dans le temps. De plus, entouré de policiers qui tentent apparemment de le bâillonner. verser la mauvaise passe actuelle. « La situation est très tendue. La pect envers les dispositions budgé- dans sa phase initiale, elle réclame- D’autres images montrent les corps en flammes des quatre femmes Le BRS — qui sera examiné par gestion budgétaire de Franz Fis- taires de l’accord de Berlin de 1999. ra probablement un effort finan- et jeunes filles qui se sont également immolées. Parmi elles figure les ministres des finances des Quin- chler (son collègue pour l’agricultu- L’an passé, lorsque le plafond des cier de l’Union. une enfant de douze ans, Liu Siying, titubant dans la fumée. Sa ze lors de leur réunion du re) va être mise à rude épreuve », dépenses concernant l’aide exté- mère, Liu Chungling, est morte de ses brûlures. Ces images sont 12 février — porte sur 971 millions dit-elle. rieure avait été atteint et qu’il s’agis- Philippe Lemaître accompagnées d’une nouvelle offensive de la propagande à l’encon- d’euros (6,36 milliards de francs). tre de la secte. – (AFP.) En conséquence, la partie agricole du budget européen en 2001 se chif- fre à plus de 44 milliards d’euros, L’odyssée tragique de la comtesse Agusta Le président indonésien pourrait soit une progression de 7,44 % par rapport à l’année précédente. Son ROME ment femme fut plus enviée, lorsque, mannequin en objet est de permettre le finance- de notre correspondante vue, elle épousa à la fin des années 1970 un richissime être menacé de destitution ment des mesures décidées en Dans la morgue de Toulon gisait depuis le 22 jan- industriel de vingt ans son aîné, le comte Agusta, à la décembre par les ministres de l’agri- vier un corps déchiqueté par les poissons, que des tête d’une société fabriquant des hélicoptères du DJAKARTA. Les deux principales formations de l’Assemblée natio- culture, afin d’endiguer la crise de promeneurs avaient découvert sur une plage où même nom. Ce mari mourut il y a douze ans. La veuve nale indonésienne, le PDI-P de la vice-présidente Megawati Sukar- la « vache folle » : un programme l’avaient poussé les courants. Le cadavre anonyme hérita de sa fortune, estimée alors à un milliard de noputri et le Golkar de l’ancien président Suharto, ont accepté, jeu- d’abattage des bovins non-testés portait à un doigt deux anneaux gravés d’une date francs. Mais le fils d’un premier lit, Rocky Agusta, dis- di 1er février, les conclusions d’une commission parlementaire impli- portant sur 500 000 tonnes auquel sibylline et les gendarmes toulonnais n’avaient guère puta à sa belle-mère cet énorme héritage. L’an passé, quant le président Abdurrahman Wahid dans deux scandales finan- viendraient s’ajouter 125 000 ton- fait d’investigations. Mais lorsque, le 29, ils ont reçu la justice ayant enfin tranché, les deux êtres se réconci- ciers. L’Assemblée nationale doit décider si elle adresse ou non une nes d’achats publics d’interven- un avis de recherche de leurs collègues italiens sur lièrent. réprimande au chef de l’Etat. tion. Ce programme a été mis au une comtesse disparue mystérieusement le 8 du port L’ancien compagnon de la veuve Agusta, Mauri- Jeudi matin, quelques centaines de manifestants, les uns hostiles et point en tablant sur une baisse de Portofino sur la Riviera, le déclic s’est fait. Bientôt zion Raggio, avait été mis en cause avec Francesca les autres favorables à M. Wahid, qui nie toute implication dans ces moyenne de la consommation de les proches confirment l’indice des deux anneaux : il Vacca Agusta pour avoir aidé à blanchir les fonds scandales, étaient séparés par un cordon de police à l’extérieur de 10 % en 2001 mais Mme Schreyer s’agit bien de la comtesse Francesca Vacca Agusta secrets de l’ancien président socialiste du conseil Bet- l’enceinte du Parlement à Djakarta. En cas d’avertissement de l’As- considère comme une évidence que des cohortes de policiers recherchaient depuis tino Craxi, mort en cavale à Hammamet (Tunisie). semblée au chef de l’Etat, ce dernier disposerait d’un délai de trois qu’elle sera plus élevée. trois semaines dans les eaux, battant les rochers du L’affaire n’est pas encore totalement jugée. Aujour- mois pour s’expliquer. En cas de refus de sa part, l’amorce d’une pro- Elle indique que le plafond des promontoire où était juché son palais… d’hui, l’ancien amant s’indigne de ce que les habi- cédure en destitution serait alors envisagée. – (Corresp.) dépenses agricoles tel qu’il a été Comment le corps s’est-il retrouvé à une encablure tants du palais présents le soir du 8 n’aient pas plus fixé dans l’accord sur l’« Agenda de Bormes-les-Mimosas (Var) ? Les experts ont leur vite réagi lorsqu’ils n’ont plus vu la comtesse. Sept réponse, le périple est « normal », en raison des forts heures s’étaient écoulées, avant qu’ils ne lui télépho- courants. Mais l’autopsie réalisée à la demande d’un nent au Mexique, où il était en vacances, et c’est lui- juge français a révélé que la victime ne serait morte même qui prévint aussitôt la police de Portofino. que vers le 15, et non pas le 8, jour de sa disparition. Que s’était-il passé, du moins selon les premiers Il n’y aurait pas d’eau dans ses poumons, ce qui indi- témoignages ? Vers 19 heures, Francesca faussa com- que qu’elle serait tombée déjà morte dans les eaux pagnie à son amant, le Mexicain Tirso Rosario Ronca- sauvages de Portofino. Ce qui exclut la thèse du suici- do, à sa meilleure amie, Suzanna, et à deux serviteurs. de, principalement avancée jusque-là. Pis encore : Ivre et bourrée de médicaments, elle serait sortie dans son crâne porte des traces de fracture, mais sur le le jardin et se serait approchée du bord escarpé… Les dos, pas signe de blessures. Or les policiers italiens divers personnages de ce drame ne quittent plus le avaient bien avant retrouvé une robe de chambre, palais, en attendant que lumière soit faite. La dépouille trouée et ensanglantée dans la partie dorsale et des retrouvée et identifiée, le notaire va pouvoir procéder lunettes sans verres, identifiées comme étant bien cel- à l’ouverture du testament. Il y en aurait plusieurs, rédi- les de la comtesse. gés au fil des changements d’humeur de la comtesse. Qui a tué la belle veuve ? Et quand ? Le roman noir Le document va-t-il fournir la clé du mystère ? qui enflamme la Péninsule rebondit donc. La person- nalité même de la victime suscite les passions. Rare- Danielle Rouard 6 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001

MUNICIPALES Les sondages qui, de l’ordre parmi ses colistiers et mobililiser huit ans et qui avait choisi Jean Tiberi pour sa campagne. b LA GAUCHE ne veut pas semaine après semaine, annoncent la défai- militants et électeurs contre « l’Etat-PS ». lui succéder. b LA STRATÉGIE parisienne se laisser griser par les sondages. Bertrand te de la droite à Paris, provoquent un cer- b L’ÉLYSÉE s’inquiète du risque qu’une de M. Séguin, méfiant vis-à-vis d’une Delanoë, son chef de file, a répondu, tain affolement dans ses rangs. Philippe défaite de la droite ne soit imputée à droite divisée et enlisée dans la gestion mercredi 31 janvier, à la menace d’accapa- Séguin tente d’en tirer parti pour mettre Jacques Chirac, maire de Paris pendant dix- précédente, l’a isolé et a réduit l’écho de rement de la ville brandie par M. Séguin. La droite parisienne tente de se ressaisir face à sa défaite annoncée La succession de sondages d’intentions de vote très favorables à la gauche provoque l’affolement parmi les candidats et les partis de la majorité municipale sortante. Philippe Séguin, mis en cause par certains de ses colistiers, les a réunis pour les appeler à s’unir et à se mobiliser

e À MESURE que la gauche conso- Le rapport des forces entre droite et gauche A la même heure, M. Séguin réu- avec des zombies lancés dans la natu- et par le maire sortant du 15 , René lide, dans les sondages, son avance nissait ses têtes de listes. Plusieurs re ! », ajoute l’ancien député. Galy-Dejean, l’ancien premier dans la course à la Mairie de Paris, 18e manquaient à l’appel, mais il n’y a Un proche de M. Séguin, qui se ministre se dit, il est vrai, dans les la droite s’affole. A quarante jours 17e pas eu de fausse note parmi les par- dit « tétanisé » par la crainte d’une mauvais jours, que « son » arrondis- 11 19e du premier tour des élections muni- 11 9e ticipants. M. Séguin a martelé son grosse colère de ce dernier, assure, sement aussi pourrait être perdu. 3 9 cipales, la lame de fond annoncée 3 nouvel argumentaire. Le seul enne- sous couvert d’anonymat, que la Après François Bayrou, président 1 10e 3 par les enquêtes d’opinion est 1 1 mi, c’est la gauche et Bertrand plupart des têtes de listes de la de l’UDF, venu donner un coup de 2e 5 impressionnante. Outre les six 3e Delanoë, bras armé de Lionel Jos- droite parisienne sont, elles, « téta- main à l’occasion de la présenta- e 8 2 1 e arrondissements qu’elle détient 1e 2 pin dans cette campagne. Le cas nisées par la défaite » au point de tion de la liste du 6 , conduite par e e e e 3 depuis 1995 – les 3 ,10,11,18, 2 1 20e Tiberi, c’est du passé, la supériori- manœuvrer, déjà, pour « s’assurer Jean-Dominique Giuliani (UDF), e e 16e 1 11e 19 et 20 –, la gauche serait, 10 té des candidats officiels de la droi- la présidence des groupes d’opposi- a proposé ses servi- 1 aujourd’hui, en mesure de l’empor- 12 4e 9 te sur les dissidents n’étant plus à tion ». Mis comme tous les autres ces, mercredi soir, sur France-Info, 7e 3 e e e 2 ter haut la main dans les 5 ,9,12, 1 6e 2 démontrer. Il faut tabler, à fond, devant le fait accompli, lors de l’an- à M. Séguin, en dénonçant ceux e e 5 13 et 14 arrondissements. 2 1 sur le vote utile au premier tour et nonce par M. Séguin du choix de qui, à droite, « jour après jour », s’at- e Face à cette situation, Philippe 15 5e cesser toute discussion mortifère la quatrième place dans le tachent à lui mettre des bâtons 14 1 e Séguin a appelé, mardi 30 janvier, à 4 12e sur l’entre-deux-tour. 18 arrondissement, le même dans les roues. Au RPR enfin, où la mobilisation. L’ordre a été lancé 3 8 14e du 17e arrondissement, où Françoi- « DES ZOMBIES DANS LA NATURE » e 2 se de Panafieu, qui fut la rivale de 8 13 Soit. Mais le débat sans fin sur le L’appel de François Fillon 10 M. Séguin pour l’investiture, est 2 repositionnement personnel de tête de liste RPR-UDF-DL, avec 3 M. Séguin – qu’il a visiblement tran- Bien qu’il ait pris quelque distance avec Philippe Séguin, François Bernard Pons, député de Paris et ARRONDISSEMENTS : ché seul, par la négative, après Fillon, conseiller politique du RPR et président du conseil régional président de l’association des Amis TENUS PAR LA DROITE avoir laissé entrevoir une issue favo- des Pays de la Loire, lui a apporté, mercredi 31 janvier, un vigoureux NOMBRE DE SIÈGES OBTENUS EN 1995 de Jacques Chirac, en numéro rable – a laissé des traces. Et les soutien, au nom des « non-Parisiens » que les querelles de la droite à TENUS PAR LA GAUCHE PAR LES LISTES : deux. Le message, adressé à l’en- RPR-UDF GAUCHE résultats calamiteux des enquêtes Paris empoisonnent. « Le combat de Séguin, fondé sur le choix d’une 1 1 e semble de ses têtes de listes pari- OÙ LA DROITE et dissidents PLURIELLE le concernant dans le 18 arrondisse- stratégie de sursaut, a une valeur morale. Il est temps d’arrêter de saboter siennes et, au-delà, à toute la droi- EST MENACÉE ment, face au ministre de l’inté- sa campagne. La fusion avec les listes dissidentes de Tiberi, envisagée par te, n’en était pas moins ciblé. Le (selon les sondages) 1 FN rieur, Daniel Vaillant, minent ses certains, signifierait que l’opposition n’a pas pris la mesure de la crise député des Vosges n’a pas oublié capacités à convaincre. Ainsi Didier morale qui secoue la politique et, accessoirement, que les partis de la droi- que Mme de Panafieu, il y a quinze Les conseillers de Paris sont élus par arrondissement. La droite détient Bariani, président de l’UDF parisien- te républicaine n’ont plus d’autorité dans la conduite des combats élec- jours, l’avait, avec d’autres, pressé actuellement 100 sièges et la gauche 63. Le basculement des 5e,12e,13e et ne et tête de liste dans le 20e arron- toraux », a-t-il déclaré au Monde. M. Fillon espère associer d’autres de modifier sa stratégie en prenant 14e apporterait à cette dernière environ 23 sièges supplémentaires et lui dissement, estime que « les carottes personnalités dans un appel au « sursaut de l’opposition » à Paris. la tête de liste dans le 18e, alors que assurerait une majorité d'au moins 86 sièges. ne sont pas cuites, mais il est temps M. Séguin s’est finalement obstiné que Séguin, comme il a commencé à à conserver une quatrième place. que chacun réserve ses flèches à l’ad- que collective » proclamée, il se sait le faire mardi, fasse de la politique, est½½½½ime que, du même coup, l’on s’inquiète du glissement perma- L’ancien président du RPR n’a pas versaire, au lieu de les concentrer lâché – ou, à tout le moins, tenu à au bon sens du terme ». Tandis que le candidat « ne peut plus imposer nent que traduisent les sondages et oublié, non plus, qu’envisageant sur ses amis. Il serait temps de cesser distance – par un certain nombre Claude Goasguen, porte-parole de quoi que ce soit » à ses colistiers. de la démobilisation de l’électorat l’hypothèse d’« un troisième tour de croire qu’on pourrait tirer son de ses amis. Au sein de l’équipe de Démocratie libérale et candidat C’est ainsi qu’Edouard Balladur, de droite, Michèle Alliot-Marie a sans Philippe Séguin », en cas de épingle du jeu, alors que le “sauve- campagne de M. Séguin, on mini- dans le 16e arrondissement, juge aussi discipliné soit-il, s’inquiète de réaffirmé que M. Séguin est maître défaite de ce dernier dans le 18e,la qui-peut” serait général. » mise la déclaration du président du qu’« au lieu de parler des stratégies plus en plus ouvertement et prône de sa campagne, mais qu’elle est députée a dit qu’elle prendrait, Bien qu’il s’en défende, en souli- Sénat, Christian Poncelet, qui, mer- de troisième tour, il faut désormais une forme d’entente entre toutes prête à « l’aider au maximum », alors, « toutes ses responsabilités ». gnant que « les indécis sont légion » credi matin, sur Europe 1, a exhor- faire une campagne de premier tour, les listes de droite au deuxième notamment pour régler quelques « Ceux qui ont des états d’âme dans l’opinion et que celle-ci ne té le candidat à « s’entendre » avec arrondissement par arrondisse- tour, laquelle serait en totale conflits de territoire. n’ont qu’à rester au bord du che- s’est « pas encore cristallisée », l’al- le maire sortant de Paris, Jean Tibe- ment », M. Bariani plaide pour contradiction avec la stratégie de min, a déclaré M. Séguin. Il serait lusion à un « sauve-qui-peut » tra- ri. Néanmoins, la violence du trait « une revitalisation de la campagne rupture adoptée par M. Séguin. Christine Garin, temps de chercher à sortir de la spi- hit l’inquiétude du candidat. Derriè- et le moment choisi ne peuvent dans son noyau central ». «Onne Concurrencé par une liste tibériste Jean-Baptiste de Montvalon rale de la défaite. (…) Il serait temps re l’unité de façade et la « dynami- laisser indifférent. fait pas vingt thérapies individuelles que conduit Jean-Antoine Giansily et Jean-Louis Saux A l’Elysée, les soupirs se font de plus en plus inquiets M. Delanoë à M. Séguin : DANS le dictionnaire gaulliste, les amis de ont toutefois prévenu : une défaite à Paris peut gnent le « discours-règlement de comptes » Jacques Chirac n’ont pas eu à chercher loin avoir plusieurs lectures. L’opinion peut attri- que, croient-ils, M. Séguin ne manquera pas de « Moi, je n’ai pas honte de mes amis ! » pour caractériser la situation de la droite dans buer la responsabilité de l’échec à M. Tiberi, à faire après une défaite. la capitale. Désormais, lorsqu’on parle de Paris Philippe Séguin ou au RPR, et M. Chirac peut Du coup, les chiraquiens ont été chargés de SURTOUT ne pas se griser de niser : « Imaginez un instant que à l’Elysée, on soupire : « C’est une telle en sortir indemne. Mais il y a aussi de grands monter au créneau. Les présidents de groupe sondages flatteurs, ne pas se lais- M. Séguin soit maire de Paris : il chienlit… » risques pour que l’on juge le président – même RPR de l’Assemblée et du Sénat, Jean-Louis ser endormir par cette chronique s’engueulerait avec tout le monde… Au fur et à mesure qu’une défaite de la droite s’il n’est plus maire depuis 1995, même s’il a Debré et Josselin de Rohan, la présidente du d’une victoire annoncée, ne pas se Comment un homme qui divise à ce devient possible à Paris, les soupirs se sont pour- pris grand soin de ne pas intervenir publique- RPR, Michèle Alliot-Marie, qui rencontrent démobiliser quand tout semble point son camp pourrait-il préten- tant faits plus inquiets. Car le président sait ment dans les affaires parisiennes – comme la M. Chirac tous les mardis, répètent sur les indiquer que la mairie de Paris est dre rassembler deux millions de bien qu’une victoire de la gauche dans la ville source de ce « système » auquel les Parisiens radios que « Paris ne sera pas un test national ». à portée de campagne, dans qua- Parisiens ? » Et d’insister, devant qu’il a dirigée pendant dix-huit ans, qui lui a ser- auront mis fin. Pis, les « affaires », qui ont tou- Les adversaires de M. Séguin, nombreux au sein rante jours : la mise en garde est une salle conquise : « Oui, vous vi de tremplin politique et matériel, dont il a lui- ché M. Chirac, sans jusqu’ici le faire chuter même de l’Elysée, ont été priés de mettre une revenue comme un refrain lors de êtes dangereux pour la droite », par- même choisi le maire suivant, Jean Tiberi, aura dans l’opinion, pourraient être soudain reconsi- sourdine. Et Bernadette Chirac, « seule ségui- l’assemblée générale des socia- ce que, si la gauche l’emporte, les un effet désastreux pour son camp… et sans dérées à la lumière de cet échec. niste auprès de mon mari », comme elle le dit listes parisiens, mercredi 31 jan- derniers faux électeurs seront tra- doute aussi pour lui. Son conseiller politique, L’Elysée craint aussi l’effet-retard de ce parfois, ne perd plus une occasion de dire com- vier. Mobilisés autour de leur can- qués, la transparence sera instau- Jérôme Monod, devant tous ses visiteurs, se désastre. La gauche a déjà promis audits et bien elle trouve que « Philippe a du cran ».Le didat, Bertrand Delanoë, et des rée pour les attributions de crè- montre d’ailleurs bien conscient du problème : ouverture d’archives. « Ils vont nous distiller les président, lui, jure à tous ses amis qu’il ne met- vingt têtes de liste d’arrondisse- ches, les finances de la ville feront « Si la droite perd Paris, vous verrez, dit-il, c’est documents jusqu’à la présidentielle », craint un tra « pas un doigt dans les élections à Paris ». ment, dont le ministre de l’inté- l’objet d’un audit indépendant et encore Chirac qui en portera la responsabilité ! » conseiller de M. Chirac. M. Tiberi a juré qu’il rieur et maire du 18e, Daniel public, l’opposition siégera dans Les experts de l’opinion consultés par l’Elysée publiera un livre. Enfin, les chiraquiens crai- Raphaëlle Bacqué Vaillant, les quelque six cents mili- toutes les commissions d’appel tants présents à la Mutualité ont, à d’offres, les associations seront l’évidence, enregistré le message. respectées. Confiants, mais attentifs à maî- La campagne décalée de Philippe Séguin triser leur enthousiasme, ils ont « RESPECTER TOUS LES PARISIENS » longuement applaudi M. Delanoë Respecter les Parisiens, comme LE RITUEL est immuable : Séguin, on ne fait pas la fête. Les restaurant chic du bois de Boulo- que un atout ; le gage, en tout cas, lorsque celui-ci leur a lancé : Lionel Jospin s’engageait, en 1997, Philippe Séguin arrive pile à l’heure jeunes du RPR, très présents au gne ou tenir une réunion dans un de la pureté de ses intentions et de « Dans les sondages, il n’y a pas à respecter les Français : Bertrand à la réunion publique du jour, pro- stade Charléty, le 26 octobre, ou à hôtel caché à l’intérieur de la gare sa liberté de manœuvre. «Jeme l’annonce de notre victoire, il y a Delanoë a été à bonne école. «Il grammée généralement autour de l’hôtel Nikko avec M. Balladur, le de l’Est. On l’a certes vu, il y a quel- dirige tout seul, et c’est sur mon seul une attente et une espérance que faut respecter tous les Parisiens, 19 heures. Un arrondissement, un 4 décembre, ont rangé leurs pan- ques mois, dans Paris-Match, étren- nom que les Parisiens se détermine- nous n’avons pas le droit de déce- ceux qui nous font confiance com- cartes et leurs cornes de brume. On ner un vélo tout neuf, faire la bise ront », affirmait-il alors. C’était, à voir. Ce que les Parisiens attendent me ceux qui ne partagent pas nos ANALYSE ne les voit plus guère. à son chien et poser sur fond de ses yeux, la seule manière d’accrédi- de nous, c’est notre capacité à convictions, puisque ceux qui ont Le candidat Séguin passe au gratte-ciel à New York ; mais ces ter sa volonté de renouvellement renouveler profondément le climat vocation à les représenter ne les res- L’isolement moins trois jours par semaine à concessions à la mode « people » et de « rupture ». qui règne dans cette ville et sa vie pectent pas », a-t-il recommandé. du candidat arpenter le 18e arrondissement, à paraissent autant d’entorses à sa Cependant, il lui a bien fallu com- démocratique. » « Alors, a-t-il ajou- Car « quand ils parlent d’Etat- de la droite s’est écumer les marchés, les rues com- vraie nature. « On ne va pas casser poser avec une droite parisienne té, la droite s’affole » et tente de PS », les responsables de la droite retourné contre lui merçantes, à rencontrer des asso- l’image de Séguin, qui repose sur ce aux aguets, minée par ses divisions ressouder ses électeurs en brandis- « savent de quoi ils parlent ». «Ce ciations. Il le fait seul ou accompa- qu’il est : avant tout un homme de et par la lutte pour les places, et sant la menace d’un « Etat-PS » n’est pas un hasard, a-t-il ajouté, gné de ses colistiers, le plus sou- discours et de pensée », dit encore dont les principales têtes d’affi- qui verrait la gauche s’emparer de que la droite parisienne unanime thème, c’est la règle. Le statut de vent sans journalistes. « A l’inspira- M. Valentin, qui promet toutefois che – qu’il a dû relégitimer pour la capitale après s’être installée à [y compris les partisans de Paris chez Edouard Balladur, dans tion », dit-on dans son entourage. moins de « discours ex cathedra » constituer une équipe – se soucient l’Assemblée, à Matignon et à la M. Séguin] se soit réconciliée, il y a le 15e ; l’environnement chez René De toute façon, il ne tient pas et « davantage de présence dans les d’abord de « sauver » leur arrondis- tête de la région Ile-de-France. deux jours au Conseil de Paris, pour Le Goff, dans le 10e ; l’exclusion d’agenda de campagne. « J’ai fait médias audiovisuels ». sement ou, à tout le moins, leur Répondant directement au can- accorder des avantages aux mem- chez Claude-Annick Tissot, dans le le calcul, confiait-il récemment. Une équipe de quatre ou cinq col- place au Conseil de Paris. Préférant didat officiel de la droite, Philippe bres du cabinet du maire. » (Le 11e, etc. Les lieux sont générale- Compte tenu de la sociologie du laborateurs – « C’est sûr, bougonne les tenir à distance pour n’en être Séguin, qui avait employé, la Monde du 31 janvier.) ment des salons d’hôtel. Pas d’affi- quartier, dans le 18e, quand vous ser- le député des Vosges, je n’ai pas les pas l’otage, M. Séguin se console veille, cet « argument massue » (Le Le candidat socialiste s’est enga- ches, pas de tracts. Parcours flé- rez dix mains, vous touchez un élec- moyens de M. Delanoë ! » –, pour en invoquant le parrainage des Monde du 1er février), le chef de gé, s’il est élu maire de Paris, à ce chés, escalators, discrétion assurée, teur. » Le ton était las devant l’im- les discours et le programme ; le grandes figures. Le 30 janvier, file des socialistes a cogné sans que le PS parisien n’ait « aucun mais à tout le moins décalée pour mensité de la tâche. tandem formé par Louis Valentin Simon Bolivar était convoqué ménagement. « Moi, je n’ai pas permanent, aucune voiture, aucun un candidat en campagne. « Il n’y a aucune raison de cesser et par Henri Guaino, tête de liste devant les amis – médusés – de honte de mes amis ! Le gouverne- chauffeur, aucun avantage d’au- L’ensemble, Marseillaise finale d’être ce que l’on est », répond Jean- dans le 5e et ancien commissaire au Françoise de Panafieu, dans le 17e. ment de Lionel Jospin ? Il me suffit cune ordre » à l’Hôtel de Ville. comprise, tient en deux heures, Louis Valentin, directeur de la cam- Plan ; une secrétaire qui lui sert La veille, c’était le baron Hauss- qu’il ait rendu la justice indépen- C’est cette « culture politique » rarement plus, dont trois bons pagne – un énarque de trente-sept aussi de chauffeur : le « staff » du mann, « un visionnaire », face aux dante après que a que M. Delanoë s’est engagé à quarts d’heure de discours du ans, passé par le cabinet de Jean- candidat Séguin est réduit au mini- journalistes de la presse étrangère. été garde des sceaux ! La région diri- changer, car « Paris a besoin candidat après les présentations Louis Debré au ministère de l’inté- mum. Au début de sa campagne, Comme s’il voulait d’abord gée par Jean-Paul Huchon ? Il me d’alternance ». De cela, comme du d’usage, assurées par la tête de liste rieur –, quand on l’interroge sur l’in- quand M. Séguin, en piéton soli- convaincre que cette campagne, suffit qu’elle ait créé les conditions reste, aucun militant socialiste ne locale. Les salles sont pleines, mais différence obstinée de M. Séguin à taire, humait l’air de la capitale, décidément, n’est pas à sa mesure. pour que toute malversation sur les doutait, mercredi, à la Mutualité. il y a toujours assez de sièges pour la forme, qui lui fait s’exprimer sur son isolement, dans une ville où il marchés publics soit désormais tout le monde. Dans la maison la rareté des espaces verts dans un n’a ni relais ni réseau, semblait pres- Christine Garin interdite ! », a-t-il lancé avant d’iro- Gérard Courtois FRANCE LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 / 7

Confronté à de graves La droite se prépare à faire échouer difficultés financières, la réforme de la procédure budgétaire le PCF réduit son train de vie RPR, UDF et DL accusent Bercy de s’opposer à un renforcement des prérogatives du Parlement Les députés ont adopté en commission spéciale, ment sur le budget. RPR et UDF se sont abstenus gouvernement refuse leurs amendements. La mercredi 31 janvier, la proposition de loi organi- tout en prévenant, avec DL, qu’ils voteront con- droite souhaite notamment plus de rigueur et de M. Hue souhaite un doublement de l’aide de l’Etat que destinée à accroître les pouvoirs du Parle- tre le texte, le 8 février, dans l’Hémicycle, si le transparence dans les comptes de l’Etat.

QUI paie commande : l’adage son train de vie de 117,1 millions de LE PRÉSIDENT de l’Assemblée la droite juge qu’il y a loin des moment du vote de la proposition qu’en amont le gouvernement ait vaut aussi au PCF. Dans l’épreuve francs en 2000 à 103,4 millions, soit nationale, Raymond Forni (PS), intentions aux actes, et plusieurs de loi en commission, tandis que vraiment l’intention de moderni- de force qui a opposé le collège exé- une diminution de 11,7 %. Ainsi veut y croire encore, mais l’opposi- députés préviennent, mercredi, à DL décide de ne pas y prendre ser la gestion de l’Etat. Philippe cutif du parti aux groupes des dépu- sont prévues des baisses pour «les tion lui donne décidément peu de l’issue d’un « intergroupe » RPR- part. Le texte est donc adopté avec Auberger (RPR) n’est pas plus tés et sénateurs, ces derniers ont salaires et charges de 15 %, la com- raisons d’espérer. La proposition UDF-DL, qu’ils « ne voteront pas le les seules voix de la gauche. Car les enthousiaste. « Il est ridicule de marqué un point. Alors que les ten- munication (– 36 %), les activités par- de loi organique réformant l’ordon- texte en l’état ». points durs demeurent. « Aujour- vouloir se mettre d’accord sur une tatives de la Place du Colonel- lementaires (– 15 %) et les aides aux nance du 2 janvier 1959 – qui prive Le message fait souffler un petit d’hui, nous butons sur un clivage loi organique tant qu’on n’est pas Fabien pour davantage contrôler organismes (– 49 %) ». Entrent dans le Parlement de tout véritable pou- vent de panique sur la majorité. Le fondamental gauche-droite sur ce d’accord sur la politique budgétai- l’action de ses parlementaires (Le cette dernière catégorie les subven- voir d’amendement sur le budget président de l’Assemblée, qui pous- que doit être une loi de finances », re », explique l’ancien rapporteur Monde daté 14-15 janvier) avaient tions versées au mensuel Regards, à de l’Etat – se heurte au scepticis- se cette réforme avec Didier regrette Jean-Jacques Jégou, spé- général du budget. été fustigées, notamment par Jean- l’association Espace Marx et au me croissant de la droite. En mar- Migaud (PS), rapporteur général du cialiste du budget à l’UDF, la veille La droite exige plus de rigueur Claude Lefort, député du Val-de- Mouvement de la jeunesse commu- ge des travaux de la commission budget, s’empresse de publier un plus ouvert à la « proposition du gouvernement. C’est l’objet Marne, qualifiant ce « retour à des niste. Sont en revanche épargnées spéciale de 57 députés chargée communiqué dans lequel il se mon- Migaud ». « Les chances d’un suc- d’un amendement destiné à faire vieilles pratiques » de « maladie les aides aux fédérations (+ 7,7 %), d’élaborer ce texte, les élus RPR, tre plus conciliant que Bercy : « Les cès diminuent : nous ne voterons apparaître le « vrai » déficit de gériatrique du communisme »,la qui s’élèvent au total à 9,2 millions UDF et DL ont multiplié, mercredi amendements déposés par l’opposi- pas un texte qui manque de substan- l’Etat, c’est-à-dire celui de fonc- nouvelle version du texte codifiant de francs, et à L’Humanité (+ 47 %), 31 janvier, critiques et mises en tion comme la majorité posent de ce et qui ne serait qu’un mirage tionnement, dans l’article d’équili- les relations entre les deux instan- avec le passage à 3 millions de garde contre les pressions du vraies questions et méritent un exa- médiatique », renchérit le centriste bre du budget. L’opposition ces scelle l’armistice. Il est désor- francs de la subvention accordée ministère des finances et la tenta- men approfondi, écrit-il. Je souhaite Pierre Méhaignerie. demande aussi que le Parlement mais précisé qu’entre eux « la coo- par le parti. tion d’une réforme a minima. que la négociation continue sur des puisse voter un plafond d’emprunt pération et l’échange seront favorisés Le texte, qui sera examiné en bases d’écoute réciproque. » M. For- REFUS DE « SERVIR LA SOUPE » (comme dans plusieurs pays) et à tous les niveaux (…). Sous la respon- PLAN SOCIAL première lecture le 8 février à l’As- ni, qui préside la commission spé- François d’Aubert, vice-prési- que la loi de finances regroupe sabilité de chacun des présidents de La direction du PCF a ouvert un semblée, affiche un double objec- ciale, croit qu’« un consensus peut dent de DL, dénonce le « verrouilla- tous les impôts, qu’ils soient affec- groupe, ce travail s’effectue dans le plan social prévoyant le départ de tif : rendre la gestion des finances être atteint », et, dans les couloirs, il ge de Bercy ». L’ancien secrétaire tés à l’Etat ou à la Sécurité sociale. respect de l’indépendance et des 42 collaborateurs de la Place du publiques plus transparente et dit « compter » sur les navettes d’Etat au budget assure que « l’ob- Mais toutes ces demandes mas- règles de vie des groupes, et notam- Colonel-Fabien, ce qui représente- plus efficace grâce à la définition Assemblée-Sénat pour améliorer jectif de renforcer les pouvoirs du quent mal la volonté de certains ment des textes qui ont prévalu à la ra, à terme, une économie de 5 mil- de « missions » et de « program- un texte « organique » qui doit être Parlement dans l’élaboration et le d’en découdre politiquement. Ce constitution du groupe communiste lions de francs. Elle met aussi à l’étu- mes » mieux identifiés que les approuvé dans les mêmes termes contrôle du budget n’est pas que résume crûment M. Goulard, de l’Assemblée nationale depuis de l’« externalisation d’activités » « titres » et les « chapitres » par les deux chambres. atteint ». François Goulard (DL) quand il dit qu’il n’est « pas là pour 1993 », accordant la liberté de vote qui ne sont pas directement liées à actuels ; accroître les prérogatives Ce communiqué a-t-il eu un s’inquiète du « flou entourant les servir la soupe » au gouvernement. à ses membres. son activité politique. du Parlement en matière budgétai- effet apaisant ? En fin d’après- notions de “missions” et de C’est vrai qu’avec un peu plus de Pour l’instant, le « retard dans la re (Le Monde du 26 janvier). Mais midi, RPR et UDF s’abstiennent au “programmes” » et ne croit pas Jean-Michel Bezat 140 millions de francs, dont 40 mil- mise en œuvre du plan social », pré- lions pour le fonctionnement du vu dès 2000, a coûté « 1,5 million de collège national, les reversements francs », précise M. Jacquet. De d’indemnités des élus constituent la plus, le référendum sur le quinquen- première source de financement du nat, en septembre 2000, a entraîné parti, devant les souscriptions diver- un surcoût de 2,2 millions de ses (un peu moins de 80 millions de francs. Quant à la souscription lan- francs, vente du muguet du 1er Mai cée à l’automne, elle a rapporté compris), les cotisations des adhé- 9 millions, mais « il manque 3 mil- rents (48 millions de francs), en lions ». En 2000, les recettes diver- baisse structurelle, et enfin l’aide ses sous lesquelles se cachent publique de l’Etat (40 millions de notamment les cessions d’actifs francs). Présenté en marge du con- immobiliers s’élèvent à 10 millions seil national des 27 et 28 janvier, de francs. Pour 2001, il est prévu l’état des finances du PCF n’est pas près de 3,7 millions de recettes bon. « Chaque mois, en 2000, nous diverses. avons dépensé un million et demi de Pour pallier ces difficultés finan- plus que nos recettes mensuelles »,a cières, le PCF ouvre deux pistes. expliqué Roland Jacquet, trésorier D’une part, M. Hue avance l’idée national du PCF. Dans une note que « l’Etat doit en partie assumer le interne du 15 janvier, ce dernier coût financier de la démocratie ».En dressait un constat encore plus alar- clair, le PCF préconise un double- miste : « Les pertes budgétaires ment de l’aide versée par l’Etat aux cumulées passées (20 millions de partis politiques et demande que la francs en 1997, 13 millions en 1998) part calculée sur le nombre d’élec- vont être aggravées et portées à teurs aux élections législatives soit 40-42 millions de francs » à fin 2000. portée de 11 francs à 15 francs par Aux difficultés du siège, s’ajoutent voix. Le PCF a décidé d’accélérer la celles des fédérations. En 1999, mise en place des associations soixante d’entre elles ont été défici- départementales de financement. taires, certaines connaissant même Trente-neuf fédérations ont d’ores des problèmes de trésorerie. et déjà créé leur association, la plu- Face à cette évolution jugée « gra- part des autres devraient suivre. ve » et « préoccupante », le grand Pour le PCF, elles ont pour atouts argentier du PCF a proposé, pour d’assurer « une mutualisation des 2001, une série de coupes claires moyens financiers ». dans tous les secteurs. Au plan national, le PCF prévoit de réduire Alain Beuve-Méry M. Cambadélis invite les socialistes à envoyer des chèques à « L’Humanité » LA LETTRE est signée Jean- Un comble, s’est alors dit Christophe Cambadélis, député de M. Cambadélis. Un marchand d’ar- Paris et, surtout, théoricien des mes au secours du quotidien de alliances à gauche du PS. Son Saint-Denis ! « Avant d’ouvrir le objet pourrait se résumer comme capital à certains grands groupes, suit : « Opération sauvetage du Par- initiative que je n’ai pas à discuter, ti communiste et de la gauche ils pourraient s’adresser à la gauche plurielle jusqu’en 2002, au moins. » plurielle », glisse-t-il d’ailleurs mali- Les premiers députés, sénateurs, gnement au détour de sa lettre. maires ou ministres socialistes Mais si le négociateur des accords l’ont reçue jeudi 1er février. avec la Place du Colonel-Fabien, « Cher(e) s camarades, ma démar- en 1997, a pris la plume, c’est évi- che est peu habituelle. En effet, si je demment au nom de « valeurs » et m’adresse à vous par courrier, c’est d’une « nécessité éthique ».«Il ne pour vous demander de souscrire à s’agit pas en l’espèce d’un journal la campagne pour sauvegarder en général, mais d’un journal d’opi- L’Humanité.» nion et de gauche » qui préserve Depuis dix ans, L’Huma va mal. heureusement « un espace critique Mais la situation empire : elle perd de la pensée dominante » àl’« épo- désormais 4 millions de francs que de la mondialisation ». Déjà, tous les mois. Un aparté entre Jean- rappelle-t-il, il s’était inquiété des Luc Lagardère et Robert Hue, chez difficultés de Rouge ou de Politis. Stock, le 16 novembre 2000, alors C’est surtout le journal de Jean que Jean-Claude Gayssot fêtait la Jaurès, et une ultime colonne verté- sortie de Sur ma route, avait précé- brale pour les militants. Même si dé de deux semaines le lancement M. Cambadélis souhaite voir la d’une souscription auprès des lec- gauche s’unir « dans une coalition teurs – manière très communiste durable », il n’oublie pas que ses de répondre aux problèmes. Le préférences vont – comme le pre- 18 janvier, alors que le ministre mier ministre – à celui de ses alliés des transports recevait à dîner à qui porta le « mouvement l’hôtel de Rocquelaure, le PDG de ouvrier ». Socialistes, si vous vou- Matra-Hachette avait longuement lez aider votre futur président de discuté avec MM. Hue et Gayssot. la République, « libellez vos chè- Lagardère pourrait faire partie des ques à l’ordre de la Société des lec- investisseurs privés qui entreront teurs de L’Humanité ». M. Camba- dans le capital de L’Humanité, à délis a envoyé le sien : 500 francs. hauteur de 20 % (Le Monde du 29 janvier). Ariane Chemin 8 / LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 FRANCE

La FNSEA perd des voix mais préserve Les droits du conjoint ses positions face à la Confédération paysanne survivant dans les successions Le syndicat de José Bové progresse de plus de six points aux élections aux chambres d’agriculture devraient être améliorés Les premiers résultats des élections aux chambres paysanne. Ce mouvement n’est pas assez marqué mes de présidences. La Confédération enregistre, d’agriculture font apparaître un tassement des lis- pour se traduire, pour le syndicat dont José Bové est en outre, un revers dans son bastion du Finistère, tes de la FNSEA au bénéfice de la Confédération la figure de proue, par des gains substantiels en ter- reconquis par la FNSEA (lire notre éditorial page 16). Une proposition de loi sera discutée à l’Assemblée

LES PREMIERS RÉSULTATS 20,07 %), auxquelles il convient paysanne perd son bastion du Confédération réalise, en fait, un PROMISE par le gouvernement compensent ces dispositions des élections aux chambres dépar- d’ajouter 1,47 % correspondant à Finistère. La branche locale de la meilleur score dans les départe- depuis 1998, la réforme du droit de devant notaire, par testament, tementales d’agriculture faisaient quelques listes où elle était asso- FNSEA, représentée par un éle- ments où elle n’était pas implan- la famille tarde tant à sortir des cabi- modification de régime matrimo- apparaître, jeudi matin 1er février, ciée au Mouvement de défense veur de lait modéré, Jacques tée aux précédentes élections, nets ministériels que les députés nial ou donation au dernier des un sensible recul des voix obte- des exploitants familiaux (Modef). Jaouen, remporte plus de 63 % des notamment dans le Morbihan et socialistes s’en emparent, chapitre vivants : « Il est temps d’introduire nues par le tandem FNSEA-CNJA La Coordination rurale reste sta- suffrages. La Confédération pay- dans toute la Basse-Normandie. après chapitre. Après la révision de dans le droit de succession la logique par rapport à la précédente consul- ble (12,38 %, au lieu de 12,17 %) et sanne a rassemblé seulement 34 % Elle progresse aussi dans le Cen- la prestation compensatoire, adop- de l’affection. » tation, en 1995. Cependant, en rai- le Modef recule (2,9 % au lieu de des électeurs et la Coordination tre, où la Coordination recule très tée en juin 2000, c’est au tour du Le groupe PS propose donc de son du mode de scrutin qui favori- 4,64 %). Les listes classées rurale pas plus de 3 %. « Quand il y nettement, notamment dans son droit du conjoint survivant de faire remonter la place du conjoint dans se considérablement, en nombre « divers », qui reflétaient parfois a des crises, ce sont toujours les bastion céréalier d’Eure-et-Loir, l’objet d’une proposition de loi du l’ordre des successions afin de lui de sièges, la liste arrivée en tête, des conflits locaux de dirigeants oppositions qui raflent la mise », a en Gironde et en Haute-Loire. Elle groupe, qui sera discutée en séance, garantir des droits propres en plei- ces résultats renforçaient l’espoir, ou des expressions poujadistes de commenté le sortant battu, René devrait aussi emporter la présiden- mardi 6 février, dans le cadre de la ne propriété, même en présence voire la certitude, pour les repré- mécontentement, totalisent Quéméré, pour qui le vote FNSEA- ce des chambres du Var et de la « niche » parlementaire du PS. d’enfants ou de parents du défunt. sentants du syndicalisme majoritai- 3,29 %, au lieu de 2,52 % il y a six CNJA est un « vote-refuge en Réunion. « L’attente » des Français sur ce Dans le cas où la personne décédée re, de regagner la présidence dans ans. En Lot-et-Garonne, c’est la Coor- sujet est « véritable », insiste Alain laisse des descendants, son conjoint plusieurs organismes, notamment Les résultats des autres collèges dination rurale qui est en tête, Vidalies, député (PS) des Landes, disposerait d’un quart des biens de le Finistère et la Lozère. Pour sa (salariés, représentants des grou- Luc Guyau, président mais il n’est pas sûr qu’elle empor- auteur du texte. la succession en propriété. Sans des- part, la Confédération paysanne pements, coopératives, Crédit agri- te la présidence. Dans la Haute- « Le conjoint d’un défunt fait cendance, le conjoint bénéficierait enregistre une progression très cole et Mutualité agricole, très de la FNSEA, Vienne, un département très con- aujourd’hui figure de véritable de la propriété de la moitié des significative de ses suffrages. nombreux retraités…) ainsi que cerné par la crise de l’élevage parent pauvre de la succession », biens de la succession si les parents Le décompte des voix publié par ceux des départements d’outre- avait indiqué bovin, c’est une liste dissidente de note le député, comme l’avaient du défunt sont encore en vie, et des le ministère de l’agriculture et de mer ne devaient être disponibles celle de la FNSEA-CNJA « officiel- souligné les rapports de la sociolo- trois quarts si l’un des deux parents la pêche indique que les listes que vendredi, et les résultats défi- qu’en dessous le » qui gagne, de peu, devant la gue Irène Théry (mai 1998) et de la est décédé. En l’absence de descen- FNSEA-CNJA et celles des appa- nitifs ne seront publiés que le Confédération. juriste Françoise Dekeuwer-Defos- dants et d’ascendants, le conjoint rentés ont respectivement obtenu, 5 février. Dans tel ou tel départe- de 55 % Commentant ces résultats, le sez (septembre 1999). Depuis vingt survivant hériterait de tous les dans le premier collège, celui des ment, les jeux ne sont pas faits ministre de l’agriculture, Jean Gla- ans, la nécessité de réformer le biens en pleine propriété, les frères exploitants, 52,42 % et 1,15 % des d’avance pour l’élection du il considérerait vany, qui a souligné la « neutralité droit des successions s’est imposée et sœurs du défunt se trouvant écar- suffrages (contre 56,44 % et 3,35 % bureau et du président, et des absolue des pouvoirs publics »,a comme une évidence bien tés de la succession. en 1995). Ce collège est le plus alliances de dernière minute sont que son organisation estimé que « ces élections étaient qu’aucun des projets élaborés (par important, puisque les résultats toujours possibles. un grand moment de démocratie Michel Sapin en 1991 et par Jacques LE CAS DES ENFANTS ADULTÉRINS qui y sont observés déterminent, Une analyse plus fine, départe- ne pourrait parler sociale ». Il a précisé que les résul- Toubon en 1995) ne soit discuté au Autre disposition importante : dans la quasi-totalité des cas, la ment par département, peut, ici tats illustrent « une belle victoire Parlement. pour permettre au conjoint de con- couleur du futur président de l’éta- ou là, faire apparaître des change- de vrai succès du pluralisme syndical inscrit dans Pour l’essentiel, la législation sur tinuer à vivre dans la maison du blissement public. ments parfois remarquables, liés à la loi d’orientation agricole de les successions date du code Napo- couple serait créé un droit d’habita- Le recul est net d’autant que Luc des situations particulières de 1999 ». C’est en tout cas une victoi- léon (1804). Dans une France rura- tion de la résidence principale pour Guyau, président de la FNSEA, l’économie agricole locale, selon faveur d’une liste qui a tenu un dis- re de la participation, puisque le, il s’agissait d’éviter le démantèle- la durée de la vie. Le conjoint survi- avait indiqué, lors de sa campa- qu’elle est dominée par l’élevage, cours populiste et corporatiste ». En 61,5 % des chefs d’exploitation ment de la propriété foncière en pri- vant serait amené à choisir entre sa gne, qu’en dessous de 55 % il consi- les grandes cultures, la vigne ou Loire-Atlantique, le syndicat oppo- sont allés aux urnes, contre seule- vilégiant les liens du sang. Dès lors part de la succession ou ce droit dérerait que son organisation ne les fruits, liés encore à l’éventuelle sé à Luc Guyau devrait garder la ment 57,8 % en 1995. que le défunt a des enfants ou des d’habitation. Si la valeur de ce droit pourrait parler de vrai succès. La implantation solide d’un leader ou présidence de la chambre d’agricul- petits-enfants, son conjoint ne dis- d’habitation, calculé en fonction de Confédération paysanne, de son au long travail de terrain d’un syn- ture, avec 38,8 % des voix. La Coor- Gaëlle Dupont pose donc que d’un quart de la suc- l’âge du bénéficiaire et de la valeur côté, progresse nettement, obte- dicat. dination rurale réunit 26,32 % des et François Grosrichard cession en usufruit. S’il n’a pas d’en- locative du logement, est inférieure nant 26,39 % des voix (contre Dans l’Ouest, la Confédération suffrages dans ce département. La (avec nos correspondants) fant, mais qu’il laisse derrière lui à la valeur de la part de la succes- des ascendants ou collatéraux, frè- sion qui lui échoit, le conjoint béné- res ou sœurs, le conjoint survivant ficierait d’un complément ponction- Satisfaction se voit attribuer la moitié des biens né sur les biens transmis. Dans le Luc Guyau lance « un appel de raison » aux autres syndicats en usufruit. Ce n’est que dans l’hy- cas inverse, il ne serait pas tenu de à la Confédération pothèse où le défunt ne laisse ni rembourser la différence. « MERCI JOSÉ ! » La FNSEA en est sûre : elle doit FNSEA. Mais il y avait autant de hargne que de jubila- enfants, ni parents, ni frères et Par un amendement, Ségolène La Confédération paysanne une partie de son succès à « l’effet Bové ». Le médiati- tion dans son premier commentaire : « Ceux qui ont vou- sœurs que le conjoint vient en prio- Royal, ministre déléguée à la s’est réjouie, jeudi 1er février, que porte-parole de la Confédération paysanne aurait lu nous faire mordre la poussière ont perdu. » Dénonçant rité dans l’ordre des successions et famille et à l’enfance, souhaite dans la matinée, de sa progres- eu un « effet repoussoir » sur l’électorat. « Si son discours « la campagne de dénigrement » dont aurait été victime obtient des biens en pleine proprié- régler le problème des enfants adul- sion de 20,07 % à 26,39 % des suf- passe bien auprès de l’opinion publique, il n’est pas com- son syndicat, il a martelé les « deux bonnes nouvelles » té. térins. Le 1er février 2000, la France frages aux élections aux cham- pris par les agriculteurs », expliquait-on, mercredi 31 jan- de la soirée : la reconquête de la Lozère, « que nous avi- Cela le place « dans une situation a en effet été condamnée par la bres départementales d’agricul- vier, au siège parisien de la FNSEA. ons perdue au profit d’une association d’éleveurs réaction- particulièrement difficile, sans assu- Cour européenne des droits de ture. Le syndicat conserve la Pour certains cadres du syndicat majoritaire, la clé de naires », et surtout celle du Finistère, un des plus impor- rance de pouvoir demeurer dans le l’homme pour les discriminations chambre d’agriculture de Loire- sa propre résistance a été le fort taux de participation : tants départements agricoles, repris après six ans de ges- logement qu’il partageait avec le dont sont l’objet les enfants adulté- Atlantique, gagne celle du Var, « La volonté du ministre de l’agriculture de casser la tion par la Confédération paysanne. Contesté jusque défunt, explique M. Vidalies. Avec rins, qui ne reçoivent que la moitié mais perd le Finistère. Dans les FNSEA a fait sortir les abstentionnistes, ils se sont sentis dans son fief vendéen au cours d’une campagne très per- cette place quasi résiduelle du con- de ce à quoi ils pourraient préten- DOM-TOM, il garde la Réunion. agressés. » Sûrement parce qu’elle a senti le vent du bou- sonnalisée, M. Guyau s’est permis un moment d’autosa- joint dans l’ordre successoral, la Fran- dre s’ils étaient légitimes. Neuf arti- Les chiffres de la Guyane et de la let au cours des derniers mois, la FNSEA a aussi resserré tisfaction : « J’ai fait 68 % dans ma commune ». ce se trouve très en retrait par rap- cles du code civil seraient suppri- Martinique étaient attendus les rangs avec vigueur : « Les fédérations départementa- port à ses voisins, Espagne excep- més pour aligner les droits successo- dans la journée. L’un des porte- les se sont mobilisées comme jamais, estime ce représen- PARTICIPATION RECORD tée. » Cette situation est « double- raux des enfants. parole du syndicat, René Louail, tant de producteurs céréaliers. La FNSEA dispose au Président du CNJA, Jean-Luc Duval a surtout insisté ment injuste », selon le député, puis- éleveur de porcs dans le Finistè- niveau local d’une puissance de feu que n’ont pas les sur le taux record de participation : « Cela nous donne que seuls les couples bien informés Pascale Krémer re, parle de « victoire » : « L’im- autres syndicats. » D’autres ironisent sur la stratégie de une crédibilité dont devront tenir compte les dirigeants portant, c’est que la Confédéra- certains responsables de la Confédération paysanne, politiques. » Mais avant de reprendre le dialogue avec tion progresse sur tout le territoi- parfois en position difficilement éligible : « Cinquième les pouvoirs publics, M. Guyau souhaite œuvrer à la re. Dans 86 chambres sur 90, nous de liste dans le Lot, c’est vachement pire que quatrième réconciliation. Plus serein en fin de soirée, il a lancé «un e M. Chirac demande l’amélioration sommes au-dessus du seuil de dans le 18 arrondissement de Paris »… appel de raison à tous les syndicats pour étudier ensemble 15 %. » Selon M. Louail, cela Autour du buffet dressé pour la soirée, l’atmosphère les moyens de mieux défendre les éleveurs victimes de la signifie une capacité d’action s’est détendue au fur et à mesure que parviennent les vache folle ». Il espère, « sur ce sujet ponctuel », convain- du projet sur la « prime pour l’emploi » accrue des militants et «un résultats. Luc Guyau, président de la FNSEA, n’a pas cre ses collègues de « faire front commun et manifester la poids plus important dans les attendu pour crier victoire, car les tendances recueillies solidarité indispensable pour sauver l’élevage français ». JACQUES CHIRAC a souhaité, mercredi 31 janvier, en conseil des instances où se fait la politique sur la moitié des départements, en début de soirée, ne ministres, que le projet de loi sur la « prime pour l’emploi » soit amélio- agricole ». laissaient déjà aucun doute sur la bonne résistance de la Jean-Jacques Bozonnet ré lors de son examen au Parlement, le 7 février, de façon à « éviter les inégalités entre les familles, selon que leurs revenus proviennent d’un ou de deux salaires ». « Le choix d’un dispositif de crédit d’impôt sur le reve- nu me paraît meilleur que celui de la ristourne dégressive de CSG »,a La vache folle n’a pas poussé le Puy-de-Dôme à choisir la Confédération paysanne toutefois estimé le chef de l’Etat. Le gouvernement a répliqué que « la prime pour l’emploi est faite pour CLERMONT-FERRAND l’escarcelle de la Confédération La Coordination rurale, elle, avait lait et de viande de la moyenne inciter les gens à travailler. Il est donc normal qu’elle favorise un couple de notre correspondant paysanne. Une contestation de la recueilli 13 % des suffrages. montagne dont les voix pouvaient bi-actif par rapport à un couple mono-actif. Qui plus est, nous avons pris La chambre d’agriculture du Puy- politique conduite par l’équipe diri- Mercredi, l’UDSEA a déjoué ce être déterminantes. Bon nombre acte des remarques du Conseil constitutionnel et notre dispositif est de-Dôme, détenue jusqu’à présent geante permettait de l’envisa- pronostic puisqu’elle l’a emporté d’entre eux, frappés de plein fouet familialisé ». par les représentants de la Fédéra- ger. Lors des précédantes élec- avec 497 voix d’avance, en bénéfi- par la crise de la vache folle, tions de 1995, 42 % des chefs d’ex- ciant de 48,62 % des suffrages des avaient ouvertement affiché leur REPORTAGE ploitations agricoles, dont le collè- chefs d’exploitations, contre hostilité envers les responsables Sécurité : M. Madelin dénonce ge est déterminant puisque le plus 41,48 % pour la Confédération pay- de la chambre d’agriculture. A Ici, la désillusion important en nombre de sièges, sanne et 9,70 % pour la Coordina- leurs yeux, ceux-ci avaient privilé- des producteurs s’étaient déjà prononcés en faveur tion rurale. gié trop longtemps une forme la « délinquance en cocarde » de lait et de viande des candidats de la Confédération d’agriculture intensive allant à l’en- a été déterminante paysanne. HOSTILITÉ AFFICHÉE contre de celle qu’ils pratiquent. LORS DE LA CONVENTION de l’opposition sur la sécurité, mercredi L’Union départementale des syn- L’« effet Bové » n’est donc pas Ils faisaient également grief à la 31 janvier, au Sénat, Alain Madelin a réclamé la « tolérance double dicats d’exploitants agricoles intervenu dans ce département chambre d’agriculture « de finan- zéro pour la délinquance en cocarde ». « Comment parler de tolérance tion nationale des syndicats d’ex- (UDSEA), affiliée à la FNSEA, dont l’histoire permet d’expliquer cer le journal de l’UDSEA, L’Auver- zéro pour les premiers actes de délinquance en bas, sans exiger aussi la ploitants agricoles (FNSEA), figu- n’avait obtenu, pour sa part, la ligne de fracture qui existe entre gne agricole », tout comme ils lui tolérance zéro – et même la tolérance double zéro – pour les actes de cor- rait parmi celles qui pouvaient bas- qu’une majorité relative de 45 % les deux camps. L’ancrage solide reprochaient « de ne pas avoir utili- ruption, les trafics d’influence ou les trafics d’armes en haut », a déclaré culer, mercredi 31 janvier, dans avec seulement 294 voix d’avance. de la Confédération paysanne sé des subventions régionales à le président de Démocratie libérale. Evoquant un certain nombre d’af- vient de ce qu’elle est le prolonge- même de relancer certaines filiè- faires – « Urba, Pechiney, Elf, Crédit lyonnais, fonds secrets, Mairie de ment directe de l’ancienne FDSEA res » faute d’avoir monté à temps Paris, marchés d’Ile-de-France, Falcone, Destrade, Méry » –, M. Made- créée par Roland Viel. Celui-ci les dossiers préalables à leur obten- lin, en campagne présidentielle, a affirmé que « nos banlieues » sont avait toujours affiché ses convic- tion. « à l’image » des « responsables » : « Elles revendiquent pareillement, et tions d’homme de gauche en s’op- La Confédération paysanne souvent selon les mêmes formules, une situation de non-droit. » posant résolument à Michel Deba- tablait aussi sur de bons résultats tisse, fondateur de l’UDSEA et qui dans le collège des retraités et DÉPÊCHE fut secrétaire d’Etat aux industries dans celui des salariés. Elle a CORSE : le président de la commission des lois de l’Assemblée agroalimentaires de 1979 à 1981. escomptait également attirer les nationale, Bernard Roman (PS), invite les élus corses à s’exprimer Jean-Paul Ouzon, qui conduisait voix d’une bonne partie des six- sur le futur projet de loi sur la Corse, lors de « deux auditions publi- la liste de la Confédération paysan- cents « pluriactifs », dont l’activité ques », après la présentation du texte en conseil des ministres, le ne face à celle du président sortant agricole n’est pas la seule source 14 février. Les neuf représentants des groupes à l’Assemblée de Corse de la chambre d’agriculture, de revenus, et qui étaient appelés, seront entendus à l’Assemblée le 28 mars, puis, le 4 avril, le président Gérard Renard (FDSEA), a exploi- pour la première fois, à voter dans de l’Assemblée de Corse, José Rossi (DL), le président du conseil exé- té ce courant durant sa campagne. le collège des exploitants. cutif de Corse, Jean Baggioni (RPR), et les présidents des deux con- Il a également mis à profit la gran- seils généraux. de désillusion des producteurs de Jean-Pierre Rouger 9 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 JUSTICE Une altercation a opposé « complicité et recel d’abus de biens DÉ, ROLAND DUMAS a alors menacé : «Le BOYANT des procès politiques des années Roland Dumas au substitut Jean-Pierre sociaux ». b LE SUBSTITUT CHAMPRE- jour où je vais m’occuper de certains magis- 1960 et 1970, M. Dumas a vu sa respectabi- Champrenault, mercredi 31 janvier, lors de NAULT a estimé que M. Dumas ne répon- trats, croyez-moi... » b LE PARQUET a déci- lité entamée depuis sa mise en cause dans la dernière journée d’audience où compa- dait pas à ses questions à propos des mou- dé de ne pas poursuivre l’ancien ministre l’affaire Elf par ses revirements de straté- raissait l’ancien ministre poursuivi pour vements de fonds sur ses comptes. b EXCÉ- pour ces propos. b AVOCAT FLAM- gie et ses saillies. A mi-procès, Roland Dumas a lancé des menaces contre les juges « Le jour où je vais m’occuper de certains magistrats, croyez-moi… », a déclaré l’ancien président du Conseil constitutionnel alors que le procureur l’interrogeait sur les dépôts d’argent liquide constatés sur ses comptes. Après une interruption d’audience, il a présenté ses excuses

POUR UN PEU, à l’audition d’un – Non, non », répond le prévenu. dernier témoin près, on aurait cru Deux heures plus tard, trois tons l’instruction à l’audience terminée : plus bas. « Mes propos ont quelque place faite, désormais, au réquisitoi- peu dépassé ma pensée, dit l’ancien re et aux plaidoiries, qui débute- président du Conseil constitution- ront, avec celle de la partie civile, le nel, qui a demandé la parole. Si cer- groupe Elf-Aquitaine, lundi tains de mes propos ont offensé ou 5 février. Et puis, Jean-Pierre blessé le tribunal ou le parquet, je les Champrenault, substitut du procu- regrette et je présente mes excuses. » reur de la République, comme à Mais, sans baisser la garde, il contretemps, demande une derniè- ajoute : « En revanche, je maintiens re fois la parole à la présidente du ce que j’ai dit sur les conditions de tribunal, Sophie Portier. l’enquête. J’ai été profondément bles- Après avoir longuement inter- sé et indigné. » Il explique son déra- rogé, la semaine passée, Roland page par la « trop grande fatigue » Dumas sur l’emploi, présumé fictif, et « les insomnies » dont il souffre de son ancienne maîtresse, Christi- « depuis plusieurs mois ». La prési- ne Deviers-Joncour, qu’il aurait sol- dente et le substitut : « Dont acte ». licité auprès du groupe pétrolier ; Ainsi s’achève, dans la tourmen- après l’avoir non moins longue- te, l’examen de ce volet du tentacu- ment questionné sur le somptueux laire dossier Elf. Auparavant – der- appartement de cette dernière, rue nier acte —, l’audience avait été de Lille à Paris, à l’achat duquel il consacrée à l’affaire dite « des sta- aurait participé et dont il aurait pro- tuettes ». Un dernier parfum d’abus fité ; le représentant du ministère de biens sociaux. Le 14 décembre public aborde un dernier chapitre, 1990, Christine Deviers-Joncour inédit. acheta aux enchères douze statuet- Le magistrat indique qu’il entend tes antiques et un vase funéraire poser, à cet instant, des questions à d’une valeur de 264 029 francs, l’ancien ministre sur les importants compensée sur son compte par le dépôts d’espèces (environ une versement, en provenance d’Elf, dizaine de millions de francs, d’un chèque de 300 000 francs, sur entre 1989 et 1997) découverts par ordre d’Alfred Sirven, le bras droit l’enquête sur son compte bancaire du PDG du groupe. et ceux de ses proches et de sa famille. « Ce n’est pas dans la pré- STATUETTES OFFERTES vention ! », s’insurge aussitôt le Six de ces statuettes, d’une bâtonnier Jean-René Farthouat, valeur d’environ 100 000 francs, conseil de Roland Dumas, invo- allaient finalement être offertes à quant la règle selon laquelle les pré- Roland Dumas, qui assure n’avoir venus doivent être interrogés que compté, à l’origine, en acheter que sur les faits qui leur sont reprochés. deux sur ses deniers. Christine Rien, à l’issue de l’instruction, n’a Deviers-Joncour, elle, assure qu’Al- été retenu sur ce point à l’encontre fred Sirven lui aurait dit : « Nous de l’ancien président du Conseil les moyens ont été utilisés, les petits, [judiciaire] !», tonne le bâtonnier C’est une honte ! » m’occuper de certains magistrats, sommes à la veille de Noël. Elf peut constitutionnel. Et dans son réquisi- les grands, les moyens moyens », Farthouat, excédé par cette forme – Je vous en prie ! lance le substi- croyez-moi… ». faire ce cadeau à ton ministre. » Ala toire définitif, le procureur de la « les moyens les plus bas ». On a, dit- de renversement de la charge de la tut. – Vous parlez de moi ? demande barre, elle a réaffirmé avoir dit, un République concluait que « si des il, scruté les comptes de sa belle- preuve – qui incombe à l’accusa- – Je n’ai rien à faire de vos prières, M. Champrenault. jour, à Roland Dumas que les sta- éléments [ont] permis de mettre à fille, le compte épargne de sa petite- tion. rétorque M. Dumas en se ras- – Non, je parle de magistrats en tuettes avaient été payées sur des jour des revenus inconnus du fisc, fille, de ses fils. « On est remonté jus- Et déjà, Roland Dumas de sursau- seyant. retraite. fonds d’Elf. dont Roland Dumas n’a pas précisé qu’à quinze ou vingt ans sans rete- ter, debout face au parquet : Et, abandonnant le prétoire à la – Des menaces ? intervient la pré- Celui-ci, catégoriquement, le con- l’origine, ou de prétendues ventes en nue de la prescription et on a trans- « – C’est une honte, dans ce pays ! stupéfaction : « Le jour où je vais sidente. Madame le greffier, inscri- teste. « Sans vouloir chercher querel- espèces d’objet d’art, [ceux-ci] n’ont mis à l’administration fisca- vez ! » le, je dis que ce que dit Mme Deviers- pas suffi à établir qu’ils pouvaient, ne le » – qui, d’ailleurs, fit ce qu’elle Alors, Roland Dumas, tout à sa Joncour n’est pas parole d’Evangile ! serait-ce que pour partie, provenir devait faire. Puis il s’en prend verte- Le parquet ne poursuivra pas l’ancien ministre colère : « Je commence à en avoir Pour moi, ces statuettes étaient offer- des comptes suisses de Christine ment au substitut : « Tout cela pour assez, madame. Cela fait cinq ans tes par Mme Deviers, qui recevait un Deviers-Joncour ». Mais il n’a pas salir un homme public, comme cela Souhaitant que « les débats continuent dans la dignité », les services que cela dure ! » Dans la cacopho- salaire et quelques avantages. J’étais formellement obtenu de non-lieu est devenu la règle dans notre démo- du procureur de Paris, Jean-Pierre Dintilhac, ont indiqué, mercredi nie, l’audience est suspendue. prêt à les payer. Mais c’était un sur cet aspect. cratie ! » soir 31 janvier, quelques heures après l’altercation ayant opposé Des avocats, plus près de la scè- cadeau. » Parole contre parole. Et La présidente résume : « Il n’y a Roland Dumas au substitut Jean-Pierre Champrenault, qu’aucune ne, rapportent que M. Dumas se l’ancien ministre de replacer le pré- pas la preuve qu’un franc ou un cen- « DES MENACES ? » poursuite ne serait engagée contre l’ancien ministre pour ses propos. rapproche alors de son conseil et sent, dont la présidente s’est enqui- time vienne d’Elf. » Mais, se tour- Roland Dumas s’est à peine ras- L’article 434-24 du code pénal, figurant en tête du chapitre consacré lui dit : « Je me demande bien ce se de l’importance, dans le cadre nant vers Roland Dumas : « Vous sis que M. Champrenault poursuit, aux « atteintes au respect dû à la justice » dispose que « l’outrage par qu’il aurait fait pendant la guerre, d’échanges de cadeaux entre vouliez dissiper toute suspicion. C’est estimant qu’« une fois encore », l’an- paroles, gestes ou menaces (…) adressé à un magistrat, un juré ou toute celui-là ». Puis, se répondant à lui- amants, dont un dessin de Picasso peut-être l’occasion… » cien ministre, « ne répond pas aux personne siégeant dans une formation juridictionnelle dans l’exercice de même, suggère qu’il eût peut-être qu’il offrit à sa maîtresse et que cel- Alors, l’ancien ministre saisit sa questions précises ». Le substitut ses fonctions (…) est puni d’un an d’emprisonnement et de 100 000 francs été « dans les sections spécia- le-ci a vendu, depuis, pour 400.000 canne et s’approche, droit à la bar- argumente sur le fait qu’aucune d’amende ». Les peines peuvent être doublées « si l’outrage a lieu à les ». Déjà levé, mais assez proche francs. « Pour payer mes premiers re, le ton déjà cassant. Pour l’argu- preuve, en sens inverse, n’est l’audience d’une cour ou d’un tribunal ». Avocat inscrit au barreau de encore pour l’entendre, le procu- avocats », a-t-elle précisé. mentation juridique, il s’en rappor- venue établir que rien d’illégal Paris, M. Dumas pourrait, en théorie, encourir des sanctions discipli- reur : te aux propos de son avocat, mais n’avait été commis. « Mais alors naires. Ni l’ordre des avocats ni aucun syndicat de magistrats « – C’est à moi que vous dites Jean-Michel Dumay veut « ajouter une chose » : « Tous ouvrez une information n’avaient réagi à cet incident, jeudi matin 1er février. çà ? » Dessin : Noëlle Herrenschmidt Comment le grand avocat rompu aux affaires politiques n’a pas su construire sa propre défense EN EXERGUE d’un traité sur nel. Je redeviens avocat et mon pre- blissait un lien entre le train de vie dans ses mémoires, en 1996, il tations d’hostilité, il alterna les Joncour, désormais qualifiée de Les Avocats, publié en 1977, mier procès sera le mien. » Ajoutée mirifique de Christine Deviers-Jon- sous-estimait le malaise suscité registres : hautain lors de la perqui- « simple maîtresse », annoncer la Roland Dumas avait inscrit cette à cet avertissement, la nouvelle de cour et les dessous financiers de la par l’imbrication soudain dévoilée sition à son domicile, le 27 janvier sortie d’un livre de « révélations » phrase, saisie au vol, dans un tribu- sa réinscription au barreau, au vente des frégates de Taïwan, long- de ses relations intimes avec les 1998, quand il leur demanda leurs sur le « complot » dont il serait l’ob- nal, par Victor Hugo, et rapportée mois de novembre 2000, avait fait temps bloquée par son opposition, intérêts de l’Etat. cartes professionnelles (« J’aime jet – dans lequel il incluait la rédac- dans Choses vues : « Monsieur le courir, chez ses confrères, la le président du Conseil constitu- Vint ensuite le temps des mena- savoir à qui j’ai affaire ») ; impru- tion du Monde – ou se laisser aller président, n’ayant à dire que la véri- rumeur selon laquelle il envisa- tionnel invoquait publiquement la ces, lancées sur un double registre dent lors de son premier interroga- à de discutables saillies : « Mes bot- té, je n’ai pas pris d’avocat ». geait de plaider pour lui-même. Il compétence de la Cour de justice après l’annonce, dans Le Monde, toire, le 3 juin suivant, décrivant tines sont devenues aussi célèbres C’était le temps du plaideur flam- avait auparavant sollicité le con- de la République. La manœuvre de sa mise en examen program- l’appartement de la rue de Lille que le cigare de Bill Clinton, décla- boyant et admiré, qui regardait sa cours d’un des meilleurs pénalis- comportait le risque d’une dramati- mée. Dans les colonnes du Figaro, comme un « logement de fonc- rait-il dans VSD. Encore que je n’en profession avec une distance tein- tes français, mais en vain. sation, mais en cas de succès, elle M. Dumas dénonçait « une opéra- tion » fourni par Elf à sa compagne fasse pas le même usage… » tée d’ironie. La robe lui avait renvoyait les échéances – et les ris- tion politique d’envergure visant à et assurant n’avoir « pas l’esprit apporté gloire et fortune, mais ses CHOIX DES DÉFENSEURS ques – aux calendes grecques. détruire l’héritage de François Mit- curieux » ; embarrassé puis désar- ÉDIFICE LÉZARDÉ appétits étaient ailleurs : il rêvait Dès 1998, alors que l’« affaire » L’échec le plongea dans l’inquié- terrand et tout ce qui s’y rattache », mé face à l’inventaire des sommes Ecarté de la présidence de l’insti- d’autres palais. Un quart de siècle montait en puissance, le choix de tude. comme pour forcer le soutien des déposées en espèces sur son comp- tut François Mitterrand, boudé a passé, et l’ancien ténor du bar- ses avocats était apparu ardu. Son ancienne compagne, empri- socialistes ; il affirmait surtout que te bancaire et ceux de ses proches par les mitterrandistes eux- reau parisien, défenseur de tant D’abord assisté de Christian Char- sonnée au mois de novem- lors de la vente des frégates, une (quelque 10 millions de francs au mêmes, poussé à la démission du de nobles causes – du réseau Jean- rière-Bournazel, son ancien colla- bre 1997, était devenue une mena- commission « de l’ordre de 500 mil- total), invoquant une « hantise Conseil constitutionnel, dont il son, formé d’intellectuels soute- borateur, et de l’ancien bâtonnier ce mais il semblait encore serein, lions de dollars, environ 2,5 mil- d’être démuni d’argent liquide » avait fait un bastion, M. Dumas a nant la cause du FLN algérien, au de Paris Bernard Vatier, il avait dû confiant à ses visiteurs que « rien, liards de francs », avait été « versée issue d’une jeunesse difficile et vu, en deux ans, se lézarder l’édifi- Canard enchaîné espionné par des écarter l’un et l’autre à la veille de dans cette affaire, ne pourrait à la fin de 1991 avec l’autorisation d’une « mentalité économe » ; cas- ce de respectabilité qu’il s’était « plombiers » de la DST – entre- sa mise en examen : le premier lui [l]’atteindre ». Cultivant l’insou- du ministère des finances et celle de sant, enfin, au cours des derniers patiemment construit, à force de temps parvenu aux faîtes de la car- était trop lié, le second trop pro- ciance dans sa vie privée et l’aisan- la Présidence » et que « les noms mois de l’enquête, reprochant à talent et d’audace, en même rière politique, est passé de l’autre che… du groupe Elf, dont il était ce dans sa – dans ses – carrière(s), des bénéficiaires » de ces fonds ne ses juges des « sous-entendus inac- temps que s’effritait son système côté de la barre – celui des préve- l’un des conseils. Il avait alors il paraissait ne pas voir combien lui étaient pas inconnus. L’enquête ceptables » et des « rapproche- de défense. nus. Il y a perdu, outre son presti- appelé un autre bâtonnier, Jean- l’époque avait changé ni à quel judiciaire menée parallèlement sur ments qui n’ont ni queue ni tête », « Il arrive qu’on gâche un beau ge, la maîtrise tactique qui, dans René Farthouat, et un pénaliste point sa double qualité d’avocat et l’« affaire des frégates » a démon- trouvant « lamentable d’être obligé dossier et qu’on soit l’artisan de son les prétoires, a longtemps fait sa bordelais réputé, François Tosi. de politique en faisait, pour les tré, depuis, que le montant avancé de répondre à ces questions » et malheur, écrivait-il dans sa mono- force. Mais ce dernier a choisi de s’éloi- juges, une cible de choix. Long- était exact. Mais nul n’a jamais son- avertissant : « Je ne serai pas Cicé- graphie consacrée aux avocats. Il « Je suis un homme ordinaire, gner quelques mois avant le temps spécialiste d’« affaires spec- gé à demander à l’ancien ministre ron qui a tendu son cou aux poi- est plus facile d’accuser les dieux mais qui a retrouvé sa liberté d’ex- procès. taculaires » (Markovic, De Broglie, comment il en était informé. gnards des spadassins d’Antoine ». que de s’accuser soi-même. Le fait pression et qui va s’en servir, décla- Sa stratégie durant l’instruction les diamants de Bokassa) qui Hors le cabinet des juges, le est que la justice est un vaste champ rait-il dans Le Nouvel Observateur a elle aussi connu quelques vicissi- n’étaient « pas étrangères à la politi- « LOGEMENT DE FONCTION » registre fut parfois moins brillant. ouvert à chacun. » du 9 mars 2000, peu après sa tudes. Au moment où, dans les der- que, à moins que ce ne fut Face aux juges d’instruction, qui On le vit s’invectiver, par journaux démission du Conseil constitution- niers jours de 1997, l’enquête éta- l’inverse », ainsi qu’il l’écrivait poussèrent parfois loin les manifes- interposés, avec Christine Deviers- Hervé Gattegno 10 / LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 SOCIÉTÉ

Relaxe requise pour les policiers présents Jean-Marc Rouillan a interrompu sa grève lors de la garde à vue d’Aïssa Ihich de la faim au bout de quarante-huit jours Me Henri Leclerc, avocat de la famille de la victime, a dénoncé les défaillances des institutions L’ancien membre d’Action directe, incarcéré à la prison de Fresnes, a obtenu L’avocat de la famille d’Aïssa Ihich a dénoncé, mercredi ces de l’Etat » qui explique la mort du jeune homme, en l’assurance que des soins médicaux seraient prodigués à ses compagnons, 31 janvier, devant le tribunal correctionnel de Versailles, 1991. Le procureur a requis dix-huit mois de prison avec un enchaînement « de fautes et de mensonges des servi- sursis pour le docteur Pérol et la relaxe pour les policiers. ainsi que celle d’un transfert pour lui-même à la centrale d’Arles

« J’AI CONFIANCE dans la justice démontrer les défaillances des institu- ce qu’on attend aussi longtemps pour ELLE ÉTAIT venue prudem- sœur à Sète – Jean-Marc Rouillan Georges Cipriani est obsédé par des hommes et du bon Dieu, je ne cher- tions dans cette affaire. « On n’a pas les juger ? », a demandé l’avocat, rap- ment aux nouvelles, usant de ce demandait à ce que Nathalie Méni- la guerre du Golfe et persuadé che pas la vengeance. » Malgré l’émo- le droit de mourir dans un commissa- pelant qu’aucune poursuite n’avait nouveau droit des parlementaires gon, victime de deux accidents qu’il est entouré de « parties civi- tion et la douleur causées par la mort riat, il y a une responsabilité de l’Etat, été initialement déclenchée contre qui leur permet de visiter un déte- cérébraux et qui souffre d’une les » qui complotent contre lui, il de son fils, Amina Ihich contient sa de la société tout entière », a souligné les policiers. Pour lui, le ministère nu en prison. Nicole Borvo, sénatri- paralysie du côté gauche, puisse attend toujours une visite de sa colère et reste Me Leclerc. Pour lui, c’est un enchaî- public a essayé de faire peser toute la ce communiste de Paris, a trouvé passer les examens médicaux qui fille, qui est venue le voir mais digne quand nement de « fautes et de mensonges responsabilité sur le médecin. «Le mercredi 31 janvier Jean-Marc lui ont été refusés jusqu’ici. Un qu’il n’a pas reconnue. Il a jus- elle témoigne des services de l’Etat » qui explique la docteur Pérol ne doit pas être le bouc Rouillan épuisé mais souriant, médecin de Bapaume (Pas-de- qu’ici refusé de voir un psychiatre, à la barre. mort d’Aïssa. émissaire », a lancé Me Leclerc. vacillant sur ses jambes et le souf- Calais) lui avait dit que « ça se pas- et Henri Malberg, responsable de « Depuis que « La police fait un travail difficile et M. Colleu a confirmé avoir ordon- fle court, à l’hôpital des prisons de sait dans sa tête » et qu’elle « soma- la commission justice du PCF, a j’ai perdu mon nécessaire, mais, pour être respectée, né la prolongation de la garde à vue Fresnes, dans le Val-de-Marne. Le tisait », avait expliqué le 24 janvier, trouvé une solution avec la chan- fils, ma vie est elle doit être respectable », a affirmé d’Aïssa et l’a justifiée par les besoins militant d’Action directe a avalé par téléphone, Joëlle Aubron, cellerie : l’avocat de Cipriani va foutue », l’avocat en direction de Jean Battistu- de la comparution immédiate. «On tant bien que mal son premier incarcérée avec elle. demander au juge des tutelles de PROCÈS avoue cette ta, Bruno Lefèvre et Eric Mathelin, me reproche de ne pas avoir poursuivi repas mercredi après quarante- saisir le préfet, pour qu’il ordonne maîtresse femme de 62 ans, la tête les trois fonctionnaires poursuivis. les policiers. Je n’avais absolument huit jours de grève de la faim, avec UNE EXPERTISE PSYCHIATRIQUE une expertise qui permettra de couverte d’un foulard, les yeux derriè- Me Leclerc a estimé que le docteur aucune preuve pour le faire », a souli- l’assurance que ses compagnons Surtout, Jean-Marc Rouillan sou- l’hospitaliser. Marylise Lebranchu re de grosses lunettes. Le 27 mai Pérol, de son côté, avait commis une gné, par ailleurs, le procureur. Pré- allaient obtenir des soins médi- haitait que Georges Cipriani, déte- a indiqué à la sortie du conseil des 1991, le jeune Aïssa, 18 ans, décédait « faute caractérisée » en ne prenant sents lors de l’arrestation d’Aïssa, des caux et qu’il serait lui-même trans- nu à Ensisheim (Haut-Rhin), puis- ministres que « l’administration d’une crise d’asthme après sa garde à pas en compte la gravité de l’asthme CRS ont bien accusé les trois poli- féré dans une dizaine de jours à la se subir une expertise psychiatri- pénitentiaire, depuis trois semaines, vue au commissariat de Mantes-la- d’Aïssa. Il a souligné que cela s’inscri- ciers d’avoir frappé le jeune homme. centrale d’Arles, dans les Bouches- que. « Il ne réagit plus, c’est ça qui est en train d’essayer de trouver des Jolie, dans les Yvelines (Le Monde vait dans une série de négligences Mais M. Colleu a considéré que ces du-Rhône. est le plus terrible, a expliqué une solutions pour que, dans le respect daté 1er février). Mercredi 31 janvier, administratives. témoignages n’étaient pas fiables et « Il est très amaigri, il a perdu amie qui a pu le rencontrer ce du droit et de la loi, les choses s’amé- au deuxième jour du procès du méde- il a demandé la relaxe. Concernant la 19 kg, a indiqué Nicole Borvo. Il est week-end, un an après avoir dépo- liorent ». cin et des trois policiers, poursuivis UNE « BAVURE MÉDICALE » garde à vue, le représentant du minis- regrettable qu’il faille toute cette sé une demande de permis de visi- Jean-Marc Rouillan, Nathalie devant le tribunal correctionnel de Selon Me Leclerc, la justice a fait tère public a estimé que le docteur souffrance et cette mobilisation te. Il est indifférent à tout, il n’est au Ménigon, Joëlle Aubron et Geor- Versailles, Mme Ihich s’est tournée preuve de mauvaise volonté dans le Pérol avait commis une « bavure pour que l’administration pénitenti- courant de rien, il ne lit pas, il ne ges Cipriani ont été condamnés vers les prévenus : « Je ne vous souhai- traitement de l’affaire. L’avocat a mis médicale » en procédant à un exa- aire prenne en compte la situa- sort plus en promenade. Je lui ai par- deux fois à la perpétuité avec dix- te pas ce qui m’arrive mais je vous en cause le procureur de la Républi- men « bâclé ». Il a requis dix-huit tion. » Joëlle Aubron, qui avait lé des gens qu’il connaissait, du Koso- huit ans de sûreté pour les assassi- regarde dans les yeux. Si vous avez fait que, Yves Colleu, qui avait ordonné mois de prison avec sursis. Selon entamé une grève de la faim le vo, je lui ai demandé s’il avait besoin nats du général René Audran en quelque chose, dites-le.» la prolongation de la garde à vue Me Ralph Boussier, conseil du doc- 8 janvier, devrait à son tour cesser de quelque chose. Il répond constam- 1985 et de Georges Besse, le Dix ans après les faits, personne d’Aïssa et qui s’est chargé du dossier teur Pérol, ce dernier était tributaire son mouvement, a indiqué le col- ment : “ce n’est pas nécessaire”. La patron de Renault, en 1986. ne veut endosser la moindre respon- pendant les dix ans de la procédure. des contraintes de la procédure de lectif Ne laissons pas faire, qui se vie, pour lui, s’est arrêtée en 1989, « Nous avons été condamnés sur sabilité. Ni le docteur Michel Pérol, à « Il y a un acharnement du ministère garde à vue et il ne pouvait pas pré- promet de rester « vigilant » quant après sa première grève de la faim. des actes politiques, expliquait qui l’on reproche d’avoir fait preuve public à vouloir enterrer cette affaire voir la crise d’asthme fatale. « On ne au sort des membres d’Action Il est comme les personnes âgées, il Joëlle Aubron, le 24 janvier. La de négligence quand il a examiné Aïs- au point où c’est le procureur qui a peut pas demander à un médecin de directe, détenus depuis quatorze n’a plus que des souvenirs très répression de l’Etat passe par la cri- sa en garde à vue, ni les policiers tenu à représenter le parquet au pro- garde à vue d’être omniscient et ans. Outre son rapprochement anciens. Il fait des phrases construi- minalisation des luttes, on est des accusés de l’avoir roué de coups lors cès », a accusé Me Leclerc. « Brusque- voyant », a souligné l’avocat. dans le Midi et une promesse de tes, mais il n’y a plus rien derrière. prisonniers comme les autres, mais de l’interpellation. Au-delà des fau- ment, lorsque les policiers sont mis en Jugement le 20 mars. parloirs pour ses proches – ses Après tant d’années à l’isolement, pas tout à fait comme les autres. » tes individuelles, Me Henri Leclerc, cause, le dossier se bloque. Quand des deux enfants vivent à Montpellier j’ai eu l’impression qu’il était mort à l’avocat de la famille, a cherché à jeunes commettent des exactions, est- Frédéric Chambon et Toulouse, sa mère à Auch, sa l’intérieur, ç’a été très pénible. » Franck Johannès Les enseignants de langues s’inquiètent des mesures envisagées par le ministère Arrestation de deux frères après APRÈS AVOIR TENTÉ de calmer littéraires. Il est pourtant, fait valoir çon assure que les responsables de gnants de langues ne croient pas la fronde des philosophes, Jack son cabinet, celui qui a rendu obli- son académie répondent ainsi aux non plus que cette mesure garantis- la mort d’un policier à Béziers Lang va-t-il devoir apaiser la colère gatoire la LV2 en terminale scientifi- revendications des enseignants : se la survie d’un certain nombre de des enseignants de langues ? Appe- que et ajouté une heure de langue « Dans quelques années, vous récu- langues promise par le ministère. DEUX FRÈRES ont été interpellés, mercredi 31 janvier après-midi à lés par le SNES, SUD-éducation, aux littéraires. Mais les enseignants pérerez des élèves bilingues, ils « Pour ouvrir une classe de langues, Narbonne (Aude), par la brigade anticriminalité, dans le cadre de l’en- FO et leurs associations de spécialis- n’en démordent pas : le ministre n’auront plus besoin de trois heures les rectorats nous imposent un mini- quête sur la mort d’un jeune adjoint de sécurité de la police, écrasé le tes à manifester leurs inquiétudes, actuel a en tête un « plan cohé- de langues au lycée ! » mum de dix élèves par cours ; pour 20 janvier à Béziers (Hérault) par une camionnette. Olivier Recasens, une soixantaine d’entre eux se sont rent » qui met en danger leurs disci- Par ailleurs, une réflexion porte certaines langues, c’est impossible, vingt-quatre ans, avait été renversé, alors qu’il assurait la sécurité sur rassemblés à Paris, mercredi 31 jan- plines au lycée. A l’instar du syndi- sur le rééquilibrage entre les horai- donc on ferme », témoigne une les lieux d’un accident de la route, par des chauffards qui avaient déli- vier, d’autres devant se réunir en cat SUD, beaucoup craignent que res attribués à la première et à la enseignante de russe. Selon le bérément forcé le passage. Un de ses collègues avait échappé de peu province. Les revendications « le démarrage précoce de l’appren- deuxième langue. « Les élèves SNES, pas moins de 10 000 ensei- au même sort en se jetant en arrière. avaient un air de déjà entendu : tissage des langues signifie aussi son devront atteindre un niveau équiva- gnants auraient vu le nombre de La camionnette avait été retrouvée peu après carbonisée, les plaques rétablissement des heures de lan- arrêt précoce ». lent dans les deux langues », assu- leurs heures de cours diminuer ces d’immatriculation arrachées, mais la police a pu retrouver l’identité gues « sacrifiées » par la réforme re-t-on au ministère. Les méthodes dernières années, faute d’élèves. de ses propriétaires. Les deux hommes interpellés, des ferrailleurs, des lycées, baisse des effectifs par RÉÉQUILIBRAGE DES HORAIRES pédagogiques seront donc ame- « La solution n’est pas de baisser les auraient tenté d’échapper à un éventuel contrôle de police après avoir classe, diversification des langues Comment tenir compte des nées à évoluer. L’inquiétude pointe seuils d’ouverture mais d’augmenter été mêlés, quelques jours auparavant, à une tentative de vol de cuivre. proposées. effets de cinq ou six ans d’enseigne- enfin sur la place qui sera, à l’ave- le nombre d’élèves, en mutualisant Olivier Recasens était le cinquième représentant des forces de l’ordre Après quelques mois de silence, ment de langues dispensé, à terme, nir, celle des langues au baccalau- les moyens sur plusieurs lycées », tué dans l’exercice de ses fonctions dans le Languedoc-Roussillon en le réveil des enseignants intervient au primaire, dans la suite de la sco- réat. Le renforcement de l’évalua- reconnaît-on au ministère. un mois. alors que le ministre de l’éducation larité ? « Il faudra se faire à l’idée tion de l’oral est prévu pour la Enfin, les enseignants du second nationale surfe sur « 2001, année que le cours de langue vivante n’est session 2003, ce qui accentue la degré déplorent « l’effet d’annon- DÉPÊCHES européenne des langues » ; il arpen- pas la seule manière d’apprendre crainte des enseignants de voir leur ce » des mesures promises pour le a JUSTICE : la Cour de cassation a rejeté, mercredi 31 janvier, le tait mercredi les stands d’Expolan- une langue : un lycéen pourrait tra- discipline « tomber dans le commu- primaire. Ils regrettent que l’ensei- pourvoi de l’abbé Jean-Lucien Maurel, soixante et onze ans, con- gues, qui se tient jusqu’à dimanche vailler sur d’autres disciplines ou nicationnel ». gnement soit confié à des person- damné le 1er mars 2000 par la cour d’assises de l’Aveyron à dix ans à Paris, après avoir annoncé, lundi, mener une recherche sur des docu- Autre évolution déjà annoncée nes précaires ou peu qualifiées. Ils de réclusion criminelle pour le viol, entre 1994 et 1996, de deux une accélération de l’apprentissage ments en langue étrangère », indi- par le ministre, l’introduction dès la organiseront, le 14 mars, un rassem- mineurs. Les avocats de l’ecclésiastique ont annoncé qu’ils allaient des langues au primaire (Le Monde que un conseiller du ministre. Des 6e d’une deuxième langue vivante blement national. Leurs représen- saisir la Cour européenne des droits de l’homme, estimant que la du 31 janvier). « La volonté du minis- hypothèses rejetées par les ensei- laisse les enseignants tout aussi per- tants rencontreront dès la semaine présomption d’innocence de l’abbé avait été « ouvertement tre de donner une place importante gnants. « On tomberait dans plexes. « Cette mesure nécessiterait prochaine le conseiller de M. Lang bafouée ». à ces disciplines est manifeste », sou- l’“entretien” de la langue, à dose 9 500 nouveaux postes, indique le sur ces questions. a PROFANATION : quatre adolescents, âgés de treize à quinze ligne-t-on dans son entourage. homéopathique », déplorent-ils. SNES. Comment faire, sauf à réduire ans, ont été mis en examen, mercredi 31 janvier, par le juge des Les enseignants concernés sont Une professeur d’anglais de Besan- les horaires du lycée ? » Les ensei- Stéphanie Le Bars enfants du tribunal de Saverne (Bas-Rhin), suite au saccage de 54 tom- sceptiques. A leurs yeux, M. Lang bes du cimetière juif de Sarre-Union pendant les congés scolaires de est d’abord le ministre qui a entéri- Noël. Les quatre adolescents, trois garçons et une fille, ont reconnu né la baisse d’horaires (deux heures les faits et ont aussi admis être à l’origine d’autres dégradations com- au lieu de trois en langue vivante 2) Deux études concluent à l’innocuité du vaccin contre l’hépatite B mises dans le même cimetière, en juin 2000. Les jeunes, qui ont été lais- prévue par Claude Allègre pour sés en liberté surveillée jusqu’au jugement, ont expliqué leurs actes tous les lycéens, à l’exception des DEUX ÉTUDES publiées dans le La seconde étude, menée par une manque de puissance statistique et sa par le désœuvrement. New England Journal of Medicine équipe de Harvard (Etats-Unis), diri- méthodologie. Elle n’a pas été conçue a DISPARITION : la mère de Cindy, une petite fille de quatre ans, daté du jeudi 1er février suggèrent gée par Alberto Ascherio, et des cher- pour être capable de mettre en éviden- disparue depuis lundi 29 janvier à Pont-à-Mousson (Meurthe-et- l’absence de lien entre les vaccina- cheurs des laboratoires Merck, a ana- ce un lien faible s’il existe. » Moselle), a été placée d’office mercredi soir en hôpital psychiatrique à tions, en particulier celle contre lysé les données de 192 infirmières En France, des professionnels de l’issue de sa garde à vue. En revanche, le père de la fillette est ressorti l’hépatite B, et l’apparition ou la présentant une SEP en les compa- santé vaccinés contre l’hépatite B et libre. La mère de l’enfant, dont les propos sont incohérents, avait rechute d’une sclérose en plaques rant à celles de 645 autres infirmières victimes, depuis, de certaines affec- signalé la disparition de sa fille vers 17 h 30 au parc de l’île d’Esch, au (SEP), maladie qui touche (534 en bonne santé et 111 ayant un tions comme des poussées de SEP bord d’un des bras de la Moselle, avant d’affirmer qu’elle s’était 60 000 Français. La première étude, cancer du sein). Le risque relatif de ont cependant été indemnisés (Le noyée. dirigée par le professeur Christian voir apparaître une première pous- Monde du 26 mai 2000). Sur ce point, a SANTÉ : un plan national de nutrition a été lancé, mercredi Confavreux (hôpital neurologique, sée était de 0,9 chez les femmes le professeur Lucien Abenhaïm, direc- 31 janvier, par Dominique Gillot, secrétaire d’Etat à la santé, avec Lyon), a été menée dans six centres ayant reçu le vaccin contre l’hépati- teur général de la santé, rappelle un budget de 260 millions de francs. Il vise, au travers de campagnes en Europe et a bénéficié d’un finan- te B à quelque moment que ce soit qu’« il s’agit de décisions individuelles de sensibilisation, à augmenter de 50 % la consommation de sucres cement des laboratoires Aventis- avant l’apparition de la SEP et de 0,7 d’indemnisation prises après avis lents des Français, à réduire leur consommation d’alcool à moins de Pasteur et Aventis-Pasteur-MSD. chez celles l’ayant reçu dans les deux d’une commission composée d’experts 20 grammes par jour et leur taux de cholestérol de 5 %, et à faire recu- Elle a porté sur 643 malades ayant années la précédant. Pour les indépendants, statuant sur le cas de ler l’obésité de 20 %. Une circulaire sur la restauration scolaire sera eu une poussée entre 1993 et 1997, auteurs, il n’existe aucun lien entre la personnes pour lesquelles la vaccina- bientôt publiée. après une année sans rechute. Par- vaccination contre l’hépatite B et le tion était obligatoire. Comme mes pré- mi eux, 96 avaient été vaccinés con- développement d’une SEP. décesseurs, j’ai rendu compte aux per- tre le tétanos, la grippe ou l’hépati- sonnels concernés de l’avis de cette te B dans les douze mois précédant CRITIQUES MÉTHODOLOGIQUES commission. Selon le dernier avis de la poussée. Sur fond de polémiques mettant l’Afssaps, le fait que les études épidé- En étudiant la période, considérée en cause la politique de vaccination miologiques n’aient pas établi avec cer- comme la plus critique, des deux de masse, menée en particulier en titude l’existence d’un lien entre le vac- mois suivant la vaccination, les France, ces études font suite à cin et la survenue de ces affections auteurs de l’article trouvent un ris- d’autres travaux, conduits en France n’empêcherait pas qu’un tel lien puisse que relatif (RR) de 0,7. Le risque de et au Royaume-Uni. L’étude françai- être évoqué dans des cas individuels. faire une poussée après le vaccin est se, conduite par le professeur Ber- Reste à savoir si ces études remettent inférieur à celui d’une poussée sans nard Bégaud (Université de Bor- en cause cet avis. » Le directeur géné- recevoir le vaccin (si ces deux ris- deaux), avait montré une augmenta- ral de la santé va solliciter l’avis de ques étaient égaux, le RR serait égal tion non significative du risque. Ber- l’Agence française de sécurité sanitai- à un). Ils en concluent qu’il n’y a pas nard Bégaud se montre d’ailleurs re des produits de santé sur ce point. d’augmentation du risque de pous- très critique vis-à-vis de l’étude sée de SEP après vaccination. Ascherio, à laquelle il reproche « son Paul Benkimoun 11 LES VILLES EN CAMPAGNE LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 Orléans a vaincu ses complexes En quelques années, l’agglomération s’est métamorphosée et a enregistré l’une des plus fortes progressions MUNICIPALES démographiques. Elle peut même se permettre aujourd’hui de choisir ses nouvelles entreprises

