Lundi 24 Juillet 1995
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Année 1995. - N° 28 S. (C.R.) ISSN 0755-544 X Mardi 25 juillet 1995 JOURNAL OFFICIE' DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE DIRECTION DES JOURNAUX OFFICIELS Standard (16-1) 40-58-75-00 Renseignements (16-1) 40-58-78-78 26, rue Desaix, 75727 PARIS CEDEX 15 Télécopie JOURNAL (16-1) 45-79-17-84 OFFICIEL TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE 1994 1995 COMPTE RENDU INTÉGRAL 10e SÉANCE Séance du lundi 24 juillet 1995 28 1318 SÉNAT - SÉANCE DU 24 JUILLET 1995 SOMMAIRE PRÉSIDENCE DE M. RENÉ MONORY Clôture de la discussion générale. M. le garde des sceaux. 1. Procès-verbal (p. 1319). M. le rapporteur. 2. Hommage à deux militaires français morts en Bosnie (p. 1319). Suspension et reprise de la séance (p. 1370) MM. Josselin de Rohan, le président. Exception d'irrecevabilité (p. 1370) 3. Saisine du Conseil constitutionnel (p. 1319). Motion n° 2 de Mme Hélène Luc. - Mme Hélène Luc, 4. Révision constitutionnelle. - Discussion d'un projet de loi MM. le rapporteur, le garde des sceaux, Charles constitutionnelle (p. 1319). Lederman. - Rejet par scrutin public. Discussion générale ; MM. Jacques Toubon, garde des • sceaux, ministre de la justice ; Jacques Larché, rapporteur Question préalable (p. 1374) de la commission des lois ; Paul Masson, Charles Lederman. Motion n° 1 de M. Jean-Luc Mélenchon. - MM. Jean-Luc Mélenchon, le rapporteur, le garde des sceaux. - Rejet Suspension et reprise de la séance (p. 1337) par scrutin public. MM. Guy Allouche, le garde des sceaux. Renvoi de la suite dè la discussion. PRÉSIDENCE DE M. ERNEST. CARTIGNY 7. Communication de l'adoption définitive d'une proposi- 5. Rappel au règlement (p. 1342). tion d'acte communautaire (p. 1378). Mme Hélène Luc, M. le président. 8. Dépôt d'un rapport (p. 1378). 6. Révision constitutionnelle. - Suite de la discussion d'un projet de loi constitutionnelle (p. 1343). 9. Dépôt rattaché pour ordre au procès-verbal de la séance Discussion générale (suite): MM. Guy Cabanel, Pierre- du 20 juillet 1995 (p. 1378). Christian Taittinger, Pierre Fauchon, Michel Dreyfus- Schmidt, Jacques Habert, Yves Guéna, Michel Charasse, le garde des sceaux, Hubert Haenel. 10. Ordre du jour (p. 1378). SÉNAT — SÉANCE DU 24 JUILLET 1995 1319 COMPTE RENDU INTÉGRAL PRÉSIDENCE DE M. RENÉ MONORY Le texte de la saisine du Conseil constitutionnel est disponible au bureau de la distribution. La séance est ouverte à dix heures dix. M. le président. La séance est ouverte. RÉVISION CONSTITUTIONNELLE Discussion d'un projet de loi constitutionnelle PROCÈS-VERBAL M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion M. le président. Le compte rendu analytique de la pré- du projet de loi constitutionnelle (n° 374, 1994-1995), cédente séance a été distribué. adopté par l'Assemblée nationale, portant extension du Il n'y a pas d'observation ?... champ d'application du référendum, instituant une Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage. session parlementaire ordinaire unique, modifiant le régime de l'inviolabilité parlementaire et abrogeant les dispositions relatives à la Communauté et les dispositions transitoires. [Rapport n° 392 (1994-1995).} 2 Dans la discussion générale, la parole est à M. le garde des sceaux. M. Jacques Toubon, garde des sceaux, ministre de la jus- HOMMAGE À DEUX MILITAIRES FRANÇAIS tice. Monsieur le président, mesdames, messieurs les séna- MORTS EN BOSNIE teurs, en 1958, le général de Gaulle a accompli, avec le soutien des Français, une oeuvre constitutionnelle à la M. Josselin de Rohan. Je demande la parole. mesure de son ambition pour la France. M. le président. La parole est à M. de Rohan. Il a doté le pays d'institutions équilibrées dignes d'une M. Josselin de Rohan. Monsieur le président, mon- démocratie moderne et de nature à. résister à l'épreuve du sieur le garde des sceaux, mes chers collègues, deux offi- temps. Effectivement, plus que toute autre, la Constitu- ciers français ont été tués en Bosnie en accomplissant leur tion de 1958 a montré qu'elle avait pu s'appliquer tout devoir. en s'adaptant. Je souhaiterais que notre assemblée leur rende Plus que tout autre, le Président de la République, l'hommage qui leur est dû et adresse à leur famille nos Jacques Chirac, entend préserver cet héritage dont, désor- très sincères condoléances et le témoignage de notre mais, chacun se félicite et se recommande. admiration devant leur comportement. (Applaudissements M. Jean-Luc Mélenchon. Pas moi ! sur toutes les travées.) M. Jacques Toubon, garde des sceaux. Les grandes MM. Xavier de Villepin et Lucien Neuwirth. Très bien ! Constitutions - et la plus ancienne de toutes, la Consti- tution américaine, n'y fait pas exception - ont pourtant M. le président. Pour répondre à votre appel, monsieur besoin, régulièrement, d'aménagements. de Rohan, nous allons nous recueillir quelques instants. (M. le garde des sceaux, Mmes et MM les sénateurs se Ceux-ci ne sauraient