RESOLUTION DES CONFLITS LIES A L'EAU PAR LA COMMUNICATION PARTICIPATIVE DANS LE BASSIN DU NAKANBE AU

PROJET CEDRES-L1NDUSTRIELLE DE LENVIRONNEMENT Université de Ouagadougou 03 b.p. 7164, Ouagadougou 03 Burkina Faso

Presente au

ARCHIV pour le Développement International (CRDI) 119007 Septembre 2003 v. 2 IDRC CRDI International Development Centre de recherches pour I Centre developpement internatiom (

RESOLUTION DES CONFLITS LIES A L'EAU PAR LA COMMUNICATION PARTICIPATIVE DANS LE BASSIN DU NAKANBE AU BURKINA FASO

RAPPORT FINAL

PRESENTE AU CENTRE DE RECHERCHES POUR LE DEVELOPPEMENT INTERNATIONAL (CRDI)

PAR:

Nlombi KIBI, ing. For., M.B.A., Ph.D. Chercheur principal du projet GUCRE et Dr. Karidia SANON, Economiste Chercheur principal Adjointe du projet GUCRE Ram atou TRAORE, Sociologue Chargee des aspects sociologiques du projet GUCRE Honoré-Pascal TAN DAM BA, Technicien superieur Chargé des travaux techniques et de l'animation en milieu villageois

Superviseur scientifique : Prof. Taladidia THIOMBIANO, Economiste, Maître de conferences a l'Université de Ouagadougou

PROJET CEDRES-L'INDUSTRIELLE DE L'ENVIRONNEMENT Université de Ouagadougou 03 B.P. 7164, Ouagadougou 03 Burkina Faso

Septembre 2003 Glossaires et acronymes

CEDRES: Centre d'Etudes, de Documentation et de Recherches Economiques et Sociales CGPE: Comité de Gestion des Points d'Eau CREPA: Centre Regional pour l'Eau Potable et I'Assainissement a faible coüt. DEAP: Direction d'Approvisionnement en Eau Potable CNRST: Centre National de Recherches Scientifique et Technologique CRDI: Centre de Recherches pour le Developpement International

FAES: Fondation Africaine de l'Eau et de Ia Sante

GIRE : Gestion Intégree des Ressources en Eau GREBV: Gestion des ressources en eau par Bassin-Versant EIER: Ecole Inter-Etats d'Ingenieurs de l'Equipement Rural de Ouagadougou GUCRE: Gestion des Usages Conflictuels des Ressources en Eau GWP: Global Water Partneurship INERA Institut National de Recherches Agronomiques

INRS: Institut National de Ia Recherche Scientifique

INRS-ETE: Institut national de Ia recherche scientifique —Eau, terre et Environnement

IRSS: Institut de Recherche en Sciences de Ia Sante MAHRH: Ministère de I'Agriculture, de et des Ressources Halleutiques MEE: Ministére de l'Environnement et de I'Eau O.D.E: Office de Developpement des Eglises ONEA: Office National d'Eau et d'Assainissement ONG: Organisme Non Gouvernemental

PAGIRE: Plan action pour Ia gestion integree des ressources en eau PE: Point d'Eau PEN: Projet d'Hydraulique Villageoise et de Sante du Nord

PIHVES: Projet d'Hydraulique Rurale et d'Education pour Ia Sante PNGT: Programme de Gestion des Terroirs PNUD: Programme des Nations-Unies pour le Développement WPMP: Water Policy and Management Program CGPE: Comité de Gestion des Points d'eau

ONEA: Office National d'Eau et d'Assainissement le Centre National de Ia Recherche Scientifique et Technologique MOB: Maitrise d'Ouvrage de Bagre AVANT PROPOS

Ce rapport final présente Ia démarche et les résultats globaux obtenus dans le cadre de Ia réalisation du projet Gestion des Usages Con flictuels des Ressources en Eau dans le bassin du Nakanbé,> au Burkina Faso (GUCRE) et de sa deuxième phase intitulée des Con flits lies a l'Eau par Ia Communication Participative dans le bassin du Nakanbé >>.

Notre ambition en redigeant ce rapport regroupant les deux phases du projet GUCRE est double: (1) presenter une nouvelle démarche methodologique de resolution des conflits lies a l'eau en milieux rural, semi-urbain et urbain, dans Ia perspective de permettre aux intervenants du secteur de l'eau dans les pays aux prises avec cette problematique de l'utiliser; (2) diffuser les résultats d'application obtenus dans le cas de quelques villages du bassin hydrographique du Nakanbé au Burkina Faso.

En effet, les quatre années de réalisation du projet GUCRE (juillet 1999-juin 2003) ont permis d'expérimenter avec succès un travail scientifique conjoint entre deux structures de recherches universitaires, le Centre d'Etude, de Documentation et de Recherches en Economie Sociale (CEDRES) de l'Université de Ouagadougou au Burkina Faso et l'lndustrielle de l'Environnement Inc. de l'INRS-Eau-Terre et Environnement/Université du Québec au Canada, dans Ia resolution d'une problematique qui se pose avec acuité dans le bassin hydrographique du Nakanbé, ailleurs dans les autres bassins hydrographiques du Burkina Faso et dans d'autres pays du Sahel, a savoir es conflits lies a l'eau en milieux rural, semi-urbain et urbain.

Compte tenu de Ia complexité de Ia problematique étudiée notamment dans l'interférence du vécu et de Ia nature des conflits qui se vivent entre les petits, moyens et grands usagers au niveau de grands hydrosystemes ou entre les petits et les moyens usagers autour des points d'eau villageois, principalement les forages, des le depart l'utilisation d'une approche participative semblait être le mécanisme le plus approprié qui permettrait l'implication des parties prenantes concernées a I'ensemble de Ia démarche. Contrairement aux approches dites traditionnelles, centralisées et technocratiques, l'approche participative preconisée dans le cadre de cette étude permet de tenir compte des aspirations, susceptibilités et points de vue de l'ensemble des parties prenantes. Elle favorise surtout une circulation d'informations de manière interactive, met l'accent sur le dialogue réalisé par le truchement d'un partage sincere et volontaire d'informations, d'expériences, de savoirs et de techniques. En plus, si elle est bien implantée, cette approche favorise le développement de capacités au niveau des parties prenantes communautaires notamment en matière d'organisation et de participation au processus de prise de decision.

La Recherche-Action1, facilitant l'exploration de plusieurs méthodes participatives dans Ia resolution des conflits lies a l'eau, a permis d'aboutir a l'élaboration d'une nouvelle méthodologie dénommée .

Ce processus permet k certains hypotheses et aspects lhéoriques, qui autrement prendraient plus de temps. II

Dans le cas de quelques villages du bassin du Nakanbé choisis, I'application de cette methodologie a permis a l'equipe de projet et a l'ensemble des parties prenantes concernées de définir et de vatider les conflits lies a l'eau. Ces conflits peuvent être lies a l'ethnie, a Ia religion, aux croyances sociales (conflits de nature sociale); a Ia disponibilité de l'eau en quantite et qualité en rapport avec les infrastructures d'eau disponibles (conflits de nature technique). us peuvent egalement être de nature socio-sanitaire, a savoir, implicitement lies a l'hygiene du milieu et a Ia presence des maladies d'origine hydrique ou maladies Iiées a l'eau. Les résultats obtenus montrent que les solutions applicables proposees et décidees par les populations elles-mêmes touchent principalement les changements de mentalités, d'habitudes et de comportements des individus, ainsi que Ia restructuration des entités de gestion des ressources en eau existantes, appelees communément les Comites de Gestion des Points d'Eau (CGPE). Après implantation de ces solutions dans les villages du projet, il y a de moms en moms de conflits autour des points d'eau et II y a une meilleure appropriation des infrastructures d'eau du village et donc, un meilleur partage des ressources en eau disponible entre les usagers et évidemment, moms de conflits entres les usagers.

Ce rapport pouvant également être trés utile aux intervenants du secteur de l'eau en Afrique subsaharienne, vise a décrire toutes les étapes de Ia méthodologie de resolution des conflits lies a l'eau développée dans le cadre de cette étude. Cette méthodologie qui s'appuie sur une stratégie de communication participative, facilitant l'application de toutes les étapes, a l'avantage majeur d'être adaptable a plusieurs situations problématiques des conflits lies a l'eau et est transferable d'une zone ou d'une region a une autre en tenant compte du contexte socioculturel.

Nous esperons que cette experience enrichissante inciterait les mntervenants du secteur de l'eau, surtout en milieu rural, d'utiliser les approches participatives comme mécanisme de gestion des ressources en eau. Ill

REMERCIEMENTS

Les deux phases du projet intitulées respectivement Gestion des Usages Conflictuels des Ressources en Eau dans le bassin du (premiere phase: juillet 1999-juin 2001) et

Nos premiers remerciements s'adressent tout particulièrement au Dr. Guy Bessette du CRDI, qui, des le depart, a accepté l'idée de realiser le projet avec une gestion conjointe entre le Centre d'Etude, de Documentation et de Recherches en Economie Sociale (CEDRES) de I'Université de Ouagadougou au Burkina Faso et I'lndustrielle de l'Environnement inc., de l'INRS-Eau-Terre et Environnement - Université du Québec-Canada. II a beaucoup oeuvré a sa réussite sur Ie plan du contenu, de Ia démarche scientifique et des actions concretes a poser. II est Fun des artisans de Ia réussite du projet, puisqu'iI a agi avec deux chapeaux, celul du superviseur du projet pour le CRDI, mais également avec le chapeau d'un conseiller. Avec lui, nous remercions egalement le professeur Jean-Louis Sasseville de I'INRS- Eau-Terre et Environnement qui, a titre de Directeur Général de l'lndustrielle de l'Environnement au debut du projet, a également été notre conseiller scientifuque, Mme Raymonde Tremblay, comme administrative du projet a l'Industrielle de l'Environnement et qui a egalement participee aux travaux de Ia Table Ronde sur les parties prenantes de Ouagadougou en septembre 2000 a titre d'intervenante sur les aspects socio-sanitaires.

Nous adressons egalement nos remerciements aux personnes ci-après qui ont effectuées des mandats spécifiques dans le cadre de Ia réalisation des activités du projet GUCRE. II s'agit de: Mr. THIOMBIANO Jérôme, chef du programme Gestion lntégrée des Ressources en Eau du Burkina (GIRE), personne-ressource concernant Ia synergie entre Ia GIRE et le projet GUCRE; Dr. Some Leopold du CNRST-INERA; Mr. Athanase Compaoré, actuel président du GWP/WAWP; Mr. Ouedraogo François, chargé de Ia cartographie au MAHRH; Mr. Ouedraogo Innocent, ancien DIRH du MAHRH et actuel membre de I'equipe du programme GIRE; le professeur Alain Nindaoua Savadogo, Directeur du Laboratoire de Recherche en Hydrogeologie-UFR-Sciences et Techniques de Universite de

Ouagadougou et ses collaborateurs Dr. Bazie Pibgnina et Koussoubé Youssouf ; Dr. Koné Nicolas chercheur a l'INERA; Dr. Jean Noel Poda, chercheur a t'IRSS du CNRST; Dr. Thiombiano Lamourdia, chercheur au CNRST; Prof. Gadiaga Dembo de l'UFR-Sciences Economiques et de Gestion et chercheur au CEDRES; Prof. Babacar Dieng, ancien directeur des etudes de l'EIER et Dr. Kokou, Chimiste et professeur, ainsi que Mr. Denis Zougrana, tous les trois auprés du Groupe EIER-ESTHERde Ouagadougou.

2 Cette deuxième phase a également bdndficié d'un financement d'appoint par le du Programme d'Appui aux Communications Sociales (PACS) et du Fonds Canadien d'Initiatives Locales (FCIL), deux programmes finances par l'Agence Canadienne de Développement International (ACDI) du Canada. iv

Parmi les personnes a remercier, nous ne pouvons oublier le professeur Soulama Souleymane, directeur du CEDRES; le professeur Jean-Marc Martel de Ia faculté des sciences de l'administration de l'Université Laval qui a agit a titre de conseiller scientifique sur les méthodes multicritères; le Dr. Innocent Butare du CRDI-Dakar, pour avoir accepté, malgré ces multiples occupations, a participer a Ia Table Ronde sur les parties prenantes tenue a Ouagadougou, ainsi que son excellence, Mr. Jules Savaria, ancien ambassadeur du Canada au Burkina Faso, pour son soutien au projet et sa participation a Ia Table Ronde de Ouagadougou; Mr. Jacques Gauthier, consultant au programme Eau-Terre et Vie du CRDI, a titre de conseiller sur les outits de communication et de valorisation de savoirs-faire et qui travaille a Ia diffusion a plus large échelle de nos travaux.

Nous remercions également toutes les institutions qui ont également épaulé Ia réalisation du projet GUCRE, dont principalement le Programme de Gestion lntégree des Ressources en Eau (GIRE) du Ministère de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques dont fait partie l'ancien Ministére de l'Environnement et de l'Eau (MEE) du Burkina Faso. Les gestionnaires du Programme GIRE nous ont facilité Ia tâche et trouver pour le projet, plusieurs collaborateurs parmi les fonctionnaires des différents ministères; au CNRST (IRSS et INERA) dont plusieurs chercheurs ont collaboré a Ia réalisation du projet. Parmi d'autres institutions, nous citons Ia Maltrise d'Ouvrage de Bagre (MOB) qui a facilité Ia tâche a l'equipe de projet au niveau des travaux terrain dans le sous-bassin du barrage de Bagré; I'ONEA, Ia SONABEL, l'INSD et l'IGB, APLB, etc. qui ont également apporté une grande contribution a Ia réalisation des travaux sur le terrain et qui ont collaboré sur divers aspects du projet.

Aux autorités politiques et administratives dans Ies provinces et départements abritant le projet; les Hauts Commissaires, les Préfets et les autres dignitaires qui nous permis dcBuvrer dans leur terroir et de participer (cas des préfets de Loumbila, de Bagré et de Kongoussi) a Ia Table Ronde sur les parties prenantes de Ouagadougou; aux deiégués de villages, chefs de village, chefs de terre qui ont loges et nourris les membres de l'équipe de projet et faciliter les démarches de réalisation du projet ou encore a titre de parties prenantes dans Ia démarche de réalisation de projet.

Les travaux terrain ont Pu être réalisés avec succès grace aux enquêteurs, animateurs/trices et aux personnes antennes. Ii s'agit de Mrs Gambéré Ttiierry Jules, Combéré Marcel, Alidou Compaore, Miles Nicole Ky et Judith Kabré (enqueteurs, animateurs/trices; sous-bassin de Massili-Loumbila); Mrs Sorgho Pascal et Sore Gomsida, Mme Sawadogo Bernadette (enqueteurs, animateurs/trices, sous-bassin du barrage de Bagré), Mr. Savadogo Germain et Mrne Ouédraogo Beatrice, enqueteurs, animateurs/trices, sous-bassin du lac Barn). L'equipe du projet remercie vivement ces personnes qui ont travaillé dans des conditions parfois très diffuciles sur le terrain.

Enfin, notre approche participative n'aurait eu aucune chance de réussir sans Ia participation des populations communautaires et ies autres parties prenantes que nous remercions très sincerement ici: les paysans, surtout les femmes et les jeunes filles, les personnes antennes, les personnes-ressources dans les villages, les chercheurs, fonctionnaires, techniciens et employés des différents ministères, ONG, projets et programmes qui ont collabore depuis ie debut du projet a des longues et nombreuses enquêtes, discussions de groupes, rencontres-causeries, seances d'information participatives et aux travaux de rehabilitation de quelques ouvrages d'eau dans quelques villages. V

TABLE DES MATIERES

AVANT PROPOS I REMERCIEMENTS III TABLE DES MATIERES V LISTE DES TABLEAUX Vu LISTE DES FIGURES X INTRODUCTION 1

1. DEFINITION DE LA PROBLEMATIQUIE DE RECHERCHE 6 1.1 Les sites de réalisation de l'ëtude 6 1.2 La problématique des usages conflictuels des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé 16 1.3 Objectifs poursuivis par l'étude 21 2. FONDEMENTS THEORIQUES ET CADRE OPERATOIRE DE L'ETUDE... 22 2.1 Fondements théoriques sur les approches de gestion de l'eau 22 2.1.1 L'approche de gestion intégrée des ressources en eau par bassin versant .. 22 2.1.2 Les approches participatives 24 2.1.3 Les approches de gestion de l'eau par Ia decision participative 25 2.2 Cadre opératoire de I'étude 31 2.2.1 L'approche d'Aide a la Decision Participative de Resolution des Conflits liésàl'eau 32 3. METHODOLOGIE DE L'ETUDE 43 3.1 La collecte des données et d'information d'appoint 43 3.1.1 La collecte des données et d' information a l'aide des mandats 43 3.1.2 La collecte des données par les enquêtes-terrain 46 3.1.3 Phase observatoire: le retour dans les villages 48 3.2 La stratégie de communication participative de I'étude 49 3.2.1 Le contenu de la stratégie de communication participative 49 3.3 Les étapes d'application de I'Approche d'Aide a Ia Decision Participative de Resolution des Conflits lies a l'eau 55 3.3.1 Initiation de la démarche 55 3.3.2 Identification, definition et validation des conflits lies a l'eau avec l'ensemble des parties prenantes 56 3.3.3 La gestion de Ia participation des parties prenantes 56 3.3.4 Elaboration d'une typologie des conflits lies a l'eau 57 3.3.5 Evaluation et choix des solutions avec Ia participation des parties prenantes 57 3.3.6 Validation des solutions proposées par l'ensemble des parties prenantes .. 58 3.3.7 Evaluation de la faisabilité des solutions proposées 58 3.3.8 Organisation de la participation des parties prenantes a l'implantation des solutions 59 3.3.9 Implantation des solutions retenues 59 3.4 Traitement intermédiaire des données 60 3.5 L'organisation de Ia Table Ronde 61 vi

3.5.1 Le de Ia Table Ronde .61 3.5.2 Les résultats de la Table Ronde 62 3.5.3 Restitution de Ia Table Ronde dans les villages 62 4. ANALYSE DES DONNEEES StiR LES RESSOURCES EN EAU ET LES CONFLITS LIES A L'EAU DANS LE DU NAKANBE 63 4.1 Analyse des données sur les ressources en eau dans Ic bassin du Nakanbé 63 4.1.1 Leseauxdesurface 63 4.1.2 Les eaux souterraines 64 4.1.3 Les principaux usages lies a l'eau dans Ic bassin du Nakanbé 65 4.1.4 La qualite des ressources en eau 67 4.1.5 Les principales données socio-sanitaires 68 4.1.6 Analyse d'ensemble sur les données concemant les ressources en eau 69 4.2 Analyse des conflits d'usages des ressources en eau dans Ic bassin du Nakanbé 71 4.2.1 Les conflits sociaux 71 4.2.2 Les conflits d'usages de nature technique 75 4.2.3 Les conflits d'usages de nature socio-sanitaire 76 4.3 Résultats de Ia validation des conflits d'usages au niveau de La Table ronde.... 79 4.3.1 Validation de différents conflits d'usages identifies dans Ia zone autour du barrage de Bagre 79 4.3.2 Validation de différents conflits d'usages identifies dans la zone autour du lac Barn 82 4.3.3 Validation de différents conflits d'usages identifies dans Ia zone autour de Massili-Loumbila 84 4.3.4 Validation de différents conflits d'usages impliquant les grands usagers .86 4.4 Les interferences entre les différents conflits d'usages des ressources en eau ..88 5. ANALYSE DES SOLUTIONS VISANT LA RESOLUTION DES CONFLITS LIES A L'EAU 90 5.1 Evaluation et choix des solutions avec l'implication des parties prenantes 90 5.1.1 Les solutions proposées dans Ia zone du barrage de Bagré 92 5.1.2 Les solutions proposées dans La zone autour du lac Barn 96 5.1.3 Les solutions proposées dans la zone autour de Loumbila-Massili 99 5.2 Validation des solutions proposées par l'ensemble des parties prenantes 103 5.3 Analyse de faisabilité des solutions proposées 104 5.3.1 Faisabilité concernant Ia mise en des solutions portant sur l'animation, La sensibilisation et La vulgarisation 104 5.3.2 Faisabilité de La Structuration de Comités de Gestion des Points d'Eau .. 104 5.3.3 Faisabilité portant sur les infrastructures hydrauliques 105 5.3.4 Les solutions retenues 106 5.4 Organisation de Ia participation des parties prenantes dans 1' implantation des solutions 110 6. IMPLANTATION DES SOLUTIONS RETENUES DANS LES SITES DE REALISATION DU PROJET 111 6.1 L'implantation des solutions d'accompagnement 112 6.2 Implantation des actions de sensibilisation et de vulgarisation 117 6.2.1 Réalisation des rencontres-causeries 117 VII

6.1.2.3 Les contenus des rencontres-causeries et les tendances constatées dans quelques villages types choisis 133 6.2.3 Le voyage Ct de partage d'expériences entre les villages 141 6.2.4 Les projections des images video 143 6.2.5 Activités de réseautage 144 6.3 Les solutions visant Ia réorganisation des Comités de Gestion des Points d'Eau 145 6.3.1 Organisation du Forum Technique et de Communication sur les Comités de Gestion des Points d'Eau (GCPE) 145 6.3.2 Le Nouveau Modèle de Structuration, de Misc en place et de fonctionnement des CGPE 147 6.3.4 Procedure generate d'organisation des populations pour Ic choix des membres des différents corn ités 153 6.3.5 Procedure de misc en place de quelques cadres de concertation 154 6.4 Quelques situations, térnoignages et faits saillants dans quelques villages-types 156 6.4.1 Le cas du village Silmiougou 156 6.4.2 Le cas du village GOUE 157 6.4.3 Le cas de Bagre-Centre 158 6.4.4 Cas du village Gogninga 159 6.4.5 Le cas du village KORA 159 6.4.6 Le cas de Loaga 160 6.5 Situations speciales vécues sur Ic terrain 161 6.5.1 Le récit du village Kora 161 Les aspects de problèmes non-identifies 161 6.5.2 Le récit du village Silmiougou 166 7. ANALYSE ET DISCUSSION D'ENSEMBLE 169 7.1 Analyse structurelle et sociologique du mode de gestion de l'eau en eau en milieu rural 169 7.1.1 Une analyse du mode ancien de gestion basée sur les representations sociales 169 7.1.2 Un mode ancien de gestion de l'eau fondé sur une 172 structuration historique de l'Organisation Soc iale 172 7.1.3 Les sources du pouvoir 176 7.2 Impact des interventions en terme de genre 182 7.3 Analyse prospective sur les principaux résultats de Ia recherche 184 7.4 Le bien fondé de l'utilisation d'une strategic de communication participative 186 7.5 Les acquis de la demarche methodologique de l'étude et Ic processus de transfert de savoir-faire 189 7.5.1 Les acquis de Ia démarche methodologique de l'étude 189 7.5.2 Le transfert du savoir-faire dans d'autres zones du Burkina Faso 190 7.6 La contribution a l'avancement des connaissances scientifiques dans Ic secteur del'eau 192 7.7 Les perspectives futures pour Ia pérennisation des acquis du projet 195 CONCLUSION 197 REFERENCES BIBLIOGRAPIIIQUES 200 vi"

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Les villages échantillonnés dans le cadre du projet GUCRE 11

Tableau 2 : Taxonomie des parties prenantes (Source : Banville et a!., 1993) 26 Tableau 3: Stratégie de communication participative du projet (Sept.1 999-Juin 2003) 51

Tableau 4: Les principales sources de conflits d'usages (potentiels et reels) identifiées dans la zone autour dii barrage de Bagre 81

Tableau 5 : Les parties prenantes impliquées 81

Tableau 6 : Les principales sources de conflits d'usages (potentiels et reels) identifies dans le sous-bassin du lac Barn 83

Tableau 7 : Les parties prenantes impliquees 84 Tableau 8: Les principales sources de conflits d'usages (potentiels et reels) identifies dans Ia zone autour de Massili-Loumbila 85 Tableau 9: Les parties prenantes impliquees 85

Tableau 10 : Les principales sources de conflits d'usages entre les usagers considérds 87 Tableau 11: Les parties prenantes irnpliquees 87

Tableau 12 : Solutions définitives retenues après analyse de faisabilité : Zone du barrage de Bagre 107

Tableau 13 : Solutions définitives retenues aprês analyse de faisabilité: Zone du lac Barn 108

Tableau 14 : Solutions définitives retenues après analyse de faisabilité : Zone de Massili-Loumbila 109 Tableau 15: Les villages rnodêles choisis dans le cadre dii projet GUCRE 112

Tableau 16 : Les actions d'accompagnement implantées dans les trois villages rnodêles et les villages Bagre-Centre, Silmiougou et Kora-Peuhis 113

Tableau 17 : Contribution villageoise pour Ia Rehabilitation du forage marché de Goué 114

Tableau 18 : Contribution villageoise pour Ia construction d'une Superstructure dans le quartier Kankaguin 115

Tableau 19 : Contribution villageoise dans Ia rehabilitation de Ia superstructure du forage 115

Tableau 20 : Contribution villageoise dans Ia construction de Ia superstructure 116 Tableau 21: Contribution villageoise pour la rehabilitation d'une superstructure ... 116

Tableau 22 : Calendrier des Rencontres-causeries pour les villages KORA et LOUAGA 120

Tableau 23 : Calendrier des Rencontres-Causeries pour les villages GOUE et SILMIOUGOU 122 ix

Tableau 24: Calendrier des Rencontres-Causeries - BAGRE CENTRE ET GOGNINGA 123

Tableau 25 : Etat effectif de réalisation des rencontres-causeries a GOUE 126

Tableau 26 : Etat effectif de rëalisation des rencontres-causeries a SILMIOUGOU 126

Tableau 27 : Etat effectif de réalisation des rencontres-causeries a BABRE CENTRE 127

Tableau 28 : Etat effectif de réalisation des rencontres-causeries a GOGNINGA.... 128

Tableau 29 : Etat effectif de réalisation des rencontres-causeries a KORA 129

Tableau 30 : Etat effectif de réalisation des rencontres-causeries a LOAGA 129

Tableau 31 : Previsions versus Réalisations des différentes rencontres-causeries par village 130

Tableau 32 : Themes additionnels de réalisations des rencontres-causeries 132 x

LISTE DES FIGURES

Figure 1: La consultation 27 Figure 2: La négociation 28 Figure 3: La decision participative 30 Figure 4: Cartographies des intérêts 34 Figure 5: Structure de préférences 37 Figure 6: Hiérarchie décisionnelle 40 Figure 7: Etat des previsions et de réalisation des rencontres-causeries dans les six villages 130

Figure 8 : Modêle conceptuel 149 Figure 9: Schema présentant la démarche de structuration et de mise en place 152 INTRODUCTION

Au Burkina Faso, les pluies constituent Ia seule source d'apport extérieur d'eau que l'on retrouve dans les eaux de surface (cours d'eau, lacs, bas-fonds, retenues d'eau) et les eaux souterraines (puits et forages). Sur le plan hydrographique, le Burkina Faso est drainé essentiellement par quatre grands bassins-versants: le bassin du fleuve Niger, le bassin du fleuve Nakanbé, le bassin du Mouhoun et le bassin de Ia Comoé.

L'eau étant Ia principale ressource dont dependent les activités socio-économiques, qu'iI s'agisse de l'approvisionnement en eau potable; de t'agriculture pluviale, de l'irrigation des terres agricoles, du maratchage, de l'elevage, de Ia peche, de l'artisanat, de Ia production d'hydroélectricité, des activités industrielles et minières, des activités de Ia petite production villageoise, l'adage populaire I'eau c'est Ia vie)) prend toute sa dimension et sa signification profonde dans ce pays sahélien oU cette ressource vitale se raréfie de plus en plus d'année en année.

A cause de Ia rareté de l'eau, Ia gestion du peu des ressources en eau disponibles dolt être envisagée de manière globale et intégrée en considérant l'ensemble des usages. Maiheureusement certains intéréts economiques, politiques, sociaux et autres souvent divergents et contradictoires generent des situations conflictuelles entre es usages et entre les usagers des ressources en eau, parfois même entre les deux. C'est ce que nous appelons par 'la problematique des usages conflictuels des ressources en eau3". Selon les résultats de l'atelier de travail tenu du 7 au 9 juillet 1998 a Ouagadougou sur Ia problematique des usages conflictuels des ressources en eau au Burkina Faso, c'est dans le bassin hydrographique du Nakanbé qu'eIle se pose intensément et ce demier a donc ete choisi comme zone d'étude.

Les recherches préliminaires, ainsi que les investigations menées par l'équipe de recherche sur le terrain ont montré que les interferences entre a nature et le vécu des conflits entre Ies petits, les moyens et les grands usagers autour des grands hydrosystèmes ou entre les petits et les moyens usagers autour des points d'eau villageois, principalement autour des forages rendent Ia problematique de gestion des conflits lies a l'eau complexe et difficile a cemer. Au niveau des forages villageois, hormis Ia disponibilité de Ia ressource eau eIle-même, Ia complexité du problème est due a Ia diversité des usagers qui se confrontent régulièrement, sans perdre de vue Ia presence des jeux de pouvoirs au sein même de Ia population. Par exemple, dans plusieurs villages du bassin du Nakanbé étudiés, les differences ethniques, de sexe, d'âge, de statut dans Ia société, de croyances et autres expliquent largement le jeu de pouvoir qui se pratique au sein des communautés. Le cas le plus frappant est celui de Ia relation entre I'homme et Ia femme ou encore entre Ia femme du chef, les autres femmes et jeunes flues.

Par definition, un conflit d'usages (potenliel ou reel), résulte proprement dit de Ia pression des usagers sur Ia ressource eau, qui découle des inlérêts a priori contradictoires ou divergents et en absence des règles de gestion, et d'un cadre juridique, ou coutumier approprié de concergation des usagers, dons le cas d 'une confrontation directe entre les usagers. Dans le même ordre d'idées, les usages de / 'eau se regroupent stir le p/an macro-économique en secteurs d 'utilisation doni les demandes unitaires en quantité el qualité djfièrent largement d'un secteur a un autre. Le projet se limite aux confluts entre usages et usagers a / 'intérieur d'un même pays par opposition aux confluts extérieurs, d'un pays a un autre. 2

Ces considerations justifiaient amplement Ia mise sur pied, des le mois de juillet 1999, d'un programme de resolution des conflits lies a l'eau dans le bassin du Nakanbé pour solutionner cette problématique. Le projet étai réalisé par le CEDRES de l'Université de Ouagadougou, en collaboration avec l'lndustrielle de l'Environnement de l'INRS-Eau-Terre et Environnement de l'Université du Québec, au Canada.

Pour y parvenir, des le depart, l'équipe de recherche a considéré Ia perspective de trouver un mécanisme de gestion collective qui permettrait de considérer les aspirations, les susceptibilites et les points de vue de l'ensemble des parties prenantes comme base conceptuelle et méthodologique de l'ensemble du processus a mettre en Les approches traditionnelles, centralisées et technocratiques, jusque-là largement utilisées dans Ia gestion des ressources en eau n'étant pas appropriees dans ce contexte precis, l'utilisation dune approche participative qui permettrait I'implication des parties prenantes a l'ensemble de Ia démarche, principalement dans le processus de prise de decision, devenait indispensable et plus appropriée. L'approche participative préconisee dans le cadre de cette étude devrait normalement favoriser une circulation d'information a double sens et mettre l'accent sur le dialogue entre les divers usagers. Elle devrait également favoriser le développement de capacités en matières d'organisation, de participation et de prise de decisions.

La Recherche-Action facilitant l'exploration et l'exploitation de plusieurs scenarios participatifs, l'objet principal de cette étude était de concevoir, sur Ia base des concepts théoriques et empiriques, une nouvelle méthodologie participative de resolution des conflits lies a l'eau. Les différentes étapes de cette méthodologie dénommée >, développées a juste titre par Ia Recherche-Action> par l'équipe de recherche avec Ia participation de l'ensemble des parties prenantes, ont permis principalement a celles-ci a identifier et a définir les conflits; a proposer des solutions et a participer a I'implantation desdites solutions. Pour mieux circonscrire Ia definition de différents conflits d'usages en fonction d'une part des ressources en eau disponibles et d'autre part de l'environnement socioculturel, le bassin du Nakanbé a ete divisé en trois sous-bassins4: (i) le sous- bassin autour de Massili-Loumbila, avec comme hydrosystème de référence le barrage de Loumbila; (ii) le sous-bassin autour du lac Barn, avec comme hydrosystème de référence le lac Barn; et (iii) le sous-bassin autour du barrage de Bagre, avec comme hydrosystème de référence le barrage de Bagre (voir carte 1).

' La sous division considérée ici n 'est pas lout a fail conforme sur le plan hydrographique, elle esifaite lout simplement dons le but dc On devrait plus reférer a ía zone autour du sous-bassin du barrage de Bagré par exemple. PROJETCEDRES - IE inc. Faculté des Sciences Economiques UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU et de Gestion Programme de gestion des usages conflictuels des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé

du Bassin versant du Nakanbé

• Barrages focaux de étude Contours du by, du Nakanbé (s.s) Cours d'eau principaux Cours d'eau primaires Cours d'eau secondaires /\ /Frontières du Burkina Etats limitrophes du Burkina

Bassin versant du Nakanbe (s s ) Cbasnat Bassin versant de a Comoé Bassin versant du partie du by. du Nakanbé (Ls.) Bassin versant du Niger

REP. DU GHANA

REP. DE COTE D'IVOIRE - Mai 2000 400 Kilometers OGH 4

Deux grandes categories d'usagers étaient prises en compte dans ces circonstances, a savoir, les grands usagers et les petits et moyens usagers5. Dans le cadre de Ia réalisation du projet , les conflits identifies et définis peuvent être lies a I'ethnie, a Ia religion ou aux croyances sociales (conflits de nature sociale); a Ia disponibilité de I'eau en quantite et qualite en rapport avec les infrastructures d'eau disponibles (conflits de nature technique). Ils peuvent également être implicitement lies a l'hygiène du milieu et a Ia presence des maladies d'origine hydrique (conflits de nature socio-sanitaire). Les solutions proposées par l'ensemble des parties prenantes ont également été regroupees en trois categories egalement : (i) les solutions concernant le changement de mentalités, d'habitudes et de comportements des usagers; (ii) les solutions concernant Ia restructuration de Comités de Gestion de Points d'Eau (CGPE); (iii) les solutions d'accompagnement, portant principalement

Les usagers de la ressource eau, éiani eniendu id comme / 'ensemble des personnes physiques et morales situées dans un bassin hydrographique bien defini. Sur le plan struciurel, il peut être utile dans certaines circonsiances de faire Ia distinction entre ci utilisateur de Ia ressource eau. En effet / 'ulilisateur (par exemple une usine de fabrication de boisson iransforme une certaine quantilé ck la ressource eau pour la fabrication d 'un bien donné, ci ne restitue qu 'une partie nég/igeable de I 'eau a la source d 'origine; landis que / 'usager, concernant par exemple la pêche, uli/ise ía ressource eau comme un support pour Ia production d'un bien donné avec tine restitution de Ia quantité prélevée a la source d'origine ci sans changer de manière notoire Ia qua/he de Ia ressource eau. Ainsi, se/on que Ic conflut d'usage se présenle entre deux usagers, deux utilisateurs ou enire un utilisateur ci un usager, Ic conflut sera plus ou moms intense avec tine gestion plus du type de confluts. 5 sur Ia rehabilitation et l'implantation de quelques infrastructures hydrauliques, principalement les forages. Compte tenu de diverses contraintes, quelques solutions seulement ont été implantées dans chacun des villages. Les résultats palpables obtenus ou attendus, après l'implantation desdites solutions sont les suivants : (1) amelioration de laccés, de Ia disponibilité et de Ia qualité des ressources en eau principalement pour les populations communautaires dans Ia perspective de satisfaire leurs besoins socio-économiques et socio-sanitaires; (2) attenuation ou elimination des conflits potentiels et reels qui se vivent entre les usagers; (3) appropriation des points d'eau existants; (4) creation d'un climat de confiance entre les usagers qui favoriserait les échanges et les discussions sur les problèmes d'eau dans le but d'éviter de retomber dans les mêmes conflits.

De manière générale il est également possible de capitaliser les savoirs-faire induits pour les transférer a l'aide des strategies de communication dans d'autres bassins hydrographiques du Burkina Faso et pourquoi pas dans d'autres pays du Sahel qui sont aux prises avec les mémes types de problèmes.

Ce rapport est divisé en sept chapitres. Le premier chapitre présente Ia definition de Ia problématique de recherche. Le deuxième chapitre porte sur les fondements théoriques et le cadre operatoire de l'étude et le troisième chapitre sur Ia methodologie de l'étude. Les quatrieme et cinquieme chapitres présentent respectivement l'analyse des données sur les ressources en eau et les conflits d'usages des ressources en eau et l'analyse des solutions visant Ia resolution des conflits lies a l'eau. Le sixième chapitre porte sur I'implantation des solutions retenues dans les sites de réalisation de I'etude. Enfin, le septième chapitre présente une analyse et une discussion d'ensemble. 6

1. DEFINIT$ON DE LA PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE

Pour une meilleure comprehension de Ia problematique de recherche, ce chapitre présente les sites de réalisation de l'étude, Ia problématique des usages conflictuels des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé et les objectifs poursuivis par I'étude.

1.1 Les sites de réalisation de l'étude Le territoire couvert par le bassin hydrographique du Nakanbé étant d'environ 33,000 km2 et drainant les eaux de près de vingt et deux (22) provinces du Burkina Faso, comprenant Ia yule de Ouagadougou, on ne pouvait collecter des données sur Ies ressources en eau, ainsi que sur Ies activités socio-économiques Iiées a l'eau et genératrices des conflits sur toute étendue du bassin versant, ii était alors stratégiquement nécessaire de procéder par un echantullonnage de quelques sites représentatifs. C'est au niveau des zones échantillonnées que se sont déroulées les travaux de collecte des données et d'information sur le terrain.

Le plan d'échantillonnage

Pour Ia collecte des données et d'information sur le terrain, un plan d'échantullonnage a donc été élaboré couvrant l'ensemble du bassin du Nakanbé qui a ete divisé en trois sous-bassins ou zones: Ia zone autour du lac Barn, Ia zone autour du barrage de Bagré et Ia zone autour de Massili-Loumbila. Dans chacune de ces zones, Ia méthode d'échantillonnage a consIsté dans un premier temps a considérer les sites environnants de l'hydrosystème de référence, caractérisant une zone donnée, a savoir, le lac Barn pour Ia zone autour du lac Barn, le barrage de Bagre pour Ia zone autour du barrage de Bagré et le barrage de Loumbila pour Ia zone autour du Massili-Loumbila.

Par Ia suite, les activités socioéconomiques liées a l'eau concernant les grands usages susceptibles d'être a Ia base des conflits d'usages ant été identifiées préalablernent autour de ces infrastructures hydrauliques en fonction des usagers ci- dessous: Dans a zone autour de Loumbfla-Massili, auprès des structures suivantes: • L'Office National d'Eau et d'Assainissement (L'ONEA) • Les groupements de maratchers gravitant autour du barrage • D'autres gros usagers en rapport direct avec le barrage de Loumbila comme les coristructeurs, les éleveurs, etc.

Dans Ia zone autour du barrage de Bagre, auprès des structures suivantes: • La SONABEL, comme gros préleveur d'eau pour Ia production d'hydroélectricité • La Maltrise d'Ouvrage de Bagre pour l'irrigation des terres agricoles • Les groupements d'irrigateurs (les villages Bagré) • Les pecheurs, les constructeurs, etc. 7

Dans Ia zone autour du Lac Barn, aupres des structures ci-après:

• Les trois groupements maraIchers de Ia place • Les autres associations et organisations maraIchéres de Ia place • Les éleveurs qui abreuvent leurs troupeaux au niveau du lac

• Les autres usagers qui s'investissent quotidiennement autour du lac a travers les usages tels que I'eau de boisson et l'eau domestique. Dans un second temps, dans chacun des zones, en considérant les petits et moyens usagers, un nombre limite de villages, oü potentiellement les conflits d'usages se posent, a été considéré en vue de faciliter leurs definitions et de comprendre les enjeux autour de conflits d'usages des ressources en eau. Pour ce faire, les villages faisant partie du bassin du Nakanbé ont été répertoriés sur Ia carte couvrant le bassin avec les principales données utiles pour Ia stratification. II s'agit des variables liées aux infrastructures hydrauliques, a Ia population, a Ia distance a parcourir, a I'accessibilité, aux activités socioéconomiques Iiées a l'eau: approvisionnement en eau potable, irrigation, maraIchage, pêche, élevage, fabrication des briques pour Ia construction, poterie, existence d'associations travaillant autour des points d'eau, existence d'associations des femmes, etc. Certaines variables intéressantes telles que l'ethnie n'ont pas pu être prises en compte, a cause de Ia non disponibilité d'information speciflque6. En plus de ces critères de base, Ia distance des villages par rapport a l'hydrosystème de référence a été considérée comme un autre critère de stratification dans Ia perspective d'évaluer Si les conflits se vivent différemment selon l'eloignement ou Ia proximité du village d'un des hydrosystèmes de référence. II a donc été retenu les villages suivants: (1) Les villages riverains, a savoir, les villages qui côtoient directement l'hydrosystème de référence. (2) Les villages situés dans un rayon de 5 kilométres par rapport a l'hydrosystème de référence. (3) Les villages situés dans un rayon entre 10 et 15 kilomètres par rapport a l'hydrosystème de référence. (4) Les villages situés dans un rayon de 25 kilomètres par rapport a I'hydrosystème de référence. Pour y parvenir, quatre strates ont ainsi été définies par rapport a ce critère specifique de stratification, a savoir, Ia distance par rapport a l'hydrosysteme de référence. II est important de noter que tous les villages potentiels sont accessibles par piste ou par routes secondaires. Pour les trois zones, un village a été retenu dans chaque strate sur Ia base des critères hydrauliques, démographiques et socioéconomiques énumérés ci-dessus dont les combinaisons sont susceptibles de tomber sur des zones des conflits d'usages potentiels.

Ainsi les villages échantillonnés se présentent de Ia manière suivante: Pour Ia zone autour du lac Barn Quatre villages du département de Kongoussi (département qui abrite le lac) ont été retenus. La cartographie indique que les villages sont situes essentiellement au nord et a l'ouest par rapport au lac.

6 En effet, avant d'aller sur le terrain ii était de connaitre précisement Ia composition ethnique de chaque village. Cetre information n 'etant pas disponible dans les statisliques de 1 'JNSD. 8

Ainsi, le village Kora fut retenu en tant que village riverain du lac sur Ia base des considerations suivantes: • Forte population et trés dispersée (>1000 habitants); • Trés peu d'infrastructures hydrauliques (points d'eau et retenus d'eau); • Diversité des activités liées a l'eau autour du lac; • Faible potentialité des activités liées a l'eau au niveau du village; • Affluence des populations non autochtones autour du lac. La combinaison de ces facteurs est susceptible de génerer des conflits émanant de l'accessibilité aux points d'eau par rapport a certains usages. En effet, Ia proximité de ce village par rapport au lac pourrait favoriser Ia mise en place des activités socioéconomiques Iiêes a l'eau. Ce qui n'est pas le cas. Les rapports entre les usagers de l'eau de ce village et les autres usagers du lac peuvent être a Ia base des conflits d'usages. Dans un rayon de 5 kilométres, le village Sorgho fut retenu sur Ia base des considerations suivantes: • Forte population (>1000 habitants); • Très peu d'infrastructures hydrauliques (points d'eau, retenues d'eau); • Faibles activités socioéconomiques liées a l'eau. Ces facteurs pris ensemble sont susceptibles de generer des conflits entre les différents usagers et entre les usages les plus elémentaires. Dans un rayon de 15 kilométres, le village Loaga (au Nord) a été retenu sur Ia base des aspects suivants:

• L'importance de Ia population (> 1000 habitants); • L'abondance des infrastructures hydrauliques; • La faiblesse des activités socioéconomiques Iiées a l'eau. La faiblesse des activités socioeconomiques et l'abondance des points deau peut signifier que les points d'eau ne sont pas pérennes, ce qui limite considérablement les populations dans l'exercice d'activités liées a l'eau et le recours éventuel a d'autres sources pour certains usages jugés élémentaires. Dans un rayon de 25 kilomêtres, le village de Sakou (Nord-Ouest) fOt retenu a partir des considerations suivantes:

• Forte population : (>1000 habitants); • Absence d'eau (deux points d'eau pour tout village); • Quelques activités socioéconomiques liees a l'eau (briqueterie, élevage, un groupement travaillant autour de points d'eau, etc.) La combinaison de ces facteurs suppose des problèmes a gérer pour faire face a une penurie potentielle d'eau face a des activités socioéconomiques nécessitant beaucoup d'eau. Pour Ia zone autour de Massili-Loumbila Quatre villages ont egalement été identifies par rapport a ces mêmes critères. Les villages sont regroupés au nord du barrage selon les éléments de Ia cartographie. Ainsi les villages suivants ont été choisis: Village riverain du barrage: le village Nabdogo. Les caractéristiques de choix considérées sont les suivantes: • Faible population (entre 0 et 500 habitants) • Faible dotation en points d'eau 9

Activités socioéconomiques Iiées a I'eau intenses (irrigation, maraIchage, peche).

La nature des activités socioéconomiques montre que Ia principale source d'approvisionnement est le barrage a cause de sa proximité. Cette situation est conflictuelle pour certains usages a cause de leur diversité.

Dans un rayon de 5 kilomètres, le village Goundry a été retenu sur Ia base des caracteristiques suivantes: • Population moyenne (entre 500 et 1000 habitants); • Presence de quelques points d'eau (retenues d'eau et forages); • Presence d'activités autour des points d'eau (maraIchage, irrigation, elevage, pêche).

Cette situation traduirait a premiere vue une abondance des ressources en eau, cependant, ii peut y avoir une possibilité de conflits entre les différents usages.

Dans un rayon de 15 kilomètres, le village Goué fut retenu. II présente les caracteristiques suivantes: • Forte population; • Presence de points d'eau collectifs (forages et puits modernes); • Intense activité autour de l'eau (Irrigation, maraIchage, pêche, presence de groupements d'hommes s'investissant autour des points d'eau).

Ces usagers de l'eau sont influences par une retenue d'eau a Donsen (village voisin). On peut voir quelles sont les difficultés auxquelles ces usagers font face en ce qui concerne l'utilisation de l'eau, car leurs activités socioéconomiques autour de l'eau demandent plus que leur dotation en eau au niveau du village.

Dans un rayon de 25 kilomètres, le village Silmiougou fut retenu. II présente les caracteristiques suivantes: • Forte population (trés dispersée et diversifiée) • Trés peu de points d'eau collectifs (forages et puits modernes) • Faibles activités autour des points d'eau. Le caractére trés disperse de ce village associé au nombre limité des points d'eau est susceptible d'engendrer des conflits d'usages des ressources en eau.

Dans Ia zone autour du Massili-Loumbila, en plus de Ia zone considérée autour du barrage de Loumbila, deux communes Nongr-Massoum et Boulmiougou abritant respectivement 6 et 4 secteurs ont été identifiées comme zones polluantes et conflictuelles car on y trouve les gros pollueurs et utilisateurs de I'eau dont les activités polluantes ont souvent porte prejudice au niveau du sous-bassin. II s'agit de façon non exhaustive d'abord: Pour Ia commune de Nongr-Massoum (zone industrielle de Kossodo) de: TANALIZ, BRAKINA, ABATOIR, les groupements de maraTchers, etc.

Pour Ia commune de Boulmiougou (autour du barrage de Boulmiougou) de: L'entreprise KANAZOE (bâtiments, entretien de route, construction de barrages, etc.); Ia Maine centrale de Ouagadougou (pour I'arrosage des plantes en saison sèche et autres); deux autres entreprises de Ia place identifiées pour leurs actions au niveau de ce barrage. En plus, ii faut ajouter les 10

maraichers et les demandeurs d'eau pour Ia boisson et les besoins domestiques qui sont sans cesse en conflit avec ces gros preleveurs.

Pour Ia zone autour du barrage de Bagre Quatre villages ont été également identifies dans le cadre des enquetes terrain et de l'animation communautaire et villageoise.

Plus proche du barrage de Bagre, un village installé par Ia Maitrise d'Ouvrage de Bagre (MOB) a Ia rive droite, le village Bankako a ete retenu. Ce village n'est pas a priori réputé conflictuel en matlére d'eau car Ia MOB prend les dispositions necessaires en matière d'infrastructures pour eviter les conflits lies a l'eau. Par contre, il est nécessaire d'investiguer les conflits potentiels dans un village préparé a priori pour les éviter.

Dans un rayon de 5 kms du barrage de Bagre, le village autochtone Bagré I a été retenu. Les caractéristiques de ce village sont les suivantes:

• Village autochtone déplace suite a Ia construction du barrage; • Trés forte population (>1000 habitans) et une faiblesse des activités liées a l'eau; • Une quasi-absence et mauvaise repartition des points d'eau. La combinaison de ces facteurs est susceptible de generer des conflits et éventuellement des contradictions latentes dans l'utilisation de l'eau, pour une ressource insuffisante dans le cas d'une population trés dispersée et nombreuse. Une des caracteristiques de ce village est qu'elle est composée de petits quartiers qui se sont ensuite érigés en villages. Huit de ces petits villages ont egalement fait l'objet d'investigations. Dans un rayon de 15 kms du barrage de Bagre, le village Gogninga (13 kms) a été retenu. Ces caractéristiques sont les suivantes:

• Population moyenne (1000 et 3000 habitants, suivant Ia saison); • Beaucoup d'activités liées a l'eau; • Très peu de points d'eau.

La combinaison de ces facteurs peut prêter a des conflits. Cependant, il faut souligner que ce village n'est pas directement du ressort du département de Bagre. Son chef lieu de département est Gomponsgoum. Dans un rayon de 25 kms, le village Zabo a été retenu. Ces caractéristiques sont: • Forte population trés dispersee; • Absence quasi totale de points d'eau; • Absence totale d'infrastructures socioéconomiques et d'activités liées a l'eau. Cette situation pourrait être conflictuelle d'abord pour le développement socioéconomique de Ia zone et ensuite au niveau de Ia ressource eau entre les usages les plus élémentaires (eau de boisson, eau pour les usages domestiques, etc.)

Un résumé de l'ensemble de villages échantillonnés est présenté au tableau 1. Les cartes 2, 3, 4 et 5 présentent les zones échantillons et les villages enquetes dans les trois sous-bassins. Le plan échantillonnage étant bien défini et circonscrit, l'étape subséquente consistait a proceder a Ia collecte des données et d'information de manière effective. 11

Tableau 1: Les villages échantillonnés dans le cadre du projet GUCRE

Zones autour: Villages village De Massili-Loumbila • Le Nabdogo (village riverain du barrage) • Le village Goué (environ 6 kilomètres du barrage) Hydrosystème de • Le village Goundry (environ 13 kilomètres du référence: barrage de barrage) Loumbila • Le village Silmiougo(environ 22 kilomètres du barrage) • La commune de Nongr-Massoum • La commune de Boulmiougou

du lac Barn • Le village Kora (village riverain du lac) • Le village Sorgo (environ 8 kilomètres du lac) Hydrosystème de • Le village Loaga (environ 18 kilomètres du lac) référence: Le lac Barn • Le village Sakou (environ 20 kilomètres du lac) du barrage de Bagre- • Un < de Ia Maitrise d'ouvrage de Bagre V2 rive droite (villages riverains du barrage) Hydrosystème de Bankako. référence: barrage de • Le village Bagre I (environ 6 kilomètres du Bagre barrage) compose en quartiers qui se sont érigés

en petits villages: Bagre I village, Yambo, Bokia, Patan, Kingale, Kalakoli, Sanganboulé, Dirlako ou Bagré II • Le village Gogninga (environ 13 kilomètres du barrage) • Le village Zabo (environ 22 kilomètres du barrage) PROJET CEDRES - IE inc. UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU Programme de gestion des usages conflictuels des Sciences Economiques Faculté des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé et de Gestion rcLuuvi NJ (BURKINA FASO)

et zones "ECHANTILLONS de I4étude *Ouahigo Provinces concernées

LEGENDE

Cours deau primaires

Cours deau secondaires MENTENGA /V A . Barrages focaux de étude U Principales villes dans le bassin

Zones "Echantiflons" de létude BOULKI H

K

BAZEGA

0 50 100 Kilometers Par Franqois OUEDRAOGO, Ce/lu/a Inform at/qua OGH - Mai 2000 UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU PROJET CEDRES - IE Inc. Faculté des Sciences Economiques et de Gestion Programme de gestion des usages conflictuels des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé (BURKINA FASO): Zone "ECHANTILLON" dans te sous-bassin du Massiti

Configuration des villages enquétés at des retenues

LEGENDE

Villages ou secteurs de communes enquêtes • Autres villages et secteurs de communes Retenues deau • Capacité inconnue • Capacité entre 1 et 200 mUle m3 million • Capacité entre 200 mule et 1 m3 • Capacite entre 1 million et 5 millions m3 Capacité superieure a 5 millions m3

Voies de communication Routes principales Routes secondaires tertiaires Chemin de fer non represente Cours deau Cours deau principal Cours deau secondaires Contour de a zone considérée

A 0 6 12 Kilometers

Par Fran co/s OUEDRAOGO, Cellule Informatique DGH - Mai 2000 Sciences Economiques et de Gestion UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU PROJET CEDRES - IE inc. Faculté des

Programme de gestion des usages conflictuels des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé (BURKINA FASO) Zone autour du LAC BAM Configuration des villages enquètés et des retenues d'eau

LEG EN DE

Villages enquêtés • Autres villages Retenues d'eau • Retenues de capacité inconnue • Capacité entre 1 et 200 mille m3 • Capacité entre 200 mille et 1 million m3 m • Capacité entre 1 million et 5 millions • Capacité supérieure a 5 millions m3 Routes princip ales Cours deau Cours deau primaires Cours deau tertiaires Contour de zone

A

0 9 18 Kilometers

Par Fraricois OUEDRAOGO, Cellule Informatique DGH - Mai 2000 Gestion UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU PROJET CEDRES - IE iflC. Faculté des Sciences Economiques et de Programme de gestion des usages conflictuels des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé (BURKINA FASO) : Zone autour du barrage de BAGRE

Configuration des villages enquêtés et des retenues d'eau

LEGENDE

Villages enquetes • Autres villages Retenues cIeau • Capacité inconnue • Capacité entre I et 200 mille • Capacité entre 200 mille et I million m3 • Capacité entre I et 5 millions m3 Capacité supérieure a 5 millions m3

Routes Routes secondaires Routes tertiaires Cours deau Cours deau primaires Cours deau tertiaires D Contour de Ia zone considérée

0 5 10 Kilometers —l

Par Fran çois OUEDRAOGO, Cellule Informatique DGH - Mai 2000 16

1.2 La problematique des usages conflictuels des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé Au lancement de Ia Décennie Internationale de l'Eau Potable et de l'Assainissement (DIEPA, 1980-1990) a Ia fin des années 70, on estimait a moms de 60 % de Ia population urbaine et de 26 % de Ia population rurale de l'Afrique subsaharienne qui avait accès a I'eau potable7. Dans le domaine de l'assainissement, le taux de couverture était estimé a moms de 50 % en zones urbaines et périurbaines et 25 % en zones rurales. Ces priorités ont été réaffirmées dans les principales rencontres internationales sur l'eau, tenues durant les dernières années8. Jusqu'à ce jour, ces chiffres n'ont presque pas change dans plusieurs regions de l'Afrique subsaharienne; plus de 30 % de Ia population urbaine et périurbaine n'a toujours pas accès a l'eau potable et plus de Ia moitié des eaux usées domestiques et industrielles ne sont pas traitées. Au Burkina Faso, comme d'ailleurs dans plusieurs pays de l'Afrique de l'Ouest, les problèmes lies aux ressources en eau se renforcent mutuellement pour aboutir a des situations préjudiciables a leur developpement economique et social, tels que les pénuries en eau, les maladies hydriques, Ia pollution, les erosions, les inondations, etc. Ces problèmes ont des causes multiples dans lesquelles se conjuguent les considerations suivantes : (1) des contraintes naturelles resultant des conditions environnementales peu favorables a Ia reconstitution et a Ia mobilisation des ressources en eau : climat, végétation, sol, sous-sol; (2) des facteurs humains contribuant a Ia surexploitation et a Ia degradation des ressources : croissance demographique, pauvrete endémique, urbanisation, industrialisation, développement de l'agriculture, etc. Les quelques contraintes suivantes ont ete identifiées lors de Ia Conference Quest- Africaine sur Ia gestion intégrée des ressources en eau (Ouagadougou, du 3 au 5 mars 1998): un déséquilibre entre Ia croissance de Ia population (3% par année) et Ia croissance de Ia demande en eau potable (plus de 6 %); urie croissance de Ia demande en eau de l'agriculture irriguee en raison dune part de l'mncapacité des cultures pluviales a assurer l'autosuffisance et Ia sécurité alimentaires et, d'autre part, du développement des cultures de rente; un développement économique qui s'accompagne d'une augmentation de Ia demande en eau pour I'industrie et l'énergie; un contexte climatique caracténsé par I'irregularite spatiale et temporelle des précipitations, aggravee par une evolution negative de Ia pluviométrie entralnant des deficits d'écoulement atteignant 70 % sur certains bassins de Ia region; des rejets generes par les activités humaines (domestiques, agricoles, industrielles); une absence ou une insuffisance des capacités et des outils de gestion adaptés (politiques, législatifs et reglementaires, financiers, scientifiques et techniques).

7Dans le cas deplusleurspays africains, ii est plus juste de par/er de / 'eau de consommation a laplace de 1 'eau potable, puisque la qua/lie de I 'eau distribuée danspiusleurs grandes villes africaittes, se/on les normes de I VMS, esi loin d'être as.nsrée.

la Conference Ministérielle sur / 'Eau Potable eli 'Assainissemeni Environneinenlal organisee aux Pays -Bas en mars 1994; an LY( Congrès Mondial ck l'eau (Montréal, 1997), an Sommet de Ia terre de New York (1997)8 etdans d'autres conferences, symposiums, colloques, qui sont suivis, dont récemment a Ia Conference Ouest-Africaine sur Ia gestion iniegrée des ressources en eau (Ouagadougou, du 3 au 5 mars 1998) era/a conference Internanonale "Eau et Developpemein Durable' de Paris (/998). 17

Dans le cas specifique du Burkina Faso, l'eau étant rare, Ia gestion du peu d'eau disponible doit être envisagee de manière globale et integree en considérant I'ensemble des usages des ressources en eau: approvisionnemerit en eau potable, irrigation de terres agricoles, maraIchage, production industrielle, petite production villageoise, élevage, péche, tourisme, conservation de Ia ressource, mines, production d'hydroélectricité. Maiheureusement des intérêts économiques, politiques, sociaux et autres, souvent divergents et contradictoires, génèrent des situations conflictuelles entre ces usages et entre les usagers. C'est ce que nous appelons par "Ia problematique des usages conflictuels des ressources en eau". Dans le cas du bassin hydrographique du Nakanbé, le probleme est celui d'arriver a une repartition equitable et équilibrée entre l'ensemble des usages identifies, assurant ainsi une gestion rationnelle et durable des ressources en eau disponibles. Comment peut-on scientifiquement aborder cette problematique?

Selon les résultats de l'atelier de travail tenu a Ouagadougou du 7 au 9 juillet 1998 sur Ia problématique des usages conflictuels des ressources en eau au Burkina Faso, c'est dans Ia zone couverte par le bassin du Nakanbé qu'on rencontre des poles d'utilisations intenses des ressources en eau. Par surcroIt, c'est justement dans ce bassin que cette problématique se pose avec acuité9. La zone couverte par ce bassin versant a une superficie au site du barrage de Bagre de 33 120 km2. Elle couvre entièrement ou partiellement 22 provinces sur les 45 que compte le Burkina Faso, s'étalant du Yatenga au Boulgou et compte au total une population de 3 723 627 habitants10, soft 33 % de Ia population du Burkina Faso. A titre d'illustration, Ia densité de cette population par rapport a Ia superficie agricole utile est trés élevée. Elle était de 202 habitants/km2 au Yatenga pour Ia période de 1984 a 1988, ce ratio diminue progressivement du Nord au Sud-Est de Ia zone oü ii est de 50 habitants/km2 dans le Boulgou (IFDC-Afrique et LEI, 1991). En effet, le choix du bassin du Nakanbé s'appuie sur deux considerations importantes dont le croisement pemiet d'identifier ce bassin hydrographique comme zone détude.

La premiere consideration porte sur I'importance d'identifier une zone oCi Ia problématique des usages conflictuels des ressources en eau se pose avec acuité. A cet effet, lorsque l'on juxtapose au niveau national l'offre et Ia demande des ressources en eau, Ia region du plateau central est sans contexte Ia zone qui recèle les principaux éléments des conflits d'usages dans l'utilisation des ressources en eau. Cette region comporte Ia plus grande concentration de Ia population du Burkina Faso, une degradation importante des ressources naturelles et des activités socio- economiques importantes (unites industrielles, agriculture, élevage) alors que par ailleurs Ia mobilisation des ressources en eau s'avère plus difficile et coOteuse (zone de socle).

Ce bassin est sans conteste ce/ui qui présente /e p/us de danger en matière de confi its lies a / 'uti/isation de / 'eau. Elle conslitue donc un lieu d'intérêts mu/tip/es a cause de djfférentes réalisations hydro-agrico/es (barrages k Bagré, de Kana-oe, Loumbila, aménagement du lac Barn, barrage de Ziga, etc.) et des activités socio-économiques qui s déroulent (agriculture, é/evage, péche, artisanat, chasse, commerce, etc.), sans perdre de vue I 'approvisionnement en eau potable.

Dii point de vue des composatues de cette population, on y rencontre une dizaine d'ethnies: Mossi, Be/la, Fu/sé, Peulh Rinathé, Dogoiz Samo, Gurunui, Bissa, Maransé et Gourmantché. 18

La deuxième consideration est d'ordre technique. Elle consiste a identifier une unite geographique oU les interactions de l'eau s'exécutent dans une harmonie Si Ion fait abstraction de I'intervention humaine. Le bassin hydrographique est par definition l'unité geographique constituée par I'ensemble des eaux de surface et des eaux SouterraineS qui viennent alimenter une zone commune.

En considérant cette zone, le document (

Dans le bassin du Nakanbé, les grands usagers sont les gros utilisateurs d'eau et les pollueurs qui se retrouvent autour des grands hydrosystèmes. Autour du barrage de Loumbila et le Massili, les usagers suivants sont considérés : I'ONEA pour I'AEP, les groupernents de maraIchers, les éleveurs, les pécheurs et les autres usagers en rapport direct avec le barrage. On considère egalernent a ce niveau, les grands pollueurs de Ia zone industrielle de Kossodo de Ouagadougou. Autour du barrage de Bagré, les usagers considérés sont: Ia SONABEL pour Ia production d'hydroélectricité; Ia Maitrise d'ouvrage de Bagre; les groupements d'irngateurs. En fin, autour du Lac Barn, Ies usagers suivants sont considérés: les trois groupements maraIchers de Ia place; les autres associations et organisations maraIcheres; les autres usagers autour du lac a travers les éleveurs, les pecheurs, l'approvisionnernent en eau potable pour Ia yule de Kongoussi. Ces différents usages exercent donc sur les ressources en eau de ces hydrosystèmes des pressions énormes suite a des intérêts divergents et parfois contradictoires12.

Les petits et rnoyens usagers se retrouvent principalement dans les villages, les centres semi-urbains ou les centres urbains et sont considérés en fonction des activités socio-economiques Iiées a I'eau: les maraIchers, les pêcheurs, les éleveurs, les femrnes, les jeunes filles, les dolotières, les commerçantes (restauratrices, briquetiers, rneuniers), etc. Au niveau de cette categorie des usagers, on assiste autour principalement des forages et des puits modernes, et a un degre moindre autour des puits traditionnels et différentes retenues d'eau (petits barrages,

" Par exemple, les confiits entre d'une part I 'approvisionnement en eau potable et d'autre part / 'agriculture et 1 'irrigation de terres agricoles peuvent porter sur Ia mobiisation importante des ressources en eau ou encore lapollution des eaux de surface et souterraines par des pesticides. "Au barrage do Bagré par exemple, les pécheurs son! constamment en conflit avec Ia SONABEL qui interdit la péche dans Ia zone de turbinage conlenant beaucoup do poissons. Les éleveurs son! souvent aux prises avec les usagers dornestiques a cause do / 'hygiene autour barrage. Au lac Barn, los maraIchers continuent d'ernpiéter sur le lit du bc a cause do / 'ensablement do ce dernier. Au barrage do Loumbila, 1 'AEP, los constructeurs, les camions citernes, los pêcheurs et bes sacrj/Icateurs d 'animaux laissés le long du barrage ont des intérêls divergents ala base do pbusieurs confiits. 19

boulies, puisards), et cela trés souvent, a des conflits entre les femmes, les jeunes filles, les jeunes garcons, les éleveurs, les maraichers, les restauratrices, les dolotières, les meuniers, les briquetiers. Ces conflits d'usages sont souvent de nature sociale, lies a culture, a Ia religion, aux croyances ancestrales, aux tabous; de nature technique, en rapport avec Ia disponibilité de l'eau en termes de quantite et qualité; l'état des ouvrages d'eau, Ia nature du sQl, l'aménagement du territoire, Ia conservation de Ia ressource; de nature socio-sanitaire, qui sont au fait des conflits implicites touchant l'hygiène du milieu, Ia malnutrition et les maladies Iiées a l'eau13.

Dans cette perspective, les travaux de l'atelier de travail de Ouagadougou, encore une fois, ont fait ressortir l'inefficacité des systèmes actuels de gestion des ressources en eau pour solutionner plusieurs situations conflictuelles engendrées par les divers usages de l'eau, en raison d'une part, des facteurs endogènes et exogènes aux hydrosystèmes et d'autre part, des intérêts divergents de diverses parties prenantes impliquées (usagers de l'eau du bassin, divers intervenants, etc.)

Ainsi, malgré divers efforts consentis durant les demières décennies, les problèmes lies aux ressources en eau au Burkina Faso persistent, ce qui demontre Ia nature plus structurelle que conjoncturelle de Ia problématique, nécessitant Ia conception et le développement de nouvelles strategies d'intervention et de nouveaux outils d'analyse et de gestion. Comment peut-on alors scientifiquement et pratiquement analyser et solutionner cette problématique?

En effet, les situations conflictuelles mises en cause dans le cadre de cette étude, doivent être étudiées et approfondies dans le but de proposer des avenues de solutions adéquates.

Malheureusement, trés peu de travaux scientifiques ont été consacrés a Ia gestion des ressources en eau et plus specifiquement a Ia problématique des usages conflictuels des ressources en eau en Afrique de l'Ouest et même ailleurs en Afrique Subsaharienne. Plusieurs etudes de Ia Banque Mondiale et d'autres organismes de l'Organisation des Nations Unies, pnncipalement consacrées aux ressources en eau en Afrique subsaharienne, portent sur les travaux d'inventaire des ressources en eau et quelques travaux d'infrastructures axes sur I'approvisionnemerit en eau potable, l'irrigation de terres agncoles, tant en milieu rural, qu'en milieu urbain. Les rares travaux réalisés dans le domaine de Ia gestion des ressources en eau en Afrique subsaharienne (Pearce, 1993; Engelman et Pamela, 1993; Danita, 1988; Pressad et Jayasekhar, 1997) sont plus focalisés sur des aspects sectoriels, mettant peu d'emphase sur les aspects d'intégration des ressources en eau nécessaires a une gestion efficace et rationnelle du secteur de I'eau dans plusieurs pays de l'Afrique de l'Ouest et d'ailleurs. Par exemple, I'atelier de travail sur Ia gestion intégree des bassins fluviaux et lacustres (Cabourg-Normandie, 6 au 10 novembre 1995) a soulevé Ia question de conflits dans les usages de l'eau dans quelques bassins hydrographiques africains en les énumérant, sans vraiment proposer une approche rationnelle de gestion de ces conflits d'usages.

Ainsi, Ia problématique des usages conflictuels des ressources en eau ainsi identifiée dans le bassin du Nakanbé est de nature multidimensionnelle et multiforme, faisant référence aux aspects sociologiques, politiques, legislatifs, institutionnels, economiques, environnementaux, techniques et technologiques14, nécessitant Ia

'3Les exemples ck trois categories de confiits sontprésentés dons d'autres chapitres ck cette publication.

Ces aspects on! déjà éré soulevés par Van Wijk (1989) 20

mise en place d'une approche de gestion integrée, contrairement au mode de gestion sectorielle utilisé actuellement. Cette analyse rejoint directement les preoccupations soulevées aux conferences de Ouagadougou et de Paris, recommandant l'utilisation des approches intégrées dans Ia gestion des ressources en eau et de mettre un accent particulier sur Ia recherche et le transfert de savoir- faire dans le secteur de I'eau, en appuyant les activités de recherches appliquées, de formation et le renforcement des capacités locales et institutionnelles. Quelques recommandations de Ia conference de Ouagadougou aux pays et aux organismes de

gestion de l'eau de l'Afrique de l'Ouest sont les suivantes : (1) de prendre les mesures nécessaires a Ia planification et a Ia gestion des ressources en eau selon les principes de Ia Gestion lntegree des Ressources en Eau (GIRE), y compris I'élaboration et Ia mise en application de plans d'action nationaux des secteurs de I'eau; (2) de renforcer les mesures de décentralisation et de déconcentration de Ia gestion de I'eau; (3) d'adopter I'approche participative dans toutes les activités de Ia GIRE, notamment dans Ia preparation et Ia mise en cauvre des plans nationaux dans les secteurs de I'eau.

Cependant, Ia mise en place de Ia gestion integree des ressources en eau est très complexe, puisqu'elle engage des considerations multidimensionnelles. La representation des principaux processus bio-physico-chimiques et des interdépendances entre les usages nécessitent I'integration methodique de plusleurs disciplines des sciences de I'eau15.

Plusieurs problèmes importants sont donc lies a Ia mise en place de Ia gestion intégrée des ressources en eau par bassin versant, laquelle sous tend Ia gestion des conflits lies a l'eau. II s'agit entre autre de I'intégration des aspects quantitatifs et qualitatifs des ressources en eau; l'intégration de Ia gestion des terres, des forêts et de I'eau dans le cadre du bassin versant; I'integration des eaux de surface et des eaux souterraines; l'integration trans-sectorielle des différents usages et fonctions de l'eau; l'intégration des différents utilisateurs/bénéficiaires au processus de prise de decision, d'implantation et d'appropriation des actions a mettre en place; l'intégration des conditions (hydriques, socioeconomiques, etc.) passées, présentes et futures (GIRE, 2001, Sasseville et Maranda, 2000).

Toutes ces considerations nécessitent différents mécanismes d'intervention, de communication, de regulation, d'arbitrage et de prise en charge technico- administratives, juridiques et socioculturels. D'oU le bien fondé de I'utilisation des approches participatives impliquant l'ensemble des parties prenantes a l'ensemble de Ia démarche et principalement au processus de prise de decisions.

Cette comprehension du problème nous améne a formuler deux principaux objectifs poursuivis dans le cadre de cette étude.

15 En effet, les sciences de I 'eau regroupent plusieurs disciplines. Elles comportent aussi nombre de construits interdisciplinaires, c 'est -a- dire des ensembles de connaissances constitués de concepts et de theories provenant de deux ou plusieurs disciplines des sciences de Ia nature, du genie ou des sciences sociales. Ces construits interdisciplinaires sont élaborés pour expliquer ou prédire des processus se déroulent en nature, ou encore interfaces société-individus-nature. 21

1.3 Objectifs poursuivis par l'étude

Les objectifs generaux sont:

1. De concevoir et d'implanter, sur Ia base des concepts théoriques et empiriques et Ce, avec Ia collaboration des intervenants du milieu (les parties prenantes), un programme de gestion participative des usages conflictuels des ressources en eau dans le bassin du fleuve Nakanbe au Burkina Faso, avec comme objectifs spécifiques:

1.1 de contribuer a des politiques locales et nationales ainsi qu'à des arrangements institutionnels susceptibles d'accroItre l'accès, Ia disponibilité et Ia qualité des ressources en eau dans le bassin du Nakanbe. 1.2 de développer et d'utiliser des strategies de communication ou de transfert facilitant les échanges d'information et de savoirs entre les différents acteurs sociaux et économiques imptiques dans le secteur de l'eau dans diverses zones du Nakambé, ainsi que Ia participation a des initiatives de développement. 2. De mettre en un mode de transfert des savoirs et des experiences développées dans le bassin du Nakanbé vers d'autres zones du Burkina Faso et pourquoi pas dans d'autres pays de I'Afrique de l'Ouest aux prises avec les mêmes problémes.

Le chapitre suivant élabore sur les fondements théoriques et le cadre operatoire de I'étude. 22

2. FONDEMENTS THEORIQUES ET CADRE OPERATOIRE DE L'ETUDE

Ce deuxième chapitre du rapport est divisé en deux sections. La premiere section présente les fondements theoriques qui sous-tendent les principales approches de gestion des ressources en eau choisies, a savoir, Ia gestion de l'eau par bassin versant et Ia gestion participative. La deuxième section est consacrée au cadre opératoire de Ia présente étude.