ORLÉANS Orléans est une des aggloméra- ter, c’est ce que nous disent les chefs tres d’appels, Orléans et le Loiret ment avaient fait un pont d’or de de notre correspondant régional tions de France qui connaît la plus d’entreprise », se félicitent les res- ont connu une vague d’implanta- quelque 87 millions de francs à 10 heures. Depuis les larges forte progression démographique : ponsables. Renault, Louis Harris tions d’entrepôts de logistique. Scott Paper pour s’installer à baies vitrées de la médiathèque, le + 7 % entre 1990 et 1999, ce qui la figurent parmi les derniers Activité mangeuse d’espace, mais Orléans. Le géant américain avait regard plonge sur les toits de la place au cinquième rang, ex aequo tableaux de chasse. « Je viens de peu « rentable » en termes d’em- promis 1 000, voire 1 500 emplois. ORLÉANS vieille ville et les tours pâtisserie de avec Aix-en-Provence. La bonne renvoyer 500 emplois du côté de ploi. « La logistique classique crée A peine 250 avaient été créés. la cathédrale qui amusaient Proust image environnementale du val de Blois », lance Yves Heyer, « project un emploi pour 150 m2 ; la logistique Aujourd’hui, la Commission euro- quand il faisait son service militai- Loire explique en partie cette pros- manager ». Un nouveau centre « intelligente » génère un emploi péenne vient de juger illégales les re à Orléans. Mais le noble panora- périté. Mais la ville a su aussi pro- d’appels souhaitait s’installer à pour 70 m2 : les élus préfèrent », pré- aides consenties, et les deux collec- ma n’a aucun effet sur la colère de fiter de la proximité parisienne, Orléans. La mairie d’Orléans a déci- cise Jean-Yves Heyer, qui ajoute : tivités ont engagé une procédure cette mère de famille qui tempête des déconcentrations et de sa capa- dé un coup d’arrêt à ces implanta- « Nous avons 300 hectares disponi- de « récupération ». Jean-Yves Population totale parce qu’elle paye des impôts et cité à saisir les occasions. Le mot tions. Avec déjà 22 centres d’ap- bles pour des implantations aujour- Heyer montre la convention type 113 089 hab. qu’elle ne trouve pas sur les rayons « miracle » économique est dans pels, la ville estime avoir fait le d’hui. Nous voulons les rentabiliser que chaque nouvel arrivant doit Communauté de communes la cassette vidéo de Taxi que son la bouche du maire d’Orléans, Jean- plein pour l’instant. Coup sur au maximum. » Au conseil général, désormais signer : elle prévoit le 263 292 hab. fils réclame. Pierre Sueur (PS), mais « un mira- coup, trois projets viennent d’être Bruno Rousselet est plus prudent : remboursement de l’aide accordée Au rez-de-chaussée, les agents cle qui n’a rien de divin et qui est fait classés sans suite. « Le Loiret n’est pas dans une posi- au prorata des emplois qui n’ont Solde migratoire – 764 alignés derrière leurs bornes de de beaucoup de labeur et de transpi- Face à cette vague d’implanta- tion de refuser des entreprises. Ce pas été créés. (1990-1999) prêt se plaignent d’être pris pour ration », insiste-t-il. 14 h 30, rue du Faubourg-Ban- des « caissières de supermarché ». 11 heures. Dans le salon de nier, le maire et le préfet inaugu- Population étrangère 11 011 Le contribuable urbain s’est mué réception de l’Agence de dévelop- Au service économique de la ville, rent une halte de nuit pour les • Europe 3 061 en redoutable consommateur de pement économique du Loiret, sans-logis. Plus loin, dans le quar- • Hors Europe 7 950 services publics. « Les habitudes organisme du conseil général, les on nage dans l’euphorie. « On fait plus vite tier « difficile » de l’Argonne, les consuméristes ont pris le dessus. Il y entreprises qui se sont implantées douze « correspondants de proxi- Parc de logement social 19,1 % a de moins en moins de citoyens qui dans le département sont accro- que les Américains pour implanter, c’est mité », tous en emplois-jeunes, participent, constate désabusé une chées aux murs comme des por- entament leur réunion hebdo- Taux de chômage 7,0 % fonctionnaire du service public. traits de famille. De John Deere à ce que nous disent les chefs d’entreprise. » madaire. Dans les « mètres carrés Cela explique le déclin des associa- Hitachi et à Dior, tout le gratin de sociaux » d’un immeuble, fermés (d'après l'Insee) tions. “Je paye, donc j’ai droit.” Ce l’économie est présent. La place Renault, Louis Harris figurent par une porte blindée, Mustapha, “droit” n’est plus politique ni idéolo- commence à manquer sur les vingt-neuf ans, veille sur une quin- Taux de fiscalité locale gique, c’est un droit à prestations. » murs. « En 2000, nous avons traité zaine de jeunes enfants. Baby-foot parmi les derniers tableaux de chasse • Taxe d'habitation 17,56 % A deux pas de la médiathèque, le 45 opérations, qui devraient rappor- et crayons de couleur pour tous. • Taxe professionnelle 17,03 % tramway pointe son museau poin- ter 2 600 emplois », précise Bruno Mustapha explique qu’il est si atta- tu dans la rue de la République, Rousselet, le directeur de l’agence. tions – liées à la consommation –, n’est pas bon en termes de communi- ché à son job d’animateur qu’il ne Revenu moyen/hab/an 48 703 F noire de monde. Le voyageur Le département du Loiret est diri- la mairie a défini une stratégie : ne cation. Nous ne faisons pas de sélec- le quitterait pas pour une place (d'après les revenus imposables aurait bien du mal à reconnaître la gé par Eric Doligé, député RPR, pas dépasser 3 000 emplois dans ce tion. » Le directeur de l’Agence de mieux payée. Dehors, deux fem- de l'année 1998) ville étriquée d’antan, faite de com- mais la coopération est de règle secteur. « Si nous n’amenons que développement économique du mes pakistanaises passent envelop- Source : AMGVF, Insee merçants soupçonneux, bien abri- avec le service économique de la des concurrents, la dynamique ne Loiret rappelle l’importance des pées dans un sari bleu. tés derrière la statue de Jeanne ville d’Orléans, au-delà des cliva- sera pas bonne », estime Jean-Yves « zones d’activité à remplir en zone 18 heures. Rue de la Républi- d’Arc. Voici l’une des méta- ges politiques. La réussite du dépar- Heyer. Pour le maire, il ne s’agit rurale » : « Nous devons éviter la que, Vany tend la main sous un morphoses urbaines les plus dis- tement et de la ville tient beau- pas de « malthusianisme » : «Je saturation dans certaines zones géo- gros anorak. Laotienne, elle a vécu crètes de ces dernières décennies. coup à ses deux cellules de « détec- tiens à la diversité du tissu économi- graphiques. Un entrepreneur ne en Thaïlande, avant d’échouer Montpellier a fait la « surdouée », tion » économique, animées par que. Nous ne voulons pas assécher le peut plus tout faire sous prétexte dans l’arrière-salle d’un restaurant Rennes s’est bretonnisée, Lille s’est des chasseurs d’emplois, rompus bassin d’emploi dans ce secteur, afin qu’il crée de l’emploi. » à Bayonne. Une bassine d’huile européanisée. La réussite d’Or- aux techniques d’approche des d’assurer le bon développement des Les élus d’Orléans et du Loiret bouillante s’est renversée sur elle, léans a été plus cachée. Comme si entreprises et capables d’apporter entreprises présentes, indique Jean- ne déroulent plus le tapis rouge et elle ne peut plus travailler. la ville n’osait s’avouer qu’elle des réponses ultrarapides. Pierre Sueur. Avec 7 % de chô- devant les chefs d’entreprise, à Depuis plusieurs années, le regard avait enfin vaincu son complexe Au service économique de la meurs, il y a beaucoup à faire pour coups de subventions ou de facili- absent, Vany fait la manche à la séculaire de capitale manquée, ville d’Orléans, on nage dans le plein-emploi. Trop de gens sont tés trop voyantes. Dans les années même place. vieille histoire qui remonte au l’euphorie. « On fait encore plus encore exclus par la crise. » 1980, la municipalité de Jacques temps des Capétiens. vite que les Américains pour implan- Avant la « déferlante » des cen- Douffiagues (UDF) et le départe- Régis Guyotat

ÉVÉNEMENT LES AUTRES SANS-PAPIERS

Ils n’ont jamais eu la célébrité de ceux de Saint-Bernard, à Paris. Pourtant ils ont gagné leur lutte. Pendant quatre mois, de juillet à novembre 1998, les sans-papiers d’Orléans avaient occupé le parvis de la cathédrale, manifestant une ténacité et un désarroi qui avaient fini par émouvoir bon nombre d’habitants. Le 22 novem- bre, vaincus par le froid, ils s’étaient réfugiés à l’intérieur du théâtre, accueillis par Olivier Py : le tout nouveau patron du centre dramatique national avait ensuite monté un spectacle grinçant, Avis favorable. Mais les pouvoirs publics avaient entre-temps lâché du lest, délivrant des autorisa- tions provisoires de séjour et des aides afin qu’ils puissent effec- tuer leurs démarches. Aujourd’hui, sur 154 dossiers, 131 ont été régularisés. Les sans- papiers d’Orléans vivent à présent Le socialiste Jean-Pierre Sueur en quête d’un troisième mandat au grand jour. Aidés par un comi- té de parrainage local et la CGT, ORLÉANS la Loire dû au talent de Santiago des temps de correspondance sont sont pas terminées, même s’il est trois députés de droite, Jean- ils affirment qu’ils se battront jus- de notre correspondant régional Calatrava, des entrées de ville allongés. « Les gens sont excédés, fort probable qu’ils iront séparé- Louis Bernard (UDF-rad), qu’à la régularisation du dernier Durant ces dernières semaines, revues par Eric Zubléna, sont en profite Serge Grouard, on a cas- ment, comme d’habitude. Quant conseiller municipal sortant, ou d’entre eux. Abdoulaye Daw, leur La République du Centre, le quoti- venus s’ajouter à une média- sé nos villes naguère avec le tout- aux Verts, ils repartiront avec Eric Doligé (RPR), président du porte-parole, a passé une thèse dien d’Orléans, a convié ses lec- thèque, signée de l’équipe Lyon- auto, voici à présent le tout-trans- Jean-Pierre Sueur, qui entend pla- conseil général, mais surtout de droit international sur le règle- teurs à un jeu périlleux : désigner Dubesset, des salles de spectacles port en commun. » Aux envolées cer son mandat sous le sceau de Antoine Carré (UDF), vainqueur ment des conflits frontaliers entre la personnalité orléanaise du siè- où travaillent des créateurs lyriques du maire sur ses grands l’environnement : « Trop long- de M. Sueur aux élections législa- Etats africains. Mais il est sans tra- cle écoulé. Jean Zay, ministre du comme Olivier Py et Josef Nadj, travaux et la destinée de la ville au temps le développement a abîmé tives en 1997, qui fut fort meurtri vail. « C’était le combat de leur Front populaire, assassiné par la ou à la rénovation du quartier de XXIe siècle, M. Grouard oppose l’environnement de nos villes », de cette défaite. Mais aucun n’a vie. Maintenant ils relèvent la milice en 1944, a été élu devant La Source, qui avaient marqué le avec habileté un discours plus inti- affirme-t-il. voulu croiser le fer. tête », dit-il. Maurice Genevoix (1890-1980), et premier mandat. Certains sympa- miste sur les « difficultés de la ville Pour le maire sortant, Serge De leur lutte, les sans-papiers Charles Péguy (1873-1914). thisants de l’équipe actuelle se au quotidien et de ses habitants », LA DROITE RAJEUNIE Grouard est candidat par défaut d’Orléans ont fait un livre (Sans Dans ce hit-parade de la fierté demandent justement si celle-ci qui pourrait faire mouche. La droite présente une liste tota- – « en service commandé » –, et sa papiers tu vis pas, éditions de locale, l’actuel maire occupe une n’en a pas trop fait. Les Orléanais Le maire sortant garde encore lement remaniée et rajeunie, liste apparaît « très marquée à L’Harmattan, 2000), où a été flatteuse sixième place. Faut-il y vivent depuis plusieurs années sa liste sous le coude. Les négocia- débarrassée de ses caciques. Pour droite » : « Faux, répond recueilli notamment le témoigna- voir un présage favorable ? Jean- dans un chantier permanent et tions avec les communistes ne la mener, on attendait un des M. Grouard, elle va du centre gau- ge du préfet, Jacques Barel, qui Pierre Sueur brigue un troisième pourraient se lasser de cette fièvre che au bord de l’extrême droite, avait négocié en personne, refu- mandat dans une ville qui n’a constructrice. mais il n’y a pas de sous-marins de sant la présence d’un médiateur : jamais aimé les débordements Avis à la population cette dernière. » Aux premières « Si c’était à refaire, je ferais à révolutionnaires, mais qui s’est fai- À BOULETS ROUGES places, on trouve néanmoins la peu près pareil », écrit le préfet. te à la gestion modérée, mais dyna- Serge Grouard (RPR), 41 ans, Avec leurs coupe-vent « fluo », on pourrait les confondre avec les présence d’Eric Lemaignen (DL), Olivier Py, le directeur du théâ- mique, de l’équipe socialiste. Si énarque, membre de 1993 à ouvriers en ciré affairés au milieu des multiples chantiers ouverts ancien directeur des services de la tre, a eu à subir le « mécontente- une élection se jugeait au nombre 1995 du cabinet de Jacques Chirac dans le centre-ville. Les candidats de la droite orléanaise sont les région Centre, qui avait soutenu ment » du maire. « Je le com- des réalisations, le maire sortant à la Mairie de Paris, conseiller seuls, pour l’instant, à battre le pavé, tracts à la main. l’élection de Bernard Harang (DL) prends, je n’avais pas la responsa- n’aurait aucun souci à se faire. municipal sortant, et qui conduit La gauche n’est pas encore descendue sur le terrain. Le temps est à la présidence de la région avec bilité de la gestion des lieux… Durant ce deuxième mandat, la vil- la liste de droite, l’a bien compris. toujours aux tractations. Jean-Pierre Sueur, le maire sortant (PS), et les voix de l’extrême droite en Mais je pense que c’est la place du le a continué sa mue. « Orléans est Il tire à boulets rouges contre les son adversaire (RPR) Serge Grouard gardent jalousement le secret 1998 . Et celle de Florent Mon- théâtre d’agir comme ça. Peut- passée à la vitesse supérieure, elle ratés ou les fausses notes. Celles sur le contenu de leur programme, et se font prier pour lever un coin tillot, conseiller régional de l’Ile- être aussi la place d’une cathé- est née à la modernité », déclare du tramway notamment. Depuis du voile. de-France, ancien compagnon de drale : ils étaient sur le parvis, M. Sueur. son inauguration par Lionel Jospin Le maire promet du neuf sur la Loire : une passerelle pour les pié- route de Charles Millon. c’est un lieu qui est fait pour cela. Un tramway, qui devrait aider à le 27 novembre 2000, les Orléanais tons et les vélos. A droite, on mijote « un festival de l’histoire » dans Un théâtre doit rester un lieu pré- restructurer une agglomération s’y sont rués. Plus de 20 000 per- le prolongement des fêtes de Jeanne d’Arc, le 8 mai. La Pucelle oblige. R. Gt. caire, un lieu de passage, de mou- trop distendue, et dont l’intégra- sonnes l’empruntent par jour. Colloque, théâtre, spectacle de rue sur une période de l’histoire de vement », explique-t-il. tion a été réalisée par l’architecte Mais une adaptation est néces- France, la Commune, et même les événements de mai 68, assurent Demain Jean-Michel Wilmotte, un pont sur saire. Les rames sont bruyantes, les responsables de la liste. – (Corresp. rég.) ROUEN R. Gt. LeMonde Job: WMQ0202--0012-0 WAS LMQ0202-12 Op.: XX Rev.: 01-02-01 T.: 10:29 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 59Fap: 100 No: 0159 Lcp: 700 CMYK

12 / LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 CARNET

DISPARITIONS le 14 décembre dans sa quatre- voix et orchestre. A Copenhague, teur d’énergie d’un vrai talent. NOMINATIONS public relevant du gouvernement. vingt-seizième année. Seuls des elle donna la première audition de Dès 1954, la revue Alpes de lumière [Née le 3 octobre 1946 à Nice (Alpes-Mari- a ROGER BUVAT, biologiste discophiles associent encore cette La Flûte chinoise (de Poul Schier- est fondée et devient bientôt une CULTURE times), Michèle Merli est licenciée ès sciences spécialiste des végétaux, membre voix d’alto à l’Actus Tragicus de beck, sur les textes qui avaient ins- collection de volumes à thème : Francine Mariani-Ducray a été économiques et diplômée d’études supé- de l’Académie des sciences Bach, au madrigal pré-montever- piré à Mahler Le Chant de la Terre). un site, un village, un aspect du nommée directrice des musées de rieures d’économie politique. Elle a été no- (section biologie animale et végé- dien, à la redécouverte de Marc- Stockholm l’invitait souvent à patrimoine ou de l’actualité de la France, lors du conseil des mi- tamment chargée de mission (1974-1981), tale) depuis 1965, est mort Antoine Charpentier ou de Mi- chanter des mélodies françaises, Haute-Provence. Puis est mis en nistres de mercredi 31 janvier (Le puis conseillère technique (1981-1983) au ca- dimanche 28 janvier à Saint- chel-Richard Delalande : des mais aussi dans sa langue « mater- place en 1980, à Salagon près de Monde du 1er février). binet du président du conseil régional Pro- Cannat (Bouches-du-Rhône). disques vinyles qui laissent in- nelle », notamment Sjögreen. Forcalquier, un musée, centre de [Née le 7 octobre 1954 à Paris, licenciée en vence-Alpes-Côte d’Azur, directrice du cabi- Né le 9 août 1914 à Puteaux soupçonné le rayonnement de son Yvonne Melchior était retirée documentation et de recherche droit public et diplômée de l’Institut d’études net du préfet des Alpes-de-Haute-Provence (Hauts-de-Seine), Roger Buvat activité dans la RTF de l’immédiat depuis 1965. ethnologique sur la Haute-Pro- politiques de Paris, Francine Mariani-Ducray (1983-1984), sous-préfète de Château-Chinon est, de 1939 à 1942, élève, puis après-guerre. Née en Italie d’un a PIERRE MARTEL, qui a animé vence. Pierre Martel consacre une a été affectée au ministère de la culture à sa (1984-1985), directrice du cabinet du préfet agrégé-préparateur de l’Ecole nor- père danois et d’une mère sué- pendant trente ans le mouvement grande énergie à la préparation et sortie de l’ENA, en 1979. Elle a été notam- des Hauts-de-Seine (1985-1989), chargée de male supérieure. En 1943, il de- doise, Yvonne Melchior eut un Alpes de lumière, est mort le à l’aboutissement de ce projet. ment conseillère technique de François Léo- mission à la délégation générale de lutte vient assistant à la faculté des double mérite à se faire un pré- 21 janvier à Digne (Alpes-de- Puis, à partir de 1982, il se retire tard, ministre de la culture et de la communi- contre la drogue (1989-1992), directrice ad- sciences de Paris, puis, six ans plus nom. Son père était un dessina- Haute-Provence). de la direction de l’associa- cation (1986-1988), administratrice déléguée jointe du cabinet du préfet de police (1992- tard, maître de conférences. Pro- teur de presse très populaire, et Né le 22 mai 1923, sur le plateau tion pour se consacrer à ses du Musée du Louvre (1988-1991), directrice 1994), directrice générale du personnel, du fesseur sans chaire, puis profes- son oncle jouissait d’une renom- d’Albion, dans une vieille famille recherches, à l’écriture et à l’orga- de l’administration générale au ministère de budget, du matériel et du contentieux à la seur titulaire (1954, 1956), Roger mée planétaire : Lauritz Melchior ! d’agriculteurs, ordonné prêtre en nisation de l’impressionnante la culture (1993-1998). Depuis février 1998, préfecture de police de Paris (1994-1999). De- Buvat est le fondateur et le direc- Lauréate du conservatoire de 1947, Pierre Martel est curé de Si- documentation qu’il avait consti- Francine Mariani-Ducray était chef du ser- puis juillet 1999, Michèle Merli était directrice teur, jusqu’en 1982, de l’Institut de Copenhague, elle s’était, après son miane de 1953 à 1955, puis de tuée au fil des ans. vice de l’inspection générale de l’administra- des personnels, de la formation et de l’action cytologie et de biologie cellulaire mariage à Paris en 1929, perfec- Mane de 1955 à 1960 et aumônier tion des affaires culturelles au ministère de la sociale au ministère de l’intérieur. ] de Marseille-Luminy (Bouches- tionnée auprès de Claire Croiza, fédéral de la jeunesse rurale culture et de la communication.] [Né le 8 janvier 1955 à Sancerre (Cher), di- du-Rhône). Roger Buvat, qui reçut qui lui donna des clés pour la mé- (JAC-JACF) de 1960 à 1969, avant JOURNAL OFFICIEL plômé d’administration publique, titulaire en 1963 le prix de botanique de lodie française. Après une période de renoncer au statut ecclésias- INTÉRIEUR d’une maîtrise de droit, Michel Lalande a été l’Académie des sciences, a consa- marocaine, sa carrière s’est dérou- tique et de se marier religieuse- Au Journal officiel du mercredi Lors du conseil des ministres de affectée au ministère de l’intérieur à sa sortie cré l’essentiel de ses recherches à lée principalement à la RTF, de la ment en 1978. Pierre Martel fonde 31 janvier sont publiées : mercredi 31 janvier, Michèle Merli de l’ENA, en 1983. Il a été notamment direc- la cytologie (étude de la cellule vi- Libération jusqu’en 1962, époque Alpes de lumière en 1953 avec une b Accords internationaux : a été nommée préfète, secrétaire teur du cabinet du directeur des libertés pu- vante) et à la botanique. Ses prin- qui fut un âge d’or pour la péda- poignée de militants qui voulaient deux lois autorisant l’approbation générale de la zone de défense de bliques et des affaires juridiques (1986-1988), cipaux travaux ont porté sur la dif- gogie par les ondes. La sûreté de sortir la Haute-Provence de sa tor- de l’accord entre la France et le Paris, en remplacement de Jean- directeur général des services du départe- férenciation des cellules végétales, sa technique lui permettait tout le peur culturelle, sociale et écono- Ghana sur l’encouragement et la Pierre Marquié, qui part à la re- ment des Deux-Sèvres (1988-1991), sous-di- la cytologie et le fonctionnement répertoire de mezzo, et même, mique. L’association est donc protection réciproques des inves- traite ; Michel Lalande succède à recteur du recrutement et de la formation au des méristèmes apicaux, l’origine comme à Claire Croiza, « Le rêve définie comme un mouvement tissements et autorisant l’adhésion Michèle Merli comme directeur ministère de l’équipement, du logement, du et le développement de l’appareil d’Elsa » (Lohengrin). Sibelius la voulant connaître et faire de la République française à la des personnels, de la formation et transport et de la mer (1991-1994), sous-di- vacuolaire des plantes, l’histologie comptait parmi ses artistes préfé- connaître la Haute-Provence : Convention internationale d’as- de l’action sociale au ministère de recteur des services de secours et des sa- végétale, les embryons des rés : c’est dans l’interprétation géographie et nature, archéologie sistance mutuelle administrative l’intérieur. D’autre part, Bertrand peurs-pompiers (1994-1996), sous-préfet du semences de graminées. d’Yvonne Melchior que, à Radio- et histoire, patrimoine humain. en vue de prévenir, de rechercher Labarthe, sous-préfet de Libourne, Raincy (1996-2000). Depuis janvier 2000, Mi- a YVONNE SORNE-MELCHIOR, Helsinki en 1957, il entendit une C’est là que Pierre Martel se révèle et de réprimer les infractions a été nommé préfet hors cadre, chel Lalande était secrétaire général de la cantatrice et pédagogue, est morte dernière fois ses Romances pour un animateur et un mobilisa- douanières. chargé d’une mission de service préfecture du Rhône.]

AU CARNET DU « MONDE » – Mme Marie-Thérèse Cariou, – Paris. Lausanne. – Daniel Lebègue, directeur général de Haroun TAZIEFF Débats son épouse, la Caisse des dépôts et consignations, Naissances Ses enfants et ses petits-enfants, « La mort n’est rien. Les membres du comité exécutif, nous a quittés le 2 février 1998. – « Des maux du patient aux mots du ont la douleur de faire part du décès, le Je ne suis pas loin, Et l’ensemble des collaborateurs du médecin », une réflexion philosophique 20 janvier 2001, du juste de l’autre côté du chemin. » groupe, avec François Bon, Pascal Engel, Claude – Toulon. France, Charles Péguy. ont la tristesse de faire part du décès de sa femme, Hagege, Emmanuel Hirsch, David Khayat, Elisabeth Roudinesco. Un débat L’enfant est là ! docteur Robert CARIOU. exprime sa reconnaissance à tous ceux Antoine LIVIO, Léon-Paul LEROY, qui, aujourd’hui, lui témoignent leur animé par Antoine Spire, Nicolas Martin, Une messe sera célébrée à son intention critique musical ingénieur général amitié. jeudi 8 février, 14 heures, Palais des Clara, Marie, Aliçia congrès, niveau 3, salle 351, porte le samedi 3 février, à 11 h 30, en la et des arts de la scène, des Ponts et Chaussées, e chapelle de l’Ecole militaire, à Paris-7e. producteur à la Radio suisse romande directeur honoraire Maillot, Paris-17 . Renseignements : est née le 22 janvier 2001, à 8 h 55. et à France-Musiques, de la Caisse des dépôts Communications diverses 05-34-45-26-45. Entrée libre. président de la presse musicale et consignations, Valérie NOC, – Marie-Claire Colignon, internationale, président d’honneur – Centre communautaire de Paris. Marc LETEIF. son épouse, de la Société centrale d’équipement Dimanche 4 février 2001, à 13 heures : Soutenances de thèse Elodie et Thibaud, suite à un arrêt cardiaque, le 27 janvier du territoire (SCET), film « Tsahal » de Claude Lanzmann ; ses enfants, 2001, à Salzbourg (Autriche), à l’âge de de la Société centrale immobilière 20 heures : table ronde : Autour de – Samedi 17 février 2001, à 14 heures, à ont la douleur d’annoncer le décès de soixante-trois ans, de la Caisse des dépôts (SCIC), « Tsahal » avec Alexandre Adler, la Sorbonne, amphi Michelet, M. Fayçal Décès de Scetauroute et de l’ACEREP, journaliste, politologue, Claude Cherif soutiendra sa thèse : « La Tunisie Thierry COLIGNON, laisse dans la tristesse de faire part de sa commandeur de la Légion d’honneur, Lanzmann, cinéaste, Frédéric Encel, dans la seconde guerre mondiale : – André Bachy, disparition brutale professeur de relations internationales, impacts et attitudes (avril 1938- son époux, survenu le 31 janvier 2001, dans sa Marc-Dominique Maurel, survenu le 28 janvier 2001, à l’âge de Pierre Zaoui, professeur de philosophie à mai 1943) ». Marguerite, Anne, Louis, Paul, cinquante-quatrième année. à Paris, quatre-vingt-six ans. l’Ecole normale supérieure de Paris. PAF. Jury : MM. les professeurs Bruno Madeleine et François, son ami, 119, rue La Fayette, Paris-10e, métro Callies de Salies (Saint-Cyr -Coet- ses enfants, Incinération au Père-Lachaise, le mardi Père Jean-Bernard Livio SJ, La cérémonie religieuse sera célébrée Poissonnière. Tél. : 01-53-20-52-52. quidan), Abdesslam Benhamida (Tunis-I), Jean Ganiage (Paris-IV - Ses onze petits-enfants, 6 février, à 15 h 15. à Genève, le vendredi 2 février, à 15 h 30, en l’église Petite Sœur Anne-Marie Livio, Saint-Jean-Baptiste, 158, avenue Sorbonne) et Jean Martin (Lille-III, ont la douleur de faire part du rappel à à Belgrade, Charles-de-Gaulle, à Neuilly-sur-Seine. La Maison des écrivains directeur de thèse). Dieu de Cécile et Alphonse Monnat-Livio, 53, rue de Verneuil, 75007 Paris à Porrentruy, Léon-Paul Leroy, ingénieur général des Marc COURNOT, – M. Ridha Atlagh a soutenu avec Marie BACHY, consultant à la Banque mondiale – I.F.C. ses frère et sœurs, Ponts et Chaussées, a créé, dans les Cycle Manifestations exceptionnelles née LECLERC du SABLON, Frédéric et Nicole, Laure et Didier, années cinquante aux côtés de François Lundi 5 février, 19 heures. succès le samedi 27 janvier 2001, à Paris, Xavier, Esther, Bloch-Lainé, directeur général de la Colette au bout de la plume. une thèse de doctorat intitulée : a quitté les siens, à l’âge de soixante-sept « Contribution à l’étude de la pensée le 30 janvier 2001, dans sa quatre- ans, le 31 janvier 2001 au matin. ses neveux et nièces, Caisse des dépôts, les filiales qui ont pris Avec : S. Rykiel, R. Detambel. vingtième année. Les familles Livio, Maurel, Vauthey, une part importante à la reconstruction de Lectrice et modératrice : Nathalie mystique d’Ibn’ Arabi et son école à Monnat, Devaud, Herter. la France de l’après-guerre dans les Prokhoris. travers l’œuvre de ’Abd al-Karim De la part de al-Gili ». « Souviens-toi de Jésus-Christ Josette Cournot, domaines du logement, de l’aménagement ressuscité d’entre les morts. » Célébration eucharistique en l’église du territoire, des infrastructures Cycle Des éditeurs Devant un jury composé de M. Pierre son épouse, Lory, directeur d’études à l’Ecole Valérie, Frédéric, et Manuel, du Sacré-Cœur, à Lausanne, samedi autoroutières. C’est ainsi qu’il créa et Jeudi 8 février, 19 heures. Les obsèques auront lieu le vendredi pratique des hautes études, directeur de ses enfants, 3 février, à 15 heures. dirigea la SCIC, la SCET et ses bureaux Le bruit des autres. me 2 février, à 16 heures, à la collégiale d’études, Scetauroute. Autour de l’éditeur J.-Y. Escarfail, les thèse, M Catherine Mayeur-Jaouen, Ses belles-filles et son gendre, maître de conférences à l’université Saint-Paul, à Clermont-l’Hérault. Matthieu, Shannon, Alexia, Chiara, Obsèques en l’église Saint-Roch, à Il restera dans le souvenir de ceux qui auteurs D. Soulier, A. Kalouaz, Paris, le vendredi 9 février, à 12 heures. l’ont connu et côtoyé comme un battant, P. Lemée, R. Pons et les comédiens Paris-IV - Sorbonne, présidente du jury, Sarah, et Melvin, M. Mohammad Ali Amir Moezzi, Cet avis tient lieu de faire-part. ses petits-enfants, un grand bâtisseur et le pionnier de N. Grenat et B. Montini. Pas de fleurs, mais des dons éventuels l’économie mixte locale. directeur d’études à l’Ecole pratique des Ses frères, sœurs, beaux-frères, hautes études, M. Michel Chodkiewicz, Route du Lac, belles-sœurs, nièces et neveux, au profit de la lutte contre le sida, des Entrée : 20 francs (gratuit pour les 34800 Clermont-l’Hérault. œuvres de P.S. Anne-Marie, en Yougo- adhérents, étudiants, chômeurs). directeur d’études à l’Ecole des hautes Les familles Cournot, Ponthieux, études en sciences sociales. Grille, Quesnel, Sauvey. slavie, ou à l’Hôpital des enfants de – M. et Mme Cojean, Renseignements au 01-49-54-68-87. Bethléem. M. Pereira de Oliveira, Il a été déclaré digne du titre de docteur de l’Ecole pratique des hautes études, La cérémonie religieuse sera célébrée Et ses amis, – On nous prie d’annoncer le décès de M.-D. Maurel, ont la douleur de faire part du décès subit sciences des religions, avec la mention samedi 3 février, à 9 heures, en l’église Conférences Très Honorable avec félicitations, à Saint-Augustin, à Paris. 69, rue de Richelieu, de leur père et ami, Marie-Louise BONTEMPS, F – 75002 Paris. – A l’invitation du Bné-Brit l’unanimité du jury. veuve ROUX, L’inhumation aura lieu à Saint-Clar J.-B. Livio, Guy TREJAN TREICHLER. Ben-Gourion, le professeur (Gers). 18, rue Jacques-Dalphin, Maurice-Ruben Hayoun traitera du thème quatre-vingt-six printemps, CH - 1227 Carouge-GE. Une cérémonie religieuse aura lieu le suivant : « La coupe nuptiale : pourquoi Cet avis tient lieu de faire-part. lundi 5 février 2001, à 14 heures, en brise-t-on une coupe de vin lors des survenu le 30 janvier 2001. l’église Saint-Roch, Paris-1er, suivie de mariages juifs ? » Chemin de Ronde, – La Radio suisse romande a le l’inhumation, à 16 h 30, dans le caveau Le jeudi 8 février 2001, à 20 h 15, à 32380 Saint-Clar (Gers). profond regret de faire part du décès de familial du cimetière du Père-Lachaise. la mairie du 16e arrondissement, salle des mariages, 71, avenue Henri-Martin, (Le Monde du 27 janvier) e – Jeanne et Lucien Bonnafe, M. Antoine LIVIO, Paris-16 . Renseignements/tél. : sa mère et son beau-père, – Le conseil d’administration du GITE producteur-animateur à Espace 2. 01-40-82-26-02. E-mail: (Groupement interprofessionnel du [email protected] François et Geneviève, tourisme européen) Pendant quarante ans, M. Antoine Anniversaires de décès son frère et sa belle-sœur, a la tristesse de faire part du décès de son Livio a su transmettre sa culture, son Et toute la famille, président, talent et sa passion du monde musical Colloques aux auditeurs de la Radio suisse Mohammed BENMANSOUR, 2 février 1998. ont la tristesse de faire part du décès de Jean-Baptiste GIREAU. romande. La direction, ses collègues et LE COLLÈGE amis, garderont de M. Antoine Livio le DES ÉTUDES JUIVES (AIU) « Que l’amour et l’estime Jean Jacques CALVET, meilleur souvenir. organise un colloque international L’incinération aura lieu le lundi qu’il a inspirés donnent force « Qui dis-tu que je suis ? » 5 février 2001, à 11 heures, au et persévérance à tous ceux qui luttent le 25 janvier 2001, à Espagnac- crématorium du cimetière du Cérémonie d’adieu à Lausanne- le christianisme au miroir du judaïsme Sainte-Eulalie. Ouchy, samedi 3 février 2001, à et résistent pour une Algérie Père-Lachaise, 16, rue du Repos, heureuse et libre. » Paris-20e. 15 heures, en l’église du Sacré-Cœur, à avec David Banon, Gabriel Farhi, Paris, vendredi 9 février, à 12 heures, en René Guttman, Jacquot Grunewald, l’église Saint-Roch, Paris-1er. Menahem Macina, David Novak, me Ni fleurs ni couronnes. – Toulouse. Anglès (Tarn). –M Yvette Coirault, Peter Ochs, Lawrence Schiffman, son épouse, er Cet avis tient lieu de faire-part. (Le Monde du 1 février) René-Samuel Sirat, Shmuel Trigano. Jacques et Sylvie Neuburger, Il y a dix ans, le 3 février 1991, le ses enfants, Dimanche 4 février (9 h 30 - 17 h 30) GITE, « Aimer vivre, savoir mourir. » docteur Yves KERGUÉLEN Alice, Laure-Marie, Jean-Frédéric, 14, rue de Belzunce, ses petits-enfants, 75010 Paris. me Bibliothèque de l’Alliance, M Elisabeth Zucman, quittait les siens et ses amis. e Le docteur Michel Coirault et Mme, son épouse, 45, rue La Bruyère, Paris-9 (PAF). Renseignements : 01-53-32-88-55 Mme veuve Raymond Coirault, Ses enfants et toute sa famille, Nous pensons à lui. ses frère et belles-sœurs, – Boris Lecœur, maire de Maromme, Ses nombreux amis, Et toute la famille, ont le chagrin de faire part du décès du « ... Et derrière nous encore tout Et le conseil municipal, ce sillage d’ans et d’heures... » L’Association des Amis font part du décès de Colette Privat, conseiller général, docteur Jean ZUCMAN, Saint-John Perse. de Passages – ADAPes Lucien Genin, président départemental ancien chef du service et l’Institut Paul Delouvrier CARNET DU MONDE M. Yves COIRAULT, de la FNDIRP, de chirurgie orthopédique organisent le 6 février 2001, au Sénat, professeur d’université (e.r.) un colloque intitulé : TARIFS année 2001 - TARIF à la ligne L’ANACR, et de l’école de panseuses – Le 2 février 1993. Paris-IV - Sorbonne, qu’il avait créés à l’hôpital d’Argenteuil, DÉCÈS, REMERCIEMENTS, Roland Bernard, secrétaire de la ancien rédacteur en chef de la Revue de François REICHENBACH « LES JEUNES ET LA VILLE : AVIS DE MESSE, survenu le 29 janvier 2001. fédération de Seine-Maritime du Parti chirurgie orthopédique, emploi, formation, insertion » ANNIVERSAIRE DE DÉCÈS communiste français, 141 F TTC - 21,50 E nous quittait. TARIF ABONNÉS 119 F TTC - 18,14 E La cérémonie religieuse sera célébrée L’Amicale des vétérans du PCF, survenu le 31 janvier 2001, à l’âge de Intervenants : Marcel Roulet, Jean Bergougnoux, Jean Kaspar, Michel le vendredi 2 février, à 10 h 30, en l’église soixante-neuf ans. Que tous ceux qui l’ont connu, estimé NAISSANCES, ANNIVERSAIRES, e Cantal-Dupart, Jean-Pascal Assailly, Saint-Etienne-du-Mont, à Paris-5 , suivie ont la grande tristesse de faire part du et apprécié aient une pensée pour lui. MARIAGES, FIANÇAILLES, PACS de l’inhumation au cimetière du décès survenu le lundi 29 janvier 2001, L’inhumation aura lieu le vendredi Didier Laurent, Michel-Louis Levy, Adil 600 F TTC - 91,47 E FORFAIT 10 LIGNES e Jazouli, Jean-Michel Fauve, Jean-Claude TARIF ABONNÉS 491 F TTC - 74,85 E Montparnasse, à Paris-14 . dans sa centième année, de 2 février, à 10 h 30, au cimetière de M. Bernard Meusnier, Gommecourt (Yvelines). Richez, Jean-Michel Charpin, Christian FORFAIT 10 LIGNES Les Films du Prisme, Brulé, Pierre Pommellet, Pierre La ligne suppl. : 60 F TTC - 9,15 E Germaine PICAN, 72 bis, rue de la Tour, E – Le président de l’université « Z avait été durement secoué. Depuis Bourguignon, Jacques Marsaud, Jean THÈSES - ÉTUDIANTS : 85 F TTC - 12,96 Paris-IV - Sorbonne, combattante de la Résistance, 75016 Paris. Roucou, Guy Burgel, Jean-Pierre Hauet, COLLOQUES - CONFÉRENCES : que les secours étaient arrivés, son esprit Nous consulter Le directeur de l’UFR de littérature déportée à Auschwitz, avait tendance à vaciller. Il luttait pour André Santini, Line Cohen-Solal et Emile m01.42.17.39.80 + 01.42.17.38.42 française et comparée, officier de la Légion d’honneur. ne pas perdre connaissance. Plusieurs H. Malet. Et l’ensemble de la communauté – Une pensée pour Fax : 01.42.17.21.36 e-mail: [email protected] fois, il s’était repris in extremis. Il finit Les lignes en capitales grasses sont universitaire, Un hommage solennel lui sera rendu cependant par se laisser aller. » Inscriptions obligatoires. Passages. ont la tristesse de faire part du décès du facturées sur la base de deux lignes. le lundi 5 février, à 17 heures, gymnase André SUDRE Tél. : 01-45-86-30-02. Les lignes en blanc sont obligatoires Lesueur, stade Paul-Vauquelin, à 4, rue Edgar-Varèse, Fax : 01-44-23-98-24 et facturées. professeur Yves COIRAULT. Maromme (Seine-Maritime). 75019 Paris. qui nous a quittés il y a deux ans. e.mail : [email protected] LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 / 13 HORIZONS ENQUÊTE

’EST un message sur téléphone por- table qui a ameuté la foule : «B AT CTIBANK B4 9. ERAP LAWYRS PLANNING 2 WDRAW $30M. WE HV 2STOP DIS ». Instantanément répercuté sur des Cdizaines d’appareils, il a permis de rassembler sur-le-champ assez de manifestants, le 23 janvier, pour blo- quer les accès d’une succursale ban- caire où Joseph Estrada était censé avoir déposé l’équivalent de dizai- nes de millions de francs, produits de pots-de-vin. Le message signi- fiait en anglais phonétique : « Soyez à la City Bank avant neuf heures. Les avocats d’Erap prévoient de retirer 30 millions de dollars. Nous devons l’empêcher. » Erap – petit nom d’Es- trada –, avait été déposé quarante- huit heures auparavant par un vote unanime de la Cour suprême et rem- placé, à la tête de l’Etat, par la vice- présidente Gloria Macapagal- Arroyo. Le « texting » – l’envoi de messa- ges de cent soixante signes sur porta- ble – a fait des merveilles ces der- niers mois aux Philippines. Organisa- tions de gauche, clubs d’affaires, mouvements chrétiens et comités multisectoriels s’en sont servi pour mobiliser et organiser des dizaines, puis des centaines de milliers de manifestants. L’envoi d’un texte coû- te dix fois moins cher qu’un coup de fil et 4,5 millions de Philippins, soit 6 %, disposent d’un portable, ce qui n’est pas si mal dans un pays où le revenu annuel par tête n’est pas supérieur à 4 000 francs. Passe-temps pour jeunes, ce moyen de communication a égale- JAY DIRECTO/AFP ment permis d’inonder la place de vraies ou fausses nouvelles, plaisan- Mais pourquoi a-t-il fallu un Manille, le 10 octobre 2000 : teries, jeux de mots sur la cible du deuxième « pouvoir du peuple » ? lors de cette cérémonie moment : Joseph « Erap » Estrada, Les hôtes de la soirée au cours de militaire, Joseph Estrada bientôt soixante-quatre ans, laquelle Chavit Singson raconte ses apparaît pour la première buveur, coureur, âpre au gain et à la exploits au mah-jong sont des gens fois en public après avoir été dépense, ancien acteur, élu triom- âgés, plutôt riches, qui se sont bat- accusé par d’anciens amis. phalement président en 1998 par les tus contre Marcos avant de le faire petites gens et le milieu. Dont le pou- Comment contre Estrada. Chavit est le voir, enfin, s’est désintégré au fil des « héros » du moment. Dans la salle Tout en approuvant le chef de semaines jusqu’au jour où, sous une à manger climatisée, Satur Ocam- l’Etat, le président démissionnaire pression publique croissante, l’ar- po, journaliste et ancien communis- du Sénat, Aquilino Pimentel, lui- mée, la justice et l’Eglise lui ont mon- te, raconte ses neuf ans de prison même originaire de Mindanao, se tré la porte de sortie. sous le régime de la loi martiale de demande comment s’y prendre. A l’origine de ce retournement, Marcos. « J’en ai refait trois années « Le général Reyes ne veut pas d’une un homme qui ne paie pas de mine, sous Aquino et Ramos », ajoute-t-il. reprise des négociations, probable- Luis « Chavit » Singson, cinquante- le peuple philippin Une autre vedette ne passe pas ina- ment parce qu’il pense avoir pris le neuf ans, gouverneur élu et réélu perçue : Jockey Arroyo, sans rela- dessus sur le terrain. » Les plus pau- pendant trois décennies dans la tion avec la nouvelle présidente et vres parmi les pauvres, les musul- province d’Illocos Sur, sur l’île de procureur en chef lors du procès mans ne sont pas au bout de leurs Luçon. « Quand je jouais au mah- d’Estrada. Personne ne s’évite dans peines : les militaires excluent de jong avec Erap et les autres, je pouvais une assemblée où se mêlent chefs leur rendre leurs camps et, de toute gagner en une nuit de 20 à 40 millions de gang, défenseurs des droits de façon, Manille n’entend guère leur de pesos », raconte-t-il aujourd’hui, l’homme, politiciens véreux, dames lointaine complainte. soit de 3 à 6 millions de francs. a chassé Estrada de la haute société et anciens pri- « Le seul qui se préoccupait de « Une fois, j’ai gagné le yacht d’Estra- sonniers politiques. Comme en notre sort », disent encore des peti- da, une autre 300 millions de pesos », 1986, la société civile ne se fait guè- tes gens de Joseph Estrada. Même ajoute-t-il. Pourquoi ? « Parce qu’ils milliers de manifestants pour chas- re d’illusions. le déballage, dont le procès a été jouaient comme des pieds. » Un message écrit envoyé ser de la présidence l’autocrate « Félicitations Madame Gloria » ; l’occasion, ne les a pas tous convain- C’est cet homme, richissime héri- Ferdinand Marcos et son épouse « Libérez tous les prisonniers politi- cus. Mais les défections spectaculai- tier des mœurs politiques féodales, sur des milliers de téléphones Imelda, la dame aux milliers de sou- ques » ; « L’islam est la paix. » A res du monde du show business ont qui a lâché le premier le morceau. liers. Cory, la « dame en jaune », Maharlika, communauté musulma- retourné une partie de l’opinion Membre du clan Estrada, Chavit portables, des manifestations avait même été l’icône de « People ne de trente mille âmes, des éco- contre l’ancien justicier de films de Singson était collecteur de jueteng, Power I ». liers tendent leurs banderoles au série B. La plus cruelle a sans doute loterie illicite et d’excellent rapport. de rue. Les Philippins pied d’une estrade installée dans la été celle de Nora Aunor, actrice Mais, l’an dernier, le président lui a OUT ce beau monde se retrou- cour d’une mosquée inachevée, très populaire et qui avait mené retiré ce privilège avec l’intention de n’en pouvaient plus ve le 18 janvier dans le centre faute de financement. La nomina- une campagne très active en faveur le transférer à un autre membre du Tde Manille. L’establishment tion de Gloria Macapagal-Arroyo a de l’élection d’Erap en 1998. «Il clan. Chavit a alors décidé de se ven- d’un président porté sur le jeu philippin tient sa revanche à l’égard réveillé l’espoir chez les mu- n’est pas seulement coureur de ger après avoir, dit-il, échappé à un du parvenu qui lui a volé la prési- sulmans des Philippines, qui for- jupons, joueur et alcoolique, il bat les attentat. Début octobre, il affirme et l’alcool, obsédé par dence en se proclamant « l’avocat ment un peu moins de 10 % de la gens, les hommes comme les fem- qu’il a remis à Estrada, depuis l’ac- des pauvres ». Le « texting » a ras- population, regroupés, pour l’es- mes », a-t-elle déclaré, détruisant cession de ce dernier à la présiden- l’enrichissement des siens. semblé cols blancs, bonnes sœurs, sentiel, dans le sud de l’archipel. un lien crucial entre l’acteur promu ce, plus de 60 millions de francs pris familles des classes moyennes et Pour la première fois depuis 1965, président et le monde pauvre qui sur les recettes de jueteng. Le grand L’armée a dû se rallier militants de gauche. C’est la fête. La un musulman est membre du ca- l’adulait. déballage a commencé. Joseph tension, si sensible en 1986, n’appa- Estrada – une épouse et quatre maî- à ce mouvement de rejet raît pas, la foule est moins nom- tresses avouées, dont il a onze breuse. Il s’agit de vider Estrada l’es- « Il n’est pas seulement coureur de jupons, enfants – n’aurait-il pas changé ses croc et non un dictateur, comme ce habitudes depuis son accession à la en destitution est votée, un peu à la francs en utilisant le compte d’un fut le cas avec Marcos. Et de le fai- joueur et alcoolique, il bat les gens, magistrature suprême ? sauvette, en novembre, et le procès certain José Velarde. Le président re, si possible, selon les règles. Mais On se rappelle alors qu’un collabo- du président, devant un Sénat trans- aurait été également le titulaire de l’armée, qui avait renversé la les hommes comme les femmes » rateur du président a démissionné, formé en Haute Cour de justice, trois autres comptes fictifs. Peu vapeur quinze ans auparavant en l’an dernier, écœuré par les « cabi- s’ouvre le 7 décembre 2000. Les après sa prise de fonctions, Gloria se retournant contre Marcos, ne se Nora Aunor, nets de minuit », séances arrosées séances sont transmises en direct à Macapagal-Arroyo a déclaré que manifeste pas. parfois jusqu’à l’aube et au cours la télévision et les témoignages son prédécesseur disposait égale- Le chef d’état-major général, comédienne, à propos de l’ancien président desquelles l’ancien chef de l’Etat dévastateurs. ment de comptes dits « avions » Angelo Reyes, ne rejoindra le refaisait la planète – et montait ses dont les numéros sont 747, 737 et podium que le lendemain, entouré combines – en compagnie, non de MMA LIM, la jolie et calme 727 pour les Boeing, et 300 et 301 des autres généraux. On évoquera binet. Mme Arroyo a promis des Joseph Estrada, dont le départ ses ministres, mais de ses copains. secrétaire de Chavit Singson, pour les Airbus. Estrada procédait à plus tard un complot militaire : des négociations. Une jeune mère de s’est fait dans l’humiliation, laisse « J’étais le seul sobre », a rapporté le Erapporte comment elle est des opérations en ne citant que le commandants d’unités auraient deux enfants réclame la libération de derrière lui une économie dévastée haut fonctionnaire. On se souvient allée remettre à Estrada, au palais numéro du compte. Ces informa- menacé Reyes de rejoindre la foule son époux, un policier arrêté sans et pas mal d’amertume. Si la corrup- aussi du nombre de rendez-vous présidentiel, un sac contenant 5 mil- tions, a-t-elle ajouté au cours d’une si lui-même ne le faisait pas. Mais preuves, dit-elle, après des attentats tion est la faiblesse de la politique manqués par Estrada ou de ses lions de pesos. Un ancien secrétaire conférence de presse le 25 janvier, rien n’est venu confirmer cette asser- commis en mai 2000. philippine, il y a des limites qu’on retards le matin. On apprend que aux finances, Edgardo Espiritu, se trouvent dans la fameuse « enve- tion. En fait, Reyes sait que la situa- Organisatrice du meeting, l’Assem- ne peut dépasser. Il les a franchies l’une de ses maîtresses occupe, à déclare qu’Estrada recevait à la pré- loppe » dont onze sénateurs sur tion peut tourner au vinaigre. Dans blée multisectorielle de Maharlika, en donnant l’impression d’ouvrir Manille, une vaste et luxueuse pro- sidence des contrebandiers et affir- vingt et un ont refusé l’examen le la main d’Estrada, le chef contesté « village » absorbé par l’intermina- les portes de la présidence à des priété dotée d’une piscine bordée me que le président lui a dit un 16 janvier, provoquant un profond de la police, le général Lacson, doit ble banlieue de Manille, réclame un syndicats du crime. L’aventure d’une plage et d’un moteur à jour : « Ed, j’ai déjà fait plein d’ar- choc dans l’opinion, la démission être rapidement placé devant un fait dialogue « tangible » avec le Front n’aura duré que trente et un mois. vagues. Le Centre philippin du jour- gent avec les actions de BW. » Lesdi- des procureurs et du président du accompli. Reyes et ses pairs finis- Moro islamique de libération Après la prestation de serment de nalisme d’enquête rapporte qu’Es- tes actions ont failli faire sauter la Sénat, l’ajournement du procès et, sent par rejoindre le million de gens (FMIL), contre lequel Estrada a relan- Gloria Macapagal-Arroyo, Cory trada a consacré 140 millions de Bourse en augmentant, en l’espace dans la foulée, les manifestations massés dans le centre de Manille le cé les opérations militaires en mai Aquino se serait penchée vers elle francs à des restaurations et des de huit mois en 1999, de 5 000 % qui devaient emporter Estrada. 20 janvier. Le lendemain matin, com- dernier, avec un succès au moins ini- pour souhaiter qu’il n’y ait jamais achats immobiliers dans la capitale avant de s’effondrer. Un proche « People power 2 », ont proclamé me Estrada refuse toujours de tial, puisque la plupart des camps du de troisième édition du « people au profit de ses maîtresses et de ses d’Estrada a été accusé de délit d’ini- les médias, les tee-shirts, l’élite politi- démissionner, la Cour suprême FMIL ont été occupés par l’armée. power ». D’autres ajoutent que les enfants. tié pour plus de 100 millions de que et les prélats de la puissante Egli- déclare à l’unanimité la présidence « Nous ne réclamons qu’une sorte de institutions ont été assez secouées Tandis que les rats commencent à francs. Erap, qui est intervenu pour se chrétienne. Le cardinal Jaime Sin, vacante et Gloria Macapagal- semi-autonomie », résume Danny cette fois-ci et qu’une édition sup- évacuer le navire présidentiel, la le sauver, était-il dans le coup ? les anciens présidents Fidel Ramos Arroyo prête serment devant la fou- Natangcop, un ingénieur de Maharli- plémentaire pourrait donner des Chambre des représentants, pour- Clarissa Ocampo, vice-présidente et Cory Aquino ont aussitôt rajeuni le. Aucun blindé n’est apparu dans ka qui a travaillé pendant des années idées plus préoccupantes aux gens tant à la botte d’Estrada, s’indigne. de la banque Equitable PCI, affir- de quinze ans : ils étaient aux pre- les rues, aucun affrontement sérieux à l’étranger et qui, faute de trouver en uniforme. « Impeachment », le mot est pronon- me, de son côté, avoir vu Estrada miers rangs en 1986 lorsque l’armée n’a eu lieu. La course de vitesse a été un emploi à son retour, s’est recon- cé et la motion signée. La procédure signer un chèque de 20 millions de a fini par rejoindre des centaines de gagnée contre le clan Estrada. verti dans de petites affaires. Jean-Claude Pomonti 14 / LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 HORIZONS-DÉBATS Israël-Palestine : le simple et le complexe par Edgar Morin

L y a dans la situation israélo- 5 600 km2 mais de la puissance que fois écartée par une guerre. A en plus isolé. La perpétuation de seront l’une et l’autre au bord de la Palestine (Shimon Péres) et la palestinienne une simplicité technologique militaire, et alors cela se joint un autre sentiment la politique d’oppression est finale- la guerre civile. reconnaissance palestinienne du et une complexité qui ne doi- qu’Israël est l’Etat le plus puissant d’insécurité qui vient de l’expérien- ment suicidaire pour Israël. Quoi qu’il arrive, ce sont les problème d’insécurité israélien. Ivent pas s’occulter l’une de la région, le plus avancé dans ce séculaire où les juifs n’ont Le troisième paradoxe : rassurer minorités laïques, capables d’auto- Cette double reconnaissance l’autre. toutes les technologies de guerre, jamais pu acquérir la certitude Israël signifie pour les Palestiniens critique, de compréhension devrait être accompagnée par des La simplicité de la situation est disposant même de 200 têtes d’une insertion tranquille dans le abandonner les revendications d’autrui, de conscience de la com- renoncements solennels à la vio- dans la formidable inégalité pré- nucléaires. monde des gentils. Les « Mort aux légitimes en droit, accepter un sta- plexité, qui, de part et d’autre, tra- lence de part et d’autre, et donner sente. D’un côté, des occupés ; de Mais, sur la sécurité, tout n’est juifs ! » ressemblent certes aux tut vassalisé, subir le contrôle ter- vaillent pour sauver l’avenir. Il y a lieu à un pacte de pacification qui l’autre, des occupants. D’un côté, pas si simple. En effet, si les Etats « Mort aux Arabes ! », mais ils ra- restre permanent des colonies, en Israël une minorité lucide qui comporterait en un premier temps des enfants et adolescents qui lan- arabes sont présentement désu- niment un passé qui comporte une garantie internationale. La cent des pierres, des policiers ne nis, si l’Amérique toute-puissante Auschwitz, ils réveillent la mémoi- politique ici requiert un grand acte disposant que d’armes légères ; de protège Israël, cette situation re encore récente d’une menace Quand les négociateurs avancent éthique : le pardon mutuel pour l’autre, des soldats qui tirent à bal- n’est pas éternelle. Le monde ara- de mort sur Israël et ils éveillent tous les crimes commis de part et les réelles sur des civils, des chars, be est démographiquement énor- un futur d’holocauste. vers un accord, la situation régresse en Israël d’autre. On ne peut ni oublier ni des roquettes, des hélicoptères de me par rapport au petit Israël ; sa Ainsi, les insécurités qui vien- dissimuler, mais on doit rompre combat. puissance technique et militaire nent du passé et celles qu’annonce et en Palestine. Le risque de désastre et la avec le talion. Une demande de D’un coté, un harcèlement de s’accroîtra avec le temps ; sa désu- le futur se raccordent. Elles se pardon aux Palestiniens guérilla sur des colonies ou des nion n’est pas irréversible ; les réveillent âprement à chaque chance de paix s’accroissent simultanément dépouillés serait acte à la fois de véhicules en territoire palestinien ; Etats-Unis peuvent perdre leur attentat. Il a suffi des quelques magnanimité, de justice et de poli- de l’autre une répression qui ghet- hégémonie planétaire ; l’avenir attentats déclenchés par des grou- tique. Il y a dans la culture arabe toïse les populations, transforme d’Israël n’est pas plus assuré que pes minoritaires palestiniens pour des frontières extérieures et de démythifie le thème de la « terre une tradition forte, qui permet de leurs territoires en camps de qu’une partie de l’électorat bascu- l’espace aérien. Mais formuler les sans peuple », révèle les aspects pratiquer la magnanimité et de la concentration temporaires, le et porte Nétanyahou au pou- revendications légitimes, au occultés de la guerre de 1948, reconnaître en autrui. asphyxie leur économie, détruit Le retour voir ; il a fallu la nouvelle Intifada premier chef celle d’un Etat viable montre que la mémoire victimaire En ce qui concerne le droit au habitations et cultures. pour que l’électorat pacifique et autonome, et avoir recours à du passé ne doit pas faire oublier retour des Palestiniens chassés, il D’un côté, plus de 400 morts sur l’expérience juive d’Israël soit troublé et démoralisé. l’Intifada pour sortir de l’immobi- les victimes palestiniennes ne saurait être repoussé purement dont 13 Arabes israéliens et plus Ainsi, c’est l’insécurité du passé lisme signifie rejeter l’opinion présentes, et s’en prend au « cul- et simplement sous le motif que le de 12 000 blessés dont plus de devrait donner et celle du futur qui se réveillent et israélienne sous l’aile du parti te de la Shoah » en tant qu’il retour massif de 4 millions de 4 000 enfants et adolescents ; marquent le présent. Tout ce qui national-religieux. sépare à jamais les juifs du monde Palestiniens serait suicidaire pour de l’autre, 43 morts, dont les victi- la capacité ravive ce sentiment d’insécurité Quatrième paradoxe : quand les des gentils. Israël. Il faut qu’il y ait reconnais- mes d’attentat et une centaine de brise les chances de l’issue décolo- Palestiniens se sont bornés à négo- Le retour sur l’expérience juive sance d’un droit moral à répara- blessés. de comprendre nisatrice. Dans ce contexte, la poli- cier sans moyens de pressions, les devrait donner la capacité de com- tion comportant le droit à l’inté- L’argument que les occupés tique de force semble une juste Israéliens ont continué à implan- prendre la souffrance palestinien- gration en Israël et dans le Moyen- n’auraient pas dû se révolter la souffrance réponse à la menace. Cette politi- ter des colonies et à proclamer le ne et montrer à Israël qu’il inflige Orient de tous ceux qui n’ont pu n’aurait de sens que si leur situa- que, qui associe en elle un nationa- caractère éternel de leur présence en un demi-siècle aux Palestiniens être intégrés ailleurs. Cette recon- tion n’avait été révoltante. L’argu- palestinienne lisme intégral et un judaïsme inté- à Jérusalem. Mais quand les Pales- ce qu’il a lui-même souffert des naissance permettrait des retours ment que la révolte sape la paix griste, a pour but l’annexion de la tiniens ont utilisé la pression de Européens durant plus d’un millé- échelonnés dans le temps, soumis n’aurait de sens que si les Israé- « Judée Samarie », nom biblique l’Intifada, alors ils ont provoqué à naire : dépossession, expulsions, à l’examen de commissions mix- liens avaient accepté un Etat pales- ne le fut celui du royaume chré- de la Cisjordanie, au pis la ban- la fois la prise en considération de ségrégation, ghettoïsations répé- tes. Il serait juste qu’Israël renon- tinien viable libéré de colonies tien de Jérusalem, qui garda la vil- toustandisation de territoires certaines de leurs exigences (Jéru- tées, avanies, prédations, humilia- ce à son droit au retour de façon à armées. le moins d’un siècle. palestiniens morcelés. salem-Est, renoncement à certai- tions, vexations, déni, mépris. Il faire cesser une trop injuste dissy- En fait, la révolte n’est pas née Certes, une paix honorable pour D’où le premier paradoxe : le nes colonies) mais aussi l’aggrava- permettrait de retrouver l’univer- métrie avec la Palestine. absurdement, puisque que, tout les deux parties diminuerait l’insé- problème fondamentalement sim- tion du sentiment d’inquiétude salisme de l’intelligentsia juive des Mais, dans la situation actuelle, au long des négociations, il y a eu curité réelle d’Israël, accroîtrait ple de la relation Israël-Palestine israélien et le développement du XIXe et XXe siècles, de retrouver les deux protagonistes isolés n’ont continuation d’implantations de ses chances d’insertion pacifique est en même temps un problème sharonisme. Voilà donc une com- l’humanisme européen où l’ap- pas la capacité d’arriver à la paix. colonies en Cisjordanie, non-res- dans le Moyen-Orient. Mais cette fondamentalement complexe. Le plexité fondamentale de la situa- port des post-marranes, que On ne peut laisser aux seules pect des engagements, et seule- paix serait un pari, le seul qui aug- deuxième : plus Israël veut assurer tion qui la fait à la fois avancer et furent Spinoza, Montaigne, Cer- pressions des boutefeux et au ment une offre de paix ladre, dite menterait les chances futures d’Is- sa sécurité présente par la force, reculer : quand les négociateurs vantès, puis Marx, Freud et seul contrôle des Etats-Unis le généreuse, fondée sur la transfor- raël, non une garantie de sécurité. plus il accroît son insécurité futu- avancent vers un accord, la situa- Proust, a été capital. destin de cette tragédie histori- mation en bantoustans des territoi- A l’insécurité du futur se lie celle re. Le chemin vers la sécurité pas- tion régresse en Israël et en Palesti- Mais ce changement psychologi- que. Le poids des nations arabes, res fragmentés, l’absence d’armée du passé récent. Si 1948 est vu jus- se par l’acceptation d’une insécuri- ne. Le risque de désastre et la chan- que ne peut être effectué que dans le poids de l’Europe qui feint palestinienne, le contrôle de ses tement par les Palestiniens com- té qui ne peut être réduite que par ce de paix s’accroissent simultané- des conditions nouvelles, ce qui encore le sommeil, sont devenus frontières. me leur catastrophe, il rappelle à une politique de justice. Le refus ment. Dans l’hypothèse d’un nous ramène au problème politi- nécessaires. L’argument de sécurité n’est Israël l’intention palestinienne d’admettre une nation palestinien- accord, le conflit entre les deux que d’une stratégie de paix. Celle- guère pertinent à l’époque où la longtemps affirmée de le détruire ne viable accroîtrait la menace parties se portera à l’intérieur de ci nécessite la reconnaissance du sécurité ne dépend pas de ainsi que la menace arabe à cha- d’un futur où Israël serait de plus chacune ; Israël et la Palestine devoir moral israélien à l’égard de Edgar Morin est sociologue. Sombre et inévitable détour Oui, Jérusalem,terre par Ilan Greilsammer par Rivon Krygier

E sort en est jeté. Le ultra-orthodoxes sans parvenir à se ceux qui ont fait un clin d’œil au en sommes encore à un stade où OTALEMENT marginale exprime plus encore son désir de 6 février, un papy ron- décider, promettant à droite et à chef de l’Autorité palestinienne l’abandon du mont du Temple/des et inconsidérée : telle est, faire passer la valeur de la vie et de douillard de soixante- gauche et ne tenant rien, disant lorsqu’il faisait preuve d’intran- Mosquées, lieu mythique s’il en avec tout le respect que sa dignité avant celle de la souve- Ltreize ans, le général en tout et son contraire. Au cours de sigeance, du président Moubarak est, se heurte à un rejet quasi total Tl’on peut porter à mon raineté territoriale. Sur ce plan, il retraite qui avait fait basculer Israël ces derniers mois d’Intifada, Barak au président Chirac, portent, eux de la population juive, et où les confrère le rabbin David Meyer, la existe une totale asymétrie reli- dans la catastrophe du Liban, qui a donné l’image d’un homme indé- aussi, une lourde responsabilité. Israéliens qui sont prêts à reconnaî- position exprimée dans son point gieuse. Israël s’est en effet montré avait menti à Begin alors qu’il cis, impuissant, ne sachant en fait Au-delà de la médiocrité des per- tre le droit au retour des réfugiés de vue « Ni terre promise ni terre prêt à envisager un partage de la entraînait Tsahal dans Beyrouth, pas quoi faire pour ramener un sonnes, la fin de l’ère Barak et la de 1948 se comptent sur les doigts sainte », paru dans votre page souveraineté ou à réfléchir à un sta- sera élu premier ministre de l’Etat quelconque sentiment de sécurité. mort du processus d’Oslo reflètent de la main. Et, là, la violence ne sert « Débats » du 9 janvier, à en juger tut d’extraterritorialité pour ce d’Israël. Derrière lui nous verrons Yasser Arafat partage largement surtout le fait qu’Israéliens et Pales- strictement à rien. par l’ensemble des déclarations en Lieu saint, alors que les Palesti- l’habituelle cohorte de colons, de la paternité du retour du leader de tiniens ne sont pas encore mûrs Dans le contexte actuel où l’opi- Israël et dans le monde juif. niens, soutenus par l’ensemble du nationalistes, d’ultra-religieux, la droite nationaliste. Si l’éruption pour les sacrifices exigés par la nion israélienne est tétanisée, com- Bien plus qu’un appel au gouver- monde musulman, s’y refusent d’opportunistes qui l’accompa- de colère qui a suivi la montée de paix. A ceux qui s’impatientaient plètement traumatisée par la situa- nement d’Israël à faire preuve de catégoriquement. gnent toujours et partout. Ce n’est Sharon sur l’esplanade des Mos- des lenteurs d’Oslo, comptaient les tion, par l’insécurité, la peur de se bonne volonté politique, le propos C’est le jusqu’au-boutisme de pas la peine d’espérer l’impossible : quées pouvait être comprise par de jours et les semaines, pointaient les rendre dans des lieux publics tels de ce texte est de faire peser sur l’intégrisme musulman qui se les chances d’Ehoud Barak de nombreux Israéliens, la poursuite manquements de part et d’autre, que centres commerciaux et mar- l’Etat juif l’entière responsabilité déchaîne. Face à l’intransigeance remonter la pente et de l’emporter de la violence aveugle décidée, les dates non respectées, je dirai au chés ouverts, l’appréhension à lais- du conflit et de l’impasse dans islamiste, qui réclame l’exclusivité en dernière minute sont proches menée et encouragée par l’Autori- contraire : tout a été beaucoup ser les enfants se promener en les négociations en raison d’une sur le site de la mosquée Al-Aksa de zéro. Avec l’actuel gouverne- té palestinienne a complètement trop vite, les mentalités n’ont pas ville, la crainte d’emprunter des « inversion des valeurs ». Le peuple – et Jérusalem n’est pas, contraire- ment disparaîtra dans les oubliet- dérouté la gauche israélienne, suivi, il faut laisser le temps faire routes pourtant habituelles, l’élec- d’Israël se serait compromis et per- ment à ce qu’en dit David Meyer, tes de l’Histoire ce qui restait de détruit toute possibilité de dialo- son œuvre. tion de Sharon est inévitable. Peut- verti en faisant « passer les notions « la ville fondatrice de l’Islam », l’œuvre d’Itzhak Rabin, le proces- être d’ailleurs était-ce là ce que de sainteté et de sacré [de la terre] tant s’en faut –, le judaïsme a, sus d’Oslo, et les très maigres chan- désirait secrètement Arafat, dans la avant celles du sens éthique et du depuis l’aube des temps, considéré ces d’accord israélo-palestinien Il faudra sans doute une période croyance illusoire que seule la droi- respect de la vie humaine ». son lieu le plus saint comme dans lesquelles nous, colombes, avi- te israélienne est capable de faire la Mais comment peut-on parler ouvert sur l’universel. Le Livre ons mis sans doute trop d’espoirs. de gouvernement de la droite nationaliste, paix avec lui ? d’« idolâtrie du Grand Israël », biblique des Chroniques (ICh 22 : De ce qu’il faut bien qualifier de C’est triste à dire, mais il faudra alors qu’il est si minuscule au 9-10) souligne que le nom même fiasco sans précédent, il faut attri- religieuse et obscurantiste, un temps sans doute une période de gouver- regard du vaste monde arabe et de Salomon (Chelomo) est de la buer la paternité à trop de monde nement de la droite nationaliste, alors que, de surcroît, le gouver- même racine que le mot « paix » pour qu’on puisse citer ici tous les de régression sur tous les plans religieuse et obscurantiste, un nement israélien s’est justement (chalom). Ce nom lui a été donné responsables. Le principal coupa- temps de régression sur tous les déclaré prêt à rétrocéder la quasi- pour signifier qu’il serait un hom- ble est certainement Ehoud Barak pour que des solutions équitables plans pour que des solutions équi- totalité des territoires occupés en me de paix avec les ennemis alen- lui-même. Comment un homme tables et inévitables fassent enfin 1967 ? Comment ne pas voir que la tour. aussi intelligent, aussi fin, aussi et inévitables fassent enfin leur lent leur lent cheminement dans les question territoriale est avant tout Lorsque Salomon inaugura le sympathique, a-t-il pu, en un an et esprits : pour que les Israéliens un enjeu de défense stratégique Temple de Jérusalem, il invita tout demi, épuiser tout le capital de con- cheminement dans les esprits comprennent qu’il n’y a pas d’issue pour Israël, face à la menace cons- étranger à y adresser ses prières et fiance dont il disposait dans l’opi- fondée sur la force et la conquête, tante et au désir jamais franche- demanda à Dieu de leur accorder nion israélienne, lors de son élec- pour que les Arabes comprennent ment renié par une grande partie une attention toute particulière tion contre Nétanyahou ? Le fait gue et totalement déconsidéré Ara- Certes, un très grand nombre qu’ils ne peuvent obtenir absolu- du monde arabe d’effacer l’Etat (cf. I Rois 8 : 41-43). Dans la même est là : l’écrasante majorité des fat aux yeux de la population. d’Israéliens comprennent aujour- ment tout ce qu’ils veulent et qu’ils d’Israël de la carte du Moyen- veine, il faut entendre la prophétie Israéliens le considèrent aujour- Tirer sur les civils, mettre des d’hui qu’un Etat palestinien doit ont besoin de l’opinion israélienne Orient ? S’il est bien une chose d’Isaïe sur l’avenir réservé à ce lieu d’hui comme un poids mort dont bombes sur les routes, encourager voir le jour et qu’Israël devra néces- plus que de forces internationales, dont le gouvernement Barak a fait comme partie intégrante de la il faut se débarrasser à tout prix, la violence ? A force de vouloir sairement abandonner la quasi- pour qu’un leadership démocrati- preuve au cours de son mandat, vocation d’Israël : « Car ma Maison l’homme du zigzag permanent, la trop tirer sur la corde, elle a fini par totalité du territoire conquis en que et non corrompu apparaisse c’est la volonté déterminée et sans sera appelée maison de prières pour girouette qui agit selon l’inspira- casser. Il faut le dire très claire- 1967, avec les implantations juives enfin chez les Palestiniens, pour précédent de mettre fin à ce toutes les nations » (Isaïe 56 : 7). tion du moment, un politicien raté ment : Arafat a, de ses propres qui y sont installées. Ils compren- que les Arabes israéliens, malgré conflit sanguinaire, au prix de la Le refus palestinien de ce par- coupé des aspirations populaires. mains, poussé Barak dans l’abîme. draient peut-être que, dans le leurs blessures, comprennent qu’ils renonciation large et douloureuse tage rappelle également un ancien Dès le début, l’ancien chef d’état- Aujourd’hui, le leader palestinien cadre d’une vraie paix, une paix de ont eu tort de préférer Sharon à à la pleine possession de la « terre commentaire rabbinique dont la major s’est trouvé dans une inca- apparaît, aux yeux de la grande confiance, la vallée du Jourdain Barak ; bref, pour que quelque cho- promise » ! pertinence est d’une saisissante pacité totale de communiquer avec majorité des habitants de l’Etat soit remise à l’Etat palestinien. se d’à peu près sensé entre enfin S’agissant de Jérusalem, et plus actualité et qui porte sur le verset : la population, manipulant ses juif, comme un ennemi implacable, Un nombre croissant d’Israéliens dans la tête des uns et des autres. précisément de ce que les uns « Caïn parla à Abel son frère. Alors ministres pour éviter toute compé- rusé et machiavélique, prêt à tout admettraient, je crois, que les appellent esplanade des Mosquées qu’ils étaient dans les champs, Caïn tition avec lui-même, nommant à pour parvenir à ses fins et à qui il quartiers arabes de Jérusalem et les autres mont du Temple, la se dressa contre Abel son frère et le son cabinet une pléthore d’intri- est hors de question de faire à nou- constituent la capitale de l’Etat Ilan Greilsammer est profes- prise de position qu’a laissé en- tua » (Genèse 4 : 8) : « Quel fut l’ob- gants insignifiants, louvoyant entre veau confiance. palestinien. seur de science politique à l’universi- tendre le gouvernement d’Israël au jet de leur querelle ? Partageons- la gauche ultralaïque et les partis Dans le départ de Barak, tous Mais que peut-on y faire ? Nous té Bar-Ilan (Israël). cours des récentes négociations nous le monde, avaient-ils décidé ! HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 / 15

Le pari d’Elias Sanbar par Claude Klein

l’égard d’Elias Sanbar je là même à laquelle s’adresse Sanbar des travaux dont l’une des consé- moindre forme de légitimité juive grandeur. Israël compte aujour- dont l’acceptation serait de nature à ne ressens que considéra- la plupart des conditions évoquées quences est d’effacer toute trace sur cette terre. d’hui un peu plus de 6,2 millions induire le pardon à Israël que seule tion et respect. C’est pré- ne posent guère de problèmes. Le archéologique du Temple, comme Et pourtant, Elias Sanbar, il se d’habitants dont 1,1 million d’Ara- sa victime, le peuple arabe de Pales- Acisément la raison pour retrait des territoires, le démantèle- pour effacer une Histoire trop juive. trouve des Israéliens – encore bien bes. Pour Elias Sanbar il y aurait tine, peut donner. Alors ce peuple laquelle il m’est apparu impérieux ment des colonies (de toutes les La lecture du compte rendu des minoritaires certes – pour accepter 4 millions de réfugiés. Point n’est palestinien « démuni, occupé et per- de répondre à son point de vue colonies), la création d’un Etat pales- négociations malheureuses de d’envisager même cela. Et cepen- besoin d’être démographe pour fai- sécuté… sera au rendez-vous de la « Un spectre hante Israël… » tinien indépendant et souverain Camp David (dans le dernier numé- dant, il apparaît même que la renon- re l’addition et en comprendre la réconciliation et de la paix ». (Le Monde du 25 janvier) dont la paraissent aller de soi. ro de la Revue des Etudes palestinien- ciation à ce symbole que représente signification. Mais voici le pari. On m’avait appris autrefois que si hauteur de vue n’aura échappé à Je dirai cependant un mot à pro- nes que dirige Elias Sanbar) est plus la montagne du Temple ne sera pas D’abord, l’honnêteté intellectuelle l’on voulait s’engager dans la voie personne. pos de Jérusalem-Est. Que la ville qu’édifiante : à deux reprises au suffisante. Vous nous demandez (indiscutable) de Sanbar qui, à pro- des paris, il était une règle qu’il fal- A l’encontre de certains partisans arabe de Jérusalem passe sous con- moins (p. 11 et p. 13), Akram maintenant de nous lancer dans pos de l’escalade des revendications lait absolument respecter : ne parisiens de la cause palestinienne, trôle palestinien paraît tout aussi palestiniennes, écrit : « Je sais aussi jamais parier sur l’essentiel, sur sa Elias Sanbar nous tend la main et évident. Et cependant, on me per- que le risque qu’ils (les Israéliens) vie par exemple. Elias Sanbar, c’est nous propose un rendez-vous de mettra de ne pas passer sous silence Symboliquement, le nouveau discours appréhendent existe », mais qui très précisément cela que vous nous réconciliation et de paix dont la sin- (ce que fait Elias Sanbar) la question nous demande d’avoir confiance, demandez. Je ne doute pas un seul cérité ne saurait être mise en cause. du Mur occidental et surtout celle palestinien signifie en réalité « puisqu’il n’y a pas d’autre issue que instant de la sincérité de votre pro- Il ne s’érige ni en juge ni en donneur de l’esplanade… du Temple (ou des de le courir ». Sur quoi se base cette pos. J’admire la noblesse des senti- de leçons. Spectateur autant qu’ac- Mosquées), tant il lui paraît avéré que la présence juive à Jérusalem confiance ? Quel est le risque ? ments. Votre ton m’émeut souvent. teur de la tragédie qui se déroule au qu’Israël ne saurait y avoir aucune Le pari apparaît au détour d’une Mais vous me demandez autre cho- Proche-Orient, il voit bien, tout part. Et tout comme Sanbar a voulu est dépourvue de toute légitimité. phrase, au creux d’un raisonne- se. Il n’y a d’ailleurs même pas de comme nous le voyons ici, en Israël, montrer que le refus israélien de ment : «… le droit au retour… est un symétrie dans la demande. La souf- que l’Histoire nous offre une occa- reconnaître un quelconque droit au Ce discours-là est pernicieux droit inaliénable, non un droit à immi- france palestinienne a été réelle. sion, peut-être unique, de briser le retour (des réfugiés Palestiniens) grer dans un pays donné. Ce droit Elle l’est malheureusement tou- cercle infernal de la haine et de la acquiert une signification allégori- n’est donc pas négociable, mais son jours. Mais, vous le dites d’ailleurs violence pour imaginer une vérita- que (celle du refus de reconnaître Haniyyé, auteur du rapport, souli- une autre aventure et de prendre un application, sa mise en pratique le clairement : le peuple palestinien ble coexistence. Et si par malheur l’Autre, c’est-à-dire le Palestinien), gne même typographiquement pari dont je crois qu’il n’est pas inuti- sont, dès lors que ce droit est recon- est bien debout. Il le restera. Quel nous n’étions pas en mesure de la je me dois de lui dire que le nou- (avec des points de suspension et le de rappeler les termes. nu… ». Je le dirai simplement et risque devons-nous prendre pour saisir, c’est à un nouveau cycle de veau discours palestinien qui n’hési- un point d’exclamation) d’une part Avant même d’envisager la ques- peut-être même brutalement : Elias envisager le pardon que vous suggé- guerres, d’attentats et de destruc- te pas à mettre en cause jusqu’à la la demande des Israéliens d’aller tion des réfugiés, je tiens à dire qu’il Sanbar avance qu’il serait erroné de rez ? Croyez-vous vraiment qu’il tions auxquels nous aurions tous à réalité de la présence du Temple prier sur l’esplanade des Mos- n’est pas question pour moi de me présenter l’application du droit au comporte la certitude d’un Israël faire face. Nous voici donc, Palesti- (qu’il s’agisse du premier Temple ou quées… et, d’autre part, le fait que lancer dans les vaines controverses retour « comme forcément maxima- debout ? Imagine-t-on un homme niens et Israéliens, face à nos res- du second) sur l’esplanade a très « le Temple de Salomon se trouvait d’autrefois sur l’origine du problè- liste » (comme le fait selon lui d’Etat israélien capable de s’enga- ponsabilités historiques. précisément la même signification. bel et bien sous la mosquée du me des réfugiés. Souvent expulsés, Israël). Israël refusera donc d’accep- ger dans un tel pari ? Oui, Elias San- Si je l’ai bien compris, Elias San- Symboliquement, ce nouveau dis- Haram El Sharif ! ». parfois partis de leur plein gré : j’ac- ter d’être noyé sous le raz de marée bar, un spectre hante Israël, mais bar invite en quelque sorte les Israé- cours palestinien (sur lequel Arafat On voit bien que si l’on parvenait cepte sur ce point l’analyse des réfugiés. En clair, nous dit San- c’est celui de sa survie… liens, à commencer par ceux qu’il revient souvent) signifie en réalité ainsi à ébranler dans les esprits la d’auteurs comme Benny Morris aux- bar : ne craignez rien, il n’est pas considère comme « les plus pacifis- que la présence juive à Jérusalem réalité de ce lien qui paraissait quels Sanbar fait allusion dans son question de voir quatre millions de tes » à franchir un dernier pas pour est dépourvue de toute légitimité. pourtant bien évident depuis texte, laquelle est d’ailleurs plus réfugiés palestiniens vouloir s’instal- Claude Klein est professeur de parvenir à la véritable paix, au-delà Ce discours-là, Elias Sanbar, est per- vingt siècles, on ne serait plus éloi- nuancée que l’on ne pense. ler en Israël. Il ne s’agirait au mieux droit constitutionnel à l’Université des déclarations politiques et des nicieux. L’esplanade du Temple (le gné de la remise en cause de la Mais d’abord, fixons les ordres de que d’une affirmation de principe hébraïque de Jérusalem. textes juridiques. mont du Temple) est désormais qua- Pour y parvenir, les Israéliens doi- lifiée (dans les langues européen- vent (avec les Palestiniens) créer nes) d’esplanade des Mosquées. d’abord les « conditions de la fin de Déjà, pour que nul ne puisse s’y l’occupation » qui, « quoique extrê- tromper, le recours à l’appellation mement difficiles à mettre en œuvre arabe Haram El Sharif commence à (selon Sanbar) sont évidentes » : se répandre. Bientôt, certains ne démantèlement des colonies, retrait manqueront pas de se demander de de tous les territoires occupés, dont quel droit les juifs y revendiquent Jérusalem-Est, naissance d’un Etat une quelconque présence. palestinien indépendant et souve- Quant à l’idée qu’ils puissent vou- rain. Mais, selon Sanbar, à supposer loir prier sur la montagne du Tem- même que ces conditions soient réu- ple, elle semble toucher au sacrilège nies, elles n’en signifieraient pas (heureusement d’ailleurs qu’il existe pour autant la fin du conflit. Pour y une interdiction juive orthodoxe à parvenir, il faudrait encore résoudre cet égard). Ne voit-on pas ces jours- la question des réfugiés en recon- ci, le Waqf, l’autorité musulmane en naissant leur droit au retour. charge de l’administration de l’espla- Pour la gauche israélienne, celle- nade, y multiplier inconsidérément de Dieu

L’un avait pris les terres, et l’autre, dans le déni total : les juifs (mais les biens meubles. C’est alors que aussi les chrétiens) sont accusés l’un dit : cette terre où tu te trouves d’avoir falsifié les écrits bibliques, est à moi ! Et l’autre : ces habits et la propagande officielle palesti- que tu portes sont à moi ! Alors nienne répète à qui veut l’enten- Caïn se dressa contre Abel son frère dre que la présence juive antique et le tua. » en Israël et l’existence du Temple Selon une autre opinion, chacun sur la fameuse colline en litige avait pris aussi bien des terres que sont des mythes faisant partie du des biens meubles. Quel fut alors complot sioniste… l’objet de la querelle ? L’un dit : le Refuser aux Israéliens le droit de Temple sera édifié sur mon territoi- conserver une forme de souverai- re ! Et l’autre : non, il le sera sur le neté sur ce lieu, sur LE lieu si sym- mien ! bolique et emblématique, même Le partage instauré entre les frères en partage, est une manière de ennemis n’en était pas un, car il a considérer qu’il n’existe aucune été conçu sur le déni et l’exclusion, légitimité ni nationale ni religieuse aux antipodes de toute fraternité. au retour des juifs sur leur terre, et Lorsqu’il existe un conflit d’inté- que seul l’islam doit avoir toute rêts, et plus encore quand le con- prérogative en la matière. Accep- tentieux prend une tournure spiri- ter pour Israël une pseudo-paix Mais comment peut-on parler d’« idolâtrie du Grand Israël », alors qu’il est si minuscule au regard du vaste monde arabe et alors que, de surcroît, le gouvernement israélien s’est justement déclaré prêt à rétrocéder la quasi-totalité des territoires occupés en 1967 ? tuelle, on peut tomber facilement fondée sur un tel déni ne serait pas admiratif de la « grandeur d’âme » un acte de courage politique, de de celui qui, homme de bonne capacité à se défaire d’une préten- volonté, accepte « religieuse- due idolâtrie de la terre, mais un ment » de prendre sur soi la croix acte suicidaire. Aucune solution à de toutes les concessions. Mais il l’embrasement du Moyen-Orient serait naïf et puéril de croire que la ne pourra être trouvée sur la base fraternité s’instaure dès lors d’une reconnaissance de la légiti- que, par abnégation, l’un des mité géopolitique des Etats si les protagonistes consent à sa propre jalons de la légitimité religieuse négation. des peuples ne sont pas simultané- Le grave problème avec l’attitude ment posés. islamiste – et il faudra bien un jour le traiter de manière courageuse en construisant un dialogue judéo- Rivon Krygier est rabbin de la musulman à l’instar du dialogue communauté Adath Shalom de judéo-chrétien, qui a si bien porté Paris, affiliée au Rassemblement ses fruits – est qu’elle s’inscrit mondial des synagogues massorti. 16 / LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 b HORIZONS-ANALYSES 0 123 Rêver une vraie défense antimissile 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD – 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F Suite de la première page « destruction mutuelle assurée » incluant une grande variété de pro- fermeté et souplesse. Souplesse Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 des deux protagonistes (MAD). tagonistes depuis l’Inde jusqu’à d’abord : l’Amérique a d’abord Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). Internet : http: // www.lemonde.fr De 1940 à 1946, la production de Ce niveau est atteint, d’autant une Corée perpétuellement divisée, besoin de dépenser de l’argent guerre, aéronautique en particulier plus vite et d’autant mieux, c’est et incluant le Vietnam et l’Indoné- public dans un grand projet unifié ÉDITORIAL sur toute la côte ouest, a définitive- l’apport au premier théorème de sie. De tous les projets en aval de de supériorité technologique. ment liquidé les années noires de la Robert Mac Namara, que l’on limi- l’élaboration technologique du bou- Voilà un projet qui est légitime crise et émancipé des centaines de tera la compétition très coûteuse et clier stratégique, celui-là est le plus pour peu que d’autres partenaires y milliers de jeunes femmes par le tra- déstabilisante des mesures de dangereux. Il mine d’emblée tous soient associés ou y trouvent un Dans nos campagnes vail en usine. A nouveau, dans les défense antimissiles. Les deux les efforts du Parti de la réforme à apaisement. Poutine, par exemple, années 1980, le projet de « guerre accords SALT des années 1970 et Pékin pour affaiblir les crispations veut diminuer encore considérable- I Berezina ni raz de des zones où elle n’avait pas d’im- des étoiles » a nourri d’argent faci- leur suite de l’après-guerre froide nationalistes dans l’armée et le Par- ment, et à juste titre, son arsenal de marée triomphal ! Com- plantations et, même si elle perd le des centaines de petits entrepre- découlent de là. Dénoncer unilaté- ti communiste, il détruit implicite- missiles intercontinentaux basé à me après la plupart des l’extrême Bretagne, gagne proba- neurs en informatique et en électro- ralement le traité antimissile de ment la logique de la « sunshine terre. Pétersbourgeois, il a vu Nconsultations électora- blement l’extrême Sud avec le nique de Silicon Valley : la renais- défense, dit ABM, comme l’a déjà policy » de Kim Dae Jung en Corée l’effondrement du chantier naval de les, politiques ou professionnelles, Var. Il n’y a pas si longtemps, ce sance de la productivité et de l’en- décidé l’administration Bush II, du Sud, il menace carrément de pro- Léningrad, qui était la gloire de la vil- les résultats, encore provisoires, syndicalisme-là, en révolte contre treprise individuelle, liée à la révolu- avec le choix du tandem Rumsfeld- voquer une guerre, en cas de le, et aimerait, lui aussi, relancer son des votes aux chambres départe- le productivisme agricole, était tion des communications, est Armitage au Pentagone pour conte- déploiement d’une partie des systè- industrie de défense, avec des pro- mentales d’agriculture donnent tout simplement absent du paysa- impensable sans l’arrivée initiale de nir et intimider les velléités négocia- mes avancés à Taïwan, violant l’es- jets de missiles ABM embarqués sur l’occasion aux protagonistes de ge rural français. cette manne étatique de Reagan, trices du couple Powell-Rice au prit, sinon de la lettre, du communi- des sous-marins et des navires de mettre en exergue la résistance Mais son succès aurait sans dou- véritable perfusion parfaitement département d’Etat et à la Maison qué de Shanghaï signé par Nixon et surface. La catastrophe du Koursk des uns, la progression des te été plus général encore si, ici ou keynésienne au service, cette fois- Blanche, c’est interdire à Poutine Kissinger avec Mao et Chou En-laï de l’été dernier est venue malheu- autres ; le renforcement des bas- là, la Confédération avait claire- ci, de l’entrepreneur néoricardien toute réduction ultérieure de l’arse- en 1972. reusement contrarier l’amorce d’un tions des premiers, les brèches ou ment noué alliance avec le Modef, de Californie. nal balistique russe. C’est, plus tel projet, qui ferait, à terme, de la les conquêtes significatives à l’ac- succédané d’un syndicat à conno- Deux souvenirs donc, l’un, quasi encore, signifier à Moscou qu’il ne NUCLÉARISATION OFFICIELLE marine le principal vecteur de la tif des seconds. Selon que les ana- tation communiste, qui, isolé, s’ef- socialiste, Boeing et Lockheed aux compte plus pour rien dans les affai- Mais croit-on que le Japon accep- nouvelle force de dissuasion russe ; lystes prennent en référence le fondre. La gauche plurielle, dans années héroïques de la défaite du res mondiales et que les engage- terait, sans réticence aucune, son une véritable coopération militaire précédent scrutin de 1995 ou les le syndicalisme agricole, reste nazisme, l’autre, ultralibéral, de la ments signés avec la défunte Union annexion à l’espace stratégique et technologique russo-américaine menaces de catastrophe qui donc à inventer. Quant à l’effet fin du communisme par le bidouilla- soviétique en 1970 sont autant de américain, moyennant le déploie- suffirait pourtant à dissuader Nord- étaient annoncées comme les bas- José Bové, charismatique orateur ge informatique, entrent ici en coa- chiffons de papier. Il ne faudra pas ment d’un bouclier antimissile loca- Coréens, Irakiens et Iraniens, sans culements qui étaient espérés, on de la « Conf’ », il a pu jouer à dou- lescence pour vanter une reprise – s’étonner des réactions russes, déjà lisé sur son territoire qui le brouille- faire perdre la face à Moscou. Il faut se frotte les mains ici, on se conso- ble sens. S’il a permis d’animer la encore modérée (de 60 à 120 mil- sensibles dans l’accélération bien rait définitivement avec Pékin ? Les acheter, et à un bon prix, le consen- le là. campagne et de clarifier les choix liards de dollars seront rapidement regrettable de la coopération nationalistes japonais, autour du tement russe. Cela ne se fera pas Incarné par les listes communes entre deux politiques – l’une plus injectés) – d’un projet industriel nucléaire entre Moscou et Téhéran. maire de Tokyo Shintaro Ishihara, sans relance des recherches locales de la FNSEA et des Jeunes agricul- économique que sociale, l’autre véritable, après une décennie Cela posé, ce n’est pas la Russie n’auraient-ils pas tôt fait de présen- sur les plasmas et financement occi- teurs, le syndicalisme majoritaire surtout sociétale, paysanne et ter- d’euphorie financière où le consom- qui est visée par le projet de bou- ter la nucléarisation officielle de dental d’un nouveau programme dont Luc Guyau est le héraut peut ritoriale –, il a aussi irrité des mateur était roi. clier, mais bien la Chine, et elle seu- leur pays comme un moindre mal spatial à Baïkonour. s’estimer relativement satisfait. exploitants fournisseurs de nourri- le. Il a, en effet, été sans cesse ques- et une défense plus sûre ? (Les Mais il ne faudrait pas que Wash- Non seulement le recul des voix ture, choqués par des slogans PROJET DÉRAISONNABLE tion depuis trois ans du « missile stocks de plutonium nippons et le ington se serve de cette première et qu’il enregistre, réel, reste limité, jugés simplistes comme la « mal- C’est paradoxalement le primat chantant » nord-coréen Rodong III surdéveloppement de son program- hypothétique négociation pour mais en raison d’un mode de scru- bouffe » et qui auraient sans dou- de plus en plus absolu de la politi- et du chantage qu’il faisait planer me de lanceurs pour satellites fait avancer dans un « containment » tin de liste qui favorise considéra- te préféré le voir davantage dans que intérieure, de la recherche d’un sur le Japon et la Corée du Sud ; penser que le Japon a d’ores et déjà plus dur encore de la Chine ? C’est blement les candidats arrivés en les étables et les champs que dans équilibre national retrouvé, qui mais, chaque fois, l’ampleur des les moyens techniques de ce passa- folie de déployer un dispositif qui tête, la FNSEA regagnera des prési- les rues de Porto Alegre. pousse ici à la mise en œuvre de ce moyens évoqués et l’hypothèse ge en quelques mois.) poussera Pékin dans la course aux dences qui lui avaient été ravies. Le pluralisme est le vrai projet, tout à fait déraisonnable si d’une allonge de portée de ces mis- En Europe, la demande d’utilisa- armements, et la prolifération au C’est le cas dans le Finistère, gagnant, pluralisme de modèles et l’on ne considère que sa face siles de chantage vers les côtes cali- tion immédiate des sites radars de bénéfice du Pakistan et de l’Iran, département test à la fois parce de territoires. Les chambres d’agri- externe : l’Amérique, et avec elle forniennes ne peuvent faire penser Fylingdales en Grande-Bretagne, relançant par là même les arsenaux qu’il compte beaucoup plus que culture l’expriment, théâtres propi- ses alliés européens, serait ici la qu’à la menace du petit arsenal chi- et de Thulé, au Groenland toujours israélien et indien. Mieux vaudrait, d’autres dans l’économie agricole ces à l’aggiornamento agricole principale victime de son « anti- nois de missiles intercontinentaux danois, isole d’emblée une Europe tout en entreprenant la recherche nationale mais aussi parce que ses attendu par les « citoyens-consom- impérialisme », cette incapacité à basés à terre. L’utilisation de cet du Nord-Ouest intégrée au disposi- fondamentale avec les Russes et les leaders, au milieu d’un paysage mateurs-contribuables » et lieux sacrifier un intérêt étroit du centre arsenal a d’ailleurs bien été évo- tif américain, opposée sans doute Européens, que soit négocié un politico-rural complexe, ont tou- légitimes pour élaborer des syn- aux exigences des partenaires et quée par des officiels un peu exci- pour l’instant à une Europe conti- engagement chinois à surveiller jours compté comme personnali- thèses. Car un autre danger mena- des clients de la périphérie. tés de Pékin, à l’occasion de la crise nentale franco-allemande, hostile ensemble les agissements déstabili- tés majeures et influentes. ce l’agriculture : son déclin démo- Car ce processus hâtivement de l’élection taïwanaise de 1996, au projet… et ayant adopté l’euro. sants de la Corée du Nord, avec, à Grande rivale de la FNSEA, la graphique (elle perd 20 000 tra- accéléré par les républicains remet lorsque les Etats-Unis eurent C’est un premier coin enfoncé terme, une mainmise chinoise sur Confédération paysanne parle de vailleurs par an) qui oblige à trou- totalement en cause la base d’une envoyé deux groupes aéronavals dans le projet de pilier européen Pyongyang comme prélude à la réu- franc succès, ce qui n’est pas ver des réponses capables de entente des élites américaines et pour protéger l’île. Fallait-il pour de l’OTAN, qui ne peut fonction- nification pacifique de la péninsule, inexact, puisqu’elle gagne plus de mobiliser la population agricole russes de l’époque, péniblement autant les prendre au mot ? ner qu’avec le consentement de et que soit reprise la politique de six points, progresse parfois dans autour d’un avenir commun. atteinte au tournant des années Ici, la décision stratégique de dési- Londres. William Perry (ancien secrétaire à 1960 comme l’acquis le plus irréver- gner la future Chine comme l’enne- Cette analyse fort pessimiste est la défense) de dialogue stratégique, sible de la déstalinisation : à la pre- mi principal des Etats-Unis rejoint pourtant écrite par un partisan de en échange d’un code de bonne 0123 est édité par la SA LE MONDE Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani mière conférence des savants des la volonté d’une fraction influente l’alliance de l’Europe et des Etats- conduite tacite de Pékin avec Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; deux camps à Pugwash, le grand de l’establishment stratégique de Unis, convaincu du rôle irremplaça- Taïwan. Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint physicien soviétique Artsimovitch jouer la carte d’un partenariat dura- ble de la démocratie américaine Là aussi, la Chine – qui, de toute Directeur de la rédaction : Edwy Plenel fait admettre de tous le principe ble avec le Japon, visant à réaliser pour le progrès de la paix. Modifier façon, finira par acquérir toutes les Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau Directeur artistique : Dominique Roynette selon lequel il existe un niveau d’ar- un « containment », un encercle- la proposition stratégique américai- technologies nucléaires – devrait Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment mement nucléaire qui entraîne la ment de la puissance chinoise ne demandera donc tout à la fois bénéficier d’une coopération bien- Rédacteurs en chef : Alain Frachon (Éditoriaux et analyses) ; veillante en matière de simulation Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; Michel Kajman (Débats) ; Eric Fottorino (Enquêtes) ; nucléaire par ordinateur et d’une Éric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Anne Chemin (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; technologie des sous-marins lance- Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) Rédacteur en chef technique : Eric Azan engin. Dans les années 1970, Kissin- La mondialisation par Juska ger avait précisément confié cette Médiateur : Robert Solé coopération à la France, dans la

Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg satisfaction générale. Mais c’était Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; Kissinger, l’auteur du plus impor- partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre tant théorème de la stratégie

Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président moderne : ne jamais permettre que Moscou et Pékin soient plus pro- Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) ches l’un de l’autre qu’ils ne le sont, chacun pour son compte, de Wash- Le Monde est édité par la SA LE MONDE ington. Nous sommes aujourd’hui Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, bien loin de cette sagesse. Fonds commun de placement des personnels du Monde, Si Washington parvenait à une Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. telle percée conceptuelle, la vérita- ble assise stratégique de l’après- guerre froide serait enfin trouvée. ILYA50 ANS, DANS 0123 On se prend néanmoins à penser qu’en cette matière c’est Hegel qui a le plus souvent raison : l’histoire La Méditerranée redécouverte avance de préférence par sa négati- vité, son mauvais côté. LA MÉDITERRANÉE, qui n’a res d’un chapelet d’« îles porte- guère jusqu’ici tenu de rôle impor- avions » offrant aux bombardiers Alexandre Adler tant dans l’établissement de la stra- alliés des pistes d’envol vers ce que pour 0123 tégie commune des puissances occi- Churchill qualifiait durant la der- dentales, revient à l’ordre du jour. nière guerre de « bas-ventre déli- Préoccupés par la création de cat » de l’Europe, inclus aujour- RECTIFICATIFS défenses solides en Europe, les d’hui dans le glacis soviétique. états-majors ont quelque peu A l’abri de cette double protec- JEAN-MARIE LE PEN laissé dans l’ombre leurs plans tion, renforcée au demeurant par C’est un décret du gouverne- concernant ce bassin vital du Vieux l’absolue maîtrise de la mer, les ment et non un arrêté, comme Monde, qualifié par un hebdoma- forces américaines, disposant des nous l’avons écrit par erreur dans daire américain de « ligne oubliée aérodromes et des bases d’Afrique Le Monde daté 21-22 janvier, qui a de défense contre la Russie ». Ils du Nord, n’auraient plus qu’à entre- mis fin au mandat européen de semblent s’employer activement prendre le pilonnage du potentiel Jean-Marie Le Pen. Ce décret, com- aujourd’hui à réparer cet « oubli ». ennemi et à préparer éventuelle- me l’a estimé, le 6 octobre 2000, le La chaîne presque ininterrom- ment la reconquête méthodique du Conseil d’Etat, était la conséquen- pue de montagnes qui s’étend des continent. C’est là dans les grandes ce de la condamnation de M. Le Pyrénées au massif d’Anatolie ap- lignes le « plan porte-avions », Pen à un an d’inéligibilité, pronon- paraît comme une première ligne dont la principale conséquence cée par la cour d’appel de Ver- de défense idéale contre tout dan- pour l’Europe occidentale, exclue sailles le 17 novembre 1998 et con- ger venant du nord. Solidement du périmètre défensif envisagé, firmée par la Cour de cassation le verrouillée à l’est et à l’ouest par la serait la perspective de devenir 23 novembre 1999. Cette inéligibili- Turquie et l’Espagne respective- un no man’s land à la manière té, selon l’article 136-26 du code ment, cette première enceinte se coréenne. pénal, « emporte interdiction ou doublerait de Chypre aux Baléa- (2 février 1951.) incapacité d’exercer une fonction publique » et entraîne donc la per- te des mandats en cours. 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS « L’EUROPE MALADE Adresse Internet : http: // www.lemonde.fr DE LA VACHE FOLLE » A la « une » de notre édition Télématique : 3615 code LEMONDE Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) datée 28-29 janvier, le texte présen- ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) tant notre sujet sur l’Europe agrico- le mentionnait que le commissaire Juska est né à Santo Angelo en 1956. Publicitaire et dessinateur de presse, il a publié dans des journaux comme Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 européen chargé de l’agriculture, Index du Monde : 01-42-17-29-89. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 O Pasquim, Carrinho et Entrelinhas. Il est aussi éditeur d’un magazine consacré à la bande dessinée. Franz Fischler, est allemand. M. Fis- Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 Cette semaine, Le Monde publie chaque jour un dessinateur brésilien présent au Forum antimondialisation de Porto Alegre chler est autrichien et nous présen- tons nos excuses à ses compatriotes. 18 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001

CONJONCTURE Pour la deuxiè- pour conjurer la menace de réces- d’un point en un mois, cela ne s’était baisse du 3 janvier, celle de mercredi b DANS UN ENTRETIEN au Monde, le me fois en moins d’un mois, la Réser- sion, ramenant son taux interbancai- pas vu depuis décembre 1991, lors- n’était pas une surprise pour les Prix Nobel d’économie Myron ve fédérale américaine (Fed) a pris, re au jour le jour de 6 % à 5,5 % et le que l’économie américaine cherchait marchés, tant les derniers chiffres Scholes souligne le comportement mercredi 31 janvier, d’énergiques taux d’escompte de 5,5 % à 5 %. à sortir de sa dernière récession. sur l’économie américaine illustrent de plus en plus moutonnier des inves- mesures de politique monétaire b UNE BAISSE du coût de l’argent b CONTRAIREMENT à la première le ralentissement de l’activité. tisseurs sur les marchés financiers. Pour conjurer la récession, la Réserve fédérale baisse à nouveau ses taux La banque centrale américaine a annoncé, mercredi 31 janvier, une nouvelle réduction du loyer de l’argent, ramené à 5,5 %. La croissance du PIB américain s’est limitée à 1,4 % au dernier trimestre de l’année 2000, sa performance la plus faible depuis cinq ans NEW YORK accusé une importante baisse, attei- L’euro remonte Watergate) vient de lui consacrer : il s’était abstenu de la dernière de notre correspondante gnant son plus bas niveau depuis « Maestro » Greenspan veut au hausse, celle de mai 2000, peut- Ni plus, ni moins. Wall Street quatre ans. Les experts y ont relevé TAUX D’INTÉRÊT DES FONDS EURO EN DOLLAR contraire montrer qu’il est aux être n’en serait-on pas là aujour- attendait une baisse d’un demi- quelques nuances ; économiste au FÉDÉRAUX AMÉRICAINS commandes de la politique moné- d’hui ? En réalité, rétorquent les point, Alan Greenspan lui a donné Conference Board, l’institut indé- Taux interbancaire au jour le jour 0,96 0,942 taire et que tout est « sous contrô- défenseurs du « Maestro », person- un demi-point : pour la deuxième pendant qui calcule cet indice, er le ». Déçus, les marchés, qui ne ne sait quelle proportion du 5,5 le 1 févr. fois en un mois, la Réserve fédérale Lynn Franco souligne que « le pessi- 6,5 aiment le spectaculaire, ont réagi ralentissement de l’économie, à le 31 janv. 0,94 américaine (Fed) a pris mercredi misme croissant des consommateurs de manière plutôt dépitée ; l’indice partir de la fin 2000, était due à la 31 janvier d’énergiques mesures de sur les perspectives à court terme » 0,92 industriel Dow Jones a très molle- hausse des taux d’intérêt : il faut politique monétaire pour conjurer 6,0 ment progressé de 0,06 % tandis aussi prendre en compte la hausse la menace de récession, ramenant 0,90 que le Nasdaq, indice des valeurs des coûts de l’énergie et même, son taux interbancaire au jour le « La confiance technologiques, clôturait à la bais- avance l’un d’eux, « la possibilité jour de 6 % à 5,5 % et le taux d’es- 5,5 0,88 se en cédant 2,31 %. compte de 5,5 % à 5 %. Un relâche- des ménages « La confiance des ménages et des ment du crédit d’un point en un 0,86 entreprises a subi une nouvelle éro- Les banques commerciales mois, cela ne s’était pas vu depuis et des entreprises 5,0 sion, exacerbée par la hausse des décembre 1991, lorsque l’écono- 0,84 coûts de l’énergie qui continuent à américaines réduisent mie américaine cherchait désespé- a subi une nouvelle réduire le pouvoir d’achat des rément à sortir de la récession. 4,5 0,82 consommateurs et à faire pression le taux de leurs crédits Contrairement à la première bais- érosion, exacerbée J M M J S N J M M J S N J S O N D J sur les marges bénéficiaires des se du 3 janvier, celle de mercredi 1999 200001 2000 01 entreprises, explique le communi- Les banques américaines ont n’était pas une surprise : elle avait par la hausse Source : Bloomberg qué de la Fed. Les ventes au détail et annoncé, mercredi 31 janvier, la même été quasiment télégraphiée les dépenses d’équipement des entre- baisse d’un demi-point de leur La nouvelle baisse de ses taux par la réserve fédérale américaine a affaibli le la semaine dernière par M. Greens- des coûts de l’énergie » dollar face à l’euro. prises ont considérablement faibli. taux de base après la décision pan, le président de la Fed, lors Par réaction, la production manufac- prise le jour même par la Réser- d’une audition au Sénat. Révélant turière a été brutalement réduite (…) ve fédérale de réduire égale- que la croissance était « très proba- est typique de l’état d’esprit « qui teurs d’un demi-point paraissait l’économie a, du coup, accrédité Prises dans leur ensemble, et l’infla- ment d’un demi-point, le rame- blement très proche de zéro »,il précède généralement une réces- acquise, la publication d’un autre l’idée lancée par quelques experts tion restant maîtrisée, ces circonstan- nant à 5,5 %, son taux interban- avait averti que « la question criti- sion », mais elle observe en même chiffre est venue renforcer ce senti- que la Fed agirait de manière enco- ces exigent une riposte rapide et caire. La plus grande banque des que à prendre en considération était temps que l’évaluation de la situa- ment d’inéluctabilité : la croissance re plus draconienne que prévu, en énergique de la politique monétaire. Etats-Unis, Bank of America, a de savoir si ce degré de contraction tion actuelle de l’économie et du du produit intérieur brut américain baissant le loyer de l’argent non Les progrès à long terme de la tech- annoncé qu’elle ramenait son était de nature à entamer la confian- marché de l’emploi par les mêmes s’est limitée à 1,4 % au dernier tri- pas d’un demi mais cette fois de nologie et les gains de productivité, taux de base de 9 % à 8,5 %, avec ce des consommateurs ». La répon- consommateurs ne correspond pas mestre 2000, sa performance la trois quarts de point. Mais une bais- cependant, ne montrent guère de effet au 1er février. Une décision se à cette « question critique » est du tout « à une économie à bout de plus faible en cinq ans. A titre de se brutale de trois quarts de point signes de fléchissement et, de con- similaire a été prise par JP Mor- arrivée mardi, au moment même souffle ». Alan Greenspan, lui, ne comparaison, la croissance du PIB aurait donné une impression de cert avec des taux d’intérêt plus bas, gan Chase, Wells Fargo, Comeri- où le comité monétaire de la Fed s’est pas trop attardé sur les nuan- avait été de 2,2 % au troisième tri- panique, et aurait donc abouti à devraient à terme soutenir la crois- ca Bank, Bank One Corporation, ouvrait sa réunion de deux jours, ces : cet indice lui a confirmé qu’il mestre 2000 et de 8,4 % au quatriè- l’effet exactement opposé de celui sance de l’économie. » la Citibank et First Union sous la forme du sacro-saint indice fallait agir, et agir vite, pour relan- me trimestre 1999, au moment où recherché par « Maestro » Greens- Les économistes de tous bords, Corporation. mensuel de confiance des consom- cer l’économie. l’on redoutait une surchauffe de pan, comme le surnomme le livre eux, ont applaudi la décision du Le taux de base sert de taux de mateurs : en janvier, pour le qua- Mercredi matin, alors que l’an- l’économie. que Bob Woodward (journaliste patron de la Fed. « C’est une bonne, référence pour le calcul des cré- trième mois consécutif, cet indice a nonce d’une baisse des taux direc- Ce nouveau signe de faiblesse de rendu célèbre par l’affaire du forte, décision, ce n’est ni trop ni pas dits accordés aux petites et assez, juste ce qu’il faut, a résumé moyennes entreprises et, dans sur CNBC Alice Rivlin, ex-directri- une moindre mesure, de cer- ce du budget dans l’administration tains prêts à la consommation. La monnaie européenne profite de la moindre rémunération du dollar Clinton. La Fed essaie de déjouer Le 4 janvier, les banques améri- une récession, elle veut éviter le plon- caines avaient pris une mesure LA RÉDUCTION d’un demi-point des taux tage réagi. La décision de la Fed a accéléré la nomie. S’agit-il d’atténuer un fort ralentisse- geon et ces deux baisses coup sur semblable après que la Fed eut, directeurs américains, décidée mercredi 31 jan- hausse du marché obligataire américain qui ment de la croissance ou bien de contrer une coup sont logiques. » Un consensus à la surprise générale, réduit éga- vier par la Réserve fédérale américaine (Fed) à avait débuté quelques heures auparavant, à la récession ? Le président du groupe informatique s’est également formé sur la plus lement d’un demi-point son taux l’issue de la réunion de son comité de politique suite de l’annonce d’une très faible croissance Apple, Steve Jobs, a estimé, mercredi, que la con- que probable nécessité d’une nou- interbancaire. monétaire, n’a pas déclenché l’enthousiasme de du produit intérieur brut (PIB) au quatrième tri- joncture pour 2001 demeure un mystère. « Nous velle réduction d’un demi-point, la Bourse américaine. Au regard des derniers mestre 2000. Les rendements, qui évoluent à ne savons pas ce que vont être les cartes macroéco- peut-être même avant la prochai- indicateurs de conjoncture, les opérateurs l’inverse des cours, se sont détendus. Celui de nomiques », a-t-il déclaré. Pour les économistes, ne réunion du comité monétaire, que les consommateurs aient acheté avaient même imaginé, sans trop y croire, que la l’emprunt de référence à dix ans est descendu à le recul, en janvier, de la confiance des consom- prévue pour le 20 mars. tout ce qu’ils avaient à acheter ! » Fed pouvait abaisser ses taux d’intérêt de plus 5,11 % et celui de l’obligation à trente ans a recu- mateurs, dont l’indice, attentivement suivi par la Le débat, en revanche, reste Après le choc des chiffres de ces d’un demi-point, une telle baisse étant déjà inté- lé à 5,50 %. Face au dollar, l’euro s’est vivement Fed, a été publié mardi, plaide en faveur d’une entier sur l’effet que produiront derniers jours, les optimistes font grée par les marchés. L’indice des grandes apprécié, profitant de la réduction de l’écart qui poursuite de la baisse des taux. La prochaine réu- ces mesures et sur la nature du valoir la bonne tenue de la Bourse valeurs industrielles, le Dow Jones, a tout juste existe entre les taux américains et européens. Il nion du comité de politique monétaire de la Fed ralentissement (ou de l’atterrissage depuis la première baisse des taux frémi, finissant en hausse de 0,06 %. Tandis que a franchi le seuil de 0,94 dollar, après avoir se tient le 20 mars, mais la banque centrale pour- brutal ou de la récession) qu’affron- d’intérêt du 3 janvier, ainsi que la l’indice du Nasdaq, représentant les valeurs de atteint, deux jours plus tôt, son plus bas niveau rait faire un geste avant. Un nouvel assouplisse- te l’économie américaine. Certains belle remontée en décembre de la la nouvelle économie, a plongé de 2,31 %. Dans depuis cinq semaines à 0,9153 dollar. Jeudi ment monétaire américain d’un quart de point reprochent à M. Greenspan d’avoir vente de logements neufs : le sillage de Wall Street, Paris et Francfort ont matin, il s’échangeait à 0,9422 dollar. avant la fin du premier semestre paraît aux éco- trop augmenté les taux en 2000 par + 13,4 %, la plus forte hausse ouvert, jeudi, en repli : l’indice CAC 40 perdait Difficile toutefois pour les observateurs de nomistes d’ores et déjà acquis. crainte que l’économie ne s’embal- depuis sept ans. 1,04 % et le DAX cédait 0,10 %. déduire du geste d’Alan Greenspan, le président le et pour faire échec aux tensions Les marchés de taux et de change ont davan- de la Fed, l’ampleur de la décélération de l’éco- Cécile Prudhomme inflationnistes : et si, susurrent-ils, Sylvie Kaufmann Myron Scholes, Prix Nobel d’économie 1997 « Nous assistons à une uniformisation de l’attitude des investisseurs » ZERMATT – Nous assistons à une uniformi- pour résister à un choc global de trie des télécommunications, ont » Regardez l’industrie aéronauti- de notre envoyée spéciale sation de l’attitude des investis- liquidités. apporté un énorme optimisme. que. En 1950, lorsqu’il pleuvait, les Myron Scholes, actuellement seurs. Une uniformisation dans – Les marchés boursiers con- Beaucoup pensaient que les servi- avions ne volaient pas. La techno- professeur à l’université Stanford laquelle les institutions financières naissent des variations de gran- ces Internet de business to consu- logie leur a permis de faire face à s’est vu décerner, avec Fisher jouent un grand rôle. Des acteurs des ampleurs. Qu’en pensez- mer, dits BtoC(ventes et servi- plus de risques. De la même façon, Black, le prix Nobel d’économie comme la Deutsche Bank ou UBS vous ? ces au particulier), allaient rempla- les modèles sont là pour être amé- en 1997. Ces deux scientifiques aident les investisseurs, mais font – Il est très difficile de distinguer cer les industries traditionnelles, liorés, pour aider à la création de ont découvert, en 1973, la formule aussi partie intégrante du marché. ce qui est rationnel de ce qui ne ce qui n’a pas été le cas. Le mois nouveaux produits. Ils permettent de valorisation des options qui a Ils sont passés d’un rôle de fournis- l’est pas. D’un point de vue scienti- de mars a donc été un véritable aux entreprises et aux investis- permis le développement des mar- seur de liquidités, leur métier histo- fique, il n’y a aucune preuve d’un choc pour le marché. seurs de gagner en confiance. chés dérivés. Myron Scholes a, rique, à celui de demandeur de changement fondamental de per- » La valorisation d’une entrepri- – Les investisseurs peuvent-ils depuis 1994, conseillé le fonds spé- liquidités. Ils prennent des posi- ception du marché qui affecterait se, traditionnelle ou technologi- gérer cette haute volatilité ? culatif Long Term Capital Manage- tions sur les marchés comme MYRON S. SCHOLES la valorisation des entreprises. Je que, se fait toujours selon le – J’ai appris que, lorsqu’il y a un ment (LTCM) qui a frôlé la faillite leurs clients. Ils utilisent des systè- reste persuadé qu’il y a une force même modèle : c’est le taux de choc, il faut surtout ne rien faire et en 1998. Il était, mi-janvier, un des mes similaires et réagissent de la prises qui présentent un certain ris- qui préserve le marché. croissance qui justifie la valeur se réunir en équipe. Cela oblige à intervenants du 11e Symposium même façon. Il y a dix ans, le mar- que d’avoir des capitaux. » Les analystes et les médias veu- boursière. réfléchir à d’autres modèles. de la créativité de Zermatt, en ché était moins global et la » Ce sont souvent des individus lent expliquer le moindre soubre- – Certains “gourous” comme Cela prend du temps. Le capital Suisse. transmission des ondes de choc qui risquent leurs propres capi- saut boursier. Ils expliquent tout Abby Joseph Cohen (Goldmann humain est d’autant plus impor- « Face à la menace de réces- moins importante. Ce qui est taux. Je pense sincèrement que les mais en même temps ils n’expli- Sachs) ou Richard McCabe (Mer- tant qu’on est dans une période d’ sion aux Etats-Unis qui affaiblit inquiétant, c’est la rapidité avec fonds spéculatifs apportent aux quent rien. Ils tentent de compren- rill Lynch) semblent orienter les incertitude. le dollar, quelles sont les chan- laquelle s’est transmise la crise asia- marchés des capitaux physiques et dre a posteriori ce qui a pu se pas- marchés. Qu’en pensez-vous ? – Vous êtes connu pour vos ces de l’euro de s’imposer ? tique. Les coûts induits comme les intellectuels. Ils analysent en pro- ser, mais ça n’aide en rien à mieux – Comme ils sont payés très modèles mathématiques. Avez- – L’euro a besoin de plus d’expé- pertes d’actifs ont été vraiment fondeur les différentes situations. prévoir l’avenir. cher, ils doivent sûrement valoir vous évolué par rapport à cette rience. Je ne suis pas vraiment sûr importants. – Vos modèles étaient-ils impli- – Peut-on dire que les deux quelque chose ! Plus sérieuse- importance de l’humain ? qu’il deviendra une monnaie de » La communauté mondiale doit qués dans la faillite de LTCM ? grandes corrections du Nasdaq ment, il est vraiment dur de distin- – J’en suis plus convaincu main- réserve comme le dollar, qui a beau- prendre ses responsabilités et se Qu’avez-vous retiré de cette en 2000 ont assaini le marché ? guer si c’est de l’habileté ou si c’est tenant qu’il y a dix ans. Les années coup plus d’ancienneté. Le dollar pencher davantage sur ce problè- crise ? – Ce que l’on peut dire, désor- de la chance. 1990 ont connu de nombreux est une monnaie forte car il procu- me. Les chercheurs, les économis- – Il est parfois difficile de savoir mais, c’est que les gens ont plus de – Dans cette situation de hau- chocs – les crises suédoise et mexi- re de la confiance. L’Europe a tes, les gouvernements doivent si un échec est causé par des fac- chances maintenant de compren- te flexibilité, les modèles mathé- caine, le choc asiatique en 1997, la besoin d’une harmonisation fisca- essayer de comprendre et de trou- teurs endogènes ou exogènes. Ce dre où ils investissent. Nous avons matiques que vous prônez sont- crise russe en 1998 –, et l’an 2000 le, d’une plus grande fluidité du ver des solutions. fut, dans ce cas, une combinaison assisté à une année boursière très ils toujours valides ? la peur du bogue et les corrections marché des capitaux et du marché – Après la déroute de LTCM, des deux. Les marchés de capitaux intéressante. Nous étions nom- – Les modèles mathématiques du Nasdaq. Plus il y a de flexibilité, du travail. Il existe également un ris- y a-t-il encore un avenir pour n’avaient jamais connu une telle breux à penser que les valeurs sont une approximation de la réali- plus il est nécessaire de créer des que politique. Nous ne savons pas les fonds spéculatifs, – les hedge crise de liquidité que celle de 1998. technologiques bénéficieraient té, et non une description modèles ajustables. Plus cela comment l’euro réagirait à la funds ? Cependant, les modèles de risque d’un effet de mise en réseau de complète. Ces modèles nous prend du temps de comprendre, défaillance d’un des pays membres. – Les fonds spéculatifs augmen- auraient dû prendre en compte l’économie et que cela créerait aident dans nos intuitions. Une plus l’équipe est importante. » – Quels sont les principaux ris- tent l’activité de certains marchés une telle probabilité. énormément de valeur. Certaines fois que vous avez mieux compris ques financiers pour la commu- qui manquent de transactions. Ils » Cette expérience peut nous avancées technologiques, comme ce qui se passe, vous pouvez faire Propos recueillis par nauté mondiale ? permettent à des pays et des entre- apprendre à allouer les capitaux l’arrivée du haut débit dans l’indus- face plus aisément aux risques. Laure Belot 20 / LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 ENTREPRISES

A Tokyo, le bazar de l’électronique Un deuxième tour pour se met à la technologie de l’information le téléphone mobile UMTS Le quartier d’Akihabara est devenu la capitale des start-up japonaises Le gouvernement devra baisser le prix des licences Raccourci de la course à l’expansion du Japon de reconversion. Le quartier attire en moyenne vendeurs de TSF et d’électroménager sont pour attirer de nouveaux candidats. l’après-guerre, le quartier d’Akihabara, à dix 80 millions d’acheteurs par an, qui y dépensent devenus des potentats de l’électronique grand minutes du centre de la capitale, a entrepris sa plus de 38 milliards d’euros. Les anciens public et de la micro-informatique. Le nouvel appel d’offres pourrait avoir lieu en 2002

TOKYO ques de pièces détachées et les sable de l’attentat au sarin dans le micro-informatique, Akihabara IL Y AURA bien un second tour. dats. Comme l’a souligné Jean- de notre correspondant centaines d’échoppes des venelles métro de Tokyo en 1995), qui y est et restera le « bazar » des nou- Un nouvel appel à candidatures Michel Hubert, président de Noyé dans une débauche du marché couvert – cette caverne ouvrit un magasin d’ordinateurs… velles technologies. C’est égale- pour l’attribution de deux licences l’ART : « Il résulte des analyses juri- d’enseignes lumineuses, de déci- d’Ali-Baba de l’électricité où l’on Aujourd’hui, tous les empires ment l’avis de Kazuhiko Nishi, un de téléphonie mobile de la troisiè- diques que la situation découlant de bels de musiques et d’annonces trouve de tout – on voit deux de l’électroménager et de l’électro- pionnier de l’informatique dans me génération (UMTS) a été offi- l’existence de deux candidatures est Japon se superposer, et se dessi- nique d’Akihabara, concurrencés l’archipel, qui y introduisit ciellement annoncé par l’Autorité en soi sans incidence sur le déroule- REPORTAGE ner le passage de l’ère de l’électro- sur ce marché par les chaînes de MS-DOS (le premier système d’ex- de régulation des télécommunica- ment de cette procédure ». « Néan- nique à celle des technologies de grande distribution en banlieue, ploitation des PC mis aupoint par tions (ART) mercredi 31 janvier. moins, a-t-il ajouté, une structura- Les vendeurs de cette l’information. Cheveux blancs et ont des branches « micro ». Ceux Microsoft) et commença sa carriè- Reste à en préciser les modalités et tion du marché autour de deux solderie permanente grosses lunettes, le menton qui s’étaient spécialisés avant ont re dans le quartier. Selon le calendrier. Une attribution en opérateurs seulement ne saurait être ont fait un pari sur appuyé sur ses mains qu’il frotte un avantage : c’est le cas du M. Goto, de Tsukumo, Akihabara, 2002 semble aujourd’hui l’hypothè- envisagée durablement. » Bercy a la nouvelle économie de temps à autre pour se réchauf- fondateur de Tsukumo. Dixième menacé par les chaînes de grande se la plus probable. Le gouverne- annoncé jeudi que les deux premiè- fer, une couverture sur les fils du patron d’un restaurant de distribution qui le concurrencent ment va devoir baisser le prix des res licences seraient attribuées dès genoux, Kaoru Kikuchi est derriè- soba (nouilles au sarrasin), il avait aussi bien sur l’électronique grand licences pour attirer de nouveaux le mois de mars, et non en juin com- publicitaires, emporté par la foule re son minuscule étal de radios et senti qu’il n’avait pas d’avenir public que sur la micro-informati- candidats. me prévu. qui s’y bouscule le week-end et de magnétophones depuis plus dans la restauration. Il ouvrit au que, doit se spécialiser dans les Il n’y pas eu de surprise de derniè- Pour ne pas pérenniser une gagné par la prodigieuse énergie d’un demi-siècle. Il a un magasin lendemain de la guerre une échop- produits haut de gamme. re minute. Le 31 janvier à midi, situation de duopole, qui pourrait ambiante, on se prend à douter de dans une rue voisine avec une pe de TSF en face du bistrot de Tsukumo joue sur deux l’ART a dû se rendre à l’évidence : à attirer les foudres de Bruxelles, la réalité des indicateurs en berne dizaine de vendeurs mais il a con- son père. Aujourd’hui, Tsukumo a systèmes de vente parallèles : sur la date limite fixée pour les candida- l’ART a décidé d’engager un appel de l’économie nippone : dans le servé son échoppe dans le bazar treize magasins dans le quartier, la Toile et dans ses magasins. tures, seuls deux dossiers avaient d’offres complémentaire pour attri- quartier d’Akihabara, le plus dont il est l’un des vétérans. six autres dans Tokyo, sept à « Pour l’instant, les clients sophisti- été déposés. Après la défection de buer les deux licences UMTS orphe- grand « bazar » électronique du Lorsqu’en 1947, il commença à Nagoya et deux à Sapporo. qués préfèrent toujours le magasin Suez Lyonnaise, une semaine lines. Le ministre de l’économie et monde, à dix minutes du centre de vendre des TSF, Akihabara était pour comparer, essayer, parler avec avant l’échéance, et celle de Bou- des finances, Laurent Fabius, a con- Tokyo, le Japon ne semble guère un quartier ordinaire autour UN ÉNORME MARCHÉ DE DÉTAIL les professionnels », dit-il. L’entre- ygues Telecom, la veille, France firmé cette décision lors des ques- en panne. Le quartier attire en d’une gare où se croisaient deux Des transistors, il est passé dès prise, qui emploie surtout des ven- Télécom et SFR (groupe Vivendi tions d’actualité à l’Assemblée moyenne 80 millions d’acheteurs lignes de train. Parce que les 1977 à l’informatique : il fut le pre- deuses, les forme durant plusieurs Universal) ont été les seuls à se nationale. « Les deux opérateurs qui par an et les ventes y dépassent loyers y étaient peu chers, le mar- mier à vendre Apple au Japon et il mois afin qu’elles puissent répon- déclarer. Un camouflet pour le gou- ont soumissionné vont voir mainte- les 4 000 milliards de yens (38 mil- ché noir des équipements électri- est à la quinzième place dans la dre aux questions les plus poin- vernement, qui attendait 130 mil- nant leurs soumissions examinées. Et liards d’euros). ques de récupération de l’armée distribution des micro-ordina- tues des « accros » qui forment la liards de francs de recettes de la ensuite, il y aura deux appels complé- Akihabara, c’est un raccourci de s’y installa. Puis, ce fut le boom teurs. Son chiffre d’affaires est en clientèle de son nouveau magasin vente de quatre licences UMTS. mentaires pouvant aboutir à la déli- la course à l’expansion du Japon des transistors lancés par Sony au progression constante. Raison de spécialisé dans les ordinateurs à Mais aussi une déception pour vrance des quatre autorisations. » de l’après-guerre, dont l’un des début des années 1950, suivi de ce succès : « Une spécialisation pré- monter soi-même en combinant l’ART, qui ne peut se satisfaire moteurs fut l’électronique. Aujour- celui de l’électroménager de la coce : nous n’avions pas le choix. les équipements. d’une situation peu propice à la UN CALENDRIER INCERTAIN d’hui, le quartier cherche un période de forte croissance et Les grands de l’électroménager L’énorme marché de détail que concurrence. Pas question toute- A quelle date et à quel prix ces second souffle dans les technolo- d’élévation rapide du niveau de sont, à l’origine, des propriétaires constitue le quartier reste pour les fois de remettre en cause de but en deux licences vont-elles être remi- gies de l’information. La municipa- vie. Akihabara devient la « ville de terrains qui avaient de la place. entreprises un poste privilégié blanc le processus d’attribution en ses en jeu ? « Le prix sera établi par lité de Tokyo envisage d’y créer électrique » (denki no machi): la Ce n’est pas notre cas : il fallait ven- d’observation des tendances du cours, malgré la pénurie de candi- le gouvernement selon la compé- un centre de recherches et une sal- grande « solderie » quotidienne dre des produits chers sur peu d’es- marché. Mais la reconversion tence qui est la sienne », a déclaré le de congrès afin d’attirer davan- des produits de grande diffusion pace et nous avons parié sur le d’Akihabara ne se fera pas sans Jean-Michel Hubert. Bercy devra tage de sociétés de la nouvelle éco- de la prospérité. micro », explique Yamato Goto, douleur : plusieurs magasins ont France Telecom et SFR donc trancher. « Si la base économi- nomie. Avec 650 d’entre elles dans Le quartier proliféra au cours de directeur des ventes. déjà fait faillite. Le dynamisme qui que reste la même, je ne suis pas un rayon d’un kilomètre autour la période de « bulle spéculative » Tsukumo veut rester à l’avant- se dégage toujours du quartier lais- exigent « l’équité » convaincu qu’il y ait d’autres candi- de sa gare, Akihabara est déjà la de la fin des années 1980. Les garde. Les robots domestiques se cependant penser qu’il ne renon- dats », estime Philippe Germond, capitale des start-up, devant le empires des distributeurs d’élec- sont à la mode ? Il est le premier cera pas facilement : jusqu’au soir, Les deux opérateurs candidats PDG de Cegetel. Le gouvernement quartier de Shibuya. troménager (Ishimaru, Laox) s’y au Japon à avoir ouvert un maga- des livreurs affairés transportent restent très attentifs aux condi- peut encore espérer une améliora- élevèrent. Certains se laissèrent sin spécialisé dans la robotique, des piles de cartons d’appareils tions du nouvel appel d’offres. tion des marchés financiers, mais il UNE « VILLE ÉLECTRIQUE » emporter par l’ivresse du Japon Robocom, qui attire ingénieurs et d’un entrepôt à un magasin, les Ils exigent que le principe d’équi- devra sans doute se résoudre à La nouvelle économie riche : ainsi, Masao Nangaku, à chercheurs. Beaucoup de compo- hommes-sandwiches distribuent té soit respecté. « Si le processus revoir sa copie, et abaisser le sera-t-elle l’avenir d’Akihabara ? ses débuts réparateur de transis- sants viennent de Taïwan : il crée des publicités, des vendeurs hèlent lancé dans les mois qui viennent niveau de la redevance. Les acteurs Ses quelque cinq cents magasins, tors, devenu un magnat du quar- en plein Akihabara un magasin le chaland pour une braderie d’or- fixe un prix inférieur à celui qui qui ont abandonné en invoquant du géant de la distribution à tier, s’offrit une impressionnante qui a l’atmosphère d’une boutique dinateurs ou des copies illégales de nous est demandé, nous réclame- un prix de licence excessif pour- l’échoppe, qui se font une guerre collection de tableaux de Salva- du quartier de l’électronique de logiciels tandis que les chiffon- rons la différence. Fin 2002, nous raient alors reconsidérer l’affaire. sans merci sur les prix, n’ont pas dor Dali (estimée, à l’époque, à Taïpeh (enseigne, éclairage, dra- niers, tirant leurs carrioles, arri- aurons versé la moitié des 32,5 mil- Quant à la date d’attribution, elle d’autre choix que d’y croire. Et à 360 millions de dollars) dont il fit gon pendu au plafond et voix syn- vent pour assembler les cartons liards de francs, qui nous apparaît reste aussi à définir. « Il faut regar- parcourir les rues du quartier aux un musée au septième étage d’un thétique qui dit « bonjour » en usagés. Akihabara reste le grand comme le prix légitime », a affir- der la situation en face. L’objectif du façades dégoulinantes de néons, immeuble du quartier. D’autres pékinois). souk de tout ce qui fonctionne à mé Philippe Germond, PDG de déploiement de l’UMTS au 1er jan- où les immeubles des empires de investissaient dans l’avenir : la Pour Hiroo Honda, un autre l’énergie électrique. Cegetel. Pour le PDG de France vier 2002 doit être révisé. Le calen- la consommation (électronique et micro-informatique. A com- vétéran du quartier, président de Télécom, Michel Bon, si un nou- drier sera assurément déplacé. Nous informatique) dominent les bouti- mencer par la secte Aum (respon- Plats’Home, spécialisé dans la Philippe Pons vel appel à candidatures était lancerons l’appel à candidatures lancé à un prix moindre, « nous pour qu’à la date réelle d’ouverture devrions bénéficier d’un rabais ». du marché, les conditions de concur- Autre sujet sensible, la durée rence soient établies », a affirmé Les pôles de « jeunes pousses » se développent sur l’archipel de la licence. «Si nous obtenons la Jean-Michel Hubert. Le nouvel licence, elle démarrera le 31 juin appel d’offres ne devrait pas inter- TOKYO ingénieurs et chercheurs, écrit le de Shibuya (Tokyo), Shin Osaka Val- chipel sur le plan économique, avec 2001 pour 15 ans, déclare M. Ger- venir avant l’an prochain. Selon le de notre correspondant quotidien économique Nihon Keizai. ley (Osaka) et Digital Daimyo 2000 le soutien des autorités locales qui a mond. Or on évoque un retard de secrétaire d’Etat à l’industrie, Chris- Les entreprises à capital-risque, Les cinq principaux sites, dont le (DD2), à Fukuoka. mis en place l’année dernière un mise au point des équipements tian Pierret, « nous avons un peu qui constituent un des moteurs de la nom a été calqué sur celui de la Sili- Le plus récent pôle est Forest Val- réseau de fibres optiques de sept UMTS d’un an. Si l’attribution com- plus de temps que ce que nous nouvelle économie, tissent leur toile con Valley, sont du nord au sud : ley, qui s’est constitué début 2000 à cents kilomètres. Le Tohoku suit plémentaire a lieu courant 2002, les avions imaginé au départ », puis- à travers l’archipel nippon. Partout Sapporo Valley, Forest Valley dans l’initiative d’entrepreneurs et de l’exemple de Sapporo, sur Hok- opérateurs lanceraient leurs que le lancement des premiers ser- dans le pays se forment des pôles le Tohoku (région septentrionale de chercheurs de la préfecture d’Iwate, kaido, l’île la plus au nord de activités au même moment que vices UMTS interviendra au mieux mettant en réseau entrepreneurs, Honshu), Bit Valley dans le quartier l’une des plus retardataires de l’ar- l’archipel où, dès la fin des années nous. Nous demandons une « fin 2002 ou début 2003 ». 1970, avait été créé par des extension, pour avoir la même universitaires un groupe de recher- durée de licence. » Laurence Girard che sur la micro-informatique. Aujourd’hui, Sapporo Valley comp- te deux cent cinquante start-up. A Osaka, le quartier des start- 110 emplois menacés chez Soviba, up est situé autour de la gare des Shinkansen, les trains à grande vites- à Villers-Bocage (Calvados) La Bit Valley APRÈS LA SOCOPA, qui a annoncé le 17 janvier un plan de suppression de 228 postes dans ses abattoirs de Cherré (dans la de Shibuya semble Sarthe) et Coutances (Manche), la Soviba, filiale du groupe coopéra- tif CANA, a déposé un projet de plan social, mercredi 31 janvier, au s’essouffler après tribunal de commerce de Caen. Ce projet porte sur la suppression de cent dix emplois sur sept cents, à l’abattoir de Villers-Bocage (Calva- un lancement dos) d’où est partie la crise actuelle de la vache folle. La détection d’une vache atteinte d’encéphalopathie spongiforme fulgurant bovine (ESB), le 10 octobre, avait conduit au retrait de lots de viande suspects dans des supermarchés Carrefour, Auchan et Cora. La Sovi- ba se dit « victime des conséquences d’un principe de précaution se qui mettent Tokyo à deux heures extrême sans précédent », et met en cause la pression des grandes dix minutes. La localisation de Shin surfaces pour faire baisser les prix de la viande. Osaka Valley permet à ses entrepri- ses de drainer des « cerveaux » du centre (région de Nagoya) et du sud La Deutsche Bank veut de l’île de Honshu. A Fukuoka (au nord de Kyushu), Digital Daimyo 2000, créé en décembre 1999, réunit supprimer 2 600 postes quelque quatre cents entreprises. Si la Bit Valley de Shibuya à Tokyo LA PREMIÈRE BANQUE EUROPÉENNE a soufflé le chaud et le est la plus connue, elle semble s’es- froid, jeudi matin, en annonçant un profit-record de 4,95 milliards souffler après un lancement fulgu- d’euros en 2000, et, en même temps, son intention de supprimer rant. Selon une enquête du ministè- quelque 2 600 emplois d’ici à 2003. En partie gonflé par la vente de sa re du territoire, des infrastructures et participation dans l’assureur Allianz, qui a rapporté 2 milliards des transports, Shibuya arrive en d’euros, le bénéfice net de la Deutsche Bank a doublé en 2000. deuxième place pour le nombre d’en- Ses activités seront néanmoins réorganisées en deux pôles au lieu de treprises tournées vers les technolo- cinq actuellement. gies de l’information (450) après le Rolf Breuer, le président du directoire, dirigera la branche gestion quartier d’Akihabara, le grand d’actifs et clientèle privée, alors que ses lieutenants Josef Ackermann bazar de l’électronique de Tokyo, et Carl von Boehm-Bezing prendront en charge la banque d’investis- qui en compte six cent cinquante. sement. Le but affiché est d’accroître le bénéfice par action de 15 % par an d’ici à 2003. Ph. P. 21 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 Les nouveaux médias acceptés dans l’arène olympique Pour la première fois, en février 2002, une cinquantaine de cyberjournalistes seront accrédités pour les Jeux d’hiver, à Salt Lake City. Les sites concernés, qui doivent fournir un contenu sportif qui leur est propre, obtiennent là la reconnaissance d’Internet comme un média à part entière

LENTEMENT mais sûrement, « Il est temps de reconnaître qu’il quelque 9 000 journalistes « tradi- tions on line respectives dans leurs choix s’annonce difficile. Treize l’usufruit sur leurs territoires res- les nouveaux médias présents sur existe aujourd’hui des sites Internet tionnels » et techniciens audiovi- quotas existants, s’ils souhaitent des vingt-quatre sites candidats pectifs : une volonté peu compati- Internet sont en train d’acquérir la qui n’ont pas de liens avec des jour- suels qui seront par ailleurs accrédi- qu’elles soient du voyage. Ce n’est aux accréditations olympiques ble avec la philosophie « universel- reconnaissance après laquelle ils naux, des radios ni des télévisions », tés pour les prochains Jeux. Le ges- pas joué d’avance, à en croire sont d’origine européenne (trois le » d’Internet. Cette exception ne courent depuis leur création. La explique-t-on au siège du CIO, à te d’ouverture réalisé par l’organis- Xavier Audebert, chef d’édition à sont français – Sports.com, semble toutefois pas, jusqu’à pré- décision du Comité international Lausanne. Ces nouveaux médias me olympique a néanmoins réjoui sent, chagriner les sites sportifs. olympique (CIO), prise le doivent pouvoir, eux aussi, avoir la petite communauté concernée. « Personne ne regarde les vidéos sur 27 décembre 2000, d’accorder, une chance de couvrir les plus « L’Internet est enfin reconnu Les cyberjournalistes et la carte de presse le Net, ce n’est pas encore au pour la première fois, des accrédita- grands rendez-vous sportifs mon- comme un média à part entière », point », note Hervé Payan, direc- tions aux journalistes qui tra- diaux, quitte à rogner sur le quota réagit Alexandre Fournoy, direc- A l’instar de leurs confrères des médias traditionnels, les journalis- teur général pour l’Europe de vaillent dans ce secteur émergent des médias traditionnels. L’expé- teur général de Sportal. fr, épaulé tes qui travaillent sur des sites Internet peuvent demander une carte Sports.com. « Cela nous intéresse- en est la dernière illustration. Aux rience sera donc tentée à Salt Lake par le groupe britannique Sportal de presse professionnelle. Depuis quelques années, les dossiers se rait de récupérer certains extraits Jeux olympiques de Sydney enco- City et, si elle est positive, renouve- Ltd. Pour lui, le principal avantage multiplient auprès de la Commission de la carte d’identité des journa- très courts, nuance M. Fourtoy, re, en septembre 2000, seuls les lée à Athènes, pour les prochains d’une telle innovation sera « l’ins- listes professionnels, sans que celle-ci ne dispose de statistiques sur mais ce ne serait pas viable pour la médias traditionnels purent obte- jeux d’été, nettement plus médiati- tantanéité » de l’information, leur nombre. Tout postulant employé par un « nouveau média » doit diffusion intégrale d’épreuves. » nir les précieux laissez-passer. Une ques que les jeux hivernaux. d’autant que le décalage horaire répondre à trois critères de sélection : il doit bénéficier de la conven- décision motivée par un certain avec les Etats-Unis sera favorable tion collective des journalistes, avoir une qualification adéquate, et la BIENTÔT LA FIFA conservatisme et par le souci de INSTANTANÉITÉ ET EXHAUSTIVITÉ aux sites Internet. Même écho du société qui l’emploie doit, si ce n’est pas une entreprise de presse, Après la brèche ouverte par le limiter le nombre de journalistes A la mi-février, le CIO informera côté de Sport24.com : une présen- avoir pour mission principale « l’information à l’égard du public ». CIO, les sites sportifs se prennent à sur place, en hausse constante. Les les sites sélectionnés du nombre ce physique sur les épreuves facili- Ce dernier point est destiné à exclure les groupes à caractère com- voir grand. « Cette décision va don- nouveaux médias durent alors se de journalistes qu’ils pourront tera le souci d’exhaustivité mani- mercial, ou des sites marchands dotés d’une partie rédactionnelle. La ner le signal aux autres » organis- contenter de traiter les événe- envoyer sur place. Au total, ils ne festé par ce site français, estime Commission indique recevoir une proportion non négligeable de dos- mes sportifs, pronostique M. Tru- ments de loin ou, au mieux, en mar- devraient être qu’une grosse cin- son directeur de la rédaction, Lau- siers plus ou moins « farfelus », notamment de la part de personnes piano, de Sport24.com. ge du village olympique. Ce ne quantaine, à raison de deux à cinq rent Trupiano. travaillant dans des sociétés ayant rapport avec l’informatique. A la Fédération internationale sera plus le cas lors des prochains personnes par cybertitre, préci- Par prudence, le CIO a fixé des de football (FIFA), on reconnaît Jeux d’hiver, qui auront lieu en se-t-on au CIO. critères de sélection stricts : les qu’une réflexion ne pourra pas février 2002 à Salt Lake City (Etats- Ce chiffre peut paraître ridicule- sites doivent si possible fournir un L’équipe.fr, site que le quotidien Sport24.com et Infonie.fr – trois être évitée d’ici à la prochaine Cou- Unis). ment bas en comparaison avec les contenu sportif qui leur est pro- sportif du même nom a lancé en allemands, un britannique, un pe du monde de football, qui aura pre ; ils doivent employer des jour- juin 2000. « On doit se battre pour espagnol, un néerlandais, un norvé- lieu en 2002 au Japon et en Corée nalistes « à plein temps » ; pouvoir s’imposer, car L’Equipe découvre les gien, un slovène, un estonien et un du Sud. « Nous n’avons pas encore Les principaux sites sportifs en France présenter « un nombre mesurable nouveaux médias », commente-t-il, lituanien), contre dix nord-améri- pris de décision finale à ce sujet, de visiteurs uniques confirmé par tout en déplorant la vision «un cains et un asiatique (Japon). indique son porte-parole, Andreas b Sport24.com : lancé en 1997, ce français, alimenté par une société d’audit indépendante et peu restrictive » du CIO. L’initiative du CIO exclut par Herren, mais elle ira probablement site affiche l’ambition de fournir 28 journalistes à temps plein et reconnue » ; enfin, ne seront pas Ce dernier prendra également ailleurs l’exploitation des images dans le sens d’une accréditation des lui-même 100 % de son contenu et plus de 120 pigistes, affiche retenus les sites « associés à des en compte des critères géographi- télévisées sur le Web. Les sociétés nouveaux médias. » de couvrir tous les sports, à l’aide 25 millions de pages vues en médias traditionnels ». Ces derniers ques, pour ne pas faire la part trop détentrices de droits, acquis au d’une rédaction de près de trente septembre, un seuil dopé par les devront donc intégrer leurs rédac- belle aux médias anglo-saxons. Le prix fort, souhaitent en garder Antoine Jacob journalistes basés à Paris, et dont JO de Sydney. Il alimente aussi en certains produisent aussi des flashes sportifs près de 50 radios produits audio. Sport24.com locales et fournit des informations revendique quelque 3,5 millions au site du Comité national de pages vues par mois (chiffres olympique et sportif français Cybermétrie). Il est également (CNOSF). Ses actionnaires sont les prestataire de services pour le site américains Sportlines (site sportif), de la Ligue nationale de football. IMG-McCormack (marketing Parmi ses actionnaires, on compte sportif), Intel (semi-conducteurs), Dassault et Innovacom le financier George Soros et des (capital-risque). athlètes (Michael Jordan, Tiger b Sportal.fr : créé en février 2000, Woods, etc.). ce site compte une vingtaine de b Sporever : lancé à l’occasion journalistes, auxquels s’ajoutent des JO de Sydney, il ne se veut pas 80 pigistes. Il revendique seulement un site d’actualité, mais 4 millions de pages vues par mois aussi une source de conseils (chiffres de décembre de l’institut pratiques pour les sportifs et les Red Sheriff). Il affirme produire à clubs. Sa rédaction compte une 90 % son propre contenu et quinzaine de journalistes. Le site, couvrir tous les sports, même si dans lequel la société américaine l’accent est mis surtout sur les de capital-risque Atlas Venture a plus médiatiques : football, pris des parts, revendique formule 1, tennis, rugby, etc. 2 millions de pages vues en Le site est une filiale du groupe janvier. britannique Sportal Ltd, qui b Infonie.fr : ce portail classique développe aussi des sites Internet développé par Infosources, de grands clubs de football elle-même rachetée par européens (Paris-Saint-Germain, l’opérateur historique belge Juventus de Milan, Real Madrid, Belgacom, s’est doté d’une etc.) et de tournois de golf. rédaction propre (huit journalistes Sportal était le partenaire officiel à plein temps et neuf pigistes) de l’Euro 2000, le championnat pour mettre en ligne des d’Europe de football, dont il a informations, accessibles produit le site officiel. gratuitement depuis b Sports.com : qualifié par novembre 2000. Le sport n’est pas certains de « bulldozer », le site sa spécialité. Il vient de signer un existe aussi en anglais, allemand, accord en vue de sponsoriser la italien et espagnol. Selon ses Coupe de France de football dernières statistiques, le site (10 millions de francs).

DÉPÊCHES a PRESSE : Dominique Pouchin, cinquante-deux ans, a été nom- mé directeur de la rédaction de France Soir. Ancien directeur de la rédaction de Libération, devenu, en 1999, grand reporter associé au Monde, il remplacera Jean-Luc Mano, nommé président de la radio BFM. Racheté fin décembre 2000 par le groupe italien Poligra- fici Editoriale, France Soir prépare un supplément parisien quoti- dien de 28 à 32 pages pour le mois de mars, qui sera intégré à son édition. a IMPRIMERIE : le groupe Riccobono a racheté 51 % du capital d’Offset Languedoc à Vendargues (Hérault), filiale de Midi Libre (groupe Le Monde), qui conserve 49 % des parts. Cette alliance vise, selon le communiqué publié lundi 29 janvier, à « pérenniser l’activité et les emplois d’Offset Languedoc en associant un professionnel de l’im- primerie de labeur au développement de l’entreprise ». a AUDIOVISUEL : Joel Klein, ex-directeur de l’ antitrust au dépar- tement américain de la justice sous l’administration Clinton et l’un des principaux acteurs du procès Microsoft, rejoint Bertelsmann comme PDG du groupe aux Etats-Unis. Il prend ses fonctions au moment où le groupe allemand cherche à la fois à se développer aux Etats-Unis et à fusionner avec la major du disque britannique EMI. a Le gouvernement a décidé de nommer un médiateur pour étu- dier la situation de la Société française de production (SFP) et les dif- férentes hypothèses sur l’avenir de cette entreprise, dont le person- nel est en grève depuis le 19 janvier. Cette mission pourrait être confiée à Jean-Michel Bloch-Lainé, inspecteur des finances, auteur en 1996 d’un audit sur la télévision publique. a Le représentant de Vivendi Universal au conseil d’administra- tion de British Sky Broadcasting Group (BSkyB) a remis sa démis- sion, mercredi 31 janvier. Vivendi Universal cherche à céder les 22 % qu’il détient dans le groupe britannique. a Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), présidé par Domi- nique Baudis, a tenu sa première assemblée plénière, mardi 30 jan- vier. Les nouveaux conseillers se sont répartis dans les 14 groupes de travail. Yvon Le Bars supervisera la télévision numérique terres- tre ; Philippe Levrier s’occupera de la télévision locale, des dossiers européens et relations internationales et de l’outre-mer ; Francis Beck des nouvelles technologies de l’information et de la communi- cation, des programmes et de la production audiovisuelle. 22 / LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 b FINANCES ET MARCHÉS

EUROPE

TABLEAU DE BORD ÉCONOMIE

FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40

TUITDQP SVUWDUI

TPSIDRH més par l’annonce d’une nette

UIPQ TRHW

AFFAIRES semaine dernière, va supprimer TRUU Ralentissement hausse des réserves américaines

TWQU TPSU environ 200 de ses 350 emplois, TQWH d’essence et par le recul des cours

TUSH TIHT a-t-il annoncé mercredi. Huit TQHP de la croissance du fioul domestique sur le marché

bureaux européens seront fermés. new-yorkais. Le « light sweet cru- TSTQ SWSS INDUSTRIES TPIR

américaine de » (le baril de référence) pour

TQUU SVHR

b BAYER : les intersyndicales b IFIL : la holding italienne, TIPU livraison en mars a clôturé en bais-

TIWH STSQ

de Bayer SA, filiale du chimiste contrôlée par la famille Agnelli, [[[THQW [[[ [[[au dernier trimestre se de 0,40 dollar, à 28,66 dollars, à

er er er er er er

I xF IR hF I pF xF IR hF I pF I xF IR hF I pF allemand, ont appelé le a annoncé mercredi qu’elle I New York. Tendance analogue à personnel à une grève vendredi portait de 56,5 % à 100 % sa part LA CROISSANCE du produit inté- Londres, où le Brent s’échangeait à Indices cours Var. % Var. % 2 février, pour protester contre dans sa filiale Alpitour, numéro Europe 12 h 30 f se´lection 01/02 31/01 31/12 rieur brut (PIB) américain a été de 26,45 dollars contre 26,89 dollars la

des projets de délocalisation des un italien des voyages organisés, 1,4 % en rythme annuel au dernier veille. ± ± IDPH IDHR EUROPE EURO STOXX 50 RUPPDTV

a

± sites en Europe, a-t-on appris de pour un montant d’environ ± trimestre 2000, contre 2,2 % au tri- L’Organisation des pays expor- RSHIDHP IDPW IDPQ EUROPE ƒ„yˆˆ SH

source syndicale. Des salariés de 103 millions d’euros. Ifil est ± mestre précédent, a annoncé, mer- tateurs de pétrole (OPEP) est QWPDRU IDIS HDIU EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR

± ± IDHP HDQP Bayer se mobiliseront le même l’actionnaire de référence du EUROPE STOXX 653 QSVDTR credi 31 janvier, le département du favorable à un baril « autour de

± ± SVUWDUI IDWV HDUW jour en Belgique et en Espagne. français Club Méditerranée. PARIS geg RH Commerce. Il s’agit du taux le plus 25 dollars », a réaffirmé mercredi

PSUQDHP HDHS QDVT PARIS wshgeg faible depuis 1995. Les analystes le ministre algérien de l’énergie

b b

± ± QWWUDVH IDVI HDTI DANONE : les salariés des INTERNET : quinze acteurs PARIS ƒfp IPH tablaient sur une croissance de l’or- Chakib Khelil, président en exerci-

± QUVQDIU HDWU HDQP douze usines de LU France ont majeurs de l’Internet haut débit PARIS ƒfp PSH dre de 2 %. ce de cette organisation. « Nous

Â

PWRQDPU HDIW RDRV été invités par les intersyndicales ont annoncé mercredi la création PARIS ƒigyxh we‚gri Pour l’ensemble de l’année 2000, la militons pour un prix stable autour

± ± TQTDST HDSQ HDIT de chaque site à des débrayages du Club Digima, avec l’ambition AMSTERDAM eiˆ croissance a été de 5 %, contre de 25 dollars », a-t-il déclaré.

± a PWUPDRH HDIQ IDUP temporaires en série, jeudi d’en faire « une force de BRUXELLES fiv PH 4,2 % l’année précédente. Le ralen- La Russie puis l’Espagne se

er

±

TUITDQP IDIT RDQW 1 février, alors qu’un comité du proposition ». Parmi les membres FRANCFORT heˆ QH tissement au quatrième trimestre sont déclarées mercredi détermi-

±

TPSIDRH HDUQ HDRT groupe Danone devait se tenir le fondateurs figurent Microsoft, LONDRES p„ƒi IHH s’explique notamment par la bais- nées à renforcer leur coopération

± IHIIPDVH HDHQ IIDHI même jour à Paris. RealNetworks, Cable et Wireless, MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi se des dépenses pour les biens de pétrolière avec l’Irak, au terme

± RRQVIDHH IDPW IDSI

France Télécom DSL, IO MILAN wsf„iv QH consommation. La progression du d’une visite dans ce pays du minis-

± ± UWWHDWH HDVQ IDUV b CORUS : le groupe Interactifs, Réservoir Net, e-TF1, ZURICH ƒ€s PIB avait été de 7,3 % en rythme tre russe de l’énergie Alexander sidérurgiste anglo-néerlandais, Wanadoo Audiovisuel et ITV- annuel au quatrième trimestre Gavrine puis du secrétaire d’Etat anciennement British Steel, a Drama Forum. ´ 1999. espagnol aux affaires étrangères, annoncé, jeudi, la suppression de AMERIQUES a La Réserve fédérale américai- Miguel Nadal. Il s’agit de la premiè- plus de 6 000 emplois dans le FINANCES ne a annoncé, mercredi, une bais- re visite d’un responsable espagnol

monde d’ici deux ans. NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR se de son taux interbancaire au de ce rang dans ce pays depuis l’en-

IHVVUDQT PUUPDUQ b AGF : AGF Collectives et AGF HDWRP jour le jour, ramené de 6 % à 5,5 % trée en vigueur du régime des sanc-

b IHWUU QRSI ELECTRABEL : l’électricien Asset Management ont été HDWSS (lire page 18). tions, décidé par l’ONU en 1990.

belge, filiale à 40 % du groupe choisis, à la suite d’un appel IHVRS QPIW

multiservices français Suez d’offres, par TotalFinaElf pour la HDWQP a FRANCE : le ministre de l’éco- a IRLANDE : le ministre alle-

IHUIQ PWVU

Lyonnaise, supprimera gestion des « engagements d’Elf HDWHW nomie et des finances, Laurent mand des finances Hans Eichel a

IHSVP PUSS

1 700 emplois d’ici à 2003 sur un Aquitaine envers ses retraités et HDVVT Fabius, a estimé, jeudi 1er février, ajouté sa voix, mercredi, aux criti-

IHRSH PSPQ total actuel de 15 235, dans le futurs retraités bénéficiaires de sa HDVTP que le ralentissement de l’écono- ques visant la politique économi-

IHQIV PPWI cadre d’un plan pour renforcer sa caisse de retraite des salariés ». HDVQW mie américaine ne devrait que légè- que irlandaise, estimant que les

[[[ [[[ [[[

er er er compétitivité, a-t-il annoncé er rement toucher la France. «La baisses d’impôts et la hausse des I xF IR hF QI tF I xF IR hF QI tF xF IR hF I pF mercredi 31 janvier. b BOURSE : la Bourse de Paris I baisse du chômage va continuer, dépenses prévues contribuaient à a annoncé, mercredi, qu’en cas Indices cours Var. % Var. % peut-être à un rythme moindre que nourrir l’inflation. « Les gouverne- Ame´rique 9h57 f se´lection 31/01 30/01 31/12

b SHELL : le pétrolier de présence simultanée dans le record de 2000 mais elle va conti- ments nationaux (de la zone euro)

IHVVUDQT HDHT HDWQ E´TATS-UNIS hy‡ tyxiƒ

anglo-néerlandais a annoncé l’indice CAC 40 de deux sociétés nuer », a-t-il déclaré sur l’antenne ont naturellement la responsabilité

± IQTUDII HDSU QDSS E´TATS-UNIS ƒ8€ SHH

mercredi l’achat de 18 % de la dont l’une contrôle l’autre, le de RTL. de ne pas jeter de l’huile sur le feu

± PUUPDUQ PDQI IPDPQ E´TATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i

compagnie semi-publique poids de la société fille pris en a La demande globale et la (de l’inflation) par leur politique fis-

± WQPIDVU HDPV RDQS TORONTO „ƒi sxhiˆ

égyptienne Natgas auprès du compte dans l’indice sera limité à demande étrangère en produits cale et budgétaire », a déclaré

IUTUPDUU FFFF ISDVP SAO PAULO fy†iƒ€e

groupe égypto-koweïtien la part du capital non détenu par manufacturés devrait ralentir enco- M. Eichel au cours d’une conféren- QTIDRQ HDHW IRDQV MEXICO fyvƒe

EK Holding. Natgas dispose d’une la société mère. A compter du re au cours du premier trimestre ce de presse à Berlin. « C’est ce qui SQPDVH HDPR PUDVR BUENOS AIRES wi‚†ev

concession de vingt ans pour 2 mars, la part de capitalisation 2001, après avoir déjà enregistré se produit avec l’Irlande », a regret- IHRDWV HDSW WDQS SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev

l’étude et la réalisation d’un de TF1, société contrôlée par un repli en janvier, selon les chefs té le ministre. ± UWHQDTW IDVI ISDVH CARACAS ge€s„ev qixi‚ev réseau de distribution de gaz Bouygues, sera de 60 % et celle de d’entreprise interrogés par l’Insee naturel dans le delta du Nil. Sanofi-Synthelabo, groupe dans le cadre de son enquête tri- a SUISSE : la Suisse a enregistré contrôlé par L’Oréal et ASIE - PACIFIQUE mestrielle parue jeudi. en décembre 2000 un déficit com- b RWE : la Commission TotalFinaElf, sera de 50 %. a Quelque 280 000 très petites mercial de 289,1 millions de francs européenne a donné mercredi TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN entreprises (TPE) – 13 % des TPE suisses (188,5 millions d’euros), à

son feu vert au rachat de françaises – envisagent d’embau- comparer avec un déficit de IQUUWDSS IHVDUR RÉSULTATS ITITQDWW

Condea, filiale chimie du numéro cher du personnel dans les trois 211,4 millions de francs suisses en

ISQWW IIPDP

un allemand de l’énergie, RWE, a ESSILOR : le groupe français ITITQ prochains mois. Pour 11 % d’entre novembre, a annoncé jeudi l’Office

IRWSW IHVDP

par le groupe pétrochimique d’optique a annoncé mercredi ISUPV elles, il s’agit de créations de pos- suisse des douanes à Berne. En glis-

IRSPH IHRDI sud-africain Sasol. un bénéfice net de 135 millions ISPWP tes, selon un nouveau baromètre sement annuel, la Suisse a réduit

IRHVH IHH d’euros en 2000, en hausse de IRVST trimestriel de l’Ifop pour Fiducial. son déficit commercial de 27,08 %.

b SANOFI-SYNTHELABO : le 12 % par rapport à 1999. Essilor, Par ailleurs, près de la moitié IQTRH WSDW

groupe pharmaceutique qui a confirmé qu’il procédera à IRRPH (46 %) des personnes âgées de dix- a ISRAËL : les investissements IQPHI WIDV

français a racheté la part l’annulation de 6 % de son capital, [[[IQWVR [[[ [[[huit à quarante ans se disent ten- étrangers en Israël ont atteint le

er er er er er er

I xF IR hF I pF xF IR hF I pF I xF IR hF I pF détenue par le laboratoire publiera ses résultats définitifs le I tées par l’aventure de la création montant record de 11,5 milliards anglo-suédois AstraZeneca dans 15 mars. Indices cours Var. % Var. % d’entreprise, selon un sondage de dollars (12,2 milliards d’euros)

leur joint-venture commun Zone Asie 9h57 f se´lection 01/02 31/01 31/12 Ifop réalisé pour le Salon des entre- en 2000 contre 9 milliards en 1999,

± ± IQUUWDSS HDRT HDHR en Suède. a PECHINEY : le groupe d’alumi- TOKYO xsuuis PPS preneurs, qui s’est ouvert mercredi tout en connaissant une forte dimi-

ITITQDWW HDQV UDHV

nium a réalisé un bénéfice net HONGKONG rexq ƒixq à Paris. La création reste surtout nution en fin d’année, a indiqué,

± IWVPDQV HDRS PDVV

SERVICES de 314 millions d’euros au cours SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ une ambition masculine, tentant jeudi, la Banque d’Israël. Au der-

±

UUDPU HDWI PIDWU

de son exercice 2000, contre SE´OUL gyw€yƒs„i sxhiˆ 58 % des hommes contre 38 % des nier trimestre 2000, le montant de

QQIPDIH HDTQ RDWW

b LETSBUYIT : le numéro un 260 millions d’euros en 1999, en SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ femmes. ces investissements a atteint

± PQDVR HDPI PUDWU

européen des sites Internet hausse de 21 %. Le chiffre d’affai- BANGKOK ƒi„ 1,6 milliard de dollars contre une

± RPVRDRT HDWV UDVT

d’achats groupés, sauvé in res a progressé de 12,3 %, à BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ a PÉTROLE : les cours du baril moyenne de 3,3 milliards de dollars

PHIRDWU HDQS SDWT extremis de la liquidation la 10,679 milliards d’euros. WELLINGTON xƒiERH se sont dépréciés, mercredi, dépri- pour les trois premiers trimestres.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro

Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 31/01

HDISPRS UDRTII FRANC ...... TDSSWSU EURO ...... COURONNE DANOISE.

´ QDQSQVS VDPHSH

Action Aol-Time Warner PARIS NEW YORK DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVEGIENNE

QDQVUUR VDVQWS

AOL-Time Warner LIRE ITALIENNE (1000) . IDWQTPU LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUE´DOISE ......

` QDWRPQV QRDTWHH

en dollar à New York L’INDICE CAC 40 s’inscrivait en LES INVESTISSEURS avaient anti- PESETA ESPAG. (100) .... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHEQUE

QDPUIWH IDUHQR ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100) .... DOLLAR AUSTRALIEN .

RDUTUHQ IDQWSR

déçoit les marchés 65 nette baisse de 1,30%, jeudi cipé une nouvelle baisse de ses SCHILLING AUTR. (10) . IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

er

VDQPVWR UDPRUU

1 février à la mi-journée, attei- taux d’intérêt par la Réserve fédéra- PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR HONGKONG .

52,56 ´ ´ ´ ´ PDWUTTH PDIIIQ

L’OPTIMISME affiché par AOL- gnant 5 920,37 points. Mercredi le américaine, et après l’annonce FLORIN NEERLANDAIS PDPHQUI FLORIN NEERLANDAIS DOLLAR NEO-ZELAND

IDTPTHU PTSDIVHH 60 le 31 janv. FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FORINT HONGROIS ....

IDIHQPR PRRRS Time Warner lors de la publica- soir, le CAC avait fini en hausse de mercredi 31 janvier, l’indice Nas- MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... LEU ROMAIN ......

IDWPSHQ QDUWUH DRACHME GREC. (100). QDRHUSH DRACHME CREC. (100). ZLOTY POLONAIS ...... tion, mercredi 31 janvier, de ses 55 1,37 %, à 5 998,49 points. L’indice daq composite, baromètre des premiers résultats trimestriels en du Nouveau Marché avait progres- valeurs de croissance, a perdu tant que groupe fusionné n’a pas sé de 0,66 %, à 2 987,09 points. 2,31 %, à 2 772,73 points. Les indi- 50 Coursdechangecroise´s complètement convaincu les mar- ces plus classiques ont été moins Cours Cours Cours Cours Cours Cours chés, à en croire l’évolution du affectés par les prises de bénéfice. 01/02 12 h 30 f

45 FRANCFORT DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S.

titre : à la Bourse de New York, le Le Dow Jones a terminé quasiment DOLLAR ...... FFFFF HDVTTQT HDWRPQH HDIRQTR IDRUSQH HDTIRPI

géant mondial d’Internet et des LES PRINCIPALES VALEURS alle- inchangé, en hausse de seulement YEN ...... IISDRPSHH FFFFF IHVDURSHH ITDSUSHH IUHDPVHHH UHDVUSHH

médias clôturait mercredi en bais- 40 mandes de l’indice DAX étaient en 0,06 %, à 10 887,36 points. Et l’indi- EURO...... IDHTIPQ HDWIWSV FFFFF HDISPRS IDSTSTH HDTSIVS FRANC...... TDWTITS TDHQPTH TDSSWSU FFFFF IHDPUPIS RDPUTHH

se de 3,22 %, à 52,56 dollars baisse, au milieu de la séance de ce Standard & Poor’s 500, plus lar-

35 LIVRE ...... HDTUUVQ HDSVUQH HDTQVUH HDHWUQS FFFFF HDRITPS (56,51 euros), après avoir progres- jeudi, de 1,10%, à 6 720,28 points. ge que le Dow, s’inscrivait en bais- FRANC SUISSE ...... IDTPVIH IDRIHVS IDSQRQH HDPQQVS PDRHPRH FFFFF sé en cours de séance. La Bourse de Francfort avait termi- se de 0,56 %, à 1 366,01 points. Pourtant, les dirigeants du groupe 30 né en hausse de 0,83 % mercredi, Taux d’inte´reˆt(%) Matif ont claironné que leurs prévisions ADSO N J affichant 6 795,14 points à la TAUX de croissance pour 2001 n’avaient 2000 01 clôture. Le Nemax 50, l’indice des Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier Taux 31/01 f Cours 12 h 30 f

pas changé, en dépit des signes 50 valeurs vedettes de la technolo- LES MARCHÉS obligataires euro- j. j. 3 mois 10 ans 30 ans 01/02 prix prix

Source : Bloomberg Notionnel 5,5 RDTH RDWR SDRR

FRANCE ...... RDUV

VWDUI VWDUU inquiétants d’essoufflement de gie, avait en revanche perdu péens étaient orientés à la hausse, MARS2001...... IQPTVRDHH

RDUP RDVH SDQU ALLEMAGNE .. RDVQ

er

SDTT RDVR RDRH l’économie américaine : ainsi, le d’AOL (7,7 milliards de dollars en 1,38 %, à 2 804,92 points. jeudi matin 1 février, au lende- GDE-BRETAG. TDTQ Euribor 3 mois

xg xg xg RDUH SDIW SDVH

président du groupe, Gerald Levin, 2000). Mais toutes les activités de main de la baisse des taux direc- ITALIE...... RDVQ MARS2001......

HDQQ IDSH PDPI JAPON ...... HDUH

a-t-il confirmé que son chiffre d’af- Time Warner se sont revélées pous- teurs américains et de la confirma- RDWT SDIW SDSQ

LONDRES E´TATS-UNIS... SDTT

QDQP QDRV RDHR

faires progresserait de 12 % à 15 %, sives : ses chaînes câblées n’atti- tion du ralentissement de l’écono- SUISSE ...... QDIP Pe´trole

RDUH RDWQ SDRH à 40 milliards de dollars. Quant au rent plus autant de publicité À LA BOURSE de Londres, l’indice mie américaine au dernier trimes- PAYS-BAS...... RDUS Cours Var. % résultat avant impôts, intérêts, qu’auparavant, les ventes de dis- enregistrait un recul modéré de tre. Les rendements des emprunts En dollars f 31/01 30/01

dépréciations et amortissements, il ques sont moins reluisantes et 0,48 % à la mi-séance, jeudi, à d’Etat européens, qui évoluent à

` ` ± HDHR Matieres premieres BRENT (LONDRES) ...... PTDTS

devrait, selon lui, augmenter d’en- certains de ses films, dont Little Nic- 6 267,00 points. Le Footsie avait l’inverse de leurs cours, se ± HDWI WTI (NEW YORK) ...... HDPV

Cours Var. % ± HDPR LIGHT SWEET CRUDE.... PVDSV viron 30 %, à 11 milliards de dol- ky, n’ont pas connu le succès clôturé mercredi en baisse de repliaient à 4,78 % pour le Bund En dollars f 31/01 30/01

lars. Preuve que le groupe compte escompté. 0,58 %, à 6 297,5 points. A allemand à dix ans, et 4,92 % pour ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE

± HDIW

bien réaliser les synergies escomp- S’ajoute à ce tableau mitigé le l’inverse, l’indice techMARK des l’OAT française. CUIVRE 3 MOIS...... IVIUDSH Or ±

HDQR

tées au moment de l’annonce du ralentissement de la croissance 100 principaux titres de la techno- ALUMINIUM 3 MOIS...... ITPRDSH

± IDPU PLOMB 3 MOIS ...... SHSDSH

rachat de Time Warner par Ameri- aux Etats-Unis, auquel on peut logie avait terminé dans le vert, Cours Var %

± HDRV

ETAIN 3 MOIS...... SPPH En euros f 31/01 30/01

MONNAIES ±

HDSP

ca Online (AOL), notamment en imputer la récente décision du gagnant 0,85 %, à 2 808 points. ZINC 3 MOIS...... IHRTDSH

±

HDWU

OR FIN KILO BARRE ...... WISH

± PDIS

terme de publicité et d’abonnés. groupe de supprimer quelque L’EURO se stabilisait en début de NICKEL 3 MOIS...... TTHS FFFF

OR FIN LINGOT...... WQWH

ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE

FFFF

Premier fournisseur d’accès à Inter- 2 400 emplois. Enfin, les coûts de matinée jeudi au-dessus de ONCE D’OR (LO) $ ...... PTTDRH

±

HDWP

TOKYO ARGENT A TERME ...... RDVP

± HDQU

PIE`CE FRANCE 20 F ...... SQDTH

± IDHS

net du monde, AOL a fait preuve la fusion entre AOL et Time War- 0,94 pour 1 dollar, dans l’attente PLATINE A TERME ...... IRWWWRDSH ± HDST PIE`CE SUISSE 20 F ...... SQDQH

´

FFFF d’une belle vitalité au dernier tri- ner, approuvée le 11 janvier par les L’INDICE Nikkei a terminé jeudi de la réunion des gouverneurs de GRAINES DENREES $/BOISSEAU PIE`CE UNION LAT. 20 .... SQ

C

HDIV ´ PUQDSH FFFF

mestre 2000, en attirant 2,1 mil- autorités américaines, ont pesé sur en repli de 0,46 %, à la Banque centrale européenne, BLE (CHICAGO)...... PIE`CE 10 DOLLARS US ... PHR

± PHW FFFF HDUS ` QTTDPS

lions de nouveaux abonnés, un les résultats du quatrième trimes- 13 779,55 points. Les opérateurs dans l’après-midi. La devise euro- MAIS (CHICAGO) ...... PIECE 20 DOLLARS US ... C ITSDQH FFFF HDPW SOJA TOURTEAU (CHG.) PIE`CE 50 PESOS MEX. .... QRT

chiffre record. Mais son poids tre, qui se sont soldés par une per- ont vendu les grandes valeurs tech- péenne a regagné deux cents de SOFTS $/TONNE

± QDRI demeure limité par rapport à Time te de 1,09 milliard de dollars. nologiques après que le Nasdaq dollar en vingt-quatre heures. A CACAO (NEW YORK) ...... IHPH

Cotations, graphiques et indices en temps

FFFF

Warner : le chiffre d’affaires de la américain eut clôturé sur une bais- l’inverse, le yen marquait le pas, à CAFE´ (LONDRES) ...... TIT

FFFF SUCRE BL. (LONDRES)... PRQ re´elsurlesiteWebdu«Monde». seule activité cinéma excède celui Antoine Jacob se de 2,31%. 116,27 pour 1 dollar. www.lemonde.fr/bourse FINANCES ET MARCHÉS b LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 / 23

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours

RUPPDTV

VALEURS EUROPE´ENNES QSVDTR

RHS SRUP

SPWV VALEURS EUROPÉENNES QWR QTPDQW RUUUDSH

b QTPDPS SIPS Le titre de l’éditeur de logiciels rendu une décision favorable à sa QVP

QTIDSQ

Internet Intershop a chuté de reprise de la société italienne Tele- QTIDSP QUI RWSI

18 %, à 9,84 euros, sur le Neuer montecarlo. RUSVDWR

RUPTDPH

QSVDTR RUUV QTH RUSQDVP

Markt, mercredi 31 janvier à Franc- b Terra Lycos a encore gagné RUPPDTV

RTHR fort. La société a annoncé que ses 3,65 %, à 18,45 euros, à la Bourse QRV

[[[[[[[[ [[[[[[[[

er er er er

 à   à  pi†F Q ey „Ipi†F †vwwt I pi†F Q ey „Ipi†F †vwwt pertes ne se réduiraient pas en de Madrid, après avoir bondi de I 2001. 7,23 % mardi. La filiale Internet de

b

C Le titre du groupe ARM Hol- Telefonica a annoncé l’acquisition e e C e e ± ± TIDUH HDQP q‚ PIDRH IDIQ p‚ SW HDVR p‚ PPUDPH HDWQ SEB p‚ ELAIS OLEAGINOU VINCI PINAULT PRINT.

C e e e C ± ± PHRDRH PDPH p‚ WQDIS HDVS p‚ RPDVI HDRH qf IDHR IDSR dings, spécialisé dans les semi-con- du site financier Raging Bull, SODEXHO ALLIANC p‚ ERID.BEGH.SAY VIVENDI ENVIRON SIGNET GROUP

C C e e C

± QDPS IDPP xv RIDUH HDWU ƒi PHDVP TDQT gr PPTDRR HDRQ

ducteurs pour l’Internet mobile, appartenant à Altavista. TELE PIZZA iƒ HEINEKEN HOLD.N VOLVO -A- VALORA HLDG N

C C C e e ± IPWPDTR HDIS q‚ IWDQP HDVP ƒi PIDIT RDUT xv IRDVP HDPH THE SWATCH GRP gr COCA COLA HBC VOLVO -B- VENDEX KBB NV

b e ± ± s’est envolé de 6 %, à 530 pence, L’action du constructeur ± PTTDTQ HDPR q‚ IRDPT IDPS SHVDUR IDWT qf UDHP FFFF THE SWATCH GRP gr HELLENIC SUGAR f DJ E STOXX IND GO P W.H SMITH

e C ± ± SQDPH QDWU hi IU HDVW qf UDHR IDSR après avoir annoncé un bénéfice DaimlerChrysler a regagné un THOMSON MULTIME €e KAMPS WOLSELEY PLC

C e C ± IDPR HDVH qf PIDPQ HDIS QTHDWR HDSS WW/WW UK UNITS s‚ KERRY GRP-A- f DJ E STOXX RETL P

annuel supérieur aux prévisions peu du terrain perdu ces derniers e ± IPDIU IDSP s„ PDIW FFFF WILSON BOWDEN qf MONTEDISON ASSURANCES

± ± SDVV QDUH gr PPTSDUP HDSP

des analystes. jours, terminant sur gain de WM-DATA -B- ƒi NESTLE N

IDWV FFFF

AEGIS GROUP qf

C e C e

IUDQS HDIU xv RRDWS HDST

b WOLFORD AG e„ KONINKLIJKE NUM HAUTE TECHNOLOGIE

A Milan, la société d’édition et 2,43 %, à 51,05 euros. Le groupe a e C

RHDIH HDIH

AEGON NV xv

e C ±

IDVP s„ IDUQ HDSV

f DJ E STOXX CYC GO P ITHDTI PARMALAT e e ± p‚ TVDUH FFFF

IHUDVV PDSQ AGF hi

Internet Seat Pagine Gialle (Tele- démenti des rumeurs de rachat e AIXTRON ±

UU PDSQ

PERNOD RICARD p‚ e

± e ± s„ ITDSS HDVR

TIDVH QDHT

ALLEANZA ASS ALCATEL-A- p‚

e PDHP FFFF

com Italia) a terminé en hausse de par un concurrent étranger, ainsi RAISIO GRP -V- ps

e C e hi QTWDSH HDTV ±

TDIR HDWU

ALLIANZ N ALTEC SA REG. q‚

C UDHR HDTU

SCOTT & NEWCAST qf e

xv IHR FFFF 4,51 %, à 2,25 euros. Le tribunal que celles évoquant la disparition ±

VDIS PDHV PHARMACIE ASR VERZEKERING ARM HOLDINGS qf

±

UDTS IDRP

SOUTH AFRICAN B qf e

±

p‚ IRSDIH IDVQ ±

RDSS RDWP

AXA ARC INTERNATION qf

±

RRQDUQ HDIS

administratif régional du Latium a du mot Chrysler dans son nom. ACTELION N gr C

RDHU IDIU

TATE & LYLE qf

C e

± gr IITSDVT HDUW

QHDRI HDWI

e BALOISE HLDG N ASM LITHOGRAPHY xv ±

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ALTANA AG hi C QDWR HDRH

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qf ISDUI HDUW

PDUH IDIP

BRITANNIC BAAN COMPANY xv C

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ASTRAZENECA qf e ± THDPS HDIU

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qf ISDVT HDVH ±

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e CGNU BALTIMORE TECH qf

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AVENTIS p‚ C

qf VDPI IDQT

± UNILEVER RTDQI IDHR

xy e

NORSK HYDRO ± p‚ QUDSH PDTH ±

ITDTV QDVH

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WUUDTS QDUW

BB BIOTECH gr

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qf WDPS HDTU

C WHITBREAD PIDSP SDUI

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ITDVV FFFF

CORP MAPFRE R SPIRENT qf

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01/02 12 h 49 f CELLTECH GROUP qf C

HDPH

pays en euros 31/01 e f PRIDPP

± DJ E STOXX F & BV P p‚ ITDQT HDVS

RHODIA e C ± hi ITH HDQI

RDSR PDQT

ERGO VERSICHERU BAE SYSTEMS qf

±

QRDPP IDWS

ELAN CORP si

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PIDUV SDQH

e ETHNIKI GEN INS BROKAT hi

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QPQ QDSV

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PUDVT PDHS

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TESSENDERLO CHE e C e ± p‚ SQDQS HDTT

QDTQ IDTQ

EULER BULL p‚ e C

VTDQH IDHS

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PIDTH HDRU

xv BIENS D’EQUIPEMENT

± e C KON. VOPAK NV

hu VQDSH IDII ±

p‚ UUDUS PDVI IWDTV HDSV

AUTOLIV SDR ƒi CODAN BUSINESS OBJECT

± UDWP HDUI

GAMBRO -A- ƒi

C

IPDSV HDIP

qf e e e C WS ATKINS ± ± fi QRDQH FFFF

gr IHSDVU HDTI p‚ PHH RDQI RUDVH IDRW

fi ABB N FORTIS (B) CAP GEMINI BASF AG C PVDQV HDTU

GLAXOSMITHKLINE qf

C

HDIU

f QWWDHS e ±

e C s„ QWDQS IDIQ DJ E STOXX CHEM P ± ±

gr UPQDRQ HDTR qf PVDWH RDPP QUDUH HDPT

BMW hi ADECCO N GENERALI ASS COLT TELECOM NE IHUDPP FFFF

H. LUNDBECK hu

e ±

e C

e C e ± e„ IUS HDSU

s„ WDRI IDVR ps WDQS SDIU IVDQH HDPU

CONTINENTAL AG hi AEROPORTIDIRO GENERALI HLD VI COMPTEL ± IVIPDVQ HDQW

NOVARTIS N gr

e ± e qf SDVW HDUW ± ±

±

qf TDTH HDRU p‚ TVDWS RDWH SHDVS HDIH

DAIMLERCHRYSLER hi AGGREKO INDEPENDENT INS DASSAULT SYST. ± PIIDUU IDPS

´ NOVO-NORDISK -B hu

e CONGLOMERATS e e C ± q‚ IQDSH SDRU

p‚ PSDTH QDSV qf VTDQV FFFF PU FFFF

FIAT s„ ALSTOM INTERAM HELLEN DIALOG SEMICOND ± VDWI QDUR

NYCOMED AMERSHA qf

e e C ± qf IPDSV HDPS ± ±

p‚ UUDUS IDPU ƒi IPDTU PDTI C IUDUU IDTI s„ e

PRP HDSV fi ALTRAN TECHNO IRISH LIFE & PE ERICSSON -B- FIAT PRIV. e C PP PDQQ

D’IETEREN SA ORION B ps

e ±

e C e ± ± s„ SDUP IDQV

gr TIRDQH IDHS ps QDPT TDVT RIDTR IDST p‚ e

VS FFFF MICHELIN p‚ e ALUSUISSE GRP N FONDIARIA ASS F-SECURE

± QSDPH IDSW

AZEO QIAGEN NV xv

e C ± ± qf PDTS HDTH ±

ƒi IVDQV IDSP qf SDTU IDIH PUQDWH HDHR p‚ e

± PRTDUH HDWP PEUGEOT fi ASSA ABLOY-B- LEGAL & GENERAL FILTRONIC ± IIVPVDSP HDPS

GBL ROCHE HOLDING gr

e

±

e C e ± s„ IRDVS IDWP

qf SDVR HDSR s„ RHDWH QDUT C RDHQ FFFF s„ e

RIDSH HDVH fi ASSOC BR PORTS MEDIOLANUM FINMATICA

PIRELLI SPA C WVVIDHT HDPH

GEVAERT ROCHE HOLDING G gr

e C e

e C ± hi QRVDPH HDHT ±

ƒi PSDTP PDUW xv UDIR IDSP hi QRTH IDHP

± SDIU HDQH DR ING PORSCHE qf e ATLAS COPCO -A- MUENCH RUECKVER GETRONICS ± SVDUS SDHW

INCHCAPE SANOFI SYNTHELA p‚

e

±

e C ± ps RUDSH HDPI ±

ƒi PRDRR QDSU hu PIDRR QDTI C p‚ SSDHS IDQV

VDPW IDRW xy ATLAS COPCO -B- POHJOLA GRP.B GN GREAT NORDIC

RENAULT e C SUDPS IDTW

KVAERNER -A- SCHERING AG hi

e C e e C ± ± qf ITDPR HDPW

q‚ TDPV PDRV hi RUDIH IDVU SIDIH IDRW p‚ e

± UDIR HDPV q‚ ATTICA ENTR SA PRUDENTIAL INFINEON TECHNO VALEO C PHDQW HDQI

MYTILINEOS SHIRE PHARMA GR qf

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e C s„ ISDVW PDPV ± ±

qf WDIQ IDIW p‚ PIDRS IDST hi SSDTH IDTS

± PRRDRI IDWU

VOLKSWAGEN gr BAA RAS INFOGRAMES ENTE ± VRTDWS HDPQ

UNAXIS HLDG N SERONO -B- gr

C

C e C

qf VDPW HDQV ±

qf SDRS HDVU q‚ IWDWV HDUW PQQDPV HDIV

± PHDSR HDQH f xy BBA GROUP PLC ROYAL SUN ALLIA INTRACOM R DJ E STOXX AUTO P C RDVV HDWU

ORKLA SMITH & NEPHEW qf

e

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s„ PHDPH HDQH ±

PIDVQ HDUP qf TDIT HDUT e qf

± IDRS IDQT €„ BTG SAI KEWILL SYSTEMS C

UDUT TDPR

SONAE SGPS SSL INTL qf

e e C ± ± ps TH IDUI

s„ PDTP PDWT qf PWDHI QDPH C

PDUP HDSV

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TOMKINS SULZER AG 100N gr

±

gr PRSQDWQ HDSQ ± ±

qf UDTS HDVI gr QPHDPP HDPH

BANQUES QPWDWV FFFF CAPITA GRP SWISS RE N LOGITECH INTL N f ± UHRDRV PDWU

DJ E STOXX CONG P SYNTHES-STRATEC gr

e

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CDB WEB TECH IN s„ SCOR MARCONI e C fi RHDRH PDPV

C

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e ± e

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ABN AMRO HOLDIN xv WILLIAM DEMANT

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TIDVV FFFF xv IVDIH IDQT

´ ´ e CMG qf ST JAMES’S PLAC OCE TELECOMMUNICATIONS ± iƒ ISDPH IDTP

±

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C

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BANK OF PIRAEUS DEUTSCHE TELEKO hi

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± C C ± RQSDTV HDSQ WDIW HDTV qf WDVW PDUU qf SDWS HDVH

e BP AMOCO qf ELECTROCOMPONEN f DJ E STOXX INSU P SEMA ±

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PDTH HDUT

BANKINTER R EIRCOM si

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s„ SDIQ PDPW ±

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±

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s„ TDHR HDTU ±

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e C ± qf IDUR QDUR

e C iƒ IUDII HDSP QUDTQ HDPU

BBVA R MOBILCOM hi Chaque samedi avec FUTURE NETWORK

e ± e C s„ WDQU PDRH e C €„ IUDRU HDII

UDSH HDPU

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e ± e C ISDVU HDIQ e p‚ e s„ PH PDHR ± ± ps PIDVH PDRT IPDII HDUR B.P.SONDRIO SONERA HAVAS ADVERTISI ACEA s„

e e ± ± QDHS HDQQ

s‚ e €„ SDTQ HDUI ± ± PWQDIH HDTT s„ PDVS HDQS BCP R SWISSCOM N gr INDP NEWS AND M AEM

e C ± qf VDTR HDSS s„ TDVS PDWU ± SUDPQ IDVR qf WDRW FFFF BIPOP CARIRE TELE DANMARK -B hu INFORMA GROUP ANGLIAN WATER

e e ± ± TTDRS PDWW

e p‚ s„ QDVH QDQI ± IRDRQ IDIT qf QDSP FFFF BNL TELECEL €„ LAGARDERE SCA N BRITISH ENERGY

e e C ± IHDUR PDTV e q‚ p‚ WUDTH IDVI ± ± s„ IQDSS HDIS QDWI HDRH BNP PARIBAS TELECOM ITALIA LAMBRAKIS PRESS CENTRICA qf

e ± e C QTDPS PDWS e p‚ e

iƒ IIDWH HDVS ± ±

U HDSU s„ IHDTI HDUS

BSCH R TELECOM ITALIA s„ 0123 M6 METROPOLE TV EDISON

e ± IQDTW QDPS

s„ e xy SDWS FFFF ± ± TDIU PDTV fi PQSDUH HDIQ CHRISTIANIA BK TELIA ƒi MEDIASET ELECTRABEL

e e C ±

p‚ QPDWS HDUT e C e s„ UDRH IDVT ± VDTR HDQS €„ QDQW HDSW COMIT T.I.M. s„ NRJ GROUP ELECTRIC PORTUG

e ± ± qf PSDHV IDWT

e DATÉ DIM./LUNDI e C q‚ SIDRP IDIP ± s„ PIDRR SDIU IWDQU IDQT COMM.BANK OF GR TISCALI PEARSON ENDESA iƒ

e e C iƒ IVDWW IDHI

± e e hi QPDRH HDUU ± ± ISDRH IDTH s„ QDWS HDUS COMMERZBANK VERSATEL TELECO xv PRISA ENEL

e e C ± hi QSDVS IDVS e C p‚ RHDUS PDUU ± QDUR IDTS e„ QHDTI HDIT CREDIT LYONNAIS VODAFONE GROUP qf PROSIEBEN SAT.1 EVN

e ± ± PPDWH IDTU

€„ e hu IVDST HDUP ± ± HDRU ps RDIH PDIS DANSKE BANK f DJ E STOXX TCOM P USRDUI PT MULTIMEDIA R FORTUM

e C

± QT HDST

p‚ e xy SDPP HDRU ± IWDUH HDPH

DNB HOLDING -A- retrouvez PUBLICIS GROUPE GAS NATURAL SDG iƒ

e ± gr SHQDPH PDUV

± e hi WUDVV SDSU ± PRDQS HDRI DEUTSCHE BANK N PUBLIGROUPE N HIDRO CANTABRIC iƒ

C e C qf IHDRW HDQH

e C fi IUWDRH HDSH IRDUT HDUS DEXIA CONSTRUCTION REED INTERNATIO IBERDROLA iƒ

e ± ±

qf ITDVV PDUI C hi RVDSH PDHP

QDQH IDRS

DRESDNER BANK N REUTERS GROUP INNOGY HOLDINGS qf

e C

QWDIQ HDQQ

ACCIONA iƒ

e C e ± WP QDTT

v e q‚ PIDST PDUT

SDPT FFFF

EFG EUROBK ERGA e RTL GROUP ITALGAS s„

±

PUDIS HDIS

ACS iƒ

C e C qf QDUP HDRP

C e„ SRDPI HDVT

SDST IDIR

ERSTE BANK SMG KELDA qf

±

IDPI IDPV

AGGREGATE IND qf

e C C

iƒ PSDUI IDTP

ƒi IUDPH HDTT

±

WDTQ IDUT

FOERENINGSSB A SOGECABLE R NATIONAL GRID G qf

e C

VDIT IDUS

AKTOR SA q‚

±

qf QDTT FFFF C IHDPR HDWI

qf LE MONDE TELEVISION RDIS HDUT

HALIFAX GROUP TAYLOR NELSON S INTERNATIONAL P qf

QHDHT FFFF

AMEY qf

± ± qf PDRU PDRV

e C qf ITDQP PDQS

IIRDSH PDPQ

HSBC HLDG TELEWEST COMM. OESTERR ELEKTR e„

e C

IVDRH HDSS

UPONOR -A- ps e C e ± p‚ SQ QDTR

C hi ITDTS HDTH

WDTW HDQQ

IKB e TF1 PENNON GROUP qf

±

IUDWH HDVQ

AUREA R iƒ

C e C

qf UDIT HDVV

fi RVDIR HDQI

±

IIDPW HDVQ

KBC BANCASSURAN TRINITY MIRROR POWERGEN qf

e C

IHDHI HDPH

ACESA R iƒ

±

qf IQDHU FFFF C qf IHDWQ HDSU UDIV IDUV

LLOYDS TSB UTD BUSINESS ME SCOTTISH POWER qf

UDQP FFFF

BLUE CIRCLE IND qf e

± e qf QDIQ FFFF ps PPDRH PDTI e ± ± xv IQDQV IDRH

q‚ QWDQV IDSH

LASMO FINNLINES ± IHDWV HDIR

NAT BANK GREECE e UNITED PAN-EURO SEVERN TRENT qf

±

SHDPH IDSU

BOUYGUES p‚

C

± e qf PDIH PDPW qf QDRP PDPR e ± ± p‚ UWDPS PDRT

e C WVDUH HDVH

p‚ LATTICE GROUP FKI IUSDWH IDHW

NATEXIS BQ POP. VIVENDI UNIVERS SUEZ LYON EAUX p‚

RDSI FFFF

BPB qf

e C C

e C e„ VPDIP IDIS hu ISDVP HDVS ±

xv SSDUH HDQT C VDSR IDWS

ƒi OMV AG PTDPS HDVU

NORDEA e FLS IND.B VNU SYDKRAFT -A- ƒi

±

IHDRH HDIH

BRISA AUTO-ESTR €„

± e e xy WDRS HDTR ± e„ QVDWW FFFF ±

xv PSDUT I C IHDIP IDWS

hu PETROLEUM GEO-S PQDUT HDRV

NORDEA e FLUGHAFEN WIEN WOLTERS KLUWER SYDKRAFT -C- ƒi

±

IHDTP PDQW

BUZZI UNICEM s„

e C

e C IVDVR IDVR e iƒ iƒ PTDQQ IDPU ± qf IQDVS FFFF

s„ PHDWR PDPR

REPSOL YPF ± IVDRS PDHV

ROLO BANCA 1473 GAMESA WPP GROUP THAMES WATER qf

C

QDIT HDSH

NOVAR qf e ±

C xv TRDHS HDVR ± qf IQDII HDRV ± RRQDVS IDWH

e C PSDIV IDRV qf ROYAL DUTCH CO PIDUW IDQS

ROYAL BK SCOTL GKN f DJ E STOXX MEDIA P FENOSA iƒ

QIDVV FFFF

CRH PLC qf e

± e s„ TDSS QDTV ± ±

xv PRDWH PDIT C IQDQS HDVR

ƒi SAIPEM WDHP HDUH

S-E-BANKEN -A- e HAGEMEYER NV UNITED UTILITIE qf

±

PVDUS HDVT

CIMPOR R €„

±

C VDVI HDSQ e qf e ±

q‚ RDUV HDVR C IUDSI PDST

s„ SHELL TRANSP IHDPP HDIS

SAN PAOLO IMI HALKOR VIRIDIAN GROUP qf

e C

STDWH IDPS

COLAS p‚ e ±

p‚ ISTDIH IDSI ±

C qf SDUT HDVI ITDUQ FFFF

qf TOTAL FINA ELF HDPQ

STANDARD CHARTE e HAYS BIENS DE CONSOMMATION f DJ E STOXX PO SUP P QIUDTS

±

IPDRH IDIP

GRUPO DRAGADOS iƒ

±

HDUR

e QRQDWH e ± ±

hi TU PDIW

TWDSS QDVU

STE GENERAL-A- p‚ f DJ E STOXX ENGY P HEIDELBERGER DR

e C e C

xv QQDQS HDTQ PPDHW HDTR

FCC iƒ AHOLD

e

ƒi IUDVU FFFF PUDHP FFFF

SV HANDBK -A- HUHTAMAEKI VAN ps

e e C iƒ IS HDIQ ±

ISDSU IDRT

GRUPO FERROVIAL iƒ ALTADIS -A-

e ±

ƒi RDQU HDUU

VDTV FFFF

SWEDISH MATCH IFIL s„ e C

± iƒ VDVT HDTV

TDVV IDSU

HANSON PLC qf AMADEUS GLOBAL

±

gr IVSDPU PDPR

RDQH FFFF

UBS N SERVICES FINANCIERS IMI PLC qf e ± e C q‚ SDWT HDTU

SUDVH HDSP

HEIDELBERGER ZE hi ATHENS MEDICAL

e

± e

s„ SDSQ IDRQ

PRDSH FFFF

UNICREDITO ITAL INDRA SISTEMAS iƒ

± e ± C PPDQP IDUQ e qf e„ TRDVH HDQI TDSV HDTI

HELL.TECHNODO.R q‚ 3I GROUP AUSTRIA TABAK A EURO

hu VSDUV FFFF ±

PRDUP IDSV

UNIDANMARK -A- e IND.VAERDEN -A- ƒi ±

± C RPDPH HDWR

e fi qf QDQQ IDRH

ISDIH PDHQ

HERACLES GENL R q‚ ALMANIJ AVIS EUROPE ______±

QRWDHQ IDWP

±

ITDIP HDQS

f DJ E STOXX BANK P e INVESTOR -A- ƒi ± e

q‚ RRDIH IDHQ e C hi IHUDSH FFFF

PI IDPH

HOCHTIEF ESSEN hi ALPHA FINANCE BEIERSDORF AG

C

ƒi ITDIP HDQS

C INVESTOR -B-

e C C qf PRDPV IDHS p‚ RQDUH HDWP IPVUDRI HDIS

HOLDERBANK FINA gr AMVESCAP BIC NOUVEAU

UTDRH FFFF

e ISS hu ± ± C PVDVH HDVT e hi qf UDTV HDVI IPHDRH HDUS

IMERYS p‚ BHW HOLDING AG BRIT AMER TOBAC

e

±

IDVI PTDIP

PRODUITS DE BASE e ps ± JOT AUTOMATION e ±

QDVH PDST e €„ p‚ IHTDUH HDPV ± IHDIH HDQH

ITALCEMENTI s„ BPI R CASINO GP ´

± MARCHE

ƒi PSDUW PDIS

e ± KINNEVIK -B- ± qf UDUW HDTH C ± e gr PVRWDWS IDRS iƒ IHDUR HDRT WWDUS HDQS

ACERALIA LAFARGE p‚ BRITISH LAND CO RICHEMONT UNITS

C

hu IHIDVT IDQQ

C e e C COPENHAGEN AIRP ± UDWQ HDPH e qf p‚ VRDSH HDUI iƒ QSDVW IDTR

Q FFFF

q‚ CANARY WHARF GR CLARINS

ACERINOX R MICHANIKI REG. Cours % Var.

