Tony Blair Aux Talibans
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EN ÎLE-DE-FRANCE a Dans « aden » : tout le cinéma et une sélection de sorties Demandez notre supplément www.lemonde.fr 57e ANNÉE – Nº 17632 – 7,90 F - 1,20 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE -- JEUDI 4 OCTOBRE 2001 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Les Etats-Unis face au casse-tête taliban b Le régime de Kaboul cherche à gagner du temps face à la menace d’une intervention militaire b Il joue de ses appuis au Pakistan et des contradictions de l’opposition afghane b Djamel Beghal affirme avoir subi des mauvais traitements à Dubaï b Baisse historique des taux américains SOMMAIRE b Entretien : Roger Cukierman, président du CRIF, déclare au Mon- b La crise internationale après le de : « Juifs et musulmans sont 11 septembre : Tony Blair aux tali- dans le même bateau, nous avons JOE MARQUETTE/AP bans : « Livrez les terroristes, ou des combats communs. » p. 10 rendez le pouvoir. » La Maison Blanche s’efforce de calmer les b Le débat en France: Le mouve- Bush pour l’Etat palestinien impatiences des Américains. ment est embarrassé sur l’analyse Vladimir Poutine s’engage aux des événements et partagé sur ses côtés des Quinze pour combattre objectifs. Entretien avec Toni Negri. Dix morts dans la bande de Gaza le terrorisme. p. 4 Alors que le Parlement se réunit, Philippe Séguin explique, dans Le « L’IDÉE d’un Etat palestinien a auraient apporté un soutien. Sur b Où en sont les talibans ? Le régi- Monde, comment le terrorisme se toujours fait partie [de notre] place, le cessez-le-feu proclamé me de Kaboul est-il aussi affaibli nourrit de l’injustice. p. 11 et 12 vision, à condition que le droit à par Yasser Arafat le 18 septembre qu’on le dit ? La monarchie a-t-elle l’existence d’Israël soit respecté »,a a été de nouveau violé mardi. encore un avenir dans le pays ? La b Horizons-Débats-Analyses : déclaré à la presse le président Trois Palestiniens sont parvenus à France propose aux Quinze un « Les “héros“ d’une antimondialisa- George W. Bush, mardi 2 octo- entrer dans une colonie au nord- « plan d’action » pour l’après-tali- tion frénétique », Le point de vue bre. C’est la première fois qu’une ouest de Gaza et ont ouvert le feu, bans. Portrait : Aziz, garçon d’as- de Joseph Maïla. L’analyse de Ste- administration républicaine se pro- faisant deux morts avant d’être censeur à l’ONU. p. 6 et 7 phen Smith. p. 19 et 20 nonce de façon aussi nette en abattus. En réplique, des chars faveur de la création d’un Etat israéliens sont entrés à Gaza tuant b Les enquêtes policières et finan- b Conséquences économiques : le palestinien. Cette annonce fait par- cinq Palestiniens. cières : Les Etats-Unis fournissent à secret bancaire recule. Le loyer de tie des efforts déployés par Wash- l’OTAN leurs « preuves » de l’impli- l’argent est inférieur à l’inflation, ington pour tenter de faire accep- Lire page 2 cation d’Oussama Ben Laden. A après la nouvelle baisse des taux ter par les capitales arabes une et notre éditorial page 20 Paris, Djamel Beghal affirme qu’il a aux Etats-Unis. p. 21 et 22 offensive contre Oussama Ben avoué, à Dubaï, sous la contrainte Laden et contre les pays qui lui f www.lemonde.fr/israel-palestiniens et les mauvais traitements. p. 8 f www.lemonde.fr/11septembre2001 La France manque Salman Rushdie, « fatigué » que ses livres « finissent par devenir vrais » SALMAN RUSHDIE ne fera « plus jamais » vue l’« emplissait d’optimisme », se trouve à cet ouvrage en quelques mois. « L’Amérique d’infirmières voler d’avions dans ses romans, c’est juré. jamais modifiée. insulte le reste de la planète », pense son héros, Dieu sait pourtant s’il en a propulsé, des aéro- « Je suis fatigué que mes livres finissent par le professeur Solanka, un intellectuel intrigué LE GOUVERNEMENT doit nefs de toutes les tailles, dans ses ciels imagi- devenir vrais », lance-t-il dans un demi-souri- par cette ville où « partout (…) le dollar crépi- a faire face à une pénurie d’in- naires. Et transporté des quantités de person- re. Et pas seulement pour ce qui concerne les tait ». « Je n’étais pas le seul à penser que tout firmières sans précédent. Au nages à travers le monde – les stars de rock avions ou les persécutions prophétisées dans cela ne pourrait durer toujours, cette infinie AMANDINE ROCHE/SIPA moins 15 000 postes sont actuelle- dont il avait fait les héros du roman La Terre les Versets sataniques. Car même Furie (Plon), prospérité, ce contentement, cette ambition sans ment vacants dans les hôpitaux sous ses pieds, par exemple. Parfois même cer- son dernier