2.1 Fondements theoriques sur les approches de gestion de I'eau

Sur Ia base des etudes theoriques et des travaux de recherches consultés, des analyses et recommandations de Ia Conference de Ouagadougou sur les ressources en eau et le développement durable (1998) et de I'atelier de travail de Ouagadougou (7-9 juillet 1998), ii est clair que Ia resolution des conflits d'usages reels ou potentiels lies l'utilisation de l'eau, passe par une gestion intégree et equilibrée des ressources en eau alliant connaissances scientifiques et techniques ainsi que de bonnes méthodes de gestion de différents secteurs socio-économiques dans le strict respect de l'environnement. Une réorganisation des systèmes de gestion des ressources en eau dans une perspective de développement durable devient alors indispensable. En effet, Ia gestion de l'eau, appréhendée dans un cadre analytique global qui considère l'eau comme une ressource unique aux usages multiples et entretenant des liens avec le système écologique et socio-economique dans une référence spatiale qui est le bassin hydrographique, est communément vue comme une Approche de gestion des ressources en eau par bassin versant

2.1.1 L'approche de gestion intégrée des ressources en eau par bassin versant

La Gestion lntégrée des Ressources en Eau est un mode de gestion qui, a Ia difference de Ia gestion sectorielle, prend en consideration tous les facteurs pertinents et associe tous les acteurs concernés en vue d'un partage equitable et d'une utilisation équilibrée, ecologiquement rationnelle et durable des ressources en eau (GIRE, 2001). De manière explicite, elle fait donc référence a un système de decisions et d'actions, collectives et privees qui, dans le choix des actions (projets) de mise en valeur, de restauration et de conservation de l'eau, prend en compte les différents usages et facteurs impliqués sur Ia base de l'unité géographique et topographique naturelle du bassin versant (Reimold, 1998).

Plusieurs articles récents (McNitt et Kepford, 1999; Petersen, 1999; Kenney, 1999, Butcher, 1999, cites par Sasseville et Maranda, 2000) soutiennent que l'approche de gestion de l'eau par bassin versant est Ia seule en mesure d'intégrer de manière efficace, dans le processus décisionnel, l'ensemble des preoccupations des intervenants et des facteurs objectifs qui, en se conjuguant, déterminent Ia qualité et Ia quantité d'eau en tout point sur un bassin. L'écoulement de l'eau sur un bassin versant intègre en effet des facteurs bio-géomorphologiques et socio-économiques en un système de relations dndividus-Société-Ressources système dont on cherche a optimiser les rapports entre composantes (Sasseville et Maranda, 2000). 23

Selon les mêmes auteurs, cette approche partage, de manière generale, des themes communs avec d'autres paradigmes de gouverne des ressources collectives, tels: (I) un cadre d'analyse des problematiques selon une perspective systémique (Montgomery et al., 1995); (2) un objectif d'amélioration des performances institutionnelles, de l'intégration des politiques publiques et de Ia coordination des actions des différentes organisations gouvernementales et non gouvernementales; (3) une participation du public; (4) une participation des acteurs-clés dans les decisions; (5) une solide base d'informations scientifiques en appui aux politiques gouvernementales (Imperial, 1999).

Selon Black (1996), les problèmes relies a l'eau sont davantage des problémes de gouverne que des problèmes d'instrumentation ou de techniques. L'auteur precise qu'une gouverne environnementale soutenable des ressources n'est pas tant un problème de manque d'outils d'interventions ou d'orientations sur l'utilisation de ces outils, mais qu'iI s'agirait plutOt d'une défaillance de leur utilisation a l'échelle du bassin versant.

Sur Ia base de différents travaux, Sasseville et Maranda (2000) mentionnent que l'approche par bassin versant vise a corriger: Ia fragmentation et Ia duplication des responsabilités ainsi que l'incohérence des politiques publiques entre les différents paliers de juridiction; J'absence ou le peu de cooperation entre les différents acteurs sur un même bassin versant; Ia non prise en compte de l'information généree par l'ensemble des activités et des institutions humaines sur le territoire drainé par le bassin versant comme élément- clé de Ia gouveme de l'eau et de Ia récupération de Ia diversité des usages de l'eau (Lee, 1992); Ia complexité des problématiques de l'eau et des écosystèmes, notamment les difficultés d'integrer des processus séparés répartis sur tout le territoire du bassin ainsi que l'étendue des besoins en information (Brezonick et al., 1999); I'utilisation peu efficace de l'information disponible et des ressources allouées, notamment les limites structurelles des organisations et des individus dans I'acquisition et le traitement de l'information (Naiman, 1992; Lee, 1992; Imperial, 1999).

Pour Sasseville et Maranda (2000), les bénéfices escomptables de Ia mise en ceuvre dune approche de gestion de l'eau par bassin versant sont bien répertoriés dans Ia littérature et sont bases sur des experiences pratiques (PeIley, 1997, EPA, 1995; Reimold, 1998) comme: le maintien de Ia pérennité des ressources pour les generations futures; le maintien de Ia confiance des intervenants dans les structures politiques responsables de Ia gouverne des ressources; le maintien d'une source adequate d'eau potable pour le present et le futur; l'amélioration de Ia sécurité publique, Ia reduction des dommages aux propriétés en cas d'événements catastrophiques; I'établissement et le maintien d'une gouverne efficace des ressources financières collectives limitées pour Ia protection de I'environnement.

Ainsi, deux éléments fondamentaux caractérisent l'approche bassin-versant: le principe de Ia prise de decision participative pour Ia mise en des solutions qui ont été retenues par les intervenants considérés; et Ie besoin d'une information de qualité basée sur des données scientifiques fiables de manière a supporter Ia prise de decision en relation avec Ia ressource (Imperial, 1999; Reimold, 1998; Griffin, 1999; Grigg, 1999; Kenney, 1999; Lee, 1992; EPA, 1995).

Qu'en est-il alors des approches participatives dans Ia gestion des ressources naturelles. 24

2.1.2 Les approches participatives

Depuis les dernières décennies, on pane de plus en plus de Ia participation de Ia population de Ia base a Ia mise en place des actions visant l'amélioration de leurs conditions de vie. C'est ce qui est de plus en plus reconnue sous le vocable des approches participatives.

Sur le plan conceptuel, toute approche participative constitue un processus dynamique en ce sens qu'eIle évolue dans le temps, en fonction des spécificités et des conditions locales. Elle s'appuie sur Ia connaissance et Ia perception qu'ont les populations de leur milieu et de l'interaction des différents éléments qui entrent en jeu dans Ia gestion du terroir considéré.

A Ia difference des méthodes traditionnelles, bureaucratiques et technocratiques qui s'appuient géneralement sur le transfert des connaissances et sun les messages ou des solutions décidées a l'exténieur du milieu socioculturel des bénéf,ciaires, les approches participatives insistent sur le développement de Ia capacité des bénéficiaires a évaluer, choisir, planifier, créer, organiser, prendre des initiatives et decider sur les solutions implanter. Dans ces approches, on recherche a ce que les bénéficiaires communautaires puissent acquerir les attitudes, les compétences, Ia confiance en leurs moyens et l'esprit d'engagement pour prendre en charge leur propre développement.

Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAQ, 1995), dans le cas précis de Ia gestion des ressources naturelles, l'approche participative consiste en une mise en ceuvre d'une série détapes visant d'impliquer et d'associer de manière étroite les populations dans le diagnostic, l'identification, Ia programmation, Ia mise en ceuvre et le suivi des actions a mener au niveau d'un terroir donné et de définir les responsabilités des différents partenaires dans le suivi et Ia gestion.

Selon Ia même source, l'approche participative est fondée sur l'établissement d'un dialogue permanent entre les populations et les agents techniques, sur le respect mutuel et le principe du partenariat, ainsi que sur Ia reconnaissance du savoir-faire local. Elle comporte géneralement une sénie d'étapes : identification/connaissance du milieu; sensibilisation/prise de conscience par les populations des enjeux environnementaux et des possibilités d'agir sur le milieu; identification des problèmes et recherche thématique et vulgarisation; evaluation périodique des actions en cours par les populations et suivi-évaluation du programme et de l'ensemble de Ia démarche, débouchant sur une pnse en charge progressive des actions de développement au niveau du terroir par les populations et une appropriation du processus par I'ensemble des intervenants (population, agents techniques, etc.). Sa mise en cauvre nécessite un soutien méthodologique adaptatif, ainsi que Ia maltrise de bon nombre d'outils de communication susceptibles d'appuyer l'ensemble de Ia démarche.

Des experimentations intéressantes, sont menees dans plusieurs pays en developpement depuis les années 80 visant a repenser les diverses actions et des modes d'intervention et a repenser comment associer étroitement et efficacement les populations rurales a l'ensemble de (a démarche de lutte contre (a pauvreté, de développement des economies locales, principalement dans le cadre de Ia décentralisation et de Ia bonne gouvernance. 25

C'est dans le cas de ces deux articulations qu'on attend de plus en plus pane, parmi les approches participatives de Ia Méthode Accélérée de Recherche Participative (MARP), de Ia méthode GRAAP, de Ia Communication participative pour le Développement (CPD), de Ia Méthode Développement Décentralisé Communautaire et Participatif, etc. (Srinivasan, 1996; Bessette, 2000; Van et al., 2001; World Bank, 1999; 2000).

2.1.3 Les approches de gestion de l'eau par Ia decision participative En ce qul concerne l'approche participative dans Ia gestion des ressources en eau et Ia gestion des conflits lies a l'eau en particulier, les travaux de l'atelier de travail de Ouagadougou (7-9 juillet 1998) ont souligné Ia nécessité d'une volonté politique dans le développement d'une approche de gestion participative associant a tous les niveaux les usagers au processus de prise de decision. L'utilisation d'une approche globale et interdisciplinaire s'intégrant dans Ia culture, les savoirs et les traditions de populations, devient indispensable. Des actions spécifiques doivent alors être renforcées pour permettre Ia participation pleine et entière d'un grand nombre des intervenants dont les femmes dans Ia definition de projets, dans leur gestion et surtout dans le choix et I'implantation des solutions. Leur participation effective a Ia réalisation du programme imprégnera a celui-ci, comme le souligne Conac (1985), Assogba (1994), Allély, D., Drevet-Dabbous, 0. et al. (2002), un sentiment d'appartenance susceptible d'avoir un impact sur sa durabilité.

Les approches de resolution de conflits dans Ia gestion des ressources naturelles préconisées au niveau de Ia littérature sont souvent focalisées sur l'analyse de Ia nature de conflits, les interventions a faire sur différentes dimensions et Ia mise en relief des approches comme Ia mediation et Ia négociation faisant intervenir plusieurs acteurs (Anderson eta!., 1996; Ayling et Kelly, 1997; Brown, 1983; Gass eta!., 1997; Grimble et Chan, 1994). Ces techniques ne sont pas trés faciles a appliquer, surtout en milieu rural, devant Ia nature multidimensionnelle de conflits qui se posent au niveau de points d'eau villageois, par exemple.

En effet, depuis les deux demières décennies, on voit de plus en plus dans Ia littérature, le concept d'acteur être remplacé par celui de partie prenante Stakeholder ce dernier étant plus vaste. Alors que le concept d'acteur fait référence a l'action donc a Ia participation au processus de decision, le concept de parties prenantes (Keeney, 1992; Banville et a!., 1993) incorpore dans le processus de prise de decision, toutes les personnes, groupes ou organismes qui ont des intérêts pour un objet commun, un probléme, une decision. Ces intérêts peuvent se manifester a au moms deux titres différents: une partie prenante peut-être affectée par Ia formulation et Ia resolution du probléme et/ou avoir une influence sur elles. Généralement, on considère qu'une partie prenante est un individu, un groupe ou un organisme qui est affecté par le probléme, ce qui lui confére, d'une facon ou d'une autre, une certaine influence sur Ia decision (Banville et a!., 1993). On fait ainsi trop souvent l'hypothèse implicite qu'une partie prenante est a Ia fois affectée par le probléme et impliquée dans son processus de formulation et de resolution. II est cependant possible d'être affecté par un problème sans être en position d'influencer directement ou immédiatement son processus de formulation et de resolution et quand même être une partie prenante. 26

Plusieurs interpretations de ce concept sont documentées dans Ia littérature. Nous reprenons au tableau 1, Ia taxonomie proposée par Banville et a!. (1993) comme cadre d'analyse des parties prenantes. On y retrouve les parties prenantes ((traditionnelles a savoir, celles qui sont affectées par le problème ou son processus de formulation et de resolution et qui participent directement a ce processus. Ce type particulier de parties prenantes correspond parfaitement a Ia vision que I'on se fait d'un processus démocratique de decision, On les qualifie de traditionnelles parce que c'est a ce type de parties prerlantes que I'on référe Ia majorité de temps dans Ia littérature. Limiter Ia notion de partie prenante a cette catégorie appauvrie grandement un concept autrement plus riche comme le démontre le tableau 1.

Les < fiduciaires sont les acteurs mandates par un client. A ce titre, ils participent au processus de formulation et de resolution du problème sans être personnellement affectés par Ia decision. D'autres parties prenantes n'ont aucun contrôle direct sur Ia decision bien qu'elles soient affectées par le problème. Si ces parties prenantes participent activement au processus de formulation ou de resolution, elles sont qualifiées de parties prenantes concernées et actives C'est le cas, par exemple, des citoyens qui participent a des audiences publiques. Dans le cas contraire, on les designe comme étant des parties prenantes concernées mais passives Dans les problematiques environnementales, les generations futures ainsi que ceux qui constituent Ia sont des exemples de ce type de parties prenantes. Un cinquieme type est celui des parties prenantes qualifiées de de celles qui, bien qu'affectees et ayant une influence sur Ia decision, ne participent pas formellement ou directement au processus de decision. Ce type de parties prenantes non-participantes a parfois un pouvoir pouvant aller jusqu'à un veto sur Ia decision. C'est le cas de Ia haute direction face a certains projets a I'intérieur de leur organisation. Finalement, Ia caracteristique des parties prenantes invisibles > est que, bien qu'elles aient une influence sur le processus de formulation ou de resolution du problème, elles n'y participent pas parce qu'elles perçoivent que leur influence individuelle est trop faible ou qu'elles ont mandate un fiduciaire pour les représenter.

Tableau 2 : Taxonomie des parties prenantes (Source : Banville eta!., 1993)

NIVEAU DE PARTICIPATION LIEN AVEC LE PROBLEME Participent directement Ne participent pas directement Influencent le problème Fiduciaires Invisibles Affectées par le problème Concernées et actives Concernées mais passives Affectées et influencent le Traditionnelles Derriere les rideaux problème 27

2.1.3.1 Différents modes d'implication des parties prenantes Keeney (1992) identifie trois classes de situations décisionnelles impliquant plusieurs parties prenantes.

1. La consultation (ou decision autocratique)

Dans ce premier mode d'implication, le décideur principal (un type de parties prenantes), dolt tenir compte, pour diverses raisons, des points de vue d'autres parties prenantes, avant de prendre une decision. Le décideur a cependant plein pouvoir sur Ia decision. II s'agit donc d'une decision autocratique oU le décideur juge nécessaire, pour prendre connaissance des différents intérêts (poins de vue), de consulter les autres parties prenantes (Figure 1). La decision finale est prise selon le jugement du décideur, selon son système de preferences dans lequel II a intégre, a sa façon, les points de vue des différentes parties prenantes et cette integration est faite en portant un jugement de valeur sur ces différents points de vue.

Figure 1: La consultation

Decision 00000

décideur autres parties prenantes 28

2. La negociation (ou decision par consensus unanime)

La deuxième classe, implique plusieurs décideurs (parties prenantes) qui doivent s'entendre sur Ia solution a adopter, ii s'agit ici d'une situation conduisant a Ia négociation. Ainsi pour pallier aux problèmes de légitimité et pour augmenter le niveau d'implication des parties prenantes, Ia negociation fut suggérée pour remplacer Ia consultation. Selon Simos (1990), en passant de Ia consultation a Ia negociation, le décideur officiel doit alors ceder une partie trés importante de son pouvoir en accordant un veto sur Ia decision a chacune des parties prenantes appelées a participer a Ia négociation. La negociation est au fait un mode de decision par consensus, c'est-à-dire qu'il s'agit d'une situation ou plusieurs décideurs doivent s'entendre sur une solution. Dupont (1986) définit Ia négociation comme étant

Figure 2 : La négociation

décideurs autres parties prenantes 29

Ainsi, pour dénouer l'impasse dans une negociation, Raiffa (1982) propose de transformer le processus de négociation en un processus de resolution conjointe du problème. Ce qui finalement nous amène a Ia troisième classe qui est associée aux decisions collectives, c'est-à-dire a une situation oU une option dolt être choisie collectivement par plusieurs parties prenantes, ce qui ne nécessite pas, comme dans Ia négociation, que toutes les parties prenantes solent en accord avec Ia decision.

Zartman (1977) fait aussi une distinction entre les trois modèles de < qui correspondent assez bien aux situations proposées par Keeney. II pane alors: (1) du processus judiciaire, consistant a mandater une personne pour faire Ia synthèse des points de vue et des intérêts conflictuels des diverses parties prenantes dans une decision unilatérale finale qui prend Ia forme d'un jugement (premiere situation de Keeney); (2) de Ia coalition qui est un procédé par l'agregation (votes ou autres) ou par Ia decision collégiale (troisième situation de Keeney), et (3) Ia négociation qui se distingue des deux autres situations en ce sens que les parties prenantes se reconnaissent a chacune une espece de droit de veto, elles ne sont pas Iiées a une solution en cas de désaccord (deuxième situation de Keeney).

Bien que l'on distingue ces situations ou modèles décisionnels dans Ia littérature, il semble cependant que dans Ia grande majonité des cas, l'implication des parties prenantes dans le processus de decision peut ne pas se limiter a l'un ou I'autre des deux modes de decision qui correspondent aux deux poles d'un continuum quant aux possibilités d'implication des parties prenantes: a savoir Ia simple consuftation (ou decision autocratique) ou Ia decision par consensus unanime).

II y a en effet beaucoup de place entre les deux extremes pour un troisième mode de decision, identifué comme <> et < par Zartman. C'est ce qui est de plus en plus reconnu comme étant une decision participative.

3. La decision participative La decision participative correspond donc a une situation oü I'on est en presence de plusleurs parties prenantes (décideurs, experts, groupes d'intérêts, grand public, etc.) dont l'implication dans le processus de decision est essentielle pour atteindre une certaine légitimite (Figure 3). Il est important de noter que dans bon nombre de situations, les parties prenantes n'ont cependant pas toutes Ia même importance ni le méme rOle. II faut donc concevoir une procedure qul permettra urie implication de ces parties prenantes a divers niveaux. Chacun pourra alors s'exprimer et ainsi, avoir un impact, si minime soit-il, sur Ia decision.

En effet, Ia légitimite d'un tel processus de decision nest pas Ia même que dans le cas d'une négociation le consensus est nécessaire pour qu'une decision soit prise. Tout comme dans le cas de Ia négociation, les décideurs doivent ceder une partie de leur souveraineté aux autres parties prenantes mais a I'intérieur du cadre d'une procedure bien établie. La légitimité de Ia decision participative se retrouve plutOt dans un consensus << implicite>> de depart, les parties prenantes acceptant de se soumettre a Ia procedure prévue pour l'adoption dune solution. On peut ainsi faire le parallèle avec Ia democratic. Tous les électeuns ne sont pas d'accord avec le choix d'un chef de l'état ou d'un député, mais sa nomination est legitime puisque le processus menant a sa nomination, le système electoral, est légitime aux yeux de l'ensemble des électeurs. 30

Figure 3 : La decision participative

0 0 décideurs 10 autres parties prenantes

Le défi de Ia decision participative est donc de concevoir une procedure qui arbitre les conflits entre les points de vue divergents des différentes parties prenantes tout en étant légftime a leurs yeux comme peut l'être tout système démocratique. Lorsqu'on veut développer une telle procedure, on pense inévitablement au théorème d'impossibilité d'Arrow (1951) qui démontre Ia difficulté de combiner des préférences multiples en une préférence collective sans recourir a Ia dictature d'un des points de vue. II faut donc convenir qu'il n'y a pas un mode universel d'implication des parties prenantes qui conviennent a toutes les situations. En fait, U existe autant de modes d'implication des parties prenantes qu'il peut y avoir de problèmes a formuler et a solutionner. II faut donc, a chaque fois concevoir un mode d'implication des parties prenantes qui convient a Ia situation décisionnelle. La pnse en compte efficace et efficiente de divers intervenants dans un processus de decision est justement I'objectif de Ia gestion des parties prenantes. II s'agit d'un concept qui vise d'abord a identifier l'ensemble des parties prenantes. On determine ensuite leur mode de participation ou d'implication dans le processus. Dans le cadre de Ia réalisation du projet Gestion des usages conflictuels des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé nous nous proposons, a juste titre, de concevoir une procedure d'implication des parties prenantes dans Ia mise en place dun mécanisme de resolution des conflits d'usages des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé. La section suivante présente le cadre opératoire de cette procedure. 31

2.2 Cadre opératoire de l'étude

La mise en du programme de gestion des usages conflictuels des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé est réalisée sur Ia base de l'approche de gestion de l'eau par bassin versant. Comme l'étude se limite a Ia gestion des conflits d'usages des ressources en eau, nous proposons de solutionner Ia problématique posee a l'aide d'une approche simplificatrice, a savoir, d'Aide a Ia Decision Participative Cette approche est basée sur Ia gestion des parties prenantes.

Dans cette approche, Ia formulation du prob)ème correspondant au fait, d'une part, a Ia definition des conflits d'usages des ressources en eau et d'autre part, a une forme de gestion de solutions a mettre en place, en tenant compte des points de vue et des rationalités des différentes parties prenantes. Le mode de participation a Ia definition des conflits d'usages, a Ia proposition et a Ia mise en place des solutions se realise de manière interactive. La procedure s'appuie sur des considerations théoriques et empiriques, d'oU le bien fondé de I'utilisation de l'axe Recherche-Action dans le fonctionnement de Ia démarche participative a mettre en place.

L'articulation de Ia Recherche-Action axée sur les notions de sciences politiques, de sociologie, d'anthropologie, de communication, de management, d'économique et des méthodes d'aide a Ia decision, permet de mieux définir le problème (les situations conflictuelles) et Ies solutions a implanter d'une manière interactive, en s'appuyant sur les réalités du terrain combinées a une logique théorique et empirique.

Dans Ia mise en place du programme de gestion des usages conflictuels des ressources en eau, II est essentiel de mieux comprendre I'existant, se poser des questions sur le vécu actuel de Ia population concemant les conflits d'usages, afin que les actions a mettre en place puissent donner des résultats escomptes. II est donc essentiel de faire référence, par exemple, aux notions de sociologie et d'anthropologie pour mieux comprendre les aspects sociaux qui sont a Ia base des conflits; de maitriser les modes traditionnels de gestion de l'eau en valorisant le savoir-faire local, d'utiliser des méthodes d'aide a Ia decision, lesquelles référent a un ensemble de construits et de procedures impliquant l'ensemble des parties prenantes au processus décisionnel et a I'implantation des solutions. II est également important de considérer ce que Crowly (1991), Tullock (1978) et Trebilcock et aI.(1 982) appellent

Sur le plan opérationnel, Ia démarche utilisée étant de type participatif, le programme de gestion des conflictuels lies a l'eau a mettre en place doit donc tenir compte d'une part, des principaux enjeux en presence, et d'autre part, mettre a contribution les opinions des utilisateurs, planificateurs, decideurs et d'autres intervenants dans Ia gestion des ressources en eau. Les liens entre les ressources en eau et les autres ressources naturelles, l'état, Ia disponibilité et Ia non disponibilité de celles-ci doivent egalement être pris en compte dans le processus. Dans tous les cas, il est important de polariser sur les savoirs-faire endogenes, toucher les questions de participation, d'implication, de sensibilisation, d'innovation, d'exploitation de connaissances et d'acquis de pratiques courantes. Dans cette articulation, l'approche par excellence pour solutionner ce type de problematique est une approche participative basée sur le concept des parties prenantes. Cette approche de gestion s'inscrit dans Ia lignee des processus de resolution de conflits environnementaux (EDR : "Environmental Dispute Resolution ", McKinney, 1990). Bases sur différents concepts, l'approche incorpore diverses formes de negociation, de resolution conjointe de problèmes et de construction de consensus dans le processus de pnse de decision. La section suivante présente les grandes lignes de Ia mise ceuvre de cette approche.

2.2.1 L'approche d'Aide a Ia Decision Participative de Resolution des Conflits lies a I'eau S'appuyant sur Ia Recherche-Action, Ia démarche proposée comporte quatre grandes phases de base: (1) Initiation de Ia démarche participative; (2) Gestion des parties prenantes; (3) Mécanisme d'aide a Ia decision participative; (4) Decision ou recommandation. Chacune de ces phases a permis de mettre en place des etapes plus détaillées pouvant dans certains cas être effectuées en parallèle. En effet, bien que Ia démarche proposee s'articule autour des étapes bien définies, elle ne dolt pas être considérée comme linéaire et rigide, son application effective donne souvent lieu a de nombreuses rétroactions, remises en question et retour en arrière qui sont caracteristiques d'une démarche participative.

2.2.1.1 Premiere phase: Initiation de Ia démarche A I'origine de tout processus d'implication des parties prenantes, ii y a l'initiateur. C'est souvent le décideur officiel qui juge nécessaire de partager au moms une partie de son pouvoir sur une decision (ou plusieurs decisions) avec les autres parties prenantes. Dans le cas qui nous conceme, iI s'agissait de l'ensemble d'intervenants officiels du secteur de I'eau du Burkina Faso, a savoir, le Ministère en charge du secteur de l'eau, les autorités politiques des provinces, départements et communes, qul devraient decider de confuer Ia gestion de Ia problematique d'usages conflictuels des ressources en eau aux intervenants du milieu. En milieu villageois, ce sont des autorités administratives et coutumières du village (delégué administratif du village, chef coutumier, chef de clan) qui ont ete considérées.

En effet, pour metier a bien Ia démarche, tout comme le souligne McKinney (1990), il était preferable que l'initiateur fasse appel a un tiers parti. Le role de ce tiers pourrait être vu de plusieurs façons: comme celui d'un homme d'étude (Roy, 1985), d'un facilitateur (Keeney, 1992) ou d'un médiateur (Raiffa, 1982). En effet, selon Raiffa, il y a un continuum de rOles qu'un médiateur peut jouer. D'une part, le médiateur pourrait se limiter au rOle < neutre d'aide a Ia coordination, par exemple, Ia gestion des reunions, s'assurer du respect des regles, mais, d'autre part, ii pourrait egalement jouer un rOle beaucoup plus actif comme Ia suggestion de compromis, Ia recherche de consensus, etc. 33

Aprés le choix du médiateur, ii s'agissait ensuite de decider de l'ampleur de Ia participation des parties prenantes a Ia démarche. En fait, a ce stade de Ia démarche, I'initiateur, ses collaborateurs et le médiateur, pouvaient, le cas échéant, former un comité de gestion de Ia démarche pour determiner ensemble, l'ampleur de l'implication des parties prenantes dans le contexte du problème et determiner ensuite l'importance du pouvoir décisionnel a accorder aux parties prenantes dans le cadre de Ia démarche. Dans le cadre du projet GUCRE, l'initiateur du projet était le Ministère de l'Environnement et de I'Eau, Ministère en charge du secteur de l'eau a l'époque. Cependant, les interventions sur le terrain nécessitaient l'approbation des autorités provinciales et départementales. Enfin, ce sont les membres de I'équipe du projet GUCRE qui ont joue le role du médiateur dans Ia démarche.

2.2.1.2 Deuxième phase: Gestion de Ia participation des parties prenantes (a) Identification des parties prenantes La premiere étape de Ia gestion de Ia participation consistait a identifier l'ensemble des parties prenantes. Cette identification constitue un exercice d'apprentissage très précieux pour aider a définir le problème (Banville et al., 1993). En effet, bien que pour identifier les parties prenantes a un problème, ii est essentiel d'avoir au préalable une comprehension assez fine de ce dernier, par effet de circularité, l'identification des parties prenantes peut permettre de préciser davantage le problème ou de mieux le comprendre. A cette étape de I'identification, le critère le plus important est celui de l'exhaustivité, a savoir, aucune partie prenante ne dolt être négligée. La méthode du ((Brainstorming >, et ses variantes, semblent les meilleures techniques connues pour effectuer un tel exercice de generation d'idées (Hwang et Lin, 1987). Par exemple, identifier dans un premier temps les principales parties prenantes, a savoir, celles qui devraient nécessairement être impliquées, d'une facon ou d'une autre dans Ia demarche; ensuite, une deuxieme session d'idées, pourrait permettre de choisir les autres parties prenantes suivant leurs poids dans Ia definition du problème et le choix des solutions a envisager et a implanter. Dans le cadre de Ia réalisation du projet GUCRE, apres plusleurs discussions et consultations, les principales parties prenantes identifiées en milieu villageois étaient Ies suivantes: les femmes, les jeunes filles, les jeunes garçons, les éleveurs, les maraIchers, les dolotières, les commerçantes, les pêcheurs, les autorités villageoises.

(b) Cartographie des intérëts La cartographie des intérêts consistait a regrouper Ies parties prenantes selon leurs intérêts ou encore leurs diverses preoccupations. Chaque secteur d'intérêts est formé des parties prenantes qui partagent des preoccupations communes face a un problème et elles doivent être prétes a les défendre. A cette étape, il faut faire éclore Ia multiplicité des points de vue. Ainsi, Si les parties prenantes d'un même secteur d'intérêts n'ont pas des positions suffisamment homogenes, il faut bien identifier les sous-groupes représentant les différentes positions. Si ces positions sont globalement différentes, iI est préférable de scinder le secteur en deux ou trois, suivant Ie cas. 34

La figure 4 est une representation schématisée de cet exercice de classification selori Ia cartographie des intérêts. On retrouve dans cette illustration cinq secteurs (champs) d'intérêts (A, B, C, 0 et E) et pour chacun d'eux un certain nombre de parties prenantes. Comme on le voit dans cet exemple, Ia cartographie des intéréts permet d'éviter que le secteur C soit sur-représenté par rapport aux secteurs B et A. De plus, on peut constater qu'il faudra faire quelque chose pour que les parties prenantes du secteur E puissent être impliquees dans le processus ou encore qu'on leur trouve un fiduciaire (voir figure 1) pour représenter leurs intéréts comme ce sera le cas, par exemple, pour les generations futures ou tout autre secteur compose de parties prenantes concernees mais passives '>. On peut aussi observer qu'à l'inténeur du secteur d'intérêts 0, deux factions différentes sont identifiées, c'est-ã- dire que ces deux sous-groupes de parties prenantes de ce secteur ont des positions différentes. Dans le cas du projet GUCRE, cette cartographie des intérêts represente les différents usages de l'eau, l'eau potable, I'abreuvement des animaux, l'agriculture, etc. Les femmes et les jeunes filles peuvent avoir les mêmes champs d'intéréts, en ce qui concerne par exemple, l'eau potable. Les autres champs d'intérêts considérés sont l'abreuvement des animaux (qui petit intéresser les éleveurs sédentaires et les transumants), l'agncufture (qui intéresse les imgateurs et les maraichers), etc.

Figure 4: Cartographies des intérêts 35

(c) Formation des comités de représentants des parties prenantes Peu importe l'ampleur de l'implication, ii est pratiquement impossible de faire participer activement toutes les parties prenantes a toutes les étapes d'une démarche participative. Dans ce cas, pour certaines étapes de Ia démarche, ii faut mettre en place un groupe de représentants des parties prenantes. Le mode le plus approprié pour procéder a ce choix est l'organisation d'une assemblée villageoise ou encore, rorganisation d'une assemblee génerale de parties prenantes (une rencontre formelle). Cette assemblée permettra en même temps d'informer l'ensemble des parties prenantes sur les aspects suivants: l'amélioration de Ia qualité de lapport des parties prenantes; l'amélioration de Ia communication entre les parties prenantes; l'amélioration de Ia confiance dans le processus; comment faciliter l'implantation des solutions. Dans l'ensemble de Ia démarche, il est important de bien informer les parties prenantes a propos du processus car, comme le mentionne Keeney (1992), les différentes parties prenantes n'accepteront de participer a une démarche que Si elles croient que leurs valeurs (leurs intérêts) seront intégrées de facon appropriée et significative, de manière a ce qu'elles aient un impact sur Ia decision finale. Dans le cadre de Ia réalisation du projet GUCRE, cet exercice a consisté a choisir les parties prenantes participant a Ia Table Ronde, ainsi que les parties prenantes qui ont eu a discuter sur le choix définitif des solutions a mettre en place.

(d) Accord sur Ia procedure décisionnelle L'accord sur Ia procedure décisionnelle est une étape cruciale. Cet accord est le fondement qui donne normalement Ia légitimite a Ia decision. II s'agit donc d'une des phases les plus importantes oü l'habileté du médiateur pour Ia négociation sera mise a l'epreuve. II est essentiel, pour faciliter Ia démarche, de soumettre les parties prenantes a une procedure equitable. Cette procedure doit être flexible de façon a ce qu'elle puisse facilement étre adaptée aux exigences des parties prenantes. Ainsi, Si les parties prenantes ont l'impression d'avoir participé a l'élaboration de Ia procedure, elles l'accepteront plus facilement. Selon McKinney (1990), Ia légitimité et Ia crédibilité de Ia procedure dependent d'une part de I'implication des parties prenantes dans son elaboration et, d'autre part, de Ia clarté de ses règles. Les règles a utiliser doivent specifier Ia façon dont chacun sera représenté dans Ia procedure et les principes qui guideront I'arbitrage des intérêts.

C'est donc a cette étape qu'il faut determiner comment Ia decision sera prise : quelle méthode sera employee, quel niveau de consensus sera exigé pour prendre Ia decision.

Dans le cadre de Ia réalisation du projet GUCRE, c'est une procedure mixte qui a été appliquée en milieu villageois. Tout le long du processus, il a fallu laisser Ia place a l'interactivité. II s'agissait de trouver, par consensus, une solution de compromis entre l'ensemble des parties prenantes. Nous avions souvent laissé les populations discuter entre-eux en petits groupes, demander, par exemple, au délégué ou au chef du village d'organiser de rencontres informelles, après une rencontre formelle, entre les notaires et les villageois sur un sujet qui était laissé en suspend lors d'une rencontre ou encore, organiser une activité préparatoire avec Ia participation des animateurs ou des personnes antennes. Après Ia phase dinitiation de Ia démarche et celle de Ia gestion de Ia participation des parties prenantes, ii s'agissait de mettre en place un mécanisme d'aide a Ia decision participative. C'est Ia troisième phase de Ia démarche. 36

2.21.3 Troisième phase: Mécanisme d'aide a Ia decision participative Le mécanisme d'aide a Ia decision participative vise a fournir aux parties prenantes des outils leur permettant de progresser dans Ia resolution d'un problème de decision oCi plusieurs points de vue, souvent contradictoires, doivent être pris en compte. Selon cette approche, on dolt chercher a concilier les intérêts plutôt que les solutions, ce qui permet d'éviter d'inutiles aifrontements et de se concentrer sur ce qui est vraiment important. C'est en quelque sorte, Ia phase du choix de solutions a Ia resolution du problème, dans le cas qui nous concernait, trouver des solutions appropriées aux conflits d'usages identifies. Le mécanisme propose consistait: (i) a identifier les enjeux en presence; (ii) a modéliser les préférences des parties prenantes; (iii) a élaborer les actions (alternatives ou solutions); (iv) a comparer les actions entre-elles en vue de trouver Ia (les) solution(s).

I. Identification des enjeux en presence La premiere étape d'un mécanisme d'aide a Ia decision participative consiste en une forme de consultation des parties prenantes a propos de leurs intérêts face au problème pose. Cette consultation qui permet d'identifier les principaux enjeux correspond au Scoping ' que l'on retrouve dans certaines procedures devaluation environnementale (Kennedy et Ross, 1992). Cette étape permet d'améliorer Ia comprehension du probléme et de Ia faire partager par toutes les parties prenantes. Comme le cite Bardwell (1991), c'est Ia representation partagée du problème qui permettra a chacune des parties prenantes d'améliorer sa comprehension de celui- ci. En saisissant les différentes facettes du probleme, ii est ainsi plus facile de trouver des solutions acceptables par tout le monde. Ne dit-on pas qu'un probléme bien pose est a moitié résolu? A cette étape de Ia demarche, comme le propose Keeney (1992), il est essentiel, dans un premier temps, de permettre aux parties prenantes d'exprimer leurs points de vue (enjeux ou objectifs) par secteur d'intérêts. Cet exercice pourrait être fait au moyen d'entretiens ou des rencontres en petits groupes. II faut egalement permettre beaucoup d'interactivités dans I'exercice. En ce qui concerne Ia réalisation du projet GUCRE, ce sont les enquetes terrain, les rencontres-causeries, ainsi que et l'animation communautaire et villageoise qui ont permis de définir les enjeux et les objectifs de Ia démarche, définissant ainsi les enjeux qui étaient les conflits d'usages des ressources en eau et les avenues de solutions. Etant donné Ia nature du problème pose, ce sont les deux axes qu'il a fallu privilegier a ce stade de Ia démarche.

ii. Modélisation des préférences (construction des critères de decision) Principalement deux approches peuvent être proposées pour explorer les préférences d'un (des) décideur(s) et construire une famille de critéres. La premiere consiste a identifier les objectifs du décideur et a les structurer de manière hiérarchique jusqu'â un niveau adequatement mesurable (Keeney et Raiffa, 1976; Keeney, 1992). 37

Roy (1985) propose une démarche inverse. En effet, plutOt que de partir des objectifs, ii recommande d'analyser l'ensemble des consequences des actions afun de cerner des axes de signification a partir desquels seront construits les cntères. Dans le cadre de Ia réalisation du projet GUCRE, nous croyons (voir figure 5) que ces deux approches sont complémentaires. D'une part Ia decomposition de l'objectif global ménera, a Ia limite, a des consequences alors que, d'autre part, le regroupement des consequences mériera éventuellement a I'identification d'objectifs. Comme certains individus ont plus de facilité a parler des consequences alors que d'autres préfèrent parler d'objectifs, nous croyons qu'iI est préférable d'utiliser conjointement les deux approches. L'utilisation conjointe des deux approches a des chances de mener a une modélisation plus complete des préférences.

Figure 5 : Structure de préférences

+ Keeney & Raiffa (1976) Roy (1985) 38

Selon Keeney (1992) Ia hiérarchie des objectifs (structure de préférences) d'un ensemble de parties prenantes est construite en combinant les hierarchies individuelles. II propose donc, dans un premier temps, de construire Ia hiérarchie de chacune des parties prenantes et ensuite d'en faire l'union. La hiérarchie globale doit ainsi couvrir l'ensemble des hierarchies individuelles. Roy (1985) abonde dans Ia même articulation lorsqu'iI mentionne que le modèle de préférences doit toutes les categories de consequences, même si certaines n'intéressent qu'un acteur >. Dans les deux cas, l'union des representations individuelles permet de construire une representation globale plus complete puisque certaines parties prenantes couvnront de façon plus détaillée certains aspects du problème alors que d'autres auront un modèle de preferences plus détaillé sur un autre aspect. Ainsi, avec une representation globale combinant les différents points de vue individuels, chacun peut améliorer sa comprehension de I'ensemble du problème en améliorant sa comprehension des points de vue des autres parties prenantes. Avec une representation structurée des objectifs et des consequences, on passe a Ia construction des critères qui serviront a comparer les actions (les alternatives) en choisissant un niveau de detail approprié. On doit choisir un niveau øü il sera possible de construire des critères significatifs autour desquels les différentes parties prenantes pourront justifier, transformer et argumenter leurs preferences (Bouyssou, 1990). Ainsi, un critére est a Ia fois une mesure de l'atteinte d'un sous-objectif tout en faisant Ia synthèse d'un ensemble des consequences. II est essentiel que le sens des préférences véhiculées par chacun des critéres soit compris et admis par toutes les parties prenantes. En effet, un critére doit permettre d'associer a chacune des actions (projets, actions, solutions) une performance sur une echelle de mesure au moms de niveau ordinal. Finalement, théoriquement Ia famitle de critères (ensemble des critères) ainsi construite sera dite cohérente (Roy et Bouyssou, 1993) Si elle satisfait quelques conditions a savoir les conditions d'exhaustivité (aucun critère ne doit être oublié), de cohesion (les préférences modélisées sur chacun des cntères doivent etre cohérentes avec les préférences globales expnmées sur les actions) et de non- redondance (pas de critères superfius) en plus d'être intelligible (comprise par toutes les parties prenantes) et opérationnelle (acceptée comme base de travail par Ia suite). Dans le cas du projet GUCRE, Ia modélisation de préférences s'était réalisée de manière interactive a divers niveaux: Iors des rencontres de groupes des parties prenantes durant les enquetes et l'animation communautaire et villageoise; Iors des rencontres de l'ensemble des parties prenantes (au niveau de Ia Table Ronde sur les parties prenantes) et lors des rencontres en petits groupes des parties prenantes (rencontres de restitution de Ia Table Ronde). L'essentiel, dans cette étape de Ia démarche participative, était de poser de bonnes questions qul doivent amener les parties prenantes a réaliser une forme de modélisation de leurs preferences concernant les solutions envisageables pour résoudre les conflits d'usages qu'ils ont eux-mêmes identifies selon leur rationalité.

Par exemple, en posant Ia question suivante : queUes solutions preconisez-vous pour éviter le non-respect de tours de prise d'eau autour du forage du village? La réponse pourrait etre, I'augmentation du nombre de forages ou encore Ia mise en place d'un horaire de collecte d'eau par Ie comité de gestion des points d'eau. En posant Ia question de savoir, s'il y avait a choisir entre les deux solutions, quelle serait leur choix ? En choisissant l'augmentation du nombre de forages, c'est Ia question de coOt de réalisation qui vient a Ia surface, etc. C'est alors au modérateur (l'equipe de projet) de faire Ia compilation de tous ces aspects pour arriver a une forme 39

d'ensemble de critères d'évaluation qui devrait par Ia suite être validé, séance tenante ou au cours d'une rencontre ultérieure.

iii. Elaboration des actions L'ensemble des actions potentielles est normalement compose des avenues de solutions (projets, actions) qui seront envisagees par l'ensemble des parties prenantes pour solutionner le probléme pose. Trés peu de suggestions ont été faites dans Ia littérature sur Ia manière de generer systématiquement une liste d'actions potentielles en aide a Ia decision participative. Lors de cette étape, ii faut faire appel a Ia créativité de I'ensemble des parties prenantes et des enjeux en presence.

En effet, dans le cadre d'une démarche participative, il est important tout au long de Ia démarche de mettre a Ia disposition des parties prenantes un mécanisme pour leur permettre de proposer de nouvelles actions (solutions), tant que le moment de prendre Ia decision finale n'est pas encore arrivé. Dans le cadre de Ia réalisation du projet GUCRE, l'élaboration des actions s'était réalisée conceptuellement en quatre étapes: (1) Identification des conflits d'usages par groupe des parties prenantes, suivie de Ia proposition des solutions; (2) Regroupement de l'ensemble des conflits d'usages au niveau du village, suivie d'une compilation de propositions des solutions possibles;

(3) Validation des conflits d'usages identifies au niveau de Ia Table Ronde, suivi de Ia validation des solutions durant Ia même Table Ronde; (4) Compilation de I'ensemble des solutions proposées durant les rencontres de restitution aprés Ia Table Ronde.

La procedure d'ensemble s'était en effet réalisée au niveau des enquêtes sur Ie terrain, de l'animation communautaire et villageoise, de Ia Table Ronde sur les parties prenantes et au niveau des rencontres de restitution apres Ia Table Ronde sur les parties prenantes.

iv. Evaluation des actions

L'étape devaluation des actions consiste a associer a chaque action (solution), un niveau de performance pour chacun des critéres choisis. On met alors en une regle opératoire définie pour chacun des cntères ou encore on confie I'évaluation a des experts acceptés par toutes les parties prenantes.

Dans le cadre de Ia réalisation du projet GUCRE, ii s'agissait d'évaluer chacune des solutions destinées a résoudre un conflit donné en fonction d'un certain nombre de critères de decision et de rationalités.

Le travail s'était réalisé de manière interactive entre les membres de l'équipe de projet et les parties prenantes.

v. Comparaison des actions (agregation des préférences)

C'est une étape importante dans l'aide a Ia decision participative. II s'agit de comparer les différentes solutions proposées deux a deux au niveau de chaque critére et au niveau de l'ensemble de critéres retenus. 40

Compte tenu de Ia problématique étudiée et de Ia manière qu'il faut regrouper, d'une part, les conflits d'usages, les parties prenantes, les solutions proposées; et d'autre part, Ia possibilité qu'une solution puisse résoudre plus d'un conflit d'usages, dans le cadre du projet GUCRE, nous nous sommes proposées d'aborder l'agrégation des préférences de manière hiérarchique telle qu'illustrée a Ia figure 6.

Figure 6 : Hiérarchie décisionnelle

NIVEAU 1 RECOMMAN DATION préférences globales

NIVEAU2 A preferences par secteur

NIVEAU 3 A préférences al a2 a3 a4 bi b2 individuelles

Selon ce modèle, Ia decision finale ou recommandation (niveau 1) devrait être prise en tenant compte de l'ensemble des preferences des différents secteurs (ici les solutions par type d'usages) (niveau 2) qui sont obtenues en faisant Ia synthèse des préférences des parties prenantes qui les composent (niveau 3).

Plusieurs auteurs ont suggére des méthodes quant a Ia façon dont les préférences ou les evaluations doivent être agregées. Selon Tanz et Howard (1991), Ia méthode utilisée dolt être assez simple pour être comprise par l'ensemble des parties prenantes et dolt être transparente de sorte que les parties prenantes puissent constater qu'elles ont un impact sur Ia solution.

Ainsi, sur Ia base du modèle propose, l'agregation des préférences devrait se realiser en trois etapes. Au niveau 3, ii faut agréger les performances des différentes actions de façon a refléter les preferences individuelles de chacune des parties prenantes (a1, a2, a3, ...). Une deuxième agregation aurait pour but de faire Ia synthèse de l'ensemble des préférences des parties prenantes d'un même secteur d'intérêts ou un regroupement d'intérOts (par exemple, t'eau domestique). On 41 obtiendrait ainsi une representation des preferences des secteurs (eau domestique, abreuvement des animaux, maraIchage, etc.) (niveau 2). Finalement, ii faudrait faire un arbitrage (troisième agrégation) des intérêts des différents secteurs de façon a représenter un système de préférences globales (niveau 1) a partir duquel Ia recommandation serait élaborée.

Bien que dans Ia littérature, qu'aucune méthode n'ait été conçue spécifiquement pour ce genre de probléme, dans le cadre Ia Recherche-Action, plusleurs strategies ont été envisagées pour traiter des agrégations successives sous une forme hiérarchique. Chacune de ces strategies consistait a appliquer successivement une procedure ou une combinaison de procedures d'agregation.

Toutefois, ii était possible d'éliminer certaines composantes d'un niveau d'agrégation (éventuellement tout le niveau) en passant par une négociation a I'intérieur de chacun des secteurs d'intérêts. Ainsi, Si les parties prenantes s'entendaient sur leurs preferences, deux secteurs pouvaient alors être traites comme une seule entité (un seul secteur d'intérets). Par exemple, si les préférences des jeunes flues, des femmes concernant I'eau de boisson pouvaient être agrégées avec les préférences des commerçantes, dolotières concernant l'eau domestique, on pouvait avoir une seule entité potable>> pour satisfaire les préférences de toutes ces parties prenantes.

Pour procéder a cette agrégation des préférences, nous avons propose d'utiliser une modélisation basée sur une forme d'analyse conjonctive a chacun des niveaux de Ia hiérarchie proposee a Ia figure 6.

Les étapes de cette procedure de modélisation sont les suivantes: Formellement I'on considère un ensemble admissible note:

A =

a1 (avec i =1, 2, ... ,3) est une solution a un conflit d'usage donné.

On considère aussi un ensemble de critères d'évaluation note:

C = c2,

Avec (j 1, 2,..., k) correspondant a un critère d'acceptabilité.

Pour chaque action a1EA, on associe une evaluation indiquant Ia performance obtenue par I'action a a I'égard du critère c1.

Onobtient:

E correspond a l'ensemble des performances de chaque action (solution a un conflit d'usage) a l'egard de chaque critère d'acceptabilité.

Ainsi, selon l'analyse conjonctive, une solution aIEA sera retenue:

(a1€A) L1, étant Ia condition minimale d'acceptabilite associée au critère j, et A étant l'ensemble des solutions pouvant être implantées. 42

II s'agissait enfin d'appliquer l'analyse conjonctive a chacun des niveaux de Ia hiérarchie de Ia figure 6, pour arriver un ensemble de solutions a implanter au niveau I comme expliqué précédemment.

2.1.1.4 Decision ou recommandation

La dernière phase d'une démarche d'aide a Ia decision participative est celle qui mène a Ia decision ou a une recommandation selon le mandat convenu. Lors de cette phase, les résultats de I'exercice d'aide a Ia decision mènent normalement a I'élaboration des recommandations qui sont soumises aux décideurs officiels (un type particulier de partie prenarite) pour une approbation finale. Comme son nom l'indique, Ia démarche proposée est une démarche d'aide a Ia decision participative. Selon Roy (1985), I'aide a Ia decision a pour but << d'éclairer Ia decision et normalement a prescrire, ou simplement a favoriser, un comportement de nature a accroItre Ia coherence entre l'évolution du processus d'une part, les objectifs et le système de valeurs au service desquels cet intervenant se trouve place d'autre part >. Ainsi le but de Ia démarche n'est pas d'imposer une decision mais plutôt de faire des recommandations aux décideurs officiels.

Dans le cadre de Ia réalisation du projet GUCRE, Ia grande question était celle de savoir qui sont les décideurs officiels? Ce n'est pas très evident. Normalement dans le cadre d'une démarche participative, on considère que I'ensemble des parties prenantes, principalement celles de Ia base dans le cas des petits et moyens usagers dans les villages doivent participer au processus décisionnel. Cependant, les parties prenantes participent-elles effectivement a Ia prise de decision ? Oui et Non, puisque l'implantation des solutions definitives peut être contrainte a une question de financement. D'oü Ia nécessité d'expliquer le sens de Ia decision finale a l'ensemble des parties prenantes. Plus de details sont dans Ia section portant sur Ia stratégie de communication participative.

Les fondements theoriques de l'étude et Ie cadre operatoire ant permis de développer une nouvelle démarche méthodologique qui est presentée dans le prochain chapitre. 43

3. METHODOLOGIE DE L'ETUDE

L'approche methodologique utilisée dans le cadre de cette étude a ete élaboree et développée sur Ia base de I'approche d'aide a Ia decision participative du cadre opératoire présenté dans le chapitre précédent. Elle implique les parties prenantes considérées a I'erisemble du processus destine a mettre en place un mécanisme de resolution des conflits d'usages des ressources en eau dans le bassin versant du Nakanbé.

Cette approche méthodologique développée par Ia Recherche-Action et appelée d'Aide a Ia Decision Participative de Resolution des Con flits lies a

I'eau ,,, est divisée en dix étapes : (1) Initiation de Ia démarche; (2) Identification, definition et validation des conflits lies a I'eau et proposition des solutions avec Ia participation de l'ensemble des parties prenantes; (3) Gestion de Ia participation des parties prenantes; (4) Elaboration d'une typologie (classification) des conflits d'usages, en tenant compte de Ia rationalité des parties prenantes; (5) Evaluation et choix des solutions avec I'implication des parties prenantes; (6) Validation des solutions proposées avec l'ensemble des parties prenantes; (7) Analyse de Ia faisabilité des solutions proposées; (8) Organisation de Ia participation des parties prenantes dans l'implantation des solutions; (9) Implantation des solutions retenues; (10) Mécanisme de retroaction pour pérenniser les solutions.

Deux instruments d'intervention sont utilisés pour appuyer Ia mise en cauvre de cette demarche: (1) La collecte des données et d'information d'appoint; (2) L'utilisation d'une stratégie de communication participative.

3.1 La collecte des données et d'information d'appoint 3.1.1 La coliecte des données et d'information a I'aide des mandats Dans le cadre de Ia réalisation de notre étude, les principales données sur les ressources en eau, les activités socio-économiques et sur les conflits lies a l'eau ont été collectées a l'aide de sept différents mandats16. Chacun des mandats était défini comme étant un ensemble d'activités theoriques et pratiques susceptibles de déboucher sur un résultat bien défini en fonction des objectifs poursuivis et de I'échéancier de réalisation de l'étude.

Les différents mandats étaient exécutés par les membres de l'équipe de projet et par les experts recrutés au sein de divers organismes gouvernementaux charges de Ia gestion des ressources en eau du Burkina Faso. II s'agit du Ministère de l'Environnement et de l'Eau de l'epoque, I'actuel Ministére de I'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques, du CNRST, de I'INERA, de l'Université de Ouagadougou (CEDRES et UFR Sciences et Techniques-Laboratoire d'hydrogéologie) et I'Ecole Inter-Etats d'Ingénieurs de Genie Rural (EIER). D'autres organismes publics et privés ont egalement été sollicités de manière ponctuelle pour certains besoins spécifiques comme Ia Maltrise d'Ouvrage de Bagré (M.O.B), I'Institut National de Ia Statistique et de Ia Démographie (l.N.S.D), l'lnstitut Géographique dv Burkina (1GB), etc.

L 'annexe I présente les rents mandats 44

Mandat 1: Cartographie thématique du bassin du Nakanbé Ce mandat a consisté a identifier sur Ia carte géographique du bassin du Nakanbé les infrastructures et ouvrages d'eau, principalement les grands hydrosystèmes et les points d'eau; les aménagements socio-economiques lies aux ressources en eau, comme les aménagements hydro-agricoles et hydro-pastoraux ainsi que les voies d'accès.

Mandat 2: lnventaire des ressources en eau du Nakanbé

Le mandat 2 était divisé en deux parties, le mandat 2.1 et le mandat 2.2.

Le mandat 2.1 a consisté a inventorier les eaux de surface dans les trois sous- bassins du Nakanbé, sur Ia base de l'inventaire de 1996, en mettant un accent particulier sur les eaux mobilisables dans les sites faisant partie de l'étude.

Le mandat 2.2 a consisté a réaliser l'inventaire des eaux souterraines du bassin du Nakanbe de manière generate, un inventaire plus détaillé étant réalisé au niveau des sites et villages faisant partie de l'étude.

Mandat 3: Collecte des donnees sur les principaux activités socioéconomiques liées aux ressources en eau du bassin du Nakanbé

Le mandat 3 a consisté a collecter l'ensemble des données sur les usages des ressources en eau dans chacun des sous-bassins du Nakanbé. II s'agit des usages suivants: approvisionnement en eau potable; assainissement des eaux usées; agriculture: (irrigation de terres agricoles; maraichage); elevage (abreuvement de bétails; pãturages); hydroélectricite; peche et pisciculture; conservation (reserves naturelles); récréation et tourisme.

Mandat 4: Identification de conflits dans les usages des ressources en eau dans le bassin du Nakanbe

Le mandat 4 a consisté a identifier les conflits reels ou potentiels entre les divers usages des ressources en eau dans chacun des trois sous-bassins, en définissant dans Ia mesure du possible, des conflits d'usages différents dans chacun d'eux.

Lesdits conflits ont été définis en fonction de différentes parties prenantes suivantes: les consommateurs d'eau potable (hommes, femmes, jeunes, enfants; industriels, commerçants); les agriculteurs (irrigateurs, maraIchers), les éleveurs (transumants et les éleveurs sédentaires), les pecheurs, les constructeurs, ainsi que d'autres usagers autour de grands hydrosystèmes ou au niveau de différents points d'eau dans les villages échantillonnés.

Ce mandat était divisé en deux volets, Ie mandat 4.1 et le mandat 4.2.

Le mandat 4.1 a consisté a collecter différentes données et informations via les enquetes sur le terrain et l'animation communautaire et villageoise.

Le mandat 4.2 a consisté les investigations portant sur Ies aspects socio-sanitaires lies aux ressources en eau du bassin. II consiste a collecter et au besoin a completer par des enquetes de terrain l'ensemble des données socio-sanitaires liées aux usages conflictuels des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé, susceptibles 45 d'être a l'origine des conflits. Des etudes ciblées sur l'eau potable, l'assainissement et leurs incidences en milieu urbain, semi-urbain et rural doivent permettre I'élaboration des mécanismes de prevention assortis des projets de pérennisation.

En rapport avec les conflits d'usages des ressources en eau, ii y a lieu de considérer egalement les aspects touchant le ruissellement sur les ressources en eau en termes de charges susceptibles de réduire le potentiel en eau dans le temps, sans perdre de vue les aspects touchant Ia preservation des sols, le tourisme, l'ecologie du milieu, les aspects rêcréatifs, etc. Ces différents aspects, contribuant aussi aux conflits d'usages, ont été investigues dans le cadre du mandat 4 par le truchement d'une investigation spéciale, faisant partie du volet 4.1.

Mandat 5: Méthodes de collecte et d'analyse des données

Ce mandat visait essentiellement a concevoir des méthodes de collecte et d'analyse des données sur les ressources en eau, les activités socio-économiques liées a l'eau, ainsi l'identification de différents conflits d'usages qui se vivent taft du côté de grands usagers, que de petits et moyens usagers. Ces méthodes sont utilisables dans les mandats 2, 3 et 4 et au niveau de l'analyse des données et d'information.

Mandat 6: Mécanisme de transfert de savoir-faire

Le mandat 6 a consisté a élaborer une documentation portant sur l'ensemble de Ia demarche methodologique mise en place, ainsi que les résultats obtenus dans le cadre du projet, dans le but de transférer le savoir-faire et les experiences développées dans le bassin du Nakanbé dans d'autres bassins hydrographiques du Burkina Faso, voire dans d'autres pays sahéliens. Plusieurs types de documents sont envisages: articles scientifiques, documents thématiques a plusieurs auteurs, guides de procedures, manuel de formation, manuel de vulgarisation; document audiovisuel.

Mandat 7: Evaluation de Ia qualité des ressources en eau

Ce mandat a consisté a évaluer Ia qualité de l'eau destinée a Ia consommation humaine et a Ia consommation animale, tant au niveau des systemes d'approvisionnement en eau potable que dans les points d'eau utilisés comme source d'eau potable ou pour l'abreuvement des animaux.

Les analyses de Ia qualité de l'eau étaient concentrées dans les zones échantillonnées, dans les peripheries des villes non raccordées au reseau de distribution d'eau potable de I'ONEA, dans les zones semi-urbaines et dans les zones rurales approvisionnées par des puits, forages et autres sources d'approvisionnement. Le mandat prenait également en consideration l'évaluation de Ia pollution notamment au niveau de Massili, en ce qui concerne Ia pollution industrielle; Ia pollution domestique au niveau de Ia ville de Ouagadougou et également Ia pollution agricole dans les périmètres irrigués.

Dans le cas de l'eau destinée a l'abreuvement de betail, le mandat avait évalué, dans les zones échantillonnées, Ia qualité de I'eau dans quelques points d'eau destines a l'abreuvement de bétail. 46

3.1.2 La collecte des données par les enquetes-terrain Cette forme de collecte des données de proximité, de type enquête-discussion, était réalisée a l'aide des fiches d'enquête. Les données collectées concernaient egalement les ressources en eau, les activités socio-économiques, ainsi que le vécu des conflits d'usages, sur Ia base d'une partie du mandat 3 et des mandats 4.1, 4.2.

Les fiches ci-après ont été utilisées pour réaliser cette activité:

• Le questionnaire individuel sur l'identification des conflits d'usages • Le questionnaire sur les gros usagers: cas spécifiques de l'ONEA et de Ia SONABEL sur l'identification des conflits; • Le questionnaire sur les gras usagers: cas des industries polluantes de Ia zone industrielle de Nongr-Massoum (Kossodo) et de gros préleveurs des ressources en eau de Ia commune de Boulmiougou, sur les conflits d'usages; • Le questionnaire adressé aux services publics et administratifs, services et centres de sante, etc. sur les aspects socio-sanitaires; • Le questionnaire adresse aux structures, collectivités locales, ONG et groupements, associations, etc. sur les aspects socio-sanitaires; • Le questionnaire adressé aux ménages sur les aspects socio-sanitaires; • Le questionnaire adressé aux gros usages (maraIchage, élevage, pêche, artisanat, travaux publics, hOtellerie, etc.)

L'annexe 2 présente quelques fiches d'enquêtes utilisées dans le cadre des travaux de collecte de données et d'information sur le terrain.

3.1.2.1 Recrutement et formation des enqueteurs et animatrices Pour le bon déroulement des travaux et des investigations sur le terrain, une animatrice et deux enquêteurs ont éte recrutés dans chacun des trois sous-bassins, soit un total de neuf personnes.

La formation des enquêteurs et des animatrices a porte sur les aspects lies a Ia problématique des usages conflictuels des ressources en eau et aux objectifs du projet, sur les méthodes participatives, sur Ia réalisation des seances d'animation communautaire et villageoise, l'animation des rencontres -causeries, des discussions informelles, ainsi que sur I'administration des fiches d'enquetes. Un guide a éte rédige par les membres de l'équipe de projet a I'attention des enquêteurs et animatrices dans le but de faciliter le deroulement des travaux sur le terrain.

3.1.2.2 Modes d'administration des guides et fiches d'enquetes

De manière structurelle, les enquetes ont commence a Ia base dans les villages selectionnés pour se terminer au niveau des infrastructures caractérisant les points strategiques dans les trois sous-bassins.

Le guide d'entretien monographique

Ce guide était administré en premiere position. II s'adressait dans chacun des villages sélectionnés aux chefs de villages, aux autres responsables coutumiers et locaux, aux responsables administratifs, aux chefs de quartiers, chefs de terre, etc., pris de facon individuelle ou regroupée, s'iI sagissait des chefs de quartiers. Avec cette procedure d'administration des fiches, plusieurs guides monographiques par 47 village ont donné différents points de vue, a l'occurrence sur les conflits d'usages des ressources en eau.

Le guide d'entretien specifique adressé aux groupes de parties prenantes

Une fois l'administration du guide d'entretien monographique terminée dans un village donné, les enquêteurs et l'animatrice ont procédé a l'administration des guides d'entretien spécifique en identifiant (a travers des renseignements) tous les groupes specifiques (ou groupes des parties prenantes) et en prenant des rendez- vous au riiveau des groupes dans le village (non loin du chef) ou par quartier, selon les opportunités, avant de proceder aux discussions de manière planifiée. Ces entretiens ont permis d'identifier les conflits specifiques par groupe des parties prenantes.

Les seances d'entretien de groupes ont été enregistrées dans Ia mesure du possible pour permettre aux enqueteurs et animatrices, d'ajuster ou de corriger certaines données et informations au moment de Ia revision de notes. L'identification de deux ou trois personnes par groupes specifiques (parties prenantes) a ete faite dans Ia perspective d'une participation a Ia table ronde du mois de septembre 2000.

Après ces entretiens de groupes, ii fut question d'administrer d'autres questionnaires.

Le questionnaire sur l'identfficat ion des con flits d'usages des ressources en eau

Ce questionnaire concernait principalement le mandant 4.1. II a été administré dans tous les villages, dans trois concessions pris au hasard au niveau de chaque quartier. Ceci visait davoir une bonne idée sur les vécus des conflits d'usages par les menages, par quartier, par village et par sous-bassin. Par contre, pour les villages plus etendus (plus de dix quartiers), le questionnaire fut administré dans deux concessions au niveau de chaque quartier.

En plus des villages sélectionnés, ce questionnaire etait administré dans le sous- bassin du Massili-Loumbila au niveau de deux communes identifiées Nongr- Massoum et Boulmiougou, respectivement dans les secteurs 23, 26, 17 et 18.

Questionnaire adressé aux menages sur les aspects socio-sanitaires

Ce questionnaire concernait essentiellement le mandat 4.2. II a été administré de Ia même facon et aux mêmes concessions que le questionnaire sur l'identification des conflits d'usages des ressources en eau.

Questionnaire adressé aux seivices publics, centres de sante et centres médicaux

Ce questionnaire concernait également le mandat 4.2. II a été administré dans chaque village au niveau des services indiqués car us sont les seules entités susceptibles de fournir les informations nécessaires a ce sujet. 48

Questionnaire adressé aux ONG, collectivités locales, groupements associations, etc.

II concernait aussi le mandat 4.2 et a été administré dans chaque village au niveau des structures citées auparavant et qui ont été identifiées sur place lors des enquetes.

Le questionnaire adressé aux gros usagers ou usagers moyens

Ce questionnaire faisait partie du mandat 3 et était administré aux différents groupes composant les usages identifies (les activités socioéconomiques présentes, comme le maraichage, l'élevage, etc.) dans tous les villages. Deux personnes usagers moyens> ont ete enquetées par quartier et par village. Dans les deux communes identifiées au niveau de Ia yule de Ouagadougou, deux <

3.1.3 Phase observatoire: le retour dans lea villages Travaillant en Recherche-Action, après Ia collecte des données et d'information par les animations communautaires et villageolses, les rencontres-causeries et les discussions informelles et sur les enquêtes; les membres de l'équipe de projet, les enquêteurs et les animatrices ant effectué quelques retours dans les villages faisant partie de l'étude. Ces retours dans les villages avaient pour but de confronter les réalités vécus sur le terrain aux données recueillies par les enquêteurs. II était question d'observer principalement les comportements des populations autour des points d'eau afin de valider davantage les données collectées, pour éviter certains biais au niveau des informations.

Pour permettre Ia participation effective des parties prenantes a l'ensemble de Ia démarche, nous avions élaboré une stratégie de communication participative. C'est l'objet de Ia section suivante. 49

3.2 La strategie de communication participative de l'étude

La stratégie de communication participative utilisée dans Ia réalisation de l'étude a consisté des le depart a determiner, par rapport a Ia problématique des usages conflictuels des ressources en eau et Ce, pour l'ensemble des parties prenantes, les besoins de communication. C'est a partir de ces besoins de communication qu'il était possible de fixer des objectifs de communication réalisables et susceptibles de contribuer efficacement a l'identification et a Ia definition des conflits reels et potentiels, au vécu de ces conflits, a Ia recherche des solutions potentielles et a I'implantation des solutions susceptibles d'atténuer ou mieux d'éliminer lesdits conflits.

3.2.1 Le contenu de Ia stratégie de communication participative

La strategie de communication participative consistait doric : (1) a identifier les besoins de communication; (2) a faire correspondre a chaque besoin de communication, un(des) objectif(s) de communication; (3) a identifier par (a suite les groupes cibles (groupes specifiques) parmi l'ensemble des parties prenantes; (4) a choisir des activités de communication; (5) a définir, au besoin, quelques themes et messages qui faciliteraient Ia communication entre les participants. Le tableau 3 présente les grandes lignes de cette stratégie de communication participative.

Comme le montre le tableau 3, sur le plan stratégique, a partir du problème de base pose, a savoir, ((La presence des con flits autour des points d'eau (principalement les forages), dus au man que ou a l'insuffisance d'eau, a Ia mauvaise gestion et a Ia non- appropriation des points d'eau existants par les populations de Ia base et au man que de communication entre les usagers quatre besoins de communication ont ete identifies. Its concernent deux categories des parties prenantes: (1) les parties prenantes communautaires et (2) les parties prenantes décideurs.

Ainsi, a partir de chaque besoin de communication, on a défini un ou deux objectifs de communication.

Pour atteindre ces objectifs de communication, dix groupes cibles ont été identifies selon Ia catégorie des parties prenantes. Pour les parties prenantes communautaires, les groupes cibles identifies sont les femmes, les jeunes filles, les éleveurs, les leaders (hommes et femmes), les membres de CGPE, les personnes antennes et les notables (chefs de villages, chefs de clans, chefs de terres, Ie Représentant Administratif Villageois (RAy). Pour les parties prenantes les groupes cibles identifies sont: les autorités administratives et politiques (provinces et départements), les gestionnaires du Ministère chargé des ressources en eau et les partenaires de développement (structures donatrices, projets, etc.)

Comme le montre également le tableau 3, dans Ia stratégie de communication préconisée, plusieurs activités de communication participative potentielles sont susceptibles de donner des résultats intéressants. Ce sont Ia Table Ronde sur les parties prenantes; les seances de rencontres-causeries; les seances d'information participatives; Ia formation des personnes aritennes, Ia formation des membres de CGPE, les théâtres forum, les emissions radio, les projections d'images videos ou autres, Ia tenue d'un forum technique et de communication sur les CGPE, I'organisation des voyages d'echanges entre les villages, l'organisation de divers cadres de concertation (au niveau villageois, au niveau départemental et au niveau 50

regional), l'organisation d'une assemblée villageolse elective destinée a I'élection des membres de CGPE.

Cependant, les activités de communication a adopter et pouvant effectivement donner des résultats satisfaisants et durables ont ete préparées, discutées et pré- testées avant leur implantation effective. us peuvent différer d'un sous-bassin a un autre ou encore dun village a un autre. Les messages et les themes d'echanges ou de discussion peuvent également différer d'un groupe cible a un autre. Tout le long du processus, une place importante a ete accordée a l'interactivité au niveau de I'ensemble des outils de communication utilisés (animation communautaire et villageoise, table ronde et rencontres-causeries de restitution villageoise), ce qui a permis de trouver de compromis, tant au niveau de l'identification de conflits, que de l'élaboration des solutions entre 'ensemble des parties prenantes. TABLEAU 3 : STRATEGIE DE COMMUNICATION PARTICIPATIVE (JuilIet 1999 — Juin 2003)

Besoins de Objectifs do Groupes cibles Activités de Themes communication communication communication Les autorités locales et Informer les autorités • Les autorités locales • Rencontres-causeries • La prise en charge des les décideurs ont besoin locales et les décideurs • Les décideurs • Discussion informelle infrastructures d'être informés sur du projet avant le • Séminaire de hydrauliques villageoises l'intérêt du projet pour demarrage des activités formation • La participation des les populations visées avant décembre 1999 bénéficiaires au processus de prise de decision. Formation des • Former les • Les animateurs • Formation sur Ia • L'art de bien animateurs et des animateurs (trices) (trices) communication communiquer personnes antennes avant le décembre • Les personnes participative pour le • La communication 1999 antennes développement participative • Formation continue des personnes antennes L'ensemble de Ia • Informer I'ensemble • Les femmes • Rencontres-causeries • La problematique des population a besoin de Ia population sur • Les jeunes filles • Discussions conflits lies a l'eau d'être informée sur l'intérêt du projet et • Les leaders informelles • La participation de Ia l'intérêt du projet de leur participation (hommes et femmes) population a Ia démarche a sa réalisation avant • Les personnes de resolution des conflits le debut des travaux antennes lies a l'eau • Informer le milieu • Organisation dune scientifique sur le conference bien fondé de Ia scientifique GIRE- methodologie GUCRE GUCRE avant juin 03 3 : TABLEAU STRATEGIE DE COMMUNICATION PARTICIPATIVE (Julllet 1999 — Juin 2003) (suite)

Les populations dans Amener au moms 50% • Les leaders • Une rencontre - • Information generale sur les villages considérés de Ia population a d'opinion causerie sur le I'approche de ont besoin d'être comprendre Ia bien fondé (hommes et bien fondé de Ia communication informées sur l'approche de Ia démarche femmes); communication participative pour le de communication participative dans Ia • Les personnes participative avec développement participative gestion des conflits et antennes; les leaders et les des points d'eau • Les notables notables et les villageois personnes antennes Les populations dans Amener au moms 50% • Les femmes • Rencontres —causeries - Comment éviter les les villages considérés de Ia population dans les • Les jeunes filles • Table Ronde sur les conflits autour des points ont besoin d'echanger villages considérés a • Les éleveurs parties prenantes d'eau sur les problemes lies a discuter et a echanger • Les leaders • Théâtre-Forum par - Le rOle des femmes dans Ia gestion de leurs autour des problémes (hommes et femmes) village Ia gestion des points points d'eau lies a l'eau notamment • Les membres de • Projections video dans d'eau villageois sur les sources de CGPE plusieurs villages - Le bien fondé de Ia conflits, le vécu de • Les personnes cotisation ou du paternent conflits et les solutions I antennes de eau d'ici Juin 03 - L'appropriation des points d'eau par les populations - La démarche de resolution des conflits lies a I'eau - Les maladies liées a l'eau - L'hygiene autour des points d'eau TABLEAU 3 STRATEGIE DE COMMUNICATION PARTICIPATIVE (Juillet 1999 - Juin 2003) (Suite)

Besoins de Objectifs de Groupes cibles Activités de Themes communication communication communication Les populations dans Amener d'ici juin 03 • Les femmes • Organisation dun - Les objectifs du Forum les villages considérés au moms 80% de Ia I Les éleveurs Forum technique et de technique et de ont intérét a mieux population a faire S Les membres de communication sur les communication sur les accepter les CGPE et a confiance aux CGPE CGPE CGPE CGPE mieux percevoir leur rOle S Créer d'ici 3 a 6 mois S Les leaders d'opinion • Organisation d'un - L'Association des usagers dans Ia gestion des un cadre de (hommes et cadre de concertation de I'eau points d'eau concertation entre femmes); villageoise sur les - Le nouveau modèle de les CGPE, Ia S Les personnes problémes d'eau mise en place et de population, les antennes; • Formation des fonctionnement de CGPE décideurs et les • Les notables membres de CGPE - Pourquoi organiser un partenaires cadre de concertation de S Les décideurs • Assemblée generale développement - Pourquoi élire les S Les partenaires de elective des membres membres développement de CGPE de CGPE en AG Villaaeoise 3 : TABLEAU STRATEGIE DE COMMUNICATION PARTICIPATIVE (Juillet 1999 — Juin 2003) (fin)

Besoins de Objectifs de Groupes cibles Activités de Themes communication communication communication Les populations dans Transférer le savoir-faire • Les femmes • Rencontres-causeries • L'appropriation des d'autres villages du et les experiences • Les membres de • Discussions infrastructures bassin du Nakanbé et développées dans le CGPE informelles hydrauliques villageoises d'ailleurs, ainsi que les Nakanbé vers un plus • Les leaders d'opinion • Projection video • Comment solutionner les partenaires de grand nombre de villages (hommes et • Voyages d'échanges conflits lies a l'eau developpement ont dici Juin 03 femmes); • Diffusion du guide sur . Le processus de prise de besoin de connaItre Ia • Les personnes CGPE decision en milieu méthodologie de antennes; • Table Ronde sur les villageois resolution de conflits • Les notables parties • Le rOle des femmes dans lies a l'eau du projet prenantes • Les décideurs Ia gestion de l'eau GUCRE, • Les partenaires de développement Les populations dans Creer d'ici une année un • Les membres de • Organisation d'un • La participation de Ia les villages considérés cadre de concertation CGPE cadre de concertation population a Ia gestion ont besoin d'échanger entre les populations, les • Les leaders d'opinion viuageoise sur (es des ressources en eau avec les décideurs et les les décideurs et (hommes et problèmes d'eau • La prise en charge des partenaires de partenaires de femmes); • Organisation d'un infrastructures développement développement • Les personnes cadre de concertation hydrauliques par les antennes; departementale sur les populations a Ia base • Les notables problèmes d'eau • Organisation d'un cadre de concertation régionale sur les problèmes d'eau 55

3.3 Les étapes d'application de I'Approche d'Aide a Ia Decision Participative de Resolution des Conflits lies a I'eau Nous expliquons dans cette section toutes les étapes de l'application de l'Approche d'Aide a Ia Communication Participative de Resolution des Conflits lies a I'eau dans le bassin du Nakanbé.