e C

ps UH QDUH

e KONE B e C qf TDHS FFFF fi SUDHS QDIT q‚ QWDPH FFFF IDVR FFFF

ALUMINIUM GREEC PILKINGTON PLC qf CAPITAL SHOPPIN DELHAIZE 01/02 12 h 49 f en euros 31/01

e

±

p‚ PRUDPH PDTH

C ± e C RDUT QDSH qf LEGRAND ± fi RVDUS QDPV qf TSDRH HDPT IHDQU IDRW

ANGLO AMERICAN RMC GROUP PLC qf CATTLES ORD. COLRUYT

e

±

hi SRDUS HDHW

± C ± IUDRQ UDSH e qf LINDE AG qf RDPU HDQU ± ƒi PHDSQ HDVQ IUPDUH IDHW

ASSIDOMAEN AB SAINT GOBAIN p‚ CLOSE BROS GRP FIRSTGROUP

e AMSTERDAM

QPDWH FFFF

e hi e C PDIW FFFF

s„ MAN AG ± qf PDPQ FFFF fi RSDVS IDVW RSDUH IDRT

BEKAERT SKANSKA -B- ƒi MONTEDISON FREESERVE

C

HDTQ

e ITDHS

±

hi IRDUH IDHI e C C AIRSPRAY NV C fi TS QDHI

TDPP PDHT MG TECHNOLOGIES qf qf RDTQ QDVU PDTS FFFF

BILLITON TAYLOR WOODROW qf COBEPA GALLAHER GRP

±

UDHP HDSQ

e C

IVDPH HDSS e ps ANTONOV C ± e e C RU RDTU

e hi ± RSDIV HDIV WARTSILA CORP A fi e„ QVDTV QDIS IRUDIH IDTI

BOEHLER-UDDEHOL TECHNIP p‚ CONSORS DISC-BR GIB

±

RDVH

e HDPI ±

ps IIDIH HDVW e C C/TAC C iƒ PSDPH PDPQ C

± e gr PWQDRQ HDPP UDHP HDPP qf METSO RHDIH PDSI

BUNZL PLC TITAN CEMENT RE q‚ CORP FIN ALBA GIVAUDAN N

±

PDSH QDWH

RDTS FFFF qf CARDIO CONTROL ± e C

± PPPDVS PDHI e gr ± hi UIDVH HDSS IDQH IHDTU qf MORGAN CRUCIBLE SW HDVR

CORUS GROUP VINCI p‚ CS GROUP N HENKEL KGAA VZ

PQDWH FFFF

e ± ƒi RWDTT PDHI e C CSS C VS FFFF e hi

± qf IHDPW HDUU RDSR HDRR q‚ NETCOM -B- IWDSH IDHR

ELVAL WIENERB BAUSTOF e„ DEPFA-BANK IMPERIAL TOBACC

±

TDVH RDWH

e ± PWVDTP IDRP hu HITT NV ± e e C ± hi RQDTH PDRR

± €„ IIDPW HDHW xv QDVH SDST HDSS

ISPAT INTERNATI f DJ E STOXX CNST P PQVDWH DIREKT ANLAGE B NKT HOLDING JERONIMO MARTIN

±

IDHQ IWDPH

± INNOCONCEPTS NV C qf ISDPH IDHP

± e qf IP PDHS ± ps IIDQU HDTP ISDPP HDTP

JOHNSON MATTHEY qf MAN GROUP EXEL KESKO -B-

IQDPS FFFF

C e ± NEDGRAPHICS HOLD IHDSS PDIV qf e e C

± p‚ URT HDVI p‚ VHDSH QDHI SH HDRT

MAYR-MELNHOF KA e„ EURAFRANCE PACE MICRO TECH L’OREAL

±

PDVW

e e PDQS

e C SOPHEON IPDII FFFF e ps fi QRDQH FFFF ± xv IHDSS HDRV UDRW HDRH

METSAE-SERLA -B ps CONSOMMATION CYCLIQUE FORTIS (B) PARTEK LAURUS NV

WR FFFF

e C PROLION HOLDING C C qf RDUH FFFF

xv QRDHI HDHT qf PDVW PDUW QHDVV IDVU

HOLMEN -B- ƒi e FORTIS (NL) PENINS.ORIENT.S MORRISON SUPERM

±

RTDUH SDHV

ACCOR p‚

±

HDVT

e e RING ROSA PDQH ± ± e C ±

p‚ IHIDPH PDSH ps IRDVS UDUT qf IQDTH IDHQ VDVV RDQS

OUTOKUMPU ps e GECINA PERLOS RECKITT BENCKIS

±

UT IDRQ

ADIDAS-SALOMON hi

FFFF

e HDHP C RING ROSA WT

e ±

fi RTDIH FFFF qf SDWP RDST ± qf RDUI IDHI SHDPS IDRU

PECHINEY-A- p‚ GIMV PREMIER FARNELL SAFEWAY e C

PRDIV HDUS

AGFA-GEVAERT fi

±

HDUU TDRS

C

e C UCC GROEP NV

± qf RDSI HDQS ± qf ISDRW HDTI qf SDTI IDII

RDPH PDQQ

RAUTARUUKKI K ps GREAT PORTLAND RAILTRACK SAINSBURY J. PL

e C

PQDUI IDQU

AIR FRANCE p‚

C

e C C

qf UDUR FFFF xv IVDWS HDSQ qf IDPT IDPU IWDHR IDTV

RIO TINTO qf HAMMERSON RANDSTAD HOLDIN STAGECOACH HLDG

±

QDTW PDHV

AIRTOURS PLC qf

e e ± e

± xv VIDWI HDQH ± hi IQDHS FFFF qf QDPH IDWP

QDRP UDHU

SIDENOR q‚ e ING GROEP RENTOKIL INITIA T-ONLINE INT ±

IDWT QDRS

ALITALIA s„

± e C e C

± hu URDQW HDVW iƒ IUDIV TDVV

qf RDPP HDQU PVDUR IDPH

SILVER & BARYTE q‚ e REALDANMARK REXAM TERRA NETWORKS BRUXELLES

±

IR HDHU

AUSTRIAN AIRLIN e„

C ±

C e qf IRDQR HDQQ ± qf QDWI QDQP qf PDHI HDUW VRDTS HDVP

SMURFIT JEFFERS LAND SECURITIES REXEL p‚ TESCO PLC TDPS FFFF

e C ARTHUR

IQDQT HDTV

AUTOGRILL s„

e C e ±

e C qf VDPQ HDUU ± xv PUDSR HDIV ps IIDPH IDUS PHDRH HDRW

STORA ENSO -A- LIBERTY INTL e„ TNT POST GROEP FFFF RHI AG HDRS

C ENVIPCO HLD CT

RTDII IDIV

BANG & OLUFSEN hu

e C e e C ±

hi IRH IDRS

± p‚ IHDHT HDWV ps IIDSH PDPP

gr QIQDTV HDTP

STORA ENSO -R- MARSCHOLLEK LAU WANADOO C PHDWS RIETER HLDG N PDPH

e C FARDIS B

PDHT HDWV

BENETTON GROUP s„

e C e

s„ IPDIQ HDTT ± C

xv UDVH FFFF ƒi PRDQP HDWP QDIW IDSH

MEDIOBANCA qf

SVENSKA CELLULO WORLD ONLINE IN ± HDUS ROLLS ROYCE IDQP

C INTERNOC HLD

IPDQR IDIT

BERKELEY GROUP qf

e

±

e C

± iƒ ITDTU IDQT

RQPDTR IDPI

hi PHDPP IDTI ± PTDWV PDHS

METROVACESA ƒi f

THYSSENKRUPP DJ E STOXX N CY G P ± HDII SANDVIK WDRV

± INTL BRACHYTHER B

UDIT IDSI

BRITISH AIRWAYS qf

e C

qf THDUS FFFF

fi QWDHS HDIQ ±

gr RWUDWU HDPT

UNION MINIERE PERPETUAL PLC C T

e SAURER ARBON N IDTW

± LINK SOFTWARE B

IPDRS QDVT

BULGARI s„

e C

ISDQW PDUQ

qf e ps QQDUH FFFF

±

UPDTS PDQS

UPM-KYMMENE COR PROVIDENT FIN p‚ FFFF

e SCHNEIDER ELECT HDRS

± PAYTON PLANAR

RVDTH PDWW

CHRISTIAN DIOR p‚

e

± e C

xv RRDPS HDUV IS IDTW

p‚ e ±

PDIW PDTU

USINOR e RODAMCO CONT. E SEAT PAGINE GIA s„ COMMERCE DISTRIBUTION

±

IHHDVH HDPH

CLUB MED. p‚

e

± e C

xv RSDTH IDHV

q‚ IIDIR IDHW

PDRS FFFF

VIOHALCO RODAMCO NORTH A SECURICOR qf e C

±

PSDPS PDTR qf UDTQ HDRI

DT.LUFTHANSA N hi ALLIANCE UNICHE

± e C

qf PIDHW HDSP e„ PWDWH PDVT

SCHRODERS ± IVDUV IDIW

VOEST-ALPINE ST ƒi

C SECURITAS -B- e

±

ITDHT HDUI hi QI QDPV

ELECTROLUX -B- ƒi AVA ALLG HAND.G

e FRANCFORT

±

C

p‚ UT HDQQ qf TDIT HDSI

SIMCO N C VDVR IDRR

J DWETHERSPOON qf

e C SERCO GROUP

±

V IDTS qf WDPS PDRV

EM.TV & MERCHAN hi BOOTS CO PLC

FFFF

UNITED INTERNET IUDPR

e C

qf TDUS HDPQ ± IWDSH IDWT

p‚ e

SLOUGH ESTATES ± TVDWH HDPW

WORMS N SGL CARBON hi e

±

UDVS FFFF xv PVDTH PDVW

EMI GROUP qf BUHRMANN NV

FFFF

e AIXTRON IISDSH

± C

p‚ IUVDWH HDHT IVTDPT HDSP

f UNIBAIL ±

QDRP IDQT DJ E STOXX BASI P qf

e SHANKS GROUP e C ±

HDTR IDSR p‚ TUDPS HDTH

EURO DISNEY p‚ CARREFOUR

FFFF

AUGUSTA TECHNOLOGIE PHDQP e C

UDQW HDTV

VALLEHERMOSO iƒ e ±

QUDWR IDPH

SIDEL p‚ e

IHDVU FFFF p‚ PSS FFFF

GRANADA COMPASS qf CASTO.DUBOIS

±

WV

e BB BIOTECH ZT-D SDHR ±

PIDPS HDUH

WCM BETEILIGUNG hi

qf PDVW FFFF

e e C

± INVENSYS ISR PDTS iƒ IQDQH IDSQ

HERMES INTL p‚ CC CARREFOUR

C

ITDVR

BB MEDTECH ZT-D HDSR

±

HDIS

f DJ E STOXX FINS P QHWDQQ e

CHIMIE ± PUDUQ PDQT

e SINGULUS TECHNO hi IDIT FFFF gr IRWDWV FFFF

HPI s„ CHARLES VOEGELE

±

IUDQS

BERTRANDT AG IDWV

± IVDRR HDWI

e e ƒi e ± ± SKF -B- IRRDVH HDUS xv PWDWS HDQQ iƒ IWDHP FFFF

AIR LIQUIDE p‚ HUNTER DOUGLAS CONTINENTE

C

TDRS

BETA SYSTEMS SOFTWA PDQV

C

qf IIDPH HDRP

C C

e C e e

SPDQH HDTU xv PV IDTQ fi PRP HDSV

AKZO NOBEL NV xv KLM SMITHS GROUP D’IETEREN SA

±

IQDWH

CE COMPUTER EQUIPME SDQI

ALIMENTATION ET BOISSON C

hu QHDRP HDVW

C C e C

RUDVH IDRW qf QDVH IDPT qf SDRP HDPW

BASF AG hi HILTON GROUP SOPHUS BEREND - DEBENHAMS

±

VDHU

CE CONSUMER ELECTRO IQDUV

± qf VDTI HDQT

C e C e ± ± SQDIH HDIW p‚ TW IDVS qf TDSU HDUP qf RDPI HDQU BAYER AG hi LVMH ALLIED DOMECQ SPIRENT DIXONS GROUP

qf TDQV FFFF

C e e ± ± ± ISDUU HDRH hi IHPDWV QDQI qf UDSR PDHR p‚ PHQ HDPS BOC GROUP PLC qf MEDION ASSOCIAT BRIT F T.I.GROUP PLC GAL LAFAYETTE

±

gr IPIHDWS HDVT C C e C e e IVDTH HDSR p‚ RDWH HDPH qf IIDTW HDIQ hi QUDRH FFFF

CELANESE N hi MOULINEX BASS TECAN GROUP N GEHE AG e CODES PAYS ZONE EURO

e ± iƒ PHDSI HDPW C C e e ± ± UIDRH HDTW iƒ IQDUS IDRV e„ RPDUH HDPQ qf UDWV HDQW CIBA SPEC CHIMI gr NH HOTELES BBAG OE BRAU-BE TELEFONICA GREAT UNIV STOR

e FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne ± C C e e iƒ UDPW IDHW ± ± QTWDVW HDVW qf SDRQ HDSU e„ RHDSH HDIP xv WU IDQP CLARIANT N gr P & O PRINCESS BRAU-UNION TPI GUCCI GROUP

e IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande ± C e C p‚ RQDUR QDWS ± ± QTDQH HDSS qf RDRI HDQT qf TDVS HDRT ƒi PQDIW HDUR

hi THALES

DEGUSSA-HUELS PERSIMMON PLC CADBURY SCHWEPP HENNES & MAURIT LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche

C C e C e e xy PHDHS PDVI ± QVDQS IDII xv RHDSR IDWV hu STDWT FFFF hi QVDQH IDVT

DSM xv ROY.PHILIPS ELE CARLSBERG -B- TOMRA SYSTEMS KARSTADT QUELLE

FI : Finlande - BE : Belgique - GR : Gre`ce.

± C C e ± ± qf TDVH HDPQ RWHIDQP IDQS hi RQ IDQV hu SPDWR HDUS qf UDQS PDVT EMS-CHEM HOLD A gr PREUSSAG AG CARLSBERG AS -A TRAFFICMASTER KINGFISHER

C C C ± ± gr PRRDRI IDWU VDPT QDSR qf PDTU IDIW hu RSDSU IDIT qf QDRW IDQU

ICI qf RANK GROUP DANISCO UNAXIS HLDG N MARKS & SPENCER CODES PAYS HORS ZONE EURO

e C C C e C e ± e„ PWDPV IDHU SDTI HDUI si IPDPH QDUR p‚ IRPDIH HDHU qf UDUR PDRW

KEMIRA ps RYANAIR HLDGS DANONE VA TECHNOLOGIE MATALAN CH : Suisse - NO : Norve`ge - SE : Sue`de

e C e C e

± ± xv IQDVS FFFF qf IHDVI HDPW gr ISQDRI PDIW q‚ IHDRH hi SQDUH PDPW

LAPORTE SAIRGROUP N DELTA HOLDINGS PDWU VEDIOR NV METRO GB : Grande-Bretagne - DK : Danemark.

C ± ± ± ± TSQDSI HDPH hu IIDQQ HDSW qf IHDPR HDWI hu TRDQQ IDTR qf IPDQQ HDWH LONZA GRP N gr SAS DANMARK A/S DIAGEO VESTAS WIND SYS NEXT PLC

24 / LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 b FINANCES ET MARCHÉS

C C ± RHSDQV QDHT TQDUS URW RWIQDIP IDPP URHDHH QRDVT PPVDTU HDVU QRDST ALCATEL...... w TIDVH EURAFRANCE...... w REMY COINTRE..... w

C C ± Compen- QTHDUV HDUQ FFF HDTR RDPH IDSR HDTS SS QTHDUV IDPW SRDQH SS w w

ALCATEL O ...... EURO DISNEY ...... RENAULT ...... Cours Cours % Var.

International sation ± ± f ITUDWW QDSR PTDSS IDHR TDVP FFF IDHR VRDQS SSQDQH IDIU VSDQS

ALSTOM ...... w PSDTI EUROTUNNEL ...... w REXEL...... w en euros en francs veille

 le™tion

ne se (1)

± ± ± SHWDQS IDRH UVDUS SHDQH QPWDWS IDIV SHDWH ITDQS IHUDPS HDWI ITDSH VALEURS FRANCE ALTRAN TECHN .... w UUDTS FAURECIA...... w RHODIA ...... w

C C ± ± TUHDQW PDVS IHSDPH QTDWS PRPDQV HDIR QTDWH TDVV RSDIQ HDUQ FFF UISDSH RTWQDQU HDTQ FFF ATOS CA ...... w IHPDPH FIMALAC SA C ...... w ROCHETTE (LA ...... ADECCO ......

C ± ± TPDQP FFF FFF WIDRH SWWDSR IDIW FFF IHPDIH TTWDUQ HDIH IHPDHH SHDSS QQIDSW IDVR FFF ARBEL...... WDSH F.F.P. (NY)...... ROYAL CANIN...... w AMERICAN EXP......

lklk C C ± SSQDWT HDSW VRDWS IPH UVUDIS PDHR FFF TQDTS RIUDSP HDHV FFF FFF FFF FFF FFF w VRDRS

b AVENTIS ...... FINAXA ...... ROUGIER #...... AMVESCAP EXP......

C ± ± ± WSRDRP IDST IRUDVH WUDIS TQUDPT SDHQ FFF IVSH IPIQSDPH PDUQ FFF QHDHI IWTDVS HDIU FFF L’équipementier automobile Valeo avu AXA ...... w IRSDSH FIVES LILLE...... RUE IMPERIAL...... ANGLOGOLD LT ....

C

± ± SSUDST FFF VSDHH PWDRH IWPDVS HDQR FFF RUDVH QIQDSS HDTQ FFF PSDQV ITTDRV RDPT FFF

son cours de Bourse gagner 0,89 %, à AZEO(EXG.ET ...... w VS FONC.LYON.#...... SADE (NY) ...... A.T.T. #......

C C ± ± VHQDSS PDHV IPHDHH WVDPS TRRDRV IDHT WWDQH IPQ VHTDVQ HDVI IPRDHH ITDRH IHUDSV IDVT FFF w IPPDSH w w

50,8 euros, dans les premières transactions, BAIL INVESTI...... FRANCE TELEC ..... SAGEM S.A...... BARRICK GOLD...... C C ± VRTDIV IDSQ FFF FFF FFF FFF FFF URDQS RVUDUH IDUV FFF TR RIWDVI IHDTQ FFF

BAZAR HOT. V...... IPW FROMAGERIES...... SAGEM ADP...... COLGATE PAL......

er

C C

± PVUDQI IDIS RQDQH PHR IQQVDIS HDPS PHQDSH IUPDRH IIQHDVU IDPT IURDTH FFF FFF FFF FFF jeudi 1 février, à l’annonce d’un projet de BIC...... w RQDVH GALERIES LAF ...... w SAINT-GOBAIN...... w CROWN CORK O....

C C

± ± WSIDIR RDTI FFF RUDUH QIPDVW QDUH FFF TUDSH RRPDUU PDIP FFF QRDUH PPUDTP QDPI FFF

réductions d’effectifs, principalement aux BIS ...... IRS GAUMONT # ...... SALVEPAR (NY ...... DE BEERS #......

± ± ± ± TRHDSR IDUT WWDRH IHIDPH TTQDVQ PDSH IHQDVH SVDRS QVQDRI SDSU TIDWH IHDIH TTDPS PDRP FFF BNPPARIBAS...... w WUDTS GECINA...... w SANOFI SYNTH...... w DIAGO PLC......

C C ± Etats-Unis. « Les prévisions du secteur auto- ± IPVUDTR IDTH IWWDSH TU RQWDRW IDTU TSDWH UPDVS RUUDVT PDHV URDRH QTDII PQTDVU HDHT FFF BOLLORE...... w IWTDQH GEOPHYSIQUE...... w SCHNEIDER EL...... w DOW CHEMICAL....

C ± ± ± PVPDUP HDUH FFF QHDHT IWUDIV QDTS QIDPH SPDUS QRTDHP HDRU SQDHH RTDQP QHQDVR IDRH FFF

mobile pour 2001 anticipent un ralentisse- BOLLORE INV...... RQDIH GFI INFORMAT ..... w SCOR ...... w DU PONT NEMO ...

C C C ±

PTRDQS HDRW FFF PHDUT IQTDIV IDPU PHDSH TP RHTDTW HDIT TIDWH HDTP RDHU IDTR FFF

ment du marché européen, une chute des BONGRAIN ...... RHDQH GRANDVISION...... w S.E.B...... w ECHO BAY MIN ......

C C ± ± QPVDTQ IDUT SIDHH IPTDWH VQPDRI HDRU FFF RSDRH PWUDVH HDVW RSDHH ISDVH IHQDTR HDIQ FFF BOUYGUES ...... w SHDIH GROUPE ANDRE... SEITA...... w ELECTROLUX ......

C ± ± QSPDPS HDRT SQDWS VQDSH SRUDUP FFF FFF ISDRH IHIDHP HDTS FFF IQPDWH VUIDUU HDQH FFF volumes en Amérique du Nord et un marché BOUYGUES OFF..... w SQDUH GROUPE GASCO ... SELECTIBAIL(...... ELF GABON......

± ± ± ± PQDVI IDTQ QDTW UT RWVDSQ HDTS FFF QUDWR PRVDVU IDPH QVDRH IPDSP VPDIQ PDIW IPDVH

asiatique en baisse », alors que « le prix des BULL# ...... w QDTQ GR.ZANNIER ( ...... SIDEL...... w ERICSSON #...... w

± ± ± ± SHUDHS QDQV VHDHH TPDSH RHWDWU HDIT FFF ITPDIH IHTQDQI HDSS FFF QHDHP IWTDWP IDSU FFF w UUDQH

matières premières reste élevé », a souligné BUSINESS OBJ ...... GROUPE PARTO.... SILIC CA ...... FORD MOTOR #.....

C ± ± FFF FFF FFF WQDQH TIPDHI IDHV WPDQH UTDIS RWWDSI HDIQ UTDPS RWDHR QPIDTV PDIP FFF B T P (LA CI...... FFF GUYENNE GASC ... w SIMCO...... w GENERAL ELEC ......

± ± ± SIPDWT FFF FFF ISDVS IHQDWU HDPS ISDVW ITDVI IIHDPU HDSQ FFF SUDQH QUSDVT QDPW FFF le groupe à l’occasion de la publication de BURELLE (LY) ...... UVDPH HAVAS ADVERT ..... w SKIS ROSSIGN ...... GENERAL MOTO....

C C ± ±

PPDSH IDIS QDRU IPHDRH UVWDUU HDUS IIWDSH TWDWH RSVDSI QDQW UPDQS RDHI PTDQH HDPS FFF

ses résultats. CANAL + ...... w QDRQ IMERYS ...... w SOCIETE GENE ...... w GOLD FIELDS......

± ± ± IQIIDWI RDQI PHWDHH FFF FFF FFF FFF PHRDSH IQRIDRQ PDIS PHWDHH RDVR QIDUS RDUP FFF w PHH w

b Pechiney prévoit de dégager une marge CAP GEMINI...... IMMOBANQUE ..... SODEXHO ALLI ...... HARMONY GOLD .. ± ± QPQDHT IDRH RWDWS PI IQUDUS FFF FFF VS SSUDST FFF FFF IHDIR TTDSI HDPW FFF CARBONE-LORR.... w RWDPS IMMEUBLES DE .... SOGEPARC (FI ...... HITACHI # ......

C C ± ±

RRIDIQ HDTH TTDVS PIDQU IRHDIV IDWQ PIDUW SUDIS QURDVV HDHW SUDIH ITDPS IHTDSW IDIT ITDRR opérationnelle comparable en 2001 à celle CARREFOUR ...... w TUDPS INFOGRAMES E .... w SOMMER ALLIB ..... w HSBC HOLDING .... w

C C

± ± UHPDSQ HDHW IHUDHH QPVS PISRVDIW QDTQ FFF QI PHQDQS HDTU QIDPI IIVDIH UURDTW SDHT IPRDRH

de 2000 puis en hausse d’au moins 20 % en CASINO GUICH...... w IHUDIH IM.MARSEILLA ...... SOPHIA ...... w I.B.M...... w

± ± ± ± RSIDWS HDIR FFF QPDSI PIQDPS IDUV QQDIH TTDWH RQVDVR IDHR TUDTH UDUP SHDTR PDTS FFF CASINO GUICH...... TVDWH INGENICO ...... w SOPRA # ...... w I.C.I......

C C ± ± ITPHDPI IDPQ PRRDHH VQDSH SRUDUP HDRP VQDVS VPDPH SQWDPH IDRR VQDRH SQDIH QRVDQI IDIR FFF 2002. « Si les conditions de marché actuelles CASTORAMA DU ... w PRU ISIS...... w SPIR COMMUNI .... w ITO YOKADO # ......

C ± ± ± IQVRDHU QDWR FFF PIDPI IQWDIQ IDVI PIDTH QP PHWDWI HDPP QPDHU RIDTH PUPDVV QDHQ FFF

se maintiennent, le groupe estime que sa mar- CEA INDUSTRI...... PII KAUFMAN ET B..... w SR TELEPERFO ...... w I.T.T. INDUS ......

± ± ± TSHDHS QDSI FFF IHIDTH TTTDRS HDIH IHIDUH IHDTI TWDTH HDVR FFF UDPT RUDTP FFF UDPT WWDIH w w

ge opérationnelle 2001 devrait être compara- CEGID (LY) ...... KLEPIERRE ...... STUDIOCANAL ...... KINGFISHER P ......

C ± ± ± PWIDPR I FFF WWDUS TSRDQP HDQS WWDRH QHI IWURDRQ IDPS FFF PRDPW ISWDQQ PDRI FFF CFF.RECYCLIN ...... RRDRH LAFARGE ...... w SUCR.PITHIVI ...... MATSUSHITA......

C C ± ± QVQDRI PDSV THDHH TU RQWDRW PDIW TVDSH IUT IISRDRV IDIS IURDHH QIDSS PHTDWS HDIT FFF ble à celle de l’année 2000, malgré l’effet CGIP ...... w SVDRS LAGARDERE ...... w SUEZ LYON.DE ...... w MC DONALD’S......

C

± ± RTSDUQ HDWI FFF SVDVH QVSDUH FFF SVDVH TSH RPTQDUP PDWI FFF VUDUS SUSDTH PDIS FFF

attendu sur l’ensemble de l’année du niveau CHARGEURS...... UI LAPEYRE ...... w TAITTINGER ...... MERK AND CO......

± ± SQHDTU FFF FFF ST QTUDQR FFF FFF SQ QRUDTT QDTR SSDHH UDPP RUDQT HDVP FFF VHDWH w

élevé des coûts des matières et de l’énergie », CHRISTIAN DA ...... LEBON (CIE) ...... TF1...... MITSUBISHI C......

± ± ± ± QIVDVH PDWW SHDIH PRTDUH ITIVDPS PDVH PSQDVH RQDSS PVSDTU RDQU RSDSR PPTH IRVPRDTQ IDUR PQHHDHH CHRISTIAN DI...... w RVDTH LEGRAND ...... w THALES (EX.T...... w NESTLE SA #...... w

C

± ± ± UURDHQ HDRQ FFF ISH WVQDWR RDUT FFF IRUDPH WTSDSU IDSR IRWDSH RS PWSDIV RDPQ FFF a indiqué le groupe d’aluminium. L’action CIC -ACTIONS ...... IIV LEGRAND ADP...... TECHNIP...... w NORSK HYDRO......

C C

± ± QSIDPT HDPV SQDRH RTDRH QHRDQT PDPI RUDRS SQDQH QRWDTQ QDUW SSDRH RUDST QIIDWU HDSU FFF

perdait 2,16 %, à 49,9 euros, jeudi matin. CIMENTS FRAN ..... w SQDSS LEGRIS INDUS ...... w THOMSON MULT . w PFIZER INC......

± ± ± ± SSRDPV HDUI VSDIH WDTH TPDWU SDIR IHDIP ISTDIH IHPQDWS IDSI ISVDSH RTDUV QHTDVT HDPI FFF

b CLARINS...... w VRDSH LIBERTY SURF...... w TOTAL FINA E ...... w PHILIP MORRI ......

C ± ± Accor, dont le titre cédait 0,79 %, à ± TTIDPH HDPH IHIDHH IIWDPH UVIDWH HDQQ FFF SUDVS QUWDRU PDTI SWDRH UTDVH SHQDUU PDSR FFF CLUB MEDITER ..... w IHHDVH LOCINDUS...... TRANSICIEL # ...... w PROCTER GAMB ....

C ± ± ± PRSDWV PDTH QVDSH VHDPH SPTDHV QDQU VQDHH RIDVR PURDRS IDSS RPDSH IVDVS IPQDTS IDTP FFF

48,81 euros, jeudi matin, a annoncé un chif- CNP ASSURANC .... w QUDSH L’OREAL...... w UBI SOFT ENT ...... w RIO TINTO PL......

± ± ± TUSDTR QDPW IHTDSH UP RUPDPW FFF FFF IUVDWH IIUQDSI HDHT IUWDHH VIDWS SQUDST HDIP FFF

fre d’affaires en hausse de 14,8 % en 2000. COFACE...... w IHQ LOUVRE #...... UNIBAIL ...... w SCHLUMBERGER...

C C ± ± IHIVDHS HDIW ISRDWH TVDUS RSHDWU PDPH UHDQH IISDSH USUDTQ HDUU IITDRH IUDTW IITDHR IHDST FFF w ISSDPH w w

b COFLEXIP ...... LVMH MOET HE.... UNILOG ...... SEGA ENTERPR......

C C ± ± QUQDWH IDRP STDPH WVDSH TRTDIP IDRH WWDWH IS WVDQW IDTW IRDUS SDWH QVDUH IDIU SDWU L’action Legrand chutait de 1,22 %, à COLAS...... w SU MARINE WENDE... w USINOR...... w SEMA GROUP #...... w

C C C ± PVPDHT IDTH FFF IHDIH TTDPS I FFF SI QQRDSR IDPW SHDQS VDWH SVDQV PDHT FFF

250,7 euros, jeudi matin. L’offre publique CONTIN.ENTRE..... RQ MAUREL ET PR...... VALEO ...... w SHELL TRANSP ......

C ± ± ± QPUDWV HDPH FFF TDTU RQDUS IDVQ FFF SSDIS QTIDUT HDIV SSDPS UUDIH SHSDUR PDSW UWDIS SH w w

d’échange de Schneider Electric débute ce CPR...... METALEUROP ...... VALLOUREC ...... SONY CORP. # ......

C C ± ± WIDIV HDQT FFF RIDTH PUPDVV IDRT RIDHH QQDIH PIUDIP HDTQ FFF WUDIH TQTDWQ HDIH FFF CRED.FON.FRA...... IQDWH MICHELIN ...... w VIA BANQUE ...... T.D.K. # ......

± ± ± ± PTTDHT QDPP RIDWI PQDQH ISPDVR HDPI FFF TR RIWDVI IDSR FFF U RSDWP PDIH FFF jeudi et se déroulera jusqu’au 7 mars. CREDIT LYONN ..... w RHDST MONTUPET SA...... VICAT...... TOSHIBA #......

± ± ± ± IRUDSW HDTT FFF RDVT QIDVV HDTI FFF SWDIS QVV HDSW SWDSH UVDTS SISDWI HDTW FFF CS COM.ET SY...... PPDSH MOULINEX ...... VINCI...... w UNITED TECHO.....

C C ± ± SQIDWV HDUS FFF WVDUH TRUDRQ HDVH WWDSH RPDWH PVIDRI HDTI RPDTR HDTW RDSQ IDRQ FFF DAMART ...... VIDIH NATEXIS BQ P ...... w VIVENDI ENVI...... w ZAMBIA COPPE......

± ± ± WPWDRW HDPI IRPDHH PRDUS ITPDQS HDPH PRDVH UWDIS SIWDIW PDSV VIDPS DANONE...... w IRIDUH NEOPOST ...... w VIVENDI UNIV ...... w

C

± ± IQVRDHU IDVT FFF PHDSS IQRDVH HDIS FFF IHDHT TSDWW HDWV IHDIT

´ DASSAULT-AVI...... PII NORBERT DENT ... WANADOO...... w ABRE´VIATIONS

PREMIER MARCHE C ± ± RRWDTT SDRS UPDSH PVDIH IVRDQP PDWQ FFF IWDSH IPUDWI IDWT FFF

DASSAULT SYS...... w TVDSS NORD-EST...... WORMS (EX.SO......

B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

C C ± RPIDRS IDWV TQDHH QPDWS PITDIR HDUT QPDUH PUP IUVRDPH QDUP PVPDSH ______w TRDPS w w DE DIETRICH...... NRJ GROUP...... ZODIAC......

C ± SWTDWP HDII FFF PHDWH IQUDIH IDQI PHDTQ FFF FFF FFF FFF

DEVEAUX(LY)# ...... WI OBERTHUR CAR.... w ...... SYMBOLES

er

Â

ti hs I pi†‚si‚ C WTDRQ FFF FFF UDVU SIDTP QDSS FFF FFF FFF FFF FFF

Cours a` 12 h 30 DEV.R.N-P.CA...... IRDUH OLIPAR...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ;

±

IHQDTR IDPS FFF FFF FFF FFF IPDSH FFF FFF FFF FFF

DMC (DOLLFUS..... ISDVH ORANGE ...... w ...... a coupon de´tache´ ; b droit de´tache´ ; # contrat d’animation ; hernier jour de ne go™i—tion des yƒ‚h X PP feÂvrier

C IWHDIT IDQT FFF QVWDWH PSSUDSV FFF FFF FFF FFF FFF FFF

DYNACTION ...... PVDWW OXYG.EXT-ORI...... o = offert ; d = demande´ ; x offre re´duite ; y demande re´duite ;

± ±

RRTDQV IDQV TWDHH SHDIH QPVDTQ IDUT SIDHH FFF FFF FFF FFF w TVDHS w

EIFFAGE ...... PECHINEY ACT...... d cours pre´ce´dent ; wValeur pouvant be´ne´ficier du service

± Compen- ± WSDUU IDPV IRDUW SHDTH QQIDWI PDSH FFF FFF FFF FFF FFF w IRDTH

Cours Cours % Var. ELIOR ...... PECHINEY B P ......

sation de re`glement diffe´re´. France f C ISHDVU FFF FFF TS RPTDQU HDSR TRDTS FFF FFF FFF FFF en euros en francs veille ELEC.MADAGAS..... PQ PENAUILLE PO...... w ......

(1) ` ´ C ± IVRDTS HDII FFF UUDUS SIHDHI IDSV UWDHH FFF FFF FFF FFF ENTENIAL(EX...... PVDIS PERNOD-RICAR .... w ...... DERNIERE COLONNE PREMIER MARCHE (1) :

± ± ± QHRDVP SDSS RWDPH RSDPH PWTDRW IDTQ RSDWS PUQDQH IUWPDUQ HDPT PURDHH FFF FFF FFF FFF ACCOR ...... w RTDRU ERAMET ...... w PEUGEOT ...... w ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi :

C C ±

RSIDTQ HDPP TVDUH WQDPH TIIDQS HDVH WQDWS PPU IRVWDHP HDVR PPSDIH FFF FFF FFF FFF AGF ...... w TVDVS ERIDANIA BEG...... w PINAULT-PRIN...... w ...... montant du coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement

C ± ± PSSDVP HDPV FFF QPQDSH PIPPDHP QDRQ QQSDHH IIQDSH URRDSI HDRR IIQDHH FFF FFF FFF FFF

AFFINE(EXIMM ..... QW ESSILOR INTL ...... w PLASTIC OMN...... w ...... dernier coupon ; Jeudi date´ vendredi : compensation ;

C ± ISSDSQ IDQU PQDQW UP RUPDPW IDQU FFF UP RUPDPW FFF FFF FFF FFF FFF FFF

AIR FRANCE G ...... w PQDUI ESSO ...... PSB INDUSTRI ...... Vendredi date´ samedi : nominal.

C C ± WRRDSV IDQH IRSDWH SQDQS QRWDWS HDTT SQDHH QTDQI PQVDIV IDRP QSDVH FFF FFF FFF FFF AIR LIQUIDE ...... w IRR EULER...... w PUBLICIS GR...... w ......

C C ± ± PRWDWP QDSQ IUDRV IIRDTT IDHR SPDUH QRSDTW HDQV IHW UIRDWW IDVH COHERIS ATIX...... QVDIH HIMALAYA ...... PERFECT TECH .... GENERALE LOC ....

C ± IHVDPQ HDQH RDTS QHDSH FFF UDII RTDTR FFF TIDTH RHRDHU IDRR COIL...... ITDSH HI MEDIA ...... PERF.TECHNO...... d GEODIS......

C C

NOUVEAU ± QTDRI PDUV VDVW SVDQI FFF IW IPRDTQ PDUH QPDHS PIHDPQ PDIR CION ET SYS...... SDSS HOLOGRAM IND.. PHARMAGEST I.... SECOND GFI INDUSTRI......

C C

± ± PPWDSV PDUP IQDIH VSDWQ QDTV TDQW RIDWP IPDQH TSIP RPUISDWP HDHP

CONSODATA # ..... QS HUBWOO.COM ..... PHONE SYS.NE..... ______GRAND MARNIE ..

C C ± ±

RUDVV PDSQ PIDQH IQWDUP IDIW QIDPH PHRDTT HDWS RTDWH QHUDTR HDIW

´ CONSORS FRAN .. UDQH IB GROUP.COM .... PICOGIGA...... GROUPE BOURB... C ±

WVDQW S QDVH PRDWQ FFF TH QWQDSU FFF IRH WIVDQR RDRV

MARCHE CROSS SYSTEM.... IS IDP ...... d PROSODIE #...... MARCHE´ GROUPE CRIT ......

C C ± IIIDRS HDPR IDHU UDHP FFF ITDSH IHVDPQ IDUW IPV VQWDTP HDWS CRYO # ...... ITDWW IDP BON 98 (...... d PROSODIE BS ...... GROUPE J.C.D......

C

± ± er TQDWT RDVV HDIS HDWV FFF VDPU SRDPS HDUQ ISR IHIHDIU PDTS

CRYONETWORKS. WDUS INTERACTIF B...... d PROLOGUE SOF ... HERMES INTL...... w

Â

ti hs I pi†‚si‚

er

C ±  IIDUR HDST HDQH IDWU FFF IDUU IIDTI UDPU QI PHQDQS FFF CYBERDECK # ...... IDUW INTERACTIF B...... d PROXIDIS ...... HYPARLO #(LY ...... ti hs I pi†‚si‚

C C C

±

ISUDSH HDHR ITDPH IHTDPU HDTP QS PPWDSV PDUV QVDVH PSRDSI IDQI

CYBER PRES.P ...... PRDHI IGE +XAO ...... QUALIFLOW ...... I.C.C.#......

 le™tionF

ne se Cours releve´sa` 12 h 30

ne se le™tionF

± ± ± ´ ` PIDWU IDRU PVDSH IVTDWS IDTW RDTS QHDSH FFF VDIS SQDRT HDTI CYBERSEARCH ..... QDQS ILOG #...... QUANTEL ...... Cours relevesa12 h 30 IMS(INT.META ......

C ± ± IWDVI PDVW QDPR PIDPS RDSP PDWH IWDHP FFF UPDIH RUPDWR PDRR CYRANO #...... QDHP IMECOM GROUP.. QUANTUM APPL.. INTER PARFUM ....

Cours Cours % Var. Cours Cours % Var. C ± ± IHSDHP HDST IDRH WDIV HDUP IIDIH UPDVI FFF TQDPS RIRDVW IDIU

DALET # ...... ITDHI INFOSOURCES...... R2I SANTE...... JET MULTIMED ....

Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille

C ± ± TPDRS RDQP PDTH IUDHS FFF QQ PITDRU HDQH IPWDSH VRWDRT IDWU DATATRONIC ...... WDSP INFOSOURCE B .... d RECIF # ...... L.D.C......

C C ± IHRDWS FFF PDVW IVDWT FFF RHDPI PTQDUT RDHQ RQDWH PVUDWU FFF QU PRPDUH HDHQ QHDWS PHQDHP HDWV ABEL GUILLEM..... IT DESK #...... INFOTEL # ...... REPONSE # ...... AB GROUPE ...... LAURENT-PERR ....

± ± ± ± ± QTDHV SDWV UPDIH RUPDWR IDPQ PVDRH IVTDPW IDPP UDWS SPDIS FFF TDVQ RRDVH PDRQ IQDSW VWDIR RDWU AB SOFT ...... SDSH DEVOTEAM #...... w INFO VISTA ...... REGINA RUBEN ... d ACTIELEC REG ..... LECTRA SYST......

C ± ± ± ± ± WVDSP QDSQ IQDPS VTDWI PDUI SDVT QVDRR QDIR PIDSS IRIDQT HDWP IHW UIRDWW IDQT IPDHT UWDII HDTT ACCESS COMME .. ISDHP DMS #...... INTEGRA NET...... w RIBER #...... ALGECO #...... LOUIS DREYFU .....

C ± ± ± ± ISUDRQ IDTR VDHT SPDVU RDSH FFF FFF FFF IPVDSH VRPDWH HDUU SR QSRDPP RDUS UI RTSDUQ IDII ADL PARTNER ...... PR D INTERACTIV ..... INTEGRA ACT...... RIGIFLEX INT...... ALTEDIA...... LVL MEDICAL......

C ± ± ± TPDQP TDPT UDPH RUDPQ FFF PDRT ITDIR FFF IPDSS VPDQP QDRT ITQ IHTWDPI PDSI QTDRS PQWDIH PDRI ALGORIEL #...... WDSH D INTERATIVE...... d INTERCALL #...... d RISC TECHNOL .... ALTEN (SVN) ...... w M6-METR.TV A...... w

C C C ± ± IVDTW FFF QWDHI PSSDVW HDHQ IHR TVPDPH IDIU II UPDIT HDWH PHSDSH IQRUDWW PDUS VIDQH SQQDPW IIDVP ALPHAMEDIA ...... PDVS DIOSOS ...... IPSOS # ...... w SAVEURS DE F...... APRIL S.A.#( ...... MANITOU #......

C C ± ± TWDVT IDWI RQDIH PVPDUP QDWH VDTH STDRI FFF PPDRH IRTDWQ HDSR IQTDSH VWSDQV HDSV TH QWQDSU FFF ALPHA MOS #...... IHDTS DIREKT ANLAG .... IPSOS BS00...... d GUILLEMOT BS .... ARKOPHARMA # .. MANUTAN INTE...

C C ± ± ± ± WHRDST PDIS RIDPS PUHDSV IDUW II UPDIT RDQS IHDIQ TTDRS IDPU RTDVW QHUDSV HDUR IRS WSIDIR PDVR ALTAMIR & CI ...... IQUDWH DIREKT ANLAG .... IT LINK...... SELF TRADE...... ASSYSTEM # ...... MARIONNAUD P ..

C C ± ± PSDSV FFF HDVR SDSI IDIV IDWR IPDUQ PDTS TT RQPDWQ QDHR IWDHI IPRDUH IDPS IIU UTUDRU FFF ALDETA ...... d QDWH DURAND ALLIZ.... IXO...... SILICOMP #...... AUBAY ...... PARCDESEXPOS.... d

C C ± ± ± IHHDVW VDTW PTDQH IUPDSP TDHU IDQU VDWW FFF QHDSH PHHDHU IDTI IPUDTH VQU PDWH PIDTH IRIDTW IDSW ALTI #...... ISDQV DURAN DUBOI .... JOLIEZ-REGOL ...... d SITICOM GROU.... BENETEAU CA# .... PCAS #......

C ± ± ± VIDHI FFF IDWS IPDUW FFF ITDTH IHVDVW RDHS WDQS TIDQQ HDSR UUDHS SHSDRI HDQP RQDUH PVTDTS HDRT ALTI ACT.NOU...... d IPDQS DURAN BS 00 ...... d KALISTO ENTE...... SODITECH ING .... BOIRON (LY)#...... PETIT FOREST......

C C C C ± IRVPDRT HDRR ISDIH WWDHS RDIR IT IHRDWS FFF IRDTH WSDUU UDSW QHDIP IWUDSU HDHQ TRDUH RPRDRH IDHW A NOVO # ...... w PPT EFFIK # ...... KALISTO NV J...... d SOFT COMPUTI.... BONDUELLE...... PIERRE VACAN......

C C ± ± ± ± VUDWT PDRU TSH RPTQDUP PDWW QDWQ PSDUV HDUT PSDIH ITRDTS HDVH WHDSH SWQDTR HDRR PT IUHDSS HDUT ARTPRICE COM.... IQDRI EGIDE #...... KEYRUS PROGI ..... SOI TEC SILI...... w BQUE TARNEAU... PINGUELY HAU ....

C C C C ± TDHQ IWDRV IHDIS TTDSV PDII HDWS TDPQ QDPT PRDWS ITQDTT FFF SIDSH QQUDVP HDWT WUDPH TQUDSW HDIH ASTRA ...... a HDWP EMME(JCE 1/1...... KAZIBAO ...... SOI TEC BS 0...... d BRICORAMA # ...... POCHET......

C ± ± ± ± QVDUH IDQU SPDRH QRQDUP FFF TDWH RSDPT RDIU TDSH RPDTR PDPT IQUDWH WHRDST HDUW IUW IIURDIT HDST AUFEMININ.CO.... SDWH ESI GROUP ...... LACIE GROUP ...... SQLI ...... BRIOCHE PASQ .... RADIALL # ......

C C C ± ± ± VRDPW UDWV UDQI RUDWS PDSP IVDHI IIVDIR WDQT T QWDQT HDIU IPDQH VHDTV HDVI TPDWH RIPDTH IDPW AUTOMA TECH .... IPDVS ESKER...... LEXIBOOK #...... STACI # ...... BUFFALO GRIL..... RALLYE (LY)...... w

C C C ± ± RRDWQ PDIR QQDRU PIWDSS HDHQ PH IQIDIW FFF HDTP RDHU VDVP WHDQH SWPDQQ HDII QWRDIH PSVSDIQ IDSU AVENIR TELEC...... w TDVS EUROFINS SCI...... LEXIBOOK NOU .... d STELAX...... C.A. OISE CC ...... RODRIGUEZ GR ...

C C ± ± ± PTDIU FFF IHDRH TVDPP HDWS QIDWW PHWDVR HDHQ IUDQH IIQDRV HDSV PQHDSH ISIIDWV IDWI QS PPWDSV IDRS AVENIR TELEC...... d QDWW EURO.CARGO S.... LINEDATA SER...... SYNELEC # ...... C.A. PARIS I...... SABATE SA #......

C ± ± ± SUDUP IDPQ VDUS SUDRH IDQS UDRS RVDVU HDTU PQDWS ISUDIH FFF IQW WIIDUV FFF IIPDTH UQVDTI HDPU BAC MAJESTIC...... VDVH FIMATEX # ...... w MEDCOST #...... SYSTAR # ...... C.A.PAS CAL...... SECHE ENVIRO .....

C C ± ± IHHDQH SDSP IQDVH WHDSP QDIT IHT TWSDQI HDIW RDWH QPDIR FFF RTDSH QHSDHP HDSR IW IPRDTQ FFF BARBARA BUI ...... ISDPW FI SYSTEM # ...... w MEDIDEP #...... SYSTRAN ...... CDA-CIE DES...... SINOP.ASSET......

C C C ± ± IHHDQT FFF PDHQ IQDQP VDIR WVDPH TRRDIS HDIH ISDVH IHQDTR IDQS TUDWS RRSDUP RDQV QHDRW PHH HDVV BCI NAVIGATI...... ISDQH FI SYSTEM BS...... METROLOGIC G ... TEL.RES.SERV...... CEGEDIM #...... SIPAREX CROI ......

C C ± ± IIQDVI HDVT VDWH SVDQV PDHT WDPT THDUR IDPH TDVQ RRDVH IDUQ IIIDIH UPVDUU FFF PUS IVHQDVV FFF BELVEDERE...... IUDQS FLOREANE MED .. MICROPOLE ...... TELECOM CITY..... CIE FIN.ST-H ...... d SOLERI ...... d

C C C C ± QRDWT IDSP SDRH QSDRP FFF SDQP QRDWH HDWS PDRS ITDHU IIDQT SWDQS QVWDQI HDIU VS SSUDST PDQH BOURSE DIREC .... SDQQ GAMELOFT COM . MONDIAL PECH ... TETE DS LES ...... CNIM CA# ...... SOLVING #......

C C ± ± ± QSUDSH I PWDSH IWQDSI IDTU UDSH RWDPH PDIV PWDUS IWSDIS HDVQ ST QTUDQR FFF RPDVH PVHDUS HDWP BRIME TECHNO... SRDSH GAUDRIOT #...... MULTIMANIA...... THERMATECH I.... COFITEM-COFI..... STEF-TFE # ......

C ± ± ± ± IUDUI FFF PTDUW IUSDUQ IDHW IHDVH UHDVR TDHW IRDHS WPDIT RDQT SDSV QTDTH IDSW IRP WQIDRT PDRI BRIME TECHN...... d PDUH GENERIX # ...... NATUREX...... TITUS INTERA ...... DANE-ELEC ME.... STERIA GROUP .....

C C ± ± RTDPR PDRU RSDWH QHIDHV IDTI PR ISUDRQ UDTW RDTI QHDPR PDRR SQDSH QSHDWR FFF RHDTH PTTDQP FFF BUSINESS INT ...... UDHS GENESYS #...... NET2S # ...... TITUS INTER...... ENTRELEC CB ...... SYLEA ...... d

C C ± ± ± ± PRTDTR IDHS WDQH TI HDVS PIDQH IQWDUP UDTQ STDSH QUHDTP HDTP WDHS SWDQT HDST QSDWS PQSDVP HDUH BVRP ACT.DIV...... QUDTH GENESYS BS00 ..... NETGEM...... w TRACING SERV..... ETAM DEVELOP ... SYLIS # ......

C C C ± ± PPDQH FFF RVDTI QIVDVT HDPQ RDVH QIDRW PDHR QIDSH PHTDTQ RDSS WWDQH TSIDQU QDWV SSDSH QTRDHT IDVQ CAC SYSTEMES..... d QDRH GENSET...... w NETVALUE #...... TRANSGENE # ...... EUROPEENNE C... SYNERGIE (EX ......

C C ± ± ± ± IRQDTS IDVT QTDUH PRHDUR RDTV QDRI PPDQU UDVR ISDSH IHIDTU IDPU SIDWS QRHDUU IDTT PW IWHDPQ RDPW CALL CENTER...... PIDWH GL TRADE #...... NEURONES # ...... UBIQUS ...... EXPAND S.A...... TEAM PARTNER ...

C ± ± ± ± ± IQSDIQ SDWR RU QHVDQH PDHV VSDSH STHDVR IDHR IIDHP UPDPW UDIT IQDPH VTDSW SDHR RRDVS PWRDPH HDHU CAST ...... PHDTH GUILLEMOT # ...... NICOX # ...... UMANIS #...... w FINACOR...... TRIGANO ...... w

C C C ± ± ± TIQDQP PDIW HDPQ IDSI IRDVI QRDWW PPWDSP HDHQ HDIR HDWP UDTW IISDIH USSDHI HDHW IWR IPUPDST PDHP CEREP...... WQDSH GUYANOR ACTI ... OLITEC...... UNION TECHNO.. FINATIS(EX.L ...... UNION FIN.FR......

C ± ± ± ± TDRQ IDHQ SV QVHDRT QDIU RDQV PVDUQ FFF IIDUQ UTDWR QDSR RH PTPDQV IDWV USDQH RWQDWR HDIQ CHEMUNEX # ...... HDWV HF COMPANY ...... OPTIMA DIREC ..... d VALTECH ...... w FININFO...... VILMOR.CLAUS .....

± ± ± ± IIVDHU FFF WUDTH TRHDPI PDTW RDSH PWDSP IDSQ TDTH RQDPW SDUI PRDIR ISVDQS QDPS VVDSH SVHDSP FFF CMT MEDICAL ..... IV HIGH CO.#...... OPTIMS #...... V CON TELEC...... FLEURY MICHO ... VIRBAC......

C C ± ± IUQDVQ IDWP ISPDTH IHHHDWW PDQU HDUQ RDUW IDQS TDIS RHDQR HDVP TSDQH RPVDQR FFF FFF FFF FFF COALA # ...... PTDSH HIGHWAVE OPT... w OXIS INTL RG ...... VISIODENT #...... FOCAL (GROUP......

´ QUPDUI QIGHI QTDQR PQVDQU QHGHI ECUR. TECHNOLOGIES ...... STDVP CIC PIERRE ......

SG ASSET MANAGEMENT IVHIDUP QIGHI SIVDPV QQWWDTW QHGHI E´CUR. TRIMESTRIEL D ...... PURDTU EUROCIC LEADERS ......

LEGAL & GENERAL BANK Serveur vocal : IVTDPQ QIGHI IRQHDWS WQVTDRP QHGHI SICAV et FCP E´PARCOURT-SICAV D ...... PVDQW MENSUELCIC......

08 36 68 36 62 (2,21 F/mn) IRSURDUI QIGHI PQDSS ISRDRV QHGHI

GE´OPTIM C ...... PPPIDWH RENTACIC......

ITUUDSR QIGHI STRATE´GIE IND. EUROPE .... PSSDUR

RITRDQR QIGHI ´ TQRDVS IHPIDUV QIGHI

Fonds communs de placements UNION AMERIQUE ...... CADENCE 1 D...... ISSDUU

Fonds communs de placements ISSDRS IHIWDTW QIGHI

 le™tionF

ne se ˆ CADENCE 2 D...... PSSDPQ QIGHI

Cours de cloture le 31 janvier E´CUREUIL E´QUILIBRE C ...... QVDWI Fonds communs de placements

´ UTUPDTT SHQPWDQS QHGHI IHHWDQW QIGHI

STRATEGIE CAC ...... CADENCE 3 D...... ISQDVV PPIDHT QIGHI TWWDSS RSVVDUS ITGHI

E´CUREUIL PRUDENCE C ...... QQDUH CIC EURO OPPORT ......

´ IHWHHDTQ UISHQDRS QHGHI ITUPDIH QIGHI

´ STRATEGIE INDICE USA...... CONVERTIS C ...... PSRDWI QHSDTI QIGHI IPDTU VQDII QHGHI

´ Valeurs unitaires e Date E´CUREUIL VITALITE´ C ...... RTDSW CIC NOUVEAU MARCHE ......

QUPDPT QIGHI

Emetteurs f INTEROBLIG C ...... STDUS IIPUDPH QIGHI

Euros francs ee cours CIC TECHNO. COM...... IUIDVR www.lapostefinance.fr THWDUV QIGHI INTERSE´LECTION FR. D...... WPDWT

´ Sicav Info Poste : IPUSDIV QIGHI CREDIT AGRICOLE ´ ´ IWRDRH

AGIPI www.clamdirect.com SELECT DEFENSIF C......

08 36 68 50 10 (2,21 F/mn) ´ IVSWDII QIGHI

08 36 68 56 55 (2,21 F/mn) SELECT DYNAMIQUE C ...... PVQDRP

IWPDHT QIGHI

AGIPI AMBITION (AXA) ...... PWDPV

IPHPDUT QIGHI ´ ´ IVQDQT

TVIDIS QIGHI

ADDILYS C ...... IHQDVR SELECT EQUILIBRE 2......

SSIDVW QTPHDIT QIGHI IRRUDSU QIGHI

ATOUT CROISSANCE ...... ´ PPHDTV PHSDTR QIGHI

AGIPI ACTIONS (AXA)...... QIDQS EURCO SOLIDARITE......

IPHRDPI QIGHI

´ IVQDSV

TUSDUU QIGHI ADDILYS D...... IHQDHP SELECT PEA DYNAMIQUE .... QRUDVS PPVIDUS QIGHI TPTRDUP QIGHI

ATOUT FONCIER ...... LION 20000 C/3 11/06/99 ...... WSSDHS

´ PSRDTW ITUHDTT QIGHI

PHVDIR QIGHI ´ QIDUQ SELECT PEA 1 ......

WRDSH TIWDVV QIGHI SRTWDPR QIGHI

3615 BNP ATOUT FRANCE ASIE D ...... LION 20000 D/3 11/06/99 ...... VQQDUV AMPLITUDE AMERIQUE C....

QSWIDWS QIGHI

SG FRANCE OPPORT. C...... SRUDSW

PHRDIQ QIGHI ´ QIDIP PQIDHS ISISDSW QIGHI IQRQDHI QIGHI

08 36 68 17 17 (2,21 F/mn) ATOUT FRANCE EUROPE...... SICAV 5000 ...... PHRDUR AMPLITUDE AMERIQUE D ...

QQTQDPW QIGHI

SG FRANCE OPPORT. D...... SIPDUQ

RIDRW PUPDIT QIGHI

STDWT QUQDTQ QIGHI PQSSDRV QIGHI

´ ATOUT FRANCE MONDE...... SLIVAFRANCE ...... QSWDHW AMPLITUDE EUROPE C......

ISVSVDUR QIGHI

BNP MONE COURT TERME.. PRIUDTS

RHHIDVT QIGHI

SOGENFRANCE C ...... TIHDHV

PRWDTV ITQUDUW QIGHI RHDIP PTQDIU QIGHI PTRDIS QIGHI

ATOUT FUTUR C ...... SLIVARENTE...... AMPLITUDE EUROPE D...... RHDPU

VUIQWDTW QIGHI

BNP MONE´ PLACEMENT C .. IQPVRDQT

QTHTDQP QIGHI

SOGENFRANCE D...... SRWDUV

PPTDPS IRVRDIH QIGHI IVQDHR IPHHDTT QIGHI

IVTVDVW QIGHI

ATOUT FUTUR D...... SLIVINTER ...... AMPLITUDE MONDE C ...... PVRDWI UTHVIDQU QIGHI

BNP MONE´ PLACEMENT D.. IISWVDSQ

UHWDPP QIGHI

SOGEOBLIG C...... IHVDIP

VSUDQR QIGHI ´ IQHDUH URUDVW RWHSDVR QIGHI

ITWIDSP QIGHI

ATOUT SELECTION...... TRILION...... AMPLITUDE MONDE D...... PSUDVU WWHQRUDSS QIGHI

BNP MONE´ TRE´SORERIE ..... ISHWUUDSI

PWPDIT QIGHI

SOGE´PARGNE D...... RRDSR

PPHPDSI QIGHI

COEXIS ...... QQSDUU PIDHS IQVDHV QIGHI

IHWQDSS QIGHI

BNP OBLIG. CT ...... ITTDUI Fonds communs de placements AMPLITUDE PACIFIQUE C....

IWHUDSW QIGHI

` SOGEPEA EUROPE...... PWHDVI QIQIDSR QIGHI

DIEZE ...... RUUDRH

PHDRP IQQDWS QIGHI

QRDTH PPTDWT QIGHI

IRIRDWH QIGHI

BNP OBLIG. LT...... ACTILION DYNAMIQUE C * . PISDUH AMPLITUDE PACIFIQUE D ...

SPSDQT QIGHI

SOGINTER C...... VHDHW

RPIWDRR QIGHI

EURODYN...... TRQDPS ´ SQDVS QSQDPQ QIGHI IRUDWV WUHDTW QIGHI

IQTQDRI QIGHI

BNP OBLIG. MT C ...... ACTILION DYNAMIQUE D * . PHUDVS ELANCIEL FRANCE D PEA ....

WQWDSQ QHGHI

INDICIA EUROLAND...... IRQDPQ Fonds communs de placements

WHUDWV QIGHI IQVDRP ´

IPVDTT VRQDWS QIGHI STSDTQ QIGHI

BNP OBLIG. MT D...... ACTILION PEA DYNAMIQUE VTDPQ ELANCIEL EURO D PEA ......

QPSUDHW QHGHI

RWTDSR ´ IPWDHQ QHGHI

INDICIA FRANCE...... DECLIC ACTIONS EURO ...... IWDTU

IUWDHW IIURDUS QIGHI

IPTRDWS QIGHI ´ IWPDVR ´ PTUDWT QIGHI

BNP OBLIG. SPREADS ...... ACTILION EQUILIBRE C *..... EMERGENCE E.POST.D PEA . RHDVS

QPVDWH QIGHI ´ SHDIR

RQIDWS QHGHI

´ INDOCAM AMERIQUE ...... DE´CLIC ACTIONS FRANC ..... TSDVS IWHHDTI IPRTUDIV QIGHI

IPHWDIW QIGHI

BNP OBLIG. TRESOR...... ´ IVRDQR ´

UTIDRQ QIGHI

ACTILION EQUILIBRE D * .... GEOBILYS C ...... IITDHV

IRQDIQ QIGHI

PIDVP ´ QHRDTQ QIGHI

INDOCAM ASIE...... DECLIC ACTIONS INTER...... RTDRR

IISQDSH QIGHI

IUSDVS ´ UHHDRQ QIGHI

Fonds communs de placements ACTILION PRUDENCE C *.... GEOBILYS D...... IHTDUV

IUSDPI IIRWDQH QIGHI

RHQDPP QHGHI

INDOCAM MULTI OBLIG...... DE´CLIC BOURSE PEA...... TIDRU

IIHHDST QIGHI

ACTILION PRUDENCE D * ... ITUDUV

IQIDIW QIGHI

´ PH IITQPDWR QIGHI

BNP MONE ASSOCIATIONS.. IUUQDRQ INTENSYS C ......

QVDUI PSQDWP QIGHI

IIWDUI QHGHI

INDOCAM ORIENT C...... DE´CLIC BOURSE E´QUILIBRE IVDPS

IRUPDQH QIGHI

INTERLION ...... PPRDRS

IIQDWR QIGHI

INTENSYS D...... IUDQU

PPTDIU QIGHI

QRDRV ´ IHWDUR QHGHI

INDOCAM ORIENT D...... DECLIC OBLIG. EUROPE...... ITDUQ

URSDRQ QIGHI

LION ACTION EURO ...... IIQDTR

ITRRDRV QIGHI

BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT KALEIS DYNAMISME C...... PSHDUH

ITVDTS IIHTDPU QIGHI

PHSDHS QHGHI

INDOCAM JAPON ...... DE´CLIC PEA EUROPE...... QIDPT

USTDWI QIGHI

LION PEA EURO...... IISDQW

ISWWDQS QIGHI

KALEIS DYNAMISME D ...... PRQDVP PPHPDIV QHGHI

www.bpam.fr 01 58 19 40 00 QQSDUP SIRDWW QHGHI

INDOCAM STR. 5-7 C...... DE´CLIC SOGENFR. TEMPO... UVDSI

WQDVP TISDRP QIGHI

IQUHDIH QHGHI

PHVDVU KALEIS DYNAMISME FR C.... TTPDIT RQRQDRV QHGHI PIQQDPR QHGHI BP OBLI CONVERTIBLES ...... QPSDPI INDOCAM STR. 5-7 D ...... SOGINDEX FRANCE C ......

IQWPDHI QIGHI ´ PIPDPI TQUDUP QIGHI

WUDPP KALEIS EQUILIBRE C...... FFFF FFFF FFFF UQVDTI QHGHI BP OBLI HAUT REND...... IIPDTH OBLIFUTUR C......

IQRVDSP QIGHI ´ PHSDSV VQDTV SRVDWH QIGHI

SVPDVV QHGHI FFFF FFFF FFFF

BP MEDITERRANE´EDE´V...... VVDVT OBLIFUTUR D...... KALEIS EQUILIBRE D...... IVHDSV QIGHI

CM EURO PEA...... PUDSQ

IUIDHW IIPPDPV QIGHI

IPTQDQU QIGHI ´ ´ ´ IWPDTH

IPSPDSS QHGHI ´ IWHDWS FFFF FFFF

BP NOUVELLE ECONOMIE ... REVENU-VERT ...... KALEIS SERENITE C...... FFFF SIDIH QIGHI

CM EUROPE TECHNOL...... UDUW

TUDUU RRRDSR QIGHI

SHDQU QQHDRI QIGHI

IPPIDPH QIGHI ´ ´ ´ IVTDIU FFFF FFFF

BP OBLIG. EUROPE ...... UNIVERS ACTIONS ...... KALEIS SERENITE D ...... FFFF PWQDRV QIGHI

CM FRANCE ACTIONS ...... RRDUR

PUUDQR QIGHI

´ ´ RPDPV WWTTPDHW TSQURHDRT QIGHI

FFFF FFFF FFFF SVRDQQ QIGHI

BP SECURITE...... UNIVERS-OBLIGATIONS ...... VWDHV ...... PSTDTI QIGHI

CM MID. ACT. FRANCE...... QWDIP KALEIS TONUS C......

IVIDIW IIVVDSQ QIGHI

FFFF FFFF FFFF

UITDQI QIGHI EUROACTION MIDCAP...... IHWDPH ...... PSHVDHS QIGHI

Fonds communs de placements CM MONDE ACTIONS...... QVPDQS OBLITYS C......

IRHDIQ WIWDIW QIGHI

FFFF FFFF

FRUCTI EURO 50 ...... FFFF UITDQI QIGHI

IHWDPH ...... IHR TVPDPH QIGHI TSRDUI QHGHI

ATOUT VALEUR ...... WWDVI CM OBLIG. LONG TERME .... OBLITYS D ......

IHTDUR UHHDIU QHGHI

FFFF FFFF

FRUCTIFRANCE C ...... FFFF QTDPW PQVDHS QIGHI QQQDPQ QIGHI ´ SHDVH PITPDUT QHGHI

INDOCAM VAL. RESTR...... QPWDUI CM OPTION DYNAM...... PLENITUDE D PEA ......

QVSDVV PSQIDPI QHGHI

FFFF FFFF

FRUCTIFONDS FRANCE NM ...... FFFF QTTDHW QIGHI ´ SSDVI PSQSDPS ITTQHDIS QIGHI QRVDHS PWGHI

MASTER ACTIONS ...... SQDHT CM OPTION EQUIL...... POSTE GESTION C ......

FFFF FFFF

...... FFFF ISWDHS IHRQDQH QIGHI QHDPS IWVDRQ PWGHI

ISPQWDUV QIGHI CM OBLIG. COURT TERME .. PQPQDPW

www.cdcixis-am.fr MASTER OBLIGATIONS ...... POSTE GESTION D......

FFFF FFFF

...... FFFF QPUDVI PISHDPW QIGHI

IRIDWS QHGHI PIDTR CM OBLIG. MOYEN TERME . RSPHUDHS QIGHI

OPTALIS DYNAMIQ. C ...... POSTE PREMIE`RE...... TVWIDUU

FFFF FFFF

...... FFFF ITRDIQ IHUTDTP QIGHI

IQTDII QHGHI

PHDUS CM OBLIG. QUATRE......

PTVPVSDVP QIGHI

OPTALIS DYNAMIQ. D...... POSTE PREMIE`RE 1 AN...... RHVWWDWI

FFFF FFFF

´ ...... FFFF

IQPDQI QHGHI

OPTALIS EQUILIB. C ...... PHDIU SUTUSDPV QIGHI

Fonds communs de placements POSTE PREMIE`RE 2-3...... VUWPDSR

FFFF FFFF

´ ...... FFFF IPQDUI QHGHI

MULTI-PROMOTEURS OPTALIS EQUILIB. D...... IVDVT

WQDRR TIPDWQ QIGHI

IPTDHU QIGHI

CM OPTION MODE´RATION . IWDPP PRIMIEL EUROPE C......

FFFF FFFF

´ FFFF QPTUDUP QHGHI

RWVDIT ......

IPPDPU QHGHI

NORD SUD DEVELOP. C...... OPTALIS EXPANSION C ...... IVDTR

SISVDQI QIGHI

REVENUS TRIMESTRIELS ..... UVTDQV

FFFF FFFF FFFF

PTSPDQH QHGHI ´ RHRDQR ......

IPIDQS QHGHI

NORD SUD DEVELOP. D ...... OPTALIS EXPANSION D...... IVDSH ASSET MANAGEMENT

IIVSDIV QIGHI

THE´SORA C...... IVHDTV

FFFF FFFF

...... FFFF

IIUDQS QHGHI

Sicav en ligne : OPTALIS SE´RE´NITE´ C ...... IUDVW

IHHQDTV QIGHI

THE´SORA D...... ISQDHI

FFFF FFFF

´ ´ ´ ...... FFFF IHTDHU QHGHI

OPTALIS SERENITE D ...... ITDIU ´ IHRQDIH QHGHI

08 36 68 09 00 (2,21 F/mn) AMERIQUE 2000...... ISWDHP

QHHVPRDSH QIGHI

TRE´SORYS C...... RSVTHDRH

FFFF FFFF

...... FFFF

RWWDWU QHGHI

PACTE SOL. LOGEM...... UTDPP SQQDIT QHGHI

ASIE 2000 ...... VIDPV

PQSVDIH QIGHI

´ QSWDRW TIDTH RHRDHU QIGHI

FFFF FFFF

ECUR. 1,2,3... FUTUR ...... SOLSTICE D...... FFFF SQIDSW QHGHI

PACTE SOL.TIERS MONDE.... VIDHR IUSQDII QHGHI

´ NOUVELLE EUROPE...... PTUDPT VPDUH SRPDRV QIGHI

FFFF FFFF

ECUR. ACT. FUT.D PEA...... FFFF

IPPS HPGHP

UNIVAR C ...... IVTDUS Fonds communs de placements PPVPIDUW QIGHI

SAINT-HONORE´ CAPITAL C . QRUWDIT

IRSDHQ QIGHI ´ PPDII

FFFF FFFF

ECUR. ACTIONS EUROP. C ...... FFFF

IVRDHQ IPHUDIT HPGHP

TTHDTV QIGHI

UNIVAR D...... ´ IHHDUP PIUHPDRU QIGHI

SAINT-HONORE´ CAPITAL D. QQHVDSP DEDIALYS FINANCE......

PUVDUV QIGHI ´ RPDSH

FFFF FFFF

ECUR. CAPITALISATION C...... FFFF

SQSDVS QIGHI ´ VIDTW PPPQDST QIGHI

ST-HONORE´ CONVERTIBLES QQVDWV DEDIALYS MULTI-SECT......

QSVDPP QIGHI ´ SRDTI FFFF FFFF

ECUR. DYNAMIQUE+ DPEA...... FFFF

RRQDPQ QHGHI ´ TUDSU TRPDRR QIGHI ´ ´ WUDWR

´ ´ ST-HONORE FRANCE...... DEDIALYS SANTE ...... SPDRT QRRDIP QIGHI

FFFF FFFF

ECUR. ENERGIE D PEA...... FFFF

UTUDTU QHGHI ´ IIUDHQ

RSIDUT QIGHI

ST-HONORE PACIFIQUE ...... DE´DIALYS TECHNOLOGIES.. TVDVU

RIUDHU PUQSDVH QIGHI

WQSUSDWR QIGHI ´ IRPTSDST FFFF FFFF

ECUR. EXPANSION C...... CIC EPARCIC...... FFFF

IIVWDQV QHGHI ´ IVIDQP

SISDTS QIGHI

ST-HONORE TECH. MEDIA .. DE´DIALYS TELECOM...... UVDTI

ITWDSI IIIIDWI QIGHI PTVDHP QIGHI

´ RHDVT CIC FINUNION ......

ECUR. EXPANSIONPLUS C.... ´ ´ PTHSDRT QHGHI

ST-HONORE VIE SANTE ...... QWUDPH

SVPDVV QIGHI

POSTE EUROPE C...... VVDVT QWDWI PTIDUW QHGHI RQPDUQ QIGHI

´ TSDWU CIC FRANCIC......

ECUR. INVESTIS. D PEA...... ´ UTWDRR QHGHI

ST-HONORE WORLD LEAD. . IIUDQH ´

VSDPV SSWDRH QIGHI PSPDHV QHGHI ´ ´ QVDRQ LEGENDE IRPVDHV QIGHI EC. MONET.C ...... PIUDUI CIC MONDE PEA ...... POSTE EUROPE D ......

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IPSSDUH QIGHI ` IWIDRQ WUDPI QHGHI ´ ´ IRDVP IPQIDRW QIGHI EC. MONET.D...... IVUDUR CIC OBLI LONG TERME C..... Fonds communs de placements POSTE PREMIERE 8 ANS C... Hors frais. A titre indicatif. * Part div. par 10 au 5/5/99.

IIIWDUV QIGHI IRDVP WUDPI QHGHI RTDHR QHP QHGHI IUSDUQ IISPDUI QIGHI E´CUR. OBLIG. INTERNAT. .... IUHDUI CIC OBLI LONG TERME D .... WEB INTERNATIONAL ...... POSTE PREMIE`RE 8 ANS D... LeMonde Job: WMQ0202--0025-0 WAS LMQ0202-25 Op.: XX Rev.: 01-02-01 T.: 09:08 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 59Fap: 100 No: 0161 Lcp: 700 CMYK

25 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001

SCIENCES Les chercheurs tentent l’information sur de grandes dis- matériau roi de la microélectronique, montrent néanmoins que des trans- moyen terme, remplacer le câblage d’améliorer les performances des tances à travers les fibres optiques, refuse, pour l’instant, de se transfor- formations structurelles du silicium électrique des puces, mais les élec- puces électroniques en remplaçant pourrait ainsi devenir le support mer en source de lumière, fonction ou un mariage avec d’autres maté- trons conserveront sans doute assez les électrons par des photons. b LA unique des données numériques nécessaire à la fabrication de puces riaux pourraient lui donner cette pro- longtemps l’exclusivité des opéra- LUMIÈRE, déjà utilisée pour véhiculer dans les ordinateurs. b LE SILICIUM, optiques. b DES EXPÉRIENCES priété. b LES PHOTONS pourraient, à tions de traitement de l’information. Un rêve : mettre la lumière au service de l’informatique Les électrons font équipe avec les particules de lumière pour transmettre des messages. Une alliance délicate qui a engendré un nouveau secteur d’activité : l’optoélectronique, si elle se développe, pourrait reléguer l’électronique au rang de technique du passé LES ÉLECTRONS ont fait de fin sous une forme électronique à Cependant, ces leds sont encore notre époque celle de l’informa- l’arrivée. Les spécialistes des télé- Les lignes de lumière des puces électroniques trop peu efficaces pour convertir tion. Aujourd’hui, pour augmenter communications et les chercheurs l’électricité en lumière et devenir PUCE EXPÉRIMENTALE « MICRO-CAGE » DE LUMIÈRE « MICRO-GUIDE » DE LUMIÈRE les débits et répondre aux besoins en électronique aimeraient bien commercialement viables. croissants de cette société, ils se s’affranchir de toutes ces ruptures Mais, plus que les diodes, c’est sont alliés aux grains de lumière, de charge et n’avoir à traiter que d’un laser à silicium que l’électro- les photons, pour transmettre les des photons, que des signaux de lu- nique optique a besoin. Un tel pro- données. Mais ce mariage forcé qui mière, reléguant ainsi l’électro- duit, affirme Leigh Canham, révo- a donné naissance à un nouveau nique à une technique du passé. lutionnerait la conception des Trajet suivi secteur d’activité, l’électronique Mais ce rêve est encore lointain. par la lumière superordinateurs et ouvrirait la optique – ou optoélectronique –, L’hybride actuel qu’est le ma- voie à de nouveaux types de dispo- n’est pas sans nuages. Le silicium, riage entre électronique et optique sitifs d’optoélectronique. Des pre- superstar de la technologie de l’in- paraît donc devoir nous accompa- miers résultats ont été annoncés en gner encore longtemps. Un ma- novembre 1999 par Lorenzo Pavesi riage dans lequel aucun des deux (université de Trente), qui a réussi à Les chercheurs du Laboratoire conjoints ne paraît très heureux. Le d'électronique, optoélectronique obtenir à partir du silicium quelque traitement et la transmission d’in- et microsystèmes (LEOM) ont chose qui se rapproche de la lu- formations par la lumière néces- mière laser en exploitant l’idée de réussi à concevoir des micro- En alignant ces îlots les uns à sitent l’usage du laser ainsi que cages de forme hexagonale Ces micro-cages sont des îlots Canham. En décembre de la même sans aucun trou. Ces derniers côté des autres, on peut ainsi d’autres sources lumineuses, capables de piéger la lumière en former de microscopiques routes année, des Suisses de l’Institut comme les diodes électrolumines- utilisant une fine membrane jouent en quelque sorte le rôle de Paul-Scherrer (Villigen) ont, sous la le barreaux qui emprisonnent la (micro-guides) dans lesquelles la centes. L’industrie de la micro-in- d'arséniure de gallium et d'indium conduite d’Ulf Gennser, fabriqué lumière peut se déplacer percée de trous microscopiques. lumière. formatique utilise, par ailleurs, facilement. un laser semi-conducteur non tra- comme dispositifs de commande Source : LEOM ditionnel en superposant avec le des transistors, et élabore entière- niure de gallium sur une feuille de mière lorsqu’il est stimulé par un teurs électroluminescents est spéci- plus grand soin de nombreuses ment ses composants à partir du si- silicium désorganise complètement courant électrique. Les chercheurs fique à chaque matériau. Du jaune, couches très fines de silicium et de licium. Mais personne n’a réussi à l’interface de ces deux couches. s’efforcent donc depuis plus de dix du rouge, du vert et du bleu ont été germanium. ce jour à créer un laser au silicium. Cherchant à s’harmoniser, les ans de rendre le silicium « lumi- ainsi obtenus par Canham. De tels lasers quantiques, dits en formation, est en effet impuissant à En revanche, les lasers d’un lecteur atomes de l’un et l’autre matériaux neux ». En 1996, Philippe Fauchet et son cascade, ont été obtenus pour la produire de la lumière. Dans ces de disques compacts se composent se tendent et se rétractent à leur Une solution est de le doper avec équipe de l’université de Rochester première fois en 1994 à partir de se- conditions, construire une optro- de divers semi-conducteurs à l’ar- surface. D’où l’apparition de dé- des atomes bons émetteurs de lu- (New York) ont démontré qu’un tel mi-conducteurs électrolumines- nique miniaturisée à partir de séniure de gallium pour l’essentiel. fauts sous forme de fissures dans la mière, comme ceux de l’erbium. procédé pouvait vraiment mener à cents à base d’arséniure d’indium puces de silicium paraît relever de Malheureusement, arséniure de pellicule d’arséniure de gallium, qui Cela fonctionne, mais pas suffisam- une électronique optique intégrée. et de gallium (InGaAs). Ils sont en- la gageure. Pourtant, certains tra- gallium et silicium ne s’entendent annulent ses propriétés de conduc- ment bien. Une autre est d’utiliser Ils ont mis au point une diode élec- core, malheureusement, peu effi- vaux récents laissent à penser que guère. teur d’électricité et le rendent inuti- des molécules électrolumines- troluminescente (light emitting caces et trop coûteux pour servir quelques-uns de ces systèmes Tous deux possèdent une struc- lisable comme laser à solide. Il en centes comme le silicate de cérium, diode, ou led) de silicium poreux, dans l’électronique optique du sili- pourraient voir le jour d’ici à la fin ture cristalline, leurs atomes étant va de même pour d’autres semi- dont Won Chel Choï (Institut co- qu’ils ont placée sur une puce non cium. de la décennie. disposés en rangs réguliers comme conducteurs électroluminescents. réen des sciences et de la technolo- pas de silicium pur, mais d’un ma- Tant mieux car, aujourd’hui, la des œufs dans leur boîte. Sauf que Ainsi n’est-il pas facile d’appli- gie de Séoul) a montré qu’il se plai- tériau similaire riche en silicium. Philipp Ball lumière est déjà partout. Les fibres sait sur le silicium et qu’il émettait optiques transmettent en un ins- une lumière bleue et violette lors- tant, et à des milliers de kilomètres, Un laser au silicium qu’il était stimulé par un autre la- les impulsions de faisceaux laser ser. Mais une des idées les plus pro- chargés d’information avec des dé- L’équipe de Pavesi n’a pas taillé son silicium en fils, mais en metteuses est celle qui consiste à Les mariages contre nature bits plus importants que ceux of- « points quantiques » – minuscules pièces de silicium de quel- découper le silicium en structures si ferts par de modestes fils de cuivre. ques nanomètres à peine de diamètre, contenant tout juste cha- fines que son comportement s’en C’est encore la lumière de lasers cune quelque 500 atomes – en dirigeant un rayon ionique dans le trouve modifié par les lois de la des physiciens des matériaux miniaturisés, obtenus à partir de quartz, forme naturelle du dioxyde de silicium. Ces points quan- mécanique quantique, qui le trans- L’OPTOÉLECTRONIQUE peut- celle-ci, posée sur le silicium, émet matériaux semi-conducteurs, qui tiques se sont révélés être de bons émetteurs de lumière rouge, forment alors de médiocre en bon elle s’accommoder d’un mariage dans l’infrarouge, une des lumières décryptent le son des disques mais pas uniquement. La lumière laser apparaît quand l’émis- émetteur de lumière. avec le silicium, produit de base des les plus utilisées dans les télé- compacts et qui inscrivent les don- sion en provenance de certaines parties du matériau émetteur puces électroniques bien connu des communications. Avantage : elle nées sur les disques magnéto-op- stimule une émission en provenance d’autres parties. L’équipe INCANDESCENCE VARIABLE industriels, peu cher et facile à peut être fabriquée par des tech- tiques de certains systèmes de stoc- de Pavesi a trouvé dans son matériau l’explication à ce processus Le silicium traité par un acide mettre en œuvre ? Sans doute, niques plus simples et moins coû- kage dont les capacités sont d’« émission stimulée ». puissant devient poreux comme mais à la condition que le silicium teuses que celle utilisée pour la fa- supérieures à celles des disques Lorsqu’un rayon laser « test » de même couleur que la lumière une éponge, comme l’a découvert apprivoise la lumière, ce que l’on brication de fines lames de durs magnétiques de nos ordina- émise est traversé par le témoin, il gagne de l’éclat. L’explication en 1990 Leigh Canham, de la De- peut faire soit en rendant le sili- semi-conducteurs cristallins. Ces teurs. de ce type de « gain optique » est, pour Canham, un pas crucial fence Research Agency (Malvern, cium luminescent, soit en conce- diodes ne sont cependant pas sans Mais ce n’est pas suffisant. Au- vers la fabrication d’un laser au silicium. Angleterre). Il se compose de fils vant des dispositifs adéquats faits défaut. Elles sont peu efficaces et jourd’hui, l’information d’un e-mail quantiques de quelques nano- avec des matériaux compatibles convertissent l’énergie électrique envoyé au bout du monde est au mètres (millionnièmes de milli- avec le silicium. Tout le secret est en lumière avec des rendements départ convertie sous une forme les boîtes ne sont pas de même quer des lasers miniatures à une mètres), qui deviennent incandes- là. Mais, si dans le couple les ten- déplorables (0,01 %). En plus, elles électronique, puis traduite en pho- taille : la distance entre les atomes puce de silicium à côté de circuits cents lorsqu’ils sont traversés par sions sont trop fortes, il faut alors ne fonctionnent qu’avec une ten- tons de lumière quand elle est in- adjacents du silicium – la constante de micro-informatique. Les choses un courant. De plus, la couleur de trouver un autre partenaire. sion de 33 volts, bien trop élevée jectée dans les fibres optiques des d’assemblage – diffère de celle de seraient plus simples si le silicium cette incandescence varie selon Ce type de difficultés se ren- pour les puces de silicium. câbles de télécommunications in- l’arséniure de gallium. En consé- se comportait comme l’arséniure l’épaisseur des fils, alors que la cou- contre avec les semi-conducteurs tercontinentaux, et reconvertie en- quence, plaquer une couche d’arsé- de gallium, en émettant de la lu- leur émise par les semi-conduc- électroluminescents actuels, dont la FAISCEAU INFRAROUGE structure cristalline – l’agencement Certains scientifiques estiment des atomes – se marie mal avec toutefois qu’il est beaucoup trop celle du silicium sur lequel ils sont tôt pour renoncer aux matériaux plaqués. En fait il y a presque tou- cristallins. Ils tentent donc de créer Les puces pourraient avoir besoin des photons pour communiquer plus vite jours désaccord, tant ses arrange- par ordinateur des matériaux tota- QUEL OBSTACLE ralentira la dences augmentant régulièrement rait cette dépense d’énergie, un 0,25 micron d’épaisseur en arsé- ments cristallins sont uniques. Aus- lement virtuels ayant exactement folle course aux performances des pour atteindre les 10 GHz dans les avantage majeur pour les ordina- niure de gallium et d’indium per- si William Gillin et son équipe les propriétés voulues. En 1999, fabricants de microprocesseurs ? prochaines années. D’où l’impor- teurs portables. Enfin, l’introduc- cée d’un réseau de trous submi- (Queen-Mary-and-Westfield Col- l’équipe de John Joannopoulos Souvent évoquées, les limites de la tance stratégique des recherches tion de liaisons optiques permet- croniques. Ce sont ces derniers qui lege, Londres) n’hésitent-ils pas à (Massachusetts Institute of miniaturisation des traits de gra- actuelles sur le remplacement du trait de simplifier la conception permettent de « confiner, de guider affirmer que les matériaux à struc- Technology) a adopté la même dé- vure du silicium sont sans cesse re- courant électrique par la lumière des puces « en réduisant le nombre et de sélectionner en direction et en ture cristalline ne sont pas la bonne marche pour trouver des semi- poussées. Néanmoins, une autre comme véhicule des données dans de couches de métallisation, source longueur d’onde les photons », pré- réponse au problème posé et qu’il conducteurs censés se marier avec difficulté pourrait survenir avant les circuits intégrés. Les implica- importante de rebuts ». cise le chercheur. De quoi réaliser serait plus habile de recourir, par le silicium et émettre un puissant même que les transistors ne de- tions d’une telle modification sont Tous ces avantages confortent des microsources de lumière exemple, à des matières plastiques, faisceau infrarouge. Ils ont décou- viennent « fuyards », faute d’une multiples. Outre les épineux pro- les chercheurs dans l’intérêt qu’il y (1,5 micron de longueur d’onde) dont les atomes sont disposés de vert ainsi que le meilleur produit quantité suffisante de matière blèmes techniques qu’il reste à ré- a à créer une puce optoélectro- ainsi que des guides « prenant des façon désordonnée. Au lieu de pour y parvenir serait un alliage pour garantir l’étanchéité de leur soudre, le passage de l’électro- nique dans laquelle photons et virages très serrés pouvant aller jus- chercher à faire coïncider deux subtil et complexe de zinc, de sili- grille (Le Monde du 22 novembre nique pure à l’optoélectronique électrons travailleraient en harmo- qu’à 60 degrés ». Le LEOM dispose boîtes à œufs de taille différente, cium, de phosphore et d’arsenic. 2000). « Dès aujourd’hui, les délais remet profondément en cause les nie. Les premiers se chargeraient ainsi d’une véritable « connectique superposons, disent-ils, à celle du Cet alliage est-il réalisable ? Mar- de traitement et de transport des processus de fabrication des puces du transport des informations, les photonique » dont la taille est à bas, quelque chose ressemblant à vin Cohen (université de Californie, données dans une puce sont désor- et induit d’importants investisse- seconds de leur traitement, une l’échelle des microprocesseurs ac- du papier mâché. Berkeley) et ses collaborateurs en mais du même ordre de grandeur », ments supplémentaires. opération encore difficile à conce- tuels. L’idée n’est pas nouvelle. Les po- doutent. C’est la raison pour la- indique Frédéric Gaffiot, maître de voir par la voie purement optique. Le développement de compo- lysiloxanes – polymères à base de quelle ils ont, toujours en faisant conférences à l’Ecole centrale de PAS D’EFFET JOULE Dans cette configuration hybride, sants hybrides et leur industrialisa- silicium et de groupements orga- appel aux moyens de calcul des or- Lyon et chercheur au Laboratoire « Il ne s’agit pas d’un problème la source lumineuse pourrait rester tion est soumis à la décision des niques – ont déjà été étudiés à cet dinateurs, cherché des matériaux d’électronique, optoélectronique de vitesse de transmission », ex- extérieure à la puce. Mais cela fabricants de puces, Intel, AMD, effet. Ils émettent de la lumière plus accessibles. Deux alliages de et microsystèmes (LEOM) créé plique Frédéric Gaffiot pour préci- conduit à intégrer un micro-laser Via ou ST Microelectronics. « Nous lorsque des molécules fluores- carbone, d’étain et de silicium ou avec le CNRS (UMR 5512). Le ser les motivations d’un recours à et à le connecter aux composants discutons avec eux depuis deux ans, centes leur sont greffées, mais de germanium ont leurs préfé- point critique a été atteint par les la lumière. « En revanche, le pas- en silicium. Les fabricants voient note Frédéric Gaffiot. Mais ils conduisent mal l’électricité. Il est rences. L’un et l’autre possèdent microprocesseurs fonctionnant à sage du courant électrique sur des d’un mauvais œil ce mariage déli- restent réticents, et nous devons donc difficile d’en faire des compo- des structures qui diffèrent de celle 1 gigahertz, annoncés dès 1998 (Le pistes de plus en plus proches les cat et coûteux. D’où les travaux vi- continuer à tenter de les sants électroniques. L’équipe de du silicium d’à peine plus d’un pour Monde du 11 février 1998) et unes des autres engendre des per- sant à intégrer la source de lu- convaincre. » Tout comme Pierre William Gillin cherche à contourner cent. Si ces matériaux pouvaient commercialisés en 2000. Au-delà, turbations du signal qui peuvent in- mière dans le composant Viktorovitch, le chercheur estime l’obstacle en utilisant deux maté- être fabriqués, l’électronique op- les puces atteindront une vitesse troduire des erreurs. » Contraire- lui-même. que la première étape de l’intro- riaux non cristallins différents, l’un tique pourrait alors franchir un cap de calcul telle qu’elles risquent de ment aux électrons, les photons, « Nous avons conçu des microca- duction des photons dans les cir- et l’autre étant organiques (soit des et entrer dans un monde nouveau, manquer de matière première, se eux, sont insensibles à ce type vités capables de piéger les photons cuits intégrés concernera, au cours composés du carbone). La pre- où même les puces émettraient de retrouvant régulièrement en chô- d’influence, baptisée diaphonie et de constituer ainsi des micro- des toutes prochaines années, la mière couche transmet le courant la lumière. mage technique, telle une usine par les chercheurs. De plus, leur sources de lumière », explique communication entre les diffé- de la structure de base en silicium à privée d’approvisionnement. déplacement présente l’avantage Pierre Viktorovitch, directeur de rents composants. « Dans cinq à la seconde couche, qui émet de la Ph. Ba. La logistique des données de- de ne pas produire d’effet Joule, recherche au CNRS, en charge des dix ans, pronostiquent les deux lumière. Cette seconde couche est viendrait alors le principal goulet c’est-à-dire de chaleur. « Le caden- circuits intégrés photoniques au chercheurs, le transfert des données formée de molécules comportant ૽ Page réalisée par les rédactions d’étranglement du système, pou- çage d’une puce à 1 GHz consomme LOEM. Le matériau mis au point, à l’intérieur même des puces devra en leur centre un atome d’une terre du Monde, d’El Pais et de la revue vant ruiner les gains de perfor- le tiers des 100 W dissipés par le une structure cristalline artificielle faire appel à la lumière. » rare, l’erbium, connu pour ses ca- scientifique internationale Nature. mances auxquels les puces composant », indique Frédéric Gaf- (cristal photonique), se présente pacités à émettre de la lumière. Traduction de l’anglais par peuvent prétendre avec des ca- fiot. Le recours aux photons rédui- sous la forme d’une membrane de Michel Alberganti Une diode à deux étages comme Sylvette Gleize. LeMonde Job: WMQ0202--0026-0 WAS LMQ0202-26 Op.: XX Rev.: 01-02-01 T.: 11:17 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 59Fap: 100 No: 0162 Lcp: 700 CMYK

26 / LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 AUJOURD’HUI-SPORTS Le « modèle » allemand suscite agacement et convoitise chez les Français L’équipe de France a battu celle du Portugal (23-18) en huitième de finale du championnat du monde de handball. Elle doit franchir jeudi l’obstacle allemand pour accéder aux demi-finales et remplir ainsi son objectif L’équipe de France de handball aborde, championnat est sans doute le plus rele- l’équipe de France, alors qu’une victoire Mercredi 31 janvier, en huitième de fi- faire de la Corée du Sud (28-26). La seule jeudi 1er février à Albertville (Savoie), la vé de la planète. Ce championnat affiche lui permettrait d’accéder aux demi-fi- nale, les hommes de Daniel Costantini véritable surprise de ces huitièmes a été phase décisive du championnat du également une puissance économique nales, samedi 3 février à Paris : cette qua- ont battu difficilement le Portugal (23- provoquée par l’élimination de l’équipe monde avec le quart de finale qu’elle dis- sans équivalent. Une défaite représente- lification constituait l’objectif fixé en dé- 18), alors que la Russie, championne de Croatie face à celle de l’Ukraine après pute face à l’Allemagne, un pays dont le rait un échec sur le plan sportif pour but de compétition par les Bleus. olympique en titre, a peiné pour se dé- deux prolongations (34-37).