porter atteinte aux équilibre fon- lèvent et observent une minute de silence.) damentaux, en effet, une telle atteinte n'est envisageable que lorsqu'un véritable changement de régime politique intervient. Aujourd'hui, si les Français sont visiblement troublés par les phénomènes profonds qui affectent notre 3 société, rien ne permet de douter de leur attachement à la Ve République, notamment à la stabilité politique qui la caractérise. Affaiblir cette stabilité constituerait, à l'évi- SAISINE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL dence, une erreur politique majeure. Pour autant, il est clair que les Français ne sont pas M. le président. J'ai reçu de M. le président du satisfaits de leur Etat. Une impression diffuse d'abord, Conseil constitutionnel une lettre par laquelle il informe puis de plus en plus nette s'est imposée à eux : ils n'ont le Sénat que le Conseil constitutionnel a été saisi, le pas, dans la conduite des affaires, suffisamment la parole. 20 juillet 1995, en application de l'article 61, alinéa 2, de Ils ont beau, depuis vingt ans, changer régulièrement les la Constitution, par soixante députés d'une demande majorités, ils n'en constatent pas les effets pratiques. d'examen de la conformité à la Constitution de la loi Maintenir la stabilité de l'exécutif mais soumettre relevant de 18,60 p. 100 à 20,60 p. 100 le taux normal davantage les orientations politiques à la surveillance et à de la taxe sur la valeur ajoutée à compter du la décision populaire, tel est l'objectif difficile mais exal- Pr août 1995. tant que le Président de la République a fixé au Gouver- Acte est donné de cette communication. nement dès sa prise de fonction. 1320 SÉNAT — SÉANCE, DU 24 JUILLET 1995 Le Gouvernement s'est acquitté de cette tâche en pro- MM. Jean-Luc Mélenchon et Michel Charasse. Oui ! posant un projet de loi constitutionnelle centré sur le renforcement simultané des deux voies d'expression de la M. Jacques Toubon, garde des sceaux. En réalité, l'ex- souveraineté nationale : le référendum et le Parlement, tension du champ du référendum ,ne change pas grand- deux voies qui, je le rappelle, sont consacrées par chose aux pouvoirs du Président de la République. En l'article 3 de la Constitution. effet, en 1958, lorsque fut introduite dans l'article 11 la référence à l'organisation des pouvoirs publics, après que Il s'agit d'un projet simple, qui évite toute remise en l'on a d'ailleurs songé, je le rappelle, à une rédaction cause des équilibres, facile à comprendre par l'opinion, et visant l'ensemble du domaine de la loi, il s'agissait, si l'on débouchant sur des conséquences très pratiques : des en croit ce que M. Raymond Janot en a dit plus tard, de consultations référendaires et un Parlement présent de « couvrir les problèmes de décolonisation ». façon presque continue au long de l'année. Autrement dit, l'article 11 permettait de traiter les pro- Mais c'est un projet perfectible, que le Gouvernement, blèmes les plus fôndamentaux qui se posaient alors au dès le début, n'a pas conçu comme définitivement clos. pays. Une fois ces problèmes réglés, l'article 11 devenait Au contraire, j'ai abordé le débat devant les assemblées dans cet esprit inévitablement désuet. Revitaliser dans un esprit d'ouverture, notamment en ce qui l'article 11 comme nous le proposons, en lui redonnant concerne le volet parlementaire de cette réforme. un contenu, ne serait donc, de ce point de vue, qu'un Comme je l'ai fait à l'Assemblée nationale, je vais pré- retour aux sources. senter la position du Gouvernement avec la conviction que c'est un bon projet Mais, dès le début de la dis- Je mesure cependant que cet arriment ne résout pas cussion des articles, vous verrez que vos idées trouveront toutes les questions. En effet, ce qu on a appelé et ce que de ma part un écho favorable dès lors qu'elles ne mettent Jacques Chirac lui-mêmè a appelé la « dérive monar- chique » de nos institutions,... pas en cause la logique de nos institutions. Etendre le champ du référendum sans en modifier M. Michel Charasse. Ah, ah ! substantiellement les procédures, allonger la période au M. Jacques Toubon, garde des sceaux. ... s'est produite cours de laquelle le Parlement légifhe et surtout contrôle plus tard, précisément à une époque où le référendum le Gouvernement, en accompagnant cet allongement était tombé en quasi-désuétude. (Rires sur les travées socia- d'améliorations qui, d'ailleurs, ne relèvent pas toutes de la listes.) Lui rendre vie,' ne serait-ce donc pas renforcer cette Constitution elle-même, tels sont les deux aspects de cette tendance ? réforme. D'où une deuxième étape dans la réflexion : peut-on à Ce projet de loi constitutionnelle se décline en réalité la fois rendre le référendum plus facile et priver, d'une en trois volets, car il est apparu nécessaire, à titre de manière que je qualifierai de soupçonneuse, le Président conséquence, d'aménager le régime des immunités parle- de la République de son libre usage ? mentaires.