3.3.1 Initiation de Ia démarche

Après avoir planifié I'ensemble des activités du projet et avant le démarrage des travaux sur le terrain, des rencontres d'information au niveau du Ministère en charge du secteur de I'eau (MAHRH), ainsi que des missions d'information et d'irnplication des autorités compétentes dans les localités representant les trois zones étaient réalisées au debut du mois de décembre 1999, dans le but d'une part de legitimer le projet et Ia demarche et d'autre part, de confirmer le role de médiateur que devrait jouer les membres de l'équipe de projet dans le cadre de Ia démarche participative. Au MAHRH, une lettre d'information était envoyée au Secrétaire general du Ministère et des rencontres de travail furent organisées avec les responsables du Programme de Gestion lntegrée des Ressources en Eau du Burkina (GIRE). A Kongoussi, a Bagre et a Loumbila, les chefs lieu des départernents qui abritent respectivement les zones autour du lac Barn, du barrage de Bagré et du Massili- Loumbila, des missions dirigées par I'équipe de projet ont présenté aux autorités competentes (hauts commissaires et préfets des différentes tocalités), Ia problématique d'ensemble concernant les usages conflictuels des ressources en eau ainsi que les objectifs visés par le projet. Ces rencontres étaient précédées par l'introduction d'une lettre d'information sur le projet des le mois de novembre 1999. Dans les trois départements concemés, les autorités ont bien accueilli le projet. Elles se sont montrées disponibles et ont mis a Ia disposition de l'equipe de projet, l'ensemble des circonscriptions de leurs compétences adrninistratives pour le bon déroulement des travaux de terrain. Les travaux proprement-dits ont démarré par l'identification de I'ensemble des parties prenantes. II s'agissait de toutes les personnes physiques ou morales impliquées directement ou indirectement dans Ia gestion et l'utilisation des ressources en eau dans les sites de réalisatiori du projet. Ainsi, après diverses rencontres et entretiens avec les principaux intervenants, deux categories des parties prenantes ont ete identifiées: (1) les parties prenantes communautaires et, (2) les parties prenantes ".

Les parties prenantes communautaires se retrouvaient prinipalement au niveau des points d'eau villageois et étaient composees des agriculteurs (irrigateurs et maraichers), des éleveurs (sédentaires et transhumants), des pêcheurs, des femmes, des jeunes filles, des hommes, des jeunes garçons, des dolotières, des commerçantes, des constructeurs villageois; des autorités administratives et villageoises locales (delégues administratifs, chefs de villages, chefs de clans ou chefs de terres).

Les parties prenantes < étaient composées des gestionnaires du MAHRH (principalement de Ia direction générale de I'hydraulique et des directions regionales de I'hydraulique), des représentarits administratifs et politiques des provinces et departements situés dans les sites du projet (hauts commissaires, prefets, etc.); ainsi que des personnes ressources appartenant a divers organismes donateurs et bailleurs de fonds. 56

3.3.2 Identification, definition et validation des conflits lies a l'eau avec l'ensemble des parties prenantes Le problème de base de cette étude étant I'identification, Ia definition et le vecu des conflits reels et potentiels au niveau des points d'eau villageois et autour des grands hydrosystèmes, des le depart, il était question d'identifier, de définir et de valider les différents conflits avec l'ensemble des parties prenantes et d'en determiner les causes.

Ainsi, des le debut du projet, l'identification et Ia definition des conflits reels et potentiels lies a l'eau au niveau des points d'eau villageois étaient réalisées a I'aide de deux outils de communication: les enquetes participatives sur le terrain, l'animation communautaire et villageoise et une série des rencontres- causeries et de discussions informelles impliquant principalement les parties prenantes de Ia base. Ces activités de communication ont permis d'identifier et de définir, avec Ia participation des parties prenantes, Ies sources et le vécu de ces conflits au niveau des points d'eau villageols, par groupe de parties prenantes ou par regroupement de certaines categories de parties prenantes, en tenant compte de Ia rationalité de chacune d'elle. Par exemple, les femmes et les jeunes filles peuvent avoir les mêmes champs d'intérêts concemant I'eau domestique et être diamétralement opposées sur Ia préséance accordée parfois a des restauratrices au niveau des points d'eau.

Sur Ia base de ces informations, H était possible de comprendre le vécu de conflits au niveau des points d'eau villageois. La tenue de ces activité a permis d'identifier un certain nombre de solutions potentielles selon les rationalités de diverses parties prenantes. La validation de conflits définis au niveau villageois et celle des solutions envisagées a eu lieu au niveau de Ia Table Ronde sur les parties prenantes organisée a Ouagadougou au mois de septembre 2000.

Tout le long du processus, une place importante a été accordée et laissée a I'interactivité dans le déroulement des activités de communication participative (animation communautaire et villageoise, rencontres - causeries, table ronde et rencontres de restitution viflageolse), ce qui a permis de trouver de compromis, tant sur Ia comprehension de Ia nature de conflits, que sur les solutions envisageables parmi I'ensemble des parties prenantes.

3.3.3 La gestion de Ia participation des parties prenantes Pour mieux gérer Ia participation des parties prenantes a I'ensemble de Ia démarche, il etait important de les regrouper selon leurs intérêts ou leurs diverses preoccupations et rationalités. Chaque secteur d'intérêt est formé des parties prenantes qui partagent des preoccupations communes face au problème pose et elles doivent être prêtes a les défendre. A cette étape, il a fallu faire éclore Ia multiplicité des points de vue. Ainsi, Si les parties prenantes d'un même secteur d'intérêts n'ont pas des positions suffisamment homogènes, il s'agissait d'identifier les sous-groupes représentant les différentes positions. Après discussion, si ces positions sont globalement différentes, ii était préférable de scinder le secteur en deux ou trois, suivant le cas.

Pour certaines étapes, il était parfois nécessaire de mettre en place un groupe de représentants des parties prenantes. Le mode le plus approprie pour procéder a ce choix était I'organisation dune assemblée villageoise ou rencontre-causerie regroupant l'ensemble du village. CeIles-ci avaient permis en même temps d'informer I'ensemble des parties prenantes sur les aspects suivants: I'amélioration de Ia qualité de I'apport des parties prenantes; l'amélioration de Ia communication entre 57

les parties prenantes; l'amélioration de (a confiance dans le processus; comment faciliter l'implantation des solutions.

Enfin, il était question de mettre en place un accord sur Ia procedure décisionnelle.

Cette dernière constituait une étape cruciale, car El était le fondement qui donnait Ia legitimite a Ia decision. II s'agissait donc d'une des phases les plus importantes oU l'habileté du médiateur ou du facilitateur pour Ia négociation sera mise a l'épreuve. Pour faciliter cette démarche, ii était question de soumettre les parties prenantes a une procedure equitable. Cette procedure devrait être flexible de façon a ce qu'elle puisse facilement être adaptée aux exigences des parties prenantes. Ainsi, Si celles- ci ant ('impression d'avoir participées a l'élaboration de Ia procedure, elles l'accepteront plus facilement.

Par effet de circularité et d'interactivité, sur le plan pratique, l'identification des parties prenantes; Ia gestion de leur participation; Ia definition et Ia validation des conflits lies a l'eau se chevauchent et ont donné lieu a plusieurs d'aller-retour et de rétroaction qui caractérisent toute démarche participative.

A ce stade de Ia démarche, ii était possible d'élaborer une typologie des conflits lies a l'eau. C'est I'objet de Ia prochaine section.

3.3.4 Elaboration d'une typologie des conflits lies a l'eau

Cette étape a consisté a élaborer, avec Ia participation de ('ensemble des parties prenantes, une typologie des conflits lies a I'eau sur Ia base du vécu et des rationalités de ces dernières. Ainsi trois types de conflits ont eté définis. II sagit:

(1) des conflits sociaux : sont des conflits de nature culturelle; ethnique, religieuse et peuvent aller jusqu'au niveau fancier dans certaines circonstances précises. Sa comprehension depend largement des aspects sociologiques lies a l'utilisation de l'eau, tels que Ia perception de I'eau par les populations, les coutumes, les croyances ancestrales. Ils se vivent surtout entre les petits usagers dans les points d'eau villageois.

(2) des conflits techniques: (es conflits techniques touchent Ia disponibilité en eau en termes quantitatif et qualitatif pour les divers usages. II peut egalement concerner I'état des infrastructures hydrauliques et Ia protection des ressources en eau. En milieu villageois, ce type de conflit se manifeste au niveau des attroupements dus au manque ou a l'insuffisance des points d'eau.

(3) des conflits socio-sanitaires : sont des conflits implicites qui touchent I'hygiene du milieu, Ia malnutrition et les maladies Iiées a l'eau. Dans ce cas, ce ne sont pas les usagers qui sont directement en situations conflictuelles, mais plutôt un conflit donné prend place suite a une consequence d'un mauvais usage de l'eau ou encore a Ia presence des animaux autour d'un forage pouvant contaminer I'eau et donner naissance aux maladies liées a I'eau.

3.3.5 Evaluation et choix des solutions avec Ia participation des parties prenantes Dans le cadre de Ia présente étude, ('evaluation et le choix des solutions ont été réalisés de manière interactive a divers niveaux: (1) lors des rencontres-causeries par groupes spécifiques ou par regroupement de diverses parties prenantes; (2) (ors de l'animation communautaire et villageoise; (3) lors de Ia Table Ronde sur ('ensemble des parties prenantes organisee a Ouagadougou au mois de septembre 2000; et (4) lors des rencontres de restitution dans les villages aprés Ia Table Ronde. 58

3.3.6 Validation des solutions proposées par l'ensemble des parties prenantes La validation des solutions proposees a également été réalisée lois de l'une ou l'autre des activités de communication par l'ensemble des parties prenantes a divers niveaux: (1) au niveau de diverses rencontres-causeries par groupe de parties prenantes ou par regroupement; (2) au niveau de Ia table ronde des parties prenantes et; (3) au niveau des rencontres de restitution concernant l'ensemble de Ia population, après une table ronde. II est evident qu'a ce niveau II existe une confrontation des idées sur l'ensemble de solutions possibles qu'il faut arbitrer suivant les règles de l'art, en définissant une procedure appropriée, puisque chaque usager souhaite satisfaire ses propres besoins.

II a été question ici de procéder méthodiquement en echangeant et parfois en posant des questions susceptibles d'amener les parties prenantes a réaliser une forme de modélisation de leurs préférences concernant les solutions pour résoudre les conflits qu'ils ont eux-mémes identifies. Par exemple, en posant a question suivante: quelles solutions préconisez-vous pour éviter le non-respect des tours de prise d'eau autour du forage du village? La réponse pourrait être; l'augmentation du nombre de forages ou encore Ia mise en place d'un horaire de collecte d'eau par le comité de gestion des points d'eau. En reposant Ia question de savoir, s'il y avait a choisir entre les deux solutions, quel serait leur ctioix? En choisissant l'augmentation du nombre de forage, c'est Ia question de coüt de réalisation d'ouvrages hydrauliques qui vient a Ia surface. Par contre, en choisissant le respect de l'horaire de collecte, ce sont les activités de communication qul doivent être considérées. C'est alors au modérateur (l'equipe de projet) de faire Ia compilation de tous ces aspects pour arriver a une forme de critéres d'évaluation qui devrait par Ia suite être validé, séance tenante ou au cours d'une rencontre ufténeure.

3.3.7 Evaluation de Ia faisabilite des solutions proposées

Etant donné que toutes les solutions proposées ne pouvalent être implantées, il a été question de procéder a une evaluation de Ia faisabilité de chacune des solutions proposées: Cette procedure a été réalisée en quatre étapes: • Lister tous les conflits lies a l'eau validés au niveau des activités de communication par groupes cibles ou par l'ensemble des parties prenantes telles que Ia Table Ronde et les rencontres de restitution après Ia table ronde. • Lister par village, toutes les solutions validées par les parties prenantes lois de diverses activités de communication telles que Ia Table Ronde, les rencontres-causeries et entériner durant les rencontres de restitution villageoise. • Former par village des couples ((Solutions-Conflits associant a chaque solution, le nombre de conflits susceptibles d'être résolus. • Evaluer chacun des couples en fonction de trois critéres de decision suivants: (i) le nombre de conflits susceptibles d'être résolus par Ia solution; (ii) I'acceptabilité de Ia solution par l'ensemble de parties prenantes; (iii) le coOt d'implantation de chaque solution. Le travail final a été réalisé de manière interactive entre les membres de l'équipe de projet et un groupe des parties prenantes. 59

Ainsi, sur Ia base de Ia procedure proposee, ii a été nécessaire de procéder a une premiere agregation des performances de différents couples en fonction des trois critères, de façon a refléter les préférences individuelles de chacune des parties prenantes impliquées. Une deuxième agregation avait pour but de faire Ia synthèse de l'ensemble des préférences de parties prenantes d'un même secteur d'intérêts ou un regroupement d'intérêts (par exemple, les besoins en eau domestique). On obtenait ainsi une representation de preferences des secteurs (eau domestique, abreuvement des animaux, maraichage, etc.). Finalement, ii était nécessaire de réaliser un arbitrage (troisième agrégation) des intérêts des différents secteurs de façon a représenter un système de préférences globales en ce qui concerne les solutions a retenir a partir duquel Ia recommandation a été élaborée.

3.3.8 Organisation de Ia participation des parties prenantes a I'implantation des solutions

La participation des parties prenantes a I'implantation des solutions dépendait de Ia nature des solutions a implanter.

Dans le cas les solutions visant le changement de mentalités, de comportements et des habitudes, Ia participation était géneralement a l'intérieur des activités de communication, par exemple, lors des échanges durant les rencontres-causeries, Ia participation a un théâtre forum, etc.

Dans le cas d'implantation des solutions d'accompagnement, Ia participation des parties prenantes (principalement les populations de Ia base), pouvait prendre Ia forme d'une participation et contribution aux travaux physiques de rehabilitation ou d'implantation des infrastructures hydrauliques.

3.3.9 Implantation des solutions retenues

Les solutions retenues par l'ensemble des parties prenantes nécessitant des activités de communication devaient être implantées dans Ia perspective d'un processus communicationnel a long terme visant les changements de mentalités, de comportements, d'habitudes et d'attitudes des populations concernées.

Dans l'ensemble de Ia demarche, ii était question de procéder, a un stade donné, a un traitement et une analyse intermédiaire des données, dans Ia perspective de procéder a des ajustements nécessaires a Ia poursuite de 'ensemble des activités du projet. C'est l'objet de Ia prochaine section. 60

3.4 Traitement intermédlaire des données

Un premier traitement et analyse des données et informations recueillies par le truchement des mandats, de l'animation communautaire et villageolse, des rencontres-causeries et des enquêtes sur le terrain ont ete réalisés en fonction des étapes subséquentes de réalisation du projet, notamment Ia tenue de Ia Table Ronde sur les parties prenantes.

Ce traitement des données a permis entre-autre de mieux apprehender Ia definition de Ia problématique des usages confhctuels des ressources en eau, de donner un sens pratique aux conflits d'usages tels qu'ils étaient vécus par les populations dans les villages choisis et d'avoir une idée sur les solutions envisageables.

Cas de petits et moyens usagers

Dans un premier temps, nous avions traité, a l'aide des fiches de traitement, toutes les données collectées dans les 19 villages faisant partie du projet. Les don nées concernaient: l'historique du village; l'organisation sociale et administrative du village; les groupes spécifuques organisés ou non presents dans le village (les groupements de femmes, d'éleveurs, de pecheurs; le nombre d'hommes, de femmes, de jeunes filles, les groupes d'influences, Ia presence de certains leaders, etc.); les ouvrages d'eau fonctionnels et non fonctionnels du village (forages, puits modemes, puits traditionnels, boulies, puisards, barrages, etc.); les structures de gestion de points d'eau, pnncipalement l'existence ou non de comités de gestion de points d'eau; les conflits d'usages potentiels et reels; les pratiques coutumieres; les interdits; Ia presence des maladies liées a l'eau; et les principales activités socioeconomiques du village (maraIchage, élevage, péche, construction, fabrication de Dolo, meunerie, etc.)

Dans un deuxieme temps, nous avions tire et compile certaines données susceptibles de permettre une comprehension plus claire de Ia presence ou non de conflits d'usages dans le village, comme le ratio nombre de forages/nombre d'habitants; Ia prevalence de certaines maladies liées a l'eau; le dynamisme du comité de gestion des points d'eau, par exemple, en fonction du temps de reaction en cas de pannes d'un forage, le moritant de cotisation, les démarches entreprises pour l'obtention d'un forage, le dynamisme du chef du village versus le délégué du village, les solutions préconisées par Ia base pour solutionner les conflits, le niveau d'appropriation des points d'eau du village, etc.

Cas de gros usagers

Nous avions egalement compile, a l'aide de fiches de dépouillement, l'ensemble des données sur les gros usagers presents au niveau de trois hydrosystemes de référence, a savoir, le barrage de Bagré, le lac Barn et le barrage de Loumbila, comprenant les gros pollueurs de Ia zone industrielle de Kossodo. Les données concernaient l'approvisionnement en eau potable avec I'ONEA, Ia production d'hydroélectricité avec Ia SONABEL; l'irrigation terres agricoles avec Ia Maltrise d'ouvrage de Bagré, les groupements d'irrigateurs, le maratchage avec les groupements de maratchers; l'élevage avec les éleveurs sédentaires et les transumants, les pêcheurs et les autres usagers en rapport direct avec les trois hydrosystémes de reference. Une bonne partie de ces données ont servi au niveau de Ia Table Ronde, en ce qui concerne principalernent Ies conflits entre les petits, les moyens et les gros usagers. 61

3.5 L'organisation de Ia Table Ronde

La Table Ronde, une des étapes essentielles dans Ia démarche participative préconisée dans le cadre du projet GUCRE, avait comme objectif, dune part, de valider, par I'ensemble des parties prenantes, I'ensemble des conflits d'usages des ressources en eau identifies durant les enquêtes terrain et l'animation communautaire et villageoise et d'autre part, de valider également les solutions proposées par I'ensemble des parties prenantes.

3.5.1 Le déroulement de Ia Table Ronde Tenue du 29 au 30 septembre 2000 a Ouagadougou, Ia Table Ronde portant sur Ia participation des parties prenantes au processus décisionnel dans le cadre du projet des Usages Con flictuels des Ressources en Eau dans le bassin du Nakanbé a éte inaugurée par le Directeur du Centre d'Etudes, de Documentation et de Recherche Economiques et Sociales (CEDRES), le professeur Soulama Souleymane en presence de l'ambassadeur du Canada au Burkina Faso, son Excellence monsieur Jules Savana, du représentant du Centre de Recherches pour le Développement International (CRDI), le docteur Innocent Butaré, de Ia représentante de l'lndustrielle de I'Environnement, madame Raymonde Tremblay, du représentant du Ministre de I'Environnement et de l'Eau du Burkina Faso, monsieur Innocent Ouedraogo et de I'ensemble des participants et des parties prenantes.

Animée conjointement par le chercheur principal du projet le docteur KIBI Niombi et le superviseur scientifique, le professeur THIOMBIANO Taladidia, avec les interventions ponctuelles de l'adjointe administrative et technique, madame SANON Karidia et de Ia sociologue du projet madame TRAORE Ramatou, Ia Table Ronde, une étape essentielle dans Ia recherche de solutions concernant Ia gestion des usages conflictuels des ressources en eau, consolide Ia démarche participative, a savoir, Ia prise en compte dans le processus décisionnel, des points de vue, des sensibilités et des rationalités de principales parties prenantes impliquées surtout au niveau de Ia base.

Les parties prenantes identifiées sur le terrain au niveau de Ia base étaient les suivantes: les agriculteurs (irrigateurs et maraIchers), les éleveurs (sédentaires et transhumants), les pécheurs, les femmes, les jeunes flues, les hommes, les jeunes garcons, les dolotières, les commercantes, les constructeurs; les autorités administratives locales (préfets, chefs de villages, chefs de clans ou chefs de terres).

A ces parties prenantes de Ia base (du milieu paysan), ii faut ajouter les autres parties prenantes (les planificateurs, les gestionnaires, les spécialistes et experts du secteur de l'eau, les analystes et quelques personnes ressources), en provenance de I'Université de Ouagadougou, de l'EIER, du Ministère de J'Environnement et de l'Eau (MEE), du programme GIRE (Gestion Integree des Ressources en eau) du Burkina Faso, du CNRST, de I'INERA, de Ia Maitrise d'Ouvrage de Bagre (MOB), de Ia SONABEL, de I'ONEA, de I'INSD, des représentants administratifs et politiques de départements situés dans les sites du projet (préfets, délégués administratifs, etc.). 62

Au total 36 parties prenantes de Ia base ont participe a Ia Table Ronde. II s'agit de:

Pour Ia zone autour du Massili-Loumbila, dix représentants venant des villages Nabdogo (village riverain du barrage), Goué (a environ 6 kilomètres du barrage), Goundry (environ 13 kilomètres du barrage), Silmiougou (environ 22 kilomètres du barrage), en plus des communes de Nongr-Massoum et de Boulmiougou dans Ia yule de Ouagadougou, en plus du préfet de Loumbila ont participe a Ia Table Ronde.

Pour Ia zone autour du lac Barn, dix personnes également venant des villages Kora (village riverain du lac), Sorgo (environ 8 kilomètres du lac), Loaga (environ 18 kilomètres du lac), Sakou (environ 20 kilomètres du lac), en plus du préfet de Kongoussi ont participé a Ia Table Ronde.

Pour Ia zone autour du barrage de Bagre, 16 personnes ont participé a Ia Table Ronde. Elles venaient de villages de Ia M.O.B., V2 rive droite (villages riverains du barrage), Bankako, Bagre I (environ 6 kilomètres du barrage) compose en quartiers qui se sont erigés en petits villages: Bagre I village, Yambo, Bokia, Patan, Kingale, Kalakoli, Sanganboulé, Dirlako ou Bagré II. Les autres villages dans cette zone sont, les villages Gogninga situé a environ 13 kilomètres du barrage et Zabo, a environ 22 kilomètres du barrage. Madame le préfet a également participé a Ia Table Ronde.

Les autres parties prenantes présentes (experts, analystes, personnes ressources) étaient au nombre 37, pour un total de 73 participants aux deux journées de Ia Table Ronde.

3.5.2 Les résultats de Ia Table Ronde

La Table Ronde a permis de mettre en evidence les principales causes qui sont souvent a Ia base des conflits d'usages des ressources en eau, a savoir, Ie manque d'eau, Ia mauvaise gestion des ouvrages d'eau existants, Ia mauvaise communication a Ia base et Ia non-appropriation des ouvrages d'eau par les populations locales. Elle a également permis de dresser une liste de compromis, dans chacun des sous-bassins, sur d'une part les conflits d'usages et d'autre part, sur Ies solutions envisageables selon les rationalités de différentes parties prenantes.

Enfin, cette activité importante a permis de consolider Ia démarche participative, principalernent en ce qul concerne Ia prise en compte dans le processus décisionnel, des points de vue, sensibilités et rationalités de principales parties prenantes impliquées au processus.

3.5.3 Restitution de Ia Table Ronde dans les villages Dans Ie cadre de Ia recherche-Action, I'équipe de projet, appuyes par les enquêteurs, animatrices et les personnes-ressources du projet GUCRE ont réalisé une restitution de Ia Table Ronde auprès des parties prenantes de Ia base. Cette démarche visait a analyser Ia repercussion des discussions, echanges et propositions de Ia Table Ronde dans Ia mise en place du mécanisme de resolution des conflits d'usages des ressources, principalement au niveau de Ia definition et du vécu des conflits lies a l'eau, ainsi les solutions proposées.

La section suivante présente specifiquement une analyse des données sur les ressources en eau et les conflits lies a l'eau. 63

4. ANALYSE DES DONNEEES SUR LES RESSOURCES EN EAU ET LES CONFLITS LIES A L'EAU DANS LE BASSIN DU NAKAN BE

Ce chapitre est divisé en trois sections. La premiere section présente l'analyse des données sur les ressources en eau dans le bassin du Nakanbé. La deuxième partie fait une analyse des conflits d'usages des ressources en eau et Ia troisième partie présente les résultats de Ia validation des conflits d'usages de Ia Table-Ronde.

4.1 Analyse des données sur les ressources en eau dans le bassin du Nakanbé 4.1.1 Les eaux de surface Selon les résultats d'inventaire réalisé, les ouvrages de mobilisation des eaux de surface dans le bassin du Nakanbé sont constitués par des petits et grands barrages, les seuils sur les rivières perennes et les boulies que Ion trouve au nord du bassin. On recense également plusieurs lacs naturels (Barn, Dem, Sian, etc.). L'inventaire de 1996 a dénombré environ 400 retenues d'eau sur l'ensemble du bassin du Nakanbé (y compris Ia Nouhao), ayant une capacite totale de 2 000 millions de m3.

Les grands poles de mobilisation des eaux de surface du bassin sont:

• les lacs naturels du Barn (41,2 Millions de m3), de Dem (12,0 Millions de m3), de Sian (6,0 Millions de m3), • les barrages de Loumbila (36 Millions de m3); de Toécé/Kanazoé (75 Millions de m3), de Bagre (1 700 Millions de m3) et de Ziga (200 Millions de m3).

Ces pOles représentent 42 % de Ia capacite totale de stockage en eau de surface du Burkina Faso. Le volume d'eau total disponible dans les barrages de Ia zone est estimé a 48 millions de m3. En dehors du Lac Barn qui dispose d'un dispositif de mesure, il n'est pas possible dans l'état actuel d'avoir Ia variation dans le temps des volumes; pourtant Ia connaissance de cette variation est une donnée importante dans Ia gestion de l'eau. En effet, c'est cette connaissance qui permet l'allocation de l'eau pour les différents usages.

Le rapport technique du mandat 2.1 donne tous les details sur les données de l'inventaire réalisé dans le cadre du projet. Cependant, les données sur les petits barrages et les autres surfaces d'eau présentes dans les villages échantillonnés n'ont pas fait l'objet des investigations particulières, hormis quelques barrages contenant un volume d'eau appreciable durant une bonne partie de l'année, et qui sont compile dans le document technique rédigé par l'équipe du projet GUCRE, intitulé ressources en eau et les activités socioéconomiques dans que/ques villages du bassin du Nakanbé >. 64

4.1.2 Les eaux souterraines De manière genérale, les eaux souterraines mobilisées dans cette zone de socle servent essentiellement a l'approvisionnement en eau potable. On y dénombre au total 3 914 forages ayant un debit variant entre 0.7 m3Ih a 10 m3/h et 165 puits modernes.

Selon les résultats de l'inventaire, le contexte geologique et hydrogeologique des nappes souterraines captées se caractérise par un substratum essentiellement cristallin (schistes, volcano-sediments injectés de filon de quartz et pegmatites, pour les zones de Kongoussi et de Bagre et par des roches granitiques variées plus jeunes et moms fracturées pour l'Oubritenga; on rencontre des roches granitiques trés fissurées, recoupées par de gros filons de quartz et de pegmatites dans Ia zone de Bagré).

On remarque au niveau de ces trois zones que l'eau est principalement utilisée pour les besoins dornestiques et pour l'abreuvement des anirnaux. L'eau souterraine nest pas utilisée pour l'irrigation dans les zones d'investigation comme c'est le cas dans certaines localités du bassin du Nakanbé.

Les pompes a motricité humaine sont presque a tout moment de Ia journée utilisées; les plus grandes frequentations se situant entre 6 et 18-20 heures. On n'enregistre jamais de tarissement de Ia nappe eu égard aux reserves suffisantes par rapport au debit d'exploitation de Ia pompe (environ 700 I/h). Dans Ia majorité des localités investiguées, le contexte hydrogéologique est favorable et pour les ouvrages de captage existants, le problème ne reside pas au niveau des quantites mobilisables mais ii s'agit plutôt dun probléme de moyen d'exhaure.

Seulement, dans Ia province de l'Oubritenga (zone autour du barrage de Loumbila), certaines localités sont en contexte hydrogéologique défavorabte (seulement 30% des forages sont positifs). Ce qui pose de problèrnes d'alimentation en eau des populations et d'abreuvement du cheptel trés important daris toute Ia zone. Cependant, a Kora, un village autour du lac Barn, un equilibre s'observe entre Ia demande en eau et les ressources disponibles a cause de Ia proximite du plan d'eau pérenne du lac.

En general, si I'on part de l'objectif national de 20 litres par jour par habitant, les besoins minima en eau potable pour les besoins domestiques et le cheptel sont loin d'être satisfaits dans l'ensernble des autres localités.

L'inventaire des eaux souterraines realise dans le cadre du mandat ne permet pas d'évaluer les quantites disponibles. Pour évaluer les quantités d'eau souterraine disponible, des essais de debits longue durée sont nécessaires sur un certain nombre de forages representatifs. II faut donc orienter les prochaines investigations dans ce sens, car si aujourd'hui les quantités semblent suffisantes, on ne sait pas ce qu'il en serait pour demain.

Une fiche d'identification de chaque ouvrage de mobilisation des ressources en eau souterraine dans les villages a été établie et permet d'avoir les renseignements suivants: coordonnées GPS, heures de frequentation, quantité journalière prélevée, usages de l'eau, contexte physique et hydrogeologique. 65

En plus de ce rapport technique, les données obtenues dans le cadre de cet inventaire sont complétées avec celles obtenues dans le cadre des enquetes terrain contenues dans le rapport technique <

4.1.3 Les principaux usages lies a I'eau dans le bassin du Nakanbe Selon les données collectées, les principaux usages lies aux ressources en eau dans les trois sous-bassins sont: l'approvisionnement en eau potable; l'assainissement des eaux usées; I'agriculture (cultures pluviales, irrigation de terres agricoles et maraichage); l'élevage (abreuvement de bétaits; pâturages); Ia production d'hydroelectricité; Ia pêche et pisciculture; Ia conservation (reserves naturelles); Ia récréation et Ia tourisme.

L'annexe 3 présente quelques cartes avec les principales activités socio- economiques dans les villages du bassin du Nakanbé.

L'approvisionnement en eau potable concerne les villes et centres semi-urbains faisant partie du bassin du Nakanbé, tel que l'approvisionnement en eau potable de Ia yule de Ouagadougou assure par l'Office National d'Eau et d'Assainissement (ONEA). II concerne egalement l'eau de boisson et les eaux domestiques en milieu rural dans les villages faisant partie de l'étude.

Les données sur I'agriculture concernent principalement l'agriculture pluviale et l'agriculture irriguee. Selon les résultats obtenus, les principales cultures pluviales occupant l'essentiel des superficies arables que draine le fleuve Nakanbé, soit 3.564.571 ha en 1998 sont a base de céréales (Sorgho, mit et maIs), en plus d'autres cultures dont l'arachide, le niébé, le voandzou, le sesame, Ia patate douce, le manioc, I'igname et le soja.

Les cultures irriguees, principalement le riz, l'haricot vert, Ia pomme de terre et le maIs, sont pratiquees essentiellement a Bagré avec une superficie de 7.400 ha aménagée sur un potentiel de 30.000 ha; autour du lac Barn et autour d'autres retenues d'eau, a petite échelle comme le barrage de Goué.

L'élevage

Les principaux systèmes délevage pratiqués dans le bassin du Nakanbé sont caractérisés par leur grande diversité liée a Ia variabilité des conditions éco- climatiques du pays. lls dependent aussi de nombreux facteurs sociaux, culturels, et économiques. Néanmoins, le système d'elevage traditionnel extensif domine. Cependant il se développe de plus en plus un système d'élevage intensif qui concerne l'embouche paysanne, l'élevage laitier périurbain et laviculture moderne.

L'abreuvement des animaux, Ia partie Ia plus utile du projet GUCRE, ne pose pas de probléme pendant Ia saison des pluies et a lieu dans les mares et retenues d'eau. En saison sèche, l'hygrométrie est faible, les plantes sont seches et Ia temperature atteint ses limites maximales: après l'assèchement des mares (novembre - février), l'abreuvement a lieu dans les différents puits buses ou dans des forages. Puis, Iorsque te debit des puits devient faible, on creuse des puisards dans les bas-fonds.

L'insécurité liée a Ia transhumance et l'institution de taxes d'abreuvement au niveau des forages, par exemple, ont conduit certains éleveurs a se sédentariser dans les zones en marge de bas-fonds temporairement inondables en saison de pluies. 66

L'exploitation des pâturages est alors de type extensif avec Ia pature des animaux en saison sèche dans les champs oü on cultive du sorgho surtout. L'abreuvement est fait a partir de puisards.

En plus des systèmes d'elevage extensif sédentaire et extensif transhumant, ii se développe de plus en plus autour de Ia yule de Ouagadougou un autre type de système d'elevage de mode de conduite semi-intensive dans le but de produire du lait. Ce système est caractérisé par une complémentation du bétail en concentrés les matins et/ou après Ie retour des paturages le soir. On rencontre ainsi des fermes dans les villages de Loumbila, Koubri I Nab-bangre, Nioko, Balkuy, Bingo, Zaghtouli, Sakoula, Zangogho, etc. Le mode d'abreuvement diffère selon que l'on soit en elevage traditionnel ou amélioré quelque soit Ia saison. Il a lieu dans les mares et retenues d'eau pendant Ia saison des pluies pour l'élevage traditionnel; en saison sèche avec I'assèchement des plans d'eau, leur inaccessibilité ou suite a Pa mauvaise qualité de l'eau (boue, troubles), les éleveurs creusent des puisards. Pour ce qui concerne de l'élevage amélioré, l'abreuvement se fait au forage, dans des puits a grand diamètre, au robinet mais rarement aux retenues d'eau ou a Ia borne fontaine.

En ce qui conceme le cheptel, on rencontre dans le bassin du fleuve Nakanbe, a l'image du cheptel burkinabè, une proportion representative qui vane entre 36 a 57% selon I'espèce, excepte le camélin. II est compose essentiellement de ruminants (bovins, ovins et caprins), d'autres herbivores (asins, équins et camélins) et de monogastniques (porcs et volailles).

Les zones pastorales identifiées par le Ministère des Ressources Animales et qu'on peut potentiellement aménager représentent 1.683.600 ha dont 157.800 ha, soit 9.4% se situant dans le bassin du Nakanbé. Les zones pastorales actives dans le bassin du Nakanbé couvrent une superlicie de 130.491 ha.

Les besoins en eau de bétail varient en fonction du climat (temperature ambiante et hygrométrie), de Pa teneur en eau, du ratio et du type de betail. C'est en saison sèche que Ia consommation d'eau est Ia plus élevée (par exemple, 25 Il] en moyenne pour le et 5 l/j pour le mouton ou Ia chèvre).

La péche

En 1995, près de 484 retenues d'eau ont été exploitées sun le plan de Ia pisciculture dans l'ensemble du bassin du Nakanbé. Le fleuve est également exploité dans toute sa longueur par les pêcheurs nomades, difficiles a inventorier. Le type de pêche pratique dans le bassin du Nakanbé est Ia pêche artisanale a buts multiples commercial (vente), coutumier (subsistance), sportif et scientifique.

Le plan d'eau le plus poissonneux du bassin versant est celui du barrage de Bagre oU ii existe environ 700 pêcheurs regroupés en 18 groupements, tandis qu'environ 400 fern mes se retrouvent dans 15 groupements de transformatrices de Poisson (fumage, fniture, etc.).

Les pêcheurs actifs sont pour les hommes de 20 a 40 ans, et plus de 30 ans pour les femmes transformatnices, tous provenant des villages riverains du barrage. Le peuplement a ainsi connu une evolution qui a conduit a une nette dominance des espéces d'eaux stagnantes sur les espèces d'eaux courantes qui ont tendance a coloniser Ies parties les plus en amont du lac; cela est Ia consequence generale de I'évolution pratique d'un barrage lors de sa creation. 67

La conservation du milieu

A l'instar de principaux cours d'eau du Burkina Faso, le bassin du Nakanbé est marqué par Ia conservation d'aires de vegetation qui vise d'une part a proteger Je cours d'eau de I'ensablement, et d'autre part a accroitre le taux de couverture des aires conservées au Burkina Faso afin de répondre aux normes internationales. Ainsi les forêts classées couvrent une superficie totale de 30 860 hectares du bassin versant qul est évalué a 3,312,000 ha ; ce qui donne un pourcentage de 0,9%.

L'existence de ces forêts classées est menacée par le développement des activités agricoles, hydro-agricoles et hydro-électriques. Par exemple, Ia forêt classee de Yakala au sud du bassin (1 600 ha) a été engloutie entièrement par les eaux du barrage de Bagré qui a une vocation hydro-agricole et hydroélectrique. La forêt classée de Ia retenue d'eau de Ouagadougou connalt aussi en ces moments une diminution de sa superficie en raison du developpement d'activités culturales et touristiques (creation de parc et d'aires de jeux pour les enfants). Par ailleurs, Ia forêt classée de Nakanbé est devenue une zone de productions céréalières par les populations riveraines. Ces menaces sur les aires protégées sont loin de s'estomper car Ia construction du barrage de Ziga pour l'approvisionnement en eau potable de Ia ville de Ouagadougou entramnerait Ia disparition d'une bonne partie des forêts classées de Ziga et du Nakanbé.

En ce qui concerne Ia conservation des ressources en eau, ii n'existe pas a proprement parler de surfaces d'eau protégée au niveau du bassin versant du Nakanbé. On a plutOt des aménagements au niveau des aires cultivées pour optimiser les reserves d'eau utiles aux plantes du sol. Cependant Ia conservation des eaux apparait de plus en plus comme une nécessité pour plusleurs secteurs d'activités: énergie, agriculture, approvisionnement en eau potable, environnement. Le probléme se pose en terme de quantite et de qualité des eaux. Par exemple, ii y a une pollution pour l'approvisionnement en eau potable de plus en plus importante des eaux de surface surtout par les eaux usées des unites industrielles. A ce sujet, selon des mesures effectuées par les Services de l'Environnement, on montre I'existence de certains métaux lourds comme le chrome, le manganese et le fer au niveau du Nakanbé (dans le Massili); ce qui est nocif pour Ia sante animale et végétale.

Le rapport technique du mandat 3 donne plus de details sur les données concernant les usages des ressources en eau pour l'ensemble des activités socioéconomiques susmentionnées dans le bassin du Nakanbé.

Le document technique c< Les ressources en eau et les activités socioeconomiques dans que!ques villages du bassin du présente spécifiquement les données sur les activités Iiées a l'eau dans les villages étudiés.

4.1.4 La qualite des ressources en eau Les analyses de Ia qualité de I'eau ont été concentrées dans les zones échantillonnées, dans les périphéries des villes non raccordées au réseau de distribution d'eau potable de I'ONEA, dans les zones semi-urbaines et dans les zones rurales approvisionnées par des puits, forages et autres sources d'approvisionnement. 68

Les investigations ont egalement pris en consideration l'évaluation du niveau de Ia pollution notamment au niveau du Massili, en ce qui concerne spécifuquement Ia pollution industrielle; Ia pollution domestique au niveau de Ia yule de Ouagadougou et également de Ia pollution agricole dans les périmètres irrigués.

Dans le cas de l'eau destinée a labreuvement de bétail, ii était question d'évaluer, dans les zones échantillonnées, Ia qualité de l'eau dans quelques points d'eau destinés a I'abreuvement de bétail.

Les conclusions quant a Ia consommation humaine et l'abreuvage des animaux s'entendent sous reserve de teneurs en métaux lourds et éléments toxiques inférieures aux normes de potabilité de Ia Communauté Economique Européenne (GEE).

La qualite bactériologique des eaux analysées, principalement au niveau de points d'eau villageois et dans les trois hydrosystèmes de référence, est satisfaisante dans l'ensemble, une contamination accidentelle est toujours possible et seul un traitement de désinfection pourrait assurer un maintien de leur qualité dans le temps.

Pour conclure de façon satisfaisante sur Ia destination possible de toutes ces eaux, ii serait toutefois nécessaire d'effectuer les analyses physico-chimiques et bacteriologiques a différentes périodes de l'année, leurs résultats pouvant varier suivant Ia saison, Ia pluviométrie et Ies activités qui y sont liées.

En ce qui conceme Ia pollution par les effluents industriels, les résultats actuels et précédents confirment le degré de pollution. L'impact de cette pollution sur Ia pollution domestique au niveau de a yule de Ouagadougou est essentiellement I'usage par les maraIchers, l'abreuvage des animaux constituant un rayon d'impact autour de Ia yule sur lensemble des activités en aval des rejets. Les investigations devront se poursuivre en prenant en compte les autres aspects (volet agriculture en particulier) qui n'ont pas été suffisamment abordés. Le rapport technique du mandat 7 contient tous résultats d'essais de laboratoire sur les prélèvements d'eau effectués dans le site de réalisation du projet, tant au niveau de trois grands hydrosystèmes de reference, que de points d'eau vullageols (forages, puits, etc.)

4.1.5 Les principales données socio-sanitaires 4.1.5.1 Les principales maladies hydriques identifuées dans le bassin du Nakanbe De manière genérale, dans tous les sites enquetés Ia presence des maladies liées a l'eau est prépondérante. Les cas suivants ont ete répertoriés dans I'ensemble du bassin du Nakanbé. II s'agit des cas de (1) Paludisme; (2) des Schistosomes; (3) de Ia Filariose; (4) du Ver de Guinée (Dracunculose); (5) des maladies diarrheiques; (6) de l'Onchocercose; (7) des Trypanosomiases; (8) de Ia fasciolase; (9) de Ia fièvre jaune; (10) des maladies transmissibles liées aux aspects sociaux; (11) des parasites et (12) le cas des produits chimiques.

4.1.5.2 Quelques considerations des en rapport avec les aspects socio-sanitaires

II ressort des données collectees que le bassin du Nakanbé heberge des écosystèmes aquatiques très representatifs pour une bonne réalisation du projet GUCRE compte tenu des variables écologiques, biologiques, economiques et sanitaires, en 'occurrence, le lac Barn, le barrage de Bagré, le barrage de Ziga et les barrages urbains dont celui de Loumbila pres de Ouagadougou. Ces zones a risque 69 sanitaire variable peuvent être regroupees en trois types (1) Les milieux humides naturels comme le ac Barn; (2) Les grands reservoirs construits comme Bagré; et (3) Les milieux urbains de Ouagadougou.

Les analyses des données effectuées montrent que, confrontées a une croissance demographique explosive, les autorités administratives continuent a faire face a une demande accrue d'énergie et de denrées alimentaires. La mise en valeur des ressources hydriques s'est alors avérée capitale pour ces sociétés rurales et a donné lieu a des transformations massives de Fenvironnement particulièrement par Ia maitrise de l'eau a travers les barrages.

De manlére générale, le profil sanitaire qui se degage du bassin du Nakanbé actuel est un entrelacement de facteurs environnementaux surtout hydriques. Il convient d'en rechercher le poids de chaque facteur afin de prendre les mesures preventives appropriées. A l'état actuel des choses, l'insuffisance de l'assainissement en general, les flux migratoires qui s'accompagnent de flux parasitaires, determinent dans une large proportion Ia morbidité marquee par les maladies infectieuses et parasitaires.

Le rapport technique du mandat 4.2 presente plus de details sur les maladies liées a l'eau présentes dans le bassin du Nakanbé, leur niveau de prevalence dans chacune des sous-bassins du Nakanbé, les questions touchant l'hygiene du milieu, ainsi que les considerations conflictuelles et les solutions envisageables en rapport avec les aspects socio-sanitaires dans le cadre de Ia mise Ia réalisation du projet GUCRE.

4.1.6 Analyse d'ensemble sur Ies données concernant les ressources en eau L'analyse de l'ensemble des donnees sur les ressources en eau du bassin du Nakanbe montre que les conditions ecologiques et climatiques ne permettent pas Ia perennite des écoulements de surface. Les cours d'eau sont a caractére temporaire, les écoulements ne se faisant que sur quatre mois dans I'année (juillet a octobre).

Les eaux souterraines sont difficilement mobilisables en raison de Ia nature essentiellement cristallin du sous-sol; les debits d'exhaure limités ne permettraient pas l'alimentation de grandes concentrations urbaines. Dans les milieux ruraux les problémes se posent egalement avec acuité.

Ces éléments expliquent trés bien les problémes de disponibilité d'eau pour les différents usages, principalement en ce qui concerne l'approvisionnement en eau potable, d'irrigation de terres agricoles, Ia production d'hydroélectricité et les besoins industriels. II serait opportun de mettre en place de mécanismes administratifs et legislatifs de gestion appropries pour assurer une bonne utilisation actuelle et future de l'ensemble des ressources en eau mobilisables.

La qualité physico-chimique des eaux en milieu urbain particulièrement n'est pas documentée en rapport avec les rejets urbains. Cependant, Ia multiplication et Ia diversité des rejets, l'utilisation des eaux résiduaires a des fins de production maraIchère et les rejets de toute nature y compris industriels sans contrôle, peuvent multiplier les risques de degradation de Ia qualité des eaux et rétat sanitaire des populations. Ce qui est le cas aujourd'hui. La faiblesse des infrastructures pour I'assainissement (surtout en milieu urbain) et pour l'approvisionnement en eau potable (en milieu rural) a une influence sur l'état de sante de populations. II en est de même de l'environnement sanitaire, a savoir, le type de lieu daisance des menages, le type de sanitaire utilisé, le mode d'approvisionnement en eau de boisson, le mode d'évacuation des ordures qui constituent le cadre de vie des 70 ménages. Ce sont là les facteurs importants de Ia morbidité des populations particulièrement celui des menages des zones enquetees.

En fait, Ia gestion d'une ressource collective comme l'eau, implique naturellement qu'elle soit confiée a un pouvoir central, ou encore prenons a une superstructure de bassin. Ces centres de pouvoir interviennent sur les facteurs sociaux, politiques, économiques et mêmes culturels affectant Ia mise en valeur et Ia conservation de Ia ressource. C'est l'idée générale dans Ia mise en place actuelle du programme GIRE. C'est là 00 se posent de problémes importants comme ceux de Ia tanfication, de redevances. Parler de ces questions ramènent directement a Ia surface les aspects trés intéressants lies a Ia gestion des ressources en eau comme Ia question de Ia valeur socio-économique de l'eau. En effet, Ia valeur socio—économique de l'eau (ou I'avantage monétaire pour les utilisateurs) est souvent définie comme le consentement a payer des utilisateurs pour développer et maintenir l'usage qu'ils font de ses attributs (support a Ia vie terrestre, productivité biologique, propriétés physiques et chimiques diverses, evacuation de déchets, etc.) en vue de produire une utilité ou d'atteindre un but désiré. Dans cette articulation, Ia valeur économique de l'eau sur un bassin versant serait ainsi egale a Ia somme des consentements a payer par les individus pour leur jouissance personnelle et pour Ies utilisations collectives ainsi que par les entreprises.

Or l'implantation du GIRE, constituant en quelque sorte une approche a l'institutionnalisation de Ia gestion par bassin versant serait porteuse de coUts sociaux qui pourralent largement surpasser les bénéfices escomptables en bouleversant les structures politiques et administratives actuelles, d'oO Ie bien fondé de travailler, a I'intérieur de Ia mise en place du GIRE, sur les questions importantes de repartition de volume d'eau par usage, souvent a Ia base de conflits d'usages des ressources en eau. C'est I'objet du projet GUCRE.

L'analyse de conflits d'usages des ressources en eau dans le cas du present projet est faite a Ia section suivante. 71

4.2 Analyse des conflits d'usages des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé

L'analyse des données collectées montre que quatre principaux problèmes sont a Ia base de Ia majorite des conflits d'usages des ressources en eau identifies: le manque d'eau, Ia mauvaise gestion des points d'eau existants, le manque de communication entre les usagers, et Ia non appropriation des ouvrages d'eau par les populations. II est a noter également que ces conflits se vivent au niveau des deux

grandes categories des usagers : (1) les grands usagers et (2) les petits et moyens usagers.

Généralement, les conflits se vivent a l'intérieur de chacune de ces deux grandes categories définies, mais également en interaction entre les petits, les moyens et les grands usagers au niveau de trois hydrosystèmes de reference.

Trois grandes categories des conflits d'usages ont été identifiées lors des enquêtes terrain, de différentes animations communautaires et villageoises, des rencontres- causeries, des discussions informelles et entérinées au niveau de Ia Table Ronde sur les parties prenantes. II s'agit des conflits de nature sociale, de nature technique et les conflits lies aux activités socio-sanitaires.

4.2.1 Les conflits sociaux

Les conflits sociaux, qu'on peut egalement appelés les conflits de nature sociologiques, se manifestent au niveau ethnique, religieux et peuvent aller jusqu'au niveau foncier dans certaines circonstances précises. L'analyse de ces conflits sur le plan sociologique fait référence a Ia perception même de l'eau par les populations, et croyances ancestrales, a certains coutumes et tabous, etc. Ils se vivent principalement entre les petits usagers au niveau des points d'eau en milieu rural ou villageois.

Les résultats des analyses montrent que dans les 19 villages choisis, plusieurs conflits sociaux sont encore d'actualité et entravent effectivement une meilleure utilisation et une distribution adequate des ressources en eau disponibles, puisque l'eau est au centre de principales activités sociales, économiques et culturelles au Burkina Faso.

4.2.1.1 Les interpretations sociologiques de conflits d'usages de l'eau La perception de l'eau par les acteurs sociaux permet de comprendre les logiques qui sous tendent les modes d'organisation de cette ressource principalement en milieu rural. L'eau de part sa fonction vitale, recouvre d'autres fonctions qui entraInent des effets quant a son adoption par les populations locales. Les differentes populations enquetees ont une certaine perception de I'eau.

Sur le plan culturel

Les résultats d'enquêtes montrent que dans les trois sous-bassins, l'eau intervient dans les cérémonies coutumières. La gestion de I'eau doit être réservée aux responsables locaux et coutumiers, puisque ces derniers doivent offrir des offrandes aux ancêtres régulièrement pour permettre sa conservation. L'attachement a Ia terre, 72 héritée des ancêtres a également des consequences stir Ia gestion de l'eau, car en milieu villageois, Ia terre est le noyau central de tout système d'organisation sociale. C'est en recherchant parfois Ia preservation de ce patrimoine culturel, dont les rites ne sont pas connus de tous qu'on se retrouve avec des conflits de nature sociologiques autour des points d'eau.

Dans le même ordre d'idée, l'eau a un pouvoir de guérison selon es populations enquêtées. Dans le village Goué par exemple, des offrandes sont faites a I'eau pour Ia guerison d'un enfant malade. L'eau des puits traditionnels doit servir a faire bouillir des feullles susceptibles de guérir certaines maladies.

Dans le village Loaga, l'eau du Tiboulga est d'abord versée au sol pour demander l'aide des ancêtres dans le but de donner Ia procreation a une femme. En effet, l'eau du Tiboulga est très bien gardée par les responsables coutumiers. Les interdits sont trés bien respectés. Cette situation traduit que ces individus ont un autre rapport avec l'eau. En plus de son caractére vital, I'eau est vénérée autant que Ia terre. Donc porter atteinte a l'eau revient a porter atteinte a l'équulibre de Ia vie sociale.

Dans le village Gogninga, le cours d'eau a côté du marché était un lieu sacré, L'eau qui y était prélevée servait pour Ia preparation de certaines feuilles censées guerir des maladies.

Partout au niveau des villages, l'eau sert a communiquer avec le monde des ancêtres. Elle est l'élément fondamental pour implorer Ia bénédictior, et le pardon des ancêtres. Dans ces conditions les rapports sociaux se maintiennent par le pouvoir de I'eau.

La question principale qui se pose ici est celle de determiner le lien de cause a effet, entre les offrandes et le pouvoir de guerison par l'eau. Les interpretations sont difficiles a faire, puisque Ia rationalité scientifique peut difficilement être expliquée par cette rationalité villageoise axée sur les croyances ancestrales et Ia place donnée au pouvoir de ces mêmes ancétres.

Sur le plan social

L'eau crée une sociabilité entre les individus. Dans les villages Zabo et Gogninga pour ne citer que ces deux villages, les habitants de certains quartiers acceptent que ceux qui sont démunis en points d'eau viennent creuser des puisards le long de leur cours d'eau. Cela est perceptible dans Ies autres localites mais il est demandé aux étrangers de payer un montant d'argent avant l'utilisation d'un point d'eau.

Cette sociabilité liee a l'eau a une autre connotation lorsqu'elle est prise dans le sens d'un prestige social. Selon certaines données des enquetes dans le village Goué, I'eau, ressource naturelle et sacrée, permet en même temps d'obtenir un prestige social. En effet, un européen a réalisé un forage dans ce village pour son ami, un fils du terroir. Ce dernier vend l'eau a Ia population et certaines personnes enquetees avancent qu'il ferme le forage au moment oü les besoins se font sentir. Cette attitude denote tine certaine supériorité, une appropriation do l'eau. Ceci est mal vécu par les habitants du quartier dont certains interdisent leurs proches d'aller s'approvisionner dans ce forage en dépit de toutes les difficultés.

Toujours dans le village do Goué, des anciens du village avancent qu'un de leur fils serait l'initiateur de Ia construction du barrage dans leur localité; mais ce barrage porte le nom d'un village voisin. En effet, ils affirment qu'un politicien de Ia capitale et originaire dudit village, aurait récupéré le dossier de réalisation du barrage a son 73

compte. Voilà pourquoi ii s'est empresse de Ia faire porter le nom de son village dans le but d'atteindre ses fins politiques. La frustration de I'autre côté a engendré une appropriation de reau a travers des offrandes régulieres qui lui sont destinées, non seulement pour avoir l'eau en permanence mais surtout pour permettre Ia réussite des activités économiques qui se sont ajoutees autour du barrage. us sont persuades qu'avec l'argent, personne ne pourra les dépasser. ((Nous n'avons pas de fils politiciens mais Dieu est avec nous, d'oü leur attachement a ce barrage ,>, selon le propos de certains habitants du village.

Deux constats sont a faire ici. Dans Ia premiere figure, l'eau constitue un outil de sociabilité et de partage qui a un lien direct sur l'évitement des conflits. Le fait de partager cette ressource avec d'autres usagers moms nantis, aura pour effet d'atténuer les conflits potentiels. Dans Ia deuxième figure, I'eau constitue est au contraire a Ia base de conflits d'usages.

L'eau a un caractére sacré

Selon les enquetes, dans le village Goué dans le sous-bassin de Massili, l'eau est vénérée. A plusieurs reprises, les responsables coutumiers font des offrandes au barrage afin de preserver l'eau et de l'avoir en permanence.

Dans Ia zone autour du lac Barn, dans le village Loaga, l'eau est trés sacrée. II y a Un pulls oü l'eau est puisée avec une calebasse et non avec une puisette. Ily est interdit par exemple de monter sur le puits avec des chaussures en cuir. II est aussi interdit dans le village Kora de ne pas faire des disputes autour d'un point d'eau. Dans le village Gogninga, dans Ia zone autour du barrage de Bagré, les habitants reconnaissent avoir bafoué leurs coutumes, pour que l'eau des cours d'eau qui traversait le village tarisse. On note par ces exemples que les populations croient a certains rites qui doivent se faire pour ne pas perdre l'eau surtout durant les saisons chaudes. Cela est difficile a expliquer sur le plan de Ia rationalite scientifique, puisqu'il est difficile de faire un lien entre l'offrande et Ia pérennité de l'eau durant Ia saison chaude. Quel lien peut-on scientifiquement établir entre les chaussures en cuir interdites pour venir collecter l'eau et l'eau qui se trouve dans un pulls? Peut-on établir un lien de cause a effet entre les disputes autour d'un point d'eau ou le fait de bafouer les coutumes et le tarissement d'un pulls ? On volt trés bien que les populations en milieu rural ont une manière de ralionaliser l'eau a travers les offrandes et les interdits, qu'on ne peut peu-être pas expliquer sur le plan de Ia rationalité scientifique.

L'eau a un caractère religieux

Dans le village Nabdogo dans Ia zone autour de Massili, l'Islam a une grande influence sur Ia population. Nonobstant le nombre insuffisant de points d'eau, il n'exisle pas de conflits apparents lies a l'eau entre les usagers dans le village. II est dit que chaque musulman dolt avant Ia prière avoir pris une gorgee d'eau. Dans cette perspective, les quartiers munis de points d'eau doivent accepler que ceux démunis partagent leur eau.

Dans Ia zone autour du lac Barn, dans le village Kora, les Yarcé qui sont de fervents musulmans se réservent l'approvisionnement en eau dans les mémes points d'eau que les Mossi parce que ces derniers élèvent les porcs et boivent le Do1o17.

'7BoEsson aicoolisëe tradiiionnellefabriquee stir la base du mEL 74

Dans Ia zone autour du barrage de Bagré, encore dans le village Gogninga, Si deux croyants musulmans ont une dispute autour d'un point d'eau, us sont tenus après Ia priere de s'expliquer au premier responsable de Ia Mosquee qui les réconcilie. Si l'un d'eux refuse, ii se verrait I'interdiction d'accès a Ia mosquée.

Dans les trois tableaux présentés ici, Ia religion joue un role different. Elle permet d'éviter des conflits lorsqu'elle est profondément ancrée dans les mceurs. Elle est aussi source de conflits parce que certains usagers trouvent que les musulmans gaspillent l'eau par le fait qu'ils font cinq ablutions par jour. Les conflits vont au de-là de Ia religion puisque chacun cherche a se servir. II est alors possible d'affirmer que l'individualisme prime sur Ia religion.

L'eau a un pouvoir économique

Si l'on se réfère aux activités économiques qui sont rnenées autour des points d'eau, des barrages dans les trois sous-bassins, le pouvoir économique de l'eau semble être evident. Chaque exploitant selon les résultats d'enquête, pour Ia réussite de ses produits. II se crée alors une concurrence qui donne lieu aux multiples conflits genéralement autour des points d'eau. Le cas le plus flagrant est celui du barrage de Bagre oü Ia MOB a installé des groupes ethniques différents pour lexploitation de deux rives du barrage. Chacun y est arrivé dans le but de faire fortune, Ia recherche du gain individuel ne facilite pas l'approvisionnement en eau puisqu'iI faut se servir Ia premiere et en quantité suffisante. Le non-respect des tours de prise d'eau donne lieu a des conflits très houleux qui se réglent soit par le comité de gestion des conflits de Ia MOB ou a Ia gendarmerie de Ia localité.

• L'eau a un caractére politique

Pour atteindre leurs fins politiques, certaines personnes utilisent I'eau. Ainsi a Goué dans Ia zone autour de Massili, un politicien a réalisé un forage et une école. Par contre ce forage n'est pas utilisé par les habitants du quartier oü se trouve le forage. lls ont souvent avancé qu'iI se trouve sur un lieu sacré or en réalité, ils ne sont pas du méme parti politique que le réalisateur.

Dans le méme ordre d'idée, a Silmiougou, I'eau a divisé le village. Le chef, un politicien, a réalisé toutes les infrastructures du village dans son quartier au detriment de l'autre partie du village. Ces demiers préfèrent trois heures d'attente a quelques kilomètres de leurs concessions que de prendre l'eau d'à côté.

Dans le village Sorgho dans Ia zone autour du lac Barn, I'état des sols a rendu difficile Ia réalisation d'un point d'eau par Ia population. Cependant dans le village Sakou, a quelques kilomètres de celui, le village possède sept forages fonctionnels, trois puits modernes fonctionnels et 18 puits traditionnels fonctionnels. Chaque quartier dispose d'au moms quatre points d'eau. C'est d'un politicien qui est passé par le PPILB pour atteindre ses objectifs politiques. On note dans ce cas précis, que le pouvoir politique joue un role important sur l'obtention ou pas des points d'eau. Ainsi, a Sorgho, il n'y a pas assez de points d'eau pour toute Ia population. Ceci est a Ia base de plusieurs conflits entre les usagers, par contre a Sakou, ii y a abondance des points d'eau et par surcroIt, il y a moms de conflits entre les usagers. 75

En résumé, I'eau est un bien social car elle est fondamentale dans Ia vie humaine. Elle donne un pouvoir economique, politique et social. Elle est adorée, vénérée autant que Ia terre. Tout comme Ia terre, elle permet de comprendre a signification profonde des actions sociales qui se construisent lors des interactions avec Ia vie quotidienne.

4.2.2 Les conflits d'usages de nature technique

Les conflits d'usages de nature technique touchent Ia disponibilité en eau potable, en termes de quantité et de qualité ou tout simplement Ia disponibilité d'eau pour d'autres usages comme l'irrigation de terres agricoles ou l'élevage. Ils concement egalement l'état des ouvrages, Ia nature du sol, arnénagement du territoire, Ia protection de Ia ressource eau.

Ces types de conflits peuvent se vivre a différents niveaux: entre les petits usagers au niveau d'un forage villageois; entre les petits et les moyens usagers au niveau d'une retenue d'eau dans un village; entre les petits, moyens et grands usagers autour d'un grand hydrosystème comme le barrage de Bagre; et entre les grands usagers.

4.2.2.1 Les conflits entre les petits usagers Les investigations menées dans les trois zones du bassin du Nakanbé montrent que I'état des sols, Ia pauvreté endémique des populations, un manque de politique d'hydraulique villageoise adequate et l'abandon de certains points d'eau pour des diverses raisons expliqueraient I'insuffisance des points d'eau dans les villages enquêtés. Cette situation entralne I'attroupement des usagers autour des points d'eau disponibles, d'oU l'émergence des conflits d'usages entre les petits usagers. Ces conflits se ressentent au niveau du non-respect de tours d'eau entre les femmes et les jeunes fulles par exemple, les femmes et les jeunes garcons, etc.

4.2.2.2 Les conflits d'usages entre les petits et moyens usagers De maniere générale, les conflits d'usages au niveau des petits et des moyens usagers sont presents dans Ia majorité des villages étudiés. A Gogninga dans Ia zone autour du barrage de Bagre, par exemple, ii existe des conflits entre l'approvisionnement en eau potable realise par des femmes, les jeunes (les petits usagers) et les éleveurs (considérés comme moyens usagers) pour l'abreuvement des animaux. En effet, les deux forages les plus utilisés du village manquent d'abreuvoirs susceptibles de répondre aux besoins des éleveurs qui viennent abreuver leurs animaux au niveau de ces points d'eau, principalement en saison sèche. Le problème est que les usagers AEP déplorent Ia presence fréquente des animaux au niveau du forage. Dans ce cas précis, on ait en presence d'un conflit d'usage de nature technique, puisque d'une part, ii y a insuffisance d'eau pour l'ensemble des usagers et d'autre part, c'est Ia mauvaise construction technique du forage qui est cause, par le fait que le drain amenage pour I'évacuation de trop plein ne respecte pas les normes les plus élémentaires.

A Sorgho dans Ia zone autour du lac Barn, avec Ia presence d'un grand nornbre d'animaux dans le village, il y a constamment de conflits entre les éleveurs, les maraIchers et les autres usagers a cause du manque de points d'eau pastoraux dans le village. Encore une fois, ce sont le manque d'eau et une rnauvaise politique d'hydraulique villageoise et pastorale qui sont en cause ici. 76

4.2.2.3 Les conflits d'usages impliquant les petits, les moyens et les grands usagers des ressources en eau Au niveau des trois hydrosystèmes de référence, a savoir le lac Barn, le barrage de Bagre et le barrage de Loumbila, les confUts d'usages se posent principalement entre: (1) les prélévements d'eau brute pour Ia production d'eau potable par I'ONEA, le maintien d'un niveau d'eau donné pour Ia pêche, le maraIchage ou Ia construction (cas du barrage de Loumbila); (2) les prélèvernents d'eau pour Ia production d'hydroelectricite par Ia SONABEL, pour l'irrigation des terres agricoles par Ia Maltrise d'Ouvrage de Bagré, pour Ia construction ou pour le maintien d'un niveau d'eau donné pour Ia pêche (cas du barrage de Bagre) et (3) entre les prélèvements d'eau pour le maraIchage; l'abreuvement des animaux, le maintien d'un niveau d'eau donné pour Ia pêche et le non prélèvement pour Ia conservation de l'eau (cas du lac Barn) et évidemment les usagers domestiques qui viennent chaque jour pour I'alimentation en eau pour les besoins domestiques (preparation de Ia nourriture, lavage d'habits, etc.).

Dans le cas du barrage de Bagre, par exemple, l'hydrosystème est alimenté par les eaux du bassin du Nakanbé qui lui assure un apport annuel de 1,27 milliards de m3 avec une superficie a pleine eau de Ia cuvette de 25 500 ha; tandis qu'elle est de 8 500 ha aux plus basses eaux. Selon Ia repartition de I'utilisation de cette eau, 13% des eaux amassées serviront a l'agriculture et a I'approvisionnement en eau potable, 68% pour Ia production d'électricité, 13% comme evaporation de Ia cuvette, et 7% pour le déversoir. Selon ce schema de repartition, Ia disponibilité en eau dans le barrage depend en grande partie de Ia pluviometrie dans tout le bassin versant et des ouvrages en amont. Ainsi, comme corollaire, Ia survie du peuplernent du barrage reste liée aux conditions écologiques et a Ia bonne qualité des eaux en amont. II y a souvent également de conflits entre les pêcheurs, les gros préleveurs d'eau pour Ia construction et les petits usagers au niveau du barrage de Bagré. Par exemple, Ia SONABEL interdit Ia péche dans Ia zone de turbinage, or c'est a cet endroit oü l'on trouve beaucoup de poissons a cause d'une bonne oxygenation de l'eau. II y a donc un conflit reel entre Ia production d'hydroélectricité et Ia pêche.

Dans le même ordre d'idée, avec (a réalisation du barrage de Ziga, on peut estimer le nombre de nouveaux exploitants entre ioo a 200 qui viendront augmenter Ia population concernée par Ia peche dans le bassin versant du Nakanbe.

4.2.3 Les conflits d'usages de nature soclo-sanitaire Cette categorie de conflits est imputable a ('hygiene du milieu, Ia malnutrition et les maladies liées a I'eau. C'est en quelque sorte une forme de conflits implicites, puisque ce ne sont pas Ies usagers ou les usages qul sont en situation conflictuelle directement, rnais plutôt, un conflit donné prend place suite a une consequence d'un mauvais usage de l'eau. Par exemple, les maladies Iiées a l'eau proviennent de Ia consommation d'une eau de mauvaise qualité, due a Ia presence des animaux au niveau d'un forage ou encore d'une mauvaise hygiene autour d'un point d'eau.

Ces types de conflits sont presents dans les trois zones, lorsqu'il y a principalernent une mauvaise hygiene autour des points d'eau, de mauvaises conditions generales d'hygiènes dans l'ensemble de villages, le manque de latrines, Ia mauvaise gestion des animaux, etc. Cette situation est Ia cause Ia plus sérieuse de Ia prevalence d'une bonne partie des maladies liées a l'eau mentionnées auparavant.

L'analyse des données montre des spécificités suivant le sous-bassin considéré. 77

• Dans Ia zone autour du barrage de Bagré

Les aménagements actuels entralneront au cours des années avenir Ia juxtaposition despaces fortement encadres voués aux cultures irriguées et de zones rurales diversifiées

II y a des cas trés palpables de conflits entre les éleveurs qui viennent abreuver leurs animaux au niveau de forage de l'école a Gogninga qui ne posséde pas un abreuvoir, ceci a comme consequence, Ia contamination de l'eau de boisson, source principale des maladies comme Ia diarrhée, Ia dysenterie, etc.

• Dans Ia zone autour de Massili-Loumbila

Depuis quelques décennies ce sous-bassin est le siege dune concentration de Ia population en particulier Dee a l'expansion de Ia ville de Ouagadougou, corrélée avec un dépeuplement relatif des villages. La crise économique amplifiée par Ia sécheresse et Ia désertification est un des facteurs qui favorise les migrations vers les villes pour espérer trouver de meilleures conditions de vie. L'intensification des activités, soit a Ia périphérie soit dans Ia ville saccompagne de Ia production de déchets considérables, qui le plus souvent n'est pas accompagnée de structures d'assainissement efficaces. Dans de telles conditions on aboutit rapidement a un état d'hygiène deficient et a une contamination permanente de l'environnement. Les milieux aquatiques urbains sont alors autant de points de rassemblements des dechets et des effluents, facteurs d'emergence et de propagation des maladies Iiées a l'eau.

Ainsi l'apport mineral et organique des affluents dans les eaux de surface de Ouagadougou qui semble favoriser le développement de Ia vie aquatique, est une menace a long terme sur l'équilibre biologique. Les données sanitaires montrent que les eaux de surface urbaines sont des milieux favorables a Ia concentration et a I'expansion de maladies microbiennes graves; car ces eaux sont encore trop souvent utilisées directement a des fins domestiques.

Le cas de Ia ville de Ouagadougou

La yule de Ouagadougou ne possède pas de réseau general d'assainissement mais un réseau trés localisé (marché, zone industrielle). Les eaux usées domestiques et industrielles fortement chargees en matières organiques et en germes pathogénes empruntent le réseau a ciel ouvert d'évacuation des eaux pluviales oU elles sont prélevées par endroit pour des usages domestiques (lavages) et agricoles (maraIchage). Les barrages urbains N° 1,2,3 sont les receptacles naturels des eaux de Ia yule. Comme partout dans le pays, les pathologies liées a l'eau et a lassainissement occupent une trés grande importance parmi Ies causes de mortalité et de morbidité. 78

• Dans Ia zone autour du lac Barn

Le lac naturel de Barn situé dans le bassin supérieur du fleuve Nakanbé occupe des lits fossiles d'anciens affluents. Les seuils sont constitués par les transports solides des bassins versants issus des collines birrimiennes qui subissent des arnénagements pour rehausser le niveau. La profondeur maximale ne dépasse pas 4 m. Les fonds des cuvettes sont colmatés par des alluvions argileuses peu perméables (Dejoux, 1977).

Une zone sableuse oU pousse Ia végétation aquatique et semi-aquatique, occupe le pourtour de chaque lac. Des cultures irriguées en particulier le haricot veil y sont pratiquees tout autour. Par sa situation subsaharienne, Ia zone de lac Barn offre un espace privilégié pour les parasitoses Iiées aux bouleversements environnementaux des milleux andes qui représentent une part importante de Ia morbidité. La mobilisation des ressources en eau pour les besoins dornestiques et agropastoraux a travers les barrages et les mares temporaires se fait de plus en plus au prix d'une exposition accrue aux différents agents pathogénes, Si cela ne s'accompagne pas d'equipements hydrauliques modernes comme les forages et l'adduction d'eau same. Cela est d'autant plus cruel ces vingt demières années oü le déboisement, les migrations et Ia concentration autour des points d'eau mal entretenus (mauvais drainage, manque d'hygiene) accentuent le développement des parasitoses Iiées a l'eau.

Dans le cadre de Ia démarche participative préconisée dans le cadre de ce projet, ii était question que les conflits d'usages définis de diverses manieres, soient validés au niveau I'ensemble des parties prenantes. Ce qui a été réalisé au niveau de Ia Table Ronde sur les parties prenantes tenue a Ouagadougou, en septembre 2000. 79

4.3 Résultats de Ia validation des conflits d'usages au niveau de Ia Table ronde

Les résultats obtenus sont présentés par zone d'étude.

4.3.1 Validation de différents conflits d'usages identifies dans Ia zone autour du barrage de Bagre

Les aspects les plus mis en evidence durant cette partie de Ia Table Ronde ont porte principalement sur Ia disponibilité de l'eau mobilisable pour les différents usages en fonction des points d'eau. Au niveau de forages, de puits traditionnels et de puits modernes, les principaux usages de l'eau sont: l'approvisionnement en eau de boisson et l'eau domestique réalisé principalement par les femmes et les jeunes filles, l'abreuvement de bétail par les éleveurs, l'eau utilisée pour les usages commerciaux (restauration et production de boissoris locales). Les autres ouvrages d'eau presents dans le sous-bassin sont le barrage de Bagré, utilisé pour Ia production d'hydroélectricité, l'irrigation des terres agricoles, Ia construction, les usages domestiques, le maraIchage. II y a lieu de citer également quelques retenues d'eau, de puisards et de boulies utilisés pour le maraIchage, l'abreuvement des animaux et comme source d'eau domestique et même comme source d'eau de boisson durant Ia saison sèche.

Le tableau 4 présente les principales sources des conflits d'usages identifiées par les parties prenantes au niveau de Ia Table Ronde et le tableau 5 presente les parties prenantes impliquées.