ALBERTVILLE (Savoie) qui agace et fait envie, tout à la fois. tendre 1984 pour voir les premières Et d’autres joueurs pourraient aussi de notre envoyé spécial Car le voisin allemand, inventeur publicités sur les maillots », rappelle donner de la valeur au championnat. Victorieuse dans la douleur du du handball, fait figure de super- Daniel Costantini, selon qui «on a On aurait de vrais duels tous les week- Portugal (23-18), mercredi 31 janvier puissance, surtout au travers de ses longtemps parlé d’une troisième voie, ends et cela créerait un engoue- à Albertville (Savoie), en huitième clubs. « Ils ont une NBA du hand- entre sport-Etat et sport mercantile, ment. » « Nous nous organisons et de finale du ball », résume Philippe Bana. Le mais sans vraiment la trouver. » nous professionalisons, assure Nico- champion- championnat allemand (vingt las Bernard, mais en restant respec- nat du équipes) affiche une puissance MÉDIATISER LA D1 tueux du devenir de nos athlètes, no- monde de économique sans équivalent en Eu- Aujourd’hui, les clubs de D1 fran- tamment de leur formation. » handball, rope. « C’est un autre monde. Cela çais disposent de quelques res- La formation est justement l’ar- l’équipe de attire beaucoup de stars étrangères », sources financières. Selon Nicolas gument brandi par le handball hexa- France doit assure Joël Abati (30 ans) qui, Bernard, président de l’US Dun- gonal face à la toute puissance affronter comme Christian Gaudin (33 ans), kerque et représentant des clubs de économique allemande : « Vu qu’il y HANDBALL celle de l’Al- joue à Magdebourg, où il côtoie D1, elles sont surtout « locales et ré- a des stars étrangères, il n’y a pas de lemagne en quart de finale, jeudi Guéric Kervadec, jeune retraité des gionales ». Donc limitées : entre 3 et temps de formation pour les jeunes 1er février. France-Allemagne : l’af- Bleus. « Pour prouver quelque chose, 11 millions de francs de budget par joueurs allemands. On ne leur donne fiche dégage un parfum qui fleure il faut passer par là », note Daniel club, dont plus de 50 % en moyenne pas le temps de mûrir et ils se sentent bon « la tradition », pour reprendre Costantini. « Quand je suis parti, en est de l’argent public. Le handball lésés », relève Joël Abati. « L’Alle- le terme de Daniel Costantini, l’en- 1998, (...), cela a aussi été un choix français voudrait profiter de ce magne laisse la formation à d’autres, traîneur des Bleus, tant leurs che- économique, car c’est deux à trois fois Mondial pour médiatiser un peu comme la France », explique Daniel mins se sont souvent croisés. mieux en salaire », indique Joël Aba- plus son championnat, et accroître Costantini. D’où cet autre enjeu du Cette rencontre ouvrira à son ti. ainsi la part des droits télé dans ses sommet franco-allemand : « Mon- vainqueur la porte du dernier carré Pour endiguer la fuite de ses ta- ressources. « On pourrait peut-être trer que, face à l’exploitant [de mondial, mais recèle d’autres en- lents, le handball français a usé de avoir plus, déclare Daniel Costantini, joueurs, Ndlr], le formateur ne se jeux : « Nous avons à prendre nos l’équipe de France : à qualité égale, mais peut-être que l’on a aussi la visi- trompe pas trop », comme le dit Phi- marques par rapport à eux », déclare Daniel Costantini a, au début, privi- bilité que l’on mérite. » « A puissance lippe Bana. Philippe Bana, le directeur tech- légié un joueur évoluant en France économique égale des clubs français, nique national. Non que le handball plutôt qu’un « étranger ». Des ef- je pourrais revenir, ajoute Joël Abati. Philippe Le Cœur français cultive un complexe vis-à- forts ont été entrepris par les clubs

vis de son homologue : « Non, non, hexagonaux pour augmenter leur FRANCK FIFE/AFP Championnat du monde assure Daniel Costantini, c’est plutôt poids économique. Le handball Les joueurs allemands (en blanc) à la lutte une référence ». Mais une référence français partait de loin. « Il a fallu at- avec les Croates, le 25 janvier à Besançon. FRANCE-PORTUGAL : 23-18 (10-10) HUITIÈME DE FINALE Mercredi 31 janvier • Halle olympique d'Albertville (17 heures) • Public chaleureux • 5 800 spectateurs • Arbitres : MM. D. et M. Nachevski (Mcd) LA CHRONIQUE DE DANIEL COSTANTINI L’équipe russe reste fidèle à ses • LES ÉQUIPES FRANCE (Sélectionneur : Costantini) • Gaudin ; Martini • Fernandez ; Dinart ; B. Gille ; « L’honneur, c’est comme Anquetil ; Golic ; Girault ; Richardson ; Abati ; Cazal ; Puigségur. PORTUGAL (Sélectionneur : Cuesta) • S. Morgado ; P. Morgado • Galambas ; Resende ; « grognards » de l’époque soviétique Cruz ; Andorinho ; Coelho ; R. Costa ; Tchikoulaev ; Gomes ; Rocha ; Almeida ; Lopes. AMNÉVILLE-LES-THERMES premier tour avait difficilement les allumettes... » LES BUTEURS LE FAIT DU MATCH (Moselle) laissé augurer de la suite : une vic- FRANCE : de notre envoyé spécial toire en finale face à la Suède. ON me pardonnera de citer une frirent aux Croates qu’une résis- B. Gille, 6 buts ; Fernandez, 5 ; En effectuant trois arrêts consécutifs en Il est un exercice qu’affectionne « Nous fonctionnons comme cela : il nouvelle fois cette métaphore de tance symbolique. Certes, ils Richardson, 3 ; Golic, Abati et Cazal, 2 ; début de deuxième période, Bruno particulièrement Vladimir Maxi- nous faut toujours un certain temps Marcel Pagnol placée dans la étaient, quoi qu’il advienne, pre- Anquetil, Girault et Puigségur, 1. Martini a apporté beaucoup de sérénité à mov, l’entraîneur de l’équipe de pour nous mettre en jambes. Mais, bouche de Raimu, alias César de la miers... Mais leur complaisance, ce PORTUGAL : une défense française jusqu'alors fébrile. Russie de handball : dès le coup de une fois que la machine est en célèbre trilogie : « L’honneur c’est jour-là, jeta tout simplement la Cruz et Coelho, 5 buts ; Costa, 3 ; Grâce à sa vigilance et à son sang-froid, sifflet final, il commente la presta- route, il est difficile de l’arrêter. La comme les allumettes, ça ne sert vaillante Corée du Sud en pâture Tchikoulaev et Andorinho, 2 ; Resende, 1. le gardien tricolore (1,97 m) a souvent tion de ses joueurs devant la force de notre équipe, c’est son ex- qu’une fois... » Pourquoi le souve- aux Russes en huitième de finale, LES PENALTIES stoppé les assauts presse. Que son équipe ait effec- périence. Celle-ci, ajoutée à la tech- nir de cette citation me vient-elle à au lieu de la Croatie. Les défen- FRANCE : 4 tentatives réussies par portugais. En fin de tué ou non un bon match, le tech- nique individuelle des uns et des ce moment du Mondial de hand- seurs de l’éthique la plus stricte Fernandez (1 + 1) et Abati (1 + 1). rencontre, son nicien n’a pas d’égal pour livrer de autres, nous fait gagner des mat- ball ? Est-ce une autogratification d’hier ne sont donc plus (tout à PORTUGAL : 1 tentative manquée expérience lui a bons mots et dire ce qu’il pense de ches. Ce fut le cas ce soir face à une que l’auteur de ces lignes daigne fait) les mêmes. par Resende (0 + 1). permis de la place du handball dans l’uni- excellente équipe de Corée », a indi- s’accorder au seuil d’une fin de En ce qui nous concerne, nous LES EXCLUSIONS s'illustrer en vers. L’homme apprécie également qué le capitaine russe, le gardien carrière au cours de laquelle – je le restons intacts. Nous avons peut- Temporaires : arrêtant le seul l’autodérision et c’est tant mieux : de but Andreï Lavrov. jure – aucun compromis, aucune être sacrifié sur l’autel de la ri- FRANCE : Dinart, Anquetil et Abati. penalty le parcours de la Russie depuis le faiblesse, ne fut tolérée au regard gueur sportive l’épaule droite de PORTUGAL : Cruz, Almeida et adverse. début de ce championnat du d’une déontologie qui m’est tou- « Gino » (Guillaume Gille). Nous Tchikoulaev. monde prête plutôt à la raillerie. Le « sept » de départ jours apparue comme essentielle ? ne regrettons rien. Tout au long de • STATISTIQUES Après avoir concédé un incroyable Sont-ce quelques résultats surpre- cette longue route, des obscures FRANCE PORTUGAL match nul contre la Norvège (25- des Russes nants du dernier tour de la phase étapes dans les années 1980 aux NOMBRE DE TIRS 25) lors du premier tour, puis avoir préliminaire qui me la rappellent prestigieuses haltes de Prague, 37 (17 + 20) (18 + 14) 32 encaissé la bagatelle de 30 buts a tout d’un visa comme autant de limites, sinon à Barcelone, Reykjavik ou Kuma- RÉUSSITE DES TIRS face à une équipe de Slovénie fi- l’intégrité, tout au moins à l’esprit moio, jamais nous n’avons suc- 61,5% (58 % + 65 %) (55 % + 57 %) 56 % nalement battue de justesse (33- sportif ? combé à la tentation d’obtenir ce pour la nostalgie re e re e 30), la sélection russe a bien failli, Il y a près d’un an, des rumeurs dont nous n’avions pas vraiment total 1 mi- 2 mi- total 1 mi- 2 mi- temps temps temps temps mercredi 31 janvier à Amnéville- faisaient état de pressions plus ou besoin. Je ne suis pas en train de 50dont 23 27 48dont 25 23 les-Thermes (Moselle), se faire éli- Avec cinq joueurs majeurs de moins discrètes exercées par tel faire, à qui que ce soit, une quel- POSITIONS D'ATTAQUE miner de la compétition au stade plus de trente ans, la Russie est participant à l’Euro 2000, en Croa- conque leçon de morale : je suis en 10 dont 4 6 ARRÊTS DES GARDIENS 8 dont 5 3 des huitièmes de finales. l’une des équipes les plus âgées de tie, sur son futur adversaire. L’Es- train de dire que notre honneur, 53dont 2 ACTIONS DÉFENSIVES DÉCISIVES 41dont 3 Les champions olympiques en ce championnat du monde. Même pagne, en ce temps-là, tira profit intact, sera, quoi qu’il arrive, sur le titre, qui sont avec les Suédois les s’il intègre régulièrement dans son de la probité française. Lors du podium de la dignité. 10dont 5 5 BALLES RÉCUPÉRÉES 954dont favoris du tournoi, ont été bous- effectif quelques nouveaux venus, récent Espagne-Croatie clôturant Infographie : Le Monde avec Pierre Lepidi culés par la Corée du Sud, un ad- Vladimir Maximov reste fidèle à ce les joutes féroces de la poule sise à ૽ Daniel Costantini est entraîneur versaire n’ayant jamais dépassé la groupe de handballeurs ayant Besançon, les mêmes Ibères n’of- de l’équipe de France de handball huitième place lors du Mondial. connu, comme lui, les riches Adeptes d’un jeu fondé sur la vi- heures du sport soviétique. Son Bordeaux éliminé vacité, les joueurs du pays du Ma- « sept » de départ a tout, d’ail- LES RÉSULTATS a LOTO : résultats des tirages no 9 tin-Calme ont mené au score de leurs, d’un visa pour la nostalgie ET LE PROGRAMME effectués mercredi 31 janvier. Pre- 3 buts en seconde mi-temps avant puisque pas moins de six joueurs mier tirage : 1, 5, 37, 39, 40, 47 ; nu- méro complémentaire : 28. Rapports de la Coupe de la Ligue de se faire rejoindre, puis dépas- ont porté, au début de leurs car- HUITIÈMES DE FINALE ser, en fin de rencontre (28-26). rières, le maillot de l’équipe de pour 6 numéros : 6 001 810 F CINQ CLUBS de première division (Monaco, Nantes, Lyon, Troyes et Saint- (mercredi 31 janvier) (914 970 ¤) ; 5 numéros et le complé- « Nous nous sommes évertués à ti- l’URSS. Le seul à ne pas avoir Etienne), deux de seconde division (Chateauroux, Niort) et un de National Suède-Argentine 32-23 mentaire : 153 820 F (23 449 ¤); 5nu- rer à côté pendant une bonne partie connu cette période est la nou- Croatie-Ukraine 34-37 (après prolongations) méros : 13 035 F (1 987 ¤) ; 4 numéros (Amiens) se sont qualifiés mercredi 31 janvier pour les quarts de finale de la du match dans le but de rendre la velle étoile montante du handball Espagne-Norvège 28-23 coupe de la Ligue de football, prévus les 24 et 25 février. La surprise est ve- Islande-Yougoslavie 27-31 et le complémentaire : 422 F rencontre plus intéressante qu’elle russe, Eduard Kokcharov, vingt- Algérie-Egypte 21-24 (64,33 ¤) ; 4 numéros : 211 F (32,16 ¤); nue de Châteauroux, vainqueur de Strasbourg au tour précédent, où Bor- n’était, a ironisé Vladimir Maxi- cinq ans. Le jeune ailier a marqué Russie-Corée du Sud 28-26 3 numéros et le complémentaire : deaux a été battu 1-0. Sur son terrain, Monaco a évité l’élimination face à mov. Je crois que, ce soir, nous 10 buts mercredi soir face à la Co- Tunisie-Allemagne 24-26 38 F (5,79 ¤); 3numéros: 19F Bastia en inscrivant deux buts dans les cinq dernières minutes, après avoir avons fait la promotion du handball rée du Sud. France-Portugal 23-18 (2,89 ¤). Second tirage : 27, 29, 33, 43, été mené 1-0. Au stade Bollaert, Lyon s’est imposé 3-1 face à des Lensois en auprès des spectateurs présents S’il ne le dit pas, Vladimir Maxi- 44, 46 ; numéro complémentaire : 26. pleine dérive. Amiens et Niort ont respectivement battu Wasquehal (3-2) et dans la salle. » mov sait que le destin de la Russie QUARTS DE FINALE Pas de gagnant pour 6 numéros ; Le Havre (1-0) après prolongations, alors que Troyes s’est imposé logique- Le handball russe s’est fait une dans le tournoi dépendra de l’effi- Ces rencontres disputées jeudi 1er février sont les Rapports pour 5 numéros et le ment devant Nancy (D2) sur le score de 2-0. suivantes : complémentaire : 302 390 F habitude de mal commencer ses cacité de ce joueur. Matois, l’en- Suède-Ukraine (46 099 ¤) ; 5 numéros : 7 800 F compétitions et de bien les termi- traîneur préfère cependant en ap- Espagne-Yougoslavie (1 189 ¤) ; 4 numéros et le complé- DÉPECHES ner, à la faveur d’une montée en peler à une « aide divine » pour la Egypte-Russie mentaire : 390 F (59,45 ¤) ; 4 numé- a FOOTBALL : le mercato d’hiver s’est clos mercredi 31 janvier sur Allemagne-France puissance progressive. Aux Jeux de suite de la compétition. ros : 195 F (29,72 ¤) ; 3 numéros et le le transfert de l’international yougoslave Jovan Stankovic à Marseille. Sydney, la défaite des hommes de Les demi-finales auront lieu samedi 3 février à Pa- complémentaire : 38 F (5,79 ¤); 3nu- L’OM a également recruté récemment l’ancien Strasbourgeois Bra- Maximov contre la Croatie lors du Frédéric Potet ris, la finale aura lieu le lendemain. méros : 19 F (2,89 ¤). him Hemdani, l’Argentin Lucas Bernardi et le Slovène Alen Skoro.

Au cœur Prisons de France Et les clés de l’info : de Netéconomie Le livre témoignage 4 pages pour de Véronique Vasseur La nouvelle économie constitue décoder l’actualité a jeté une lumière crue une révolution profonde qui, sur la réalité carcérale. à la différence des précédentes Souvent mal connue des citoyens, Chez votre Au sommaire innovations (l’électricité, marchand la prison reste une institution, l’automobile...), se sera diffusée de journaux du numéro de février objet de fantasmes en un temps record à l’ensemble 18 F - 2,74 e plus que de réel intérêt de la planète LeMonde Job: WMQ0202--0027-0 WAS LMQ0202-27 Op.: XX Rev.: 01-02-01 T.: 09:57 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 59Fap: 100 No: 0163 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI-MODES DE VIE LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 / 27 Pour dix francs, l’« hyper-cybercafé » connecte Paris à la Toile Inauguré le 19 janvier, le nouveau temple du Net aligne 375 ordinateurs et offre au grand public un accès bon marché à Internet. 24 heures sur 24 DEUX HEURES avant l’inaugu- marché à la Toile, en appliquant ments existant déjà en Europe et ration, et malgré le froid, ils étaient une politique de prix qui fluctue en aux Etats-Unis voient défiler cha- là. Vendredi 19 janvier, au 37, bou- fonction du taux de remplissage. cun environ 5 000 clients par jour. levard Sébastopol, ils attendaient Pour 10 francs (1,5 ¤), l’internaute Dans le temps qui lui est imparti, que le premier cybercafé géant pa- bénéficie d’une connexion qui os- le client peut envoyer et recevoir risien ouvre ses portes. Impatients cille entre vingt minutes (en des e-mails, « chater », faire des « de voir à quoi cela pouvait bien période de pointe) et six heures, en achats sur Internet, chercher un ressembler », ils avaient vu les af- période creuse (la nuit, par travail ou simplement « surfer ». fiches publicitaires, entendu les an- exemple). Les tarifs sont annoncés Mais le système est équipé d’un nonces à la radio et s’étaient laissé à l’entrée du magasin où un écran filtre qui empêche l’accès aux sites convaincre par l’offre spéciale de indique le temps offert pour pornographiques et racistes. Du- PIERRE CHIQUELIN lancement : trois heures de 10 francs, selon le nombre de per- rant sa connexion, l’internaute L’hyper-cybercafé propose 375 écrans extraplats. connexion Internet pour 10 francs sonnes présentes. Ce système a reste informé, en bas à droite de Pour le même prix de 10 francs, la durée de connexion est variable selon les heures. (1,5 ¤). « J’aime bien tout ce qui est pour but de garantir de la place à son écran, du taux pratiqué à nouveau. Chez moi, en Algérie, j’ai tout le monde, en misant sur un chaque instant dans la boutique et Londres, des études ont montré Celui-ci aura tout intérêt à fré- pliquée laisse peu de place à la un ordinateur et j’adore ça, raconte pari simple : plus c’est cher, moins du crédit qui lui reste sur son for- que la moitié des clients dispo- quenter les petits cybercafés, plus convivialité. Dans ces espaces de Josiane, cinquante ans, en va- les gens restent. La recette fonc- fait. Il peut aussi utiliser la Web- saient d’un accès à leur domicile, et chaleureux. plus de mille mètres carrés, aux al- cances à Paris. En découvrant la pu- tionne, puisque les 18 établisse- cam qui équipe son ordinateur, la un tiers à leur bureau. « Les gens Présent en Angleterre, en Alle- lures de bibliothèque universitaire, blicité dans le métro, j’ai vu qu’ici téléphonie via l’Internet et les ser- qui voyagent représentent 50 % de magne, aux Pays-Bas, en Belgique, le coin « café » est réduit à la por- c’était pas cher, alors j’en profite. Je vices Microsoft, imprimer des do- notre clientèle. L’autre moitié, ce en Italie, en Espagne, aux Etats- tion congrue : tout juste une mini- vais consulter mon courrier et en- Stelios Haji-Ioannou, cuments en noir et blanc ou en sont les résidents de la ville dans la- Unis (avec un espace qui compte boutique placée à l’entrée avec, en voyer quelques messages à mes couleurs, télécharger des données quelle easyEverything s’est installé, 800 ordinateurs) et désormais en rayon, quelques sucreries, boissons amis. » Julie, une étudiante de dix- la soif d’entreprendre sur CD et disquette. Il lui suffit de précise Stelios Haji-Ionnou, PDG France, easyEverything continue chaudes et fraîches que l’on peut neuf ans est venue avec sa sœur payer en sus. de easyEverything. Chez ces der- sa course. Le groupe envisage se procurer en se déplaçant ou en jumelle et un copain, « par curiosi- Fils d’un milliardaire grec, niers, il y a des gens qui n’ont pas d’ouvrir, d’ici un an, une quaran- passant commande directement té, pour surfer et envoyer du courrier Stelios Haji-Ioannou, né à CLIENTS « NOMADES » d’ordinateur, et d’autres qui sont taine d’établissements supplémen- sur son PC. Si peu chaleureuse à mes copains à l’étranger ». Elle a Athènes en 1967, aurait pu se re- Destinés à tous ceux qui n’ont équipés mais qui trouvent dans nos taires. Dans quelques mois, deux soit-elle, l’ambiance ne semble un ordinateur chez elle mais sait poser sur la fortune paternelle. pas accès au Net, les « hyper- établissements un accès plus rapide créations sont d’ores et déjà pré- pourtant pas totalement découra- déjà qu’elle viendra ici régulière- C’était compter sans sa soif cybercafés » orange (la couleur et moins cher que chez eux. En géné- vues à Paris : la première, dans le ger les clients aux yeux rivés sur ment, pendant ses heures libres. d’entreprendre. Après des de l’enseigne easyEverything), ral, c’est en tout cas une population quartier étudiant de Saint-Michel, leur écran. L’espace easyEvery- En attendant, elle lève régulière- études à la British London semblent surtout séduire les étu- qui n’a pas besoin d’assistance. » la deuxième, « sur une grande ave- thing londonien, est devenu, dit- ment la tête, guette l’ouverture des School of Economics et un pas- diants, les touristes et autres popu- Une bonne chose. Car les établis- nue » de la capitale. on, un grand lieu de rencontre... portes. Peu après 16 heures, c’est sage dans la compagnie de fret lations dites « nomades », comme sements easyEverything offrent EasyEverything vise l’efficacité. chose faite. L’hyper-cybercafé maritime paternelle, il part aux les voyageurs d’affaires. A une aide minimale au néophyte. La politique discount qui y est ap- Véronique Cauhapé easyEverything laisse entrer ses Etats-Unis avec le désir de fon- premiers clients. Une foule docile der rapidement sa propre entre- découvre les lieux, s’installe devant prise. Pari gagné. En 1994, il crée les ordinateurs. En quelques mi- easyJet, la première compagnie nutes, ils sont tous occupés. De- aérienne à profiter de la déré- hors, la file d’attente s’est refor- glemention et à appliquer le mée. Jusqu’à 2 heures du matin, yield management (« art du rem- elle ne cessera d’accueillir de nou- plissage »). Des commandes qui veaux venus. A l’aube, la moitié se font directement par Internet des ordinateurs sont encore (éliminant les intermédiaires), allumés. des vols sans plateau-repas, des Bon augure pour ce nouveau avions qui empruntent des aéro- temple du Net qui aligne, sur plu- ports discount permettent sieurs rangées, 375 ordinateurs à d’abaisser les prix de manière écran plat, dernier modèle. Ouvert impressionnante. Stelios Haji- 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, cet Ioannou applique la même for- espace de mille mètres carrés est le mule à la location de voitures, dix-neuvième du genre dans le avec easyRentacar, qu’il crée en monde. Comme les autres, il ap- 1998. Suivront easyEverything partient au groupe britannique en 1999 (« the world’s largest In- easyEverything. Comme les autres, ternet cafés »), easyValue, qui il revendique son statut d’hyper- compare les prix de produits marché de l’Internet, défend la vendus en ligne, et bientôt easy- même ambition : fournir dans des Money, qui fournira des services endroits populaires un accès bon financiers en ligne. A Londres, étudiants, touristes et jeunes « professionnels » LONDRES Le dernier (gros) tiers est formé de notre correspondant à la City des jeunes professionnels travail- Il est 17 heures, et l’hyper-cy- lant dans le quartier. A l’instar de bercafé easyEverything de Totten- Luke, agent d’assurances dans ham Court Road, en plein cœur une compagnie nichée dans la de Londres, affiche complet. Les tour de Centerpoint, qui domine 550 ordinateurs sont occupés par le centre de la capitale : « Au bu- une foule jeune de dix-huit à reau, il est interdit d’utiliser la mes- trente ans. Une brochure explica- sagerie pour blaguer. On risque tive publiée en sept langues est d’être licencié sur le champ. Dom- disponible à la caisse de la vaste mage qu’easyEverything interdise salle, mais personne ne la ré- la consultation des sites porno- clame. Profanes en informatique graphiques. » s’abstenir, ici on est assidu du Net et on connaît la musique... CYBERFÊTARDS « Je n’ai pas d’ordinateur. Pas D’autres sont à la recherche question d’utiliser celui de l’univer- d’un emploi. « La consultation des sité, car un code spécial d’accès est petites annonces est impossible nécessaire. Je surfe donc quotidien- pendant les heures de travail. Alors, nement ici pour communiquer avec comme je veux changer de créme- ma famille et mes amis. Le système rie, je viens ici en tout anonymat est simple et c’est moins cher que le pour surfer sur les offres d’emploi cybercafé de Goodge Street, moins dans la distribution », lance Karl, convivial aussi, mais ça me va », vendeur chez John Lewis, le grand sourit Tyme. Cette jeune Austra- magasin d’Oxford Street. Ces lienne a pianoté inlassablement clients-là, femmes et hommes, des e-mails pendant une heure fréquentent le supermarché du après son cours de mathéma- Net à l’heure du déjeuner ou à la tiques au University College. Les sortie du bureau. Quant aux cy- étudiants constituent un bon tiers berfêtards, ils s’éclatent la nuit et des clients du lieu, coincé entre un utilisent surtout les « chatrooms » supermarché Sainsbury et un op- (salons du Net) pour communi- ticien. « Ils n’ont pas beaucoup quer avec d’autres noctambules... d’argent. A une livre pour une du- Malgré l’entrée libre aux mi- rée allant de vingt minutes à cinq neurs, les très jeunes adeptes des heures, c’est abordable », explique jeux vidéo en réseau sont rares. Mike Keefe, directeur des opéra- Les parents n’aiment guère cet tions au QG de easyEverything, endroit, situé à quelques enca- société créée il y a dix-huit mois blures du quartier chaud de Soho. par l’homme d’affaires grec Ste- Il y a peu de retraités, frange de la lios Haji-Ioannou. population qui a pourtant joué un Après les étudiants, touristes et grand rôle dans le succès du Net nomades forment le deuxième au Royaume-Uni. Apercevant tiers de la clientèle. Ils se répar- Mike Keefe, une vieille dame an- tissent selon les saisons : les Amé- glaise se plaint de la musique pop, ricains l’été, les Australiens, Néo- de l’absence de toilettes, de l’in- Zélandais, Sud-Africains et Sud- confort des chaises et des carac- Américains l’hiver. « Les Euro- tères trop petits sur l’écran extra- péens provenant de villes où nous plat. De ce côté-là, il est clair avons une antenne sont les plus qu’on peut mieux faire... loyaux. Notre enseigne leur est fa- milière », indique Mike Keefe. Marc Roche LeMonde Job: WMQ0202--0028-0 WAS LMQ0202-28 Op.: XX Rev.: 01-02-01 T.: 11:44 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 59Fap: 100 No: 0164 Lcp: 700 CMYK

28 / LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 ¼ AUJOURD’HUI

Un peu de neige en plaine LE CARNET VENDREDI. Une perturbation forme de neige ou de verglas sur DU VOYAGEUR peu active traverse la France la Bourgogne et la Champagne. d’ouest en est apportant un peu Le thermomètre affiche de 1 à de neige sur les régions situées au 4 degrés. a ARABIE SAOUDITE. Le 9 fé- nord de la Loire. Atmosphère Poitou-Charentes, Aquitaine, vrier, Riyad accueillera le premier fraîche avec des gelées matinales Midi-Pyrénées. – Sur le Poitou- groupe de touristes étrangers non dans le Nord-Est et le Centre-Est. Charentes et les côtes aquitaines, musulmans de l’histoire saou- Bretagne, pays de Loire, ciel très nuageux toute la journée dienne. Sous la houlette de l’eth- Basse-Normandie. – Sur les pays avec des précipitations faibles et nologue Thierry Maugé, les partici- de Loire et la Basse-Normandie, éparses. Sur les Pyrénées occiden- pants visiteront notamment l’oasis ciel couvert accompagné de pluies tales, de la neige en faible quantité de Dirya, berceau de la Saoudie faibles; dans l’après-midi, éclair- tombe à partir de 1600 mètres. royale, Najran et ses montagnes cies par l’ouest. En Bretagne, ciel Températures maximales de 7 à verdoyantes, l’archipel de Farasan variable. Températures maximales 11 degrés, de 12 à 13 degrés près en mer Rouge, les vestiges naba- de 9 à 11 degrés. des côtes atlantiques. téens, cousins de ceux de la Pétra Nord-Picardie, Ile-de-France, Limousin, Auvergne, Rhône- jordanienne, les restes du chemin Centre, Haute-Normandie, Alpes. – Ciel voilé sur l’Auvergne de fer du Hedjaz détruit par La- Ardennes. – Ciel gris et précipita- et Rhône-Alpes. Sur le Limousin, wrence d’Arabie et enfin le grand tions faibles sous forme de neige nuages et chutes de neige sont at- port très animé de Djedda. Les ou de pluie. Des plaques de ver- tendues dans l’après-midi. Tempé- villes saintes de La Mecque et Mé- glas se forment localement. Tem- ratures de 3 à 6 degrés. dine, « réservées aux croyants (mu- pératures de 3 à 6 degrés. Languedoc-Roussillon, Pro- sulmans) », restent évidemment Champagne, Lorraine, Alsace, vence-Alpes-Côte d’Azur, Corse. exclues de ce périple. Renseigne- Bourgogne, Franche-Comté. – – Averses en Corse en matinée ments chez Oriensce, 164, rue Ciel gris avec des brouillards mati- sous un ciel variable. Sur le pour- Jeanne-d’Arc, 75013 Paris (tél. : 01- naux, localement givrants. Neige tour méditerranéen, belle jour- 43-36-10-11. [email protected]). Dix possible en début de matinée sur née... Les températures sont jours, tout compris, à partir de l’Alsace. En fin d’après-midi et soi- comprises l’après-midi entre 10 et 17 570 F (2 678 ¤) ; douze jours, à rée, précipitions faibles sous 12 degrés. partir de 19 760 F (3 012 ¤).

Situation le 1er février à 0 heure TU Prévisions pour le 3 février à 0 heure TU

VENTES Une bibliothèque régionaliste UN LIEU HISTORIQUE du vante fondée en 1848, ce collection- nutes, puis le siège d’un évêché dès pirent les historiens du XIXe siècle. Orléans en 1582 (1 000-1 200 francs, reproductions de la cathédrale ou de XVe siècle, ouvert au public pour la neur est aussi l’héritier de plusieurs le IVe siècle. Ce passé, qui suscite de- Plus approfondi, le Bulletin de la so- 150-183 ¤), explique comment pro- la Vierge noire. L’histoire de cette première fois, sera le cadre d’une générations de passionnés qui re- puis longtemps l’intérêt des habi- ciété archéologique et historique de céder, en trois cent soixante-cinq activité est retracée dans divers ou- vente de livres consacrés à la ville cueillent depuis le début du tants de la région, apparaît dans dif- l’Orléanais comprend dix-neuf vo- pages dont un tiers consacrées à des vrages, l’un paru en 1898, L’Imagerie d’Orléans, qui aura lieu le 4 février. XIXe siècle tout ce qui a trait à leur férents ouvrages de la vente, dont le lumes publiés entre 1849 et 1919 tables géométriques. populaire à Orléans (200 francs, Cette salle de l’ancienne université région. Ainsi beaucoup de livres de plus ancien est publié en 1666, His- (2 000 francs, 305 ¤). L’abondance de bois fait naître à 30 ¤), ou encore L’Imagerie orléa- d’Orléans est celle où Luther, puis cet ensemble sont-ils truffés de toire et antiquités de la ville et du du- La forêt giboyeuse qui entoure la Orléans une autre industrie, celle de naise, de 1928 (300-400 francs, Calvin, ont soutenu des thèses au notes et détails complémentaires, ché d’Orléans (1 500 francs, 230 ¤). ville fait l’objet de soins et de re- la gravure sur bois, d’où découle la 45-60 ¤). début du XVIe siècle. La biblio- un charme de plus aux yeux des Vers 1864, une Dissertation sur le lieu cherches. Elle a notamment servi de production de toute une imagerie Le parler, les idiotismes et le pa- thèque proposée aux enchères, bibliophiles. de l’assemblée annuelle des druides laboratoire pour étudier le mesu- populaire diffusée aux XVIIIe et tois font partie de la culture propre constituée par un régionaliste averti, Site stratégique en bord de Loire, évoque un des grands événements rage des arbres et évaluer leur XIXe siècles. Ces gravures approvi- à chaque province. Dans ses cé- réunit une somme de documents. Orléans était déjà une ville commer- du monde gaulois, peut-être avec la cubage. Un Recueil des ordonnances sionnent entre autres les souvenirs lèbres Esquisses orléanaises parues Membre éminent d’une société sa- çante au temps de la tribu des Car- fantaisie et l’imagination qui ins- sur les eaux et forêts, imprimé à des pèlerinages à Chartres, avec des en 1891, un dénommé Guépin a compilé avec humour tous les mots, tournures et travers de sa région Adjudications b Sucrier couvert à deux anses à Calendrier b Sainte-Menehould (Marne), b Andelnans (Belfort), samedi 3 (200-300 francs, 30-45 ¤). La lustre rose et galon jaune, décor samedi 3 et dimanche 4 février, et dimanche 4 février, deuxième partie de la vente de cette Vente de faïences de Jersey. animé souligné d’une inscription, ANTIQUITÉS-BROCANTE tél. : 03-26-60-83-60. tél. : 03-84-29-81-89. bibliothèque où sont regroupées des Drouot-Richelieu, vendredi XIXe, 3 500 francs, 534 ¤. b Bourges (Cher), du vendredi 2 b Cambrai (Nord), samedi 3 b Savigny-sur-Orge (Essonne), œuvres classiques, et sur les thèmes 26 janvier. b Théière godronnée à lustre au dimanche 4 février, et dimanche 4 février, samedi 3 et dimanche 4 février, des voyages et de l’histoire, aura lieu b Saladier à lustre rose huilé argent, XIXe, 800 francs, 122 ¤. tél. : 02-48-70-11-22. tél. : 03-27-83-82-95. tél. : 01-40-71-07-63. le lundi 12 février à Vendôme. à décor de bateaux et de b Théière à côtes et pans coupés, b La Roche-sur-Foron b Couzon-au-Mont-d’Or (Rhône), personnages, XIXe, 5 000 francs. à lustre cuivre et décor floral (Haute-Savoie), du vendredi 2 samedi 3 et dimanche 4 février, COLLECTIONS Catherine Bedel b Chope à lustre rose huilé à polychrome, XIXe, 600 francs, au dimanche 4 février, tél. : 04-72-42-22-46. b Pont-à-Marcq (Nord), chemin décor en brun, XIXe, 3 200 francs. 92 ¤. tél. : 04-74-69-79-04. b Charnay-lès-Mâcon de fer et modélisme, samedi 3 ૽ Dimanche 4 février, salle des b Pichet à lustre rose huilé b Pichet à côtes et pans coupés b Paris, salle des Blancs-Manteaux, (Saône-et-Loire), samedi 3 et dimanche 4 février, Thèses, rue Pothier, 45000 Or- à décor d’une vue, XIXe, à lustre argent, XIXe, 1 000 francs, du vendredi 2 au dimanche et dimanche 4 février, tél. : 03-20-93-13-87. léans. Exposition sur place la veille 1 800 francs, 275 ¤. 152 ¤. 4 février, tél. : 01-43-24-53-65. tél. : 03-85-34-35-38. b Paris, hôtel Paris-Est, journée du de 13 à 18 heures. b Deux assiettes à ailes à lustre b Pichet à lustre cuivre à décor b Paris, boulevard Richard-Lenoir, b Paris, stade Charléty (XIIIe), papier-monnaie, samedi 3 février, Deuxième session à l’Hôtel des rose huilé et cuivre à décor d’une de scènes animées en léger relief, vendredi 2 et samedi 3 février, samedi 3 et dimanche 4 février, tél. : 01-42-41-09-13. ventes de Vendôme. maxime, XIXe, 2 800 francs, 427 ¤. XIXe, 1 700 francs, 260 ¤. tél. : 01-45-89-32-07. tél. : 02-37-24-51-60. b Rueil-Malmaison Etude Rouillac, route de Blois, b Paire de vases à lustre cuivre, b Pichet à lustre orangé à décor b Romilly-sur-Seine (Aube), b Niort (Deux-Sèvres), samedi 3 (Hauts-de-Seine), musique 41100 Vendôme. à décor d’une pendule en trompe d’une boussole et d’une samedi 3 et dimanche 4 février, et dimanche 4 février, mécanique, samedi 3 et dimanche Tél. : 02-54-80-24-24. Catalogue l’œil, XIXe, 3 800 francs. inscription, XIXe, 4 200 francs. tél. : 03-25-24-82-17. tél. : 05-57-43-97-93. 4 février, tél. : 01-47-14-07-19. sur Internet : www.rouillac.com

Retrouvez nos grilles PROBLÈME N° 01 - 028 o MOTS CROISÉS sur www.lemonde.fr L’ART EN QUESTION N 207 En collaboration avec

123456789101112 relever. Deux points. - 8. Le premier à trois chiffres. - 9. Un collectionneur passionné I Présumé. Anime les dieux égyptiens. - 10. Force paramilitaire. POUR DÉCORER cette épingle Ornement de tête II Introduit la conclusion. - 11. à chapeau provenant de Sibérie, figurant un renne. Entendras comme avant. Annonce le sculpteur a taillé, d’un seul te- Culture çaka, III la fin. - 12. Traînent sur les plages. nant, le corps de ce petit renne et Ve -IVe siècle Personnel. son support en bois. Les cornes avant notre ère. IV sont découpées dans un cuir dur Bois, cuir, 11,5 × 6 cm, Philippe Dupuis et épais, et pour donner à l’ani- Musée de l’Ermitage, V mal une présence extraordinaire, Saint-Pétersbourg. SOLUTION DU N° 01 - 027 l’artiste en a exagérément aug- Au Musée des arts VI menté les proportions par rap- asiatiques-Guimet Horizontalement port à la taille du corps. pour l’exposition VII Cette sculpture est un des « L’Asie des steppes, I. Empressement. - II. Coloriage. chefs-d’œuvre présentés à l’ex- d’Alexandre le Grand VIII Ai. - III. Huile. Gluant. - IV. Esse. position « L’Asie des steppes », à Gengis Khan », Caillou. - V. As. Sol. Sel. - VI. Nef. la première depuis la réouver- jusqu’au 2 avril. IX Névé. Eta. - VII. Culture. Cran. - ture du Musée Guimet. Elle VIII. Ixia. Cria. Rt. - IX. Cru. Survie. donne un vaste panorama des X - X. Réservations. arts d’Asie centrale depuis Alexandre le Grand (356-323 Verticalement avant J.-C.) jusqu’à Gengis Khan HORIZONTALEMENT mystère. Préposition. Met les (1176-1227) et permet de décou- mollets de l’homme en valeur. - X. 1. Echéancier. - 2. Mousseux. - 3. vrir la richesse et le talent de ces I. Bloque tout avancement. - II. En mouvement perpétuel. Plis. Flics. - 4. Rôles. Tare. - 5. Ere. peuples nomades qui ont sillon- né la Route des fourrures ou Sans l’autre, elle ne fera jamais un ONU. Ur. - 6. Si. Clerc. - 7. Saga. DE L’ERMITAGE MUSÉE tout. Ouverture vers le large. - III. VERTICALEMENT Versa. - 8. Eglise. IUT. - 9. Meule. celle de la soie. Sans défaut. Il n’est pas très bon Cari. - 10. Aller. VO. - 11. Nano. Industriel lyonnais et collec- de s’y retrouver. - IV. Bel accord. 1. Aura beaucoup de mal à Tarin. - 12. Titubantes. tionneur passionné, Emile Gui- Vient d’avoir. - V. Poursuivie par assurer la suite. - 2. Assure les met transfère « son » musée de Réponse au jeu n° 206 paru Héra et par son mari. Sort des premiers pas. Libre dès qu’elle est Lyon à Paris en 1889. Etait-ce : dans Le Monde du 26 janvier. clochettes. Dans une seconde. - VI. haute. - 3. Prit au hasard. Passage – un musée du bouddhisme ? Cassé sur le dos des autres. Atteint difficile. - 4. Mettre à plat. Sorties – Un musée de la porcelaine Les peintres Camoin, Derain, en profondeur. - VII. Dépendent du sermon. - 5. Eclat de rire. Aurait chinoise ? Manguin, Marquet, Matisse et beaucoup des moyens mis en bien voulu se marier avec – Un musée des religions ? Vlaminck, les « futurs fauves », œuvre. - VIII. Petit, il est souvent Charlemagne. - 6. Couche pro- étaient présentés dans la salle 7 cher. Bien attrapé. Marque de tectrice. Rencontre pour Réponse dans Le Monde du du Grand Palais, lors du Salon dégoût. - IX. Ses eaux gardent leur réparation. - 7. Préparé pour 9 février. d’automne de 1905. 29 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001

ARCHITECTURE La première titution. b L’ARCHITECTE ANGLAIS a formée en espace d’accueil convivial. être dégagés dans cette première pha- tecte anglais du début du XIXe siècle phase des travaux de rénovation du conçu une immense verrière – perfor- En son centre, les structures de la se des travaux. Le 3 mars pourront John Soane, auquel une exposition British Museum à Londres s’achève. mance technique et réussite esthé- rotonde qui abritait la British Library ainsi ouvrir les galeries d’art africain est consacrée à Paris, aux Archives C’est Norman Foster qui a été chargé tique – qui couvre l’ensemble de la ont été aussi épurées. Au total, ce Sainsbury. b UN AUTRE DOMPTEUR nationales, et dont on peut visiter les de donner un nouveau souffle à l’ins- grande cour enfin dégagée et trans- sont 17 000 mètres carrés qui ont pu de la lumière mérite le détour : l’archi- étonnantes réalisations à Londres. Norman Foster fait la lumière sur le British Museum L’architecte britannique achève la grande cour destinée à accueillir les 5,5 millions de visiteurs du musée londonien et la dote d’une immense verrière, une prouesse technique et esthétique. Près de 17 000 mètres carrés supplémentaires pour améliorer la présentation des collections d’antiquité et de sculpture

LONDRES tout en ne laissant passer que 30 % Près de 7 000 mètres carrés en de notre envoyé spécial de rayons bienfaisants, l’obligation sous-sol ont ainsi été dégagés : au Le British Museum a-t-il rattrapé d’une autorégulation atmosphéri- sud, deux salles de conférences le Louvre dans la course au gigan- que pour éviter une monumentale (320 et 150 fauteuils) et quelques tisme ? Ieoh Ming Pei, épaulé par machinerie à air conditionné, sans espaces de rencontres du Clore les fonds de la République, avait pu compter les surfaces impossibles Education Center, ainsi que le Ford jouer les mirmillons, ces gladiateurs à trouver dans le bâtiment sur- Centre, destiné aux 250 000 jeunes lourdement armés qu’évoquait jus- chargé…, tout cela entrait dans le visiteurs annuels, merveilleuse- tement la dernière exposition du challenge de Norman Foster, Spen- ment reçus dans ce haut lieu du « British » sur les spectacles des arè- cer de Grey et Giles Robinson, les savoir selon la tradition anglaise. nes. Sir Norman Foster, porté prin- deux principaux collaborateurs de cipalement par la générosité privée, ce projet de Foster & Associates. 600 PIÈCES D’ART AFRICAIN a dû endosser la tenue plus légère L’agence Ove Arup, spécialiste de la Dans la partie nord ouvriront le du rétiaire pour lancer son filet, quincaillerie de haut vol et maintes 3 mars prochain les galeries d’art immense verrière tressée au-dessus fois partenaire de Foster, ayant été africain Sainsbury. C’est la pre- de the Great Court, la grande cour, l’un des trois finalistes du concours, mière étape du retour progressif, enfin dégagée et transformée en pouvait difficilement revenir par les après trente ans d’exil au Musée de espace d’accueil. fenêtres après avoir été sortie… l’homme de Picadilly, des collec- Après le départ de la British Li- d’entrée de jeu. tions ethnographiques du grand brary, celle-ci a retrouvé ses quatre C’est donc l’ingénieur Buro Hap- musée de Bloomsbury : près de grands portiques d’inspiration hel- pold qui a été appelé pour calculer 200 000 objets. Après une sélection lénique, qui la relient, au sud, à l’en- la superstructure du musée, avec drastique, 600 pièces africaines de trée principale du musée ; à l’ouest, pour autre associée, et non des tout premier plan seront présen- aux salles égyptiennes, dont quel- moindres, l’informatique. C’est tées sur 850 mètres carrés, à proxi- ques sculptures ont été réorientées elle qui aura permis de donner mité des vénérables vitrines asiati- pour prendre un peu le soleil ; à l’illusion de la régularité aux ques du British. l’est, à la Bibliothèque du Roi, splen- 3 312 panneaux triangulaires, tous Sept mille mètres carrés en sous- deur désertée en attente d’affec- différents, qui composent la ver- sol, environ 4 500 pour l’accueil tation ; au nord enfin, aux salles rière, comme elle a autorisé l’appa- dans la grande cour, auxquels on d’ethnologie. rente nonchalance des toitures en ajoutera les 1 350 mètres carrés de Dans la cour elle-même, autour volute de Frank Gehry, à Bilbao et la salle de lecture, monument histo- de l’ancienne rotonde de la British à Seattle. La réussite, à cet égard rique désormais transformé, mais Library, douze grandes sculptures au moins, est largement au rendez- sans grande conviction, en centre ont été dispersées, ainsi que les vous, unanimement saluée par la d’information. Pour faire bonne comptoirs d’information, et deux presse du Royaume. mesure, enfin, on ajoutera une vastes cafétérias dotées de grandes La grande cour a été inaugurée protubérance collée aux reins de tables probablement inspirées de la avec faste le 6 décembre (Le Mon- la bibliothèque, qu’elle enlace des Fête de la bière à Munich. de du 8 décembre 2000), quelques bras puissants de deux grands esca- Prouesse high-tech, bistrot popu- jours avant l’arrivée du IIIe millé- liers, et qui abrite, selon les étages, laire ? Quoi qu’il en soit de ces cui- naire, histoire de fêter le 250e anni- une salle d’exposition, un restau- sines spécifiquement britanniques, versaire du musée et de démontrer rant, une librairie, chacun dispo- le musée a trouvé un nouveau souf- la capacité britannique à respecter sant, à vue de nez, de 1 200 mètres fle grâce au plus illustre chirurgien les délais annoncés. On se souvient carrés, le tout camouflé sous un du monde de l’architecture, qui a ici de l’interminable gestation de la lourd manteau de pierre de taille greffé sur la vénérable institution, bibliothèque Saint-Pancras, trois qui sent son mirmillon. Le gain en pourtant peu suspecte d’angine de décennies d’hésitation avant d’ou- surface des travaux de cette pre- poitrine, une extraordinaire cage vrir, en format réduit, en 1997. Or mière phase tourne autour de thoracique. Cette résille triangulée Saint-Pancras était la condition 17 000 mètres carrés. de verre et d’acier rappellera le préalable à toute opération sur le Comparaison n’est pas raison. génie des araignées aux amateurs site de Bloomsbury. On rappellera toutefois que le Lou- de sciences naturelles et, aux fami- Celui-ci réunissait à la fois le plus vre, pour un nombre de visiteurs à liers de l’architecture, les projec- grand musée britannique, le British peine supérieur (6,1 millions contre tions d’un Buckminster Fuller, dont Museum – soit le Louvre (mais 5,5 au British Museum avant tra- les dômes géodésiques pouvaient sans les peintures), le Musée de vaux), offre sous le seul hall Napo- atteindre 120 mètres de diamètre. l’homme et Guimet – et la British léon – la fameuse pyramide de Ieoh

La verrière de la grande cour, Library, homologue de notre DENNIS GILBERT / VIEW Ming Pei – 17 000 mètres carrés pour être de dimensions plus mo- Bibliothèque nationale, en plus Tous différents, les panneaux de la verrière paraissent pourtant réguliers, grâce à l’informatique. destinés à l’accueil, tandis que les destes – un rectangle d’allure carrée riche. Le musée proprement dit surfaces d’exposition ont doublé, de 96 mètres de long (l’équivalent avait été dessiné en 1823 par l’archi- d’ailleurs été radicalement transfor- tachés des façades et qui avaient couvrir la nudité structurelle de la passant de 31 000 à 58 500 mètres de Buckingham Palace, disent les tecte Robert Smirke pour être livré mé. En 1852, son directeur, Antonio encore droit à leurs « jours de souf- rotonde et de son dôme, dont seul carrés. Mais une deuxième phase, notices du British) sur 72 mètres de en 1850. Immense édifice néoclassi- Panizzi, décida d’installer la biblio- france », furent disposés les maga- l’intérieur avait fait l’objet d’un dont le détail reste plus ou moins large (le terrain de football de Wem- que, aux allures de banque, il béné- thèque dans la cour. La rotonde sins pour les livres. Le colossal mau- revêtement approprié : papier dans les limbes, devrait aboutir en bley) – posait cependant des pro- ficia assez vite d’un fâcheux préju- abritant la salle de lecture, admira- solée serrait de près la taille de la mâché (des milliers de bagnards, 2003 à la refonte des espaces blèmes techniques passionnants. gé : sa façade lourde, sans perspec- ble édifice, fut terminée en 1857 par rotonde, à laquelle on accédait par croit savoir un jeune visiteur, furent actuels d’ethnographie, à l’affecta- Le caractère asymétrique des tive au-delà de Russel Street, sa rai- les soins de Sydney Smirke, le pro- une sorte de couloir sacré. Partout, contraints de chiquer des tonnes de tion (mais laquelle ?) de la Biblio- volumes à couvrir, la nécessité de deur de clergyman eurent tôt fait pre frère de Robert, génial Caïn, et on s’éclairait au gaz. vieux tabloïds), peinture crème et thèque du Roi, ainsi qu’à la création trouver une forme aussi plate que de faire oublier ses qualités de cir- héraut du néoclassicisme sur struc- Foster aura d’abord procédé par feuilles d’or. Puis on creusa autour d’un centre d’études. possible, de n’être visible que par culation et d’accueil. ture métallique. Dans les quatre soustractions, éliminant la quin- pour trouver les surfaces exigées son art de faire entrer la lumière, A peine né, le bâtiment avait angles restants, mais en partie dé- caillerie des réserves, et laissant dé- par la maîtrise d’ouvrage. Frédéric Edelmann Aux Archives, à Paris, le testament de l’excentrique Joan Soane A visiter à Londres b British Museum, Great Russell « un grincheux doublé d’un bon Tout John Soane se manifeste monuments français, avec les béné- Street, Londres. Mo Tottenham JOAN SOANE, LE RÊVE DE L’AR- fond » disaient les uns de cet hom- dans cette manière de grimper aux dictions conjointes de la Royal Aca- Court Road. Tél. : 0207-323-89-20. CHITECTE, hôtel de Rohan, Cen- me vieillissant, «un fou», selon colonnes pour éclairer ses salles demy et du British Council, d’avoir De 10 heures à 17 h 30. Les jeudis tre historique des archives natio- d’autres, à la manière de Turner son hypostyles, technique qu’ils seront su présenter la juste dimension de et vendredis jusqu’à 20 h 30. Entrée nales, 87, rue Vieille-du-Temple, cadet, avec qui il partagea l’hon- nombreux à reprendre au XXe siècle, l’homme à travers les prêts géné- libre, don suggéré : 2 livres (3,14 ¤). Paris-3e. Tél. : 01-40-27-60-96. Du neur d’enseigner à la Royal Acade- à commencer par son phonétique- reux du Musée John Soane. On n’y www.thebritishmuseum.ac.uk mercredi au lundi, de 10 heures à my. Sir John Soane, né plus vulgaire- ment homonyme Johnson (Philip), voit ni le grincheux ni le fou, tout Expositions en cours : Human 17 heures. Catalogue, sous la direc- ment Soan, était assurément un star des Amériques, ou plus récem- juste l’excentrique : il est, à la Image, jusqu’au 11 février (entrée tion de Margaret Richardson et excentrique qu’aucun honneur, ment, nous indique le somptueux manière anglaise, un rassembleur libre) ; Rembrandt graveur, Mary Anne Stevens, 304 p., 390 F. aucune commande, aucune fortu- catalogue de l’exposition, Michael d’utopies, un brasseur d’histoire et jusqu’au 8 avril (6 livres [9,42 ¤]) ; ne, ne pouvait consoler du « guê- Graves, Arata Isozaki, ou enfin Ven- de savoir, un de ces inventeurs qui Arts du Japon, jusqu’au 8 avril En 1815, John Soane – il est le pier » familial, de l’injustice humai- turi et Scott-Brown qui démarquè- oublient de déposer leurs brevets (entrée libre). héros de cette histoire – reçut un ne et de la perfide critique qu’il sen- rent carrément la Dulwich Picture pour la plus grande fortune de Prochainement : Ouverture des coup fatal. Son fils aîné George écri- tait poindre dans tout ce qui n’était Gallery de John Soane, située dans la leurs imitateurs. galeries Sainsbury d’art africain, vit pour The Champion, méchante pas éloge de son œuvre. banlieue londonienne, en dessinant Mais, après l’extase, voici venu le le 3 mars ; Cléopâtre, de l’histoire gazette londonienne, un article au Au demeurant, lui-même était il y a une dizaine d’années l’exten- temps de la colère. L’ouverture de au mythe, du 12 avril au 26 août. vitriol sur les réalisations de son assez lucide pour constater les ratés sion de la National Gallery, à Trafal- la Cité de l’architecture avance avec b Œuvres de John Soane : architecte de père, notamment la de ses confrères, telle la première gar Square, au cœur de la capitale. une sûreté de vache folle… Etait-il – Sir John Soane Museum, banque d’Angleterre (ce en quoi il version de Covent Garden par pour autant nécessaire de marier 13 Lincoln’s Inn Fields, Londres. n’avait pas tout à fait tort). Frappée Robert Smirke, le fameux auteur du LA LUMIÈRE ZÉNITHALE contre toute raison l’architecture Tél. : 0171-430-01-75. Mo Holborn. d’indignité, Eliza, sa femme, avec triste British Museum. Tournant le D. R. La Dulwich Picture Gallery, ache- néoplasique de Soane et l’élégance Du mardi au samedi, de 10 heures laquelle les relations n’étaient pour- dos à la médiocrité, il fit de sa mai- Dessin de Henry Parke, issu vée en 1817, et entièrement restau- strictement française, typiquement à 17 heures. tant pas au beau fixe, en décéda son un musée d’architecture, laby- de la collection John Soane. rée l’an passé (Le Monde du 8 mai XVIIIe, l’hôtel de Rohan, l’une des – Bank of England Museum, derechef, précédant de quelques rinthe abyssal où maquettes, sculp- 2000) fut le premier musée cons- pièces maîtresses de l’ensemble des Bartholomew Lane, Londres. années la tuberculose fatale qui tures antiques, peintures tant an- ble aménageur d’espaces intérieurs, truit comme tel en Grande-Breta- Archives ? Béatrice Julien, jeune et Tél. : 0171 601 5545. Mo Bank. emporta le deuxième fils du couple, ciennes que modernes (l’original du véritable dompteur de la lumière gne, l’un des tous premiers à met- talentueuse architecte, choisie pour – Dulwich Picture Gallery, John. George, en plus, était joueur, Rakes-Progress de Hogarth et les des- solaire avec laquelle il entretenait, tre en œuvre le principe de la lumiè- sa bonne connaissance de l’architec- College Road, Londres. Tél. : endetté, avait fait un enfant à la sins du Piranèse), livres, symboles une fois n’est pas coutume, les re zénithale, et elle reste un chef- te anglais, s’est trouvée contrainte 0181-693-80-00. Accès par le train, sœur de sa femme et s’était révélé maçonniques, le tout disposé meilleures relations. Sans doute d’œuvre d’austère simplicité, ce de faire oublier Rohan pour ne pas depuis la gare Victoria, station : fort peu doué pour les arts. Sir John autour d’un mobilier cossu, se trou- avait-il rapporté ce talent de ses qui prouve que, à rester à cette gêner Soane. N’importe quel autre West Dulwich. Du mardi au le déshérita, léguant à la nation ses vaient mis en abîme par un jeu de voyages d’Italie, en même temps échelle modeste, Soane aurait édifice, l’ancien marché des Blancs- dimanche. biens et sa maison. glaces, d’espaces emboîtés, de murs que sa passion de l’antique. Ou peut- pour sa part gagné en grandeur. Manteaux par exemple, eût mieux – Pitshanger Manor, Mattock Cette maison, à Lincoln Inn pivotants. être de France, où il se plut à étudier C’est là qu’il était à l’aise quand il convenu que ce malheureux palais, Lane, Ealing. Du mardi au samedi, Fields, est l’un des endroits les plus Au-delà du pittoresque et des mer- Boullée, Ledoux et le fragile Pan- rêvait de monumental. désormais voué au rôle d’hôtel de de 10 heures à 17 heures. mystérieux de Londres, et l’un des veilles accumulées, le musée-maison théon de Soufflot que ses fenêtres Et c’est tout le mérite de l’exposi- passe pour expositions en transit. Tél. : 0181-567-12-27. Métro plus attachants pour qui ne connaît révèle, en concentré, tous les traits obturées contraignent à prendre un tion présentée aux Archives natio- et train : Ealing Broadway. pas le sale caractère de l’architecte, du génie de John Soane, insurpassa- jour faible et vague de sa coupole. nales pour le compte du Musée des F. E. 30 / LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 CULTURE Duquende et la vérité Duel franco-français à la City du chant flamenco autour de Sotheby’s Concert parisien pour le Gitan de Sabadell, Rumeurs sur une candidature de Bernard Arnault banlieue de Barcelone, dans la foulée à la reprise du groupe américain, qui lui permettrait d’un nouvel album qui rompt sept ans de silence de rattraper son retard sur François Pinault

S’IL EST GITAN ? « Gitano, gitano, Comment commence-t-on dans la LONDRES (163 milliards d’euros), ce qui est gitano, gitano ! » Et dans un éclat : vie ? « Mon père était fou de Cama- de notre correspondant à la City peu sur un marché évalué à 5 mil- « Gitano canastero ! », gitan à faire ron. Quand il me l’a fait entendre, je Le feuilleton de la rivalité entre liards de dollars – mais à celle du des corbeilles, gitan jusqu’à l’os, suis devenu fou. Un fou de quatre ans les hommes d’affaires français Ber- défi qu’elle a lancé à Christie’s et à jusqu’à l’osier. De toute façon, le et demi, ça fait drôle. Et ça fait peur. Je nard Arnault et François Pinault Sotheby’s. regard, l’éclat, le nom de Duquende, me suis enfermé des journées entières anime la chronique des ventes aux Les deux géants mondiaux, qui se qui signifie le duende en russe, les à écouter Camaron. Chanter comme enchères internationales. Ayant partagent 90 % du marché, s’effor- boucles noires mettent sur la piste. lui. Repasser mille fois le disque. Je ne acquis la maison britannique cent de se remettre du plus impor- La voix, surtout, même en parlant, la voulais plus sortir. Autour de moi, on Phillips à l’été 2000, le patron de tant scandale ayant jamais frappé le voix revenue de loin. La voix que s’inquiétait. On faisait venir le docteur. Louis Vuitton - Moët-Hennessy monde des marchands d’art interna- deux drames ont exilée, la mort de la On m’obligeait à jouer dans la rue. Je (LVMH) pousse ses pions face à tionaux : l’accord illégal de fixation mère, dont il parle sans gêne mais rentrais par la fenêtre. Je n’en tenais l’entrepreneur breton, propriétai- des commissions. Poursuivies par la avec une infinie douleur, plus un que pour Camaron. Quand il l’a su, MEPHISTO re de Christie’s. En ligne de mire, justice américaine pour violation petit pépin aux cordes vocales : «Un quatre ans plus tard, il m’a fait monter « Paris a ce public de Gitans, d’Espagnols et de connaisseurs le groupe américain Sotheby’s, fra- des lois antitrust, les maisons de kyste s’est formé, comme une indura- sur scène, pour chanter pour lui, j’étais qu’exige le “cante”. C’est précieux. » gilisé par le scandale d’une en- vente ont accepté en septembre tion, comme un cal à l’index du guita- encore tout môme. Mais la qualité du tente illicite avec ses concurrents 2000 de dédommager acheteurs et riste ou sur la paume des pêcheurs, un chant vient de ma mère. C’est elle qui connaissent toutes les formes, s’angois- passer. C’est infiniment long à advenir sur le montant des commissions. vendeurs lésés à hauteur de 512 mil- kyste à force de chanter. On m’a opéré. chantait génialement. En plus, excel- sent, et se fliquent les uns les autres. dans la vie. J’y suis. Je reviens pour la « La stratégie de Phillips, de Pury lions de dollars (556 millions Pendant vingt jours j’ai dû m’abstenir lente aficionada.» Nous, camaroneros, on y va. C’est quatrième fois au Théâtre des Champs- & Luxembourg n’est pas basée sur d’euros) payables à parts égales. de parler, de chanter, figure-toi, un pourquoi je n’aime pas trop les penas. Elysées. Paris a ce public de Gitans, les revers temporaires de nos rivaux. La fusion, conclue à l’été 2000, cauchemar, sans savoir si la voix revien- En plus, dans une soirée de pena, tout d’Espagnols et de connaisseurs Grâce au soutien de LVMH, nous entre Phillips et Pury & Luxem- drait jamais ; au bout du onzième, j’ai « Chanter est ce qui le monde veut chanter, tout le monde qu’exige le cante. C’est précieux. De- bâtissons notre organisation sans se bourg a donné des ailes à la nou- senti comme une piqûre, le petit vers croit savoir chanter. Alors que chanter puis Primo fuego, mon premier dis- soucier de ce que font Christie’s ou velle entité présidée par Simon de qui te travaille, celui qui ronge les tore- demande la plus est ce qui demande la plus grande exi- que, en 1985, j’avais vingt ans, je me Sotheby’s. Collectionneur, Bernard Pury. En 1998, cet ancien de Sothe- ros, le même, l’envie de chanter, je me gence, le souci de toute une vie, de cha- suis approfondi. Sept ans sans enre- Arnault est un investisseur avisé qui, by’s a créé de toutes pièces la firme suis lancé à peine, deux ou trois se- grande exigence, que instant, les chagrins et les peines, gistrer. Samaruco est là. J’en chanterai une fois les objectifs fixés, laisse faire genevoise Pury & Luxembourg, spé- condes pas plus, à voix basse, comme mais les joies tout autant. On ne fait des pièces, ou pas. On ne sait jamais. ses équipes », indique Chris Thom- cialisée dans la vente de gré à gré de pour moi. J’entendais, c’était ma voix, le souci de toute pas ça en passant, pour se montrer, on On ne sait qu’après ce qu’on a chanté. son, directeur général de Phillips. tableaux impressionnistes et d’art on n’imagine pas la joie, après avoir chante ou on ne chante pas. » Comme devant les toros. Pourquoi ce contemporain. Pour tailler son ter- été si triste de n’avoir pu chanter. » une vie, de chaque On s’entraîne au chant, on répète, titre ? Samaruco, c’est en face de EXPANSION TOUS AZIMUTS ritoire à Londres, l’ancien respon- Duquende, José Corté, fait sou- on pratique ? « Tout le temps, hom- Sanlucar, au fond de l’Andalousie : Depuis sa reprise en novem- sable de la collection Thyssen est vent la comparaison : « Elle s’impose instant, les chagrins bre ! J’ai deux sœurs qui chantaient le berceau de l’humanité, c’est là bre 1999 par Bernard Arnault, épaulé par deux ex-collègues de d’elle-même, les toros et le cante sont bien, mais avec la vie de famille, les qu’on pêche les langoustines de San- Phillips, le numéro trois du secteur, Sotheby’s, puissants alliés et inter- deux arts liés, ils marchent du même et les peines, enfants, elles ne peuvent plus prati- lucar, les gambas et les camarones. ne cesse de s’agrandir. La fusion locuteurs : un spécialiste des rythme, au même compas, et parfois, quer. C’est un immense regret, mais Camaron ? Je suis né un 5, comme lui, avec la société genevoise Pury impressionnistes, Michel Strauss, quand on entre dans un récital, mais les joies c’est la vie qui choisit. Avant, quand pas le même mois, moi c’est février, ni & Luxembourg, l’ouverture d’un conseiller artistique personnel de l’image qui s’impose est encore celle- elles faisaient la vaisselle, elles chan- la même année, mais tout de même, nouveau siège à New York, la cons- Bernard Arnault, et John Block, là : on va lentement du cante lent à un tout autant » taient si bien que je les écoutais en j’en tire une immense fierté. C’est titution d’une équipe d’experts les ancien vice-président, qui vient chant plus rythmé, le public se confie pleurant. Je m’entraîne tout le temps, tout. » mieux introduits ainsi que l’organi- d’être désigné directeur général de peu à peu comme devant le toro, on et parfois, quand je fais autre chose, je sation de ventes à sensation souli- Phillips pour l’Amérique du Nord. l’entraîne, on le guide, au bout d’un Il y a des degrés dans l’aficion ? continue de m’entraîner mentalement, Propos recueillis par gnent cette expansion tous azi- Chez les rivaux, officiellement, moment on sait pouvoir aborder les « Bien sûr, on peut être plus ou moins je songe à un cante, à un détail, je le Francis Marmande muts. La firme du 101, New Bond on a mieux à faire que de se préoc- formes plus tendues. Cela se sent. José bon. Comme pour les toros. Elle, elle poursuis de tête, je le mets au point. Street est le navire amiral de la futu- cuper de l’irruption du « David des Tomas, quand je le vois toréer, j’ai l’im- savait entendre, écouter, me faisait Beaucoup de musiciens fonctionnent e Récital Duquende (chant), José re division arts et ventes aux enchè- enchères » dans leur chasse gardée. pression d’entendre chanter, cela me remarquer les variations de tempo, les ainsi, pas seulement dans le flamenco. Carlos Gomez, Alfredo Lago (gui- res de LVMH, qui doit également « Au Royaume-Uni, Phillips a tou- bouleverse aussi profondément. » détails précieux. Tout ce à quoi on peut C’est ainsi qu’on atteint le cante de tares), Cepillo (percussion), Javier regrouper l’étude de commissaire- jours été un concurrent sérieux, mais Duquende est né à Sabadell, ban- passer une vie sans l’apercevoir. » verdad.» Martin (basse). Théâtre des Champs- priseur de Me Tajan, les revues il est trop tôt pour saisir la portée de lieue de Barcelone spécialisée dans le Même si on est aficionado, passion- La vérité du chant ? « Oui, le cante Elysées, 15, avenue Montaigne, Connaissance des arts, Art & Auction ses ambitions à l’international. Notre textile. Il est né en 1965. Il a quatre né, gitan de chez gitan ? « Mais oui. qui ne trompe personne, même pas soi. Paris-8e.Mo Alma-Marceau. Tél. : Magazines. Certes, la puissance de métier complexe est fondé sur la ans et demi quand son père lui fait Comme tous les camaroneros, les fidè- C’est très long d’arriver à ce point 01-49-52-50-50. Le 3 février, à cette vénérable institution endor- renommée d’experts auxquels les écouter un disque de Camaron de la les des fidèles, les fous du Camaron, je d’émotion personnelle, de transe, où ce 20 h 30. De 60 F à 250 F (de 9,15 ¤ mie sur ses lauriers jusqu’à l’arrivée clients font confiance. Je craignais Isla, la petite crevette de l’île, l’idole suis un chanteur d’inspiration, pas un que l’on va produire, la chair de poule à 38,11 ¤). de LVMH ne se mesure pas à l’aune que notre réputation d’honnêteté et de la dernière génération flamenca, chanteur de pena, de club, pas un de dans le public, on l’éprouve d’abord Samaruco, 1 CD Polydor Spain de son chiffre d’affaires – quelque d’intégrité soit mise en péril par le mort en 1995 pas loin de Sabadell. ces chanteurs de clubs tatillons, qui soi-même, on se le donne avant de le 543 908-2. 150 millions de dollars par an scandale, mais ça n’a pas été le cas, puisque notre part du marché a conti- nué à progresser », insiste Edward Dolman, directeur général de Chris- Dominique Perrault démissionne tie’s International. Compagnie pri- vée, le groupe britannique a un seul actionnaire, François Pinault, lui- de la présidence même collectionneur d’art. Pour cet interlocuteur, les faits reprochés à sa société datent de l’équipe précé- de l’Institut français d’architecture dente et en échange de sa collabora- tion avec les enquêteurs fédéraux, Le retard pris dans l’installation au palais de Chaillot Christie’s bénéficie de l’immunité. « UNE MARQUE PRESTIGIEUSE » suscite une nouvelle crise « Sotheby’s demeure une marque prestigieuse. Notre clientèle est restée DOMINIQUE PERRAULT, prési- Ville de Paris, qui occupe le poste de loyale. Nous avons des ressources, un dent de l’Institut français d’architec- vice-président au conseil d’adminis- bilan solide, et le problème de l’ac- ture (IFA) depuis plus de deux ans, tration de l’IFA, avait également ten- tionnariat n’affecte pas la gestion au vient d’adresser sa démission aux té de proposer des solutions alterna- jour le jour. » Robin Woodhead, membres du conseil d’administra- tives au maintien rue de Tournon. Il directeur général pour l’Europe et tion de cette association loi de 1901 vient à son tour de démissionner du l’Asie de Sotheby’s Holdings, affec- essentiellement financée par l’Etat, conseil. te de se moquer du duel des milliar- dont l’assemblée générale ordinaire La direction de l’architecture daires français. Comme l’attestent se tient jeudi 1er février. L’auteur de devrait proposer le nom de Florence l’ouverture de salles à Londres, à la bibliothèque François-Mitterrand Contenay comme nouvel administra- Amsterdam et à Zurich, la construc- s’y montre globalement satisfait du teur, avec pour objectif son élection tion d’un nouveau siège à New travail conduit par l’Institut dirigé plus que vraisemblable à la tête de York et les importants investisse- par Jean-Louis Cohen, également à l’IFA. Les responsabilités liées aux dif- ments dans les ventes d’objets sur la tête de la mission chargée de met- férents postes apparaissant généra- Internet, Sotheby’s espère surmon- tre sur rail la future Cité de l’architec- lement ambiguës, on estime que ter l’impact financier du scandale. ture au palais de Chaillot. Il déclare Mme Contenay, qui fut de 1981 à 1988 Mais la mise en vente prochaine cependant : « Tous ces éléments la première directrice de l’IFA, pour- de la participation de l’actionnaire avaient une charge positive si l’action rait se montrer efficace comme coor- majoritaire, Alfred Taubman, au de déménager et d’intégrer Chaillot dinatrice de l’ensemble de la Cité de cœur de l’« affaire », alimente tou- avait été imminente. Malheureuse- l’architecture, au-delà du seul Insti- tes les rumeurs. De l’avis général, ment, le calendrier dérape, la Cité est tut. Cela supposerait alors la créa- Sotheby’s est « opéable ». Parmi annoncée pour 2003, voire certaine- tion d’une présidence capable de sou- les candidats possibles à sa reprise, ment pour l’année suivante. (…) C’est tenir le projet de Jean-Louis Cohen. figurent deux raiders américains ce portage de longue durée qui me Le monde de l’architecture reste liés de près à la compagnie, Ron commande de “passer la main” à pour sa part sceptique devant l’étati- Baron et Henry Kravis et… Bernard d’autres dont la fonction est plus pro- sation de plus en plus marquée d’un Arnault. Mais une telle alliance à la che et plus compatible avec les modes des rares organismes voués à la créa- française laisse les experts scepti- de fonctionnement d’une association tion et à la diffusion. Individualistes, ques. « L’intérêt pour Arnault, qui a qui n’en est pas pleinement une, tant les professionnels semblent cepen- jeté son dévolu sur Phillips, est limité ses orientations et sa dépendance dant loin de pouvoir proposer une par le coût énorme de la restructura- financière sont attachées à la direction alternative crédible et indépendante. tion, l’image ternie de Sotheby’s et sa de l’architecture et du patrimoine. » A défaut, Dominique Perrault se ver- faible rentabilité », estime un spécia- Dominique Perrault, suivi en cela rait volontiers confier la mise en pla- liste londonien. par plusieurs autres administrateurs, ce d’un conseil d’orientation suscepti- De surcroît, l’autorité britanni- ne cachait pas son souhait de voir ble d’aiguillonner les futures structu- que de la concurrence verrait d’un l’IFA quitter au plus vite la rue de res de l’IFA. La marge de manœuvre mauvais œil une telle union Phillips- Tournon sans attendre la mise en est cependant réduite, tant la compo- Sotheby’s, qui recréerait le duopole ordre, effectivement tardive, de la sition actuelle du conseil d’adminis- d’antan. Mais d’autres estiment que Cité, à Chaillot. Ce raisonnement le tration apparaît institutionnelle et ce rachat permettrait à Bernard conduisait à s’opposer à Jean-Louis figée, tandis que l’assemblée géné- Arnault de rattraper rapidement Cohen, voire à estimer nécessaire rale, selon plusieurs observateurs, son rival François Pinault dans cet- une dissociation de la Cité et de l’Ins- serait composée de personnalités te guerre de l’art où tous les coups titut. Le président de l’IFA avait souvent « plus soucieuses du bon fonc- financiers sont permis. Si ses comp- même cherché activement de nou- tionnement des renvois d’ascenseur » tes sont peu alléchants, Sotheby’s veaux locaux plus proches du vif du que de la dynamique du métier. vaut pour le prestige de son nom. métier. Michel Lombardini, prési- dent de la régie immobilière de la F. E. Marc Roche CULTURE LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 / 31 Les dessous SORTIR PARIS « Hitchcock aux trousses », avec lectures, images et interventions du Wen Hui/Living Dance Studio contrebassiste Paul Rogers de Vienne Pour la première fois en France, (le 2 février). Le trio électro-jazz la chorégraphe chinoise Wen Hui, Yarpa complétera la soirée. du Living Dance Studio, présente Le lendemain, 3 février, c’est Ekova Le réalisme audacieux son travail sur la vie quotidienne qui montrera que le jazz continue des femmes dans son pays, de se nourrir de Schiele domine leurs relations avec les hommes, de musiques voyageuses leur rapport avec leur corps, et d’influences variées. Enfin, le 4, une exposition également la maternité. Les confidences Memorial Barbecue, jeune des interprètes sont mises formation, lancera des ponts entre consacrée à Kokoschka, en correspondance avec l’acoustique et l’électronique. les témoignages de leurs mères, Saint-Germain-en-Laye (78). Boeckl et Gerstl filmées en vidéo. Entre théâtre, La Clef, 46, rue de Mareil. Les 2 et danse et vidéo et en présence 3 février, 21 heures ; le 4, 17 heures. d’un seul interprète masculin, Tél. : 01-39-21-54-90. De 30 F à 70 F. LA VÉRITÉ NUE, Fondation Dina une œuvre à part, conçue sous Vierny, Musée Maillol, 61, rue la forme d’une déambulation, qui a MULHOUSE de Grenelle, Paris-7e.Mo Rue- nécessité quatre ans de travail. Week-end du-Bac. Tél. : 01-42-22-59-58. Du Centre national de la danse, Studio, théâtre contemporain mercredi au lundi, de 11 heures 15, rue Geoffroy-Lasnier, Paris-4e. C’est à une suite de lectures à 18 heures. Entrée : 40 F (6 ¤). 18 heures, le 2 février ; 17 heures, de textes contemporains par

Jusqu’au 23 avril. Catalogue : NEUE GALERIE AM LANDESMUSEUM JOANNEUM, GRAZ le 3 ; 19 heures, du 5 au 7. les auteurs eux-mêmes (Balancelles éd. RMN, 208 p., 250 F (38,1 ¤). Egon Schiele, « Nu féminin allongé » (1917-1918). Craie noire sur papier (29,7 × 45,6 cm). Tél. : 01-42-74-06-44. Réservation de Catherine Zambon ; Comme ça obligatoire. De 40 F à 60 F. d’Alain Gautré) que La Filature A l’heure du déjeuner, au Musée manière de montrer les corps d’une Ainsi le regard est-il capturé et fixé. motif et change souvent de tech- Jazz Attack de Mulhouse nous convie, le temps Maillol, une foule de visiteurs. Pour- efficacité qui résiste à l’accoutu- Il l’est sur un corps que Schiele nique : crayon minutieux, fusain Salle de concert, lieu de débats d’un week-end. Entre des quoi ? Sans doute à cause des affi- mance. Il a déterminé quelques fait poser dans des attitudes étran- écrasé, aquarelle jetée, allusions au et de rencontres entre le public représentations et des débats, ches, partout dans le métro : règles : éliminer tout élément acces- ges et impudiques. Féminin, le baroque, glissements vers l’expres- et les musiciens, La Clef, Francis Freyburger (comédien) et un couple nu qui s’étreint sur des soire et conserver un fond neutre et modèle peut être vu de face, assis sionnisme. Alors même que l’expo- à Saint-Germain-en-Laye, Yves Reynaud (auteur) animeront draps froissés et le titre de l’exposi- vide ; placer la figure de sorte en tailleur ou en biais, les cuisses sition ne l’étudie qu’entre 1907 et met régulièrement en place la Filatish (20 heures, le 3), fête tion en lettres immenses, « La vé- qu’elle semble en déborder ou, du écartées, ou agenouillé le ventre et 1925, elle décrit une évolution des programmations thématiques. dyonisiaque qui réunira auteurs, rité nue ». Qui n’aimerait la voir ? moins, l’occuper entièrement ; sup- les seins en avant. Vu de côté, il hachée, à l’opposé de la fluidité Ainsi du jazz. Le collectif Polysons spectateurs, comédiens et L’œuvre est très reconnaissable : primer toute notion de volume et replie les jambes et se met en schielienne. Avec des œuvres inten- (Serge Adam, trompette, François musiciens. Deux journées pour elle est d’Egon Schiele, l’une des de ronde-bosse en s’en tenant à un boule. De dos, il est étudié de haut, ses et d’autres plus laborieuses. Merville, batterie, Pierre-Olivier inciter au questionnement sur plus célèbres, de celles qui sont de- trait tendu, continu ou brisé ; tirer vivant qui aurait l’immobilité d’un Le même terme s’applique par- Govin et Jean-Rémy Guédon, l’écriture théâtrale aujourd’hui. venues cartes postales et posters. parti d’une apparence d’inachè- mort. Masculin, il se recroqueville, fois à Herbert Boeckl (1894-1966), saxophones) débutera La Filature, 20, allée Nathan-Katz, Schiele a une réputation sca- vement en suspendant le trait, en se crispe, se contorsionne et son du moins à sa peinture. Sur toile, il ces festivités avec un hommage Mulhouse (68). Les 3 et 4 février. breuse. A ses dessins de nus fémi- négligeant de placer un bras après expression suggère un affolement appuie, il insiste, il empâte pesam- au maître du suspense sous le titre Tél. : 03-89-36-28-28. Entrée libre. nins et masculins ne manque aucun un coude, un genou après une ou une mélancolie qu’ignorent les ment. Sur papier, il va plus vite, par détail anatomique. Devant l’un cuisse, une pied après une cheville. jeunes filles. Celles-ci, dans les lignes brisées, angles à vif, taches et d’eux, au rez-de-chaussée, deux dessins de Schiele, se caressent, se estompes. Dans les années 1930, GUIDE amoureux s’embrassent éperdu- LE REGARD CAPTURÉ pâment, sourient ou sommeillent. possédé par la volonté de tout pein- ment. Il y a plaisir à vérifier que l’art Cette technique de l’interruption La conjonction de ces poses et de la dre de l’homme, Boeckl a travaillé peut encore être aussi entraînant. et de l’ellipse a pour conséquence stylisation selon Schiele est créa- dans les salles de dissection. chouart, Paris-18e.Mo Anvers. 19 h 30, FESTIVAL CINÉMA er Dans toutes les salles, c’est le de concentrer l’attention sur les élé- trice d’intensité. En procédant Richard Gerstl a peu à voir avec le 1 . Tél. : 01-49-25-89-99. 60 F. même succès. On s’approche, on ments qui bénéficient d’un traite- essentiellement par suppression et ses compagnons d’exposition, si ce Le Mois du cinéma invisible Bojan Z Quintet Bagneux (92). Théâtre Victor-Hugo, s’agglutine, on veut voir de plus ment détaillé, visages, torses, mains suggestion, il obtient un effet de n’est qu’il était viennois comme Primefilm.com offre la possibilité aux internautes de découvrir neuf longs- 14, avenue Victor-Hugo. 20 h 30, le 2. près. Quoi ? Vous l’imaginez. et sexes. Il arrive que Schiele ajoute réalisme. eux. Il se suicida en 1908, à vingt- métrages introuvables dans les réseaux Tél. : 01-46-63-10-54. De 30 F à 80 F. Schiele l’emporte aisément sur les un cerne de gouache blanche ou Kokoschka, Gerstl et Boeckl l’ont cinq ans, pour avoir été l’amant de distribution habituels et de les télé- Jean-Claude Dreyfus Les Abbesses, 31, rue des Abbesses, trois autres Viennois de l’exposi- reprenne une ligne à l’encre. Ou cherché tout autant – et Klimt de Mathilde Schoenberg, femme charger : 26,25 F pour 48 heures à la e o er tion, Kokoschka, Boeckl et Gerstl. bien la couleur intervient sur le aussi, qui n’est pas là. La différence d’Arnold, qui les surprit ensemble. location, et 52, 50 F à la vente. Paris-18 .M Abbesses. 20 h 30, les 1 , Primefilm.com, 24 heures sur 24. Jus- 2 et 3. Tél. : 01-42-74-22-77. 95 F. Ce qui est juste et regrettable à la corps, à l’aquarelle quand il s’en saute aux yeux. Schiele invente une Gerstl cherchait alors du côté du Clarika qu’au 29 février. Tél. : 01-53-01-92-51. fois. tient à une pellicule translucide, à la formule graphique qui fonctionne postimpressionnisme comment re- L’Européen, 3, rue Biot, Paris-17e. o er Juste parce que, en 53 œuvres, gouache pour des ponctuations à tout coup et, de 1909 à sa mort en nouveler l’art du portrait et de TROUVER SON FILM M Place-de-Clichy. 20 h 30, les 1 ,2et essentiellement des dessins, l’expo- chromatiques plus fortes, tissu 1918, la modifie très peu. Il en l’autoportrait. 3. Tél. : 01-43-87-97-13. De 110 F à sition démontre, une fois de plus, autour d’un cou, pantoufle à car- devient le virtuose. Kokoschka n’a Tous les films Paris et régions sur le 130 F. Anggun qu’Egon Schiele a inventé une reaux, tablier à bandes verticales. pas cette facilité. Il se bat contre le Philippe Dagen Minitel, 3615 LEMONDE, ou tél. : 08-36-68-03-78 (2,23 F/min). La Cigale, 120, boulevard Roche- chouart, Paris-18e.Mo Pigalle. 20 heu- ENTRÉES IMMÉDIATES res, le 1er. Tél. : 01-49-25-89-99. 165 F. Dick Annegarn Le Kiosque Théâtre : les places de cer- La Courneuve (93). Centre Jean-Hou- La démonstration chaotique d’Emmanuelle Huynh tains des spectacles vendues le jour dremont, 11, avenue du Général- même à moitié prix (+ 16 F de commis- Leclerc. MO Aubervilliers - La Cour- passées, des objets usuels, la musique noir, aspirant, puis recrachant la avec des cigarettes dans les orteils, sion par place). neuve. 20 h 30, le 2. Tél. : 01-49- DISTRIBUTION EN COURS, d’Em- de Christian Marclay, la conférence danseuse comme un noyau, objet qui avec des pieds emmaillotés Place de la Madeleine et parvis de la 92-61-61. 50 F. manuelle Huynh (compagnie Mua). de l’astrophysicien Thierry Foglizzo, vivant incompatible avec ceux, ina- dans du plastique bleu. Est-ce à gare Montparnasse. De 12 h 30 à Marc Perrone Christian Marclay (musique). Atari spécialiste des trous noirs au Commis- nimés, qui lui sont accrochés. Dans une critique surréaliste de la so- 20 heures, du mardi au samedi ; de Trappes (78). Grenier à sel, 1, rue de 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. l’Abreuvoir. 20 h 30, le 2. Tél. : 01-30- Teenage Riot et Slayer (musiques sariat à l’énergie atomique ». Rien ce duo, il ne se passe pas grand- ciété de consommation que se livre Cercle de famille pour trois sœurs 13-98-51. De 50 F à 60 F. additionnelles). Cathy Olive (lumiè- que ça ! Toutefois la chorégraphe, chose. La danseuse s’en tire par la Emmanuelle Huynh ? Elle parle de de Tchekhov. Mise en scène d’Eric O. S. Thiagarajan res). Jérôme Dupraz (objets). Chris- qui a l’esprit bien fait, le corps densité de sa présence. « frictions » d’univers différents Lacascade. Théâtre de la Ville, 2, place du Châte- tian Rizzo (vêtements). Les 2 et conquérant et de l’ambition, ne mis en perspective. Rien ne frotte Théâtre La Piscine, 254, avenue de let, Paris-4e. Châtelet. 20 h 30, le 1er. 3 février, au Lieu unique, à Nantes. tarde pas à mettre de l’ordre dans BRIC-À-BRAC MULTICOLORE ou résiste, tout se juxtapose, la Division-Leclerc, Châtenay-Malabry Tél. : 01-42-74-22-77. 95 F. er Tél. : 02-40-12-14-34. Le 16 mars, à cette accumulation. Elle divise la Troisième mouvement : tout de- s’annule. (92). 20 h 45, les 1 , 2 et 3 ; 17 heures, Olé Sacromonte le 4. Tél. : 01-46-61-36-67. De 100 F à Institut du monde arabe, 1, rue des Fos- l’Auditorium de Dijon. Tél. : 03-80- pièce en quatre mouvements, dont vient convenu. Les danseurs, on s’y Appartenant à la tendance ac- 120 F. sés-Saint-Bernard, Paris-5e.Mo Jussieu. 73-97-27. le premier se révèle un exercice de attendait, décrochent un par un les tuelle, qui veut qu’un excellent dan- Au bout de la nuit 20 h 30, les 2 et 3. Tél. : 01-40-51-38-14. style sur musique techno. Une voix objets de la tour et, à la manière seur soit aussi un chorégraphe – ce Soirée festive en clôture du cycle de 100 F. Bizarre fourre-tout que cette Dis- dicte des mouvements aux inter- d’une installation d’art plastique, qui nous vaut des créations bour- rencontres « Au bout du conte ». Le Tango for 3 et Per Arne Glorvigen tribution en cours, spectacle créé en prètes. Branché et divertissant. aménagent un bric-à-brac multi- rées de déclarations préalables récit de Shéhérazade, récit musical de Gennevilliers (92). Salle des fêtes, 177, avenue Gabriel-Péri. 20 h 30, le 2. Tél. : avant-première, en novembre, au Emmanuelle Huynh, appréciée colore qui se répand sur la scène d’un sérieux indécrottable, le plus Bruno de La Salle avec les conteurs de l’Atelier Fahrenheit 451, suivi de Pa- 01-40-85-64-55. De 120 F à 140 F. Quartz de Brest, qui part en tour- pour le poids bénéfique qu’elle – déjà vu cent fois. Au cours de ce souvent décevantes dans leur réali- roles d’elles et d’eux, joutes de récits, Paquita née, après avoir été présenté au apporte au moindre geste, a décidé démontage, un danseur mange des sation –, Emmanuelle Huynh, qui de poèmes, de signes, de chants et de Etoiles, premiers danseurs et corps de Centre Pompidou en décembre, de changer de registre. Peut-être bonbons, un autre se scotche au rêve de mettre en danse L’Ethique danses, sur les thèmes : nuisance des ballet de l’Opéra national de Paris. dans le cadre du Festival d’autom- même, contrariant sa pente natu- sol, un troisième oscille sous le de Spinoza (elle a de l’estomac), femmes, indiscrétion, présomption et Orchestre Colonne. David Coleman (direction), Pierre Lacotte (chorégra- ne. La quatrième création d’Emma- relle, de faire dans le léger, voire poids d’un tréteau. On s’habille, on n’échappe pas à cette prédominan- lâcheté masculines, jalousie. Foyer - Grande Salle, Centre Pompi- phie). nuelle Huynh se veut une sorte de dans l’humour… Sur le plateau se déshabille. On apporte un ta- ce du discours sur l’œuvre. On se e Opéra de Paris, place de l’Opéra, dou, Place Georges-Pompidou, Paris-4 e o er work in progress. Le programme pré- trône une tour recouverte de centai- bouret. Commence alors la confé- demande pourquoi elle se méfie (entrée rue Saint-Martin). Mo Châtelet. Paris-9 .M Opéra. 19 h 30, les 1 ,5,6, vient : il s’agit de mettre « en colli- nes d’objets, de la poêle à frire au rence de l’astrophysicien Thierry autant d’elle-même. Dans le qua- Tél. : 01-44-78-44-52. Entrée libre. 8 et 12 ; 14 h 30 et 20 heures, le 3 ; sion les danseurs avec leurs danses casque de chantier, en passant par Foglizzo. Plus rien n’existe, que ces trième mouvement, elle retrouve – Christian Vander Trio 15 heures, le 11. Tél. : 08-36-69-78-68. De 30 F à 395 F. le presse-citron. Une invraisembla- trous noirs, leurs masses gazeuses, trop tard – son tempérament Sunside, 60, rue des Lombards, er o ble quincaillerie ! Deuxième mou- les neutrons, la vitesse de la terrien. Elle chorégraphie alors Paris-1 .M Châtelet. 21 heures, les 2 REPORT 0123 vement : la chorégraphe danse en lumière. comme on sculpte. Dans la masse et 3. De 60 F à 120 F. Tél. : 01-40- 26-21-25. duo avec cette tour de survie. Par- On oublie le petit monde des dan- volumique. La mezzo soprano espagnole Teresa A LA TELEVISION Romano, Sclavis, Texier Berganza, qui devait donner un récital ET A LA RADIO tie de cache-cache au cours de seurs, qui continuent à s’échiner en Au Duc des Lombards, 42, rue des Lom- le 5 février à Paris, Salle Gaveau, le laquelle la tour fait office de trou pure perte sur leur décharge. Qui Dominique Frétard bards, Paris-1er.Mo Châtelet. 21 heures, reporte dans cette même salle au Le Monde des idées les 2 et 3. Tél. : 01-42-33-22-88. 100 F. 26 février à 20 h 30. Les places vendues Benjamin Diamond Electro Band pour le 5 seront validées pour le 26 ou LCI Bataclan, 50, boulevard Voltaire, remboursées aux guichets de la Salle Le samedi à 12 h 10 et à 17 h 10 Paris-11e.Mo Saint-Ambroise. 20 heu- Gaveau. Le dimanche à 12 h 10 et à 0 h 10 Nouveaux jeux chorégraphiques à Suresnes res, le 2. Tél. : 01-43-14-35-35. 120 F. Salle Gaveau, 45, rue de La Boétie, Le lundi à 11 h 10 Eiffel Paris-8e.Mo Saint-Augustin. Tél. : 01- Etant donné la conjoncture actuelle ou très beau, très glissant duo d’amour. La Boule noire, 116, boulevard Roche- 49-53-05-07. De 200 F à 500 F. ࡯ SURESNES CITÉS DANSE VARIA- de Blanca Li dont Macadam Maca- Ciel couvert à la mi-journée,de Le Grand Jury TIONS. Abou Lagraa, Cyril Viallon, dam vient de bousculer le public de Cyril Viallon, met aussi en scène un RTL-LCI Denis Plassard, le 31 janvier à l’Opéra-Comique, l’exercice de com- pas de deux serré dont l’imbrication Le dimanche à 18 h 30 21 heures. Uyemboo !, chorégra- mande se révèle un excellent levier des corps se tient sur le fil de la ࡯ phié par Régis Obadia, et Will, par pour la création et une parenthèse de pudeur. Viallon, dont les cinq inter- La rumeur du monde Bernardo Montet, les 2 et 3 février, liberté souvent réjouissante. Convié prètes cosignent la chorégraphie, a à 21 heures. Théâtre Jean-Vilar, à chorégraphier en 1999, Régis Oba- opté pour un parti pris risqué de len- FRANCE-CULTURE 16, place Stalingrad, Suresnes (92). dia rencontre le danseur Jean-Claude teur, voire de langueur, avec des pla- Le samedi à 12 heures Tél. : 01-46-97-98-10. De 80 F à Pambè Wayack, qui lui demande ges de silence, des suspensions d’hu- ࡯ 120 F (de 12, 2 ¤ à 18,3 ¤). dans la foulée de le mettre en scène meurs sur fond d’attente. On s’assoit Libertés de presse pour l’opération « Le Vif du sujet » sur son fauteuil pour se reposer FRANCE-CULTURE Des chorégraphes contemporains au Festival d’Avignon 2000. Ce solo d’une joute hip-hop, on boit un peu Le troisième dimanche mettent en scène des danseurs hip- clôturera la manifestation. d’eau, on échange des sourires non- de chaque mois à 16 heures hop sélectionnés sur audition : tel est Avec Elle semelle de quoi ? (Car- chalants, le temps coule, la pluie fait ࡯ le principe qui préside à l’opération men), Denis Plassard marque son ter- du bien à ce petit monde rassemblé Suresnes Cités Danse Variations. En ritoire, entre gags à la pelle et amour sur la terrasse d’une maison qu’on A la « une » du Monde piste pour 2001, Denis Plassard, Cyril rebelle. Histoire de saisir le hip-hop à imagine plantée au soleil d’un pays RFI Viallon et Abou Lagraa, qui reprend la racine, il lui colle aux basques en chaud. Du lundi au vendredi sa création Passage conçue en 2000 fétichisant ses pompes. D’où une ran- En un an d’existence, Passage, à 12 h 45 et 0 h 10 (heures de Paris) pour trois interprètes. Bon esprit et gée de baskets sur le plateau que cha- d’Abou Lagraa, s’est sculpté une for- ࡯ « maximum respect » obligent, les cun va enfiler jusqu’au bout de ses me éblouissante grâce à ses trois dan- La « une » du Monde uns s’emparent de la danse des doigts. Clowneries en tout genre seurs, Frédérik Boisset, Farid BFM autres pour en extraire une quintes- avec échasses et prothèses-galoches, Boukhouch et Bernard Pambè Du lundi au vendredi sence stylistique, blackbouler tous Denis Plassard a du coffre et du Wayack. Nerveux, graphique et mus- à 13 h 06, 15 h 03, 17 h 40 les préjugés du genre et s’affranchir culot. Le hip-hop en accéléré de sa clé, ce trio est une capsule de pure Le samedi de leurs propres schémas esthétiques Carmen et ses quatre partenaires énergie hip-hop. On l’avale sec ! 13 h 07, 15 h 04, 17 h 35 dans une bonne humeur revitalisan- entre parfaitement dans la transe de te. Qu’il s’agisse de Laura Scozzi avec Bizet, mais sait aussi souffler sur le Rosita Boisseau 32 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 EN VUE a Les ventes d’Arovit Petfood, Les Français ne sont pas assez influents à l’OTAN producteur danois d’aliments pour chiens et chats, ont chuté depuis l’apparition de la maladie Dans la revue « Le Casoar », éditée par les élèves et anciens élèves de Saint-Cyr, un officier français de la vache folle. témoigne de ses difficultés à faire entendre la voix de son pays dans les états-majors alliés a L’association espagnole Ecologistes exige que les LES OFFICIERS français affec- contractuel civil à l’OTAN. Parlant France exprime un point de vue cité d’influer en amont » sur les pha- carcasses des bovins non atteints tés à des postes d’état-major de plusieurs langues, il est considéré divergent et dérangeant », ajoute ses essentielles de la planification de la maladie de la vache folle l’OTAN ne s’y sentent pas à l’aise. comme un vrai expert des rela- l’ancien officier français à l’OTAN. des opérations et sur les prises de soient laissées sur place et Pis que cela, ils se jugent parfois tions internationales. « La position d’officier interna- décision de l’OTAN. « Faute d’être pourrissent dans les champs, pour marginalisés par cette terra inco- A l’OTAN, où il a dirigé une équi- tional oblige à gérer un devoir de intégrée, constate Erik Sandahl, sauver les vautours, charognards gnita qu’est pour eux l’Alliance pe d’officiers allemands, améri- “double loyauté” vis-à-vis de la dans les réunions de commande- menacés. atlantique. « Il n’est pas aisé, pour cains, britanniques, néerlandais et structure que l’on sert et de son pays. ment au plus haut niveau des ins- un officier français, d’occuper un norvégiens, sous l’autorité d’un Exercice particulièrement délicat tances militaires de l’Alliance, la a Lorsque une bonne sœur poste de responsabilité au sein amiral britannique, le colonel San- quand on représente un pays qui, France est tenue à l’écart d’un cer- catholique qui s’attend à être d’une organisation dont les rouages dahl note : « Le Français inséré et tout en étant l’un des membres les tain nombre de décisions impor- violée prend la pilule, « il ne s’agit et les procédures lui sont trop peu isolé est perfidement mis sur la sel- plus importants de l’Alliance, en est, tantes ayant des implications sur pas de contraception proprement familiers. » Ce constat est mis en lette chaque fois que la France, qui de très loin, le plus indocile même l’emploi ou la sécurité de ses for- dite, mais plutôt d’autodéfense », évidence par Erik Sandahl dans ne s’en prive pas, exprime des points s’il en est probablement l’un des plus ces. » Ce qui paraît d’autant plus précise Mgr Juan Antonio Reig, le dernier numéro de la revue de vue remettant en cause et retar- loyaux. » Et le colonel Sandahl de dommageable que la France est évêque espagnol. Le Casoar, éditée par la Saint- dant l’adoption de plans ou de docu- rapporter la formule utilisée, sou- l’un des pays qui fournit parmi les Cyrienne, l’association des élèves ments opérationnels marqués, dans vent de façon agacée, à l’encontre plus gros contingents de la SFOR a « Une amie a été propulsée dans et anciens élèves des écoles militai- la plupart des cas, d’une forte ins- des Français par leurs alliés : et la KFOR dans les Balkans. les airs et a violemment cogné la res de Saint-Cyr-Coëtquidan. L’au- piration américano-britannique. » « Vous voulez voyager en première carlingue. C’était terrible », teur sait de quoi il parle. Il a une « Il faut alors se livrer à un délicat classe avec un billet de seconde ! » « BOUCLE COURTE » trouvait à se plaindre une double expérience. Il a servi durant international, en prise directe avec travail d’explication multilatéral qui Le nombre très limité d’officiers « Sur les théâtres d’opérations, passagère, après qu’un Boeing plusieurs années à l’OTAN, com- les opérations des Balkans. Le colo- consiste à faire comprendre à nos français aux postes-clés, voire leur estime le colonel Sandahl, la 747-400 de la compagnie Japan me colonel à l’état-major in- nel Sandahl a quitté l’armée fran- alliés toutes les bonnes (le sont-elles absence de certaines instances pri- chaîne de commandement opéra- Airlines eut brusquement viré de ternational, puis au secrétariat çaise et, depuis deux ans, il est toujours ?) raisons pour lesquelles la vent la France d’« une réelle capa- tionnel, par la répartition des respon- bord pour éviter un autre avion, sabilités réelles entre les principaux mercredi 31 janvier, dans le ciel subordonnés du commandant de la de Tokyo. DANS LA PRESSE préoccupantes : l’impossibilité pour semaines à peine. Elle l’a pris, lui, le laisse bien des questions sans force, privilégie une boucle courte à l’Union européenne d’en rester au gourou le plus respecté de la planè- réponse. Un agent secret libyen a forte prédominance américano-bri- a Grâce à l’observation par FRANCE-INTER stade de l’organisation actuelle qui te, totalement au dépourvu. La crois- été déclaré coupable. L’autre a été tannique. » satellite, les cartographes devront Pierre Le Marc la condamne à une inefficacité, une sance a disparu d’un coup, comme acquitté. Et le colonel Kadhafi, qui Ce témoignage confortera ceux déplacer de 500 mètres vers le a Au lendemain du sommet de impuissance que les Européens n’ad- par un enchantement qui laisse pan- est supposé avoir ordonné ce cri- qui déjà, au printemps 1999, ont sud-est le Japon mal localisé sur Nice, les deux têtes de l’exécutif mettraient pas. La détérioration pal- tois les économistes. L’activité sta- me, est toujours solidement au pou- attiré l’attention sur la façon dont le globe depuis l’ère Meiji. français avaient semblé se satisfaire pable des rapports de confiance gne, voire recule aujourd’hui, alors voir. Ce procès ne pouvait pas don- l’Alliance, sous l’influence de Wash- d’un bilan pourtant très critiqué – qu’avaient su nouer la France et l’Al- qu’elle étonnait encore l’été dernier. ner entière satisfaction. Mais il est ington, a conduit sa campagne a Le président croate Stipe dans ses aspects institutionnels au lemagne et qui constituent l’élé- A Wall Street, chacun croise les un début de justice conformément aérienne au-dessus de la Serbie et Mesic, apparaissant en kimono moins – par la plupart des gouverne- ment-clé de la vitalité européenne. doigts pour que l’action énergique aux résolutions de l’ONU sur la du Kosovo. Il explique que la Fran- blanc sur son site, propose à ses ments européens. Et elles avaient du vieux sorcier conjure le risque Libye. Et malgré ses insuffisances, ce ait pris, après coup, la décision compatriotes de l’affronter dans paru vouloir, la parenthèse de la pré- LA TRIBUNE récessif et conforte les marchés amé- il marque un pas important dans la de renforcer sa présence militaire des combats virtuels d’arts sidence de l’Union refermée, se con- Philippe Mudry ricains encore bien fragiles. lutte internationale pour combat- dans les états-majors de l’OTAN à martiaux. sacrer essentiellement au rapport a La réduction, par la Réserve fédé- tre le terrorisme. (…) Le colonel Naples – comme celui du théâtre de force politique électoral qui les rale, de ses taux directeurs d’un THE FINANCIAL TIMES Kadhafi doit encore se soumettre des opérations Afsouth aux ordres a Jugé, jeudi 25 janvier, par le oppose. Le mérite des dirigeants point complet en un mois en dit a Les familles des victimes de l’at- aux autres exigences de l’ONU. Cel- d’un amiral américain – qui gèrent tribunal du comté de Broward en allemands, c’est d’avoir sorti le cou- long sur l’angoisse, pour ne pas dire tentat de Lockerbie sont sans dou- les-ci comportent le paiement de aujourd’hui la situation dans les Floride, pour avoir étouffé l’an ple exécutif français de son plus, d’Alan Greenspan devant la te déçues du résultat du procès des dommages et intérêts aux familles Balkans et en Méditerranée. dernier une fillette de six ans en tête-à-tête conflictuel et de lui avoir modificatiion radicale du paysage deux suspects libyens qui s’est ache- des victimes et l’acceptation de sa voulant imiter des catcheurs qu’il rappelé l’urgence de deux réalités économique américain en quelques vé hier après 84 jours. Le verdict responsabilité dans cet attentat. Jacques Isnard avait vus à la télévision, un obèse de treize ans, déficient mental, pesant 76 kilos au moment des SUR LA TOILE faits, risque la prison à vie. www.bringthemhome.cz FAILLE a Le département américain de la a Le Computer Emergency Respon- justice ne poursuivra pas quatre Les amis de deux Tchèques emprisonnés à Cuba tentent de mobiliser l’opinion se Team (CERT), organisme chargé policiers new-yorkais, acquittés par le gouvernement américain de par un jury populaire d’Albany DEPUIS le 12 janvier, Ivan Pilip, Lucie Pilip, l’épouse de l’un des résoudre les situations de crise sur après avoir tiré quarante et une député tchèque de l’Union pour la deux prisonniers, soupire en évo- Internet, a découvert début janvier balles sur Amadou Diallo, liberté (centre droit), et Jan Bu- quant la « perte de mémoire » de que le logiciel Bind, qui équipe 90 % immigré guinéen qui, pour benik, ancien leader étudiant de la ses compatriotes. La classe poli- des serveurs de noms de domaines montrer ses papiers, avait sorti de « révolution de velours », sont en tique pragoise a d’ailleurs donné aux Etats-Unis, possède une faille le sa poche un portefeuille, « noir prison à Cuba. Le régime de Fidel l’exemple. Le chef du Parlement, rendant vulnérable aux attaques de comme une arme de poing ». Castro les accuse d’être des espions Vaclav Klaus, n’a adressé aucun hackers. Le piratage d’un serveur de à la solde des Etats-Unis. Arrêtés message de soutien aux familles nom de domaine peut désorganiser a Leslie Mayr, de San Jose en peu après avoir rencontré des dissi- des prisonniers, qui sont des rivaux complètement toute une partie de Californie, a fait don de douze dents, ils risquent jusqu’à huit ans politiques. De leur côté, les commu- l’Internet. Il existe plusieurs dizaines gilets pare-balles aux chiens de prison s’ils sont déférés devant nistes jouent les télégraphistes du de milliers de serveurs de ce type policiers, comme leur maîtres, un « tribunal populaire ». régime cubain à Prague : le PC tchè- dans le monde, regroupés autour de courant les mêmes risques qu’eux. Alors que de nombreux gouver- que est informé de l’évolution de treize super-serveurs. L’Internet nements occidentaux ont apporté l’enquête à La Havane bien avant Software Consortium, association à a Les combattants tchétchènes, leur soutien à Prague pour exiger la le ministère des affaires étrangères. but non lucratif qui a créé Bind, a qui considèrent « comme des libération immédiate de MM. Pilip Cette épreuve de force entre demandé à la société Nominum de bandits » les chiens de l’armée et Bubenik, la population tchèque, les deux pays est la conséquence trouver une parade. Elle est disponi- russe, ont mis leur tête à prix : en revanche, ne s’est pas mobilisée d’une dégradation des relations ble depuis le 17 janvier. – (AP.) 500 dollars. en leur faveur. Pour tenter de susci- entamée dès la chute du commu- www.cert.org ter un mouvement de solidarité nisme à Prague. L’engagement a Tous les vendredis, des victimes avec les deux prisonniers dans l’opi- récent de la République tchèque HÉRITAGE de l’embargo, affluent au cœur du nion locale et internationale, leurs au sein de l’ONU, en faveur de la a Les autorités du comté de Cook vieux Bagdad : « Ce sont des amis pragois ont créé un site Web retentissement de cette affaire tains considèrent que MM. Pilip et condamnation des violations des (Illinois) ont publié sur Internet une amoureux des livres contraints de de soutien, en tchèque et en dans les médias étrangers. Bubenik sont « des naïfs irrespon- droits de l’homme à Cuba, a parti- liste de personnes décédées sans se séparer de leur bien le plus anglais. A côté d’informations sur Sur le forum de discussion, on sables qui ont oublié les pratiques culièrement irrité Fidel Castro, qui avoir laissé de testament et dont on cher », explique Qaïs Sami, la situation des droits de l’homme trouve quelques messages de soli- communistes » ; d’autres estiment avait déjà organisé une importante n’a pas retrouvé les héritiers. En libraire de la rue Al-Moutannabi, à Cuba et sur la dissidence, il pro- darité provenant de dissidents et que ce sont vraiment des espions, manifestation devant l’ambassade deux jours, le site a reçu plus de du nom du grand poète irakien. pose une pétition en ligne et publie d’exilés cubains, mais la plupart ou encore des commerçants dont tchèque à La Havane. 461 000 visiteurs, qui espéraient une revue de presse internationale des commentaires envoyés par des les affaires auraient mal tourné… trouver un lien de parenté avec l’un Christian Colombani afin de montrer aux Tchèques le Tchèques sont bien différents. Cer- Interrogée sur cette attitude, Martin Plichta des défunts. – (Reuters.)