livre, prend des accents prophéti- limites, explique l’auteur. Et puis je mesure la ENQUÊTE publics et le secteur privé. La mise tains sont morts en masse, dans de gigantes- ques, lorsqu’on le relit à la lumière des atten- haine que suscite l’Amérique, partout dans le en place des 35 heures risque fort ques explosions aériennes comme celle qui tats de septembre. Situé à New York, le roman monde. » d’aggraver la situation. Pour résou- ouvre les fameux Versets sataniques. « L’avion s’ouvre sur un constat d’échec de la civilisation Des années durant, il a prévenu les gouver- Dix jours en dre cette crise de recrutement, un est un endroit très important pour moi, dit-il, américaine, sur la fin d’un monde. nants des dangers du terrorisme, sans être plan de retour à l’emploi et un c’est ce qui a rendu ma vie possible. Sans cela, « Il s’est passé quelque chose de très étrange jamais vraiment écouté. « On pensait que je Afghanistan appel aux infirmières étrangères comment un enfant né à Bombay pouvait-il avec ce livre, explique Salman Rushdie. Alors me polarisais là-dessus parce que j’étais person- Georges Lefeuvre, ethnologue, a parcou- ont été lancés. La profession souf- aller étudier en Angleterre, ou vivre en Améri- que j’étais en plein dans la rédaction d’un autre nellement concerné. Et voilà que maintenant ru l’Afghanistan pendant dix jours, à par- fre également d’un manque de que ? » Et puis il y a eu le 11 septembre 2001. roman, celui-ci s’est imposé à moi. Il a surgi au tout le monde est concerné. » Bien qu’il critique tir du 7 septembre, quatre jours avant les reconnaissance : les salaires sont Ce jour-là, Salman Rushdie regardait la télévi- milieu d’un autre, exigeant absolument d’être l’impérialisme économique des Etats-Unis ou peu élevés au regard des condi- sion en direct, depuis Houston. Et comme écrit, comme si j’étais si pressé de saisir les der- leur politique étrangère, Salman Rushdie pen- attentats de New York. Il décrit un pays tions de travail. « L’activité est tous les autres il a vu le World Trade Center niers reflets d’un âge d’or et, aussi, les germes de se cependant qu’il ne faut pas se tromper d’en- obsédé par la sécheresse, où les talibans imprévisible, l’urgence est perma- s’écrouler devant ses yeux, « sans avoir imagi- la destruction à venir. Je me suis dit : si j’y arrive, nemi. Dans les circonstances actuelles, expli- ne forment pas un « régime », mais nente, tout se fait au détriment de la né une seule seconde que les tours finiraient par les lecteurs du futur sauront à quoi ressemblait que l’écrivain, il s’agit de choisir son camp. « tout juste une administration des relation avec le malade », regrette tomber ». New York, l’endroit du monde où il cette époque, lorsqu’elle aura disparu. Sauf que, « Et s’il faut choisir, dit-il, eh bien, moi, je choi- mœurs », et dont les habitants ont du une infirmière de Rouen. se sent « le plus heureux sur terre, plus que n’im- bien sûr, je ne m’attendais pas à ce que ce mon- sis Manhattan. » porte où ailleurs », est maintenant blessée. Et de disparaisse aussi subitement. » Et lui qui, mal à établir le lien entre leur pays et le Lire page 14 la ligne de crête de Manhattan, dont la seule d’ordinaire, ne travaille pas très vite a bouclé Raphaëlle Rérolle désastre qui a frappé les Etats-Unis. p. 17 Le « Bleuet » POINT DE VUE de la Réunion Injustifiable terreur par Monique Canto-Sperber N 1919, Léon Trotski, l’un damment de la situation sociale ou des plus redoutables com- historique où se trouve celui qui l’a missaires du gouverne- commis. On dit alors que le lyn- Ement bolchevique, pro- chage, l’assassinat aveugle, quand mulgua le décret dit « des ota- ils sont perpétrés par ceux qui sont ges », permettant de prendre en ou se présentent comme opprimés STEPHEN COATES/AFP otage et éventuellement de fusiller ou victimes, ne peuvent être décrits les familles de ceux qui s’oppo- de la même façon que lorsqu’ils PATRIMOINE saient à la révolution. sont commis par ceux qu’on dési- FLORENT SINAMA-PONGOLLE En 1938, deux ans avant sa mort, gne comme oppresseurs. On par- alors qu’anarchistes et ex-bolchevi- lera, dans un cas, d’un lâche assas- Civilisations ORIGINAIRE de Saint-Pierre (la ques lui reprochaient d’être sinat ou d’un crime impérialiste et, Réunion), Florent Sinama-Pongolle a l’auteur des lois de terreur dont il dans l’autre, d’une révolte bien meurtries été le meilleur buteur du champion- pâtissait à son tour, Trotski rédigea explicable ou de l’expression légiti- L’Afghanistan fut longtemps pour les nat du monde de football des moins deux pamphlets, Leur morale et la me du désespoir.