De manière genérale, dans les onze villages choisis dans cette zone, les sources de conflits d'usages identifiées au tableau 3 genêrent les trois categories de conflits d'usages, a savoir, les conflits de nature sociologique, de nature technique et les conflits de nature socio-sanitaire. Ces conflits se vivent intensément et Ce, de manière bidirectionnelle. Cependant ii existe quelques variantes dans le vécu et I'intensité de conflits d'un village a un autre.

Quelques conflits d'usages specifiques vécus dans certains villages sont les suivants:

Dans le village Dirlakou oU se trouve le marché central de Bagré et l'ancienne cite ouvrière, il n'y a aucun point d'eau. La population s'approvisionne pour l'ensemble de ces besoins en eau directement dans le barrage de Bagre. Naturellement une partie de Ia population du village gonfle le nombre d'usagers dans les villages avoisinants en ce qui concerne pnncipalement l'eau de boisson, accentuant ainsi les conflits entre les usagers. Ce sont les conflits qui sont lies aux tours d'eau qui se présentent id. Comme ii y a d'intenses activités économiques dans ce village (production du Dolo, activités de restauration, de pêche et du maraIchage), Ia majorité de conflits d'usages des ressources en eau du barrage de Bagré (cas de petits et moyens usagers) proviennent des habitants de ce village.

Dans le village Bocla, il y a une forte presence de l'Onchocercose due probablement a Ia consommation de l'eau de puisards, comme eau de boisson par les paysans. Ceci identifie Ia presence de conflits socio- sanitaires. 80

Dans le village Gogninga d'intenses conflits se vivent entre les femmes pratiquant les activités rémunératrices et les autres femmes et jeunes fiVes. Le nombre réduit de forages (4 forages fonctionnels pour les besoins en eau potable de six quartiers du village, soient prés de 3800 habitants) oblige les femmes a alter chercher l'eau du forage trés tot, rencontrant parfois de mauvais esprits selon les femmes présentes a Ia table ronde. En plus de ce problème, les femmes sont contraintes a se presenter une seule fois par jour au niveau du forage aux mois d'avril et mai, ce qui est a Ia base de plusieurs conflits entre les femmes, les jeunes filles et les autres usagers de points d'eau, du fait de Ia presence d'un grand nombre d'usagers durant les heures de pointe au niveau d'un forage, d'oü Ia presence de conflits techniques lies aux tours de prises d'eau.

• Dans le village Bagre I, le village est constitué au deux-tiers par des étrangers et les autochtones les acceptent difficilement. Cette situation se répercute directement au niveau de points d'eau, avec de conflits lies au respect de tours de prise d'eau par exemple.

• A Gogninga, les femmes ont souvent tendance a ne pas respecter leur tour pretextant qu'elles doivent s'occuper de Ia maison (preparation de Ia nourriture, soins des enfants, etc.), ce qui n'enchantent pas les jeunes files, les jeunes garçons qui attendent patiemment leur tour, parfois durant de tongues heures.

• La réalisation du barrage de Bagré a entralné l'expropriation d'une partie des habitants du village. Au cours de Ia distribution des parcelles de cultures par Ia maltrise d'ouvrage de Bagre, beaucoup n'ont pas été bénéficiaires et l'eau du barrage n'est pas facilement a leur portée. Selon les parties prenantes de Ia base qui ont subi cette situation, Ia réalisation du barrage a entralné un bafouement des coutumes en occupant les terres de leurs ancêtres. L'expropriation des habitants a contribué a un déracinement, aux bouleversements d'un système social parce que Ia terre est le noyau central de tout système d'organisation social. L'atteinte portée a l'équilibre de Ia vie sociale a Gogninga, par exempte, a engendrO le mécontentement de certaines personnes. A ce propos écoutons deux d'entre elies: Premier intervenant:

II y a donc presence de conflits d'usages culturels de nature foncière ici, le fait que c'est, une transgression de valeurs coutumières qui est en cause ici, avec l'expropriation des populations. 81

Tableau 4: Les principales sources de confhts d'usages (potentiels et reels) identifiées dans Ia zone autour du barrage de Bagre

Sources de conflits potentiels dans les usages des ressources en eau • Non respect de tours de prise d'eau • Non respect du temps dexploitation

• Long temps dattente devant les points d'eau • Approbation pour I'amenagement de points d'eau (P.E)

• Mésentente sur le choix dun site d'implantation d'un point d'eau • Refus de contribution financière pour cause d'eloignement a des points d'eau • Absence de points d'eau pastoraux pour I'abreuvement des animaux • Absence d'abreuvoirs au niveau de forages

• Insuffisance des points d'eau au niveau du village

• Prélèvement pirate de I'eau en aval d'une retenue d'eau

• Perturbation de l'eau par les maraIchers

• Pollution de l'eau par les produits chimiques (pesticides, engrais)

• Non-respect des directives dexploitation établies a propos de l'hygiene autour des points d'eau • Mauvaise qualité de I'eau de leurs quartiers

• Accessibilité difficile a une source d'eau potable

• Absence de transparence dans Ia gestion de points d'eau (détoumements de fonds, absence de communication avec les usagers, etc.)

Tableau 5: Les parties prenantes impliquees Femmes Personnes de quartiers différents Jeunes flues Comité de points d'eau Hommes Opérateurs économiques Jeunes garcons Constructeurs Eleveurs sédentaires Dolotières Eleveurs transumants Les commerçantes Exploitants agricoles Autorités administratives et villageoises MaraIchers Pecheurs 82

4.3.2 Validation de différents conflits d'usages identifies dans Ia zone autour du lac Barn

Selon I'analyse des résultats de Ia Table Ronde, les forages, les puits traditionnels et les puits modernes sont pnncipalement utilisés pour l'approvisionnement en eau domestique réalisé principalement par les femmes et les jeunes filles, I'abreuvement des animaux par les éleveurs, I'eau utilisée pour les usages commerciaux (restauration et production de boissons locales). D'intenses activités liées a l'eau se passent egalement au niveau du lac Barn. II s'agit principalement du maraIchage, de rabreuvernent des animaux et des activités domestiques pratiquées par les paysans.

Le tableau 6 présente les principales sources de conflits potentiels ou reels identifies par les parties prenantes au niveau de Ia Table Ronde.

Dans les quatre villages échantillonnés dans ce sous-bassin, les sources de conflits identifiées par les parties prenantes sont a Ia base de trois categories de conflits d'usages identifies et font intervenir les différentes parties présentées au tableau 7. Par exemple, les conflits sociologiques d'ordre ethnique et religieux sont trés presents dans le village Kora qui est au fail divisé en trois groupernents ethniques: Kora-Mossi, Kora-Yarcé et Kora-Peuhis.

Les Peuhis du village qui s'approvisionnent dans le point d'eau de Kora-Yarcé, causent beaucoup de problérnes aux Yarce et même aux Mossi avec Ia presence des animaux dans les points d'eau. Les Peuhls s'approvisionnent habituellement chez les Yarcé a cause de Ia religion musuirnane, par contre us ne sont pas acceptés par ces derniers. Les femmes de ces derniers les insultent et ils sont traités de migrants malgré leur contribution pour Ia maintenance du forage.

A Loaga, les coutumes du village sont respectées a Ia lettre, de la, les autochtones ne doivent pas avoir des relations avec les Peuhis car il n'y aura pas de manage entre les Mossi et les Peuhls Les Peuhls restent comme des etrangers a Loaga et us sont traités comme tel. Cette situation est également genératrice des conflits sociologiques de nature ethnique. La mauvaise gestion des comités de gestion de points d'eau a également été identifiée comme sources de divers conflits d'usages, principalement lorsque les points d'eau existants sont mal géres. 83

Tableau 6: Les principales sources de conflits d'usages (potentiels et reels) identifies dans le sous-bassin du lac Barn Sources (origines) de conflits potentiels dans les usages des ressources en eau • Non respect de tours d'eau dans certains villages

• Temps d'attente devant les points d'eau

• Non respect du temps d'exploitation (horaire) au niveau de points d'eau • Approbation pour l'aménagement des points d'eau (P.E)

• Mésentente sur le choix d'un site d'amenagement de points d'eau • Ref us d'installer un P.E. dans un quartier de migrants • Statut d'étrariger dans un village

• Refus de contribution f,nancière pour cause d'eloignement de points d'eau • Absence de points d'eau pastoraux

• Absence d'abreuvoir des animaux

• Insuffisance des points d'eau dans certains villages

• Trouble de l'eau par les maraIchers

• Pollution de l'eau par les produits chimiques (pesticides, engrais) • Non respect des directives d'exploitation établies a propos de rhygiene autour des points d'eau • Animaux etrangers peuvent entralner les animaux des autochtones • Perturbation de l'eau par les moteurs-pompes des citernes • Abus dans les prélévements d'eau par certains usagers

• Accessibilité difficile a une source d'eau

• Appropriation du lac par l'Association pour Ia protection du lac Barn • Plus proche concession que les points d'eau du quartier

• Absence de transparence dans Ia gestion de points d'eau (détournements de fonds, Absence de communication avec les usagers, etc.) • Absence de points d'eau dans certains quartiers de villages

• Désintéressement de Ia population aux activités de gestion de points d'eau 84

Les parties prenantes impliquees sont présentées au tableau 4. Tableau 7: Les parties prenantes impliquees

Femmes Personnes de quartiers différents Jeunes flues Comité de points d'eau Hommes Opérateurs economiques Jeunes garçons Constructeurs Eleveurs sédentaires Association de Protection du Lac Barn Eleveurs transumants Le regroupernents de maraIchers du Exploitants agricoles lac Barn MaraIchers Meunières Pêcheurs Dolotières Autorités administratives et villageoises

4.3.3 Validation de différents conflits d'usages identifies dans Ia zone autour de Massili-Loumbjla

Comme dans le cas des autres sous-bassins, les forages, les puits traditionnels et les puits modernes sont principalement utilisés comme source d'eau dornestique réalisé principalement par les femmes et les jeunes flues, l'abreuvernent d'animaux par les éleveurs (surtout durant Ia saison sèche), l'eau utilisée pour les usages commerciaux (restauration et production de boissons locales).

A l'instar des autres sous-bassins, plusieurs sources de confuits potentiels et ceux qul vivent reellement dans certains villages ont été identifiées. Le tableau 8 présente les principales sources de conflits potentiels ou reels identiflées par les parties prenantes au niveau de Ia Table Ronde; le tableau 9 présente es parties prenantes impliquees. 85

Tableau 8: Les principales sources de conflits d'usages (potentiels et reels) identifies dans Ia zone autour de Massili-Loumbila Source de conflits potentiels dans les usages des ressources en eau • Non respect de tours d'eau

• Temps d'attente devant les points d'eau

• Approbation pour l'aménagement des points d'eau.

• Mésentente sur le choix dun site pour l'aménagement de points d'eau • Absence de points d'eau pastoraux • Absence dabreuvoirs au niveau de certains forages

• Insuffisance des points d'eau dans certains villages comme Silmiougou • Non respect du temps d'exploitation au niveau de certains points d'eau • Prélèvement abusif de l'eau au niveau du barrage de Goué et de Ia retenue d'eau de Goundry a Pollution de l'eau par les activités de maraIchage

• Pollution de I'eau par les produits chimiques (pesticides, engrais) • Non respect des directives d'exploitation établies a propos de l'hygiène du milieu autour de points d'eau • Animaux etrangers pouvant entrainer les animaux des autochtones • Mauvais contrôle des animaux du ministère de l'elevage de Ia ferme de Loumbila • Abus dans les prélèvements d'eau par certains usagers • Presence des usagers d'autres villages au niveau du barrage de Goué et de Ia retenue d'eau de Goundry

Tableau 9: Les parties prenantes impliquées Femmes MaraIchers Jeunes filles Pêcheurs Hommes Personnes de quartiers différents Jeunes garçons Comité de points d'eau Eleveurs sédentaires Opérateurs économiques Eieveurs transumants Constructeurs Exploitants agricoles Dolotières Autorités administratives et villageoises 86

Dans les quatre villages échantillonnés dans ce sous-bassin, les sources de conflits identifiées genèrent également les trois categories de conflits d'usages et impliquent les parties prenantes présentées dans le tableau 8. Quelques particularités sont cependant a signaler au niveau au village Nabdogo oU malgré l'insuffisance de points d'eau (un seul forage), les conflits ne se vivent pas intensément a cause de Ia religion musulmane pratiquée par plus de 80% de Ia population. Les conflits se vivent plus au niveau du barrage de Loumbila, entre les maraIchers, les éleveurs et les populations d'autres villages qui viennent au barrage.

Dans le village Silmiougou, sans point d'eau, les paysans marchent jusqu'à 7 km pour chercher l'eau dans les villages voisins, gonflant d'une part le nombre d'usagers et d'autre part, accentuant les conflits autour de points d'eau existant. Ce sont des conflits d'usages techniques qui sont identifies, non-respect de tours d'eau entre les femmes et les jeunes flues; conflits entre les éleveurs et les autres usagers, etc. II y a également Ia presence de conflits de nature sociologique. En effet, dans le village Silmiougou, les Peulhs sont les fondateurs du village. Présentement, us sont obliges de quitter le village parce que les Mossi prennent toute Ia place et y ont implante leurs lois et coutumes. Les Peuhls n'ont pas accès facilement aux points d'eau, ce qui les oblige a quitter leur village pour s'installer ailleurs. A Goué, les jeunes filles sont chassées au niveau de forages par les jeunes garçons qul les frappent si elles refusent de libérer les points d'eau. A Silmiougou, les jeunes garçons ont beaucoup de difficultés a trouver des fiancées dans les autres villages a cause de problèmes cruciaux d'eau, ces dernières ne voulant pas vivre les difficultés d'approvisionnement en eau qul sévissent dans ce village. Cette dernière forme de conflits est au fait de nature mixte, puisque d'un côté, c'est l'aspect social qui est enjeu, par contre, ii est provoqué par un aspect technique, le manque d'eau. On peut donc pane d'un conflit d'usage sociologique et technique en méme temps.

4.3.4 Validation de différents conflits d'usages impliquant les grands usagers Les autres types de conflits d'usages des ressources en eau identifies au niveau de Ia Table Ronde concernent pnincipalement ceux qui se vivent entre les grands usagers et entre ces derniers et les petits et moyens usagers au niveau de trois hydrosystèmes de référence.

Le tableau 10 présente les principales sources de conflits entre les usagers considérés (les grands usagers et les petits et moyens usagers) et le tableau 11 présente les parties prenantes impliquees.

Dans Ia zone autour du barrage de Bagré, Ies conflits potentiels ou reels se vivent principalement entre Ia production d'hydroélectricité par Ia SONABEL, les pêcheurs, l'irrigation de terres agnicoles réalisee par les paysans dans les villages gérés par Ia MaItrise d'Ouvrage de Bagré, les autres usagers tels que les femmes pour l'eau domestique, les éleveurs, les constructeurs, etc. A cela il faut ajouter également le debit résiduel a l'aval du barrage de Bagre pour les eaux internationales suivant Ia reglementation internationale en matière, dont ii faut tenir compte. 87

Tableau 10: Les principales sources tie conflits d'usages entre les usagers considérés Source de conflits potentiels dans les usages des ressources en eau • Volume d'eau prélevé pour I'AEP par I'ONEA • Volume d'eau prélevé pour l'irrigation de terres agricoles (MOB et les autres grands irrigateurs) • Volume d'eau prélevé pour Ia production d'hydroélectricité par Ia SONABEL • Volume d'eau prélevé pour Ia construction • Quantité d'eaux usées rejetées dans les hydrosystémes • Impact de Ia pollution sur le maraIchage • Impact de Ia pollution sur Ia qualite et Ia disponibilité de l'eau potable • Impact de différents prélevements sur Ia disponibilité de Ia ressource eau • Impact de différents prélevements sur Ia qualite de Ia ressource eau • Impact de différents prélevements sur a conservation de l'équilibre biologique des écosystèrnes • Les prélevernents, Ia pollution et les aspects socio-sanitaires a Abreuvement de grands troupeaux d'animaux a Ia fois

Tableau 11: Les parties prenantes impliquees

I rrigateurs Producteur d'hydroélectricité (SONABEL) Maraichers Pollueurs de Ia zone industrielle de Pêcheurs Kossodo Producteur AEP (ONEA) (BRAKINA, TANALIZ, ABATTOIR Constructeurs FRIGORIFIQUE) La Maitrise d'Ouvrage de Bagre (MOB) MEE: La population concernant Ia preservation de Ia ressource et Je développement durable. Ministère des Ressources Animales

Dans Ia zone autour du lac Barn, II est a signaler d'intenses conflits qui se vivent au niveau du lac Barn, entre l'abreuvement des animaux des paysans, principalernent les Peuhls, le rnaraIchage pratique par les paysans faisant partie de trois cooperatives de maraIchers, les pêcheurs, les activités domestiques pratiquees principalement par les femmes, les jeunes filles autour du lac et Ia question de Ia conservation des ressources en eau, le maintien des écosystèmes existants et l'ensablement du lac Barn. L'accroissement de Ia population de Ia ville de Kongoussi, conjugué avec Ia faiblesse des debits de forages du socle cristallin du bassin, va imposer dans les années a venir l'exploitation des eaux de surface du lac Barn pour Ia satisfaction des besoins en eau potable de Ia ville de Kongousssi. Ainsi, dans un avenir prévisible, un conflit d'usage naItra entre l'approvisionnement en eau potable de Ia ville de Kongoussi et l'irrigation des périmètres maraIchers. Le conflit portera aussi bien sur Ia quantite que sur Ia qualite a Ia suite de l'augrnentation des quantites d'engrais et des pesticides dans les périmétres. La détérioration de Ia qualité de I'eau, peut affecter egalement l'usage des ressources en eau pour Ia pêche, faisant naltre un autre type de conflit d'usage entre l'agriculture et Ia pêche. 88

Dans Ia zone autour de Massili-Loumbila, deux categories de conflfts ont ete identifies:

• Les confhts d'usages entre le maraichage, l'AEP (par l'ONEA), I'abreuvement des animaux appartenant a I'élevage du gouvernement et les usages domestiques (pratiqués par les femmes et les jeunes flOes), Ia peche, les préleveurs d'eau destinée a Ia construction et d'autres usages comme I'arrosage de plantes, etc.

• Les conflits d'usages dus a Ia presence des entreprises de Ia zone industrielle de Kossodo (approvisionnement en eau brute des industries de Ia yule de Ouagadougou) a partir des eaux de surface des barrages ou a partir des eaux souterraines. Ces entreprises étant considérées dans Ia catégorie de gros usagers, dO d'une part, au volume d'eau consommée annuellement dans leurs systémes de production et d'autre part, au niveau de Ia pollution des eaux résidualres et de Ia quantité des eaux usées rejetées par ces entreprises, et quels sont les impacts sur d'autres usages des ressources en eau, comme les activités de maratchage d'abreuvement des animaux, le prélèvement de I'eau brute destinée a Ia production d'eau potable, Je niveau de contamination de Ia nappe souterraine environnante, etc. Ces impacts localisés prendront des dimensions inconsidérées a moyen terme, entrainant I'exacerbation des conflits d'usages.

4.4 Les interferences entre les différents conflits d'usages des ressources en eau

Sur Ia base des résultats obtenus, on note que dans les conflits d'usages des ressources en eau, ptusieurs dimensions doivent étre considérées. II s'agit des dimensions économiques, sociologiques, techniques, etc.

Au niveau villageols, les aspects predominants dans Ia generation des conflits d'usages sont de nature sociale, a savour, lies a l'ethnie, aux coutumes ancestrales, a Ia religion, au genre, etc. Par contre, une analyse approfondie montre qu'iI existe souvent des interferences entre les aspects sociaux et les aspects techniques, comme le manque d'eau, le nombre restreint douvrages d'eau, a mauvaise gestion de forages existants qul sont egalement a Ia base des conflits. Par exemple, le non- respect de tours de prise d'eau entre les femmes et les jeunes flies peut être vu sous un angle social, c'est-à-dire, un problème de generation ou méme de coutume, les jeunes filles doivent du respect aux femmes plus âgées, cependant, l'lntensité de certains de ces conflits seralt d'autant plus grande, s'iI y a insuffisance des points d'eau dans Un village. Dans cette articulation Il est intéressant d'analyser le poids des aspects soclaux ou aspects techniques dans Ia presence d'un conflit au niveau d'un point d'eau, puisque les solutions dépendront de cette lecture. La question est alors celle de savoir, Si Ia disparition d'un facteur donné ferait disparaltre Ia presence d'un conflit donné. Par exemple, est-ce le fait d'augmenter Ie nombre de forage dans un village, atténuerait les conflits de nature sociale?

En ce qui concerne spécifiquement Ies conflits de nature socio-sanitaires, ii est important de noter que ces conflits sont une forme des conflits implicites a d'autres facteurs. Les maladies liées a I'eau sont généralement causées par Ia consommation d'une eau de mauvaise qualité. Or Ia qualité de I'eau, comme on la mentionné auparavant implique une dimension technique, a savoir, Ia presence d'animaux qui viennent s'abreuver au niveau d'un point d'eau par manque de forages pastoraux ou 89

encore, un problème de contamination quelconque avec les pesticides ou Jes matières fécales. La méme question se pose a ce niveau, a savoir, est-ce Ia presence des points d'eau pastoraux dans un village diminuera Ia prevalence de certaines maladies ? Ce sont ces éléments qu'il faut prendre en ligne de compte lorsqu'on identifie les avenues de solutions.

Ainsi, autour d'un forage villageois, on rencontre divers types de conflits impliquant différents usagers, des disputes dues au non-respect des tours de prise d'eau entre les différents usagers, comme les jeunes lilies qui sont souvent bafouees par les femmes; les éleveurs, même avec l'absence des points d'eau pastoraux et d'abreuvoirs, affluent autour de forages pour abreuver leur bétail, ceci étant a base de Ia détérioration de l'hygiene du milieu, constituant ainsi une source des maladies liées a I'eau. On rencontre également un non-respect de directives d'exploitation au niveau des points d'eau, cette fois-ci cause par les jeunes garcons qui font Ia construction; les commerçantes sont chaque fois pointées du doigt iorsqu'elles se présentent au niveau dun forage. Dans une autre articulation, les Peuhis préfèrent manquer de l'eau a Ia place d'aller puiser l'eau ensemble avec les Mossi, des chrétiens qui mangent les porcs, et enfin les jeunes garcons d'un village sans points d'eau sont souvent refuses en manage par les jeunes filles d'un village nanti en points d'eau. Comment alors negocier et aplanir les différents entre les groupes antagonistes, devant de problèmes multidimensionnels et muitiformes ? Ce qui justifie l'utilisation d'une approche participative pour solutionner le problème.

Les conflits lies a l'eau concernant les gros usagers se posent sous une autre forme, soit, une pression inexpliquée exercée sur les ressources en eau par des usages antagonistes, suite a des intéréts économiques, sociaux, administratifs et politiques divergents. Par exemple, le conflit entre lapprovisionnement en eau potable et l'irnigation de terres agricoles pose un probléme d'apparence technique, a savoir, le prélèvement d'un volume d'eau pour l'irnigation de terres agnicoles, peut affecter Ia disponibilité de Ia ressource eau pour Ia production d'eau potable. Mais un approfondissement de Ia question démontre que les intérêts économiques et sociaux doivent également être pns en compte; le Burkina Faso étant essentiellement un pays agnicole, I'irrigation de terres semble primer sur l'approvisionnement en eau potable, qui Iui denote d'une consideration sociale, d'oU Ia nécessité de procéder a chaque fois par des arbitrages.

Dans le cas du conflit entre l'approvisionnement en eau potable et Ia production industrielle polluante, on peut noter que Ia pollution des eaux usées a une incidence sur le coQt de production d'eau potable et également sur Ia qualite de l'eau produite. Or Ia qualité d'eau potable a un lien direct avec Ia prevalence des maladies liées a reau. Avec cefte consideration, nous notons qu'il existe un lien entre Ia pollution de l'eau et l'irrigation de terres agncoles. En effet, nous pourrions faire plusieurs liens de causes a effets entre l'ensemble des usages, AEP, irrigation, maraIchage, production industnielle, production d'hydroélectricité, péche, élevage, conservation de Ia ressource, etc. D'oU Ie bien fondé d'utiliser une approche integrée de gestion des ressources en eau, qui privilégie l'utilisation des approches participatives.

Après l'analyse des conflits d'usages des ressources en eau, le chapitre suivant présente une partie importante de l'étude, celle concernant l'implantation des solutions destinées a résoudre les conflits d'usages identifies danis le cadre de Ia mise en place du Programme de Gestion de Conflits d'Usages des Ressources en Eau dans le bassin du Nakanbé.

90

5. ANALYSE DES SOLUTIONS VISANT LA RESOLUTION DES CONFLITS LIES A L'EAU

Les résultats d'ensemble montrent que plusieurs conflits lies a l'eau qui se vivent entre les usagers au niveau de grands hydrosystèmes, des forages, des puits modernes, des puits traditionnels et des retenues d'eau sont effectifs et entravent une meilleure utilisation et une distribution adequate des ressources en eau disponibles dans bassin versant du Nakanbé.

L'implantation des solutions appropriées proposées avec I'implication de l'ensemble des parties prenantes constitue run des moyens efficaces susceptibles de solutionner Ia problematique des usages conflictuels des ressources en eau.

Comme toutes les solutions proposees ne pouvaient être implantées a cause des contraintes économiques, techniques, sociales et organisationnelles, nous avions utilisé un mécanisme participatif pour choisir celles a implanter effectivement clans les différents sites de réalisation de l'étude.

Cette démarche a ete réalisée sur Ia base des étapes 5 a i o de l'Approche d'Aide a Ia Decision Participative de resolution des conflits développée dans le cadre de cette étude. II sagit de l'évaluation et du choix des solutions avec l'implication des parties prenantes; de l'analyse de faisabilité des solutions proposées; de l'organisation de Ia participation des parties prenantes a l'implantation des solutions; de l'implantation des solutions retenues et du Mécanisme de rétroaction pour pérenniser les solutions.

5.1 Evaluation et choix des solutions avec l'implication des parties prenantes Pour réaliser cette evaluation et le choix qui en découle, nous avions considéré comme base, les solutions proposees par l'ensemble des parties prenantes tout au long de l'ensemble de Ia démarche participative, a savoir, au niveau de différentes animations communautaires et villageoises, des rencontres-causeries, des discussions informelles, des enquêtes sur le terrain, de Ia Table Ronde sur les parties prenantes et des rencontres de restitution des résultats de Ia Table Ronde. Lesdites solutions peuvent se regrouper en trois principaux groupes:

(I) Les solutions portant sur l'animation, Ia sensibilisatlon et Ia vulgarisation des populations

Ces solutions nécessitent des actions visant Ia resolution des conflits en impliquant directement les usagers aux activités préconisées, dans Ia perspective de favoriser l'appropriation et Ia prise en charge des points d'eau existants par les populations concernées.

Pour y parvenir, les actions retenues étaient les suivantes: les rencontres-causeries; les discussions informelles; Ia formation des animateurs(trices) et des personnes antennes; les assemblées générales villageoises; le théâtre forum; les projections videos et l'utilisation des series GRAAP. Ces activités de communication participative ont porte sur le vécu de conflits et les moyens d'y remédier, lutilisation adequate des forages, Ia prise en charge des points d'eau, principalement les forages par Ies populations, l'hygiène du milieu, les maladies liées a l'eau. 91

(ii) Les solutions portant sur Ia réorganisation des Comités de Gestion des Points d'Eau (CGPE)

Les actions implantées dans cette catégorie visaient essentiellement Ia mise en place d'une meilleure structure de gestion des ressources en eau comprenant une cellule de resolution des conflits d'usages proprement-dite.

Les actions concemées portaient sur: • La restructuration des comités de gestion des points d'eau dans les villages. • L'integration dans les comités de gestion des points d'eau a implanter, des comités de gestion de conflits constitués par les gens du milieu.

(iii) Les solutions d'accompagnement

Dans le cadre d'implantation des solutions, nous avions considéré comme solutions d'accompagnement, des mesures d'urgence portant principalement sur les infrastructures hydrauliques pouvant étre mises a Ia disposition de Ia population pour faciliter I'implantation du programme de gestion des usages conflictuels des ressources en eau. Elles ont ete implantées dans le but de favoriser Ia mobilisation des populations dans des activités de communication participative, puisque c'est en mobilisant et en impliquant activement les populations lors de ces activités qu'il est possible de solutionner les conflits identifies. Certaines de ces actions ont ete implantées en partenanat avec d'autres acteurs au développement intervenant dans le même terroir.

Les actions concernées portaient sur:

• La rehabilitation des forages, puits modernes ou retenues d'eau qui étaient non-fonctionnels. • La construction des superstructures avec abreuvoirs. • L'aménagement des nouveaux forages, puits modemes ou puits traditionnels pour combler le deficit actuel dans le village en fonction dun ratio acceptable (Nombre de forages/Nombre d'habitants). • L'aménagement des retenues d'eau pour combler notamment les besoins d'abreuvement de bétail afin de desengorger les points d'eau existants pour d'autres usages. • L'aménagement des latrines dans les villages dans le but d'éviter certaines maladies comme Ia Bilharziose, Ia dysenterie, le Cholera, le paludisme, les gales, etc.

La section suivante présente l'ensemble des solutions proposées dans tous les villages faisant partie de l'étude. 92

5.1.1 Les solutions proposées dana Ia zone du barrage de Bagré

Dix villages sont concernés dans le cas de Ia zone autour du barrage de Bagre. 5.1.1.1 Village Bankako Quelques probièmes particuliers et in formations pertinentes

II existait durant l'étude au niveau du village un comité de gestion des points d'eau compose de cinq personnes18: un président, un secretaire, un trésorier, un commissaire aux comptes et une femme responsable de l'entretien et de l'hygiene autour des points d'eau. Ce comité s'occupe presque exclusivement de prelever Ia cotisation qui est fuxée a 1750 Fcfa par menage (a tous les six mois), pour un total de 125 ménages dans l'ensemble du village, de l'entretien en cas de panne et de l'hygiène autour des points d'eau fonctionnels.

Selon les enquêtes, le fonctionnement des points d'eau était deficient, puisqu'il n'y avait aucune réglementation les regissant.

Lors de Ia mise en place, le comité de gestion des points d'eau recevait une formation dispensee par le projet PIHVES. Cette formation se déroulait de a manlére suivante: cinq jours de formation sur l'entretien des pompes et deux jours sur Ia sensibilisation concernant le volet sante. Le projet formait egalement deux personnes chargées de Ia sensibilisation pour I'ensemble du village.

Les solutions proposées étaient les suivantes:

• L'augmentation de Ia disponibilité d'eau potable, pouvant débuter a très court terme par (a rehabilitation de quelques pompes en panne et principalement celui qui a un debit très faible. • Recyclage du comité de gestion des points d'eau compte tenu des problèmes identifies. • Aménagement de deux forages additionnels.

• Renforcement du volet < sensibilisation au niveau du comité de gestion des points d'eau, par exemple, en mettant en place tin materiel audio-visueL • Initiation d'une campagne de sensibilisation et de vulgarisation sur ('installation de latrines dans les villages, en mettant l'accent sur Ia proliferation des maladies (lees a l'eau, principalement Ia dysenterie et le cholera causées par le manque de latrines dans le village. • Actions de sensibilisation et vulgarisation sur plusleurs aspects lies a l'eau

5.1.1.2 Village ZABO Que!ques problemes particuliers ou in formations pertinentes

Suite aux actions du projet GUCRE, notamment les echos de (a Table Ronde sur les parties prenantes, le projet PIHVES a finalement décidé de completer des etudes géophysiques sur Ia recherche des points d'eau et d'aménager cinq forages dans cinq quartiers différents sur un total de 12 quartiers constituant le village ZABO.

18 esi a noter que les membres du comité de gestion de points d'eau ne percoivent aucune rémuné ration. 93

Au niveau des points d'eau fonctionnels, le comité de gestion fonctionnait assez bien avec les cinq membres élus en assemblée villageolse. II s'agissait d'un président, d'un secrétaire general, d'un trésorier, d'un commissaire au compte, d'un mécanicien et d'une femme chargee de l'hygiène autour des points d'eau.

Les solutions proposées étaient les suivantes:

• Ajouter des forages dans les villages qui en manquent, ces quartiers sont prêts a cotiser pour avoir un point d'eau. • Aménager une retenue d'eau pouvant servir a l'abreuvement des animaux.

5.1.1.3 Village PATA Problémes particuliers ou in formations pertinentes

Le village possédait un forage situé a 3 km environ du quartier. Ce forage avait un comité de gestion des points d'eau qui avait comme role, de reglementer l'utitisation du point d'eau, de gerer les conflits autour du point d'eau et de procéder a Ia reparation de Ia pompe en cas de panne.

Le village avait déjà cotisé les 150 000 FCFA requis pour l'aménagement dun forage dans le cadre du projet PIHVES.

Le village était déjà sensibilisé aux maladies liées a l'eau dues a Ia consommation de l'eau de puisards par exemple.

Les solutions proposées étaient les suivantes:

• Aménager un forage par quartier, ce qui totalisait un besoin des trois forages pour l'ensemble du village. • L'aménagement dune retenue d'eau pour les besoins de l'elevage, principalement l'abreuvement des animaux.

5.1.1.4 Village Bagre Centre Problémes particuliers ou in formations pertinentes

Le village avait déjà cotisé pour l'aménagement d'un forage dans le cadre du projet PIHVES.

Les solutions proposées étaient les suivantes:

• Bagre Zambo: une retenue d'eau pour couvrir les deux quartiers traverses par le cours d'eau, en plus d'aménager un forage et un puits moderne.

• Bagre centre: un forage et Ia rehabilitation de deux puits modernes a grand diamétre dans le quartier Bagré-Centre et reparation du forage de l'école Bagre-Centre dont Ia pompe est défectueuse. 94

5.1.1.5 Village NYAMBO Problémes particuliers ou in formations pertinentes

II existait dans le village deux forages: un forage fonctionnel qui appartient a l'eglise protestante (Les Assemblées de Dieu) et qui fonctionne bien et un deuxième forage non fonctionnel.

Le village avait déjà cotisé pour l'aménagement de 4 forages dans le cadre du projet PIHVES. Durant l'étude un forage était déjà creusé et était en attente d'opération. La population attendait impatiemment pour les trois autres forages.

Les solutions proposées étaient les suivantes:

• Amenagement dun forage additionnel pour un quartier en formation. • Reparation du forage non-fonctionnel. • L'aménagement dune retenue d'eau pour l'élevage, pnncipalement pour l'abreuvement des animaux. • Actions de sensibilisation et vulgarisation portant sur plusieurs aspects lies a l'eau.

5.1.1.6 Village GUINGALE Problémes particuliers ou in formations pertinentes

Durant l'étude, le village avail un seul forage couvrant les quatre quartiers. Un comite de gestion des points d'eau existait pour ce forage. Ce comité fonctionnait assez bien, par contre, ii y avait trop d'usagers qui posaient toujours des problèmes au niveau du seul point d'eau disponible dans is quartier.

Le village avait déjà cotisé pour l'aménagement de deux forages dans deux quartiers (GUINGALE centre et un autre quartier) dans le cadre du projet PIHVES.

La seule solution proposee était Ia suivante:

Le village demandait l'aménagement des deux forages pour les deux quartiers non- desservis actuellement.

5.1.1.7 Village DIRLAKOU Prob!èmes particuliers ou in format ions pertinentes stir le village

C'est un grand village qui n'avait aucun point d'eau lors de Ia réalisation de l'étude. Toute Ia population s'approvisionnait a l'époque dans le barrage de Bagré.

La MOB a refuse Ia presence du projet PIHVES au niveau du village, puisque le village fail partie de sa zone d'intervention.

Le village eat au centre d'intenses activités socio-économiques: • Presence d'un grand nombre de commerçants. • Presence des dolotléres. • Presence des ouvriers des entrepnses locales. 95

• Presence d'un grand nombre de pécheurs. • Presence d'un grand nombre de maraIchers.

Les solutions proposées étaient les suivantes: • Aménagement d'un point d'eau au marché qui était au centre de Dirlakou et un autre point d'eau a Ia cite ouvrière. • Organisation du Comité de Gestion des Points d'Eau en collaboration avec l'ONEA par exemple. II existe déjà quelques personnes-ressources au niveau du marché susceptibles de collaborer a Ia mise en place de différents comités de gestion des points d'eau. • Mise en place dune campagne de sensibilisation visant les maladies liées a t'eau.

5.1.1.8 VIllage GOGNINGA

Problèmes particuliers et in formations pertinentes

It existait dans ce village un problème aigu de manque d'eau de boisson.

Les vendeuses avaient durant Ia période de l'étude besoin d'un forage pour les activités commerciales, puisque ces dernières étaient a Ia base de conflits au niveau de forages existants avec les autres usagers.

Compte tenu des problémes aigus concemant )'approvisionnement en eau potable, les femmes s'élevaient trés tot pour chercher l'eau. Elles rencontralent parfois de mauvais esprits.

Durant Ia saison sèche, Avril-Mai surtout, les femmes n'ont accés au point d'eau (forage) qu'une seule fois par jour. Les membres du comité de gestion des points d'eau travaillaient difficilement, puisqu'il y avait beaucoup des conflits autour des forages.

Les solutions proposées étaient les suivantes:

• Reparation du forage non fonctionnel du village. • Suivi pour acquisition de deux forages (Un forage pour les commerçantes et un autre pour le reste du village). • Actions d'animation, de sensibilisation et de vulgarisation portant sur plusieurs aspects lies a l'eau, dont l'hygiène autour des forages et les maladies liées a l'eau.

5.1.1.9 Village BOCLA Problémes particuliers et in formations pertinentes

II y avait durant le déroulement de l'étude, Ia presence des problèmes d'eau aigus dans le village avec seulement deux puits tradition nets pour les 1100 habitants. Les deux puits avaient été réalisés par Ia mission catholique ii y a 20 ans. II y avait également un puits qui avait éboulé. Le village est enclave par le Nakanbé et ses affluents. II n'y a qu'une petite voie de sortie.

II y avait durant l'étude une forte presence d'Onchocercose causée par Ia consommation de l'eau de bas-fonds. 96

Le village avait déjà cotisé pour l'aménagement do deux forages dans le cadre du projet PIHVES.

La mission catholique avail réalisé une étude technique pour amenager une retenue d'eau. Ce site était propice et une digue y était déjà amenagee.

Les solutions proposées étaient les suivantes:

• Suivi de Ia démarche entreprise pour l'aménagement de deux forages par le projet PIHVES. • Rehabilitation de Ia retenue d'eau déjà amenagée par Ia mission catholique avec le concours de Ia population. • Structuration du comité de gestion des points d'eau en prevision do l'aménagement de deux forages par le projet PIHVES. • Actions d'animation, de sensibilisation et de vulgarisation sur I'eau sur plusieurs aspects lies a l'eau.

5.1.1.10 Village SANGABOULE Que/ques problèmes particulars et in formations pertinentes

II y avail un grand problème de disponibilité d'eau potable dans le village, puisqu'il n'y avail qu'un seul forage pour les six quarliers du village totalisant près de 3215 habitants. II existait un comité de gestion du point d'eau. Le seul forage du village possédait une superstructure.

Le village avail obtenu l'approbation pour l'amenagement de 4 forages sur 8 demandés dans le cadre du projet PIHVES.

Les solutions proposées étaienl les suivantes:

• Suivi de Ia démarche entreprise pour l'amenagement de quatre forages par le projet PIHVES. • Restructuration du comité de gestion des points d'eau en prevision de l'aménagemenl de qualre nouveaux forages. • Actions d'animation, de sensibilisation et de vulgarisation sur les problêmes lies a l'eau.

5.1.2 Lea solutions proposées dans Ia zone autour du lac Barn 5.1.2.1 Village SORGHO-YARCE Problèmes particuliers at in formations pertinentes

Prevalence de certaines maladies Iiées a l'eau principalement Ia bilharziose, a cause de Ia consommation de l'eau de puisards surtout durant Ia saison chaude.

Le village possédait quatre forages dont un venait d'être amenage durant Ia période de I'étude, trois puits modernes (dont deux tarissables) pour une population totale de 814 habitants répartie en trois quartiers.

Le village avail a I'époque un cheptel de 1700 têtes do bétail (bovins, ovins, etc.), ce qui faisait que le 2/3 do l'eau disponible élait consommée par le bétail. 97

II y avait un seul Comité de Gestion des Points d'Eau pour les quatre forages du village.

Les solutions proposées étaient les suivantes:

• Rehabilitation d'un pulls moderne non fonctionnel. • Amenagemenl de trois forages additionnels. • Rehabilitation de (a retenue d'eau, en réfectionnant (a digue pour les besoins d'abreuvage des animaux. • Restructuration du comité de gestion des points d'eau pour lenir compte des besoins particuliers du village en terme d'abreuvement des animaux. • Actions d'animation, de sensibilisation et de vulgarisation sur l'eau.

5.1.2.2 Village SAKOLJ Prob!èmes particuliers et in formations pertinentes

Le village possédait prés de 40 points d'eau, dont sept forages fonctionnels, deux non fonctionnels et trois puits modernes et des puits traditionnels.

Le forage qul se situait dans le quartier de Peuhis étant en panne durant Ia période de l'étude, ces derniers s'approvisionnaient alors dans les puisards.

II y avait également un manque de superstructures autour de plusieurs forages, ce qui favorisait un accès facile aux animaux et aux déchets. Cette situation est souvent a Ia base des maladies (lees a l'eau comme Ia Bilharziose, Ia Diarrhée, etc.

II existait durant Ia période de ('étude un seul comité de gestion des points d'eau pour ('ensemble du viflage. II y avait donc un grand besoin de renforcer ce comité de gestion.

Les solutions proposees étaient les suivantes: • Construction de superstructures autour de forages. • Structuration du comité de gestion des points d'eau. • Actions d'animation, de sensibilisation et de vulgarisation sur les problemes lies a l'eau.

5.1.2.3 Village Loaga Prob!èmes particuliers et in formations pertinentes

Le village possédait six forages, dont trois étaient non fonctionnels, ainsi que deux pulls modemes, dont un fonctionnel et deux boulies. II y avait une grande affluence d'usagers au niveau des points d'eau existants.

On constatait trés clairement une mauvaise organisation et un mauvais fonctionnement du comité de gestion des points d'eau, compose pourtant de sept membres, puisque ('argent cotisé par (a population ne suffisait vraiment pas a résoudre les problémes de pannes.

Selon nos investigations, II était egalement nécessaire de faire le suivi de ('analyse de Ia qualité de I'eau réalisée dans le cadre du mandat 7, pour regler le problème de (a mauvaise qualité de l'eau du forage non exp(oité par Ia population durant (a période concemée. 98

Les solutions proposees étaient les suivantes:

• Amenagement d'une pompe solaire pour les besoins du dispensaire. • Rehabilitation du forage abandonné. • Aménagement d'un forage par quartier pour désengorger les forages existants. • Construction d'un puits moderne qui avait déjâ bénéficié du financement d'un autre projet. • Assister le village dans Ia demarche d'acquisition de nouveaux forages auprès de partenaires au développement. • Rehabilitation du forage abandonné sur Ia base des analyses de Ia qualité de l'eau effectuées dans le cadre des mandats 2.2 et 7 du projet GUCRE. • Structuration du comité de gestion des points d'eau. • Actions d'animation, de sensibilisation et de vulgarisation sur plusieurs aspects lies aux ressources en eau.

5.1.2.4 Village Kora Problèmes particuliers at in formations pertinentes

Le village est divisé en trois parties: Kora-Mossi, Kora-Yarcé et Kora-Peuhls.

Durant Ia période de l'étude, le village était aux prises avec un grand problèrne d'eau potable avec deux forages pour une population de 2035 personnes répartie dans trois quartiers.

II y avait également une mauvaise gestion de fonds qul avait été a Ia base du non- achèvernent du puits modeme abandonné par Ia population du village.

En période chaude, par manque d'eau, toute Ia population se rabattait dans le lac Barn pour les besoins en eau potable et eau domestique.

Le village avait un comité de gestion des points d'eau par quartier.

Les solutions proposées étaient les suivantes:

• Aménagement d'un forage par quartier ('1 forage pour Kora-Mossi, I forage pour Kora-Yarcé et I forage pour Kora-Peuhis) et un forage pour l'école. • Structurer les cornités de gestion des points d'eau et y dispenser une formation. • Mettre en place un programme danimation, de sensibilisation et de vulgarisation sur l'utilisation de l'eau, les maladies hydriques, etc. • Contribuer a Ia protection du lac Barn par Ia mise en place de digues filtrantes. • Le village Kora souhaitait être independant de Ia ville de Kongoussi en ce qui conceme l'artisan réparateur au niveau de forages. • Reparation du puits modeme abandonné et du forage non fonctionnel (Kora- Mossi) • Actions d'animation, de sensibilisation et de vulgarisation visant Ia protection du lac Barn, en collaboration avec l'Association de Protection du lac Barn. Cette campagne de sensibilisation visait trois villages riverains plus un secteur de Ia commune, soient: Badnogho no 1, Tangaye, Kora et Kongoussi secteur no 6. 99

5.1.3 Les solutions proposées dans Ia zone autour de Loumbila-Massili

5.1.3.1 Village Nabdogo

Problèmes particuliers et in formations pertinentes

Les populations du village buvaient I'eau des puits qui n'est pas toujours de bonne qualite. Un autre quartier du village s'approvisionnait en eau de boisson directement dans le barrage de Loumbila.

Comme Ia majorite des paysans du village pratiquent le maraIchage, ils ont de puisards le long du barrage et ils utilisent de temps a autre cette eau comme eau de boisson.

Durant Ia période de l'étude, le village ne détenait qu'un forage qui avait un comité de gestion des points d'eau qui venait d'être mis en place.

Comme Ia majorité de Ia population du village est musulmane, le nombre réduit des points d'eau ne pose vraiment pas de problèmes énormes. Autour des points d'eau, les usagers arrivent toujours a s'attendre au nom de Ia religion.

Le village avait déjà fait une demande de forage a Ia prefecture (demande sans cotisation) qui est restée sans suite jusque-là.

Les solutions proposées étaient les suivantes:

• Amenagement d'un forage pour desengorger le forage actuel qui n'était pas suffisant pour les 600 a 1000 habitants du village, principalement durant Ia saison sèche. • Structuration du comité de gestion des points d'eau • Sensibilisation de Ia population contre les maladies liées a l'eau et l'hygiene du milieu. • Assister le village dans Ia démarche d'acquisition d'un nouveau forage aupres de partenaires au développement ou des instances gouvernementales

5.1.3.2 Village Goundry Problèmes particuliers et in formations pertinentes

Durant notre étude, le village possédait deux forages, l'un construit avec l'aide d'un député, fils du village et l'autre par un partenaire au développement expatrié.

Les deux forages qui étaient fonctionnels. Cependant ne suffisaierit pas aux besoins de Ia population de près de 1500 personnes, repartie dans sept quartiers, y compris les besoins de l'école. II y avait donc trop d'usagers autour des points d'eau.

Le village avait déjà fait une demande de forage auprés des autorités provinciales. Les responsables ont demandé de reprendre Ia demande, parce-qu'elIe était non conforme aux regles établies. La demande a été reprise, par contre elle demeurait sans suite depuis deux ans, a I'epoque de nos travaux sur le terrain. 100

Chaque forage avait un comité de gestion des points d'eau et Ia cotisation était de 1200 Fcfa par famille.

Le village possédait également une retenue d'eau qui subissait a l'époque une forte pression des villages voisins, pour le maraIchage, l'abreuvement des animaux et le prélevement d'eau par des camions citernes.

Les solutions proposees étaient les suivantes:

• Amenagement de deux forages, dont l'un aurait été destine a l'école du village. • Mettre en place un mécanisme de gestion de Ia retenue d'eau. • Structurer le comité de gestion des points d'eau. • Assister le village dans Ia démarche d'acquisition de deux nouveaux forages auprès des partenaires au développement ou des instances gouvernementales • Actions d'animation, de sensibilisation et de vulgarisation sur plusieurs les problemes lies a l'eau.

5.1.3.3 Village Silmiougou

Problemes particuliers et in formations pertinentes

Durant Ia période de l'étude, le village était aux prises avec de graves problèmes d'approvisionnement d'eau. II était compose de 10 quartiers trés disperses.

Le village avait a cette epoque trois forages, un fonctionnel et deux non-fonctionnels (tuyaux perforés).

II est a noter que dans ce village, les mares tarissaient déjà au mois de novembre.

Le forage fonctionnel, trés loin de certains quartiers (jusqu'a 7 km), avait un comité de gestion des points d'eau qul fonctionnait difficilement a cause du grand nombre d'usagers, cet état de chose était a Ia base de plusleurs conflits d'usages.

Le comité de gestion du point d'eau était compose d'un président, d'un secrétaire, d'un trésorier et d'un artisan-mécanicien. Ce comité n'avait pas reçu de formation au depart.

Trois demandes d'acquisition de forages avaient été formulées par le village a Ia prefecture depuis quatre ans (a Ia période de notre étude), sans une suite satisfaisante.

La population du village était sensibilisée a Ia cotisation pour l'acquisitiori de forages.

Le village avait un cheptel important de bétail, avec plus de 20 tétes de moutons par concession, ce qul causait d'énormes problèmes d'abreuvement de ces animaux.

Pour pratiquer le maraichage, les paysans du village étaient obliges d'aller solliciter de parcelles dans les villages voisins. Ils étaient souvent chassés après une bonne récolte. 101

Les jeunes garcons du village ne pouvaient pas se marier avec les jeunes filles d'autres villages a cause du manque d'eau dans le village.

D'autres problèmes aigus étaient également presents dans Ia village comme Ia capacité limitée de l'école, le manque d'un centre de sante et de routes d'accès.

Les solutions proposées étaient les suivantes:

• Assister le village dans Ia démarche d'acquisition d'au moms deux nouveaux forages auprès des partenaires au développement ou des instances gouvernementales. • Aménager une retenue d'eau dans un bas fonds, principalement pour les besoins de maraIchage et d'abreuvement des animaux. • Structurer le comité de gestion des points d'eau, particulièrement pour Ia resolution de conflits. • Mettre en place des actions d'animation, de sensibilisation et de vulgarisation sur divers problèmes lies a l'eau.

5.1.3.4 Village Goué

Problèmes particuliers at in formations pertinentes

Le village n'avait a l'époque que deux forages fonctionnels pour une population de près de 2500 personnes, d'oU Ia presence de conflits permanents entre les différents usagers autour de ces deux points d'eau.

La premiere pnorité du village était l'approvisionnement en eau potable.

Le forage situé, non loin du marché, était achalandé surtout le jour du marché.

Chaque forage a un comité de gestion des points d'eau, par contre, le forage de l'école avait a l'époque un trés faible debit actuellement.

La population était sensibilisée a Ia cotisation destinée a l'acquisition de forages. La cotisation était fixée a 700 Fcfa/femme/année et II y avait de l'argent dans le compte durant Ia durée de notre étude.

Le village avait adressé plusieurs demandes d'acquisition de forages qui étaient demeurées sans suite. Durant I'année de réalisation de notre étude, par exemple, les instances du village avaient rempli quatre formulaires de demande d'acquisition de forage, dont une demande concernait le forage de l'ecole.

Le barrage de Goué est utilisé par six villages avoisinant pnncipalement pour I'abreuvement des animaux et le maratchage.

Les solutions proposées étaient les suivantes:

• Amenagement des deux autres forages. • Rehabilitation du forage du marché. • Rehabilitation du forage de l'école qui avait un debit trés faible. • Rehabilitation du barrage de Goué au niveau de Ia digue. • Structuration de différents comités de gestion des points d'eau. 102

• Mise en place d'une campagne de sensibilisation et de vulgarisation portant sur les maladies liées a l'eau. • Assister le village dans Ia démarche d'acquisition de deux riouveaux forages auprès des partenaires au développement ou des instances gouvernementales. • Actions d'animation, de sensibilisation et de vulgarisation sur plusieurs aspects lies a l'eau.

Compte tenu des contraintes économiques, financières, techniques et sociales, toutes les solutions proposées par les parties prenantes, comme nous l'avons souligné precedemment ne pouvaient être implantées. II était alors important de procéder a une evaluation des solutions par l'ensemble des parties prenantes. C'est l'objet de Ia section suivante. 103

5.2 Validation des solutions proposées par l'ensemble des parties prenantes

Dans le but de faire participer l'ensemble des parties prenantes au choix des solutions définitives a implanter, les étapes suivantes sont considérées:

(1) Identification des enjeux et objectifs Modélisation des préférences >' et elaboration des actions potentielles (solutions a partir des rencontres-causeries et des seances participatives d'information

La démarche consistait a planifier des rencontres-causeries ou des seances participatives d'information plusieurs journées d'avance, afin de s'assurer d'une participation massive des populations villageoises. Le but de chaque rencontre devrait étre vulgarisé a l'ensemble de Ia population par le truchement des autorités villageoises, des animateurs(trices) et des personnes antennes.

Une rencontre-causerie démarrait toujours par Ia presentation de l'objet de a rencontre. Par Ia suite, ii était question de presenter une nouvelle fois les solutions proposées au niveau de Ia Table Ronde et entérinees lors des rencontres de restitution dans les villages, suivies des explications sur le bien fondé de chaque solution en rapport avec les conflits identifies au niveau du village. L'étape subsequente consistait alors a écouter les points de vue des parties prenantes et enfin. II était notamment question d'énumérer les solutions retenues avec une argumentation qui devrait faire t'unanimite, en tenant compte des points de vue de l'ensemble des parties prenantes. Cette dernière étape constituait une forme de modélisation des préférences et d'élaboration des actions potentielles en méme temps.

Au niveau de a démarche, cette premiere étape permettait de réduire lensemble de solutions a un nombre plus petit, constituant les solutions potentielles compte tenu des enjeux en presence.

(2) Evaluation des actions potentielles (solutions potentielles) et Comparaison des actions (agregation des préférences)

L'évaluation des solutions potentietles et Ia comparaison de celles-ci entre—elles (agrégation des préférences) etaient realisées par les membres de l'équipe de projet sur Ia base de trois critères de base. Le choix de ces trois critéres était effectué sur Ia base, d'une part, des préférences de l'ensemble des parties prenantes et d'autre part, en tenant compte des contraintes organisationnelles et techniques du projet ou encore de l'étude. Le choix définitif de critères avait ete bien expliqué a l'ensemble des parties prenantes. Les trois cntères choisis étaient les suivants: le coOt d'implantation de Ia solution; Ia contribution de Ia solution Ia resolution du(des) conflit(s) d'usages des ressources en eau; et les ressources financières disponibles dans le cadre de Ia réalisation du projet GUCRE. 104

5.3 Analyse de faisabilité des solutions proposées L'analyse de faisabilité constituait une suite logique de l'étape précedente. Elle a été réalisée par catégorie de solutions: les solutions portant sur I'animation, Ia sensibilisation et Ia vulgarisation des populations; les solutions concernant Ia restructuration des CGPE et les solutions d'accompagnement.

5.3.1 Faisabillté concernant Ia mise en des solutions portant sur l'animation, a sensibilisation et Ia vulgarisation

Les actions d'animation, de sensibilisation et de vulgarisation devraient être implantées dans le cadre d'un processus a moyen et long termes dans Ia perspective de pérenniser les acquis, a savoir, le changement de comportements et d'habitudes des populations sur le terrain. Elles devraient donc se réaliser dans le cadre d'une strategie de communication participative. En plus des coUts de réalisation de chaque action et des investigations organisationnelles, I'analyse de faisabilité consistait a évaluer l'impact des actions potentielles sur I'atténuation ou lélimination des conflits lies a l'eau. Dans Ia démarche, il s'agissait d'échanger et de discuter en vue de permettre aux populations de choisir les activités de communication participative les plus appropriées.

Les différentes activités de communication potentielles considérées étaient les suivantes: les rencontres-causeries, les seances participatives d'information, les projections de videos, le théâtre forum, les emissions a Ia radio, les voyages d'echanges. La réalisation cle chacune d'entre elles avait alors ete discutée, pré- testée et choisie par les populations de Ia base.

5.3.2 Faisabilite de Ia Structuration de Comités de Gestion des Points d'Eau

Les étapes utilisees étaient les suivantes:

Premiere étape: Procéder a une observation du fonctionnement de comités de gestion des points d'eau existants

Cette étape concernait l'observation du fonctionnement de comités de gestion des points d'eau opérationnels a partir du guide d'entretien spécifique sur les comités de gestion de points d'eau êlaboré par l'equipe de projet. Le travail avait ete réalisé sur le terrain par les animateurs(trices) du projet GUCRE.

Deuxième étape: Poser un diagnostic sur le fonctionnement de comités de gestion des points d'eau dans les villages

II s'agissait ici de poser un diagnostic sur le fonctionnement actuel de comités de gestion des points d'eau a partir des informations collectées a l'aide du guide d'entretien specifique sur les comités de gestion des points d'eau.

Troisième étape: Elaboration d'un nouveau modèle de structuration, de mise en place et de fonctionnement de comités de gestion des points d'eau dans les villages axe sur le management villageols.

Après avoir pose le diagnostic sur le fonctionnement de comités de gestion des points d'eau, ii était question d'élaborer sur Ia base de I'existant, du tissu sociocufturel et du management villageois, un nouveau modèle de CGPE. 105

Quatrième étape: Mettre en place une procedure d'implantation et de fonctionnement de CGPE, avec Ia participation de l'ensemble des parties prenantes, a savoir, les populations de Ia base, des instances villageoises et administratives du village, du département, de Ia province et du Ministère en charge du secteur de l'eau et les partenaires au développement.

5.3.3 Faisabilité portant sur les infrastructures hydrauliques

1. Rehabilitation d'ouvrages non-fonctionnels (forage, puits modernes, retenues d'eau).

Les étapes considérées dans Ia réalisation de cette analyse de faisabilité étaient les suivantes: • Evaluer Ia nature de Ia panne. • Lister les outils, équipements et matériels nécessaires. • Evaluer les operations techniques a realiser: o Temps de travail par operation; o Nombre de personnes par operation. • Evaluer le temps total de réalisation du travail. • Mettre en place un calendrier de réalisation des operations. • Determiner le coUt total de l'opération. • Determiner Ia contribution du village en temps travail et en matériels. • Determiner le fonds a débourser par le projet GUCRE pour Ia réalisation des operations.

2. Réalisation d'un nouvel ouvrage d'eau:

• Evaluer Ia nature du point d'eau a aménager (par exemple Ia réalisation d'un forage positif) a partir des etudes géophysiques. • Lister les outils, équipements et matériels nécessaires. • Evaluer les operations techniques a réaliser: o Temps de travail par operation; o Nombre de personnes par operation. • Evaluer le temps total de réalisation du travail. • Mettre en place un calendrier de réalisation des operations. • Determiner le coUt total de l'opération. • Determiner Ia contribution du village en temps travail et en matériels. • Determiner le fonds a débourser par le projet GUCRE pour Ia réalisation des operations.

3. Construction de superstructures (comprenant l'abreuvoir) autour de différents points d'eau: • Concevoir le modèle de Ia superstructure a réaliser. • Evaluer les matériaux a utiliser. • Evaluer le temps de réalisation de Ia superstructure. • Mettre en place un calendrier de réalisation des operations. • Determiner le coUt total de l'opération. • Determiner Ia contribution du village en temps travail et en matériels. • Determiner les fonds a débourser par le projet GUCRE.

Les résultats de différentes analyses de faisabilité sont présentés a Ia section suivante. 106

Les solutions retenues Les solutions retenues aprés analyse de faisabilité, sont présentés par zones d'étude et par village dans les tableaux 12, 13 et 14. 107

Tableau 12 : Solutions définitives retenues apres analyse de faisabUité : Zone du barrage de Bagré Villages Solutions retenues Bankako Solution 1: Structuration de comites de gestion des points d'eau Solution 2 : Actions danimation, de sensibilisation et de vulgarisation sur différents aspects lies a l'eau ZABO Solution 1: Structuration de comités de gestion des points d'eau Solution 2: Suivi de Ia démarche dacquisition de forages Solution 3: Actions d'animation, de sensibilisation et de vulgarisation

PATA Solution 1: Structuration de comités de gestion des points deau Solution 2: Suivi de Ia démarche d'acquisition de forage auprès du projet PIHVES Solution 3: Actions d'ariimation, de sensibilisation et de vulgarisation Solution 4: laménagement dune retenue d'eau pour les besoins d'élevage dabreuvement des animaux.

Bagre Centre Solution 1: Rehabilitation du forage de lécole Solution 2: Suivi de Ia démarche d'acquisition de forage auprès du projet PIHVES Solution 3: Actions d'animation, de sensibilisation et de vulgarisation Solution 4: Structuration de comités de gestion des points d'eau

NYAMBO Solution 1: Structuration de comites de gestion des points d'eau Solution 2: Reparation du forage non fonctionnel (evaluer Ic coOt de l'opération) Solution 3: Suivi de Ia dCmarche d'acquisition de forage aupres du projet PIHVES GUINGALE Solution 1: Structuration de comités de gestion des points d'eau Solution 2: SuM de Ia démarche entreprise par le village pour raménagement de deux forages par le projet Pli-IVES Solution 3: Actions d'animation, de sensibilisation et de vulgarisation DIRLAKOU Solution 1: Structuration de comités de gestion des points d'eau Solution 2: Suivi de Ia dCmarche d'aménagement de deux forages par Ic PIHVES Solution 3: Actions d'animation, de sensibilisation et de vulgarisation GOGNIGA Solution 1: Possibilité d'aménager un nouveau forage Solution 2: Aménagement de labreuvoir du forage de l'école Solution 3: Amenagement d'une superstructure du deuxième forage Solution 4: Actions d'animation, de sensibilisation et de vulgarisation Solution 5: Structuration de comités de gestion des points d'eau

BOCLA Solution 1: Rehabilitation de Ia retenue d'eau déjà aménagée par Ia mission catholique avec le concours de Ia population. Solution 2: Structuration du comité de gestion des points d'eau en prevision de lamenagement de dew forages par Ic projet PIHVES. Solution 3: Actions danimation, de sensibilisation et de vulgarisation.

SANGABOULE Solution 1: Suivi de Ia démarche entreprise pour l'aménagement de quatre forages par le projet PIHVES. Solution 2: Restructuration du comité de gestion des points d'eau en prevision de laménagement de quatre nouveaux forages par le projet PIHVES. Solution 3: Actions d'animation, de sensibilisation et de vulgarisation. 108

Tableau 13: Solutions définitives retenues après analyse de faisabilité: Zone du lac Barn

Villages Solutions retenues SORGHO- Solution 1: Analyser Ia possibHité de réhabiliter Ia retenue deau pour les YARCE besoins de l'hydraulique pastorale (abreuvement des animaux) dans Ic but de solutionner le grand probléme d'abreuvement des animaux du village Solution 2: Amenagement dune superstructure autour du nouveau barrage. Solution 3: Restructuration du comité de gestion des points d'eau pour tenir compte des besoins particuliers du village en terme d'abreuvement des animaux. Solution 4: Actions d'animation, de sensibilisation et de vulgarisation. SAKOU Solution 1: Construction de superstructures autour de différents points d'eau Solution 2: Structuration du comité de gestion des points d'eau Solution 3: Actions d'animation, de sensibilisation et de vulgarisation.

LOAGA Solution 1: Rehabilitation du forage abandonné sur Ia base des analyses de (a qualité de l'eau effectuées dans le cadre des mandats 2.2 et 7 du projet GUCRE. Solution 2: Structuration du comlté de gestion des points d'eau Solution 4: Actions d'animation, de sensibilisation et de vulgansation KORA Solution 1: Amenager un forage a Kora-Peulhs Solution 2: Réhabiliter Ia superstructure du forage de Kora-Yarcé Solution 3: Réhabiliter Ia superstructure du forage de Kora-Mossi Solution 4: Restructuration de comités de gestion des points d'eau pour tenir compte du cllvage entre les quartiers Solution 5: Actions d'animation, de sensibilisation et de vulgarisation Solution 6: Actions d'animation, de sensibilisation et de vulgarisation visant (a protection du lac Barn Cette solution sera misc en cauvre avec Ia collaboration de l'Association de Protection du lac Barn. La campagne de sensibilisation vise trois villages riverains plus un secteur de Ia commune, solent: Badnogho no 1, Tangaye, Kora et Kongoussi secteur no 6. 109

Tableau 14: Solutions définitives retenues après analyse de faisabilité : Zone de Massili-Loumbila

Villages Solutions retenues Nabdogo Solution 1: Structuration du comité de gestion des points d'eau Solution 2: Actions d'animation, de sensibilisation et de vulgarisation Des actions de sensibilisation spéciales se passeront egalement autour du barrage de Loumbila avec les conflits y existants et les maladies liées a l'eau. Solution 3: Contacter Ia direction de l'hydraulique du Ministère sur les problèmes particuliers de Nabdogo.

Goundry Solution 1: Structuration du comitC de gestion des points d'eau Solution 2: Actions de sensibilisation et de vulgarisation Solution 3: Mettre en place un plan de gestion de Ia retenue d'eau de Goundry Sllmlougou Solution 1: Amenagement d'un forage Solution 2: Aménagement d'une retenue pnncipalement destinée a l'abreuvement des animaux Solution 3: Structuration du comité de gestion des points deau Solution 4: Actions de sensibilisation et de vulgarisation

Goué Solution 1: Rehabilitation de Ia superstructure du forage de l'école (Quartier Kankaguin) Solution 2: Rehabilitation complete du forage du marché Solution 2: Reparation de Ia digue du barrage Goué par déventuels travaux de reparation. Solution 3: Structuration du comité de gestion des points deau, avec une attention particulière accordée a Ia gestion du barrage de Goué. Solution 4: Actions d'animation, de sensibilisation et de vulgarisation 110

5.4 Organisation de Ia participation des parties prenantes dans I'implantation des solutions

Dans Ia partie coriceptuelle de Ia démarche participative élaborée dans le cadre de notre étude, ii était question de presenter une recommandation a l'initiateur du projet, ic les populations concernées. Cette recommandation est normalement constituée, dans Ia cas present, de l'ensemble des solutions retenues qu'il faut implanter avec Ia participation et l'implication des parties prenantes. Comme les conflits d'usages identifies étaient de nature sociale, technique, avaient trait aux aspects socio-sanitaires, pour arriver a mettre en place des solutions pérennes, ii était essentiel de travailler prioritairement sur des strategies d'intervention qui visaient les changements de mentalités, d'habitudes et de comportements des parties prenantes concernées, de responsabilisation de Ia population a Ia base, en faisant participer activement les populations concemées a l'implantation des solutions retenues.

Pour tes solutions nécessitant des activités de communication participative, comprenant celtes Iiees a Ia reorganisation des CGPE, ii s'agissait d'impliquer les parties prenantes a Ia conception, a Ia planification et a Ia réatisation de ces activités, a l'occurrence, les rencontres-causeries, (a théãtre forum, les voyages d'échange, les projections video, Ia formation des animateurs, des personnes antennes, lorganisation des assemblées viltageoises, I'organisation de cadre de concertation, rorganisation du Forum Technique et de Communication sur (a CGPE.

En ce qui concerne les solutions d'accompagnement, il s'agissait de mettre en place certains mécanismes permettant aux populations de participer aux activités d'implantation des infrastructures hydrauliques, comme Ie ramassage de sable, de gravier, le moellon, les travaux non spécialises, etc.

Aprés le choix des solutions défunitives et Ia formalisation de Ia participation des parties prenantes, ii s'agissait d'implanter effectivement Ies solutions retenues dans les sites de réalisation du projet. C'est l'objet du chapitre suivant.

111

6. IMPLANTATION DES SOLUTIONS RETENUES DANS LES SITES DE REALISATION DU PROJET

Deux alternatives étaient alors considérées pour chacune des solutions retenues par village : (i) Implanter Ia solution avec le financement CRDI disponible dans le cadre du projet actuel; (ii) Rechercher d'autres bailleurs de fonds ou travailler avec les instances gouvernementales ou d'autres partenaires au développement déjà opérationnels dans le même terroir pour l'implantation de certaines solutions.

C'est dans cette perspective que cette étape de réalisation du projet GUCRE a coIncidée avec le financement du Programme d'Appui aux Communications Sociales (PACS)19 et Ia deuxième phase CR01. Le projet avait egalement bénéficié, plus tard, du Fonds Canadien d'lnitiatives Locales (FCIL) pour l'aménagement d'un forage dans le village Kora-Peuhls.

La deuxième phase CRDI, intitulée Resolution des conflits d'usages des ressources en eau au Burkina a démarré ses activités au mois de juillet 2001 pour une durée de deux ans.

Deux objectifs principaux sont poursuivis dans cette deuxième phase, laquelle consolide en quelque sorte les acquis de Ia premiere phase:

(1) solutionner sur Ia base de Ia communication participative pour le développement, les conflits d'usages des ressources en eau identifies sur le terrain en faisant face au manque d'eau, a Ia mauvaise gestion des points d'eau existants, au manque de communication entre les usagers et a Ia non appropriation des ouvrages d'eau par les populations locales.

(2) Transférer le savoir et les connaissances acquises dans un petit nombre de villages vers un plus grand nombre de villages du bassin du Nakanbe ainsi que dans d'autres zones du Burkina Faso.

Pour réaliser l'arrimage et créer une espéce de synergie entre les différentes sources de financement, nous avions mis en place un plan commun de réalisation des activités sur le terrain. Sur Ia base de cette synergie, trois types d'actions d'implantation avaient alors été réalisés: (i) l'implantation des solutions d'accompagnement principalement dans les villages modèles; (ii) l'implantation de solutions visant les activités de communication participative; (iii) limplantation des solutions visant Ia restructuration des Comités de Gestion des Points d'Eau.

Pour une question d'equite, le principe de base adopté par Ia direction du projet était d'implanter au moms une solution par village choisi.

En avril 2001, le projet CEDRES/L 'Industrielle de / 'Environnement a obtenu unfinancement du PACS pour la réalisation d'un projet intitulé (( Programme de Resolution des confluts d 'usages des ressources en eau par la communication participative pour le déve/oppement9. Ii porte essentiellement sur Ia réalisation de certaines activités de communication participative et / 'implantation de que/ques actions d'accompagnement dans Irois villages: Goué, Loaga el Gogninga.. 112

6.1 L'implantation des solutions d'accompagnement

Comme souligne précédemment, dans le cadre de Ia réalisation du projet GUCRE, les actions d'accompagnement avaient ete considèrées dens le but d'encourager les populations a participer aux travaux de Recherche-Action menés sur le terrain. Compte tenu de fonds disponibles, elles n'ont principalement ete implantées que dans les villages-modèles.

L'implantation des actions d'accompagnement avait donc démarré au niveau des villages modeles et des deux villages addftionnels, Bagre-Centre, et Silmiougou, ces deux demiers étaient specialement choisis dans le cadre du financement PACS.

Qu'est-ce que nous entendons par village-modéle?

La réalisation des activités du projet GUCRE étant limitee en milieu rural dens quelques villages-echantillon, nous avions mis en place le concept de Village- 20>) modéle dens le but de transférer les experiences et les savoirs-faire développés dens un petit nombre de villages vers un plus grand nombre des viHages du bassin du Nakanbé et pourquoi pas dans d'autres zones du Burkina Faso, a l'aide dun mécanisme de transfert de savoir-faire.

Pour avoir ce type de village, nous avions choisi parmi les 19 villages faisant partie du projet GUCRE, trois villages (un village par zone d'étude) dans lesquels nous devrions implanter des actions susceptibles de permettre l'atteinte des standards fixes dans le cas d'un village modèle.

Le choix du village modéle était base sur les cntères suivants: l'emplacement geographique du village; Ia proximité des autres villages; l'accessibilite; le niveau d'implication du village dens le projet GUCRE; les ressources en eau (nombre des points d'eau existants); Ia presence de conflits entre les différents usagers; le niveau d'implication des parties prenantes a Ia resolution des conflits reels ou potentiels.

Après plusieurs consuftations, evaluations et analyses, les trois villages modéles choisis sont présentés dans le tableau 15.

Tableau 15: Les villages modèles choisis dans le cadre du projet GUCRE Sous-bassin du bassin du Nakanbe Villages modèles Loumbila-Massili Goué Lac Barn Loaga Barrage de Bagre Gogninga

20Le prrnc.pe di, village-modele est decnt au dernier chapitre di, rapport. 113

Le tableau 16 présente l'ensemble des actions d'accompagnement implantées dans les trois villages modèles en synergie entre les deux sources de financement, en plus de trois autres villages Bagre-Centre, Silmiougou et Kora-Peuhls qul ne sont pas de villages modèles, mais faisant partie du financement PACS et du FCIL.

Tableau 16 : Les actions d'accompagnement implantées dans les trois villages modèles et les villages Bagre-Centre, Silmiougou et Kora-Peuhis Villages Couple Balileurs de fondslActions d'accompagnement Implantees dans lee trois villages modèles et dans d'autres villages CRDI PACS Goué • Construction d'une • Rehabilitation superstructure dans le complete du forage forage de l'école dans du marché le quartier Kankaguin

Loaga • Construction d'une superstructure avec abreuvoir (Forage) Rehabilitation d'une superstructure avec abreuvoir (Puits moderne) Gogninga • Construction d'une • Construction dune superstructure avec superstructure avec abreuvoir dans le abreuvoir au niveau quartier Dango du forage de l'école

Les autres villages Bagre- • Rehabilitation Centre complete du forage de_l'école Silmiougou • Réalisation d'un forage positif Kora • Realisation d'un forage positif a Kora- Peuhls avec le financement du Fonds Canadien d'lnitiatives Locales (FCIL) 114

Les sections suivantes présentent les details sur l'implantation des actions d'accompagnement dans les 6 villages. Dans cette presentation, une attention particutière est accordée au niveau de Ia participation des populations de Ia base, puisque cet aspect est un des points importants qul facilitent I'appropriation des ouvrages d'eau implantés par les bénéficiaires.