F par Abonnez-vous au pour seulement 173 mois Bulletin à compléter et renvoyer accompagné de votre relevé d’identité bancaire ou postal à : LE MONDE, Service Abonnements - 60646 Chantilly Cedex par Luc Rosenzweig F Animaux utiles Oui, je souhaite recevoir Le Monde pour 173 (26,37a) par mois par prélèvement automatique. ❑ M. ❑ Mme Prénom : Nom : A SUPPOSER que l’on ait dû, par des personnages prétendant à res naturelles », tous les jours à au cours d’une journée, subir quel- de hautes destinées. Aux bêtes 4 heures du matin sur TF1. A Adresse : ques contrariétés, peut-on comp- politiques, préférer à coup sûr les déconseiller cependant aux contra- Code postal : Localité : ter sur la télévision pour ramener animaux, les vrais, ceux, par exem- riés écolos, car l’ambiance y est Offre valable jusqu’au 31/12/2001 en France métropolitaine pour un abonnement postal. 101MQPA1 un peu de sérénité dans une âme ple, que nous montrait Nicolas plutôt « Chasse, nature, etc. ». Cet- Autorisation de prélèvements N° NATIONAL D'ÉMETTEUR ORGANISME CRÉANCIER : LE MONDE troublée ? La fréquentation de la Hulot, mercredi soir, dans te série d’émissions cynégétiques N° 134031 21 bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05 nature, modèle Rêveries du prome- « Ushuaïa nature ». L’animateur et halieutiques est une production J'autorise l'établissement teneur de neur solitaire, où Jean-Jacques globe-trotter ne risquait pas, avec de deux anciens « éléphants » de mon compte à effectuer sur ce dernier TITULAIRE DU COMPTE A DÉBITER Rousseau allait convertir, dans la cette émission-là, de soulever une la télé de papa, Igor Barrère et feu les prélèvements pour mon abonnement Nom ...... forêt d’Ermenonville, son amertu- polémique comme celle de son Etienne Lalou, deux hommes de au journal Le Monde. Prénom ...... N° ...... rue ...... me en pensée, n’est pas à la por- expédition chez les Papous. « Cinq colonnes à la une ». Si l’on Je resterai libre de suspendre provisoire- Code postal Ville ...... …...... tée de tous. Et, de plus, pour s’y A la fréquentation des hommes, a été suffisamment contrarié au ment ou d’interrompre mon abonnement à rendre aujourd’hui, certains pas- préférer donc celle des lions, des cours d’une année, on aura pu fai- tout moment. NOM ET ADRESSE DE L’ÉTABLISSEMENT DU COMPTE A DÉBITER (votre banque, CCP ou Caisse d’épargne) sages de périphérique parisien et gorilles ou des éléphants, animaux re le tour de l’ensemble des sujets Date :...... bouchons sur l’A1 risquent d’ajou- magnifiques, mais dont l’aire de tournés par cette série dans les Signature : ...... ter du stress à la fureur, donc d’an- vie rétrécit de plus en plus sous la années 1980. Nous avons une pré- N° ...... rue ...... nihiler l’effet calmant escompté. poussée démographique africai- dilection pour toutes les formes Code postal Ville ...... Reste donc la télévision, qui ne. On était cependant heureux de chasse au canard, pour laquelle peut se substituer à la thérapie d’apprendre qu’en dépit de l’horri- l’homme invente une foule de IMPORTANT : merci de joindre un relevé DÉSIGNATION DU COMPTE A DÉBITER randonneuse, à condition que ble drame rwandais de 1994 la ruses afin de tromper la méfiance Code Etablissement Code Guichet N°de compte Clé RIB d’identité bancaire ou postal, à votre autorisa- l’on choisisse bien son program- population des gorilles de monta- de l’oiseau. Ce soir-là, c’était la tion. Il y en a un dans votre chéquier. me. Eviter tout ce qui peut ressem- gne, espèce très rare, avait pu être chasse à l’affût dans les Dombes. Pour tout renseignement concernant le portage à domicile, le prélèvement automatique, les tarifs d’abonnement, etc : bler à un journal télévisé, magazi- préservée grâce à l’action de coura- Le sujet halieutique était consacré Téléphonez au 01.42.17.32.90 de 8h30 à 18h du lundi au vendredi. ne d’information ou de société, geux zoologistes. à la pêche à la mouche en Yougo- Pour un changement d’adresse ou une suspension vacances, un numéro exclusif : 0 803 022 021 (0,99FTTC/min) car le risque est grand de voir sa L’homme contrarié, c’est bien slavie. C’était au temps où ce pays “Le Monde” (USPS=0009729) is published daily for $ 892 per year “Le Monde” 21, bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05, France, periodicals postage paid at bile noircir à nouveau sous l’effet connu, ne dort pas. La panacée n’était pas source de contrariétés Champlain N.Y. US, and additionnal mailing offices, POSTMASTER : Send address changes to IMS of N.Y. Box 15-18, Champlain N.Y. 129191518 Pour les abonnements souscrits aux USA : INTERNATIONAL MEDIA SERVICE, Inc. 3330 Pacific Avenue Suite 404 Virginia Beach VA 23-451-2983 USA-Tél. : 800-428-30-03 de déclarations ineptes proférées des insomniaques, c’est « Histoi- pour lui-même et pour ses voisins. LeMonde Job: WMQ0202--0033-0 WAS LMQ0202-33 Op.: XX Rev.: 01-02-01 T.: 09:08 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 59Fap: 100 No: 0166 Lcp: 700 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 / 33

JEUDI 1er FÉVRIER GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

16.55 Le Septième Ciel aa DÉBATS DOCUMENTAIRES DANSE Benoît Jacquot (France, 1997, TÉLÉVISION ARTE 85 min) &. Cinéstar 1 20.45 et 1.00 Le Club. 20.15 Reportage. Big MacCormack. Arte 22.00 Dark. Ballet. Chorégraphie de Carolyn 18.55 Taxi Driver aaa TF 1 19.00 Voyages, voyages. Profs : la crise des vocations ? LCI 20.30 Histoires oubliées Carlson. Musique de Kuehn. Mezzo Martin Scorsese (Etats-Unis, 1975, Le Sultanat d’Oman. 21.00 Alimentation, 110 min) ?. Cinéfaz 17.35 Sunset Beach. 19.45 Météo, Arte info. de l’aviation. 20.15 Reportage. du laboratoire à l’assiette. Forum Un jet à ski nautique. Planète MUSIQUE 20.30 Hôtel des Amériques aa 18.25 Exclusif. Big MacCormack. André Téchiné (France, 1981, 19.05 Le Bigdil. 20.45 Thema. Quel climat pour demain ? 22.00 Sahel, le désert avancé. Forum 20.46 Thema. 22.00 Nice Jazz Festival 2000 95 min) %. Ciné Cinémas 2 20.46 Pour quelques degrés de plus. Quel climat pour demain ? 20.00 Journal, Tiercé, Météo. 23.00 Les Femmes (programme 2). 20.35 Ghost Dog, la voie 22.00 Conflits climatiques. Pour quelques degrés de plus. 22.30 La Course du temps. Avec Claudia Acuna, chant. Muzzik 20.55 Navarro. Terreur à domicile %. et la Bande dessinée. Forum Conflits climatiques. du samouraï aa 23.55 La vache a sauté au-dessus La Course du temps. La vache a sauté Jim Jarmusch (Etats-Unis, 1999, 22.40 Lueur noire. 23.30 Jazz Box 99. Avec Patricia Barber, Téléfilm. Michael Storey %. de la Lune. MAGAZINES au-dessus de la Lune. Arte piano et chant. Muzzik v.o., 110 min) %. Canal + 0.45 La Femme du port aa 21.05 Du rugby et des hommes. 20.45 Batman, le défi aa 0.15 Exclusif. Film. Arturo Ripstein (v.o.). 23.45 Chopin et Schumann 0.45 TF 1 nuit, Météo. 18.30 L’Invité de PLS. Philippe Seguin. LCI [5/5]. Vivement dimanche. TV 5 Tim Burton (Etats-Unis, 1992, par Vitaly Samoshko. 130 min) &. Cinéstar 1 18.40 Nulle part ailleurs. 21.30 Le Défi alimentaire. Planète Lors des Midis musicaux. Mezzo M6 Invités : The Trail of Dead ; 21.40 L’Antarctique, 20.50 L’Eté meurtrier aa FRANCE 2 Gérard Klein. Canal + Jean Becker (France, 1983, 18.05 Le Clown &. la civilisation et le climat. Odyssée TÉLÉFILMS 95 min) %. Téva 16.30 Des chiffres et des lettres. 19.00 Le Flic de Shanghai &. 19.05 Ushuaïa nature. 22.05 L’Homme-loup. L’esprit de la forêt. 21.00 Ivan le Terrible aaa 17.00 Viper. 19.50 I minute. Le journal de Paul Balenovic. Odyssée 20.55 L’Homme à la peau de serpent. Sergei M. Eisenstein [1/2] 17.50 Un toit pour trois. Invités : Paul Spong, Jacques Brosse, Peter Hall. &. TMC 19.54 Le Six Minutes, Météo. Hugo Robitaille, Donald Perry, 22.35 Chroniques d’Hollywood. Histoire (Urss, 1945, N., 95 min) &. Histoire 18.20 Tutti frutti. 22.40 Lueur noire. Michael Storey. %. TF 1 20.05 Une nounou d’enfer &. Wayne McCrory. Odyssée 22.50 Les Couples légendaires 21.00 La Bête humaine aa 19.15 Qui est qui ? 21.00 Envoyé spécial. L’amour fou. Jean Renoir (France, 1938, 20.40 Passé simple, Décrochage info. du XXe siècle. 19.50 Un gars, une fille. Alicaments : alicamenteurs ? SÉRIES N., 100 min) %. Paris Première 20.50 Separate Lives Les prisons russes. France 2 R. Valentino et N. Rambova ; 20.00 et 1.00 Journal, Météo. Film. David Madden %. D. Fairbanks et M. Pickford. TMC 21.00 La Meilleure Façon 23.10 Courts particuliers. 20.40 Buffy contre les vampires. de marcher aa 20.55 Point route. 22.40 Fog aa Avec Elodie Bouchez. Paris Première 23.05 BB, Une, première. Téva [1/2]. Bienvenue Claude Miller (France, 1976, 21.00 Envoyé spécial. L’amour fou. Film. John Carpenter ?. 23.30 Pièces à conviction. 23.45 Guerre et civilisation. à Sunnydale (v.o.). Série Club 85 min) %. Canal Jimmy Alicaments : alicamenteurs ? 0.15 Fréquenstar. La vérité si je mens 2. Armes nouvelles, [3/8]. Les guerriers à cheval. Histoire 20.55 Navarro. 21.00 Carmen aa Les prisons russes. population en danger. 0.20 Hongkong Story. Planète Terreur à domicile. %. TF 1 Cecil B. DeMille (Etats-Unis, 23.10 La Prisonnière espagnole a Film. David Mamet %. Invités : Marie-Claude Dubin, Jacques 21.25 Les Superminds. muet, 1915, version colorisée, RADIO Ceron, Pierre-Marie Gallois, Christian 0.55 Un siècle d’écrivains. Tennessee 60 min). Muzzik Estripeau, Claude Maylin. France 3 Williams, les diables bleus. France 3 Le chaînon perdu. &. Où est passée Gina ? &. Série Club 22.25 Stranger than Paradise aaa FRANCE 3 0.15 Fréquenstar. Jim Jarmusch (Etats-Unis, 1984, N., FRANCE-CULTURE 23.00 Soap. (v.o.). &. Série Club La vérité si je mens 2. M6 SPORTS EN DIRECT v.o., 94 min) &. Canal + 16.35 Handball. Quart de finale. 0.45 Le Club. 23.25 Taxi. [1/2]. Scenkees 22.40 Fog aa -OU- MNK. 21.00 Le Gai Savoir. Christophe Grenier. Invité : Christophe Gans. Ciné Classics 17.00 et 20.30 Handball. From a Marriage (v.o.). Série Club John Carpenter (Etats-Unis, 17.35 A toi l’actu@. 22.12 Multipistes. 1.00 Aimer vivre en France. Championnat du monde. 0.30 La Quatrième Dimension. 1980, 95 min) ?. M6 17.45 C’est pas sorcier. 18.15 Un livre, un jour. 22.30 Surpris par la nuit. Pasolini et la Les ports. TF 1 Quart de finale. Pathé Sport Oache, oache. &. Série Club nouvelle culture. Scandale et mystère : 18.20 Questions pour un champion. du corps politique au corps poétique. 18.50 Le 19-20 de l’information, Météo. 0.05 Du jour au lendemain. 20.10 Consomag. Anne de Staël. 20.15 Tout le sport. 20.25 Tous égaux. FRANCE-MUSIQUES 20.55 Always. Film. Steven Spielberg. 23.00 Météo, Soir 3. 20.00 Concert euroradio. CINÉ CINÉMAS 3 FRANCE 3 FRANCE 3 Par l’Orchestre symphonique allemand 23.30 Pièces à conviction. de Berlin, dir. Yan Pascal Tortellier : 23.00 Tumultes aaa 23.30 Pièces à conviction 0.55 Un siècle d’écrivains Armes nouvelles, population Symphonie no 92 Oxford, de Haydn ; Un fils mort au loin, une mère et Le magazine d’Hervé Brusini et Ecrit et réalisé par Fraser en danger. Concerto pour violoncelle et orchestre, 0.55 Un siècle d’écrivains. de Hindemith ; Œuvre de Sibelius. trois sœurs qui sont venues pour Elise Lucet se penche sur le dossier McNuaght, ce portrait de Tennes- Tennessee Williams, les diables bleus. 22.30 Jazz, suivez le thème. cet événement tragique, par de- de l’uranium appauvri en le repre- see Williams, intitulé Tennesse Wil- Exactly Like You. voir, par amour, par dévouement. nant à la base et en tenant de don- liams (1911-1983), les diables bleus , CANAL + 23.00 Le Conversatoire. Un trio de femmes réuni autour ner les clés des symptômes qui trace à la fois le parcours biogra- f En clair jusqu’à 20.35 RADIO CLASSIQUE d’un « dîner de desserts » et qui se frappent 180000 des 700000 Amé- phique et géographique de 18.00 Futurama &. demandent comment annoncer à ricains ayant participé à la guerre « Tenn », en le ponctuant de té- 18.30 Nulle part ailleurs. 20.40 Les Rendez-vous du soir. 23.00 Tumultes aaa 20.35 Ghost Dog, la voie A la Cité des congrès d’Angers. leur mère que son fils s’est suicidé. du Golfe ou des militaires de moignages de collaborateurs de Bertrand Van Effenterre. Par l’Orchestre national des pays Avec Julie Jézéquel, Laure Marsac, du samouraï aa de la Loire, dir. Hubert Soudant. Un film grave, dans lequel Ber- l’OTAN en Bosnie. Avec en prime l’écrivain et de son frère Dakin, qui Clotilde de Bayer (France - Belgique, Film. Jim Jarmusch %. Œuvres de Connesson, Mozart, trand Van Effenterre fait naître une munition UA qui a été analy- rappellent son goût salutaire (mais 1989, 95 min) %. Ciné Cinémas 3 22.25 Stranger than Paradise aaa Bruckner. une émotion profonde autour sée, analyse dont les résultats se- chèrement payé) de la subversion 0.10 Another Day in Paradise aa Film. Jim Jarmusch (v.o.) &. 22.25 Les Rendez-vous du soir (suite). Larry Clark (Etats-Unis, 1999, 0.00 Les Cicatrices de Dracula a Œuvres de Fauré, Debussy, Roussel, d’une unité familiale ressoudée. ront dévoilés dans l’émission. et de la franchise. v.o., 100 min) !. Canal + Vert Film. Roy Ward Baker (v.o.) ?. Enesco.

VENDREDI 2 FÉVRIER GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

21.55 Café Müller. Ballet. Chorégraphie 13.10 La Toile d’araignée aa DÉBATS DOCUMENTAIRES de Pina Bausch. Musique de Purcell. Stuart Rosenberg (EU, 1975, v.o., TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE Avec Pina Bausch, Malou Airaudo, 105 min) &. Ciné Cinémas 1 18.00 Studio ouvert. 18.05 Le Monde des animaux. Dominique Mercy, Jan Minarik, 13.35 L’Etat de grâce aa TF 1 13.45 Le Journal de la santé. Les hommes politiques et la télévision. L’Héritage. [10/24]. La Cinquième Nazareth Panadero, Jacques Rouffio (France, 1986, 14.05 Lorsque le monde parlait arabe. Invité : Alain Duhamel. Jean-Laurent Sasportès. Mezzo 18.30 L’Actors Studio. 95 min). Festival 13.55 Les Feux de l’amour. 14.35 La Cinquième rencontre... 21.00 Feux d’artifice, Laurence Fishburne. Paris Première MUSIQUE 14.20 Qui a peur 14.45 Un amour à toute épreuve. 16.00 Les Grandes Manœuvres. des étoiles pleins les yeux. Forum 18.30 L’Ours polaire. TMC de Virginia Woolf ? a Téléfilm. Bruce Pittman. 16.30 Les Ecrans du savoir. 22.10 Les Affaires d’Etat. 19.15 L’Amour fou. Planète Mike Nichols (Etats-Unis, 1966, 16.40 Les Dessous de Palm Beach. 17.35 100 % question 2e génération. 19.30 Classic Archive. N., 140 min). TCM Invités : Edwy Plenel, Arnaud 19.55 L’Antarctique, Par l’Orchestre national 17.35 Sunset Beach. 18.05 Le Monde des animaux. Montebourg, Paul Bernard, Roland de l’ORTF, dir. Paul Paray. Mezzo 14.25 Saxo aa Cayrol, Dominique Reynie. Forum la civilisation et le climat. Odyssée 18.25 Exclusif. 18.35 Le Journal de la santé. Ariel Zeitoun (France, 1987, 19.05 Le Bigdil. 19.00 Tracks. 23.05 Le Surréalisme 20.15 Reportage. 22.25 Jazz Box 99. Avec Susie Arioli, chant ; 120 min) &. Cinéstar 1 Les Deux Mondialisations. Arte Jordan Officier, guitare ; Michael 20.00 Journal, Météo, Trafic infos. 19.45 Météo, Arte info. ou la quête du sublime. Forum Browne, guitare. Muzzik 14.40 F comme Fairbanks aa 20.20 La Terre en question. Les arbres Maurice Dugowson (France, 1976, 20.55 Les Enfants de la télé. 20.15 Reportage. 22.50 Quintette pour clarinette Les Deux Mondialisations. MAGAZINES cachent-ils la forêt ? Odyssée 105 min) &. Cinétoile 23.15 Sans aucun doute. 20.30 Amsterdam Global Village. et cordes, de Mozart. 16.25 Le Prisonnier de Zenda aa 1.00 Les Coups d’humour. 20.45 Denis. Téléfilm. Catherine Corsini %. [1/2]. Planète Avec Karl Leister, clarinette. Richard Thorpe (Etats-Unis, 1952, 1.40 Exclusif. 22.20 Grand format. 13.45 90 minutes. Par les Berliner Solisten. Mezzo 21.00 Un siècle de danse. 100 min) &. Cinétoile Amazonie, la terre et la peine. Les cadavres exquis de François 23.00 Deep Purple. En 1970. Canal Jimmy 23.50 Khroustaliov, ma voiture ! aaa Mitterrand. Kosovo : comment [3/5]. De la danse libre 18.50 La Femme modèle aa FRANCE 2 on nous a vendu la guerre. à l’expressionnisme allemand. Mezzo 23.25 Led Zeppelin 1969. Vincente Minnelli (Etats-Unis, 1957, Film. Alexeï Guerman (v.o.) %. Hépatite B : mensonges 21.35 La Fascination du Grand Nord. A Copenhague. Canal Jimmy v.o., 115 min). TCM 14.00 L’Enquêteur. autour d’un vaccin. Canal + [2/4]. Sibérie, 23.25 Jazz à Antibes 1986. Muzzik 20.30 Autour d’une enquête aa 14.55 En quête de preuves. M6 14.35 La Cinquième rencontre... détroit de la terreur. Odyssée Robert Siodmak (Allemagne, 1931, N., 15.40 Planque et caméra. Famille - Ecole. La Cinquième 22.00 Civilisations. v.o., 95 min) &. Ciné Classics 13.40 Un si long sommeil. THÉÂTRE 16.00 Cap des Pins. Téléfilm. Michael Switzer &. 17.00 Les Lumières du music-hall. Ombres chinoises. [1/3]. Histoire Philippe Clay. 16.20 Un livre. 15.20 Les Routes du paradis. 22.05 Les Tribus du rock. [1/6]. Sabbath 22.05 La Poule aux œufs d’or. 16.30 Des chiffres et des lettres. Pierre Bachelet. Paris Première Bloody Sabbath. Canal Jimmy Pièce d’Alexandre Vial. Mise en scène 16.15 M comme musique. 17.00 Viper. 17.40 Zoe, Duncan, Jack & Jane. 18.40 Nulle part ailleurs. 22.20 Grand format. Amazonie, de Michel Galabru. Festival Invités : Rickie Lee Jones ; la terre et la peine. Arte 17.50 Un toit pour trois. 18.05 Le Clown. José Garcia ; Richard Anconina ; 18.20 Tutti frutti. 19.00 Le Flic de Shanghaï. Aure Atika ; Bruno Solo. Canal + 22.25 Les Dossiers de la Crime. VARIÉTÉS Enquêtes médico-légales. 19.15 Qui est qui ? 19.50 I-minute. 19.00 Tracks. Elément de preuve. 22.15 D’Alexandrie 19.50 Un gars, une fille. Tribal : Pink Slippers. Dream : Le label 19.54 Le Six Minutes, Météo. Le Lieu du crime. à Claude François. TV 5 20.00 Journal, Rugby, The Race. 20.05 Une nounou d’enfer. Mute. Vibrations. Live : Phoenix. Arte L’affaire Valérie Subra. 13ème RUE 20.40 Météo, Point route. 20.38 Météo du week-end. 19.30 Rive droite, rive gauche. 22.40 Les Feux de Naples. Planète Best of. Paris Première TÉLÉFILMS 20.55 Nestor Burma. 20.40 Cinésix, Décrochage info. 23.20 Les Aviateurs, N’appelez pas la police ! 20.05 C’est la vie. 18.15 Des enfants dans les arbres. 20.50 Les 5 Ans de Graines de star. Maman après 40 ans. TSR compagnons du ciel. Odyssée 22.40 Bouillon de culture. 23.10 La Nuit du Net. Pierre Boutron. &. Histoire Elle et lui : enfer et paradis. 20.40 Thalassa. 23.40 Esprit des peuples premiers. 1.15 M comme musique. [9/13]. Nouvelle-Zélande, 19.00 L’homme qui refusait de mourir. 0.00 Journal, Météo. Thalassa en Polynésie. France 3 Bill Condon. &. Ciné Cinémas 21.00 Recto Verso. génération 2000. Planète 0.25 Histoires courtes. 23.45 Un siècle de danse. 20.30 La Milliardaire. Avec Patrick Dupond. Paris Première Jacques Ertaud [1/3]. Festival RADIO [5/5]. La danse contemporaine, FRANCE 3 21.05 Rock Press Club. l’explosion. Histoire 20.45 Denis. Catherine Corsini. %. Arte Spécial Heavy Metal. 0.10 Histoires oubliées de l’aviation. 20.45 Six balles pour un tueur. 20.45 Le Magicien d’Oz aa Invités : Eric Dahan, Victor Fleming. Avec Judy Garland, 13.55 C’est mon choix. FRANCE-CULTURE Un jet à ski nautique. Planète Clay Borris. ?. RTL 9 Stéphane Hervé. Canal Jimmy Frank Morgan, Ray Bolger 15.00 La Destinée de mademoiselle 21.50 Faut pas rêver. 0.25 Arthur Rubinstein, (Etats-Unis, 1939, v.o., 105 min). TCM Simpson. Téléfilm. Joan Tewkesbury. 19.30 Appel d’air. Madagascar : Babou Films. Invité : Michel Bonduelle. un hommage. TMC COURTS MÉTRAGES 20.50 Au cœur du mensonge aa 16.35 MNK, A toi l’actu@. France : La voix des sonneurs. Claude Chabrol (France, 1998, 20.30 Black & Blue. Inde : Le village des enfants tibétains. 0.40 L’Aventure de l’art moderne. 0.25 Histoires courtes. Spéciale 115 min) %. TSR 17.50 C’est pas sorcier. Invité: Georges Paczynski. Invité : Manuel Poirier. France 3 [7/13]. La nouvelle réalité. Histoire Clermont-Ferrand 2001. Le Page de 21.00 L’Arnaque aa 18.15 Un livre, un jour. 21.30 Cultures d’islam. 22.40 Bouillon de culture. garde. Eric Mahé. & ; 0.55 Une vie George Roy Hill (Etats-Unis, 1973, 18.20 Questions pour un champion. Le Caire : site pharaonique. Elle et lui : enfer et paradis. SPORTS EN DIRECT d’ici. Lionel Mougin. &. France 2 v.o., 125 min) &. Cinétoile Invité : Jean-Pierre Corteggiani. Invités : Pierre Assouline, Anne 18.50 Le 19-20 de l’information, Météo. 22.12 Multipistes. Bragance, Jean-Paul Enthoven, Annie SÉRIES 21.00 Conseil de famille aa 20.10 Tout le sport. Ernaux, François Ozon, Charlotte 14.00 Tennis. Tournoi messieurs de Milan. Costa-Gavras (France, 1986, 20.25 Mezrahi et ses amis. 22.30 Surpris par la nuit. Rampling, Robert Dessaix. France 2 Quarts de finale. Eurosport 100 min) &. Ciné Cinémas 2 A House in Bali, Colin McPhee. 20.40 Thalassa. Thalassa en Polynésie. 19.25 Frasier. Déprime. &. Série Club 0.05 Du jour au lendemain. 23.10 La Nuit du Net. 17.30 Ski. Championnats du monde. 21.00 Chungking Express aa 21.50 Faut pas rêver. Stars on Line. Fan de... Stars sens Slalom du combiné dames 20.15 Friends. Celui qui avait Wong Kar-Wai (Hongkong, 1994, dessus dessous. La nuit du Net teste (1re manche). de grands projets. RTL 9 100 min) &. Cinéfaz 22.50 Météo, Soir 3. FRANCE-MUSIQUES le web. Comment devenir Miss Net 20.30 (2ème manche). Eurosport 20.45 New York District. Papa est parti. 22.30 L’Horloge aa 23.35 On ne peut pas plaire France ? Les Net délires de la nuit Affaire de famille. 13ème RUE à tout le monde. du Net. Invités : Séverine Ferrer ; Vincente Minnelli (EU, 1944, N., 18.00 Le jazz est un roman. Jean-Marie Bigard ; DANSE 20.55 Nestor Burma. v.o., 90 min). TCM L’auberge des songes. Estelle Desanges. M6 N’appelez pas la police ! France 2 CANAL + 19.07 A côté de la plaque. 23.15 Sans aucun doute. 18.15 Stabat Mater. Ballet. 22.50 La Vie à cinq. Expulsion. &. Téva 20.05 Concert franco-allemand. Chorégraphie de Robert Cohan. 13.45 90 minutes. Concert enregistré par le Chœur J’ai perdu ma famille. TF 1 23.20 First Wave. L’héritage. 13ème RUE Musique de Vivaldi. Par le London 15.35 La Cape et l’Epée. et l’Orchestre de la MDR, dir. Howard 23.35 On ne peut pas plaire Contemporary Dance Theatre. 23.25 Taxi. [2/2]. Scenkees From Arman, Nathan Berg, baryton. 15.50 Rien à faire Œuvres de Haendel, Walton. à tout le monde. France 3 Avec Kate Harrison (Mary). Muzzik a Marriage (v.o.). Série Club Film. Marion Vernoux &. 17.35 Mickro ciné. 22.30 Alla breve. 22.45 Jazz-club. f En clair jusqu’à 21.00 Le groupe de John Abercrombie. 18.05 Futurama. 18.30 Nulle part ailleurs. RADIO CLASSIQUE 20.35 Allons au cinéma ce week-end. 18.30 L’Actualité musicale. FRANCE 2 FRANCE-CULTURE ARTE 21.00 Priorité absolue Film. John Terlesky &. 20.40 Les Rendez-vous du soir. 20.55 Nestor Burma 21.30 Cultures d’Islam 23.50 Khroustaliov, La jeunesse de Bach. 22.35 Aussi profond que l’océan a Œuvres de Bach, Pachelbel, Lully, Le sympathique détective de choc, La récente parution aux éditions ma voiture ! aaa Film. Ulu Grosbard &. Böhm, Reincken, Keisor, Buxtehude. qui, depuis 1991, a le visage de Guy Citadelles et Mazenod d’un livre- Cette œuvre politique sur la ter- 0.20 Arlington Road 22.50 Les Rendez-vous du soir (suite). Film. Mark Pellington (v.o.) %. Marchand, sera présent ce soir album collectif, Le Caire, dirigé par reur stalinienne, réalisée par Alexeï Œuvres de Beethoven, R. Schumann. dans un épisode complètement l’orientaliste ottomanisant André Guerman, déconcerta lors de sa 23.50 Khroustaliov, « relooké ». Adieu Florimond Fa- Raymond, est l’occasion pour sortie en salles, en 1998. Le sujet ma voiture ! aaa SIGNIFICATION DES SYMBOLES Alexeï Guerman. roux et Zavatter, jugés trop vieux. l’écrivain Abdelwahab Medded de n’était pas traité de façon réaliste, Avec Youris Tsourilo, Les codes du CSA Les cotes des films Parmi les jeunes et sémillants nou- consacrer quatre émissions, réali- mais selon un chaos d’images, avec Nina Rouslanova (Fr. - Rus., 1998, & a N., v.o., 145 min) %. Arte Tous publics On peut voir veaux venus, la commissaire Niel sées par Olivier Coppin, à la mé- une accumulation de plans bi- % Accord parental souhaitable aa A ne pas manquer 0.00 Capitaine sans loi aa ? Accord parental indispensable aaa Chef-d’œuvre ou classique (Elisa Servier). Autre détail pi- tropole de Saladin, Méhémet-Ali zarres et d’horreurs bouffonnes, Clarence Brown (Etats-Unis, 1952, 120 min). TCM ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + quant, Nestor, dont on avait re- et Sadate. Avec André Raymond, pour rebondir en tragédie amère. ! Public adulte DD Dernière diffusion marqué la calvitie, ne quitte plus Jean-Pierre Corteggiani, Sylvie De- Un effrayant tableau d’une Russie 0.15 Les Feux de l’été aa Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Martin Ritt (Etats-Unis, 1958, # son chapeau, même quand il dort ! noix et Mercedes Volais. livrée à la folie. 120 min) &. Ciné Cinémas 2 Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants 34

VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 Le mouvement de grève de la RATP La faute er par Pierre Georges était largement suivi jeudi 1 février IL FUT MINISTRE. Il fut prési- me enfin, furieux de voir et de dent du Conseil constitutionnel. devoir exposer devant la France Il fut et reste avocat. Et il est pré- entière cette partie de sa vie sen- Perturbations à la SNCF dans la région Rhône-Alpes venu. Et cela fait presque tout timentale où la passion l’aurait drôle de l’écrire, le prévenu disputé à l’intérêt. Et inverse- LE TRAFIC était très perturbé, troisième place lors des dernières M. Bailly rappelait dans son entre- « envisage » même de retirer sa Dumas s’est comporté, mercredi ment. jeudi 1er février dans la matinée, élections professionnelles, avait tien que l’année 2000 s’était tradui- signature de l’accord salarial à la barre, comme un sauvageon Roland Dumas a craqué. Vul- dans le métro parisien, le RER et initialement déposé un préavis de te par « 2 400 embauches, dont 2000-2001, puisque « la direction de justice traduit devant le tribu- gairement craqué. Sous ce qu’il a dans une moindre mesure, sur les grève, mais a finalement décidé 1 000 créations nettes d’emplois », ne le respecte pas ». Cette analyse nal correctionnel pour un vol à le droit de considérer comme un dessertes de bus en raison de l’ap- de le retirer, après avoir conclu tandis que « 6 000 embauches sup- est partagée par la CGT. l’arraché et qui, pétant les harcèlement. Sous ce que les pel à la grève lancé par la CGT (syn- avec la direction un « constat d’ac- plémentaires [étaient] prévues pour Ce mouvement ne suscite pas plombs à l’audience, maudirait magistrats avaient le droit de dicat majoritaire) et les autonomes cord permettant d’ouvrir des négo- la période 2001-2003 ». Quant aux seulement l’ire de M. Bailly. Dans et menacerait ses juges. Au ris- considérer comme un question- (deuxième organisation syndicale) ciations afin d’anticiper les recrute- salaires, « l’accord 2000-2001 garan- un communiqué envoyé mercredi, que d’en prendre une petite cou- nement resté sans réponse. de la RATP. Selon les pointages ments prévus dans le cadre des tit le maintien du pouvoir d’achat », l’Association des usagers de l’admi- che supplémentaire pour outra- D’une menace floue, il a dit tou- effectués par la direction de l’entre- 35 heures » qui doivent être mises a-t-il expliqué, en affirmant que nistration et des services publics ges à magistrats et menaces d’on te sa détestation, son exaspéra- prise après 9 heures, entre 20 et en place d’ici à 2003. FO et les syn- pour la période 1994-1999, «le (ADUA) a qualifié de « scandaleu- ne sait trop quelles représailles. tion, sa haine pour certains de 40 % de la circulation étaient assu- dicats indépendants n’ont pas salaire réel avait augmenté de plus se » la grève, dénonçant «le Insensé, incroyable et pour- ses juges. « Un jour, je vais m’oc- rés dans le métro à l’exception de déposé de préavis d’arrêt de tra- de 4 % pour 95 % des agents, et de mépris dont font preuve à l’égard tant bien réel. Roland Dumas, à cuper, moi, de certains magistrats la ligne 1 (La Défense - Château- vail. Les deux organisations syndi- plus de 8 % pour 75 % d’entre eux ». des usagers les syndicats » qui ont bout de nerfs, de colère, d’argu- et vous verrez ce qui se passera .» de-Vincennes) et 10 (Boulogne- cales majoritaires (CGT et autono- lancé ce mot d’ordre. « Une fois de ments, à bout de personnage Ce genre de déclaration, à Pont- de-Saint-Cloud - Gare-d’Aus- mes) représentent 60 % des per- « MÉPRIS DES USAGERS » plus, une petite minorité n’hésite peut-être aussi, a brisé le mas- l’audience, vaut généralement terlitz), où moins de 10 % des sonnels de l’entreprise. Balayant ces arguments, le syndi- pas à prendre en otage une région que et sa propre statue d’hom- condamnation. Elle valut ici des rames circulaient. Aucun train ne Mercredi, dans un entretien au cat autonome traction (SAT) a de plusieurs millions d’habitants me de marbre. Finie l’habileté excuses, acceptées par le tribu- circulait sur la ligne A du RER alors Parisien, Jean-Paul Bailly, président affirmé mercredi que les pour des motifs égoïstes », juge manœuvrière. Finis les assauts nal avec d’autant plus de magna- que, sur la ligne B, le trafic était de la RATP, estimait que les motifs 6 000 embauches prévues « repré- l’ADUA. Le trafic SNCF connais- de courtoisie féroce et inspirée. nimité que les juges pouvaient assuré à 85 %. Enfin, 60 % des bus de grève invoqués par les syndicats sentent le renouvellement des sait également quelques problè- Envolée la belle assurance nour- estimer que, faisant cela, ce pré- circulaient et la quasi-totalité des étaient contestables. Jean-Paul départs en retraite, des remplace- mes jeudi dans la région lyonnaise rie de tant de combats judiciai- venu-là avait commis plus qu’un tramways assuraient leur service. Bailly se déclarait « très préoccupé ments naturels et des effectifs néces- avec deux TGV sur trois sur la res et de tant de négociations écart de langage, une faute Les deux syndicats majoritaires de voir que de tels mouvements saires pour la mise en place des liaison Paris-Lyon et seulement un diplomatiques. Oublié le sang- majeure. de l’entreprise qui ont appelé à la [étaient] susceptibles, à terme, de 35 heures ». Quant aux salaires, TER sur cinq. Les grévistes enten- froid légendaire, la carapace blin- Cette audience, en effet, sans grève pour demander une amélio- freiner le développement de l’entre- « la direction a annulé deux fois la dent ainsi protester contre la ges- dée et élégante d’un homme de que l’on veuille ici se prononcer ration des conditions de travail et prise. Les motifs invoqués apparais- réunion de suivi prévue pour discu- tion par activité mise en place par pouvoir. sur le fond de l’affaire, il y a un une hausse des effectifs et des sent totalement disproportionnés par ter des conséquences de l’inflation la direction. Roland Dumas est tombé de tribunal pour cela, restera celle salaires, n’ont pas été suivis par rapport aux conséquences suppor- 2000, avant de décréter que la ques- toute sa hauteur, dans un instant où l’on aura vu l’ex-président du les autres organisations syndica- tées par les voyageurs et la RATP ». tion était close pour cette année- François Bostnavaron d’égarement, de fatigue et de Conseil constitutionnel atta- les. La CFDT, qui a ravi à FO la S’exprimant sur les effectifs, là », s’est indigné le syndicat, qui (avec AFP) colère pour n’être plus que ce quer, fureur en tête, « une justice qu’il est : un prévenu ne compre- qui ne chercherait qu’à salir com- nant plus ce qui lui est arrivé et me c’est devenu une habitude comment il en est arrivé là. Un dans cette République ». Une justiciable ne supportant pas audience qui, venant après de même l’idée qu’il puisse être récentes et tout aussi véhémen- jugé un jour et estimant simple- tes imprécations, dans une autre ment que ses juges sont unique- affaire, confirmera en quel res- ment voués et ligués à sa perte pect et quelle estime des gens dans une conjuration de palais. qui furent au pouvoir ou en Un plaideur sentant sa propre furent proches tiennent la magis- cause lui échapper et comme trature et la justice de leur pays. pris d’une fureur vengeresse à le Sous ces affronts, ces insultes, saisir et à dénoncer des magis- et mercredi, ces menaces, on trats dont il comprend trop, par peut douter que la justice trem- expérience, ce qu’ils lui veulent ble et reste immobile et silencieu- et ce qu’il lui font. Un vieil hom- se désormais.

Des soldats français de la KFOR blessés lors d’affrontements au Kosovo DIX-HUIT SOLDATS de la force la tête de la Minuk, a condamné les multinationale de paix (KFOR) et derniers incidents, les plus sérieux deux gendarmes ont été blessés, depuis des mois. « Il est inaccepta- mercredi 31 janvier, à l’occasion ble que la frustration et la colère au d’une troisième journée consécuti- sujet d’assassinats ethniques se ve d’affrontements avec de jeunes retournent contre la communauté albanais du Kosovo dans la ville internationale, a-t-il dit. La condi- divisée de Kosovska Mitrovica, a tion préalable pour prendre des indiqué la Mission intérimaire des mesures concrètes à Mitrovica est Nations unies au Kosovo (Minuk). que la violence se calme. » Des ren- La plupart des victimes, dont une forts militaires sont attendus à sérieusement touchée aux jambes, Mitrovica. appartiennent au contingent fran- çais de la KFOR qui contrôle le sec- « TESTER NOTRE DÉTERMINATION » teur nord de la province. Selon la En privé, les militaires de la Minuk, les soldats blessés ont tous KFOR disaient s’attendre à cette été la cible de jets de grenades lors explosion de violence. « Les deux de trois attaques en différents parties vont chercher à tester notre points de la partie sud de la ville. détermination à l’occasion du chan- Ils ont également reçu des cock- gement de commandement dans le tails Molotov et des pierres aux- secteur nord et à la tête de la quels ils ont riposté en lançant des Minuk », nous avait déclaré fin jan- grenades lacrymogènes et à percus- vier un officier de la KFOR. Le sion. Deux civils auraient égale- contingent français est souvent ment été sévèrement blessés, selon perçu par les Albanais comme favo- des sources médicales albanaises. rable aux Serbes et opposé à la réu- Comme la veille, un millier de nification de la ville qu’ils récla- manifestants s’étaient rassemblés ment. L’année dernière à la même pour protester contre les accrocha- époque, des affrontements compa- ges de lundi entre Albanais et Ser- rables avaient provoqué la mort bes, au cours desquels un jeune d’une dizaine de personnes, princi- Kosovar albanais de quatorze ans palement des Albanais tués par des a été tué et deux autres blessés. Serbes qui s’opposaient au retour Les affrontements de mercredi ont de réfugiés dans la partie nord. éclaté vers midi sur la partie sud du Des manifestations albanaises pont principal enjambant le fleuve avaient aussi dégénéré. Elles Ibar, qui sépare la partie nord (ser- avaient été organisées en mémoire be) et la partie sud (albanaise) de d’Albanais de Mitrovica victimes Mitrovica. Les heurts se sont ensui- d’un massacre commis par les for- te rapprochés de deux immeubles ces serbes en 1999. occupés par la KFOR. Hans Haekkerup, le successeur Christophe Châtelot (en janvier) de Bernard Kouchner à (avec Reuters)

DÉPÊCHES a CINÉMA : le film de Christophe Gans, Le Pacte des loups, a enre- gistré un bon début en salles avec 61 000 entrées à Paris et en banlieue le mercredi 31 janvier, premier jour de sa diffusion, sur 64 écrans dans la zone concernée. Il enregistre ainsi un meilleur score que les gros succès récents : Incassable avait débuté à 57 000 avec 48 copies, Dino- saures à 39 000 avec 49 copies, Le Placard à 36 000 avec 53 copies. On est loin pourtant du record établi par Taxi 2 (113 000 pour 54 copies), qui devance un trio de titres ayant reçu dès leur jour de sortie environ 90 000 spectateurs dans la capitale et sa périphérie : Independence Day, Men in Black et Star Wars, la menace fantôme.

Tirage du Monde daté jeudi 1er février 2001 : 483 683 exemplaires. 1-3 VENDREDI 2 FÉVRIER 2001

SCHOPENHAUER HISTOIRE LIVRE.COM La chronique de Roger-Pol Droit Analyses pionnières ou page VII page V témoignages essentiels, la Russie, des tsars autocrates à l'ère soviétique, au cœur de l'actualité éditoriale CLAUDIO MAGRIS page VI BERTOLT BRECHT LE MONDE DES POCHES page II page IV 16 pages D. H. Lawrence, état d’urgence

la vie en communauté, ancêtre du temps inconnue. Ce qui rend plus être de la supériorité de Joyce sur sa valeur et son prix alors qu’elle est mouvement New Age… Rien de précieux encore ce choix de lettres. Ces « Lettres » Lawrence, dans la lecture de cette honteuse. Et c’est dans ce roman que tout cela n’est absolument juste, L’excellente édition d’André Topia correspondance on est non pas j’ai été le plus loin. Moi, je le trouve mais les divers propos de cet étran- (avec préface, chronologie et biblio- – infime partie « du côté de Lawrence contre Joy- beau, tendre, fragile, comme le moi ge personnage pouvaient susciter graphie très complète) a été faite ce », mais en empathie avec cet dans sa nudité. » Il a été jugé incon- de multiples interprétations – pas d’après les Selected Letters of d’une monumentale artiste, exceptionnel lui aussi, qui venant et scandaleux, comme son totalement fausses non plus. Toute- D. H. Lawrence, choisies par James s’est battu toute sa vie, dans les dif- auteur, auquel il est peut-être l est peut-être le plus célè- fois, il manque à ce catalogue de T. Boulton en 1997 parmi les sept correspondance ficultés matérielles, pour laisser temps de rendre enfin sa tendresse bre des écrivains méconnus. Ou définitions ce qui permet la coexis- volumes de lettres de D. H. Lawren- qui lui tint lieu une œuvre, et dont les lettres les et sa fragilité. Iinversement. Quand on ne le con- ce (1). C’est une infime plus touchantes, sinon les plus apai- fond pas avec son contemporain partie de la monumen- sées, concernent son travail. (1) The Letters of D. H. Lawrence, T. E. Lawrence (Lawrence d’Ara- Josyane Savigneau tale correspondance de de journal – permettent « J’écris un autre roman (…). Dans réunies et éditées par James T. Boul- bie), on retient de D. H. Lawrence cet homme dont l’ex- ce livre-là, je suis enfin libre (…). En ton, Cambridge University Press, son dernier et sulfureux roman tence de ces contraires et fonde le istence, dès 1912, mais surtout à d’appréhender la figure fait, je me sens intérieurement assez 1979- 1993. (publié en 1928 et interdit jusqu’en désir de lire, voire de comprendre, partir de 1917, est marquée par un triomphant » (à E. M. Forster, 1960) L’Amant de Lady Chatterley et, ce furieux, ce paradoxal, cet impré- nomadisme aux allures d’exil. paradoxale 30 mai 1916). Une décennie plus LETTRES CHOISIES pour le reste, ignorant ses autres cateur, familier des prophètes de « Chez un être qui mena toujours tard, en 1927, quand son énergie de D. H. Lawrence. titres (souvent meilleurs), on se con- l’Ancien Testament : écrivain, stylis- une vie nomade et pouvait travailler d’un styliste magnifique est presque épuisée, sa vie presque Edition de James T. Boulton. tente des clichés : puritain scanda- te magnifique. sur un coin de table dans des lieux les consumée, Lawrence se dit néan- Choix de lettres, traduction leux, prophète apocalyptique, pré- Ce tissu de contradictions aurait plus impropres à la concentration, encore méconnu moins satisfait de son dernier livre, de l’anglais, préface fasciste, violent, chantre du sexe, dû attirer l’attention de manière écrit André Topia dans sa préface, L’Amant de Lady Chatterley : « Je tra- et notes d’André Topia, satyre à la barbe rousse, antisémite plus soutenue sur la complexité de [les lettres] représentent presque d’urgence –, c’est ce que Lawrence vaille toujours à la même chose : Gallimard, « Du monde entier », fasciné par la judéité, homme hosti- David Herbert Lawrence, fils de l’équivalent du journal qu’il était lui-même désigne comme sa « totale redonner à la relation sexuelle toute 240 p., 140 F (21,3 ¤). le à l’homosexualité avec un fanatis- mineur anglais, né le 11 septembre incapable de tenir, montrant le surgis- androphobie » : « Je dois dire que je b me forcément suspect, misogyne 1885 et mort quarante-quatre plus sement d’une voix dans toutes ses hais l’humanité. » Presque toutes les extrait de la plus belle eau, mais aussi pré- tard de la tuberculose. Pourtant, inflexions et ses dissonances. » lettres d’invective appartiennent à la curseur d’un certain féminisme bien qu’il soit mort en France, ce Ce qui frappe d’emblée, dans ces période de la Grande Guerre. Haine « Je sais que, vous aussi, vous croyez que cette volonté humaine détra- communautariste, apôtre de la libé- pays ne lui a jamais témoigné beau- textes qu’on lit comme en état d’ur- de la nation, proclamations pacifis- quée doit dominer la vie. Moi pas. Et c’est pourquoi je pense que ration sexuelle, de la célébration coup d’intérêt et une grande partie gence – probablement parce que tes, rejet généralisé : « Je hais à tel l’Amérique n’est ni libre ni brave, mais est un pays de petites volontés écologiste du retour à la nature, de de son œuvre y a été pendant long- beaucoup ont été écrits en état point “le public”, “le peuple”, “la étroites qui résonnent comme du métal, tout le monde essayant de société” que je suis possédé par une berner tout le monde, et un pays d’hommes absolument dépourvus du sorte de folie quand j’y pense. » véritable courage qu’est la confiance, la confiance en la spontanéité (7 avril 1916). Parallèlement, Lawren- sacrée de la vie. (…) Je vous laisse le pays de la Liberté – ce que j’en con- ce exprime son désir d’une vie autre, nais. Au printemps, je veux rentrer en Europe » (Taos, Nouveau-Mexi- qui l’amènera à rêver une commu- que, 27 septembre 1922). nauté, « Rananim ». A Bertrand Rus- « New York n’a pas changé : rigide, créature de la machine, contre sell, le 12 février 1915, il affirme : nature. Pourtant, c’est plus stimulant que l’Europe. C’est si mécani- « Nous devons nous libérer de la ques- que, il n’y a aucun sens de la mort. » (New York, 13 mars 1924.) tion économique (…). Il faut une révo- lution dans l’Etat (…). Désormais, un homme touchera son salaire, qu’il soit malade, bien portant ou âgé (…). Tous nos idéaux ne seront qu’imposture et hypocrisie tant que nous n’aurons pas brisé ces chaînes de l’argent. » Il n’est pas rare que, dans la même missive, coexistent vitupérations et descriptions éblouies du paysage, en Australie, au Mexique, en Angleterre même, pays que Lawrence n’aime guère : « La côte est absolument primitive : ces lourds rochers, comme de l’obscu- rité solidifiée, et les lourdes eaux, comme un premier crépuscule qui viendrait se briser contre les rochers et les laisserait inchangés » (1er février 1916, Cornouailles). Parmi ses contemporains, Lawrence s’est évidemment dési- gné un ennemi privilégié : James Joyce, qui lui rendait bien sa détes- tation et refusa même de le rencon- trer. Les grands écrivains savent toujours où est le véritable adversai- re. Cette haine réciproque amena, de chaque côté, des commentaires peu amènes sur le travail de l’autre. Ainsi D. H. Lawrence, en 1928, après lecture dans la revue transi- tion d’un extrait du Work in Progress de Joyce (qui allait devenir Finne- gans Wake), déclare-t-il à Maria et Aldous Huxley : « Ses citations de la Bible et tout le reste ne sont que des vieux mégots et des rognures de choux, tout ça marinant dans un jus de cochonnerie journalistique délibé- rée. » Le terme « journalistique » accolé à l’obscur objet de pure litté- rature qu’est Finnegans Wake ne manque pas de produire aujour- d’hui un délicieux effet comique.

BETTMAN/CORBIS Mais tout persuadé qu’on puisse II / LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 le feuilleton

de Pierre Lepape b littérature ne le leur apprend pas. » Ce qui ne veut pas UTOPIE ET DÉSENCHANTEMENT dire que les écrivains ne se trompent pas, ni qu’ils ne (Utopia e disincanto) trompent pas. Magris réserve les fleurs les plus épineu- de Claudio Magris. ses de son ironie à ces artistes et à ces intellectuels qui Traduit de l’italien par Jean se montrent souvent – il parle des événements du Koso- et Marie-Noëlle Pastureau. vo, mais en évoque d’autres – plus fermés, plus chau- Gallimard/L’Arpenteur, 450 p., 165 F (25, 15 ¤). vins et plus forcenés dans la haine que les politiques eux- Sur l’autre mêmes. Il est vrai que ça ne leur coûte que de l’encre. os yeux, écrit Claudio Magris, ne verront pas le e page en page, de lecture en écriture, Messie. » Il aurait pu dire que notre journée Magris trace les lignes de force d’une éthi- ne verra pas le Grand Soir. Les utopies, c’est que de la littérature. On entend déjà les cris un truisme, en ont pris un sérieux coup au d’horreur de nos esthètes libertaires et de Ncours du siècle qui vient de s’écouler. Nous savons face de l’Histoire nosD charmants professeurs de transgression. La mora- désormais qu’il ne faut pas être trop pressé. Certains le ! les bons sentiments ! Comme si Gide n’avait pas esprits courts en ont tiré une leçon à leur dimension : écrit là-dessus des phrases définitives ! Magris met les les utopies sont meurtrières et ceux qui rêvent encore choses au point : « Les écrivains qui aiment les provoca- de changer le monde sont de dangereux sociopathes tions sont souvent de braves garçons qui célèbrent la démo- qu’il faut chasser de la cité mondiale avant qu’ils ne pro- cratie mais critiquent comme il se doit le capitalisme, qui voquent de nouvelles catastrophes. Au cours des derniè- s’opposent au communisme despotique mais cultivent un res années du siècle, le Flaubert des Idées reçues aurait noble et vague socialisme libertaire. (…) Il n’y a certes pas pu augmenter sa collection d’un collier impressionnant lieu de blâmer cette moralité diffuse, appréciable même de perles hénaurmes. Enfilées, c’est nouveau, par des quand elle est hypocrite. (…) Mais pour affronter réelle- professionnels de l’écriture et de la pensée. Quelqu’un a que où se rencontrent l’Italie, l’empire austro-hongrois ment la toile de méchanceté dans laquelle nous sommes même pu parler, en 1989, de « fin de l’Histoire » sans Entre l’écueil de l’attente rhétorique et la Yougoslavie ne cesse de vagabonder entre les aires englués et que chacun de nous file comme une araignée provoquer une franche rigolade. Au moment même où, littéraires et linguistiques de sa région. Ses grands gîtes venimeuse, il ne suffit ni de la déclamation – même sincè- précisément, l’Histoire se dégelait. du pire et celui de la résignation d’étape se nomment Goethe, Thomas Mann, Nietzs- re – de bons sentiments, ni de l’éloge débridé de la trans- Tout se passe, explique Magris, comme si nous che, Hesse, Andric, Pasolini, Montale. Mais la frontière, gression, qui implique souvent un chaud et rassurant n’avions plus le choix qu’entre deux manières de penser bornée, entre ces deux conforts de comme il l’explique, n’a de sens que par ce qui lui est pathos sentimental ; même les prouesses les plus brutales l’avenir. D’un côté, le catastrophisme. C’est l’attitude extérieur. Voici donc convoqués aux agapes du rêve et et les plus noires de tant d’existence perdues, à la Genet, qui a la préférence des écrivains. On comprend pour- l’esprit, Claudio Magris dessine de l’ironie Cervantès évidemment et Borgès, Gontcha- sont souvent enveloppées d’une rhétorique affective qui quoi. Il permet une emphase, une grandiloquence, un rov et les romanciers d’aventures, des Indiens anony- rappelle[/LIRESUIT] Sans famille et émousse l’authenti- pathos, un sentiment de la crise dans lesquels la littéra- une troisième voie, où vivent ensemble mes et un Homère lapon, Dostoïevski et Tagore, Eras- que horreur de la réalité. » ture se sent dans son élément. Après s’être longtemps me et Luther, l’étrange testament moral de Linné et Magris nous promène dans les “vrais” livres : ceux faits les prophètes de la Grande Libération, nombre l’utopie et le désenchantement Ninon de Lenclos, qui savait ne pas vieillir. Et encore : qui, affrontant et traversant le mal, le négatif, l’âme à d’écrivains – parfois les mêmes – se sont reconvertis en une chronique de Noël, une photo du mois d’août, un marée basse, la perversion, l’aberration, l’abjection, la prophètes de la Grande Aliénation. Puisque la victoire pour se souvenir qu’il n’y a pas de recette, que l’échec éloge du copiage qui est une jolie réflexion sur la loi, cruauté de la vie et de l’histoire, le souffle du néant, du Bien n’advient pas, il ne reste que celle du Mal. est probable, que l’histoire est ironique, qu’elle n’avan- une conférence sur les conférences, un court essai sur peuvent retrouver le frisson salutaire de l’utopie, de la De l’autre côté, ce que Magris appelle les idéologies ce pas droit et même parfois semble reculer, que, com- l’usage des cosmétiques. Toutes les apparences d’un bonté et de l’espérance. molles, le « totalitarisme soft et gélatineux promu par le me l’écrit Sperber, celui qui se vante et se réjouit de la joyeux fourre-tout ou de ces morceaux de prose épar- Vision tragique, sagesse chrétienne, sans doute aucu- pouvoir des moyens de communication ». On appelle victoire devient facilement « un cocu de la victoire ». Le pillés dont le génie lucratif des éditeurs fait un ragoût. ne, plus baroque que moderne, un rai de lumière fragile aussi cela le « réalisme », le réel n’étant que la surface désenchantement « est une forme ironique, mélancoli- n est donc surpris par l’évidente unité de sur un chemin de ténèbres. Mais la leçon de Magris présente de la réalité pour laquelle on n’imagine aucun que et aguerrie de l’espérance ». l’ensemble. Elle tient d’abord au talent de n’est pas très éloignée de celle de Gide. Même amour avenir, aucun progrès, aucune espérance. Si elle existe Utopie et désenchantement, espérance d’une vraie vie Magris. Il est difficile de faire la part qui y de la vie, même foi dans les pouvoirs de l’écriture, encore, l’histoire ne s’invente pas, elle se gère. et désillusion, c’est aussi, note Magris, l’indivision qui revient à la fermeté de la pensée et à la même avidité de voyages, de frontières franchies, de ter- Analysant dans l’un de ses textes Quatre-vingt-treize, porte depuis plus de deux siècles l’histoire littéraire de Ofinesse de l’écriture, à la clarté du propos et aux char- ritoires sans cesse regardés de l’autre côté. Dans un de de Victor Hugo, où le romancier n’élimine aucune des l’Occident. « La littérature se pose souvent par rapport à mes de la digression, à la rigueur éthique et à l’enthou- ses textes, Magris parle de cette période, du début du contradictions entre la grandeur et l’horreur de la l’Histoire comme l’autre face de la Lune, laissée dans l’om- siasme esthétique. Magris est un maître dans l’art d’ac- XXe siècle aux années 1930, « où la littérature a atteint Révolution, « sujet de contemplation sombre, lugubre, bre par le cours du monde. Ce sentiment d’un grave déficit crocher le général au particulier, la vue d’ensemble à la une frontière avancée jamais dépassée depuis ». L’épo- effrayant, mais sublime », Magris oppose le roman épi- dans la vie et dans l’Histoire est l’exigence de quelque description d’un détail, l’envers à l’endroit. Comprenez que où les écrivains, de Proust à Musil, de Kafka à Joy- que hugolien à la grande offensive de l’idéologie molle chose de radicalement autre, d’une rédemption messiani- qu’il ne s’agit pas d’intelligence, ni de goût, ni de bien- ce, de Svevo à Thomas Mann, de Gide à Canetti qui a consisté à « réviser » l’histoire révolutionnaire que et révolutionnaire, manquée ou niée par chaque révo- écrire, toutes choses largement partagées, mais de la tenaient la dragée haute aux inventeurs de systèmes. pour discréditer, à travers l’épisode de la Terreur, le pro- lution historique. » Les grandes idéologies sont mortes, manière dont la littérature incarne ce qui, sans elle, Nostalgie du temps des « maîtres » ? Peut-être, à jet même d’une rédemption sociale et civile. Les peu- il reste la littérature. serait aussi vivant qu’une colonne de chiffres ou qu’une condition d’y ajouter, encore, un accent gidien : «Un ples désormais doivent vouloir ce que décident leurs Utopie et désenchantement est un recueil d’articles. A batterie de concepts. vrai maître est moins un père qu’un frère aîné, qui devient dirigeants. part deux ou trois textes plus anciens, ils ont été écrits L’unité du livre ne s’arrête pas là. Utopie et désenchan- vite un frère tout court. Peut-être qu’être un maître signi- Entre l’écueil de l’attente rhétorique du pire et celui par Magris au cours des dix dernières années. Ils ont tement n’est pas construit comme une suite de textes, fie, aujourd’hui plus que jamais, ne pas savoir qu’on en est de la résignation bornée, entre ces deux conforts de l’éclectisme des écrits de circonstance. La mort de Pri- mais plutôt comme un puzzle, forcément, nécessaire- un et ne pas le vouloir, s’oublier soi-même dans le dialo- l’esprit, Magris dessine une autre voie, celle où vivent mo Levi et les cent ans d’Ernst Jünger, une préface aux ment incomplet, où chaque pièce refléterait un aspect gue que l’on instaure avec un autre, le traiter en égal, sans ensemble l’utopie et le désenchantement, indissolu- œuvres d’Hermann Broch, une conférence – magnifi- de l’ensemble dans lequel elle s’insère. Chacune est un dédain, sans condescendance et sans préoccupations blement liés comme le sont Don Quichotte et Sancho que – sur l’idée de frontière, une suite d’études sur les récit de voyage dans la vie où l’on pourrait placer en pédagogiques, en n’hésitant pas, le cas échéant, à l’atta- Pança. L’utopie pour respirer, pour ne pas oublier l’His- récits du Grand Nord. Plus généralement, Claudio exergue ce constat de Leonardo Sciascia : « La plupart quer sans pitié. » toire, pour donner un sens à la vie ; le désenchantement Magris, écrivain de Trieste, ville-frontière quasi mythi- des hommes ne savent rien d’eux-mêmes et du monde si la Pierre Lepape L’identité européenne du Triestin Claudio Magris Le poids de l’histoire du Vieux Continent, confronté aux vertiges et aux délires de ses propres frontières, n’a jamais cessé de passionner l’auteur de « Danube », grand spécialiste de la Mitteleuropa. Rencontre au café San Marco

ais où donc a bien pu coup plus de liberté pour recréer ce passer Trieste ? Plon- qui s’y passe. » gés dans le brouillard L’évocation de cette enfance et comme dans un énor- des amis indéfectibles qui l’accompa- Mme bain de vapeur, la ville et ses gnèrent le fait encore sourire. Il se environs semblent avoir complète- souvient aussi de son premier vrai ment disparu. « Quel désastre ! », livre, un traité sur les races de soupire le chauffeur de taxi, poin- chiens, pour lequel il avait mis à sac tant un pouce indigné vers l’horizon la bibliothèque de son père. «Ilme blanchâtre. « Un bon coup de bora, fallait des images, pour illustrer mes voilà ce qu’il faudrait », renchérit-il articles. Je les découpais dans des en appelant de ses vœux le vent ouvrages, puis les collais avec un froid des Balkans. C’est qu’il aurait mélange de farine et d’eau. Au début, tant voulu vous montrer « d’un seul mon père a été furieux, puis il s’est coup d’œil » la vue sur le golfe de aperçu qu’il s’agissait d’une véritable Venise et la mer Adriatique, avec passion et il a laissé faire. Jusqu’au l’Italie d’un côté, la Slovénie de jour où il a vu que je prétendais, dans une note de bas de page, qu’un petit portrait chien espagnol – pour lequel j’éprou- « Turin (...), c’est là que vais de la sympathie – pouvait l’empor- ter au combat face au dogue de Bor- j’ai appris à réfléchir, deaux, que je n’aimais pas. Il m’a dit tandis que Trieste est le que je ne pouvais pas détruire sa lieu de l’enfance (...), j’ai bibliothèque pour dire des choses faus- ses. Alors j’ai effacé, avec mélanco- beaucoup plus de liberté lie. » Peut-être est-ce de là que vient pour recréer ce qui s’y son souci d’exactitude, qu’il appelle « une forme d’amour et de respect ». passe » MARTINE SIMON MARTINE SIMON Même lorsqu’il se tourne vers la fic- l’autre et plus loin, derrière l’avan- sonnage inaccessible, mais un hom- vieux messieurs lisent le journal, cha- mentée de mots allemands et slovè- ment, en passant par le remarquable tion, Claudio Magris met son cée formée par l’Istrie, la Croatie ! me proche – presque un ami que cun à sa place. Au-dessus de leurs nes, que Claudio Magris parle cou- Danube (L’Arpenteur, Prix du immense culture au service d’une Un monde enchevêtré, polyglotte, tout le monde connaît, surtout têtes, une ancienne pendule, suspen- ramment, y compris avec ses confrè- meilleur livre étranger 1988), par pensée qui ne se complaît pas dans pays de vignes, de terre caillouteuse depuis son passage de deux ans au due par deux chaînes de laiton, man- res universitaires – tout en s’affir- l’étude intitulée Trieste, une identité la subjectivité. « La vraie pensée, et de frontières plusieurs fois bous- Sénat (un exploit pour cet homme ge les minutes en silence. mant « jacobin » et révulsé par les de frontière (Seuil, 1991) ou par ses explique-t-il, c’est d’abord de prêter culées par l’histoire. Un monde que que rien n’attire vers la politique, micronationalismes. « Mais, oui, il deux beaux romans (Enquête sur un une grande attention à ce à quoi on Claudio Magris connaît mieux que hormis son sens du devoir, et qui SINGULARITÉS nous arrive de parler de Proust en dia- sabre, chez Desjonquères, en 1987 veut penser. » quiconque, avec ou sans brouillard. réussit à se faire élire sans campa- « Je passe beaucoup de temps dans lecte ! Pas en cours, évidemment, et Une autre mer, chez L’Arpenteur/ Raphaëlle Rérolle Qu’importe, d’ailleurs, le bonnet de gne électorale). « Quel type, non ? », ce café, j’y travaille avec plus de mais au café, très souvent. » La ville, Gallimard, en 1993), ce sont tou- brume laiteuse qui recouvre la ville : lance le conducteur en guettant concentration que chez moi. J’aime aussi, surprend par le mélange de jours les soubresauts de cette le lecteur de Microcosmes, l’un des votre réaction dans le rétroviseur. mieux recevoir mes visiteurs ici que façades autrichiennes et de maisons conscience déchirée entre Orient et livres en grande partie consacré par Au café San Marco, la caissière vous dans mon appartement, car là-bas italiennes. Tout, en ce lieu, rappelle Occident qui l’ont intéressé. Un Claudio Magris à sa ville natale (Gal- indique la table habituelle du « pro- j’ai l’impression d’imposer trop de moi- que l’histoire est passée dans un dilemme qui ne pouvait nulle part limard, 1998), sait à quoi ressem- fessore », signalée par un petit car- même. Et puis, ici, j’éprouve moins de sens, puis dans l’autre, emmenant la s’incarner aussi bien qu’à Trieste, blent les lieux bien avant d’y avoir ton « riservato », écrit à l’encre rou- mélancolie. » Claudio Magris est arri- ville dans un étourdissant voyage ville de son enfance heureuse. mis les pieds. Car il y a, chez cet écri- ge. Le coin de Claudio Magris se vé après avoir terminé son cours de immobile. Depuis toujours, Claudio Magris pui- vain né en 1939, une merveilleuse trouve dans l’angle d’une vaste piè- littérature allemande à l’université Le poids de cette histoire euro- se dans cette ville la plupart des manière de représenter les paysa- ce au parquet de bois sombre et au de Trieste. Souriant et modeste, ami- péenne, confrontée aux vertiges et personnages et des lieux qui servi- ges, les gens et leur histoire. Une plafond rococo, meublé de tables à cal. Et capable de vous parler avec aux délires de ses propres frontières, ront à alimenter ses livres. « Je suis gourmandise pleine de modestie, plateau de marbre et de banquettes humour de ce que signifie vraiment n’a jamais cessé de passionner aussi très attaché à Turin, qui fut le qui ne cherche pas à s’approprier les en moleskine. Ici, pas de musique le mot « cappuccino » à Trieste – Claudio Magris, grand spécialiste de lieu de mes études et où j’ai passé choses, mais à en révéler la nature intempestive, pas de conversations pas exactement la même chose la Mitteleuropa. Depuis sa déjà très énormément de temps, dit-il. Mais profonde, par le biais d’une langue bruyantes. Les portes ont des poi- qu’ailleurs, bien sûr. A Trieste, du classique thèse de doctorat (Le Turin, je l’ai en quelque sorte bâtie délicate et raffinée. gnées de cuivre transversales et les reste, rien n’est tout à fait pareil Mythe et l’Empire dans la littérature avec la conscience, c’est là que j’ai Le chauffeur de taxi ne s’y trompe lampes, des globes de verre blanc qu’ailleurs. A commencer par le autrichienne moderne, L’Arpenteur, appris à réfléchir, tandis que Trieste pas. « Il professore » n’est pas un per- dépoli. Des étudiants étudient, de dialecte (une base de vénitien, agré- 1991), jusqu’à Utopie et désenchante- est le lieu de l’enfance et que j’ai beau- littératures LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 / III b L’invention du frère La mort du frère aîné comme voie de rédemption : les romans d’Arnaud Cathrine et de Françoise Guillaumond affrontent l’ambiguïté d’un amour fatal

me désaveu d’un amour illicite. LA ROUTE DE MIDLAND Auteur de deux romans remarqua- d’Arnaud Cathrine. bles – Les Yeux secs (1) et L’Inven- Verticales, 140 p., 75 F (11,43 ¤). tion du père (2) –, Arnaud Cathrine, vingt-sept ans, est un romancier TROP DE BRUIT DANS talentueux. D’une écriture nette et LE VIDE-ORDURES frémissante, il enserre la vie au de Françoise Guillaumond. plus près de ses hallucinations. Il Ed. du Rouergue, nous suggère, sans tapage, que l’in- « La brune », 150 p., ceste et le crime sont de périlleux 69 F (10,51 ¤). fantasmes avec lesquels il nous faut vivre : « Comprendre, toujours e roman d’Arnaud Cathri- comprendre… Là n’est pas le sel de ne rend heureux. L’intri- la vie. – Où est-il ? a demandé Will. gue n’est pourtant pas – Précisément dans votre question. optimiste, et les protago- Et je me suis demandé qui, autour Lnistes du drame ne sont en rien de cette table, pouvait bien se vanter des aventuriers enthousiastes. de l’avoir trouvé. Le sel de la vie. » Mais le lecteur jubile : enfin un Le grand frère d’Anna est son dieu, « vrai » romancier, se dit-il, un con- sa consolation, son seul désir. Fran- teur authentique qui invente des çoise Guillaumond – qui écrit pour personnages lucides, tendres et la jeunesse – signe son premier blessés, crée un décor de fin de par- roman pour adultes. Mais dans tie. Le temps s’arrête et la douleur Trop de bruit dans le vide-ordures, se repose : la mémoire décantée de récit âpre, violent et noir, c’est l’auteur rejoint notre légende. d’enfance qu’elle parle encore, fort Les premières pages nous inquié- bien et d’une voix calme et triste taient. On ne pouvait que penser à de petite fille résignée, à jamais une écrivaine, l’unique Carson perdue dans un corps androgyne McCullers. On craignait la fascina- qui refuse la vie. Le frère d’Anna tion stérile. Il n’en est rien : meurt. Aux souvenirs gris d’une Arnaud Cathrine n’ignore pas ses famille qui la rejette depuis sa nais- modèles littéraires. Il s’en détache sance, la jeune fille va substituer avec art. Singer, un jeune orphelin, les éclats de lumière furtifs que le est certes le double masculin de frère glissait dans son existence Frankie Addams, l’inoubliable ado- d’enfant mal aimée et malmenée. lescente questionneuse de The Françoise Guillaumond écrit au Member of the Wedding (Frankie scalpel, par touches sobres. Les DAVID SAUVEUR/EDITING POUR « LE MONDE » Addams, titre français) mais, clin portraits de la mère et du père sont d’œil rassurant, l’adolescent est en Will, jeune prof de lettres. Quatre Café où il faut apprendre à « savoir d’une cruelle précision. Comme train de lire La Ballade du café Tris- solitudes s’accolent, s’écoutent comment [se] résoudre à la fadeur dans les contes, sous les traits d’un te, un autre titre de McCullers. (magnifiques dialogues), donnent qui est en tout ». oncle lucide et bienveillant, appa- Adopté par Amy, rescapée de tant les apparences de la communica- Dans les interstices du dialogue, la raît la fée qui la sauve (presque). de naufrages, Singer rêve de deve- tion alors que chacun interroge ses vérité creuse son inéluctable fatali- Le dernier quart du livre, laborieu- nir boxeur pour abattre loyale- fantômes. Les vrais personnages té. Will se confie à Susan, la prosti- sement consolateur, gâche un peu ment son déjà lourd passé. Zach, sont les absents : les parents de Sin- tuée qui enregistre sur des bandes cette histoire de silence et de mort un Noir taciturne, meurtri par l’his- ger et Ray (trente-cinq ans), le frè- magnétiques les confessions des où s’enlise une petite fille privée toire de son peuple, veille aussi sur re de Will (trente ans) dont le cada- hommes. La double voix de Will et de cet amour que le frère reçoit le petit mâle. vre – métaphore des tragédies du jeune Singer – fratrie de la déli- sans partage. Frère tué (qui sait ?) La Route de Midland est plein de aveuglantes que l’on recouvre de vrance – alterne avec l’ancienne par le désir jaloux d’une sœur en lente fureur et de bruit assourdi. nuit – n’en finit pas de pourrir dans histoire de Will et de Ray, les deux mal d’identité. Un huis clos dans le désert du un cercueil, à l’arrière du van que frères qui ne savaient pas s’aimer Hugo Marsan Texas. Et, comme dans tous les conduit le cadet, fuyant au bout de et – c’est aussi la vieille rengaine road movies, la porte du café-gara- la terre. Où enterrer les souvenirs ? des hommes entre eux – ont suc- (1) J’ai lu, 1999. ge s’ouvre soudain sur un errant, Will s’arrête chez Amy, au Salt combé à la violence du sexe com- (2) Seuil, « Points », 2001.