• L'implantation des actions d'accompagnement dans le village GOUE

Deux actions d'accompagnement ont été implantees a Goué. II s'agit d'une rehabilitation complete avec abreuvoir du forage du marché et Ia rehabilitation de Ia superstructure du forage de I'école dans le quartier Kankaguin.

Le coOt total de rehabilitation du forage du marché était de 1.317.500 FCFA comprenant les travaux de soufflage, l'installation dune nouvelle pompe Pompe INDIA 11*, avec un cylindre en INOX; l'installation d'une tuyauterie en acier inoxydable (INOX), Ia construction de Ia superstructure avec abreuvoir et puits perdu21, ainsi que Ia contribution villageolse.

Le coOt total de construction de Ia superstructure implantee au niveau du forage de l'école dans le quartier Kankaguin était de 665.000 FCFA. Ce coOt comprend Ia construction de Ia superstructure avec abreuvoir et puits perdu (achat de ciment ordinaire de type CPA 45, de Planches Samba de 30/4, de Pointes de barre de fer de 80/10, de Contre plaque, Ia main specialisée), ainsi que Ia contribution villageoise.

Les tableaux 17 et 18 présentent Ia contribution villageoise dans Ia mise en place de ces deux ouvrages d'eau.

Tableau 17: Contribution vlllageoise pour Ia Rehabilitation du forage marché de Goué

Designations Unite Quantités Prix Total unitaire (FCFA) (FCFA) Sable Voyage 2 22.500 45.000 Gravier Voyage 1 30.000 30.000 Moellon Voyage 0,5 15.000 7.500 Main (5 pers/jour) Jour 10 5.000 50.000 Puits perdu Unite 1 15.000 15.000 Hébergement Jour 10 10.000 100.000 TOTAL Contribution 247.500

"Nous avons conçu. dims le cadre des travaux d'implanlanon duprofet GUCRE, un nouveau modEle de superstructure pour tunEr compte des inconvénients causes par Ia majorite de superstructures actuelles. 115

Tableau 18 : Contribution villageoise pour Ia construction d'une Superstructure dans le quartier Kankaguin

Designations Unite Quantités Prix unitaire Total (FCFA) (FCFA) Sable Voyage 2 22.500 45.000 Gravier Voyage 1 30.000 30.000 Moellon Voyage 1 15.000 15.000 Main (5 pers/j) Jour 10 5.000 50.000 Puits perdu Unite 1 15.000 15.000 Hébergement Jour 10 10.000 100.000 TOTAL Contribution 255.000

• Implantation des actions d'accompagnement dans le village LOAGA

Deux actions d'accompagnement avaient ete implantées a Loaga. II s'agit de Ia rehabilitation de Ia superstructure d'un forage et de Ia construction d'une superstructure avec abreuvoir et puits perdu au niveau d'un puits moderne.

Le coOt total de construction de deux superstructures implantées était de 1.230.900 FCFA. Ce coOt comprend Ia construction de Ia superstructure avec abreuvoir et puits perdu (achat de ciment ordinaire de type CPA 45, de Planches Samba de 30/4, de Pointes de barre de fer de 80/10, de Contre plaque, Ia main d'ceuvre spécialisée), ainsi que Ia contribution villageoise.

Les tableaux 19 et 20 présentent Ia contribution villageoise dans Ia rehabilitation de ces deux superstructures.

Tableau 19: Contribution vlllageoise dans Ia rehabilitation de Ia superstructure du forage

Designations Unite Quantités Prix unitaire Total (FCFA) (FCFA) Sable Voyage 2 22.500 45.000 Gravier Voyage 1 30.000 30.000 Moellon Voyage 1 15.000 15.000 Main (5 pers/jour) Jour 10 5.000 50.000 Puits perdu Unite 1 15.000 15.000 Hebergement Jour 10 10.000 100.000 TOTAL Contribution 255 .000 116

Tableau 20: ContrIbution villageoise dans Ia construction de Ia superstructure

Designations Unite Quantités Prix unitaire Total (FCFA) (FCFA) Sable Voyage 2 22.500 45.000 Gravier Voyage 1 30.000 30.000 Moellon Voyage 1 15.000 15.000 Main (5 pers/jour) Jour 10 5.000 50.000 Puits perdu Unite 1 15.000 15.000 Hebergement Jour 10 10.000 100.000 TOTAL Contribution 255.000

• Implantation des actions d'accompagnement dans le village de GOGNINGA

Une action d'accompagnement avalt ete implantée a Gognigna. II s'agissait de Ia rehabilitation de Ia superstructure du forage du quartier Dango.

Le coOt total de construction de Ia superstructure implantée était de 653.500 FCFA. Ce coUt comprend Ia construction de Ia superstructure avec abreuvoir et pulls perdu (achat de ciment ordinaire de type CPA 45, de Planches Samba de 30/4, de Pointes de barre de fer de 80/10, de Contre plaque, Ia main spécialisée), ainsi que Ia contribution villageoise.

Le tableau 21 présente Ia contribution villageoise dans Ia mise en place de Ia superstructure.

Tableau 21: Contribution villageoise pour Ia rehabilitation d'une superstructure

Designations Unite Quantités Prix unitaire Total (FCFA) (FCFA) Sable Voyage 2 22.500 45.000 Gravier Voyage 1 30.000 30.000 Moellon Voyage 1 15.000 15.000 Main (5 pers/j) Jour 10 5.000 50.000 Puits perdu UnIte 1 15.000 15.000 Hebergement Jour 10 10.000 100.000 TOTAL Contribution 255.000 117

6.2 Implantation des actions de sensibdisation et de vulgarisation Pour solutionner principalement les conflits d'usages (potentiels et reels) de nature sociale et socio-sanitaire, ii était essentiel de travailler sur Ia mise en place d'un processus a court, moyen et long termes visant le changement de mentalités, d'habitudes et de comportements, sans perdre de vue Ia responsabilisation de Ia population a Ia base.

Le processus utilisé faisait partie intégrante de Ia stratégie de communication participative du projet. II s'agissait d'impliquer et de faire participer les populations de Ia base ou certains groupes specifiques a Ia comprehension du pourquoi de Ia presence de conflits et a Ia mise en place de solutions, ceci étant susceptible d'aider Ia population a s'approprier et a prendre en charge les points d'eau villageois.

Sur Ia base de Ia stratégie de communication du projet, Ies principales actions de communication participative implantees les suivantes: les rencontres-causeries; les seances participatives d'information avec les series GRAPPE; les projections videos; les voyages d'échanges; les emissions a Ia radio et; l'implantation des pancartes.

6.2.1 Réalisation des rencontres-causeries

Dans Ia stratégie de communication participative préconisée, une rencontre-causerie est définie comme une activité de communication permettant a une categorie de parties prenantes (groupes spécifiques ou encore groupes cibles), telles que les femmes ou les jeunes files d'echanger sur un theme qui permet d'avancer vers l'atteinte d'un objectif de communication visé. Le theme de Ia rencontre-causerie doit être défini en fonction de Ia preoccupation choisie par le groupe cible pour créer l'intérêt et progresser vers Ia resolution de conflits ou encore vers Ia responsabilisation de Ia population en rapport avec Ia gestion des ressources en eau du village.

Le succès dans Ia réalisation d'une rencontre-causerie dépendait de Ia planification des tâches préparatoires: choix et validation du sujet ou theme, choix de l'emplacement, i'heure de Ia tenue, Ia durée de Ia rencontre-causerie.

Pour contribuer a l'atténuation ou mieux a l'éliminatiori d'un conflit, durant une rencontre causerie, ii était essentiel de susciter des echanges entre les participants sur le vécu de conflits et les mesures ou dispositions a prendre pour les éviter. Dans Ia démarche, i'animateur devrait écouter I'assistance et accorder un veritable intérêt a chaque intervention. A Ia fin, il était question d'arriver a une forme de compromis sur les actions a poser ou a entreprendre dans le processus de resolution des problèmes soulevés. Ces actions devraient être décidées par les participants.

Dans le cadre de Ia mise en cauvre des actions de sensibilisation et de vulgarisation, une série de rencontres causeries avait été planifiée sur une période de quatre mois et avait été considérée comme point de depart dans Ia réalisation des activités de communication participative susceptibles de solutionner Ies conflits lies a l'eau de nature sociale et socio-sanitaire identifies. C'est a partir de ces rencontres-causeries que d'autres activités de communication, telles que les théâtres forum, les emissions radio, les voyages d'échanges, les projections video avaient ete considérées et validées par les populations dans Ies six villages modèles choisis pour des raisons d'efficacité. 118

Par Ia suite, des activités de communication participative destinees a transférer le savoir-faire et les experiences en matière de resolution de conflits développés dans quelques villages vers un plus grand nombre de villages dans le bassin du Nakanbé et ailleurs dens lea autres bassins, devraient être mises en place progressivement.

Dens le but de capitaliser sur les informations a recueillir durant les rencontres- causeries dans les villages et faciliter en même temps le travail a réaliser, un guide portant sur les themes potentiels des rencontres-causeries et leur contenu avait ete mis a Ia disposition des animateurs (trices).

Pour amorcer l'ensemble de Ia démarche, un theme de depart avait ete choisi, validé, pré-testé et accepté par les populations. 119

6.2.1.1 Validation et planification des seances des rencontres causeries avec les populations des six villages retenus Kora, Loaga, Goué, Silmiougou, Bagré-Centre et Gogninga

Procedure de validation de différents themes des rencontres-causeries Sur le plan operationnel, les rencontres-causeries avaient démarré dans tous les six villages modèles avec un premier theme intitulé Echanges autour des problèmes lies aux forages constituant en quelque sorte l'axe central sur lequel était focalisé l'ensemble des objectifs de communication poursuivis par Ia strategie de communication. Au debut du processus, ce theme avait été validé auprès des chefs traditionnels (chefs de villages et chefs coutumiers), des responsables administratifs ainsi qu'auprès de quelques personnes ressources (leaders) dans les six villages, avant de faire l'objet d'échanges au niveau des groupes cibles potentiels. II s'agissait des groupes des leaders, des hommes et des femmes. C'est a Ia suite des discussions sur ce premier theme qu'un ensemble des problèmes communicationnels, portant sur Ia gestion des infrastructures hydrauliques notamment les forages, avait été dégagé et retenu dans chaque village. Lesdits problèmes avaient été reformulés sous forme de themes de discussion susceptibles de contribuer a l'atteinte des objectifs de communication visés dans chaque village. Tous les themes retenus avaient été pré-testés et validés de manière participative avec les autres groupes conformément a Ia stratégie de communication. Un calendrier de réalisation avait alors ete validé et accepté par les groupes cibles choisis.

Enfin les ressources nécessaires avaient été affectées a Ia tenue de différentes rencontres-causeries planifiées avec Ia participation de l'ensemble des parties prenantes. Les tableaux 22, 23 et 24 présentent, par zone, le calendrier de réalisation des rencontres-causeries. Chaque tableau présente le village, Ia période de réalisation, les themes choisis et les groupes cibles visés. 120

Tableau 22: Calendrier des Rencontres-causeries pour les villages KORA et LOUAGA Village Période Themes Groupes cibles 1. autour des problèmes Leaders hommes et femmes lies aux forages 15 décembre au 15 janvier 2. Disputes autour des points d'eau Femmes, jeunes filles 3. Implication des femmes dans les Leaders, femmes réfiexions et decisions en matière d'eau Rencontre synthèse Leaders, femmes, hommes, ieunes filles KORA 4. Connaissances en matière Membres des CGPE 15 janvier au 15 d'entretien des points d'eau février 5. La non concertation comme Leaders, hommes, femmes cause de I'insuffisance des points d'eau. Rencontre synthése Membres des CGPE, Leaders, hommes, femmes 15 février au 15 6. Implication des leaders dans les Leaders, hommes, femmes mars discussions et decisions en matière d'eau. 7. Paiement de I'eau et gestion des Hommes, femmes, jeunes, revenus issus de Ia vente d'eau membres des CGPE 8. Appropriation des forages par Leaders, hommes, femmes les populations Rencontre synthése Leaders, hommes, femmes, jeunes, membres CGPE 15 mars au 15 9. Hygiene autour des points d'eau Toute Ia population avril et maladies liées a l'eau hommes, femmes, jeunes, membres CGPE Rencontre synthèse Toute Ia population horn mes, femmes, jeunes, membres CGPE, etc. 121

Village Période Themes Groupes cibles 1. Echanges autourdes Leaders hommes et problémes lies aux forages fern mes

15 décembre 2. Disputes autour des points Femmes, jeunes flues au 15 janvier d'eau 3. Implication des femmes dans Leaders, femmes, hommes les réflexions et decisions en matière d'eau Rencontre synthèse Leaders, femmes, hommes, jeunes flues 15 janvier au 4. Connaissances en matière Membres des CGPE 15 février d'eritretien des points d'eau 5. La non concertation comme Leaders, hommes, femmes cause de I'insuffisance des points d'eau. Rencontre synthèse Membres des CGPE Leaders, hommes, femmes LOAGA 15 février au 6. Implication des leaders dans Leaders, hommes, femmes 15 mars les discussions et decisions en matière d'eau. 7. Paiement de l'eau et gestion Hommes, femmes, jeunes, des revenus issus de Ia vente membres des CGPE d'eau 8. Appropriation des forages par Leaders, hommes, femmes les populations Rencontre synthèse Leaders, hommes, femmes, jeunes, membres CGPE 15 mars au 9. Hygiene autour des points Toute Ia population 15 avril d'eau et maladies Iiées a l'eau hommes, femmes, jeunes, membres CGPE Rencontre synthèse Toute Ia population hommes, femmes, jeunes, membres CGPE 122

Tableau 23 Calendrier des Rencontres-Causeries pour les villages GOUE et SILMIOUGOU Village Période Themes Groupes cibles 10 janvier au 1. Echanges autour des Leaders hommes et 10 février problèmes lies aux forages femmes 2. Disputes autour des points Femmes, commerçantes, d'eau jeunes filles, éleveurs 3. Le paiement de I'eau du Femmes, commerçantes, forage CGPE, Rencontre synthèse Leaders hommes et femmes, commerçantes, hommes, éleveurs, jeunes GOUE filles, CGPE 10 février au 4. Implication des femmes dans Femmes, leaders, CGPE, 10 mars les réflexions et decisions en horn mes matières d'eau Rencontre synthése L'ensemble des groupes cibles concernés par le theme 4. 10 mars au 5. Hygiene autour des points Toute Ia population 10 avnl d'eau et maladies liées a I'eau hommes, femmes, jeunes, membres CGPE Rencontre synthèse Toute Ia population hommes, femmes, jeunes, membres CGPE

Village Période Themes Groupes cibles 10 janvier au 1. Echanges autour des Leaders hommes et 10 février problemes lies aux forages femmes

2. Disputes autour des points Femmes, commerçantes, d'eau jeunes fllles, éleveurs Rencontre synthèse Leaders hommes et femmes, commerçarites, hommes, éleveurs, jeunes filles,. 10 février au 3. Implication des femmes dans Femmes, leaders, CGPE, SILMIOUGOU 10 mars Jes réflexions et decisions en hommes matières d'eau 4. Le paiement de I'eau du Femmes, commerçantes, forage CGPE Rencontre synthése Lensemble des groupes cibles concernés par les themes 3 et 4. 10 mars au 5. L'hygiene autour des points Toute Ia population 10 avril d'eau et maladies liées a l'eau hommes, femmes, jeunes, membres CGPE Rencontre synthèse Toute Is population hommes, femmes, jeunes, membres CGPE 123

Tableau 24: Calendrier des Rencontres-Causeries - BAGRE CENTRE ET GOGNINGA Village Période Themes Groupes cibles 1. £changes autour des Leaders hommes et problèmes lies aux forages fern mes

15 janvier au 2. Non respect des tours d'eau Femmes, jeunes flues 15 février et les conflits entre les usagers 3. Manque de concertation Leaders, CGPE entre leaders et entre les membres de comités de gestion des points d'eau. Rencontre synthese Leaders, femmes, février au hommes, membres des 15 mars CGPE jeunes filles 4. hygiene autour des points hommes, femmes, jeunes, d'eau et maladies liées a I'eau membres CGPE Rencontre synthèse Toute Ia population BAGRE CENTRE hommes, femmes, jeunes, membres CGPE

15 mars au 5. L'insufflsance des points Leaders, hommes, femmes 15 avril d'eau liée a un problème de communication. 6. Le payement de t'eau, Hommes, femmes, jeunes, l'intensité des pannes et Ia membres des CGPE gestion des revenus issus de Ia vente d'eau. Rencontre synthèse Leaders, hommes, femmes, jeunes, membres CGPE 124

Village Période Themes Groupes cibles 15 janvier au 1. £changes autour des Leaders, hommes, femmes, 15 février problèmes lies aux forages

2. Non respect des tours d'eau femmes, commerçantes, et conflits autour des forages jeunes filles, éleveurs 3. Manque de concertation Leaders, membres CGPE entre leaders et entre les membres des comités de gestion des points d'eau. Rencontre synthèse Leaders, hommes, femmes, GOGNINGA commerçantes, jeunes lilies, éieveurs, membres CGPE 15 février au 4. Hygiene autour des points hommes, femmes, jeunes, 15 mars d'eau et maladies iiées a l'eau membres CGPE Rencontre synthèse Toute Ia population hommes, femmes, jeunes, membres COPE

15 mars 15 5. L'insuffisance des points Leaders, hommes, femmes avril d'eau Iiée a un problème de communication. 6. Le paiement de I'eau, Hommes, femmes, jeunes, i'intensité des pannes et Ia membres des CGPE gestion des revenus issus de Ia vente d'eau. Rencontre synthèse Leaders, hommes, femmes, jeunes, membres des COPE

L'état de réalisation de différentes rencontres-causeries fait I'objet de Ia section suivante. 125

6.1.2.2 Etat de réalisation de différentes rencontres-causeries par village

Différents calendriers de réalisation des rencontres-causeries dans les six villages avaient été rigoureusement suivis par l'équipe de projet et les animateurs sur le terrain dans le but déviter d'aller a l'encontre des programmes discutés et acceptés par l'ensemble des parties prenantes. Pour capitaliser sur l'ensemble des rencontres-causeries, les animateurs(trices) avalent utilisé comme outils de travail leur voix et un cahier de 'SUiVi des activités de communication Ce cahier avait ete rempli après chaque rencontre-causerie. L'état effectif de réalisation de différentes rencontres-causeries est présente dans les tableaux 25 a 30. On y présente par village, les dates de réalisation, les themes de rencontres, les groupes cibles, ainsi que les durées de chacune de rencontres. Les contenus de différentes rencontres-causeries avaient ete compiles et analyses pour en tirer les grandes tendances permettant de mesurer l'impact de cette activité de communication sur l'atteinte des objectifs de communication et du projet poursuivis. 126

Tableau 25: Etat effectif de réalisation des rencontres-causeries a GOUE Dates Themes des rencontres Groupes Durees (période) cibles

11 01 02 Echanges autour des problèmes lies aux Leaders, 1 2h 25 a I 3h 20 2401 02 forages femmes et 13h io a 14h 15 jeunes flues 07 02 02 Disputes autour des points d'eau et Femmes, 9h 00 a i Oh 05 22 02 02 paiement de l'eau du forage CGPE, I 2h 30 a i 3h 20 hommes 12h 40 a 13h 30 Tous les 07 03 02 Rencontre synthèse groupes 13h 14h15 cibles concernés par les deux premiers themes 13 03 02 Implication des femmes dans les réflexions Femmes et 12h a 13h 05 et prises de decisions en matière d'eau jeunes flues, leaders 15h 20 â16h20 23 03 02 Hygiene autour des points d'eau et Toute Ia maladies liées a l'eau population (femmes, 16h 25 a 17h 10 hommes) leaders, jeunes filles et garçons)

Tableau 26: Etat effectif de réallsation des rencontres-causeries a SILMIOUGOU Dates Themes des rencontres Groupes Durées (periode) cibles 21 01 02 Echanges autour des problèmes lie aux Leaders, 9h 5 a lOh 10 24 01 02 forages femmes 9h 35 a lOh 30 0304.02 Organisation des populations sur Ia mise en *Femmes 09h OOa 11 h30 04.04.02 place des structures de gestion des points *Leaders 12h00 a 13h30 d'eau.( outils GRAAP) *Population lOhOO a 12h45 127

Tableau 27: Etat effectif de réalisation des rencontres-causerles a BABRE CENTRE

Dates Themes des rencontres Groupes cibles Durées (période)

16 01 02 1. Echanges autour des Leaders femmes 9h 05 a lOh 22 problèmes lies aux forages Leaders horn mes 1 Oh 30 a 11 ti 40 21 0202 2. Le non respect des tours d'eau CGPE lOh oo a llh 20 22 02 02 et les conflits autour des points Femmes 15h 00 a 16h 00 d'eau Jeunes flues 16h 10 a 17h 30 Femmes peuhi 9h oo a lOh 30 hommes llhOOàl2hlO 31 01 02 3. Manque de concertation entre Leaders femmes I Oh 10 a ii h 20 leaders et CGPE Leaders hommes 14h 50 a 15h 40 CGPE 16h20â17h40 90202 CGPE Femmes Rencontres syntheses sur les Jeunes flues themes 1, 2 et 3. Femmes peuhi 15h a 16 hommes Leaders fern mes Leaders hommes CGPE 19 03 02 4. Besoins en formation des Femmes 9h oo a lOh 00 CGPE Hommes llhlOàl2h3O 20 03 20 5. Les pannes des forages et le Hommes 8h 30 a 9h 50 non paiement de l'eau des forages Fern mes I Oh 10 a ii h 50 éleveurs 15h oo a 16h 20 21 03 02 Jeunes fiVes 9h io a lOh 20 CGPE l5hOOàl6hlO 220302 FemmesPeuhi 9h15à10h20 26 03 02 Rencontre synthése sur les Hommes themes 4 et 5 Femmes éleveurs lOh 30 a 12h 30 Jeunes flues CGPE Femmes Peuhi 4 04 02 Hygiene et maladies liées a l'eau Femmes lOh a i lh 20 Horn mes en cours Jeunes filles en cours Jeunes garçons en cours CGPE en cours 128

Tableau 28 : Etat effectif de réalisation des rencontres-causeries a GOGNINGA Dates (période) Themes des rencontres Groupes cibles Durées 15 01 02 1. Echange autour des Leaders, chefs de I 5h 00 a 1 5h 50 problemes lies aux forages guartier, CGPE 2. Le non respect des tours Hommes 12h oo a 12 h 28 28 01 02 d'eau et les conflits autour Femmes 12h 28 a 13h 00 des points d'eau Eleveurs 13h oo a 14h 32 CGPE 14h32à15h

1 02 02 3. Manque de concertation Leaders I 5h 35 a i 6h 01 entre les leaders et manque hommes, 16h oi a 16h 32 de concertation entre les Leaders femmes 16h 32 a 17h 10 CGPE CGPE 8 02 02 Rencontre synthèse bus les groupes cibles concemés 14h 30 a 15h 25 par les themes 1, 2 et 3 15 03 02 4. Le non paiement de l'eau Hommes, 14h 00 a 15h 31 des forages et Jes pannes femmes 15h 31 a 16h 05 éleveurs 16h 05 a 16h 45 CGPE 16h45à17h15 22 03 02 5. Besoins en formation CGPE 14h 30 a I 5h 27 29 03 02 Rencontre syrithèse bus les groupes cibles concernés par les themes 4 9h oo a 9h 50 et 5 10 04 02 Hygiene et maladies lies a Hommes 9h oo a ii h 00 l'eau Femmes en cours éleveurs en cours Jeunes flues et en cours jeunes garcons 129

Tableau 29: Etat effectif de réalisation des rencontres-causeries a KORA Dates T hèmes des rencontres Groupes cibles Durees (période)

28.12.01 Echang es autour des problèmes lies Leaders, 17h io a 18h 15 29.12.01 auxforages Hommes 8h55à10h04 03.01.02 femmes, lOhlOàllhO2

05.01.02 Disputes autour des points d'eau et Jeunes flues, 09h50 a ii h02 08.01.02 implicat ion des femmes dans les Femmes 11 hOO a i 2h06 réflexion s et prises de decisions en matière d'eau 08.01.02 Concert ation surtous les problémes Hommes lOhOO a 10h55 lies aux forages Tous les 23.01.02 Rencontre synthése groupes cibles concernés par les deux 17h12 a 18h50 premiers themes 21.02.02 Besoin en formation pour les membres Les membres 08h a 14h00 des CGPE. des C.G.P.E. 18.03.02 Respect des tours d'eau Femmes et 08h50 a lOhOO 19.03.02 Insuffisa nce des points d'eau jeunes filles 1 OhOO a ii h07 Hommes

Tableau 30: Etat effecti f de réalisation des rencontres-causeries a LOAGA Dates Themes des rencontres Groupes Durees (période) cibles

10 01 02 Echange s autour des problèmes lies aux Leaders, 9h 04 a I Oh 12 110102 forages Hommes 11h30à12h45 femmes, 15h10 a 16h00

11.01.02 Disputes autour des points d'eau et Jeunes flue I OhiO a ii h20 Implicati on des femmes dans les Commercantes 16h10 a 17h20 réflexion s et prises de decisions en matière d'eau Tous les 24.01.02 Rencontre synthése groupes cibles I OhiO a ii h40 concernés par les deux premiers themes 20.02.02 Besoin e n formation pour les membres Les membres 08h a 14h00 des CGPE. des C.G.P.E. 14.03.02 Pannes fréquentes des forages CGPE 10h40 a 12h30 Insuffisa nce des points d'eau Hommes 130

Avant de procéder a l'analyse de différentes informations recueillies durant les rencontres-causeries, le tableau 31 et Ia figure 7 présentent un rapprochement entre les previsions et les réalisations, en ce qui concerne d'une part le nombre des themes et d'autre part le nombre des rencontres-causeries. Les difficultés rencontrées ainsi que les lecons tirées feront objet de quelques commentaires. Tableau 31: Previsions versus Réalisations des différentes rencontres- causeries par village Villages Nombre de themes Nombre de rencontres causeries avec les roupes cibles identifies Previsions Réalisations Taux (%) Previsions réalisations Taux (%) Bagré 6 6 100 20 25 125 centre Gogninga 6 6 100 22 19 86 Goué 4 4 100 20 9 45 Silmiougou 5 2 40 18 5 27 Kora 9 5 55 29 10 34 Loaga 9 4 44 27 8 30 T 39 27 69 136 77 57 0 t a

Dans ce tableau, le nombre de rencontres-causeries indique combien de fois les animateurs ont tenu des rencontres avec des groupes identifies. On note un total de 77 rencontres-causeries réalisées dans l'ensemble de six villages, soit une moyenne de 12 rencontres par village, ce qui represente un taux de réalisation de 57%.

Figure 7 : Etat des previsions et de réalisation des rencontres-causeries dans

les six villages La figure 7 montre que le taux de réalisation est plus élevé dans le sous-bassin du barrage de Bagre, comparativement aux deux autres sous-bassins. L'ecart entre les 131

previsions et les réalisations est plus important dans le sous-bassin du lac Barn (villages Kora et Loaga). Ces écarts sont principalement dus a des impératifs sociaux (décès, funérailles, autres êvènements sociaux) que Ia population soumet aux animateurs lorsque ceux- ci se présentent sur les lieux pour discuter sur Ia base d'un horaire établi de commun accord.

Cependant ii est également important de noter I'éternel probleme qui revient fréquemment avec les populations lors des échanges, a savoir, le problème de lassitude22. A Kora et a Loaga, par exemple, le programme ambitieux que les animateurs ont planiflé avec Ia population n'a Pu être réalisé. Cela est dO au manque de motivation de leur part occasionné du fait du caractère reticent de Ia population de Kora qui dit aux animateurs n'avoir que faire de leurs causeries, us ont plutOt besoin d'eau pour boire... Dans le sous-bassin du Massili-Loumbila, le retard dans Ia tenue des rencontres- causerie dans le village Silmiougou est lie a un conflit social entre le chef du village et le responsable administratif. C'est ce conflit qui faisait que l'ensemble de Ia population de Silmiougou n'adhérait pas pleinement aux rencontres.

En effet, après avoir constaté lors de Ia premiere rencontre-causerie sur le theme echanges autour des problèmes lies aux forages Ia participation aux échanges de seulement deux quartiers sur un total de sept que compte le village, les travaux ont été suspendus dans ce village dans I'attente de trouver une solution au conflit social qui était a Ia base du blocage. Compte tenu du calendrier chargé de l'équipe de projet, ce conflit n'a trouvé de solution qu'en debut du mois d'avril 2002, donnant ainsi un nouveau depart pour cette activité de communication dans ce village.

Enfin, dans le cas de Bagré centre, Ia figure 7 montre paradoxalement que les réalisations sont supérieures aux previsions. Cela est dO au fait que lors de Ia tenue des rencontres-causeries sur certains themes, les animateurs étaient dans I'obligation de procéder a des segmentations au sein de groupes déjà constitués, a cause de problèmes de langue, de croyances religieuses ou même d'ethnie. Par exemple dans le groupe cible < femmes nous avons affaire aux femmes Peuhls et aux femmes Bissa, qu'il faut diviser au niveau de certains themes. Le tableau 32 présente dans les trois villages, les themes des rencontres-causeries qui se sont réalisés après Ia premiere planification.

22 faul souligner que le projet GUCRE a démarré ses activités en décembre 1999 avec les mêmes populations par des enquêtes, les rencontres-causeries, ainsi que / 'animation communautaire et villageoise. On peut comprendre leur lassitude a Ce stade crucial de la démarche du projet oii, la mise en place d 'un certain nombre de solutions qui viendront atténuer les confluts doit passer par les rencontres causeries. 132

Tableau 32 : Themes additionnels de réalisations des rencontres-causeries Villages Themes restants Silmiougou • Paiement de l'eau du forage. • Implication des femmes dans les problémes d'hygiène autour des points d'eau et les maladies liées a I'eau.

Kora • Implication des leaders dans les problèmes de paiement de leau et de gestion des revenus issus de Ia vente. • Implication des femmes dans les problèmes d'hygiène autour des points d'eau et les maladies liées a l'eau. Loaga • Implication des femmes dans les réflexions concernant le paiement de l'eau et Ia gestion des revenus issus de Ia vente de l'eau. • Implication des leaders dans Ia non appropriation des forages par les populations. • Hygiene autours des points d'eau et maladies liées a l'eau.

II est important de noter que certains themes tels que l'hygiene du milieu et Ia prevalence des maladies liées a I'eau nécessitent Ia presence d'un membre de

I'equipe de projet pour l'animation avec les series < GRAAP >.

Après ce descriptif sur les déroulements de différentes rencontres-causeries, Ia section suivante presente I'essentiel des contenus de ces rencontres, ainsi que les grandes tendances par village. 133

6.1.2.3 Les contenus des rencontres-causeries et les tendances constatées dans quelques villages types choisis Le

Cas de Ia zone du barrage de Bagré (villages Bagré-Centre et Gogninga)

Comme spéciflé dans Ia section précédente, entre janvier a mi-avril 2002, 44 rencontres-causeries avec les groupes cibles portant sur huit themes par village et un total de 6 rencontres syntheses avaient eu lieu dans les deux villages. L'analyse des cahiers de suivi de rencontres-causeries tenues a Bagré-Centre montre l'enthousiasme et un grand intérêt manifestés par les populations a propos des échanges qui ont eu lieu sur Ia gestion de leurs infrastructures hydrauliques. Ces rencontres ont permis aux populations du village de se rencontrer et d'échanger sur les plus récents problêmes d'eau qui minent les relations entre les diverses couches de Ia société. C'était une occasion pour l'ensemble des groupes cibles concemés par les rencontres-causeries de confronter les différentes opinions et d'arriver a un consensus. Les leaders par exemple, ont place ces rencontres-causeries dans une perspective de debut de formation susceptible d'aboutir a un changement de comportement, tant a leur niveau, qu'au niveau de l'ensemble de Ia population. Celles-ci ont permis aux leaders d'approfondir Ia réflexion sur leurs capacites de visualiser les problémes en vue de trouver des solutions concernant l'appropriation des points d'eau et Ia presence des conflits lies a l'eau avec les différentes composantes de Ia population. Les rencontres-causeries organisées dans ce village ont également confirmé les causes et les consequences des problèmes de communication sur Ia vie des populations d'une part et les propositions de solutions qu'elles ont envisagees d'autre part en matière de gestion de conflits lies a l'eau, ainsi que les questions qui touchent Ia gestion des ressources en eau du village. Les rencontres-causeries portant sur les CGPE ont permis de valider les résultats d'enquetes menées dans le cadre du programme GUCRE sur le fonctionnement de ces derniers. En effet, les échanges ont confirmé que les membres des CGPE n'étaient pas suffisamment formés. Le RAV du village a révélé que les seances d'animations suivies par les membres de ces comités ne touchaient pas directement l'acquisition de connaissances. Souvent, les CGPE du village étaient mis en place sous Ia direction de leaders contestés ou par les ONG donateurs du point d'eau. Une fois le forage terminé, il n'y a aucun suivi de leur part. C'est ce qui amène aujourd'hui le projet PHIVES a procéder a Ia refonte de nombreux CGPE dans cette zone. Le cas de Bagré village donne beaucoup d'espoir en rendant compte que le projet PHIVES avec lequel nous travaillons en synergie s'appuie sur nos personnes ressources pour faire passer leurs messages. Voilà le type de collaboration a encourager avec d'autres structures qui cauvrent dans le secteur de l'hydraulique villageoise. 134

Le cas du village Gogninga nous laisse entrevoir a travers les echanges que Ia population, bien qu'isolee et défavorisée en matière d'appuis et de conseils, cache derriere elle d'énormes potentialités organisationnelles, une volonté et un courage pour parvenir a un changement de comportement a partir des échanges dans le domaine de Ia gestion des ressources en eau. En effet, le village est habité par une population a majorité paysanne, laIque (musulmane) oU ii existait déjà une forme d'organisation qui leur a permis de mettre en place une association des femmes commercantes, des CGPE, ainsi qu'une association des ressortissants du village a I'etranger attentif au problème de leur village, mais le tout masque par l'ignorance et le manque de communication pour plus d'efficacite. Les différents groupes cibles ont salué l'initiative du projet qui a su progressivement donner I'occasion aux populations de pouvoir sexprimer et de créer un climat de dialogue, d'échanges et instaurer un processus durable en terme de communication et de capacité organisationnelle, susceptible de contribuer a une meilleure prise en charge des points d'eau par Ia population. Les leaders ont ajouté qu'il n'est jamais tard pour mieux faire, ni pour apprendre et qu'ils s'inscrivent a l'école du projet de communication pour le développement.

Par exemple, lors des discussions sur le mécanisme de mise en place des CGPE, Ia population a affirmé que les échanges concernant Ia rehabilitation des superstructures de deux forages ont permis de créer un cadre de réflexion autour de Ia gestion des points d'eau, en insistant principalement sur Ia refonte des CGPE du village qui doit passer par Ia mise en place d'une nouvelle structure fondée sur les nouvelles bases concernant le choix des membres et leurs attributions. La relation entre CGPE et Ia population, le bien fondé de Ia cotisation et de l'hygiène autour des points d'eau doivent être mieux prises en compte dans le nouveau fonctionnement des CGPE. En termes des résultats perceptibles dans les deux villages, les informations obtenues montrent un debut de prise de conscience qui se traduit par les faits palpables ci-apres: • Les cotisations au niveau des forages se sont améliorées par l'adhésion des usagers au mécanisme de paiement de l'eau au forage.

• Le cumul de responsabilités, frequent dans le passé, a eu du recul (cas du RAV qui cumulait le poste de président des APE et président d'un CGPE). • La proposition d'un ressortissant du village qui travaille au GABON qui se propose d'aider le village a transformer le forage en poste autonome d'eau avec I'appui technique du projet et Ia contribution des populations. • La gestion des points d'eau de Gogninga est aujourd'hui admirée par des villages riverains (Dimvoussé, Dirzé et Dassanga) qui sont intéressés par leur façon de faire et demandent l'intervention du projet.

• Les rencontres des femmes sont plus fréquentes et des actions sont entreprises pour l'acquisition d'un nouveau forage destine exciusivement aux activités économiques des femmes autour du marché.

• Les leaders ont reconnu et accepté que les femmes ont une place dans Ie processus de développement du village et qu'il faut leur faire confiance et les encourager. • Les membres des CGPE souhaitent bénéficier d'une formation soutenue et appropriée qui leur permettrait de mieux gérer les points d'eau du village. • Les CGPE des différents quartiers sont devenus solidaires et envisagent d'adopter un même reglement intérieur. 135

• Les personnes antennes, a savoir, monsieur ZAMPOIJ Salfo pour Gogninga et monsieur SORGHO Amidou pour Bagre, sont acceptées par l'ensemble de leur population et collaborent avec les responsables coutumiers, religleux et administratifs en ce qui concerne les points d'eau, mais egalement sur d'autres activités socioeconomiques vitales présentes dans les deux villages.

• Meme Si les rencontres-causeries donnent des résultats intéressants a ce jour, ii demeure qu'il faut toujours avoir a l'esprit que les changements de mentalités, de comportements, d'habitudes doivent être vus dans une perspective a long terme, d'oü Ia nécessité d'entrevoir l'opportunité d'utiliser d'autres outils de communication qul permettront de pérenniser les acquis.

Dans cette perspective, lors de Ia deuxième rencontre synthèse, nous avions procédé au choix et a Ia validation d'autres outils de communication qui intéresseraient Ia population. Hormis, les rencontres-causeries, le classement ci- après a été obtenu: (1) Le théátre-forum; (2) les projections video et (3) les emissions a Ia radio.

Dans l'ensemble, les difficultés suivantes sont a signaler dans le cas du sous-bassin du barrage de Bagre et principalement dans les deux villages faisant partie du projet: le non-respect du planning des activités; les cérémonies coutumières et les funérailles, le non respect des délais dans Ia mise en oeuvre des actions d'accompagnement (réalisations physiques) par le projet vis-â-vis de deux villages.

Cas de Ia zone du lac Barn (Villages KORA et LOAGA) Dans ce sous-bassin le projet a realise entre fin décembre 2001 a mi-mai 2002, Un total de 18 rencontres-causeries avec les groupes cibles, portant sur six themes pour chaque village. Quatre rencontres syntheses sont egalement au credit de deux villages considérés, a savoir, les villages Kora et Loaga. Le village KORA constitue un cas special dans le cadre de Ia réalisation de nos activités. En effet avant le debut rencontres causeries, ii y avait une crise sociale qualifiée d'irréversible traduite par des conflits ethniques et religleux (Peuhls, Mossi, Yarcé) d'une part et d'autre part Ia non prise en compte méthodique des aspects communicationnels dans l'expérimentation de notre approche, ce qui ne nous a pas facilité Ia tâche. Heureusement Ia formation en GPO reçue par l'équipe du projet a permis de rectifier notre façon de travailler dans ce village, comme d'ailleurs dans les autres villages. Dans cette perspective, une rencontre préparatoire de prise de contact nous a permis de remettre en cause notre façon de travailler et de prendre en compte de façon isolée les différents groupes cibles en commençant par les leaders d'opinions du village, les personnes ressources pour élaborer un canevas de travail consensuel. Ce travail a permis de délier les langues, de lever les equivoques a tous les niveaux et de déboucher sur Un nouveau depart pour Ia suite des activités. A Ia premiere rencontre avec les leaders, nous avons enregistré une forte participation jamais observée, soit un peu plus de 40 sages du village et des femmes âgees. Après avoir passé en revue tous les themes pré testes et validés, les leaders nous ont dit que depuis un an et demi de labeur, le travail venait de commencer, et que notre message n'avait pas passé et que ce jour était un grand jour. lls ont poursuivi en disant qu'aujourd'hui, cette rencontre leur a permis de ressortir tous les problemes qu'ils n'abordaient pas au grand jour. Cette occasion a permis egalement 136

de dénoncer Ia mauvaise volonté de certaines personnes qui démobilisent et sément Ia zizanie dans le village pour des fins égoIstes. En effet, us ont déploré le transfert de Ia réalisation des superstructures (qui leur étaient destinées) dans un autre village. Ils ont Ioué l'initiative du projet pour l'organisation de ces rencontres et demandent que l'on multiplie ces occasions pour que les populations sortent de leur coquille pour mieux aifronter leur destin. Les autres rencontres se sont succédées sans difficultés majeures, hormis les retards dans le respect des heures de rencontres dus a une annonce de démotivation de Ia population qui s'attendait sans doute a ce que cette premiere activité de communication soit suivie immédiatement par Ia resolution de tous les problèmes techniques qu'ils ont en matière d'eau (disponibilité de l'eau et qualite de l'eau qu'ils consomment). A toutes les rencontres, les populations ressortaient d'autres problèmes de developpement associes a Ia famine, Ia pauvreté, Ia sante, et surtout leurs mauvaises experiences avec certains projets qui n'honorent pas leurs promesses. us nous ont rassurés qu'ils nous croyaient jusque-là et attendent de nous une vraie collaboration pour conduire leurs différents projets qui contribueront a leur bien-être. Comme personnes antennes, les leaders ont propose un homme et une femme, a savoir, monsieur Sawadogo G.Celestin et madame Koanda Binta. Dans le cas de Loaga, un village avec lequel le projet n'a pas eu trop de problèmes pour s'implanter, avec un minimum d'organisation, de courage et de volonté, Ia population a vraiment adopte les membres de l'equipe de projet. Nous avons note Ia disponibilité des leaders, ainsi que des responsables villageois engages pour Ia cause du village. Les enquetes avaient montré que l'un des puits a grand diamètre avait été abandonné a Ia suite de noyade d'une femme du village. En vu de pouvoir récupérer ce point d'eau précieux, le projet a entrepris une série de rencontres avec les responsables du village et Ia population souhaite aujourd'hui le réhabiliter. C'est ainsi que par cette porte d'entrée, le projet avait démarré ses activités de sensibilisation avec Ia mise en place de deux superstructures, dont l'une sur le forage de I'école, en plus du puits a grand diamétre ayant bénéficiés d'une grande implication de Ia population avec Ia fourniture des agrégats et Ia main d'ceuvre non qualifiée. Comme dans les autres villages les rencontres-causeries ont démarré par le theme central, a savoir, < echange autour des problèmes lies aux forages a aboutit a l'identification et a Ia validation des autres themes. A cette occasion les leaders ont réaffirmé leur volonté, leur disponibilite de poursuivre le dialogue amorcé depuis notre presence dans le village. Ils se sont portés garants de rencontrer les autres groupes cibles pour preparer Ia suite des rencontres causeries et ont souhaite que ces rencontres se multiplient le plus tot possible avec tous les groupes cibles ainsi qu'une large sensibilisation a l'échelle de Ia population. lis ont ensuite affirmé que c'est par cette vole qu'une prise de conscience durable naltra. Parti de l'exemple du puits réhabilité, les leaders ont affirmé que c'etait le manque de dialogue entre les responsables coutumiers (pour les sacrifices) qui avait engendré l'abandon du puits et comme consequence de priver Ia population d'une eau potable pourtant disponible.

Pour Ia suite, après trois rencontres-causeries par groupe cible, tous les problèmes de communication ainsi que les propositions de solutions ont été proposees et adoptees par I'assemblée. Les rencontres-causeries sur les autres themes, avec les groupes cibles identifies, se sont déroulés normalement. 137

Dans ce village monsieur Sawadogo P. Marcel et madame Sawadogo Zoenabo ont été proposes comme personnes antennes.

En terme des résultats palpables dans ces deux villages, nous constatons ceci:

• A Kora, les paysans ((troubles sont devenus des adherents pour Ia poursuite des activités de communication en proposant de restaurer Ia confiance et Ia volonté et d'adhérer au changement. us sont devenus les premiers a arriver au lieu de rencontres, participent aux débats et acceptent les critiques d'autres habitants du village.

• Dans le cas de Loaga, l'acceptation de Ia population de continuer a utiliser le puits a grand diamétre, abandonné depuis 5 ans aprés Ia concertation des sages du village, constitue un acquis important issu des rencontres- causeries.

• Les populations dans les deux villages manifestent actuellement leur volonté de revoir le fonctionnement des CGPE et expriment un grand besoin en formation pour les membres des CGPE, principalement pour les hygiénistes et les trésoriers.

• Les femmes sont devenues plus actives quant on leur parle des problèmes de forages, (cotisations, ramassage des agregats, acceptation de postuler pour des postes de responsables dans les CGPE). Elles se sont reconnues publiquement les premieres concernées par le probleme de l'eau. Elles veulent bien prendre le devant a partir de ces rencontres (via leur responsable) pour se faire valoir en ce qui concerne les decisions en matière d'eau.

Cas de Ia zone du Massili-Loumbila (villages Goué et Silmiougou) Dans le sous-bassin du Massiti-Loumbila, les activités ont démarré très tot, mais avec beaucoup de difficultés du fait que les animateurs faisaient leur baptême de feu dans les activités de communication aprés leur formation en CPD, principalement en ce qul conceme les techniques d'animation, les notions de base en communication participative, Ia conduite d'une activité de communication participative, etc. Au total 14 rencontres-causeries portant sur neuf themes et trois rencontres syntheses ont eu lieu dans les deux villages durant les trois derniers mois.

II est important de préciser que le village GOUE a bénéficlé avant le démarrage des activités de sensibilisation de deux actions d'accompagnement: (1) Ia rehabilitation complete d'un forage (forage du marché); (2) Ia réalisation d'une superstructure sur le forage du quartier kankanghin.

GOUE est une des plaques tournantes en matière d'activités économiques dans Ia zone du Massili-Loumbila, d'oü Ia complexité de Ia démarche a adopter. II faut dire que les réalisations physiques (actions d'accompagnement) ont beaucoup contribué pour le lancement des activités de sensibilisation, car dans un environnement øü les activités economiques sont intenses, Ia recherche du profit et des intérêts prime généralement sur les aspects de Ia vie sociale et communautaire.

La premiere rencontre-causerie qui a eu lieu le 11 janvier 2002, a ete une grande réussite, car elle a vue Ia participation de tous les leaders représentants les quartiers. Les leaders ont salué une fois de plus le projet de les avoir associés pour 138 réfléchir sur les problèmes que leurs populations vivent a travers le theme de cette rencontre, a savoir, < echange autour des problèmes lies aux forages >. Cette premiere rencontre a permis aux leaders d'echanger et de ressortir de manière precise les problemes fondamentaux lies a leurs points d'eau sur lesquels us souhaiteraient partager leurs points de vue avec tous les groupes cibles et l'ensemble de Ia population pour les résoudre. A cette occasion, Ia personne antenne et les animateurs ont tenu a ce que les leaders fassent Ia difference entre les problèmes de communication qui sont a Ia base des problèmes de développement et qui se résolvent a travers des echanges et discussions et dautres categories de problemes, comme ceux lies aux moyens financiers et aux matériels. Après ces échanges les leaders ont trouvé que cette facon de faire était forrnatrice, que cela leur permettait de connaltre l'intérêt des echanges, de reculer pour mieux sauter, de ne pas confondre les problèmes qui peuvent se résoudre par le dialogue et ceux lies au manque de volonté. Ils ont promis d'informer les différents groupes cibles pour valider les themes retenus.

Ensuite, le travail s'est poursuivi au sein des différents groupes cibles, ce qui a conduit a Ia validation des themes pré-testés et de Ia planification des rencontres- causeries.

De manière génerale, autour de 80% des themes potentiels predéfinis ont ete adoptés par les groupes cibles identifies. Les themes comme l'hygiène autour des points d'eau et les maladies hydriques, ont ete présentés avec les series €GRAAP> et ont connu un grand succès dans le village. C'est egalement a GOUE que le premier théâtre forum a ete organisé au mois de mars. D'une durée de I h45, le scenario du théâtre-forum a passé en revue l'ensemble de Ia problématique des conflits lies a l'eau dans les points d'eau villageois.

A GOUE toutes les rencontres-causeries planifiees sont a ce jour achevées. Comme dans les autres sous-bassins, l'equipe de projet travaille a GOUE avec une personne antenne répondant au nom de Sawadogo Dieudonné. Cette personne a été identifiée par le projet avec l'appui de quelques personnes ressources internes et extemes du village. II constitue le relais dii projet dans le village. Durant cette premiere phase d'implantation des activités de sensibilisation visant a solutionner les conflits lies a l'eau, Ia personne antenne a été dun grand apport pour approcher les leaders du village, procéder a des demandes de rendez-vous, contribuer pour Ia preparation des rencontres causeries. II a vraiment servi de guide pour nos animateurs dans toute Ia démarche visant a faire participer Ia population au processus de resolution de conflits.

Le village de Silmiougou a également bénéficié d'une action d'accompagnement, a savoir, Ia réalisation d'un forage positif.

Dans ce village, les rencontres-causeries ont commence au courant de Ia troisième semaine du mois de janvier 2002 avec Ia premiere rencontre causerie autours des problèmes lies aux forages avec deux groupes cibles, les leaders et les femmes, avant de connaltre une suspension. Cette suspension était due a un manque de cohesion sociale entre le responsable administratif du village et le chef de village, d'une part et d'autre part avec les habitants d'un autre quartier qui étaient contre le choix du site du nouveau forage a réaliser. Après des enquêtes, le projet a pris contact avec les différents protagonistes en vue de restaurer le dialogue. 139

Une assemblée génerale organisée par le projet avec le concours des responsables villageois le 30 mars 2002 a permis de restaurer le dialogue et Ia confiance entre les quartiers d'une part et d'autre part, entre le RAV et le chef du village. Aprés un premier échec sur le premier choix du site (forage négatif), le deuxième fut positif a Ia grande joie de Ia population. Selon les habitants du quartier, l'échec du premier forage leur a ete attribué en terme de sorcellerie et us ont su répliquer. Aprés cette date, les activités se sont poursuivies avec les rencontres-causeries sur les themes portant sur l'organisation et Ia mise place dune structure de gestion des points d'eau, l'hygiène autour des points d'eau, les maladies hydriques, suivi de Ia premiere rencontre synthèse qui s'est tenue le 20 avril 2002. Comme dans les autres villages, c'est Mme ILBOUDO Cécile qui a ete choisie comme personne-antenne a SILMIOUGOU. Elle avait déjà bénéficié de Ia premiere partie de Ia formation. 140

6.2.2 Réalisation des théâtres-Forum

En dehors des rencontres causeries, le théâtre-forum étaft Ia deuxième activité de communication participative choisie par l'ensemble des populations dans es trois zones en matière de sensibilisation en ce qui concerne Ia resolution des conflits en milieu villageois. Avant sa mise en ii a été validé et pre-teste au niveau des populations cibles.

Le theme du théâtre-forum est <.

Six representations du théâtre-forum en Moree ont été réalisees, soit une dans chacun des six villages modéles.

Le théâtre forum constitue l'activité de communication participative qui a suscité le plus de reactions perceptibles aupres des populations villageoises. De manière generale, nous pouvons dire que le théâtre forum est venu confirmer en quelque sorte certaines hesitations qui existaient déjà au sein des populations concernant principalement le fonctionnement des Comités de Gestion des Points d'Eau et Ia gestion des cotisations.

En effet, pour diverses raisons, plusieurs personnes ne pouvaient parler, même si elles subissaient Ia Loi de certains <(sages>> OU du village. Après Ia tenue de chaque théâtre forum, les populations ont commence a demander des comptes aux trésoriers et ont suggere des rencontres régulieres et de comptes rendus pour que les forages ne tombent plus en panne.

Dans les marches, autour des points d'eau et dans d'autres lieux publics, les populations parlent du théâtre et des rencontres-causeries tout en indexant les animateurs(trices) du projet sous ces termes >. Les populations de certains villages viennent jusqu'aux animateurs(trices) et leur demandent de venir reproduire le théâtre-forum chez eux. Ils disent que comme cela, personnes vont changer de facon do faire >>. On ne pouvait esperer mieux. Que Ia population elle-même decide d'une activité qui va changer son comportement, sa façon de faire, tout en Ia réclamant, voilà un élément a considérer dans les analyses concernant l'atteinte des objectifs que nous aurons a réaliser dans le cadre de l'ensemble du projet.

Parmi d'autres retombés de diverses representations du théâtre-forum, actuellement dans plusieurs villages faisant partie du projet, les populations ont demandé de refondre les CGPE. Un plan de réalisation d'ensemble selon Ia démarche mise en place dans le cadre du projet est opérationnel et se mettra en place suivant les besoins. Cependant, dans plusieurs villages nous avons déjà procédé a Ia mise en place de nouveaux CGPE avec cette démarche. 141

6.2.3 Le voyage d'échanges et de partage d'expériences entre les villages

L'idée principale dans le voyage d'échange organise dans le cadre de I'étude était de permettre aux habitants d'un village ayant vécu avec des conflits lies a l'eau et qul ont Pu les solutionner avec Ia methodologie du projet GUCRE, d'echanger avec les populations d'autres villages qui vivaient avec des conflits dans Ia perspective que les echanges permettraient de sensibiliser ces dernières a Ia démarche de resolution du projet GUCRE et a sa mise en application pour solutionner les conflits qui se vivaient dans leurs propres villages. II est question ici de partage d'acquis, d'experiences et de difficultés dans Ia gestion des conflits au niveau des villages considérés.

Pour assurer le succès de cette activité de communication, il était question de choisir le ((village>) a visiter parmi l'ensemble des villages du projet. Pour y parvenir, un certain nombre des considerations pris dans un sens générique de critères d'analyse at d'évaluation ont ete identifiees pour caractériser et classer, en quelque sorte, les six villages en partant du village le plus avancé en matière de resolution des conflits au village le moms avancé. II s'agit: De Ia maltrise de Ia démarche de resolution des conflits des usages conflictuels des ressources en eau par le village. Du fonctionnement des CGPE (situation des cotisations, tenue des reunions, refonte ou restructuration) • De voir Si le village se retrouve pour echanger de temps en temps sur des themes de rencontres-causeries déjà réalisées, etc. • De voir s'il y a effectivement attenuation des conflits de nature sociale autour des forages (disputes, non-respect des tours de prise d'eau, complexe d'infériorité de certains dO a leur rang social, etc.). • De voir Si Ia prise en compte des femmes au niveau des comités ou des questions d'eau est effective. • D'apprécier le dynamisme des personnes antennes qui sont chargées de veiller a Ia pérennisation des actions mis en place et des acquis du projet dans les villages.

L'analyse des différents acquis en matière de gestion de conflits autour des points d'eau dans les six villages nous a permis d'identifier un village parmi les six, qui est suffisamment avance en matière de changement dans Ia gestion de ses ressources en eau. C'est un village qui satisfait au mieux aux considerations de changement utilisées dans le processus de choix. Ce village est identiflé comme ((village type >>. Deux autres villages dont l'un s'approche du village type et l'autre suffisamment loin en matière de changement de comportement par rapport a Ia problematique, ont été identifies pour effectuer le déplacement vers le village exemplaire (. Ainsi, les villages Gogninga et Kora ont ete respectivement identifies comme devant effectuer un deplacement vers Silmiougou (village type) pour echanger et discuter par rapport aux experiences et aux mécanismes internes enclenchés dans Ia gestion des conflits autour des points d'eau.

Comme résultats, le voyage d'echange qui s'est tenu le 5/10/02 dans a matinée a Silmiougou, a vu Ia participation des ressortissants des villages de Gogninga et de Kora. On notait en plus, Ia presence du chef de village de Silmiougou, du RAV de Silmiougou, de Ia personne antenne de Silmiougou, et de Goué, d'une dizaine d'hommes composee de leaders, de 13 femmes et jeunes filles, d'une dizaine de jeunes garçons, des responsables du projet. 142

Son objectif était d'amener les populations des différents villages a echanger et a discuter sur les acquis, et les experiences en matière de gestion des conflits lies a l'eau. Les échangent se sont articulées autour de:

• Comment les populations vivaient les conflits avant l'intervention du projet; • Comment depuis l'intervention du projet, elles s'y prennent pour résoudre Ia plupart des Conflits qui se posent. Et queues sont les démarches de resolution et les strategies adoptées par type de conflits. • Queues sont les experiences dont les uns et les autres peuvent bénéfucier? Queues sont les difficultés que les uns et les autres rencontrent dans Ia gestion des conflits et qui peuvent être partagées? Aprés les salutations et les presentations d'usage, Ia population de Silmiougou, par Ia voix du RAV a remercié les responsables du Projet, les participent(es) venus d'ailleurs, et toute sa population de participer a cette grande cérémonie de communication, d'échange sur tous les problèmes lies aux points d'eau. II a poursuivi en expliquant aux participant(es) les multiples avantages et acquis dont Ia population a bénéficié depuis l'intervention du projet dans le village. Par ailleurs ii a aussi soulevé les problèmes et les difficultés rencontrés au cours des investigations. Selon lui, les avantages ont été énormes: les rencontres-causeries, Ia communication, les formations reçues, les réaménagements des alentours des forages (construction de superstructures) et Ia mise en place de nouveau forage. Ces activités et des interventions réalisées ont permis aux usagers (femmes, jeunes, files, hommes, éleveurs, commercant (es), etc.), d'amorcer le processus de resolution des conflits autour principalement des forages. Ces conflits étant souvent lies au non-respect des tours de prise d'eau (le remplissage d'un seul recipient par tour de prise serait I'idéal), le respect de paiement des cotisations par personne et surtout Ia participation aux rencontres de façon genérale, de Ia population.

Par rapport a Ia gestion des conflits entre les usagers autour des points d'eau, un participant du village de Kora a pose le probléme a Ia population de Silmiougou. En retour elle a répondu par Ia voix du responsable des femmes: grace aux multiples rencontres causeries sur des themes que nous avons choisi nous-mêmes, les femmes de Sllmiougou se réunissent une fois par mois pour parler des disputes, des mésententes et surtout des cotisations et de l'hygiène autour des forages pour trouver ensemble des solutions a ces problèmes...>>

Le responsable des hommes (personne antenne) a a son tour ajouté que les hommes se rencontrent deux fois par mois pour parler du fonctionnement du forage (les pannes surtout) et du CGPE.

Par rapport aux modes d'alimentation des caisses, une question a été posée par un participant du village de Gogninga : comment le CGPE procède a Ia collecte des fonds ? Cette question a ete répondue par le président du CGPE, qui avance qu'elle se fait par une cotisation de 150 F par femme et par mois. La population de Silmiougou voulant aussi savoir le mode de collecte des autres, a repose Ia même question aux participant (es). Le RAV de Kora a repondu que dans son quartier (Mossi) l'eau est vendue directement au forage a raison de 5 Fl recipient (bassine, bidon de 20 litres, canari, etc.) et dans le quartier YARCE, une cotisation est fixée 100 F par menage et par mois. Les parties prenantes ont échange sur les avantages et les inconvénients des cotisations mensuelles. Un des avantages de ce type de cotisation serait le fait que Ia tenue des comptes ne soit pas joumaliere. Ce qui donnerait plus de temps au trésorier de vaquer a ses propres occupations, surtout que c'est un travail bénévole. Par contre, un des inconvénients serait qu'il est souvent difficile a Ia fin du mois de contraindre les femmes de payer l'eau surtout Si 143

Ia stratification n'a pas été bien elaboree de manière a identifier avec certitude l'ensemble des populations riveraines du forage. S'il se trouve qu'il y a des femmes qui prélévent l'eau de plusieurs forages, sur queue rationalité devrait-on jouer pour lui faire payer les 100 Fcfa a Ia fin du mois. Ce mode de collecte qui est uniforme queues que soient les caractéristiques du ménage pourrait avoir d'autres inconvénients dans le sens que d'une femme a l'autre, c'est a dire que d'un ménage a l'autre, les besoins en eau potable peuvent dépendre de plusieurs variables dont Ia taille du ménage, les types d'usages qui sont faits de l'eau du forage dans le ménage, le champ d'ouverture du menage a d'autres forages ou d'autres sources substituables a l'eau du forage.

Pendant deux heures et demie d'échange entre les trois villages, chaque participant (es) a bénéficié des experiences et des connaissances entrant dans le cadre de Ia gestion et de l'entretien des infrastructures hydrauliques existant dans chaque village. Notons qu'à partir de là, ils ont promis de restituer les connaissances acquises a Silmiougou a leur population des leur retour.

Pour terminer les responsables du projet qui ont pris part a cette rencontre ont remercié tous les participants, notamment Ia population de Silmiougou qui a réservé un accueil chaleureux aux participant (es). Le porte-parole du chef du village a son tour a remercié les participant (es). La responsable des femmes a remercié également les etrangers venant de kora et de Gogninga et leur a souhaité bon retour dans leur famille respective. II a surtout souhaité longue vie au projet GUCRE.

6.2.4 Les projections des images video

Comme activité de communication, les projections des images video permettent de consolider un certain nombre d'actions de sensibilisation visant le changement de comportements et de mentalités, susceptible de contnbuer a l'atténuation des confluts qui se vivent autour des points d'eau. Les différentes projections se feront a l'aide du documentaire video de Ia methodologie de resolution des conflits lies a l'eau du projet GUCRE.

L'équipe de projet projettera seule ou en collaboration avec d'autres organisations (ONG, Projets, Associations) le documentaire video du projet GUCRE dans plusieurs villages du bassin du Nakanbé ou d'ailleurs.

Avant ou après Ia diffusion du documentaire video, des rencontres-causeries seront egalement organisées dans plusieurs villages. Le principal objectif poursuivi par cette activité de communication est d'utiliser Ia methodologie de resolution des conflits lies a l'eau du projet GUCRE pour d'une part, sensibiliser les populations au bien fondé d'une bonne gestion des points d'eau villageols, et d'autre part, pour solutionner les conflits lies a l'eau existants.

Nous comptons également distribuer le documentaire du projet GUCRE a plusieurs structures oeuvrant en hydraulique villageoise (ONG, projets, Associations villageoise, etc.). L'idée clé ici est de travailler en synergie avec d'autres structures d'hydraulique villageoise dans Ies mémes terroirs que le projet GUCRE, en matière de gestion des ressources en eau en milieu villageois. 144

6.2.5 Activités de réseautage Le projet GUCRE a signé en date du juin 2002 un protocole de collaboration avec l'Association Manabdzenga de Loumbila en vue de conjuguer nos efforts pour travailler en synergie dans les villages oii les deux structures travaillent, parfois sur les mêmes aspects. Les premieres activités marquant ce partenariat ont débuté en fin juillet 2002. En effet, dans le cadre de Ia mise en place de deux forages positifs dans deux départements de leurs zones d'intervention a savoir Dapeolgo et Loumbila, 'Association Managbzenga a sollicité l'appui technique du projet GUCRE pour le suivi et le contrôle des travaux de réalisation des forages, d'animation a l'aide de certains d'outils de communication (rencontres causeries, series GRAAP) déjà développés par le cadre du projet GUCRE dans ses zones d'intervention.

En ce qui concerne les activités de communication, Ia mission de reception provisoire nous a permis de rencontrer les populations et d'échanger sur Ia mise en place des CGPE au niveau des forages respectifs. Ces echanges ont permis de ressortir les leçons antérieures dans Ia mise en place de ces CGPE.

Les débats ont abouti sur Ia nécessité de revoir Ia procedure de mise en place de ces CGPE sur Ia base de lexpérience du projet GUCRE. Cette premiere rencontre a suscité beaucoup de questions et de reflexions car un CGPE avait déjà été propose par les RAV des villages respectifs. 145

6.3 Les solutions visant Ia reorganisation des Comités de Gestion des Points d'Eau

II est aujourd'hui reconnu par le truchement de Ia Recherche-Action que a meilleure gestion des infrastructures hydrauliques villageoises est largement liée au bon fonctionnement des Comités de Gestion des Points d'Eau. C'est dans cette perspective que l'implantation d'un nouveau modéle de structuration, de mise en place et de fonctionnement de CGPE concu dans le cadre du projet GUCRE permet d'assurer une bonne gestion des infrastructures hydrauliques en milieu rural, ceci ayant une incidence sur les conflits qui se vivent autour des points d'eau dans ce milieu.

Pour y parvenir, une enquête sur le fonctionnement des comités de gestion des points d'eau a ete menée dans les 19 villages faisant partie du projet. Pour entériner les résultats de cette enquete, nous avions organise au mois de juin 2002, Un ((Forum Technique et de Communication sur les CGPE '>. C'est l'objet de Ia section suivante.

6.3.1 Organisation du Forum Technique et de Communication sur les Comités de Gestion des Points d'Eau (GCPE)

Le Forum Technique et de Communication sur les CGPE est l'une des activités de communication participative susceptibles de permettre des echanges et le dialogue au niveau de l'ensemble des parties prenantes concernant particulièrement Ia mise en place d'un nouveau modèle de restructuration, de mise en place et de fonctionnement desdits Comités.

6.3.1.1 Les grandes lignes du Forum Technique et de Communication

Dans le but d'améliorer Ia gestion des ressources en eau en milieux rural et semi- urbain, un forum technique et de communication sur les Comités de Gestion des Points d'Eau était organisé les 13 et 14 juin 2002 a Ouagadougou par l'equipe du projet GUCRE, avec Ia collaboration du programme GIRE, de Ia Direction d'Approvisionnement en eau potable du Ministére de l'Agriculture, de I'Hydraulique et des Ressources halieutiques, le ministère en charge du secteur de l'eau et d'autres partenaires comme le Programme National de Gestion des Terroirs (PNGT), le CREPA, le PHIVES, l'O.D.E, etc.

Le forum visait a discuter et a valider avec l'ensemble des parties prenantes impliquées dans Ia gestion des ressources en eau en milieux rural et semi-urbain (fonctionnaires, scientifiques, experts ministériels, des ONG, des projets; membres de CGPE; représentants des autorités administratives, villageoises et des populations de Ia base, ainsi que les représentants de bailleurs de fonds), d'un nouveau modéle de structuration, de mise en place et de fonctionnement des CGPE, élaboré sur Ia base d'une approche participative basée sur Ia gestion des parties prenantes.

Ce forum a permis aux parties prenantes de Ia base d'echanger avec d'autres parties prenantes sur les principaux problèmes qui se posent autour de Ia gestion des points d'eau, principalement sur des voies et moyens susceptibtes de restructurer Ia démarche de mise en place et de fonctionnement des CGPE. 146

II était également question d'échanger sur les strategies de mise en oeuvre de Ia nouvelle reforme du système de gestion des infrastructures hydrauliques d'approvisionnement en eau potable en milieux rural et semi-urbain du Ministère, laquelle pourrait tirer profit de ce nouveau modèle dans sa mise en cauvre.

Pour parvenir d'une part a solutionner ces divers problèmes et d'autre part, a créer une forme de synergie entre l'ensemble des structures, projets, dans Ia perspective d'harmoniser les politiques gouvernementales en matière d'hydraulique villageoise, it faut donc innover et faire preuve de réalisme dans Ia mise en place de solutions qui doivent, pour être efficaces, tenir compte des rationalités de l'ensemble des parties prenantes. Le cas du Programme National de Gestion des Terroirs (PNGT) qui fonctionne actuellement avec l'implantation des Commissions Villageoises de Gestion Terroirs (CVGT) est révélateur. Par exemple, ii serait important de tenir compte de l'existence et du fonctiorinement des CVGT dans le processus de mise en place et de fonctionnement des Associations Villageoises des Usagers de l'Eau préconisées dans le cadre de Ia réforme.

6.3.1.2 Les principaux résultats du Forum Technique et de Communication sur les CGPE Deux principaux résultats sont ressortis de Ia tenue du Forum Technique et de Communication sur les CGPE. II s'agit:

• L'acceptation par I'ensemble de participants de Ia proposition du nouveau modèle de structuration, de mise en place et de fonctionnement des CGPE, principalement en milieu rural en appui a Ia mise en place de Ia réforme sur Ia gestion des infrastructures hydrauliques en milieu rural et semi-urbain du Ministére. Ce nouveau modèle tiendrait compte de l'existant et son implantation se ferait en synergie avec les structures intervenant actuellement en hydraulique villageoise.

• La constitution d'une équipe de redaction du guide axe sur Ia structuration, Ia mise en place et le fonctionnement des CGPE, incorporant de nouveaux modules de formation destinés a ces derniers a ete constitué parmi les participants. La redaction finale du document a été confiée a Ia direction du projet GUCRE. La distribution du guide sera sous Ia supervision du Ministère par le truchement de directions régionales, ainsi que d'autres structures intervenant en hydraulique villageoise. 147

6.3.2 Le Nouveau Modèle de Structuration, de Mise en place et de fonctionnement des CGPE

La conception du nouveau modèle est basée d'une part, sur les résultats d'une enquête exhaustive menée dans 19 villages du bassin du Nakanbé dans le cadre de Ia réalisation du projet GUCRE23 et d'autre part, elle prend en compte les pratiques actuelles de fonctionnement de CGPE issues des structures tels que le projet PIHVES, le PNGT, le CREPA, l'ODE.

Dans le but de permettre l'implantation du modèle dans un plus grand nombre de villages du bassin du Nakanbé et ailleurs au Burkina Faso, un Guide de structuration, de mise en place et de fonctionnement de Comités de Gestion des Points d'Eau, base sur une approche participative est mis a Ia disposition des structures en hydraulique villageolse (Projets, ONG, Associations, etc.). II sera distribué dans l'ensemble du territoire burkinabè par le truchement du Ministère de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques.

La section suivante présente Ia démarche méthodologique d'élaboration du nouveau modèle de structuration, de mise en place et de fonctionnement des CGPE.

6.3.2.1 La base conceptuelle du modèle

Sur le plan conceptuel, le modèle est élaboré en considérant que Ia démarche de structuration, de mise en place et de fonctionnement d'un CGPE en milieu rural est un processus multidimensionnel impliquant les aspects economiques, socioculturels, politiques, techniques de gestion, de formation et juridiques.

Pour tenir compte de tous ces aspects indispensables dans Ia mise en forme d'une telle structure, le processus de modélisation est réalisé sur Ia base de trois modules decisionnels (voir figure 8):

Module décisionnel 1: ce module tient compte de Ia rationalité villageoise formalisée en savoir-faire villageois en matière de gestion des ressources en eau (modes et horaires de prélèvement de l'eau, systèmes d'entretien, les formes de cotisation, Ia perception de l'eau par les populations, le role des femmes, des hommes. Ce savoir-faire villageois se matérialise egalement en termes de management de l'ensemble des problémes du village, l'exercice du pouvoir, le processus de pnse de decision, les coutumes, les rites, les tabous, les interdits, etc.

Module décisionnel 2: ce module tient compte de ce que nous assumons être Ia rationalite politico-institutionnelle et juridique. II englobe diverses dimensions ayant trait aux politiques gouvemementales concernant l'accès de Ia population a l'eau potable, les strategies d'intervention en cas des problèmes, Ia legislation, le mécanisme de décentralisation, le transfert de competences, les conventions nationales et intemationales, les conditions daide au développement, etc.

Module décisionnel 3: ce module tient compte d'une forme de rationalité administrative, technique et économique concernant les conditions de financement et d'implantation des ouvrages hydrauliques, les modes de gestion des operations, le mécanisme de fonctionnement administratif (de divers ministères et leurs

23L 'annexe 2 donne les grandes lignes de 1 enquêle sur lefondilonnement des CGPE réalisée dans le cadre duprofer GUCRE. 148 démembrements), les questions d'administration publique de l'eau, le processus de prise de decision, l'apport des ONG, des associations des usagers, etc.

En d'autres termes comment tenir compte en même temps de points de vue des paysans, des politiques gouvernementales, de différents formalismes organisationnels préconisés, par exemple, par les ONG dans les différents modèles alternatifs a considérer et dans les critères de decision? Comment tenir compte des generations futures dans les decisions prises aujourd'hui?

Dans le processus de modelisation, on utilise les interactions et les interferences entre ces trois modules décisionnels pour définir deux ensembles importants, sur lesquels, l'on peut intervenir pour procéder au choix ou prendre de decisions en termes de structuration.

Les deux ensembles considérés sont les suivants:

• un ensemble d'alternatives des structures organisationnelles de gestion des points d'eau (ensemble des CGPE potentiels),

• un ensemble de critères de decision (ou règles de choix). Figure 8 : Modèle conceptuel

Module décisionnel no i Rationalité Villageoise

Modèle de corn promis de gestion des points d'eau 150

Le premier ensemble est constitué des alternatives de modèles des CGPE potentiels que Ia population d'un village donné peut considérer au cours de Ia démarche de structuration, en tenant compte de différentes rationalités. Le deuxième ensemble est un ensemble de critères de decision ou encore des règles de choix, que les parties prenantes peuvent utiliser pour procéder au choix de Ia meilleure structure parmi I'ensemble de modèles de CGPE potentiels.

Comme a démarche se realise en impliquant les parties prenantes considérées a l'ensemble du processus, dans Ia partie opérationnelle, ii est question de Ia gestion de Ia participation des parties prenantes, dans Ia perspective de considérer principalement les points de vue et les intérêts des bénéficiaires. Le mécanisme le plus approprié pour y parvenir est d'utilisation d'une stratégie de communication participative, permettant aux différentes parties prenantes de discuter, d'interagir, de dialoguer et d'échanger sur les questions portant, a juste titre, sur Ia structuration, Ia mise en place et le fonctionnement des comités de gestion des points d'eau.

La strategie de communication participative doit être élaborée suivant les besoins. EHe permettra de définir les besoins de communication par groupes cibles (ou groupes spécifuques),

Sur Ia base d'une procedure d'arbitrage et de regulation, faisant partie de Ia strategie de communication élaboree, ii est possible de trouver, a partir de deux ensembles considérés ci-dessus, une structure organisationnelle (Un modèle) de gestion des points d'eau de compromis. En y parvenant, Ia structure de compromis tiendrait compte des points de vue et des ratiorialités de l'ensemble des parties prenantes considérées dans les trois modules décisionnels.