SCIENCE-FICTION b par Jacques Baudou Les peines du bavard Eric Meunié raconte, en la déconstruisant, l’histoire D’un temps sur l’autre sentimentale malheureuse de son héros écrivain

qu’il parle à la première personne AUX FRONTIÈRES DU CHAOS CONFUSION DE PEINES – privilège que n’accepte pas tou- (Ai masjini del chaos) d’Eric Meunié. jours de lui accorder l’auteur. Il de Franco Ricciardiello. POL, 250 p., 125 F (19,06 ¤). s’agit donc de « gaiement raconter, Traduit de l’italien par Jacques Barberi, hardi, ardent, raconter l’histoire d’un Flammarion, « Imagine », 210 p., 85 F (12,95 ¤). ne part importante de manque essentiel qui devient doulou- l’esthétique contemporai- reux désir et se renonce en littératu- ’Ile des morts, d’Arnold Böcklin, est un tableau qui suscite la fascina- ne vise à démonter, à re ». Morose et néanmoins raison- tion (et qui a d’ailleurs fasciné aussi bien Lénine que Sigmund déconstruire l’œuvre plu- neur, bavard comme le héros de Freud). Mais celle qu’éprouve Vittoria Rossa Altieri, femme d’un tôtU qu’à s’en proclamer le bâtisseur. Louis René des Forêts dont il se universitaire qui applique à certaines périodes historiques la théo- Raconter des histoires, c’est se réclame, l’esseulé s’inscrira dans un Lrie du chaos, est d’une nature toute particulière qui l’entraîne, par un regarder les raconter, c’est démem- club de rencontres, où il croisera curieux phénomène de glissement temporel et de transmigration de l’esprit, brer et dénombrer les instruments trois femmes. La dernière, c’est Qua- à revivre les derniers jours du régime nazi dans le bunker confiné de la Chan- de la narration. L’effort du lecteur trième de Couve, alias Eminence cellerie, dans une très troublante situation de témoin. Mais quel est donc le sera évidemment proportionnel à Thénard, « douce et bien élevée, étu- lien entre le tableau du peintre suisse et ces fragments d’Histoire revécus celui fournit par l’auteur. Mais qui des supérieures, poste à responsabili- par une jeune femme portant – chose curieuse – les mêmes prénoms que la soutiendra que lire est toujours un té dans le domaine de l’édition… » fille du réalisateur Dario Argento ? C’est ce que tente d’élucider le héros de exercice reposant ? Cela tombe bien, pour un écrivain. ce récit érudit, dickensien et cependant solaire, qui n’a pour seul défaut Pour son premier roman, Eric Mais les choses s’enliseront, com- qu’une fin un peu abrupte, mais qui distille à chaque instant un plaisir de lec- Meunié illustre cet art destructuré me avec les deux précédentes. ture rare, grâce notamment à son mouvement de balancier temporel. – ou autrement structuré –, dont il Entre-temps, une foule de détails b LE MANDALA DE SHERLOCK HOLMES, de Jamyang Norbu n’est certes pas l’inventeur mais disparates trouveront place, d’une L’une des grandes énigmes de la sherlockologie est ce qu’on appelle le qu’il applique avec un scrupule manière récurrente et obsessionnel- « grand hiatus », la période qui sépare le duel avec Moriarty aux chutes de extrême. Sans concession, il s’est le, dans la narration : la cleptoma- Reichenbach de la réapparition de Holmes dans La Maison vide. Grâce à établi dans un lieu d’écriture para- nie du héros, qui vole des livres au Jamyang Norbu, nous savons désormais quelle étonnante aventure Sherlock doxal, acceptant ou recherchant le Forum ; son bonnet perdu (qui ren- Holmes a vécue au Tibet. Cela commence comme chez Conan Doyle par un dédoublement, ou même parfois la voie au chapeau de Brautigan) ; des meurtre mystérieux pour lequel l’auteur fait appel à l’une des « untold sto- multiplication, de son narrateur, allusions au goût littéraire du ries » ; cela se poursuit comme dans un roman de Rudyard Kipling traitant avant de le mettre en scène. D’où détail, chez Delerm ou Bobin… du Grand Jeu avec le savoureux personnage de Hurree, avant de tourner au cette « confusion » dans les « pei- « Mais quelle importance pour l’his- roman d’aventures exotiques avec l’arrivée des deux hommes à Lhassa, pour nes » : ici, celles du cœur et du sens. toire, seuls comptent les éléments de déboucher au final dans le fantastique ésotérique avec l’évocation du royau- Celle du sujet aussi et de la person- notre situation mentale : une atten- me mythique de Shambala du Nord et la quête de la Grande Pierre miracu- ne qui, grammaticalement, est cen- tion soutenue par les circonstances. » leuse. Ce fascinant roman devrait combler aussi bien les sherlockiens les plus sée la désigner – ce qui, dans le livre Sans cesse, il est question de com- fervents que les simples amateurs de mystère, (traduit de l’anglais – Inde – de Meunié, ne va jamais de soi. Der- mencer ou de finir l’histoire. « Mais par Marcelle Morin, éd. Philippe Picquier, 316 p., 128 F [19,51 ¤]). nier motif de trouble : la « conta- par l’effet d’une impatience brûlante b SONNE LE GLAS DE LA TERRE, de James P. Blaylock gion ». Une continuité imaginaire le fil clair du récit s’infléchit, je ne D’un auteur aussi singulier que James Blaylock, on ne saurait attendre existe entre le geste de lire et celui peux plus retenir la montée des com- un roman convenu, même quand il décide, pour célèbrer l’enfance, d’écrire d’écrire ; sans toujours s’en aperce- mentaires, du livre je retourne à un conte de Noël. Magnifique portrait d’une petite fille, Sonne le glas de la voir, on devient, écrivant, « voleur l’ouvrage, il faut inclure tout ce qui terre est aussi, derrière un rideau ténu de « chinoiseries », un traitement de paroles » ; on devient, par exem- m’en sépare, question de sincéri- original du thème faustien (dans lequel un pasteur joue un rôle pour le ple, le héros d’un roman de Richard té… » moins ambigu !) qui ne met pourtant en scène que des personnages ordi- Brautigan (Sombrero Fallout,oùun On pourra s’irriter du caractère naires, dans un environnement banal. Tout l’art de James Blaylock consiste homme voit un chapeau tomber du systématique et diffluent de l’histoi- justement, sans avoir l’air de rien, à injecter le bizarre et l’incongru, à des ciel et décide d’écrire le livre de la re que raconte – et surtout se racon- doses qui n’ont rien d’homéopathique, dans cet univers quotidien, jusqu’à petite Japonaise qui vient de le pla- te – Eric Meunié. Mais il sera en son parfait dérèglement, et de faire d’« une réunion de six personnes autour quer) ou encore Le Naufragé de même temps difficile de ne pas tirer d’un dîner » « un mystère profond et quasiment dénué de sens » (traduit de Thomas Bernhard. son chapeau (ou son bonnet, si l’on l’anglais – Etats-Unis – par Benjamin Legrand Denoël, « Lunes d’encre », « Il commence donc par le livre veut suivre le modèle du livre) 458 p., 145 F [22,10 ¤]). d’un autre. Le livre raconte comment devant une incontestable veine Il convient de signaler aussi deux ouvrages de référence : Les Pulps : l’âge il a été incapable d’écrire le sien. » romanesque et langagière, et aussi d’or de la littérature populaire américaine, de Francis Saint-Martin, chez Un homme et deux femmes : Têtue quelques morceaux de bravoure. Encrage, la première étude d’envergure publiée en France sur ce phénomè- et Douce. Il n’a su, ou pu, choisir. Il Après, on laissera décanter – dans ne éditorial ; et Aldous Huxley : le cours invisible d’une œuvre, de Françoise est seul. « J’ai l’âge de la maturité et l’attente du prochain livre. B. Todorovitch (Salvator, 149 F [22,71 ¤]). rien n’a mûri de moi », dit-il lors- Patrick Kéchichian IV / LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 littératures b Bertolt Brecht

Grand lecteur épique et de la Bible, comme Paul Claudel, le dramaturge allemand affirma : « Le théâtre épique ne combat pas distancié les émotions mais, drame intitulé La Bible. Il connais- sait à la perfection les Ecritures et au lieu de se borner il trouvait superbe la langue de Luther. à les susciter, Or sa vraie première pièce, c’est Baal. Il avait vingt ans et il s’était il les soumet à examen. » proposé de parodier un drame lors que, ici et là, expressionniste, Le Solitaire,de Ses « Ecrits sur on se demande si le théâtre de Hans Johst, aujourd’hui totale- le théâtre », rassemblés ABrecht a des chances de survivre, ment oublié. Le thème ? L’héroïs- il convient de laisser de côté, un me fondé sur la volonté de puissan- moment, ses pièces, ses théories, ce. Brecht – comme très souvent à par Jean-Marie Valentin, et sa poésie – que d’aucuns consi- l’avenir avec d’autres œuvres – a dèrent comme le sommet de son conservé le découpage du drame à montrent une face peu œuvre – pour retrouver l’homme, la manière d’un autre expression- le jeune poète qui va tourner le niste, le seul qu’il admirait : Georg connue de celui qui fut dos à la tradition européenne et Kaiser – et, surtout, il imita la explorer toutes les possibilités construction de Woyzeck, d’une ori- le vrai maître rythmiques « refusant » la mélo- ginalité surprenante à l’époque de die – bien que féru de Verlaine et Büchner. Et, comme Brecht met- de Walter Benjamin de Rimbaud, de François Villon et tait ses propres expériences en de Kipling. Et qui rêve de recréer parallèle avec la vie de ses modè- le monde sur une scène, de le les littéraires, il s’inspira de la vie « recevoir entier en héritage » : «Je errante de Verlaine et de Rim- mariage – et l’enfant finit chez les veux que toute chose me soit remise baud, avec leur poésie, leur violen- parents de son égérie, l’immense en main propre, y compris le pou- ce, leurs tendances homosexuelles actrice que fut Helene Weigel. voir sur les animaux… Egal à lui- –et« le crâne ingrat de Verlaine et Baal, encore : Brecht, après la même, jouissant au lit sans me sou- de Socrate ». Par parenthèse, dans fuite de son pays, en 1933, s’exile cier du lendemain, peut-être four- son deuxième ouvrage, Dans la jun- en France, au Danemark, en Fin- be, capable de vivre au-dessus de gle des villes, le personnage de lande, en Union soviétique et, mes moyens, assez indifférent, et George Garga ressemble à Rim- enfin, longtemps, aux Etats-Unis, tout à fait apolitique. » Bertolt baud et cite des vers de Rimbaud où il séjourna jusqu’en 1946. Un Brecht est né au sein d’une famille et de Verlaine, s’identifiant au poè- jour, à New York, il rencontre te des Illuminations. Klaus Mann et Frederic Prokosch. RUE DES ARCHIVES La pièce nous conte Brecht : « L’Amérique ! Une inven- Brecht en 1918 Hector Bianciotti l’histoire d’un mécani- tion de Kafka. Je suis persuadé qu’il cien, Baal, qui, au chô- n’existait aucune Amérique telle rait n’être qu’un préjugé. Il n’y a resta cinq ans. Le metteur en scè- celui de Brecht, alors que son rêve aisée, le 10 février 1898, à Augs- mage, s’est fait chanteur de caba- que celle de Kafka ; mais ils l’ont rien de plus stupide que de représen- ne dit qu’il n’a jamais entendu une était un théâtre objectif… bourg, en Bavière. Dans son ado- ret. Séducteur brutal et cynique, il pris au mot, et elle commence à ter Shakespeare de façon à le ren- seule fois en cinq ans prononcer le Pour finir, une anecdote : Wal- lescence, il préférait les « petites finit par tuer son meilleur ami. revêtir un air kafkaïen. » Dans son dre clair. Il est par nature obscur. Il mot « Verfremdung » (distancia- ter Benjamin disait à Brecht, à pro- gens » et il était attiré par l’art de Certains aspects de la vie de Vil- livre de souvenirs (1), Prokosch est matériau à l’état brut. » tion) au Berliner ; que, dans les pos de Kafka : « Kafka est le pre- la menuiserie : « Le travail des dif- lon, ses vagabondages et les cir- note ceci : « Nous commandâmes Le « théâtre épique » ? Brecht : techniques de jeu de Charlot, il y a mier écrivain communiste. » Et, du férents bois m’aurait plu ; de nos constances de sa mort, ont contri- tous des bières, et Brecht devint peu « On essaie souvent de faire croire tous les trésors d’une théorie tac au tac, Brecht : « Et moi je suis jours, on ne trouve plus guère de bué à la création de Baal, force ins- à peu philosophe. C’était un hom- ce qu’on ne peut pas prouver. On se brechtienne du jeu et que Brecht le dernier écrivain catholique. » bois d’ébène, ou laqué, comme ces tinctive, animale, – « aussi irres- me puissant et laid à la face bruta- réclame alors de son amour de la n’a rien inventé dans ce domaine. Or cette « forêt de variantes mul- belles boiseries, ces tables en érable ponsable que la jeunesse allemande le, aux yeux profondément enfon- vérité. Malheureusement, le vrai Et puis, qu’il aimerait voir « com- tiples » que sont les Ecrits sur le de cinq doigts d’épaisseur qu’il y des années 20 » –, qui rêve de cés, aux larges pommettes aplaties, n’est pas toujours le vraisembla- ment Brecht aborderait aujour- théâtre, de Brecht, a fini par com- avait chez nos grands-parents, vivre en plein accord avec la natu- avec frange sur le front. Son visage ble. » Et, bien des années plus d’hui ce problème qui est celui poser un ouvrage personnel, pour polies par les mains de générations re et cherche toutes les possibili- avait un aspect médiéval, comme tard : « Le théâtre épique, qui avait même du théâtre : l’homme est-il ne pas dire autobiographique, entières. Le spectacle de pareils une sculpture gothique, sur chêne, été jusque-là exclusivement un ins- dans lequel, comme le signale meubles vous rendait meilleurs. » non de saint mais d’abbé folâtre et trument de lutte, doit, pour se mesu- Jean-Marie Valentin, maître d’œu- En fait, la passion de la menuise- « La réquisition malveillant. Il possédait une espèce rer avec d’autres formes dramati- « Les écrits de Brecht vre de l’édition, « la fable, l’art du rie ne s’éteindra jamais en lui : lors de charme sauvage… Au fond, ques, se trouver des fondements comédien, l’imitation, l’illusion, la de sa première mise en scène du théâtre au profit c’était une brute, mais une brute esthétiques valables, sans rien per- sont les premiers pour reproduction du réel, la proximité – sans un sou ! –, il cherche et irrésistible. » dre de ses vertus combatives. » ou la distance (…) sont, parmi trouve le mobilier adéquat et, de la lutte des classes Lui demandait-on quelle était sa Lorsqu’il est arrivé à Berlin, sa lesquels, comme critique, d’autres encore, les axes que Brecht coup de génie, les entoure d’une pièce préférée ? Sans hésiter, il prise de position en faveur du a sans relâche examinés, à partir vaste toile de fond grise, qui allait risque d’empêcher répondit : Baal. Alors, Mann lui socialisme l’amena à s’intéresser j’ai pris parti sans desquels il a provoqué les dramatur- donner la poésie mythique de ses demanda s’il avait eu des expérien- au théâtre d’Ervin Piscator, lequel ges et critiques de son temps et décors, de ses images comme de l’avènement d’un théâtre ces homosexuelles. Et Brecht de orientait son art vers la politique réserve, parce que mon remis en question l’apport de ses lointaines photographies. (Lors- répondre : « Physiquement, non… – on était en 1926… –, en actuali- grands prédécesseurs ». que, dans les années 50, Strehler véritablement Mais il arrive que mon esprit fasse sant les pièces classiques, désireux évolution ces dernières Sait-on que le vrai maître de montait La Bonne Ame de des orgies… » Dans son Augsbourg de dramatiser l’histoire et les lut- Benjamin fut Brecht ? Ils se ren- Se-Tchouan et qu’on lui présen- révolutionnaire. » natal, Brecht passait souvent ses tes quotidiennes, alors que Brecht années s’est déroulée, contrèrent en 1929 et, pendant dix tait, planté sur la scène, le décor soirées chez un clown célèbre : souhaitait les « interpréter » et ne ans – jusqu’à la mort de Benja- de bambou dont il avait accepté la tés de l’ivresse : l’alcool, l’accou- Karl Valentin. Il admirait « sa logi- prenait pas le théâtre pour une ins- pour une part, en me min –, leur amitié fut intense. Ben- maquette, il ordonna de le refaire plement, le meurtre ; qui clame que distordue » et ses « enchevêtre- titution morale : « La réquisition jamin : « Les écrits de Brecht sont à l’identique, en bois, imitant le son mépris de la société et finit ments dialectiques » ; en fait, du théâtre au profit de la lutte des confrontant à eux les premiers pour lesquels, comme bambou, par des ébénistes. En par crever comme une bête aban- Valentin, Frank Wedekind – que classes risque d’empêcher l’avène- critique, j’ai pris parti sans réserve, l’honneur de Brecht.) donnée, dans une hutte de char- Brecht admirait surtout comme ment d’un théâtre véritablement et parce que, avec parce que mon évolution ces derniè- A quinze ans, Brecht écrivit un bonnier. Violence extrême – com- acteur par sa vivacité, sa mimique révolutionnaire. » res années s’est déroulée, pour une me Brecht ne montrera plus et son art de la diction – et Char- A la dénomination de « théâtre un tranchant plus vif part, en me confrontant à eux et jamais dans ses œuvres –, brutali- les Chaplin et ses arlequinades épique », assez brumeuse, s’ajou- parce que, avec un tranchant plus té de ton et, par moments, des can- mathématiques se trouvent à la te celle de « distanciation », si énig- que tout autre, ils font vif que tout autre, ils font compren- tilènes d’une paisible beauté : base du « théâtre épique » : par matique que Brecht n’a jamais dre les conditions intellectuelles qui « Quand Baal grandissait dans le « épique », il entendait une certai- réussi à la rendre claire – et utile. comprendre les entourent le travail de gens comme sein blanc de sa mère / Le ciel était ne objectivité, une tonalité (Comme disait Borges, l’Allemand moi dans ce pays. » Mais il disait grand et calme et blême… » dénuée de passion : « Le théâtre se sait destiné à un art de symbo- conditions intellectuelles aussi ce que tout un chacun pour- Si l’on s’attarde sur Baal, c’est épique ne combat pas les émotions les prémédités et de thèses polémi- rait dire en lisant ses Ecrits : pour une triple raison : il s’agit mais, au lieu de se borner à les susci- ques…) De sorte que, par « distan- qui entourent le travail « Brecht est un phénomène difficile d’une pièce magnifique et terrible, ter, il les soumet à examen. » Il vou- ciation », Brecht aurait entendu à saisir. » et elle fait penser irrésistiblement lait développer son désir de trans- que le spectateur et l’acteur de gens comme moi Hector Bianciot aux atrocités d’un certain Strind- former la réalité… demeurent à distance des person- berg, alors qu’elle est, du fond du Pensait-il à Shakespeare, qu’il nages représentés et qu’ils ne peu- dans ce pays. » (1) Voix dans la nuit, Fayard. cœur, de Brecht : et c’est l’œuvre aimait tant, dont il disait que son vent se départir d’une attitude cri- (2) Vsevolod Meyerhold ou l’Invention que l’auteur reprend d’abord, en public ne se ferait pas la moindre tique devant la réalité qui leur est Walter Benjamin de la mise en scène, de Gérard Aben- 1926 : Biographie de l’homme opinion de la pièce, mais beau- dévoilée ? Il se faisait raconter par son. Fayard, 1998. Baal ; puis, en 1929, Méchant Baal, coup de la vie en général ? Brecht des amis l’extraordinaire épopée au centre de l’Histoire ? Est-elle un (3) Interview de Bernard Sobel, par Ray- l’asocial. Et que, deux ans avant sa ne pouvait pas comprendre qu’on de Meyerhold – auquel les parti- processus sans sujet ? ». monde Temkine, Europe, n˚ 856-857, mort, en 1954, il décide de repren- lui reprochât de vouloir déclen- sans de l’art prolétaire repro- Et Sobel de se dire que le seul septembre 2000.[/REF] dre dans l’esprit du jeune homme cher, chez le spectateur, des prises chaient « son manque d’expérience qui ait essayé de tenir compte de qui l’écrivit – quoique obligé, par de conscience ne le touchant nulle- révolutionnaire ». C’est Meyerhold ces interrogations cruciales, c’est ÉCRITS SUR LE THÉÂTRE les circonstances politiques, ment pour le pousser à l’action. qui, sans le vouloir, avait suscité la Claudel, un pionnier : « Ce n’est de Bertolt Brecht. d’ajouter ce mot : « J’avoue (j’aver- Quant à Shakespeare… : « Shakes- théorie de la distanciation – et pas sans importance que Brecht ait Edition établie sous la direction tis) que la pièce manque de sages- peare, lui, n’a pas besoin de penser. qui, expulsé de son théâtre, arrê- été un grand lecteur de Claudel. de Jean-Marie Valentin, se. » Car Brecht n’aura jamais réus- Et pas davantage de construire. té, condamné à mort, fut exécuté Baal ne peut pas ne pas faire penser avec la collaboration si, malgré son communisme, à Chez lui, c’est le spectateur qui cons- en 1940 (2). à Tête d’or,niTête d’or à Rim- de Bernard Banoun, Jean-Louis effacer en lui le Brecht d’Augs- truit… Dans le désordre des actes Théâtre épique… Distancia- baud. Rimbaud, Claudel, Brecht, la Besson, André Combes, bourg, lyrique et redoutable, qui de ses pièces, on reconnaît le désor- tion… Par bonheur, dans une inter- transmission est évidente. (…) Ce Jeanne Lorang, avait horreur des grossesses et dre d’une vie humaine, tel que la view de la revue Europe (3), qui rapproche encore Brecht de Francine Maier-Schaeffer grondait les femmes qu’il avait raconte un homme qui n’a aucun Bernard Sobel met au clair bien Claudel, c’est que tous les deux et Marielle Silhouette, mises dans cet état. Aussi, lorsque intérêt à y mettre de l’ordre dans le des choses. Arrivé en visiteur au étaient de grands lecteurs de la Gallimard, « Bibliothèque de la celle de ses amies qu’il aimait bien seul but de doter d’un argument, Berliner Ensemble, dans les der- Bible. » Sobel dit encore qu’il n’y a Pléiade » (en collaboration avec se trouva enceinte, il esquiva le non tiré de la vie, une idée qui pour- niers mois de la vie de Brecht, il y pas de théâtre plus subjectif que L’Arche), 1 470 p., 470 F (71,65 ¤). LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 / V La chronique

de Roger - Pol Droit b On l’aura compris : la bonne L’ART D’ÊTRE HEUREUX Il s’est gaussé humeur est finalement la clé de A travers cinquante tout. Sans elle, les situations les règles de vie de l’illusion du bonheur. plus suaves rendent morose et (Die Kunst, glücklich zu sein) Schopenhauer tournent à l’aigre. Sa présence, à d’Arthur Schopenhauer. Bonne humeur suffit à tout l’inverse, estompe ou même effa- Edité et présenté ce toutes les duretés. Une pana- par Franco Volpi, le pessimiste cée, on vous dit. La bonne traduit de l’allemand humeur, conclut notre philoso- par Jean-Louis Schlegel, a pourtant cherché phe, « est le bien qui peut rempla- Seuil, 140 p., 85F (12, 95 ¤). cer tous les autres et qui ne peut être (En librairie le 7 février.) comment être heureux. lui-même remplacé par aucun autre ». un homme qui a écrit Le résultat Reste à savoir comment s’ob- « une vie heureuse est tient cette précieuse denrée. Les une contradiction dans est délectable indications données par Schopen- A les termes », on n’imagi- hauer se révèlent peu convaincan- nerait pas demander des conseils le hasard nous offre. C’est de tes. Il convient, dit-il, de tendre pratiques pour construire son bon- nous, principalement, que dépen- d’abord vers une « santé parfai- heur. Oser parler de bonheur à dent contentement ou affliction. te », la bonne humeur étant «la Schopenhauer aurait même paru, Retrouve-t-on là, simplement, le fleur » d’un corps en joie. Soit, au premier regard, plus ou moins thème stoïcien de la forteresse de mais on tourne en rond, puisqu’il inconvenant. Il a multiplié à son l’âme, du sage maîtrisant son vou- faut posséder déjà un heureux tem- propos formules assassines et affir- loir, capable ainsi d’être heureux pérament pour avoir souci de soi. mations sans nuances. On n’a que quelles que soient les circonstan- De même, quand notre joyeux pes- l’embarras du choix. Par exemple : ces ? Pas du tout. Car Schopen- simiste conseille, pour mieux les « Par nature, la vie n’admet point hauer place au centre du dispositif apprécier, de s’imaginer la perte de félicité vraie, elle est foncière- la « personnalité ». Vivre sans trop possible des êtres chers, de la san- ment une souffrance aux aspects geindre ne dépend pas d’un acte té, de tous nos biens, le conseil ne divers, un état de malheur radical. » libre et souverain. C’est une affaire vaut que pour les robustes. De tel- Et ce malheur est véritablement de tempérament, de complexion les pensées déprimeront aussitôt interminable : « Les efforts sans trê- intime. Subissant les mêmes coups les esprits fragiles. C’est pourquoi ve pour bannir la souffrance n’ont du sort, exposés aux mêmes maux, il faut dire clairement que cet « art d’autres résultats que d’en changer l’un s’accable, l’autre reste serein. d’être heureux » ne saurait être uti- la figure. » Ce n’est pas un hasard Se noyer dans le malheur ou flot- le à tous. Il s’adresse aux déjà si ce philosophe est l’inventeur du ter à la surface, assez gaiement, ne contents, aux bien prédisposés. Il terme « pessimisme » et l’auteur dépend que de notre constitution. leur rappelle, au cas improbable de ce constat fantastique : « Aujour- L’essentiel n’est pas ce qui arrive, où par étourderie ils l’auraient d’hui est mauvais, et chaque jour mais la façon dont on l’éprouve. oublié, que l’unique secret est de sera plus mauvais – jusqu’à ce que Un tempérament chagrin par- ne pas se vouloir autre. A chacun le pire arrive. » Rien d’étonnant, du viendra toujours à voir en noir la d’eux ensuite de suivre sa pente coup, à ce que Schopenhauer ait ture de ce texte – bien qu’il soit ina- que nous la trouvions non seule- hauer la condition première per- moindre anicroche. Il s’appliquera propre, connaissant ses forces et regretté explicitement que la Terre chevé, et reconstitué à partir des ment préférable au néant mais mettant de cheminer vers ce à ruminer la tristesse, à tout ren- faiblesses, ses capacités et ses limi- ne soit pas demeurée, comme la éléments dispersés dans les manus- encore positivement jouissive, et modeste état de moindre malheur. dre invivable. Celui qui a une bon- tes. Cela importe plus que le cours Lune, « à l’état de cristal glacé », ou crits posthumes – révèle une pen- donc éternellement désirable. Rien n’est pire, en effet, que de ne complexion saisira au contraire des événements : « En tout et pour à ce qu’il ait jugé que notre exis- sée lucide et cohérente. Voilà qui Schopenhauer persiste et signe : le s’obstiner à chasser un gibier qui dans les pires tourments les moin- tout on ne jouit à proprement parler tence « trouble inutilement la béati- demande quelques explications. seul fait de vivre nous expose au n’existe pas, et qu’on n’attrapera dres prétextes à quelque allégres- que de soi-même. » tude et le repos du néant ». Bref, si Comment peut-on nier la possibili- malheur et à l’insatisfaction, nous donc jamais. Comprendre que cet- se. Celui que guide la bonne Récapitulons. On ne saurait être l’on avait été éditeur, ce n’est pas à té même d’une existence heureuse ne faisons qu’osciller entre souf- te « chasse au bonheur » – Scho- humeur parvient en effet à ouvrir béat, on peut seulement être lui qu’on aurait proposé d’écrire et en même temps édicter des france et ennui. Mais cela n’empê- penhauer emploie l’expression, et fermer ses pensées presque à sa moins malheureux. Cette capacité un petit manuel de trucs et astu- règles pour y parvenir ? Ce gros che nullement que nous tentions qui se trouve aussi chez Stendhal – guise. La réalité n’étant qu’un est innée. Elle dépend d’une sorte ces, dans le genre « Comment être mystère s’évanouit dès qu’on préci- par tous les moyens efficaces de ne peut aboutir, voilà le premier mélange permanent de douceurs de prédestination, qu’on peut ima- heureux en dix leçons ». se que Schopenhauer ne dévelop- rendre notre existence moins dou- pas pour devenir, peut-être, heu- et d’amertumes sans aucun ordre, giner biologique ou psychologi- Eh bien, l’on aurait eu tort ! pe qu’une conception négative du loureuse. Comme il le précise lui- reux – au sens relatif et restrictif, un des secrets de la joie quotidien- que. Les conseils de sagesse ne Schopenhauer n’a cessé, sa vie bonheur : absence de souffrance, même, « “vivre heureux” peut seule- mais réaliste, qui vient d’être préci- ne est de cloisonner : « Il nous faut s’adressent qu’à ceux qui peuvent durant, de rassembler les éléments plutôt que multiplication des plai- ment signifier ceci : vivre le moins sé. Quelques autres étapes sont réfléchir à toutes choses en son les appliquer. Le pessimisme est d’un tel guide. Il l’entame en 1822, sirs. L’existence humaine, à ses malheureux possible ou, en bref : suggérées chemin faisant. Par temps, en avoir souci, en profiter, la sauf. Le bonheur aussi. pour se réconforter lui-même yeux, ne peut devenir véritable- vivre de manière supportable ». exemple celle-ci, essentielle : ces- supporter sans nous préoccuper le Roger-Pol Droit après l’accueil glacial réservé à son ment une bonne chose. Elle ne sau- Il convient d’ajouter que l’aban- ser de croire que le bonheur moins du monde de tout le reste – il œuvre majeure, Le Monde comme rait se révéler capable de nous don du vain espoir d’accéder à la dépend des circonstances exter- faudrait pour ainsi dire avoir des e Signalons la parution en poche de volonté et comme représentation et apporter des satisfactions assez félicité – l’intense, la durable, l’im- nes, du plus ou moins de désagré- portes coulissantes dans nos pen- Philosophie et Science, de Schopen- l’échec de ses cours à Berlin. La lec- intenses et assez régulières pour possible – constitue pour Schopen- ments ou de bonnes fortunes que sées », dit joliment Schopenhauer. hauer (Le Livre de poche, nº 4654). Quand l’Amérique se déprend de Marianne Un savant au service de l’Etat Denis Rolland analyse, de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe siècle, les causes du déclin A partir d’archives inédites, François Pairault nous du rayonnement politico-culturel français dans les pays latino-américains. Un exercice de lucidité fait redécouvrir le géomètre Gaspard Monge (1746-1818)

les projets de réforme étatique des image ambiguë de la France com- sentation des films français confir- système métrique et du calendrier LA CRISE DU MODÈLE nations latines du Nouveau Mon- mença à gagner dès les années 20, me pleinement ce diagnostic. GASPARD MONGE révolutionnaire. Bien qu’opposé à FRANÇAIS. MARIANNE de. non sans lien avec les mouve- Denis Rolland est également Le fondateur de Polytechnique la Terreur jacobine, il échappe à ET L’AMÉRIQUE LATINE. Comme l’indique son titre, ments nationalistes de droite. L’ac- attentif à l’image que les intellec- de François Pairault. l’échafaud et se replie sur l’ensei- de Denis Rolland. l’ouvrage se veut avant tout une tion éducative des institutions fran- tuels et les politiques français ont Tallandier, 524 p.,150 F (22,87 ¤). gnement. Il fonde l’Ecole centrale P. U. de Rennes-Institut étude de la « crise » qui a ébranlé çaises contribua fortement à sa construite des réalités sociales des travaux publics, qui deviendra universitaire de France, dans la première moitié du XXe siè- création. D’un côté les organisa- latino-américaines. Celle-ci fut, ’en déplaise au tribunal l’Ecole polytechnique. Pour lui, la 466 p., 170 F (25,92 ¤). cle cette influence culturelle et poli- tions laïques, soutenues ou subven- aussi, une image divisée – en ce révolutionnaire, la Répu- science doit se mettre au service de tique de la France en Amérique lati- tionnées par la France, mainte- cas entre une Amérique indigène blique avait besoin de l’Etat. es intellectuels latino-amé- ne. Mais c’est également un travail naient l’idée traditionnelle de la et une Amérique blanche. Ce cor- N savants. Elle conçut sou- Puis, c’est « la » rencontre. A cin- ricains sauront gré à Denis documenté et original sur l’avant, Marianne républicaine, porteuse pus de représentations et d’idées vent la réussite de son œuvre com- quante ans, le professeur tombe Rolland de leur proposer c’est-à-dire le temps de l’hégémo- des valeurs de liberté, d’égalité et rencontra le modèle français des me une somme de solutions rigou- sous le charme d’un petit général L des données, des textes et nie du modèle français, entre les de fraternité. Mais d’un autre l’en- Latino-Américains, contribuant reuses et scientifiques, loin de la au teint jaune, Bonaparte. Suivent des interprétations qui viennent années 1880 et la Première guerre seignement dispensé par les con- sans doute à son hégémonie puis à métaphysique. Partant, elle ne fit vingt ans d’amitié. Avec son idole, confirmer leurs propres intuitions mondiale. grégations religieuses venues de sa désintégration. Les noms d’An- heureusement pas même mine de Monge parcourt l’Italie et l’Egypte. mais en les transformant en des A partir de données statistiques France transmettait une vision dré Siegfried, Lucien Febvre et Fer- croire en la stupide saillie de Coffin- Là, il explore, invente, décrit (la connaissances solidement fon- solides, Rolland confronte le « gal- beaucoup plus conservatrice de nand Braudel illustrent ces trajec- nal, vice-président de la machine à théorie du mirage, notamment), dées. Aux opinions spontanées, licisme » mental des élites latino- l’héritage français, qui exaltait la toires croisées. Lévi-Strauss a don- condamner qui, en 1794, envoya fait même le coup de feu. Le géné- aux nostalgies idéologiques, il américaines avec la présence monarchie classique et les apports né la lecture la plus aiguë de ces Lavoisier à la guillotine. La plupart ral en chef va jusqu’à détourner l’ar- substitue un savoir sûr, à la fois his- démographique et économique spirituels et artistiques de l’Ancien perceptions réciproques d’une alté- des « savants » purent prolonger mée de sa marche sur Le Caire torique et sociologique. Un tel française. Le poids de l’émigration Régime à la civilisation chrétienne. rité que les uns et les autres ont leur œuvre, à la frontière entre pour sauver le scientifique. L’esti- déplacement ne devrait pas rester Les années 20 virent rapportée à une identité essentiel- recherche et politique. François Pai- me réciproque est si forte que Bona- sans effet pour que, à l’avenir, les aussi, sur le plan politi- le, enracinée dans le passé ou pro- rault corrige à son tour Coffinnal parte emmène Monge avec lui lors- relations économiques et culturel- José Emilio Burucua que, les progrès de la jetée dans l’avenir. dans une intéressante biographie qu’il abandonne l’armée d’Egypte les entre la France et l’Amérique pensée maurrassienne. Informé et rigoureux, ce livre de Gaspard Monge qui, malgré la pour rentrer prendre le pouvoir à latine soient mieux conscientes de française, les échanges commer- Accompagnée par les expressions aidera, de part et d’autre de l’Atlan- Terreur, put poursuivre une carriè- Paris. Le reste n’est qu’une suite de leur histoire et, de ce fait, plus ciaux, le volume des investisse- du malaise philosophique né du tique, à un déchiffrement plus re scientifique, administrative et travaux au service du régime napo- dynamiques et inventives. ments publics et privés entre 1900 sentiment de la décadence euro- exact des héritages et des incertitu- pédagogique, et mourir paisible- léonien et d’honneurs divers : Denis Rolland analyse avec préci- et 1940 permettent un constat fon- péenne, elle introduisit une repré- des du présent. Il contribuera à ment, à soixante-douze ans, le Sénat, Légion d’honneur, direction sion les avatars des images et damental. Comparées avec celles sentation violemment contradictoi- considérer avec une plus grande 28 juillet 1818. Voici donc l’histoire de Polytechnique, missions dans représentations de la France qui qui concernent les Etats-Unis et re du modèle français. Il est clair lucidité la relation, jamais brisée et d’un grand scientifique qui, non les départements, noblesse d’Empi- constituèrent, entre la mi-XIXe siè- d’autres pays européens (l’Espa- que la défaite de 1940 et la néga- toujours forte, entre la culture content d’être un mathématicien re. Monge préfère fuir Paris plutôt cle et 1945, un modèle politico- gne et l’Italie pour l’émigration, la tion du passé républicain qui fon- française et les nations de l’Améri- abstrait ne rechignant pas à une que de voter la déchéance de l’em- culturel comme un idéal de civilisa- Grande-Bretagne pour le commer- dait idéologiquement le régime de que latine. mise à l’épreuve concrète de ses pereur… qu’il retrouve aux Cent- tion pour les élites du sous-conti- ce et les investissements), ces don- Vichy lézardèrent profondément José Emilio Burucua découvertes, participa à la vie publi- Jours, ce qui lui vaudra d’être exclu nent américain. Celles-ci considérè- nées montrent que, y compris à les espérances de ceux qui, en Amé- que de son époque. de l’Institut, puis privé de ses pen- rent ce modèle et cet idéal comme l’âge de la critique du modèle, l’in- rique latine, avaient regardé le e Traduit de l’espagnol (Argentine) Les hors-d’œuvre de la vie de sions au retour de Louis XVIII. des références obligées pour tous fluence politico-culturelle de la modèle français comme un miroir par Roger Chartier Monge sous l’Ancien Régime ne On l’avouera, on connaissait mal, France a toujours été très supérieu- renvoyant le futur qu’ils dési- sont pas rien : enseignant, il met au hors ses grandes lignes, la vie par- re à son poids économique. La raient. Même si elle n’a duré que point la géométrie descriptive ; fois aventureuse de l’inventeur de Grande Guerre marque toutefois, quatre ans, l’intensité de la « ruptu- Chaque lundi avec curieux, il visite des industries et se la géométrie descriptive. Les Chaque samedi avec malgré la victoire et la glorification re sémantique » (Denis Rolland) mue en physicien ou en chimiste ; anciens essais le concernant de la République qu’elle inspira, fut telle que ni l’héroïsme mythi- pratique, il confronte ses découver- n’étaient plus accessibles au prome- 0123 un infléchissement décisif. Il en est que de la Résistance, ni le poids 0123 tes au terrain ; astucieux, il réalise neur historique. Ces travaux des signes patents : d’une part, les plus que séculaire de la référence la synthèse de l’eau « à peu près en avaient en outre une grave faibles- DATÉ DIM./LUNDI résidents latino-américains à Paris française ne furent suffisants pour DATÉ MARDI même temps que Lavoisier » ; inspec- se : les archives familiales inédites ne furent plus des membres de l’éli- restaurer après 1945 l’image tradi- teur de la Royale, il démontre ses des Monge n’avaient pas été exploi- retrouvez te économique ou politique mais tionnelle de la France. Celle-ci retrouvez qualités d’organisateur ; inlassable tées. François Pairault a eu la chan- des représentants de l’establish- avait d’ailleurs été minée dès voyageur, il témoigne dans ses let- ce d’en disposer. Même si on fera à ment littéraire et artistique ; avant la Deuxième guerre mondia- tres de la vie de la France de son l’universitaire limougeaud le petit LE MONDE d’autre part, dans le domaine des le par les ambiguïtés introduites LE MONDE temps. Lorsque éclate l’orage de reproche de s’être parfois contenté sciences, seule la médecine conti- par l’affrontement idéologique 1789, l’homme est déjà connu et de reprendre les inédits sans diversi- TELEVISION nua à attirer en France étudiants entre les deux France, la républicai- ECONOMIE reconnu. Les gouvernements font fier ses sources, François Pairault et spécialistes latino-américains. ne et la conservatrice. L’étude de appel à lui. Il devient ministre de la rend là public un trésor. Rolland démontre comment une la circulation des livres et de la pré- marine, participe à la fondation du Thierry Lentz VI / LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 essais b Nicolas Ier Une élite qui résiste à l’analyse tsar Comprendre ce corps social de l’Ancienne Russie que, par facilité, on appelle « noblesse » : tel est le défi courageux qu’a relevé sans visage André Berelowitch, au risque d’établir la vanité de l’exercice. Une approche passionnante gères aux usages occidentaux. réformatrice d’un Pierre le Grand. désignation d’Hugues Capet par table armature sociale, masquée NICOLAS Ier LA HIÉRARCHIE DES ÉGAUX Partant du même premier cons- Chasseur d’énigme, il essaie de ses pairs ? Sans doute pas si l’on par une aristocratie de cour trop de Henri Troyat. La noblesse russe tat, sans en partager la lecture suf- pénétrer de l’intérieur une logique s’en tient aux témoignages anony- visible. Perrin, 240 p., 125 F (19,06 ¤). d’Ancien Régime fisante, André Berelowitch entend sociale déroutante, où le monde mes. A les en croire – mais leur Berelowitch s’attache donc à d’André Berelowitch. aujourd’hui renouveler le regard des « nobles », intermédiaire compilation fut tardive –, pour établir le statut du noble, moins uand Victor Hugo tonne, Seuil, « L’univers historique », sur une sphère opaque, mystérieu- entre le monarque et le commun être légitime, un tsar doit être clairement lisible qu’en Occident. dans Les Châtiments, 480 p., 170 F (25,92¤). se à force d’étrangeté, et pour ce de ses sujets et intégré à des sphè- l’élu de son peuple, et non de la L’obéissance absolue au tsar contre le « tyran, vampi- faire ouvre le délicat dossier de la res multiples (les mondes de la seule aristocratie. Renouvelés à comme le fondement foncier re » dont « les deux moi- es philosophes des Lumiè- noblesse russe, d’Ivan le Terrible à cour, de l’administration, de l’Egli- chaque usurpation, les serments brouillent les pistes d’une compa- Q er tiés [du] funèbre empire » res excusèrent un peu vite Pierre I . Délicat en effet, le terme se ou de l’armée), est un objet pri- de fidélité, aussi nombreux que raison tentante. Multipliant les sont l’oppression et le désespoir, la la Grande Catherine de même de « noblesse » échappant à vilégié. Pour mieux défendre cette scandaleux – peut-on engager rangs de dignité et les règles de cible n’est pas « Napoléon le petit », l’absolutisme qui régnait la langue comme à la représenta- excellente option, Berelowitch devant Dieu sa parole en la réajus- préséance – l’auteur se sent obligé er L mais Nicolas I , tsar de toutes les en Russie, fascinés par cette atten- tion mentale du temps, entravant revisite d’entrée l’une des pério- tant en fonction des fluctuations d’en établir la « géographie » –, la Russies, des serfs et des forçats, dont tion à leur propre programme qui singulièrement les transferts com- des les plus confuses de l’histoire politiques ? –, ne sont pas le fait société nobiliaire obéit à des Henri Troyat propose un portrait justifiait presque ce qu’il est conve- me les comparaisons. russe – qui n’en manque pas pour- des seuls boyards. Car tous sont codes propres où, si l’honneur attendu tant la figure a échappé à nu d’appeler le « despotisme éclai- tant. acteurs ; certes la miraculeuse domine, l’arbitre suprême reste le l’exercice biographique. ré ». Comment cependant ne pas CHASSEUR D’ÉNIGME Reprenant scrupuleusement la résurrection du petit Dimitri peut tsar. Un tel fonctionnement, Fasciné par l’ordre et le modèle souligner combien l’absence de Chargé de conférences à l’Ecole crise dynastique, puis sociale, tenir du prodige ; mais bientôt la volontiers clanique, explique la militaire prussien, cet autocrate que « corps politique » dans cette socié- pratique des hautes études et nationale enfin que couvre la bru- réapparition d’héritiers tenus réticence du système à faire place le doute n’effleure que le temps – té russe, où la tripartition indo- auteur, avec Matei Cazacu et Pier- à de nouveaux venus, démunis de très bref – d’accepter en décem- européenne classique n’a pas eu re Gonneau, d’un répertoire mili- Le banquet du couronnement de Michel l’honneur d’un lignage où la bre 1825 la succession de son frère pour corollaire l’affirmation offi- tant, visant à désenclaver les étu- Romanov dans le palais à Facettes du mémoire des morts joue un rôle Alexandre Ier ne suscite guère la sym- cielle de trois ordres distincts, des sur l’Ancienne Russie, exclue Kremlin (11 juin 1613) capital. Gratuite et nécessaire, la pathie, ni la fascination. Aussi brutal interdit le « dialogue », et, par- généralement du champ européen La table d’honneur, à la gauche du tsar, est réser- rivalité nobiliaire se joue entre et résolu que son père Paul Ier –il tant, le terrain contractuel que les (1), André Berelowitch contribue vée aux prélats. Les laïcs siègent à sa gauche, à semblables et l’obsession de la pré- réserve le port de la moustache, penseurs occidentaux défendent. ici encore à bousculer la vision la table torte, mais c’est la forme de la table qui séance organise le monde, théâtra- impérativement noire, aux seuls mili- Perçue comme un invraisembla- admise sur un temps et un espace dit l’importance des convives. « On ne saurait lisé à l’extrême. Est-ce pour avoir taires –, le prince écrase sans pitié le ble enchevêtrement de grades, de longtemps négligés. Il y faut un récuser de façon plus claire toute espèce d’ordre méconnu ces enjeux tacites que le mouvement décembriste, champion fonctions et de catégories diverse- certain courage : d’abord parce abstrait, fondé sur des règles permanentes et Faux Dimitri (1605-1606), qui, un du modèle constitutionnel qu’il ment hiérarchisées, la société rus- que la plupart des outils dont impersonnelles. Les préséances moscovites obéis- siècle avant Pierre Ier, rompait abhorre, se veut omnipotent, sur- se échappe au modèle rousseau- nous disposons et des paramètres sent à une géographie paradoxale qui ne doit rien avec l’usage, s’habillant à l’occi- veille avec une délectation terrible iste, tel qu’il est défini dès que nous retenons d’ordinaire au droit. » (p. 320) dentale ou affichant une brutale Pouchkine et Gogol, mettant cruelle- 1762 dans son essai Du contrat pour évoquer la noblesse sont ici transgression de tabous immémo- ment en scène sa clémence lorsqu’il social : « Que des hommes épars inadaptés. Hormis pour les prin- meuse expression de « Temps des pour morts lasse moins qu’elle riaux, fut sacrifié ? Peut-être, gracie Dostoïevski. Soucieux de son soient successivement asservis à un ces, pas de titre mais des grades troubles » – la succession du fils indigne : tsar-bourreau à la façon d’autant que le réformisme image au regard de l’histoire, ce gen- seul, en quel nombre qu’ils puissent conférés à titre individuel et révo- d’Ivan le Terrible, apparemment d’Ivan IV ou tsar-victime (martyr abrupt du Romanov a pu échouer darme de l’Europe – que souligne être, je ne vois là qu’un maître et cables à tout moment ; une dépen- réglée par l’accession au trône de donc ou simple d’esprit), la marge sur le même écueil, naïve mécon- son surnom Nicolaï Palkine, « le bas- des esclaves, je n’y vois point un peu- dance si complète qu’elle induit son beau-frère Boris Godounov autorisée est étroite. Démasquée, naissance d’une loi secrète qu’un tonneur », – échoue à faire revivre ple et son chef. » une attitude servile infantilisante, (1598), se complique par l’appari- l’imposture relève du péché et la esprit étranger à une forme archaï- les rêves de Pierre le Grand ou de De fait, Voltaire, qui avait choisi mais nécessaire seulement au pied tion de prétendants usurpant fonction indûment occupée exige que du sacré ne perçoit pas. Catherine II, censeur menacé dans Pierre le Grand comme archétype du trône, le noble sur ses terres l’identité du petit Dimitri, prince une purification radicale qui bous- En s’essayant sans y parvenir une ère libérale dont il refuse la du grand homme contre la figure reproduisant sans états d’âme la martyr dont la survie miraculeuse cule une tradition ritualiste, réti- vraiment à élaborer un modèle contamination. Souverain sanglé du conquérant suédois Charles servitude tyrannique qu’il admet justifierait toutes les ruptu- cente à l’idée de réviser les règles russe de la noblesse, Berelowitch dans son uniforme de parade, l’hom- XII, stigmatise la pratique ances- du tsar. Se résoudre à lire là une res – l’historien pointe ce qui peut du jeu. Dès la désignation de Vas- entrevoit peut-être l’une des clés me manque de prise. « Il a beaucoup trale des Moscovites : « C’était le spécificité irréductible serait d’un redéfinir la légitimité du pouvoir, sili Chouïski (ici « Basile Sujskij »), les plus efficaces pour pénétrer le de masques, il n’a pas un visage », véritable gouvernement des Francs, paresseux ou d’une victime du fan- dès lors que l’usage ancestral est en mai 1606, il est clair que la monde russe. s’étonnait Custine en 1839. Troyat des Huns, des Goths et des Vanda- tasme du « peuple élu » encore à compromis ou entaché de suspi- monarchie russe prend un caractè- Philippe-Jean Catinchi semble aussi perplexe. Et ce volume, les », amalgame-t-il dans son His- l’œuvre au cœur d’un XIXe siècle cion. La règle de l’unanimis- re contractuel tout à fait neuf, nécessaire pour parfaire la galerie de toire de l’empire de Russie sous Pier- slavophile. me – la fiction de l’unanimité mas- même si ailleurs la formule est (1) Histoire des Slaves orientaux, des ori- portraits de la dynastie, en garde la re le Grand [1760]). Mais le préju- Résolument campé sur les posi- que mal les conflits d’intérêts et déjà largement éprouvée. gines à 1689, dirigée par Vladimir trace. Le drame d’un autocrate para- gé largement répandu, et un rien tions de l’historien – et scrupuleu- les rivalités familiales autour du Fruit d’une résistance ténue qui Vodoff, CNRS éd.-IRHT, 1998. lysé par son double désir d’être aimé méprisant, sur la « barbarie » des sement attaché à la rigueur de sa trône de Moscovie – vole en dépasse les clivages sociaux atten- (2) Berelowitch opte pour la savante comme un père et redouté comme sujets du tsar tient d’abord à l’in- méthode –, Berelowitch tente, lui, éclats sitôt qu’il faut désigner le dus, le sursaut patriotique qui con- transcription « Theodore Ivanovic », un maître reste à écrire. concevable rationalisation de pra- de cerner les normes d’un usage tsar qui succédera à Fiodor Ivano- duit à l’élection de Michel Roma- au risque de dérouter les lecteurs habi- Ph.-J. C. tiques politiques totalement étran- fortement ébranlé par la furie vitch (2). Faut-il comparer avec la nov en janvier 1613 désigne la véri- tués à d’autres normes lexicales.[/REF] Une famine programmée Le lieutenant Soljenitsyne témoigne Deux journalistes russes ont recueilli le témoignage des survivants de la répression Cinquante ans après, faisant retour sur le théâtre des combats où il était que Staline mena dès 1932 à l’encontre des paysans ukrainiens alors un jeune officier, l’écrivain rend hommage à ses frères d’armes

de barres de fer », qui pénètrent dans avait tué ses propres enfants. » où, jeune lieutenant-chef au brillant nom même (boï signifie le « com- 1933, L’ANNÉE NOIRE les moindres maisons pour y rafler Comment en est-on arrivé là ? DEUX RÉCITS DE GUERRE bagage universitaire, il fit l’expérien- bat ») pousse à l’allégorie. « A l’ar- Témoignages sur la famine jusqu’au dernier grain, semences Peut-on parler d’une « extermination d’Alexandre Soljenitsyne. ce de la « grande offensive » et de la mée, Pavel avait compris qu’il était en Ukraine comprises. Ces brigades sont préméditée de longue date » visant Traduit du russe fraternité des « cœurs purs ». Avec un soldat-né, que son unité était pour Traduits de l’ukrainien envoyées par Moscou, mais elles principalement les Ukrainiens en par Nikita Struve. un autre survivant chanceux de ces lui son vrai chez-soi. Que l’ordonnan- par Volodymyr Bojczuk, sont aussi, parfois, composées d’an- tant que tels ? Dans sa présentation, Fayard, 198 p., 98 F (14,94 ¤). campagnes meurtrières, Vitia ce de la guerre – s’exercer au tir, lever Kaléna Houzar-Uhryn et ciens voisins. La même scène, indéfi- Georges Sokoloff penche plutôt Ovsiannikov, lieutenant-colonel à la le camp, bouger avec les cartes et ins- Oles Pliouchtch, présentés niment, se répète : « J’avais neuf ans. pour la thèse du « drame à chaud », ouronné par un provo- retraite, l’écrivain reparcourt à pied tructions qui changent… – c’était ça, par Georges Sokoloff. Les parents absents, voilà que des montrant bien l’exaspération crois- cant prix Nobel de littéra- le théâtre des combats où il organi- la vie. (…) La guerre, c’est simple- Albin Michel, « Histoire à deux “invités” surgissent. Ils sondent sols et sante d’un Staline indifférent au ture en 1970, Alexandre sait les postes d’une percée en aveu- ment un travail sans jours fériés, sans voix », 488 p., 150 F (22,86 ¤). murs (…), nous demandent où papa a coût humain de sa politique, et qui C Soljenitsyne fut alors tenu gle. Au hasard des réminiscences, il congés, les yeux toujours sur le stéréos- camouflé la farine (…). Puis ils ont décide finalement de faire « passer pour un témoin exceptionnel par retrouve la jeune Iskiteïa, au pré- cope. Le groupe d’armée, c’est ta ’est difficile de se remémorer emmené la vache (…). Nous, les en force » ses priorités de collecte. nombre de ceux qui le découvrirent nom improbable, qu’il prend pour famille ; les officiers, tes frères ; les sol- ces choses, ça donne envie enfants, nous étions déjà bouffis. Mon Mais cette explication reste-t-elle à l’occasion de son arrestation, une ancêtre et dont il essaie vaine- dats, tes fistons, et chacun t’est parti- de hurler » : Vira est une plus jeune frère ne cessait de pleurer tenable alors que, au printemps consécutive à la publication hors ment de se faire reconnaître com- culièrement cher. » Dès lors la peur C survivante de l’effroyable et, à l’aube, il est mort. Dans la mati- 1933, les paysans n’ont plus rien à d’URSS de L’Archipel du Goulag me un ancrage nécessaire dans un n’existe plus, face au seul souci : famine provoquée par Staline en née, ce fut mon frère aîné, né en 1920. livrer puisqu’ils périssent en masse ? (1973), puis, par la lecture de cet ailleurs évanoui. Sans doute est-ce appréhender intelligemment la Ukraine au cours de l’année Ils étaient étendus l’un près de l’autre A ce stade, une logique du « châti- implacable réquisitoire contre l’uni- le germe de ce double retour sur un tâche à accomplir et la remplir au 1932-1933, bien étudiée par les histo- et maman pleurait. Ce même jour, ment » n’est pas, selon l’historien, à vers concentrationnaire soviétique, monde de fracas où même le silen- mieux. riens depuis près de deux décennies. dans la soirée, ma sœur a trépassé à exclure. Cette gigantesque famine traduit en français dès 1974 (Seuil). ce, dans les campagnes prussien- On sent chez le témoin Soljenitsy- On sait désormais que cette héca- son tour. Ils étaient trois maintenant, aurait permis au Kremlin de faire Son écriture âpre, sans effets lyri- nes, peut être assourdissant. ne une immense tendresse pour tombe fut le produit direct de la tous horriblement ballonnés. Et moi, d’une pierre deux coups : briser la ques, convenait si bien à la brutalité Face à la solidarité humaine tous ceux rencontrés dans l’épreu- guerre engagée par le pouvoir sovié- j’étais pareille. » Staline sait – des rap- résistance paysanne, mais aussi pré- de son propos (1) qu’une large part vécue dans les camps, le théâtre de ve. La délicatesse des plus rustauds tique contre le monde paysan, alors ports très précis l’en informent dès venir toute remontée du nationalis- du lectorat occidental y chercha la guerre a une grâce (mais le mot pour transporter un corps mutilé à son paroxysme. Dans la région la l’été 1932 –, mais il n’entend pas me ukrainien. moins l’écrivain engagé que l’un des est-il moins choquant que celui de mais vivant, l’absence de brutalité plus céréalière de l’URSS, ce brusque plier devant « l’ennemi ». L’armée On déplorera cependant quelques plus convaincants témoins à charge légèreté, qu’on n’ose employer ?) pour accueillir un transfuge alle- durcissement de la politique de ter- ceinture la région, des barrages lacunes, surtout dues à l’absence de contre le totalitarisme soviétique. unique. Pendant de l’évocation de mand sur le front prussien (et cette reur et de réquisitions systématiques empêchent de fuir vers les villes. cadrage intermédiaire : la préface, Déchu de ses droits civiques com- la percée sur Neroutchi en Russie effarante surprise d’orienter les bat- va entraîner, en quelques mois, la certes éclairante en soi, est ainsi tota- me de sa citoyenneté, Soljenitsyne centrale (« Au hameau de Jeliabou- teries d’artillerie vers l’est, pour cou- mort de 4 millions de personnes. DRAME À CHAUD lement décrochée des témoignages fut finalement expulsé (1975), ga »), « Adlig Schwenkitten » est per le territoire allemand en deux, A l’instar des quelque 200 autres Cela donnera ces hallucinantes bruts, livrés tels quels au lecteur. Sur optant pour la Suisse, puis les Etats- plus explicitement encore un comme le seul indice tangible que la rescapés qui témoignent ici, Vera a visions de fin du monde qui se succè- quels critères ces textes ont-ils par Unis, avant de retourner dans son vibrant hommage à des hommes phase finale est réellement amor- répondu à l’appel lancé, à la fin des dent au fil des témoignages : un défi- exemple été sélectionnés ? Avec pays quelque temps après l’effon- exceptionnels qui furent ses frères cée). Même si le sens critique n’est années 80, par deux journalistes de lé de villages silencieux, décimés par quelles précautions aborder les sou- drement du système communiste d’armes. Le récit est du reste dédié, pas émoussé, pas plus en 1943 («Le Kiev, Lidia Kovalenko et Volodymyr familles entières, d’ombres faméli- venirs, forcément en partie recons- (1994). cénotaphe littéraire, « à la mémoire commandement n’arrive pas à faire Maniak (ils collecteront, en tout, ques rendues monstrueuses par la truits, d’un enfant de cinq ou six C’est à ce retour que l’on doit ces des commandants Paul Boïev et Vla- sienne cette loi ! S’ils avaient un peu plus de 6 000 témoignages). La force faim, de routes jonchées de cada- ans ? Et pourquoi avoir relégué en deux textes, « récréation » d’un écri- dimir Balouïev ». Boïev était déjà là de jugeote »…) qu’en 1995 (« C’est de se souvenir, elle l’a puisée dans vres. Les champs de blé surveillés annexe les décrets, ou les rapports vain qui poursuit son grand œuvre : lors de l’épisode de Jeliabouga. tout le dispositif du pays qu’il faudrait l’injonction de ce vieil homme aper- par des miradors ; les rats et les qui affluaient vers Moscou au La Roue rouge, vaste fresque histori- C’est lui qui arrache Sacha (Alexan- assainir. Qui le ferait ? Des hommes çu au-dessus de la fosse à cadavres : chiens qu’on s’arrache ; les humains moment des faits, pourtant essen- que conçue en « nœuds » de la failli- dre) à l’hébétude où l’a plongé quel- qui en seraient capables, on n’en voit « Ma fille, tu survivras. Alors regarde réduits à se nourrir de feuilles, et sur- tiels à la compréhension du proces- te de la Russie traditionnelle, dont ques heures plus tôt la mort du guère. Il y a longtemps qu’il n’y en a dans cette fosse, raconte à tout le mon- tout l’extraordinaire violence au quo- sus de prise de décision ? Autant de le projet remonte à 1936 et dont la jeune Andreïachine, « brave gars au plus en Russie. Il y a longtemps. ») de comment on a tué tous ces gens tidien générée par ce supplice collec- questions que cette édition laisse en patiente réalisation occupe les tren- teint basané, leste », qui « a grandi Comme si l’âpreté et le « furieux innocents. » Derrière l’abstraction tif. Les cas de cannibalisme, fré- suspens. On lui reconnaîtra cepen- te dernières années de l’écrivain en enfant abandonné, mais [si] appli- imprévu » de la guerre avaient des des chiffres, ces récits, qui se recou- quents, donnent lieu aux scènes les dant un grand mérite : celui de ne (Août 1914 sort en 1971). « Jeliabou- qué à la tâche ! », et qui vient de se vertus insoupçonnées. pent dans leur horreur chaque fois plus atroces du livre. Ainsi la dispari- pas avoir cherché à enrôler les morts jskie Vyselki » et « Adlig Schwenkit- faire déchirer par un obus, en le con- Ph.-J. C. singulière, ne nous restituent pas seu- tion de Liouba et Nastounia. « Elles dans quelque cause idéologique. ten » parurent conjointement en viant à des agapes de fortune (« Tu lement des voix, des visages. Ils nous avaient notre âge », se souvient Alexandra Laignel-Lavastine 1998 dans la revue Novy Mir – celle- comprends, c’est mon anniversaire : (1) Il avait été condamné dès 1945 à aident à mieux nous représenter l’im- Yvan, de la région de Vinnytsia. là même qui avait accueilli dès 1963 trente moins une. Et cette “une”-là, huit ans de bagne pour avoir critiqué placable enchaînement, au quoti- « Finalement, le président du conseil e Signalons : L’Insurrection paysan- La Maison de Matriona, Pour le bien qui sait comment elle va se passer ? Staline, et sa réhabilitation tardive, au dien, des différentes phases qui con- du village entre dans la maison, et au ne de la région de Tambov, luttes de la cause et L’Inconnu de Kretcheto- On ne pouvait pas remettre à plus terme d’un exil complémentaire duisirent à l’une des catastrophes bout d’un moment il en sort en tenant agraires et ordre bolchevik vka (publiés en français chez Jul- tard »). Urgence simple et forte (1953-1957) qu’il occupa à accomplir politiques majeures du XXe siècle. par les nattes deux petites têtes tran- (1919-1921), de Jean-Louis Van Rege- liard en 1966). A l’occasion du cin- comme la poignée de main de un projet d’écrire déjà ancien, ne fit Tous commencent par raconter le chées à la hache. Il les avait trouvées morter (éd. Ressouvenances, 212 p., quantenaire de la victoire de 1945, Boïev (« On était heureux de serrer pas rentrer en grâce ce héros de la sadisme des « extorqueurs », « munis dans le poêle. Oleksa Kojoukhivsky 120 F [18,29 ¤]). Soljenitsyne est invité à retourner là une main comme la sienne »). Son guerre patriotique.[/REF] enquête LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 / VII b Les éditeurs apprivoisent la Toile

’était il y a vraiment un Laffont a joué un rôle de pion- égalité avec les plus grandes siècle. Un an plus tôt Passé le temps nier au sein d’Havas. Car chez structures. Les recherches peu- seulement, en 1999, un Vivendi Universal Publishing, les vent réserver des surprises. Ainsi tour d’horizon des sites des interrogations, sites Internet vont moins vite un visiteur est arrivé chez POL en InternetC des éditeurs français que les discours sur le multimé- ayant tapé comme mot d’entrée : tournait rapidement court. La de nombreuses dia. L’autre grande maison de lit- « chaussure ». C’est le titre d’un plupart n’en avait pas. D’autres térature, Plon, n’a pas encore de recueil de Nathalie Quintane. On se contentaient d’un historique maisons d’édition site. Il est en prévision pour le ne sait si la pointure convenait à de la maison et d’un mot du prési- premier semestre et devrait être l’internaute. dent sur le bon usage des nouvel- françaises se précédé par celui de sa filiale Per- Pour Jean-Jacques Augier, les technologies. L’an 2000 a été rin, spécialisée dans l’histoire. PDG de Balland, qui s’apprête à électronique. Le monde de l’édi- lancent sur Internet, Xavier de Bartillat, directeur ouvrir son site, Internet est l’occa- tion a croulé sous les informa- général de Plon et de Perrin, veut sion de réaliser des tests. « Cer- tions et les effets d’annonces : outil d'information créér un « site pour les passionnés tains livres sont devenus introuva- e-book, cartable électronique, d’histoire », en créant des liens bles. Nous allons les remettre à la encre électronique, débarque- ou de promotion, entre les livres pour faciliter le disposition du public en télécharge- ment d’Amazon.com, mariage travail des chercheurs. La vitrine ment, de façon payante ou gratui- raté entre Gallimard et Bibliopo- la vente en ligne d’Havas (havas.fr) est des plus te, pour tester les réactions du lis, impact des expériences de Ste- sommaires. Le site de télécharge- public. » Il a également des pro- phen King sur le Web, etc. restant pour l’heure ment payant epocket.fr a plu- jets autour de la collection « Le A chaque fois, la réaction face sieurs mois de retard. Rayon », dirigée par Guillaume à ces nouvelles est une impres- un sujet tabou Le site hachette-livre.fr est éga- Dustan. sion de trop-plein, d’excès d’in- lement peu clinquant, mais il « L’expérimentation reste enco- formations, un sentiment d’over- Vudunet, agence qui a conçu les doit être totalement refait dans re très marginale », constate Paul dose. Autant de façon de minimi- sites de Robert Laffont, XO, Fran- quelques semaines. Il propose Otchakovsky-Laurens, qui a inno- ser le problème, d’atténuer la ce-Loisirs, et travaille sur celui de des liens clairs avec les maisons vé en lançant un feuilleton de Jac- peur et les interrogations que sus- Plon, estime que « les maisons du groupe. Stock vient de met- ques Jouet, La République de Mek- cite Internet. Stephen King décrit d’édition commencent à ne pas tre les couleurs rose et bleu de Ouyes. Les connexions au site ont ce sentiment en faisant le bilan avoir peur d’Internet ». ses couvertures de livres sur la quadruplé, passant de 100 à 400 de son expérience mitigée sur Dans l’ensemble, l’utilisation Toile (editions-stock.fr). Gras- connexions par jour (pol-edi- Internet – il a en effet cessé la qui en est faite est peu spectacu- set (editions-grasset.fr) et teur.fr). Il n’a pas voulu faire parution de son feuilleton, The laire. Les éditeurs de bande dessi- Fayard (editions-fayard.fr) déve- payer le feuilleton, qui est consul- Plant, faute de paiements suffi- née ont conçu des sites riches et loppent leurs sites. « On est pous- table gratuitement sur Internet sants. Dans son récit, il imagine animés qui proposent des jeux, sé par les auteurs » constate Oli- et sera vendu dans les librairies une plante sauvage qui envahit des concours, des cartes postales vier Bétourné, vice-président de en septembre 2001. une maison d’édition de livres de électroniques, de nombreuses Fayard, qui annonce l’ouverture Comme l’a montré l’expérience poche. « Elle offre le succès, la animations autour de leurs d’un nouvel espace pour les de Stephen King, la question du richesse, la toujours désirable Plus héros. L’édition scolaire est bous- auteurs. Calmann-Lévy, Jean- mode de paiement déterminera Grosse Part de Marché. En échan- culée par Internet et devient un Claude Lattès ou encore Le l’avenir de l’édition en ligne, ge elle ne vous demande qu’un peu enjeu considérable pour les grou- Livre de poche ne sont pour le téléchargement. Une de chair… un peu de sang… et peut- pes de communication. Hatier pas sur Internet. autre question reste taboue en être une partie de votre âme », (filiale d’Hachette) a conçu un Paradoxalement, les France : l’achat des livres sur les écrit-il, dans Time du 18 décem- site remarquable (éditions- petits éditeurs sont propor- sites d’éditeurs. Cela devient fré- bre 2000, en précisant : « Les édi- hatier.fr), mais les deux groupes tionnellement plus présents quent aux Etats-Unis ou en Angle- teurs et les gens de médias sem- Havas et Hachette annoncent sur Internet que les plus grands. terre. Ainsi, en cherchant des blent voir exactement ce genre de des portails éducation. Le Milia, De liens en liens se crée une com- informations sur The Beatles monstre quand ils contemplent le grand marché du multimédia, du munauté d’éditeurs sur Internet, Anthology dans seuil.com, on est Net en général et la littérature élec- 11 au 14 février, sera l’un des qui permet d’aller de Verdier à relié au site de l’éditeur améri- tronique en particulier : une plan- lieux de cette bataille. José Corti, en passant cain Chronicle, qui permet te gênante et asphyxiante qui peut Du côté de la littérature généra- par Climats (edi- d’acheter en ligne la version amé- prendre une partie de vos vieux le, les objectifs sont plus modes- tions-climats.com) ricaine. Le site de Bloomsbury bénéfices. C’est dire s’il faut la tes, l’enjeu moins urgent que ou Jérôme Millon est également une librairie vir- manipuler avec des gants. » dans l’édition spécialisée. Mais le (millon.com), tuelle (lire ci-dessous). Ce qui reste vrai des éditeurs pas a été franchi. On reste dans Champ Vallon Serge Eyrolles, président du américains l’est encore davanta- une logique d’apprivoisement (champ-val- Syndicat national de l’édition, a ge des éditeurs français. Avec d’un support sans papier. Inter- lon.com) ou le Serpent à plumes décidé de briser le lien direct beaucoup de prudence, ils com- net est essentiellement un moyen (serpentaplumes.com). De jeu- entre le site éditions-eyrol- ILLUS. DANIEL PUDLE mencent pourtant à domestiquer de promotion. nes éditeurs créent en même les.com et celui de la librairie cette plante. Des éditeurs Au commencement était le ca- temps leur site, comme moyen eyrolles.com. Sur le site de XO, la absents de la Toile ont ouvert talogue. Pour la plupart des édi- que inverse (seuil.com). «Ona en ligne et fait de son site un ins- d’informations et de développe- maison de Bernard Fixot, on cli- leur site, comme Albin Michel ou teurs, la mise en ligne trouve là choisi de réaliser un magazine, trument de promotion, avec l’effi- ment, comme Le Reflet, l’éditeur que sur un bandeau, annonçant : Le Seuil. Gallimard a entière- son origine. Il faut ensuite y asso- conçu comme un outil d’informa- cacité de la maison en la matière de Robert Dessaix (« Le Monde « Commandez-le » et on se retrou- ment refait le sien à la fin de l’an- cier des moteurs de recherche tion sur nos livres et nos auteurs. (albin-michel.fr). des livres » du 19 janvier) ou ve chez le libraire électronique née 2000. Encore absents, Flam- adéquats et efficaces. « On a sur L’image de la maison passe au Les sites d’éditeurs s’animent. l’équipe d’Au Diable Vauvert Bol.fr (xoeditions.com). Jérôme marion, Plon ou Balland le site le catalogue exhaustif de la second plan », explique Claude Albin crée des sites spécialement (audiable.com). Une partie de Millon, éditeur de sciences devraient faire leur apparition maison, explique Alban Cerisier, Cherki, PDG du Seuil. « Le catalo- conçus pour le lancement d’un l’activité de l’éditeur grenoblois, humaines et de philosophie, don- sur les écrans en 2001. Le symbo- responsable du site de Gallimard gue est au cœur de notre informa- livre. On peut aussi télécharger Jérôme Millon est la réalisation ne la possibilité de commander le le plus fort de ce changement (gallimard.fr) que l’on a constitué tion, mais ce n’est pas de façon les quatre premières planches de de sites. Concepteur des écrans des livres, après cet avertisse- de mentalité est incontestable- depuis notre mise en ligne en apparente », explique Valéry L’Enquête corse, de Pétillon, ou de Minuit, Verdier et Corti, Phi- ment, suivi d’une liste de librai- ment l’arrivée de l’étoile des Edi- 1995, mais nous nous orientons Grancher, responsable du site. apprendre les règles du jeu de go, lippe Menestret rêve d’« un por- res : « Si vous êtes isolés et si vous tions de Minuit sur Internet vers un site plus proche de l’actua- Marc Friedel, conseiller de Char- à partir d’un extrait du dernier tail des éditeurs indépendants ». souhaitez passer une commande (www.leseditionsdeminuit.fr, lité éditoriale, plus événemen- les-Henri Flammarion, explique livre de Jean Levi (Le Coup du Corti propose des voyages vir- directe. » « Cela représente moins « Le Monde des livres » du 26 jan- tiel. » La partie historique de la que « l’ouverture du site est condi- hibou). Le Seuil et Gallimard réali- tuels autour de son fonds presti- de 0,1 % de mon chiffre d’affai- vier). A la fin de l’année, tous les maison a été entièrement refaite, tionnée au travail sur le catalogue. sent des vidéos de certains gieux (jose-corti.fr). Verdier met res », rassure-t-il, en précisant éditeurs devraient avoir peu ou proposant une visite virtuelle de Mais on n’attendra pas la fin de auteurs. Odile Jacob propose un en ligne des extraits de textes, que les commandes viennent prou leur vitrine sur Internet. la rue Sébastien-Bottin. l’année ». Albin Michel n’a pas test autour du livre de Christo- mais aussi une sélection de criti- principalement de l’étranger. Rachid Nekkaz, directeur de Le Seuil a une approche pres- mis pour l’instant son catalogue phe André et François Lelond, ques, d’entretiens et de liens vers Beaucoup ne veulent pas fran- Comment gérer les personnes diffi- des sites parlant de ses auteurs chir cette frontière. Balland à la ciles (odilejacob.fr). (editions-verdier.fr). Dans cet fin des extraits proposés fera Robert Laffont (laffont.fr) a univers, le remarquable site de apparaître un cartouche indi- créé un site de débats pour le lan- François Bon (www.remue.net) quant : « Si ce texte vous a plu, L’exemple Bloomsbury cement de l’ouvrage dirigé par joue un rôle de passeur. Les allez l’acheter chez votre librai- Roger Fauroux et Bernard Spitz, moteurs de recherche permet- re. » Notre Etat (www.notreetat.com). tent à un petit éditeur d’être à Alain Salles Il est sans doute l’un des éditeurs britanniques les plus innovants. Pour preuve, son site, à la croisée de la maison d’édition, du magazine et de la librairie

igel Newton est un pion- (une douzaine de sous-sites) pour romans particulièrement propices nier. En 1986, lorsqu’il que son propriétaire vous y à l’échange. Si l’on a davantage la créa la maison d’édition accueille avec une visite guidée. fibre de l’écriture, on trouvera dans londonienne Blooms- Premier arrêt : une mise en bouche « l’almanach de l’auteur » des Nbury, avec le soutien d’investis- commémorative, Aujourd’hui conseils pour se voir publier ou des seurs de la City, il arrivait déjà avec – exemple, le 28 janvier, la mort du tuyaux juridiques, tandis qu’à la des idées neuves. Il voulait éditer Prix Nobel W.B. Yeats est l’occa- rubrique « compétition » on pourra « des livres de la plus haute qualité sion de picorer quelques bribes de participer à un concours de nou- littéraire et commerciale », utiliser poèmes avant d’aller découvrir «le velles, gagner un déjeuner de « les méthodes de vente les plus mot du jour » offert, si l’on peut conseils avec un éditeur de Blooms- agressives », intéresser les auteurs dire, par l’encyclopédie Encarta. A bury ou l’équivalent de 1 000 livres aux bénéfices de la maison… bref, côté de l’agenda (prix, lectures, évé- (sterling) en livres (papier). créer un mini-conglomérat, nements…), le magazine littéraire Last but not least, la librairie est capable de ruser avec les grands en propose des critiques de nouveau- peut-être la plus grande originalité étant « plus souple » et « plus ra- tés sur des sujets divers, allant des du site. Avec plus d’un million de pide ». Nigel Newton est un pion- jeunes écrivains noirs de l’après- références disponibles, l’acheteur à nier chanceux. A peine avait-il apartheid à une histoire littéraire accès à tous les éditeurs de la place. ouvert son département jeunesse, de Berlin. Si l’on glisse sur Harry « Nous sommes certainement l’un en 1994, qu’il pêchait un « gros Potter, on arrive au centre de des seuls éditeurs au monde à ne pas poisson » nommé J. K. Rowling et, recherches, une base de données vendre seulement nos propres livres, grâce à Harry Potter, voyait son chif- entièrement gratuite avec 17 000 note Shelley Couper, chez Blooms- fre d’affaires, déjà important, s’en- entrées et liens mais ne renvoyant, bury. De même, bien que les prix voler de… 78 % entre 1999 et 2000. lui, qu’à des ouvrages maison – la soient libres, nous n’effectuons pas Pas étonnant qu’avec tant recherche sera d’autant plus fruc- de rabais, nous préférons miser sur d’idées et de moyens Bloomsbury tueuse que l’on s’intéresse à des le long terme, pour que notre attrait s’offre aujourd’hui l’un des sites auteurs Bloomsbury, tels que principal reste celui de la qualité. » les plus innovants du Web Johanna Trollope, Michael On- Ouvert depuis seulement deux (www.bloomsbury.com). Créé le daadje ou Nadine Gordimer. mois, le site enregistre aujourd’hui 1er décembre 2000, ce lieu se veut Cliquons maintenant sur « grou- 100 000 connexions par mois et ouvert à la communauté des « lec- pes de lecture ». Pour qui veut mise sur un million d’ici à juin. teurs, écrivains et amoureux des let- rejoindre ou fonder un groupe de Sans doute son côté ecclectique, tres », à la croisée de la maison discussion autour des livres, convivial et complet lui vaut-il ce d’édition, du magazine littéraire, Bloomsbury se transforme en succès. Un site de la deuxième de la bibliothèque de référence et guide pratique expliquant même génération en somme. Là encore, de la librairie. Un vrai site touris- comment mener un débat et Bloomsbury est pionnier. tique, suffisamment foisonnant recommandant chaque mois deux Florence Noiville VIII / LE MONDE / VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 actualités b L’EDITION Frédéric Morel, FRANÇAISE Entre-deux éditorial à Venise b L’Harmattan condamné. L’Har- mattan a été condamné à payer Alors que les libraires indépendants s’inquiètent de l’arrivée de la Fnac et des sites de vente en ligne, numéro deux 50 000 francs de dommages et intérêts à l’un de ses auteurs, Ali les professionnels s’interrogent sur les multiples futurs de l’édition Benhaddou, pour avoir introduit de Flammarion dans son contrat une clause indi- a révolution numérique a mais aussi d’entendre des voix com- (groupe Messaggerie Libri) et l’édi- de 3 000 mètres carrés où l’on trouvera rédéric Morel devient le quant que l’auteur toucherait 0 % cessé d’être une idée neu- me celle d’Angelo Tantazzi, prési- teur Apogeo ont fondé la société Car- des livres et des disques, explique Inge numéro deux de Flamma- de droits sur les mille premiers ve, même en Europe, mais dent de la Bourse, décrire, chez les ta Digitale, dont l’objectif est de pro- Feltrinelli. C’est la première fois que les rion. Agé de quarante-huit exemplaires de son ouvrage l’étendue des changements agents économiques, une montée de poser aux éditeurs des services de enseignes Feltrinelli et Ricordi, la ans, il prend, jeudi Maroc : les élites du royaume, car Lqu’elle entraînera pour les métiers l’aversion au risque qui s’applique numérisation de leurs catalogues en chaîne musicale rachetée à Bertels- 1Fer février, les fonctions de direc- elle est « contraire aux dispositions du livre reste largement matière à bien à l’industrie éditoriale. vue d’une commercialisation par télé- mann, se trouveront rassemblées. L’in- teur général du groupe Flamma- de l’article L.131-4 du code de la conjectures. Prise entre la conviction Coïncidence ou signe des temps, le chargement. A la différence de Mon- vestissement est lourd (1 milliard de rion. Il était directeur général de la propriété intellectuelle ». Dans un que des transformations sont en pape en personne, en accordant sa dadori, qui a annoncé l’an dernier un lires), mais nous voulons être les pre- très rentable filiale de livres de jugement rendu le 30 novembre marche et la difficulté de se représen- bénédiction à Internet dans un mes- partenariat exclusif avec Microsoft miers, avant la Fnac. » poche, J’ai Lu, depuis 1996. Hom- 1999, récemment publié dans le ter un avenir aussi opaque que la bru- sage sur l’« Evangile à l’ère de la com- autour du format de lecture et d’en- Du coup, jamais les libraires indé- me de management et de marke- bulletin de la Société des gens de me de Venise en ces derniers jours munication globale », avait pourtant cryptage Microsoft Reader et qui pendants – qui contrôlent encore ting, il affiche le genre de curricu- lettres, le tribunal de grande ins- de janvier, la session finale du paru conforter par avance le camp s’apprête à mettre en ligne ses pre- 50 % du marché – n’ont été plus lum vitae qui ne fait pas rêver dans tance de Paris a « interdit aux édi- 18e cycle de la Scuola per Librai des modernes (Corriere della Sera, miers e-books, Carta Digitale propo- inquiets. Plus que la Fnac, c’est la poli- les maisons d’édition : ingénieur, tions de L’Harmattan de diffuser un Umberto e Elisabetta Mauri, qui 25 janvier). Mais, à l’heure des pre- se des conversions aux divers for- tique de rabais agressifs de chaînes diplômé de l’Ecole des mines de contrat avec une clause de rému- s’est tenue du 21 au 26 janvier sur miers bilans, aucun des deux grands mats du marché et laisse les éditeurs comme Mondadori qui préoccupe Nancy, il a commencé sa carrière nération identique à celle figurant l’île Saint-Georges-Majeur, a paru libraires virtuels de la Péninsule, libres de gérer la vente de leurs Rodrigo Dias, président de l’Associa- chez Kraft General Foods, avant dans le contrat de M. Benhaddou ». comme suspendue entre un passé Internet Bookshop et Zivago, ne fichiers. Dans un domaine connexe, tion des libraires italiens. D’autant de s’occuper de marketing chez Après avoir renoncé à faire appel, qui ne passe pas et un futur aussi paraît proche de l’équilibre éco- Informazione Editoriale, une joint- que Mondadori, déjà propriétaire de Pernod-Ricard et de devenir direc- L’Harmattan demande désormais mystérieux qu’inéluctable. nomique. Si l’arrivée de BOL va inten- venture entre Messaggerie Libri et la 17 librairies, projette, lui aussi, teur de division chez Dim, en 1991. à ses auteurs de céder gratuite- Les futuri ( au pluriel), tel était l’un sifier la concurrence sur un marché société Editrice Bibliographica, qui d’ouvrir un réseau de 150 magasins Cette nomination intervient ment leurs droits sur les premiers des thèmes de ces journées qui réu- encore embryonnaire, il est re- gère notamment les ISBN pour l’Ita- en franchise. Dans ce contexte de quelques mois après la reprise de exemplaires, en s’appuyant sur le nissent chaque année professionnels marquable, en Italie comme ailleurs, lie, propose une variété de services compétition débridée, les libraires Flammarion en octobre 2000 par le jugement qui convient que de l’édition et personnalités diverses que les débuts difficiles du virtuel d’édition numérique aux bibliothè- présents n’ont pu qu’être sensibles groupe italien Rizzoli-Corriere del- « l’auteur est autorisé à céder ses autour de libraires venus parachever ne découragent pas les initiatives ques et aux libraires. C’est sa base de au discours roboratif de Herbert la sera (Le Monde du 19 octobre). droits à titre gratuit », à condition un programme de formation sans nouvelles. données qui aurait été louée à BOL R. Lottman, le correspondant de Rizzoli souhaitait la nomination que cela soit « consenti sans ambi- équivalent en Europe. L’occasion, cet- Après trois années d’imprégnation pour la création de son site italien. Publishers Weekly, prônant la « contre- d’un directeur général au côté de guïté ». te fois, de faire le point des dernières des esprits, le moment semble en révolution au nom de la librairie de Charles-Henri Flammarion. Le b Alain-Fournier et Jacques Ri- initiatives italiennes en fait de com- effet venu de l’action concrète. C’est POLITIQUE DU RABAIS proximité ». choix s’est finalement porté sur un vière à Bourges. La bibliothèque merce et de distribution en ligne, ainsi par exemple que Longanesi L’émergence d’un troisième li- Après les grands thèmes des homme de la maison qui a la municipale de Bourges a reçu une braire en ligne n’a fait qu’aiguiser la années précédentes (l’euro, le prix confiance de Charles-Henri Flam- donation de 10 000 pièces origina- concurrence qui sévit dans le secteur unique, l’édition électronique), cette marion et qui a été associé aux les d’Alain-Fournier et de Jacques de la librairie traditionnelle, marqué session vénitienne aura montré à récents développements du grou- Rivière, de la part d’Alain Rivière, par l’arrivée de la Fnac et dominé, quel point la profession est aujour- pe. Flammarion s’est beaucoup fils de Jacques Rivière et neveu bien plus qu’en France, par les librai- d’hui dans une sorte d’entre-deux. diversifié ces dernières années : d’Alain-Fournier. Ce fonds, estimé ries d’éditeurs (voir « Le Monde des Pour certains, c’est le calme qui précè- lancement de la collection à 12,3 millions de francs, contient L’avenir du festival BD d’Angoulême, Livres » du 1er décembre 2000). Si de la tempête. Il faut donc « anticiper « Librio », reprise de Delagrave, les brouillons du Grand Meaulnes, tous s’accordent à dire que ce nouvel la révolution numérique, y croire aveu- rachat de Casterman, et prise de et des correspondances entre Jac- entrant a « efficacement stimulé le glément, mais sur le long terme », assu- participations dans Actes Sud et ques Rivière et Proust, Péguy, les CRS et amazon.fr marché », l’inquiétude reste percepti- re Achille Mauri, dont le groupe, Mes- les Presses universitaires de Gide, Claudel, Gallimard, Breton, ble un peu partout. Dans les grou- saggiere Italiane, vient d’acquérir France. Artaud, Paulhan, Ponge, etc. ls étaient une dizaine de CRS à dédiée à une étoile filante de la BD, pes, tout d’abord, qui, comme Feltri- une participation dans la maison Son successeur à la tête de J’ai b La Martinière élargit son capi- se frayer un chemin jusqu’au Yves Chaland, décédé à l’âge de tren- nelli, possèdent un important réseau catholique Piemme. Pour d’autres, Lu pourrait être recruté à l’exté- tal. Le fonds d’investissements de stand de Dargaud-Editeur te-trois ans, imprégnée d’intelligente de distribution. Face au plan de déve- encore traumatisés par les vissicitu- rieur. Frédéric Morel aura des fonc- la banque Natexis a pris une partici- pour obtenir une dédicace nostalgie. loppement accéléré de la chaîne fran- des de la nouvelle économie, il est tions opérationnelles directes et pation de 9 % dans le capital de La d’Achdé,I auteur de la série « CRS Le nouveau président d’Angou- çaise – une trentaine de magasins à urgent d’attendre. Finalement, se l’ensemble des directions du grou- Martinière groupe. Les autres prin- = Détresse », tout en interrogeant lême, Martin Veyron, doit mainte- terme, dont un deuxième à Milan et demande, philosophe, Ulrico Hoepli, pe sera sous son contrôle, de Cas- cipaux actionnaires sont : Hervé de par portable leurs collègues canton- nant préparer le Festival 2002. Cet un autre à Vérone en octobre, un à ancien président de la Fédération des terman aux Editions Flammarion, la Martinière (28,5 %), Chanel nés dans leur caserne : « Lequel des auteur de BD et de dessins de presse, Gènes au printemps, deux enfin à éditeurs européens, la réponse se actuellement dirigées par Danielle (27 %), Times Mirror (10 %) et huit albums te manque ? » En consul- dont les albums témoignent du goût Naples et Padoue en 2002 –, les trouverait-elle chez Lampedusa, Nees. « Je ne suis pas un éditeur, Rothschild Inc. (4 %). Le groupe tant le site Web d’amazon.fr, ils pour la satire sociale (Caca rente ou grands éditeurs-libraires milanais dans cette fameuse phrase du Gué- explique-t-il, mais le développe- réalise 60 % de son chiffre d’affai- auraient pu éviter la foule et y trou- Cru bourgeois, Ed. Albin Michel) et (Hoepli, Feltrinelli) ont décidé de réa- pard, « Tutto cambia perche nulla ment éditorial de Flammarion est res à l’étranger. Il a notamment ver un florilège de dédicaces : le ven- l’observation des travers privés gir, même si, disent-ils, la Fnac n’a cambi… » : l’idée que tout change, une priorité et notre rôle est d’attirer racheté Abrams et Stewart, Tabori deur de livres du Net avait enrôlé (L’Amour propre, Bernard Lermite), pas écorné leur clientèle. « Nous mais que rien ne change ? les meilleurs éditeurs possibles. » & Chang aux Etats-Unis, Knese- divers auteurs (dont Florence Ces- aura besoin de toute sa distanciation ouvrons en mai à Naples un mégastore Florence Noiville A. S. beck en Allemagne ou Minerva en tac, présidente du festival 2001) que pour conjurer les nuages. Suisse. Alors qu’il s’apprête à fran- n’effrayait pas le maniement d’une Car ni les collectivités publiques ni chir la barre du million d’exemplai- palette graphique. le plus important des sponsors pri- res vendus de La Terre vue du ciel Ce sont à ces détails qu’un succès vés (Michel-Edouard Leclerc) ne veu- de Yann Arthus-Bertrand, Hervé se remarque, avant de se compta- lent continuer à « être les banquiers » de la Martinière entend « accroître biliser : le 28e Festival d’Angoulême, d’une manifestation qui peine à gar- son développement » et « envisage qui a eu lieu du 25 au 28 janvier, a der son équilibre financier, en dépit d’entrer en Bourse, sans doute en enregistré 210 000 entrées, un de l’image qu’elle a donnée à 2002 ». record depuis sa création en 1974, dû Angoulême et du rôle qu’elle a joué b Le Cerf débraye. Les salariés à la présence massive des éditeurs et dans la naissance du pôle images des éditions du Cerf ont observé des auteurs (736, chiffre jamais Magelis, grand bénéficiaire des lar- un arrêt de travail de deux heures, atteint), mais aussi à la qualité des gesses publiques… « Nous sommes lundi 29 janvier, pour « manifester expositions. Entre autres, celle de dans une économie de pauvreté, nous leur mécontentement face à l’absen- Florence Cestac, toute en humour et n’avons pas de force marketing. Il faut ce de politique salariale », sur fond en clins d’œil parfois émouvants ; cel- sortir des quatre jours de festival, trou- de négociations pour les 35 heu- le sur le manga, attestant que la BD ver des relais et travailler sur un modè- res. Selon la CFDT, il s’agit de la nipponne sait troquer les chemins le complémentaire », note Jean-Marc première grève dans la maison graphiques et scénaristiques violents Thévenet, directeur, pour qui la d’édition dominicaine. Ce mouve- et infantiles pour ceux du fantasti- venue de « nouveaux partenaires pri- ment intervient alors que l’entre- que ou du quotidien et user de traits vés » pourrait être une réponse. prise a connu de nombreuses diffi- d’une grâce indicible ; ou celle Yves-Marie Labé cultés qui ont conduit au licencie- ment de 40 % du personnel. Pour le directeur général, Bruno Par- mentier, il s’agit d’un « conflit nor- mal dans une entreprise qui a beau- coup souffert ». Selon lui, les négo- A L’ETRANGER ciations devraient reprendre la semaine prochaine. b COLOMBIE : Les Mémoires de Garcia Marquez b PRIX : Laurent Mauvignier a Gabriel Garcia Marquez, qui n’a rien publié depuis 1996, est en reçu le prix des Librairies de train de rédiger ses Mémoires sous le titre Vivir para contarlo et création pour Apprendre à finir vient d’en achever le premier tome. On ne sait pas encore chez quel (Minuit). Le prix des Deux- éditeur elles seront publiées et la bataille sera rude ! Le titre qui Magots a été décerné à François veut dire littéralement « Vivre pour pouvoir raconter » joue sans Bizot pour Le Portail (Table ronde). doute sur le fait que beaucoup de bruits ont couru ces derniers temps sur l’état de santé de l’écrivain colombien. Le journal espa- gnol El Pais a publié des extraits du premier chapitre qui raconte les amours contrariées des parents du Prix Nobel colombien. b CANADA : les écrivains au secours d’un collégien Un collégien de seize ans a été soutenu par de nombreux écrivains canadiens, dont Margaret Atwood et Michael Ondaatje, parce qu’il avait passé un mois en détention après avoir lu en classe un texte dont le héros menaçait de faire sauter son école pour se venger d’humilitations subies en classe. Il s’est avéré depuis que le cas était plus complexe qu’il n’y paraissait : le jeune garçon et son plus jeune frère semblent avoir entre autres proféré des menaces de mort à plusieurs occasions. Au Canada comme aux Etats-Unis, les autori- tés sont sur leurs gardes après le massacre de Colombine (Colora- do). Mais pour les écrivains l’écriture peut justement être un exutoi- re, voire une thérapie.

[BANDO]AGENDA Bibliothèque nationale de France [/BANDO]b DU 2 AU propose une conférence sur le thè- 4 FÉVRIER. PSYCHANALYSE. À me de « l’argent » (à 18 h 30, BNF, PARIS, les quarante-cinq associa- quai François-Mauriac, 75013, rens. : tions fondatrices du mouvement 01-53-79-59-59). international « Convergencia, mou- b LE 28 FÉVRIER. INSTITUT RO- vement lacanien pour la psychanaly- LAND-BARTHES. À PARIS,eten se freudienne », tiennent leur pre- ouverture du cycle des Conférences mier congrès (à partir de 9 heures, Roland-Barthes, l’écrivain et psycha- Maison de l’Unesco, 7, place de Fon- nalyste Julia Kristeva propose une tenoy, 75007, réservations sur soirée autour de « Colette ou la http://convergencia.aocc.free.fr.) chair du monde » (à 18 heures, Uni- b LE 7 FÉVRIER. HISTOIRE. À versité Paris-VII Denis-Diderot, PARIS, dans le cadre de son cycle Amphithéâtre 24, 2, place Jussieu, «LeXXe siècle des historiens », la 75005, rens. : 01-44-27-63-71). VENDREDI 2 FÉVRIER 2001

L’HONNEUR PERDU DE L’ITALIE MEATYARD, INQUIÉTANTE ÉTRANGETÉ SÉLECTION Rosetta Loy, enfance dans les années Pour découvrir enfin l’œuvre inclassable La liste des livres fascistes et antisémites et enquête sur et méconnue du photographe américain, de poche parus le rôle de l’Eglise : accablant p. III peuplée de fantômes et d’enfants p. X en janvier p. XIII à XV

SUPPLÉMENT AU MONDE DU VENDREDI 2 FÉVRIER. N˚ 17426 - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : JEAN-MARIE COLOMBANI - IMPRIMERIE LE MONDE actualités bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb sommaire b L’Aire des cimes b LITTÉRATURES Madame Della Seta Michel Moret, éditeur de Suisse romande, veut faire connaître les auteurs de son pays aussi est juive de Rosetta Loy (p. III) diteur de Suisse romande, Mi- tème médiatique habituel, ce qui leur per- Avec harmonisation des goûts et des sa- Une affaire chel Moret, qui dirige les éditions mettrait de se faufiler dans des endroits inat- veurs ? Ce qui importe pour l’éditeur, c’est personnelle de L’Aire, se demande avec bon- tendus ? Et si on a envie de faire preuve de d’avoir une chance de faire connaître cer- de Kenzaburô Oé homie : « Si j’étais français, et pa- curiosité, c’est plus facile à 60 F qu’à tains auteurs auxquels il croit. Et cela sou- (p. IV) Erisien de surcroît, m’intéresserais-je à la litté- 120 F... » L’éditeur insiste sur la mécon- vent depuis longtemps. La Terre rature de Suisse romande ? » Bien sûr que naissance que l’on a en France des Suis- Pour faire partager ses enthousiasmes, sous ses pieds non. « Je comprends parfaitement que chez ses, sur cet éloignement très particulier : Michel Moret est venu à Paris entouré de de Salman Rushdie les critiques comme chez les libraires nos li- « Ma patrie est la langue française, ma mon- trois écrivains fort différents : Yvette (p. IV) vres passent sous la pile .» Comme le disait naie est le franc suisse. Quand je quitte mon Z’Graggen, Corinne Desarzens et Eugène Crimes exemplaires Maurice Chappaz, « Eluard né et demeuré microcosme, on me parle de chocolat, de pa- (simplement Eugène). Yvette Z’Graggen de Max Aub (p. IV) suisse n’aurait jamais été connu en radis fiscal, de fromage : je ne me reconnais est l’auteur le plus lu en Suisse romande, Le Vin France ». Et quand les éditeurs suisses ont pas dans ces étiquettes. Ce que je sais, c’est notamment pour sa Trilogie allemande : de longue vie le plaisir de découvrir un auteur, celui-ci, qu’il y a une volonté très forte de défendre la de père alémanique, partagée entre ses de N. D. Cocea (p. V) une fois un peu connu et reconnu, fait car- langue française, je rencontre des énergies cultures, elle a beaucoup écrit sur ses rap- Histoire rière chez d’autres éditeurs… français. qui vont toutes dans ce sens. Et il y a une ports d’amour et de haine avec l’Allema- de ma mort Comme Nicolas Bouvier, par exemple. bonne tradition littéraire. Mais on peut se gne, en particulier sur ces Années silencieu- de Harold Brodkey (p. V) Il est donc indispensable, quand on est demander quelle littérature peut produire ses où, jeune fille, pendant la guerre, elle Manuel de chasse éditeur et suisse, d’essayer de sortir de la un pays si complexe et aussi sophistiqué croyait sincèrement que la Suisse aidait et de pêche coquille helvétique pour aller au-devant qu’une “grande complication”.» tous les réfugiés ; ou encore dans Matthias à l’usage des filles du lectorat français, par des offensives pro- Renseignements pris, une « grande com- Berg et Ciel d’Allemagne. Corinne Desar- de Melissa Bank (p. V) motionnelles (un concours sera lancé en li- plication » est une montre comme on zens, elle, vit à Divonne, en France, car Livraisons (p. IX) brairie, en France comme en Suisse, à par- n’en fait presque plus, une montre mécani- son mari est agriculteur et français, mais tir du 15 mars) ou par le biais de co-édi- que conçue pour fonctionner durant un son écriture, cocasse, originale, a vraiment b ROMANS tions, comme avec la collection de poche siècle, années bissextiles comprises. Elle in- de quoi donner au lecteur l’envie de la lire. POLICIERS « Babel Helvética ». L’Aire publie, en po- dique donc les heures, les minutes, les se- Quant à Eugène, jeune homme d’ori- Toubab or che également, des textes à la fois margi- condes, mais aussi les jours, les mois, les gine roumaine, son premier roman, not toubab naux et classiques dans la collection « Le phases de la lune, et peut même sonner, Mange Monde, est un pastiche des récits de Jean-Claude Derey Chant du monde », et de la littérature faire office de chronographe, etc. Quant à pour la jeunesse – genre dans lequel il a (p. VI) suisse et principalement romande dans la littérature, faut-il la confiner dans ce pe- déjà publié par ailleurs. Trois auteurs qui Livraisons (p. VI) « L’Aire bleue ». tit pays d’un million deux cent mille habi- donnent la preuve que « lorsque l’on fait « Il y a un phénomène “poche”, poursuit tants francophones, ou l’inclure dans une partie d’une minorité linguistique, la qualité b SCIENCE-FICTION Michel Moret. Peut-être parce que les livres culture européenne, occidentale, dans la s’impose dans la diversité ». 2001-3001, en petit format ne dépendent pas du sys- partie culturelle de la mondialisation ? M. Si. les odyssées de l’espace d’Arthur C. Clarke (p. VII) Livraisons (p. VII) CORRESPONDANCE b HISTOIRE Croyances et cultures Au bonheur des hommes dans la France Une lettre de Pocket d’Ancien Régime Suite à l’article consacré aux classiques en de François Lebrun Déjà douze titres dans la collection érotique « Le Cercle poche » poche (« Le Monde des livres de poche » du (p. VIII) 5 janvier), nous avons reçu un courrier du di- Livraisons (p. VIII) ophie Cadalen est psychanalyste jours au féminin et exacerbés (Transports recteur de la collection « Pocket classiques », (elle intervient dans « Ciel mon amoureux, d’Elisabeth Herrgott), la supréma- M. Claude Aziza : b ESSAIS mardi » sur TF1) et auteur de textes tie masculine. Je dirige, après l’avoir créée, la collection Ralph Eugene Meatyard érotiques. Le Cercle publie son Quatre des douze volumes du « Cercle po- « Pocket Classiques ». Née en 1989, elle (p. X) Sdeuxième roman : Tu meurs. Le premier, Le che » sont signés par des hommes. Jacques comporte à ce jour près de deux cents titres Le Fétichisme Divan, est réédité dans « Le Cercle poche », Cellard, longtemps chroniqueur du langage et a fait l’objet, en 1998, d’une refonte com- dans l’amour collection dirigée par Agnès Pareyre, qui aux au Monde, auteur d’une remarquable biogra- plète. Préface, notes, appareil pédagogique, d’Alfred Binet (p. XI) titres grand format de sa propre maison phie de Restif de la Bretonne, écrivain donc dossier historique et littéraire sont confiés, Jacques Lacan, ajoute ceux d’autres éditeurs, comme le beau et maître du genre, réédite La Chambre aux sauf rares exceptions, à des universitaires le Séminaire, livre II roman de Cécile Wajsbrot : Le Désir d’Equa- miroirs. Les fantasmes masculins y sont rois. spécialistes ; la qualité du papier et l’esthé- (p. XI) teur, originairement chez Zulma. Les femmes, délicieuses mais finalement sou- tique des couvertures font l’objet d’un soin L’Erreur de Descartes Le roman de Cécile Wajsbrot, où le souci mises, se distraient parfois dans quelques permanent ; les prix ont tous été revus à la d’Antonio R. Damasio d’écriture prévaut, prouverait que l’éti- égarements lesbiens… sous le regard de baisse. (p. XI) quette « érotisme » est un signalement sup- l’homme. Or je découvre, à la lecture de votre dos- Galilée plémentaire et aguicheur. C’est aussi le cas Quelles que soient les variantes (plus subti- sier, que non seulement ces efforts n’ont de Georges Minois (p. XII) pour les trois longues nouvelles de Fan- les lorsqu’elles sont décrites par une femme), pas été jugés dignes d’être mentionnés, Le Totalitarisme, tasmes, d’Aurélie Van Hoeymissen, qui le cérémonial et ses résonances sociales ne mais que l’ensemble de nos publications est le XXe siècle exploite avec un réel talent littéraire l’exhibi- varient pas. C’est toujours à l’homme que le expédié en six lignes, totalement négatives. en débat tionnisme imaginaire de la jouissance fémi- roman érotique s’adresse. A un homme para- Vous comprendrez l’étonnement de notre textes choisis et présentés nine. Mais, dans l’ensemble de la collection, doxalement tronqué : il se résume à son sexe équipe devant ce qu’elle ressent comme une par Enzo Traverso l’écriture est seconde tant il est difficile, avec pénétrant une femme. L’autoérotisme lui est injustice. Vous ne pouvez ignorer le préju- (p. XII) si peu de mots pour le dire, d’évoquer un interdit. Il n’existe que dans son désir affamé dice causé à notre collection par un juge- Ma vie d’autiste nombre limité de postures chez un lecteur de l’autre sexe et, s’il s’égare, l’autre homme ment aussi hâtif et rendu suspect par l’excès de Temple Grandin solitaire qui exige l’efficacité. Françoise Rey est un… travesti. Schématisé, il n’a pas de même de sa virulence. Qui peut croire que (p. XII) (La Peur du noir) invente pourtant un uni- chair au-delà de l’érection, qui devient une « Pocket Classiques », qui, entre 1998 et vers et une intrigue : momentanément aveu- sorte d’entité indépendante. La volupté se- 2000, a eu la confiance de plus de deux mil- b SÉLECTION gle, un homme doit redécouvrir, à tâtons, le rait un naufrage : les livres érotiques confor- lions de lecteurs et qui, dans un marché des La liste des livres chemin balisé du plaisir. Les rituels sont tent l’illusion de la virilité. classiques à la baisse (– 9 % en 1999), est pas- de poche parus néanmoins toujours les mêmes : le sadoma- Hugo Marsan sée de 3,6 % (1994) à 8 % (2000), qui peut au mois de janvier sochisme (Dolorosa soror, de Florence Du- croire donc que cette collection mérite, sans (p. XIII à XV) gas), la provocation et le plaisir solitaire, tou- e Chaque volume 39 F (5,95 ¤). nuances, une telle indignité ? II - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 littératures bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb L’honneur perdu de l’Italie

MADAME DELLA SETA C’est bien lui, Pie XII, le personnage prin- AUSSI EST JUIVE cipal de cette histoire, ce pape qui, en 1949, (La Parola ebreo) excommuniera les communistes et qui, in- de Rosetta Loy. formé en 1942 de l’existence des chambres Traduit de l’italien par Françoise Brun. à gaz et de la « solution finale », gardera le Rivages poche, 176 p., 52 F (7,93 ¤). silence jusqu’à la fin de la guerre. (Première édition : Payot & Rivages, 1998.) Pas de méprise, pourtant : ce livre est bien un objet littéraire, l’expression d’une adame Della Seta AUSSI est subjectivité qui tente de donner sens au juive. Pourquoi cet « aussi » ? monde. Simplement, Rosetta Loy, comme A qui fait-il référence ? Est-ce avant elle la grande Elsa Morante, fait partie un aussi qui inclut, ou qui ex- de ces écrivains qui inscrivent le destin indi- Mclut ? Tout commence avec une petite fille. viduel de leurs personnages, leur com- Elle est italienne, elle a cinq ans, elle est née plexité psychologique et affective, dans un « en l’an IX de l’ère fasciste », autrement dit destin collectif et politique : c’est pourquoi en 1931, nous sommes donc en 1936. Dans il faut absolument lire, en parallèle de ces le bel appartement romain du 21 via Flami- « souvenirs historiques » admirablement nia où elle habite avec ses parents, elle re- écrits sur un ton naturel et sobre, Un choco- garde ses voisins d’en face qui donnent une lat chez Hanselmann qui est leur exact dou- fête pour la naissance de leur bébé. «Un ble romanesque, magnifique tableau d’une baptême ? », demande-t-elle à Annemarie, famille italo-suisse dans les tourmentes de sa Fräulein. Annemarie est allemande, elle la guerre. Et l’on comprend alors pourquoi est jeune et jolie, blonde, yeux bleus. Un Rosetta Loy est beaucoup plus lue en Alle- baptême ? Non. « Ils sont juifs, dit-elle, avec magne qu’en France, et pourquoi c’est un geste du menton vers la fenêtre, les enfants « avec les auteurs allemands ou autrichiens, ils ne les baptisent pas, ils les font circoncire. Böll, Bernhard, Grass, Handke », qu’elle « res- Elle a dit “beschneiden”, avec une grimace de sent les affinités les plus profondes » (2). dégoût. (…) “Sind Juden”, elle répète ; et le re- Fabienne Darge gard de ses beaux yeux couleur de ciel se fixe ILLUSTRATION (COUVERTURE ET DÉTAIL INTÉRIEUR) : LORENZO MATTOTTI avec sévérité sur une femme de chambre qui (1) Rêves d’hiver (Gallimard, épuisé) et Un choco- circule avec un plateau. » pour enfants « qui raconte les aventures d’un lat chez Hanselmann (« Rivages poche »). Madame Della Seta aussi est juive. Elle ha- Dans cet essai jeune garçon catholique poursuivi par des mé- (2) « Le Monde des livres » du 25 mars 1994. bite à côté, et la petite fille l’adore, « même créants qui veulent lui faire renier Jésus, des b si elle est juive ». Cette enfant, c’est Rosetta autobiographique, francs-maçons très méchants, et un juif, très Loy. Près de soixante ans après cette scène, méchant lui aussi. Ils veulent tous enlever sa extrait elle écrira des livres qui iront fouiller la mé- la romancière foi à ce petit garçon, mais lui il résiste et il prie moire individuelle et collective de cette pé- la Sainte Vierge ». « Discriminer sans persécuter. » Comme riode où, comme la petite fille inconsciente Rosetta Loy mêle le fil est subtil pour séparer les hommes en- et insouciante qu’elle a été, l’Italie catholi- Dès le début, Rosetta Loy dévoile donc tre les bons et les méchants. Entre les inno- que s’est laissé imbiber par l’idéologie fas- souvenirs ce qui fera le cœur de son livre, l’analyse cents et les coupables. Si d’autres veulent en- ciste et antisémite. Des romans, d’abord (1), des origines profondément religieuses de suite les « persécuter », c’est eux, les bour- puis cet implacable essai autobiographique d’enfance et l’antisémitisme italien. Entre les descrip- reaux, que cela regarde. Ponce Pilate ne où l’écrivain mêle la chronique intimiste de tions d’une certaine douceur de vivre, les s’était-il pas lavé les mains, montrant ainsi ses souvenirs d’enfance, dessinant par peti- enquête historique vacances à la montagne, les soirées à qu’il était innocent de la mort du Christ ? tes touches le contexte culturel de ces an- l’opéra et les jeux pas toujours innocents Ça fait mal de le dire, mais un liseré noir nées où tout va progressivement s’accélé- pour tenter de de l’enfance, commence alors une enquête borde nos jours innocents, sans mémoire et rer, et une enquête historique rigoureuse et impitoyable sur la montée de la discrimina- sans histoire. Si les Levi ne se sont pas défen- documentée sur l’imbrication des événe- comprendre tion et sur l’attitude du Vatican à partir de dus, s’ils n’ont pas pu imaginer l’inimagina- ments européens qui, de 1933 à 1944, vont 1933. Cette année 1933 qui voit la signa- ble, c’est aussi parce qu’ils se sentaient, à mener entre autres à la déportation et à la comment son pays ture du concordat entre l’Eglise et le l’instar des autres Romains, protégés par le mort des milliers de juifs italiens. Et plus par- IIIe Reich, encouragé et signé par le secré- fait que Rome soit une « ville ouverte ». Ils ticulièrement sur le rôle de l’Eglise. s’est, dans les taire d’Etat du Vatican, le cardinal Pacelli avaient trop longtemps partagé avec nous Mais revenons à cette petite fille. Elle vit qui deviendra, en mars 1939, le pape les jours tristes et les jours heureux, les dans une famille « ordinaire » de la bonne années 30 et 40, Pie XII. Avant sa mort mystérieuse, le 10 fé- peurs, les lâchetés, les espoirs. Ils avaient bourgeoisie romaine, ni raciste ni coura- vrier 1939, Pie XI essaiera bien de s’oppo- monté les mêmes escaliers, bu le même thé geuse. Les parents trouvent leurs autres voi- laissé imbiber par ser aux lois antijuives qui, selon un doux en tournant la petite cuillère dans la tasse, et sins, les Levi, très sympathiques, « même euphémisme, « se réclament de la tendance parlé la même langue : au sens linguistique, s’ils sont juifs ». Le père, qui a été au Parti po- l’idéologie fasciste séculaire de l’Eglise à propos des juifs : mais aussi le même langage des sentiments. pulaire dans sa jeunesse, a « été allergique “discriminer sans persécuter” ». Mais il est Trop longtemps pour qu’ils puissent se per- au fascisme dès le premier instant », même et antisémite. Et seul : le Manifeste de la race et les décrets- cevoir autres (…). si, « par la suite, parce qu’il voulait continuer lois royaux sur la race d’octobre 1938 ne Personne n’a trouvé le courage qui aurait à travailler, il a dû comme l’immense majorité pourquoi l’Eglise, choquent en rien les hautes autorités reli- pu empêcher les hommes de Dannecker de des Italiens, s’inscrire au Parti national fas- gieuses. Le nouveau pape « a été nonce en faire résonner leurs bottes dans l’escalier du ciste ». A son grand désespoir, Rosetta Pie XII en tête, Allemagne de 1917 à 1929. (…) Il admire la 21 via Flaminia et de faire irruption chez les n’aura donc pas le droit de porter l’uni- capacité de travail et les prodigieuses quali- Levi. Pie XII, hiératique et vêtu de blanc forme des petites Italiennes. Une famille où n’a rien fait tés d’ordre du peuple enfermé entre Rhin et comme il était apparu au milieu de la foule traînent quand même, « à côté des biogra- Vistule, la discipline de sa jeunesse blonde. Il le jour du bombardement de San Lorenzo, phies de Napoléon et des romans de Paul pour empêcher aime sa langue et ses coutumes, au point de ne s’est pas montré à la gare de Trastevere Bourget », de drôles de livres. Comme ce ne décorer son appartement du Vatican pour se placer devant le convoi stationné le Gog, publié par Giovanni Papini en 1931, le génocide. qu’avec des meubles allemands en acajou ». long du quai et empêcher son départ. (…) qui fait des juifs les responsables des « mala- Et le premier diplomate qu’il reçoit est l’am- Pie XII est resté derrière les vitres de sa dies secrètes dont souffre la civilisation ac- Accablant bassadeur du Reich Diego von Bergen. A chambre où les canaris Hansel et Gretel tuelle », à travers une série de personnages partir de là, les Allemands vont pouvoir font de brèves envolées. « destructeurs des valeurs de la chrétienté » exercer à plein leurs « prodigieuses qualités Madame Della Seta aussi est juive, comme Freud ou Marx. Ou comme ce livre d’ordre »… p. 160 et 161. VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 - LE MONDE DES POCHES - III littératures bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Humanité Orphée dans la cacophonie handicapée Salman Rushdie échoue brillamment à marier le rock’n’roll et la mythologie