La partie suivante présente les étapes de structuration, de mise en place et de fonctionnement du nouveau modèle de structuration, de mise en place et de fonctionnement des Comités de Gestion des Points d'Eau suggéré dans le cadre de cette étude. 151

6.3.2.2 Etapes de structuration, de mise en place et de fonctionnement d'un Comité de Gestion des Points d'Eau Les étapes de structuration et de mise en place sont présentées en deux sections:

La démarche de structuration ; La procedure genérale d'organisation des populations pour le choix des différents comités.

La démarche de structuration

Comme le montre Ia figure 9, Ia démarche de structuration se réalisera en trois phases présentées ci-dessous:

Premiere phase : Mise en place d'un CGPE par forage ou par groupe de forages

Les étapes a suivre sont les suivantes:

(i) Definition et validation auprés de Ia population du village, des postes de travail nécessaires pour le bon fonctionnement d'un CGPE y compris Ies critéres de designation de ses membres.

(ii) Mise en place d'une forme de < campagne électorale de designation des membres de CGPE.

(iii) Organisation d'une election des membres de CGPE en Assemblée Générale.

(iv) Formation des membres de CGPE.

Deuxième phase: Mise en place d'une cellule de gestion des forages du quartier (ou regroupement de quartiers)

Au bout dune période de 3 a 6 mois, un cadre de concertation sera organise, auquel participera un comité ad hoc compose des personnes suivantes: (1) les membres des CGPE de différents forages du quartier; (2) le Responsable Administratif villageois (RAV); (3) les notaires (chef de village, chef de clans, chef de terres); (4) les personnes antennes du villages.

L'objectif de ce cadre de concertation est de faire le point sur le fonctionnement du nouveau modèle de CGPE et l'élaboration dune démarche d'integration de chaque CGPE (par forage ou groupe de forages) vers une structure commune au niveau d'un quartier (ou regroupement des quartiers) dénommée: Ceflule de gestion des forages du quartier (ou du regroupement de quartiers), dont les membres seront également élus en AG.

Troisième phase: mise en place d'un cadre de concertation villageoise

Après une période maximale de deux ans, un cadre de concertation villageoise sera organisé, auquel participeront des personnes choisies par les notaires et d'autres structures (ONG, administration, etc.) <

CADRE DE CONCERTATION VILLAGEOISE (CPCV)

CGPE CGPE CGPE CGPE Forage Forage Forage Forage n°1 n°2 n°2

Usagers Usagers volontaires volontaires

Figure 9 : Schema presentant Ia démarche de structuration et de mise en place 153

L'objectif poursuivi par ce cadre de concertation villageolse est d'echanger sur les experiences des uns et des autres au niveau des cellules de gestion des forages dans Ia perspective de définir un cadre de creation et de mise en place d'une forme d'Association Villageoise des Usagers de l'Eau (AVUE)24.

L'idée maltresse d'une AVUE est d'associer l'ensemble de Ia population a Ia gestion des ressources en eau du village. Dans cette articulation, un bureau permanent de I'AVUE sera alors élu en Assemblée Générale Villageolse. Dans Ia structure organisationnelle du bureau permanent de FAVUE, l'on retrouvera les membres de CGPE de tous les points d'eau villageois. L'avantage de I'AVUE est queue aura une reconnaissance juridique et mettra en place un système de fonctionnement uniforme (comprenant un mécanisme de suivi) pour tous les points d'eau villageois du village.

La section suivante présente Ia procedure générale d'organisation des populations pour le choix des membres de différents comités.

6.3.4 Procedure générale d'organisation des populations pour le choix des membres des différents comités Cette procedure pourralt comporter les étapes suivantes:

Convocation d'une premiere Assemblée Générale pour information sur Ia procedure de mise en place des CGPE et du choix des membres. Cette Assemblée générale devra regrouper les habitants du(des) quartier(s) du village concerné(s) ou de tous les quartiers dans le cas d'une AG villageoise. ci Procéder a une identification de Ia représentativité des populations par quartier (identifier le nombre de personnes présentes par quartier lois de l'AG) pour s'assurer que tout le quartier (le cas échéant tout le village) est implique dans le processus.

ci Tenir une rencontre causerie lois de cette premiere AG avec Ia population sur des sujets adaptes au contexte socioculturel du milieu, tels que, pour les comités existants et qui fonctionnent mal, les rapports negatifs que les populations entretiennent avec lesdits comités, par exemple, le non-respect des heures de prise d'eau que le comité fixe, le non-respect des regles d'hygiene autour du forage, le non-respect des cotisations qui doivent contribuer a l'entretien du forage, le non-respect par les membres des comités des règles qui regissent leur fonctionnement, Ia fuite de responsabilité de certains membres ainsi que le mauvais comportement de certains, surtout les trésoriers. L'animation pourrait avoir pour support les outils GRAAP, le théâtre-Forum, etc.

ci Tenue d'une deuxième AG, dans laquelle, II y aura Ia proposition et l'adoption de a nouvelle appellation de Ia structure chargée de Ia gestion du ou des forages. ci Travailler avec Ia population a défunir les tâches (qu'est-ce qul dolt être fait) d'une organisation (comité ou structure de gestion du point d'eau) qui sera chargée de veiller sur le bon fonctionnement et Ia pérennisation du forage en question. ci Coller a chaque tâche définie, une fonction (par exemple, si une personne doit faire ceci ou cela, voila comment nous devons l'appeler). Les tâches et les denominations des personnes chargées de les executer doivent venir nécessairement des populations. Cela leur permettra de bien comprendre le

24 que propose par Ia réforme. 154

fonctionnement des structures qu'ils mettent en place et d'opérer des réajustements au besoin.

u Definir avec eux les qualites de chaque membre: par exemple SI nomme un membre trésorier ou gérant, II dolt être âgé d'au moms 30 ans, ne pas exercer une fonction similaire dans une autre organisation, accepter les critiques, être respecte, être scolarisé. u Identifier avec Ia population Ia zone d'influence du forage (les quartiers qui auront accès facile au forage). Travailler avec Ia population a Ia determination des modes de collectes appropriés qui tiendraient compte des rationalités de Ia population et des besoins en terme d'entretien des forages. Au cours du processus, Il est conseiller de se servir de l'experience des comités déjà existants en matière de pannes plausibles et des coUts annuels de reparations, etc. Tenir une troisième AG pour Ia mise en place (Ia designation des membres) de Ia structure. Après avoir mis en place Ia nouvelle structure lors de Ia troisième AG, on procède a I'identification des besoins en formation des différents membres. Après I'identiflcation des besoins, ii sera question de procéder a une planification conjointe de Ia tenue de cette formation avec les membres du bureau de Ia structure et Ia structure de tutelle (projet, ONG, bureau privé). Cette structure de tutelle participe a I'identification des themes en prenant en compte les acquis de chaque membre en fonction de leurs attributions. Des structures partenaires pourraient collaborer pour Ia publication en langue nationale des différents modules de formation. Une autre forme de collaboration est envisagee avec des structures telles que, I'INADESS FORMATION, lODE, le CREPA, le projet PIHVES, le PNGT, Ie GRAAP pour enrichir le contenu des modules existants. Le Guide de structuration, de mise en place et de fonctionnement des COPE reprendra de manière plus pédagogique l'ensemble de Ia démarche afin de permettre aux organisations qul l'utiliseront de fonctionner de manière autonome. L'annexe 6 présente une proposition d'un module de formation spécialisé sur les fonctions spécifiques des membres.

Dans Ia démarche de structuration, il est prévu d'organiser quelques cadres de concertation, c'est I'objet de Ia prochaine section.

6.3.5 Procedure de mise en place de quelques cadres de concertation

Dans Ia démarche de structuration et de mise en place des CGPE, ii est prévu de tenir un certain nombre des cadres de concertation, dans Ia perspective d'élargir les perspectives d'echanges a un niveau plus élevé, mais egalement pour partager ces opinions avec celles des autres. Ces cadres de concertation peuvent se tenir au niveau départemental et regional. 6.3.5.1 Mise en place d'un cadre de concertation départemental des CGPE Le cadre de concertation départemental aura Ia charge de veiller, a travers son staff villageois constitué au niveau departemental, au bon fonctionnement des comités des villages du ressort du département. Ainsi, cette structure départementale sera directement en contact avec les différents cadres de concertations au niveau villageois pour Ia consolidation des acquis et Ia resolution des différents problèmes. 155

Pour pérenniser ces cadres de concertation et construire un <> entre ces structures villageoises a Ia base et les autorités administratives chargées de Ia gestion des infrastructures hydrauliques, Ia mise en place dun cadre de concertation a une échelle supérieure s'impose. C'est I'organisation des différents cadres de concertation régionale.

6.3.5.2 Mise en place d'un cadre de concertation regional des CGPE (comités départementaux) Au niveau regional, les différentes directions régionales de I'hydraulique seront les premieres structures interpellées pour Ia mise en place de ce cadre de concertation. II sera compose des agents des différentes directions régionales et les représentants des populations a Ia base, des cadres de concertation qui se seront constitués au niveau départemental. Ce cadre devient ainsi le lieu par excellence pour les différentes structures chargées de Ia gestion des points d'eau (CGPE) de discuter avec les décideurs de l'ensemble des difficultés et des propositions de solutions aptes a améliorer les conditions d'accès a l'eau potable de leur population. Sur le plan schématique, Ies inter-relations entre ces cadres de concertation se présentent comme suit:

Niveau 1: A ce niveau, les structures chargées de Ia gestion des forages dans les différents quartiers doivent s'organiser pour trouver des répondants qui viendront composer le cadre de concertation au niveau du village. Cellule de gestlon des forages par Niveau 2: La structure composée dans chaque village pour répondr quartier. village différents quartiers du village sera représentée au niveau déparl rétroaction sera créée au niveau du département pour que les continuellement informés.

Niveau 3: Il s'agit du niveau de concertation le plus elevé. Les structures qui doivent siéger au niveau départemental, devront trouver des repondants au niveau regional. Ces cellules regionales sont directement en contact avec les departements pour échanger sur les difficultés rencontrées dans les villages et au niveau des quartiers par les structures ou comités de gestion des points d'eau.

La réalisation de différentes actions décrites dans cette section a donné lieu a diverses situations, temoignages et faits saillants. Nous décrivons dans Ia section suivante Ie cas de quelques villages-types. 156

6.4 Quelques situations, témoignages et faits saillants dans quelques villages-types

Nous presentons ici quelques situations, témoignages et faits saillants dans quelques villages du projet apres Ia réalisation des activités de communication participative.

6.4.1 Le cas du village Silmiougou Dans ce village, les populations sont de plus en plus conscientes des consequences de Ia consommation des eaux des marres et des deux boulies sur leur sante. Dote depuis l'intervention du projet de deux nouveaux forages, elles ne frequentent plus avec Ia même assiduité ces boulies. Néanmoins, ii faut encore un peu de temps pour observer l'abandon total de ces infrastructures par les personnes pour lesquelles le changement de comportement prend plus de temps. De cette façon, elles pourront éviter le ver de Guinée qui malheureusement est toujours present dans ce village qui est situe a peine a 30 kilomètres de Ia capitale Ouagadougou. Selon les populations de Silmiougou, depuis que les femmes ont integre les Comites de Gestion des Points d'Eau (CGPE) suite a une restructuration de ces derniers, Ia mobilisation de Ia population pour les reunions concernant les problèmes d'eau est devenue plus facile. Dans le même ordre d'idées, Ia gestion de ces forages ne se fait désormais sans aucune difficulté, Ia collecte des cotisations ne souffre d'aucun retard et d'aucune ambiguIte, l'hygiène est maintenue tout autour des forages. En plus de ces observations, des témoignages ont pu être recueillis dont les principaux sont les suivants. Temoignages des ressortissants de villages voisins de Silmiougou. Un homme: viens de PYGUI. Je suis trés content de ce qui se passe a Silmiougou. Je félicite aussi le projet qui ne ménage aucun effort pour Ia vie de nos populations qui sont trés diffidiles a faire changer pour cause d'ignorance. Le projet a procédé a des sensibiisations avant l'action, a /'action e/Ie-même et a d'autres sensibiisations aprés l'action. Depuis que j'ai entendu par/er du projet, je participe chaque fois a différentes rencontres. Mais je n'ai jamais eu le courage de me presenter, c'est a dire que je ne suis pas de Si/miougou. J'aimerai que ce soit chez moi que ce/a se passe. Mais je ne savais pas pourquoi Silmiougou seul. Je sais que Si /e projet avait plus de moyens, II mettrait au moms un forage par village, avec des sensibi/isations, ainsi, nos comportements face aux forages a/laient changer Une femme: <>. Une femme: <'Je suis de VOUAGA. Si nous partons a Silmiougou pour co/lecter de /'eau au forage, nous sommes p/us a l'aise que chez nous c'est j'ai cause avec un monsieur qui m'a révé/é /e secret. Pour moi c'était un secret. C'était unjour, je suis venue au marché, j'ai vu deux porsonnes qui ne se parlaient pas, mais ce jour je les entendais dire, /'heure est arrivée, allons a /a rencontre de nos enfants. lis sont a l'éco/e, ils nous attendent. Et /a maintenant j'ai demandé, mais ces deux se sont pardonnés par /e biais de qui ? Et le monsieur m'a tralné a l'ecole. J'étais étonné par /e nombre des participants, aussi /es discussions sans probléme. J'ai suivi avec attention. Et c'est là, j'ai compris pourquoi ii n'y a plus de pro blèmes d'eau a 157

Silmiougou. Dans mon quartier prêt de Silmiougou, j'ai fait comprendre a nos femmes, nos files nous n'avons pas de problèmes Si flOUS partons a Silmiougou pour recueillir l'eau potable. Je crois que si cela pouvait se passer dans tous les villages, on n'aurait pas de problémes de cohabitation >>. A travers ces deux derniers temoignages, on constate que Ia communication a eu gain de cause au niveau de ces populations et a gagné du terrain de façon horizontale, c'est a dire, d'un village a l'autre. II est né un climat serein et convivial au sein du village et entre Silmiougou et les autres villages voisins concernant notamment l'approvisionnement en eau. Les activités de communication ont donc en quelque sorte rapproché les populations a travers l'eau. Silmiougou est devenu aux yeux des populations voisines, un exemple en matière d'amorce du processus de changement de comportement dans le domaine de Ia gestion des ressources en eau et particulièrement sur les conflits lies a l'eau.

6.4.2 Le cas du village GOUE A Goué, le nouveau responsable administratif a réaffirmé son soutien aux activités du projet dans Ia gestion des conflits qui existent autour de leurs points d'eau. Les deux forages réhabilités par le projet GUCRE (celui du quartier Kakanghin et celui du marché) sont très propres et ne souffrent pas de problèmes de cotisation. Par contre, le forage des pêcheurs était souvent sale avec un dépôt verdatre par manque d'hygiène. Le forage de I'école qui n'a pas de superstructure est toujours difficile a maintenir propre. II faut souligner que l'êtat dans lequel se trouverait le forage des pêcheurs pourrait sexplique par le fait que le comité a ete mis en place de façon trés selective avec Ia non-implication de Ia population dans le choix des membres. Cela pourrait expliquer le désintérêt des populations ainsi que des membres du CGPE vis- à-vis de ce forage, qui considèrent leur position stratégique et irreversible au sein du comité. Compte tenu de ces situations conflictuelles observées durant un certain moment, les animateurs et les personnes antennes ont organise d'autres rencontres-causeries avec les membres des comités des deux forages pour échanger et trouver ensemble des solutions. Ceci montre Ia dynamique qui existe actuellement au niveau du village concernant Ia prise en charge des infrastructures d'eau du village. Aujourd'hui, le forage des pêcheurs a été réparé. Les commerçantes ainsi que les vendeuses de dolo ont mis un terme au prélévement d'eau du barrage pour leurs activités.

Voici quelques faits saillants importants a signaler dans ce village:

• A GOUE, après Ia rencontre-causerie du 22 février 2002 sur le theme Disputes autour des points d'eau et Fe non-paiement de l'eau du forage >, Ia population a mis en place un CGPE pour le forage réhabilité du marché. Ce CGPE est compose a 70% des femmes. • La participation des responsables villageois des villages riverains (Nabdogo, Ramitenga, Goué roundé, Bogdogo) a diverses rencontres-causeries montre jusqu'à quel point les activités du projet commencent a avoir des repercussions dans les villages voisins. En effet, les responsables des villages riverains contactent nos animateurs pour échanger sur notre approche en vue de ressembler a nos villages modéles. • Les responsables villageois du village Nabdogo ont réhabilité deux forages qui etaient non-fonctionnels depuis trois ans, aprés avoir suivis deux rencontres- 158

causeries, echanger avec Ia personne antenne de Goué et les animateurs du projet.

• La reparation du forage des pêcheurs de Goué a leur propre initiative après Ia presentation du théâtre forum.

• La refonte de tous les CGPE du village de Silmiougou par Ia population après Ia mise place du CGPE du nouveau forage finance par le PACS en fin mars 2002. • L'identification dun grand besoin en formation au profit des membres des CGPE de tous les villages.

• La presence d'éleveur femme dans le nouveau CGPE, mis en place avec Ia démarche du projet GUCRE.

• Les élèves de Silmiougou qui désirent bénéficier d'une rencontre-causerie sur le theme: l'hygiene autour des points d'eau et les maladies hydriques apres avoir suivi a Ia fenêtre de Ia classe le dit theme.

6.4.3 Le cas de Bagre-Centre A Bagré-Centre, les rencontres causeries et le théâtre forum principalement sont venues consolider certains acquis du projet PHIVES II. Des le debut des interventions du projet GUCRE, nous nous imaginions que les villages étaient beaucoup avancés concernant l'animation et Ia communication participative. Mais, au fur et a mesure que le projet avançait dans sa démarche, Ia population a présente ses vraies difficultés ainsi que les limites des animations précéderites qui se résumaient a une information de base portant sur des themes pour lesquels l'animateur est considéré comme le seul détenteur de l'information a Iivrer a Ia population. Selon les populations de nos villages d'intervention elles ne se sont pas senties impliquées dans les activités d'animation du PHIVES II, comme nous le faisons dans le cadre de Ia réalisation du projet GUCRE, notamment sur Ie choix et Ia planification des themes de discussions avec les différents groupes cibles en passant par le pré-test des themes de discussion avec quelques leaders. De là, nous avions constaté Ia nécessité d'ceuvrer pour un travail en synergie et de maniere complementaire dans une même zone pour un même type d'intervention. Cela est susceptible d'éviter les confusions et les incompréhensions entre partenaires d'une part et entre partenaires et populations d'autre part.

C'est I'integration des activités de communication participative du projet GUCRE a travers une démarche appropriée, que Ia population a commence, dans une dynamique souple et participative a échanger et a s'exprimer. A mi-parcours de nos activités sur le terrain, le projet GUCRE a facilité une collaboration et a crée une synergie d'actions avec le partenaire PHIVES II de qui l'a precede dans Ia zone. Cette synergie, renforcée lors du forum technique et de communication du mois de juin 2002 a ouvert Ia porte sur des actions conjuguées entre les deux structures. Le Directeur Regional de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques du Centre-Est nous a confirmé ce partenariat lors d'une de nos tournées sur le terrain. Aussi, Ies opérateurs privés recrutés par le projet PHIVES II dans le cadre de Ia re-dynamisation des CGPE sollicitent l'appui des animateurs et des personnes antennes de Bagre-centre pour conduire leurs missions en s'appuyant sur I'expérience du projet GUCRE (cas du CGPE du quartier Simbo de Bagre centre). Après le théâtre forum tenu A Bagre, les neuf villages faisant partie du projet et quelques villages environnants ont tour a tour sollicité une representation théâtrale. Comme canal de diffusion, le marché a été identiflé par Ia majorité 159

des personnes sondées, car c'est là oü tout se raconte. On volt qu'il y a encore une fois une dynamique de communication qui sest crée dans ce village a Ia suite des activités de communication participative.

6.4.4 Cas du village Gogninga Dans ce village, les activités de communication participative ont eu quelques incidences positives ou impacts comparativement a Ia situation rencontrée dans ce village au debut du projet. Nous pouvons souligne notamment les quelques faits suivants: Une meilleure integration de Ia femme dans Ia gestion des conflits lies a l'eau et Ia gestion des forages de manière genérale. En effet, depuis Ia tenue des rencontres causeries et du théâtre forum, une forme de prise de conscience est née dans l'esprit des femmes en ce qui concerne leur capacité de se faire écouter et d'occuper des pastes de responsabilités au sein des CGPE au méme titre que les hommes. Ceta s'est traduit par leur veritable implication dans Ia gestion des forages. Ainsi, en plus du paste d'hygiéniste, elles se proposent pour occuper des postes de trésorerie ou de secretariat. On note egalement l'occupation par une femme du poste de personne antenne du village. Une meilleure cohabitation avec les villages voisins qui souhaitent une intervention future du projet GUCRE chez eux. Sur le plan de a cohabitation avec les villages voisins, Gogninga est perçu comme un modéle dans Ia zone. Le RAy du village et les personnes antennes reçoivent en moyenne un responsable de villages voisins chaque jour de marché pour des échanges sur leur nouvelle facon de gerer l'eau du village. Une meilleure hygiene autour des points d'eau (forage). Pour ce qui est de I'entretien des points d'eau le problème est résolu a 80% dans tous les quartiers de GOGNINGA par les femmes hygienistes organisées par Ia personne antenne femme. Les animateurs ont constaté aussi avec l'agent de sante une nette reduction des maladies d'origine hydrique notamment les maux de ventre.

6.4.5 Le cas du village KORA A Kora, l'impact du théâtre forum a ete note au niveau de Ia gestion des forages. En effet, dans le quartier YARCE dote d'un forage avant nos interventions dans ce village, Ia collecte des fonds se faisait a Ia fin de chaque mois. Ce mode de collecte ne permettait pas au CGPE de les optimiser. Le trésorier était confronté a l'abandon du forage par Ies usagers a I'approche de Ia période de collecte. Ces derniers se rabattalent sur les puits traditionnels et le lac et revenaient au niveau du forage une fois que Ia période critique (celle de Ia collecte des cotisations mensuelles) passait. A partir des enseignements tires du théâtre et des difficultés liées a ce mode de collecte, les membres du comité ant décidé que le trésorier passe dans chaque concession prendre Ia cotisation qui est fixé a 100 Fcfa a Ia fin de chaque mois et dans les ménages qui se servent au niveau du forage. Les hommes, femmes, jeunes filles et garcons qui étaient presents a Ia rencontre ont de ce fait pris connaissance du nouveau mode de collecte. En plus, les membres des comités des deux forages fonctionnels du village, faisaient rarement les comptes rendus de Ia gestion. Après cette activité, us se sont concertés pour discuter des problèmes lies a leurs forages. Ils ant fait une restitution du théâtre et profite d'échanger sur leurs modes de collecte des fonds et de prevention des pannes. lls ant par ailleurs promis de changer complètement les deux bureaux CGPE pour mieux réorganiser et uniformiser les collectes et I'entretien des deux forages. 160

6.4.6 Le cas de Loaga ALoaga, dans le quartier Tengsobdgo, le responsable administratif du village (RAV) a décidé (après avoir suivi le théâtre forum avec intérêt), de réparer le forage qul était en panne depuis plus de sept mois a partir de ses fonds propres (l'exemple du chef de village Yerbanga dans le scenario du théâtre forum); étant donné que les fonds issus des collectes aupres des usagers du forage avalent été détournés par le trésorier. Après Ia reparation du forage, Ia population s'est réunie pour refondre complètement le CGPE. Elle a pu réunir et restituer au RAy Ia somme qu'il avait engage pour Ia reparation du forage. La collecte des fonds se fait par Ia vente directe de l'eau au forage. Les habitants ont promis d'entretenir leur forage de façon pérenrie dans Ia perspective d'éviter des pannes fréquentes.

Dans le quartier TIBIN, suite au théâtre forum, l'ancien CGPE a fait le compte rendu de Ia gestion a Ia population. Cette dernière n'ayant pas ete satisfaite, a jugé nécessaire de renouveler le bureau du CGPE. Cela a permis aux populations de ce quartier de poursuivre ces genres de concertation pour trouver des solutions aux problèmes des forages et des points d'eau en general et encourager ainsi les usagers a s'approvisionner en eau du forage tout en acceptant de payer 5F1 recipient.

Comme tout n'a pas ete facile et rose dans Ia realisation du projet GUCRE, nous presentons dans Ia section suivante intitulee, >, deux cas hors de I'ordinaire qui se sont produits dans deux villages faisant partie de l'etude. 161

6.5 Situations spéciales vécues sur le terrain Les deux cas présentés id concernent deux villages du projet. Nous le relatons sous Ia forme de récits.

6.5.1 Le récit du village Kora KORA est un village situé a 6 km de Kongoussi, le chef lieu de departement et chef lieu de Ia province du BAM. II est limité a l'Est par le lac Barn, a l'Ouest par le village de Yinnega, au ford par celui de Darigna, et au Sud par le village de Loulouka. Peuplé d'environ 2035 habitants, le village est compose de trois grands quartiers: Kora-Yarcé, Kora-Mossi, et Kora-Peulh. L'ethnie majoritaire est le Mossi (60% de Ia population) avec 2% de protestants; 8% d'animistes et 90% de catholiques. Les Peuhls et les Yarcés réunies representent 40% de Ia population et sont a 100% musulmans. Les trois quartiers sont geographiquement isolés l'un de l'autre, le quartier Mossi a l'Est, le quartier Yarcé a l'Ouest separé par une des routes nationales et le quartier Peuhl a l'extrême Nord, isolé derriere une colline faisant frontière avec le quartier Yarcé. En terme de disponibilité des points d'eau potable, le village de Kora dispose de quatre forages dont un est non fonctionnel.

II faut noter, que seul les quartiers autochtones disposaient de forages (Mossi et Yarcé) jusqu'en octobre 2002. Les Peuhis, considérés comrne étrangers, se contentaient des eaux de boulies et des marres et trés rarernent d'eau de forages. Cette configuration illustre dore et déjà Ia complexité des conflits d'intérêts que ces populations vivaient au depart, avant l'intervention du projet GUCRE.

Les aspects de problémes non-identifies Ayant participé a un grand nombre de projets de développement, ce village comme d'ailleurs les autres villages de Ia province, a une vaste experience en rnatière d'intervention des equipes de projet, et a ce titre se méfie de temps a autre de certains intervenants. Néanmoins lors de cette premiere phase, les membres du projet GUCRE, ainsi que les différents protagonistes ont identiflé les causes, les sources, les enjeux lies aux conflits d'usages des ressources en eau du village. En effet, notre premiere strategie d'intervention (enquete, animation communautaire et villageoise, rencontre-causerie, etc.) ne nous a pas permise de percer le mystère du milieu pour amorcer Ia resolution des conflits identifies (dont Ia mise en place des solutions était prévue durant Ia deuxième phase du projet). Nous nous sommes alors rendu compte que les causes des conflits lies a I'eau identifiees durant Ia démarche n'étaient que superficielles. II y avait d'autres types d'enjeux que nous n'avions pas perçus décelés au bon moment. II s'agissait: • des enjeux lies au pouvoir traditionnel entre les différentes générations (vieux et jeunes, ressortissants non-residents) qui convoitaient le projet;

• des enjeux lies a Ia représentativité des organisations paysannes et des personnes ressources dans Ia gestion des projets de developpement villageois. Ces derniers ont toujours l'habitude de s'accaparer de tout projet; 162

des enjeux lies a I'appartenance ethnique et religieux.

Le vice cache lors de Ia démarche participative de resolution des conflits lies a l'eau dans le village Kora

Tout en suivant notre démarche de resolution de conflits lors de Ia deuxième phase, le projet n'était pas arrivé a convaincre Ia population a travers l'implication d'une part de l'administration (Maire, Préfet, Haut commissaire) et des responsables coutumiers du village (chef de village, chef de quartiers et les responsables religieux) du bien fondé de notre intervention dans le village malgré les enquêtes et de nombreuses rencontres-causeries.

Cette situation s'est traduite dans un premier temps par Ia division des différents groupes d'intérêts et ethniques, puis l'implication des personnes-ressources du village non-résidentes qul ont un pouvoir de decision et un extérieur sur les problèmes de développement qui n'avaient pas ete identifies lors des enquetes. En plus, ces personnes n'ont pas ete associées par les villageois, ce qui est paradoxal.

Les sages du village étaient pour Ia démarche entreprise par le projet dans Ia resolution des conflits identifies, mais Ies jeunes qui appartenalent a plusieurs associations se sentaient excluent du processus. En plus, par exemple, l'ethnie Peuhl se réservait de toute intervention et de toute participation étant donné son statut d'etranger. Les leaders non-residents voulaient dicter leurs Lois (facons de faire) a partir de leurs représentants qui habitent dans le village. Le projet était alors confronté a un problème de choix de decisions appropriées susceptibles de satisfaire les différents groupuscules qui se sont formés a l'intérieur du village.

Comme allegation, certaines rumeurs rapportaient entre autre Ia mise a Ia disposition du projet d'un montant de 45.000.000 fcfa (QUARANTE CINQ MILLIONS de fcfa) pour Ia réalisation de forages. Des sources bien informées, selon les rumeurs, le projet aurait détourné cette somme avec Ia complicité du RAV (Responsable Administratif Villageois) de Ia localité pour d'autres fins. II était aussi ressorti de cette rumeur specifique, qu'à Ia place de réaliser desdits forages, Ia direction du projet GUCRE avait decide juste de réhabiliter les deux superstructures et de partager le reste de l'argent avec le RAV, notre complice. Cette même source disait aux populations et a qui voulait l'entendre que c'est grace a elle que le projet va s'implanter dans le village. Sur Ia base de Ce climat, aucune activité ne pouvait se réaliser, sans l'instauration d'un dialogue entre tous les acteurs. Comme en témoigne un des leaders non- residents du nom de SAWADOGO Dieudonné, c vous ne pouvez pas venir imposer votre façon de faire comme ce/a sans nous in former et nous impliquer ? j'ai été a l'origine de I'implantation des deux forages dans ce village, vous ne pouvez pas me dire que je ne sais pas ce que !es villa geois veulent ? et il continu en disant ((je suis au courant de tous les problèmes que vous rencontrez depuis votre presence dans mon village, on vient me faire des comptes rendus, ça ne m'étonne pas, nous voulons des forages un point c'est tout et ça dolt passer obligatoirement par nous, les pionniers))

Cette rencontre qui s'était déroulés dans Ia matinée avait vu Ia participation de tous les responsables de groupements, d'associations et responsables coutumiers. Elle a été animée tout au long par ce Monsieur. II était nourri d'applaudissements des participants, et il n'y avait aucun démenti vis-a-vis ces propos.

En conclusion I'assemblee avait décidé de tenir ce jour même dans Ia soirée une assemblée générale d'information pour redéfinir les axes prioritaires du village, ainsi que Ia levee de certains malentendus bases sur les fausses rumeurs. 163

Cette assemblée villageoise nous a permis de repartir sur de nouvelles bases et de découvrir les limites des donnees d'enquêtes. Cette rencontre qui a durée quatre heures avait commence autour de I 8h30 pour s'achever tard dans Ia nuit vers 21h45. Elle a permis du cote du village de découvrir les troubles fête et mieux comprendre les axes d'intervention du projet. Après cette pénible rencontre l'équipe du projet GUCRE et les responsables villageois ont eu un premier accord portant sur Ia rehabilitation des superstructures des deux forages et Ia tenue des rencontres causeries tout en poursuivant les demandes villageoises en matière de forages auprès des autorités compétentes. Pour respecter Ia volonté de Ia population, les membres de Eequipe du projet GUCRE, en accord avec les responsables villageois, ont planiflé par priorité Ia construction de nouvelles superstructures autour des forages, dans les quartiers autochtones (Mossi et Yarcé). Mais a notre grand étonnement, cette solution fut sabotée par un groupe isolé de jeunes meneurs qui s'est traduit par Ia non participation des populations au ramassage des agrégats pour les dit travaux, puis des menaces verbales et physiques a l'endroit de l'equipe du projet GUCRE, et a l'equipe qui était chargé des travaux de rehabilitation de forages. Compte tenu de cette situation difficile, nous avions décidé de changer de strategie d'intervention dans ce village. A ce moment précis, un autre village du projet situe a 18 km de Kongoussi, et 25 km de Kora, le village Loaga, poursuivait le projet pour des problèmes d'assainissement autour de leurs forages, le projet a répondu a leur appel tout en définissant avec Ia population leur participation. Cette période a coIncide avec Ia saison hivernale, et (a suspension de nos activités avait permis a Ia population de kora de réfléchir et par comparaison d'échanger avec les responsables du village Loaga qui était beaucoup avancé dans le processus.

A Ia reprise des activités au mois de septembre 2002, notre premiere rencontre avec Ia population avait été un succès comme le temoigne un vieux du village représentant le les jeunes, ces discutions sont les vôtres, quant a nous, dont les jours sont comptés, cette eau potable ne pourra rien changer a notre destin, je partage Ia preoccupation de Ia menthe rellgieuse qul invite les habitants de Ia brousse a ne pas brOler les herbes, parce que tout le monde veut sauver sa tête, soyez sage et patient.>>

A Ia reprise au mois de septembre donc, le projet a entrepris des rencontres avec les leaders du village pour organiser des rencontres-causeries et définir les vrais problémes, les causes et les propositions de solutions, en tenant compte des situations problématiques vécues. Cela a conduit les membres de l'equipe de projet et les responsables villageols de Kora a identifier et a proposer des themes de rencontres-causeries par groupes d'intérêt suivi de rencontres de synthèse en assemblée générale. En plus de ces activités, Ia collaboration s'est renforcée par Ia designation des personnes antennes par Ia communauté pour servir comme et l'oreille de celle-ci. Ces personnes ont ete ensuite formees par l'equipe du projet GUCRE. Cette étape a permis aux deux parties de reprendre les activités avec plus de sérénité et de confiance a travers ces rencontres. Aussi les rencontres de synthèse ont permis le rapprochement de I'ethnie minoritaire constituée des peuhis aux autres ethnies (surtout les Mossi).

Un autre élément est venu renforcer Ia confiance, le dialogue et Ia collaboration entre les habitants du village et les membres de l'équipe du projet. II s'agit de Ia rencontre réunissant les membres de l'équipe du projet GUCRE, le représentant du FCIL (Fond 164

Canadien d'lnitiatives Locales) et Ia population du village de Kora. Cette rencontre concernait Ia mise en place d'un point d'eau. Elle a servi de baromètre pour mesurer le manque de synergie et de dialogue entre les différents groupes d'intérêt du même village pour un même bailleur de fonds. En effet, le représentant du FCIL a appelé les différents groupes d'intérêt a s'unir autour d'un consensus pour définir avec le projet GUCRE leur priorite en matière des points d'eau (puits ou forage) et d'acheminer une nouvelle demande commune pour un éventuel financement. II ajoutera qu'au jour de cette rencontre, le FCIL ne s'était pas encore prononcé sur une quelconque demande contrairement a ce qui se disait au village (Ia mise a Ia disposition du projet GUCRE de près de 45.000.000 fcfa pour l'implantation des forages).

C'est au mois d'octobre 2002 qu'a eu lieu Ia mise en place d'un forage au profit des Peuhis avec l'accord de I'ensemble de Ia population de Kora. II est important de rappeler que pour Ia réalisation du forage des Peuhls, toute Ia communauté de Kora a participé a I'ensemble du processus (ramassage des agrégats, cotisations en nature et argent liquide, soutien moral, etc.), ce qui montre jusqu'a quel point le bien fondé des rencontres-causeries et du climat de dialogue qui existe désormais dans ce village.

La situation actuelle

A ce jour nous constatons une nette amelioration dans Ia cohesion sociale entre les trois ethnies du village:

• L'accès aux différents forages par l'ensemble de Ia communauté (Peuhis, Yarcé et Mossi),

• Une sensible amelioration de l'hygiene autour des forages • Une reduction des maladies d'origine hydrique • Une uniformisation des cotisations sur l'ensemble des forages du village, • Une refonte de l'ensemble des structures de gestion des forages de Kora, suite au théâtre forum • Une integration des femmes dans les structures de gestion de forages (CGPE),

• Une integration de l'ethnie minoritaire (Peuhl) dans les questions de gestiori des ressources en eau, ainsi que d'autres actions de développement du village.

Cette citation du responsable coutumier de Kora qui disait < Le projet GUCRE nous a démontré que Ia dimension humaine est Ia plus grande richesse de l'homme, parce-que c'est Ia base du développement, sans dialogue on ne peut rien faire i, en date du 28 mars 2003, resume bien I'état d'esprit act uel a Kora.

Les perspectives dans ce village

De facon générale, les perspectives a Kora, comme d'ailleurs dans les autres villages, se traduisent en termes de renforcement de capacites des acteurs locaux, ii s'agit de: • La formation des membres des Comités de Gestion des forages (CGPE) 165

• La formation des mécaniciens reparateurs de pompes a motricité humaine pour le compte du village, • Le renforcement des activités de communication, par une formation adequate des personnes antennes en matière de Communication Participative (hommes et femmes) • La traduction des outils de communication en langue nationale. 166

6.5.2 Le récit du village Silmiougou

Situé a 22 km du barrage de Loumbila et a 38km de Ia capitale de province du Kadiogo, Silmiougou est un village d'environ 2,500 habitants occupe par deux ethnies qui sont les Mossi en majorité et les Peuhis autochtone (premiers occupants du terroir). II comprend dix quartiers éloignés l'un de l'autre de manière dispersée. II est limité a l'Est par le village de Bouilie, a I'Ouest par celui de Righin, au Sud par le village de Kogninga et enfin au Nord par celui de Tanguiga. La population de Silmiougou est laIque, qui est composée de 35% de musulmans, 35% de catholiques, 15% de protestants et 15% d'Animistes. L'agriculture et l'elevage constituent les principales activités du village. En matières d'infrastructures hydrauliques, le village dispose seulement de quatre forages dont (un forage prive et un non fonctionnel), un puits moderne a grand diamètre tarissable, et enfin quelques puisards. Ce village, contrairement aux autres villages dans les autres sous-bassins, percevait déjà le développement comme phénomène qui pouvait améliorer leurs conditions de vie, et possédait une experience positive en matière de projets de développement. Cependant, au cours de Ia réalisation des activités du projet GUCRE dans ce village, et particulièrement lors de cette premiere phase, Ia tâche n'a pas été facile entre l'equipe du projet GUCRE et les différents responsables villageois pour l'instauration du dialogue, l'identification des enjeux et sur les causes de ces conflits, et évidemment leurs sources. II y avait un scénano traditionnel bien monte par les responsables villageois (le chef de village et le RAy). Les résultats de nos enquêtes nous ont conduit sur une piste qui n'était pas trés claire pour amorcer Ia resolution des conflits identifies (dont Ia mise en place des solutions devait suivre durant Ia deuxième phase du projet). Nous avions constaté que les assemblées générales se tenaient toujours au même endroit et egalement avec les mêmes participants dans le même quartier. On notait aussi l'absence des responsables coutumiers (le chef de terre, le chef de village), car de source proche du responsable administratif, celui-ci serrait a l'origine de l'arrivé du projet au village. Le chef de village se sentant diminué se réservait de participer aux différentes rencontres organisees par le projet GUCRE, par contre était disponible pour les rencontres d'ordre politique. Le pouvoir du RAV était tel qu'il se sentait incontournable (représentant de l'administration, lettré) et aussi indésirable par l'entou rage du chef de village.

Les femmes n'avaient pas droit a Ia parole, elles étaient exclues de Ia gestion des forages malgré qu'elles sont les premieres participantes aux différentes reparations des forages.

Situation spécifique a Ia resolution des conflits lies a l'eau dans ce village Lors de Ia deuxième phase, nous nous sommes entendus avec les responsables villageois pour suivre rigoureusement l'ensemble de Ia démarche participative élaborée dans le cadre du projet GUCRE. Cette nouvelle manière de fonctionner nous a permis de rétablir le dialogue et Ia confiance entre les différents groupes d'intérêts d'une part et le projet d'autre part. 167

Dans un premier temps, ii s'agissait de renouer le contact avec le chef de village par des visites de courtoisie, dans un second temps en compagnie du RAV pour expliquer les grandes lignes du projet et surtout lever l'équivoque sur le choix du village et des activités programmées. Nous sommes en quelque sorte repartis sur les nouvelles bases de travail et de collaboration.

Cela constituait une occasion pour les membres de l'equipe du projet de demander aux deux leaders de s'approprier du projet, a l'instar des populations du village voisin Goué et que nous pouvions compter sur eux pour Ia mobilisation et Ia participation effective des populations dans I'ensemble de Ia démarche participative.

Pour renforcer le processus, l'équipe du projet est partie renouveler l'implication des nouvelles autorités du département, le préfet du département (Loumbila) ayant été affecté et remplacé par un autre.

Cette démarche avait ouvert Ia porte des deux cotés, et cela a permis d'élaborer une stratégie qul devait nous permettre (Ia population et les membres de l'equipe de projet) de combler le deficit de communication a Ia base dans un premier temps.

L'equipe du projet GUCRE avait déclenché le processus en demandant aux leaders de nous proposer des activités et des outils de communication participative lesquels selon eux, pourraient venir a bout de leurs problèmes. Les leaders ont également propose des themes de rencontres-causeries ainsi qu'un aperçu du contenu.

A Ia suite de ces activités couronnées de succès, le projet et Ia population ont conjointement prepare le scenario du théâtre forum qui avait été identiflé comme activité de communication indispensable. Cela a pris près de deux mois de preparation, y compris le pre-test qui nous a conduit au mois de mars 2002.

Pour Ia premiere fois, c'était Ia production du théãtre forum dans le village voisin, soil Goué. A celte occasion, les responsables villageois de Silmiougou ont été invites par leurs voisins de Goué. Ce ful un grand succès et un bouleversement total a Silmiougou, aprés Ia restitution du théâlre au retour dans le village.

En effet, les responsables villageois se sont retrouvés dans le message véhiculé par le théâlre, et par consequent ont demandé Ia production de Ia pièce lhéâtrale, Ia formation et l'animation GRAAP sur les techniques de mise en place des structures de gestion des forages.

II faut noter en terminant qu'â Ia fin du mois de juin 2002, le village avait benéficié d'un nouveau forage, finance par le PACS. II faut souligner qu'avant cette date le projel avail pu honorer ces engagements concernant les différentes formations demandees par Ia population et même en ce qui concerne l'appui de Ia mise en place nouveau bureau CGPE de ce forage.

L'évènement majeur de cette étape fut Ia realisation d'un forage negatif dans un site qui s'était revele problématique, lequel! D'une source du village il paraltrait que cet état de fail était provoqué par le chef de quartier dont Ia proposition d'implanter le forage dans son quartier avait ete rejetée par I'ensemble de Ia population. En retour,

H avait utilisé de Ia sorcellerie pour assécher les sources d'eau. Dans ces circonstances, le RAV et le chef de village, auraient eritrepris des recherches a pres de 150 km de Silmiougou pour découvrir Ia cause et contre attaquer les auteurs, car l'entreprise chargee de Ia réalisation menaçait de se retirer. 168

Après donc les rites et les sacrifices complémentaires, l'eau a jailli le deuxieme jour de Ia reprise des travaux. Depuis cette période le chef de village ne s'etait absenté a aucune reunion du village.

En ce qui concerne le volet participation villageoise a Ia réalisation du forage, cette dernière a en effet ramassé les agrégats, cotiser une mise de fonds de plus de 100.000 fcfa en moms d'un mois et a participé a Ia construction des superstructures du forage.

Après Ia réalisation du forage dont Ia reception provisoire a connu Ia participation des plus grandes autorités de Ia province et du département, en occurrence madame le préfet de Loumbila représentant le Haut Commissaire de l'Oubritenga et monsieur le secrétaire general de Ia province.

Le village de Silmiougou a eu I'admiration de tous les villages voisins.

Dans les cas, nous venons de voir comment Ia prise en compte de toutes les sensibilités est nécessaire dans toute démarche participative. II est alors très important d'associer l'ensemble du village trés tot dans le processus en ce qui concernent Ia prise de decision.

Le dernier chapitre de ce rapport présente une analyse et une discussion d'ensemble. 169

7. ANALYSE ET DISCUSSION D'ENSEMBLE

Ce chapitre présente une analyse et une discussion sur quelques considerations spécifiques de I'étude. II s'agit: (1) d'une analyse structurelle et sociologique du mode de gestion de I'eau en milieu rural; (2) de l'impact des interventions en terme genre; (3) d'une analyse prospective sur les principaux resultats de Ia recherche; (4) du bien fondé de l'utilisation d'une strategie de communication participative dans Ia resolution des conflits lies a l'eau; (5) des acquis de Ia démarche methodologique de I'étude et le processus de transfert de savoir-faire; (6) Ia contribution a l'avancement des connaissances scientifiques dans le secteur de l'eau; (7) les perspectives futures pour Ia pérennisation des acquis du projet.

7.1 Analyse structurelle et sociologique du mode de gestion de l'eau en eau en milieu rural

L'eau, un élément naturel, un don Dieu demeure, paradoxalement en milieu rural au Burkina Faso, une propriété privée et un bien d'usage collectif. Elle est considérée comme une proprieté privée du fail que les eaux closes des puits et les eaux de surface, las eaux de rivières et de mangots)) sont appropriées par les propriétaires fonciers.

En milieu rural, le droit du sol relève du droit coulumier. II est inalienable et constitue un marqueur social qui se transmet par le biais de l'heritage de pére en fils. Ce droil consolide en quelque sorte les inegalités entre les individus parce que: (

(1941) que : Possession, propriété, usage, ne se distingue point de participation (...) La propriété consiste en une liaison mystique, en une participation entre le possédant et le possédé... L'essence de Ia propriété est un lien mystique etablit entre Ia personne qui possède at les objets qui participent d'elIe en quelques façons

En milieu villageois, Ia dichotomie propriété privée/ bien d'usage collectif constitue le principe central de Ia gestion de l'eau. Dores et déjà, Ia gestion de l'eau interpelle un élément historique fondamental oCi les ressources naturelles des différentes localités et surtout celles en eau, sont des domaines d'aspects socioculturels parce que sa collecte et son usage dependent des pratiques sociales et culturelles, propres a chaque société.

7.1.1 Une analyse du mode ancien de gestion basée sur les representations sociales

Selon Weber (1992), Ia société est le produit de l'action d'individus qul agissent en fonction de valeurs, de motifs et de calculs: Expliquer Ia gestion de l'eau, revient donc a comprendre comment les hommes orientent leurs actions en matière de gestion d'eau. L'explication qui en découle suppose donc a Ia fois de par interpretation l'action et son déroulement et ses effets ,.. En adoptant cette conception, et en posant que l'analyse des pratiques dans les 170

zones d'etude choisies relève de Ia sociologie comprehensive inspirée par Weber, nous sommes amenés a considérer que Ia production de I'eau et son usage sont conditionnés par les representations sociales.

Les representations sociales existent a travers le signifiant et le signifie. Pour Denise Jodelet (1985): concept de representation soc/ale désigne une forme de connaissance spécifique, le savoir de sens commun dont les contenus manifestent I'opération de processus génératifs of fonctionnels socialement marques. Plus largement, 115 designent une forme de pensées soda/es. Les representations sociales sont des modalités de pensée pratique orientée vers Ia communication, Ia comprehension et Ia maItrise de l'environnement social, materiel et idée/ ',. Ainsi I'acteur est producteur de sens: <

Cette approche conduit a dégager les deux processus de Ia representation sociale définis par Moscovivi (1984): l'objectivation et I'ancrage.

L'objectivation est un processus de construction et de reconstruction de Ia pense sociale: c'est résorber un excés de significations en les matérialisant,. Parler d'ancrage fait référence a social de Ia representation et do son objet (...). II no s'agit plus, comme dans /'objectivation do Ia constitution formelle d'une croissance mais de son insertion organ/quo d'une pensee

En d'autres termes, Ia representation sociale se présente comme I'action des modèles culturels et des ideologies (coutumes) qui orientent et organisent les conduites et les relations sociales. Elle est alors indissociable du champ d'appartenance sociale. Elle favorise ainsi Ia mise en place des pratiques a savoir, des schemes de perception, de pensée et d'action.

Selon Bourdieu (1980), Ia rencontre de l'histoire faite corps ef de I'histoire faife chose qui apparaIf comme le mécanisme principal de production du monde social L'auteur montre ici Ia manière dont les pratiques sociales s'impriment dans les têtes et dans les corps des usagers de I'eau par intériorisation de l'extériorité.

Quelles sont ces pratiques et leurs efficacités sur Ia dynamique de I'ordre social appliqué dans le domaine de Ia gestion de I'eau?

7.1.1.1 Le mode ancien de gestion : des attributs symboliques de I'eau aux pratiques

Nos recherches de terrain montrent que les populations africaines interviennent dans le domaine de I'eau par Ia magie qui relève do Ia culture et de leur histoire. Elles confèrent a I'eau plusieurs dimensions qui révèlent:

Le caractère mystique de sa production qui I'investit d'une efficacité symbolique pour le traitement de Ia maladie. Par exemple, l'eau des puits traditionnels est utilisée pour Ia preparation des feuilles censees procurer Ia guerison a un malade. Certains enfants malades sont lavés au niveau des rivières ou des marigots a I'endroit réservé aux sacrifices concourarit a Ia conservation de l'eau et sa bonne

JODELET (1985), opus cite, p. 26 Pierre BOURDIEU 171 gestion. Des sacrifices sont faites pour produire l'eau (c'est le cas des de pluie> que l'on rencontre au Burkina Faso, au Niger et au Cameroun pour ne citer que ceux-là. Ces personnes ont Ia maItrise d'un savoir-faire specifique pour faire venir Ia pluie ou Ia foudre Nyo-nyossé Cette capacité de maitrise leur procure une certaine place dans Ia société. Elles sont respectées et craintes en ce sens que pour le commun des mortels, ii serait preferable d'éviter Ia colère du vent ou de Ia pluie (le tonnerre)

Son caractère culture!: l'eau intervient dans les cérémonies coutumières. Sa gestion est réservée aux responsables locaux et coutumiers qul, du fait de leur maltrise d'un savoir-faire spécifique, accomplissent les fonctions de preservation et de maintien de Ia paix sociale.

Son caractère socio-religieux: elle créait Ia sociabilité par le fait qu'eIle est accessible a bus sans contrainte et sans prix.

Dans les pratiques de maternage, l'eau est utilisée pour les rites d'insertion du nouveau-ne dans son groupe social. En effet, chaque nouveau-ne reçoit une Iouchée d'eau avant I'occupation de Ia case paternelle. Ceci est un signe pour remercier Dieu mais surtout les ancêtres afin qu'ils veillent sur lui en le guidant dans le droit chemin.

II ressort ainsi que les différentes attributions de l'eau inhérentes a sa nature mystique construisent un rapport particulier correspondant repérable dans sés modes de gestion.

Ces observations illustrent parfaitement les propos de Bruhl (1941): les representations collectives: les objets, les êtres, les phénomènes peuvent être, d'une façon incomprehensible par nous, a ía fois eux-mêmes et autre chose qu'eux mêmes. D'une façon générale, i/s émettent et recoivent des forces, des vertus, des qualités, des actions mystiques, qui se font sentir hors d'eux sans cesser d'être oi) elles sont

Dans ses travaux, Oliver De Sardan (1996) montre que ces différentes attributions de l'eau et les rapports sociaux qu'elles impliquent, peuvent révéler des savoirs qui Iégitimeraient finalement des modèles d'adaptation au milieu: ((les savoirs techniques populaires constituent un ensemble de connaissances opérationnelles pour les producteurs ruraux dans tous les domaines de Ia pratique sociale: de Ia gestion a Ia pédologie, de ía dimatologie a ía sante, etc. II n'est aucun domaine oL), quand une operation de développement veut diffuser un nouveau savoir technico- scientifique, ii n'existe déjà un savoir technique populaire en place, qui règle les pratiques concernees. Les rationalités qui sous tendent ces savoirs ont été mis en evidence : beaucoup des systèmes de production paysans se sont ainsi révèles être des mode/es d'adaptation aux contraintes du milieu

Ainsi, les representations sociales nous permettent de comprendre les différents rapports des individus a I'eau. Nous pouvons alors mieux analyser les jeux du pouvoir dans Ia pratique de gestion de l'eau autour des points d'eau entre les différents acteurs sociaux. Pour apprehender les rapports de chaque acteur a I'eau, nous nous référons a 'analyse historique de Ia gestion des hommes. 172

7.1.2 Un mode ancien de gestion de l'eau fondé sur une structuration historique de l'Organisation Sociale

Pour expliquer le bien fondé de Ia prise en compte de Ia gestion traditionnelle de l'eau dans le processus participatif et de prise de decision, nous focalisons riotre analyse sur Ia structuration de l'organisation sociale des sociétés et Bissa qui constituent les deux groupes autochtones de nos zones d'étude.

7.1.2.1 L'organisation sociale Moaga Les Mossi constituent le tiers de Ia population burkinabé. lls seraient arrives entre le 8ème et 1 en Haute Volta en provenance de Gambaga (Ghana actuel). D'autres historiens disent qu'ils viennent du nord Cameroun et du Tchad. Selon ces mêmes historiens, us auraient ete de grands conquérants ayant a leurs têtes un chef. lls forment une société trés hiérarchisee oü le chef est toujours trés respecté.

Gens du pouvoir/ Gens de Ia terre

L'analyse de I'organisation sociale des villages concernés par notre étude fail appel a une analyse de l'histoire génerale des conquêtes des et en ce qui nous concerne, le systéme traditionnel des mossé.

En effet, le repertoire des différentes categories des premiers habitants (fulsé, kalansé, ninsé, etc.) de chaque village révèle des discontinuilés dans leur histoire du fail de leur contact avec les peuples conquérants, les Nakomsé ou gens du pouvoir. Ces derniers constituent l'armature du systéme politique moaga parce qu'ils possèdent le naam lIzard (1995) écrit: le naam est lout au tout un fondement théorique que legitimation pratique d'un destin collectif conçu comme prédéterminé

La vocation de tout moaga est de disposer d'un pouvoir et donc d'être un chef (Naaba, de commander (so) et donc d'avoir un commandement (solem)). Le Naam, c'est beaucoup plus que Ia force: c'est le droll. Toutefois, a côté des gens du pouvoir, ii y a les Nyonyonsé de Ia terre (tengbuise). Aux turbulences du monde du pouvoir agile de querelles dynastiques ou de lutte autour des charges de Ia cour, s'opposent Ia sédentarité et le calme permanent des gens de Ia terre. Sediments deposes par les différentes formations historiques premoosé ils présentent une trés grande diversite culturelle. Ce sont des descendants de tous ceux, fulsé kalansé, ninsé, qui bien avant l'arrivée des moose, s'étaient attribues les droits fonciers et les fonctions religieuses qui reviennent aux premiers occupants du sol. La terminologie simplificatrice moaga en a fait une catégorie unique: les Tengbuise, gardiens de l'autochtonie. Les gens de Ia terre fournissent un dignitaire: le (maître de Ia terre). Ces deux pouvoirs entretiennent des relations de complémentarité dans Ia gestion du groupe.

Les domaines de compétences

Le tengsoba exerce au niveau du village Ia fonction religieuse d'accomplissement des rituels et régle les problémes fonciers. C'est-à-dire qu'il (sépultures) de ce territoire. La maitrise de ce savoir empirique recu par I'éducation leur permet de demander Ia plule, c'est-à-dire Ia prospérité ou Ia conservation de l'eau (a travers I'application des interdits). Le fait d'interdire le prélèvement de I'eau au crépuscule, est une manière de Ia rationaliser parce qu'il lui permet de pouvoir remonter en surface. us consacrent leur rituel a cette prière (

7.1.2.2 L'organisation sociale bissa

Les bissa seraient des cousins des mossi. us seraient venus du Ghana. Leur origine n'est pas bien définie. Geographiquement, us sont plutôt proches du TOGO. Deux systèmes peuvent être mis en evidence: le pouvoir traditionnel et Ia gestion de Ia terre. a) Le pouvoir traditionnel

L'histoire du peuplement de Ia province du Boulgou révèle que Ia partie Est (Tenkodogo) a ete occupée par Naba ZOUNGRANA et sa suite venus du Gambaga. La partie Ouest- était déjà habitée par les Bissa.

Les mossi par coutume s'imposent toujours aux autres groupes par Ia conquete. Alors, us réussiront a s'imposer a l'Est et introduiront dans Ia culture Bissa, l'esprit de Ia hiérarchie par Ia presence d'un chef. C'est ainsi que jusqu'à nos jours, le Naba de Tenkodogo intronise un chef a Bagré. L'introduction de Ia chefferie a Bagré peut signifier qua partir du moment oü le village commençait a être important (abondance d'eau, fertilité des sols, etc.), ii fallait une hiérarchie au sein de Ia population pour éviter les débordements délictueux. En introduisant un chef, les autorités de Bagré ont place des gardes-fou un moyen de mobilisation ideologique de a population. Bagre deviendra a son tour une locahté importante et coiffera plusieurs petits villages.

Les Bissa forment une société acéphale dont le pouvoir sur les hommes importe peu; voilà pourquoi us préfèrent qu'une autre personne vienne les gouverner: bissa ne commande pas son frère, II prefère qu'une autre personne le fasse. Nous, nous prEférons quelqu'un d'autre a notre tête et nous executions ce quW nous dit de faire mais entre nous, ce n'est pas possible I

A cet effet, Ia gestion des hommes revient au chef du village qui est un moaga. Etre chef c'est le plus haut degré pour le moaga. A Bagre, ce qui intéresse le chef, c'est le pouvoir administratif. Bagré, compte tenu de Ia fertilité de ses terres et de I'abondance des pluies, etait une localité importante, son chef s'impose sur les petites localités qu'il domine en y intronisant leurs chefs de village (cas de Patta, Yamba, etc). La gestion de Ia terre revient au chef de terre qui est sous sa domination.

27MicheI IZARD (1995). opu.scité, p. 20-21 28 Propos d'un responsable coutumier de Bagré 174

Dans tous les cas, le chef du village qui est un mossi a pour role de veiller sur Ia population, d'assurer tous les rites coutumiers, enfin d'introniser les chefs des villages que Bagre domine. II est souvent épaulé par le chef de terre qui est un bissa. 175

b) La gestion de Ia terre

La gestion foncière est toujours faite par les bissa parce que Ia terre est a Ia fois divinité et capital fonder selon eux. C'est le fait d'être autochtone qul explique l'attachement des bissa a leur terroir. La terre est un capital précieux pour tous les paysans du monde. Elle est un espace de sécurité et créer les fondements des rapports complexes entre l'homme et son milieu. C'est pourquoi les fonctions du

confèrent beaucoup de prestige social. A Bagre Ia gestion de Ia terre se fait par clan: le statut des groupes est déterminé par le système politique mais aussi par les liens de parenté et par Ia localité. Ainsi Ia position sociale des clans depend de leur relation de parenté avec les familIes représentées a Ia cour du chef.

Le chef de terre a Ia lourde responsabilité de garantir Ia paix, de veiller sur Ia terre afin d'assurer une bonne récolte aux populations. II veille aussi sur Ia gestion de Ia terre qul est Ia propriété de son clan, oU aucune attribution ne peut se faire sans son autorisation ou son aval.

Pour l'accomplissement des coutumiers, le chef de Bagre délégue un responsable par type de rite. Cette pratique de gestion traduit une volonté de preservation des coutumes. Chaque responsable a Ia lourde tâche d'accomplir soigneusement son rite afin de procurer un bien être aux habitants. Un tel système de gestion démontre les fondements des liens entre l'homme et son environnement notamment les ressources naturelles et l'eau. Au niveau de Ia rivière sacrée, le responsable de l'eau est tenu d'organiser des cérémonies coutumières pour demander I'eau en abondance et aussi éviter Ia colere des de l'eau dans le but d'éviter les noyades de certains habitants ou un tarissement précoce de l'eau.

Les actes qui concourent a Ia preservation de ces lieux sont des moyens de rationalisation des ressources naturelles. En effet, Ia gestion des ressources naturelles par les autorités coutumières entraine avec elle des implications socioculturelles et historiques qui s'appuient sur le principe de l'equilibre environnemental. L'emprise des autorités coutumières sur Ies ressources naturelles, les points d'eau et le domaine foncier ainsi que le droit statutaire de fondateur de ce village, leur confèrent le droit de decision sur I'amenagement de certaines surfaces et le choix des sites des points d'eau (pour Ia construction du barrage par exemple).

En consequence, Ia non prise en compte du pouvoir coutumier entralne l'abandon de certaines ressources naturelles. La migration, et I'onchocercose expliquent le nouveau comportement des habitants vis-á-vis de certaines pratiques coutumières a Bagre.

La pratique de Ia gestion ancienne de l'eau traduit ainsi Ia rationalité paysanne c'est- a-dire les strategies qu'ils adoptent pour maintenir leur influence sur l'eau. Les strategies sont conçues a partir des normes (codes) dont ils sont les seuls a détenir le sens. L'application de ces normes instaure le pouvoir qui est un des attributs des acteurs et qui leur permet de rationaliser l'eau.

Les non propriétaires de point d'eau dependent de ceux qui en possèdent pour leurs besoins multiples. Ceux qui ont Ia maltrise de l'eau, vont I'utiliser pour s'imposer aux autres de diverses manières.

Quels sont les faits qui traduisent alors Ia notion de propriétaire d'un point d'eau ? En définissant les contraintes qui s'imposent a tous les usagers de l'eau, les 176

caractéristiques de l'eau définissent le champ øü les relations de pouvoir peuvent s'exercer.

7.1.3 Les sources du pouvoir

Queues logiques concourent a Ia manifestation de pouvoir autour de I'eau et quels sens attribue-t-on a celui-ci?

7.1.3.1 La manifestation du pouvoir

Autour de I'eau, le pouvoir se manifeste a travers deux faits majeurs : (1) I'antériorité au lieu et, (2) Ia position sociale a) L'antériorité au lieu

Cette premiere source de pouvoir est Iiée a Ia propriété et plus particulièrement a Ia propriété foncière. EIIe est de prime a bord fondée sur I'antériorité aux lieux qui determine non seulement les positions sociales, comme par exemple Ia chefferie (le premier habitant qui est censé détenir les mythes du milieu devient une référence capable de faire I'historique du lieu) mais aussi Ia délégation du pouvoir puisque ce sont les premiers habitants qui ont Ia maltrise des phénomènes sociaux qui contribuent a Ia vie de l'espace. Ces faits traduisent donc Ia representation sociale que se font les acteurs sociaux de Ia terre. Elle est synonyme de divinité et un espace de sécurité.

En Afrique précisément en milieu rural, en effet, Ia prospérité économique, Ia sante des habitants sont tributaires de Ia fécondité de Ia terre et les ancêtres sont pris a témoins et comme gage de Ia parité et de Ia sincérité des intentions des demandeurs de terre. Ainsi donc Ia definition du droit foncier coutumier repose sur Ia reconnaissance du principe d'antériorité sur les lieux- d'oU Ia nécessité de I'utilisation des pratiques coutumières pour le maintien de cette position sociale. Ceci confère au talabega et au tengnaaba2 beaucoup de prestige social, a savoir, Ia maitrise d'un savoir faire dans Ia distribution des terres et Ie maintien de Ia cohesion sociale. C'est dans cette articulation que Bourdieu et Maleck soulignent que: Les regles du rapport avec Ia terre sont les regles de rapport avec autrui, ce/ui de l'honneur

Alors nous avançons que les rapports avec Ia terre traduisent Ia territorialité des acteurs sociaux, marquee par une valeur, une dimension sociale et spatiale. Ils expriment un sentiment d'existence, d'appartenance et un mode de comportement au sein d'une entité. Les rapports entre l'homme et Ia terre ant un caractère magique et religieux puisque le sol est considéré comme une force supranaturelle (il est vénéré) avec lequel on entretient des rapports personnels. Ce qui sous-entend que le territoire est un phénomène culturel et les representations sociales que les hommes s'en font sont un élément du système culturel.

Si l'eau derive du sol, les representations que chaque acteur se fait de I'eau découlent du même système culture; ce qui va dans le sens de ce que souligne Maurice Duverger: so! règ!e Ia destinée des peup/es avec une aveugle

29 Chef de terre en langue bissa el moore 30Pierre BOURDJEU etAbdel MALECKS 177 brutalité(..). L'apparente liberté de l'homme semble comme anéantie par l'action du so! 31

Appliquant cette citation a Ia gestion de l'eau, on admet bien que l'apparente liberté des non propriétaires fonciers est anéantie par I'eau. us sont soumis aux exigences des propriétaires du point d'eau. Mais le but de Ia relation de pouvoir de Ia gestion de l'eau n'est pas d'écraser ses usagers (ceux qui n'ont pas de point d'eau ou qui n'ont pas Ia même appartenance sociale que Ies détenteurs du pouvoir) mais d'obtenir d'eux des comportements dont dependent leurs propres capacités d'action.

Le pouvoir reside dans Ia marge de libertE dont dispose chacun des partenaires pour refuser ce que l'autre L'antériorité s'impose et legitime le pouvoir autour de Ia gestion de l'eau, comme le temoigne cet extrait d'entretien:

en tant que moaga, pourquoi tu n'as pas creusé un puits traditionne! dans ta cour? Je suis moaga c'est vrai mais je ne suis pas originaire de ce village. La cour là appartient a mon pére et en plus ii faut d'abord voir avec les responsables coutumiers si son emplacement est bon pour creuser un puits. Ensuite ii faut appeler ceux qui creusent les puits et ils vont d'abord chercher avec un baton dans Ia cour là oU ily a I'eau pour que tu leur dises de creuser le puits De tels propos traduisent une forme d'exclusion, l'emprise des autorités coutumières sur Ia gestion foncière et celle de l'eau. b) La position sociale

L'espace social fonctionne selon des regles qui sont fondées sur une logique pratique. La gestion de l'eau Iiée a un système d'action concret véhicule une série de pratiques qul sont compréhensibles par repérage des positions sociales ainsi que le procès d'antériorité.

La position sociale définit donc le role et Ia place de chaque individu dans I'espace social en permettant de saisir Ia structure, le fonctionnement et les sources du pouvoir au sens ot) les representations des responsables sur ce que doivent être les rapports humains qui faconnent les structures. II faut pouvoir dire ou du moms expliciter, Ia place de chacun et de sa fonction (Accardo, I

La position sociale n'a guère de valeur assignable alors en dehors d'un système donné de positions, de sorte que changer de système de référence c'est changer Ia valeur de Ia position.

Dans l'espace social du village, le chef n'est de valeur qu'avec les autres habitants c'est-à-dire qu'iI est chef parce qu'il a des Ce statut le conforte dans sa position dans Ia gestion de l'eau puisqu'iI existe toujours des points d'eau dans Ia cour et/ou dans le quartier du chef. L'eau devient un champ d'investigation d'un de ses pouvoirs.

Si toute interaction s'inscrit dans un champ spécifique, elle est commandée par Ia position occupée dans le système de relation objective d'un individu. C'est ainsi que Ia position de chef de village, de chef de terre, de responsable coutumier gouverne le

Maurice DUVERGER (1973) Sociologie de lapolitique s PUF Paris, p. 71

32 Michel CROZIER et ErahrdFRIEDBERGER (1977) ,' L 'acteur et le Système s, Ed. Seuil, Paris p.20

Propos recueillis sur le terrain

34Alain ACCAR.DO (1983), opus cit é, p. 186 178

mode ancien de gestion de I'eau. Ii va de soi que les membres de leurs families utilisent ces appartenances sociales autour des points d'eau. C'est ainsi que les femmes du chef de village sont parfois servies par les autres usagers de i'eau de crainte de provoquer Ia colère du chef II en est de même pour les membres des responsables coutumiers.

Une habitante raconte chef dolt être servi avant les autres parce qu'il pour le bien être de tous les habitants et pour Ia prospérité du village En d'autres termes elle s'est accommodé a sa condition et sa place de dominé. C'est là une des raisons qui expliquent que le statut d'étranger (Peulh) ne donne pas droit de propriétaire a un point d'eau. Avoir un point d'eau signifie qu'on est propriétaire foncier. Les pratiques des hommes en milieu rural et ((les structures familiales paraissent trés !iées aux relations avec le so!....

Et ce sont les autochtones précisément, les chefs de terre qui réglent l'accès aux terres synonymes de biens de valeurs. Les aux traces relativement mouvants et solubles, sont !es expressions d'une proximité construite sur Ia reconnaissance de zones identitaires qui, a leur tour, posent les règ!es de ía transgression, de Ia definition de !a faute et des châtiments. On assiste alors a une mise en relation d' unites de puissance (Ouedraogo, 1997).

Alors partager ce patrimoine et toutes ses ressources avec un est une transgression. C'est a partir de ce principe que sont mises en place les strategies dans Ia gestion des ressources naturelles et en eau par les responsables locaux pour maintenir les positions sociales. Pour le cas précis de l'eau, les strategies leur permettent non seulement d'exercer leur suprématie sur les autres, mais surtout de rationaliser l'eau: La position occupee commande !es strategies de I'agent par !'intermédiaire de son habitus qui lui foumit a tout moment une evolution pratique des chances de profit object ivement inscrites dans Ia positon... Les dominants ont une propension au conservatisme d'autant plus forte que leur position est plus puissante et mieux assurée " (Accardo, I

Fondée sur des relations de pouvoir, Ia gestion ancienne de l'eau est un système dont II faut découvrir les regles et les enjeux, le jeu qui l'anime. Quelles sont les strategies mises en dans Ia gestion ancienne de l'eau?

7.1.3.2 Savoirs magiques et Ia gestion de l'eau

Les savoirs et rites magiques constituent une autre source de pouvoir exercé par ceux qui les maitrisent. a) L 'eau : un bien sacré

Les autochtones, notamment les responsables coutumiers, entretiennent des relations trés affectives, quasi humaines avec I'eau, qui sont chargées de significations profondes. En effet, pour les personnes âgées, en plus de sa qualité nutritive, l'eau est un bien sacré, un don de Dieu comme l'atteste le frère du chef de village Loaga voix a été entendue par ies hOtes de notre ancêtre; II a été désigné en tant qu' pour s'acquerir des nouvelles. Au fur et a mesure qu',!

Maurice DUVERGER (1973), opus citép.8

(1997), opus cite p.186 Alain ACCARDO (1983) opus cite, p.55 179 avancait, Ia voix s'eloignait de liii, Ia conduisit jusqu'a un point précis, LOAGA.. II vit immédiatement a cOté de lui un puits p/em d'eau a cOté du le fétiche. C'est le Tiboulga qui n'a jamais tar!. C'est pourquo! son eau est trés importante dans tous les actes qu'accomplissent les responsables coutumiers pour le bien de ce village. Après avoir fin! de s'altérer avec l'eau de ce puits, notre ancétre a vu devant !ui quand ii s'est redressé, un troupeau de bceufs. Alors, II n'est plus jamais revenu chez ses hOtes ". Ces propos semblent faire parfaitement echos a ceux de Marcel MAUSS Les lieux sacrés font partie des objets sacrés, qui sont eux mêmes des rites permanents. Etudier ces lieux, permettra de savoir qui s'y trouvent et ce qui s'y passe >>38

Nous en déduisons que l'eau a été une des conditions d'existence de ce groupe social et conditionne sa vie. Cette eau a des caractéristiques mythiques (elle est sacrée) parce qu'elle a été découverte par religieuse (élément fondamental dans tous les actes de communion avec Dieu, les ancétres et les forces naturelles). Elle est dotée de <> (elle est utilisèe pour Ia preparation des feuilles < censées donner Ia guerison elle donne Ia fécondité et Ia premiere fille de celle qui a demandé Ia procreation est donnée en manage par les gestionnaires de ce point d'eau. Elle est utilisée pour les besoins domestiques, dans des pratiques de guerison celle religieux.

Comme l'homme cherche toujours a dominer Ia nature, son entourage, il élabore des pratiques pour sa gestion. C'est ainsi que des rites annuels au cours des mois de mars et avnil sont pratiqués .le tengandé> pour sa conservation et Ia paix sociale. Chaque fils de ce village n'a droit qu'a une seule absence a ces rites qui répondent a une exigence de Ia vie sociale; une stratégie de production de l'eau. En consequence un certain nombre de prescriptions l'entourent. Les rites magiques ont un aspect diabolique. Or Ia magie procède par analogie. Jean- Bernard OUEDRAOGO39, dans son étude sun Ia fabrication du sucre a Banfora, montre que trc'est ía pratique magique4° qui semble exercer, de manière occulte, l'influence traditionnelle dans le milieu usinier

Cette pratique oriente, de manière significative, Ia gestion des puits et l'appartenance a un groupe social. Les personnes agées sont les gardiens de ce savoir magique du fait de leur proximité avec les ancétres. La référence a ce savoir magique reste très vivace notamment dans le cadre de Ia monétarisation des rapports sociaux. Le retour a ces pratiques occuttes provient de l'appartenance a un espace de concurrence oü chacun cherche a preserver sa place ou a dominer ses prochains. C'est pourquoi Ia magie explique les positions justifient les promotions si bien qua beaucoup sont constamment en brousse a Ia recherche de ta!ismansi41 (Ouedraogo, 1989).

Ainsi Ia <(tradition)> concrétisee par le recours a Ia magie fait que l'ancienne hiérarchie prend de l'ampleur et les luttes ouvertes pour le pouvoir se développent par référence a Ia sorcellerie. Cest le moment privilégié des genies. D'oU l'instauration des interdits autour des points pour Ia sauvegarde de Ia population, de

38Marcel MAUSS (1971) Manuel d'Ethnographie Ed p. 239

Jean-Bernard OUEDRAOGO (1989) Formation de Ia classe ouvriEre en Afrique Noire: 1 'e.remple du Burk.ina Faso Ed I'Harmattan, Paris p. 37

e La magie un ensemble de rites et croyances un effort de un ensemble de recettes et de secret... Elle domine de viva,us et les espoirs des morts, hommes etfenunes ... Elle eu conslante, traditionnelle, e.xacte, precise, elle a son personnel, ses traditions s Marcel MAUSS (1971) opus cite p.255

((Chez les Mandingue. none avons les diseurs de choses sacrées, les voyants de chases secretes. Ce soni des hommes donés d'une competence particulière s souligne Marcel MAUSS (1971), opus cite p. 245. 41Jean-BernardOUEDRAOGO (1989), opus cite p. 38 180

I'environnement et le respect de l'hygiene autour des puits. Les interdits sont appliqués en fonction donc du temps, de Ia sante.

b) Le rythme quotidien impose par des rites magiques

II s'observe des le petit matin, entre trois heures et quatre heures. Selon des personnes anciennes de toutes les zones d'étude, ce moment est choisi par les femmes genies pour leurs activités familiales. Quiconque se trouverait autour d'un puit d'eau en ce moment sera agressé vois, Ia folie de ce petit n'est pas a traiter. Au moment de Ia grande pénurie d'eau, ii est allé au puits trés tot et II a reçu une belle gifle. Depuis ce temps, II est dens cet état C'est l'expérience d'un petit bissa du village de Gogninga a Bagre.

Quand le soleil est en plein zenith ce moment est celui des hommes genies selon le temoignage des villageois. us sont trés violents. ((Le fait de te retrouver sur leur passage, est un signe de maiheur. Tu peux mourir, soit être muet ou aphasique. Les genies de types sont trés jaloux lorsqu'ils suivent les femmes i/s peuvent les empêcher

Au crépuscule, c'est le moment du retour. Les genies s'amusent un peu avec les gens, soif en te poussant dens le puits, soit Ia corde de ta puisette se casse, soit enfin surtout les enfants, i/s les font tomber avec leurs canaris d'eau. Tout ceux-ci les amusent, i/s rient et se moquent de

Nous déduisons que ce temps pourrait être explique par le fait qu'iI faut permettre a l'eau de remonter en surface.

C) Des régles d'hygiene a respecter

Se déchausser pour puiser I'eau est un signe d'hygiene, mais surtout pour prouver Ia presence a un point d'eau du fait que les pieds seront mouillés Cet acte est accompli avant d'entrer dans une maison en signe de respect pour le monde visible et invisible, pour manifester le respect a un chef, les visiteurs se déchaussent en signe de respect.

Les femmes en cycle menstruel. C'est moment de l'énergie a exploiter pour les genies car Ia femme est dangereuse a ce moment at source de Mais Ia mauvaise protection de cette dernière peut salir le point d'eau et souiller l'eau. C'est mieux alors queue observe les regles d'hygiene.

Ainsi les interdits qui s'appliquent a ces types de puits de faible nombre mais fonctionnels, orientent les usagers vers les sources d'eau a production temporaire. Les sources d'eau sont les marigots, rivières, puits a grand diamètre, forages, barrages, puisards et boulies. Les pratiques ou considérées comme telles sont aussi une strategie de rationalisation de l'usage de I'eau et de sauvegarde de I'environnement. Toute stratégie pour être comprise, être repiacée dans Ia logique du champ oU elle s'inscrit, et mise en rapport avec Ia position occupée par l'agent individuel ou collectif qui Ia met en (Accardo, 1983).

42Propos recueillis sur le terrain

Idem

44Namassa e mouillés en moore

Propos de terrain

Alain ACCARDO (1983) opus cite, p.55 181

Les pratiques de conservation de l'eau sont une construction sociale. La maitrise des processus historiques d'apparition de certaines ressources naturelles et en eau dont le Tibboulga >>, Ia nécessité de preservation de I'eau et des contenus qui Iui sont lies s'inscrivent dans un système social qui determine Ia valeur de I'eau. L'eau n'est pas toujours eau et n'est pas Ia même pour tous.

Le mode de fonctionnement des points d'eau traditionnels est vécu a travers le couple décision/exécution oU tout le poids des decisions reside dans Ia hiérarchie, tandis que Ia majorité ne fait qu'executer et attendre de nouveaux ordres et contrôles. Ce mode de gestion nous conduit a observer I'élaboration de jeux dans les relations autour des regles établies.

De ce qui précède nous retenons que le mode de gestion ancien de l'eau met en evidence le savoir-faire paysan dans ce domaine. Le savoir traditionnel n'est perceptible qu'à travers un retour sur l'histoire des hommes et des choses dans les zones d'étude; leur mode de gestion et surtout le maintien des pratiques anciennes pour leur reconnaissance dans le nouvel espace social. Mais les contraintes exercées par Ia dynamique socio-économique entralnent une recomposition des ressources en eau, une diversification des intérêts et Ia modification des interactions sociales.

Comme les femmes sont les plus impliquées dans Ia collecte d'eau et de là, elles sont également les plus souvent impliquées dans les conflits lies a l'eau, Ia section suivante présente l'impact de I'ensemble des interventions du processus communicationnel en terme de genre. 182

7.2 Impact des interventions en terme de genre

II est reconnu, dans les pays sahéliens, les femmes sont celles vers oü les regards se tournent dans Ia concession s'iI y a un problème d'eau. Elles doivent exercer, pour Ia plupart d'entre elles, des activités rémunératrices pour pouvoir payer I'eau surtout si elle provient d'un forage, et subvenir en même temps a Ia plupart de leurs besoins monétaires (sante, scolarisation des enfants, habillement...), hormis les femmes Peuhis dont les mans prennent en charge les cotisations pour l'approvisionnement en eau potable de Ia concession, ainsi que les pnncipales charges monétaires. En effet, les principales activités rémunératrices des femmes dans les villages (restauration, Soumbala, beurre de karité, poterie,...) nécessitent l'utilisation de I'eau en grande quantité, Ia problematique des conflits lies a l'eau les concernent au premier plan.

Dans tous les villages oü nous avions organise les activités de communication, les femmes ont reconnu et confirmé, qu'elles sont les premieres concernées par les questions d'eau. Du fait que Ia majorité des conflits lies a l'eau impliquent les femmes, elles constituent donc une categorie des parties prenantes qui devrait être impliquee a toutes les étapes du processus. II est donc essentiel de bien cerner leur rationalite, c'est pour cette raison que Ia segmentation a, dans tous les villages, tenue compte de ce groupe important et également vulnerable. Elles doivent donc beaucoup être impliquees dans Ia gestion quotidienne de l'eau.

Les enquetes sur le terrain réalisées dans le cadre de notre projet ont démontré clairement que dans les villages considéres, Ies femmes n'étaient presque pas interpellées par rapport aux questions d'eau, lorsqu'il s'agit du processus de prise de decision C'est inadmissible que, pour le choix du site d'implantation d'un forage par exemple, nous ne soyons pas consu!tées alors que c'est nous qui sommes les premieres a se déplacer pour aller chercher I'eau, peu importe Si Ia rat ionalité des hommes ramène le site 15 kllomètres du village... a souligne une femme lors d'une rencontre-causerie. Lors des différentes rencontres-causerie, elles ont évoqué leurs preoccupations et ont pris conscience que désormais, elles doivent être écoutées par les hommes au niveau du processus de prise de decision dans le domaine de l'eau. Elles ont promis également d'intégrer les comités de gestion des points d'eau de leurs villages pour se faire entendre.

Quelle est alors Ia situation actuelle, quatre apres quatre ans? En effet, a ce jour, comparativement a Ia situation du debut du projet sur le terrain, l'impact des actions implantees sun le genre est deja perceptible a certains niveaux en termes de recours a l'équité en ce qui a trait a l'appropriation et a Ia gestion des ressources en eau dans les villages étudies. II est important de noter qu'au debut des rencontres avec Ia population segmentee en differents groupes cibles, il était ressorti nettement que ce sont les femmes qui se trouvaient en situation défavorisée en ce qui concerne les questions liées a I'eau. Suite aux différents échanges spécifiquement sur ceux relatives au role et a Ia place de Ia femme dans Ia gestion des ressources en eau au cours desquels les deux genres ont reconnu formellement que Ia femme doit être Ia premiere interpellee pan rapport a ces questions, les hommes et les femmes parlent avec le même rythme et le même intérêt lors des rencontnes villageois. Les femmes exposent désormais leurs points

47Ce theme a éé particulièrement idenufle par lesfemmes lors duprétes:. 183 de vue sans discrimination ni stéréotypes. Mieux encore, Ia tendance commence a se renverser car elles sont plus écoutées par les hommes lors des echanges. Elles ont integré Ia plupart des comites de gestion des points d'eau. Ainsi, les premieres répondantes du projet sur les questions touchant Ia pérennisation des echanges et le rapprochement de Ia population, celles-ci se disent plus écoutées et sollicitées même pour des questions qui étaient auparavant traitées par les hommes. C'est les cas de Mme Cécile liboudo de Silmiougou et de Mme Guéné Setto de Gogninga. Les stereotypes disparaissent et Ia femme s'intègre petit a petit aux côtés du genre oppose pour qu'ensemble, us résolvent es multiples questions de développement qui se posent a eux, notamment dans le domaine de l'eau.

Quels types dunterprétations pourrions-nous attribuer alors aux principaux résultats de cette étude. C'est l'objet de Ia section suivante. 184

7.3 Analyse prospective sur les principaux résultats de Ia recherche

La réalisation du projet a permis d'élaborer et d'expérimenter, par Ia Recherche- Action, une approche de resolution des conflits d'usages des ressources en eau, dénommée d'aide a Ia decision participative de resolution des con flits liós a l'eau ou I'ensemble des parties prenantes, a savoir, les bénéficiaires de Ia base et les divers intervenants sont directement impliques a I'ensemble de Ia démarche. Une fois bien exécutée, les résultats (les solutions) obtenus avec cette approche sont faciles a appliquer. Cette approche est donc tout a fait appropriee pour le type de problematique soulevé dans le cadre de cette étude.

En effet, en travaillant de manière interactive avec les populations, notre expénmentations a montré que nous étions en mesure de mieux définir et catégoriser les conflits d'usages, autrement, nous serions portes a associer tout conflit d'usage au manque d'eau comme c'est le cas actuellement, ce qui nest pas toutàfaitlecas.

II appert également que suivant Ia zone considérée, un même type de conflit ne se vit pas avec Ia même intensité. Par-exemple, le non-respect des tours de prise d'eau entre les femmes et les jeunes lilIes comporte toujours quelques nuances suivant Ia zone considérée. Nous pouvons également souligner le conflit de nature sociale, ethno-religieux a l'occurrence, entre les Peuhls et les Mossi dans le village Kora dans le sous-bassin du lac Barn. Ce dernier était, jusqu'à une certaine epoque, a Ia base du probléme d'approvisionnement en eau pour les Peuhis. Par contre, ii ny a pas de conflit lie a l'eau entre les musulmans de toute ethnie dans le village Nabdogo appartenant au sous-bassin de Massili-Loumbila, les informations recueillies et validées a ce sujet sont trés ecplicites.

Dans l'ensemble, 'analyse des données et informations a permis de conclure, en substance, que les conflits d'usages des ressources en eau proviennent principalement des causes naturelles (manque d'eau cause par les conditions climatiques et le fait d'être dans une zone de socle oU les eaux souterraines sont difficilement mobilisables, etc.) et des causes anthropiques, a savoir, Ia mauvaise gestion des ouvrages d'eau existants, le manque de communication, donc de dialogue entre les usagers de Ia base et Ia non-appropriation des points d'eau par les populations.

Sur le plan de l'analyse prospective, ii est également ressorti que pour trouver des solutions plus appropriées aux conflits d'usages identifies, il faut les classifier en conflits de nature sociologique ou les conflits sociaux, ces derniers étant lies aux coutumes & traditions, a I'ethnie, a Ia religion et a Ia perception même de l'eau par les populations; les conflits de nature technique, lies a Ia disponibilité de l'eau en quantite et qualite et les conflits de nature socio-sanitaire, lies aux maladies hydriques, a Ia malnutrition et a l'hygiene du milieu.

Cependant, tout n'est pas si clairement catégoriser en pratique sur Ie terrain. Par exemple, les aspects coutumiers comme les sacrifices faits par les chefs de clans pour éviter le tarissement d'un point d'eau durant Ia saison séche sont nettement en contradiction avec les aspects climatiques. Ignorer cette donne au niveau de Ia démarche fausserait ainsi Ia lecture que I'on peut faire d'un conflit d'usage donné et prescrire une mauvaise solution pour Ie résoudre. 185

En ce qui concerne Ia mise en place des solutions susceptibles d'atténuer ou d'éliminer les conflits d'usages des ressources en eau, ii appert essentiel de privilégier celles qui visent le changement de mentalités, de comportements, d'habitudes, comparativement aux solutions ponctuelles : les campagnes de sensibilisation et de vulgarisation sur différents aspects versus Ia rehabilitation d'un forage non-fonctionnel. On se rend de plus en plus compte que sans prise en charge et sans appropriation d'un point d'eau par les populations a Ia base, certains conflits sont difficiles a solutionner.

Les enquetes menées sur le terrain montrent qu'environ 50% des points d'eau modernes (forages, puits modernes) implantés par divers projets sont non- fonctionnels a cause principalement de Ia non-prise en charge de ceux-ci par les bénéficiaires. Ainsi, le fail d'inclure dans les solutions a implanter, des actions d'accompagnement (rehabilitation d'un forage, construction dune superstructure), contribuerait a renforcer l'ensemble du processus de resolution des conflits lies a l'eau. En effet, dans les villages, I'approvisionnement en eau de boisson, l'abreuvement des animaux, le maraIchage sont des activités Iiées a Ia vie sociale, culturelle et économique. Les solutions proposees n'auront du succès que Si les actions a mettre en place répondent aux besoins quotidiens de différentes populations. Si les hommes et les femmes participent a l'aménagement d'une superstructure en ramassant le gravier, le sable et en préparant Ia nourriture pour les ouvriers, us prendront grand soin de I'ouvrage d'eau implanté.

La section suivante présente le bien fondé de l'utilisation d'une stratégie de communication participative dans le cas de Ia resolution des conflits lies a I'eau. 186

7.4 Le bien fondé de l'utilisation d'une strategie de communication participative

De manière generate, le succès escompté dans Ia mise en ceuvre de Ia strategie de communication dépendait de Ia maltrise et de l'analyse des sources de chaque conflit (aspects ou considerations favorisant Ia naissance d'un conflit d'usage lie a l'eau) qu'on tente d'éliminer au niveau d'un point d'eau villageois, de Ia participation et de l'implication des parties prenantes dans le processus de resolution d'un conflit lie a l'eau donné.

II est aujourd'hui établi par Ia recherche-action que les aspects prédominants dans Ia naissance de conflits sont principalement d'ordres sociaux, a savoir, les aspects lies a l'ethnie, aux coutumes ancestrales, a Ia religion, a Ia perception même de I'eau par Ia population. Pour obtenir des résultats durables en matière de resolution de conflits en milieu rural et de là espérer a Ia tongue l'augmentation d'une autonomie des villages en matière d'eau, ii est essentiel comme nous l'avons souligne precédemment de travailler sur les changements de mentatites, d'habitudes et de comportements, ainsi qu'a Ia responsabilisation a moyen et long termes des populations de Ia base.

Le cas du conflit dénommé < Querelles ou disputes fréquentes autour d'un forage est révélateur. En effet, ce conflit peut provenir du non-respect des tours de prise d'eau, des problèmes sociaux comme I'effet de Ia chefferie (en règle générale, Ia femme du chef du village doit passer en priorité dans une file), les croyances ancestrales (non-respect des interdits, par exemple, Ia presence des marmites noires au niveau d'un forage); Ia religion (le rapport entre l'homme et Ia femme chez les musulmans), Ia politique (appartenance a différents partis politiques, avoir le statut d'etranger dans un village). Cependant, il peut également provenir des considerations techniques (insuffisance des points d'eau, prélèvement abusif d'eau), ainsi que du manque de communication a Ia base.

Chaque source de conflit doit être prise en charge au risque de se retrouver dans une espece de boucle sans fin. En effet, certaines interferences entre Ies sources de conflfts créent des nouvelles situations conflictuelles. Prenons le cas d'une source de conflit a connotation politique, par exemple, Ia non implication de Ia population au choix du site d'implantation d'un forage. Selon nos résultats, cette source de conflits est a Ia base du conflit (

Dans Ia même articulation, le manque d'eau dans un village peut être a I'origine du refus en manage d'un jeune garçon habitant un village sans source d'eau d'importance par une jeune fille redoutant Ia corvée d'eau, une fois mariée. Ce problème d'apparence anodine peut être a l'origine des disputes entre les jeunes filles et les jeunes garcons autour d'un forage. Dans le même registre, le non-respect des tours de prise d'eau entre les femmes et les jeunes filles peut être vu sous un angle social, a savoir un problème de classe d'àges ou un problème coutumier (les jeunes fllles doivent du respect aux femmes plus âgees), cependant, l'intensfté du conflit en decoulant pourrait être plus grande en cas d'insuffisance des points d'eau dans un village et générer en même temps, d'autres formes des conflits lies a I'eau. II appert donc primordial d'analyser le poids de chaque composante (aspect social, 187 aspect technique, aspect sanitaire) dans Ia presence d'un conflit lie a l'eau, puisque les solutions a mettre en place dépendront de ladite analyse.

En ce qui concerne (a mise en place de solutions, ii est important, du point de vue structurel, d'analyser l'impact de l'implantation d'une solution approuvée par ('ensemble des usagers, tel que l'instauration d'un horaire de prise d'eau au niveau d'un forage, susceptible de faire disparaltre Ia source de conflit < le non respect des tours de prise laquelle est a l'origine d'un conflit entre les femmes et les jeunes flues. Est-ce que l'horaire de prise d'eau a amélioré ou pas Ia presence du conflit en cause? Quel est le poids de cette solution sur les autres avenues de solutions envisageables tel que l'organisation d'une rencontre-causerie sur le theme ou encore d'un théâtre-forum?

Dans le même ordre d'idées, les conflits socio-sanitaires sont generalement causes par (a consommation d'une eau de mauvaise qualité, par manque de l'eau potable ou par une mauvaise hygiene autour d'un forage. Or Ia mauvaise qualité de l'eau, le manque d'eau potable et Ia mauvaise hygiene autour des points d'eau proviennent souvent des causes exogenes (contamination bacteriologique de ('eau) ou endogène (mauvais comportement des humains, les éleveurs qui viennent abreuver leur bétail autour du forage par manque des forages pastoraux) ou carrément par insuffisance d'infrastructures hydrauliques adéquates.

Quel est ('impact de l'implantation des points d'eau pastoraux dans un village donné, sur Ia prevalence de certaines maladies liées a l'eau ? Comment faut-il sensibiliser (a population sur l'utilisation des latrines? II est donc important, avant de s'attaquer aux conflits proprement- dits, de s'occuper au préalable des sources de conflits (Ia racine du mao ; de tenir compte de ('implication des parties prenantes dans Ia naissance de conflits; de faire participer les parties prenantes au choix et a (a mise en place des solutions, d'oü l'importance de tenir compte de ces considerations dans l'élaboration et Ia mise en ceuvre d'une strategie de communication.

Comment traiter et tirer profit des informations recuelllies durant les rencontres- causeries dans le processus de resolution de conflits ? Quel est l'impact du changement tie comportements ou d'habitudes des groupes cibles visés sur l'ensemble de Ia population?

A ce stade du projet, on ne peut répondre définitivement a ces deux questions fondamentales, pour Ia simple raison que le processus de changement de comportement ou d'habitude peut prendre beaucoup de temps. Cependant, pour esquisser quelques éléments de réponses, prenons le cas d'une rencontre-causerie portant sur le theme <. On voit que le fait d'en parler ouvertement, favorise une certaine conscientisation du leader. Cette attitude pourrait alors avoir une incidence sur Ia population principalement en ce qui concerne les aspects de gestion des points d'eau, de prise en charge et de responsabilisation des usagers.

A partir de ces informations, ii est possible de faire un lien entre Ia gestion des points d'eau et Ia presence des conflits autour des points d'eau. C'est ce qul a conduit stratégiquement aux rencontres-causenes subséquentes portant sur le fonctionnement des comités de gestion des points d'eau.

Les informations obtenues sur les comités de gestion des points d'eau montrent que Ia plupart de ces comités ont de difficultés liées principalement aux aspects de gestion, notamment Ia planification des heures de prélèvement d'eau, a savoir, Ia mise en place d'un horaire coherent de collecte d'eau par l'ensemble des usagers, d'oü Ia presence prépondérante des conflits dus au non-respect des tours de prise d'eau par certains usagers. II se pose également de problèmes de fidélité dans Ia cotisation, des qua le CGPE est mis en place sans Ia participation de Ia population.

Dans Ia même articulation, les problèmes structurels et socioculturels tels que Ia non-implication de Ia population de Ia base au processus décisionnel, le mode de designation des membres des CGPE, les relations entre les hommes et les femmes, les femmes et les jeunes lilIes, les jeunes filles et les jeunes garçons, les membres de CGPE et Ia population jouent directement sur le fonctionnement des CGPE.

Dans cette perspective, I'élaboration d'un nouveau modele de restructuration, de mise en place et de fonctionnement de ces CGPE constitue une avenue des solutions intéressantes. La bon fonctionnement du CGPE aura une incidence sur Ia presence ou non des conflits autour des points d'eau. C'est pour cette raison qu'un des axes sur lequel I'on dolt orienter les actions a pérenniser est Ia diffusion grande échelle de ce nouveau modèle de restructuration, de mise en place et de fonctionnement des CGPE.

Comment est-ce qu'une activité de communication, a I'occurrence, une < Rencontre- Causerie> pourrait contribuer a solutionner un conflit lie a I'eau ? La réponse a cette question interpeile lensemble de Ia strategie de communication utilisée. En effet, les usagers impliqués dans un conflit jouent un role important dans le processus de resolution de ce dernier, puisque le succès de Ia démarche de resolution dépendra largement de comportement, de i'attitude et de l'implication des antagonistes.

Prenons I'exempie d'une rencontre-causerie portant sur €les échanges autour des problèmes lies aux fore ges> avec comme groupes cibles les femmes et les jeunes filles. Las échanges at discussions porteront notamment sur le non-respect des tours de prise d'eau entre Ies femmes at les jeunes lilies. Si au cours de ces echanges et durant Ia rencontre-causerie, les femmes et les jeunes lilIes décident de trouver ensemble un terrain d'entente concernant le respect de tours de prise d'eau, il y aura moms de disputes entre les femmes, entre les jeunes lilies et entre les femmes et les jeunes flues. La question suivante est celle de savoir, si Ia rencontre-causerie seule est en mesure de solutionner ce problème. C'est a ce niveau justement 189 qu'interviennent toutes les composantes dont nous faisions allusion auparavant, a savoir, Ia racine du mal. C'est du cas par cas, lorsqu'il s'agit des rites ancestraux, par exemple, a femme du chef passe en priorité ou encore les femmes passent avant es jeunes filles a cause de l'age, le processus pourrait prendre plus de temps. Par contre, s'il s'agit du cas entre les femmes commerçantes et les autres femmes, une rencontre-causerie pourrait être suffisante pour fixer les regles du jeu. Dans d'autres cas de figures, des outils de communication comme le théâtre-forum, les voyages déchanges, les projections video pourront egalement donner des résultats intéressants. Dans tous les cas, ii est essentiel de se focaliser sur les changements d'habitudes ou de mentalités lesquels peuvent nécessiter plus de temps ou encore d'autres processus, comme le transfert du savoir-faire, ou encore le renforcement des capacités.

II est important de souligner que l'anatyse des résultats est focalisée essentiellement sur les parties prenantes dites >>, a savoir, celles qui sont affectées par le problème ou son processus de formulation et de resolution et qul participent directement a ce processus. Les cas d'autres parties prenantes, telles que les >, les < concernées et actives >, les concernées mais passives les parties prenantes qualifiées de derriere les rideaux *, ainsi que les parties prenantes , n'ont vraiment pas ete approfondis a juste titre. II serait important de pousser les recherches concernant ces categories des parties prenantes, puisqu'efles font partie intégrante de Ia problématique.

Enfin d'autres analyses plus approfondies seront egalement nécessaires pour arriver a pérenniser les actions-solutions implantées, par exemple, l'influence des hommes sur les femmes en milieu villageois, le cas des femmes de chefs, les femmes étrangeres, les enfants, l'influence d'une activité communication participative sur le changement de comportements dans 'ensemble ou sur des cas de figures tabous, comme l'acceptation des femmes comme membres des CGPE dans un village.

Une des questions importantes a analyser, concerne l'impact des activités de communication participative sur le changement de comportement. Faudrait-il le mesurer activité par activité ou de manière génerale. Prenons le cas du théâtre- forum, cette activité de communication est trés appréciée par les populations a Ia base, parce qu'elle permet a celles-ci de vivre de manière parfois caricaturée, le vécu des conflits autour des forages, les problèmes de cotisation, l'utilité de consommer une eau de qualité pour éviter les maladies liées a l'eau, une des questions d'analyse pourrait être de mesurer ou mieux d'apprécier l'effet a moyen et long terme de cette activité communication sur le comportement de Ia population.

7.5 Les acquis de Ia démarche methodologique de I'étude et le processus de transfert de savoir-faire

7.5.1 Les acquis de Ia démarche methodologique de l'étude

Les principaux acquis de Ia démarche méthodologique du projet, peuvent aider a étendre le savoir-faire développé dans un petit nombre de villages vers I'ensemble du bassin du Nakanbé et pourquoi pas vers Ies trois autres bassins hydrographiques du Burkina Faso. Ces acquis sont les suivants: 190

1. Les strategies de mobilisation des populations concernées, des instances villageoises et administratives: l'approche participative utilisée permet aux populations et aux instances concernées de se mobiliser et de participer activement aux travaux, puisqu'efles se sentent parties prenantes impliquees et que leurs points de vue et leurs rationalités sont pris en compte au niveau des solutions implantées. Elle facilite également l'état des lieux et (a meilleure comprehension du vecu de conflits et Ia pérennisation des solutions envisageables selon Ia rationalité et Ia perception des populations.

2. L'implantation des solutions : avec cette procedure, les populations a (a base s'impliquent activement a Ia mise en place des solutions pour atténuer les conflits identifies autour des points d'eau, le fait de les avoir impliquees a ('ensemble de Ia démarche, les résultats obtenus sont faciles a implanter. En outre, les instances gouvernementales, par cette experience trés concluante, sont prêtes a collaborer et a responsabiliser Ia base dans le cadre de Ia nouvelle politique de décentralisation.

3. L'effet d'entraInement: l'approche participative du projet est un stimulant pour Ia participation massive des populations de Ia base non seulement lors de l'étape d'implantation des solutions, mais egalement au niveau de ('appropriation des actions. Cela a un effet d'entrainement dans les villages avoisinants, ce qui faciliterait le processus transfert de savoir-faire et des experiences ailleurs.

4. L'accréditation et Ia reconnaissance du projet GUCRE aupres des instantes gouvernementales et d'autres organismes oeuvrant dans le secteur de l'eau au Burkina Faso

Le projet GUCRE bénéficie aujourd'hui d'une excellente collaboration du Ministère de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques, dans le cadre du programme de Gestion lntegree des Ressources en Eau du Burkina Faso (GIRE). En effet, le projet GUCRE a signe une entente de collaboration avec le programme Gestion lntegrée des Ressources en Eau du Burkina (GIRE) pour conseiller ce dernier sur les aspects scientifiques touchant (a gestion integree des ressources en eau, concemant notamment (a gestion des usages conflictuels des ressources en eau au niveau des grands usagers. Le projet GUCRE participera également activement a Ia mise en cauvre du Plan d'Action de l'Eau de Ia GIRE au Burkina Faso. L'accréditation et Ia reconnaissance du projet GUCRE est egalement importante auprés d'autres structures impliquees dans le secteur de I'eau comme; ('Office National d'Eau et d'Assainissement (ONEA), le CNRST (IRSS et INERA), Ia Maitrise d'Ouvrage de Bagre (MOB), le PNGT, le CREPA, ce qui faciliterait l'appropriation des résultats de nos travaux par ces instances impliquées activement dans Ie secteur de l'eau au Burkina Faso.

5. La creation de (a Fondation Africaine de l'Eau et de Ia Sante (FAES): La FAES est une organisation a but non-lucratif crée sur Ia base des travaux du projet GUCRE et dont l'un des objectifs est créer, avec des approches scientifiques, des conditions emergentes visant a mettre en place de nouvelles strategies d'intervention et une nouvelle vision du secteur de l'eau (un nouveau paradigme) en Afrique, axées sur un savoir-faire renouvelé et adapté aux nouvelles réalités et privilegiant (a participation de Ia population (le citoyen, Ia société civile et l'ensemble des parties 191

prenantes) au processus de prise de decisions. Dédiée exciusivement au secteur de l'eau et de Ia sante (en rapport avec les maladies d'origine hydrique, l'hygiene du milieu et Ia malnutrition, Ia FAES constituera pour le secteur de l'eau africain un partenaire important, puisque ses interventions et actions mettront un accent particulier sur les approches scientifiques et valorisera davantage le savoir-faire local dont un des axes importants important sera le renforcement des capacités au niveau communautaire.

7.5.2 Le transfert du savoir-faire dans d'autres zones du Burkina Faso

Sur Ia base des travaux réalisés sur le terrain, ii est possible de transférer le savoir- faire et les experiences développés dans quelques villages du bassin du Nakanbé vers un plus grand nombre de villages du bassin du Nakanbé et dans d'autres zones du Burkina Faso en utilisant .1'Approche d'Aide a Ia Decision Participative de resolution des con flits lies a développée dans le cadre du projet. La mise en place devra être appuyée par une stratégie de communication participative.

Les étapes de Ia méthodologie sont les suivantes:

• On initie Ia demarche; • On identifie, définit et valide les conflits d'usages et les solutions proposées par l'ensemble des parties prenantes • On met en place un mécanisme de gestion des parties prenantes • On élabore ensuite une typologie de conflits d'usages, en tenant compte de Ia rationalité des parties prenantes • On procéde a l'évaluation et au choix des solutions avec l'implication des parties prenantes • On valide des solutions proposées avec l'ensemble des parties prenantes • On procède a une analyse de faisabilité des solutions proposées • On organise Ia participation des bénéficiaires a l'implantation des solutions • On implante les solutions retenues.

Dans le cadre du projet GUCRE, un village-modele est un village øü les ressources en eau disponibles doivent être gerees adequatement, suite a Ia mise en place de Ia demarche GUCRE. Dans ce village, le ratio (nombre de forages/nombre d'habitants) est adequat, a savoir 1 forage/350 habitants environ; chaque point d'eau moderne (forage, puits moderne) dolt être gére par un comité de gestion des points d'eau mise en place sur Ia base du nouveau modèle de structuration, de mise en place et de fonctionnement des CGPE; il doit y avoir un minimum des conflits autour des points d'eau; une bonne hygiene du milieu dans des points d'eau et dans les concessions, ainsi qu'une prevalence minimale des maladies d'origine hydrique.

En effet, Ia base théorique sur le mécanisme de transfert de savoir-faire et le concept des villages modéles doivent encore être approfondis par Ia Recherche-Action. 192

7.6 La contribution a ('avancement des connaissances scientifiques dans le secteur de I'eau

Le projet GUCRE a accordé une grande importance a l'avancement des connaissances théoriques et pratiques dans le secteur de l'eau, principalement en ce qui concerne Ia gestion des ressources en eau.

Nous avons formé sept étudiants dans le cadre du Programme Inter-liniversitaire de cycle en Economie (PTCI-E) de l'UFR en Sciences economiques et de Gestion de l'Université de Ouagadougou pour l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies (D.E.A) en Economie de I'Environnement, dont trois étudiants sont actuetlement du niveau du doctorat.

Les sujets de mémoires de DEA soutenus devant un jury en juillet 2000:

1. ((Determination de Ia fonction de demande d'eau potable : cas de Ia yule de Ouagadougou>

2. < Evaluation des coOts d'assainissement des eaux usées domestiques et industneHes : cas de Ia yule de Ouagadougou>

3. Evaluation socio-économique de l'impact de l'irrigation de terres agricoles sur les ressources en eau : cas des aménagements hydro-agricoles de

4.

Les sujets de travaux de fin d'études de D.E.A soutenus devant un jury en juiHet 2001

1. Analyse socioéconométrique de Ia demande d'eau et de paturage pour le bétail du département de Loumbila au Burkina Faso*

2. ((Analyse économique de l'impact de Ia distance des points d'eau villageois par rapport a un hydrosystème de référence : cas du lac Barn>>

Quelques articles scientifiques:

• Resolving Water Conflicts Trough Participatory Approach in the Nakanbe Basin River in Burkina Faso Niombi KIBI. Dans Proceeding du 23 Conference of AIECS/IAMCR/AIERI, Barcelona, 21 to 26 july 2002 et dans Water Action Contest Poster Presentation. The World Water Forum, Kyoto, Japan, March 18-19, 2003

• Resolution des conflits lies a l'eau a l'aide de l'Approche d'Aide a Ia Decision Participative axée sur Ia gestion des parties prenantes: cas des usagers cornmunautaires dans quelques villages dans le bassin du Nakanbé au Burkina Faso

Niombi Kibi. Dans Proceeding du Forum Technique et de Communication sur les CGPE, Ouagadougou, 14-l5juin 2002. 193

• Elaboration d'un modèle de structuration, de mise en place et de fonctionnement d'un Comité de Gestion des Points d'Eau

Niombi Kibi. Dans Proceeding du Forum Technique et de Communication sur les CGPE, Ouagadougou, 14-l5juin 2002.

• Analyse diagnostique du fonctionnement des Comités de Gestion des points d'eau en milieu rural: Gas des 19 villages du bassin du Nakanbé au Burkina Faso.

Auteur. Sanon Karidia. Proceeding du Forum Technique et de Communication sur les CGPE, 14-l5juin, Ouagadougou, Burkina Faso

• Du savoir traditionnel vers le savoir-faire moderne dans Ia gestion des

ressources en eau : cas du bassin du Nakanbé au Burkina Faso.

Auteur: Ramatou Traoré. Proceeding du Forum Technique et de Communication sur les CGPE, 14-l5juin, Ouagadougou, Burkina Faso

• Determination de Ia demande d'eau potable par Ia creation d'un marché fictif base sur le consentement a payer. Auteurs: Yves Yao Soglo, Niombi Kibi et Taladidia Thiombiano

• Analyse socio-economique de Ia contribution des ménages a l'assainissement des eaux usées domestiques et industrielles de Ia ville de Ouagadougou Auteurs: Gnamou Djakaridja, Niombi Kibi et Taladidia Thiombiano

• Analyse socioéconométrique de Ia demande d'eau et de pâturage pour le betail du département de Loumbila au Burkina Faso Auteurs: Nadège-Desiree Yameogo, Niombi Kibi et Taladidia Thiombiano

• Proceeding: Forum Technique et de Communication sur les CGPE. 14-15 juin 2002, Ouagadougou, Burkina Faso.

Articles scientifiques en preparation:

1. Hiérarchisation des couples (Conflits-Solutions) dans le mécanisme de resolution des conflits lies a l'eau applicable aux grands usagers dans le bassin du Nakanbe au Burkina Faso a l'aide d'une analyse multicritère

Auteurs : Niombi Kibi et Jean-Marc Mattel

2. Renforcement des capacités et de transfert de savoir-faire au niveau communautaire dans Ia gestion des ressources en eau en milieu rural: une approche prospective et participative

Auteur: Niombi Kibi et Jean-Louis Sasseville

Livres et autres publications en preparation

• La Gestion des Usages Conflictuels des Ressources en Eau dans le bassin du Nakanbé au Burkina Faso. 194

• Guide méthodologique sur le processus de Resolution des Conflits lies a l'eau

• Guide de structuration, de mise en place et de fonctionnement des Comités de Gestion des Points d'Eau (CGPE) en milieu rural. 195

7.7 Les perspectives futures pour Ia pérennisation des acquis du projet

La gestion integree des ressources en eau implique une gestion consensuelle et participative entre divers intervenants et parties-prenantes ayant des intérêts divergents, ainsi que des roles et des positionnements dans différents niveaux hierarchiques. Elle implique en particulier i'Etat, les collectivités locales et régionales et les usagers.

C'est un domaine de l'activité humaine oU doit s'intégrer l'action publique et l'action civile en vue de produire les résultats attendus de mariière efficace (atteindre l'optimum social) et efficiente (rapidement et a cocits minimaux). Or, c'est aussi un lieu øü les conflits entre les parties-prenantes, l'isolement des intervenants, Ia formation inadequate des acteurs institutiorinels, les carences en information pertinente et en outils de traitement, les diagnostics incomplets et le sous-financement chronique viennent complexifier une tâche déjà difficile, retardant ainsi I'implantation de solutions pérennes aux problèmes.

Dans un monde ideal, Ia collaboration entre les acteurs, les intervenants, disons les parties-prenantes, serait le mécanisme le plus approprié en mesure de maximiser l'efficacité et l'efficience d'un tel processus de gestion. La collaboration est souvent traitée comme un paramètre intrinseque aux comportements humains a Ia recherche de solutions communes, alors que, pourtant, en pratique, bien que souhaitable ét realisable48, elle est loin d'être acquise et toujours difficile a développer et a conserver. II y a plusieurs causes aux difficultés de collaboration entre les acteurs, certaines sont profondément enracinees dans le comportement des individus et organisations, mais d'autres, plus néfastes en terme d'efficacité et d'efficience, sont a caractère instrumental, c'est-à-dire qu'elles prennent naissance dans les athtudes des intervenants, les insuffisances techniques, les mauvaises communications, les attentes exagérées, etc. Ces causes peuvent être contrOlees par un outillage approprié et des interventions ciblant le renforcement de capacités en matière de collaboration dans le cadre de Ia GIRE auprès de Ia société civile, les citoyens considérés individuellement, les ONG, les petits, moyens et grands usagers de l'eau, les institutions impliquées (ministères, sociétés publiques et privees, universités et centres de recherche), les bailleurs de fonds, les ONG, etc.

Ce que l'on doit retenir ici est que, Si Ia collaboration entre les parties prenantes ne peut qu'améliorer Ia production de résultats dans Ia gestion des ressources en eau, elle ne peut s'établir d'elIe-même en comptant le fait qu'une perception juste par les intervenants des gains escomptables les incitera a collaborer, et ce malgré le caractère intrinsequement non-homogéne de ces perceptions. La collaboration n'exclut évidemment pas Ia competition entre intervenants ou I'émulation des projets, qui sont en quelque sorte des facteurs d'accélération dans Ia production des résultats. Mais elle se fonde sur Ia légitimité des affectations financières et organisationnelles ainsi que des activités qui en découlent. Concurrence et légitimite doivent cohabiter dans Ia recherche d'efficacité dans Ia Gestion Integrée des Ressources en Eau, espace ou se realise Ia gestion des conflits lies a l'eau.

Dons le rapport du programme mondialpour I 'evaluation des ressources en eau (L 'eau pour les hommes. L 'eau pour Ia ye. ONU et agences associées, Edition UNESCO, 2003), on souligne une étude récente (Wolf A., S. Yoffe, ci M. Giordano, International Waters : at Risk. Aparaitre) montrantque, malgré que les ressources en eaupuissentétre a F de divergences imporiantes enire les états on/es regions. que les mesures de cooperation soni superieures aur confi its graves, l'eau apparaissant ainsi davantage comme un vecteur de cooperation que comme sources de confluts dévastateurs. 196

Ainsi, dans le cadre de Ia réalisation du projet GUCRE, notamment dans sa deuxième phase Ia strategie de communication participative utilisée reposait sur les echanges et dialogues entre les parties prenantes, les transferts de l'information et des connaissances adaptées a Ia mise en forme de solutions aux conflits d'usages, principalement entre les communautés villageolses. Le projet GUCRE a, dans cette strategie d'intervention, permis de simuler de manière temporaire, le fonctionnement d'une forme de cSystèmes de diffusion d'lnformation et de Savoir-faire temporaires et circonstanciels>> orientés vers l'apprentissage, Ia communication participative et osons le dire, Ia collaboration comme moyen de solutionner les conflits qui se vivaient autour des points d'eau villageois. Cette démarche a permis d'implanter les solutions (actions) choisies avec Ia participation des parties prenantes de Ia base, de faciliter Ia prise en charge de l'ensemble des ressources en eau et d'en maximiser les retombées socio- économiques. Cette stratégie s'est avérée porteuse en terme de résultats, l'opération dans l'ensemble étant trés bien reçue de Ia part des communautes villageoises impliquées, ainsi qu'aupres d'autres intervenants comme le Ministère de I'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques et en particulier, le programme GIRE du Burkina Faso.

L'effet reel de cette collaboration entre les parties prenantes est cependant limité a un espace social et géographique restreint et les retombées a long terme ne sont pas garanties Si rien n'est fait pour assurer Ia pérennite de tels formalismes structurels et le suivi des initiatives sociales et techniques découlant de leurs activités.

II y a donc nécessité de créer des systèmes strategiques d'lnformation et de Savoir- faire Permanent orienté vers le renforcement de capacites, susceptibles de contribuer de manière importante a I'amélioration de I'efficacité et de l'efficience dans Ia gestion des conflits qui se vivent entre les usagers dans le cadre de Ia GIRE. Ces systèmes garantiralent l'acces a I'information et aux savoirs-faire requis pour prévenir ou solutionner de manière pérenne les problèmes des conflits lies aux usages de l'eau et de la, permettre une repartition equitable de l'ensemble des ressources en eau.

Compte tenu des enjeux en presence et de Ia complexité du processus (implication des enjeux économique, socioculturel, juridique, managerial, technique, technologique et lies au développement durable), le transfert de savoir-faire et le renforcement de capacités, pour être efficaces, doivent dépasser les conceptions réductrices prônées actuellement par diverses organisations et qui sont limitées a Ia formation ou au perfectionnement des ressources humaines. Le mécanisme de renforcement de capacites envisage dolt être conçu dans Ia perspective d'une architecture impliquant les individus, les organisations, les réseaux et être articule en même temps sur I'acquisition des connaissances (formation, alphabétisation, perfectionnement, etc.), Ia structuration organisationnelle des systèmes de gestion en place, les motivations des parties prenantes, le changement de mentalités et de comportements, I'apport technologique, I'acquisition et Ia gestion des moyens logistiques et financiers, etc. 197

CONCLUSION

II est clairement ressorti de cette étude que l'insuffisance ou le manque d'eau, Ia mauvaise gestion des points d'eau existants, principalement Ies forages, le manque de communication entre les usagers, ainsi que Ia non-appropriation des points d'eau existant par les bénéficiaires, constituent les principaux problemes qui sont a Ia base des conflits lies a l'eau dans le bassin du Nakanbé, ceci permettant de mieux cibler les solutions a mettre en place. A ces problèmes de base, on pourrait egalement ajouter Ia diversité des usagers du point de vue ethnique, religieux, de l'âge, de Ia classe sociale, sans perdre de vue les jeux de pouvoirs parfois très remarquables au sein de certains groupes ethniques dans les villages étudiés.

L'Approche d'Aide a Ia Decision Participative de resolution des conflits lies l'eau developpée dans le cadre de notre étude est tout a fait appropriée pour solutionner les différentes situations conflictuelles qui se posent entre les usagers antagonistes au niveau des points d'eau villageois, principalement les forages. Cependant, l'efficacité de sa mise en ceuvre dependrait toujours de Ia participation et de l'implication de I'ensemble des parties prenantes dans Ia definition des conflits et dans le choix des solutions a implanter. Enfin, concernant cette nouvelle méthodologie, il est essentiel de preciser que même Si elle est articulée autour des étapes bien définies, elle ne doit pas être considérée comme linéaire ou rigide, mais plutôt comme une démarche flexible comme le sont generalement Ia majorité des methodes participatives.

La strategie de communication participative utilisée a facilité, a juste titre, Ia participation effective des parties prenantes a l'ensemble de Ia démarche. Par exemple, Ia <

>, a permis de réunir autour d'une même table de discussions et échanges, les parties prenantes communautaires et les parties prenantes

Les conflits identifies au niveau des petits et moyens usagers étant principalement de nature sociale, technique ou lies aux aspects socio-sanitaires, les solutions implantees ont été focalisées sur le changement de mentalités, d'habitudes, de comportements, d'attitudes de Ia population; l'implantation d'un mécanisme adequat de gestion des ressources en eau (le CGPE). Selon les résultats de nos travaux, un bon fonctionnement du CGPE contnbue a Ia disparition des principaux problèmes qui sont a Ia base des conflits. 198

En milieu rural, dans les villages étudiés particulièrement, nous pourrons considérer que les objectifs du projet ont ete atteints, du moms a court terme. Dans Ia majorité des villages, ii y a aujourd'hui de moms en moms des conflits entre les usagers autour des forages, les femmes participent de pius en plus activement a Ia gestion des ressources en eau du village, en faisant partie des CGPE, les populations sont de plus en plus sensibilisées sur le paiement de l'eau du forage destine a i'entretien des forages, ceci constituant une garantie pour disposer d'une eau de qualité pour ainsi éviter les maladies liées a l'eau. En plus ces arguments, les usagers échangent et discutent souvent autour des problèmes d'eau, ce qui a pour effet immédiat l'atténuation ou mieux, Ia disparition des conflits autour des points d'eau.

Les acquis du projet GUCRE sont aujourd'hui paipables au sein des intervenants du secteur de l'eau au Burkina Faso. Par exemple, Ia creation d'une synergie de travail avec le programme de Gestion integrée des Ressources en Eau du Burkina (GIRE) qui regirait désormais Ia gestion du secteur de I'eau au Burkina Faso, par Ia signature d'une entente de collaboration scientifique concernant Ia participation des membres du projet GUCRE a Ia réalisation du plan d'action du programme GIRE. Les membres de l'equipe de projet collaborent maintenant activement avec bon nombre des projets, ONG qui interviennent dans le secteur de l'eau au Burkina Faso, comme le PNGT, le CREPA, I'ODE, Eau Vive, etc.

Le projet GUCRE a également permis l'avancement des connaissances scientifiques dans le secteur de l'eau sur Ia base des travaux realises et Ia formation des étudiants au niveau du DEA et du doctorat.

La mise en place d'un mécanisme de gestion des usages conflictuels des ressources en eau doit être vue comme un processus a court, moyen et long termes. Si a court, nous assumons avoir atteint nos objectifs fixes au debut du projet, II serait opportun pour assurer le moyen et long termes de mettre I'emphase sur le transfert de savoir-faire et le renforcement des capacités a Ia base et en amont, afin de faciliter Ia pérennisation des actions implantées, 'appropriation et Ia prise en charge des points d'eau par les populations, ainsi qu'une meilleure gestion de i'ensemble des ressources en eau du bassin.

Le transfert du savoir-faire et des experiences développées dans un petit nombre de villages du bassin du Nakanbé, doit également être realise vers un plus grand nombre de villages du bassin du Nakanbé et dans d'autres zones du Burkina Faso, vu l'importance des ressources en eau intervenant dans Ia majorite des activités socio-économiques du Burkina Faso. 199

Malgré le succès de t'étude, plusieurs questions demeurent, comme l'évaluation de I'impact des activités de communication sur le changement de comportements, d'habitudes, d'attitudes, de croyances ancestrales. Par exemple, comment solutionner a l'aide des activités de communication le cas de Ia femme du chef du village qui ne respecte pas les tours de collecte d'eau devant un forage villageois; comment renforcer Ia participation des parties prenantes moms en vue comme les femmes, les jeunes filles au processus de prise de decision. Nous soutenons que d'autres activités de communication comme les emissions radio, les chansons qui n'ont pas été utilisées par manque de ressources financières pourront être suggérées a d'autres intervenants.

Un des avantages de Ia démarche participative est de travailler au renforcement des capacités locales pour es communautés puissent mieux se prendre en charge. Dans le cadre de Ia réalisation de notre projet cet aspect n'a pas suffisamment éte exploite. Nous devons donc poursuivre nos investigations, pour approfondir nos outils d'interventions, afin de savoir Iesquels sont les plus appropriés, travailler davantage sur les aspects de transfert de savoir-faire et de renforcement des capacités au niveau local. 200

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

ACDI (1996). Water and sustainable development. Agence Canadienne de Développement International, Québec, Canada. AIlély, 0. Drevet-Dabbous, 0, et al. (2002). Eau, genre et développement durable. Ouvrage Collectif, Agence Française de Developpement-Banque Mondiale, Collection Etudes et travaux, France, Mars 2002. Anderson, J., Gauthier, M., Thomas, G., Wondolleck, J., (1996). Setting the stage. Presented at the Global e- Conference on Addressing Natural Resource Conflict Through Community Forestry, Jan-Apr. 1996. Forests, Trees and People Programme of the Food and Agriculture Organization of the U.N., Rome, Italy. Anonyme (1998). Atelier de planification d'une recherche <. Atelier de travail organise par le CEDRES et l'Industrielle de l'Environnement, Ouagadougou: 7-9 juillet 1998 Arrow K.J. (1951). Social Choice and Individual Values. John Wiley and sons, New York. Assogba, Y., (1994). Animation, participation et hydraulique villageoise en Afrique Etude d'un exemple au Togo. Centre Sahel. Dossiers, etudes et formation, no 31, septembre, Université Laval, Sainte-Foy (Québec), Canada. Atelier sur Ia "Gestion intégrée des bassins fluviaux et lacustes: compte rendu, Cabourg (Normandie), 6-10 novembre 1995. Ayling, R., Kelly, K., (1997). Environmental action, gender equity and women's participation. Development and Change, 28, 1-44. Banville C., M. Landry, J.M. Martel & C. Boulaire (1993). A stakeholder's Approach to MCDA., Document de travail 93-79, CRAEDO, Faculté des Sciences de l'Administration, Université Laval, 30p. Bessette, G. (2000). La communication participative et l'appui au développement communautaire. Publication du Centre des Recherches pour le Développement International (CRDI), Ottawa, Canada.

Black, PE. (1996). Watershed management. In : J.J. McDonnell, Ed., Watershed

restoration and management : Physical, Chemical and biological considerations, p. 245-251 Bourdieu, P. (1980). Le sens pratique, Paris, MINUIT

Bouyssou, 0. (1990). "Building Criteria : A Prerequisite for MCDA", dans Reagings in Multiple Criteria Decision Aid. Bana e Costa (Ed), Springer-Verlag, pp.55-80 Brezonick, P.L., K.W. Easter, L. Hatch, D. Mulla and J. Perry (1999). Management of

diffuse pollution in agricultural watershed : lessons from the Minnesota River

Basin. Wat. Sc. Tech., 39(12) : 323-330 Brown, L.D. (1983). Managing conflict at organizational interfaces. Addison-Wesley, Reading, M.A, USA.

Bruhl L. (1941). Notion de propriété, Que sais-je? 135p. 201

Butcher, J.B. (1999). Forecasting future land use for watershed assessment. J. Am. Wat. Res. Ass., 35(3) : 555-607. Cao Tn, H. (1984). La participation des populations au développement problematique, conditions de mise en oeuvre et domaine de corn pétence de I'UNESCO. Participation au développement. Paris: UNESCO, pp.41-66. Conac, F. (1985). Les enjeux de Ia participation paysanne dans les politiques de l'eau en Afrique. Paris: Economica.

Conference Ouest-Africaine sur <, Ouagadougou, 3-5 mars 1998.

Crowley M. (1991). Le marché politique comme mécanisme de reduction de l'incertitude dans le contrôle de Ia pollution: le cas de l'assainissement des eaux usées municipales au Québec de 1978 a 1987. These de doctorat, INRS- Eau, Université du Québec, 299 p. Duverger, Maurice (1973). Sociologie de Ia Politique. PUF, Paris, France, P.71.

Engelman, Robert, and Pamela LeRoy (1993). Sustaining Water: Population and the Future of Renewable Water Supplies. Washington, D.C.: Population Action International.

Environmental Protection Agency (EPA) (1995). Watershed protection : a statewide approach. EPA Report 841-R-95-004. FAO, 1995. "Approche participative, Communication et gestion des ressources forestières en Afrique Sahélienne: Bilan et perspectives. Gass, G.; Biggs, S.; Kelly, A. (1997). Stakeholders, Science and decision making for peverty-focused rural mechanization research and development. World Development, 25(1) 115-432 Gestion lntegree des Ressources en Eau du Burkina (GIRE, 2001). Etat des lieux des ressources en eau du Burkina Faso et de leur cadre de gestion. Ministère de l'Environnement et de l'Eau, Secretariat général-Direction Générale de I'Hydraulique.

Golden, B.F. (1998). Issues in developing and Implementing a successful multiparty watershed management strategy. In : R.J. Reimold, ed. Watershed management: Practice, Policies and Coordination, McGraw-Hill, NY, p.253-308

Griffin, C.B. (1999). Watershed councils : An emerging form of public participation in

natural resource management. J. Am. Wat. Res. Ass., 35 (3) : 505-518 Grigg, N.S. (1999). Integrated water resources management: Who should lead, who

should pay? J. Am. Wat. Res. Ass., 35 (3) : 527-534 Grimble, R.; Aglionby, J. (1995). Stakeholder analysis for natural resource management in developing countries. Natural Resources Forum, 19(2), 112- 124.

Imperial, M.T. (1999). Institutional analysis and ecosystem based management : The institutional analysis development framework. Environmental management, 24(4) : 449-465.

Izard M. (1995). <

Keeney R. & H. Raiffa (1976). Decisions with Multiple Objectives: Preferences and Value Tradeoff, John Wiley & Sons. Keeney, D.S. (1999). Historical and sociopolitical context of the western watershed

movement. J.Am Wat, Re. Ass., 35(3) : 493-503

Keeney, R. (1992). Value Focused Thinking : A Path to Creative Decision Making. Harvard University Press, Cambrigde, 416 p. Kennedy A.J. & W.A. Ross (1992). "An Approach to integrate Impact Scoping with Environmental Impact Assessment", Environmental Management, vol.16, no. 4, pp. 475-484. Kibi, N., Sanon K. et a!. (2000). Gestion des usages conflictuels des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé au Burkina Faso, Rapport Final présenté au Centre de Recherche pour le Développement International (CRDI)-Ottawa, Document de recherche.

Kissinger H. (1969). "The Vietnam Negociation", Foreign Affairs, 47, pp. 211-234 Krairapanond, N. and A. Atkinson (1998). Watershed management in Thailand

concepts, problems and implementation. Regulated Rivers : Research and

Management, 14 : 485-498 Manimart M. Rochette et Walraevens, P. (1991). Enquêtes socio-economiques sur l'eau et I'assainissement en milieu rural et urbain au Mali. Direction nationale de l'Hydraulique et de l'energie, PNUD.

McKinney, M.J. (1990). State Water Planning : A Forum for Proactively Resolving Water Policy Disputes. Water Resources Bulletin, vol. 26, no. 2, pp. 323-331.

McKinney, M.J. (1990). State Water Planning : A Forum for Proactively Resolving Water Policy Disputes. Water Resources Bulletin, vol. 26, no. 2, pp. 323-331. McNitt, J. and R. Kepford (1999). Developing a new regulatory paradigm to address the impacts of diffuse pollution attributable to agriculture. Wat, Sc. Tech.,

39(12) : 299-305. Montgomery, D.R., G.E. Grant and K. Sullivan (1995). Watershed analysis as framework for implementing ecosystem management. Water Resources

Bulletin, 31(3) : 369-386. Moscovici S. (1984). Psychologie sociale PUF Fondamental,

Naiman, R.J. (1992). New pespectives for watershed management: Balancing long- term sustainability with cumulative environmental change. In: R.J. Naiman, Ed.

Watershed management : Balancing sustainability and environmental change, Springer-Verlag, N.Y., p. 3-11. Olivier De Sardan, J.P. (1996). La gestion de l'eau au Nigeret en Guinée, Olivier De Sardan, J.P. (1996). D'un Savoir a l'Autre: les agents de développement comme médiateurs. Focal Coop Groupe de Recherche. Olivier de Sardan, J.P. et Daillo, Y. Elhadji Dagabu A., 2000. La gestion des points d'eau dans le secteur de I'hydraulique villageoise au Niger et en Guinée, Rapport pour l'Agence Française de Développement. Ouedraogo J.B. (1997). Violences et communautés en Afrique Noire. L'Harmattan, 240p. Ouedraogo, J. B. (1987). Formation de Ia classe ouvrière en Afrique Noire: L'exemple du Burkina Faso. L'Harmattan, 207p. 203

Pelley, J. (1997). Watershed management approach gains with states. Environmental Science & Technology, 31(7): 322A-323A. Peterson, M.M. (1999). A natural approach to watershed planning, restoration and

management, Wat, Sc. Tech., 39(12) : 347-352.

Reimold, R.J. (1998). Watershed — An introduction. In : R.J. Reimold, (ED.), Wtershed management: Practice, policies and coordination. McGraw-Hill, NY., p. 35-53.

Rousseau, A. Et Martel, J.M. (1996). La decision participative : une démarche pour gerer efficacement les conflits environnementaux. Document de travail 96-24, direction de Ia recherche, Faculté des sciences de l'administration, Université Laval, Sainte-Foy, Québec, Canada.

Roy, B., (1985). Methodologie multicritère d'aide a Ia decision: Méthodes et cas, Economica, Paris, 695p. Simos, J. (1990). Evaluer l'impact sur l'environnement, une approche originale par I'analyse multicritère et Ia négociation, Presses polytechniques et universitaires romandes, Bienne, 261 p. Srinivasan, L. (1990). Tools for Community Participation. A Manuel for Training Trainers in participatory Techniques. PROWWESS(UNPD-World Bank-Water Sanitation Program. Van Wijk-Sijbesma, C. (1989). L'eau a quel prix? La participation communautaire et Ia prise en charge des coOts d'entretien par Ies usagers (avec un accent particulier sur les petits réseaux d'eau potable). La Haye: dR. Van Zyl, Johan Loretta Son and Alberto Costa (2001). Forthcoming 2001. Decentralized Rural Development Enhanced Community Participation and Local Government Weber M. (1992). Economie et société, tomel, réédition Gallimard

White, A. (1987). Principes directeurs pour Ia planification de Ia participation communautaire aux projets d'approvisionnement en eau et dassainissement. Geneve : OMS. World Bank (1996). The World Bank Participation Source Book. Washington, D.C. World Bank (2000). Africa Region Source Book for Community Driven Development, The World Bank Participation Source Book. Washington, D.C. Zartman l.W. (1977). The Negociation Process, Sage Pub. Co. ANNEXES Annexe 1: Les différents mandats réalisés dans le cadre du projet GUCRE PROJET CEDRES - L'INDUSTRIELLE DE L'ENVIRONNEMENT Inc. UJ?iversité de Ouagadougou, Faculté des Sciences Ecoizomiques et de Gestion, 03 B.P. 7164 Ouagadoudou 03, Burkina Faso

Programme de gestion des usages conflictuels des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé, Burkina Faso

Mandat 1 : Cartographie du bassin de Nakanbé

Novembre 1999 2

I. Presentation générale du projet

Objet L'objet du projet <>, est d'élaborer et d'implanter, avec Ia collaboration des intervenants du milieu (les parties prenantes), un programme de gestion participative des usages conflictuels des ressources en eau dans le bassin hydrographique du fleuve Nakanbé au Burkina Faso, en vue de contribuer a des politiques locales et nationales ainsi qua des arrangements institutionnels susceptibles d'accroItre l'accès, la disponibilité et la qualite des ressources en eau du bassin. Le savoir- faire et les experiences développés, après l'implantation de ce programme dans le Nakanbé, sont susceptibles d'être transférés a l'aide des strategies de communication dans d'autres zones du Burkina Faso.

Abrégé

Au Burkina Faso, comme dans plusieurs pays de l'Afrique de l'Ouest, la gestion de l'eau doit être envisagée de manière globale et intégrée en considérant

I'ensemble des usages' des ressources en eau2 : approvisionnement en eau potable; assainissement des eaux usées, irrigation de terres agricoles; abreuvement de bétail; peche; production d'hydro-électricité3; tourisme, etc.. Ces usages sont souvent en situations conflictuelles. C'est cc que nous appelons par "La problématique des usages conflictuels des ressources en eau". Le problème est celui d'arriver a mettre en place des systèmes de gestion permettant une repartition acceptable, equitable et equilibree des ressources en eau parmi les usages identifies dans le but de satisfaire les besoins socio-économiques de la population et de preserver le milieu nature! dans une perspective de développement durable.

Dans le cas particulier du bassin du Nakanbé au Burkina Faso, les travaux de l'atelier de travail tenu du 7 au 9 juillet 1998 a Ouagadougou4 ont clairement révélé que la mobilisation des ressources en eau est techniquement difficile dans une bonne partie du bassin, d'oü l'inadéquation entre l'offre et la demande d'eau. Cette situation est a Ia base de divers conflits dans les usages lies a l'eau dans cc

Les usages de l'eau se regroupent sur Ic plan Pnacro-econolnique en secteurs d'utili.vat ion k's demandes unitaires en quantite et qualité diflérent largement dun secteur a un autre.

2 Nous ,wus limttonx dans Ic cadre de Ce projet aux con flits entre differents usages a l'intérieur dun mê,ne pays par opposition aUX conflits extérieurs, dun pays a un autre.

Par exemple, Ic programme d'aménagement intégre du bassin du fleuve Sénégal, tel que retenu par 1 'Organisation pour Ia Misc en Valeur du Fleuve Senegal (OMVS), vise trois oh,ectzJs de développement (1) Ic développement de I agriculture irriguée; (2) Ic developpement du transport fluvial; (3) Ic développement de Ia production hydroélectrique.

4Atelier de travail tenu du 7 au 9 juillet 1998 a Ouagadougou, intitulé, " Planification dune recherche portant sur Ia gestion des usages con flictuels des ressources en eau en Afrique subsaharien,ie et finance principalement par le Centre de Recherche pour Ic Développement International (CRDI). 3 bassin. Lesdits conflits concernent les utilisations concurrentes et antagonistes eritre d'une part les différentes categories d'usages (approvisionnement en eau potable, irrigation de terres agricoles, hydroélectricité, abreuvement de bétail, pêche, tourisme, etc.) et d'autre part, entre les usages et Ia preservation de l'environnement (mi!ieux aquatiques, hydrologie des cours d'eau). Les conflits peuvent porter sur la quantité, Ia qualite, la repartition spatiale et même les schémas d'amenagement et d'exploitation.

Les travaux de l'atelier de travail ont alors fait ressortir l'inefficacité des systèmes actuels de gestion des ressources en eau du bassin pour solutionner des situations conflictuelles engendrees par les divers usages de l'eau, en raison de la complexité du problème lui même imputable a des facteurs endogenes et exogènes aux hydrosystèmes et leur environnement et a Ia presence d'un grand nombre d'intervenants avec des points de vue difficilement conciliables. Pour parvenir a résoudre ce problème de manière efficace, ce projet propose d'élaborer et d'implanter, en collaboration avec l'ensemble des parties prenantes, un programme de gestion des usages conflictuels des ressources en eau dans le bassin. Le programme est base sur une methodologie multicritère et participative d'aide a Ia decision axée sur le concept des parties prenantes. Cette méthodologie, articulée autour dune procedure d'arbitrage des intérêts, tient compte d'une part des enjeux politiques, institutionnels, legislatifs, socio-économiques, environnementaux, techniques et technologiques lies aux usages de l'eau, et d'autre part, de la participation des utilisateurs, des planificateurs, des décideurs dans la gestion des ressources en eau, au processus décisionnel. Le choix du Nakanbé a été entériné lors des travaux de l'atelier en conformité entre autres a des intérêts poursuivis par le gouvernement Burkinabè dans le cadre de sa nouvelle politique de l'eau. Par ailleurs, le projet (GUCRE) est complémentaire au projet <

Faso (GIRE) >>, actuellement opérationnel au Ministère de l'Environnement et de l'eau du Burkina Faso. Ce dernier devrait normalement profiter des résultats du projet GUCRE. Les experiences développées dans le cas du bassin du Nakanbé sont donc susceptibles d'être transférées et utilisées a l'aide de mécanismes de communication et de transfert de savoir-faire dans d'autres zones geographiques du Burkina Faso. Les résultats escomptés du projet GUCRE sont une meilleure planification dans l'allocation et l'utilisation des ressources en eau disponibles entre les usages identifies dans le bassin du Nakanbé, contribuant ainsi a la mise en place d'un programme intégré des ressources en eau dans une perspective de développement durable et l'utilisation des experiences développées dans le Nakanbé dans d'autres zones du Burkina Faso. Le protocole du programme de gestion issu du projet GUCRE sera élaboré en vue de produire des extrants structurants et viables dans Ia planification, I'allocation et l'utilisation des ressources en eau du bassin pour l'ensemble des usages, par l'intermédiaire de mécanismes d'encadrements administratifs, législatifs et techniques appropriés destinés aux intervenants locaux et gouvernementaux impliqués dans la gestion des ressources en eau du bassin. 4

II. Definition du mandat

Le travail demandé dans cc mandat consiste a identifier sur la carte géographique du bassin hydrographique du Nakanbé les éléments suivants:

1. Les hydrosystèmes

• Les retenues d'eau naturelles : lacs, marres, marigots

• Les retenues d'eau artificielles : barrages

• Les points d'eau : puits, forages; • etc.

2. Les ouvrages et infrastructures d'eau: • Les postes de pompage d'eau destinés a l'approvisionnement en can potable; • Les stations de traitement d'eau potable; • Les stations d'assainissement des eaux usées (si existantes); • Les aménagements hydro-agricoles; • Les aménagements hydro-pastoraux; • Les barrages hydro-électriques; • D'autres types d'aménagements (si existantes).

3. Les routes et les voies d'accès

4. Les superficies habitables identifiabies (villes, villages)

Trois échelles de representation peuvent être utilisées: 1: 50 000; 1: 20 000; Carte de format A4

III. Quelques specifications du mandat

1. Echéance de réalisation du mandat: Novembre-Décembre 1999.

2. Estimation du temps-travail sur le terrain: un maximum de six jours, a raison de deux jours par sous-bassins.

Les travaux terrain porteront exciusivement sur l'identification des points d'eau et villages échantillonnés, ainsi que de quelques voies d'accès dans le but de faciliter l'animation communautaire et villageoise.

3. Modalités de travail:

• Le transport et Ic logement sur le terrain seront a la charge du projet. • Les Per Diem de déplacement seront payés scion la politique du projet. • La rémunération (pour les consultants) sera faite sous la forme d'nn forfait de Ia manière suivante: 30% au debut du mandat, 20% a mi- mandat et 50% a la livraison du rapport final. PROJET CEDRES - L'INDUSTRIELLE DE L'ENVIRONNEMENT inc. Université de Ouagadougou, Faculté des Sciences Econorniques ci de Gestion, 03 B.P.7164 Ouagadoudou 03, I3urkina Faso

Programme de gestion des usages conflictuels des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé, Burkina Faso

Mandat 2 : Inventaire des ressources en eau du bassin de Nakanbé

Novembre 1999 II. Definition du mandat

Ce mandat est consécutif au premier mandat. Ii consiste a determiner les quantités d'eau mobilisables sur une base annuelle pour l'ensemble des usages des ressources en eau. Ii capitalisera sur les travaux d'inventaire des ressources en eau de surface et des eaux souterraines du bassin du Nakanbé réalisés par le Ministère de I'Environnement et de l'Eau (MEE).

Une typologie des points d'eau dans les trois sous-bassins retenus du Nakanbé est nécessaire a réaliser, en tenant compte des activités socio-économiques (agriculture, elevage, aires protégées, AEP, etc.).

La quantification du volume d'eau disponible sera réalisée au niveau des retenues d'eau naturelles et artificielles, des points d'eau, ainsi qu'au niveau des eaux souterraines.

Determination du volume d'eau dans les points d'eau

Au niveau des points d'eau, le volume d'eau mobilisable sera déterminé sur la base du nombre de forages et puits par localité en fonction du debit moyen ou encore de la consommation moyenne par habitant.

Le nombre de localités et de points d'eau sera déterminé par échantillonnage.

Technique d'échantillonnage préconisée

Pour la collecte des données, trois poles d'intérêt sont identifies dans le bassin du Nakanbé:

• la zone située dans un rayon de 25 kms a partir du centre du barrage de Bagre; • la zone située dans un rayon de 25 kms a partir d'un point repère du lac Barn; • la zone située dans un rayon de 25 kms a partir d'un point repère du fleuve Nakanbé, au niveau du Massili.

Dans chacune de ces zones, les sous-zones situées a l'intérieur des premiers 5 kms seront investiguées en fonction de grands préleveurs d'eau comme I'ONEA pour 1'AEP, la SONABEL pour la production d'hydroélectricité, les eaux destinées a l'irrigation de terres agricoles au niveau de grands aménagements hydro-agricoles, ainsi que des aménagements hydro-pastoraux, etc.

Dans les 20 kms suivants, les investigations seront réalisées en fonction de petits préleveurs d'eau dans les petits retenus d'eau (marres), les forages et les puits mécaniques ou a motricité humaine. 3

Pour mieux circonscrire le plan d'echantillonnage, l'établissement d'une base de sondage axée sur une stratification de zones habitées par les usagers d'eau est nécessaire. La procedure proposée est Ia suivante:

• Creation de zones homogenes a partir de critères suivants: nombre d'habitants; composition ethnique en faisant une distinction entre les autochtones, les immigrants et les migrants (nomades); types d'activités socio- économiques

• Procéder a un echantillonnage a l'intérieur de chaque zone homogène (strate);

• Evaluer les ressources en eau a l'intérieur de chaque strate.

Determination du volume d'eau dans les sites de barrages, de retenues d'eau, des eaux de surface et des eaux souterraines

Cette determination se fera par une analyse des résultats récents d'inventaire des sites de barrages et de retenues d'eau de 1'ONBAH et Ia cartographie des forêts du projet 7 ACP/BKF/031 <>.

Au niveau des eaux de surface et des eaux souterraines, il s'agit d'évaluer les reserves annuelles exploitables pour les usages considérés.

Un complement d' informations sur les eaux de surface pour une caractérisation plus fine des sous-bassins retenus peut se faire a partir de photographies aériennes (1/20 000 ou 1/50 000) ou d'images satellitaires Landsat-TM ou SPOT-XS prises récemment dans ces zones, si disponibles.

Cette caractérisation spatiale devra être accompagnée d'une caractérisation qualitative des eaux afin de dégager le potentiel d'utilisation pour les différents usages.

L'évaluation qualitative des ressources en eau fait l'objet du mandat 7.

Pour l'ensemble du mandat, les organismes suivantes pourront être consultés pour réaliser le travail • Le Ministère de l'Environnement et de l'Eau (MEE): (DGH et DIRH) et le programme GIRE; • L'Office Nationale de l'Eau et de 1'Assainissement (ONEA); • Le Fonds de l'Eau et de l'Equipement Rural (FEER); • L'Office National des Barrages et des Amenagements Hydro-agricoles • L'Office National des Puits et Forages (ONPF); • La MaItrise d'Ouvrage de Bagré (MOB). • Le Laboratoire d'Hydrogeologie de Ia Faculté des Sciences et Techniques de I'Université de Ouagadougou; • L'Ecole Inter-Etats de l'Equipement Rural (EJER); • Le Centre Regional pour l'Eau Potable et l'Assainissement a faible colit (CREPA). 4

Le travail d'inventaire des ressources en eau devra être complété, si nécessaire, par des investigations sur le terrain. Une fiche d'enquête doit alors être préparée a cette fin dans le but de rendre Ia procedure plus efficace.

III. Quelques specifications du mandat

1. Echéance de réalisation du mandat: Décembre 1999-Mars 2000.

2. Estimation du temps-travail de terrain: un maximum de six jours, a raison de deux jours par sous-bassins.

3. Modalités de travail:

• Le transport et le logement sur le terrain seront a Ia charge du projet. • Les Per Diem de déplacement seront payés suivant la politique du projet. • La rémunération (pour les consultants) sera faite sous Ia forme d'un forfait de la manière suivante: 30% au debut du mandat, 20% a mi- mandat et 50% a Ia livraison du rapport final. PROJET CEDRES - L'INDUSTRIELLE DE L'ENVIRONNEMENT inc. Universiré de Ouagadougou, Faculté des Sciences Econoiniques et de Gestion, 03 B.P. 7164 Ouagadoudou 03, Burkina Faso

Programme de gestion des usages conflictuels des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé, Burkina Faso

Mandat 3 : Collecte de données sur les principaux usages des ressources en eau du bassin de Nakanbé

Novembre 1999 2

II. Definition du mandat

Le mandat consiste a collecter l'ensemble des données sur les usages des ressources en dans chacun de sous-bassins du Nakanbé. Ii s'agit des usages suivants:

• Approvisionnement en eau potable; • Assainissement des eaux usées; • Agriculture: irrigation de terres agricoles; maraIchage; • Elevage: abreuvement de bétails; pâturages; • Hydroélectricité; • Pêche et pisciculture; • Conservation (reserves naturelles); • Récréation et tourisme.