UNE AFFAIRE LA TERRE SOUS SES PIEDS Et aussi, plus difficiles à déchiffrer avec des frénétique de soumettre notre monde con- PERSONNELLE (The Ground Beneath Her Feet) lunettes d’Occidental, les mythes de l’Inde temporain à l’ordre de la mythologie. La dis- de Kenzaburô Oé. de Salman Rushdie. et de la Perse (Ormus et Vina sont parsis). parition de Vina provoque un deuil collectif Traduit de l’anglais Traduit de l’anglais par Danielle Marais. En son premier tiers, La Terre sous ses pareil à celui que le monde réel connut (Etats-Unis) Pocket, 792 p., 65 F (9,91¤). pieds réussit le prodige de tisser tous ces fils après la mort de la princesse de Galles. Rai, par Claude Elsen. (Première édition : Plon, 1999.) en une étoffe aussi solide que chatoyante. le photographe narrateur, passe un mau- Stock, « Bibliothèque Mais cette harmonie vole en éclats dès que vais quart d’heure au Cambodge sous le rè- cosmopolite », epuis sa naissance, le les principaux personnages quittent Bom- gne des Khmers rouges. Le temps d’un cha- 234 p., 50 F (7,62 ¤). rock’n’roll attendait un grand bay. Avant cette catastrophe, le portrait de pitre, Ormus Cama mène la vie de reclus (Première édition : roman. En 1999, date de la pu- ces adolescences indiennes, ces vies de jeu- toxicomane qui fut celle de Howard Hu- Stock, 1994.) blication de La Terre sous ses nes gens absolument semblables à tous les ghes. Mais cet échantillonnage de l’histoire pieds,Dil était déjà trop tard. Le rock n’est teenagers de la planète, et totalement dis- contemporaine ne produit pas d’autre musi- a naissance d’un plus qu’une musique parmi d’autres, celle tincts, de par l’histoire, l’odeur, la consis- que que l’habituelle cacophonie qui sort de fils handicapé a des gens de pouvoir, Bill Clinton ou Tony tance de la terre qu’ils foulent. Cette évoca- nos écrans, de nos hauts-parleurs. bouleversé la vie Blair. Ce retard peut servir à expliquer la ma- tion, passée à la moulinette de péripéties Il faut gratter encore une couche, en par- de l’écrivain japo- gnifique défaite qu’inflige son sujet à Sal- spectaculaires mais cohérentes, fait un tant d’une date mise en évidence à la pre- Lnais Kenzaburô Oé. Plu- man Rushdie. L’entreprise ne manquait pas beau récit d’apprentissage. mière phrase du livre : « le jour de la Saint- sieurs de ses romans tour- d’allure : deux adolescents indiens sont éle- Salman Rushdie est un ironiste assez fin; Valentin 1989 »… Dans notre monde, ce nent autour de ces élé- vés par la grâce de la fiction au rang de semi- l’est-il au point de servir à ses lecteurs ce jour-là, l’ayatollah Khomeiny prononça la ments autobiographiques divinités orphiques. Ormus Cama et Vina tour du destin plutôt mesquin ? Dès que le condamnation à mort de Salman Rushdie. plus ou moins voilés, pré- Apsara se rencontrent à Bombay au mo- sol natal de l’auteur se dérobe sous les La frénésie médiatique et mondaine, textes à une méditation ment où, de l’autre côté du monde, à Mem- pieds de ses personnages, son récit s’épou- l’union intime de la futilité et de l’horreur sur le courage humain. phis, un enfant du Sud pousse ses premiers monne, Vina et Ormus s’estompent pour qui accompagnent chacun des jalons de no- Bird, le héros de Une af- hoquets en studio. Trente-quatre ans plus ne plus être que des silhouettes confuses. tre temps font la substance toxique des faire personnelle, se pré- tard, le 14 février 1989, Vina est engloutie On remarquera, puisque la destination de deux derniers tiers de La Terre sous ses sente comme un homme lors d’un tremblement de terre. ces deux étoiles mondiales de la musique pieds. Dans les indignations, les haut-le- médiocre, mauvais époux Ce laps de temps correspond à peu près à populaire ne pouvait être que les Etats- cœur qui agitent Rushdie, on entend une et piètre amant. Quand sa la durée de vie du rock’n’roll – d’Elvis à Nir- Unis, que l’Amérique n’est pas tendre pour vraie sincérité. Tout comme l’on perçoit femme accouche d’un vana – en tant que discours fédérateur de la les romanciers auxquels elle n’a pas donné l’étonnement de l’homme dont la vie amou- bébé anormal, il pense jeunesse (enfin, d’une bonne partie de la le jour. La fragmentation de La Terre sous reuse enrichit les pages littéraires de quoti- que sa vie est finie : «Je jeunesse) planétaire. Salman Rushdie ses pieds est comme une réplique – plus diens britanniques, dont l’intervention sur suis en cage depuis mon connaît aussi bien la mythologie grecque forte que l’original – de celle de L’Informa- écran géant venait agrémenter les concerts mariage mais il me sem- que celle du rock’n’roll et ouvre des cham- tion de Martin Amis, un autre roman venu de U2, face à son nouveau statut de star pla- blait que la porte de la bres d’écho vertigineuses. Le frère jumeau se perdre entre Atlantique et Pacifique. nétaire. Mais le morceau était un peu gros cage était toujours mort-né d’Elvis Presley, comme si Castor Que reste-t-il de La Terre sous ses pieds, pour le transformer en fiction cohérente, et ouverte ; cet enfant en avait été tué dans l’œuf, la figure tragique une fois le récit désarticulé ? Beaucoup de ne reste qu’une multitude d’image éblouis- train de naître pourrait de Brian Epstein, Mentor dévoré par la jeux de mots, de fragments de lyrics perdus santes, étourdissantes, écervelantes. bien la fermer pour de gloire et le pouvoir des Beatles-Télémaque. à la traduction en français. Et une tentative Thomas Sotinel bon. » Un chœur de conseils as- sassins se lève. Le direc- teur de la clinique affirme qu’« il vaut mieux que [le bébé] meure ». La belle- L’ange exterminateur mère veut une mort ra- pide. Même la maîtresse de Bird, ce beau person- Entre surréalisme et humour noir, Max Aub et sa plume acérée de redresseur de torts nage d’une Japonaise hors norme, méditant le jour, CRIMES EXEMPLAIRES troisième nationalité et où il mourut en arête plantée dans sa gencive. Celle en- roulant à tombeau ouvert (Crímenes ejemplares) 1972. Auteur d’une vingtaine de recueils core de l’appropriation du destin qui s’ex- la nuit dans les rues de To- de Max Aub. de nouvelles et de romans, dont certains prime sans limites dans ce recueil d’histoi- kyo, lui conseille de faire Traduit de l’espagnol consacrés à la guerre d’Espagne, d’une res très courtes. « Seul nous reste le jeu qui mourir l’enfant. par Danièle Guibbert. douzaine de pièces de théâtre, Aub a beau- dépend du hasard. Certains, qui sont heu- « Nous ne sommes qu’un Phébus, « Libretto », 126 p., 39 F (5,95 ¤). coup écrit pour le cinéma, notamment reux, ne se fatiguent jamais de jouer. Moi, tas de vermine », finit par (Première édition : Phébus, 1997.) avec Malraux, pour L’Espoir, et avec si », écrit Aub dans la préface. Les dés sont se dire Bird, après ses er- Buñuel (1). donc jetés, au feu. Cent trente crimes com- rances dans les bars et ses ela aurait pu être pire. Né à Cela aurait pu être pire, mais Max Aub a mis en toute bonne foi, pour redresser les rencontres avec des êtres Paris en 1903, de mère française semble-t-il toujours eu des comptes à ré- torts. Motivés par la soif de justice : «Je marginaux. Un rebelle et de père allemand, Max Aub gler avec le destin, ses stupides et inextrica- l’ai tué parce qu’il était plus fort que moi » ; russe, invoquant la nou- débute sa vie d’errance dès bles enchaînements de circonstances, au par le droit inaliénable de mettre fin à velle de Kafka, Le Verdict, 1914C : pas suffisamment française aux point de prendre avec la réalité les libertés l’exaspération : « Je voulais un fils, Mon- lui demande : « Pourquoi yeux de l’administration, pas suffisam- que celle-ci s’était données avec lui et les sieur ! A la quatrième fille, je l’ai tuée » ; rejeter ce bébé ? » Un ho- ment allemande à ses propres yeux, la fa- causes qu’il faisait siennes. Ses livres en par l’amour : « Plutôt mourir ! me dit-elle. mosexuel le questionne mille émigre en Espagne, à Valence. C’est sont le témoin, sous différentes formes. Et dire que ce que je voulais par-dessus tout sur ses désirs de fuite. A en espagnol qu’il commence à écrire à la Celle de la supercherie pure et simple, c’était lui faire plaisir. » l’issue de ces discussions, fin de années 30. Quand vient la guerre ci- avec son roman Jusep Torres Campalans Surréalisme ? Humour noir ? Réalisme Bird prend la décision de vile, il est évidemment du côté des futurs (2), biographie d’un peintre fictif ami de Pi- acerbe ? Ce livre est en tous cas indispen- faire vivre l’enfant. «Il perdants, ce qui lui vaudra, en 1939, de casso, où l’invention se fond si bien aux sable. parlait calmement. Il sen- chercher refuge sur sa terre natale. Il y est faits réels que beaucoup se demandèrent Jean-Louis Aragon tait qu’il avait enfin cessé accueilli comme il se doit : admis comme comment ils ne l’avaient jamais rencontré. de mentir et qu’il était en interne au camp du Vernet, en Ariège, Celle de la distorsion fantastique et du (1) Il est aussi l’auteur d’un livre d’entretiens : train de retrouver sa foi en puis à celui de Djelfa, en Algérie, dont il vertige du conditionnel comme dans le re- Conversations avec Buñuel, Belfond, épuisé. lui-même », commente préféra prendre congé en 1942 ; il embar- cueil de nouvelles Sauf votre respect (3) où, (2) Gallimard, épuisé. Oé, le moraliste. que à Casablanca pour une traversée qui de fil en aiguille, un personnage en arrive (3) Editions Complexe. Un troisième titre, Manus- Catherine Bédarida le conduit au Mexique où il acquerra sa à tenir Adam pour responsable d’une crit Corbeau, est disponible chez Mare Nostrum. IV - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 littératures bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Eros et Dionysos en Moldavie Famille, je Du vin et de l’amour considérés comme élixirs d’immortalité, par le Roumain N. D. Cocea vous aime

LE VIN DE LONGUE VIE le jeune homme se retrouve relégué entre mes et du sang de Rada, et en tire un vin MANUEL DE CHASSE (Vinul de viatà lungà) les murs d’un « conac », gentilhommière fabuleux, élixir de jouvence, promesse d’im- ET DE PÊCHE de N. D. Cocea. entourée de ces vignes qui donnent le vin mortalité aux fragrances de l’aimée. À L’USAGE DES FILLES Traduit du roumain sublime de Cotnari dont s’enorgueillit en- N. D. Cocea (1880-1949), né à Barlad, en (The Girl’s Guide to et postface par Jean Palacio. core aujourd’hui le pays. Depuis le retour Moldavie roumaine (en ce temps sa partie Hunting and Fishing) Le Serpent à plumes, « Motifs », du fils du vigneron, héritier de l’immense orientale appartenait à l’empire tsariste), de Melissa Bank. 156 p., 35 F (5,34 ¤). fortune de ses ancêtres, plusieurs décen- termine ses études de droit à Paris où, ami Traduit de l’anglais (Première édition : éd. Alinea, 1989.) nies se sont écoulées. Le mystérieux Ma- d’Anatole France, il se signale comme ar- (Etats-Unis) nole, Manole le lettré, est toujours vivant. dent dreyfusard. De retour en Roumanie, il par Françoise Cartano. l est sur la rive gauche du Danube Comment expliquer son étonnante longé- est nommé juge dans une ville de province Rivages poche, une région aux collines couvertes de vité, alors qu’ayant dépassé les 90 ans, il pa- tout comme le jeune magistrat du récit « Bibliothèque étrangère », vignes et de forêts, la Moldavie. Coin- raît toujours dans la force de l’âge ? C’est la avec lequel il fait son entrée en littérature, 246 p., 55 F (8,38 ¤). cée jusqu’à la Grande Guerre entre question que se posent les notables du tard, à l’âge de 51 ans. Avant, chassé de sa lesI empires russe et austro-hongrois, située bourg situé au pied du manoir où se cache fonction en raison de son engagement, il elissa Bank a du côté oriental des montagnes qui la sépa- Manole Arcasch, soupçonné de se livrer fonde plusieurs périodiques de gauche, trouvé un ton rent de la Transylvanie, cette province de- aux orgies et de pratiquer la magie noire. connaît la prison suite à la violence de ses – sa traduc- meurée toujours roumaine avait été assu- Un jeune magistrat, double de l’auteur articles polémiques, puis, encouragé par le trice, Fran- jettie durant des siècles tantôt par les Hon- du récit – comme lui titularisé près de succès de ce premier roman, publie encore Mçoise Cartano, aussi – et grois et les Polonais, tantôt par le Grand Jassy, capitale patriarcale de la Moldavie –, Fils de larbin (1933), Pour un carré de noir- voilà un petit morceau de Turc et le Tsar de toutes les Russies. Ce après avoir obtenu l’amitié et l’hospitalité ceur (1934) et Oncle Nae (1936). Il y prouve littérature sans prétention n’est qu’après le milieu du XIXe siècle, lors du boyard, éclaire finalement l’énigme de qu’une origine modeste, prolétarienne ou mais tout à fait délicieux. de la constitution en Europe des Etats-na- cette apparente immortalité : «En ce paysanne, n’est pas nécessairement ga- C’est un roman en miet- tions, que la principauté moldave rejoint sa temps-là (1) les vignes seigneuriales s’éten- rante d’une loyauté socialiste, entreprend tes : en sept chapitres par- voisine méridionale, la Valachie, pour don- daient sur trois collines et leurs vallées (…). la critique impitoyable de la classe politi- faitement décousus, la nar- ner naissance à un petit royaume danubien Quatre cents fouleurs à l’époque de la récolte que et manifeste cette liberté de langage ratrice raconte selon son indépendant, la Roumanie. ne suffisaient pas à presser le produit d’une que la critique conventionnelle assimile humeur son enfance, son A l’époque, les boyards dépêchaient leur année. » Parmi ceux qui piétinaient le rai- trop vite et trop souvent à de la pornogra- frère et ses copines, ses pa- progéniture à Paris afin qu’ils se familiari- sin gorgé de soleil, une vierge, la Tzigane phie. N. D. Cocea meurt à l’âge de 69 ans à rents, son boulot, sa chef, sent aussi bien avec les Lumières qu’avec Rada : « C’est folie et ambition littéraire que Bucarest, assez tôt pour ne pas assister à la ses amants… Sans se croire l’art de diriger leur domaine ou le pays. Ce d’en décrire la beauté. » Manole et Rada débâcle d’une partie de l’intelligentsia rou- obligée de dénigrer les uns fut le cas du très jeune Manole Arcasch, s’aimèrent d’un amour fou, l’amour fou de maine qui – alors qu’une autre partie avait ou les autres, elle pose un descendant direct d’un commandant des ar- Breton confondu avec le désir destiné à sur- embrassé la cause des sinistres Gardes de petit grain de sel par-ci, un chers anobli au XVe siècle par Etienne le vivre à l’agression des forces répressives fer – s’était dépêchée de mettre son talent sourire ironique par-là, Grand, célèbre voïvode. Revenu de France inspirées par la convention sociale ou l’in- et ses compétences au service des commis- une pensée fugitive en dans un pays où les serfs s’épuisaient tou- terdit raciste. Hélas, Rada périra assassinée saires staliniens. forme de répartie ou un pe- jours sur les terres des boyards, Manole Ar- par son fiancé tzigane trahi. Le lendemain Edgar Reichmann tit coup de tristesse, casch décide de les affranchir. Mal lui en de sa mort, Manole fait presser le raisin d’amertume ou de mélan- prend. Ce projet ne plaisant pas à son père, écrasé par leurs ébats, mélangé de ses lar- (1) Milieu du XIXe siècle. colie. On assiste ainsi à de peti- tes scènes parfaitement jus- tes : un flirt entre le grand frère et une jeune femme charmante, qui tourne La vie, la mort et autres chagrins court, ce qui inquiète la pe- tite sœur : « L’idée que mon frère n’avait pas su Le journal étrange et bouleversant tenu par Harold Brodkey avant sa disparition en 1996 aimer quelqu’un m’ef- frayait. Je n’avais aucune HISTOIRE DE MA MORT sante, comme bousculé par l’urgence et vain. Ce livre, paru sous le titre L’Ame en idée moi-même de la façon (This Wild Darkness, l’ombre de la mort. fuite (Grasset, 1994, et Le Livre de poche), de faire. » Une semaine de the Story of my Death) Chroniqueur pour le magazine New Yor- ouvre des voies inexplorées dans la descrip- vacances en amoureux de Harold Brodkey. ker des années durant, Harold Brodkey est tion littéraire des mouvements les plus infi- mais avec un couple Traduit de l’anglais (Etats-Unis) l’auteur de livres remarquables et l’incarna- mes de la conscience et des sens. d’amis. Les conseils avisés par Michel Lederer. tion d’une sorte de légende new-yorkaise. Mais le texte était difficile et tard venu. des copines (ou des ma- Livre de Poche, 186 p., 26 F (3,96 ¤). Car cet auteur doué, prometteur, qui Jusqu’au bout, Brodkey se sentit incom- nuels spécialisés) quand on (Première édition : Grasset, 1998.) s’était fait remarquer dès ses premières pu- pris. Son œuvre, jugeait-il, n’avait jamais ne sait plus quoi faire pour blications (un recueil de nouvelles paru en été reconnue à sa juste valeur. Cette amer- trouver l’homme de sa vie. n jour du printemps 1993, l’écri- 1958 et traduit en français – chez Grasset – tume perce encore dans Histoire de ma Petit à petit aussi, se dessi- vain Harold Brodkey apprit trente ans plus tard, sous le titre Premier mort, au milieu de considérations fascinan- nent des portraits tout en qu’il était atteint du sida. Ce Amour et autres chagrins), se montrait aussi tes – et, parfois, pleines d’un humour gla- douceur, des hommes sur- jour-là, pendant que des ambu- remarquablement peu prolixe. Le grand cial – sur ce que signifie vraiment l’emprise tout : le frère, les amants, lanciersU s’affairaient dans son appartement œuvre sur lequel il a travaillé dès 1959, et de la mort. Laissant remonter toutes sortes le père, d’abord, inoublia- de New York, il sut que son heure était pro- qui fit même l’objet d’un contrat d’édition de souvenirs (depuis la perte de sa mère, ble, même s’il n’a rien d’un che. « Ainsi a pris fin ma vie, et commence deux ans plus tard, ne verra pas le jour dont il ne s’est jamais remis, jusqu’aux héros ou d’un homme ex- ma mort », écrit-il. Paru après sa dispari- avant le début des années 90. Entre-temps, agressions sexuelles infligées par son père traordinaire. L’amant tion, en janvier 1996, ce livre est le journal les mauvaises langues avaient crié à l’im- adoptif), Brodkey effectue un dernier tri en- aussi, séducteur déjà mûr, tenu durant ses trois années de maladie. La posture, affirmant que ce soi-disant génie tre les choses, les gens, les événements. A mais fragile parfois (ce qui chronique tour à tour accablée, rageuse, n’en était pas un, que son fameux ouvrage mesure que les mois passent, la quantité séduit encore) et pas aussi ironique ou tendre de ces mois passés à n’existait nulle part ailleurs que dans son de texte s’amenuise. Le silence commence macho qu’il aurait pu attendre la mort et à se souvenir de la vie. imagination. Brodkey regroupa des nouvel- à s’immiscer entre les lignes, comme un l’être. Et le Prince Char- Réfléchissant sur le destin qui fait de cha- les sous le titre Histoires sur un mode pres- courant d’air froid, mais Harold Brodkey mant, qui aura beaucoup cun d’entre nous des condamnés en puis- que classique (Grasset, 1990 et 1992), pu- peut encore écrire : « Si on me proposait de de difficultés à réveiller sa sance, cet auteur original a rédigé un tout blia quelques extraits de son livre en gesta- renoncer à ce que j’ai écrit pour être débar- princesse qui pourtant ne dernier texte où son talent très singulier se tion, rien n’y fit. C’est pourtant d’un chef- rassé de la maladie, je refuserais. » demandait que cela. déploie de manière étrange et boulever- d’œuvre qu’accoucha finalement l’écri- Raphaëlle Rérolle Martine Silber VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 - LE MONDE DES POCHES - V romans policiers bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

livraisons b Noir sur noir b NUL N’EST À L’ABRI DU SUCCÈS, de Pascal Garnier « Il ne faut se résoudre qu’au bonheur », disait Sacha Guitry. C’est moins facile qu’il n’y paraît. Après toute une vie bien ratée, Jean- Un véritable enquête sur les maux de l’Afrique François Colombier aperçoit le bout du tunnel. Un passage remar- qué dans une émission de télévision bien connue et un prestigieux TOUBAB OR NOT TOUBAB On ne sait pas si le petit poisson sue sous prix littéraire lui apportent brusquement la notoriété et une de Jean-Claude Derey. l’eau, Hondo ! Oui mais l’anus n’est pas au certaine aisance matérielle. De quoi lui faire oublier ses malheurs Rivages/Noir, 224 p., 55 F (8,38 ¤). courant de la voûte céleste, commissaire ! » conjugaux, et ses déboires d’écrivain méconnu. Mais Colombier (Inédit.) La vraie trouvaille du livre, c’est l’inver- n’a pas la fibre du bonheur calme et tardif. Il préfère renouer avec sion systématique de tous les codes du ro- sa jeunesse et son fils Damien avec qui il a tellement de mal à i la moyenne d’âge dans ce ro- man policier. Hondo, qui assume le rôle communiquer. Damien, justement, s’apprête à partir à Lille pour man est particulièrement peu éle- du coupable tout au long de l’histoire jus- une fête et entraîne son père avec lui dans une équipée sauvage vée, c’est que l’espérance de vie qu’au dénouement atroce, n’est coupable qui va lui réserver bien des surprises. Une analyse subtile des rap- ne l’est guère davantage. Le hé- que parce qu’il se croit tel. A cause de ports humains, qui sont, plus que l’intrigue, l’enjeu de cette rosS a douze ans. On y croise des prosti- cette faute initiale, la perte des cha- histoire. Au bout du compte, Colombier ne s’en tire pas trop mal tuées de quinze ans, et les pires truands meaux, ce crime imaginaire qu’il croit ins- puisqu’il y gagne un ange gardien et retrouve l’affection des siens. dépassent à peine la vingtaine d’années. crit sur son visage, aussi évident que le Comme quoi nul n’est vraiment à l’abri du succès. La preuve ? Le Quant à faire le décompte de tous ceux nez de Pinocchio. C’est là sa principale livre vient d’obtenir le prix Polar dans la ville 2001, dans le cadre qui meurent au fil du récit, ce n’est même faiblesse, que tous sauront parfaitement du festival de Saint-Quentin-en-Yvelines. (Zulma, « Quatre-bis », pas la peine d’y penser. C’est un projet exploiter. A commencer par deux 112 p., 59 F [8,99 ¤]. Inédit.) assez étrange et plutôt difficile à réaliser truands, Bombo et Doumbia qui, sous que d’écrire un roman policier se dérou- prétexte de le protéger, l’utilisent comme b PALAZZO MAUDIT, de Stéphanie Benson lant en Afrique. Quel intérêt peut bien cambrioleur et l’associent à leur petit Les eaux troubles de Venise n’arrêtent pas de titiller l’imagina- représenter une enquête, aussi passion- commerce qui consiste à attaquer les pas- tion des auteurs de romans policiers, au point de créer presque nante soit-elle, une histoire de vol ou de sants pour leur trancher les mains, gris- un genre à part entière, le polar lagunaire. L’originalité de Stépha- meurtre, quand tout autour la misère, le gris très recherchés par les fabricants de nie Benson est d’imaginer une Venise à peine futuriste (on est en sida, les guerres tribales tuent les gens remèdes divers. 2020) et dont les problèmes sont ceux que connaît déjà la ville par milliers, quand des gamins sèment la aujourd’hui, mais en plus accentués : fragilité des constructions, terreur dans les rues, armés d’une kalach- Dans les bas-fonds de Treichville, les tri- problème de l’eau, pollution, etc. Quant au détective, il ne s’agit nikov qu’ils peuvent à peine porter ! Les bulations de Hondo sont l’occasion d’une pas d’un individu mais d’un groupe d’enquêteurs d’élite dirigé petites turpitudes de la vie ordinaire galerie de portraits étonnants. Monsieur par un certain Tommy qui n’est peut-être qu’une intelligence arti- deviennent bien falotes en comparaison. Félix par exemple, un « Blanc pur porc », ficielle. Le réseau Epicur (European Police Investigatory Crime C’est là où la réussite de Jean-Claude nostalgique du temps des colonies, et pro- Unity Reserve), qui a déjà fait son apparition dans Carnivore Ex- Derey est impressionnante. priétaire du magasin Y’a Bon Photo. Il press, préfigure ce que pourrait être dans un proche avenir la Sur la trame classique d’un vrai roman court le pays armé d’un appareil, avec police européenne, une sorte d’Interpol hypersophistiqué dispo- policier avec gendarmes, voleurs, en- Hondo pour assistant, pour traquer le sant de toutes les techniques de pointe en chimie, génétique, in- quête, suspense et tout ce qu’il faut, il scoop, toujours en vain. La femme qui ve- formatique, etc., et à qui n’importe quel citoyen européen pour- brosse un tableau hallucinant de toutes nait d’accoucher d’un grillon a justement rait faire appel pour pallier les défaillances des polices nationa- les plaies de l’Afrique sans pour autant laissé échapper sa progéniture avant qu’il les. On voit les développements auxquels une telle idée peut don- tomber dans le pamphlet géopolitique ou n’arrive. La chèvre qui s’était mise à par- ner lieu. L’évolution à court terme de la situation politique euro- le prêche humanitaire. L’histoire d’un pe- ler pour annoncer que le sida est une péenne joue ici un rôle important (avec par exemple le rapproche- tit berger mauritanien échoué dans un juste punition du non-respect des Dix ment plausible entre une Italie du Nord sécessionniste et l’Autri- bidonville d’Abidjan devient une sorte de Commandements vient malencontreuse- che). Mais le plus amusant, ce sont les rapports au sein d’Epicur. parcours initiatique, une visite guidée des ment de mourir. Le cynisme des uns se On peut douter de l’identité et même de l’existence physique du cercles de l’enfer. Hondo avait sept ans nourrit de la crédulité des autres et la cor- chef, ce Tommy avec qui on ne peut correspondre qu’à l’aide d’or- quand sa mère, avant de mourir, l’a con- ruption est générale. La bonne vieille op- dinateurs ou de téléphones portables sophistiqués, mais en revan- fié à Housseïni, le chamelier. Celui-ci ne position du bien et du mal, fondement che les membres du groupe sont bien vivants. Ils ont une histoire, voit en lui qu’une bouche de plus à nour- même du roman policier, est ici sérieuse- des passions et des rapports parfois difficiles entre eux. Ils sont rir et le traite comme un chien. ment mise à mal. C’est tout le système solidaires mais aussi un peu rivaux, et sont humains même s’ils Un jour, un ouragan se lève dans le dé- qui est irrémédiablement gangrené. Per- fonctionnent comme des machines. Et il y a là matière à toutes sert, emporte les chameaux et leur gar- sonne ne joue le rôle qu’il est chargé de te- sortes de rebondissements. (Seuil, « Points », 206 p., 35 F dien. Hondo n’a pas le choix ; la perte nir. Ainsi Monsieur Cornélius, haut fonc- [5,34 ¤]. Inédit.) d’un seul chameau est une faute passible tionnaire du HCR qui pousse le sentiment de mort. Alors la disparition de tout le humanitaire jusqu’à un amour immodéré b LONDON BLUES, d’Anthony Frewin troupeau ! Il n’a qu’une solution : fuir le des petits garçons. Ou le commissaire Un photographe mène l’enquête sur le mystérieux parcours de plus loin possible la colère d’Housseïni. Zéphyrin, qui manipule en virtuose toute Tim Purdom, pionnier du cinéma porno dans l’Angleterre puri- C’est ainsi qu’il se retrouve à douze ans à cette cour des miracles. taine de la fin des années 50, et sur son implication dans le fameux Abidjan parmi les épaves d’autres naufra- Le mélange de rouerie et de candeur de scandale Profumo, qui fit couler beaucoup d’encre à l’époque et ges plus tragiques encore que le sien. Hondo qui, dans cette jungle impitoya- provoqua la démission du ministre de la défense. Anthony Frewin, Dans ses rêves les plus fous, ce Petit Pou- ble, se prend pour un grand criminel, est qui fut l’assistant de Stanley Kubrick, brosse dans ce premier cet des sables se voit bien gagnant beau- à la fois touchant et dérisoire. Car il roman un portrait à la fois précis et ravageur de la société britanni- coup d’argent, rachetant les chameaux, n’existe aucun espoir d’échapper à cet que, avec un humour féroce bien éloigné de l’humour anglais qu’il rentrant au campement en héros pour univers totalement désespéré, ni pour juge pathétique. (Traduit de l’anglais par Sylviane Lamoine. Seuil, épouser Yasmine, la fille du chamelier. Boubakar, l’enfant soldat rescapé du « Points », 364 p., 42 F [6,40 ¤]. Première édition : Le Serpent à La réalité est un peu différente. Mais Sierra Leone, ni pour Nathanaël, qui se plumes, 1999.) Hondo ne se laisse pas si facilement défonce à mort pour oublier son enfance démonter. Il y a du Gavroche en lui et ravagée, ni pour Moustique, qui rêve b DE L’EAU DANS LE GRISOU, de Jean-Paul Delfino aussi de l’Oliver Twist. Il est à la fois fra- d’embarquer clandestinement sur un C’est plutôt dans le pastis normalement qu’on met de l’eau, en gile et rudement culotté, sage et naïf. Il a cargo. Ni pour Hondo, qui croit compren- tout cas à Marseille. Mais justement ici on est dans le décalage et une facon de qui désarçonne tout le dre le monde alors qu’il ne fait que s’em- le pastiche. Le « Marseillais », Bernie, et Vieux Switch se plan- monde, grâce à l’habitude prise au désert pêtrer dans les liens d’un complot qui le quent dans les Cévennes pour échapper à la vindicte d’une multina- de s’exprimer par proverbes, car « un ber- dépasse. Il serait dommage que Toubab tionale de l’eau qu’ils ont sérieusement agacée. Entre le petit ger au milieu des sables joue de la flûte en or not toubab soit réservé aux seuls ama- monde bien calme d’un village cévenol où tout le monde se inventant des proverbes, pour ne pas deve- teurs de romans policiers. Cette épopée connaît et les hordes de rangers super-équipés au service des nir fou ». C’est son seul bagage et il s’en infernale est aussi un beau roman sur l’en- méchants qui nous préparent un avenir en forme de cauchemar sert volontiers, ce qui donne des échan- fance et une vision lucide et courageuse contaminé, le choc est rude. Mais nos Pieds nickelés en ont déjà vu ges du genre : « La poule ne doit pas avoir de certaines réalités qu’on préfère généra- d’autres. (Ed. Métailié, « Métailié noir », 192 p., 42 F [6,40 ¤]. pour fiancé le chat sauvage, mon prési- lement oublier. Inédit.) dent !… Les termites sont loin de la Lune ! Gérard Meudal VI - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 science-fiction bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

livraisons Nouvelles odyssées b b LES MAÎTRES DU FANTASTIQUE ET DE L’ÉPOUVANTE, Pour prolonger l’œuvre de Kubrick et d’Arthur C. Clarke anthologie d’Al Sarrantonio L’ambition de l’anthologiste est clairement affichée : il souhaitait 2001-3001, LES ODYSSÉES l’impact premier, violent, des images, il a rassembler, pour la fin du millénaire, un énorme recueil de nouvel- DE L’ESPACE été contraint d’être plus explicite, tout les d’horreur et prouver, de la plus belle manière qui soit, les quali- d’Arthur C. Clarke. comme il a développé bien plus que dans tés littéraires de ce genre décrié. Il a réuni un sommaire impression- Omnibus, 980 p., 145 F (22,11 ¤). le film la séquence du monolithe et de son nant (d’où sont absents toutefois quelques grands noms du genre : influence civilisatrice sur les hommes pré- Peter Straub, Robert McCammon, Anne Rice), où l’on trouve, au n cette année 2001, il était un historiques. Le roman, qui n’est pas la sim- côté d’un Stephen King très en forme, des auteurs comme Joyce Ca- hommage de circonstance à ne ple mise en forme du script, est un complé- rol Oates, Chet Williamson (avec un texte superbe), Tim Powers, pas manquer, qui rallierait dans ment intéressant à la vision du film ; il Ramsey Campbell ou Gene Wolfe. A lire cet ensemble plutôt hété- une même ferveur les amateurs ajoute des pistes et des indices à l’interpré- roclite, qui atteint quelquefois au but fixé mais ne convainc pas à Ede science-fiction littéraire et les cinéphi- tation qu’on peut faire de ce dernier, aux chaque proposition de son sommaire, une évidence s’impose : les les : la célébration de 2001 : l’Odyssée de spéculations qu’on est en droit d’agiter meilleures nouvelles, celles qui font preuve des qualités d’écriture l’espace, le film-événement qui, en septem- quant à sa signification. et d’imagination les plus fines, sont toutes l’œuvre d’auteurs de la bre 1968, défraya la chronique, déchaîna Le travail sur le scénario de 2001 a pro- nouvelle génération britannique : Kim Newman, Neil Gaiman, Mi- les gloses, mais fit entrer la science-fiction fondément marqué Arthur C. Clarke, chael Marshall Smith. Serait-ce à dire que le troisième âge d’or de au Panthéon cinématographique refusé comme en témoigne son roman Rendez- l’horreur, qu’Al Sarrantonio appelle de ses vœux, couve du côté de jusqu’alors… Cet hommage, Jacques Goi- vous avec Rama. On peut comprendre qu’il la perfide Albion ? (Le Livre de poche, 926 p., 55 F [8,38 ¤]. Pre- mard, cinéphile averti et critique de ait éprouvé le besoin et l’envie de poursui- mière édition : Albin Michel, 1999.) science-fiction vigilant, qui avait consacré vre l’aventure scripturale assez exception- au moment de sa sortie un long article au nelle qu’il avait vécue en reprenant les per- b LE CODEX ATLANTICUS no 10 film de Stanley Kubrick dans la revue Fic- sonnages de la première odyssée – Hal, Une nouvelle fois, la qualité de cette revue de littérature fantasti- tion, ne l’a évidemment pas manqué. Et il Dave Bowman, Heywood Floyd, Frank que a retenu notre attention. Par la joliesse de sa maquette, agré- lui a donné une forme éditoriale ingé- Poole – pour leur en faire vivre de nouvel- mentée de très belles illustrations de Fernando Goncalves-Félix, nieuse et intelligente, à défaut d’être abso- les, et en substituant de nouvelles énigmes tout autant que par l’intérêt des textes rassemblés. Redonner à lire lument irréprochable. (celle des Europiens, par exemple) à celles des nouvelles oubliées et qui ne méritent pas de l’être semble être Dans l’aventure de l’odyssée de l’es- qu’il avait élaborées avec le réalisateur de une des tâches que se sont fixées les éditeurs. C’est chose faite ici pace, Stanley Kubrick a eu un complice à Lolita et de Docteur Folamour. Trois suites avec « Thor », un texte très insolite de Claude Farrère, et avec qui, en 1964, il proposa d’écrire avec lui romanesques sont venues s’ajouter au pre- « Les Gnomes » de René Jolivet, un curieux exemple de fantasti- « the proverbial good science-fiction mier opus : 2010 : Odyssée deux, qui fut, que « montagnard ». Mais le clou du numéro n’appartient pas au film » – ce que Jacques Goimard traduit elle, portée à l’écran par Peter Hyams ; registre de l’archéologie littéraire. C’est une nouvelle de Philippe très justement par « le bon film de SF que 2061 : Odyssée trois ;et3001 : Odyssée fi- Gontier intitulée « Vertige ». Tous les amateurs de littérature popu- les amateurs attendent toujours et qu’ils ne nale. Aucune d’elles ne vaut l’ouvrage ori- laire et de cinéma bis connaissent les passionnantes publications voient jamais venir ». Ce complice, et on ginel (quelle que soit la forme qu’on choi- que Gontier édite à l’égide des « Aventuriers de l’art perdu ». On mesure là toute l’intelligence de Stanley sisse pour celui-ci) et leur intérêt va dé- découvre ici qu’il n’est pas seulement un lecteur passionné, mais Kubrick, s’appelait Arthur C. Clarke. croissant de façon très nette et très sensi- que le démon de l’écriture le démange aussi. Il s’y révèle un fantas- C’était un auteur britannique de science- ble, au point de faire de 3001 un roman tiqueur talentueux, à l’ inspiration originale. (La Clef d’argent, 22, fiction de toute première importance, à somme toute assez médiocre. avenue Georges-Pompidou, 39100 Dôle, 48 p., 39,36 F [6 ¤].) qui l’on devait quelques nouvelles remar- quables (« Les neuf milliards de noms de Mais si la suite romanesque des odys- b LA VÉRITÉ AVANT-DERNIÈRE, de Philip K. Dick Dieu » ou « L’Etoile », par exemple) et sées de l’espace est d’une qualité inégale On sait combien Philip K. Dick fut obsédé par le thème du simula- deux romans qui sont parmi les grands et peut servir de support à une réflexion cre, du leurre, du faux-semblant. Ce roman en est un fort bon classiques du genre, Les Enfants d’Icare et sur le déclin d’un écrivain ou d’une œuvre, exemple, où il met en scène ce qu’il appelle « l’univers des faux La Cité et les Astres (tous deux publiés en le volume comporte un certain nombre authentiques » : « Cet univers dont on pouvait croire qu’une fois fran- France dans la collection-phare que fut d’éléments qui viennent compenser cette chie la porte d’entrée, on le traverse en deux minutes avant d’arriver « Le Rayon fantastique »), en sus de quel- faiblesse. Jacques Goimard a fait figurer à à la porte de sortie… cet univers était sans fin, il était composé d’une ques anticipations technologiques de son sommaire deux nouvelles qui amor- enfilade infinie de pièces : la porte de sortie de chacune n’était que la moindre envergure où éclatait sa passion cent les thématiques développées dans porte d’entrée de la suivante. » Mais si l’intrigue du roman se déve- de l’astronautique (Prélude à l’espace, Les 2001 : « La Sentinelle », où l’on découvre loppe dans une réalité factice, piégée, manipulée par des diri- Iles de l’espace, SOS Lune). sur la Lune un artefact d’origine extrater- geants politiques qui ont trouvé un formidable moyen de jouir du Le choix d’Arthur C. Clarke était particu- restre qui est l’esquisse déjà très avancée monde en maintenant les gouvernés dans la dépendance et l’illu- lièrement judicieux. Il était l’un de ceux du fameux monolithe noir, et « Rencontre sion, dans la servitude et l’ignorance, Philip K. Dick a creusé son la- qui pouvait raconter de façon crédible et à l’aube », qui narre la visite d’explora- byrinthe d’une véritable porte de sortie dans laquelle plusieurs de réaliste une expédition spatiale s’effec- teurs spatiaux sur la Terre à un âge encore ses personnages s’engouffreront pour mettre fin à une dictature. tuant dans un futur proche. Et il avait mon- préhistorique et le petit coup de pouce Comme il a doublé le thème de la traversée du miroir et de la dissi- tré qu’il était sensible à la dimension méta- technologique qu’ils donnent à l’huma- pation des illusions par celui de la machination politique machiavé- physique de l’aventure spatiale. Après nité. lique, il a signé là un de ses romans les plus passionnants. (Traduit s’être rencontrés, Kubrick et Clarke écrivi- Mais surtout, il signe, sous le titre « Une de l’anglais – Etats-Unis – par Alain Dorémieux. 10/18, 288 p., 47 F rent ensemble le scénario de 2001, en utili- odyssée formelle », une longue préface re- [7,17 ¤]. Première édition : Robert Laffont, 1974.) sant peu ou prou la matière développée marquable de finesse et d’érudition qui a dans certaines nouvelles du second. Le pour objet principal le film de Stanley Ku- b DEUS IRAE, de Philip K. Dick film, dont Jacques Goimard dit avec rai- brick, sa genèse, sa réalisation et sa récep- et Roger Zelazny son qu’il est en même temps « une super- tion, ainsi que ses prolongements. Il ne Philip K. Dick a succombé à une crise de mysticisme dont ses der- production et un film expérimental » (et pas mentionne pas celui que Brian W. Aldiss niers romans sont entièrement imprégnés. Deus irae, écrit sur une seulement en raison de ce qu’on appelle la nous a conté lors d’un entretien. Parce longue période de temps, entre 1964 et 1975, en collaboration avec « trip séquence », ajouterions-nous volon- que dans son essai Billion Year Spree Aldiss Roger Zelazny, l’une des grandes figures de la New Wave, est le si- tiers), est doté d’un final énigmatique, s’était montré dithyrambique à propos de gne, le symptôme pourrait-on dire, d’une obsession théologique voire ésotérique, très clairement et très 2001, Stanley Kubrick lui proposa de colla- qui annonçait cette crise. Ce n’est pas, et de loin, l’un des meilleurs sciemment voulu par le réalisateur, qui a borer à l’adaptation d’une de ses nouvel- romans de Dick, mais c’est évidemment, pour qui s’intéresse à ce conçu son œuvre comme « une expérience les pour un script intitulé I. A. Stanley Ku- singulier écrivain, une lecture qui retient l’attention, avec sa des- visuelle intensément subjective qui atteigne brick, on le sait, ne tourna jamais le scéna- cription d’un monde post-cataclysmique ravagé où s’opposent le spectateur à un niveau profond de rio qui en résulta. Mais Steven Spielberg, deux Eglises : une ancienne, et une nouvelle vénérant celui qui a dé- conscience ». réalisateur de quelques films de SF nota- clenché l’apocalypse nucléaire. Et avec son récit d’une odyssée déri- De cette obscurité allégorique ou méta- bles, a repris le flambeau. Il serait amusant soire aux péripéties minuscules relevant d’un picaresque dégénéré, phorique, Arthur C. Clarke a été aussi le qu’on puisse voir ce film justement en… et ses anti-héros pathétiques et insignifiants. (Traduit de l’anglais complice. Mais lorsqu’il a écrit, seul, la no- 2001. – Etats-Unis – par Françoise Cartano. Gallimard, « Folio SF », vélisation du scénario, sans le secours de Jacques Baudou 256 p., 29 F [4,42 ¤]. Première édition : Denoël, 1977.) VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 - LE MONDE DES POCHES - VII histoire bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

livraisons b Le retour des mentalités b LE PAYS CATHARE, sous la direction de Jacques Berlioz Cet ouvrage collectif, qui reprend, sous une forme intelligemment Autoportrait de François Lebrun en chercheur remaniée, un rapport scientifique, traite en fait des formes méri- dionales des religions médiévales. Ce qui explique qu’y soient évo- CROYANCES ET CULTURES Historien discret qui a mis une bonne quées tant les communautés juives ou les indices de pénétration DANS LA FRANCE D’ANCIEN RÉGIME part de son métier et de son talent au ser- musulmane que les résistances d’une culture païenne, récupérée de François Lebrun. vice de ceux-là mêmes dont il fut le pro- sous la bannière ambiguë du « folklore ». Rites et dévotions chré- Seuil, « Points Histoire », 320 p., fesseur à l’université de Haute-Bretagne tiennes (la quête de l’au-delà et les voies rédemptrices emprun- 50 F (7,62 ¤). (Inédit.) Rennes-II, François Lebrun regroupe en tées, pèlerinages en tête) font l’objet d’une partie spécifique ; effet aujourd’hui dix-huit contributions mais, comme le promet la vue en couverture de la vertigineuse cita- l y a à peine un quart de siècle, le nou- qui constituent une forme d’autoportrait delle de Monségur, c’est l’épisode du catharisme qui retient veau rapport de l’historien à la démo- du chercheur, puisque s’y rejoignent ses d’abord l’attention, et son corollaire, la naissance de l’Inquisition graphie transformait radicalement préoccupations d’historien des compor- dominicaine. Mention spéciale, donc, à la longue et didactique pré- I les perspectives ouvertes par l’appel tements religieux (il a dirigé le deuxième sentation de l’« hérésie » par Jean-Louis Biget, dans son contexte de Lucien Febvre, dès 1941, à ouvrir « une volet de l’Histoire de la France religieuse politique, social et culturel. (Seuil, « Points Histoire », 320 p., 48 F vaste enquête collective sur les sentiments [1988, Seuil] et donné au même éditeur un [7,35 ¤]. Inédit.) fondamentaux des hommes et leurs moda- compact Etre chrétien en France sous l’An- lités ». La mort, l’amour comme la peur de- cien Régime [1996]), son engagement de b 1661, LOUIS XIV PREND LE POUVOIR, de Daniel Dessert vaient de fait attendre encore longtemps chercheur sur le terrain social et culturel Biographe de Fouquet (Fayard, 1984), mais pas encore de Colbert leur historien, même si Febvre essaya de (dans le fil de sa thèse, consacrée aux (Complexe, 2000), Daniel Dessert, spécialiste de l’histoire économi- relever le défi qu’il venait de lancer en prê- Hommes et la mort en Anjou, il a aussi écrit que du XVIIe siècle, était l’homme de la situation pour camper, chant d’exemple avec le devenu fameux sur les médecins, saints et sorciers de l’épo- dans la collection « La mémoire des siècles », le jeu tragi-comique Problème de l’incroyance au XVIe siècle, la que moderne : Se soigner autrefois [Temps qui aboutit, au lendemain de la mort du cardinal Mazarin, à l’élimi- religion de Rabelais (Albin Michel, « L’évo- actuels, 1983, repris en « Points His- nation du trop puissant surintendant des finances. Avec une intelli- lution de l’humanité »). Sorte de mani- toire »]) et ses marques de reconnaissance gence et une clarté d’exposition irréprochables, Dessert analyse feste pour une « histoire des sensibilités » à ceux qui furent ses maîtres et amis. cette « prise du pouvoir par Louis XIV » qui fascina Rossellini. Jus- encore dans les limbes, l’Introduction à la qu’à s’interroger sur le moment comme le creuset du mythe. Une France moderne 1500-1640, de son meil- Michel Vovelle, Claude Petitfrère, Pierre reprise à l’identique de l’édition originale de 1989. (Ed. Complexe, leur disciple, Robert Mandrou, fit date Goubert, Yves Le Gallo ou Robert Sauzet « Historiques », 160 p., 59 F [8,99 ¤].) (1961), mais cet « essai de psychologie sont ainsi les destinataires de certaines historique » n’eut pas de suivant immé- pages, données pour ces bouquets d’hom- b LE ROI DE GUERRE, de Joël Cornette diat. La courageuse collection « Civilisa- mages qu’on offre en « mélanges » à ceux Avant qu’il ne se consacre à ces manuels pédagogiques dont le tion & mentalités », codirigée chez Plon qui quittent leur chaire. Deux restent à plus récent est un nouveau volet de cette chronologie de l’Ancien par le même Robert Mandrou et l’« his- part dans cette galerie collégiale : Robert Régime coédité par Armand Colin et la Sedes (Les Années cardina- torien du dimanche » Philippe Ariès, ne Mandrou, trop tôt disparu pour avoir pu les. Chronique de la France 1599-1652, 450 p., 189 F [28,81 ¤]), ou à la put seule imposer le mouvement, encore recevoir cette marque d’estime, et Philippe direction de collectifs ambitieux (le deuxième volet d’une Histoire de en germe. Ariès, en marge de l’institution univer- la France politique, La Monarchie entre Renaissance et Révolution, pa- Cependant, le milieu des années 1970 sitaire. Pour reconnaître la dette qu’il a raît conjointement, Seuil, 512 p., 170 F [25,92 ¤]), Joël Cornette livra allait subitement bouleverser un paysage envers l’un, Lebrun traque dans le Dic- quelques suggestives monographies. Cet « Essai sur la souveraineté historiographique où les grilles écono- tionnaire de Furetière les allusions à la dans la France du Grand Siècle », initialement paru en 1993, est une mistes et les transpositions sociales de pré- « culture populaire » de son temps : il en importante contribution à l’exhumation de la figure du « roi de occupations idéologiques contemporaines ressort qu’astrologie et sorcellerie sont les guerre », icône spectaculaire de la toute-puissance du monarque de montraient leurs limites. 1975 voit ainsi la seules pistes proposées, tous les autres droit divin. (Payot, « Petite bibliothèque », 496 p., 85 F [12,98 ¤]). parution des Amours paysannes, l’excel- comportements triviaux disparaissant, en- lente anthologie que Jean-Louis Flandrin, gloutis dans « le temps du silence et du mé- b MARIE-ANTOINETTE, LA DERNIÈRE REINE, d’Evelyne Lever sur le point de publier Familles (Seuil, pris » qui commence alors et que Mandrou Biographe de Madame de Pompadour (Perrin, 2000), que vient de 1976, « Points-Histoire »), consacrait à dénonçait avec vigueur. Pour le second, le saluer le prix du Nouveau Cercle de l’Union, partagé avec La Russie l’amour et la sexualité dans les campagnes message est tout aussi personnel : « La inachevée, d’Hélène Carrère d’Encausse (Fayard), Evelyne Lever de l’Ancienne France (Michel Vovelle avait place de l’enfant dans la société française avait naguère donné à Fayard une copieuse Marie-Antoinette peu avant donné, dans la collection « Ar- depuis le XVIe siècle » répond à l’audace (1991). Pour la collection « Découvertes », la voilà à nouveau por- chives » chez Gallimard/Julliard, son Mou- dont fit preuve celui qui osa dès 1960 une traitiste de la « dernière reine » – selon un sous-titre militant. De rir autrefois. Attitudes collectives devant la dérangeante synthèse, L’Enfant et la Vie fa- l’archiduchesse enfant à la reine martyre, le parcours aussi popu- mort aux XVIIe et XVIIIe siècles, que rejoin- miliale sous l’Ancien Régime (Plon). laire que décrié est refait avec distance mais compassion. L’icono- drait bientôt Entrer dans la vie, l’ouvrage Ponctuellement infirmé depuis, ce for- graphie est heureuse, et les documents joints en annexes bien choi- cosigné par Jacques Gélis, Mireille Laget et midable regard sur un objet d’histoire sis. (Découvertes Gallimard, 144 p., 50 F [7,62 ¤]. Inédit.) Marie-France Morel sur les « naissances et occulté trouve là une prolongation mo- enfances dans la France traditionnelle »). deste, où le souci de ne pas valoriser les b NATIONS ET NATIONALISME DEPUIS 1780, d’Eric Hobsbawm 1975 est aussi le millésime des Essais sur changements et ruptures au détriment Scrupuleusement soutenu par Fayard, Eric Hobsbawm fait partie l’histoire de la mort en Occident du Moyen des permanences n’interdit pas de con- de ces grands historiens dont la lecture « politiquement incor- Age à nos jours (Seuil, repris en « Points- clure sur les mutations sensibles de la fin recte » peina à s’imposer jusqu’au récent débat autour de son Age Histoire »), où Philippe Ariès annonçait ce du XXe siècle : « nouvel avatar d’une lon- des extrêmes (Complexe/Le Monde diplomatique, 1999). Sa plus qui reste son maître livre, L’Homme devant gue histoire ». Certes, chacun des articles, grande notoriété explique sans doute que Gallimard ressorte le la mort (Seuil, 1977, repris en deux volu- issu de colloques, français ou internatio- seul titre de son catalogue, paru en 1992 dans la prestigieuse « Bi- mes en « Points-Histoire »). En 1975 tou- naux, de revues confidentielles puisque bliothèque des histoires », grâce à une opportune concordance en- jours, mais de façon moins visible – spécialisées – signalons la place excep- tre le livre paru en 1990 et la question d’histoire contemporaine l’ouvrage sortait dans la collection univer- tionnelle, quoique des plus logiques, des alors au programme des concours de recrutement. Une aubaine à sitaire « U prisme » d’Armand Colin –, Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, saisir donc pour compléter l’Hobsbawmothèque de poche, où François Lebrun proposait une excellente dont provient près du tiers du corpus – « Pluriel » était jusqu’ici bien seul. (Gallimard, « Folio Histoire », synthèse des travaux en cours sur La Vie n’a pas la même hauteur de perspective. 384 p., 49 F [7,47 ¤].) conjugale sous l’Ancien Régime. Au moins offre-il de voir l’historien dans Depuis, si la formule « histoire des men- son atelier, étudiant une mission pasto- b LA FRANCE DES ANNÉES NOIRES, talités » a été récusée par d’aucuns, le rale, décryptant la force contestatrice du sous la direction de Jean-Pierre Azéma et François Bédarida champ d’investigation ainsi désigné n’a charivari, analysant la place du pèlerinage Réunissant près de trente contributeurs, de Philippe Burrin à Robert cessé d’être exploité. Aussi le recueil de thérapeutique dans la piété bretonne ou Frank, de Robert O. Paxton à Henry Rousso, cette somme parue en textes dispersés de François Lebrun, que évaluant les échanges entre « culture po- 1993 dans « L’Univers historique » revient en poche, privée seule- Seuil a quelque audace à présenter comme pulaire et culture des élites ». Un livre ment de son volet iconographique. Mais les orientations bibliogra- un inédit, est-il l’occasion de mesurer ce modeste mais précieux, qui dit aussi une phiques ont été utilement mises à jour. (Seuil, « Points Histoire », qui s’est joué au fil des deux décennies qui filiation intellectuelle. 2 vol. de 592 p. et 640 p., 59 F [8,99 ¤] et 62 F [9,45 ¤].) Ph.-J. C. virent leurs publications initiales. Philippe-Jean Catinchi VIII - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 livraisons bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb plutôt que de les pousser pour les jeter à terre ou les faire sortir du dohyô (cer- littératures cle sacré), Kirishima livre ici sa carrière et la vie quotidienne aux côtés de sa b femme et de sa petite fille. Il dit surtout l’importance du shikiri, ce temps de con- centration qui précède le combat, quand chaque adversaire, enveloppant b POSSESSIONS, de Julia Kristeva l’autre du regard, tente de l’« absorber ». L’assaut lui-même dure cinq à dix se- Aux premières lignes de Possessions, le lecteur – et particulièrement l’amateur de condes. Mais ce sont, alors, deux vies, deux destins qui se bousculent. (Traduit romans policiers – se trouvera sans doute décontenancé par les digressions (no- du japonais par Liliane Fujimori, Picquier poche, 264 p., 55 F [8,38 ¤].) A. My tamment picturales), les commentaires et les réflexions que Julia Kristeva « tisse » autour d’un corps décapité. Celui d’une femme, traductrice, maîtresse b MAÎTRE ECKHART. Une mystique du détachement, d’un marchand de tableaux douteux et mère d’un petit garçon qui souffre d’un de Benoît Beyer de Ryke handicap. Pour autant, c’est par ces digressions que l’on se laisse prendre insi- Maître Eckhart (1260-1328) fut-il un philosophe, un théologien ou un mysti- dieusement dans les rets d’une intrigue aussi noire qu’étrange. Ce sont elles qui, que ? Alors qu’en France et en Allemagne les études se multiplient, parfois tein- par la voix d’une journaliste, démasquent les faux-semblants, les rancœurs et tées de polémique, sur la portée et la véritable nature de l’œuvre du domini- les rancunes ; elles encore qui dissèquent les passions. Et révèlent, à contre-jour, cain allemand, un point n’était pas inutile. Ce court essai proposé par un jeune une blessure douloureuse. (Le Livre de poche, 252 p., 33 F [5,03 ¤].) Ch. R. philosophe belge rappelle dans quel contexte historique et religieux la mysti- que rhénane se développa, au XIVe siècle, en sortant des institutions monasti- b LE JOUR DU SÉISME, de Nina Bouraoui ques, et comment Maître Eckhart, prêchant et enseignant à Erfurt, à Paris, à « Ma terre tremble le 10 octobre 1980 ; sa démission est de soixante secondes (...) une Strasbourg, à Cologne…, en devint le chef de file. Eckhart, qui voyait en minute infinie (...) l’épicentre des ruptures loge sous ma ville, Alger (...) ma terre trem- l’homme un être « déifié par l’union sanctifiante à un Dieu inconnaissable », ble en vérité (...) elle crépite, elle dévaste, pénètre ma chair. Elle est vivante et dressée sera condamné, par bulle papale, peu après sa mort. Beyer de Ryke retrace ce contre l’humain. Elle monte et s’éventre. » Et ouvre sur une faille intime, dans la- que fut la postérité d’Eckhart et de sa « mystique du détachement », de Tauler quelle Nina Bouraoui s’est glissée pour retrouver les sensations primitives qu’elle et Suso jusqu’à Angelus Silesius dont Le Pèlerin chérubinique ne laissa pas Hei- ne cesse de traquer dans le langage ; au plus près des mots, pour évoquer la dou- degger indifférent. L’introduction à l’œuvre d’Eckhart que présente Beyer de leur de l’enfance, de la perte et de l’exil. Et, dans les méandres d’une mémoire inva- Ryke est impeccable. (Editions Ousia, Bruxelles, 186 p., 56 F [8,55 ¤].) A. My lide, retrouver sa « définition ». (Le Livre de poche, 100 p. , 18 F [2,74 ¤].) Ch. R. b VERS UN MULTICULTURALISME FRANÇAIS. L’empire de la coutume, b LE SAULE, d’Hubert Selby Jr de Jean-Loup Amselle Nombre de lecteurs qui avaient gardé en mémoire la cruauté et la violence de La France, forte de ses principes universalistes, peut-elle résister au multicultu- Last Exit to Brooklyn ont été décontenancés lors de la parution de ce dernier ro- ralisme qui la guette ? Ou bien la mondialisation à l’œuvre et l’affaiblissement man d’Hubert Selby Jr. Parce qu’ils le trouvaient trop tendre, trop manichéen, de l’Etat-providence qui s’y attache auront-ils raison de l’assimilation des ci- trop mystique. Pourtant, à bien relire les ouvrages précédents de ce vieux mon- toyens isolés, dont la République avait fait son principe de base ? Ce n’est pas sieur cassé par la vie et la maladie, tout cela y était déjà. C’est la souffrance de tant la pénétration de la société française par les idées nord-américaines – la dis- Selby qui était sulfureuse, pas son tempérament d’écrivain. Et s’il a eu envie de crimination positive, notamment – qui alerte Jean-Loup Amselle. C’est d’abord se réconcilier avec les hommes, ou avec Dieu, en écrivant cette histoire d’une la prégnance d’un schème, celui de la « guerre des deux races », comme disent amitié improbable, d’une rédemption imprévisible, c’est sans doute parce que, les anthropologues spécialistes de l’Afrique noire. Il en relève la trace dans no- à la fin de sa vie, il a voulu renouer avec la littérature d’une façon plus sereine, tre histoire nationale (la guerre entre la race des Francs et celle des Gallo-Ro- ayant lui-même retrouvé une sorte de bonheur parmi les hommes. (Traduit de mains) comme, après, dans l’aventure coloniale et son principe de « regénéra- l’anglais – Etats-Unis – par Francis Kerline. Seuil, « Points », 326 p., 45 F tion assimilatrice ». La voie ainsi tracée est large pour la revendication identi- [6,86 ¤].) M. Si. taire, dût-on y perdre « ce qu’il y a d’universel en chacun de nous ». (Flamma- rion, « Champs », 186 p., 44 F [6,71 ¤].) A. My b LE MONDE DE BARNEY, de Mordecai Richler Barney Panofski rédige ses Mémoires tout en perdant un peu la sienne. Ce « vieux schnoque de soixante-sept ans qui rétrécit à vue d’œil, affligé d’une queue jeunesse qui fuit », devenu excessivement riche en passant du commerce de l’huile b d’olive et des fromages français à la production d’ « inanités télévisuelles », a aimé trois femmes, eu trois enfants, est accusé du meurtre de son meilleur ami b VERCINGÉTORIX, de Bertrand Solet et se connaît au moins un ennemi juré. Mais ce qui est surtout épatant dans ces Sortie cinématographique oblige, le chef gaulois fait un retour en force dans les souvenirs habilement décousus – tout est prévu cela dit, il y a de façon assez librairies. Au rayon jeunesse, le roman court de Bertrand Solet – qui a signé cocasse une postface et des notes en fin de volume –, c’est un style, une façon quelques belles réussites dans le genre du récit historique – est tout à fait remar- d’être, une immense exubérance. (Traduit de l’anglais – Canada – par Bernard quable. Romuat, jeune paysan arverne, quitte femme et enfant pour la campa- Cohen. Le Livre de poche, 604 p., 50 F [7,62 ¤].) M. Si. gne militaire qui le conduit de l’épopée de Gergovie à l’échec d’Alésia. Les no- tes, l’introduction comme l’épilogue assurent une tenue pédagogique heureuse. (Pocket Jeunesse, 112 p., 30 F [4,57 ¤].) A partir de 10 ans. Ph.-J. C. essais b b LE COLLÈGE-FANTÔME, de Jean-Philippe Arroud-Vignod Ce court roman conjugue fantastique et gothique avec un réel bonheur. Un lu- b MYTHE ET TRAGÉDIE EN GRÈCE ANCIENNE, gubre collège coupé du monde, au sommet d’un piton rocheux, un trésor mé- de Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet diéval très convoité dont les grimoires perdus recèlent la seule clé rationnelle, D’abord publiés séparément et à quatorze années d’écart, désormais rassem- le jeune Sébastien, isolé, avec Jules Verne pour seul réconfort, et l’irréelle blés sous le même titre, celui du premier volume, Mythe et tragédie en Grèce an- Camille qui l’amène à se dépasser… Pour ceux qui croient trop vite savoir que cienne (Maspero, 1972) et Mythe et tragédie (vol. 2) (La Découverte, 1986) propo- le collège, c’est le bagne !… (Gallimard, « Folio junior », 64 p., 20 F [3,05 ¤].) A sent une approche de la tragédie grecque qui relève de la sociologie de la littéra- partir de 8 ans. Ph. -J. C. ture et de l’anthropologie historique. A travers l’analyse de L’Orestie et des Sept contre Thèbes d’Eschyle, de l’Œdipe roi,del’Œdipe à Colone et du Philoctète de b LA PHOTO TERRIBLE, de Janine Teisson Sophocle ou encore des Bacchantes, dernière œuvre d’Euripide, Vernant et Vi- Attention, ce roman n’est pas qu’un roman mais l’élément le plus important dal-Naquet veulent démontrer que la tragédie grecque constitue « un fait hu- d’un ensemble qui, telle la musique de chambre, mobilise plusieurs virtuoses main unique », tant par la réalité sociale qu’elle manifeste avec l’institution des pour livrer son expression complète : un poème d’Andrée Chedid, une pensée concours tragiques que par la création artistique dont elle témoigne avec l’avè- de l’empereur stoïcien Marc Aurèle et une chanson de Zebda – qu’un CD per- nement d’un nouveau genre littéraire ou par la mutation psychologique qui se met d’écouter – disent à leur manière l’idéal fraternel au cœur de ce premier manifeste avec ce « surgissement d’une conscience et d’un homme tragiques ». « Tempo », collection nouvelle de Syros qui entend défendre et illustrer de cette L’analyse, devenue classique, ne fait pourtant pas l’unanimité. Elle n’a jamais façon originale les principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme. convaincu les tenants du « retour au texte ». (La Découverte/Poche, deux volu- Courageux et militant ; Amnesty International est partenaire de ce premier mes, 186 p. et 384 p., 55 F [8,38 ¤] et 75 F [11,43 ¤].) A. My volume. (Syros, 96 p. et un CD, 85 F [12,95 ¤].) A partir de 12 ans. Ph.-J. C.

b MÉMOIRES D’UN LUTTEUR DE SUMO, de Kirishima Kazuhiro b ON NE BADINE PAS AVEC LES TUEURS, de Catherine Missonnier Atteignant, à grand renfort de gâteaux de riz et de bouillons aux pâtes, cent Une sombre affaire de trafic de drogue aux abords d’un collège et une quête de vingt kilos, Kirishima Kazuhiro est un rikishi (lutteur de sumo) qui doit trouver paternité se télescopent pour rendre invivable l’existence du jeune Vincent qui ailleurs que dans son poids l’outil de ses victoires contre des adversaires parfois vit chez sa tante, rue Lecourbe, son ethnologue de mère étant en mission en deux fois plus lourds que lui. Né pauvre, il intègre le monde du sumo à l’âge de Afrique. L’intrigue, remarquablement menée, sans baisse de régime ni complai- quinze ans et s’en retire en 1996, à trente-sept ans – un âge bien avancé dans le sante facilité, était parue chez Rageot en 1993 ; elle est ici discrètement milieu – après avoir connu une ascension laborieuse, la gloire, les blessures et la illustrée par Philippe Bucamp. (Gallimard, « Folio junior », 154 p., 30 F disgrâce. Styliste, spécialiste de prises rares, comme soulever ses adversaires [4,57 ¤].) A partir de 10 ans. Ph.-J. C. VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 - LE MONDE DES POCHES - IX essais bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Meatyard, inquiétante étrangeté

RALPH EUGENE MEATYARD émotions. Pour déchiffrer ces images, Introduction de James Rhem. mieux vaut se lever de bonne heure. On Traduit de l’anglais (Etats-Unis) peut rester couché et être simplement im- par Ginette Morel. pressionné par la puissance immédiate Nathan, « Photo Poche », 144 p., des photos, par cette machine à créer des 63 photos, 60 F (9,15 ¤). ambiances, du rêve, de l’émotion, mais (Inédit.) aussi de l’angoisse. Comment Meatyard s’y prend-il pour intégrer – et désinté- ’est le premier livre en français grer – les enfants dans le décor ? Pour les consacré au photographe amé- transformer en fantômes ? On pense à ricain Ralph Eugene Meatyard. cette fillette allongée sur l’herbe, les Il fait suite à un hommage jambes comme écartelées, chacune épou- réussiC des Rencontres internationales de sant l’ombre d’une branche au sol. A ce ga- la photographie d’Arles, en 1999, et méri- min flou aux bras de corbeau. A cet autre terait d’être suivi par une grande exposi- enfant qui surgit d’une porte pour hurler, tion. On le doit à la collection « Photo Po- étouffer, mugir. Le sacré tutoie la mort che » (Nathan), ce qui garantit un objet dans les lumières, les têtes auréolées, les soigné et un prix modéré. Le texte de Ja- visages flottants. Meatyard « montre le vif mes Rhem est dense, qui éclaire un per- dans le mort », écrit James Rhem. sonnage méconnu et une œuvre aussi cap- Le volume publie les différents aspects tivante que complexe. du travail, sans insister sur les abstrac- Meatyard (1925-1972) est un photogra- tions ; ce qui est une bonne chose car ces phe en marge des courants repérés de l’his- dernières sont répétitives. Certaines ima- toire de la photographie. Soit : on en dit ra- ges importantes ne sont pas là, à décou- rement du mal, et même plutôt du bien, vrir, notamment en couverture, dans la mais il a tout pour tomber dans l’oubli. On monographie de James Baker Hall (éd. devrait pourtant être intrigué par le déca- Aperture, 1974), entreprise avec l’accord lage entre la vie sans histoire et la noir- du photographe. Le choix de publier les RALPH EUGENE MEATYARD/PHOTO POCHE ceur du travail, entre la ville paisible où il photos sans date ni légende suit la volonté vécut et l’univers angoissant des images. de Meatyard. On aurait aimé néanmoins On retient souvent que Meatyard était également précoce. Quant à son club de savoir comment l’œuvre naît et progresse opticien de profession – la chose était fré- On peut enfin photo, il était un des plus en pointe du et à quelle série chaque image appar- quente au milieu du XIXe siècle, quand le pays, ouvert au travail de Weston, en lien tient – Meatyard travailla près de seize procédé était dominé par les hommes de découvrir en avec Aaron Siskind ou Minor White. thèmes, écrit Rhem. Mais c’est un livre science. D’abord apprenti à Chicago, Mea- Tout cela pour dire que Meatyard n’est juste qui devrait gagner un nouveau pu- tyard est engagé en 1950 par un fabricant France de façon pas un plaisantin. Seulement, il est plus blic, au-delà du cercle des inconditionnels. d’optique de Lexington (Kentucky), une dans le sensible que dans le visuel. Il ne Michel Guerrin ville où il ouvre son propre magasin en accessible l’œuvre prend pas des images, il construit une 1967 et réalise son œuvre. Il y a aussi le inclassable œuvre cérébrale, bourrée de références père de trois enfants, « heureux en mé- intimes et universelles, de métaphores En attendant le numéro 100… nage, qui présidait une association de pa- et méconnue de sacrées et de métaphysique. Il réalise des rents d’élèves et entraînait une équipe sco- photographies comme d’autres compo- Avec 2,6 millions d’exemplaires ven- laire de base-ball », écrit James Rhem. Et ce photographe sent un poème, écrivent de la musique, dus depuis 1982 – Nadar fut le numéro puis le passionné de musique, accordéo- imaginent un tableau abstrait, improvi- inaugural –, « Photo Poche » occupe niste, collectionneur de disques de jazz. américain pour sent au théâtre, donnent un concert. « Ja- une place centrale dans le paysage Ou le turfiste qui meurt après avoir as- mais je ne ferai de photo par accident », français de l’édition photographique. sisté, à la télévision, au derby du Ken- qui l’exploration dit-il à la fin des années 1950. Dans un en- La formule gagnante, toujours avec tucky. tretien de 1970, il a « la conviction que la Robert Delpire aux manettes, a connu Meatyard aimait même la photo. Il fré- des idées et des photo est plus proche de la poésie écrite au fil du temps de légères adaptations. quente, à partir de 1950, le Lexington Ca- que de tout autre domaine artistique, y com- Le prix est passé de 29 F en 1982 à 60 F mera Club, un de ces clubs de photo émotions primait pris des arts plastiques », qu’elle est plus in- (9,15 ¤) aujourd’hui ; Nathan a ra- comme il en existait tant dans le pays et timement liée à « une certaine musique cheté, en 1997, une collection imagi- en Europe. Bref, il a tout de l’amateur sur le visuel. qu’avec l’imagerie visuelle ». née par Robert Delpire pour le Centre sympathique qui n’a aucune chance de de- national de la photographie (ministère venir crédible auprès de l’establishment Une œuvre Meatyard rame à contre-courant. Pas de la culture) ; la collection, essentielle- photographique. On n’est pas opticien et besoin de courir le monde quand on est ment consacrée aux maîtres, du XIXe à photographe. On ne vit pas à Lexington complexe plongé dans son monde intérieur. Il ne nos jours, a été doublement déclinée : mais à New York. On ne fréquente pas un montre pas des gens célèbres mais sa « Photo Poche Société » (le no 9 consa- club de photo, en tout cas pas à la fin des et captivante, femme, ses enfants, ses amis ; pas de re- cré à l’Extrême Asie de Philip Blenkin- années 1950. Dans ces années-là, on ne se gards rassurants mais des masques grotes- sop) et « Photo Poche Histoire » (avec replie pas, on voyage, on descend dans la peuplée ques de Halloween, des têtes de poupées Gandhi comme no 5). Bruno Barbey, rue, on se mêle au monde. en décomposition et quelques vrais visa- Claude Cahun et Araki sont sortis Portrait trompeur. Il y a d’abord les pho- de fantômes ges mais souvent flous, hurlant, entre la avant Meatyard et Horvat (no 88). Sont tographies, difficiles à déchiffrer, qui ne vie et la mort ; pas des villes spectaculaires annoncés, pour février, Albert Renger font penser à rien de repéré, si indompta- et d’enfants, plus mais une maison délabrée ou une verdure Patzsch (no 89) et Leonard Freed bles, à l’opposé de la belle image à parta- non identifiables, des ciels sans tache ; pas (no 90), puis, jusqu’à juin, Hippolyte ger. La biographie a également sa face ca- proche de la poésie la « grande histoire » en toile de fond Bayard, Frantisek Drtikol, Maurice Ta- chée. A l’université du Kentucky, Mea- mais des micro-événements tirés du quoti- bard et Alvin Langdon Coburn, ainsi tyard se lie d’amitié avec des poètes, sur- que de la photo dien ou du rêve. qu’un « Histoire » sur Jean Jaurès. Le tout Thomas Merton, un moine trappiste Meatyard cherche, explore, opte pour no 100, annoncé pour le trentième anni- qui partage son goût pour la philosophie traditionnelle un « émotionnalisme non figuratif ».Ila versaire de la collection, en 2002 (qui zen. Et puis il dévore les livres, la poésie, même plongé, un temps, dans une photo- verra la sortie d’éditions anglaise, espa- Ezra Pound, Lewis Carroll. Il fait réfé- graphie abstraite. James Rhem explique gnole et italienne), sera auréolé d’«un rence aux constructions de Matisse et de comment les idées sont guidées par «un éclat particulier ». M. G. Klee. Son engouement pour le théâtre est corpus de préceptes » propre à créer des X - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 essais bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Cet obscur objet du désir L’esprit L’étude sur le fétichisme d’Alfred Binet a encore beaucoup de choses à nous apprendre du corps

LE FÉTICHISME fascination que ces études sur le féti- sion : « L’amour du perverti est une pièce L’ERREUR DANS L’AMOUR chisme avaient exercée sur lui, fascina- de théâtre où un simple figurant s’avance DE DESCARTES d’Alfred Binet. tion dont Anne Henry s’était fait l’écho vers la rampe et prend la place du premier d’Antonio R. Damasio. Préface d’André Béjin. dans ses ouvrages sur les influences philo- rôle. » Odile Jacob Poches, Payot, « Petite Bibliothèque sophiques de Proust (1). Freud, né une année avant Binet, lui 396 p., 59 F (8,99 ¤). sciences humaines », Sous l’impulsion d’André Béjin, qui le rendra hommage dans les Trois essais sur (Première édition : 126 p., 48 F (7,32 ¤). préface, la « Petite Bibliothèque Payot » la théorie de la sexualité : le premier, il a Odile Jacob, 1995.) (Première édition : 1887.) a l’audace de rééditer Le Fétichisme dans vu que dans le choix du fétiche se mani- l’amour comme si un de ces austères et ti- feste l’influence persistante d’une impres- âcheux Descartes, trente ans, Alfred Binet se pose morés professeurs du XIXe siècle – c’est sion sexuelle ressentie dans l’enfance. qui établit une sé- l’éternelle question : qu’est-ce tout au moins ainsi qu’on les imagine – Plus tard, Freud soutiendra que le fétiche paration si catégo- que l’amour ? Pourquoi dé- avait quelque chose à nous dire sur la est un substitut du pénis ou, pour être F rique entre les A sire-t-on telle personne plutôt sexualité et sur ce qu’on nommait alors plus précis, un substitut du phallus de la corps et les esprits ! Une que telle autre ? Il y répond dans deux ar- avec humour « les sublimes puérilités de mère auquel le petit enfant veut croire « erreur » que les neuro- ticles de la Revue philosophique qui por- l’amour ». Eh bien, oui, Alfred Binet a en- pour conjurer son angoisse de la castra- sciences pourraient bien tent pour titre : « Le fétichisme dans core quelque chose à nous offrir : d’abord tion. renouveler chaque fois l’amour ». Nous sommes en 1887. La une impressionnante leçon de style, en- Les hypothèses psychanalytiques ren- qu’elles ramènent, un peu sexologie et la psychanalyse sont encore suite un recueil de cas cliniques qui dront pour un temps caducs les travaux vite, les processus mentaux dans les limbes. auraient fait le bonheur d’un cinéaste des psychologues préfreudiens. Cepen- à des phénomènes céré- A bien des égards, Alfred Binet fait fi- comme Luis Bunuel, enfin une réflexion dant, à lire Alfred Binet, qui s’inspire à la braux indépendants du gure de précurseur. Il sera d’ailleurs sou- sur l’amour et la perversité qui est loin fois du Traité des passions de Descartes et « paysage » qui les envi- vent plagié, y compris par Jung, qui lui d’être démodée. de la Métaphysique de l’amour de Scho- ronne, notre corps. L’esprit empruntera les notions d’extraversion et A partir d’exemples aussi classiques penhauer, on se rend compte de l’erreur humain ramené aux dimen- d’introversion. Ses biographes laissent en- que celui de Descartes irrésistiblement at- qu’on commettrait en reléguant au maga- sions d’un logiciel informa- tendre qu’il n’en prenait pas ombrage : tiré par des femmes qui louchaient ou de sin des antiquités un essai aussi subtil tique indépendant de son c’était un homme timide qui s’intéressait Rousseau ne trouvant de satisfaction que dans la compréhension de l’amour mor- environnement physique à la psychologie des joueurs d’échecs, à la dans la flagellation, Alfred Binet arrive à bide – et quel amour ne l’est pas ? Il n’y a et social ? Telle est bien l’in- fatigue intellectuelle, à l’hypnose et qui la conclusion que l’amour normal, pour pas de progrès en psychologie. Il n’y a quiétude d’Antonio Dama- écrivait sous pseudonyme des drames lu- autant qu’il existe, n’est que le résultat que des regards différents. Celui de Binet sio, qui dirige le départe- gubres. Il était proche de Pierre Janet, son d’un fétichisme subtil et compliqué, poly- est singulièrement clairvoyant. Même si, ment de neurologie de rival de toujours, qui l’emporta sur lui, en théiste pour le dire en un mot. Le pur féti- comme tous les psychologues, il reste l’université de l’Iowa aux 1902, au Collège de France. Alfred Binet chiste, en revanche, est un monothéiste : aveugle sur le fétichisme féminin. Etats-Unis. Il aimerait faire mourut en 1911, à l’âge de cinquante-qua- la partie s’est substituée au tout et l’acces- Roland Jaccard admettre que la mise en tre ans. Il n’est pas un manuel de psycho- soire est devenu primordial. « Où com- œuvre de comportements logie qui ne lui consacre quelques para- mence la pathologie ? » demande Binet. (1) Proust romancier : le tombeau égyptien, rationnels est indissociable graphes, mais personne n’aurait songé à Réponse : au moment où l’amour d’un dé- Flammarion, « Critique », 78,29 F (11,94 ¤), et de notre capacité à ressen- le relire. Ce qui est d’autant plus surpre- tail quelconque devient prépondérant au La Tentation de Marcel Proust, PUF, « Perspec- tir et à exprimer, physique- nant que Marcel Proust ne cachait pas la point d’effacer tous les autres. Conclu- tives critiques », 138 F (21,04 ¤). ment, des émotions. Les nombreux cas clini- ques qu’il a pu étudier, et qu’il expose ici, l’amènent à considérer que « la per- ception des émotions l’em- porte sur les autres proces- Lacan, à la lettre sus perceptifs ». Instinct de survie ? C’est en tout cas ainsi, assure-t-il, que se Le livre II du « Séminaire » ou la théorie du signifiant à l’épreuve d’Edgar Poe constitue un « cadre de ré- férence » indispensable à JACQUES LACAN, servira ensuite d’ouverture (avec quelques vation et dans l’application de la finesse de l’activité cérébrale tout en- LE SÉMINAIRE , LIVRE II modifications) au volume des Ecrits publié ses adversaires. » tière, notamment dans le Le moi dans la théorie de Freud et en 1966. L’histoire se passe en France sous Ce « Séminaire sur la lettre volée » témoi- domaine des processus dans la technique de la psychanalyse, la Restauration. Le chevalier Auguste Du- gne de la manière dont Lacan pense la « lo- cognitifs. Est-ce dénaturer 1954-1955 pin doit résoudre une énigme en parvenant gique » du signifiant. Selon lui, une lettre ar- ce que les hommes nom- Texte établi par Jacques-Alain Miller. à retrouver une lettre compromettante dé- rive toujours à destination parce que la ment, depuis des millénai- Seuil, « Points-essais », 452 p., 55 F (8,38 ¤). robée à la reine et cachée par son ministre, lettre, c’est-à-dire le signifiant, tel qu’il s’ins- res, l’âme ou l’esprit ? lequel l’a placée en évidence entre les ar- crit dans l’inconscient, détermine l’histoire Est-ce démystifier l’amour ublié en 1978, du vivant de Lacan, ceaux de la cheminée de son bureau. Dupin du sujet, sa relation ou sa non-relation à et la haine ? Est-ce oublier et transcrit par son gendre, Jac- demande audience à celui-ci, et, pendant autrui. Aucun sujet n’est le maître de la le libre arbitre et le génie ques-Alain Miller, ce séminaire est qu’il lui parle, il dérobe l’objet et le rem- lettre (de son destin), et, s’il le croit, il risque créateur ? Damasio voit P devenu un classique dans le place par un autre, identique. Ainsi le minis- de se prendre au leurre de la toute-puis- plutôt dans cette « pré- monde entier. La présente édition est identi- tre ignore-t-il que son secret a été percé, sance imaginaire de son moi. C’est à Jac- séance du corps » une occa- que à l’édition courante, qui ne comporte ni tout en continuant à se croire le maître du ques Derrida que l’on doit le plus beau com- sion renouvelée d’émer- notes, ni bibliographie, ni appareil critique, jeu et de la reine. Car posséder la lettre, c’est mentaire du commentaire de Lacan. Dans veillement. Parce qu’elle selon le choix contestable et contesté fait détenir un pouvoir sur son destinataire. un texte célèbre de 1975, Le Facteur de la vé- nous fait considérer la par le transcripteur. Pour expliquer son geste, Dupin raconte rité (La Carte postale, Flammarion, 1980), il complexité des mécanis- Durant cette période, Lacan se livre à un l’anecdote d’un gamin et d’un jeu de indique que cette logique peut devenir un mes qui rendent possibles éblouissant retour aux textes de Freud. Il pair/impair. L’un des joueurs tient dans la dogme et fonctionner comme une « poste tant de ces « sortilèges » parle donc du désir, de la langue, de la pa- main un certain nombre de billes et dit à restante » si elle obéit au principe de l’indivi- qui font une vie humaine. role, du langage et du grand Autre en s’ap- l’autre : « Pair ou non ? » Si celui-ci devine sibilité de la lettre plutôt qu’à sa déconstruc- Et parce qu’elle nous resti- puyant sur les concepts de la linguistique juste, il gagne une bille ; s’il se trompe, il tion. Autrement dit, une lettre n’arrive pas tue, enfin, notre unité. saussurienne. Cela lui permet de peaufiner en perd une. Et il ajoute : « L’enfant dont je forcément à destination, car nul n’est maî- Sous le raisonnement, sa fameuse théorie du signifiant et d’en don- parle gagnait toutes les billes de l’école. tre du destin, pas même le destin, qui ne l’émotion. Sous l’activité ner la quintessence à travers une lecture du Naturellement, il avait un mode de divi- cesse d’emprunter des chemins de traverse. de l’esprit, le corps. conte d’Edgar Poe La Lettre volée . Ce texte nation qui consistait dans la simple obser- Elisabeth Roudinesco André Meury VENDREDI 2 FÉVRIER 2001 - LE MONDE DES POCHES - XI essais bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb De la pluralité Du bon usage de l’idée totalitaire des mondes Histoire d’un outil interprétatif impur mais indispensable, par Enzo Traverso

GALILÉE LE TOTALITARISME Ainsi l’approche orwellienne du phéno- ticommuniste, et de l’Europe à l’Amérique. de Georges Minois. Le XXe siècle en débat mène totalitaire suscite-t-elle plusieurs mi- Car, depuis les années 1950, le concept de PUF, « Que sais-je ? », Textes choisis et présentés ses en écho : le philosophe italien totalitarisme s’est transformé « en vérita- 128 p., 42 F (6,40 ¤). par Enzo Traverso. Benedetto Croce s’appuie sur 1984 pour ble arme de propagande », si bien qu’après (Inédit.) Seuil, « Essais », 928 p., 80 F (12,20 ¤). développer une critique libérale du régime la chute du mur de Berlin il est devenu por- (Inédit.) soviétique, tandis que l’historien marxiste teur de ces « amalgames superficiels » et de e 22 juin 1633, à et antistalinien Isaac Deutscher voit dans ces « symétries simplistes » (du type na- genoux devant le nventé pour penser des systèmes de ce même roman un cadeau providentiel zisme = communisme) qui font écran à la tribunal de l’Inqui- domination inédits, le concept de to- fait par Orwell aux anticommunistes et pleine compréhension de l’histoire. L sition, Galileo Ga- talitarisme fut d’emblée un outil in- autres « Cold War Warriors ». De même, Tout le propos du livre est donc de sub- lilei, alors âgé de soixante- I terprétatif impur et une arme idéolo- on trouvera plusieurs réponses au vertir une théorie du totalitarisme qui ne dix ans, abjura et maudit gique ambiguë. Aussi, à l’heure où cer- concept d’« Etat total » élaboré par le viserait qu’à « décréter l’ordre néolibéral ses hérésies. L’année précé- tains ne se penchent sur la « parenthèse to- juriste allemand Carl Schmitt sous la Répu- comme le meilleur des mondes face aux dic- dente, à Florence, il avait talitaire » que pour mieux proclamer le blique de Weimar, notamment un extrait tatures du siècle ». Contre cette tendance publié son Dialogue sur les triomphe définitif du consensus démocra- du Behemoth publié en pleine guerre par de plus en plus dominante, Traverso reven- deux grands systèmes du tique, il est bon d’opérer un retour criti- le marxiste exilé Franz Neumann, lequel dique explicitement sa filiation avec ce monde (1), celui de Ptolé- que sur les tyrannies qui semèrent terreur tentait de soustraire Hobbes et sa pensée qu’il appelle, après Hannah Arendt, une mée et celui de Copernic. et malheur au sein du XXe siècle. politique à l’emprise des zélateurs « tradition cachée ». Celle des exilés, des Depuis 1616, les œuvres C’est à cette nécessité que répond le re- hitlériens. parias, de tous ces hérétiques qui brandi- de Copernic sont inscrites cueil de textes rassemblés par l’historien Pourtant, Enzo Traverso ne se borne rent l’idée totalitaire à la fois contre le fas- à l’Index, et Galilée ne italien Enzo Traverso. Publiée directe- pas à croiser les regards. Comme en témoi- cisme et contre le stalinisme, sans jamais peut soutenir l’héliocen- ment en poche, dans un double souci de gne le bel essai introductif qui ouvre cette perdre le cap d’une émancipation possi- trisme. Formellement, le pédagogie et d’engagement, cette antholo- anthologie, sa maîtrise du corpus historio- ble : en hommage à cette culture de l’exil recours au dialogue per- gie donne accès à la plupart des grands tex- graphique lui permet de pointer le glisse- (Franz Neumann, Hans Kohn, Victor met à Galilée de présenter tes (d’Halévy à Kershaw en passant par ment des approches, dans le temps Serge ou encore Herbert Marcuse), Tra- les deux systèmes à titre Aron, Arendt ou Talmon), et retrace l’iti- comme dans l’espace, pour suivre pas à verso livre ici plusieurs textes en partie iné- d’hypothèses entre lesquel- néraire de l’idée totalitaire à travers les dé- pas la « transmigration » de la problémati- dits, et dénonce en creux l’amnésie d’une les il appartient à l’Eglise cennies, les aires culturelles et les sensibili- que totalitaire : née parmi les antifascistes certaine gauche contemporaine. Déser- de trancher. Mais per- tés politiques, en déjouant avec bonheur italiens au début des années 1920, elle est tant le débat sur le totalitarisme, celle-ci sonne ne s’y trompe, tant les écueils du genre. Combien d’ouvrages, développée parmi les réfugiés (Paris, New se trouve doublement coupable : d’ingrati- la démonstration de la su- en effet, se contentent d’un passage en re- York) dans les années 1930 et 1940, avant tude, d’abord, envers certaines de « ses périorité de la théorie de vue platement descriptif, pour empiler ré- de connaître son âge d’or pendant la voix les plus significatives et profondes » ; Copernic est éclatante. En férences et écoles (chrétienne, libérale, guerre froide. d’ignorance, ensuite, envers ce concept outre Galilée tourne en ri- marxiste…) comme autant de continents Ainsi, analysant revirements idéologi- qui, même imparfait, n’en demeure pas dicule l’argument, imaginé séparés ? Ici, au contraire, une approche ques et pérégrinations intellectuelles, moins indispensable tant pour restituer par le pape lui-même, se- dynamique des cultures politiques favo- l’auteur décrit la mutation des paradigmes l’histoire du siècle passé que pour dessiner lon lequel Dieu, étant tout- rise le dialogue des textes en marquant et le déplacement des foyers de réflexion, les contours d’une espérance à venir. puissant, n’est pas tenu convergences et ruptures. de la gauche antifasciste au libéralisme an- Jean Birnbaum d’agir selon les lois d’une science d’invention hu- maine. Georges Minois, spécia- liste reconnu des relations entre l’Eglise et la science, a parfaitement reconstitué Récit dans la forteresse vide la logique des démêlés de Galilée avec le Saint-Of- fice, où il comptait pour- Temple Grandin raconte, de l’intérieur, ses souffrances et sa victoire sur l’autisme tant de nombreux amis. Son livre, qui n’apporte MA VIE D’AUTISTE fait fuir tout contact physique avec les hu- La stimulation tactile est une épreuve per- rien d’inédit en matière de Temple Grandin. mains. A six mois, Temple Grandin se rai- manente dans les rapports des autistes d’histoire des sciences pro- Traduit de l’anglais dissait déjà au contact de sa mère, a-t-elle avec les autres : « Notre corps crie son envie prement dite, établit nette- par Virginie Schaiffer. appris en lisant le journal de cette dernière. de contact humain, mais au moment où il se ment que l’héliocentrisme, Odile Jacob, 234 p., 55 F (8,38 ¤). Tous les signes décrits au long de sa vie si- produit, nous reculons de douleur et de toléré jusqu’en 1613 à titre (Premières éditions : Odile Jacob, gnent l’autisme, et pourtant elle a réussi à confusion. Il m’a fallu attendre vingt-cinq ans d’hypothèse utile pour fa- 1994 et 1998.) faire des études, elle a une insertion profes- pour réussir à serrer la main et à regarder ciliter les calculs, n’expli- sionnelle de haut niveau (professeur d’uni- quelqu’un en face. » Elle va inventer toute que pas totalement le pro- ’autisme n’est pas toujours une versité) et dirige la société d’équipements sa vie des machines, dérivées des machines cès intenté à Galilée. Ce condamnation sans appel à l’exclu- agroalimentaires qu’elle a créée. à serrer le bétail, destinées à lui procurer que l’Eglise ne pouvait sup- sion. Il faut lire le premier livre Grâce au soutien de sa mère puis d’ensei- cette stimulation tactile indispensable et porter, dans le contexte de L autobiographique de Temple Gran- gnants d’une rare compréhension, elle a qu’elle ne peut supporter de recevoir de la la Contre-Réforme, c’est din pour non seulement s’en convaincre, pu mener ses études dans des écoles pour part des autres humains. Douée d’empa- la volonté du savant de mais aussi connaître « de l’intérieur » les enfants normaux. Chaque cycle d’études a thie avec les animaux, elle perçoit leur sou- s’immiscer dans l’interpré- difficultés, les drames, les blocages, les re- été d’abord une source d’angoisse ex- lagement et fabrique pour elle-même une tation des Ecritures pour jets, les angoisses que vit l’enfant puis trême, puis l’occasion d’une victoire sur machine comparable. Et elle en tire le béné- mieux accréditer l’accord l’adolescent autiste. Dans sa préface, Gil- elle-même. Elle a tout noté, ses colères fice qu’elle en attendait : le passage dans la de la science nouvelle et bert Lelord, qui a consacré sa vie à l’étude brusques, ses cris, ses crachats, ses atta- machine calme ses crises d’anxiété. Cette de la foi. et au soin des autistes, ne peut cacher son ques sur les autres enfants. Elle raconte ses expérience engage toute sa vie. Elle peut Jean-Paul Thomas admiration après l’avoir rencontrée : «Je frustrations devant l’incompréhension des alors faire les efforts nécessaires pour étu- ressentais un peu le sentiment qu’on éprouve autres. Surdouée par certains aspects, elle dier et franchir une à une les étapes qui la (1) Traduit de l’italien par lorsqu’on nous présente une championne qui restait débile dans d’autres, incapable de conduiront à la maîtrise intellectuelle puis René Fréreux, avec le vient de réaliser le tour du monde à la voile faire deux choses en même temps. L’orga- professionnelle des équipements pour abat- concours de François De en solitaire. » nisation de sa pensée était en outre très dif- toirs et combiner ses deux passions, l’étude Gandt, Seuil, « Points Scien- L’autisme est une maladie de la commu- férente de celle des autres enfants, elle l’est de l’autisme et le bien-être des animaux. ces », 656 p., 77 F (11,74 ¤). nication, un trouble du développement qui restée. Elisabeth Bursaux XII - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 2 FÉVRIER 2001