Les données seront représentées sous la forme d'un tableau de la manière suivante:

Approvisionnement en eau potable

Villes (villages) Population Demande totale Cons.fHab.(lJj) Observations

• Les autres usages des ressources en eau

Usages Unites de mesure Superficie couverte Rendement (kg/ha) Agriculture a) de crue ha b) de décrue (naturelle, ha artificielle) c) Irrigation • traditionnelle ha • moderne ha; m3 d'eau • agro-industr. ha; m3 d'eau

d)pluviale ha

Quantité Elevage a) Abreuvement Effectif et composition du cheptel b) Pâturage Superficie couverte (zones de parcours ou corridors de parcours) 3

Pêche a) Artisanale Nombre de pêcheurs ou Composition de captures captures. (espèces, tailles); % de la population impliquée

b) Semi-industrielle Nombre de pêcheurs ou Idem captures Conservation a) Aires protégées ha Diversité biologique Nombre de sites Taux de régénération km de troncon du cours d' eau

b) Eaux km de troncon du cours Degré de pollution

. d'eau Taux de remplissage

c) Sols ha Taux d'érosion

Energie

a) Hydro-electrique MW, MWH Fiabilité % de la population desservie CoiItlkWh

b) Thermique MW, MWH Fiabilité % de Ia population desservie CofltlkWh

c) Autres sources A préciser

Technique d'échantillonnage préconisée

Pour la collecte des données et d'information, trois poles d'intérêt sont identifies dans l'ensemble du bassin du Nakanbé:

• Ia zone située dans un rayon de 25 kms a partir du centre du barrage de Bagre; • la zone située dans un rayon de 25 kms a partir d'un point repère du lac B am; • la zone située dans un rayon de 25 kms a partir d'un point repère le long du fleuve Nakanbé, de préférence au niveau du Massili. 4

Dans chacune de ces zones, les soils-zones situées a l'intérieur des premiers 5 kms seront investiguées en fonction de grands préleveurs d'eau comme l'ONEA pour I'AEP, Ia SONABEL pour la production d'hydroélectricité, les eaux destinées a l'irrigation de terres agricoles et celles utilisées pour l'abreuvement de bétail, etc.

Dans les 20 kms suivants, les investigations seront réalisées en fonction de petits préleveurs d'eau dans les petits retenus d'eau (marres), les forages et les puits mécaniques ou a motricité humaine.

Pour mieux circonscrire le plan d'échantillonnage, l'établissement d'une base de sondage basée sur d'une stratification de zones habitées par les usagers d'eau est nécessaire. La procedure a suivre est la suivante:

• Creation de zones homogènes a partir de critères suivants: nombre d'habitants; composition ethnique en faisant une distinction entre les autochtones et les migrants (nomades), les immigrants; les types d'activités socio-économiques liées a 1' eau.

• Procéder a un échantillonnage a l'intérieur de chaque zone homogene (strate). Un échantillonnage judicieux des aménagements hydro-agricoles et hydro- pastoraux sera effectué. Des visites sur le terrain permettront de retenir les sites définitifs pour la collecte des données.

• Collecter les données sur les activités socio-économiques lieés a l'eau avec l'aide des enquêteurs affectés sur place. Des fiches d'enquêtes doivent alors être confectionnées pour collecter les données sur les productions végétales, les productions animales, etc.

III. Quelques considerations sur le mandant

Compte tenu de Ia diversité des sources d'information dans le secteur de l'agriculture et de I'élevage, l'une des premieres actions a entreprendre est la recherche bibliographique.

Dans chaque site ii est souhaitable et nécessaire de suivre l'occupation des sols. Pour ce faire, Ia carte du terroir a différentes dates a partir de series historiques de photo graphies aériennes sera établie. Une analyse diachronique des cartes obtenues permettra de décrire la dynamique de 1 'emprise agricole et de la degradation du milieu par exemple.

Ces considerations feront l'objet d'un projet d'extension. 5

1V. Quelques specifications du mandat

1. Echéance de réalisation du mandat: Décembre 1999 - Mars 2000

2. Estimation du temps-travail de terrain: un maximum de neufjours, a raison de trois jours par sous-bassins.

Les travaux terrain porteront exciusivement sur l'identification de points d'eau et villages échantillonnés, ainsi que de quelques voies d'accès.

3. Modalités de travail:

• Le transport et le logement sur le terrain seront a Ia charge du projet. • Les Per Diem de déplacement seront payés suivant la politique du projet. • La rémunération (pour les consultants) sera faite sous la forme d'un forfait de Ia manière suivante: 30% au debut du mandat, 20% a mi- mandat et 50% a la livraison du rapport final.

PROJET CEDRES - L'INDUSTRIELLE DE L'ENVIRONNEMENT inc. Université de Ouagadougou, Faculté des Sciences Economiques ci de Gestion, 03 B.P. 7164 Ouagadoudou 03, Burkina Faso

Programme de gestion des usages conflictuels des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé, Burkina Faso

Mandat 4 : Identification de conflits dans les usages des ressources en eau du bassin bassin de Nakanbé

Novembre 1999 2

IL Definition dii mandat

Le mandat consiste a identifier des conflits existants ou potentiels entre les divers usages des ressources en eau dans chacun de sous-bassins en identifiant dans la mesure du possible, des conflits d'usages différents dans chacun d'eux.

Le mandataire identifiera sur la base de Ia situation qui prévaut actuellement dans le bassin du Nakanbé, les conflits d'usages en suivant dans Ia mesure du possible le tableau ci-dessous. Lesdits conflits seront définis exciusivement en fonction de différentes parties prenantes suivantes: les consommateurs d'eau potable (hommes, femmes, jeunes, enfants; industriels, commerçants); les agriculteurs, les éleveurs, ainsi que parties prenantes telles que, les planificateurs et décideurs gouvernementaux, les représentants des ONG et des organismes internationaux, etc.

Tableau 1: Modèle de representations de conflits d'usages des ressources en eau

Entre Et Types de conflits 1. Approvisionnement en Irrigation eau potable Elevage Conservation des eaux Production d' hydroélectricité Urbanisation 2. Evacuation

• Eaux domestiques • Conservation des • Eaux industrielles eaux • Eaux agricoles • AEP (agriculture et • Agriculture elevage) • Sante de Ia population 3. Agriculture de décrue • Elevage • Hydroélectricité •__Paturages 3

4. Irrigation • AEP • Agriculture de décrue • Elevage • Pêche • Hydroélectricité • Conservation • Tourisme 5. Agro-industrie • AEP 6. Agriculture pluviale • Elevage • Conservation 7. Hydroélectricité • AEP • Agriculture pluviale • lirigation • Pêche • Conservation • Sante humaine

III. Considerations des sous-mandats

Une bonne partie du travail se fera sur le terrain au moyen des enquêtes, des animations communautaire et villageoise et des analyses socio-sanitaires qui feront partie de deux sous-mandats a l'intérieur de ce mandat, les mandats 4.1 et 4.2.

Mandat 4.1 : Animations communautaire et villageoise

Ce mandat porte sur des animations communautaire et villageoise qui seront réalisées dans les trois sous-bassins considérés dans le bassin de Nakanbé.

I! vise deux principaux objectifs

• participer, en collaboration avec les intervenants du milieu (hommes, femmes, jeunes, enfants, agriculteurs, éleveurs, planificateurs), a l'identification des différents conflits d'usages des ressources en eau;

(2) sensibiliser et encourager les intervenants du milieu a participer a la table ronde sur le mécanisme de decision participative qui sera organisée dans le cadre du projet.

Le mandat mettra l'accent sur la configuration socio-économique dans l'ensmble du bassin, en identifiant les populations concernées (densité occupée, groupes ethniques), les habitudes de cette population en fonction des usages. 4

JJ sera alors nécessaire de réaliser une stratification des parties prenantes (hommes, femmes, jeunes, enfants, immigrants, résidants de longue date, nomades, agricultures, éleveurs, planificateurs) dans le but de mieux cerner Ia problématique des usages conflictuels des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé.

Ce sous-mandat sera sous Ia responsabilité de l'économiste-adjointe administrative et technique du projet. Elle travaillera en collaboration avec une sociologue dans Ia réalisation a I'analyse des aspects socio-économiques du projet. Deux animatrices et deux enquêteurs seront également impliqués au niveau de Ia réalisation de cette étude socio-économique.

La sociologue de I'équipe devra élaborer une démarche participative appropriée visant a mobiliser la population pour qu'elle se sente concernée par le projet. Cette démarche répondra aux questions du genre, auprès de quel groupe ethnique démarrer les investigations pour éviter les frustrations et les préjugés. Quels comportements sur les plans social et culturel sont susceptibles d'afficher les différents groupes ethniques vis-a-vis d'un usage ou d'un autre au niveau des points d'eau?

Elle doit définir ensemble avec l'économiste une bonne technique de stratification de Ia population en vue de mieux cerner les différents contours des problèmes qui déterminent chaque usage des ressources en eau par strate identifiée.

L'analyse socio-économique doit également permettre de mettre un mécanisme acceptable de participation de différentes parties prenantes a la table ronde, dans le but de tenir compte de différentes rationalités et sensibilités de différentes parties prenantes au processus décisionnel concernant les usages de I'eau.

La sociologue collaborera avec l'économiste du projet a l'élaboration de fiches ou guides d'enquetes socio-économiques qui permettront de cerner les différents contours (sociaux, économiques, culturels, juridiques, etc.) des problèmes lies a l'utilisation des points d'eau et de déceler les anomalies.

Les animatrices travailleront directement avec les différentes parties prenantes, principalement dans les milieux semi-urbain et rural, dans le but de les intéresser a participer au projet. Elles recueilleront les points de vue (rationalités et sensibilités) de différentes parties prenantes quant a la gestion des ressources en eau dans leurs milieux de vie.

Les animatrices, jouant en quelque sorte le role d'antennes, doivent beaucoup échanger avec Ia population et être prêtes a répondre a leurs questions et inquiétudes. Les questions a débattre lors des animations communautaires seront spécifiées en collaboration avec la sociologue et l'économiste.

Les enquêteurs (euses) se chargeront d'administrer les fiches ou les guides d'enquêtes auprès de la population ou d'un échantillon de la population. Ils (elles) seront supervises (ées) par I'économiste et la sociologue. 5

Mandat 4.2: Les aspects socio-sanitaires lies aux ressources en eau dans le Nakanbé

Ce sous mandat du mandat 4 mandat consiste a circonscrire les aspects socio- sanitaires lies aux usages des ressources en eau dans Ic bassin du Nakanbé dans les milieux urbain, semi-urbain et rural.

Deux axes d'analyse sont a considérer, il s'agit des aspects lies a la consommation de l'eau potable et ceux lies a l'assainissement des eaux usées.

Les aspects lies a la consommation de I'eau de potable

De manière générale pour les centres urbains et semi-urbains desservis par l'ONEA, l'eau distribuée respecte les normes de l'OMS.

Par contre, moms de 50% de la population concernée a accès a l'eau potable. Une bonne partie de la population des quartiers pauvres et des résidants des périphéries des agglomerations urbaines et semi-urbaines n'ont pas accès a l'eau potable. Ces populations s'approvisionnent a partir des puits et des forages non contrôlés dont l'eau est susceptible d'être polluée. La situation est encore plus préoccupante dans les milieux ruraux oii le qualite de l'eau potable n'est pas assurée.

Les aspects lies a I'assainissement des eau usées.

On sait que sur le plan environnemental les eaux usées nuisent aux populations (par leur odeur et leur couleur), engendrent la pollution de la nappe phreatique et des eaux de surface, affectent la qualite des sols agricoles et le développement de la faune aquatique.

Les statistiques portant sur les eaux usées sont disponibles auprès de l'ONEA.

D'autres données sur les eaux usées seront nécessaires pour mieux circonscrire le problème >> Ii s'agit:

• des quantités d'eaux usées ainsi que les charges polluantes pour les autres localités du bassin de Nakanbé (en dehors de la ville de Ouagadougou); • l'évacuation des eaux usées dans le domaine agricole; • l'évacuation des eaux usées en elevage • les déchets solides.

En fonction de ces deux poles, ce sous mandat vise essentiellement a élaborer des mécanismes de prevention (vulgarisation et sensibilisation) de Ia population envers les maladies hydriques identifiées et connues et les consequences socio-économiques s'y rapportant. 6

IV. Quelques specifications du mandat

1. Echéance de réalisation du mandat: Novembre 1999-Avril 2000

2. Estimation du temps-travail de terrain: un maximum de 30 jours, a raison de dix jours par sous-bassins.

3. Modalités de travail

• Le transport et le logement sur le terrain seront a la charge du projet. • Les Per Diem de déplacement seront payés suivant la politique du projet. • La rémunération (pour les consultants) sera faite sous Ia forme d'un forfait de Ia manière suivante: 30% au debut du mandat, 20% a mi- mandat et 50% a la Iivraison du rapport final. PROJET CEDRES - L'INDUSTRIELLE DE L'ENVIRONNEMENT inc. Université de Ouagadougou, Faculté des Sciences Economiques et de Gestion, 03 B.P. 7164 Ouagadoudou 03, Burkina Paso

Programme de gestion des usages conflictuels des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé, Burkina Faso

Mandat 5 : Méthodes de collecte et d'analyse des données

Novembre 1999 2

II. Definition du mandat

Ce mandat vise a mettre en place des méthodes de collecte et d'analyse de données touchant les usages de l'eau utilisables dans les quatre mandats précédents.

La personne choisie pour ce mandat conseillera les autres mandataires en ce qui concerne la collecte des données sur le terrain.

Elle proposera egalement a l'équipe de projet de(s) méthode(s) de traitement et d'analyse des données.

III. Quelques specifications du mandat

1. Echéance de réalisation du mandat: Novembre 1999.

2. Modalités de travail

La rémunération (pour les consultants) sera faite sous Ia forme d'un forfait de la manière suivante: 30% au debut du mandat, 20% a mi- mandat et 50% a la livraison du rapport final. PROJET CEDRES - L'INDUSTRIELLE DE L'ENVIRONNEMENT inc. Université de Ouagadougou, Faculté des Sciences Economiques ci de Gestion, 03 B.P. 7164 Ouagadoudou 03, Burkina Faso

Programme de gestion des usages conflictuels des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé, Burkina Faso

Mandat 6: Mécanisme de transfert de savoir-faire

Novembre 1999 2

II. Definition du mandat

Ce mandat vise a documenter et a expliquer les grandes lignes de Ia démarche participative utilisée dans le cadre du projet GUCRE dans la perspective de transférer le savoir-faire et les experiences développés dans Ic cas du Nakanbé vers d'autres zones dii Burkina Faso et dans d'autres pays de l'Afrique de l'Ouest oii se vivent les mêmes types de problèmes.

Plusieurs types de documents peuvent alors être réalisés. Des supports informationnels écrits susceptibles d'être utilisés dans la mise en place de programmes de formation visant les méthodes participatives dans le secteur de I'eau et des ressources naturelles.

Dans ce cadre, nous ferons le nécessaire pour faire la promotion de l'ensemble des etudes qui seront mises a la disposition des audio-visuel couvrant l'ensemble des étapes du projet. II pourrait être confié a un spécialiste de communication.

Les tâches a réaliser vise le montage du scenario et le filmage de l'ensemble de la démarche suivie dans le cadre de la mise en place du programme de gestion des usages conflictuels des ressources en eau dans le Nakanbé.

III. Quelques specifications du mandat

1. Echéance de réalisation du mandat: Novembre 1999 —Juillet 2001

2. Estimation du temps-travail de terrain : a determiner

3. Modalités de travail:

• Le transport et le logement sur le terrain seront a la charge du projet. • Les Per Diem de déplacement seront payés suivant la politique du projet. • La rémunération (pour les consultants) sera faite sous la forme d'un forfait de la manière suivante: 30% au debut du mandat, 20% a mi- mandat et 50% a la Iivraison du rapport final. PROJET CEDRES - L'INDUSTRIELLE DE L'ENVIRONNEMENT inc. Université de Ouagadougou, Faculté des Sciences Econonuques el de Gestion, 03 B.P. 7164 Ouagadoudou 03, Burkina Paso

Programme de gestion des usages conflictuels des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé, Burkina Faso

Mandat 7: Evaluation de la qualité des ressources en eau

Novembre 1999 2

II. Definition du mandat

Ce mandat consiste a évaluer Ia qualité de l'eau destinée a la consommation humaine et animale, tant a partir des systèmes d'approvisionnement en eau potable que des points d'eau utilisés comme source d'eau potable ou pour l'abreuvement des animaux.

Les zones visées sont principalement les périphéries de la ville de Ouagadougou et des autres centres urbains et semi-urbains, ainsi que dans les zones rurales faisant partie du bassin du Nakanbé.

Dans les centres urbains et semi-urbains desservis par l'ONEA, les tests de qualite effectués par le laboratoire de l'Office seront pris en consideration.

Les analyses s'effectueront principalement au niveau des zones périphériques de centres urbains et semi-urbains et dans les zones rurales approvisionnés par des puits, forages et autres sources d'approvisionnement.

Dans le cas de l'eau destinée a I'abreuvement de bétails, le mandataire considérera les points ci-après dans ses investigations

• Evaluation du cheptel par categories (Bovins, Petits ruminants, etc.). • Identification des sources d'approvisionnement utilisées. • Quantification de besoins en eau par tête et pour I'ensemble du cheptel.

III. Quelques specifications du mandat

1. Echéance de réalisation du mandat : Novembre 1999 — Février 2000

2. Estimation du temps-travail de terrain dans les zones rurales: a determiner

3. Modalités de travail

• Le transport et le logement sur le terrain seront a Ia charge du projet. • Les Per Diem de déplacement seront payés suivant la politique du projet. • La rémunération (pour les consultants) sera faite sous la forme d'un forfait de Ia manière suivante: 30% au debut du mandat et 20% a mi- mandat et 50% a la livraison du rapport final. Annexe 2:

Les différentes fiches d'enquêtes du projet GUCRE <> Faculté des Sciences Economiques et de Gestion - U niversité de Ouagadougou 03 BY. 7164, Ouagadougou 03, Burkina Faso Tél. 31.19.67 Fax: 31.26.86

GESTION DES USAGES CONFLITUELS DES RESSOURCES EN EAU DANS LE BASSIN DU NAKANBE

GUIDES DENTRETIEN DESTINE A L'ANIMATION COMMUNAUTAIRE ET VILLAGEOISE

JANVIER - MARS 2000 2

Préambule

L'objet du projet "Gestion des Usages Conflictuels des Ressources en Eau (GUCRE) ", est d'élaborer et d'implanter, avec la collaboration des intervenants du milieu (les parties prenantes), an programme de gestion participative des usages conflictuels des ressources en eau dans le bassin hydrographique du Nakanbé au Burkina Faso, en vue de contribuer a des politiques locales et nationales ainsi qu'à des arrangements institutionnels susceptibles d'accroItre l'accès, la disponibilité et la qualite des ressources en eau du bassin. Le savoir-faire et les experiences développés, après l'implantation de ce programme dans le Nakanbé, sont susceptibles d'être transférés a l'aide des strategies de communication dans d'autres zones du Burkina Faso. La mise en place du programme nécessite plusieurs informations et données a collecter, principalement sur les ressources en eau, sa gestion par les parties prenantes et sur la definition des conflits d'usages. Au niveau rural, cette partie du travail sera prise en charge par l'animation communautaire et villageoise. Dans le cadre de ce projet, l'animation communautaire et villageoise se réalisera a l'aide de trois guides d'enquête:

(1) Un guide d'entretien monographique : ce guide d'adresse aux doyens (chefs de village, de quartiers, des terres et coutumiers) et responsables administratifs dans les trois villages répertoriés dans chaque sous bassin. (2) Un guide d'entretien spécifique: ce guide est adressé aux différentes parties prenantes (agriculteurs, éleveurs sédentaires et transhumants, hommes, femmes, jeunes, groupe de personnes nomades,etc.) (3) Une fiche d'enquête individuelle: cette fiche d'enquete est a administrer a un échantillon compose de trois concessions par quartier), par village et par sous-bassin.

Les réponses obtenues sont confidentielles et ne serviront qu'à des fins de recherche. ______

3

GUIDE D'ENTRETIEN MONOGRAPHIQUE'

Date:

Nom Ct prénom de I'animatrice:

Adressé aux doyens (chefs de village, de quartiers, des terres et coutumiers) et responsables dans les trois villages répertoriés dans chaque sous bassin.

Nom du sous bassin: Nom village / localité: Nombre de quartier. Nombre de participants:

I. Organisation socio-politique du village

Pouvez vous nous parler brièvement de votre village?

Quelle est son origine Qui est le fondateur Qui étaient les premiers habitants Queues étaient leurs origines sociales

Royale Nomade Suite a un conflit Autre

Comment sont structures les quartiers

Lignage Hameaux autre a préciser

Quel est le type d'habitat

Regroupé

'NB au moment de l'administration de cette fiche, l'animatrice identifiera les personnes ressources qui pourront participer a la table ronde 4

Peu disperse Très disperse La zone est-elle caractérisée par:

I Emigration Cause Immigration Cause

Saisonnière 1 problème d'eau 1 problème d'eau 2 problème économique 2 problème économique 3 problème socioculturel 3 problème socioculturel 4 autre 4 autre

Temporaire 1 problème d'eau 1 problème d'eau 2 problème économique 2 problème économique 3 problème socioculturel 3 problème socioculturel 4 autre 4 autre

Permanente 1 problème d'eau 1 problème d'eau 2 problème économique 2 problème économique 3 problème socioculturel 3 problème socioculturel 4 autre 4 autre

Néant

II. Organisation socioculturelle et juridique

Queues sont les composantes ethniques

1 Mossi 2 Peulh 3 Maransé 4 Samo 5 Gourounssi 6Autres àpréciser

Specifier l'ethnie: Autochtone Majorita ire Queue est la composante religieuse (a specifier approximativement en %)

Islam 1 Animisme 2 Cat holicisme 3 Protestantisme 4 Autre (a préciser) 5 Queues sont les langues

1 Très parlées 2 Peu parlées 5

Existe-il des lieux sacrés et des reserves naturelles

1 En eau (a 2 Enforét (espace nature!) 3 Enfaune (a Faites vous face dans le village a un interdit quelconque sur un usage dormé de I'eau

1 Sur le plan culture! 2 Sur le plan social 3 Sur le plan économique 4 Sur le plan juridico-politique Avez-vous une main misc sur les eaux souterraines?

lOui 2Non

Si, oui laquelle Quels sont les droits reconnus

A la terre Aux ressources naturelles (eaux, forets, etc.) Queues sont les conditions a remplir pour accéder aux ressources en eau?

1 Age 2 Sexe 3 Statut matrimonial 4 Autochtone 5 Etranger 6Autre III. Organisation socio-économique

Queues sont les structures chargées de l'organisation et de Ia gestion des différentes ressources naturelles? Local et coutumier Admmistratif et modeme Raison de son adoption Gestion des terres -bon usage -eradication de conflits -meilleure exploitation Gestion de l'eau Gestion de la forêt Gestion de la faune Quels sont les groupes ethniques qui pratiquent ces systèmes?

local et coutumier Administratif et moderne Autochtone semi nomade Immigrant Sédentaire Autre 6

Le système local est - ii lie des pratiques culturelles:

1 Cérémonies 2 Guérison 3 Religieuse 4 Autres Queues sont les personnes ressources impliquees dans ces structures?

1 Groupements 2 Associations 3ONG 4 Chefs coutumiers 5 Autres Comment est faite la repartition spatiale des ressources en eau?

1 Par quartier 2 Par ethnie 3 Par nombre d 'habitants 4 Enfonction des besoins 5Autre

Cette repartition vous convient-elle ? pourquoi 9

Chaque quartier dispose t-il d'un point d'eau 9

Pouvez-vous dénombrer (nom a l'appui) le nombre de quartiers qui ont un accès difficile a l'eau de boisson dans votre village

Approvisionnez-vous en eau potable loin de votre village (kilometrage a préciser). si, oui queue est la distance approximative parcourue 7

Citez quelques villages voisins qui connaissent des problèmes cruciaux d'approvisionnement en eau potable.

Nom du village Distance parcourue 7

Scion vous quels sont les usages compromettants qui sont faits de vos points d'eau?

1 Hydroélectricité

2 Irrigation

3 MaraIchage

4 Péche

5 Construction 6 Autre (a préciser)

Queue est Ia situation de l'eau potable?

1 Insuffisante 2 Rare

3 Distante des habitations

4 Source d 'attraction 4.1 Nuisible 4.2 Bienfaisante

5 Temps d 'attente trop iongue 6 Lieux de conflits permanent 7Autre

Queues sont les principales sources de Ia pollution des eaux?

1 Par excrements 2 Par le bétail

3 Par les industriels 4 Par les exploitants des périmètres irrigués et maralchers

5 Autres (a préciser) GUIDE D'ENTRETIEN SPECIFIQUE2

Adressé aux différentes parties prenantes (agriculteurs, éleveurs sédentaires et transhumants, hommes, femmes, jeunes, groupe de personnes nomades...)

Date:

Nom et prénom de l'animatrice:

I. IDENTIFICATION

Nom du sous bassin: Nom village! localité: Groupe spécifique:

1 Agriculteurs 2 Eleveurs sédentaires 3 Eleveurs transhumants 4 Femmes 5 Jeunes garcons 6 Jeunes files 7 Groupe de personnes nomades

Nombre de participants:

II. DISPONIBILITE, ACCES ET USAGE DE L'EAU

Elaboration d'une carte de localisation des ressources en eau:

Identifier avec deux ou trois groupes (agriculteurs, éleveurs, femmes) la repartition spatiale des différents points d'eau dans le village par quartier et répertorier a partir d'un tableau les données recueillies. Utiliser les objets locaux pour la representation spatiale (tiges, branches, cailloux...)

2 L'animatrice devra procéder a l'identification de deux (2) personnes ressources au niveau de chaque partie prenante. Une de ces personnes ressources pourra participer a la table ronde en tant que partie prenante du groupe spécifique en question 2

Infrastructures hydrauliques existantes dans le village?

Fonctionnels Non Total Type d'usage fonctionnels Puits traditionnels

Forages

Puits modemes

Bornes fontaines

Marigots, rivières marres, ruisseaux Camions citemes, vendeurs ambulants

Si non fonctionnel, queues sont les raisons? (critères villageois , puis completer par les critères standards)

Critères Faible Mauvais Fatigue Prix de Système Distance Disponibilite Autre villageois debit e qualite liée a la l'eau de par rapport d'autres (a precise de l'eau corvée recouvre aux points d'eau ment habitations altematifs Puits traditionnels Forages

Puits modernes Bornes fontaines Mangots, rivières marres, ruisseaux Camions Citernes, vendeurs Ambulants

Quels sont les problèmes lies a ces infrastructures? 1 Panne

2 Tarissement

3 Distance 4 Temps d 'attente

5 Autres (a préciser) 3

Elaborez une matrice d'identification des différents types (groupes) d'usages par type de point d'eau et selon les saisons. Pour ce faire, on prendra 5 unites en fonction de l'importance pour designer chaque type d'usage. Laisser l'occasion aux groupes d'identifier les usages de façon exhaustive.

Tableau a remplir suite a I'animation

Saison sèche Saison pluvieuse Puits traditionnels Puits modernes Forages Bornes fontames rivières marigots mares ruisseaux, boullies Autres

Groupes d'utilisateurs internes et extemes des points d'eau

Type d'utilisateurs Utilisateurs intemes au village Utilisateurs externes au village

Besoins Besoms non Besoms besoms non couverts couverts couverts couverts Femmes Hommes Jeunes Exploitants Commerçants Eleveurs sédentaires Eleveurs transhumants Industriels Autres (a préciser)

La nature de difficultés liées a l'utilisation de l'eau est-elle fonction de la période de I'année?

Si oui, remplissez le tableau suivant:

Saison sèche Saison pluvieuse Autre a préciser Tarissement de certams points d'eau Faible debit Pannes fréquentes Qualité de l'eau Insuffisance des points d' eau Concentration des usages autour du même point d'eau Aufre (a préciser) 5

Groupes cibles par usage identiflé:

Hommes Femmes Jeunes flues Jeunes garçons Etat Opérateurs Agriculteur du du économiques s ménage ménage Eau de boisson Eau domestique Eau pour Industries Eau pour Hydroelectric ite Abreuvage MaraIchage Irrigation Construction et travaux urbains Autres (a préciser)

Suivant les usages, quels types de problèmes rencontrez-vous avec les autres usagers au niveau de l'exploitation ou de l'utilisation d'eau?

Usagers Type de conflits Solutions envisageables

1 Avec les femmes 1.1 Non respect des tours 1.2 Temps d'attente 1.3 Appropriation des points d'eau (PE) 1.4 Autres a préciser

2 Avec les hommes 2.1 Statut d'etranger 2.2 Mésentente pour le choix d'un site 2.3 Mésentente sur le type de PE installer 2.4 Refus d'installer un PE dans un quartier de migrants 2.5 Refus de contribution fmancière pour cause d'éloignement 2.6 Autre a préciser

3 Avec les éleveurs 3.1 Absence de PE pastoral 3.2 Absence d'abreuvoir 3.3 Insuffisance de PE 3.4 Accessibilité (champs habitation) 3.5 Aulre a préciser 4 Avec les 4.1 Prélèvement pirate en aval par les exploitants exploitants informels agricoles 4.2 Non payement de la redevance par ces derniers 4.3 Derivation de l'eau par les barrages 4.4 Autres a préciser 5 Avec les pêcheurs 5.1 Trouble de l'eau par les maraIchers et les industriels 5.2 Pollution de l'eau par les produits chimiques 5.3 Autre 6

6 Entre personnes 6.1 Non respect de directives d'exploitation établies de quartiers 6.2 Non respect du temps d'exploitation différents 6.3 Autre (préciser) 7 Avec le comité de 7.1 Absence de communication avec les usagers point d'eau 7.2 Absence de compte rendu de la gestion 7.3 Aucune transparence dans la gestion 7.4 Dilapidation des fonds 7.5 Détournement des fonds 7.6 Désintéressement de la population aux activités du CPE 7.7 Refus de contribution fmancière de la population pour Ia maintenance 7.8 Non respect des directives du CPE a propos de l'hygiène autour des PE 7.9 Autres a préciser

Connaissez-vous de problèmes de pollution de l'eau?

Type de pollution rencontrée Sources

1 Pollution par les déchets industriels 2 Pollution par les déchets ménagers 3 Pollution par les engrais, les pesticides, etc. 4 Pollution par les produits chimiques 5 Pollution par la teinture 6 Pollution par les excrements 7 Aufres (a préciser)

A quel rythme abreuvez-vous les animaux?

Saison sèche Saison pluvieuse

1 fois par jour 2 deux fois par jour 3 plus de deux fois par jour

NB : Question a poser si groupe spécifigue = << éleveurs>>

a) Transhumance

Motif du déplacement:

Manqued'eau 1 Manque depáturage 2 7

Accessibilité aux points d 'eau .3 Destination de la transhumance: Périodes

Problémes lies a i 'eau rencontrés sur le parcourt et ciblage des lieux (noms des lieux, types des points d 'eau, type de problèmes...)

Problèmes rencontrés avec les autres éleveurs sur le parcourt

"Confiage "a un berger oui non

Causes du confiage Rareté de 1 'eau autre Clauses du contrat

b) Elevage sédentaire

Points d'eau accessibles sur place pour abreuvage animaux par pénode

Saison sèche S aison pluvieuse D e facon pérenne Type de point Localité et Type de point Localité et Type de point Localité et d'eau distance d'eau distance d'eau distance

NB : Question a poser si groupe spécifigue = << agriculteurs maraIchers et irrigants>>

Queue(s) source(s) d'eau utilisez-vous pour vos parcelles? 8 a) Saison pluvieuse

Cultures de rente Cultures maraIchères Riz Coton Autre Choux, tornate, piment... Installations ONEA

Puits modernes

Puits traditionnels

Borne fontaines

Forages

Barrage

Lac

Manes

Autre

b) Saison sèche

Cultures de rente Cultures maraIchères Riz Coton Autre Choux, tomate, piment... Installations ONEA

Puits modemes

Puits traditionnels

Borne fontaines

Forages

Barrage

Lac

Manes

Autre

Les prélèvements vous satisfont-ils

Sont-ils reglementés 9

Si oui, mode de réglementation

Eta tique

Associatif CPE Autre (préciser)

De manière exhaustive, citez les matériels et intrants agricoles que vous utilisez dans les champs irrigués (culture de rente) et de maraIchage:

Engrais chimiques 1 Pesticides 2

Fumiers 3

Motopompe 4

Charrues 5

Charrettes 6

Seaux 7

Puisettes 8

Mode de gestion des différents points d'eau

Mode d'accès Type de Gestion Qualite de Type Distance aux_usages l'eau d'usages Gratuit Payant Privée Commun. CPE Puits tradition. Puits modernes Forages Bornes fontaines Marigots, Rivières, Mares, Ruisseau Boulies Autres (a préciser) 10

Suivant les types d'utilisations, dans votre cas, quels sont les points d'eau utilisés?

Installation Forages Bornes Puits Puits Barrages Lacs Manes ONEA fontaines modernes tradition. Eau de boisson Eau domestique Eau industrielle Eau pour Hydro electricité Abreuvement MaraIchage Irrigation Construction et travaux d'urbanisation Pêche Autres (a préciser)

Definition de conflits d'usages des ressources en eau: Nous entendons par conflit d 'usage des ressources en eau, toute situation conflictuelle susceptible d'être vécue entre deux ou plusieurs usagers (ou groupe d 'usagers) de 1 'eau s 'approvisionnant (ou utilisant) a partir d 'une méme source d 'eau ou de sources situées dans un mêine village ou quartier. Ce sont souvent des utilisations concurrentes et antagonistes entre d 'une part les categories d 'usages (approvisionnement en eau potable, irrigation de terres agricoles, abreuvement de bétail, pêche, construction, etc.) et d 'autre part, entre les usages et la preservation de / 'environnement (milieux aquatiques, hydrologie des cours d 'eau).

Lesdits conflits peuvent porter sur la quantité, la qualité, la legislation, la repartition spatiale et méme les schémas d 'aménagement et d 'exploitation.

Scion votre vécu et en fonction de cette definition du conflit entre les usages, dans queue mesure les différents usages repris dans ie tableau ci-dessous, sont-iis conflictuels entre eux? Etabiissez les liens a i'aide d'une croix, en tenant compte de besoins en eau d'un usage donné par rapport aux besoins d'un autre usage.

Eau de Eau Eau Eau pour Abreuv. Irrigation MaraIchage Construction Coninier

boisson domest. industrielle hydro des . electric. animaux Eau de boisson Eau domest.

Eau . industr. Eau pour 11

hydro electric. eau pour abreuv. des animaux Irrigation MaraIch. Construct ion Commer. Autre

Dans chacun de conflits ainsi définis, dites comment se vivent-ils et queues sont les solutions que vous préconisiez pour les solutionner? (Ajouter une feuille additionnelle au besoin)

Quels problèmes spécifiques lies a l'eau aimeriez-vous voir solutionner dans les temps a venir QUESTIONNAIRE3

Date:

Nom Ct prenom de l'enquêteur:

Fiche d'enquête individuelle a administrer a un échantillon compose de trois concessions par quartier, par village et par sous bassin.

Nom du village I localité:______

Nom du sous bassin:

I. IDENTIFICATION

Nom etprénom: Sexe: Age: Ethnie: Religion.• Village.• Quartier: Village d 'origine. Durée de se)our dans le Situation matrimoniale. Taille de la concession.• Durée moyenne de la migration.•

II. ACCES ET UTILISATION DE L'EAU

Quels usages faites-vous de l'eau?

Consommation + besoins domestiques. Activités économiques lucratives Construction

L'enquêteur doit prendre son temps pour faire comprendre chaque question a son interlocuteur pour que la collecte soit fiable. 2 Abreuvage. Irrigation Péche MaraIchage Autre

Approvisionnement externe (hors quartier) en eau:

Raison Distance km Consommation Construction Abreuvage Irrigation Péche Commerce MaraIchage Autre

Certains groupes ont-ils une main mise sur l'eau a votre avis? Si oui, au niveau de quel (s) point(s) ? Et queues en sont les raisons?

Type de point d'eau Raison Autorités coutumières Autorités administratives Hommes politiques Quelques personnes nanties Groupe ethnique Groupe religieux Fonctionnaires Autres 3

III. MODALITES ET SOURCES D'APPROVISIONNEMENT EN EAU BOISSON

Les besoins de votre concession sont-ils satisfaits?

En matière d 'eau de boisson? I Oui 2 Non

En matière d 'eau domestique? 1 Oui 2 Non

Votre source d'approvisionnement en eau de boisson est-elle identique a votre source d'approvisioimement en eau pour les autres besoins domestiques?

lOui 2Non

prenez vous I'eau de boisson pour votre ménage?

Source ONEA 1

AEP 2

Forage 3 Puits modernes 4

Puits traditionnelles 5 Barrages 6

Marres 7

Boulies 8 Lacs 9 Autre 10

Queue est la source couramment utilisée par le ménage et pourquoi?

Queue est Ia distance entre cette source et votre maison?

Lieu d 'habitation 1 Moinsde500m 2

500 m etplus 3 NSP 4

Combien de temps prenez vous pour effectuer le trajet?

Pas beaucoup de temps 1 4

Assez de temps .2

Beaucoup de temps 3

NSP 4

Les prix different-us en fonction de l'usage que vous voulez faire de l'eau?

1 Oui 2 Non

Si oui, pourquoi?

Si vous payez l'eau, vos capacités financières vous permettent-elles cle supporter le pnx de l'eau?

1 Oui 2 Non

Quel est le prix maximum que vous serez prêts a payer pour bénéficier de l'eau potable

Unseau Fcfa Une bassine Fcfa Un bidon Fcfa Une barrique Fcfa

Modalités d'accès Gratuit Payable (vente au Somme forfaitaire Tanf Evolution des volume) Fcfa payable a une entité ONEA prix depuis par seau d'eau installation (subvention) Sources n.EV V

Installation ONEA

Puits modernes

Puits traditionnels

Borne fontames

Forages

Barrage

Lac

Marres 5

Planification du prélèvement d'eau

Entre 5h et 10 du matin Entre lOh et 13h entre 13h et 18h 18h et plus Eau de boisson Eau domestique Commerce Abreuvage Construction Autre

Quantité d'eau potable prélevée par jour pour l'eau de boisson et les besoins domestiques

Nombre seau Nombre Nombrejarre Bidons de 30 Bassme d'eau 20 litres barrique litres (220 litres) Eau de boisson Besoins domestiques

IV. ACTIVITES ECONOMIQUES ET USAGES

Suivant les activités économiques couramment menées quelles sont vos sources d'approvisionnement en eau en saisons sèche et pluvieuse?

Saison sèche Saison pluvieuse

type de PE distance type de PE distance Irrigation MaraIchage Elevage Orpaillage Activités rémunératrices des femmes Arboriculture Péche Autre 6

Definition des conflits saillants au niveau des usagers:

Usagers Type de conflit Solutions envisageables Avec les femmes Non respect des tours Temps d'attente Appropriation des PE Autres a préciser

Avec les hommes Statut d'étranger Mésentente pour le choix d'un site Mésentente sur le type de PE a installer Refus d'mstaller un PE dans un quartier de migrant Refus de contribution financière pour cause d'éloignement Autre a préciser

Avec les éleveurs Absence de PE pastoral Absence d' abreuvoir Insuffisance de PE Accessibilité (champs habitation) autre a préciser Avec les exploitants Prélèvement pirate en aval par les exploitants informels Non payement de la redevance par ces derniers Derivation de l'eau par les barrages Autres a préciser Avec les pécheurs trouble de l'eau par les maraIchers et les industriels pollution de l'eau par les produits chimiques

Entre personnes de Mauvaise qualite de l'eau du quartier quartiers différents Plus proche de la concession que le point d'eau du quartier Inaccessibilité pour peur (faits mystiques) Avec le comité de Absence de communication avec les usagers point d'eau Absence de compte rendu de la gestion, Aucune transparence dans la gestion Dilapidation des fonds Détournement des fonds Désintéressement de la population aux activités du CPE Refus de contribution financière de la population pour la maintenance Non respect des directives du CPE a propos de l'hygiene autour des PE Autres a préciser

Irrigation et maraIchage

De combien de parcelles (planches) disposez-vous?

En parcelles irriguées En maraIchage 7

Les prélèvements vous satisfont-ils De qui obtenez vous la terre 7. De quel régime foncier bénéficiez-vous?

Propriétaire 1

A chat 2

Employé 3

Autre (a préciser) 4

Matériels et intrants agricole utilisés dans les champs irrigués et de maraIchage

Engrais chimiques 1 Pesticides 2

Fossesfumieres 3 Motopompe 4

Charrues 5

Charrettes 6

Seaux 7 Puisettes 8

Quels types de relation entretenez-vous avec les autres usagers de l'eau sur vos parcelles irriguées et de maraIchage?

Conflictuelle (conflits a préciser) Pas de confiits

Elevage

Quel type d'élcvage pratiquez-vous

a) Transhumance

Motif du déplacement:

manqued'eau 1 man que depáturage 2

accessibilité aux points d 'eau 3 Destination de la transhumance: 8

Périodes

Problèmes lies a / 'eau rencontrés sur le parcourt et ciblage des lieux (noms des lieux, types des points d 'eau, type de problèmes...)

Problèmes rencontrés avec les autres éleveurs sur le parcourt

"Confiage "a un berger oui non

Causes du confiage

Rareté de 1 'eau autre Clauses du contrat

b) Elevage sédentaire

Points d'eau accessibles sur place pour abreuvage animaux par période

Saison sèche Saison pluvieuse De façon pérenne Type de point Localité et Type de point Localité et Type de point Localité et d'eau distance d'eau distance d'eau distance

Quels sont les pnncipaux problèmes permanents lies a l'eau aimeriez vous voir solutionner dans les temps a venir? Annexe 3:

Cartes présentant quelques activités socio-économiques dans le bassin du Nakanbé (les périmètres irrigués; les villages avec groupements d'éleveurs; quelques villages avec les pratiques d'irrigation et de maraIchage; la pêche) PROJET CEDRES - PE inc. UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU Programme de gestion des usages confi ictuels Faculté des Sciences Economiques en le du Nakanbé et de Gestion des ressources eau dans bassin (BURKINA FASO)

Provinces, zones "ECHANTILLONS' et périmètres irrigués

LEGENDE

Périmétres irrlgués A Superficie < 5 ha Superficie entre 5 et 15 ha

Superficie entre 15 et 30 ha

Superficie entre 30 et 50 ha

Superficie >= 50

/1/" Cours deau Cours deau secondaires

Barrages focaux de étude

• Localités de plus de 5000 habitants

Zones Echantillons de étude BOULGOU

0 50 100 Kilometers Par François OUEDRAOGO, Cellule Inform afique OGH - Mai 2000 PROJET CEDRES - IE inc. UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU Programme de gestion des usages conflictuels Economiques Faculté des Sciences des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé et de Gestion (BURKINA FASO)

Provinces, zones "ECHANTILLONS" et villages avec pratique de péche

SI LEGENDE A Villages avec pratique de peche Cours deau primaires

Cours deau

Barrages focaux de étude

• Localités de plus de 5000 habitants

Zones Echantillons" de étude

0 30 Kflometers Par Francois OUEDRAOGO, Cellule Inform atique DGH - Mal 2000 PROJET CEDRES - IE Inc. UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU Programme de gestion des usages conflictuels Faculté des Sciences Economiques des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé et de Gestion (BURKINA FASO)

Provinces, zones 'ECHANTILLONS" et villages de pratique d'irrigation ou de maraIchage

LEGENDE ' Villages avec maraichage // et/ou irrigation A Cours deau primaires /1/" Cours deau Barrages focaux de étude

• Localités de plus de 5000 habitants Zones Echantillons de létude

tOO Kilometers 0 50 Par François OUEDRAOGO, Ceilule Inform at/que OGH - Mai 2000 UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU PROJET CEDRES - IE inc. Faculté des Sciences Economiques Programme de gestion des usages conflictuels et de Gestion des ressources en eau dans le bassin du Nakanbé (BURKINA FASO)

Provinces, zones "ECHANTILLONS' et villages avec groupement

LEG EN DE ° A Villages avec groupement déleveurs Cours /1/i Cours deau secondaires Barrages focaux de létude

• Localités de plus de 5000 habitants

Zones Echantillons de étude

0 50 100 Kilometers

Par Franca/s OUEDRAOGO, Cellule Inform at/qua DGH - Mai 2000 Annexe 4:

Guide d'entretien specifique sur les Comités de Gestion des Points d'Eau CEDRES - L'INDUSTRIELLE DE L'ENVIRONNEMENT inc.>> Faculté des Sciences Econoiniques el de Gestion - Université de Ouagadougou 03 B.P. 7164, Ouagadougou 03, Burkina Faso Tél. 31.19.67 Fax: 31.26.86

GESTION DES USAGES CONFLITUELS DES RESSOURCES EN EAU DANS LE BASSIN DU NAKANBE (GUCRE) Resolution des conflits d'usage des ressources en eau par Ia communication participative pour le développement

GUIDE DIAGNOSTIC ADRESSE AUX COMITES DE GESTION DES POINTS D'EAU

Guide diagnostic pour Ia mise en place d'un canevas d'intervention en matière de gestion de points d'eau, qui se basera sur le renforcement et l'amélioration du fonctionnement actuel.

Ce questionnaire est adressé aux villages munis de comités de gestion des points d'eau.

II est d'abord recommandé de recenser le nombre de comité de Gestion des Points d'Eau (CGPE) dans le village.

Noni du sous bassin

Noni dii village

Nombre de quartier

Nonibre de cornités de gestion de points d'eau dans le village

Nom et prénon7 de / 'aniniateur

Mme Sanon Karidia, Mme Traoré Ramatou. Avril 2001 2

I: IDENTIFICATION

1- Nom du quartier 2- Nom du CGPE et/ou date de creation 3- Nom du principal répondant (statut dans le village et fonction au sein du CGPE)...

4- Caractéristiques du (des) point (s) d'eau en question

NB Souvent, ily a un cornité de gestion pour p!usieurs points d'eau (forages)

Type de Date Donateur Demandeur Contribution Debit Qualité Superstructur point d'eau d'installa des de l'eau es (abreuvoir, tion bénéficiaires évacuateur d'eau...)

5- Personnes ou autorités ayant contribué au choix des sites.

Type de point d'eau Personne, autorité ou groupes ayant contribué au choix du site.

6- La superstructure est-elle rnise en place par le donateur ou par la population ?...

II: STRUCTURATION ADMINISTRATIVE DU CGPE

7- Composition du CGPE (rnernbres) 3

8- Attributions, mode de designation et traitement de chaque membre

Membres Attributions (roles et fonctions) Mode de designation Traitement (salaire ou (niveau d'instruction, autre forme de statut social) rémunération)

9- Qui a mis en place le CGPE (le donateur ? une ONG? autres partenaires du

développement? le village ?.. )

10- Membres ayant bénéficié d'une formation

Membres Module de Année et durëe Structure Contribution des formation de Ia formation formatrice personnes Iormées ou du village/guartier

11- Relation entre le CGPE et les autorités locales du village (chef du village, delegue)

12- Rapports, contacts ou communication entre le CGPE et les autorités administratives (prefecture, province, Direction générale de I'hydraulique, MIEE). 4

III: FONCTIONNEMENT DV CGPE

13- Mode de prélévement de I'eau : horaire par catégorie d'usagers

Type Horaires V

14- Pourquoi une telle organisation 7

7 15- Est- elle respectée oui. . . non... LI

16- Le point d'eau est-il influence par des usagers externes au quartiers (d'autres

quartiers, de villages voisins) oui. . . LI non... LIII 17- Pannes survenues au cours des deux dernières années

Premier point d 'eau

Nature du PE Nombre de Nature de Intervenants dii CGPE Délais de Autres (si forage, pannes Ia (des) reaction difficultCs donateur) pannes (aussitôt rencontrées après Ia (financières, panne, 1, 2, organisationn

3, . . .8 mois elles) pour après) surnionter Ia panne année

année

Deuxième point d 'eazi

Nature du FE Nombre de Nature de Intervenants du COPE Délais de Autres (si forage, pannes Ia (des) reaction difficultés donateur) pannes (aussitôt rencontrées après Ia (financières, panne, 1, 2, organisationn 3 8 mois elles) pour après) surmonter Ia panne 1êre

2tême année

NB Si Ic comité se charge de la gestion de plusieurs PE, ajouterfeuilles additionnelles. 6

18- Fréquence des reunions des CGPE

19- Degré d'ouverture du cornité sa relation avec les autres comités d'autres quartiers et d'autres villages environnants

IV: GESTION DES POINTS D'EAU PAR LE COMITE DE GESTION.

20- Comment se fait l'entretien des points d'eau (suivis, maintien de l'hygiène du milieu...)

21- Ya-t-il d'autres règles auxquelles ils faut se conformer autour du PE (nature du

recipient, critères sociaux, age, statut social. . . )

22- Quels sont les usages pour lesquels l'utilisation de chaque point d'eau est interdite 2 7

23- Nature et montant des collectes issues du prix de l'eau

Par famille et par mois Par femmes dans le village Par catégorie d'usagers (restauratrices, éleveurs, menageres)

En fonction du recipient Quelque soit le recipient Autre type de collecte et montant 24Avez vous un compte oui non.

25- Existe t - il un cahier de suivi des comptes oui non

26- Procédez-vous a des restitutions financières ou concernant Ia gestion:

aux membres7 oui non

aux autorités locales du village 7 oui non

27- Que faites vous immédiatement a l'annonce d'une panne survenue autour du

28- Parvenez vous a prévoir certaines pannes oui non

29- Si oui, lesquelles et comment 9 8

V: CONFLITS AUTOUR DU PE

30- Fréquences et types de conflits ayant suscité votre concours au cours des deux dernières années

Types de conflits Attitude du CGPE Parvenez vous a belligerants solutionner les conflits ? 1ëre année

2ème année

31- Pensez vous que votre comité est suffisamment formé pour solutionner tous les conflits d'usage lies a l'eau 7 oui non

32- Si oui, donnez nous les points positifs a cet effet

33- Si non, que faut t — ii apporter a ce cornité pour qu'il puisse solutionner les conflits de tout genre

34- Jugez vous nécessaire Ia mise en place d'un cornité de gestion des conflits a part entière ? commentez

35- Observations (notes sur d'autres questions intéressantes non abordées dans le guide) 9

36- Tableau 13 bis : horaires de prélèvement de !'eau par catégorie d'usagers

NB: Ce Tableau est a reinplir par vous niênze suites aux réalités vécus autour du point (s) d'eau, qui sontfonction des observations que vous avez nienées

Type Horaires V Annexe 5:

Exemple de quelques informations recueilhies dans le village Sorgho-Yarce dans le sous-bassin du lac Barn 2

Sorgho est un village constitué par trois quartiers munis de quatre forages, tous gérés par un seul Comité de Gestion de points d'eau mis en place par le projet PPIB en 1984.

Le tableau ci-dessous présente les principales informations sur les forages du village

Point Date Donateur Contribution Debit Qualité Superstructure d'eau d'installation villageoise de I'eau

1 1984 PPILB 50.000 FCFA inconnu Bonne Abreuvoir en mauvais état 2 1988 PPILB 75.000 FCFA 0.8 m3/h Bonne Abreuvoir en

. mauvaisdtat 3 1990 PPILB 75.000 FCFA inconnu Bonne Abreuvoir en mauvaisétat 4 2000 PPILB 100.000 FCFA inconnu Bonne Pas de superstructure

Le choix du site d'implantation du forage est toujours fait par Ia population et le PPILB. Les superstructures sont construites par les donateurs avec la participation de la population en terme de ramassage de matériaux (sable, gravier, moellon) et de main d'oeuvre non qualifiee.

Le fonctionnement actuel du comité de gestion de points d'eau: 3

Le CGPE est compose de membres dont les attributions sont les suivantes

Membres Attributions, Mode de Module de Contribution designation et traitement formation, durée, structure formatrice Président • Decide Ct organise les Formé sur quelques Néant reunions, signes les notions de base en déboursés de fonds en gestion par le PPILB cas de reparation; en 1998 • II a été vote et a suivi Un programme d'alphabétisation en Moore • Sans rémunération Secrétaire • Rédige les comptes Formé sur quelques Néant rendus de rencontres notions de base en • Contrôle les sorties de gestion par Ic PPJLI3 fonds en 1998 • Tient le cahier de dépenses • II a été vote et a suivi Un programme d'alphabétisation en Moore • Sans rémunération Trésorier • Tient Ia caisse et le Formé sur quelques Néant carnet de caisse notions de base en • II a été vote et a suivi un gestion par le PPJLB programme en 1998 d'alphabétisation en Moore • Sans rémunération Hygiénistes • Chargées de suivre Formé en hygiene en Néant l'hygiène autour de 1998 par le PPILB forages • Elles ont été votées et sans instruction • Sans rémunération Organisateurs • Informent les populations Its ont été formés en Néant sur les dates de organisation par le rencontres ou de reunions PPILB en 1998 • Its ont été votes et ont suivi un programme d'alphabétisation en Moore • Sans rémunération

Ce comité n'entretient aucune relation de travail avec les autorités administratives, par contre, les autorités locales sont directement informées des reunions et rencontres qui ont lieu.

Les reunions se tiennent a chaque trimestre. Le graissage de pompes se fait deux fois par mois. 4

L'hygiène autour de forages se font occasionnellement, par exemple, une fois par mois.

Les cotisations se font par femme dans le village a raison de 25 FCFA par mois.

Le problème avec ce mode de cotisation est que si une femme frequente un autre point d'eau pour éviter les conflits au niveau du forage, il devient difficile qu'elle participe aux cotisations. Dans le même ordre d'idée, ii n'eSt pas facile aux collecteurs de passer d'une concession a une autre pour réclamer les cotisations par femme de manière a ne pas pénaliser les membres de certaines concessions. Une concession avec cinq femmes peut dans certains cas avoir les mêmes besoins en eau qu'une concession qu'avec deux femmes. Le tout depend de types d'activités liées a l'eau qui sont menées dans ces deux concessions.

Performances du comité et reactions vis-à-vis de pannes

Le nombre d'usagers observe autour des points d'eau entraIne souvent des pannes successives qui sont a la charge du comité de gestion de points d'eau.

Le tableau ci-dessous présente les pannes survenues au cours de deux dernières années.

Premiere année

Nom du Nombre Nature de Intervenants Délai de Difficultés Forage de pannes pannes reaction rencontrées Forage 4 Tuyauterie, • Président 7 jours Absence de Sangedin Cylindre, • Trésorier réparateurs Clappet Forage 5 Tuyauterie, • Président lOjours Absence de no.1 Souba Cylindre, • Trésorier réparateurs Clappet Yaogin 1 Tuyauterie • Président 15 jours Absence de forage • Trésorier réparateurs

Deuxième année

Nom du Nombre Nature de Intervenants Délai de Difficultés Forage de pannes pannes reaction rencontrées forage no.1 3 Tuyau, • Président 7jours Absence de Souba Cylindre, • Trésorier reparateurs Clappet Forage 2 Tuyauterie, • Président 2Ojours Absence de Sangedin • Trésorier réparateurs Forage 1 Tuyauterie • Président 5 jours Absence de no.1 Souba • Trésorier réparateurs 5

De manière générale, la frequence des pannes est très élevée au niveau de forages et les délais de reaction sont trop longs a cause de Ia non proximité du mécanicien réparateur.

Selon les membres du CGPE, certaines pannes sont prévisibles par le durcissement de Ia pompe et le bruit du clappet. Le graissage se fait seulement a tous les deux mois. Si malgré ces precautions les forages tombent souvent en panne, cela pourrait traduire le disfonctionnement du CGPE.

Le comité de gestion a mis en place une cédule (un horaire) de prise d'eau, qui n'est maiheureusement pas respectée par les usagers, comme le montre le tableau ci- dessous.

Tableau : Horaire des prises d'eau versus comportements des usagers

Femines et Elèves Teinturières Eleveurs Constructeurs et jeunes flues briguetiers Horaire du 6h-lOh IOh-llh JOh-llh lOh-13h 6h-llh CGPE llh-13h 13h-15h 15h-19h Comportement O-22h lOh-15h 5h-lOh lOh-15h 22h-Oh des usagers 15h-18h

Le comportement des usagers dénonce le disfonctionnement du CGPE, puisque l'horaire de prises d'eau planifié par celui n'est pas du tout respecté, alors que cette planification est mise en place pour contrôler l'utilisation de la pompe dans le but d'éviter une surcharge de la pompe qui est souvent a Ia base de fréquentes pannes techniques et les conflits entre les différents usagers.

II a été note lors des enquêtes qu'il est difficile d'éviter les conflits a I'intérieur d'un même groupe specifique, par exemple, les femmes. Cependant la question de conflits a I'intérieur d'un même groupe spécifique pose moms de problèmes que celle concernant plusieurs groupes spécifiques.

Les aspects conflictuels

Selon le CGPE, les conflits autour de forages intéressent essentiellement les usagers antagonistes tels que les femmes, lesjeunes filles, les élèves, les éleveurs. Les conflits ne trouvent pas de solutions parce qu'ils se répètent a chaque fois que ces usagers se rencontrent au niveau du point d'eau. Les responsables du CGPE pensent que leur comité n'est pas suffisamment formé dans ce sens, surtout en ce qui conceme les aspects de sensibilisation et vulgarisation et jugent nécessaire Ia mise en place d'un comité de gestion de conflits.

Selon les enquêtes, ii existe un conflit presque permanent entre les agriculteurs et les éleveurs pendant l'hivernage autour du barrage, a cause de l'inexistence des pistes de bétail, ce barrage étant totalement ensablé, ne fonctionnant qu'en saison pluvieuse. 2

ANNEXE 6

Proposition d'un module de formation spécialisé sur les fonctions spécifiques des membres des CGPE Proposition d'un cadre de formation spécialisé sur les fonctions spécifiques des membres

Sur Ia base de fonctions et tâches qui seront attribuées aux membres des COPE pendant l'assemblée générale, différents modules de formation peuvent être élaborés.

Ces modules de formation peuvent a titre indicatif comprendre

u Les aspects de gestion financiere

Ces aspects vont concerner Ia trésorerie, Ia tenue des comptes et I'organisation des populations pour Ia coilecte. Le mode de collecte devra être décentralisé de préférence par quartier ou groupe de concession pour les types de collecte périodique, et comptant a Ia pompe quand les usagers se présentent avec leur recipient pour Ia collecte d'eau.

Mettre a la disposition des personnes concemées par cette formation, des outils de travail leur permettant de pouvoir rendre compte a Ia population périodiquement (mensuel, trimestriel ou semestriel) et de dresser un bilan des recettes de la vente de l'eau, des coUts et la nature des dépenses.

u Les aspects lies au management et a Ia communication participative

Les aspects management et de communication s'appuient sur les structures existantes, le pouvoir local, les animateurs(trices) ainsi que les personnes antennes qui serviront de courroie de transmission.

Les aspects lies au management, principalement le renforcement des capacités visent a promouvoir et a transférer les compétences a Ia population, a des personnes ressources ou aux personnes antennes, suivant les fonctions considérées dans Ia mise en du processus en vue de pérenniser les actions implantees.

Les aspects lies a Ia communication participative touchent notamment les activités, comme les rencontres-causenes, les discussions informelles portant sur les echanges et le dialogue visant a consolider les actions de conscientisation des populations a la base dans chaque village, améliorer les relations inter-villages, favoriser Ia mise en place des cadres de concertation et favoriser également le changement de comportement.

o Les aspects d'hygiene et d'assainissement

Ces aspects vont concemer l'hygiène autour des points d'eau et les maladies hydriques.

• Comment organiser les femmes par quartier ou par ménage pour l'entretien du forage?

• Comment transporter et conserver l'eau du forage jusqu'à sa consommation?

• Comment éviter certaines maladies hydriques?

• Comment traiter l'eau souillée pour Ia rendre potable (l'eau des puisards et des boulies)? 2

ri Les aspects de gestion de conflits

II s'agit là d'harmoniser le système local traditionnel existant en matière de gestion de conflits, toutes catégones confondues, en mettant un accent particulier sur les conflits lies a I'eau. 11 peut s'agir d'un pouvoir décentralisé du système dans le but de hiérarchiser les conflits d 'usages qui sont principalement, de nature sociologique, technique ou encore ayant trait aux maladies hydriques et a I'hygiène du milieu.

Cette cellule est désignée par les leaders d'opinions et les responsables coutumiers et religieux.

Les aspects adminislratifs

Pour les aspects administratifs, ii s'agit d'une démarche axée sur le transfert de compétences au comité ou a la structure afin qu'il (qu'elle) puisse entreprendre et suivre les différentes démarches administratives dans le cadre de négociations de projets de développement. II peut s 'agir par exemple de:

• Comment élaborer et suivre une demande villageoise ? Comment contacter les bailleurs de fonds ? Comment associer l'admrnistration et les politiques aux projets de développement villageois? Les aspects de maintenance

Les aspects de maintenance se situent a deux niveaux Le réparateur vilageois de pompes sera sollicité dans un premier temps pour l'entretien courant qui consiste au graissage de certaines parties de la pompe, au serrage de boulons assures (partie fontaine). Le deuxième niveau conceme, la presence d'un artisan réparateur plus qualifle pour les interventions de grande envergure.

Les périodicités de maintenances pourront être: Hebdomadaire

La • Nettoyer plate-fonne de La pompe ; Contrôler les boulons de fixation

Trimestrielle • Contrôler et serrer si nécessaire l'axe du levier de commande; Inspecter les boulons fixation de ; Retirer le couvercle de visite de Ia tête de pompe ; Contrôler Ia fixation de Ia chalne sur Ia commande; Nettoyer et lubrifier avec de La graisse graphitee La chamne ; Examiner le scellement du bâti dans le socle.

Annuelle • Examiner l'installation de pompage avec attention et contrôLer le debit et si le levier de commande est bien axe; voir si le guide de Ia tringle dans Ia tête de pompe est en bon état; verifier tous les boulons et écrous; verifier l'état de La chalne; voir l'état du guide de Ia chalne. Ces différents modules ne sont pas figes et varient en fonction des attributions et tâches que chaque population consignera a son comité. ANNEXE 7

Quelques exemples de sources des conflits- Conflits identifies et Solutions proposées par les parties prenantes Annexe 7 : Sources de conflits-Conflits identifies et Solutions proposees par les parties prenantes

Sources de conflits lies a Les confute identifies Parties prenantes Solutions proposées Villages l'eau impliguées • Non-respect de tour de Querelles et disputes Entre: • Actions de sensibilisation et de Goué, collecte deau frequentes autour des • Les femmes entre-elles vulgarisation sur divers themes Silmiougou, Kora, • Insuffisance des points points d'eau villageois • les femmes et les jeunes lies a Ia source de conflits Loaga, Gogninga d'eau (forages, puits modernes) fives • Instaurer un horaire de prise et Bagre • Problèmes sociaux et • Les femmes, les jeunes (collecte) d'eau politiques (lies a flues et les garcons • Réalisation de nouveaux forages l'ethnie, Ia religion, • Les femmes, les jeunes • Rehabilitation de forages non- appartenance politique) flues, les garcons et les fonctionnels • Croyances ancestrales éleveurs • Restructuration des CGPE (presence de marmites • Les usagers noires sur un forage) autochtones et les • Non-respect d'horaire etrangers êtabli • Les autres usagers et • Prélèvement abusif les commerçantes d'eau par les (restauratrices, populations venues dolotières, meunières) d'ailleurs • Statut d'étranger dans un village • Manquede communication • Absence des points Désaccord sur Ia presence • Les éleveurs et les • Implantation des points d'eau Silmiougou, d'eau pastoraux des animaux autour du autres usagers villageois pastoraux Gogninga • Manque d'abreuvoirs forage • Amenagements d'abreuvoirs pour_le_bétail Annexe 7 Suite

du site par Mésentente sur Ia • Les autorités • Actions de sensibilisation et de Goué, village ou du localisation dun forage villageolses et Ia vulgarisation portant sur les Silmiougou, Kora, population sources des conflits Loaga, Gogninga de Ia • La population, le et Bagre au choix du ministère et les autorités villageolse Le donateur (Ministére, ONG, projet) et Ia population Refus de cotiser pour • Les membres du CGPE • Restructuration des CGPE Goué, des I'entretien du forage et le reste de (a • Installation de CGPE Silmiougou, Kora, de CGPE population • Actions de sensibilisation sur e Loaga, Gogninga dans • Le trésorier non-élu et bien fondé de Ia cotisation et Bagre de fonds les autres usagers du forage CGPE

hygiene Désaccord sur Ia • Les membres de CGPE • Actions de sensibilisation et de Goué, points d'eau prevalence des maladies et Ia population vulgarisation sur ('hygiene du Silmiougou, Kora, difficile a Iiées a l'eau dans le village • Les autres usagers et milieu et les maladies Iiées a l'eau Loaga, Gogninga d'eau les éleveurs • Aménagement des abreuvoirs et Bagre • Construction de superstructures d'une

dinformation prevalence des maladies_liées_a_l'eau des points Ref us en manage par • Les jeunes garçons, les • Actions de sensibilisation et de Silmiougou manque d'eau jeunes filles vulgarisation portant sur les hommes et sources des conflits et sur le rOle dans le gestion des femmes dans Ia gestion de l'eau 4

ANNEXE 8

Quelques images sur Ia réalisation du projet GUCRE sur le terrain I

I

i, 1—

I \ \

.1 I .1 .1

La problématique Une recherche-action PROGRAMME DE RECHERCHE SUR LA RESOLUTION DES CONFLITS D'USAGE DES RESSOURCES EN des des usages conflictuels sur Ia gestion EAU PAR LA COMMUNICATION PARTICIPATIVE des ressources en eau Sites d'intervention conflits relies a I eau POUR LE DEVELOPPEMENT AU BURKINA FASO

Au Burkina Faso comme dans toute la region sahé- • Autour du barrage de Loumbila. Dans la zone, les Le projet Gestion des Usages Con flictuels des Ressources en lienne, l'eau est la ressource principale dont dépen- villages choisis sont Nabdogo (riverain du barrage), Eau dans le bassin du Nakanbé au Burkina Faso (GUCRE) La communication dent la plupart des activités socio-économiques: au- Goué (environ 6 kilomètres du barrage), Goundry s'attaque a la resolution des conflits d'usages des res- mentation, agriculture pluviale, irrigation de terres (environ 13 kilomètres du barrage) et Silmiougou sources en eau dans le bassin du Nakanbé. Ii utilise agricoles, maraIchage, elevage, pêche, artisanat, pro- (environ 22 kilomètres du barrage). a cette fin une approche participative impliquant l'en- participative peut duction d'hydroélectricité, activités industrielles. C'est semble des parties prenantes. dire que les conflits autour de cette ressource sont nom- • Autour du lac Barn, avec les villages de Kora (village GUCRE est actuellement dans sa deuxième phase de breux. riverain du lac), de Sorgo-Yarce (environ 8 kilomè- réalisation, qui s'intitule Resolution des con flits d'usages faire Ia difference tres du lac), de Loaga (environ 18 kilomètres du lac) des ressources en eau par la communication participative Ces conflits surviennent lorsque des intérêts diver- et de Sakou (environ 20 kilomètres du lac). gents, qu'ils soient economiques, politiques, culturels pour le développement au Burkina Faso (juillet 2001 a • barrage avec ou sociaux, se rencontrent autour d'un point d'eau Autour du de Bagré, les villages de juin 2003) Bagré, de la MaItrise d'ouvrage de Bagre, de V2 sans qu'il n'y ait de mécanisme (citoyen, juridique, Dans cette phase, l'initiative de recherche GUCRE est situé en rive droite, du village riverain du barrage administratif ou coutumier) permettant de trouver un financée par le Centre de recherches pour le développe- du nom de Bankoko, de Bagre I (environ 6 kilomè- compromis, une solution pacifique. Les populations du ment international (CR01) du Canada et le Programme tres du barrage), compose en quartiers qui se sont bassin du Nakanbé, l'un des quatre bassins hydrogra- d'appui a la communication sociale (PACS), base au érigés en petits villages dont Bagré I village, Yambo, phiques du Burkina Faso, n'échappent pas a ces situa- Burkina Faso. Le CRDI, comme le spécifie son mandat, Bokia, Patan, Gin gale, Kalakoli San ganbouli, Dirlakou tions conflictuelles. privilegie l'axe recherche-action et le PACS met l'em- ou Bagré II, de Gogninga (environ 13 kilomètres du phase sur la démarche de communication participa- barrage) et de Zabo (environ 22 kilomètres du bar- tive pour le développement. Le projet GUCRE est réa- rage). use par le CEDRES de l'Université de Ouagadougou, en partenariat avec l'Industrielle de l'environnement de l'Université du Québec au Canada.

mars 2002

Gestion des Usages Conflictuels des Ressources en eau dans le Objectifs du projet GUCRE bassin du Nakanbé au Burkina Faso (GUCRE) Elaborer, impianter, transférer CEDRES—L'Industrielle de l'Environnement En tant que projet de recherche, GUCRE s'est fixé Université de Ouagadougou deux objectifs, qu'iI veut atteindre d'ici 2003:

03 B.P. 7164, Ouagadougou 03 1- Elaborer et implanter, par la recherche-action, un programme de resolution des conflits d'usa- BURKINA FASO ges des ressources en eau sur la base d'une Tél.: (226) 31-70-55 approche participative basée sur l'implication des parties prenantes courriel: [email protected] [email protected] 2- Transférer le savoir-faire et les experiences déve- loppées dans le bassin du Nakanbé vers d'autres zones du Burkina Faso et peut-être ailleurs Visite des heux Une experience rkhe en Ieçons Une démarche participative Des résultats convaincants dix Les conflits ne sont pas en étapes Premiere phase (juillet 1999—juin 2001) La premiere phase du projet a permis d'expérimenter par Les resultats que nous avons Pu observer a ce jour dans les I'effet du hasard la recherche-action une approche de resolution des con- différents villages oü nous sommes intervenus sont plus • Etat des lieux, enquêtes ciblées sur le terrain et ani- flits ressources en d'aide a la que convaincants. mation communautaire et villageoise: septembre d'usages des eau, l'approche decision L'approche, divisée dix etapes, Nous avons consta- 1999—aoüt 2000 participative. en permet aux bénéficiaires de près ou de loin eta divers inter- té que lorsque nous • Organisation d'une table-ronde sur les parties pre- venants (les parties prenantes) d'être directement impli- impliquons reelle- nantes: 29—30 septembre 2000 qués dans l'ensemble du processus: ment les popula- • Campagnes de restitution sur le terrain: octobre tions des les pre- 2000—mars 2001 • On initie la démarche miers instants, avec • Mise en place des actions-solutions sur le terrain: • On identifie et valide la problematique des usages con- la definition du pro- avril 2001—juin 2001 flictuels des ressources en eau dans le site de réalisation blème, les solutions du projet avec l'ensemble des parties prenantes ne tardent pas et el- Deuxième phase (juillet 2001—juin 2003) • On organise la participation des parties prenantes dans les semblent dura- • Validation et application de l'approche d'aide a la l'ensemble du processus bles. decision participative basée sur la gestion des parties • On procède ensuite a une typologie (classification) des Les solutions pro- des prenantes dans le cadre du programme GIRE (axe conflits d'usages, en tenant compte de la rationalité posees par l'ensemble des parties prenantes peuvent se recherche-action avec le CRDI) parties prenantes; regrouper en trois groupes: • On choisit un éventail de solutions potentielles et on le • Utilisation de l'approche communication pour le deve- valide avec l'ensemble des parties prenantes 1- Les actions (solutions) Iiées a Ia communication loppement dans la resolution de conflits autour des • On procède a une evaluation de la faisabilité d'actions- participative points d'eau villageois (PACS et CR01) solutions proposées Les travaux de la premiere phase (1999-2001) de notre Ce sont des activités de communication participative • Transfert de savoir-faire et des experiences developpees • On procède au choix definitif d'actions-solutions a recherche démontrent que les conflits d'usages des res- de sensibilisation et de vulgarisation sur l'utilisation de dans les villages modèles vers un plus grand nombre implanter avec les parties prenantes; sources en eau proviennent soit de causes naturelles, points d'eau, la prise en charge des points d'eau par les de villages du bassin du Nakanbé et dans d'autres • On organise la participation des benéficiaires l'im- soit de causes humaines (mauvaise gestion des ouvra- populations, l'hygiène du milieu, les maladies liées a zones du Burkina Faso (PACS et CR01) plantation des solutions ges d'eau existants, manque de communication a la l'eau et d'autres aspects. • Transfert de savoir-faire et des experiences develop- • On implante les solutions de compromis retenues par base et non-appropriation de points d'eau par les popu- 2- Les actions (solutions) touchant Ia réorganisation pées dans le bassin du Nakanbé vers les autres bas- lations). sins hydrographiques du Burkina Faso et d'ailleurs des comités de gestion de points d'eau De là, trois grandes categories de conflits ont été définies 3- Les actions (solutions) d'accompagnement par l'ensemble des parties prenantes. Ii s'agit soit: Ii s'agit de la rehabilitation de forages, puits modernes 1) de conflits sociologiques (lies a l'ethnie, a la percep- ou retenues d'eau non fonctionnels, de la construction tion de l'eau par les populations ou a la religion); de superstructures avec abreuvoir, de l'aménagement de 2) de conflits techniques (lies a la disponibilité d'eau, nouveaux forages, puits modemes ou puits tradition- a l'etat des ouvrages d'eau ou a la conservation de nels pour combler le deficit actuel dans certains villages l'eau); en fonction d'un ratio acceptable (nombre de forages! 3) de conflits socio-sanitaires (forme de conflits implici- nombre d'habitants). tes lies a l'hygiene du milieu, a la malnutrition ou L'approche participative est un stimulant pour la par- aux maladies reliées a l'eau. ticipation massive des populations et a un effet d'en- tralnement sur les villages avoisinants, ce qui facilitera le processus de transfert de savoir-faire et le développe- ment d'expériences ailleurs. LES CONFLITS LIES A L'EAU DANS LE BASSIN DU NAKANBE!!! LA COMMUNICATION PARTICIPATIVE PEUT FAIRE TOUTE LA DIFFERENCE.

PROJET CEDRES-L'INDUSTRIELLE DE LENVIRONNEMENT Université de Ouagadougou 03 b.p. 7164, Ouagadougou 03 Burkina Faso

CEDRES IDRC CRDI Centre d'études, de documentation et de recherches en économie sociale L'INDUSTRIELLE DE L'ENVTRONEMENT International Development Centre de recherches pm ORGANISAXION POOR LE DEVELOPPEMENT DES INDUSTRIES DR LteNWRONEMENT Research Centre développement internaté